Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-98-33-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

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4 Mardi 21 mars 2000

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6 L'audience est ouverte à 09 heures 40.

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16 Audience publique

17 (L'audience, suspendue à 12 heures 05, est reprise à

18 12 heures 24.)

19 (L'accusé est introduit dans le prétoire.)

20 M. le Président. - Je vois que maintenant c'est M. Cayley.

21 M. Cayley (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président. Je

22 me rends compte que je n'entends rien dans mes écouteurs. Je dois donc

23 vous demander l'autorisation de changer d’écouteurs. Je crois que cela va

24 maintenant. Je vous prie de m'excuser, c'est parfait. Merci Monsieur le

25 Président.

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1 Si vous me le permettez, je demanderai l'entrée dans la salle du

2 témoin de l'accusation suivant, M. Nesib Mandzic.

3 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

4 M. le Président. - Vous pouvez mettre les écouteurs, s'il vous

5 plaît. Vous m'entendez, monsieur ? Vous m'entendez ?

6 M. Mandzic (interprétation). - Je vous entends.

7 M. le Président. - Vous allez lire la déclaration solennelle, si

8 vous plaît ?

9 M. Mandzic (interprétation). - Je soussigné Nesib Mandzic

10 déclare solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et rien que

11 la vérité.

12 M. le Président. - A présent, vous pouvez vous asseoir,

13 monsieur Mandzic.

14 M. Mandzic (interprétation). - Merci.

15 M. le Président. - Vous vous sentez confortable ?

16 M. Mandzic (interprétation). – Je n'entends pas l'interprétation

17 en bosniaque mais, oui, oui je me sens bien.

18 M. le Président. - Mais vous comprenez le français, n’est-ce

19 pas ?

20 M. Mandzic (interprétation). - Non.

21 M. le Président. - Monsieur l'huissier, vous pouvez voir quel

22 est le canal ?

23 (L’huissier s’exécute.)

24 Entendez-vous votre langue ?

25 M. Mandzic (interprétation). – Oui. Maintenant, je comprends.

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1 M. le Président. - Merci d'être venu ici. Pour l'instant, vous

2 allez répondre aux questions que M. Cayley, du côté du Procureur, va vous

3 poser, s'il vous plaît. Monsieur Cayley, c'est à vous.

4 M. Cayley (interprétation). - Merci Monsieur le Président.

5 Monsieur, je pense que vous êtes né le 12 novembre 1962 ? Est-ce exact ?

6 M. Mandzic (interprétation). – Oui, c'est exact.

7 M. Cayley (interprétation). - Et je pense que votre profession

8 est celle de professeur d'école. Est-ce correct ?

9 M. Mandzic (interprétation). - J'ai un diplôme d'ingénieur en

10 électrotechnique. Mais avant la guerre, je travaillais en tant

11 qu'enseignant au lycée à Srebrenica. Et pendant la guerre, j'ai continué à

12 travailler au lycée de Srebrenica pendant un an et demi.

13 M. Cayley (interprétation). - Et je pense qu'à l'époque des

14 événements qui nous intéressent, en juillet 1995, vous étiez l'enseignant

15 principal à cette école à Srebrenica ?

16 M. Mandzic (interprétation). – Oui, c’est tout à fait cela.

17 M. Cayley (interprétation). - Jusqu'en janvier 1993, vous étiez

18 un membre de la Défense territoriale de la Bosnie-Herzégovine, est-ce

19 correct ?

20 M. Mandzic (interprétation). – Oui, c'est exact.

21 M. Cayley (interprétation). - Et en janvier 1993, vous avez, il

22 me semble, quitté la Défense territoriale, est-ce exact ?

23 M. Mandzic (interprétation). – Oui, c'est exact.

24 M. Cayley (interprétation). - Vous êtes Musulman, de croyance

25 musulmane ?

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1 M. Mandzic (interprétation). - Oui, je suis Bosnien de

2 nationalité.

3 M. Cayley (interprétation). – Oui, merci beaucoup, monsieur

4 Mandzic.

5 M. Cayley (interprétation). - Quelles sont vos fonctions

6 officielles actuelles au sein du gouvernement municipal de Srebrenica ?

7 M. Mandzic (interprétation). - Je suis président de l'assemblée

8 municipale de Srebrenica, suite à des élections qui se sont déroulées

9 en 1990 de façon légitime.

10 M. Cayley (interprétation). - J'aimerais maintenant revenir en

11 arrière, en juillet 1995 plus précisément. Il est important, comme nous

12 l'avons déjà évoqué, qu’en réponse à mes questions, vous disiez aux Juges

13 exactement ce que vous avez entendu, ce que vous avez vu à l'époque, les

14 sentiments que cela a suscité en vous, et votre point de vue sur ce que

15 ressentait la population de Srebrenica au cours de ces événements, en

16 juillet 1995.

17 Pour en venir au 8 juillet 1995, où vous trouviez-vous ce jour-

18 là ?

19 M. Mandzic (interprétation). – Ce jour-là, le 8 juillet 1995,

20 j'étais à Srebrenica dans la rue Petric, dans un bâtiment officiel situé

21 au centre de la ville. Cela faisait plus de trois ans que je vivais en

22 tant que réfugié dans cette ville et que je résidais à cette adresse.

23 M. Cayley (interprétation). - Ce jour-là pouvez-vous dire au

24 Tribunal ce que vous avez vu, ce qui s'est passé ce jour-là devant vos

25 yeux ?

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1 M. Mandzic (interprétation). - Ce jour-là, le 8 juin 1995, tard

2 dans l'après-midi, j'ai vu plusieurs colonnes composées de personnes qui

3 avaient fui leur logement temporaire fourni par le gouvernement suédois à

4 Slapovici.

5 L'armée des Serbes de Bosnie a aussi attaqué cet endroit à ce

6 moment-là avec des armes lourdes, des armes d'infanterie ; les soldats

7 serbes sont donc entrés dans cet endroit au cours de cette attaque et ont

8 commencé à incendier les maisons de ces personnes qui avaient trouvé un

9 refuge temporaire dans ces maisons. Donc, je répète que ce jour-là, dans

10 l'après-midi, j'ai vu, dans la rue où j'habitais, plusieurs milliers de

11 personnes expulsées, totalement terrorisées. Il y avait parmi eux pas mal

12 de vieillards marchant avec difficulté, des femmes accompagnées d'enfants

13 en bas âge qui pleuraient, qui étaient totalement hébétées, et qui

14 cherchaient désespérément à se procurer des vivres, des vêtements.

15 Or, à Srebrenica, rien de tout cela ne pouvait se trouver au

16 cours de ces journées et ce, depuis plusieurs années. Je dois souligner,

17 alors qu'arrivaient de nouvelles colonnes de réfugiés à Srebrenica, ce

18 jour-là, les tirs d'artillerie de l'armée des Serbes de Bosnie n'ont pas

19 cessé. Autrement dit, les obus ne cessaient de tomber dans les rues du

20 centre-ville, ainsi que dans les endroits où ces personnes expulsées

21 cherchaient un abri et je répète qu'il n'y avait pas de tels abris.

