Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 13 avril 2005

  2   [Audience]

  3   [Audience publique]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 38.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière d'audience,

  6   veuillez, je vous prie, donner le numéro de l'affaire inscrite au rôle de

  7   cette audience.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Affaire

  9   IT-01-42/2-I, le Procureur contre Vladimir Kovacevic.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup. Je vais demander aux

 11   parties de se présenter, à commencer par l'Accusation.

 12   Mme SOMERS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs les

 13   Juges. Bonjour à la Défense. Susan Somers, premier substitut du Procureur,

 14   ainsi que M. Phillip Weiner et M. David Re, qui sont tous deux substituts

 15   du Procureur; ainsi que M. Sebastiaan van Hooydonk, notre assistant.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 17   Pour la Défense.

 18   Mme RADOSAVLJEVIC : [interprétation] Bonjour à tous. J'interviens ici dans

 19   l'intérêt de M. Vladimir Kovacevic et je m'appelle Tanja Radosavljevic.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous avons décidé d'organiser la

 21   présente audience car nous nous trouvons contraints de prendre un certain

 22   nombre de décisions pour voir quelle est la procédure à suivre. Le premier

 23   élément qui nous intéresse, c'est le volet médical de cette affaire, car

 24   c'est l'état de santé mentale de l'accusé qui explique les difficultés de

 25   procédure que nous rencontrons. De plus, nous sommes confrontés à des

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  1   rapports qui se contredisent quant à la capacité de l'accusé à plaider

  2   coupable ou non coupable, quant à son aptitude à être jugé. C'est donc là

  3   le premier volet de la présente audience.

  4   Puis, il y a un deuxième sujet qui se pose, qui est à partir des

  5   constations que nous ferons sur la base du premier sujet, les options qui

  6   s'offrent à nous et celles que nous devons choisir.

  7   Je souhaiterais d'abord demander aux parties si tout le monde a bien

  8   reçu le rapport le plus récent venant de l'hôpital de Belgrade où est

  9   interné l'accusé. Il s'agit d'un rapport en date du 30 mars 2005. En

 10   réalité, la lettre accompagnant le rapport est en date du 30 mars, le

 11   rapport lui-même porte la date du 29 mars.

 12   Maître Radosavljevic, l'avez-vous reçu ?

 13   Mme RADOSAVLJEVIC : [interprétation] Oui.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous savez que la Chambre a pris des

 15   dispositions pour bénéficier de l'aide d'un expert afin de voir si cet

 16   expert peut permettre à la Chambre d'évaluer peut-être mieux, de comprendre

 17   les différences entre les différentes évaluations de l'état mental de

 18   l'accusé. Ce que je vous propose, c'est que nous entendions tout d'abord

 19   cet expert. Cet expert ne nous a pas fourni de rapport écrit, mais je

 20   voudrais savoir si les parties ont bien reçu son CV ?

 21   Mme SOMERS : [interprétation] Oui. Hier, j'ai rencontré le conseil de la

 22   Défense. Nous avons parlé de cette ordonnance. Ce n'est que hier que nous

 23   avons été informés de la nomination de cette personne.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui effectivement, cela a été

 25   notifié de manière un peu tardive.

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  1   Mme SOMERS : [interprétation] D'ailleurs, nous ignorions également que vous

  2   aviez cherché à consulter un expert. Nous ne disposions que de la version

  3   en néerlandais de ce CV, et nous n'en disposons encore que de cette

  4   version.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Il se trouve que je parle un

  6   petit peu néerlandais, donc s'il y a des problèmes de compréhension, je

  7   peux vous aider, bien que je ne sois pas traducteur ou interprète de

  8   profession. Mais s'il y a des difficultés quelconque qui se pose du fait

  9   que ce CV est uniquement en néerlandais, à ce moment-là, je pourrais vous

 10   aider.

 11   Maître Radosavljevic, avez-vous reçu le CV en question ?

 12   Mme RADOSAVLJEVIC : [interprétation] Oui, moi aussi j'ai reçu un CV

 13   en néerlandais, si bien que nous aurons besoin de vos lumières.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le Dr Duits figure sur la liste des

 15   experts maintenue par le greffe, et on voit dans son CV qu'il a une

 16   expérience très riche, en particulier en matière de psychiatrie légale.

 17   On peut voir les publications qui sont apportées à son actif. On voit qu'il

 18   a étudié la médecine jusqu'en 1988, à l'université d'Amsterdam. Il est

 19   devenu psychiatre psychothérapeute en 1994, et ce diplôme il l'a obtenu à

 20   Amsterdam; c'est l'université libre d'Amsterdam. On voit qu'en 1995, il est

 21   devenu psychiatre spécialiste de personnes jeunes; c'est également une

 22   qualification qu'il a obtenue à l'université d'Amsterdam.

