Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL                     AFFAIRE N° IT-95-14/2-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3   Jeudi 23 septembre 1999

  4   L'audience est ouverte à 10 heures 55.

  5   Mme Lauer. - Affaire IT-95-14/2-T, le Procureur contre Dario Kordic et

  6   Mario Cerkez.

  7   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, je vais m'adresser à

  8   vous dans un instant. Désolé de notre retard, mais ce rendez-vous médical,

  9   vous savez, c'est l'habitude : cela a posé des problèmes et il y a eu un

 10   retard du côté du rendez-vous médical.

 11   M. Sayers (interprétation). - Un petit élément que je voudrais vous

 12   soumettre avant la comparution du prochain témoin qui, manifestement, est

 13   commandant de l'armée danoise ; il s'agit du commandant Baggesen. Hier

 14   soir, on nous a présenté 38 pages, 249 paragraphes le concernant.

 15   Apparemment, nombreuses sont les opinions que l'on retrouve dans ce

 16   rapport et des questions vont être posées à ce propos au témoin. Nous

 17   connaissons bien sûr l'article 94 bis et je sais que la Chambre autorise

 18   l'avis de militaires dans leur domaine de spécialité. Mais si l'on

 19   s'aventure dans le domaine politique, nous élevons une objection : nous

 20   estimons que ceci ne relève pas du domaine de connaissance du témoin.

 21   M. le Président (interprétation). - Un exemple, s'il vous plaît ?

 22   M. Sayers (interprétation). - Volontiers. Ainsi, au paragraphe 246, à la

 23   dernière page du résumé, là, nous estimons que ceci mérite objection. Par

 24   exemple, si l'on compare la page 11 avec le paragraphe 72, je crois que

 25   ceci est tout à fait symptomatique de ce genre de domaines dont nous


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  1   parlions.

  2   (Les Juges lisent les documents.)

  3   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, avez-vous fait part à

  4   l'accusation de l'endroit où se trouvent ces objections ?

  5   M. Sayers (interprétation). - Je n'ai pas eu l'occasion d'en discuter avec

  6   le Bureau du Procureur. Mais je peux vous fournir d'autres exemples. Par

  7   exemple, à la page 25, apparemment, le témoin va parler d'un plan préparé

  8   par les Croates. Nous parlons du paragraphe 168, du paragraphe 170. Voilà

  9   ce genre d'éléments qui nous inquiètent. Apparemment, le témoin va

 10   soumettre des opinions d'ordre militaire, notamment sur le pilonnage de

 11   Zenica, le 18 avril.

 12   On pourrait dire, bien sûr, que ceci relève de son domaine de connaissance

 13   pour autant qu'on ait présenté, on ait posé la base de ce genre de choses,

 14   qu'on ait prouvé qu'il est expert en artillerie. Mais, s'agissant des

 15   questions politiques, nous estimons que ceci outrepasse son domaine de

 16   spécialités telles qu'elles ont été présentées. Je pense que ceci ne

 17   pourrait pas être vraiment utile à la Chambre de première instance. 

 18   Sur un autre point, j'avais dit que nous n'allions pas retenir notre

 19   démarche de faire des objections à des questions trop dirigistes. Là,

 20   j'avais dit que, contrairement à cette habitude, nous allions faire des

 21   objections s'agissant des paragraphes du résumé. Mais nous n'avons pas

 22   d'autres objections à l'exception de ces paragraphes ; il y a les

 23   paragraphes 40, 44, 71.

 24   M. le Président (interprétation). - Un instant. Soyons sûrs que nous avons

 25   pris note de ceci : de 40 à 44 ?


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  1   M. Sayers (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Les 71 et 72.

  2   M. le Président (interprétation). - De toute façon, là, vous avez une

  3   objection.

  4   M. Sayers (interprétation). - 81 à 83, 88, 98, 115, 146, 151 et 152, 158

  5   jusqu'au 159, 162, 163, 164, 168 et 170.

  6   M. le Président (interprétation). - Vous avez des objections à l'encontre

  7   du 168, 170 ?

  8   M. Sayers (interprétation). - Oui, ainsi qu'à l'encontre du 171, 192. Nous

  9   avons de toute façon un exemplaire à l'intention des Juges, si l'un des

 10   Juges en a besoin.

 11   M. Bennouna. - Maître Sayers, je crois que sur le principe de ne pas avoir

 12   ici l'expression d'opinions purement politiques, la Chambre ne peut

 13   qu'être d'accord avec vous. Donc ce n'est même pas la peine de nous le

 14   rappeler, nous le faisons automatiquement de nous-mêmes. C'est-à-dire

 15   qu'un expert doit venir parler ici dans le domaine qu'il connaît, c'est-à-

 16   dire dans le domaine de son expertise.

 17   Maintenant, comme vous le savez, vous pouvez toujours, au fur et à mesure

 18   de l'application de cette méthode -qui a donné quand même des résultats

 19   puisqu'elle nous a permis d'aller plus vite-, lorsqu'une question ne doit

 20   pas être directive, vous pouvez le dire à ce moment-là, et la Chambre,

 21   comme vous le savez, décide au cas par cas. Il n'y a aucun problème là-

 22   dessus.

 23   Si vous voulez, sans même avoir à soulever sur l'ensemble de la question,

 24   sur le plan du principe il est bien entendu qu'on ne fait pas de la

 25   politique, ici, on est devant un Tribunal. Cela va de soi sur le plan de


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  1   ces questions.

  2   Maintenant, sur le plan purement général, vous savez que notre Règlement

  3   nous donne une certaine latitude pour apprécier nous-mêmes les preuves qui

  4   nous sont apportées et pour apprécier leur portée. Voilà ce que je peux

  5   dire là-dessus. Je pense qu'il faut que l'on passe maintenant au témoin,

  6   Monsieur le Président.

  7   M. le Président (interprétation). - Voulez-vous en terminer des questions

  8   pour lesquelles vous estimez qu'il y aura litige ?

  9   M. Sayers (interprétation). - Avec votre permission, je vais vous citer le

 10   reste.

 11   M. le Président (interprétation). - Vous en étiez à 192.

 12   M. Sayers (interprétation). - Oui, le prochain paragraphe, c'est le

 13   paragraphe 202, le paragraphe 218, 235, le 236, le 237, le 243... du

 14   paragraphe 243 au paragraphe 246. Ce sera tout, Monsieur le Président.

 15   M. le Président (interprétation). - Fort bien, merci, Maître Sayers. Oui,

 16   Maître Kovacic ?

 17   M. Kovacic (interprétation). - Simplement, aux fins du compte rendu

 18   d'audience, Monsieur le Président, j'aimerais vous informer du fait que

 19   nous nous rangeons à l'avis de Me Sayers. Nous avons discuté avec les

 20   avocats de M. Kordic et nous partageons le même sentiment.

 21   M. le Président (interprétation). - Fort bien. Maître Scott, nous n'allons

 22   pas vous demander de plaider s'agissant de ces différents points, vous

 23   pourrez le faire au moment de la déposition du témoin. Ce sont des

 24   éléments causant litige qui viennent d'être énoncés. Nous disposons du

 25   document de ce résumé.


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  1   Est-ce que nous pourrions aborder rapidement ces questions où vous allez

  2   poser des questions plus dirigistes et directrices ? Il serait peut-être

  3   utile que le témoin ait ces documents sous les yeux, et s'il y a des

  4   objections, vous pourrez renvoyer aux différents paragraphes.

  5   M. Scott (interprétation). - Pas d'objection de notre part. Mais à ce

  6   moment-là, est-ce que la déclaration ou ce résumé sera versé au dossier ?

  7   M. le Président (interprétation). - Bonne question que celle-là. Il serait

  8   peut-être utile que vous donniez lecture du paragraphe à ce moment-là.

  9   Mais j'espère que nous pourrons avancer rapidement.

 10   M. Scott (interprétation). - J'espère aussi, et je remercie Me Sayers

 11   d'avoir évoqué ces questions qui lui posaient difficulté.

 12   M. le Président (interprétation). - Est-ce que le témoin peut être amené

 13   dans le prétoire ?

 14   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

 15   Monsieur le Témoin, veuillez donner lecture de la déclaration solennelle.

 16   M. Baggesen (interprétation). - Je déclare solennellement que je dirai la

 17   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 18   M. le Président (interprétation). - Veuillez vous asseoir, monsieur.

 19   M. Baggesen (interprétation). - Merci.

 20   M. Scott (interprétation). - Est-ce que nous pouvons faire part des

 21   commentaires formulés par la Chambre avant que nous ne commencions

 22   l'interrogatoire proprement dit ? Nous allons remettre au témoin une copie

 23   du résumé.

 24   M. le Président (interprétation). - Veuillez remettre ce résumé au témoin.

 25   (L'huissier s'exécute.)


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  1   M. Scott (interprétation). - Bonjour, monsieur. Vous êtes le commandant

  2   Lara Baggensen de l'armée danoise ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  4   M. Scott (interprétation). - Je vais vous faire part de la procédure

  5   convenue ce matin. Vous avez sous les yeux une esquisse, un résumé qui a

  6   été préparé afin de mieux encadrer votre déposition. J'espère que ce

  7   résumé est clair, ce n'est pas un script, un scénario, en aucune manière.

  8   Ceci nous permettra simplement de mieux suivre les différentes étapes de

  9   votre déposition, pour être rapide sur les points qui ne portent pas

 10   vraiment litige ou pas du tout à litige. Les questions vous seront posées

 11   tout à fait simplement. Et vous pourriez nous dire si vous êtes d'accord

 12   ou pas.

 13   Si vous avez le sentiment que vous devez ajouter quelque chose, faites-le

 14   pour apporter plus de précisions. Vous saurez comme cea de quelle façon

 15   nous voulons opérer.

 16   M. Baggesen (interprétation). - Fort bien.

 17   M. Scott (interprétation). - En guise de remarque liminaire également, je

 18   sais que vous avez tenu un journal pendant la guerre ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 20   M. Scott (interprétation). - Vous l'avez aujourd'hui avec vous ?

 21   M. Baggesen (interprétation). -  Oui.

 22   M. Scott (interprétation). - Vous avez déjà déposé dans l'affaire Blaskic,

 23   n'est-ce pas ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 25   M. Scott (interprétation). - Dans le cadre de votre déposition dans


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  1   l'affaire Blaskic, vous avez fait allusion à votre journal, n'est-ce pas ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  3   M. Scott (interprétation). - Je voulais simplement attirer votre attention

  4   sur ce point, Messieurs les Juges, pour vous faire comprendre que nous

  5   allons peut-être utiliser ou que le commandant Baggesen va peut-être

  6   utiliser ses notes communiquées à la défense.

  7   M. le Président (interprétation). - Y a-t-il des objections à ce que le

  8   témoin y fasse référence ?

  9   M. Sayers (interprétation). - Pas d'objection de la part de M. Kordic.

 10   M. Kovacic (interprétation). - Pas d'objection, Monsieur le Président.

 11   M. le Président (interprétation). - Merci. Commandant, si vous voulez vous

 12   référer à ce journal pour vérifier telle ou telle chose, libre à vous de

 13   le faire.

 14   M. Baggesen (interprétation). Merci, Monsieur le Président.

 15   M. Scott (interprétation). - Commandan Baggesen, est-il exact de dire que

 16   vous êtes officier de carrière dans l'armée danoise depuis 1976 et

 17   qu'aujourd'hui votre grade est celui de commandant ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 19   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire que avez fait l'école de

 20   combat de l'armée danoise et que vous avez une formation en tactique de

 21   combat pour blindés, infanterie ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 23   M. Scott (interprétation). - Et, d'après votre uniforme, peut-on en

 24   conclure que vous êtes aussi officier parachutiste ?

 25   M. Baggesen (interprétation). - Oui.


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  1   M. Scott (interprétation). - Avez-vous aussi reçu une formation à l'école

  2   spéciale de l'armée danoise, pour les services ou renseignements ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  4   M. Scott (interprétation). - A la suite de cette formation, vous avez été

  5   officier du renseignement et vous analysiez les forces de l'ancien bloc

  6   soviétique et du pacte de Varsovie ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  8   M. Scott (interprétation). - De 1980 à 1986, vous étiez commandant d'une

  9   section de reconnaissance ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - Et si j'ai bien compris les fonctions que

 12   remplit un tel officier, vous étiez formé à déterminer où se trouvait la

 13   ligne de front de l'ennemi et établir des missions de reconnaissance au-

 14   delà de la ligne de front de l'ennemi, n'est-ce pas ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. Scott (interprétation). - Vous avez reçu une formation, vous-même vous

 17   avez exécuté des missions de reconnaissance, mais vous avez également

 18   formé d'autres officiers du renseignement de l'armée danoise ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 20   M. Scott (interprétation). - Au cours de cette formation et de votre

 21   carrière militaire, est-il exact de dire que vous connaissez très bien la

 22   formation, les tactiques et la science militaire d'infanterie et de

 23   blindés de l'ancien bloc soviétique et des forces du pacte de Varsovie ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 25   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire que vous êtes de ce fait


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  1   un officier chevronné, expérimenté du renseignement militaire, et que vous

  2   êtes aussi un observateur très bien formé ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  4   M. Scott (interprétation). - Vous avez fait partie des forces des Nations

  5   Unies, à Chypre, en 1981 ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  7   M. Scott (interprétation). - De 1986 à 1990, vous avez été officier des

  8   opérations pour les Home Guards de la région 5. Vous étiez responsable de

  9   la planification et de l'exécution d'opérations militaires ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - De 1990 à 1995, avez-vous travaillé pour les

 12   chefs de l'état-major de l'armée danoise ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - En 1995, vous avez été promu au grade de

 15   commandant ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 17   M. Scott (interprétation). - Et vous êtes actuellement le chef des

 18   opérations pour le district 53 des Home Guards et vous êtes responsable

 19   des opérations et de la formation de quelque 6 000 hommes et femmes ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - C'est ce que j'étais avant juillet 1999,

 21   j'étais le commandant du district des Home Guards 53. A l'époque, j'avais

 22   1300 hommes sous mes ordres. Je suis, aujourd'hui, le chef de la région

 23   des opérations 5. Effectivement, j'ai sous ma responsabilité 6 000 hommes

 24   et femmes.

 25   M. Scott (interprétation). - C'est votre poste actuel ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  2   M. Scott (interprétation). - Parlons maintenant de 1992. Vous avez offert

  3   de faire partie de la mission de contrôle de la communauté européenne, la

  4   MCCE ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  6   M. Scott (interprétation). - Vous êtes arrivé à Zagreb dans le cadre de

  7   l'exercice de ces fonctions le 30 mars 1993 ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - La MCCE, c'était la mission de contrôle de la

 10   communauté européenne qui était établie, pour la première fois, pour l'ex-

 11   Yougoslavie, en 1991, n'est-ce pas ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 13   M. Scott (interprétation). - Elle avait pour mission générale d'observer

 14   les autorités civiles et militaires, d'avoir des interactions avec elle

 15   dans un cadre bien précis afin de veiller au respect des accords de

 16   cessez-le-feu et d'autres accords, n'est-ce pas ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 18   M. Scott (interprétation). - Toutes ces personnes de la MCCE étaient des

 19   militaires professionnels venant de diverses forces armées de la

 20   communauté européenne ou encore de l'Organisation pour la sécurité et la

 21   coopération en Europe, l'OSCE ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 23   M. Scott (interprétation). - Vous aviez des uniformes blancs qu'on voyait

 24   très bien, des casquettes bleues et n'aviez pas d'armes ?

 25   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.


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  1   M. Scott (interprétation). - Cet uniforme vous permettait d'être tout à

  2   fait différent d'apparence des gens qui combattaient sur le terrain ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  4   M. Scott (interprétation). - Le quartier général de la MCCE est à Zagreb,

  5   en Croatie. Et puis, il y avait aussi toute une série de centres

  6   régionaux ; il y avait des centres de coordination, assurant la

  7   coordination entre ces centres régionaux ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - Quel était le centre auquel vous avez été

 10   affecté à votre arrivée en Bosnie ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Zenica.

 12   M. Scott (interprétation). - Peut-on montrer au témoin la pièce 2573 et la

 13   pièce 2575 ? Messieurs les Juges, je crois qu'il y a tout un jeu de

 14   documents à votre intention ; il y a, bien sûr, des exemplaires pour les

 15   avocats de la défense. Si nous avons bien fait notre travail, nous avons

 16   des documents classés dans l'ordre dans lequel nous allons les aborder,

 17   dans le cadre de cette déposition. J'espère que la pièce 2573 est la

 18   première du jeu.

 19   Il n'y a qu'une exception à cet ordre dans le jeu : cela concerne une

 20   carte. Elle devrait se trouvait au bas, au fond de cette pile. Et ces

 21   cartes, puisqu'il y a en a plusieurs, devront être extirpées de ce jeu de

 22   documents de temps à autre.

 23   Commandant, avez-vous la pièce 2573 sous les yeux ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 25   M. Scott (interprétation). - Est-ce que c'est un organigramme qui montre


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  1   l'organisation de la MCCE à la date de mai 1993 ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Oui, vous voyez le centre régional RC ou

  3   CR de Zenica, mais il y avait aussi d'autres centres. Ici, vous avez une

  4   idée de l'organisation du centre régional de Zenica.

  5   M. Scott (interprétation). - Ce que vous nous dites, c'est que, si l'on

  6   commence par le haut, avec le quartier général de Zagreb, on trouvait au

  7   même niveau que Zenica d'autres centres régionaux. Mais, ici, cet

  8   organigramme s'intéresse particulièrement à Zenica ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 10   M. Scott (interprétation). - Puis, plus bas,… Excusez-moi parce que ce

 11   document a sans doute été photocopié maintes fois, ce qui signifie que ce

 12   n'est plus très lisible. Mais, sous le centre de Zenica, qu'est-ce qu'on

 13   trouve ? Quel serait le centre suivant, inférieur d'organisation ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - Ce seront les centres de coordination ;

 15   nous en avions un à Travnik, un à Tuzla et un à Mostar. Les deux cases

 16   noires montrent simplement des équipes qui séjournaient à Zenica, qui

 17   étaient établies et qui avaient des liens directs avec le centre régional.

 18   Ce n'est pas facile à voir, mais nous avions aussi une équipe à Zepce, une

 19   à Vares et une à Kakanj. Dans l'autre case noire, on a un officier de

 20   liaison pour la base de la Forpronu à Kiseljak.

 21   M. Scott (interprétation). - Au cours de votre mission, vous faisiez

 22   partie d'une équipe qui travaillait à partir du centre régional de

 23   Zenica ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Au début, au mois d'avril,

 25   l'organisation était quelque peu différente. A l'époque, nous n'avions pas


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  1   le CR de Travnik et nous avions une équipe à Vitez qui avait des liens

  2   directs avec Zenica. Mais, en mai, du fait de la recrudescence des

  3   tensions à Travnik, nous avons mis sur pied ce centre de coordination à

  4   Travnik.

  5   M. Scott (interprétation). - Très bien. Examinons la pièce suivante,

  6   la 2575.

  7   Pourriez-vous dire rapidement à la Cour, car nous n'allons pas nous

  8   attarder sur ce sujet, nous dire ce que cela représente ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Vous voyez les missions habituelles des

 10   équipes. Permettez-moi d'expliquer que, quand je parle d'une équipe, elle

 11   disposait de deux contrôleurs, deux moniteurs qui venaient de pays

 12   différents ; nous avions aussi un chauffeur et un interprète. Une équipe

 13   se composait donc de quatre personnes.

 14   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous aviez pour mission

 15   essentielle de vous rendre avec cette équipe sur le terrain pour voir

 16   comment la situation se présentait ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Exact.

 18   M. Scott (interprétation). - Je pense que le document se passe de

 19   commentaire. Toutefois, les responsabilités, au 2 et au 3, étaient d'avoir

 20   des contacts réguliers avec les autorités civiles et militaires ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

 22   M. Scott (interprétation). - Parlons du CR de Zenica. Pourriez-vous dire

 23   aux Juges que ceci concernait surtout ce qu'on appelle aujourd'hui la

 24   Bosnie centrale ?

 25   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.


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  1   M. Scott (interprétation). - A votre connaissance, est-ce que ceci englobe

  2   aussi Vitez, Travnik, Busovaca, Kiseljak, Zenica ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  4   M. Scott (interprétation). - Vous vous trouviez en Bosnie centrale, vous

  5   étiez en mission depuis le 2 avril 1993 jusqu'au 1er juillet 1993, n'est-

  6   ce pas ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  8   M. Scott (interprétation). - Je vais continuer à présenter les pièces.

  9   Serait-il exact de dire qu'à l'époque, le CR de Zenica avait à sa tête un

 10   diplomate français, Jean-Pierre Thébault ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 12   M. Scott (interprétation). - Et son adjoint était un fonctionnaire de la

 13   MCCE espagnole qui s'appelait Juan Valentin ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 15   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire qu'au cours de vos

 16   activités en Bosnie centrale vous avez pratiquement travaillé au sein de

 17   toutes les équipes qui travaillaient depuis le CR de Zenica ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Pas tout à fait dans toutes les équipes.

 19   Par exemple, je n'ai pas été concerné par Mostar ou Tuzla. Mais je

 20   couvrais les zones susmentionnées.

 21   M. Scott (interprétation). - Lorsque vous avez commencé à travailler pour

 22   la MCCE, est-ce qu'on vous a formé à ce que vous alliez faire sur le

 23   terrain ? Est-ce que la MCCE vous a fait part de sa mission ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 25   M. Scott (interprétation). - Et dans ce cadre, lorsqu'on vous a briefé,


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  1   est-ce qu'on vous a expliqué que le dirigeant politique principal de la

  2   Bosnie-Herzégovine, c'était Dario Kordic ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  4   M. Scott (interprétation). - Et cela, c'était l'évaluation officielle de

  5   la MCCE ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  7   M. Scott (interprétation). - Est-ce que, dans le cadre de cette formation,

  8   on vous a dit également que le commandant militaire du HVO de Bosnie

  9   centrale, dans la zone opérationnelle, était le colonel Tihomir Blaskic ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - Pourriez-vous dire aux Juges si c'est bien de

 12   cette façon-là qu'on vous avait formé ou informé au début de votre

 13   mission ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 15   M. Scott (interprétation). - Et puis, lorsque vous avez commencé à

 16   travailler sur le terrain, avez-vous pensé que cette évaluation était

 17   correcte ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 19   M. Scott (interprétation). - Dans le cadre de cette information, vous a-t-

 20   on dit que les forces croates de Bosnie, les forces du HVO à l'époque,

 21   étaient mieux armées, du moins à ce moment-là, étaient mieux équipées que

 22   les forces de l'armée Bosnie-Herzégovine ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'était vrai au début.