22 M. Cayley(interprétation). - Si on pouvait montrer au témoin la

23 pièce à conviction 4a. Ces individus, monsieur Mandzic, étaient-ils des

24 résidents à l'origine ? Résidaient-ils dans le projet de maisons, de

25 logements suédois ou bien venaient-ils d'autres parties de la Bosnie-

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1 Herzégovine ? Pouvez-vous répondre à cette question en premier, s'il vous

2 plaît ?

3 M. Mandzic (interprétation). – Oui, oui bien sûr. Ces personnes

4 étaient pour l'essentiel des réfugiés qui, en raison des actions

5 agressives de l'armée des Serbes de Bosnie, avaient perdu leur domicile au

6 cours de l'année 1993. Et le gouvernement suédois a construit à

7 l'intention de ces réfugiés un camp temporaire durant l'année 1993

8 également pour abriter ces réfugiés. Je répète que ces personnes étaient

9 originaires de plusieurs municipalités de Srebrenica, de Bratunac, de

10 Vlasenica, etc., mais la majorité de la population qui habitait

11 temporairement dans ce camp provenait du territoire de la municipalité de

12 Srebrenica, c'est-à-dire des hameaux et villages et, en raison des

13 opérations des unités de l'armée de la Republika Srpska, elle, avait été

14 chassée de chez elle.

15 Certaines de ces personnes d'ailleurs, au cours de ces

16 opérations, ont été tuées et c'est dans ces conditions que ces personnes

17 ont vécu dans le camp suédois de 1993 à 1995. Je répète qu'à Slapovici,

18 l'attaque dont je viens de parler s'est produite à la date que j'ai

19 évoquée au début de 1993.

20 M. Cayley(interprétation). - Pourriez-vous nous montrer

21 exactement sur la carte devant vous le village de Slapovici ?

22 M. Mandzic (interprétation). – Voilà, c'est ici, au coin, en bas

23 à gauche.

24 M. Cayley(interprétation). - Vous pouvez juste déplacer la pièce

25 un peu vers le haut. Je vois…, et qu'il soit noté au procès-verbal que le

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1 témoin indique la case en bas à gauche où l'on voit Slapovici sur la pièce

2 à conviction 4a. Merci beaucoup.

3 Passons maintenant au 9 juillet. Tout d'abord, voudriez-vous

4 regarder la carte qui se trouve derrière vous et nous indiquer votre

5 situation ce jour-là, le 9 juillet, à Srebrenica ; en tout cas une

6 approximation à l'intention du Tribunal, juste pour savoir à peu près où

7 vous étiez ce jour-là ?

8 M. Mandzic (interprétation). - Oui. Ici, ce point représente

9 l'extrémité de la zone urbaine de Srebrenica.

10 M. Cayley(interprétation). - Qu'il soit inscrit au procès-verbal

11 que le témoin indique avec le pointeur une région juste en bas et à droite

12 de la compagnie Bravo ONU, là où on voit un virage dans la route qui mène

13 vers Srebrenica.

14 M. Mandzic (interprétation). – Oui, donc ici nous voyons la

15 route de Bratunac à Potocari qui mène ensuite à Srebrenica puis à Zelejni-

16 Jadar et, au sud-est, cette route va vers Skalani qui est l'endroit où je

17 suis né.

18 M. Cayley(interprétation). – Merci, Monsieur Mandzic. Pourriez-

19 vous encore dire au Tribunal ce que vous avez vu du lieu où vous vous

20 trouviez. Que se passait-il ce jour du 9 juillet 1995, qu'avez-vous vu ?

21 M. Mandzic (interprétation). – L'armée de la Republika Srpska a

22 continué ses opérations agressives le lendemain, c'est-à-dire le

23 9 juillet. Cette armée de la Republika Srpska a donc pénétré dans les

24 hameaux où vivaient les habitants, ils ont incendié les maisons. Dans ces

25 conditions, la population s'est efforcée de fuir pour ne pas tomber aux

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1 mains de ces soldats très agressifs. Cette action offensive de l'armée de

2 la Republika Srpska s'est poursuivie avec un déplacement vers la zone

3 urbaine.

4 Le lendemain du début de l'attaque, c'est-à-dire le 9 juillet,

5 les unités de l'armée de la Republika Srpska ont mené des opérations

6 militaires offensives, et ont envahi d'autres villages bosniens, tels

7 Pusmulici, Bajramovici qui sont des villages situés à moins d'une heure de

8 marche du centre de la ville.

9 Ceci a entraîné une nouvelle fois la nécessité d'une aide

10 humanitaire en ville, puisque toutes ces personnes avaient besoin de

11 trouver un logement, d'être nourries, d'être vêtues, de disposer de

12 médicaments, etc., toutes choses qu'il leur était impossible de recevoir.

13 Quant à moi, puisque Srebrenica avait été déclarée par les

14 Nations Unies zone protégée, j'étais personnellement convaincu que ces

15 actions offensives et agressives de l'armée de la Republika Srpska

16 seraient empêchées et que cette crise humanitaire serait empêchée de

17 naître. Et que notamment, ce que nous craignions de pire, à savoir le

18 massacre de la population, n'arriverait pas. Malheureusement, ces actions

19 de l'armée de la Republika Srpska se sont poursuivies et, dans les

20 dernières heures de l'après-midi, le 9 juillet, rien n'a changé. Le

21 lendemain, le 10 juillet, en début de soirée, les unités de l'armée de la

22 Republika Srpska venant du sud et du sud-est ont fini par prendre le

23 contrôle complet de la ville. Je peux vous montrer où cela s'est passé.

24 L'endroit dont je parle est l'endroit qui se trouve ici du côté sud et

25 sud-est. Donc elles ont fini par traverser la ville.

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1 M. Cayley (interprétation). – Puis-je vous interrompre ?

2 Veuillez indiquer une fois de plus sur la pièce à conviction où la VRS se

3 trouvait le 10 juillet ?

4 M. Mandzic (interprétation). - Oui, oui oui. On voit ici une

5 ligne grise qui définit, si je ne m’abuse, la superficie, le territoire de

6 la zone protégée. Et à un kilomètre ou deux, en fonction de la

7 configuration du terrain qui est montagneuse, à Srebrenica, les unités du

8 Bataillon néerlandais ont été positionnées aux alentours de cette zone.

9 C'étaient les forces chargées de protéger la zone. En raison des actions

10 et opérations offensives et agressives de l'armée de la Republika Srpska,

11 les forces de maintien de la paix se sont retirées. Vous savez pour

12 quelles raisons… Et les unités de l'armée de le Republika Srpska ont

13 enfoncé cette ligne pour arriver, le 10 juillet, ici, dans la rue Petric,

14 qui est la première rue de la ville dans laquelle ces unités ont pénétré ;

15 donc en provenance de l'est.

16 Et au sud de Slapovici, l’endroit dont je parlais tout à

17 l'heure, et au sud de Pusmulici, le village que les unités de l'armée de

18 la Republika Srpska ont envahi la veille, le 9 juillet, donc à ces

19 deux endroits, l'armée de le Republika Srpska a également pris position. A

20 partir de ce moment-là, elle s'est efforcée de faire fuir la population.