 23   Il nous indique qu'à partir de 1989, il est intervenu devant des tribunaux

 24   dans le cadre d'affaires au pénal. En 1991, on peut voir qu'il est devenu

 25   expert auprès de la Cour d'appel d'Amsterdam. À partir de 1990, il a

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  1   commencé à travailler pour le ministère de la Justice dans le service

  2   consacré aux questions à caractère psychiatrique. A partir de l'an 2000, on

  3   peut voir qu'il a établi un certain nombre de rapports pour le TPIY, et on

  4   voit que de 1996 à ce jour, il a eu des fonctions de rapporteur, de

  5   chercheur, de contrôleur, et cetera, toujours dans le cadre de

  6   l'élaboration de rapports.

  7   Il a travaillé en tant que psychiatre adjoint dans un établissement

  8   pénitentiaire néerlandais de 1988 à 1990. De 1993 à 1998, il a été

  9   psychiatre dans divers établissements pénitentiaires. De 1997 à 2003, il a

 10   été consultant en psychiatrie pour le conseil chargé de la jeunesse; c'est

 11   une institution néerlandaise qui relève du ministère de la Justice et qui

 12   s'occupe des problèmes relatifs à la jeunesse.

 13   Depuis l'an 2000, il a travaillé également dans ce domaine à Amsterdam en

 14   tant que psychiatre spécialisé dans les soins apportés aux personnes

 15   jeunes; c'est un travail au sein du FPD, une organisation néerlandaise qui

 16   s'occupe de la jeunesse, dans le domaine toujours de la psychiatrie à

 17   caractère légal. Il occupe un poste très important dans le cadre de cette

 18   institution. On voit également une liste des endroits où il a enseigné, les

 19   colloques auxquels il a participé, les publications qu'il a réalisées. On

 20   voit également les organisations dont il est membre. Enfin, les choses que

 21   l'on trouve habituellement dans ce type de CV. Si je vous ai suffisamment

 22   informés au sujet de la teneur de ce CV, je pense qu'on pourrait poursuivre

 23   maintenant nos débats.

 24   Je pense qu'il conviendrait d'entendre le Dr Duits en audience à huis clos

 25   partiel puisqu'il sera peut-être nécessaire d'évoquer les antécédents

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  1   psychiatriques et le diagnostic psychiatrique qui concernent l'accusé.

  2   Donc, il vaudrait sans doute mieux parler de cela à huis clos partiel.

  3   Quand il conviendra de décider de la démarche à suivre après cela, on

  4   pourra repasser en audience publique.

  5   Est-ce que vous avez des objections à présenter à ce sujet ?

  6   M. SOMERS : [interprétation] Je note que la seule affaire afférente à la

  7   nôtre, où on a débattu de ce type de questions, a été menée en audience

  8   publique, parce qu'on a estimé que tout ce qui avait trait à la capacité de

  9   l'accusé à être jugé devait être présenté en audience publique. Nous

 10   respectons votre décision, mais je voudrais vous rappeler que, dans cette

 11   affaire, en avril dernier, tout s'est déroulé en audience publique, dans

 12   une affaire où les questions qui se posaient étaient semblables.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais si je me souviens bien, dans

 14   l'affaire Strugar, on parlait essentiellement de l'état de santé physique

 15   d'un accusé, et que les troubles mentaux que l'on a évoqués étaient le

 16   genre de troubles mentaux que l'on s'attend à trouver chez un personne d'un

 17   certain âge. Alors qu'ici, nous sommes confrontés à une situation

 18   complètement différente. Mais tournons-nous vers Me Radosavljevic pour

 19   savoir quel est son point de vue à ce sujet.

 20   M. RADOSAVLJEVIC : [interprétation] La Défense souhaiterait que cette

 21   partie des débats dans lesquels on va évoquer, non seulement le diagnostic,

 22   mais tous les éléments ayant trait à l'état de santé mentale de l'accusé,

 23   la Défense souhaiterait que tout ceci soit débattu à huis clos partiel, de

 24   même que ce qui s'est passé l'an dernier en mars 2004, lors de l'audience

 25   du 15 mars; puisque nous avons parlé des détails du diagnostic, des

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  1   troubles mentaux du mon client, à huis clos partiel. Ensuite, lorsqu'on a

  2   abordé les conclusions et leurs conséquences - et j'estime, comme vous, que

  3   c'est d'intérêt public - à ce moment-là, nous sommes retournés en audience

  4   publique.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, effectivement. Si nous sommes en

  6   mesure d'arriver à des conclusions cet après-midi.

  7   [La Chambre de première instance se concerte]

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Après avoir entendu les parties, et les

  9   rapports et les éléments médicaux que nous allons entendre qui sont assez

 10   approfondis, et étant donné que notre débat va aborder les questions de

 11   manière beaucoup plus détaillée, étant donné également ce qui s'est passé

 12   précédemment dans cette affaire et les différences qui existent avec

 13   l'affaire Strugar, nous estimons que tout ce qui a trait aux questions

 14   psychiatriques devrait être abordé ici en audience à huis clos partiel.