 24   M. Scott (interprétation). - Est-ce que ceci correspondait bien aux

 25   observations que vous aviez recueillies sur le terrain, à savoir que vous


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  1   constatiez que le HVO en général était mieux équipé, mieux armé que les

  2   forces musulmanes ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  4   M. Scott (interprétation). - Fort de votre expérience précédente, de votre

  5   formation dans l'armée danoise et de votre spécialisation dans le

  6   renseignement, est-ce que vous avez compris que la formation, la tactique,

  7   la doctrine militaire du bloc soviétique ou du pacte de Varsovie

  8   s'appliquait aux forces militaires de l'ex-Yougoslavie ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 10   M. Scott (interprétation). - S'agissant de la filière de commandement et

 11   de contrôle, s'agissant des ressorts de responsabilité, s'agissant des

 12   communications, des doctrines de combat que ces forces semblaient

 13   appliquer dans la pratique, la doctrine et la formation de l'ex-bloc

 14   soviétique ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire que dans l'ex-

 17   Yougoslavie jusque tout du moins en 1991, tous les hommes -et je voulais

 18   vous demander exactement quel âge ils devaient avoir, mais je le ferai

 19   dans un moment-, que tous les hommes devaient faire 12 mois de service

 20   dans la JNA ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 22   M. Scott (interprétation). - Quel âge devaient avoir les jeunes hommes ?

 23   Ou à partir de quel âge devaient-ils faire leur service : de 18 ans, de

 24   19 ans ?

 25   M. Baggesen (interprétation). - En général, à l'âge de 18 ans, mais je ne


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  1   sais pas exactement ce qu'il en était.

  2   M. Scott (interprétation). - A votre avis, est-ce que la plupart de ces

  3   hommes que vous avez rencontrés en Bosnie au moment où arrive

  4   l'année 1993, que la plupart des hommes qui avaient plus de 20 ans avaient

  5   déjà reçu une formation militaire ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - Oui, parce qu'ils avaient servi dans la

  7   JNA.

  8   M. Scott (interprétation). - Ces hommes auraient été formés dans le droit

  9   fil de la doctrine militaire et de la tactique soviétique ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - Est-ce que, d'après vous, à partir du

 12   printemps 1993 le HVO était déjà beaucoup plus une armée régulière,

 13   standard, que ce n'était le cas pour l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - Oui, parce que la plupart des soldats

 15   avaient déjà servi dans la JNA auparavant, ce qui veut dire qu'ils

 16   utilisaient le même matériel et aussi la même tactique.

 17   M. Scott (interprétation). - Début du printemps 1993, comment avez-vous

 18   jugé ou jaugé l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - Pour moi, l'armée de Bosnie-Herzégovine

 20   était une armée défaite à l'époque.

 21   M. Robinson (interprétation). - Mais les soldats de l'armée de Bosnie-

 22   Herzégovine n'avaient pas été eux aussi formés dans la JNA, tout comme

 23   l'avaient été les soldats qui à ce moment-là faisaient partie du HVO ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est vrai mais ils ne disposaient

 25   pas du matériel parce que, lorsque la JNA -comment dire ?- a cessé


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  1   d'exister en 1991, l'armée des Serbes de Bosnie, le HVO se sont emparé de

  2   l'essentiel du matériel qui appartenait autrefois à la JNA. Mais je pense

  3   effectivement que les Musulmans avaient la même formation, mais ne

  4   disposaient pas du même équipement, du même matériel.

  5   M. Robinson (interprétation). - Merci.

  6   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire que, fort de votre

  7   expérience militaire, professionnelle et des expériences acquises en

  8   Bosnie centrale entre le 2 avril et le 1er juillet 1993, le colonel

  9   Blaskic était le soldat de carrière le plus haut placé et chargé,

 10   responsable des forces armées militaires du HVO en Bosnie centrale ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 12   M. Scott (interprétation). - La zone opérationnelle de Bosnie centrale du

 13   HVO reprenait les municipalités de Busovaca, Vitez, Travnik, Novi Travnik,

 14   Kiseljak Visoko, Kakanj, Fojnica, Krecevo, Gornji Vakuf, Vares et une

 15   partie de Zenica ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Ceci est vrai en avril 1993.

 17   M. Scott (interprétation). - Toujours sur ces points, pourrait-on montrer

 18   au témoin la pièce 579 ? En l'absence d'objection, pourquoi ne pourrait-on

 19   pas remettre la pile de documents au témoin, cela fera moins de

 20   déplacements pour l'huissier ?

 21   M. le Président (interprétation). - Cela semble relever du bon sens.

 22   Pourrait-on remettre au témoin toutes les pièces ?

 23   M. Scott (interprétation). - Je remarque qu'il y a des gens qui sont dans

 24   la galerie du public, et il serait peut-être utile de placer ces pièces à

 25   conviction sur le rétroprojecteur pour leur bénéfice ainsi que pour les


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  1   personnes qui regardent les moniteurs ? Monsieur le Témoin, est-ce que

  2   vous avez sous les yeux la pièce à conviction n° 579 ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  4   M. Scott (interprétation). - Par rapport à ce que vous venez de nous dire,

  5   ceci semble être un ordre de Tihomir Blaskic en date du 30 mars 1993. Il

  6   s'agit de nommer un certain nombre d'officiers du HVO dans la brigade de

  7   Bobovac, à Vares. Le voyez-vous ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - A titre d'exemple, le premier, c'est le chef

 10   du quartier général de la brigade, le deuxième le responsable du

 11   renseignement, la troisième personne nommée est celle qui est responsable

 12   des unités de la défense antiaérienne ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - Ceci entre dans le cadre de votre évaluation,

 15   à savoir que les responsabilités du colonel Blaskic s'étendaient jusqu'à

 16   la zone de Vares ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est vrai.

 18   M. Scott (interprétation). - En résumé, sur la base du briefing que vous

 19   avez reçu et de votre expérience sur le terrain, est-ce que vous diriez

 20   que le HVO était une armée bien organisée et que le colonel Blaskic

 21   commandait une armée qui était fort bien organisée ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est l'apparence que cela donnait.

 23   M. Scott (interprétation). - D'après votre expérience, est-il exact que

 24   celui qui était alors le colonel Blaskic était obéi de ses subordonnés

 25   lorsqu'il donnait des ordres ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  2   M. Scott (interprétation). - A titre d'exemple, est-il exact qu'au cours

  3   de votre mission dans la MCCE il vous est arrivé de passer des points de

  4   contrôle du HVO ? Est-il exact que lorsque vous aviez un ordre écrit du

  5   colonel Blaskic vous n'aviez pas de problème pour passer ce point de

  6   contrôle ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - En effet, si nous avions un ordre écrit,

  8   nous n'avions aucun problème.

  9   M. Scott (interprétation). - Je vais maintenant vous renvoyer à la date

 10   suivante : le 14 mai 1993. Dans le cadre de votre mission, vous avez

 11   rencontré des personnes du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine à

 12   Travnik. Dans le cadre de cette réunion, est-il exact, monsieur, que l'un

 13   des représentants du HVO vous a fourni une liste des différentes brigades,

 14   la structure de commandement dans la zone opérationnelle de Bosnie

 15   centrale ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 17   M. Scott (interprétation). - Je vais maintenant vous demander de vous

 18   référer à la pièce à conviction 863, s'il vous plaît. Il s'agit d'une

 19   liste en anglais. Savez-vous si c'est une traduction en anglais du

 20   document qui vous a été donné par l'officier du HVO ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui. C'est une liste et, là, c'est la

 22   traduction de mon interprète.

 23   M. Scott (interprétation). - Pour que nous comprenions bien de quoi il

 24   s'agit, en haut de la page, je m'excuse du fait que la photocopie a été

 25   mal faite, et la partie gauche n'est donc pas très lisible. Mais nous


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  1   n'avons pas trouvé de meilleure photocopie. En tout cas, le dirigeant du

  2   HVO dans la zone opérationnelle -puisqu'en haut à gauche, dans le deuxième

  3   carré, il faut lire "OZMB - Zone opérationnelle de Bosnie centrale"- donc

  4   le commandant était le colonel Tihomir Blaskic ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  6   M. Scott (interprétation). - On vous a donné ses coordonnées ainsi que la

  7   localisation de son quartier général ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - Donc, son quartier général se trouvait à

 10   l'Hôtel Vitez ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 12   M. Scott (interprétation). - Sur la base de votre expérience sur le

 13   terrain, est-ce que cela a été confirmé ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 15   M. Scott (interprétation). - Autre exemple sur la base de cette liste :

 16   5ème ligne à gauche. Au sujet de la brigade de Vitez, on peut lire que

 17   c'est M. Mario Cerkez qui commandait cette brigade ; on peut voir son

 18   numéro de téléphone qui vous a été communiqué, et l'on voit que son

 19   quartier général se trouvait dans le cinéma de Vitez ? Est-ce que voyez ce

 20   à quoi je fais référence ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 22   M. Scott (interprétation). - Un autre exemple pour finir : la brigade de

 23   Busovaca, juste en dessous. On voit que le commandant était Dusko

 24   Grubesic, que son quartier général se trouvait dans un endroit qui

 25   s'appelle Sumarija : c'est l'administration des forêts ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est exact.

  2   M. Scott (interprétation). - A votre connaissance, tous ces commandants de

  3   brigade, en dessous de la première ligne, étaient-ils placés sous les

  4   ordres du colonel Tihomir Blaskic ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  6   M. Scott (interprétation). - Cela comprend également la brigade du HVO à

  7   Kiseljak ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - A titre d'exemple, au milieu de la page, on

 10   peut voir la brigade Jelasic, qui était le HVO tel qu'il était représenté

 11   à Kiseljak. Est-ce bien exact ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 13   M. Scott (interprétation). - Sur la base de votre expérience sur le

 14   terrain et des informations qu'on vous a communiquées, pouvez-vous nous

 15   dire qui était le dirigeant politique le plus puissant, à votre avis, en

 16   Bosnie centrale pendant le temps que vous y avez passé ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - On nous l'a dit au début et, plus tard, je

 18   l'ai constaté moi-même : on nous a donc dit que c'était M. Kordic.

 19   M. Scott (interprétation). - C'était d'ailleurs plus que votre simple

 20   opinion, n'est-ce pas ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 22   M. Scott (interprétation). - C'était l'évaluation officielle de la MCCE ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 24   M. Scott (interprétation). - Pouvez-vous nous faire part de vos

 25   observations sur les relations de travail qui existaient entre M. Kordic


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  1   et le colonel Blaskic ? Qu'en avez-vous vu ?

  2   M. Sayers (interprétation). - Objection à cette question, puisque cette

  3   question n'a pas de base concrète. Nous ne savons pas, par exemple, si le

  4   témoin a effectivement vu M. Kordic et M. Blaskic travailler ensemble.

  5   M. le Président (interprétation). - Eh bien, nous allons le découvrir

  6   lorsque le témoin répondra à la question. Monsieur le Témoin ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - Oui, j'ai vu plusieurs fois M. Kordic et

  8   le colonel Blaskic ensemble.

  9   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez vu M. Kordic portant un

 10   uniforme ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Parfois il portait un uniforme, parfois il

 12   était habillé en civil, parfois il portait un peu des deux.

 13   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire si vous avez

 14   vu MM. Kordic et Blaskic ensemble, au quartier général du HVO à Vitez, par

 15   exemple ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Oui, je les ai vus.

 17   M. Scott (interprétation). - Et pendant votre mission en Bosnie centrale ?

 18   M. Bennouna. – Je vous interromps une seconde. Le témoin nous dit qu'il a

 19   vu M. Dario Kordic en uniforme. Quel type d'uniforme ? Est-ce qu'il peut

 20   se rappeler quel type d'uniforme et s'il y avait des insignes sur cet

 21   uniforme ?

 22   M. Scott (interprétation). - Pouvez-vous répondre à la question ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Lorsque Kordic était en uniforme, il

 24   portait le même uniforme que les autres soldats. Je ne me souviens pas

 25   avoir vu un insigne particulier, je ne me souviens pas s'il avait des


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  1   galons sur son uniforme ; je ne m'en souviens pas.

  2   M. Scott (interprétation). - Pour poursuivre sur la question que je vous

  3   posais, est-ce que, pendant votre mission en Bosnie centrale, vous avez vu

  4   à plusieurs reprises MM. Kordic et Blaskic ensemble ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  6   M. Scott (interprétation). - Dans le cadre de votre mission sur le

  7   terrain, est-ce que vous saviez comment les médias croates locaux de

  8   Bosnie présentaient M. Kordic ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Ils le présentaient comme le dirigeant

 10   politique de la région, et souvent, dans les journaux ou aux informations,

 11   on parlait de lui. Au niveau local.

 12   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez rencontré un dirigeant

 13   croate de Bosnie du nom de Pero Skopljak ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 15   M. Scott (interprétation). - Et est-ce que M. Skopljak vous a fait une

 16   déclaration au sujet du rôle de M. Kordic en Bosnie centrale ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - A la fin de mon séjour en Bosnie, j'ai

 18   rencontré M. Skopljak ; j'ai travaillé avec lui et il m'a dit que

 19   M. Kordic était le dirigeant politique de la Bosnie centrale.

 20   M. Scott (interprétation). - Et sur la base de ces observations et sur la

 21   base de votre expérience, peut-on, pouvez-vous dire que MM. Kordic et

 22   Blaskic étaient les dirigeants principaux du HVO en Bosnie centrale ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est exact.

 24   M. Scott (interprétation). - Dans le cadre de votre formation dans l'armée

 25   danoise, est-ce que vous avez reçu une formation particulière dans le


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  1   domaine des transmissions, des communications ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  3   M. Scott (interprétation). - On peut le voir à l'insigne que vous portez à

  4   droite de votre uniforme, sur votre poitrine, n'est-ce pas ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  6   M. Scott (interprétation). - Est-il exact que le HVO contrôlait les

  7   communications téléphoniques, les installations des PTT ou du téléphone

  8   dans les zones de Vitez, Travnik et Busovaca ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 10   M. Scott (interprétation). - Avez-vous constaté que les organisations du

 11   HVO, en Bosnie centrale, étaient en mesure de communiquer par le biais

 12   d'un réseau de téléphone et par le biais des télécopieurs ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - Est-il exact, commandant, qu'à plusieurs

 15   reprises vous avez pu constater que les systèmes de communication dont

 16   disposait le HVO, vous avez vu les antennes, les équipements radio, les

 17   opérateurs, les télécopieurs dont ils disposaient ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 19   M. Scott (interprétation). - Vous avez pu constater qu'ils communiquaient

 20   par le biais d’émetteurs radio sur le terrain ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 22   M. Scott (interprétation). - Vous avez même été présent lorsque ces

 23   réseaux fonctionnaient aussi bien au quartier général du HVO à Vitez que

 24   dans d’autres quartiers généraux ?

 25   M. Baggesen (interprétation). - Oui. En fait, ils n'aimaient pas tellement


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  1   que nous voyons qu'ils disposaient de ce type d'équipement. Mais à

  2   différentes reprises, nous avons été en mesure de le constater.

  3   M. Scott (interprétation). - Pourquoi nous dites-vous qu'ils ne

  4   souhaitaient pas vraiment que vous regardiez, voyiez qu’ils avaient des

  5   installations de transmission ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - C'est normal dans toutes les armées, on ne

  7   souhaite pas montrer aux autres parties au conflit, ou autres parties, les

  8   équipements radio plus ou moins sophistiqués dont on dispose.

  9   M. Scott (interprétation). - Est-il exact qu’en plus de toutes ces

 10   installations de communication dont vous venez de nous parler, que le HVO

 11   disposait d'installations, de centres de communication plus sophistiqués

 12   que vous n'avez pas été en mesure de voir ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - Est-ce qu'au cours de votre mission en Bosnie

 15   centrale, est-ce qu’à un moment donné la compagnie de téléphone à Zenica a

 16   souhaité remettre en fonctionnement la ligne téléphonique entre Zenica et

 17   Sarajevo, cette ligne ayant été coupée à Kiseljak ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 19   M. Scott (interprétation). - Est-il exact que vous vous êtes rendu au

 20   bureau des PTT à Kiseljak qui était sous le contrôle du HVO ? Vous avez

 21   localisé le responsable des PTT, l’ingénieur des PTT, à Krecevo, et il

 22   vous a dit que les lignes téléphoniques avaient été endommagées par des

 23   bombardements ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 25   M. Scott (interprétation). - Est-il exact que cet ingénieur des PTT vous a


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  1   dit qu'il serait assez aisé de réparer les lignes téléphoniques, qu'il

  2   suffisait pour cela d'avoir un ordre écrit du colonel Blaskic ou de Vinko

  3   Lusic, commandant de la police militaire du HVO à Kiseljak ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

  5   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez eu l'occasion de

  6   rencontrer le responsable des bureaux des PTT de Kiseljak qui vous a dit

  7   la même chose, à savoir que la ligne était coupée suite à des pilonnages ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - Il vous a dit qu'il ne voyait aucune raison

 10   pour laquelle on devait réparer cette ligne, parce qu'il n'était pas

 11   nécessaire pour Zenica d'entrer en contact avec Sarajevo ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 13   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire qu’à l’époque, à Zenica,

 14   la majorité de la population était musulmane et à Sarajevo, ville

 15   assiégée, la population était en majorité musulmane également ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 17   M. Scott (interprétation). - Avez-vous eu l’occasion, monsieur, de faire

 18   une enquête sur le pilonnage prétendu de l’immeuble des PTT de Kiseljak,

 19   ce qui vous a amené à constater qu’en effet, il y avait eu des dégâts sur

 20   les lignes téléphoniques ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui, nous sommes allés à l'immeuble des

 22   PTT, nous avons en effet constaté qu'il y avait des dégâts. L'immeuble

 23   présentait des impacts, mais des impacts mineurs qui n'expliquaient pas du

 24   tout que les lignes téléphoniques aient été coupées. Nous en avons conclu,

 25   nous étions convaincus tout bonnement que les lignes téléphoniques avaient


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  1   été coupées pour empêcher les Musulmans d'établir des contacts entre

  2   Zenica et Sarajevo.

  3   M. Scott (interprétation). - Je vais vous demander de vous référer à la

  4   pièce à conviction 858.3, s’il vous plaît ? S'agit-il d'une photocopie de

  5   votre rapport quotidien du 1er mai 1993 ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  7   M. Scott (interprétation). - Si on regarde les paragraphes 1 et 2, on peut

  8   voir ce que vous avez entrepris dans le cadre de ce centre de

  9   télécommunications de Kiseljak et de l'immeuble des PTT de Kiseljak ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est exact.

 11   M. Scott (interprétation). - En tant qu'officier de carrière, en tant que

 12   spécialiste des transmissions, pouvez-vous nous dire sur la base de votre

 13   expérience et de vos observations si les officiers, les forces du HVO et

 14   les Croates de Bosnie disposaient de systèmes de communication très

 15   efficaces en 1993 et étaient en mesure de communiquer avec les différentes

 16   composantes de leurs forces lorsqu'ils le souhaitaient ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Oui, ils pouvaient même utiliser les

 18   lignes téléphoniques classiques.

 19   M. Scott (interprétation). - Avez-vous constaté que les lignes

 20   téléphoniques de la MCCE étaient écoutées par les forces du HVO ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Non, pas à Zenica, mais nous avions un

 22   autre quartier général, à Vitez, près du Bataillon britannique et nous

 23   utilisions, lorsque nous nous y trouvions, les lignes téléphoniques

 24   classiques à Vitez. Parfois, nous pouvions utiliser les lignes et parfois

 25   non. Un Croate nous a dit, un interprète croate nous a dit que si,


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  1   parfois, les lignes téléphoniques étaient coupées c'est parce qu'il n'y

  2   avait personne à l'immeuble des PTT qui était capable de comprendre

  3   l'anglais. C'est pour cela qu’à ce moment-là on nous coupait notre ligne

  4   téléphonique. Nous ne nous basions que sur ce que nous avait dit cet

  5   interprète croate.

  6   M. Scott (interprétation). - Je comprends.

  7   M. Baggesen (interprétation). - Mais c'est une procédure habituelle.

  8   M. Scott (interprétation). - Et la raison pour laquelle il devait y avoir

  9   quelqu'un qui comprenait l'anglais, c'était pour écouter vos

 10   conversations ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Oui

 12   M. Scott (interprétation). - En fait, finalement, la politique officielle

 13   de la MCCE était de ne pas parler d'informations confidentielles lorsqu'on

 14   utilisait les lignes de téléphone fixes ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - C'était une procédure habituelle.

 16   M. Scott (interprétation). - Dans le cadre de votre travail en Bosnie

 17   centrale, lorsque vous vous rendiez sur les points de contrôle du HVO,

 18   dans les centres de communication du HVO, avez-vous constaté qu'on avait

 19   prévenu à l'avance de votre arrivée les gens qui étaient dans les endroits

 20   que vous visitiez ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Lorsqu'on allait par exemple rendre

 22   visite à un commandant de brigade, il apparaissait très clairement qu’il

 23   s’attendait à notre venue. La seule raison pour laquelle ils auraient pu

 24   le savoir était que quelqu'un leur ait dit qu'on allait venir.

 25   M. Scott (interprétation). - Je vais passer quelques instants à parler de


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  1   la commission mixte de Busovaca. Lorsque vous êtes arrivé à Zenica, au

  2   début avril 1993, êtes-vous devenu membre de cette commission mixte de

  3   Busovaca ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  5   M. Scott (interprétation). - Vous a-t-on donné des informations sur cette

  6   commission ? Est-ce que la personne qui vous a donné ces informations

  7   était Eric Friis-Pedersen, un autre observateur danois de la MCCE ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui. A l’époque, c'était lui qui présidait

  9   la commission mixte de Busovaca.

 10   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire que l'objectif de la

 11   commission mixte formée par la Forpronu, le MCCE, le HVO et l'armée de

 12   Bosnie-Herzégovine, en 1993, était d'essayer de résoudre les problèmes et

 13   les conflits qui opposaient les Croates et les Musulmans dans cette zone

 14   de Bosnie centrale ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. Scott (interprétation). - En fait, l'objectif était de mettre un terme

 17   au conflit armé qui avait débuté à la fin janvier 1993 ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 19   M. Scott (interprétation). - Est-ce que l'objectif était de résoudre les

 20   difficultés, de mettre en place un climat de confiance pour que le climat

 21   soit plus pacifique dans la région ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 23   M. Scott (interprétation). - Je vais vous demander de vous référer à la

 24   pièce 512.