21 M. Cayley (interprétation). – Monsieur, encore une fois, ne

22 dites rien. Permettez-moi de parler. Je dois indiquer pour le procès-

23 verbal ce que vous indiquez avec le pointeur sur la carte, sur la pièce à

24 conviction 1 e, la situation exacte de l'armée de la Republika Srpska à

25 Srebrenica.

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1 M. Madzic (interprétation). – Ici, tout près de ce virage, sur

2 la route Srebrenica-Jadar.

3 M. Cayley (interprétation). - Qu'il soit inscrit au procès-

4 verbal que le témoin indique avec le pointeur la zone juste à droite où

5 l'on voit "Compagnie Bravo ONU", dans la zone indiquée comme l'enclave de

6 l’ONU, là où il y a un virage en épingle à cheveux.

7 Maintenant, monsieur Mandzic, j'aimerais vous montrer une courte

8 séquence vidéo, pièce à conviction n° 3 de la 10ème seconde à la

9 31ème seconde.

10 Je vous prie de ne rien dire pendant que la séquence passe. Je

11 vous poserai ensuite quelques questions à ce propos. Merci.

12 Je vous prie, Monsieur le Président, d'excuser ce contretemps.

13 Monsieur Mandzic, vous suivez sur l'écran devant vous.

14 (Diffusion de la cassette vidéo.)

15 Merci, cela suffit.

16 (Arrêt de la cassette vidéo.)

17 Etiez-vous présent sur les lieux à cette époque ?

18 M. Mandzic (interprétation). - Oui.

19 M. Cayley (interprétation). – Pouvez-vous dire au Tribunal

20 exactement ce que vous avez vu et entendu le 10 juillet, où cet événement

21 a eu lieu, et quels étaient les sentiments qui animaient la population à

22 l’époque ?

23 M. Mandzic (interprétation). - Oui. La séquence que nous venons

24 de voir date du 10 juillet 1995. Nous voyons sur ces images des habitants

25 de Srebrenica par milliers qui sont dans un état de terreur mortelle car,

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1 comme je l'ai déjà dit, en fin d'après-midi, l'armée de la Republika

2 Srpska a déjà lancé son action agressive et a déjà pénétré en provenance

3 du sud-est dans la ville de Srebrenica.

4 J'ai vu à cet endroit plusieurs milliers de personnes

5 complètement terrorisées qui se sentaient impuissantes et cherchaient de

6 l'aide en s'adressant à tous les représentants militaires des Nations

7 Unies, c'est-à-dire à tous les soldats néerlandais qu'elles rencontraient,

8 à la recherche de protection.

9 Mais la réponse a été nulle. Il n'y a pas eu de protection et la

10 nuit de ce jour-là une dizaine de milliers d'habitants de Srebrenica ont

11 été empêchés de dormir . Moi non plus, bien entendu, je n'ai pas pu

12 dormir.

13 M. Cayley (interprétation). - Pourriez-vous indiquer avec le

14 pointeur sur la carte derrière vous la position, la situation de ce

15 groupe, de cette masse de gens que nous venons de voir sur la séquence

16 vidéo, l'emplacement donc de ces gens ?

17 M. Mandzic (interprétation). - Oui. Eh bien, ce regroupement a

18 eu lieu à côté de l’usine Vijezonica de Srebrenica, dans la cour de cette

19 usine. Sur la carte, cet endroit se trouve ici.

20 M. Cayley (interprétation). - Qu'il soit inscrit au procès

21 verbal que le témoin indique la case bleue marquée : "Compagnie Bravo de

22 l’ONU dans l'enclave de Srebrenica" sur la pièce à conviction 1 e.

23 Monsieur Mandzic, passons maintenant au 11 juillet 1995. Vous

24 vous trouviez encore à Srebrenica. Pouvez-vous dire au Tribunal ce que

25 vous avez vu et entendu ce jour-là ?

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1 M. Mandzic (interprétation). – Si nous parlons de la zone

2 urbaine, plus de la moitié de la population vivant donc à l'intérieur de

3 la ville a été expulsée de chez elle en raison des opérations agressives

4 menées par les forces de l'armée de la Republika Srpska qui, le

5 10 juillet, ont déjà commencé à incendier les maisons, à pilonner la rue

6 Petric, en ville, et à faire fuir les habitants.

7 Le 11 juillet, après 11 heures du matin, la situation s'est

8 encore compliquée puisque l'armée de la Republika Srpska a fait intervenir

9 un feu d'artillerie en pilonnant la population précisément à l'endroit où

10 celle-ci s'était regroupée dans l'après-midi du 10 juillet.

11 Moi, j'étais à 70 mètres à peu près à vol d'oiseau de cet

12 endroit du côté opposé de la rue, j'étais en bas de mon immeuble, et de là

13 j'ai pu entendre très bien le survol des obus. Et dès que j'entendais ce

14 bruit, je voyais de mes yeux la chute des obus qui tombaient au milieu de

15 cette foule de 10 000 réfugiés, très certainement, 10 000 réfugiés qui

16 s'attendaient à une quelconque réponse de la part des forces de protection

17 des Nations Unies. Ces gens se trouvaient, avaient le sentiment d'être

18 plus en sécurité dès lors qu'ils étaient non loin d'un représentant des

19 forces de maintien de la paix.

20 Dès qu'un obus était tombé, la scène devenait une scène

21 d'horreur puisque de la fumée s'élevait immédiatement de l'endroit où les

22 gens étaient regroupés. J'ai entendu des cris, des hurlements, il y a eu

23 des blessés.

24 M. Cayley (interprétation) - Ce jour-là, si je ne me trompe, il

25 y avait une attente qu'il y aurait, on attendait des attaques aériennes.

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1 Comment la population aux alentours de la compagnie Bravo a réagi, comment

2 a-t-elle réagi à ces rumeurs ?

3 M. Mandzic (interprétation). – Oui, nous nous attendions à des

4 frappes aériennes. Nous pensions que les avions allaient tenter d'empêcher

5 la prise complète de l'enclave en vue de protéger la population. Il

6 s'agissait de rumeurs qui n'étaient pas confirmées mais qui étaient

7 acceptées par la population, étant donné les circonstances. Ces rumeurs

8 ont duré jusqu'à 11 heures du matin puisque, quand un homme se noie il

9 cherche un brin de paille pour s'en saisir et sauver sa vie, eh bien, de

10 la même façon ce jour-là, pour nous, une action de genre était considérée

11 comme la seule possibilité de survie.

12 Dans l'après-midi du 11 juillet, si je me souviens bien, j'ai vu

13 deux avions survoler Srebrenica. Ces avions ont jeté quelques bombes sur

14 ce que je supposais être les positions de l'armée de la Republika Srpska.

15 Dans mon souvenir, ce territoire se situe au sud-est, ici à peu près sur

16 la carte. Mais ce lieu-dit n'est pas inscrit sur la carte, c'est un lieu-

17 dit qui s'appelle Kvarc où un émetteur radio avait été installé avant la

18 guerre.

