Page 22408
1 Lundi 10 juillet 2000.
2 Audience Publique
3 (L’audience est ouverte à 9 heures 35)
4 M. le Président (interprétation): Monsieur le témoin pouvez-vous lire la
5 déclaration solennelle.
6 Témoin : Je déclare que je dirai la vérité, toute la vérité et rien que
7 la vérité.
8 M. le Président (interprétation):Merci, vous pouvez vous asseoir.
9 M. Sayers (interprétation):Merci Monsieur le Président. Notre témoin
10 suivant est M.Ivo Mrso. Monsieur Mrso pouvez-vous décliner votre identité
11 complète.
12 Le témoin: Ivo Mrso.
13 M.Sayers (interprétation):Monsieur Mrso, j’aimerais que nous parlions
14 ensemble rapidement d’un certain nombre de points liés à votre histoire
15 personnelle. Je crois savoir que vous êtes né le 20 mars 1938 à Bugojno.
16 M. Mrso (interprétation): Oui.
17 Question : Vous êtes croate et citoyen de Bosnie-Herzégovine?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Aujourd’hui, vous êtes divorcé et vous avez deux filles.
20 Réponse: Oui.
21 Question: Je crois savoir Monsieur, que vous avez achevé vos études à
22 Bugojno. Après quoi en 1965 vous avez obtenu un diplôme à la faculté
23 agronomique de Zagreb.
24 Réponse: Oui.
25 Question: Vous avez travaillé dans le nord de la Bosnie-Herzégovine
Page 22409
1 pendant neuf ans en tant qu’ingénieur agronome. Après quoi vous êtes
2 revenu à Bugojno pour travailler d’abord en tant que directeur d’une
3 société de production agricole, puis en tant que directeur d’un moulin,
4 poste que vous avez gardé jusqu’au mois de juillet 1993. Plus précisément
5 le 18 juillet
6 Réponse: Oui.
7 Question: Je crois savoir Monsieur que vous avez passé toute la guerre
8 civile à Bugojno et qu’au cours de ce conflit vous avez perdu votre mère,
9 votre frère et votre belle-soeur qui ont été tués par les forces
10 musulmanes.
11 Réponse: Oui.
12 Question: Puis durant l'occupation de la ville par les forces
13 Musulmanes, en 1993 et 1994, vous avez agi en tant que représentant ou
14 porte-parole des quelques Croates qui restaient dans la région.
15 Réponse: Oui
16 Question: En avril 1997 vous avez été nommé au poste de ministre adjoint
17 de l'agriculture pour le district de la Bosnie centrale au sein de la
18 fédération de Bosnie-Herzégovine.
19 Réponse: Oui
20 Question: Vous êtes Président du Conseil municipal de Bugojno qui est la
21 branche législative du gouvernement municipal.
22 Réponse: Oui.
23 Question: Depuis 1992, vous êtes membre de l'union démocratique de
24 Bosnie-Herzégovine et depuis 1995 vous occupez le poste de vice-président
25 de la section de Bugojno de ce parti politique, n’est-ce pas?
Page 22410
1 Réponse: Oui.
2 Question: Monsieur Mrso, comme je l’ai dit tout à l’heure, je vais à
3 présent vous poser quelques questions au sujet d'éléments préliminaires
4 dans cette affaire dont il a été beaucoup question. Je vais demander aux
5 Juges de cette Chambre s’ils souhaitent que je passe directement au
6 paragraphe 6 du résumé de la déposition ou si nous devons lire les
7 extraits les plus importants de cette déposition de M. Mrso.
8 M. le Président (interprétation): Oui, vous pouvez poursuivre.
9 M. Sayers (interprétation): Si nous passons au paragraphe 7 de votre
10 résumé signé samedi, nous constatons que lorsque l'armée populaire
11 yougoslave, la JNA, et l’armée des Serbes de Bosnie, la VRS, ont attaqué
12 Bugojno vers la fin du mois de mai 1992, le HVO était pratiquement le seul
13 à défendre la ville.
14 Réponse: Oui.
15 Question: Dans votre déclaration, vous parlez d'une réunion qui s’est
16 tenue entre les membres du HVO et les membres de la défense territoriale
17 en Août 1992. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet, je vous
18 prie?
19 Réponse: Ce n'était pas une réunion uniquement des représentants de ces
20 deux organisations, à cette réunion participaient également des habitants
21 connus de la ville.
22 Question: Pourriez-vous nous dire, nous parler des sujets qui ont été
23 abordés au cours de cette réunion et de l’accord qui a été conclu, si un
24 accord a été conclu Et si non, nous dire pourquoi?
25 Réponse: Au cours de cette réunion, il a surtout été question des
Page 22411
1 réfugiés musulmans, pour être plus précis des réfugiés arrivés à Bugojno à
2 partir des endroits d’où ils avaient été chassés par les Serbes. La
3 situation était telle qu’il nous a fallu discuter de cette réunion. Nous
4 avons parlé aussi d'autres sujets puisque Bugojno était une ville
5 encerclée. Il y avait beaucoup d'habitants qui n'avaient pas de travail,
6 qui n'avaient aucun moyen de gagner leur vie. Nous avons parlé de cela en
7 première partie de réunion.
8 Dans la deuxième partie de la réunion, nous avons parlé de la défense de
9 la ville, car, d’après nous les citoyens les plus importants de la ville,
10 cette défense était inefficace puisque les Serbes avaient déjà commencé à
11 lancer des obus sur la ville le 24 mai. La situation était donc tout à
12 fait insatisfaisante.
13 Les Croates et les Musulmans compte tenu de l’agression des Serbes, de
14 fait, devaient se défendre d'une façon plus efficace et plus énergique.
15 C’est d’ailleurs ce que j'ai dit au cours de cette réunion.
16 Question: Quel a été le résultat de ces discussions eu égard à la
17 défense conjointe de Bugojno de la part du HVO et des forces de la défense
18 territoriale?
19 Réponse: Il n'a pas été beaucoup question de cela au cours de la
20 réunion mais c'est seulement en entendant l'une et l'autre des parties que
21 l'on s'est rendu compte que quelque chose se préparait, qu'il y avait des
22 accords entre Croates et Musulmans au sujet de la défense conjointe. Ce
23 qui m’a beaucoup surpris d’ailleurs car il était question depuis pas mal
24 de temps de la nécessité de se défendre conjointement avec certaines
25 lignes tenues par les Croates et d'autres tenues par les Musulmans.
Page 22412
1 Question: Les représentants musulmans à cette réunion s'agissant de ce
2 sujet de la défense conjointe ont-ils manifesté un intérêt considérable
3 pour une défense conjointe de la ville à ce moment-là, d’après vous?
4 Réponse: Et bien, je connaissais la situation à Bugojno et je
5 connaissais les habitants de la ville. Nous nous connaissions très bien.
6 Je me suis donc rendu compte qu'ils ne m'accordaient pas une très grande
7 importance. Certains d’ailleurs se comportaient à mon égard d’une façon
8 insatisfaisante. Je sais que certains des Musulmans qui étaient venus de
9 Donji Vakuf étaient venus chez nous pour entrer au HDZ et s’armer. Je peux
10 vous donner un exemple. Un jour quinze Musulmans sont arrivés de Donji
11 Vakuf et ils m’ont demandé personnellement la possibilité d'adhérer au
12 HDZ.
13 Je les ai adressés au secrétaire du HDZ. Après quoi, ils sont revenus me
14 voir pour me dire qu’ils n’avaient pas obtenu de réponse satisfaisante en
15 me priant, puisqu'ils disaient vouloir adhérer au parti, signer leur
16 allégeance au parti. Ils m’ont donc demandé de les aider et d’obtenir des
17 armes par cette voie. J'ai dit que je ne pouvais pas prendre seul cette
18 décision et par la suite, puisque je ne pouvais pas apporter une
19 conclusion à leur demande ils se sont adressés à d'autre. Je ne sais pas
20 ce qui s'est passé finalement.
21 Question: Très bien. Quelques détails maintenant au sujet de la
22 composition ethnique de Bugojno. Monsieur le Président, j'aimerais appeler
23 l'attention des Juges sur le volume 22 des pièces à conviction de
24 l'affaire Kordic où l'on trouve une copie du recensement officiel. Je
25 crois que selon ce recensement, monsieur le témoin, la population de
Page 22413
1 Bugojno avait une population totale de 46889 personnes dont 19697 étaient
2 Musulmans, 16031 étaient Croates et 8673 Serbes, il y avait aussi un peu
3 près 2500 Yougoslaves et autres. Est-ce bien la composition exacte?
4 Réponse: Oui, c'est exact.
5 Question: Monsieur, vous décrivez que lorsque le HVO combattait sur les
6 lignes de front contre la JNA et les Serbes de Bosnie, les troupes de
7 l'armée de Bosnie-Herzégovine se regroupaient en ville et que les réfugiés
8 musulmans posaient des problèmes en ville. Pouvez-vous nous dire ce qui en
9 a été de l'évolution des événements à Bugojno et des problèmes dus à
10 l'afflux des réfugiés en vous concentrant sur l'incidence que cet afflux
11 de réfugiés a pu avoir notamment sur la population croate de la ville?
12 Réponse: Oui; j'ai déjà dit au début de ma déposition que le nombre de
13 réfugiés était important. Personnellement, comme Bugojno était en première
14 ligne des combats, je considérais qu'il fallait faire quelque chose, qu'il
15 y avait trop de réfugiés et que cela nous empêchait de résoudre des
16 problèmes économiques et autres.
17 Donc, j'organisais des réserves alimentaires, des réserves de farine de
18 sucre, d'huile etc.. des réserves venant de l'état. Les Serbes en avaient
19 déjà pris une certaine partie. Ces réserves étaient limitées et je me suis
20 rendu compte peu à peu que la situation devenait intenable. Or, les
21 Musulmans n'apportaient pas de réponse à nos questions. Je me suis rendu
22 auprès des Musulmans avec un certain nombre de responsables de la
23 logistique, j'ai parlé de ce problème parce qu'eux demandaient tout le
24 temps de la farine, du sucre, etc. Je leur ai dit que la situation était
25 intenable et qu'il fallait placer les réfugiés ailleurs qu'en première
Page 22414
1 ligne, notamment pour des raisons de sécurité. Nous nous sommes rendu
2 compte qu'ils maintenaient cette population à Bugojno, je connais
3 personnellement des Musulmans qui avaient déjà commencé à participer à un
4 trafic d'armes. Et, sur les lignes où les Croates combattaient les Serbes,
5 les armes étaient insuffisantes. J'ai dit un jour à un Musulman: "Mais
6 toi, tu as des fusils et là-haut, il en faut une dizaine".
7 Donc, il m'a demandé ce que je pensais ce qu'il convenait de faire. J'ai
8 dit que la situation n'était pas tellement difficile à trouver et c'est
9 dans ce genre de discussion que je me suis rendu compte qu'ils avaient des
10 armes. Ce qui m'a étonné, c'est qu'ils ne discutent pas davantage de
11 l'organisation de la défense, mais à l'époque je n'imaginais pas, je
12 n'envisageais pas ce qu'il allait se passer par la suite.
13 Question: Pouvez-vous estimer, monsieur Mrso, le nombre de réfugiés
14 musulmans qui sont arrivés à Bugojno en provenance des municipalités
15 voisines, dans cette période?
16 Réponse: A ce moment-là, sur le plan officiel de leur côté et de notre
17 côté on parlait de 12 à 13000 réfugiés musulmans provenant majoritairement
18 des endroits d'où ils avaient été détachés par les Serbes. Par exemple, la
19 population musulmane de Donji Vakuf avait été chassée de la ville.
20 Question: Pouvez-vous dire aux Juges s'il y a eu des incidents qui se
21 sont produits impliquant le harcèlement de la population croate à la fin
22 de 1992?
23 Réponse: Oui; les incidents se multipliaient notamment dans certaines
24 parties de la municipalité ou des tentatives étaient faites pour organiser
25 des permanences conjointes, des patrouilles conjointes dans ces endroits
Page 22415
1 dans la direction de Donji Vakuf, de Novi Travnik un certain nombre
2 d'incidents avaient déjà éclaté car les Musulmans attaquaient souvent ces
3 patrouilles pour même leur retirer leurs armes. Il y a eu des problèmes de
4 cambriolage, de pillage. J'en ai parlé d'ailleurs dans ma déclaration.
5 Tout cela est consigné dans mon journal.
6 Question: Y a-t-il eu des meurtres à la fin de 1992 ou au début de 1993?
7 Réponse: Oui, comme je viens de le dire, notamment la direction de
8 Uskoplje, de Donji Vakuf et sur la route qui mène à Novi Travnnik, dans
9 cette région un peu périphérique de la municipalité de Bugojno de tels
10 incidents ont eu lieu. Je crois qu'il y en a eu aussi sur la route menant
11 à Uskoplje, Donji Vakuf et Grajica. Là, il y avait un barrage routier avec
12 des patrouilles et les incidents étaient fréquents, mais je ne me rappelle
13 pas tout car il faudrait que je vérifie mes notes.
14 Question: Très bien. Avançons pour atteindre le paragraphe 10 de votre
15 déclaration. Vous avez parlé du fait que la municipalité était constamment
16 pilonnée par les forces serbes de Bosnie. Vous avez également parlé des
17 Musulmans qui creusaient des tranchées sur le territoire de la
18 municipalité. Y avait-il quelle chose de particulier au sujet de ces
19 tranchées que vos compagnons, les Croates, ont remarqué, monsieur Mrso?
20 Réponse: Oui, j'étais étonné parce que je passais tout mon temps à
21 Bugojno, je travaillais encore dans mon entreprise, à ce moment-là, on
22 allait au travail à pied en essayant d'éviter les obus. Tous les matins
23 quand j'allais au travail, je remarquais, y compris devant les bâtiments
24 les plus importants de Bugojno de nouvelles tranchées qui étaient creusées
25 par les Musulmans. Tout cela m'a paru tout à fait bizarre parce que
Page 22416
1 j'étais habitant de Bugojno, je connaissais ces gens-là et je leur ai
2 demandé: "Mais qu'est-ce que vous faites là, qu'est-ce que vous êtes en
3 train de faire, que se passe-t-il? Qu'en est-il des Croates?" Certains
4 d'entre eux me répondaient en m'injuriant, d'autres me disaient que cela
5 ne me regardait pas qu'il fallait que je continue ma route et ce genre de
6 route.
7 Question: A quoi faisaient face ces tranchées, monsieur Mrso?
8 Réponse: Ce qui était un peu étonnant, je me rappelle à un endroit, ils
9 ont creusé ces fameuses tranchées à Porici dans la direction de Kuprez. où
10 se trouvaient les lignes croates. Devant ces lignes, les Musulmans se sont
11 mis à creuser des tranchées et ces tranchées ne faisaient pas face à
12 Kuprez, mais faisaient face à Bugojno. Et ça c'est ce que j'ai remarqué,
13 je l'ai fait savoir à un certain nombre de Croates du HDZ de Bugojno, etc,
14 etc. La même chose se passait dans la direction de la municipalité de Novi
15 Travnik sur la route menant à Rostovo dans le village de Ljubijc. Donc les
16 gens en parlaient, les gens commençaient à se dire, mais qu'est-ce qui se
17 passe, les Musulmans étaient en train de s'armer, ils occupent des
18 positions et notamment des positions qui étaient anciennement tenues par
19 les Serbes face à Donji Vakuf.
20 Question: Des barricades ou des barrages ont-ils été érigés dans votre
21 ville? En avez-vous vu?
22 Réponse: Oui, il y a eu des incidents liés à ça. Un barrage a été érigé
23 par les Musulmans et quand les Croates franchissaient ce barrage, ils
24 maltraitaient les gens. J'avais de plus en plus l'impression que quelqu'un
25 voulait intentionnellement créer des situations difficiles, et au mois de
Page 22417
1 novembre…
2 M. le Président (interprétation) : Si la défense à besoin de ce genre de
3 détails, il vous posera les questions en conséquence. Je vous demande de
4 répondre aux questions posées.
5 M. Sayers (interprétation):Merci Monsieur le Président. M. Mrso, je vous
6 demanderai un détail: vous rappelez-vous un incident à la mi-92, au cours
7 duquel Zarko Tole, le commandant du HVO de Bosnie Centrale a été à arrêté?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Où a t-il été arrêté et par qui?
10 Réponse: Il y avait une réunion conjointe entre le HVO et la Défense
11 territoriale et à la fin de cette réunion, je suppose que Tole a pris la
12 route et a été arrêté tout près de la municipalité, par les Serbes.
13 Le chef de la Défense territoriale était un Musulman à l'époque. La
14 sécurité pour l'essentiel était de la responsabilité des Musulmans.
15 Le chef de la police de Bugojno que je connais, m'a dit par la suite que
16 la seule possibilité était que cet incident avait été organisé par les
17 Musulmans. Car très vraisemblablement, Tole a été arrêté par eux, parce
18 qu'il avait participé à cette discussion au sujet de l'organisation de la
19 défense de Bugojno, au plan militaire.
20 Question: A t il été remis aux Serbes par les Musulmans, pour autant que
21 vous le sachiez ?
22 Réponse: C'est ce que l'on a raconté et c'est la conclusion à laquelle
23 nous sommes parvenus de notre côté.
24 M. Sayers (interprétation) : Parlons du 18 juillet 93. Pouvez-vous dire
25 aux Juges de cette Chambre ce qui s'est passé ce jour-là.
Page 22418
1 Réponse: C'était un dimanche. La situation me semblait bizarre. Il y
2 avait très peu de monde dans les rues. La presse n'arrivait pas
3 régulièrement et j'allais voir un ami pour lui demander un journal. Je
4 suis rentré chez moi, vers 1 heure. La ville était déserte, je ne savais
5 pas ce qui se passait. J'ai lu quelque temps le journal que j'avais reçu
6 et vers 4 heures de l'après-midi, je me suis rendu compte qu'il y avait du
7 bruit, du tapage, je n'ai pas fait particulièrement attention.. Je me suis
8 rendu compte que des gens couraient dans tous les sens, je ne savais
9 absolument pas de quoi il s'agissait. La nuit est tombée, je me suis
10 couché et vers 3 heures et demi du matin, quelqu'un a frappé à ma porte en
11 disant :"Ouvre" Je me suis réveillé, j'ai demandé qui était et là et on
12 m'a redit :"Ouvre". J'ai dit: "Mais à qui je dois ouvrir?". La réponse à
13 été : "Je représente la police". A ce moment-là, il y a eu une rafale puis
14 une seconde rafale qui ont atteint la porte et la fenêtre, je me suis jeté
15 au sol. Après cela, tout s'est calmé, je me suis habillé, j'ai attendu
16 dans l'incertitude, je ne savais pas ce qu'il se passait et vers 7 heures
17 et demie, j'ai vu ce qui s'était passé. J'ai vu les traces sur la porte
18 d'entrée, tout était brisé, il y avait des impacts de balles.
19 M. Sayers (interprétation) : Monsieur Mrso, je vais vous interrompre. Les
20 Juges ont déjà entendu parler des opérations militaires à Bugojno en
21 juillet 93. Je vous ai demandé qui a attaqué à ce moment-là?
22 Réponse: Avec ce que je sais aujourd'hui, je peux dire que ce sont les
23 Musulmans qui ont attaqué, car y compris ce jour-là, le dimanche dont je
24 viens de parler, alors que je ne savais rien de la situation, des soldats
25 croates ont été arrêtés dans la rue, mis dans des maisons est frappés,
Page 22419
1 etc.
2 J'ai entendu dire par la suite, donc je le sais aujourd'hui, que Franjo
3 Izisig à été emmené dans une mosquée et passé à tabac.
4 M. Sayers (interprétation) : Je vous interromps à nouveau. Sans être
5 impoli, vous vous rendez compte que nous n'avons pas beaucoup de temps et
6 nous devrons avancer. Vous avez parlé d'un incident au cours duquel des
7 soldats Musulmans sont venus chez vous à la maison, ont frappé à la porte.
8 Je crois qu'au paragraphe 11 de votre déclaration, vous dites que vous
9 avez été assigné à résidence, avec une dizaine d'autres Croates dans une
10 maison privée, le 20 juillet, c'est-à-dire, deux jours après le début de
11 l'attaque. Est-ce exact?.
12 Réponse: C'est exact. C'étaient des gens qui habitaient dans ma rue.
13 Ils ont tous été emmenés dans une maison. Le jour où l'attaque s'est
14 produite, j'étais caché ; par la suite, je suis retourné dans la maison
15 pensant que tout était terminé, mais ils sont venus me chercher et j'ai
16 constaté que d'autres voisins étaient là. Il nous était impossible de
17 quitter la maison.
18 Question: Je pense que par la suite, vous avez été emmené dans un garage
19 qui se trouvait dans votre voisinage et vous avez été détenu là pendant
20 deux jours à cet endroit, avec une cinquantaine d'autres prisonniers qui
21 étaient aussi bien des civils que des militaires, n'est-ce pas?.
22 Réponse: Oui, trois soldats sont arrivés dans cette maison où nous
23 étions assignés à résidence. Ils m'ont demandé mon nom, ils ont sorti un
24 papier, ils m'ont demandé si j'étais là, j'ai répondu oui. Ils m'ont
25 demandé de partir avec eux, ils ont pris les deux autres Croates qui
Page 22420
1 étaient mes voisins, ils m'ont emmené dans ce garage où j'ai trouvé une
2 cinquantaine de personnes à peu près.
3 Question: Ce garage, de quelle taille était-il ? Pourriez vous dire les
4 conditions de détention qui étaient les vôtres.
5 Réponse: Le garage mesurait 5 mètres sur 8. Les conditions étaient
6 impossibles au moment où je suis venu dans ce garage, il y a un soldat qui
7 m'a donné un coup de pied. Je suis entré de force et j'ai vu un Musulman
8 qui avait un sabre en main, qui proférait des injures. Ils étaient assis,
9 lui a été obligé de se tenir dans un coin. La situation était au plan
10 hygiénique assez terrible ; j'ai eu un petit endroit où je pouvais
11 m'asseoir. Il y avait à côté de mois une personne couchée à terre,
12 ligotée, je ne savais même pas s'il était encore en vie ou pas.
13 M. Sayers (interprétation) : Y a t-il eu des passages à tabac. Les
14 prisonniers ont-ils subi des sévices corporels ?
15 Réponse: Pendant que nous étions dans le garage, les soldats Musulmans
16 passaient à tabac ceux qui étaient devant, et la nuit, ils sortaient un
17 certain nombre de gens devant le garage et puis c'était une horreur.
18 Question: Vous décrivez une personne dans votre résumé, qui répond au
19 nom d'Ibiza Keskic. Pouvez-vous nous dire quel sort lui a été réservé.
20 Témoin: Chaque fois on disait : "Keskic sort".. Une fois quand il
21 sortait,. on l'a tellement passé à tabac qu'on était nous-mêmes terrifiés.
22 Comme cela se passait assez fréquemment, on l'appelait. Un fois, j'ai dit
23 que ce n'était pas possible. C'est la nuit, quelqu'un d'autre peut
24 également répondre à son nom et sortir à sa place parce qu'il ne peut plus
25 tenir le coup. Un cousin a dit: "Oui effectivement, c'est moi qui vais
Page 22421
1 sortir de sa place" et alors que Keskic lui-même a dit qu'il ne le
2 permettrait pas.
3 Question: Je pense que deus jours plus tard, vous avez été transféré
4 dans un vieux monastère où vous avez été détenu pendant une dizaine de
5 jours.
6 Réponse: C'était le cloître des bonnes sœurs. Je me souviens parce que
7 j'ai fait l'école élémentaire. Nous avons été amenés le matin entre 5 et 6
8 heures. On nous a transportés dans un camion bâché, il fallait monter avec
9 les mains en l'air. On nous a demandé de monter le plus vite possible,
10 sinon ils disaient :"C'est une rafale que je vais utiliser pour que tu
11 ailles un peu plus vite". Nous sommes entrés dans la cave du cloître, nous
12 étions au total 83, je m'en souviens.
13 Question: Vous décrivez également un incident qui s'est produit au
14 moment où un représentant de la Croix Rouge a rendu visite à ce couvent
15 plusieurs jours après le début de votre détention. Pourriez-vous en dire
16 davantage aux Juges à propos de cet incident?
17 Réponse: Je suis resté deux ou trois jours dans cette cave. Ensuite, je
18 ne sais pas pour quelle raison on m'a encore envoyé à l'étage dans une
19 pièce où il y avait une dizaine de personnes. Un jour il y avait des
20 représentants je le suppose de la Croix-Rouge internationale parce qu’ils
21 étaient en blanc. Ensuit il y avait notre prêtre, le chapelain de la
22 paroisse. De Dubla, il y avait une bonne soeur, et puis un de mes amis et
23 également un médecin. Ils les ont fait rentrer chez nous. On n'a pas
24 permis à ces gens-là de parler. Ils ont dit: mais vous voyez qu’ils sont
25 bien. On ne nous a pas permis de répondre. On nous a apporté un petit peu
Page 22422
1 de nourriture et comme il y avait un certain nombre de personnes qui ont
2 été blessées. Le médecin les avait traitées, les avait soignées. A ce
3 moment-là, je me souviens j'ai dit au père Batinic, Bruno Batinic, j’ai
4 trouvé quelques papiers et j'ai écrit les noms de ces gens-là. Je me
5 souviens. Et j'avais ce papier sur moi dans la cave.
6 Comme on ne m’avait pas permis de parler aux gens, j’ai quand même réussi
7 à appeler le prêtre et puis à lui passer le papier. Je lui ai dit que ces
8 gens-là se trouvaient dans la cave. Je lui ai montré, je lui ai fait
9 signe. Comme les représentants de la Croix-Rouge sont passés à côté de
10 nous ils ont dit: "ils sont dans de bonnes conditions, etc, ils n’ont pas
11 de problème". Le prêtre a réussi à dire aux représentants de la Croix-
12 Rouge qu’il y a des gens qui sont dans la cave alors que la porte n'était
13 pas encore fermée. Ils ont demandé à descendre à la cave. Alors ceux qui
14 nous ont gardés dans la prison, ils ont nié qu'il y avait dans la cave des
15 personnes. Mais enfin ils ont réussi à descendre dans la cave et c'est
16 comme ça que nous avons appris qu'il y en avait 73 au total. Mais ils
17 voulaient en effet au début, initialement le cacher.
18 Question: Y a-t-il eu des sévices corporels infligés aux personnes qui
19 se trouvaient au monastère du même type que ce qui avait été fait au
20 garage?
21 Réponse: Oui. Ils sortaient les gens la nuit et devant la porte dans le
22 couloir. Ils les passaient à tabac de manière aussi violente que les gens
23 hurlaient. Nous, on était assez préoccupé, nous autres qui étions en bas.
24 Le lendemain matin, c’était le lundi je me souviens c’était vers 11
25 heures, ils ont emmené le soldat Dzaja qu'ils ont passé à tabac. Il a été
Page 22423
1 tellement gonflé au niveau de la tête qu'on ne voyait même pas ses yeux.
2 Ils l’ont fait rentré dans la pièce. On a dit, essayez quand même de le
3 soigner quelque peu et de lui permettre de respirer. Ils l'ont donc mis
4 sur des planches. Nous, on n'a pas posé beaucoup de questions parce qu’il
5 ne pouvait pas parler à tel point il a été maltraité, enfin battu.
