Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le lundi 5 décembre 2005

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 07.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je souhaite bonjour à tout le monde.

6 Monsieur le Greffier, pouvez-vous citer l'affaire.

7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Il s'agit

8 de l'affaire IT-00-39-T, le Procureur contre Momcilo Krajisnik.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

10 Monsieur Stewart, la Défense est-elle prête pour citer son prochain

11 témoin ?

12 M. STEWART : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Ce témoin

13 ne bénéficie d'aucune mesure de protection. Elle n'a pas été demandée. Il

14 s'agit de Mme Slobodanka Hrvacanin.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Donc, on va citer Mme

16 Hrvacanin à la barre.

17 M. STEWART : [interprétation] Pour -- qui nous reste avant que le témoin ne

18 rentre, je voudrais m'adresser aux Juges de la Chambre. Il arrive que le

19 témoin, soit de la Défense, soit du Procureur, souhaite ardemment les

20 choses à la Chambre même si ces choses -- ces points ne sont pas toujours

21 très, très pertinentes. Parfois, ce sont les informations qui ne sont pas

22 bien longues et qui ne sont pas strictement dures, excellentes,

23 pertinentes, mais, peut-être, qu'on pourrait les admettre. Je vais essayer

24 d'être aussi bref que possible et de guider le témoin pour éviter de telles

25 informations.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que M. Tieger va se lever dès

27 que ce problème va se poser, c'est-à-dire, à partir du moment où il va être

28 gêner par vos questions directrices.

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1 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Compte tenu, Madame Hrvacanin, je vous

3 souhaite bonjour. Avant de commencer votre déposition devant ce Tribunal,

4 les Règlements de procédure et de preuve vous demande de faire une

5 déclaration solennelle dont le texte va être présenté par Mme l'Huissière.

6 Vous voulez bien le lire, s'il vous plaît.

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

8 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

9 LE TÉMOIN : SLOBODANKA HRVACANIN [Assermentée]

10 [Le témoin répond par l'interprète]

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Vous pouvez vous

12 asseoir.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous allez tout d'abord être examinée

15 par Me Stewart, le conseil de la Défense.

16 Maître Stewart, vous pouvez continuer.

17 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

18 Interrogatoire principal par Mr Stewart :

19 Q. Bonjour, Madame Hrvacanin. Madame Hrvacanin, je vais vous poser un

20 certain nombre de questions. Nous vous énoncerons des faits concernant

21 votre passé, votre curriculum vitae, et je vais vous demander de temps en

22 temps de dire aux Juges de la Chambre si vous êtes d'accord ou s'il y a des

23 corrections à apporter à ces affirmations.

24 Donc, vous êtes née le 31 janvier 1947, à Belgrade. Vous avez fait l'école

25 secondaire à Gradiska. Vous avez votre baccalauréat. Ceci se trouve à 58

26 kilomètres de Banja Luka, sur la rivière de la Sava, en Croatie, de l'autre

27 côté de la rivière. Ensuite, vous avez un diplôme de dentiste, de

28 l'université de Belgrade. Votre père était un volontaire de l'armée serbe

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1 pendant la Première guerre mondiale et il s'est battu sur le front de

2 Salonika. C'était un combattant pour la liberté de Thessalonika. Pendant la

3 Deuxième guerre mondiale, il a passé du temps dans le camp de concentration

4 de Stari Gradiska. A un moment donné, on l'a fait sortir pour lui tirer une

5 balle dans la tête, mais il a réussi à s'échapper parce que quelqu'un l'a

6 reconnu et il a réussi à s'échapper en partant en Allemagne. Le convoi sur

7 son chemin vers l'Allemagne a été arrêté à Zagreb et, à la fin, il a réussi

8 à partir en Slovénie. Votre mère a été arrêtée justement pour se venger,

9 envoyée dans un camp en Allemagne. A cause du passé de votre père, les

10 combattants de son passé, les combattants pour la liberté, il avait du mal

11 pour trouver un travail et le temps était bien difficile à l'époque.

12 Ensuite, pour lui, il était difficile de trouver un travail dans cet Etat

13 communiste. Il est parti à l'étranger pour y chercher du travail.

14 Pour vous, c'est important de connaître ce passé, le passé de votre

15 famille; est-ce que je l'ai bien décrit ?

16 R. Oui.

17 Q. Vous vous êtes mariée en 1970, et quand vous êtes mariée au début, vous

18 travaillez et vous viviez à Zenica, vous aviez un fils qui est né en 1972;

19 est-ce exact ?

20 R. Oui.

21 Q. Votre mari, qui est toujours en vie, était, pendant l'ère communiste de

22 l'ex-Yougoslavie, un membre du Parti communiste, mais vous vous-même, vous

23 avez toujours été anticommuniste; c'était vos sentiments depuis toujours,

24 n'est-ce pas ?

25 R. Oui.

26 Q. Parce que l'engagement de votre mari au sein du Parti communiste, c'est

27 quelque chose qui vous répugnait, enfin, vous étiez vraiment contre cela,

28 mais est-ce que cela vous a-t-il aidé pour terminer vos études ?

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1 R. Oui, effectivement.

2 Q. Finalement, vous avez fait vos études de dentiste à Novi Sad, et à

3 présent vous travaillez comme chef du Département des soins dentistes

4 auprès de l'école médicale de Banja Luka, et vous êtes un chirurgien

5 dentiste dans le centre de santé de Banja Luka; est-ce exact ?

6 R. Oui. Je suis un dentiste chirurgien au sein du centre médical de Banja

7 Luka, et je suis aussi la doyenne auprès de la Faculté médicale de Banja

8 Luka, donc de la -- au sein de la Faculté de médecine de Banja Luka, et je

9 suis aussi un professeurs là-bas, j'enseigne à cette faculté.

10 Q. Est-ce qu'il est exact que de temps en temps vous avez regardé des

11 extraits de ce procès à la télévision ? Puisqu'il y a aussi un programme

12 qui suit la procédure devant ce Tribunal et on peut suivre les procès.

13 R. Oui.

14 Q. Est-ce que vous avez regardé la transmission des procès sur

15 l'Internet ?

16 R. Non.

17 Q. Dans la municipalité de Zenica, enfin, je vais vous poser une question

18 rapidement. Vous êtes restée vivre à Zenica jusqu'à la fin du mois de

19 février 1992; est-ce exact ?

20 R. Oui.

21 Q. Dans la municipalité de Zenica, à l'époque des élections multipartites

22 en novembre 1990, pourriez-vous nous dire quelle était la composition

23 ethnique de la municipalité de Zenica telle que vous vous en souvenez,

24 enfin, quel était le pourcentage de la représentation des différentes

25 ethnies ?

26 R. Que je sache, à 60 % de la population était musulmane, 15 % de la

27 population était croate, et 50 % de la population était serbe. Le reste

28 était des Yougoslaves.

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1 Q. [interprétation] Dans les élections du mois de novembre 1990 --

2 M. TIEGER : [interprétation] Excusez-moi, il y a apparemment une erreur au

3 niveau du compte rendu d'audience. On n'arrive pas à de juste pourcentage.

4 M. STEWART : [interprétation]

5 Q. Oui, effectivement. On parle de 50 % de Serbes. Peut-être qu'il y a une

6 erreur là. Vous avez dit qu'il avait 60 % de Musulmans, qu'il y avait 15 %

7 de Croates, et ensuite ici, on peut lire 50 % de Serbes, mais qu'est-ce que

8 vous avez dit exactement pour les Serbes ?

9 R. 15 % comme les Croates. Nous étions une minorité ethnique à Zenica.

10 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur Tieger.

11 Q. Ensuite, lors des élections qui ont eu lieu au mois de novembre 1990,

12 vous souvenez-vous quelles étaient les proportions de votes, donc par

13 rapport aux différents partis ?

14 R. Le Parti du SDA de l'action démocratique a eu le plus de vote, ensuite,

15 le Parti du SDS et le HDZ ont eu à peu près le même nombre de votes. Il y

16 avait aussi un parti pour la Yougoslavie, le Parti yougoslave, et le Parti

17 de vert, et quelques autres partis bien moins importants.

18 Q. Je parlais de Zenica. Vous avez parlé de Zenica vous aussi, n'est-ce

19 pas, dans votre réponse ?

20 Pourriez-vous nous donner un pourcentage des votes pour la

21 municipalité de Zenica ? Quel est le pourcentage, le nombre de votes

22 obtenus par le SDS, le Parti démocratique serbe ?

23 R. Nous avons emporté 10 % de votes. Alors qu'il y avait 15 % des Serbes

24 vivant dans cette municipalité, nous avions neuf députés dans l'assemblée

25 municipale.

26 Q. Avez-vous participé à une grande réunion qui a eu lieu le 12 juillet

27 1990, dans le hall de Bascarsija à Sarajevo ? Il s'agissait là de la

28 convention de la création du SDS ?

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1 R. Oui, j'y suis allée.

2 Q. Il y avait combien de gens là-bas à peu près ? Qu'est-ce que vous

3 pensez ?

4 R. Il y avait entre 2 et 3 000 personnes. Il s'agissait d'une grande

5 salle. Je ne sais pas quel était leur nombre exact, mais cette salle était

6 remplie. Il y avait des gens qui étaient debout même dans le couloir

7 autour.

8 Q. Le Dr Karadzic était-il présent lors de cette session ?

9 R. Oui.

10 Q. M. Izetbegovic était-il présent aussi ?

11 R. Oui.

12 Q. Quelle était l'ambiance de cette réunion ? Est-ce qu'il s'agissait

13 d'une réunion habituelle, houleuse avec des disputes ?

14 R. Il s'agissait là d'une réunion où s'il s'agissait de créer ces partis

15 et l'ambiance était fort agréable. Le SDS était le troisième parti national

16 qui allait être créé puisque le SDA et le HDZ avaient déjà été créés, et

17 donc tout s'est déroulé de la façon la plus amicale possible. Il n'y a pas

18 eu d'incident. Tous les orateurs ont dit qu'ils étaient contents que ce

19 Parti démocratique serbe ait été créé. Là, je ne parle pas seulement de

20 Serbes, je parle des gens qui étaient présents et qui appartenaient à tous

21 les groupes ethniques.

22 Q. Est-ce qu'auparavant vous avez été active dans la vie politique avant

23 cette réunion qui a eu lieu le 12 juillet 1990 ?

24 R. Non.

25 Q. Après cette réunion, êtes-vous allée voir le Dr Radovan Karadzic à

26 Sarajevo ?

27 R. Oui.

28 Q. Est-ce que vous êtes allée toute seule ou accompagnée ?

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1 R. Je suis allée avec quelqu'un.

2 Q. Qui était-ce ?

3 R. J'y suis allée avec les gens de Zenica, avec Bosko Jevtic et avec

4 quelques autres personnes dont je ne me souviens de nom, puisque, cela

5 s'est déroulé il y a 15 ans. Nous y sommes allés pour voir de quelque façon

6 nous allions procéder pour créer un Parti démocratique serbe à Zenica.

7 Q. Qui était Bosko Jevtic ?

8 R. Bosko Jevtic était membre du comité d'initiative pour la création du

9 Parti démocratique serbe de Zenica. C'était un technicien qui était employé

10 dans les hauts fourneaux de Zenica.

11 Q. Est-ce que vous aviez des liens personnels avec lui, enfin, familiaux ?

12 R. Oui. J'étais marraine, lors du baptême de ses enfants.

13 Q. Est-ce qu'il y a eu ensuite une réunion à Zenica qui s'est déroulée

14 suite à votre visite à Sarajevo quand vous êtes allée voir le Dr Karadzic ?

15 R. La première fois je n'ai pas pu rencontrer le Dr Karadzic, en revanche,

16 j'ai rencontré ses collaborateurs. C'était feu Danilo Veselinovic, M.

17 Velibor Ostojic, M. Joja Tintor. Ensuite, nous y sommes allés une deuxième

18 fois et là M. Radovan Karadzic était présent. Donc, nous avons eu notre

19 entretien pour créer le Parti démocratique serbe à Zenica. Il n'était pas

20 vraiment ravi par cette idée. Il n'était pas enthousiaste et il a dit qu'il

21 n'y avait que "très peu de Serbes" qui habitait la Bosnie centrale. Pour

22 lui ce nombre n'était vraiment pas important, mais je ne sais pas ce qu'il

23 voulait dire parce que dans la Bosnie centrale, il y avait plus de 100 000

24 Serbes qui y habitaient. A la fin, il a dit : "Ecoutez, faites quelque

25 chose, si vous le voulez," et il nous a donné quelques instructions

26 fondamentales pour -- qui étaient censées nous expliquer -- nous aider à

27 créer ces parties.

28 Nous avons commencé l'organisation du parti et, au mois d'août, le parti

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1 avait été créé.

2 Q. Je vais poser -- j'ai besoin de faire une pause. Vous avez dit qu'on

3 vous a donné quelques instructions de base pour créer ce parti. Pourriez-

4 vous expliquer aux Juges de la Chambre, quelles étaient ces instructions ?

5 De quoi s'agissait-il ?

6 R. Ce parti disposait déjà d'un statut puisque vous ne pouviez pas

7 l'enregistrer du tribunal de Bosnie-Herzégovine sans disposer d'un statut

8 au préalable. Donc, nous avons reçu une copie du statut, d'après ces

9 statuts nous avons compris de quelle façon, il fallait créer ce parti, donc

10 quels sont les organes qu'il fallait créer ? Nous avons élargi notre comité

11 d'initiative. Les autres personnes anticommunistes, qui pensaient comme

12 nous, qui toute leur vie, pendant l'époque, l'ère communiste étaient

13 maltraitées et avaient subi des mauvais traitements, ils nous ont rejoint

14 et nous avons essayé de créer ce Parti démocratique serbe.

15 Nous avons organisé une session solennelle semblable à celle qui avait été

16 organisée à Sarajevo et un grand nombre de Serbes étaient présents, 800

17 personnes même plus. Donc, nous étions dans la salle de cinéma le 29

18 novembre, une salle de cinéma à Zenica.

19 Q. Madame, je me dois de faire une pause.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stewart, est-ce que je peux poser

21 une question, une question très rapide au témoin ?

22 Madame, vous avez parlé d'un certain Joja Tintor; est-ce la même personne

23 que Jovan Tintor ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, effectivement.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

26 Vous pouvez continuer.

27 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

28 Q. Madame, au début vos réponses étaient très brèves, et là vous commencez

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1 à donner des réponses bien plus longues. Je vous demanderais d'essayer de

2 continuer à nous donner des questions ou réponses plus brèves, et ceci me

3 permettrait de vous poser plus de questions possibles.

4 R. Je m'excuse et je vous remercie de votre remarque.

5 Q. Vous n'avez pas besoin de vous excuser, Madame Hrvacanin.

6 Vous avez parlé de ces instructions que vous avez reçues. Est-ce que vous

7 avez reçu quelques conseils, concernant la politique lors de votre visite à

8 Sarajevo ?

9 R. Non.

10 Q. Est-ce que vous avez rencontré M. Krajisnik lors de ces visites à

11 Sarajevo ?

12 R. Non.

13 Q. A l'époque, saviez-vous qui il était, M. Krajisnik ?

14 R. Non.

15 Q. Nous avons parlé de cette réunion que vous vouliez décrire; elle a eu

16 lieu le 28 août 1990; c'est exact, n'est-ce pas ?

17 R. Oui.

18 Q. Le Dr Karadzic était présent lors de cette réunion ?

19 R. Oui.

20 Q. M. Ostojic aussi ?

21 R. Oui.

22 Q. M. Krajisnik, était-il présent ?

23 R. Non.

24 Q. Le président du SDS de Zenica -- des unités, était-il présent

25 également ?

26 R. Oui.

27 Q. Qu'en est-il du président de la municipalité de Zenica, était-il

28 présent ?

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1 R. Oui.

2 Q. Est-ce un Musulman ?

3 R. Non. M. Kolar est Croate, Bogdan Kolar, il s'appelle.

4 Q. Au moment de cette réunion, ou peu après cette réunion, est-ce que vous

5 êtes devenu le président du SDS de la municipalité de Zenica ?

6 R. Justement lors de cette réunion-là que j'avais été élue au poste de

7 président du SDS de Zenica.

8 Q. Etait-ce le premier poste politique que vous avez jamais eu ?

9 R. Oui.

10 Q. Est-ce qu'il y a eu des conséquences désagréables qui ont découlé du

11 fait que vous êtes devenue le président du SDS de la municipalité ?

12 R. Oui, c'était très désagréable.

13 Q. Pourriez-vous nous décrire ces conséquences ?

14 R. C'était fort désagréable. C'était une situation fort désagréable. Suite

15 à un rassemblement, j'ai été emmenée quelque part par la police et ils

16 m'ont arrêtée et ils m'ont emmenée dans les locaux utilisés par le service

17 de la Sûreté de l'Etat.

18 Au début, j'avais l'impression qu'ils m'ont demandé de venir boire un café.

19 C'est ce qu'ils m'ont dit d'ailleurs au début, mais, par la suite, j'ai

20 compris qu'il s'agissait d'une toute autre raison parce que j'ai subi des

21 mauvais traitements, aussi bien verbalement que physiquement. Peut-être que

22 tout ceci aurait duré bien plus longtemps si un grand ami n'était passé par

23 là, un grand ami à moi qui a réussi à me faire sortir de cette situation.

24 Parce que ces hommes et ces gens qui étaient là voulaient continuer à me

25 passer à tabac. Enfin, à l'époque, je n'ai été que giflé deux fois.

26 Q. Ce bon ami était-il policier, cet ami à vous, celui qui vous a sorti de

27 là ?

28 R. Il travaillait dans la police judiciaire. Il était inspecteur de la

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1 police judicaire, mais il ne travaillait pas au sein du service de la

2 sûreté de l'état.

3 Q. Vous avez dit qu'ils vous ont pris, qu'ils vous ont abordée dans la rue

4 et qu'ils vous ont emmenée au commissariat pour soi-disant pour avoir --

5 pour prendre un café avec eux. Vous êtes allée au commissariat ?

6 R. Oui. J'étais médecin, donc, les gens venaient souvent me voir. J'avais

7 souvent des patients qui étaient -- travaillaient pour la police, et au

8 départ je n'ai pas pu comprendre, je ne voulais pas voir que quelque chose

9 allait m'arriver. J'ai toujours tendance à penser que les gens sont bons et

10 je ne m'inquiète jamais à l'avance en disant que quelque chose va

11 m'arriver.

12 Q. Etait-ce des policiers, toutes ces personnes qui vous ont emmenée vers

13 le commissariat ?

14 R. Ils travaillaient pour les services de la Sûreté de l'Etat, donc, on ne

15 les appelle pas des policiers, ce sont des inspecteurs de la DB, donc de la

16 sûreté. Ils ne sont pas en uniforme. Ils sont en civil.

17 Q. Ils étaient combien ?

18 R. Quatre.

19 Q. Quand vous êtes arrivée au commissariat, y a-t-il eu des discussions,

20 conversations, interrogatoires, enfin qu'est-ce qui s'est passé exactement

21 à votre arrivée ?

22 R. D'abord, j'ai eu la fameuse tasse de café qu'on m'avait promise.

23 Ensuite, on m'a demandé de me lever. Donc, je me suis levée et, ensuite,

24 ils ont commencé à m'interroger, savoir ce qu'on voulait nous autres, les

25 Serbes ? Est-ce qu'on voulait écrire en alphabète cyrillique ? J'ai répondu

26 en disant que : "C'est notre alphabet après tout, l'alphabet cyrillique.

27 Que voulez-vous d'autre ?" "Il y a d'endroits où vivre ici. Allez donc en

28 Serbie si vous voulez vivre avec les Serbes." Je leur ai demandé si c'était

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1 une blague ou si c'était sérieux en disant cela. Ils lui ont dit : "Vous ne

2 savez même pas dans quelle situation vous vous êtes mise."

3 Je me suis tournée vers l'un d'entre eux. Je le connaissais. Celui-

4 là, je le connaissais. Je ne connaissais pas les autres. Je lui ai dit :

5 "Qu'est-ce vous faites ?" C'est là qu'on m'a giflé. On m'a donné un coup

6 dans les côtes aussi. Il m'a frappé avec son coude et c'est là que j'ai

7 vraiment réalisé où je me trouvais parce que j'étais en train de me faire

8 passer à tabac.