19 D'après moi, c'est à peu près à cet endroit qu'a agi l'aviation

20 contre les positions d'artillerie de l'armée de la Republika Srpska. En

21 tout cas, c'était à un endroit qui était tout près de la frontière de la

22 zone protégée.

23 M. Cayley (interprétation) - Passons encore maintenant à

24 quelques jours plus tard. La population a commencé à se déplacer vers

25 Potocari. Pouvez-vous dire au Tribunal exactement quand cela s'est passé

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1 et pour quelle raison ?

2 M. Mandzic (interprétation). – C'est le 11 juillet qu'a commencé

3 le déplacement massif de la population, aux alentours de 16 heures, au

4 moment où les habitants ont massivement pris le chemin de Potocari. Ces

5 habitants l'ont fait sous la contrainte. C'est sous la contrainte qu'ils

6 ont quitté ce que j'appellerai le dernier secteur de la zone protégée

7 parce que l'armée de la Republika Srpska poursuivait ses opérations

8 offensives. Elle exerçait donc une pression sur la population qu'elle

9 empêchait de revenir à l'intérieur de l'enclave lorsqu'elle l'avaient

10 quittée. Chacun pouvait voir là-bas les maisons brûler.

11 Donc la situation était marquée par une très grande terreur et

12 par l'impuissance de la population, et c'est dans ces conditions que la

13 population a pris le chemin de Potocari où elle voyait le dernier lieu

14 protégé. Et ce dernier lieu protégé, à ses yeux, était le commandement du

15 Bataillon néerlandais.

16 M. Cayley (interprétation) - Monsieur Mandzic, savez-vous si,

17 oui ou non, des membres de haut rang, un membre de haut rang ou des

18 membres de haut rang de la population ont pris la décision que la

19 population devait se rendre depuis Srebrenica à Potocari ?

20 M. Mandzic (interprétation). – Ecoutez, nous ne sommes pas en

21 train de parler d'un notable quelconque qui aurait convié la population à

22 se diriger vers Potocari. La première idée qui est venue à l'esprit de

23 tous les habitants, c'était Potocari. Personne n'a pensé à rien d'autre

24 parce que la majeure partie de l'enclave avait déjà été capturée

25 physiquement par les unités de l'armée de la Republika Srpska. Donc

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1 personne ne savait plus où aller. Il n'était plus possible que de se

2 retirer de quelques kilomètres à peine dans la direction du camp

3 néerlandais à Potocari.

4 Pour la population civile, il fallait traverser un certain

5 nombre de hameaux qui, avant la guerre, étaient des hameaux musulmans mais

6 qui avaient déjà été pris par les unités de l'armée de la Republika

7 Srpska. Et ce passage était impossible en raison des tirs d'artillerie et

8 des incendies qui, à mon avis, avaient pour but principal de tuer la

9 majorité des habitants musulmans et de semer la terreur et l'insécurité,

10 la panique.

11 Je peux confirmer cela, car le 13 juillet, excusez-moi le

12 11 juillet, je me suis trouvé au milieu de la colonne composée des

13 habitants des civils de Srebrenica qui étaient en train de se diriger vers

14 Potocari. Je peux confirmer que les unités de la Republika Srpska tiraient

15 sur nous à l'aide de pièces d'artillerie, à partir des collines

16 avoisinantes. Elles n'avaient aucune difficulté à voir ces dizaines de

17 milliers de réfugiés qui avaient pris le chemin de Potocari, le chemin du

18 camp néerlandais. Mais ces unités étaient si agressives qu'elles ont visé

19 directement les personnes qui faisaient partie de cette colonne qui

20 s'allongeait sur plusieurs kilomètres.

21 M. Cayley(interprétation). – Monsieur Mandzic, est-ce que vous

22 voudriez bien ralentir un peu, parce que les interprètes doivent pouvoir

23 vous suivre. Je sais bien que c'est difficile de manière générale de

24 décrire ces événements, je vous prie de rester aussi calme que possible et

25 j'essaierai d'aller de l'avant aussi vite que possible.

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1 Avançons maintenant, passons au soir du 11 juillet 1995. Où

2 étiez-vous ?

3 M. Mandzic (interprétation). – J'étais à Potocari pour être plus

4 précis, j'étais dans la cour de l'usine, le 11 mars.

5 M. Cayley(interprétation). - Veuillez indiquer, avec le pointeur

6 sur la carte derrière vous, le lieu où vous étiez approximativement ce

7 soir du 11 juillet, où est-ce que vous vous trouviez à peu près ?

8 M. Mandzic (interprétation). – Ici.

9 M. Cayley(interprétation). - Qu'il soit inscrit au procès-verbal

10 que le témoin indique sur le triangle rouge juste, en-dessous de la base

11 de l'ONU dans l'enclave Srebrenica, sur la pièce à conviction de

12 l'accusation 1 e.

13 Pouvez-vous dire au Tribunal ce que vous avez vu ce soir-là sur

14 la base de Potocari, dans la base et dans ses environs ?

15 M. Mandzic (interprétation). – Oui, effectivement la situation

16 était terrifiante : 25 000 réfugiés à peu près étaient entassés sur cette

17 toute petite superficie et des tentatives ont été faites pour essayer de

18 leur trouver un logement dans des halles d'usine.

19 M. Cayley(interprétation). – Monsieur Mandzic, il semble qu'il y

20 ait une erreur dans la transcription, vous avez dit que c'était une scène

21 épouvantable, vous avez parlé de 25 000, de qui parliez-vous ? 25 000 quoi

22 au juste ?

23 M. Mandzic (interprétation). – Je parle des réfugiés, des

24 Bosniens de Srebrenica qui avaient été chassés de la majeure partie de

25 l'enclave. Il n'y avait plus qu'une toute petite partie de l'enclave dont

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1 ils n'étaient pas encore partis.

2 M. Cayley(interprétation). – Continuez, s'il vous plaît, avec

3 votre déposition.

4 M. Mandzic (interprétation). – Et bien sûr, dans un espace dont

5 la superficie était très réduite à peine un kilomètre carré, 25 000

6 réfugiés ont cherché à trouver place, et ces réfugiés étaient pour la

7 plupart des femmes accompagnées d'enfants en bas âge, des personnes âgées,

8 expulsées de chez elles et affamées.

9 Aucun d'entre nous n'avait des vivres ou de l'eau, des

10 médicaments ou des vêtements, certains n'avaient pas de chaussures. Nous

11 n'avions pas de logement. Nous nous attendions au pire et nous avions peur

12 avant tout des unités de l'armée de la Republika Srpska, mais nous

13 pensions que la communauté internationale allait nous défendre.

14 Et je me rappelle très bien, ce 11 juillet, à peu près à

15 21 heures, qu'une opération a commencé de la part de l'armée de la

16 Republika Srpska. Dans mon souvenir, il s'agissait de tirs d'artillerie,

17 qui ont commencé à prendre pour cible ce regroupement de population

18 civile.

19 M. Cayley(interprétation). - Avez-vous vu l'artillerie tirer ?

20 M. Mandzic (interprétation). – Ces pilonnages me passaient par-

21 dessus la tête et, après avoir passé au-dessus de ma tête, ils frappaient

22 ces 25 000 personnes.

