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1 Le lundi 6 décembre 1999
2 [Huis clos]
3 --- L’audience débute à 9 h 37
4 [Affaire IT-95-14/2-T, Le Procureur
5 contre Dario Kordic et Mario Cerkez]
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20 [Audience publique]
21 Me NICE (interprétation) : Témoin Z, car c’est
22 ainsi que nous allons vous appeler pendant votre
23 déposition, je vais vous demander d’examiner cette feuille
24 de papier qui porte un nom et de nous dire « Oui » si c’est
25 bien votre nom qui est inscrit sur cette feuille.
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
2 Me NICE (interprétation) : Monsieur le Président,
3 je pense qu’il est peut-être possible de traiter du
4 paragraphe 1 de la façon suivante.
5 Madame la Témoin Z, avez-vous résumé votre
6 carrière au sein de l’armée britannique ou l’avez-vous fait
7 résumer dans les trois premiers paragraphes du résumé que
8 je crois que vous avez eu l’occasion de voir ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
10 Me NICE (interprétation) : À la mi-décembre 1993,
11 est-ce que vous avez joué un rôle au sein d’une des équipes
12 de l’ECMM que vous avez identifiée dans le résumé de vos
13 déclarations et cette équipe avait une zone de responsabilité
14 qui comprenait Travnik, Vitez, Busovaca et Zenica ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
16 Me NICE (interprétation) : Le chef du centre
17 régional à ce moment-là était Sir Martin Garrod et le responsable
18 du centre de coordination à l’époque était William Stutt ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
20 Me NICE (interprétation) : La Défense m’a fait
21 savoir sur quels paragraphes je peux guider le témoin et
22 nous en arrivons donc à certains paragraphes où je ne suis
23 pas autorisé à guider les réponses du témoin.
24 Madame le Témoin Z, lorsque vous avez pris vos
25 fonctions, est-ce qu’on vous a présenté les personnalités
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1 principales de la poche de Vitez ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Pendant la
3 semaine pendant laquelle on m’a passé les consignes, c’est
4 un autre observateur qui m’a communiqué ces informations.
5 Me NICE (interprétation) : Si je vous donne un
6 certain nombre de noms, pouvez-vous nous dire si vous savez
7 qui ils sont : le Colonel Blaskic ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
9 Il m’a été présenté comme l’officier commandant du HVO de
10 la poche de Vitez et de la Bosnie centrale.
11 Me NICE (interprétation) : Nikica Petrovic ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Nikica Petrovic m’a
13 été présenté à plusieurs reprises mais il m’a été présenté
14 la première fois comme étant l’officier de liaison du HVO
15 du commandant Blaskic.
16 Me NICE (interprétation) : Je vois que vous avez
17 un document devant vous. Permettez-moi de vérifier s’il
18 s’agit de vos notes ou s’il s’agit du résumé de vos déclarations.
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Je regarde le résumé de mes
20 déclarations préalables, du résumé final qui a été préparé.
21 Me NICE (interprétation) : À moins qu’il n’y ait d’objection
22 à ce que le témoin le fasse, vous pourrez poursuivre.
23 Sinon, je souhaiterais que la Défense me le fasse savoir.
24 Me SAYERS (interprétation) : En ce qui concerne
25 ce témoin, puisqu’elle comprend et parle l’anglais tout à
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1 fait bien, bien entendu, je pense qu’il n’est pas
2 nécessaire qu’elle dispose de ces documents devant elle.
3 Donc, je préférerais qu’elle ne les consulte pas.
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je pense qu’il
5 est exagéré de dire qu’il s’agit de documents qui lui
6 permettent de répéter ce qu’on lui a dit de dire. Je ne
7 vois pas d’objection à ce qu’elle dispose de cette
8 déclaration puisqu’après tout, il s’agit d’événements qui
9 se sont passés il y a six ou sept ans. Il s’agit d’un
10 résumé de ce qui s’est passé.
11 Donc, Madame le Témoin, vous pouvez poursuivre
12 mais si vous ne vous souvenez pas de quoi que ce soit, vous
13 pouvez consulter votre résumé.
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Bien !
15 Me NICE (interprétation) : Darko Gelic ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Darko Gelic était
17 l’officier de liaison basé à l’Hôtel Vitez. Il travaillait
18 avec Nikica Petrovic et le commandant Blaskic en son absence.
19 Me NICE (interprétation) : Monsieur Santic ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Monsieur Santic
21 était le maire de Vitez. Je l’ai rencontré une fois ou deux.
22 Me NICE (interprétation) : Avant de parler de Dario Kordic,
23 parlons de l’armée de Bosnie-Herzégovine : Mehmed Alagic ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je l’ai
25 rencontré à plusieurs reprises. C’était le commandant
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1 second. Je crois qu’il a ensuite pris le commandement de
2 la 7e brigade à Travnik en avril 1994.
3 Me NICE (interprétation) : Enver Hadzihasanovic ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Il était le
5 commandant de la 3e brigade et il en est devenu ensuite le
6 chef. Je ne l’ai pas rencontré très souvent.
7 Me NICE (interprétation) : Samir Safic ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Samir Safic était
9 l’officier chargé des échanges à Travnik. Il était
10 responsable des échanges de personnes et des échanges de
11 cadavres à Turbe et Travnik sur la frontière et de toutes
12 les négociations avec Nikica Petrovic.
13 Me NICE (interprétation) : Beba Salko ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Beba Salko, bien, il
15 semblait que ses fonctions ont changé au jour le jour mais
16 disons qu’il était chargé de faire partir des Serbes de la
17 poche de Vitez et de Zenica également par le biais de la
18 poche de Vitez et il était en contact étroit avec le
19 bataillon britannique à Vitez et il participait lui
20 également aux échanges de cadavres… (l’interprète se reprend)
21 aux échanges de personnes plutôt qu’aux échanges de cadavres.
22 Me NICE (interprétation) : Madame le Témoin, vous
23 remarquerez que je fais une pause entre mes questions et
24 vos réponses afin que les interprètes puissent faire leur
25 travail correctement.
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Je comprends bien.
2 Me NICE (interprétation) : Nous allons passer au
3 paragraphe 6 et nous nous tournons vers le cas de Dario
4 Kordic. Comment celui-ci vous a-t-il présenté et dites-
5 nous ce que vous avez su à son sujet ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Je l’ai rencontré
7 pour la première fois en février, le 16 février 1994. Je
8 lui ai été présentée au travers d’une série d’événements et
9 je me suis efforcée de faciliter…
10 Me NICE (interprétation) : Je m’excuse. Avant
11 que de passer à ce qui vous a été dit, qu’est-ce qu’on vous
12 a dit au sujet de sa personnalité et de ses fonctions ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Mes plusieurs sources m’avaient
14 dit que Monsieur Kordic était chef du parti autoproclamé
15 de la Bosnie qui se basait à Mostar et qu’en fait, cela
16 se situait au niveau de la poche de Vitez qui fait partie
17 de la Herceg-Bosna et qu’il était dans la politique.
18 Me NICE (interprétation) : Nous allons revenir à
19 votre première rencontre au moment approprié selon un ordre
20 chronologique logique.
21 Vous nous avez dit comment vous avez décrit ce
22 Monsieur. Est-ce que c’est en mêmes termes qu’on vous
23 avait parlé de lui pour ce qui est des officiers de liaison
24 et des officiers du HVO ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais on ne m’a
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1 jamais parlé de lui en qualité de commandant militaire. Il
2 avait tout à la fois eu des fonctions dans le cadre du HVO
3 mais on parlait davantage de lui en sa qualité de leader
4 politique et ce dans la poche de Vitez. Donc, il était
5 plutôt chef politique.
6 Me NICE (interprétation) : Pouvez-vous nous aider maintenant et
7 nous dire quelque chose au niveau des déplacements en
8 hélicoptère, enfin, en général mais ce qui nous intéresse
9 maintenant c’est le mois de janvier et cela concerne les
10 paragraphes 7 et 8 de votre résumé. Est-ce que vous pouvez
11 nous le dire sans consulter votre résumé et vos notes ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : En général, j’étais
13 consciente, comme tant d’autres observateurs, qu’il y avait
14 beaucoup de déplacements par hélicoptère dans le cadre de
15 cette poche de Vitez et il n’y avait absolument aucune
16 autre façon de se déplacer par les routes en provenance de
17 Herceg-Bosna jusqu’à Vitez. Cela fait que la seule façon
18 sûre de se déplacer c’était la nuit en hélicoptère et cela
19 était fait par le HVO et par l’armée croate.
20 Me NICE (interprétation) : En ce qui vous concerne, quand est-ce
21 qu’il y a eu pour la première fois ces déplacements en hélicoptère ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Je l’ai appris
23 lorsque je suis arrivée dans la mission en août 1993 mais
24 je n’ai physiquement pas assisté à des déplacements par
25 hélicoptères dans la poche de Vitez jusqu’à mars 1994.
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1 Mais je savais que les hélicoptères circulaient car nous
2 avions une zone d’interdiction de vol et j’étais, en outre,
3 chargée de l’observation et du suivi de cette partie-là des
4 activités également.
5 Me NICE (interprétation) : Quelles avaient été
6 vos sources d’informations pour ce qui est de la
7 circulation et du trafic des hélicoptères et puisque vous
8 étiez chargée de la chose, est-ce que vous pouvez nous dire
9 si vous avez découvert quelque chose et qu’avez-vous
10 découvert concernant l’utilisation des hélicoptères, enfin,
11 des types d’hélicoptères concrets ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Je savais qu’il y
13 avait des déplacements par hélicoptères car avant de venir
14 en Bosnie centrale, j’ai passé un moment en guise
15 d’observateur en travaillant pour les Nations Unies au
16 niveau du bureau central qui avait son siège à Zagreb. Ils
17 m’avaient montré qu’il était fort aisé de se déplacer en
18 hélicoptère jusque dans les bases de Split ou à l’extérieur
19 de ces bases, enfin, une caserne de la JNA de Divulje et
20 cela leur permettait de voler, enfin, sous la zone radar
21 pour éviter d’être capté par les radars.
22 Me NICE (interprétation) : Est-ce que vous pouvez
23 nous donner les sources d’informations au niveau de
24 l’utilisation des hélicoptères et par qui et comment ces
25 hélicoptères ont-ils été utilisés ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : La poche de Vitez c’était
2 une toute petite région. Il était impossible de se déplacer
3 et pour ce faire, il fallait passer par la route ou alors par
4 les airs. Comme les routes étaient impraticables, comme je
5 l’ai dit, on pouvait se déplacer, enfin, ne pouvaient se
6 déplacer par là que les missions d’observation de l’ONU
7 et quelques organisations non gouvernementales.
8 On savait d’une façon générale, et comme je le
9 dis, je me base sur des sources d’informations que j’ai
10 reçues par le biais de mes interprètes et d’autres
11 interprètes et d’autres observateurs de la mission
12 européenne et par le biais d’informations de ceux qui
13 travaillaient à l’hôtel de Vitez. En outre, j’ai
14 constamment pris des renseignements sur les déplacements…
15 je veux dire je me reprends, c’est l’armée de Bosnie-
16 Herzégovine et le Général Alagic lui-même qui se sont renseignés
17 sur les déplacements par hélicoptère dans cette région.
18 Me NICE (interprétation) : Je m’excuse mais il
19 faudrait attendre un peu les interprètes. Alors, pour ce
20 qui est de ce que vous en savez, qu’avez-vous appris sur
21 l’utilisation des hélicoptères ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Bien, dès le début
23 de l’accomplissement de mes tâches, je savais que les
24 hélicoptères se rendaient vers la région de la Bosnie
25 centrale et en revenaient avec passage garanti ou sans. Ce
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1 passage, cette sécurité de passage était délivrée par la
2 mission d’observation de la Communauté européenne et des
3 Nations Unies.
4 Je savais que cela se faisait sans permission et
5 avec permission et je voyais que l’on attendait les retours
6 des hélicoptères puisqu’ils revenaient assez tard et je
7 recevais des rapports où l’on voyait qu’ils avaient survolé
8 la Bosnie centrale et qu’ils avaient fait des choses qui
9 leur étaient interdites. Par exemple, on jetait par
10 parachutes différentes sortes d’équipements et cela fait
11 que je savais qu’il y avait des demandes d’évacuations
12 médicales. Par la suite, j’ai appris que ces évacuations à
13 titre médical avaient également permis de procéder à
14 d’autres activités.
15 Je me doutais un peu… j’étais assez suspicieuse
16 pour ce qui est de ce qui se faisait et quand je suis
17 passée en Bosnie centrale en décembre ou novembre 1993, il
18 m’a fallu très peu de temps pour comprendre que les
19 hélicoptères avaient été utilisés pour les déplacements de
20 troupes, de soldats, pour les déplacements du personnel,
21 enfin, de l’hôpital de Nova Bila vers la poche de Vitez.
22 Me NICE (interprétation) : Mais pour ce qui est
23 des personnes dont vous avez parlé… et je crois que je vais
24 procéder également à des pauses parce que je viens
25 d’oublier justement la nécessité de procéder à des pauses
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1 pour que les interprètes puissent nous suivre.
2 Donc, quand il s’agit des personnes dont vous avez
3 parlé, est-ce que l’on a dit quoi que ce soit sur leur
4 utilisation des hélicoptères ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : De nouveau, je dis
6 qu’il était connu, enfin, que le fait était connu que
7 Monsieur Kordic utilisait des hélicoptères pour ses
8 déplacements aux fins de rencontrer d’autres membres du
9 régime de la Herceg-Bosna.
10 Me NICE (interprétation) : Et à qui appartenaient
11 ces hélicoptères ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Ils appartenaient
13 tant au HVO qui se servait des hélicoptères sis à Divulje
14 et il y avait une autre équipe d’observateurs et cela
15 appartenait également au HVO dont la base se trouvait à
16 Posusje, pas loin de Mostar. (L’interprète se reprend) …le
17 premier alinéa pour ce qui est des premiers hélicoptères se
18 rapportait aux hélicoptères du HV et non pas du HVO.
