Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL                     AFFAIRE N° IT-95-14/2-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3   Mardi 28 septembre 1999

  4   L'audience est ouverte à 15 heures 11.

  5   (L'accusé est introduit dans le prétoire.)

  6   Mme Ameerali (interprétation). – Affaire IT-95-14/2, le Procureur du

  7   Tribunal contre Dario Kordic et Mario Cerkez.

  8   M. le Président (interprétation). – Monsieur Lopez-Terres, vous avez la

  9   parole.

 10   M. Lopez-Terres. - Monsieur le Président, je souhaiterais demander une

 11   audience à huis clos partiel dans la mesure où le témoin qui va déposer

 12   cet après-midi sollicitait des mesures de protection, mesures pour

 13   lesquelles une requête vous a été présentée le 23 septembre dernier.

 14   M. le Président (interprétation). – Oui. Y a-t-il des objections du côté

 15   de la défense ? La demande porte sur l'obtention d'un pseudonyme ?

 16   M. Lopez-Terres. - Oui.

 17   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur le Président, nous n'avons pas

 18   d'objection.

 19   M. Kovacic (interprétation). – Pas d'objection.

 20   M. le Président (interprétation). – Fort bien.

 21   Nous rendons l'ordonnance dans ce sens.

 22   M. le Président (interprétation). – Monsieur Lopez-Terres,

 23   nous avons commencé assez tard car la Chambre

 24   était saisie d'une autre affaire qui?

 25   malheureusement, ne s'est pas terminée aujourd'hui. Il faudra la terminer


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  1   demain. Donc nous allons commencer avec un certain retard ; demain aussi.

  2   Nous pourrons siéger jusqu'à un peu avant 16 heures 30. Malheureusement,

  3   certains collègues ont une autre réunion à ce moment-là. Essayez de tenir

  4   compte de cette échéance. Merci.

  5   (Le témoin est introduit dans le prétoire).

  6   (Les Juges se concertent, avec Mme Featherstone).

  7   Nous en avons discuté, nous pourrons en fait siéger jusqu'à cinq heures

  8   moins le quart. Nous pourrons peut-être terminer la déposition de ce

  9   témoin.

 10   Monsieur le Témoin, excusez-nous de ce léger retard. Veuillez donner

 11   lecture de la déclaration solennelle.

 12   Témoin Q (interprétation). - Je déclare solennellement que je dirai la

 13   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 14   M. le Président (interprétation). – Veuillez vous asseoir, Monsieur le

 15   Témoin.

 16   Témoin Q (interprétation). - Merci.

 17   M. le Président (interprétation). – Quel sera le pseudonyme ?

 18   Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agira du témoin Q.

 19   M. le Président (interprétation). – J'aimerais avoir un entretien avec la

 20   Juriste de la Chambre.

21   (Les Juges s'entretiennent avec Mme Featherstone).

 22   M. Lopez-Terres. - Monsieur le Président, pourrait-on rester quelques

 23   instants en audience à huis clos partiel de manière à évoquer les

 24   questions relatives à la personnalité et aux renseignements sur le

 25   témoin ? Ce sera très rapide.


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  1   M. le Président (interprétation). – Oui.  [Audience à huis clos partiel]

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 21   Audience publique avec mesures de protection.

 22   Mme Ameerali (interprétation). - Nous sommes en audience publique avec

 23   mesures de protection.

 24   M. Lopez-Terres. – Monsieur le témoin Q, lorsque vous avez exercé vos

 25   fonctions au commissariat de Novi Travnik, à l'époque où vous avez repris


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  1   vos fonctions, votre chef était de nationalité croate et s'appelait bien

  2   M. Zlatan Civcija ?

  3   Témoin Q (interprétation). – Oui.

  4   M. Lopez-Terres. – Au printemps 1992, vous avez vu arriver au commissariat

  5   M. Zlatan Cicvija, porteur d'une tenue de camouflage avec des insignes du

  6   HVO ?

  7   Témoin Q (interprétation). – C'est exact mais ce n'était pas quelque chose

  8   d'habituel, je pense qu'il était un des premiers policiers qui se rendait

  9   au travail, par conséquent au poste de police, en tenue de camouflage

 10   alors que, nous autres, nous avions des uniformes bleus que normalement

 11   portaient des policiers civils.

 12   M. Lopez-Terres. – Le 19 juin 1992, le commissariat de police dans lequel

 13   vous travailliez avec vos collègues croates a été attaqué en même temps

 14   que le quartier général de la Défense territoriale à Novi Travnik ?

 15   Témoin Q (interprétation). – C'est exact, le quartier général de la

 16   Défense territoriale et les locaux du poste de police se trouvaient dans

 17   un seul et même bâtiment.

 18   M. Lopez-Terres. – A la suite de cette attaque par les forces du HVO, vous

 19   et vos collègues de nationalité musulmane avez dû quitter le commissariat

 20   dans lequel vous n'étiez plus autorisés à travailler ?

 21   Témoin Q (interprétation). – Oui, nous avons transféré nos locaux. En

 22   effet, il s'agissait d'un jardin d'enfants et des locaux de ce jardin

 23   d'enfants. Nous sommes partis de cette partie basse de la ville qui a été

 24   contrôlée par le HVO après tout ce qu'il s'est passé et dont il a été

 25   question.


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  1   M. Lopez-Terres. - A partir de ce premier conflit qui s'est déroulé en

  2   juin 1992, vous avez vu arriver, au commissariat dans lequel vous

  3   travailliez avec vos collègues, des Musulmans de Novi Travnik qui venaient

  4   régulièrement porter plainte soit parce qu'ils avaient été expulsés, soit

  5   parce qu'ils avaient été cambriolés, soit parce qu'ils avaient été

  6   victimes de violences de la part de soldats du HVO et du HOS, est-ce

  7   exact ?

  8   Témoin Q (interprétation). – C'est exact. Les gens qui avaient des

  9   problèmes à cette époque-là, c'étaient les personnes en uniforme qui

 10   pénétraient dans des appartements, c'étaient les gens qui appartenaient au

 11   HVO, au HOS. Tout ce qu'ils pouvaient faire, c'était déposer des plaintes,

 12   et ces plaintes normalement ont été identifiées. Nous avons fait des notes

 13   officielles au poste de police.

 14   M. Lopez-Terres. – Et ce recueil de plaintes s'est poursuivi pendant toute

 15   la deuxième moitié de l'année 1992 et le reste de l'année 1993 ?

 16   Témoin Q (interprétation). – C'est exact.

 17   M. Lopez-Terres. - Je vais vous présenter des documents, Monsieur le

 18   Témoin Q, pour vous demander de les examiner et de faire vos commentaires.

 19   Les documents sont référencés Z 1963.1 et Z 1963.12.

 20   (L'huissier s'exécute.)

 21   Est-ce que vous avez le document 1-9-6-3-1 ?

 22   Témoin Q (interprétation). – Oui, je l'ai.

 23   M. Lopez-Terres. - Ce document est bien un rapport qui a été établi par

 24   vous le 10 juin 1993 ?

 25   Témoin Q (interprétation). – C'est cela.


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  1   Si je peux juste faire un petit commentaire, ce rapport officiel a été

  2   rédigé à cause des Musulmans expulsés de la partie basse de la ville, la

  3   partie de la ville qui a été contrôlée par le HVO à l'époque.

  4   M. Lopez-Terres. - Je pense qu'il est inutile de présenter le document sur

  5   le rétroprojecteur dans la mesure où il comporte le nom du témoin. Je vous

  6   demande d'examiner maintenant les autres documents qui portent la

  7   référence Z 1963.12. Il s'agit en fait d'une quarantaine de comptes rendus

  8   d'infractions établis par le commissariat de police de Novi Travnik.

  9   Témoin Q (interprétation). – Oui.

 10   M. Lopez-Terres. -  Vous avez pu parcourir ces documents, Monsieur le

 11   Témoin, reconnaissez-vous ces documents comme étant établis par le

 12   commissariat auquel vous apparteniez à l'époque, celui qui avait dû

 13   déménager après le 19 juin 1992 ?