 15   Je demande donc à la Greffière d'audience de passer à huis clos partiel.

 16   [Audience à huis clos partiel]

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 23   [Audience publique]

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous sommes de nouveau en audience

 25   publique, mais sans doute pas pour très longtemps.

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  1   J'aimerais demander à Mme l'Huissière de bien vouloir faire entrer le

  2   témoin dans le prétoire.

  3   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Docteur Duits. Mme l'Huissière

  5   vous a demandé de vous lever. Le règlement n'est pas tout à fait clair

  6   lorsqu'il s'agit d'entendre des experts qui présentent leurs conclusions,

  7   cependant, je vais, malgré tout, vous demander de déclarer que vous allez

  8   dire la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité. Cela vous paraît

  9   peut-être un petit peu étrange, vous qui êtes expert néerlandais, puisqu'il

 10   se trouve que je sais qu'aux termes de la législation néerlandaise, les

 11   experts, quand ils interviennent, se prononcent différemment des témoins au

 12   début de leur déposition. Mais j'espère que vous comprendrez que c'est

 13   exactement la même chose, c'est-à-dire que l'on vous demande, en tant

 14   qu'expert, de faire part de votre opinion au mieux de vos capacités, sur la

 15   base de votre expérience et sur la base des faits qui vous ont été

 16   communiqués. C'est sur cette base que vous vous engagez à dire la vérité,

 17   toute la vérité, et rien que la vérité.

 18   Je vous donne cette petite explication, car je sais que, dans notre système

 19   néerlandais, la formulation est un petit peu différente.

 20   Mme l'Huissière va maintenant vous remettre une petite carte sur laquelle

 21   figure le texte de la déclaration solennelle. Je vous demande de la

 22   prononcer.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 24   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 25   LE TÉMOIN: NILS DUITS

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  1   [Le témoin répond par l'interprète]

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup. Veuillez prendre place,

  3   Docteur Duits.

  4   Docteur Duits, je me suis adressé à vous en anglais. Puis-je partir du

  5   principe que votre anglais est suffisamment bon pour que vous puissiez

  6   comprendre ce qu'on vous dit et vous exprimer en anglais ? Si vous vous

  7   trouvez confronté à une difficulté quelconque dans ce domaine linguistique,

  8   n'hésitez pas à nous le faire savoir. Nous essaierons de trouver une

  9   solution.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Bien. Merci.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation]

 12   Docteur Duits, nous allons bientôt passer à huis clos partiel puisque la

 13   Chambre a estimé que l'état de santé mentale a trait à des informations qui

 14   sont des informations à caractère privé, qui ne doivent pas être

 15   divulguées. Mais je souhaiterais d'abord que nous parlions de ce que la

 16   Chambre vous a demandé de faire quelque chose que l'on trouvera dans une

 17   demande adressée par la Chambre au Greffe, afin de désigner un expert.

 18   Nous avons demandé l'assistance d'un expert dans le domaine de la

 19   médecine légale, afin de passer en revue les rapports qui ont été établis

 20   et présentés au sujet de l'état mental de M. Kovacevic. Nous avons demandé

 21   à cet expert de fournir à la Chambre des observations sur la nature et

 22   l'étendue des contradictions entre les rapports, les rapports déposés dans

 23   cette affaire, entre le rapport du 20 janvier 2005 et le rapport du 22 mars

 24   2005. 

 25   Deuxièmement, nous vous avons demandé de fournir vos observations sur la

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  1   manière de comprendre, de résoudre éventuellement ces discordances. Il vous

  2   a été demandé de faire toute observation permettant à la Chambre de mieux

  3   évaluer les rapports présentés, car vous le savez, nous devons évaluer ces

  4   rapports, pour décider si M. Kovacevic est à même d'être jugé, s'il est

  5   apte à être jugé.

  6   Je souhaitais vous expliquer tout cela en audience publique, expliquer

  7   pourquoi nous vous avions demandé votre aide et dans quelle mesure.

  8   Maintenant j'aimerais que nous passions à huis clos partiel.

  9   [Audience à huis clos partiel]

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 11  Pages 278-301 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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 13   [Audience publique] 

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Faites entrer le témoin expert, s'il

 15   vous plaît.

 16   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Docteur Duits, je vous avais posé

 18   une question qui est restée en suspens, mais il faut que je vous informe du

 19   fait que nous sommes un peu pressés par le temps. Il s'agit nullement de

 20   vous demander d'accélérer de manière préjudiciable, inacceptable. Mais

 21   c'est simplement pour vous rappeler que nous devons être aussi efficaces

 22   que possible.

 23   Pouvez-vous, s'il vous plaît, nous dire si la question que je vous ai

 24   posée vous amène à faire des observations supplémentaires.