19 Toutes mes excuses.
20 Me NICE (interprétation) : Est-ce que vous avez eu
21 l’occasion de discuter avec les pilotes de ces hélicoptères ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Avant de venir à
23 Zenica, en effet, j’ai passé beaucoup de temps avec les
24 pilotes et enfin, cela était ma tâche quotidienne et
25 j’étais en liaison avec eux. J’ai volé avec ces pilotes,
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1 non pas en Bosnie centrale mais vers la périphérie, mais je
2 ne leur ai jamais posé la question de savoir qui est-ce qui
3 volait avec eux. Mais par la suite, quand j’ai compris la
4 chose, ils se trouvaient déjà à Split et moi, j’étais à
5 Zenica. Mais si vous le voulez bien, je puis revenir sur
6 l’incident dont vous parlez par la suite.
7 Me NICE (interprétation) : Bien ! Je vais me
8 pencher sur les paragraphes 10 à 15 dans leur ordre
9 chronologique et nous pouvons passer maintenant, si vous le
10 voulez bien, au paragraphe 16.
11 Est-ce qu’il y a eu des combats à Santici dont
12 vous avez eu vent en janvier 1994 ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, cela est exact.
14 Je suis partie en congé… je suis rentrée en Grande Bretagne
15 en décembre 1994 et puis à mon retour, j’ai appris qu’il y
16 avait eu de violents combats dans la région de Santici. Je
17 n’ai pas été en mesure de revenir à Zenica au jour même de
18 la fin de mes congés car la voie d’approvisionnement via
19 Santici avait été bloquée parce qu’il y avait eu des
20 combats entre l’armée de la Bosnie-Herzégovine, c’est-à-
21 dire leur 3e corps d’armée et les Croates qui s’efforçaient
22 de défendre la région.
23 Me NICE (interprétation) : Est-ce qu’il y avait une
24 participation quelconque de Mujahedins ? Avez-vous confirmé
25 la chose et qu’est-il arrivé aux Croates qui avaient fui ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : J’étais au courant
2 du fait que les Mujahedins avaient pris part aux combats
3 dans toute la région. J’en ai rencontré à plusieurs
4 reprises au cours des combats à Santici. L’un des
5 interprètes qui avait travaillé à Zenica en avait reconnu
6 un. Ils avaient fait des classes ensemble. Lui aussi
7 avait été musulman.
8 Il y a eu des mouvements préalables de l’armée de
9 la Bosnie-Herzégovine et le Général Alagic n’avait pas
10 respecté ce groupe-là de Mujahedins. Lorsque l’attaque de
11 Santici a eu lieu, les familles croates ont dû s’enfuir en
12 général vers Zenica et le Père Stephan, qui était le leader
13 de la communauté croate à Zenica et que j’ai eu l’occasion
14 de rencontrer à plusieurs reprises, m’a dit… et je me suis
15 rendue à Zenica moi-même pour vérifier s’ils avaient de
16 quoi manger et de quoi se vêtir et les compter et j’ai
17 appris qu’au moins deux membres de cette communauté de
18 Santici n’ont pas réussi à s’enfuir. J’ai vu leurs corps
19 et c’était la première fois que j’ai eu à faire face à des
20 crimes de guerre.
21 Me NICE (interprétation) : Vous avez utilisé le
22 mot de « Mujahedins ». Est-ce que vous pouvez peut-être
23 nous donner votre définition de cette notion, enfin, pour
24 ce qui est du moins de votre utilisation de ce terme ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Avant de venir dans
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1 la poche de Vitez, je ne savais pas de quoi avaient l’air
2 les Mujahedins et je ne savais pas quelles étaient leurs
3 convictions. Mais quand je suis venue dans la poche de
4 Vitez, j’ai lu le Koran pour comprendre un peu quelles
5 étaient leur foi et leurs convictions, pour essayer donc de
6 voir un peu de l’intérieur ce qui se passait dans cette
7 poche et ailleurs. Il s’agit d’une guerre sainte.
8 Quand j’ai vu les Mujahedins et les corps des
9 Mujahedins, j’ai vu qu’ils ne respectaient la vie de
10 personne, pas plus celle des autres que leur propre vie et
11 ils ne consacraient aucune attention ni aux autres ni à
12 soi-même et les Croates avaient très peur de ces gens-là.
13 Me NICE (interprétation) : Est-ce que vous utilisez
14 ce terme pour définir la provenance de quelqu’un ou pour
15 définir… les origines (se reprend l’interprète) de quelqu’un
16 ou alors pour définir ce qu’il fait et ses convictions ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : J’utilise le terme
18 de « Mujahedins » parce que ce terme avait été utilisé par
19 les leaders de l’armée de la Bosnie-Herzégovine. Concrètement
20 parlant, Monsieur Mehmed Alagic, il les avait décrits.
21 Notamment, il y avait deux brigades de Mujahedins,
22 l’une basée à Travnik et sans même regarder dans mes notes,
23 je pense qu’il s’agissait de la 37e brigade. Ils n’étaient
24 pas aussi fondamentalistes que la 7e brigade de montagne
25 qui se trouvait dans la base qui se trouvait derrière le
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1 monastère Guca Gora.
2 Ils n’appartenaient pas à la population locale et
3 ils avaient un teint plus foncé. Je crois qu’ils venaient
4 de quelques pays africains. Ils ne parlaient pas la langue
5 du pays ou du moins ne la parlaient pas bien. Ils se
6 déplaçaient ensemble et ils étaient protégés par différents
7 imams de la région.
8 Je savais, en outre, qu’ils étaient Mujahedins
9 parce qu’ils avaient ces caractéristiques-là et je crois
10 que les Croates et les musulmans aussi bien les appelaient
11 de la même façon.
12 Me NICE (interprétation) : Je vous remercie.
13 Nous pourrions peut-être revenir maintenant aux paragraphes
14 17 à 20 où on m’a dit que je pourrais vous poser des
15 questions, vous guider au travers des paragraphes. Je
16 crois que, Madame Z, nous pourrions traverser ces
17 paragraphes d’une façon relativement rapide.
18 En date du 6 janvier 1994, est-ce que vous avez effectué une
19 visite à une fosse commune de Dubravica pour laquelle le HVO
20 avait dit qu’il s’agissait de crimes commis par les musulmans
21 de Bosnie en affirmant qu’il s’y trouvait 27 cadavres ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
23 Me NICE (interprétation) : Compte tenu du fait
24 qu’il y a une limite temporelle à notre interrogatoire et
25 qu’il y a eu un bref cessez-le-feu, il s’est avéré que
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1 seulement huit cadavres ont pu être exhumés et cela était
2 des cadavres d’hommes en âge de faire leur service
3 militaire qui se trouvaient donc vêtus d’uniformes, du moins
4 pour ce qui est de certains éléments de vêtements, enfin ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Les cadavres étaient
6 en phase de décomposition. Ils étaient enterrés là depuis
7 un mois et ils se trouvaient près d’un garage à Pocurica.
8 C’est dans des sites pareils que l’on abandonnait les corps
9 des personnes qui avaient été tuées.
10 Avec le commandant du bataillon britannique, nous
11 nous sommes rendus là-bas. C’était un cessez-le-feu mais
12 la situation n’était pas de nature à nous mettre à l’aise
13 et je crois que je puis vous confirmer que j’avais été là-
14 bas. J’ai regardé pendant qu’ils exhumaient. Ils avaient
15 sorti huit cadavres au moins et nous vérifions là-bas, nous
16 marquions les corps et je voulais être sûre qu’ils
17 n’avaient pas été maltraités mais qu’ils avaient été
18 victimes par tirs de fusils.
19 Me NICE (interprétation) : Je crois que pour ce qui est de ces
20 huit cadavres, vous n’avez rien constaté pour ce qui est donc
21 des causes de décès qui n’auraient rien à voir avec la
22 guerre. Donc, on n’a rien pu trouver des crimes, des
23 atrocités alléguées par l’armée de la Bosnie-Herzégovine ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est cela. Nous
25 n’avons rien trouvé pour ce qui est de tortures éventuelles
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1 qui avaient été avancées par les gens du HVO.
2 Me NICE (interprétation) : Et suite à cela, est- ce que vous
3 avez pu établir des échanges, mettre en place des échanges de corps
4 entre le HVO et l’armée de la Bosnie- Herzégovine ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est cela.
6 Me NICE (interprétation) : Et à la mi-janvier
7 1994, est-ce que le Général Alagic de l’armée de la Bosnie-
8 Herzégovine a fait appel à vous pour que vous fassiez une
9 enquête au niveau de certaines informations qu’il avait en
10 sa possession et aux termes desquelles des soldats, cinq ou
11 six soldats avaient été torturés ?
12 Vous avez, par la suite, examiné cinq cadavres
13 présentés par le HVO dans une école de Vitez, en présence
14 de deux personnes : le Capitaine Yorke et Monsieur Fred
15 Schroeder. Ensuite, Nikica Petrovic du HVO vous a dit que
16 les cartes d’identité personnelles seraient mises sur
17 chaque corps pour pouvoir identifier les cadavres.
18 Est-ce qu’il est exact que de ce côté-là, vous
19 aviez pu conclure que les victimes avaient des blessures
20 par armes à feu et qu’il vous a été difficile d’identifier
21 les visages et vous ne pouviez que croire aux dires de
22 Monsieur Nikica Petrovic pour ce qui est des cartes
23 d’identité correspondant aux corps ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
25 Nous sommes partis vendredi…
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1 Me NICE (interprétation) : Mais si cela est
2 exact, juste confirmez-le.
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, ce que vous
4 avez dit est exact.
5 Me NICE (interprétation) : Mais si j’omets
6 quelque chose, vous pouvez me compléter. Mais je voudrais
7 juste que vous me confirmiez l’exactitude de ce qui est dit
8 dans le paragraphe suivant.
9 Il n’a pas été possible de faire venir un
10 pathologiste et on a conclu que ces blessures par armes à
11 feu n’avaient rien d’inhabituel, il n’y avait pas de signe
12 de torture et cela a été expliqué au Général Alagic et par
13 la suite, il a accepté de prendre part à cet échange de
14 corps ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, cela est exact.
16 Me NICE (interprétation) : Concernant ces échanges, ils
17 avaient été fixés pour le 1er février de l’année 1994 ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
19 Me NICE (interprétation) : On vous avait dit que
20 les cadavres produits par l’armée de la Bosnie-Herzégovine
21 avaient fait l’objet de tortures, comme il s’en doutait.
22 Alors, est-ce que vous pouvez nous dire si vous avez vous-
23 même vu les cadavres dans la mosquée de Pocurica ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Le Général Alagic
25 avait affirmé qu’il y avait eu des tortures mais les
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1 cadavres que moi j’ai vus ne portaient pas de trace de torture.
2 En date du 4 février, lorsque je suis allée dans la mosquée de
3 Pocurica, j’y ai vu cinq cadavres qui avaient été massacrés dans
4 une mesure importante mais cela n’était pas les mêmes cadavres
5 que ceux que j’avais vus au niveau de l’école.
6 La raison pour laquelle je me suis rendue à Pocurica a été
7 la suivante : C’était des cadavres de là- bas et c’était
8 des cadavres restitués à leurs familles respectives.
9 Me NICE (interprétation) : Mais qui vous avait
10 trompée dans ces faits ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Bien, on m’avait
12 induite dans l’erreur cette fois-là uniquement.
13 Me NICE (interprétation) : Vous avez donc
14 découvert qu’il s’agissait d’autres cadavres ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, cela est exact.
16 Me NICE (interprétation) : Vous avez vu huit
17 cadavres sur 27 dans cette fosse commune ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Il y avait 27
19 cadavres dans la fosse commune et il s’agissait d’un
20 échange de cadavres en date du vendredi. Mais il a fait
21 très froid, il y avait des équipes de télévision et je me
22 trouvais entre l’équipe de la BBC et d’autres. J’étais
23 entre l’armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO et je ne
24 pouvais pas circuler autour et nous voulions procéder à cet
25 échange de cadavres au plus vite, le plus vite possible.
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1 Je crois que cela avait été une erreur.
2 Me NICE (interprétation) : Est-ce que vous avez
3 essayé d’enquêter sur les causes des décès dans les
4 semaines qui ont suivi et quelle avait été la position de
5 Messieurs Petrovic et Alagic à ce sujet ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Je crois que Alagic
7 m’avait dit de me rendre là-bas pour voir les cinq cadavres
8 avant les échanges parce qu’il avait été informé lui par
9 certaines personnes qui avaient vu ces cadavres que cela
10 avait été utilisé à des fins de propagande à la télévision
11 croate. J’étais près de Poculica et nous avons pris
12 l’équipe de télévision. Ils étaient plus haut dans la
13 vallée et on avait vu la télévision parader avec ces cadavres.
14 Alors, dans les cinq semaines qui ont suivi, j’ai
15 demandé à m’entretenir avec quelqu’un au niveau de ces
16 assertions et je me suis même rendue à l’hôtel de Vitez
17 pour voir le metteur en scène de télévision qui travaillait
18 pour Martin Bell à l’époque et j’ai demandé ces films.
19 Me NICE (interprétation) : Vous avez eu du succès ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
21 Me NICE (interprétation) : Quelle avait été
22 l’attitude de Petkovic ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Petkovic a dit que Alagic avait
24 repris les corps et j’ai vu que je ne pourrais rien faire à ce
25 sujet. J’avais dépensé cinq semaines et je n’étais pas disposée
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1 à mettre encore plusieurs semaines à le faire.
2 Me NICE (interprétation) : Nous avons encore
3 plusieurs documents à vous soumettre. Nous pouvons les
4 faire distribuer et faire remettre un exemplaire au témoin.
5 Je souhaiterais que ce document soit placé sous
6 scellé. Nous n’allons, bien entendu, pas les placer sur le
7 rétroprojecteur pour des raisons évidentes et il ne nous
8 faudra pas beaucoup de temps pour traiter de ces documents
9 et le témoin va disposer de ces documents devant elle.