 14   Témoin Q (interprétation). – Oui, je reconnais les documents.

 15   Il s'agit des rapports officiels qui ont été rédigés, si je peux dire, par

 16   les employés de la police et sur les plaintes qui ont été déposées par les

 17   citoyens et qui en général portaient sur leur expulsion. Ils ont été

 18   maltraités par les membres du HVO.

 19   C'était la façon dont nous avons procédé, ceci pour pouvoir garder tous

 20   ces documents et enregistrer chaque événement, sur lequel on avait des

 21   renseignements. Il y a un certain nombre d'événements qui n'ont jamais été

 22   enregistrés car on n'a jamais déposé de plaintes.

 23   M. Lopez-Terres. – Certains de ces rapports portent la signature

 24   d'enquêteurs. C'est le cas du rapport signé par M. Enver Hodzic ou encore

 25   par M. Semin Kalbic ; s'agissait-il de collègues de votre commissariat ?


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  1   Témoin Q (interprétation). - Oui, il s'agit de mes collègues. Enver Hodzic

  2   a travaillé à cette époque-là pour la police chargée de la criminalité, au

  3   service de sécurité publique de Novi Travnik. Kalbic a également travaillé

  4   comme technicien chargé de la criminalité dans ce même service de sécurité

  5   publique, et il avait également d'autres activités ; il a exécuté d'autres

  6   tâches.

  7   M. Lopez-Terres. - Plusieurs de ces rapports ne comportent pas le nom du

  8   rédacteur, mais simplement une formule qui est la suivante : "autorité

  9   officielle". Pouvez-vous nous expliquer quel était le sens de cette

 10   pratique ?

 11   Témoin Q (interprétation). - Oui, ceci était assez fréquent. Notre poste

 12   de police a été transféré, et il se trouvait pratiquement sur la première

 13   ligne de front. Pour cette raison, de nombreux policiers n'apposaient pas

 14   leur signature car, en effet, on ne savait pas sous le contrôle de quelle

 15   autorité ce bâtiment allait se trouver le lendemain, le bâtiment de la

 16   police ; c'est une première raison.

 17   La seconde raison est la suivante : nous avons enregistré sous cette forme

 18   les infractions et les délits, car la validité auprès des organes de

 19   juridiction était la même. Par conséquent, ce n'était pas la signature qui

 20   comptait, mais le fait de marquer les événements, les incidents qui

 21   s'était produits.

 22   M. Lopez-Terres. - Dans la plupart de ces rapports, les auteurs des faits

 23   -qu'il s'agisse de vols avec violence, d'expulsions par la force ou de

 24   mauvais traitements- apparaissent le plus souvent comme masqués. Avez-vous

 25   une explication à ce fait ?


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  1   Témoin Q (interprétation). - Oui. Dans les rapports officiels, on a noté

  2   tout ce qui s'était passé. Il faut dire que, souvent, il s'agissait

  3   d'auteurs de crimes qui vivaient ensemble, avec les Bosniens, et par

  4   conséquent ils pouvaient être reconnus à n'importe quel moment par les

  5   victimes, si je peux m'exprimer ainsi.

  6   D'un autre côté, il y avait un effet qui était beaucoup plus important,

  7   puissant, car la victime, à ce moment-là, quittait son appartement.

  8   M. Lopez-Terres. - Dans un de ces rapports qui figurent dans la pile de

  9   documents qui vous a été présentés, daté du 28 janvier 1993, il est fait

 10   référence à un vol avec violence commis au préjudice de M. Ragib Zukic. Il

 11   s'agit du document à la page 27 dans la version anglaise, 27 également

 12   dans la version bosniaque, Z 1963.12, page 27.

 13   Témoin Q (interprétation). - Oui, je vois.

 14   M. Lopez-Terres. - Il est indiqué dans ce procès-verbal que M. Ragib Zukic

 15   a dû avaler et boire du produit détergent. Etait-ce une pratique

 16   fréquente ?

 17   Vous n'avez pas entendu la question ?

 18   Témoin Q (interprétation). - Non, je m'excuse, je n'ai pas eu la

 19   traduction.

 20   M. Lopez-Terres. - Je vais reformuler ma question.

 21   Dans ce rapport que vous avez sous les yeux, il est indiqué que la

 22   victime, M. Ragib Zukic a dû avaler du détergent, qu'elle a été forcée à

 23   le faire par les personnes qui se sont présentées chez elle. Etait-ce une

 24   pratique habituelle ? Avez-vous eu d'autres plaintes de ce type ?

 25   Témoin Q (interprétation). - Moi, personnellement, j'avoue que je ne me


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  1   souviens pas qu'il y avait eu de tels types de maltraitement. Mais ce que

  2   je peux dire, c'est que tous ces PV, tous ces rapports, sont fiables.

  3   Je connais Zukic Ragib personnellement, et je me souviens qu'une fois on

  4   l'a passé à tabac. Il était membre d'une équipe, d'une mission chargée de

  5   négociations. Je pense que c'était le 19 octobre 1992.

  6   M. Lopez-Terres. - Ragib Zukic, dont vous parlez, faisait donc partie de

  7   la commission musulmane qui négociait avec le HVO le 19 octobre 1992 au

  8   foyer des travailleurs de Novi Travnik ?

  9   Témoin Q (interprétation). - C'est cela, il a été l'un des membres de

 10   cette mission. Tout le monde, tous les citoyens de Novi Travnik sont au

 11   courant du fait que Ragib, avec le président du parti, a été passé à tabac

 12   au foyer universitaire à Novi Travnik, avec Sali Krnic.

 13   M. Lopez-Terres. - Je vous demanderai d'examiner maintenant -avant que

 14   nous n'en terminions sur ces documents- les dernières pages de la pile qui

 15   vous a été remise.

 16   Il s'agit des documents pages 37 à 40. Il apparaît à la lecture de ces

 17   comptes rendus d'infraction, sur ces quatre comptes rendus, certaines

 18   anomalies, dans les dates en particulier. Le document est daté du

 19   25 janvier, il est précisé que la victime s'est présentée le 26, par

 20   exemple. A la page 28, sur le document daté du 23 janvier, il est précisé

 21   que les faits d'incendie de la maison de la victime ont eu lieu le

 22   20 octobre 1993, c'est-à-dire bien plus tard. Ou encore, page 39, le

 23   compte rendu est du 25 novembre 92, il est précisé que des faits ont eu

 24   lieu le 20 janvier 1992. Avez-vous quelques explications à nous fournir

 25   sur ces anomalies, quant aux dates des documents ?


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  1   Témoin Q (interprétation). - Je pense que de telles anomalies se

  2   produisaient à cause des erreurs commises par les policiers qui

  3   rédigeaient des rapports. Il faut avoir à l'esprit, il ne faut pas

  4   oublier, quelles étaient les circonstances dans lesquelles on avait rédigé

  5   les rapports, et où se trouvait également ce poste de police, à côté de la

  6   ligne de front ; nous étions la cible du HVO. Il n'est pas impossible que

  7   de telles erreurs se soient produites. Mais je suis sûr et certain que le

  8   contenu de chaque rapport est correct, et qu'il est véridique.

  9   M. Lopez-Terres. - Si je vous comprends bien, les anomalies dont nous

 10   venons de parler sont des anomalies de nature purement formelle, ou

 11   résultent d'étourderies compréhensibles de la part du rédacteur ?

 12   Témoin Q (interprétation). - Oui, absolument.

 13   M. Lopez-Terres. - Nous en avons terminé avez ces documents. Vous pouvez

 14   les retirer, Monsieur l'huissier.

 15   (L'huissier s'exécute.)

 16   J'indique d'ores et déjà que nous en avons terminé avec ce document-là,

 17   mais d'autres seront présentés au témoin.

