Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Lundi 16 octobre 2000.)

2 (Audience publique.)

3 (L'audience est ouverte à 9 heures 35.)

4 M. le Président: Bonjour Mesdames, Messieurs, bonjour cabine technique,

5 interprètes, Greffe, la défense et le Procureur.

6 Interprète: Bonjour, Monsieur le Président.

7 M. le Président: Mademoiselle Thomson, pouvez-vous annoncer l’affaire,

8 s’il vous plaît?

9 Mlle Thomson (interprétation): Il s’agit de l’affaire IT-98-33-T, le

10 Procureur contre Radislav Krstic.

11 M. le Président: Merci beaucoup.

12 Bonjour Monsieur Harmon, pouvez-vous présenter le bureau du Procureur pour

13 cette série de travaux?

14 M. Harmon (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

15 Bonjour Monsieur le Président, bonjour Madame et Monsieur les Juges,

16 bonjour collègues de la Défense. A ma droite est assis M. McCloskey, et à

17 sa droite M. Cailey et à ma gauche Mme Kustanski.

18 M. le Président: Du côté de la défense?

19 M. Petrusic (interprétation): Bonjour Monsieur le Président, Madame et

20 Monsieur les Juges, collègues de l'accusation, bonjour toutes les

21 personnes présentes dans le prétoire.

22 Maître Visnjic me seconde dans cette affaire du côté de la défense, et Mme

23 Tanja Radosavljevic sera avec nous aussi au cours de l'audience de ce

24 matin, elle nous apporte une aide qui nous paraît tout à fait

25 indispensable pour des raisons particulières.

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1 M. le Président: Très bien. Bonjour aussi Général Krstic. Bienvenue à

2 tous. Nous sommes ici pour commencer, débuter la présentation des moyens à

3 décharge du côté de la défense et donc, Article 84.

4 Avez-vous une déclaration liminaire Me Petrusic?

5 M. Petrusic (interprétation): Monsieur le Président, Madame et Monsieur

6 les Juges, comme la défense l’a déjà annoncé lors de la conférence de mise

7 en état du 6 et du 8 février, la défense va prononcer quelques mots très

8 brefs en introduction de la présentation de ces éléments de preuve. Elle

9 s'exprimera notamment sur la nature des éléments de preuve qu'elle va

10 soumettre au cours de l'étape actuelle de ce procès.

11 Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges, au cours de cette

12 étape du procès, la défense va prouver que le général Krstic n'a pas

13 ordonné, n'a pas participé et n'a encouragé d'aucune façon ce qui s'est

14 passé à Glogova, à Cerska, à Prlica, Petkovci et dans tous les autres

15 endroits mentionnés dans l'Acte d'accusation.

16 Nous prouverons qu'il existait une autre chaîne de commandement parallèle

17 qui était loin de la vue et de la connaissance du général Krstic qui, de

18 ce fait, ne pouvait avoir aucune influence sur cette chaîne de

19 commandement parallèle.

20 Au cours de l'étape actuelle du procès, nous apporterons la preuve que le

21 général Krstic au cours de ces événements était chef d'état-major du corps

22 de la Drina et que le commandant du corps de la Drina a mené des

23 opérations de combat à Srebrenica à partir du 6 juillet 1995 et que sur

24 l'ordre du commandant du grand chef d'état-major après la chute de

25 Srebrenica, le 11 juillet 1995, l'armée de la République était engagée

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1 dans des opérations de combat sur le front de Zepa.

2 La défense va prouver que l'objectif et le plan de l'opération Krivaja de

3 1995 ne consistait pas à s'emparer de la ville de Srebrenica ni à faire

4 tout ce qui s’est fait après cette date mais simplement à ménager

5 l'enclave. Les unités armées sont entrées dans Srebrenica qui en effet

6 était une ville déserte, une ville abandonnée aussi bien par les civils

7 que par les militaires. Le sort de Srebrenica dans cette guerre semble

8 faire apparaître que la ville a été abandonnée par l'armée quelle qu'elle

9 soit.

10 A trois reprises, au cours de cette guerre, Srebrenica est passée des

11 mains d'une armée aux mains d'une autre armée. Et chaque fois la ville

12 était déserte. La défense va avancer un certain nombre de raisons pour

13 lesquelles les résolutions du conseil de sécurité ont été violées,

14 résolutions selon lesquelles Srebrenica était déclarée zone protégée. La

15 violation de ce statut de zone protégée, statut qui a été en vigueur

16 pendant deux ans environ, s'est faite sans avertissement préalable, et

17 sans aucune action préalable du Bataillon canadien d'abord et néerlandais

18 ensuite. La non démilitarisation de la zone, le fait que les armes n’aient

19 jamais été retirées de cette zone sont deux faits qui n'ont pas été

20 empêchés.

21 Il est possible qu'à certains moments y compris l'aide humanitaire ait

22 fait défaut à Srebrenica, mais c'est en prenant prétexte de cette aide

23 humanitaire que se faisait l’approvisionnement de l'armée de Bosnie-

24 Herzégovine, que les notables locaux se sont enrichis en participant à des

25 actions de marché noir. Et il y a une vérité qui est certaine, à savoir

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1 qu'à l'intérieur de la zone protégée, les armes n'ont jamais manqué.

2 Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges, la défense va

3 s'occuper plus particulièrement de l'opération Krivaja 1995. Nous

4 apporterons la preuve que cette opération a été menée à bien conformément,

5 selon des pressions, ce qui montre bien que l'affirmation du Procureur

6 selon laquelle un plan préalable existait pour le déroulement de cette

7 opération est fausse.

8 La défense va prouver que le général Krstic a quitté le territoire de

9 Srebrenica le 12 juillet et qu'aux côtés des unités qu'il commandait, il a

10 commencé une nouvelle opération militaire sur le front de Zepa. La défense

11 va apporter la preuve que le Président de la République de l'époque

12 Radovan Karadzic, le 4 juillet 1995, a nommé à son poste le général Krstic

13 par un décret. Il l'a nommé au poste de commandant du corps de la Drina,

14 poste que celui-ci a commencé à occuper le lendemain, le 15 juillet. Et

15 c'est ainsi que la situation a été scellée.

16 La défense va apporter la preuve que le 20 ou le 21 juillet 1995 est le

17 premier jour où le général Krstic a été en mesure de prendre en charge ce

18 corps d'armée de facto, que c'est seulement à partir de cette date qu'il a

19 assumé la responsabilité du corps de la Drina et qu'il le contrôle

20 effectivement. Un certain nombre de témoins cités à la barre par la

21 défense apporteront la preuve de ce que je viens d'avancer.

22 Par la suite, la défense va apporter la preuve que le général Krstic

23 commandait aux forces militaires engagées sur le front de Zepa à partir du

24 14 juillet, c'est-à-dire plus précisément à partir du 12 ou 13 juillet, la

25 date de leur rassemblement sur place, et ce jusqu'au 1er août. Le général

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1 Krstic a soutenu tous les commandants de rang inférieur qui étaient ses

2 subordonnés à partir de la chute de Srebrenica et jusqu'à la fin de

3 l'opération sur le front de Zepa. La défense va montrer que chacun de ces

4 officiers a exécuté ces tâches d'officier de la façon la plus

5 professionnelle et qu'aucun d'entre eux n'a enfreint les devoirs d'un

6 officier serbe d'honneur, devoirs qui remontent au début du siècle

7 précédent.

8 La défense va soumettre aux Juges de cette Chambre les documents qu'elle a

9 pu obtenir et nous supposons qu'il s'agit simplement d'une partie des

10 documents de l'armée de la Républika Srpska qui sont susceptibles de

11 prouver ce que nous avançons. La défense n'a pas pu obtenir les documents

12 relatifs au transfert des responsabilités entre le général Jivanovic, chef

13 d'état-major partant et le général Krstic qui a pris son poste, qui l'a

14 remplacé à son poste. Ce document existe sans aucun doute. Il fait partie

15 du registre approprié comme il se doit, mais il se trouve que ce livre a

16 disparu du fait, semble-t-il, de l'action de quelqu'un qui l'a fait

17 disparaître. D'où la présence du général Krstic ici aujourd'hui.

18 Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges, sur ces mots, la

19 défense déclare en avoir terminé avec son allocution liminaire. Et nous

20 nous proposons à présent de commencer l'audition du général Krstic en

21 qualité de témoin.

22 Monsieur le Président, avant que le général Krstic ne prenne sa place sur

23 la chaise des témoins, la défense souhaite demander aux Juges de cette

24 Chambre de lui permettre au cours de sa déposition de maintenir avec lui

25 des contacts autorisés.

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1 Et ce pour les raisons suivantes: premièrement, la défense estime que le

2 général Krstic est avant tout dans la présente affaire un accusé avant

3 d'être un témoin, et dans ces conditions la défense estime que le statut

4 de témoin de l'accusé se distingue considérablement du statut de témoin

5 des autres témoins. Donc la défense présente cette requête à titre

6 exceptionnel et demande aux Juges de cette Chambre de bien vouloir y faire

7 droit dans un esprit de bonne volonté. La défense a maintenu une très

8 bonne coopération avec le Procureur mais n'a pas discuté de cette question

9 avec lui, c'est la raison pour laquelle nous souhaitons ici ce matin

10 présenter nos excuses à l'accusation.

11 Monsieur le Président, nous pensons que la requête du conseil de la

12 défense est raisonnable et appropriée. Nous n'avons pas d'objection.

13 M. le Président: Donc la Chambre en tenant compte de la requête de la non-

14 opposition du Procureur qu'il s'agit vraiment d'une situation

15 exceptionnelle, nous faisons une exception à l'ordonnance de la Chambre et

16 nous autorisons les contacts de la défense avec le général Krstic après

17 qu'il prête serment. Donc nous sommes prêts maintenant pour amener le

18 général Krstic au banc des témoins.

19 (L'huissier s'exécute. )

20 (Le général Krstic prend place en tant que témoin.)

21 M. le Président: Général, vous m'entendez bien?

22 M. Krstic (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je vous entends.

23 M. le Président: Bonjour, vous allez lire la déclaration sur l'honneur que

24 M. l'huissier va vous tendre, s'il vous plaît.

25 M. Krstic (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président.

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1 Je déclare solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et rien

2 que la vérité.

3 M. le Président: Vous pouvez vous asseoir, s'il vous plaît.

4 M. Christs (interprétation): Merci beaucoup.

5 M. le Président: Et vous installer le plus confortablement possible.

6 Général Krstic, avant de commencer votre témoignage, je dois vous

7 rappeler que vous venez d'un système où l'accusé ne peut pas témoigner.

8 Donc je vous rappelle que vous êtes sous serment et donc vous êtes obligé

9 de dire la vérité avec les conséquences si vous ne la dites pas. C'est-à-

10 dire que l'on peut dire que dans notre système, les accusés ont le droit

11 de mentir, si on peut dire ainsi, mais ici vous ne le pouvez pas parce que

12 vous êtes un témoin.

13 Donc après avoir dit cela, je vais donner la parole à M. Petrusic. Vous

14 êtes familiarisé avec la procédure et donc vous allez répondre maintenant

15 aux questions que votre avocat va vous poser, et merci d'avoir décidé de

16 témoigner au nom de la vérité.

17 Maître Petrusic, vous avez la parole.

18 M. Petrusic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

19 (Interrogatoire principal du témoin, M. Krstic, par M. Petrusic.)

20 Général, pouvez-vous nous dire à quel endroit et à quelle date vous êtes

21 né?

22 M. Krstic (interprétation): Monsieur le Président, je suis né le 15

23 février 1948 dans le village de Nedelista dans la municipalité de

24 Vlasenica en Bosnie-Herzégovine.

25 Question: Pouvez-vous en quelques mots nous parler de votre expérience

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1 personnelle et notamment de votre cursus éducatif?

2 Réponse: J'ai commencé mes études dans mon village natal et je les ai

3 poursuivies à Han Pijesak, c'est également à Han Pijesak que j'ai achevé

4 mes études secondaires au lycée. Après le lycée, je suis allé à l'académie

5 militaire à Belgrade puis à Sarajevo. J'ai commencé mes études à

6 l'académie militaire en 1968 et les ai terminées en 1972, date à laquelle

7 je suis devenu officier de l'ancienne armée populaire yougoslave, officier

8 d'active.

9 Question: Mon Général, Sarajevo, Hampjesak, Belgrade sont trois endroits

10 très différents, vous y avez passé votre enfance et votre jeunesse.

11 Pouvez-vous nous parler de la structure nationale dans l'environnement où

12 vous viviez au moment où vous faisiez vos études à l'académie militaire?

13 Réponse: Le village où je suis né dans lequel j'ai commencé mes études

14 primaires est l'un des rares villages sur le territoire de la municipalité

15 de Vlasenica qui sur le plan de la répartition nationale était

16 exceptionnellement hétérogène.

17 Jamais il ne s'est produit le moindre incident, le moindre excès qui

18 aurait pu donner lieu à une tension des relations interethniques. Bien au

19 contraire, nous allions ensemble à l'école, nous nous fréquentions, nous

20 nous respections, et nous nous apprécions. Cette remarque vaut pour les

21 habitants les plus âgés du village mais également et particulièrement pour

22 les habitants plus jeunes.

23 Pour répondre à présent à votre question au sujet de mes études à

24 l'académie militaire de Belgrade et de Sarjevo, je dirai ce qui suit. A

25 l'académie militaire, les cadets répondaient à une répartition ethnique

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1 exceptionnellement hétérogène également. Il n'y a jamais eu entre nous le

2 moindre excès qui aurait pu donner lieu à un signe de mésentente lié à

3 notre appartenance nationale. Bien au contraire, nous étions tous éduqués,

4 instruits dans le sens de la nécessité de conserver ensemble la

5 Yougoslavie et ce indépendamment des nationalités des peuples qui

6 constituaient l'ex-Yougoslavie.

7 Cette thèse, ce principe de la communauté d'existence n'était pas pour

8 nous une phrase vide de sens à l'académie militaire, c'était pour nous

9 l'expression de la vérité, c'était une idée qui nous guidait tous, à

10 savoir le respect de la diversité dans l'ex-Yougoslavie.

11 Question: Mon Général, à la fin de vos études à l'académie militaire, et

12 il faut rappeler que l'académie militaire est une école militaire

13 supérieure dans laquelle les études durent quatre ans, vous êtes devenu

14 officier d'active et vous avez commencé votre carrière militaire.

15 Pouvez-vous nous dire où vous avez servi dans l'ex-Yougoslavie?

16 Réponse: Oui, à la fin de mes études à l'académie militaire, une fois que

17 je suis devenu au fichier d'active, au sein de l'ancienne armée populaire

18 yougoslave, j'ai été envoyé dans la garnison de Sarajevo, plus précisément

19 dans les locaux de l'école Josip Bros Tito.

20 J'occupais le poste de commandant de peloton dans cette école militaire

21 moyenne. J'ai donc dirigé l'enseignement qui était fourni dans cette école

22 en dernière année, et j'ai également commandé une compagnie à cette

23 époque-là.

24 Question: Si nous tenons compte de ces deux fonctions qui étaient les

25 vôtres à l'époque, vous étiez donc officier d'active d'une part mais vous

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1 étiez également éducateur, enseignant. Vous éduquiez les jeunes recrues au

2 devoirs qui étaient les leurs.

3 J'aimerais savoir quelle était la caractéristique de cet enseignement dans

4 lequel vous avez travaillé en temps qu'instructeur?

5 Réponse: Il n'y avait aucune différence par rapport aux années que j'avais

6 passées au sein de l'académie militaire à Belgrade, à un point près à

7 savoir que les jeunes auxquels j'enseignais étaient plus jeunes. Il

8 s'agissait d'enfants auprès desquels il convenait de travailler en

9 agissant d'une façon plus profonde, car c'étaient des jeunes enfants qui

10 venaient de quitter leur famille et qui n'avaient guère l'habitude de la

11 vie en collectivité, et il arrivait de ce fait que se produise quelques

12 excès. Mais ces excès n'ont jamais eu pour cause l'intolérance

13 interethnique.

