Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   (Mercredi 13 septembre 2000.)

  2   (Audience publique.)

  3   L'audience est ouverte à 9 heures 35.

  4   (Le témoin, Anto Zirdum, est introduit dans le prétoire.)

  5   M. le Président (interprétation): Oui, Maître Kovacic?

  6   (Suite de l'interrogatoire principal de M. Zirdum par Me Kovacic)

  7   M. Kovacic (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Bonjour,

  8   Monsieur Zirdum.

  9   M. Zirdum (interprétation): Bonjour.

 10   Question:   Hier, à la fin de l'audience, vous étiez en train de nous

 11   décrire les événements dans la région de Gacice où vous avez été affecté

 12   jusqu'à la fin du conflit et vous nous avez expliqué quelles étaient vos

 13   fonctions. Vous avez mentionné également la chute de Bobasi, lorsque vous

 14   êtes venu sur ces positions. Est-ce exact?

 15   Réponse:    Oui. C'est exact.

 16   Question:   Une seule question encore à propos de cela. L'armée de Bosnie-

 17   Herzégovine a-t-elle obtenu une position stratégiquement améliorée, suite

 18   à la chute de Bobasi, lorsqu'ils sont venus dans la région, du point de

 19   vue du contrôle de la ville et d'une partie de la vallée? Ou bien, si elle

 20   souhaitait lancer une action, est-ce qu'il aurait été plus facile de

 21   couper l'avancée des forces ennemies depuis là-bas, d'après vous, compte

 22   tenu de votre expérience militaire?

 23   Réponse:    A mon avis, ils ont amélioré très peu leurs positions

 24   stratégiques, mais ils se sont rapprochés de la ville et ils

 25   représentaient un danger plus important pour la population dans la ville


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  1   elle-même, dans la partie de la ville qui était la plus densément peuplée.

  2   Question:   Merci. Au cours de 1992, lorsque vous étiez journaliste, et

  3   durant la première partie de l'année 1993, et puis aussi plus tard, en

  4   tant qu'officier chargé des informations et de la propagande, vous aviez

  5   accès au moins de temps en temps à toutes sortes d'informations qui

  6   étaient communiquées au sein du HVO. Est-ce exact?

  7   Réponse:    Je n'avais pas directement accès à ce genre d'informations,

  8   mais indirectement, dans ce travail de journaliste, j'avais accès à toutes

  9   sortes d'informations. Souvent, j'ai assisté à des conférences de presse

 10   et à d'autres endroits où les contacts avec les médias étaient organisés.

 11   Dans le cadre de ces rassemblements-là, j'ai obtenu beaucoup

 12   d'informations.

 13   Question:   A partir du moment où l'on vous a confié exclusivement des

 14   tâches militaires, c'est-à-dire à partir du moment où vous devenez soldat

 15   sur la ligne de front, vous n'alliez plus assister aux conférences de

 16   presse?

 17   Réponse:    Non.

 18   Question:   Concernant cela, est-ce que vous pouvez nous dire si vous avez

 19   jamais reçu des instructions ou bien est-ce que vous avez entendu dire

 20   qu'il y a eu des instructions, des directives indiquant que le HVO ou la

 21   Communauté -et par la suite la République- croate d'Herceg-Bosna avait

 22   pour but de faire sécession par rapport à la République de Bosnie-

 23   Herzégovine?

 24   Réponse:    Je n'ai absolument jamais reçu de directive suggérant

 25   d'expliquer ce genre de démarche aux soldats, puisqu'il ne faut pas


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  1   oublier que les soldats ressentaient le besoin de recevoir beaucoup

  2   d'explications, y compris en ce qui concerne les buts de la lutte, même

  3   s'il était clair que notre seul but était la défense. Mais pendant des

  4   périodes un peu plus calmes, les hommes souhaitaient voir une image

  5   d'ensemble de la situation. J'ai donc pu m'entretenir avec eux, mais je

  6   n'ai absolument jamais reçu, pas même l'indice d'une telle directive

  7   indiquant que, parmi les buts de la lutte du HVO, se trouvait également la

  8   sécession.

  9   Question:   Est-ce que vous avez jamais entendu dire ou appris qu'il y

 10   aurait eu des directives indiquant que le nettoyage ethnique était

 11   souhaitable? Là, je parle de l'expulsion d'autres groupes ethniques, de

 12   leur déplacement de certaines régions.

 13   Réponse:    Pendant que moi, j'étais l'adjoint chargé des informations et

 14   de la propagande, on ne parlait même pas et absolument pas de ce genre de

 15   choses. On ne songeait même pas au déplacement de qui que ce soit, aux

 16   expulsions de qui que ce soit. On disait simplement que le peuple croate

 17   devait définir jusqu'au bout une position sur le pied d'égalité avec les

 18   autres en Bosnie-Herzégovine.

 19   Question:   Merci beaucoup. Je souhaite maintenant aborder encore deux ou

 20   trois autres sujets divers, conformément au point 4 du résumé. Vous avez

 21   effectué beaucoup de reportages dans la partie de la ville que nous avons

 22   mentionnée; vous avez parlé avec beaucoup de personnes. Est-ce que vous

 23   avez eu l'occasion de parler avec des personnes au moment où elles étaient

 24   relâchées de l'immeuble du cinéma, relâchées de leur détention?

 25   Réponse:    Oui.


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  1   Question:   Dites-nous tout d'abord, s'il vous plaît, combien de personnes

  2   avez-vous abordées afin qu'elles fassent une déclaration pour la presse?

  3   Réponse:    Les gens sortaient, ils étaient en train de signer quelques

  4   documents et, lorsqu'ils sortaient, je leur ai demandé de m'accorder une

  5   interview. Je crois que j'ai approché une dizaine de personnes et je crois

  6   que seulement deux personnes avaient refusé. Ces gens-là savaient qui

  7   j'étais et, parfois, soit ils ne souhaitaient pas dire quelque chose

  8   devant la télé, soit ils étaient un peu timides et intimidés par le média

  9   même de la télévision, mais les autres ont fait une déclaration.

 10   Question:   Au fond, en ce qui concerne leurs déclarations, est-ce que

 11   vous pouvez les décrire, les classer? Qu'ont-ils dit au fond?

 12   Réponse:    Je souhaitais savoir quel traitement ils avaient reçu et ils

 13   ont tous dit qu'on les avait traités de manière correcte. Certains d'entre

 14   eux souhaitaient faire appel aux Croates, aux Musulmans et aux leaders des

 15   deux partis de résoudre les malentendus au plus vite de manière politique,

 16   afin de calmer la situation et calmer le conflit, résoudre le conflit. Un

 17   certain nombre de personnes ressentaient le besoin fort de l'exprimer. Ils

 18   parlaient également de leurs amitiés, ils disaient que ces liens d'amitié

 19   restaient forts et que rien ne pouvait les brouiller.

 20   Question:   Je souhaite maintenant que l'on revienne à quelque chose que

 21   vous avez dit au début également: est-ce qu'à ce moment-là, vous avez

 22   apprécié comme les autres qu'il s'agissait là d'un épisode bref et que la

 23   situation allait se calmer, tout comme c'était le cas auparavant?

 24   Réponse:    Je ne sais pas combien de personnes le croyaient à l'époque,

 25   mais je pense qu'à ce moment-là, la plupart des gens croyaient encore


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  1   qu'il s'agissait d'un épisode bref. Je pense qu'une minorité estimait

  2   qu'il s'agissait d'un conflit réel et durable qui allait suivre sa propre

  3   dynamique, qui ne pouvait pas être évité. Je pense que la majorité pensait

  4   qu'il s'agissait là d'un conflit qui pouvait être résolu par le biais de

  5   négociations politiques, puisque les négociations politiques se

  6   déroulaient déjà, mais le temps a montré par la suite que ces négociations

  7   politiques n'ont pas suffit pour résoudre le problème.

  8   Question:   Très bien. Vous avez parlé du moment où les personnes

  9   internées quittaient le cinéma; vous avez dit qu'elles signaient un

 10   certain document. Est-ce qu'à ce moment-là, la Croix-Rouge internationale

 11   et leurs représentants s'y trouvaient?

 12   Réponse:    Je ne m'en souviens pas exactement, mais je crois qu'ils y

 13   étaient, qu'il y venaient. Mais je ne sais plus si l'on voit cela sur la

 14   séquence vidéo ou pas. De toute façon, ils y étaient ces jours-ci.

 15   Question:   Très bien. Au cours de vos contacts, compte tenu du fait que

 16   vous veniez dans ce bâtiment tous les jours -puisque c'est là que se

 17   trouvait votre bureau- et compte tenu du fait que vous connaissiez dans

 18   l'immeuble la manière dont ces personnes étaient traitées, est-ce que ces

 19   déclarations étaient conformes à l'impression que vous avez eue au cours

 20   des quinze derniers jours?

 21   Réponse:    J'étais en communication tous les jours avec ces gens-là.

 22   Beaucoup d'entre eux étaient des amis à moi, je leur apportais de la

 23   nourriture, je leur apportais des choses dont ils avaient besoin, comme de

 24   nouveaux vêtements ou des choses comme ça. J'aillais voir leur famille

 25   pour leur dire que tout allait bien, qu'il n'y avait pas de raison de


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  1   s'inquiéter. J'étais donc sans arrêt en contact avec eux et il n'y a pas

  2   eu d'incident, pas du tout. Si, il y a une sorte d'incident, mais il

  3   s'agissait d'une situation où deux personnes internées se sont disputées.

  4   Il y a eu une bagarre entre eux et quelqu'un est intervenu pour les

  5   séparer.

  6   Question:   Il n'y a pas eu d'autres incidents que vous auriez vus?

  7   Réponse:    Je n'en ai pas vu et je n'en ai pas entendu parler non plus;

  8   s'il y en avait eu, je l'aurais su.

  9   Question:   Cet endroit où les personnes étaient internées, est-ce que

 10   ceci ressemblait à un camp ou bien peut-on décrire cela d'une autre

 11   manière? Comment le décririez-vous, compte tenu de toutes les

 12   caractéristiques en ce qui concerne le système, le fonctionnement, etc.?

 13   Réponse:    Le mot de "camp" a une connotation gravissime, mais ce n'était

 14   certainement pas un camp, sinon moi aussi j'aurais pu dire que j'étais

 15   interné dans un camp. En ce qui concerne le système lui-même, ceci ne

 16   ressemblait pas du tout à un camp. En ce qui concerne les conditions, on a

 17   tout fait afin de permettre aux personnes internées de fonctionner au

 18   mieux de leurs possibilités. Au début, la situation et les conditions

 19   étaient très mauvaises, mais j'ai vu qu'au fur et à mesure, on parlait des

 20   conditions sanitaires, des toilettes. Puis j'ai vu qu'à partir d'un

 21   certain moment, on a créé tout ça, les gens ont commencé à entrer, à

 22   sortir librement. Je sais qu'un ami m'avait dit qu'au début il y avait une

 23   chaleur infernale en bas, qu'il faisait très très chaud, mais que, par la

 24   suite, au bout d'un ou deux jours, les choses se sont améliorées, la

 25   communication était possible avec les membres de la famille et que le


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  1   régime est devenu très libéral. Tout le monde pouvait leur parler; moi,

  2   j'y allais, je m'asseyais avec des amis à moi, je leur apportais des

  3   cigarettes, etc.

  4   M. Kovacic (interprétation): Vous avez mentionné qu'au cours des deux

  5   premiers jours, la situation était mauvaise. Vous dites qu'elle était

  6   mauvaise à cause des conditions objectives qui régnaient ou bien est-ce

  7   que…

  8   M. le Président (interprétation): Permettez au témoin d'expliquer pourquoi

  9   les conditions étaient mauvaises.

 10   M. Kovacic (interprétation): Donc, au cours des deux premiers jours,

 11   pourquoi les conditions étaient-elles mauvaises?

 12   Réponse:    Puisqu'il s'agissait d'une cave dans laquelle beaucoup de

 13   personnes avaient été placées. Donc, jusqu'au moment où l'on s'est rendu

 14   compte du fait que la cave était bondée et qu'ils avaient trouvé d'autres

 15   solutions, c'était difficile. Je ne savais pas, mais j'ai vu à partir d'un

 16   certain moment un ami à moi qui était sur l'escalier et qui m'a dit qu'il

 17   avait besoin d'une couverture; je suis donc allé voir sa famille et je

 18   leur ai dit qu'il avait besoin d'une couverture. Donc, les gens n'étaient

 19   pas prêts, ils n'étaient pas préparés, y compris les personnes internées.

 20   Parce que, par la suite, les personnes internées savaient qu'elles

 21   devaient se préparer un peu et puis, par la suite, le régime est devenu

 22   tout à fait libéral et tout à fait normal. Donc les conditions qui

 23   régnaient ou qui pouvaient exister dans cet immeuble ont été exploitées au

 24   maximum, au mieux. Mais, de toute façon, il s'agit d'un immeuble qui ne

 25   ressemble pas du tout à un camp.


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  1   Question:   Monsieur Zirdum, dites-nous, s'il vous plaît, est-ce que les

  2   personnes internées pouvaient recevoir des visites de leurs amis, des

  3   membres de leur famille qui pourraient leur apporter certaines choses?

  4   Réponse:    Les femmes arrivaient, oui, elles apportaient de la

  5   nourriture, elles leur donnaient cela sur l'escalier. Moi, je suis allé

  6   parfois chez la famille des personnes que je connaissais afin de leur

  7   apporter des choses.

  8   Question:   Lorsque vous étiez en communication avec certaines des

  9   personnes internées, est-ce que vous deviez vous cacher en le faisant?

 10   Réponse:    Moi, je me déplaçais librement et eux aussi se déplaçaient

 11   librement. On se voyait dans les couloirs, parfois, ils y allaient pour

 12   aller aux toilettes. Toutes les portes étaient ouvertes et tout le monde

 13   pouvait entrer dans les pièces librement, y compris eux-mêmes. Ils

 14   pouvaient se déplacer complètement librement au sein de cet immeuble, mais

 15   bien sûr chacun avait un endroit qui était le sien, donc je suppose que,

 16   par la suite, ils rentraient. De toute façon, on se rencontrait beaucoup

 17   et, à la radio télévision, nous avions même un téléphone et certains

 18   d'entre eux venaient téléphoner depuis notre bureau. A partir d'un certain

 19   moment, tout le monde souhaitait téléphoner, puis on leur a dit de le

 20   prendre un peu plus lentement. Ils souhaitaient contacter leur famille

 21   pour que leur femme et leurs enfants ne s'inquiètent pas, leur expliquer

 22   que tout allait bien. Ils ne souhaitaient pas envoyer le message par le

 23   biais de moi-même, mais de vive voix, donc, malgré notre règlement, j'ai

 24   compris leur besoin et je leur ai permis de venir téléphoner à partir de

 25   notre bureau.