 25   M. le Président (interprétation). - Lorsque vous serez arrivé à un moment


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  1   opportun, vous pourrez peut-être faire une pause ?

  2   M. Scott (interprétation). - Dans quelques minutes. Monsieur le Témoin,

  3   s'agit-il d'un document relatif à cette commission mixte de Busovaca, la

  4   charte de cette commission ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  6   M. Scott (interprétation). - Nous n'allons pas entrer dans les détails, je

  7   vais juste vous demander de vous référer à la deuxième page. L'une des

  8   personnes qui a joué un rôle très important dans la mise en place de cette

  9   commission, c'était le colonel Stewart ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - Et maintenant si nous regardons la dernière

 12   page, -nous y reviendrons après la pause, mais puisque nous avons le

 13   document sous les yeux, profitons-en-, est-ce que l'on peut dire donc,

 14   qu'à tous les niveaux de cette structure globale, on trouvait un

 15   représentant de la MCCE, parfois si la zone y correspondait, un

 16   représentant du Britbat, et il y avait toujours un représentant du HVO et

 17   un représentant de l'armée de Bosnie-Herzégovine ? C'est bien exact ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est exact.

 19   M. Scott (interprétation). - Maintenant, si on descend et si on arrive au

 20   niveau des équipes, les équipes 1, équipe 2 : qu'est-ce que c'étaient que

 21   ces équipes ? Par exemple, l'équipe 1 : qu'est-ce qu'elle faisait

 22   quotidiennement, cette équipe ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Généralement, lorsque nous avions une

 24   réunion de la commission, on commençait à 7 heures du matin, à la... Cela

 25   se passait à Vitez, dans notre quartier général de Vitez. On parlait de ce


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  1   qui s'était produit, on faisait un tour de table pour savoir ce qui

  2   s'était passé au cours des 24 dernières heures. Chacun des participants

  3   disait ce qui s'était passé.

  4   Ensuite, on formait deux, voire trois équipes. On se rendait sur la place,

  5   à l'endroit où l'incident allégué avait eu lieu, et puis on essayait de

  6   voir ce qui s'était passé.

  7   Parfois, le HVO, par exemple, nous disait qu'un massacre avait eu lieu

  8   dans un village. Alors à ce moment-là on se rendait dans ce village pour

  9   voir si c'était bien exact ou s'il s'agissait d'une simple rumeur. Parfois

 10   c'était exact et parfois il s'avérait que cela avait été uniquement une

 11   rumeur, mais notre mission, donc, était de nous rendre sur place pour voir

 12   ce qui s'y était passé pour essayer de rassembler des faits.

 13   Si c'était une rumeur, à ce moment-là nous essayions de communiquer cette

 14   information à la population locale pour calmer les esprits, qui souvent

 15   étaient un petit peu anxieux.

 16   M. Scott (interprétation). - Fort bien, je peux m'arrêter ici dans mon

 17   interrogatoire.

 18   M. le Président (interprétation). - Fort bien, nous allons faire une pause

 19   très brève de dix minutes.

 20   (L'audience, suspendue à 11 heures 55, est reprise à 12 heures 11.)

 21   M. le Président (interprétation). - Oui, Maître Scott, poursuivez.

 22   M. Scott (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. On nous a

 23   demandé de parler un peu plus lentement. Puisque c'est moi qui parlais

 24   essentiellement, c'est sans doute de ma faute. Mais ménageons des pauses

 25   entre les questions et les réponses ; essayons de le faire tout du moins.


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  1   M. Baggesen (interprétation). - D'accord.

  2   M. Scott (interprétation). - Nous parlions de la commission mixte de

  3   Busovaca. Est-il exact de dire… Pour que tout le monde examine bien le

  4   même point, je précise que nous parlons ici du paragraphe 65 du résumé.

  5   Est-il exact de dire que le dirigeant habituel de la délégation du HVO

  6   était Franjo Nakic, adjoint au commandant, le colonel Blaskic, pour la

  7   zone opérationnelle de Bosnie centrale, pour le HVO, bien sûr ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - Et que, d'habitude, le chef de la délégation

 10   de l'armée de Bosnie-Herzégovine était Dzemal Merdan, commandant adjoint

 11   du 3ème Corps d'armée de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 13   M. Scott (interprétation). - Si j'ai bien compris la genèse de cette

 14   commission, au départ, elle était située à Busovaca. Par la suite, elle

 15   s'est déplacée sur Vitez, surtout à cause de la présence du Britbat à

 16   Vitez ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 18   M. Scott (interprétation). - Et, au départ, elle était située à Busovaca.

 19   Par la suite, elle s'est déplacée sur Vitez, surtout à cause de la

 20   présence du Britbat à Vitez ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 22   M. Scott (interprétation). - Avant la pause, vous avez dit que vous aviez

 23   des réunions quotidiennes, tôt le matin, et que l'une ou l'autre

 24   délégation, ou l'une et l'autre délégations faisaient part de

 25   protestations après ce qu'ils affirmaient avoir été des incidents et qu'il


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  1   y avait des commissions chargées d'enquêter sur ces allégations ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  3   M. Scott (interprétation). - Et, en ce cas particulier, en général, ce qui

  4   se passait, c'est que ces équipes qui se composaient de contrôleurs de la

  5   MCCE, de Dzemal Merdan pour l'armée de Bosnie-Herzégovine, de Nakic pour

  6   le HVO et de l'interprète, que ces équipes se rendaient sur place pour

  7   mener une enquête ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez eu le sentiment que

 10   M. Merdan avait davantage d'autorité, de pouvoir en matière de décision et

 11   qu'il n'avait pas besoin de recevoir des instructions supplémentaires de

 12   ses supérieurs hiérarchiques ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Exact.

 14   M. Scott (interprétation). - Et de l'autre côté, l'autre face de la

 15   médaille, c'était un peu, d'après vous,…

 16   M. le Président (interprétation). - Un instant. Si j'ai bien compris, ceci

 17   portait litige ?

 18   M. Scott (interprétation). - Je pensais que c'était le 69, mais je peux me

 19   tromper.

 20   M. le Président (interprétation). - Le 69, oui. Mais nous estimons qu'à

 21   partir d'ici déjà, il y a contestation de la part de la défense.

 22   M. Scott (interprétation). - D'accord. Pourriez-vous dire aux Juges,

 23   s'agissant de la participation des représentants de l'armée de Bosnie-

 24   Herzégovine et de ceux du HVO, si l'équipe voulait se rendre dans des

 25   installations du HVO ou dans un endroit contrôlé par le HVO, en général,


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  1   que devait faire M. Nakic ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Souvent, il fallait passer par le quartier

  3   général du HVO, à l'hôtel Vitez, pour obtenir un ordre du colonel Blaskic,

  4   ordre nous permettant de nous rendre à cet endroit précis. C'était vrai la

  5   plupart du  temps. Et de l'autre côté, si l'on allait dans un territoire

  6   occupé par l'armée de Bosnie-Herzégovine, en général, il n'y avait aucun

  7   problème : il suffisait d'avoir parmi nous la présence de M. Merdan.

  8   M. Scott (interprétation). - Au cours de votre mission en Bosnie centrale,

  9   avez-vous eu connaissance de l'existence de ce qu'on a appelé le plan

 10   Vance-Owen ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 12   M. Scott (interprétation). - Je saute au paragraphe 73, Monsieur le

 13   Président. Est-ce que vous étiez depuis quelques semaines en Bosnie

 14   centrale quand vous avez reçu, vous mais aussi le CR de Zenica, donc le

 15   reste du personnel, est-ce que vous avez été informé de l'existence de ce

 16   plan Vance-Owen ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 18   M. Scott (interprétation). - Et vous avez reçu des informations sur ce

 19   point de la part de l'ambassadeur Thébault ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 21   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire -et je sais que nous

 22   pourrions entrer davantage dans le détail sur ceci- que la base de ce plan

 23   Vance-Owen, c'était que la République de la Bosnie Bosnie-Herzégovine

 24   serait divisée en une série de provinces ou cantons, et serait assigné

 25   pour ainsi dire à l'administration du groupe ethnique majoritaire dans les


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  1   cantons ou provinces respectifs ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

  3   M. Scott (interprétation). - Et il a été proposé qu'il y aurait dix

  4   provinces. Ici, j'examine le paragraphe 74. J'essaie d'éviter les

  5   questions qui dirigent trop l'interrogatoire : c'est pourquoi je passe

  6   d'un paragraphe à l'autre. Mais, apparemment, il y avais dix cantons ou

  7   provinces qui avaient été proposés ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

  9   M. Scott (interprétation). - Veuillez examiner la pièce 2574.

 10   (Le témoin s'exécute.)

 11   M. Scott (interprétation). - La pièce 2574 est une carte.

 12   Commandant, la pièce 2574 est-elle une copie de cette carte de Bosnie-

 13   Herzégovine que vous avez copiée d'un journal croate de Bosnie, au cours

 14   de votre séjour de votre mission dans le pays ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Je ne sais pas si c'était un journal

 16   croate de Bosnie. Je l'ai peut-être pris d'un journal de Bosnie-

 17   Herzégovine.

 18   M. Scott (interprétation). - Donc d'un journal local ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 20   M. Scott (interprétation). - On constate qu'il y a pas mal de lignes

 21   noires, en gras. Est-ce que celles-ci délimitent les provinces ou

 22   cantons ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Exactement. Ce sont les frontières entre

 24   ces différents cantons.

 25   M. Scott (interprétation). - Et, à gauche, on voit toute une série de


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  1   cases, de noms. Est-ce que ce sont là les provinces numérotées et, tout du

  2   moins, les noms proposés à une certaine époque pour chacune de ces

  3   provinces ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  5   M. Scott (interprétation). - Nous allons commencer par le bas de cette

  6   liste. La province 10 serait appelée celle de Travniska ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Travniska.

  8   M. Scott (interprétation). - Je m'excuse de la mauvaise qualité de cette

  9   photocopie. On voit, vers la Bosnie centrale, le n° 10 ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - Et ceci était censé devenir la province de

 12   Travniska ou le canton de Travniska, de Travnik ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - Voyons le n° 8. Il devait y avoir une

 15   province de Mostarska, de Mostar ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 17   M. Scott (interprétation). - Et, d'après ce que vous avez compris, est-ce

 18   que vous pensiez que les cantons 8 et 10, dans le cadre de ces

 19   négociations portant sur le plan Vance-Owen, est-ce que ces provinces

 20   étaient censées devenir des provinces croates ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 22   M. Scott (interprétation). - Pour que le compte rendu soit clair, il

 23   devait y avoir une troisième province pour les Croates de Bosnie, c'était

 24   la n 3 qui se trouve plus vers le nord de la République. C'est le canton

 25   n° 3, ceci est précisé


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  1   Est-ce que ce sont vos notes ? Est-ce que ce sont vos propres annotations

  2   au regard de chacune de ces provinces pour déterminer quelle est la

  3   composition ethnique ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Au départ, ceci était en noir et blanc, et

  5   j'ai demandé à mon interprète de colorier tout ceci pour me donner une

  6   idée de la composition démographique des différentes provinces. Vous le

  7   voyez, la province n° 10, la province n° 8 et la 3 sont des populations

  8   mixtes. Cela veut dire que la majorité est constituée par les Croates de

  9   Bosnie et qu'il y a une minorité de Musulmans, éventuellement, ou dans les

 10   autres il y a une majorité de Musulmans et peut-être de Serbes.

 11   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire que la province n° 10

 12   pourrait inclure les municipalités suivantes, nous parlons donc du

 13   paragraphe 77 : il y aurait Vitez, Travnik, Gornji Vakuf, Donje Vakuf,

 14   Jajce, Fojnica, Bugojno, Kupres, Duvno et Livno ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. Scott (interprétation). - A l'examen de la carte, est-il exact de dire

 17   que les cantons 10 et 8 étaient limitrophes au sud et à l'ouest avec la

 18   République de Croatie ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

 20   M. Scott (interprétation). - Parlons de la province n°9, et on a décrit

 21   ici cette province comme étant celle de Zenicka. Ici, elle est indiquée

 22   comme étant une province à composition démographique mixte musulmane.

 23   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

 24   M. Scott (interprétation). - Vous avez reçu des informations, des

 25   instructions sur le plan Vance-Owen, et vous avez pu examiner ce type de


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  1   carte. Est-ce que vous, parmi d'autres de la MCCE, ne craigniez pas que ce

  2   plan Vance-Owen renforce en courage à la division ethnique, plutôt que de

  3   permettre l'établissement de la paix ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Officiellement, le plan Vance-Owen était

  5   bon. Mais nombreuses étaient les personnes qui n'y étaient pas favorables

  6   car elles craignaient que ce plan ne pourrait faire que raviver les

  7   conflits et les problèmes dans cette région.

  8   M. Scott (interprétation). - Vers la fin de votre mission, fin juin début

  9   juillet 1993, comment avez-vous évalué la situation ? Ne pensiez-vous pas

 10   -c'est du moins ce que beaucoup de parties pensaient- que ce plan avait

 11   contribué à la recrudescence des tensions en Bosnie centrale ?

 12   M. Sayers (interprétation). - Je pense que ceci est une façon très subtile

 13   de s'aventurer dans le domaine politique.

 14   M. le Président (interprétation). - Mais là on y avance à pas feutrés.

 15   M. Scott (interprétation). - Je dirais que ceci se fait dans le cadre du

 16   rôle joué par la MCCE et le rôle joué par les officiers de liaison sur le

 17   terrain.

 18   M. le Président (interprétation). - La meilleure façon de régler une

 19   question portant litige, c'est de poser la question au témoin, de lui

 20   demander ce qui s'est passé, de lui demander de nous dire, à nous, de

 21   façon tout à fait factuelle, ce qu'il en est, sans exprimer d'avis,

 22   d'opinion. Car l'essentiel du litige devrait faire l'objet d'une décision

 23   des Juges au vu des moyens présentés. Il faudra déterminer les motivations

 24   de chacun des protagonistes.

 25   M. Scott (interprétation). - Tout à fait. Tenons-nous en aux faits.


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  1   Examinez une fois de plus la pièce 2574.

  2   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  3   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire que si l'on voit les

  4   frontières délimitant les provinces 10 et 9, il y a une frontière

  5   commune ? Et l'on voit ce territoire qui fait l'objet de beaucoup de

  6   discussions dans le cadre de ce procès ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

  8   M. Scott (interprétation). - Vous avez passé trois mois en Bosnie. Est-ce

  9   que vous avez constaté des déplacements de population entre les groupes

 10   ethniques traversant cette ligne, si vous voulez ? Et quand je parle de

 11   ligne, je parle de celle qui sépare les provinces 9 et 10 ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact, nous avons constaté ce genre

 13   de déplacements.

 14   M. Scott (interprétation). - Pourriez-vous dire en vos propres termes ce

 15   que vous avez constaté, ce que vous avez vu ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Lorsque nous avons essayé de faire

 17   appliquer ce plan, nous avons constaté qu'il y avait beaucoup de

 18   nettoyages ethniques dans cette zone. Et nous avions l'impression que le

 19   HVO voulait se débarrasser de tous les Musulmans se trouvant dans la

 20   province 10 et qu'ils voulaient avoir le plus grand nombre possible de

 21   Croates qui partent de Zenica, province 9, pour que ces Croates soient

 22   déplacés vers la province n° 10.

 23   Comme je l'ai déjà dit précédemment, ce n'était pas là qu'un avis émis par

 24   la MCCE, c'était là l'avis de la Forpronu également.

 25   M. Scott (interprétation). - A cet égard, j'aimerais vous montrer la


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  1   pièce 390.2.

  2   (L'huissier s'exécute.)

  3   J'aimerais attirer votre attention sur le deuxième paragraphe, à la

  4   première page, et j'essaie d'aider les interprètes le plus possible. Pour

  5   ce faire, je vais vous demander de lire ce deuxième paragraphe.

  6   M. Baggesen (interprétation). - Citation : "Les tensions semblent être les

  7   plus graves dans les régions. Il n'y a pas de majorité très nette de tel

  8   ou tel groupe ethnique, surtout dans une opstina particulière, et ceci

  9   entraîne des bouleversements politiques.

 10   La semaine dernière, les dirigeants politiques et militaires de la

 11   communauté croate d'Herceg-Bosna ont commencé à appliquer leur

 12   interprétation de l'accord qui a été proposée pour mettre un terme au

 13   conflit en Bosnie-Herzégovine. En fait, on a essayé de s'emparer de

 14   territoires dans les provinces 3, 8 et 10, et ceci a eu pour résultat une

 15   forte recrudescence des tensions entre les différentes communautés dans

 16   ces régions et dans les régions avoisinantes, surtout des combats à Gornji

 17   Vakuf."

 18   M. le Président (interprétation). - Quel est ce document ?

 19   M. Scott (interprétation). - C'est un rapport du commandement de la

 20   Forpronu à Kiseljak. Vous le constaterez dans la case supérieure qu'il a

 21   été signé par le général de brigade Cordy Simpson le 24 janvier 1993.

 22   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais faire acte d'une brève objection.

 23   Ce document se passe de commentaires mais, manifestement, il a été rédigé

 24   avant l'arrivée du témoin en Bosnie centrale : est-ce que ce témoin a déjà

 25   vu ce document auparavant ?


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  1   M. le Président (interprétation). - Je suis sûr que vous pourrez poser la

  2   question lors de votre contre-interrogatoire.

  3   M. Scott (interprétation). - J’enchaîne sur cette question-ci. D’après

  4   votre expérience en Bosnie centrale, cette évaluation de la situation

  5   effectivement a peut-être été entamée avant votre arrivée en Bosnie

  6   centrale, mais est-ce qu'elle corrobore l'avis non seulement de la MCCE

  7   mais aussi de la Forpronu ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

  9   M. Scott (interprétation). - J'aimerais maintenant évoquer la pièce 612.

 10   Ce document mérite un examen un peu plus long peut-être. La Chambre verra

 11   sans doute nombre de ces documents durant votre déposition. Ceci mérite un

 12   examen ou une explication un peu plus détaillée. Avez-vous cette pièce

 13   sous les yeux ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 15   M. Scott (interprétation). - Apparemment, ceci est un rapport de la MCCE.

 16   Si l'on voit la page de garde, en fait, c’est une première page de

 17   télécopie. Pourriez-vous dire pour les Juges et aux fins du compte rendu

 18   d'où vient ce rapport ? Par qui est-il rédigé et à qui est-il adressé ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - Il est rédigé par le QG de la MCCE à

 20   Zagreb. Ce dernier établissait ce rapport d’activités quotidien se fondant

 21   sur d'autres rapports qu’il avait obtenus d’autres CR, centres régionaux.

 22   Vous voyez qu’il y a un rapport du CR Zagreb, du CR Knin, du CR Zenica, CR

 23   Skopje, CR Sofia, Tirana... C'est donc un rapport composite établi à

 24   partir des différents rapports reçus à Zagreb venant des différents CR.

 25   M. Scott (interprétation). - Est-ce que l'on décrit bien la procédure


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  1   d’envoi de rapports comme suit : vous, vous étiez un observateur sur le

  2   terrain. Vous faisiez des rapports quotidiens : les rapports établis au

  3   niveau local donnaient lieu à un rapport du CR de Zenica ; chaque CR

  4   envoyait un rapport. Ces rapports étaient rassemblés ; ils étaient

  5   compilés de plus en plus à mesure que l’on montait dans la hiérarchie pour

  6   donner un rapport définitif fourni à la communauté internationale, aux

  7   diplomates ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - C’est exact.

  9   M. Scott (interprétation). - Dans ce document particulier, j'aimerais

 10   attirer votre attention sur la page 2, 2 sur 4, c'est ce que l’on voit au

 11   bas de la page 2 et intéressons-nous au paragraphe 12. S'agissant de ce

 12   paragraphe 12, je vais vous demander d’en donner lecture.

 13   M. Baggesen (interprétation). - "Le 4 avril, Mate Boban, dirigeant des

 14   Croates de Bosnie, a enjoint le président de la Bosnie-Herzégovine,

 15   Izetbegovic, à appliquer sans retard le plan de paix Vance-Owen. Selon

 16   M. Boban, ceci signifierait notamment que le retrait de l'armée musulmane

 17   de trois provinces, de ces trois provinces qui sont censées devenir

 18   croates ou encore d’accepter de se trouver sous le commandement de l'armée

 19   des Croates de Bosnie".

 20   M. Scott (interprétation). - Au moment où l'on parle des trois provinces,

 21   des trois cantons, ce sont les cantons 3, 8 et 10 ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 23   M. Scott (interprétation). - Conformément à ces documents et à votre

 24   témoignage, au cours des quelques dernières minutes, au moment où l'on a

 25   commencé à parler un peu plus sur l’application du plan Vance-Owen, lors


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  1   de vos réunions du matin, est-ce que vous avez appris que les Croates

  2   bosniens, leur comportement a pris une autre direction concernant

  3   l’application de ce plan et ce qui a été proposé à ce sujet-là ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Il nous a semblé que les Croates de Bosnie

  5   avaient éventuellement un autre point de vue concernant la mise en

  6   application de ce plan et la manière dont il fallait y procéder.

  7   Concernant le plan de paix, on sous-entendait que la population dans les

  8   provinces devaient rester mixte, par conséquent qu’ils devaient y avoir

  9   des Croates et des Musulmans. Cependant, ce que nous avons vu sur place,

 10   c’est que les Croates bosniens ont compris qu'il fallait tout simplement

 11   que ces provinces deviennent ethniquement pures, tout au moins concernant

 12   les trois provinces en question.

 13   M. Scott (interprétation). - Par conséquent, ces provinces auraient dû

 14   devenir purement ethniques ou bien plus ou moins ethniques ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. Scott (interprétation). - Entendu. Nous allons maintenant procéder plus

 17   loin. Est-il vrai que, le 12 avril 1993 à peu près, vous-même ainsi que

 18   d'autres membres du MCCE, vous avez été convoqués par le colonel Blaskic

 19   pour la célébration des Pâques, commandement du HVO de Vitez ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 21   M. Baggesen (interprétation). - Est-il vrai également que le colonel

 22   Blaskic et M. Kordic également assistaient à ces festivités ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 24   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez comment

 25   M. Kordic s’est présenté à cette époque-là ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Il s'est présenté comme vice-président du

  2   HDZ.

  3   M. Scott (interprétation). - Est-ce qu'il s’est identifié comme quelqu’un

  4   d'officiel ou à la tête d'une entité ou d’une organisation ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  6   M. Scott (interprétation). - Et de quoi ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - Il s'est présenté tout simplement comme

  8   leader politique, un dirigeant politique dans cette région.

