Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL                     AFFAIRE N° IT-95-14/2-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3                           Jeudi 8 Juillet 1999

  4                  L'audience est ouverte à 14 heures 30.

  5               (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

  6   Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président,

  7   Messieurs les Juges. Il s'agit de l'affaire IT-95-14/2-T, le Procureur

  8   contre Dario Kordic et Mario Cerkez.

  9   M. le Président (interprétation). - Avant que nous ne reprenions

 10   le cours du contre-interrogatoire, je souhaiterais vous faire un certain

 11   nombre de remarques relatives au calendrier de nos travaux.

 12   Ce calendrier, sous sa forme modifiée, vous sera remis

 13   incessamment. Il s'agit du calendrier de nos travaux pour les mois

 14   d'automne. Il y a un ou deux jours pendant lesquels nous ne siégerons pas

 15   et puis il faudra également tenir compte de la session plénière des Juges,

 16   dont les dates ont été modifiées. Il faudra donc que vous en teniez tous

 17   compte.

 18   J'en profite pour vous rappeler à tous qu'il s'agit, de toute

 19   façon, d'un calendrier provisoire qui est sujet à toutes sortes de

 20   modifications, du fait de l'état d'avancement des autres procès dont

 21   s'occupe cette Chambre de première instance.

 22   J'ai une autre remarque qui est relative à la dernière semaine

 23   de nos travaux. Elle se tiendra du 2 au 6 août prochain. Le 3 août, c'est-

 24   à-dire le mardi, nous ne siégerons que pendant la matinée.

 25   Pour ce qui est du jeudi 5 août, nous proposons d'organiser une


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  1   conférence de mise en état qui semble s'imposer, pour essayer de faire le

  2   bilan de l'état d'avancement de l'affaire, et qui paraît également

  3   s'imposer pour que la défense ou les accusés puissent s'exprimer, que cela

  4   soit sur différents points ou sur les conditions de détention par exemple.

  5   D'autre part, le vendredi 6 août, nous ne siégerons pas.

  6   Donc nous terminerons nos travaux pour cette période-ci par une

  7   conférence de mise en état le 5 août.

  8   Monsieur Surkovic, excusez-moi, nous allons dès à présent

  9   pouvoir reprendre le cours de votre déposition.

 10   Maître Mikulicic ?

 11   M. Mikulicic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président,

 12   Messieurs les Juges. Bonjour, Monsieur Surkovic.

 13   Permettez-moi de poursuivre mon contre-interrogatoire. Vous nous

 14   avez dit au cours de votre déposition d'hier que le 16 mai 1993, vous avez

 15   été libéré et que vous avez quitté Vitez à ce moment-là. Est-ce vrai ?

 16   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

 17   M. Mikulicic (interprétation). - Où êtes-vous parti de Vitez,

 18   s'il vous plaît ?

 19   M. Surkovic (interprétation). - Je suis parti à Zenica, c'est là

 20   où se trouvait ma famille, c'est là où j'ai rejoint mes fils et mon

 21   épouse.

 22   M. Mikulicic (interprétation). - A partir de ce moment-là, vous

 23   habitiez Zenica ?

 24   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

 25   M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que depuis ces


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  1   événements, depuis le mois de mai 1993, vous avez eu l'occasion de

  2   retourner à Vitez ?

  3   M. Surkovic (interprétation). - Non.

  4   M. Mikulicic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire comment

  5   vous avez résolu le problème de votre appartement ? Où est-ce que vous

  6   habitez ?

  7   M. Surkovic (interprétation). - Je suis locataire et je paie le

  8   loyer, 140 DM.

  9   M. Mikulicic (interprétation). - Merci.

 10   Je vais demander à M. l'huissier de bien vouloir m'aider à

 11   soumettre à M. Surkovic la pièce à conviction Z27-1-3.

 12   Monsieur Surkovic, en ce qui concerne ce document, je vais vous

 13   demander quelques précisions, si vous voulez bien.

 14   Tout d'abord, je vais vous demander, si vous le savez, de nous

 15   dire où le document a été rédigé.

 16   M. Surkovic (interprétation). - Il a été rédigé à Zenica. Si

 17   vous connaissez bien la ville, à ce moment-là c'est en face de l'ex-école

 18   économique ou, plus précisément, juste au-dessus du café Premijer où il y

 19   avait donc les locaux de la municipalité de Vitez.

 20   M. Mikulicic (interprétation). - Si je vous ai bien compris, à

 21   Zenica il y avait également l'école de la municipalité de Vitez ?

 22   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

 23   M. Mikulicic (interprétation). - Et c'est bien à Zenica que

 24   fonctionnaient les autorités de la municipalité de Vitez ?

 25   M. Surkovic (interprétation). - Oui. Au moment où nous étions


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  1   des réfugiés, pendant une année ces autorités fonctionnaient et, par la

  2   suite, nous avons eu à nous adresser à Poculica.

  3   M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que vous êtes au

  4   courant, Monsieur Surkovic, que pendant ce temps, pendant la période

  5   pendant laquelle ces autorités fonctionnaient, à Zenica, il y avait

  6   également à Vitez les autorités civiles qui fonctionnaient ?

  7   M. Surkovic (interprétation). - Non. Vous pensez à Stari Vitez ?

  8   M. Mikulicic (interprétation). - Non, je pense à Vitez.

  9   M. Surkovic (interprétation). - Monsieur, je me dois d'attirer

 10   votre attention sur le fait que la ville de Vitez a été partagée. Il y

 11   avait une partie qui était contrôlée par le HVO, une autre partie,

 12   Stari Vitez, qui était contrôlée par l'armée de Bosnie-Herzégovine. C'est

 13   la raison pour laquelle nous n'avions pratiquement pas eu de contact avec

 14   Stari Vitez car il fallait traverser le territoire contrôle par le HVO.

 15   M. Mikulicic (interprétation). - Je vous comprends parfaitement,

 16   Monsieur Surkovic.

 17   Ce que je voulais vous demander, c'était plutôt de savoir si

 18   vous étiez au courant que dans Vitez, contrôlée par le HVO, il y avait

 19   également les autorités de Vitez qui étaient en place et qui

 20   fonctionnaient ?

 21   M. Surkovic (interprétation). - Si vous pensez aux autorités

 22   conjointes, ces autorités conjointes n'ont pas fonctionné. Ce n'est que

 23   ces jours-ci que l'on met en place les autorités civiles dans la ville de

 24   Vitez. A l'époque, c'était uniquement les autorités du HDZ, au niveau de

 25   Kolonija, alors que dans Stari Vitez il n'y avait absolument rien.


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  1   M. Mikulicic (interprétation). - Je vais poser la question d'une

  2   autre façon, si vous voulez bien, Monsieur Surkovic.

  3   Au sein de ces autorités de Vitez, qui fonctionnaient à Zenica,

  4   vu la composition nationale, qui l'avait représentée ? Est-ce qu'il y

  5   avait des Bosniens et des Croates, ou bien est-ce qu'il y avait encore

  6   d'autres personnes qui représentaient d'autres groupes ethniques ?

  7   M. Surkovic (interprétation). - Monsieur, je pense que tout le

  8   monde est au clair, il n'y avait que des Bosniens à Zenica, et à Kolonija

  9   et à Vitez il n'y avait que des Croates. Ce n'est que maintenant que nous

 10   sommes en train de mettre en place un gouvernement conjoint et les

 11   autorités conjointes.

 12   M. Mikulicic (interprétation). - Il ressort du document que vous

 13   avez sous les yeux, Monsieur Surkovic, que vous avez été nommé, ensemble,

 14   avec M. Djidic, pour la commission chargée des réfugiés et des personnes

 15   expulsées.

 16   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

 17   M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez très

 18   brièvement nous dire quelle était la tâche principale de cette

 19   commission ?

 20   M. Surkovic (interprétation). - J'ai travaillé à Zenica pendant

 21   un an comme professeur. Je connais très bien la ville. Et en ce qui

 22   concerne les réfugiés, les personnes déplacées, on les a hébergées dans

 23   des écoles. Je connais assez bien la ville, comme j'ai dit, et tout ce

 24   dont on a disposé. Il y avait 4000 personnes de Vitez qui ont été

 25   expulsées et qui se trouvent à Zenica. Ceux qui connaissent la ville, on


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  1   en avait besoin, et notamment pour pouvoir héberger les réfugiés, ceux qui

  2   venaient à Zenica.

  3   C'est la raison pour laquelle on m'avait nommé comme membre de

  4   cette commission, car je connaissais bien la ville, et je pense que j'ai

  5   bien coordonné cette tâche qui était la mienne.

  6   Il y avait un certain nombre de familles également que nous

  7   avons hébergées dans des villages environnants : Lokvej, Ahmici, etc.

  8   M. Mikulicic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire,

  9   Monsieur Surkovic, si cette commission dont vous étiez membre a été

 10   financée, subventionnée ou bien la manière dont vous avez pu assurer des

 11   financements ? 

 12   M. Surkovic (interprétation). - Est-ce que vous voulez savoir si

 13   nous avons été payés, si l'on avait des salaires au sein de la

 14   commission ? Je peux vous dire que non, parce que de toute façon il

 15   s'agissait d'une survie. Les gens n'avaient pas suffisamment de

 16   nourriture. Il y avait quand même de la farine, du sucre, des pommes de

 17   terre qu'on recevait et qu'on distribuait ; c'est dans ce sens-là, mais

 18   c'est plutôt de l'aide humanitaire.

 19   M. Mikulicic (interprétation). - Vous avez dit que vous vous

 20   êtes chargé des réfugiés, vous l'avez dit, Monsieur Surkovic. De quelles

 21   nationalités s'agissait-il ? Les réfugiés appartenaient à quels groupes

 22   ethniques ?