14 Dans le milieu qui m'entourait, et d'ailleurs dans l'école de façon

15 générale, personne n'a jamais posé la question de savoir qui appartenait à

16 quel groupe ethnique. J'étais simplement à mon poste dans cette école

17 militaire de rang moyen, dans laquelle je m'efforçais avec d'autres de

18 maintenir l'existence et les valeurs de l'ex-Yougoslavie. Et je crois

19 pouvoir dire que nous avons éduqué les officiers qui ensuite, par la

20 suite, par leur travail et leur commandement ont prouvé que ces valeurs

21 étaient bien les leurs dans l'action qu'ils ont eue sur leur subordonnés.

22 Question: Général, si vous pouvez ne pas parler trop rapidement s'il vous

23 plaît à cause de l'interprétation.

24 Réponse: Oui.

25 Question: Merci. A Sarajevo, vous avez noué des relations familiales?

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1 Réponse: Oui, je me dois de dire tout à fait librement que ma famille et

2 moi-même nous avons passé un certain temps à Sarajevo, et c'étaient les

3 années qui étaient les meilleures dans ma vie.

4 Je me suis marié à Sarajevo. Chez là où j'ai eu ma fille. C'est la

5 première fois où j'ai pu emménager dans mon appartement. C'était

6 véritablement un temps des meilleurs. En ce qui concerne mes amis en

7 dehors de mes heures de service et en dehors de la caserne, je pouvais

8 tout simplement constater et dire que nous autres officiers, que ce soit

9 dans une garnison ou dans une autre, nous avons commencé à travailler. On

10 était bien évidemment de nouveaux arrivés, il était tout à fait normal au

11 début que nous nouions des relations entre nous et que nos familles

12 également étaient en bons contacts. Mais plus le temps passé, plus

13 également on se mettait en contact et on avait des relations et des amis

14 dans la ville et partout. Nous avons passé nos temps de loisir. Sarajevo à

15 cette époque-là, était une ville qui avait quelque chose, qui était

16 caractérisée par quelque chose que d'autres villes en ex-Yougoslavie

17 n'avaient pas, pas du tout. C'est une ville où régnait tout

18 particulièrement l'esprit de communauté et personne n'a jamais posé la

19 question à qui que ce soit d'où il venait, de quelle nationalité il était.

20 Tout simplement, on se sentait tous comme des gens de Sarajevo, des

21 citoyens de Sarajevo. Et je pense que ceci a été le cas jusqu'à la veille

22 de la crise en ex-Yougoslavie et jusqu'au moment où cette crise n'a pas

23 atteint le point culminant.

24 Question: Après vos fonctions que vous avez exercées à Sarajevo, je pense

25 que vous y êtes resté jusqu'à 1981, où êtes-vous allé plus tard?

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1 Réponse: C'est en 1981 que j'ai terminé d'exercer mes fonctions à

2 Sarajevo. On m'a envoyé à l'académie militaire du quartier-général de

3 l'état-major à Belgrade, et dans l'ex-armée de Yougoslavie, c'était bien

4 évidemment un poste qu'on désirait occuper.

5 J'ai commencé à me former en 1981 et j'ai terminé en 1983. Par conséquent,

6 j'ai passé deux années à cette académie. Pendant toute ma formation, ma

7 famille était restée à Sarajevo. Je ne l'ai pas transférée à Belgrade car

8 j'espérais très vivement que j'allais retourner à Sarajevo et que j'allais

9 poursuivre ma vie comme je l'avais menée auparavant, avant de me rendre à

10 l'académie militaire de l'état-major à Belgrade.

11 Question: Mais probablement que ce n'étaient pas vos souhaits par

12 conséquent qui primaient mais, si je peux dire ainsi, par la suite vous

13 êtes allés à Negotin poursuivant votre carrière?

14 Réponse: Oui effectivement. Moi, je me sentais comme si j'étais né à

15 Sarajevo mais c'étaient des souhaits qui n'ont pas été accomplis.

16 C'étaient les souhaits également que moi-même je formulais, ainsi que ma

17 famille. Mais c'est à cause de mes fonctions qu'on m'a affecté à la

18 garnison de Negotin. C'est une petite ville qui se trouve sur les trois

19 frontières entre la Bulgarie, la Roumanie et la Yougoslavie. Et on m'a

20 affecté au poste de commandant du bataillon. J'étais commandant de la

21 garnison dans cette zone.

22 C'était au milieu de 1983 que je me suis rendu dans cette garnison. Par

23 conséquent, en ce qui concerne les relations qui régnaient dans l'unité où

24 j'étais, la règle était exactement la même et le comportement aussi. Comme

25 ce fut le cas dans la garnison de Sarajevo. Il s'agissait des

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1 collectivités qui n'étaient pas des collectivités des cadets mais des

2 militaires. Dans mon unité, j'avais des officiers, des soldats qui

3 venaient de régions différentes, de partout de l'ex-Yougoslavie, et ces

4 collectivités étaient totalement hétérogènes du point de vue composition

5 nationale.

6 N'empêche que c'était le début de la crise en ex-Yougoslavie qui a été

7 provoquée pour des raisons économiques. Mais dans notre unité, dans notre

8 formation et même dans la garnison dans l'ensemble, nous avons

9 véritablement réussi à préserver cette unité car il y avait cet aspect

10 hétérogène national, et nous avons donc eu pour objectif de persévérer, de

11 protéger et de ne pas permettre des excès, surtout pas de permettre des

12 intolérances nationales mais ceci n'existait pas.

13 En ce qui concerne les relations amicales entre les officiers ou bien avec

14 des gens en ville et en dehors de la caserne, je me dois de répéter ce que

15 j'ai déjà dit quand il s'agissait donc de Sarajevo. Nous autres, les

16 officiers, nos familles, nous avons été quelque peu orientés les uns vers

17 les autres. Mais en dehors de la caserne, nous avons noué des amitiés avec

18 d'autres personnes, nous nous respections. Mais plus le temps avançait et

19 plus on avait d'amis en dehors de la caserne. C'est comme ça que nous

20 avons poursuivi à nouer des relations amicales avec des gens en dehors de

21 la caserne.

22 Question: Ensuite, de Negotin vous avez été affecté à Kosovska Mitrovica.

23 Si je ne m'abuse, c'était le début de 1987?

24 Réponse: Oui. Au milieu de 1986 et bien évidemment en fonction des besoins

25 de mes fonctions, on m'a affecté de la garnison de Negotin à Pristina.

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1 C'est à Pristina qu'on m'avait accordé le poste au sein d'un organe

2 opérationnel. Et j'ai exercé la fonction d'éducation, de formation des

3 officiers du Corps de Pristina, du Corps d'armée de Pristina, même s'il

4 s'agissait du Kosovo. Et à cette époque-là, c'était une région qui était

5 tout à fait spéciale par rapport aux autres milieux de l'ex-Yougoslavie.

6 Ce siège du commandement où j'ai été affecté a été également, du point de

7 vue national, hétérogène. Il y avait une harmonie qui régnait au sein de

8 ce commandement. On se respectait les uns les autres. On s'appréciait.

9 Nous avons noué des contacts amicaux aussi bien en dehors de la caserne et

10 en dehors du commandement, et je dirai même, plus que ce ne fut le cas à

11 Sarajevo ou à Negotin. Et nous nous fréquentions souvent entre nous. La

12 situation était assez spécifique quand il s'agit de la région du Kosovo

13 qui régnait à cette époque-là. C'est la raison pour laquelle nous étions

14 pratiquement orientés les uns vers les autres.

15 Certes, nous n'avons pas évité de contacter les gens en dehors du siège du

16 commandement, mais c'était beaucoup plus rare. Cela n'exclut pas nos

17 contacts en dehors de la caserne.

18 Question: Eh bien, c'était l'époque d'une très grande crise dans l'espace

19 de l'ex-RSFY, la sécession, l'éclatement de la Yougoslavie, la crise

20 économique et politique. Et c'est en 1991 que des conflits armés se

21 déclenchent dans l'espace de l'ex-Yougoslavie.

22 Pourriez-vous nous dire où vous vous êtes trouvé à cette époque-là?

23 Réponse: Oui. Dans la garnison de Pristina, je reste jusqu'à mi 1987,

24 quand j'ai été affecté à Kosovska Mitrovica, j'ai occupé le poste de

25 directeur de l'état-major et j'ai été à la tête d'une brigade motorisée où

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1 je suis resté jusqu'en 1990, moment où je deviens commandant de la brigade

2 de la même garnison. C'est tout le début de la crise constitutionnelle en

3 ex-Yougoslavie où, si je peux dire, d'une autre manière la crise politique

4 a culminé à cette époque-là. Nous avons essayé, nous avons réussi à

5 préserver, à sauvegarder le caractère hétérogène de nos collectivités; de

6 maintenir également l'esprit d'unité qui régnait entre les officiers et

7 les soldats. Car nous avons été convaincus, nous avons espéré qu'on allait

8 éviter des conflits, que les hommes politiques allaient trouver des

9 solutions, surmonter des problèmes, éviter des conflits et, de cette

10 manière-là, préserver la Yougoslavie.

11 Cependant, ce qui est le pire, va arriver, le conflit se déclenche. Tout

12 d'abord, dans la République, tout à fait au nord de l'ex-Yougoslavie, en

13 Slovénie; ensuite en Croatie. C'était très douloureux et c'était très

14 pénible pour nous autres, pour nous tous dans mon unité, mais partout dans

15 l'ensemble de la garnison de Pristina. Nous l'avons ressenti comme ça.

16 C'est la raison pour laquelle, ce caractère hétérogène est mis en cause.

17 Il y a un certain nombre d'officiers et de soldats qui quittent notre

18 unité. Pour nous, ces séparations étaient très douloureuses. Nous les

19 avons ressenties de manière assez émotionnelle. On se saluait au moment où

20 ces personnes-là partaient, en espérant que nous allions nous revoir de

21 nouveau et que nous allions peut-être travailler encore ensemble.

22 Je croyais fermement, vu les relations entre les différentes ethnies en

23 Bosnie-Herzégovine que le conflit n'allait pas se déclencher en Bosnie au

24 moins et qu'ils allaient surmonter, éviter le conflit. Mais

25 malheureusement, le conflit s'est déclenché également en Bosnie-

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1 Herzégovine. Le caractère hétérogène des collectivités a été mis en cause

2 totalement, menacé dans cette nouvelle armée. L'armée de Yougoslavie, il

3 n'y a que des officiers, des soldats de nationalité serbe et monténégrine

4 qui restent, si vous voulez de Serbie et du Monténégro, les Musulmans du

5 territoire de Serbie et bien sûr des Albanais.

6 Question: J'ai bien compris.

7 Réponse: J'ai bien compris que je n'avais rien à chercher dans cette unité

8 et dans cet Etat, dans cette nouvelle Yougoslavie. Et c'est la raison pour

9 laquelle j'ai pris la décision de quitter les rangs de la brigade -certes

10 sur une base bénévole- de mon plein gré. Et les raisons pour lesquelles,

11 éventuellement, j'aurais pris une telle décision étaient les suivantes.

12 Tout d'abord, il y avait trois raisons principales pour lesquelles

13 j'aurais agi de cette manière-là. La première raison, c'est ma propre

14 famille et la famille de mon épouse qui habitaient toujours en Bosnie.

15 Nous n'étions pas en contact depuis bien longtemps avec les membres de ma

16 famille en Bosnie. Les contacts par téléphone n'étaient pas possibles car

17 les téléphones ne marchaient pas, les lignes téléphoniques ne marchaient

18 pas. Nous étions très préoccupés pour leurs vies.

19 Une deuxième raison, c'est que mes collègues, non seulement de ma brigade

20 mais du corps d'armée dans son ensemble, avaient quitté leur collectivité

21 et se sont joints à leur propre peuple. Et une troisième raison, c'est que

22 j'ai compris que dans le cadre de cette nouvelle Yougoslavie, dans cette

23 nouvelle armée, je n'ai rien à chercher. J'ai compris que la Bosnie-

24 Herzégovine était mon Etat et c'est la raison pour laquelle je suis rentré

25 en Bosnie.

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1 Question: Mon Général, excusez-moi, mais quand vous avez dit que vous avez

2 compris que votre Etat, votre pays, c'est la Bosnie-Herzégovine: "que

3 l'Etat auquel j'appartiens était la Bosnie-Herzégovine", pourriez-vous

4 nous dire au moment où vous étiez ressortissant de l'ex-Bosnie-Herzégovine

5 et de la République socialiste fédérative de Yougoslavie comment, à cette

6 époque-là, on présentait les choses dans les extraits de naissance?

7 Réponse: Oui. Moi-même, mon épouse, ma fille, nous sommes des

8 ressortissants de Bosnie-Herzégovine. Nous étions également citoyens de la

9 République de Yougoslavie, de l'ex-Yougoslavie.

10 Question: Je vous ai posé cette question exprès, tout simplement pour vous

11 en poser une autre. Est-ce que vous avez quitté l'ex-armée sur une base

12 bénévole volontaire?

13 Réponse: Oui, tout à fait.

14 Question: Par conséquent, vous vous êtes rendu sur le territoire de l'ex-

15 République de Bosnie-Herzégovine et maintenant, depuis le mois d'avril,

16 c'est une république qui a été reconnue par la communauté internationale

17 comme un Etat indépendant. Est-ce que vous pouvez nous dire quelle est

18 votre carrière que vous poursuivez, quelles sont vos activités et vos

19 fonctions que vous exercez une fois que vous êtes arrivé pour rejoindre

20 les rangs des officiers de l'armée de la Republika Srpska en Bosnie-

21 Herzégovine?

22 Réponse: Au moment où j'ai traversé la frontière entre la République de

23 Serbie et la République de Bosnie-Herzégovine, j'ai pu vivre et j'ai pu

24 constater l'enfer. Un véritable enfer. J'ai pu voir des villages

25 incendiés. Malheureusement, j'ai pu constater également en voyageant en

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1 traversant ce pays-là que des villages qui étaient hétérogènes, étaient

2 les premiers qui ont été incendiés. Pour moi, j'avoue que c'était quelque

3 chose d'affreux de pénible. Je me suis rendu à Han Pijesak chez mon frère.

4 Lui habitait Han Pijesak. C'est là où j'ai trouvé ma mère, et ma mère,

5 elle était avant dans le village où j'étais né. Je suis allé voir

6 également les parents mes beaux-parents qui vivaient et qui vivent encore

7 dans la municipalité d'Han Pijesak. C'est là où j'ai passé quelques jours.

8 Ensuite, je suis allé à la garnison d'Han Pijesak où se trouvait le siège

9 du commandement de l'état-major de l'époque, de la Republika Srpska de

10 Bosnie-Herzégovine. J'ai été affecté tout de suite au poste du commandant

11 de la 2ème Brigade de Romanja dont le siège était dans le cadre de la

12 garnison de Sokolac. La remise des fonctions qui s'est effectuée entre

13 moi-même et le commandant, ancien commandant qui venait de Croatie, a duré

14 une dizaine de jours. Ce transfert des responsabilités a duré dix jours à

15 peu près et c'est là où j'ai pris le commandement de la brigade au début

16 du mois de juillet.

17 Mais avant de dire quelque chose au sujet de cette brigade, pour vous

18 donner quelques renseignements en ce qui concerne la brigade, ce qu'elle

19 faisait, quelles étaient ses activités, je me permettrais d'attirer votre

20 attention sur un autre point. La situation générale dans cette région de

21 Romanja et d'Han Pijesak, de Sokolac, la situation était difficile, très

22 confuse et pratiquement imprévisible. J'ai vu des villages qui, avant le

23 déclenchement du conflit, étaient hétérogènes, il n’y avait ni des

24 Musulmans ni des Serbes. Ces gens-là ou bien ont été expulsés, ou bien ils

25 ont quitté cette région pour se rendre dans les régions homogènes et des

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1 milieux homogènes. Mais il y avait quelques exemples quand même -ils

2 étaient rares- que des villages musulmans ou serbes, pendant toute la

3 guerre, étaient restés hétérogènes, enfin même si initialement ils étaient

4 homogènes. Par exemple Vrobac ou d'autres villages dans le territoire de

5 la municipalité de Sokolac qui étaient habités par la population

6 musulmane. Les Serbes sont restés quand même dans ces villages et ont

7 quitté ces villages uniquement après la signature des accords de Dayton

8 pour se rendre à Sarajevo.

