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Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-95-14/2-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 LE PROCUREUR

4 C/

5 Dario KORDIC

6 Mario CERKEZ

7

8 Mercredi 28 avril 1999

9

10 L'audience est ouverte à 9 heures 45.

11 Mme la Greffière (interprétation). – Il s’agit de l’affaire

12 IT.94/2, le procureur contre Mario Kordic et Mario Cerkez.

13 M. Nice (interprétation). - Excusez-moi d'avoir d'être intervenu

14 trop tôt, avant l'arrivée du témoin suivant, je pensais qu'il était utile

15 de vous donner des explications à propos de sa déposition afin de gagner

16 éventuellement du temps. C'est un des deux témoins qui vont parler de la

17 municipalité de Vitez. Ce témoin que nous avons renvoyé chez lui parce que

18 nous avions pas le temps nécessaire pour sa déposition vous donnera peut-

19 être un vision plus large des événements. Mais s’agissant de ce témoin-ci,

20 il pourra nous parler d’une période assez longue.

21 Il a été officier de police, au cours de la période allant de

22 décembre 1992 et en 1993. Il a pris des notes à l'époque, ainsi que

23 d'autres membres du personnel de son bureau à propos des événements. Ces

24 notes existent toujours. En octobre 1994, il a présenté un rapport

25 circonstancié à un juge dans le cadre d'une affaire en instance, à propos

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1 des notes allant de décembre 1992 à avril 1993. Ces notes reprennent aussi

2 des événements antérieurs et présentent des souvenirs qu'il a gardés en

3 plus des souvenirs conservés de la période antérieure au moment où il a

4 été arrêté et détenu.

5 En 1996, il a présenté un autre rapport, pas nécessairement pour

6 le bureau du Procureur de notre Tribunal, mais pour lui-même et aussi pour

7 les archives de police, pour la première partie, la période consignée et

8 reprise dans ces notes, et pour la période postérieure.

9 Ces deux rapports ont été communiqués à la défense qui les a

10 désormais. Je ne sais pas si la défense a déjà l'original des notes venant

11 du poste de police. Ceci existe, nous pourrions aisément les communiquer à

12 la défense. J’y ai pensé, j'en ai discuté avec mes collègues hier, lorsque

13 nous arriverons à décembre 1992, je crois que la façon la plus efficace de

14 présenter les événements serait de demander au témoin de donner lecture

15 des notes qu'il y a prises à l'époque, notes qui sont répercutées dans les

16 deux rapports dont j’ai parlés. Il se peut que le Tribunal estimera plus

17 utile et plus efficace par la suite de demander au témoin de se référer au

18 rapport pour la période postérieure.

19 Je pensais vous expliquer ceci maintenant plutôt qu’en la

20 présence du témoin. Je pensais que ce serait plus utile et, de toute

21 façon, nous allons entamer l’interrogatoire principal comme d’habitude.

22 M. le Président (interprétation). - Comment s'appelle ce

23 témoin ?

24 M. Nice (interprétation). – Zlotrg et son prénom est Edib.

25 M. le Président (interprétation). - Maître Nice, nous avons

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1 étudié la question suivante : s’il y avait des exemplaires disponibles de

2 ces notes pour les Juges, étant donné que nous ne pouvons pas dans un

3 système juridique national… Y a-t-il une quelconque raison qui nous

4 empêcherait d'avoir sous les yeux ces notes, et plutôt que de demander une

5 lecture assez pénible au témoin, nous pourrions les avoir simplement en

6 guise de déclaration, dans le cadre de l'interrogatoire principal. Vous

7 pourriez mettre en exergue les parties qui vous semblent intéressantes et

8 la défense aurait le loisir de procéder au contre-interrogatoire pour

9 toute partie qui lui paraît importante.

10 M. Nice (interprétation). – Absolument, je ne vois pas pourquoi

11 cela ne pourrait pas se passer. La seule question qui se pose est de

12 savoir si on va plus loin, par exemple les rapports présentés en Juges, la

13 Cour suprême de Bosnie-Herzégovine en 1994, là sont repris des évènements

14 qui se sont produits juste après les notes prises au moment des

15 événements.

16 Effectivement, le témoin avait été cité et avait présenté son

17 rapport, mais autant prendre une étape à la fois.

18 M. le Président (interprétation). - Je pense que les notes

19 seront peut-être la meilleure façon de revoir ces événements, davantage

20 que des notes prises par la suite. Par la suite, je suppose que si nous

21 avons déjà les notes sous les yeux, nous pourrons déjà commencer. Si

22 quelqu'un veut renvoyer à cet autre rapport pour une raison particulière,

23 ce rapport pourrait être produit mais je pense que d’entrée de jeu, il

24 n’est pas nécessaire de présenter ce second rapport.

25 Maître Stein ?

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1 M. Stein (interprétation). – Une simple précision, il me paraît

2 qu’il y a trois niveaux de notes, vous venez de vous prononcer sur les

3 notes de l’époque et puis, il y une deuxième couche, un deuxième substrat,

4 qui est une compilation de ces notes, ceci vient de 1996 et puis, une

5 dernière couche, c’est-à-dire ces notes au-dessus de l’article sur lequel

6 vous vous êtes longuement attardé avec le Procureur. Il y a juste en haut

7 de la page où l’on voit « Vjeroradvatno », probablement, en d’autres

8 termes, est-ce qu’il est possible de lire ceci à l’intention des Juges

9 afin qu’une bonne traduction vous soit fournie ?

10 M. Stein (interprétation). – Il paraît qu'il y a trois niveaux

11 de notes, vous venez de vous présenter aux notes de l'époque. Puis il y a

12 une deuxième couche, un deuxième substrat qui est une compilation de ces

13 notes de 1996 et une dernière couche, c'est-à-dire les notes que le témoin

14 va utiliser lors de sa déposition. Nous sommes d'accord pour la première

15 couche du premier substrat. Il faudra voir que les deuxième et troisième

16 couches sont couvertes par votre décision.

17 M. le Président (interprétation). - Il faudra bien sûr avoir ces

18 notes de l'époque.

19 M. Nice (interprétation). – Je ne sais pas si vous avez vu le

20 résultat de ces notes, c'est-à-dire les rapports de 1995 et 1996. Je crois

21 que l'original de ces rapports ont été produits dans d'autres procès. On

22 pourrait peut-être les soumettre maintenant et ces rapports prendraient

23 pour référence 332.1. Il y a bien sûr les événements de 1991, mais qui ne

24 vont pas nécessiter un examen trop long. Je pense que d'ici la première

25 pause de ce matin, nous pourrons arriver déjà à l'année 1992.

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1 M. le Président (interprétation). – Soyons bien sûr, Maître

2 Nice, de ce que nous avons l'ordre chronologique des rapports.

3 Maître Stein a fait allusion à une compilation établie en 1996.

4 Si j'ai bien compris, il y avait aussi un rapport en octobre 1994 ?

5 M. Nice (interprétation). - Oui.

6 M. le Président (interprétation). – Est-ce que c'est ce qui

7 avait été remis aux Juges à l'époque ?

8 M. Nice (interprétation). – Oui, dans une affaire pendante. Il

9 avait été instruit de ses obligations juridiques.

10 M. le Président (interprétation). – Oui.

11 M. Nice (interprétation). – Puis, il y avait un rapport

12 subséquent de 1996, je ne sais pas si l'ordre est tout à fait exact. Le

13 témoin avait consigné ses notes pour lui-même et aussi pour les archives

14 générales de la police.

15 M. le Président (interprétation). - Et ce que qu'on nous remet à

16 l'instant, ce sont les notes de 1992 jusqu'en avril 1993 ?

17 M. Nice (interprétation). – Tout à fait.

18 M. le Président (interprétation). – Peut-on faire entrer le

19 témoin.

20 Maître Nice, pourrions-nous peut-être étudier une question qui

21 m'embête un peu. Quelle est la signification du "Z" dans toutes ces

22 cotes ?

23 M. Nice (interprétation). – Je pense que le greffe pourra mieux

24 nous aider. C'est la lettre qui a été attribuée aux pièces de l'accusation

25 pour ce procès. Pourquoi "Z", façon de prononcer à l'américaine ou

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1 américaine. Je ne peux pas ici être nationaliste pour ce qui est de la

2 prononciation britannique plutôt qu'américaine du "Z". Est-ce "Z" ou

3 "Zie". Peu importe.

4 M. Stein (interprétation). – Là aussi, nous avons nos propres

5 conjectures, mais nous n'allons pas les partager avec vous si vous nous le

6 permettez.

7 (Le témoin est introduit dans la salle d'audience.)

8 M. le Président (interprétation). – Peut-on demander au témoin

9 de donner lecture de la déclaration solennelle.

10 M. Zlotrg (interprétation). – Je déclare solennellement que je

11 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

12 M. le Président (interprétation). - Veuillez vous asseoir,

13 Monsieur.

14 M. Nice (interprétation). – Monsieur, veuiller décliner votre

15 identité.

16 M. Zlotrg (interprétation). – Je m'appelle Edib Zlotrg.

17 M. Nice (interprétation). – Quel est votre âge, Monsieur ?

18 M. Zlotrg (interprétation). – J'ai 46 ans.

19 M. Nice (interprétation). – Quel est votre lieu de naissance ?

20 M. Zlotrg (interprétation). – Je suis né à Nova Bila.

21 M. Nice (interprétation). - Lorsque nous arrivons vers la fin

22 des années 1980, quel était votre emploi à l'époque et où habitiez vous ?

23 M. Zlotrg (interprétation). – Jusqu'aux années 1980, fin 1980,

24 j'ai travaillé aux services au poste de police publique et j'habitais à

25 Marsala Tita 14a à Vitez.

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1 M. Nice (interprétation). - Vous parlez de ces services où vous

2 travailliez, cela représente la police ?

3 M. Zlotrg (interprétation). – Oui.

4 M. Nice (interprétation). – Remontons un peu en arrière. Avant

5 d'entrer dans la police, que faisiez-vous ?

6 M. Zlotrg (interprétation). - J'ai travaillé comme mécanicien

7 automobile dans un service de réparation et j'étais conducteur d'essai à

8 Vitez.

9 M. Nice (interprétation). – Puis vous avez rejoint la police. En

10 quelle année l'avez-vous fait ?

11 M. Zlotrg (interprétation). – Je pense que c'était en 1986.

12 M. Nice (interprétation). – Etes-vous entré dans la police en

13 tant qu'agent de police ou policier pour faire un travail de policier,

14 mais aussi un travail de détective, ou l'avez-vous fait pour d'autres

15 raisons, d'autres activités ?

16 M. Zlotrg (interprétation). – Non, j'ai travaillé au poste

17 public de police et j'étais un employé simple, responsable d'équipements.

18 M. Nice (interprétation). – Quelle sorte d'équipements ?

19 M. Zlotrg (interprétation). – C'étaient des munitions, de

20 l'armement. Tout équipement qui doit concerne un agent de police qui porte

21 l'uniforme, ainsi que tout ce qui est l'équipement de la police de

22 réserve, ainsi que tout ce qui est bureautique.

23 M. Nice (interprétation). – En 1991, des élections ont eu lieu.

24 Le HDZ y a remporté un succès local. Est-ce que ceci a entraîné des

25 modifications pour ce qui est de l'agencement du personnel aussi et du

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1 poste de police.

2 M. Zlotrg (interprétation). – Oui.

3 M. Nice (interprétation). – Pouvez-vous être plus précis,

4 Monsieur ?

5 M. Zlotrg (interprétation). – C'est M. Pero Skopljak qui est

6 devenu le directeur, le chef du poste, le commandement, Saban Mahmutovic.

7 Nous avons travaillé normalement, comme auparavant, jusqu'au moment où le

8 chef du poste, Pero Skopljak, avait appelé chaque employé de nationalité

9 croate et serbe. Tout de suite après, ils ont demandé de se séparer de

10 nous. Ils ont commencé à arborer des symboles du HV sur leur uniforme et

11 chaque jour, ils se sont séparés de plus en plus des représentants du

12 groupe ethnique musulman.

13 M. Nice (interprétation). – Pourriez-vous nous dire

14 approximativement à quel moment Skopljak a fait cette invitation à

15 l'encontre des employés croates et serbes ?

16 M. Zlotrg (interprétation). - C'était un mois, un mois et demi

17 après être monté à ce poste. Il a donc analysé un peu la situation dans le

18 service et c'est après.

19 M. Nice (interprétation). – Un mot à propos de Skopljak. Quel

20 était son passé, son bagage ?

21 M. Zlotrg (interprétation). - Ce que je sais, c'est qu'il a été

22 prêtre à Vitez. Il s'est marié et ensuite, on l'a destitué. Il n'était

23 plus prêtre. J'avoue que j'étais extrêmement surpris au moment où j'ai vu

24 le diplôme parce que, si je ne m'abuse, il a été docteur en sciences

25 théologiques. C'est en tout cas ce qu'il nous a montré. Il nous a montré

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1 qu'il avait fait la faculté de théologie.

2 M. Nice (interprétation). - Vous disiez que l'on créait une

3 certaine distance entre les Musulmans et les autres. J'aimerais que nous

4 entrions dans le détail d'un élément précis. Vous pouviez avoir accès à

5 des armes du fait de vos activités ?

6 M. Zlotrg (interprétation). – Oui.

7 M. Nice (interprétation). - Qu'est-ce qui a commencé à se

8 produire en matière d'armes après que Skopljak soit arrivé à ce poste?

9 M. Zlotrg (interprétation). - M. Skopljak m'a demandé, il m'a

10 pris plutôt des fusils et puis les 150 cartouches, les cinq chargeurs pour

11 chaque fusil automatique donc des complets de militaire, les complets de

12 combat. Il a bien évidemment signé les attestations pour pouvoir prendre

13 cet équipement. Ces armes en général ont été remises aux membres croates,

14 enfin au du membre peuple croate. J'ai attiré son attention à plusieurs

15 reprises et lui ai dit qu'il n'avait pas le droit d'agir ainsi.

16 M. Nice (interprétation). - Comment a-t-il réagi à cet

17 avertissement que vous formuliez

18 M. Zlotrg (interprétation). - Il a essayé de me faire déplacer

19 du poste que j'occupais, pour amener quelqu'un qui lui était fidèle.

20 M. Nice (interprétation). - Qu'elles sont les méthodes utilisées

21 par lui pour essayer de vous faire quitter votre poste ?

22 M. Zlotrg (interprétation). - Il m'a menacé de me licencier, je

23 lui ai dit que ce n'est que le ministre des Affaires Intérieures de

24 Bosnie-Herzégovine qui pouvait me révoquer, parce que c'était lui qui

25 avait signé le contrat de travail, et c'est que à partir du moment où

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1 j'aurais une telle révocation que j'allais mettre à la disposition de

2 M. Skopljak l'entrepôt avec les munitions. Cela s'est passé à plusieurs

3 reprises.

4 M. Nice (interprétation). - Est-ce que finalement vous avez

5 perdu votre poste ou bien est-ce que simplement vous avez donné votre

6 démission ?

7 M. Zlotrg (interprétation). - Oui à la fin de 1992, j'ai occupé

8 un autre poste dans le même service de sécurité publique .

9 M. Nice (interprétation). - Pourquoi, est-ce parce vous aviez

10 été démis de vos fonctions par vos autorités hiérarchiques supérieures ou

11 parce que vous avez décidé de ne plus occuper ce poste ?

12 M. Zlotrg (interprétation). - Non, ce n'est pas moi qui le

13 souhaitais, c'était un service de recherche de criminalité.

14 M. Nice (interprétation). - Vous avez été licencié ou est-ce que

15 vous avez été déplacé à un autre poste par les autorités supérieures ?

16 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

17 M. Nice (interprétation). - Avant d'avancer dans le temps, je

18 vais vous demandé de nous aider sur certains points, sur ce que faisait

19 Skopljak.

20 M. Bennouna - Je vous interromps une seconde. A la question

21 précédente, la réponse n'est pas claire. Vous avez demandé "est-ce qu'on

22 vous avez été licencié ou vous avez été déplacé, ou une autorité

23 hiérarchique vous a-t-elle déplacé", et le témoin a répondu "oui". Oui à

24 quoi ? Je pense que là nous sommes restés sans réponse claire, puisqu'il y

25 avait une alternative que vous avez posée et il y a un "oui". Donc, je

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1 souhaiterais que la Chambre soit mieux informée, merci.

2 M. Zlotrg (interprétation). - Quand le chef de poste

3 Pero Skopljak a insisté, il m'avait déplacé au poste de section de

4 criminalité et c'est le conducteur Ivica Santic/Kosic qui m'a remplacé à

5 mon poste dans le même service de sécurité publique.

6 M. Nice (interprétation). - Désolé de ne pas avoir apporté la

7 précision nécessaire précédemment. Et son chauffeur Kosic, est-ce qu'il

8 disposait d'une quelconque expérience, à votre connaissance avait-il

9 l'habitude de manipuler les armes ou l'équipement dont vous étiez

10 responsable ?

11 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, c'était un agent de police du

12 service de sécurité publique, avant que je vienne, il s'est occupé de ces

13 mêmes taches.

14 M. Nice (interprétation). - Nous remontons sans doute un peu

15 dans le temps, toujours pour parler des activités de Skopljak. S'est-il

16 produit un incident qui a impliqué des camions FAP ?

17 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

18 M. Nice (interprétation). - Pourriez-vous nous dire de façon

19 succincte ce qui s'est passé ?

20 M. Zlotrg (interprétation). - Je ne peux pas me souvenir

21 exactement de la date. Mais je sais qu'au moment où nous sommes arrivés au

22 travail, il y avait donc une pièce de permanence, il y avait les deux

23 conducteurs. Je pense qu'ils étaient en provenance de Vogoce. Ils

24 transportaient les deux véhicules FAP, avec des pièces détachées pour les

25 grenades à l'usine UNIS à Vogoce.

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1 C'étaient les pièces détachées dénommées détonateurs, et le

2 transport, donc a été organisé par le poste de sécurité publique, mais ils

3 ont dû s'arrêter quelque part entre Vitez et Busovaca. à Grupe. Et d'après

4 les conducteurs, ils ont été emmenés à Kruscica, dans une montagne, à

5 Zabrege plus précisément, une municipalité de Vitez, et c'est là qu'ils

6 sont restés pendant la nuit.

7 Cependant, mon collègue, agent de police du poste de sécurité

8 publique, Mirsad Kartarivic, a trouvé les camions à Tisovac, municipalité

9 de Busovaca, masqués, camouflés par des branches. Selon sa déclaration,

10 l'agent de police Vladoraniak une fois à l'hôtel a dit à Mirsad, que

11 M. Pero Skopljak lui avait ordonné d'arrêter les camions et de tuer, de

12 liquider les conducteurs.

13 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'on a jamais revu les

14 conducteurs ?

15 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, ce matin-là, ils sont arrivés

16 nous dire ce qui s'était passé. S'ils étaient liquidés, ils n'auraient pas

17 pu venir et nous dire qu'ils étaient pillés. Mais de toute façon, Ramljak

18 m'a dit qu'il n'était pas possible qu'on procède de cette manière, qu'on

19 le fasse.

20 M. Nice (interprétation). - Ces détonateurs, il servait à quoi,

21 à quel type de matériel, si vous le savez, ne faites pas de devinette si

22 vous ne le savait pas.

23 M. Zlotrg (interprétation). - Je pense que c'étaient les

24 détonateurs pour les grenades parce qu’à Vogosca, c’était une usine qui

25 s’occupait de ces pièces.

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1 M. Nice (interprétation). - Et tout ceci a abouti à Tisovac.

2 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

3 M. Nice (interprétation). - Une deuxième chose à propos de

4 Skopljak. Parlons de ces déplacements à Grude et depuis Grude.

5 M. Zlotrg (interprétation). - Chaque semaine, Pero Skopljak ,

6 avec son véhicule officiel, avec un conducteur, son conducteur, Ivica

7 Kosic, se déplaçait jusqu'à Grude. Selon ce que j'ai pu apprendre par

8 Kosic, chaque fois, quand il retournait de Grude, il escortait un camion

9 chargé d'armes ou avec un véhicule officiel du poste de sécurité publique.

10 Il emmenait les armes pour le peuple croate et, c'est à ce moment-là,

11 qu'Ivica me critiquait en disant qu'il fallait qu'on s'arme et il a dit

12 que ce sont les Croates qui nous défendaient.

13 M. Nice (interprétation). - Est-ce que ces armes qui étaient

14 sensées revenir par cet itinéraire, ces armes se sont-elles retrouvées

15 dans les mains de Musulmans ?

16 M. Zlotrg (interprétation). - Non, tout au moins à mon avis.

17 M. Nice (interprétation). - Vous nous avez assistés sur ces deux

18 derniers points, la question des deux camions avec les détonateurs, et les

19 déplacements de Skopljak à Grude. Tout ceci s’est-il produit en 1991

20 ou 1992, ou est-ce que vous ne vous en souvenez plus ?

21 M. Zlotrg (interprétation). – En 1991, car en 1992, je n'ai pas

22 travaillé à ce poste de dirigeant chargé de l'équipement militaire et

23 technique.

24 M. Nice (interprétation). - Vous nous avez dit que vous avez

25 changé d'emploi fin 1992 ? Que vous l'aviez perdu cet emploi.

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1 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, c’est cela.

2 M. Nice (interprétation). - Mais vous dites qu’en 1992, vous

3 n'étiez pas responsable de ces entrepôts, de ce matériel, vous aviez donc

4 perdu ce poste plus tôt ?

5 M. Zlotrg (interprétation). - Le 30 décembre, on a fait un

6 inventaire et, moi, j'ai remis l'entrepôt.

7 Excusez-moi, c'est en 1992, qu'ils sont partis à Grude. C'est là

8 que j'ai fait l'erreur, car c'est en 1992 que j'ai travaillé dans

9 l'entrepôt et c'est la raison pour laquelle je suis au courant.

10 M. Nice (interprétation). – Restons-en, si vous le voulez bien,

11 encore quelques instants à l'année 1991 pour essayer d'avoir une

12 progression chronologique. Est-ce que la vie de Musulmans a changé à Vitez

13 de façon générale au cours de l'année 1991 ?

14 M. Zlotrg (interprétation). - Tout premièrement, on a fait la

15 pression sur la population musulmane, car à travers Vitez circulaient les

16 membres du HVO, armés, et ils sortaient des slogans et des injures

17 menaçant à l'encontre du peuple Musulman, à l'encontre également de la

18 présidence. Les Musulmans également étaient licenciés.

19 M. Nice (interprétation). - Y a-t-il d'autres événements, ou

20 d'autres types d'événements qui se soient produits alors, et dont vous

21 vous souvenez ?

22 M. Zlotrg (interprétation). - Compte tenu du fait que le conflit

23 s'est déclenché avec les Serbes, en Bosnie bien évidemment, les

24 représentants de la Défense territoriale ont été convoqués pour les

25 répondre à leur obligation du travail, sinon il perdait l'aide à laquelle

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1 ils avaient droit.

2 C'est la raison pour laquelle, beaucoup de membres de la Défense

3 territoriale sont retournés au travail et n'avaient plus d'occupation au

4 sein de la Défense territoriale.