23 M. Cayley(interprétation). - Savez-vous à peu près à quelle

24 distance se trouvait l'artillerie lorsqu'elle tirait sur cette masse de

25 gens ?

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1 M. Mandzic (interprétation). – Une distance de 300 à 500 mètres.

2 Les tirs provenaient de plusieurs endroits. C'est pourquoi je parle de

3 300 à 500 mètres, c'est-à-dire que les tirs les plus rapprochés

4 provenaient de 300 mètres et les plus éloignés de 500 mètres.

5 M. Cayley(interprétation). - Comment la population a-t-elle

6 réagi à ces tirs d'artillerie ?

7 M. Mandzic (interprétation). – Nous avons tous essayé de trouver

8 un abri, mais il n'y en avait pas. Nous nous sommes jetés au sol sur le

9 goudron. Certains ont immédiatement fui dans la rue. En fait, c'est la rue

10 qui relie Potocari à Bratunac. Personne ne pouvait trouver le moindre abri

11 ou que ce soit, donc la panique a commencé.

12 M. Cayley(interprétation). – Avez-vous connaissance de gens qui

13 sont morts ou ont été gravement blessés en raison de ces tirs

14 d'artillerie ?

15 M. Mandzic (interprétation). – Dès que ces tirs ont cessé, j'ai

16 été convoqué par le Bataillon néerlandais. Donc, durant la nuit je n'ai

17 pas pu être informé de l'existence éventuelle de blessés, car j'ai passé

18 la nuit du 11 au 12 juillet dans l'enceinte du camp militaire néerlandais.

19 M. Cayley (interprétation). - Nous allons maintenant faire la

20 transition vers la deuxième partie de votre déposition.

21 Je pense que vers 9 heures et demie du soir, de ce soir-là, on

22 vous a appelé, un représentant du Bataillon néerlandais vous a appelé,

23 vous a demandé d'agir en qualité de représentant de la population civile.

24 Pouvez-vous en dire un peu plus à ce sujet au Tribunal ?

25 M. Mandzic (interprétation). – Oui. Aux alentours de

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1 9 heures 30, cette nuit-là, la nuit du 11 au 12 juillet, j'ai été appelé

2 par mégaphone auprès des commandants du Bataillon néerlandais. J'ai

3 rejoint le commandant du Bataillon néerlandais, c'était le commandant

4 Boering, je ne connaissais que le commandant Boering qui était venu

5 parfois au lycée.

6 Donc, après avoir été présenté au commandant du Bataillon

7 néerlandais et aux officiers placés sous ses ordres, ce commandant du

8 Bataillon néerlandais m'a dit, sur un ton très pessimiste et très

9 préoccupé, que lui-même, en tant que commandant, et ses soldats

10 néerlandais ne pouvaient pas faire grand-chose à ce moment-là pour aider

11 cette population regroupée sous la contrainte à Potocari. Ce commandant

12 m'a d'ailleurs dit également que la situation était selon lui très

13 défavorable pour le Bataillon néerlandais également.

14 D'après ce que ce commandant m'a dit, le seul salut possible

15 résidait dans des pourparlers avec les représentants de l'armée serbe de

16 Bosnie et, pour autant que je m'en souvienne, il a ajouté que l'armée de

17 la Republika Srpska exigeait des officiers néerlandais que des

18 représentants bosniens participent également à ces pourparlers.

19 J'ai indiqué au commandant du Bataillon néerlandais que je

20 n'étais en aucun cas un représentant officiel de la population civile de

21 la municipalité de Srebrenica, que je n'avais donc aucune légitimité pour

22 représenter qui que ce soit dans une situation aussi complexe.

23 Le commandant du Bataillon néerlandais m'a répondu : "Oui, nous

24 savons bien cela, mais la situation est terriblement dramatique. Donc

25 venez dans l'intérêt de la population expulsée, puisque cette population

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1 et vous-même avez tous besoin d'aide".

2 Ayant reçu des assurances de la part du commandant du Bataillon

3 néerlandais, qui m'avait promis que si je participais à ces pourparlers,

4 il allait me soutenir dans mes exigences liées principalement à l'arrêt

5 des tirs contre la population civile, et à la nécessité de régler la

6 situation humanitaire qui était catastrophique, j'exigeais en effet que

7 des vivres, de l'eau et d'autres objets de première nécessité, notamment

8 sur le plan de l'hygiène, soient fournis à cette population civile.

9 Ayant reçu la promesse qu'il me soutiendrait, je me suis rendu à

10 ces pourparlers de Bratunac le 11 juillet.

11 M. Cayley (interprétation). – Monsieur Mandzic, avant d'arriver

12 à Bratunac, j'aimerais revenir sur la conversation que vous avez eue avec

13 le commandant néerlandais. Le colonel Karremans a-t-il fait état de ce que

14 Mladic lui avait dit au sujet des réfugiés à Potocari et dans ses environs

15 au sujet de ses propres soldats qui, en fait, étaient pris en otage à ce

16 moment-là ?

17 M. Mandzic (interprétation). - D'après ce que je me rappelle, je

18 sais que le commandant du Bataillon néerlandais a dit que la situation

19 était vraiment très mauvaise pour les soldats néerlandais de la Forpronu

20 qui servaient, qui étaient en mission à Srebrenica.

21 M. Cayley (interprétation). – Est-ce qu'il vous a dit si Mladic

22 avait parlé de la sécurité de la population civile à Potocari et aux

23 environs ?

24 M. Mandzic (interprétation). - Je ne me rappelle pas, je ne sais

25 pas de quoi vous parlez.

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1 M. Cayley (interprétation). – Poursuivons. Vous êtes donc allé

2 avec les officiers néerlandais et vous vous êtes rendu à Bratunac. Comment

3 vous sentiez-vous à l'époque ?

4 M. Mandzic (interprétation). - Tout de suite… En fait, déjà sur

5 le camp des soldats néerlandais à Potocari, il y avait un point de

6 contrôle de la part de la VRS, et nous avons été arrêtés au premier point

7 de contrôle. Ils m'ont demandé qui j’étais, les soldats de la

8 Republika Srpska m'ont demandé qui j'étais sur un ton menaçant également,

9 etc.

10 Pendant le voyage, j'ai eu peur. Je me demandais ce qui allait

11 m'arriver. Je pensais même au pire, je croyais que je serais peut-être

12 emprisonné, qu'ils me forceraient à faire je ne sais quoi, mais dans ma

13 tête il y avait une idée directrice, c’est que je me suis dit qu'il

14 fallait que j'essaie du mieux que je pouvais, au nom de la population qui

15 était restée sans protection, parce que vraiment j'ai pu constater que

16 l'enclave était prise, c'était déjà une zone protégée de la part des

17 Nations Unies, les Nations Unies se taisaient de leur côté.

18 Et même la moindre des choses qu'elles auraient pu faire pour

19 cette zone-là, ils auraient pu au moins envoyer des équipes de la Croix-

20 Rouge et du HCR pour au moins essayer d'aider un peu la situation qui

21 était vraiment catastrophique du point de vue humanitaire.