9 Question: Mon général, au moment où vous vous êtes rendu à Han Pijesak,

10 vous êtes allé à la garnison. Est-ce que c'était le moment où l'armée de

11 la Républika Srpska a été établie, structurée sur le plan juridique, sur

12 le plan légal? Est-ce qu'il y avait déjà une législation qui fonctionnait?

13 Réponse: Oui, j'avais eu ce sentiment-là. L'armée de la Républika de

14 Bosnie-Herzégovine a déjà été structurée. La brigade que j'ai commandée, a

15 été déjà mise en place; elle a été structurée, comme toute autre unité

16 dans cette armée. Elle a été donc organisée selon le principe territorial.

17 Elle était constituée aussi bien par les gens qui constituaient cette

18 population de réfugiés mais il y avait également des représentants de la

19 municipalité de Sokolac, de Kakanj, de Olovo, de Bredza, de Varech. Je

20 veux dire que cette brigade était, sur le plan national, homogène et se

21 composait exclusivement des membres qui appartenaient à la communauté

22 ethnique serbe. Bien évidemment que je comprenais la situation mais, pour

23 moi, c'était extrêmement pénible parce que je suis arrivé d'un poste où la

24 situation était totalement différente. Mais moi, j'espérais quand même que

25 la situation en Bosnie-Herzégovine allait s'apaiser et qu'on n'allait pas

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1 vivre des escalades de conflit. Et moi, je n'y croyais pas, je ne pensais

2 pas que ceci pouvait arriver. Probablement parce que j'étais absent

3 également longtemps de cet espace de Bosnie-Herzégovine et, par

4 conséquent, je ne savais pas depuis tout le début et je ne connaissais pas

5 les problèmes sur le plan politique.

6 Question: Lorsque vous avez dit que l'unité, donc la 2ème Brigade motorisée

7 de Romanja, que vous avez prise en charge, vous nous avez dit que cette

8 unité était composée de ressortissants qui étaient exclusivement de

9 nationalité serbe. Est-ce que la partie adverse, donc si vous voulez

10 "l'ennemi", pour l'appeler ainsi, du point de vue des membres de leur

11 unité, est-ce qu'il était homogène? Bien sûr, il y avait également des, on

12 ne peut pas, il y avait des exceptions?

13 Réponse: Oui, d'après les détails que nous avions, il est arrivé que les

14 unités qui se trouvaient devant, de l'autre côté de la partie adverse,

15 étaient également composées de la même façon, d'une même nationalité

16 ethnique mais cela n'exclut pas qu'il arrivait des fois qu'il y avait

17 également des Serbes dans ces unités.

18 Question: Lorsque vous avez pris en charge la responsabilité de commandant

19 de cette brigade, est-ce qu'il arrivait qu'il y ait eu des combats? Et

20 est-ce qu'il y avait des lignes de front déjà établies? Pourriez-vous nous

21 parler de la situation qui régnait dans la brigade, autour de la brigade,

22 sur le territoire que vous commandiez?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Je vous demanderais de ménager des pauses entre les questions et

25 les réponses et de parler plus lentement.

Page 5971

1 Réponse: Lorsque j'ai pris la responsabilité de commandant de la 2ème

2 Brigade motorisée de Romanja, elle était complètement engagée sur le front

3 de défense vers Kladanj, Olovo et Varech.

4 Il y a eu des activités de combat du côté, sur la ligne de front des

5 parties où la guerre avait éclaté mais à l'intérieur il n'y avait pas de

6 conflit. Lorsque j'ai accepté la responsabilité d'être le commandant de la

7 brigade, j'ai donc eu certains problèmes concernant le contrôle de ces

8 fonctions, et ils étaient provoqués par le fait que les chefs au sein du

9 commandement de la brigade et les personnes qui se trouvaient dans les

10 unités subordonnées, n'avaient pas assez d'expérience s'agissant des

11 responsabilités qu'ils avaient à exécuter. Ils ne connaissaient simplement

12 pas les responsabilités qui avaient été prescrites pour ce genre de poste

13 et donc avec le temps qui avançait, cette situation changeait d'une façon

14 importante, et des problèmes particuliers ont commencé à surgir au point

15 de vue de... Mais en ce qui concerne le fonctionnement du commandement, je

16 n'ai pas eu de problème.

17 Question: Donc, vous arrivez et vous prenez en charge cette unité, et vous

18 êtes devenu donc lieutenant-colonel?

19 Réponse: Oui.

20 Question: C'est donc un grade que vous aviez reçu au sein de l'ancienne

21 armée de la SFRY?

22 Réponse: Oui, quand je suis arrivé dans de l'armée de la Bosnie-

23 Herzégovine, j'étais donc commandant lieutenant-colonel. Et cette même

24 année, en 1992, j'ai été promu et je suis donc devenu colonel.

25 Question: C'était donc tout à fait normal d'avoir accédé à ce poste?

Page 5972

1 Réponse: Oui, puisque j'avais déjà passé quatre ans en tant que

2 lieutenant-colonel.

3 Question: Est-ce qu'il y avait quelque chose d'important ou de plus

4 particulier qui est arrivé sur le territoire sur lequel votre brigade se

5 trouvait?

6 Réponse: Eh bien, avant que je ne réponde à cette question, j'aimerais

7 dire si vous le permettez quelque chose concernant le commandement de ma

8 brigade.

9 Question: Allez-y!

10 Réponse: C'était une chose qui était plus facile pour moi. C'était le fait

11 de pouvoir être au sein du commandement de la brigade, et que les

12 responsabilités les plus importantes étaient détenues par les officiers

13 d'active de l'ex-JNA qui avaient assez d'expérience pour pouvoir bien

14 exécuter cette fonction. Ce qui était également plus facile ou ce qui

15 facilitait ma vie était le fait que le chef de la sécurité qui, à ce

16 moment-là, était un poste très important; j'avais donc un jeune officier

17 d'active qui avait un grand nombre d'expériences et qui avait déjà

18 travaillé longtemps dans cette fonction.

19 Sa fonction principale au sein de la brigade était donc une activité de

20 contre information et il était également celui qui pouvait exécuter et

21 réaliser également ce genre de tâche. Et il avait particulièrement apporté

22 son apport concernant les unités subordonnées, plus particulièrement

23 lorsqu'il s'agissait de prisonniers de guerre et la façon dont on allait

24 agir avec eux, donc à partir du moment où ces prisonniers de guerre

25 étaient arrêtés jusqu'au moment où on les transférait ailleurs.

Page 5973

1 Question: Mais est-ce que votre brigade avait de tels prisonniers de

2 guerre pendant la période durant laquelle, vous étiez à la tête du

3 commandement? Réponse: Oui, notre brigade avait des prisonniers de guerre,

4 et ils avaient été -la plupart du temps- faits prisonniers sur la ligne de

5 front, donc en essayant de s'infiltrer dans l'inter espace de nos unités,

6 s'agissant des territoires qui n'étaient ni défendus ni assez défendus.

7 Nous avions également des prisonniers de guerre qui pouvaient avoir été

8 capturés à l'intérieur de notre territoire. Plus profondément sur le

9 territoire. Il s'agissait de groupes de terroristes qui arrivaient depuis

10 Kladanj Zepa et qui, à ce moment-là, s'infiltraient sur ce territoire en

11 profondeur pour affecter ou faire des diversions de tout type.

12 Je dirais qu'avec ces prisonniers-là, nous avons agi de façon tout à fait

13 correcte telle stipulée par les conventions de Genève. Nos lois, nous

14 étions tout à fait corrects envers eux, ils étaient placés dans des

15 installations et ils bénéficiaient des mêmes conditions dans lesquelles

16 nous vivions. Nous leur donnions la nourriture que nous distribuions

17 également à nos soldats et à nos unités. Ils pouvaient également

18 bénéficier du traitement médical, et on prenait soin -de façon régulière-

19 à donner des renseignements à la Croix Rouge internationale et à donner

20 leurs coordonnées à d'autres organisations, organismes et institutions qui

21 s'occupaient de ce genre de chose.

22 Concernant la nature du travail, c'était le conseil de sécurité qui

23 s'occupait de l'état de ces prisonniers, et la sécurité de ces détenus

24 était également faite par la police militaire. Après un certain temps,

25 après avoir fait toutes les vérifications nécessaires, après qu'on ait

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1 donné leurs noms à la Croix Rouge internationale, on pouvait également

2 envoyer leurs coordonnées au commandement.

3 Question: Vous étiez don tout à fait satisfait de la façon dont cet organe

4 travaillait?

5 Réponse: Oui, j'étais particulièrement satisfait de la façon dont ils

6 opéraient. Comme je l'ai déjà dit, c'était un temps de guerre et il est

7 certain que cet organe était un organe clé au sein de la brigade. Cette

8 personne était une personne clé au sein de la brigade également.

9 Question: Je suppose qu'en tant que commandant de la brigade, vous

10 envoyiez des informations sur une base régulière ou périodique au

11 commandement supérieur et, dans ce cas-ci, il s'agirait du Corps de la

12 Drina, donc au commandement du Corps de la Drina.

13 Ce qui m'intéresse, c'est de savoir si, lorsque vous envoyiez ces

14 informations, ces rapports, si cet organe de sécurité prenait part à cela?

15 C'est-à-dire est-ce que l'organe de sécurité de votre brigade envoyait

16 cela tout seul ou bien est-ce que ces rapports, est-ce que cela se faisait

17 de concert avec les membres de votre brigade?

18 Réponse: Le chef de sécurité de ma brigade m'informait régulièrement. Et

19 au fur et à mesure que les événements se passaient, il m'informait de tous

20 les problèmes s'agissant de la sécurité au sein de la brigade. C'était

21 toujours fait à temps et à l'intérieur des rapports quotidiens et des

22 autres rapports bien sûr, on parlait de sécurité. Le chef de la sécurité

23 prenait part à cela et donc ces rapports étaient donc envoyés au

24 commandement supérieur.

25 Il est arrivé que, lorsque j'étais commandant de la brigade, que certains

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1 chefs de sécurité au sein des brigades du Corps de la Drina n'envoyaient

2 pas de rapports, d'abord à leur supérieur immédiat donc au commandant de

3 la brigade, et il arrivait qu'ils n'informaient même pas ce dernier des

4 questions et des problématiques qui existaient. Mais il arrivait que des

5 déclarations étaient envoyées simplement directement à l'organe de

6 sécurité, au commandement supérieur ou plus précisément à l'organe de

7 sécurité du Corps de la Drina et du grand état-major.

8 Je vais vous donner un exemple ici de la réaction qu'a eue le commandant

9 de la Brigade de Zvornik en 1994. Je crois que c'était vers le milieu de

10 cette année où le commandant de la brigade avait informé le commandant du

11 corps du grand état-major que son chef de sécurité ne lui faisait pas les

12 rapports tous les matins et, en fait, qu'il ne l'informait pas du tout des

13 problématiques qui existaient. Mais que ces rapports, il les envoyait à

14 l'organe de sécurité au Corps de la Drina et même à l'organe de sécurité

15 du grand état-major.

16 Question: Mon Général, quelle était la façon dont se comportait le Corps

17 de la Drina envers la Brigade à la tête de laquelle vous vous trouviez?

18 Est-ce que ces rapports entre ces deux derniers se faisaient de façon

19 régulière? Est-ce qu'il y a eu des contrôles? Est-ce que les rapports

20 étaient faits? Est-ce que les suggestions et les recommandations avaient

21 été faites de façon régulière et de façon selon laquelle cela doit se

22 faire?

23 Réponse: Eh bien, les contacts avec nous, les membres du commandement de

24 la brigade, avec les chefs du commandement supérieur et -dans ce cas-ci-

25 les représentants du commandement du Corps de la Drina, se faisaient d'une

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1 façon régulière lorsqu'il y avait des patrouilles d'équipe concernant le

2 commandement du corps pour pouvoir s'informer, savoir de quelle façon les

3 choses se déroulaient dans ma brigade. C'était tout à fait normal que ce

4 genre d'équipe, lorsqu'on faisait les inspections des unités, que cela

5 soit mené par le commandant du corps. Mais cela n'avait jamais été fait

6 quand il s'agissait de ma brigade à moi. Le commandant du corps arrivait

7 très souvent accompagné du général Mladic. Je ne comprenais pas la raison

8 pour laquelle cela se faisait ainsi. Mais je sais pertinemment qu'il se

9 comportait tout à fait différemment quand il s'agissait d'autres unités,

10 telles par exemple la Brigade de Bratunac, le Bataillon de Skelar et la

11 Brigade de Zvornik. Dans ces unités-là, le commandant du corps très

12 souvent séjournait et restait quelques jours. Mais s'agissant de ma

13 brigade à moi, il restait le temps du séjour du général Mladic. Donc j'ai

14 pu comprendre que ce chef-là avait simplement quelque chose contre moi,

15 non pas quelque chose contre la brigade, mais il avait une dent contre moi

16 et cela va s'avérer plus tard vrai, quand j'aurais accepté bien sûr le

17 poste du chef du commandant du corps.

18 Question: Et donc ces fonctions là, du commandant de brigade, est-ce qu'il

19 vous arrivait d'entrer en contact avec les officiers supérieurs du Corps

20 la Drina? C'est-à-dire avec les officiers du grand état-major ou, plus

21 précisément, est-ce qu'il vous est arrivé de parler au général Mladic ou à

22 ses assistants?

23 Réponse: Oui. Pour vous dire, cela se faisait quand on faisait les

24 inspections des unités du Corps de la Drina. Il me semble qu'à deux ou

25 trois reprises, j'ai contacté le général Mladic qui menait les équipes du

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1 grand état-major pour faire l'inspection des unités, et à chaque fois

2 qu'il se présentait avec l'équipe, avec lui se trouvait toujours le

3 général Zivanovic.

4 Question: Monsieur le Président, la défense vous propose une pause à ce

5 moment ci.

6 M. le Président: Oui, très bien, Maître Petrusic. Vous pouvez voir avec le

7 général Krstic, le temps qu'il veut -du point de vue de sa déposition et

8 de sa santé- pour régler cela.

9 Nous allons faire une pause d'une demi-heure pour l'instant.

10 (L'audience, suspendue à 10 heures 50, est reprise à 11 heures 25.)

11 M. le Président: Maître Petrusic, vous pouvez continuer, s'il vous plaît.

12 M. Petrusic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

13 Monsieur le Général, avant de poursuivre, j'aimerais vous poser la

14 question suivante: est-ce que pendant le temps que vous commandiez la

15 Drina de la 2ème Brigade motorisée de Romanja, c'est-à-dire dans la zone de

16 responsabilité de cette brigade, y avait-il un conflit plus important

17 entre les parties en conflit?

18 M. Krstic (interprétation): C'est très difficile de parler de l'importance

19 ou de ce qui était plus important. Pendant tout le temps que j'ai été

20 chargé de la 2ème Brigade motorisée de Romanja, simplement il y avait des

21 combats sur une base quotidienne, sur les lignes de front, c'est-à-dire

22 sur les lignes des parties en conflit d'une part; et d'autre, il n'y avait

23 pas de changement plus important. A l'exception de l’intention de changer

24 la situation tactique afin que la situation sur le front soit mieux

25 contrôlée.

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1 J'aimerais également vous parler de deux exemples comme étant deux

2 exemples importants. Le premier étant celui qui se situe à l'été 1993,

3 derrière les positions de mes unités qui étaient engagées sur le front en

4 direction de Kladanj. Il y a eu une infiltration synchronisée de force, de

5 puissance de diversion qui faisait en sorte que les villages qui se

6 trouvaient sur le village d'Ham Pijesak c'est-à-dire Jeravica, Rieca, et

7 Busovaca tout simplement étaient complètement rasés au sol. La plupart des

8 citoyens de ces villages avaient été tués ou avaient été capturés. Et une

9 partie infime avait réussi à se sauver. Donc, il s'agissait du début du

10 mois d'août 1993 pour être plus précis. En fait, c'était lors de la grande

11 fête de Saint-Iljak qui est une fête orthodoxe.