 18   Pendant la période dont nous parlons -c'est-à-dire la fin de l'année 1992

 19   et les six premiers mois de 1993- avez-vous eu l'occasion de voir à la

 20   télévision l'accusé Dario Kordic ?

 21   Témoin Q (interprétation). - Oui. Oui, je l'ai vu à plusieurs reprises.

 22   J'ai pu le voir à la télévision. Il a fait un certain nombre de

 23   déclarations ; c'étaient beaucoup plus des discours de propagande, de la

 24   propagande. Il parlait de la Bosnie-Herzégovine, en parlant probablement

 25   de la partie de la Bosnie qui a été peuplée par la population croate. J'ai


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  1   effectivement retenu ce qu'il avait dit à cette époque-là, les

  2   déclarations qu'il avait faites à cette époque-là.

  3   M. Lopez-Terres. - Est-ce que vous pouvez rappeler, pour le Tribunal, les

  4   propos tenus à l'époque par l'accusé, tels que vous vous les rappelez

  5   aujourd'hui ?

  6   Témoin Q (interprétation). - Je ne peux pas me souvenir véritablement de

  7   chaque détail. Je peux tout simplement répéter ce que je viens de dire et

  8   que je me souviens ; par exemple qu'il portait souvent l'uniforme de

  9   camouflage. Il arborait l'insigne du HVO. Je ne l'ai jamais rencontré en

 10   personne.

 11   M. Lopez-Terres. - A-t-il dit à la télévision que la communauté croate

 12   d'Herceg-Bosna…

 13   M. le Président (interprétation). – Non, je pense que c'est au témoin de

 14   répondre.

 15   M. Lopez-Terres. – A-t-il parlé de la communauté croate d'Herceg-Bosna

 16   dans ces discours à  la télévision ?

 17   Témoin Q (interprétation). – Oui, il en a parlé. Il a parlé de la

 18   communauté croate d'Herceg-Bosna.

 19   M. Lopez-Terres. - Vous souvenez-vous de ce qu'il disait à propos de cette

 20   communauté croate ?

 21   Témoin Q (interprétation). - Je ne me souviens pas.

 22   M. Lopez-Terres. – Je vous remercie.

 23   Vous avez indiqué que vous ne connaissiez pas l'accusé, Dario Kordic,

 24   personnellement. Connaissez-vous l'accusé, Mario Cerkez ?

 25   Témoin Q (interprétation). - Non. Non, je ne connais ni l'un ni l'autre.


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  1   Comme je l'ai déjà précisé, je suis retourné en Bosnie juste à la veille

  2   de la guerre. C'est la raison pour laquelle je ne connaissais pas beaucoup

  3   d'autres membres des deux communautés, enfin je ne connais pas cette

  4   population.

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  1   Z 1963.7. Vous voyez ce document ?

  2   Témoin Q (interprétation). – Oui, je le vois.

  3   M. Lopez-Terres. - Vous apparaissez dans la partie inférieure droite de ce

  4   document ?

  5   Témoin Q (interprétation). - Oui.

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 10   Témoin Q (interprétation). – Non, je n'ai jamais été membre de l'armée de

 11   Bosnie-Herzégovine. C'est une erreur qui a été commise. Je pense que c'est

 12   un formulaire unifié du HVO et de leur commission chargée de l'échange à

 13   Novi Travnik, c'est probablement à cause de cela, car -en bas- on voit que

 14   les corps des membres du HVO civils ont été également remis. On a mis un

 15   tiret et non pas une barre oblique.

 16   M. Lopez-Terres. - Cette qualification de membre de l'armée de Bosnie vous

 17   a donc été donnée par le HVO par erreur ?

 18   Témoin Q (interprétation). – Oui. Ils auraient pu écrire ce qu'ils

 19   voulaient.

 20   M. Lopez-Terres. - Nous allons parler un petit peu de ces échanges de

 21   prisonniers ou de corps.

 22   Ces échanges avaient lieu le plus souvent dans des lieux dangereux et très

 23   proches des lignes de front ?

 24   Témoin Q (interprétation). - C'est exact. C'était le cas le plus fréquent.

 25   C'était pratiquement au niveau de la ligne de séparation, et à côté d'une


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  1   localité nommée Drenica. C'est tout proche de Novi Travnik.

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 12   M. Lopez-Terres. – Lazine.

 13   Je voudrais vous présenter un document portant la référence 1963.3.

 14   Témoin Q (interprétation). - Oui.

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 19   M. Lopez-Terres. - Il est précisé dans ce document que les soldats, dont

 20   les corps sont échangés, ont été victimes de sévices, de mutilations et de

 21   tortures. Est-ce que vous pouvez nous donner quelques informations sur

 22   l'état de ces soldats ?

 23   Témoin Q (interprétation). - En ce qui concerne ces soldats, ce que je

 24   sais, c'est qu'ils ont été arrêtés le 29 juin au moment où le HVO a

 25   attaqué le village Lazine.


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  1   Nous nous sommes mis d'accord pour échanger les corps. Au début, on a été

  2   informé qu'on les a arrêtés vivants et c'est la raison pour laquelle nous

  3   étions quelque peu surpris au moment où nous avons procédé aux échanges.

  4   Quand nous avons compris et constaté que c'étaient leurs corps, c'était à

  5   côté du village Trenica, municipalité de Novi Travnik, que l'échange a eu

  6   lieu. Comme au cours d'autres échanges, les membres de la famille

  7   procédaient à l'identification des corps, alors que le médecin était sur

  8   le terrain, sur place. Dans le cas concret, c'était le Dr Suvad Grizic.

  9   Il était en même temps chargé des autopsies à la morgue. Je ne suis pas

 10   allé moi-même sur place voir les corps qui ont été échangés. Et ceci,

 11   parce que je trouvais que c'était fort désagréable ; l'odeur était pénible

 12   à supporter et d'un autre côté, la réaction également des membres des

 13   familles était pénible et difficile à supporter. Si j'avais profité

 14   également du transport de la Forpronu à ce moment-là, il fallait que je

 15   retourne en ville très vite.

 16   Mais dans le cas concret, Grizic, médecin-légiste, m'avait donc fait une

 17   description détaillée des corps qui ont été échangés : Muhamed Sahinovic,

 18   Hajder Mujic, Enver Omeragic et Besim Omeragic, ce qui est d'ailleurs

 19   marqué et qui figure dans ce rapport.

 20   Je me souviens que selon ce qui a été relaté par le frère de Muhamed

 21   Sahinovic, le frère s'appelait Bakir Sahinovic.

 22   Les corps en question étaient dans un plastique, ils étaient mouillés, et

 23   il avait le sentiment qu'ils avaient été lavés même s'il y avait des

 24   traces de sang sur le corps.

 25   Ce n'est que plus tard, quand le frère Bakir -le frère de Muhamed- avait


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  1   transporté ces corps qui étaient dans le plastique a remarqué que le sous-

  2   vêtement, le slip était plein de sang ou plutôt rouge. Il y avait des

  3   traces et des tâches rouges. Il y avait également une partie du sexe qui

  4   manquait, la moitié du sexe avait été coupé. C'est comme ça que j'avoue

  5   que j'ai gardé en mémoire cette image de manière très vivante.

  6   M. Lopez-Terres. – Je voudrais vous présenter maintenant un autre

  7   document, le document 1963.11.

  8   Témoin Q (interprétation). – Oui.

  9   M. Lopez-Terres. – Vous avez obtenu des informations de la part d'un

 10   M. Ibrisim Begovic relatives à un camp de détention qui se trouvait dans

 11   la région de Stojkovici, est-ce exact ?

 12   Témoin Q (interprétation). – Oui, il s'agit d'un rapport officiel que j'ai

 13   rédigé moi-même, après l'entretien que j'ai eu avec Safet, Ibrisim Begovic

 14   qui se trouvait, à cette époque-là, emprisonné dans le camp à côté de

 15   Stojkovici.

 16   Comme je l'ai dit, c'était une façon dont on présentait les rapports

 17   -comme je l'ai dit tout à l'heure. C'est de cette manière-là que nous

 18   avons enregistré les incidents qui ont eu lieu.