 23   M. Surkovic (interprétation). - J'ai dit que 4000 Bosniens ont

 24   été expulsés et notre tâche a été de les héberger, de les accueillir,

 25   enfin de s'en occuper.


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  1   M. Mikulicic (interprétation). - Comme vous vous êtes occupé des

  2   réfugiés, des personnes déplacées ? Est-ce que vous savez également qu'il

  3   y avait un certain nombre de Croates qui ont été déplacés de Zenica et qui

  4   ont été obligés de se retirer sur le territoire contrôle par le HVO ? 

  5   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

  6   M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que vous connaissez le

  7   nombre de personnes croates qui ont été obligées de partir de Zenica ?

  8   M. Surkovic (interprétation). - Je n'en connais pas le nombre,

  9   mais je sais qu'il y avait un certain nombre de villages qui ont été

 10   abandonnés par les Croates et que ces Croates se sont rendus à Vitez.

 11   M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que d'une façon ou d'une

 12   autre, en votre qualité de membre de la commission, vous étiez en contact

 13   avec les Croates qui sont partis de Zenica ?

 14   M. Surkovic (interprétation). - Non, je n'étais pas en contact

 15   avec ces gens-là, tout simplement parce que je ne les connais pas. Il y a

 16   un autre point important, c'est que je n'avais pas accès à Vitez. Je dois

 17   dire qu'il y avait également une famille déplacée qui a emménagé dans mon

 18   appartement, à Vitez. Ensuite, il y avait les combats entre l'armée de

 19   Bosnie-Herzégovine d'un côté et le HVO de l'autre. Par conséquent, je ne

 20   pouvais certainement pas me rendre à Vitez dans une telle situation.

 21   M. Mikulicic (interprétation). - Je vous comprends parfaitement

 22   bien. Je vais demander, une fois de plus, à Monsieur l'huissier de bien

 23   vouloir prendre le document que nous avons étudié et de mettre à la place

 24   un autre document, document du Procureur, pièce à conviction Z27-1-5.

 25   (L'huissier s'exécute.)


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  1   Monsieur Surkovic, je vais vous demander de nous apporter

  2   quelques éclaircissements à ce sujet-là.

  3   Quel est l'objectif du document en question, quelles sont les

  4   raisons pour lesquelles on avait rédigé ce document ? Vous avez signé le

  5   document, vous l'avez signé le 8 juillet 1995. Pourquoi ces informations ?

  6   M. Surkovic (interprétation). - Il s'agit d'une information très

  7   brèves sur les camps qui ont accueilli les Bosniens de Vitez. C'est le

  8   point n° 5. Bien évidemment, je peux vous expliquer tous les autres.

  9   Ensuite, il y a une autre information qui porte sur les maisons qui ont

 10   été détruites.

 11   M. Mikulicic (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur Surkovic,

 12   bien évidemment il n'y a aucun problème de s'informer sur ce qui fait

 13   l'objet du document. Mais j'aimerais savoir comment et à quelle initiative

 14   vous avez rédigé cette information, et en quelle qualité vous l'avez

 15   rédigée ?

 16   M. Surkovic (interprétation). - J'ai rédigé cette note, cette

 17   information, pour l'envoyer à la commission d'état, et ceci pour

 18   recueillir, rassembler les faits qui portent sur Vitez. Dans le cas

 19   concret, tout simplement savoir combien de personnes ont été déplacées, et

 20   ceci pour aider ces personnes-là, pour les héberger, pour assurer des

 21   conditions de vie normales, pour savoir combien de bâtiments ont été

 22   détruits, quel est l'état réel, dans quel état se trouvaient également les

 23   appartements de ceux qui ont été déplacés de Vitez, etc.

 24   M. Mikulicic (interprétation). - Je vous ai compris, Monsieur

 25   Surkovic. En revanche, ce qui m'intéresse, et je vais vous demander de


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  1   bien vouloir me le préciser : est-ce que quelqu'un vous a demandé, par la

  2   voie officielle, de soumettre ces données que vous avez envoyées à cette

  3   commission d'état dont vous parlez ?

  4   M. Surkovic (interprétation). - Monsieur, je vais bien

  5   évidemment répondre à la question que vous venez de me poser, mais de

  6   toute façon cette question n'a absolument rien à voir avec ma déposition

  7   d'hier. Moi, je suis citoyen de Bosnie-Herzégovine, mais c'était de mon

  8   devoir de coopérer avec des autorités chargées de rassembler les faits

  9   portant sur les crimes qui ont eu lieu dans le territoire de la Fédération

 10   de Bosnie-Herzégovine, et je parle de la période extrêmement dure : 1992,

 11   1993, 1994.

 12   M. Mikulicic (interprétation). - Je vous comprends parfaitement

 13   bien. Par conséquent, en votre qualité de citoyen de Bosnie-Herzégovine,

 14   vous avez tout simplement ressenti le besoin d'informer, sur un certain

 15   nombre d'informations dont vous disposiez, d'en informer l'autorité

 16   compétente ?

 17   M. Surkovic (interprétation). - Oui, c'est mon droit civique

 18   absolu. J'y tiens !

 19   M. Mikulicic (interprétation). - Je vous comprends parfaitement,

 20   Monsieur Surkovic. Ce qui m'intéresse d'un autre côté, c'est de connaître

 21   la méthodologie que vous avez utilisée pour arriver à de telles données.

 22   Comment êtes-vous parvenu à ces renseignements, à ces données dont vous

 23   parlez dans ce document ? Comment, par exemple, avez-vous pu avoir les

 24   données : la deuxième moitié du mois d'avril 1993, 5000 citoyens ont été

 25   expulsés de la municipalité de Vitez. D'où tenez-vous ces données ?


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  1   M. Surkovic (interprétation). – Monsieur, à Zenica il y avait un

  2   comité pour l'hébergement et l'accueil des personnes dites réfugiées et

  3   déplacées. J'ai déjà mis l'accent sur le fait qu'il n'y avait que des

  4   Bosniens, il y avait beaucoup d'autres réfugiés de Krajina, de Kozarac, de

  5   Foca, de Visegrad.

  6   M. le Président (interprétation). – Je vous interromps, excusez-

  7   moi, nous aimerions venir au terme de votre déposition dès la fin de

  8   l'après-midi. En conséquence, il serait très utile que vous vous

  9   contentiez de répondre à la question qui vous est posée à savoir, d'où

 10   tirez vous ces différentes informations qui sont rassemblées dans ce

 11   rapport ? Pouvez-vous répondre à cette question, s'il vous plaît ?

 12   M. Surkovic (interprétation). – Monsieur le Président, je

 13   voulais vous donner la réponse, mais vous ne me donnez pas le temps. Je

 14   suis arrivé de Zenica ici, devant vous, dans ce prétoire, pour vous dire

 15   la vérité. J'ai dit qu'il y avait plus de 40 000 réfugiés, il y avait tout

 16   un fichier également, il y avait un centre à Zenica où on a rassemblé les

 17   informations sur les personnes réfugiées, sur les personnes déplacées.

 18   Moi, j'ai coordonné ce centre et j'ai pu obtenir toutes les données, mais

 19   les données qui concernent uniquement la municipalité de Vitez, portant

 20   sur les Bosniens qui provenaient de Vitez et qui sont arrivés jusqu'à

 21   Zenica.

 22   J'avais aussi des données concernant la municipalité de Travnik.

 23   C'est tout ce que je voulais dire.

 24   M. Mikulicic (interprétation). – Si je vous ai bien compris,

 25   vous venez de dire que vous êtes parvenu à ces renseignements à partir des


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  1   fichiers qui existaient auprès de cet organisme chargé des réfugiés et des

  2   personnes déplacées ?

  3   M. Surkovic (interprétation). – Oui.

  4   M. Mikulicic (interprétation). – Est-ce que vous pouvez voir le

  5   point 3 de votre rapport et si vous voulez bien m'apporter d'autres

  6   précisions et compléter votre affirmation. Vous avez fait le rapport le

  7   8 juillet 1995, sur le territoire temporairement occupé de la municipalité

  8   de Vitez. Qu'est-ce que cela veut dire ?

  9   M. Surkovic (interprétation). – Il s'agit du territoire contrôlé

 10   par le HVO. Dans ce territoire, ville de Vitez, selon les données qui sont

 11   assez fiables, il y avait 46 personnes qui sont restées sur place.

 12   M. le Président (interprétation). – Peu importe la raison pour

 13   laquelle c'est important ; excusez-moi de m'exprimer ainsi. Nous allons

 14   dire une chose une fois pour toutes. Monsieur Mikulicic, tout ceci ne nous

 15   aide pas vraiment, tout ce que nous disons quant au libellé de ce

 16   paragraphe, ces questions politiques ne nous sont d'aucune utilité en

 17   l'espèce. En revanche, n'omettez en aucun cas de demander au témoin d'où

 18   proviennent ses informations, ça c'est tout à fait pertinent, mais ne nous

 19   engageons pas dans un débat politique stérile, ce n'est d'aucune utilité.

 20   Pourriez-vous avancer un peu plus vite et en venir à d'autres

 21   parties du document, si toutefois ceci vous intéresse ?

 22   M. Mikulicic (interprétation). – Monsieur le Président, je

 23   respecte et je me conforme à vos observations, mais je me dois de

 24   souligner que la défense doute.

 25   M. le Président (interprétation). – Maître Mikulicic, c'est une


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  1   décision que je viens de rendre, ce n'est pas une proposition que je vous

  2   soumets. Je vous demande d'avancer, s'il vous plaît.

  3   M. Mikulicic (interprétation). – Monsieur Surkovic, je vais

  4   passer à un autre document en me conformant à ce que le Président vient de

  5   dire. Il s'agit du document Z 27.1.4 et je vais demander à l'huissier de

  6   m'aider à vous le soumettre.