 25    LE TÉMOIN : [interprétation] En premier lieu -- ici, je reprends le

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  1   rapport, en premier lieu, il faut rappeler que c'est quelqu'un qui souffre

  2   de trouble narcissique, quelqu'un qui a une personnalité à caractère

  3   narcissique, c'est-à-dire quelqu'un qui a un ego surdimensionné, une

  4   extrêmement bonne opinion de soi-même. Nous voyons, également, dans le

  5   rapport établi par l'académie militaire médicale qu'il souhaite bénéficier

  6   d'une position à caractère exclusif et particulier, ce qui cause bien des

  7   ennuis à l'hôpital, même.

  8   Dans un sens, nous avons affaire à quelqu'un qui bénéficiera de cette

  9   position d'exclusivité, de cette position un peu exclusive, à part,

 10   lorsqu'il viendra à La Haye ou s'il vient à La Haye parce que s'il est jugé

 11   en Serbie-et-Monténégro, dans sa langue maternelle avec les mêmes droits

 12   que tout le monde et sans position différente, exclusive des autres, il

 13   aura du mal à maintenir cette bonne opinion de soi, qui est la sienne, à un

 14   niveau pathologique parce que si on regarde les faits, rien que les faits,

 15   qu'est-ce qui lui reste ? C'est quelqu'un qui est à la retraite, il est

 16   sous le coup d'un procès. Un procès qui, éventuellement, pourrait se

 17   dérouler dans son propre pays, sans qu'il bénéficie d'une position

 18   particulièrement avantagée, sans peut-être bénéficier de droits

 19   exclusivement réservés à lui-même. Ici, je m'avance un peu, je me lance

 20   dans des conjectures, mais vous m'avez demandé d'évaluer ce type de

 21   situation, vous m'avez demandé si j'estimais que ces idées suicidaires

 22   risquaient d'augmenter, risquaient d'être prononcées, si on devait prendre

 23   une décision dans ce sens. Mais comme je l'ai dit, les idées de suicide,

 24   les menaces de suicide, c'est quelque chose qui se maintient dans n'importe

 25   quel contexte. Ce dilemme du prisonnier, c'est ainsi qu'on l'appelle, je

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  1   n'ai pas vraiment de réponse à cela.

  2   Parce qu'actuellement, il bénéficie d'une position quelque peu

  3   exclusive.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

  5   Maître Radosavljevic, avez-vous des questions à poser au

  6   Dr Duits ?

  7   Mme RADOSAVLJEVIC : [interprétation] Oui, j'ai pas mal de questions à lui

  8   poser; malheureusement, cela va nous prendre, au moins, une demi-heure en

  9   partant du principe, bien entendu, que les réponses à mes questions ne

 10   seront pas trop longues.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'imagine, Mme Somers, que vous-

 12   même, vous avez des questions.

 13   Mme SOMERS : [interprétation] Oui.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vues les circonstances, je pense

 15   qu'il vaudrait mieux se demander quand nous pourrons poursuivre l'audience

 16   de ce jour parce que ce ne sera pas possible d'en finir aujourd'hui. Je ne

 17   sais pas, Dr Duits, si vous avez des projets de vacances ou si vous avez un

 18   emploi du temps extrêmement chargé, s'il vous est possible de revenir sans

 19   qu'on vous prévienne très longtemps à l'avance.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce n'est pas quelque chose qui me plait

 21   vraiment beaucoup parce que je suis très, très occupé.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, ce n'est pas une solution qui

 23   nous agrée, à nous-mêmes, énormément.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais qu'est-ce que cela veut dire ?

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais je vais consulter le Greffe.

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  1   [La Chambre de première instance et la greffière se concertent]  

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] On est en train de se renseigner du côté

  3   du greffe, s'il y a une possibilité d'audience, vu le calendrier des

  4   audiences, ce qui ne signifiera peut-être pas la solution de tous nos

  5   problèmes parce que nous avons tous des emplois du temps extrêmement

  6   chargés parce que si je vous dis qu'il y a certaines comparutions initiales

  7   qui ont lieu à 8 heures du matin, faute de salles d'audience, vous

  8   comprendrez les difficultés auxquelles nous sommes confrontés et qui sont

  9   communes à toutes les Chambres.

 10   Mme SOMERS : [interprétation] Au début, quand on a prévu cette audience,

 11   étant donné que nous avions fait part à la Chambre de certaines

 12   considérations relatives à notre emploi du temps, nous avions -- enfin, il

 13   avait été dit que lundi, éventuellement, c'était une date qui pouvait être

 14   envisagée pour cette audience. Je ne sais pas si c'est toujours possible.