6 Le lendemain matin, ce matin même, ils ont également pris Vlatko.
7 M. le Président (interprétation): Voulez-vous poser une question, maître
8 Sayers.
9 M. Sayers (interprétation): Oui, je vais poser une question assez rapide.
10 Au paragraphe 12 de votre résumé, vous parlez d’un homme répondant au nom
11 de Vlatko Kapitanovic. Je pense que vous l’avez vu alors qu’on l’avait
12 placé dans le coffre d’une Mercedes noire et puis qu’on n’a plus revu
13 vivant.
14 Réponse: Oui, ce matin-là ils sont arrivés très tôt le matin. Ils
15 l’ont pris, il était à moitié nu. Moi, je lui avais demandé de prendre ma
16 veste parce que dans la cave il faisait froid. Mais il a trouvé un maillot
17 de corps, je me souviens. Ils l’ont pris ils l’ont tout de suite passé à
18 tabac devant la porte. Moi, j’ai regardé par une petite fenêtre qui était
19 dans la cave. C’est une fenêtre qui donnait sur la rue. J’ai vu également
20 une Mercedès avec des immatriculations que j’ai pu lire. Ils l’ont pris
21 dans le coffre et ils l’ont emmené.
22 Les autres qui étaient avec moi me disaient qu’il ne fallait absolument
23 pas que je ne regarde pas la fenêtre parce qu'on nous a menacés qu’on
24 allait nous tuer si on regardait par la fenêtre.
25 Question: Et vous avez vu le moment où M. Kapitanovic a été placé dans
Page 22424
1 le coffre de cette voiture. Vous l’avez vu vous-même n’est-ce pas? Vous
2 avez mentionné ces prisonniers? Est-ce que l’un quelconque d’entre eux a
3 été contraint à faire des travaux forcés?
4 Réponse: Oui. On avait pris un très grand nombre de personnes. Le
5 jour, le premier jour ils étaient quatre ou cinq. Ils les emmenaient pour
6 charger les marchandises qui avaient été pillées, d’autres pour enterrer
7 les personnes qui avaient été tuées. Dans un village il y avait même un
8 incident et ces gens-là les ont attaqués, ils les ont passés à tabac.
9 Ensuite ils ont été de nouveau ramenés dans la cave, frappés, battus.
10 Notamment Mario Zrno. Je me souviens qu’au moment où j’ai été sur place on
11 m’a dit qu'on l’a tellement frappé ce Mario Zrno qu’il est décédé des
12 conséquences de cela.
13 Question: Nous progressons. Merci de rester concis dans vos réponses.
14 Nous vous en serons gré. Au paragraphe 13 de votre résumé, vous dites
15 comment vous avez été emmené du monastère après quelque dix jours de
16 détention et que vous avez été forcés à, et rassemblés pour traverser la
17 ville sous le contrôle de soldats musulmans armés.
18 Réponse: Oui, nous étions dix dans le cloître, on nous a faits
19 aligner. Il y avait quelqu'un qui a pris la photo de nous. Alors il a fait
20 semblant de ne pas me connaître. J’ai été un petit peu étonné parce qu’il
21 me connaissait très bien. On était donc dix et on nous a faits traverser
22 la ville. C’est la première fois que j’ai vu la ville. J’ai vu également
23 des maisons qui ont été détruites. Les habitants musulmans dans les rues
24 criaient, tuaient les Ustasi, ils crachaient sur nous. Ils nous
25 lapidaient. Enfin, ils nous ont emmenés comme ça dans la cave d’un lycée.
Page 22425
1 Question: Je pense que vous et une quarantaine d’autres personnes avez
2 été détenues dans une petite pièce. Est-ce exact?
3 Réponse: Oui, c’est exact. Il y avait d’autres cellules. C’est ce que
4 j’ai vu après. Il y avait des Croates également qui ont été emprisonnés.
5 Il y avait des policiers, des civils, il y avait de tout. Il y avait même
6 les deux femmes qui se trouvaient dans une cellule où je me trouvais moi
7 également.
8 Question: Et puis vous avez été emmené dans une salle de sport
9 appartenant à une école locale où vous vous trouviez avec quelque 370
10 détenus.
11 Réponse: Oui, moi, j’ai compté. Moi, je pense que j’ai raison.
12 Question: Quelles étaient les conditions réservées à ces 370 détenus?
13 Pourriez-vous nous en donner une idée? Y avait-il suffisamment de
14 nourriture par exemple?
15 Réponse: Mais au début on avait rien. Et puis un jour ils nous on
16 apporté dans la soirée, entre six heures et sept heures du soir, un soldat
17 musulman nous a donné entre cinq et six baguettes de pain, et puis sept,
18 huit litres d’eau. Puis il est sorti. Une espèce de ratatouille également.
19 Question: Est-ce que ceci correspondait à ce que recevait en général les
20 prisonniers lorsqu’ils étaient en détention? A votre connaissance, était-
21 ce le cas?
22 Réponse: Pendant que j’étais à l’école on ne nous a pas donné de la
23 nourriture, mais les Croates qui étaient libres apportaient devant l’école
24 de la nourriture, demandaient les gardes. Il y avait des gardes qui
25 n’avaient pas osé bien évidemment accepté, mais de temps en temps ils
Page 22426
1 l’acceptaient, mais c’était en secret qu’on nous donne de la nourriture.
2 Officiellement on n’avait pas été nourris.
3 Question: Je pense que vous avez été libéré le 5 août 1993? Vous avez
4 été de nouveau assigné à résidence, n’est-ce pas?
5 Réponse: Oui.
6 Question: Vous deviez faire un rapport au poste de police chaque jour,
7 vous y présenter. Est-ce bien ce que vous avez fait?
8 Réponse: Non. Je suis sorti dans la ville tout de suite.
9 Question: Pourquoi avez-vous refusé d’aller au poste de police alors
10 que vous en aviez reçu l’ordre?
11 Réponse: Pour moi c’était humiliant parce que de toute façon je me
12 suis imaginé qu’il fallait que je me rende chez le représentant officiel
13 pour dire que je ne voulais pas, que je voulais également activer la
14 partie croate du point de vue organisation au sein du parti. Voilà. Je ne
15 voulais pas me présenter.
16 Question: Vous avez déjà déclaré que vous étiez pratiquement un
17 représentant, un porte parole des quelques rares croates qui demeuraient à
18 Bugojno. Je pense que vers le milieu du mois d’août 1993, vous avez rendu
19 visite à un camp de détention qui avait été établi au stade de football en
20 ville. Pourriez-vous dire aux Juges combien de personnes s’y trouvaient
21 détenues? Et leur dire également si vous avez essayé de leur venir en
22 aide?
23 Réponse: Comme de toute façon ils ne m’ont pas permis de les visiter.
24 Moi, j’ai fait un essai. Je suis allé sur place. J’ai emmené avec moi
25 quelques nourritures, quelques cigarettes etc. Je voulais voir ce qui se
Page 22427
1 passait sur place. Tout de suite ils m’ont dit, comme je me suis rendu sur
2 le portail directement on m’a dit qu’il fallait que je me présente à tel
3 et tel chef pour m’annoncer. Je suis aller m’annoncer, mais ils n’étaient
4 pas sur place. De toute façon je connaissais tous ces gens-là, tous les
5 musulmans. J’ai dit: écoutez, j’ai du courrier, de la correspondance, un
6 petit peu de cigarettes, de la nourriture pour voir ces gens-là. J’ai pu
7 remarqué ces gens-là à travers les grilles, mais eux ils étaient un petit
8 peu étonnés.
9 Moi, j’ai sorti la nourriture et j’ai vu qu'en effet ils distribuaient
10 cette nourriture entre eux alors que les prisonniers n’avaient même pas eu
11 ce que j'avais apporté. Mais moi je voulais savoir ce qui se passait sur
12 place, c'est pour cela que j’y suis allé.
13 Question: Combien de personnes étaient détenues à ce terrain de
14 football?
15 Réponse: J'ai tenu un registre ainsi que mon groupe. Au début il y en
16 avait 600. Plus tard on en a relâché quelques uns mais je pense que le
17 dernier chiffre que j'ai eu est de 542.
18 Question: Quand ce camp a t-il été démantelé?
19 Réponse: En 1994, le 19 mars.
20 Question: Est-ce qu'il y a des détenus qui ont disparu et dont on n'a
21 plus jamais entendu parler?
22 Réponse: Oui, sur les 26, 5 corps ont été trouvés, et 21 sont
23 actuellement portés disparus.
24 Question: Sitôt après l'attaque menée par les Musulmans sur Bugojno,
25 vers le milieu du mois de juillet 1993, M. Mrso, combien selon vos
Page 22428
1 estimations, de civils croates ont dû quitter leur foyer et ont-ils dû le
2 quitter sitôt après l'attaque?
3 Réponse: Etant donné que ce groupe a été crée, nous avons commencé à
4 suivre la situation. Sur l'ensemble de croates qui habitaient à Bugojno,
5 il y avait entre 2700 et 3000 qui sont restés. Tout de suite après
6 l'attaque, les autres ont été chassés.
7 Question: Pourriez-vous nous donner un chiffre approximatif du nombre de
8 civils Croates qui ont été chassés de la ville?
9 Réponse: Entre 12 et 13 000 ont été chassés.
10 Question: Vous parlez des 2 ou 3000 civils Croates qui sont restés à
11 Bugojno après l'attaque musulmane. Comment était la vie pour ceux qui
12 restaient?
13 Réponse: Ils ont tout pillé. Nous qui sommes restés, c'est ce que j'ai
14 appris une fois que j'ai été relâché de la prison, nous sommes passés par
15 les maisons de détention. Ils ont pillé les maisons pour faire peur aux
16 gens. Certains sont partis en traversant la forêt. J'ai également mis en
17 place un bureau et tous les matins, on m'a rapporté les personnes qui ont
18 été maltraitées, dont les maisons ont été pillées, comment on les a
19 menacées. On les mettait à nu pour leur demander des objets d'art, de
20 l'argent, les gens étaient terrifiés. Nous n'avions rien à manger. Tout ce
21 qui est resté était pillé par la suite. Il y avait cette pression sur
22 laquelle nous avons vécu en permanence.
23 Question: Messieurs les juges, je n'ai pas l'intention de poser de
24 question supplémentaire à ce propos. Je vous renvoie maintenant à la pièce
25 D284/1 et aux intercalaires 13 et 15. Souvenez-vous du témoignage du
Page 22429
1 lieutenant-colonel Garitzen.
2 Je me tourne vers vous, Monsieur le témoin. A la suite de ces incidents,
3 au cours desquels des personnes ont été harcelées, où il y a eu des
4 pillages, incidents que vous avez décrits, vous avez parlé des 2 ou 3000
5 Croates qui étaient restés dans la ville après l'attaque musulmane. Ont-
6 ils quitté finalement la municipalité de Bugojno?
7 Réponse: Oui. Beaucoup de Croates ont quitté Bugojno.
8 A un moment donné, nous n'étions que 900 à Bugojno.
9 Question: Auriez-vous un chiffre approximatif du nombre de civils
10 croates qui auraient fui la municipalité entre le mois de juillet 1993 et
11 la fin de 1993?
12 Réponse: Je pense que c'était 1500, peut-être un peu plus.
13 Question: Bien. Je pense que vous avez découvert que la maison de votre
14 frère avait fait l'objet d'une attaque de la part de troupes de l'armée de
15 Bosnie-Herzégovine.
16 Pourriez-vous nous en dire davantage s'agissant de cet incident?
17 Réponse: C'est un homme qui était sur place au moment où ils ont été
18 emprisonnés. Ils ont cambriolé la maison de mon frère, le garage. Ils ont
19 pris la voiture et sortaient par-derrière mon frère, ma mère et la femme
20 de mon frère. Il a essayé de dire que notre mère était malade mais ils
21 n'ont pas accepté cette explication et les ont emmenés trois rues plus
22 loin, dans la maison de Branko Juric. Ensuite, un Musulman est allé
23 chercher quelqu'un et est tombé sur la cave de cette maison et les a vu
24 tués, leurs corps couchés par terre, avec un voisin, Grlic.
25 Question: Vous avez dit dans votre résumé que les corps de vos parents
Page 22430
1 qui avaient été tués n'ont jamais était retrouvés après le meurtre.
2 Réponse: Oui. Après on avait raconté que l'on avait tué le directeur de
3 la société Goridza, ce n'était pas mon frère. Mon frère était à l'institut
4 d'organisation de Bugojn. Après, quand on avait relaté cela, il nous a été
5 dit que ces corps avaient été chargés sur une camionnette jaune. On a
6 emporté quelque part les corps et jusqu'à maintenant, on n'a jamais su où.
7 Question: Encore une seule question avant de passer au dernier sujet que
8 je souhaite aborder.
9 Je pense que vous avez eu des conversations avec des enquêteurs du bureau
10 du Procureur de ce Tribunal et vous leur avez relaté ce qui vous est
11 arrivé à vous et à d'autres, au cours de ces événements terribles, n'est-
12 ce pas ?
13 Réponse: Oui, le temps n'est pas encore venu, mais de toute façon, on
14 en a parlé à plusieurs reprises. Ils demandent d'ailleurs de relater tous
15 ces événements de façon beaucoup plus précise et plus large, avec plus de
16 détails.
17 Question: Merci. L'un des arguments que le bureau du Procureur a fait
18 valoir dans cette affaire est que les dirigeants politiques du HDZ de
19 Bosnie-Herzégovine notamment, ont provoqué, planifié, incité à commettre,
20 ou ordonné que soit commis une campagne systématique et généralisée de
21 persécutions qui avaient pour cible délibérée, des civils musulmans de
22 Bosnie. Que ceci s'est effectué sur la totalité du territoire de la
23 communauté croate d'Herceg Bosna, dans la municipalité de Bugojno.
24 Pourriez-vous dire aux Juges ce que vous pensez face à une telle
25 allégation ? Y a t-il des éléments de vérité là-dedans ?
Page 22431
1 Réponse: Je pense que ce sont les inventions d'un certain nombre
2 d'institutions qui sont contre les Croates et qui ont une autre conception
3 de la Bosnie et des Croates. Personnellement, j'ai été un peu engagé dans
4 la politique et je n'ai jamais entendu parler, je peux le dire en toute
5 conscience, que l'on a jamais parlé d'une guerre éventuelle avec des
6 Musulmans.
7 Question: Qui a harcelé qui? Qui a persécuté qui à Bugojno ?
8 Réponse: Je peux le dire, je peux le prouver. Je peux vous donner des
9 documents que, à l'époque et même aujourd'hui, ceci existe et je parle des
10 harcèlements des Musulmans à l'égard des Croates.
11 Question: Contre qui?
12 Réponse: Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
13 Question: Ces actes de harcèlement étaient menés contre qui ?
14 Réponse: Ce sont des Musulmans qui harcèlent des Croates.
15 Question: Au paragraphe 19 de votre résumé, et nous arrivons à la fin de
16 votre interrogation principale, vous faites référence à un accord qui
17 avait été conclu une semaine seulement après l'attaque surprise menée
18 contre les Croates à Bugojno le 18 juillet 1993. Pourriez-vous nous en
19 dire davantage ?
20 Réponse: Oui, c'est également publié par la radio et la télévision. Ils
21 se sont mis d'accord que la question ne se pose même pas de provoquer des
22 malentendus entre nous, car il y avait cette menace du côté des Serbes.
23 Tous ceux qui étaient des acteurs pourront vous le dire. Je peux relater
24 ce que j'ai entendu, parce que je n'ai pas participé directement.
25 Question: Vous avez dit de cet accord qu'il avait été annoncé à la
Page 22432
1 télévision et à la radio locale. C'était un accord passé entre Musulmans
2 et Croates de ne pas se combattre l'un l'autre mais plutôt de se
3 concentrer ensemble contre ou sur la menace commune, celle des Serbes.
4 Est-ce exact ?
5 Réponse: Oui, ils ont même organiser un cocktail, une réception et se
6 sont bien amusés.
7 Question: Le dernier jeu de questions qui portent sur l'un des deux
8 accusés, en l'espèce. Selon vous et après ce que vous avez pu constater
9 d'après les événements, est-ce que Dario Kordic avait une influence
10 quelconque sur les événements qui sont survenus à Bugojno ?
11 Réponse: Je pense que non. Personnellement je ne connaissais même pas
12 Kordic. Ce n'est que plus tard que j'ai eu l'occasion de le rencontrer,
13 lors de quelques réunions, étant donné que j'étais directeur.
14 Dans sa municipalité, il y avait un entrepôt, des réserves de
15 marchandises. J'ai pris contact une fois avec lui, et j'ai demandé qu'il
16 charge les fonctionnaires de la municipalité de s'organiser, si jamais on
17 avait besoin de distribuer de la nourriture, dans ce sens-là, d'avoir les
18 listes des personnes. Sinon je ne connaissais pas Kordic, je n'ai même pas
19 eu l'occasion de le rencontrer lors des réunions. Je ne pense pas qu'il
20 était venu à Bugojno à quelque moment que ce soit.
21 Question: Vous dites qu'il n'est, à votre avis, jamais venu à Bugojno au
22 cours de cette période. Parlez-vous de Blaskic ou de Kordic ?
23 Réponse: Je parle de M. Kordic, j'ai peut-être fait un lapsus.
24 Question: Veillons à ce que le compte rendu soit bien clair à cet égard.
25 A votre connaissance, entre 1991 et 1994, M. Kordic a t-il rendu visite à
Page 22433
1 votre ville, à la ville de Bugojno?
2 Réponse: Non, je maintiens que non. A ma connaissance en tout cas. Si
3 c'était confidentiel, c'est à lui de le dire. Moi, j'ai connu M. Kordic un
4 peu mieux et j'ai insisté pour qu'il vienne à Bugojno après la convention
5 de Mostar en 1994.
6 Question: Je vous remercie, je n'ai plus de questions à vous poser.
7 (M. Mrso est interrogé par M. Mikulicic
8 M. Mikulicic (interprétation) Bonjour M. Mrso, je m'appelle Goran
9 Mikulicic, je suis le conseil de Zagreb, je défends le deuxième accusé M.
10 Mario Cerkez.
11 Nous n'avons pas eu l'occasion de nous rencontrer jusqu'à aujourd'hui,
12 nous n'avons pas parlé non plus. Vous me permettrez de profiter de
13 l'occasion pour vous poser quelques questions, s'il vous plait. M. Mrso,
14 revenons à la première moitié de 1992.Vous nous avez dit qu'à la fin du
15 mois de mai, le 24 plus particulièrement, une attaque était effectuée par
16 la JNA et par les Serbes de Bosnie.
17 Réponse: Oui.
18 Question: La municipalité de Bugojno, à la frontière avec Novi Travnik?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Vous nous avez dit par ailleurs que le HVO a accepté la
21 défense, alors qu'un certain nombre de forces musulmanes étaient à
22 l'écart. C'est bien vrai?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Est-ce que les formations du HVO ont été forcées sur le plan
25 militaire, par des formations des autres municipalités de Bosnie centrale?
Page 22434
1 Réponse: Je ne suis pas au courant. A ma connaissance, non.
2 Question: Vous avez visité le terrain et les villages de Grgici et
3 Medine?
4 Réponse: Non.
5 Question: Vous n'y étiez pas?
6 Réponse: Non.
7 Question: Est-ce que vous connaissez l'usine Slavko Rodic?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Pourriez-vous nous dire où est située cette usine et ce
10 qu'elle a fabriqué à cette époque-là?
11 Réponse: C'est entre Bugojno et Kupres, au dessus du village de Cipjuc.
12 Question: Et comment était cette société?
13 Réponse: Je pense qu'ils ont fabriqué des armes, mais je ne peux pas
14 vous dire comment ils étaient organisés.
15 Question: Est-il vrai qu'avant la guerre, cette usine a été sous le
16 contrôle de l'ex JNA.
17 Réponse: Oui.
18 Question: Pour être précis, elle avait fabriqué des armes?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Vous le saviez?
21 Réponse: Oui, parce que j'avais des amis qui y travaillaient.
22 Question: Au moment où les Musulmans ont attaqué Bugojno, qui a pris le
23 contrôle sur cette usine?
24 Réponse: Des Serbes en général car d'après mes amis qui me l'ont dit,
25 ils ont tout de suite commencé à transporter des explosifs, des
Page 22435
1 détonateurs. Ce sont les Serbes qui ont confisqué les armes, alors que
2 moi, j'ai dit: "Pourquoi ne faites-vous pas la même chose?"
3 Question: Après l'attaque des Serbes de Bosnie, au cours de la deuxième
4 moitié de 92 et 93, qui de facto, avait le contrôle sur cette usine?
5 C'était le HVO ou qui?
6 Réponse: Non. Moi-même je me suis disputé avec eux, j'ai demandé
7 pourquoi ils ne prennent pas cette usine, ce sont les Serbes qui ont
8 confisqué cette usine et une fois qu'ils sont partis, il n'y avait plus
9 personne.
10 Question: On n'a plus produit dans cette usine depuis?
11 Réponse: Non.
12 Question: Merci, je n'ai plus de questions à poser.
13 (Le témoin est contre interrogé par Me Nice)
14 M. Nice (interprétation) Est-ce qu'on pourrait dire de Bugojno qu'elle se
15 situe entre la Bosnie Herzegovine et la Bosnie centrale?
16 Réponse: En ce qui concerne la configuration et la géographie, je dois
17 dire que ça devrait être ça mais je ne connais pas avec précision la
18 configuration mais il y a Tomislavgrad et Prozor qui sont plus près de
19 l'Herzégovine.
20 Question: Si l'on pense à la viabilité d'Herceg Bosna, est-ce que
21 Bugojno occupait une place importante puisqu'elle établissait le lien
22 entre la Bosnie centrale et la Bosnie Herzégovine.
23 Réponse: Je ne sais pas vraiment si c'était très important, en ce qui
24 me concerne, ce ne l'était pas. Ce qui était important pour moi, c'est que
25 les Croates puissent se défendre contre les Serbes.
Page 22436
1 Question: Vous avez contribué à l'établissement de votre parti et aussi
2 du HDZ dans votre région, vous avez été un des acteurs de cela, n'est-ce-
3 pas?
4 Réponse: Non, pas directement car à cette époque-là, j'étais directeur
5 et je me suis occupé de l'assainissement de ma société alors que j'étais à
6 Livno.
7 Question: A ce moment-là, vous devez avoir compris qu'étant donné la
8 répartition ethnique au sein de votre ville, il existait un risque de voir
9 que votre parti allait susciter beaucoup d'émotions et d'inquiétudes au
10 sein des autres groupes ethniques.
11 Réponse: Ce n'est pas à vous de me le suggérer. Nous n'avons jamais
12 fait de réflexions dans ce sens-là sur un plan national. Ce que nous avons
13 pensé, c'est comment se défendre contre l'agression des Tchetniks.
14 Question: Oui, je ne vais pas parcourir tous les documents puisque nous
15 avons déjà examiné à maintes reprises dans ce procès, les documents
16 d'ordre général, mais nous avons des documents établissant le parti,
17 établissant le HVO qui s'intéresse aux Croates en excluant pratiquement
18 tous les autres, n'est ce pas?
19 Réponse: Je ne connais pas ces documents, je n'ai jamais assisté à de
20 telles réunions où on a parlé exclusivement des Croates. On a parlé de
21 Bugojno et on a inclus dans nos discussions tous les groupes ethniques.
22 Question: En ce qui vous concerne, au moment où l'on a établi le HVO,
23 selon vous, qui l'avait établi, qui l'avait crée ou qu'est ce qui l'avait
24 crée?
25 Réponse: Je ne sais pas, je ne comprends pas, je ne sais pas ce que
Page 22437
1 vous voulez dire.
2 Question: Je m'explique. Le HVO n'a pas été le fait d'un vote populaire
3 qui l'aurait établi, n'est ce pas?
4 Réponse: Ca non plus, je ne comprends pas.
5 Question: Ca a été crée par un parti politique?
6 Réponse: Je ne sais pas comment on a crée le HVO. On avait demandé de
7 créer la cellule de crise par exemple, pour organiser la défense. Je ne
8 sais pas à quel niveau on avait organisé le HVO. Je ne sais même pas qui
9 était à la tête, je ne connais pas les documents juridiques, je ne sais
10 rien, je n'ai pas participé à ces réunions.
11 Question: Vous avez fait quelques observations quant à savoir si M.
12 Kordic s'était rendu à Bugojno. J'aimerais que vous m'aidiez sur ce point.
13 A Bugojno, comment s'établissaient les lignes de communication, quelle
14 était la voie hiérarchique, disons, pour ce qui est des échanges entre le
15 HVO et votre parti. Vous rendiez des comptes à qui? Quelle était votre
16 autorité supérieure?
17 Réponse: Etant donné que j'étais au parti et pas au HVO, c'est lors des
18 réunions du parti que j'ai appris un certain nombre de choses, je n'ai pas
19 posé la question pour savoir qui était compétant pour la chaîne de
20 commandement ou la hiérarchie. Ce qui m'intéressait, c'est que Bugojno
21 soit défendue et c'est ce qui nous a intéressé au sein du parti. Il n'est
22 pas impossible que les leaders du parti en ont parlé. Je n'étais pas le
23 président à cette époque.
24 Question: Vous nous dites que vous ne savez tout simplement pas, qui au
25 moment des faits assurait la coordination à l'extérieur de Bugujno, qui
Page 22438
1 assurait la direction des opérations militaires à Bugojno.
2 Réponse: Je ne le savais pas vraiment, même pas aujourd'hui.
3 Réponse: Fort bien, je ne vais pas vous importuner sur ce point si ce
4 n'est pour dire ceci: je suppose que vous accepterez ceci, c'est qu'en fin
5 de compte, c'étaient les hommes politiques qui dirigeaient.
6 Réponse: Si vous le dites à ce moment-là j'avoue que ce n'est pas ça
7 mon problème, je ne m'en occupe pas.
8 Question: N'est-il pas exact de dire qu'il y a s'agissant de Bugojno, il
9 y a une autre version des événements qui est fournie et forcément par les
10 Musulmans et plus précisément par Dzevad Mlaco?
11 Réponse: Est-ce que vous voulez, s'il vous plaît, me poser la question
12 très clairement, monsieur, pour savoir ce que vous voulez de moi?
13 Question: Vous connaissez cet homme qui répond au nom de Dzevad Mlaco?
14 Auparavant, il était le chef de votre municipalité?
15 Réponse: Oui, je le connais parce qu'on a contacté, on était en
16 communication tout le long de la guerre.
17 Question: Avez-vous la moindre raison de douter de ce qu'il dit ou bien
18 est-ce que c'est un homme à propos duquel on a raison d'avoir quelques
19 précautions, quelques doutes quand il fait des affirmations?
20 Réponse: Oui, moi, j'ai demandé à parler au représentant de la Croix
21 rouge comme le Président du HDZ qu'il fallait révoquer Mlaco car je
22 n'allais pas poursuivre mes activités si Mlaco reste à son poste au niveau
23 de la municipalité de Bugojno.
24 Question: Et pourquoi vous opposiez-vous à ce qu'il reste à son poste?
25 Pour que nous comprenions, comment se présentent les choses. Quelle était
Page 22439
1 la nature de vos objections à son égard?
2 Réponse: Il était président de la présidence de guerre à Bugojno, il a
3 tout fait pour que les Croates soient chassés de Bugojno.