  7   Pourriez-vous nous dire très brièvement, Monsieur Surkovic, de

  8   quel document il s'agit ? Qu'est-ce que c'est ? Je vois qu'il s'agit d'une

  9   série de photographies, je vois également un certain nombre de textes. Qui

 10   a rédigé ce document ?

 11   M. Surkovic (interprétation). – C'est moi qui ai fait cette

 12   partie du travail. Ceux qui savent lire les photographies, ceux qui savent

 13   lire également les légendes peuvent facilement apprécier l'importance de

 14   ce document et son message. Je tiens à souligner une fois de plus, j'ai le

 15   document 008388, et ici est marqué : "Rasim, né en 1922". Il a été tué, il

 16   avait plus de 70 ans. Pour son épouse également, c'est marqué qu'elle a

 17   plus de 70 ans, elle est retraitée, elle est maîtresse de maison et c'est

 18   le 22 juin 1993 qu'elle a été tuée.

 19   L'objectif du document est de démontrer, et il s'agit ici des

 20   villageois et des gens de Vitez qui ont été tués par des tireurs isolés.

 21   Il s'agit de personnes retraitées de plus de 70 ans. J'ai également marqué

 22   qu'un petit garçon de 2 ans a été tué par un tireur isolé, ce qui peut

 23   être confirmé par sa mère.

 24   Ensuite, il y a un autre message du document que j'ai procuré.

 25   C'est le 47311. Il est marqué "Salih Tutso et son épouse", je ne les


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  1   connais pas. Ils ont été tués de manière criminelle dans leur propre

  2   maison. On s'est attaqué à sa maison, son épouse ne voulait pas sortir,

  3   les enfants ont demandé qu'ils partent, alors qu'eux ne voulaient pas. Les

  4   soldats du HVO sont arrivés et les ont tués.

  5   Une fois de plus, le message de ce document, Monsieur le

  6   Président, Messieurs les Juges, ça s'est passé en juin 1993, les lignes

  7   entre le HVO et l'armée étaient très stables, alors que ces personnes se

  8   trouvaient dans le territoire contrôlé par le HVO, par conséquent il n'y

  9   avait absolument aucune raison que ces gens soient tués de manière aussi

 10   brutale. Il y avait également des familles. Cinq membres de familles ont

 11   été tués de manière très brutale et violente. Voilà, Monsieur le

 12   Président, Messieurs les Juges, l'objectif et le message de ce rapport.

 13   M. Mikulicic (interprétation). - Monsieur Surkovic, les

 14   documents, les photographies, tout ce qui est contenu dans ce document,

 15   vous avez vous-même pris ces photos ?

 16   M. Surkovic (interprétation). - Monsieur, je ne pouvais pas bien

 17   évidemment faire tout ça, parce que par exemple Tutso Salih était déjà

 18   enterré. Ce sont ses fils qui m'ont donné la photo. Il y a également

 19   d'autres photos que j'ai reçues des membres de leurs familles.

 20   M. Mikulicic (interprétation). - Je vais répéter la question :

 21   ceci veut dire que ce n'est pas vous qui avez pris les photos ?

 22   M. Surkovic (interprétation). - Je l'ai déjà dit, ce sont leurs

 23   enfants qui m'ont passé les photos.

 24   M. Mikulicic (interprétation). - Monsieur Surkovic, est-ce que

 25   c'est vous qui êtes auteur des légendes ?


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  1   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

  2   M. Mikulicic (interprétation). - D'où vous tirez les données qui

  3   figurent dans la légende ? Je vais être tout à fait concret, il y a

  4   quelque chose qui me paraît tout à fait caractéristique, le

  5   document 00473316, la première page.

  6   M. Surkovic (interprétation). - Voulez-vous répéter, une fois de

  7   plus ?

  8   M. Mikulicic (interprétation). - 00473316.

  9   M. Surkovic (interprétation). - Je ne peux pas trouver...

 10   M. Mikulicic (interprétation). - La première page ?

 11   M. Surkovic (interprétation). - Oui. Les deux mosquées ?

 12   M. Mikulicic (interprétation). - C'est ça.

 13   M. Surkovic (interprétation). - Oui, je vois bien.

 14   M. Mikulicic (interprétation). - Vous dites que vous êtes

 15   l'auteur du texte ?

 16   M. Surkovic (interprétation). - C'est vrai.

 17   M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez me

 18   préciser ce texte : "Mes soldats et moi-même nous avons enterré dans la

 19   fosse commune plus de 100 personnes". Est-ce que ceci veut dire que vous

 20   étiez soldat, que vous aviez vos soldats ?

 21   M. Surkovic (interprétation). - Non, monsieur. Il ne faut pas

 22   véritablement sortir du contexte. Ce que j'ai fait, ceci porte sur les

 23   deux mosquées, si cela vous intéresse, il s'agit d'un document. Bien

 24   évidemment, je ne peux pas moi-même faire des photos de cette mosquée qui

 25   a été détruite. J'ai tout simplement pris un certain nombre de choses, en


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  1   ce qui concerne les photos des Bosniens. En ce qui concerne ces photos,

  2   c'est à moi, mais c'est juste un extrait qui porte sur les deux mosquées.

  3   Ce n'est certainement pas moi qui les ai pris en photos, j'ai repris cela

  4   d'un autre document.

  5   M. Mikulicic (interprétation). - Et puis vous avez également

  6   parlé de ce couple Cekic, c'est 00473329.

  7   M. Surkovic (interprétation). - Oui, je l'ai trouvé.

  8   M. Mikulicic (interprétation). - D'où est-ce que vous tirez

  9   cette donnée que le couple a été tué le 22 juin 1993 par des tireurs

 10   isolés ?

 11   M. Surkovic (interprétation). - J'ai reçu ces données par leur

 12   fils. Les photos également, je les détiens de leur fils et vous pouvez

 13   demander au moins aux dix villageois de Stari Vitez pour vous le

 14   confirmer. Ils sont allés le 22 juin travailler dans leur jardin. Ils ont

 15   pu remarquer.

 16   M. Mikulicic (interprétation). - C'est tout ce que je voulais

 17   savoir. Merci Monsieur Surkovic, j'ai compris.

 18   M. Surkovic (interprétation). - Oui, c'est de leur fils que j'ai

 19   reçu ces données.

 20   M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce qu'en parlant avec les

 21   personnes qui vous ont donné de tels renseignements vous avez

 22   éventuellement pris un certain nombre de notes ? Est-ce que vous avez pris

 23   des déclarations de ces personnes-là ?

 24   M. Surkovic (interprétation). - Quand il s'agit des données qui

 25   figurent dans le document en question, bien évidemment j'ai pris, des


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  1   enfants de ces gens-là, un certain nombre de renseignements (dates de

  2   naissance, dates de leur mort) et puis j'ai fait la comparaison de ces

  3   données ensemble avec Ahmucic Ahmed comme officier légal à la mairie.

  4   M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous

  5   expliquer, tout à fait en haut, à droite, ce que veut dire ce qui est

  6   écrit sur le manuscrit ? Par exemple, sur la première page, à droite, il y

  7   a le chiffre 23. Qu'est-ce qu'il veut dire ?

  8   M. Surkovic (interprétation). - Eh bien, Monsieur, il y a

  9   plusieurs pages et c'est la raison pour laquelle nous avons tenu la

 10   chronologie.

 11   M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que ceci veut dire que

 12   pour le document que vous avez sous les yeux, il y a des pages qui

 13   manquent de 1 à 23 ?

 14   M. Surkovic (interprétation). - Bien évidemment ! Ce n'est

 15   qu'une partie du document et toutes ces pages manquent.

 16   M. Mikulicic (interprétation). - Monsieur Surkovic, précédemment

 17   je vous ai demandé quelle était la méthodologie que vous aviez appliquée

 18   pour en arriver à certaines conclusions sur les faits. Je vous repose la

 19   même question : ces faits que vous avez découverts de la façon que vous

 20   nous avez expliquée, est-ce que vous les avez corroborés en menant des

 21   enquêtes complémentaires ?

 22   M. Surkovic (interprétation). - Monsieur, jamais je n'accepte

 23   les faits comme tels. Je les vérifie toujours en allant enquêter sur

 24   différentes sources. J'affirme que tout ceci est véridique. Vous avez là

 25   différents éléments d'information qui vous indiquent exactement ce qui


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  1   s'est passé. Tout peut être prouvé par le biais de témoins. Nombre

  2   d'habitants du vieux quartier de Vitez pourraient confirmer tout ce qui

  3   apparaît dans ce rapport, pourraient confirmer tout ce qui s'est passé.

  4   M. Mikulicic (interprétation). - Monsieur Surkovic, est-il exact

  5   qu'après le 16 mai 1993, vous n'êtes jamais rentré et retourné dans cette

  6   région ?

  7   M. Surkovic (interprétation). - Après le 16 mai 1993, je dois

  8   vous rependre Monsieur. Avant de venir ici, je me suis rendu au lycée de

  9   Kruscica -j'y travaille. J'ai traversé Vitez, la situation s'y est

 10   beaucoup améliorée par rapport à ce qui prévalait auparavant et j'ai

 11   marché dans le quartier de Kolonija, quartier où je ne pouvais même pas me

 12   rendre avant. Donc, je peux m'y rendre maintenant dès que je le souhaite.

 13   M. Mikulicic (interprétation). - Bien. Donc, Monsieur Surkovic,

 14   quand vous nous dites que vous pouvez rentrer sur ce territoire, est-ce

 15   que cela veut dire également que vous vous y êtes rendu pour corroborer

 16   plus avant les faits que vous indiquez dans ce rapport ?