 15   Je crois que je l'avais fait savoir à M. Harhoff. Il avait été dit qu'il

 16   était possible qu'une autre journée de la semaine puisse être envisagée et

 17   qu'on puisse, éventuellement, terminer l'audience, si elle ne pouvait pas

 18   se terminer le lundi, 18. Je ne sais pas si c'est toujours possible. 

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne peux pas répondre à cette

 20   question.

 21    [La Chambre de première instance et le juriste se concertent]

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons essayer de voir ce qu'il en

 23   est. Mais essayons de faire le meilleur usage du temps qui est à notre

 24   disposition.

 25   Maître Radosavljevic, peut-être -- à moins que vous n'ayez des objections à

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  1   ce fait, peut-être pourrais-je vous donner la possibilité de poser quelques

  2   questions et je donnerais la même possibilité à l'Accusation; ensuite,

  3   pendant ce temps-là, le Greffe essaie de voir s'il est possible de

  4   poursuivre l'audience bientôt et on demandera, également, au témoin si cela

  5   lui convient.

  6   Allez-y.

  7   Mme RADOSAVLJEVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, veuillez poursuivre.

  9   Mme RADOSAVLJEVIC : [interprétation] D'abord, j'aimerais vous poser une

 10   question sur la comparaison que vous avez faite des deux rapports. Le

 11   premier date du 20 janvier, il a été réalisé par les

 12   Dr Goreta et Krajinovic; l'autre date du 22 mars, il a été établi par le Dr

 13   Rosic. Dans la forme, avez-vous constaté qu'il y avait des différences dans

 14   la manière dont ces rapports ont été élaborés. Enfin, c'est ce que vous

 15   nous avez dit, d'ailleurs; vous nous avez dit qu'il y avait une différence.

 16   Est-il possible qu'étant donné que le Dr Goreta et le Dr Krajinovic

 17   viennent du même système judiciaire que vous, c'est-à-dire, le système

 18   continental, le système européen et étant donné que le Dr Rosic vient d'un

 19   autre système, le système néo-zélandais où on applique le droit de la

 20   Grande-Bretagne, est-il possible que ce soit, là, la raison pour laquelle,

 21   elle, le Dr Rosic, n'a pas présenté son rapport de la manière que vous

 22   estimez être acceptable ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit de la forme d'un rapport, il faut

 24   savoir que dans le monde anglo-saxon, en Grande-Bretagne, en Australie, en

 25   Nouvelle-Zélande, aux USA, on procède de la même manière. C'est,

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  1   d'ailleurs, l'objet de mes recherches et le conseil néerlandais de

  2   psychiatrie utilise le même format dans l'élaboration de ces rapports, le

  3   même format qui est celui qui est utilisé par le conseil ou l'association

  4   psychiatrique américaine. Cela se retrouve dans la manière d'élaborer le

  5   rapport.

  6   Mme RADOSAVLJEVIC : [interprétation] Merci. Autre question plus générale :

  7   en plus de ces deux rapports, rapport du Dr Goreta, du

  8   Dr Krajinovic, des rapports de l'académie militaire médicale de Belgrade,

  9   avez-vous pu consulter d'autres documents relatifs à

 10   M. Kovacevic ? J'imagine que vous avez, également, lu le rapport de mai

 11   2003 du Dr Strikovic. Avez-vous eu connaissance du dossier médical, en

 12   d'autres termes ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai lu le bilan clinique du Dr Petrovic.

 14   Je dispose, également, des documents qui viennent de l'académie médicale

 15   militaire. J'ai, également, le rapport de Dusan Kosovic [phon]. Je ne

 16   dispose pas du rapport du Dr Strikovic; simplement, le rapport du Dr

 17   Strikovic est cité dans le rapport même.

 18   Mme RADOSAVLJEVIC : [interprétation] J'imagine que vous ne disposez

 19   pas de tous les dossiers médicaux de M. Kovacevic, de tous les documents

 20   qui ont trait à son suivi médicales et à partir de 1988.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, mais c'est cité dans les rapports.

 22   Mme RADOSAVLJEVIC : [interprétation] Il y a un point qui a été évoqué

 23   par les Juges de la Chambre et qui est celui des délires, des troubles qui

 24   se manifestent par des délires. J'aimerais vous citer un extrait d'un

 25   manuel de psychiatrie. Je vais vous en donner le titre et les auteurs.

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Kaplan et Sadock.

  2   Mme RADOSLAVJEVIC : [interprétation] Oui, tout à fait.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  4   Mme RADOSLAVJEVIC : [interprétation] Il s'agit, ici, de confusion quant à

  5   la terminologie utilisée - n'hésitez pas à me corriger, si je me trompe -

  6   page 503 d'un document qui s'intitule "Synopsis of Psychiatry," qui

  7   s'intitule "Science comportementale psychiatrique clinique," les auteurs

  8   sont Kaplan et Sadock. Ce document a, également, été placé en annexe des

  9   écritures de la Défense du

 10   31 mars.

