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1 Le lundi 3 avril 2000
2 [Audience publique]
3 [Les accusés entrent dans la Cour]
4 --- L’audience débute à 9 h 33
5 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Veuillez
6 donner le numéro de l’affaire, s’il vous plaît.
7 LA GREFFIÈRE : Affaire IT-96-23-T, IT-96-23/1-T,
8 Le Procureur contre Dragoljub Kunarac, Radomir Kovac et
9 Zoran Vukovic.
10 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Je note que
11 les parties sont constituées comme la semaine dernière. Je
12 voudrais également savoir si les accusés sont à même
13 d’entendre les débats dans une langue qu’ils comprennent.
14 Monsieur Kunarac, êtes-vous à même d’entendre les
15 débats dans une langue que vous comprenez ?
16 L’ACCUSÉ KUNARAC (interprétation) : Oui.
17 J’entends très bien, Madame la Présidente, et je comprends.
18 L’ACCUSÉ KOVAC (interprétation) : Oui, Madame la
19 Présidente. Je vous entends très bien.
20 L’ACCUSÉ VUKOVIC (interprétation) : Oui, Madame
21 la Présidente. Je vous entends très bien.
22 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Monsieur
23 Ryneveld.
24 Me RYNEVELD (interprétation) : Oui. Merci,
25 Madame la Présidente et Messieurs les Juges. Je m’excuse.
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1 J’ai quelques difficultés techniques ici. J’espère que
2 vous êtes en mesure de m’entendre. Moi-même, je n’entends
3 rien mais j’espère que vous, vous m’entendrez.
4 Vous remarquerez que nous avons commencé alors que
5 le témoin n’est pas encore dans le prétoire, et ceci à la
6 demande du Bureau du Procureur, puisque nous souhaiterions
7 que l’on traite de trois questions de procédure. Nous
8 estimons qu’il est très important que la Chambre se penche
9 sur ces questions et qu’elles soient portées à la
10 connaissance de la Défense aussi rapidement que possible et
11 je vais essayer de vous expliquer de quoi il ressort, de
12 quoi il est question et les solutions que nous proposons.
13 Premièrement, le Bureau du Procureur a
14 l’intention, à un moment donné, de présenter une demande
15 aux fins de modification de l’acte d’accusation pour qu’il
16 soit conforme aux éléments de preuve que nous avons
17 entendus jusqu’à présent et j’y reviendrai plus tard.
18 Deuxième chose : Il s’agit d’une demande de
19 l’Accusation aux fins de retrait de certains chefs
20 d’accusation de l’acte d’accusation du fait que l’un des
21 témoins a indiqué qu’elle n’est pas prête à venir
22 témoigner. Il s’agit du témoin 101 et cela concerne les
23 chefs d’accusation 14 à 17.
24 Troisième chose : Un autre témoin nous a signalé
25 qu’elle est prête à témoigner et donc, l’Accusation
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1 souhaiterait ajouter le Témoin DB à la liste des témoins.
2 Il s’agit donc des trois questions que je pensais
3 utile de porter à votre attention.
4 Permettez-moi de me pencher sur la première
5 question que j’ai mentionnée, à savoir l’intention du
6 Bureau du Procureur de présenter une demande aux fins de
7 modifier l’acte d’accusation pour qu’il soit conforme aux
8 éléments de preuve. Vous avez peut-être remarqué que dans
9 le cadre de la déposition des témoins 50 et 75, il y a eu
10 trois incidents qui peuvent entraîner la nécessité de
11 modifier l’acte d’accusation.
12 Le Témoin numéro 50 a témoigné que Zoran Vukovic
13 l’a violée le 5 juillet 1992, et à l’acte d’accusation, il
14 est accusé d’avoir violé le Témoin 50 au gymnase Partizan,
15 mais dans l’acte d’accusation tel qu’il est actuellement,
16 il n’est pas accusé d’avoir violé le témoin à Buk Bijela.
17 Donc, il s’agirait d’un numéro chef d’accusation. Mes
18 éminents collègues de la Défense ont été informés de ceci
19 dès que nous en avons pris connaissance et ils ont eu la
20 possibilité de contre-interroger le témoin à ce sujet
21 également.
22 Deuxième chose : Il s’agit du Témoin numéro 75 qui
23 a indiqué que lorsqu’elle se trouvait dans l’appartement de
24 Klanfa, c’est-à-dire l’appartement de Vukovic – je vous
25 prie de m’excuser – dans l’appartement de Kovac, que
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1 Vukovic l’a violée dans l’appartement de Kovac en novembre
2 1992.
3 Et il y a également un troisième incident qui
4 concerne Monsieur Kunarac. Il a été accusé de viol du
5 Témoin 50 au 16, rue Osmana Djikica, mais il n’a pas été
6 accusé de l’avoir violé personnellement. Vous vous
7 souviendrez qu’actuellement dans l’acte d’accusation, il
8 est accusé d’être participant aux termes des articles 7(1)
9 et 7(3).
10 Donc maintenant, en ce qui concerne l’intention de
11 l’Accusation de modifier l’acte d’accusation, la question
12 est de savoir quand on le ferait. Nous souhaitons le
13 porter à la connaissance de la Défense avant la fin du
14 témoignage du Témoin 75 pour que les collègues de la
15 Défense soient conscients du fait qu’il est inutile de
16 contre-interroger à ce sujet, sur les sujets que je viens
17 d’évoquer.
18 Il est possible – mais nous ne l’anticipons pas –
19 il est possible que d’autres témoins nous disent des choses
20 qui nous amènent à demander la modification de l’acte
21 d’accusation et plutôt que de présenter plusieurs demandes
22 aux fins de modification de l’acte d’accusation, notre
23 intention est la suivante.
24 Nous souhaitons présenter une demande aux fins de
25 modification de l’acte d’accusation à la fin de la
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1 présentation de nos éléments de preuve. Donc, s’il y a
2 d’autres incidents qui demanderaient une modification de
3 l’acte d’accusation, on traite de tout en même temps au
4 lieu de présenter plusieurs demandes de modification de
5 l’acte d’accusation.
6 Comme je l’ai dit, nous ne pensons pas que cela
7 doive se produire a priori, mais on ne sait jamais, et
8 donc, afin de montrer le plus grand respect pour le temps
9 dont dispose la Chambre, nous avons pensé utile de vous
10 faire connaître ceci aussi rapidement que possible, et
11 d’autre part, nous souhaiterions notifier de ceci nos
12 collègues de la Défense pour qu’ils adaptent leur contre-
13 interrogatoire dans ce sens.
14 C’était donc la première question.
15 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Oui, mais
16 avant que vous ne passiez à autre chose, je voudrais que
17 les choses soient bien claires.
18 Donc, vous avez parlé des témoins 50 et 75. Donc,
19 si vous demandez une modification de l’acte d’accusation,
20 ce sera à la fin de la présentation de vos éléments à
21 charge, n’est-ce pas ?
22 Me RYNEVELD (interprétation) : Oui. C’est ce que
23 nous entendons faire au jour d’aujourd’hui. Il est
24 possible que les circonstances évoluent mais nous pensons
25 qu’il est juste que tous savent avant que le témoin quitte
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1 La Haye de quoi il retourne, pour pouvoir le contre-
2 interroger de façon satisfaisante.
3 En ce qui concerne le Témoin 50, la Défense a reçu
4 un résumé des éléments de preuve qu’elle s’apprêtait à
5 présenter et ils ont contre-interrogé le Témoin 50. Il n’y
6 a pas eu d’objection quant à la communication des éléments
7 de preuve. Ils ont été en effet communiqués.
8 Le Témoin 75, le problème s’est posé jeudi et nous
9 vous le signalons aussi rapidement que possible, et
10 d’ailleurs, son interrogatoire principal n’est pas terminé.
11 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Je
12 souhaiterais consulter mes éminents confrères.