 17   M. Surkovic (interprétation). - Monsieur, les faits qui sont

 18   décrits ici ont été vérifiés par moi-même. Certains éléments

 19   d'informations ont même été confirmés par le dépositaire des archives et

 20   par le Greffe ici-même. Il y a nombre de personnes qui sont au courant de

 21   ce qui s'est passé et j'affirme que tout ce qui est indiqué ici est

 22   véridique.

 23   M. Mikulicic (interprétation). - Monsieur Surkovic, je vous

 24   remercie d'avoir répondu à mes questions. J'en ai terminé de mon contre-

 25   interrogatoire.


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  1   M. le Président (interprétation). - Monsieur Mikulicic, voyons

  2   si j'ai bien compris ce qui se passe. Y a-t-il constestation sur le fait

  3   de savoir si 95 personnes ont bien été tuées à Ahmici ? Je me demande,

  4   voyez-vous, si la majeure partie de ce qui a été dit sur ce point précis

  5   est contestée.

  6   M. Mikulicic (interprétation). - Monsieur le Président, ce que

  7   conteste la défense, c'est la précision des informations qui paraissent

  8   dans le document 27-15 et le document 27-14. Nous pensons que le témoin

  9   n'était pas qualifié pour mener à bien ce type d'enquête et nous pensons

 10   qu'il a utilisé une méthodologie qui ne satisfait pas aux critères qui

 11   devraient s'appliquer en l'espèce. C'est la raison pour laquelle la

 12   défense remet en question la précision des informations qui apparaissent

 13   dans ces documents. La défense s'oppose au versement au dossier de ces

 14   documents.

 15   Le témoin a parlé de ces faits dont il a été parfois le témoin

 16   oculaire mais il n'est en aucun cas un expert, il ne peut pas nous fournir

 17   une expertise, une étude.

 18   M. le Président (interprétation). - Le témoin a déclaré qu'il

 19   avait rassemblé ces éléments d'information. Qu'il soit expert ou non, il

 20   s'agit là d'éléments d'informations rassemblés par lui d'une façon ou

 21   d'une autre. Ce que je vous demande, c'est si le chiffre de 95 personnes

 22   tuées ou si un autre chiffre avancé est contesté, que l'on consteste le

 23   fait que beaucoup de personnes ont été tuées à Ahmici.

 24   M. Mikulicic (interprétation). - Non, cela n'est pas contesté

 25   par la défense, Monsieur le Président, qu'il s'agisse de 95, de 108 ou de


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  1   93 personnes, la défense ne sait pas cela. Ce qui est contesté, je le

  2   répète, c'est la méthodologie utilisée par le témoin pour établir ces

  3   documents. En latin, on dit souvent Odiotur et altere pares, c'est-à-dire

  4   que le témoin déforme les faits en ne présentant qu'une partie de la

  5   vérité. C'est bien ce qui se pose ici-même.

  6   M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.

  7   Maître Stein, vous avez des questions à poser à ce témoin ?

  8   M. Stein (interprétation). - Et comment, Monsieur le Président !

  9   M. le Président (interprétation). - Eh bien nous n'allons pas

 10   revenir encore et encore sur les mêmes questions, n'est-ce pas ? Je vous

 11   demanderai d'éviter cela.

 12   M. Stein (interprétation). - Monsieur, si vous ne comprenez pas

 13   certaines de mes questions, surtout dites-le moi.

 14   M. Surkovic (interprétation). - Oui, bien sûr.

 15   M. Stein (interprétation). - Je représente ici M. Dario Kordic.

 16   Je m'appelle Robert Stein.

 17   Monsieur, je vais vous demander de bien vouloir répondre par un

 18   simple oui ou non, si vous le pouvez. Dès lors que vous pouvez répondre

 19   par l'affirmative ou par la négative, faites-le.

 20   D'autre part, je vous indique qu'il faut absolument que vous

 21   répondiez à haute et intelligible voix pour que les sténotypistes

 22   saisissent toutes vos interventions à micro ouvert. Vous me comprenez

 23   bien, n'est-ce pas ? Vous ne pouvez pas répondre par un simple hochement

 24   de tête.

 25   Bien. Voici ma première question : lorsque Aleksovski, au moment


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  1   de votre libération, a annoncé que l'échange qui devait avoir lieu était

  2   repoussé et lorsqu'il vous a dit, une demi-heure plus tard, que Kordic

  3   avait donné l'ordre de procéder à échange de prisonniers, vous, vous

  4   n'avez pas cru que c'était Kordic qui avait donné l'ordre de procéder à

  5   l'échange, n'est-ce pas ?

  6   M. Surkovic (interprétation). - Non, je ne l'ai pas cru.

  7   M. Stein (interprétation). - Vous avez même cru qu'il s'agissait

  8   là d'un moyen qui visait à revêtir Dario Kordic d'une autorité bien

  9   supérieure à ce qu'elle était en réalité pour impressionner vos codétenus.

 10   M. Surkovic (interprétation). - Oui, c'est effectivement ce que

 11   j'ai pensé à peu près.

 12   M. Stein (interprétation). - Précédemment, dans le cadre de

 13   votre déposition -c'était hier, je crois-, vous avez indiqué que vous

 14   teniez un journal.

 15   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

 16   M. Stein (interprétation). - Ce journal, vous l'avez tenu avant

 17   la guerre, pendant la guerre et vous le tenez encore aujourd'hui ?

 18   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

 19   M. Stein (interprétation). - Ce journal vous a-t-il parfois

 20   permis de vous rafraîchir la mémoire ? Est-ce que vous vous en êtes servi

 21   notamment pour raviver vos souvenirs en vue de votre déposition ?

 22   M. Surkovic (interprétation). - Non, ce n'est pas mon journal.

 23   Mon journal n'est pas ici.

 24   M. Stein (interprétation). - A qui est ce journal ?

 25   M. Surkovic (interprétation). - C'est mon journal.


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  1   M. Stein (interprétation). - Est-ce que vous avez montré ce

  2   journal à des membres du bureau du Procureur, à des enquêteurs ou à

  3   d'autres membres du personnel du Tribunal ? Est-ce que vous leur avez

  4   soumis ce document ?

  5   M. Surkovic  (interprétation). - Non, je ne souhaite pas le

  6   faire. C'est un document personnel, un journal intime.

  7   M. Stein (interprétation). - En octobre 93, vous étiez à Zenica

  8   et vous avez comparu devant un tribunal. Avant de comparaître devant ce

  9   tribunal, est-ce que vous avez parlé de votre déposition avec

 10   Edib Zltorg ?

 11   M. Surkovic (interprétation). - Non.

 12   M. Stein (interprétation). - Et après cette déposition, en avez-

 13   vous parlé avec lui ?

 14   M. Surkovic (interprétation). - Non.

 15   M. Stein (interprétation). - A un moment quelconque, avez-vous

 16   parlé de la teneur de votre déposition ou avez-vous parlé de votre

 17   comparution devant le Tribunal de Zenica avec M. Zlotorg ?

 18   M. Surkovic (interprétation). - Au mois de mars, M. Zlotorg est

 19   venu ici avec moi, Monsieur le Président, Messieurs les Juges. Nous étions

 20   dans le même hôtel. Il est venu déposer, et moi aussi je suis venu

 21   déposer. Chaque soir nous dinions ensemble et chaque jour nous déjeunions

 22   ensemble. Mais je sais que normalement, après ces dépositions qui sont

 23   très fatigantes pour nous, nous n'avons pas l'habitude d'en reparler

 24   encore et encore.

 25   M. Stein (interprétation). - Donc vous pouvez affirmer que


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  1   jamais vous-même et M. Zlotorg n'avez échangé d'informations au cours de

  2   ces repas que vous avez partagés.

  3   M. Surkovic (interprétation). - Je n'ai parlé de rien avec lui.

  4   Nous avons parlé, bien sûr, de nos familles ou d'événements sportifs, mais

  5   nous n'avions pas besoin de parler de nos dépositions.

  6   M. Stein (interprétation). - Revenons un petit peu sur vos

  7   parcours. Vous êtes un homme politique de carrière, n'est-ce pas ?

  8   M. Surkovic (interprétation). - Non. Je suis enseignant,

  9   j'enseigne dans les lycées.

 10   M. Stein (interprétation). - Alors vous étiez peut-être un homme

 11   politique professionnel à un certain moment, n'est-ce pas ? Je change le

 12   temps employé.

 13   M. Surkovic (interprétation). - En effet.

 14   M. Stein (interprétation). - Et vous avez même occupé le poste

 15   de Président du Comité de la Ligue des communistes pendant une année,

 16   n'est-ce pas ?

 17   M. Surkovic (interprétation). - Effectivement.

 18   M. Stein (interprétation). - Et c'est un poste salarié, n'est-ce

 19   pas ?

 20   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

 21   M. Stein (interprétation). - Vous avez travaillé pendant un an

 22   en tant que directeur d'une entreprise privée à Vitez, la Compagnie O-U-R,

 23   Our.

 24   M. Surkovic (interprétation). - Ce n'était pas une entreprise

 25   privée, c'était une usine de construction, en fait une des branches de


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  1   l'entreprise Unis.

  2   M. Stein (interprétation). - Et vous étiez chargé d'organiser le

  3   travail au sein de cette usine, quelque chose comme ça ?

  4   M. Surkovic (interprétation). - Oui, effectivement, je dirigeais

  5   cette usine.

  6   M. Stein (interprétation). - C'était un poste salarié, n'est-ce

  7   pas ?

  8   M. Surkovic (interprétation). - Oui, bien sûr.

  9   M. Stein (interprétation). - Et c'était un poste politique.

 10   M. Surkovic (interprétation). - Eh bien, non, j'étais un homme

 11   d'affaires, un entrepreneur. J'organisais le travail de l'entreprise.

 12   M. Stein (interprétation). - Mais en-dehors de ces deux années

 13   dont nous venons de parler, vous avez plutôt consacré l'essentiel de votre

 14   vie professionnelle à l'enseignement, n'est-ce pas ?