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  1   Question:   Merci. Une seule question encore à ce sujet: est-ce que vous

  2   avez remarqué, sur la base de quelque indice que ce soit, à quelle armée

  3   appartenaient les soldats qui assuraient la sécurité de l'immeuble, qui se

  4   trouvaient devant l'immeuble?

  5   Réponse:    C'était la police militaire. C'étaient de jeunes hommes avec

  6   des ceinturons blancs, donc je savais qu'il s'agissait de la police

  7   militaire. Ils étaient tout à fait corrects. Ils ne m'ont jamais arrêté

  8   lorsque je passais. Je pense que l'ambiance était tout à fait correcte.

  9   Certains d'entre eux, je les connaissais, certains je ne les connaissais

 10   pas, mais je n'entrais pas en détails pour savoir à qui ils appartenaient.

 11   Je savais simplement qu'ils étaient de la police militaire.

 12   M. Kovacic (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 13   je demanderai que l'on passe au huis clos partiel maintenant pour poser

 14   quelques questions où le témoin souhaite éviter de prononcer publiquement

 15   le nom d'un ami.

 16   Mme Thomson (interprétation): Nous sommes en huis clos partiel.

 17   (Audience à huis clos partiel)

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 21   (Audience publique)

 22   M. Kovacic (interprétation): Pendant ces premières journées de conflit,

 23   pouvez-vous nous décrire la situation en ville? Pouvez-vous dire que

 24   l'ordre régnait ou que c'était le désordre qui s'était établi? Ou quoi? En

 25   quelques mots.


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  1   M. Zirdum (interprétation): Pendant les premières journées de conflit, il

  2   est difficile de les décrire parce que, trois journées entières, j'étais

  3   en quelque sorte enfermé dans cette cave. C'était plutôt terrible, parce

  4   que nous étions sous les pilonnages, nous nous occupions justement de ces

  5   travaux pour emménager en quelque sorte notre abri. Nous avons reçu du

  6   sable: hommes, tous que nous étions là, Musulmans et autres, nous avons dû

  7   évidemment protéger au moyen de sacs de sable les fenêtres de ces caves.

  8   J'ai entendu parler de ce qui s'était passé en ville mais,

  9   personnellement, je ne pouvais pas vraiment en avoir une idée précise

 10   quant à ces toutes premières journées difficiles et chaotiques du conflit,

 11   parce que je n'ai rien vu personnellement. Plus tard, venu à la

 12   télévision, j'ai pu voir mieux et saisir davantage ce qui s'était passé;

 13   mais, à ce moment-là déjà, le chaos s'apaisait petit à petit.

 14   Question:   Au cours de la guerre, ne serait-ce que pour parler de ce

 15   temps pendant lequel vous travailliez à la télévision, avez-vous eu des

 16   problèmes quant au matériel pour la technique de télévision et le reste?

 17   Réponse:    Notre télévision était une improvisation pure et simple: tout

 18   était de fortune. Il y avait une pénurie généralisée mais, par contre, il

 19   y avait des jeunes gens de talent, pleins de génie et pleins d'entrain,

 20   qui pouvaient tant bien que mal faire le travail. Il y avait une pénurie

 21   généralisée, on devait toujours entendre des gens dire: "J'ai besoin de

 22   ceci et de cela, etc." C'est comme cela qu'ils bricolaient.

 23   Plus tard, nous nous sommes rendu compte que nous manquions surtout de

 24   bandes vidéo; c'est ainsi que nous avons été obligés de nous servir

 25   d'autres matériels. Déjà, vers la fin, lorsque je devais me rendre à la


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  1   ligne de front, mes collègues ont dû déjà utiliser les anciennes bandes

  2   vidéo. Plus tard, j'ai pu voir que certains matériels ont été déjà

  3   réenregistrés de sorte à libérer un lot de bandes vidéo. C'est ainsi

  4   qu'une bande vidéo servait à plusieurs reprises. Voilà pourquoi je me suis

  5   senti mal à certains moments parce que, tout simplement, je ne pouvais pas

  6   conserver le matériel que je voulais conserver aux archives, parce qu'on

  7   était obligés de tourner et d'enregistrer matériel sur matériel, reportage

  8   sur reportage.

  9   Question:   Cela veut-il dire que les archives de votre matériel vidéo ont

 10   été en totalité déposées?

 11   Réponse:    Je crois que, pour ce qui est des informations, des flashes

 12   qui ont été émis, tout était posé aux archives; le restant des archives

 13   était pratiquement exposé à des improvisions. Par conséquent, les bandes

 14   seraient certainement utilisées à d'autres fins, encore qu'il y avait du

 15   matériel sur ces bandes; ne serait-ce que pour faire un reportage de trois

 16   minutes, on se servait d'une bande, la première qu'on avait à portée de la

 17   main.

 18   Question:   Vous souvenez-vous peut-être de cette toute première journée

 19   de conflit? Excusez-moi, je vais retourner la question: connaissez-vous le

 20   docteur Mujezinovic? Lui est de Vitez.

 21   Réponse:    Je connais le docteur Mujezinovic, tout le monde le connaît à

 22   Vitez.

 23   Question:   Vous rappelez-vous une déclaration faite par lui aux toutes

 24   premières journées du conflit?

 25   Réponse:    Oui, je me souviens: lui, le seul politicien du parti SDA, qui


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  1   était homme d'autorité, étant donné qu'il était médecin et très bien vu

  2   parmi les citoyens, lui, il a fait une déclaration.

  3   Question:   Est-ce que, ne serait-ce que d'une manière floue, vous

  4   pourriez vous rappeler cette déclaration?

  5   Réponse:    Il y avait beaucoup de rumeurs à cette époque-là. L'une de

  6   celles-là portait sur sa mort ou sa disparition, etc. Voilà pourquoi il

  7   voulait tout simplement avertir les gens qu'il ne fallait pas croire

  8   purement et simplement les rumeurs; il voulait simplement faire un démenti

  9   quant à sa disparition ou sa mort. Après, je crois qu'il a profité de

 10   l'occasion pour faire appel aux citoyens, aux structures politiques pour

 11   faire preuve d'une attitude raisonnable et normale pour essayer de

 12   surmonter toutes ces difficultés.

 13   Question:   Avez-vous pu remarquer ou vous rappeler que cette déclaration

 14   a été émise à plusieurs reprises et peut-être toujours dans la même

 15   version ou dans différentes versions?

 16   M. Zirdum (interprétation): Je sais que cette déclaration a été diffusée

 17   dans les meilleures conditions possibles, vraiment dans des conditions

 18   remarquables. Je dirais qu'en totalité, elle a été entendue, mais peut-

 19   être que, dans les informations, pendant les journées qui ont suivi, peut-

 20   être qu'elle a été diffusée en abrégé. Et puis, je crois que cette

 21   diffusion a dû être diffusée aussi par toutes nos antennes. N'oubliez pas

 22   qu'à cette époque-là, nous avons eu la HTV, c'est-à-dire la télévision

 23   croate, la télévision croate par satellite, etc.

 24   M. le Président (interprétation): S'il vous plaît, voulez-vous vous

 25   concentrer sur ce qui nous semble important dans cette affaire. Nous


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  1   pourrions peut-être nous hâter un peu, parce que quarante minutes se sont

  2   écoulées et vous avez dit que ce serait plus court aujourd'hui. Y a-t-il

  3   d'autres questions à poser?

  4   M. Kovacic (interprétation): Juste pendant quelques secondes pour en finir

  5   avec ce volet; j'en finirai. Avez-vous pu conclure ou apprendre que le

  6   docteur Mujezinovic devait faire sa déclaration sous contrainte

  7   quelconque?

  8   M. Zirdum (interprétation): Non, non, nous étions tous souvent ensemble.

  9   Lui était spécialiste de la médecine du travail. On le connaissait bien,

 10   nous étions très très bons amis.

 11   M. Kovacic (interprétation): Je n'ai plus de questions, Monsieur le

 12   Président, excusez-moi d'avoir été un peu plus long que prévu.

 13   M. le Président (interprétation): Monsieur Sayers?

 14   M. Sayers (interprétation): Pas de question pour ce témoin au nom de la

 15   défense de M. Kordic pour la défense.

 16   M. le Président (interprétation): Monsieur Nice?

 17   (Contre-interrogatoire du témoin, M. Zirdum, par Me Nice)

 18   M. Nice (interprétation): Pouvons-nous d'abord nous occuper de cette

 19   partie lorsque nous avons parlé de ce qui était considéré comme nécessaire

 20   de faire en huis clos.

 21   (Audience à huis clos partiel)

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  8   (Audience publique)

  9   M. Nice (interprétation): Pourquoi les Croates de Vitez emprisonnaient-ils

 10   leurs voisins et leurs amis musulmans?

 11   M. Zirdum (interprétation): D'après moi, c'était une question de sécurité

 12   quant à la ville elle-même, pour rendre la vie sûre en ville et pour

 13   assurer évidemment les jours de ces gens-là étant donné la situation

 14   chaotique ; ils risquait de faire objet de harcèlement ou de danger etc.

 15   Question:   Les Croates donc n'avaient guère besoin d'être internés,

 16   n'est-ce pas?

 17   Réponse:    En ville, je ne sais pas si les Croates étaient ou devaient

 18   être internés.

 19   Question:   Monsieur Zirdum, vous vous êtes rendu à un des endroits qui

 20   étaient les lieux d'internement des Musulmans en ville et il y en avait

 21   plusieurs du genre. Pouvez-vous nous dire qu'il y a eu des lieux

 22   d'internement de Croates? Si oui, dites-le nous et où?

 23   Réponse:    Je ne pense pas qu'il y ait eu de tels lieux, à moins qu'il y

 24   ait eu évidemment des sites ou des lieux sous contrôle de l'armée de

 25   Bosnie-Herzégovine. Mais si oui, je ne le sais pas.


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  1   Question:   Je vous remercie. Vous avez dit "probablement", mais ce qui

  2   m'intéresse, c'est de savoir si oui ou non les Croates étaient internés

  3   pour leur propre sécurité. Alors, ils ne l'étaient pas. Mais revenons aux

  4   Musulmans. De quoi devait-on les protéger?

  5   Réponse:    Protéger, oui ; protéger contre et dans une situation

  6   chaotique parce que, à cette époque-là, en ville apparaissaient des

  7   réfugiés. C'était une masse de réfugiés sans contrôle aucun ; ils étaient

  8   venus en pleine ville, et dans cette masse de gens, probablement, les

  9   autorités ont-elles eu des difficultés pour établir un contrôle efficace

 10   et rapide.

 11   Question:   D'accord, mais pour ce qui est de la composition ethnique de

 12   ces réfugiés, c'était qui?

 13   Réponse:    C'étaient des Croates qui descendaient des villages

 14   environnants, qui descendaient en ville.

 15   Question:   Voulez-vous nous suggérer par là que le plus simple était

 16   d'interner les Musulmans, parce que les Croates qui descendaient en ville

 17   pourraient avoir l'idée de les attaquer? Est-ce cela que vous voulez dire

 18   dans votre déposition?

 19   Réponse:    Je ne pourrais pas le formuler ainsi. Il y a de la logique là-

 20   dedans, mais ce n'est pas très heureux comme formulation, parce que,

 21   voyez-vous, d'un jour à l'autre, d'un moment à l'autre, la situation

 22   changeait. On ne peut pas conclure qu'il y avait une situation constante

 23   et qu'il y avait quelque chose de déjà solide créé, établi, mais tout

 24   simplement dans la foulée, on devait imaginer comment organiser la vie.

 25   Question:   Je dois vous interrompre, là. Monsieur Zirdum, écoutez


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  1   attentivement ma question et essayez de répondre clairement. Nous nous

  2   occupons du même thème: vous étiez journaliste. A deux reprises vous avez

  3   été TV reporter et, hier, vous nous avez dit comme suit: -je vais tâcher

  4   de citer pour que vous puissiez vous rappeler ce que vous avez dit- "Les

  5   informations toujours trouvent un canal jusqu'à vous". Qui a pris cette

  6   décision portant au confinement des Musulmans dans la ville?

  7   Réponse:    Je ne le sais pas, parce que cet internement s'était déjà

  8   produit deux jours avant que je sois mobilisé, avant que je sorte de la

  9   cave où je m'étais retiré.

 10   Question:   Combien de jours avez-vous passé avec ces internés, allant

 11   d'un lieu à l'autre lieu de leur internement?

 12   Réponse:    Une quinzaine de jours à peu près, je ne peux pas me rappeler.

 13   Question:   Si vous ne pouvez pas nous dire qui a décidé d'emprisonner les

 14   Musulmans, pouvez-vous nous dire quelle a été la raison -et la raison

 15   acceptée- qui a été justement donnée à ces personnes-là pour leur

 16   internement?

 17   Réponse:    La raison -et raison acceptée- est qu'il a fallu assurer une

 18   vie normale, l'ordre dans la ville, pour assurer les arrières, c'est-à-

 19   dire pour que, au moment où on serait exposé à des pilonnages, ne

 20   s'ouvrent pas des centaines de lignes de front. C'était la raison que les

 21   gens ont comprise et que peut-être les gens ont demandé eux-mêmes.

 22   Question:   Excusez-moi de vous interrompre pour un instant. Maintenant,

 23   vous voulez nous dire que les Musulmans étaient emprisonnés parce qu'il y

 24   avait une certaine peur ressentie qu'eux de leur côté pouvaient prendre

 25   part à la bataille? C'est ce que vous voulez dire?


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  1   M. Zirdum (interprétation): Oui, c'est exact et, pour ma part, je

  2   demanderai de passer encore une fois à huis clos, parce que je suis obligé

  3   de faire mention de quelques noms.

  4   M. le Président (interprétation): Oui.

  5   Mme Thomson (interprétation): Nous sommes en séance à huis clos.

  6   (Audience à huis clos partiel)

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  3   (Audience publique)

  4   Question:   Vous avez dit qu'en dépit du fait qu'il se trouvait là parce

  5   qu'ils devaient être mis en sécurité, les Croates étaient inquiets devant

  6   la possibilité de voir les Musulmans faire quelque chose. Est-ce bien là

  7   la base même de votre déposition ou de vos sentiments?