13 [La Chambre discute]
14 M. LE JUGE HUNT (interprétation) : Monsieur
15 Ryneveld, votre proposition me pose le problème suivant.
16 Vous avez raison de dire qu’il n’y a pas eu d’objection en
17 ce qui concerne la déposition des témoins 50 et 75. Donc,
18 il est possible qu’il n’y ait pas d’objection quant à la
19 modification de l’acte d’accusation mais il est peut-être
20 possible qu’il y ait une objection du fait que la Défense
21 n’est pas dans une situation acceptable en ce qui concerne
22 ce témoin particulier.
23 Je suis tout à fait d’accord que du point de vue
24 pratique, il soit plus simple qu’il y ait une seule
25 modification de l’acte d’accusation à la fin de la
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1 présentation de vos éléments à charge, mais je pense que
2 pour ce qui est du point de vue de la Défense, il serait
3 peut-être mieux que nous prenons une décision dès que le
4 cas se présente. Je pense qu’il conviendra que
5 régulièrement au cours de la présentation de vos éléments
6 de preuve, on prenne des décisions au sujet des témoins.
7 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Monsieur
8 Ryneveld, avant de vous laisser répondre, je souhaiterais
9 ajouter la chose suivante.
10 Il n’est pas possible pour un conseil de la
11 Défense de percevoir toute l’importance d’éléments de
12 preuve supplémentaires parce que leur contre-interrogatoire
13 se définit en fonction de l’acte d’accusation tel qu’il
14 est. Donc, ils ont certes contre-interrogé le Témoin 50
15 après avoir été notifiés de ce que vous leur avez notifié
16 mais ils l’ont fait sur la base du contre-interrogatoire
17 qui existait.
18 Et autre chose c’est que si vous modifiez l’acte
19 d’accusation à la fin de la présentation des éléments à
20 charge, s’il y a des témoins qui viennent et qui donnent de
21 nouveaux éléments de preuve, il est possible que l’on doive
22 réécouter tous les éléments à charge parce que la Défense
23 serait en droit de contre-interroger ces témoins. Donc, il
24 faut prendre ceci en compte.
25 Me RYNEVELD (interprétation) : Oui, Madame la
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1 Présidente. En ce qui concerne le Témoin 50, c’est le
2 premier témoin pour lequel se poserait la question de
3 modifier l’acte d’accusation, et si j’ai bien compris, la
4 Défense a eu la possibilité de contre-interroger ce témoin.
5 Vous avez raison que la nature du contre-interrogatoire du
6 Témoin 50 aurait peut-être été différente si la Défense
7 avait eu connaissance de notre intention de modifier l’acte
8 d’accusation, et si vous accédez à notre demande de
9 modification, il est possible que la Chambre de première
10 instance exige que le témoin soit rappelé pour être contre-
11 interrogé ici à La Haye. Donc, ceci est possible en ce qui
12 concerne le Témoin 50.
13 Cependant, ce que nous ne souhaitions pas faire
14 c’est que ceci puisse se reproduire pour d’autres témoins.
15 C’est pourquoi avant la fin de l’interrogatoire principal
16 du Témoin 75, nous avons pensé utile de soulever cette
17 question maintenant, de signaler la chose à la Défense. De
18 cette façon, ils savent qu’en ce qui concerne les
19 allégations présentées par le Témoin 75 au sujet de leurs
20 clients, ils doivent réorienter leur contre-interrogatoire
21 parce que maintenant, ils savent qu’il y aura, sous réserve
22 de décision de la Chambre, un nouveau chef d’accusation à
23 l’acte d’accusation.
24 M. LE JUGE HUNT (interprétation) : Oui, mais ils
25 ne connaissent pas le libellé de ce nouveau chef
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1 d’accusation, de cette nouvelle accusation, et ceci est
2 absolument important. Donc, il leur est difficile de le
3 savoir à l’avance. Mais en ce qui concerne la Chambre de
4 première instance et la Défense, il est utile que l’acte
5 d’accusation soit modifié avant la déposition du témoin.
6 Dans ces conditions, la Défense est à mesure de dire si
7 elle peut contre-interroger ou non, si elle à même de le
8 faire ou non. Cela peut peut-être impliquer de faire venir
9 le témoin plus tard mais je pense que c’est la meilleure
10 chose à faire.
11 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Oui, et vous
12 savez que l’autre problème qui se pose c’est que la Défense
13 serait obligée de mener une enquête supplémentaire, trouver
14 de nouveaux témoins pour pouvoir contre-interroger de façon
15 appropriée.
16 Me RYNEVELD (interprétation) : Oui. Je vous
17 comprends bien mais nous avons pensé que la meilleure façon
18 de traiter de cette question c’était d’en parler aussi
19 rapidement que possible.
20 Nous allons poursuivre ce matin l’interrogatoire
21 principal de notre témoin. Si nous décidons de présenter
22 une demande aux fins de modification de l’acte
23 d’accusation, nous le ferons par écrit aussi rapidement que
24 possible, et donc, je vous suis reconnaissant de vos
25 indications.
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1 Souhaitez-vous que je parle de la deuxième
2 question ? J’ai déjà dit qu’il s’agissait de l’abandon
3 d’un certain nombre de chefs d’accusation. Il s’agit du
4 Témoin 101.
5 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Mais avant,
6 je pense qu’il serait peut-être utile de donner à la
7 Défense la possibilité de s’exprimer. De cette façon,
8 quand vous prendrez votre décision, vous serez au fait de
9 leur position.
10 Monsieur Kunarac [sic], vous avez entendu
11 l’Accusation nous dire qu’elle souhaite modifier l’acte
12 d’accusation. Il s’agit… en ce qui concerne la déposition
13 d’un témoin que nous avons déjà entendu et d’un autre qui
14 ne va pas venir.
15 Je vous prie de m’excuser. Je vous ai appelé Me
16 Kunarac. Je voulais, bien entendu, m’adresser à Me
17 Prodanovic, conseil de Monsieur Kunarac.
18 Donc, Me Prodanovic, c’est à vous.
19 Me PRODANOVIC (interprétation) : Madame la
20 Présidente, vous venez de donner les raisons que nous-
21 mêmes, nous souhaitons mettre en évidence. Nous, nous
22 travaillons sur la base de l’acte d’accusation que nous
23 avons reçu et ce qu’on vient d’apprendre, c’est tout à fait
24 nouveau, que nous nous attendions absolument pas. Nous
25 avons besoin d’un certain délai pour pouvoir vous présenter
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1 de façon claire quelle est notre position en ce qui
2 concerne ce que vient de nous dire mon collègue de
3 l’Accusation.
4 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me Kolesar,
5 souhaitez-vous ajouter quoi que ce soit à ce que vient de
6 dire Me Prodanovic ?
7 Me KOLESAR (interprétation) : Oui. J’abonde tout
8 à fait dans le sens de ce que vient de dire Me Prodanovic
9 et je suis tout à fait d’accord également avec ce qu’a dit
10 la Chambre.
11 L’article 50 du Règlement rend possible la
12 modification de l’acte d’accusation mais vous avez tout à
13 fait raison en disant que nous devons avoir un texte de
14 l’acte d’accusation modifié, ceci afin de pouvoir préparer
15 la défense de nos clients, surtout qu’au point (B), il est
16 stipulé que si l’acte d’accusation est modifié, l’accusé
17 doit plaider coupable ou non coupable en ce qui concerne le
18 nouveau chef d’accusation. Donc, s’il doit y avoir
19 modification de l’acte d’accusation, ceci doit être soumis
20 par écrit pour respecter l’Article 50 du Règlement de
21 procédure et de preuve.
22 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me
23 Jovanovic, avez-vous quoi que ce soit à ajouter à ce qu’ont
24 dit vos confrères ?
25 Me JOVANOVIC (interprétation) : Non, Madame la
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1 Présidente. Je suis tout à fait d’accord avec les
2 observations qui ont été présentées jusqu’à présent par mes
3 collègues de la Défense. Je n’ai rien à ajouter.
4 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Bien, merci.
5 Monsieur Ryneveld, je vais vous demander donc de
6 passer au deuxième point que vous souhaitiez aborder.