 19   M. Lopez-Terres. - D'après les informations que vous avez obtenues de la

 20   part de ce M. Ibrisim Begovic, comment les soldats dont les corps ont été

 21   restitués à Lazine le 8 juillet 1993, ont-ils pu être détenus dans ce

 22   camp ?

 23   Témoin Q (interprétation). – Étant donné qu'il était passé entre le 13 et

 24   le 19 juillet dans le camp, il est fort probable que ceci s'était passé

 25   là-bas car c'est le 29 juin qu'ils ont été arrêtés.


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  1   M. Lopez-Terres. – Excusez-moi, je n'ai pas très bien compris. Ce

  2   M. Ibrisim Begovic a été détenu, d'après le rapport, entre le 5 juillet au

  3   moins et le 19 juillet. Le 5 juillet, il était dans ce camp, nous sommes

  4   bien d'accord ?

  5   Témoin Q (interprétation). – Dans le rapport, c'est marqué entre le

  6   30 juin jusqu'au 19 juillet. Ce sont ses propres allégations.

  7   M. Lopez-Terres. - Je crois qu'il existe une petite erreur dans la

  8   traduction en langue anglaise. Il est précisé qu'il a été détenu du 13 au

  9   19 juillet dans le camp. En fait, c'est du 13 juin au 19 juillet.

 10   Témoin Q (interprétation). – Il s'agit d'un rapport originel. Et je pense

 11   que le temps est tout à fait précis car il s'agit véritablement de ce

 12   qu'il avait déclaré. Nous l'avons tout simplement noté sous forme du

 13   rapport.

 14   M. le Président (interprétation). - Je pense que nous pouvons lire cette

 15   note officielle, nous n'avons pas besoin de continuer.

 16   M. Lopez-Terres. - J'aimerais que nous évoquions maintenant un autre fait

 17   qui s'est produit un peu plus tard. Il s'agit de faits qui se sont

 18   produits au mois d'octobre 1993.

 19   Vous souvenez-vous qu'à cette époque-là trois soldats de la Brigade de

 20   Novi Travnik, de la 308ème Brigade, ont été contraints de se diriger vers

 21   leur propre ligne par des soldats du HVO, alors qu'on leur avait attaché

 22   des mines ?

 23   Témoin Q (interprétation). - Oui, je m'en souviens ; je me souviens fort

 24   bien de cet événement. Ceci s'est passé le 3 octobre. Ils étaient cinq au

 25   total, ils ont été arrêtés par les membres du HVO ; c'était à l'époque où


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  1   le HVO avait attaqué le village Isakovici, municipalité de Novi Travnik.

  2   Deux jours après cet événement, par conséquent le 5 octobre, trois sur

  3   cinq ont été forcés, en ayant des mines attachées sur le dos, de

  4   s'acheminer vers les positions de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Je me

  5   souviens qu'au moment où ils se sont rendus sur les positions, les mines

  6   ont été activées alors qu'elles était attachées sur leur dos, et à ce

  7   moment-là les soldats de l'armée ont réussi à sortir les restes du corps

  8   de Enes Hajric, alors que Mujak et Muslimovic, malheureusement, sont

  9   restés sur place. Ils n'ont pas réussi à retirer les dépouilles mortelle,

 10   et pendant quarante jours leurs corps sont restés dans le no man's land.

 11   M. Lopez-Terres. - Avez-vous personnellement participé aux opérations qui

 12   ont permis de récupérer les restes de ces deux soldats ?

 13  (expurgé)

 14  (expurgé)

 15   M. le Président (interprétation). - Etiez-vous accompagné d'un officier

 16   britannique du nom de Yorke ?

 17   Témoin Q (interprétation). - Oui. A cette occasion, le capitaine Yorke

 18   nous a beaucoup aidés ; il s'est engagé, dans toute la mesure du possible,

 19   à extraire ces corps. Il est intervenu auprès des responsables de la

 20   brigade du HVO, Stjepan Tomasevic. Il me semble que c'était le

 21   15 novembre. Nous sommes donc parvenus à extraire les dépouilles, enfin

 22   les restes de ces corps, et ceci a été fort difficile.

 23   A l'époque, la nuit était déjà tombée ; le capitaine n'avait pas

 24   l'habitude de rentrer de nuit dans sa base, cependant il nous a rendu

 25   service et...


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  1   M. Lopez-Terres. - Ce n'est pas la peine de nous donner ces détails,

  2   Monsieur le Témoin. Je vous remercie.

  3   Je vais vous présenter un document qui a été établi par un officier, du

  4   Régiment britannique à l'époque, du nom de Yorke. Il s'agit de la

  5   pièce 1963.10. Il s'agit d'un document en langue anglaise ; je vais en

  6   lire rapidement un passage. Il est indiqué que le capitaine a parlé à une

  7   personne qui était chargée des échanges ; le nom qui est indiqué est le

  8   vôtre. Ensuite, il est indiqué -dans la deuxième page- quelles sont les

  9   constatations faites par cet officier, en particulier le fait qu'à

 10   proximité des restes des corps on a trouvé des câbles qui menaient

 11   directement vers les lignes du HVO.

 12   A votre connaissance, ce rapport correspond-il aux faits dont vous venez

 13   de parler ?

 14   Témoin Q (interprétation). - Oui. Pour ce qui est de ma participation

 15   personnelle à tout cela, je n'étais pas personnellement sur la colline de

 16   Pek, là où les corps ont été déchiquetés. Avec le capitaine Yorke et le

 17   journaliste de l'armée de Bosnie-Herzégovine, Begic Enes, je suis arrivé

 18   dans la localité appelée Isakovici. C'était le véhicule tout terrain du

 19   capitaine Yorke qui nous a amenés, et c'est là que je les ai attendus

 20   alors qu'ils allaient sur place recueillir les restes. Par la suite, ils

 21   les ont rapportés dans les locaux de l'école secondaire, dans la partie

 22   haute de la ville. Begic Enes, à ce moment-là, a filmé les restes des

 23   corps.

 24   M. Lopez-Terres. - Dans ce rapport, à nouveau il est indiqué à votre

 25   propos que vous êtes un policier militaire. Quel commentaire avez-vous à


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  1   faire sur ce qualificatif ?

  2   Témoin Q (interprétation). - Non, non, cela n'est pas exact. Je pense

  3   qu'il y a eu une erreur. Comme je l'ai déjà dit, je n'ai jamais été membre

  4   de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Tout le temps, je suis resté membre de

  5   ce poste de police civile. Il est possible que le capitaine Yorke ait

  6   commis cette erreur vu ma tenue, la tenue que je portais habituellement, à

  7   savoir l'uniforme de camouflage. A l'époque, c'étaient les vêtements les

  8   plus adaptés.

  9   M. Lopez-Terres. - Nous allons évoquer d'autres faits maintenant,

 10   concernant cet immeuble dénommé Stari Soliter.

 11   Le 9 juin...

 12   M. le Président (interprétation). - Permettez-moi de vous interrompre,

 13   Monsieur Lopez-Terres.

 14   Nous avons entendu les dépositions sur l'attaque menée contre

 15   Stari Soliter, et cela ne fait pas l'objet de contestation. Pourriez-vous

 16   avancer rapidement, s'il vous plaît, jusqu'à l'endroit où l'on arrivera à

 17   ce qu'a vécu personnellement notre témoin ?

 18   M. Lopez-Terres. - A ma connaissance, Monsieur le Président, un seul

 19   témoin a déjà évoqué les faits, le 16 avril dernier ; il s'agissait du

 20   témoin C.