 15   M. Surkovic (interprétation). - C'est exact.

 16   M. Stein (interprétation). - Et à un moment donné, je crois que

 17   vous êtes même devenu principal d'un lycée.

 18   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

 19   M. Stein (interprétation). - Vous avez été enseignant et vous

 20   avez été principal d'un lycée sous le régime communiste, n'est-ce pas ?

 21   M. Surkovic (interprétation). - Oui, effectivement. Ceci dit, je

 22   suis toujours enseignant dans ce même lycée et je suis ingénieur en

 23   mécanique, donc je suis enseignant dans des matières très précises et

 24   scientifiques.

 25   M. Stein (interprétation). - Mais vous n'enseignez pas la


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  1   physique ? Bon, écoutez, je vais laisser tomber cette question, pardon.

  2   Monsieur, ce que je veux dire, c'est que vous avez été proviseur d'un

  3   lycée sous le système communiste, n'est-ce pas ?

  4   M. Surkovic (interprétation). - Non, je n'enseigne pas la

  5   physique.

  6   M. Stein (interprétation). - Très bien, mais vous avez été

  7   proviseur d'un lycée sous le système communiste, n'est-ce pas ?

  8   M. Surkovic (interprétation). - Oui, effectivement.

  9   M. Stein (interprétation). - Vous étiez responsable du programme

 10   de cette école, n'est-ce pas ?

 11   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

 12   M. Stein (interprétation). - Ce programme vous était dicté par

 13   le gouvernement central, n'est-ce pas ?

 14   M. Surkovic (interprétation). - C'est le ministère fédéral de

 15   l'Education qui était l'entité responsable de l'élaboration du programme.

 16   Le système d'éducation était très centralisé, alors qu'aujourd'hui c'est

 17   la tendance inverse qui se met en place : nous décentralisons le système

 18   d'éducation par un système de cantons.

 19   M. Stein (interprétation). - Tout à fait. Et le ministère

 20   central de l'Education était l'entité notamment qui disait quels étaient

 21   les manuels qui devaient être utilisés par les élèves, n'est-ce pas ?

 22   M. Surkovic (interprétation). - Le ministère fédéral indiquait

 23   quels étaient les manuels qui étaient les plus utiles et quels étaient les

 24   manuels qui devaient être utilisés. La réponse est oui.

 25   M. Stein (interprétation). - Pendant la guerre et après la


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  1   guerre, tout ce système a été revu.

  2   M. Surkovic (interprétation). - Effectivement.

  3   M. Stein (interprétation). - Avant la guerre, sous le régime

  4   communiste, dans les écoles, on enseignait la doctrine de la fraternité et

  5   de l'unité, n'est-ce pas ?

  6   M. Surkovic (interprétation). - Oui, effectivement.

  7   M. Stein (interprétation). - Et toute opinion dissidente

  8   relative aux rapports inter-ethniques, aux rapports religieux était

  9   condamnée et sanctionnée, n'est-ce pas ?

 10   M. Surkovic (interprétation). - Je ne peux pas confirmer ce que

 11   vous venez de dire.

 12   M. Stein (interprétation). - Vous ne pouvez pas confirmer ni

 13   infirmer ce que je viens de dire, n'est-ce pas ?

 14   M. Surkovic (interprétation). - Il n'y a pas eu de cas où des

 15   personnes se sont écartées du programme qui devait être appliqué. Pour ce

 16   qui est des rapports inter-ethniques, je peux dire que dans la communauté

 17   où je résidais, à Vitez, il n'y avait aucun désaccord entre les Musulmans,

 18   les Croates et les Serbes. Les habitants vivaient en bonne harmonie et

 19   ceci, bien sûr, était bon pour chacun d'entre nous.

 20   M. Stein (interprétation). - Et c'était ce que demandait, n'est-

 21   ce pas, le système communiste ? C'est vrai ou faux ?

 22   M. Surkovic (interprétation). - C'était en fait des

 23   comportements qui correspondaient à des comportements civilisés. C'est

 24   ainsi que nous nous comportions.

 25   M. Stein (interprétation). - Et cela également satisfaisait aux


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  1   critères établis par le système communiste, oui ou non ?

  2   M. Surkovic (interprétation). - Ce n'était pas l'anarchie. Nous

  3   travaillions tous, nous vivions tous bien, je ne vais pas condamner le

  4   système communiste pour ce qui s'est passé après, à savoir que nous nous

  5   sommes entre-tués, que nous avons détruit nos biens réciproques. Tout cela

  6   découle d'autre chose et pas du système communiste. Vous parlez beaucoup

  7   du système communiste et je ne comprends pas très bien quel lien vous

  8   établissez.

  9   M. Stein (interprétation). - Je vais vous demander de répondre

 10   une fois encore à cette question très claire : sous le système communiste,

 11   il était exigé que chacun vive conformément aux règles édictées par le

 12   système communiste qui interdisait les critiques ou les dissensions inter-

 13   ethniques.

 14   M. le Président (interprétation). - Monsieur Stein, vous avez

 15   répété cette question plusieurs fois. Je ne suis pas bien certain d'en

 16   saisir la pertinence. Je ne vois pas ce qu'a à voir la Ligue communiste ou

 17   le système communiste avec les événements, donc je vais vous demander

 18   d'avancer.

 19   M. Stein (interprétation). - Monsieur, vous avez indiqué que

 20   sous le système communiste, vous n'étiez pas un Musulman pratiquant alors

 21   que maintenant c'est le cas, n'est-ce pas ?

 22   M. Surkovic (interprétation). - Monsieur, ma croyance

 23   religieuse, le fait que je pratique ma religion ou pas sont des affaires

 24   qui ne concernent que moi. Je vous demanderai de ne pas vous impliquer

 25   dans ma vie privée.


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  1   M. Stein (interprétation). - Monsieur, je suppose qu'il est

  2   certainement beaucoup plus facile aujourd'hui de pratiquer votre religion

  3   qu'auparavant. Vous étiez auparavant un homme politique très impliqué. Il

  4   est sans doute plus facile pour vous aujourd'hui de pratiquer votre

  5   religion comme bon vous semble plutôt qu'autrefois sous l'ancien régime.

  6   M. Surkovic (interprétation). - Tout d'abord, je ne suis pas un

  7   homme politique professionnel. Aujourd'hui, je ne sais pas quels sont les

  8   sentiments ressentis par ces hommes politiques. Je sais qu'ils sont dans

  9   une situation difficile, le pays est en ruines, la population s'est entre-

 10   tuée, les relations entre les différents groupes ethniques sont très

 11   compliqués, c'est difficile.

 12   M. Stein (interprétation). - Venons-en à la situation qui

 13   prévaut maintenant. Les Croates, avant tous ces événements, étaient

 14   majoritaires dans le secteur où vous habitiez, n'est-ce pas ?

 15   M. Surkovic (interprétation). - Il y avait 4 % de Croates de

 16   plus que de Musulmans. Si cela vous intéresse, je peux dire qu'il y avait

 17   41,7 % de Musulmans, 45 % de Croates et 25,2 % de Serbes. C'est le

 18   recensement qui a établi ces pourcentages.

 19   M. Stein (interprétation). - Dans le parlement, le HDZ avait une

 20   majorité, n'est-ce pas ?

 21   M. Surkovic (interprétation). - Le HDZ avait 23 députés, le SDA

 22   en avait 16 et pour ce qui est des partis de gauche, ils en avaient 19.

 23   Moi, j'étais membre du parlement, je suis donc à même de vous donner ces

 24   chiffres.

 25   M. Stein (interprétation). - Donc le rapport était de 23 à 9,


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  1   n'est-ce pas ?

  2   M. Surkovic (interprétation). - Le rapport pour ce qui est du

  3   HDZ par rapport au bloc de gauche -à savoir le SDP, les libéraux et les

  4   forces de gauche-, oui, mais le SDA avait 16 députés au parlement.

  5   M. Stein (interprétation). - Il y avait 16 députés et il y avait

  6   d'autre part les libéraux, et d'autre part le HDZ. Donc il y a un rapport

  7   de 23 à 19, n'est-ce pas ?

  8   M. Surkovic (interprétation). - Je ne sais pas comment vous

  9   calculez tout cela. A quoi fait référence ce chiffre de 23 que vous

 10   avancez ? Je sais que le HDZ avait 23 députés au sein du parlement, mais

 11   le SDA et le SDZ s'entendaient très bien alors que par la suite leur

 12   rapports se sont détériorés.

 13   M. Stein (interprétation). - Etiez-vous membre du Comité de

 14   crise qui a été mis sur pied pendant la guerre ?

 15   M. Surkovic (interprétation). - Je sais quelles étaient ses

 16   responsabilités mais je n'en étais pas membre. Cette cellule de crise a

 17   été constituée afin que les tensions nationalistes qui commençaient à se

 18   faire jour parmi la population se calment.

 19   M. Stein (interprétation). - Je vous demande si vous vous en

 20   souvenez, vous répondez que non.

 21   M. Surkovic (interprétation). - Non, je n'en étais pas membre.

 22   M. Stein (interprétation). - Je tire la question suivante de la

 23   déclaration du Dr Mujezinovic, page 4. Cette déclaration a été recueillie

 24   par les enquêteurs de ce Tribunal. Il déclare : "Enes Surkovic, membre de

 25   la cellule de crise que je présidais, s'est vu confier la tâche de


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  1   s'occuper d'un certain nombre de Musulmans qui avaient perdu leurs biens

  2   et qui avaient été expulsés de chez eux". Je suppose, Monsieur, que vous

  3   êtes en désaccord avec cette déclaration ?

  4   M. Surkovic (interprétation). - Ce n'est pas exact. Laissez-moi

  5   vous expliquer pourquoi ce n'est pas exact.