9 Moi, une femme, alors je me demandais ce qui arrivait aux hommes.

10 Q. Est-ce qu'ils vous ont posé des questions sur les politiques, la

11 politique même du SDS ? Est-ce que ces hommes-là, vous ont-ils posé des

12 questions là-dessus ?

13 R. Ils m'ont dit que tout ce que faisait le SDS devait être terminé et que

14 ce serait mieux pour moi si je quittais le SDS, si je voulais m'en tirer.

15 Enfin, je quitte le SDS et ils m'ont dit qu'il suivrait tout très, très

16 prêt, qu'il suivait très, très près, les agissements des Serbes. Ils

17 disaient qu'il ne fallait pas qu'on oublie qu'on était une minorité

18 nationale, que ce sont les Musulmans qui étaient en majorité, l'un des

19 hommes dont j'ai parlé d'ailleurs, celui que je connaissais déjà. Je crois

20 qu'il s'appelait Vukovic. Je ne peux pas vous dire s'il est Serbe ou

21 Croate. Je ne sais pas vraiment s'il est l'un ou l'autre.

22 Q. Il était soit Serbe, soit Croate. En tout cas, il n'était pas

23 Musulman ?

24 R. Monsieur Vukovic, je ne sais pas ce qu'il pouvait bien être mais les

25 trois autres, en tout cas, étaient Musulmans.

26 Q. Est-ce qu'ils ont vaguement suggéré de laisser tomber les politiques du

27 SDS sur un point quelconque ? Est-ce qu'il y a eu ce type d'insinuations ?

28 R. Non. Tout ce qu'ils disaient, en fait, c'est que le SDS n'avait pas

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1 lieu d'être. En tout cas, pas à cet endroit-là.

2 Q. Est-ce que l'un d'entre eux aurait fait des références aux Chetniks ?

3 R. Oui. Je vous ai déjà dit qu'ils m'ont insulté. Je suis désolée et je

4 m'excuse par avance parce que je vais utiliser des mots grossiers. Ils ont

5 injurié ma mère, Chetnik. Ils nous ont dit que nous autres, les Chetniks,

6 on n'avait rien à faire ici.

7 Je ne pense pas vraiment être une Chetnik. Je suis nationaliste,

8 d'une nationaliste très saine, pas plus nationaliste qu'une Française ou

9 une Hollandaise ou une Espagnole. J'aime mon peuple. Je suis Serbe et je

10 resterai Serbe envers et contre tout, mais je respecte tous le autres --

11 toutes les autres nationalités, les autres religions. Je suis chrétienne et

12 donc c'est ainsi que je dois vivre.

13 Je ne pensais pas être là pour répondre à des questions en tant que

14 Serbe. Cela dit, je suis Serbe.

15 Q. Est-ce que l'un d'entre eux, qui que ce soit pendant cette discussion

16 aurait évoqué l'idée de la Grande-Serbie ?

17 R. Oui. Cela a été répété souvent. On a souvent évoqué la Grande-Serbie.

18 Q. N'est-ce pas que vous voulez juste été égaux aux autres, égaux aux

19 Croates et aux Musulmans, et aux autres peuples qui vivaient là d'ailleurs.

20 A Zenica, il y a plus de 30 groupes ethniques qui cohabitent. Des Tchèques,

21 des Allemands, d'autres nationalités ou peuples qui sont venus quand les

22 aciéries ont été construites. Donc, je ne vois pas pourquoi dans cet

23 endroit-là on pouvait avoir ce genre d'idée. Nous, on voulait vivre en

24 Yougoslavie. On voulait vivre en Bosnie-Herzégovine qui était notre État, à

25 l'époque, qui était donc, une République.

26 Q. Est-ce que vous avez dit à ces hommes que vous étiez en faveur, vous-

27 même, de cette idée de la Grande-Serbie ?

28 R. Non. Pourquoi serais-je en faveur d'un concept de Grande-Serbie puisque

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1 j'habitais dans cette République-là et dans cette ville-là. Je suis née à

2 Belgrade, ma mère vient de Belgrade, mais je suis née vers la fin de la

3 Deuxième guerre mondiale. Mon père a terriblement souffert pendant la

4 Deuxième guerre mondiale et il ne voulait plus habiter à Gradiska où il

5 était né parce qu'en tant que Serbe, il était maltraité par les

6 Communistes, par le régime communiste. Donc, il voulait que ses enfants -

7 et je suis la neuvième de la famille - donc, il voulait qu'on ait un

8 véritable avenir en toute sécurité. Cela, je suis désolée de le dire. J'ai

9 maintenant 60 ans et je ne suis pas heureuse. Je ne suis toujours pas

10 heureuse. Comment une personne telle que moi pourrait-elle être heureuse ?

11 J'ai été jetée en dehors -- on m'a jeté de Zenica uniquement parce que

12 j'étais Serbe. Ma propriété m'a été prise. Mon mari ne peut pas avoir sa

13 pension de retraite. Il est impossible pour moi d'être heureuse tant que

14 ces types qui n'auront pas été résolus.

15 Q. Madame Hrvacanin, dans cet incident que vous venez de nous décrire, il

16 a eu lieu entre votre élection à la tête du SDS de Zenica et les élections

17 multipartites de novembre 1990, concentrons-nous un petit peu sur cette

18 période, de la fin d'août jusqu'aux élections multipartites en novembre

19 1990 ? Est-ce qu'il y a eu d'autres conséquences désagréables de votre

20 prise de poste en tant que présidente du SDS ? D'après vous, est-ce qu'il y

21 a des conséquences désagréables qui viendraient de cette élection en tant

22 que présidente du SDS à Zenica ?

23 R. On est dans les Balkans. Il est difficile pour une femme dans les

24 Balkans de détenir un poste officiel et de s'impliquer dans les affaires

25 culturelles. Comme l'Empire ottoman, les femmes sont faites pour rester à

26 la maison, s'occuper des enfants, de la famille, de leurs maris. C'était

27 difficile pour moi. J'étais toujours maltraitée à cause de cela. Je

28 recevais des coups de fil au travail, dans mon bureau où on injuriait ma

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1 mère Chetnik. On me disait qu'il fallait que je déménage. On me menaçait.

2 On menaçait de me tuer, toujours par téléphone.

3 Quand je me promenais en ville, bon, avant j'étais respectée puisqu'à cause

4 de ma profession, mais après, des milliers de petites situations difficiles

5 où on se moquait de moi, on m'insultait en disant : "SDS, tu devrais mettre

6 un --" parce qu'on me criait dessus tout le temps.

7 Parfois, quand j'allais au marché pour mes courses. Ils hurlaient mon

8 nom de différents endroits pour me faire peur, pour que je m'enfuis, je

9 rentre chez moi, et quand j'entrais à la maison, le téléphone sonnait, et

10 on me disait : "Vous êtes encore là, déménagez, on va vous tuer. On va tuer

11 votre fils. On va tuer votre mari. Vous devez partir." Cela a duré des

12 mois.

13 Dans ma boite aux lettres, je retrouvais souvent des lettres de

14 Menace. Il m'expliquait que mon nom était horrible et lors que mon prénom

15 était joli. Hrvat Hrvacanin cela leur faisait sans doute penser à un

16 Croate. Hrvacanin, donc mon nom de famille leur plaisait, cela allait. Ils

17 me disaient : "Il vaudrait mieux que vous partiez."

18 Puis, je retrouvais des petits mots sous la porte, en disant : "On n'a mis

19 une grenade dans votre appartement. On va vous tuer. Parfois, plus

20 attendre, il vaut mieux partir. Partez tout de suite, ils courent."

21 En février 1992, j'ai décidé de quitter cette ville, de la quitter

22 pour toujours. J'avais toujours habité là. Je n'avais jamais fait d'erreur.

23 Je n'avais jamais de bêtise. Tous mes patients étaient mes patients, quelle

24 que soit leur ethnie, leur religion, leur race. Après tout, j'ai fait le

25 serment d'Hippocrate, et pour moi, toute personne est égale.

26 Q. Madame Hrvacanin, vous nous avez décrit un certain nombre d'incidents,

27 et vous avez toujours dit : "Ils. Ils faisaient ceci. Ils m'appelaient. Ils

28 hurlaient mon nom. Ils m'injuriaient." On pourrait savoir qui sont ces

Page 19167

1 "ils".

2 R. Les Musulmans.

3 Q. Ce type d'incidents là que vous venez de décrire ont-ils débuté avant

4 les élections multipartites ?

5 R. Désolée. Je voudrais poser une question. Je ne comprends bien. A quoi

6 faites-vous référence aux élections parlementaires multipartites ou aux

7 élections du parti ?

8 Q. Vous avez raison, Madame Hrvacanin. Je faisais référence aux élections

9 multipartites de novembre 1990, qui ont eu lieu dans toute la Bosnie-

10 Herzégovine, dont le but était l'élection de l'assemblée de Bosnie-

11 Herzégovine. Je vous parle de l'élection qui s'est passée le 24 ou le 25

12 novembre. Je vous parle de la fin novembre, ces incidents, ces coups de

13 toutefois, et cetera. Je voudrais savoir exactement quand ils sont

14 intervenus; ils ont commencé avant les élections, donc de fin de novembre

15 1990 ?

16 R. Avant les élections parlementaires, tout à fait. Pas avant les

17 élections du parti même. Quand le parti a été fondé, on avait l'impression

18 que le SDS et le HDZ voulaient surtout renverser le communisme et c'était

19 le but principal et c'est ce qui est arrivé, on chassait les communistes du

20 pouvoir pour que des non communistes puissent prendre le pouvoir.

21 Q. Dans cette période qui a précédé les élections multipartites, dans

22 votre ville, est-ce que les Croates étaient actifs et de façon

23 questionnable pour vous ?

24 R. Oui. Pour ce qui est des Croates, il y avait une coalition qui se

25 faisait de plus en plus entre les Croates et les Musulmans. Dans toutes

26 leurs réunions avant les élections, il faisait peur. Il y avait des

27 drapeaux, les Serbes n'aimaient pas trop voir cela. Ils criaient très fort

28 lors de ces réunions, et tout ceci faisait naître une grande anxiété dans

Page 19168

1 la population serbe de Bosnie centrale, surtout quand il y a eu le congrès

2 de SDA à l'hôtel Holiday Inn. Je crois que c'est un congrès qui a duré

3 trois jours.

4 M. Brozovic, qui est Croate de Croatie, lors de ce congrès avait été

5 invité, il a dit que le grand rêve des Croates d'établir une frontière sur

6 la rivière de la Drina allait enfin devenir une réalité.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'aimerais mieux comprendre votre

8 témoignage, donc c'est pour cela que j'interviens. Vous parlez des Croates,

9 qui avaient ces bannières, ces drapeaux, et que les Serbes n'aimaient pas

10 trop voir cela. Ensuite, vous avez dit : "Ils faisaient beaucoup de bruit,

11 ils hurlaient lors de ces réunions, et du fait que la population serbe de

12 Bosnie centrale était très anxieuse à cause de cela surtout quand le SDA a

13 organisé leur congrès à l'hôtel Holiday Inn." Vous êtes passés des Croates

14 aux Musulmans, et ensuite, vous avez repris avec M. Brozovic, qui lui était

15 Croate, qui avait été invité, invité au congrès du SDA ou vous parliez du

16 congrès de HDZ ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

18 M. Brozovic était invité au congrès du SDA et non pas du HDZ. Il avait été

19 invité au congrès du SDA.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

21 M. STEWART : [interprétation]

22 Q. M. Brozovic était Croate.

23 R. Oui.

24 Q. Vous parlez de bannières, de drapeaux. Peut-être qu'il n'y a pas tout

25 sur le compte rendu à l'heure actuelle encore, vous avez dit que tous ces

26 drapeaux les Serbes n'aimaient pas trop cela. A quoi faisiez-vous allusion

27 là ? Quelles étaient les fameuses actions qu'ils faisaient avec ces

28 drapeaux ?

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1 R. Je vais vous donner un exemple. Le drapeau du SDA et le drapeau croate,

2 celui avec les chéquiers, étaient mis ensemble. Puis, il y avait aussi des

3 drapeaux de l'Arabie saoudite à Velika, par exemple, Velika Kladusa lors

4 des réunions. Enfin, toute sorte de folklore qui n'avait rien à voir avec

5 notre pays, notre pays qui à l'époque s'appelait encore la Yougoslavie et

6 on était juste la République de Bosnie-Herzégovine membres de ce pays.

7 Les Serbes ne faisaient pas ce genre de chose. Ils ne liaient pas les

8 drapeaux ensemble. On allait aussi à des réunions, des manifestations, mais

9 sans drapeau et sans insulter les autres.

10 Dans les médias locaux, à la télévision locale, à la radio, dans les

11 quotidiens, il y avait beaucoup de déclarations disant que les Musulmans

12 étaient les fleurs de la Croatie, faisant partie du royaume croate. Enfin,

13 je n'ai pas -- vous n'êtes pas la fleur de qui que ce soit, mais je n'avais

14 le message qui passait au travers de cela. Le message c'était que j'allais

15 -- que rien -- il n'est pas arrivé quelque chose de très bon, enfin

16 j'arrivais à cette conclusion sans même que l'on me dise.

17 Q. Cette fleur -- cette phrase comme quoi les Musulmans étaient les

18 "fleurs de la Croatie," qu'est-ce que cela veut dire pour vous ?

19 R. Oui.

20 Q. Qu'est-ce que c'est ?

21 R. Je vais essayer de vous expliquer un petit peu. En tant que femme,

22 j'aime beaucoup les fleurs. J'aime offrir des fleurs. J'aime recevoir des

23 fleurs. J'aime avoir des fleurs chez moi dans mon jardin. Il y a es gens

24 qui n'aiment pas les fleurs, qui ne savent pas ce que c'est que de

25 s'occuper de son jardin, de son -- des fleurs. Ils ne connaissent pas la

26 beauté.

27 Quand on fait un compliment de ce type à quelqu'un, cela signifie que cette

28 personne pour vous est très précieuse. Quand on lit cela en se penchant sur

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1 l'histoire, en voyant ce qui s'est passé dans la Deuxième guerre mondiale

2 et j'ai eu de la chance parce que j'ai pu vivre avec mon père qui avait

3 réussi à survivre à la Première guerre mondiale et la Deuxième guerre

4 mondiale, je n'avais pas à entendre cela parce que cela signifie quand même

5 qu'il y a quelque chose qui est en train de se manigancer, que cette

6 coalition allait très certainement poursuivre des buts très néfastes, et

7 d'ailleurs l'avenir m'a prouvé que j'avais raison.

8 Q. Oui, mais on s'arrête une minute-là. Sur cette petite phrase : "La

9 fleur du royaume croate ou du fief croate," est-ce que cela a vraiment une

10 résonance historique à vos oreilles ?

11 R. Oui, oui. Les Croates et les Musulmans étaient alliés lors de la

12 Deuxième guerre mondiale.

13 Q. Quant à la Deuxième guerre mondiale, est-ce qu'il y avait une phrase

14 utilisée qui aurait pu porter là-dessus ?

15 R. Non, je ne peux pas savoir. Je suis née après la Deuxième guerre

16 mondiale, en 1946. Cela dit, je sais que les Musulmans faisaient partie des

17 Unités oustachis et ils ont énormément coopéré avec les Croates, vous-même

18 vous avez dit que mon père était de Gradiska et le camp de concentration de

19 Stara Gradiska était juste à côté. Tous les gens qui habitaient à Gradiska

20 savent très bien ce qui s'est passé dans l'histoire.

21 Q. Madame Hrvacanin, laissons un peu de côté l'incident dont vous avez

22 parlé -- donc, vous êtes allée quand on vous a emmenée au poste de police,

23 donc, je voudrais savoir si après cet incident vous avez décidé de faire

24 quelque chose, vous plaindre, enfin faire quelque chose, faire quoi que ce

25 soit ?

26 R. Oui. Je suis allée à Sarajevo pour dire ce qui c'était passé à M.

27 Karadzic et au conseil politique du parti qui se réunissait tous les lundis

28 à Sarajevo. J'étais inquiète, j'étais inquiète pour mon propre compte bien

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1 sûr, et puis pour d'autres personnes ainsi que pour d'éminents

2 intellectuels. J'avais peu qui leur arrive quelque chose.

3 M. Karadzic ne m'a pas consultée, mais il a rendu la chose publique lors

4 d'une conférence de presse. Je crois que cela s'est tenu le deuxième jour,

5 donc, un mardi. Le service de la Sûreté de la SUP à Zenica a réagi en

6 disant qu'ils ne m'avaient pas du tout arrêtée, qu'ils ne m'avaient pas

7 battue. Ils n'avaient rien d'écrit. Ils n'avaient aucun rapport écrit là-

8 dessus. Cela dit, du temps du communisme, y avait -- rien n'était jamais

9 écrit en, quand on se faisait passer à tabac au commissariat, pas besoin de

10 rapport de police. Mais j'avais quand même -- bon sur mon visage, cela se

11 voyait quand même que j'avais été battue et puis dans mon âme aussi,

12 j'étais -- dans mon esprit, j'avais été traumatisée, et je le suis encore.

13 Q. Avant l'élection parlementaire qui s'est tenue fin novembre 1990, y a-

14 t-il eu un incident qui aurait eu lieu dans votre appartement à Zenica ?

15 R. Oui.

16 Q. Dites-nous d'abord si vous êtes en mesure de placer cet incident dans

17 le temps ?

18 R. Oui, certainement. Je crois que c'était le 8 août. J'ai d'ailleurs un

19 document.

20 Q. Est-ce bien le mois d'août ?

21 R. Ecoutez, je ne suis pas tout à fait certaine. Je suis quelque peu émue

22 car je vous ai raconté ma vie. Mais il y a un document et je pourrais vous

23 le montrer si M. le Président le souhaite et le permet, je pourrais vous

24 montrer ce document.

25 Q. Un instant, Madame Hrvacanin.

26 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons

27 effectivement le document et, pendant la pause, nous ferons les copies

28 nécessaires. Je peux vous dire, Monsieur le Président, qu'effectivement ce

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1 document porte sur le 8 novembre 1990. Le tout est très clairement indiqué.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stewart, je ne sais pas s'il

3 s'agira d'une question contestée. Je vous laisse le soin de décider si

4 vous-même vous souhaitez présenter ce document.

5 Il faudrait s'assurer toutefois qu'il s'agit en fait, si j'ai bien

6 compris, d'information qui nous dépeint la toile de fond, les faits tels

7 qu'ils se sont déroulés en Bosnie-Herzégovine à l'époque. En fait, je me

8 suis posé la question à savoir si -- puisque vous entrez dans les détails à

9 tel point on avait l'impression que vous aviez entamé un procès contre les

10 Croates et les Musulmans puisque vous entrez dans tous les détails. Mais il

11 ne fait pas oublier que vous êtes en train de représenter M. Krajisnik dans

12 cette affaire. Donc, je ne sais pas quel est le -- de combien de détails

13 vous voulez disposer. Il faudrait bien balancer le tout, mais je laisse à

14 vous le soin d'en -- de réfléchir là-dessus, si vous voulez présenter ce

15 document.

16 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, certainement, je

17 comprends, mais je voulais parler de cet incident car -- je voulais aborder

18 cet incident assez brièvement car M. Tieger pourrait l'aborder plus tard.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Je crois que vous avez

20 compris mon message.

21 M. STEWART : [interprétation] Oui, certainement, Monsieur le

22 Président. Le message est que je dois défendre les intérêts de

23 M. Krajisnik, bien sûr.

24 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

25 M. STEWART : [aucune interprétation]

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez, s'il vous plaît.

27 M. STEWART : [interprétation] Je vais poursuivre mes questions.

28 Q. Madame Hrvacanin, c'était le 8 novembre que l'une des infirmières avec

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1 laquelle vous travaillez avait reconnu un homme qui voulait savoir où vous

2 vous trouviez, qui avait posé des questions sur vous, et c'était un employé

3 du ministère de l'Intérieur, et que plus tard, cette journée-là, votre fils

4 vous a dit au téléphone qu'on s'était introduit dans votre appartement et

5 qu'on avait cambriolé votre appartement et qu'on avait tout déplacé dans

6 votre appartement, qu'on n'avait pas vraiment volé des objets, mais qu'il

7 n'y avait que quelques devises étrangères qui ont été volées ?