 21   M. le Président (interprétation). - Oui, c'est ce que je voulais dire.

 22   Nous n'avons pas besoin de réentendre tout cela, encore une fois.

 23   M. Lopez-Terres. - Dans un souci d'accélération, je voudrais simplement

 24   présenter différents documents établis par le témoin et se rapportant aux

 25   faits de Stari Soliter.


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  1   Vous avez été personnellement impliqué dans les relations avec les

  2   résidents de cet immeuble de Novi Travnik entre le 9 juin 93 et le

  3   17 septembre 93 ?

  4   Témoin Q (interprétation). – Oui, j'étais directement impliqué dans les

  5   négociations concernant la libération des gens de cet immeuble. J'ai

  6   entrepris des efforts.

  7   M. Lopez-Terres. - Pendant les trois mois où elles sont restées dans

  8   l'immeuble, les conditions de vie de ces personnes ont été très

  9   difficiles, n'est-ce pas ?

 10   Témoin Q (interprétation). - Oui, elles étaient très difficiles. En fait,

 11   l'immeuble était exposé aux tirs quotidiens, aux tirs émanant des membres

 12   du HVO. Qui plus est, il était impossible de leur fournir des vivres

 13   puisque qu'il n'y avait qu'une seule entrée dans cet immeuble, et c'était

 14   une cause supplémentaire de supplice. Ils étaient pratiquement détenus à

 15   l'intérieur, tout simplement parce qu'ils se trouvaient à l'intérieur de

 16   leurs propres appartements.

 17   Ce sont notamment les enfants qui ont souffert. L'enfant le plus jeune

 18   n'avait que 11 mois.

 19   M. Lopez-Terres. – Il y avait, au départ, 57 personnes dans cet immeuble ;

 20   c'est bien cela ?

 21   Témoin Q (interprétation). – Oui. Au début, il y avait 57 personnes,

 22   pratiquement jusqu'au 1er juillet. Le 1er juillet, au moment de l'attaque,

 23   l'attaque menée par les membres du HVO et de la HV, un habitant -Muslic

 24   Zijad- a été blessé et un membre de l'armée croate, Marko Sureta, a été

 25   grièvement blessé.


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  1   Nous avons donc procédé à l'évacuation. Le HVO nous l'a permis,

  2   probablement parce que Marko Sureta a été blessé. A partir de ce moment-

  3   là, il y avait encore 56 personnes dans l'immeuble, 56 locataires.

  4   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous examiner rapidement les documents que je

  5   vais vous présenter : d'abord 1-9-6-3-4, et 1-9-6-3-5 ?

  6   Témoin Q (interprétation). – Oui. Il s'agit ici de rapports que j'ai

  7   rédigés à l'adresse de la présidence de guerre de Novi Travnik ; cela

  8   concernait le Stari Soliter. Tels étaient mes efforts visant à trouver une

  9   solution pour que ces gens ne souffrent plus.

 10   M. Lopez-Terres. - Je vais vous présenter maintenant le document 1-9-6-3-6

 11   en date du 1er août 1993.

 12   Témoin Q (interprétation). - Oui.

 13   M. Lopez-Terres. - Ce document est également rédigé par vous ?

 14   Témoin Q (interprétation). - Oui.

 15   M. Lopez-Terres. - Il concerne la livraison de nourriture, après une

 16   longue période de privation, aux résidents de l'immeuble ?

 17   Témoin Q (interprétation). - Oui, c'est un des rapports faisant état du

 18   fait que, suite à une série de négociations avec la partie croate à la

 19   date du 1er août, nous avons réussi -par l'intermédiaire de la Forpronu- à

 20   livrer à Stari Soliter un peu de nourriture, car la situation empirait

 21   dans la tour.

 22   M. Lopez-Terres. - Je voudrais vous présenter un document en date du

 23   3 juillet, portant la référence 1-9-6-3-2. Vous avez déjà évoqué

 24   partiellement ces faits, et en particulier la présence d'un soldat de

 25   l'armée croate -je dis bien de l'armée croate, c'est-à-dire de la


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  1   République de Croatie- qui a été blessé dans l'immeuble Stari Soliter au

  2   mois de juillet 1993 à Novi Travnik.

  3   Témoin Q (interprétation). – Oui, c'est exact. Il s'agissait d'un soldat

  4   de l'armée croate puisque qu'on a trouvé sur lui, à l'époque, une carte

  5   prouvant son appartenance à cette armée. Autrement dit, il n'était pas

  6   membre du HVO, mais de la HV.

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9  (expurgé)

 10  (expurgé)

 11  (expurgé)

 12  (expurgé)

 13   Témoin Q (interprétation). - Oui, telle était l'exigence de la partie

 14   croate pour libérer et laisser partir les civils de Stari Soliter. Tous

 15   les Croates habitant dans les villages que vous venez de citer devaient

 16   venir s'installer dans la partie basse de la ville, qui était sous le

 17   contrôle du HVO.

 18   Cependant, la partie bosniaque n'a pas voulu accepter ces exigences au

 19   début, car d'une part, concrètement, cela signifiait qu'il fallait

 20   procéder à un nettoyage ethnique de la zone indiquée ; d'autre part, un

 21   certain nombre de Croates ne voulaient pas faire partie de cet échange.

 22   Mais il nous a été très difficile de convaincre cette commission du HVO du

 23   fait que ces gens ne voulaient pas être échangés.

 24   M. Lopez-Terres. - Vous avez été personnellement amené à rencontrer ces

 25   gens et à recueillir leurs observations. Je voudrais maintenant vous


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  1   présenter des documents qui font référence à ce dont vous nous parlez.

  2   Il s'agit des pièces 1-9-6-3-8 et  1-9-6-3-9.

  3   Témoin Q (interprétation). - Oui.

  4   1-9-6-3-8 est une déclaration. Par cette déclaration, le signataire

  5   confirme qu'il ne souhaite pas faire l'objet de l'échange. J'ai fait cela

  6   sur une demande présentée par la commission du HVO, puisqu'on ne me

  7   faisait pas confiance. On ne croyait pas qu'un certain nombre de personnes

  8   ne souhaitaient pas être échangées, notamment les personnes âgées.

  9   Et on voit cela sur cet autre document. Il s'agit d'une liste de personnes

 10   qui ont déclaré qu'elles ne souhaitaient pas être échangées dans cet

 11   échange "tous pour tous". Je m'en souviens très bien : à l'époque, j'ai

 12   pris contact avec Ljubas Mate, du village de Torine, qui ne voulait pas

 13   partir.

 14   M. Lopez-Terres. – Finalement, après le 17 septembre, l'échange s'est

 15   réalisé ?

 16   Témoin Q (interprétation). – Oui, c'est cela.

 17   M. Lopez-Terres. - Vous avez discuté, à l'occasion de ces échanges, avec

 18   les représentants du HVO. Ceux-ci vous ont-ils laissé entendre qu'ils

 19   avaient reçu des instructions pour procéder à cet échange ?

 20   Témoin Q (interprétation). – Oui, c'est cela. C'est Josip Udovicic qui les

 21   représentait pour cette affaire d'échange. Et l'échange a eu lieu en

 22   ville, sur la ligne.

 23   M. Lopez-Terres. – Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres questions.

 24   M. le Président (interprétation). – Merci. Vous avez la parole, Maître

 25   Naumovski.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le Président.

  2   Permettez-moi de me présenter : je suis Mitko Naumovski. Je suis l'un des

  3   conseils de M. Dario Kordic. Je suis avocat de Zagreb.

  4   Puisque nous nous comprenons, pourriez-vous, s'il vous plaît attendre un

  5   petit peu avant de répondre à ma question, ceci afin d'éviter des

  6   problèmes d'interprétation qui se posent assez souvent ?

  7   Témoin Q (interprétation). – Oui, tout à fait.

  8   M. Naumovski (interprétation). - Vous avez jusqu'à présent donné deux

  9   déclarations aux enquêteurs de ce Tribunal, d'après ce que j'ai vu dans ce

 10   dossier.