  8   Réponse:    Il est difficile de dire que la formulation est bonne, mais

  9   disons, de façon conditionnelle, oui.

 10   Question:   Mais la raison pour laquelle les Croates de Vitez étaient

 11   inquiets devant ce que les Musulmans auraient pu faire n'était autre chose

 12   que la possibilité de voir les Musulmans réagir contre les attaques

 13   perpétrées à Vitez par les Croates, n'est-ce pas?

 14   Réponse:    Je crois que vous avez trop simplifié les choses. La réalité

 15   n'y correspond pas, la réalité est beaucoup plus compliquée. En effet,

 16   nombreux étaient les Musulmans et les Croates qui n'avaient pas vraiment

 17   eu une idée claire du conflit qui devait se produire, encore que dans les

 18   esprits opérait-on encore et manipulait-on encore de telles idées.

 19   Certainement, il y avait des cercles qui évidemment manipulaient également

 20   les mêmes idées et possibilités. Le fait est qu'un de mes voisins -dont je

 21   ne veux pas mentionner le nom maintenant- était en possession de grenades

 22   alors que moi je n'en avais pas et que nous étions deux autres Croates sur

 23   le même palier dans le même bâtiment. Nous avons toujours pu nous poser la

 24   question "pourquoi il devait avoir des armes alors que nous n'en avons pas

 25   eu, alors que sur le front il y avait des Chetniks, etc.


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  1   Question:   Je dois vous interrompre une fois de plus. Vous venez de nous

  2   décrire les événements des 15, 16 et 17, etc. Vous avez dit que vous aviez

  3   le sentiment que ce n'était qu'un incident, un conflit, or Ahmici se

  4   trouve à cinq minutes le long de la route et ce qui s'était passé à Ahmici

  5   n'était pas un incident, n'est-ce pas?

  6   Réponse:    Oui, c'est bien cela, c'était un crime qui a choqué tout le

  7   monde.

  8   Question:   Vous savez que les informations parvenaient toujours jusqu'à

  9   vous d'une façon ou d'une autre.

 10   M. Kovacic (interprétation): Excusez-moi, Monsieur le Président, mais si

 11   cette question tend à quelque chose que je soupçonne, je pense qu'à ce

 12   moment-là il faudrait peut-être passer de nouveau à huis clos partiel.

 13   C'est ce que le témoin m'a demandé de vous demander.

 14   (Audience à huis clos partiel)

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  8   (Audience publique)

  9   Mme Thomson (interprétation): Nous sommes en audience publique.

 10   M. Nice (interprétation): Savez-vous s'il y a eu une réunion, à laquelle

 11   participaient Blaskic notamment et d'autres, au cours de laquelle fut

 12   planifiée l'action d'Ahmici? Avez-vous découvert quoi que ce soit à propos

 13   de cette réunion?

 14   M. Zirdum (interprétation): Je n'étais pas au courant de cette réunion.

 15   Par la suite, j'ai appris qu'il y avait eu une réunion du conseil

 16   municipal.

 17   Question:   Vous parlez d'une réunion du conseil municipal? Serait-il

 18   exact de dire…

 19   Réponse:    Enfin, d'une réunion du gouvernement du HVO, si vous voulez

 20   que je sois précis! C'est ce que j'ai entendu dire.

 21   Question:   Est-ce que vous avez aussi entendu dire que la présidence du

 22   conseil municipal n'était pas présente à cette réunion, pas plus

 23   d'ailleurs que le chef du département de la défense? Ce sont des personnes

 24   triées sur le volet qui ont participé à cette réunion. C'est bien ce que

 25   vous avez entendu dire?


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  1   Réponse:    Non, non. Ce que j'ai entendu dire, disons, c'est qu'il y

  2   avait pas mal de tensions dramatiques, en tout cas dans cette réunion.

  3   Mais ce que j'ai appris, c'est après la guerre.

  4   Question:   Est-ce que Dario Kordic était présent à cette réunion?

  5   Réponse:    Je voudrais vraiment en savoir plus à propos de cette réunion

  6   parce que je pense que ça a été une réunion absolument dramatique.

  7   Question:   Je voulais vous demander si M. Kordic était présent à cette

  8   réunion?

  9   Réponse:    Je ne sais pas.

 10   Question:   Est-ce que vous avez, par la suite, appris d'autres choses?

 11   Par exemple, si des citoyens de Vitez avaient présenté des requêtes par la

 12   suite à Kordic, à la suite de cette réunion?

 13   Réponse:    Qu'est-ce que vous voulez dire "des requêtes ou des demandes"?

 14   Je ne comprends pas.

 15   Question:   Est-ce que des citoyens de Vitez ont contacté Kordic, à la

 16   suite de cette réunion, cette même soirée, pour demander que l'attaque

 17   soit reportée?

 18   M. Zirdum (interprétation): Je ne suis pas au courant de cela. C'est la

 19   première fois que j'en entends parler.

 20   M. le Président (interprétation): Monsieur Nice, sur quoi fondez-vous ces

 21   questions, sur quels documents? Je ne me souviens pas de ce genre de

 22   choses.

 23   M. Nice (interprétation): Eh bien, je me fonde sur d'autres documents qui

 24   nous sont parvenus d'autres façons, Monsieur le Président.

 25   Encore quelques points généraux et puis c'est à peu près tout ce que


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  1   j'aurai besoin de demander à ce témoin.

  2   Parlons, Monsieur, de la télévision et de la radio. Je ne sais pas si je

  3   vais vous demander de parcourir tout le document, mais voici ma question:

  4   admettez-vous que la Communauté croate d'Herceg-Bosna estimait que la

  5   diffusion des informations par la télévision était une affaire qui était

  6   vraiment un enjeu pour l'Herceg-Bosna? Je vous renvoie, Messieurs les

  7   Juges, à la pièce 511, page 15.

  8   Admettez-vous, Monsieur, que la Communauté croate d'Herceg-Bosna estimait

  9   que la diffusion des informations par la télévision était vraiment une

 10   affaire qui concernait la Communauté croate? Que c'était vraiment un de

 11   ses atouts?

 12   M. Zirdum (interprétation): Vous devez savoir qu'à deux reprises, vers le

 13   milieu de l'année 1992 et puis après la guerre qui avait commencé le 16

 14   avril, je me suis retrouvé dans cette situation. La situation était quand

 15   même différente: au début, tout était très vague, c'était une affaire

 16   locale finalement où il y avait des intérêts privés particuliers; par la

 17   suite, toute cette affaire devait servir aussi à la défense. Il est

 18   difficile de vous donner une réponse précise, il est difficile de répondre

 19   par l'affirmative parce qu'il y avait toutes sortes de choses.

 20   Question:   Je sais que vous étiez rentré à votre usine, enfin, l'usine.

 21   Mais est-ce que vous saviez qu'en décembre 1992 -ici, nous sommes à la

 22   pièce 304-, il y avait eu des pourparlers entre Dario Kordic et d'autres,

 23   afin de déterminer la meilleure façon de faire valoir leur politique et

 24   leurs idées en utilisant les stations et les chaînes de radio et

 25   télévision? De radio, en tout cas? Est-ce que vous étiez au courant?


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  1   Réponse:    Non, je ne suis vraiment pas au courant d'aucun détail de ce

  2   type.

  3   Question:   Au moment où vous intervenez pour la deuxième fois à la

  4   télévision, après le début du conflit d'avril, est-ce que vous saviez que

  5   ce que vous faisiez à l'époque, c'est présenter la version croate des

  6   événements? Est-ce que vous étiez conscient que vous travailliez à

  7   l'époque pour des médias croates?

  8   Réponse:    Oui, au fond, oui. Mais, une fois de plus, il faut opérer une

  9   distinction entre les tout premiers jours, au moment où la situation était

 10   différente de ce qu'elle a été par la suite, entre cela et le moment où

 11   l'on essayait de déterminer d'autres modalités.

 12   Question:   Vous avez été officier du IPD. On vous a posé des questions à

 13   propos de cela; moi, je n'en aurai que quelques-unes. L'information, la

 14   propagande, c'est une activité très élargie, qui a une vaste portée au

 15   sein du HVO, n'est-ce pas?

 16   Réponse:    C'était pas tellement important, ce n'est pas d'une si grande

 17   portée que ça: moi, je connaissais toutes les personnes qui prenaient part

 18   à ces activités; si, à un moment donné, moi, j'ai été obligé de

 19   m'acquitter de ce type de tâche alors que je n'étais pas un homme du HDZ,

 20   j'étais un homme en qui ils faisaient confiance, moi, j'avais la confiance

 21   des hommes du terrain, tout cela, ça veut dire que, dans le fond, ce

 22   n'était pas si généralisé que cela.

 23   Question:   Lorsque vous étiez à ce poste, que vous aviez ces fonctions,

 24   est-ce que vous vous occupiez surtout de propagande?

 25   Réponse:    Moi, je m'occupais surtout des informations et j'essayais de


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  1   soutenir le moral des troupes et la discipline aussi de ces troupes sur

  2   les lignes de front, de défense, afin que ces hommes s'y trouvant

  3   supportent ces conditions inhumaines, afin d'assurer la défense de façon

  4   disciplinée. En effet, les hommes étaient épuisés, exténués. Il fallait

  5   leur expliquer que nous devions nous défendre, que c'était la seule issue

  6   qui nous restait, que nous devions nous défendre; ce qui n'était pas chose

  7   aisée.

  8   Question:   Vos supérieurs, dans la hiérarchie IPD, vous ont dit d'essayer

  9   d'encourager les troupes, est-ce exact?

 10   Réponse:    Je crois que les termes ne sont pas bien choisis lorsque vous

 11   parlez d'encouragement des troupes: ce n'est pas un mot bien choisi parce

 12   que la situation est vraiment très complexe et difficile de la définir par

 13   un seul mot.

 14   Question:   Mais vous savez que chaque unité avait son officier chargé de

 15   l'information et de la propagande, IPD?

 16   Réponse:    Non! Il y avait un système, le système était évolutif, il a

 17   fluctué au fil des événements. Par exemple, en plus de mon poste

 18   d'assistant du nouveau commandant, j'ai eu une nouvelle tâche, parce qu'il

 19   a pensé qu'il faudrait organiser les choses différemment, qu'il fallait un

 20   officier du IPD par secteur et pas par compagnie.

 21   Question:   En tant qu'officier du IPD, vous ne preniez pas connaissance

 22   des ordres, de nature militaire, qui étaient donnés par les généraux et

 23   les colonels, n'est-ce pas?

 24   Réponse:    C'est exact.

 25   Question:   En tant qu'officier IPD, vous n'étiez pas en mesure de dire


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  1   quoi que ce soit s'il s'agissait de la stratégie générale, de la tactique

  2   adoptée pour la guerre: vous étiez là uniquement pour encourager les

  3   hommes de terrain, les troupes au niveau local, n'est-ce pas?

  4   Réponse:    Non, ce n'est pas ainsi que ça se passait. Dans notre voie

  5   hiérarchique, il y avait des briefings, des réunions de communication avec

  6   les adjoint des brigades, adjoints IPD, afin de nous transmettre les

  7   informations. Mais moi, je suis un homme de média, de terrain et je

  8   pensais savoir comment assurer le suivi des informations; je savais

  9   combien de renseignements les hommes avaient besoin, parce que ce n'est

 10   pas toujours facile. Quand on veut informer les gens, il faut avoir la

 11   confiance du terrain; ce que j'avais.

 12   Question:   Je sais que vous avez été journaliste pendant un certain

 13   temps. Cette télévision où vous travailliez, est-ce qu'elle relevait du

 14   contrôle, de la tutelle du service IPD?

 15   Réponse:    Autre question difficile que vous me posez; je vais essayer

 16   d'y répondre. Le chef du centre d'information s'appelait Anto Marjanovic

 17   et l'adjoint IPD de la brigade s'appelait Zvonimir Cilic. Ce sont donc

 18   deux personnes différentes et il n'est pas simple de vous expliquer la

 19   symbiose qui s'opérait là en tout cas. Ceci fonctionnait de façon

 20   indépendante de l'officier de l'IPD, même si nous coopérions exactement.

 21   Question:   Qui était l'homme politique à qui les militaires devaient

 22   rendre des comptes en Bosnie centrale?

 23   Réponse:    Il est difficile de vous répondre de nouveau. Je vous le

 24   répète, la situation était particulièrement compliquée. En général, les

 25   troupes rendaient compte au commandement d'unité quand tout est bien


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  1   organisé, quand tout fonctionne bien. Le contexte politique n'était pas

  2   simple. Je vous l'ai déjà expliqué: j'ai rejoint le HVO lorsque je me suis

  3   rendu compte que ce n'était pas un parti mais une armée régulière des

  4   Croates et, même s'il y avait certaines affectations ou certaines armées

  5   de parti, effectivement, j'ai toujours rejeté cette idée.

  6   Question:   Je vous ai posé une question simple; essayez d'y répondre: qui

  7   était l'homme politique à qui les militaires devaient rendre des comptes

  8   en Bosnie centrale?

  9   Réponse:    Difficile de répondre à cette question parce que les

 10   militaires et les gens sont une seule et même chose. Difficile de faire

 11   une distinction. Alors, je crois qu'il faut formuler votre question de

 12   façon différente sinon je ne pourrais pas répondre. Vous devez savoir

 13   qu'il est difficile de répondre à une telle question.

 14   Question:   Mais est-ce qu'il n'y avait pas simplement une fusion entre

 15   les directions politiques et militaires en Bosnie centrale?

 16   Réponse:    Le gouvernement du HVO, eh bien, voyez, je n'ai jamais pu

 17   tirer ceci au clair. Mais lorsqu'on sait le HVO, le Conseil croate de la

 18   Défense, Gouvernement, tout ceci est très difficile; je ne sais pas quel

 19   est le degré de fusion. En tout cas, nous étions satisfaits d'avoir le

 20   HVO. Quant à savoir ces ailes militaires et civiles, dans quelle mesure

 21   elles étaient fusionnées ou distinctes, séparées, je ne sais pas et je ne

 22   le sais toujours pas à ce jour; jamais, je ne suis parvenu à vraiment

 23   comprendre ceci parfaitement. Mais je sais que ça marchait!