4 Question: Bien. Ceci révèle un certain antagonisme, n'est-ce pas, entre
5 vous. Je comprends bien. Mais était-il exact de dire qu'à un moment donné,
6 il y a eu un document établi en 1992 à Bugojno par lequel le HVO
7 interdisait aux Musulmans de Bosnie de se déplacer, en tout cas limiter
8 leur liberté de mouvements. Est-ce que vous vous souvenez de l'existence
9 d'un tel document?
10 Réponse: Non, je ne me souviens pas de ce document. Je ne suis pas au
11 courant de ce document, mais je sais que des Musulmans venaient en
12 personne chez moi pour demander s'ils pouvaient sortir visiter les leurs
13 qui étaient également exilés. Moi, je me suis employé pour leur faire
14 obtenir leur permis car même moi, je ne pouvais pas sortir et souvent je
15 n'ai pas disposé de ce permis pour aller et sortir de Bugojno.
16 Question: Vous dites qu'il y avait une obligation d'obtenir un parti et
17 vous, vous étiez dans une situation telle que vous étiez en mesure de les
18 émettre, de les délivrer ces laissez-passer, est-ce exact?
19 Réponse: Jamais, même moi, j'ai été obligé de m'adresser, de demander
20 les laissez-passer.
21 Question: Vous deviez demander l'autorisation HVO?
22 Réponse: Oui, oui.
23 Question: Nous avons entendu parler d'une réunion qui s'est tenue le 15
24 mars 1992 à Bugojno, au cours de laquelle Kljuic, directeur au chef de
25 parti, était présent? Est-ce que vous avez assisté à tout ou à une partie
Page 22440
1 de cette réunion?
2 Réponse: Non, je n'étais pas, monsieur, à cette réunion.
3 Question: Bien. Vous parlez d'un certain Tole, le connaissez-vous bien,
4 savez-vous plusieurs choses, beaucoup de choses à son propos?
5 Réponse: Non, non en dehors de ce que j'ai dit.
6 Question: Et vous ne savez pas qui l'a nommé au poste qu'il occupait au
7 départ?
8 Réponse: Non.
9 Question: Etes-vous prêt à admettre que le HVO de Bugojno bénéficiait
10 des armes fournies par la Croatie?
11 Réponse: Je ne sais pas, dans quel sens parlez-vous, dans le sens de la
12 défense ou comment?
13 Question: Oui, puisque vous receviez vos armements en partie directement
14 par la Croatie?
15 Réponse: Je ne connais pas les sources, mais personnellement j'ai
16 demandé si c'était possible de nous fournir davantage d'armes et je ne
17 sais pas exactement d'où on emmenait les armes, qui nous fournissait en
18 armeS. Je n'étais pas directement intégré dans ces choses-là.
19 Question: Monsieur le Président, aux fins du compte rendu, je préciserai
20 qu'il y a dans le classeur consacré au conflit international, une pièce la
21 2376.1 en date du 11septembre 1992, et qui porte sur la fourniture
22 d'armes. Inutile d'importuner davantage le témoin sur ce point.
23 Dans le même sens, est-ce que vous étiez au courant de l'existence ou du
24 fait plus exactement que des ordres étaient envoyés en octobre 1992 dans
25 votre municipalité, afin que soit précisée l'identité d'officiers croates
Page 22441
1 de l'armée qui à l'époque, étaient en fonction dans vos unités et dans
2 votre région, parce qu'en fait, c'étaient des soldats de Croatie qui
3 pouvaient éventuellement se trouver à Bugojno?
4 Réponse: Non, je ne suis pas au courant, monsieur. Je souligne une fois
5 de plus que je ne connaissais pas cet aspect militaire, moi, j'étais au
6 parti donc je m'occupais des choses civiles.
7 Question: Je comprends, mais les structures politiques et les structures
8 militaires étaient étroitement liées, n'est-ce pas?
9 Réponse: C'est vous qui l'affirmez. En ce qui me concerne, je dis ce
10 dont il a été question lors des réunions du parti et on m'a demandé ces
11 réunions. Lors de ces réunions, on a également assisté sur la défense
12 qu'il était indispensable d'assurer, moi, je ne connais pas l'aspect
13 militaire.
14 Question: Est-ce que vous avez fait pression ou est-ce que vous avez
15 fait appel pour avoir plus d'assistance, plus d'aide de la part de la
16 Croatie? Est-ce que vous avez demandé que vous soient envoyés les soldats
17 de Croatie afin de vous aider?
18 Réponse: Vous pensez à moi, vous pensez que ce soit moi éventuellement
19 qui ai demandé ou quelqu'un d'autre.
20 Question: Oui, je parle des hommes politiques qui tenaient à assurer la
21 défense. Est-ce que vous avez fait ce genre de choses?
22 Réponse: Non, nous l'avons jamais demandé. Moi personnellement, je
23 considérais que nous avions suffisamment de forces pour pouvoir nous-mêmes
24 faire beaucoup de choses. Bien évidemment, en accord au niveau de la
25 municipalité avec tous les autres.
Page 22442
1 Question: Nous avons un document qui porte sur la présence d'officiers
2 de Croatie à Bugojno, et qui porte la cote 2383. Nous allons peut-être
3 demander à ce témoin d'examiner rapidement la pièce 249, je vais la
4 remettre à M. l'huissier qui va la placer sur le rétroprojecteur et le
5 témoin pourra consulter l'original de cette pièce. Nous constatons à la
6 date de ce document apparemment il s'agit du mois d'octobre 1992, nous
7 aimerions savoir quelle était votre position par rapport à la direction
8 même de votre parti dans votre communauté locale? Etiez-vous proche de
9 cette direction, ne l'étiez-vous pas, quelle était la situation?
10 Réponse: Je n'étais pas tout à fait proche, j'étais membre du comité
11 municipal, je n'étais même pas membre de la présidence.
12 Question: A l'époque, mais est-ce que vous étiez au courant de ce qui se
13 passait, alors que la situation ne faisait que se détériorer petit à
14 petit?
15 Réponse: Je n'ai jamais entendu parler quoi que ce soit au sujet de ce
16 document, mais j'ai été informé parce que j'avais des réunions
17 quotidiennes.
18 Question: Vous voyez, il s'agit ici d'un document qui nous parle du
19 déplacement du mouvement de bataillons qui se déplacent de Bugojno en
20 direction de Ravno afin, comme le précise le document, " d'assurer la
21 jonction avec des forces musulmanes."
22 Vous souvenez-vous qu'au cours du mois d'octobre 1992, il y avait des
23 inquiétudes qui étaient exprimées à propos de la jonction à faire avec des
24 forces musulmanes ou du renfort à leur apporter dans la région ?
25 Réponse: Je ne me souviens pas de cela mais je me souviens que
Page 22443
1 des incidents ont commencé à se produire dans la partie de la municipalité
2 du côté de Novi Travnik. Mais il y a aussi la route qui mène de Bougojno à
3 Novi Travnik et une autre route qui part de Uskoplje et Gornji Vakuf. En
4 ce qui concerne Ravno Rostovo, les Musulmans avaient des points de
5 contrôle sauvages, car sans parvenir à un accord, ils érigeaient les
6 points de contrôle, maltraitaient les Croates. Mais je ne peux pas vous
7 parler des déplacements des formations militaires. Ce n'est que maintenant
8 que je l'apprends par vous.
9 Question: Voyez ce que nous montre ce document :
10 apparemment, s'il y a eu participation de telles unités au combat, on
11 aurait utilisé l'artillerie à Bugojno. Aurait-on attiré votre attention
12 sur ce fait à l'époque puisque c'était une source de vive inquiétude ?
13 Réponse: Monsieur, j'avoue que je ne comprends pas tout à fait.
14 S'il s'agissait de l'armée musulmane qui se déplaçait vers Novi Travnik, à
15 ce moment-là, ils ne s'occupaient pas de se défendre contre les Serbes et
16 ils allaient à Novi Travnik. Pourquoi n'y avait-il pas de Serbes là-bas ?
17 Probablement pour attaquer les Croates. C'est ainsi que je peux conclure
18 de la question que vous me posez.
19 Question: Je vous demandais si, à l'époque, vous étiez au
20 courant du fait que l'on ait pu diriger et puis que ceci a atterri sur
21 Bugojno et bien sûr sur le secteur musulman de Bugojno ? Vous souvenez-
22 vous, qu'à ce moment-là de 1992, le 24 octobre 1992, c'était une
23 possibilité ?
24 Réponse: De quelle artillerie parlez-vous ? Quelles forces
25 devaient-elles se rendre à Bugojno ?
Page 22444
1 Question: Artillerie du HVO dirigée sur le secteur Musulman
2 de Bugojno.
3 Réponse: Mais non, ce n'est pas vrai. Jamais.
4 Question: Bien. Document suivant que je ne soumettrai pas au
5 témoin : pièce 23.92 qui parle aussi du fait que la Croatie a fourni des
6 armes.
7 Parlons maintenant de l'année 1993. Lorsque nous arrivons en
8 1993 et plus exactement au début du printemps, entre vous et les
9 Musulmans, y avait-il coopération ou la tension commençait-elle à monter ?
10 Réponse: Je pense qu'il y avait tout le temps des malentendus.
11 Question: S'il y avait cette escalade, était-ce notamment
12 parce que le HVO recevait de temps en temps des armements ou des armes de
13 la Croatie et que donc le HVO gagnait en force et en puissance ?
14 Réponse: Ce n'était pas cela la raison. C'est maintenant que je
15 peux le dire et l'affirmer. A ce moment, les Musulmans se préparaient déjà
16 pour attaquer les Croates. Ils ont compris que les Serbes allaient leur
17 prendre la moitié de l'Etat, et probablement qu'il voulaient prendre le
18 reste pour eux-mêmes.
19 Question: Nous avons entendu certains témoins, notamment à
20 la page du compte rendu 60.26, notamment par le truchement du témoin
21 Williams, selon lequel en mars 1993, l'artillerie du HVO avait ses
22 batteries dirigées sur le secteur musulman de Bugojno. Il avait été
23 suggéré par ce témoin que ces pièces étaient dirigées sur le secteur
24 musulman et que cela pouvait éventuellement constituer une cible militaire
25 pour le HVO.
Page 22445
1 Une fois arrivé le mois de mars 1993, la situation était-elle à
2 ce point détériorée que le HVO pouvait tourner ses pièces d'artillerie et
3 ses batteries sur le secteur musulman de Bugojno ?
4 Réponse: Si c'était le cas, à ce moment-là, Bougojno n'aurait pas
5 vécu le sort qu'il a vécu, à savoir que les Musulmans pratiquement
6 s'emparent de Bugojno sans que Bugojno soit préparée, alors que ce
7 monsieur anglais est venu justement pour que cette tension monte entre les
8 Croates et les Musulmans et pour protéger les Serbes.
9 Question: Sans doute un petit problème de traduction ; je
10 n'ai sans doute pas compris votre réponse, Monsieur. Admettez-vous qu'une
11 fois arrivé le mois de mars 1993, le HVO aurait pu avoir dirigé ses pièces
12 d'artillerie sur les secteurs musulmans de Bugojno ?
13 Réponse: Non, nous nous sommes occupés pour nous défendre contre
14 les Serbes. Et si jamais on avait compté là-dessus, on n'aurait pas perdu
15 Bugojno comme cela était le cas.
16 Question: Nous avons un autre document qui porte la cote 643
17 qui date d'avril 1993, que je ne vous soumettrai pas, et qui porte sur le
18 fait qu'il y avait des officiers de l'armée de Croatie qui étaient
19 enrôlés. Etes-vous bien sûr qu'il n'y a pas eu progressivement
20 renforcement du personnel venant de Croatie, de plus en plus de membres de
21 l'armée de Croatie qui se trouvaient dans votre région. Ce document n'est
22 pas très particulier.
23 Réponse: Non, monsieur, parce qu'à un moment donné, j'avais
24 justement demandé que l'on m'assure un certain nombre d'experts
25 militaires. Car d'après moi, les gens de Bugojno n'étaient pas compétents.
Page 22446
1 Sinon, j'aurais été content si l'on avait pu faire appel à de tels types
2 d'experts.
3 Question: Ce dernier document ne porte pas uniquement sur
4 Bugojno; il porte sur la région. Mais ce Monsieur Djevac Mlaco va peut-
5 être dire qu'à cette époque, il y avait encore des organes communs qui
6 fonctionnaient assez bien et qu'il y avait notamment une force de police
7 commune, conjointe. L'admettez vous ? Nous sommes en mars 1993 , au
8 printemps.
9 Réponse: Je ne sais pas ce que vous voulez que j'accepte,
10 monsieur. Ce n'est pas très clair. Vous dites que tout ceci a fonctionné,
11 mais il y avait un malentendu et les Musulmans n'ont jamais accepté les
12 résultats électoraux. Aucune institution ne pouvait fonctionner car ils
13 faisaient obstacle au fonctionnement régulier, d'où ces nombreux
14 malentendus.
15 Question: Quand vous parlez des résultats électoraux,
16 pourriez-vous être plus précis ? Qu'entendez-vous par là ?
17 Réponse: Les résultats ont montré que le HDZ avait eu la majorité
18 au parlement, et depuis, les Musulmans, avec les dirigeants de Sarajevo
19 n'ont jamais véritablement permis que les institutions fonctionnent comme
20 cela devrait être le cas selon les règles et la législation en vigueur.
21 Question: Y avait-il de fait une force de police conjointe
22 qui a fonctionné jusqu'au 17 juillet 1993 ?
23 Réponse: Officiellement, formellement oui, mais pas au sens
24 formel du terme.
25 Question: En avril 1993, a-t-on une idée assez correcte et
Page 22447
1 exacte de la façon dont étaient organisées les institutions ? De la façon
2 suivante, on pourrait examiner les documents suivants si vous le voulez.
3 Document 66.53.1.
4 Pour ne pas perdre trop de temps, c’est Valenta qui envoie cela
5 à plusieurs dirigeants de votre communauté , dont la vôtre, et qui donne
6 des ordres de couvre-feu
7 Réponse: Moi, je ne suis pas au courant. Je ne sais pas que le
8 couvre feu a été déclaré officiellement à cette époque-là à Bugojno. Non,
9 moi je ne suis pas au courant car moi je pouvais me déplacer à n'importe
10 quel moment.
11 Question: Je n'ai pas le document sous la main. Je ne sais pas
12 si je veux le présenter au témoin. Je n'ai pas beaucoup de questions à
13 poser mais j'aimerai avoir l'occasion de poser quelques questions
14 supplémentaires après la pause.
15 M. le Président (interprétation) Pause jusqu'à 11 heures 30.
16 (La séance, suspendue à 11 heures est reprise à 11 heures 35)
17 M. Nice (interprétation) Veuillez examiner la pièce que je suis en train
18 de vous remettre, il s'agit de la pièce 653.1.
19 Nous constatons que c'est un ordre adressé à diverses municipalités dont
20 celle de Bugojno le 14 avril 1993 et qui parle de la montée des tensions à
21 la suite de toute une série d'incidents dans la plupart des municipalités.
22 Il est ordonné qu'un couvre-feu soit imposé aux établissements de
23 restauration notamment. Vous souvenez vous de cela? Zikoluci ne devant
24 plus fonctionner?
25 Réponse: Je ne me souviens pas vraiment. Je n'ai jamais entendu parler
Page 22448
1 de cela et si cela a eu lieu, je ne l'ai pas respecté, je ne me suis pas
2 conformé à cela. Mais là, il s'agit du 15 et pas du 14.
3 Question: Donc il y a une erreur de traduction. Merci d'attirer notre
4 attention sur cette erreur. En réalité, la prise de pouvoir par le HVO
5 notamment dans votre communauté, n'était-ce pas -et c'est là un
6 euphémisme- une source de frustration pour les Musulmans qui se trouvaient
7 en infériorité numérique mais en nombre important, du moins au départ ?
8 Réponse: Monsieur le Président, messieurs les Juges, si j'ai bien
9 compris ce que vient de dire le Procureur, c'est juste le contraire. Le
10 HVO n'a jamais pris le pouvoir à Bugojno.
11 Question: (inaudible) Examinons un document de plus avant de passer à la
12 date du 17 juillet, même s'il s'agit d'un document militaire, j'aimerais
13 que vous nous disiez ce que vous en pensez. Il s'agit du document portant
14 la cote 1085.1.
15 Il va vous être remis dans un instant. Quel sont vos souvenirs s'agissant
16 du mois de juin 93, pour ce qui est des activités militaires des Musulmans
17 et du HVO dans votre région. Qui faisait quoi?
18 Réponse: Si mes souvenirs sont bons, jusqu'à ce moment-là il y avait
19 une escalade des incidents. La situation était telle que je ressentais le
20 besoin d'informer les dirigeants du parti qui siégeaient à Mostar et je
21 pensais que la situation était peu sûre.
22 Mais les représentant du HVO ne m'ont pas permis de sortir de Bugojno, je
23 ne voulais pas sortir tout seul mais je voulais partir accompagné à trois.
24 J'ai réussi à sortir de Bugojno et à transmettre ce que je pensais.
25 Les Musulmans commençaient à confisquer les voitures, à attaquer les
Page 22449
1 civils. Je l'ai déjà précisé, ils ont commencé à ériger des points de
2 contrôle un peu partout dans les rues, en ville. Et je vu que quelque
3 chose ne tournait pas rond.
4 Question: Si vous voulez revenir à cela par la suite. Ma question n'est
5 peut-être pas bien formulée, mais c'est celle-ci : mis à part des
6 incidents qui ont suscité des mécontentements entre Musulmans et Croates
7 dans votre ville, à une échelle plus large, qui combattait qui ? Les
8 Croates s'opposaient aux Serbes ? Les Musulmans s'opposaient aux Serbes ?
9 Qu'en était-il?
10 Réponse: Nous avons mis l'accent sur la défense contre les Serbes,
11 c'est là que nous avons vu le danger. Il y avait un certain nombre de
12 malentendus entre les Musulmans et nous, mais nous avons insisté pour que
13 la défense soit renforcée.
14 Nous avons vu ce qui se passait à Kupres, il y avait un certain nombre
15 d'autres informations que nous avons reçues, la ville à été pilonnée de
16 manière intense, on ne pouvait plus circuler ni sortir de la maison.
17 Question: Etes-vous en train de nous dire qu'il y avait encore des
18 hostilités entre Croates et Serbes à la fin du printemps début de l'été
19 1993?.
20 Réponse: Oui, mais les soldats étaient sur les lignes de front. Je m'y
21 suis même rendu pour les visiter, face à Kupres.
22 Question: Les rapports entre Musulmans et Croates n'avaient pas évolué à
23 la suite de l'accord de Graz?
24 Réponse: Je n'en ai pas la moindre notion, sur le terrain on ne l'a pas
25 ressenti.
Page 22450
1 Question: Examinons ce document en date du 20 juin 93. C'est un rapport
2 présenté par les services de renseignement qui vient de la brigade Eugène
3 Kratinik. Quelques points sur lesquels j'aimerais attirer votre attention.
4 On parle de la zone de Prusac un peu au nord-ouest de Bugojno?
5 Réponse: C'est un village qui appartient à la municipalité de Gornji
6 Vakuf sur la route Bugojno Gornji Vakuf à gauche et un peu enfoncé par
7 rapport à la route, et du côté de Kupres.
8 Question: Plus proches donc?
9 Réponse: Oui.
10 Question: S'agissant des Musulmans, on dit que le MOS…. Commençons par
11 ce secteur, on prend le village de… et on cite toute une série de villages
12 et l'on dit que les forces armées Musulmanes disposent de 12000 hommes
13 armés en tout.
14 Pour ce qui est de Brusac, il est précisé qu'ils ont un bataillon renforcé
15 de 400 hommes environ, que la zone est fortifiée, qu'il y a beaucoup de
16 fortifications du génie et que toutes les pièces d'artillerie sont
17 utilisées pour la défense face aux Tcheniks.
18 Le texte se poursuit: "Selon nos informations, au cas où il y aurait
19 conflit entre le HVO et le MOS, il ne devrait pas y avoir de désengagement
20 important des forces armées. Le bataillon de Brusac a priorité pour ce qui
21 est de la distribution du matériel technique, par rapport aux autres
22 unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine et outre les
23 armes d'infanterie, dispose des pièces lourdes suivantes pour la position
24 de Brusac.". C'est un passage qui m'intéresse.
25 Nous parlons de Guvna, vous voyez ce qu'on en dit dans la version en
Page 22451
1 anglais et cela se poursuit sur la page suivante: On dit: "Si un conflit
2 devait éclater, il se pourrait que certaines armes soient retirées pour
3 être transférées en direction de Porice"
4 Une chose apparaît clairement, à savoir que les Musulmans avaient un
5 engagement actif sur les lignes de front n'est-ce pas ?
6 Réponse: Dans cette partie, dans ce secteur.
7 Question: Le document ne le montre pas clairement peut-être, mais est-ce
8 que vous dites que le HVO se trouvait aussi dans la même région et
9 assurait une défense active face aux Serbes ou bien est-ce que c'étaient
10 les Musulmans qui devaient s'en charger?
11 Réponse: Non. Premièrement, il y avait des positions des Croates qui
12 s'y trouvaient car le village est mixte des Musulmans et des Croates. Le
13 premier village qui a été attaqué par Tchenik, c'était Guvna et le
14 lendemain matin je m'y suis rendu, j'ai vu que des maisons étaient
15 incendiées, des étables, quelques éclats d'obus que j'ai ramassés pour
16 emporter avec moi à Bugojno, mais ils ne pouvaient pas se mettre d'accord
17 là-dessus. Je me souviens, je pense que j'ai raison, ces messieurs du HVO
18 qui peuvent le confirmer, qu'ils essayaient de négocier que le HVO les
19 aide. C'est tout ce que je sais.
20 Je pense que c'était véritablement une seule position, la Prusac et le
21 village de Donji Vakuf pour les Musulmans, c'était un village assez
22 important et c'est là où il y avait quelques forces musulmanes qui s'y
23 trouvaient, sinon ils n'étaient pas très actif sur d'autres lignes de
24 front.
25 Question: Un instant, s'il vous plaît, Monsieur le Président.
Page 22452
1 Sur la rubrique Prusac, nous voyons tout du moins dans la traduction et je
2 suppose que c'est vrai aussi de l'original. On voit qu'on dit s'il devait
3 y avoir un conflit entre le HVO et le MOS, il ne faudrait pas qu'il y ait
4 des retraits importants par rapport aux forces ennemies.
5 Quand on parle des forces ennemies de qui ou de quoi parle-t-on?
6 Réponse: Croyez-moi, je ne le sais pas. Il pense aux Serbes
7 éventuellement.
8 Question: Ou peut-être aux Musulmans, qu'en pensez-vous? C'est en fait
9 là le fond de ma question. Si l'on voit ces deux références qui sont
10 faites ici à l'éventualité ou à la possibilité qu'un conflit éclate. Est-
11 ce qu'on considérait déjà les Musulmans comme un ennemi au mois de juin
12 1993?
13 Réponse: Je ne le pense pas car je l'ai vécu cela différemment.
14 Premièrement, tous les Serbes ont toujours essayé...excusez-moi, je vais
15 me reprendre. Quand je dis avec nous, c'est avec le maire de la
16 municipalité qui était croate. Ils ont essayé de s'arranger pour passer, à
17 traverser Bugojno et aller vers Prozor. Nous avons demandé au maire de ne
18 pas négocier avec les Serbes, de ne même pas les recevoir et parler avec
19 eux. Je pensais que les Serbes allaient traverser Bugojno pour essayer de
20 faire la jonction avec Konjice et je pense que c'est à cela qu'il pense
21 dans ce document-là.
22 Question: Rétrospectivement, pensez-vous que le HVO est attisé les
23 troubles ou les difficultés, essayez de trouver une raison, d'engager le
24 combat avec les Musulmans à l'époque?
25 Réponse: Si vous considérez que le fait que les Croates ont essayé de
Page 22453
1 défendre Bugojno des Tchenik à ce moment-là je ne vois pas que c'était
2 quelque chose qui a été véritablement, un malheur pour les Musulmans. Je
3 n'ai jamais vu que les Musulmans s'étaient plaints dans ce sens-là. Moi,
4 Je vis encore aujourd'hui avec ces gens-là, ils n'ont jamais été harcelés,
5 maltraités, etc. Et vous me posez toujours les questions alors que moi, je
6 vous dis que je me suis occupé des choses qui étaient de caractère civil
7 et c'est dans ce sens-là que j'ai opéré et pas militairement.
8 Question: Eh bien parlons du 17 pas du 18, mais du 17 juillet?
9 En réponse à une de mes questions, vous m'avez dit qu'il y avait
10 formellement une force de police conjointe. Qu'entendez-vous par
11 "formellement"?
12 Réponse: Les Musulmans n'ont jamais été d'accord au niveau de la
13 répartition du pouvoir que les Croates soient à la tête au niveau de la
14 mairie ou à de la police, etc. D'après les résultats électoraux,
15 normalement c'étaient les Croates qui auraient dû véritablement avoir un
16 certain nombre de postes et c'est la raison pour laquelle il y avait des
17 malentendus qui ont éclaté. Voilà.
18 Question: Cette force de police conjointe, elle existait, elle
19 fonctionnait. Est-ce que c'est peut-être le HVO ou votre côté tout du
20 moins qui estimait que c'était plutôt une formalité et ne prenait pas avec
21 tout le sérieux voulu cette force de police conjointe?
22 Réponse: Mais on aurait pu traiter de cette façon-là car les cadres du
23 côté croates normalement auraient dû occuper un certain nombre de postes
24 parce que cela correspondait aux résultats électoraux. Je ne vois pas
25 pourquoi cela aurait provoqué l'autre partie.
Page 22454
1 Question: Est-il exact de dire que le 17 juillet à la veille du conflit
2 dont on vous a parlé, des patrouilles de police conjointe, composées de
3 Musulmans et de Croates de Bosnie avaient été arrêtés par le HVO? Est-il
4 exact aussi de dire que des civils musulmans de Bosnie, ce jour-là, le 17
5 juillet avaient été arrêtés?
6 Réponse: Ce n'est pas exact. Le 17 juillet les Musulmans ont tué un
7 soldat croate qui était de garde dans un village, des Croates et le 17 il
8 a été enterré, moi personnellement, j'y ai assisté.
9 Question: Il se peut que cela a été le cas. Mais ce n'est pas cela ma
10 question, est-ce qu'il y a eu des arrestations de civils musulmans le 17
11 juillet?
12 Réponse: Non, ce n'est pas exact, ce n'est pas vrai.
13 Question: Nous allons bientôt arriver au 18, mais je n'ai pas pu
14 m'empêcher de constater qu'au moment où on vous a posé des questions à
15 propos du 18 juillet lorsqu'on a demandé: "qui a attaqué qui," vous avez
16 dit d'après ce que je sais aujourd'hui et à l'évidence vous avez
17 reconstitué votre réponse à partir de ce que vous avez appris par la
18 suite. Mais à l'époque c'était tout à fait peu clair, on ne savait pas qui
19 avait déclenché le conflit?
