Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL                     AFFAIRE N° IT-95-14/2-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3   Mercredi 20 octobre 1999

  4   L'audience est ouverte à 9 heures 30.

  5   Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président, bonjour,

  6   Messieurs les Juges. Affaire IT-95-14/2-T, le Procureur contre Dario

  7   Kordic et Mario Cerkez.

  8   M. le Président (interprétation). - Monsieur Jennings, je vous demanderai

  9   de vous asseoir pour le moment, si vous voulez bien, car nous avons

 10   quelques points à traiter avant le début de votre déposition.

 11   Maître Sayers ?

 12   M. Sayers (interprétation). - Quelques mots, Monsieur le Président. Le

 13   Procureur nous a remis hier la version définitive du résumé de la

 14   déposition de ce témoin. Je voudrais informer les Juges que nous n'avons

 15   aucune objection à ce que le Procureur guide le témoin dans une grande

 16   partie de sa déposition, à l'exception de quelques paragraphes que je

 17   mentionne à présent : le paragraphe 19, les paragraphes 21 à 23, les

 18   paragraphes 26 à 40, les paragraphes 42 et 43 et les paragraphes 48 à 53.

 19   M. Bennouna (interprétation). - Excusez-moi, Maître Sayers, si j'ai bien

 20   entendu, vous avez dit paragraphes 26 à 40 ? Du paragraphe 26 au

 21   paragraphe 40, c'est bien cela ?

 22   M. Sayers (interprétation). - (Signe affirmatif de la tête.)

 23   M. Bennouna (interprétation). - Merci.

 24   M. le Président (interprétation). - Y a-t-il des objections à ce que le

 25   témoin reçoive un exemplaire du résumé de sa déposition  ?


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  1   M. Sayers (interprétation). - Non, Monsieur le Président.

  2   M. Nice (interprétation). - (Inaudible.)

  3   M. le Président (interprétation). - Monsieur, je vous demanderai de bien

  4   vouloir prononcer la déclaration solennelle.

  5   M. Jennings (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Je déclare

  6   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la

  7   vérité.

  8   M. le Président (interprétation). - Vous pouvez vous rasseoir.

  9   M. Nice (interprétation). - Monsieur le Président, ce témoin va présenter

 10   un nombre réduit de pièces à conviction que j'ai classées par ordre

 11   chronologique. J'aimerais que distribution en soit faite aux Juges de

 12   cette Chambre.

 13   Cela pourra aider les Juges d'examiner ces documents pour trouver au

 14   milieu de ce dossier un document qui commence par la photographie d'un

 15   carnet en noir. Vous pouvez donc prendre cette pièce en premier, même si,

 16   ensuite, il faudra sans doute la remettre dans l'ordre des documents.

 17   M. le Président (interprétation). - Le numéro ?

 18   M. Nice (interprétation). - 2781.1. Il s'agit d'une carte. Vous verrez que

 19   c'est une carte qui a été fournie au témoin par M. Kordic, il vous le

 20   dira. Il a l'original en sa possession. Il se trouve que cette carte est

 21   de très bonne qualité car elle présente de très nombreux détails.

 22   J'ai demandé au témoin, avec l'aide de l'huissier, de placer la version en

 23   couleurs de cette carte sur le rétroprojecteur de façon à ce que chacun

 24   puisse bien la voir. Ce sera une référence très utile pour chacun ici au

 25   cours de la matinée. Vous constaterez que la carte comporte un certain


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  1   nombre de cotes topographiques.

  2   Monsieur le Témoin, pouvez-vous nous donner votre nom complet ?

  3   M. Jennings (interprétation). - Philip Francis Andrew Jennings.

  4   M. Nice (interprétation). - Vous êtes commandant, en ce moment ?

  5   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

  6   M. Nice (interprétation). - Vous êtes officier de carrière ?

  7   M. Jennings (interprétation). - Oui.

  8   M. Nice (interprétation). - Vous êtes affecté au régiment du Sheshire ?

  9   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 10   M. Nice (interprétation). - Et en ce moment, dans le cadre de votre

 11   carrière, vous préparez une maîtrise de philosophie à l'université de

 12   Newcastle ?

 13   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

 14   M. Nice (interprétation). - Vous avez été envoyé en ex-Yougoslavie au

 15   début de l'année 1993 pour y prendre le commandement d'une compagnie le

 16   13 janvier ?

 17   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

 18   M. Nice (interprétation). - La zone opérationnelle placée sous votre

 19   responsabilité, je vous demanderai de la montrer sur le rétroprojecteur,

 20   je vérifie si les écrans fonctionnent, ce n'était pas le cas il y a

 21   quelques instants...

 22   Monsieur le Président, je ne sais pas si vous voyez l'image ; nous ne la

 23   voyons pas.

 24   M. le Président (interprétation). - Non. Cela fonctionne à présent.

 25   M. Nice (interprétation). - Merci.


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  1   M. Jennings (interprétation). - Vous voyez cette carte qui vous montre une

  2   partie de la zone dont j'étais responsable. Excusez-moi un instant, je

  3   vais déplier la carte de façon un peu différente.

  4   Si l'on va de l'ouest vers l'est, la zone opérationnelle de responsabilité

  5   en question couvre une partie de la municipalité de Vitez jusqu'à la ville

  6   de Travnik et elle se poursuit jusqu'à Turbe, qui était la ligne de

  7   démarcation entre les forces en présence à l'époque.

  8   Elle descend jusqu'à Novi Travnik, elle traverse la ville de Vitez et va

  9   vers l'est jusqu'à ce que j'appelle le pont de Kaonik pour aller ensuite

 10   vers le sud, en passant par Busovaca et en longeant la route. Elle va

 11   jusqu'au sud de Kiseljak, non loin de Sarajevo, elle remonte par une route

 12   de montagne au nord jusqu'à la ville de Zenica et se poursuit également

 13   depuis le pont de Kaonik jusqu'à l'endroit que l'on appelle Luka avant de

 14   rejoindre Zenica par l'est en faisant une mouvement de contournement.

 15   Voilà donc quelle était l'étendue de ma zone placée sous ma

 16   responsabilité.

 17   M. Nice (interprétation). - La Forpronu avait-elle pour mission d'appuyer

 18   le HCR dans la livraison de l'aide humanitaire ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Oui, la Forpronu avait pour mission de

 20   mener des opérations pour appuyer le HCR afin de, et c'est là que se

 21   trouve le mot-clé, livrer l'aide humanitaire. Nous devions donc faire tous

 22   ce que nous pouvions pour garantir que cette aide humanitaire arrivait à

 23   ses destinataires.

 24   M. Nice (interprétation). - Monsieur Jennings, je vous signale que lorsque

 25   je fais une pause entre les réponses et les questions, c'est pour aider le


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  1   travail des interprètes.

  2   Y avait-il deux voies d'accès principales, l'une qui passait par Mostar et

  3   Busovaca et la deuxième par Prozor et Gorni Vakuf ?

  4   M. Jennings (interprétation). - Oui, en effet, c'était les deux grands

  5   itinéraires de livraison à partir de la côte.

  6   M. Nice (interprétation). - Votre supérieur était le colonel Stewart ;

  7   vous commandiez une compagnie, mais avec son approbation. Aviez-vous

  8   également des fonctions d'officier de liaison, notamment à Busovaca, à

  9   Kacuni ? Et vous pourriez peut-être montrer ces villes sur la carte au fur

 10   et à mesure que j'en donne le nom. Donc Kacuni.

 11   M. Jennings (interprétation). - Je dois remonter un peu la carte.

 12   M. Nice (interprétation). - Merdani.

 13   M. Jennings (interprétation). - Busovaca se trouve ici, Kacuni, ici.

 14   M. Nice (interprétation). - Merdani et Katici. Et dans le cadre de ces

 15   fonctions d'officier de liaison, vous cherchiez à interroger les

 16   commandants des deux côtés, du côté de l'armée de Bosnie-Herzégovine et du

 17   HVO, pour, en vertu de ce que l'armée appelle une mission implicite,

 18   négocier avec eux ?

 19   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

 20   M. Nice (interprétation). - Vous vous chargiez de certaines de ces

 21   fonctions d'officier de liaison, mais à l'époque, c'est Martin Forgrev*

 22   qui était responsable des liaisons à Novi Travnik et Travnik et Matthew*

 23   Dondeswatliep* pour Zenica.

 24   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

 25   M. Nice (interprétation). - Avez-vous rencontré les commandants de l'armée


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  1   de Bosnie-Herzégovine, Kulenovic pour Travnik, Refik Lendo pour

  2   Novi Travnik, ainsi que le commandant Filipovic pour le HVO ?

  3   M. Jennings (interprétation). - Oui, en effet.

  4   M. Nice (interprétation). - Et le 20 janvier, lors d'une réunion à

  5   laquelle assistait M. Forgrave, Kulenovic vous a-t-il dit que la situation

  6   à Travnik était tendue au point qu'un incident mineur pourrait entraîner

  7   un accrochage avec les forces musulmanes ?

  8   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

  9   M. Nice (interprétation). - Et vous avez tous évalué cette information

 10   comme étant sans doute une description exacte de la réalité ?

 11   M. Jennings (interprétation). - C'était notre sentiment à l'époque.

 12   M. Nice (interprétation). - Le HVO avait un barrage sur la grande route

 13   Travnik/Novi Travnik ; pourriez-vous nous la montrer sur cette carte ?

 14   Cet endroit se trouve juste à l'extérieur de la carte, mais nous le

 15   connaissons ; nous en avons déjà entendu parler. A ce barrage se trouvait

 16   un certain nombre de soldats du HVO et un canon de 30 millimètres monté

 17   sur un camion à fond plat ?

 18   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

 19   M. Nice (interprétation). - Le 21 janvier, à Vitez, une conférence s'est

 20   tenue, et y a-t-il été annoncé que l'armée de Bosnie-Herzégovine avait

 21   créé un nouveau barrage routier à Busovaca qui a fait croître les tensions

 22   et, cette nuit-là, dans l'enclave musulmane, y a-t-il eu 8 explosions

 23   alors que le HVO avait établi des barrages routiers aux deux extrémités de

 24   la ville ?

 25   M. Jennings (interprétation). - C'est exact. Tout cela a été rapporté à la


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  1   conférence quotidienne par la section chargée des bulletins d'informations

  2   militaires, à 5 heures.

  3   M. Nice (interprétation). - Le 22, vous êtes allé à Tuzla et vous en êtes

  4   revenu le 24 janvier ; à cette occasion, vous avez découvert que la

  5   situation était grave à Kacuni car deux Croates s'étaient fait tuer,

  6   lorsqu'un canon a tiré sur leur véhicule qui s'était intégré au convoi ?

  7   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

  8   M. Nice (interprétation). - Vous en avez entendu parler alors que vous

  9   alliez à Kiseljak ?

 10   M. Jennings (interprétation). - Je l'ai entendu par le réseau haute

 11   fréquence quand je me trouvais dans ma Land Rover, car bien entendu

 12   j'écoutais les rapports transmis par radio.

 13   M. Nice (interprétation). - Vous êtes allé recueillir les corps et vous

 14   vous êtes rendu compte que pendant les deux jours de votre absence, les

 15   tensions avaient crû dans la région, passant d'un niveau tolérable à un

 16   niveau élevé ?

 17   M. Jennings (interprétation). - Oui, c'est exact.

 18   M. Nice (interprétation). - Vous a-t-on appris qu'un camion avait été mis

 19   en travers de la route à Kacuni par les Musulmans ?

 20   M. Jennings (interprétation). - J'en ai été informé le soir du 24 janvier,

 21   au moment où j'ai été chargé d'aller recueillir, ou plutôt d'aller

 22   superviser le ramassage des deux cadavres de Croates.

 23   M. Nice (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivé à ce carrefour sur la

 24   route, peut-être pourriez-vous nous le montrer...

 25   M. Jennings (interprétation). - De quel carrefour parlez-vous ?


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  1   M. Nice (interprétation). - Oui, excusez-moi, vous étiez au sud de

  2   Busovaca, vous vous dirigiez vers Kacuni et je crois savoir qu'à un

  3   carrefour, vous avez essuyé un tir croisé ?

  4   M. Jennings (interprétation). - Oui, c'est exact. Très tôt le matin du 25,

  5   j'ai été informé du fait qu'un camion rempli de bûches avait été placé en

  6   travers de la route. J'en ai été informé à Vitez, mais nous avons décidé

  7   de ne pas nous rendre sur les lieux avant les premières lueurs de l'aube,

  8   le 25. Ce tir croisé s'est produit ici, à un carrefour en "T" où il y

  9   avait un pont, le pont de Konjic.

 10   Les tirs étaient intenses, il s'agissait de tirs provenant d'une

 11   mitrailleuse, et il y avait un grand nombre de soldats des deux côtés de

 12   la rivière.

 13   M. Nice (interprétation). - Vous êtes retourné à Vitez pour discuter de la

 14   situation avec le colonel Stewart ?

 15   Vous vous êtes rendus tous les deux à Kacuni le lendemain où vous avez

 16   trouvé des bâtiments, dans le nord de Busovaca, qui était en feu, ce qui

 17   semblait indiquer que la population avait quitté la ville en grand nombre,

 18   et très rapidement. Vous avez vu par exemple du linge qui était sensé

 19   sécher et qui était en feu, n'est-ce pas ?

 20   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

 21   M. Nice (interprétation). - Busovaca avait subi des explosions, et des

 22   incendies dans la période récente ?

 23   Et voyant cela, vous avez pensé que les explosions avaient eu lieu avant

 24   le début des tirs, des combats, le 24 janvier. Vous avez découvert de

 25   nouveaux barrages du HVO qu'il était impossible de contourner, l'un se


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  1   trouvait dans le nord et l'autre, dans le sud de la ville.

  2   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

  3   M. Nice (interprétation). - Entre le 11 et le 16 janvier, vous étiez passé

  4   dans cette même zone et vous aviez pu circuler dans cette zone, dans une

  5   Land Rover qui n'était escortée par aucun autre véhicule.

  6   M. Jennings (interprétation). - C'est exact. Nous nous sentions en

  7   sécurité à ce moment-là, alors que nous circulions seuls dans une Land

  8   Rover. Nous avions des indications très claires quant au type de véhicules

  9   autorisés à circuler sur la route, Warrior ou Land Rover, qui pouvaient

 10   circuler seuls ou accompagnés, tout cela dépendait du danger lié à la

 11   situation. A ce moment-là, entre le 11 et 16 janvier, des véhicules isolés

 12   pouvaient circuler librement.

 13   M. Nice (interprétation). - Le 25 janvier, avez-vous atteint Kacuni dans

 14   un convoi où se trouvait également le colonel Stewart ?

 15   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 16   M. Nice (interprétation). - Vous êtes vous arrêtés à une quarantaine de

 17   kilomètres du pont où vous avez découvert qu'un camion dont les pneus

 18   étaient à plat bloquait la route et vous pourriez nous indiquer l'endroit

 19   sur la carte. Avez-vous vu que des soldats du HVO avaient pénétré dans des

 20   bâtiments qui se trouvaient à peine à 200 ou 300 mètres, en périphérie

 21   nord de Kacuni ? Un peu plus tard, le général de brigade Cordy-Simpsons

 22   est-il arrivé en provenance du sud, et lui-même et le colonel Stewart ont-

 23   ils négocié l'enlèvement du camion de la route, camion qui, finalement, a

 24   été enlevé ?

 25   Pendant tout ce temps, avez-vous vu des soldats du HVO qui prenaient


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  1   position armés d'un Wombat (?) avec lequel le HVO a tiré à ce moment-là

  2   directement sur des habitations civiles de Kacuni en causant de nombreuses

  3   destructions ? Et rien ne justifiait l'action militaire qui avait pris

  4   pour cible ces bâtiments civils, à part le tir accidentel d'un fusil qui

  5   était entre les mains d'un soldat de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans

  6   cette zone et qui, apparemment, avait tiré par négligence ?

  7   M. Jennings (interprétation). - Oui, c'est exact.

  8   M. le Président (interprétation). - Qu'est-ce qu'une arme Wombat ?

  9   M. Jennings (interprétation). - Monsieur le Président, il s'agit d'une

 10   arme qui était utilisée par l'armée britannique lorsque je suis entré dans

 11   l'armée britannique. Mais par la suite, on m'a montré plusieurs

 12   photographies d'armes, et j'ai identifié cette arme comme étant un

 13   Wombat*. C'est une arme antichar à long canon sur roues.

 14   M. Nice (interprétation). - Je prierai Messieurs les Juges de consulter

 15   leur dossier de pièces à conviction, et vous y trouverez une carte qui

 16   porte des indications de la main du témoin, indications apportées sur

 17   cette carte avant la déposition.

 18   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

 19   M. Nice (interprétation). - La deuxième feuille, dans votre dossier de

 20   pièces, est un document qui porte la cote 862.2 et qui est une

 21   photographie de cette arme Wombat ?

 22   M. Jennings (interprétation). - Oui. En effet, c'est sur cette

 23   photographie que j'ai identifié cette arme.

 24   M. Nice (interprétation). - Paragraphe 12 de votre résumé, aviez-vous

 25   l'intention d'accompagner le colonel Stewart jusqu'à Kiseljak, mais pour


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  1   des raisons liées à des problèmes mécaniques, avez-vous dû vous arrêter

  2   quelque temps avec votre Warrior et, pendant toute cette période, les tirs

  3   se sont-ils intensifiés jusqu'à la tombée de la nuit entre le HVO et

  4   l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

  5   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

  6   M. Nice (interprétation). - Le lendemain, le 26 janvier, êtes-vous

  7   retourné à Kacuni pour rencontrer le commandant et parler avec lui des

  8   instructions qui vous ordonnaient de nettoyer le pont, sachant

  9   pertinemment que ce pont n'avait pas été nettoyé ? Y a-t-il eu une

 10   explosion importante non loin de votre véhicule, sur la route, et avez-

 11   vous découvert que le camion bloquait toujours la route et que l'armée de

 12   Bosnie-Herzégovine refusait de déplacer ce camion en affirmant qu'elle

 13   prévoyait une attaque éminente ?

 14   Le colonel Stewart est-il arrivé avec le commandant adjoint du 3ème Corps

 15   d'armée de Bosnie-Herzégovine, M. Merdan, et un accord a-t-il été conclu

 16   selon lequel le Bataillon britannique prendrait le contrôle du pont en

 17   tant que point de contrôle des Nations Unies pour n'autoriser que les

 18   véhicules des Nations Unies et du HCR à franchir ce barrage ?

 19   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

 20   M. Nice (interprétation). - Vous êtes resté sur le pont avec le commandant

 21   de l'armée de Bosnie-Herzégovine, Savic, qui vous a dit qu'il prévoyait

 22   une offensive du HVO ? Et de l'artillerie lourde a tiré trois fois tout

 23   près de vous, une demi-heure à peine après le départ du colonel Stewart ?

 24   Et un Warrior a été frappé à partir de terrains de plus haute altitude au

 25   nord de Kacuni par une mitrailleuse ?


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  1   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

  2   M. Nice (interprétation). - Sur la base de votre expérience, avez-vous pu

  3   estimer le calibre de ce tir d'artillerie ?

  4   M. Jennings (interprétation). - Sur la base de l'expérience que j'ai

  5   acquise au cours de mon entraînement, j'ai estimé qu'il s'agissait au

  6   moins d'une arme de 120 millimètres de calibre, car j'avais déjà assisté à

  7   ce type de tirs à faible distance au cours de mon entraînement.

  8   M. Nice (interprétation). - Y avait-il une quelconque cible militaire dans

  9   le secteur ? Le HVO avait-il la moindre nécessité d'utiliser la force

 10   militaire dans ce secteur ?

 11   M. Jennings (interprétation). - Il y avait eu une fois quelques forces de

 12   l'armée de Bosnie-Herzégovine dans les maisons au nord de Kacuni, tout

 13   près du pont où nous avions établi notre barrage. Mais il ne s'y trouvait

 14   aucune position défensive ou offensive clairement déterminée en tant que

 15   telle. J'ai personnellement estimé que le recours à une arme de tir

 16   indirect et d'aussi gros calibre ne se justifiait pas.

 17   M. Nice (interprétation). - A votre avis, quelle était la cible de ces

 18   tirs ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Comme vous le lirez dans le texte de ma

 20   déposition, quand je suis arrivé sur les lieux le matin du 26, une

 21   explosion a eu lieu tout près de mon Warrior alors que je m'approchais du

 22   pont. En raison de cette explosion, je me suis retiré de la route. Après

 23   les trois tirs d'artillerie dont je parle, je le rappelle dans le texte de

 24   ma déposition, les tirs indirects se sont poursuivis pendant à peu près

 25   une heure. C'était des tirs intenses. J'avais quatre autres Warrior avec


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  1   moi. J'en ai tiré la conclusion que c'était sans doute moi qui était la

  2   cible de ces tirs d'artillerie.

  3   M. Nice (interprétation). - Avez-vous pensé qu'aucun Musulman n'habitait

  4   dans les maisons que vous avez vu détruites, mais avez-vous identifié ces

  5   maisons comme des maisons musulmanes en raison du fait qu'elles avaient un

  6   toit à quatre pentes, et non à deux ? Les dégâts provoqués sur ces maisons

  7   par des tirs d'artillerie à longue portée et des tirs d'armes légères

  8   provenant d'une distance d'une centaine de mètres, donc les dégâts

  9   avaient-ils été provoqués également sur certaines maisons croates alors

 10   que rien n'indiquait qu'elles avaient été délibérément prises pour cible ?

 11   M. Jennings (interprétation). - Je n'ai vu aucune maison au toit croate

 12   prise pour cible de façon délibérée par les tirs de ce matin-là, le

 13   25 janvier.

 14   M. Nice (interprétation). - Dans le texte de votre déposition, vous avez

 15   identifié ces tirs comme ayant eu lieu dans un secteur situé au nord de la

 16   ville de Busovaca ?

 17   M. Jennings (interprétation). - C'est exact. L'arme était positionnée à 50

 18   ou 60 mètres en dehors de la route, mais tout à fait visible.

 19   M. Nice (interprétation). - A votre connaissance, l'armée de Bosnie-

 20   Herzégovine n'avait aucune pièce d'artillerie stationnée dans le secteur.

 21   Et avant les pilonnages du 25 au 29 janvier, aviez-vous vu une pièce

 22   d'artillerie du HVO à Busovaca, une arme à long canon prête à se

 23   déplacer ?

 24   M. Jennings (interprétation). - Oui, en effet.

 25   M. Nice (interprétation). - Avez-vous estimé que l'usage de l'artillerie à


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  1   Kacuni ne se justifiait pas, et selon les modalités d'opération de votre

  2   armée, avez-vous estimé que ces pilonnages avaient dû être ordonnés par un

  3   commandant de haut niveau ? Notamment en raison du fait que l'armée de

  4   Bosnie-Herzégovine avait un nombre limité de pièces d'artillerie et qu'une

  5   décision de ce genre ne pouvait pas provenir d'un commandant de rang

  6   inférieur ?

  7   M. Jennings (interprétation). - C'était mon opinion à ce moment-là.

  8   M. Nice (interprétation). - A un moment où il était dangereux de sortir

  9   des véhicules, avez-vous pu néanmoins, sur la base de votre expérience,

 10   apprécier le lieu d'où étaient partis ces tirs d'artillerie ?

 11   M. Jennings (interprétation). - J'ai pu procéder à une évaluation

 12   grossière -j'insiste sur le terme "appréciation grossière"-. Pour ce

 13   faire, je me suis fondé sur l'entraînement que j'ai suivi. Si vous voulez,

 14   je peux vous donner d'autres détails.

 15   M. Nice (interprétation). - Pour le moment, je vous demanderai simplement,

 16   sans entrer dans les détails, quelle était votre conclusion en ce qui

 17   concerne l'origine du tir d'artillerie.

 18   M. Jennings (interprétation). - J'ai estimé que ces tirs provenaient du

 19   nord, nord-ouest de la ville de Busovaca.

 20   M. Nice (interprétation). - Je vous demanderai simplement de nous dire la

 21   chose suivante : s'agissant de la méthode que vous avez utilisée pour

 22   apprécier l'origine des tirs d'artillerie, avez-vous examiné le cratère dû

 23   à ces tirs d'obus ?

 24   M. Jennings (interprétation). - Quand j'ai estimé que je pouvais le faire

 25   en toute sécurité, je suis sorti de mon véhicule et j'ai examiné le


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  1   cratère.

  2   M. Nice (interprétation). - Le lieutenant Fux était-il un officier

  3   dépendant de vous ?

  4   M. Jennings (interprétation). - Le lieutenant Fux* était placé directement

  5   sous mes ordres dans la compagnie C. C'était le commandant chargé des

  6   troupes.

  7   M. Nice (interprétation). - Avait-il des compétences particulières ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Oui, en effet, il commandait une unité

  9   légère de reconnaissance dont un des rôles consistait à rechercher des

 10   informations sur le terrain. Dans le cadre de l'entraînement reçu par cet

 11   officier, celui-ci avait dû acquérir la possibilité d'évaluer la

 12   direction, la provenance de tirs d'artillerie ou de tirs de mortiers.

 13   M. Nice (interprétation). - Vous a-t-il rendu compte du travail qu'il

 14   avait effectué, s'agissant d'identifier l'origine de ce tir d'artillerie ?

 15   M. Jennings (interprétation). - En effet, lorsque je suis rentré à Vitez,

 16   et je le faisais le plus régulièrement possible pendant ces trois ou

 17   quatre jours à partir du 25 janvier, il m'a dit qu'il s'était trouvé sur

 18   le terrain, dans le secteur en difficulté, qu'il avait procédé à des

 19   observations et qu'il avait étudié ces tirs d'artillerie. Il m'a fait

 20   connaître ses conclusions à cet égard.

 21   M. Nice (interprétation). - Quelles étaient ces conclusions ?

 22   M. Jennings (interprétation). - Il a estimé avoir entendu le bruit de tirs

 23   d'artillerie ou de tirs de mortiers, et grâce à une boussole, il a dit

 24   avoir pu évaluer le lieu où les obus de mortiers ou d'artillerie étaient

 25   tombés. Il a aussi estimé l'heure du tir et c'est ainsi que nous avons pu


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  1   ensemble estimer que les tirs étaient provenus d'une cote topographique

  2   déterminée, que nous avons limitée à un kilomètre carré.

  3   M. Nice (interprétation). - Qui se trouvait où ?

  4   M. Jennings (interprétation). - Juste au nord-ouest de Busovaca.

  5   M. Nice (interprétation). - Pourriez-vous montrer cet endroit sur la

  6   carte ?

  7   M. Jennings (interprétation). - Je crois que ce serait plus facile sur la

  8   première carte, la première pièce à conviction du dossier.

  9   M. Nice (interprétation). - Peut-on placer cette carte sur le

 10   rétroprojecteur ?

 11   (L'huissier s'exécute.)

 12   M. Jennings (interprétation). - Il s'agit donc de l'endroit où sont les

 13   coordonnées, il y a une flèche également du côté droit. Et cette flèche

 14   montre le nord-ouest par rapport à Busovaca.

 15   M. Nice (interprétation). - Merci. Dites-nous quelle est la distance entre

 16   Busovaca et Kacuni.

 17   M. Jennings (interprétation). - Dans cette région, c'est 5,5 kilomètres

 18   s'il s'agissait de la région en question.

 19   M. Nice (interprétation). - D'après vous, n'importe qui se trouvait à

 20   Busovaca, est-ce que ces gens-là, qui se trouvaient éventuellement à

 21   Busovaca, étaient au courant de l'utilisation de cette artillerie ?

 22   M. le Président (interprétation). - Je ne suis pas véritablement sûr que

 23   de tels témoignages auraient pu nous venir en aide. Tout le monde sait,

 24   bien évidemment, qu'on tire des canons à partir du moment où ils sont à

 25   proximité.


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  1   M. Nice (interprétation). - Entendu.

  2   Combien de temps ont duré ces tirs ?

  3   M. Jennings (interprétation). - A des intervalles différents,

  4   sporadiquement à partir du 25 janvier.

  5   M. Nice (interprétation). - Maintenant, nous passons au paragraphe 26. En

  6   date du 26 janvier, est-ce que vous avez patrouillé à Donje Polje ?

  7   Pouvez-vous nous montrer également sur la carte où se trouve ce village ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Mais ce n'est pas indiqué sur la carte.

  9   M. Nice (interprétation). - Vous pouvez voir éventuellement l'autre carte,

 10   qui est un peu plus grande.

 11   M. Jennings (interprétation). - Oui, je vais le faire.

 12   M. Nice (interprétation). - Mais nous le voyons également ici. De toute

 13   façon, c'est par le feutre que ceci a été signalé.

 14   Pourriez-vous nous dire s'il s'agissait d'un village qui était purement

 15   musulman, avez-vous pu voir deux ou trois soldats du HVO que vous auriez

 16   pu reconnaître parce qu'ils avaient le damier, ils étaient vêtus

 17   d'uniformes de camouflage, ils sortaient d'une maison musulmane. Cinq

 18   minutes plus tard, vous avez vu que cette maison était incendiée ; la

 19   maison se trouvait entre Donje Polje et Kacuni ?

 20   Et dans cette région, il y avait à peu près 40 maisons à une distance de

 21   800 mètres environ. Toutes ces maisons ont été incendiées systématiquement

 22   entre le 26 et le 29 janvier. Dans cette région, il n'y avait pas d'armée

 23   de Bosnie-Herzégovine. A ce moment-là, c'est le HVO qui l'avait fait,

 24   n'est-ce pas ?

 25   M. Jennings (interprétation). - Oui. En ce qui concerne les incidents dont


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  1   vous parlez, j'en ai déjà témoigné. Je les ai vus de mes propres yeux.

  2   J'ai également été informé de la manière dont les maisons ont été bâties

  3   et on m'avait informé qu'il s'agissait de maisons musulmanes, vu le toit

  4   et la manière dont il était construit.