7 Me RYNEVELD (interprétation) : Merci, Madame la
8 Présidente.
9 En ce qui concerne le premier point, la seule
10 chose qui me vient à l’esprit c’est que si nous indiquions
11 de quelle manière nous entendrions modifier l’acte
12 d’accusation, si nous en donnions le texte avant le contre-
13 interrogatoire, même avant qu’une décision ne soit prise
14 par la Chambre de première instance, je me demande si ça ne
15 répondrait pas aux préoccupations de la Défense et aux
16 préoccupations des juges également.
17 Mais sur la base de ce que vous nous avez dit, si
18 j’ai bien compris, nous devons présenter ce genre de
19 demande au cas par cas pour que tout le monde soit au fait
20 de ce nous faisons.
21 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Non, non,
22 pas du tout. Nous ne vous disons pas que vous devez
23 présenter les demandes de modification au cas par cas mais
24 seulement que vous, vous savez ce que vont dire vos
25 témoins, que nous n’avons pas encore entendus, et vous avez
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1 déjà entendu par exemple les témoins 50 et 75 en partie.
2 Me RYNEVELD (interprétation) : Oui. Nous ne
3 savons pas ce qu’ils vont dire.
4 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : La raison
5 pour laquelle il faut que l’acte d’accusation soit par
6 écrit c’est une question de précision.
7 Me RYNEVELD (interprétation) : Je pense qu’il est
8 un peu optimiste de penser que l’on sait à l’avance ce que
9 vont dire les témoins. Nous, nous pensions que nous
10 savions ce qu’allaient dire les témoins 50 et 75, mais
11 quand les gens déposent dans le prétoire, il leur arrive de
12 dire des choses que nous n’attendions pas du tout bien que
13 nous ayons déjà recueilli des dépositions de ces témoins et
14 bien que les témoins aient donné leur approbation à leurs
15 déclarations préalables.
16 Nous nous sommes conformés à la décision de la
17 Chambre, à savoir que nous ne nous entretenons pas avec les
18 témoins après qu’ils ont commencé à déposer et nous ne
19 l’avons fait pour aucun des témoins, conformément à votre
20 décision.
21 M. LE JUGE HUNT (interprétation) : Monsieur
22 Ryneveld, personne n’accuse le Bureau du Procureur. Toute
23 personne qui a une expérience des procès de ce genre sait
24 que cela arrive. Nous ne disons pas que vous êtes en faute
25 mais nous souhaitons protéger les intérêts de la Défense.
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1 Me RYNEVELD (interprétation) : Oui. Je vous
2 comprends bien. J’ai bien compris et nous allons donc
3 définir notre position en fonction de vos observations.
4 Bien. En ce qui concerne le Témoin 101, il
5 apparaît que le Témoin 101 ne déposera pas. Le Témoin 101
6 devait parler des chefs d’accusation 14 à 17 à l’acte
7 d’accusation concernant Messieurs Kovac et Kunarac, et
8 étant donné ce développement, je souhaitais vous faire
9 savoir que nous allions présenter une demande aux fins du
10 retrait des chefs d’accusation 14 à 17 puisque nous
11 n’entendrons pas de témoins à ce sujet.
12 Dans le même ordre d’idée, le Témoin DB jusqu’à
13 présent avait dit qu’elle ne souhaitait pas venir déposer
14 ici. Maintenant, il apparaît qu’elle souhaite venir
15 déposer, et de ce fait, nous demandons l’addition du Témoin
16 DB à la liste des témoins et nous disposons d’ores et déjà
17 de copies du résumé de sa déclaration non-officielle et
18 cette déclaration peut être communiquée à la Défense aussi
19 bien qu’à la Chambre. Cette déclaration a été traduite
20 dans… ou plutôt, je me reprends. Nous disposons de cette
21 déclaration aussi bien en anglais qu’en B/C/S.
22 Je vais demander à l’Huissier de distribuer ces
23 documents. J’ai ici trois exemplaires pour la Défense.
24 J’ai un jeu de documents pour la Chambre et ceux que je
25 vous ai remis sont destinés à la Défense. Il y a également
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1 un jeu pour le Greffe. Nous fournirons des copies pour les
2 juges pendant la pause si cela vous agrée.
3 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Je
4 souhaiterais que vous nous indiquiez dans votre demande
5 orale quand est-ce que vous souhaitez citer à comparaître
6 le Témoin DB.
7 Me RYNEVELD (interprétation) : Si vous agréez à
8 notre demande d’ajouter le Témoin DB à la liste, nous
9 souhaiterions lui demander de témoigner à la fin de la
10 présentation de nos éléments à charge, avant d’entendre les
11 experts. Donc, cela sera avant la pause, avant les
12 vacances judiciaires, sans doute en mai, c’est-à-dire dans
13 un mois ou plus.
14 Voici donc les trois questions de procédure que je
15 souhaitais porter à votre attention et si vous avez des
16 questions, je suis tout à fait prêt à y répondre.
17 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Oui. Nous
18 avons traité de la première question.
19 Maintenant, je me tourne vers les conseils de la
20 Défense en ce qui concerne le deuxième point. L’Accusation
21 demande l’autorisation de retirer, c’est-à-dire une
22 modification de l’acte d’accusation, de retirer donc les
23 chefs d’accusation 14, 15, 16 et 17, et vous avez, je
24 pense, compris les raisons du Bureau du Procureur pour
25 formuler cette demande, et je voudrais que vous me fassiez
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1 part maintenant de vos observations, si vous en avez, à ce
2 sujet.
3 Me Prodanovic.
4 Me PRODANOVIC (interprétation) : Bien entendu,
5 ceci est un problème beaucoup moins grave que celui posé
6 par la première intervention de l’Accusation. En ce qui
7 concerne la Défense de Monsieur Kunarac, nous n’avons
8 aucune difficulté à ce que soient retirés ces chefs
9 d’accusation.
10 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me Kolesar.
11 Me KOLESAR (interprétation) : Cette demande n’a
12 rien à faire avec les chefs d’accusation retenus contre mon
13 client. Donc, je n’ai pas d’observation à faire.
14 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me
15 Jovanovic.
16 Me JOVANOVIC (interprétation) : La Défense de
17 Monsieur Vukovic n’a pas non plus d’observation à faire
18 quant à la proposition du Bureau du Procureur.
19 [La Chambre discute]
20 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Merci.
21 La Chambre donne l’autorisation à l’Accusation de
22 retirer les chefs d’accusation 14, 15, 16 et 17. Donc, ces
23 chefs d’accusation sont maintenant supprimés de l’acte
24 d’accusation contre Monsieur Kunarac et contre le deuxième
25 accusé.
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1 En ce qui concerne la demande de l’Accusation au
2 sujet du Témoin DB, nous sommes conscients du fait que les
3 conseils de la Défense viennent seulement de recevoir les
4 déclarations préalables du témoin. Les accusés ont besoin
5 de prendre connaissance de ces déclarations et de donner
6 des instructions ensuite à leurs conseils avant de
7 présenter leurs conclusions ou leurs observations à la
8 Chambre.
9 Donc, nous allons donner un certain temps aux
10 conseils de la Défense. Nous avons compris que
11 l’Accusation entend appeler le Témoin DB avant la fin de la
12 présentation de ses éléments et avant d’entendre les
13 experts. Donc, nous pensons que la Défense a le temps de
14 consulter ses clients et nous souhaiterions que la Défense
15 indique à la Chambre jeudi au plus tard s’ils sont prêts à
16 nous présenter leurs observations au sujet de la demande de
17 l’Accusation en ce qui concerne le Témoin DB.
18 Donc, nous en avons maintenant terminé de ces
19 questions de procédure et nous pouvons maintenant passer à
20 la fin de l’interrogatoire principal du témoin.
21 Je vais demander à l’Huissier de baisser les
22 rideaux de la salle d’audience afin de pouvoir faire entrer
23 le témoin.
24 [Le témoin entre dans la Cour]
25 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Bonjour,
Page 1482
1 témoin. Nous poursuivons ce matin votre interrogatoire
2 principal. Vous êtes toujours sous serment, serment que
3 vous avez fait au début de votre interrogatoire principal.