12 J'aimerais également parler de l'action qui a été faite et qui a été

13 planifiée, c'était une opération faite de la part de l'armée de la

14 République de Bosnie-Herzégovine. Au début du printemps ou plutôt vers la

15 fin du mois d'avril, à Pâques qui est une autre fête orthodoxe, donc

16 depuis Kladanj, des forces très importantes ont été activées et en se

17 basant sur les forces qui avaient été engagées et en se basant sur les

18 informations reçues, le but de cette opération était de s'emparer de

19 Vlasenica et, de la sorte, de s'emparer de la zone de sécurité qui était

20 celle de Zepa. Cette offensive avait duré environ une vingtaine de jours.

21 Et elle a été arrêtée ou les forces de la République de la Bosnie-

22 Herzégovine ont été arrêtées vers le 20 mai, donc c'est un combat qui a

23 duré nuit et jour. Et il s'agissait également de la bataille appelée celle

24 de Spiliak en ce qui concerne l'armée serbe. Je crois qu'en ce qui

25 concerne l'armée et les forces armées de la Bosnie-Herzégovine,

Page 5979

1 l'offensive a été arrêtée et les forces de l'armée de la Bosnie-

2 Herzégovine étaient revenues à leur position initiale.

3 Question: La 2ème Brigade motorisée de Romanja, vous l'avez quittée en

4 1994, c'est-à-dire vous avez été transféré à un nouveau poste. Avant

5 d'aborder ce sujet, il est connu que l'armée de la Republika Srpska

6 donnait des décorations à ses officiers et aux membres de ses armées,

7 alors que vous étiez commandant de la 2ème Brigade motorisée de Romanja,

8 est-ce que vous avez reçu une telle décoration? Pourriez-vous nous en

9 parler?

10 Réponse: Non, pas pendant que j'étais le commandant de la brigade. Ni plus

11 tard ni à aucun moment, je n’ai jamais reçu quelque décoration que ce

12 soit.

13 Question: Pourriez-vous nous dire, Monsieur le Général, quelle était votre

14 nouvelle fonction que vous avez reçue? Est-ce que c'était une fonction qui

15 était liée directement au Corps de la Drina? En 1994, ou plutôt vers la

16 deuxième partie de cette année?

17 Réponse: Suivant l'ordre du ministre de la défense de la Republika Srpska,

18 le 15 août 1994, j'ai été nommé chef du Corps de la Drina. Le transfert de

19 responsabilités qui a eu lieu entre moi-même, en tant que commandant

20 jusqu'à ce jour de la brigade, et du nouveau commandant a duré du 15 août

21 jusqu'au premier septembre. Après quoi, j'ai pris une nouvelle fonction au

22 sein du commandement du Corps de la Drina, celle du chef d'état-major du

23 Corps de la Drina.

24 J'ai donc été nommé à ce nouveau poste, comme je viens de le dire grâce à

25 un ordre émanant du ministre de la Défense de la Republika Srpska.

Page 5980

1 Ensuite, le transfert de responsabilités a eu lieu entre moi-même et

2 l'homme qui occupait jusqu'à cette date le poste de chef d'état-major du

3 Corps de la Drina, le général Skocajic.

4 J'aimerais en quelques mots, si vous me le permettez, vous dire en quoi

5 consiste le transfert de responsabilités. Il s'agit d'un processus qui est

6 déterminé dans le temps. Processus au cours duquel lorsqu'un officier est

7 nommé à un poste déterminé, il prend connaissance des responsabilités et

8 des devoirs les plus élémentaires qui sont les siens en raison de la

9 fonction qu'il occupe.

10 Le transfert des responsabilités entre moi-même et l'homme qui, jusque-là,

11 occupait le poste de chef d'état-major du Corps de la Drina s'est déroulé

12 entre le 1er septembre 1994 et le 28 septembre 1994. Dans cette période,

13 dans ce laps de temps qui était donc déterminé à l'avance, j'ai pu en tant

14 que commandant du corps d'armée me familiariser avec les éléments

15 suivants. J'ai d'abord pris connaissance de la nature des devoirs et des

16 responsabilités qui étaient celles des fonctions devenues les miennes,

17 donc des responsabilités et des devoirs que je devais assumer en raison du

18 poste auquel j'avais été nommé. Dans un deuxième temps, j'ai également

19 pris connaissance assez rapidement de la structure des organes composant

20 le commandement ainsi que des responsabilités et des tâches qui étaient

21 celles de ces organes, de façon à me permettre d'utiliser au mieux ces

22 différents organes. J'ai également pris connaissance de tous les textes

23 normatifs qui régissent la vie quotidienne et le travail d'un corps

24 d'armée, et je dis bien d'un corps d'armée dans son ensemble. Et puis,

25 j'ai également pris connaissance de la façon dont étaient organisées,

Page 5981

1 constituées les unités subordonnées. Je me suis informé des conditions

2 dans lesquelles ces unités travaillaient, des conditions dans lesquelles

3 ces unités vivaient, et j'ai également fait connaissance des hommes

4 composant ces unités sur le terrain. Quand je dis sur le terrain, je pense

5 avant tout aux forces engagées à la défense dans la direction de Tuzla,

6 Kladanj, Zivinice et Olovo, c'est-à-dire au nord-ouest de la zone de

7 responsabilités. J'ai donc fait connaissance de ces hommes

8 personnellement, et ils m'ont permis de me familiariser sur le terrain

9 avec tous les problèmes qui se posaient concrètement. Bien entendu, le

10 temps consacré à ce transfert des responsabilités est insuffisant, car il

11 s'agit d'un processus qui constitue la base même des possibilités de

12 succès dans les responsabilités à venir.

13 Question: Cela signifie-t-il que le 28 septembre 1994, vous prenez donc

14 les fonctions de chef d'état-major du Corps de la Drina, sur le plan légal

15 c'est-à-dire de jure, mais également sur le plan factuel c'est-à-dire de

16 facto sur le terrain?

17 Réponse: Oui, c'est à partir de cette date que je prends effectivement mes

18 fonctions de chef d'état-major du Corps de la Drina. C'est à cette date,

19 le 28 septembre, que je mets en œuvre les droits qui sont les miens et que

20 je commence à assurer les responsabilités qui émanent structurellement des

21 fonctions auxquelles j'ai été nommé.

22 Je dirais qu'avant même la rédaction des textes relatifs à ce transfert de

23 responsabilités, on m'avait informé rapidement de la situation et des

24 intentions de la Republika Srpska, eu égard à la zone de responsabilités

25 du Corps de la Drina et plus particulièrement eu égard à l'intérieur de

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1 cette zone de responsabilités. J'ai donc été informé des forces en

2 présence à Tuzla, Zivinice et Kladanj, à Olovo, forces qui faisaient face

3 à nos lignes de défense sur ces mêmes lieux.

4 Question: Mon Général, permettez-moi de vous interrompre quelques

5 instants, j'aimerais en effet prier M. l'huissier de vous soumettre la

6 pièce à conviction de la défense D27.

7 (L'huissier s'exécute.)

8 Réponse: Pendant que M. l'huissier recherche le document en question,

9 j'aimerais ajouter ce qui suit.

10 J'ai également été informé des activités de la 28ème Division dans les

11 zones protégées de Zepa et de Srebenica, à l'encontre des positions

12 qu'occupaient les forces engagées à la défense aux environs des zones

13 protégées et à l'intérieur de la zone de responsabilités du corps d'armée.

14 J'ai donc eu connaissance de leurs actions, des armes que ces forces

15 avaient en leur possession, des déserteurs que ces unités voyaient quitter

16 leurs rangs tous les jours, des déserteurs qui quittaient ces zones pour

17 se diriger dans les directions de Tuzla, Zivinice et Kladanj.

18 Question: Mon général, ce document est un document de l'armée de la

19 Republique de Bosnie-Herzégovine, 8ème Groupe opérationnel de Srebrenica.

20 Document en date du 26 juillet 1994 et portant le numéro de référence

21 031016394. Il est adressé au commandement du 2ème Corps d'armée à

22 l'attention du commandant basé à Tuzla. Ce document existe en traduction

23 anglaise également.

24 Et il ressort de ce document que, s'agissant d'un entretien qui s'est

25 produit antérieurement avec un représentant de la présidence de guerre de

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1 la municipalité, un certain nombre de moyens techniques et matériels sont

2 énumérés, dont il est demandé qu'ils soient livrés au territoire libre de

3 la municipalité de Srebrenica. Dans cette liste, il est question de

4 fusils, de fusils-mitrailleurs et de mitraillettes au nombre de 4.000, de

5 munitions, de 500.000, 300.000, 100.000, 5.000, 100.000 encore pièces de

6 munitions, et également d'armes appelées Zolja Osa qui sont des lance-

7 roquettes multiples, et il est question également d'un certain nombre de

8 mines. Alors, votre prédécesseur vous a-t-il fait connaître la situation

9 des armements dans la zone protégée de Srebrenica?

10 Autrement dit, pour être plus précis, je vous demande s'il vous a fait

11 connaître le nombre d'armes et de pièces de munitions qui étaient

12 demandées dans cette liste? A votre avis, que représentaient ces

13 quantités?

14 Réponse: Oui, mon prédécesseur m'a appris que, nonobstant le statut de

15 zone protégée et les responsabilités découlant de l'accord conclu au sujet

16 de la démilitarisation, les forces de la 28ème Division de l'armée de

17 Bosnie-Herzégovine à Srebrenica et à Zepa ne cessaient de s'armer.

18 Autrement dit, il m'a appris que ces forces continuaient à

19 s'approvisionner en armes qui venaient s'ajouter aux armes légères, aux

20 armes d'infanterie que cette unité possédait déjà et n'avait pas

21 restituées. Et ces armements provenaient de Kladanj, de Tuzla ou

22 directement de Sarajevo.

23 La date de ce document est celle du 26 juillet 1994, il s'agit d'une

24 demande qui est adressée au quartier-général du grand commandement de

25 l'armée de Bosnie-Herzégovine. Et si la zone de Srebrenica et de Zepa

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1 était protégée, démilitarisée, et protégée par les forces des Nations-

2 Unies, on se demande comment une telle requête demandant des armes

3 supplémentaires peut avoir été écrite. Il ne s'agissait d'ailleurs pas

4 uniquement d'une demande d'armes mais également d'énormes quantités de

5 munitions destinées à ces armes qui étaient demandées dans ce texte

6 également. Et c'est le commandant de la 28ème Division, M. Nacer Oric, qui

7 a signé ce texte.

8 Question: Je demande à présent que l'on vous soumette la pièce D28.

9 M. Harmon (interprétation): Monsieur le Président, je vous prie de

10 m'excuser.

11 (Hors micro.)

12 Il semble qu'à la ligne 11/43-20 à 28, une erreur se soit glissée au

13 compte rendu d'audience en anglais. Il est dit dans le compte rendu

14 d'audience que la pièce à conviction est une demande soumise au

15 commandement suprême au grand quartier-général de la Republika Srpska,

16 alors qu'à la lecture du document il semble qu'il s'agisse d'autre chose.

17 M. Petrusic (interprétation): Merci, Monsieur Harmon.

18 Le document utilisé par la défense, la pièce à conviction D27 est une

19 demande émanant du 8ème Groupe opérationnel de l'armée de Bosnie-

20 Herzégovine, numéro de référence 1300163-94, datée du 26 juillet 1994 et

21 adressée au commandement du 2ème Corps d'armée à Sarajevo à l'attention du

22 commandant basé à Tuzla.

23 J'aimerais maintenant que nous passions à l'examen d'une autre pièce à

24 conviction, pièce à conviction de la défense D28.

25 (L'huissier s'exécute.)

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1 Monsieur le Président, ce document n'ayant pas été traduit par les

2 services de traduction du Tribunal, nous n'en possédons que la version en

3 serbe. De façon à ce que nous sachions de quel document il s'agit, son

4 numéro de référence est le n°28 dans le registre de la défense, donc pièce

5 D28B.

6 En tête "Armée de la Bosnie-Herzégovine", "Armée de la République de

7 Bosnie-Herzégovine".

8 M. Harmon (interprétation): Nous attendons le document.

9 Monsieur le Président, nous ne l'avons pas encore et nous aimerions que

10 les débats ne se poursuivent pas tant que nous n'avons pas reçu un

11 exemplaire de ce document.

12 M. le Président: D'accord, nous allons attendre. Moi-même, je ne l'ai pas

13 encore.

14 M. Harmon (interprétation): Monsieur le Président, j'ai un exemplaire de

15 ce document, je viens de le retrouver dans le classeur qui m'avait été

16 remis par le conseil de l'accusé.

17 M. le Président: Sommes-nous donc en condition de continuer?

18 M. Harmon (interprétation): Oui, merci. Mais j'aimerais pour l'avenir

19 toutefois demander quand une pièce est remise au témoin, que nous

20 recevions un exemplaire du prétoire, sinon il nous faut rechercher dans un

21 volume très considérable de documents, c’est un peu difficile.

22 M. le Président: Madame Thomson va soigner cela pour les prochaines

23 séances, elle est en train de s'organiser, je crois.

24 Maître Petrusic, nous pouvons continuer, s'il vous plaît.

25 M. Petrusic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

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1 Donc dans le document cité précédemment, dans ce document adressé au

2 commandement du 2ème Corps d'armée, service de sécurité de Tuzla, il est

3 fait état de la situation qui règne sur le territoire de Srebrenica. Il

4 est stipulé précisément qu'au cours de la nuit du 24 au 25 juillet 1994,

5 un groupe composé de 17 personnes a quitté le territoire libre de

6 Srebrenica pour se diriger vers Tuzla.

7 Mon Général, avez-vous eu connaissance de ce genre d'événements?

8 Réponse: Oui. J'ai également été informé de ce problème par mon

9 prédécesseur. Le document que nous sommes en train d'examiner est un

10 document parmi de très nombreux documents dans lesquels le fait que

11 certains quittent la zone protégée de Srebrenica et de Zepa est mentionné

12 comme constituant un problème, et les personnes qui quittent ces zones

13 sont des membres de la 28ème Division et parfois également des civils.

14 Dans les cas les plus fréquents, ces départs de la zone protégée de

15 Srebrenica et de Zepa étaient l'oeuvre de membres de la 28ème Division dont

16 les familles avaient déjà quitté la région précédemment, c'est-à-dire dès

17 le début des hostilités. Et la zone de responsabilité de la 28ème Division

18 recouvrait Zvornik, Vlasenica, Bratunac et puis Srebrenica et Milici,

19 c’était donc une zone très étendue.

20 Donc l'une des raisons principales pour laquelle ces personnes quittaient

21 la région provenait du fait que les familles de ces hommes étaient parties

22 dans la direction de Tuzla, de Kladanj et de Jaice alors que ces hommes

23 étaient restés au sein de la 28ème Division, et donc par la suite ils

24 décident eux aussi de quitter leur unité et la région pour rejoindre leur

25 famille.

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1 On constate donc bien que ce sont les membres de la 28ème Division qui

2 quittent la région, d'ailleurs leur poste et leurs responsabilités sont

3 décrits dans le texte. Il est facile de les déterminer car ils portent des

4 armes et le fait que ces hommes portaient des armes a posé de très gros

5 problèmes pour nous, quand ces hommes ont traversé les territoires, les

6 positions tenues par nos unités.

7 On constate à la lecture de ce texte qu'il s'agit d'un rapport qui est

8 envoyé par le service de sécurité du 8ème Groupe opérationnel au service de

9 sécurité du 2ème Corps d'armée à Tuzla. Ce texte est signé par le

10 commandant adjoint chargé de la sécurité, M. Betic.

11 Question: Merci, mon Général. J'aimerais que nous examinions à présent la

12 pièce à conviction de la défense D29B.

13 (L'huissier s'exécute.)

14 Ce document émane également du 8ème Groupe opérationnel de Srebrenica. Il

15 porte la référence 0302618/94 et il date du 31 août 1994.

16 Pouvez-vous s'agissant de la connaissance que vous aviez de la situation

17 régnant au sein du corps de la Drina apporter quelques commentaires à ce

18 document?

19 Réponse: Ce document traite également du fait que certains quittent la

20 zone de responsabilité pour se diriger vers Tuzla et Kladanj. Il y est

21 signifié qu'un grand nombre de personnes quittent leurs unités dans cette

22 période pour se diriger vers Tuzla et Kladanj. Le nombre, la majorité de

23 ces hommes venaient des territoires des municipalités de Glacenica et de

24 Bratunac et les familles de ces hommes étaient parties vers Kladanj et

25 Zivinice dès le début du conflit. C'est donc la raison principale pour

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1 laquelle ces hommes ont décidé de quitter leurs unités et de quitter cette

2 région.