  9   M. Scott (interprétation). - Est-ce qu'au cours de vos entretiens ou

 10   éventuellement, vous avez pu entendre parler M. Kordic au moment où il

 11   prononçait des discours sur le pays qui faisait partie intégrante de l’ex-

 12   Yougoslavie -je parle de la Bosnie-Herzégovine ? Avait-il parlé de la

 13   Bosnie-Herzégovine ou parlait-il uniquement de la communauté croate

 14   d’Herceg-Bosna ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Normalement, M. Kordic, au moment où il

 16   parlait, parlait d’Herceg-Bosna. C'est le terme qu'il utilisait.

 17   M. Scott (interprétation). - Pourriez-vous dire à la Chambre, à l'époque

 18   où il y avait la célébration des Pâques, y avait-il un événement très

 19   concret à côté de Travnik qui avait provoqué quelques perturbations ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 21   M. Scott (interprétation). - Pendant la célébration des Pâques,

 22   M. Thébault, qui était à la tête de notre mission, ne pouvait pas se

 23   rendre à la célébration, tout simplement parce qu’il était à Travnik. Et à

 24   Travnik, il y avait un certain nombre de problèmes qui concernaient le

 25   fait que les Croates avaient hissé le drapeau croate. La population à


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  1   Travnik a commencé à hisser ce drapeau croate et pas le drapeau officiel

  2   de Bosnie-Herzégovine, ce qui a commencé à créer des problèmes dans cette

  3   région.

  4   Au moment où M. l'ambassadeur Thébault s'est rendu à Travnik et a été

  5   arrêté au point de contrôle, on lui a demandé de rebrousser chemin et

  6   c'était le point de contrôle du HVO ; ils ont même pointé des armes contre

  7   lui, ils l'ont forcé à retourner, il n'a pas pu se rendre à Travnik. C'est

  8   la raison pour laquelle il était quelque peu en retard à la célébration et

  9   il était assez ému au moment où il s'est rendu à la célébration.

 10   Compte tenu du fait que nous nous voulions nous rendre à Travnik pour nous

 11   rendre compte également de ce qui se passait sur place, nous avons décidé

 12   d'y aller, étant donné que nous avons tout simplement considéré que si

 13   jamais les Croates hissent, véritablement, les drapeaux, cela pourrait

 14   créer de très grands problèmes, car à ce moment-là les Croates étaient une

 15   minorité à Travnik, il ne faut pas l'oublier, alors que les Bosniens, les

 16   Musulmans, dans cette région, souhaitaient, tout naturellement, que le

 17   drapeau de Bosnie-Herzégovine, qui était officiel, soit utilisé.

 18   C'est la raison pour laquelle, avec un autre observateur, nous sommes

 19   allés à Travnik, après cette célébration dont il a été question tout à

 20   l'heure, mais on ne nous a pas permis véritablement de nous rendre sur

 21   place ; en d'autres termes, M. Thébault nous a dit que c'était fort

 22   dangereux de s'y rendre, mais nous avons quand même considéré qu'il

 23   fallait s'y rendre pour voir ce qui s'était passé à Travnik.

 24   M. Scott (interprétation). - Entendu. Mais avant de parler de votre séjour

 25   à Travnik, est-ce qu'on peut dire que le fait de hisser le drapeau croate


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  1   était provocateur pour la communauté musulmane à cette époque-là ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Oui, cela on s'en rendait compte.

  3   M. Scott (interprétation). - Pendant les festivités liées aux Pâques, est-

  4   ce que M. Blasic et Kordic avaient fait des discours ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  6   M. Scott (interprétation). - Je vais attirer votre attention sur la pièce

  7   à conviction 670. J'aimerais tout simplement attirer votre attention sur

  8   un autre point, à savoir si M. Kordic avait encouragé le fait de hisser

  9   des drapeaux croates ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui, on savait que c'est lui, au fond, qui

 11   les encourageait, c'est lui qui y avait été mêlé.

 12   M. Sayers (interprétation). - Objection.

 13   M. le Président (interprétation). - Mais pourquoi ? Le témoin est au

 14   courant, il a tout simplement donné l'image.

 15   M. Scott (interprétation). - Pourquoi vous dites que les empreintes de

 16   M. Kordic étaient dans cette affaire-là ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - C'est tout simplement parce qu'on avait

 18   également pu lire un certain nombre de déclarations dans des médias

 19   locaux. Selon ces déclarations, ces articles, c'est Kordic qui avait

 20   demandé à la population, au peuple, de hisser les drapeaux croates.

 21   M. Scott (interprétation). - J'aimerais attirer votre attention sur le

 22   4ème paragraphe et la fin du 4ème paragraphe. C'est marqué : "Notre drapeau

 23   qui est vu peut associer au fait qu'il s'agit là du territoire croate.

 24   C'est la raison pour laquelle il faut être conscient de ce fait-là et

 25   hisser les drapeaux de notre peuple".


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  2   M. Scott (interprétation). - Eh bien, vous vous êtes rendu à Travnik pour

  3   enquêter sur l'incident où les deux soldats musulmans ont été tués, il

  4   s'agissait d'un incident qui était lié au drapeau croate, est-ce exact ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  6   M. Scott (interprétation). - C'est le paragraphe 95. Vous-même et vos

  7   collègues de l'ECCM, vous vous êtes rendus à Travnik pour essayer

  8   d'enquêter sur la situation exacte ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 10   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez réussi à passer le point

 11   de contrôle du HVO ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Je ne peux pas me souvenir exactement si

 13   on avait pu dépasser les points de contrôle du HVO.

 14   M. Scott (interprétation). - Mais il s'agissait du point de contrôle du

 15   HVO, n'est-ce pas ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'était sur le carrefour entre

 17   Novi Travnik et Travnik, il y avait un point de contrôle qui avait été

 18   dressé par le HVO.

 19   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez eu l'impression qu'il

 20   s'agissait de soldats, si on peut les appeler ainsi, appartenant aux

 21   unités régulières ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui, soldats du HVO.

 23   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez eu éventuellement l'idée

 24   qu'il y avait d'autres soldats qui étaient sur place et que vous

 25   cconnaissiez, que vous appeliez vous-même et d'autres membres également de


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  1   la communauté internationale : HOS ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Oui. On a vu des soldats du HVO.

  3   M. Scott (interprétation). - Qu'est-ce que vous saviez à cette époque-là

  4   sur les soldats du HOS ? Ils se trouvaient sur ce point de contrôle et en

  5   même temps avec les soldats du HVO ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est exact, sur la route jusqu'au

  7   point de contrôle. Nous sommes passés à côté du quartier général où nous

  8   avons pu voir que le HOS se trouvait dans cette région, car ils ont montré

  9   le drapeau croate que les unités du HOS utilisaient en général.

 10   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous le décrire ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Mais c'était le drapeau des hussards avec

 12   une tête de mort.

 13   M. Scott (interprétation). - Qui c'étaient, ces soldats, à quelle unité

 14   appartenaient-ils, quels étaient les uniformes qu'ils portaient ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Normalement, c'étaient des uniformes

 16   noirs. Et nous savions que, tout au début, les unités du HOS étaient des

 17   unités qui étaient vêtues d'uniformes particuliers. Au début, les unités

 18   du HOS faisaient partie du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 19   Cependant, à l'époque, dont il a été question, toutes les unités du HOS

 20   appartenaient au HVO.

 21   M. Scott (interprétation). - Vous avez dit qu'ils étaient vêtus de manière

 22   assez particulière. Pourquoi vous avez pensé que c'étaient des unités

 23   spéciales ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Mais ils avaient un entraînement qui était

 25   spécial, également c'étaient des unités qui ont été utilisées à des fins


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  1   spéciales. Et ils auraient pu également entreprendre toute autre

  2   opération, autre action, paraître des soldats réguliers.

  3   M. Scott (interprétation). - Au cours de votre service en Bosnie centrale,

  4   vous-même ou d'autres observateurs de l'ECMM, avez-vous eu une impression

  5   exacte concernant le rôle de ces unités spéciales, notamment lié à un

  6   certain nombre d'événements malheureux qui se sont passés en Bosnie

  7   centrale, et que vous avez enquêté ultérieurement ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Nous avons appris, quand on se rendait

  9   dans un territoire particulier où, par exemple, des meurtres avaient été

 10   commis à l'encontre des civils, que c'étaient souvent des unités du HOS

 11   qui avaient perpétré ces meurtres.

 12   M. Scott (interprétation). - Maintenant, nous allons passer au 13 et

 13   14 avril 1993. A cette époque-là, un événement, n'est-ce pas, s'est

 14   produit ? Et au cours de cet événement quatre officiers du HVO ont été

 15   kidnappés dans la région deTravnik ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 17   M. Scott (interprétation). - Et le HVO avait protesté, objecté à la

 18   commission conjointe ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 20   M. Scott (interprétation). - Et à la même époque, le 15 avril 1993, le

 21   commandant du HVO de la Brigade Jure Francetic, M. Zefko Totic, a été

 22   kidnappé à Zenica, son véhicule a été arrêté ? Les quatre gardes ont été

 23   tués, n'est-ce pas ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est exact. Il y avait également un

 25   témoin qui a été tué.


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  1   M. Scott (interprétation). - Est-ce que le centre régional de Zenica s'est

  2   incorporé dans l'enquête de ces événements ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui, la commission mixte et une équipe

  4   mixte se sont rendues sur place pour enquêter sur ce qui s'était passé.

  5   M. Scott (interprétation). - Entendu. J'aimerais tout simplement vous

  6   demander de voir la pièce à conviction 635.1, 635.1. Est-ce la copie du

  7   rapport quotidien à la commission mixte ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - Je pensais vous poser la question, mais je ne

 10   me suis pas arrêté aux paragraphes 1 et 4. On parle de ces problèmes,

 11   n'est-ce pas, concernant les drapeaux qui ont été hissés et les incidents

 12   qui en ont résulté ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - Par exemple, sous B, on a parlé des tirs qui

 15   ont été échangés à Travnik, c'est un incident dont on a parlé il y a

 16   quelques minutes ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 18   M. Scott (interprétation). - Est-ce que M. Friis-Pedersen était président

 19   de la commission mixte à Busovaca ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 21   M. Scott (interprétation). - Maintenant, nous allons passer à la pièce à

 22   conviction Z 693. C'est un rapport, une fois de plus, qui couvre également

 23   pleins d'activités de la MCCE ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 25   M. Scott (interprétation). - On voit qu'il y a beaucoup de rapports qui


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  1   concernent des régions différentes. J'aimerais attirer votre attention sur

  2   la page 4, paragraphe 16.4. Excusez-moi, je pensais plutôt à 16.4, tout à

  3   fait en bas de page. Il s'agit d'un rapport composite qui se réfère au

  4   centre régional Zenica. Tout à fait en bas, il y a ce paragraphe qui

  5   commence. Et ensuite, page 5, sous-titre Novi Travnik, on parle des

  6   activités préliminaires concernant les quatre officiers du HVO qui ont été

  7   kidnappés.

  8   Maintenant, nous allons passer à la page 10. Sur la page 10, une fois de

  9   plus, sous-titre Zenica, il y a le rapport concernant le kidnapping,

 10   l'enlèvement de Zivko Totic ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 12   M. Scott (interprétation). - Et maintenant nous pouvons revenir à la page

 13   n° 4. Est-ce que l'évaluation du centre régional Zenica, qui a été envoyé

 14   le 16 avril 1993 aux supérieurs, concernant la situation, précise que la

 15   situation est très tendue dans la région de Vitez, Jablanica ? Il semble

 16   que les deux parties ne veulent pas entrer en négociations substantielles,

 17   que les deux parties sont décidées à protéger, à défendre tout ce qu'elles

 18   pensent qui leur appartient, pour pouvoir renforcer leurs positions au

 19   cours des négociations futures. Est-ce que c'était l'évaluation de la

 20   mission ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 22   M. Scott (interprétation). - Et de la commission mixte ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 24   (Les Juges se consultent sur le siège.)

 25   M. le Président (interprétation). - Juste un petit point, s'il vous plaît,


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  1   sur lequel j'aimerais attirer votre attention. Si nous revenons à la pièce

  2   à conviction 22574 ; il s'agit de la carte, de la copie de la carte du

  3   plan Vance-Owen, prise dans le journal.

  4   Est-ce que vous vous souvenez que nous avons déjà également eu un certain

  5   nombre d'autres documents où l'on s'est référé à ce plan Vance-Owen ? Il

  6   n'y a peut-être personne qui pourrait donner la réponse en ce moment à

  7   cette question.

  8   Mais la question que je me pose et ce que j'aimerais poser comme question

  9   aux autres, c'est de savoir si ce rapport journalistique reportait de

 10   manière exacte le plan Vance-Owen ?

 11   M. Scott (interprétation). - Je ne peux pas répondre véritablement à cette

 12   question. Je vais la poser au témoin. Commandant, vous souvenez-vous si

 13   l'article, accompagné d'une carte, a donné donc l'explication du plan

 14   Vance-Owen ?

 15   M. le Président (interprétation). - Mais je pense que le témoin ne peut

 16   pas s'en souvenir : il y a le temps qui s'est écoulé depuis. Mais il faut

 17   revenir à la pièce à conviction 1658. Là également, nous avons un plan ;

 18   c'est un plan qui est pris d'un autre témoignage. De toute façon, je ne

 19   veux pas abuser de votre temps : je vais peut-être revenir moi-même là-

 20   dessus pendant la pause.

 21   M. Scott (interprétation). - Si c'est le 1658 et si l'on compare les deux,

 22   c'est pratiquement la même carte ?

 23   M. le Président (interprétation). - C'est mon impression également, mais

 24   il serait peut-être utile que quelqu'un puisse regarder cela de près et

 25   voir s'il y a des différences.


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  1   M. Robinson (interprétation). - Je considère qu'il serait très utile que

  2   nous puissions disposer non seulement du plan Vance-Owen, mais également

  3   de la partie du plan où l'on peut voir quelle était la composition

  4   nationale de la population.

  5   M. Scott (interprétation). - Je pense qu'on peut vous fournir de tels

  6   documents.

  7   Nous allons maintenant voir la pièce à conviction Z 693. En bas de la

  8   page 4… Excusez-moi, je me suis quelque peu perdu. Je pense plutôt à la

  9   page n° 5 : sous-titre Zenica. J'aimerais tout simplement attirer votre

 10   attention sur quelques phrases dans ce paragraphe et vous demander,

 11   monsieur le Témoin, si c'est vrai, si c'est exact, non seulement sur le

 12   plan de la rédaction, mais si c'était véritablement l'évaluation à

 13   laquelle vous êtes parvenu sur le terrain ?

 14   Ici, nous voyons la ligne où la mission a essayé de diminuer les tensions,

 15   mais les deux parties au niveau très élevé n'étaient pas prêtes,

 16   disponibles à participer aux négociations avant d'atteindre leurs

 17   objectifs militaires et politiques ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Oui, oui, c'était à peu près ça.

 19   M. Scott (interprétation). - Par conséquent, c'était votre propre

 20   estimation ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 22   M. Scott (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 23   je regarde l'heure. Je pense qu'il faudrait maintenant que j'aborde un

 24   autre sujet ; on pourrait peut-être lever la séance maintenant et

 25   reprendre cet après-midi ?


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  1   M. le Président (interprétation). - Qu'est-ce que c'est ?

  2   M. Scott (interprétation). - C'est le paragraphe 102.

  3   M. le Président (interprétation). - Vous pourriez peut-être très vite

  4   parler du 102 et 103 ? Et c'est alors que nous allons nous arrêter.

  5   M. Scott (interprétation). - Vous vous souviendrez que nous avons parlé,

  6   monsieur le Témoin, notamment de deux incidents particuliers avec des

  7   officiers du HVO. Est-il exact que l’adjoint au chef régional de la MCCE,

  8   Juan Valentin, et vous-même avez constitué une équipe de la commission

  9   mixte de Busovaca avec Dzemal Merdan et Franjo Nakic, afin d'enquêter sur

 10   cet incident ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c’est exact. Il y avait également des

 12   représentants de la police civile locale qui nous accompagnaient.

 13   M. Scott (interprétation). - Et dans le cadre de cette enquête, est-ce que

 14   ce groupe dont vous venez de nous donner la composition s’est rendu à Novi

 15   Travnik et Bugojno, afin de vous rendre au QG de la 7ème Brigade

 16   musulmane ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Oui, la raison pour laquelle nous sommes

 18   allés voir la 7ème Brigade musulmane, c'est que le HVO estimait que la

 19   7ème Brigade musulmane était une unité responsable de l'enlèvement des

 20   quatre officiers à Travnik et responsable également de l'enlèvement du

 21   commandant de la brigade du HVO à Zenica. C’est la raison pour laquelle

 22   nous sommes allés au QG de la 7ème Brigade musulmane.

 23   M. Scott (interprétation). - Monsieur le Président, le moment me paraît

 24   approprié pour suspendre l’audience.

 25   M. le Président (interprétation). - Nous reprendrons l’audience à


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  1   14 heures 30. Commandant, je vais vous demander pendant la pause de ne

  2   parler à personne de votre déposition, de ne laisser personne vous parler

  3   de votre déposition. Cela inclut notamment les membres du Bureau du

  4   Procureur.

  5   M. Baggesen (interprétation). - Bien entendu, Monsieur le Président.

  6   M. le Président (interprétation). - Je vous prie de nous retrouver ici

  7   même à 14 heures 30.

  8   M. Baggesen (interprétation). - Bien entendu.

  9   M. le Président (interprétation). - Merci.

 10   (L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 30).

 11   M. le Président (interprétation). - Maître Scott, vous avez la parole.

 12   M. Scott (interprétation). - Monsieur le Président, avant de continuer la

 13   déposition de ce témoin, je suis en mesure de répondre en partie à une des

 14   questions évoquées au sujet de la carte, pièce à conviction 2574. Il

 15   s'agit de la même carte que celle de la pièce à conviction 1658 ; je fais

 16   référence ici à la carte qui se trouve en haut de la pièce à conviction

 17   n° 1658. Pour ce qui est de la carte qui provient du journal, les

 18   municipalités de Vares et Visoko sont groupées avec celle de Sarajevo,

 19   tandis que la différence avec la carte de la pièce à conviction 1658,

 20   c'est que ces deux villes font partie de la province n° 9.

 21   Je ne peux, en ce moment, vous donner aucune explication au sujet de cette

 22   différence. Peut-être la carte a-t-elle évolué ? Nous pourrons

 23   éventuellement trouver la réponse à cette question. En fait, il n'y a que

 24   deux différences entre les deux cartes.

 25   M. le Président (interprétation). - Merci.


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  1   M. Scott (interprétation). - Monsieur Baggesen, nous en étions restés au

  2   moment où vous-même, ainsi qu'un représentant de la MCCE, vous vous étiez

  3   rendu à Bugojno pour enquêter. Et est-il exact que, sur le chemin du

  4   retour, vous vous êtes arrêté à Novi Travnik pour faire rapport au

  5   commandant local du HVO ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  7   M. Scott (interprétation). - Qu'est-ce que qui vous a donné l'idée de vous

  8   arrêter pour leur faire rapport de ce que vous aviez découvert ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Nous voulions dire au commandant de la

 10   brigade locale ce que nous avions découvert, parce que, si je me souviens

 11   bien, les quatre officiers enlevés faisaient partie de sa brigade ; donc,

 12   nous voulions lui dire ce que nous avions trouvé et nous voulions que les

 13   informations soient communiquées de la meilleure façon possible.

 14   M. Scott (interprétation). - Pendant cette réunion, le commandant local de

 15   la police militaire du HVO est venu ; il était furieux parce que vous

 16   n'aviez pas trouvé les officiers enlevés ni les personnes qui les avaient

 17   enlevées. Il affirmait que la seule solution était d'arrêter Dzemal

 18   Merdan ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est exact.

 20   M. Scott (interprétation). - A-t-il effectivement arrêté Dzemal Merdan à

 21   ce moment-là ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 23   M. Scott (interprétation). - Est-il exact que les officiers du HVO qui se

 24   trouvaient avec vous, lors de cette réunion, le commandant de Novi Travnik

 25   ainsi que Franjo Nakic, ont été très surpris par la décision de ce


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  1   commandant, mais ont déclaré ne rien pouvoir y faire parce qu'ils

  2   n'avaient aucune autorité sur ce membre de la police militaire ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Ils ont dit que la seule personne qui

  4   était possible de donner des ordres au commandant de la police militaire,

  5   c'était le colonel Blaskic.

  6   M. Scott (interprétation). - Avez-vous protesté contre l'arrestation de

  7   Dzemal Merdan ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Oui, parce que, quand M. Merdan

  9   travaillait ou voyageait avec nous dans le cadre de la commission mixte de

 10   Busovaca, il était membre de l'équipe ; il était donc sous notre

 11   protection.

 12   M. Scott (interprétation). - De ce fait, vous-même et votre collègue de la

 13   MCCE avez été arrêtés ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 15   M. Scott (interprétation). - A-t-on ordonné à un garde du HVO de veiller

 16   sur vous ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 18   M. Scott (interprétation). - Que s'est-il passé ensuite ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - Bien entendu, j'ai protesté de cette

 20   arrestation. J'ai demandé à pouvoir utiliser un téléphone, d'entrer en

 21   contact avec le colonel Blaskic et mon quartier général pour les informer

 22   de ce qui se passait.

 23   M. Scott (interprétation). - Avez-vous pu contacter qui que ce soit à la

 24   Forpronu ?

 25   M. Baggesen (interprétation). - Non, pas à ce moment-là. Nous n'avons pas


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  1   été en mesure d'entrer en contact avec la Forpronu, mais nous avons

  2   demandé à notre quartier général de Zenica d'entrer en contact avec la

  3   Forpronu et avec le bataillon qui se trouvait, bataillon britannique de

  4   Vitez, et nous leur avons demandé de venir nous chercher.

  5   M. Scott (interprétation). - Est-il exact que, lorsque vous avez dit au

  6   commandant de la police militaire que la Forpronu allait venir vous

  7   chercher, il était furieux ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Quand je lui ai dit que la Forpronu

  9   allait venir nous chercher, il a dit que ses unités feraient feu sur les

 10   unités de la Forpronu.

 11   M. Scott (interprétation). - Avez-vous été ensuite en mesure de parler

 12   avec M. Blaskic au téléphone ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Nous avons essayé de le contacter, mais,

 14   pour autant que je m'en souvienne, au début, nous n'y sommes pas parvenus,

 15   parce qu'il n'était pas dans son bureau. Il était dans l'immeuble où il

 16   travaillait. Lors de notre deuxième tentative, nous avons pu lui parler et

 17   nous lui avons dit ce qui se passait. Il a demandé à parler avec le

 18   commandant du HVO. C'est ce qu'il a fait.