  5   C'est ainsi que j'ai pu en tirer la conclusion ; c'était au cours de

  6   patrouilles que j'ai pu voir que ces maisons étaient détruites de manière

  7   systématique et continue. Je n'ai pas vu bien évidemment toutes les

  8   maisons, et chaque maison mise en feu. Chaque fois que je rentrai au cours

  9   de cette période de quelques jours, j'ai pu remarquer que les maisons

 10   étaient en flammes. Je suis catégorique, je peux affirmer que, dans cette

 11   région, il n'y avait pas d'armée de Bosnie-Herzégovine.

 12   M. Nice (interprétation). - Si vous voulez bien maintenant ne plus

 13   regarder le résumé et essayer de vous rappeler ce qui s'est passé le

 14   27 janvier. Est-ce qu'à ce moment-là vous êtes retourné du côté du pont ?

 15   M. Jennings (interprétation). - Oui, je retournai vers le pont

 16   pratiquement chaque jour.

 17   M. Nice (interprétation). - Qu'est-ce que vous avez vu là-bas ? Avez-vous

 18   vu les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Au cours de cette période, il y avait très

 20   peu, je dirai pas plus que 20 à 30 individus, des particuliers, qui

 21   étaient chez eux dans leur maison ; ils étaient d'âges différents, ils ne

 22   disposaient que d'armes légères. En d'autres termes, j'ai juste vu une

 23   arme antiaérienne, mais je trouve que c'est une arme légère. Cela, je m'en

 24   souviens très très bien, car il s'agissait d'une arme qui a été pointée

 25   sur moi le premier jour où je me suis rendu de ce côté-là. Il y avait


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  1   d'autres armes, Kalachnikof, carabines, etc..

  2   M. Nice (interprétation). - Où se trouvait le quartier général de l'armée

  3   de Bosnie-Herzégovine au cours de cette période et dans cette région ?

  4   M. Jennings (interprétation). - J'ai pu découvrir que le quartier général

  5   et, ensuite, et j'ai appris que c'était le quartier général de la

  6   3ème Brigade qui se trouvait au sud-ouest par rapport au point de contrôle

  7   où nous avons placé notre véhicule Warrior. Il s'agissait d'un point de

  8   contrôle des Nations Unies que nous avons dressé.

  9   M. Nice (interprétation). - Quand il s'agit donc de vos efforts que vous

 10   avez déployés en vue de rencontrer l'officier qui commandait, comment

 11   avez-vous abouti et quelle était la personne que vous avez rencontrée ?

 12   M. Jennings (interprétation). - On m'avait présenté la personne pour

 13   laquelle on m'avait dit qu'elle était adjoint du commandant. Si je ne

 14   m'abuse, son nom était Edin, son prénom. Je me souviens parce que je ne

 15   regarde même pas dans mes notes.

 16   M. Nice (interprétation). - Entendu. Le nom n'est probablement

 17   contestable. On peut donc poursuivre. Il s'agissait de Radanovic, n'est-ce

 18   pas ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Oui. Effectivement.

 20   M. Nice (interprétation). - Il vous a emmené où et à qui ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Chez le commandant mais je ne peux pas me

 22   souvenir de son nom. Je suis pratiquement sûr qu'il s'agissait du

 23   commandant de la 3ème Brigade.

 24   M. Nice (interprétation). - Il s'agissait de Anto Sliskovic ?

 25   M. Jennings (interprétation). - Non, ce n'était pas Anto Sliskovic.


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  1   M. le Président (interprétation). - Y a-t-il objection en ce qui concerne

  2   les noms ?

  3   M. Sayers (interprétation). - Non, pas d'objection.

  4   M. Nice (interprétation). - Il était adjoint du commandant du HVO ?

  5   M. Jennings (interprétation). - Oui.

  6   M. Nice (interprétation). - Vous avez rencontré qui encore ?

  7   Marko Prskalo ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Oui, il m'a été présenté comme officier

  9   subalterne.

 10   M. Nice (interprétation). - Vous avez rencontré Anto Sliskovic également

 11   le lendemain au quartier général de Busovaca, n'est-ce pas ?

 12   M. Jennings (interprétation). - Du temps s'est écoulé avant de découvrir

 13   qui était qui, quel poste était occupé dans cette zone, etc.. C'est le

 14   Bataillon néerlandais de transports qui était au sud de Busovaca qui nous

 15   a aidés. Les intentions étaient de déterminer qui était le commandant

 16   principal au niveau local pour les emmener discuter ensemble et résoudre

 17   les conflits.

 18   M. Nice (interprétation). - Au moment où vous avez rencontré Sliskovic, a-

 19   t-il été dit, lors de cette réunion, éventuellement, qu'il promettait

 20   quelque chose ou qu'il menaçait ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Non, il ne s'agissait pas de promesses.

 22   L'ambiance dans la pièce où j'avais ramené les représentants des deux

 23   parties, je dirai que le représentant de l'armée de Bosnie-Herzégovine

 24   était plus jeune, il était adjoint au commandant, mais en ce qui concerne

 25   Sliskovic, c'était une ambiance qui était plutôt menaçante. Un interprète


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  1   m'a pratiquement traduit tout ce qui a été dit. Sinon, j'ai pu bien

  2   évidemment sentir dans quelle ambiance on avait travaillé, quel était le

  3   climat général. Tout ce qui a été dit ne pouvait pas aider alors que

  4   l'intention était justement d'essayer d'aboutir à un accord et d'être un

  5   peu plus raisonnable.

  6   M. Nice (interprétation). - Il a été dit quelque chose également sur les

  7   détenus à Kaonik, je pense ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Les deux parties ont parlé d'un certain

  9   nombre de questions. Une des questions qui a été discutée était relative

 10   aux détenus. Et Sliskovic avait reconnu, lors de cette réunion, qu'un

 11   certain nombre de Musulmans étaient dans un camp à côté de Konjic. Moi,

 12   j'étais capable, grâce à ma cellule de renseignements militaires,

 13   d'apprendre qu'il s'agissait de 300 personnes au total, 300 détenus.

 14   M. Nice (interprétation). - S'agissait-il de civils ou de militaires ?

 15   M. Jennings (interprétation). - De civils.

 16   M. Nice (interprétation). - Est-ce que lors de cette réunion, Sliskovic,

 17   éventuellement, a dit quelque chose sur le pilonnage de Kacuni que vous

 18   avez vu ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Oui, je me souviens très bien de cela,

 20   c'était la seule occasion où j'ai commencé à parler de ce pilonnage. Ceci

 21   m'avait fortement impressionné. C'est la raison pour laquelle j'ai posé la

 22   question pour savoir quelles étaient les raisons du pilonnage. Sliskovic

 23   avait rétorqué qu'il s'agissait d'une région qui était sous le feu de

 24   l'armée de Bosnie-Herzégovine. Je me souviens que j'ai dit que c'était

 25   complètement ridicule.


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  1   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez eu l'occasion de

  2   rencontrer Dario Kordic jusqu'à cette époque-là ?

  3   M. Jennings (interprétation). - Si nous parlons des réunions qui se sont

  4   tenues les 28, 29 et 30 janvier, à ce moment-là non. Je ne l'ai pas vu à

  5   cette époque-là.

  6   M. Nice (interprétation). - Dites-nous oui ou non, si éventuellement on a

  7   parlé de Kordic lors de ces réunions ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Non.

  9   M. Nice (interprétation). - En d'autres termes, en ce qui concerne le

 10   paragraphe 29, votre réponse n'est pas tout à fait exacte. Mais de toute

 11   façon nous allons y revenir.

 12   Au cours du temps, avez-vous eu une certaine attitude concernant les

 13   rapports entre Sliskovic et Kordic ? C'était peut-être trop tôt à ce

 14   premier moment ?

 15   M. Jennings (interprétation). - Ce n'est que dans les semaines qui ont

 16   suivies que j'ai pu établir ce qui se passait au niveau de ce rapport.

 17   M. Nice (interprétation). - Nous allons passer à l'autre pièce à

 18   conviction.

 19   Le 30 janvier, est-ce que vous pouvez nous dire quelque chose à propos de

 20   cette pièce à conviction, et très rapidement s'il vous plaît ?

 21   Avant de commencer, j'aimerais tout simplement m'adresser à la Chambre, et

 22   dire que la plupart de ce document a déjà été adopté comme pièce à

 23   conviction 54/1. C'est la pièce à conviction de la défense.

 24   Je vous en prie, commandant ?

 25   M. Jennings (interprétation). - Il s'agissait d'un document rédigé en


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  1   anglais. Il y avait également une traduction, des signatures. C'est un

  2   document relatif à la réunion à Bila où se trouvait le quartier général du

  3   Britbat. Le colonel Bob Stewart a présidé cette réunion qui a eu lieu le

  4   30 janvier. Ce qui était très important en ce qui concerne cette réunion,

  5   ce sont les détails, les conditions très exactes qui ont été définies lors

  6   de cette réunion pour aboutir à un cessez-le-feu. Et également, on avait

  7   convenu qu'il était indispensable de commencer avec la mise en application

  8   du cessez-le-feu.

  9   M. Nice (interprétation). - Qui aurait dû mettre à la disposition le

 10   personnel pour le point de contrôle à Kacuni ?

 11   M. Jennings (interprétation). - C'était déjà le 25 janvier, ce point de

 12   contrôle existait déjà depuis 6 jours. Ceci était connu sur le terrain. Et

 13   de la part de Merdan d'un côté, et de l'autre, qui avait dit que le

 14   véhicule allait être déplacé à condition de placer notre propre Warrior et

 15   permettre de cette manière-là le passage des représentants du CICR et des

 16   représentants des Nations Unies.

 17   M. Nice (interprétation). - Deuxième page de cette pièce à conviction, il

 18   y a un certain nombre de signatures. Je pense que les signatures parlent

 19   suffisamment. Troisième page, c'est quelque chose de nouveau pour cette

 20   Chambre, il y a la liste de toutes les personnes qui ont participé à ces

 21   négociations, est-ce exact ?

 22   M. Jennings (interprétation). - Oui, c'est exact.

 23   M. Nice (interprétation). - Le 28 janvier... Je vais recommencer, est-ce

 24   que vous avez entendu le 28 janvier, qu'il y avait des prisonniers

 25   Musulmans... ?


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  1   M. Sayers (interprétation). - Objection, il n'y a pas lieu de poser des

  2   questions de ce type là.

  3   M. le Président (interprétation). - Mais s'il a donné lecture du rapport,

  4   à ce moment-là, bien évidemment il peut nous dire de quoi il s'agit

  5   exactement.

  6   M. Nice (interprétation). - Dans le rapport du Bataillon néerlandais, on

  7   parle des détenus musulmans. Avez-vous vu ce rapport ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Oui.

  9   M. Nice (interprétation). - Avant de commencer à parler de ce rapport,

 10   avez-vous lu ce rapport, le rapport de ce bataillon néerlandais ?

 11   M. Jennings (interprétation). - Non, il s'agissait d'un rapport oral. Je

 12   l'ai reçu au parking du bataillon néerlandais où je me trouvais. C'est

 13   tout à fait par hasard, que j'y étais. Je me suis rendu à cet endroit là

 14   entre-deux patrouilles. C'est là que j'ai été informé qu'entre 10 et

 15   15 Musulmans avaient été forcés à creuser des tranchées au cimetière

 16   local, et qu'entre les deux se trouvaient des soldats du HVO.

 17   M. Nice (interprétation). - Est-ce que ceci était en accord avec ce que,

 18   vous-même, vous avez vu, aperçu auparavant ? Ce que vous avez également

 19   conclu par la suite ?

 20   M. Jennings (interprétation). - J'ai bien entendu pu me rendre compte où

 21   se trouvait le cimetière. Je l’ai localisé. Après cela, je n'ai pas vu,

 22   moi, personnellement, des personnes qui creusaient des fosses, ni des

 23   soldats du HVO qui étaient des gardes. Ce que les gens du bataillon

 24   néerlandais m’ont dit. Je vous répète, entre 10 et 15 civils soi-disant

 25   s’y trouvaient, entourés par les soldats du HVO qui portaient des armes.


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  1   Maintenant, je peux répondre à votre question : oui, j'ai vu dans d'autres

  2   cas où il y avait des détenus et des civils Musulmans. Il s'agissait, par

  3   exemple, au sud du pont par rapport à Kaonik -Je ne peux pas vous donner

  4   la date tout à fait précise- mais c'était à ce moment-là, et je les ai vu

  5   creuser des tranchées.

  6   Je me souviens qu'il y avait toute une série de tranchées. A cet endroit-

  7   là, j'ai vu des gens qui creusaient des tranchées. Autour se trouvaient

  8   des soldats du HVO armés. Si mes souvenirs sont bons, il y avait une

  9   personne très âgée et peut-être même une femme.

 10   M. Nice (interprétation). - Merci. En ce qui concerne les armes que

 11   portaient les soldats du HVO, qu’est-ce que c'était ?

 12   M. Jennings (interprétation). - C'étaient des Kalachnikof. Ils portaient

 13   ces armes sur l'épaule.

 14   M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous montrer l'endroit sur la

 15   carte et également l’endroit où vous avez vu les personnes dont il est

 16   question dans le rapport du bataillon néerlandais, ou bien la localilté où

 17   il y avait l'incident qui a eu lieu et dont vous avez parlé tout à

 18   l’heure ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Au moment où j'ai vu des Musulmans et, une

 20   fois qu'on m'a dit qu'on les forçait pour creuser des fosses, c'était tout

 21   à fait à côté du cimetière, au sud-est de Busovaca. Il y a deux ou trois

 22   cimetières à ce niveau là. J'ai visité trois cimetières avant de trouver

 23   le vrai, celui qui était le bon. Le premier incident a eu lieu au niveau

 24   du pont, quelque peu plus au sud, c'était dans le secteur où j'ai

 25   également vu les conflits qui ont eu lieu le 25 janvier, et dont j'ai


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  1   parlé tout à l'heure.

  2   M. Nice (interprétation). - Merci.

  3   Commandant, vous avez passé un certain temps sur place, vous saviez de

  4   quoi il s'agissait. Vous parlez du pont Konjic, je pense qu'il vaut mieux

  5   parler de Kaonik ; à ce moment-là, ce serait plus facile de prononcer

  6   Kaonik que Konjic.

  7   Est-ce qu'après cela, vous avez été remplacé par Jeremy Flemming* ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Oui. Je dirai que la toute dernière

  9   réunion que j'ai tenue est celle qui a eu lieu entre les commandants

 10   locaux, a eu lieu le 31 janvier. Quand j'ai vu que l'accord sur le cessez-

 11   le-feu a été signé le 30, j'étais sûr que c'était tout à fait formel.

 12   J'étais parfaitement conscient qu'il ne fallait pas que je m'immisce, que

 13   je provoque des malentendus, des confusions, notamment entre les

 14   présentants de l'armée de Bosnie-Herzégovine d'un côté, et du HVO de

 15   l'autre ; c’est-à-dire qui est celui qui mène les activités. J'ai

 16   considéré que j'ai terminé ce que j'avais commencé le 25 janvier. Mon

 17   initiative a pris fin.

 18   M. Nice (interprétation). - Le 1er février, est-ce que le général Morillon

 19   a présidé la réunion à l'école à Bila ? Est-ce qu’un accord a été signé

 20   entre Blaskic, Hadzihasanovic et Morillon selon lequel toutes les forces

 21   extérieures devaient être retirées de Busovaca, compte tenu du fait qu'il

 22   y avait des formations, telles Ludwig Pavlovic, Saplina, qui ont été

 23   stationnées à Vitez, et qui ont opéré à Vitez et Novi Travnik ?

 24   On a parlé également d'autres formations du HVO, Alpha de Gornji Vakuf,

 25   Chemises noires de Kiseljak. Du côté des Musulmans on a parlé des


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  1   Moudjahiddine. Est-ce bien exact ?

  2   M. Jennings (interprétation). - Si mes souvenirs sont bons, c'est exact.

  3   Je n'étais pas présent à cette réunion, il n'aurait pas été normal, car

  4   c'était à un niveau élevé. Le général Morillon présidait cette réunion. On

  5   m'a dit qu'un accord auquel ils avaient abouti avait été signé. Cependant,

  6   il s'agissait de la suite de cet accord signé le 30 janvier.

  7   Quand il s'agit des formations dont vous avez parlé, je peux m’en souvenir

  8   qu’il m’a été dit qu'il s'agissait effectivement de ces unités.

  9   Personnellement, j'ai pu lire également plein d'informations dans des

 10   résumés de bulletins militaires et il y avait des conférences de presse

 11   tous les jours, à 17 heures.

 12   M. Nice (interprétation). - Est-ce que Busovaca, à cette époque-là, était

 13   occupée par le bataillon du HVO de Kiseljak ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Si mes souvenirs sont bons, et d'après ce

 15   que l’on m'a dit à cette époque-là, c'est exact.

 16   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'au cours de votre mission, vous avez

 17   pris des notes sur un certain nombre d'événements qui étaient importants ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Oui, je les ai prises. J'avais deux

 19   journaux, deux calepins.

 20   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez pu les trouver, ces

 21   calepins dans votre maison, votre maison où vous habitiez temporairement

 22   en Angleterre ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Il y a 10 jours environ que je les ai

 24   trouvées.

 25   M. Nice (interprétation). - Les résumés de ces notes ont été remis à la


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  1   défense. Si le témoin parle de ses notes, s'il s'y réfère, à ce moment-là,

  2   cela pourrait est utile également à la Chambre, que ces notes soient mises

  3   sur le rétroprojecteur. De toute façon on peut ne pas les verser au

  4   dossier, sauf si quelqu'un le demande.

  5   Ainsi, je vous demande de mettre sur le rétroprojecteur toutes ces

  6   feuilles au fur et à mesure, vous pouvez tout simplement les empiler.

  7   Est-ce que le 3 février, vous avez été chargé d'aller à Busovaca ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Oui. L'officier opérationnel a demandé de

  9   moi de me rendre à Busovaca et de rencontrer Dario Kordic, c'était au

 10   sujet d'un certain nombre de choses qu'il voulait soulever en notre

 11   présence.

 12   M. Nice (interprétation). - Et comment êtes-vous allé là-bas ? Quelle

 13   était la toute première demande ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Il souhaitait rencontrer le colonel

 15   Stewart, il ne me connaissait pas. Comme je l'ai déjà dit précédemment,

 16   moi non plus, j'ignorais complètement son existence. La nature même de la

 17   mission que j'effectuais à cette époque-là -en d'autres termes, j'avais

 18   beaucoup de temps- me le permettait.

 19   C'est la raison pour laquelle je me suis rendu, comme quelqu'un qui était

 20   représentant à un niveau élevé. D'autres étaient occupés à ce moment-là et

 21   je suis allé pour le rencontrer.

 22   M. Nice (interprétation). - Après la première réunion que vous avez eue

 23   avec lui, par la suite, avez-vous maintenu les contacts de manière

 24   régulière et continue avec Kordic ?

 25   M. Jennings (interprétation). - Oui. Après cela, il y avait une période,


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  1   après le 3 février, pour parler très précisément, et jusqu'au 27 février,

  2   c'est le dernier jour où je l'ai rencontré, je l'ai vu à plusieurs

  3   reprises. Je n'ai pas pris note à toutes les réunions, mais je pense

  4   l'avoir rencontré entre 15 ou 20 fois au cours de cette période. J'ai même

  5   eu l'occasion de le voir deux fois dans la même journée. Cela dépendait

  6   des événements. C'est entre le 3 février et le 27.

  7   M. Nice (interprétation). - Quelle était votre attitude ? Comment l'avez-

  8   vous perçu ?

  9   M. Jennings (interprétation). - En ce qui me concerne, moi, je basais, je

 10   fondais mon approche sur deux éléments. J'avais une expérience à travers

 11   les contacts que j'ai pu avoir avec d'autres commandants avec lesquels

 12   j'étais obligé de négocier, et sur mes premières impressions également que

 13   j'ai pu former lors de cette première réunion du 3 février. Est-ce que

 14   vous voulez que j'élabore un peu ?

 15   M. Nice (interprétation). - Oui.

 16   M. Jennings (interprétation). - Quand il s'agit de mon impression

 17   générale, c'est que, des deux côtés, il y avait peu de confiance. Il était

 18   extrêmement difficile de commencer les négociations, de trouver le moyen

 19   pour entamer les négociations ; il fallait vraiment faire des efforts. Il

 20   fallait essayer de voir comment les acheminer vers les négociations et de

 21   se mettre à la table des négociations, de s'entretenir.

 22   Il fallait faire beaucoup dans ce sens-là pour qu'il y ait une crédibilité

 23   entre les deux. Si j'ai dit que j'allais faire quelque chose, j'ai

 24   véritablement tout fait pour que cette confiance puisse s'établir, pour

 25   que les gens puissent se parler, pour que les personnes tiennent leur


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  1   parole. C'était mon approche, à partir du moment où j'étais en contact

  2   avec qui que ce soit, que ce soit d'un côté ou de l'autre.

  3   En ce qui concerne M. Kordic, pour parler très précisément, les premières

  4   impressions que j'ai pu me former étaient les suivantes : j'ai remarqué,

  5   il s'agissait de la cinquième semaine de ma mission sur place, qu'il

  6   s'agissait d'une personne avec laquelle je pouvais véritablement

  7   travailler. Je savais qu'il avait des prérogatives et des compétences

  8   relativement importantes.

  9   M. Nice (interprétation). - Comment avez-vous pu comprendre qu'il avait

 10   véritablement des compétences, et comment l'avez-vous approché ?

 11   M. Jennings (interprétation). - J'ai tout simplement compris qu'il était

 12   indispensable que je maintienne un contact de travail correct et bon avec

 13   lui. D'abord, j'ai pu comprendre qu'il occupait un poste où il avait des

 14   compétences. Je l'ai traité avec beaucoup de respect, je l'ai approché

 15   avec beaucoup de respect, la manière dont je m'adressais à lui, et la

 16   manière dont je me comportais à son égard. Lors de la première réunion et

 17   également peut-être au cours d'autres réunions, je l'ai salué de manière

 18   militaire quand il rentrait au bâtiment des P.T.T. à Busovaca, par

 19   exemple.

 20   M. Nice (interprétation). - Est-ce que cette approche a porté ses fruits ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Je dirai, que si je me réfère à l'ensemble

 22   de cette période, effectivement, cela a apporté un certain nombre de

 23   résultats. C'était un rapport fructueux, professionnel, et ceci dans le

 24   sens que je voulais parce que je voulais aboutir à quelque chose.

 25   M. Robinson (interprétation). - Maître Nice, je me pose la question de


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  1   savoir si le témoin, éventuellement, pourrait nous donner quelques indices

  2   sur la base de quoi il avait conclu que M. Kordic avait des compétences et

  3   des prérogatives importantes.

  4   M. Nice (interprétation). - Certainement, Monsieur le Juge. Je pense que

  5   nous allons y revenir ultérieurement. Mais il serait utile également si

  6   vous pouviez nous dire quelque chose de plus sur votre première réunion,

  7   sur vos premières impressions.

  8   Avant de vous donner la parole, je pense que je pourrais remarquer que

  9   vous-même, à cette époque-là, vous avez fait une évaluation de cet homme

 10   et que cette évaluation ne se trouve pas dans un résumé ni dans votre

 11   déclaration, mais dans un autre document, n'est-ce pas ?

 12   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 13   M. Nice (interprétation). - Je ne l'ai pas noté ici, mais je sais que vous

 14   nous en avez parlé. Pouvez-vous nous donner plus des précisions au sujet

 15   de ce document ?

 16   M. Jennings (interprétation). - C'était la lettre que j'avais écrite à ma

 17   femme.

 18   M. Nice (interprétation). - Quand avez-vous envoyé cette lettre par

 19   rapport à cette première réunion ?

 20   M. Jennings (interprétation). - C'est le soir même, le premier jour où

 21   j'ai rencontré pour la première fois Dario Kordic.

 22   M. Nice (interprétation). - N'oubliez pas ce qui fait l'objet de cette

 23   lettre et essayez de répondre à la question qui vous a été posée par le

 24   Juge Robinson.

 25   Dites-nous tout d'abord quelque chose sur le tout début, sur les


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  1   impressions que vous aviez, les prérogatives qu'il avait ?

  2   M. Sayers (interprétation). - Deux choses : hier soir, il y a un certain

  3   nombre de résumés du journal du commandant Jennings qui nous ont été

  4   soumis mais on ne dispose pas copie de cette lettre.

  5   M. le Président (interprétation). - Ce n'est pas surprenant puisque de

  6   toute façon ce n'est pas la lettre qu'il avait envoyée à sa femme que vous

  7   allez consulter. S'il parle de cette lettre, bien évidemment, on va mettre

  8   les parties de la lettre sur le rétroprojecteur. Vous n'avez absolument

  9   pas besoin d'avoir à votre disposition cette lettre.

 10   M. Sayers (interprétation). - Entendu, je pensais tout simplement aux

 11   extraits.

 12   M. Nice (interprétation). - Peut-être que cette lettre est toujours à

 13   votre hôtel, vous pourriez peut-être l'apporter ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Non, cette lettre est chez moi, dans ma

 15   maison en Angleterre.

 16   M. Nice (interprétation). - D'accord, mais avant de venir vous avez jeté

 17   un coup d'oeil sur cette lettre et vous vous êtes rappelé du contenu de la

 18   lettre.

 19   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 20   M. Nice (interprétation). - Je reviens à ma question d'origine, comment

 21   avez-vous pu faire l'évaluation des pouvoirs de l'accusé ?

 22   M. Jennings (interprétation). - Je vais donc répondre à la question du

 23   Juge.

 24   M. Nice (interprétation). - Oui.

 25   M. Jennings (interprétation). - En ce qui concerne la première, je vais


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  1   vous parler des impressions que j'ai eues et je vais vous parler de la

  2   première réunion que j'ai eue avec lui. Quand je suis arrivé à l'endroit,

  3   au sous-sol, que j'ai appelé le bunker*, il y avait des sacs de sable. Cet

  4   endroit était bien protégé, il s'agissait du bâtiment des P.T.T.. Monsieur

  5   Kordic était assis à la tête de la table. Des deux côtés, il y avait des

  6   personnes portant des uniformes. Il y avait aussi un poste de radio et une

  7   télécopie. J'ai pu le voir car il a reçu un fax pendant la réunion. Il m'a

  8   montré cette télécopie.

  9   En ce qui concerne le comportement de M. Kordic, il était très agréable,

 10   et moi aussi, j'ai été agréable. J'ai eu très rapidement l'impression que

 11   c'était celui qui décidait à cette réunion. Evidemment, j'ai été intéressé

 12   par ceci, car j'ai compris que je pouvais négocier avec lui pour faire

 13   avancer les choses. Je n'ai pas eu cette impression avec les autres

 14   commandants que j'ai pu rencontrer à d'autres occasions. J'ai été souvent

 15   même déçu de la façon dont ces réunions se sont tenues, celles qui se sont

 16   tenus le 27, 28 et 29 janvier, des réunions qui ont eu lieu avec des

 17   officiers subalternes.

 18   M. Nice (interprétation). - Comment les autres personnes portant les

 19   uniformes ont réagi . De quelle façon se sont-ils adressé à M. Kordic ?

 20   M. Jennings (interprétation). - A cette réunion-là ?

 21   M. Nice (interprétation). - Oui.

 22   M. Jennings (interprétation). - Ils n'ont pas parlé que très peu. Je ne

 23   dirai pas qu'ils étaient silencieux mais, au cours de cette réunion qui a

 24   duré peut-être 40 minutes ou une heure, les personnes qui ont parlé,

 25   c'était moi et M. Kordic. Les autres étaient assis et écoutaient très


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  1   attentivement, mais ils n'ont pas vraiment émis d’opinions.

  2   En ce qui concerne les autres réunions que j'ai pu avoir avec les

  3   commandants et des officiers inférieurs, tout à la fois au sein du HVO ou

  4   bien de l'armée de Bosnie-Herzégovine, ces réunions se terminaient souvent

  5   en disputes et tout le monde parlait en même temps.

  6   M. Nice (interprétation). - Quels moyens de communication il utilisait ?

  7   M. Jennings (interprétation). - Il avait deux radios de poste manuel et je

  8   vais vous expliquer de quoi il s'agit. Vous pouvez, par exemple, avoir un

  9   écouteur qui est lié soit à un poste de téléphone soit à un poste de

 10   radio, je pense qu'il avait les deux. Il y avait aussi un poste de radio,

 11   ainsi qu'une télécopie qui était dans la pièce à côté. Car je me souviens,

 12   je l'ai noté dans mon journal, je me souviens qu'on avait apporté un fax

 13   lors d'une réunion, et je dirai que cet équipement n'était pas commun à

 14   tout les quartier généraux.

 15   M. Nice (interprétation). - Vous a-t-on informé à l'avance du poste

 16   hiérarchique de M. Kordic ?

 17   M. Jennings (interprétation). - Oui, on m'en a informé. Je me rendais

 18   souvent dans les services d'information des armées, pour voir s'ils

 19   pouvaient m'informer au sujet des personnalités ou des personnes que je

 20   pouvais rencontrer, ou bien au sujet de la zone, des événements qui se

 21   sont produits, si un accord était obtenu, c'était donc une routine. Je

 22   procédais toujours ainsi.

 23   M. Nice (interprétation). - Que vous a-t-on dit, quelle était sa

 24   fonction ?

 25   M. Jennings (interprétation). - L'officier de service, dans le service de


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  1   renseignements, ce matin-là, le service de renseignements militaires, m’a

  2   dit qu'il était vice-président du HDZ, qu'il était jeune, qu'il avait été

  3   auparavant journaliste, et qu'il répondait au titre de colonel aussi.

  4   M. Nice (interprétation). - Qu’avez-vous fait, de quelle manière l'avez-

  5   vous adressé, apostrophé ?

  6   M. Jennings (interprétation). - Quand je suis entré dans cette pièce, dans

  7   cette salle de réunion, je devais descendre deux marches pour me rendre au

  8   sous-sol, je me souviens que son bureau se trouvait à cet endroit. Quand

  9   j'y suis entré, il était assis à la tête d'une longue table. Il était en

 10   face, face à l'entrée, et j'ai donc compris immédiatement que c'était lui,

 11   mais j'ai voulu avoir une confirmation. J'ai voulu savoir avec qui je

 12   devais parler. Quand je suis entré dans la pièce, il s'est levé, alors

 13   j'ai eu l'impression que cela devait être lui et je lui ai posé des

 14   questions ; je lui ai demandé s'il était colonel ou M. Kordi. Il m'a

 15   répondu : "Oui." En réalité, il n'a pas répondu à ma question.