 24   Question:   Après que le pire des combats se fut déroulé, est-ce que la

 25   direction, les dirigeants de Bosnie centrale n'ont pas annoncé à l'opinion


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  1   que les Croates avaient battu, avaient défait les Musulmans? Est-ce que

  2   ceci n'a pas été présenté comme une victoire?

  3   Réponse:    Je ne me rappelle rien de la sorte. Je suis sûr qu'il n'y a eu

  4   aucune déclaration qui eût fait mention d'une victoire quelconque.

  5   Question:   Les gens qui annonçaient ce que les Croates avaient comme

  6   positions, c'était Kordic, Blaskic et sans doute aussi Kostroman? Vous le

  7   reconnaissez, vous l'admettez?

  8   Réponse:    Oui. Enfin, en principe, oui. Même s'il y avait d'autres

  9   intervenants: il y avait Valenta et d'autres. Au moment où j'assistais à

 10   ces conférences de presse, effectivement, c'étaient ces gens qui donnaient

 11   des informations à l'opinion publique sur la situation qui prévalait.

 12   D'autres l'ont fait aussi, mais c'était effectivement l'information la

 13   plus complète donnée pour la région.

 14   Question:   Il était clair pour vous, en effet, que Kordic, Kostroman et

 15   Blaskic représentaient cette direction politico-militaire, qui était une

 16   fusion?

 17   M. Sayers (interprétation): Objection à la question. Pour être honnête

 18   envers le témoin, il faut préciser que celui-ci a dit qu'il ne savait pas

 19   si les ailes politiques et militaires du HVO étaient fusionnées ou pas,

 20   alors que la question laisse entendre que le témoin a fait cette

 21   concession, ce qu'il n'a pas fait. Je pense qu'il faudrait reformuler la

 22   question.

 23   M. le Président (interprétation): On pourrait poser une question de façon

 24   parfaitement équitable: est-ce que Kordic, Kostroman et Blaskic

 25   représentaient une direction politico-militaire fusionnée? Parce que c'est


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  1   effectivement la thèse que défend l'accusation, donc celle-ci a le droit

  2   de poser cette question, et puis le témoin a eu le temps de réfléchir à sa

  3   réponse. Quelle est cette réponse, Monsieur le témoin?

  4   M. Zirdum (interprétation): L'impression que j'ai eue était celle-ci,

  5   c'est que, même si effectivement il y avait une présence physique, une

  6   coopération, ils n'avaient pas effectivement des sphères d'opération tout

  7   à fait séparées, car Kordic avait la situation politique, Blaskic la

  8   position militaire, donc il y avait toutes les informations, on pouvait

  9   suivre les séances de travail, tout était clair. Quand j'assistais à ces

 10   réunions, c'est comme cela que cela se passait: Kostroman faisait des

 11   apparitions, Kostroman en tant que Premier ministre adjoint, Anto Valenta

 12   effectivement, donc chacun faisait sa part de travail pendant ces

 13   conférences de presse.

 14   L'interprète se corrige: Ils avaient des zones de travail et de

 15   coopération bien séparées.

 16   M. Nice (interprétation): Quelques détails encore…

 17   M. Kovacic (interprétation): Nous avons remarqué qu'il y avait une erreur

 18   de fond dans le compte rendu d'audience à la page 32, ligne 24, on dit

 19   ceci: "Ils n'avaient pas de sphères de coopération très séparées", alors

 20   que le témoin a dit qu'il y avait des zones de travail tout à fait

 21   séparées.

 22   M. Nice (interprétation): Oui. Je vous fais remarquer que les interprètes

 23   se sont déjà corrigés d'eux-mêmes.

 24   Vous étiez un journaliste de terrain; en tant que tel, pourriez-vous nous

 25   dire qui est responsable du camion piégé à Vitez?


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  1   M. Zirdum (interprétation): Je ne suis pas tout à fait sûr, mais je pense

  2   que c'était l'unité d'affectation spéciale PPN Vitezovi, mais ceci

  3   provient d'informations que j'ai entendues comme ça, de façon officieuse.

  4   Je ne suis pas vraiment au courant de détails précis dont je pourrais

  5   parler, mais quelque part en ville il se passait quelque chose, il y avait

  6   toutes sortes d'hypothèses qui circulaient et c'est de cela que j'ai tiré

  7   des conclusions.

  8   Question:   Les corps, les cadavres d'Ahmici ont été transportés en

  9   camions avant d'être finalement enterrés à Stari Vitez, mais où sont-ils

 10   allés, ces corps, avant d'être inhumés?

 11   Réponse:    Je comprends votre question. Je ne sais pas. Ce que je sais,

 12   c'est que j'étais présent au moment où il y a eu des discussions. Il y

 13   avait Hodja de Mahala, qui était venu aux pourparlers. Nous étions, nous

 14   journalistes, devant la porte, mais nous n'avons rien appris à ce moment-

 15   là. Nous avons simplement appris qu'il y a eu un échange, donc je ne suis

 16   vraiment pas au courant et je dois dire que je n'y ai pas beaucoup

 17   réfléchi.

 18   Question:   Vous n'avez pas réfléchi au fait qu'un grand nombre de corps,

 19   de cadavres d'Ahmici avaient été rassemblés et transportés en camions,

 20   avaient été déplacés quelque part avant d'être véritablement inhumés. Est-

 21   ce bien ce que vous nous dites?

 22   Réponse:    Malheureusement, oui, c'est ce que je suis en train de vous

 23   dire. Vous savez, on n'a pas vraiment le temps de réfléchir à tout quand

 24   il se passe trop de choses en même temps. Par la suite, on se dit: "Oh

 25   oui, on aurait dû réfléchir" ou on y réfléchit, mais à l'époque je n'ai


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  1   même pas essayé de me demander ce qui se passait, parce qu'on n'a tout

  2   simplement pas eu le temps de rester au courant de tout ce qui se passait.

  3   Question:   Hier, vous avez dit de Suad Salkic qu'il n'était pas un homme

  4   fort. Pourquoi selon vous a-t-il été emmené à Kaonik? C'était un de votre

  5   ami, Suad Salkic, n'est-ce pas?

  6   Réponse:    Je ne sais vraiment pas. Je ne sais même pas s'il a été emmené

  7   à Kaonik. Je crois l'avoir revu après la guerre. Je lui ai rendu certaines

  8   choses qui lui appartenaient, certains objets, mais jamais on n'a eu de

  9   réunion en tête-à-tête, on n'a jamais pu en discuter. Je ne savais même

 10   pas qu'il a été à Kaonik. S'il avait été emmené à Kaonik, j'aurais été au

 11   courant.

 12   Question:   Vous dites que vous avez eu des contacts avec des prisonniers

 13   de façon régulière. Pourquoi est-ce que ces prisonniers ont été emmenés à

 14   Kaonik? Pourquoi était-il nécessaire que les Croates emmènent leurs

 15   voisins musulmans dans la prison qui se trouvait à Kaonik?

 16   Réponse:    Je ne sais pratiquement rien à propos de Kaonik. C'est

 17   simplement au cours de la guerre que j'ai appris que cet endroit existait

 18   et j'ai compris que les soldats croates qui avaient commis des fautes en

 19   matière de discipline étaient incarcérés là. C'est seulement beaucoup plus

 20   tard que j'ai appris que c'était une prison qui avait été installée à

 21   Kaonik, qu'il y avait, internés là, des Mudjahidins, mais je l'ai appris

 22   lorsqu'il y a eu cet échange de ces Mudjahidins contre Zivko Totic. C'est

 23   à ce moment-là que j'ai appris que c'était un lieu d'incarcération.

 24   Auparavant, je ne le savais pas.

 25   Question:   Vous nous avez parlé de ce groupe dont Suad Salkic faisait


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  1   partie. Est-ce que vous vous souvenez d'une certaine Vildana Sanjic, qui

  2   elle aussi faisait partie de ce groupe d'intellectuels?

  3   Réponse:    Vildana? Non, non. C'est bien Vildana, mais le nom de famille

  4   n'est pas exact. Je ne m'en souviens plus d'ailleurs. Vildana travaillait

  5   effectivement avec nous à la télévision au moment où j'y travaillais, au

  6   cours des deux premiers mois.

  7   Question:   Et du fait qu'elle était musulmane, elle a dû quitter?

  8   Réponse:    Oui…

  9   Question:   Elle été licenciée?

 10   Réponse:    Je suppose qu'elle a manifesté, qu'elle a exprimé sa

 11   solidarité. Elle a été une des rares assistantes à exprimer sa solidarité

 12   avec moi...

 13   Question:   Est-ce qu'elle a perdu son emploi du fait qu'elle était

 14   musulmane?

 15   Réponse:    Ce n'est pas exact. En effet, on faisait des expériences à

 16   l'époque, enfin c'était à titre d'expérimentation qu'on travaillait là,

 17   les gens n'avaient pas d'emploi, de contrat de travail en bonne et due

 18   forme. Vous savez, c'était une guerre imbécile, il y avait des problèmes

 19   de coordination, d'organisation technique.

 20   Est-ce que vous pourriez me rappeler son nom de famille, à Vildana? Je ne

 21   sais pas si nous parlons de la même personne.

 22   Question:   Oui, moi je parlais d'une personne qui travaillait à la

 23   télévision et vous avez admis qu'elle avait perdu son poste. Je passe à

 24   autre chose.

 25   Je n'ai plus que quelques questions à poser, Monsieur le Président.


Page 24693

  1   J'aimerais terminer mon contre-interrogatoire avant la pause.

  2   A un moment donné, vous vous êtes trouvé dans le centre de presse du HVO à

  3   l'université ouvrière. Est-ce exact?

  4   Réponse:    Je ne comprends pas… Oui, c'était le centre d'information.

  5   Question:   Est-ce que vous vous souvenez vous y être trouvé en avril

  6   1993, au moment où un mécanicien de précision avait été appelé pour

  7   essayer de réparer un équipement quelconque, une machine à écrire? A

  8   l'époque, on pensait que la mosquée du village du Preocica avait été

  9   touchée, que la cible avait été atteinte. Vous en souvenez-vous?

 10   M. Zirdum (interprétation): Non, non, et je ne vois pas ce que ceci a à

 11   voir avec la mosquée du village de Preocica, parce que vous parlez du mois

 12   de mars, du mois d'avril? Votre question est tout à fait vague, confuse,

 13   imprécise.

 14   M. le Président (interprétation): Monsieur, il ne vous revient pas de

 15   faire des commentaires. Vous êtes ici en qualité de témoin, vous êtes ici

 16   pour répondre à des questions. Je crois que nous pourrons en terminer plus

 17   rapidement si vous répondez directement aux questions.

 18   M. Zirdum (interprétation): Excusez-moi, Monsieur le Président

 19   et Messieurs les Juges, je m'excuse, Monsieur le Procureur, mais vous me

 20   posez des questions très compliquées et la question était très confuse et

 21   je n'ai pas compris cette question. J'essaie de la comprendre, j'essaie de

 22   vous demander de répéter.

 23   M. Nice (interprétation): Nous parlons d'un moment précis et je vous

 24   demandais si vous vous enorgueillissiez à l'époque du fait que la mosquée

 25   de Preocica avait été attaquée et touchée. Est-ce qu'effectivement dans ce


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  1   centre d'information on en a parlé, parce qu'il y avait quelqu'un qui

  2   avait été là et qui avait entendu, c'est le monsieur qui travaillait pour

  3   réparer des installations. Est-ce que vous me suivez?

  4   Réponse:    Je ne suis pas du tout d'accord, je ne suis pas au courant de

  5   quoi que ce soit. Je ne sais pas du tout si la mosquée de Preocica a été

  6   ciblée, a été touchée. Je pense que personne de mon équipe ne se serait

  7   réjoui d'une telle chose. Je parle de l'équipe que j'avais au centre de

  8   presse. Peut-être que, dans d'autres centres, d'autres personnes se sont

  9   réjouies de cette chose, mais nous, nous ne nous sommes pas réjouis de cet

 10   état de chose ou d'une telle chose et nous ne l'aurions sûrement pas fait

 11   devant un mécanicien qui était de confession musulmane.

 12   Question:   Vous avez parlé du docteur Mujezinovic. Vous étiez présent au

 13   moment où Cerkez lui aurait parlé pour autant que cela aurait été le cas.

 14   Avant qu'il y ait cette intervention à la télévision, vous étiez présent,

 15   n'est-ce pas?

 16   Réponse:    Non, non, je n'étais pas présent. Je ne les ai pas vus, ils

 17   ont parlé.

 18   Question:   Il vous est impossible de dire si on a fait pression sur lui

 19   pour qu'il fasse cette intervention. Vous ne savez tout simplement pas?

 20   Réponse:    Je ne peux pas vous dire si une pression a été exercée sur lui

 21   en ma présence dans les locaux de ce centre de presse, je peux vous dire

 22   qu'il n'y a rien eu de la sorte. Ce fut une discussion fort cordiale, tout

 23   à fait civilisée, parce que Marjanovic et moi nous coopérions. Il n'y a

 24   pas eu de pression exercée à ce moment-là. Est-ce qu'il y en a eu

 25   auparavant, ça je ne sais pas. Je ne sais pas s'il a parlé à quelqu'un


Page 24696

  1   d'autre.

  2   M. Nice (interprétation): J'en ai terminé, je vous remercie.

  3   (Questions supplémentaires de Me Kovacic)

  4   M. Kovacic (interprétation): Excusez-moi, simplement une toute petite

  5   question qui servira surtout à apporter un éclaircissement sur un point.

  6   Monsieur Zirdum, tout au début du contre-interrogatoire, une question vous

  7   a été posée concernant la détention de Musulmans et la non détention de

  8   Croates. Je ne vous demande pas ici de nous donner un jugement de valeur,

  9   mais soyez le plus clair possible: à votre avis, le 16 avril, qui a

 10   attaqué la ville?

 11   M. Zirdum (interprétation): Je ne peux pas vous répondre de façon concise,

 12   mais les forces musulmanes venant de la direction de Zenica semblaient

 13   avoir déjà été préparées, je suppose qu'ils attaquaient déjà de ce côté-

 14   là.

 15   Question:   Vous avez fait état d'un pilonnage; les obus venaient d'où?

 16   Réponse:    Eh bien c'est ça, les obus venaient de Vietrenica, les obus de

 17   chars sont venus de cette direction pendant plusieurs jours, je m'en

 18   rappelle.

 19   Question:   Quelles étaient les forces qui fondaient la ville? Quelle

 20   était l'armée présente?