8 R. Oui, c'est cela.

9 Q. Effectivement, est-ce que vous avez appelé la police pour leur faire

10 part de cet incident ?

11 R. Oui.

12 Q. Qu'ont fait les inspecteurs ? Sont-ils venus dans l'appartement ? Est-

13 ce qu'ils ont pris des empreintes digitales ? Est-ce qu'ils y ont passé

14 plusieurs heures ? Est-il exact de dire que par la suite, vous n'avez

15 jamais reçu une suite, il n'y a pas eu de suite à votre plainte ?

16 R. Oui, c'est tout à fait exact. Les inspecteurs sont venus, ils ont

17 rapporté le tout au juge d'instruction. Ils ont pris note de l'événement et

18 c'est tout. Ils n'ont pas du tout donné suite à ma plainte, même si j'avais

19 fait une plainte au criminel et que j'avais déposé une plainte formelle à

20 la police du district de Zenica.

21 Q. Autour du mois d'avril 1991, est-il exact de dire que vous étiez élue

22 au sein du SDS en tant que présidente de votre région de Bosnie Centrale ?

23 R. Oui.

24 Q. Est-ce qu'il est exact de dire, pouvez-vous confirmer que les

25 municipalités suivantes faisaient parties de votre région : Zenica,

26 Kupres, Bugojno, Donji Vakuf, Travnik, Vitez, Zavidovici, Varoc [phon],

27 Zepce, Magla, Kakanj, Busovaca et également, Novi Travnik et que toutes ces

28 régions, toutes ces villes faisaient partie de votre région pour laquelle

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1 vous étiez élue présidente du SDS ?

2 R. Oui.

3 Q. S'agissant de ces municipalités, est-ce qu'on peut dire que par

4 exemple, Gornji Vakuf, en théorie, faisait également partie de cette

5 région, mais qu'il n'y avait pas de Serbes qui y habitaient ?

6 R. Il y avait un petit nombre de Serbes dans cette localité.

7 Q. Pour Zenica, il est exact de dire que pendant un certain temps, Zenica

8 était le centre de cette région en question, n'est-ce pas ?

9 R. Zenica était le centre de la région, non pas seulement après la

10 formation du SDS, mais même avant, Zenica était le centre, même pendant

11 l'ex-Yougoslavie.

12 Q. Alors que vous avez été élue présidente de la municipalité de Zenica -

13 je parle maintenant de votre municipalité - dites-nous, est-ce que vous

14 êtes devenue également membre du comité exécutif du SDS ?

15 R. Oui. Lors de mon premier mandat.

16 Q. Est-ce que c'était votre premier mandat ? C'était votre premier mandat,

17 mais le deuxième, votre deuxième mandat ?

18 R. En 1991, c'était le 12 juillet, lors de la journée du

19 St-Pierre.

20 Q. Indépendamment des mandats, est-ce que vous êtes demeurée membre du

21 comité exécutif du SDS depuis le début, à partir du mois d'août 1990

22 jusqu'en 1992, jusqu'à la fin de cette année ?

23 R. Le mandat durait quatre ans. Il était valable jusqu'en 1995.

24 Q. Bien. Après 1992, vous êtes demeurée membre du conseil exécutif du SDS

25 après votre nomination initiale, n'est-ce pas ?

26 R. Oui.

27 Q. En parlant de Zenica, après les élections multipartites, est-ce que

28 vous avez pris part dans les discussions au sein du niveau municipal qui

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1 portaient sur le partage du pouvoir ?

2 R. Oui.

3 Q. Il s'agissait de discussions tripartites, n'est-ce pas ? Le SDS, le

4 SDA, le HDZ y ont pris part, n'est-ce pas ?

5 R. Oui.

6 Q. Pour le SDS, vous étiez la présidente du SDS qui prenait parole et il y

7 avait également neuf autres députés qui étaient Serbes; est-ce exact, qui

8 ont pris part à ces négociations de partage du pouvoir ?

9 R. Oui, c'est exact. Chaque parti avait fourni un certain nombre de

10 négociateurs; le SDA, le HDZ et le SDS étaient les trois parties

11 participantes. Nous avions entamé des négociations qui, au début,

12 semblaient très positives, elles s'annonçaient très bien.

13 Q. Qui représentait le SDA ? Qui était le porte-parole du SDA ?

14 R. A la tête de la délégation du SDA, il y avait le président de la

15 municipalité qui s'appelait Ibrahim Alispahic. Il avait été élu en tant que

16 président de la municipalité. Je me trompe peut-être lorsque j'évoque son

17 nom de famille, mais je sais que son prénom était Ibrahim.

18 Q. Pour --

19 R. Il était le principal, là.

20 Q. Pour le HDZ, c'était M. Zakic ?

21 R. Non. Sakic.

22 Q. [aucune interprétation]

23 R. Sakic.

24 Q. Bien. Sakic. Merci. Ces négociations ont duré trois mois en tout, si je

25 ne m'abuse.

26 R. Oui, c'est exact.

27 Q. Vous avez obtenu, pour le SDS, un pourcentage assez élevé si on compare

28 au nombre de voix reçues lors des élections ?

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1 R. C'est tout à fait exact.

2 Q. Est-ce que vous avez obtenu environ 30 % de postes disponibles pour le

3 SDS ?

4 R. Oui.

5 Q. Quel était le secret de votre succès ? Comment aviez-vous pu obtenir ce

6 pourcentage plus élevé ? Comment êtes-vous arrivée à obtenir ces

7 résultats ?

8 R. J'ai mené des négociations avec M. Ibrahim. Nous étions très patients,

9 tous les deux. Il souhaitait venir en aide. Il n'était pas membre du -- il

10 n'était pas très radical au sein du SDA. Plus tard, il a été remplacé

11 justement à cause de cette raison, on a mis quelqu'un d'autre à sa place.

12 La raison pour cela, c'était qu'il nous a donné beaucoup plus d'espace,

13 beaucoup plus d'importance qu'il ne l'aurait fallu, selon certaines

14 personnes.

15 Q. Est-il exact de dire que vous avez pu obtenir pour les Serbes, pour le

16 SDS, à la suite de cela, un poste de vice-président de l'assemblée

17 municipale, un poste de vice-président du comité exécutif municipal et

18 ensuite, quatre des 12 départements municipaux également et un poste de

19 secrétaire du transport public au sein de la police et que vous avez

20 également pu obtenir le fait de ne pas changer, de ne pas remplacer les

21 personnes qui se trouvaient à des postes supérieurs ? Vous avez pu obtenir

22 cela ?

23 R. Vous avez tout à fait raison, à l'exception du SUP. Le chef n'était pas

24 le chef du transport, mais c'était un poste de chef de la sécurité

25 publique.

26 Q. Le chef de la police et le chef de la sécurité publique, selon cet

27 accord de partage du pouvoir, pouvaient être musulmans, ils étaient, tous

28 les deux, musulmans, n'est-ce pas ?

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1 R. Oui.

2 Q. Est-il exact de dire qu'à aucun moment, vous n'avez procédé à la

3 création de l'assemblée serbe, soit dans la municipalité de Zenica ou dans

4 la région centrale de la Bosnie ?

5 R. C'est tout à fait exact.

6 Q. Est-ce que vous-même aviez pris part lors des discussions de partage du

7 pouvoir, s'agissant d'autres municipalités, outre Zenica ?

8 R. Seulement à Zepce.

9 Q. Pourquoi n'avez-vous pas pris part aux négociations de Zepce ?

10 R. Le président du SDS de Zepce m'a demandé, puisqu'il n'y avait que 5,5 %

11 à 6 % de Serbes qui habitaient dans cette municipalité, puisque c'est une

12 municipalité qui avait le même nombre de population croate et musulmane, il

13 m'a demandé de m'impliquer, je me suis impliquée et j'ai essayé, à titre

14 consultatif, de venir en aide aux personnes qui souhaitaient arriver au

15 partage du pouvoir.

16 Q. Est-ce qu'au mois d'avril et au mois de mai 1991, vous aviez vu qu'il y

17 avait des changements assez importants dans la JNA et pour ce qui est de

18 leur présence à Zenica ?

19 R. Oui. La garnison de Zenica devait déménager et ce qui est arrivé, c'est

20 que cela a mené ou a créé une certaine nervosité et une peur au sein du

21 peuple serbe.

22 Q. Madame, permettez-moi de vous interrompre. Est-ce que vous avez su si

23 les hommes de la garnison de la JNA de Zenica allaient être transférés en

24 Serbie centrale, Cacak ?

25 R. Oui.

26 Q. C'est un de vos patients, n'est-ce pas, qui vous a informé de ce fait ?

27 R. Oui, c'est tout à fait juste. Les pilotes qui de Pleso, étaient venus

28 de Pleso, de la Croatie, ils étaient venus apporter main-forte au centre de

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1 logistique de Zenica, je crois qu'il y avait trois ou quatre pilotes. L'un

2 deux était un patient à moi. Je l'avais opéré. Il m'avait dit puisqu'ils se

3 servaient de hangars pour les hélicoptères, il s'agissait d'hélicoptères

4 avec lesquelles on devait transporter des -- plutôt qu'ils devaient se

5 servir au centre médical puisqu'il y avait une mine et c'étaient les

6 hélicoptères qui auraient servi à transporter les blessés et il m'a dit :

7 "Est-ce que vous savez que l'armée va maintenant partir d'ici ?" Je lui ai

8 dit : "Non, je ne le savais pas. Je l'apprends de vous."

9 Q. Madame Hrvacanin, encore une fois, je vais faire un résumé assez bref

10 des événements et je vous demanderais de nous le

11 confirmer : vous avez appris de cette personne que les casernes de la JNA

12 de Zenica allaient déménager à Cacak. Vous avez informé vos collègues du

13 SDS de ce fait et l'un de vos collègues, M. Ostojic. Non pas M. Velibor

14 Ostojic, mais un autre Ostojic qui était un habitant de Zenica, une autre

15 personne qui agissait en tant que ministre de la Défense et qui avait pris

16 part aux négociations de partage du pouvoir, n'est-ce pas ? Est-ce que j'ai

17 bien résumé les faits jusqu'à maintenant ?

18 R. Oui, c'est exact. Il s'appelle Branko Ostojic et il était le chef du

19 service chargé de l'armée. Je ne sais pas comment ce service s'appelle

20 exactement, je n'ai pas fait mon service militaire, moi-même. Je crois que

21 c'est un département de la Défense nationale. C'est ainsi que cette section

22 s'appelait. Nous sommes allés le voir et nous lui avons posé la question,

23 nous voulions savoir si c'était exact. Sa profession était juriste, il

24 était juriste, il était un civil, mais il travaillait dans l'armée.

25 Q. Madame Hrvacanin, encore une fois, je vais maintenant résumer la suite

26 et vous me direz si vous êtes d'accord. Il a examiné la question. Il vous a

27 informé que puisque la JNA se retirait de Slovénie, que c'est la raison

28 pour laquelle une garnison de Ljubljana allait s'installer à Zenica et,

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1 effectivement, c'est ce qui arrivé deux mois plus tard, sous le

2 commandement d'un colonel qui, plus tard, est devenu le général Tomislav

3 Sipcic; il est devenu général et c'était Tomislav Sipcic; est-ce exact ?

4 R. Oui, c'est exact, mais l'armée ne s'est pas retirée. L'armée avait été

5 chassée de Slovénie.

6 Q. L'arrivée de la JNA de Slovénie, a-t-elle eu pour effet de causer chez

7 la population serbe de Zenica un sentiment -- est-ce que cela a eu un effet

8 sur la population de Zenica ?

9 R. Oui. Ils ont eu l'impression que tout allait maintenant être sous le

10 contrôle, que la JNA, c'est notre sauveur, qu'ils allaient nous aider et

11 que tout irait bien.

12 Q. Selon ce que vous aviez pu constater, est-ce que vous-même, vous étiez

13 satisfaite du nombre de soldats de la JNA qui étaient arrivés de Slovénie ?

14 Est-ce que cela vous convenait ?

15 R. Puisqu'ils n'avaient pas de médecins, ils n'avaient pas de logistique,

16 ils n'avaient pas de dentiste, j'ai été appelée pour me rendre à la

17 garnison pour prodiguer des soins médicaux à certains officiers et à

18 certaines personnes qui y travaillaient. Ce que j'ai vu m'a fait

19 terriblement peur. Il n'y avait plus d'ordre. On avait l'impression que

20 cette garnison allait, elle aussi, déménager. Les choses n'étaient pas à

21 leur place, tout était un peu sens dessus dessous et c'est cela qui m'a

22 troublé.

23 Q. Est-ce que vous vous êtes rendue à la garnison de Zenica après que le

24 colonel Sipcic est arrivé le 22 décembre 1991 ?

25 R. Oui. Les personnes les plus importantes, les personnes les plus

26 connues, les personnes de la vie politique venaient toujours, étaient

27 toujours invités le 22 septembre et ils étaient invités à un déjeuner

28 traditionnel qui consistait en un repas de fèves.

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1 Q. Madame Hrvacanin, effectivement, dites-nous s'il y avait une aciérie à

2 Zenica ?

3 R. Oui.

4 Q. Est-ce que cette aciérie avait ses propres soldats ? Etait-elle

5 défendue ? Est-ce qu'elle avait une Défense territoriale ?

6 R. Oui, tout à fait, puisqu'elle englobait, elle était placée dans un

7 rayon de 15 kilomètres. C'est un espace assez important. Ils avaient leur

8 propre sécurité et ils avaient 17 points d'entrée. Il y avait 20 000

9 employés qui travaillaient dans cette énorme entreprise. Il s'agit d'une

10 entreprise de métallurgie lourde.

11 Q. Est-ce que vous avez appris, à un certain moment donné, en 1991 ou au

12 début de 1992, si l'aciérie de Zenica avait acquis des armes ?

13 R. L'entreprise s'appelait Jejezara [phon] à Zenica. En 1991, on n'était

14 pas rémunéré. On avait quelque peu de sous à nous donner et nous recevions

15 des coupons qu'on pouvait échanger contre des denrées alimentaires et des

16 produits sanitaires.

17 J'avais demandé aux directeurs de la banque, M. Janjevic Martin, je lui ai

18 demandé : "Quand est-ce que nous allons recevoir nos payes finalement ?" Il

19 m'a répondu : "Nous avons énormément de dépenses présentement. L'entreprise

20 Jejezera [phon] a commandé des fusils automatiques et lorsque nous aurons

21 payé ces fusils automatiques, ainsi que vous recevrez vos payes." J'ai été

22 très étonnée. Je me suis dit mais à quoi bon peuvent nous servir ces fusils

23 automatiques. Je ne suis pas un homme. Je ne suis pas un soldat, mais j'ai

24 été très étonnée d'entendre dire cela.

25 Q. A quel moment est-ce que vous avez appris pour la première fois qu'on

26 avait placé une commande pour ces fusils automatiques ?

27 R. J'ai entendu, c'était des ouï-dire, l'on disait dans la ville que

28 c'était le cas. Mais cet homme m'a dit directement qu'effectivement on

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1 avait placé une commande pour ces fusils automatiques et qu'on allait payer

2 pour les obtenir. Ensuite, on l'a fait également dans les médias.

3 Q. Je voulais simplement savoir à quel moment vous l'aviez appris pour la

4 première fois, Madame Hrvacanin ?

5 R. Je suis vraiment désolée. Je crois que c'était au début plutôt fin -- à

6 la fin de l'été, au début de l'automne.

7 Q. En 1991 ?

8 R. Oui, oui, en 1991.

9 Q. Au cours de l'été 1991, juillet, juin, ou juillet 1991, est-ce que vous

10 avez remarqué s'il y avait eu des changements inhabituels dans votre partie

11 de la ville, et Jalija; est-ce que les citoyens commençaient à se comporter

12 de façon étrange ?

13 R. Oui.

14 Q. Q qu'est-ce que vous avez vu ?

15 R. J'ai vu des gens qui nettoyaient la ville. Donc, ils avaient été

16 employés à maintenir la propreté de la ville. Dans le quartier dans lequel

17 j'habite, j'ai vu six à sept personnes qui étaient engagées à nettoyer les

18 rues. C'était un peu étrange puisque avant, il y avait soit un homme ou

19 deux qui suivaient les éboueurs, alors que là il y en avait énormément.

20 Donc, ils étaient à cet endroit-là et lorsque je passais par là, j'ai

21 l'habitude dire : "Bonjour, comment allez-vous ?" C'est ainsi que mes

22 parents m'ont élevé, et j'ai compris qu'ils ne savaient pas très bien

23 parler notre langue, d'après leur réponse. J'ai voulu savoir qui étaient

24 ces personnes et on m'a dit que c'étaient des gens du Kosovo.

25 Le nouveau directeur chargé de la propreté de la ville les avait placés à

26 ces postes et qu'ils étaient assez nombreux. Plus tard, j'ai su -- des

27 personnes qui m'ont informée de cela lorsque j'ai quitté Zenica, donc j'ai

28 entendu de certaines personnes que c'était les personnes qui allaient être

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1 formées pour devenir des membres des Bérets verts de la Ligue patriotique.

2 Q. Dites-nous si, en 1991, il y avait eu des hommes qui étaient arrivés de

3 Sandzak?

4 R. Je ne sais pas s'il y a eu des personnes de Sandjak. Il y avait

5 beaucoup plus de personnes de Sandzak à Sarajevo puisque j'avais suivi un

6 cours de spécialisation pour la chirurgie buccale à Sarajevo et c'est là

7 que j'ai vu qu'il y avait des gens de Sandzak. Mais j'avais vu autre chose

8 dans le supermarché où j'achète normalement les produits dont j'ai besoin

9 pour la maison. J'ai vu des étrangers en train d'acheter des produits et de

10 les payer avec des dollars. Un peu plus tôt dans ma déposition, je vous ai

11 déjà dit que nous n'étions pas rémunérés du tout, alors que là c'était le

12 marché qui s'appelle Upi, nous n'avions que des bons, que des coupons.

13 J'avais seulement le droit de faire mes emplettes -- de faire mes achats

14 dans ce magasin-là, donc, j'ai demandé à la caissière qui était ces

15 personnes qui payaient avec des devises étrangères ?

16 Q. Vous parlez d'étrangers, pouvez-vous être un peu plus précise ? De qui

17 s'agit-il ?

18 R. Je crois qu'il s'agissait d'Arabes.

19 Q. La caissière -- vous avez dit voulait vous informer de qui étaient ces

20 personnes et je vous ai interrompu. Poursuivez, je vous prie.

21 R. Cette dame m'a expliqué qu'il s'agissait d'étudiants étrangers puisqu'à

22 Zenica il y avait des universités, donc il y avait la faculté de

23 métallurgie et la faculté de droit et que ces personnes étaient venues

24 étudier à Zenica. Je trouvais cela un peu étrange, c'était au mois de

25 novembre, décembre. J'ai fait des études universitaires et je sais très

26 bien que les classes commencent en octobre et non pas en novembre, décembre.

27 Q. Madame Hrvacanin, est-ce que vous avez pu établir si effectivement

28 c'était des étudiants ou non ?

Page 19184

1 R. Oui.

2 Q. Qu'est-ce que vous avez pu établir ?

3 R. J'avais un patient qui s'appelait Sulejman Drljevic. Il était

4 professeur à la faculté de métallurgie. C'était une faculté qui se trouvait

5 dans le système de Jejezera, une faculté qui faisait partie de cette

6 entreprise Jejezera, donc, je lui ai demandé comment se fait-il qu'il y a

7 des cours qui sont donnés maintenant au mois de novembre, vous avez des

8 étudiants étrangers je lui ai dit, mais il m'a dit : "Mais, non, Madame

9 Hrvacanin, nous n'avons absolument aucun étranger -- aucun étudient

10 étranger." Je lui ai dit : "Mais est-ce que vous savez que dans la ville il

11 y a des étrangers -- est-ce que vous les avez vus ?" Il m'a dit : "J'en ai

12 entendu parler." Il était Musulman, mais c'était un homme du monde, c'était

13 un homme qui n'était pas obsédé par diverses nationalités, ni par la

14 religion, et il m'a dit : "C'était peut-être des Moudjahiddines," et c'est

15 la première fois que j'avais entendu ce nom, ce mot "Moudjahiddines".