4 Donc, le Procureur continuera à vous poser des questions.
5 TÉMOIN : TÉMOIN 75
6 (SOUS LE MÊME SERMENT)
7 INTERROGÉE PAR
8 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) :
9 (Suite)
10 Q. Bonjour.
11 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Oui. Je
12 vois que Me Kolesar est debout.
13 Me KOLESAR (interprétation) : Madame la
14 Présidente, les accusés me disent que l’écran les empêche
15 de voir le témoin. Donc, je demande que ce soit déplacé un
16 petit peu pour qu’ils puissent voir le témoin.
17 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Je souhaite
18 savoir ce que le Procureur en pense. Je ne me souviens pas
19 de toutes les mesures de protection. Je me souviens qu’un
20 témoin a demandé d’être protégé de la vue des accusés.
21 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Oui, mais
22 pas celui-ci.
23 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Très bien !
24 Donc, nous pouvons déplacer cette partie de l’écran. Vous
25 pouvez même le faire plus puisque les stores sont baissés
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1 derrière.
2 Ça suffit ?
3 Me KOLESAR (interprétation) : Oui. Ça va
4 maintenant.
5 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Merci,
6 Monsieur l’Huissier. Laissez ça comme ça. C’est bon.
7 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) :
8 Q. Bonjour, Madame le Témoin. Je souhaite que
9 l’on clarifie certains points concernant la salle des
10 sports de Partizan. Vous avez déjà décrit les incidents
11 concernant la maison dont vous avez dit qu’il s’agissait de
12 la maison du tailleur et puis vous avez dit également que
13 d’autres soldats vous ont amenée à d’autres endroits.
14 Est-ce que vous pourriez me dire si d’autres
15 femmes, on les faisait sortir aussi de la salle des sports
16 de Partizan ?
17 R. Oui.
18 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Peut-on
19 donner au témoin la liste que nous avons utilisée la
20 dernière fois ? Il s’agit de la pièce à conviction du
21 Procureur 189.
22 Q. Veuillez examiner cette liste s’il vous plaît
23 et me dire qui étaient les autres personnes qu’on a fait
24 sortir de Partizan, sans indiquer les noms, juste les
25 initiales.
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1 R. DB, le numéro 87, 50, 95, 189, 51, 90, 48, 74
2 et 88.
3 Q. Est-ce que vous avez vu lorsqu’on les faisait
4 sortir ou bien comment est-ce que vous le savez ?
5 R. Moi, j’ai été la moins présente puisque moi,
6 on me faisait sortir le plus de toutes, mais à chaque fois
7 que je rentrais, je savais ce qui s’était passé entre-
8 temps. Une nuit lorsque je suis rentrée, lorsque Tuta m’a
9 fait rentrer, je n’ai vu que des femmes âgées dans la
10 salle. En ce qui concerne toutes les femmes jeunes, aucune
11 d’entre elles n’y était plus.
12 Q. Est-ce que vous ou une quelconque autre femme
13 a été passée à tabac lorsque les soldats vous faisaient
14 sortir ?
15 R. Personnellement, non. C’est Klanfa qui m’a
16 frappée le plus.
17 Q. Est-ce que vous ou bien une quelconque des
18 femmes, est-ce que vous avez jamais osé refuser de sortir
19 avec les soldats qui vous faisaient sortir de Partizan ?
20 R. Personnellement, non. Je ne savais pas ce
21 qui m’attendait. DB, oui, une fois, elle s’est opposée et
22 quand elle est sortie devant la porte, c’est là qu’on l’a
23 giflée et ensuite, ils l’ont ramenée dans la salle.
24 Q. Est-ce que vous avez jamais vu des traces de
25 blessures sur les femmes à Partizan ?
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1 R. Non.
2 Q. Est-ce que vous vous souvenez ou plutôt est-
3 ce que vous avez vu des brûlures de cigarettes sur une des
4 femmes ?
5 R. Je n’en ai pas vu, mais par la suite, j’en ai
6 entendu parler parce qu’au moment des faits, je n’étais pas
7 là-bas.
8 Q. Est-ce que vous pouvez me dire de quoi il
9 s’agissait, ce que vous avez entendu dire ?
10 R. J’ai entendu dire que 95, qu’on l’a fait
11 sortir et amener à Bijela, dans une conglomération et qu’il
12 y avait des Chetniks de Serbie, environ 500, qu’elle a été
13 amenée à Bijela, qu’on l’a tabassée et qu’on éteignait des
14 cigarettes sur elle.
15 Q. Est-ce que vous l’avez vue ? Est-ce que vous
16 avez vu des blessures, des brûlures ?
17 R. Non, parce qu’à partir du 2 août 1992, je
18 n’ai plus jamais revu cette personne.
19 Q. Mis à part l’incident que vous avez déjà
20 décrit lorsqu’on vous a fait sortir avec d’autres femmes,
21 est-ce que vous avez vu l’Accusé Kunarac ou ses hommes
22 lorsqu’ils étaient en train de faire sortir des femmes du
23 Partizan ?
24 R. Oui.
25 Q. Quand est-ce que vous avez vu ça et qui est-
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1 ce qu’on faisait sortir ? Est-ce que vous vous en souvenez
2 ?
3 R. Eh bien, une fois, la première fois qu’ils
4 m’ont fait sortir, ensuite, ils sont revenus encore une
5 fois afin de me faire sortir de nouveau et ils ont fait en
6 sorte que je me lève, mais je crois qu’il y avait Tolja, je
7 pense que c’était lui, il a vu tout ça. Il leur a dit de
8 me ramener parce qu’il savait ce qui m’était déjà arrivé.
9 Ensuite, ils ont fait sortir DB, 87 et 50. Ils
10 les ont fait sortir. Ils les ont amenées quelque part.
11 Q. Vous avez décrit lorsque le 2 août 1992,
12 l’Accusé Kunarac vous a fait sortir et il ne vous a plus
13 jamais ramenée. Avant ce 2 août, est-ce qu’on vous a
14 jamais fait sortir de Foca pour vous amener dans une autre
15 municipalité ?
16 R. Non.
17 Q. Est-ce qu’on vous a jamais amenée à Cajnice ?
18 R. Oui.
19 Q. Quand est-ce que ceci s’est produit ?
20 R. Ceci a eu lieu vers 10 ou 15 jours après le
21 début de mon séjour dans le Partizan. Mitar Sipcic et une
22 autre personne âgée, je ne sais pas comment il s’appelait
23 mais il portait plusieurs insignes de grade et ce leader
24 Chetnik de Cajnice est venu avec eux. Il s’appelait
25 Kornjaca. C’est comme ça qu’on l’appelait.
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1 Ils sont d’abord venus un matin. Soi-disant un
2 car devait venir pour nous transporter jusqu’à Gorazde,
3 mais ceci ne s’est pas produit. Le lendemain, ils sont
4 revenus et notre groupe de 20, 25 peut-être, ils nous ont
5 placés dans une camionnette et ils nous ont amenés jusqu’à
6 Cajnice, et avant cela, ils ont placé dans ce camion 16
7 hommes de la prison de Foca, et donc, nous avons été
8 transportés ensemble dans le même camion.
9 Nous avons passé deux nuits à Cajnice dans une
10 école à Mijeljina. Le lendemain, ils ont amené encore deux
11 femmes et trois enfants. Lorsqu’ils nous amenaient à
12 Cajnice, lorsqu’ils nous conduisaient, j’ai entendu
13 lorsqu’ils se parlaient par le Motorola : « Tout va bien.
14 Il n’y aura pas de problème. Tout est arrangé. »
15 Soi-disant, un échange devait avoir lieu. Les
16 nôtres devaient faire venir quelques civils de Gorazde afin
17 de procéder à l’échange, mais il s’agissait simplement d’un
18 mensonge et lorsque j’ai entendu leur conversation, j’ai
19 entendu simplement qu’ils disaient : « Comporte-toi
20 conformément aux ordres », ce qui voulait dire que si
21 jamais il devait y avoir un échange, ils devaient tirer sur
22 nos dos.