 21   Réponse:    La ville était défendue par des citoyens de Vitez, je sais que

 22   pendant plusieurs jours on faisait appel à tout le monde.

 23   Question:   Donc les défenseurs de la ville étaient croates?

 24   Réponse:    Oui.

 25   Question:   Pourquoi selon vous les Croates auraient-ils pu être


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  1   emprisonnés pour assurer la sécurité de la ville?

  2   Réponse:    Non, non, ils n'auraient pas pu être emprisonnés en ville.

  3   M. Kovacic (interprétation): Je n'ai plus de questions.

  4   M. le Président (interprétation): Merci, Monsieur Zirdum. Vous avez

  5   terminé votre déposition, vous pouvez disposer. Merci d'être venu

  6   comparaître en tant que témoin.

  7   M. Zirdum (interprétation): Je vous remercie.

  8   M. le Président (interprétation): Pause d'une demi-heure. Nous reprendrons

  9   à 11 heures 35.

 10   (Le témoin est reconduit en hors du prétoire.)

 11   (La séance, suspendue à 11 heures 05, est reprise à 11 heures 40.)

 12   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

 13   (Questions relatives à la procédure)

 14   M. le Président (interprétation): Avant que le témoin ne prête

 15   serment, je souhaite que l'on traite des horaires quelque peu. Apparemment

 16   vendredi probablement, il y aura une sorte d'action organisée par des

 17   camionneurs à la Haye et, en raison de cela, il sera peut-être plus

 18   difficile de transporter les accusés jusqu'à ce Tribunal.

 19   Nous avons une audience dans le cadre d'une autre affaire prévue pour

 20   vendredi. Compte tenu de ces difficultés, il nous a été proposé

 21   d'organiser cette audience demain après-midi, mais je souhaitais

 22   simplement être sûr que nous en aurions terminé en ce qui concerne nos

 23   témoins dans l'affaire présente. Combien de témoins vous reste-t-il,

 24   Maître Kovacic?

 25   M. Kovacic (interprétation): Seulement deux encore. Celui-ci déposera


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  1   pendant une période relativement brève et l'autre, je suppose, ne sera pas

  2   trop long.

  3   M. le Président (interprétation): Donc je suppose que demain avant l'heure

  4   de déjeuner nous pourrons en terminer.

  5   M. Kovacic (interprétation): Tout à fait.

  6   M. le Président (interprétation): Donc nous lèverons l'audience de cette

  7   audience demain à l'heure du déjeuner. Nous avons prévu d'avoir une

  8   audience dans le cadre de l'autre affaire demain à 15 heures, donc jeudi à

  9   15 heures.

 10   Que le témoin lise la déclaration solennelle s'il vous plaît.

 11   M. Tibold (interprétation): Je déclare solennellement que je dirais la

 12   vérité toute la vérité rien que la vérité.

 13   (Interrogatoire principal du témoin, M. Tibold, par M. Mikulicic)

 14   M. Mikulicic (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Bonjour,

 15   Monsieur Tibold.

 16   M. Tibold (interprétation): Bonjour.

 17   Question:   Au nom de la défense de M. Cerkez, c'est moi qui vais mener

 18   votre interrogatoire principal. Je souhaiterais que vous me répondiez au

 19   mieux de vos souvenirs en ce qui concerne les événements dont nous

 20   parlerons et veuillez tenir compte des interprètes en ménageant une pause

 21   suite à ma question et en parlant un peu plus lentement que d'habitude, en

 22   répondant à mes questions.

 23   Monsieur Tibold, veuillez décliner votre identité et la date et lieu de

 24   naissance, s'il vous plaît?

 25   Réponse:    Je suis Zdenko Tibold, né le 3 septembre 1952 à Vitez.


Page 24699

  1   Question:   Est-ce que vous avez vécu tout au long de votre vie

  2   professionnelle à Vitez?

  3   Réponse:    Oui.

  4   Question:   Vous êtes croate de nationalité et catholique de confession?

  5   Réponse:    Oui.

  6   Question:   Vous avez une citoyenneté double, celle de la République de

  7   Bosnie-Herzégovine et celle de la République de Croatie?

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question:   Vous êtes employé de banque?

 10   Réponse:    Oui.

 11   Question:   En ce moment, vous êtes employé au sein de la banque

 12   Zagrebacka de Bosnie-Herzégovine avec le siège à Mostar, mais dans la

 13   branche qui se trouve à Vitez?

 14   Réponse:    Oui.

 15   Question:   Vous avez fait des études secondaires, vous avez terminé le

 16   lycée?

 17   Réponse:    Oui.

 18   Question:   Avez-vous fait votre service militaire au sein de l'ex-JNA ?

 19   Réponse:    Oui.

 20   Question:   Est-ce que vous avez un grade?

 21   Réponse:    Oui, celui de sergent.

 22   Question:   Etes-vous membre d'un quelconque parti politique?

 23   Réponse:    Oui.

 24   Question:   Lequel?

 25   Réponse:    Le HDZ de Bosnie-Herzégovine.


Page 24700

  1   Question:   Avez-vous une quelconque fonction au sein de ce parti

  2   politique?

  3   Réponse:    Pas en ce moment.

  4   Question:   Vous avez deux autres frères.

  5   Réponse:    Oui.

  6   Question:   L'un de vos frères est le docteur Tibold qui est lui aussi de

  7   Vitez?

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question:   Monsieur Tibold, vous avez terminé l'école secondaire en 1976,

 10   si je ne me trompe?

 11   Réponse:    1973.

 12   Question:   Quand avez-vous commencé à travailler pour la première fois?

 13   Réponse:    En 1976.

 14   Question:   Dites-nous, où avez-vous trouvé un emploi alors?

 15   Réponse:    A Privredna Banka de Sarajevo dans la succursale de Vitez.

 16   Question:   A partir de ce moment-là, en 1976 jusqu'à présent, vous êtes

 17   employé dans le secteur bancaire sans arrêt, n'est-ce pas?

 18   Réponse:    Oui.

 19   Question:   Vous êtes donc le témoin oculaire de tous les événements qui

 20   ont eu lieu sur le plan monétaire en ex-Yougoslavie et en Bosnie-

 21   Herzégovine aujourd'hui?

 22   Réponse:    Oui.

 23   Question:   En ce qui concerne cette succursale de la Privredna Banka,

 24   banque commerciale de Sarajevo qui fonctionnait à Vitez à partir d'un

 25   certain moment, elle est devenue la banque commerciale de Travnik, n'est-


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  1   ce pas?

  2   Réponse:    Oui.

  3   Question:   Est-ce que vous vous souvenez qui était le directeur dans la

  4   succursale dans laquelle vous avez travaillé à Vitez en 1992?

  5   Réponse:    En 1992, c'était M. Velemir Vidac.

  6   Question:   Quelle est son origine ethnique?

  7   Réponse:    Il est croate.

  8   Question:   Quelle a été la structure nationale des employés de cette

  9   banque dans laquelle vous avez travaillé dans la banque commerciale de

 10   Travnik?

 11   Réponse:    La plupart étaient des Croates musulmans, mais il y avait

 12   également des Serbes.

 13   Question:   Peut-on dire dans ce cas-là qu'il s'agissait là d'une banque

 14   croate, musulmane ou appartenant à un autre groupe ethnique?

 15   Réponse:    La banque est une banque.

 16   Question:   Monsieur Tibold, jusqu'à quand cette succursale a-t-elle

 17   fonctionné à Vitez?

 18   Réponse:    La succursale à Vitez que j'ai quittée en 1992 au début de

 19   l'année 1992 a fonctionné elle-même à peu près jusqu'à la fin de l'année,

 20   jusqu'à l'explosion.

 21   Question:   Quels ont été les dégâts provoqués par cette explosion?

 22   Réponse:    Cet engin explosif a été posé à l'extérieur et a donc détruit

 23   l'ensemble des locaux de la banque. Il a été difficile de permettre que la

 24   banque reprennent ses activités.

 25   Question:   Suite à cela, en fait, la banque a cessé de fonctionner?


Page 24702

  1   Réponse:    Oui.

  2   Question:   Est-ce qu'à ce moment une autre banque existait qui

  3   fonctionnait dans la ville de Vitez?

  4   Réponse:    Aucune banque ne fonctionnait.

  5   Question:   Et le circuit monétaire était organisé comment puisqu'il n'y

  6   avait pas de banque à Vitez? Par le biais de quelle institution?

  7   Réponse:    Par le biais du service de comptabilité publique.

  8   Question:   Dites-nous, s'il vous plaît, Monsieur Tibold, est-ce qu'une

  9   procédure a été entamée à cause des dégâts provoqués par l'explosion?

 10   Réponse:    Je suppose que oui, mais je ne sais pas.

 11   Question:   Je suppose sur la base de votre réponse que nous pouvons

 12   conclure que vous ne savez pas non plus si l'identité de l'auteur a été

 13   établie?

 14   Réponse:    Pas jusqu'à ce jour.

 15   Question:   Dites-nous, Monsieur Tibold, dans vos cercles bancaires, que

 16   disait-on? Qui avait un intérêt de poser un engin explosif dans la banque?

 17   Réponse:    Tout au long de cette période, on disait que peut-être

 18   quelqu'un qui devait beaucoup d'argent à la banque avait un tel intérêt,

 19   qu'il s'agisse de dettes de compte personnel ou à cause d'un crédit.

 20   Question:   Et lors de cette explosion, les archives de la banque ont-

 21   elles été détruites?

 22   Réponse:    La plupart, oui, puisqu'un incendie a eu lieu.

 23   Question:   Monsieur Tibold, vous nous avez dit qu'après cette explosion,

 24   aucune autre banque ne fonctionnait à Vitez. Y avait-il des discussions

 25   visant à faire fonctionner une nouvelle banque à Vitez?


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  1   Réponse:    Oui, on a eu des discussions là-dessus. Il a fallu établir la

  2   Banque commerciale de Zagreb, Privredna Banka Zagreb. C'est pour cela que

  3   j'ai quitté mon emploi. Cependant, cette banque n'a jamais vu le jour.

  4   Question:   Est-ce que cette banque disposait déjà de certains locaux à

  5   Vitez où elle devait commencer à fonctionner?

  6   Réponse:    Oui, les locaux étaient prêts, tout était prêt pour que la

  7   banque commence à fonctionner. Cependant, ceci n'a jamais eu lieu.

  8   Question:   Pourquoi ceci n'a jamais eu lieu?

  9   Réponse:    Pour des raisons politiques et à cause de la situation de

 10   guerre.

 11   M. Mikulicic (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 12   je souhaite faire une explication avant de poursuivre. Le témoin Tibold

 13   est arrivé à La Haye hier soir, vers 9 heures du soir. A ce moment-là, il

 14   est venu avec deux documents brefs qui sont pertinents pour cette

 15   procédure et pour sa déposition. Malheureusement, compte tenu du délai

 16   extrêmement court, ils n'ont pas pu être traduits. Je souhaite me référer

 17   à ces documents à ce stade et je demanderai que les interprètes fassent

 18   une brève interprétation de ces documents; la traduction officielle sera

 19   remise par la suite. J'ai déjà distribué les textes aux interprètes et je

 20   pense que nous pourrions le faire très rapidement.

 21   M. le Président (interprétation): Oui, le document peut être placé sur le

 22   rétroprojecteur pour qu'on le voie.

 23   Mme Thomson (interprétation): Il s'agira du document D110/2.

 24   M. Mikulicic (interprétation): Donc, il s'agit là, Monsieur Tibold, du

 25   document que vous m'avez remis hier. Nous voyons qu'il s'agit là d'un


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  1   ordre donné par le Département de la Défense de Vitez et signé par le chef

  2   du Département de la Défense, M. Marjan Skopljak. C'est exact?

  3   M. Tibold (interprétation): C'est exact.

  4   Question:   Je vais donner lecture maintenant des deux premiers

  5   paragraphes seulement.

  6   Je cite: "Compte tenu des besoins du Gouvernement de HVO de Vitez, on

  7   confisque temporairement les locaux de la Privredna Banka Zagreb, avec le

  8   siège avec Vitez."

  9   Paragraphe 2: "La personne responsable de faire la passation des locaux

 10   est Zdenko Tibold et celui qui est responsable de la réception est Josip

 11   Cilic".

 12   Expliquez-nous, s'il vous plaît, brièvement, Monsieur Tibold, de quoi

 13   s'agit-il ici?

 14   Réponse:    Il s'agit ici de la remise des locaux de la Privredna Banka

 15   Zagreb, compte tenu des besoins du Département de la Défense de Travnik,

 16   dont le siège est à Vitez.

 17   Question:   Nous pouvons donc nous exprimer plus simplement et conclure

 18   que ces locaux ont été confisqués pour les besoins du Département de la

 19   Défense. Est-ce que c'est exact?

 20   Réponse:    Oui.

 21   Question:   Merci. Monsieur Tibold, vous avez arrêté de travailler à

 22   Travnik, dans la Privredna Banka de Travnik, et vous avez travaillé

 23   pendant une certaine période à temps partiel. Que faisiez vous, s'il vous

 24   plaît?

 25   Réponse:    J'étais le trésorier du HDZ.


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  1   Question:   Très bien. Parlons maintenant de l'année 1992, s'il vous

  2   plaît, en Bosnie-Herzégovine et du moment où la Bosnie-Herzégovine, la

  3   République de Bosnie-Herzégovine a proclamé son indépendance. A ce moment

  4   où elle a proclamé son indépendance, a-t-elle introduit également sa

  5   propre monnaie nationale?

  6   Réponse:    Non.

  7   Question:   Quelle monnaie, à ce moment-là, circulait en Bosnie-

  8   Herzégovine, suite à la proclamation de l'indépendance?

  9   Réponse:    C'est le dinar yougoslave qui existait, le dinar croate, le

 10   mark allemand et d'autres monnaies. Mais ces trois-là étaient des monnaies

 11   de base.

 12   Question:   Nous comprenons pourquoi le dinar yougoslave continue à

 13   circuler: tout simplement il était là et il n'était pas possible de le

 14   retirer, n'est-ce pas?

 15   Réponse:    Oui.

 16   Question:   Mais le mark allemand, il s'agit là de la monnaie d'un autre

 17   pays: comment se fait-il que cette monnaie circulait en Bosnie-

 18   Herzégovine?

 19   Réponse:    Le mark allemand est en fait la seule monnaie qui est vraiment

 20   reconnue en Bosnie-Herzégovine, qu'il s'agisse de la partie croate,

 21   musulmane ou serbe.