5 M. Nice (interprétation). - Pour ce qui est des rapports entre

6 les groupes ethniques d'origines diverses, est-ce qu’en fin des années

7 1980 ou 1992, il y avait des tentions, des heurts, des frictions à Vitez

8 ou pas ?

9 M. Zlotrg (interprétation). - Il n'y a pas eu de conflit, non.

10 M. Nice (interprétation). - En 1991, à la fin de l'année 1991,

11 est-ce que il y a eu des manifestations de tensions, de problème entre les

12 groupes de personnes appartenant à des groupes ethniques différents ?

13 M. Zlotrg (interprétation). - Pour autant que je sache, il n'y a

14 pas eu de conflit important. Peut-être de temps en temps, il y a eu des

15 tensions mais, en 1991, il n'y a pas eu de graves problèmes.

16 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'à un certain moment, des

17 chansons nationales étaient chantées par un groupe ou un autre, des

18 chansons à orientation ethnique ?

19 M. Zlotrg (interprétation). - Comme je l’ai dit, des Croates,

20 des membres du HOS, chantaient des chansons qui glorifiaient le mouvement

21 des Oustachis et qui injuriaient le peuple serbe et musulman.

22 M. Nice (interprétation). – Passons à l'année 1992, le

23 changement que vous avez décrits en 1991, est-ce que cela s'est poursuivi,

24 intensifié ou affaibli au cours de l'année 1992 ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Les choses se sont détériorées.

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1 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'il serait possible de

2 parler de certains incidents spécifiques en indiquant les dates aussi,

3 est-ce qu’il y a eu un incident concernant un homme nommé Trako à Vitez ?

4 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, Samir Trako, appelé "crni",

5 je crois que c'est en mai 1992 qu'il a été tué dans l'hôtel Vitez à Vitez.

6 M. Nice (interprétation). - Comment a-t-il été tué ?

7 M. Zlotrg (interprétation). – On a tiré deux ou trois balles de

8 fusil automatique sur lui.

9 M. Nice (interprétation). – Qui était de garde à la police à ce

10 moment-là ?

11 M. Zlotrg (interprétation). - Je ne sais pas quel était

12 l'officier de garde, le policier de garde, mais je me souviens que moi-

13 même j'ai été le technicien criminologique.

14 M. Nice (interprétation). – En ce qui concerne un tel meurtre,

15 est-ce que cela faisait partie de vos devoirs de vous rendre sur place,

16 sur le lieu du crime ?

17 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

18 M. Nice (interprétation). - Lorsque vous y alliez, étiez-vous

19 seul ou étiez-vous accompagné d'un autre agent de police ?

20 M. Zlotrg (interprétation). – Non, j'y allais avec une équipe

21 d'enquêteurs constituée du juge d'instruction, du procureur et du

22 technicien criminologue, ainsi que d'un officier du poste de police.

23 M. Nice (interprétation). - Quand êtes-vous arrivé sur le lieu

24 du crime ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Le lendemain matin.

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1 M. Nice (interprétation). - Est-ce que ceci était normal ou y a-

2 t-il eu une raison précise pour laquelle vous y êtes allé un jour plus

3 tard ?

4 M. Zlotrg (interprétation). - Ce n'est pas normal, mais je

5 n'avais même pas été informé de cet incident. C'est seulement lorsque je

6 suis arrivé au travail, tout à fait régulièrement, que je l'ai appris.

7 M. Nice (interprétation). - Qui vous a informé ?

8 M. Zlotrg (interprétation). - La personne qui était de garde.

9 M. Nice (interprétation). – Samir Trako appartenait à quel

10 groupe ethnique ?

11 M. Zlotrg (interprétation). - Il était Musulman.

12 M. Nice (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivé sur les

13 lieux du crime avec l'équipe, qu'avez-vous découvert ?

14 M. Zlotrg (interprétation). - Nous avons découvert ce que les

15 membres du HVO nous ont montré, à savoir que nous avons soi-disant trouvé

16 l'endroit où le meurtre a eu lieu, l'endroit où prétendument le meurtre a

17 eu lieu. Pour autant que je m'en souvienne, il n'y avait que deux trous

18 sur les vitres et une petite tache de sang. D'ailleurs il y a un procès-

19 verbal constitué par le juge de Travnik.

20 Il faut savoir également que toutes les traces écrites que moi-

21 même j'ai rédigées à propos de cet incident sont restées à Vitez et ont

22 été détruites. Mais nous avons pu constater que le meurtre n'avait pas eu

23 lieu là-bas étant donné que logiquement, il y aurait eu plus de traces que

24 celles que les membres du HVO nous ont montrées.

25 Cela dit, nous n'avons pas trouvé d'auteur du crime sur place.

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1 Selon le commandant de la police militaire, Ivan Budimir,

2 l'auteur du crime s'est échappé, ce qui n'est pas logique. S'il s'agit

3 d'un commandement plein de policiers militaires, il n'est pas logique

4 qu'un homme s'enfuit alors que d'après les propos de ces policiers

5 militaires, il se défendait lorsqu'il a tiré.

6 M. Nice (interprétation). - Nous allons nous arrêter là un peu

7 pour expliquer. Vous avez dit qu'un homme s'est échappé d'un poste de

8 commandement rempli de policiers militaires. Ceci s'est produit à l'Hôtel

9 Vitez. Mais à quoi servait l'hôtel Vitez à l'époque ?

10 M. Zlotrg (interprétation). - C'était le commandement où se

11 trouvait Mario Cerkez. Je ne sais pas très exactement quelle était sa

12 fonction, s'il était commandant de la brigade ou chef d'état-major. Je

13 n'en suis pas sûr.

14 M. Nice (interprétation). – Est-ce que dans ces locaux,

15 normalement, se trouvaient des militaires ?

16 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, des membres du HVO, du

17 Conseil croate de la défense.

18 M. Nice (interprétation). – Etaient-ils armés ?

19 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, ils étaient toujours armés.

20 M. Nice (interprétation). – Quelle a été l'explication générale

21 de cet incident que le HVO vous a fournie au cours de votre enquête ?

22 M. Zlotrg (interprétation). – Ils ont dit que Trako a essayé

23 d'entrer dans les locaux où se trouvait la police militaire et que la

24 personne de garde, Vukadinovic, l'avait averti et qu'ensuite, il avait

25 tiré, même si Trako n'était pas armé. Ils ont dit également que le

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1 commandant de la police militaire, Ivan Budimir, l'avait placé dans son

2 propre voiture et l'a transporté à Travnik.

3 Deux autres Musulmans accompagnaient Trako et eux aussi ont été

4 emmenés dans une direction inconnue de nous par la police militaire. Ce

5 n'est qu'un ou deux jours plus tard qu'ils les ont ramenés. Mais entre-

6 temps, ils avaient été passés à tabac.

7 M. Robinson (interprétation). – Maître Nice, pourriez-vous

8 apporter une clarification ? Le témoin dit qu'ils ont dit que Trako a

9 essayé d'entrer dans les locaux de la police militaire et que l'officier

10 de garde l'avait averti et qu'ensuite, il a tiré sur lui. Mais ensuite, et

11 cette partie-là m'intéresse, "même si Trako n'était pas armé". Est-ce

12 qu'on a dit cela au témoin ou bien est-ce sa propre conclusion qu'il

13 présente ?

14 M. Zlotrg (interprétation). – Je sais qu'il n'était pas armé

15 parce que la Défense territoriale ne disposait pas d'arme. Donc toutes les

16 armes que nous avions étaient sur le front. Ce qui veut dire qu'un membre

17 de la Défense territoriale, lorsqu'il était remplacé par quelqu'un d'autre

18 sur les lignes de front, restait sans arme et rentrait sans arme. Il

19 s'agit là aussi de la déclaration donnée par Ivan Budimir et les autres.

20 Egalement, nous n'avons pas trouvé d'armes pendant l'autopsie de

21 Samir Trako.

22 M. Nice (interprétation). – Et les membres du HVO, qu'ont-ils

23 dit à propos du sujet de la question de savoir s'il était armé ou pas ?

24 M. Zlotrg (interprétation). - Ils ne disaient rien à ce sujet.

25 M. Nice (interprétation). – Donc ils ont dit simplement qu'il

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1 essayait d'entrer dans les locaux ?

2 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

3 M. Nice (interprétation). - Je crois que nous avons répondu à la

4 question du Juge Robinson.

5 Vous nous avez dit que deux autres personnes qui accompagnaient

6 Trako avaient été passées à tabac avant d'être ramenées auprès de vous ?

7 M. Zlotrg (interprétation). – Oui.

8 M. Nice (interprétation). – Ces deux personnes, comment

9 s'appelaient-elles ? Le savez-vous ?

10 M. Zlotrg (interprétation). – L'un d'eux était Petak et l'autre

11 était Trako, mais je ne me souviens vraiment pas des prénoms. Mais vous

12 pouvez retrouver les dossiers médicaux en ce qui concerne l'état dans

13 lequel ils se trouvaient au moment où ils ont été ramenés auprès de nous.

14 M. Nice (interprétation). – Ont-ils pu vous raconter leur

15 version de l'incident concernant le meurtre ?

16 M. Zlotrg (interprétation). - Je n'ai pas parlé avec eux. Le

17 plus probablement, ceci s'est fait par l'officier chargé de la sécurité du

18 commandement du quartier général de la Défense territoriale.

19 M. Nice (interprétation). – Qui était cet officier ?

20 M. Zlotrg (interprétation). – Efraim Pinjo.

21 M. Nice (interprétation). – Avez-vous vu vous-même ces deux

22 personnes lorsqu'elles ont été ramenées ?

23 M. Zlotrg (interprétation). – Non.

24 M. Nice (interprétation). – Vous avez considéré que le lieu du

25 crime, que l'on vous a montré, n'était pas le véritable lieu du crime,

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1 n'est-ce pas ?

2 M. Zlotrg (interprétation). - Tout d'abord, il s'agit des

3 blessures causées par balle d'un fusil de grand calibre. Je ne me souviens

4 pas exactement de quel calibre il s'agissait, mais c'était un fusil de

5 grand calibre avec lequel on a tiré de près, ce qui aurait provoqué

6 beaucoup d'hémorragie.

7 Deuxièmement, lorsqu'une personne blessée est déplacée des

8 traces de sang doivent rester sur place, alors que nous n'avons pas trouvé

9 de telles traces.

10 M. le Président (interprétation). – Allez-y, Monsieur Kovacic.

11 M. Kovacic (interprétation). – J'essaie d'éviter d'apporter des

12 objections vu la manière dont on travaille ici. Cela dit que ce témoin n'a

13 pas été identifié en tant que témoin expert, alors qu'il nous donne

14 maintenant des opinions d'expert. Je souhaite que notre collègue nous

15 explique pourquoi il considère que ce témoin est formé comme expert en

16 criminologie. Dans ce cas-là, nous pourrions peut-être lui poser cette

17 question-là.

18 M. Nice (interprétation). – Dites-nous, Monsieur, lorsque vous

19 avez travaillé au poste où vous étiez chargé des équipements et des

20 armements, avez-vous eu l'occasion de vous rendre sur d'autres lieux de

21 crime ?

22 M. Zlotrg (interprétation). – Non pas seulement là-bas, mais en

23 tant que criminologue, technicien criminologue, j'effectuais des constats

24 lorsqu'il s'agissait de meurtres et de suicides. Mon travail était de

25 photographier chaque blessure. D'ailleurs, au cours de ma formation de

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1 technicien criminologue, j'ai appris à quoi ressemblait à une blessure, à

2 quoi ressemblait l'entrée de la blessure, la sortie de la blessure et les

3 hémorragies.

4 M. le Président (interprétation). - Oui, nous trouvons que le

5 témoin a suffisamment de connaissances d'experts sur ce sujet.

6 M. Nice (interprétation). – Si nous parlons à nouveau des traces

7 de sang, vous avez dit déjà que vous n'en avez pas trouvé. Mais est-ce que

8 vous avez vu autre chose sur le lieu du crime qui a réveillé vos doutes ?

9 M. Zlotrg (interprétation). - Il y a eu deux trous dans une

10 porte vitrée et, cinq ou six mètres plus loin, il y avait un mur en vitre

11 qui n'a pas été endommagé. Selon moi, si une balle est passée par une

12 porte vitrée, elle aurait dû soit traverser soit au moins endommager

13 l'autre mur, en vitre derrière, alors que nous n'avons pas trouvé ce genre

14 de trace.

15 M. Nice (interprétation). – Est-ce que vous avez retrouvé

16 d'autres signes concernant l'endroit où le meurtre aurait pu être commis ?

17 M. Zlotrg (interprétation). - Non, nous n'avons pas pu aller

18 plus loin.

19 M. Nice (interprétation). - Et le délai entre le moment où le

20 meurtre a eu lieu et le moment où vous êtes arrivé, par qui a-t-il été

21 provoqué ? Qui en a été responsable ?

22 M. Zlotrg (interprétation). - Pour autant que je le sache, le

23 policier de garde, au lieu d'informer les membres de l'équipe d'enquête,

24 c'est-à-dire moi-même, l'inspecteur, le juge de la cour de Travnik et le

25 bureau du procureur, il a appelé le chef du poste de police, Pero

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1 Skopljak. C'est Skopljak qui lui a donné l'ordre d'envoyer sur place

2 M. Vladimir Santic et Franjo Sucic qui était un technicien criminologue.

3 Ce sont eux qui sont allés sur place. Je ne sais pas ce qu'ils ont fait.

4 Ce que je sais, c'est que le lendemain lorsque nous sommes

5 arrivés sur le lieu du crime, celui-ci n'a pas été préparé et isolé de

6 manière correcte. D'ailleurs je crois que cela figure dans le procès-

7 verbal du Juge.

8 M. le Président (interprétation). – Maître Nice, peut-être

9 pourriez-vous passer à autre chose. Etant donné que je ne suis pas sûr si,

10 dans une telle affaire, les détails concernant un incident spécifique sont

11 vraiment utiles.

12 M. Nice (interprétation). – Je considère que par la suite, ce

13 genre de détail risque d'être intéressant. Mais je n'ai plus que quelques

14 questions. Après, je pourrais rapidement passer à autre chose.

15 Est-ce que qui que ce soit a jamais été arrêté à cause de ce

16 crime ?

17 M. Zlotrg (interprétation). - Pour autant que je le sache, non.

18 M. Nice (interprétation). - Est-ce que qui ce que ce soit a

19 jamais été identifié par le HVO qui se trouvait sur place en tant que

20 personne responsable de ce crime ?

21 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, c'est Vukadinovic, dont le

22 prénom est Perica je crois. C'est un policier militaire.

23 M. Nice (interprétation). – Et que s’est-il produit en ce qui le

24 concerne ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Il est parti dans une direction

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1 inconnue avec ses armements. Mais quelques mois plus tard, il se déplaçait

2 librement à travers Vitez.

3 M. Nice (interprétation). – Veuillez répondre par oui ou non à

4 la question suivante. Vous me comprenez ?

5 M. Bennouna. – Je vous interromps une seconde. Vous avez posé

6 une question qui consiste à savoir si quelqu'un a été identifié par le HVO

7 comme responsable du crime. Le témoin vous a répondu "oui". Il vous a

8 donné un nom. Comment le témoin le sait-il ? Sait-il directement ou par

9 ouï-dire que quelqu'un a été identifié par le HVO comme responsable du

10 crime, puisqu'il a répondu par l'affirmative ? Je pense que cela pourrait

11 éclairer la Chambre dans le déroulement de cet interrogatoire. Merci.

12 M. Zlotrg (interprétation). – Dans le procès-verbal du juge et

13 d'après la déclaration donnée au juge d'instruction, il a été dit que

14 c'était Perica Vukadinovic qui a tiré et qui s'est échappé.

15 M. Nice (interprétation). – Est-ce que vous pouvez dire quel est

16 le membre du HVO qui a raconté ce détail ?

17 M. Zlotrg (interprétation). - Etant donné qu'Ivan Budimir était

18 le commandant de la police militaire, étant donné qu'il a été sur place,

19 pendant le constat, je crois que c'est lui qui a fait cette déclaration.

20 M. Nice (interprétation). – Revenons à la question que je vous

21 ai déjà posée, c'est-à-dire veuillez répondre par oui ou non à la question

22 suivante. Est-ce que vous comprenez ?

23 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

24 M. Nice (interprétation). - Y a-t-il eu des rumeurs concernant

25 la personne qui a commis ce crime, oui ou non ?

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1 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

2 M. Nice (interprétation). - Encore une fois, pour le moment, ne

3 mentionnez pas le nom de la personne concernée par ces rumeurs, tout

4 simplement veuillez nous dire s'il s'agissait là de quelque chose de

5 proche ou...

6 M. le Président (interprétation). - Maître Nice, nous ne

7 souhaitons pas entendre parler des rumeurs.

8 M. Nice (interprétation). – J'ai utilisé le mot "rumeur" plutôt

9 que d'utiliser le mot exact "d'ouï-dire". J'ai tout simplement souhaité

10 éviter entrer dans les détails. Je suis très content. Je peux m'arrêter là

11 étant donné que peut-être cela ne nous sera pas vraiment utile.

12 M. le Président (interprétation). - Je comprends la raison pour

13 laquelle vous avez employé le terme "rumeur". En fait, et de fait, il

14 s'agirait là d'une déposition concernant les rumeurs. Comme je l'ai déjà

15 souligné, nous sommes contre le fait d'entendre parler des rumeurs au

16 cours d'une déposition, cela ne sera pas pris en compte lors de la

17 détermination de la sentence.

18 M. Nice (interprétation). – Peut-être qu'à l'avenir, il va

19 falloir que je trouve un autre mot étant donné que les termes tels que

20 "déposition de première main", "de deuxième main", ce sont des termes très

21 clairs mais pas toujours pour les témoins.

22 Je souhaite parler maintenant d'un autre événement qui s'est

23 produit un peu plus tard. Veuillez donner la date aussi si possible. Y a-

24 t-il eu un moment où des policiers musulmans ont été désarmés dans leur

25 poste de police ?

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1 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

2 M. Nice (interprétation). - Quand cela s’est-il produit et

3 dites-nous quelques phrases concernant les circonstances dans lesquelles

4 cela s'est produit.

5 M. Zlotrg (interprétation). – Je ne me souviens plus très bien

6 de la date. Elle figure dans ma déclaration, mais je crois que ceci s'est

7 produit en juin ou juillet. Kraljevic Darko, qui était le commandant du

8 HOS à l'époque, est entré avec un membre du HOS au poste de police de

9 Vitez et il a désarmé Safet Hrustic, Mirsad Tatarevic et quelques autres

10 policiers. Il les a enfermés et, un peu plus tard, il est revenu et il a

11 dit qu'ils pouvaient être libres étant donné qu'il n'avait pas besoin

12 d'otages. C'est la première fois où nous, en tant que membre du peuple

13 musulman, avons été expulsés du poste de police. Nous n'avions plus accès

14 au poste de police.

15 M. Nice (interprétation). – Vous a-t-on donné une raison pour

16 laquelle ces personnes ont été désarmées ?

17 M. Zlotrg (interprétation). - Nous n'avions pas signé la lettre

18 d'adhésion à la force de police de la dénommée Communauté croate de

19 Herceg-Bosna.

20 M. Nice (interprétation). – Il s'agissait de la condition posée

21 par qui ?

22 M. Zlotrg (interprétation). - Par le HVO.

23 M. Nice (interprétation). - Est-ce que quelqu'un vous a expliqué

24 clairement qu'il s'agissait là d'une condition pour que vous puissiez

25 garder votre emploi ?

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1 M. Zlotrg (interprétation). - Après cela, ils ont organisé un

2 concours et ils ont accepté les Musulmans appropriés et les personnes qui

3 appartenaient au Conseil croate de la défense.

4 M. Nice (interprétation). – Est-ce que vous faisiez partie de

5 ces personnes-là ?

6 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, moi j'ai été expulsé.

7 M. Nice (interprétation). - Lorsque vous dites qu'il s'agissait

8 là d'une condition, que cette signature était une condition, qui a

9 expliqué à vous et à vos collègues que vous deviez signer ce document

10 auprès de la Communauté croate de Herceg-Bosna ?

11 M. Zlotrg (interprétation). - Je ne sais pas très exactement,

12 mais je crois que l'idée venait de Pero Skopljak.

13 M. Nice (interprétation). – Donc vous êtes sorti du poste de

14 police ?

15 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, de même que tous les autres

16 membres du peuple musulman qui n'ont pas souhaité exprimé leur loyauté. Il

17 ne s'agissait pas seulement de nous-mêmes, mais aussi de tous les autres

18 employés municipaux dans la municipalité de Vitez.

19 M. Nice (interprétation). – Comment avez-vous passé la période

20 des semaines et des mois suivants ?

21 M. Zlotrg (interprétation). – Nous avons contacté le ministère

22 de l'Intérieur, à Sarajevo, qui nous a donné les instructions de rester

23 chez nous et d'attendre.

24 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez continué à

25 recevoir votre salaire ou pas ?

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1 M. Zlotrg (interprétation). – Le ministère a continué à nous

2 verser le salaire, oui.

3 M. Nice (interprétation). – Le Siège de la Défense territoriale

4 de Vitez disposait d'un secteur logistique n'est-ce pas ?

5 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

6 M. Nice (interprétation). - Y a-t-il un incident qui s'est

7 produit à cet endroit et dont vous pourriez nous parler ?

8 M. Zlotrg (interprétation). – Oui. C'était il y a longtemps,

9 mais je ne me souviens pas de la date. De toute façon, la date figure

10 probablement dans vos documents. Une agression a été organisée contre le

11 HVO. Il y avait deux agents de police qui y ont participé : Vladimir Jukic

12 et Vlado Radak. Je sais qu'à cette époque-là, ils m'ont arrêté moi et

13 Kurtovic, Cazim Ahmic et Patkovic. Je ne me souviens pas de son prénom.

14 M. Nice (interprétation). - Pour autant que vous puissiez en

15 juger, quelle fut la raison de cette attaque, le motif ?

16 M. Zlotrg (interprétation). - C'est tout simplement parce qu'ils

17 appartenaient à la Défense territoriale. Ils ont pillé également -parce

18 qu'il y avait des pillages- tout ce qui était dans les entrepôts de la

19 Défense territoriale. Il y avait beaucoup de stocks.

20 M. Nice (interprétation). – Quel genre de stock ?

21 M. Zlotrg (interprétation). - A ma connaissance, il y avait des

22 denrées alimentaires.

23 M. Nice (interprétation). - Est-ce que Skopljak s’est maintenu à

24 son poste de chef de la police, ou les choses ont-elles évoluées ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Si je me souviens bien, au mois de

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1 septembre, au moment où les hommes se sont mis d'accord sur le fait que la

2 police devait commencer à travailler conjointement, à cette société

3 époque-là, Pero Skopljak a été remplacé et c’est Samja Kosamja qui l’a

4 remplacé, il était Juge du Tribunal de Travnik. A ce moment-là, nous avons

5 fonctionné ensemble, nous avons commencé à agir conjointement

6 M. Nice (interprétation). - Vous étiez resté tranquillement chez

7 vous pendant quelques mois et, maintenant, vous rentrez au poste de

8 police. Est-ce bien cela ?