23 Lorsqu’ils nous ont amenés à Cajnice, beaucoup
24 d’habitants locaux sont venus, des femmes, d’autres. Ils
25 apportaient de la nourriture, des cigarettes, des
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1 sandwichs, du lait, et cætera, afin de prouver qu’ils sont
2 tellement gentils, accueillants, qu’ils regrettent vraiment
3 ce qui nous arrivait, mais peu de temps après, de nouveau,
4 la télévision est venue pour montrer à quel point ces gens
5 étaient merveilleux, comment ils nous accueillent, comment
6 ils sont gentils.
7 C’est comme ça qu’on a passé deux nuits et
8 ensuite, ils nous ont ramenés encore une fois en autobus
9 jusqu’au Partizan à Foca.
10 Q. Est-ce que vous savez pourquoi ils vous ont
11 ramenés jusqu’à Partizan, pourquoi ils ne vous ont pas
12 laissé rester à Cajnice, pourquoi est-ce qu’ils ne vous ont
13 pas libérés ?
14 R. À Pljevlja, nous avons demandé qu’ils nous
15 relâchent puisque nous avons traversé le Monténégro. Il
16 s’agissait quand même d’un autre État du territoire libre,
17 mais ils ne nous ont pas laissé partir. Ils ont dit :
18 « Nous avons reçu les ordres de vous ramener jusqu’à
19 Foca. » De telle manière, ils ont ramené les 16 hommes à
20 la prison de Foca et nous, les autres, à Partizan.
21 Q. Je souhaite clarifier certains points
22 concernant la période que vous avez passée dans
23 l’appartement de Klanfa. Vous avez dit que l’Accusé Kovac
24 et Jagos Kostic vous ont violées toutes les quatre. Est-ce
25 que vous avez vu lorsque l’Accusé Kovac a violé AB ?
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1 R. Non, je ne l’ai pas vu.
2 Q. Comment est-ce que vous le savez alors ?
3 R. Tout ce qui se passait, nous racontions ce
4 qui nous est arrivé l’une à l’autre.
5 Q. Vous avez dit également qu’au bout d’un
6 certain moment, l’accusé a arrêté de vous violer
7 personnellement mais qu’il a amené des hommes dans
8 l’appartement afin qu’ils vous violent et vous avez déjà
9 décrit cet incident concernant l’Accusé Vukovic.
10 Est-ce que vous vous souvenez si les accusés Kovac
11 et Vukovic sont venus ensemble cette fois-ci ou bien est-ce
12 que l’un d’eux y était déjà et un autre est arrivé par la
13 suite ? Est-ce que vous vous souvenez de ces détails ?
14 R. Non, je ne m’en souviens pas.
15 Q. Est-ce que l’Accusé Kovac vous a donné
16 l’ordre d’aller auprès de Vukovic ou bien comment est-ce
17 que vous avez fini par vous retrouver dans la cuisine avec
18 Vukovic ?
19 R. C’est lui qui m’a forcée à aller avec lui,
20 avec l’autre dans la cuisine.
21 Q. Lorsque vous dites « lui », vous parlez de
22 l’Accusé Vukovic ?
23 R. Je parle de Kovac.
24 Q. Mis à part les deux incidents que vous avez
25 décrits lorsque vous avez été violée et lorsqu’on vous a
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1 dit d’aller avec d’autres hommes, est-ce que d’autres
2 hommes, mis à part Vukovic, vous ont violée également dans
3 l’appartement de Klanfa, les autres hommes, mis à part donc
4 Vukovic et l’autre personne que vous avez mentionné le nom
5 ?
6 R. Je sais simplement Slavo Ivanovic et Tarza.
7 Il les a amenés à moi. Puisque moi, je ne voulais pas
8 aller dans la chambre avec eux, tout d’abord, il m’a donné
9 des gifles. Je pleurais et ensuite, il a envoyé AB avec
10 Slavo Ivanovic dans la chambre et je ne me souviens plus si
11 quelqu’un d’autre m’a violée là-bas.
12 Q. Les accusés Kovac et Vukovic, à l’époque,
13 est-ce qu’ils portaient des uniformes ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce qu’ils appartenaient à une quelconque
16 unité particulière ?
17 R. Je pense qu’ils appartenaient au groupe de
18 Brane Cosovic appelé Dragan Nikolic.
19 Q. Comment avez-vous entendu parler de cela ?
20 R. C’est eux personnellement qui me l’ont dit
21 puisque ce Dragan Nikolic, au début de la guerre à Foca, il
22 est mort et soi-disant c’était un grand ami à eux, témoin
23 de mariage de Pero Elez et c’est d’après lui qu’ils ont
24 nommé le groupe Dragan Nikolic.
25 Q. Pendant que vous étiez dans l’appartement de
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1 Klanfa, est-ce que vous deviez faire le ménage ?
2 R. Oui.
3 Q. Qu’est-ce que vous deviez faire ?
4 R. Eh bien, nous devions nettoyer, laver leur
5 linge sale. Nous ne devions pas cuisiner parce que de
6 toute façon, il n’y avait rien à cuisiner. De temps en
7 temps parfois, ils nous amenaient quelques boîtes de
8 conserve. C’est ce que nous mangions. Voilà !
9 Q. Vous avez dit que Kovac, l’Accusé Kovac était
10 la personne qui vous a tabassée le plus et vous avez déjà
11 décrit l’incident au cours duquel ceci s’est produit, l’un
12 de ces incidents. Est-ce que vous pouvez me dire à quelles
13 autres occasions il vous a battue et pourquoi ?
14 R. Eh bien, cette nuit-là, lorsqu’ils sont venus
15 ivres, lui et ce Serbe de Serbie, Vojkan Jadzic, ils sont
16 rentrés du café. Avant cela, moi et 87, nous avions bu un
17 peu d’alcool parce que nous avions l’impression que la vie
18 allait être moins dure comme ça, et lorsqu’il est entré
19 dans l’appartement et qu’il a vu que j’étais saoule, il a
20 commencé à me dire : « Pourquoi as-tu Busovaca ? », et il a
21 commencé à me frapper.
22 Q. Quand est-ce que ceci s’est produit ?
23 R. Eh bien, c’était une ou deux nuits avant que
24 moi et AB, on soit renvoyé, remis aux autres personnes.
25 Q. À la fin de l’audience jeudi, vous avez
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1 décrit les événements qui se sont produits après que
2 l’Accusé Kovac vous a amenée avec 87 dans l’appartement de
3 Tuta et comment vous êtes rentrée dans l’appartement de
4 Klanfa. Est-ce que vous pouvez me dire ce qui est arrivé à
5 AS ?
6 R. C’est Jagos Kostic qui a amené AS dans un
7 appartement à Donje Polje puisqu’il y avait des coups de
8 feu et c’est pour ça qu’il l’a amenée à Donje Polje, dans
9 un appartement.
10 Q. Comment est-ce que vous le savez ?
11 R. Je le sais puisque le lendemain, après tous
12 ces événements, lorsque nous sommes rentrées dans cet
13 appartement, à ce moment-là, Jagos a amené AS dans
14 l’appartement et c’est ainsi qu’elle nous a dit qu’elle
15 avait été dans un appartement à Donje Polje.
16 Q. Est-ce qu’elle a continué à rester dans
17 l’appartement de Klanfa ou bien est-ce qu’on l’a amenée
18 ailleurs ?
19 R. Elle y est restée.
20 Q. Qu’est-ce qui est arrivé à AB ?
21 R. Le lendemain, lorsque nous nous sommes
22 levées, Klanfa est venu et il a dit que Dragec allait venir
23 afin d’amener AB et à moi, il a dit que Tuta et Zelja, ils
24 allaient venir afin de m’amener. Au bout d’un certain
25 temps, Dragec est venu, il a sonné à la porte et Klanfa a
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1 vu à travers le judas, il a vu Dragec compter l’argent, il
2 a souri et il a dit : « Regarde-le compter l’argent. » Il
3 a ouvert la porte. Dragec est entré. J’ai vu qu’il a
4 donné 200 deutschmarks et il a pris la petite et il est
5 parti.