  6   M. Stein (interprétation). - Il est indiqué ceci, je cite : "A

  7   la fin de 1992, un comité de coordination a été mis sur pied, puis, il

  8   s'est transformé en comité de guerre". Vous étiez membre de ce comité de

  9   guerre, n'est-ce pas Monsieur ?

 10   M. Surkovic (interprétation). - Oui, cela c'est exact.

 11   M. Stein (interprétation). - Et ce comité de guerre a parfois

 12   été appelé comité de coordination pour la protection des Musulmans, n'est-

 13   ce pas ?

 14   M. Surkovic (interprétation). - Non, ce n'est pas exact.

 15   M. Stein (interprétation). - Est-ce qu'il y avait un autre

 16   groupe chargé de la coordination et de la protection des Musulmans ?

 17   M. Surkovic (interprétation). - C'était une entité distincte.

 18   M. le Président (interprétation). - Oui, Maître Somers ?

 19   Mme Somers (interprétation). - Excusez-moi, je voudrais

 20   simplement informer les Juges du fait que le document dont il est fait

 21   état en ce moment n'est pas entre nos mains. Peut-être que nous pourrions

 22   en recevoir une copie, cela nous serait très utile. Merci.

 23   M. Stein (interprétation). - Je ne fais référence à rien du

 24   tout, mais ensuite je vais faire référence au document D 13/2.

 25   Monsieur, vous connaissiez certains des membres qui siégeaient


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  1   dans ce comité de coordination pour la protection des Musulmans, n'est-ce

  2   pas ? N'est-ce pas ?

  3   M. Surkovic (interprétation). - Je connaissais certains d'entre

  4   eux.

  5   M. Stein (interprétation). - Vous connaissiez le Dr Mujezinovic,

  6   par exemple, je crois ?

  7   M. Surkovic (interprétation). - Nous sommes bons amis.

  8   M. Stein (interprétation). - Très bien. Du fait de votre amitié

  9   avec le Dr Mujezinovic et avec d'autres individus, vous savez que ce

 10   comité chargé de la protection des Musulmans s'était vu charger de la

 11   mission d'ériger des barricades dans le courant du mois d'octobre 1992.

 12   M. le Président (interprétation). - En quoi cela surgit-il des

 13   questions posées au témoin pendant l'interrogatoire principal ?

 14   M. Stein (interprétation). - Je crois qu'on a posé la question

 15   de ces barrages pendant l'interrogatoire principal. Si j'ai tort, je

 16   retire cette question.

 17   M. le Président (interprétation). - Je n'ai aucun souvenir d'une

 18   question de ce genre et je crois qu'en fait la déposition du témoin

 19   pendant l'interrogatoire principal a été relativement rapide.

 20   M. Stein (interprétation). - Merci. Je continue.

 21   Monsieur, il y a eu donc cette cellule de crise qui a été mise

 22   sur pied, qui coordonnait les activités qui visaient à faire face aux

 23   interventions des Serbes. Au bout d'un certain temps, les activités ont

 24   perdu de leur importance et, d'après ce que j'ai compris, il y a des

 25   espèces de gouvernements parallèles qui ont été mis sur pied dans le


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  1   secteur, des gouvernements pour la communauté musulmane et d'autres pour

  2   la communauté serbe... Croate, pardon. N'est-ce pas exact ?

  3   M. Surkovic (interprétation). - Lorsque les Musulmans sont

  4   partis pour Stari Vitez, ce qui s'est passé dans le courant du mois de

  5   novembre, vers le 25 je crois, en 1992, eh bien, on peut dire que deux

  6   gouvernements ont commencé à fonctionner parallèlement, deux gouvernements

  7   qui n'avaient que peu de pouvoir.

  8   M. Stein (interprétation). - Je voudrais souligner que dans ce

  9   gouvernement, il y avait du côté musulman une personne responsable des

 10   affaires financières, une personne responsable de la police, de

 11   l'éducation, une personne chargée d'assurer la logistique et d'autres

 12   personnes chargées de toutes sortes de questions, n'est-ce pas ?

 13   M. Surkovic (interprétation). - Effectivement, c'est exact.

 14   M. Stein (interprétation). - Et je crois même qu'une déclaration

 15   a été adoptée vers cette époque-là selon laquelle les Musulmans de Vitez

 16   ne reconnaissaient pas l'autorité du gouvernement de Vitez qui ne

 17   représentait qu'une seule population. Les décisions prises par ce

 18   gouvernement représentant le HVO n'étaient pas considérées comme

 19   contraignantes pour la population musulmane, n'est-ce pas exact ?

 20   M. Surkovic (interprétation). - Je ne prenais pas part à

 21   l'activité politique à ce moment-là, mais je crois que oui, c'est exact.

 22   M. Stein (interprétation). - Je vais maintenant vous amener à ce

 23   qui s'est passé après le mois d'octobre 1992.

 24   Excusez-moi, je crois que les Musulmans qui avaient des fusils à

 25   lunettes sont devenus la cible de certaines perquisitions de la part des


Page 4463

  1   Croates. Je m'exprime très mal, je recommence. Je crois qu'à partir d'un

  2   certain temps, les Croates arrêtaient tout Musulman porteur d'un fusil à

  3   lunettes. Ce type de fusil était systématiquement confisqué, n'est-ce pas

  4   exact ?

  5   M. Surkovic (interprétation). - Effectivement, c'est le cas.

  6   Mais je n'affirme pas que tous ces fusils ont été confisqués, c'est

  7   impossible ; sans doute ne savaient-il pas qui étaient toutes les

  8   personnes qui possédaient ce type d'armes.

  9   M. Stein (interprétation). – (Hors micro)

 10   M. Surkovic (interprétation). - Je ne sais pas si ces fusils

 11   avaient des lunettes, mais effectivement, il y avait beaucoup de fusils

 12   qui circulaient dans le secteur.

 13   M. Stein (interprétation). - Est-ce que nous pouvons également

 14   affirmer, qu'avant le 16 avril 1993, vous étiez convaincu qu'il y aurait

 15   une guerre ?

 16   M. Surkovic (interprétation). - Si j'avais été convaincu du fait

 17   que la guerre était inévitable, j'aurais évacué ma femme et mes enfants de

 18   Vitez, et moi-même j'aurais quitté cette région et j'aurais été vivre dans

 19   les camps, dans des conditions sans doute assez rudes.

 20   M. Stein (interprétation). - Je reviens sur un document dont la

 21   traduction m'a été remise hier. A la page 10 de la version en anglais de

 22   ce document, il est indiqué… Je dois préciser avant tout qu'il s'agit d'un

 23   document qui reprend ce que vous avez dit lors de votre comparution à

 24   Zenica devant le Juge Safanovic.

 25   Vous avez bien comparu devant ce Juge n'est-ce pas ?


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  1   M. Surkovic (interprétation). - Je suis un très bon ami de ce

  2   Juge Safanovic. Jamais je ne lui ai fait de déclaration mais je le connais

  3   très bien.

  4   M. Stein (interprétation). - Mais vous avez comparu devant lui

  5   au Tribunal de Zenica, n'est-ce pas ?

  6   M. Surkovic (interprétation). - Jamais je n'ai comparu devant un

  7   Tribunal, ni devant lui, mais effectivement j'ai souvent pris un café avec

  8   lui, nous discutions ensemble, mais jamais je n'ai été le voir pour faire

  9   une déclaration. Ce n'était pas nécessaire.

 10   M. Stein (interprétation). - Vous n'avez pas comparu devant un

 11   homme appelé Sadika Mujezinovic et devant un Procureur du nom de

 12   Nezidovic ?

 13   M. Surkovic (interprétation). - Je connais M. Adrovic. Je sais

 14   qu'il travaille pour le Bureau du Procureur et je sais également qu'il a

 15   un certain nombre de missions qui lui sont confiées. Notamment, il doit

 16   mener des enquêtes sur les fosses communes. Je l'ai vu à la télévision.

 17   Pour ce qui est maintenant de ses capacités à recueillir des dépositions,

 18   je n'en sais rien et je ne lui en ai faite aucune.

 19   M. Stein (interprétation). - Mais vous êtes tout de même né en

 20   1944, n'est-ce pas ? Si nous ne nous mettons pas d'accord avec

 21   l'accusation, nous allons revenir en détail sur tous ces détails.

 22   M. Surkovic (interprétation). - Je suis né en 1944.

 23   Mme Somers (interprétation). – Peut-on montrer au témoin la

 24   version en BCS de cette déclaration ?

 25   M. Stein (interprétation). - Mais certainement.


Page 4465

  1   M. le Président (interprétation). – Oui, il faut montrer ces

  2   documents au témoin.

  3   Mme Somers (interprétation). - C'est le document BCS qui nous

  4   intéresse et c'est ce document qui a été traduit hier.

  5   M. le Président (interprétation). – Pouvons-nous montrer

  6   l'original de ce document au témoin ? Est-ce qu'une copie est disponible

  7   pour le témoin ?

  8   Mme Somers (interprétation). - Je n'en ai pas.

  9   M. Stein (interprétation). - En voici une.

 10   Mme Somers (interprétation). – Malheureusement, je ne peux pas

 11   vous renvoyer à une page en particulier, mais ce que je peux vous dire,

 12   c'est que dans la version en anglais, c'est vers la fin du document que

 13   ceci apparaît.

 14   Regardez, monsieur, si vous le voulez bien, la toute dernière

 15   page du document que vous avez entre les mains.

 16   M. Surkovic (interprétation). – Voyons, laissez-moi vérifier la

 17   date, s'il vous plaît.

 18   Oui, je connais M. Sefer Tadrovic, je le connais très bien, mais

 19   je n'ai aucun souvenir d'avoir fait une déclaration devant lui. Cependant,

 20   je vois bien que j'ai paraphé cette page, que j'ai signé ce document en

 21   1994. Tout ceci date de 1994. Mais je n'en ai aucun souvenir, je vous

 22   l'assure, mais je connais très bien M. Tadrovic.