9 M. Zlotrg (interprétation). - C'est bien cela.

10 M. Nice (interprétation). - Pendant combien de temps avez-vous

11 pu exercer vos fonctions au sein du poste de police ?

12 M. Zlotrg (interprétation). - Est-ce que vous pouvez, s'il vous

13 plaît, reformuler la question. Je ne sais pas de quelle date vous parlez ?

14 M. Nice (interprétation). - Après que vous soyez rentré au poste

15 de police.

16 M. Zlotrg (interprétation). - Je vois, maintenant, un mois plus

17 tard.

18 M. Nice (interprétation). - Si les dates qui se trouvent dans la

19 déclaration préalable, ce serait utile de le savoir, je pourrais alors

20 poser des questions au témoin.

21 M. le Président (interprétation). – Objection ?

22 M. Stein (interprétation). - Nous disposons de six déclarations

23 préalables, ce qui fait que je ne sais pas de quelle date il s'agit.

24 M. le Président (interprétation). - Il est sans doute préférable

25 de poser la question au témoin en ce quoi concerne les dates.

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1 M. Nice (interprétation). – Tout à fait.

2 M. le Président (interprétation). – Sinon, on demandera

3 directement au témoin ce qu’il en est.

4 M. Nice (interprétation). – Pour aider Me Stein, je préciserai

5 que je suis en train d'utiliser la déclaration préalable de témoins

6 fournie les 27 et 28 septembre. C'est sans doute la plus complète. Je suis

7 à la page 4. Nous parlons donc de septembre 1997.

8 M. Nice (interprétation). - Je vais soumettre les dates

9 concernant les quatre derniers événements. Je commencerai par le haut de

10 la page 4. Dans votre déclaration préalable, Monsieur, vous avez déclaré,

11 en ce qui concerne le moment où Dario Kordic a désarmé les policiers

12 musulmans, que ceci s'était produit le 18 juin 1992.

13 Pour ce qui est de l'attaque menée contre le secteur de

14 logistique, cela s'est produit vers le 24 ou le 25 juin 1992. Pour le

15 remplacement de Skopljak par Samija, cela s'est produit le

16 21 septembre 1992. Et conformément à vos dires, Monsieur le Témoin,

17 puisque vous avez déclaré avoir travaillé pendant un mois, vous avez

18 travaillé jusqu'au 20 octobre 1992 avec lui. Voilà les dates reprises dans

19 votre déclaration préalable.

20 Au moment de fournir cette déclaration, étiez-vous en mesure de

21 vous souvenir de certains documents ou d’avoir fait des recherches dans

22 certains documents pour établir de façon certaine ces dates que je viens

23 de citer ?

24 M. Zlotrg (interprétation). - Tout d'abord, je suis né le

25 21 octobre, c'est la raison pour laquelle j'ai retenu les dates. Ensuite,

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1 j'avais mon cahier de travail où j’enregistrais tous ces événements.

2 Ensuite, il y a des archives dans les postes de sécurité publique. Et tous

3 ces événements sont marqués date par date.

4 M. Nice (interprétation). - Vous avez travaillé avec lui un

5 mois, ceci s'est terminé le 20 octobre. Dans quelles circonstances, cette

6 coopération s'est-elle terminée ?

7 M. Zlotrg (interprétation). - Moi, je suis parti le matin au

8 travail, normalement. Au moment où je me suis approché du poste de police,

9 j'ai remarqué les représentants du HVO étaient sous l'équipement, armés,

10 devant le poste. Il y avait le drapeau qui était le drapeau croate. J'ai

11 remarqué que quelque chose n'était pas en ordre, par conséquent, je suis

12 parti vers le siège du commandement de la Défense territoriale. A mi-

13 chemin, j'ai rencontré le chef de la sécurité publique, Saban Mahmutovic,

14 il m'a demandé où j’allais. Je lui ai décrit ce que j'ai vu devant le pose

15 de sécurité publique. Je lui ai dit qu'il était mieux que l’on se rende

16 dans le quartier général pour voir ce qui se passait. Cependant, il a

17 insisté et dit qu'il était mieux de retourner vers le poste de sécurité

18 publique pour qu’on se rende compte sur les lieux de ce qui se passai.

19 M. Nice (interprétation). - Etes-vous retourné avec lui ou y

20 êtes-vous retourné tout seul ?

21 M. Zlotrg (interprétation). – Nous y sommes retournés ensemble.

22 M. Nice (interprétation). – Que s’est-il passé ?

23 M. Zlotrg (interprétation). – Au moment où nous sommes rentrés

24 dans le poste de sécurité publique, nous avons des bureaux qui sont au

25 premier étage, nous sommes allés vers nos bureaux, on montait l'escalier,

Page 1599

1 mais l'agent de police, qui était en congé, qui avait soi-disant des

2 problèmes avec son cœur, Ivo Perkovic, armé, est venu tout de suite

3 dernière nous car, nous, nous montions l'escalier. Il nous a demandé de

4 retourner et de faire marche arrière et il nous a dit que nous ne pouvions

5 pas nous rendre dans nos bureaux. Mais Saban Mahmutovic lui a posé la

6 question : "Qui est le commandant, toi-même ou moi-même ?" Il a continué

7 et moi, je suis redescendu et je suis resté dans les locaux de quelqu’un

8 qui était de permanence.

9 C'est là où je suis resté pendant quelques temps et j'ai vu une

10 dizaine de membres de la police qui étaient armés avec des fusils, le

11 responsable également, Mirko Samija, qui portait l'uniforme de camouflage.

12 C'est la première fois d’ailleurs que je l'ai vu en cette tenue. C'est là

13 que j'ai attendu mon commandant. Quinze minutes plus tard, il est

14 retourné, il me m'a demandé : "Qu'est-ce que qui se passe ?". Mirko lui a

15 répondu : "Tu vois toi-même" Nous avons quitté le poste de sécurité

16 publique.

17 Ce n'est qu’en novembre 1997 que nous sommes retournés dans ce

18 même poste de police.

19 M. Nice (interprétation). - Vous déclarez que le drapeau croate

20 était dressé au sommet du bâtiment. Pourriez-vous être plus précis quant à

21 la nature de ce drapeau ? De quel drapeau s’agissait-il ?

22 M. Zlotrg (interprétation). - C'est le drapeau de l'Etat de la

23 Croatie.

24 M. Nice (interprétation). - Le drapeau n'avait donc rien à voir

25 avec la Bosnie-Herzégovine ?

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1 M. Zlotrg (interprétation). - Absolument rien.

2 M. Nice (interprétation). - Est-ce que on a prévu une réunion

3 plus tard, au mois d'octobre ?

4 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

5 M. Nice (interprétation). - Qui avait prévu cette réunion, à qui

6 était-elle destinée ?

7 M. Zlotrg (interprétation). - C'est le chef, Mirko Samija, qui

8 l’a organisé. Ceci pour organiser les activités conjointes du poste de

9 sécurité publique. Il nous a convoqué pour que l'on travaille ensemble de

10 nouveau.

11 M. Nice (interprétation). – Avez-vous assisté à cette réunion,

12 quelles furent les conditions posées ?

13 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, tous les employés étaient

14 présents, aussi bien les Croates que les Serbes, que les Musulmans. Au

15 moment où nous sommes rentrés dans la salle de la mairie de Vitez,

16 M. Samija a fait une allocution d'introduction. Il nous a dit tout de

17 suite que nous devions remplir les formulaires. Le ministère des Affaires

18 intérieures de la communauté croate d'Herceg-Bosna, de Mostar, avait donc

19 imprimé ces formulaires.

20 En d'autres termes, il fallait par conséquent démissionner vis-

21 à-vis du ministère de l'Intérieur de Bosnie-Herzégovine. Et ceux qui

22 remplissaient les formulaires, ce n'est pas pour cela qu'on leur

23 garantissait le travail mais il a dit que, de toute façon, celui qui

24 remplit les formulaires, ensuite, il passe les vérifications du service

25 d'information et de renseignement, SIS, aura probablement un poste de

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1 travail. Par conséquent, personne n'avait de garantie qu'il allait

2 retourner au travail.

3 M. Nice (interprétation). - Quelle a été votre réaction, face à

4 cette proposition ou face à cette exigence formulée ?

5 M. Zlotrg (interprétation). - Il y avait quelqu'un de nous qui

6 avait posé la question. Il faut dire que nous avons refusé, mais quelqu'un

7 avait demandé comment organiser l'ordre public dans des villages purement

8 musulmans, comme Preocica, Bukve, Kruscica, et d'autres villages

9 musulmans. Lui avait rétorqué que sa propre police qui opérerait, qu'ils

10 seraient armés de fusils, qu’ils porteraient des casques et des gilets

11 pare-balle. C'est à ce moment-là, que nous nous sommes levés et nous avons

12 quitté la réunion. Nous avons compris que c'était pour faire pression sur

13 nous qu'on nous avait convoqué pour travaillé au ministère de l'Intérieur

14 de la communauté croate de Herceg-Bosna.

15 M. Nice (interprétation). – Est-ce que tous les Musulmans ont

16 quitté la réunion ou certains sont-ils restés ?

17 M. Zlotrg (interprétation). - Nous avons tous quitté la réunion.

18 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'une autre réunion s’est

19 tenue ce même jour, que vous aviez organisée, à laquelle participaient les

20 autres officiers de police musulmans ?

21 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

22 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'une décision y a été

23 prise ?

24 M. Zlotrg (interprétation). - Nous avons dit que nous allions

25 faire une demande au ministère de l'Intérieur pour formuler notre demande

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1 de créer un poste de sécurité à Vitez, à Stari Vitez.

2 M. Nice (interprétation). - Est-ce que Stari Vitez est une

3 partie de vitesse ou une entité indépendante ?

4 M. Zlotrg (interprétation). - Une partie intégrante de Vitez.

5 M. Nice (interprétation). - Si nous regardons une carte de

6 Vitez, ce que nous ferons un peu plus tard, nous pourrons indiquer où se

7 trouve Stari Vitez. Une décision a été prise visant à établir le poste de

8 Stari Vitez. Est-ce que cette décision a été appliquée tout de suite ?

9 M. Zlotrg (interprétation). - C'est au mois de novembre que nous

10 avons obtenu la décision du ministère de l’Intérieur que l'on pouvait

11 établir ce poste de sécurité publique à Stari Vitez.

12 M. Nice (interprétation). - Avant d'arriver à ce point-là, je

13 pourrais peut-être intégrer un autre élément dans la chronologie des

14 évènements. La défense trouvera utile de savoir qu’il s’agit de

15 déclarations faites le 4 février 1999, c’est une déclaration assez courte

16 qui porte sur ce point.

17 Est-ce qu’en octobre 1992, un accord a été conclu entre les

18 habitants d'Ahmici et le HVO ?

19 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

20 M. Nice (interprétation). - Etiez-vous au courant de cet accord

21 à l'époque où pas ?

22 M. Zlotrg (interprétation). - Non.

23 M. Nice (interprétation). - Vous avez obtenu des éléments, une

24 certaine documentation, n'est-ce pas ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

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1 M. Nice (interprétation). - Je vais vous demander d’examiner la

2 pièce 245.

3 Je vais vous demander d'examiner la pièce 245.

4 (Le document est remis au témoin.)

5 M. Nice (interprétation). - Vous avez sous les yeux, un

6 document. Excusez-moi, j'espère qu'on pourra remettre une copie aux

7 interprètes. Excusez-moi de ne pas avoir fourni celle-ci à l'avance, je

8 m'excuse aussi auprès des Juges. Nous avons la version anglaise sur le

9 rétroprojecteur.

10 Monsieur le Témoin, vous avez une version dans votre langue

11 maternelle. Il y a une signature au bas de ce document ?

12 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, oui.

13 M. Nice (interprétation). - S'agissant des signatures plus

14 exactement, certaines semblent représentées le HVO, d'autres pour les

15 Musulmans. Est-ce que vous reconnaissez l'une quelconque de ces

16 signatures ?

17 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

18 M. Nice (interprétation). - Laquelle ou lesquelles ?

19 M. Zlotrg (interprétation). - Boris Ahmic.

20 M. Nice (interprétation). - Pourriez-vous nous aider Monsieur ?

21 De quel côté se trouve cette signature, du côté HVO ou du côté musulman ?

22 Et est-ce la première, la deuxième ou la troisième, puisqu'il y en a trois

23 de chaque côté ?

24 M. Zlotrg (interprétation). - C'est pour le peuple musulman, et

25 c'est la première signature Fahrudin Ahmic, troisième signature est

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1 Islam Ahmic, quatrième signature. Je ne reconnais pas la deuxième

2 signature, je pense que c'est Nezir ou Nazir Ahmic, mais je ne suis pas

3 sûr. Et je ne savais pas que vous alliez me poser la question, c'est la

4 raison pour laquelle je n'ai pas bien étudié les signatures.

5 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'à l'époque, vous

6 connaissiez ces hommes ?

7 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

8 M. Nice (interprétation). - Est-ce que ces hommes sont toujours

9 en vie aujourd'hui ?

10 M. Zlotrg (interprétation). - Aucun n'est en vie sur les quatre.

11 Ils ont été tués le 16 avril.

12 M. Nice (interprétation). - Parlons de l'accord lui-même, je

13 vais vous donner lecture de la traduction anglaise, vous suivez

14 l'original. C'est un accord entre le HVO conseil croate de la Défense

15 Santici et les représentants musulmans d'Ahmici, accord conclu dans la

16 demeure de Santic, le 22 octobre 1992, quatre heures de l'après-

17 midi : "Les habitants musulmans d'Ahmici ont pour obligation de dresser

18 une liste des armes dont ils disposent et de les soumettre au HVO afin de

19 sauvegarder la paix a Santici et à Ahmici. A cette fin, le HVO de Santici

20 apportera toutes les garanties nécessaires aux musulmans, garantira leur

21 sécurité dans la région. Le HVO dans un avenir proche établira une unité

22 conjointe de Croates et de Musulmans, afin d'assurer la défense de la

23 région face à l'agresseur (Chetnik). Cette unité conjointe ou mixte,

24 c'est-à-dire plus précisément les Musulmans de cette unité, ne seront pas

25 engagés dans des combats dirigés contre des Musulmans ou des Croates dans

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1 quelque région que ce soit. En vertu de ce qui précède, le retour des

2 Musulmans et des Croates, des réfugiés croates et musulmans chez eux est

3 garanti tout comme l'est leur coexistence pacifique. Cette garantie sera

4 assurée et fournie par l'unité se composant des deux parties."

5 Ce que je viens de vous lire, ce qui a été traduit par les

6 interprètes, est-ce que ceci correspond bien aux documents que vous avez,

7 Monsieur ?

8 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

9 M. Nice (interprétation). - Merci, nous reprenons la genèse des

10 événements. En ce qui vous concerne, vous avez dit que le poste de police

11 n'avait pas été établi avant novembre ou décembre ?

12 M. Zlotrg (interprétation). - Fin novembre.

13 M. Nice (interprétation). - Avant d'en arriver à cet événement

14 là, est-ce qu'un incident s'est produit qui impliquait un certain Kadic ou

15 Kargic plus exactement et un certain Hurem et où il y avait aussi une

16 voiture ?

17 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, c'est ce sont les membres de

18 la Défense territoriale qui ont été tués, et à cette occasion-là, un petit

19 moment, je n'ai pas terminé. Je n'ai pas retenu le nom, je ne peux pas me

20 souvenir de ce nom parce que c'était également un membre de l'armée.

21 C'était Minet Akeljic qui a été blessé.

22 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez de la

23 date, ou je vous propose une date, celle qui figure dans votre déclaration

24 préalable ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Il vaut peut-être mieux que vous

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1 donniez lecture de ces dates, de toutes ces dates, il y en avait beaucoup.

2 M. Nice (interprétation). - 19 novembre. Au moment où se produit

3 cet incident, est-ce que le poste de Stari Vitez avait été établi ou pas ?

4 M. Zlotrg (interprétation). - Je pense que non, mais je ne suis

5 pas sûr.

6 M. Nice (interprétation). - En tout état de cause, lorsque vous

7 avez appris la mort de ces deux hommes et qu'un homme avait été blessé,

8 avez-vous pris des mesures à titre officiel, ou avez-vous essayé de

9 prendre des mesures en tant que policier ?

10 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, parce que j'ai à ce moment-

11 là aidé la police, ils n'avaient pas d'expert comme moi. C'est la raison

12 pour laquelle, moi, je les ai aidés. Au moment où ils m'avaient informé

13 sur ce qui s'était passé, je suis allé au commandement de la Défense

14 territoriale, ils m'ont dit tous les détails dont ils disposaient. Je me

15 suis rendu à la police militaire du HVO.

16 Je me suis entretenu avec Marijan Jukic, je ne sais pas s'il

17 était commandant de l'unité où il était éventuellement dans cette section

18 de criminologie. Mais de toute façon, je sais que lui m'avait dit, que vue

19 les conditions de sécurité, le mieux était de reporter le constat pour le

20 lendemain matin, parce qu'il y avait un brouillard, et c'est la raison

21 pour laquelle on avait considéré qu'il était mieux de se rendre sur les

22 lieux le lendemain matin. Après quoi, je me suis rendu à la police civile

23 du HVO.

24 M. Nice (interprétation). - Excusez-moi de vous interrompre un

25 instant. Vous et d'autres policiers musulmans aviez arrêté de travailler

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1 au poste de police où se trouvait le HVO., et vous n'aviez pas encore

2 établi votre propre poste de police. Donc, dans l'intervalle, est-ce que

3 vous aviez des activités de policier ou pas?

4 M. Zlotrg (interprétation). - Non.

5 M. Nice (interprétation). - Ce qui veut dire que vous avez pris

6 une initiative à cette occasion-là. Comment dire, l'avez-vous prise en

7 tant que citoyen ou en tant que policier… ou faisant partie d'un poste de

8 police qui allait s'établir à Stari Vitez ? A quel titre, avez-vous pris

9 cette initiative ?

10 M. Zlotrg (interprétation). - Moi, j'ai opéré en qualité,

11 disons, d'un collaborateur extérieur chargé auprès de la Défense

12 territoriale, ils n'avaient pas de personnel et moi je ne voulais pas

13 quitter la police, c'est comme ça que je les ai aidés. Je les ai aidés sur

14 le plan d'expertise dont j'étais capable. C'est l'armée qui dressait le

15 constat, c'était pas la police civile qui pouvait le faire, parce qu'il

16 s'agissait également de personnes qui appartenaient aussi à l'armée. A ce

17 moment-là, on m'avait convoqué pour me rendre sur place, et travailler

18 ensemble avec les représentants de la police militaire. Même actuellement,

19 je travaille à ce titre-là.

20 M. Nice (interprétation). - Merci de ces explications. Vous nous

21 aviez dit que vous alliez mener une enquête sur les lieux, le lendemain.

22 Ce jour-là le lendemain, où êtes-vous d'abord allé ?

23 M. Zlotrg (interprétation). - Le lendemain matin, j'ai attendu

24 l'équipe qui devait faire le constat. Ils sont arrivés de Zenica, il y

25 avait le juge militaire, les enquêteurs du Procureur, il y avait une

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1 équipe également du poste de station de sécurité étant donné qu'il

2 s'agissait d'un meurtre. Et à 9 heures du matin, ils sont arrivés

3 devant le poste à Vitez, devant le poste de la communauté croate de

4 Herceg-Bosna.

5 M. Nice (interprétation). - Et que s'est-il passé à ce moment-

6 là ?

7 M. Zlotrg (interprétation). – Eh bien, au moment où l'inspecteur

8 de Zenica a insisté qu'on se rende au quartier général de la Défense

9 territoriale pour prendre également les renseignements sur les personnes

10 qui ont été tuées, et parler également avec des gens qui étaient

11 responsables.

12 M. Nice (interprétation). - Et est-ce que vous êtes allé pour

13 mener ceci à bien. Est-ce que en route, vous êtes arrivé à la station

14 essence de Vitez ?

15 M. Zlotrg (interprétation). - Nous sommes allés au quartier

16 général, et une fois terminé ce qu'il y avait à faire, ils ont mis à notre

17 disposition un véhicule et puis un inspecteur également Vatrec, qui est

18 venu avec nous pour assister à l'enquête sur les lieux. Au moment où nous

19 nous sommes rendus sur les lieux où les meurtres ont été commis, à côté de

20 la pompe d'essence à Vitez., il y avait les membres de la police militaire

21 du HVO qui nous ont arrêtés. Ils ont pointé les fusils sur nous, ils nous

22 ont demandé de descendre des voitures. J'ai essayé d'expliquer à un

23 policier que nous faisions partie d'une équipe, de l'équipe qui allait

24 donc dresser un constat et se rendant sur les lieux du meurtre et que, par

25 conséquent, ils ne peuvent pas commencer ces opérations avant qu'on

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1 arrive, et nous sommes convenus avec le commandant Marijan Jukic de s'y

2 rendre. Mais l'autre m'a demandé tout simplement de retourner vers

3 l'hôtel, et à cette époque c'est l'état-major de Tihomir Blaskic qui s'y

4 trouvait.

5 Avec moi, il y avait le conducteur également, j'ai oublié son

6 nom, Enes Pojskic, l'inspecteur du centre de sécurité publique de Zenica

7 et Ramo Vatres, inspecteur de police judiciaire auprès de la Défense

8 territoriale. Il y a une cassette vidéo qui a été enregistrée. Moi j'ai

9 remis cette cassette à l'accusation.

10 M. Nice (interprétation). - Pendant combien de temps avez-vous

11 été détenus ?

12 M. Zlotrg (interprétation). - Nous avons été détenus quelques

13 heures. C'est M. Merdan qui est venu pour mener les négociations avec

14 M. Blaskic. Ce n'est qu'après que nous avons été relâchés.

15 M. Nice (interprétation). – Est-ce vous avez été alors en mesure

16 de mener l'enquête pour éclaircir le meurtre de ces hommes ?

17 M. Zlotrg (interprétation). – Ou, nous avons été bien obligés de

18 le faire, il n'y en avait pas d'autres qui auraient pu le faire.

19 M. Nice (interprétation). – Avec qui avez-vous parlé, avec quel

20 type de personne et quel type d'enquête avez-vous pu mener ?

21 M. Zlotrg (interprétation). - Nous étions présents, comme je

22 l'ai dit, au nom de l'armée. Nous avons assisté cette équipe d'enquête qui

23 est venue du centre de Zenica. Moi j'ai aidé mon collègue expert de

24 criminologie du centre pour marquer tous les détails indispensables.

25 M. Nice (interprétation). – Comment s'est conclue cette

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1 enquête ? Quelles sont les conclusions tirées ?

2 M. Zlotrg (interprétation). - Je ne sais pas quelles étaient

3 leurs conclusions, mais je sais qu'ultérieurement nous avons compris et

4 constaté que l'auteur aurait pu être, le nom m'échappe, le membre du HVO,

5 Dragan Botic, qui était dans le même café en allant vers Kruscica et qui

6 est sorti probablement un peu avant. Il s'est trouvé dans une embuscade et

7 c'est pourquoi il a tiré. Mais ce n'était que des conclusions sur la base

8 d'un certain nombre de preuves.