 11   Témoin Q (interprétation). - Oui.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Avez-vous déjà eu des entretiens au sujet

 13   des mêmes thèmes qui sont abordés ici, avec la commission de l'Etat de

 14   Bosnie-Herzégovine qui enquête sur les crimes de guerre ?

 15   Témoin Q (interprétation). - Non.

 16   M. Naumovski (interprétation). – Et s'agissant de l'AIED (?), de l'agence

 17   chargée du recueil d'informations, vous auriez déjà fait des déclarations

 18   à cette agence ?

 19   Témoin Q (interprétation). - Non.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Vous avez suivi votre formation de

 21   policier en République de Croatie, n'est-ce pas ?

 22   Témoin Q (interprétation). – Oui, entre autres en Croatie. 

 23   M. Naumovski (interprétation). - Et si j'ai bien compris, vous avez été

 24   membre du ministère de la Défense de la République de Croatie à Sibenik

 25   jusqu'en 1993 ?


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  1   Témoin Q (interprétation). – Non, c'est une erreur.

  2   M. Naumovski (interprétation). - A Zagreb ?

  3   Témoin Q (interprétation). – Non, je n'ai jamais été membre du ministère

  4   de la Défense.

  5   M. Naumovski (interprétation). - Il s'agit du ministère de l'Intérieur.

  6   Témoin Q (interprétation). – Oui, s'agissant du ministère de l'Intérieur,

  7   je peux répondre par l'affirmative.

  8   M. Naumovski (interprétation). - J'ai peut-être fait une erreur. Donc, il

  9   s'agit du ministère de l'Intérieur ?

 10   Témoin Q (interprétation). - Oui.

 11   M. Naumovski (interprétation). - Vous êtes donc venu travailler en 1991

 12   comme policier à Novi Travnik ?

 13   Témoin Q (interprétation). – Oui, c'est exact.

 14   M. Naumovski (interprétation). - Votre famille a continué à vivre en

 15   République de Croatie ?

 16   Témoin Q (interprétation). – Non, ils sont venus avec moi.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Ils ont vécu avec vous à Novi Travnik ?

 18   Témoin Q (interprétation). – Oui, c'est cela.

 19   M. Naumovski (interprétation). - Aujourd'hui, vous avez évoqué le premier

 20   conflit du 19 juin 1992. La Chambre a déjà eu l'occasion d'entendre des

 21   dépositions à ce sujet.

 22   Je n'ai qu'une seule question à vous poser. Savez-vous que les événements

 23   du 19 juin ont été précédés par un événement qui s'est produit le

 24   18 juin ?

 25   Témoin Q (interprétation). – Non, je ne suis pas au courant.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Donc vous n'êtes pas au courant de

  2   l'incident qui s'est produit le 18 juin ?

  3   Témoin Q (interprétation). – Non. Je sais que la situation dans son

  4   ensemble était un peu tendue, mais je ne pourrais pas préciser ou indiquer

  5   un incident en particulier.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Si vous ne connaissez pas les détails, je

  7   n'insisterai pas.

  8   Pour tirer au clair une chose, dans un même immeuble il y avait le poste

  9   de police de Novi Travnik ainsi que le commandement de la Défense

 10   territoriale ?

 11   Témoin Q (interprétation). – Oui. Oui, il s'agit d'un même immeuble.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Un même immeuble ; d'accord, c'est

 13   confirmé. Pendant le deuxième conflit, vous-même n'étiez pas à Novi

 14   Travnik ?

 15   Témoin Q (interprétation). - Je me trouvais sur le territoire de la

 16   municipalité de Novi Travnik, mais pas dans la ville elle-même.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Vous étiez dans le village de Zagrlje ?

 18   Témoin Q (interprétation). - Oui.

 19   M. Naumovski (interprétation). - Mais au début, au début du mois

 20   d'octobre 1992, vous n'étiez pas du tout dans la municipalité de Novi

 21   Travnik, n'est-ce pas ?

 22   Témoin Q (interprétation). - Peu avant ce conflit, je me trouvais avec ma

 23   famille en Croatie. Je suis arrivé le 18 octobre, de Croatie j'entends.

 24   M. Naumovski (interprétation). - Pour être précis, avec votre famille,

 25   vous vous êtes rendu en République de Croatie ?


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  1   Témoin Q (interprétation). – Oui, c'est cela.

  2   M. Naumovski (interprétation). - Si je vous pose la question, c'est parce

  3   que dans votre déclaration préalable, dans une déclaration que vous avez

  4   donnée aux enquêteurs, vous avez dit que ce jour-là vous étiez allé rendre

  5   visite à votre famille en Croatie.

  6   Témoin Q (interprétation). – Oui, il s'agit de la famille de mon épouse.

  7   M. Naumovski (interprétation). - Donc, c'est la famille de votre épouse

  8   qui vit en Croatie, et non pas votre épouse et vos enfants ?

  9   Témoin Q (interprétation). – Oui, c'est la famille de mon épouse qui vit

 10   en République de Croatie.

 11   M. Naumovski (interprétation). - Très bien, merci.

 12   Je ne vous poserai pas beaucoup de questions sur la deuxième déclaration

 13   que vous avez donnée, puisque vous ne vous trouviez pas dans la ville

 14   même. Mais puisque vous étiez dans le village de Zagrlje, si je vous ai

 15   bien compris -et cela se trouve à 15 kilomètres peut-être de Opara- je

 16   souhaite vous poser la question suivante : êtes-vous d'accord avec moi

 17   pour dire que les Musulmans de ce ces villages de Opara et Zagrlje ont

 18   chassé les Serbes le 27 août 1992, donc peu de temps avant que vous ne

 19   vous y rendiez ?

 20   Témoin Q (interprétation). - Je ne vois pas à quels Serbes vous faites

 21   référence.

 22   M. Naumovski (interprétation). - Je fais référence aux Serbes qui vivaient

 23   là-bas.

 24   Témoin Q (interprétation). - Je vous ai dit que je suis arrivé de Croatie

 25   en 1991, et ce…


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Je vous pose une question qui concerne le

  2   mois d'août 1992. A l'époque, vous étiez policier à Novi Travnik.

  3   Témoin Q (interprétation). - Je ne comprends pas votre question.

  4   M. Naumovski (interprétation). – Savez-vous que le 27 août 1992, les

  5   Musulmans chassaient les Serbes de Zagrlje et d'Opara ?

  6   Témoin Q (interprétation). - Je ne suis pas d'accord avec votre

  7   constatation, parce que je ne suis pas au courant du fait que les Serbes

  8   auraient été expulsés. Ils ont quitté les lieux avant le conflit, ils ont

  9   quitté cette zone avant.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Avant quel conflit, s'il vous plaît ?

 11   Témoin Q (interprétation). - Avant le conflit entre l'armée de Bosnie-

 12   Herzégovine et le HVO.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Vous faites allusion au mois de juin

 14   1992 ? Au premier incident ?

 15   Témoin Q (interprétation). – Non, au deuxième ; au mois d'octobre 1992.

 16   M. Naumovski (interprétation). - S'agissant de ces conflits, pouvez-vous

 17   nous dire précisément à quel moment la première ligne s'est constituée

 18   dans la ville de Novi Travnik ?

 19   Témoin Q (interprétation). - La première ligne ? Eh bien, elle a été

 20   établie, je dirais, après le deuxième conflit, après le mois d'octobre

 21   1992.

 22   M. Naumovski (interprétation). - Très bien, merci.

 23   Dites-moi, s'il vous plaît, au sujet de votre travail de policier...

 24   Pourriez-vous nous le décrire un petit peu ? Jusqu'au 19 juin 1992, vous

 25   travailliez dans un commissariat de police et par la suite, les polices


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  1   ont été scindées -si je puis dire ?

  2   Témoin Q (interprétation). - Nous avons été expulsés de ce poste de

  3   police.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Mon affirmation serait un peu différente.