20 Réponse: Il était clair, cet après-midi je le dis entre 19 heures et 20
21 heures, les soldats musulmans enfonçaient déjà les maisons croates, les
22 cambriolaient, les pillaient, les maltraitaient. Et, entre le 17 et le 18
23 juillet ou plutôt entre le 18 et le 19 dans la nuit il y avait un Musulman
24 qui s'est rendu devant ma porte et qui m'a demandé…
25 Question: Excusez-moi, monsieur, inutile de revenir là-dessus non pas
Page 22455
1 parce que je manque de sympathie à cet égard, mais vous en avez déjà
2 parlé, une fois. Mais, dites-nous, comment, où ce qu'a fait le HVO du
3 motel Aquarium?
4 Réponse: Je ne comprends pas la question.
5 Question: Connaissez-vous un endroit, un motel qui s’appelle Aquarium?
6 Réponse: Oui, je connais.
7 Question: Est-il exact de dire que cet hôtel, en tout cas ce périmètre,
8 ce terrain, je ne sais pas ce qu’il en est exactement, mais est-il exact
9 de dire que cet hôtel était l'endroit où se trouvait un camp de détention
10 du HVO?
11 Réponse: Croyez-moi, je ne le sais pas. Le pilonnage a été permanent.
12 Je n'ai même pas eu l'idée de me rendre jusqu'au motel etc…Et puis je n'ai
13 jamais entendu parler de cela.
14 Question: Saviez-vous que Dzevad Mlaco avait laissé entendre que ce
15 n'était pas seulement utilisé en tant que camp mais qu’il y avait beaucoup
16 de Musulmans qui avaient été amenés à cet endroit et tués. Il avait parlé
17 de 45 personnes qui avaient été emmenées et tuées le 18 juillet.
18 Réponse: Ce n'est pas vrai, ce n’est absolument pas vrai Monsieur.
19 J'aurais été au courant si même un seul Musulman avait été tué à ce
20 moment-là.
21 Question: Un de nos témoins, qui a comparu récemment, a dit à la Chambre
22 que Bugojno était le reflet, si vous voulez le pendant… pendant un certain
23 temps de la ville de Prozor, l'homologue si vous préférez, où l'on avait
24 un renversement de la répartition ethnique et que ce qui se passait dans
25 un des endroits, ce qui était le fait d’un groupe était le fait de l'autre
Page 22456
1 groupe dans l'autre endroit. Connaissez-vous suffisamment bien Prozor pour
2 accepter ce que nous a dit ce lieutenant-colonel Garitson?
3 Réponse: Je ne connais pas suffisamment. Ce n'est que plus tard que
4 j'ai appris que des Musulmans et la politique musulmane avaient
5 l'intention d'ouvrir la route Sarajevo Mostar. Et qu'ils envisagaient de
6 s’emparer de Prozor en autre chose. Ce sont les interprétations que j'ai
7 pu obtenir à travers les contacts avec les gens de Prozor. Il y a des
8 documents dont ils disposent pour le prouver.
9 Question: Dernier document. Je vous le soumets afin d'être complet parce
10 que c'est ce que vous avez dit à l'un des observateurs internationaux… Il
11 s’agit de la pièce 1242.2. Vous allez la recevoir, mais dans l’intervalle
12 pourriez-vous nous dire de façon générale comment il semblerait que le
13 récit que vous faites des souffrances subies par Bugojno ne soit pas
14 répercuté dans des rapports dressés par les observateurs européens ou par
15 les militaires à l'époque. Pourriez-vous nous l'expliquer car nous ne
16 semblons pas avoir beaucoup de documents qui nous relatent ce que vous
17 avez dit à la Chambre. Pourriez-vous nous expliquer cet état de fait?
18 Réponse: Il faudrait d’abord que je vois le document.
19 Question: Avant d'examiner ce document qui porte sur une date un peu
20 ultérieure. Je vais reformuler ma question. A l'époque avez-vous vu des
21 officiers chargés du maintien de la paix, ou des observateurs
22 internationaux au cours du mois de juillet et du mois d’août 1993?
23 Réponse: En juillet ce n'était pas possible, en août non plus car je
24 venais de sortir de prison. Eventuellement fin août ou plus tard
25 éventuellement.
Page 22457
1 Réponse: Vous ou d'autres personnes en votre présence auraient relaté
2 ces faits à des observateurs internationaux ? Si c’est le cas à qui l’ont-
3 ils dit afin que nous puissions vérifier cela?
4 Réponse: Nous avons parlé, je ne souviens pas des dates exactement,
5 mais avec les représentants de la Croix-Rouge au moment où ils sont
6 apparus. Il y avait des observateurs européens représentant de la FORPRONU
7 de l’époque. C’était les anglais. De toute façon ils n'étaient pas
8 tellement disponibles à notre égard parce que, je pense, ils envoyaient
9 exprès de tel type de rapport. Je me souviens que ce n’est que par la
10 suite que nous avons envoyé des rapports pour les envoyer
11 M. le Président (interprétation): Pouvez-vous étayer ce que vous dites par
12 quoi que se soit?
13 Réponse: Si vous me posiez des questions directes, éventuellement je
14 pourrais vous donner des preuves.
15 M. le Président (interprétation): Je vous ai posé une question. Avez-vous
16 un quelconque élément de preuve pour étayer ceci.
17 Réponse: Au cours de cette période ou éventuellement de la période dont
18 de Monsieur de l'accusation vient de parler.
19 M. le Président (interprétation): Poursuivez, Monsieur Nice.
20 M. Nice (interprétation): J'enchaîne sur ce que vous posiez
21 comme question, Monsieur le Président, et sur la mienne aussi. Vous avez
22 peut-être relaté certains événements en septembre 1993. Je pense que vous
23 avez répondu que la FORPRONU anglaise n'était pas très sympathique et vous
24 pensez qu'ils ont dissimulé leur rapport. A qui avez-vous parlé à
25 l'époque? Avez-vous parlé avec des observateurs britanniques, la FORPRONU
Page 22458
1 britannique?
2 Réponse: Il faudrait que je vois un peu dans mes notes, dans mon
3 journal. Je n'ai pas dit que ces gens-là ont caché les documents. J’ai dit
4 que nous avons essayé de rédiger ces documents sur ce qui s’est passé à
5 Bugojno, de les traduire. Et les envoyer à Prozor et ailleurs dans le
6 monde pour que le monde sache ce qu'il se passait à Bugojno.
7 Question: Examinons ce document que nous avons sous les yeux, et qui
8 porte sur une date ultérieure. Il porte la cote 1242.2.Il porte la date du
9 11 octobre. A ce moment-là, je pense que vous étiez aller voir M. Boban à
10 Grude. On vous mentionne ici. Etiez-vous effectivement allé voir Boban à
11 Grude?
12 Réponse: Oui, oui.
13 Question: Je suppose que vous lui avez fait un rapport du récit ou des
14 événements que vous avez relatés à cette Chambre de première instance.
15 Réponse: Oui.
16 Question: Il s’agit ici d’un rapport établi par un certain Kanigopulos,
17 un des observateurs. Vous souvenez-vous de lui?
18 Réponse: Oui, je m’en souviens.
19 Question: Avez-vous eu de longs entretiens avec lui sur le récit de ce
20 que vous aviez vécu ou pas?
21 Réponse: Pas en détail, mais de toute façon ils ont réussi à me
22 sortir, à me faire sortir de Bugojno pour m’emmener jusqu’à Ramaet Prozor.
23 Ils m’ont dit que j’étais vraiment au courant de plein de choses et qu'il
24 était utile que j'écrive quelques mots là-dessus pour envoyer à des
25 endroits officiels.
Page 22459
1 Question: Parce que vous voyez, j’y reviendrai dans un instant. Mais
2 d'après ce que nous voyons ici, tout ce que nous voyons à votre propos
3 c’est la situation politique. Je ne sais pas si vous parlez anglais mais
4 il serait sans doute utile que je vous fasse une lecture lente de ce
5 paragraphe assez court. A votre propos on dit simplement ceci: «que le
6 représentant du HDZ, M. Ibiza Mrso a dit avoir rencontrer Mate Boban à
7 Grude. Et qu’à son avis les Musulmans doivent être satisfaits de ce qu'ils
8 ont maintenant et qu'ils réussiront jamais à établir un couloir vers la
9 côte. » Est-il exact de dire que c’est cette position-là que vous avez
10 présentée à l'observateur?
11 Réponse: Je n'ai même jamais rêvé de cela. Et d’ailleurs dans vos
12 rapports on pouvait écrire ce qu’on voulait parce que rien ne m’a jamais
13 été soumis pour vérification une fois écrit. Moi j’estime que je n’ai pas
14 parlé du corridor avec ce monsieur, mais de la situation à Bugojno et de
15 ce qu'il convenait de faire part la suite.
16 Question: Nous allons diviser cette question en deux. Est-il exact que
17 la position du HVO en 1993 consistait à penser effectivement que les
18 Musulmans ne devraient pas avoir plus que ce qu’ils avaient car ce qu’ils
19 avaient devait les satisfaire?
20 Réponse: Comment pourrais-je savoir cela Monsieur, puisque même un
21 oiseau ne pouvait pas quitter Bugojno à ce moment-là. Alors moi encore
22 moins. Comment aurais-je pu savoir ce que disait ou pensait le HVO dans
23 ces conditions.
24 Question: Parce que vous veniez de rencontrer M. Boban, si je ne
25 m’abuse.
Page 22460
1 Réponse: Oui.
2 Question: Répondez donc à la question.
3 Réponse: Ce n'était pas en octobre mais c’était en septembre.
4 Question: Mais M. Boban ne pensait-il pas que les Musulmans devaient se
5 satisfaire de ce qu’ils avaient?
6 Réponse: Il ne m'a pas dit cela et je ne sais pas quelle était sa
7 position à l’époque.
8 Question: J'en arrive à ma dernière question. Bien entendu aujourd’hui
9 je n’aborderai pas les documents que le témoin peut avoir avec lui et qui
10 n’ont pas été versés au dossier. Mais vous avez dit que vous aviez mis
11 noir sur blanc un récit par écrit. Avez-vous envoyé ce récit à un des
12 observateurs ou à un des soldats présents? Si oui pouvez-vous me dire à
13 qui, pour que je vérifie ou plutôt que je confirme cet envoi de votre
14 part.
15 Réponse: Où ce texte a fini, entre les mains de qui, je ne le sais pas
16 encore aujourd'hui.
17 Question: Où l'avez-vous envoyé?
18 Réponse: Nous l'avons envoyé à Prozor.
19 Question: Mais à qui, à d'autres membres du HVO?
20 Réponse: A d'autres membres du HVO, à des représentants de la
21 communauté internationale. Ce que nous voulions, c'était mettre noir sur
22 blanc ce qui se passait à Bugojno.
23 Question: J'ai donné l'occasion au témoin de nous donner des détails, je
24 ne crois pas que nous irons plus loin sur ce sujet.
25 M. Sayers (interprétation): Une question supplémentaire. On vous a posé
Page 22461
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 page blanche insérée aux fins d’assurer la correspondance entre la
14 pagination anglaise et la pagination française.
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
Page 22462
1 beaucoup de questions sur l'armée croate. Avez-vous vu des soldats de
2 l'armée croate à Bugojno en 1992 ou en 1993.
3 Réponse: Je n'en ai pas eu l'occasion et je n'en ai pas vu.
4 Question: Merci Monsieur le témoin, merci Monsieur le Président.
5 M. le Président (interprétation). - Merci, monsieur Mrso d'être vu devant
6 le Tribunal pour cette déposition qui s'est maintenant achevée. Vous
7 pouvez vous retirer.
8 M. Naumovski (interprétation) Merci de me donner la parole. Le témoin
9 suivant est M. Sakic, je crois qu'il est déjà dans les locaux du tribunal
10 et qu'il ne tardera pas à rentrer dans le prétoire. J'aimerais tirer à
11 profit ces quelques minutes qui me restent pour vous informer que demain
12 nous aurons trois témoins qui témoigneront et qui arrivent de Zagreb. Le
13 troisième m'a appelé aujourd'hui, c'est celui qui est agoraphobe. Il est
14 arrivé de Zagreb, nous aurons des difficultés à l'amener au centre de la
15 ville car il a des difficultés dès qu'il entre dans une foule assez
16 importante. Je crois que tout ira bien et les trois témoins pourront
17 témoigner demain. Nous avons déjà discuté de nos résumés de dépositions et
18 nous les avons communiqués au Procureur et je pense que nous pourrons
19 terminer ces dépositions demain comme prévu.
20 Puisque vous m'avez autorisé à m'exprimer, j'ajoute que je prévois
21 d'entendre encore un témoin vendredi et ce seront tous les témoins
22 entendus durant la présente semaine, hormis celui que nous venons
23 d'entendre.
24 Donc, aujourd'hui 2, demain 3 et mercredi un témoin encore, et non
25 vendredi.
Page 22463
1 M. le Président (interprétation): Quelqu'un peut-il aller voir ce qui se
2 passe avec le témoin?
3 (Le témoin est introduit dans le prétoire)
4 Monsieur le témoin, pouvez-vous prononcer la déclaration solennelle?
5 Témoin: Je déclare solennellement que je dirai la vérité, toute la
6 vérité et rien que la vérité.
7 M. le Président (interprétation) Vous pouvez vous asseoir.
8 Maître Naumovki, vous avez la parole.
9 (Le témoin, M.Sakic, est interrogé par M. Naumovski)
10 M. Naumovski (interprétation). Merci, Monsieur le Président. Bonjour
11 monsieur le Témoin. Je vous demande de décliner votre identité pour les
12 Juges de cette Chambre.
13 Témoin: Dominik Sakic.
14 Question: M. Sakic; nous allons passer en revue rapidement les éléments
15 qui vous identifient. Vous êtes né le 17 septembre 1934 dans la ville de
16 Zenica?
17 Réponse: Oui.
18 Question: Vous êtes Croate et citoyen de Bosnie-Herzégovine?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Vous êtes marié, vous avez deux enfants et vous vivez
21 actuellement dans la ville de Capljina qui se trouve au sud de la Bosnie-
22 Herzégovine?
23 Réponse: Oui.
24 Question: De profession, vous êtes ingénieur en mécanique et vous avez
25 travaillé toute votre vie jusqu'en 1990.
Page 22464
1 Réponse: Oui.
2 Question: Votre dernier emploi avant 1990 était à l'institut
3 métallurgique de Zenica où vous étiez chef d'un groupe de concepteurs?
4 Réponse: Oui.
5 Question: Autrement, vous êtes l'un des fondateurs de la section de
6 Zenica, du plus grand parti politique croate en Bosnie-Herzégovine, à
7 savoir l'union démocratique croate de Bosnie-Herzégovine et vous avez
8 aussi été le premier président du HDZ de Bosnie-Herzégovine à Zenica,
9 poste que vous avez occupé du 3 octobre 1990 au 8 août 1992.
10 Réponse: C'est exact.
11 Question: Vous étiez par ailleurs vice-président de l'assemblée
12 municipale de Zenica, depuis les élections tenues en novembre 1990, et ce,
13 jusqu'au 23 octobre 1992, date à laquelle les représentants du HDZ de
14 Bosnie-Herzégovine ont quitté le gouvernement municipal, si c'est ainsi
15 qu'on peut l'appeler?
16 Réponse: Oui.
17 Question: Je vous demande simplement une phrase pour nous dire pourquoi
18 avez-vous quitté ce poste au conseil municipal.
19 Réponse: Nous avons quitté nos postes au conseil municipal parce que
20 nous étions devenus des représentants uniquement formels, une espèce de
21 paravent, de potiche, car on ne nous a jamais donné les postes qu'il avait
22 été décidé de nous donner après les élections.
23 Question: Nous parlerons de cette discrimination plus tard. Continuons à
24 parler des éléments qui vous identifient. En mai 1992, vous êtes devenu le
25 premier président de la branche civile du conseil de défense croate à
Page 22465
1 Zenica?
2 Réponse: Oui.
3 Question: Au cours des premiers mois de la guerre provoquée par la JNA
4 ou pour être plus précis par l'armée des Serbes de Bosnie, c'est-à-dire
5 entre le mois de mai et novembre 1992, vous vous êtes, en tant que
6 représentant civil du HVO à Zenica, occupé d'un certain nombre de
7 questions pratiques et y compris militaires, auprès du quartier général du
8 HVO à Zenica?
9 Réponse: Oui.
10 Question: Cette activité consistait principalement à vous occuper de
11 logistique, n'est-ce pas?
12 Réponse: Oui, je travaillais dans le concret, dans la pratique avec
13 l'armée et je m'occupais des questions logistiques.
14 Question: Par la suite, à partir de novembre 1992, vous cessez de vous
15 occuper de ce genre de choses, vous ne vous occupez plus de logistique?
16 Réponse: En effet.
17 Question: J'en arrive au paragraphe 7 de la déposition du témoin,
18 Monsieur le Président, et je vais interroger le témoin sans le guider dans
19 ses réponses pour ce paragraphe. Monsieur le témoin, ayez l'amabilité de
20 nous dire, je vous prie, qui a attaqué Zenica le 17 avril 1993?
21 Réponse: L'armée de Bosnie-Herzégovine, autrement dit les forces
22 musulmanes, le MOS, les Moujahedin, les bérets verts etc.
23 Question: En un mot, les différentes forces qui constituaient l'armée de
24 Bosnie-Herzégovine?
25 Réponse: Oui.
Page 22466
1 Question: Après le 17 avril 1993, vous avez passé une vingtaine de jours
2 à vous cacher à Zenica après quoi vous êtes parti pour Vitez?
3 Réponse: Oui.
4 Question: A partir de la mi 1994, vous vivez à Capljina avec votre
5 famille?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Une petite correction à la page 49, ligne 19: nous avions bien
8 dit que vous avez cessé de vous occuper des questions logistiques du HVO
9 aux alentours du mois de novembre 1992. Au compte rendu d'audience en
10 anglais, la date était celle de 1990, elle était erronée.
11 Réponse: En effet.
12 Question: Vous travaillez aujourd'hui en tant que ministre de l'énergie
13 de la Fédération de Bosnie-Herzégovine à Mostar,
14 superviseur ou super intendant de l'institut chargé des normes, des poids
15 et des brevets?
16 Réponse: Oui, c'est l'institut qui est chargé de l'énergie des mines et
17 de la construction. Mon bureau fait partie de cet institut et de ce
18 ministère.
19 Question: Monsieur Sakic, pour faciliter le travail des interprètes je
20 vous demanderai d'attendre un tout petit peu avant de répondre à mes
21 questions, pour que ma question puisse être traduite dans les différentes
22 langues officielles du Tribunal. Et, comme j'ai l'impression que je parle
23 également un peu vite, je vous demanderai comme je vais m'efforcer de le
24 faire moi-même de parler plus lentement. Merci.
25 Cette Chambre a déjà eu l'occasion d'entendre parler des éléments que l'on
Page 22467
1 trouve dans les paragraphes 9 à 11 de votre résumé de déposition qui
2 traite des préparatifs effectués en 1991 et 1992 pour organiser la défense
3 par rapport aux événements qui étaient en cours à ce moment-là en
4 République de Croatie. Un certain nombre de témoins ont déjà parlé aux
5 Juges de cette Chambre des malentendus qui sont nés entre les communautés
6 croates et musulmanes en rapport avec la guerre qui se déroulait en
7 République de Croatie. Je suppose que la même chose s'est passée à Zenica?
8 Réponse: Je peux parler. Oui, quand la guerre a éclaté en Croatie en
9 1991, très logiquement nous, les croates de Zenica, avons ressenti les
10 souffrances de nos concitoyens croates de Croatie.
11 Ces messieurs Musulmans, ceux qui travaillaient avec moi n'ont jamais
12 manifesté le même sentiment. Et pour ce qui nous concerne nous pensions
13 que cette tragédie risquait de s'étendre à la Bosnie-Herzégovine
14 Question: Donc la position qui était la vôtre s'est manifestée également
15 dans une perception différente de celle des Musulmans quant aux
16 contingents importants de la JNA qui arrivaient de Croatie et de Bosnie-
17 Herzégovine?
18 Réponse: Oui. Lorsque ce qu'on a appelé l'armée populaire yougoslave à
19 quitter les régions de Slovénie et de Croatie il a fallu la stationner
20 dans des casernes et les Musulmans, ainsi que les habitants serbes, les
21 attendaient à la gare. Nous, ils ne nous seraient pas venus à l'idée de le
22 faire et j'ai pas mal d'autres exemples du même genre.
23 Question: Non, il n'est pas nécessaire d'abuser de la patience des Juges
24 avec ce genre d'exemple, mais vous venez de fournir donc un exemple de la
25 divergence de vue qui existait entre vous.
Page 22468
1 Cette Chambre a déjà eu la possibilité d'entendre beaucoup parler des
2 événements survenus dans le village de Ravno ainsi que des actes des
3 représentants musulmans de l'époque et du Président Alija Izetbegovic. Il
4 n'est pas nécessaire de répéter, mais je vous demande tout même si les
5 événements de ce moment-là ainsi que la façon de percevoir ces événements
6 de la part de l'autre partie a suscité chez vous les Croates une certaine
7 inquiétude, un certain malaise et vous a peut-être poussé à penser qu'il
8 importait de vous occuper de votre défense puisque vous n'étiez que 17, 3
9 % de la population?
10 Réponse: Après les déclarations de M. Alija Izetbegovic par lesquelles
11 nous les avons entendu dire que cette guerre n'était pas leur guerre. Nous
12 nous sommes rendus compte que les représentants du gouvernement, les
13 Musulmans qui faisaient partie des autorités de Bosnie-Herzégovine ne
14 consacraient aucune attention au peuple croate de Bosnie-Herzégovine. Par
15 cette déclaration, il a suscité une telle révolte au sein de la communauté
16 croate que cette communauté ne le lui pardonnera sans doute jamais.
17 Question: Merci. Monsieur Sakic durant les premiers jours de cette crise
18 que l'on peut appeler la crise yougoslave donc crise qui a éclaté sur le
19 territoire de l'ancien Etat. Vous avez exprimé le désir de créer un état-
20 major conjoint qui pouvait permettre de régler les problèmes qui
21 surgissaient. Est-ce que cette solution a abouti?
22 Réponse: Oui, j'ai proposé au représentant du parti SDA de créer avec
23 eux un quartier général ou une cellule de crise conjointe de façon à
24 pouvoir contrôler les forces paramilitaires serbes car nous les habitants
25 de Zenica nous avions davantage peur des gens qui venaient de l'extérieur
Page 22469
1 à Zenica et qui risquaient de poser des problèmes. Ces gens-là, au cours
2 de la discussion j'ai fait cette proposition et j'ai eu l'impression
3 qu'ils n'attendaient que cela, mais ils ont répondu qu'ils allaient
4 transmettre la proposition à leurs autorités supérieures et qu'ils y
5 répondraient le lendemain.
6 Le lendemain, sans doute une réunion s'est tenue de leurs autorités
7 supérieures et la solution a été rejetée. Et c'est lorsque je suis allé
8 là-bas que j'ai vu M. Dzemal Merdan pour la première fois de ma vie. J'ai
9 fait donc sa connaissance.
10 Question: Merci. Nous pouvons poursuivre, monsieur Sakic. Dans le
11 paragraphe 12 de résumé de votre déposition, vous parlez d'une réunion du
12 HDZ de Bosnie-Herzégovine tenue en octobre 1991 à Sarajevo qui a été
13 présidée par le président du parti de l'époque, M. Stjepan Kljuic?
14 Réponse: Oui. C'est une réunion qui s'est tenue après l'attaque
15 criminelle de l'armée de Bosnie-Herzégovine sur le village de Ravno dans
16 le sud de la Bosnie-Herzégovine. Il me semble que tous les représentants
17 élus après les élections municipales en Bosnie-Herzégovine donc tous les
18 représentants municipaux du HDZ étaient présents. Après, nous avons tous
19 été saisis par une grande inquiétude quand il a décrit les événements la
20 haut et il me semble que Kljuic a été le seul à garder une certaine
21 présence d'esprit et il a dit: "Ecoutez, cela s'est passé mais cela
22 n'arriva plus" et il a abordé d'autres sujets très importants pour nous
23 également, après avoir fait des promesses. Bien entendu, nous étions très
24 mal à l'aise, très inquiets et par la suite, Mate Boban l'adjoint de
25 Kljuic a dit: "Le Président peut faire ce qu'il veut, mais moi je dois
Page 22470
1 commencer à organiser quelque chose pour que le peuple croate puisse être
2 protégé en Bosnie-Herzégovine".
3 Il a fermé son dossier et a quitté la réunion.
4 Question: Si je vous ai bien compris, entre vous-mêmes participant à la
5 réunion et M. Kljuic, un malentendu, une divergence est née quant à savoir
6 ce qui était prioritaire concernant les préparatifs pour la défense.
7 Réponse: Oui, les préparatifs pour la défense, nous estimions tous
8 qu'ils étaient indispensables, notamment les gens de Kupres qui allaient
9 vivre une tragédie très peu de temps après et les Serbes avançaient. Bien
10 entendu, je continue à parler de la défense contre les Serbes ici.
11 Nous estimions que notre drapeau était partagé avec le SDA.
12 Question: Cela s'est passé un mois avant la création de la communauté
13 croate d'herceg-Bosna?
14 Réponse: Oui et Mate Boban ainsi que d'autres ont crée la communauté
15 croate d'herceg-Bosna ensuite, qui était une organisation qui s'occupait
16 de la défense du peuple croate sur tout le territoire de Bosnie-
17 Herzégovine.
18 Question: Avançons, maintenant. M. Sakic, vous savez que certains
19 affirment qu'une politique de persécution destinée à déstabiliser et à
20 harceler les Musulmans dans toute la Bosnie-Herzégovine a été mis en
21 œuvre, y compris à Zenica. Donc, certains affirment que le HVO et HDZ ont
22 participé à ces persécutions contre les civils.
23 Réponse: J'affirme, avec toute la responsabilité qui est la mienne que
24 ceci est inexact. Nous étions tellement minoritaires que même si quelqu'un
25 l'avait proposé et que nous l'avions voulu, nous n'aurions pas pu agir
Page 22471
1 ainsi. Jamais au grand jamais, personne ne m'a dit à moi ou n'a dit à mes
2 collaborateurs ou écrit, qu'il fallait que nous fassions pression ou d'une
3 façon ou d'une autre sur la population musulmane. Je le dis parce que j'ai
4 participé à de nombreuses réunions, aussi bien dans ma municipalité que
5 dans les municipalités voisines de Busovaca, de Travnik etc et je n'ai
6 jamais entendu parler d'une telle organisation, d'un tel ordre, d'une
7 telle proposition consistant à déboucher sur de mauvais traitements
8 infligés à la population musulmane.
9 Question: Vous dites que les Croates de Zenica étaient absolument
10 minoritaires. Mais quelle était la situation à Zenica, s'agissant des
11 Croates?
12 Réponse: Nous étions tellement minoritaires qu'en fait, nous
13 commencions à subir des discriminations de la part des habitants
14 Musulmans, notamment après les événements de Drinusa où les Serbes ont
15 quitté Zenica et où nous nous sommes retrouvés plus minoritaires puisque
16 les Serbes sont partis et ont été remplacés par d'autres réfugiés
17 Musulmans. A ce moment-là, la situation est devenue abominable avec un
18 grand nombre d'installations militaires.