3 Pour ma part, je dirais qu'à l'époque ce n'était pas la propagande serbe

4 qui faisait partir ces hommes mais ils avaient un but qui consistait à

5 rejoindre, à retrouver leur famille. J'ajouterais que la majorité des

6 hommes mentionnés dans cette liste sont originaires de mon village. Je

7 sais donc tout à fait bien qu'après mon arrivée en Bosnie-Herzégovine, les

8 habitants de mon village ont commencé à quitter la région pour se rendre

9 vers Tuzla, Kladanj et Zivinice. Et c'est M. Salinovic, Ekrem de son

10 prénom, qui signe ce texte. Cet exode massif en provenance de la zone

11 protégée constituait un problème important pour la 28ème Division. Problème

12 lié principalement au départ des cadres aussi bien au niveau de la troupe

13 qu'au niveau des officiers, et ce problème était également associé au

14 problème du départ des armes.

15 J'ai déjà dit tout à l'heure quand je commentais un autre document que

16 cela posait également un problème important à nos forces car ces hommes

17 passaient entre la zone protégée de Srebrenica et les positions que nous

18 occupions dans la direction de Zivinice, Tuzla et Kladanj. Il faut dire

19 donc que lorsque ces hommes arrivaient au contact de nos unités, lorsque

20 leur présence était constatée, cela produisait des heurts. Donc une

21 majorité de ces hommes ont été blessés ou tués. Et d'ailleurs la même

22 situation prévalait pour nos hommes c'est-à-dire pour ceux qui leur

23 faisaient face.

24 Question: J'aimerais que l'on soumette à présent au témoin la pièce à

25 conviction de la défense D30B.

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1 (L'huissier s'exécute.)

2 Ce document émane également du 8ème Groupe opérationnel de Srebrenica, son

3 numéro de référence est le 130170494, il porte la date du 7 septembre

4 1994. Avant que vous ne répondiez à ma question, mon Général, il y a une

5 chose qui m'intéresse plus particulièrement. Au cours de la présente

6 affaire, on parle de la 28ème division comme étant une unité présente dans

7 la zone protégée de Srebrenica, mais on trouve également l'expression 8ème

8 Groupe opérationnel qui figure dans ce texte.

9 Pouvez-vous dire s'il s'agit d'une même et seule unité?

10 Réponse: Oui, c'est une seule et même unité. Au début des hostilités sur

11 le territoire de la Bosnie orientale, à l'époque où les forces de l'armée

12 de la République de Bosnie-Herzégovine prenaient leurs positions, la

13 dénomination des forces en question était "état-major chargé de la défense

14 de la Bosnie orientale ou de Srebrenica", et par la suite il y a eu

15 réorganisation, restructuration de ces forces de l'armée de Bosnie-

16 Herzégovine. Et sur ordre du commandement de cette armée, la

17 restructuration a donc eu lieu et cette unité a changé de nom pour

18 s'appeler désormais le 8ème Groupe opérationnel de Srebrenica. Et en mai

19 1995, un nouvel ordre de l'armée de la République de Bosnie-Herzégovine

20 est arrivé qui a encore une fois changé le nom de cette unité, et le

21 nouveau nom a été "28ème Division de Srebrenica". Cette unité était donc

22 stationnée sur le territoire des zones protégées de Srebrenica et de Zepa.

23 Question: J'aimerais que nous revenions sur le document et je vais vous

24 poser ma question. Au moment du départ de la zone protégée de Srebrenica,

25 en tout cas des tentatives effectuées pour quitter cette zone protégée de

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1 Srebrenica de la part de certains, y a-t-il eu des civils et des

2 militaires qui ont sauté sur des mines posées par les représentants du 8ème

3 Groupe opérationnel puisque nous parlons de Srebrenica?

4 Réponse: Oui, le document que j'ai sous les yeux ne traite pas précisément

5 du départ de ces hommes de la zone protégée. Ici nous voyons les plans des

6 activités de la 28ème Division de Srebrenica. J'ai déjà dit que j'avais été

7 informé de la situation au moment du transfert des responsabilités, au

8 moment où j'ai pris mon poste, j'ai dit qu'à ce moment-là, j'ai appris que

9 des activités, des actions de reconnaissance permanentes s'effectuaient à

10 l'encontre des positions tenues par nos forces aux alentours des zones

11 protégées de Srebrenica et de Zepa ainsi qu'à l'intérieur du territoire

12 tenu par nous.

13 Le document que j'ai sous les yeux fait état d'actions de reconnaissance

14 menées sur nos positions le 27 juillet 1994 dans un secteur ou un soldat

15 de la division a été gravement blessé. Il est dit dans le texte qu'il

16 participait à une action de reconnaissance des positions ennemies et il

17 est également fait état de la date du 6 juillet 1994 dans le secteur de

18 Pribicevac où un autre soldat a été blessé. Et puis le 6 août dans le

19 secteur de Buljim, deux soldats ont été tués alors qu'ils effectuaient une

20 reconnaissance des positions serbes, trois ont été gravement blessés. Et

21 tous ces hommes appartenaient à la 280ème Brigade légère dans la région de

22 la Bosnie orientale déployée à Ravni Buljim à l'époque.

23 Et nous voyons que c'est M. Mirsad Dudic responsable du génie qui a signé

24 ce texte. Donc il fait état de la situation au commandement du 2ème Corps

25 d'armée et c'est lui responsable du génie que signe le texte, probablement

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1 parce qu'il avait pour tâche de poser les mines et autres moyens de

2 défense, probablement c'était donc sa responsabilité.

3 Question: La pièce suivante que je souhaite vous soumettre est la pièce à

4 conviction de la défense D31B.

5 (L'huissier s'exécute.)

6 Il s'agit d'un rapport émanant du 8ème Groupe opérationnel de Srebrenica,

7 numéro de référence 1301375/94 adressé au 2ème Corps d'armée de Bosnie-

8 Herzégovine, et portant la date du 9 septembre 1994.

9 Au bas de la première page de ce rapport, nous trouvons donc la dernière

10 phrase, je cite: "On constate des désertions en masse hors de l'enclave.

11 Au cours des 7 derniers jours, près de 1200 hommes ont quitté l'enclave,

12 un tiers sans arme".

13 Alors à en juger par les documents que nous avons vus jusqu'à présent qui

14 semblaient signaler que les départs de l'enclave étaient des actes isolés,

15 sporadiques, nous constatons qu'ici il est question de groupes importants

16 qui quittent l'enclave.

17 Avez-vous été informé de cela? Et compte tenu du fait qu'il s'agit

18 d'hommes armés, ces hommes constituaient-ils un danger pour les unités

19 stationnées aux alentours de l'enclave?

20 Réponse: Oui. Nous avons ici un document qui lui aussi fait partie de

21 documents beaucoup plus nombreux traitant du même sujet. Nous constatons à

22 la lecture de ce document que l'exode à partir de la zone protégée de

23 Srebrenica était un exode massif. J'ai dit tout à l'heure que les départs

24 s'effectuaient au quotidien, et que ces départs ont constitué un problème

25 très important pour nous, notamment lorsque les hommes qui partaient,

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1 portaient des armes.

2 Dans le texte que j'ai sous les yeux, il est signalé qu'un grand nombre

3 d'hommes quittent la zone, et ces hommes constituaient véritablement un

4 danger important non seulement pour nos unités stationnées dans la

5 direction de Tuzla, Srebrenica et Kladanj mais également pour les civils

6 qui habitaient à l'intérieur de la zone de responsabilité. Si ces civils

7 voulaient aller de Srebrenica, à Zivinice, à Kladanj ou Tuzla, ils étaient

8 en danger. Et dans ce rapport, il est question à plusieurs reprises de

9 personnes qui quittent la zone de responsabilité, et des éléments

10 d'identification sont donnés, notamment le nom des municipalités dont ils

11 sont originaires. Il est signalé également que leur objectif consiste à

12 rejoindre leur famille. Donc à l'époque il n'y avait aucune attaque, il

13 n'y avait aucune offensive, il n'y avait donc aucune offensive contre les

14 zones protégées et aucune autre raison justifiant que ces hommes quittent

15 le secteur, hormis les raisons que j'ai déjà mentionnées.

16 Question: Général, excusez-moi mais une des raisons qui est avancée dans

17 ce document, par conséquent celui qui a rédigé le rapport, il a en vue le

18 fait qu'ils quittent la zone protégée à cause de l'activité de propagande,

19 soi-disant qu'il existe un passage libre en direction de Tuzla et d'autres

20 villes?

21 Le document suivant est le document D33B. Vous avez le document devant

22 vous, mon Général. Il s'agit d'un document 13028169/94, du 7 novembre

23 1994, il a été adressé de Srebrenica au commandement du 2ème Corps d'armée.

24 Dans le paragraphe n°4, il est question de l'aide humanitaire qui doit

25 être amenée et d'un certain nombre d'articles qu'il faut séparer de la

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1 quantité d'aide humanitaire pour l'acheminer vers les membres de l'armée

2 de la Bosnie-Herzégovine.

3 Etiez-vous au courant de cette aide humanitaire qui normalement devait

4 arriver et de la manière dont cette aide humanitaire a été distribuée?

5 C'est en ce qui concerne le paragraphe n°4.

6 Réponse: Oui. J'avais quelques connaissances au sujet de l'aide

7 humanitaire qui parvient dans la zone protégée de Srebrenica. Moi, je me

8 dois de reconnaître que je n'étais pas informé des problèmes éventuels qui

9 avaient surgi jusqu'au moment où l'aide humanitaire était parvenue dans la

10 zone même protégée.

11 Mais sur la base d'un certain nombre d'informations, de renseignements

12 dont on disposait sur la manière dont la distribution a été faite, d'après

13 ces informations, je pourrais dire tout simplement la chose suivante. La

14 plupart, la plus grande quantité de cette aide humanitaire, ce que je

15 pourrais dire, a été acheminée vers les membres de 28ème Division, en

16 d'autres termes à leur famille. Et une partie de cette aide a été mise à

17 l'écart et à la disposition de quelques personnes qui s'enrichissaient là-

18 dessus et qui faisaient également du commerce avec. Ceci de toute façon

19 serait démontré comme exact.

20 Question: Deuxième page de ce même rapport. Il est question des opérations

21 d'offensive de chaque brigade qui faisaient partie intégrante du 8ème

22 Groupe opérationnel. Ce qui intéresse la défense et je pense la Chambre de

23 première instance également serait intéressée de le savoir si

24 véritablement vous étiez au courant de tout ce qui passait à cette époque-

25 là et ce qui est contenu dans ce rapport?

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1 Réponse: C'est le premier document dans le cadre d'une série de documents

2 où l'on précise de manière beaucoup plus précise sur un certain nombre de

3 mesures qui sont entreprises en vue de se préparer pour les opérations

4 offensives en provenance de Srebrenica et en direction de Tuzla, Kladanj,

5 Zivinice.

6 Il est exact qu'il s'agit là d'un rapport concernant l'état d'esprit moral

7 de la division, mais du moral de la 28ème Division. Mais il est dit

8 également entre autres, si vous me permettez, je vais en donner lecture et

9 je cite: "Donc le moral des troupes a changé depuis l'ordre du

10 commandement du 2ème Corps d'armée de l'armée de Bosnie-Herzégovine selon

11 lequel il est indispensable d'opérer les reconnaissances des positions, de

12 se préparer pour les combats vers Cerska, Kamenica et Konjevic Polje.

13 Toutes les unités ont démontré leur pleine disposition et leur volonté

14 d'effectuer des opérations sur lesquelles l'ordre existe. Le moral n'a pas

15 diminué même s'il y avait un certain nombre de blessés qui ont été des

16 victimes lors de la reconnaissance".

17 Dans ce rapport, on parle pour la première fois des préparatifs pour

18 entreprendre des opérations offensives. En d'autres termes, le

19 commandement suprême de l'armée de Bosnie-Herzégovine, en d'autres termes

20 le 2ème Corps de l'armée à Tuzla déjà en 1994 a planifié les opérations

21 offensives et non seulement en provenance de Tuzla, de Zivinice, de

22 Kladanj, mais également a planifié d'engager les forces de la 28ème

23 Division de Zepa et de Srebrenica pour que le territoire protégé soit

24 annexé à Tuzla, à Kladanj et Zivinice.

25 Pour parler très concrètement, le rapporteur, enfin celui qui a rédigé le

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1 document donc, qui envoie ce document au commandement du 2ème Corps d'armée

2 donc la section chargée du moral, il apprécie le moral individuel de

3 toutes les brigades et de toutes les troupes dans le cadre de la 28ème

4 Division, et il explique comment le moral a été élevé dans les unités,

5 dans les divisions une fois qu'ils ont appris que des opérations

6 offensives allaient être effectuées. Et plus tard, nous allons voir à

7 travers un autre document que ces opérations planifiées de sabotage ont eu

8 lieu dans la direction de Cerska, d'Udric et en provenance de Tuzla.

9 Question: La page 3 de ce rapport, mon Général, c'est juste pour terminer

10 ce rapport, deuxième paragraphe, il est dit que le problème le plus grand

11 c'est justement l'infiltration d'un grand nombre de soldats de la zone

12 démilitarisée et que la Forpronu ne remarque pas et puis d'éviter les

13 champs de mines en s'acheminant vers la direction qui leur a été

14 déterminée?

15 Réponse: Oui, il est tout à fait exact que toutes les activités qui ont

16 été entreprises à partir du moment où Srebrenica a été déclarée zone

17 protégée, toutes ces activités ont été envisagées pour que les forces des

18 Nations Unies ne soient pas au courant. Ils le cachaient. Je ne peux

19 pratiquement pas croire que les troupes du 1er Bataillon canadien et

20 ensuite du Bataillon hollandais n'auraient pas réagi si ces troupes, ces

21 forces étaient au courant de ce qui se préparait.

22 Question: Eh bien, pourriez-vous nous dire maintenant combien de temps

23 êtes-vous resté au commandement du corps d'armée, visite des unités et

24 quartier général?

25 Réponse: Après le transfert des fonctions du chef d'état-major du corps et

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1 à travers également les informations que j'ai pu recevoir, en ce qui

2 concerne les fonctions exercées, je dois dire qu'en exerçant mes fonctions

3 au sein du corps d'armée de la Drina, où je suis resté jusqu'au 1er

4 novembre 1994, quand sur ordre du commandant du corps et sur ordre du

5 grand quartier général, je mets en place une unité de niveau de brigade,

6 je l'emmène pour la faire joindre au corps d'Herzégovine, et ce pour

7 combattre l'offensive qui à cette époque-là a été entreprise par l'armée

8 de la république de Bosnie-Herzégovine de Bjelanica, d'Igman.

9 Et ceci vers la zone de la responsabilité d'Herzégovine, et je pense à

10 l'espace de Trezkavica et de Trnovo. C'est moi-même qui commande cette

11 brigade et j'étais à l'époque chef d'état-major.

12 Question: Excusez-moi, je ne vous ai peut-être pas suivi tout à fait de

13 près. Vous êtes resté jusqu'à quand, s'il vous plaît, sur le territoire de

14 Trnovo et Treskavica?

15 Réponse: Je suis resté dans la région de Trnovo et de Treskavica, par

16 conséquent la zone de responsabilité du corps d'armée d'Herzégovine

17 jusqu'à mi-décembre 1994, au moment où je rentre de nouveau au

18 commandement du corps à Vlasenica, à mon poste de commandement pour

19 poursuivre mes activités dont je me suis chargé. Une fois rentré de la

20 zone de responsabilité du corps d'armée d'Herzégovine, il va sans dire que

21 j'ai d'abord demandé les informations sur les problèmes du corps d'armée

22 de Vlasenica. Et tout particulièrement on m'a informé des activités

23 concernant l'armée de Bosnie-Herzégovine et les opérations que ces forces

24 avaient entreprises face à ma zone de responsabilité.