6 Au bout d’un certain temps, Tuta et Zelja se sont
7 arrêtés en voiture devant la porte et il a dit à moi que je
8 devais sortir, partir avec eux. Je suis sortie. Je me
9 suis mise dans la voiture. Ils m’ont conduite vers Aladze
10 et le premier bâtiment en sortant du parc, c’est là que la
11 voiture s’est arrêtée et ils sont montés à l’étage de cet
12 immeuble.
13 Ils sont restés assez longtemps dans l’immeuble et
14 lorsqu’ils sont revenus, ils ont dit que je devais aller
15 chez AB. Moi, je suis entrée. J’avais très peur, je
16 pleurais et Dragec, il a crié sur moi et il a dit :
17 « Pourquoi pleures-tu ? Ne sais-tu pas que je viens de te
18 sauver la vie ? Ils voulaient te tuer maintenant. Est-ce
19 que tu sais qu’ils voulaient te tuer ? » Quand il m’a dit
20 ça, je me suis calmée un peu. J’ai compris ce qui se
21 passait.
22 Q. Quand est-ce que vous avez vu AB la dernière
23 fois ?
24 R. Nous sommes restées ensemble pendant assez
25 longtemps encore, probablement encore deux mois puisque
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1 Dragec, il nous vendait partout. Il faisait du commerce
2 avec nous. Un mois ou peut-être 15 jours avant, à ce
3 moment-là, ils nous ont séparées. C’est Jasko Gazdic qui
4 l’a amenée et je ne l’ai plus revue, plus jamais, mais je
5 suis sûre et je sais avec certitude que ce même Kovac sait
6 personnellement ce qui est arrivé à cette jeune fille. Il
7 s’agit d’une fille de 12 ans, d’un enfant de 12 ans.
8 J’avais oublié de dire qu’il y avait un verre
9 plein de dents en or dans son appartement. Quand j’ai vu
10 ça, je tremblais de froid et il m’a dit à ce moment-là :
11 « Qu’as-tu vu ? Qu’est-ce qu’il y a ? » Moi, j’ai dit que
12 je n’avais rien vu.
13 Q. Vous-même, quand est-ce que vous avez quitté
14 Foca ?
15 R. Moi, j’ai quitté Foca le 5 mars 1993.
16 Q. Comment êtes-vous sortie ?
17 R. Deux Serbes m’ont aidée. Ils m’ont fait
18 sortir jusqu’au territoire libre.
19 Q. Vous nous avez décrit huit mois de détention
20 et de sévices sexuels. Est-ce que ceci a laissé des
21 séquelles sur votre état de santé ?
22 R. Oui.
23 Q. Comment ?
24 R. Je souffre toujours de traumatismes. Je
25 continue à rêver de ça. J’ai encore beaucoup de peurs. Je
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1 pense que je ne me libérerai jamais de cela parce que si
2 j’ai peur à un moment, je commence à trembler tout de
3 suite.
4 Q. Jeudi, vous avez identifié l’Accusé Dragoljub
5 Kunarac dans le prétoire. Est-ce que les enquêteurs du
6 Bureau du Procureur vous avaient montré une série de
7 photographies ?
8 R. Oui.
9 Q. Vous souvenez-vous quand cela s’est passé ?
10 Est-ce que c’était éventuellement en avril 1998 ? C’était
11 il y a deux ans, n’est-ce pas ?
12 R. Oui, c’est possible, mais je ne m’en souviens
13 pas exactement.
14 Q. Est-ce que vous vous souvenez si vous avez
15 reconnu qui que ce soit sur la photo ?
16 R. Non.
17 Q. Pourquoi ?
18 R. Je pense qu’il s’agissait des copies, des
19 copies de photographies. C’est la raison pour laquelle je
20 ne pouvais pas reconnaître et il y a des années qui se sont
21 passées. Je ne pouvais pas véritablement m’en souvenir.
22 Q. Vous avez reconnu dans le prétoire Dragoljub
23 Kunarac, n’est-ce pas ?
24 R. Oui.
25 Q. Est-ce que vous en êtes sûre ?
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1 R. Oui.
2 Q. Vous avez reconnu également l’Accusé Zoran
3 Vukovic dans ce prétoire, n’est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. Vous avez dit que vous ne le connaissiez pas
6 avant la guerre, n’est-ce pas ?
7 R. C’est vrai.
8 Q. Est-ce que vous connaissiez un autre Zoran
9 Vukovic, une autre personne répondant au nom Zoran Vukovic
10 avant la guerre ?
11 R. Non. Je sais qu’il y avait une personne qui
12 répondait au même nom et qui habitait à Brod et ensuite, il
13 était à Foca et son surnom était Kifla.
14 Q. Vous connaissez ce Kifla ?
15 R. Oui.
16 Q. Est-ce que vous pouvez, s’il vous plaît, nous
17 donner la description de cette personne répondant au surnom
18 Kifla, Zoran Vukovic, surnommée Kifla ?
19 R. Il était châtain clair et il était assez
20 gros, de taille moyenne.
21 Q. Quel âge avait-il ?
22 R. Je ne le sais pas exactement mais il avait
23 plus que 30 ans.
24 Q. Est-ce que vous avez vu cette personne
25 répondant au nom Zoran Vukovic et au surnom Kifla ? Vous
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1 l’avez vue pendant la guerre ?
2 R. Oui.
3 Q. Quand ? À quel moment ?
4 R. Eh bien, je pense que c’était le mois de
5 février, février 1993. C’était peut-être en janvier,
6 janvier, février 1993. Dragec m’a vendue à Todovic et il
7 m’a gardée dans un studio à Mahala, et une nuit, lui-même
8 ainsi qu’un enseignant répondant au nom de Dzurovic qui
9 était venu jusqu’à ce studio et avant la guerre, il
10 enseignait la culture physique dans une école élémentaire,
11 donc, ils ont enfoncé la porte du studio que j’habitais.
12 Q. Qu’est-ce qu’ils ont fait ?
13 R. À ce moment-là, Kifla m’a violée. Ensuite,
14 il m’a emmenée dans son appartement, chez sa mère, et je
15 sais qu’il proférait des injures à l’égard de sa mère.
16 C’était sa propre mère et elle était vieille, elle était
17 malade et puis je suis restée toute la nuit dans son
18 appartement. C’est là-bas également qu’il m’a violée. Le
19 lendemain matin à midi, il m’a ramenée dans ce studio.
20 Q. Ce Kifla, ce Zoran Vukovic, est-ce que vous
21 l’avez vu à Buk Bijela, au lycée ou bien à Partizan ?
22 R. Non, je ne m’en souviens pas.
23 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Madame la
24 Présidente, je n’ai plus de questions.
25 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Je pense que
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1 maintenant, nous allons passer au contre-interrogatoire.
2 Me Prodanovic.
3 Me PRODANOVIC (interprétation) : Merci, Madame la
4 Présidente.
5 CONTRE-INTERROGÉE PAR Me
6 PRODANOVIC (interprétation) :
7 Q. Bonjour, Madame le Témoin. Je voudrais vous
8 poser une première question. Vous avez donné combien de
9 déclarations aux enquêteurs du Tribunal à La Haye ?
10 R. Une seule.
11 Q. Est-ce que j’ai bien entendu : une seule ?
12 R. Oui.
13 Q. Est-ce que vous vous souvenez à quel moment
14 vous avez donné cette déclaration ?
15 R. Je ne m’en souviens pas.
16 Q. Est-ce qu’entre-temps, vous avez donné des
17 déclarations à d’autres organes outre les enquêteurs du
18 Tribunal ?
19 R. Je ne sais pas.
20 Q. Est-ce que vous avez donné éventuellement une
21 déclaration au Service de sécurité à Sarajevo ?
22 R. Oui.
23 Q. Est-ce que c’était le 22 août 1996 ?
24 R. Je ne m’en souviens pas. Il est possible.
25 Me PRODANOVIC (interprétation) : Je vais demander
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1 à l’Huissier de m’aider à remettre au témoin les
2 déclarations que le témoin a données aux enquêteurs du
3 Tribunal – il y a deux déclarations, pas une seule, comme
4 le témoin vient de nous dire – et de lui remettre également
5 une déclaration qu’elle a donnée aux représentants du
6 Service de sécurité à Sarajevo en date du 22 août 1996.
7 LA GREFFIÈRE : Alors, la déclaration du témoin en
8 date du 6 mars 1998 sera cotée D23 des pièces de la
9 Défense. La déclaration du témoin en date du 15 et du 18
10 novembre 1995 sera cotée D24 des pièces de la Défense.