22 Et donc avec la bonne volonté d'aider la population, je me suis

23 rendu là, je me suis dirigé à Bratunac, mais j'avais vraiment très peur.

24 M. Cayley (interprétation) - Monsieur le Président, à ce moment-

25 ci, j’aimerais vous présenter un extrait vidéo et, si vous le désirez,

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1 nous pourrions peut-être faire une petite pause.

2 M. le. Président. – Oui, Monsieur Cayley, nous allons prendre

3 donc une pause de 20 minutes.

4 (L'audience, suspendue à 13 heures 20, est reprise à

5 13 heures 45.)

6 M. le. Président. - Monsieur Cayley, vous pouvez reprendre, s'il

7 vous plaît.

8 M. Cayley (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.

9 Monsieur, pour nous situer où nous étions juste avant la pause,

10 vous avez quitté la base de Potocari vers environ 22 heures la nuit du 11

11 juillet, et vous vous êtes retrouvé avec des membres du Bataillon

12 néerlandais en route vers Srebrenica ?

13 M. Mandzic (interprétation). - En route de Bratunac.

14 M. Cayley (interprétation). – Oui, je suis désolé, vous avez

15 raison. Donc vous vous dirigiez vers Bratunac. A quelle heure êtes-vous

16 arrivé à Bratunac ?

17 M. Mandzic (interprétation). - Cela a pris 10 minutes environ.

18 M. Cayley (interprétation). – Ou êtes-vous allé dans Bratunac ?

19 M. Mandzic (interprétation). - Nous sommes allés à l'hôtel

20 Fontana à Bratunac.

21 M. Cayley (interprétation). – Je crois que c'est là que vous

22 avez participé à une réunion avec des membres de la VRS et les autorités

23 serbes de Bosnie, est-ce exact, les autorités civiles serbes de Bosnie ?

24 M. Mandzic (interprétation). - Oui.

25 M. Cayley (interprétation). – Monsieur le Président, en ce

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1 moment-ci j'aimerais présenter la vidéo, un extrait de cette réunion.

2 C'est une nouvelle pièce à conviction, pièce portant la cote 4 D… En fait,

3 je suis désolé, c'est bien la pièce portant la cote 40 D. Il y a trois

4 transcriptions de cette réunion : en anglais, en français et en version

5 BCS.

6 J'aimerais demander aux interprètes de ne pas interpréter

7 pendant la vidéo. Je crois que c'est important pour le Tribunal d'acquérir

8 un peu, de voir un peu de quelle façon s'est déroulée cette réunion,

9 d'entendre les intonations, et de voir de quelle façon les individus et

10 les personnes qui étaient présentes parlaient. Je vous demanderai donc de

11 suivre la transcription, car elle est vraiment très bien faite. Je vous

12 demanderai de suivre. Il y a aussi des bruits très importants que vous

13 allez pouvoir entendre. Les bruits ambiants ne seraient pas entendus si

14 l'interprète interprétait.

15 M. le. Président. – Oui, très bien, nous allons le faire.

16 (Diffusion de la cassette vidéo.)

17 M. Cayley(interprétation). – Monsieur Mandzic, d'abord une

18 question très évidente pour établir la légalité de cette vidéo. Cette

19 vidéo est-elle un enregistrement d'une partie de la réunion qui a eu lieu

20 le 11 juillet 1995 pendant la soirée dans l'hôtel Fontana ?

21 M. Mandzic (interprétation). – Oui. Je crois qu'une bonne partie

22 de ce dont il a été question est très bien représenté ici.

23 M. Cayley(interprétation). - Y a-t-il des bouts de la réunion,

24 des parties de la réunion qui ne sont pas sur cet enregistrement ?

25 M. Mandzic (interprétation). – Oui. Il y a une partie de la

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1 réunion, lorsque le général Mladic me dit d'un ton menaçant qu'il a parlé

2 du génocide qui a été fait envers le peuple serbe. Il a également parlé de

3 la destinée des Bosniens, de la Bosnie-Herzégovine. Il a condamné les

4 hauts dirigeants Bosniens, il a dit, le général Mladic a dit : "Vous

5 voyez, ils ne peuvent pas vous aider maintenant, ni Ganic, ni les gens de

6 Ganic, etc".

7 M. Cayley(interprétation). - Pourriez-vous expliquer aux Juges

8 qui est Ganic, de qui parlait Mladic ?

9 M. Mandzic (interprétation). – Ganic est un professeur,

10 professeur-docteur Ganic. Il était membre de la présidence de Bosnie-

11 Herzégovine en 1992, de 1992 jusqu'en 1995. C'était un corps collectif qui

12 avait promis de maintenir l'unité bosnienne, de Bosnie-Herzégovine.

13 M. Cayley(interprétation). - Est-ce que vous vous rappelez si le

14 général Mladic a dit autre chose durant cette réunion qui n'apparaît pas

15 dans l'extrait que nous avons visionné tout à l'heure ?

16 M. Mandzic (interprétation). – Oui, le général Mladic a

17 également, à quelques reprises, mentionné que l'armée de la Republika

18 Srpska a complètement anéanti l'armée de la Bosnie-Herzégovine, il parlait

19 des environs de Tuzla ou de Sarajevo. En fait, il n'avait pas parlé d'un

20 lieu précis.

21 M. Cayley(interprétation). - Monsieur le Président, nous avons

22 quelques clichés de cet extrait vidéo et j'aimerais les montrer au témoin,

23 c'est finalement une bonne façon de pouvoir identifier les personnes qui

24 se trouvaient présentes. Si c'était disponible, j'aimerais vous présenter

25 la pièce à conviction de l'accusation 41 et 46.

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1 (L'huissier s'exécute.)

2 M. Mandzic (interprétation). – Est-ce que je pourrais dire

3 quelque chose ?

4 M. Cayley(interprétation). - Bien sûr, monsieur Mandzic.

5 M. Mandzic (interprétation). – D'après mon souvenir, les

6 personnes présentes à cette première réunion étaient des hauts gradés de

7 la Republika Srpska, je n'ai pas remarqué de représentants civils du

8 pouvoir serbe.

9 M. Cayley(interprétation). - Maintenant, vous parlez de la

10 réunion qui a eu lieu le 11 juillet ? Est-ce exact ?

11 M. Mandzic (interprétation). – Oui, oui, lors de cette première

12 rencontre.

13 M. Cayley(interprétation). - Pourriez-vous, s'il vous plaît,

14 Monsieur l'huissier, placer la pièce à conviction n°°41 sur le

15 rétroprojecteur ? Nous allons procéder rapidement.

16 C'est la pièce à conviction 41, pourriez-vous identifier cette

17 personne, monsieur ?

18 M. Mandzic (interprétation). – Oui, c'est le commandant du

19 Bataillon néerlandais.

20 M. Cayley(interprétation). - Quel était son nom ?

21 M. Mandzic (interprétation). – Karremans, je ne sais pas si j'ai

22 bien prononcé son nom ou son nom de famille.

23 M. Cayley(interprétation). - C'est très bien, monsieur Mandzic.

24 La pièce suivante est la pièce 42. Qui est cette personne,

25 monsieur Mandzic, que nous apercevons ici ?