  5   Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que vous avez quitté les lieux de

  6   votre propre gré, puisque vous ne vouliez plus travailler là-bas ?

  7   Témoin Q (interprétation). - C'est une question suggestive, je ne pense

  8   pas qu'elle soit posée de manière correcte. Je pense qu'elle est déplacée.

  9   Nous avons quitté ce poste de police après avoir été attaqués arme à la

 10   main ; on nous a attaqués avec des fusils et des lance-roquettes

 11   portables.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Nous parlions de cet immeuble et du

 13   conflit concernant cet immeuble.

 14   Mais vous, personnellement, vous n'avez jamais été chassé de ce poste de

 15   police ? C'est cela que je voulais dire.

 16   M. le Président (interprétation). - Je ne pense pas que nous pourrons

 17   entendre d'autres choses de la part de ce témoin. Vous avez déjà reçu la

 18   réponse du témoin.

 19   M. Naumovski (interprétation). - Très bien, Monsieur le Président.

 20   Dites-nous, quelles étaient vos tâches dans ce nouveau poste de police de

 21   Novi Travnik ?

 22   Témoin Q (interprétation). - J'étais policier.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Vous étiez chargé du travail

 24   administratif ou vous étiez un policier envoyé sur le terrain ?

 25   Témoin Q (interprétation). - J'étais policier sur le terrain. Vous


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  1   comprenez, c'était la guerre : on faisait tout le travail qui relevait de

  2   la police , il n'y avait pas assez de personnel.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Peut-on être d'accord sur une autre

  4   affirmation, à savoir qu'en septembre 1992, vu la guerre qui touchait la

  5   Bosnie-Herzégovine, entre 4 000 et 5 000 Musulmans réfugiés sont arrivés

  6   dans la ville et la municipalité de Novi Travnik ?

  7   Témoin Q (interprétation). - Je ne comprends pas votre question. Quels

  8   réfugiés ? Venus d'où ?

  9   M. Naumovski (interprétation). - Les réfugiés venus des zones où il y

 10   avait une activité serbe et des conquêtes serbes. Il s'agit de l'ouest et

 11   du nord-ouest de la Bosnie.

 12   Témoin Q (interprétation). - Oui, il y a eu des réfugiés, notamment venus

 13   de la municipalité de Jajce.

 14   M. Naumovski (interprétation). - Et cette vague de réfugiés de Jajce est

 15   arrivée notamment après la chute de cette ville. Mais pendant la deuxième

 16   moitié du mois de septembre, les réfugiés ont afflué, n'est-ce pas ?

 17   Témoin Q (interprétation). - Je ne sais pas ; je ne sais pas non plus

 18   quand ils sont partis.

 19   M. Naumovski (interprétation). - En tant que policier ?

 20   Témoin Q (interprétation). - Je ne peux pas être précis.

 21   M. Naumovski (interprétation). - En tant que policier, vous travailliez

 22   tous les jours avec les gens qui étaient sur place. Avez-vous remarqué

 23   qu'en septembre il y a eu une forte pression de réfugiés dans la ville ?

 24   Témoin Q (interprétation). - Oui, il y a eu des réfugiés, mais je ne peux

 25   pas vous préciser à quel moment ils sont arrivés ni à quel moment il sont


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  1   repartis. C'était notamment au moment de l'attaque serbe dans la

  2   municipalité de Jajce.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Très bien, merci.

  4   Dites-moi, s'il vous plaît, ces réfugiés qui arrivaient dans la zone de

  5   Novi Travnik -la ville j'entends- venaient-ils se présenter au poste de

  6   police de Novi Travnik ?

  7   Témoin Q (interprétation). - Oui, des dossiers ont été constitués.

  8   M. Naumovski (interprétation). - Et en plus de ces dossiers, ces gens

  9   venaient-ils demander qu'on leur délivre des pièces d'identité, puisque

 10   qu'ils venaient s'installer dans des appartements libres dans la ville ?

 11   Témoin Q (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Mais vous n'étiez pas chargé de ce genre

 13   de tâche ?

 14   Témoin Q (interprétation). - Non, non, cela ne faisait pas partie de mes

 15   tâches.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Aujourd'hui, nous avons eu le versement

 17   par le Procureur d'un certain nombre de notes officielles où il est montré

 18   que vous notiez, que vous consigniez, les plaintes des citoyens concernant

 19   ce qui leur arrivait.

 20   Témoin Q (interprétation). - Vous voulez parler de moi ou du poste de

 21   police en général ?

 22   M. Naumovski (interprétation). - Vous-même et de tout ce qui a été fait

 23   dans le poste de police, puisqu'il y a eu des documents qui n'étaient pas

 24   signés par vous ?

 25   Témoin Q (interprétation). - Oui, vous savez qu'une note officielle est


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  1   l'un des moyens de consigner un événement, l'un des moyens habituels. Donc

  2   il m'est arrivé à moi aussi de consigner ce genre de plainte.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Si nous regardons de manière assez

  4   superficielle ces documents -car nous n'avons pas suffisamment de temps-

  5   nous pouvons remarquer que, pour ce qui est des documents que nous avons

  6   vus, la seule chose qui a été faite c'était de consigner l'événement

  7   précisément ?

  8   Témoin Q (interprétation). - Oui, c'est cela.

  9   Qu'aurions-nous pu faire de plus ? A ce moment-là, nous aurions peut-être

 10   pu téléphoner à quelqu'un du HVO pour qu'il nous aide ? Effectivement,

 11   cela aurait été le seul moyen puisque je ne vois pas à qui on aurait pu

 12   s'adresser pour se plaindre.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Mais les citoyens, d'après ce que je

 14   vois, ne signaient pas ces déclarations ?

 15   Témoin Q (interprétation). - Non, c'étaient des notes officielles. C'était

 16   cela, la forme des déclarations ; c'est une forme assez particulière.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Très bien, merci.

 18   De quelle appartenance ethnique étaient les citoyens qui se rendaient dans

 19   votre poste de police pour se plaindre ?

 20   Témoin Q (interprétation). - Eh bien, en règle générale c'étaient des

 21   Musulmans de Bosnie. En règle générale.

 22   M. Naumovski (interprétation). - D'après les noms, d'après ce que j'ai vu,

 23   en grosse majorité ce sont des Musulmans. Je voulais qu'on soit bien

 24   d'accord là-dessus.

 25   Dites-moi, s'il vous plaît, dans votre zone d'activité, en tant que


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  1   policier, est-ce qu'on comptait aussi la rue Kalinska du 4 juillet,

  2   c'était cela son nom précédent ?

  3   Témoin Q (interprétation). - Oui.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Dans cette rue Kalinska, il y a des

  5   immeubles de logement, et là-bas il y avait aussi un certain nombre de

  6   citoyens d'autres appartenances ethniques, je veux parler de Croates et de

  7   Serbes ?

  8   Témoin Q (interprétation). - Oui.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Ces citoyens, dans ces immeubles-là, ont

 10   eux aussi fait l'objet de mauvais traitements, ont été expulsés ?

 11   Témoin Q (interprétation). - Je ne suis pas d'accord avec vous.

 12   S'il y en a eu qui ont quitté leur appartement, cela est arrivé à temps

 13   puisque qu'on savait plus ou moins... En fait, eux, ils savaient à quel

 14   moment le HVO allait attaquer, du moins pour ce qui est du premier et du

 15   deuxième conflits.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Quand vous dites "à temps" que voulez-

 17   vous dire par là ?

 18   Témoin Q (interprétation). - Eh bien, je veux dire que tout simplement ils

 19   savaient qu'il allait y avoir un conflit.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Je ne parle pas de conflit, Monsieur.

 21   Je vous demande si vous savez que les Croates et les Serbes qui habitaient

 22   les appartements rue Kalinska avaient été soumis à de mauvais traitements,

 23   chassés, etc. ? Etes-vous d'accord avec moi sur ce point ?