10 Paragraphe 10 : Vous avez rencontré Kordic.
11 Pouvez-vous nous dire quand vous l’avez rencontré pour la
12 première fois et comment ça s’est passé ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Je l’ai rencontré
14 pour la première fois le 16 février dans ce qu’on m’a écrit
15 comme sa Daca à Busovaca. J’y suis allée avec mon patron,
16 Monsieur William Stutt, mon interprète, et je suis allée le
17 voir parce qu’on m’en avait donné l’instruction. On
18 m’avait dit d’aller le voir, d’aller m’entretenir avec lui
19 au sujet d’une affaire dont je m’occupais. Donc, j’ai pris
20 rendez-vous avec lui et j’y suis allée.
21 Me NICE (interprétation) : Donc, maintenant,
22 examinons les documents qui vous ont été présentés. Le
23 premier document, qui porte la cote Z1362.1, et le deuxième
24 document, Z1364.2, ainsi que le troisième, Z1375.1. Ces
25 trois documents, donc, ont trait aux questions que nous
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1 venons d’évoquer, les cadavres.
2 Puisqu’il a été possible pour moi de guider vos
3 réponses dans ce cadre et que ceci ne fait pas l’objet de
4 contestation, nous allons demander le versement au dossier
5 de ces documents sans entrer dans les détails à leur sujet.
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
7 Me NICE (interprétation) : Maintenant, nous en
8 arrivons à votre première rencontre le 16 février 1994 et
9 pour cela, nous allons examiner la pièce à conviction
10 suivante, Z-1377. À la deuxième page de cette pièce et au
11 dernier paragraphe de texte, quel était l’objet de votre
12 réunion à la Daca de Kordic ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Je voulais
14 rencontrer Monsieur Kordic parce que je m’efforçais de
15 faire sortir l’imam de Busovaca de Busovaca. On m’avait
16 donné ce dossier à traiter. J’avais été le voir à
17 plusieurs reprises. C’était un homme dont la famille était
18 intimidée, il avait faim et il était, si l’on peut dire,
19 assigné à résidence. L’imam avait très peur. Il était
20 très préoccupé par le sort des membres de sa famille qui
21 avaient été intimidés, harcelés, insultés. On avait fait
22 sauter sa mosquée. Il voulait quitter la zone.
23 J’ai demandé à Monsieur Kordic, lorsqu’est venu
24 mon tour de parler, je lui ai demandé s’il me permettrait
25 de passer afin de faire sortir l’imam de Busovaca.
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1 Me NICE (interprétation) : J’ai quelques questions.
2 Je souhaiterais que vous y répondiez en bloc mais rapidement.
3 Quand il vous a reçue, était-il seul ou avec
4 quelqu’un d’autre ? Quel était son comportement et que
5 vous a-t-il dit au sujet de l’imam ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Quand je suis
7 arrivée à la fameuse Daca à Busovaca, j’ai été accueillie
8 par six ou sept hommes aux cheveux courts et aux uniformes
9 verts pâles. Ils avaient des AK-47 et des pistolets. Ils
10 portaient des pistolets. Ils ont fait sortir moi-même et
11 Monsieur Stutt du véhicule très vite et ensuite, ils m’ont
12 fait entrer à l’intérieur où j’ai été présentée à Monsieur
13 Kordic. Il a été plutôt menaçait et il s’est comporté
14 comme un caïd et je me suis sentie assez intimidée.
15 Me NICE (interprétation) : Sa réponse ou son
16 attitude au sujet du problème relatif à l’imam quand, comme
17 vous le dites, est venu votre tour de parler ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Il était très dédaigneux
19 et il s’est presque amusé de ma demande, comme si je venais
20 de poser la question la plus stupide qu’on puisse imaginer.
21 Il n’était pas prêt à m’aider et il m’a expliqué pourquoi.
22 Son explication ne tenait pas vraiment debout.
23 Ensuite, on m’a fait sortir en bonne et due forme. Mais j’ai
24 refusé d’être traitée ainsi et donc, j’ai reposé ma question.
25 Mais il a fini par dire qu’il ne voyait pas pourquoi il
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1 répondrait à ma demande puisqu’il était pragmatique.
2 Me NICE (interprétation) : Ceci est résumé à la
3 pièce 1377, à la deuxième page, au paragraphe qui commence
4 par les mots : « Pendant une visite à Dario Kordic… »
5 Passons maintenant au document suivant, au document qui
6 porte la cote 1378.1. C’est un document qui traite de la
7 même rencontre, n’est-ce pas, au point 4(VI) ou bien est-ce
8 qu’il s’agit d’une autre rencontre, un autre jour ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Dans le document
10 1378.1, on parle du fait que je me suis rendue le lendemain
11 de ma rencontre avec Monsieur Kordic pour dire à l’imam ce
12 qui s’était passé parce que je lui avais promis de le faire.
13 Me NICE (interprétation) : Donc, vous êtes toujours restée
14 dans la même impasse ? L’imam vous a renouvelé sa demande ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Je me suis excusée
16 auprès de l’imam. Je lui ai dit que je n’étais pas venue
17 pour lui permettre à lui et à sa famille de partir et il en
18 a été désolé mais je lui ai dit que je n’avais pas
19 abandonné sa cause et que je reverrais Monsieur Kordic
20 aussi vite que possible, dès qu’il reviendrait dans la
21 poche et dès que j’aurais le temps d’aller le voir.
22 Me NICE (interprétation) : Le document suivant,
23 document portant la cote 1381.1, traitant du 19 février
24 1994, on peut y lire au point 4(VI) que vous avez organisé
25 une rencontre avec Dario Kordic pour lundi 21 février ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
2 Me NICE (interprétation) : À l’époque, où était-
3 il ? Le saviez-vous ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. L’officier de
5 liaison à l’Hôtel Vitez m’a simplement dit que Monsieur
6 Kordic n’était pas actuellement dans la poche.
7 Me NICE (interprétation) : Et dans la « poche », entendez-
8 vous par là l’ensemble de la poche encerclée par d’autres forces
9 ou est-ce que vous entendiez par là une autre zone ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, désolée. La
11 zone de Vitez, de Busovaca et la zone vers Travnik qui
12 était encerclée c’était connu à l’époque sous le terme de
13 la « poche » de Vitez.
14 Me NICE (interprétation) : Donc, il était sorti
15 de la poche ? Donc, il était parvenu à sortir d’une façon
16 ou d’une autre de cet endroit ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
18 Me NICE (interprétation) : Document suivant,
19 Z1386.1 : Ici, je crois que vous pouvez nous donner
20 quelques informations au sujet d’hélicoptères, nous donner
21 des informations d’ailleurs assez détaillées, et vous
22 pourrez aussi peut-être nous parler d’une visite à Monsieur
23 Kordic le 21 février.
24 Le 21 février, est-ce que vous avez pris des notes
25 de cette réunion ou non ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Il semble que
2 j’ai perdu mes notes relatives à cette journée du 21
3 février mais j’y ai fait référence le 23 février, qui est
4 également une des pièces à conviction.
5 Me NICE (interprétation) : Mais procédons par
6 ordre. Est-ce que vous êtes allée le voir le 21 février
7 comme nous le voyons dans le document suivant : 1386.2 ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
9 Me NICE (interprétation) : Et le 21, quelle était son attitude ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Quand je suis allée
11 le voir le 16, comme je l’ai déjà dit, il était très
12 menaçant. Il était assez agressif envers moi. Quand je
13 suis retournée le voir le 21, il était extrêmement
14 guilleret, joyeux. Je ne comprenais pas bien ce qui se
15 passait mais en tout cas, j’étais très satisfaite de voir
16 que son attitude avait changé. Mais pour autant, il n’a
17 pas répondu à ma question au sujet de l’imam.
18 Me NICE (interprétation) : À ce moment-là, êtes- vous parvenue
19 à déterminer pourquoi il avait changé d’attitude ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Je n’en avais aucune idée.
21 Me NICE (interprétation) : Mais en temps utile,
22 vous êtes parvenue à trouver une réponse à cette question.
23 Nous y viendrons en temps utile.
24 Mais comme vous nous le rappelez tout à fait
25 justement, c’est dans votre rapport du 23 février 1994 au
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1 point 2, « Situation politique », que vous parlez de la
2 réunion du 21 avec Kordic, l’ECMM et la FORPRONU. Est-ce
3 bien exact ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
5 Me NICE (interprétation) : Nous avons donc
6 maintenant parlé de cette réunion et nous allons maintenant
7 revenir au document 1386.1. Nous allons revenir à un
8 événement qui s’est produit, je crois, le 22 février. Il
9 s’agissait d’un hélicoptère.
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Voulez-vous que je
11 raconte ce qui s’est passé ?
12 Me NICE (interprétation) : Oui.
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Dans le cadre de mes
14 fonctions d’observateur dans la poche de Vitez, je devais
15 aller voir aussi bien les Croates que les musulmans et
16 j’essayais de le faire avec autant d’impartialité que possible.
17 L’une des zones qui relevaient de mes
18 responsabilités c’était l’église de Nova Bila dans la zone
19 de Nova Bila. L’église avait été transformée en hôpital de
20 campagne parce que les Croates ne pouvaient pas accéder, ne
21 pouvaient pas utiliser un hôpital dans la poche de Vitez.
22 Les deux hôpitaux qui s’y trouvaient…
23 (l’interprète se reprend) les deux hôpitaux se trouvaient
24 ailleurs dans la région, à Travnik et à Zenica. Donc, ils
25 ont dû faire du mieux qu’ils pouvaient. Ils ont pris une
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1 église qu’ils ont transformée en hôpital à Nova Bila.
2 Ils étaient encerclés. Ils subissaient sans cesse
3 les tirs de tireurs embusqués, aussi bien Serbes que
4 musulmans. De ce fait, les victimes à l’hôpital de Nova
5 Bila étaient incroyables et je n’en croyais pas mes yeux
6 quand j’ai vu cela.
7 Quand je suis revenue la deuxième fois, j’ai vu
8 que certains blessés avaient disparu. J’ai pensé tout
9 d’abord qu’ils étaient décédés mais quand je me suis
10 entretenue avec le prêtre franciscain qui dirigeait
11 l’hôpital, quand j’ai appris à le connaître un peu mieux,
12 il m’a dit qu’il y avait une rotation, qu’on avait déplacé
13 les blessés. Je lui ai demandé de quoi il s’agissait et il
14 m’a dit que les hélicoptères venaient la nuit et qu’ils
15 emmenaient les blessés si ceux-ci étaient prêts à partir.
16 Vers le 20 février, j’ai su que mon observateur
17 chargé des mouvements aériens avait été approché par une
18 infirmière britannique du nom de Sally Baker qui voulait
19 entrer de force à Nova Bila pour prendre les enfants
20 blessés à l’hôpital de Nova Bila pour les récupérer mais
21 elle n’a pas pu passer et arriver par la route du fait des
22 combats qui faisaient rage c’était hors de question.
23 J’ai ensuite appris, une fois que cette
24 information m’a été donnée par l’observateur chargé des
25 mouvements aériens, que Sally Baker finalement était
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1 parvenue dans la zone en hélicoptère, dans un hélicoptère
2 M18, un hélicoptère russe. Elle est donc arrivée à la
3 carrière de Vitez. C’était un lieu d’atterrissage bien
4 connu pour ces hélicoptères. Elle était parvenue à
5 récupérer un certain nombre d’enfants blessés et ensuite,
6 elle était repartie avec eux.
7 En même temps qu’elle, des docteurs croates sont
8 également arrivés à l’hôpital de Nova Bila. Je les ai vus
9 et j’ai effectivement remarqué que des soldats et puis
10 également des enfants n’étaient plus à l’hôpital.
11 Donc, j’étais consciente du fait qu’il y avait des mouvements
12 d’hélicoptères et ceci m’a été confirmé par cet incident précis.
13 Me NICE (interprétation) : Saviez-vous comment Kordic,
14 s’il sortait de la poche, y revenait à ce moment-là ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne l’ai jamais vu
16 moi-même partir ou revenir mais le simple fait que ces
17 hélicoptères existaient, qu’ils faisaient des voyages et
18 qu’il était impossible d’utiliser les routes pour des gens
19 de l’importance de Kordic, si l’on peut les qualifier
20 ainsi, eh bien, l’hélicoptère, c’était la seule façon de
21 sortir. Comme je l’ai dit, tout le monde savait bien sur
22 place, tous les gens qui habitaient dans la poche de Vitez,
23 que l’hélicoptère c’était le seul moyen de transport fiable
24 pour entrer et pour sortir de la poche.
25 Me NICE (interprétation) : Document suivant,
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1 1387.1, en date du 28 février, deuxième page, point 4,
2 « Activités humanitaires ». On y voit que votre équipe est
3 allée voir l’imam principal de Zenica et que la visite a
4 été couronnée plus ou moins de succès mais il a fallu que
5 vous obteniez l’accord de Kordic pour aller sur place ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact. Moi, j’ai eu
7 le sentiment quand j’ai rencontré Monsieur Kordic pour la
8 première fois qu’il n’accepterait que je fasse sortir l’imam
9 de Busovaca, s’il décidait de le faire, donc, qu’il n’accepterait
10 de le faire que si j’avais une monnaie d’échange.
11 Ma « monnaie d’échange » c’était le prêtre Stefan
12 de Zenica, le prêtre croate que je m’apprêtais à faire
13 entrer dans la poche de Vitez afin qu’il puisse voir,
14 rencontrer les gens sur place et j’avais l’intention de
15 faire sortir l’imam de Busovaca de la poche de Vitez pour
16 l’amener à Zenica.
17 Me NICE (interprétation) : Quand avez-vous
18 rencontré Kordic ensuite ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : À la mi-mars, mais
20 ce n’était pas une réunion au cours de laquelle je jouais
21 un rôle important. Je me suis contentée de prendre des notes.
22 Me NICE (interprétation) : Je vous prie de nous
23 en parler malgré tout, même si vous ne vous souvenez pas
24 beaucoup de ce qui s’est passé… (l’interprète se reprend)
25 essayez de vous souvenir de ce qui s’est passé.
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : La situation avait
2 évolué depuis février et l’atmosphère avait changé dans la
3 poche, notamment au sein de l’armée de Bosnie-Herzégovine
4 mais il semblait qu’il y avait une certaine résistance de
5 la part de Monsieur Kordic et de Monsieur Alagic.