9 M. le Président (interprétation). - Quand le moment se prêtera à

10 la pause, Monsieur Nice ?

11 M. Nice (interprétation). – Je voulais diffuser simplement un

12 clip, un extrait vidéo assez bref qui montrait cette détention du témoin.

13 Pourrions-nous le montrer maintenant ? Mais cela pourrait se faire aussi

14 après.

15 M. le Président (interprétation). – Ce sera après la pause.

16 Pause de vingt minutes.

17 Monsieur Zlotrg, souvenez-vous, au cours de la pause, de celle-

18 ci comme de toute autre pause, de l'interdiction qui s'impose à vous de ne

19 parler à personne, ceci inclus les membres du bureau du procureur tout

20 comme d'autres personnes.

21 M. Zlotrg (interprétation). – Oui.

22 M. le Président (interprétation). – Je vous remercie.

23 L'audience, suspendue à 11 heures 20, est reprise à 11 heures 40.

24 M. Nice (interprétation). – La régie pourrait-elle diffuser ce

25 bref extrait qui va vous montrer l'événement qui s'est produit les 19 et

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1 20 novembre 1992. Il n'y a pas de transcription, l'extrait sera très bref.

2 Cela vient des actualités. Plutôt que d'importuner le service de

3 traduction hier soir, vous savez que ce service a déjà pas mal de travail,

4 je me suis dit qu'on pourrait se passer de traduction ou que l'on pourrait

5 peut peut-être demander l'aide des interprètes en cabine qui nous

6 donneraient les grandes lignes. Mais il y a très peu de texte.

7 M. le Président (interprétation). – Ce document est-il déjà doté

8 d'une cote ?

9 M. Nice (interprétation). – Référence Z.2235.1

10 (Diffusion de la cassette vidéo.)

11 M. Nice (interprétation). – Ce n'est pas le bon extrait.

12 Pourrait-on retrouver le bon extrait.

13 (Diffusion du bon extrait de la cassette vidéo)

14 "Les Serbes ont attaqué leur village également et les ont

15 expulsés. Ils ont réussi à sauvegarder et à emporter quelques objets et

16 ils se préparent à un voyage incertain. Deux femmes épuisées sont assises

17 au bord de la route. Elles voyagent depuis des heures, elles s'échappent

18 de ce village en feu. Leur mari et leurs fils restent au front. Les forces

19 musulmanes ou croates sont trop faibles pour repousser l'assaillant et les

20 Nations Unies ne sont toujours pas parvenues à Travnik pour des raisons

21 tout à fait évidentes.

22 La vieille ville se trouve sous feu constant. A Travnik, il y a

23 cinquante mille réfugiés, dont neuf mille viennent de Jajce. Si les Serbes

24 réussissent à prendre Travnik, ils vont essayer d'établir un couloir

25 allant directement à Sarajevo qui n'est qu'à vingt kilomètres de distance.

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1 A quelques kilomètres à l'est de Travnik, à Vitez, comme s'ils

2 n'avaient pas d'autres soucis, les Musulmans et les Croates se sont

3 affrontés. Les Croates ont tué deux Musulmans, ont maltraité sept

4 policiers musulmans et les es policiers croates ont emmené les suspects."

5 M. Nice (interprétation). – Je crois que ceci suffira.

6 Dites-nous, Monsieur le Témoin, vous avez vu une voiture dont

7 sortaient certaines personnes. Vous a-t-on vu sur l'image ?

8 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

9 M. Nice (interprétation). – Je vous demanderai de brancher votre

10 micro, s'il vous plaît.

11 M. Zlotrg (interprétation). – Oui.

12 M. Nice (interprétation). – On pourrait bien sûr remontrer cet

13 extrait, mais peut-être pourriez-vous nous dire qui vous étiez à l'image ?

14 M. Zlotrg (interprétation). – J'étais juste derrière le

15 conducteur.

16 M. Nice (interprétation). - Lorsque vous êtes sorti de voiture,

17 avez-vous eu une liberté de mouvement complète ou bien celle-ci a-t-elle

18 été limitée ?

19 M. Zlotrg (interprétation). - Nous étions sous la surveillance

20 du HVO, de la police militaire.

21 M. Nice (interprétation). – C'est de là que vous avez été

22 emmenés...

23 M. Bennouna. – Maître Nice, l'image était vraiment trop rapide,

24 en tout cas en ce qui me concerne. Peut-on avoir cette image fixe sur

25 l'écran, pour qu'on puisse la voir pendant que vous la commentez ?

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1 M. Nice (interprétation). – Volontiers, Monsieur le Juge. Je

2 vais demander aux techniciens de s'en charger. Ceci se situe vers la fin

3 de l'extrait que nous avons vu, dans le garage.

4 Grand merci.

5 Monsieur Zlotrg, pourriez-vous nous dire ce qui est en train de

6 ce passé, ce qui était en train de se passer à ce moment-là et où vous

7 étiez ?

8 M. Zlotrg (interprétation). – Moi je suis la personne qui porte

9 le manteau. J'essaie de faire comprendre au policier militaire que c'est

10 avec son commandant que je me suis mis d'accord pour pouvoir passer et me

11 rendre sur les lieux et dresser le constat concernant les meurtres des

12 deux membres de l'armée, mais il nous a arrêtés là.

13 M. Nice (interprétation). – Qui sont les autres personnes que

14 nous voyons. On voit une personne en uniforme, à droite. Vous, vous avez

15 le dos tourné à la caméra. Qui a-t-il d'autres ?

16 M. Zlotrg (interprétation). – A gauche, tout à fait, à ma

17 gauche, c'est l'inspecteur du centre de sécurité, Enes Pojskic et, entre

18 nous, il y a un visage que vous voyez, c'est le représentant du HVO si je

19 ne m'abuse car on ne voit pas très clairement non plus, ce peut être

20 également notre conducteur.

21 M. Nice (interprétation). – Quel est le nombre de personnes qui

22 vous a détenus ? Est-ce plusieurs personnes ou une seule ?

23 M. Zlotrg (interprétation). - Plusieurs.

24 M. Nice (interprétation). – J'espère que le problème est ainsi

25 réglé.

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1 M. Stein (interprétation). – Excusez-moi, Monsieur le Président.

2 M. le Président (interprétation). – Oui.

3 M. Stein (interprétation). – Pour ce qui est du compte rendu,

4 j'ai entendu les interprètes dire qu'il y avait 15 000 réfugiés qui

5 traversaient la ville à ce moment-là, mais ceci n'est pas repris dans le

6 compte rendu d'audience. Je voulais simplement le signaler.

7 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.

8 M. Nice (interprétation). – Nous arrivons ainsi à décembre 1992,

9 époque à laquelle le poste de police de Stari Vitez devait être établi ou

10 l'avait déjà été. Pourriez-vous d'abord nous dire ceci. Il y a d'abord des

11 notes, des inscriptions qui peuvent vous servir de base pour nous aider.

12 Tout d'abord, à partir d'un certain point, est-ce qu'on conservait au

13 poste de police des notes manuscrites que vous ou d'autres policiers de

14 services auriez rédigées, l'original de ces notes existant encore

15 aujourd'hui et vous avez ces différents originaux, n'est-ce pas ?

16 M. Zlotrg (interprétation). – Oui.

17 M. Nice (interprétation). – Il s'agit de documents que nous

18 avons déjà soumis à la Cour sous la cote 332.1, ces notes commencent à

19 partir du 23 décembre.

20 Ensuite, est-ce que vous avez été obligé de vous présenter

21 auprès d'un juge le 3 octobre 1994, afin de donner des réponses tout à

22 fait circonstanciées dans le cadre d'une affaire pendante ?

23 M. Zlotrg (interprétation). - Oui. C'est cela.

24 M. Nice (interprétation). - Et dans le cadre de cette audition,

25 à la suite d'une mise en garde ou d'une exhortation qui vous avait été

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1 formulée, à savoir qu'il fallait dire la vérité et les conséquences d'un

2 faux témoignage, dans ce cadre-là, avez-vous été en mesure d'énumérer de

3 nombreux événements qui se sont produits entre décembre 1992 et

4 avril 1993 ?

5 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

6 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez pu, à ce

7 moment-là, vous baser sur l'original manuscrit dont nous venons de parler

8 s'agissant de ces notes ?

9 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

10 M. Nice (interprétation). - Ainsi que sur d'autres notes que

11 vous aviez à votre disposition à l'époque ?

12 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

13 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'en conséquence, la liste

14 des événements que l'on retrouve dans les documents fournis aux Juges, en

15 octobre 1994, est plus longue, plus complète que la seule liste des

16 événements que l'on retrouve dans ces notes manuscrites ?

17 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

18 M. Nice (interprétation). - Par ailleurs, les différents points

19 que l'on voit dans les documents de décembre 1994, même s'ils ont trait à

20 des événements repris, eux aussi, dans les notes manuscrites, ces

21 différents points sont en général plus courts et plus succincts, est-ce

22 exact ?

23 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

24 M. Nice (interprétation). - Je demanderai aux Juges la

25 possibilité de transformer en pièce à conviction ces constats judiciaires,

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1 pour que ceci nous serve de base lorsqu’il s’agira de décrire les

2 évènements s’étant produits entre décembre 1992 et avril 1993. Pour

3 l’essentiel, c'est un meilleur résumé et plus complet aussi que dans les

4 notes manuscrites. Je pourrais évoquer la plupart de ces documents de

5 façon brève et entrer dans le détail de certains.

6 M. le Président (interprétation). - Y a-t-il une quelconque

7 objection à cette démarche ?

8 M. Stein (interprétation). – Non, nous pourrons nous en occuper

9 s’il y en a au moment du contre-interrogatoire.

10 M. Nice (interprétation). - Les notes avaient reçu pour

11 cote 332.1, afin de les insérer dans l’évolution chronologique, ce qui

12 veut dire qu'il faut donner comme cote à ce document le 332. 2, document

13 que je vais distribuer.

14 Le témoin pourrait-il examiner la version en BCS, et je

15 demanderai à l'appariteur de rester vigilant, afin qu'il place sur le

16 rétroprojecteur la version en anglais correspondante le moment voulu. S'il

17 faut détacher les pages de ce document, faites-le.

18 Monsieur, rappelez-vous également ceci : nous allons parcourir

19 les différents points assez rapidement et si, au fil de cet examen, vous

20 pensez que l'un de ces points n'a aucun rapport, à votre avis, avec des

21 questions ayant une origine ethnique, à l'époque, si c'était simplement

22 des crimes de droit commun, veuillez nous le dire.

23 Nous pourrons ainsi biffer ces points du texte. Texte qui, dans

24 la version anglaise, commence à la page 5.

25 Est-ce que vous avez compris ce que je vous demandais, lorsque

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1 je vous demandais de nous aider à supprimer les événements qui n'avaient

2 aucun rapport avec les questions d'origines ethniques, disons ?

3 Ne le faites pas maintenant. Si vous voulez, lorsque nous allons

4 parcourir ces différents points, pourrez-vous dire aux Juges si vous

5 pensez qu'il y a des délits de droit commun, car ces points ne nous

6 intéressent pas. Nous pourrons ainsi terminer rapidement l’examen de ce

7 document.

8 M. le Président (interprétation). - Maître Kovacic voulait

9 intervenir.

10 M. Kovacic (interprétation). – Monsieur le Président, je ne suis

11 pas sûr si c’est le témoin qui, à partir des événements énumérés ici dans

12 ce document, devrait en tirer les conclusions et nous dire : ceci n'a

13 rien à voir avec le conflit ethnique, c'est un acte de crime ou de droit

14 commun etc.. ou l'autre ne l’est pas ; c'est plutôt la Chambre qui va

15 tirer les conclusions. Je considère simplement qu'il faut poser la

16 question si ce sont des événements auxquels il a assisté, s’il avait pris

17 des notes, etc. Il ne peut pas en tirer des conclusions, c'est tout du

18 moins mon point de vue.

19 (Les Juges se consultent sur le Siège.)

20 M. le Président (interprétation). - Nous avons étudié la

21 question. Nous sommes d'avis qu'il faut tenir compte de la nécessité, si

22 le témoin veut déposer, d'une certaine connaissance de sa part quant aux

23 événements. Il faut mettre ceci au regard du fait que nous devons trancher

24 et que nous devrons tirer des conclusions des éléments de preuve déposés.

25 Il peut y avoir parmi ces conclusions des décisions sur ce qu'on appelle

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1 un crime à base ethnique ou un crime qui ne le soit pas.

2 La meilleure façon est de demander au témoin de déposer. Si une

3 question lui est posée sur un point qui, selon lui, correspond à un délit

4 de droit commun sans qu'il y ait de base ethnique, fort bien, nous lui

5 demanderons de le dire, et nous passerons à autre chose.

6 Si la défense veut procéder au contre-interrogatoire sur ce

7 point précis, elle a toujours la possibilité de le faire.

8 M. Kovacic (interprétation). - J'espère que nous pourrons

9 procéder à un examen rapide. Il y a quand même dix pages à ce document.

10 M. Nice (interprétation). - Oui, c’est vrai, mais les pages

11 consacrées à la période qui nous intéresse ne vont que de la page 5 à la

12 page 8 ou 9, ce ne sera pas très long. Pour l’essentiel, il y a certains

13 points qui méritent un examen plus détaillé, il faudra peut-être revenir

14 aux notes manuscrites de temps à autres.

15 Monsieur Zlotrg, le 16 décembre, maison de Aida Pekmic qui a été

16 la cible de coups de feu depuis une localité appelée Gradina ?

17 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, c'est cela.

18 M. Nice (interprétation). – Et une personne musulmane était

19 ciblée ?

20 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

21 M. Nice (interprétation). – Le 24 décembre, on a ouvert le feu

22 sur un kiosque à journaux appartenant à Hajrudin Karic. Cet homme était-il

23 un Musulman ?

24 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, entre le quartier général de

25 la brigade de Vitez et le quartier général de M. Blaskic.

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1 M. Nice (interprétation). – Le 27 décembre, une grenade a été

2 lancée contre le magasin Kalifornia. Est-ce un magasin musulman ?

3 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

4 M. Nice (interprétation). – Le 30 décembre, un explosif est posé

5 dans un bar qui appartient à Smajo Duzo. Etait-il musulman ?

6 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

7 M. Nice (interprétation). – Le 8 janvier 1993, des membres de la

8 police du HVO dirigés par Vlado Jukic, commandant du poste de police de

9 Vitez, a donné l'ordre à des membres de la police militaire de l'armée de

10 Bosnie-Herzégovine de quitter le poste de contrôle conjoint qui se

11 trouvait à la gare ?

12 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, il s'agit de Vladimir Jukic.

13 A ce moment-là, on a enlevé le drapeau de Bosnie-Herzégovine et on a hissé

14 le drapeau de la République de Croatie.

15 M. Nice (interprétation). – Merci. Le 15 janvier, le bâtiment

16 Big Ben qui appartenait à Muharem Sarajlic a été pris pour cible. Etait-

17 il Musulman ?

18 M. Zlotrg (interprétation). – Oui. Il s'agit du restaurant Big

19 Ben.

20 M. Nice (interprétation). – Merci. Le 19 janvier, vol à main

21 armée au domicile de Fehim Mujkic où des biens ont été dérobés. Tout

22 d'abord, s'agissait-il d'un Musulman ?

23 M. Zlotrg (interprétation). – Oui. Il s'agit de Fehim Mujkic. A

24 ce moment-là, une très grande quantité d'or a été emportée et le pistolet.

25 C'était de l'or, des bijoux qui appartenaient à la famille.

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1 M. Nice (interprétation). – 19 janvier, une grenade est lancée

2 de la maison de Tol Jusic sur un établissement qui appartenait à Neso

3 Hurem. Etait-ce un Musulman ?

4 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, il s'agissait de Fatina

5 Vojdica dans l'agglomération Kruscica, ou plutôt le village de Kruscica.

6 Il était propriétaire, j'ai oublié son nom, le nom m'échappe.

7 M. Nice (interprétation). – Les 20 et 21 janvier, une famille de

8 réfugiés provenant de Karaola à Nadioci a été harcelée par un membre de la

9 police du HVO ?

10 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, Zdravko Tomic.

11 M. Nice (interprétation). - Ces réfugiés étaient de quel groupe

12 ethnique ?

13 M. Zlotrg (interprétation). - C'étaient des Musulmans ?

14 M. Nice (interprétation). – Le 20 janvier, Buljubasic a été

15 arrêté au poste de contrôle de la gare alors qu'il était dans une Opel et

16 il avait des plaques d'immatriculation du MUP. Qu'est-ce que le MUP ?

17 M. Zlotrg (interprétation). – C'est le MUP, le ministère des

18 Affaires intérieures. Mais je pense que ce n'était pas la désignation MUP,

19 mais l'immatriculation de la police civile.

20 M. Nice (interprétation). - Ces plaques d'immatriculation ont-

21 elles été enlevées ?

22 M. Zlotrg (interprétation). – Oui.

23 M. Nice (interprétation). - Il s'agissait d'un Musulman ?

24 M. Zlotrg (interprétation). – Oui et on lui a pris des plaques

25 d'immatriculation parce qu'elles n'ont pas été données par la communauté

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1 croate de Herceg-Bosna.

2 M. Nice (interprétation). – Le 21 janvier, un explosif est lancé

3 sur la maison de Saban Mahmutovic, chef du SJB de Vitez. Que représente ce

4 sigle SJB, Monsieur ?

5 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, il était le chef en exercice

6 du poste de sécurité public à Stari Vitez.

7 M. Nice (interprétation). – Ce même jour-là, un explosif est

8 placé dans les locaux de la banque de Sarajevo et l'on dit que Darko

9 Kraljevic était responsable de cette opération, que des membres croates de

10 la brigade de pompiers de Vitez ont essayé d'entrer dans les locaux et que

11 les véhicules avaient été saisis. Un certain nom est mentionné, Marijan

12 Strukar de Stari Vitez et d'autres personnes qui auraient joué un rôle clé

13 dans cette opération.

14 Quelle est la signification de cet incident ?

15 M. Zlotrg (interprétation). - D'après ce que nous avons pu

16 apprendre, l'explosif a été posé par Darko Kraljevic avec ses

17 collaborateurs. C'étaient les locaux de la banque commerciale de Sarajevo

18 qui se trouvait dans la rue Petra Mecava à Vitez.

19 En ce qui concerne la caserne des pompiers, cette caserne se

20 trouvait à Stari Vitez, ils ont essayé d'en profiter pour sortir les

21 véhicules des pompiers à Stari Vitez. Personne ne les empêché d'y aller.

22 Ils ont essayé de prendre des véhicules et de se rendre sur le territoire

23 contrôlés par le HVO. D'après les renseignements, Marijan Jukic, qui à

24 l'époque était commandant de cette brigade de pompiers, a essayé de sortir

25 les véhicules de la caserne.

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14 pagination anglaise et la pagination française.

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1 M. Nice (interprétation). – Fort bien. Le 21 janvier, deux

2 membres du HVO ont arrêté Mahmutovic dans la rue des Partisans l'ont

3 menacé à l'aide d'une arme, d'un pistolet et l'ont forcé à se rendre en

4 voiture à un café près de la gare et puis ils ont volé le véhicule. Est-ce

5 exact ?

6 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

7 M. Nice (interprétation). – Les 20 et 21 janvier, de fortes

8 détonations sont entendues en provenance de la ville de Vitez, mais les

9 officiers de police n'ont pas pu se rendre sur les lieux. Toutefois, six

10 commerces appartenant à des Musulmans ont été plastiqués à l'occasion de

11 ces incidents.

12 M. Zlotrg (interprétation). - D'après nos dossiers, oui.

13 M. Nice (interprétation). – Merci. Le 23 janvier, Huso Karahodja

14 de Vitez a été arrêté à la gare, ses plaques d'immatriculation ont été

15 enlevées ainsi que les papiers de la voiture. Etait-il Musulman ?

16 M. Zlotrg (interprétation). – Oui. Il avait des plaques

17 d'immatriculation qui lui ont été délivrées par la station de sécurité

18 publique de Stari Vitez. Il avait un permis de conduire. Et, si je ne me

19 trompe pas, il a payé un P.V.

20 M. Nice (interprétation). – Le 23 janvier, Huso Palic, de

21 Grbavica a été blessé par des membres du HVO. Est-ce que Palic était

22 Musulman ?

23 M. Zlotrg (interprétation). – Oui.

24 M. Nice (interprétation). – Le 25 janvier, au poste de contrôle

25 de Njevic Polje, des membres de la police du HVO ont forcé Abdullah Ahmic

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1 d'Ahmici et un autre Musulman en uniforme à sortir d'un bus qui allait

2 vers Travnik. Ils ont laissé les autres passer.

3 M. Zlotrg (interprétation). – Il s'agit de Polje Nevic.

4 M. Nice (interprétation). – Le 26 janvier, la police du HVO a

5 arrêté Djanovic, officier chargé de la sécurité à la 325ème Brigade de

6 montagne et le chauffeur Kovacevic au poste de Dubravica, ont saisi leur

7 pistolet et deux grenades manuelles ?

8 M. Zlotrg (interprétation). – Oui.

9 M. Nice (interprétation). – Nous essayons de garder l'ordre

10 chronologique dans la mesure du possible. Dans ce cadre-là, je remettrai

11 la pièce portant la cote 410.1. Il en faudra deux copies. En fait, c'est

12 imprimé recto verso, ou plutôt verso. Le témoin peut disposer du côté BCS,

13 alors qu'on mettra sur le rétroprojecteur la version en anglais.

14 L'intitulé est le suivant : "proposition d'organisation de réactivation de

15 la police civile de Vitez."

16 Dans les premières lignes, on parle du 27 janvier. Est-ce que le

17 texte se lit bien ainsi : "Afin d'exécuter les tâches convenues lors de la

18 réunion qui s'est tenue le 27 janvier 1993 à Vitez, à laquelle assistaient

19 des représentants de l'armée de Bosnie-Herzégovine, du gouvernement du

20 HVO, de l'état-major du HVO, du poste de police de Vitez et des

21 représentants du HCR et de la Forpronu, nous soumettons les propositions

22 suivantes visant à organiser et à permettre le fonctionnement du poste de

23 police de Vitez".

24 Etiez-vous au courant de cette réunion, Monsieur ?

25 M. Zlotrg (interprétation). – Non.

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1 M. Nice (interprétation). - Etiez-vous au courant du fait que

2 cette décision avait été prise ou pas ?

3 M. Zlotrg (interprétation). – Il s'agit là tout simplement d'une

4 proposition du poste de police, c'est-à-dire du poste de sécurité publique

5 de Stari Vitez dont le chef a été Anto Saban et c'est lui qui a fait cette

6 proposition lors de la réunion.

7 M. Nice (interprétation). - A ce moment-là, a-t-il été possible

8 d'avoir des réunions entre vous-mêmes, le HVO et d'autres forces, comme

9 par exemple la Forpronu ?

10 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, mais la seule personne qui

11 pouvait être en contact avec Samija Mirko, c'était le commandant,

12 le chef du poste.