 22   Question:   Mais est-ce qu'une telle situation existait déjà en

 23   Yougoslavie avant l'éclatement du pays?

 24   Réponse:    Oui, puisque la plupart des personnes qui travaillaient à

 25   l'étranger, des personnes originaires de la région de Travnik, mais aussi


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  1   d'ailleurs, le faisaient en Allemagne.

  2   Question:   Est-ce que la situation ressemble à cela aujourd'hui encore?

  3   Est-ce que l'on utilise aujourd'hui le mark allemand tout comme la monnaie

  4   nationale?

  5   Réponse:    Oui.

  6   Question:   Vous avez dit que le dinar yougoslave circulait lui aussi,

  7   mais comment les gens l'acceptaient-ils? L'acceptaient-ils volontiers ou

  8   pas?

  9   Réponse:    Cette monnaie a continué à être utilisée en Bosnie-Herzégovine

 10   jusqu'au moment où d'autres monnaies ont fait leur apparition. Mais il

 11   faut savoir qu'il existait une grande quantité de ces dinars yougoslaves

 12   et il n'était pas possible d'acheter beaucoup de choses avec cela.

 13   L'inflation était énorme donc les gens ne respectaient pas tellement,

 14   n'appréciaient pas tellement le dinar yougoslave. Ceux qui vivaient à

 15   l'étranger et ceux qui le pouvaient utilisaient le mark allemand et ceux

 16   qui allaient souvent en Croatie utilisaient le dinar croate qui était

 17   transformé par la suite en kuna croate, puisque c'était la seule monnaie

 18   qui pouvait être utilisée en Croatie.

 19   Question:   Merci. Je souhaite que l'huissier vous montre un autre

 20   document maintenant.

 21   (L'huissier s'exécute.)

 22   Mme Thomson (interprétation): Il s'agira de la pièce à conviction D111/2.

 23   M. Mikulicic (interprétation): Monsieur Tibold, dites-nous de quel billet

 24   s'agit-il ici, s'il vous plaît?

 25   M. Tibold (interprétation): Il s'agit du billet émis par la banque


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  1   nationale de Yougoslavie avec la valeur de 500 milliards de dinars.

  2   Question:   Cette monnaie circulait en ex-Yougoslavie à ce moment-là?

  3   Réponse:    Cette monnaie circulait en Yougoslavie à ce moment-là alors

  4   qu'en Bosnie-Herzégovine, les billets de valeur moindre circulaient.

  5   Question:   S'il vous plaît, pouvez-vous nous expliquer en ce qui concerne

  6   cette somme de 500 milliards de dinars? Que pouvait-on acheter avec cela?

  7   Réponse:    En ce qui concerne la Yougoslavie, je ne sais pas très

  8   exactement, mais je suppose que l'on ne pouvait pas acheter grand-chose.

  9   Je sais qu'en Bosnie-Herzégovine, 880000 dinars yougoslaves égalaient 100

 10   marks allemands.

 11   Question:   Et au fur et à mesure que l'inflation se détériorait, cette

 12   proportion devenait encore plus défavorable pour le dinar yougoslave,

 13   n'est-ce pas?

 14   Réponse:    Oui.

 15   Question:   Merci. Monsieur Tibold, nous continuons maintenant à parler de

 16   la mi-1992. Il s'agit de la situation pendant laquelle la JNA avait lancé

 17   l'agression contre la République de Bosnie-Herzégovine avec la JNA et la

 18   ville de Sarajevo était assiégée. Est-ce exact?

 19   Réponse:    Oui.

 20   Question:   Dans la ville de Sarajevo se trouvaient des instances de

 21   gouvernement, n'est-ce pas?

 22   Réponse:    Oui.

 23   Question:   Et cette situation, quelle a été sa répercussion sur la

 24   distribution de la monnaie nationale?

 25   Réponse:    C'était très difficile, il a été très difficile d'avoir


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  1   quelque transfert d'argent que ce soit.

  2   Question:   Est-ce que c'est pour cette raison que l'on a commencé à

  3   employer de plus en plus souvent le mark allemand et, par la suite, aussi

  4   le dinar croate?

  5   Réponse:    Eh bien, toutes les entreprises et les individus, dans la

  6   municipalité de Vitez et dans la vallée de la Lasva, ont essayé de

  7   fonctionner de manière indépendante afin de pouvoir préserver la valeur de

  8   leurs marchandises ou de leur monnaie. Donc la municipalité de Travnik

  9   émettait une sorte de bon qui était utilisé sur le territoire de Travnik,

 10   Novi Travnik et Vitez.

 11   Question:   En ce qui concerne ce bon, il a été imprimé par la

 12   municipalité. Est-ce qu'il y avait une législation gouvernementale qui

 13   portait là-dessus? Est-ce que c'est la municipalité qui a pris la

 14   décision, c'est la banque qui l'émettait?

 15   Question:   Au sein de la municipalité?

 16   Réponse:    Oui.

 17   Question:   Et ce bon devait remplacer la monnaie dans le cadre des

 18   paiements?

 19   Réponse:    Oui.

 20   Question:   Monsieur Tibold, vous avez dit que la ville de Travnik

 21   émettait ces bons, mais est-ce que ces bons-là étaient valides dans

 22   d'autres villes, par exemple à Vitez, à Zenica?

 23   Réponse:    A Vitez, ils étaient valides, mais pas à Zenica. Zenica avait

 24   ses propres bons.

 25   Question:   Est-ce que cela veut dire en fait que certaines régions et


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  1   certaines villes en Bosnie-Herzégovine, finalement, disposaient de leurs

  2   propres bons, qu'ils employaient dans le cadre du circuit monétaire?

  3   Réponse:    Pour autant que je le sache, oui. Il s'agissait d'une période

  4   de transition.

  5   Question:   Et vous, en tant qu'employé de banque, comment voyiez-vous

  6   cette situation?

  7   Réponse:    Je dois dire que je la trouvais ridicule. Puis-je expliquer un

  8   peu?

  9   Question:   En deux phrases, s'il vous plaît. Quelles étaient les

 10   difficultés auxquelles vous faisiez face dans votre vie normale, lorsque

 11   vous deviez employer ces bons et d'autres moyens de paiement à l'époque?

 12   Réponse:    En tant qu'employés de banque, nous avions des problèmes avec

 13   les personnes qui épargnaient puisqu'ils demandaient de la monnaie forte.

 14   Nous n'avions pas de monnaie forte. Tout ce que l'on pouvait leur donner,

 15   c'étaient les dinars yougoslaves ou les bons, alors que les bons étaient

 16   valables uniquement dans cette région-là.

 17   Au fur et à mesure que l'année 1992 avançait, personne ne voulait prendre

 18   de bons non plus puisqu'on ne pouvait pas acheter de la marchandise avec

 19   cela. Ceux qui avaient beaucoup de dinars yougoslaves ou beaucoup de bons

 20   allaient tout simplement vers leur chute, du point de vue économique.

 21   Question:   Mais vous, Monsieur, par exemple si de Vitez vous alliez à

 22   Zenica, vous aviez besoin des bons de Zenica, puisque ceux de Vitez vous

 23   ne pouviez pas les employer là-bas?

 24   Réponse:    C'est exact et nous devions les échanger pour des marks

 25   allemands.


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  1   Question:   Finalement, il était donc plus facile pour vous de voyager là-

  2   bas avec les marks allemands?

  3   Réponse:    Oui.

  4   Question:   En ce qui concerne toute cette période dont nous sommes en

  5   train de parler, donc l'année 1992 et le début 1993, dans la République de

  6   Croatie, pendant toute cette période, le dinar croate et, par la suite, la

  7   kuna existaient en tant que monnaies?

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question:   Vous avez dit déjà que cette kuna, que cette monnaie croate a

 10   commencé à être utilisée dans votre région pour les raisons que vous avez

 11   mentionnées. Est-ce que cette kuna croate a fini par être acceptée?

 12   Réponse:    Avec le temps, oui. Au début, c'était moins le cas mais, par

 13   la suite, le commerce s'est développé avec la Croatie, puisqu'il était

 14   possible d'obtenir les marchandises venant de Croatie. Il y a eu de plus

 15   en plus de transactions, il y a eu de plus en plus de circulation, puisque

 16   les villes croates se trouvaient assez proches de nous. Donc, à partir

 17   d'un certain moment, on ne calculait plus les salaires en dinars mais en

 18   kuna ou en marks allemands, ou plutôt au début en dinars croates.

 19   Question:   Et la kuna a été introduite plus tard?

 20   Réponse:    Oui.

 21   Question:   D'après vos souvenirs, Monsieur Tibold, en tant que personne

 22   et en tant qu'employé de banque, est-ce que vous pouvez nous dire si vous

 23   vous souvenez si une quelconque instance au pouvoir dans la municipalité,

 24   à n'importe quel moment, a adopté la loi selon laquelle une seule monnaie

 25   était permise lors des transactions?


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  1   Réponse:    Non.

  2   M. Mikulicic (interprétation): Je souhaite que vous examiniez l'autre

  3   document que vous nous avez remis hier également.

  4   Mme Thomson (interprétation): Ce sera le document D112/2.

  5   M. Mikulicic (interprétation): Il s'agit d'une note de service du HVO

  6   Vitez, signée par Ivan Santic, Président du HVO de Vitez. Est-ce vrai?

  7   M. Tibold (interprétation): Oui.

  8   Question:   Cette note de service a été émise à la suite d'une réunion du

  9   24 août 1992, à Vitez, n'est-ce pas?

 10   Réponse:    Oui.

 11   Question:   Permettez-moi de vous lire le point 1.

 12   "Dans le domaine de la municipalité de Vitez, est rendue possible

 13   l'utilisation dans les transactions de paiement de toutes les monnaies, y

 14   compris le dinar bosnien, en tant que moyens de paiement."

 15   Cela correspond-il à peu près au souvenir qui est le vôtre de cette

 16   époque-là et cela correspond-il à vos expériences également?

 17   Réponse:    Oui.

 18   Question:   Monsieur Tibold, l'autre jour, lors d'une déposition, nous

 19   avons entendu une personne qui, un matin, un jour, a vu l'essence payée au

 20   moyen de dinars bosniens, à une pompe d'essence. Le même jour après-midi,

 21   on ne pouvait plus acheter de l'essence avec des dinars bosniens mais

 22   uniquement avec des marks. Cette situation vous étonne-t-elle?

 23   Réponse:    Non.

 24   Question:   Avez-vous été témoin vous-même de situations pareilles pour ce

 25   qui est du trafic et transactions bancaires et circulation de la monnaie


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  1   en général?

  2   Réponse:    Dans le domaine de la vallée de la Lasva, chacun pouvait

  3   utiliser la monnaie qu'il souhaitait avoir et qu'il avait sur lui. Tout

  4   était en circulation. Je dois reconnaître qu'une fois qu'on échangeait le

  5   dinar yougoslave contre le dinar bosnien, la proportion était de 1 par

  6   rapport à 1, mais qu'ensuite, il y avait une chute, c'est-à-dire 1 par

  7   rapport à 3.

  8   Question:   Et le dinar bosnien, à la suite de la mise en circulation,

  9   était resté jusqu'à quand, s'il vous plaît, en tant que moyen de paiement?

 10   Réponse:    Jusqu'au temps où il a été changé par le mark convertible.

 11   Question:   Vous avez dit qu'en dépit de tout cela, le deutsche mark

 12   restait toujours un moyen de paiement parallèle, n'est-ce pas?

 13   Réponse:    Oui.

 14   M. Mikulicic (interprétation): Monsieur Tibold, je n'ai plus de questions.

 15   Merci de votre déposition.

 16   M. Tibold (interprétation): Je vous remercie de ma part.

 17   M. Naumovski (interprétation): Le conseil de la défense de M. Kordic n'a

 18   pas de question pour ce témoin. Je vous remercie, Monsieur le Président.

 19   M. le Président (interprétation): Maître Scott?

 20   (Contre-interrogatoire du témoin, M. Tibold, par Me Scott)

 21   M. Scott (interprétation): Bonjour, Monsieur.

 22   M. Tibold (interprétation): Bonjour.

 23   Question:   Monsieur, d'après votre déposition, faite et que nous avons

 24   reçue récemment, vous êtes donc de nationalité de Bosnie-Herzégovine et de

 25   Croatie également. Cela est vrai?


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  1   Réponse:    Oui.

  2   Question:   Depuis combien de temps êtes-vous citoyen de la République de

  3   Croatie?

  4   Réponse:    Depuis 1994

  5   Question:   Comment avez-vous procédé pour avoir cette nationalité aussi?

  6   Réponse:    J'ai d'abord été obligé de me faire délivrer toute la

  7   documentation nécessaire pour obtenir le droit à la nationalité croate.

  8   Question:   Et où avez-vous soumis tout ce dossier pour obtenir la

  9   nationalité?

 10   Réponse:    C'est ma tante qui, par procuration, qui vit à Zagreb, qui a

 11   (?) Banja Luka pour remettre ce dossier en mon nom, en tant que

 12   mandataire.

 13   Question:   A Zagreb donc?

 14   Réponse:    Oui, c'est cela.

 15   Question:   Quand, pour la première fois, êtes-vous devenu membre du parti

 16   politique HDZ?

 17   Réponse:    En 1990.

 18   Question:   C'est-à-dire approximativement au temps où le parti a été

 19   fondé, n'est-ce pas?

 20   Réponse:    Oui.

 21   Question:   Et pendant quelle période avez-vous été trésorier du parti

 22   HDZ?

 23   Réponse:    Cela s'étalait, si je peux dire, pas pendant toute cette

 24   période, parce que j'ai d'abord été secrétaire et trésorier, je l'ai été à

 25   partir de 1992.


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  1   Question:   Quand avez-vous arrêté vos fonctions en qualité de trésorier,

  2   s'il vous plaît?

  3   Réponse:    En 1994

  4   Question:   Donc, c'est à cette position-là que vous avez œuvré

  5   pratiquement tout au long de ce conflit. Est-ce vrai?

  6   Réponse:    Oui, uniquement lorsqu'il y avait les actions de combat, je

  7   n'ai pas pu remplir la fonction.

  8   Question:   Bon, essayons de parler dates. Vous avez dit dans votre

  9   déposition que vous étiez déjà à cet emploi en 1991-1992 et que vous êtes

 10   resté à cet emploi jusqu'en 1994, n'est-ce pas vrai?