6 Donc, je suis allée à une réunion à Busovaca avec
7 Sir Martin Garrod, le chef du centre de coordination de
8 Zenica, l’ECMM, Nick Turnbull, qui avait pris ses fonctions
9 au début décembre. Nous avons essayé de parler avec
10 Monsieur Kordic au sujet des activités du HVO et de la
11 démilitarisation de la vallée de la Lasva et nous avons
12 essayé de faire intervenir ou de faire participer l’armée
13 de Bosnie-Herzégovine depuis Zenica-Travnik.
14 Monsieur Kordic ne voulait pas véritablement
15 participer à cette discussion et il était évident que c’est
16 lui qui dirigeait, qui commandait dans la poche de Vitez.
17 Tout passait par lui.
18 Ensuite, j’ai écrit ce qu’il a dit parce que
19 c’était moi qui étais chargée de prendre des notes et il a
20 dit que le moment n’était pas encore venu pour discuter.
21 C’est tout. Fin de la discussion.
22 Me NICE (interprétation) : Vous l’avez donc
23 rencontré à ce moment-là. Qui l’accompagnait ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Eh bien, il n’était
25 pas accompagné de ses complices politiques. Il était seul
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1 mais il était entouré cependant de militaires. Disons
2 qu’ils avaient l’air militaire parce que c’était des types
3 assez costauds, armés jusqu’aux dents, les cheveux courts
4 et qui étaient, cela paraissait évident, ses gardes du
5 corps parce qu’ils sortaient de la pièce dès que Kordic
6 faisait un mouvement.
7 Me NICE (interprétation) : Dans ces discussions
8 avec des gens d’un très haut niveau de votre côté, est-ce
9 qu’il lui était nécessaire avant de prendre des décisions
10 d’en référer à un supérieur, de téléphoner à qui que ce soit ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Il y avait peu
12 de lignes téléphoniques qui fonctionnaient à l’époque.
13 Dans la poche de Vitez, on était assez coupé du reste de la
14 Bosnie centrale occidentale. Mais il a dit qu’il n’était
15 pas prêt à prendre aucune décision de haut niveau sans tout
16 d’abord en référer à des supérieurs à un très haut niveau.
17 Il n’a jamais dit leurs noms mais il en a parlé. Il a fait
18 allusion à eux de manière générale.
19 Me NICE (interprétation) : Et ces négociations, ces tentatives
20 de négociations, comment se sont-elles conclues ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Vous parlez de
22 celles qui ont eu lieu à la mi-mars ?
23 Me NICE (interprétation) : Oui.
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Elles n’ont pas été
25 couronnées de succès. Elles n’ont mené à rien.
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1 Me NICE (interprétation) : Cette rencontre de la
2 mi-mars, comment Kordic s’est-il présenté, sous quel titre ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Bien, il s’est
4 présenté comme étant un homme politique responsable de la
5 Herceg-Bosna dans la poche de Vitez et colonel du HVO.
6 Me NICE (interprétation) : Était-ce la première
7 fois qu’il se décrivait comme étant colonel du HVO ou est-
8 ce que ça s’était produit auparavant ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était la première fois, en
10 effet, mais j’avais déjà entendu d’autres personnes parler
11 de lui de cette façon dans la poche, des personnes que
12 je rencontrais dans le cadre de mes activités professionnelles.
13 Me NICE (interprétation) : S’agit-il de la
14 dernière fois que vous ayez rencontré Monsieur Kordic ou
15 l’avez-vous rencontré ultérieurement ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était la dernière fois.
17 Me NICE (interprétation) : Afin que nous soyons exhaustifs,
18 est-il exact que vous avez vu Blaskic à plusieurs reprises ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
20 Me NICE (interprétation) : À partir de quand et
21 quelle a été la date de votre dernière rencontre ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : La première fois que
23 je l’ai vu, le Commandant Blaskic, c’était à la télévision
24 le 3 février… (l’interprète se reprend) le 3 janvier et il
25 se trouvait devant le dépôt de munitions de la poche de
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1 Vitez. Ensuite, je l’ai rencontré à deux reprises
2 ultérieurement, en janvier ou en février à peu près.
3 Me NICE (interprétation) : Parlons tout d’abord
4 de cette émission de télévision. Qu’est-ce qu’il a dit
5 dans le cadre de ce reportage ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Comme vous l’avez
7 dit très justement précédemment, la poche de Vitez était
8 encerclée par des troupes de l’armée de Bosnie-Herzégovine
9 et le Commandant Blaskic, même s’il était le commandant de
10 la Bosnie centrale, il avait piégé une usine de munitions
11 de Vitez avec des explosifs.
12 Il est allé à la télévision pour provoquer le
13 Général Alagic. Me semble-t-il, il l’a menacé de faire
14 sauter l’usine d’armements si les musulmans attaquaient la
15 poche de Vitez et il a montré à la télévision la façon dont
16 tout avait été préparé dans l’usine de munitions, le TNT
17 qui avait été placé là pour faire sauter l’usine.
18 Je ne l’ai pas vu moi-même. On m’a communiqué
19 cette information mais je l’ai vu à la télévision le 3
20 janvier. Il était devant cette usine de munitions et il
21 avait l’air très fatigué.
22 Me NICE (interprétation) : Vous avez parlé, je
23 crois, de Ivica Saric, ex-président de Travnik et président
24 du HVO, de la commission des échanges, et vous nous avez
25 dit qu’il avait dit que les gens étaient très fatigués, que
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1 c’était un facteur qui avait beaucoup d’importance ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Monsieur Ivica
3 Saric, ex-président de Travnik, du gouvernement de Travnik,
4 se trouvait alors près de l’Hôtel Vitez ou il se cachait,
5 près de l’Hôtel Vitez. À mon avis, c’était quelqu’un de
6 très bien, un homme éduqué et il m’a dit que le Commandant
7 Blaskic était quelqu’un qui était épuisé. Il m’a dit que
8 le fait qu’il se soit ainsi montré à la télévision c’était
9 un exemple d’action ou d’acte complètement irrationnel qui
10 était dû à son épuisement.
11 Me NICE (interprétation) : Vous avez donc vu
12 Blaskic deux fois. Quel type d’uniforme portait-il et
13 portait-il des galons et que vous a-t-il dit au sujet de
14 ces galons s’il vous a dit quoi que ce soit ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Lorsque je l’ai vu, le Commandant
16 Blaskic portait une tenue, un uniforme de camouflage. Sur le bras
17 droit, il portait un écusson où on pouvait lire « HVO », l’armée
18 croate. Il ne portait aucun galon qui indiquait son grade. Il ne
19 portait rien qui puisse indiquer quel était son grade.
20 Lorsque je lui ai demandé quel était son grade, il
21 m’a dit que c’était trop tôt pour qu’on ait des grades dans
22 l’armée croate et que l’armée croate n’avait pas encore
23 décidé quels seraient les grades qui seraient attribués à
24 chacun et que cela se ferait ultérieurement.
25 Me NICE (interprétation) : Globalement, que pensez-vous de l’attitude
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1 de Kordic ? Si cela vous paraît nécessaire, comparez-la à Blaskic.
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Si on compare à
3 Blaskic, l’attitude de Kordic était l’attitude d’un caïd,
4 de quelqu’un qui était tout à fait peu professionnel, menaçant.
5 Me NICE (interprétation) : Et Blaskic ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Blaskic était professionnel. Il
7 répondait honnêtement aux questions qu’on lui posait directement.
8 Il souhaitait que l’ECMM ne coure aucun danger. Il se préoccupait
9 sans cesse de notre sécurité et je lui en suis très reconnaissante.
10 Me NICE (interprétation) : Les deux derniers
11 documents maintenant et deux questions encore.
12 Document Z1393.1 : Vous nous avez parlé de la
13 question des hélicoptères Médivac pour l’évacuation des
14 blessés. Ici, on parle du 11 mars. Pouvez-vous nous
15 donner des informations à ce sujet ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Comme je vous l’ai déjà dit, le seul
17 hôpital de campagne qui se trouvait à Nova Bila comptait des patients
18 qui étaient très gravement blessés ou très gravement malades, jeunes
19 comme vieux. À ce moment-là, vers le 9 mars, j’ai été contactée
20 par l’observateur chargé des mouvements aériens à Split et il
21 m’a demandé de préparer l’arrivée de l’hélicoptère MI8 de
22 basa Divulje jusqu’à l’hôpital de Nova Bila. Donc, je me
23 suis préparée ce jour-là, le 11 mars…
24 Me NICE (interprétation) : Donc, c’était des
25 hélicoptères qui venaient de l’État de Croatie ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Ils venaient
2 de Croatie jusqu’en Bosnie, l’endroit où je me trouvais.
3 Me NICE (interprétation) : Oui.
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Au moment où les
5 hélicoptères devaient arriver, je les ai vu voler vers
6 l’hôpital mais j’ai remarqué qu’ils perdaient de l’altitude
7 beaucoup trop rapidement et je me suis rendu compte qu’ils
8 ne s’apprêtaient pas à atterrir là où je me trouvais à les
9 attendre avec mon véhicule. Donc, je n’ai eu aucune idée
10 de l’endroit où ils souhaitaient atterrir. Je les ai
11 suivis et ensuite, je les ai retrouvés dans la cour de
12 l’école à peu près à un kilomètre de l’endroit où je les
13 avais attendus initialement dans mon véhicule.
14 J’ai contacté l’officier G5 du bataillon britannique, le
15 Capitaine York. Je l’ai contacté par radio et je lui ai demandé
16 de trouver les coordonnées parce que je pensais qu’il allait
17 se passer quelque chose de pas très catholique et très rapidement,
18 le Capitaine York est arrivé à cet endroit où je me trouvais
19 puisque je lui avais donné mes coordonnées. Il est arrivé
20 en Land Rover. Il était accompagné d’un Warrior, d’un véhicule
21 de transport de troupes blindé.
22 Nous sommes donc arrivés à temps pour voir
23 l’hélicoptère se poser et nous avons remarqué qu’environ 20
24 soldats sont descendus de ce MI8, de cet hélicoptère MI8,
25 des soldats qui avaient des uniformes flambants neufs, qui
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1 portaient des sacs, des armes, des cartons. De ces
2 cartons, on voyait qu’il y avait de l’huile qui gouttait et
3 mon expérience militaire me permet de dire que sans doute
4 ces cartons contenaient des explosifs. Dans les sacs
5 qu’ils tenaient, nous pouvions entendre le bruit de
6 munitions qui cognaient l’une contre l’autre.
7 Ces soldats ont été accueillis comme des héros. J’ai demandé
8 à mon interprète d’écouter ce qu’ils disaient et elle m’a dit qu’
9 apparemment c’était des soldats qui venaient de Gornji Vakuf,
10 c’est-à-dire au sud de l’endroit où nous étions. Donc, j’ai
11 demandé au Capitaine Yorke de faire venir d’autres Warriors pour
12 encercler l’hélicoptère et l’empêcher de repartir.
13 Me NICE (interprétation) : Est-ce que c’est ce
14 qui s’est produit effectivement ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Très rapidement,
16 deux Warriors supplémentaires sont arrivés. Ils ont pointé
17 leurs canons sur les hélicoptères MI8. J’ai reconnu un des
18 pilotes. Je l’ai fait monter dans mon camion et je l’ai
19 amené au bataillon britannique. Il ne voulait pas monter
20 dans les véhicules du bataillon britannique. Je l’ai amené
21 à la salle d’opération du bataillon britannique pour
22 rencontrer le colonel du bataillon ainsi que le commandant
23 Filipovic qui se trouvait là également.
24 C’était pour moi la première fois que j’assistais
25 à l’atterrissage d’hélicoptères MI8 dans la poche de Vitez.
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1 La guerre, donc, était finie. Cela se passait en plein
2 jour et il m’a semblé qu’ils devenaient extrêmement sûrs
3 d’eux puisqu’ils savaient très bien que tout le monde
4 pouvait voir ce qu’ils faisaient et que j’étais là moi- même.
5 Me NICE (interprétation) : Donc, le vol qui
6 devait venir de Croatie pour évacuer des blessés a
7 apparemment fait l’objet d’un abus de la part de ces personnes ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact. Les observateurs de
9 mouvements aériens de Split ont permis à cet hélicoptère de décoller
10 et l’hélicoptère, quand il est arrivé à Nova Bila, n’était plus
11 vide, comme c’était le cas lorsqu’il a décollé. Il était plein
12 de soldats. Les soldats avaient été ramassés sur le trajet.
13 Nous ne savons pas exactement où mais nous estimons que c’est
14 sans doute à Poculica ou plutôt, je m’excuse, à Posusje.
15 Nous estimons que c’est là que les soldats sont montés dans l’
16 hélicoptère puisque les Croates avaient une base à cet endroit,
17 dans cette partie sud de la Bosnie.
18 Me NICE (interprétation) : Donc, c’était en venant depuis la Croatie ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. L’hélicoptère a quitté la Croatie
20 vide mais quand il est arrivé là où je me trouvais, il était plein.
21 Me NICE (interprétation) : Donc, nous en avons
22 fini du document 1393.1 et au point… (l’interprète se
23 reprend) ceci fait l’objet du document 1393.1 et au point
24 2, vous êtes en mesure de confirmer si les troupes ou les
25 passagers qui sont sortis de l’hélicoptère, d’où ils
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1 venaient. On peut trouver votre rapport au document 1393.2.
2 Nous remarquons au bas de la première page ou à la
3 fin du paragraphe 1 que la télévision croate a filmé
4 Monsieur Kordic alors qu’il revenait de Busovaca, à ce
5 moment-là, mais au point 2, vous traitez de questions
6 militaires et vous parlez de l’incident de l’hélicoptère
7 dont vous venez de nous parler.
8 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
9 Souhaitez-vous que je vous donne plus de détails ?
10 Me NICE (interprétation) : Non. Je pense que cela suffit. Mais
11 d’après ce que vous savez, les soldats ont été renvoyés à l’exception
12 de… seuls 19 d’entre eux sont repartis et non pas 18 ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Ce sont les 19 dont je parle.