13 M. Nice (interprétation). - Et la proposition faite à l'époque était

14 de créer une police, une station de sécurité publique appelée la

15 police de Vitez, le poste de police de Vitez, dont le statut serait

16 temporaire. Au point 3, il est expliqué que ce poste de police

17 fonctionnerait de manière provisoire conformément aux directives données

18 par le gouvernement de guerre municipal de Vitez, que le poste de police

19 de Vitez devrait commencer à fonctionner au même moment que le

20 gouvernement de guerre municipal de Vitez.

21 Ensuite, il y a d'autres dispositions concernant le signe sur

22 les bâtiments et sur les véhicules et que les personnes qui ont commencé à

23 exercer leur fonction à partir d'octobre 1992 seraient démobilisées. Il y

24 a eu d'autres propositions également ?

25 M. Zlotrg (interprétation). – Un moment, s'il vous plaît. Il

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1 aurait dû y avoir une démobilisation de tous ceux qui ont rejoint les

2 rangs de la police le 22 octobre 1992. Cela voulait dire en fait que

3 toutes les personnes devaient quitter le poste de police.

4 M. Nice (interprétation). – Cette proposition s'est-elle

5 réalisée ?

6 M. Zlotrg (interprétation). - Non.

7 M. Nice (interprétation). - Donc, ceux qui parmi vous qui…

8 M. Zlotrg (interprétation). - Le 16, c'est-à-dire le 15 avril

9 1993, Monsieur Saban Mahmutovic a donné une déclaration à la télévision de

10 Vitez, disant qu'à partir du jour suivant, c'est-à-dire le 16 avril, le

11 poste de police allait commencé à travailler de manière conjointe et

12 qu'ils allaient commencé à mettre en œuvre cette décision. Donc, le jour

13 auparavant il a annoncé à la télévision locale que nous allions travailler

14 avec les Croates, avec les collègues croates, conformément à cet accord.

15 M. Nice (interprétation). - Si nous revenons maintenant à

16 octobre 1994, c'est-à-dire le document que vous avez devant vos yeux.

17 M. Bennouna - Maître Nice, je vous interromps une minute. Il est

18 question dans ce document, en anglais, du gouvernement municipal

19 temporaire du temps de guerre. Est-ce que le témoin peut nous dire ce

20 qu'était ce gouvernement municipal temporaire du temps de guerre qui est

21 indiqué dans ce document ?

22 M. Zlotrg (interprétation). - Cela veut dire que et les

23 Musulmans et les Croates devaient être représentés également dans ce

24 gouvernement. Il s'agissait donc d'une sorte de présidence de guerre.

25 Mais, pour autant que je sache, ceci n'a pas vu le jour. Et ce document

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1 concerne uniquement le travail de la police, donc en ce qui concerne les

2 autorités civiles, je ne peux pas vous donner beaucoup de détails.

3 M. Nice (interprétation). - Peut-être le témoin suivant, c'est-

4 à-dire un témoin qui reviendra dans quelques semaines, pourra vous donner

5 plus de détails à ce sujet. Donc, est-ce que nous pouvons trouver sur le

6 rétroprojecteur, dans le document que nous avons examiné tout à l'heure,

7 dont la côte est 332.2. Nous étions sur la page 6, est-ce qu'il est vrai

8 que le 30 janvier 1992, une personne inconnue a jeté un engin explosif

9 contre une personne et que le HVO, les autorités du HVO n'ont pas permis

10 qu'un constat soit dressé ?

11 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, et cela n'a pas été la

12 première fois qu'ils nous ont empêchés de dresser un constat.

13 M. Nice (interprétation). - Le même jour, une personne inconnue

14 a informé par téléphone que la maison de Muhamed Tezer avait été

15 incendiée.

16 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

17 M. Nice (interprétation). - Le 31 janvier que une voiture

18 Audi 80 est passée par Diviak plusieurs fois, ouvrant le feu contre les

19 immeubles résidentiels. Il y a eu un échange de tirs, et les membres du

20 HVO, Slavko Pavovic de Vitez qui a été blessé au coude, et Darko Kolak de

21 Vitez le chauffeur de l'Audi 80 ont provoqué cet incident. Etant donné que

22 le tout s'est produit près d'une base de l'ONU, le personnel local et de

23 l'ONU est sorti pour chercher les cartouches. Est-ce que vous pouvez dire

24 en ce qui concerne les immeubles résidentiels, qui y a vécu?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, les Musulmans.

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1 M. Nice (interprétation). - Et, le 1er février, vers

2 19 heures 10, une personne inconnue a jeté un engin explosif contre

3 Devad Mujanovic contre sa maison. Est-ce que cette personne était

4 musulmane ? Et personne n'a été blessé lors de cet incident ?

5 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, il s'appelait Mujanovic, il

6 était Musulman.

7 M. Nice (interprétation). - Je m'excuse de ma prononciation.

8 Est-ce que le 2 février, Aila Topcic la femme de. Salem Topcic, une

9 employée du poste de police de Vitez a informé qu'une personne inconnue en

10 uniforme, avec les insignes du HVO, était entrée dans son appartement l'a

11 menacé avec les armes et a volé le pistolet officiel de Salem Topcic, cent

12 marks allemands, quelques bijoux en or, et d'autres objets précieux ? Ils

13 ont attendu Salem Topcic pendant un certain temps afin de l'arrêter. Après

14 nous avons appris que le responsable de cet incident était un certain

15 Kovac.

16 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, elle s'appelait Aila Topcic,

17 il s'agissait tout simplement d'un vol à main armée. Nous n'étions pas

18 tout à fait sûr que la personne responsable était Kovac. Mais, selon

19 certains indices, il s'agissait de notre collègue Topcic. Je ne connais

20 pas tous les détails très exactement. A l'époque, nous avons déjà

21 travaillé à Stari Vitez et nous avons vécu en ville, à Vitez.

22 M. Nice (interprétation). - Et le 3 février, il y a eu un

23 meurtre à Nadioci, avez-vous fait partie de la commission d'enquête ?

24 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

25 M. Nice (interprétation). - Selon l'enquête, il s'est avéré

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1 qu'une personne a forcé la porte de Salkic vers trois heures et il a tiré

2 sur lui, il l'a tué sur place en provoquant trois blessures près de son

3 coeur. La femme d'Esad s'est échappée dans la maison des voisins, alors

4 que les complices de Miroslav ont capturé leurs deux jeunes enfants, et

5 ils ont apporté le corps de Salkic dans la salle de séjour. Et par la

6 suite, Brano a posé une grande quantité d'explosifs sous la maison de

7 Salkic. Est-ce que vous connaissez cet incident?

8 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

9 M. Nice (interprétation). - Miroslav Brano je crois qu'il

10 s'appelait, mais nous avons une séquence vidéo qui peut montrer.

11 M. Zlotrg (interprétation). - Il s'agissait de Bralo et non pas

12 de Brano.

13 M. Nice (interprétation). - Nous pouvons passer maintenant la

14 séquence vidéo, il s'agit de la pièce à conviction Z2559.

15 M. le Président (interprétation). - De quoi s'agit-il ?

16 M. Nice (interprétation). - L'on voit le lieu du crime et les

17 résultats de l'explosion ? Voilà, c'est ce qui est montré sur la vidéo. Ce

18 témoin est allé sur place dans le cadre d'une équipe d'enquête.

19 (Diffusion de la vidéo.)

20 M. Nice (interprétation). - Ceci montre les dommages de la

21 maison après l'explosion suite au meurtre?

22 M. Zlotrg (interprétation). - Je n'ai pas d'image.

23 M. Nice (interprétation). - Le témoin ne voit pas l'image.

24 M. Zlotrg (interprétation). - C'est OK maintenant.

25 M. Nice (interprétation). - Excusez-moi, s'il vous plaît.

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1 Puis-je distribuer le transcript de la séquence vidéo 2559 ?

2 M. Zlotrg (interprétation). - Nous ne pouvons pas voir le corps

3 n'est-ce pas?

4 M. Nice (interprétation). - C'est-à-dire nous l'avons vu n'est-

5 ce pas?

6 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

7 M. Nice (interprétation). - Je crois que la tête n'y est plus,

8 il a été décapité n'est-ce pas?

9 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

10 M. Nice (interprétation). - Cette personne, c'est un enquêteur?

11 M. Zlotrg (interprétation). - Non, c'est le médecin.

12 M. Nice (interprétation). - Nous pouvons lire sur le transcript

13 ce que cette personne âgée est en train de dire.

14 M. Nice (interprétation). - Merci beaucoup. C'est tout ce que

15 nous voulons montrer. Nous avons vu la personne âgée et les deux enfants.

16 Nous n'allons pas entrer dans tous les détails de l'événement, qui a eu

17 lieu en avril 1993. Dites-nous brièvement ce qui s'est passé avec cette

18 famille en avril 1993.

19 M. Zlotrg (interprétation). - La femme d'Esad Salkic a été tuée

20 et ses deux enfants que nous avons vus. Le bébé a été chez la sœur de la

21 femme d'Esad, près de Travnik, dans un village de la municipalité de

22 Travnik . Je ne sais pas très exactement. Elle a été l'unique survivante.

23 M. Nice (interprétation). - Et les autres ont été tués lors du

24 massacre d'Ahmici ?

25 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, le 16 avril.

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1 M. Nice (interprétation). - Maintenant, je souhaite revenir au

2 même document. Le 3 février, un autre incident a eu lieu. La police du HVO

3 a arrêté un camion au point de contrôle et a forcé des membres de l'armée

4 de Bosnie-Herzégovine de sortir du véhicule, les a désarmés, a saisi leurs

5 fusils automatiques ?

6 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

7 M. Nice (interprétation). - Le 3 février, une forte détonation a

8 été entendue dans le village d'Ahmici. Il n'y a pas eu de dommage. A

9 15 heures, les forces du HVO ont essayé de percer avec les forces

10 d'infanterie dans la région de Travanska et Pesici.

11 Pouvez-vous expliquer à ce moment, quelle a été la position des

12 parties concernant cette percée ?

13 M. Zlotrg (interprétation). - Moi-même, j'étais un policier. Je

14 peux vous dire qu'à ce moment-là, il n'y a pas eu d'unités organisées de

15 la Défense territoriale.

16 M. Nice (interprétation). – Eh donc, que s’est-il produit, ici,

17 avec cette tentative des forces de Busovaca de percer avec les forces

18 d'infanterie

19 M. Zlotrg (interprétation). – Vraiment, je ne sais pas.

20 M. Nice (interprétation). - Le 5 février, un engin explosif a

21 été posé dans la maison de Sijad, nom inconnu, à Vranska. Est-ce que vous

22 connaissiez ce Sijad ? Vous saviez qui était cette personne ?

23 M. Zlotrg (interprétation). - Je ne sais pas parce que nous

24 n'avions pas axé à ces informations-là. Par la suite, nous n'avons rien

25 entrepris à ce sujet-là. Le plus probablement, ce sont les inspecteurs qui

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1 étaient chargés du département criminologique de la police, je m'occupais

2 simplement du recueil des éléments de preuve concernant le crime.

3 M. Nice (interprétation). - Le 5 février, les membres de la

4 police du HVO, y compris Izop Buha, ont saisi un fusil de chasse de

5 douze millimètres de Zijad Pezer et la maison de campagne de Zaim (mot

6 illisible) Zabce, qui a été utilisée par le HVO pour l'entraînement des

7 troupes, a été incendiée. Est-ce que vous pouvez expliquer de quoi il

8 s'agissait ?

9 M. Zlotrg (interprétation). - Pour autant que je sache, d'après

10 mes conversations avec mon collègue Radoslav Budimir, qui m'a dit qui

11 était à Zabedze, que beaucoup de fois, que les membres du HVO

12 s'entraînaient. Mais nous ne pouvions pas y aller, nous.

13 M. Nice (interprétation). - Donc, lorsque cette maison a été

14 incendiée, s'agit-il la une victime musulmane ou pas ?

15 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, de Zaim Pozicja.

16 M. Nice (interprétation). - Un engin explosif a été posé dans la

17 maison de Midha Hodzic, s'agissait-il un Musulman ou pas ?

18 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, c'était l'ancien maire de

19 Vitez. Ensuite, je crois que la date était le 6 février, Hazim Planicic,

20 de Stari Bila a déclaré que la police du HVO l'avait cherché et l’avait

21 menacé de le tuer parce qu'il était membre de l'armée de Bosnie-

22 Herzégovine.

23 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, c'était habituel ce genre de

24 comportement.

25 M. Nice (interprétation). - Le 6 février, Semsa Romancic de

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1 Vitez a déclaré que Nikita Saric et d'autres membres de la police du HVO,

2 l'ont expulsé de force de son appartement, et ont mis cet appartement à la

3 disposition de quelqu'un d'autre, d'une personne qui avait travaillé au

4 centre de communication du HVO ?

5 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, il s'agissait du frère de

6 Nikita Noviza, surnommé "nona".

7 M. Nice (interprétation). – Le 14 février, une personne avec les

8 insignes du HVO a tiré avec un pistolet contre les maisons musulmanes à

9 Podgarina en criant que ce territoire était croate.

10 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

11 M. Nice (interprétation). - Le 15 février, à la gare

12 ferroviaire, au point de contrôle, le HVO a arrêté Azredin Varupa et l’a

13 harcelé parce qu'il avait hissé le drapeau avec le lys sur sa voiture.

14 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

15 M. Nice (interprétation). - Le 17 février, sur le point de

16 contrôle de Vranska, des membres du HVO ont arrêté le véhicule de MUP et

17 ont forcé le policier Iasmin Kustic et Sunjo Ahmic à sortir du véhicule et

18 les ont désarmés, ont saisi leur fusil automatique.

19 M. Zlotrg (interprétation). - Oui. Il s'agissait du véhicule

20 officiel du poste de police.

21 M. Nice (interprétation). – Et le jour suivant, il y a une

22 personne qui a le même nom de famille que vous. Est-ce un cousin ?

23 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, c'est un cousin très proche.

24 M. Nice (interprétation). – Adem a marché sur une mine et a

25 perdu son pied ?

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1 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

2 M. Nice (interprétation). - Allez-y.

3 M. Zlotrg (interprétation). - C'était la route que de nombreux

4 Musulmans prenaient étant donné que c'était la route la plus brève pour

5 aller à Bukve. Beaucoup de personnes ont pris cette route avant lui,

6 puisqu'il y a eu l'enterrement d'un Musulman ce jour-là et les gens s'y

7 rendaient. Lui a marché sur une mine anti-personnelle et il a perdu son

8 pied.

9 M. Nice (interprétation). - Le 19 février, il y a eu un rapport

10 concernant une irruption dans un entrepôt qui se trouvait près de

11 l'endroit que vous avez marqué dans vos notes. Les soldats du HVO ont été

12 tenus pour responsables étant donné que c'étaient surtout des Musulmans

13 qui travaillaient dans cet entrepôt.

14 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, il s’agissait de l’entrepôt

15 de Sumaja, qui se trouvait à Kruscica, et les membres du HOS se trouvaient

16 dans un motel dont je ne connais pas le nom.

17 M. Nice (interprétation). – Et le 19 février, Varupa a déclaré

18 que Saban Mahmutovic qui vivait à Gradina, à Vitez, avait déclaré qu'il a

19 reçu des menaces, selon lesquelles sa maison allait être attaquée, il

20 était Musulman, n'est-ce pas ?

21 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, il était chef de police de

22 Vitez, de Stari Vitez.

23 M. Nice (interprétation). - Le 10 mars, apparemment un étranger

24 a été passé à tabac par la police du HVO à Busovaca. Est-ce que vous savez

25 quelque chose concernant cela ?

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1 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, c'est ma femme qui me l’a

2 dit, elle travaillait à Kruscica. Et elle a dit que cet homme a été passé

3 à tabac et qu'ensuite, il a été emmené quelque part, le plus probablement

4 à Busovaca mais nous n'en sommes pas sûrs.

5 M. Nice (interprétation). - Le 19 février, des auteurs non

6 identifiés ont décoché quelques trente rafales de leurs armes automatiques

7 et chanté des chant insultants pour les Musulmans, le terme "Baljia" étant

8 utilisé très souvent.

9 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, ce qui était intéressant,

10 c’est qu’ils ont tiré sur l'appartement du maire de Vitez, Ivica Ivan

11 Santic, ce sont les représentants de la Défense territoriale qui sont

12 venus le protéger. Il y a un compte rendu là-dessus.

13 M. Nice (interprétation). – Le 24 février, des membres du HVO

14 armés entrent dans une boulangerie à Vitez, des insultes sont proférées,

15 reprises dans le texte, que je ne vais pas lire.

16 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, il y a également des notes

17 officielles, ils voulaient égorger un ouvrier membre du groupe ethnique

18 musulman.

19 M. Nice (interprétation). - Pourquoi voulaient-ils égorger cet

20 homme ? A-t-on déterminé une raison quelconque ?

21 M. Zlotrg (interprétation). - Tout simplement parce qu'il était

22 Musulman.

23 M. Nice (interprétation). - Le 13 avril, deux personnes en

24 uniforme du HVO ont dérobé une somme d'argent dans un magasin et d'un sac

25 qui appartenait à Vahidin Cicic. De quel commerce s'agissait-il ?

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1 M. Zlotrg (interprétation). - Je pense qu'il s'agissait d'une

2 pompe à essence. C’est Krejic qui en était propriétaire, Hasim Krejic.

3 C'était dans un croisement à côté de Vitez.

4 M. Nice (interprétation). - Fort bien. Nous allons maintenant

5 passer aux événements qui se sont déroulés les 14, 15 et 16 novembre à

6 proprement parler, effectivement ?

7 M. le Président (interprétation). - Vous parlez de novembre.

8 M. Nice (interprétation). – Excusez-moi, avril ; mais avant d’en

9 terminer avec cette liste d'infractions et de délits commis, il y a des

10 victimes musulmanes qui sont enregistrées. Le nombre de victimes qu'on

11 trouve là, comment se compare-t-il au nombre de victimes de délits

12 précédents ?

13 M. Zlotrg (interprétation). - Nous avons vécu paisiblement, nous

14 étions parents avec des Croates. J'ai parrainé trois fois un Croate. Je

15 dois dire qu’une personne qui serait normale n'arriverait pas à comprendre

16 ce qui s'était passé, comment de telles représailles auraient pu être

17 entreprises à notre égard.

18 En 1991, c'était plutôt une pression psychologique, en 1992, En

19 revanche et notamment fin 1992, début 1993, cette pression est devenue non

20 seulement psychologique, mais également physique. On nous a maltraité, on

21 a pillé, on a passé à tabac les gens. Partout c'étaient des Musulmans.

22 M. Robinson (interprétation). - J'aurais voulu poser une

23 question au témoin en ce qui concerne ce point précisément.

24 Y avait-il des mariages entre les Croates et les Musulmans ?

25 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, mon frère était marié à une

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1 Croate. Et un deuxième frère était marié à une Serbe, les deux

2 malheureusement ont été tués.

3 M. Nice (interprétation). - Nous allons parler dans un instant

4 de la mort d'un de ces frères. Mais pour étoffer la réponse que vous avez

5 fournie, tout d'abord si vous ne savez pas le faire, ne le faites pas.

6 Est-ce que vous pourriez estimer combien il y avait de personnes qui

7 faisaient partie d'un mariage interethnique ?

8 La deuxième partie de cette question étant ceci : d'après

9 l'expérience que vous avez acquise au sein d'un groupe ethnique, quel

10 qu'il soit, est-ce qu'on ressentait une certaine opposition, un certain

11 antagonisme, une certaine réticence face à l'idée d'avoir des mariages

12 mixtes ?

13 M. Zlotrg (interprétation). - A ma connaissance, jusqu'au moment

14 où les conflits ne se sont pas déclenchés, ce n'était pas le cas. Au

15 moment où le conflit s'est déclenché, les Croates ont fait pression sur

16 ceux qui vivaient dans des familles mixtes.

17 M. Nice (interprétation). – J'espère que ceci a répondu à la

18 question qu'avait posé le Juge Robinson.

19 13 avril 1993, à propos de chaîne des télévisions ou des

20 transmetteurs, que faisait Skopljak à ce moment-là ?

21 M. Zlotrg (interprétation). - Si je ne m'abuse, il était

22 président du HVO ; par conséquent, dirigeant politique.

23 M. Nice (interprétation). – Est-ce qu'il avait un rôle

24 particulier à jouer par rapport à cette station de télévision ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, je ne sais pas exactement

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1 quand mais le HVO avait mobilisé, ou plutôt s'est emparé de cette station.

2 Elle était la propriété de Pero Gudelj.

3 M. Nice (interprétation). – A ce moment-là, à quoi servait cette

4 station ?

5 M. Zlotrg (interprétation). - Une campagne contre les Musulmans

6 et contre les dirigeants musulmans. A tout moment, ils insultaient

7 M. Alija Izetbegovic, à chaque fois, qu'ils avaient l'occasion de le

8 faire. Ils transmettaient les conférences de presse auxquelles

9 participaient M. Kordic, M. Kostroman, M. Valenta, M. Blaskic et puis

10 d'autres fonctionnaires et membres du HDZ.

11 M. Nice (interprétation). – Quelle était la teneur générale de

12 ces programmes pour autant que vous puissiez nous fournir une description

13 générale ?

14 M. Zlotrg (interprétation). - Ils ont promu l'ouvrage de Ante

15 Valenta sur le déplacement humanitaire de la population et ils ont

16 attaqué verbalement la Défense territoriale. Ils niaient également le rôle

17 de la Défense territoriale. Ils s'attaquaient à la direction politique à

18 tous les niveaux, quand je parle bien évidemment de la direction

19 musulmane. Ils ont essayé de séparer et semer le désordre entre les deux

20 peuples, les deux populations.

21 M. Nice (interprétation). – Est-ce que ces programmes télévisés

22 ont eu un effet quelconque, précisément pour ce qui est de la division

23 entre ces deux peuples ?

24 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, après cela, le HVO de Vitez a

25 circulé dans Vitez, insultait, injuriait les membres du peuple musulman.

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1 Et on voit des documents tout ceci.

2 M. Nice (interprétation). – Avant de passer à des événements

3 vous concernant, quelques détails… Y avait il une entreprise intitulée

4 "Unis" ?

5 M. Zlotrg (interprétation). - Ce n'était pas une usine locale.

6 Le siège était à Sarajevo mais, dans le cadre de ce complexe, il y avait

7 trois usines, une avec un équipement particulier qu'elle fabriquait ;

8 l'autre fabriquait des explosifs et l'autre encore des emballages

9 plastiques.

10 M. Nice (interprétation). – S'agissant des usines locales, est-

11 ce qu'elles ont été concernées, touchées d'une façon quelconque à ce

12 moment-là de 1993 ?

13 M. Zlotrg (interprétation). - A ma connaissance, on avait pris

14 les explosifs. Je ne sais pas tout ce qu'ils ont produit. Ils ont donc

15 retiré toutes ces pièces et ils ont déplacé cela, à un autre endroit. Les

16 représentants du HVO ont fait cela. Les représentants du HVO ont fait

17 cela.

18 M. Nice (interprétation). – A votre connaissance, ce matériel,

19 où ont-ils été emmenés ?