19 Question: Oui, oui, nous y viendrons plus tard. Excusez-moi de vous
20 interrompre, mais nous rentrerons dans les détails plus tard à ce sujet
21 pour ne pas abuser du temps des Juges qui composent cette Chambre. Après
22 les élections de 1990, vous aviez conclu un accord datant d'avant les
23 élections, au sujet du partage des postes de responsabilité avec le SDA.
24 Dites-moi je vous prie, en 1991 et 1992, les membres du SDA ont-ils
25 respecté cet accord pré électoral ou bien ne l'ont-ils pas fait? Qu'est-il
Page 22472
1 advenu des Croates qui jusqu'à ce moment-là, étaient partie prenante au
2 pouvoir?
3 Réponse: Nous n'avons jamais obtenu ce que nous devions obtenir sur la
4 base de cet accord et d'ailleurs ce qui nous revenait, en raison du
5 résultat des élections. Nous n'avons jamais occupé la place qui nous
6 revenait au gouvernement. Je vais vous donner quelques exemples: moi,
7 j'étais vice-président de la municipalité, et lorsque j'avais des
8 informations sur les événements qui survenaient dans la municipalité de
9 Zenica, bien que je dispose de ces informations, je n'étais pas invité à
10 participer aux négociations avec des délégations qui venaient de
11 l'extérieur. C'est dans le journal municipal ou dans le journal local que
12 je lisais que telle ou telle délégation était arrivée et ensuite je
13 prenais contact avec les autres. Je disais: "Je ne suis pas au courant,
14 personne ne m'a convoqué, personne ne m'a appelé. Ils avaient le poste de
15 président de la municipalité et président du conseil exécutif, chef du
16 protocole, secrétaire etc, de sorte que nous ne pouvions pas nous
17 exprimer. Et lorsque nous nous sommes rendus compte que nous ne servions
18 que de faire-valoir et de potiches, bien entendu par le travail du parti
19 politique, la décision a été prise pour nous de quitter le pouvoir. Tout
20 les représentants du HDZ ont décidé de quitter le pouvoir parce que nous
21 n'étions pas en mesure de faire ce que le peuple croate attendait de nous.
22 Cela s'est passé le 23 octobre 1992.
23 Question: Au paragraphe 15 de votre résumé, vous avez également signalé
24 un certain nombre d'institutions à Zenica: Vous avez parlé des PTT, de la
25 société Promet ensuite de la société Novi Zivot qui avait des activités à
Page 22473
1 Zenica et vous avez dit que c'est là qu'il y avait aussi un certain nombre
2 de comités qui ont été créés et se composaient que de Musulmans.
3 Réponse: Oui, toutes les institutions publiques, toutes les sociétés et
4 entreprises, par exemple là où il y avait des Serbes qui occupaient
5 quelques postes, ces postes ont été par la suite occupés par les
6 Musulmans. J'avais demandé à plusieurs reprises quand j'étais au pouvoir
7 et à la présidence de guerre, j'ai dit qu'il fallait que les Croates
8 soient représentés. Halik Hodzic était à la tête de la banque et je lui en
9 ai parlé, je lui ai dit que c'était indispensable et que nous puissions
10 partager le pouvoir, mais je n'ai jamais réussi à le convaincre dans cette
11 démarche.
12 Question: Vous avez dit qu'on peut m'en prendre en exemple le management
13 de la scierie de Zenica où parmi les cinq personnes les plus importantes,
14 il n'y avait pas de Croates, il n'y avait que des Musulmans.
15 Réponse: Oui, c'est regrettable, je l'ai dit lors d'une réunion quand
16 Milenko Brkic s'était rendu à Zenica avec un certain nombre de
17 représentants du SDA de Sarajevo, même du temps du communisme, on n'avait
18 pas de cas où les cinq premières personnes soient uniquement des
19 Musulmans. Il n'y avait pas un seul Croate, moi, j'étais vraiment fâché et
20 je l'ai dit sur un ton qui n'était pas agréable.
21 Question: Merci, monsieur Sakic. Nous pouvons passer au paragraphe 16,
22 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, par conséquent, il y avait des
23 tensions qui ont monté jusqu'en janvier 1993. Vous avez parlé d'un certain
24 nombre de formations militaires qui dans un certain sens, étaient dirigées
25 par l'armée de Bosnie-Herzégovine. Pourriez-vous nous dire maintenant qui,
Page 22474
1 outre les unités locales de la défense territoriale, qu'est-ce que vous
2 connaissez comme autres formations dans la ville de Zenica?
3 Réponse: D'abord, il y avait la défense territoriale, donc c'était
4 l'armée de Bosnie, ensuite la ligue patriotique, bérets verts ensuite le
5 MOS, la 7ème brigade musulmane "El Moudjahidin" qui agissait sous le
6 contrôle du MOS. Ils ont fait des actes des plus sales et en agissant bien
7 évidemment sur les instructions des dirigeants qui étaient très hauts.
8 Toutes ces unités étaient stationnées à Zenica.
9 Question: Vous pensez également à la 7ème Brigade musulmane "El
10 Moudjahidin" également.
11 Réponse: D'après nous, la 7ème Brigade musulmane tout comme les
12 Moudjahidin, agissait, mais El Moudjahidin était sous le contrôle de la
13 7ème Brigade musulmane.
14 Question: Est-ce que ces unités se trouvaient dans la ville? Est-ce que
15 la population a été harcelée?
16 Réponse: C'étaient des journées extrêmement éprouvantes, terribles pour
17 le peuple croate à Zenica. Toutes ces unités avaient pour objectif de
18 créer la terreur, la panique de circuler sous les armes à travers la rue
19 principale, Titova Ulica, et à côté de l'église Saint Elie, a côté du
20 foyer de culture où était le siège du HDZ et d'autres partis, des
21 réformateurs, etc. Ils chantaient des chants arabes, ils criaient "Allah
22 Ouagbar" moi, j'étais un petit peu terrorisé. J'ai dit au maire: "Essaye
23 d'empêcher ce qui se passe, parce qu'il y a des incidents qui peuvent
24 éclater et des effusions de sang que nous risquons". Et puis lui
25 intervenait pendant une journée, et il y avait plus rien, ensuite ça
Page 22475
1 reprenait etc.
2 Question: Monsieur le Président et la Chambre, je pense qu'on aura
3 besoin que vous parliez de la personne en disant son nom et son prénom. Je
4 pense que vous avez pensé à Behim Spajic, n'est-ce pas, qui était
5 président de la présidence de guerre à Zenica?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Y avait-il quelques incidents en détriment des Croates et des
8 biens des Croates?
9 Réponse: Oui, il y avait des maisons qui ont été cambriolées par
10 exemple Juro Ambrozic avait même une arme, il avait tué quelqu'un qui
11 avait cambriolé sa maison.
12 Question: Pas de détails, mais en principe si vous voulez parler…
13 Réponse: Oui, il y avait des cafés qui ont été plastiqués, des gens
14 étaient harcelés, maltraités à la fin de 1992. Au début de 1993 aucun
15 soldat du HVO n'osait circuler tout seul à travers la ville. Des
16 camionnettes qui circulaient dans la ville et puis le prenaient comme ça,
17 le soldat du HVO on le maltraitait, on le passait à tabac. Il y avait
18 cette école de musique où on les emmenait. Ils n'osaient pas circuler,
19 véritablement.
20 Question: Vous avez dit que ce rapport se détériorait vis-à-vis des
21 Croates depuis cet événement qui a eu lieu à Drivusa, quand les Serbes ont
22 été obligés de quitter ce secteur? Pouviez-vous nous donner quelques
23 précisions à ce sujet-là, au cours du mois d'octobre et de novembre 1992,
24 il y avait un très grand nombre de Serbes qui ont été obligés de quitter
25 Zenica, n'est-ce pas?
Page 22476
1 Réponse: Oui, un grand nombre de Serbes ont été obligés de quitter
2 Zenica,. ils se sont adressés à moi. Je peux à titre d'illustration vous
3 donner un exemple: le vice-président de l'assemblée qui appartenait au
4 groupe ethnique Serbe, Krsto Buha a été mon collègue. On avait des bureaux
5 qui étaient l'un à coté de l'autre et on était des vice-présidents à
6 l'assemblée municipale. Et, il m'a demandé que je le protège, c'est la
7 Drivusa qui a été attaquée et les Serbes se sont trouvés dans une
8 situation très pénible.
9 Question: Excusez-moi, je vais vous interrompre. C'est vraiment très
10 brièvement que vous pouvez nous donner des réponses et non pas entrer dans
11 les détails. Il a été question de 30000 Serbes qui ont été obligés de
12 quitter Zenica, la ville, la municipalité. D'après vous, est-ce que c'est
13 exact? .
14 Réponse: Non, je ne dirais pas qu'il s'agissait de 30000 d'après le
15 recensement, ils étaient 23000 au total, à peu près comme des Croates.
16 Nous étions 15, 6 % de la population totale et eux 15, 7.
17 Question: Excusez-moi, moi, j'ai parlé de 20000?
18 Réponse: Oui, effectivement, 20000 Serbes ont quitté Zenica.
19 Question: Maintenant nous allons au paragraphe 17, il s'agit des
20 informations que vous autres Croates à Zenica, vous avez obtenues mi-
21 janvier 1993, au sujet du rassemblement d'un certain nombre de formations.
22 Pourriez-vous nous donner des détails à ce sujet-là?
23 Réponse: Nous avons eu un certain doute. A la veille de l'attaque sur
24 Dusina, sur Busovaca plus loin, les gens qui se trouvaient sur le point
25 conjoint, point de contrôle, à Lasva ont été arrêtés. Seize soldats ont
Page 22477
1 été détenus, maltraités, passés à tabac, du secteur Zvejca, Lasva. Par
2 conséquent, partout où ces forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine
3 normalement devaient passer pour se préparer pour l'attaque et en
4 traversant Kacuni, etc. Nous avons reçu l'information que ces unités ont
5 été concentrées à Kacuni et d'après ce que nous avons vécu sur ce point de
6 contrôle, nous avons bien compris qu'il y avait des choses qui se
7 passaient et qu'on ne devait pas voir ce qui se passait. C'est la raison
8 pour laquelle on retirait les Croates de ces points de contrôle qui
9 étaient des points de contrôle conjoint. C'est le 25 qu'il y a eu cette
10 attaque sur Busovaca, le 26 sur Dusina, le massacre cruel qui s'en est
11 suivi.
12 J'ai eu pour tâche de reprendre les dépouilles mortelles de 9 Croates et
13 d'un Serbe qui ont été des victimes de Dusina. On m'a demandé d'enterrer
14 ces gens-là à Busovaca et c'est la famille qui nous a posé cette question-
15 là, y compris ce serbe qui a été tué.
16 Question: Mais, je pense que la Chambre avait déjà vu une cassette
17 vidéo. C'est vous qui avez organisé le transport des dépouilles mortelles
18 à Busovaca?
19 Réponse: Oui, c'est nous qui avons organisé, moi-même et on nous
20 permis, on a demandé la permission de traverser Zenica. C'est le 26 que
21 cela s'est produit à Dusina alors que le 3, donc 7, 8 jours plus tard nous
22 avons réussi à obtenir les dépouilles mortelles. Vous voyez c'est même
23 difficile, c'est terrifiant de donner la description de ce qui s'est
24 passé, mais ce qui est important c'est qu'actuellement le Président actuel
25 du HDZ et moi-même, à la veille, nous avons collé des annonces des
Page 22478
1 personnes qui ont été tués. Et quand les gens qui étaient dans la deuxième
2 équipe dans l'aciérie, qui travaillent à l'aciérie sortaient de l'aciérie,
3 ils avaient déchiré les annonces mêmes. Même les annonces ne pouvaient pas
4 rester sur les endroits où on les avait collées. Les annonces des décès
5 des personne en question.
6 Question: Excusez-moi, j'ai essayé de vous demander de ne pas parler à
7 cette vitesse, c'est à la vitesse de la mitraillette que vous parlez et on
8 se comprend nous, mais les autres ne vous comprennent pas. Par conséquent,
9 il faut laisser les interprètes d'accomplir leur tâche.
10 Vous parlez de Dusina, vous parlez de tout ce qui s'est passé dans votre
11 propre municipalité. Avez-vous entendu dire qu'un organe du pouvoir à
12 Zenica éventuellement ait eu l'idée d'entreprendre une enquête au sujet de
13 ce qui s'est passé à Dusina, de ces victimes, de ces dépouilles mortelles
14 que vous avez transportées?
15 Réponse: Non, Je n'ai jamais entendu parler de telles démarches qui
16 étaient entreprises éventuellement. Je ne sais pas quelles sont les
17 raisons bien évidemment. Mais sur le plan Dusina, Dusina faisait partie
18 intégrante de la municipalité de Zenica. Par conséquent, la branche du HDZ
19 de Zenica s'est occupée de cela. Ce n’est que par la suite que nous avons
20 organisé, comme j’ai dit, l'enterrement, les obsèques à Busovaca, parce
21 que c’était quelque peu plus près. Comme ils ont été tués dans le
22 territoire de Zenica, j'ai été chargé d'organiser le transport des
23 dépouilles mortelles et de les enterrer à Busovaca .
24 Question: Nous pouvons passer au sujet suivants. Il s’agit de ce qui
25 s’est passé en avril 1993, le paragraphe 18 et plus loin. Vous avez dit
Page 22479
1 tout à l’heure que le 17 avril 1993, les Croates ont été attaqués à
2 Zenica, n’est-ce pas? Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je
3 voudrais verser un document. J'en ai deux. Les deux d’ailleurs concernent
4 ce sujet qui est contenu dans le paragraphe 18.
5 En attendant que l'huissier distribue le document. Il s’agit du document,
6 ce sont des conclusions auxquelles on est parvenu au sein de la présidence
7 de guerre à Zenica entre les deux communautés ethniques, entre les
8 Musulmans et les Croates.
9 M. le Président (interprétation): Peut-on avoir une cote?
10 Mme Ameraali (interprétation): Il s’agira de la pièce D97.Pardon 297
11 M. le Président (interprétation): 297, fort bien.
12 Mme Ameraali (interprétation): 297/1
13 M. Naumovski (interprétation): Monsieur Sakic, vous avez la version
14 croate du document.
15 M. Sakic (interprétation): Oui.
16 Question: Ce jour-là, il y avait la réunion de la présidence de guerre
17 ce jour. Pouvez-vous dire à la Chambre ce qui a été convenu juste à la
18 veille de l'attaque dont il a été question. Très brièvement de quoi parle-
19 t-on dans ce document?
20 Réponse: Je voudrais commencer à parler de l'enlèvement de Zivko
21 Totic, c’est le 15.
22 M. le Président (interprétation): Un instant, s'il vous plaît. Si Me
23 Naumovski vous pose la question nous pourrions avancer plus rapidement.
24 Contentez-vous de répondre à la question qui concernait sur ce document-
25 ci.
Page 22480
1 M. Naumovski (interprétation): Monsieur Totic avait déposé. La Chambre
2 connaît donc déjà tout ce qui c’est passé.
3 Réponse: Monsieur le Président, je voulais dire tout simplement vous
4 dire comment et pourquoi on a décidé de tenir cette réunion. C’est après
5 l'enlèvement de Zivko Totic que nous avons eu plusieurs réunions, six ou
6 sept. Ce n'est qu'après que nous avons eu cette toute dernière réunion où
7 la présidence de guerre s’est réunie en une réunion élargie. Et cette
8 réunion a eu lieu le 17 à 17 heures de l'après-midi. C'est là où nous
9 avons convenu de rédiger les conclusions contenues dans ce document.
10 Question: Très brièvement lors de cette réunion on avait pris la
11 décision de démanteler tous les barrages routiers?
12 Réponse: Oui. La police conjointe pour le contrôler. Il fallait
13 contrôler l'hôpital par la police conjointe que les Croates, les Musulmans
14 et les Serbes puissent se rendre à l'hôpital s’ils en ont besoin. De ne
15 plus creuser des tranchées, de les combler. De trouver Zivko Totic de le
16 relacher. De punir, sanctionner les auteurs des crimes. Et justement, il
17 fallait respecter ces conclusions. Et si l'on avait respecter ces
18 conclusions, nous n'aurions pas été attaqués le 18 très tôt le matin. Il
19 n'y aurait pas eu de guerre qui aurait eu pour conséquence que 450
20 personnes soient incarcérées au Kapedom (?) et que d'autres soient
21 chassées, que d’autres encore soient tuées, parmi les civils etc..
22 Question: C’est encore un autre document. Je vais vous demander de bien
23 vouloir le distribuer. Monsieur Sakic une fois de plus, mon collègue
24 entend la traduction en anglais et il me prie tout le temps de vous
25 demander de ralentir votre débit.
Page 22481
1 Réponse: Oui, je vais essayer.
2 Mme Ameraali (interprétation): Il s'agira de la pièce D 298 / 1.
3 M. Naumovski (interprétation): Monsieur Sakic, il s'agit d'un deuxième
4 document et ce document a également des conclusions de la présidence de
5 guerre qui s'est tenue avec une composition élargie. Cette réunion a été
6 convoquée grâce à votre propre initiative, après cette attaque qui a eu
7 lieu très tôt le matin, le matin à 5 heures.
8 Réponse: Oui.
9 Question: Par qui êtes-vous passé? Par le truchement de qui? Qui vous a
10 aidé pour organiser la réunion?
11 Réponse: Je ne sais pas s’il fallait que je commençais à deux heures
12 du matin. Parce que les Mujahedin ont attaqué le foyer des camps tôt. Tout
13 ou partie a eu le siège, tout a été pillé…. A deux heures dans la nuit
14 j'ai appelé au téléphone M. Besim, je lui ai demandé que ceci s’arrête car
15 si jamais véritablement cette attaque se poursuivait, à ce moment-là une
16 effusion de sang est risquée. La première fois il m'a dit qu'il n'avait
17 rien à faire avec et il a dit qu'il ne pouvait pas ordonner aux troisième
18 corps d'armée quoi que ce soit . Notamment que ça n’était pas possible
19 quand il s'agissait des mujahedin. Ensuite, je me suis adressé à Behudin
20 Sacinovic qui est curé actuellement. Lui également, je lui ai dit qu'il
21 fallait absolument faire quelque chose pour arrêter cette attaque. Il
22 était très franc et sincère avec moi. Il m'a dit qu'il ne pouvait rien
23 faire. Ensuite j'ai appelé Barac, il a été vice-président de Kljuic.
24 Question: Excusez-moi, je vais vous interrompre. Je comprends
25 parfaitement que vous ayez besoin de parler en détails de tous ces
Page 22482
1 événements, mais la Chambre a déjà entendu beaucoup témoins, dispose de
2 beaucoup d’autres éléments. Par conséquent vous avez essayé par les
3 contacts que vous avez pu réaliser grâce à vos propres connaissances de
4 faire quelque chose.
5 Réponse: Mais, je n'ai pas réussi et ce n’est que le matin que Vinko
6 Baricic m'a appelé du quartier général. Il m'a dit que nous sommes
7 attaqués, qu'il y a un pilonnage. Que c'est de Gradzice d'un village qu'on
8 tire des obus. Il nous a demandé de nous retirer du quartier général de
9 Protbeze. C'est là où j'ai entendu à la radio de Zenica, c’est une
10 information qui a été diffusée par Saric, le commandant de la 7ème Brigade
11 musulmane. Il a dit qu’une unité de la défense territoriale ou de la 7ème
12 Brigades musulmane a entré de Jajce en prenant un chemin raccourci. Que
13 les soldats du HVO l’ont attaqué et que c’était la raison, soit-disant,
14 pour laquelle on a tiré, on a échangé des tirs. C’est là où j'ai appelé la
15 radio de Zenica où j'ai dit que c’était un mensonge, que ce n’était pas
16 vrai, que j’avais des informations. Et c’est là où j'ai essayé d'organiser
17 une réunion en passant par les observateurs de l'ECMM qui étaient à
18 International. Il y avait une permanence, ils ont dit qu'ils dormaient,
19 qu'ils ne pouvaient rien faire jusqu'à 7 heures et demi, 8 heures du
20 matin. A 8 heures, j'ai eu quelqu'un je ne sais pas qui, j'ai marqué tout
21 cela sur mon agenda mais tout cela se trouve dans les archives.
22 M. le Président (interprétation): Si nous voulons absorber quoique ce soit
23 de tout ce que vous nous dites, vous ne pouvez pas nous inonder de
24 paroles. Essayez de répondre simplement aux questions posées par l'avocat.
25 Et n'oubliiez pas que tout cela doit être interprété. Essayez de ralentir
Page 22483
1 un peu votre débit.
2 Maître Naumovski, vous pourriez vous attacher aux points les plus
3 importants de ce récit.
4 Le témoin : Excusez-moi, je suis passionné, je ne peux pas ralentir le
5 rythme.
6 Question: C'est par l'intermédiaire des observateurs de l'ECMM que vous
7 avez demandé que la réunion de la présidence de guerre soit tenue. C'était
8 le 18 avril très tôt le matin, et c'est lors de cette réunion que le
9 document devant vous a été adopté.
10 Réponse: Oui.
11 Question: Dans ce document, vous demandez le cessez-le-feu.
12 Réponse: Oui, absolument et un cessez-le-feu sans conditions.
13 Question: Et le retrait des formations musulmanes dans des casernes?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Est-ce qu'on a respecté les conditions?
16 Réponse: Non.
17 Question: L'attaque s'est poursuivie le 18 avril 1993.
18 Réponse: Oui.
19 Question: Pourriez-vous dire M. Sakic, la violence et l'envergure de
20 cette attaque, le secteur pris en compte. D'après vous, il s'agissait
21 d'une attaque préparée bien avant ou non? Cela aurait du être préparé au
22 moment où vous avez tenu la première réunion le 17 et par la suite le 18.
23 Réponse: Oui, tout a été tellement bien préparé que l'information qui
24 se trouvait à des endroits dispersés, coupée. Aucune information ne
25 pouvait secourir l'autre.
Page 22484
1 Il me faut vous dire que l'enlèvement de Totic prouve qu'ils avaient
2 appris par la suite en l'interrogeant qu'il savait où se trouvaient
3 chacune de nos formations.
4 Question: Vous voulez dire que les formations du HVO n'ont pas pu
5 résister.
6 Réponse: Bien sûr..
7 Question: Et ces formations se sont remises..
8 Réponse: Oui.
9 Question: Elles ont subi un échec militaire.
10 Réponse: Mais à partir du moment où vous n'avez pas le commandant qui a
11 été kidnappé, on ne peut pas agir. Vous pouvez vous imaginer ce qui se
12 passe au niveau d'une formation si le commandant est enlevé.
13 Question: Passons au paragraphe19. Le 18 avril, M. Sakic, ensemble avec
14 votre famille, vous avez été gardé à la station de police?.
15 Réponse: Oui, toute ma famille, mon épouse, mes deux enfants, moi même
16 sommes restés à la station de police. Nous y avons passé la nuit dans une
17 pièce de permanence. Ma voiture a été confisquée, les enfants étaient à un
18 endroit, mon épouse et moi-même étions dans une autre pièce.
19 Question: Mais c'est grâce à un prêtre, vous avez été relâché et vous
20 vous êtes rendu à l'église Saint Elie de Zenica.
21 Réponse: C'est le défunt prêtre Markotic qui est venu me chercher, il a
22 dit que nous devions partir pour voir Besim, j'ai dit que je ne savais pas
23 si on allait nous relâcher. Ils nous ont relâchés soi-disant pour aller
24 voir Besim et là, nous n'avons pas pu visiter des prisonniers. Il a dit au
25 prêtre que, éventuellement, il pourrait aller voir les détenus alors que
Page 22485
1 Sakic ne pouvait pas y aller. C'est là où on m'a amené à l'église Saint
2 Elie et c'est là où je me suis réfugié.
3 Question: Vous vous êtes réfugié dans cette église pour préserver votre
4 vie et c'est votre fils, votre épouse qui vous ont rejoints dans
5 l'église?.
6 Réponse: Oui, tout à fait.
7 Question: Pour que le compte rendu soit clair, vous êtes restée 20 jours
8 à l'église?.
9 Réponse: Oui, 20 jours.
10 Question: Vous connaissez probablement tout ce qui s'est passé en avril
11 93 à Zenica. Au cours de cette offensive, d'après votre propre
12 connaissance, combien de civils Croates avaient ils été tués à Zenica,
13 combien de Croates avaient été maltraités, harcelés ?
14 Réponse: D'après moi, 25 civils ont été tués dans les banlieues de
15 Zenica. 450 Croates étaient détenus aux Capedom (?) à l'établissement
16 pénitentiaire où ils ont été maltraités, emmenés pour creuser des
17 tranchées, frappés.
18 Question: Tout à l'heure, vous avez parlé de l'école de musique. Vous
19 avez plutôt pensé à la prison qu'à l'école?
20 Réponse: Oui, ce sont les Moudjahidin qui s'y trouvaient, probablement
21 leur expédition pénitentiaire. C'est là où ils emmenaient les gens dans la
22 cave car ceux qui étaient à l'établissement pénitentiaire étaient heureux
23 parce que leur nom figurait sur les listes. Ceux qui étaient à l'école de
24 musique étaient martyrs. Ceux qui sont sortis de l'école et se rendaient à
25 l'établissement pénitentiaire Capedom (?) nous disaient que c'était une
Page 22486
1 vie presque normale par rapport à ce qu'ils traversaient comme épreuve à
2 l'école de musique.
3 Question: Avant cette attaque qui a eu lieu en avril, deux trois mois
4 entre le mois de janvier et d'avril, 2000 Croates ont quitté Zenica?
5 Réponse: Oui, ceux qui étaient informés et qui pouvaient aller quelque
6 part, qui ne voulaient pas attendre et aider les Croates qui sont restés
7 sur place, il y en avait 2500 à peu près. Pendant les événements, pendant
8 cette offensive, 13000 ont été chassés mais les Croates de Zenica ont
9 continué de quitter Zenica, même aujourd'hui d'ailleurs. Vous pouvez voir
10 les petites annonces et vous voyez que les Croates quittent Zenica.
11 Question: Donc entre 2000 et 3000 avant sont partis de Zenica pendant
12 l'offensive, 13000 et ensuite plusieurs milliers au cours de la guerre ont
13 quitté Zenica?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Savez-vous combien de maisons croates ont été pillées,
16 détruites à Zenica?
17 Réponse: D'après mes informations, 60 maisons ont été incendiées, et
18 600 maisons pillées. Si on compte tous les villages: Podbrezje, Caidrac,
19 Gornja Zenica, Raspotoce, etc.
20 Question: Partout où habitaient les Croates?
21 Réponse: Oui.
22 Question: C'est peut-être le moment pour la pause. Je ne veux pas
23 prolonger trop longtemps, dans les 10 minutes qui vont suivre.
24 M. le Président (interprétation): Nous allons suspendre. Nous reprenons à
25 14 heures 45.
Page 22487
1 M. Sakic, au cours de cette interruption, veillez à n'avoir de
2 conversation avec personne à propos de votre déposition et que personne ne
3 vous en parle non plus tant qu'elle ne sera pas terminée, vous ne pouvez
4 en parler à personne. Cela vaut aussi pour les personnes de la défense.
5 (La séance, suspendue à 13 heures est reprise à 14 heures 45)
6 M. Naumovski (interprétation): Monsieur Sakic, nous nous sommes arrêtés
7 avant la pause, quand nous parlions des événements qui ont commencé le 17
8 avril 1993. Bien que vous n'ayez pas été un spécialiste des affaires
9 militaires, je vous demande si vous avez entendu quel était le nombre de
10 fusils qui ont été pris au HVO, ce 17 et les jours qui ont suivi. Le
11 nombre de fusils à canon long, si vous le savez.