14 Me NICE (interprétation) : En fait, 19 patients ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Dix-neuf patients.
16 J’en ai fait monter 19 dans l’hélicoptère et non pas 18
17 parce qu’il y en a un autre que j’ai finalement fait monter
18 dans l’hélicoptère.
19 Me NICE (interprétation) : Donc, cette opération d’évacuation
20 médicale a été couronnée de succès. Mais d’après ce que vous
21 savez, l’autre hélicoptère est reparti avec des soldats ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Voulez-vous des détails ?
23 Me NICE (interprétation) : Oui.
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Donc, il y avait un
25 hélicoptère qui avait été entouré par des Warriors. Il a
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1 été bloqué et le commandant Filipovic a insisté pour que
2 tous les soldats qui en étaient sortis soient ramenés d’où
3 ils venaient. Ceci s’est produit bien que ça ne figure pas
4 dans mon rapport. Ils ont été récupérés vers 6 h 00 ce
5 soir-là et on les a fait repartir d’où ils venaient en hélicoptère.
6 Moi, je devais rentrer chaque jour à 5 h 00 du
7 soir pour rédiger mon rapport et être rentrée avant le
8 couvre-feu. Mais finalement donc, ces soldats sont
9 retournés d’où ils venaient en hélicoptère mais en fait,
10 ils ne sont jamais arrivés à Split. On les a déposés à
11 Posusje où 20 autres les ont remplacés dans l’hélicoptère,
12 des hommes plus âgés. Ce n’est pas les mêmes que ceux qui
13 étaient descendus dans la poche de Vitez.
14 Donc, quand ils sont arrivés à Split où tout le
15 monde les attendait, ce n’était pas ceux qui étaient
16 descendus de l’hélicoptère le matin même devant moi. En
17 d’autres termes, ce petit jeu s’est poursuivi bien que nous
18 soyons parvenus à mettre à jour ce qui s’était produit.
19 Me NICE (interprétation) : Le paragraphe 22.
20 Souhaitez-vous que je poursuive ?
21 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Ça
22 dépend de combien de temps vous avez besoin.
23 Me NICE (interprétation) : De pas très longtemps.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Poursuivez.
25 Me NICE (interprétation) : Paragraphe 22 : Votre
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1 interprète vous a donc parlé d’une attaque sur le village
2 de Dusina en janvier 1993 ? Répondez par « Oui » ou par « Non ».
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
4 Me NICE (interprétation) : Et elle vous a dit ce qui lui est arrivé
5 à elle et à ses frères. Vous l’avez résumé dans le résumé ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
7 Me NICE (interprétation) : Est-ce que quelqu’un
8 vous a interrogée – vous en parlez au paragraphe 23 de
9 votre résumé – au sujet de l’enlèvement du mari de cette personne ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est elle qui m’en
11 a parlé. Elle ne m’a pas interrogée.
12 Me NICE (interprétation) : Vous l’avez interrogée ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je l’ai interrogée.
14 Me NICE (interprétation) : À combien de reprises ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : À plusieurs
16 reprises. Ça se passait le 1er janvier.
17 Me NICE (interprétation) : Et ceci avait trait aux Mujahedins ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
19 Me NICE (interprétation) : Bien ! Je ne vais pas aller plus loin.
20 C’est tout ce que je souhaite demander au témoin.
21 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Fort bien !
22 Nous allons maintenant suspendre l’audience.
23 Madame le Témoin Z, je vous serais reconnaissant
24 de revenir ici même dans ce prétoire à 14 h 30.
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, Monsieur.
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1 Suspension de l’audience à 13 h 05, Reprise de l’audience à 14 h 36
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Sayers, c’est à vous.
3 Me SAYERS (interprétation) : Merci, Monsieur le Président.
4 Me SAYERS (interprétation) : Bonjour, Témoin Z.
5 Je m’appelle Stephen Sayers et je suis l’un des conseils de
6 la Défense de Dario Kordic. Je vais essayer de faire en
7 sorte que vous puissiez partir aujourd’hui.
8 Madame, je crois que vous avez fait votre
9 déclaration le 11 et 12 février 1997 à Monsieur Carry Spork
10 du bureau du Procureur, n’est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
12 Me SAYERS (interprétation) : Et il s’agit d’un
13 récit assez détaillé. Est-ce que vous aviez des notes
14 prises à l’époque des faits sur la base, par exemple, d’un
15 certain journal ? Est-ce que vous avez revu cela avant de
16 parler avec les enquêteurs ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Dans une certaine mesure, oui.
18 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous avez
19 des notes prises à l’époque des faits concernant les trois
20 conversations dont vous avez parlé aux Juges avec Monsieur Kordic ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Les seules notes que
22 j’avais c’était les notes que j’ai prises au retour de la
23 journée que j’ai passée dans la poche de Vitez. Il
24 s’agissait de notes que je prenais tous les jours à peu près vers 4 h
25 30, 5 h 00 et donc, je me suis référée à ces notes.
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1 Me SAYERS (interprétation) : Bien ! Peut-être
2 là, vous êtes en train de parler des notes qui ont été
3 tapées à la machine par la suite et qui ont été versées au dossier ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : En fait, c’est moi-
5 même qui les ai écrites à l’époque, en 1994. C’est moi qui l’ai fait.
6 Me SAYERS (interprétation) : Donc, est-ce qu’il
7 serait exact de dire, Madame, que ces pièces à conviction,
8 ces notes que nous avons vues aujourd’hui représentent la
9 totalité des documents que vous avez écrits vous-même
10 concernant ces trois rencontres ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
12 Me SAYERS (interprétation) : Merci. En ce qui
13 concerne la déclaration que vous avez faite à Monsieur
14 Spork il y a deux ans et demi, est-ce que vous vous êtes
15 exprimé en vos propres mots ? Est-ce que c’est vos propres
16 paroles qui ont été notées ou bien les paroles de quelqu’un d’autre ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est moi-même qui ai choisi les termes
18 que j’ai utilisés et nous avons discuté pendant environ trois jours.
19 Me SAYERS (interprétation) : Et il serait exact de dire que vous
20 avez signé cette déclaration en tant qu’une représentation précise
21 de ce que vous avez dit aux enquêteurs vous-même ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
23 Me SAYERS (interprétation) : J’ai remarqué que
24 vous prononciez avec une certaine facilité les mots de la
25 langue croate. Est-ce que vous parlez cette langue ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
2 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous
3 étiez déjà capable de parler cette langue pendant que vous
4 étiez observateur de la MCCE entre décembre 1993 et juillet 1994 ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Lorsque je suis
6 allée en Croatie pour la première fois, je ne parlais pas
7 du tout la langue. Je l’ai apprise depuis et je ne parle
8 pas la langue croate très couramment. J’essaie.
9 Me SAYERS (interprétation) : Mais le fait reste
10 qu’à la fin de 1993 et au début de 1994, vous aviez besoin
11 d’un interprète afin de pouvoir discuter avec des gens sur
12 place, sur le terrain, n’est-ce pas ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact, absolument.
14 Me SAYERS (interprétation) : Je n’ai que quelques
15 questions générales pour être sûr que l’ordre chronologique
16 est bien établi. Si j’ai bien compris, votre première
17 mission en ex-Yougoslavie s’est déroulée entre août et
18 novembre et vous avez passé cette période surtout en
19 Croatie, dans la République de Croatie, n’est-ce pas ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : En fait, ma première mission a duré
21 un an et la première partie, je l’ai passée en tant qu’observateur
22 des mouvements aériens en Croatie entre août et novembre.
23 Me SAYERS (interprétation) : Et vous êtes allée à
24 Zenica pour la première fois le 5 novembre 1993 ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
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17 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact. En effet, j’ai
18 commencé à m’intéresser de plus en plus à ce qui se passait dans
19 la région et je suppose que c’est à cause de cet intérêt de mon
20 expérience que l’on m’a proposé de présider l’équipe qui était
21 à Vitez et l’on m’a avertie du fait que j’allais être la seule
22 femme dans cette région qui était très difficile. On m’a
23 donc proposé cette tâche et j’ai accepté.
24 Me SAYERS (interprétation) : On vous a posé
25 quelques questions à la fin de votre interrogatoire
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1 principal concernant les événements qui se sont produits à
2 Dusina en janvier 1993. Je souhaite simplement vous poser
3 quelques questions à ce sujet.
4 Monsieur le Président, je crois qu’il va falloir
5 passer à huis clos partiel si les Juges sont d’accord.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous faites cette demande ?
7 Me SAYERS (interprétation) : Oui.
8 [Huis clos partiel]
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11 Pages 11157 – 11160 expurgées. Audience à huis clos partiel.
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24 [Audience publique]
25 Me SAYERS (interprétation) : Merci, Madame. Je
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1 n’ai que quelques questions très générales concernant la
2 chaîne de commandement du HVO. D’après votre compréhension,
3 l’état-major du HVO se trouvait à Mostar, n’est-ce pas ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
5 Me SAYERS (interprétation) : Et d’après vous, le commandant en chef
6 des forces armées était en même temps le Président de la République
7 croate de Herceg-Bosna, un homme répondant au nom de Mate Boban ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Mais j’ai aussi compris
9 que son commandant en chef était le Président de Croatie.
10 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que lui-même, il vous a dit ça ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Je n’ai jamais
12 rencontré Monsieur Boban.
13 Me SAYERS (interprétation) : Et pendant que vous
14 vous étiez en Bosnie centrale, est-ce que vous savez qui
15 était le chef d’état-major de l’armée de Bosnie-
16 Herzégovine… (l’interprète se reprend) du HVO en Bosnie centrale ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : On m’a présenté le
18 Commandant Blaskic en tant que tel.
19 Me SAYERS (interprétation) : Moi, je souhaite
20 vous suggérer que le Commandant Blaskic, à l’époque, était
21 le commandant de la zone opérationnelle ou bien de la 3e
22 zone opérationnelle de Bosnie centrale et il était
23 responsable, un officier supérieur, pendant que vous étiez
24 en Bosnie centrale et le supérieur de Blaskic s’appelait
25 Ante Rosso. Est-ce que vous êtes d’accord ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Rosso, oui, effectivement.
2 Me SAYERS (interprétation) : Très bien. Et en ce
3 qui concerne le Colonel Blaskic, vous n’avez pas de doute
4 quant à la question de savoir s’il était le commandant de
5 toutes les forces militaires du HVO dans sa zone de responsabilité ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
7 Me SAYERS (interprétation) : Et lorsque l’on parle des échanges
8 de cadavres ou des échanges de blessés, vous vous mettiez en
9 contact avec les autorités militaires afin d’organiser cela ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : En fait, ceci s’est
11 passé plutôt de manière inverse, à l’inverse, c’est-à-dire
12 qu’eux ils savaient à chaque fois où il fallait faire des
13 choses, quand il fallait faire des choses. Donc, c’est eux
14 qui me contactaient et moi, j’allais tous les jours à
15 l’hôtel de Vitez afin de leur parler.
16 Me SAYERS (interprétation) : Très bien. Vous
17 avez parlé également du Colonel Blaskic, de ce qu’il vous a
18 dit concernant le système des grades au sein du HVO. Je
19 souhaite vous montrer un document et vous poser la question
20 de savoir si vous l’avez déjà vu ou bien entendu parler de
21 ce document pendant votre mission sur le terrain.
22 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Il s’agit du document D140/1.
23 Me SAYERS (interprétation) : Ce document a été
24 publié dans Narodni List de la HZ, Herceg-Bosna. Est-ce
25 que vous avez déjà entendu parler de cela ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : D’après la
2 traduction, c’est la liste populaire de l’Herceg-Bosna.
3 Non, je ne l’ai jamais vue jusqu’à présent. C’est la
4 première fois. Je vois que cela a été signé par Mate Boban.
5
6 Me SAYERS (interprétation) : Et le 3 juillet
7 1992… mais si vous n’avez jamais vu cela, il n’est pas
8 nécessaire de vous poser des questions à ce sujet. Donc,
9 nous passerons à autre chose.
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Très bien.
11 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous avez
12 eu l’occasion de rencontrer un certain Jadranko Prlic ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
14 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous
15 saviez que Jadranko Prlic était le Président du HVO avant
16 la création de la République croate de Herceg-Bosna ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, je ne le savais pas.
18 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous avez
19 eu l’occasion de parler avec l’un quelconque des trois
20 vice-présidents du HVO, Monsieur Stipo Ivankovic, Monsieur
21 Kresimir Zubak ou bien Monsieur Anto Valenta ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Je connais les noms
23 mais je ne les ai jamais rencontrés directement
24 personnellement. Je sais que Monsieur Zubak est une
25 personnalité politique en Croatie puisque j’ai vu ses
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1 affiches, il y a deux ans, pendant la campagne électorale.
2 Me SAYERS (interprétation) : Et saviez-vous que
3 Monsieur Zubak avait, en fait, signé les Accords de
4 Washington qui ont mis fin aux hostilités le 1er mars 1994
5 et il a signé en tant que représentant du peuple croate ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je le sais.
7 Me SAYERS (interprétation) : En Bosnie-
8 Herzégovine, bien entendu.
9 LE TÉMOIN (interprétation) : À la fin février 1994.
10 Il me semble vers le 25 février ou à peu près à cette date.
11 Me SAYERS (interprétation) : Je peux verser ce
12 document au dossier ou non suivant le cas mais d’après une
13 lettre en date du 3 mars 1994 du représentant permanent de
14 la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie aux Nations Unies,
15 au Secrétaire Général, on y fait référence à deux documents
16 signés à Washington le 1er mars 1994 qui sont connus sous
17 le nom d’Accords de Washington.
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
19 Me SAYERS (interprétation) : Signés par le
20 Premier Ministre de Bosnie-Herzégovine ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
22 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur Granic ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Monsieur Granic.
24 Me SAYERS (interprétation) : Et Monsieur Kresimir
25 Zubak, dirigeant de la délégation croate de Bosnie. Est-ce
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1 que ça vous rafraîchit la mémoire ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui parce que le cessez-le-feu
3 a été proclamé pour 12 h 00 le 25 février. Donc, c’est la conclusion
4 normale à en tirer. C’est ce qui en a suivi.