25 J'essaie également de voir quelles sont les tentatives de l'armée de

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1 Bosnie-Herzégovine et de comprendre ce dont il s'agit en ce qui concerne

2 leurs opérations, notamment au nord-ouest du côté de Tuzla, Kladanj,

3 Olovo, Zivinice.

4 J'ai également pris connaissance des opérations futures que le

5 commandement de la 28ème Division de Srebrenica sur ordre du commandement

6 suprême de l'armée de Bosnie-Herzégovine et le commandant du 2ème Corps

7 d'armée de Tuzla, effectue face aux positions de l'armée de la Republika

8 Srpska autour de la zone protégée et à l'intérieur de la profondeur de

9 notre territoire, et tout premièrement je pense au territoire du côté de

10 la municipalité de Milici, ensuite Han Pijesak et du côté de la

11 municipalité de Vlasenica.

12 Par ailleurs, on m'a appris également toutes les opérations concernant

13 l'armement et l'approvisionnement en armes et munitions qui parvenaient

14 dans la zone protégée, et l'armement donc qui était destiné aux membres de

15 la 28ème Division. Il y avait le premier phénomène également d'hélicoptère

16 qui est arrivé de Tuzla, de Kladanj vers les zones protégées.

17 Question: Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges, je pense

18 qu'il y a un plan de pause que nous observons. Mais je vais vous demander

19 Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges de bien vouloir

20 éventuellement faire quelques écarts les jours qui viennent, pour

21 raccourcir le temps de l'interrogatoire. C'est pourquoi je vais vous

22 proposer dès maintenant une pause si vous voulez bien l'accepter.

23 M. le Président: Oui, très bien. Nous allons fonctionner avec le schéma

24 d'une demi-heure de pause et cela entraîne la logique d'une autre demi-

25 heure. Si nous faisons de toute façon maintenant une demi-heure de pause,

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1 nous allons avoir une période de travail d'une heure et demie. Je ne sais

2 pas si les conditions de santé du général peuvent permettre de faire un

3 peu plus de 10 minutes maintenant, sinon on fait la pause maintenant.

4 Vous préférez faire la pause maintenant, Maître Petrusic?

5 M. Petrusic (interprétation): Oui.

6 M. le Président: D'accord, donc nous allons faire la pause d'une demi-

7 heure.

8 (L'audience, suspendue à 12 heures 35, est reprise à 13 heures.)

9 M. le Président: Très bien, Maître Petrusic. Vous pouvez continuer, s'il

10 vous plaît.

11 Maître Petrusic, avant de recommencer, nous allons en principe travailler

12 jusqu'à 2 heures 30. Est-ce que le général Krstic est en condition de

13 faire cette période de travail ou on doit faire une petite pause? On va

14 voir. C'est votre geste.

15 M. Petrusic (interprétation): Le mieux sans doute, c'est que nous voyons

16 un peu plus tard.

17 M. le Président: Général Krstic, si vous avez besoin d'une pause, vous

18 nous le dites si vous êtes en condition de poursuivre ou non.

19 M. Krstic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

20 M. Petrusic (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Dans le même

21 ordre d'idée que ce que vous avez dit dans votre réponse précédente,

22 Monsieur le témoin, je demanderais à l’huissier de vous remettre à présent

23 la pièce à conviction de la défense D32B.

24 (L'huissier s'exécute.)

25 Ce document a pour numéro de référence 13001-202, et je dois dire que

Page 5999

1 l'en-tête est illisible. Mais le corps du texte se lit beaucoup plus

2 facilement. Il est envoyé par le commandant du 8ème Groupe opérationnel, le

3 général de brigade Nacer Oric, au commandement de la 284ème Brigade à

4 l'attention du commandant, et ce document est daté du 6 octobre 1994 à 10

5 heures. Il s'agit d'un ordre et au premier paragraphe, nous lisons ce qui

6 suit: "Entamer immédiatement les préparatifs et le choix des hommes afin

7 de mener des opérations de reconnaissance dans le territoire

8 temporairement occupé de la région de Konjevic Polje". Fin de citation.

9 Ma première question, mon Général, est la suivante. A cette époque-là,

10 Konjevic Polje représentait-il un secteur tenu par les forces de l'armée

11 de la Republika Srpska et plus précisément par le Corps de la Drina mais

12 qui se trouvait à l'extérieur de la zone protégée de Srebrenica?

13 Réponse: Pour commencer, je dirais qu'il ne s'agissait pas d'un secteur

14 tenu par les forces de l'armée de la Republika Srpska, ce n'était donc pas

15 un secteur défendu. En effet, les forces du Corps de la Drina se

16 trouvaient plus près de Srebrenica, il s'agissait plus précisément des

17 forces tenues par la Brigade de Bratunac et de Milici.

18 Question: Excusez-moi?

19 Réponse: C'est un endroit où le 5ème Bataillon du génie du Corps de la

20 Drina était stationné. C'était donc l'endroit où les hommes appartenant au

21 5ème Bataillon du génie vivaient et travaillaient, il s'agit d'une unité de

22 combat.

23 M. Visnjic (interprétation): Monsieur le Président, je vous prie de

24 m'excuser mais j'essaie d'accélérer les débats. Et donc je me permettrais,

25 si vous le voulez bien, de corriger les fautes au compte rendu d'audience

Page 6000

1 en anglais. Il s'agit du document 13004-202 du 6 octobre 1994. Et je

2 corrige une nouvelle erreur, le dernier chiffre est 202. Donc il s'agit du

3 document -je répète- 130-04-202.

4 M. le Président: Oui, vous avez raison, Maître Visnjic. Merci beaucoup

5 d'avoir attiré notre attention.

6 Vous pouvez continuer, Maître Petrusic, s'il vous plaît.

7 M. Petrusic (interprétation): Donc le 5ème Bataillon du génie était

8 stationné à Konjevic Polje et c'était un bataillon qui dépendait du Corps

9 de la Drina?

10 M. Krstic (interprétation): Oui.

11 Question: A la lecture de ce document, constate-t-on que les opérations

12 menées par le 8ème Groupe opérationnel se poursuivent en direction des

13 forces de l'armée de la Republika Srpska?

14 Réponse: Oui, il s'agit d'un ordre émanant du commandant du 8ème Groupe

15 opérationnel et adressé à un commandant d'une de ces brigades. En effet,

16 le texte est adressé au commandant de la 284ème Brigade de l'armée de

17 Bosnie-Herzégovine en Bosnie orientale. C'est un ordre qui stipule

18 précisément un certain nombre d'instructions en vue d'organiser des

19 opérations de reconnaissance. Et cet ordre a un rapport direct avec les

20 explications que j’ai fournies au sujet des documents vus précédemment qui

21 traitaient des préparatifs destinés à lancer des opérations offensives

22 dans la zone de Konjevic Polje, Cerska et Tuzla. C’est en effet l'axe le

23 plus court permettant de relier Srebrenica à Tuzla et c'est le long de cet

24 axe que ces opérations devaient être organisées.

25 Question: J'aimerais que l'on soumette au témoin un autre document, le

Page 6001

1 document portant le numéro de référence 570-11/94.

2 Il s’agit de la pièce à conviction de la défense D34B, et ce document

3 porte la date du 7 novembre 1994.

4 (L'huissier s'exécute.)

5 L'en-tête de ce document est la suivante: "Plan des actions contre-

6 offensives S.B.". Et la défense vous demande de faire état des

7 informations qui étaient les vôtres au sujet de ces actions menées par le

8 8ème Groupe opérationnel et plus précisément par le bataillon S.B..

9 Réponse: Ce document a un rapport avec les documents examinés

10 précédemment. Le commandant du Bataillon de Montagne autonome de

11 Srebrenica agit selon les ordres reçus du commandant du 8ème Groupe

12 opérationnel. Il s'agit de ce qui est dénommé ici, un plan destiné à mener

13 des offensives, des contre-offensives. Ce plan de contre-offensive doit

14 être mené à bien par le Bataillon de Montagne autonome. Selon les

15 renseignements à notre disposition, ce Bataillon de Montagne autonome

16 était l'unité de combat dépendant de la 28ème Division, ce qui ressort de

17 la lecture de ce rapport.

18 Le commandant du 8ème Groupe opérationnel assigne donc une tâche précise à

19 ce bataillon qui devait pénétrer à l'intérieur des forces contrôlées par

20 les Serbes. Dans le cadre d'une avancée de forces diverses, du reliquat

21 des forces sur le terrain qui devaient s'efforcer d'élargir la zone de

22 Srebrenica avant une date déterminée, en effectuant une jonction entre

23 plusieurs forces, donc la tâche qui est donnée au bataillon consiste à

24 envoyer des unités selon des axes qui sont précisés dans le texte. Chaque

25 unité se voit affecter d’une tâche précise, et la composition des forces

Page 6002

1 en présence était mentionnée également. Dans ce texte, on va jusqu'à

2 déterminer les armes qui doivent être utilisées afin de mener à bien cette

3 mission. On trouve, en effet, la liste d'un certain nombre de dispositifs

4 ainsi que des munitions nécessaires pour exécuter ces opérations de

5 reconnaissance et de sabotage.

6 Et j'aimerais donner lecture d'un paragraphe qui se trouve à la fin du

7 texte, c'est-à-dire en page 2 -le dernier paragraphe de la page 2-, je

8 cite:

9 "Au moment de la prise de Stoljice, une partie des forces reste sur place

10 et une autre partie de ces mêmes forces se dirige vers Brdo dans le cadre

11 de nouvelles opérations. Cette direction se situe à l'intérieur du

12 territoire contrôlé par les Serbes. A partir de Megasica, les soldats

13 doivent se diriger vers Brdo et l'autre partie des forces doit se diriger

14 vers Polo. Dans ce plan de contre-offensive, les soldats de Krusev Dol ne

15 sont pas mentionnés, or Krusev Dol se trouve sur le territoire de la zone

16 protégée de Zepa. Donc ces hommes ne font pas partie de ce bataillon et ne

17 font pas partie non plus d'un quelconque autre bataillon ou d'une

18 quelconque autre brigade stationnée sur le territoire de la zone protégée

19 de Srebrenica.

20 Autrement dit, des soldats de la 1ère Brigade de Zepa qui faisaient partie

21 également des forces de la 28ème Division au moment où le 8ème Groupe

22 opérationnel est devenu la 28ème Division reçoivent également des

23 instructions.

24 M. Visnjic (interprétation): Ligne 24 de la page 46, les termes exacts

25 sont en provenance de Srebrenica et vers Tuzla.

Page 6003

1 M. le Président: Oui, on lisait "Tuesday". Le transcript va être corrigé.

2 Comme vous le savez, ils vont le corriger. Par contre, j'aimerais bien

3 attirer votre attention si vous citez le document, il faut être clair

4 quand vous commencez à citer et quand vous finissez de citer, sinon là on

5 peut avoir des problèmes.

6 Vous voyez, Maître Petrusic, en lisant le texte, si le général Krstic fait

7 un commentaire et si vous ne citez pas la fin de la citation, on reste

8 avec un problème. Donc faites attention à cela, s'il vous plaît.

9 M. Petrusic (interprétation): La pièce suivante est la pièce de la défense

10 D35B.

11 (L'huissier s'exécute.)

12 M. le Président: Je vois que le texte introduit Busovaca, on n'a jamais

13 parlé de Busovaca ici, mais on va voir quel est le résultat. Nous

14 travaillons dans ces conditions.

15 Je parle de la page 48, ligne 7. On va éliminer Busovaca, cela n'a rien à

16 voir avec cette question.

17 M. Petrusic (interprétation): Ce document provient de l'armée de la

18 République de Bosnie-Herzégovine, du commandement de la 283ème Brigade, le

19 numéro de référence étant 191/10/94 et ce document porte date du 7

20 novembre 1994. Je cite: "Nos unités composées de 20 soldats ont reçu pour

21 mission de pénétrer dans le territoire ennemi et peuvent être considérées

22 comme un peloton d'infanterie renforcé par des pelotons du génie aux fins

23 de s'opposer au peloton de blindés et au peloton de sabotage. Nous

24 considérons que les lignes à reprendre ne sont pas renforcées car elles

25 sont éloignées. Nous supposons que l'ennemi tient une caserne non loin de

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1 l'école, caserne dans laquelle se trouve un nombre de soldats égal à un

2 peloton et qui est protégé par des blindés transports de troupes et des

3 chars. Une voie de communication importante menant à Milici permet

4 également la défense de ce site."

5 Avant de vous poser ma question, j'aimerais citer un autre passage de cet

6 ordre qui se trouve en première page, cinquième paragraphe, je cite:

7 "Notre unité dispose de 200 canons, dont 30 au moins doivent être laissés

8 sur place pour la défense de Srebrenica, et à mon avis, 120 canons sont

9 disponibles ainsi que 5 lance-roquettes multiples zolja et sans doute un

10 mortier avec trois obus."

11 Mon Général, sur la base de ces citations, pouvez-vous déterminer quelles

12 étaient les intentions de ces unités et la façon dont ces unités avaient

13 l'intention de mener à bien leur mission? Pouvez-vous expliquer en quoi

14 consiste ces canons dont il est question dans le texte?

15 M. Krstic (interprétation): C'est un ordre qui émane du commandant de la

16 283ème Brigade légère de Bosnie orientale et qui est adressé aux unités

17 subordonnées en vue de l'exécution d'une mission qui a été assignée à ces

18 hommes par le commandant du 8ème Groupe opérationnel, à savoir le général

19 Oric. Donc ce document a un lien avec le document dont j'ai parlé

20 précédemment dans lequel Oric donnait des ordres à toutes les unités

21 menant des opérations de combat dans la zone de Srebrenica, Konjevic Polje

22 et Cerska, Drbce et Tuzla. C'est donc un ordre tout à fait normal de la

23 part d'un commandant.

24 Mais vous venez de me demander ce que signifie exactement le terme "canon"

25 dans ce texte, et je tiens à dire d'abord que les forces dont il est

Page 6005

1 question dans ce texte avaient à leur disposition des unités anti-chars,

2 des unités de génie, des unités de sabotage qui étaient équipées et armées

3 afin de réaliser les tâches qui leur étaient confiées.

4 Le terme de "canon" utilisé dans ce texte n'a rien de spécial, c'est en

5 fait un terme qui désigne les fusils à la disposition de ces hommes mais

6 ce sont des fusils dont le canon est associé à une baïonnette, à une

7 espèce de couteau. Et on trouve ce genre de baïonnettes ou couteaux sur

8 les Kalachnikovs ainsi que sur les armes qui étaient en la possession de

9 l'ex-JNA. C'est donc une baïonnette que l'on peut retirer ou placer sur le

10 fusil selon les besoins.

11 Question: A la fin de cet ordre en page 3, avant-dernier paragraphe, je

12 cite: "A mon avis, il faut attendre que les unités venant de Tuzla

13 s'emparent des points capitaux que constituent Udric, Cerska, Kulja et

14 autres, après quoi on peut procéder à des infiltrations. Toute poursuite

15 de l'action au-delà de 24 heures sur nos lignes sans qu'il y ait avancée

16 des forces du 2ème Corps d'armée dans notre direction nous serait fatale".

17 C'est le mot "fatale" qui est utilisé dans le document original. Est-il

18 exact que ce plan ou plutôt cette action aurait du être synchronisée avec

19 l'action des forces du 2ème Corps d'armée venues de Tuzla, donc des forces

20 qui seraient venues aider les forces provenant de Zvornik et de Milici

21 ainsi que celles qui se déplaçaient à partir de Srebrenica et qui

22 faisaient partie du 8ème Groupe opérationnel?

23 Réponse: Oui. Ce texte est un ordre émanant du commandant du 2ème Corps

24 d'armée de Bosnie-Herzégovine dont l'objectif constitue la jonction avec

25 les forces provenant du secteur de Srebrenica. Et d'ailleurs, la suite des

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1 événements prouvera que c'est bien cela qui constituait son objectif. Le

2 commandant du 2ème Corps d'armée dans ce texte fait connaître son point de

3 vue d'une façon tout à fait ouverte et sincère, car pénétrer aussi

4 profondément à l'intérieur des positions tenues par les Serbes constituait

5 un risque réel, pour autant que les forces de Tuzla ne se mettent pas en

6 mouvement et qu'elles n'aient pas le temps de progresser suffisamment

7 loin.