 23   M. Stein (interprétation). - Très bien Monsieur, vous ne vous

 24   rappelez pas avoir comparu devant ce Tribunal, mais le Bureau du Procureur

 25   nous a remis ce document qui fait état d'une telle comparution. A la


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  1   page 10 de la version en anglais, il apparaît que vous dites, je cite :

  2   "Il était évident qu'une guerre allait éclater entre l'armée de Bosnie-

  3   Herzégovine et le HVO dans ce secteur".

  4   Je n'arrive pas à vous renvoyer à une page précise de la version

  5   en BCS, mais mon collègue Me Naumovski va m'assister.

  6   Avez-vous parcouru ce document ?

  7   M. Surkovic (interprétation). - Oui je l'ai parcouru. Il n'est

  8   pas nécessaire pour moi de le lire. C'est un document extrêmement long, il

  9   y a beaucoup de signatures qui y figurent. Je connais très bien M. Adrovic

 10   et puisque ce document est là, puisque ma signature y figure, c'est

 11   probablement un document authentique. Mais je ne souviens pas d'avoir fait

 12   une telle déclaration à M. Adrovic devant un tribunal. Ma signature est

 13   là, la date de 1994. Nous sommes aujourd'hui en 1999. Cela a probablement

 14   été le cas.

 15   M. Stein (interprétation). - Afin de faciliter les choses, je

 16   voudrais vous demander, Messieurs les Juges, de vous reporter à la page 10

 17   de la traduction anglaise, les premiers paragraphes où je cite : "Il était

 18   évident que la guerre était inévitable entre le HVO et l'armée de Bosnie-

 19   Herzégovine" (page 5 de la version en BCS). Mais poursuivons.

 20   M. Bennouna. - Est-ce que le témoin, en dehors de ses souvenirs,

 21   peut confirmer ou infirmer cette phrase à laquelle vous semblez accorder

 22   de l'importance ? Posez-lui la question. Qu'est-ce qu'il pense ?

 23   M. Stein (interprétation). – Oui, je vais faire cela. Ayant lu

 24   votre témoignage, je vous demande de vous référer à la page 5, au milieu

 25   de la page 5, vous verrez la citation que j'ai lue, page 5 s'il vous


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  1   plaît.

  2   Premièrement, est-ce que vous vous souvenez d'avoir déclaré cela

  3   au Juge  ? Si vous ne vous en souvenez pas tant pis, mais au moins est-ce

  4   que cela vous rappelle l'état d'esprit qui était le vôtre en 1993 ? A

  5   savoir que la guerre était inévitable ?

  6   M. Surkovic (interprétation). - Messieurs les Juges, le

  7   15 avril 1993, ce jour-là, j'ai participé à une réunion dans la caserne

  8   des pompiers. Nous avons fêté le jour de l'armée, la fête de l'armée.

  9   M. Cerkez était présent également. Les autorités civiles de la

 10   municipalité de Vitez ont affirmé qu'il n'y aurait pas de guerre, qu'on

 11   était parvenu à un accord avec l'autre côté, pour éviter le conflit. Mais

 12   le citoyen ordinaire, à l'époque, était conscient à la veille de la guerre

 13   que les tensions étaient très fortes, que la situation était anormale.

 14   Le 15 avril, si j'avais pu emmener ma femme et mes enfants de

 15   Vitez, je l'aurais fait, mais je n'étais pas convaincu que nous aurions

 16   été en sûreté sur les routes. Donc, j'ai préféré rester sur place.

 17   Donc à la veille du conflit, il était clair pour tout le monde

 18   que la guerre allait éclater, mais quelques mois auparavant, la situation

 19   était beaucoup plus favorable et personne ne s'attendait alors à un

 20   conflit aussi sanglant et à autant de meurtres.

 21   M. Stein (interprétation). - Je vais maintenant parler

 22   brièvement de Kaonik. Pendant que vous étiez à Kaonik, il y a dix ou douze

 23   Arabes qui étaient également en prison.

 24   M. Surkovic (interprétation). – C'est exact.

 25   M. Stein (interprétation). - Il s'agissait de soldats arabes ?


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  1   M. Surkovic (interprétation). – Non, il s'agissait de gens qui

  2   étaient bien en civil.

  3   M. Stein (interprétation). - Qui étaient-ils ? D'où venaient-

  4   ils ? Pourquoi étaient-ils là ?

  5   M. Surkovic (interprétation). - Monsieur, vous m'en demandez

  6   beaucoup trop. Moi j'étais un prisonnier. Je n'avais même pas à manger, je

  7   ne pouvais pas manger avec ces gens. Je les ai vus nettoyer la cour au

  8   moment où on m'emmenait pour voir un docteur au centre de Busovaca, j'ai

  9   aussi entendu des cris la nuit qui provenaient des cellules où étaient

 10   détenus les prisonniers arabes. Je ne suis pas le seul à avoir entendu

 11   cela et tous mes compagnons de cellule l'ont entendu aussi, mais je le

 12   répète, ils étaient en civil.

 13   M. Stein (interprétation). - Vous nous avez dit que votre

 14   libération avait été ordonnée par un homme du nom de Petkovic.

 15   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

 16   M. Stein (interprétation). - Et Petkovic, c'est un militaire,

 17   n'est-ce pas ?

 18   M. Surkovic (interprétation). - Oui, je sais que c'était un

 19   militaire.

 20   M. Stein (interprétation). - Et le 30 avril, une ou deux

 21   semaines avant votre libération, un autre officier est venu vous voir à

 22   Kaonik, il s'agissait du général Alilovic, exact ?

 23   M. Surkovic (interprétation). – Oui, Sefer Alilovic.

 24   M. Stein (interprétation). – Est-il est exact d'affirmer que le

 25   général Alilovic et le général Petkovic ont négocié pour obtenir votre


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  1   libération ?

  2   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

  3   M. Stein (interprétation). – Donc, deux officiers ont négocié la

  4   libération des prisonniers de Kaonik. Est-ce bien exact ? Vous êtes

  5   d'accord ?

  6   M. Surkovic (interprétation). - Ma femme et des amis m'ont dit

  7   que Sefer Alilovic et Milivoj Petkovic avaient parlé à la télévision un

  8   soir tard, vers le 10 mai. Ils ont eu un débat au sujet de la situation

  9   sur le terrain, au sujet des prisonniers, et on m'a dit que Sefer Alilovic

 10   a exigé de Petkovic qu'il demande où étaient les treize hommes qui avaient

 11   été emprisonnés à Vitez, qui avaient été pris à Vitez. Il s'agissait

 12   d'hommes qui avaient des diplômes universitaires et qui avaient eu des

 13   fonctions politiques.

 14   Elle m'a dit que le débat avait été très vif entre ces deux

 15   hommes et j'ai moi-même parlé avec Sefer Alilovic dans le hall du cinéma.

 16   Je ne sais pas ce qui peut vous intéresser de cette conversation.

 17   M. Stein (interprétation). - La réponse est donc : oui, deux

 18   officiers ont négocié pour la libération de ces treize prisonniers ?

 19   M. Surkovic (interprétation). - Oui. Et ils ont également eu des

 20   négociations sur la participation de forces conjointes dans la lutte

 21   contre la JNA et les Chetniks.

 22   M. Stein (interprétation). - Vous avez été libéré en échange de

 23   la libération d'autres soldats ?

 24   M. Surkovic (interprétation). - Pas de soldats.

 25   M. Stein (interprétation). - Vous avez été libéré en échange


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  1   d'autres civils comme vous-même, des civils ?

  2   M. Surkovic (interprétation). - Oui des civils croates.

  3   M. Stein (interprétation). - Et ces civils ont-ils été libérés à

  4   la même époque que vous ? Le savez-vous ?

  5   M. Surkovic (interprétation). - Je ne le sais pas.

  6   M. Stein (interprétation). - Je vais reformuler ma question, si

  7   vous le permettez. J'en suis presque à la fin de mon interrogatoire. Donc,

  8   le terme de Bosnien est un terme qui n'était pas utilisé avant 1992, est-

  9   ce bien exact ?

 10   M. Surkovic (interprétation). - Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas

 11   exact.

 12   M. Stein (interprétation). - Ce n'est pas à utiliser sous le

 13   régime communiste, n'est-ce pas ?

 14   M. Surkovic (interprétation). - Vous trouverez ce terme dans la

 15   littérature du Moyen-Age. Cela désigne un habitant de la Bosnie-

 16   Herzégovine. On dit  : un bon, un brave Bosnien.

 17   M. Stein (interprétation). - Avant 1992, ce terme n'était pas

 18   utilisé, n'est-ce pas ?

 19   M. Surkovic (interprétation). - La question sur les nationalités

 20   en Yougoslavie était toujours un problème. Non, on n'utilisait pas le

 21   terme bosnien, mais on parlait de Musulmans avec un "M" majuscule et la

 22   différence entre un musulman avec un petit "m" et un Musulman avec un "M"

 23   majuscule est très importante.

 24   M. Stein (interprétation). – Maintenant, Bosnien est utilisé

 25   pour désigner les Musulmans de Bosnie en Bosnie-Herzégovine ? Est-ce bien


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  1   exact ?

  2   M. Surkovic (interprétation). - Non. Bosnien est un habitant de

  3   la Bosnie-Herzégovine. C'est un habitant, un Musulman de Bosnie parce

  4   qu'il faut savoir qu'en Bosnie vous avez également des Croates et des

  5   personnes d'autres religions.

  6   M. Stein (interprétation). - Dernière question : avant la

  7   guerre, l'école de Vitez était appelée l'école de l'unité et de la

  8   fraternité. Est-ce bien exact ?