12 Réponse: Je ne connais pas ce nombre, mais je sais qu'il y avait
13 environ 400 fusils à canon court. Pour le reste je ne connais pas la
14 répartition des armes.
15 Question: Il y a peut-être une question que j'ai oublié de vous poser. A
16 Zenica, l'ex JNA était-elle très présente? Elle avait des chars et autres
17 armes lourdes. Qui avait pris ces armes, le HVO ou l'armée de Bosnie-
18 Herzégovine?
19 Réponse: Le HVO a beaucoup agi au moment où la JNA a quitté les
20 casernes. Je dis bien au moment où la JNA est partie. A ce moment-là,
21 d'après ce que je sais, le bataillon mécanisé est entré dans les casernes.
22 Nous n'avions aucun accès à la caserne et ce bataillon n'avait même pas
23 l'autorisation de se créer. Quand j'ai fait partie de la cellule de crise
24 de guerre, l'autorisation de créer ce bataillon avait été demandée mais
25 refusée. Malgré cela, ce bataillon a pénétré dans la caserne de l'ex JNA
Page 22488
1 et a repris toutes les armes qui s'y trouvaient, les armes de la défense
2 territoriale de Zenica et de ce qui restait de l'armée.
3 Question: Merci. Vous avez dit il y a quelques instants que vous aviez
4 passé 20 jours dans l'église au mois d'avril et qu'ensuite, avec votre
5 épouse et votre fils, vous étiez parti en direction du sud, c'est-à-dire
6 de Vitez, de façon illégale, n'est-ce pas?
7 Réponse: Oui.
8 Question: Au cours de la seconde moitié de 1993, était-il facile de
9 vivre à Vitez?
10 Réponse: Non, il n'était pas facile de vivre à Vitez. Vitez était
11 assiégée. Par mes concitoyens qui ont déjà déménagé à Vitez, je sais que
12 la faim y régnait, qu'il y avait du danger en raison des tireurs
13 embusqués, des obus.
14 Question: Il y a peut-être une erreur au compte rendu en anglais mais je
15 vous ai demandé comment se passait la vie au cours du second semestre
16 1993.
17 Réponse: C'est bien 1993.
18 Question: En dehors du danger dû à la présence du front, y avait-il des
19 problèmes liés aux réfugiés?
20 Réponse: Oui, il y avait de très nombreux réfugiés qui étaient venus de
21 divers villages environnants, Busovaca, Travnik, et également Zenica.
22 Question: Y avait-il de nombreux incidents, je veux parler d'arrivée de
23 criminels et de délinquants? Est-ce que les cambriolages ont augmenté?
24 Réponse: Oui, j'ai été cambriolé deux fois. La première fois, il est
25 probable que des gens se sont dit que Sakic était parti à Vitez pour
Page 22489
1 emporter de l'argent pour le HVO. Ils se sont dit qu'ils allaient trouver
2 de l'argent là où j'habitais avant. Ils ont maltraité ma femme et moi-même
3 et je crois que Zivko Totic a subi le même sort le même jour. C'est Besim
4 Spahic qui racontait que j'étais parti le même jour. Les gens disaient:
5 "Vous vous êtes parti, mais mon père n'a pas pu partir".
6 Question: Il était difficile d'y vivre en raison de la guerre et des
7 circonstances de la guerre?
8 Réponse: Oui et des criminels, etc..
9 Question: Vous connaissiez M. Dario Kordic?
10 Réponse: Oui.
11 Question: Quelles étaient les fonctions de Dario Kordic?
12 Réponse: J'ai fait la connaissance de M. Kordic quand il était encore
13 secrétaire du HDZ à Busovaca et ensuite nous avons fait connaissance et
14 nous avons travaillé ensemble. Il a toujours agi dans le domaine
15 politique. Il était l'un des deux Présidents de la communauté croate
16 d'Herceg Bosna, il était Vice-Président de cette communauté politique
17 étant donné ses fonctions au HDZ.. Il a toujours été un homme politique,
18 pour moi il n'a jamais été militaire et n'avait pas la possibilité
19 d'émettre des ordres militaires. Il apportait son soutien aux gens que
20 nous accompagnions pour se battre contre les Serbes de Bosnie sur le front
21 de Jajce. On les accompagnait le soir et il lui arrivait de prononcer une
22 allocution pour remonter leur moral. Il engageait aussi des gens qui
23 n'étaient pas engagés dans la lutte contre les Serbes.
24 Question: Vous parlez d'une époque où les gens allaient se battre en
25 tant que volontaires. Il n'y avait pas de mobilisation?
Page 22490
1 Réponse: Oui.
2 Question: Avant 1992, vous étiez vice Président de l'assemblée
3 municipale. Ce sont des fonctions que vous avez remplies jusqu'au 3
4 octobre 1992?
5 Réponse: Oui.
6 Question: Vos fonction étaient des fonctions civiles?
7 Réponse: Oui.
8 Question: Je vous demande si de temps en temps, vous portiez l'uniforme?
9 Réponse: Oui, je le portais. Le président de la municipalité, Besim
10 Spahic le faisait aussi.
11 Question: Vous portiez un uniforme bien que vous n'ayez aucune
12 responsabilité militaire?
13 Réponse: Oui, n'ayant aucune responsabilité militaire, je portais tout
14 de même l'uniforme, parce que sinon, j'aurais été quelqu'un de différent
15 au milieu de gens qui faisaient leur travail.
16 Question: Et en 1993, y compris pendant la période où vous étiez à
17 Vitez, avez-vous suivi des conférences de presse, avez-vous vu que M.
18 Kordic ait participé à ces conférences de presse à la télévision ou
19 ailleurs? Avez-vous jamais entendu une telle conférence de presse?
20 Réponse: Oui, j'ai même assisté parfois à ces conférences de presse
21 quand quelqu'un m'accompagnait en voiture à Busovaca. J'ai assisté à ces
22 conférences de presse. J'ai entendu Dario Kordic qui donnait des
23 informations politiques et parlait de la situation dans la vallée de la
24 Lasva, sur le plan politique. Quant aux questions militaires, il y avait
25 toujours un représentant des forces armées qui parlait des questions
Page 22491
1 militaires.
2 Question: De quoi parlait M. Kordic, des évènements politiques, ce genre
3 de choses?
4 Réponse: Oui, il informait les gens de la situation politique dans la
5 vallée de la Lasva. Il disait que la vie était difficile, qu'il fallait
6 prendre patience, que les choses iraient mieux. Il parlait pour remonter
7 le moral des gens car les gens étaient parfois entassés les uns sur les
8 autres, ou ils essayaient de faire les bagages pour essayer de fuir et il
9 fallait les calmer. C'est dans ce sens que je l'ai vu agir, de façon très
10 efficace.
11 Question: C'était le dernier sujet que je voulais traiter avec vous.
12 J'ai omis de poser une question. Quand vous parlez du fait que dans la
13 maison de la culture des Croates de Zenica se trouvait aussi le siège
14 d'autres partis, comme par exemple le parti croate des droits, en dehors
15 du HDZ, est-il permis de dire que des personnes qui avaient une certaine
16 autorité au sein du parti croate des droits et du HOS de Zenica étaient
17 Mate Abrahinovic, Spihan Pesa et Mladen Holman?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Merci. Monsieur le Président, j'en ai terminé avec cet
20 interrogatoire principal.
21 (Le témoin est interrogé par M. Mikulicic.)
22 M. Mikulicic (interprétation) Bonjour M. Sakic, je défends les intérêts de
23 M. Cerkez. Je vous pose quelques questions et je vous demande d'y répondre
24 au mieux de vos souvenirs. Vous avez dit quelles étaient les fonctions que
25 vous remplissiez à Zenica. Vous nous avez dit que compte tenu de la nature
Page 22492
1 de vos fonctions, vous avez assisté à des réunions qui se tenaient dans
2 les municipalités voisines, Busovaca, Travnik, Zenica, Vitez. C'est exact
3 n'est ce pas?
4 Réponse: Oui.
5 Question: Lors d'une réunion à Vitez, avez-vous fait connaissance avec
6 M. Ivica Santic et de Peros Skopjak?
7 Réponse: Oui.
8 Question: Pouvez-vous nous dire quelles étaient leurs fonctions au
9 moment où vous les avez rencontrés à ces réunions.
10 Réponse: Santic était Président du pouvoir à Vitez et Skopjak était son
11 adjoint. Skopjak a été aussi à un moment chef de la police dans les
12 premiers temps qui ont suivi les élections.
13 Question: Donc, nous pouvons convenir qu'il s'agissait de personnalités
14 importantes au sein de la municipalité?
15 Réponse: Oui.
16 Question: A ces réunions auxquelles vous avez assisté, d'après vous, ces
17 hommes mettaient-ils en oeuvre une politique de persécution contre les
18 Musulmans? Ont-ils jamais dit qu'il fallait se comporter à l'égard des
19 Musulmans en les persécutant, en les attaquant, en les chassant de la
20 municipalité ou le contraire?
21 Réponse: Je n'ai jamais entendu un seul mot signifiant qu'il fallait
22 chasser de leur domicile les Musulmans, les persécuter, etc. Ils avaient
23 même, me semble-t-il, un bâtiment à eux à côté du bâtiment de la
24 municipalité, ils avaient là un commandement à eux ou une instance de
25 pouvoir à eux.
Page 22493
1 Question: Cette Chambre a déjà entendu qu'à la fin de 1992 un conflit a
2 éclaté à Novi Travnik entre les Croates et les Musulmans et qu'au début de
3 1993 le conflit a éclaté à Busovaca. Est-il exact que jusqu'au mois
4 d'avril 1993, il n'y avait eu aucun conflit armé entre les Croates et les
5 Musulmans?
6 Réponse: C'est Exact.
7 Question: D'après votre expérience personnelle, ce fait est-il imputable
8 aux responsables, aux personnalités importantes de Vitez au niveau local
9 qui ont toujours souhaité coopérer?.
10 Réponse: Je crois qu'on peut leur imputer ce fait.
11 Question: Monsieur Sakic, au cours des réunions auxquelles vous avez
12 assisté, avez-vous jamais entendu dire que la direction politique ou
13 militaire de la ville de Vitez ait appelé les habitants de Zenica, je
14 parle des Croates, à quitter la ville?
15 Réponse: Non. Je dirais que non.
16 J'aurais dû le savoir, si cela avait été le cas.
17 Question: Et à ces réunions, les représentants militaires du HVO
18 participaient également, je parle des réunions où vous-même étiez présent?
19 Réponse: Je ne me rappelle pas vraiment car je n'ai pas participé à de
20 nombreuses réunions. J'ai participé à trois ou quatre réunions. Je me
21 rappelle en gros ces réunions, mais je ne me rappelle pas y avoir vu de
22 commandants militaires.
23 Question: Etiez-vous au courant du fait que les Croates étaient aigris
24 en raison du comportement des Musulmans à leur égard à Zenica?
25 Réponse: Oui, je suis au courant. Je connais pas mal de gens, j'ai
Page 22494
1 aussi des gens qui travaillaient pour moi et qui travaillaient chez eux.
2 Je n'étais pas un chef très important, mais enfin.
3 Question: Si j'ai bien compris et au cas où j'aurais mal compris, je
4 vous demande de me corriger. Cet incident dont vous avez parlé, cet
5 incident qui vous a concerné personnellement?
6 Réponse: Oui.
7 Question: J'ai cru comprendre qu'au cours de ceux qui vous ont agressé,
8 il y avait un habitant de Zenica qui est parti ensuite de Zenica?
9 Réponse: Pas un seul d'entre eux. Ils étaient tous des habitants de
10 Zenica parmi ces agresseurs qui m'ont attaqué.
11 Question: A Vitez?
12 Réponse: Oui, à Vitez.
13 Question: Et, ce qui leur déplaisait, c'est que vous vous aviez réussi à
14 partir alors que leurs familles n'avaient pas réussi à le faire?
15 Réponse: Oui, je pense qu'on devait raconter que j'avais aussi sur moi
16 de l'argent, des moyens financiers, comme le bruit courrait.
17 Question: Oui, nous avons compris cela. Cet incident personnel très
18 désagréable que vous avez vécu, a-t-il été un exemple isolé ou bien
19 d'après ce que vous en savez, ces incidents étaient-ils monnaie courante?
20 Réponse: S'agissant des Croates, je ne sais pas exactement, je sais que
21 Zivko a été agressé, maltraité, moi aussi, mais pour d'autres, je n'ai pas
22 entendu. Ivica Santic s'est aussi plaint lorsqu'il m'a parlé du fait que
23 son appartement avait été vandalisé. Oui, ça c'est vrai que des pierres
24 avaient été jetées contre son logement.
25 Question: Donc il y a eu de tels incidents?
Page 22495
1 Réponse: Oui.
2 Question: Avez-vous demandé une protection particulière en raison de ce
3 qui vous était arrivé?
4 Réponse: Je l'ai fait, c'est enregistré quelque part.
5 Question: A qui l'avez-vous demandé?
6 Réponse: Je suis allé voir le chef de la police de l'époque, M. Samija
7 et d'ailleurs j'ai une copie du document qui a été rédigé à ce moment-là.
8 Je me suis aussi adressé au général Blaskic, je ne sais pas. Je pense
9 qu'il les a punis, 60 jours d'arrêt je crois ou quelque chose comme ça, je
10 ne suis pas sûr.
11 Question: Parce que vous aviez été agressé par la police militaire qui
12 était de Zenica. Vous vous êtes donc adressé au général Blaskic et il les
13 a sanctionnés?
14 Réponse: Je ne sais pas s'ils étaient tous policiers, l'un d'entre eux
15 l'était en tout cas. Ils appartenaient à la brigade. Je ne sais pas où ils
16 étaient cantonnés exactement, mais ils ne faisaient pas partie de la
17 brigade de Zenica.
18 Question: Monsieur Sakic, au cours des réunions auxquelles vous avez
19 assisté, n'avez-vous jamais eu la possibilité de rencontrer M. Cerkez?
20 Réponse: Non j'ai vu, M. Cerkez, une fois quand la Forpronu a organisé
21 une réunion au quartier général de Blaskic dans l'hôtel là-bas. J'y suis
22 allé avec Dzemal Merdan. Un incident s'était produit à Vitez et les gens
23 de la Forpronu nous ont demandé de nous rassembler. Il y avait Dzemal
24 Merdan, il y avait ce représentant de la Forpronu Stewart je crois ou bien
25 comment il s'appelle...et puis le général Blaskic.
Page 22496
1 Question: Merci, monsieur Sakic. Je n'ai pas d'autres questions à vous
2 poser.
3 (Le témoin, M. Sakic, est contre interrogé par M. Nice)
4 M. Nice (interprétation): J'aimerai vous demander votre aide pour
5 déterminer exactement l'origine des deux documents que vous avez produits
6 aujourd'hui. Pouvez-vous nous dire quelle est leur origine, leur
7 provenance?
8 M. Sakic (interprétation): Ces deux documents émanent de la municipalité.
9 J'ai passé 20 jours dans l'église et immédiatement après j'ai reçu ces
10 deux documents.
11 Question: Mais ces documents ont-ils été gardés par vous depuis ou bien
12 peut-on les trouver également dans des archives quelque part?
13 Réponse: Ils ont toujours été chez moi. A l'hôtel, j'ai les originaux
14 et à l'arrière j'ai collé un papier, ce sont des originaux tapés et
15 dactylographiés sur un papier fin.
16 Tous ceux qui ont participé à ces réunions ont reçu ce genre de document.
17 Tout à l'heure, j'ai peut-être ennuyé ceux qui m'ont écouté en expliquant
18 combien il a été difficile d'organiser ces réunions.
19 Question: Ces documents sont complets, n'est-ce pas, parce qu'on ne voit
20 pas d'en-tête. Il y a effectivement un sceau à la fin, mais pas d'en-tête.
21 Est-ce habituel de voir des originaux sans en-tête?
22 Réponse: Oui, oui vous pouvez vérifiez. Je peux vous les montrer. Je
23 les ai à l'hôtel.
24 Question: Revenons au début. Nous savons que le 17 mars, d'ailleurs je
25 vais retourner encore plus loin en arrière. Vous nous dites que la
Page 22497
1 réaction d'Izetbegovic consistant à dire: ceci n'est pas notre guerre a
2 provoqué pas mal d'inquiétude. Est-ce exact?
3 Réponse: Oui.
4 Question: Nous ne sommes pas ici pour examiner la réaction d'Izetbegovic
5 qui n'est pas l'élément le plus important dans ce procès. Mais ce qu'il
6 disait, c'est qu'une guerre opposant la Serbie et la Croatie n'était pas
7 une guerre à laquelle il allait participer, c'est bien cela?
8 Réponse: Ce n'est pas comme cela que j'ai compris ce qu'il disait.
9 Quand il a dit que ce n'était pas leur guerre, j'ai compris que ce genre
10 de choses ne les intéressait absolument pas car il était Président de la
11 République, donc il aurait dû s'intéresser à une chose de ce genre.
12 Question: Ce qui me préoccupe davantage c'est plutôt la conséquence de
13 ce qu'il a dit ailleurs. Mais la colère ressentie par les Croates à
14 l’encontre d'Izetbegovic en raison de sa réaction s’est-elle transposées à
15 l'encontre de Musulmans individuels, d’individus, de particuliers
16 musulmans qui vivaient dans votre municipalité?
17 Réponse: Oui, certainement. Si vous me permettez, je peux vous
18 expliquer une chose. Je peux vous dire que lors de la réunion de la
19 municipalité de Zenica, où nous du HDZ nous nous étions entendus pour
20 parler de cette question, parler de l'attaque de l'armée populaire
21 yougoslave contre de la Croatie en l’appelant une agression, eh bien à ce
22 moment-là, il y avait nos représentants, il y avait des représentants du
23 SDA. Et nous en sommes pratiquement arrivés au vote sur cette décision. A
24 un moment, le représentant du SDA demande un pause et après cette pause,
25 quand nous recommençons le débat sur cette question, ils ont complètement
Page 22498
1 retourné leur veste. Leur représentant a pris la parole et a dit mais
2 enfin c’est notre armée, ce sont nos enfants qui sont là-bas, etc"…Il y a
3 eu pas mal d'exemples de ce comportement d'Izetbegovic au plan politique.
4 Question: Au paragraphe 12 de votre déposition, vous dites
5 qu'en octobre 1991, après les événements de Ravno, Stjepan Kljuic n’a
6 manifesté aucun intérêt particulier. Vous savez sans doute qu’il a
7 témoigné ici mais cette question n'a pas été évoquée au cours de sa
8 déposition. Je vous demanderai de réfléchir qu’en fait, après les
9 événements de Ravn M. Kljuic a créé une commission chargée d’enquêter sur
10 ce qui s'était passé. N'est-ce pas?
11 Réponse: Je ne suis pas au courant de l'existence de cette commission.
12 Question: Vous venez ici pour nous dire qu’il n’a rien fait, mais Miro
13 Lasic et Evgu Ganic donc représentants respectifs des deux parties ici, on
14 peut les appeler ainsi, devaient faire partie de cette commission. La
15 seule raison pour laquelle cette commission n'a pas pu aller plus avant et
16 c’est qu'elle a été bloquée dans sa tâche par la JNA. Vous rappelez-vous
17 cela à Trebinje?
18 Réponse: Non.
19 Question: A quel point étiez-vous engagé dans l'action politique, en
20 tout cas au niveau où opérait M. Stjepan Kljuic à l’époque?.
21 Réponse: J'étais Président du Conseil municipal du HDZ de Zenica. Je
22 n'allais aux réunions que quand tous les présidents des conseils
23 municipaux étaient convoqués. Quant aux réunions plus importantes, au
24 niveau des Présidents et vice-président etc…, je n'y assistais pas. Nous
25 avions un représentant de Zenica, Vjekoslav Barac qui participait à ces
Page 22499
1 réunions. Il était l'un des vice-présidents..
2 Question: Mais voyez-vous, vous nous dites avoir été présent à la
3 réunion tenue à Sarajevo au mois d’octobre.
4 Réponse: Qui?
5 Question: Vous y étiez et Kljuic aussi à la réunion de Sarajevo.
6 Réponse: Oui,c'est lui qui dirigeait, qui présidait cette réunion.
7 Question: Et au niveau des informations dont vous disposiez, vous ne
8 pouvez pas, n’est-ce pas, affirmer qu'il n’a pas créé la commission dont
9 je viens de parler. Vous ne le pouvez pas n’est-ce pas?
10 Réponse: Je ne peux pas le dire parce que je ne sais pas.
11 Question: Au départ Zenica ne faisait pas partie de la communauté croate
12 de Herceg-Bosna HZHB, n’est-ce pas?.
13 Réponse: Non.
14 Question: Si elle n'en faisait pas partie est-ce parce que il y avait
15 une majorité musulmane. Pourquoi n’était-ce pas le cas, dites-nous?
16 Réponse: Je ne sais pas. Je sais qu’à un moment donné, du point de vue
17 organisationnel nous étions du côté de Zenica et de Dobo. Moi j'ai demandé
18 à être dans le cadre de la région de Travnik, parce que pour moi c’était
19 plus près, c'était pour aller aux réunions. Pourquoi on n’a pas été
20 incorporés dans l'autre municipalité? Qui a fait la répartition? Je ne
21 peux pas vous le dire.
22 Question: Nous avons un document, cote 67 ui nous dit que le 17 mars
23 1992, Zenica a été inclus dans la HZHB comme étant une municipalité
24 limitrophe aux confins de l’Herceg-Bosna et que finalement elle a été
25 incorporée afin qu'il y ait un système de défense commun. Cela vous
Page 22500
1 semble-t-il exact?
2 Réponse: Du point de vue militaire, nous nous sommes mis sous le
3 commandement des forces armées de la Bosnie centrale. Et ceci pour
4 participer dans les opérations face aux Serbes. Je pense que c'est Zenica
5 qui a donné le plus grand nombre sur l'ensemble des effectifs, alors que
6 des forces musulmanes de Zenica ne sont pas allées à Jajce. Moi je ne
7 connais pas ça. C'est comme ça que nous avons été organisés. Quand je dis
8 nous, je parle du HVO.
9 Question: Si c'était bien l’idée, l’objectif. C’était bien d’avoir un
10 système de défense commun comme avec l’Herceg-Bosna, n'est-ce pas.
11 Réponse: Oui.
12 Question: Y avait-il des restrictions pour ce qui est de la formation de
13 forces musulmanes dans la zone par la suite?
14 Réponse: Je ne sais pas, je n'ai pas compris la question. Qu’est-ce que
15 vous voulez dire, s’il vous plaît? Est-ce que vous voulez me répéter la
16 question?
17 Question: Je m’en excuse, je l’ai mal formulée. Examinons rapidement ce
18 document qui porte la cote Z 61. Je vous demanderai Monsieur l’Huissier de
19 la placer sur le rétroprojecteur. Je pense qu'il faut remettre l'original
20 au témoin.
21 Il porte la date du 17 mars 1992. Et il est conclu qu'en tant que
22 municipalité limitrophe de municipalités d’Herceg-Bosna, Zenica doit être
23 intégrée dans le pays de défense.
24 Puis il y a d’autres points qui ne nous intéressent pas mais c’était M.
25 Kordic qui coordonnait ces activités, remarquons-le.
Page 22501
1 Passons au verso. Et vous voyez ici, c’est écrit à la main: "Aucune
2 formation de force musulmane, aucun bus de réfugiés ne doit être autorisé
3 à traverser la ville de Travnik sans avoir l'autorisation du bureau du
4 Président adjoint du HVO de la HZ-HB". Et c’est signé par le président
5 adjoint. Vous étiez là au moment où tout ceci s'est produit. Y a-t-il eu
6 des restrictions imposées quant à la constitution de forces musulmanes?
7 Réponse: Non. Si vous le permettez, j'aimerais vous répondre. Nous
8 avons eu un certain nombre d'agglomérations, des villages environnants du
9 côté de Travnik. Nous avons eu nos propres formations à ce sujet-là. Nous
10 étions effectivement aux confins entre Travnik et Zenica. Nous avons
11 toujours souhaité maintenir ce secteur, comme un secteur qui vivrait en
12 paix pour que ni les uns ni les autres ne se rendent pas sur les lignes.
13 En 1991 et déjà en 1992, on a été actifs parce que nous avions très peur
14 des Serbes qui auraient pu venir de l'extérieur et provoquer la panique
15 dans ce secteur, dans ce territoire.
16 Question: Mais vous n’avez aucun souvenir de ce que je vous ai rappelé
17 ici? Si vous vous placez comme partie intégrante d'une communauté, et ceci
18 à Zenica où il y a une majorité musulmane, n'est-ce pas pour vous un acte
19 quelque peu provocateur?
20 Réponse: Non. Je ne vois pas pourquoi ce serait une provocation. J'ai
21 assisté à une réunion et je me souviens il y avait le général Jagahjac
22 qui était sur place et nous a demandé d'organiser un commandement conjoint
23 à Zifko Totic et moi-même. J’y étais pour Javnik et Jagana Zaporava. Je
24 pense qu’il est de bon sens que Brod, il était à la tête du parti musulman
25 en Croatie. Il fallait essayer de s'organiser pour créer un parti, pardon
Page 22502
1 un commandement conjoint. C'est à cette époque-là que Jagahjac est parti
2 de Zenica. Et je ne l’ai plus jamais revu. Je ne sais pas pourquoi on n'a
3 pas créé ce commandement conjoint. Pourquoi on n'a pas noté une telle
4 chose.
5 Question: Progressons parce que j'aimerais terminer mon contre
6 interrogatoire, dans la mesure du possible, cet après-midi. Nous savons
7 qu'il y avait un certain Filipovic qui a occupé une place assez centrale
8 au début de l’année 1992, puisqu’il faisait partie de l’état-major de
9 district de la défense territoriale à Zenica. Connaissez-vous ce M.
10 Filipovic.
11 Réponse: Je ne sais pas s’il s’agit du colonel Filipovic qui était au
12 HVO. Je n'ai pas fait connaissance de ce monsieur-là pendant qu’il était à
13 la défense territoriale. Il n’est jamais venu me voir pendant que j’y
14 étais. J'ai fait sa connaissance quand il était là-haut, s'il s'agit de la
15 même personne.
16 Question: A ce moment-là, nous sommes au printemps 1992. Et dans votre
17 région en général ne devait-il pas y avoir un commandement conjoint avec à
18 sa tête M. Filipovic et comme adjoint M. Merdan? Avez-vous des
19 informations à ce propos?
20 Réponse: Non, non.
21 Question: Ce que nous savons c’est que Filipovic a perdu son rôle de
22 commandement qui est passé à d'autres. Et si ce fut le cas, est-ce parce
23 que M. Kordic n'était pas d'accord, à ce moment-là, avec l'idée d'un
24 commandent conjoint?
25 Réponse: Non. On n'a jamais parlé avec Kordic de ce sujet-là. C’est moi
Page 22503
1 à Zenica qui étais le plus souvent présent à des réunions. On a parlé du
2 commandement conjoint, on avait dit au niveau municipalité qu’il était
3 indispensable que le siège du HVO soit à la mairie, qu’on puisse
4 coordonner les opérations et les activités. Vous devez savoir que le siège
5 de la défense territoriale à la municipalité était notre propre siège et
6 que Jozo Jerkic y était. C'est lui qui a été chargé, c’est lui qui
7 appartenait au HDZ. On l'avait remplacé par M. Boncina.