20 M. Zlotrg (interprétation). - Ils l'ont déplacé, d'abord à

21 Kruscica, ensuite, dans la région de Busovaca, à Tisovac. En ce qui

22 concerne Kruscica, je suis au courant car un chauffeur me l'a dit.

23 M. Nice (interprétation). – A ce moment-là, à Vitez, quelle

24 devise pouvait-on utiliser ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Toutes les usines fonctionnaient

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1 sur la base du dinar. Ils avaient des comptes courants qu'ils avaient

2 ouverts. En passant par SDK de la Croatie, c'est la comptabilité d'Etat de

3 Croatie, alors que, nous autres, en Bosnie, nous avons utilisé le dinar

4 bosniaque.

5 M. Nice (interprétation). – Nous quittons cette période, qui se

6 termine au moment où débute le conflit. Le 15 avril, à cette date précise,

7 vous l'avez déjà dit monsieur, est-ce que les médias ont annoncé la

8 conclusion d'un accord en matière de coopération ?

9 M. Zlotrg (interprétation). - Oui. Monsieur Mahudovic a déclaré

10 que nous allons de nouveau travailler ensemble, avec nos collègues.

11 M. Nice (interprétation). – Est-ce que, vous-même, vous avez

12 entendu cette annonce ?

13 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

14 M. Nice (interprétation). – Vous y avez cru ou pas ?

15 M. Zlotrg (interprétation). - Si je n'y croyais pas, à ce

16 moment-là, on ne m'aurait pas arrêté. Je ne serais pas allé à Stari Vitez.

17 J'aurais pu inventer quelque chose, j'aurais pu également déplacer ma

18 famille.

19 M. Nice (interprétation). – Nous passons aux premières heures du

20 matin suivant, aux premières heures du 16 avril. Vers 5 heures 30 du

21 matin, est-ce que vous vous trouviez dans votre appartement ?

22 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, je dormais.

23 M. Nice (interprétation). – Qu'est-ce que qui vous a réveillé ?

24 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, j'étais réveillé.

25 M. Nice (interprétation). – Excusez-moi, qu'est-ce qui vous a

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1 réveillé précisément ?

2 M. Zlotrg (interprétation). - Une détonation.

3 M. Nice (interprétation). – Elle provenait d'où cette

4 détonation ?

5 M. Zlotrg (interprétation). - En provenance d'Ahmici.

6 M. Nice (interprétation). – Depuis l'endroit où se trouvait

7 votre appartement, est-ce que vous avez été en mesure de voir d'autres

8 bâtiments, appartements ou immeubles ?

9 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, et j'ai vu la fumée en

10 provenance d'Ahmici.

11 M. Nice (interprétation). – Je vais vous montrer une carte après

12 la pause, plutôt que de perdre du temps à préparer la carte. Après la

13 pause, nous pourrons avoir une carte qui cadre bien avec les dimensions du

14 rétroprojecteur, mais j'en doute.

15 Est-ce que, à ce moment-là, vous avez vu des gens se déplacer

16 dans la rue ?

17 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, les représentants du HVO. Ils

18 étaient en uniforme de camouflage. Il n'y avait absolument pas de civil.

19 M. Nice (interprétation). – Que faisaient ces membres du HVO ?

20 M. Zlotrg (interprétation). - Ils arrêtaient les Musulmans, ils

21 les tuaient dans les appartements. Ce n'est que plus tard que je l'ai

22 appris, ils entraient dans les immeubles et, souvent, ils sortaient seuls

23 ou ils étaient également accompagnés par les Musulmans qu'ils avaient

24 arrêtés. Tout dépendait de la tâche qui leur était assignée.

25 M. Nice (interprétation). – Vous avez vu ces déplacements, ces

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1 mouvements des soldats du HVO, au cours de la matinée du 16. Pendant

2 combien de temps ? Peut-être que ces mouvements ont duré plus longtemps,

3 toute la journée ?

4 M. Zlotrg (interprétation). - Jusqu'au 19 avril, au moment où

5 j'ai été arrêté.

6 M. Nice (interprétation). – Nous sommes toujours au 18 avril,

7 est-ce que, à un moment donné, vous avez eu des nouvelles de votre sœur ?

8 M. Zlotrg (interprétation). - Ma sœur était à Zenica, elle était

9 en sécurité. Je ne sais pas.

10 M. Nice (interprétation). – Excusez-moi, je ne voulais pas

11 parler de votre sœur mais de votre frère. Vous avez appris quelque chose à

12 propos de votre frère ?

13 M. Zlotrg (interprétation). - C'est le 16 que l'on m'a appelé au

14 téléphone. Ce sont ses voisins qui m'ont appelé. Ils m'ont dit qu'il a été

15 tué, que ma belle-sœur était blessée grièvement, qu'il fallait l'aider.

16 M. Nice (interprétation). – Que vous a-t-on dit ?

17 M. Zlotrg (interprétation). - C’est plus tard que j'ai su

18 qu'elle avait une hémorragie assez forte, et qu'elle est décédée des

19 conséquences de cette hémorragie. On m'a raconté également tout

20 l'événement et comment cela s'est déroulé.

21 M. Nice (interprétation). – A savoir ?

22 M. Zlotrg (interprétation). - Le matin, je ne sais pas

23 exactement à quelle heure, les membres du HVO sont venus à la porte. Ils

24 frappaient avec la crosse sur la porte. Quand mon frère a essayé d'ouvrir

25 la porte, ils ont tiré à travers la porte. A ce moment-là, d'après la mère

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1 de son épouse, le petit-fils a été blessé.

2 Ensuite, il est allé pour appeler le commandement au téléphone

3 du quartier général de la Défense territoriale et il a appelé également

4 l'ambulance pour qu'elle vienne en urgence pour l'aider. Son épouse s'est

5 approchée de la porte pour ouvrir. Cependant, les représentants du HVO ont

6 tiré à travers la porte et l'ont blessée dans le ventre. Après quoi, ils

7 ont enfoncé la porte. L'un d'eux s'est approché de mon frère qui était au

8 téléphone et lui avait demandé: "Est-ce que c'est toi qui écrit pour les

9 journaux ?". Quand il a répondu par l'affirmative, il a tiré à bout

10 portant dans sa tête. On n'a pas permis à ma belle-sœur qu'elle appelle

11 l'urgence. A la porte, il y avait la mère de ma belle-sœur, les trois

12 enfants mineurs, sa fille née en 1979, les jumeaux nés en 1984. Ils ont

13 tout vu.

14 Un des groupes a demandé, celui qui les a guidés, qui était le

15 chef du groupe, ce qu'il devait faire avec les enfants. Et il a dit :

16 "Laisse-les, ils ne te dérangent pas". Ensuite, ils ont continué, ils ont

17 cherché les autres dans d'autres appartements. C'est ce qui a été déclaré

18 par la mère de ma belle-sœur. Ma belle-sœur était très bonne amie avec

19 M. Cerkez. Ils ont travaillé ensemble malheureusement. Et combien de fois,

20 ils ont bu le café ensemble...

21 M. Nice (interprétation). – Avant d'avoir la pause du déjeuner,

22 j'aurais voulu revenir sur un point. Une remarque avait été faite à propos

23 de votre frère. C'est celui qui travaille pour les journaux, est-ce que

24 cela a un sens particulier ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, mon frère avait des jumeaux,

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1 8 ans à l'époque. Les représentants du HVO venaient dans son café, dont il

2 était propriétaire, et ils tiraient en l'air. A un moment donné, il avait

3 écrit une lettre, il avait été assez habile pour écrire que le mieux était

4 d'aller à Vlasici et de montrer combien ils étaient courageux plutôt que

5 de le montrer devant les enfants.

6 Personnellement, je ne sais pas, je doute même qu'il ait dit au

7 soldat de ce qu'il avait écrit mais quelqu'un avait été ordonné de le

8 tuer. Leurs soldats n'avaient pas le temps pour lire. C'est une lettre qui

9 est sortie dans un journal Nasa Strana ; ce n'était pas un journal

10 véritablement à la portée de chaque soldat. Probablement, si la question a

11 été posée, c'était pour savoir si véritablement il s'agissait de la

12 personne qui avait signé cette lettre, pour l'identifier.

13 M. le Président (interprétation). – Pause. Nous reprendrons

14 comme d'habitude, à 14 heures 30.

15

16 L'audience est suspendue à 13 heures 05.

17 L'audience est reprise à 14 heures 30.

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20 (Audience publique)

21 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

22 M. le Président (interprétation). – Monsieur le Témoin, désolé

23 du retard que nous avons pris à vous faire entrer en salle, nous avions

24 d'autres questions à régler qui n'avaient rien à voir avec votre

25 déposition.

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1 M. Nice (interprétation). - Vous étiez en train de parler de la

2 mort de votre frère, vous avez parlé des déplacements des auteurs dans

3 d'autres parties du bâtiment et, d'après les informations que vous avez

4 reçues, les auteurs de ce crime se sont-ils déplacés dans d'autres

5 bâtiments, et si c'est le cas, qu'ont-ils fait ?

6 M. Zlotrg (interprétation). - Avant de se rendre devant

7 l'appartement de mon frère, au rez-de-chaussée, ils ont déjà maltraité la

8 famille d'Elvina Mahmutovic. Son époux est diabétique et il était presque

9 aveugle, on a tiré au-dessus de sa tête. On l'a enfermé dans les waters,

10 si j'ai bien compris, et puis ils sont arrivés jusqu'à la porte de mon

11 frère et de son voisin, Mihail Muslimovic. C'était un policier, un ancien

12 policier à la retraite.

13 On l'a pillé, on a pillé son appartement, on a lui pris son

14 argent. Ils l’ont arrêté ensemble avec sa famille dans les waters.

15 Ensuite, ils sont montés un étage au-dessus pour trouver la famille Dzemo,

16 je ne me souviens plus de son nom, c'est un Rom. Ils l'ont maltraité

17 également. Je sais que, ce jour-là, ou peut-être quelques jours plus tard,

18 ils l'ont sorti pour le fusiller. Mais entre-temps, son beau-frère est

19 venu, ou plutôt son gendre, excusez-moi, et c'est lui qui l'avait sauvé,

20 comme cela il n'a pas été fusillé.

21 M. Nice (interprétation). - L'homme qui répondait au nom de

22 Darko Kraljevic, est-ce qu’il avait des locaux à Vitez, locaux que vous

23 pouviez voir depuis votre fenêtre ?

24 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, le quartier général de Darko

25 Kraljevic se trouvait dans le café Ben’s.

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1 Moi, je pouvais voir très clairement de la terrasse de mon

2 appartement ce qu'a fait…

3 M. Nice (interprétation). - Je vais vous demander de jeter un

4 coup d'oeil à la carte qui se trouve sur le chevalet, à votre gauche. Je

5 ne pense pas que vous ayez eu le temps de vous préparer à l’examen de

6 cette carte, car nous n’avions pas retrouvé cette carte.

7 Mais est-elle suffisamment détaillée pour que vous puissiez

8 identifier à l'intention des Juges où vous vous habitiez et où se

9 trouvaient ces locaux de Darko Kraljevic.

10 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

11 M. Nice (interprétation). - Il faudra attribuer une cote à cette

12 carte. Je ne sais pas si elle dispose déjà d'une cote. Il faudra vérifier.

13 2231.1.

14 Pourriez-vous d'abord nous indiquer, d’abord nous orienter.

15 Quelle est la route qui mène où ?

16 Pourriez-vous situer la carte à l'intention des Juges ?

17 M. Zlotrg (interprétation). - C'est la route qui mène aux usines

18 d'Unis. Et là maintenant, c'est la route qui traverse la nouvelle partie

19 de Vitez et à gauche, c'est l'ancienne partie. Là, ici, c'est la route

20 principale nationale, qui contourne la ville.

21 M. Nice (interprétation). – Aidez-nous à nous situer en faisant

22 référence aux villes où mènent ces routes ?

23 M. Zlotrg (interprétation). - Direction Busovaca.

24 M. Nice (interprétation). - Et vers le bas ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Travnik.

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1 M. Nice (interprétation). - Veuillez nous indiquer l'endroit où

2 se trouve votre maison et celle de Darko Kraljevic ?

3 (Le témoin indique sur la carte.)

4 M. Nice (interprétation). - C'est votre maison.

5 M. Zlotrg (interprétation). - C'est le bâtiment où j'habitais.

6 M. Nice (interprétation). - Et Kraljevic ?

7 M. Zlotrg (interprétation). - Le quartier général de Kraljevic

8 se trouve ici dans ce bâtiment que je pointe avec le pointeur.

9 M. Nice (interprétation). – Merci, veuillez vous rasseoir. A

10 partir de votre fenêtre, avez-vous pu constater des activités dans les

11 locaux où se trouvait Darko Kraljevic ?

12 M. Zlotrg (interprétation). - J'ai vu les membres du HVO, deux

13 ou trois hommes qui sortaient du café Ben’s. Ils se sont approchés d’un

14 membre du HVO, qui s'appelait Marko Mlakic, appelé Tasko. Ils ont parlé

15 quelque peu entre eux, je n'ai pas pu bien évidemment savoir ce qu'ils ont

16 dit, mais ils ont probablement demandé pour les adresses des personnes

17 qu'ils auraient dû arrêter ou tuer parce qu'il, lui, il avait montré la

18 route, la fenêtre, le balcon de la personne qu'il désignait, dont il

19 parlait.

20 Il avait dans les mains, probablement une liste de locataires.

21 Et puis probablement la disposition des appartements et lui-même,

22 également, habitait le même immeuble.

23 M. Nice (interprétation). - Et cet homme, Marko Mlakic, que

24 l'avez-vous vu faire ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Il avait acheminé ces groupes de

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1 personnes à des adresses données, il avait donné des adresses pour

2 lesquelles ils se sont renseignés.

3 M. Nice (interprétation). – Niko Krizanac, est-ce que vous

4 l'avez vu lui

5 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, il est venu avec l'ambulance,

6 une espèce de SAMU, devant le café de Ben’s. A la place des blessés, il

7 avait chargé les caisses de munitions. C'est en quelques intervalles qu'il

8 avait répété le même geste, le même itinéraire.

9 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous étiez en train de

10 regarder la télévision, ce jour-là, dans votre appartement ?

11 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, dans mon appartement et celui

12 de mon voisin où j'avais placé ma famille.

13 M. Nice (interprétation). - Et quel programme télévisé, avez-

14 vous vu ?

15 M. Zlotrg (interprétation). - En gros, c'étaient les actualités

16 et les informations à l'intention des Croates.

17 M. Nice (interprétation). - Vous souvenez-vous d'un programme en

18 particulier ?

19 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, c'était une information qui a

20 été répétée à plusieurs intervalles, pendant la journée entière : Chaque

21 Croate qui cache les Musulmans subira les sanctions les plus graves

22 possible. C'est à peu près le message de l'information. Je ne peux pas

23 citer chaque mot, c'est la raison pour laquelle j’ai demandé à mon voisin

24 s'il fallait que je déménage ma famille. Il m'a dit : non, ce n'est pas

25 nécessaire.

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1 M. Nice (interprétation). - Votre voisin, il était de quel

2 groupe ethnique ?

3 M. Zlotrg (interprétation). - Il était Croate.

4 M. Nice (interprétation). - Les membres de votre famille,

5 combien de temps ont-ils passé dans l'appartement de votre voisin ?

6 M. Zlotrg (interprétation). - Jusqu'au 19. Jusqu'au moment où

7 moi, je n'ai pas été arrêté. Après, ils sont restés, je ne sais pas

8 combien de temps à encore.

9 M. Nice (interprétation). - Jusqu'au moment de votre

10 arrestation. Qu'avez-vous découvert pour ce qui est des déplacements des

11 autres familles musulmanes à Vitez ?

12 M. Zlotrg (interprétation). - Personne de Musulman ne pouvait

13 circuler librement, ceux qui circulaient étaient escortés par le HVO, et

14 on les emmenait dans les camps.

15 Nous autres, on avait pas le droit de fermer la porte à clef. Je

16 parle des appartements. D'ailleurs, les portes n'ont jamais été fermées,

17 on n'a pas osé les fermer à clef.

18 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez appris

19 l’arrestation d’autres Musulmans, au cours de cette période, allant du 16

20 au 19 avril ?

21 M. Zlotrg (interprétation). - J'ai pu voir de ma fenêtre comment

22 ils les emmenaient, les escortaient. C'est au moment où j'ai été arrêté

23 que je savais ce qui s'était passé. Il y en a beaucoup que j'ai rencontré

24 dans les camps, ils se trouvaient dans les soubassements, dans la cave de

25 l'université ouvrière, à Vitez.

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1 M. Nice (interprétation). – Parlons des circonstances entourant

2 votre arrestation. A quel moment et quel jour vous a t-on arrêté ?

3 M. Zlotrg (interprétation). - Je pense que c'était le 17, dans

4 la matinée, les trois policiers sont venus, Marko Rajkovic était le chef,

5 avec lui, il y avait Bonic, je ne me souviens plus de son nom. C'étaient

6 mes collègues qui travaillaient ensemble avec moi. Ils m'ont demandé si

7 j'avais des armes, j'ai dit que non.

8 Ensuite, ils m'ont dit que je suis un homme bien et qu'ils me

9 laissaient dans l'appartement. Moi, j'aurais aimé qu'ils m'emmènent avec

10 les autres, car j'avais plus de chance de survivre si j’étais avec les

11 autres.

12 M. Nice (interprétation). – Donc on vous laissé chez vous le 17.

13 Que s'est-il passé le lendemain matin.

14 M. Zlotrg (interprétation). - Un deuxième groupe, le lendemain

15 matin est arrivé.

16 M. Nice (interprétation). – Avez-vous été en mesure de

17 déterminer de quel groupe il venait ?

18 M. Zlotrg (interprétation). – C'étaient des représentants des

19 Vitezovi ?

20 M. Nice (interprétation). - Ces hommes, qu'ont-ils dit ? Qu'ont-

21 ils fait ?

22 M. Zlotrg (interprétation). – Ils étaient avec le frère d'un de

23 mes très bon amis croate, Franic. On l'appelait Jésus. Quand il est venu

24 à la porte, il m'a vu. Il a pris le téléphone et puis il m'a laissé dans

25 l'appartement. Il ne voulait pas me toucher.

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1 M. Nice (interprétation). – Ceci s'est passé le 18. Nous en

2 arrivons ainsi au 19. Avant de parler de votre arrestation, dites-nous ce

3 qui se passait à l'extérieur et plus précisément à Zenica, pour autant que

4 vous le sachiez ?

5 M. Zlotrg (interprétation). – Le 18 rien ne s'est passé à

6 Zenica. Zenica a été pilonnée le 19.

7 M. Nice (interprétation). – Comment l'avez-vous appris ?

8 M. Zlotrg (interprétation). – Par la télévision.

9 M. Nice (interprétation). – Parlons de votre arrestation, le 19.

10 Qui est venu pour procéder à cette arrestation ?

11 M. Zlotrg (interprétation). - Tout d'abord, les deux membres du

12 HVO sont venus pour m'arrêter. Chaque fois, quand ils sont venus me voir,

13 ils m'insultaient, ils faisaient une perquisition de l'appartement. Mais

14 ce jeune homme a été véritablement très correct et il s'excusait auprès de

15 moi parce qu'il était obligé de m'arrêter. Il a dit qu'à un moment je

16 l'avais aidé. Je ne m'en souvenais pas. Je lui ai dit qu'il pouvait

17 m'emmener. Je me suis habillé et j'ai dit : "Tu n'as qu'à m'emmener là où

18 se trouvent les autres." D'après mon estimation, c'était ma chance de

19 partir, être avec les autres et, ainsi, d'être en plus grande sécurité.

20 Effectivement, il m'a conduit vers le deuxième étage. Au

21 deuxième étage, il y avait des voisins qui lui ont demandé de me laisser

22 dans mon appartement. L'un de mes voisins était son directeur quand il

23 travaillait chez lui. Il s'est adressé au directeur qui a dit : "C'est

24 vous qui prenez la responsabilité et c'est comme cela que je le laisserai

25 dans l'appartement". Effectivement, ils sont partis cinq minutes plus

Page 1662

1 tard. Pendant que je regardais les actualités et les conséquences des

2 pilonnages à Zenica, le fils de mon voisin est venu dans l'appartement et

3 a dit que les membres du HVO sont venus me chercher.

4 Au moment où je suis sorti, j'ai pu remarquer Dazenko Rados. Il

5 était sur l'escalier. C'était un membre de la police civile. Il a

6 travaillé aux transmissions avec moi, pendant qu'on était encore ensemble

7 au poste de sécurité publique. Il arborait le symbole de Vitezovi sur

8 l'épaule. Il était accompagné d'un autre, également membre du HVO.

9 Il m'a emmené dans mon appartement. Ils n'ont permis à personne

10 de nous accompagner. Là-bas, il m'a insulté et m'a dit : "Comment cela se

11 fait que tu n'es pas à Mahala ? Comment se peut-il que tu sois encore en

12 vie ? Comment se fait-il que tu ne tires pas sur nous ?" Il a proféré des

13 injures, baljia, etc.

14 M. Nice (interprétation). - Un instant pour expliquer aux juges

15 ce qu'est que ce terme de "Mahala". Qu'entend-on par là ?

16 M. Zlotrg (interprétation). – Mahala, c'est la vieille ville de

17 Vitez, l'ancienne ville.

18 M. Nice (interprétation). – Merci. Poursuivez. Donc il vous a

19 insulté. Que vous a-t-il dit à ce moment-là ?

20 M. Zlotrg (interprétation). - Il m'insultait et me disait :

21 "Est-il possible que tu es toujours vivant ?" J'ai dit : "Oui, tu vois

22 bien". Il m'a donné l'ordre de m'habiller. Avant cela, ils ont fouillé

23 tout l'appartement. Je ne sais pas s'ils ont pris quoi que ce soit. Ils

24 m'ont tenu dans une pièce, alors que l'autre personne passait à travers

25 tout l'appartement et prenait ce qu'il voulait.

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1 Ensuite, ils m'ont mis dans une camionnette qui était garée sur

2 un parking dehors. Lorsque la camionnette a été remplie de Musulmans, ils

3 nous ont conduits jusqu'aux locaux de l'Université d'ouvriers, dans la

4 salle des chaudières.

5 M. Nice (interprétation). – Arrêtons-nous là. Pendant que vous

6 étiez là-bas, c'est-à-dire dans votre appartement, est-ce qu'il vous a dit

7 quoi que ce soit concernant ses intentions ?

8 M. Zlotrg (interprétation). – Non. Tout simplement il

9 m'insultait et me disait : "Vous voulez votre Etat, c'est cela." Puis il

10 m'insultait, mais il ne me parlait pas du tout de ses intentions.

11 M. Nice (interprétation). - Vous êtes allés à l'université des

12 ouvriers ?

13 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

14 M. Nice (interprétation). - Dans la salle des chaudières, mais

15 pendant combien de temps y êtes-vous restés ?

16 M. Zlotrg (interprétation). – Sept ou huit jours.

17 M. Nice (interprétation). – Toujours dans la salle des

18 chaudières ou bien à ailleurs ?