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1 M. Mandzic (interprétation). – C'est le traducteur du nom de

2 Petar. Il est employé comme interprète ou traducteur à la mission des

3 Nations Unies à Zvornik. On peut le voir souvent à Bratunac, à Srebrenica,

4 il travaille maintenant pour la mission des Nations Unies.

5 M. Cayley(interprétation). - Sur les pièces à conviction 43,

6 est-ce que vous reconnaissez cet homme ?

7 M. Mandzic (interprétation). – Oui, c'est l'officier de l'armée

8 de la Republika Srpska. D'après mon souvenir, il renseignait les villes de

9 Vlasenica, Rogatica, Han Pijesak. C'est pour cela que j'ai conclu qu'il

10 venait probablement de cette région-là ou bien que ces endroits étaient

11 sous sa responsabilité.

12 M. Cayley(interprétation). - Vous rappelez-vous où il était

13 assis durant cette réunion ?

14 M. Mandzic (interprétation). – Tout près du général Mladic.

15 M. Cayley(interprétation). - Notre prochaine pièce est cotée 44.

16 Pourriez-vous identifier cette personne que l'on voit sur la photo ?

17 M. Mandzic (interprétation). – C'est le général de l'armée de la

18 Republika Srpska, le général Ratko Mladic. Cette journée-là, du 11 au

19 21 juillet, je l'ai vu quatre fois pendant cette période-là.

20 M. Cayley (interprétation) - Pourrions-nous maintenant montrer

21 la pièce 45 ? Reconnaissez-vous cette personne ?

22 M. Mandzic (interprétation). – Oui, c'est le général Krstic qui

23 est assis à ma gauche. Ce 11 juillet, c'est son commandant, le commandant

24 Radko Mladic qui a présenté le général Krstic ainsi que les autres

25 officiers sous sa responsabilité dans son bataillon.

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1 M. Cayley (interprétation) - Pourrriez-vous identifiier ? Vous

2 dites que le général Krstic est assis à votre gauche, est-ce que vous

3 pourriez nous indiquer la personne que vous avez identifiée comme étant le

4 général Krstic dans cette salle d'audience ?

5 M. Mandzic (interprétation). – Oui, il est assis à ma gauche, il

6 est vêtu d'une chemise bleue avec une cravate.

7 M. Cayley (interprétation) - Aux fins de la transcription,

8 j'aimerais indiquer que [l'accusé] a indiqué le général Krstic.

9 Où était assis le général Krstic pendant cette réunion qui a eu

10 lieu le 11 juillet ?

11 M. Mandzic (interprétation). – A côté du général Mladic, d'après

12 mon souvenir, à sa droite, parce que le lendemain il y a eu une autre

13 réunion, mais il était encore une fois assis à côté du général Mladic.

14 M. Cayley (interprétation) - Lorsque vous dites, monsieur

15 Mandzic, qu'il était assis à la droite du général Mladic, vous le dites

16 comme si, en parlant de la position d'où était assis le général Mladic,

17 est-ce exact ?

18 M. Mandzic (interprétation). – Je pense que je ne vous ai pas

19 très bien compris. De mon souvenir, en fait, autour de la table, on était

20 à l'hôtel Fontana à Bratunac, le général Krstic était assis à droite de

21 Mladic.

22 M. Cayley (interprétation) - Merci.

23 M. Mandzic (interprétation). – Est-ce que c'est plus clair ?

24 M. Cayley (interprétation) - Oui, c'est exact. Je crois que la

25 vidéo a été très claire aussi à ce sujet. Pourrions-nous maintenant

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1 montrer au témoin la pièce 46, la pièce de l'accusation 46 ?

2 Maintenant, monsieur Mandzic, que représente cet objet que je

3 crois se trouver devant vous sur l'extrait vidéo ?

4 M. Mandzic (interprétation). – C'est une plaque sur laquelle est

5 inscrit "Socialistiska Republika Bosnie-Herzégovine". En-dessous, c'est

6 inscrit "Opstina Srebrenica, municipalité de Srebrenica", et en bas

7 "Srebrenica". Comme je l'ai indiqué, c'est une plaque qui se trouvait au-

8 dessus de l'assemblée de la municipalité, c'est donc la plaque placée sur

9 l'immeuble de la municipalité. C'est donc la plaque qui était placée sur

10 l'immeuble de la municipalité ; donc c'est la plaque qui était placée sur

11 la mairie. Le général Mladic m'a montré la plaque et m'a demandé si je la

12 reconnaissais. Je lui ai dit que oui.

13 M. Cayley (interprétation) - Cette plaque brisée qui a été

14 placée devant vous, à l'époque, que pensez-vous, quelle était la raison

15 pour laquelle on a placé cette plaque devant vous ?

16 M. Mandzic (interprétation). – Le message était très clair : que

17 l'enclave était prise, que la zone protégée était assiégée ; et le message

18 était en effet que la populations civile qui restait, c'était très clair,

19 ne pouvait plus rester sur les lieux. Le message était très clair que

20 l'armée de la Republika Srpska mènera leur opération à Gorazde, Bihac,

21 Sarajevo. Le message était également clair que c'était peut-être la fin de

22 l'existence de la Bosnie-Herzégovine et de l'avenir de cette dernière et

23 que, après cela, l'armée de la Republika Srpska aidera ou essaiera de

24 créer une entité nationale, sans la participation sans les participations

25 des autres entités.

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1 M. Cayley (interprétation) - Sur la vidéo, il y a des cris. Est-

2 ce que vous pourriez dire ou expliquer au Tribunal : que représentent ces

3 cris et de quelle façon vous avez interprété ces cris durant la réunion ?

4 M. Mandzic (interprétation). – Oui, on entendait les cris du

5 cochon. En fait, sur le moment, j'ai cru que c'étaient des soldats de

6 l'armée de la Republika Srpska qui fêtaient la prise de Srebrenica, zone

7 protégée, et l'expulsion des Bosniens. Pour être tout à fait franc, c'est

8 la première idée qui m'a traversé l'esprit. Je n'ai pas immédiatement pris

9 conscience du fait que c'était un cochon qui était en train d'être égorgé

10 pour cette fête.

11 Je n'y ai pas accordé une très grande importance mais, après

12 toutes ces années, ce qui me reste gravé dans l'esprit, c'est que ces cris

13 étaient un message, message selon lequel le même sort serait réservé aux

14 Bosniens.

15 M. Cayley (interprétation) - Brièvement, très brièvement,

16 monsieur Mandzic, pourriez-vous dire au Tribunal : quelle ambiance régnait

17 lors de cette réunion, quels sentiments vous animaient face au général

18 Mladic et au général Krstic, officiers de l'armée de la Republika Srpska ?

19 M. Mandzic (interprétation). – La crainte dominait. Je me

20 sentais privé de protection, très incertain, surtout lorsque je me suis

21 rendu compte que le commandant du Bataillon néerlandais n'avait aucune

22 possibilité de faire valoir les besoins ressentis par la population civile

23 de Srebrenica.