 16   On a posé cette question à plusieurs reprises mais je me souviens de cet

 17   événement et j'ai décidé de l'appeler monsieur. Je lui ai demandé : "Est-

 18   ce que monsieur serait bien ?" Il m'a répondu : "Oui", et nous n'en avons

 19   donc plus parlé.

 20   M. Nice (interprétation). - Comment était-il habillé ?

 21   M. Jennings (interprétation). - A cette occasion-là, et beaucoup d'autres

 22   fois, il portait comme beaucoup d'autres personnes un uniforme de

 23   camouflage de couleur vert-olive, un uniforme que je considérais comme un

 24   uniforme du HVO. Il portait un pantalon de camouflage et un tee-shirt de

 25   couleur sombre ou parfois de couleur vert-olive. Il portait toujours une


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  1   croix sur une chaîne autour de son coup. Et il ne portait pas de couvre-

  2   chef.

  3   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'on a dit qu'il était commandant

  4   d'une unité militaire ?

  5   M. Jennings (interprétation). - Si cela ne s'est pas produit lors de la

  6   première rencontre, je crois que j'ai essayé de voir quelle était vraiment

  7   sa fonction au cours d'une autre réunion, une réunion ultérieure. Je me

  8   souviens très bien que je lui ai posé la question pour savoir s'il était

  9   commandant du HVO et je me souviens qu'il a répondu qu'il ne l'était pas.

 10   Je me souviens aussi que je lui ai posé la question à plusieurs reprises

 11   mais que je n'ai jamais reçu de réponse quant à la fonction qu'il pouvait

 12   avoir au sein du HVO. Il a même rejeté l'allégation qu'il était commandant

 13   du HVO à Busovaca.

 14   M. Nice (interprétation). - J'ai encore deux questions assez brèves

 15   auxquelles je souhaite avoir des réponses rapides. L'avez-vous rencontré

 16   avant et tout seul ? Etait-il protégé ?

 17   M. Jennings (interprétation). - Je ne l'ai jamais rencontré juste tout

 18   seul et pour le rencontrer il fallait procéder de la matière suivante : on

 19   rentrait dans l'immeuble des P.T.T., ensuite, il y avait un point de

 20   contrôle des soldats du HVO. Ensuite, il fallait donner son noms, décliner

 21   son identité. Ses soldats, ensuite, vous accompagnaient jusqu'au bureau de

 22   Kordic qui était au sous-sol. Il fallait donc descendre deux marches pour

 23   s'y rendre.

 24   M. Nice (interprétation). - En utilisant les notes que vous avez prises,

 25   et je vais vous demander de placer ces notes sur le rétroprojecteur si


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  1   besoin est, est-ce que vous pourriez nous dire assez rapidement quels

  2   étaient les griefs, les remarques qu'on vous a faites au cours de cette

  3   réunion ?

  4   M. Jennings (interprétation). - Après les présentations, Dario Kordic m'a

  5   aussi demandé quelle était ma fonction, quel était le nombre Warriors dont

  6   je disposais, etc.. Ensuite, il a fait un certain nombre de remarques, de

  7   complaintes que j'ai notées en sa présence. Je pense que la manière la

  8   plus simple de procéder serait de placer ces notes sur le rétroprojecteur.

  9   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je pense qu'il serait plus

 10   simple si j'en parlais, car ce sont les notes que j'ai prises il y a

 11   longtemps.

 12   M. le Président (interprétation). - Allez-y.

 13   M. Jennings (interprétation). - Il était au courant du cessez-le-feu du

 14   30 janvier. J'avais ces documents en ma possession ; nous avons déjà

 15   regardé cette pièce à conviction et il m'a dit : "Oui, je suis au courant

 16   de ce problème et c'est l'armée de Bosnie-Herzégovine qui a fait

 17   infraction au cessez-le-feu. Je voudrais vous faire part des complaintes

 18   suivantes." Il a donc parlé des trois soldats qui auraient été tués par

 19   l'armée de Bosnie-Herzégovine. Il a donné l'endroit où il considérait que

 20   ces soldats ont été tués, ensuite, il a parlé du pilonnage. Il a parlé du

 21   1er février, 15 heures 45, ensuite, il a parlé du pilonnage qui s'est

 22   produit à 15 heures, quand deux femmes et un enfant ont été tués. Ensuite,

 23   il a dit qu'il y a eu une recrudescence des activités à cause de ces

 24   pilonnages et, puisqu'il y a eu des événements qui se sont produits plus

 25   tard, il a mentionné -on voit cela sur la page suivante- il a parlé des


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  1   incidents qui se sont produits dans les villages de Merdani et de Katici.

  2   Et on dit que les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine se sont

  3   déguisés en soldats du HVO et qu'ils ont emmené par la force des centaines

  4   de femmes et d'enfants, il s'agissait de plus de cents femmes et enfants.

  5   Ils avaient une liste des personnes qui auraient été emmenées. Ensuite, il

  6   parlait du barrage routier, il s'agit de la route principale entre Vitez

  7   et Zenica. C'était un barrage très très important, plus de 100 mètres de

  8   cette route principale avaient été bloqués.

  9   Il y a eu des efforts fournis par le colonel Stewart et le général

 10   Morillon pour démanteler ces barrages. Kordic a dit que des ingénieurs du

 11   HVO se sont rendus sur ces barrages pour voir ce qu'ils pouvaient faire,

 12   pour les démanteler. Ils ont dit qu'ils avaient essuyé des tirs de la part

 13   des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Et donc ils ne pouvaient pas

 14   nous aider pour démanteler ces barrages si la sécurité des ingénieurs du

 15   HVO n'était pas assurée.

 16   Ensuite, il a également dit qu'il allait retenir l'accord, l'application

 17   de l'accord concernant l'échange des prisonniers tant que toutes ces

 18   conditions n'étaient pas remplies. J'ai ensuite fait un résumé de toutes

 19   ces notes, et je l'ai fait quand je suis retourné à l'école, avant de

 20   donner toutes ces informations aux services de renseignements.

 21   M. Nice (interprétation). - Avez-vous parlé de l'enlèvement des femmes et

 22   des enfants ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Oui, effectivement, il y avait un problème

 24   de lignes téléphoniques. Ceci s'est produit lors de la deuxième semaine,

 25   les lignes téléphoniques et l'électricité avaient été rétablies dans


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  1   certaines parties de la région mais pas partout.

  2   M. Nice (interprétation). - Nous allons donc passer à la deuxième partie,

  3   je souhaite vous poser des questions au sujet du barrage important que

  4   nous avons mentionné. Il s'agit du point 4 ?

  5   M. Jennings (interprétation). - Il m'a dit qu'une aide pouvait être

  6   apportée parce que ce point était très important, je m'y intéressais tout

  7   particulièrement en tant que commandant de compagnie dont la tâche précise

  8   consistait à maintenir la liberté de circulation sur ces routes de façon à

  9   ce que les convois d'aide humanitaire puissent y circuler sans obstacle.

 10   Une autre condition préalable très importante devait être respectée et

 11   elle aurait d'ailleurs servi de mesure destinée à accroître la confiance

 12   entre les deux parties.

 13   M. Nice (interprétation). - L'échange de prisonniers a-t-il été retardé ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Pour ce que j'en sais, en tout cas,

 15   l'échange de prisonniers a été retardé de plusieurs heures, mais il a eu

 16   lieu par la suite. Je n'ai pas participé à l'organisation détaillée de cet

 17   échange de prisonniers.

 18   M. Nice (interprétation). - Je vous demanderais de passer à la dernière

 19   page de cette partie du rapport. Je crois que le texte se poursuit sur une

 20   page supplémentaire. Pouvez-vous nous résumer le contenu de cette page ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Eh bien, on y trouve un certain nombre de

 22   répétitions, car c'est en fait un résumé de résumé. Il est toujours

 23   question de cette réunion du mois de février. Vous constaterez que j'ai

 24   mis par écrit une question que je me posais à moi-même. Autrement dit, je

 25   me saisissais des éléments disponibles et j'essayais de voir quelles


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  1   pouvaient être les implications des ces éléments du point de vue de ma

  2   mission, c'est-à-dire que pourrais-je faire suite à tout cela. Je ne me

  3   contentais pas d'écouter l'expression de protestations sans rien faire à

  4   ce sujet.

  5   M. Nice (interprétation). - Suite à cette première réunion, quelles sont

  6   les conclusions que vous avez tirées ? Vous nous en avez déjà parlé en

  7   quelques mots, mais pouvez-vous lier également cela à ce que vous avez dit

  8   à votre épouse, dans la lettre que vous lui avez envoyée ?

  9   M. Jennings (interprétation). - Comme je l'ai déjà dit, et je vais essayer

 10   d'être plus détaillé à présent, à la fin de la réunion, j'ai réfléchi à ce

 11   que l'on m'avait dit. J'ai réfléchi également à l'ensemble de la réunion

 12   plus tard dans la journée. Je dirai que Dario Kordic était la première

 13   personne que j'avais rencontrée pendant 5 semaines d'opérations, au cours

 14   desquelles j'avais rencontré de très nombreuses personnes. C'est donc la

 15   seule personne qui m'a donné le sentiment qu'il existait quelqu'un avec

 16   qui je pouvais traiter entre 4 yeux, d'homme à homme. Et si j'avais besoin

 17   de régler un problème, je pourrais obtenir son aide pour rouvrir une

 18   route, lever un barrage routier et permettre à l'aide humanitaire de

 19   passer.

 20   Je considérais que mon devoir consistait à nourrir cette relation

 21   personnelle. Je dois dire que l'impression que j'ai acquise à l'issue de

 22   cette réunion, et à l'issue de toutes les autres réunions aussi par la

 23   suite, est que je n'avais pas de sympathie personnelle pour l'homme

 24   Dario Kordic. Je n'appréciais pas beaucoup sa façon de se conduire,

 25   c'était quelqu'un qui était très ostentatoire, très arrogant. J'exprime


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  1   ici mon point de vue personnel à son sujet. Ce n'est pas un homme que

  2   j'aurais choisi pour le fréquenter, mais j'ai décidé que je le ferai de

  3   façon à ce que les choses qu'il fallait faire puissent se faire.

  4   M. Nice (interprétation). - S'agissant de son autorité militaire ou

  5   civile, quelles ont été vos conclusions ?

  6   M. Jennings (interprétation). - A ce moment-là, j'attendais encore de voir

  7   quelque chose de se produire sur le terrain. Nous avions eu une réunion et

  8   une conversation, si nous parlons précisément du 3 février. Je n'avais

  9   encore aucun signe concret indiquant qu'il avait fait quelque chose de

 10   concret qui m'aurait permis de me forger une opinion ou de me faire un

 11   avis.

 12   En dehors de cela, j'étais allé voir quelqu'un qu'on m'avait présenté

 13   comme président adjoint du HDZ, et sur la base de l'expérience que j'avais

 14   acquise au cours des 5 semaines de mon séjour sur place à ce moment-là,

 15   j'avais le sentiment que je me trouvais dans une salle qui était une salle

 16   d'opérations dans laquelle il y avait un certain nombre de militaires.

 17   M. Nice (interprétation). - Je ne sais pas si nous avons vraiment le

 18   temps, mais pouvez-vous nous dire, si tant est qu'il l'ait fait, s'il vous

 19   avait dit quelque chose de plus au sujet de l'échange de prisonniers, de

 20   la signature de l'accord de cessez-le-feu, etc. ?

 21   M. Sayers (interprétation). - Objection, Monsieur le Président. Il n'y a

 22   pas de date limite pour l'échange de prisonniers dans le document

 23   enregistré sous la cote Z421.A et je demanderais aux Juges de garder cela

 24   présent à l'esprit.

 25   M. le Président (interprétation). - Monsieur Nice, peut-être pourriez-vous


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  1   reformuler votre question de façon à dire plus clairement cee que vous

  2   vouliez dire en ne perdant pas ce point de vue ? Moi j'ai compris que ce

  3   n'est pas lui qui a signé l'accord de cessez-le-feu mais qu'il discutait

  4   néanmoins des conditions de l'échange de prisonniers.

  5   M. Nice (interprétation). - Oui, oui.

  6   S'il y a eu une compétence particulière qui lui a permis de parler de

  7   l'échange de prisonniers, quelle a été votre conclusion à sujet ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Monsieur Kordic m'a déclaré qu'il

  9   retardait l'échange de prisonniers de 48 heures. Ce que nous tentions

 10   d'établir, c'était en fait qui était responsable. Ce n'était pas très

 11   simple de le déterminer, en tout cas pas à cette date et cela restait

 12   difficile jusqu'à la fin de mon séjour sur place. J'avais émis des

 13   hypothèses en ce qui concerne la chaîne de commandement et je me suis

 14   fondé pour cela sur ce que l'on avait dit au sujet des personnes qui

 15   signaient les documents ou qui participaient aux discussions au sujet des

 16   accords. Mais c'était une première expérience pour moi, à ce moment-là, et

 17   la chose n'était pas encotre très facile. En tout cas, je l'ai entendu

 18   dire : "Nous retardons de 48 heures".

 19   M. le Président (interprétation). - Nous allons maintenant lever

 20   l'audience pendant une demi-heure. Monsieur Nice, je remarque que les

 21   documents sont nombreux, il serait utile que nous puissions passer en

 22   revue tous ces éléments avant la pause-déjeuner.

 23   M. Nice (interprétation). - Oui, mais les documents sont nombreux donc je

 24   ferai de mon mieux.

 25   M. le Président (interprétation). - Ce serait bon, en effet. Les documents


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  1   que nous regardons en ce moment traitent directement de l'un des accusés

  2   mais je demanderais néanmoins qu'on les examine le plus rapidement

  3   possible.

  4   Commandant, je vous demanderai, si vous le voulez bien, de revenir dans

  5   cette salle dans une demi-heure et je vous prierai de bien garder présent

  6   à l'esprit, le fait que vous ne pouvez pas pendant cette pause ou les

  7   autres d'ailleurs parler à qui que ce soit de votre déposition, y compris

  8   aux membres du Bureau du Procureur.

  9   M. Jennings (interprétation). - Tout à fait.

 10   L'audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 35.

 11   M. le Président (interprétation). - Vous pouvez procéder.

 12   M. Nice (interprétation). - Monsieur Jennings, nous allons essayer d'aller

 13   un peu plus vite. Le document suivant dans la pile de documents est une

 14   photographie. Il y a en fait deux photographies, je vous demanderais de

 15   les prendre en main et de nous dire de quoi il s'agit.

 16   M. Jennings (interprétation). - Excusez-moi, je vous prie de m'excuser, le

 17   rétroprojecteur ne fonctionne pas.

 18   M. Nice (interprétation). - Si, si, il fonctionne.

 19   M. Jennings (interprétation). - Ici, il est question des activités que

 20   j'ai eues après le 3 février. J'ai décidé de rouvrir la route de Zenica ;

 21   j'ai discuté avec le colonel Stewart à sujet, j'ai obtenu son accord.

 22   M. Nice (interprétation). - Que montre cette photographie ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Cette photographie montre le camion qui

 24   avait été placé en travers de la route, à environ 500 mètres du barrage en

 25   tant que tel et qui empêchait l'accès. On ne peut donc même pas examiner


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  1   le camion.

  2   Sur l'autre photographie, on me voit en train de discuter avec un

  3   représentant du HVO dont je ne connais pas le nom, avec mon interprète et

  4   un membre de l'ECMM. Cette photographie est prise au même endroit, mais

  5   sous un angle un peu différent. On y voit le paysage environnant. J'ai dû

  6   négocier pour obtenir l'enlèvement du camion et c'est seulement à ce

  7   moment-là que j'ai pu examiner le barrage en tant que tel.

  8   Au cours de la discussion que j'ai eue avec mon supérieur, j'ai dit que

  9   j'avais rencontré Dario Kordic, que j'avais essayé d'établir l'emplacement

 10   du barrage et je lui ai demandé ce qu'il convenait de faire à ce sujet.

 11   M. Nice (interprétation). - Avez-vous réussi au sujet du camion ?

 12   M. Jennings (interprétation). - Oui. Finalement j'ai réussi, mais au bout

 13   de deux ou trois heures à peu près.

 14   M. Nice (interprétation). - Le paragraphe 30 n'est pas tout à fait au bon

 15   endroit. Nous prenons le paragraphe 31, pourriez-vous résumer ce qui y est

 16   dit ? Le 6 février, avez-vous participé à une réunion ?

 17   M. Jennings (interprétation). - Oui, j'ai demandé qu'une réunion ait lieu

 18   avec Dario Kordic. A ce moment-là, j'avais pu examiner le barrage et

 19   élaborer un plan militaire destiné à en obtenir la supression. Il était

 20   important d'obtenir l'aide du génie et de certains équipements

 21   spécialisés. Le problème qui se posait à moi était de garantir aux membres

 22   du génie et à Dario Kordic que ses hommes seraient protégés. Cela a été

 23   rendu nécessaire par le fait que le barrage était menacé par deux ou trois

 24   mines qui avaient été placées sous un camion qui se trouvait là.

 25   La politique du Bataillon britannique consistait à ne pas utiliser des


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  1   membres des équipes du génie britannique pour enlever des mines. Dario

  2   Kordic a donné son accord pour que ce soient ces hommes qui effectuent ce

  3   déminage mais seulement si une protection leur était assurée. Je n'étais

  4   pas encore tout à fait certain de l'emplacement de la ligne de front, et

  5   je ne savais donc pas exactement où déployer le cordon extérieur des

  6   hommes que j'allais affecter à cette tâche.

  7   Dès que nous avons pu déterminer plus ou moins l'emplacement des

  8   positions, j'ai constat que Dario Kordic montrait quelques réticences à

  9   déterminer l'emplacement de la ligne de front, c'est d'ailleurs tout à

 10   fait habituel de la part d'un commandant. C'est un problème de confiance.

 11   Et il est devenu clair que la carte dont je disposais n'était pas très

 12   bonne. Dario Kordic m'a donc proposé une autre carte qui pouvait m'aider à

 13   déterminer l'emplacement des villages, la périphérie des villages, des

 14   chemins, etc.. Il a donné des instructions, un homme est sorti pour se

 15   rendre dans une autre pièce et est revenu rapidement avec entre les mains

 16   la carte que nous avons vu ce matin, qui est une pièce à conviction ici.

 17   C'est la carte que je tiens en ce moment dans les mains et qui a permis de

 18   lever le barrage routier dont je suis en train de parler et qui m'a

 19   également aidé dans d'autres opératiosn par la suite.

 20   M. Nice (interprétation). - Il s'agit de la pièce à conviction 2781. Comme

 21   les Juges de cette Chambre, peuvent le constater, elle est intitulée

 22   "carte de la JNA". Le 6 février, avez-vous entendu parler de Musulmans

 23   présents dans le secteur de Katici ?

 24   M. Jennings (interprétation). - Je ne peux pas dire avec certitude que ce

 25   passage que vous voyez dans le texte après l'épisode de la carte, s'est


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  1   déroulé exactement le 6 février ou si on m'a dit qu'il avait eu lieu le

  2   6 février. Ce que je peux dire c'est que je n'ai pas été présent au moment

  3   de l'incident dont il est question ici, à savoir l'emploi de civils en

  4   tant que boucliers humains. On m'en a parlé au quartier général pendant

  5   des réunions d'information.

  6   M. Nice (interprétation). - Nous allons parler maintenant d'une réunion où

  7   référence a été faite de la situation à Gornji Vakuf. Pourriez-vous

  8   expliquer, en quelques mots, quel a été le débat à ce sujet ?

  9   M. Jennings (interprétation). - Nous parlons ici d'une conversation qui

 10   s'est déroulée sans doute un peu plus tard au cours du mois de février ;

 11   je ne pourrais pas dire à quelle date précise.

 12   En effet, pendant que je tentais de développer une relation de bonne

 13   qualité avec Dario Kordic, j'après l'habitude de l'inviter à la fin des

 14   réunions pour qu'il puisse s'exprimer au sujet de l'aspect général de la

 15   situation. Je souhaitais que nous parlions de façon assez détendue de tout

 16   cela. Lors d'une de ces réunions, la situation à Gorni Vakuf a été

 17   abordée. J'ai constaté avec intérêt que Dario Kordic semblait conscient

 18   des difficultés dans les négociations en cours destinées à obtenir un

 19   cessez-le-feu dans le secteur de Gornji Vakuf . Moi j'avais l'impression

 20   que cette ville se trouvait assez loin de sa zone de responsabilité, en

 21   tout cas telle que je l'avais comprise.

 22   M. Nice (interprétation). - Je reviendrai plus tard au paragraphe 32, mais

 23   passons au paragraphe 33. Je ne vous demande pas de lire le document mais

 24   je vous demande à quel moment vous avez commencé à travailler à la

 25   suppression du barrage ?


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  1   M. Jennings (interprétation). - Il ne fait aucun doute que j'ai commencé à

  2   y travailler le lendemain, le 7 février, un dimanche. J'ai commencé ce

  3   travail dès l'aube car je pensais que l'opération durerait longtemps. Dès

  4   que j'ai déployé le cordon d'hommes dont j'ai parlé tout à l'heure, à

  5   savoir mes soldats, dans des véhicules blindés, qui se sont déployés en

  6   cercle autour du secteur où nous travaillions, dès que cela a été fait,

  7   j'ai commencé l'opération.

  8   M. Nice (interprétation). - Avez-vous discuté avec des membres de l'équipe

  9   du génie au sujet des véhicules notamment ?

 10   M. Jennings (interprétation). - Oui. L'opération s'est poursuivie de façon

 11   très satisfaisante. Ce que nous deviosn faire était de retirer les mines

 12   sous le camion avant d'enlever le camion. Après l'enlèvement des mines,

 13   les membres du génie du HVO, et il y avait un homme auquel j'accorderai le

 14   titre de commandant de l'équipe, cet homme m'a parlé à ce moment-là de la

 15   nécessité d'obtenir de l'aide pour déplacer un objet ou quelque chose qui

 16   se trouvait sur le sol. Je lui ai répondu que je n'étais pas expertsen

 17   suppression de barrages routiers, il m'a répondu qu'il y avait encore un

 18   explosif dans le capot de ce véhicule.

 19   M. Nice (interprétation). - Qu'avez-vous fait à ce moment-là ?

 20   M. Jennings (interprétation). - Tout le monde a quitté la zone

 21   immédiatement car nous étions très près de ce camion. Bien entendu, il

 22   fallait garantir la sécurité de tous les hommes présents. Tous les

 23   britanniques et tous les français des Nations Unies qui nous aidaient sur

 24   place, ainsi que les membres de l'équipe du génie du HVO ont quitté le

 25   secteur. Nous nous sommes retirés à 200 ou 300 mètres et j'ai constaté que


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  1   quelque chose avait du mal se passer. Je n'ai plus parlé aux représentants

  2   de l'équipe du génie du HVO présente sur place.

  3   Puisque c'était Dario Kordic qui m'avait donné son accord pour que nous

  4   aidons à l'enlèvement de ce barrage routier, j'ai décidé de le rencontrer

  5   immédiatement. Je dois dire que j'étais assez préoccupé parce que j'avais

  6   le sentiment que si les choses se passaient mal et que nous arrêtions

  7   l'opération, le barrage resterait sur place. Il était souvent arrivé que

  8   des opérations de ce genre soient interrompues.

  9   M. Nice (interprétation). - Et ensuite ?

 10   M. Jennings (interprétation). - Ensuite, nous sommes allés au quartier

 11   général de Dario Kordic pour le rencontrer et lui résumer le progrès de

 12   notre travail. A ce moment-là, il a parlé de la nécessité d'installer un

 13   objet à cet endroit, il y avait un carrefour non loin du barrage. Je ne

 14   savais pas exactement de quoi il parlait. A ce moment-là, il a dessiné un

 15   objet sur son calepin.

 16   M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous parler des deux pages suivantes du

 17   carnet, à présent ? Pouvez-vous nous expliquer de quoi il est question

 18   dans ces deux pages ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Ce carnet est un autre carnet que celui

 20   dont nous avons parlé tout à l'heure. L'objet qui a été dessiné, vous le

 21   voyez au bas de la page, c'est ce que j'appellerais un objet en béton

 22   préfabriqué, à peine esquissé sur cette page. On m'a donné son poids.

 23   Et Dario Kordic demandait l'aide du Bataillon britannique pour déplacer

 24   cet objet jusqu'au carrefour en T qui se trouvait non loin du barrage.

 25   J'étais moi-même dans une situation assez difficile à ce moment-là, parce


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  1   que j'avais sous mes ordre 200 hommes français et britanniques.

  2   La promesse d'enlèvement du barrage qui bloquait la route depuis deux

  3   semaines environ m'avait été faite, mais je craignais que l'opération ne

  4   soit interrompue. J'ai donc pris la décision, d'ailleurs je l'ai dit, j'ai

  5   dit : "Je vais voir ce que je peux faire à ce sujet". A ce moment-là,

  6   Dario Kordic m'a dit : "Bien, nous pouvons continuer".

  7   Je suis retourné sur les lieux. Lorsque j'y suis arrivé, j'ai constaté que

  8   manifestement le HVO avait reçu un message stipulant que l'opération

  9   destinée à lever le barrage pouvait se poursuivre. Lorsque j'ai dit : "Je

 10   vais voir ce que je peux faire", j'avais signalé que je ne pouvais rien

 11   faire ce jour-là, mais que j'essayerai de faire autre chose le lendemain.

 12   M. Nice (interprétation). - Aviez-vous en fait l'intention réelle de

 13   fournir l'aide demandée ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Lorsque j'ai examiné les faits, Je me suis

 15   rendu compte je ne pouvais apporter aucune aide à une opération destinée

 16   en fait à établir l'infrastructure d'un barrage routier. Je ne l'aurais

 17   fait pour aucune des deux parties de façon à garantir le respect de la

 18   neutralité.

 19   M. Nice (interprétation). - Deux questions encore à traiter.

 20   Combien de temps vous a-t-il fallu pour retourner au barrage et quelles

 21   indications étaient disponibles à M. Dario Kordic du point de vue des

 22   transmissions ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Il m'a fallu environ 2 minutes pour aller

 24   du bâtiment des P.T.T. au barrage. Je n'ai eu affaire à aucun obstacle en

 25   chemin. Et comme je l'ai déjà dit, il y avait deux postes sur les lieux,


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  1   l'un était sans aucun doute un téléphone. C'est deux postes se trouvaient

  2   sur la table.

  3   M. Nice (interprétation). - Conscient de la façon dont les troupes étaient

  4   déployées à ce moment-là, que pensez-vous que pouvait être l'effet du

  5   barrage routier en question sur l'avancée potentielle des troupes de

  6   l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

  7   M. Jennings (interprétation). - C'est quelque temps après l'enlèvement du

  8   barrage que j'ai réfléchi à la question. J'ai déjà dit que ma première

  9   préoccupation était de rouvrir la route. Mais lorsque j'ai réfléchi plus

 10   tard à la question de savoir pourquoi ce barrage avait été installé à cet

 11   endroit, vous vous rappellerez Messieurs les Juges que ce barrage avait

 12   été établi le 25 janvier au début des hostilités importantes opposant les

 13   deux parties, donc mon avis personnel a consisté à penser que ce barrage

 14   avait été installé parce que cette route était la route principale en

 15   provenance de Zenica, c'est-à-dire en provenance de la ville d'où une

 16   attaque importante de la part de l'armée de Bosnie-Herzégovine pouvait

 17   venir, avec de nombreux véhicules, attaque destinée à atteindre Busovaca.

 18   C'est une idée que je n'avais pas à l'esprit de façon très claire à ce

 19   moment-là.

 20   M. Nice (interprétation). - Avez-vous obtenu des éléments significatifs

 21   vous permettant de penser qui avait donné l'ordre d'établir ce barrage

 22   routier ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Je ne saurais dire avec certitude,

 24   d'ailleurs je ne me rappelle pas précisément qu'une personne en

 25   particulier aurait donné l'ordre d'établir ce barrage routier.


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  1   M. Nice (interprétation). - Paragraphe 34 : le passage concernant

  2   l'enlèvement ou le déplacement de l'objet dont nous avons parlé a été omis

  3   dans ce paragraphe, mais figure dans un autre paragraphe. A présent, nous

  4   traitons du paragraphe 34. Cela nous amène, je pense, à examiner vos

  5   annotations suivantes dans le carnet : la référence de date et celle du

  6   11 février, pouvez-vous nous apporter des explications à ce sujet si vous

  7   le pouvez ?

  8   M. Jennings (interprétation). - J'ai pris note d'un incident survenu le

  9   11 février qui, en fait, n'a aucun rapport avec les schémas que vous voyez

 10   à l'écran.

 11   M. Nice (interprétation). - Très bien.

 12   M. Jennings (interprétation). - J'ai été convoqué au quartier général de

 13   Dario Kordic. Je dois dire qu’à ce moment-là, c'est moi en personne qui

 14   ait été convoqué. Je me suis donc rendu auprès de Dario Kordic et il m'a

 15   dit qu'une attaque avait eu lieu, une attaque contre ces soldats et due à

 16   des soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Ses soldat à lui se trouvait

 17   à Podijeli. Je ne suis pas sûr de bien prononcer le nom de l'endroit, en

 18   tout cas c'est ce que j'ai écrit dans mon carnet.

 19   Les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine avaient attaqué ces soldats

 20   sans aucune provocation préalable en provenance du nord, du secteur de

 21   Katici, deux de ses hommes s'étaient faits tués, et il a ajouté qu'il

 22   était en possession de la carte d'identité d'un des Musulmans et que cette

 23   carte montrait que ces soldats ne venaient pas de Bosnie centrale.