5 Me SAYERS (interprétation) : Avez-vous suivi la
6 genèse de ce qu’on a appelé le Plan Stoltenberg-Owen ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : En fait, j’ai eu beaucoup de mal
8 à comprendre de quoi il retournait. Je comprenais ce qu’il voulait
9 faire mais si vous voulez mon opinion personnelle, moi,
10 je pense que c’était une démarche extrêmement prématurée et très
11 optimiste qui ne prenait en compte que deux factions
12 belligérantes, qui ne prenait absolument pas en compte une
13 des troisièmes parties en présence. Donc, à mon avis,
14 c’était condamné à l’échec dès le départ.
15 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce qu’il s’agit…
16 M. LE JUGE BENNOUNA : Me Sayers, est-ce que le
17 témoin peut préciser ce qu’elle entend par les deux
18 premiers éléments et le troisième élément ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Le troisième élément
20 ou la troisième partie en présence c’était les Serbes, si
21 j’ai bien compris votre question. Oui, la troisième partie
22 en présence c’était les Serbes.
23 M. LE JUGE BENNOUNA : [Hors microphone] …c’est
24 les Croates et les musulmans. C’est bien ça ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Je suis désolée, je
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1 n’ai pas bien compris.
2 Me SAYERS (interprétation) : Avec la permission de la Chambre,
3 je ne crois pas qu’un exemplaire du Plan Stoltenberg-Owen n’ait
4 jamais été versé au dossier et il me semble que c’est un document
5 qui peut se révéler très utile afin de bien faire comprendre
6 à tous ici quelle était la nature des propositions en question.
7 Il s’agit d’un document assez volumineux mais je ne souhaite
8 me servir que de deux paragraphes dans ce document afin d’essayer
9 de vous montrer ce que la communauté internationale
10 s’efforçait d’obtenir à ce moment-là.
11 Il s’agit donc de la pièce à conviction suivante
12 de la Défense. La cote, s’il vous plaît ?
13 LA GREFFIÈRE (interprétation) : D141/1.
14 Me SAYERS (interprétation) : Merci. Je ne pense
15 pas qu’il soit utile d’entrer dans les détails de ce
16 document assez volumineux, Madame, mais je voudrais vous
17 indiquer certains points particulièrement importants.
18 Je vous demande de vous référer à la page 5 du document,
19 au paragraphe 19. On y fait référence au fait que : « Après des
20 discussions assez poussées, les trois parties en présence se
21 sont mises d’accord le 30 juillet 1993 sur un accord constitutionnel
22 pour la création d’une union des républiques de Bosnie-
23 Herzégovine et pour que cette union fasse partie d’un
24 processus de paix globale ». Fin de citation.
25 Je souhaite maintenant attirer votre attention sur
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1 le paragraphe numéro 24 à la page suivante où – je cite :
2 « Les trois parties en présence ont convenu que le nom de
3 chacune des républiques constituantes serait déterminé par les
4 autorités compétentes de cette république ». Fin de citation.
5 À votre connaissance, Madame, est-ce que ceci
6 était une partie importante de cet accord ou cela faisait
7 partie de cet accord ? Est-ce que cela vous dit quelque chose ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : En effet, ça me dit quelque chose
9 mais ce qui est écrit ici ne correspond pas à ce à quoi on pensait
10 à l’époque parce que les deux seules parties en présence qui
11 acceptaient de se rencontrer et de parler c’était l’armée de Bosnie-
12 Herzégovine et le HVO. Pour nous, en tant qu’observateurs de l’ECMM,
13 on ne pensait même pas à parler avec la troisième partie
14 en présence et d’ailleurs, ils n’ont même pas signé l’accord.
15 Me SAYERS (interprétation) : D’ailleurs, bien que
16 ce dialogue se soit poursuivi, cela n’a pas été facilité
17 par le fait que l’armée de Bosnie-Herzégovine a lancé une
18 offensive de grande envergure à l’été 1993 contre les
19 forces du HVO. Si vous examinez le paragraphe 37 à la page
20 9, on peut le constater. Personnellement ou par le biais
21 de vos collègues à l’ECMM, avez-vous eu connaissance de
22 cette offensive de l’armée de Bosnie-Herzégovine à l’été 1993 ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Je n’étais pas là pendant cette
24 période. Donc, je ne peux pas vous dire quoi que ce soit à ce sujet.
25 Me SAYERS (interprétation) : Dernière question à
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1 ce sujet. Si vous vous référez à la page 13 de l’annexe 1
2 qui présente l’accord constitutionnel de l’union des
3 républiques de Bosnie-Herzégovine, il devait y avoir trois
4 républiques qui constituaient cette union et qui
5 comprenaient les trois peuples en question : les musulmans,
6 les Serbes et les Croates. Est-ce que cela correspond, à
7 votre avis, à l’objectif du Plan Owen-Stoltenberg, en
8 autant que vous vous en souveniez ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : En effet, sur le papier, oui, mais
10 dans la réalité, cela n’avait aucune chance de se passer.
11 C’était beaucoup trop optimiste comme démarche, comme je l’ai
12 déjà dit. C’était une bonne idée mais elle arrivait trop
13 tôt. Malheureusement, ça n’a pas du tout fonctionné.
14 Me SAYERS (interprétation) : Cependant, Madame,
15 il est indéniable, n’est-ce pas, que les Croates ont
16 accepté ce plan et ont accepté de s’y conformer, n’est-ce pas ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : L’accord Owen- Stoltenberg ?
18 Me SAYERS (interprétation) : Oui, l’accord Stoltenberg.
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne peux pas dire
20 exactement ce qu’ils avaient l’intention de faire mais
21 apparemment cela correspond à la vérité
22 puisqu’ultérieurement, ils ont signé cet accord. Ils ont
23 signé l’accord de mars 1994 sur la Fédération.
24 Me SAYERS (interprétation) : Et peu après la
25 signature ou l’approbation de cet accord par les Croates,
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1 vous souvenez-vous que la République croate de Herceg-Bosna
2 a été créée à Mostar le 28 août 1993 ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai un document, je
4 ne l’ai pas sur moi mais j’ai un document signé par Mate
5 Boban le 5 août 1992 dans lequel il se proclame Président
6 de la République de Herceg-Bosna. Donc là, il y a un nom
7 qui nous manque dans cette chronologie.
8 Me SAYERS (interprétation) : Permettez-moi de vous soumettre
9 un autre document, Madame, qui pourra ou non vous rafraîchir la
10 mémoire à ce sujet. Il s’agit du document fondateur de la
11 République croate de Herceg-Bosna. Je me suis peut-être trompé
12 en disant que la République avait été fondée à Mostar.
13 En fait, elle a été fondée le même jour mais à Grude.
14 Je vais vous demander de vous reporter à la
15 deuxième page. Vous verrez que ce document a été signé par
16 Perica Jukic, Président de la Chambre des députés. L’avez-
17 vous jamais rencontré ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
19 Me SAYERS (interprétation) : Son nom vous dit
20 quelque chose ? Savez-vous d’où il vient ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, je ne sais rien sur cet homme.
22 Me SAYERS (interprétation) : Avez-vous réalisé
23 que la Communauté croate de Herceg-Bosna a cessé d’exister
24 dès que la République croate de Herceg-Bosna a été fondée ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Pouvez-vous répéter la question ?
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1 Me SAYERS (interprétation) : Oui, bien entendu. Avez-vous
2 réalisé que la Communauté croate de Herceg-Bosna, cette entité
3 que l’on appelait également la HZ-HB, a cessé d’exister une
4 fois que la République croate de Herceg-Bosna a été fondée ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
6 Me SAYERS (interprétation) : Bien !
7 Maintenant, j’ai quelques questions si vous me le
8 permettez au sujet de Monsieur Kordic. Dans votre
9 déclaration faite il y a deux ans et demi, vous avez fait
10 remarquer que la nature exacte de la position de Monsieur
11 Kordic au sein de la République n’était pas très sûre après
12 le départ de la scène politique de Monsieur Mate Boban.
13 Vous faites cette observation à la page 8 de votre déclaration.
14 Peut-on dire, donc, qu’au sein de l’ECMM, on était
15 très peu sûr de la nature des fonctions de Monsieur Kordic
16 au sein de la Communauté… (l’interprète se reprend) de la
17 République croate de Herceg-Bosna ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact. Mais il est
19 exact aussi de dire que l’on n’arrivait pas à obtenir des réponses
20 directes à nos questions. Donc, nous étions forcés de trouver
21 les réponses du mieux que nous pouvions. C’était une époque
22 assez troublée. Je pense que vous le comprenez.
23 Me SAYERS (interprétation) : Mais l’ECMM
24 disposait pourtant des décrets de la République croate de
25 Herceg-Bosna tels que ceux qui nommaient les différents
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1 membres du gouvernement, n’est-ce pas ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Le responsable du
3 centre de coordination disposait de ces documents puisqu’il
4 participait à des réunions de haut niveau. Donc, ces
5 documents, sans doute, ont été communiqués à l’ensemble de
6 la hiérarchie. Mais à vrai dire, je ne les ai jamais vus.
7 Moi, je fonctionnais sur la base d’ordres qui
8 étaient communiqués oralement. Mon travail consistait à
9 aller sur le terrain et à confirmer que ce qui se passait
10 se passait effectivement plutôt que de me baser sur la
11 rumeur. J’étais chargée de rassembler des informations.
12 Me SAYERS (interprétation) : Donc, bien que les
13 documents qui présentaient les nominations des membres du
14 gouvernement aient été présentés aux centres régionaux du
15 HCR, vous n’avez jamais vous-même vu ces documents ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Malheureusement, je dois le
17 reconnaître, c’est la vérité, je ne les ai jamais vus.
18 Me SAYERS (interprétation) : Bien ! Nous pouvons
19 donc maintenant passer à un autre sujet.
20 Dans les dossiers de l’ECMM, on parle beaucoup de
21 Monsieur Kordic et de la nature de son poste et je voudrais
22 vous montrer certains de ces documents. Le premier est en
23 date du 15 décembre 1993.
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Il a sans doute été
25 rédigé par Monsieur Turnbull.
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1 Me SAYERS (interprétation) : Je vais vérifier et
2 je vais vous le dire tout de suite. Les auteurs de ce
3 document semblent être Aage Terp, Gerard van der Elshout et
4 Johan Swennen. Je vais vous montrer ce document.
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Je les connais tous les trois.
6 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le dernier document portait
7 la cote D142/1 et ce document-ci portera la cote D143/1.
8 Me SAYERS (interprétation) : Merci. J’ai deux ou
9 trois questions à vous poser au sujet de ce document, Madame.
10 On y fait référence au HCC de Mostar qui a
11 rencontré Slobodan Lovrenovic, qui est le conseiller
12 médiatique de Mate Boban, et lorsqu’on lui a demandé quelle
13 était la position de Monsieur Kordic qui avait été vice-
14 président de la Communauté croate de Herceg-Bosna, le responsable
15 du centre de coordination, le HCC, a été informé que
16 Monsieur Kordic n’avait plus de poste au sein de la présidence
17 mais qu’il était seulement un des membres du Parlement.
18 Est-ce que vous vous souvenez de discussions qui
19 aient eu trait au sein de l’ECMM à ce sujet, Madame, en
20 décembre et en janvier ?
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
Page 11174
1 Me SAYERS (interprétation) : De même, au bas de
2 cette page, on fait référence à une discussion entre le HCC
3 de Travnik qui, je crois, est Monsieur Stutt ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
5 Me SAYERS (interprétation) : Donc, une discussion entre lui-
6 même et Monsieur Blaskic et ils ont parlé du statut de
7 Monsieur Kordic au sein de la République et le Colonel Blaskic a
8 informé Monsieur Stutt qu’il n’était pas un homme politique
9 et qu’il n’avait pas suivi l’évolution de la situation politique
10 de la Communauté croate de Herceg-Bosna. Est-ce
11 que vous avez discuté de ceci, du statut de Monsieur Kordic,
12 avec Monsieur Stutt à cette époque ou peu après ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Monsieur Stutt est
14 un militaire et on sait très bien que les militaires et les
15 politiciens ne s’entendent pas particulièrement bien.
16 Me SAYERS (interprétation) : Bien !
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Le fait que Monsieur
18 Blaskic ait affirmé qu’il ne connaissait rien à la
19 politique ne m’étonne nullement. Moi-même, je dois dire
20 que j’aurais donné la même réponse à sa place.
21 Me SAYERS (interprétation) : Le rapport suivant de l’ECMM… en fait,
22 je ne pense pas qu’il soit nécessaire de traiter de ce document.
23 Nous allons essayer d’accélérer un peu le
24 mouvement, Madame, maintenant. En ce qui concerne les vols
25 d’hélicoptères dont vous nous avez parlé dans votre
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1 interrogatoire principal, en fait, vous n’avez jamais vu
2 Monsieur Kordic monter dans un hélicoptère après être
3 devenu un des membres de l’équipe V1 en décembre 1993,
4 n’est-ce pas ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
6 Me SAYERS (interprétation) : Et si j’ai bien compris, le seul
7 atterrissage d’hélicoptères auquel vous ayez assisté est celui
8 au cours duquel les véhicules Warriors sont venus coincer
9 les hélicoptères et ceci s’est passé après la fin de
10 la guerre, après la signature des Accords de Washington ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. J’ai été témoin de
12 ceci. Je les avais vu quitter Split auparavant. Pendant la guerre,
13 la nuit, il y avait beaucoup de mouvements d’hélicoptères.
14 C’était normal. Ils n’allaient pas voler pendant la journée.
15 Mais en effet, le seul que j’ai vu personnellement c’est
16 celui qui a atterri le 11 mars, je crois.
17 Me SAYERS (interprétation) : Après la signature
18 des Accords de Washington ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. D’ailleurs,
20 c’était une violation de ces accords.