16 Q. En tant que présidente du SDS de Zenica, est-ce que vous deviez donner

17 des conférences de presse tous les mercredis ?

18 R. Oui.

19 Q. Est-ce que vous avez soulevé cette question ? Est-ce que vous avez

20 évoqué cette question lors de votre conférence de presse ?

21 R. Oui. Je l'ai dit lors de cette conférence de presse et j'ai informé la

22 population qu'il y avait des Moudjahiddines qui étaient venus à Zenica. On

23 avait déjà entendu parler de la Ligue patriotique. On savait que la Ligue

24 patriotique avait été créée.

25 Q. Après avoir évoqué cette question lors de la conférence de presse en

26 question, est-ce que vous avez vu s'il y a eu des changements quant à ces

27 étrangers que vous avez identifiés comme étant des Arabes ?

28 R. Après un certain temps, ils sont disparus, ils sont partis de notre

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1 région. Il y avait encore très peu de Serbes qui vivaient dans cette partie

2 de la ville, c'était une partie de la ville qui était exclusivement

3 musulmane et ces derniers étaient partis dans un village avoisinant qui

4 s'appelait Sarici, tout près de Nemila. C'est un endroit qui est situé à

5 environ 15 kilomètres de Zenica et ce village en question se trouve à 30

6 kilomètres de Zenica et il est en montagne.

7 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, je vois l'heure et me

8 demande si vous souhaiteriez que l'on prenne une pause à ce moment-ci.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Certainement. Alors nous prendrons une

10 pause jusqu'à 11 heures moins cinq.

11 --- L'audience est suspendue à 10 heures 31.

12 --- L'audience est reprise à 11 heures 02.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez continuer, Maître Stewart.

14 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

15 Q. Madame Hrvacanin --

16 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

17 je vais vous présenter un document qui a été déjà utilisé ici et je vais

18 demander qu'on le place sur le rétroprojecteur. Il s'agit du document 93.

19 Nous l'avons choisi comme un exemple pour le montrer au témoin.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui. Vous pouvez le placer

21 sur le rétroprojecteur, allez-y. Je pense que je ne me trompe pas si cela

22 m'évoque la date du 19 décembre.

23 M. STEWART : [interprétation] Oui. Effectivement, Monsieur le

24 Président, je pense que vous avez pris le bon chemin.

25 Q. Madame Hrvacanin, est-ce que vous voyez ce document ? Je ne sais pas si

26 nous avons un autre exemple de ce document.

27 R. Oui, je vois un document. Je vois, en réalité, le titre du document.

28 Q. Vous le voyez bien, n'est-ce pas ?

Page 19186

1 R. Oui.

2 Q. Si vous avez besoin de voir ce document, le lire à quelque moment que

3 ce soit, plutôt que de le voir sur le rétroprojecteur, n'hésitez pas à nous

4 le dire.

5 Madame Hrvacanin, n'avez-vous jamais vu ce document ou un document

6 semblable avant de venir ici ? Cela veut dire au cours de quelques journées

7 avant aujourd'hui ?

8 R. Non.

9 Q. Vous êtes arrivée à La Haye, jeudi dernier, dans la nuit ? Vous êtes

10 arrivée jeudi dernier, jeudi, dans la nuit, n'est-ce pas ?

11 R. Oui. Avant d'arriver ici, à La Haye, est-ce que vous n'avez jamais

12 entendu parler des documents, intitulés variante A et variante B ?

13 R. Non.

14 Q. A aucun moment, au cours de la fin du mois de décembre 1991, étiez-vous

15 à Sarajevo ?

16 R. Oui, en effet.

17 Q. Là, je parle de la deuxième moitié du mois de décembre 1991. Etes-vous

18 en mesure de nous dire à quelle date vous y étiez, à Sarajevo, je veux

19 dire ?

20 R. Je pense que j'y étais le 19, le 20 et le 21.

21 Q. Pourquoi y êtes-vous allée ?

22 R. Je pense que ce jour-là, il y avait une session de travail de

23 l'assemblée, de l'assemblée serbe et j'ai voulu assister à cette session de

24 travail qui s'est tenue dans l'immeuble de l'assemblée. Je pense qu'à

25 l'ordre du jour, figurait un certain nombre de questions importantes à mes

26 yeux, à savoir, quel serait l'hymne national, les armoiries de la

27 République et pour moi, c'étaient des choses importantes. J'ai voulu savoir

28 ce que nous allions choisir.

Page 19187

1 Q. Mais je voudrais, tout d'abord, éclaircir un point. Vous n'avez jamais

2 été député à l'assemblée serbe, n'est-ce pas ?

3 R. Non.

4 Q. Lors de cette visite à Sarajevo, est-ce que vous avez participé à une

5 réunion du comité central du SDS ?

6 R. Le 19, vous voulez dire ?

7 Q. Oui, la visite dont vous venez de parler. C'est à cela que je fais

8 référence.

9 R. Non, ce n'était pas que le comité central. C'était une réunion élargie.

10 Q. Madame Hrvacanin, essayez de répondre le plus précisément possible à

11 mes questions. Lors de cette visite-là, la visite que vous avez effectuée à

12 Sarajevo, est-ce que vous avez assisté à une réunion du comité central du

13 parti ?

14 R. Non, je ne suis pas au courant de cette réunion. Je suis allée à

15 l'assemblée.

16 Q. Mais vous avez pu participer à cette session de travail de l'assemblée,

17 alors que vous n'étiez pas membre de l'assemblée, vous n'étiez pas député ?

18 R. Oui, effectivement. M. Krajisnik qui était le président de l'assemblée

19 permettait que les personnes qui souhaitaient assister aux sessions de

20 travail assistent à ces sessions. Il s'agissait des hommes et femmes

21 politiques, des présidents des assemblées qui n'avaient pas leurs propres

22 députés. Ils pouvaient assister aux sessions de travail.

23 Q. Quand vous dites qu'il leur "permettait d'y assister," est-ce qu'il

24 s'agissait d'un geste de courtoisie ou est-ce qu'il est arrivé qu'il refuse

25 à qui ce soit d'assister à ces sessions ?

26 R. Je pense que M. Krajisnik est un démocrate. Il n'a jamais refusé qui

27 que ce soit. Il ne m'a jamais refusé et je n'ai jamais entendu dire qu'il

28 refusait qui que ce soit d'autre.

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1 Q. Lors de cette session de travail de l'assemblée, il y avait un grand

2 nombre de personnes qui n'étaient pas vraiment les députés de l'assemblée ?

3 R. Oui, effectivement.

4 Q. Mais cette réunion a eu lieu où exactement, dans quel bâtiment ?

5 R. Dans le bâtiment de l'assemblée, dans la salle bleue, comme on

6 l'appelait, qui se trouvait dans l'assemblée. C'était l'assemblée de

7 Bosnie-Herzégovine.

8 Q. Vous avez dit la salle bleue du bâtiment municipal. Est-ce que c'est

9 vraiment cela ? Est-ce que c'était vraiment le bâtiment municipal ?

10 R. Non. De l'assemblée, c'était le bâtiment de l'assemblée.

11 Q. Cette réunion, est-ce qu'elle a eu lieu le matin ou l'après-midi ?

12 R. Cela a commencé à 10 heures du matin. Ensuite, cela s'est poursuivi

13 jusqu'au déjeuner, à peu près.

14 Q. Ensuite, la réunion s'est arrêtée pour faire une pause déjeuner, n'est-

15 ce pas ?

16 R. Oui.

17 Q. A l'heure habituelle, à la mi-journée, n'est-ce pas ?

18 R. Oui.

19 Q. Ensuite, est-ce que la réunion s'est poursuivie dans la salle bleue, le

20 même jour ?

21 R. Non.

22 Q. Avez-vous quitté le bâtiment de l'assemblée pour déjeuner ?

23 R. Oui.

24 Q. Où est-ce que vous êtes allée déjeuner ?

25 R. A Holiday Inn.

26 Q. Vous êtes allée et vous, personnellement, à Holiday Inn. Mais est-ce

27 que tout le monde y est allé ? Est-ce qu'un grand nombre de personnes qui

28 assistaient à cette réunion dans la salle bleue sont allées au Holiday

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1 Inn ?

2 M. TIEGER : [interprétation] J'attendais, mais là, je voudrais demander au

3 conseil de ne pas poser des questions directrices, dans la mesure du

4 possible. Il a déjà posé quelques questions dans ce sens et je voudrais lui

5 demander de ne pas le faire.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous auriez préféré qu'il ne pose pas

7 des questions directrices dans cette portion-là de son interrogatoire

8 principal.

9 M. TIEGER : [interprétation] Effectivement.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stewart.

11 M. STEWART : [interprétation] Cela ne me pose pas de problème. On me

12 demande de respecter strictement les consignes et je le ferai.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

14 M. STEWART : [interprétation]

15 Q. Vous êtes arrivée à Holiday Inn et vous avez pris votre déjeuner,

16 n'est-ce pas ?

17 R. Oui.

18 Q. Est-ce que vous avez déjeuné toute seule ?

19 R. Non. Tout le monde a déjeuné là-bas.

20 Q. D'après ce que vous saviez, est-ce que qui que ce soit qui avait

21 participé à cette réunion qui s'est tenue dans la salle bleue est resté

22 dans le bâtiment de l'assemblée à l'heure ou pendant que vous étiez allée

23 déjeuner à Holiday Inn ?

24 R. Non, personne. En tout cas, je ne suis pas au courant de cela.

25 Q. Est-ce qu'il y a une réunion de quelque sorte que ce soit à laquelle

26 vous auriez participé à Holiday Inn avant d'y déjeuner ?

27 R. Oui, en effet.

28 Q. Quelle était cette réunion ?

Page 19190

1 R. C'était une réunion élargie avec les membres du comité central, les

2 députés, quelques ministres, puis, les présidents des municipalités de

3 certaines municipalités, les municipalités qui n'avaient pas leurs propres

4 députés.

5 Q. Madame Hrvacanin, je vais être assez précis à ce sujet. Je vous ai posé

6 une question au sujet d'une réunion qui a eu lieu avant le déjeuner. Vous

7 parlez de cette réunion élargie, je ne vous demande pas les détails, mais

8 cette réunion a commencé avant le déjeuner, n'est-ce pas ?

9 R. Oui. Je pense que cette réunion a, en effet, commencé avant le

10 déjeuner.

11 Q. Est-ce qu'elle s'est terminée avant l'heure du déjeuner, avant le

12 déjeuner ?

13 R. Oui.

14 Q. Cela a duré combien de temps ?

15 R. Peut-être deux heures, peut-être moins que deux heures. Je ne saurais

16 être précise à ce sujet, mais ce n'était pas bien long.

17 Q. Cela se trouve à quelle distance par rapport au bâtiment de l'assemblée

18 et là, je parle de l'hôtel Holiday Inn ?

19 R. Je ne sais pas quelle est la distance qui sépare ces deux bâtiments,

20 mais je peux vous dire qu'il vous faut cinq minutes pour y aller.

21 Q. Cinq minutes quand vous y allez comment ?

22 R. A pied.

23 Q. Vous êtes allée à pied ?

24 R. Oui.

25 Q. Vous souvenez-vous de quoi que ce soit de particulier de ce jour-là

26 quand vous avez fait cette promenade en allant d'un bâtiment à l'autre ?

27 R. Oui, j'ai vu un certain nombre de personnes dans la rue avec des bérets

28 verts et j'ai demandé aux gens autour de moi ce que c'était, si c'était

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1 une nouvelle police à Sarajevo. Mais personne ne savait me répondre,

2 personne ne connaissait la réponse.

3 Q. Est-ce que vous vous souvenez de quoi que ce soit au sujet de la

4 journée elle-même, quel était ce jour-là, cette date-là, comment se

5 présentait la journée ?

6 R. Il faisait assez froid. Il y avait du vent.

7 Q. Quand vous avez décrit la réunion en disant qu'il s'agissait d'une

8 réunion élargie, est-ce que vous pourriez nous dire où exactement s'est

9 tenue cette réunion ?

10 R. La réunion s'est tenue dans la salle de congrès de l'hôtel Holiday Inn.

11 Q. Quelle était la taille, à peu près, de cette salle ? Est-ce que la

12 taille ressemblait à la taille de ce prétoire ?

13 R. Un petit peu plus grand. Cette salle est un petit peu plus grande, mais

14 pas beaucoup, en réalité. Elle était un peu plus étroite et un peu plus

15 longue.

16 M. STEWART : [interprétation] Je ne sais pas si nous avons besoin d'évoquer

17 les dimensions de cette salle d'audience. Nous sommes dans cette grande

18 salle d'audience qui est la salle numéro III.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En effet, Monsieur Stewart.

20 M. STEWART : [interprétation]

21 Q. Cette réunion élargie, est-ce que c'était officiellement la réunion

22 d'un organe particulier du SDS ?

23 R. Non. Il s'agissait d'une réunion tout à fait spontanée parce qu'il y a

24 eu des événements et les députés en ont parlé. Je pense que c'était à

25 l'époque où on préparait le programme de la proclamation de l'indépendance

26 de Bosnie-Herzégovine. Je pense que

27 M. Silajdzic, en même temps, avait participé à un congrès de pays

28 islamiques quelque part, où il avait fait part de ses positions, des

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1 positions qui étaient tout à fait troublantes pour nous, pour les Serbes,

2 j'entends dire.

3 Q. Il y avait combien de personnes qui ont participé à cette réunion

4 élargie ?

5 R. Plus de 200 personnes.

6 Q. Vous nous avez dit à peu près qui avait assisté à cette réunion. Vous

7 avez dit des membres du comité central, les membres du parlement, des

8 ministres, des représentants d'un certain nombre de municipalités. Est-ce

9 qu'il y avait d'autres personnes, d'autres catégories de personnes qui

10 avaient participé à cette réunion ?

11 R. Des chauffeurs peut-être de certains ministres ou des techniciens qui

12 servaient, qui étaient là à toute fin utile, si quelqu'un avait besoin d'un

13 téléphone ou de quoi que ce soit. Personne d'autre n'avait assisté à la

14 réunion.

15 Q. Vous, vous avez participé à cette réunion en quelle qualité, pourquoi

16 vous y avez été ?

17 R. J'étais là en tant que membre du comité central.

18 Q. Etes-vous en mesure de dire quel était le nombre des présidents de la

19 municipalité qui avaient assisté à la réunion ?

20 R. Ils n'étaient pas bien nombreux. Il s'agissait des municipalités qui

21 n'avaient pas leurs propres députés.

22 Q. Dans quelle mesure connaissiez-vous les présidents des municipalités du

23 SDS en Bosnie ? Quel était le pourcentage de ces personnes que vous

24 connaissiez ?

25 R. Il y en avait que je connaissais de vue et d'autres que je n'avais

26 jamais vu; puis, il y en avait qui étaient des amis, des amis personnels.

27 Q. Mais sauriez-vous dire s'il y avait une catégorie particulière dans une

28 municipalité qui était mieux représentée à cette réunion que d'autres ?

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1 R. Non. Il n'y avait pas vraiment d'exception.

2 Q. Qui était le président de cette réunion, qui a présidé la réunion, qui

3 l'a dirigée ?

4 R. C'était le président, M. Radovan Karadzic.

5 Q. Est-ce que vous vous souvenez des autres hauts dirigeants,

6 personnalités du SDS qui étaient présentes ?

7 R. M. Velibor Ostojic, M. Rajko Dukic, Mme Plavsic était présente aussi,

8 ensuite, M. Koljevic.

9 Q. M. Krajisnik était-il présent à la réunion ?

10 R. Oui, il était là, mais il ne présidait pas la réunion.

11 Q. Pourriez-vous nous décrire où se tenait exactement

12 M. Karadzic et quel genre d'objet il utilisait quand il présentait cette

13 idée de cette réunion, où est-ce qu'il était assis ?

14 R. C'était un peu comme ici dans ce prétoire. Donc, en face, vous aviez la

15 présidence comme les Juges, la présidence était assise comme les Juges dans

16 ce prétoire. Ensuite, en face, sur des chaises étaient assis les membres du

17 comité central, du conseil exécutif, les députés et autre invités, et

18 ensuite, il y avait un micro et les gens qui prenaient la parole, et ils

19 étaient placés à peu près à l'endroit où Mme l'Huissière se place quand

20 elle annonce le début ou la fin de l'audience.

21 Q. Est-ce qu'il y avait d'autres personnalités du SDS qui étaient assises

22 près de M. Karadzic ?

23 R. Oui. Je vous ai dit que M. Dukic était là, M. Ostojic était là, M.

24 Koljevic et Mme Plavsic.

25 Q. Ils étaient assis à côté de lui, n'est-ce pas ?

26 R. Oui, ils étaient assis dans le cadre de cette présidence au même

27 endroit.

28 Q. M. Krajisnik était-il assis là, à la table du président ?

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1 R. Non. Il était assis comme nous au premier rang.

2 Q. Connaissez-vous, M. Miroslav Deronjic à l'époque ?

3 R. De vue seulement. Je savais qu'il était membre du comité central de

4 Bratunac, qu'il était de Bratunac.

5 Q. A-t-il assisté à la réunion ?

6 R. Non, je ne le crois pas.

7 Q. Connaissiez-vous M. Radomir Neskovic à l'époque ?

8 R. Oui. C'est le fondateur du Parti démocratique serbe. Il était présent à

9 la réunion.

10 Q. Connaissiez-vous mieux M. Neskovic que vous ne connaissiez M. Deronjic,

11 ou moins bien ?

12 R. Je le connaissais mieux que M. Deronjic. Je l'ai même invité chez moi

13 dans ma maison. Quand il avait besoin de quelque chose, j'étais toujours là

14 pour l'aider. S'il avait besoin de l'argent, des cigarettes, et cetera.

15 Q. Est-il exact que vous avez toujours des rapports amicaux avec M.

16 Neskovic ?

17 R. Oui. Il habit Banja Luka. Nous nous voyons. Nous parlons quand nous

18 nous voyons.

19 Q. Est-ce qu'il vient toujours chez vous dans votre maison de temps en

20 temps ?

21 R. Non. Nous nous voyons dans un hôtel.

22 Q. Est-ce que vous vous souvenez des sujets dont on a discutés lors de

23 cette réunion élargie ?

24 R. Je vous ai dit que toute la situation politique était brûlante.

25 Nous savions que les Musulmans et les Croates avaient pris un certain

26 nombre de décisions et qu'après, cela il était nécessaire que les députés

27 serbes quittent l'assemblée, et c'est ce qu'ils ont fait d'ailleurs, ils

28 ont créé leur propre assemblée. On a discuté de cette déclaration,

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1 notamment. Les gens étaient inquiets parce que, si l'on reconnaissait

2 l'indépendance de Bosnie-Herzégovine, est-ce que les Serbes allaient

3 devenir une minorité ethnique ? De quelle façon on allait décider du statut

4 de la population serbe en Bosnie-Herzégovine ? C'était bien là les

5 questions qui nous préoccupaient.

6 Q. Est-ce que vous connaissez si une autre réunion de la taille similaire

7 a eu lieu au Holiday Inn au mois de décembre 1991 et une réunion portant

8 sur le SDS ou comprenant les membres du SDS ?

9 R. Non.

10 Q. Est-il possible qu'une seule réunion se soit tenue sans que vous le

11 sachiez ?

12 R. Je pense que ce n'était pas possible. Je les connais très bien. Je

13 pense qu'ils ne pouvaient pas me cacher une chose pareille.

14 Q. Madame Hrvacanin, de façon générale, pourriez-vous nous dire quels

15 étaient les contacts, le rapport que vous aviez au mois de décembre 1991

16 avec les membres du SDS en Bosnie-Herzégovine,

17 -- les activistes plutôt ?

18 R. A l'époque, il s'agissait de préparer une assemblée -- excusez-moi vous

19 me posez une question au sujet de l'année 1991 ?

20 Q. Oui, effectivement, je vous ai posé une question précisément au sujet

21 du mois de décembre 1991 ?

22 R. Pour être très spécifique, je n'avais pas de fonctions particulières.

23 Je n'avais pas grand-chose à faire au titre du SDS en Bosnie-Herzégovine.

24 Q. Madame Hrvacanin, il y a des exemples de gens qui ne disent pas grand-

25 chose. Ils vont à une réunion, mais après, ils ne parlent plus, ils ne

26 parlent à personne. Ils rentrent chez eux. Il y a des gens comme cela. Est-

27 ce que vous êtes une personne comme cela qui est assez discrète ?