 24   J'ai émis une protestation à ce sujet. On m'avait donné une photocopie du

 25   document que j'ai rapportée à Vitez, dont j'ai fait état au responsable


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  1   des bulletins d'informations militaires.

  2   M. Nice (interprétation). - Le paragraphe 34 : avez-vous trouvé des

  3   explosifs ?

  4   M. Jennings (interprétation). - Oui, en effet. Après l'enlèvement du

  5   barrage routier, dans le cadre de mes opérations quotidiennes, je devais

  6   faire le tour de ma zone de responsabilité. J'ai montré tout à l'heure que

  7   cette zone englobait notamment la route de Zenica. Donc je vérifiais qu'il

  8   n'y avait aucun problème.

  9   Dans mon Warrior, ce jour-là, des soldats ont remarqué ce que l'on appelle

 10   un câble de commandement. J'ai suivi avec beaucoup de précaution le trajet

 11   de ce câble et je suis arrivé en dehors de la route jusqu'à un petit pont,

 12   où j'ai trouvé ce que je ne peux décrire que comme une quantité énorme

 13   d'explosifs.

 14   M. Nice (interprétation). - Je vous interromps une minute pour que les

 15   Juges puissent utiliser au mieux votre déposition. Quelle était la date de

 16   cet événement ?

 17   M. Jennings (interprétation). - Je crois que cela devait être le

 18   12 février ou à peu près le 12 février.

 19   M. Nice (interprétation). - Veuillez poursuivre. Je vous ai interrompu à

 20   tort.

 21   M. Nice (interprétation). - Vous voyez à l'écran un dessin. En haut, vous

 22   voyez un schéma qui montre une route, une rivière en-dessous de la route,

 23   un pont et le trajet de ce qui est indiqué comme CW, c'est-à-dire le

 24   câble. En dessous, vous voyez une coupe transversale du pont qui montre

 25   quelle était la quantité d'explosifs découverte à cet endroit. Je dois


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  1   dire que ce schéma était dessiné par un expert en explosifs, capitaine de

  2   l'armée britannique. J'ai transmis ce schéma lorsque je suis revenu à la

  3   base. Un expert a entendu ce que j'ai dit, et c'est lui qui a dessiné le

  4   schéma.

  5   M. Nice (interprétation). - Que s'est-il passé lorsque vous avez découvert

  6   ces explosifs ?

  7   M. Jennings (interprétation). - Cela a été une grande surprise pour moi.

  8   J'étais au courant du fait puisque la grande route avait été rouverte le

  9   7 février. Des organisations telles que la Croix-Rouge et le HCR s'étaient

 10   rendues sur place et avaient traversé ce petit pont pour atteindre les

 11   hameaux de Katici, Merdani et d'autres hameaux du secteur pour vérifier

 12   les rumeurs selon lesquelles des civils auraient été pris en otage. Il

 13   était dit que c'était Dario Kordic et d'ailleurs des représentants

 14   également de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui avaient agi de la sorte.

 15   J'étais très fâché, car personne ne m'avait parlé de cela. Je savais que

 16   ces organisations franchissaient le pont sans savoir que des travaux de

 17   démolition étaient en cours. J'avais vu certains soldats du HVO lors de

 18   mes passages dans le secteur, je les voyais d'ailleurs tous les jours. Je

 19   leur faisais des signes de la main et, ce jour-là, je me suis arrêté, je

 20   leur ai parlé et je leur ai dit de la façon la plus ferme que j'étais très

 21   sérieux ce jour-là, que je venais de voir une quantité énorme d'explosifs

 22   et que je tenais à savoir ce qui se passait et qui avait placé ces

 23   explosifs à cet endroit. Immédiatement, ils ont manifesté un certain

 24   malaise, ils passaient d'une jambe sur l'autre et ne savaient pas trop

 25   quoi dire.


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  1   Je leur ai dit : "Je tiens beaucoup à savoir qui a placé ces explosifs

  2   ici. Comment ces explosifs sont arrivés à cet endroit ?" L'un des hommes

  3   m'a dit : "Ne dites pas à Dario Kordic ce que je vais vous dire

  4   maintenant." Je me rappelle très précisément l'avoir entendu me dire cela.

  5   J'ai répondu : "D'accord" ou quelque chose de ce genre. Cet homme m'a dit

  6   à ce moment-là avoir reçu l'ordre de placer ces explosifs sous le pont.

  7   Lorsque je dis qu'ils avaient reçu l'ordre, je parle des membres de

  8   l'équipe de génie du HVO.

  9   A ce moment-là, j'ai demandé à ces hommes pourquoi d'abord la quantité

 10   d'explosifs était aussi importante sous le pont et à quelles fins ces

 11   explosifs avaient été placés à cet endroit. Les hommes m'ont répondu

 12   qu'ils avaient placé ces explosifs sous le pont parce qu'ils craignaient

 13   une attaque des Musulmans à partir de l'autre rive de la rivière. J'ai

 14   répondu pour ma part que c'était une hypothèse totalement ridicule.

 15   M. Nice (interprétation). - Lorsque votre collègue vous a dessiné le pont,

 16   la rivière et la route, vous aviez donc un schéma, j'aimerais vous

 17   demander de nous resituer cet emplacement sur la carte.

 18   M. Jennings (interprétation). - Eh bien, vous voyez ici les villages de

 19   Katici et de Merdani qui sont très près l'un de l'autre, le barrage qui a

 20   été levé le 7 février se trouvait ici. Vous voyez un petit chemin indiqué

 21   en pointillés qui comportait un carrefour. C'est au niveau de ce carrefour

 22   qu'on m'a demandé de contribuer à la création d'un barrage. A l'endroit où

 23   j'ai placé le pointeur maintenant, vous voyez une ligne noire diagonale

 24   qui va de la gauche vers le bas et qui traverse la rivière, cette ligne

 25   indique le tout-petit pont dont je viens de parler.


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  1   M. Nice (interprétation). - Vous nous avez donné votre avis quant à la

  2   crédibilité de l'explication fournie par l'homme à qui vous parliez.

  3   Quelle aurait été en fait la conséquence de l'explosion de ce petit pont ?

  4   M. Jennings (interprétation). - Je pense que le seul effet de

  5   l'explosition de ce pont aurait consisté à faire sauter le seul passage

  6   vers le sud, c'est-à-dire vers Busovaca, détruire donc le pont de Kaonik,

  7   aurait détruit ce passage. Il s'agissait de ce que l'on appelle dans

  8   l'armée des travaux de démolition. Autrement dit, des explosifs ont été

  9   placés sur les lieux, sont restés sur place et il était possibile très

 10   rapidement de faire sauter ces explosifs en cas de volonté de le faire.

 11   Sur le plan militaire, c'est la seule explication que je peux fournir sans

 12   savoir si c'était vraiment leur volonté de faire sauter ce pont.

 13   M. Nice (interprétation). - Quelques questions encore, les membres de

 14   cette équipe de génie, étaient-ils des civils ou des militaires.

 15   M. Jennings (interprétation). - C'étaient des militaires, ils portaient

 16   des uniformes.

 17   M. Nice (interprétation). - Maintenant je vous demanderais une réponse

 18   unique : avez-vous protesté auprès de Kordic, et si vous n'avez pas

 19   protesté auprès de Kordic, avez-vous protesté auprès de quelqu'un

 20   d'autre ? Et quelle a été la conséquence de votre protestation ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Je devais agir avec beaucoup de

 22   précautions à ce moment-là. Je devais faire en sorte que les explosifs

 23   soient enlevés, c'était une priorité pour assurer la sécurité des

 24   opérations à accomplir. Je devais également tenter de maintenir

 25   l'équilibre délicat des rapports qui permettaient la poursuite des


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  1   négociations. J'ai donc décidé d'avoir recours à l'ECMM pour transmettre

  2   ma protestation. J'ai donc parlé rapidement à M. Flemmings, membre de

  3   l'ECMM, de ce qui s'était passé, de ce que j'avais découvert, de la

  4   présence des membres de l'équipe du génie du HVO et de ce qu'ils avaient

  5   dit. J'ai dit que ce que j'avais découvert devait être enlevé.

  6   C'est ainsi que la commission de l'ECMM a pu poursuivre le travail. Je

  7   n'ai pas parlé à Dario Kordic, car j'ai tenu compte de ce que l'homme du

  8   HVO m'avait dit lorsqu'il m'avait demandé de ne pas en parler à Dario

  9   Kordic. Il ne m'aurait pas été facile de parler à Dario Kordic de la

 10   découverte des explosifs sans mentionner l'identité des personnes à qui

 11   j'avais parlé. J'ai donc décidé de ne pas m'adresser à Dario Kordic car

 12   j'ai estimé que l'aide, même assez limitée, que j'avais obtenue de ses

 13   hommes m'avait été d'un certain secours dans mes tâches quotidiennes.

 14   M. Nice (interprétation). - Paragraphe 36, là encore je vous demande de

 15   parler de mémoire sans lirs le résumé de votre déposition dans ce

 16   paragraphe. Y a-t-il eu un moment où il a été question d'établir un

 17   barrage routier conjoint HVO/armée de Bosnie-Herzégovine ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 19   M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous donner la date et nous en

 20   parler ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Je ne peux pas vous dire la date, mais ce

 22   que je peux dire c'est que c'est une initiative qui a été proposée par

 23   l'ECMM. Je parle de la commission composée de trois représentants du HVO

 24   et des trois représentants de l'armée de Bosnie-Herzégovine, initiative

 25   destinée à restaurer la confiance. L'ECMM a proposé de créer un certain


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  1   nombre de barrages routiers où l'on trouverait un nombre égal de membres

  2   du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine, c'était une aspiration

  3   partagée par beaucoup.

  4   Ce jour-là, je ne me rappelle d'ailleurs pas exactement de la date, la

  5   seule chose que je me rappelle c'est que Dario Kordic a déclaré qu'il

  6   n'allait pas poursuivre la réalisation de cette initiative tant que

  7   certaines conditions ne seraient pas remplies et que certaines choses ne

  8   seraient pas faites. Je dois dire que j'ai compris partiellement ses

  9   motivations, car il n'avait pas le sentiment que la situation sur le

 10   terrain était arrivée à un point tel que cette initiative puisse être mise

 11   en oeuvre.

 12   M. Nice (interprétation). - Vous avez maintenu les contacts avec M. Dario

 13   Kordic après ce que vous venez de nous raconter ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Oui, je l'ai vu le plus fréquemment

 15   possible, dans la limite de mes possibilités.

 16   M. Nice (interprétation). - Le paragraphe 37 doit être lié au paragraphe

 17   48. Dans votre carnet, nous sommes arrivés à la page suivante, si je ne

 18   m'abuse, c'est-à-dire la date du 22 février. Y a-t-il eut une réunion ce

 19   jour-là ?

 20   M. Jennings (interprétation). - Oui, il y a eu une réunion. Je voulais

 21   rencontrer Dario Kordic, d'ailleurs lui aussi voulait me rencontrer. Moi

 22   je voulais le voir parce que j'ai eu connaissance d'un incident au cours

 23   duquel un convoi du HCR avait été arrêté au voisinage de Busovaca, je

 24   crois, dans le nord de Busovaca.

 25   Quant à Dario Kordic, il voulait me voir parce que de son point de vue


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  1   Busovaca ne recevait pas la quantité d'aide qui lui revenait. Nous nous

  2   sommes donc assis pour discuter. Il m'a fait savoir quel était, à son

  3   avis, le tonnage de l'aide reçue par Busovaca. Je crois qu’il a mentionné

  4   le chiffre de 39 tonnes, je le dis de mémoire, pendant une période

  5   déterminée.

  6   M. Nice (interprétation). - Vous pouvez regarder vos notes.

  7   M. Jennings (interprétation). - C'était 60 tonnes.

  8   M. Nice (interprétation). - Si vous regardez vos notes, vous constaterez

  9   que le chiffre de 39 est sans doute une erreur ?

 10   M. Jennings (interprétation). - Oui, oui, je me suis trompé. Il s'agissait

 11   donc de 60 tonnes sur une période de 39 jours. J'ai interverti les deux

 12   chiffres.

 13   M. Nice (interprétation). - Peut-être pourrait-on placer vos notes sur le

 14   rétroprojecteur ?

 15   M. Jennings (interprétation). - Au paragraphe 2, vous voyez qu’il est

 16   d’abord question de la conversation entre Dario Kordic et moi-même dont on

 17   vient de parler et qui a porté sur les raisons pour lesquelles le convoi

 18   du HCR avait été arrêté. Monsieur Kordic m'a dit que des centaines de

 19   véhicules passaient sur la route sans escorte des Nations Unies et qu'eux-

 20   mêmes devaient exercer un certain contrôle sur ces convois. J'ai estimé

 21   l'explication raisonnable, Dario Kordic m’a dit : " Il y a autre chose que

 22   je voudrais vous dire. Busovaca ne reçoit pas l'aide de Kiseljak qui lui

 23   revient. Nous n’avons reçu que 60 tonnes en 39 jours. Nous n'en recevons

 24   pas assez, nous en voulons davantage ". Il a ajouté qu'une réunion de

 25   civils avait lieu à Busovaca où la proposition consistant à bloquer


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  1   physiquement la route était discutée, blocage qui devait être effectué par

  2   des civils au cas où rien ne serait fait au sujet de l'aide.

  3   Je peux continuer si vous voulez ?

  4   M. Nice (interprétation). - Non, je pense que cela suffit. S'agissant du

  5   barrage, un homme répondant au nom de Jorge Delamoto est-il intervenu ?

  6   M. Jennings (interprétation). - Oui, il était le chef du HCR à Zenica.

  7   J'avais eu connaissance de sa nomination à ce poste et nous parlons, ici,

  8   du maintien de bons rapports. Il m'a dit : " Faites ce que vous pouvez à

  9   cette fin". Après la réunion, je me suis rendu à Zenica, et j'ai essayé de

 10   rencontrer M. Delamoto. Je n’y suis pas parvenu immédiatement. J’ai vu son

 11   officier chargé des opérations.

 12   Nous sommes à la page suivante de mon carnet, puis-je la placer sur le

 13   rétroprojecteur ?

 14   M. Nice (interprétation). - Oui, je vous en prie.

 15   M. Jennings (interprétation). - Les notes que vous voyez ici, je les ai

 16   prises dans le bureau du HCR, il est question de l'officier chargé des

 17   opérations, Kim. Le 15 février, Busovaca a reçu 55 tonnes, avec 25 tonnes

 18   supplémentaires prévues pour le 25 février. Monsieur Delamoto m'a dit, à

 19   ce moment-là : " Je vais aller voir Dario Kordic moi-même ".

 20   Après cette rencontre, je suis retourné au quartier général de Dario

 21   Kordic. C’était un peu plus tard au cours de la même jounée, si je ne

 22   m’abuse mais je ne saurais vous dire à quelle heure exactement. Une

 23   rencontre a eu lieu à ce ce moment-là, réunion qui en fait était une

 24   réunion entre M. Kordic et M. Delamoto. Je n'étais qu'un témoin de cette

 25   réunion, je suis resté assis sans parler.


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  1   M. Nice (interprétation). - Nous pouvons, je pense, passer à la journée du

  2   23 février.

  3   Vous avez des notes, ou vous n'en avez pas au sujet de la réunion du

  4   23 février ? Leur interprétation est sans doute assez difficile si tant

  5   est qu'elle soit nécessaire.

  6   M. Jennings (interprétation). - Il y avait trois ou quatre réunions entre

  7   le 22 et le 23 février qui ont eu lieu au quartier général de Dario Kordic

  8   ou bien au quartier général de UNHCR, le siège à Zenica. Brièvement

  9   parlant, je me souviens que j'ai rencontré M. Dario Kordic dont j'ai déjà

 10   parlé, je me suis rendu à Zenica pour voir M. Delamoto. Lui s'est rendu à

 11   Zenica séparemment par rapport à moi mais nous nous sommes rencontrés. Il

 12   a eu un entretien très sincère, très franc avec M. Kordic sur la

 13   distribution de l’aide. Le lendemain matin, normalement, nous aurions dû

 14   avoir une autre réunion, il avait l'intention que cette réunion ait lieu à

 15   16 heures au siège de l’UNHCR et que tous les représentants des parties

 16   intéressées soient présents pour qu’ils puissent résoudre ce qui semblait

 17   être un problème.

 18   Le lendemain matin, le 23, juste un peu avant cette réunion au siège du

 19   HCR, à Zenica, j'ai appelé au téléphone, ce que je faisais de temps à

 20   autres, je me suis rendu jusqu'au quartier général de Dario Kordic comme

 21   j'en avais l'habitude pour parler de la distribution de l'aide, pour

 22   parler d’autre chose également. Je ne suis pas entré dans la pièce, il

 23   fallait que j'attende qu'on m'escorte jusqu'à chez lui. Au moment où je

 24   suis rentré dans sa pièce, je parle du 23 février au matin avant la

 25   réunion, j'ai pu constater que deux jeunes hommes étaient là vêtus


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  1   d'uniformes noirs. Ils arboraient des insignes sur lesquels était marqué

  2   HOS.

  3   Monsieur Kordic n'avait probablement pas de problème de ce côté-là, il me

  4   les a présentés également comme commandant et adjoint du HOS de Zenica.

  5   Une autre personne également était présente dans cette pièce, c'était

  6   M. Sliskovic. C'est une opinion que je me suis forgée par la suite. Je me

  7   suis dit qu'il aurait dû avoir une certaine influence sur les autres parce

  8   que sinon, les personnes en question ne se seraient pas trouvées dans

  9   cette pièce ce jour-là. Il y avait autre chose dont je me souviens,

 10   M. Sliskovic s'était rasé. J'ai même fait un commentaire ce jour-là à ce

 11   propos.

 12   Après quoi, je suis allé à la réunion prévue à 16 heures et qui a eu lieu

 13   à Zenica. Il y avait les représentants du HOS. Je ne peux pas me souvenir

 14   s'il y avait Dario Kordic ou non.

 15   M. Nice (interprétation). - J'ai une copie de la pièce à conviction 2116.

 16   Que pouvez-vous dire à ce propos s'il vous plaît ?

 17   M. Jennings (interprétation). - C'est définitivement un signe, un cercle,

 18   j'ai dit qu'il y a ce damier que vous voyez en rouge et blanc, et les

 19   lettres HOS. Je ne peux pas me souvenir que j'avais vu très concrètement

 20   ces lettres qui sont en bas de ce cercle et tout ce qui est marqué en bas.

 21   M. Nice (interprétation). - Merci. Nous en avons déjà parlé tout à

 22   l'heure, mais pourriez-vous me dire quelle était votre appréciation sur

 23   les rapports entre Kordic et Sliskovic ?

 24   M. Jennings (interprétation). - Etant donné que j’avais constaté que cette

 25   personne avait été envoyée pour représenter le HVO de Vitez. La première


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  1   fois, j'ai essayé de les amener pour se rencontrer, c'était le 29 ou

  2   28 janvier, si mes souvenirs sont bons. Je me suis souvenu que Sliskovic

  3   avait assisté à ces réunions. Au moment où je l’ai rencontré à nouveau

  4   comme la seule personne du HVO dans cette même pièce, ayant entendu

  5   également le fait que j'avais vu d'autres personnes dans des occasions

  6   différentes, quand j'étais dans son quartier général, j'ai conclu que

  7   Dario Kordic avait des rapports étroits avec M. Anto Sliskovic. Ce sont

  8   les deux cas sur lesquels je me fonde en avançant cette opinion.

  9   M. Nice (interprétation). - En ce qui concerne la Mercedes volée, c'est

 10   une longue histoire. Pouvez-vous nous dire brièvement de quoi il

 11   s'agissait ?

 12   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 13   M. Nice (interprétation). - Il y a une erreur également sur les dates,

 14   c’est le paragraphe 41.

 15   M. Jennings (interprétation). - Très brièvement, je vais vous donner la

 16   réponse. Vers le 22 février, nous avons reçu l'information selon laquelle

 17   une Mercedes des Pays-Bas avait été confisquée sous la menace des armes.

 18   Un chauffeur y était. Les deux personnes se sont enfuies avec un émetteur

 19   radio et avec une arme. Le colonel Stewart a mis l'accent sur la nécessité

 20   de restituer ce véhicule. Et tout simplement, il a dit que l'on n'allait

 21   pas accepter que l’on confisque comme cela les véhicules et les personnels

 22   des Nations Unies. J'ai considéré également que c’était une des missions

 23   les plus importantes de celles qui furent les miennes. C’est pourquoi je

 24   me suis entretenu à ce sujet-là avec Dario Kordic.

 25   Je lui ai dit : "Ecoutez, nous avons beaucoup travaillé. Nous avons même


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  1   abouti à quelques résultats concernant le barrage, le passage du convoi,

  2   etc. Mais là, en ce qui me concerne, c'est très important. Je suis

  3   représentant des Nations Unies. Il faut démontrer que nous ne pouvons pas

  4   tolérer de tels cas et de telles choses, vous avez de l'influence, est-ce

  5   que vous pouvez m'aider." Et lui avait accepté, il a dit qu'il allait

  6   m'aider. Ce véhicule a été ultérieurement découvert, c'est le 27 février

  7   qu'il a été restitué.

  8   M. Nice (interprétation). - Dans quelles conditions cela s'est passé ?

  9   M. Jennings (interprétation). - Très brièvement, j'étais au quartier

 10   général de Vitez, on m'a appelé dans la pièce des officiers de permanence.

 11   Dario Kordic m'attendait dans cette pièce. Il m'a dit qu'ils avaient des

 12   clefs de la voiture, de la Mercedes. Les hommes des Pays-Bas ont trouvé la

 13   voiture, ils ont ouvert la voiture, mais lui ne voulait pas remettre les

 14   clefs, mais uniquement au commandant Jennings ou au capitaine Forgrave, et

 15   c'est pourquoi je me suis rendu chez lui, au quartier général, pour

 16   prendre les clefs.

 17   M. Nice (interprétation). - Et comment était le bâtiment ?

 18   M. Jennings (interprétation). - C'est la première fois que le bureau de

 19   Dario Kordic ne se trouvait plus dans la cave, mais au rez-de-chaussée,

 20   tout de suite à droite par rapport à l'entrée. Par ailleurs, il n'y avait

 21   plus pratiquement de sacs de sable, les fenêtres n'étaient pas cachées.

 22   Des troncs étaient empilés juste devant la fenêtre, comme de tout autre

 23   bâtiment d'ailleurs à l'époque.

 24   Au moment où je me suis rendu sur place, j'ai vu la Land-Rover. Ce

 25   véhicule a été bloqué par des véhicule des Pays-Bas. Il y avait beaucoup


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  1   de soldats des Pays-Bas et la police. Dario Kordic m'avait attendu. Il y

  2   avait d'autres personnes que j'ai reconnues. Lui, il avait des clefs qui

  3   se trouvaient sur sa table, sur son bureau, devant lui. Bien évidemment,

  4   j'étais heureux de le voir, tout de suite je l'ai remercié, alors que lui,

  5   à ce moment-là, il avait tout simplement dit quelles étaient les

  6   conditions et les circonstances dans lesquelles il a réussi à avoir les

  7   clefs.

  8   Quand je l'ai remercié, il m'a dit : ce n'est pas à moi que vous devez

  9   envoyer des remerciements, la personne que vous devez remercier c'est le

 10   policier principal, chef du poste de police à Vitez, M. Pasko, je m'en

 11   souviens, j'en ai pris note dans mon carnet.

 12   M. Nice (interprétation). - C'était quelqu'un que vous pouviez

 13   reconnaître ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Je suis allé voir M. Pasko, ceci pour le

 15   remercier, le remercier en personne, car je pensais qu'il était approprié

 16   de le faire. Je l'ai fait au cours de la journée, un peu plus tard. Il y

 17   avait un autre incident également qui s'est produit ; des coups de feu qui

 18   ont été échangés. Et puis je suis allé le voir et j'ai réussi à le

 19   remercier.

 20   M. Nice (interprétation). - Est-ce que cet incident et ces tirs avaient

 21   quelque chose à voir avec ce véhicule ?

 22   M. Jennings (interprétation). - Oui. Je ne sais pas comment cela s'est

 23   passé, de toute façon il y avait un groupe à qui on a confisqué ce

 24   véhicule, ils étaient à Travnik à mon avis, ils stationnaient à Travnik.

 25   C'était une fraction du HVO et ils sont arrivés juste pour dire leur


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  1   mécontentement, ils l'ont exprimé en s'opposant au HVO sur place. Ils

  2   agitaient des armes, ils proféraient des injures, des offenses, et ensuite

  3   ils tiraient en l'air avec leurs fusils automatiques.

  4   M. Nice (interprétation). - Etant donné que vous avez vous-même récupéré

  5   des clés, pas des gens des Pays-Bas, alors qu'on aurait pu très bien leur

  6   remettre des clés, pourquoi ?

  7   M. Jennings (interprétation). - Oui, ils auraient pu remettre les clefs,

  8   mais de toute façon il a dit qu'il ne le ferait pas.

  9   M. Nice (interprétation). - L'huissier pourrait-il nous aider pour la

 10   pièce à conviction 2778 ?

 11   (L'huissier s'exécute.)

 12   Et ensuite, les pièces à conviction Z 502 et Z 502 A ? Pourriez-vous nous

 13   dire quelque chose sur ce document ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Oui. Il s'agit d'un document qui a été

 15   rédigé pendant la réunion. Je pense que j'avais également vu la

 16   traduction. J'avais un interprète qui m'accompagnait en permanence.

 17   C'était une lettre sur laquelle on avait dit quels étaient les objets

 18   qu'on avait trouvés dans le véhicule. Je pense qu'on dit : le véhicule

 19   mentionné ci-dessus a été mis à la disposition du Bataillon des Pays-Bas

 20   et à M. Jennings, représentant du Bataillon britannique. C'est un document

 21   que nous avons signé, c'est un procès-verbal sur la restitution du

 22   véhicule.

 23   M. Nice (interprétation). - Pièce à conviction 2778. Il s'agit d'une

 24   photographie, je vais demander à l'huissier de bien vouloir la mettre.

 25   (L'huissier s'exécute.)


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  1   Que pouvez-vous nous dire sur la personne qui se trouve sur cette

  2   photographie ?

  3   M. Jennings (interprétation). - Non, je ne peux pas véritablement

  4   identifier de manière sure cette personne. Je l'ai rencontrée. Je

  5   reconnais son visage. Je suis sûr qu'il a quelque chose à faire avec cet

  6   incident.

  7   M. Nice (interprétation). - Paragraphe 45 : le 9 mars, est-ce que vous

  8   avez traversé Prozor en direction de Split ?

  9   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 10   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez vu les maisons dans le

 11   quartier musulman du village que les Croates avaient détruites, et jusqu'à

 12   ces maisons-là il y avait des maisons croates également qui sont restées

 13   intactes ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Oui effectivement. Quand je voyageais en

 15   direction de Split, je ne suis pas passé par Prozor, mais par Mostar. Mais

 16   je me souviens que la route a été ouverte, je me souviens avoir vu

 17   également des maisons musulmanes qui ont été détruites. J'ai reconnu ces

 18   maisons selon leur architecture. Elles étaient pratiquement à côté

 19   d'autres maisons qui étaient intactes dont l'architecture n'était pas la

 20   même, par conséquent j'ai pu deviner que ce n'étaient pas celles qui

 21   appartenaient aux Musulmans.

 22   M. Nice (interprétation). - J'aimerais vous demander de mettre la carte

 23   sur le rétroprojecteur, on passe au paragraphe 46.

 24   M. Jennings (interprétation). - C'est au sujet de quelle région, s'il vous

 25   plaît, ainsi je vais pouvoir mettre la carte au bon endroit sur le


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  1   rétroprojecteur.

  2   M. Nice (interprétation). - Kula et Krcevine.

  3   M. Jennings (interprétation). - D'accord. A ce moment-là, j'aurais besoin

  4   d'une carte agrandie.

  5   M. Nice (interprétation). - De toute façon, vous pouvez voir les mêmes

  6   villages sur la petite carte ; pendant que je donne lecture de ce texte,

  7   vous pourriez peut-être nous montrer les endroits sur le rétroprojecteur.

  8   Par conséquent, il s'agit de la troisième semaine du mois de mars. Est-ce

  9   que le système des tranchées du HVO a bien été placé avec les soldats du

 10   HVO qui se trouvaient dans la zone de Kacuni et de Busovaca, et au niveau

 11   de Kula et de Krcevine ?

 12   Nous avons nos copies, vous pouvez donc nous le montrer simplement sur le

 13   rétroprojecteur et je pense que les Juges vont pouvoir trouver, c'est à

 14   l'est par rapport à Busovaca.

 15   (Le témoin montre avec le pointeur.)

 16   Est-ce qu'à ce moment-là l'infanterie de l'armée de Bosnie-Herzégovine

 17   était limitée sur le plan effectifs, disposaient-ils ou ne disposaient-ils

 18   pas d'armes lourdes et d'artillerie lourde ? Il y avait un canon léger

 19   quand même ?

 20   M. Jennings (interprétation). - Oui, c'est ce qu'on pourrait dire, il

 21   était vrai pendant tous ces événements, depuis que les conflits ont

 22   commencé les 24 et 25 janvier, qu'on a parlé de ces armes et de pièces

 23   d'artillerie légère. LEW par exemple, c'est une arme qu'on a pu voir sur

 24   place depuis le 25 janvier.

 25   M. Nice (interprétation). - Au début de cette période, y avait-il beaucoup


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  1   d'armes individuelles parmi les soldats du HVO, je parle de fusils, de

  2   carabines, de fusils de chasse ? Mais le HVO était bien mieux équipé par

  3   rapport à l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

  4   M. Jennings (interprétation). - Oui, tout à fait.

  5   M. Nice (interprétation). - Vous avez vu également qu'il y avait des

  6   entraînements, vous avez vu une quarantaine ou une cinquantaine de

  7   personnes qui s'entraînaient, n'est-ce pas ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Oui, c'est le matin du 25 janvier. C'est

  9   le moment où le colonel Stewart se trouvait sur le pont avec le brigadier

 10   Cordy-Simpsons. J'ai vu à ce moment-là l'arme ZIS 2, d'où l'on tirait. Je

 11   me suis retourné, j'ai regardé un petit peu derrière, j'ai regardé du côté

 12   nord, vers Busovaca, et j'ai vu des soldats, c'était rare, qui se

 13   déplaçaient dans une sorte de formation militaire, ils étaient déployés

 14   sous forme tactique. Il y avait également des abris qu'ils avaient dressés

 15   pour pouvoir se cacher.