 11   Réponse:    Cela est vrai.

 12   Question:   Outre cette fonction de trésorier, à un moment donné, vous

 13   avez été secrétaire du HDZ de Vitez. Cela est vrai aussi?

 14   Réponse:    C'est vrai.

 15   Question:   Vous souvenez-vous, Monsieur, que vous avez été en possibilité

 16   d'assister à une importante réunion des leaders du HDZ de Bosnie-

 17   Herzégovine à Travnik, en avril 1993?

 18   Réponse:    Non.

 19   Question:   Vous ne vous en souvenez pas?

 20   Réponse:    Non, je n'ai pas assisté à cette réunion.

 21   Question:   Avez-vous été secrétaire du HDZ de Vitez, à cette époque-là?

 22   Réponse:    Oui.

 23   Question:   Donc vous l'avez été. Vous avez été secrétaire et je peux

 24   peut-être tourner autrement la question. Est-ce que l'huissier peut

 25   soumettre pour examen la pièce à conviction Z2631, de sorte que le témoin


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  1   puisse examiner le document en croate, alors que la version anglaise

  2   devrait être placée sur le rétroprojecteur?

  3   (L'huissier s'exécute.)

  4   M. Scott (interprétation): Je m'excuse auprès de l'huissier. Vous avez

  5   très peu de temps pour vous procurer le document dont j'ai besoin, mais

  6   voilà que nous avons tous à combattre le temps qui s'écoule.

  7   Excusez-moi, Monsieur le Président, je crois que je ne me suis pas bien

  8   exprimé, il s'agit plutôt du document Z 631.

  9   M. le Président (interprétation): Vous pouvez procéder.

 10   M. Scott (interprétation): Version en croate pour le témoin et version

 11   pour le rétroprojecteur.

 12   Monsieur, je voudrais vous montrer ce document pour rafraîchir vos

 13   souvenirs. Il s'agit du procès-verbal de la réunion tenue à Travnik le 8

 14   avril 1993 et là vous pouvez lire la date. On dit qu'il s'agit d'un

 15   procès-verbal des présidents et vice-présidents des comités municipaux du

 16   HVO et des comités municipaux du HDZ. Je ne peux pas dire si les pages

 17   sont numérotées de la même façon en version croate ou anglaise. Mais

 18   lorsque vous tournez la page 2, page 3, en haut de la page, version

 19   anglaise, vous pouvez voir, Monsieur, encore qu'il y a eu une erreur de

 20   frappe, c'est-à-dire, vous pouvez voir, Monsieur, figurer le nom de

 21   Tibold, donc y figure votre nom et votre prénom et la qualité qui est la

 22   vôtre, c'est-à-dire de secrétaire du HDZ de Vitez. L'avez-vous remarqué?

 23   Réponse:    Oui.

 24   Question:   Est-ce que nous pouvons peut-être faire une hypothèse que

 25   c'est une autre personne ou il s'agit d'une faute de frappe? Vous


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  1   rappelez-vous maintenant que vous avez été présent à cette réunion du 8

  2   avril 1993?

  3   Réponse:    Je n'ai pas assisté à cette réunion.

  4   Question:   Vous souvenez-vous d'avoir été convoqué à cette réunion ou

  5   d'avoir été informé ou vous rappelez-vous quoi que ce soit portant

  6   convocation de cette réunion? Sur la page 1, vous pouvez lire aussi la

  7   mention du nom du colonel Kordic?

  8   Réponse:    Je n'ai eu aucune connaissance de cette réunion et je n'ai pas

  9   assisté à la réunion.

 10   Question:   Je vous remercie. Pouvez-vous nous dire les noms des banques

 11   pour lesquelles vous avez travaillé depuis 1992? Vous avez fait mention de

 12   plusieurs banques, notamment dans la seconde partie de votre déposition,

 13   mais on n'a pas très bien compris.

 14   Si je peux reprendre la question, une fois vous avez dit que vous avez été

 15   employé de banque en Bosnie-Herzégovine?

 16   Réponse:    Oui et j'y suis toujours.

 17   Question:   Prenons cela à titre d'exemple. Pouvez-vous dire les noms des

 18   banques ici, devant ce prétoire, les banques pour lesquelles vous avez

 19   travaillé pour la période 1993 - 1994?

 20   Réponse:    La première banque où j'ai été employé était la Privredna

 21   Banka de Sarajevo succursale de Vitez. Une fois réorganisée, cette banque

 22   est devenue la Privredna Banka Travnik, succursale Vitez. Une fois quitté

 23   cette banque, je suis passé à la Hrvatska Banka d.d. Mostar.

 24   Question:   A quel moment ceci s'est-il produit?

 25   Réponse:    Début 1992, j'ai quitté la Privredna Banka Travnik. Au mois


Page 24717

  1   d'avril 1993 a été fondée la Hrvatska Banka, d.d. Mostar. Il y a à peu

  2   près un mois, un mois et demi, la Zagrebacka Banka pour la Bosnie-

  3   Herzégovine a été fondée.

  4   Question:   Par conséquent il y a un mois et demi à compter à partir de la

  5   date d'aujourd'hui, vous voulez dire?

  6   Réponse:    Oui, c'est bien cela.

  7   Question:   Ce que je voudrais vous poser comme question, c'est que la

  8   banque qui a eu son siège à mon Mostar, comment pouvait-elle être une

  9   Hrvatska Banka à la différence de Mostar Banka, était-ce une Hrvatska

 10   Banka?

 11   Réponse:    C'était une banque comme avant, seulement l'appellation a

 12   changé.

 13   Question:   Y a-t-il eu lieu de parler d'une certaine association, fusion

 14   de cette banque avec une autre institution en Croatie ou à Zagreb?

 15   Pourquoi cette banque portait-elle l'appellation Hrvatska Banka?

 16   Réponse:    Cette banque a été fondée par la réorganisation de la

 17   Privredna Banka Zagreb. C'était une banque tout à fait indépendante dans

 18   son activité en Bosnie-Herzégovine.

 19   Question:   Ce que je voulais vous demander tout à l'heure, à savoir la

 20   réorganisation de la banque de Travnik, pouvait-on dire que toutes les

 21   banques pour lesquelles vous avez travaillé étaient les banques, utilisons

 22   vos termes "Hervatska banka", banque de Croatie avec sa raison sociale à

 23   Zagreb ou ailleurs en Croatie?

 24   Réponse:    La Privredna Banka de Zagred avait son siège à Zabreb. La

 25   Privredna Banka d.d. Mostar à Mostar et la Zagrebacka Banka d.d. Mostar


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  1   encore avec son siège à Mostar.

  2   Question:   Monsieur le Président, c'est la dernière question que j'ai à

  3   poser au sujet de ce volet de questions. A quelle date cette banque de

  4   Mostar a-t-elle été fondée?

  5   Réponse:    Quelle banque?

  6   Question:   Celle dont nous parlons, la Hrvatska Banka, la banque de

  7   Croatie à Mostar?

  8   Réponse:    Le 1er avril 1993.

  9   Question:   Monsieur, vous nous avez dit pas mal sur les événements

 10   monétaires en Bosnie en 1992 et 1993? Permettez-moi de vous poser une

 11   question. Y avait-il eu un besoin quelconque pour la mise en circulation

 12   d'une monnaie alternative à la suite de la désagrégation de la

 13   Yougoslavie? Comment se fait-il qu'il n'y ait pas eu une suite donnée à

 14   l'utilisation du deutsche mark qui lui, en tout cas, a été en circulation.

 15   Comment se fait-il que le deutsche mark n'a pas été utilisé, mais que l'on

 16   tentait d'introduire une monnaie croate?

 17   Réponse:    C'est que l'on ne disposait pas suffisamment de marks

 18   allemands, de deutsche marks.

 19   Question:   Ces dinars croates, qui sont par la suite devenus des kuna, où

 20   est-ce qu'on battait cette monnaie, où est-ce qu'on imprimait ces billets

 21   de banque?

 22   Réponse:    Les dinars étaient imprimés dans l'Etat de Croatie.

 23   Question:   Alors, cette devise, comment était-elle acheminée en Bosnie

 24   pour y être mise en circulation?

 25   Réponse:    Eh bien, par les échanges commerciaux. Quelqu'un voulait


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  1   acheter des marchandises: pour ce faire, il devait apporter des marks

  2   allemands. En Croatie, on a pris une décision: il a été décidé qu'il

  3   n'était pas possible d'avoir des échanges commerciaux avec des marks

  4   allemands et qu'il fallait échanger toutes les devises en circulation

  5   contre des dinars croates, ce qui veut dire que ceux qui avaient des

  6   dinars croates qui leur restaient les ont amenés avec eux en Bosnie

  7   centrale.

  8   Question:   Mais il se peut effectivement qu'il y ait des devises

  9   supplémentaires qui soient parvenues en Bosnie par les échanges

 10   commerciaux, par exemple aussi, des devises croates, mais l'essentiel de

 11   ces billets a été simplement transporté puis mis en circulation en Bosnie,

 12   tout simplement. N'est-ce pas ainsi que cela s'est passé?

 13   Réponse:    Non.

 14   Question:   Vous avez parlé de bons. Mais est-ce qu'en fait, ces bons

 15   n'étaient-ce pas des bons qui avaient été confectionnés et utilisés sous

 16   la tutelle du Gouvernement central de Bosnie-Herzégovine?

 17   Réponse:    Non, ces bons avaient été imprimés par les banques.

 18   Question:   Ma question ne portait pas sur la façon dont c'était imprimé.

 19   Mais le système n'a-t-il pas été mis en place sous la tutelle du

 20   Gouvernement central, légitime de Bosnie-Herzégovine, en Bosnie-

 21   Herzégovine?

 22   Réponse:    Là, je ne suis pas au courant et, de toute façon, cette devise

 23   est vite devenue obsolète, parce qu'elle a perdu toute valeur et qu'il

 24   était impossible de l'utiliser aux fins d'échanges, aux fins d'achats.

 25   Question:   N'est-il pas exact de dire qu'à l'époque où il y a eu d'abord


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  1   le dinar croate et puis le kuna qui ont commencé à être utilisés en

  2   Bosnie, est-ce qu'il n'est pas exact de dire que cela, en soi, constituait

  3   une nouvelle devise puisque celle-ci n'avait été créée qu'en Croatie, et

  4   assez récemment, en fait vers les années 92?

  5   Réponse:    Oui, c'est exact. Les dinars croates sont venus de Croatie par

  6   la suite et ils avaient une certaine valeur parce qu'avec cette monnaie,

  7   on pouvait acheter des marchandises.

  8   Question:   Je comprends bien, mais la question que je vous posais était

  9   celle-ci: le dinar croate en tant que tel, en soi, était à l'époque encore

 10   une devise assez nouvelle sur le marché et qui n'avait pas encore subi

 11   l'épreuve du temps?

 12   Réponse:    Elle a été utilisée qu'en Hrvatska, en territoire de Croatie:

 13   c'était la transition qui s'opérait à partir du dinar yougoslave vers le

 14   dinar croate.

 15   Question:   Dans votre résumé, et plus exactement au paragraphe 3.4 -vous

 16   ne l'avez pas sous les yeux-, vous dites au point 3.5 qu'à l'époque, la

 17   devise nationale, le dinar croate, qui a été par la suite remplacée par la

 18   kuna, s'est renforcée. Alors, de quelle époque parlez-vous quand vous

 19   dites "en même temps"?

 20   Réponse:    Si je ne m'abuse, c'était en 1991.

 21   Question:   Et c'était alors la première fois que l'on avait constitué

 22   cette nouvelle devise, cette nouvelle monnaie, en Croatie, en tout cas.

 23   Peut-être y avait-il eu une utilisation antérieure, au cours de

 24   l'histoire, de cette devise, mais là, pour les temps contemporains,

 25   c'était bien la première fois qu'on utilisait une toute nouvelle devise


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  1   qui n'avait été introduite par le Gouvernement de Croatie qu'en 1991 ou

  2   1992, n'est-ce pas?

  3   Réponse:    Oui.

  4   Question:   Afin de gagner du temps, Monsieur le Président, Messieurs les

  5   Juges, je vais me contenter de faire référence à certains documents et je

  6   vais poser la question pertinente au témoin de cette façon.

  7   Sont déjà versées au dossier de l'instance la pièce 134.1 qui a trait à la

  8   mise en circulation du dinar croate à Kiseljak, le 15 juin 1992, la pièce

  9   Z135.2 qui porte elle aussi sur l'utilisation des dinars en juin 1992, la

 10   pièce 341.6 qui est un décret émanant de l'Herceg-Bosna, publié le 22

 11   septembre 1992, à propos des transactions commerciales et autres en dinars

 12   croates. Il y a d'autres pièces, mais je pense que nous pouvons faire

 13   valoir notre argument par le truchement de ces pièces.

 14   Mais, Monsieur le témoin, n'est-il pas exact de dire que, par

 15   l'établissement, l'instauration de cette circulation en dinars croates, en

 16   Bosnie, vers le milieu de 1992, c'était bien à ce moment-là que cette

 17   devise, disons, voyait le jour en Croatie? Et que, si elle a été

 18   introduite en Bosnie, cette devise, c'est qu'elle faisait partie de toute

 19   une politique nationaliste de la Croatie?

 20   Réponse:    Non.

 21   Question:   Vous dites au paragraphe 3.6 de votre résumé "qu'en fait, une

 22   fois arrivée la fin de l'année 1992, le Gouvernement central de Bosnie-

 23   Herzégovine à Sarajevo avait établi le dinar bosniaque". A la fin de ce

 24   paragraphe 3.6, vous déclarez ceci -je cite-: "A la fin de l'année 1992 et

 25   début de l'année 1993, le dinar bosniaque a été commencé à être mis en


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  1   circulation aussi dans d'autres parties de la Bosnie-Herzégovine. Toutes

  2   les devises citées ci-dessus étaient en circulation à l'époque".

  3   Vous campez sur votre position, Monsieur?

  4   Réponse:    Fin 1992, on a vu apparaître le dinar bosniaque qui a été

  5   échangé contre le dinar yougoslave. Ce qui veut dire qu'en 1992, toutes

  6   les devises existaient et étaient en circulation.