28 R. J'ai un peu de mal avec mes écouteurs et je n'ai pas entendu votre

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1 question.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il convient de mettre les écouteurs sur

3 le haut de la tête.

4 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. Mais c'est un peu -- un peu trop grand

5 pour ma tête en fait, c'est pour cela -- Monsieur le Président, est-ce

6 qu'on pourrait me répéter la question car je ne l'ai pas entendue ?

7 M. STEWART : [interprétation] Je vais peut-être tout simplement le lire

8 dans le transcript -- sur le compte rendu. Ce sera un peu plus simple.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.

10 M. STEWART : [interprétation]

11 Q. Madame Hrvacanin, est-ce qu'il y a des gens qui sont assez discrets,

12 qui font leur boulot, qui vont à une réunion, et qui rentrent chez eux,

13 qu'ils ne parlent à personne, qui n'ont pas de vie sociale. Il y a des gens

14 comme cela, en. Etes-vous ce type de personne ?

15 R. Non. J'aime bien parler aux gens, avoir des contacts sociaux surtout

16 avec les gens. On apprend beaucoup de choses quand on parle aux autres.

17 Q. M. Deronjic nous a dit ici devant cette Chambre de première instance

18 que lors d'une réunion qui s'est tenue à peu près à ces dates, donc en

19 décembre 1991, un document de la même nature que le document qu'on vous a

20 montré il y a quelques minutes a été circulé aux participants, à la

21 réunion. Alors, si vous pouvez vraiment vous souvenir de ce qui s'est passé

22 il y a -- est-ce qu'on peut dire que M. Deronjic a eu raison quand il a dit

23 cela ?

24 R. Je vous ai que je ne me souvenais pas très bien si

25 M. Deronjic était là ou pas à cette réunion. Dans cette réunion, la réunion

26 où j'étais, en tout cas, il n'y a pas eu de documents qui ont été circulés

27 ou des documents avec ce type de titre, de pages titre comme j'en ai vu sur

28 le rétroprojecteur.

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1 Q. M. Neskovic vous a parlé d'une réunion -- a parlé d'une réunion.

2 M. STEWART : [interprétation] C'est à la page 1 647 du compte rendu du

3 lundi 18 juillet. Donc, nous avons des copies de ces comptes rendus si vous

4 en avez besoin --

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ces copies ont déjà été communiquées aux

6 Juges. Je ne sais pas si d'autres personnes ont en besoin.

7 M. STEWART : [interprétation] Merci. Nous avons, de toute façon, des

8 exemplaires. Si des personnes en ont besoin -- donc, je vais continuer.

9 Q. Donc, à la page 16 647 du compte rendu du lundi, 18 juillet, on a

10 montré le même document à M. Neskovic. Bon, ce n'est pas, tout à fait, le

11 même exemplaire du document, mais c'est le même document en date du 19

12 décembre. Il a dit qu'il le connaissait. Puis, il a poursuivi en décrivant

13 une réunion qui a eu lieu au Holiday Inn. Il a dit : "Je crois que ce

14 n'était pas une réunion d'un organe, mais c'était presque une réunion

15 parlementaire, une réunion à laquelle tous les membres de du comité

16 central, du comité exécutif, des députés, des représentants des

17 municipalités, des membres du gouvernement, des comités politiques, des

18 secrétaires généraux, et cetera. Enfin, tout le monde y était invité.

19 C'était une immense réunion et dans la culture serbe d'ailleurs, dans

20 l'habitude d'organiser une grande réunion très solennelle pour ce type

21 d'occasion et ce serait ce type de composition que nous avons eu lors de

22 cette réunion, à cette époque. Donc, il y avait déjà le comité central avec

23 ces 45 membres mais ce n'était pas une réunion séparée uniquement du comité

24 central."

25 Donc, je m'arrête ici, Madame Hrvacanin, et je vous demande la chose

26 suivante. Cette description de la réunion faite par

27 M. Neskovic, est-ce que cela colle avec la réunion que vous venez de nous

28 décrire ?

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1 R. Oui. Plus ou moins. Il n'y avait pas tous les présidents de toutes les

2 municipalités et ils ne seraient jamais plus rentrés de toute façon dans la

3 salle.

4 Q. Quand vous parlez des présidents des municipalités, vous parlez des

5 présidents du SDS, des municipalités SDS ?

6 R. Non. Je parle des présidents des municipalités qui avaient le pouvoir

7 exécutif. Pas ceux qui étaient présidents du SDS, membre du SDS. On a le

8 comité central, le comité exécutif. Il y avait quelques présidents de

9 municipalités et puis les députés.

10 Q. Je veux juste éclaircir un point. Quand on parle de ces présidents de

11 municipalité, on ne parle pas de Musulmans ou de Croates. On parle que de

12 Serbes, des Serbes, présidents du SDS dans ces municipalités. C'est bien de

13 ces personnes-là qu'on parle ?

14 R. Non. Ce n'était pas les représentants du SDS. Il y avait tout le comité

15 central et j'étais membre, qui était président du SDS, certes, et aussi,

16 président du comité Central. Mais, ce n'était pas très courant. Je ne

17 connais personne d'autre qui était dans le même cas que moi, président du

18 SDS et membre du comité Central, mis à part le président Karadzic, qui

19 était, bien sûr, le président du comité central.

20 M. STEWART : [interprétation] Je vais continuer quand même, bien que je

21 pense que le choses ne sont pas très claires.

22 Q. Donc, vous avez parlé d'une différence. Donc, la description de réunion

23 faite par M. Neskovic, dont je vous ai donné lecture, est-ce que cela va --

24 est-ce que cela s'adapte bien à la réunion à laquelle vous avez assisté

25 telle que vous nous avez décrite ?

26 R. Oui, à peu près. En gros, c'est cela.

27 Q. Alors, M. Neskovic a poursuivi et donc là, il s'agit de ce qui est bas

28 de la page, 16 647 où est-ce qu'il dit, je cite. Il dit : "Je me souviens

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1 bien," donc là il parle du document qu'on vous a montré il y a environ 15

2 minutes. Donc, il dit les choses suivantes : "C'est un document que

3 Karadzic a amené dans la salle de réunion qui a été déjà rédigé, qui était

4 imprimé, qui était en liasse, exactement sous sa forme finale et il l'a

5 posé sur la table, la table du président. Il a posé cette liasse."

6 Est-ce que vous vous souvenez de cela, Madame Hrvacanin ?

7 R. Non. Pas du tout. M. Karadzic était très en retard et n'avait jamais de

8 documents avec lui. Je n'ai pas vu ce type de documents dans cette salle.

9 Q. M. Neskovic poursuit pourtant et je cite : "J'étais assis au cinquième

10 ou sixième rang." Pouvez-vous faire des commentaires là-dessus ?

11 R. Je ne serais jamais assis à l'arrière. Je serais assis devant, premier

12 rang parce qu'il était quand même membre du comité Exécutif.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

14 M. TIEGER : [interprétation] Oui. J'ai déjà dit que j'étais un peu inquiet

15 parce que les questions sont un peu directrices. Donc, on parle --

16 j'aimerais bien qu'on demande au témoin quels sont ces commentaires et, en

17 fait, s'il se souvient de l'événement.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui. On lui demande qui était assis

19 où ?

20 M. TIEGER : [interprétation] Oui. Tout cela, pas de problème mais je

21 voudrais quand même soulever une objection à propos de cette utilisation

22 d'un ancien témoignage. Elle est dans cette déposition.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stewart, M. Tieger voudrait --

24 donc, que vous ne puissiez plus poser plus de questions directrices sur la

25 base de cette déposition de M. Neskovic, mais plutôt, demandez vraiment au

26 témoin ce dont elle se souvient de cette réunion, à l'époque.

27 M. STEWART : [interprétation] Pas de problème. Monsieur le Président, je

28 vous indique que dès qu'on me ferait l'objection, je la prendrais en

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1 compte.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Continuez.

3 M. STEWART : [interprétation]

4 Q. Donc, dans cette réunion, vous avez déjà décrit un petit peu comment

5 était la salle ? Où étaient les sièges ? Donc, vous avez dit qu'il y avait

6 des rangées de chaises. Pouvez-vous reprendre un petit peu la description

7 de la salle ?

8 R. Bien. C'était une salle avec un panel sur une estrade pour les

9 personnes qui présidaient. Puis, les chaises étaient en demi cercle, donc,

10 quand on entrait dans la salle par la droite, vous voyez toutes ces chaises

11 qui étaient en demi-cerle, à peu près, dix à 15 rangées de chaises, des

12 deux côtés de la salle. Il y a des gens qui aiment toujours être assis

13 devant même s'ils n'ont pas vraiment le droit d'être assis là, mais tout

14 ceci était retransmis à la télévision.

15 Alors, ils voulaient se faire voir à la télévision, c'est pour cela

16 qu'ils s'étaient assis au premier rang. M. Neskovic était d'ailleurs au

17 premier rang. J'étais assise sur le côté et je voyais très bien qui était

18 assis où ? Il était là. Donc, il n'y avait pas de document. On n'a pas

19 donné de documents dans cette salle. Je suis sûre que si les documents

20 avaient été distribués dans cette salle, j'en aurais reçu un exemplaire.

21 C'était une réunion très spontanée. Il y a eu des prises de

22 positions. Il n'y a pas eu de prises de positions, en fait. Les gens

23 avaient faim. Donc, la réunion était très courte et on n'a pas eu le temps

24 de passer à la prise de positions. Je vous ai dit que cela a duré qu'une ou

25 deux heures, peut-être, un petit peu moins.

26 Q. Donc, cette réunion était retransmise à la télévision ?

27 R. Oui, les médias étaient là pour couvrir l'événement. Je ne sais pas

28 s'ils avaient décidé de le passer à la télévision, s'il y avait une équipe

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1 de reporteurs télé, mais, normalement, ils suivaient toutes nos réunions.

2 Celle-là aussi, sans doute. Je n'en suis pas certaine, cela dit.

3 Q. Quelqu'un aurait-il apporté quelque chose de -- je pense que des gens

4 avaient quand même du papier pour écrire, ils avaient apporté -- est-ce

5 qu'il y a des gens qui apportaient des liasses de documents dans cette

6 salle ?

7 R. Non. Je n'ai pas vu ce type de liasse; personne n'apportait ce type de

8 liasse parce que je l'aurais remarqué, cela se serait vu.

9 Q. Lors de cette réunion, à un moment ou à un autre, est-ce que quelqu'un

10 dans la salle, assis dans les chaises, s'est levé à un moment peut-être

11 pour s'adresser à la présidence ?

12 R. Non. Pendant que la réunion se déroulait, personne ne s'est levé pour

13 aller au panel; d'ailleurs, après la réunion non plus. Tout le monde est

14 parti pour aller déjeuner.

15 Q. Est-ce qu'à un moment ou à un autre, lors de la réunion, quelqu'un a

16 énuméré un certain nombre de noms ?

17 R. Non. Je ne sais pas pourquoi on aurait appelé des noms.

18 Q. Je vais maintenant vous poser la question de façon spécifique puisque

19 je vais vous dire ce qui a été dit. Je crois --

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le Juge Hanoteau va vous poser une

21 question.

22 M. LE JUGE HANOTEAU : Vous avez dit, à plusieurs reprises, que c'était un

23 meeting spontané. Je voudrais que vous précisiez ce que vous entendez par

24 "spontané."

25 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est le mot employé normalement quand quelque

26 chose n'est pas prévu, quand quelque chose n'a pas été planifié. C'est pour

27 cela que j'ai dit qu'il était spontané. C'est arrivé tout d'un coup. C'est

28 comme cela que cette réunion a été organisée tout d'un coup. Quelqu'un a

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1 fait une suggestion, alors qu'on était en assemblée qu'il serait peut-être

2 bon de parler de problèmes ailleurs, de problèmes politiques importants,

3 comme la déclaration sur la reconnaissance de la Bosnie-Herzégovine parce

4 que là, on était en assemblée avec les Croates, les Serbes et les Musulmans

5 et chaque club, normalement, avait sa propre salle pour pouvoir parler sans

6 être entendu par les autres. On s'est dit : "On va aller ailleurs pour

7 qu'on puisse parler tranquillement." L'hôtel, c'est toujours l'endroit le

8 moins sûr qui existe, à mon avis.

9 M. LE JUGE HANOTEAU : Est-ce que cela veut dire que tous ceux qui ont

10 participé à cette réunion au Holiday Inn étaient déjà à l'assemblée avant,

11 dans la matinée ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, la plupart d'entre eux, mis à part M.

13 Karadzic. Je crois qu'il est arrivé plus tard. Il n'était pas à

14 l'assemblée.

15 M. LE JUGE HANOTEAU : Cela veut dire que M. Karadzic a été prévenu de cette

16 décision et y a été convoqué ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Sans doute, mais je n'en sais rien.

18 M. LE JUGE HANOTEAU : Il n'était pas à l'assemblée le matin.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'arrive pas à entendre l'interprétation.

20 M. LE JUGE HANOTEAU : La question est : est-ce que M. Karadzic était à

21 l'assemblée le matin ?

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne l'ai pas vu.

23 M. LE JUGE HANOTEAU : Vous dites, il est arrivé au Holiday Inn et il vous

24 donnait l'impression de venir de l'extérieur. Quel était le sentiment que

25 vous aviez, à ce moment-là ?

26 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne pourrais pas vous dire d'où une personne

27 venait. Maintenant, on parle de M. Karadzic, bien sûr, je ne sais pas du

28 tout d'où il venait, mais je présume qu'il était occupé, qu'il faisait

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1 quelque chose et qu'après ce qu'il devait faire, il est venu à la demande

2 ou suite à une invitation de quelqu'un. Mais c'était sans doute suite à une

3 invitation de

4 Mme Plavsic ou de M. Koljevic.

5 M. LE JUGE HANOTEAU : Merci, Madame.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Juste une clarification. Sur le

7 transcript, il est écrit, vous dites que les Serbes ont tendance à parler

8 fort : "Il vaut mieux aller ailleurs, ce qui sera plus sûr. On pensait que

9 les hôtels, c'était l'endroit qui était le moins sûr."

10 Vous êtes passée plutôt dans un hôtel parce que vous voulez que ce soit

11 privé. Or, vous dites que l'hôtel, c'est l'endroit le moins sûr. Alors, je

12 ne comprends pas très bien comment interpréter ce que vous venez de nous

13 dire.

14 LE TÉMOIN : [interprétation] D'abord, on est allé à l'hôtel pour déjeuner,

15 ensuite, comme je vous l'ai dit, il y a eu cette réunion spontanée.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez dit que la suggestion avait

17 été faite lors de la réunion de l'assemblée. Je vais vérifier un peu ce que

18 vous avez dit auparavant, vous avez dit -- il faut que je retrouve.

19 "Quelqu'un a suggéré, pendant qu'on était à l'assemblée, qu'il serait bon

20 de discuter de toutes ces choses ailleurs."

21 Maintenant, vous nous dites --

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Tout à fait.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] "Nous sommes tous allés à l'hôtel pour

24 déjeuner et c'est là qu'il y a eu la réunion spontanée," alors

25 qu'auparavant, vous avez dit que c'était quelqu'un, lors de l'assemblée,

26 qui avait dit qu'il serait bon d'avoir une réunion ailleurs. Je ne

27 comprends pas très bien le déroulement de la journée, vous nous donnez

28 plusieurs réponses qui sont contradictoires, l'une c'est que vous voulez

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1 aller dans un endroit plus sûr; or, l'hôtel n'est pas sûr.

2 Quand je vous ai demandé comment interpréter la chose, vous avez dit à la

3 Chambre que vous étiez allée à l'hôtel et que c'est là, ensuite, qu'il y

4 avait eu l'idée d'organiser une réunion spontanée, mais auparavant, vous

5 aviez dit que c'était pendant la réunion de l'assemblée que quelqu'un a

6 suggéré qu'il serait bon d'aller ailleurs pour tenir une réunion.

7 Maintenant, on a trois différentes réponses. Vous pouvez m'aider un petit

8 peu à savoir comment se sont exactement déroulées les choses ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Si je puis, je vais vous dire exactement ce

10 qui s'est passé : lors de l'assemblée, on a dit qu'il fallait prendre

11 position par rapport à la déclaration sur l'indépendance de la Bosnie-

12 Herzégovine, pas uniquement les députés, mais les membres du comité

13 central, du comité exécutif, et cetera, et on m'a suggéré qu'il fallait

14 quelque chose.

15 Maintenant, si vous n'avez pas bien suivi ce que j'ai dit, je ne vous ai

16 pas dit que c'était un point de vue général, mais quelqu'un a fait une

17 évaluation générale disant que ce serait plus sûr à l'hôtel plutôt

18 qu'ailleurs, plutôt qu'à l'assemblée, mais je n'étais pas d'accord. J'ai ma

19 propre opinion, j'ai ma propre position et j'ai dit qu'à mon avis, c'était

20 comme cela. Je vous ai dit ce que je pensais, je n'ai pas parlé des autres.

21 Peut-être que cela n'est passé lorsque je l'ai dit, mais, maintenant, je

22 vous explique un petit peu ma position sur l'hôtel.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez dit : "On a dit allons

24 ailleurs, à un endroit plus sûr," alors, le texte n'est pas très clair, il

25 y a les mots "on a dit." "Nous avons pensé que l'hôtel n'était pas

26 suffisamment sûr."

27 Maintenant, une chose est bien claire, si je vous ai bien compris. La

28 décision de parler de tout cela ailleurs a été prise lors de l'assemblée,

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1 lors de la réunion de l'assemblée. C'est là qu'il y a eu la première

2 suggestion qu'il serait bon d'en parler ailleurs. C'était à l'assemblée,

3 lors de la réunion de l'assemblée.

4 R. Oui.

5 M. STEWART : [interprétation] Si je puis faire une remarque.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

7 M. STEWART : [interprétation] Quand Votre Honneur a dit au témoin que le

8 texte n'est pas très clair, on ne sait pas très bien qui est le "nous".

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je ne vois pas très bien qui est le

10 "nous".

11 M. STEWART : [interprétation] Le témoin a dit : "Nous pensions que l'hôtel

12 n'était pas du tout sûr. En tout cas, c'est ce que je pensais." Voilà

13 comment la phrase a été dite. Je pense qu'il faut la traiter comme elle a

14 été dite quand on pose des questions au témoin.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je --

16 M. STEWART : [interprétation] Il est vrai, ici, que le pronom "je" est

17 important.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais je citais la page 51.

19 M. STEWART : [interprétation] Oui, mais si c'est une citation, il faut

20 citer une vraie citation.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais du coup, c'est difficile à

22 comprendre parce que vous avez dit : "Nous pensions que l'hôtel était

23 l'endroit le moins sûr. En tout cas, je le pense." Maintenant, je comprends

24 ce que vous voulez dire, Madame Hrvacanin. Ce que vous avez dit à la page

25 51, c'est que vous n'étiez pas d'accord avec ceux qui disaient que l'hôtel

26 est un endroit plus sûr.

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Personne ne m'a demandé si j'étais d'accord ou

28 pas. J'avais vu les Bérets verts en y allant et c'est pour cela que je suis

Page 19207

1 arrivée à cette opinion très démocratique par moi-même. J'ai trouvé moi-

2 même que c'était moins sûr, mais je ne l'ai dit à personne. Je vous le dis

3 maintenant à vous, mais je ne l'ai dit à personne, à ce moment-là.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais vous aviez peur qu'on vous

5 entende. Vous n'aviez pas peur d'être attaquée par les Bérets verts ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Les deux. J'avais peur des deux.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous avez répondu en disant que

8 c'est à l'hôtel que vous êtes allée déjeuner et qu'il y a eu la décision

9 spontanée d'avoir une réunion. Est-ce que vous retirez ce que vous venez de

10 dire ou pas, au vu de ce que vous nous avez répondu lors de ces dernières

11 minutes ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis désolée, mais je ne suis pas certaine

13 de vous suivre.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Précédemment, quand je vous ai demandé

15 de m'aider un petit peu pour reconstituer le déroulé de la journée, une de

16 vos réponses, c'est que vous êtes allée à l'hôtel déjeuner et que c'est à

17 ce moment-là qu'il y a eu suggestion d'organiser une réunion. Maintenant,

18 vous nous dites que c'était lors de la réunion de l'assemblée que cette

19 décision avait été prise, du moins que la suggestion avait été mise, ce qui

20 fait que la réponse comme quoi c'était une suggestion spontanée alors que

21 vous étiez à l'hôtel pour le déjeuner, vous retirez cette réponse ou quoi ?