19 M. Zlotrg (interprétation). - Etant donné que cette salle était

20 remplie, on était vraiment les uns sur les autres, il n'était pas possible

21 de s'allonger. Nous avons été obligés de nous asseoir les uns à côté des

22 autres pendant sept jours. Ensuite, ils nous ont répartis en plusieurs

23 groupes. Un groupe a été placé dans la salle de cinéma. Moi-même j'étais

24 dans ce groupe. L'autre groupe a été amené à l'étage, au siège du parti

25 SDA (Parti d'action de changement démocratique).

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1 M. Nice (interprétation). – Savez-vous à peu près combien de

2 personnes ont été détenues dans ces locaux ?

3 M. Zlotrg (interprétation). - Certainement 300 à 400 personnes.

4 Je ne sais pas très exactement. En bas, il faisait sombre, on ne pouvait

5 rien voir. Dans l'autre salle, il y a eu peut-être une ou deux ampoules.

6 Nous ne pouvions donc pas voir suffisamment bien.

7 M. Nice (interprétation). – Qu'avez-vous reçu à manger ou à

8 boire ?

9 M. Zlotrg (interprétation). – Une fois par jour, nous avons reçu

10 250 gr de pain et une conserve.

11 M. Nice (interprétation). – En ce concerne les toilettes, y en

12 avait-il ?

13 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, il y avait des toilettes à

14 l'étage où se trouvait la salle de cinéma.

15 M. Nice (interprétation). – A quel moment avez-vous quitté ces

16 locaux et où êtes-vous parti ?

17 M. Zlotrg (interprétation). – Je suis parti dans la salle de

18 cinéma qui se trouvait dans le parterre.

19 M. Nice (interprétation). - Après la salle de cinéma, lorsque

20 vous avez quitté tout l'immeuble, où êtes-vous parti ?

21 M. Zlotrg (interprétation). - Je suis parti creuser les

22 tranchées.

23 M. Nice (interprétation). - Qui vous a donné les instructions de

24 le faire ?

25 M. Robinson (interprétation). – Avant de quitter la salle des

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1 chaudières, je souhaite savoir quelles étaient les dimensions de cette

2 salle, surtout en rapport avec le nombre de personnes qui s'y trouvaient ?

3 M. Zlotrg (interprétation). - Vraiment, je ne peux pas vous dire

4 quelles étaient les dimensions ?

5 M. Nice (interprétation). – Prenez l'exemple de cette salle, si

6 vous voulez. Est-ce que la taille était deux fois plus grandes ou deux

7 fois inférieures ?

8 M. Zlotrg (interprétation). – Peut-être la salle constituait la

9 moitié de cette salle ici, cela dit, elle n'a pas été aussi jolie.

10 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous pouvez évaluer le

11 nombre de personnes qui se trouvaient dans cette salle, non pas dans

12 toutes les salles mais dans celle-là ?

13 M. Zlotrg (interprétation). – Nous étions tous dans cette salle.

14 C'est seulement par la suite, vu le nombre trop grand de personnes, que

15 nous avons été répartis en deux autres salles. Cela dit, une partie des

16 personnes sont encore restées après cela dans la salle des chaudières.

17 Mais vraiment, je ne sais pas parce que moi, je suis arrivé sur place

18 après avoir appris que mon frère et ma belle-sœur ont été tués. Donc je ne

19 peux pas vous donner tellement de détails précis.

20 M. Nice (interprétation). – Qui vous a demandé d'aller creuser

21 les tranchées ?

22 M. Zlotrg (interprétation). – Le soir, nous nous sommes couchés

23 pour dormir et Zlatko Nakic, un policier militaire, s'est approché de mon

24 lit. Il m'a donné un coup de pied sur ma jambe. Je me suis levé et il m'a

25 dit : "Prépare toi, tu es attendu dans le couloir." Dans le couloir, j'ai

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1 vu qu'ils étaient en train de constituer les listes des personnes qui

2 devaient creuser les tranchées.

3 M. Nice (interprétation). - Combien d'entre vous, combien de

4 personnes sont allées creuser des tranchées cette nuit-là ?

5 M. Zlotrg (interprétation). – Nous étions environ sept à dix

6 personnes. Il y avait des personnes venant des camps différents, des

7 personnes venant de la salle de cinéma, du service de comptabilité et

8 aussi de l'école primaire.

9 M. Nice (interprétation). - Dans quel véhicule y êtes-vous

10 allés ?

11 M. Zlotrg (interprétation). - C'était une camionnette combi.

12 M. Nice (interprétation). – Où êtes-vous partis ?

13 M. Zlotrg (interprétation). - Ils nous ont transportés jusqu'au

14 bungalow où se trouvait le commandement de la police militaire. Par la

15 suite, j'ai appris qu'il s'agissait de la 1ère Compagnie qui s'y trouvait.

16 Je savais déjà que mon ancien collègue, Vladimir Santic, était le

17 commandant de cette unité.

18 M. Nice (interprétation). - Le bungalow se trouvait dans quelle

19 région ou à proximité de quelle ville ou de quel village ?

20 M. Zlotrg (interprétation). - A proximité de la ville de

21 Nadioci, dans la direction de Vitez vers Busovaca.

22 M. Nice (interprétation). - Très bien. Vous avez d'abord été

23 emmenés au bungalow. Est-ce que vous avez entendu quoi que ce soit

24 d'important sur place ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - J'ai entendu mon collègue rire et

Page 1668

1 dire quelque chose. Je n'ai pas discerné ce qu'il disait, mais j'ai tout

2 simplement reconnu sa voix.

3 M. Nice (interprétation). – Serait-il possible de montrer au

4 témoin, maintenant, la pièce à conviction n° Z.1926. Il s'agit d'un

5 document que le témoin avait marqué auparavant.

6 (L'huissier s'exécute.)

7 Oui, je crois que vous pourriez mettre cela en haut, la partie

8 comportant l'annotation en haut.

9 Je ne suis pas sûr si l'on voit la région du bungalow sur cette

10 carte. Veuillez l'examiner et nous dire si effectivement on trouve la

11 région du bungalow. Nous voyons Busovaca. Veuillez prendre le pointeur et

12 montrer où se trouvait le bungalow, approximativement.

13 (Le témoin s'exécute.)

14 M. Zlotrg (interprétation). – Le bungalow devrait se trouver là,

15 juste au-dessous de Rovna, sur la route entre Zenica et Vitez, en dessous

16 de Rovna, donc sur cette route-là.

17 M. Nice (interprétation). – Pendant que vous étiez là-bas, est-

18 ce que quelque chose s'est produit ?

19 M. Zlotrg (interprétation). - Dans le bungalow ?

20 M. Nice (interprétation). - Oui. Près du bungalow, est-ce que il

21 y a eu un échange de tir ?

22 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, pendant que nous étions sur

23 place, en train d'attendre le départ du policier qui devait chercher un

24 document pour nous dire où creuser les tranchées, une balle est passée au-

25 dessus de nos têtes. Ensuite, le garde qui était sur place a pris son

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1 fusil et a dit : "Je vais vous tuer tous si j'entends une balle".

2 M. Nice (interprétation). - Et donc vous êtes allé creuser les

3 tranchées à quel moment ?

4 M. Zlotrg (interprétation). – Non, ce n'est pas à ce moment-là

5 que nous avons été emmenés à creuser les tranchées. Ensuite, ils nous ont

6 emmenés dans le camp de Kaonik , dans un hangar qui se trouvait au-dessus

7 de la prison.

8 M. Nice (interprétation). – A quelle heure êtes-vous arrivés là-

9 bas ?

10 M. Zlotrg (interprétation). – C'était dans la matinée, vers deux

11 ou trois heures du matin.

12 M. Nice (interprétation). - La prison et Kaonik en général,

13 nous pouvons voir Kaonik sur ce plan, est-ce que vous pouvez le montrer à

14 l'intention des Juges ?

15 (Le témoin acquiesce.)

16 M. Zlotrg (interprétation). – La prison de Kaonik devrait se

17 trouver par ici, dans cette région-là.

18 M. Nice (interprétation). – Mais il est possible de voir, juste

19 au-dessus de l'endroit où se trouve le pointeur, au sud-est de Strane,

20 c'est là ? On ne voit pas très bien.

21 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, c'est cela.

22 M. Nice (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivé à la prison

23 de Kaonik, qu'est-ce qui vous est arrivés ?

24 M. Zlotrg (interprétation). – Ils ne nous ont pas placés dans la

25 prison, mais dans le hangar dans lequel se trouvaient encore quarante à

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1 cinquante civils qui ont été détenus. C'étaient des personnes qui venaient

2 de toute la Bosnie-Herzégovine, des personnes que l'on a tout simplement

3 arrêtées dans leur propre véhicule. Par exemple, il y a eu des personnes

4 qui vivaient à Okuka, qui voulaient aller au travail à Novi Travnik, elles

5 ont été arrêtées là-bas et on les a amenés dans le hangar à Kaonik.

6 M. Nice (interprétation). – Veuillez examiner maintenant la

7 pièce à conviction suivante dont la cote est Z.1862.

8 Il s'agit d'une photo aérienne de Kaonik. Je crois qu'il y a un

9 problème. Est-ce que vous reconnaissez ces annotations ou bien est-ce

10 quelqu'un d'autre qui les a posées ?

11 M. Zlotrg (interprétation). - C'est là que j'étais, mais je ne

12 sais pas qui les a apposées. Tout d'abord, j'ai été amené dans le hangar

13 marqué par la lettre B. C'est la prison de la police militaire du HVO qui

14 est marquée par la lettre B. La lettre F marque le bâtiment dans lequel se

15 trouvait le peloton d'intervention du HVO. Avant, il s'agissait du

16 commandement de l'ancienne armée.

17 M. Nice (interprétation). – Donc après que vous soyez allés dans

18 le hangar, que vous a-t-on dit ? Qu'a-t-il été prévu pour vous ?

19 M. Zlotrg (interprétation). – Ils ne nous ont rien dit. Ils nous

20 ont tout simplement mis à l'intérieur et ils ont fermé la porte derrière

21 nous. Nous ne savions pas où nous étions. C'est simplement par la suite,

22 après avoir discuté avec d'autres détenus que nous étions à Kaonik.

23 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez été enregistrés

24 d'une quelconque manière quand vous êtes arrivé sur place ?

25 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, puisque les personnes qui

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1 nous ont amenés là-bas ont donné la liste avec nos noms aux gardes qui

2 nous ont accueillis.

3 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez appris si la

4 Croix Rouge avait effectué des visites à ce endroit ? Si oui, qu'est-ce

5 que qui s'est passé pendant ces visites-là ?

6 M. Zlotrg (interprétation). - Pour autant que je le sache, la

7 Croix Rouge ne l'a pas visitée. C'est seulement après notre arrivé dans la

8 prison que l'attention de la Croix Rouge a été attirée sur le fait qu'il y

9 a eu des gens, des détenus dans cette prison. Cela, c'est au bout d'une

10 quinzaine de jour.

11 M. Nice (interprétation). – Lorsque vous alliez vers Kaonik,

12 avez-vous traversé la région de Nadioci et d'Ahmici ?

13 M. Zlotrg (interprétation). – Oui.

14 M. Nice (interprétation). – Au moment où vous avez traversé

15 cette région, avez-vous pu voir quel était l'état dans lequel cette région

16 se trouvait ?

17 M. Zlotrg (interprétation). – Non puisque la camionnette était

18 fermée et aussi parce qu'il faisait sombre. La deuxième fois, il a fallu

19 qu'on traverse à la fois Nadioci et Ahmici.

20 M. Nice (interprétation). – Mais le jour suivant, ou un peu plus

21 tard peut-être, est-ce que vous avez eu l'occasion de voir Ahmici ?

22 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

23 M. Nice (interprétation). - Cela s'est produit le jour suivant ?

24 M. Zlotrg (interprétation). - Non.

25 M. Nice (interprétation). - Au bout de combien de jours alors ?

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1 M. Zlotrg (interprétation). – Deux jours plus tard.

2 M. Nice (interprétation). – Parlons d'abord, dans ce cas-là, du

3 jour suivant. Ce jour-là, est-ce qu'il y a eu un événement concernant

4 votre traitement dont vous vous souvenez ?

5 M. Zlotrg (interprétation). - Rien de particulier, sauf que des

6 policiers militaires sont venus de nouveaux et nous ont ramenés au

7 bungalow.

8 M. Nice (interprétation). – Ils l'ont fait pendant la journée ?

9 M. Zlotrg (interprétation). – Oui.

10 M. Nice (interprétation). – Avez-vous pu voir à l'extérieur du

11 véhicule dans lequel vous avez été transporté ?

12 M. Zlotrg (interprétation). – Pas à ce moment-là, étant donné

13 que le véhicule était fermé.

14 M. Nice (interprétation). – Que s'est-il produit dans le

15 bungalow ?

16 M. Zlotrg (interprétation). – Ils nous ont envoyé de là-bas à

17 Kratina pour creuser les tranchées.

18 M. Nice (interprétation). - Est-ce que nous pouvons examiner à

19 nouveau la pièce à conviction 1926 et la mettre sur le rétroprojecteur ?

20 Ceci est la carte que vous avez eu utilisée précédemment pour

21 montrer où vous avez dû creuser les tranchées, n'est-ce pas ?

22 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

23 M. Nice (interprétation). – Vous avez marqué cette région en

24 haut, n'est-ce pas ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

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1 M. Nice (interprétation). – Qui était chargé de cette situation

2 lorsque vous avez creusé les tranchées ?

3 M. Zlotrg (interprétation). - La personne chargée était Miroslav

4 Bralo, surnommé "Cicko". C'est lui qui donnait des ordres sur l'endroit où

5 il fallait creuser et ce qu'il fallait creuser.

6 M. Nice (interprétation). – Pourriez-vous raconter aux juges

7 quelque chose concernant la situation lorsque vous avez creusé les

8 tranchées, quand vous l'avez fait, quand vous avez commencé à le faire et

9 quels risques ceci a entraîné ?

10 M. Zlotrg (interprétation). - Lorsque nous sommes arrivés dans

11 la région de Kratina, Cicko nous a donné l'ordre de nous mettre en rangée

12 et il passait à côté de nous, un par un. Lorsqu'il m'a vu, il m'a dit

13 qu'il me connaissait mais qu'il ne souvenait pas d'où, mais qu'il allait

14 se rappeler. Ensuite, il a demandé à Ahmic, je ne sais pas quel est son

15 prénom, mais le prénom de son père était Suljo, et il lui a demandé de me

16 montrer comment me signer. Il nous a dit que nous n'étions pas des

17 Musulmans, que nous étions des Croates et qu'il n'y avait pas d'endroit où

18 nous pouvions prier Dieu étant donné qu'ils avaient incendié, détruit

19 toutes nos mosquées.

20 Il a dit également qu'il était en compétition avec un autre

21 Croate surnommé Cvabo ou le "boche" de Busovaca, pour voir qui allait tuer

22 le plus grand nombre de Musulmans. A ce moment-là, il a mentionné le

23 chiffre de 80 Musulmans, les femmes, les enfants, les personnes âgées,

24 etc. Et il a dit que c'était lui qui avait pour le moment la première

25 place sur cette liste.

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1 Ensuite, il est parti et il a laissé derrière lui Ahmic pour que

2 celui-ci nous entraîne pour que l'on puisse se signer de manière correcte.

3 Lorsqu'il est revenu, au bout de deux heures, nous avons tous

4 réussi à nous signer comme il faut, tous sauf un "rom" et Bralo lui a

5 demandé deux ou trois fois de le refaire.

6 Mais cette personne a toujours fait la même erreur, à ce moment-

7 là, Cicko s’est retourné, il est parti sept ou huit mètres plus loin, il a

8 pris une hache, il s’est retourné, il a tourné la partie non aiguisée de

9 la hache vers sa tête, lui disant : "Si maintenant, tu fais encore une

10 erreur, je vais te tuer". Cependant, le petit a réussi à dire et faire ce

11 qu'il faut. Il lui a demandé de répéter le tout une vingtaine de fois.

12 Heureusement pour l'autre, il a réussi à le faire de manière correcte.

13 Après cela, nous sommes partis creuser les tranchées. Nous

14 étions dans la partie face à l'armée de Bosnie-Herzégovine. Tous nos

15 gestes et tous nos déplacements étaient vus par les membres de l'armée de

16 Bosnie-Herzégovine, alors que nos gardes étaient cachés dans un abri. A un

17 moment, ils ont même tiré sur nous mais, heureusement, personne n'a été

18 blessé.

19 M. Nice (interprétation). - Lorsque vous dites que l'armée

20 pouvait vous voir, vous voulez dire que les membres de l'armée, contre

21 lesquels les Croates voulaient se défendre, pouvaient vous voir ?

22 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, les membres de l'armée de

23 Bosnie-Herzégovine.

24 M. Nice (interprétation). - Ils ont pu voir que vous étiez des

25 Musulmans, ils ont pu vous reconnaître ?

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1 M. Zlotrg (interprétation). - Le plus probablement, ils se

2 doutaient que c'étaient nous qui creusions les tranchées. Etant donné

3 qu’ils disposaient déjà de l'information que le HVO utilisait les

4 Musulmans capturés pour creuser les tranchées. Ils ne pouvaient pas nous

5 reconnaître, ce n'était écrit nulle part que nous étions Musulmans.

6 M. Nice (interprétation). - Vous avez dit que les gardes étaient

7 cachés pendant que vous creusiez les tranchées. Comment ont-ils pu se

8 cacher et se sauver face aux attaques éventuelles de l’armée de Bosnie-

9 Herzégovine ?

10 M. Zlotrg (interprétation). - Nous creusions les tranchées dans

11 un col et, de l'autre côté, se trouvaient des membres de l'armée de

12 Bosnie-Herzégovine, à Kuber. Et puisque les autres étaient en bas, les

13 membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine ne pouvaient pas les voir alors

14 que, nous, nous étions plus loin. Ils ont donc pu nous voir. Nous étions

15 en train de creuser les tranchées, de créer les blockhaus.

16 M. Nice (interprétation). - Pendant combien de temps êtes-vous

17 resté là, à creuser les tranchées ?

18 M. Zlotrg (interprétation). - Ce jour-là, toute la nuit et toute

19 la journée le jour suivant.

20 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'on vous a nourri ?

21 M. Zlotrg (interprétation). - Une fois par jour.

22 M. Nice (interprétation). - Qu'avez-vous reçu comme aliment ?

23 M. Zlotrg (interprétation). – 250 grammes de pain et la moitié

24 de conserve.

25 M. Nice (interprétation). - Est-ce que quelqu'un est tombé

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1 malade dans la nuit ?

2 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

3 M. Nice (interprétation). - Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

4 M. Zlotrg (interprétation). - Nous étions en bas, nous

5 attendions d'apprendre où il fallait creuser les tranchées. Ensuite, Cicko

6 se trouvait près de nous. Ensuite, quelqu’un, un membre du HVO, a

7 appelé Cicko en lui disant que quelqu'un était malade. Il a demandé : "De

8 qui s’agit-il ? D'un balija ?». Le garde a répondu oui. Ensuite, il a

9 dit : « Egorgez-le, il souffrira moins". Cependant, il n'a pas été égorgé.

10 Quatre collègues, qui creusaient les tranchées avec nous, l'ont emmené à

11 l'hôpital de Busovaca.

12 M. Nice (interprétation). - Ils l'ont emmené à l'hôpital de

13 Busovaca mais comment vos collègues ont-ils pu être suffisamment libres

14 pour transporter cet homme à Busovaca ?

15 M. Zlotrg (interprétation). - Ils étaient escortés par les

16 Croates du HVO. Mais les Croates ne voulaient pas le transporter, les

17 Musulmans ont dû le faire, étant donné qu'il n'était pas possible de

18 traverser la région de Kratina en voiture.

19 M. Nice (interprétation). - Combien d'hommes, au total,

20 creusaient les tranchées dans cette région, pour autant que vous le

21 sachiez ?

22 M. Zlotrg (interprétation). - Nous avons trouvé sur place un

23 groupe qui creusait les tranchées avant. Je crois qu'ils étaient une

24 quinzaine, je ne suis pas sûr.

25 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'il y a un incident qui a

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1 concerné trois hommes dont vous pourriez nous parler ? Trois civils,

2 j’entends.

3 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

4 M. Nice (interprétation). - Pendant que nous avions une pause

5 pour le déjeuner, nous étions à une centaine de mètres par rapport au

6 poste de commandement de Cicko. Ils ont emmené trois civils qui couraient

7 jusqu'à Cicko. Etant donné que nous étions loin, nous ne voyions pas très

8 bien mais, plus tard, ce jeune homme qui nous gardait cette nuit-là nous a

9 dit que Cicko les avait déshabillés, ligotés les mains derrière le dos. Il

10 a versé par terre du maïs ou du blé et leur a donné l'ordre de recueillir

11 tout cela, ils l'ont fait avec leur bouche et leurs dents. Après cela, il

12 les a amenés quelque part. Ce jeune homme a dit qu'il les a emmenés dans

13 une région qui se trouvait à proximité, dans le marais. Probablement, il

14 les a égorgés par la suite, ils n'ont jamais plus été revus. Par la suite,

15 j'ai appris qu'il s’agissait des Serbes du village de Loncari.

16 M. Nice (interprétation). - L'homme avec qui Cicko disait qu'il

17 était en lice pour essayer de tuer le plus grand nombre de Musulmans.

18 Connaissez-vous le nom complet de cet homme ?

19 M. Zlotrg (interprétation). – "Svabo", c'est son surnom, il est

20 membre du HVO de Busovaca. Je connaissais son nom. Mais maintenant je

21 connais son surnom simplement.

22 M. Nice (interprétation). - Après avoir creusé ces tranchées, ou

23 avez-vous été emmené ?

24 M. Zlotrg (interprétation). - De nouveau au bungalow et,

25 ensuite, dans la salle de cinéma.

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1 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'à ce moment-là, vous avez

2 eu l'occasion de voir, de jour, Ahmici et Nadioci ?

3 M. Zlotrg (interprétation). – Non, pas ce jour-là, mais j'ai vu

4 au moment où on m'a emmené à Kratine pour creuser les tranchées, parce

5 qu’on est retourné la nuit. Sinon en allant, c'était le jour, j'ai tout

6 vu, les maisons incendiées, le plus probablement des maisons musulmanes.

7 J'ai vu également un certain nombre de maisons qui étaient en très bon

8 état, qui n'avaient pas été emménagées, le plus probablement des maisons

9 croates. C'étaient des maisons croates ; ce n'est que plus tard que cela

10 s'est affirmé. J'ai vu également une mosquée qui a été détruite.

11 M. Nice (interprétation). - On vous avait retiré de cette

12 activité de creusement de tranchée. Que vous est-il advenu à ce moment-

13 là ?

14 M. Zlotrg (interprétation). - Au moment où nous sommes arrivés à

15 la salle, ceux qui n'étaient pas pour creuser les tranchées nous ont dit

16 que les membres de la Croix-Rouge étaient arrivés, les représentants

17 plutôt. Ils ont dressé les listes. Le lendemain, ils ont promis de

18 retourner pour dresser la liste de tous nos noms, de nos groupes ?

19 M. Nice (interprétation). - Ils sont effectivement revenus le

20 lendemain, ces représentants de la Croix-Rouge internationale ?