 19   M. Scott (interprétation). - Vous dites le commandant du HVO : de qui

 20   parlez-vous ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Non, en fait, je parle du commandant de la

 22   police militaire.

 23   M. Scott (interprétation). - Que s'est-il passé suite à cette conversation

 24   entre le commandant de la police militaire et le colonel Blaskic ?

 25   M. Baggesen (interprétation). - Au début de cette conversation entre ces


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  1   deux hommes, dans le bureau de M. Slablic -nous étions présents dans cette

  2   salle-, mais au bout d'un moment, le commandant de la police militaire a

  3   décidé d'aller dans une autre pièce, où il a poursuivi sa conversation

  4   avec le colonel Blaskic. Il est revenu au bout de quelque temps et il nous

  5   a libérés.

  6   M. Scott (interprétation). - Quel était son comportement en revenant dans

  7   la pièce ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Il était tout rouge.

  9   M. Scott (interprétation). - Avez-vous été libérés en même temps que

 10   Dzemal Merdan ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 12   M. Scott (interprétation). - A ce moment-là, d'après ce que vous savez, le

 13   colonel Blaskic a ordonné au HVO de bloquer, de fermer la route entre

 14   Gornji Vakuf et Travnik ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. Scott (interprétation). - Avez-vous été en mesure de retourner à votre

 17   point d'origine ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Oui, nous avons pu poursuivre notre

 19   itinéraire.

 20   M. Scott (interprétation). - Est-ce que, le 15 avril 1993, l'observateur

 21   de l'ECMM, Remy Landry, un Canadien, s'est joint à vous pour enquêter sur

 22   ces différents incidents ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Oui, il remplaçait un autre officier.

 24   M. Scott (interprétation). - Et tous les deux, vous êtes allés à Vitez et

 25   vous avez passé la nuit du 15 avril à Vitez et non pas à Zenica ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  2   M. Scott (interprétation). - Avançons un peu dans le temps. En ce qui

  3   concerne les cinq officiers du HVO qui avaient été enlevés, est-il exact

  4   qu'ils ont tous été libérés dans le cadre d'une opération organisée par

  5   l'ECMM ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  7   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez si M. Kordic

  8   était présent lorsque les officiers du HVO ont été libérés ?

  9   M. le Président (interprétation). - Je crois que ceci est contesté. Il me

 10   semble que j'ai noté quelque chose à ce sujet.

 11   M. Scott (interprétation). - Oui, vous avez raison. Monsieur le Président,

 12   je suis désolé, je n'ai pas lu mes notes à temps.

 13   M. le Président (interprétation). - Commandant, étiez-vous présent au

 14   moment où les officiers du HVO ont été libérés ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. le Président (interprétation). - Pouvez-vous nous dire qui était

 17   présent également ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Quand ces officiers ont été enlevés, nous

 19   avons enquêté à ce sujet et nous avons découvert que ceux qui les avaient

 20   enlevés n'étaient pas des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine, mais

 21   les moudjahidin qui se trouvaient dans la région.

 22   Et comme vous l'a dit le représentant de l'accusation, l'ECMM et la

 23   Forpronu étaient présents pour libérer ces prisonniers, après un certain

 24   nombre de réunions avec les moudjahidin. Moi-même, j'étais responsable de

 25   la libération de quatre officiers du HVO de la zone de Travnik. Ils m'ont


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  1   été remis par les moudjahidin dans un endroit tenu secret. Ensuite, ils

  2   ont été escortés par un bataillon de police ; je les ai emmenés jusqu'à

  3   l'hôtel Vitez où le colonel Blaskic ainsi que M. Kordic étaient présents.

  4   Ensuite, les quatre officiers ont été remis aux membres du HVO.

  5   M. le Président (interprétation). - Pouvez-vous nous dire à quel moment

  6   cela s'est passé ? L'enlèvement a eu lieu le 13 ou le 14 avril : est-il

  7   possible de nous dire au bout de combien de temps ces personnes ont été

  8   libérées ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Je crois que c'était un mois plus tard, à

 10   peu près. Cela doit figurer quelque part dans ma déclaration.

 11   M. Scott (interprétation). - Nous pouvons sans doute fournir un rapport de

 12   l'ECMM à ce sujet ; je n'en dispose pas ici même, dans le prétoire

 13   aujourd'hui, mais je pense que c'était trois ou quatre semaines après

 14   l'enlèvement.

 15   M. Baggesen (interprétation). - Je crois que je pourrais certainement

 16   trouver cette information dans mon journal.

 17   M. Sayers (interprétation). - Si vous me le permettez, Monsieur le

 18   Président, je pense qu'il s'agit du 17 mai ; c'est ce que j'ai trouvé dans

 19   le journal du commandant.

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui, en effet, c'est exact. C'était le

 21   lundi 17 mai.

 22   M. Scott (interprétation). - Dans votre témoignage, vous nous avez dit que

 23   MM. Kordic et Blaskic faisaient partie du comité de réception.

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui, ils ont accueilli les personnes

 25   libérées. Je me souviens qu'il y avait des représentants des médias


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  1   locaux, de la télévision locale.

  2   M. Scott (interprétation). - Si nous revenons à la chronologie exacte des

  3   événements... A moins que Messieurs les Juges n'aient d'autres questions à

  4   ce sujet ? Bien.

  5   Vous-même et M. Landry, vous avez passé la nuit du 15 au 16 avril à Vitez.

  6   Est-il exact qu'au matin du 16 avril, vers 5 heures 30, vous avez été

  7   réveillés par des tirs d'artillerie ? Vous avez réalisé que des tirs

  8   étaient en train de se produire et que ces tirs étaient proches de Vitez

  9   pour certains d'entre eux ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - Vous avez entendu des tirs d'artillerie, des

 12   tirs de mortier, des tirs de mitrailleuse : ces tirs étaient continus,

 13   n'est-ce pas ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 15   M. Scott (interprétation). - En tant que militaire, en tant que

 16   spécialiste de l'artillerie, pouvez-vous nous dire comment vous saviez

 17   qu'il s'agissait de tirs qui allaient vers l'extérieur ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - On peut le dire au bruit, au bruit des

 19   tirs d'artillerie ou des tirs de mortier. On peut tout à fait le

 20   déterminer en écoutant le bruit de ces tirs.

 21   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire de quel type

 22   d'artillerie ou de quel type de mortier il s'agissait ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Etant donné ce que nous avons entendu, il

 24   s'agissait de pièces d'artillerie de calibre moyen ou bien de mortiers

 25   lourds.


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Et le fait qu'il s'agissait de ce type

  2   d'armes, est-ce que cela vous a permis de tirer des conclusions quant aux

  3   personnes qui étaient responsables de ces tirs ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Oui, parce que le HVO contrôlait des

  5   positions autour de cette zone. Donc il était évident que ces tirs

  6   provenaient des positions du HVO .

  7   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous-même ou l'ECMM aviez des

  8   informations à l'époque aux termes desquelles les forces de l'armée de

  9   Bosnie-Herzégovine dans la zone de Vitez disposaient de ce type d'armes ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Nous n'avions aucune information de ce

 11   type. Les patrouilles de la Forpronu et nos propres patrouilles, dans la

 12   région, n'ont jamais vu ce type d'armes entre les mains de l'armée de

 13   Bosnie-Herzégovine.

 14   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire qu'à votre avis et du

 15   point de vue de l'ECMM, les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine

 16   disposaient uniquement d'armes très légères ou de fusils-mitrailleurs ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - C'était exact, en effet.

 18   M. Scott (interprétation). - Est-il exact que M. Landry et vous-même avez

 19   décidé de partir pour Zenica le matin même, à 6 heures du matin ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 21   M. Scott (interprétation). - Vous êtes arrivés à un point de contrôle du

 22   HVO, à Dubravica. A ce moment-là, vous avez vu cinq civils musulmans qui

 23   étaient étendus sur la route ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 25   M. Scott (interprétation). - Qu'avez-vous fait quand vous avez vu ces


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  1   hommes qui étaient étendus face contre terre ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Nous les avons donc vus. Nous nous sommes

  3   arrêtés parce que nous voulions vérifier ce qui s'était passé, nous

  4   voulions voir s'ils étaient vivants, nous voulions voir ce qui se passait.

  5   Mais au moment où nous sommes descendus de notre véhicule, on a commencé à

  6   nous tirer dessus. De ce fait nous avons été contraints de remonter dans

  7   notre véhicule et de partir immédiatement.

  8   M. Scott (interprétation). - Qui vous tirait dessus ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Le HVO.

 10   M. Scott (interprétation). - En continuant donc sur cette route, avez-vous

 11   été arrêtés à un point de contrôle du HVO à Dubravica ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 13   M. Scott (interprétation). - S'agissait-il d'un point de contrôle contrôlé

 14   par les soldats du HVO ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. Scott (interprétation). - Qu'avez-vous fait ensuite ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Nous avons dû retourner sur nos pas.

 18   M. Scott (interprétation). - Vous êtes retournés à Vitez ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 20   M. Scott (interprétation). - Combien y avait-il de soldats du HVO sur ce

 21   point de contrôle ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Je pense qu'il y en avait au moins dix.

 23   Normalement, sur les points de contrôle, il y avait deux ou trois soldats

 24   au maximum.

 25   M. Scott (interprétation). - Est-ce que le fait qu'il y avait plus de


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  1   soldats que d'habitude sur ce point de contrôle, est-ce que pour vous cela

  2   avait une signification particulière ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Eh bien, c'était le signe qu'il se passait

  4   quelque chose de particulier.

  5   M. Scott (interprétation). - Plus tard, le 16 avril 1993, vers

  6   21 heures 30, est-ce que vous-même et M. Landry avez décidé d'essayer de

  7   retourner de nouveau vers Zenica depuis Vitez ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - Que s'est-il passé à ce moment-là ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Il y avait encore des combats dans la

 11   zone. Nous nous en sommes rendus compte, nous l'avons constaté en passant

 12   près de Vitez. Nous avons vu dans la vieille ville de Vitez qu'il y avait

 13   beaucoup de maisons qui étaient en flammes.

 14   Nous avons été en mesure de passer le point de contrôle de Dubravica et

 15   puis, plus loin sur la route, le ciel au-dessus d'Ahmici était illuminé

 16   par un incendie gigantesque. En passant près d'Ahmici, nous avons eu

 17   l'impression que toute la zone était en flammes.

 18   M. Scott (interprétation). - Avant d'en venir à Ahmici, je voudrais savoir

 19   la chose suivante : quand vous êtes passé près de Stari Vitez, vous vous

 20   êtes rendu compte que beaucoup de maisons étaient en flammes ? Stari

 21   Vitez, c'est, n'est-ce pas, la partie de Vitez où habite la majorité de la

 22   population musulmane ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 24   M. Scott (interprétation). - Je vais maintenant vous demander de vous

 25   référer à une photographie, pièce à conviction 2193. Cette photographie se


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  1   trouve en bas de la pile de documents qui vous a été communiquée,

  2   Messieurs les Juges. Au coin inférieur droit de cette photo, on peut lire

  3   le numéro : 21 93, 2193.

  4   Monsieur l'huissier, vous pouvez peut-être placer cette photographie sur

  5   le rétroprojecteur ? Ainsi, lorsque vous nous indiquerez une zone au moyen

  6   du pointeur, tout le monde pourra le voir. C'est une photographie aérienne

  7   de Vitez, n'est-ce pas ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez indiqué sur cette

 10   photographie les points de contrôle que vous avez passés le 16 avril ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Il y a ici des points de contrôle qui

 12   étaient des points de contrôle permanents, qui étaient déjà là avant les

 13   incidents dont je vous parle.

 14   M. Scott (interprétation). - Qui sont restés en place après le 16 avril ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. Scott (interprétation). - En haut de cette photo, à gauche, pouvez-vous

 17   nous dire quel genre de route était contrôlé par ce point de contrôle ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Le point de contrôle n° 2 contrôlait la

 19   route qui descend de Vitez.

 20   M. Scott (interprétation). - Je vous interromps. Nous allons commencer à

 21   examiner l'autre point de contrôle qui se trouve à environ à 10 heures.

 22   M. Baggesen (interprétation). - C'est le point de contrôle de Dubravica.

 23   M. Scott (interprétation). -  Sur quelle route se trouve-t-il ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Il contrôle les deux routes : la route

 25   pour Zenica qui passait par les montagnes, ainsi que l'autre route. Donc,


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  1   en tenant ce point de contrôle, il était possible de contrôler tout trafic

  2   venant de ces deux directions.

  3   M. Scott (interprétation). - Passons maintenant au point de contrôle CP2.

  4   Qu'en était-il de ce point de contrôle, que contrôlait-il exactement ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Il s'agissait de contrôler les véhicules

  6   qui venaient de la route principale pour entrer à Vitez.

  7   M. Scott (interprétation). - Lors de votre deuxième tentative, quand

  8   M. Landry  et vous-même avez quitté Vitez à 21 heures 30, vous avez pu

  9   passer ces deux points de contrôle, n'est-ce pas ?

 10   M. Baggesen (interprétation). -  Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - Il y a quelques instants, vous alliez nous

 12   parler d'Ahmici. Vous nous avez dit que le ciel était illuminé parce que

 13   le village était en flammes ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 15   M. Scott (interprétation). - Qu'avez-vous fait alors ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Nous avons essayé d'entrer dans le village

 17   afin de voir ce qui se passait, mais nous avons été arrêtés à un point de

 18   contrôle qui était situé sur une route qui entrait dans Ahmici. Nous

 19   n'avons pas été en mesure d'entrer dans le village, c'était un point de

 20   contrôle du HVO.

 21   M. Scott (interprétation). - Avant d'en venir à ce point de contrôle,

 22   pouvez-vous répondre à la question suivante ? Lorsque vous vous êtes

 23   approchés d'Ahmici, est-il exact que vous avez vu non seulement des

 24   flammes, des maisons qui brûlaient, mais aussi vu des balles traçantes,

 25   les balles traçantes venant de mitrailleuses ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  2   M. Scott (interprétation). - Est-ce qu'elles venaient des deux directions

  3   ou seulement d'une direction ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Seulement d'une direction.

  5   M. Scott (interprétation). - D'après votre connaissance des dispositions

  6   des lieux, pouvez-vous nous dire d'où provenaient ces tirs ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - Ils venaient du HVO.

  8   M. Scott (interprétation). - Vous n'avez vu aucun signe de riposte ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Non.

 10   M. Scott (interprétation). - Vous avez donc vu que la ville était en

 11   flammes. Avez-vous pu constater si le minaret était encore intact ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - A ce moment-là, oui.

 13   M. Scott (interprétation). - Pouvez-vous nous décrire exactement ce que

 14   vous avez vu ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - C'était une vision assez atroce parce que

 16   le ciel était littéralement en feu autour du minaret.

 17   M. Scott (interprétation). - Est-ce qu'un de vos interprètes vous avait

 18   fait savoir que la mosquée, ou cette mosquée d'Ahmici venait d'être

 19   rénovée ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui, en fait, quelques jours auparavant

 21   j'étais allé à Ahmici justement pour voir cette mosquée, parce que les

 22   habitants d'Ahmici étaient très, très fiers de leur mosquée ; donc j'étais

 23   allé à Ahmici pour voir la mosquée.

 24   M. Scott (interprétation). - D'après ce que vous savez, les habitants

 25   d'Ahmici avaient eux-mêmes financé la rénovation de leur mosquée ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est ce qu'on m'a dit. C'est ce

  2   qu'on m'a dit et, quand nous avons visité le village à cette occasion,

  3   tout était très calme. Il n'y avait aucun signe d'opération militaire.

  4   M. Scott (interprétation). - A quel moment vous êtes-vous rendu à Ahmici ?

  5   Longtemps avant le 16 avril ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - Je ne peux pas me rappeler la date exacte.

  7   C'était quelques jours avant seulement.

  8   M. Scott (interprétation). - Est-ce que la date de votre visite se trouve

  9   dans votre journal de guerre ?

 10   M. le Président (interprétation). - Je ne pense pas que ce soit nécessaire

 11   du moment que nous savons que c'était quelques jours auparavant.

 12   M. Scott (interprétation). - D'après ce que vous avez vu, avez-vous pu

 13   déterminer comment ces incendies, que vous avez vus, avaient été provoqués

 14   et, si vous le pouvez, pouvez-vous nous dire sur quels éléments

 15   d'information vous vous basez ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Les incendies qui ravageaient Ahmici

 17   n'étaient pas le résultat de pilonnages. Il y avait tant de maisons qui

 18   étaient en flammes que nous en avons déduit que quelqu'un avait mis le feu

 19   à toutes ces maisons.

 20   M. Scott (interprétation). - Pourquoi nous dites-vous que les incendies

 21   n'avaient pas été provoqués par des pilonnages ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Lorsque ce sont les pilonnages qui

 23   provoquent les incendies, généralement on voit que les toits des maisons

 24   sont très endommagés.

 25   M. Scott (interprétation). - Des dommages, des dégâts qui auraient été


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  1   provoqués par les tirs d'artillerie sur les toits ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  3   M. Scott (interprétation). - Donc les maisons que vous avez vues étaient

  4   intactes, hormis le fait qu'elles étaient en feu ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est ce que nous avons vu depuis

  6   l'endroit où nous nous tenions parce que nous n'avons pas pu entrer dans

  7   la ville, comme je vous l'ai expliqué.

  8   M. Scott (interprétation). - Nous allons maintenant passer à la pièce à

  9   conviction Z 1585, il s'agit de la photographie suivante agrandie.

 10   M. le Président (interprétation). - Nous ne disposons pas de ces documents

 11   qui ont été agrandis.

 12   M. Scott (interprétation). - Je crois que le Juge Robinson en dispose,

 13   sinon nous pouvons bien entendu vous en fournir des copies.

 14   Cette pièce 1585 est une carte. Pourriez-vous nous dire, au moment où vous

 15   et M. Landry vous avez essayé d'aller à Ahmici dans la nuit du 15 avril.

 16   Où, à quel point de contrôle avez-vous été arrêtés ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - A celui-ci, celui qui se trouve ici.

 18   (Le commandant indique le point.)

 19   Et puis, nous avons pu regarder, vers le haut, dans cette direction, et

 20   puis tourner vers cette direction.

 21   M. Scott (interprétation). - Vous étiez sur la route principale allant de

 22   Vitez à Zenica ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Oui, tout à fait.

 24   M. Scott (interprétation). - Le carrefour, le virage que l'on prend à

 25   gauche, vous permet de vous rendre vers le village d'Ahmici ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  2   M. Scott (interprétation). - Est-ce que les soldats du HVO vous ont dit

  3   que si vous et M. Landry n'étiez pas autorisés à aller dans le village

  4   c'est parce qu'il y avait trop de combats ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Oui, qu'il y avait des combats dans la

  6   région et que c'était pour assurer notre propre sécurité qu'ils nous

  7   interdisaient de nous aventurer dans le village.

  8   M. Scott (interprétation). - Du point de vue d'où vous étiez, est-ce que

  9   vous avez pu constater qu'il y avait des combats dans le village à

 10   l'époque ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Non.

 12   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez pu voir ce que vous avez

 13   cru être des corps allongés sur le sol ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - Oui, d'où nous étions, nous avons pu voir,

 15   à ce point de contrôle, que ces personnes gisaient au sol. Quant à savoir

 16   si elles étaient mortes ou pas, c'était impossible à déterminer.

 17   M. Scott (interprétation). - Avez-vous été surpris par ces événements à

 18   Ahmici et dans les environs, le 16 avril ? Effectivement, l'ECMM n'avait

 19   détecté aucun signe de combats dans cette région, opposant l'armée de

 20   Bosnie-Herzégovine au HVO. C'est bien exact, n'est-ce pas ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Tout à fait, parce que je m'étais rendu à

 22   Ahmici quelques jours plus tôt et il n'y avait aucun signe d'activité

 23   militaire, aucune fortification, aucun renforcement, creusement de

 24   tranchée, rien de ce genre. Il n'y avait que des civils dans le village.

 25   M. Scott (interprétation). - Vous vous êtes déplacés dans la région de


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  1   Vitez et de Zenica le 16 avril ; je parle de vous et de M. Landry. Est-il

  2   exact de dire que les seuls soldats que vous avez vus ce jour-là étaient

  3   des soldats du HVO et du HOS ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

  5   M. Scott (interprétation). - Et ce jour-là, au cours de vos déplacements,

  6   vous n'avez pas vu d'éléments musulmans, des forces musulmanes ou de

  7   l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Non.

  9   M. Scott (interprétation). - Vous a-t-il semblé que le HVO avait

 10   pratiquement fermé, avait encerclé toute cette zone de Vitez et contrôlait

 11   la circulation ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Oui, parce que tous les points de contrôle

 13   étaient occupés par beaucoup d'hommes.

 14   M. Scott (interprétation). - J'aimerais attirer l'attention des Juges sur

 15   la pièce 2613 ; c'est de nouveau une carte qui se trouve dans le jeu de

 16   documents dont vous disposez.

 17   Est-ce que vous avez déjà annoté l'emplacement de certains points de

 18   contrôle, certains de ceux-ci étant du HVO, d'autres des forces

 19   musulmanes ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Effectivement, je dirais que c'était la

 21   situation normale en matière de points de contrôle, ceci avant et après

 22   les incidents d'Ahmici.

 23   M. Scott (interprétation). - Vous venez de le dire, il y a un instant.

 24   Mais sur quoi basez-vous vos connaissances de ces points de contrôle ?

 25   Comment le HVO, par ces points de contrôle, pouvait-il vraiment contrôler


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  1   l'accès à Vitez et à ses environs ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Ces deux points de contrôle-ci, je vous

  3   les ai déjà montrés sur la photo aérienne : ils vous permettent de

  4   contrôler la route allant de Zenica à Vitez, en passant par les montagnes.

  5   Celui-ci se trouve dans la région de Kaonik, vous aviez ainsi toute la

  6   maîtrise de la circulation provenant de l'est . alors que celui-ci, à

  7   proximité de Travnik, contrôlait toute la circulation provenant de

  8   Travnik, de Novi Travnik. Je n'avais pas à l'époque d'informations

  9   concernant d'éventuels points de contrôle du HVO dans cette région-ci, que

 10   j'indique. Ce qui veut dire qu'ils avaient une maîtrise totale de l'accès

 11   à ces endroits et à ces villes.