24 Et puis également au moment où le général Mladic m'a interrompu,

25 lorsque j'exprimais mes exigences, au moment où je demandais au général

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1 Mladic et au commandant du Bataillon néerlandais si, compte tenu de leurs

2 positions dans l'enclave, les structures civiles internationales étaient

3 au courant des besoins de la population, ainsi que les structures

4 militaires de la communauté internationale. A ce moment-là, le général

5 Mladic ne m'a pas autorisé à poursuivre. Il m'a interrompu, il m'a lancé

6 un coup d'oeil très clair qui, manifestement, avait pour but de me faire

7 peur. Et il m'a dit, à plusieurs reprises pour que je le comprenne bien,

8 que le sort de mon peuple était entre mes mains.

9 M. Cayley (interprétation) - Brièvement, monsieur Mandzic,

10 j'aimerais simplement aborder les termes utilisés par le général Mladic,

11 page 8 de la transcription anglaise, ligne 3, quand Mladic dit : "J'ai

12 besoin d'une position claire de la part des représentants de votre peuple.

13 Est-ce que vous voulez survivre, rester ou disparaître ? Je suis prêt à

14 recevoir une délégation demain, de personnes responsables du côté

15 musulman, ici, à 10 heures, avec qui je pourrais discuter de la

16 possibilité de sauver votre peuple, les habitants de l'enclave, de

17 l'ancienne enclave de Srebrenica". Comment avez-vous interprété ces

18 propos ?

19 M. Mandzic (interprétation). – Avec la plus grande inquiétude.

20 J'ai considéré que cela n'était pas honnête et j'étais terrorisé. Je me

21 demandais ce qui allait arriver à ces milliers de réfugiés, parce que le

22 général Mladic a utilisé à plusieurs reprises les termes "rester sur place

23 ou disparaître". Il a parlé également de l'ancienne enclave.

24 A ce moment-là, j'ai compris que le commandement de l'armée de

25 la Republika Srpska avait pris la décision de déporter à tout prix, coûte

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1 que coûte, la population bosnienne.

2 Quant à ces mots "rester sur place ou disparaître", ils m'ont

3 donné la chair de poule, vraiment, car c'était un signe de plus de

4 l'absence d'esprit civilisé et cela annonçait des mesures de même nature.

5 M. Cayley (interprétation). – Est-ce que vous vous souvenez

6 qu'il vous a demandé : "Est-ce que vous me comprenez, l'avenir de votre

7 peuple est dans vos mains".

8 M. Mandzic (interprétation). – Oui, oui, je me rappelle ces

9 mots. Vraiment, je ne sais pas ce que le général Mladic attendait de moi.

10 Il voulait démontrer la force exercée par son armée sur moi, un

11 représentant sans importance de ce groupe de plusieurs milliers de civils.

12 Mais vraiment, au cours du reste de la nuit, réfléchissant à ce qu'avait

13 dit le général Mladic, je me suis dit qu'il n'y avait pas grand-chose à

14 espérer s'agissant du sort qu'allaient vivre ces milliers et dizaines de

15 milliers de réfugiés.

16 M. Cayley (interprétation). – Il me semble qu'il vous a enfin

17 dit quand vous lui avez fait comprendre que vous n'étiez qu'un

18 représentant par hasard de votre peuple, il vous a dit : "Cela, c’est un

19 problème qui vous concerne. Apportez-moi des gens qui peuvent assurer la

20 reddition des armes et ainsi sauver votre peuple de la destruction".

21 M. Mandzic (interprétation). - Oui, le général Mladic était

22 parfaitement bien informé du fait que 25 à 30 000 personnes expulsées se

23 trouvaient à Potocari, et que dans cette foule on trouvait principalement

24 des femmes, des enfants en bas âge, des vieillards, qu'il ne s'agissait

25 d'aucune assemblée organisée. Il le savait parce que ces unités étaient à

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1 portée de vue de cette foule d'êtres humains, à 200 mètres à peine, et

2 savaient déjà qu'au cours de la nuit elle atteindrait ces personnes

3 expulsées.

4 Le général Mladic savait tout cela. Il insistait auprès de moi,

5 en pointant son doigt sur moi, pour dire que le sort du peuple bosnien

6 était entre mes mains. Je crois qu'il souhaitait me décourager, m'empêcher

7 d'exprimer d'autres exigences concernant la nécessité de traiter de façon

8 plus humaine les personnes expulsées. Il souhaitait que cet endroit se

9 transforme en ghetto. Il s'est transformé en ghetto pour toutes ces

10 personnes, je peux le confirmer aujourd’hui, c’était déjà tout à fait

11 clair à l’époque.

12 Il existait une opération planifiée de la part de l'armée de la

13 Republika Srpska pour contraindre la population civile, en quelques jours

14 à peine, à quitter ces foyers, à emporter, à tout laisser derrière elle,

15 et à se regrouper dans un espace très restreint, cette toute petite base

16 de Potocari pour que les unités de la VRS prennent le contrôle de ce

17 secteur.

18 M. Cayley (interprétation). – A quelle heure avez-vous quitté la

19 réunion le 11 juillet ?

20 M. Mandzic (interprétation). - Je crois qu'il devait être entre

21 11 heures et 11 heures 30.

22 M. Cayley (interprétation). – Ou êtes-vous allé quand vous avez

23 quitté la réunion ?

24 M. Mandzic (interprétation). - J'ai quitté la réunion en même

25 temps que les officiers du Bataillon néerlandais. Et j'ai passé le reste

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1 de la nuit au siège de leur quartier général à Potocari.

2 M. Cayley (interprétation). – Monsieur le Président, si vous le

3 souhaitez, je peux passer maintenant au 12 juillet, ou nous pouvons mettre

4 un terme, suspendre l'audience maintenant. Comme vous le souhaitez.

5 M. le. Président. – Monsieur Cayley, nous avons encore une pièce

6 à conviction 48 qui n'a pas encore été mentionnée par le témoin. Je ne

7 sais pas si vous voulez en profiter pour le faire.

8 M. Cayley (interprétation). – Je vous demande pardon, Monsieur

9 le Président.

10 M. le. Président. – Après, on fera l'interruption. Ensuite, nous

11 continuerons demain. Je crois que nous pourrons en profiter, s'il vous

12 plaît ?

13 M. Cayley (interprétation). – Peut-on mettre la pièce à

14 conviction 48 devant le témoin ?

15 Monsieur, reconnaissez-vous cette personne ?

16 M. Mandzic (interprétation). - Oui, oui oui, c'est le commandant

17 Boering. Je ne sais pas si je prononce bien son nom, il était officier de

18 liaison au sein du Bataillon néerlandais. Il est venu plusieurs fois au

19 lycée où je travaillais en tant que directeur. Et j'ai soumis au

20 commandant Boering, à plusieurs reprises, les besoins ressentis par les

21 écoliers qui manquaient de fournitures scolaires nécessaires, fournitures

22 qu'il était impossible de se procurer après l'entrée du convoi de l'armée

23 de la Republika Srpska à Srebrenica.

24 M. le. Président. - Donc, pour aujourd'hui, on va en rester ici.

25 Demain on continuera à 9 heures 30. On se verra donc demain.

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2 L'audience est levée à 14 heure 32.

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