21 M. Zlotrg (interprétation). – Oui, c'est là que mon nom a été

22 marqué sur la liste et j'ai eu la carte de la Croix-Rouge.

23 M. Nice (interprétation). - Pendant que vous creusiez des

24 tranchées, à votre connaissance, est-ce que il y a eu des morts ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - Quand je suis rentré dans la salle

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1 de cinéma, j'ai appris qu'il y avait quelques jeunes hommes qui ont été

2 tués au moment où ils creusaient les tranchées. Ensuite, quand j'étais au

3 hangar, à Busovaca, ceux que j'ai trouvés, on m'a dit qu'il n'y avait pas

4 un seul groupe qui revenait sans qu'il y ait un blessé ou un tué.

5 C'est comme cela que j'ai appris également que mon cousin

6 Mehmed Sivro a été tué. C'est ce qu'on m'avait dit, on m’a dit d’abord

7 qu’il avait disparu, qu’on ne savait pas ce qui s'était passé mais que le

8 plus probable était qu'il avait été tué, car il n'est pas retourné à

9 l'endroit où on avait creusé les tranchées. Après, quand j’ai été échangé,

10 je l’ai rencontré à Zenica, donc il était resté en vie.

11 M. le Président (interprétation). - N'oubliez pas l'heure, est-

12 ce que vous avez encore beaucoup de questions à poser à ce témoin ?

13 M. Nice (interprétation). – J’en terminerai cet après-midi.

14 M. le Président (interprétation). - Nous pourrions commencer le

15 contre-interrogatoire cet après-midi.

16 M. Nice (interprétation). - Vous avez été emmené à Busovaca,

17 puis on vous a emmené creuser des tranchées et on vous a ramené à Vitez.

18 Combien de temps avez-vous passé en détention à Vitez ?

19 M. Zlotrg (interprétation). - Je suis resté à Vitez jusqu'au 2

20 ou 3 mai, dans cette salle de cinéma. Ensuite, ensemble, avec treize

21 autres personnes choisies, nous avons été transférés, déplacés dans le

22 club d’échecs. C’est un club qui se trouvait dans l'immeuble qui était

23 habité par mon frère.

24 M. Nice (interprétation). - Combien de temps avez-vous passé à

25 cet endroit ?

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1 M. Zlotrg (interprétation). - Nous sommes restés quelques jours

2 seulement.

3 M. Nice (interprétation). - Dans quelles conditions ?

4 M. Zlotrg (interprétation). - On nous a placés dans une pièce

5 toute sale. Il n'y avait pas de fenêtre. Tout a été brisé, il y avait le

6 garde du HVO qui était devant la porte, sinon c'était un villageois de

7 Vitez. Nous avons nettoyé quelque peu la pièce et, tout de suite après, on

8 nous a emmené à Busovaca. Sinon, quelques jours au total.

9 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'on vous a donné de la

10 nourriture ?

11 M. Zlotrg (interprétation). - Non, ce sont les membres de nos

12 familles qui nous ont envoyé de la nourriture.

13 M. Nice (interprétation). – Et quel fut l'accord qui,

14 finalement, a abouti à votre mise en liberté ?

15 M. Zlotrg (interprétation). - J'ai été relâché à deux reprises.

16 Je ne sais pas à quel relâchement vous pensez. Le 30 avril et puis le

17 16 mai, j'ai été échangé.

18 M. Nice (interprétation). – Parlons de cette libération du

19 30 avril, et du moment où vous avez été arrêté à nouveau.

20 M. Zlotrg (interprétation). - Le 30 avril, Sefer Halilovic et le

21 général Petkovic ont signé le cessez-le-feu. Il a donc été dit que tous

22 les détenus sortiront. C'est ce que nous avons appris. C'est

23 Sefer Halilovic qui nous l'a dit, il nous a dit que l'on pouvait partir où

24 on voulait. Nous nous sommes préparés. Cependant, les membres de la police

25 militaire nous ont demandé de faire marche arrière. Moi, j'ai mis mes

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1 vêtements un peu partout car j'ai pensé que je resterais chez eux encore

2 longtemps comme dans une pension. Et Zeljko Sajevic est arrivé, une heure

3 plus tard; Il m'avait donc appelé.

4 Je suis allé dans une pièce de "Dita", c'est un restaurant qui

5 faisait partie du cinéma, de l'immeuble du cinéma. C'est là que j'ai

6 trouvé également Boro Jozic. J'ai signé que j'étais en bonne santé, que je

7 suis sorti du camp et ceci pour qu'ils me relâche.

8 Cependant, le lendemain matin, le 1er mai, M. Anto Kovac,

9 surnommé "Zabac" est venu avec un policier du HVO. Il est venu à la porte.

10 Comme je le connais bien, je lui ai demandé si je devais prendre avec moi

11 la couverture ou ce dont j'avais besoin. Il a dit : "Non, absolument pas,

12 car tu vas faire une déposition". C'est ce qu'il avait dit également à ma

13 famille. Ensuite, il m'a mis dans la salle de cinéma. Je n'ai donné aucune

14 déposition et je suis resté. Mais plus tard…

15 M. Nice (interprétation). – … Excusez-moi, poursuivez.

16 M. Zlotrg (interprétation). - Plus tard, mon ami croate, neveu

17 de Ante Valenta, m'a dit que Blaskic avait ordonné que je retourne dans

18 cette salle, étant donné que son oncle était au HDZ, il n'est pas

19 impossible que ce soit ainsi. Mais je ne suis pas au courant.

20 M. Nice (interprétation). – Lorsque vous êtes arrivé au cinéma,

21 est-ce qu'il avait une procédure de vérification d'identité au regard de

22 certains carnets de notes ?

23 M. Zlotrg (interprétation). - Au moment où je suis venu au

24 cinéma, nous étions entre 30 et 40. C'est Ante Kovac qui est entré dans la

25 salle de cinéma, Jurcevic également, son prénom m'échappe mais on

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1 l'appelait "Buto". Un tenait un agenda bleu, l'autre un agenda noir. Ils

2 se sont assis à deux places opposées, à la table, on nous a repoussés au

3 fond de la salle. Nous nous sommes approchés, l'un après l'autre. Nous

4 avons été obligés de nous présenter, de donner tous les renseignements sur

5 nous, alors qu'ils nous connaissaient bien.

6 Par exemple, en ce qui me concerne, on a inscrit mon nom dans

7 l'agenda rouge ; d'autres dans l'agenda bleu dont le nom figurait.

8 Ultérieurement, tous ceux qui se trouvaient dans l'agenda rouge, nous

9 étions emmenés dans le club d'échec.

10 M. Nice (interprétation). – A partir de ce club d'échec, est-ce

11 que vous avez été obligé de retourner creuser des tranchées ?

12 M. Zlotrg (interprétation). - Non.

13 M. Nice (interprétation). – Savez-vous le sort réservé à ceux

14 qui étaient enregistrés dans cet autre agenda, qui ne sont pas allés, eux,

15 au club d'échec ?

16 M. Zlotrg (interprétation). - Ils sont restés. Nous avons donc

17 réussi à leur envoyer la liste de nous treize qui étions dans l'autre

18 groupe. Au moment où tout le monde a été relâché, au sein de cette

19 commission qui avait assisté au relâchement qui a été organisé, ils ont

20 dit que nous treize, nous n'étions pas parmi eux. A cette époque-là, bien

21 évidemment, je l'ignorais. Je sais que, très rapidement, ils sont venus, à

22 midi. Normalement, c'est très tôt, le matin, qu'ils nous transportaient.

23 Ce jour-là, c'est vers 4 ou 5 heures qu'ils nous ont demandé de monter

24 dans une camionnette qui était fermée et nous ont emmenés vers Busovaca.

25 C'est plus tard que j'ai appris qu'au bout de 5 ou 10 minutes, le blindé

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1 transporteur des Nations Unies était venu sur place pour nous chercher

2 mais, malheureusement, ils n'ont pas pu nous trouver.

3 M. Nice (interprétation). – A Kaonik, est-ce qu'on vous a placé

4 dans le hangar ou dans la prison ? Qu'est-ce qu'on a fait ?

5 M. Zlotrg (interprétation). - Dans la prison.

6 M. Nice (interprétation). – Est-ce que quelqu'un se serait

7 présenté comme étant le représentant de Kaonik ou le commandant de

8 Kaonik ?

9 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

10 M. Nice (interprétation). – Qui était-ce ?

11 M. Zlotrg (interprétation). - Plus tard, quand j'étais dans ma

12 cellule, c'est Zlatko Alekskovski qui est venu me chercher. Il a demandé

13 où je me trouvais, c'est là qu'il s'est présenté.

14 M. Nice (interprétation). – Je demanderai que soit présentée la

15 pièce 1864. Qu'est-ce que cette photo représente, monsieur ?

16 M. Zlotrg (interprétation). – A droite, c'est, si je peux dire,

17 la prison et la partie droite de la prison.

18 M. Nice (interprétation). – Cette pièce, cet endroit, à quoi

19 servait-il ?

20 M. Zlotrg (interprétation). - C'est là où on déjeunait. C'est la

21 table avec quelques chaises, également : tous ceux qui étaient dans une

22 cellule restaient dans leur cellule. Il y a notre cellule qui est marquée

23 par la lettre "A". Nous étions treize.

24 M. Nice (interprétation). – Quelle était la taille de cette

25 cellule qui contenait treize hommes ?

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1 M. Zlotrg (interprétation). - Je pense quatre, sur 3,60 mètres.

2 M. Nice (interprétation). – Est-ce que chacun d'entre vous

3 pouvait s'allonger pour essayer de dormir en même temps que les autres ?

4 M. Zlotrg (interprétation). - Non, nous étions trois couchés sur

5 le béton, alors que les autres étaient sur les couchettes en haut.

6 M. Nice (interprétation). – Lorsque vous vous êtes trouvé, à

7 cette époque-là, à Kaonik, est-ce que vous avez dû aller creuser des

8 tranchées ?

9 M. Zlotrg (interprétation). – Non, en ce qui nous concerne, nous

10 n'y sommes pas allés. Les autres détenus y sont allés parce, tous les

11 matins, on entendait qu'on les appelait.

12 M. Nice (interprétation). – Pendant que vous étiez à Kaonik,

13 est-ce que vous avez assisté à des sévices infligés à d'autres personnes ,

14 M. Zlotrg (interprétation). - Non, mais on entendait les

15 passages à tabac, on entendait les cris des gens. Nous, nous étions dans

16 des cellules et les cellules n'avaient pas de fenêtres.

17 M. Nice (interprétation). – A quelle fréquence avez-vous entendu

18 ces cris ?

19 M. Zlotrg (interprétation). - Il n'y avait pas de règle. De

20 toute façon, il y avait des cris tous les jours.

21 M. Nice (interprétation). – En matière de nourriture, qu'avez-

22 vous reçu comme nourriture à la prison ?

23 M. Zlotrg (interprétation). – Moi, j'avais 96 kilos avant

24 d'entrer à la cellule, et je suis sorti avec 63 kilos.

25 M. Nice (interprétation). – Et qu'est-ce qu'il y avait en

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1 matière d'hygiène, en matière d'installations sanitaires ?

2 M. Zlotrg (interprétation). - Il y avait des waters, à l'opposé

3 par rapport à cette table, donc tout à fait au fond de la prison.

4 M. Nice (interprétation). – Et comment et quand, avez-vous été

5 libéré de la prison de Kaonik ?

6 M. Zlotrg (interprétation). - Le 14 mai, nous étions relâchés de

7 Kaonik, on nous a transférés dans cette salle de cinéma à Vitez.

8 M. Nice (interprétation). – Est-ce que vous avez fait, à partir

9 du cinéma, l'objet d'un échange ?

10 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

11 M. Nice (interprétation). – Comment s'est effectué ce processus

12 d'échange ? Etes-vous au courant ?

13 M. Zlotrg (interprétation). – Si je sais bien. D'après la

14 première information, on nous a dit que l'on pouvait rejoindre nos

15 familles et nous mettre d'accord pour rester en ville ou aller,

16 éventuellement, sur le territoire libre. Pour nous, c'était le territoire

17 libre. Cependant, au moment où nous sommes arrivés à Vitez, on nous a dit

18 que, pour notre propre sécurité, il serait indispensable qu'on reste

19 détenu jusqu'au 16 mai, jusqu'au moment où on a procédé à l'échange.

20 M. Nice (interprétation). – Au moment de votre libération, ou

21 plutôt lorsque vous avez quitté Kaonik pour être échangé, est-ce que

22 Alekskovski a dit quoi que ce soit ?

23 M. Stein (interprétation). – Objection.

24 M. le Président (interprétation). – Pourquoi ?

25 M. Stein (interprétation). – Parce que c'est un témoin avec

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1 lequel, manifestement, il n'est pas possible de s'entretenir parce qu'il

2 était accusé ici. Il n'est pas possible d'établir la véracité de cet

3 échange sans avoir de contact avec cette personne.

4 M. le Président (interprétation). – Est-ce important ?

5 M. Nice (interprétation). – Oui, parce que c'est une observation

6 tout à fait matérielle et concrète faite par Alekskovski qui pourrait

7 donner des indications quant à la personne ou aux personnes qui décidaient

8 des mouvements des déplacements et de la libération des prisonniers.

9 Pourquoi ceci devrait-il être exclu ? Je n'y vois aucune raison.

10 Ceci relève de la même catégorie de documents que ceux soumis au

11 témoin pendant toute sa déposition. Il serait erroné d'exclure cette pièce

12 d'une partie de la déposition.

13 (Les Juges se consultent sur le siège).

14 M. le Président (interprétation). - Objection reçue. Il s'agit

15 de ouï-dire, qui impliquent une déclaration faite par un homme qui se

16 trouve être en cours de jugement devant ce Tribunal. Si j'ai bien compris

17 l'argument présenté, de l'avis de la défense, il lui serait impossible

18 d'appeler à la barre cet homme pour essayer de réfuter des déclarations

19 qu'apparemment il aurait faites.

20 Nous nous sommes penchés sur la question? Nous allons recevoir

21 l'élément de preuve, tout en gardant à l'esprit la remarque faite, même

22 si, de fait, M. Aleksovski était prêt à déposer, il serait tout à fait

23 possible de l'appeler à la barre. Il va de soi qu'il n'est peut-être pas

24 prêt à le faire. Toutefois, nous pensons que l'objection porte sur le

25 poids à accorder à cet élément de preuve et nous n'oublierons pas ce qu'a

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1 dit la défense.

2 Par ailleurs, on nous dit que ceci a une valeur probable, ce que

3 nous retenons. L'élément de preuve est donc reçu, considéré comme étant

4 recevable.

5 M. Nice (interprétation). - Je vais donc poser une question à

6 Monsieur Zlotrg : c'était celle de savoir si M. Aleksovski lui avait dit

7 quoi que ce soit avant l'échange, au moment où le témoin avait quitté

8 Kaonik .On parle donc des circonstances de cette libération ?

9 M. Zlotrg (interprétation). - Oui, au moment où on nous a

10 relâché, on avait signé à plusieurs endroits pour dire qu'on sortait et

11 qu'on était libre. Au moment où nous sommes montés dans la camionnette, le

12 policier militaire nous a dit qu'il n'était question que l'on soit relâché

13 et qu'il fallait retourner à la prison. Une heure plus tard, on nous a

14 encore une fois libérés mais, cette fois-ci, on n'a rien signé car nous

15 avions signé plein de feuilles. Et M. Aleksovski a dit que nous devions

16 remercier Kordic parce que c'est lui qui nous a relâchés et parce que

17 c'est lui qui s'est employé pour qu'on se rende à Vitez. Voilà, c'était le

18 message de Aleksovski, le sens de son message.

19 M. Nice (interprétation). – Parlons, si vous le voulez bien, de

20 Mario Cerkez. Est-ce que vous le connaissiez avant ? En 1991 ?

21 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

22 M. Nice (interprétation). - Dans quel contexte, et est-ce que

23 vous le connaissiez bien ?

24 M. Zlotrg (interprétation). - Il a travaillé à l'usine Slobodan

25 Princip Seljo. Il a travaillé dans une section de protection hygiénique et

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1 il a travaillé un petit peu, il a fait à peu près la même chose que moi au

2 poste de police de sécurité.

3 M. Nice (interprétation). - Comment se fait-il que vous le

4 connaissiez ? Etait-ce un ami ou simplement une connaissance, quelqu'un

5 qu'on salue dans la rue ?

6 M. Zlotrg (interprétation). - Vitez est une petit ville et on se

7 connaissait bien. Je connaissais son père un peu mieux car, à cette

8 époque-là, j'étais mécanicien de voiture. Je m'occupais de la voiture de

9 son père, sa mère travaillait dans un grand magasin. Elle était caissière.

10 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez eu des contacts

11 directs avec Cerkez en tant qu'ami, avant ces difficultés que vous avez

12 évoquées dans votre déposition ?

13 M. Zlotrg (interprétation). - On se saluait, c'est tout. On

14 n'était pas des amis, mais on n'était pas des ennemis non plus.

15 M. Nice (interprétation). - Au cours des années 1991, 1992,

16 jusqu'en 1993, quelles fonctions M. Mario Cerkez exerçait-il ? Quel poste

17 occupait-il ?

18 M. Zlotrg (interprétation). - Je sais qu'il était membre d'un

19 comité, d'un état-major conjoint à Novi Travnik. C'était la brigade qui se

20 composait des membres du groupe ethnique croate de Novi Travnik. Je pense

21 qu'il occupait le poste de commandant adjoint.

22 M. Nice (interprétation). - Adjoint de qui ?

23 M. Zlotrg (interprétation). - Je ne sais plus. Je pense que le

24 commandant était de Novi Travnik, je ne suis pas sûr mais je sais que le

25 siège était à Novi Travnik .

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1 M. Nice (interprétation). - Au fil de ces années, vous est-il

2 arrivé de voir Cerkez en ville ?

3 M. Zlotrg (interprétation). - Probablement, oui, en 1991. Je

4 l'ai vu, en 1992 également.

5 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous savez si son rôle a

6 changé au moment où on arrive au printemps 1993 ?

7 M. Zlotrg (interprétation). - Vous parlez de 1992 ou 1993 ?.

8 M. Nice (interprétation). - Evidemment, s'il y a un changement

9 dans les fonctions qu'il occupait en 1992, dites-le nous. Mais avez-vous

10 remarqué de telles modifications; Si c'est le cas dites-le nous ?

11 M. Zlotrg (interprétation). - En 1992, je pense qu'il a été

12 nommé commandant de l'état-major du HVO à Vitez. La brigade a été formée

13 en été seulement. Donc, je ne suis pas tout à fait au courant de la date.

14 M. Nice (interprétation). - Par la suite, avez-vous appris que

15 son rôle ou son emploi aurait évolué, changé ?

16 M. Zlotrg (interprétation). - Au moment où la guerre a commencé,

17 il était commandant de la brigade du HVO à Vitez . La zone de

18 responsabilité, c'était Vitez et les villages environnants. A ma

19 connaissance, c'était comme cela.

20 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'il vous a rendu visite ?

21 Est-ce qu'il vous a, par exemple, parlé lorsque vous vous êtes trouvé en

22 détention ?

23 M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

24 M. Nice (interprétation). - Quand et comment?

25 M. Zlotrg (interprétation). - A la salle de cinéma de

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1 l'université ouvrière, je pense que c'était le 15 ou le 16 éventuellement

2 mai 1993.

3 M. Nice (interprétation). - Pourriez-vous nous dire dans quelles

4 circonstances, il vous a rendu visite et pourquoi il vous faisait cette

5 visite ?

6 M. Zlotrg (interprétation). - Un des derniers des émissaires du

7 HVO et des autorités civiles est venu pour essayer de nous convaincre que

8 la vie en cohabitation entre les Croates et les Musulmans était possible,

9 qu'il se porte garant de nos libertés, de tous les droits. Mais quand je

10 lui ai posé la question de savoir s'il se portait garant de tout cela,

11 pourquoi il ne m'a pas laissé le 14 mai voir les membres de ma famille, si

12 personne n'allait pas me faire quoi que ce soit et de me mettre d'accord

13 avec les membres de la famille, si j'allais resté en ville ou

14 éventuellement partir ailleurs, alors lui m'a rétorqué: "C'est pour ta

15 propre sécurité". Là, je lui ai dit : "Quelle est la sécurité que tu me

16 garantis, alors que moi j'étais sur la liste également pour être

17 fusillé ?" Il m'a dit : "Si tu étais sur cette liste, tu ne serais pas

18 vivant". C'est un peu dans ce genre-là qu'il m'avait parlé. Je ne peux pas

19 dire que j'ai dit exactement les mêmes mots. Je l'ai remercié de toute

20 façon, je suis parti de l'autre côté de la salle de cinéma et il a quitté

21 la réunion et puis il est parti.

22 M. Nice (interprétation). - Vous avez posé une question à propos

23 d'une liste. Est-ce que c'est quelque chose qui vous est venu spontanément

24 ou avez-vous préparé cette question ?

25 M. Zlotrg (interprétation). - C'était tout à fait spontané. Je

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1 n'avais pas planifié quoi que ce soit, parce que je ne savais même pas

2 qu'il allait se rendre, Il est rentré comme cela, il nous a rassemblés.

3 Nous étions détenus. C'est là où il a commencé à nous parler, à essayer de

4 nous convaincre.

5 M. Nice (interprétation). - J'ai mal posé ma question, excusez

6 m'en. Vous avez posé une question et ce faisant, vous avez fait référence

7 à une liste ou des listes. Est-ce que vous avez fait cette référence

8 spontanément ou est-ce que vous aviez réfléchi à cette question avant de

9 la poser ?

10 M. Zlotrg (interprétation). - Je supposais qu'il y avait une

11 liste, et puis j'en étais convaincu à partir du moment où j'ai vu Marko

12 qui signalait où se trouvait telle et telle personne. Il a même montré les

13 adresses parce qu'il y avait des personnes qui portaient des noms et des

14 prénoms dont les noms étaient marqués, figuraient sur les listes, sur les

15 agendas. Par conséquent, j'ai vu Marko et j'ai vu que, lui, il avait

16 montré ces personnes-là et ces adresses. Par conséquent, je le savais.

17 M. le Président (interprétation). - Il est 16 heures 05. Nous

18 tenons à tout prix à terminer la déposition de ce témoin, si c'est

19 possible, demain. Vous avez encore beaucoup de choses à poser comme

20 question ?

21 M. Nice (interprétation). - Je crois que ce sera terminé demain

22 matin, .au maximum quelques questions pour être bien sûr que c'est

23 terminé, mais ce sera terminé.

24 M. le Président (interprétation). - Fort bien, nous aurons le

25 contre-interrogatoire demain matin. Je serais fort heureux que nous

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1 puissions terminer la déposition de ce témoin demain. L'audience est

2 levée.

3 Monsieur Zlotrg, je vous demande de revenir devant nous demain

4 matin à 9 heures 45.

5 M. Zlotrg (interprétation). - Je me tiens à votre disposition,

6 Monsieur le Président, Messieurs le Juges.

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8 L'audience est levée à 16 heures 05.

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