 12   M. Scott (interprétation). - En guise de référence, puisque nous avons

 13   cette carte sous les yeux, si l'on voit les deux points du HVO à Vitez et

 14   celui qui est plus en contre-bas, vers le bas de la page, si vous allez

 15   vers 3 heures, on s'imagine l'horloge et on va vers 3 heures, donc vers

 16   l'est, à partir de ces points de contrôle pourriez-vous nous indiquer où

 17   se trouve le village d'Ahmici ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Il se trouve ici, exactement, en fait,

 19   entre ces points de contrôle du HVO.

 20   M. Scott (interprétation). - Donc le HVO avait un parfait contrôle de part

 21   et d'autre d'Ahmici ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 23   M. Scott (interprétation). - Si l'on voit la position à 6 heures, en deçà

 24   du point du HVO à Kaonik, afin de bien nous orienter, est-ce que, vers le

 25   bas de la carte, on voit la ville de Busovaca ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Oui, ce point de contrôle du HVO leur

  2   permettait de contrôler la  route de Busovaca. Ici, on parle de Busovaca

  3   et il y a connexion avec Kiseljak.

  4   M. Scott (interprétation). - Remontons aux événements du 16 avril 1993 :

  5   avez-vous tiré des conclusions d'expert militaire sur les modalités de

  6   l'attaque, sur la nature de cette attaque ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - A notre avis, il s'agissait d'une

  8   offensive militaire dirigée sur une cible civile, si on peut parler de

  9   cible civile. Mais, effectivement, c'était une opération militaire.

 10   M. Scott (interprétation). - Sur quoi fondez-vous cette opinion ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Sur le fait que nous n'avons vu que des

 12   membres du HVO dans cette région. Nous n'avons vu personne qui ait riposté

 13   au HVO dans les régions que celui-ci contrôlait.

 14   M. Scott (interprétation). - Et d'après votre expérience et votre

 15   formation militaire, combien de soldats aurait-il fallu pour mener à bien

 16   une opération de ce genre, de l'ampleur que vous avez vue à Ahmici, le

 17   16 avril ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Vous me posez là une question très

 19   difficile. Je crois qu'il fallait au moins 600 hommes, ne serait-ce que

 20   pour vraiment encercler la région et puis lancer l'attaque contre Ahmici.

 21   M. Scott (interprétation). - Vous avez une expérience militaire de vingt

 22   ans ; vous êtes aujourd'hui officier des opérations au Danemark, dans

 23   votre unité, n'est-ce pas ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 25   M. Scott (interprétation). - Donc, vous auriez à préparer et à mener à


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  1   bien une telle opération ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  3   M. Scott (interprétation). - Que faudrait-il en matière d'organisation

  4   pour mettre sur pied une opération engageant 600 hommes ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Il faut établir un plan d'attaque, car il

  6   ne suffit pas simplement de donner l'ordre aux soldats de partir au

  7   combat. Il faut aussi émettre un ordre opérationnel qui inclue des ordres

  8   relatifs à la logistique ; il faut l'approvisionnement, l'acheminement de

  9   véhicules, de combustible, de munitions.

 10   M. Scott (interprétation). - Il faut aussi amener les hommes sur le

 11   terrain ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Tout à fait. Ici, ce n'était pas tellement

 13   une question de transport de troupes. Depuis Vitez jusqu'à Ahmici, il est

 14   inutile d'avoir des véhicules puisque la distance est très faible. Mais,

 15   en règle générale, il faut effectivement prévoir l'acheminement des

 16   troupes. Nous en avons conclu que ce n'était pas simplement une petite

 17   unité qui avait lancé l'offensive, parce qu'elle n'aurait pas suffi vu le

 18   terrain et le relief ; il fallait que ce soit davantage qu'une simple

 19   petite unité qui s'en soit chargée.

 20   M. Scott (interprétation). - Vous avez vu ce qui s'est passé à Vitez et à

 21   Ahmici ?

 22   M. le Président (interprétation). - Vous alliez poser une question à

 23   propos de l'unité ?

 24   M. Scott (interprétation). - Oui.

 25   M. le Président (interprétation). - Moi, j'examinais le paragraphe 152.


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  1   M. Scott (interprétation). - Je n'y suis pas encore tout à fait,

  2   Monsieur le Président. Cette attaque, ces événements auraient-ils pu être

  3   le fait d'un petit groupe d'individus, des rebelles ou une unité

  4   individuelle ? Par des éléments non contrôlés, par exemple ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Non.

  6   M. Scott (interprétation). - Ne parlons pas de l'état d'esprit, de la

  7   tension qui aurait été celle de ceux qui ont dirigé cette attaque ; mais,

  8   si vous pensez que c'était une unité dirigée contre une population civile,

  9   pourquoi le faire ?

 10   M. le Président (interprétation). - Cela ne relève pas de l'avis d'un

 11   officier militaire. Il nous incombera à nous, Juges, de déterminer les

 12   conclusions des moyens de preuve présentés pour savoir pourquoi cette

 13   attaque, s'il y a eu attaque, a eu lieu.

 14   M. Scott (interprétation). - Je vais terminer sur ce point de la façon

 15   suivante. Monsieur le Témoin, le 16 et dans les jours précédents, vous

 16   n'avez pas constaté la présence ni les préparatifs de la part de l'armée

 17   de Bosnie-Herzégovine ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Non.

 19   M. Scott (interprétation). - Parlons de la pièce à conviction 738. Nous

 20   revenons au document ; nous avons abandonné les cartes pour le moment.

 21   Excusez-moi, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, pour le moment,

 22   je n'ai pas abordé la pièce 735. Cela va peut-être semer la confusion.

 23   Mais j'ai pensé que ce n'était pas tout à fait nécessaire ; en tout cas,

 24   je pourrai l'aborder plus tard.

 25   Parlons de la pièce 738, et plus précisément du paragraphe 9, en bas de la


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  1   deuxième page. Quelle était l'évaluation de la MCCE ? Ce rapport concerne

  2   la semaine du 11 au 18 avril 1993, résumé hebdomadaire. S'agissant de ce

  3   point 9, est-il exact de dire que la MCCE estimait à l'époque "que la

  4   situation en Bosnie centrale s'était rapidement détériorée au cours de

  5   cette semaine et que l'explication possible à cette tension était

  6   éventuellement les objectifs qu'aurait poursuivis le HVO, alors que le

  7   monde entier était concentré sur Srebrenica, en Bosnie orientale ? Et que

  8   le HVO voulait en profiter pour s'emparer du territoire de ces deux

  9   provinces décrites dans le plan Vance-Owen comme étant surtout croates,

 10   alors que la communauté musulmane voulait absolument éviter une telle

 11   chose" ? (fin de citation).

 12   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 13   M. le Président (interprétation). - Il faut aussi lire la dernière phrase

 14   pour être complet.

 15   M. Scott (interprétation). - Est-il exact que vous avez dit, dans ce

 16   rapport hebdomadaire, que "les forces du HVO et de l'armée de Bosnie-

 17   Herzégovine se livraient des combats à Vitez, Zenica et Travnik" ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 19   M. Scott (interprétation). - A la suite de la question posée par le Juge

 20   et de votre déposition, est-il exact de dire qu'il y avait des combats

 21   avec les forces musulmanes dans cette région plus large de Vitez, Zenica

 22   et Travnik ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 24   M. Scott (interprétation). - Mais pas autour d'Ahmici ?

 25   M. Baggesen (interprétation). - Non, pas autour d'Ahmici.


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  1   M. Scott (interprétation). - Par intérêt historique, vous vous souvenez

  2   que c'est bien ce week-end-là là que Srebrenica est tombée finalement ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  4   M. Scott (interprétation). - Prenons le paragraphe 11, c'est à la page

  5   suivante. Je ne vais pas donner lecture de ce paragraphe, veuillez en

  6   faire une lecture silencieuse, et puis vous souvenez-vous de cette

  7   évaluation qu'avait établie la MCCE ? Etiez-vous d'accord avec cette

  8   évaluation ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 10   M. Scott (interprétation). - Examinons la pièce 813. Les conclusions sont

 11   analogues, mais c'est un rapport qui ressemble beaucoup à la pièce 738.

 12   C'est là un autre de ces rapports qui s'inscrit dans une chaîne de

 13   communication. Toutefois, ici en particulier, j'aimerais attirer votre

 14   attention sur le paragraphe 15, page 2, pièce 813.

 15   Paragraphe 15 : est-ce que vous étiez d'accord avec cette analyse ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Oui, oui, c'était la position officielle

 17   adoptée par la MCCE. C'étaient ses conclusions.

 18   M. Scott (interprétation). - Où il est dit que "la position affichée des

 19   autorités bosno-croates afin d'assurer la mise en oeuvre du plan Vance-

 20   Owen, ce qui force la population musulmane à quitter ce qu'on a appelé les

 21   provinces croates, a donné comme résultat des combats brutaux et très

 22   intenses et des actions dirigées contre la population civile, notamment

 23   dans la région de Zenica et Vitez.".

 24   Ce que vous avez vu à Ahmici correspond bien à tout ceci, s'inscrit dans

 25   le droit fil de tout ce qui est dit ici ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Tout à fait.

  2   M. Scott (interprétation). - Monsieur le Président, je vais évoquer

  3   rapidement trois autres pièces, mais je ne vais pas m'y attarder. Je pense

  4   que ce témoin pourra effectivement les identifier. Voyons d'abord la

  5   pièce 719 qui est intitulée "Rapport spécial concernant la situation en

  6   Bosnie centrale".

  7   Est-ce que vous vous souvenez si, vers cette époque, c'est-à-dire par

  8   exemple ici vers le 18 avril 1993, le CR de Zenica avait préparé un

  9   rapport sur ce qui s'était passé les jours précédents ? Et en guise de

 10   référence on voit une annotation manuscrite dans la marge à gauche, est-ce

 11   que ce sont les observations de Remy Landry ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 13   M. Scott (interprétation). - C'était votre collègue qui vous accompagnait

 14   le 16 avril ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Ce rapport spécifique, spécial, a été

 16   rédigé par nous deux.

 17   M. Scott (interprétation). - Par vous deux ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 19   M. Scott (interprétation). - Voyons la page 3. Est-ce qu'on y voit votre

 20   signature ainsi que celle de M. Landry ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Il y a deux mots ; les deux premiers

 22   mots, en danois, cela veut dire "avec mes respects" ou "yours sincerely"

 23   parce que, effectivement, j'envoyais une copie à quelqu'un d'autre.

 24   M. Scott (interprétation). - Fort bien. Passons à la pièce 720, pièce en

 25   date du 18 avril 1993. Ceci est adressé au QG de la MCCE à Zagreb, n'est-


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  1   ce pas ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  3   M. Scott (interprétation). - Est-ce que ce rapport avait pour objet de

  4   faire part des déclarations ou des allégations provenant du chef du

  5   3ème Corps d'armée de l'armée de Bosnie-Herzégovine ? Ici, on peut examiner

  6   surtout le point 3 et les points qui suivent.

  7   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  8   M. Scott (interprétation). - Au bas de la deuxième page, on voit des

  9   initiales : "J" et puis Valenta. C'était bien le commandant adjoint du CR

 10   de Zenica ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 12   M. Scott (interprétation). - Et M. Dagos était l'officier des opérations ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - Examinons la pièce 754. C'est un rapport qui

 15   émane de la commission mixte de Busovaca, il a été émis le 20 avril 1993.

 16   Vous allez examiner le bas de la deuxième page, vous connaissez ces deux

 17   personnes dont le nom figure à cet endroit ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 19   M. Scott (interprétation). - Monsieur Pedersen était le chef de la

 20   commission mixte de Busovaca à l'époque ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 22   M. Scott (interprétation). - Et Henk Morsink, c'était un contrôleur de la

 23   MCCE ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 25   M. Scott (interprétation). - Est-ce que plusieurs efforts ont été


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  1   entrepris pour parvenir à un cessez-le-feu vers le 16 avril ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Voulez-vous répéter votre question ?

  3   M. Scott (interprétation). - Est-ce que la Forpronu et la MCCE ont tenté à

  4   plusieurs fois de parvenir à un accord vers le 16 avril et dans les jours

  5   suivants ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  7   M. Scott (interprétation). - Revenons au point 1 de ce rapport. Est-il

  8   exact de dire que, dans la région de Vitez, la situation restait très

  9   tendue et ne cessait de se détériorer l'après-midi, avec beaucoup de coups

 10   de feu tirés à partir de positions se trouvant autour du camp de Britbat,

 11   avec beaucoup de réfugiés errant dans les rues avec leurs bagages et

 12   beaucoup de tireurs isolés nichés un peu partout ? Et que, à Travnik, la

 13   situation ne faisait que se tendre également ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

 15   M. Scott (interprétation). - Le matin du 19 avril 1993, vous êtes-vous

 16   trouvé dans la ville de Zenica ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Oui, à notre QG à Zenica.

 18   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vers 9 heures 30 vous avez entendu

 19   le bruit de pilonnages dirigés vers le centre de la ville ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui, j'ai pu le voir depuis notre quartier

 21   général, puisque celui-ci se trouvait à l'Hôtel international. Depuis les

 22   fenêtres de l'hôtel, nous avons pu voir la région qui était ciblée.

 23   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous et un autre membre de

 24   l'équipe, Alan Lausten, un autre Danois apparemment... ?

 25   M. Baggesen (interprétation). - Oui.


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  1   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez pu réagir et vous rendre

  2   sur les lieux de l'explosion ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui, après l'attaque, dans l'après-midi,

  4   nous sommes allés voir. Nous avons réalisé que c'était la place du marché

  5   de Zenica qui avait été ciblée. Nous avons pu voir les impacts des obus et

  6   les dégâts causés.

  7   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire que 13 civils ont été

  8   tués et qu'il y a eu de nombreux blessés à la suite de ce pilonnage ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 10   M. Scott (interprétation). - Et que la plupart des personnes tuées étaient

 11   des civils musulmans qui se trouvaient dans la ville et sur la place du

 12   marché, à l'époque ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - Est-ce qu'en tant qu'officier vous avez été

 15   formé à comprendre l'effet de l'artillerie ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 17   M. Scott (interprétation). - Est-ce que M. Laustsen était aussi un ancien

 18   officier d'artillerie danois ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Aujourd'hui, il est officier de

 20   police, mais, à l'époque, il était officier de réserve dans l'artillerie

 21   danoise.

 22   M. Scott (interprétation). - Nous allons maintenant nous intéresser à un

 23   jeu séparé, à un autre jeu de documents. Nous allons commencer par la

 24   pièce 2282.1. Est-ce là une photographie que vous avez prise à proximité

 25   de l'endroit pilonné ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est près de l'endroit du marché et

  2   de l'autre côté de la route se trouvaient tous les tués, tous les blessés.

  3   Mais je ne voulais pas prendre de photos de cet endroit. Je me suis

  4   contenté de prendre cette photo-ci.

  5   M. Scott (interprétation). - Donc, là, en fait, vous étiez détourné du

  6   lieu de l'impact principal ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  8   M. Scott (interprétation). - Prenons la pièce 2282.2, qu'est-ce qu'on

  9   voit ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Eh bien, c'est un autre point d'impact, un

 11   abribus, un arrêt du bus près de la rivière.

 12   M. Scott (interprétation). - Et qui voit-on sur cette photo ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Mon collègue.

 14   M. Scott (interprétation). - C'était donc un arrêt de bus ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Il n'y avait pas de bus, donc heureusement

 16   il n'y a pas eu de blessés à ce moment-là.

 17   M. Scott (interprétation). - Si on examine la pièce 2282... Non, avant

 18   d'examiner la 2282, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je dois

 19   demander un renseignement parce qu'on a ajouté certaines photographies, je

 20   ne sais pas si ces photographies ajoutées vous sont parvenues ?

 21   M. le Président (interprétation). - Oui, je les ai.

 22   M. Scott (interprétation). - Fort bien. Est-ce que vous pourriez placer,

 23   Monsieur l'huissier, la pièce 2277.1, sur le rétroprojecteur ?

 24   (L'huissier s'exécute.)

 25   Donc, là c'est sous un autre angle. Cette voiture, qu'on voit à l'avant-


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  1   plan, est-ce celle qu'on avait vue sur l'autre photo ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  3   M. Scott (interprétation). - Mais, là, on regarde plutôt du côté de la

  4   place du marché ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Oui et, sur cette photo, vous voyez tous

  6   les civils tués.

  7   M. le Président (interprétation). - Je pense qu'il faudra bien parcourir

  8   toutes ces photos pour voir si nous les avons toutes. Nous ne voulons pas

  9   perdre de temps maintenant.

 10   M. Scott (interprétation). - Maintenant, nous sommes en train d'examiner

 11   la 2277.1 ; on voit des corps gisant au milieu de la rue ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 13   M. Scott (interprétation). - Et à la droite de ce corps, sur le trottoir,

 14   est-ce que, là, on a vu aussi un impact ? C'est l'impact principal ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. Scott (interprétation). - Et l'on voit des tables, des chaises le long

 17   du trottoir sur le côté de la route. C'est là que les civils ont été

 18   tués ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - ...

 20   M. Scott (interprétation). - Passons à la photo suivante.

 21   M. le Président (interprétation). - Vous voulez peut-être poser une

 22   question au témoin. Sinon, nous pouvons fort bien examiner nous-mêmes ces

 23   photos.

 24   M. Scott (interprétation). - Fort bien. Je vais peut-être m'arrêter à la

 25   2277.2 ; on a une vu plus claire de ce cratère formé par l'impact de


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  1   l'obus. Commandant, on voit ici le cratère, n'est-ce pas, former un

  2   impact ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  4   M. Scott (interprétation). - Et ces marques que l'on voit, ce sont les

  5   éclats, n'est-ce pas, provoqués par les éclats d'obus, l'obus s'étant

  6   désintégré au moment de l'impact et de l'explosion ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  8   M. Scott (interprétation). - Examinons la pièce 2282.3 ; ce n'est qu'une

  9   photocopie de photographie, j'en suis désolé, Messieurs les Juges. Je suis

 10   sûr qu'il existe une photo de meilleure qualité, mais celle-ci devra faire

 11   l'affaire. Je vais demander au témoin ce qu'il voit. Vous avez

 12   photographié un cratère de façon plus particulière ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui. J'ai pris cette photographie de

 14   l'impact parce que, là, nous avons pu trouver un élément sur lequel baser

 15   notre enquête. Nous avons pu déterminer la trajectoire ou la direction

 16   prise par le projectile.

 17   M. Scott (interprétation). - Mais je vois que Me Sayers s'est levé ?

 18   M. Sayers (interprétation). - Je pense que là nous arrivons aux

 19   paragraphes 158 et 159. Notre seule objection est la suivante : le témoin

 20   va peut-être avoir un avis qu'il fonde sur sa formation de base reçue en

 21   artillerie. Je ne pense pas qu'il dispose des connaissances d'expert

 22   suffisantes pour formuler un tel avis. Il y a son collègue, M. Laustsen,

 23   qui a vraiment une formation d'artillerie et apparemment il va déposer

 24   dans les prochaines semaines. Il serait peut-être préférable de lui

 25   demander, à lui, un tel avis plutôt que de poser une question à quelqu'un


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  1   qui n'a que des rudiments d'artillerie.

  2   M. le Président (interprétation). - Que voulez-vous prouver ?

  3   M. Scott (interprétation). - Si la teneur n'est pas contestée, on ne peut

  4   pas dire simplement que cet homme ici ne s'y connaît pas.

  5   M. le Président (interprétation). - Je suppose que c'est un point qui est

  6   contesté, n'est-ce pas, Maître Sayers ?

  7   M. Sayers (interprétation). - Oui.

  8   M. Scott (interprétation). - Vous avez reçu une formation de base en

  9   artillerie ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - Et vous avez avec vous M. Laustsen, officier

 12   en artillerie.

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous, tous les deux, vous avez

 15   conclu la même chose ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 17   M. Scott (interprétation). - Alors il pourrait le dire.

 18   M. le Président (interprétation). - Nous ne voulons pas entendre deux fois

 19   la même chose, à moins que ce ne soit fait rapidement. Nous ne sommes pas

 20   liés à respecter tel ou tel article du Règlement relatif aux

 21   qualifications. Le témoin connaît le sujet, il peut déposer, mais,

 22   Maître Scott, il faudra veiller à ce qu'il n'y ait pas répétition. Ou si

 23   répétition il y a, que ce soit rapide.

 24   M. Scott (interprétation). - Vous constaterez ici, dans le résumé, qu'il y

 25   a à peine deux ou trois questions qui me prendront au maximum trente


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  1   secondes.

  2   M. le Président (interprétation). - Fort bien.

  3   M. Scott (interprétation). - A l'examen du cratère, est-ce que vous et

  4   M. Laustsen avez pu vous forger un avis sur le type de matériel

  5   d'artillerie utilisé pour décocher de tels tirs ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - Oui, nous nous sommes basés sur la taille

  7   de l'impact. Si vous avez un cratère très large, cela veut dire que l'obus

  8   était très gros ; si l'impact est moindre, l'obus était moindre. Ai-je été

  9   assez clair ?

 10   M. Scott (interprétation). - Effectivement, à ce niveau-là, ce n'est pas

 11   plus compliqué que cela. Mais avez-vous pu ainsi déterminer le calibre de

 12   l'arme utilisée pour faire un tel impact ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Nous nous sommes dit que ceci devait venir

 14   d'un canon de 122 millimètres.

 15   M. Scott (interprétation). - Grâce à l'expérience militaire que vous avez,

 16   qu'est-ce que cela peut avoir comme portée utile ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Jusqu'à 15 kilomètres.

 18   M. Scott (interprétation). - A l'examen du cratère et avec une enquête sur

 19   le terrain, avez-vous pu tirer des conclusions quant à la direction prise

 20   par le projectile ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 22   M. Scott (interprétation). - Avez-vous fait une analyse scientifique de

 23   l'impact à l'aide de boussoles, par exemple, et d'autres instruments ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui, pas pour celui-ci, mais pour d'autres

 25   impacts résultant de l'attaque. Nous avons pu déterminer sur nos


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  1   instruments la trajectoire.

  2   M. Scott (interprétation). - Donc vous êtes arrivé à un résultat

  3   composite ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  5   M. Scott (interprétation). - Quel fut votre résultat composite ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - 230° à partir de l'ouest.

  7   M. Scott (interprétation). - Vous connaissiez la disposition des forces

  8   sur le terrain ; d'après vous, qui contrôlait le terrain, qui a été le

  9   point de départ de ces projectiles ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Le HVO.