 11   Sous le terme de troubles délirants, on peut lire la chose suivant :

 12   "Il s'agit de troubles psychiatriques dont les symptômes principaux sont

 13   les délires. Auparavant, ces troubles étaient connus sous le terme de

 14   paranoïa ou troubles paranoïaques." Est-ce que ces délires auxquels fait

 15   référence le Dr Rosic dans son rapport peuvent être considérés comme une

 16   psychose paranoïaque, la psychose paranoïaque qui est mentionnée dans le

 17   rapport Goreta-Krajinovic ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Les délires, ces troubles délirants

 19   n'apparaissent pas très souvent. C'est mentionné, d'ailleurs, dans le livre

 20   de Kaplan et Sadock. Il s'agit de troubles qui s'inscrivent dans la durée,

 21   qu'il est très difficile de guérir. Moi, dans le rapport du Dr Rosic, je

 22   n'ai pas vu d'arguments à l'appui de l'existence de troubles délirants. Je

 23   ne sais pas si j'ai répondu à votre question, mais je ne sais même pas si

 24   vous l'avez encore posée.

 25   Mme RADOSLAVJEVIC : [interprétation] Ma question, c'était de savoir

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  1   si les troubles délirants ou ce que l'on appelait, précédemment, la

  2   paranoïa ou les troubles paranoïaques, est-ce qu'on peut considérer que

  3   c'est la même maladie, que ce sont les mêmes troubles mentaux que --

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. La psychose paranoïaque, qui est

  5   difficile à déterminer de manière précise, à définir de manière précise,

  6   comporte également des hallucinations et parfois, des délires. Mais quand

  7   on parle de troubles délirants, de délires, à ce moment-là, cela se limite

  8   strictement aux délires.

  9   Mme RADOSLAVJEVIC : [interprétation] Je vous remercie.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je m'excuse.

 11   Mme RADOSLAVJEVIC : [interprétation] Je n'ai plus la parole. Mon

 12   temps s'est écoulé.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas tout à fait. Mais nous essayons de

 14   trouver une façon de poursuivre ce débat, mais je vais donner, maintenant,

 15   la possibilité à Mme Somers de poser quelques questions. Ensuite, on verra

 16   s'il est possible de reprendre cette audience à un stade ultérieur.

 17   Mme SOMERS : [interprétation] Bonjour, Docteur.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 19   Mme SOMERS : [interprétation] Si, comme cela est indiqué dans le

 20   rapport du Dr Goreta, il y a éventuelle manipulation de la part du patient,

 21   est-ce que ce n'est pas quelque chose qu'on peut s'attendre de toute

 22   personne susceptible de passer devant un Tribunal ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux uniquement vous parler du point de vue

 24   psychiatrique, du point de vue du diagnostic psychiatrique, c'est-à-dire

 25   que dans ce diagnostic, la simulation joue un rôle; elle joue un rôle quand

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  1   vous procédez à ce type de diagnostic. Cela intervient dans le comportement

  2   des personnes que vous avez à évaluer.

  3   Mme SOMERS : [interprétation] S'il y avait amélioration de la

  4   personne à laquelle vous êtes confronté, est-ce que cela ne peut pas

  5   bafouer le système de justice pénal, si quelqu'un dit, je vais très, très

  6   bien tant qu'on ne me juge pas, tant que je ne passe pas devant un

  7   Tribunal. Est-ce qu'on peut vraiment imaginer un système judiciaire de ce

  8   type où on permet à la manipulation de faire échec à la justice ?

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Somers, permettez-moi de

 10   consulter mes collègues avant de permettre au témoin de répondre.

 11   [La Chambre de première instance se concerte]

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Docteur Duits, pour la Chambre, votre

 13   domaine de spécialité ne vous autorise pas à répondre à cette question,

 14   cela va au-delà de votre domaine de spécialité. Est-ce que vous pensez de

 15   même ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. D'ailleurs, c'est pourquoi je vous

 17   regardais, pour savoir si je devais vraiment répondre à cette question.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Somers.

 19   Mme SOMERS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 20   Parlons d'un éventuel procès du témoin en Serbie. Comment voyez-vous son

 21   statut ? Est-ce qu'il n'est pas possible qu'il ait éventuellement un statut

 22   de héros ? Quelle serait la conséquence de ce fait sur la bonne opinion

 23   qu'il a de lui ? Son statut s'explique par le fait qu'on parle abondamment

 24   de lui dans les journaux et que les personnes qui sont accusées devant le

 25   Tribunal sont considérées comme des héros dans leurs pays respectifs.

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est une bonne remarque, mais là aussi, on

  2   sort de mon domaine de spécialité. Cela ne figure pas dans le rapport. Mais

  3   il est possible que ceci soit en rapport avec la bonne opinion qu'il a de

  4   lui.