  9   M. Surkovic (interprétation). - Oui.

 10   M. Stein (interprétation). - Comment est-elle appelée

 11   maintenant ?

 12   M. Surkovic (interprétation). - L'école élémentaire de Vitez.

 13   M. Stein (interprétation). - C'est son nom, donc l'école

 14   élémentaire de Vitez. Merci. Je n'ai pas d'autres questions.

 15   Mme Somers (interprétation). - Hier, Monsieur Surkovic, on vous

 16   a posé des questions sur les conditions de détention dans le premier lieu

 17   où vous avez été détenu, à savoir la cave de votre immeuble. La question

 18   était de savoir si c'était un endroit propice à un abri. Est-ce qu'on peut

 19   dire que la cave de l'université Radnicki était un endroit approprié pour

 20   y héberger des gens, pour qu'ils s'y réfugient ?

 21   M. Surkovic (interprétation). – Non, non, c'était l'ancienne

 22   salle des chaudières de l'université, là où on entreposait le charbon pour

 23   la chaudière.

 24   Mme Somers (interprétation). - Qu'en était-il du cinéma ?

 25   M. Surkovic (interprétation). - Le cinéma où on nous a emmenés


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  1   vers le 20, le cinéma était un endroit beaucoup plus approprié. Les

  2   conditions étaient meilleures. Avant que le camion piégé n'ait explosé, le

  3   18 avril, à la suite de cette explosion, toutes les fenêtres ont explosé,

  4   si bien qu'il faisait très froid dans le cinéma, nous ne disposions pas de

  5   couvertures.

  6   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que dans l'université,

  7   vous avez remarqué des constructions ?

  8   M. Kovacic (interprétation). – Excusez-moi de vous interrompre,

  9   mais je voudrais préciser une chose. Mon éminente collègue, Mme Somers, a

 10   dit dans sa première question que le témoin avait été emmené dans la cave

 11   de son immeuble, mais ce n'était pas le cas.

 12   M. le Président (interprétation). En fait, c'est là où le témoin

 13   s'est rendu lui-même pour s'abriter.

 14   M. Kovacic (interprétation). - Oui mais on ne l'y a pas emmené,

 15   parce que cela voudrait dire qu'on l'a emprisonné là.

 16   M. Surkovic (interprétation). – C'est exact, j'y suis allé de

 17   moi-même.

 18   Mme Somers (interprétation). - Y avait il des travaux en cours

 19   dans l'université, des travaux qui vous ont frappés ?

 20   M. Stein (interprétation). - Cela n'a rien à voir avec ce dont

 21   nous parlons, cela va au-delà des questions qui peuvent être posées.

 22   M. le Président (interprétation). - Nous avons déjà entendu des

 23   témoignages à ce sujet. Est-ce que cela peut faire avancer les choses ?

 24   Mme Somers (interprétation). – Hier, nous sommes passés de la

 25   question 7 à la question 25 et il y avait parmi ces questions quelque


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  1   chose au sujet justement de ces travaux et si le témoin s'en souvient,

  2   j'aurais bien aimé que nous en parlions. Je pense que la question de

  3   savoir si ces locaux étaient appropriés pour y mettre des personnes est

  4   appropriée.

  5   M. le Président (interprétation). - Vous pouvez, mais

  6   brièvement.

  7   M. Surkovic (interprétation). – Oui, si vous permettez, je m'en

  8   souviens. Je me souviens que quand on nous a emmenés là-bas, nous avons

  9   remarqué qu'on avait installé un robinet d'eau, et à juger par le mortier

 10   frais, le ciment, on se rendait compte qu'il y avait eu des travaux et

 11   qu'il y avait eu également des travaux faits sur les installations

 12   électriques. Le plâtre était frais, cela se voyait très clairement sur les

 13   murs. Donc il était bien évident qu'on avait préparé cette pièce pour y

 14   installer des gens.

 15   Mme Somers (interprétation). - On a parlé de votre citoyenneté.

 16   Y avait-il dans la région des gens qui se reconnaissaient comme citoyens

 17   d'une autre entité que la Bosnie-Herzégovine, pendant la période dont nous

 18   parlons ?

 19   M. Surkovic (interprétation). - Pouvez-vous, s'il vous plaît,

 20   être un peu plus claire ? De quels états parlez-vous ?

 21   Mme Somers (interprétation). - Y a-t-il des personnes qui se

 22   reconnaissaient comme citoyens de la Croatie ou d'un autre état ou d'une

 23   autre entité ?

 24   M. Surkovic (interprétation). - Oui, oui c'est justement la

 25   tragédie de la Bosnie-Herzégovine. Il y a des gens qui se sentent liés à


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  1   Zagreb, d'autres soutiennent Belgrade, d'autres souhaitent que la Bosnie-

  2   Herzégovine soit unifiée. C'est comme cela que c'est dans cette région et

  3   c'est ce qui a entraîné des différends et toutes les conséquences que l'on

  4   sait.

  5   Mme Somers (interprétation). - Les gouvernements qui ont vu le

  6   jour en novembre 1992 étaient musulmans ou des gouvernements bosniaques et

  7   croates. Cependant, n'y avait-il pas également des institutions séparées

  8   dans le domaine de l'enseignement, de la banque etc. qui ont été mis en

  9   place lors de la mise en place de la communauté croate de Herceg-Bosna, un

 10   an auparavant, en novembre 1991 ?

 11   M. Surkovic (interprétation). - Oui, l'enseignement secondaire

 12   pendant toute cette période jusqu'au 16 avril 1993 était organisé pour

 13   tout le monde. Que les gens soient croates, serbes, bosniens ou plutôt

 14   musulmans ou de foi islamique. Mais dès lors, après le 20 octobre 1992,

 15   c'est le moment du premier conflit entre le HVO et l'armée de Bosnie-

 16   Herzégovine, la situation était extrêmement tendue, même entre les

 17   enseignants, également entre les élèves. Mais malheureusement la situation

 18   sur le terrain se reflétait dans le comportement des enfants.

 19   Mme Somers (interprétation). - Je ne pense pas que j'ai été

 20   assez claire. N'y avait-il pas des institutions financières ?

 21   M. le Président (interprétation). – Je ne pense pas que ceci

 22   fasse l'objet d'aucune contestation. Non, nous avons déjà entendu des

 23   témoignages à ce sujet.

 24   Mme Somers (interprétation). – Monsieur Surkovic, vous n'êtes

 25   pas le seul homme politique qui ait enseigné dans celle école. Anto


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  1   Valenta lui-même y a enseigné, n'est-ce pas exact ?

  2   M. Surkovic (interprétation). – Oui, M. Valenta et M. Kajmovic

  3   ont travaillé avec moi. M. Valenta était un membre éminent du HDZ, et

  4   M. Kajmovic, lui, était Président du SDA. Et il y avait souvent des

  5   disputes, des dissensions entre eux et ceci était ressenti par les élèves.

  6   Si vous le souhaitez, je peux vous décrire un incident malheureux et

  7   particulier qui a eu lieu au lycée de Vitez.

  8   Mme Somers (interprétation). - Vous avez répondu à ma question.

  9   Juste une chose au sujet du slogan de fraternité et d'unité qui a été

 10   mentionné par le conseil de la défense. Etant donné ce que vous savez de

 11   M. Anto Valenta, était-il en faveur de ce slogan ?

 12   M. le Président (interprétation). - Je ne permets pas que cette

 13   question soit posée.

 14   Mme Somers (interprétation). - Je retire ma question.

 15   M. le Président (interprétation). - Y a-t-il autre chose que

 16   vous souhaitiez aborder ?

 17   Mme Somers (interprétation). – Maintenant, venons-en aux

 18   circonstances de votre libération. L'ordre qui a été rendu sous la

 19   direction du général Petkovic, l'exécution de cet ordre donc a été

 20   retardée pendant 20 ou 30 minutes, d'après M. Aleksovski.

 21   D'après vous, d'après ce que vous comprenez, est-ce que c'est

 22   Dario Kordic qui est à l'origine de ce retard ?

 23   M. Stein (interprétation). - Ceci n'a rien à voir, ceci est

 24   complètement inapproprié.

 25   M. le Président (interprétation). – Maître Stein, je ne vous ai


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  1   pas interrompu auparavant, mais sachez que nous ne sommes pas aux Etats

  2   Unis, nous ne sommes pas accoutumés à ce genre d'interruption continuelle.

  3   Il est fort possible que les questions de Maître Somers suggèrent la

  4   réponse, mais nous savons parfaitement faire face à ce genre de situation.

  5   Donc laissez-moi m'en occuper. Vous avez bien compris ?

  6   Mme Somers (interprétation). – Dois-je reformuler ma question ?

  7   M. le Président (interprétation). - Je ne pense pas que cela

  8   soit nécessaire.

  9   Mme Somers (interprétation). – Je n'ai plus d'autres questions.

 10   M. le Président (interprétation). – Monsieur Surkovic, je vous

 11   remercie beaucoup de votre témoignage. Vous pouvez disposer.

 12   M. Surkovic (interprétation). - Merci beaucoup.

 13         (Le témoin est reconduit hors de la salle d'audience.)

 14   M. le Président (interprétation). - Nous nous approchons du

 15   moment où nous devons faire une pause. Y a-t-il d'autres requêtes avant

 16   d'entendre le témoin suivant ?

 17   M. Scott (interprétation). - Monsieur le Président, je souhaiterais que

 18   nous passions à huis clos, ceci afin de ne pas révéler le nom du témoin suivant.

 19                     (Audience à huis clos partiel.)

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 14   preuves - audience à huis clos partiel.

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 15   L'audience, suspendue à 16 heures 05, est reprise à 16 heures 30.

 16         (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

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 19               L'audience est levée à 17 heures 38.

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