 11   M. Scott (interprétation). - Je vais vous demander d'examiner la pièce à

 12   conviction 2282.6. C'est de nouveau une carte, Messieurs les Juges.

 13   Nous examinons cette pièce, carte de la localité de Zenica. On voit qu'une

 14   ligne a été tracée, qui part de la gauche, depuis la ville de Zenica ;

 15   ceci montre-t-il la direction des tirs ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Oui, la place du marché et là. Nous avons

 17   utilisé notre boussole, nous avons pu constater que les tirs venaient de

 18   cette direction-ci, sur Zenica. Et nous nous sommes dit que la position

 19   des canons se situait ici. Et nous savions que cette région était

 20   contrôlée par le HVO.

 21   M. Scott (interprétation). - Est-ce qu'on appelle parfois cette région la

 22   région de Bila ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 24   M. Scott (interprétation). - Grâce à votre expérience militaire, ce que

 25   jour-là, le 19 avril 93, à Zenica, avez-vous pu constater la présence de


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  1   cibles militaires à proximité des impacts des obus ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - Non. En fait, nous savions où se

  3   trouvaient ces cibles militaires à Zenica. Nous savions qu'à cet endroit

  4   précis, il n'y a en avait pas.

  5   M. Scott (interprétation). - Veuillez examiner la pièce 2282.4. En guise

  6   de référence, il s'agit de cette pièce-ci, que je vous montre, Messieurs

  7   les Juges. Est-ce que cette carte montre Zenica ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - On voit une lettre M, écrite vers le milieu

 10   du document. Qu'est-ce qu'elle signifie ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - C'est la place du marché où nous avons

 12   trouvé les impacts d'obus.

 13   M. Scott (interprétation). - Il y a un chiffre 11, entouré d'un cercle

 14   aussi, vers 11 heures en regardant la carte. On voit un 11. C'est donc au-

 15   dessus de la lettre M. Et vous verrez qu'on voit d'autres annotations de

 16   ce genre dans cette carte. Puis, il y a une légende fournie sous la

 17   cote 2282.5 : on vous indique par couleur ce que signifie chacun de ces

 18   emplacements, ou aussi par une explication.

 19   Par conséquent, si nous voyons la pièce à conviction, plutôt le point 1 de

 20   cette pièce à conviction, vous pouvez nous montrer sur le rétroprojecteur

 21   où se trouvait cette localité n° 1 ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Je vais vous le montrer avec le

 23   pointeur. C'est tout à fait à gauche, à l'angle gauche inférieur. C'est le

 24   3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 25   M. Scott (interprétation). - Sur la base de votre formation, de votre


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  1   expérience, pourriez-vous nous dire ce qui serait bien comme marge

  2   d'erreur pour un calibre de 122 mm, ayant une portée allant jusqu'à

  3   15 kilomètres ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Si l'on veut comparer une pièce

  5   d'artillerie de ce type, si vous avez un personnel formé, il peut très

  6   bien avoir une marge d'erreur d'à peine 50 mètres.

  7   M. Scott (interprétation). - Si vous avez une bonne équipe qui tient une

  8   telle arme, c'est le type de marge d'erreur de 50 mètres à laquelle on

  9   peut s'attendre ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - Si votre équipe n'est pas aussi bien formée,

 12   quelle serait la marge d'erreur ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - 100 mètres.

 14   M. Scott (interprétation). - Si l'on voit la pièce 2282.4, quelle est la

 15   distance séparant le lieu d'impact et la place du marché ? Selon vous,

 16   quelle aurait été la cible militaire la plus proche visée par ces obus ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Ce serait la cible 5, qui se trouve à

 18   quelque 500 mètres de la place du marché.

 19   M. Scott (interprétation). - 500 mètres ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 21   M. Scott (interprétation). - Cela fait donc cinq fois la marge d'erreur

 22   qu'on accorderait à une équipe mal formée ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Oui, d'autant plus que, quand on sert une

 24   telle pièce d'artillerie, ce n'est pas tellement de viser qui est

 25   difficile, mais d'avoir la bonne portée utile. Il est difficile de trouver


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  1   la bonne direction dans laquelle pointer.

  2   M. Scott (interprétation). - Ce n'est donc pas la question de savoir si

  3   l'obus tombe à droite ou à gauche, mais plutôt la distance à couvrir qui

  4   est difficile à établir ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Tout à fait.

  6   M. Scott (interprétation). - Sur la base de votre expérience, existait-il

  7   à une distance raisonnable une cible militaire ?

  8   M. le Président (interprétation). - Nous avons entendu ce que le témoin

  9   avait à dire à ce sujet.

 10   M. Scott (interprétation). - Je vous demande un instant, Monsieur le

 11   Président, puisque certains des éléments que j’allais aborder ont déjà été

 12   traités dans le cadre de l'interrogatoire principal que je suis en train

 13   de mener.

 14   Pour en terminer avec Zenica, le pilonnage a touché la place du marché le

 15   matin du 19 avril 1993, à 9 heures 30, n'est-ce pas ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Et la MCCE a tiré une conclusion

 17   suite à cette attaque.

 18   M. Scott (interprétation). - Quelle était-elle ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - La conclusion qu'a tirée la MCCE était que

 20   cette attaque n'était pas dirigée contre une cible militaire mais contre

 21   la population civile.

 22   M. Scott (interprétation). - Nous allons maintenant passer à la pièce à

 23   conviction 757.

 24   M. le Président (interprétation). - Maître Scott, pouvez-vous nous faire

 25   savoir quand vous serez arrivé à un moment approprié pour suspendre


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  1   l'audience ?

  2   M. Scott (interprétation). - Pour suspendre l’audience aujourd'hui ?

  3   M. le Président (interprétation). - Non, pour faire une pause.

  4   M. Scott (interprétation). - Je pense que nous pouvons traiter de cette

  5   pièce à conviction assez rapidement. Il s'agit d'un rapport de la MCCE,

  6   n'est-ce pas ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  8   M. Scott (interprétation). - Je vais vous demander de vous référer à la

  9   dernière page : on y voit la signature de Ollis Andersen ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - Qui est-ce  ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - C'était l'ambassadeur danois qui se

 13   trouvait au quartier général de Zagreb.

 14   M. Scott (interprétation). - Si on se penche sur le texte de ce rapport,

 15   deuxième page, on voit que ce rapport a été rédigé au niveau du CR de

 16   Zenica, n'est-ce pas ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 18   M. Scott (interprétation). - Vous souvenez-vous si c'est M. Landry, vous-

 19   même ou si c'est M. Laustsen qui a rédigé ce rapport ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Je crois que ces conclusions ont été

 21   tirées à partir de nos rapports.

 22   M. Scott (interprétation). - Donc; vous; vous rédigez des rapports

 23   quotidiens ; ensuite, un de vos supérieurs, par exemple M. Thébault,

 24   utilisait ces rapports pour rédiger un rapport envoyé à un niveau

 25   supérieur ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Oui, ce rapport a été rédigé à l'intention

  2   du ministre danois des Affaires étrangères, parce qu'à l'époque, le

  3   Danemark occupait la présidence de la communauté européenne. C'est

  4   pourquoi Andersen a envoyé ce rapport au gouvernement danois.

  5   M. Scott (interprétation). - Pour le compte rendu, je vais préciser que

  6   tout le monde sait à quoi vous faites référence quand vous parlez de la

  7   CE, à savoir la communauté européenne ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - Il s'agit ici de vos observations sur ce qui

 10   se passait en Bosnie centrale, à la mi-avril 1993 ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 12   M. Scott (interprétation). - Je pense que le moment est bien choisi pour

 13   faire une pause ?

 14   M. le Président (interprétation). - Vous passerez ensuite à un autre

 15   sujet.

 16   M. Scott (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

 17   M. le Président (interprétation). - Nous siégerons jusqu'à 5 heures moins

 18   le quart. Nous allons faire une pause de dix minutes. Je vois, Maître

 19   Scott, que vous avez beaucoup de sujets à aborder, mais si vous pouviez en

 20   finir avec l'interrogatoire principal cet après-midi afin de commencer le

 21   contre interrogatoire demain, cela permettrait au témoin de rentrer chez

 22   lui demain.

 23   M. Scott (interprétation). - Bien, Monsieur le Président.

 24   (L'audience, suspendue à 15 heures 45, est reprise à 16 heures 05.)

 25   M. Bennouna. - Maître Scott, à quel paragraphe en sommes-nous ?


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  1   M. Scott (interprétation). - J’en suis au paragraphe 168 et, du fait des

  2   objections qui ont été élevées, je ne vais pas poser de question au sujet

  3   du paragraphe 168.

  4   M. Bennouna. - J'espère que vous allez suivre les instructions du

  5   Président et que vous vous efforcerez d'en terminer avec l'interrogatoire

  6   principal cet après-midi.

  7   M. Scott (interprétation). - J'espère pouvoir le faire. Je viens de

  8   m'entretenir avec Me Sayers au sujet du nombre de paragraphes auxquels la

  9   défense fait objection. Maître Sayers a confirmé que nous sommes d'accord

 10   sur le nombre de paragraphes qui font problème et donc je vais,

 11   conformément aux instructions de la Chambre, continuer à traiter des

 12   paragraphes de façon assez rapide ; à moins qu'il n'y ait des objections

 13   supplémentaires et je vais le faire aussi rapidement que possible en

 14   pensant bien entendu à l'intérêt du témoin ainsi qu’au travail des

 15   interprètes.

 16   Mon commandant, ce matin vous nous avez dit que la province 9, telle

 17   qu’elle était envisagée par le plan Vance-Owen, cette province comprenait

 18   Zenica et, contrairement aux provinces 8 et 10, la province 9 était à

 19   majorité musulmane ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 21   M. Scott (interprétation). - Dans le cadre de votre mission en Bosnie

 22   centrale, avez-vous constaté des mouvements de population qui avaient pour

 23   objectif non seulement de déplacer des Musulmans pour les faire partir de

 24   la province 10, mais aussi des mesures qui consistaient à faire partir les

 25   Croates de la province 9 ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Oui, nous avons vu ce genre de manoeuvres.

  2   M. Scott (interprétation). - Est-il exact que cela a notamment consisté à

  3   faire partir des Croates de Bosnie qui habitaient à Zenica et dans les

  4   villages environnants afin d’augmenter la population croate à Vitez et à

  5   Travnik ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  7   M. Scott (interprétation). - Est-il exact que, le 24 avril 1993, couraient

  8   un certain nombre de rumeurs chez les Croates de Bosnie selon lesquelles

  9   les Musulmans s'apprêtaient à attaquer les Croates et à tuer tous les

 10   Croates à Zenica, ainsi que dans les villages situés au sud et à l’ouest

 11   de Zenica ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est exact. Nous en avons informé

 13   les équipes. Nous avons enquêté sur ces rumeurs. Nous avons emmené avec

 14   nous un prêtre catholique à Zenica afin d'essayer d'enquêter sur ces

 15   rumeurs.

 16   M. Scott (interprétation). - Il s'agissait du père Stjepan ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 18   M. Scott (interprétation). - Je vais vous demander de vous référer à la

 19   pièce à conviction 696, s’il vous plaît. Nous allons traiter des pièces à

 20   conviction suivantes ensemble. Je vais donc vous demander de regarder les

 21   pièces à conviction 698, en plus de 696, donc 696, 698.

 22   Sur la base des enquêtes que vous avez menées; pouvez-vous nous dire ce

 23   que les déclarations qui sont faites aux pièces 698 et 696 correspondent à

 24   ce qui se passait sur le terrain et à ce que vous avez constaté sur

 25   place ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Dans le cadre de notre enquête, nous

  2   n'avons rien trouvé qui soit en rapport avec ces documents.

  3   M. Scott (interprétation). - En ce qui concerne la pièce 696,

  4   1er paragraphe, on peut y lire que "les forces moudjahidin ont même

  5   commencé à lancer des chars contre les femmes et les enfants".

  6   Avez-vous obtenu des informations, des éléments de preuve indiquant que

  7   les Musulmans avaient lancé des chars contre les femmes et les enfants ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Non.

  9   M. Scott (interprétation). - Pièce 698 : avez-vous pu obtenir des

 10   informations selon lesquelles, effectivement, comme on peut le lire au bas

 11   de cette page, "60 civils avaient été massacrés dans la zone de Kuber" ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Non.

 13   M. Scott (interprétation). - Je vais vous demander maintenant de prendre

 14   la pièce à conviction 708. On voit donc que le colonel Blaskic affirme,

 15   aux 2ème et 3ème paragraphes, je cite : "Dans la ville même, l’arrestation,

 16   le harcèlement et les vols perpétrés sur des civils, femmes et enfants

 17   sont des pratiques courantes depuis déjà bien longtemps. Les hommes

 18   arrêtés sont jetés sous les chars. Vous n’avez rien vu qui confirme ces

 19   faits ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Non. Je m'en souviens, nous avons demandé

 21   des preuves et ils ont été incapables de nous fournir des preuves à

 22   l’appui de ces affirmations. Nous n’avons trouvé aucune preuve qui aille

 23   dans le sens de ces informations lors de nos enquêtes.

 24   M. Scott (interprétation). - Maintenant, nous allons passer à la pièce à

 25   conviction 718. Il s'agit d'un rapport de la commission mixte de Busovaca,


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  1   rapport relatif au 18 avril 1993, paragraphe 8 de ce rapport. Il y a une

  2   réunion. Les responsables de la commission mixte ont rencontré

  3   Mario Cerkez vers le 18 avril. Est-ce exact ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est exact.

  5   M. Scott (interprétation). - Dans ce même paragraphe, on peut voir qu'il

  6   est fait référence aux massacres qui auraient eu lieu à Zenica et sur la

  7   colline de Kuber, et on peut lire également que M. Cerkez s'inquiète du

  8   fait que l'armée de Bosnie-Herzégovine creuse des tranchées près du

  9   Bataillon britannique. Je vous repose ma question : avez-vous obtenu des

 10   informations qui confirment qu’il y ait eu effectivement des massacres à

 11   Zenica ou près du mont Kuber ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Non, pendant notre enquête sur le terrain,

 13   nous n'avons constaté que des dégâts tout à fait mineurs.

 14   M. Robinson (interprétation). - Est-ce que cette enquête que vous avez

 15   réalisée sur le terrain a été conduite à la suite d'allégations qui

 16   avaient été portées contre les Musulmans au sujet d'atrocités commises par

 17   les Musulmans ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Chaque fois que l’une des parties émettait

 19   une protestation, nous nous rendions sur place pour enquêter sur cette

 20   allégation, pour voir si quelque chose s’était effectivement produit, même

 21   si ce n'était qu'un rumeur ou même si ce n'était que de la propagande.

 22   M. Robinson (interprétation). - Merci.

 23   M. Scott (interprétation). - Avant de poursuivre, je vais vous demander de

 24   vous référer à la pièce à conviction 696 que nous avons déjà eu l’occasion

 25   d’étudier. Il s’agit d’un document qui, apparemment, a été signé par Dario


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  1   Kordic. Ce document a été envoyé notamment au colonel Stewart, à

  2   M. Thébault et à la Croix-Rouge à Zenica, n'est-ce pas ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

  4   M. Scott (interprétation). - Je vais vous renvoyer au deuxième paragraphe

  5   de ce document. Monsieur Kordic et les autres signataires du document

  6   disent la chose suivante, je cite : "Nous vous demandons votre aide afin

  7   d'organiser l'évacuation des Croates de Zenica vers la zone de Cajdras".

  8   Est-ce que vous voyez ce paragraphe ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 10   M. Scott (interprétation). - Quelle aurait été la conséquence sur les

 11   populations de déplacer les Croates de Zenica vers une zone située à

 12   l'ouest, une zone située à l'ouest de Cajdras ? Je fais toujours

 13   référence, bien entendu, au plan Vance-Owen.

 14   M. Baggesen (interprétation). - Il était évident que le HVO voulait que

 15   tous les Croates quittent la province n° 9 qui était considérée comme une

 16   province musulmane aux termes du plan, et ils voulaient déplacer les

 17   Croates vers la province n° 10.

 18   M. Scott (interprétation). - Nous allons maintenant poursuivre. Je vais

 19   revenir au paragraphe 169.14. Est-ce qu'à cette époque-là vous avez

 20   constaté qu'il y avait des mouvements des Croates en dehors de Zenica et

 21   dans les villages environnants et dans la direction des localités qui

 22   appartenaient aux Croates ? Il s'agit tout particulièrement de

 23   Grahovcici ; je m'excuse si j'ai mal prononcé.

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui, à cause de toute cette rumeur, il y

 25   avait des Croates, beaucoup de Croates qui ont quitté Zenica et qui sont


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  1   partis vers le village de Grahovcici ; je pense qu'il y avait 2000 Croates

  2   au total.

  3   M. Scott (interprétation). - Je vais attirer votre attention sur la pièce

  4   à conviction 765. En ce qui concerne les rumeurs selon lesquelles les

  5   Croates sont partis de Zenica, la MCCE a préparé un rapport concernant les

  6   Croates à Zenica, le 20 et 21 avril 1993. C'est la pièce à

  7   conviction Z 765. Excusez moi, est-ce que le rapport a été préparé comme

  8   ceci est visible ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 10   M. Scott (interprétation). - Nous allons voir la deuxième page. Les trois

 11   observateurs ont signé, n'est-ce pas ? C'est dactylographié. Vous

 12   également parmi les trois ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - Les autres sont Torborn Juhnov et Remy

 15   Landry ; ce sont les observateurs canadiens.

 16   M. Scott (interprétation). - Ainsi, nous voyons maintenant le paragraphe

 17   n° 2. Est-ce que, selon le rapport que vous avez préparé… Nous n'allons

 18   pas donner lecture de l'ensemble, nous allons simplement dire qu'il y

 19   avait les alentours de Zenica qui ont été visités, ceci pour voir la

 20   situation et voir si les villageois peuvent y retourner. On parle des

 21   villages, y compris Cajdras. Est-ce que vous le voyez ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 23   M. Scott (interprétation). - Maintenant, nous allons vers le bas de ce

 24   paragraphe, avant la liste 7. Est-il exact que, dans tous les villages qui

 25   ont été visités, les Croates avec lesquels vous vous êtes entretenus ont


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  1   dit qu'ils avaient été aidés par des Musulmans, par des Bosniens pendant

  2   les combats ? Après cela, vous avez fait une liste des dommages qui ont

  3   été commis dans les villages ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  5   M. Scott (interprétation). - C'est le paragraphe 3 que nous allons voir,

  6   si vous voulez bien. En page n° 3, on parle de votre voyage que vous avez

  7   effectué avec le père Stjepan.

  8   Le point 3A : il s'agit d'un village qui n'a pas été endommagé. Les

  9   habitants croates sur place nous ont dit qu'ils allaient être protégés par

 10   leurs voisins musulmans.

 11   Le point 4 : est-ce que vous êtes arrivé à la conclusion qu'outre le

 12   village de Zaljev les dommages étaient beaucoup moins importants que ceux

 13   auxquels on pouvait s'attendre : le père Stjepan a dit que tous ces

 14   villages ont été endommagés, détruits, n'est-ce pas ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. Scott (interprétation). - En ce qui concerne votre évaluation, tout ce

 17   que vous avez pu voir dans ces villages à cette époque-là, est-il exact

 18   que le père Stjepan, un père de l'Eglise catholique, était d'accord avec

 19   vous ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Il nous a même demandé d'aider les

 21   réfugiés pour qu'ils retournent chez eux, à la maison.

 22   M. Scott (interprétation). - Nous allons maintenant aller un peu plus

 23   loin : paragraphe 181. Le résultat de la mission en question. Vous avez

 24   constaté qu'en ce qui concerne l'évaluation que vous avez faite, avec

 25   laquelle le père Stjepan était d'accord également, que les Croates qui


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  1   sont partis de cette région pouvaient retourner et regagner leurs

  2   maisons ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  4   M. Scott (interprétation). - Vous-même et le père Stjepan, vous êtes

  5   partis à Grahovcici et vous avez organisé la réunion avec les

  6   représentants des réfugiés croates pour leur dire qu'ils pouvaient

  7   retourner chez eux ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'est exact.

  9   M. Scott (interprétation). - Là-bas, il y avait également Henk Morsink ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - Est-ce qu'à Grahovcici il y avait

 12   2000 réfugiés croates ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - Au moment où vous avez parlé avec des

 15   réfugiés croates, est-il exact qu'ils vous ont dit que, au moment où ils

 16   se sont enfuis du village, ils avaient entendu des rumeurs selon

 17   lesquelles les Musulmans soi-disant tuent les Croates et attaquent des

 18   villages ?

 19   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 20   M. Scott (interprétation). - Ce sont les rumeurs propagées par d'autres

 21   Croates ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 23   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez entendu des ouï-dire,

 24   qui ont été propagés à cette époque-là, sur des massacres éventuels

 25   perpétrés par des Musulmans, ceci pour faire peur à la population croate,


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  1   pour partir de Zenica ?

  2   M. Sayers (interprétation). - Nous faisons objection : c'est en dehors de

  3   l'expertise du témoin. C'est également une question tendancieuse.

  4   M. le Président (interprétation). - Mais le témoin peut dire ce que les

  5   réfugiés lui ont dit !

  6   M. Scott (interprétation). - Le 26 avril 1993, vous-même, M. Morsink et le

  7   père Stjepan vous avez rédigé un plan pour vous rendre à Grahovcici et

  8   transporter des Croates jusqu'à leur maison par des bus mis à leur

  9   disposition par le père Stjepan ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - Est-il vrai qu'au point du contrôle à

 12   Novi Selo le convoi a été arrêté et que la police militaire avait refusé

 13   de les laisser passer ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Ils nous ont même pris des bus. Nous

 15   sommes restés sans bus.

 16   M. Scott (interprétation). - Est-ce que la police militaire vous a

 17   indiqué… Excusez-moi, on va expurger. Est-il exact que la police militaire

 18   avait dit que le HVO à Travnik avait ordonné que tous les réfugiés soient

 19   interdits de retourner chez eux à Nova Bila ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui. C'est la raison pour laquelle ils ont

 21   également utilisé nos bus pour qu'on puisse le faire.

 22   M. Scott (interprétation). - Je voudrais tout simplement revenir quelque

 23   peu au document 2574, enfin la carte de l'article qui a été accompagné, le

 24   journal. Si vous pouvez mettre cette carte sur le rétroprojecteur pour

 25   qu'on puisse tous voir et ne pas chercher parmi les papiers cette carte ?