22 M. STEWART : [interprétation] Je peux vous demander la référence à ce qui

23 est dit là parce que je ne vous suis plus et j'aimerais bien savoir

24 exactement à quoi vous faites référence, Monsieur le Président.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non. Je faisais référence à la page 52

26 où le témoin a dit la chose suivante : "Nous sommes passés de la réunion de

27 l'assemblée à l'hôtel parce que nous voulions être en privé, que ce soit

28 privé. Or, vous avez dit que l'hôtel n'était pas un endroit sûr. Comment

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1 interpréter cela ?" Le témoin a dit : "Nous sommes d'abord allés à l'hôtel

2 pour déjeuner, ensuite, ce qui s'est passé, comme je vous l'ai déjà dit,

3 c'est que la réunion spontanée s'est tenue à ce moment-là." Elle va d'abord

4 à l'hôtel, ensuite, il y a la réunion spontanée. Je lui ai posé une

5 question spécifique et j'ai cru comprendre, suite à sa réponse, que l'idée

6 spontanée était intervenue lors du déjeuner à l'hôtel.

7 M. STEWART : [interprétation] Je suis désolé. Je pense que vous voyez plus

8 dans cette réponse qu'il n'y a.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, c'est au compte rendu, Monsieur

10 Stewart. Vous pouvez continuer.

11 M. STEWART : [interprétation]

12 Q. Madame Hrvacanin, y a-t-il eu une préoccupation particulière concernant

13 la sécurité ou la sûreté, préoccupation exprimée par une quelconque

14 personne qui avait pris part aux réunions de cette assemblée, la réunion

15 qui a eu lieu dans la salle bleue ?

16 R. Oui. Au cours des discussions, chaque participant avait exprimé une

17 préoccupation très sérieuse quant à l'avenir de la Bosnie-Herzégovine et à

18 la sécurité, mais il n'y a pas eu de conclusion d'apportée par l'assemblée

19 qu'il fallait y apporter une attention toute particulière. C'est que

20 lorsque nous sommes arrivés à l'hôtel, c'est une question qui a été évoquée

21 de façon spontanée.

22 Q. Madame Hrvacanin, est-ce que quelque chose a été dit, lors de cette

23 réunion de l'assemblée, concernant des manières précises ou est-ce qu'on a

24 parlé de la préoccupation, est-ce qu'on a donné des exemples selon

25 lesquelles -- ou est-ce qu'on a donné des raisons pour lesquelles on

26 croyait que cette réunion n'était pas -- la sécurité n'était pas bien

27 assurée ?

28 R. Personne n'a dit cela.

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1 Q. De quel type de sécurité parle-t-on ? Est-ce qu'il s'agissait plutôt

2 d'une sûreté physique ? Je parle de la réunion de l'assemblée, bien sûr.

3 R. Etant donné que pendant l'époque communiste, toutes les personnes qui

4 ne faisaient pas partie de la Ligue des Communistes étaient écoutées,

5 c'est-à-dire que leurs conversations téléphoniques étaient toujours

6 écoutées, cela a fait en sorte que toutes les personnes qui étaient

7 présentes avaient peur qu'on soit également écouté de quelque façon que ce

8 soit. Moi-même, je n'ai pas cru qu'il fallait en parler, à ce moment-là,

9 mais que, plutôt, il fallait en parler pendant le repas, pendant le

10 déjeuner et ce n'était pas tout à fait clair lorsque la question a été

11 évoquée à la réunion.

12 Q. Lors de la réunion, est-ce que des personnes ont fait référence aux

13 écoutes électroniques ?

14 R. Non. Les députés eux-mêmes le disaient. "Nous faisons l'objet d'écoutes

15 électroniques, nous sommes écoutés par des micros, on nous espionne." Comme

16 la salle du SDA était tout près, ils estimaient qu'il serait peut-être plus

17 sûr d'aller s'entretenir et parler de toutes ces questions ailleurs.

18 Q. Lorsque vous dites que le conseil du SDA était tout près --

19 R. Non. C'était le club des députés du SDA. Il était tout près. Nos

20 membres se sentaient espionner.

21 Q. Vous dites que c'était tout près; est-ce que je vous ai bien compris ?

22 Vous avez bien dit que le club des députés du SDA était tout près de la

23 pièce où vous vous trouviez ?

24 R. Oui, c'est ce que j'ai dit car toutes ces salles se trouvaient sous le

25 même toit; il y avait la salle I, salle II, salle III. Vous savez, je ne

26 pouvais pas vous faire un dessin précis, un croquis de la façon dont les

27 pièces étaient disposées lors de l'assemblée, mais le tout était tout près,

28 de toute façon. Cette pièce était proche des unes des autres.

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1 Q. Est-ce que c'était un autre bâtiment ou est-ce que toutes ces pièces

2 étaient sous le même toit ?

3 R. Non, non, sous le même toit.

4 Q. S'agissant de cette salle bleue lorsque la réunion a eu lieu, est-ce

5 qu'on avait déjà fait des arrangements, pris des arrangements nécessaires

6 pour aller déjeuner au Holiday Inn ?

7 R. Non -- ou plutôt, nous savions très bien que nous irions déjeuné au

8 Holiday Inn, mais nous ne savions pas que nous avions continué notre

9 réunion au Holiday Inn.

10 Q. A moins qu'il n'y est une objection, Madame, je souhaite citer un

11 passage de la déposition de M. Neskovic c'est à la page

12 16 648, à la ligne 10, et la citation commence par les mots : "De toute

13 façon", "anyway".

14 M. TIEGER : [interprétation] Je n'ai pas examiné le passage et je ne l'ai

15 pas lu, je serais bien heureux d'avoir la référence. Je crois qu'il

16 semblerait plutôt rafraîchir la mémoire du témoin, je crois qu'il ne

17 devrait pas essayer de rafraîchir la mémoire d'un témoin par les

18 dépositions de témoin. Je crois qu'il serait plus propice de le faire par

19 les Juges de la Chambre --

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il est très pratique de savoir ce que M.

21 Stewart a en tête avant de poser comme questions au témoin, afin de place

22 le tout dans le contexte, mais il y a d'autres manières de le faire. Je ne

23 crois pas que le témoin ait pu apprendre par cœur tous les chiffres.

24 Maître Stewart, vous posez la question au témoin. Vous avez donné le numéro

25 de la page. Nous le savons maintenant, nous pouvons nous orienter.

26 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Ce que je

27 propose c'est de faire la chose suivante. Je ne souhaite pas le faire de

28 toute façon désordonnée, mais, lorsque l'Accusation a présenté ses moyens à

Page 19211

1 charge, la Défense a posé des questions dans le cadre du contre-

2 interrogatoire au témoin de l'Accusation et d'une façon spécifique. C'est

3 la raison pour laquelle, Monsieur le Président, je crois qu'il est très

4 important de poser des questions au témoin de la Défense, des questions

5 spécifiques, c'est-à-dire que, plus spécifiquement lorsque nous avons

6 abordé des questions d'une façon non directrice, à ce moment-là, il

7 faudrait peut-être rafraîchir la mémoire du témoin de cette façon-ci. Je

8 crois que c'est approprié de procéder de la sorte --

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si le sujet en question a déjà été

10 abordé lors de l'interrogatoire principal d'une façon non directrice, je

11 présume que vous ne soulevez pas d'objection à ce que le témoin soit

12 confronté avec le témoignage de quelqu'un d'autre qui a déjà déposé devant

13 cette Chambre, cette différence n'est pas exactement son témoignage donc

14 nous pouvons voir si le témoin maintient ce qu'elle a dit elle-même --

15 l'Accusation --

16 M. TIEGER : [interprétation] Je souhaiterais faire un commentaire en

17 l'absence du témoin. Je ne sais pas si le témoin parle l'anglais ou non --

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne sais pas si le témoin parle

19 anglais. De ce que je sais c'est que les livres dans le domaine de

20 l'estomotalogie [phon] sont toujours en anglais, enfin, dans la plupart des

21 pays.

22 M. STEWART : [interprétation] Notre témoin peut comprendre néanmoins un peu

23 l'anglais ce n'est pas simplement une langue étrangère qu'elle ne comprend

24 pas du tout.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous souhaitez soulever une question

26 à l'absence du témoin immédiatement, nous demanderons au témoin de quitter

27 pour quelques instants. Si vous nous dites par contre que nous pouvons

28 attendre la pause suivante, nous le ferons de cette façon-là.

Page 19212

1 M. TIEGER : [interprétation] Je devrais soulever cette question maintenant.

2 C'est peut-être -- je suis peut-être trop prudent en demandant que le

3 témoin ne soit pas présent, mais il me semblerait que la première fois que

4 nous avons soulevé -- puisque c'est la première fois que nous allons

5 soulever cette question, peut-être il n'est pas inutile d'être trop

6 prudent.

7 M. STEWART : [interprétation] Si vous le souhaitez nous pouvons faire de la

8 sorte.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous voulez que l'on demande au

10 témoin de quitter pour quelques instants, nous allons demander à Mme

11 l'Huissière d'escorter le témoin en dehors du prétoire.

12 M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame, il y a une question que nous

14 souhaiterions soulever en votre absence, nous vous demanderons de quitter

15 cette salle d'audience pour quelques instants, nous vous en remercions à

16 l'avance.

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

18 [Le témoin se retire]

19 LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, je vous écoute.

20 M. TIEGER : [interprétation] Monsieur le Président, voilà notre

21 préoccupation. Je ne sais pas si la Défense sera d'accord avec moi mais

22 c'est la façon dont la question a été posée, je suis sûr que ce n'est pas

23 fait intentionnellement. La question est la suivante : il s'agit, je

24 trouve, que le sujet qui a été soulevé ne devrait pas être lié à un témoin

25 par précis et à un nom. Cela invite le témoin à prendre en compte un

26 élément extérieur. Je trouve que le fait de lier quelque chose qui est lié

27 à un témoin particulier, ce n'est peut-être pas nécessairement la bonne

28 chose à faire car j'estime, Monsieur le Président, que c'est inapproprié.

Page 19213

1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voyons ce qui a été fait de façon non

2 intentionnelle --

3 M. STEWART : [interprétation] Non, pas du tout, Monsieur le Président.

4 C'était intentionnel. C'était tout à fait précis et spécifique. Nous sommes

5 d'avis que ce n'est que juste et ce n'est que tout à fait -- que c'est

6 juste lorsqu'un type de questions est posé au témoin, en fait, ce que je

7 souhaite faire ici, Monsieur le Président, c'est de ne pas -- pour ne pas

8 que vous ne compreniez mal -- je ne voudrais pas que vous fassiez un

9 enchaînement d'éléments de preuve, mais lorsqu'il y a un point critique je

10 souhaiterais que le tout soit tout à fait clair pour savoir très bien si ce

11 témoin dit ce qu'il a été déjà dit précédemment dans ce prétoire, qu'en

12 fait, que ce n'est tout à fait pas exact, que ce n'est pas juste. Il

13 faudrait savoir qui est la personne qui a contredit ces propos, qui sont

14 ces gens qui disent le contraire, qui sont ces gens, quel est leur rôle. Si

15 le témoin ne sait pas qui a dit quelque chose, si elle ne sait pas si c'est

16 un commentaire qui a fait simplement comme cela par une autre personne ou

17 ce commentaire très important fait par une personne comme dans le cas de M.

18 Neskovic, c'est une personne qui occupait un poste très important au sein

19 du parti, donc, cela peut inviter le témoin à réfléchir très sérieusement

20 pour savoir si elle s'est peut-être trompée et de reconnaître peut-être

21 l'autorité de cette personne, nonobstant ce qu'elle sait de ces personnes,

22 qui disent que ce n'est pas la vérité, mais simplement pour comparer les

23 deux.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, avant de vous donner la

25 possibilité de répondre, je souhaiterais ajouter une question. Si la

26 Défense, par exemple, disait au témoin qu'un Témoin X a déposé devant ce

27 Tribunal et a dit qu'il était assis soit à la cinquième ou sixième rangée

28 et qu'il a pris part à cette réunion, est-ce que cela permettrait à -- le

Page 19214

1 commentaire que le témoin a dit que, lorsque Mme Hrvacanin nous a dit que

2 les gens aimaient bien s'asseoir dans les premières rangées puisque de

3 cette façon-là on pouvait les voir à la télévision, cela ne serait peut-

4 être pas tout à fait juste de contredire le témoin de cette façon-là, mais

5 M. Stewart dit quelque chose bien différent.

6 Je vous écoute.

7 M. TIEGER : [interprétation] D'abord, Monsieur le Président, je crois que,

8 dans certains cas, il est tout à fait approprié d'établir un lien entre le

9 témoignage d'une personne et ce que d'autres personnes aient pu dire devant

10 ce Tribunal auparavant. Mais, en général, je souhaiterais dire que le

11 problème -- la faille dans l'argument de la Défense est le suivant :

12 d'abord, il se concentre sur ce qu'un autre témoin a dit préalablement et,

13 dans ce cas-là, on devrait se concentrer sur ce que dit le témoin suivant,

14 le témoin qui parle présentement et non pas sur ce que d'autres ont dit.

15 Par la suite, il insiste sur le fait qu'il a été du témoin, peut-être

16 influencé par la compréhension, par le fait que quelqu'un d'autres a dit

17 quelque chose, surtout si c'est une personne qui avait joué un rôle

18 important. Donc, il s'agit d'une question -- désévalués les facteurs qui

19 pourraient ressortir de façon agressive, c'est-à-dire, je ne sais pas si le

20 témoin avait un bon rapport avec cette personne, si, par exemple, le témoin

21 a une idée sur le lien qui existait entre le témoin en question et M.

22 Krajisnik, quel était le rapport de cette autre personne et M. Krajisnik,

23 et cetera, et cetera. Donc, je crois que ce que l'on fait, à ce moment-là -

24 - ce qu'on demande de faire des comparaisons et les influencer peut-être

25 par une personne qui a dit quelque chose plutôt que de lui dire qu'une

26 personne a dit telle et telle chose. Je crois que c'est cela qui rend la

27 procédure inappropriée.

28 [La Chambre de première instance se concerte]

Page 19215

1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, les questions

2 posées par la Défense même lorsque les Juges de la Chambre avaient très

3 bien clairement compris qu'il s'agissait d'un exercice consistant à

4 vérifier des témoignages préalables, on demande au témoin de donner des

5 réponses de façon non directrice, donc, de façon générale. M. Stewart ne

6 peut pas -- ne pas jeter le blâme sur

7 M. Stewart d'évoquer des noms. Mais la façon appropriée de le faire, selon

8 les Juges de cette Chambre, serait d'abord d'obtenir le témoignage du

9 témoin en demandant au témoin ce qu'elle a pu remarquer cette fois-là, sans

10 faire aucune référence à aucun témoignage rendu devant cette Chambre par le

11 passé. Ensuite, de voir si cela correspond aux témoignages qui ont été

12 donnés par d'autres personnes, par une autre personne et, à ce moment-là,

13 on peut confronter le témoin avec cet élément de preuve, mais sans pour

14 autant, à ce moment-là, donner l'identité de la personne qui a déjà déposé

15 préalablement. Si la cohérence se maintient, à ce moment-là,

16 M. Stewart pourrait avoir la permission de dire au témoin qu'il s'agissait

17 en l'occurrence de tel et tel témoin, afin qu'à ce moment-là, le témoin

18 puisse -- notre témoin ici puisse nous dire que le témoin était déjà à

19 l'époque, soit sourd ou qu'il ne voyait pas très bien. A ce moment-là, le

20 témoin, notre témoin d'aujourd'hui, peut préciser -- peut donner d'autres

21 précisions pour dire pourquoi elle estime cette incohérence existe en ayant

22 tous les éléments à sa disposition. Nous pouvons procéder. Je crois que les

23 deux parties ont très bien compris nos consignes. Merci.

24 M. STEWART : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

25 C'est tout à fait clair.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons voir ce que le témoin

27 nous dira sur la véracité du témoignage, du témoin précédent, à savoir s'il

28 était sourd ou aveugle.

Page 19216

1 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

2 Je vous remercie, Madame, de votre patience.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître Stewart.

4 M. STEWART : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. Je

5 relisais vos propos pour bien m'en tenir à vos directives.

6 Q. Madame Hrvacanin, les Juges de cette Chambre ont eu la possibilité

7 d'entendre une description très détaillée lors d'une autre déposition d'un

8 autre témoin qui a dit que certains noms avaient été appelés lors d'une

9 réunion étendue à l'hôtel Holiday Inn, une réunion qui a été présidée par

10 le Dr Karadzic. Donc, certains noms avaient été appelés des personnes

11 répondaient, à ce moment-là, et se présentaient à la table, donc, allaient

12 à la table, prenaient un exemplaire du document des variantes A et B.

13 Ensuite, ils suivaient la consigne qui consistant en la lecture de ce

14 document Ensuite, ils devaient rendre le document. Est-ce que vous vous

15 rappelez d'un tel événement ? Vous souvenez-vous d'un événement pareil

16 s'étant déroulé lors d'une réunion étendue telle que vous nous avez

17 mentionnée ?

18 R. Lors de cette réunion là, quelque chose de ce genre-là ne s'est pas

19 déroulé car si 200 personnes étaient présentes. S'il aurait fallu que

20 chaque personne prenne une minute, cela aurait duré plus que trois heures.

21 J'ai déjà dit préalablement que la réunion était courte, que la réunion a

22 duré entre une heure et deux heures, en tout. Je ne peux pas vous dire si

23 la réunion a duré une heure 30 ou une heure 45 minutes mais personne n'a

24 été appelée. On n'a rien remis à personne. Aucun document, je peux vous

25 l'affirmer de façon très décisive.

26 Q. Cette réunion s'est déroulée à quel étage de l'hôtel Holiday Inn ?

27 R. Je crois que c'était au premier étage.

28 Q. La description que je vous ai faite il y a quelques instants, ces

Page 19217

1 propos qui nous proviennent d'une autre source ayant témoigné dans cette

2 affaire ont été en fait donnés devant les Juges de cette Chambre par M.

3 Radomir Neskovic dans le cadre de sa déposition. Maintenant sachant que M.

4 Neskovic ait décrit que l'on ait remis des documents de la sorte lors d'une

5 réunion étendue qui a lieu au Holiday Inn à la fin de décembre 1991, est-ce

6 que donc, sachant ceci, est-ce que cela vous ferait changer votre

7 déposition ?

8 R. Non. Je maintiens ma réponse. Il n'y a pas eu de réunions de telle

9 sorte au Holiday Inn. Personne n'a été appelée. Personne n'a reçu de tels

10 documents. Donc, lors de cette réunion, rien de ce que vous avez dit ne

11 s'est passé. Je souhaite toujours être très précise. Je suis une personne

12 qui aime bien avoir toujours des documents sous les yeux et je me serais

13 certainement souvenue d'avoir eu entre les mains un document pareil, mais

14 il n'y a pas eu de distribution d'un tel document --

15 Q. Est-il possible d'envisager que M. Radovan Neskovic aurait pu avoir

16 participé à une réunion complètement autre que celle que vous nous avez

17 décrite avoir eu lieu en décembre 1991 ? Est-il possible qu'une telle

18 réunion ait pu s'être déroulée et que vous n'ayez absolument aucune

19 connaissance de l'existence d'une telle réunion ?

20 R. Non, je ne le crois vraiment pas.

21 Q. Est-ce que vous avez jamais entendu qu'une autre réunion de ce type

22 aurait pu avoir lieu à la fin du mois de décembre 1991, au Holiday Inn ?

23 R. Non, jamais.

24 Q. Dites-nous, de façon approximative, à combien de reprises vous êtes-

25 vous entretenue avec M. Neskovic depuis le mois de décembre 1991 ?