 24   Témoin Q (interprétation). - Non, je ne suis pas d'accord avec vous. Je ne

 25   suis pas au courant de cas où des Croates de la rue Kalinska auraient fait


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  1   l'objet de mauvais traitements ou d'expulsions de leur appartement. Je ne

  2   suis pas au courant de cela.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Mais vous, en tant que policier, et

  4   compte tenu du fait que c'était une zone qui était de votre ressort aussi,

  5   vous auriez dû être au courant ?

  6   M. le Président (interprétation). - Le témoin dit qu'il n'était pas au

  7   courant ; vous ne pouvez pas insister davantage là-dessus.

  8   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur le Président, je voulais tout

  9   simplement mentionner les deux cas, mais si vous n'êtes pas d'accord je

 10   vais me conformer à ce que vous avez décidé.

 11   M. le Président (interprétation). - Le témoin dit qu'il ne se souvient

 12   pas.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Merci. Entendu.

 14   Quelques autres questions sur ce qui s'est passé à Stari Soliter. Je vais

 15   être très bref étant donné que la Chambre a déjà entendu tout ce qui a été

 16   relaté à ce sujet.

 17   Lors de vos déclarations préalables, vous en avez donné deux, vous avez

 18   dit que le HVO avait attaqué, avait tiré en direction du bâtiment et à un

 19   moment donné, Sureta Marko était devant le bâtiment et il était avec un

 20   Musulman. Il a été blessé à cette époque-là ; vous souvenez-vous de cet

 21   événement ?

 22   Témoin Q (interprétation). – Oui, je m'en souviens très bien.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Si j'ai bien entendu, tout à l'heure,

 24   lors de votre déposition, vous avez dit que Sureta avait des documents

 25   selon lesquels on aurait pu l'identifier comme membre ou soldat croate ?


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  1   Témoin Q (interprétation). – Oui.

  2   M. Naumovski (interprétation). - Avez-vous vu cette carte d'identité ?

  3   Témoin Q (interprétation). – Je l'ai vue de mes propres yeux.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Où est-elle maintenant ?

  5   Témoin Q (interprétation). – Je ne sais pas. Un locataire de l'immeuble a

  6   probablement gardé cette pièce d'identité.

  7   M. Naumovski (interprétation). - Mais Marko Sureta est quelqu'un de la

  8   municipalité de Novi Travnik ?

  9   Témoin Q (interprétation). – Je ne sais pas, je ne peux pas vous le dire.

 10   Je ne sais pas.

 11   M. Naumovski (interprétation). – Mais vous avez également dit que le HV

 12   avait attaqué cet immeuble, ce bâtiment. C'est la première fois que vous

 13   en parlez ; je ne l'ai jamais vu dans votre déclaration préalable.

 14   Témoin Q (interprétation). – J'ai dit qu'un membre de l'armée croate avait

 15   participé à l'attaque organisée contre l'immeuble appelé Stari Soliter.

 16   Pour moi, c'est clair.

 17   M. Naumovski (interprétation). – Bon, vous parlez d'un individu, par

 18   conséquent, pour qu'on ne comprenne pas mal... Je pense que c'est ainsi

 19   que cela a été marqué dans la transcription. C'est pour cela que je vous

 20   ai posé la question supplémentaire.

 21   Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que tout à l'heure, répondant à la

 22   question du Procureur, le HVO avait conditionné le départ des locataires

 23   de cet immeuble avec le départ de tous les Croates, contrôlé par le HVO en

 24   Bosnie-Herzégovine ?

 25   Témoin Q (interprétation). – Oui, c'était une condition sine qua non de la


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  1   partie croate. C'était très précis ; c'était un échange pour tous.

  2   M. Naumovski (interprétation). - Mais Monsieur le Témoin Q, lors de votre

  3   déclaration donnée le 5 juin 1999 -il s'agit de la déclaration préalable

  4   n° 2 que vous avez donnée aux enquêteurs- vous avez dit que les croates

  5   habitant Stojkovici et Torine devaient être échangés, ou plutôt transférés

  6   sur le territoire, sous le contrôle croate. Vous avez parlé des deux

  7   villages uniquement.

  8   Témoin Q (interprétation). – De Torine et Stojkovici.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Mais c'étaient les Croates qui sont

 10   restés sur le territoire contrôlé par l'armée de Bosnie-Herzégovine. Je

 11   pense que vous devez connaître ce fait.

 12   Mais je voulais que nous nous mettions d'accord : lors de votre

 13   déclaration préalable, vous avez parlé simplement de deux

 14   villages : Tchekovski et Tolenje ?

 15   Témoin Q (interprétation). – Stojkovici.

 16   M. Naumovski (interprétation). – Excusez-moi, j'ai fait une erreur.

 17   Témoin Q (interprétation). – A cette époque, la majorité de la population

 18   croate se trouvait dans le village. Je pense qu'ils étaient 200 au total.

 19   M. Naumovski (interprétation). - J'ai vu un certain nombre de pièces à

 20   conviction que le Procureur a versées au dossier aujourd'hui, concernant

 21   les personnes croates qui habitaient dans le territoire contrôlé par

 22   l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 23   Juste à titre d'exemple, il s'agit de : Z-1-9-6-3-8. Il y a un formulaire

 24   type de votre commission chargée de l'échange des prisonniers, il en

 25   résulte que Petar Kuhta et Milka Kuhta ont refusé d'être échangés. Vous


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  1   l'avez sous les yeux.

  2   Témoin Q (interprétation). – Oui.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Mais il n'y a qu'une seule signature sur

  4   cette déclaration ?

  5   Témoin Q (interprétation). – Oui.

  6   M. Naumovski (interprétation). - On ne sait pas qui l'a signée ?

  7   Témoin Q (interprétation). – C'est Petar Kuhta qui l'a signée.

  8   M. Naumovski (interprétation). - Mais il y a également une case. Par

  9   conséquent, les témoins doivent confirmer ces déclarations. Nous sommes

 10   bien d'accord avec vous ?

 11   Témoin Q (interprétation). – Oui.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Il n'y a aucun nom figurant dans cette

 13   case ?

 14   Témoin Q (interprétation). – Mais vous pouvez regarder la date et vous

 15   verrez que cela a été rédigé juste la veille de l'échange.

 16   Il y avait beaucoup de problèmes à la veille de l'échange, il y a des gens

 17   qui ne voulaient pas être échangés, la partie croate les réclamait et tout

 18   était arrêté à cause de ces gens-là alors que des centaines de personnes

 19   attendaient l'échange.

 20   M. le Président (interprétation). – Maître Naumosvski, il va bientôt être

 21   temps de lever l'audience. Avez-vous beaucoup d'autres questions ?

 22   M. Naumovski (interprétation). - J'aurais besoin d'une quinzaine ou d'une

 23   vingtaine de minutes. J'aurais voulu être plus rapide, mais

 24   malheureusement je n'y suis pas arrivé.

 25   M. le Président (interprétation). – Vous pourrez terminer demain après-


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  1   midi.

  2   Monsieur le Témoin Q, malheureusement nous ne pouvons pas terminer votre

  3   déposition aujourd'hui. Je dois vous demander de revenir demain pour la

  4   terminer.

  5   Veuillez être de retour à l'audience à 14 heures 30 demain.

  6   Je vous rappelle que dans l'intervalle, vous n'êtes autorisé à parler à

  7   personne de votre déposition et vous n'avez le droit de permettre à

  8   personne de vous en parler, inclus les représentants du Bureau du

  9   Procureur.

 10   Monsieur Lopez-Terres, voulez-vous dire quelque chose ?

 11   M. Lopez-Terres. - Je voudrais simplement indiquer que la plupart des

 12   documents dont nous avons parlé cet après-midi portent le nom du témoin,

 13   et que par conséquent ils devraient être eux-mêmes protégés.

 14   M. le Président (interprétation). - Fort bien. L'audience reprendra demain

 15   à 14 heures 30.

 16   L'audience est levée à 16 heures 40.

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