8 Question: Vous dites que M. Kordic était bon à faire des discours qui
9 encourageaient. Quand a-t-il commencé à faire ce type de discours
10 d'encouragements?
11 Réponse: Lors des conférences de presse, quand je suis allé à Vitez
12 c’est depuis ce moment-là que je le connais.
13 Question: Ca se situe à quel moment à peu près? Pouvez-vous nous donner
14 une date?
15 Réponse: Je suis parti à Vitez une vingtaine de jours après le 18
16 avril. Par conséquent, c'était la deuxième moitié de 1993.
17 Question: Je voudrais savoir ce que M. Kordic faisait en 1992? Pourriez-
18 vous nous aider sur ce point? Faisait-il quelque chose de particulier à
19 l’époque?
20 Réponse: Il a été vice-président, je viens de le dire. Il était à la
21 tête de cette politique du HDZ et du HVO, la branche civile.
22 Question: Se présentait-il souvent à Radio-Zenica en tant
23 qu’intervenant, en tant qu'invité?
24 Réponse: Je ne me souviens pas. Je pense qu'il avait été interviewé une
25 seule fois à la radio de Zenica, je pense. C'est ce dont je me souviens.
Page 22504
1 Question: La tonalité générale de ses apparitions en public, ou vous
2 vous souvenez d’autres interviews, la tonalité générale, le ton général
3 tendait-il à glorifier le HVO? Cela cadre-t-il bien avec les souvenirs que
4 vous avez? Nous avons ici un témoin qui était concerné par la chose qui
5 s’appelait Salir Emjic. Et la page concernée est la page 13188.
6 Réponse: Je ne me souviens pas.
7 Question: Puisque je parle de ce sujet, même s’il n’est pas tout à fait
8 dans la chronologie des événements. Je crois vous avoir mal compris.
9 Parce qu’il donnait ce genre de discours d’encouragements, en quelle
10 année, au cours de quelle année, pardon?
11 Réponse: En 1992.
12 Question: Donc, je vous ai bien compris.
13 Réponse: Mais au moment où nous nous sommes rendus sur la ligne de
14 Jajce, nous allions de Zenica. On menait nos propres soldats en passant
15 par Busovaca. C’est Filipovic qui les prenait pour les amener jusqu’à
16 Jajce. C'est là que nous nous sommes rencontrés à quelques reprises, quand
17 il y avait des équipes qui se rendaient sur des lignes de front. C'est là
18 où nous avons entendu ces quelques allocutions et discours qu'il
19 prononçait.
20 Question: Faisait-il ce genre de discours, tenait-il ce genre
21 d'allocutions pour des soldats qui, après tout, sont un peu cyniques et
22 pragmatiques? Si vous voulez tenir ce genre de discours à leur égard, vous
23 devez disposer d'un certain pouvoir, d’une certaine autorité. Quelle était
24 l'autorité dont disposait M. Kordic pour tenir ce genre de discours?
25 Réponse: N'importe quel homme politique aurait pu demander la parole et
Page 22505
1 dire, s’adresser aux gens qui allaient sur les lignes de front, qui s’y
2 rendaient et qui ne savaient pas s'ils allaient rentrer vivants. Pourquoi
3 pas Kordic qui était vice-président si les autres…N'importe qui aurait pu
4 s'adresser aux soldats. Moi aussi j'ai parlé. Je me suis adressé à mes
5 propres hommes quand ils se rendaient sur la ligne de front à côté de
6 Zepce à Pocunica, malheureusement qui est tombé. Je me souviens les gens
7 montaient dans le car et puis Pocunica est tombé et nous avons fait
8 revenir les hommes.
9 Question: Il l'a sans doute fait parce que c'est lui qui avait les
10 rennes du pouvoir.
11 Réponse: Sur le plan politique il avait une fonction qui était… Il
12 était le plus haut placé.
13 Question: Et les guerres, celles-ci en particulier sont déterminées et
14 dirigées en fin de compte, en dernière instance par les hommes politiques
15 après tout, n'est-ce pas?
16 Réponse: Je ne sais pas. Moi, je ne suis pas un politique. Je ne
17 saurais donc pas vous dire qui mène la guerre et qui la provoque. Ce sont
18 peut-être les américains qui l’ont provoquée, peut-être les britanniques.
19 Je ne sais pas. Peut-être une politique globale mondiale qui l’a voulue.
20 C'est pour ça que cette guerre s'est déclenchée.
21 Question: Si ce n’était pas M. Kordic qui coordonnait les activités
22 militaires dans votre région, qui était-ce?
23 Réponse: En ce qui me concerne il y avait d'abord le général Blaskic.
24 Il était le responsable principal pour la Bosnie centrale. Et ensuite le
25 commandant de ma brigade de Zenica qui lui a été subordonné. Quand je dis,
Page 22506
1 lui, je pense à Blaskic. Donc tout ce qui est aspect militaire c’est
2 Blaskic qui en était responsable. Je n'ai jamais entendu de la part de mon
3 commandant de brigade Zivko Totic que c’est Kordic qui lui a émis un
4 ordre, que c’est Kordic qui lui a donné des consignes. Je n'ai jamais
5 entendu dire cela de mon commandant.
6 Question: Vous dites ne pas être homme politique, pourtant vous étiez
7 bien à la tête du HDZ.
8 Réponse: Je n'ai jamais fait de politique et je n’ai jamais été membre
9 de parti quelconque. Moi, j’ai fait des choses qui sont purement
10 professionnelles. J'étais un très bon ingénieur, je pense, au moment où
11 cette chance s'est offerte à moi de lutter contre les communistes. J'ai
12 profité de mes connaissances. Je ne sais pas si j'ai fait ce qu’il fallait
13 faire, mais moi, j’ai fait de mon mieux.
14 Question: Au paragraphe 4 de votre résumé, vous dites que vous étiez
15 président du HDZ de Bosnie Herzégovine à Zenica d'octobre 1990, du mois
16 d’octobre, jusqu’en 1992. N’est-ce pas une situation quelque peu politique
17 que la vôtre à l’époque?.
18 Réponse: Oui, j'étais le premier président du HDZ. La première
19 assemblée constituante qui a eu lieu à Zenica m'a élu président.
20 Question: Manifestement vous avez traversé des moments très difficiles
21 si on voit la période concernée par ces événements. Et d'autres ont
22 souffert autant que vous. Ce sont-ils plaints quant à eux des personnes
23 qui les avaient laissés tomber? Ont-ils dit pourquoi est-ce qu’untel n’a
24 pas aidé, pourquoi est-ce qu’un autre n'a pas fait ceci ou cela? Est-ce
25 que ça s’est passé comme ça?
Page 22507
1 Réponse: Je ne comprends pas la question. Je ne sais pas ce que vous
2 voulez me faire dire.
3 Question: J'essaie de déterminer pour qui, selon vous, vous et les
4 autres Croates de Zenica, qui, selon vous, était responsable de la
5 conduite de cette guerre? Qui en fin de compte était la personne
6 responsable de votre côté pour la façon dont cette guerre était menée?
7 Réponse: Nous nous sommes défendus. Nous n'avons attaqué qui que ce
8 soit. C'est nous qui avons été des victimes. Comment voulez-vous que je
9 vous dise qu’il y a eu quelqu'un qui a provoqué la guerre. Quand je parle
10 des nôtres, on n'a pas tiré une seule balle. Quatre cent cinquante
11 personnes se sont trouvé incarcérées d'un seul coup. Des maisons croates
12 ont été cambriolées, pillées. Et moi en plus, j'ai l'immunité!
13 M. Nice (interprétation) : Ne vous énervez pas. Si vous ne pouvez répondre
14 à cette question, je vais vous en poser une autre.
15 Examinons la pièce 272.
16 J'ai ici un document militaire, résumé d'information militaire,
17 malheureusement il n'existe qu'en anglais. Je vous donne lecture du
18 passage qui nous intéresse, page 3. Rapport concernant la journée du mois
19 de novembre 1992.
20 Nous sommes au paragraphe 6.
21 Le soldat concerné résume la situation en prévalant pour la population
22 autochtone de la façon suivante. "Les réfugiés mentionnés dans le rapport
23 INF.SOM (un autre document) ont été séparés à Vitez par le HVO. Les
24 Musulmans ont été envoyés à Zenica et les Croates au départ ont été
25 envoyés à Jablanica et puis à Tomislavgrad. On estime que cela a été
Page 22508
1 effectué de la sorte afin de maintenir la composition ethnique au sein de
2 villes dominées par les Croates". Fin de citation.
3 Monsieur, est-ce là une image fidèle de ce qui s'est passé en 1992? Cet
4 officier qui a fait ce rapport s'est il trompé ou pas ?
5 Réponse: Je ne peux pas vous aider. Je suis arrivé à Vitez 20 jours
6 après la chute du HVO à Zenica. Il y avait encore des Musulmans locaux qui
7 s'y trouvaient. Quatre ou cinq m'ont rencontré, m'ont parlé, et m'ont
8 proposé d'échanger nos maisons respectives, je n'ai pas accepté; ils
9 circulaient donc encore en liberté à Vitez.
10 Question: Je vais essayer de vous aider: nous sommes ici en novembre
11 1992. Vous ne pouvez pas nous dire quoi que ce soit de ce qui s'est passé
12 à Zenica à l'époque. Mais ce qu'on laisse entendre ici, c'est qu'on a
13 séparé les réfugiés ; les Musulmans ont été envoyés à Zenica et les
14 Croates ailleurs, ceci afin autres ailleurs… ceci afin de maintenir la
15 composition ethnique dans les villes dominées par les Croates. Que se
16 passe-t-il exactement puisque vous étiez un homme politique local. Vous
17 pourriez nous aider là-dessus?
18 Réponse: Non, ceci ne s'est pas passé de cette façon. Les gens
19 s'enfuyaient, il n'y avait aucun plan, pas de consigne. Ceux qui pouvaient
20 s'enfuir se sont enfuis et il n'y avait aucune organisation.
21 M. Nice (interprétation) : Ce même officier au paragraphe 6 ajoute ceci:.
22 "Les tensions demeurent entre Musulmans et Croates. Ainsi des combattants
23 Musulmans qui avaient reçu l'ordre d'aller sur la ligne de front, n'ont
24 reçu d'armes du HVO qu'à leur arrivée sur la ligne de front." Fin de
25 citation..
Page 22509
1 Nous sommes toujours en novembre 1992 et vous-même vous vous êtes rendu
2 sur la ligne de front. Est-ce que c'est bien ce qui s'est passé, les
3 Musulmans n'ont obtenu d'armes qu'à ce moment là?. N'avez-vous jamais
4 entendu dire que ce genre de chose ce soit passé?
5 Réponse: Non.
6 M. Nice (interprétation) : Progressons dans le temps. Vous comprenez que
7 j'essaie de parcourir l'histoire de Zenica avant 16 heures, fin de notre
8 audience, du mieux que je peux.
9 Examinons la pièce 293.1. C'est en français. Malheureusement, ça n'a
10 toujours pas été traduit en anglais mais je pense que le sens apparaîtra
11 clairement. Plaçons le texte français sur le rétroprojecteur. Vous allez
12 disposer de l'original. Ordre en date du 26 novembre, Zenica, qui donne
13 ordre entre autre, au point 3, d'informer les membres du HV, de ne plus
14 porter les insignes du HV en raison des problèmes que ceci cause à la
15 République de Croatie. Vous souvenez-vous qu'un tel ordre ait été donné?
16 Réponse: Je ne me souviens pas. A cette époque-là, je n'ai pas
17 travaillé sur les questions militaires. M. Covic qui était remplaçant de
18 M. Zivko Totic, s'en est occupé. Ce n'est pas un ordre qui est passé par
19 moi, je n'étais pas au courant.
20 M. Nice (interprétation) : Zenica n'est pas une ville si grande que cela.
21 Y avait-il des soldats de Croatie qui arboraient des insignes de Croatie?
22 Réponse: Jamais aucun soldat n'a arboré un insigne de la République de
23 Croatie, et si jamais quelqu'un de Croatie venait juste visiter sa
24 famille, éventuellement. Mais je ne me souviens pas avoir vu à quelque
25 moment que ce soit des soldats arborant de tel signes.
Page 22510
1 M. Nice (interprétation) : Est-ce que Zenica dans ce moment difficile a
2 bénéficié du soutien de la Croatie à ce moment là ?
3 Réponse: Non.
4 M. Nice (interprétation) : Vous vouliez vraiment que les Musulmans de
5 Bosnie Herzégovine aident la Croatie au moment où celle-ci était en
6 difficulté face aux Serbes. Pourquoi y aurait-il du mal à ce que la
7 Croatie apporte de l'aide aux Croates de Bosnie ?
8 Réponse: Cela aurait été souhaitable.
9 Question: Souhaitable ou non souhaitable, je n'ai pas bien
10 compris?
11 Réponse: Souhaitable : il aurait été souhaitable qu'ils nous
12 aident.
13 Question: Décembre 1992. Je ne diffuserai pas la cassette en
14 notre possession vu les impératifs de temps. En décembre 1992, vous étiez
15 présent à la cérémonie de prestation de serment de la Brigade
16 Juro Francetic du HVO.
17 Réponse: Oui, c'était le 23 décembre 1992 ; il y avait la
18 prestation de serment de la brigade Jure Francetic.
19 Question: Il s'agit des pièces 330 et 331. M. Kordic a pris
20 la parole à cette occasion, n'est-ce pas ?
21 Réponse: Oui, il y était et M. Praljac également, et M. Ante
22 Prkacin.
23 Question: Le fait d'appeler Zenica un espace croate -c'est
24 l'une des choses qu'il a dites- que Zenica faisait partie intégrante de la
25 Herceg Bosna, pour vous était-ce aller un peu loin, alors qu'il y avait
Page 22511
1 une majorité relative musulmane dans cette ville.
2 Réponse: Je pense que cela a été mal interprété. Je peux vous
3 dire que les Croates, nous étions à Zenica deuxième peuple par le rang. Je
4 me souviens que le secrétaire du SDS, Branko Kastalhac m'a dit: "Sakic, si
5 nous avions cet appui comme vous, les Serbes, on ne sortirait jamais
6 probablement de Zenica car il savait que nous étions propriétaire des
7 biens et de la terre. Je pense que c'est à cela qu'il pensait.
8 Question: Vous étiez présent ; il se peut que vous vous
9 souveniez encore aujourd'hui de l'esprit qui régnait. Les intérêts de la
10 Croatie vis-à-vis de la Bosnie-Herzégovine était considérée avec une
11 certaine ouverture. Les gens ne rêvaient-ils pas d'être ralliés à la
12 Croatie ?
13 Réponse: Je pense que cela n'a jamais été le cas, et Zenica et
14 ils savaient qu'ils ne pourraient absolument pas y arriver. Et personne ne
15 s'est lancé dans de telles propagandes.
16 Question: J'arrive à 1993. Examinons la pièce 374.2. Il
17 s'agit d'un extrait du compte rendu de la réunion du Conseil municipal du
18 18 janvier 1993 à Zenica ; réunion qui réunissait 120 personnes. Vous
19 figuriez parmi celles-ci. Nous allons voir quels sont vos souvenirs
20 s'agissant de cette réunion. Commençons par le haut.
21 Première partie, je vous en donne lecture lentement : "Les
22 relations se sont détériorées dans plusieurs zones et ces Gornji Vakuf qui
23 présente la situation la plus négative. La déclaration faite par Bojo
24 Rajic, ministère de la défense, a suscité beaucoup d'amertume au sein de
25 la population et on a l'impression que la panique s'est installée parmi
Page 22512
1 les gens.
2 Lors d'une réunion d'une 18 janvier 1993 à Busovaca, nos
3 dirigeants ont rencontré Dario Kordic, Anto Valenta et Ignac Kostroman
4 Conformément à leur avis personne concernant Zenica, ils estiment qu'il
5 faut cesser les pourparlers avec le SDA et assurer la sécurité des zones
6 croates afin que celles-ci rejoignent, dans la mesure du possible, leur
7 territoire d'Herceg-Bosna.
8 Etiez-vous présent à cette réunion où se trouvaient MM. Valenta,
9 Klostroman et Kordic ?
10 Réponse: Je ne peux pas me souvenir. Il y avait 2 agendas que
11 l'on m'a confisqués. J'avais l'habitude d'écrire et de prendre les notes
12 de tout ce qui s'est passé, mais les deux agendas m'ont été confisqués.
13 C'est la raison pour laquelle je ne peux pas vraiment m'y référer. J'ai
14 archivé un certain nombre de documents, mais je ne me souviens pas avoir
15 assisté à cette réunion.
16 Question: Poursuivons, plus loin, au bas de la page et en
17 haut de la page suivante, -désolé de la mauvaise qualité de la photocopie-
18 quelques lignes avant la fin : "M. Blaco Artukovic pense qu'il ne faut pas
19 se précipiter et que son ordre présente une certaine logique, parce que la
20 politique globale soutient un Etat sans armée et qu'il n'y aura que la
21 police. Et si sa province demeure aux mains des Croates, il pense que nous
22 devrions être très contents." Il poursuit en disant que Yvo Jerkovic a
23 estimé qu'il fallait imputer la faute aux Croates parce que les Musulmans
24 sont armés, et il a demandé à M. Kordic ce qu'il pensait du fait que
25 l'armement se poursuive et s'il avait l'intention de l'empêcher."
Page 22513
1 Sakic a répondu a cette question en disant que M. Kordic garde
2 cela sans nul doute à l'esprit, et qu'en ce qui nous concerne, nous devons
3 veiller à réduire les tensions. Nous avons une armée destinée à protéger
4 les Croates et nous ne devons en aucune circonstance livrer nos armes aux
5 Musulmans.
6 C'est bien vous, ce M. Sakic dont il est fait état ici. Il se
7 peut que ce soit le cas.
8 Réponse: Je ne me souviens pas. Je ne peux pas vous aider. Je
9 sais que les Musulmans se sont armés grâce aux Croates et que le HVO de
10 Zenica avait dans ses rangs entre 60 et 70 % de Musulmans.
11 Question: J'aimerais que vous m'aidiez sur l'un ou l'autre
12 point de ce document. Revenons au premier passage dont j'ai donné lecture.
13 En janvier 1993, Kordic, Valenta et Kostroman dans le cadre de
14 pourparler avec le SDA pensaient-ils effectivement qu'il fallait mettre un
15 terme à ces pourparlers et assurer la sécurité ou sécuriser ces zones
16 croates afin qu'elles rejoignent le territoire de l'Herceg-Bosna dans la
17 plus grande mesure possible?
18 Réponse: D'abord, je ne vois pas ce qui est écrit dans le document
19 parce que la copie est mauvaise et puis je ne me souviens pas de la
20 réunion, mais je vous dit que si je pouvais me référer à mes agendas, je
21 pourrais éventuellement vous en dire un peu plus. Mais là les copies sont
22 de mauvaises qualité, je ne vois rien.
23 Question: Je suis désolé de la mauvaise qualité de la photocopie, mais
24 vous devez vous en souvenir parce que vous avez été très précis dans votre
25 déposition. Vous avez parlé d'une attaque qui s'était produite seulement
Page 22514
1 sept jours plus tard. Je vais y revenir d'ailleurs, mais est-il exact que
2 Kordic, Valenta et Kostroman ont décidé qu'il fallait mettre un terme aux
3 pourparlers avec le SDA? Et, si c'est bien le cas, pourquoi est-ce qu'ils
4 ont pris cette décision?
5 Réponse: A Zenica, nous n'avons jamais terminé nos négociations avec le
6 SDA. Nous avons organisé des entretiens, des négociations, nous avons
7 essayé de retourner au pouvoir, c'est par l'intermédiaire des observateurs
8 de la communauté internationale. Nous avons essayé de reprendre nos postes
9 au niveau de la municipalité, moi, j'ai noté tout cela dans mon agenda.
10 Question: Excusez-moi, je vous interromps vu le peu de temps que nous
11 avons. La question, que je vous ai posée, était la suivante: est-ce que
12 Kordic, Valenta et Kostroman avaient pris la décision de mettre un terme à
13 ces pourparlers avec le SDA? Si c'est le cas pourquoi l'ont-ils fait?
14 Réponse: Non, nous n'avons jamais obtenu de telles consignes, jamais de
15 tels ordres ni de propositions de telle nature.
16 Question: Ce compte rendu est signé par Ivanka Akrapovic on le voit au
17 bas de la deuxième page. Veuillez examiner ceci, monsieur. Vous voyez une
18 signature, n'est-ce pas?
19 Réponse: Oui, je la vois.
20 Question: Et lorsqu'on revient au deuxième passage que je vous ai
21 demandé d'examiner. Monsieur Kordic était partie prenante et ceci de façon
22 très étroite avec toutes sortes de choses, notamment le fait d'armer ou de
23 désarmer les Musulmans, n'est-ce pas?
24 Réponse: Je ne sais pas, de quel territoire parlez-vous? Du territoire
25 de Busovaca ou du territoire de Zenica?
Page 22515
1 Question: C'était à Zenica.
2 Réponse: Comment Kordic peut-il s'occuper de désarmer des Musulmans à
3 Zenica. Nous étions une goutte dans la mer. Comment voulez-vous que les
4 Croates s'imaginent de désarmer des Musulmans. Ce n'est pas logique. Cela
5 ne se tient pas.
6 Question: Qui était ce M. Ivo Jerkovic? Où habitait-il?
7 Réponse: Je ne sais pas. Je ne connais pas Jerkovic, c'est une grande
8 famille. Ivo Jerkovic, je ne le connais pas en personne. Je ne pourrais
9 pas vous le dire en ce moment. Je ne sais pas.
10 Question: Est-ce qu'ils viennent de Zenica?
11 Réponse: Il est possible, Jerkovic est du côté de Stranjani, mais il
12 n'avait pas occupé un poste très important au sein du HDZ parce que sinon
13 je le connaîtrais.
14 Question: Dernière question à propos de ce document la voici: si ce
15 document est bien ce qu'il semble être, à savoir un procès verbal d'une
16 réunion, vous semblez être en mesure de parler au nom de M. Kordic sur ce
17 point précis puisque vous dites que M. Kordic garde ceci à l'esprit et
18 ainsi de suite? Etiez-vous très proche de M. Kordic, à l'époque?
19 Réponse: Comment pensez-vous "proche"?
20 Question: Aviez-vous beaucoup à faire dans le cadre de l'administration
21 des affaires de Zenica?
22 Réponse: Non, nous ne nous sommes pas rencontrés souvent, on s'est
23 rencontrés de temps à autre, juste pour se mettre d'accord sur un certain
24 nombre de points politiques, échanger des points de vue, voir quelle est
25 la situation à Zenica, comment les Croates vivent à Zenica pendant la
Page 22516
1 guerre?
2 Question: Nous progressons pour arriver au 26 janvier. Auparavant, je
3 veux m'assurer de vous avoir bien compris. Quand vous avez mentionné les
4 attaques menées contre les Croates de votre région, au mois de janvier. A
5 quel moment se sont situées ces attaques si elles ont eu lieu?
6 Réponse: Une dizaine de jours avant que l'attaque soit effectuée sur
7 Dusina. Il y avait un certain nombre d'incidents qui se sont reproduits
8 plusieurs fois, telle l'arrestation des civils, des soldats. Les gens se
9 plaignaient, venaient nous voir, nous disaient qu'il y n'a plus telle ou
10 telle personne puis la police également était au courant. Moi, j'étais à
11 la tête du HDZ, j'ai été en contact avec Besimir Terinere pendant 15 jours
12 on n'était pas au courant et on ne savais même ce qui s'était passé avec
13 les gens en question.
14 Question: Ceci se limite bien à Zenica, n'est-ce pas?
15 Réponse: Je ne peux pas parler d'autres régions. Je ne peux vous parler
16 que de Zenica, moi, j'ai vécu à Zenica et j'ai eu mes activités à Zenica,
17 à cette époque-là.
18 Question: Vous dites que vous ne pouvez pas parler d'autres régions,
19 mais dans votre résumé, vous affirmez être en mesure de le faire puisque
20 vous parlez des attaques dirigées contre les Croates dans la municipalité
21 de Busovaca? Ou se pourrait-il que vous n'ayez aucune connaissance de la
22 nature de ces attaques?
23 Réponse: Si je peux dire que d'après les informations dont nous avons
24 disposé, c'est que les forces se concentraient. On a commencé à couper, à
25 nous couper de Zenica, de Lasva, on enlevait les hommes qui étaient
Page 22517
1 ensemble avec eux dans les points de contrôle; pour qu'ils ne voient pas
2 ce qui se passait. C'est la raison pour laquelle on s'est douté du fait
3 qu'il y avait quelque chose qui se passait, que les forces musulmanes se
4 rassemblaient autour de Kacuni. Un homme de Zenica également qui a été tué
5 au niveau de Kacuni. Les autorités de Zenica ont entrepris les démarches
6 afin que la personne en question qui a été tuée puisse être enterrée à
7 Zenica.
8 Question: Est-ce que vous saviez que les Musulmans de Busovaca avaient
9 été attaqués à la suite d'un incident survenu au barrage routier le 20 ou
10 21 janvier? Etiez-vous au courant de cela?
11 Réponse: Non.
12 Question: Les attaques contre les Croates, les souffrances qu'ils ont
13 subies, pourquoi ceci n'aurait pas été porté à la connaissance des
14 observateurs internationaux qui se trouvaient bien sur place, n'est-ce
15 pas?
16 Réponse: Comment voulez-vous dire. Ils n'étaient pas au courant, soi-
17 disant.
18 Question: Les Croates ont bien connu toutes ces souffrances pendant 10
19 jours, comme vous l'avez dit, je ne sais plus à quel moment. Vous aviez
20 des soldats de la Forpronu qui se déplaçaient dans leur véhicule, dans la
21 région. Vous aviez sur place des observateurs internationaux? Pourquoi
22 n'auraient-ils pas entendu parler ce qui se passait?
23 Réponse: C'est vraiment regrettable. On a transmis à ces gens-là ce qui
24 s'est passé. Je ne sais pas, ça m'a déçu véritablement, c'est la raison
25 pour laquelle je ne fais aucune confiance à aucune organisation
Page 22518
1 internationale et humanitaire. Quand je me suis adressé à une certaine
2 Margaret ou je ne sais pas qui, ce que je devais faire à Zenica, je lui ai
3 demandé de m'aider, de m'assurer, d'assurer ma famille. Je ne savais pas
4 où j'allais partir et elle m'a dit: "Mais je vais vous envoyer à la ligue
5 patriotique à l'hôtel international". C'est comme ça que la communauté
6 internationale avait aidé les Croates. Je ne sais pas.
7 Question: Je veux vous comprendre, monsieur. Est-ce que vous voulez dire
8 que vous avez non pas réprimé peut-être, mais que vous avez retenu
9 délibérément ce récit. Vous l'avez gardé par devant vous parce que vous ne
10 vouliez pas en parler une fois de plus aux observateurs internationaux,
11 vous étiez fatigué de ne pas avoir de réponse de leur part? Est-ce cela ce
12 que vous dites?