11 En ce qui concerne la déclaration du témoin du 22
12 août 1996, celle-ci n’a été communiquée au Greffe qu’en
13 version B/C/S. Je voudrais savoir la position de la
14 Chambre quant à une cotation éventuelle.
15 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me
16 Prodanovic, comment ça se fait qu’il n’y a pas de version
17 anglaise ou éventuellement en français, notamment en
18 anglais parce qu’il s’agit de la Chambre qui suit
19 uniquement en anglais ?
20 Me PRODANOVIC (interprétation) : Madame la
21 Présidente, c’est l’Accusation qui nous a remis ces
22 déclarations. Je n’ai jamais vu la déclaration en langue
23 anglaise.
24 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Oui. Nous
25 avons une traduction mais officieuse et il faudrait que je
Page 1500
1 vérifie mais je pense que vous l’avez vérifiée.
2 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Bon. Nous
3 allons par conséquent pouvoir attribuer la cote mais à
4 condition que la version en anglais nous soit remise
5 ultérieurement par l’Accusation.
6 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : D’accord.
7 Il n’y a aucun problème.
8 LA GREFFIÈRE : [Hors microphone] …22 août 1996 en
9 version B/C/S portera la cote D25 des pièces du Procureur.
10 Toutes ces pièces seront enregistrées de façon
11 confidentielle.
12 La dernière pièce est cotée D25 des pièces du
13 Procureur et non D26 comme il est indiqué dans le
14 transcript.
15 Me PRODANOVIC (interprétation) :
16 Q. Je vous en prie, est-ce que vous pouvez, s’il
17 vous plaît, regarder ces déclarations et puis nous
18 confirmer s’il s’agit ou non de vos déclarations ?
19 R. Oui.
20 Q. Est-ce que nous pouvons constater que vous
21 avez donné les deux déclarations aux enquêteurs du Tribunal
22 et pas une seule, comme vous l’avez dit tout à l’heure ?
23 R. C’est possible, mais je ne me souviens pas.
24 Quand même, ça s’est passé il y a longtemps. Donc, je ne
25 m’en souviens pas. Je ne sais pas si j’en ai donné une
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1 seule ou deux, mais de toute façon, je sais que je n’avais
2 pas honte de les donner. Je voulais tout simplement que le
3 monde entier sache ce que j’ai vécu.
4 Q. Excusez-moi. Est-ce que vous avez dit au
5 Service de sécurité que vous avez donné la déclaration aux
6 enquêteurs du Tribunal ?
7 R. Oui.
8 Q. Qu’est-ce que les représentants du Service de
9 sécurité d’État vous ont dit et quelles étaient les raisons
10 pour lesquelles ils vous ont convoquée pour donner la
11 déclaration ?
12 R. Je ne m’en souviens pas.
13 Q. Est-ce qu’on vous a dit également qu’il
14 faudrait que vous donniez la déclaration parce que cette
15 déclaration serait utilisée également devant le Tribunal
16 international à La Haye ?
17 R. Je ne m’en souviens pas.
18 Q. Pourriez-vous nous dire comment s’est passé
19 l’interrogatoire auprès du Service de sécurité à Sarajevo ?
20 Est-ce que vous avez donné éventuellement ces déclarations
21 à Sarajevo ou dans un autre lieu ou une autre ville ?
22 R. Normalement, comme toutes les autres
23 déclarations, à Sarajevo, oui.
24 Q. Est-ce que les représentants du Service de
25 sécurité d’État vous ont posé des questions ou bien ils
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1 vous ont dit de relater ce que vous connaissez sur les
2 événements qui avaient trait au conflit de Foca ?
3 R. Mais ils m’ont posé des questions, et puis
4 d’un autre côté, j’ai relaté également un certain nombre
5 d’événements. J’ai dit tout ce qui s’était passé.
6 Q. Est-ce que vous vous souvenez des noms des
7 personnes qui vous ont interrogée ? Est-ce que le Greffe
8 était présent lors de l’interrogatoire ?
9 R. Oui, mais je ne me souviens pas de noms.
10 Q. Est-ce que c’est vous qui avez dicté ce qui
11 allait être intégré dans la déclaration ou quelqu’un
12 d’autre éventuellement ?
13 R. Mais personne ne pouvait dicter ce que je
14 voulais dire et ce que j’ai eu à dire.
15 Q. Est-ce que ça veut dire que vous avez dit au
16 Greffe ce qui allait rentrer dans la déclaration ?
17 R. Oui.
18 Q. Est-ce que vous étiez d’accord avec ce qui a
19 été marqué dans la déclaration ? Éventuellement, vous
20 aviez des remarques, observations ?
21 R. Oui. J’ai signé la déclaration mais pour ce
22 qui est des remarques, je ne me souviens pas.
23 Q. Est-ce que vous vous souvenez ce que vous
24 avez déclaré à cette occasion ? Est-ce que vous maintenez
25 ce que vous avez dit à cette occasion ?
Page 1503
1 R. Je pense que je m’en souviens.
2 Q. Est-ce que vous avez dit la vérité à cette
3 occasion-là ?
4 R. Je pense que oui.
5 Q. Vous souvenez-vous si le Greffe a signé cette
6 déclaration ?
7 R. Je ne m’en souviens pas.
8 Q. Est-ce qu’à cette époque-là, vous aviez un
9 bon souvenir en ce qui concerne les événements qui se sont
10 passés ?
11 R. Oui, certainement.
12 Q. Est-ce que vous avez parlé de la même façon
13 de ces événements comme ce fut le cas au moment où vous
14 vous êtes entretenue avec les enquêteurs du Tribunal
15 international ?
16 R. Je pense que oui.
17 Q. Excusez-moi, je ne vous ai pas compris.
18 R. Je pense que oui.
19 Q. Entendu ! Pourriez-vous me dire sur
20 l’initiative de qui vous avez participé à ce deuxième
21 interrogatoire ?
22 R. Je ne m’en souviens pas.
23 Q. Vous avez dit par ailleurs que vous avez
24 travaillé à la société Sipad de Maglic comme balayeuse ?
25 R. Oui, c’est exact.
Page 1504
1 Q. Vous avez dit dans vos déclarations
2 préalables que vous avez travaillé avec quatre Serbes.
3 Est-ce qu’elles étaient également des balayeuses ?
4 R. Oui.
5 Q. Est-ce que, outre ces quatre Serbes,
6 éventuellement il y avait des musulmans parmi vous qui
7 travaillaient avec vous ?
8 R. Oui, avec une seule.
9 Q. Excusez-moi.
10 R. Avec une musulmane. Avec une autre
11 musulmane.
12 Q. Vous avez dit par ailleurs que vos collègues
13 serves ne sont pas venus travailler ce jour-là ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce que votre collègue musulmane est venue
16 au travail ?
17 R. Non, parce qu’elle était déjà à la retraite.
18 Q. Est-ce que c’était la centrale thermique qui
19 faisait partie de Sipad ?
20 R. Est-ce que je dois donner la réponse ?
21 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Oui. Vous
22 devez donner la réponse.
23 R. Oui.
24 Me PRODANOVIC (interprétation) :
25 Q. Qui était le directeur de la centrale
Page 1505
1 thermique ?
2 R. Nenad Matovic.
3 Q. Et Omer Hasanbegovic, qu’est-ce qu’il
4 occupait comme poste ?
5 R. Il était directeur également mais il était
6 chargé d’une nouvelle unité d’électricité qui était en
7 train d’être construite.
8 Q. Est-ce que vous savez qui avait un rang qui
9 était supérieur?
10 R. Non, je ne sais pas.
11 Q. Et Djordje Pavlovic, quel était le poste
12 qu’il avait occupé ?