21 Me SAYERS (interprétation) : Si vous me le
22 permettez, j’ai une question au sujet de l’imam de Busovaca
23 et de ce que vous avez dit à ce sujet. Dans votre
24 déclaration faite il y a deux ans et demi, vous n’avez pas
25 parlé de l’imam, n’est-ce pas ? Donc, vous avez eu
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1 l’occasion de relire cette déclaration ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : En fait, il faudrait que je puisse
3 relire cette déclaration. Je ne peux pas vous le dire comme ça de
4 but en blanc parce que je n’ai pas le document sous les yeux.
5 Me SAYERS (interprétation) : Je vais demander que l’on donne une
6 cote au document suivant qui est un rapport de l’ECMM qui vient du
7 centre de coordination de Travnik en date du 16 février 1994.
8 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le document portera la cote D144/1.
9 Me SAYERS (interprétation) : Le centre de
10 coordination de Travnik était présidé par Monsieur Stutt et
11 c’est lui qui a rédigé le résumé concernant la situation
12 politique qui est contenu à la page 1, n’est-ce pas ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Je pense que j’étais assise,
14 d’ailleurs, juste à côté de lui pendant qu’il le rédigeait.
15 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce qu’il est exact de dire que
16 Monsieur Stutt parlait surtout et que
17 c’est vous qui preniez les notes ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. En fait, ce n’est pas vrai.
19 Me SAYERS (interprétation) : Donc, parfois, vous
20 vous avez organisé les rencontres ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’était une rencontre que j’ai
22 organisée et j’ai pris Monsieur Stutt
23 avec moi afin de me faire protéger.
24 Me SAYERS (interprétation) : Et c’est la première
25 rencontre que vous avez eue avec Monsieur Kordic ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
2 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que l’imam
3 vous a dit qu’il rendait des visites à sa mère à Kacuni et
4 qu’il passait du temps à Kacuni ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne me souviens
6 pas qu’il me l’a dit. S’il l’a fait, peut-être il l’a fait
7 avant que je vienne dans la région parce qu’à l’époque où
8 je l’ai rencontré, il ne pouvait pas quitter sa maison et à
9 l’époque, à ce moment-là, Kacuni était coupé du monde. Il
10 n’y avait qu’une route allant jusqu’à Kacuni et j’ai parlé
11 avec une personne qui allait de Travnik à Kacuni et elle a
12 mis 12 heures pour y arriver. Donc, je ne sais pas comment
13 l’imam a pu le faire. Peut-être il l’a fait avant mon arrivée.
14 Me SAYERS (interprétation) : Très bien. Il est
15 exact, n’est-ce pas, que pendant que vous étiez en Bosnie
16 centrale, l’armée de Bosnie-Herzégovine a lancé deux offensives
17 de grande envergure dans la région de Vitez et de Busovaca ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
19 Me SAYERS (interprétation) : Tout d’abord, juste
20 avant Noël, le 22 décembre, et le 24 décembre 1993 et ceci
21 a provoqué de nombreuses victimes et puis une attaque sur
22 Kresevo a été lancée à peu près un mois plus tard ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
24 Me SAYERS (interprétation) : Et puis une autre
25 attaque a été lancée sur Santici et Buhine Kuce – excusez- moi si
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1 je prononce mal – mais ceci s’est produit donc le 9 janvier
2 1994, n’est-ce pas… (l’interprète se corrige) le 20 juillet ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
4 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce qu’il est
5 exact de dire qu’entre ces deux offensives, d’après l’ECMM,
6 le moral des troupes dans l’enclave Vitez-Busovaca était au
7 plus bas au moins en ce qui concerne le côté croate ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Là vous parlez du
9 moral des soldats du HVO ?
10 Me SAYERS (interprétation) : Et des civils.
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense qu’ils
12 étaient en train de survivre. La situation n’était pas
13 aussi grave qu’au sein de l’armée de Bosnie-Herzégovine
14 mais ils n’étaient pas loin de leur situation. Des deux
15 côtés, ils étaient en train de lutter pour leur survie.
16 Me SAYERS (interprétation) : Peut-être il n’est
17 pas nécessaire de verser cela au dossier mais ici, nous
18 avons un rapport quotidien du centre régional de Zenica en
19 date du 28 décembre 1993 concernant le moral du HVO à
20 Vitez-Kiseljak-Zepce et en disant que le moral est au plus bas.
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Le 28 décembre 1993,
22 j’étais en Grande Bretagne. J’avais pris congé. Si lui,
23 il a indiqué cela dans le rapport, je suppose que c’est
24 vrai et je suppose que c’est la conclusion qu’ils avaient tirée.
25 Me SAYERS (interprétation) : Nous parlons là de Monsieur Turnbull ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
2 Me SAYERS (interprétation) : Et en ce qui
3 concerne votre déposition concernant les menaces proférées
4 par Monsieur le Colonel Blaskic qui menaçait de faire
5 exploser l’usine d’explosifs, en ce qui concerne ses
6 menaces, elles se faisaient pratiquement par routine
7 pendant des mois et souvent n’étaient pas suivies d’effets ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pourrais dire qu’il s’agissait
9 d’une provocation normale dans les Balkans. Pour eux, cela faisait
10 partie de la vie normale. Nous, nous avons trouvé cela assez
11 Inquiétant. Cela dit, moi, je pensais que c’était un plan assez bon.
12 Me SAYERS (interprétation) : Quelques questions concernant l’attaque
13 de l’armée de Bosnie-Herzégovine sur Santici le 9 janvier1994. Il
14 n’y a aucun doute, n’est-ce pas, qu’il s’agissait là d’une attaque
15 du 3e corps d’armée contre la principale route d’approvisionnement
16 vers Santici et que c’est les Mujahedins qui ont été les
17 fers de lance de cette attaque ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est vrai.
19 Me SAYERS (interprétation) : Les Mujahedins, en fait, sont venus
20 s’ajouter aux forces du 3e corps d’armée, n’est-ce pas ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
22 Me SAYERS (interprétation) : Et lorsque les troupes ont lancé leurs
23 attaques contre Santici, elles ont utilisé les tactiques standards ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Vous parlez de l’armée de
25 Bosnie-Herzégovine ? S’ils ont utilisé ce genre de tactiques, de
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1 stratégies, je peux dire qu’ils n’ont pas accompli leurs tâches
2 avec beaucoup d’efficacité. Il y a eu beaucoup d’actions
3 non coordonnées suivies de beaucoup d’optimisme.
4 Me SAYERS (interprétation) : Et tous les civils croates de Bosnie
5 qui ne se sont pas échappés de chez eux ont été tués, n’est-ce pas ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai vu deux
7 victimes, deux cadavres qui sont restés après l’attaque de
8 Santici. L’un d’eux ne pouvait pas s’échapper parce qu’il
9 avait été renversé par une voiture un an plus tôt et il
10 portait des béquilles et lui, il a été attrapé en premier.
11 La deuxième personne c’était une femme d’environ 35 ans.
12 Elle était allongée par terre dans le jardin. Elle était morte.
13 Je sais que ces deux personnes n’ont pas pu quitter la région.
14 Me SAYERS (interprétation) : Très bien. À la page 5 de votre
15 déclaration, vous dites que deux femmes ont été abattues dans leur
16 jardin pendant qu’elles essayaient de s’échapper. Est-ce
17 que ceci est conforme à vos souvenirs à présent ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai vu une femme dans la morgue et
19 j’ai vu un homme qui a été empalé mais je ne me souviens pas,
20 pour être tout à fait honnête, de l’autre femme.
21 Me SAYERS (interprétation) : Très bien. Et
22 l’autre personne avait environ 60 ans. Cette personne
23 c’était un handicapé qui a été tué et qui a été coupé en deux ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
25 Me SAYERS (interprétation) : Et ensuite, la partie supérieure de son
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1 corps a été empalée sur une sorte de pieu de trois mètres ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
3 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous savez si une enquête
4 a été lancée à ce sujet au sein du 3e corps d’armée ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, je ne sais pas.
6 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous avez entendu quoi que
7 ce soit en ce qui concerne d’éventuelles mesures disciplinaires
8 prises contre le commandant responsable de cette attaque ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai posé la
10 question au Général en cause en ce qui concerne cela et il
11 a dit que c’était les Mujahedins qui l’ont fait. Il a dit
12 que lui, il ne contrôlait pas les Mujahedins, qu’eux ils
13 opéraient de manière indépendante et que Alagic ne les
14 contrôlait pas. Donc, même s’il était l’adjoint du
15 commandant au moment où il a pris le contrôle de la 7e
16 brigade musulmane, il n’avait pas beaucoup de pouvoir et lorsque
17 je lui ai posé la question à ce sujet, il ne pouvait pas m’aider.
18 Me SAYERS (interprétation) : J’ai une photographie ici. Je
19 souhaite que vous identifiez la personne en nous disant si
20 c’était l’homme que vous avez vu, l’homme qui était démembré.
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est lui.
22 Me SAYERS (interprétation) : Merci, Madame.
23 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Il s’agit du document 145/1.
24 Me SAYERS (interprétation) : Une question brève,
25 Madame, sur une des pièces à conviction que l’on vous a
Page 11182
1 soumise. Il s’agit de la pièce à conviction Z1381.1.
2 Dans ce document, on mentionne le siège du HVO, le
3 quartier général du HVO à l’Hôtel Vitez et on dit que
4 celui-ci a subi des tirs de mortier depuis Stari Vitez, des
5 tirs sporadiques Est-ce que ceci se produisait plus ou
6 moins souvent pendant la guerre ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Presque tous les jours. En fait,
8 le jour où j’ai vu cette pièce à conviction-là, je me souviens
9 qu’il y a eu beaucoup de pilonnage. L’Hôtel Vitez était
10 pilonné à toutes les 40 minutes et il s’agissait de pilonnage
11 intense. Ceci se produisait pratiquement tous les jours.
12 Me SAYERS (interprétation) : Dites-nous quelque chose encore
13 en ce qui concerne la rencontre que vous avez eue vers la mi-mars
14 avec Monsieur Kordic et votre chef, Monsieur Stutt.
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
16 Me SAYERS (interprétation) : Ceci s’est produit après l’Accord
17 de Washington ? Cet accord avait déjà été signé, n’est-ce pas ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
19 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous
20 saviez que Monsieur Kordic avait déjà été nommé au poste du
21 Président de la commission de la République croate de
22 Herceg-Bosna chargée de la mise en œuvre de l’Accord de Washington ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Pour être tout
24 à fait honnête, je ne le savais pas. J’ai pris des notes ce jour-
25 là mais nous n’avons pas parlé de cela au cours de la réunion.
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1 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous avez
2 vos notes sur vous ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je les ai.
4 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce qu’il y a des
5 notes personnelles ou bien simplement concernant votre travail ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Je souhaite simplement vérifier et
7 être sûre que les notes sont là. Peut-être je les ai déjà remises.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Sayers,
9 votre contre-interrogatoire a duré presqu’une heure
10 maintenant. Vous avez besoin de combien de temps encore ?
11 Me SAYERS (interprétation) : Encore cinq ou dix minutes.
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Kovacic,
13 est-ce que vous allez contre-interroger ce témoin ?
14 Me KOVACIC (interprétation) : Non, Monsieur le Président.
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Je n’arrive pas à
16 trouver cela. Ça doit être quelque part ici.
17 Me SAYERS (interprétation) : Très bien. Ce n’est pas grave. Je n’ai
18 que quelques questions finales concernant certains autres sujets.
19 Tout d’abord, pendant votre mission en Bosnie centrale, vous
20 n’avez pas vu de détenus utilisés pour creuser les tranchées ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Non..
22 Me SAYERS (interprétation) : Ni utilisés pour les
23 boucliers humains ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Je suis allée
25 dans une prison à Kaonik près de Busovaca et j’ai vu ce
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1 qu’il y avait à l’intérieur et je n’ai pas vu leur utilisation.
2 Je sais qu’ils étaient accusés de les utiliser ainsi.
3 Me SAYERS (interprétation) : Et vous-même, vous
4 n’avez pas vu de gens utilisés pour le travail forcé ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
6 Me SAYERS (interprétation) : Et vous n’avez
7 jamais vu des manifestations de mauvais traitements
8 infligés aux détenus pendant votre mission, n’est-ce pas ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Effectivement, je
10 n’en ai jamais vu.
11 Me SAYERS (interprétation) : On vous a posé quelques questions
12 concernant un sujet qui nous imposerait éventuellement la
13 nécessité de passer de nouveau à huis clos partiel.
14 Monsieur le Président, s’il vous plaît…
15 [Huis clos partiel]
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11 Pages 11185 – 11195 expurgées. Audience à huis clos partiel.
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21 [Audience publique]
22 TÉMOIN : NASIHA NESLANOVIC
23 Me SOMERS (interprétation) : [Hors microphone] Madame le
24 Témoin, pouvez-vous, s’il vous plaît, nous dire votre nom ?
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Pouvez-vous
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1 nous décliner votre identité, Madame ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Nasiha Neslanovic.
3 Je suis née le 16 juin 1958 à Busovaca.
4 Me SOMERS (interprétation) : Vous êtes née à
5 Busovaca et vous y avez vécu jusqu’à la guerre ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, oui.
7 Me SOMERS (interprétation) : Et avant, vous étiez
8 chargée de la distribution du courrier dans une entreprise
9 ainsi que femme de ménage ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
11 Me SOMERS (interprétation) : Et d’appartenance
12 ethnique, vous êtes bosnienne, à savoir que vous êtes musulmane ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
14 Me SOMERS (interprétation) : Avez-vous travaillé
15 à Busovaca pendant toute la période qui a mené à la guerre ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
17 Me SOMERS (interprétation) : Où avez-vous travaillé ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Dans la municipalité de Busovaca.
19 Me SOMERS (interprétation) : Quand vous habitiez
20 à Busovaca, est-ce que vous connaissiez Dario Kordic ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
22 Me SOMERS (interprétation) : Depuis combien de temps ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Eh bien, je le connaissais depuis
24 assez longtemps, depuis l’enfance jusqu’à aujourd’hui.