  5   Mme SOMERS : [interprétation] Vous avez lu un certain nombre de

  6   rapports pour préparer le vôtre. Avez-vous noté un diagnostic de troubles

  7   délirants dans certains de ces rapports, en dehors du rapport du Dr Rosic ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

  9   Mme SOMERS : [interprétation] J'aurais d'autres questions à poser,

 10   mais j'aurais besoin de plus de temps.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je regarde la greffière d'audience, le

 12   calendrier des audiences a évolué. Nous allons voir s'il est possible

 13   d'envisager une autre audience et quelles sont les possibilités pour vous

 14   et pour les parties.

 15   Madame la Greffière d'audience, je vous donne la parole.

 16   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La seule journée envisageable, c'est

 17   celle du 19 avril, mardi, 19 avril, dans l'après-midi.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Somers.

 19   Mme SOMERS : [interprétation] Je suis désolée, mais j'avais informé M.

 20   Harhoff du fait que moi-même, je n'étais pas disponible. Si cela doit se

 21   passer dans les deux semaines à venir, éventuellement, je peux me faire

 22   remplacer par un autre membre de mon équipe. Mais après le 3 mai, cela ne

 23   pose aucun problème.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le problème, c'est qu'après le 3 mai, je

 25   ne serais pas disponible et il ne faut pas laisser s'écouler trop de temps.

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  1   J'ai été informé du fait par M. Harhoff, il m'a fait savoir que vous ne

  2   seriez pas disponible. Nous en avons tenu compte.

  3   Mme SOMERS : [interprétation] Merci. Mes confrères se chargeront de

  4   poursuivre le traitement de cette affaire.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous êtes le personnage central, ici.

  6   Est-ce que je peux vous demander s'il vous est possible d'envisager d'être

  7   avec nous le 19 avril, dans l'après-midi ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] En fin d'après-midi.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il n'y aurait pas de difficultés, Madame

 10   la Greffière d'audience, n'est-ce pas ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je pourrais venir à --

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un instant.

 13   [La Chambre de première instance se concerte]

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Docteur Duits, vous alliez faire

 15   des suggestions quant à l'heure de l'audience.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Je pourrais être là à 5 heures.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, on ne travaille pas ici après 7

 18   heures, mais 5 heures ce serait en effet possible.

 19   Madame Radoslajevic, 5 heures de l'après-midi le 19 avril, cela nous

 20   convient.

 21   Mme RADOSLAJEVIC : [aucune interprétation]

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Somers, est-ce que vous trouverez

 23   quelqu'un pour vous remplacer pour cette audience ?

 24   Mme SOMERS : [interprétation] Me remplacer non, mais prendre ma place de

 25   manière temporaire, oui.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Effectivement, j'ai été un peu hâtif

  2   dans la manière de m'exprimer.

  3   Il y a deux questions que je souhaite évoquer. Cela ne prendra pas beaucoup

  4   de temps, Monsieur le Témoin, mais cela ne vous concerne pas. Si vous

  5   préférez partir, n'hésitez pas à nous le dire et Mme l'Huissière vous

  6   raccompagnera. Sinon, vous pouvez rester.

  7   Madame Radosavljevic, vous avez vu dans l'ordonnance portant

  8   calendrier relative à la présente affaire, et j'aurais d'ailleurs dû en

  9   parler dès le début et pas au milieu de l'audience. Vous avez vu que la

 10   Chambre estimait que la présence de l'accusé n'était pas nécessaire.

 11   J'imagine qu'étant donné que vous êtes ici seule et que nous n'avons reçu

 12   aucune écriture, nous demandons de permettre le transfert de l'accusé

 13   depuis Belgrade, que vous étiez d'accord avec notre position.

 14   Mme RADOSAVLJEVIC : [interprétation] Oui.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien entendu, dans la mesure des

 16   instructions qui vous ont été données par votre client, mais cela aussi

 17   c'est une question qui se pose, est-ce qu'il peut vous donner des

 18   instructions ?

 19   Il y a une autre chose que je souhaiterais évoquer, l'autre point qui

 20   figurait à notre ordre du jour, c'est qu'après avoir décidé si l'accusé est

 21   apte à être jugé, il va falloir ensuite prendre une décision quant à la

 22   manière d'envisager le reste de l'affaire. Je vais maintenant exposer un

 23   certain nombre d'options qui pourraient être envisagées par la Chambre, et

 24   les parties pourraient commencer à y réfléchir, et déterminer leurs

 25   positions sur chacune de ces options.

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  1   La première option, c'est de s'accorder encore six mois pour voir comment

  2   évolue la situation. On n'insisterait pas pour que l'accusé plaide coupable

  3   ou non coupable, tout de suite.