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  1   Si on voit cette carte Z 2574, est-ce que nous pouvons un petit peu

  2   agrandir pour voir les frontières, la délimitation entre les provinces 9

  3   et 10 ? Les déplacements des Croates ont commencé autour de Zenica. Ils

  4   sont partis d'abord vers Nova Bila, n'est-ce pas ? Ils ont été transportés

  5   de la province 9 vers la province n° 10 ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  7   M. Scott (interprétation). - Au moment où vous avez parlé avec des

  8   réfugiés, avez-vous appris qu'un bon nombre de ces réfugiés voulaient

  9   retourner chez eux une fois que le père Stjepan et vous-même vous les avez

 10   visités deux jours auparavant ? Est-ce qu'ils vous ont dit qu'à partir du

 11   moment où ils se sont rendus au point de contrôle du HVO, on les a forcés

 12   à retourner à Grahvocici ? C'étaient les soldats du HVO ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Nous avons eu une réunion avec les

 14   représentants des réfugiés à Grahvocici. Nous avons dit qu'un certain

 15   nombre de réfugiés essayaient de regagner leur maison, mais que les

 16   soldats du HVO au point de contrôle les ont arrêtés, il les ont ramenés de

 17   force à Grahovcici. Les réfugiés croates nous ont dit que les soldats du

 18   HVO ont tiré en leur direction, ceci pour les avertir. Ils ont par

 19   conséquent tiré deux ou trois fois pour les avertir.

 20   M. Scott (interprétation). - Est-il vrai que vous-mêmes, votre groupe,

 21   vous avez réussi quand même à obtenir ces bus de la part du HVO ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui, nous avons donc envoyé sur place une

 23   protestation, et des observateurs des Nations Unies se sont rendus dans

 24   cette région. Ils nous ont aidés avec leur équipement de communication, et

 25   c'est comme cela que nous avons pu leur envoyer des bus.


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  1   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez réussi à organiser pour

  2   1400 sur 2000 réfugiés croates le retour dans leur propre maison, dans la

  3   région autour de Zenica ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Oui, effectivement, c'est cela. Je pense

  5   que les 300 réfugiés ont été déjà transportés par le HVO à Bila, ou plutôt

  6   dans la zone de Bila, les autres voulaient rester à Grahovcici. Il y avait

  7   300 autres qui voulaient rester à Grahovcici.

  8   M. Scott (interprétation). - Bon. Nous allons donc arriver vers la fin du

  9   mois d'avril, le paragraphe 194 à la fin du mois d'avril. Monsieur le

 10   Témoin, est-ce que vous avez participé également à d'autres missions et

 11   dans d'autres parties de la Bosnie-Herzégovine centrale, du côté sud, du

 12   côté de Kiseljak ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - Est-il vrai que la MCCE, à cette époque-là,

 15   était très préoccupée par ce qui se passait dans les villages Musulmans

 16   dans la région de Kiseljak ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 18   M. Scott (interprétation). - Le 27 avril 1993, l'équipe où vous étiez avec

 19   Henk Morsink, êtes-vous allés à Kiseljak ensemble avec le HCR, avec un

 20   médecin, avec une infirmière, des Médecins du monde, et ceci escorté par

 21   deux véhicules blindés canadiens équipés de mitrailleuses ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 23   M. Scott (interprétation). - Pourquoi étiez-vous obligés d'aller par les

 24   transporteurs de troupes blindés ?

 25   M. Baggesen (interprétation). - Parce que tout simplement ce n'était pas


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  1   sûr de voyager dans nos propres véhicules qui n'étaient pas suffisamment

  2   protégés. Souvent il est arrivé, pratiquement tous les jours je pourrais

  3   même dire, que quelqu'un tirait dans notre direction. C'est la raison pour

  4   laquelle il fallait nous protéger, et c'est pourquoi nous ne pouvions pas

  5   nous déplacer sans être protégés par la Forpronu et par les blindés.

  6   M. Scott (interprétation). -  Au moment... Excusez-moi, c'est une erreur

  7   que je viens de commettre. Je voulais vous montrer la pièce à

  8   conviction 832 et ensuite nous allons poursuivre. Cette pièce à conviction

  9   est le rapport que vous avez préparé et il y a même votre signature.

 10   Deuxième page, c'est un rapport du 26 avril 1993 où l'on dit qu'il est

 11   indispensable de faire revenir ces réfugiés croates du territoire où ils

 12   se trouvaient vers le territoire de Zenica. La Chambre aura l'occasion

 13   bien évidemment de prendre connaissance de ce rapport. Il s'agit de trois

 14   bus. Je pense que c'était cela ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. Scott (interprétation). - Très bien. Maintenant, nous pouvons revenir à

 17   ce qui a été dit tout à l'heure au sujet de Kiseljak. Vous vous êtes

 18   déplacé dans le véhicule blindé, ceci pour des raisons de sécurité,

 19   c'était indispensable ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 21   M. Scott (interprétation). - Est-il vrai que, le 27 avril, vous-même et

 22   M. Morsink vous vous êtes rendus au village de Rotilj à côté de Kiseljak ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 24   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez reçu des rapports selon

 25   les civils musulmans ont été tués par le HVO ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Oui, c'étaient une des raisons pour

  2   lesquelles nous sommes retournés à Rotilj de nouveau. Il y avait à

  3   l'époque également une autre équipe qui s'était rendue à cet endroit-là.

  4   Ils nous ont informé sur l'incident et ensuite nous sommes revenus à cet

  5   endroit pour justement nous rendre compte de ce qui s'était passé avec les

  6   civils en question, si éventuellement ils s'y trouvaient encore.

  7   M. Scott (interprétation). - Pourrions-nous voir maintenant la pièce à

  8   conviction 818 ? Il s'agit du rapport de deux de vos collègues. Sur la

  9   deuxième page on voit également le nom de Remy Landry ?

 10   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 11   M. Scott (interprétation). - C'est sur la base du rapport qui a été rédigé

 12   par M. Landry, ce qui est visible en haut de la première page, il s'agit

 13   donc de ce rapport qui se réfère à Rotilj ?

 14   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 15   M. Scott (interprétation). - Est-ce que ce rapport se fonde sur son

 16   rapport ? Est-ce que c'est sur la base de ce rapport que vous avez

 17   organisé le transport à Rotilj et votre voyage à Rotilj ?

 18   M. Baggesen (interprétation). - Oui. C'était à l'époque où nous avons

 19   emmené le médecin, l'infirmière, il y avait également les représentants du

 20   HCR, étant donné que ces personnes-là ne pouvaient vraiment pas bénéficier

 21   d'un secours : Rotilj se trouve dans une vallée. Il est encerclé par les

 22   montagnes, et c'est sur ce terrain que le HVO avait ses propres positions.

 23   Par conséquent, chaque fois que quelqu'un essayait de sortir du village,

 24   ils tiraient sur eux et le HVO contrôlait ce territoire. Il n'a pas été

 25   possible d'approvisionner en nourriture ou en quoi que ce soit ce village.


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  1   Au moment où nous avons donc formé l'équipe avec Landry, avec

  2   Dimitrios Dagos, nous avons appris qu'il y avait une pénurie complète.

  3   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous avez réussi à rentrer à

  4   Rotilj ?

  5   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  6   M. Scott (interprétation). - Est-ce que, ce jour-là, vous avez réussi

  7   également à vous rendre à Gomionica, le village musulman ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui, nous avons appris par la Forpronu

  9   qu'il y avait beaucoup de maisons qui ont été incendiées dans cette

 10   région, mais le commandement de la Forpronu à Kiseljak n'a pas réussi à

 11   s'y rendre. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes rendus à

 12   Gomionica pour pouvoir vérifier la situation.

 13   M. Scott (interprétation). - Et les conditions que vous avez constatées à

 14   Rotilj corroboraient-elles, à votre avis, ce qu’avait dit Landry dans son

 15   rapport ?

 16   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Et c'est exactement ce qui nous avait

 17   été dit à propos de la situation et des incidents qui s’étaient produits.

 18   C’est bien ce que nous ont dit les habitants.

 19   M. Scott (interprétation). - Désolé de revenir à la pièce 818 : vous vous

 20   êtes rendu à Rotilj et ce que vous y avez vu corroborait bien les

 21   allégations contenues dans le rapport de M. Landry ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 23   M. Scott (interprétation). - Vous avez essayé d'entrer dans Gomionica :

 24   quel fut le résultat de cette tentative ?

 25   M. Baggesen (interprétation). - On n'était pas autorisé à le faire. Nous


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  1   avons d’abord tenté notre chance à un point de contrôle. Il y avait une

  2   route qui menait à Gomionica, mais nous avons été arrêtés au point de

  3   contrôle. Nous avons essayé de passer par une autre route menant à

  4   Gomionica mais, là aussi, nous avons été arrêtés à un point de contrôle ;

  5   et là, je parle des deux points de contrôle. En fait, ils étaient tenus

  6   par le HVO et, au dernier, ils nous ont donné dix secondes pour quitter la

  7   zone. Ils ont commencé à se mettre en position de tir et ils ont menacé de

  8   tirer sur nous si on ne quittait pas.

  9   M. Scott (interprétation). - Vers cette époque, est-ce qu'un commandant du

 10   HVO au point de contrôle vous a dit avoir des ordres d'Ivica Rajic de

 11   Kiseljak, ordre selon lequel ils devaient interdire la route à tous les

 12   véhicules de la MCCE et de la Forpronu ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - Et puisqu'on vous avait menacé avec des

 15   armes, je suppose que vous avez quitté avec votre équipe ce point de

 16   contrôle ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - Effectivement.

 18   M. Scott (interprétation). - Peut-on dire que, dans le cadre de vos

 19   déplacements en Bosnie centrale, vous avez rencontré de nombreux problèmes

 20   aux points de contrôle tenus par le HVO ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 22   M. Scott (interprétation). - Et nous avons précédemment examiné une carte

 23   où nous avons vu qu’il y avait aussi des points de contrôle de l’armée de

 24   Bosnie-Herzégovine. Est-ce que là, à ces points de contrôle, vous avez eu

 25   des difficultés ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - Aucune.

  2   M. Scott (interprétation). - Nous allons maintenant examiner la

  3   pièce 1920.1. C’est une photographie aérienne. Est-ce que vous y avez

  4   annoté l'emplacement de deux, plus exactement de trois points de contrôle

  5   où vous avez essayé de passer pour avoir accès aux villages de Rotilj et

  6   de Gomionica, le 26 ou le 27 avril ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - Oui. Nous avons essayé à ce point de

  8   contrôle-ci et puis à celui-ci ; et nous avons été arrêtés aux deux

  9   endroits.

 10   M. Scott (interprétation). - Vous souvenez-vous de l'endroit où se

 11   trouvait ce point de contrôle, où ce commandant vous a dit avoir des

 12   ordres d’Ivica Rajic, de Vitez ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Ici, à celui-ci : il est indiqué sur la

 14   carte. Il y avait beaucoup d'hommes qui tenaient ce point de contrôle,

 15   alors qu’à cet autre point de contrôle, il n’y avait que quelques soldats

 16   à peine. Celui-ci, par contre; était tenu par de nombreux soldats armés.

 17   M. Scott (interprétation). - Avançons dans le temps. Je suis au

 18   paragraphe 211. Est-ce que votre équipe et vous avez essayé de visiter les

 19   villages de Polje Visnjica et Visnjica ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 21   M. Scott (interprétation). - Et là, une fois de plus, vous avez été

 22   arrêtés par des points de contrôle HVO et vous n’avez pas pu entrer dans

 23   les villages ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 25   M. Scott (interprétation). - Est-il exact que les soldats du HVO avaient


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  1   posé des mines sur la route devant vous et avaient pris position, des

  2   positions de tirs, à l'aide de lance-roquettes ?

  3   M. Baggesen (interprétation). - Oui, ils avaient posé des mines et ils

  4   avaient rattaché tout ceci à une corde. Ils ont placé tout ceci devant

  5   nous. Ils ont pris des positions de tir et dirigé leurs armes contre nous

  6   et nos véhicules.

  7   M. Scott (interprétation). - Et le 27 avril, le groupe de la MCCE est

  8   entré à Zenica ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 10   M. Scott (interprétation). - Vous n'avez pas pu entrer dans ces villages.

 11   Est-ce que ceci a eu un effet sur le succès de votre mission, puisque vous

 12   aviez été interdits d'accès à chaque point de contrôle ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Nous n'avons pas pu exécuter notre

 14   mission. Nous n’avons pas pu observer la situation telle qu’elle se

 15   présentait dans ces villages. Et pour nous, il était évident que le HVO ne

 16   voulait pas que nous voyons ce qui s'y passait, dans ces villages. C’était

 17   donc bien la preuve par défaut qu’il s’était passé quelque chose.

 18   M. Scott (interprétation). - Le 28 avril, une autre équipe de la MCCE,

 19   dont vous-même et une infirmière, vous vous êtes rendus dans une zone au

 20   nord de Visoko pour voir ce qui se passait s'agissant de réfugiés

 21   musulmans dans la région ?

 22   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

 23   M. Scott (interprétation). - Là, je poursuis. Je suis au paragraphe 214.

 24   Vous êtes allé à la Croix-Rouge à Visoko. Là, vous avez trouvé

 25   1038 réfugiés musulmans qui venaient de la région de Kiseljak notamment,


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  1   des villages de Svinjarevo, de Jehovac, Gromiljak, de Behrici, Gomionica

  2   et Bilalovac. Ces personnes étaient venues de ces régions pour s'inscrire

  3   auprès de la Croix-Rouge, dans ces quelques jours ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  5   M. Scott (interprétation). - Et ces personnes venaient précisément de

  6   villages où vous avez essayé de mener une enquête à la suite des

  7   allégations d'atrocités commises par les Croates ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

  9   M. Scott (interprétation). - Examinons la pièce 835. Est-ce que c'est là

 10   un rapport que vous et M. Morsink avez rédigé ?

 11   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 12   M. Scott (interprétation). - On y voit votre signature au bas de la page ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 14   M. Scott (interprétation). - Est-ce qu'on y décrit les efforts que vous

 15   avez entrepris pour parvenir à ces villages ? Vous avez parlé il y a un

 16   instant de tentatives entreprises le 27 avril 1993 ?

 17   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

 18   M. Scott (interprétation). - Voyons la dernière phrase de ce rapport. Mais

 19   où se trouve-t-elle cette phrase ? Peut-être que vous trouverez cet

 20   extrait. Ceci confirme à nouveau, et vous l'avez dit dans votre rapport,

 21   que -je cite-  "Le commandant du HVO avait dit que son commandant Ivica

 22   Rajic avait donné l'ordre d'arrêter tous les véhicules de l'ONU, du HCR et

 23   de l'ECMM". Fin de citation. Est-ce exact ?

 24   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 25   M. Scott (interprétation). - Examinons la pièce 841, rapport émis le


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  1   28 avril 1993 ?

  2   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact.

  3   M. Scott (interprétation). - Et vous l'avez bien rédigé ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  5   M. Scott (interprétation). - Pour ce qui est du paragraphe 1, ici sont

  6   consignées vos observations s'agissant de ces 1 038 réfugiés de la région

  7   de Kiseljak ?

  8   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  9   M. Scott (interprétation). - Quand vous êtes arrivés à Gomionica, après

 10   avoir tenté deux ou trois fois d'y arriver, est-ce que vous avez réussi à

 11   entrer dans ce village finalement ?

 12   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 13   M. Scott (interprétation). - Et ce que vous y avez trouvé, c'est un

 14   village totalement détruit, vidé de ses habitants ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire, vous, qu'au moment où

 17   vous avez quitté votre véhicule pour essayer de mener une enquête plus

 18   approfondie, vous et vos collègues, avez été la cible de plusieurs rafales

 19   de tirs automatiques ?

 20   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 21   M. Scott (interprétation). - Et savez-vous d'où provenaient ces tirs

 22   d'armes automatiques ?

 23   M. Baggesen (interprétation). - Des positions du HVO.

 24   M. Scott (interprétation). - Est-ce qu'une fois de plus, vous avez dû vous

 25   retirer, battre en retraite ?


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  1   M. Baggesen (interprétation). - C'est exact, même si nous avions nos VTT

  2   du CanBat, nous n'avions pas le droit de riposter de toute façon à

  3   l'époque, puisque nous avions certaines missions et règles d'engagement à

  4   respecter.

  5   M. Scott (interprétation). - Petit épisode : pendant un moment, vous étiez

  6   face contre terre, dans un fossé, alors qu'on vous tirait dessus ?

  7   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  8   M. Scott (interprétation). - Comment vous en êtes vous sortis ?

  9   M. Baggesen (interprétation). - Eh bien, les deux véhicules tout terrain

 10   n'étaient pas à proximité, à proprement parler, mais, au moment où il y a

 11   eu une légère accalmie, ces deux véhicules ont réussi à s'approcher de

 12   nous.

 13   M. Scott (interprétation). - Donc ce sont les deux véhicules qui se sont

 14   approchés de vous pour vous sortir de cette impasse ?

 15   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

 16   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire que, le 29 avril, une

 17   équipe de la MCCE dont vous faisiez partie, à l'aide d'une escorte armée

 18   du CanBat a rendu visite au village musulman de Polje Visnjica, Visnjica,

 19   Hercezi, Doci et Gomionica.

 20   M. Baggesen (interprétation). - Cette fois-là, nous avons pu entrer dans

 21   Gomionica sans aucun problème.

 22   M. Scott (interprétation). - Je suggère que les Juges examinent la

 23   pièce 847. Nous pourrons peut-être en terminer de cette pièce, Monsieur le

 24   Président, Messieurs les Juges, et nous aurons pratiquement terminé

 25   l'interrogatoire principal.


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  1   M. le Président (interprétation). - Fort bien.

  2   M. Scott (interprétation). - Est-ce que cette pièce 847 est une copie du

  3   rapport que vous avez rédigé avec M. Laustsen, le 29 avril ?

  4   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  5   M. Scott (interprétation). - On voit votre signature au bas du rapport ?

  6   M. Baggesen (interprétation). - Oui.

  7   M. Scott (interprétation). - Je crois que vos conclusions se passent de

  8   commentaires ; elles sont formulées au paragraphe 2. Et, là, vous les

  9   énumérez par village.

 10   Mais parlons des protestations au point 3. Que s'est-il passé dans le

 11   cadre du point de contrôle tenu par le HVO, là où vous avez émis une

 12   protestation ?

 13   M. Baggesen (interprétation). - Eh bien, nous avons été arrêtés à ce point

 14   de contrôle. C'était à Polje Visnjica, et notre interprète, un jeune

 15   homme, a été sorti de notre véhicule et a fait l'objet de menaces ; ils

 16   l'ont menacé de leurs armes, ils voulaient l'abattre, mais ils ne l'ont

 17   pas fait parce que nous étions là.

 18   M. Scott (interprétation). - Et, à la suite de cette mission réalisée ce

 19   jour-là, paragraphe 4, est-ce que vous pourriez lire cette conclusion que

 20   vous avez tirée au paragraphe 4 ?

 21   M. Baggesen (interprétation). - Eh bien, conclusion de l'équipe, je cite :

 22   "Il est manifeste qu'il y a eu un nettoyage ethnique dans la région", fin

 23   de citation.

 24   M. Scott (interprétation). - Je propose que nous terminions là, Monsieur

 25   le Président.


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  1   M. le Président (interprétation). - Fort bien. Vous allez donc reprendre

  2   à… ?

  3   M. Scott (interprétation). - A 219, Monsieur le Président.

  4   M. le Président (interprétation). - Il vous reste quatre pages à

  5   parcourir ?

  6   M. Scott (interprétation). - Tout à fait, Monsieur le Président. Je pense

  7   que nous avons avancé. Nous sommes à cadence forcée avec ce témoin.

  8   J'espère que nous pourrons garder le même rythme demain.

  9   M. le Président (interprétation). - Fort bien. Effectivement, nous avons

 10   avancé avec célérité et j'espère, je le dis à la défense, qu'elle pourra

 11   maintenir le rythme puisque vous aurez le plus clair de la matinée pour

 12   procéder au contre-interrogatoire.

 13   Dans la mesure du possible, il faudrait libérer le témoin demain. Je pense

 14   qu'il n'est pas juste que les témoins doivent rentrer et puis revenir à

 15   La Haye.

 16   M. Sayers (interprétation). - Tout à fait, il ne serait pas très juste

 17   qu'un témoin doive revenir.

 18   Cependant, vous savez que ce témoin a fourni un nombre assez phénoménal

 19   d'opinions et il faudra procéder à un contre-interrogatoire sur ces

 20   opinions. Je ne pense pas que nous pourrons en terminer en une demi-

 21   journée, même en un jour.

 22   M. le Président (interprétation). - Il faut accélérer le contre-

 23   interrogatoire. Je sais qu'il s'agit d'un témoin important. Je sais aussi

 24   que je ne veux pas vous critiquer en personne, vous, Maître Sayers, ce

 25   disant.


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  1   Toutefois quand un témoin nécessite un certain temps à l'interrogatoire

  2   principal, il n'est pas juste que le contre-interrogatoire quelquefois

  3   dure une fois et demie de plus.

  4   Il y a une règle qui prévaut dans ce Tribunal selon laquelle le contre-

  5   interrogatoire devrait porter uniquement sur des questions évoquées dans

  6   l'interrogatoire principal et je pense qu'il faut appliquer plus

  7   rigoureusement cet article du Règlement. J'y veillerai en tout cas.

  8   Il est certain qu'il faut vous accorder tout le temps voulu pour faire

  9   valoir vos arguments, pour procéder à un contre-interrogatoire approfondi

 10   d'un témoin important, mais il faut essayer d'avancer le plus possible ;

 11   et c'est faisable.

 12   Si c'est possible, nous pourrions en terminer avec le témoin demain.

 13   M. Sayers (interprétation). - Tout fait d'accord, Monsieur le Président,

 14   mais vous savez que nous avons eu au moins 50 témoins qui ont déposé et je

 15   vais veiller à éviter de repasser par des questions qu'on a déjà souvent

 16   évoquées. Mais vous savez qu’il y a, bien sûr, les avis formulés par ce

 17   témoin et la base qu’il a fournie.

 18   M. le Président (interprétation). - Effectivement, il a évoqué beaucoup de

 19   choses, et ceci rapidement. Mais essayons de maintenir le rythme demain.

 20   Nous recommencerons à 9 heures et demie. Commandant, reviendrez-vous

 21   demain pour l'audience de demain à 9 heures 30 ? Vous pourrez ainsi

 22   poursuivre votre déposition.

 23   M. Baggesen (interprétation). - Bien, Monsieur le Président.

 24   L'audience est levée à 16 heures 50.

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