25 Me SOMERS (interprétation) : Aviez-vous des
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1 relations professionnelles avec la mère de Dario Kordic ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Sa mère était
3 médecin. Elle était le médecin de mon frère, de moi-même,
4 de mon enfant et ainsi de suite.
5 Me SOMERS (interprétation) : Où le Dr Kordic vous
6 a-t-elle administré un traitement ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Dans le centre
8 médical et parfois, si besoin était, j’allais chez elle,
9 dans son appartement. Si mon enfant avait besoin de
10 quelque chose de toute urgence ou bien mon frère, on allait
11 chez elle pour prendre des prescriptions ou des
12 médicaments, tout simplement pour avoir de l’aide de sa part.
13 Me SOMERS (interprétation) : Je vais demander à
14 l’huissier de présenter au témoin la pièce Z1472.1.
15 Avez-vous été soignée par le Dr Kordic après le
16 début de la guerre à Busovaca ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
18 Me SOMERS (interprétation) : Où cela s’est-il passé ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Dans le centre médical, à l’hôpital
20 de Busovaca. Elle m’a soignée pendant la guerre. Pendant la guerre,
21 je suis tombée malade. Je suis allée au centre médical.
22 J’étais dans le couloir et il y avait des soldats, des civils.
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Fort bien !
24 Il suffit de nous dire que le docteur vous a soignée
25 pendant la guerre. Cela suffit.
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1 Me SOMERS (interprétation) : Oui. S’agit-il du
2 même Dom Zdravlja que l’on voit mentionné au bas de la page
3 du document que vous avez sous les yeux ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
5 Me SOMERS (interprétation) : Y avait-il également
6 un hôpital de guerre près de Dom Zdravlja à Busovaca ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’était
8 l’immeuble de la crèche qui a été transformé en hôpital de
9 guerre pendant la guerre. En fait, un peu avant la guerre,
10 ils ont évacué les enfants et ils ont établi l’hôpital de guerre.
11 Me SOMERS (interprétation) : Et quand vous avez été soignée par le
12 Dr Kordic après la guerre, est-ce que ça
13 se passait après le 25 janvier 1993 ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
15 Me SOMERS (interprétation) : Au moment où le Dr
16 Kordic vous a soignée, est-ce qu’elle portait un uniforme militaire ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Elle portait
18 un uniforme blanc de médecin.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Madame Somers,
20 vous avez parlé d’un document portant la cote 1472.1. Nous
21 avons reçu un certain nombre de documents mais pas ce document-là.
22 Me SOMERS (interprétation) : Je suis vraiment désolée. Ça devrait être
23 le document au-dessus de la pile ou plutôt le deuxième document.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous avons le
25 document portant la cote 1475.1.
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1 Me SOMERS (interprétation) : Je suis vraiment
2 désolée. Je pense avoir encore… (l’interprète se reprend)
3 vous auriez dû avoir chacun un exemplaire de ce document.
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Ce document, n’est-ce pas,
5 stipule qu’une décoration a été attribuée au Dr Kordic ?
6 Me SOMERS (interprétation) : Oui. Je n’ai pas
7 d’autres questions au sujet de ce document. J’étais en
8 train d’essayer de préciser les lieux et de savoir si elle
9 portait un uniforme ou non à ce moment-là.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Poursuivez.
11 Me SOMERS (interprétation) : Maintenant, si nous
12 revenons un petit peu en arrière, est-ce que quelque chose
13 d’inhabituel s’est produit sur les marches du commissariat
14 de police de Busovaca en mai 1992 ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Je portais le
16 courrier dans le commissariat de police à Busovaca, il y
17 avait plusieurs lettres et lorsque je suis arrivée
18 jusqu’aux marches, j’ai vu deux personnes en costumes
19 noirs. Tout d’abord, j’ai pensé que c’était des ramoneurs
20 mais lorsque je me suis approchée d’eux, j’ai vu que
21 c’était deux personnes qui portaient des uniformes noirs
22 avec des couvre-chefs sur lesquels était inscrite la lettre « U ».
23 Moi, je me suis arrêtée sur l’escalier. J’étais
24 étonnée de voir cet uniforme parce que pour moi c’était
25 quelque chose qui appartenait à l’histoire. Je n’ai vu ça
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1 que dans des livres d’histoire et j’étais complètement
2 perdue. L’un des policiers qui me connaissait, il m’a
3 prise par la main et il m’a amenée à l’intérieur. Il m’a
4 montré où je pouvais déposer les lettres.
5 Ensuite, je suis rentrée dans l’immeuble de la municipalité. J’étais
6 surprise. J’ai parlé avec mon chef. Je lui ai dit que
7 j’ai vu ces uniformes avec la lettre « U » et puis lui, il
8 a dit : « Ça ne sera pas la première fois pour toi de rencontrer
9 cela ici. Tu verras d’autres situations de ce genre. »
10 Me SOMERS (interprétation) : Pour vous, que
11 signifiait cette lettre « U » ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Nous avons appris
13 cela dans l’histoire. C’était le symbole des Oustachis.
14 Depuis l’autre guerre, c’était les uniformes qui étaient
15 vieux, abîmés, un peu troués de mites et de cette longue
16 période pendant laquelle ils n’ont pas été utilisés. Ces
17 uniformes étaient vraiment vieux. On dirait qu’ils
18 appartenaient à la période de l’autre guerre. On pouvait
19 voir clairement que c’était des uniformes très vieux.
20 Me SOMERS (interprétation) : Avez-vous reconnu
21 l’un quelconque des hommes qui portaient ces uniformes ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, j’ai reconnu
23 l’un d’eux. Il s’appelait Marinic. Je crois qu’il était
24 l’oncle de Zoran Marinic que moi, je connaissais parce que
25 c’était un voisin, un ami qui vivait près de chez moi.
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1 Me SOMERS (interprétation) : Est-ce que Zoran
2 Marinic est connu sous un autre nom ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Il est
4 surnommé Svabo. La plupart des gens le connaissent de son
5 surnom, Svabo, plutôt que son nom et prénom.
6 Me SOMERS (interprétation) : Votre patron, celui
7 à qui vous avez dit quelles étaient vos préoccupations,
8 quelle était son origine ethnique ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Il était croate.
10 Me SOMERS (interprétation) : Revenons un peu plus en arrière
11 encore. En novembre 1991, vous souvenez-vous qu’il y ait eu
12 un référendum auquel on vous a invitée à participer en tant
13 que citoyen de Busovaca afin de créer ou afin de voter pour la
14 création de la Communauté croate de Herceg-Bosna ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, je ne sais rien
16 à ce sujet. Moi, je ne me suis pas présentée à un tel
17 référendum. Je ne sais pas que quelque chose de ce genre existait.
18 Me SOMERS (interprétation) : En novembre 1991,
19 avez-vous remarqué des changements à Busovaca, dans la
20 façon dont Busovaca vivait à ce moment-là ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, je n’ai pas
22 compris. Oui, oui, en ce qui concerne les changements.
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Un instant, s’il vous plaît.
24 Madame Somers, nous avons entendu beaucoup de témoins à ce sujet déjà.
25 Me SOMERS (interprétation) : Bien entendu, Monsieur le Président.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Donc, je vous
2 suggère de passer au paragraphe suivant.
3 Me SOMERS (interprétation) : Bien !
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
5 Me SOMERS (interprétation) : Oui. Merci beaucoup, Madame
6 Neslanovic. Nous allons maintenant passer à un autre sujet.
7 Savez-vous quelle était la position, s’il en avait
8 une, quelle était la position de Dario Kordic à Busovaca
9 dans le cadre du HDZ après les élections de 1991 ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Dario Kordic était nommé au poste
11 de chef de la défense populaire. C’est le HDZ qui l’a nommé
12 à ce poste. Donc, il était le chef de la défense populaire.
13 Me SOMERS (interprétation) : Pendant cette
14 période, est-ce que vous avez vu Dario Kordic dans le cadre
15 de vos activités professionnelles ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. On se voyait presque tous les
17 jours dans le couloir. Il travaillait tous les jours à partir
18 du moment où il a été nommé au poste de chef de la défense populaire.
19 Me SOMERS (interprétation) : Avez-vous participé
20 à un travail concernant son bureau ? En d’autres termes,
21 est-ce que vous avez dû pour votre travail entrer dans son bureau ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
23 Me SOMERS (interprétation) : Pourquoi ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Parfois, j’avais des
25 lettres, du courrier à déposer ou bien afin de nettoyer la
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1 pièce ou parfois, il fallait que j’appelle quelqu’un s’il
2 était là. Mais de toute façon, c’était pour effectuer un
3 travail que j’y allais, soit afin de me rendre dans ce
4 bureau, soit pour déposer des lettres.
5 Me SOMERS (interprétation) : Pendant cette période, avez-vous
6 remarqué comment Dario Kordic était habillé quand il venait travailler ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Au début, il
8 portait un uniforme civil et après, il venait en uniforme
9 militaire, uniforme de camouflage. En avril, à partir du
10 mois d’avril, ils ont commencé à porter des uniformes de camouflage.
11 Me SOMERS (interprétation) : En avril de quelle année ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : 1992.
13 Me SOMERS (interprétation) : Quand il venait au
14 travail, est-ce qu’il portait des armes sur lui ? Est-ce
15 que vous l’avez remarqué ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Parfois, oui. Pas vraiment
17 toujours mais parfois, je le voyais. Parfois, ça se voyait de
18 l’extérieur et parfois, c’était à l’intérieur et c’est seulement
19 lorsqu’il enlevait sa veste que l’on pouvait voir
20 son pistolet. C’était une arme personnelle qu’il portait.
21 Me SOMERS (interprétation) : Avait-il des gardes du corps ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
23 Me SOMERS (interprétation) : Vous souvenez-vous
24 combien de gardes du corps il avait ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Il avait deux gardes
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1 du corps qui l’accompagnaient, qui l’escortaient. Ils
2 étaient toujours avec lui. Ils l’attendaient lorsqu’il était
3 en réunion. Ils l’accompagnaient toujours et ils étaient armés.
4 Me SOMERS (interprétation) : Avez-vous reconnu
5 ces gardes du corps ? Est-ce qu’ils étaient de Busovaca ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. L’un d’eux
7 était de Busovaca et l’autre était de Kresevo. Celui de
8 Busovaca, il portait un uniforme de camouflage et un fusil
9 court. L’autre était en vêtements noirs avec une ceinture
10 blanche et puis le pistolet était à l’extérieur. Donc,
11 c’était un uniforme noir avec une ceinture blanche. Et
12 après, je le voyais au poste de police. S’il n’était pas à
13 côté de Dario, il était dans le poste de police.
14 Me SOMERS (interprétation) : Intéressons-nous à
15 la période de juin ou plutôt début juillet 1992. Est-ce
16 qu’à ce moment-là, vous avez remarqué que le HVO a pris des
17 mesures militaires particulières à Busovaca ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : À partir de 1992 ?
19 Me SOMERS (interprétation) : En 1992.
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
21 Me SOMERS (interprétation) : Avez-vous remarqué que le HVO a pris
22 des mesures particulières dans le domaine militaire et si c’est le
23 cas, contre qui étaient dirigées ces mesures prises par le HVO ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : En juillet, dans la
25 rue Tihomira Jovica dans laquelle les musulmans
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1 constituaient la majorité, en fait, tous les habitants de
2 cette rue étaient des musulmans, puis, une autre rue
3 musulmane. Là, ils ont placé des nids de mitraillettes et
4 il y a eu des jeunes hommes qui étaient autour et plusieurs
5 fois par jour, un camion passait. Il y avait des armes
6 placées sur ce camion, des canons antiaériens, et ce camion
7 patrouillait entre les deux nids de mitraillettes et il
8 faisait ça afin de nous intimider étant donné que seulement
9 les musulmans vivaient dans cette partie.
10 Me SOMERS (interprétation) : Et si vous vous en souvenez, pouvez-
11 vous nous dire contre qui ces mitrailleuses qui étaient
12 donc dans ces nids de mitrailleuses étaient dirigées ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Elles étaient
14 dirigées vers les maisons musulmanes parce que dans cette
15 partie, toutes les maisons étaient des maisons musulmanes.
16 Donc, elles étaient tournées vers les maisons, ni devant,
17 ni derrière mais soit à gauche, soit à droite lorsqu’ils rentraient.
18 Me SOMERS (interprétation) : Est-ce que sur ces
19 nids de mitrailleuses, il y avait toujours des soldats ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Durant cette période, oui.
21 Me SOMERS (interprétation) : Monsieur le
22 Président, je pense qu’il serait approprié de mettre un
23 terme à l’interrogatoire principal maintenant.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Dans le cadre de
25 l’audition des témoins précédents, nous avons déjà entendu beaucoup
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1 de choses au sujet de la prise de Busovaca. Donc, je pense qu’
2 il serait utile de commencer demain matin à partir du paragraphe
3 7, à partir du 25 janvier 1993.
4 Me SOMERS (interprétation) : Certes, nous avons entendu beaucoup
5 de témoins à ce sujet mais il y a un certain nombre d’informations
6 qui n’ont jamais été formulées devant cette Chambre
7 et avec votre permission, je souhaiterais pouvoir vous les signaler.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Madame Neslanovic, nous
9 suspendons l’audience pour aujourd’hui et j’espère qu’on
10 vous a dit qu’il ne sera peut-être pas possible pour nous
11 de vous entendre le matin car il y a un témoin que nous
12 devons entendre. Donc, il ne sera peut-être pas possible
13 de vous entendre dès demain matin. Mais nous reprendrons
14 votre déposition aussi rapidement que possible de façon que vous
15 puissiez la finir dans les deux jours à venir. Je voudrais vous rappeler,
16 pendant cette pause et pendant les autres pauses qu’il y aura peut-
17 être dans le cadre de votre déposition, de ne parler à quiconque
18 de cette déposition avant qu’elle ne soit terminée et j’entends
19 par là également les membres de l’équipe de l’Accusation
20 Je vous demande donc de revenir quand on vous le dira.
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Très bien.
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : L’audience est
23 suspendue. Elle reprendra demain à 9 h 30.
24 --- L’audience est levée à 16 h 15 pour reprendre le mardi
25 7 décembre 1999 à 9 h 30