  4   L'autre solution qui s'offre à nous est la suivante : si nous décidons que

  5   le moment est venu de décider si l'accusé peut plaider coupable ou non

  6   coupable, si on décide de ne pas se donner six mois, mais de prendre une

  7   décision tout de suite, à ce moment-là, il y a une possibilité qui s'offre

  8   à nous, c'est que l'accusé plaide, c'est-à-dire que nous décidions qu'il

  9   doit plaider coupable ou non coupable. S'il ne plaide pas, à ce moment-là

 10   on le fera pour lui.

 11   Ensuite, ici sur la base des éléments dont nous disposons, je n'envisage

 12   pas l'option qui est bien entendu envisageable. L'option qui est que

 13   l'accusé plaide coupable. Je n'envisage pas cette option. Mais sur la base

 14   des éléments dont nous disposons, j'estime qu'au jour d'aujourd'hui, c'est

 15   une possibilité théorique, mais que ce n'est pas une possibilité

 16   envisageable de manière concrète par les parties.

 17   S'il plaide coupable ou non coupable et qu'on enregistre pour lui un

 18   plaidoyer de non culpabilité, à ce moment-là, il serait jugé à La Haye ou

 19   ailleurs, Belgrade peut-être, si l'information de renvoi suit les arguments

 20   présentés par l'Accusation. Cette décision-là, elle ne relève pas de la

 21   compétence de la Chambre, car le renvoi de l'affaire après plaidoyer, le

 22   renvoi de l'affaire en ex-Yougoslavie, c'est une décision qui relève

 23   uniquement de l'information de renvoi.

 24   L'option suivante qui s'offre à nous, c'est que la Chambre de première

 25   instance n'attende pas six mois, qu'elle prenne une décision tout de suite,

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  1   et qu'elle décide que l'accusé n'est pas apte à plaider coupable ou non

  2   coupable, et qu'il n'est pas apte à être jugé. Il y a encore là d'autres

  3   options qui sont envisageables.

  4   L'une d'elles, si j'ai bien compris les faveurs du bureau du Procureur,

  5   c'est que qu'il en soit, la demande de renvoi au titre de l'Article 11 bis

  6   soit entendue par l'information de renvoi, et j'indique déjà la question

  7   qui nous manquera d'être soulevée dans ces conditions et qui est la

  8   suivante : si une personne est déclarée par cette Chambre inapte à plaider

  9   coupable ou non coupable, ou si elle est déclarée inapte à être jugée, la

 10   question qui se pose automatiquement, c'est de savoir si cette personne est

 11   apte à donner des consignes au conseil de la Défense, qui défendra ses

 12   intérêts dans une procédure 11 bis. J'aimerais demander aux parties de

 13   réfléchir à cette question.

 14   Enfin, c'est la dernière option qui est envisagée par la Chambre

 15   actuellement. L'autre option ce serait que l'Accusation retire son acte

 16   d'accusation, et s'il y avait retrait de l'acte d'accusation, cela pourrait

 17   se faire sans autre forme de procès, c'est-à-dire sans que d'autres

 18   dispositions ne soient nécessaires. Une autre décision ou une autre

 19   possibilité, c'est que cette décision de retrait de l'acte d'accusation

 20   soit prise après consultation avec les autorités locales, sans doute les

 21   autorités de Belgrade, pour savoir si elle continue à suivre l'évolution de

 22   l'état de santé de l'accusé, et si elle décide d'engager des poursuites

 23   peut-être après consultation avec le bureau du Procureur, une fois que la

 24   situation permettra de reprendre ou d'engager des poursuites contre

 25   l'accusé.

Page 316

  1   Voilà les options qui, après réflexion, ont été envisagées par la Chambre.

  2   Comme nous avons discuté de la question, nous avons pensé que c'était une

  3   bonne idée d'en informer les parties afin qu'elles puissent se préparer,

  4   puis éventuellement envisager d'autres options elles-mêmes. Mais l'idée

  5   c'est que les parties se penchent au moins sur ces options ou y

  6   réfléchissent.

  7   Docteur Duits, je souhaiterais vous remercier d'être venu déposer. Je vous

  8   remercie d'avoir l'amabilité de revenir la semaine prochaine. Il y aura une

  9   confirmation finale qui vous sera donnée, car pour organiser une audience,

 10   on fait intervenir un grand nombre de personnes, le Greffe, les Juges, et

 11   cetera. Il y a beaucoup de dispositions à prendre; nous allons vous

 12   confirmer la tenue de cette audience aussi rapidement que possible.

 13   Je me tourne vers la Greffière pour savoir s'il y a d'autres questions qui

 14   sont à notre ordre du jour d'aujourd'hui et qu'il convient d'aborder. Bien

 15   dans ces conditions, non.

 16   Nous allons maintenant suspendre l'audience jusqu'à mardi 19 avril 2005 à

 17   17 heures en Salle II.

 18   L'audience est levée.

 19   --- L'audience est levée à 16 heures 47 et reprendra le mardi 19 avril

 20   2005, à 17 heures.

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