 16   M. Nice (interprétation). - Il s'agissait par conséquent de 40 à

 17   50 personnes de soldats, à qui appartenaient-ils ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Mais au HVO !

 19   M. Nice (interprétation). - Merci.

 20   Est-ce que l'armée de Bosnie-Herzégovine dans cette région avait également

 21   des pièces d'artillerie, et quelles étaient ces pièces d'artillerie dont

 22   ils disposaient ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Mais est-ce que vous pouvez me répéter la

 24   question ?

 25   M. Nice (interprétation). - Je voudrais savoir quelles étaient les armes


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  1   dont disposait l'armée de Bosnie-Herzégovine.

  2   M. Jennings (interprétation). - Je pense qu'ils n'avaient pas de types

  3   d'armes, comme c'était de l'autre côté. Moi personnellement, je n'en ai

  4   jamais vu.

  5   M. Nice (interprétation). - Avant de nous occuper de ces derniers

  6   paragraphes, j'aimerais vous demander de me répondre à quelques questions.

  7   Précédemment, est-ce que vous avez vu les deux commandants du HOS à une

  8   autre occasion ? Est-ce que c'est exact que vous les avez vus ?

  9   M. Jennings (interprétation). - Oui, j'ai vu ces deux commandants du HOS,

 10   je les ai vus à la réunion au siège du HCR et c'était une réunion qui a

 11   été convoquée par M. Delamoto.

 12   M. Nice (interprétation). - On parle du paragraphe 41. A Turbe, il y avait

 13   éventuellement un certain nombre de réfugiés qui ont traversé cette

 14   position ?

 15   M. Jennings (interprétation). - Oui, je pense que c'était extrêmement

 16   important. Quand on parle de ceci, que cela a marqué, en quelque sorte, la

 17   fin également de mon activité intense dans la zone de Busovaca-Kacuni, la

 18   situation n'a pas été résolue, bien évidemment, mais ceux qui ont essayé

 19   de résoudre les problèmes, et moi parmi eux, c'était justement dans ce

 20   sens-là. C'était une localité où, véritablement, on pouvait parler du

 21   nettoyage ethnique. Il y avait deux ou trois mille Musulmans qui

 22   habitaient au nord de Banja Luka qui ont été transportés en bus, sur le

 23   territoire qui était contrôlé par les Serbes de Bosnie. C'était la ligne

 24   de front, ils ont été obligés de traverser à pied ce terrain. Moi-même

 25   j'ai participé à cette action.


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  1   M. Nice (interprétation). - Nous avons encore un autre document. C'est le

  2   862. C'est une photographie. Si vous voulez bien nous dire très brièvement

  3   à quoi se rapporte cette photographie...

  4   M. Jennings (interprétation). - Il s'agit d'une photographie qui a été

  5   faite le 7 février. Le matin -je pense que c'était tôt le matin- pendant

  6   que, moi, je parlais sur les détails concernant le démantèlement de ce

  7   barrage, j'en ai parlé avec des ingénieurs du HVO.

  8   M. Nice (interprétation). - Pourriez-vous me répondre par oui ou non : si

  9   vous étiez conscient des conditions dans lesquelles se déroulait le plan

 10   de paix de Vance-Owen.

 11   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 12   M. Nice (interprétation). - Paragraphe 32, mais avant de passer à ce

 13   paragraphe, j'aimerais attirer votre attention sur le paragraphe 49, et

 14   surtout, de ne pas lire. Il s'agit des conclusions. Quel était le

 15   comportement de Kordic ? Qu'est-ce que vous avez remarqué en ce qui

 16   concerne son comportement dans le public et en privé ?

 17   M. Jennings (interprétation). - Il a été extrêmement intéressant de

 18   remarquer, tout au moins en ce qui me concerne, c'est ce que j'ai perçu,

 19   Kordic n'a pas été à la réunion qui a été convoquée par Delamoto le

 20   23 février. Ce qui était par exemple quelque chose de caractéristique pour

 21   son comportement, c'est que son nom devait être mentionné au sujet de ce

 22   qui s'est passé sur le terrain, mais lui n'a pratiquement jamais participé

 23   aux réunions qui étaient des réunions officielles, comme les réunions par

 24   exemple qui ont eu lieu à l'école.

 25   Ensuite, en tant que signataire des documents qui portent sur le cessez-


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  1   le-feu, c'est un document... l'accord qui a été signé le 30 janvier, c'est

  2   lui qui l'avait signé, moi également, et dont l'objet était justement la

  3   restitution de véhicules. Lui, il l'a signé, mais ça n'a pas la même

  4   importance.

  5   M. Nice (interprétation). - En ce qui concerne son pouvoir, son autorité,

  6   comment vous l'avez perçue ? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui lui a été

  7   supérieur, dans cette zone de responsabilités ?

  8   M. Jennings (interprétation). - D'après moi, en ce qui concerne son

  9   comportement, en ce qui concerne également des opérations quotidiennes,

 10   tout ce qui se passait sur le champ, rien ne se passait véritablement sans

 11   qu'on ne parle de son nom sur le terrain. Il y avait d'autres occasions,

 12   je pourrais vous en parler. Quand lui, il avait dit un certain nombre de

 13   choses, et tout de suite après, j'ai pu constater qu'il y avait un certain

 14   nombre d'incidences, sur le terrain, de ce qu'il avait dit auparavant.

 15   M. Nice (interprétation). - En ce qui concerne son pouvoir et son autorité

 16   militaire, au niveau de la police également, est-ce qu'il en avait ?

 17   M. Jennings (interprétation). - Mais je pense qu'il avait cette autorité

 18   un peu partout.

 19   M. Nice (interprétation). - Mais sur quel terrain, s'il vous plaît ? Et si

 20   vous voulez bien vous référer à la carte.

 21   M. Jennings (interprétation). - Au moment où j'ai pu constater ce qui

 22   s'était passé sur place, et qui était la conséquence de ce qu'il avait

 23   dit, à ce moment-là, cela concernait la région de Busovaca, et jusqu'à la

 24   ligne de front entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine et jusqu'à

 25   Kacuni.


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  1   Je ne peux pas être plus concret, si vous voulez, mais c'était dans cette

  2   région, dans ce secteur. Je ne connais pas tout à fait les positions des

  3   parties ennemies. Moi, j'avais mes propres itinéraires, mais jusqu'à

  4   Kaonik, à l'est de Kaonik, la route qui a été donc... qu'on pouvait passer

  5   et qui menait vers le sud, et également du côté du village Luka.

  6   Ensuite, si vous dépassez le pont, il y a un certain nombre de points de

  7   contrôle et il y en a un plus particulièrement qui se trouvait sur la

  8   route principale à l'est de Vitez. Je pense que même Vitez y était

  9   intégrée étant donné qu'on a beaucoup parlé de Pajko.

 10   Par ailleurs, je dirai, d'après un certain nombre de signes, que son

 11   secteur s'étendait jusqu'à Travnik car le véhicule était venu de cette

 12   provenance, mais Pajko également a probablement fait un certain nombre de

 13   choses en son nom, au nom de Kordic.

 14   M. Nice (interprétation). - Je vous ai posé la question concernant la

 15   police ; est-ce qu'il y avait un incident éventuellement qui avait

 16   également eu affaire avec le chef de police ?

 17   M. Jennings (interprétation). - Je n'ai pas pris note de tous ces

 18   événements, mais je me souviens, j'ai emprunté une route et puis j'ai vu

 19   un camion. A côté de ce camion, il y avait 2 civils musulmans, je pense

 20   que c'était entre 50 et 100 mètres par rapport au bâtiment des P.T.T. et

 21   grâce à l'interprète, j'ai posé la question ce qui se passait, ce qui

 22   n'était pas bien, car j'avais l'impression qu'il y avait quelque chose qui

 23   n'allait pas. Et puis ils m'ont dit qu'ils avaient transporté un certain

 24   nombre de vivres, qu'ils étaient partis vers Zenica, qu'on les a arrêtés

 25   et qu'ils allaient être détenus. C'était tout à fait contraire à ce qui a


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  1   été convenu de liberté de circulation dont il a été question.

  2   Moi j'étais fâché quelque peu, je dois vous le reconnaître. Je me suis

  3   rendu au quartier général de M. Kordic et je pense que quelques personnes

  4   dans la pièce également où je suis entré étaient quelque peu fâchées parce

  5   qu'ils me voyaient voir...

  6   Et puis j'ai interrompu une réunion. Elle était en cours, mais moi j'étais

  7   ferme et j'étais énergique, j'étais fâché et je voulais tout simplement

  8   dire ce qui s'était passé, cet incident que j'ai pu voir, pourquoi ils ont

  9   arrêté ces gens-là, ce qui allait se passer.

 10   Monsieur Kordic m'a dit qu'il allait emmener le chef de police ; lui, il

 11   est apparu. Moi je n'ai pas entendu son nom, mais je me souviens qu'il

 12   n'était pas grand de taille, il avait des moustaches, il avait un visage

 13   assez rond et puis il était vêtu d'un uniforme de la police civile croate

 14   bleu.

 15   C'était une couleur que je voyais très bien, il se sentait mal à l'aise,

 16   il était essoufflé, il a probablement laissé tout pour pouvoir se rendre

 17   au quartier général le plus tôt possible et c'est là où M. Kordic lui a

 18   dit qu'il fallait absolument qu'il résolve ce problème. Il m'avait

 19   convaincu que ces gens-là allaient être relâchés, ce que j'ai pu constater

 20   par la suite.

 21   M. Nice (interprétation). - Outre tout ce que vous avez relaté au sujet

 22   des points de contrôle, y avait-il un autre point de contrôle et un

 23   événement tout spécial dont vous pouvez nous parler ?

 24   M. Jennings (interprétation). - Oui, c'était un incident type. Je

 25   conduisais ma voiture vers le sud, vers Kacuni. J'ai été arrêté par deux


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  1   soldats du HVO à un point de contrôle. J'ai dit que j'avais le droit,

  2   comme appartenant aux Nations Unies, de traverser librement la route. Il

  3   ne m'ont pas permis de le faire. Je suis alors retourné au bâtiment des

  4   PTT. C’est une deuxième incident dont je donne la description et j'ai

  5   dit : "Si nous travaillons ensemble, il faut alors que je circule

  6   normalement, que je puisse faire mes tâches quotidiennes et que personne

  7   ne m’en empêche". Il a dit : "D'accord, je vais résoudre cette question".

  8   Quand je suis retourné sur place, c'était deux minutes pas plus, tout

  9   était réglé. Ils ont reçu les instruction de me laisser passer, ils m’ont

 10   laissé passer.

 11   M. Nice (interprétation). - Y avait-il des points de contrôle sur lesquels

 12   vous êtes tombé, qui étaient contrôlés par d'autres forces pendant la

 13   période pendant laquelle vous étiez sur place ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Non, si je me souviens bien, je n'ai pas

 15   trouvé d'autres points de contrôle.

 16   M. Nice (interprétation). - Vous avez dit que vous connaissiez bien le

 17   plan Vance-Owen. Par conséquent, comment tout ceci s'intégrait dans les

 18   aspects principaux et les éléments principaux de ce plan ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Très brièvement, je me dois de dire qu'il

 20   y avait quand même une préoccupation générale des deux côtés, au sein de

 21   la population, en ce qui concerne le plan Vance-Owen et l'application de

 22   ce plan si jamais on procédait au changement des frontières, si les

 23   cantons étaient constitués comme cela avait envisagé. Des deux côtés,

 24   aussi bien de l'armée, que du HVO, il y avait les accords à ce sujet-là,

 25   auxquels ils sont parvenus. Il y avait, par conséquent, une chose qui


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  1   était nette : aussi bien les Croates que les Musulmans devaient restituer

  2   des armes.

  3   D'après ce plan, les commandants, les policiers auraient dû être remplacés

  4   en fonction de la majorité de la population dans un canton donné, etc.

  5   Ceci a créé quelques préoccupations, par conséquent, on a parlé de

  6   l'application de ce plan.

  7   M. Nice (interprétation). - L'attaque à laquelle vous avez assisté ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Est-ce que vous pouvez me rappeler un peu

  9   de quoi il s'agit ?

 10   M. Jennings (interprétation). - Je parle de l'attaque du 6 février, est-ce

 11   qu’éventuellement, vous avez tiré un certain nombre de conclusions au

 12   sujet de ces conflits auxquels vous avez assisté ?

 13   M. Jennings (interprétation). - Je suis désolé, je...

 14   M. Nice (interprétation). - C'est une question dont la Chambre discutera.

 15   Merci, je n'ai plus de questions.

 16   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers ?

 17   M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, en accord avec les

 18   avocats de M. Cerkez, je vais poser toutes les questions au témoin.

 19   Bonjour, Commandant. Comme je l'ai dit, je m'appelle Steve Sayers et avec

 20   mon confrère, M. Naumovski, nous représentons le premier client, M. Dario

 21   Kordic.

 22   Je voudrais vous dire à peu près de quelle manière je vais vous contre-

 23   interroger, pour vous-même et pour la Chambre également. Je vais poser

 24   quelques questions de manière générale, ceci à la lumière de la chaîne de

 25   commandement. Ensuite, je vais me concentrer de manière très attentive sur


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  1   les conflits qui ont eu lieu dans les secteurs de Busovaca depuis le

  2   20 janvier jusqu'au 30 janvier, et l'accord sur le cessez-le-feu qui a été

  3   signé. Je vais poser des questions au sujet de cet accord sur le cessez-

  4   le-feu. Il y en avait plusieurs.

  5   Ensuite, je vais me référer à chaque réunion que vous avez eue avec Dario

  6   Kordic. Il s'agit de la période de trois semaines, au cours du mois de

  7   février.

  8   Enfin, je vais avoir un certain nombre d'autres questions, compte tenu de

  9   votre déposition au cours de cette matinée. Je vais essayer de poser le

 10   moins possible de questions.

 11   Ma première question serait la suivante : vous ne parlez pas le Croate ?

 12   M. Jennings (interprétation). - Non.

 13   M. Sayers (interprétation). - L'interprète auquel vous avez eu recours

 14   était le sergent Fonton ?

 15   M. Jennings (interprétation). - Un des trois interprètes auxquels j'ai eu

 16   recours était le sergent Thornton ?

 17   M. Sayers (interprétation). - Et les deux autres ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Un interprète n'est plus en vie, c'était

 19   Dobrila Kolaba, elle été tuée en juillet 1993. Et il y avait encore un

 20   autre interprète.

 21   M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'il appartenait aux forces armées

 22   britanniques ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Non, c'était une personne qui était un

 24   villageois, il est encore en vie. Je ne peux pas vous donner son nom. Je

 25   ne le sais pas.


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  1   M. Sayers (interprétation). - De toute façon, vous avez travaillé le plus

  2   avec le sergent Thornton, n’est-ce pas ?

  3   M. Jennings (interprétation). - Pas tout à fait. Je me dois de vous dire

  4   que si je me réfère à la période dont il a été question ce matin, je peux

  5   dire que j'ai eu recours au sergent pendant un tiers de temps.

  6   M. Sayers (interprétation). - Quel est l'interprète que vous avez pris

  7   avec vous au moment où vous vous rendiez chez M. Kordic, au cours de ces

  8   trois semaines ?

  9   M. Jennings (interprétation). - Un sur les trois, bien évidemment.

 10   M. Sayers (interprétation). - Vous ne pouvez pas nous dire exactement à

 11   quel était l'interprète qui vous a accompagné à telle ou telle réunion ?

 12   M. Jennings (interprétation). - Ce serait difficile de donner une telle

 13   réponse. Il y a un certain nombre de réunions pour lesquelles je peux dire

 14   s'il y avait tel ou tel interprète.

 15   M. Sayers (interprétation). - On le verra plus tard. Vous avez donné deux

 16   déclarations aux enquêteurs au Bureau du Procureur : une première, le

 17   25 avril ; la deuxième, le 28 avril 1995.

 18   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 19   M. Sayers (interprétation). - Une autre déclaration a été donnée en

 20   février, mars 1997, signée en avril 1998 ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 22   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous donné d'autres déclarations aux

 23   enquêteurs ou membres du Bureau du Procureur ?

 24   M. Jennings (interprétation). - Non.

 25   M. Sayers (interprétation). - Et à quelqu'un d'autre ?


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  1   M. Jennings (interprétation). - Au conseil de M. Blaskic et à M. Russel.

  2   M. Sayers (interprétation). - Ce sont donc les personnes que vous avez

  3   vues, et auxquelles vous avez donné des déclarations ?

  4   M. Jennings (interprétation). - C'est tout à fait cela. J'ai donné une

  5   déclaration écrite que j'ai signée. Il serait difficile de dire plus, car

  6   il s'agit d'un sujet qu'on n’oublie pas. On en parle. Mais pour ce qui est

  7   des déclarations totales, je pense que je vous ai dit quelles étaient les

  8   déclarations que j'ai données.

  9   M. Sayers (interprétation). - Entendu. Je pense que ce n’est pas

 10   constestable. Vous avez dit que pendant toute votre vie, vous avez suivi

 11   une carrière militaire ?

 12   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 13   M. Sayers (interprétation). - Maintenant, vous avez le grade de

 14   commandant ?

 15   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 16   M. Sayers (interprétation). - Et vous êtes commandant depuis

 17   septembre 1990 ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 19   M. Sayers (interprétation). - Au moment où vous êtes arrivé dans cette

 20   zone, même si ce sont des événements malheureux auxquels vous avez

 21   assisté, il n'était quand même étrange de voir des villages incendiés, que

 22   ce soit musulmans, croates ou serbes ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Oui, vous avez tout à fait raison. Il y

 24   avait des destructions des trois côtés.

 25   M. Sayers (interprétation). - Serait-il exact de dire, même si ce n'est


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  1   pas toujours facile de le constater, qu'il y avait une certaine technique

  2   à laquelle on procédait pour incendier les villages des trois côtés ?

  3   M. Jennings (interprétation). - Je n'ai jamais assisté au moment où on

  4   mettait le feu. Je ne peux pas dire que j'ai vu quand on mettait le feu à

  5   une maison, et que j'avais assisté par exemple à ce qu'un soldat de

  6   l'armée de Bosnie-Herzégovine le fasse. Je n'ai jamais vu cela de mes

  7   propres yeux.

  8   M. Sayers (interprétation). - Permettez-moi de vous donner lecture d'un

  9   extrait du 18 février 1993, du bulletin de renseignements militaires,

 10   c'était à Kacuni ?

 11   M. Jennings (interprétation). - D'accord.

 12   M. Sayers (interprétation). - On dit que dans la zone de Kacuni 50 soldats

 13   de l'armée de Bosnie-Herzégovine, avec un camion, se sont trouvés sur

 14   place, et le commandant avait informé qu'il y avait deux maisons

 15   musulmanes et une croate qui avaient été incendiées.

 16   Par conséquent, une fois de plus je vous repose la question, même si ce

 17   n'est pas facile de donner la réponse automatiquement, est-ce en

 18   représailles qu'ils le faisaient ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Je ne peux pas vous le dire tout à fait

 20   précisément. Ceci se passait probablement de cette manière-là, mais moi je

 21   n'étais pas témoin. On peut le dire sur la base des informations faisant

 22   l'objet des bulletins de renseignements militaires, c'était les

 23   informations que nous obtenions, on pensait qu'ils étaient exacts.

 24   M. Sayers (interprétation). - Par conséquent, il s'agit des informations

 25   rassemblées par les forces britanniques dans cette zone, il n'y avait pas


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  1   d'incidents isolés, n'est-ce pas ?

  2   M. Jennings (interprétation). - C'est tout à fait cela.

  3   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous savez que l'ensemble de la

  4   ville de Busovaca, d'après le recensement de 1991, était de 3 899 ?

  5   M. Jennings (interprétation). - Je l'ignorais.

  6   M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'on peut donner la description de

  7   Busovaca en disant qu'il s'agissait d'une petite ville ?

  8   M. Jennings (interprétation). - C'était une petite ville effectivement,

  9   mais une ville quand même importante. Mais en ce qui concerne l'ensemble

 10   de la population, je ne suis pas étonné que vous disiez que c'est une

 11   petite ville.

 12   M. Sayers (interprétation). - Excusez-moi, je suis quelque peu en retard

 13   avec les questions que je vous pose. Mais je ménage des pauses exprès

 14   parce que nous parlons la même langue et ceci permet aux interprètes de

 15   faire correctement leur travail, et de les aider dans leur travail.

 16   Celui qui vous a précédé était le commandant Andrew McDonald, n'est-ce

 17   pas ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 19   M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit que vous étiez officier de

 20   liaison. Pourrions-nous dire qu'il y avait un certain écart entre la

 21   partie ouest de la vallée de la Lasva et la manière dont elle a été

 22   couverte par le capitaine Forgrave, et l'autre zone qui a été couverte par

 23   le capitaine Mattew Dundas Wattley ?

 24   M. Jennings (interprétation). - Oui éventuellement. Je pourrais dire que

 25   c'était une répartition qui n'était peut-être pas tout a fait bien


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  1   équilibré. Il y avait un certain écart. Mais nous avons coopéré de façon

  2   étroite. Nous avons été bien obligé d'envoyer le personnel où il y avait

  3   des événements importants. A cette époque-là, c'était Gorni Vakuf. Il y

  4   avait des conflits à Travnik, à Novi Travnik, ce n'était pas à Busovaca à

  5   ce moment-là qu'il y avait des conflits et des tensions.

  6   Excusez-moi, juste un détail. Vous dites que j'étais officier de liaison.

  7   Il est vrai que j'ai effectué un certain nombre de tâches d'officier de

  8   liaison, mais j'étais commandant de compagnie, j'ai fait effectivement

  9   toutes les tâches qui étaient dans le cadre de mes prérogatives, c'est

 10   pourquoi j'ai transmis tous les renseignements à l'officier de liaison.

 11   M. Sayers (interprétation). - Mais qui était l'officier de liaison ?

 12   M. Jennings (interprétation). - C'était le capitaine Martin Forgrave. Il

 13   avait un secteur qui était assez important et qui était sous sa

 14   responsabilité. Il y avait l'autre également, le capitaine Dundas-Wattley.

 15   Ils ont travaillé en couple en quelque sorte, même si officiellement

 16   chacun couvrait un autre secteur et une autre responsabilité.

 17   M. Sayers (interprétation). - Si j'ai bien compris, vous étiez commandant

 18   d'une compagnie de chars ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 20   M. Sayers (interprétation). - Vous étiez donc commandant de cette

 21   compagnie pendant que vous avez effectué ces missions à Busovaca et

 22   Kacuni ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 24   M. Sayers (interprétation). - Normalement, vous auriez dû aller dans le

 25   secteur de Tuzla ?


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  1   M. Jennings (interprétation). - Tout à fait.

  2   M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit par ailleurs que qu'une chose

  3   que vous avez commencé à entreprendre, parmi les premières, au moment où

  4   vous avez pris vos tâches le 13 janvier, était que vous étiez chargé de

  5   découvrir où étaient les commandants locaux et les forces locales ?

  6   M. Jennings (interprétation). - C'est tout à fait cela.

  7   M. Sayers (interprétation). - Vous avez passé 3 mois dans cette zone ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Je suis arrivé le 13 janvier, et j'ai été

  9   obligé de me présenter, qu'on me connaisse physiquement en tant que

 10   personne, il fallait également que je puisse me faire connaître par les

 11   gens.

 12   M. Sayers (interprétation). - Si je comprends bien, l'officier de liaison

 13   informait quotidiennement le service de renseignements militaires sur tout

 14   ce qui se passait sur le terrain, notamment ce qui était important, alors

 15   que les personnes qui étaient chargées de rédiger le bulletin

 16   d'informations étaient présentes aux réunions et ce sont elles qui le

 17   rédigeaient, n'est-ce pas ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Oui, s'ils le pouvaient, ils assistaient

 19   aux réunions.

 20   M. Sayers (interprétation). - Qui était l'officier qui était chargé de

 21   votre cellule milinfo sum, le capitaine Christopher ?

 22   M. Jennings (interprétation). - Oui c'est exact.

 23   M. Sayers (interprétation). - Et c'est Jim Connolly qui l'aidait ?

 24   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 25   M. Sayers (interprétation). - Vous saviez ce qui se passait dans la zone


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  1   votre responsabilité, dans la plupart des cas ?

  2   M. Jennings (interprétation). - Oui.

  3   M. Sayers (interprétation). - A la lumière de la mission de la Forpronu et

  4   de la participation du Bribat dans le cadre de cette mission, la mission

  5   des Nations Unies était de suivre les convois et d'assurer la sécurité ?

  6   M. Jennings (interprétation). - Oui. C'était une des tâches mais pas la

  7   seule.

  8   M. Sayers (interprétation). - Vous avez pu également suivre les convois

  9   privés ?

 10   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 11   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous pensé aux convois qui ont été

 12   organisés par les institutions non gouvernementales ?

 13   M. Jennings (interprétation). - Je pense aux organisations qui n'étaient

 14   pas forcément attachées et rattachées au Etats-Unis. Nous avons soutenu le

 15   HCR.

 16   M. Sayers (interprétation). - Vous ne pouviez donc pas par conséquent

 17   soutenir la Forpronu au niveau militaire, armée ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Non.

 19   M. le Président (interprétation). - Je vous en prie, faites les pause. De

 20   toute façon, c'est le moment de lever la séance.

 21   Je vous prie, Commandant, de revenir à 14 heures 30.

 22   L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 30.

 23   M. Sayers (interprétation). - Bonjour Commandant.

 24   M. Jennings (interprétation). - Bonjour.

 25   M. Sayers (interprétation). - Au sujet des recherches dont vous nous avez


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  1   parlé, est-il vrai que vous n'avez jamais rencontré le commandant en chef

  2   des forces de l’armée de Bosnie-Herzégovine, le général Sefer Halilovic ?

  3   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

  4   M. Sayers (interprétation). - Est-il également exact que vous n'avez

  5   jamais rencontré le général de brigade Milivoj Petkovic ?

  6   M. Jennings (interprétation). - Oui.

  7   M. Sayers (interprétation). - Est-il exact que vous n'avez jamais

  8   rencontré le commandant du 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine, le

  9   général Hadzihasanovic ?

 10   M. Jennings (interprétation). - Je ne l'ai jamais rencontré, on ne me l'a

 11   jamais présenté.

 12   M. Sayers (interprétation). - Et vous n'avez jamais rencontré le colonel

 13   Blaskic ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Je me souviens l’avoir vu à une date dont

 15   je ne me souviens pas. C'était à l'école, mais je ne l’ai vu que de loin.

 16   Je ne lui ai pas été présenté ?

 17   M. Sayers (interprétation). - Et vous ne lui avez pas parlé ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Non.

 19   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous parlé à son commandant en second ?

 20   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, on vous pris de

 21   ralentir un peu le rythme.

 22   M. Sayers (interprétation). - Je vous prie de m'excuser.

 23   Avez-vous rencontré le colonel Dzemal Merdan, commandant en second du

 24   3ème Corps ?

 25   M. Jennings (interprétation). - On me l'a présenté. C'était le matin du


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  1   mardi 26 janvier au pont de Kacuni. Je l'ai vu, il était interviewé par

  2   Kate Adie, un journaliste de la BBC.

  3   M. Sayers (interprétation). - C’était au moment où le colonel Stewart et

  4   vous-même vous vous êtes rendus à Kacuni au point de contrôle ?

  5   M. Jennings (interprétation). - En fait, c’était le même jour, mais à peu

  6   près dans l'heure qui a précédé.

  7   M. Sayers (interprétation). - Conviendriez-vous, ou dites-moi si vous ne

  8   le savez pas -et ceci s'applique d'ailleurs à toutes mes questions-

  9   conviendriez-vous que le 3ème Corps à Zenica, sous le commandement du

 10   général Hadzihasanovic, avait environ 10 à 12000 hommes disponibles ? Est-

 11   ce exact ?

 12   M. Jennings (interprétation). - Autant que je m'en souvienne, oui. C’est

 13   pour cela que je réfléchis un instant pour essayer de me souvenir si on

 14   m'a donné un chiffre à l’époque.

 15   M. Sayers (interprétation). - Fort bien. En examinant les bulletins de

 16   renseignements militaires que l'on vous a communiqués, est-ce que vous

 17   vous souvenez d'un bulletin de renseignements militaires n° 79 du

 18   18 janvier 1993 ? J'en ai un exemplaire. Il s'agit d'un rapport selon

 19   lequel l'armée de Bosnie-Herzégovine avait 11.000 soldats dans la ville

 20   contre 1.000 hommes pour le HVO ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Pour quelle ville ?

 22   M. Sayers (interprétation). - Travnik.

 23   M. Jennings (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

 24   M. Sayers (interprétation). - Si vous avez besoin de voir ce bulletin de

 25   renseignements militaires, je peux vous le montrer mais, afin d'aller plus


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  1   vite, je vais vous en donner lecture : "L'équipe des officiers de liaison

  2   est allée voir l'officier de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Travnik qui a

  3   dit que la situation était tendue et il a dit que l'armée de Bosnie-

  4   Herzégovine avait plus d’hommes que le HVO à Travnik, 11.000 contre

  5   1.000 pour le HVO".

  6   Est-ce que cela correspond à ce dont vous vous souvenez ?

  7   M. Jennings (interprétation). - C’est difficile de vous répondre sur la

  8   base de mes souvenirs uniquement. Je dois dire qu'immédiatement après que

  9   j'ai pris le commandement, nous nous sommes demandé si nous pourrions

 10   participer au ravitaillement de Sarajevo. C’est ce à quoi j'ai participé

 11   jusqu'au 17, 18 janvier. Cela n'a mené à rien. C'est ensuite seulement que

 12   j'ai pu véritablement m’intéresser à ce qui se passait et je me trouvais

 13   sur place depuis à peine une semaine. Comme vous l'imaginez bien, il

 14   fallait apprendre très vite dans ces conditions-là.