8 Donc dans ces conditions, il aurait été impossible de tenir le secteur

9 s'il n'y avait pas jonction avec les forces venant de Tuzla. Et nous le

10 constaterons, nous verrons par la suite au début de 1995, ce qui se

11 produira de ce point de vue.

12 Question: Dans l'une de vos réponses précédentes, vous avez parlé de Naser

13 Oric en le qualifiant de général. Etait-ce un lapsus de votre part ou

14 était-ce bien son grade?

15 Réponse: Non, ce n'était pas un lapsus. Selon les informations dont nous

16 disposions, Naser Oric était effectivement général et commandait d'abord

17 l'état-major de la défense territoriale à Srebrenica, puis les forces du

18 8ème Groupe opérationnel et ensuite, à partir de mai 1995, il a commandé

19 aussi les forces de la 28ème Division. Donc il était général et il

20 commandait la 28ème Division.

21 Question: J'aimerais que l'on vous soumette à présent la pièce à

22 conviction de la défense D36B.

23 (L'huissier s'exécute.)

24 Ce document émane du commandement du 8ème Groupe opérationnel de

25 Srebrenica, sous le numéro de référence 01/1-2, daté du 9 novembre 1994 et

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1 adressé au commandement du 2ème Corps d'armée à Tuzla.

2 En page 2 de ce document, qui porte la signature de Naser Oric, nous

3 trouvons le passage suivant, je cite: "En raison de cela, je vous prie

4 s'agissant de la jonction des forces du 8ème Groupe opérationnel et du 2ème

5 Corps d'armée dans le cadre des opérations de combat, d'exécuter également

6 cet ordre jusqu'à la date prévue pour la fin des opérations planifiées. Je

7 vous demande également de rendre compte de ce qui se sera passé".

8 Donc la jonction de l'enclave de Srebrenica avec le secteur tenu par les

9 forces du 2ème Corps d'armée, dont le quartier-général était à Tuzla,

10 constituait-il une action planifiée et continue?

11 Réponse: Oui.

12 Question: Avant de poursuivre, nous avons ici la pièce à conviction de

13 l'accusation n°2 qui est une carte géographique. Je vous prierai de bien

14 vouloir sur cette carte indiquée où se trouvaient les positions du 2ème

15 Corps d'armée.

16 (Le témoin se lève pour l'indiquer sur la carte.)

17 Je vous prierai de nous montrer où se trouvaient les unités du 2ème Corps

18 d'armée et les unités du 8ème Groupe opérationnel.

19 Réponse: Comme chacun le sait bien, le commandement du 2ème Corps d'armée

20 de la République de Bosnie-Herzégovine était situé à Tuzla. Les forces du

21 2ème Corps d'armée de la République de Bosnie-Herzégovine étaient déployées

22 dans trois directions, c'est-à-dire sur trois fronts où des actions

23 étaient en cours. L'une de ces directions se situait vers Doboj, c'est-à-

24 dire à l'ouest de Tuzla où ces hommes faisaient face aux hommes du 1er

25 Corps d'armée de la Republika Srpska. La deuxième direction, le deuxième

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1 axe allait vers le nord, c'est-à-dire vers les forces du Corps d'armée de

2 Bosnie orientale dont le commandement été basé à Bjelina. Une partie de

3 ces forces étaient déployées dans des opérations de défense et des

4 opérations offensives visant les unités du corps de la Drina selon l'axe

5 Tuzla, Kalecia, Svornik. Il s'agit des forces stationnées ici, comme je

6 l'indique sur la carte.

7 Quant aux lieux d'où devaient provenir les forces destinées à effectuer la

8 jonction avec celles du 2ème Corps d'armée dans le cadre d'une action

9 offensive, elles étaient déployées entre Srebrenica et Tuzla, c'est-à-dire

10 dans la direction qui va de Srebrenica vers Kalecia, le secteur que

11 j'indique ici, et l'axe dont nous avons parlé est ici, Srebrenica,

12 Konjevic Polje, Udric et plus loin jusqu'à Kalecia.

13 Question: Pour le compte rendu d'audience, les forces du 2ème Corps d'armée

14 sur la pièce à conviction de l'accusation n°2 sont indiquées au stylo

15 bleu. Je vais vous demander maintenant, s'il vous plaît, de montrer la

16 pièce 39B.

17 (L'huissier s'exécute.)

18 Il s'agit d'un document qui émane de l'armée de Bosnie-Herzégovine, 283ème

19 Brigade, le numéro du document est 22-50-59 du 13 novembre 1994.

20 Il s'agit du document 22-50-59 dans le compte rendu, c'était marqué 52.

21 En ce qui concerne ce document, Général, je pense que je peux dire qu'il

22 s'agit d'un plan, d'ailleurs on le voit au libellé. On parle donc et je

23 cite: "Pour désarmer les membres de la Forpronu dans le camp Vezjonica,

24 Srebrenica, par le plan on a envisagé de confisquer tous les moyens

25 matériels et techniques qui sont à la disposition des représentants de la

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1 Forpronu; par conséquent toutes munitions appartenant à l'infanterie, les

2 liaisons, vêtements, chaussures et le reste; tout ce qui peut être d'une

3 importance particulière pour l'armée de Bosnie-Herzégovine au cours de ces

4 défenses et la libération de la République de Bosnie-Herzégovine".

5 Je continue: "Pour ce qui concerne les renseignements dont on dispose dans

6 le camp, il y a un peu plus que 70 membres des Nations-Unies armés avec

7 six Pams qui sont installés sur les transporteurs. Pour pouvoir effectuer

8 cette action, il est indispensable d'engager 50 membres de notre brigade

9 dont 35 membres du DVDI, malheureusement je ne connais pas la

10 signification et les 15 membres de POC, encore une abréviation que nous ne

11 connaissons pas, et déployer dans les cinq dizaines".

12 Mon Général, est-ce que vous connaissez le plan, compte tenu du fait que

13 de nombreux documents que nous avons passés en revue jusqu'à maintenant

14 associent les activités, en peu de temps, en une période de temps qui est

15 <très déterminée.

16 Réponse: D'un côté, il y a les activités de la 28ème Division à savoir du

17 8ème Groupe opérationnel, en coopération avec les activités du 2ème Corps

18 d'armée?

19 Question: Excusez-moi, mon Général, je vous interromps, juste un petit

20 moment. Etant donné qu'il s'agit d'un document dont la traduction existe

21 en version anglaise, je vais vous demander s'il vous plaît de bien vouloir

22 mettre sur le rétroprojecteur, si bien évidemment les Juges ne disposent

23 pas de la traduction en anglais, il s'agit du 39A.

24 M. le Président: Maître Petrusic, nous avons le document. Mais il est

25 toujours mieux de le mettre sur le rétroprojecteur parce que j'ai pu

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1 constater que par exemple il peut y avoir des divergences entre la

2 traduction que nous avons ici sur papier et la traduction que les

3 interprètes ont faite à partir du document en BCS.

4 Cela veut dire que demain si nous allons revoir ce document, la lecture du

5 document ne coïncide pas avec la citation qui est sur le compte rendu. Et

6 pour éviter cela, vous avez toujours la version anglaise, comme vous savez

7 le compte rendu c'est en anglais et pas en BCS. Nous attendons quand même

8 d'avoir les autres traductions le plus tôt possible. Donc pour conclure

9 quand vous avez un document en anglais, c'est bien de le mettre sur le

10 rétroprojecteur, de cette façon on ne crée pas de divergence entre le

11 document, la traduction du compte rendu.

12 Poursuivez, s'il vous plaît, maintenant.

13 M. Petrusic (interprétation): Je vous en prie, mon Général.

14 M. Krstic (interprétation): Eh bien, pour ce qui est de ce document, c'est

15 un document qui est bien évidemment en relation avec la participation de

16 la 28ème Division dans les opérations de combat ensemble avec le 2ème Corps

17 d'armée en provenance de Tuzla et en direction de Srebrenica, et l'inverse

18 également dans le cadre des opérations de combats qui ont été effectuées

19 en provenance de Srebrenica en direction de Tuzla et ceci dans le but

20 d'effectuer la jonction avec le corps d'armée.

21 Au moment où j'ai dit tout à l'heure qu'au moment du transfert des

22 fonctions, au moment où on m'a mis au courant de tout ce qui se passait

23 sur le terrain et au moment où on m'avait appris également quelle était la

24 situation au niveau de l'armée de Bosnie-Herzégovine, des objectifs qu'ils

25 poursuivaient vis-à-vis de la zone de responsabilités qui fut la mienne,

Page 6011

1 je vous ai précisé que ces forces indépendamment du fait qu'il s'agissait

2 d'une zone protégée et que normalement la zone protégée de Zepa et

3 Srebrenica aurait dû être démilitarisé, que ces deux zones tout en étant

4 protégées, eux ils s'armaient sans cesse, une des formules justement de

5 s'armer était le plan, le plan qu'ils avaient envisagé pour désarmer les

6 forces de la Forpronu.

7 D'ailleurs vous venez d'en donner la lecture, Maître Petrusic, selon le

8 plan que vous avez lu, la 283ème Brigade légère avait reçu des consignes

9 qui étaient extrêmement précises. Ils avaient pour tâche de remplir ce qui

10 leur a été ordonné. Il y a également le graphique qui en témoigne et qui

11 accompagne le texte notamment quand il s'agit des données concernant les

12 troupes de la Forpronu qui étaient basées dans ce camp et donc on précise

13 toutes les tâches de la 283ème Brigade. Je ne sais pas bien évidemment si

14 le plan avait été réalisé, je ne sais pas si la 283ème Brigade l'avait

15 réalisé.

16 Question: Ce plan envisage également l'ouverture du feu dans des cas très

17 précis au moment où le plan est mis en route. Et ceci fait partie de la

18 tâche de la 5ème Dizaine, c'est la page 2 du plan, du texte, du document

19 que nous avons sous les yeux.

20 Auriez-vous un commentaire à faire à ce sujet là, mon Général?

21 Réponse: Oui. Quand il est question des tâches qui ont été assignées à

22 d'autres groupes, ces tâches normalement ne doivent pas être ordonnées de

23 telle façon, mais vous voyez que la 5ème Dizaine justement avait une telle

24 tâche avec une observation, toutefois si les forces de la Forpronu

25 résistent.

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1 Comme je l'ai déjà précisé, le commandement de la 28ème Division et cette

2 brigade qui lui a été subordonnée ainsi que d'autres unités, que toutes

3 les activités de combat ont été effectuées à l'insu de la Forpronu. Et

4 vous pouvez bien en conclure de ce document, "l'objectif" (entre

5 guillemets) était également les forces de la Forpronu. On peut très bien

6 constater de ce document qu'ils ne faisaient pas confiance aux forces de

7 la Forpronu à leur mission pacifique. Et ceci bien évidemment à condition

8 de constater qu'ils ne se mettent pas au service de leur propre défense ou

9 bien si ces forces de la Forpronu ne réagissent pas comme ils le

10 conçoivent et pour pouvoir mettre en oeuvre le plan, le plan qui concerne

11 des opérations de combats.

12 Question: Le document suivant est le document D40.

13 (L'huissier s'exécute.)

14 Excusez-moi, j'ai commis une erreur, il s'agit du document D45. Une fois

15 de plus, il s'agit d'un document émanant du 8ème Groupe opérationnel. La

16 référence est 01/130-125, datant du 15 novembre 1994, et adressé à l'état-

17 major du commandement suprême de l'armée de Bosnie -Herzégovine en mains

18 propres du général de Brigade, Enver Hadzihasanovic à Kakanj.

19 C'est la première fois qu'on parle ici de Kakanj, ville qui fait partie de

20 la zone de responsabilités du 2éme Corps d'armée et c'est à cet état-major

21 du commandement suprême que l'on envoie un tel document.

22 Moi, j'ai perdu le souvenir de tels documents. Je pense que c'est bien la

23 première fois que nous avons un document adressé à l'état-major du

24 commandement suprême à Kakanj.

25 Réponse: Il s'agit d'un poste de commandement avancé de l'état-major de la

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1 République de Bosnie-Herzégovine qui se trouve à Kakanj et c'est où se

2 trouve Enver Hadzihasanovic, le général Enver Hadzihasanovic.

3 Ultérieurement, nous allons pouvoir constater quel était l'objectif du

4 séjour du général Enver Hadzihasanovic à IKM à Kakanj, à ce poste de

5 commandement avancé à Kakanj. C'est à partir de ce poste de commandement

6 avancé qu'il commande l'opération intitulée Skakavac, "sauterelle"; c'est

7 une opération qui a pour but des diversions, sabotages sur un territoire

8 beaucoup plus large de Bosnie-Herzégovine et entre autres dans le secteur

9 oriental de Bosnie. L'opération intitulée Skakavac, "sauterelle", est une

10 intitulation confidentielle.

11 Pour que cette opération puisse être effectuée, on avait intégré les

12 forces de la 28ème Division de Srebrenica et de Zepa. Indépendamment du

13 fait que tout le monde est au clair en ce qui concerne ces deux

14 territoires et qu'il s'agissait des zones protégées, des zones qui étaient

15 mises sous le contrôle des Nations-Unies.

16 Question: Pour ce qui concerne le 8ème Groupe opérationnel, il y a le

17 commandant Oric et lui, Naser il demande au général de brigade de

18 compléter, je cite: "Des cartouches de dimension 120 millimètres".

19 C'est la dernière page de cet ordre. "Ensuite de 7,9 millimètres, 55 000

20 cartouches au total, ensuite Zolja, 150 pièces, ensuite des munitions pour

21 lance-roquettes "Osa" 50 pièces, des mines pour le RB, lance-roquettes

22 avec munitions, 200 pièces, et les Motorola 50 pièces."

23 Compte tenu de la composition du 8ème Groupe opérationnel dont on va parler

24 quelque peu plus tard, cette quantité de munitions et d'armes qui est

25 réclamée, requise, pourriez-vous dire, mon Général, que nous pouvons en

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1 conclure que c'est un paramètre, un critère sur la base de laquelle nous

2 pouvons voir quelles sont les dimensions et quels sont les objectifs du

3 8ème Groupe opérationnel?

4 Réponse: Oui, le commandant du 8ème Groupe opérationnel exige de l'officier

5 qui lui a donné l'ordre, il a donc obtenu l'ordre de l'état-major du

6 commandement suprême avec le poste de commandement avancé à Kakanj, il a

7 obtenu un ordre.

8 Et à la question que vous venez de me poser concernant les quantités de

9 munitions et d'armes exigées par le commandant du 8ème Groupe opérationnel,

10 témoigne de la tâche que la division avait à accomplir. Il demande de

11 compléter les moyens techniques et matériels qui lui manquaient, qu'il

12 avait déjà utilisés. Il n'avait plus à sa disposition tous ces moyens

13 matériels et techniques, et pour pouvoir effectuer la tâche qu'on lui a

14 demandée quand on a délivré l'ordre, il n'avait plus ces moyens à sa

15 disposition, il a demandé 150 armes, ensuite il a demandé des Zoja

16 également. Ensuite il a demandé des Osa, des lance-roquettes, 50 pièces,

17 ensuite également des mortiers, il a demandé 50 pièces également.

18 Tout ceci pour vous dire qu'il a pratiquement tout utilisé. Il n'a plus

19 ces moyens matériels et techniques. Il doit en revanche sur son ordre

20 accomplir une autre tâche, par conséquent il a besoin de compléter ce qui

21 lui manque pour pouvoir réaliser les tâches qui lui sont assignées. Et

22 dans le cadre de l'opération Skakavac, qui est en effet une introduction à

23 d'autres opérations de combat, ou bien il y a d'autres opérations qui ont

24 été envisagées parallèlement avec cette opération très précise intitulée

25 Skakavac "sauterelle". Comme je l'ai dit...

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1 Question: Mais nous allons y revenir ultérieurement.

2 La pièce à conviction que nous allons maintenant examiner est D38B.

3 (L'huissier s'exécute.)

4 M. Petrusic (interprétation): Monsieur le Président. Moi, il est vrai que

5 je n'aime pas contrecarrer les activités normales de la Chambre, mais je

6 vais quand même vous demander de vouloir bien accorder une petite pause à

7 mon client.

8 M. le Président: Nous allons vous donner 10 minutes.

9 M. Petrusic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

10 (L'audience, suspendue à 14 heures, est reprise à 14 heures 10.)