  7   Question:   Par conséquent, comment se présentait la situation, fin 1992,

  8   en matière de devises en Bosnie-Herzégovine? Comme ceci: il y avait

  9   d'abord le mark allemand, largement utilisé par tous les groupes

 10   ethniques, en circulation depuis longtemps; puis il y avait la devise

 11   établie officiellement par le gouvernement légitime de Bosnie-Herzégovine

 12   à Sarajevo. Ces devises étaient toutes les deux en circulation, étaient

 13   utilisées par la population, n'est-ce pas?

 14   Réponse:    La devise de Sarajevo ne pouvait pas être utilisée, parce

 15   qu'il était impossible de l'échanger contre des marchandises. On ne

 16   l'utilisait que sur le territoire de la Bosnie centrale, pour autant que

 17   les personnes aient le souhait de le faire.

 18   Question:   Mais au 3.6, vous dites qu'au départ, la monnaie a été mise en

 19   circulation à Sarajevo, Zenica, Bihac et Tuzla. A la fin de ce paragraphe,

 20   vous dites que cette monnaie était en circulation aussi dans d'autres

 21   parties de la Bosnie-Herzégovine, que toutes les devises étaient

 22   utilisées. Est-ce bien là la vérité?

 23   Réponse:    Les périodes concernées, à savoir au moment de la distribution

 24   des dinars bosniaques dans les villes à partir de Bihac vers Sarajevo, je

 25   ne peux pas vous dire selon quelles modalités cela s'est… Cependant, sur


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  1   le territoire de Bosnie centrale, on a vu apparaître cette devise fin 1992

  2   et cette devise était en circulation.

  3   Question:   Vous souvenez-vous des différentes lois ou instruments

  4   législatifs mis en œuvre par l'Herceg-Bosna et son gouvernement à Mostar?

  5   Il y avait par exemple des droits d'accises ou autres taxes douanières qui

  6   devraient être payés et perçus en dinars croates, n'est-ce pas?

  7   Réponse:    Tout à fait, parce que le dinar croate est apparu avant le

  8   dinar bosniaque.

  9   Question:   Vous voulez laisser entendre qu'à un moment donné, le

 10   gouvernement d'Herceg-Bosna avait mis fin à cette politique, avait dit

 11   qu'il n'allait plus utiliser ces dinars croates, puisqu'il y avait

 12   maintenant une devise nationale croate qui était le dinar bosniaque émis

 13   par le gouvernement de Bosnie-Herzégovine?

 14   Réponse:    Cela s'est passé plus tard.

 15   Question:   Nous allons arriver dans un instant. Je vous repose la

 16   question, Monsieur le témoin: n'est-il pas exact de dire, n'est-ce pas un

 17   fait que l'utilisation du dinar croate, plus tard la kuna, était une

 18   décision politique largement soutenue par le Président Tudjman à Zagreb et

 19   pour ainsi dire relayée sur ses instruction à l'aile politique du HDZ afin

 20   que cette politique soit mise en œuvre également en Herzégovine, en tout

 21   cas dans les parties sous contrôle de l'Herceg-Bosna pour bien montrer

 22   qu'il y avait un nouvel Etat en création?

 23   Réponse:    Je dois vous répondre par la négative.

 24   Question:   Si le Président Tudjman devait avoir déclaré que l'utilisation

 25   de la kuna était une expression importante de la création, du processus de


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  1   création d'un Etat croate, seriez-vous en désaccord avec lui et avec ce

  2   qu'il disait?

  3   Réponse:    Oui, il m'est impossible de marquer mon accord. En effet, tous

  4   les documents que nous avons utilisés avaient pour intitulé ou en-tête

  5   "République de Bosnie-Herzégovine".

  6   Question:   Pourriez-vous indiquer aux Juges s'il y a des documents et, si

  7   oui, quels sont-ils? S'il y a des documents du Gouvernement légitime de

  8   Bosnie-Herzégovine montrant que ce Gouvernement acceptait que cette

  9   monnaie croate, le dinar croate, soit la devise légitime qu'il fallait

 10   utiliser sur le territoire du Gouvernement de Bosnie-Herzégovine? Dites-

 11   vous que cela a été fait par la République de Bosnie-Herzégovine qui

 12   considérait le dinar croate comme étant une devise légitime?

 13   Réponse:    Dans le cadre des accords de Dayton, on utilisait les devises

 14   suivantes: la kuna, le dinar Bosniaque et le mark allemand. C'étaient les

 15   devises officielles et légales sur le territoire de la fédération.

 16   Question:   Je comprends, je connais les accords de Dayton, du moins

 17   certaines parties, mais ce n'était pas la question que je vous posais.

 18   Pourriez-vous nous parler d'un document précis, d'une législation

 19   particulière, d'une décision du gouvernement central de Sarajevo qui

 20   montrerait que ce gouvernement acceptait le dinar croate comme étant une

 21   devise officielle sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine

 22   Réponse:    Le gouvernement central de Sarajevo a oublié l'existence de la

 23   Bosnie centrale. Les documents émanant du gouvernement central, nous ne

 24   les recevions pas. Nous n'avons rien reçu.

 25   Question:   Mais est-ce que vous vous souvenez d'une époque où la Cour


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  1   constitutionnelle de la Bosnie-Herzégovine a déclaré que l'entité

  2   d'Herceg-Bosna, qui était d'abord la Communauté puis la République croate

  3   d'Herceg-Bosna, que ces entités avaient été déclarées par cette Cour

  4   constitutionnelle anticonstitutionnelles?

  5   Réponse:    Je m'en souviens.

  6   Question:   Vous souvenez-vous aussi que, dans le cadre de ces décisions,

  7   l'utilisation du dinar croate avait été estimée et considérée par cette

  8   Cour constitutionnelle comme étant une devise non valable, illégale?

  9   Réponse:    Oui. Je ne veux pas que vous substituiez des thèses, parce

 10   qu'on a utilisé le dinar croate comme les autres devises en Bosnie

 11   centrale. Il n'y a pas qu'une devise et une seule devise qui ait été

 12   utilisée dans cette région.

 13   Question:   Je veux vous répéter ma dernière question et puis nous

 14   passerons à autre chose. J'ai presque terminé. Etiez-vous au courant de

 15   ces décisions prises par la Cour constitutionnelle qui invalidaient non

 16   seulement l'utilisation de cette devise, mais vraiment disaient que le

 17   dinar croate était tout simplement illégal. Etes-vous au courant?

 18   Réponse:    Non.

 19   Question:   Mais même après la création de la Fédération croato-musulmane,

 20   la partie croate de cette Fédération, du moins certaines parties de la

 21   partie croate, ont persisté à refuser de reconnaître l'existence du dinar

 22   bosniaque comme étant la devise légitime sur le territoire, territoire de

 23   ce qui était appelé alors encore l'Herceg-Bosna.

 24   Réponse:    Toutes les devises étaient en circulation.

 25   Question:   Connaissez vous un certain Obrad Piljak?


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  1   Réponse:    Oui.

  2   Question:   En octobre 1994, ce monsieur était-il le gouverneur de la

  3   banque nationale de la Fédération croato-musulmane?

  4   Réponse:    Cela, je ne peux pas vous le dire.

  5   M. Scott (interprétation): Est-ce que vous vous souvenez si, vers le 4

  6   octobre 1994, M. Piljak a estimé que le dinar de Bosnie-Herzégovine

  7   n'avait aucune chance de devenir la devise officielle de la République

  8   croate de Herceg-Bosna et que la seule devise qu'allait reconnaître cette

  9   République croate de Herceg-Bosna est la kuna croate ou le mark allemand.

 10   M. Mikulicic (interprétation): Sauf le respect que je vous dois, Messieurs

 11   les Juges, je me dois d'intervenir, parce que cette question dépasse le

 12   cadre défini par l'acte d'accusation et dépasse aussi la portée de

 13   l'examen principal.

 14   M. Scott (interprétation): Puis-je réagir? Ici, nous estimons que c'est là

 15   la poursuite d'une politique déjà en place en 1992. Le témoin a fait

 16   allusion à l'accord de Dayton, alors que l'accusation fait valoir que

 17   c'était une politique qui n'a pas cessé d'être appliquée, même après les

 18   accords de Dayton et c'est dans ce sens que je posais la question,

 19   Monsieur le Président.

 20   M. le Président (interprétation): Vous avez entendu ce que vient de dire

 21   le Procureur. Etes-vous d'accord avec ses propos ou pas?

 22   M. Mikulicic (interprétation): Non. Les habitants de Bosnie centrale

 23   étaient les plus touchés par la crise économique et ils n'ont reconnu que

 24   la devise qu'ils pouvaient utiliser pour acheter les biens de première

 25   nécessité. Vous savez qu'il y avait aussi des problèmes avec ce dinar


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  1   bosniaque, c'est qu'on ne pouvait l'utiliser que sur le territoire de la

  2   Bosnie-Herzégovine. On ne pouvait pas aller beaucoup plus loin avec cette

  3   devise ; on ne pouvait pas l'utiliser que ce soit en Croatie ou en Europe.

  4   M. Scott (interprétation): Voici ma dernière question. Je vous soumets

  5   cette hypothèse, Monsieur le témoin. Ce n'est pas le cas et je vous donne

  6   une dernière chance, parce que je vous fais valoir que la partie croate de

  7   la Fédération en 1994 continuait de refuser à reconnaître l'existence du

  8   dinar bosniaque sur le territoire d'Herceg-Bosna, elle refusait d'y voir

  9   une devise en quelque façon officielle. N'est-ce pas un fait?

 10   Réponse:    Non. Je dois vous répondre. Le Gouvernement central de

 11   Sarajevo -et ceci après les accords de Dayton- était censé corriger le

 12   volume de la circulation en dinar sur le territoire de la Fédération, mais

 13   cela n'a jamais été fait. C'est la raison pour laquelle ce dinar n'a pas

 14   pu être adopté. Je ne dirai pas que c'est pour cela que c'était en

 15   circulation. Il a remplacé le mark qui lui était convertible, qui est

 16   maintenant en circulation dans la Fédération, il n'y a pas de problème.

 17   M. Scott (interprétation): J'en ai terminé.

 18   (Questions complémentaires de Me Mikulicic)

 19   M. Mikulicic (interprétation): Très rapidement.

 20   Monsieur Tibold, on vous a demandé où vous travaillez, dans quelle banque

 21   vous travaillez aujourd'hui. Vous avez répondu Zagrebacka Banka, la banque

 22   de Zagreb en Bosnie-Herzégovine. Est-il exact de dire que cette banque est

 23   une institution bancaire internationale qui a des actions, qui est cotée

 24   en bourse?

 25   Réponse:    Oui.


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  1   Question:   N'est-il pas exact de dire que la Zagrebacka Banka a des

  2   succursales, des filiales dans d'autres pays, pas seulement en Croatie?

  3   Réponse:    Je suppose que c'est le cas.

  4   Question:   Pendant tout un temps, vous avez travaillé pour la Privredna

  5   Banka à Zagreb, la banque commerciale. Est-ce que cette banque elle aussi

  6   avait des succursales, des filiales dans des pays d'Europe occidentale et

  7   aux États-Unis?

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question:   Vous avez aussi travaillé pour la Hrvatska Banka, la banque

 10   croate à Mostar? Est-ce que c'était une banque qui venait de Croatie ou

 11   est-ce qu'en fait elle était née en Bosnie-Herzégovine?

 12   Réponse:    Cette banque est une banque de Bosnie-Herzégovine, elle a pris

 13   naissance dans la Fédération et elle couvrait le territoire de Tuzla,

 14   Sarajevo, Travnik et Bihac et toutes les pensions de Croatie ou d'Europe

 15   étaient payées par cette banque à partir de 1994.

 16   Question:   Merci. On vous a suggéré, Monsieur Tibold, que le Gouvernement

 17   central de Sarajevo avait organisé cette impression de bons dont vous avez

 18   parlé. Si cela avait été le cas, est-ce que ces bons auraient été valables

 19   sur tout le territoire de la Bosnie-Herzégovine et pas seulement dans

 20   certaines villes?

 21   Réponse:    Tout à fait.

 22   Question:   Ceci montre bien que les banques étaient autonomes ou par

 23   exemple qu'elles n'étaient pas organisées par le Gouvernement central?

 24   Réponse:    Tout à fait.

 25   Question:   Aujourd'hui le mark convertible est une devise reconnue comme


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  1   étant officielle, n'est-ce pas, dans la Fédération?

  2   Réponse:    Oui.

  3   Question:   Et toutes les devises qui circulaient auparavant dans ce

  4   territoire, est-ce qu'elles sont mises hors de circulation ou est-ce

  5   qu'elles circulent toujours?

  6   Réponse:    A l'exception du dinar, les autres circulent.

  7   Question:   Cela veut-il dire qu'en Bosnie centrale circule toujours la

  8   kuna croate?

  9   Réponse:    Oui.

 10   Question:   Et qu'en est-il du mark allemand?

 11   Réponse:    Oui, il est toujours utilisé en Bosnie centrale.

 12   Question:   Est-ce que le Gouvernement essaye de mettre un terme à la

 13   circulation de ces devises?

 14   Réponse:    Non.

 15   M. Mikulicic (interprétation): Merci, je n'ai plus de question à vous

 16   poser.

 17   M. le Président (interprétation): C'est ainsi que se termine votre

 18   déposition, Monsieur Tibold. Je vous remercie d'être venu déposer devant

 19   le Tribunal pénal international. Vous pouvez désormais disposer.

 20   M. Tibold (interprétation): Je vous remercie, Messieurs les Juges.

 21   M. le Président (interprétation): Maître Kovacic, nous entendrons votre

 22   prochain témoin demain matin et ce sera votre dernier pour cette semaine,

 23   n'est-ce pas?

 24   M. Kovacic (interprétation): Oui.

 25   M. le Président (interprétation): J'espère que vous avez un programme


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  1   complet pour les deux semaines qui suivent.

  2   M. Kovacic (interprétation): Oui, tout semble bien marcher. Personne ne

  3   nous a avisé d'un problème quelconque. Nous avons de toute façon quelques

  4   témoins de réserve au cas où il y aurait un problème.

  5   M. le Président (interprétation): Je pense que si c'est possible il

  6   faudrait avoir au moins dix témoins.

  7   M. Kovacic (interprétation): C'est exactement ce que nous cherchons. En

  8   fait, nous en demandons onze, Monsieur le Président.

  9   M. le Président (interprétation): Fort bien. Je vous remercie.

 10   L'audience est levée jusqu'à demain matin, 9 heures 30.

 11   (Le témoin est reconduit en hors du prétoire.)

 12   (La séance est levée à 12 heures 53.)

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