 15   M. Sayers (interprétation). - Croyez-moi, je vous comprends très bien ; je

 16   comprends très bien la difficulté de la situation. Combien de temps avez-

 17   vous passé pour essayer d'apprendre tout ce qu'il y avait à apprendre ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Eh bien c'était constant. Il y avait

 19   énormément d'informations à apprendre et le Bataillon était là depuis

 20   environ 8 semaines. Il était arrivé en novembre l'année précédente. Moi-

 21   même, je suis venu dans le cadre de la rotation des officiers commandants

 22   et je dois dire qu’il m’a fallu bien 10 jours, deux semaines pour avoir

 23   véritablement une bonne idée de ce qui se passait, ou du moins de ce que

 24   je pensais qu'il se passait.

 25   M. Nice (interprétation). - Je me demande si, lorsque que l'on donne


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  1   lecture d'un extrait d'un document, même s'il n'a pas été communiqué ou

  2   versé au dossier, je me demande si un exemplaire de ce document pourrait

  3   m’être communiqué à moi-même.

  4   M. Sayers (interprétation). - Je suis tout à fait prêt à le faire, à

  5   conditions bien entendu que, dans le principe de l'égalité des armes, cela

  6   soit réciproque.

  7   M. le Président (interprétation). - Nous n'allons pas entrer dans une

  8   querelle, mais si vous utilisez un document, si vous en faites citation,

  9   vous devez le montrer à la partie adverse.

 10   Maître Sayers, vous devriez, si vous citez un document, en disposer d'un

 11   exemplaire et le distribuer.

 12   M. Sayers (interprétation). - Donc je remets à l'huissier un exemplaire du

 13   bulletin de renseignements militaires n° 79, Monsieur le Président.

 14   Mme Ameerali (interprétation). - Le document portera la cote D101/A.

 15   M. Sayers (interprétation). - Comme l'a demandé l'accusation, Monsieur le

 16   Témoin, vous pouvez maintenant examiner le bulletin de renseignements

 17   militaires n° 79 dont j'ai donné lecture en partie et vous n’avez aucune

 18   raison de penser que cette information était erronée, n'est-ce pas ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Non.

 20   M. Sayers (interprétation). - Document suivant, c'est le bulletin de

 21   renseignements militaires n° 112, qui a déjà reçu une cote, la cote D62/1.

 22   M. Jennings (interprétation). - Merci.

 23   M. Sayers (interprétation). - Ce qui m'intéresse plus particulièrement,

 24   monsieur, c'est une observation faite par le général Hadzihasanovic le

 25   19 février 1993 où vers cette date, il évalue la puissance ou plutôt le


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  1   nombre d’hommes de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Il estime qu'elle

  2   s'élève à 52.000 hommes. L’observation qui est faite ici est qu'il s'agit

  3   là certainement d'un chiffre qui reflète le nombre d’hommes de l'armée de

  4   Bosnie-Herzégovine en Bosnie-Herzégovine. Est-ce que cela vous paraît

  5   conforme à la réalité ?

  6   M. Jennings (interprétation). - Autant que je puisse m'en souvenir et,

  7   d'autre part, je n'ai aucune raison de mettre en doute les informations

  8   fournies par un bulletin de renseignements militaires.

  9   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous conviendrez que dans la

 10   région de la vallée de la Lasva et dans la région de la Bosnie centrale,

 11   il y avait plus d’hommes de l'armée de Bosnie-Herzégovine que du HVO ?

 12   M. Jennings (interprétation). - Sur la base de ce que j'ai vu

 13   personnellement, c’est très difficile à dire.

 14   M. Sayers (interprétation). - Vous ne savez donc pas ?

 15   M. Jennings (interprétation). - Eh bien très franchement, si on se base

 16   sur ce que moi-même j'ai vu ou ce que je crois, lorsque ce matin j'ai

 17   parlé de ma zone de compétence géographique, j'ai bien précisé que cela se

 18   trouvait près du principal axe de ravitaillement et, à mon avis, une

 19   formation importante, formations qui se trouveraient à l'écart de cet axe

 20   de ravitaillement, je n'aurais pas les moyens de les évaluer. Et en ce qui

 21   concerne les bulletins de renseignements militaires, il faut savoir que

 22   les commentaires qui y figurent sont réalisés par les officiers de

 23   renseignements responsables et ils disposaient d'un grand nombre

 24   d'observations pour faire ce genre d'observation. Donc je tend à les

 25   croire.


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  1   M. Sayers (interprétation). - En ce qui concerne l'artillerie dont

  2   disposait l'armée de Bosnie-Herzégovine, est-ce que vous étiez au courant

  3   du fait que l'on avait vu des pièces d'artillerie de calibre 152

  4   appartenant à l'armée de Bosnie-Herzégovine dans la zone de Travnik ?

  5   M. Jennings (interprétation). - Si cela figure dans un bulletin de

  6   renseignements militaire, j'ai peut-être lu cette information mais

  7   aujourd'hui, je ne peux m'en souvenir.

  8   M. Sayers (interprétation). - Je vais maintenant vous donner en partie

  9   lecture de la pièce portant la cote D45/1, bulletin de renseignements

 10   militaires n° 70 : "L'officier de liaison fait rapport qu'il existe des

 11   pièces d'artillerie lourde 152 millimètres avec une portée de plus de

 12   100 mètres qui se trouve à l'est de l'hôpital au nord de la ville".

 13   M. Jennings (interprétation). - Est-ce que j'ai ce document ?

 14   M. Sayers (interprétation). - Je suis tout à fait prêt à vous communiquer

 15   mon exemplaire de ce document. Il s'agit, je le rappelle, du document qui

 16   porte la cote D45/1.

 17   (L'huissier s'exécute.)

 18   M. le Président (interprétation). - Où se trouve ce passage dont vous nous

 19   avez donné lecture, Maître Sayers ?

 20   M. Sayers (interprétation). - Au chapitre ou au paragraphe qui a trait à

 21   Travnik, Monsieur le Président.

 22   M. Jennings (interprétation). - Bien entendu, il faut savoir qu'à ce

 23   moment-là, je n'étais pas sur le théâtre des opérations, j'ai pris le

 24   commandement de la compagnie le 13 janvier et, en fait, je suis arrivé

 25   plus tard parce qu'au moment où ce bulletin a été publié, je venais de


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  1   Zagreb en passant par Split.

  2   M. Sayers (interprétation). - Oui, je comprends bien, mais un jour avant

  3   votre arrivée on a remarqué la présence de cette pièce d'artillerie dans

  4   la zone, n'est-ce pas ?

  5   M. Jennings (interprétation). - Si le document l'affirme, c'est sans doute

  6   exact, je n'ai aucune raison de le mettre en doute, mais je ne m'en

  7   souviens pas.

  8   M. Sayers (interprétation). - Essayons de raccourcir un petit peu. Vous

  9   vous êtes concentré essentiellement sur les principales routes de

 10   ravitaillement, n'est-ce pas ? Vous ne vous êtes pas rendu dans d'autres

 11   régions ?

 12   M. Jennings (interprétation). - Non, pas vraiment. Les officiers de

 13   liaison, eux, avaient une mission bien différente de la mienne et comme je

 14   l'ai dit auparavant, moi, dans le cadre de mes fonctions de commandant de

 15   compagnie, j'avais des liens, des contacts, mais il faut savoir que

 16   j'avais 120 hommes sous mes ordres, 14 véhicules Warriors. Ma

 17   responsabilité était d'aider le HCR à faire passer l'aide humanitaire sur

 18   les axes de communication.

 19   M. Sayers (interprétation). - Mais vous n'avez jamais vu de chars dans la

 20   zone de Zenica ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Non.

 22   M. Sayers (interprétation). - Un point d'éclaircissement : vous n'étiez

 23   pas officier de liaison, n'est-ce pas, vous étiez commandant de

 24   compagnie ?

 25   M. Jennings (interprétation). - Oui et, d'ailleurs, je l'ai dit très


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  1   clairement tout au long me ma déposition.

  2   M. Sayers (interprétation). - Vous avez également servi pourtant

  3   d'officier de liaison dans la zone de Busovaca ?

  4   M. Jennings (interprétation). - Pendant une période de temps limité, mais

  5   jamais je ne suis devenu l'officier de liaison officiel de la zone de

  6   Busovaca.

  7   M. Sayers (interprétation). - J'ai maintenant quelques questions au sujet

  8   de la filière de commandement militaire.

  9   Il est indéniable, n'est-ce pas, que le colonel Blaskic était le

 10   commandant militaire du HVO pour toute la zone opérationnelle de Bosnie

 11   centrale ?

 12   M. Jennings (interprétation). - Du niveau où je me situais, il était très

 13   clair pour moi que le colonel Blaskic était celui qui était chargé en

 14   effet des opérations dans la zone.

 15   M. Sayers (interprétation). - Il commandait toutes les opérations du HVO

 16   dans la zone opérationnelle de Bosnie centrale, n'est-ce pas ?

 17   M. Jennings (interprétation). - Oui, il était dit qu'en effet c'était lui

 18   le commandant dans cette zone. Enfin, c'est ce qu'on m'a dit et c'est ce

 19   que je pensais.

 20   M. Sayers (interprétation). - Et vous n'avez rien vu qui puisse permettre

 21   de vous indiquer qu'il n'avait pas effectivement un commandement total sur

 22   ces troupes ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Eh bien il est arrivé, comme je l'ai dit

 24   ce matin, que je sois surpris car certains ordres qui venaient de lui

 25   semblaient n'avoir pas été respectés par certains de ses subordonnés. Cela


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  1   me surprenait en effet.

  2   M. Sayers (interprétation). - Au moment du déclenchement du conflit...

  3   M. Bennouna. - Maître Sayers, sur la réponse précédente du témoin, est-ce

  4   que le témoin peut expliciter de quelle autre personne il s'agit ? Il a

  5   été surpris que des choses qui devaient venir du colonel Blaskic sont

  6   venues d'une autre personne. Est-ce qu'il peut expliciter de quelle autre

  7   personne il s'agit ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Oui, Monsieur le Juge. Pour répondre à

  9   votre question, la personne à laquelle je pensais c'est Dario Kordic. Mais

 10   si vous me permettez d'être plus précis, ce n'est pas qu'un ordre soit

 11   venu de lui, moi l'exemple auquel je pensais, c'est qu'il semblait qu'un

 12   accord, un accord qui avait été conclu auparavant, avait été violé par

 13   Dario Kordic, avait été enfreint par Dario Kordic. Et il s'agissait du

 14   fait que l'échange de prisonniers a été retardé de 48 heures. C'est

 15   l'exemple auquel je pensais.

 16   M. Bennouna. - Merci.

 17   M. Jennings (interprétation). - Merci, Monsieur le Juge.

 18   M. Sayers (interprétation). - Nous allons d'ailleurs parler de ceci un peu

 19   plus tard.

 20   Pour vous, le commandant de la brigade, Nikola Subic Zrinjski était Jinko

 21   Josinovic, n'est-ce pas ?

 22   M. Jennings (interprétation). - Oui. Je crois lui avoir été présenté

 23   d'ailleurs par le capitaine Forgrave, vers le 20 janvier.

 24   M. Sayers (interprétation). - Et le commandant en second de cette brigade

 25   c'était Anto Sliskovic, quelqu'un dont vous nous avez déjà parlé, n'est-ce


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  1   pas ?

  2   M. Jennings (interprétation). - Oui, enfin, d'après ce que je comprenais

  3   de la situation, je pensais que c'était le commandant en second, et

  4   d'ailleurs c'est de cette façon qu'il s'est présenté à moi.

  5   M. Sayers (interprétation). - Et est-ce que les forces du HVO placées sous

  6   le commandement du colonel Blaskic étaient divisées en trois zones

  7   opérationnelles pour un total de 9 brigades ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Là, je dois dire qu'il me serait difficile

  9   de vous répondre parce que je n'avais pas une idée très claire de la

 10   situation.

 11   M. Sayers (interprétation). - Passons maintenant à la structure civile, à

 12   la structure politique à Busovaca. Est-ce que vous êtes parvenu à

 13   déterminer qui était le président du HVO à Busovaca ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Non, pas le président.

 15   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous eu l'occasion de rencontrer

 16   M. Zoran Maric ?

 17   M. Jennings (interprétation). - Non.

 18   M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous qui était le dirigeant du HDZ de

 19   Bosnie-Herzégovine local ?

 20   M. Jennings (interprétation). - Non.

 21   M. Sayers (interprétation). - Florian Glavocevic, est-ce que ce nom vous

 22   dit quelque chose ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Non.

 24   M. Sayers (interprétation). - Et en ce qui concerne les Musulmans au sud

 25   de Kacuni, qui était le dirigeant politique numéro un du côté musulman ?


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  1   M. Jennings (interprétation). - Je ne connais pas les noms des hommes

  2   politiques d'importance, des dirigeants politiques.

  3   M. Sayers (interprétation). - Je vais demander la production d'un nouveau

  4   bulletin de renseignements militaires au sujet duquel je voudrais savoir

  5   si vous l'avez lu avant de rencontrer les principaux protagonistes

  6   militaires. Il s'agit du bulletin de renseignements militaires n° 75 du

  7   15 janvier 1993.

  8   Mme Ameerali (interprétation). - Le document se voit attribuer la

  9   cote D102/1.

 10   (L'huissier s'exécute.)

 11   M. Jennings (interprétation). - Merci.

 12   M. Sayers (interprétation). - Il y a deux choses sur lesquelles je

 13   souhaiterais vous interroger. Tout d'abord au sujet du paragraphe consacré

 14   à Busovaca. On peut y lire que s'est Niko Josinovic qui commande la

 15   brigade Nikola Subic Zrinjski du HVO. Je voudrais savoir si vous disposiez

 16   de cette information avant d'avoir rencontré les principaux dirigeants

 17   militaires de la région.

 18   M. Jennings (interprétation). - Est-ce vous pouvez me dire exactement où

 19   cela se trouve dans le document ?

 20   M. Sayers (interprétation). - Au paragraphe consacré à Busovaca, sous

 21   paragraphe B.

 22   M. Jennings (interprétation). - Je m'en souviens. J'ai lu ce document sans

 23   doute, mais quant à savoir combien de temps j'ai eu pour le lire, il faut

 24   savoir que... Oui, c'est un document qui date du 15 janvier, il faut

 25   savoir que ce jour-là je m'apprêtais à partir pour Sarajevo et que


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  1   justement je lisais, j'ai lu des documents à ce sujet.

  2   M. Sayers (interprétation). - Et si on passe au sujet suivant, au point

  3   suivant, on voit qu'un certain nombre de chars de l'armée de Bosnie-

  4   Herzégovine ont été vus roulant de même ou transportaient..., enfin ont

  5   été vus en direction de Zenica. Est-ce que vous étiez au courant de ce

  6   fait ?

  7   M. Jennings (interprétation). - Je pense que j'ai dû lire ce document.

  8   M. Sayers (interprétation). - Donc vous deviez être au courant du fait que

  9   l'armée de Bosnie-Herzégovine disposait de chars ?

 10   M. Jennings (interprétation). - Il apparaît en effet dans ce document

 11   qu'ils disposaient de chars.

 12   M. Sayers (interprétation). - Oui. J'aurais plus tard d'autres questions à

 13   ce sujet. Mais auparavant, je souhaiterais que vous nous confirmiez que,

 14   pour ce qui concerne la brigade Nikola Subic Zrinjski, cette brigade était

 15   en train de changer de commandant au moment où vous avez rencontré

 16   M. Kordic, n'est-ce pas ?

 17   M. Jennings (interprétation). - En effet, j'en ai entendu parler. On

 18   disait en effet que le commandement de cette brigade allait changer.

 19   M. Sayers (interprétation). - Il apparaît en effet que Niko Josinovic,

 20   pendant la première semaine de février, ou à peu près à cette période, a

 21   été remplacé par Dusko Grubesic. Vous en souvenez-vous ?

 22   M. Jennings (interprétation). - Non, mais si c'est effectivement le cas,

 23   je suis sûr que cela a bien effectivement eu lieu.

 24   M. Sayers (interprétation). - Passons maintenant aux combats qui on eut

 25   lieu en janvier. Le facteur de déclenchement du conflit, du moins dans la


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  1   zone de Busovaca, c'est la mise en place d'un point de contrôle par le HVO

  2   à Kacuni sur la route principale, n'est-ce pas ?

  3   M. Jennings (interprétation). - Je ne sais pas si c'est véritablement le

  4   cas. Vous êtes en train de nous dire que c'est ce qui a déclenché les

  5   combats ?

  6   M. Sayers (interprétation). - Procédons par ordre. Je vais maintenant me

  7   référer au bulletin de renseignements militaires n° 81 en date du

  8   20 janvier 1993.

  9   Mme Ameerali (interprétation). - Le document portera la cote D103/1.

 10   (L'huissier s'exécute.)

 11   M. Sayers (interprétation). - Une petite question au sujet de la page 3,

 12   au point 4, Busovaca, en bas de la page.

 13   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 14   M. Sayers (interprétation). - On peut y lire la chose suivante : "L'armée

 15   de Bosnie-Herzégovine dans la zone de Busovaca a mis en place un nouveau

 16   point de contrôle à Kacuni. Il s'agit du seul point de contrôle de l'armée

 17   de Bosnie-Herzégovine sur la route allant de Vitez à Kiseljak. Et ce point

 18   de contrôle se situe au nord du quartier général de la brigade de l'armée

 19   de Bosnie-Herzégovine". J'imagine qu'il s'agit ici du quartier général de

 20   la brigade de la 333ème Brigade de montagne ?

 21   M. Jennings (interprétation). - J'imagine que c'est le cas effectivement.

 22   M. Sayers (interprétation). - Et il apparaît que ce point de contrôle

 23   était contrôlé par des soldats équipés d'armes automatiques et d'une arme

 24   de type RPG 7, n'est-ce pas ? Un lance-roquettes multiples ?

 25   M. Jennings (interprétation). - Oui.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Et vous vous souvenez que l'objectif de ce

  2   point de contrôle, d'après l'armée britannique, c'était d'empêcher

  3   l'arrivée de renforts pour le HVO depuis Kiseljak et Krecevo ?

  4   M. Jennings (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

  5   M. Sayers (interprétation). - Je vais maintenant vous présenter la pièce à

  6   conviction n° D53/1.

  7   (L'huissier s'exécute.)

  8   Il s'agit de la page 2. C'est cela qui m'intéresse, au point concernant

  9   Busovaca, on peut y lire : "Le nouveau point de contrôle de l'armée de

 10   Bosnie-Herzégovine à Kacuni a été mis en place afin d'empêcher l'arrivée

 11   de renforts pour le HVO depuis Kiseljak/Krecevo, depuis cette zone. Et le

 12   20 janvier, des renforts ont essayé de passer le point de contrôle, mais

 13   ont dû rebrousser chemin". Est-ce que vous arrivez à me suivre, à suivre

 14   ma lecture ?

 15   M. Jennings (interprétation). - Avec difficulté.

 16   M. Sayers (interprétation). - En effet, la copie n'est pas très bonne. Il

 17   s'agit, n'est-ce pas, d'une information qui vous a été communiquée à

 18   l'époque, n'est-ce pas ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Dans la mesure où, et ceci est très

 20   important, les bulletins de renseignements militaires étaient disponibles

 21   parce qu'il faut savoir que j'ai reçu beaucoup de bulletins de

 22   renseignements militaires qui m'ont été présentés et relatifs à des

 23   événements qui se passaient il y a environ 6 ans. Et moi, pour vous

 24   répondre exactement, il faudrait savoir si étant donné mes occupations,

 25   j'aurais eu le temps de lire ces bulletins de renseignements militaires


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  1   parce qu'on peut le voir clairement dans mes notes, à l'époque, il

  2   m'arrivait de passer deux ou trois jours sur le terrain et j'étais très

  3   occupé, il n'y a que 24 heures dans une journée.

  4   Je n'essaie pas ici d'éviter ou d'éluder vos questions, mais j'essaie de

  5   vous expliquer ce que cela voulait dire d'être commandant de compagnie. Je

  6   n'étais pas au quartier général de Vitez où l'on pouvait essayer de

  7   prendre un peu de recul. Moi, mon travail était de faire en sorte que les

  8   choses se passent et fonctionnent sur le terrain et j'essayais bien

  9   entendu d'assimiler un maximum d'informations. Je ne peux donc pas vous

 10   dire : "Je savais cela. C'est indéniable, je le savais". Je ne peux pas

 11   vous dire cela.

 12   M. Sayers (interprétation). - Je vais simplement me permettre de vous

 13   poser la question suivante : vous conviendrez, n'est-ce pas, que la mise

 14   en place d'un point de contrôle bloquant la route d'approvisonnement entre

 15   Busovaca et Kiseljak était un événement d'importance ?

 16   M. Jennings (interprétation). - Bien entendu.

 17   M. Sayers (interprétation). - Donc du point de vue militaire, il

 18   s'agissait d'un événement extrêmement important ?

 19   M. Jennings (interprétation). - En effet. Mais comme on le voit dans mes

 20   notes, à l'époque, il y a eu 8 explosions dans une enclave musulmane à

 21   Busovaca, à côté de la route de ravitaillement, donc ça aussi c'était un

 22   événement d'une extrême importance. Tous ces événements étaient

 23   importants.

 24   M. Sayers (interprétation). - Pendant cette période, est-ce que vous avez

 25   eu des informations selon lesquelles un détachement d'une unité spéciale,


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  1   la 7ème Brigade musulmane, avait été déployé dans la zone de Kacuni à la

  2   fin janvier 1993 et juste avant le massacre qui a eu lieu dans le village

  3   de Ducina le 26 janvier 1993 ?

  4   M. Jennings (interprétation). - Je me rappelle le nom de cette brigade,

  5   mais je ne pourrais pas dire que ma mémoire a enregistré précisément que

  6   l'événement en question était lié à cette date précise. Mais je me

  7   rappelle l'existence de conversations, de discussions, aux environs de la

  8   réunion d'information quotidienne de 5 heures où on nous mettait au

  9   courant de l'existence de forces extérieures.

 10   M. Sayers (interprétation). - Je voudrais que l'huissier vous montre la

 11   pièce à conviction D61/1, qui est un bulletin de renseignements militaires

 12   du 2 février 1993.

 13   (L'huissier s'exécute.)

 14   Et bien que ce document puisse sembler en retard sur l'ordre

 15   chronologique, je pense que vous constaterez qu'il correspond à ce que

 16   nous sommes en train de dire.

 17   M. Jennings (interprétation). - Merci.

 18   M. Sayers (interprétation). - D'abord, Commandant, en première page, nous

 19   voyons la date du jour précédent celui où vous avez eu votre première

 20   rencontre avec M. Kordic. Il est confirmé à ce niveau que le commandant de

 21   la brigade Nikola Subic Zrinjski, à partir du 2 février, était Niko

 22   Josinovic, n'est-ce pas ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 24   M. Sayers (interprétation). - Et le commandant adjoint est Anto Sliskovic,

 25   n'est-ce pas ?


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  1   M. Jennings (interprétation). - Oui, c'est ce que j'ai déjà dit, en effet.

  2   M. Sayers (interprétation). - Et immédiatement à l'ouest de Busovaca, nous

  3   voyons que le secteur était contrôlé par la 325ème Brigade de l'armée de

  4   Bosnie-Herzégovine, une brigade de montagne. Vous le saviez, n'est-ce

  5   pas ?

  6   M. Jennings (interprétation). - Dans les limites de ce que j'ai dit

  7   précédemment, s'agissant des connaissances que j'avais des bulletins

  8   d'informations militaires.

  9   M. Sayers (interprétation). - A présent, la question précise que je vous

 10   pose est la suivante, au sujet de la page 2, au point 4, en bas de page :

 11   il est stipulé que, d'après les renseignements militaires, certains

 12   éléments de la 7ème Brigade musulmane étaient déployés au nord de Kacuni.

 13   Il s'agit, dans le cas d'espèce, d'une brigade mobile contrôlée

 14   directement par Zenica. Des informations dignes de confiance semblent

 15   indiquer qu'au moins 80 soldats de la 7ème Brigade se sont déplacés vers ce

 16   secteur à peu près 5 jours auparavant. J'ai cité le texte du bulletin.

 17   Et il y a également des réclamations au sujet de la note stipulant que le

 18   commandant du 3ème Corps prétendait qu'il avait peu de contrôle sur ces

 19   groupes et qu'en fait, ces groupes ne rendaient pas compte à Kacuni.

 20   Est-ce que tout cela vous rappelle quelque chose ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Eh bien tout ce que cela me rappelle,

 22   c'est la question générale relative à la chaîne de responsabilités dont

 23   dépendaient ce qu'on appelle souvent des forces extrémistes. Je m'en

 24   rappelle parce que, bien sûr, il y avait des éléments de ce type des deux

 25   côtés. Je ne saurais dire de qui ils dépendaient directement, mais je ne


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  1   pourrais pas donner la chaîne de commandement complète dont ils

  2   dépendaient, mais en lisant ces lignes, je suis en effet incapable de vous

  3   dire "je me rappelle, je me rappelle absolument bien, j'ai absolument

  4   intégré toute cette information".

  5   M. Sayers (interprétation). - Et je ne m'attendrais pas à ce que vous le

  6   fassiez, Commandant, après tout, cela se passait il y a 6 ans.

  7   Mais vous avez fait référence à des explosions dans la ville de Busovaca,

  8   cette nuit-là, je crois, la nuit du 2 janvier, n'est-ce pas ?

  9   M. Jennings (interprétation). - Non, je crois que les explosions dans mon

 10   carnet... j'ai parlé du 21, c'est-à-dire 24 heures avant, des explosions

 11   survenues 24 heures avant que je les aie consignées dans mon carnet.

 12   Autrement dit, il se serait agi de la nuit du 20 et 21.

 13   M. Sayers (interprétation). - Et ce genre de pilonnages ou de

 14   bombardements se produisaient des deux côtés, n'est-ce pas ? Aussi bien du

 15   côté croate que du côté musulman, dans des villes telle que Vitez, par

 16   exemple ?

 17   M. Jennings (interprétation). - En général, oui.

 18   M. Sayers (interprétation). - Le 23 janvier 1993, en fait, vous rappelez-

 19   vous avoir entendu qu'un café et un autre commerce ont été bombardés ?

 20   M. Jennings (interprétation). - A Vitez ?

 21   M. Sayers (interprétation). - A Vitez.

 22   M. Jennings (interprétation). - Oui, j'ai un souvenir à ce sujet.

 23   M. Sayers (interprétation). - Très bien.

 24   Maintenant, passons au point le plus important du conflit, c'est-à-dire au

 25   24 janvier 1994. Vous n'étiez pas présent dans le secteur lorsque le


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  1   conflit a éclaté, n'est-ce pas ?

  2   M. Jennings (interprétation). - C'est exact.

  3   M. Sayers (interprétation). - Donc c'est quelque chose que l'on vous a

  4   dit, c'est quelque chose que vous avez entendu de la bouche de tiers ?

  5   M. Jennings (interprétation). - Non, j'en ai entendu parler sur la radio

  6   haute fréquence.

  7   M. Sayers (interprétation). - Très bien.

  8   M. Jennings (interprétation). - Mais je n'en ai pas été témoin.

  9   M. Sayers (interprétation). - J'ai cru comprendre que, le 24 janvier, deux

 10   véhicules ont tenté de s'insérer, de s'intégrer dans un convoi qui a été

 11   pris pour cible par des obus tirés par les forces de l'armée de Bosnie-

 12   Herzégovine, et qu'il y a eu des destructions en conséquence de cela. Et

 13   que deux personnes ont été tuées.

 14   M. Jennings (interprétation). - C'est ce que j'ai cru comprendre moi-même.

 15   M. Sayers (interprétation). - Savez-vous qui étaient ces deux hommes ?

 16   M. Jennings (interprétation). - Les deux hommes dont vous venez de

 17   parler ?

 18   M. Sayers (interprétation). - Oui.

 19   M. Jennings (interprétation). - Non, je ne le sais pas.

 20   M. Sayers (interprétation). - Savez-vous que l'un des deux était un

 21   policier répondant au nom de Nikica Petrovic ? Si vous ne le savez pas,

 22   n'hésitez pas à le dire.

 23   M. Jennings (interprétation). - Non, je ne me rappelle pas cela.

 24   M. Sayers (interprétation). - Je suis désolé, on me corrige, son nom était

 25   Ivica Petrovic.


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  1   M. Jennings (interprétation). - Je ne suis pas au courant.

  2   M. Sayers (interprétation). - Très bien.

  3   Connaissez-vous un homme répondant au nom de Ignaz Kostroman ? L'avez-vous

  4   jamais rencontré ?

  5   M. Jennings (interprétation). - Non, je ne me rappelle pas ce nom.

  6   M. Sayers (interprétation). - Vous rappelez-vous si un quelconque rapport

  7   a été reçu par les unités de renseignements de l'armée britannique dans la

  8   région au sujet de tentatives qui auraient été faites pour enlever

  9   M. Kostroman et le colonel Blaskic dans le secteur de Kacuni, le

 10   21 janvier ?

 11   M. Jennings (interprétation). - Non, je ne me rappelle pas cela.

 12   M. Sayers (interprétation). - Serait-il permis de dire que le meurtre de

 13   deux Croates à Kacuni, le 24 janvier 1993, a été l'étincelle qui a fait

 14   démarrer 5 ou 6 jours de combats auxquels un terme a été mis par un accord

 15   de cessez-le-feu qui a été négocié au bout de ces 5 ou 6 jours ?

 16   M. Jennings (interprétation). - Je crois que c'est cela qui a été le

 17   catalyseur principal.

 18   M. Sayers (interprétation). - Monsieur Kordic n'a pris absolument aucune

 19   part aux négociations qui ont abouti au cessez-le-feu ?

 20   M. Jennings (interprétation). - Non, pas pour autant que je sache.

 21   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais maintenant que nous examinions à

 22   nouveau vos notes, dans votre journal personnel, là où vous parlez du

 23   colonel Stewart qui est décrit au début des hostilités.