26 R. Je lui ai parlé très souvent. Chaque fois que j'allais à Sarajevo ou à

27 chaque fois qu'il était chargé d'une mission pour le parti, puisqu'il

28 n'avait pas énormément de moyens, il venait souvent chez moi pour passer la

Page 19218

1 nuit, pour manger quelque chose. Nous parlions du parti, et cetera, mais il

2 ne m'a jamais parlé d'une telle chose. Il ne m'a jamais décrit un tel

3 événement.

4 Q. Est-ce que vous savez si --

5 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais

6 reformuler ma question. Je vais demander au témoin de nous donner lecture

7 très brièvement du document des variantes A et B, en fait, d'en prendre

8 connaissance pour elle-même simplement pour avoir une idée de quoi il

9 s'agit.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ne croyez-vous pas qu'il serait plus

11 propice de demander au témoin de consulter ces documents pendant la pause.

12 M. STEWART : [interprétation] Effectivement, je n'avais pas vu l'heure,

13 donc, c'est une très bonne idée.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous avons une très grande

15 -- un très grand nombre de ces documents. Quel serait l'exemplaire qui vous

16 plairait le plus ?

17 M. STEWART : [aucune interprétation]

18 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

19 M. STEWART : [aucune interprétation]

20 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

21 M. STEWART : [interprétation] Là où l'on peut lire : "Copie numéro 093,"

22 c'est notre copie de travail autorisé, si vous voulez. Nous voulons bien

23 travailler à partir de ce document-là, donc, c'est le document de 93.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

25 M. STEWART : [interprétation] C'est celui-là, Monsieur le Président.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Hrvacanin, nous vous -- nous

27 aimerions vous demander d'examiner ce document pendant la pause --

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien.

Page 19219

1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- vous allez ainsi pouvoir vous

2 familiarisez avec le contenu car Me Stewart vous posera un certain nombre

3 de questions concernant ce document.

4 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, je ne demande pas à

5 Mme Hrvacanin d'entrer dans les détails le plus infime, mais je

6 souhaiterais simplement qu'elle en prenne connaissance, je vais lui poser

7 des questions quant aux variantes A et B de savoir quelle est la différence

8 entre ces deux variantes et ces deux approches.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Il y a également la phase 1 et la

10 phase 2.

11 M. STEWART : [interprétation] Certainement, Monsieur le Président.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, je vous demande de lire et de

13 prendre connaissance de la structure générale du document, et il n'est pas

14 nécessaire d'entrer dans les détails -- d'apporter une attention toute

15 particulière aux détails, mais simplement de le lire -- de le parcourir

16 assez rapidement.

17 Voilà nous allons maintenant prendre une pause. Nous reprendrons nos

18 travaux à midi 50. Mais la Chambre doit prononcer une décision relative à

19 la décision du Témoin D9.

20 [Le témoin se retire]

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le 22 novembre 2005, devant cette

22 Chambre de première instance, en fait, la Chambre de première instance a

23 fait valoir ou a donné droit à la requête de la Défense pour que le Témoin

24 D9 puisse témoigner à huis clos. Maintenant, je vais donner les raisons de

25 cette décision en audience publique.

26 La Défense a déposé sa demande relative à la demande des mesures de

27 protection pour le Témoin D9 de façon confidentielle, le 17 novembre 2005.

28 L'Accusation a dit en audience publique le 21 novembre 2005 qu'elle n'avait

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1 aucune objection à cette requête.

2 Le Témoin D9 a exprimé une crainte et -- car il estime que de venir

3 témoigner dans l'affaire de M. Krajisnik et en tant que témoin de la

4 Défense de M. Krajisnik pourrait occasionner un danger physique pour ce

5 dernier, et des dommages pourraient être faits à ses biens.

6 La Chambre a établi qu'il est -- qu'effectivement il existait un vrai

7 risque pour cette personne et que c'est la raison pour laquelle il faudrait

8 accorder cette requête. La Chambre a particulièrement pris note du fait

9 qu'il s'agit d'un témoin qui est un personnage public en Bosnie-Herzégovine

10 et qu'il a déjà reçu un certain nombre de menaces à son domicile. Depuis la

11 Chambre a estimé que le contenu du témoignage de ce témoin serait suffisant

12 pour identifier l'identité de ce témoin et c'est la raison pour laquelle

13 nous estimons qu'il est tout à fait adéquat d'octroyer ces mesures de

14 protection à ce témoin en l'espèce.

15 La Chambre reprend ses travaux à midi 50.

16 --- L'audience est suspendue à 12 heures 30.

17 --- L'audience est reprise à 12 heures 55.

18 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stewart, vous pouvez continuer.

20 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

21 Q. [interprétation] Madame Hrvacanin, je pense que vous avez eu la

22 possibilité pendant la pause de lire le document que l'on vous a présenté

23 plus tôt.

24 R. Oui.

25 Q. Tout d'abord, après avoir lu ce document est-ce que vous changez de

26 quelque façon que ce soit ce que vous avez dit au sujet de ce document à

27 savoir si vous l'avez ou si vous ne l'avez pas vu auparavant ?

28 R. Non. Cela ne change rien ma déposition puisque je n'ai jamais vu ce

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1 document.

2 Q. En lisant ce document, vous avez pu vous rendre compte, n'est-ce pas,

3 qu'il y avait deux alternatives des différentes séries d'instructions,

4 selon que la municipalité a une majorité des Serbes, ou était-elle ne l'a

5 pas que les Serbes y sont minoritaires ? Est-ce que vous avez pu conclure

6 cela en lisant ce document ?

7 R. Oui.

8 Q. Zenica, d'après ce que vous nous avez déjà dit, bien, c'était une

9 municipalité où clairement la population serbe était minoritaire, n'est-ce

10 pas ?

11 R. Oui, effectivement.

12 Q. Est-ce que vous êtes au courant qu'il y avait qui que ce soit, mais

13 vraiment qui que ce soit, y compris vous, qui a quelque chose à voir avec

14 le SDS de Zenica en 1991 ou en 1992 et qui aurait reçu des instructions

15 même très générales telles qu'instructions figurant dans ce document quelle

16 que soit la forme de ces instructions ?

17 R. Non, je ne suis absolument pas au courant de l'existence de ce

18 document, et je ne sais pas si qui que ce soit au sein du SDS ait reçu ce

19 document. En ce qui me concerne, en tout cas, je peux vous dire que je ne

20 l'ai pas reçu.

21 Q. Est-ce que M. Radomir Neskovic n'est jamais venu vous rendre visite

22 dans votre municipalité par rapport à son travail pour les comptes du SDS,

23 et là, je parle de l'année 1991 ou 1992 ?

24 R. A ce sujet, jamais.

25 Q. A Zenica y a-t-il jamais eu, jamais, Madame Hrvacanin, évidemment je

26 parle de la période allant de 1990 en 1992. N'y a-t-il jamais eu une

27 cellule de Crise serbe à Zenica ?

28 R. Non, jamais.

Page 19223

1 Q. N'a-t-il jamais eu que vous le sachiez, n'a-t-il jamais eu de

2 proposition faite par qui que ce soit pour qu'une cellule de Crise de soit

3 organisée ou créée à Zenica ?

4 R. Je ne suis pas au courant de cela.

5 Q. Vous-même vous avez quitté Zenica, tout à fait à la fin du mois de

6 février 1992, vous êtes partie à Banja Luka, n'est-ce pas ?

7 R. Oui.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stewart, si j'ai bien compris

9 vous avez abandonné les termes précédents parce que si tel est le cas j'ai

10 tout de même une question à poser au témoin à ce sujet.

11 Quand on vous a demandé si M. Neskovic n'a jamais visité votre municipalité

12 par rapport à son travail concernant le SDS en 1991 ou 1992 vous avez dit :

13 "En ce qui concerne ce sujet-là, non, jamais." Est-ce que vous pourriez

14 nous dire s'il n'est jamais venu vous voir au sujet d'un autre sujet, d'un

15 autre thème mais toujours dans le cadre de son travail au sein du SDS ?

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, en ce qui concerne M.

17 Neskovic, il n'était pas du tout compétent pour la région de Zenica et la

18 région de la Bosnie centrale. Il venait me rendre visite à titre privé

19 quand il se rendait quelque part. Je ne savais pas où il allait d'ailleurs,

20 sauf où il me disait, quand il me disait où il allait parce que là, je le

21 savais. Il était mon invité à titre privé.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il n'y a jamais eu discussions

23 politiques avec lui lors de ces visites --

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous savez il était membre du comité central

25 du parti, et j'ai essayé de discuter avec lui à ce sujet, mais il ne me

26 donnait pas beaucoup d'information.

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Vous pouvez continuer.

28 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

Page 19224

1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] M. le Juge Hanoteau a une question à

2 vous poser, Madame le Témoin.

3 M. LE JUGE HANOTEAU : Madame, est-ce que j'ai bien compris que c'était là

4 la seule réunion de l'assemblée à laquelle vous avez assistée à cette

5 époque-là en décembre 1991 ? Vous n'avez pas assisté à une autre session de

6 l'assemblée.

7 M. STEWART : [interprétation] Est-ce que je peux dire d'emblée, Monsieur le

8 Président, à le respect que je vous dois, je ne pense pas que le témoin ait

9 jamais dit cela ?

10 M. LE JUGE HANOTEAU : Oui, c'est cela. Voilà. Je voulais clarifier cela,

11 alors je n'en étais pas certain. Je voudrais savoir à combien de sessions

12 de l'assemblée le témoin a assisté, s'il vous plaît.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai assisté pratiquement à toutes les

14 sessions de travail de l'assemblée.

15 M. LE JUGE HANOTEAU : Très bien. Voilà. Alors, les choses sont claires.

16 Merci beaucoup.

17 M. STEWART : [interprétation]

18 Q. Après avoir quitté Zenica pour aller à Banja Luka, pendant la période

19 qui s'en est suivie, à savoir au mois de mars, au mois d'avril, mai 1992,

20 est-ce que vous vous êtes entretenue avec vos anciens collègues et amis de

21 temps en temps ceux qui étaient restés à Zenica ?

22 R. Oui. Mon remplaçant, Radovan Glogovac, qui était le remplaçant du

23 président du parti, bien, j'ai discuté souvent avec lui, c'était au moment

24 où j'ai quitté Zenica pour des raisons de sécurité, pour sauver ma vie,

25 d'ailleurs, que je sache une chose pareille n'a jamais été organisée, à

26 savoir, il n'y a jamais eu de cellule de Crise du SDS à Zenica.

27 Q. Savez-vous s'il y avait une cellule de Crise musulmane à Zenica pendant

28 cette période-là, à savoir, entre 1990 et 1992 ?

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1 R. Pendant que j'étais encore à Zenica, on disait que les Musulmans

2 avaient leur cellule de Crise à Zenica et d'ailleurs, dans toute la région,

3 ils en avaient. Mais ce sont des informations qui nous viennent de deuxième

4 main. Je n'ai pas vu cela de mes propres yeux, je n'ai pas assisté à de

5 telles réunions. J'ai entendu dire, en revanche, de mes patients et des

6 Serbes qui avaient une certaine renommée qu'une telle chose existait.

7 Q. Savez-vous s'il y avait une cellule de Crise croate pendant cette

8 période-là, à Zenica ?

9 R. Non, je ne le sais pas.

10 Q. Au moment où vous avez, en effet, quitté Zenica, vers la fin du mois de

11 février 1992, y avait-il un problème particulier qui vous a fait partir à

12 ce moment-là ?

13 R. Oui. On m'a menacé de mort, on me disait qu'on allait tuer toute ma

14 famille et mon mari m'a dit qu'il fallait que je parte, que c'était la

15 meilleure solution. D'ailleurs, il m'a rejoint très rapidement, deux mois

16 plus tard.

17 Q. Tout d'abord, vous dites qu'ils vous ont menacé. Mais comment se sont

18 présentées ces menaces ? Etait-ce des menaces téléphoniques, des lettres ?

19 Comment vous a-t-on communiqué cela ?

20 R. Personnellement, là où je travaillais, ils m'ont menacé. Ils me

21 menaçaient par téléphone aussi et même par écrit, en m'envoyant des

22 messages écrits. Par tous les moyens.

23 Même dans les médias locaux, dans la presse, on essayait de se moquer

24 de moi en me traitant de folle. Ils disaient des informations qui ne

25 correspondaient absolument pas à la vérité et je ne pouvais pas supporter

26 tous ces mauvais traitements physiques et psychiques, d'ailleurs. J'étais

27 obligée de partir.

28 Q. Qui sont ces "eux" dont vous parlez, "ceux" qui vous ont menacé ? De

Page 19226

1 qui parlez-vous ?

2 R. Je parle des Musulmans.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stewart, pourriez-vous, s'il

4 vous plaît, essayer d'obtenir plus d'informations quand il s'agit des

5 mauvais traitements physiques parce que je voudrais savoir s'il y a quoi

6 que ce soit d'autre, à part ce dont le témoin a déjà parlé.

7 M. STEWART : [interprétation]

8 Q. Madame Hrvacanin, vous avez, en effet, parlé déjà aux Juges de la

9 Chambre de cet incident qui s'est produit au sein du commissariat de police

10 ou le poste de la Sûreté de l'Etat, où vous avez été giflée deux fois et

11 même, vous avez reçu un coup dans le dos. Est-ce que par la suite, il vous

12 est arrivé de subir de mauvais traitements physiques pendant que vous étiez

13 à Zenica ?

14 R. Oui. Dans le bâtiment où j'habitais, dans l'immeuble où j'habitais,

15 c'étaient des gens qui étaient surtout des Musulmans, il y avait quelques

16 Croates et il y avait une autre famille serbe qui habitait juste à côté de

17 moi, de mon appartement. Ils m'ont accueilli dans la cage d'escaliers et

18 ils m'ont passé à tabac, de sorte que je n'osais plus rentrer chez moi

19 toute seule. Il fallait toujours que je sois accompagnée, soit par mon mari,

20 soit par des amis parce que je ne me sentais pas du tout en sécurité quand

21 il fallait que j'entre dans l'ascenseur. Une fois, un Musulman est entré

22 avec moi dans l'ascenseur, ensuite, il a arrêté l'ascenseur entre deux

23 étages. Il ne m'a rien fait, mais j'ai eu peur. J'ai eu peur, j'ai eu très

24 peur et il m'a dit : "Voilà, si tu continues comme cela, il va y avoir un

25 deuxième épisode de cela." A mon travail aussi, j'ai subi de mauvais

26 traitements. Par exemple, tous les jours, ils me disaient que c'était un

27 pays musulman, que nous, les Serbes, nous allons devoir respecter la

28 déclaration de M. Alija Izetbegovic. D'ailleurs, c'était lui l'auteur de

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1 cette déclaration. Il a fait une déclaration concernant la population non-

2 serbe, comment fallait-il qu'elle se comporte, cette population. Ils

3 disaient qu'ils allaient m'acheter une cocarde; c'est le symbole du royaume

4 yougoslave.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous ai posé une question très

6 précise. Je vous ai posé une question au sujet des mauvais traitements

7 physiques, alors que vous êtes en train de nous décrire les menaces que

8 vous avez subies.

9 Vous nous dites que dans cet immeuble où vous habitiez, il y avait surtout

10 des Musulmans et des Croates et qu'il y avait une autre famille serbe, à

11 part la vôtre. Vous dites qu'ils vous ont attendu dans la cage d'escaliers

12 pour vous passer au tabac. Ce n'était pas cette famille serbe, n'est-ce

13 pas ?

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, ce sont les Musulmans, effectivement. Ce

15 sont les Musulmans qui m'ont attendu.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous présente mes excuses.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez continuer.

19 M. STEWART : [interprétation]

20 Q. Je ne vais pas vous demander trop de détails, Madame Hrvacanin, mais

21 vous dites en anglais "qu'on vous a passé à tabac," c'est ce qu'on entend

22 en anglais, en tout cas. Mais est-ce que vous pourriez nous dire très

23 rapidement de quoi vous parlez exactement, qu'est-ce qui c'est passé

24 exactement ?

25 R. J'ai reçu un coup à la tête, à la jambe ou on a essayé de me casser le

26 bras et pour moi, c'est du passage à tabac. Je suis une femme. Toute

27 violence physique est, pour moi, une agression physique.

28 Q. Dans le bâtiment où vous habitiez, dans l'immeuble où vous habitiez,

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1 vous dites qu'il y avait surtout des Musulmans et quelques Croates. Mais

2 est-ce que vous pourriez me dire combien il y avait de familles qui

3 habitaient cet immeuble ?

4 R. Il y avait 51 appartements dans ce gratte-ciel.

5 Q. Ces menaces que vous venez de nous décrire, est-ce que vous avez reçu

6 des avertissements amicaux à la différence des menaces hostiles concernant

7 ce qui pourrait arriver à votre famille ?

8 R. Oui, c'est exact. J'en ai reçu. Ce sont des Musulmans, d'ailleurs, des

9 Musulmans qui n'appartenaient pas à ce parti extrémiste et qui n'étaient

10 pas, à l'époque, membres du SDA.

11 Q. Quelle était la nature de ces mises en garde ? Qu'est-ce qu'on y

12 disait ?

13 R. On me disait qu'il fallait que j'arrête de faire de la politique, que

14 je quitte le SDS et que dans ce cas-là, je n'aurais sans doute plus de

15 problèmes. Mais lors de différentes conversations, quand il s'agissait de

16 lire entre les lignes, on me disait qu'il fallait que je quitte Zenica, moi

17 et ma famille.

18 Q. Votre époux est resté à Zenica après vous, après que vous êtes partie

19 et ceci, jusqu'en avril 1992; est-ce exact ?

20 R. Oui.

21 Q. Votre fils est-il resté avec lui, pendant cette période-là ?

22 R. Mon fils est resté avec lui jusqu'au mois d'avril. Il est venu me

23 rejoindre au mois d'avril, alors que mon époux est arrivé le 28 avril, la

24 veille d'une fête nationale à l'époque, encore en Yougoslavie, le 1er mai,

25 la fête du travail et à ce moment-là, les lignes de communication, les

26 chemins de fer, et cetera, les autobus, toutes ces lignes se sont

27 interrompues entre Sarajevo et Banja Luka, de sorte que mon époux n'est

28 plus jamais retourné à Zenica.

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1 Q. Vous arrivez à Banja Luka. Est-ce que vous avez trouvé un travail

2 immédiatement ?

3 R. Oui. J'ai postulé à un poste de chirurgien dentaire. C'était un

4 concours et j'ai commencé immédiatement à travailler au centre médical en

5 tant que chirurgien dentiste puisqu'ils avaient besoin d'un chirurgien

6 dentiste. Je peux vous dire qu'ils avaient besoin de quatre personnes de

7 cette profession dans la région. Il y avait un collègue de Belgrade qui

8 occupait ce poste jusqu'alors. Il était parti pour une raison qui m'était

9 inconnue.

10 Q. Quand vous êtes arrivée à Banja Luka, vous avez déménagé dans un

11 appartement là-bas, n'est-ce pas ?

12 R. Oui. C'est l'assemblée qui m'a donné un appartement de fonction, un

13 appartement qui était complètement inhabité. Personne n'y avait habité

14 pendant dix années avant la guerre même.

15 Q. Est-ce que vous avez continué votre implication active dans la

16 politique du SDS à Banja Luka, à partir du moment où vous y êtes arrivée au

17 mois de février 1992 et pendant plusieurs mois qui ont suivi, à savoir,

18 jusqu'à peu près au mois de juillet 1992 ?

19 R. Oui, j'ai rejoint le SDS à Banja Luka. J'ai participé à ces activités.

20 Q. Dans quelle mesure vous étiez vraiment impliquée dans les activités du

21 SDS ?

22 R. En tant que membre du comité central, j'ai assisté à toutes les

23 réunions du comité municipal du SDS de Banja Luka, mais on m'a demandé

24 aussi d'organiser une association humanitaire Dobrotvor. Cette association

25 avait déjà existé auparavant, mais les communistes l'avaient interdit.

26 D'ailleurs, cette association avait été créée en 1919 et interdite en 1945.

27 Ensuite, on l'a, à nouveau, créée à Sarajevo, en 1991. On l'a enregistrée

28 en tant qu'association à but non lucratif et c'est moi qui étais chargée de

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1 cela.

2 Q. Mais qui vous a chargé de cela ?

3 R. C'est le conseil politique du parti qui m'a nommé au poste de

4 coordinateur de la politique sociale du parti puisqu'il considérait qu'eu

5 égard de ma profession, j'étais bien placée pour faire ce travail.