11 M. le Président: Maître Petrusic, nous pouvons continuer, s'il vous plaît.

12 M. Petrusic (interprétation): Je vous demanderais, Monsieur l'Huissier, de

13 placer le document qui porte la référence 38B sur le rétroprojecteur.

14 (L’huissier s'exécute.)

15 Il s'agit du document portant le numéro de référence 38B. Le commandement

16 du 8ème Groupe opérationnel de Srebrenica. Placez le, s'il vous plaît, sur

17 le rétroprojecteur, je vais donner lecture du document. Il s'agit donc du

18 8ème Groupe opérationnel de Srebrenica n°130-01-123/94, à Srebrenica, le 11

19 novembre 1994, à l'intention du commandement du 2ème Corps, à l'intention

20 d'être remis en main propre au commandant de Tuzla et je cite avec votre

21 document inscrit sous le n°02-1/1347-1, en date du 1 novembre 1994,

22 "On me demande de coopérer avec le commandant de la brigade de Zepa qui

23 s'appelle Avdo Palic et d'engager un guide de Zepa afin de pouvoir diriger

24 un groupe de combattants en direction de Kladanj enfin de pouvoir

25 introduire ou emmener des moyens matériels et techniques et plus

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1 précisément des munitions."

2 "Puisqu’à cette époque, à Srebrenica, le commandant de la brigade de Zepa

3 y était, j'ai pu faire sa connaissance personnellement suivant votre ordre

4 et j'ai donc, je me suis entretenu avec lui afin de, nous nous sommes mis

5 d'accord afin de diriger le groupe en direction de Kladanj avec lui, et de

6 Srebrenica, un groupe de combattants est parti pour qu'il puisse organiser

7 le voyage vers Kladanj. Par contre, ce groupe est revenu au bout de 5

8 jours de Zepa en direction de Srebrenica et m'a avisé que le commandant

9 Palic ne pouvait pas organiser le voyage en direction de Kladanj parce que

10 ses combattants avaient refusé de servir de guides et d'obéir aux ordres,

11 de suivre ce qui leur a été dit. Je vous prierais donc de m’aviser par

12 écrit de l'état de la brigade de Zepa puisque le commandant Palic m'a

13 avisé oralement que ce même groupe avait été mis sous le commandement du

14 8ème Groupe de Srebrenica. Je vous demanderais, s'il vous plaît, de vous

15 adresser à moi, je vous demanderais que «Chico» nous transmette les

16 munitions. Signé, jusqu'à la victoire finale, commandant de la brigade

17 Nacer Oric".

18 Est-ce que cela voudrait dire, Monsieur le général, que faisant partie de

19 cette action de jonction du 2ème Corps d'armée et de Srebrenica, c'est-à-

20 dire les forces parvenant de Srebrenica, il soit inclus également la

21 brigade de Zepa?

22 Réponse: Oui. La brigade de Zepa faisait partie de l'organisation, faisait

23 partie du système organisationnel et du texte que vous avez cité dans le

24 but de montrer la tâche que le commandant de la 28ème Division a reçue du

25 commandant du 2ème Corps puisse qu'il se réfère à cet ordre. Et nous

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1 pouvons apercevoir que le commandant de la 28ème Division a certains

2 problèmes avec le commandant de la brigade de Zepa, qui indépendamment du

3 corridor qui avait été établi entre Srebrenica et Zepa, avait été séparé

4 de la partie principale de la 28ème Division de Srebrenica c'est-à-dire du

5 commandement de la division et des autres unités qui existaient sur le

6 territoire de Srebrenica.

7 Question: Le document suivant portent le numéro de référence 37B.

8 (L'huissier s'exécute.)

9 Ce document a été mis de la part du commandant du 8ème Groupe opérationnel

10 de Srebrenica, il s'agit du service de renseignements. Ce document

11 m'emporte le numéro de référence 030-26-31/94, en date du 11 novembre

12 1994. Je vais citer le dernier paragraphe qui est dirigé au commandement

13 du 2ème Corps en fait le service de renseignements. Je cite:

14 «Les Tchéniques ont probablement eu connaissance de l'offensive de nos

15 unités qui allaient frapper et c'est la raison pour laquelle ils sont en

16 train de se préparer afin de pouvoir arrêter l'infiltration de nos forces

17 à l'intérieur, abréviation PZT-JE, signé la personne responsable des

18 services de renseignements Ekrem Salihovic.» Fin de la lecture.

19 Est-ce que vous-même ou le commandement avez eu connaissance et avez-vous

20 fait quelque chose, avez-vous pris des mesures nécessaires et est-ce que

21 ces ordres reçus auparavant ou c'est-à-dire le document que nous venons de

22 visionner et ce document que nous voyons maintenant, sont liés?

23 Réponse: Oui. Nous avions les renseignements nécessaires concernant les

24 préparatifs qui étaient en train d'avoir lieu afin de planifier et

25 d'exécuter les attaques. Ce document-ci est lié au document précédent. Les

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1 forces de reconnaissance de la 28ème Division ont remarqué qu'il y a eu une

2 présence importante autour de la zone protégée. Je parle des forces qui se

3 trouvaient autour de Srebrenica. Donc il n'y a pas eu de remplacement tel

4 qu'il avait déjà été le cas précédemment. C'est-à-dire on était en train

5 de préparer les offensives, les forces de la Brigade de Bratunac, de

6 Milici et les bataillons indépendants de Skelani étaient en totalité sur

7 le territoire autour de la zone protégée.

8 Question: Est-ce que cela voudrait dire que la brigade de Milici, de

9 Bratunac et le bataillon indépendant de Skelani, est-ce que leur activité

10 était liée aux activités qui existaient sur la zone protégée?

11 Réponse: Oui, bien sûr cela dépendait des activités de la 28ème Division

12 qui se trouvait à l'intérieur de la zone protégée. A l'époque toutes les

13 forces du corps de la Drina que ce soit les forces qui avaient été

14 déployées dans la partie nord-ouest de cette zone de responsabilité qui

15 allait à Kladanj, Kolovo et Zivinice, ou bien autour de l'enclave de

16 Srebrenica, Zepa et Gorazde, toutes ces forces se trouvaient dans un état

17 prêt à combattre. Elles étaient en état d'alerte justement à cause de

18 cette offensive, de qu'on avait appelé sauterelle Skakavac, et tout le

19 monde était prêt à combattre.

20 Question: Je vous demanderais, s'il vous plaît, de placer le document 41B

21 sur le rétroprojecteur, Monsieur l'huissier.

22 (L'huissier s'exécute.)

23 Le commandement du 8ème Groupe opérationnel de Srebrenica, l'organe de

24 sécurité, portant le n°130-13-104/94, daté du 17 novembre 1994. On voit

25 cette lettre au commandement du 2ème Corps, c'est la section de sécurité à

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1 Tuzla, et on envoie un rapport hebdomadaire. Au point 3, sous la lettre G,

2 au dernier paragraphe, il est dit: "Le 14 novembre 1994, le groupe de

3 reconnaissance de la 281ème Brigade a liquidé trois soldats ennemis, en a

4 blessé un autre alors qu'elle ne connaît pas l'état d'un quatrième et elle

5 a également confisqué trois fusils et un nombre de munitions. Signé

6 commandant des affaires de sécurité, Nedzad Bektic.

7 Est-ce que cela veut dire que hormis cet état d'alerte que vous avez

8 mentionné, les groupes tactiques de diversion qui se trouvaient sur le

9 territoire de Srebrenica s'introduisaient quand même et ouvraient le feu

10 et combattaient ou faisaient des actions de diversion envers ou à

11 l'endroit de vos unités?

12 Réponse: Oui. Pour ce genre d'activités, la plupart du temps ils se

13 servaient, ils se trouvaient sur la partie qui n'était pas protégée autour

14 de Zepa et de Srebrenica, et se sont infiltrés. Et la personne qui a

15 signé, ce n'est pas le commandant mais l'adjoint du commandant de la 28ème

16 Division qui s'appelle Nedzad Betkic.

17 Donc hormis la présence des forces du corps de la Drina, autour de la zone

18 de sécurité de Srebrenica, ils ont trouvé la façon de s'infiltrer dans des

19 parties qui ne sont pas protégées de ce territoire afin de pouvoir mener à

20 bien ce genre d'opérations de combat.

21 Question: J'aimerais maintenant que l'on passe à la pièce portant le

22 n°42B.

23 (L'huissier s'exécute.)

24 Il s'agit donc d'un document qui a été émis par le quartier général de la

25 république de Bosnie-Herzégovine, du commandement supérieur donc de la

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1 république de Bosnie-Herzégovine, qui a été émis de la part de KM Kakanj.

2 Le numéro du document est le suivant: 02-1/1608-1. Ce document a été émis

3 le 13 décembre 1994, il a été émis de la part du général de brigade Enver

4 Hadzihasanovic, et ce document représente une réponse donnée à un document

5 émis par la brigade de Zepa portant n°180-78/94. Dans ce document, à la

6 page 2, et je vais citer, le général de brigade dit: "

7 Que de mener à bien les activités de diversion en direction de laquelle

8 les hommes sont infiltrés, où nous allons infiltrer les personnes pour ne

9 pas démasquer les mêmes."

10 Est-ce que cela veut dire que dans ce cas-ci on parle bien sûr de la

11 brigade de Zepa? Est-ce qu'elle avait donc un certain itinéraire selon

12 lequel elle se déplaçait lors de l'infiltration des hommes armés et des

13 munitions? Est-ce que cela veut également dire que le général de brigade

14 qui avait signé ce document dirige toutes ces activités?

15 Réponse: Oui, exactement cela. Dans mes explications précédentes, et

16 conformément à ce que j'ai déjà dit préalablement, lorsque j'ai mentionné

17 que le grand état-major de la Bosnie-Herzégovine dirigeait directement à

18 travers le commandement du 2ème Corps d'armée et très souvent par

19 l'intermédiaire d'eux donc il donnait des ordres et dirigeait toutes les

20 activités de la 28ème Division. C'est justement dans ce document que nous

21 pouvons lire la thèse que je viens d'énoncer, c'est-à-dire que le général

22 Hadzihasanovic donne des ordres au commandement du 8ème Groupe opérationnel

23 lorsqu'il s'agit d'infiltrations de forces à certains endroits, et donne

24 l'avis et leur suggère de ne pas infiltrer les forces à des endroits où

25 les unités du 28ème Groupe s'approvisionnent de munitions, d'armes et

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1 d'autres fournitures de ce genre.

2 Question: Au point 4 de ce document, nous pouvons lire et je cite: "Ce qui

3 est arrivé avec la Forpronu, nous l'avons marqué dans ce document sous le

4 n°02-1/1597-1.

5 Et il ne faut pas essayer de, et si jamais dans cette intention vous ne

6 pouvez pas arrêter le dernier, il faudrait absolument confisquer les armes

7 du dernier, les armes que nous avons données afin qu'il soit gardé".

8 Est-ce que vous saviez pertinemment qu'il y avait des membres des

9 formations musulmanes et saviez vous les relations qu'ils avaient avec la

10 Forpronu? Est-ce que vous receviez des rapports concernant éventuellement

11 le genre de problèmes qui se présentaient?

12 Réponse: Non, pas assez. Nous avions certaines informations lorsqu'il

13 s'agissait de liens qui existaient entre le commandement de la 28ème

14 Division et le commandement de la Forpronu à Srebrenica. Mais avec ce

15 genre d'informations telles que les informations vues ici et les documents

16 concernant le désarmement des forces de la Forpronu à Srebrenica, nous

17 n'avions pas, nous ne possédions pas les détails de tous ces

18 renseignements.

19 Question: J'aimerais vous demander également de mettre sur le

20 rétroprojecteur le document portant le numéro de référence D/43B.

21 (L'huissier s'exécute.)

22 C'est le dernier document pour aujourd'hui, Monsieur le Président, Madame

23 et Monsieur les Juges. Il s'agit en effet d'un document qui émane de

24 l'état-major du commandement suprême des forces armées de l'armée de

25 Bosnie-Herzégovine, poste de commandement Kakanj 02-1/1613-1, datant du 14

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1 décembre 1994.

2 Le document a été délivré également par le général de brigade dont il a

3 déjà été question, général Enver Hadzihasanovic. Si mes souvenirs sont

4 bons, mon Général, vous allez me corriger si j'ai tort, c'est le premier

5 document dans lequel on mentionne de manière officielle l'opération

6 intitulée Skakavac "sauterelle"?

7 Réponse: Oui. Il est vrai que déjà auparavant j'ai parlé quelque peu de

8 cette opération, car nous disposions des renseignements concernant

9 l'intitulé de cette opération qui était confidentielle et des activités

10 qui ressortaient des préparatifs qui étaient en cours et qui visaient la

11 zone de responsabilité que je couvrais, et ainsi que le corps de la Drina.

12 Cette opération a été dirigée tout à fait directement par le général de

13 brigade, Enver Hadzihasanovic. Et ce document que vous avez sous les yeux,

14 Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges, il en ressort très

15 clairement que la 28ème Division de Zepa sur ordre du général de brigade

16 Hadzihasanovic fait partie des opérations qui sont entreprises.

17 Et si vous permettez, je vais citer juste ce premier paragraphe, je cite

18 donc: "Dans le but de poursuivre l'action "Ciko-Kale", (ce n'est qu'une

19 toute petite partie de l'opération Skakavac) cette opération a été

20 réglementée par l'ordre qui a été délivré par le chef du grand état-major

21 de l'armée de Bosnie-Herzégovine, le général de brigade Enver

22 Hadzihasanovi, et autorisée par le commandant de l'armée de Bosnie-

23 Herzégovine, etc."

24 Pour faire mon commentaire, bien évidemment il n'est pas indispensable

25 d'en rajouter trop, car il ressort clairement que cette opération a été

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1 bien préparée, bien planifiée.

2 Question: (Hors micro.)

3 Mon Général, nous arrivons actuellement au moment où pour une raison très

4 précise vous étiez absent du corps d'armée le 29 décembre 1994. Vous avez

5 marché sur une mine anti-personnelle, c'est la raison pour laquelle vous

6 étiez blessé et on vous a transporté à l'hôpital militaire de Sokolac.

7 Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges, je pense que nous

8 pourrions peut-être nous arrêter pour aujourd'hui ici avec

9 l'interrogatoire que j'ai commencé, et nous allons pouvoir poursuivre dès

10 demain.

11 M. le Président: Monsieur Harmon?

12 M. Harmon (interprétation): Monsieur le Président, Madame et Monsieur les

13 Juges, j'ai remarqué que nous avons passé en revue 14 pièces à conviction,

14 uniquement en BCS. Pour nous préparer pour le contre-interrogatoire, il

15 est indispensable de disposer des traductions en langue anglaise. Je pense

16 que nous allons pouvoir contre-interroger le témoin dès

17 vendredi.

18 M. le Président: Merci beaucoup, Monsieur Harmon. Moi-même, j'avais

19 l'intention de savoir ce qui se passe avec la traduction des documents. Je

20 pense aussi demander les documents en français. Donc comme vous savez,

21 demain on va siéger jusqu'à 14 heures seulement. Et je pensais faire trois

22 périodes de travail d'une heure et dix minutes, avec trois pauses de 20

23 minutes. Je ne sais pas si ce schéma de travail convient aux conditions de

24 santé du général Krstic.

25 Général Krstic, je vais vous demander directement: Comment vous vous

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1 sentez avec cette proposition?

2 M. Krstic (interprétation): Monsieur le Président, je vais essayer quand

3 même de tenir le coup et de respecter les heures qui me sont imparties,

4 comme vous l'avez proposé.

5 M. le Président: Nous allons essayer. Mais toujours quand vous avez besoin

6 d'une pause, vous nous le dites. Nous pouvons rester sur cet accord?

7 M. Krstic (interprétation): Merci, Monsieur le Président, merci.

8 M. le Président: Maître Petrusic, on va essayer. Je ne sais pas si vous

9 avez quelque chose à ajouter?

10 M. Petrusic (interprétation): Non, Monsieur le Président, non. On va

11 poursuivre demain.

12 M. le Président: Demain, on se verra à 9 heures 30 pour aller jusqu'à 14

13 heures.

14 (L'audience est levée à 14 heures 30.)

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