 24   M. Jennings (interprétation). - Vous parlez de mon carnet ou de son

 25   ouvrage à lui ?


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  1   M. Sayers (interprétation). - De son ouvrage à lui.

  2   M. Jennings (interprétation). - Très bien.

  3   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais qu'on distribue ces documents.

  4   M. le Président (interprétation). - L'accusation va-t-elle citer comme

  5   témoin le colonel Stewart ?

  6   M. Nice (interprétation). - Son nom figure sur la liste, bien sûr, mais

  7   nous n'avons pas vu son journal. Ah excusez-moi, je ne l'ai pas vu moi-

  8   même, mais il nous a été communiqué.

  9   Mme Ameerali (interprétation). - Document D 104/1.

 10   M. Sayers (interprétation). - J'ai deux ou trois questions à poser au

 11   sujet de ce document que nous avons reçu du Bureau du Procureur.

 12   S'agissant du conflit du 25 janvier, voilà ce que le colonel Stewart a à

 13   dire dans son journal. Vous trouverez ce texte au bas de la page 9 et au

 14   haut de la page 10.

 15   M. Jennings (interprétation). - Très bien.

 16   M. Sayers (interprétation). - "Tout cela s'est passé sur la route de

 17   Kiseljak ; apparemment, un véhicule du HVO qui suivait les deux Warriors

 18   du sergent M. Smith a été attaqué par des Musulmans dans le village de

 19   Kacuni, et au cours des événements qui ont suivi, deux soldats ont été

 20   tués. Les deux côtés, les Croates et les Musulmans, se sont testés l'un

 21   l'autre, les Croates étant basés à Busovaca, les Musulmans à Kacuni", fin

 22   de citation.

 23   Les mots utilisés sont très soigneusement choisis, mais en tout cas,

 24   seriez-vous d'accord pour dire que c'est une description des événements

 25   qui correspond à la réalité ?


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  1   M. Jennings (interprétation). - L'expression "se tester l'un l'autre", je

  2   la comprends. Je comprends aussi les sentiments de frustration éprouvés

  3   par le commandant à l'époque, en raison du fait qu'en dépit de tous les

  4   efforts déployés pour empêcher cela, eh bien, oui, les deux parties en

  5   étaient venues aux mains, si je puis dire. C'est une phrase que j'accepte

  6   tout à fait.

  7   M. Sayers (interprétation). - Très bien.

  8   Il décrit également une visite rendue au commandant du 3ème Corps d'armée

  9   de Bosnie-Herzégovine, le général Hadzihazanovic, et se plaint du fait que

 10   l'armée de Bosnie-Herzégovine a commencé les troubles. Vous trouvez cela

 11   en bas de page 9, à peu près au milieu du dernier paragraphe.

 12   M. Jennings (interprétation). - Oui, je vois.

 13   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous eu des discussions au sujet de

 14   l'entité responsable de l'éclatement du conflit ?

 15   M. Jennings (interprétation). - Vous voulez parler du fait précis qui a

 16   débouché sur les hostilités ?

 17   M. Sayers (interprétation). - Oui.

 18   M. Jennings (interprétation). - Pour être parfaitement honnête avec vous,

 19   je me suis occupé de cette situation à l'époque.

 20   M. Sayers (interprétation). - En page suivante, en page 10 -et c'est la

 21   dernière question que j'aurais à vous poser à ce sujet- le colonel Stewart

 22   affirme qu’il a téléphoné au colonel Merdan, à Zenica, assez en colère

 23   pour lui dire que cette fois-ci les Musulmans méritaient d'être blâmés,

 24   dans une certaine mesure en tout cas. Vous ne seriez pas en désaccord avec

 25   cette description des choses ?


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  1   M. Jennings (interprétation). - En effet, je ne dirai pas le contraire. Ce

  2   que je dirai, c'est que lorsque je suis arrivé sur place, ce matin-là, le

  3   matin du mardi 26 janvier, les Musulmans contrôlaient le barrage routier,

  4   le barrage où se trouvait le camion avec les bûches de bois et qu'ils

  5   n'étaient pas prêts à écouter un seul des mots que j'avais à leur dire.

  6   Ils se montraient particulièrement difficiles.

  7   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Le document suivant, que

  8   j'aimerais vous soumettre et je proposerais qu'on le place sur le

  9   rétroprojecteur et que des copies en soient faites en temps utile, est un

 10   bulletin de renseignements militaires n° 86 daté du 25 janvier 1993.

 11   J'aimerais qu'il soit enregistré en tant que pièce à conviction suivante

 12   et nous en produirons des copies demain matin.

 13   Mme Ameerali (interprétation). - Le document est enregistré sous la

 14   cote D105/1.

 15   M. Sayers (interprétation). - Pourriez-vous passer la page 2, Commandant ?

 16   Au niveau du commentaire, l'auteur de ce bulletin de renseignements

 17   militaires fait observer que plusieurs des maisons entourant les deux

 18   barrages routiers de Kacuni sont sensées être en feu et que l'on estime

 19   que ces maisons pourraient être la propriété de Croates et que la zone a

 20   été ethniquement nettoyée par l'armée Bosniaque. C'est bien un résumé

 21   conforme à la réalité de ce que vous avez vu de vos yeux, n'est-ce pas ?

 22   M. Jennings (interprétation). - Peut-être pas ce fait précis mais des

 23   maisons étaient en feu, des maisons dont les propriétaires représentaient

 24   les deux parties au conflit.

 25   M. Sayers (interprétation). - Peut-être pourrions-nous donner quelques


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  1   détails aux Juges quant aux emplacements. Vous avez déjà parlé de la

  2   carte 2781.1 qui montre le secteur ou vous opériez. Peut-être serait-il

  3   bon de la placer sur le rétroprojecteur pour montrer aux Juges

  4   l'emplacement d'un certain nombre de sites.

  5   Pourriez-vous peut-être déplacer la carte vers l'ouest et vers le sud ? Je

  6   vous demanderai de bien vouloir indiquer aux Juges à l'aide du pointeur

  7   l'emplacement du village de Dusina, si vous le voulez bien. Je crois que

  8   vous trouverez Dusina au nord-est de Busovaca.

  9   M. Jennings (interprétation). - Il faut que je fasse descendre un peu la

 10   carte sur l'écran ?

 11   M. Sayers (interprétation). - Oui, en effet. Vous trouverez Dusina en

 12   haut, à droite.

 13   M. Jennings (interprétation). - Je vous demande quelques secondes.

 14   M. le Président (interprétation). - Le conseil peut peut-être aider le

 15   témoin. Où cela se trouve-t-il à peu près, Maître Sayers ?

 16   M. Sayers (interprétation). - 30 degrés à partir de Busovaca. On trouve

 17   Dusina à quatre pouces à peu près dans cette direction sur l'écran.

 18   M. Jennings (interprétation). - J’ai trouvé l'emplacement de l'endroit que

 19   vous venez de citer.

 20   M. Sayers (interprétation). - Vous avez également dit avoir vu un certain

 21   nombre de maisons en feu à Donja Polje, vous pouvez nous montrer

 22   l’emplacement ?

 23   (Le témoin indique l'emplacement à l'aide du pointeur.)

 24   Vous, vous aviez compris qu’il s'agissait d'un village musulman ?

 25   M. Jennings (interprétation). - Ce village contenait des maisons


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  1   musulmanes. Je crois avoir utilisé l’expression "à majorité musulmane". Je

  2   n’ai jamais dit qu’il s’agissait d’un village exclusivement musulman.

  3   M. Sayers (interprétation). - Et la conclusion que vous avez tirée au

  4   sujet de cela, le fait que vous ayez conclu à la majorité musulmane de ce

  5   village, reposait sur l’existence de toits à quatre pentes, n’est-ce pas ?

  6   M. Jennings (interprétation). - Oui. C'est d'ailleurs l'élément sur lequel

  7   je me fondais de façon générale. Je ne crois pas qu'il soit inconcevable

  8   que quelqu'un d'une autre nationalité ait pu résider dans cette maison.

  9   Bien entendu, il s'agit d'une hypothèse, ce n'est pas une certitude. Mais

 10   c'est une hypothèse que j'ai utilisée.

 11   M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, selon le recensement

 12   de 1991, le nombre total de Musulmans résidant...

 13   M. le Président (interprétation). - Vous pourrez présenter cet argument en

 14   temps utile. Quel est le chiffre que vous vouliez citer ?

 15   M. Sayers (interprétation). - Le nombre de Musulmans résidant dans le

 16   village était égal à zéro et le nombre de Croates résidant dans ce village

 17   était égal à 709. Il y avait également 5 Serbes et 15 personnes d’une

 18   autre nationalité.

 19   Commandant, vous pouvez commenter cela ?

 20   M. Jennings (interprétation). - Je ne peux pas remettre en cause les

 21   résultats du recensement qui, bien entendu, sont sensés être exacts. Tout

 22   ce que je peux faire, c’est vous rapporter ce que me dit ma mémoire alors

 23   que j'étais présent dans le secteur.

 24   M. Sayers (interprétation). - Je ne mets pas cela en doute mais

 25   poursuivons, si vous le voulez bien.


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  1   Vous étiez vous-même à Busovaca le 25, une fois que vous êtes rentré de la

  2   base du Bataillon britannique de Nova Bila, n'est-ce pas ?

  3   M. Jennings (interprétation). - Vous parlez de Busovaca ?

  4   M. Sayers (interprétation). - Oui.

  5   M. Jennings (interprétation). - Je suis allé au quartier général du

  6   bataillon de transports néerlandais à la base des Nations Unies, mon

  7   véhicule a été hors de service pendant 8 heures, il a été réparé. C'est

  8   donc vers 8 ou 9 heures du soir au moins...

  9   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais vous ramener un peu plus tôt à la

 10   matinée du 25 janvier. Est-il exact que vous n'étiez pas sûr de l'endroit

 11   où se trouvait Kacuni le matin du 25 janvier 1993 ?

 12   M. Jennings (interprétation). - Je savais où j’allais parce que j'avais

 13   une cote topographique sur une carte. J'étais revenu de Tuzla le dimanche

 14   soir et on nous a dit, et c'était exact, que j'avais pour mission d'aller

 15   ramasser les corps.

 16   Je me suis donc rendu dans la salle des opérations pour vérifier

 17   l'emplacement de Kacuni mais la décision a été prise, puisqu'il était trop

 18   tard le soir, qu'il serait trop dangereux d'envoyer quelqu'un sur les

 19   lieux à ce moment-là.

 20   Je ne suis donc parti que le matin du 25 et, à ce moment-là, j'avais déjà

 21   traversé Kacuni au cours des semaines précédentes, lors d'un voyage à

 22   Sarajevo, un voyage de reconnaissance. Mais je n’avais pas pris

 23   spécifiquement note de l'endroit où se trouvait ce village, pas plus

 24   d’ailleurs que des autres villages qui se trouvaient sur la route.

 25   Je ne ne crois pas qu'il soit juste de dire que je ne savais pas où se


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  1   trouvait Kacuni.

  2   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais vous relire une partie de votre

  3   déclaration faite il y a quatre ans au Bureau du Procureur. Page 4,, vous

  4   dites être parti dans votre Warrior, c'est bien un véhicule blindé ?

  5   M. Jennings (interprétation). - Oui.

  6   M. Sayers (interprétation). - Le matin du 25 janvier 1993, vous vous êtes

  7   heurté à des tirs à un carrefour, et je vous cite, vous dites dans cette

  8   déclaration : "Je n'étais pas exactement sûr de l'endroit où Kacuni se

  9   trouvait et compte tenu des combats que j'ai observés, j'ai informé la

 10   salle des opérations de la situation".

 11   M. Jennings (interprétation). - En effet, je dois dire, mais tout dépend

 12   des mots que l'on utilise, que c'était à peu près le cas mais je m'en

 13   tiens à ce que j'ai déjà dit quant au fait que j'avais l'emplacement de

 14   Kacuni marqué sur une carte. Je me suis heurté à un échange de feux assez

 15   intenses le matin du 25 janvier. Et nous devions donc mener une enquête

 16   pour voir s'il y avait un obstacle qui barrait la route. J'avais quatre

 17   Warriors avec moi. Je craignais de me trouver pris dans des combats de

 18   forte importance entre deux factions opposées. Je devais réfléchir et je

 19   devais prendre en compte le fait que je ne m'étais jamais rendu à Kacuni

 20   en tant que tel. Je n'étais pas présent au cours des incidents de la

 21   veille et je n'étais pas terriblement pressé. Je ne voulais donc pas

 22   mettre en danger les vies de soldats britanniques.

 23   N'oublions pas la mort récente du caporal Wayne Edwards à Gorni Vakuf le

 24   13 janvier. Par conséquent, j'ai décidé de faire une pause et je suis

 25   retourné à Vitez.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Serait-il permis de dire... Enfin, nous

  2   pouvons avancer. Passons aux incidents des 26 et 27 janvier. Saviez-vous

  3   qu'une série d’attaques s'était déroulée dans la région Dusina, ainsi

  4   qu’au nord-est et à l’est de Busovaca dans la région de Nerovici et

  5   Gusti Grab et qu'un nombre important de civils croates avait été exécuté ?

  6   M. Jennings (interprétation). - Je ne me rappelle pas cela aujourd'hui,

  7   alors que je vous parle. Non, je ne me rappelle pas.

  8   M. Sayers (interprétation). - J’aimerais que l’on vous montre -et je vais

  9   demander à l'huissier de nous aider pour ce faire- la pièce à

 10   conviction D58/1, qui est un bulletin de renseignements militaires daté du

 11   29 janvier 1993. Il pourra peut-être vous rafraîchir la mémoire.

 12   (L'huissier s'exécute).

 13   En page 1, nous trouvons une référence au fait qu'une équipe de LO s'est

 14   rendue auprès du quartier général du HVO à Busovaca, le 29 janvier, et a

 15   parlé au commandant Niko Jozinovic. Faisiez-vous partie de ces hommes ?

 16   M. Jennings (interprétation). - Non.

 17   M. Sayers (interprétation). - Très bien et le commandant du HVO identifie

 18   à ce moment-là les villages qui ont été attaqués et détruits par l’armée

 19   de Bosnie-Herzégovine, notamment les villages dont je viens de citer les

 20   noms ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 22   M. Sayers (interprétation). - Il dit ensuite que 12 personnes âgées de 65

 23   à 70 ans avaient été tuées et que 30 autres personnes avaient été

 24   arrêtées.

 25   Avez-vous eu l'occasion de mener l'enquête au sujet des circonstances dans


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  1   lesquelles ces personnes ont été mises en état de détention ?

  2   M. Jennings (interprétation). - Non.

  3   M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous qu'il existait un endroit appelé

  4   le silo, qui était utilisé pour mettre des personnes en détention ?

  5   M. Jennings (interprétation). - Je savais qu'il y avait un centre de

  6   détention à Kacuni et je vous montre ici sur la carte l'endroit où la

  7   route était coupée. On arrivait ensuite à ce carrefour et là se trouvait

  8   un point de contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine, très modeste.

  9   Dans le journal du colonel Stewart, référence est faite à cet événement.

 10   En tout cas, à un kilomètre ou un kilomètre et demi de ce carrefour se

 11   trouvait le centre de la 333ème Brigade où se trouvait le commandant

 12   Mekic, je crois que c'était son nom, et on m'a montré le centre. On m'a

 13   montré le site et, à ce moment-là, lors de ma visite, j'ai vu deux

 14   véhicules de Land Rover de la Croix-Rouge internationale qui, sans doute,

 15   procédaient à certaines vérifications. Mais moi, en tout cas, j'étais là

 16   pour rencontrer le commandant de la 333ème Brigade afin de vérifier un

 17   certain nombre d'éléments liés aux accrochages qui avaient lieu à Kacuni.

 18   M. Sayers (interprétation). - Très bien merci. Pourriez-vous maintenant

 19   passer à la deuxième page de la pièce à conviction que vous avez entre les

 20   mains ? Pièce à conviction D58/1.

 21   En bas de page, référence est faite à Zvonko Rajic, je crois que c'est ce

 22   que nous lisons, n'est-ce pas, Rajic, j'ai mal prononcé. Saviez-vous dans

 23   quelle circonstance M. Rajic a été exécuté ?

 24   M. Jennings (interprétation). - Eh bien, il est écrit ici qu'il a été tué,

 25   donc le mot "exécuté" est peut-être un peu fort, il ne figure pas dans le


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  1   bulletin de renseignements militaires. Il est dit qu'il a été tué. Quant à

  2   savoir si j'étais informé des circonstances dans lesquelles il a été tué,

  3   non je ne l'ai pas été.

  4   M. Sayers (interprétation). - Très bien. J'avance. Le point suivant que

  5   j'aimerais que nous discutions se situe en page suivante, en-haut de la

  6   page. Il est question du commandant Josinovic, de la Brigade de Busovaca

  7   et d'un certain nombre de civils qui ont été détenus d'abord avant d'être

  8   relâchés puis ré-arrêtés après un certain nombre d'incidents liés à des

  9   tirs de tireurs embusqués. Avez-vous été au courant de ces faits ?

 10   M. Jennings (interprétation). - Je ne peux pas dire que je me rappelle

 11   exactement ces faits aujourd'hui, mais peut-être puis-je en être informé

 12   après lecture des bulletins de renseignements militaires. En tout cas, je

 13   répète que je préparais des négociations de cessez-le-feu dans la région

 14   de Busovaca, Kacuni, à l'époque. J'étais donc très occupé.

 15   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Conviendrez-vous avec moi que le

 16   20 janvier 1993, lorsque le barrage de Kacuni a été levé et jusqu'au

 17   moment où vous avez quitté le secteur de Busovaca et, d'ailleurs par la

 18   suite également, les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine contrôlaient

 19   le principal itinéraire d'approvisionnement entre Kacuni et le village de

 20   Bilalovac au sud de Kacuni ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Oui, en effet.

 22   M. Sayers (interprétation). - Et ce barrage coupait donc la municipalité

 23   de Busovaca de celle de Kiseljak ?

 24   M. Jennings (interprétation). - Oui, il y avait en effet un barrage. Nous

 25   avons d'ailleurs établi par la suite un deuxième point de contrôle des


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  1   Nations Unies à Bilalovac. Je me rappelle cela.

  2   M. Sayers (interprétation). - Passons maintenant à votre rencontre avec le

  3   commandant adjoint M. Sliskovic, le 30 janvier. Nous en avons déjà parlé.

  4   Est-il permis de dire que vous avez immédiatement trouvé cet homme très

  5   antipathique ?

  6   M. Jennings (interprétation). - Immédiatement ? Non.

  7   M. Sayers (interprétation). - Comment ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Pas immédiatement, non.

  9   M. Sayers (interprétation). - Mais vous avez néanmoins dit

 10   qu’immédiatement, suite à votre première rencontre, la version des

 11   événements qu'il vous a faite, vous la trouviez ridicule.

 12   M. Jennings (interprétation). - Non, il s'agit d'un commentaire précis

 13   qu’il a formulé au moment où je lui ai demandé : "Mais à votre avis,

 14   pourquoi est-ce qu'on nous a tiré dessus ?" Cela se passait déjà plusieurs

 15   jours après, mais je lui ai fait savoir que j'avais été très fâché de

 16   constater que moi-même et mes hommes avions été pris pour cibles alors que

 17   nous étions en mission. Et je lui ai demandé de me dire pourquoi nous

 18   avions été pilonnés. J'ai dit cela après avoir examiné le cratère, etc..

 19   En réponse à sa déclaration, selon laquelle c'étaient sans doute les

 20   Musulmans qui avaient tiré, je lui ai fait ce commentaire. Je crois qu'il

 21   serait donc faux de dire que je l'ai trouvé immédiatement antipathique et

 22   que je lui ai immédiatement dit que ce qu'il disait était ridicule. Non,

 23   ce n'est pas ainsi que les choses se sont passées.

 24   En effet, il a fallu plusieurs heures, et même plusieurs jours, pour

 25   rassembler tous les éléments nécessaires à une conclusion. C'était


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  1   vraiment un processus très pénible et je crois que la simple courtoisie

  2   aurait permis d'agir autrement. Il aurait été bon que les deux parties

  3   s'asseyent autour d'une table, que l'on sache exactement qui représentait

  4   qui et que l'on parle d'abord du cadre général avant d'entrer dans les

  5   détails.

  6   M. Sayers (interprétation). - Très bien mais vous lui avez néanmoins fait

  7   savoir que son explication quant à la chronologie du pilonnage était

  8   ridicule, n'est-ce pas ?

  9   M. Jennings (interprétation). - Je lui ai dit qu'à mon avis il était

 10   ridicule de déclarer que pendant ces journées-là nous nous étions fait

 11   pilonner par les Musulmans, c'est-à-dire par l'armée de Bosnie-

 12   Herzégovine.

 13   M. Sayers (interprétation). - Et dans votre déclaration écrite, vous

 14   déclarez que vous avez estimé que M. Sliskovic était quelqu'un de sinistre

 15   et de particulièrement inamical.

 16   M. Jennings (interprétation). - Oui, j'ai utilisé ces termes, en effet.

 17   M. Sayers (interprétation). - C'est la réaction que vous avez eue à la fin

 18   de votre première rencontre avec lui ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Cela a été ma réaction lorsque j'en ai eu

 20   terminé avec lui. La réunion était terminée et c'est après avoir observé

 21   sa conduite au cours de cette réunion qui a duré 2 heures environ que j'ai

 22   tiré cette conclusion.

 23   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Vous avez également dit dans

 24   votre déclaration que Jeremy Flemming de l'ECMM était chargé des

 25   négociations. Il avait donc la principale responsabilité en matière de


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  1   liaison avec les divers représentants des deux parties ou, en tout cas,

  2   que les apparences semblaient l'indiquer.

  3   M. Jennings (interprétation). - Non, ce n'est pas tout à fait cela. Pour

  4   être tout à fait précis, l'initiative de créer une commission pour

  5   enquêter sur les éléments contestés de part et d'autre, eu égard à

  6   l'approvisionnement en électricité, aux lignes téléphoniques, à toutes

  7   sortes d'autres choses, cette décision a été proposée par le commandant de

  8   brigade Kori Simson, le chef de l'état-major au quartier général de

  9   Kiseljak qui a proposé cela au colonel Stewart. Et pour être honnête, j'ai

 10   pensé que c'était une décision très sage car je commençais à ne plus m'en

 11   sortir dans les réunions.

 12   M. Sayers (interprétation). - Et cette décision a abouti finalement à la

 13   création d'une commission ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Le général de brigade Kordi Simson a pris

 15   cette décision, en effet. C'est ce que j'ai cru comprendre.

 16   M. Sayers (interprétation). - Cette commission s'est réunie en février de

 17   façon régulière à l'hôtel Tisa à Busovaca, n'est-ce pas ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Oui, en effet. Je pense que la première

 19   réunion, en tout cas, s'est déroulée dans des circonstances assez

 20   inhabituelles, la réunion inaugurale a eu lieu à Bila dans les locaux de

 21   l'école et ce fait est mentionné dans des documents. Ensuite, les réunions

 22   régulières ont eu lieu à l'hôtel Tisa.

 23   M. Sayers (interprétation). - Et cette commission avait pour objet de

 24   créer un forum, si on peut appeler cela ainsi, destiné à permettre un

 25   dialogue entre les parties afin d'aboutir au règlement de certains


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  1   problèmes survenus dans le secteur de Busovaca sans autre conflit, n'est-

  2   ce pas ?

  3   M. Jennings (interprétation). - C’est exact. Si je me souviens bien, il y

  4   avait trois représentants de chacune des deux parties dans cette

  5   commission.

  6   M. Sayers (interprétation). - Et M. Kordic n'en a jamais fait partie ?

  7   M. Jennings (interprétation). - Non, en effet.

  8   M. Sayers (interprétation). - Il n'a assisté à aucune des réunions de la

  9   commission conjointe de Busovaca pour autant que vous le sachiez, n'est-ce

 10   pas ?

 11   M. Jennings (interprétation). - Pas dans mon souvenir, non.

 12   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Encore quelques questions liées à

 13   l'accord de cessez-le-feu qui fait l'objet de la pièce à

 14   conviction Z421.1A. Vous le trouverez dans le dossier des pièces à

 15   conviction.

 16   M. Jennings (interprétation). - Oui, en effet.

 17   M. Sayers (interprétation). - Deux choses au sujet de cet accord : d'abord

 18   au paragraphe 6, nous lisons que la libération de tous les prisonniers des

 19   deux côtés devait être organisée par la Croix-Rouge internationale, vous

 20   voyez ce passage ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 22   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Aucune limite de temps n'est

 23   fixée pour la libération des prisonniers pour autant que vous le sachiez,

 24   n'est-ce pas ?

 25   M. Jennings (interprétation). - J'ai l'impression que ce qui figure ici


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  1   est un peu différent de ce qui figurait dans un document que j'avais.

  2   M. Sayers (interprétation). - Que voulez-vous dire ?

  3   M. Jennings (interprétation). - En haut, nous lisons le mot "traduction",

  4   la tabulation est un peu différente.

  5   M. Sayers (interprétation). - Eh bien, écoutez, je vais vous dire ce qui

  6   suit.

  7   M. Jennings (interprétation). - Oui.

  8   M. Sayers (interprétation). - La première fois qu'une date limite a été

  9   fixée pour la libération des prisonniers, sur ordres conjoints du général

 10   Hadzihasanovic et du colonel Blaskic, cela se situe à la date du

 11   13 février 1993, n'est-ce pas ?

 12   M. Jennings (interprétation). - Je ne peux pas m'en souvenir en ce moment

 13   même.

 14   M. Sayers (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de bien

 15   vouloir nous montrer la pièce à conviction D 55/1 pour rafraîchir votre

 16   mémoire.

 17   (L'huissier s'exécute.)

 18   Commandant, il s'agit d'une copie d'une série des ordres qui ont été

 19   signés par Blaskic et Hadzihasanovic. Je pense que ce qui nous intéresse

 20   ici se trouve sur la page n° 4, à partir de la première page, où les

 21   commandants disent, je cite : "Tous les détenus, toutes les personnes qui

 22   sont arrêtées doivent être relâchées sans aucune condition au plus tard le

 23   15 février à midi". Est-ce que vous le voyez, s'il vous plaît ?

 24   M. Jennings (interprétation). - Oui, je vois bien.

 25   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous savez ou pas qu'il y avait


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  1   des ordres qui ont été signés par quelqu'un d'autre, où il y a une autre

  2   date et un autre délai, et pas le 15 février ?

  3   M. Jennings (interprétation). - Quand on se réfère au cessez-le-feu du

  4   30 janvier, si mes souvenirs sont bons, j'avais l'impression qu'il

  5   s'agissait effectivement d'une date qui a été précisée, mais là je vois

  6   qu'il n'y a pas de date.

  7   M. Sayers (interprétation). - Entendu.

  8   On va passer à autre chose. Il y a donc le paragraphe 7 D, je pense que

  9   vous en avez déjà témoigné, mais j'aimerais tout simplement être sûr qu'il

 10   s'agissait de cet ordre.

 11   M. Jennings (interprétation). - Je ne sais pas de quoi vous parlez.

 12   M. Sayers (interprétation). - Je parle de la pièce à conviction Z 421.AA,

 13   paragraphe 7. On demande le retrait de toutes les forces extérieures qui

 14   ne sont pas de la municipalité, que le retrait doit être fait jusqu'au

 15   lundi 1er février 1993 et avant 16 heures.

 16   Par conséquent, il s'agit d'un ordre qui a été délivré, M. Kordic s'en est

 17   plaint au moment où il vous a montré les cartes d'identité des soldats de

 18   l'armée de Bosnie-Herzégovine provenant de Banja Luka ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Oui tout à fait. Je vois à quoi vous vous

 20   référez.

 21   M. Sayers (interprétation). - Quand on parle des négociations,

 22   négociations portant le cessez-le-feu, je voudrais vous poser quelques

 23   autres questions. Lors de votre déclaration que vous avez donnée en 1998,

 24   page 8, vous avez dit que le colonel Stewart était au courant, qu'il

 25   savait quelle était l'importance que les commandants supérieurs des


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  1   fractions ennemies soient mis autour d'une table pour négocier et que

  2   c'était très important, n'est-ce pas ?

  3   M. Jennings (interprétation). - Oui.

  4   M. Sayers (interprétation). - En ce qui concerne des commandants

  5   supérieurs, c'était bien Blaskic et le général Hadzihasanovic, n'est-ce

  6   pas ?

  7   M. Jennings (interprétation). - Oui je pense exactement ça.

  8   M. Sayers (interprétation). - Je vous ai montré l'ordre du 13 février et

  9   puis toute une série d'ordres qui ont été signés par ces deux personnes,

 10   n'est-ce pas ?

 11   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 12   M. Sayers (interprétation). - Si je vous ai bien compris, vous ne vous

 13   souvenez peut-être pas, mais peut-être oui. Si j'ai bien compris, il y

 14   avait une réunion qui a été tenue et qui a eu lieu à Kakanj au mois de

 15   février. C'était le 13 février. Et c'est là où les ordres ont été signés

 16   en présence du général Morillon, du général Petkovic et du général

 17   Halilovic. Par conséquent, les plus haut commandants.

 18   M. Jennings (interprétation). - Oui, au tout à fait, ce sont les noms des

 19   personnes qui occupaient des postes les plus élevés.

 20   M. Sayers (interprétation). - Vous avez témoigné par ailleurs également

 21   sur le plan Vance-Owen. Vous avez dit que vous étiez au courant de ce

 22   plan. Nous n'allons pas passer tous ces documents parce qu'il s'agit des

 23   documents qui sont quelque peu complexes, mais de toute façon vous vous

 24   souvenez probablement d'un certain nombre de principes de base dans ce

 25   plan.