6 Q. Est-ce que Mme Biljana Plavsic avait quoi que ce soit à avoir avec ce

7 conseil politique ?

8 R. Elle était membre de ce conseil politique.

9 Q. Est-ce que vous aviez des liens particuliers avec

10 Mme Plavsic, à l'époque ?

11 R. Oui. J'étais son amie, à l'époque.

12 Q. Vous avez été son amie pendant combien de temps ?

13 R. C'était depuis 1990 et jusqu'à ce qu'elle soit nommée au poste de

14 présidente de la Republika Srpska. Puis, nous étions encore amies pendant

15 une certaine période parce qu'elle m'avait proposé de rejoindre son parti

16 et de devenir même le président du SNSD. Je n'ai pas pu accepter cela. Sur

17 le plan politique, nous n'avions plus le même point de vue, mais nous avons

18 gardé nos rapports amicaux. C'est tout simplement que nous ne nous

19 fréquentions plus depuis ce moment-là.

20 Q. Vous avez dit aux Juges que vous étiez toujours au comité central du

21 SDS, vous avez assisté aux réunions de l'assemblée municipale, vous avez

22 aussi votre travail caritatif. Y avait-il d'autres implications de votre

23 part pour la vie politique de Banja Luka et ce, juste après votre arrivée

24 dans cette ville ?

25 R. Non. Ce n'est pas qu'ils m'ont accepté les bras ouverts, même si

26 j'étais serbe. J'ai eu beaucoup de problèmes avec M. Radoslav Brdjanin, par

27 exemple.

28 Q. Vous avez anticipé ma question suivante, mais je vais vous la poser

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1 quand même. Avez-vous rencontré des résistances quelconques à votre

2 implication dans la vie politique du SDS à Banja Luka ?

3 R. Oui. Mon mari vient de Krajina, mon père aussi, mais j'étais tout à

4 fait nouvelle pour eux. J'étais la nouvelle dans la ville. Dans les

5 Balkans, on n'aime pas que les femmes fassent quoi que ce soit. Je vous

6 l'ai déjà dit, je vous ai parlé du rôle des femmes. M. Brdjanin m'a

7 interdit de faire quoi que ce soit dans la Région autonome de Krajina,

8 plutôt, en Krajina, d'ailleurs, qui était là où j'habitais à l'époque,

9 puisque j'habitais à Banja Luka. Il a même contesté tout cela en prenant

10 une décision, dans une de ses décisions, comme si la société caritative

11 avait déjà été créée à Banja Luka, alors qu'elle était en train d'être

12 créée. Mais c'était une organisation caritative qui était basée à Sarajevo.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stewart, avant de continuer,

14 j'aimerais poser un petit éclaircissement sur une des réponses que nous

15 avons eues précédemment puisqu'elle est encore très fraîche dans ma

16 mémoire.

17 Vous avez dit que vous n'étiez pas séparée avec Mme Plavsic en termes

18 amicaux, cela signifie qu'il y aurait eu un conflit. Pouvez-vous nous

19 parler de cela, un conflit éventuel entre vous et

20 Mme Plavsic ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Il n'y a pas eu de conflit du tout. Je

22 n'étais pas d'accord pour rejoindre le Parti du SNS qui est le parti

23 qu'elle dirigeait. Je lui ai dit que je faisais partie du SDS, j'étais

24 membre de ce parti et que je ne pouvais pas passer de parti à parti comme

25 cela. Pour moi, l'engagement était sérieux et je n'allais pas passer de

26 l'un à l'autre. J'étais trop vieille aussi pour faire ce genre de choses.

27 Je n'étais pas prête à faire cela. Mais il n'y a pas eu de conflit entre

28 Mme Plavsic et moi-même. Comme je l'ai dit, nous avons continué à

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1 entretenir des rapports très amicaux. J'ai une très bonne opinion d'elle,

2 mais politiquement, nos voies se sont séparées.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je vous comprends mieux maintenant.

4 Ce que vous vouliez dire, c'est que vous êtes restées amies, mais que vos

5 voies en matière politique, vos chemins se sont séparés; rien n'est ambigu,

6 en tout cas, dans le compte rendu en anglais. On voit très clairement ce

7 que vous vouliez dire.

8 M. STEWART : [interprétation]

9 Q. Donnez-nous une idée de l'année pour nous dire un peu quand Mme Plavsic

10 vous a demandé si vous vouliez faire partie de son propre parti et que vous

11 avez refusé cette demande ?

12 R. Je crois que c'était en 1994, entre 1994 et 1995. Je suis désolée parce

13 que je me suis trompée, mais c'est à peu près dans ces environs-là. M.

14 Neskovic était en charge d'essayer de m'influencer et de me faire changer

15 d'avis pour que je rejoigne ce parti, mais j'ai été très claire, je ne

16 voulais pas faire partie d'aucun autre parti. Q. Vous parlez bien de M.

17 Radomir Neskovic, dans cette réponse ?

18 R. Oui, tout à fait.

19 Q. Vous avez très clairement dit que M. Brdjanin avait résisté à votre

20 implication dans la vie politique de Banja Luka. Avez-vous la moindre idée

21 des raisons de cette attitude hostile envers vous ?

22 R. Non, il n'avait -- aurait été assez autoritaire. Il voulait toujours

23 être numéro un. Il n'aimait pas qu'on menace sa position de dirigeant, y

24 compris moi. Donc, il ne voulait pas qui est qui que ce soit au-delà, au-

25 dessus de lui; à mon avis, c'est pour cela qu'il avait cette attitude.

26 Q. Est-ce que vous le connaissiez avant d'arriver à Banja Luka ? Vous

27 connaissiez M. Brdjanin ?

28 R. Non, je ne le connais pas du tout. Je le voyais quand il venait à

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1 l'assemblée de Sarajevo puisqu'il était député.

2 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais deux choses

3 : tout d'abord, qu'il y est un document qui soit présenté au témoin et puis

4 qu'il y est des exemplaires qui soient diffusés aussi.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est un document nouveau.

6 M. STEWART : [interprétation] A notre avis, c'est un document nouveau,

7 mais, enfin, on n'est jamais sûr de savoir si les documents n'ont pas été

8 utilisés ailleurs.

9 Il a aussi une feuille simple qui est une traduction très -- un projet de

10 traduction qui a été fait par mon commis aux affaires d'un paragraphe très

11 important. J'espère que cela va nous aider du moins pour nous aider dans

12 notre travail. Il y a des photocopies du document que je passe maintenant

13 au témoin.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier, pourriez-vous

15 attribuer une cote au document ?

16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la le D113.

17 M. STEWART : [interprétation]

18 Q. Madame Hrvacanin, ce document que je vous ai montré c'est une

19 photocopie, n'est-ce pas ?

20 R. Oui.

21 M. STEWART : [interprétation] Ce n'est pas la même photocopie que celle que

22 nous avons. Comme vous le voyez d'ailleurs, c'est un document qui est d'une

23 couleur différente. C'est une photocopie qui a été re-photocopiée, en fait,

24 pour nous permettre de travailler.

25 Merci, à l'Huissière de mettre n'importe quel exemplaire sur le

26 rétroprojecteur.

27 Q. Ce document que vous avez devant vous, cette photocopie, vous

28 avez confirmé que c'est une photocopie. Est-ce un document que vous avez

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1 apporté avec vous à La Haye quand vous êtes arrivée la semaine dernière ?

2 R. Oui. Quand je suis arrivée jeudi.

3 Q. Bon, c'est en serbe, pourriez-vous quand même nous dire de quoi parle

4 ce document ?

5 R. C'est un document que j'ai obtenu par le biais de

6 M. Kasagic de l'assemblée municipale de Banja Luka cela a été lu à la

7 télévision, non, il a été lu à la télévision disant que je n'ai plus le

8 droit de travailler en Krajina. Or, mon mari vient de Krajina. Ma belle-

9 mère y habite, à l'époque, elle avait 80 ans, maintenant elle a 96 ou 97

10 ans. Elle m'a téléphoné et elle m'a dit si j'avais entendu parler de cela,

11 enfin, des nouvelles, et j'ai dit non. Elle m'a dit : "Bien, maintenant, tu

12 es au chômage parce que tu n'a plus le droit de travailler."

13 J'ai essayé d'obtenir ce document. J'ai même été à la station de télévision

14 locale. C'est là qu'ils m'ont dit qu'en effet un speaker avait lu ce

15 document qui disait que je n'avais pu le droit de faire quoi que ce soit

16 dans les institutions de Krajina et que je n'avais pas plus le droit de

17 travailler du tout, en fait, au nom de la Région autonome de la Krajina.

18 Mais, il ne travaillait pas pour eux, mais --

19 Il était écrit aussi sur ce document que dans la zone de la Région autonome

20 de la Krajina, la société Dobrotvor n'avait pas été créée et qu'elle devait

21 être créée le mois suivant.

22 Q. S'il vous plaît, pourriez-vous regarder la signature qui est apposée au

23 bas du document pour nous dire si vous reconnaissez cette signature.

24 R. Je dois mettre des lunettes différentes.

25 M. STEWART : [interprétation] Je tiens à m'excuser devant

26 M. Krajisnik. J'ai perdu toutes les copies en Serbe de ce document donc mon

27 client ne peut pas avoir de copie en serbe. Je suis absolument désolé.

28 Q. Est-ce que vous reconnaissez la signature, Madame Hrvacanin ?

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1 R. Je n'ai jamais vu la signature de M. Brdjanin, donc je ne peux pas dire

2 si c'est sa signature ou non. Je ne suis pas graphologue, cela dit il est

3 écrit "Radoslav Brdjanin." C'est cela qui est écrit.

4 Q. Vous avez bien dit que c'était une photocopie, mais pouvez-vous nous

5 dire comment vous avez obtenu cette photocopie, par quelle péripétie avez-

6 vous obtenu cette photocopie ?

7 R. Je vous l'ai dit cela m'a été donné par M. Rajko Kasagic, le président

8 du comité exécutif de la ville de Banja Luka. Si nécessaire, je peux même

9 vous dire que j'étais censée épouser

10 M. Kasagic.

11 Q. Bon, vous l'avez dit, vous l'avez lâché --

12 R. Bien. Je ne sais pas. J'ai demandé s'il fallait que je le dise ou pas,

13 c'est fait, j'ai peut-être abuser M. Kasagic en lui demandant de me donner

14 ce document, un peu trompé, enfin, je n'avais pas de mauvaises intentions.

15 Ma seule intention c'était de vérifier cette soi-disant information qui

16 avait été diffusée à la télévision et qui était dans les journaux. Je ne

17 l'ai jamais déclaré publiquement. C'est la première fois vraiment que je

18 déclare cela.

19 Q. Oui, vous avez demandé à M. Kasagic de vous trouver ce document, c'est

20 en 1992, ou c'était il y a peu de temps ?

21 R. La date où on a entendu, enfin, le même jour on a entendu à la

22 télévision qu'on m'interdisait tout travail. Le lendemain de cette annonce

23 lue à la télévision, ma belle-mère m'a appelée, ce jour-là, et ensuite,

24 j'ai demandé d'obtenir ce document et c'est ainsi que je l'ai obtenu, donc,

25 le lendemain.

26 Q. Ce document, la photocopie que vous avez avec vous, celle que vous avez

27 amenée à La Haye avec vous, vous l'aviez depuis 13 ans, vous conserviez ce

28 document avec vous ?

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1 R. Oui.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stewart, est-ce que vous avez

3 d'autres questions à poser concernant ce document ?

4 M. STEWART : [interprétation] Oui, certainement, Monsieur le Président.

5 J'allais demander au témoin de nous donner lecture du paragraphe 14 afin

6 d'obtenir l'interprétation.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de procéder, il s'agit de document

8 qui contient une partie écrite à la main, manuscrite. Je voudrais

9 simplement pouvoir consulter le document quelques instants. M. Tieger

10 voudrait peut-être également le consulter.

11 [La Chambre de première instance se concerte]

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai du mal à bien comprendre de

13 l'écriture à la page 2, par exemple. Il semblerait que la page couverture

14 là on dirait Republika Srpska de Bosnie-Herzégovine, nous voyons cette

15 inscription à deux reprises, cela ne m'est pas tout à fait clair. Enfin, on

16 dirait qu'il y a un tel -- que le texte transparaît à la page 2 de la page

17 3, en fait, donc, on voit le tout en double. Le passage manuscrit n'est pas

18 très clair, non plus.

19 Madame Hrvacanin, est-ce que vous savez qui a écrit de sa main sur ce

20 document, soit à la première page où on semblerait lire les mots Dobrotvor,

21 et on voit premièrement votre nom, Slobodanka ? Il semblerait que ce n'est

22 pas très -- ce n'est pas une information particulièrement nouvelle, mais

23 est-ce que vous savez qui a écrit de sa main ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais, Monsieur le Président, c'est ce document

25 que j'ai utilisé comme élément de preuve car j'ai envoyé ce document au Dr

26 Gvozdenovic à Sarajevo qui était le président de Dobrotvor -- de la société

27 car était-il Dobrotvor. C'est lui qui m'avait nommée et il m'avait donné la

28 permission de fonder cette société qui s'appelle Dobrotvor. Je lui ai

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1 adressé cette lettre et c'est mon écriture à moi. Je lui ai fait parvenir

2 cette lettre pour l'informer de la situation.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je comprends. Mais, il semblerait, à ce

4 moment-là, que la conclusion -- enfin, que la photocopie que j'ai regardée,

5 que je viens d'examiner à l'instant, n'est pas la photocopie que vous avez

6 bien reçue à l'époque. Il semblerait qu'il s'agisse d'une -- qu'il s'agit

7 d'une copie d'une copie puisque votre écriture est photocopiée également.

8 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, vous me permettriez-

9 vous quelques instants, je souhaiterais consulter le document du témoin.

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

11 M. STEWART : [interprétation] Je ne vois absolument aucune différence entre

12 les deux copies, aucune différence au matériel. Si vous voulez pour ce qui

13 me concerne les deux exemplaires sont absolument identiques.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui, effectivement.

15 M. STEWART : [interprétation] Je me demandais si vous me permettriez de

16 demander au témoin de nous donner lecture du paragraphe 14.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, commençons avec cela. Oui.

18 M. STEWART : [interprétation]

19 Q. Madame, pourriez-vous nous donner lecture du paragraphe 14, je vous

20 prie, afin que les interprètes puissent suivre ?

21 R. Paragraphe 14 : "Mme Slobodanka Hrvacanin n'a pas été élue à aucun

22 poste au sein des institutions de la Région autonome de la Krajina. Il lui

23 est interdit d'effectuer quelque travail que ce soit au nom de la Région

24 autonome de la Krajina. Sur le territoire de la Région autonome de la

25 Krajina, aucune organisation caritative, appelée Dobrotvor, n'a été

26 fondée."

27 Q. Bien. A la deuxième page de ce document, on aperçoit bien votre

28 écriture. C'est votre écriture qui suit ce que vous venez de lire ?

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1 R. Oui.

2 Q. Bien, prenez la deuxième page, je vous prie et nous donner lecture.

3 R. "Je demanderais au Dr Gvozdenovic d'envoyer un fax pour informer qui

4 peut représenter l'organisation caritative Dobrotvor dans la Région de la

5 Krajina. Je vous prierais de m'envoyer le statut, signé Dr Slobodanka

6 Hrvacanin. J'envoie ce document à ma propre initiative au président de la

7 cellule de Crise qui s'est autoproclamée pour ne pas avoir de problèmes et

8 de conséquences à la suite de ma nomination, signé Dr Slobodanka."

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stewart, il y a une ligne à

10 l'envers.

11 M. STEWART : [interprétation] Oui, oui. Très bien. Madame, est-ce que vous

12 voyez sous le paragraphe 14, il semblerait y avoir une date, il y a une

13 ligne à l'envers. Est-ce que vous voyez ce que c'est ?

14 R. On y lit : "Le 28 janvier 1968, à Zenica." C'est moi qui ai mis cette

15 date, mais elle n'est pas liée à cet événement.

16 Q. Madame Hrvacanin, avant de vous rendre à Banja Luka, alors que vous

17 étiez encore à Zenica, combien de fois avez-vous manqué les réunions du

18 conseil exécutif du SDS ?

19 R. J'ai presque toujours été présente lors des réunions du comité

20 exécutif.

21 Q. Dites-nous si au mois de mars 1992, vous avez pris part à des réunions

22 du comité exécutif au mois de mars après votre départ et votre arrivée à

23 Banja Luka ?

24 R. Non, le corridor n'était pas effectué entre la Krajina et la Semberija,

25 donc c'était tout à fait impossible de nous rendre à Pale -- à Sarajevo.

26 Q. A quel moment est-ce que c'est devenu une impossibilité ?

27 R. Attendez un instant, je vous prie. Au mois de mars, j'ai participé à

28 une réunion du Congrès des intellectuels serbes. J'ai fait une erreur. Je

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1 suis navrée. Je présente mes excuses aux Juges de la Chambre.

2 J'ai été présente au mois de mars au Congrès des intellectuels serbes de

3 Sarajevo à l'hôtel Holiday Inn. C'est la dernière fois que je me suis

4 trouvée à Sarajevo.

5 Q. Avant cette date, si l'on prend l'année 1991 dans son ensemble, et

6 ensuite l'année 1992, et si nous allons du début de l'année 1991 jusqu'à la

7 réunion du mois de mars 1992, pourriez-vous nous dire à quelle fréquence

8 vous êtes-vous rendue à Sarajevo ?

9 R. Au début, les réunions avaient lieu une fois par semaine. Plus tard,

10 nous allions à Sarajevo lorsqu'il était nécessaire et lorsque le conseil

11 exécutif était convoqué, et lorsque le conseil politique voulait tenir des

12 réunions.

13 Q. En moyenne, pour quelque raison que ce soit, j'entends pour d'autre

14 raison outre le travail, à combien de reprises vous vous rendiez à

15 Sarajevo ?

16 R. J'allais assez souvent à Sarajevo puisque Sarajevo est tout près de

17 Zenica. Donc je me rendais assez souvent à la faculté de chirurgie buccale

18 car j'ai maintenu. Je suis restée, j'ai continué à exercer ma profession

19 et, donc, étant donné que la faculté se trouvait au coin de la rue Djuro

20 Djakovic, où le club des députés était situé - c'était au temps de Tito --

21 dans le temps de Tito, cela s'appelait le club des députés - donc, je m'y

22 rendais au moins une fois par semaine.

23 Q. Le voyage entre Zenica et Sarajevo a duré combien de temps

24 normalement ?

25 R. Un peu moins d'une heure.

26 Q. Il vous arrivait, n'est-ce pas, de passer la nuit, à Sarajevo ?

27 R. Oui.

28 Q. Y avait-il un endroit particulier où vous passez la nuit ?

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1 R. Oui. Chez mon ami et collègue, Milos Vukovic, qui habitait rue Marsala

2 Tito, au centre de Sarajevo. Donc, son appartement était dans cette rue --

3 situé dans cette rue.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stewart, je regarde l'heure. Le

5 moment est-il opportun pour terminer.

6 M. STEWART : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, Madame Hrvacanin, nous allons

8 lever la séance.

9 Nous reprendrons nos travaux demain, non pas demain matin mais bien

10 demain dans l'après-midi.

11 C'est à 14 heures 15 que nous vous attendons donc parmi nous de

12 nouveau et je vais demander à M. le Greffier de nous dire dans quelle salle

13 d'audience notre session se déroulera.

14 M. LE GREFFIER : [interprétation] C'est dans la salle d'audience

15 numéro III.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

17 C'est dans cette même salle d'audience. Avant de lever la séance,

18 Monsieur Tieger, pourriez-vous, je vous prie, demander à

19 M. Harmon qu'en est-il du document P1013. Il s'agit d'une interview de la

20 BBC. Nous attendons encore d'obtenir la date à laquelle cette interview a

21 été -- cet entretien a été publié. Je vous demanderai de lui demander de ce

22 qu'il en est du document P1016 car la traduction en B/C/S n'a pas encore

23 été terminée.

24 Donc, nous attendrons votre réponse demain, la séance est levée.

25 --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le mardi 6

26 décembre 2005, à 14 heures 15.

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