13 Réponse: Non je n'étais pas fatigué, moi je donnais des informations,
14 mais j'ai vu qu'il n'y avait absolument pas de réponse et je ne sais pas
15 pourquoi ces rapports ont été égarés. Vous devez savoir que toute la
16 documentation dont nous avons disposé se trouve actuellement dans les
17 mains des Musulmans. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Mes seules sources
18 d'informations sont mes agendas, je vous dis les deux agendas ont été
19 confisqués par la sécurité. Mais de toute façon si j'en avais, j'aurais pu
20 vous en dire davantage. Je ne sais pas pourquoi elle n'a pas donné de
21 réponse.
22 Question: Nous n'avons pas beaucoup de documents qui nous parlent de
23 Zenica, mais nous allons les parcourir ensemble. Examinons d'abord le
24 document Z 398, au départ, c'était un document repris dans le classeur
25 principal. Je ne sais pas jusqu'à quand nous allons travailler.
Page 22519
1 M. le Président (interprétation): Je crois qu'il faudrait terminer la
2 déposition de ce témoin.
3 M. Nice (interprétation): Oui, je n'ai plus grand chose à examiner avec
4 lui. Document militaire, rapport quotidien de situation en date du 26
5 janvier.
6 Première page, point C: on parle de Vitez et de Zenica. On dit que
7 l'escadron B a eu pour mission d'essayer d'établir qui contrôlait le
8 barrage routier se trouvant sur la route principale, passage routier entre
9 Vitez et Zenica. Et puis, on donne les coordonnées. Ce barrage était
10 composé de deux camions avec des mines placées sous les camions. Monsieur
11 Sakic, vous souvenez-vous de ce barrage routier?
12 Réponse: Il s'agit d'un point de contrôle à Vjetrenice.
13 Question: C'est possible, en tout cas, c'était sur la route entre Vitez
14 et Zenica mais je n'ai pas vérifié exactement quelles étaient les
15 cordonnées exactes.
16 Réponse: Excusez-moi, il y avait les deux points de contrôle à
17 Vjetrenica, de Zenica sur la route de Vitez : il y avait un point de
18 contrôle à Poculica, qui était tenu par les Musulmans, ensuite, il y avait
19 un point de contrôle mixte entre nous et les représentants de la TO.
20 Question: Le rapport se poursuit. On parle de ces deux camions avec les
21 mines qui se trouvaient dessous. On dit que ce barrage était établi entre
22 les lignes de l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, et qu'en dépit de
23 premiers indices selon lesquels le HVO allait enlever les mines, cela ne
24 s'est passé du fait de l'intervention de M. Dario Kordic. Il y a par la
25 suite eu des échanges de coups de feu et que le barrage est toujours en
Page 22520
1 place. Ici, on ne fait pas du tout référence à une attaque qui aurait été
2 menée sur Zenica. On parle d'un certain affrontement à hauteur du barrage
3 routier. Y a-t-il eu une attaque le 26 janvier?
4 Réponse: Je ne me souviens pas. Le 26 Janvier, à Vjetrenica, c'est de
5 cela que vous parlez?
6 Question: En tout cas ailleurs qu'à Ducina et à Lasva les villages que
7 vous avez cités?
8 Réponse: Le 26 Janvier, c'est Ducina qui a été attaquée.
9 Question: Je poursuis. Nous en arrivons au 8 Février. C'est un nouveau
10 document qui porte la cote 450.2. C'est vous qui signez ce document, d'où
11 ma question: "Invitation à une réunion". Le document date du 8 Février
12 1993 et dit: "A la suite des besoins qui se sont faits jour et aussi à
13 cause de l'initiative des commandements de la brigade de Zenica et de
14 Vares, nous vous invitons à une réunion conjointe au cours de laquelle la
15 situation actuelle sur le plan politico-militaire sera évoquée". Et sont
16 citées plusieurs municipalités.
17 En fait, il y avait une activité très proche de la part du secteur
18 militaire et du secteur politique du HVO, comme on le voit ici, n'est-ce
19 pas?
20 Réponse: Oui.
21 Question: En fait, n'était-ce pas qu'un seul et même organe?
22 Réponse: Il s'agissait d'un document aussi bien militaire que
23 politique, car il y a les deux volets mais, si vous le voulez, moi, je
24 peux vous donner quelques précisions au sujet de cette réunion.
25 Question: Vu le peu de temps que nous avons, je ne vais pas vous poser
Page 22521
1 cette question maintenant parce que j'ai obtenu ce que je recherchais.
2 Remontons deux jours dans le temps. Le témoin pourrait-il examiner la
3 pièce 444.1 qu'il convient de poser sur le rétroprojecteur ?
4 Le HVO n'hésitait pas à se comporter ou à avoir des actes de provocation
5 lui-même, n'est-ce pas! vous en conviendrez avec moi à la lecture de ce
6 document?
7 Réponse: La partie civile du HVO? Non, j'en suis certain.
8 Question: Voyons maintenant ensemble le paragraphe n° 4 de ce document
9 en date du 6 Février, deux jours avant le dernier document. On précise
10 ceci au paragraphe 4. "Peut-on indiquer ou faire comprendre à tous les
11 membres du HVO que l'on se fait tort à soi-même en utilisant des modes de
12 saluts fascistes et toutes autres formes de salutations qui évoquent le
13 fascisme.
14 Le studio Zenica de la communauté croate d'Herceg-Bosna peut être utilisé
15 pour que soit effectuée cette mission". Y a
16 vait-il des gens qui empruntaient à des périodes historiques antérieures
17 certains modes de salutation, et cela a-t-il donné lieu à la délivrance de
18 cet ordre?
19 Réponse: Il s'agissait des cas isolés et je crois que c'est négligeable
20 vu la situation complète à Zenica. En effet, si par exemple, un homme
21 buvait un verre et si son père était Oustasa, à ce moment-là, il saluait
22 de cette façon-là, comme vous le dites. C'est la raison pour laquelle on a
23 essayé d'apaiser la situation. Il avait délivré cet ordre mais, de toute
24 façon, je vous dis que ce sont des cas isolés, ces salutations fascistes.
25 Le colonel Stewart, officier, nous a dit, un peu plus tard au cours du
Page 22522
1 mois de février, sur la route de Zenica, il y avait un barrage routier. Et
2 le colonel Stewart voulait qu'il soit démantelé, ce à quoi avait souscrit
3 le général Blaskic, mais Dario Kordic avait insisté pour qu'il soit
4 maintenu.
5 Vous souvenez-vous de cet incident précis ou vous souvenez-vous que Dario
6 Kordic pouvait exercer ce type de pouvoir et prendre ce type de décision?
7 Réponse: Sur les points de contrôle de Zenica, j'étais en négociations
8 politiques avec le président à la présidence de guerre. Nous avons tout le
9 temps parlé de la composition des équipes au sein des points de contrôle.
10 Mais quand il s'agit de ce point de contrôle à Brod, j'ai dit que c'était
11 un point de contrôle qu'il ne fallait pas ériger. C'était à côté d'un
12 village purement croate et je me suis dit qu'on pourrait éventuellement
13 avoir des problèmes si jamais on ne le démantelait pas à temps. Je ne sais
14 pas de quel point de contrôle vous parlez. Je vous l'ai déjà précisé tout
15 à l'heure.
16 M. Nice (interprétation): Ce sera le dernier passage que
17 j'aimerais que vous examiniez. Nous sommes maintenant vers le milieu du
18 mois d'Avril 1993. Je voudrais simplement vous poser la question, pour
19 autant que je trouve le passage d'extraits correspondants. Je ne le trouve
20 pas. Il s'agit de la pièce 652.1.
21 Si un document nous faisait apparaître que Enver Hadzihasanovic,
22 le 13 Avril, disait qu'il y avait ni amélioration ni détérioration dans
23 les relations entre les Musulmans et le HVO, pensez vous, que s'agissant
24 de la période concernée, il avait raison mais qu'il y avait un état de
25 tension bien installé?
Page 22523
1 M. Sakic (interprétation): Je n'ai pas entendu son discours et
2 je ne sais pas s'il a été transmis par la radio ou par un quelconque
3 centre.
4 Question: Je poursuis. Examinons maintenant le document 693.
5 Excusez-moi, je ne vous ai pas informé de ce que j'allais examiner tout
6 cela au cours de la pause. Rapport d'un observateur. Je soumets la page
7 qui m'intéresse. Veuillez la poser sur le rétroprojecteur. Elle concerne
8 le 17 Avril. A cette date du 17 Avril, y avait-il déjà eu une attaque ou
9 était-elle sur le point de se produire ? Quand était-il?
10 Réponse: J'ai déjà expliqué lors de ma déposition, lors de
11 l'interrogatoire principal, quand la défense m’avait posé les questions,
12 j’ai dit que une fois que Zivko Totic a été enlevé, quand son escorte a
13 été tuée, c’était le 15. Et Par conséquent le 16, le 17, le18 Zenica a été
14 assiégée, bloquée. Les gens ne pouvaient pas se rendre au travail, ne
15 pouvaient pas prendre des cars. Des points de contrôle ont été érigés.
16 N’importe qui qui en avait l’idée, pouvait ériger un point de contrôle.
17 Il n’y avait pas un hameau, une rue sans point de contrôle. Ces gens-là
18 qu'on aurait dû enterrer, on ne pouvait même pas les enterrer. On ne
19 pouvait pas se rendre sur le cimetière parce qu’il y avait un point de
20 contrôle. C'est là où le chaos a commencé. Zivko a été enlevé. Nous avons
21 demandé qu’on le relâche. Pour moi c’est ça le début…C'est la raison pour
22 laquelle j'ai demandé la réunion. C’est le 17 on ne pouvait plus se rendre
23 à Kajdac même à trois kilomètres. On avait arrêté le conducteur. On lui
24 avait pris une arme, même devant le bâtiment de la mairie.
25 Question: Excusez-moi de vous interrompre, Monsieur. Par
Page 22524
1 conséquent, l'officier nous dit que la situation à Zenica était calme
2 pendant la journée, mais qu'il y a des tensions apparentes du fait de
3 combats qui se déroulent dans la région de Vitez, dans la zone de Vitez.
4 A-t-il bien traduit la façon dont se présentait la situation.
5 Réponse: Je ne sais pas ce qu'il avait pensé. Moi, je n'étais
6 absolument pas au courant de la situation à Vitez. Je n'étais pas en
7 communication avec les gens. A partir du moment où on ne pouvait pas se
8 rendre à Kajdac à partir de Zenica, alors comment voulez-vous que je sache
9 ce qui s’était passé à Vitez, à Rudaski Dom où il y avait le siège des
10 autorités civiles. Je ne pouvais pas me déplacer, circuler à pied, s'il
11 n’y avait pas un véhicule qui venait me chercher.
12 Question: Je voudrais que vous m'aidiez sur ce point. Je
13 vais le faire de façon générale, même s’il nous faut examiner pour cela
14 quelques documents. Est-ce que à ce moment-là, ou est-ce que d’autres
15 faisant partie du HDZ à ce moment-là étaient inquiets à propos de ce qui
16 s'était passé à Ahmici.
17 Réponse: Je ne savais même pas que quelque chose s'était passé
18 Ahmici. Jusqu'au 17 ou 18 à Zenica on n’était même pas au courant q
19 De ce qui c’était passé à Ahmici.
20 Question: Mais vous connaissiez les protestations qui sont
21 formulées aujourd'hui, n'est-ce pas ? Les protestations du HVO le 17 avril
22 ou dans les jours qui ont suivi. Vous admettez que ces protestations
23 étaient exagérées et qu'elles voulaient sans doute masquer un autre
24 événement.
25 Réponse: Moi, je ne crois pas.
Page 22525
1 Question: Je voulais passer en revue un certain nombre de
2 documents. Je ne sais pas si la Chambre m’y autorise.
3 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice, faites-le le
4 plus rapidement possible, je vous prie.
5 M. Nice (interprétation): Oui, absolument. Le document 696 je
6 vous prie. Vous le voyez. Ce document daté du 17 avril, il est
7 dactylographié en anglais bien que signé par Kljuic et Kostroman et
8 Kordic. Donc dactylographié, signé. Nous voyons la date du 17 avril.
9 Ce document porte sur Zenica. Nous y lisons, je cite :"Nous vous supplions
10 de faire tout ce qu'il est possible pour protéger les Croates de Zenica
11 qui subissent une énorme agression des forces Moudjhaiddin. Nous demandons
12 de l'aide pour l'évacuation des Croates de Zenica en direction de
13 Kajdrac". Fin de citation. Ensuite je vous présente le reste des documents
14 de façon simultanée. Peut-être que cela nous permettra d'aller un peu
15 plus fîtevite.
16 Le documents 701. 1.
17 Réponse: Mais, puis-je vous répondre tout de suite au sujet de ce
18 document. Celui-ci n'est jamais arrivé jusqu'à moi ou jusqu’au HDZ ou
19 jusqu’à un quelconque Croate de Zenica. En tout cas ceux que je connais
20 qui auraient pu décider, ou faire quelque chose correspondant à ce qui est
21 écrit ici. Le 17 on ne pouvait pas circuler. Je vais vous dire, le17 il
22 était impossible de franchir ne serait-ce qu'un kilomètre ou deux. Alors
23 ne parlons pas de transmettre un document. Par quel chemin, je me le
24 demande. Je ne sais pas pour qu'il arrive jusqu'à nous.
25 Question: Voyons le document 701.1. Je vous demande de voir ce qui est
Page 22526
1 écrit au sujet des forces musulmanes. Je sais que les attaques des forces
2 musulmanes ne perdent pas d'intensité parce que les combats sont intenses
3 et ensuite on a le greffe. On trouve les mots, je cite : "des forces
4 considérables se déplacent de Zenica vers Vitez. Des attaques importantes
5 provenant de Zenica visent Busovaca en passant par Kuber.
6 Nos forces réussissent à résister aux attaques de l'agresseur qui
7 continuent à amener des forces fraîches de Zenica, Visoko et Kakajn. La
8 situation dans la zone de responsabilité de la brigade de Zenica est très
9 tendue. Cependant, aucun conflit ne s'est encore ouvertement déclaré." Fin
10 de citation.
11 Monsieur, êtes-vous en train de dire que les conflits étaient déjà
12 ouvertement déclarés à cette date, depuis la date du 17 avril?
13 Réponse: Il y en avait surtout dans la direction de Kuber. C'est l'une
14 des routes qui mènent vers Busovaca. Je ne connais pas très bien la route
15 plus loin, mais là-haut, il y avait déjà quelques opérations de combat et
16 ce genre de chose.
17 Question: Regardons maintenant le document 707.1 de l'ECMM qui rend
18 compte de la période allant du 10 au 17 avril.
19 On y parle de Zenica, et au bas de la première page, il est question de
20 Totic; nous n'y revenons pas. En haut de la page 2 à quelques centimètres
21 du haut de la page, il est question de Zenica. Je cite: "les tensions sont
22 toujours présentes dans la ville. De nouvelles réunions sont organisées
23 pour maintenir le calme dans la ville"
24 Plus bas, nous lisons: "des tensions accompagnées de tirs de tireurs
25 embusqués pour la journée du 17. Des réunions sont organisées avec tout
Page 22527
1 les représentants municipaux etc."
2 Est-ce bien votre position que de dire qu'aucune attaque n'a eu lieu
3 contre Zenica le 17?
4 Réponse: Je ne sais pas ce que vous entendez par attaque contre Zenica.
5 "Attaques contre les unités croates de Zénica". Qui va attaquer Zenica ?
6 Les Musulmans ne vont pas s'attaquer à eux-mêmes. Ils ont attaqué nos
7 unités le 17 déjà, en soirée. Vers 18 heures, le HOS qui s'était déjà
8 regroupé au moins une dizaine de jours avant notre chute, qui est arrivé
9 chez nous en provenance de l'armée de Bosnie-Herzégovine; c'est là que
10 leur commandant, Rolban, qui était déjà devenu complètement fou, parce que
11 tout le monde avait été arrêté, les canons avaient été pris; Bijoraca
12 était tombé et je ne parle pas des autres villages voisins.
13 Question: Dernier document que j'aimerais vous soumettre : le document
14 708. Nous avons un texte original en anglais. Signé par M. Blaskic, signé
15 en date du 18 avril. Nous voyons une protestation qui se lit comme suit:
16 "Dans leur attaque importante contre les villages croates de la
17 municipalité de Zenica, les forces musulmanes utilisent toute leur
18 bestialité et leur cruauté ainsi que leur désir évident de détruire tout
19 ce qui est croate dans la ville de Zenica en tant que telle."
20 "Les arrestations, les harcèlements et pillages de civils, femmes et
21 enfants se poursuivent depuis longtemps déjà. Les hommes arrêtés sont
22 jetés sous les chars."
23 Ensuite, il est demandé aux militaires, à la Forpronu, en tout cas aux
24 destinataires, de défendre la population croate de Zenica sans retard et
25 de faire en sorte que celle-ci soit évacuée, et d'exécuter les mandats
Page 22528
1 destinés à empêcher, à faire cesser l'attaque musulmane contre le village
2 de Kajdrak."
3 La lettre se poursuit : "selon les éléments dont nous disposons, ces
4 allégations n'ont jamais été étayées; des officiers sont allés enquêter et
5 n'ont rien trouvé qui puissent étayer ces allégations."
6 C'est la déposition de Bagasen qui nous dit cela. En fait, il a été de
7 demandé au HVO d'appuyer ces allégations au sujet des événements de Zenica
8 et rien n'est venu.
9 Alors, dites-vous que ces déclarations étaient exagérées à Zenica à
10 l'époque?
11 Réponse: Eh bien, je ne sais pas. Regardez, je vous prie, les
12 déclarations qui sont arrivées après les combats de Kozarac, au cours
13 desquels une petite fille d'un an ou deux a été tuée, au cours duquel un
14 vieil homme de 90 ans a été tué dans son jardin, tout comme son frère de
15 86 ans.
16 Donc, je ne dis pas que c'est exagéré, au contraire.
17 Il y a une chose que je tiens à vous dire: Bozo, un homme qui est mort à
18 Kajdrak le 19 ou le 20, je ne saurais le dire avec une certitude absolue,
19 mais le Cardinal Pulic et Garnic peuvent vous le confirmer.
20 En tout cas, j'étais à l'église et il m'a demandé, par téléphone: "Sakic,
21 je t'en prie, as-tu une idée ? Sais-tu ce qu'il faut faire parce que les
22 régions autour de Kajdrak sont en feu. Toutes les maisons brûlent les unes
23 après les autres. Que faut-il faire?"
24 Il y a un homme, dont je ne dirai ni le nom ni le prénom, un avocat de
25 Zenica est venu me voir à l'église. Il m'a demandé si je pouvais l'aider,
Page 22529
1 et j'ai été informé que Karnic et Petkovic viennent pour parler à
2 l'internationale.
3 Question: Je dois vous interrompre. Je ne voudrais pas être injuste à
4 votre égard compte tenu de la question que je vous ai posée, mais
5 j'aimerais que nous en terminions avec cette question, après quoi, je n'en
6 aurai plus qu'une à vous poser, car nous avons aussi entendu des
7 dépositions….
8 Réponse: Ecoutez, je suis en train de vous répondre et vous me dites…
9 Je vous réponds et j'ai dit que par l'intermédiaire du Cardinal Pulic,
10 j'ai eu un rendez-vous, une réunion avec Karnic à l'Internationale. Il y
11 avait moi, le curé de l'église, et Karnic a parlé ce soir-là. Nous avons
12 aussi rencontré Osmanovic, et tout le monde a affirmé qu'il n'y avait pas
13 de mort, qu'il n'y avait pas de problème.
14 Et quand je suis arrivé devant Karnic, je lui dis d'amener ici Osmanovic
15 et Dzemo, que l'on discute de tout cela!
16 Ils m'ont dit : "Mais que se passe-t-il, Sakic ? Ce n'est pas vrai que les
17 maisons brûlent les unes après les autres". Moi, j'ai dit que j'étais là-
18 haut, et que j'ai vu comment on arrêtait les gens dans la rue; je l'ai vu
19 par la fenêtre de l'église. J'ai vu que l'on jetait les gens dans des
20 camionnettes. On leur demandait leurs papiers qu'ils montraient. Je
21 suppose que c'était un papier montrant s'ils étaient Musulmans. S'ils
22 étaient Musulmans, ils passaient; s'ils étaient Croates, on les jetait
23 dans la camionnette et on les amenait vers une destination inconnue.
24 Et heureusement..
25 Question: Nous avons aussi entendu Morsing, pages 8008 et 8019 de sa
Page 22530
1 déposition, qui nous a dit que Cerkez avait protesté contre des massacres
2 dans la municipalité de Zenica du côté de la colline de Kuber, qu'il y a
3 eu enquête et que ces événements se sont avérés inexacts. C'était à peu
4 près la même période, celle du 18.
5 Pouvez-vous commenter cela? Ces événements ont-ils eu lieu sur la colline
6 de Kuber ou est-ce quelque chose que M. Cerkez a exagéré pour une raison
7 ou pour une autre.
8 Réponse: De quel Cerkez parlez-vous?
9 Question: De Mario Cerkez.
10 Réponse: De Vitez? Je vous ai dit que je l'ai vu une fois dans ma vie,
11 et je ne…
12 M. le Président (interprétation): Savez-vous ce qui s'est passé sur la
13 colline de Kuber? C'est cela la question qui vous a été posée, monsieur
14 Sakic. Si vous ne le savez pas, dites le simplement.
15 Réponse: J'ai dit que sur le mont Kuber, selon les informations dont
16 je dispose, j'ai été à la réunion à la mairie le 17 et là-haut, il y avait
17 des combats. De cela, j'en ai été informé.
18 Ce qui se passait là-haut et comment cela se passait, je ne le sais pas.
19 M. Nice (interprétation): J'aurais voulu montrer un autre document au
20 témoin. Je n'ai pas été en mesure de présenter tous les arguments à propos
21 de Zenica, mais je suppose que j'en ai fait assez.
22 M. le Président (interprétation): Oui, vous avez bien présenté le sujet.
23 Maître Naumovski, je vous donne la parole brièvement.
24 M. Naumovski (interprétation): Un éclaircissement, je vous prie. Vous avez
25 parlé de M. Karnic et vous avez donné son nom de famille. Pour que tout
Page 22531
1 soit clair pour les Juges, je vous demande si M. Karnic était bien membre
2 de la présidence de Bosnie-Herzégovine à l'époque, et Musulman, n'est-ce
3 pas?!
4 Réponse: Oui.
5 Question: Mes questions seront très courtes. Le village croate de Ravno
6 se trouve sur le territoire de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas?
7 Réponse: Oui.
8 Question: Vous avez parlé d'une réunion organisée en octobre 1991 à
9 laquelle M. Kljuic a également participé. A ce moment-là, vous avez parlé
10 uniquement de ce qui a été au cours de la réunion?
11 Réponse: Oui.
12 Question: Vous aviez dit que vous n'étiez pas un homme politique, que
13 vous avez consacré toute votre vie à votre profession d'ingénieur et que
14 depuis 1990, vous avez essayé d'aider un peu.
15 Devions-nous comprendre que vous n'étiez pas homme politique de vocation?
16 Réponse: Oui, ce que je voulais dire, c'est que je n'ai jamais levé le
17 doigt à une quelconque réunion une seule fois dans ma vie pour demander la
18 parole ou participer à la discussion.
19 Question: Mais alors, ne vouliez-vous pas remplir les fonctions et les
20 responsabilités ?
21 Réponse: Je les ai remplies et je l'ai fait tout de suite pour me
22 battre contre le communisme.
23 Question: Il a été question ici aujourd'hui du 23 décembre 1992 à Zenica
24 et de la cérémonie organisée ce jour-là. Au compte rendu, nous avons la
25 pièce Z 330. Je vous demande si vous vous rappelez avoir entendu M. Kordic
Page 22532
1 dire ce qui suit, je cite: "Nous n'empêchons pas le peuple Musulman de se
2 battre à fond, y compris pour tout ce qui lui appartient. Nous sommes
3 prêts à aider le peuple Musulman dans cette entreprise de façon à faire
4 ensemble ce que nous devons faire". Fin de citation.
5 Réponse: Oui, je crois que c'est à peu près dans ce sens-là qu'il s'est
6 exprimé.
7 Nous ne les aurions pas invités si nous avions voulu dire quelque chose
8 qui était contre les Musulmans parce que là il y avait les représentants
9 de l'Armija, de la défense territoriale, du MUP, du SUP; ils étaient tous
10 là.
11 Question: A cette cérémonie?
12 Réponse: Oui.
13 Question: Quand vous parlez du SDA, vos tentatives de discussion avec le
14 parti SDA à Zenica n'ont-elles jamais cessées?
15 Réponse: Jamais, jamais. Mais je peux vous affirmer que ces
16 observateurs européens, je les appelle comme cela, je ne sais pas quelles
17 sont leurs fonctions et quel est leur nom et leur prénom, mais je peux
18 vous affirmer que ce sont eux qui ont essayé de nous mettre dos à dos avec
19 le SDA. Mais enfin, c'étaient des jeux tout cela.
20 Question: On vous a montré le document Z450.2, la convocation pour cette
21 réunion où à droite on a la signature de Zivko Totic en tant que
22 commandant et à gauche votre signature en tant que représentant civil du
23 HVO.
24 Je vous demande si dans la ville de Zenica il y avait un élément civil du
25 HVO et un élément militaire? Et est-ce que ces deux éléments
Page 22533
1 fonctionnaient séparément ou ensemble?
2 Réponse: Ils fonctionnaient séparément. Le bras civil apportait son
3 aide au bras militaire dans la mesure du possible. Il y avait des gens qui
4 arrivaient de Varez, de Kakanj et nous nous sommes tous trouvés en Bosnie
5 centrale dans une situation impossible, car nous n'avions plus eu la
6 possibilité de recevoir de l'aide, etc, etc.. Il fallait bien que nous
7 asseyions de voir ce que nous pouvions faire.
8 Question: Au début quand nous avons parlé des éléments qui vous
9 identifiaient, nous avons dit qu'après le mois de novembre 1992, vous avez
10 y compris cessé de vous occuper de logistique, n'est-ce pas?
11 Réponse: Oui, quand la brigade est passée directement sous le
12 commandement du général Blaskic là-haut, au commandement de la Bosnie
13 centrale. A ce moment-là, je n'ai plus fait ce travail.
14 Question: Pour que les Juges aient une image complète des événements de
15 Zenica, je vous demande si nous pouvons nous mettre d'accord sur un fait?
16 Etes-vous d'accord sur le fait que Zenica est l'une des plus grandes
17 villes de Bosnie-Herzégovine?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Donc il n'est pas question d'une petite ville?
20 Réponse: Non, ni de province ni d'une petite ville, mais d'une ville de
21 140.000 habitants.
22 Question: Merci.
23 Monsieur le Président, j'aurais peut-être encore quelques questions, mais
24 je crois qu'il est déjà assez tard et donc j'en ai terminé.
25 Merci, monsieur Sakic. Merci, Monsieur le Président
Page 22534
1 M. le Président (interprétation): Merci, monsieur Sakic d'être venu
2 témoigner. Vous pouvez vous retirer.
3 Nous suspendons l'audience jusqu'à 9 heures 30 demain matin.
4 (L'audience est levée à 16 heures 30)
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25