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  1   M. Jennings (interprétation). - Si j'ai bien compris, à cette époque-là et

  2   maintenant également, ce n'est pas un document que je connais vraiment à

  3   fond, mais si j'ai bien compris, et comme que je l'ai compris, c'est un

  4   document qui avait défini un certain nombre de lignes de démarcation qui

  5   étaient différentes dans l'ensemble de la Bosnie et pas forcément dans la

  6   région où je me trouvais.

  7   Par conséquent, il y avait un équilibre des forces qui auraient dû changer

  8   et qui auraient dû être différentes par rapport au statu quo de l'époque.

  9   Ce qui a provoqué la préoccupation de tous les côtés, partout où je me

 10   rendais il n'y avait absolument pas de gens qui disaient qu'ils étaient en

 11   faveur de la mise en exécution de ce plan.

 12   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous étiez au courant qu'avant la

 13   signature de ce plan, qu'il y avait des doutes également que le plan

 14   serait signé par les parties en question ?

 15   M. Jennings (interprétation). - Oui je pense que je m'en souviens.

 16   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez à quel moment

 17   les trois parties avaient signé le plan ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Mais c'était probablement après les

 19   évènements dont il a été question ce matin.

 20   M. Sayers (interprétation). - Je pense qu'il s'agissait du 30 janvier, par

 21   conséquent après le déclenchement des conflits. Est-ce que vous le savez ?

 22   M. Jennings (interprétation). - Ceci me surprend quelque peu car je

 23   pensais que c'était quelque peu plus tard.

 24   M. Sayers (interprétation). - Et maintenant, en ce qui concerne les

 25   réunions que vous avez eues au cours des trois semaines avec M. Kordic au


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  1   mois de février, vous avez demandé au Bataillon néerlandais entre le 24 et

  2   le 27 janvier de vous aider pour vous présenter aux commandants locaux du

  3   HVO.

  4   M. Jennings (interprétation). - Je pense que c'était le 27, pas avant.

  5   M. Sayers (interprétation). - Entendu.

  6   Et la première personne à laquelle vous avez été présenté, c'était

  7   l'officier de presse Marko Prskalo, n'est-ce pas ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Je m'en souviens, je me souviens de cette

  9   personne, mais si mon souvenir est bon j'avais tout simplement demandé que

 10   tout le monde se présente à moi. Par moment j'ai eu une bonne réponse, par

 11   moment ils ne voulaient pas véritablement me dire quel était le poste

 12   qu'ils occupaient, quelles étaient les fonctions qu'ils exerçaient, étant

 13   de ne pas me connaître véritablement et de savoir quelle était ma propre

 14   mission.

 15   M. Sayers (interprétation). - Monsieur Prskalo, par conséquent, était un

 16   officier d'état-major et c'est lui qui vous a présenté à M. Sliskovic qui

 17   était adjoint du commandant de Subic-Zrinjski ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 19   M. Sayers (interprétation). - Ensuite, vous avez eu l'occasion de le

 20   rencontrer et M. Josinovic également ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 22   M. Sayers (interprétation). - Ce n'était pas très facile parce que le

 23   commandant de la brigade de l'autre côté également, le général Mekic,

 24   avait refusé de vous rencontrer ?

 25   M. Jennings (interprétation). - Oui tout le monde avait refusé de me


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  1   rencontrer.

  2   M. Sayers (interprétation). - Nous allons parler de la première réunion

  3   que vous avez eue avec Dario Kordic le 3 février 1993. Dans votre

  4   déclaration du mois d'avril 1995, il est stipulé que vous deviez vous

  5   rendre à Busovaca étant donné que Dario Kordic vous a téléphoné et qu'il

  6   avait demandé à voir le colonel. Est-ce qu'on peut dire que vous n'avez

  7   jamais entendu parler du nom de Dario Kordic auparavant ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Eh bien j'ai entendu peut-être dire ou

  9   éventuellement j'ai vu ce nom dans le bulletin d'informations militaires,

 10   mais c'est la première fois quand même que ce nom me disait quelque chose.

 11   M. Sayers (interprétation). - Lors de cette réunion, il y avait Jeremy

 12   Flemming également ?

 13   M. Jennings (interprétation). - Vous pensez au 3 février ?

 14   M. Sayers (interprétation). - Oui.

 15   M. Jennings (interprétation). - Je ne peux pas l'exclure. Il y était

 16   éventuellement, peut-être.

 17   M. Sayers (interprétation). - Mais je vous dis que c'est bien M. Flemming

 18   qui a parlé, n'est-ce pas ?

 19   M. Jennings (interprétation). - Non, là, je ne suis pas tout à fait sûr

 20   que vous ayez raison, tout au moins en ce qui me concerne et en ce qui

 21   concerne ma mémoire.

 22   M. Sayers (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de bien

 23   vouloir m'aider.

 24   M. le Président (interprétation). - Est-ce que vous voulez lui demander de

 25   faire un commentaire sur ce qu'un autre témoin avait dit ?


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  1   M. Sayers (interprétation). - Non, je voulais tout simplement qu'il

  2   vérifie si c'est en accord avec ce dont il se souvient.

  3   M. le Président (interprétation). - Par conséquent vous allez lui demander

  4   ce qu'un autre témoin avait fait comme commentaires ?

  5   M. Sayers (interprétation). - Non, ce n'est pas à lui que je vais demander

  6   de faire un commentaire, je vais tout simplement lui demander de jeter un

  7   coup d'œil sur la version de cet événement et de me dire si c'est un

  8   accord.

  9   M. le Président (interprétation). - Oui, mais c'est un commentaire, un

 10   commentaire sur ce que quelqu'un d'autre avait dit. Est-ce que M. Flemming

 11   va être cité ?

 12   M. Nice (interprétation). - Il est sur la liste des témoins. J'ai

 13   l'intention de le citer, mais je vais vérifier quels sont les témoins que

 14   je vais citer.

 15   M. le Président (interprétation). - Est-ce que ceci veut dire que

 16   M. Flemming a dit quelque chose qui était à peu près comme vous venez de

 17   le dire, Maître Sayers ?

 18   M. Sayers (interprétation). - C'est très bref.

 19   M. le Président (interprétation). - Mais ce n'est pas important si c'est

 20   bref ou non.

 21   M. Sayers (interprétation). - D'accord.

 22   Commandant, est-ce que ceci peut vous aider pour vous rafraîchir la

 23   mémoire ?

 24   M. Jennings (interprétation). - Si mes souvenirs sont bons, je ne peux pas

 25   dire définitivement si le commandant Flemming y était ou non.


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  1   M. le Président (interprétation). - D'accord.

  2   M. Sayers (interprétation). - Lors de cette première réunion, il y avait

  3   un certain nombre d'objections concernant les soldats qui sont arrivés et

  4   qui étaient de l'extérieur des municipalités, n'est-ce pas ?

  5   M. Jennings (interprétation). - Oui, il y avait des objections concernant

  6   les attaques des soldats du HVO, et au moment où j'ai jeté un coup d'oeil

  7   sur ma carte j'ai pu voir que c'étaient quelques kilomètres au nord-ouest

  8   de Busovaca. J'ai essayé de bien marquer sur ma carte toutes les

  9   coordonnées, de voir également si je pouvais véritablement comprendre tous

 10   ce qu'on me disait.

 11   M. Sayers (interprétation). - En d'autres termes, il suffirait de dire que

 12   M. Kordic avait déposé une plainte et qu'il avait dit qu'il y avait le

 13   cessez-le-feu qui a été violé ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Vous parlez de cette objection qui a été

 15   envoyée le 11 février et qui concerne les soldats de l'armée de Bosnie-

 16   Herzégovine ? C'est un soldat qui a été tué. Il m'a montré sa carte

 17   d'identitée, il n'était pas de cette zone.

 18   M. Sayers (interprétation). - En ce qui concerne M. Kordic, vous étiez

 19   informé qu’il était président du HDZ

 20   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 21   M. Sayers (interprétation). - En ce qui concerne le sergent Connolly, il

 22   vous l'a dit ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 24   M. Sayers (interprétation). - On vous a dit qu'il était représentant local

 25   pour le HDZ, n'est-ce pas ?


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  1   M. Jennings (interprétation). - Non, on m'a dit qu’il était vice-président

  2   du HDZ pour la Bosnie centrale.

  3   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous voulez voir la pièce à

  4   conviction 87, datée de 26 janvier 1993 ? Il s'agit d'un rapport du

  5   bulletin d'informations.

  6   Mme Ameerali (interprétation). - Le document sera marqué D106/1.

  7   M. Sayers (interprétation). - Si vous voulez bien voir la page 2, s'il

  8   vous plaît, 3ème paragraphe, c'est marqué : « Dario Kordic est le

  9   représentant local pour le HDZ, il affirme qu'il est suppléant de Mate

 10   Boban, qu'il a une réputation au sein du HDZ ». Est-ce que vous le voyez ?

 11   Et on vous a dit qu'il était vice-président du HDZ ?

 12   M. Jennings (interprétation). - C'est ce que j'ai marqué sur mon carnet.

 13   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez ce qu’était le HDZ à

 14   cette époque la ?

 15   M. Jennings (interprétation). - Pas beaucoup, mais je savais qu'il

 16   s'agissait d'une organisation politique et que c'était parallèle face au

 17   HVO qui était militaire.

 18   M. Sayers (interprétation). - Par conséquent, il vous a dit qu'il n'était

 19   pas un commandant militaire ?

 20   M. Jennings (interprétation). - Ce n’est pas ce qu’il m'a dit. Si vous

 21   parlez de l'information, le 3 février, avant d’être allé voir Dario

 22   Kordic, je dois dire que je fonde mes souvenirs sur les notes que j'avais

 23   prises.

 24   M. Sayers (interprétation). - Non, mais je parle de ce que M. Kordic vous

 25   a dit. Il vous a dit qu’il n'était pas commandant d'une formation ?


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  1   M. Jennings (interprétation). - A un moment donné, quand j'ai essayé de

  2   voir et de comprendre quel était son rôle et quel était son autorité, son

  3   pouvoir, il m’a tout simplement dit qu’il n’était pas commandant d’une

  4   formation. Moi, je lui avais demandé s’il était commandant du HVO ? Et il

  5   m'a dit non.

  6   M. Sayers (interprétation). - Et on vous a dit qu'il était journaliste à

  7   l'époque ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Oui.

  9   M. Sayers (interprétation). - Vous l'avez rencontré dans un bureau dans la

 10   cave du bâtiment des PTT, n'est-ce pas ?

 11   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 12   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous vous êtes entretenu avec vos

 13   collègues dans la cellule de renseignements, sur ce que vous avez décrit

 14   comme entretien avec quelqu’un qui avait une influence assez importante,

 15   locale ?

 16   M. Jennings (interprétation). - Vous pensez à cette réunion ?

 17   M. Sayers (interprétation). - Oui. Je voulais tout simplement vous montrer

 18   le bulletin d'informations militaires pour le 3 février 1993. C’est le

 19   numéro 95.

 20   Mme Ameerali (interprétation). - Le document portera la cote D107/1.

 21   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez du nom de

 22   l'interprète qui était avec vous à cette réunion ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Non, je ne m’en souviens pas.

 24   M. Sayers (interprétation). - Le fondement de cette pièce à conviction,

 25   c'était pour voir si vous étiez d'accord avec moi ou pas pour dire qu'on


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  1   ne parle pas du tout dans ce document de la réunion du 3 février ?

  2   M. Jennings (interprétation). - Cela ne me surprend pas du tout parce que

  3   ceci dépend également de l'heure de la journée où la réunion a eu lieu.

  4   Ceci arrivait souvent parce que, si moi, par exemple, en 1995, en 1998, je

  5   relisais les résumés pour rafraîchir ma mémoire, il y avait un certain

  6   nombre de choses qui m'avait surprises et pas dans le cas concret, dans

  7   d'autres également.

  8   Je pense tout simplement qu'il s'agissait de l'heure de la journée où vous

  9   avez reçu ou pas reçu l'information. Par conséquent, on a travaillé

 10   24 heures sur 24 et ces résumés devaient être publiés à un certain moment

 11   de la journée. C'était de la routine pour que tout le monde puisse en

 12   disposer et lire. Il y avait l'autre côté également, à savoir qu’à la fin

 13   de la journée, tout dépendait également de ce que les officiers de

 14   liaison, les officiers opérationnels avaient pris comme décision ; ce qui

 15   était important ou pas important d'être intégré, incorporé dans le résumé,

 16   éventuellement ce que quelqu'un sur le terrain considérait comme

 17   important.

 18   Au quartier général, on considérait que ce n'était pas important. Par

 19   conséquent, on ne l'a pas pris dans le bulletin.

 20   M. Robinson (interprétation). - Si vous avez reçu très tard les

 21   informations pour le jour en question, est-ce que l’on aurait pu

 22   éventuellement mettre cette information dans le bulletin le lendemain

 23   matin ?

 24   M. Jennings (interprétation). - Oui, c'est ce que normalement il devait se

 25   produire. Moi, je transmettais les informations, je ne peux pas savoir par


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  1   la suite ce qui se passait avec les informations que je transmettais. S'il

  2   y avait des choses qui manquaient, à ce moment-là, normalement, il fallait

  3   incorporer ceci dans le bulletin du lendemain.

  4   M. Sayers (interprétation). - Nous avons le rapport du lendemain matin et

  5   je vais vous demander de le soumettre comme pièce à conviction.

  6   Mme Ameerali (interprétation). - Document D108/1.

  7   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous pouvez voir le point n° 1,

  8   Busovaca ? Vous allez voir qu'il y avait un entretien qui a eu lieu

  9   concernant l'attaque de Moudjahiddin sur le village Kula mais on ne parle

 10   pas de l'entretien que vous avez eu avec M. Kordic, n'est-ce pas ?

 11   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 12   M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous que M. Kordic tenait les

 13   réunions, des conférences de presse avec la télévision, que c'était

 14   quotidien ?

 15   M. Jennings (interprétation). - Oui, je suis au courant car je sais qu'à

 16   un moment donné, quand nous avons parlé de la fréquence des réunions,

 17   Dario Kordic avait dit qu'il y avait un jour où il ne pouvait pas

 18   véritablement nous voir. Il fallait absolument qu'il évite de nous voir ce

 19   jour-là, car c'était le jour où il avait des conférences de presse.

 20   M. Sayers (interprétation). - A plusieurs reprises, vous avez essayé de le

 21   joindre par téléphone, vous n'avez pas pu le joindre parce que qu'on vous

 22   a dit qu'il se trouvait à la conférence de presse, n'est-ce pas ?

 23   M. Jennings (interprétation). - Oui, c’est possible. Je ne sais pas si

 24   j'ai véritablement appelé au téléphone plusieurs fois M. Kordic. Il n'est

 25   pas impossible. Je me suis rendu également quelquefois dans la salle


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  1   d'opération. J'ai dit que si je voulais voir Dario Kordic, il fallait

  2   qu'on essaie de le joindre, lui poser la question si c'était possible ou

  3   non. Je ne voulais pas l'ennuyer sans le prévenir que j’allais venir le

  4   voir.

  5   M. Sayers (interprétation). - Mais ce n'est pas contestable sur la page 17

  6   de votre déclaration, il y a un an, c'est marqué. Quand j'ai appelé Kordic

  7   pour me mettre d'accord avec lui, deux fois, on m’a dit qu'il était pris

  8   et qu'il avait des conférences de presse.

  9   M. Jennings (interprétation). - Oui, c’est vrai.

 10   M. Sayers (interprétation). - Par conséquent, vous avez pensé que Dario

 11   Kordic avait montré montré aux Croates que c'était quelqu'un qui était le

 12   grand maître. Par conséquent, il avait profité de son peuple en quelque

 13   sorte ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Je pense que c'est exactement les mots que

 15   j’ai utilisés lors de ma dernière déclaration.

 16   M. Sayers (interprétation). - Mais c’est votre point de vue ?

 17   M. Jennings (interprétation). - Effectivement, je pense qu’il représentait

 18   le peuple de Busovaca. Au cours d’un incident, par conséquent l'aide

 19   humanitaire que l’on devait distribuer, il parlait en leur propre nom, il

 20   parlait de ces distributions dans Busovaca, dans Kiseljak. Il parlait au

 21   nom de ce peuple. Il a fait absolument tout pour maintenir un équilibre au

 22   niveazu de la distribution de l'aide humanitaire, de la circulation

 23   également.

 24   M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'il vous a dit que sa femme et les

 25   trois enfants habitent à l'ouest de Busovaca, à 100 mètres par rapport au


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  1   théâtre des opérations, que sa maison également a été tirée en

  2   janvie 1993 ?

  3   M. Jennings (interprétation). - Oui, il me l’a dit peut-être mais je ne me

  4   rappelle pas exactement.

  5   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais vous poser quelques questions

  6   maintenant concernant le poste qu'il occupait.

  7   Est-ce que vous saviez qu'il était vice-président du HDZ de la communauté

  8   croate d'Herceg-Bosna ?

  9   M. Jennings (interprétation). - Est-ce que c'est le HDZ ?

 10   M. Sayers (interprétation). - Non, je parle de la communauté croate

 11   d'Herceg-Bosna. Je ne parle pas du HDZ.

 12   M. Jennings (interprétation). - J'ai entendu dire qu'il y avait cette

 13   organisation communauté croate d’Herceg-Bosna ou vous le dites HZHB, mais

 14   je ne sais pas quel était le poste qu’il occupait.

 15   M. Sayers (interprétation). - En ce qui concerne une autre pièce à

 16   conviction, si vous voulez bien l’identifier, il s’agissait d'un reçu que

 17   vous deviez signer et c'est M. Kordic, colonel Kordic qui l'avait signé en

 18   sa qualité de vice-président de la communauté croate d'Herceg-Bosna. Je ne

 19   veux pas vous ennuyer, mais c’est vrai que vous ne le savez pas ? Vous ne

 20   savez pas ce que c’est ?

 21   M. Jennings (interprétation). - Non, je ne le sais pas. Je n’ai jamais dit

 22   que je connaissais tout et que je connaissais cette organisation.

 23   M. Sayers (interprétation). - Mais peut-on dire que vous ne connaissez

 24   rien également sur les structures intérieures au sein du HVO ? Qui était

 25   le Président du HVO, qui était par exemple le chef du département de la


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  1   défense ?

  2   M. Jennings (interprétation). - Je pourrais vous répondre en deux étapes.

  3   Tout premièrement, si vous posez la question maintenant, je pense que je

  4   ne peux pas me souvenir de tous ces détails des événements qui ont eu lieu

  5   il y a de nombreuses années auparavant.

  6   Je suis convaincu, en revanche, que j'ai bien compris tous comme les

  7   autres quelle était l'organisation à des niveaux

  8   OK

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 10   MER27

 11   MER27

 12   FAIT PAR Hélène

 13   JONCTION OK

 14   beaucoup plus bas, là où j'étais, et dont je me suis occupé, car je m'en

 15   suis occupé toutes les semaines. Par conséquent, je n'ai pas passé

 16   beaucoup de mon temps en essayant de connaître un peu plus sur les

 17   organisations politiques.

 18   M. Sayers (interprétation). - Ce n'est pas une critique, vous, vous êtes

 19   un militaire, mais j'aimerais maintenant revenir à une autre réunion,

 20   réunion que vous aviez avec M. Kordic et qui a eu lieu le 6 février 1993.

 21   Je pense que c'était bien le 6 février.

 22   M. Jennings (interprétation). - Oui, c'était le 6 février 1993.

 23   M. Sayers (interprétation). - Après cette réunion, pourrions-nous dire que

 24   M. Kordic avait préparé le communiqué pour la presse, qu'il avait parlé au

 25   téléphone avec les journalistes, qu'il avait également dit qu'il allait


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  1   enlever le barrage avec votre aide ?

  2   M. Jennings (interprétation). - Oui, je me souviens de cet événement. Très

  3   franchement parlant, c'est il y a un jour, deux jours que j'ai rattrapé

  4   mes souvenirs, j'ai demandé à l'interprète qu'il m'explique de quoi il

  5   s'agissait. Tout se déroulait trop rapidement et effectivement, il avait

  6   préparé ce que vous avez dit.

  7   M. Sayers (interprétation). - Passons maintenant à un sujet que j'ai

  8   abordé brièvement il y a quelques instants au sujet du commandant de la

  9   brigade Nikola Subic Zrinjski, le changement de commandant de cette

 10   brigade. Est-ce que vous vous souvenez du moment où cette brigade a changé

 11   de commandant ?

 12   M. Jennings (interprétation). - La seule chose que je puisse vous dire,

 13   c'est que je pense que c'était à peu près à la période où se déroulaient

 14   les événements dont nous avons parlé en détail.

 15   M. Sayers (interprétation). - Et M. Sliskovic est resté le commandant en

 16   second des forces militaires du HVO à Busovaca pendant la période de

 17   transition ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Oui, autant que je m'en souvienne.

 19   M. Sayers (interprétation). - Je vais maintenant traiter du bulletin de

 20   renseignements militaires n° 103 du 11 février 93 et je vais demander que

 21   ce document soit versé au dossier.

 22   Mme Ameerali (interprétation). - Ce document se voit attribuer la cote D

 23   109/1.

 24   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, en avez-vous encore

 25   pour longtemps ?


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  1   M. Sayers (interprétation). - Au risque d'épuiser les interprètes, je

  2   pense pouvoir finir aujourd'hui. Sinon, eh bien il me restera environ dix

  3   minutes demain. Dix minutes pour achever la déposition et le contre-

  4   interrogatoire du témoin.

  5   M. le Président (interprétation). - Eh bien poursuivons encore pendant dix

  6   minutes.

  7   M. Sayers (interprétation). - Fort bien, Monsieur le Président.

  8   Monsieur le témoin, examinons ce bulletin de renseignements militaires. On

  9   peut y lire que, le 11 février 1993, le commandant Dusko Grubesic a

 10   remplacé le commandant Jozinovic, et ceci se trouve au paragraphe 5 du

 11   document.

 12   M. Bennouna. - A quelle page ?

 13   M. Sayers (interprétation). - Il s'agit de la page 3, Monsieur le Juge. Au

 14   point 5.

 15   M. Jennings (interprétation). - Oui.

 16   M. Sayers (interprétation). - Vous n'avez aucune idée de la raison du

 17   changement de commandant ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

 19   M. Sayers (interprétation). - Passons à la réunion suivante. Si j'ai bien

 20   compté, c'est la troisième réunion que vous ayez eue avec M. Kordic -ça se

 21   passait le 7 février- réunion au cours de laquelle vous avez dit que

 22   M. Kordic souhaitait qu'une structure en béton soit placée à

 23   l'intersection de Kaonik, et il souhaitait avoir l'aide de la Forpronu, et

 24   vous avez dit que vous le feriez, que vous essayeriez de voir ce que vous

 25   pouviez faire.


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  1   M. Jennings (interprétation). - Oui, c'est exactement ce que j'ai dit.

  2   M. Sayers (interprétation). - Page 9 de votre déclaration, il y a 5 ans,

  3   vous avez dit, et je cite : "Je lui ai fait une demi-promesse, une

  4   promesse de Normand, en lui disant que ce serait fait" ; est-ce que c'est

  5   exact ?

  6   M. Jennings (interprétation). - Oui, eh bien ce sont les mots que j'ai

  7   utilisés à l'époque.

  8   M. Sayers (interprétation). - Et en fait, vous n'aviez aucune intention de

  9   l'aider à établir un point de contrôle ?

 10   M. Jennings (interprétation). - Je n'avais l'intention ni de l'aider ni

 11   lui ni personne d'autre, ni aucune des parties belligérantes.

 12   M. Sayers (interprétation). - Pièce à conviction suivante du 7 février 93,

 13   bulletin de renseignements militaires n° 99.

 14   Mme Ameerali (interprétation). - Le document portera la cote D 110/1.

 15   M. Sayers (interprétation). - Donc vous conviendrez, n'est-ce pas, que

 16   l'on ne voit pas trace de votre discussion avec M. Kordic dans ce bulletin

 17   de renseignements militaires ?

 18   M. Jennings (interprétation). - Eh bien je ne vois pas pourquoi il y

 19   aurait eu aucune référence à une discussion qui a eu lieu en l'espace de

 20   dix minutes le matin de cette journée, et puis il faut savoir que, ce

 21   jour-là, je ne suis retourné au quartier général que vers 19 heures ou

 22   20 heures.

 23   M. Sayers (interprétation). - Passons maintenant à l'incident relatif aux

 24   mines ou au volume d'explosifs très importants dont vous nous avez parlé ;

 25   est-il exact que cet incident n'est mentionné nulle part dans le journal


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  1   que vous avez tenu à l'époque ?

  2   M. Jennings (interprétation). - En effet, je n'ai à l'époque pris aucune

  3   note à ce sujet.

  4   M. Sayers (interprétation). - Vous nous avez dit que ces ingénieurs du HVO

  5   avec qui vous vous êtes entretenu vous ont dit qu'ils agissaient sur

  6   ordre.

  7   M. Jennings (interprétation). - Oui.

  8   M. Sayers (interprétation). - Mais vous avez délibérément décidé de ne pas

  9   leur demander de qui venait ces ordres ?

 10   M. Jennings (interprétation). - Je ne voulais pas le leur demander,

 11   insister à ce sujet.

 12   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez décidé de ne pas poser la

 13   question non plus à M. Kordic ?

 14   M. Jennings (interprétation). - Non.

 15   M. Sayers (interprétation). - Donc la situation est la suivante : vous ne

 16   savez pas qui a donné l'ordre de placer ces explosifs sur le pont ?

 17   M. Jennings (interprétation). - Je crois que je n'ai jamais dit que je

 18   pensais que ces explosifs avaient été placés là sur l'ordre de Dario

 19   Kordic.

 20   M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit également que vous aviez

 21   présenté une plainte officielle à l'ECMM ; est-ce que cela a été fait par

 22   écrit ?

 23   M. Jennings (interprétation). - J'ai signalé la chose à l'ECMM, je pense

 24   que je l'ai fait par écrit, mais il est possible également que j'aie pu

 25   communiquer cette information oralement à un représentant de l'ECMM si


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  1   j'en ai rencontré un.

  2   M. Sayers (interprétation). - L'interprète qui a travaillé avec vous à ce

  3   moment-là, et nous pouvons savoir qui cela est puisque nous avons une

  4   photographie, une photographie qui fait partie des pièces à conviction

  5   présentées par l'accusation, il s'agissait donc du sergent Thornton ?

  6   M. Jennings (interprétation). - Oui.

  7   M. Sayers (interprétation). - Il parlait très bien croate ?

  8   M. Jennings (interprétation). - Moi je trouvais qu'il parlait assez bien

  9   pour m'accompagner dans cette mission particulière. Il faut cependant

 10   préciser une chose, c'est que nous n'avions pas toujours le choix de

 11   décider quel interprète nous emmenerions avec nous parce qu'il se passait

 12   beaucoup de choses en même temps et il fallait savoir quelle était la

 13   personne la mieux à même d'accomplir telle ou telle mission.

 14   M. Sayers (interprétation). - Je n'ai pas de questions à vous poser au

 15   sujet de la 5ème réunion qui, si je me souviens bien, a eu lieu le

 16   22 février, mais je vais passer tout de suite à la 6ème réunion du

 17   23 février, lorsque vous vous êtes rendu chez M. Kordic sans vous être

 18   fait annoncer précédemment et vous avez vu deux hommes en uniforme noir

 19   avec des insignes du HOS et sur leur blouson en cuir, et vous ne saviez

 20   pas que l'un d'entre eux était (un nom que l'interprète n'a pas saisi),

 21   qui était en fait le chef du parti ESP à Zenica ?

 22   M. Jennings (interprétation). - Aucun nom n'a été mentionné.

 23   M. Sayers (interprétation). - Fort bien. Est-ce que vous savez qu'à

 24   l'époque, le HOS à Zenica faisait en fait partie de l'armée de Bosnie-

 25   Herzégovine et non pas du HVO ?


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  1   M. Jennings (interprétation). - Ca, je ne m'en souviens pas.

  2   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous savez ce que c'est que le

  3   HSP ?

  4   M. Jennings (interprétation). - Non.

  5   M. Sayers (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de vous

  6   JONCTION OK

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  8   MER28

  9   FAIT PAR FANI

 10   JONCTION OK

 11   présenter la pièce à conviction D17/1.20.

 12   M. le Président (interprétation). - Nous suspendrons l'audience après.

 13   M. Sayers (interprétation). - Fort bien, Monsieur le Président.

 14   Il s'agit d'une décision du 5 avril 1993 ayant pour objectif de fusionner

 15   le HOS avec des unités du HVO, et dans cette décision, il est stipulé que

 16   les unités du HOS faisaient partie de l'armée de Bosnie-Herzégovine et

 17   allaient êtres fusionnées avec le HVO. Ceci se passe à Zenica.

 18   Etiez-vous au courant du fait que les forces du HOS à Zenica faisaient

 19   partie de l'armée de Bosnie-Herzégovine et non pas du HVO ?

 20   M. Jennings (interprétation). - A mon arrivée sur place, sur le théâtre

 21   des opérations, à la mi-janvier, j'ai eu l'occasion de me rendre à

 22   Novi Travnik. Il s'agissait d'une visite destinée à me permettre de me

 23   familiariser avec la situation. On m'a expliqué la disposition des forces

 24   sur le terrain, on m'a montré où se trouvaient les forces du HVO, les

 25   forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine, ainsi que les unités du HOS. Et


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  1   moi j'ai pensé qu'ils étaient du même côté.

  2   M. Sayers (interprétation). - Dernière question, Monsieur le Président.

  3   Est-il exact de dire que la position exacte du HOS, d'après votre

  4   expérience sur le terrain, est quelque chose d'assez difficile à

  5   déterminer ?

  6   M. Jennings (interprétation). - Oui, je dois dire que je me souviens

  7   parfaitement qu'il était assez difficile de déterminer la position de

  8   cette unité.

  9   M. le Président (interprétation). - Fort bien. Nous allons maintenant

 10   suspendre l'audience et, mon Commandant, je vais vous demander de nous

 11   retrouver demain matin ici même à 9 heures 30 afin que nous puissions

 12   achever votre déposition.

 13   M. Jennings (interprétation). - Merci.

 14   L'audience est levée à 16 heures 10.

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