13 R. Il était chef de l’équipe.
14 Q. Et qui était votre supérieur direct ? Qui
15 vous a affecté pour les activités diverses ? Vous étiez
16 responsable devant qui ?
17 R. Il y avait Hajrudin Selimovic qui était le
18 chef et puis, tous les deux jours, on avait des chefs des
19 équipes qui se reléguaient.
20 Q. Et Hajrudin, c’était un musulman ?
21 R. Oui.
22 Q. Est-ce que vous savez comment les partis
23 politiques ont été constitués ?
24 R. Non.
25 Q. Est-ce que vous savez quel était le parti qui
Page 1506
1 était le premier à être mis en place en Bosnie ?
2 R. Je ne m’en souviens pas.
3 Q. Vous avez dit dans votre déclaration que les
4 Serbes et les musulmans ont commencé à s’écarter les uns
5 des autres à partir de l’affaire de Focatrans ?
6 R. Oui.
7 Q. Vous avez dit qu’il y avait des partis
8 nationaux qui ont été créés, que ça s’est passé par la
9 suite. La question que j’aimerais vous poser c’est de
10 savoir si vous êtes sûre que cet incident Focatrans avait
11 eu lieu après la création des partis politiques.
12 R. Je pense que c’était avant.
13 Q. Excusez-moi.
14 R. Avant.
15 Q. Mais dans votre déclaration, vous disiez que
16 c’était après.
17 R. Je ne m’en souviens pas.
18 Q. Est-ce qu’avant le 6 avril 1992, vous avez
19 entendu parler des problèmes dans l’ex-Bosnie-Herzégovine,
20 des problèmes qui surgissaient ?
21 R. Oui. Lors du dernier congrès à Sarajevo
22 quand Karadzic avait déclaré que si jamais la guerre allait
23 être déclenchée que des musulmans allaient disparaître,
24 oui, ça je l’ai appris.
25 Q. Est-ce que vous savez ce qui s’est passé
Page 1507
1 avant, avant que Karadzic ait déclaré ce que vous venez de
2 nous citer ?
3 R. Je ne m’en souviens pas.
4 Q. Est-ce que vous connaissez uniquement ce que
5 Karadzic a dit, donc cet extrait qui se rapporte à lui et
6 qui s’est passé lors de cette assemblée générale ?
7 R. Oui.
8 Q. Est-ce que vous avez appris qu’il y avait des
9 incidents qui ont eu lieu et qu’il y avait un conflit, un
10 conflit armé qui a eu lieu le 6 avril 1992 ?
11 R. Je ne m’en souviens pas.
12 Q. Pourriez-vous nous dire entre qui ce conflit
13 s’est déclenché ?
14 R. Je ne m’en souviens pas.
15 Q. Dans vos déclarations, vous utilisez le terme
16 « agression ». Est-ce que vous savez ce que ça couvre,
17 quelle est la notion que ce terme couvre ?
18 R. Bien, ce sont les Serbes qui se sont attaqués
19 sur la Bosnie, sur les musulmans et sur le peuple désarmé.
20 Q. Est-ce que vous utilisez ce terme normalement
21 quand vous parlez couramment ?
22 R. Non. Je ne me souviens pas. Je ne sais pas.
23 Q. Qui vous a dit qu’il n’y avait plus de
24 travail au moment où vous vous êtes rendue au travail le 6
25 avril 1992 ?
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1 R. C’était Nenad Matovic.
2 Q. Il vous a dit où ?
3 R. Mais j’étais dans l’enceinte de la société où
4 je travaillais.
5 Q. Est-ce qu’il vous a rassemblé à un seul
6 endroit ou bien éventuellement il vous l’a dit à vous-même
7 dans les quat’z’yeux ?
8 R. Mais nous étions quatre. Nous étions quatre
9 dans toute l’entreprise et au moment où il est arrivé, nous
10 étions tous les quatre ensemble et on ne savait pas ce qui
11 se passait.
12 Q. Est-ce que ceci concernait aussi bien les
13 Serbes que des musulmans ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce qu’il y avait des problèmes entre les
16 musulmans et les Serbes dans votre entreprise ?
17 R. À ma connaissance, non, mais il y avait une
18 certaine séparation. Mais personnellement, je n’avais
19 aucun problème avec mes collègues.
20 Q. Vous avez dit que le 6 avril 1992, au moment
21 où on vous a informé qu’il n’y avait plus de travail, vous
22 vous êtes rendue à Foca : Est-ce que c’est exact ?
23 R. Oui.
24 Q. Est-ce que vous pouvez vous souvenir de
25 l’heure ? Quand est-ce que vous êtes partie ?
Page 1509
1 R. Je pense que c’était 9 h 00, 9 h 00 ou peut-
2 être 8 h 30.
3 Q. Vous avez dit que vous êtes partie avec deux
4 camarades, deux amies filles à Foca ?
5 R. Moi, je pense que c’était plutôt deux hommes.
6 Q. Est-ce que c’était des musulmanes ?
7 R. C’était les deux musulmans.
8 Q. Excusez-moi mais c’est peut-être une erreur
9 de traduction, mais dans la déclaration, c’est marqué
10 « deux filles », « deux femmes ».
11 R. Non. C’était deux camarades, deux musulmans.
12 C’était mon cousin et puis un ami homme.
13 Q. Ce n’est pas important. Passons.
14 Dans votre déclaration que vous avez donnée en
15 1995, en novembre, la première phrase, paragraphe 4, vous
16 avez dit que c’est avec votre cousin que vous êtes allée à
17 Foca : Est-ce que c’est exact maintenant ?
18 R. Oui.
19 Q. Et comment êtes-vous partis : à pied ou par
20 un moyen de transport ?
21 R. Par le car.
22 Q. Et qu’est-ce qui s’est passé ce jour-là à
23 Foca ?
24 R. À Foca, il y avait des véhicules différents
25 qui circulaient. Il y avait également des gens qui
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1 criaient : « Nous sommes pour la paix. » Mais je n’étais
2 pas au clair. Je ne savais pas ce qui se passait.
3 Q. Vous avez dit qu’il y avait un groupe assez
4 nombreux de personnes et qu’ils affichaient : « Nous
5 souhaitons la paix. » Qui c’était, ces gens-là ?
6 R. Je pense que c’était des musulmans.
7 Q. Et maintenant, vous maintenez que c’était des
8 musulmans ?
9 R. Oui.
10 Q. Est-ce que vous pouvez savoir à peu près
11 combien de personnes étaient rassemblées ?
12 R. Mais il ne s’agissait pas d’une
13 manifestation. Il y avait des véhicules qui circulaient
14 mais il y avait également des haut-parleurs normalement
15 devant la mairie. Il fallait également prononcer un
16 discours mais rien ne s’est passé.
17 Q. Mais comment saviez-vous que la plupart
18 étaient des musulmans ?
19 R. Je sais parce que j’en connaissais beaucoup
20 parmi eux.
21 Q. Est-ce que vous, vous êtes restée jusqu’à la
22 fin de la manifestation ?
23 R. Non. Je suis partie à 10 h 15. J’ai pris le
24 car et je suis retournée chez moi.
25 Q. Vous avez dit que des musulmans affichaient
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1 qu’ils voulaient la paix alors que les Serbes ont quitté
2 Foca. Est-ce qu’ils ont quitté massivement Foca ?
3 R. Oui.
4 Q. Et sur la base de quoi vous l’affirmez ?
5 R. Ils se sont préparés, puis ils faisaient
6 partir leurs familles au Monténégro, puis ils déployaient
7 des armes, des canons, et cætera, alors que les nôtres, ils
8 sont restés sur place. De toute façon, ils ne savaient
9 même pas ce qui se préparait parce que sinon, bien
10 évidemment, on n’aurait pas permis que ça se passe parce
11 qu’on aurait pu sauver nos propres vies. On aurait pu… on
12 ne serait pas à attendre les Chetniks pour qu’ils viennent
13 nous égorger.
14 Q. Est-ce que vous vous souvenez quels étaient
15 les Serbes qui sont partis ce jour-là ?
16 R. Oui, (expurgé) qui vivaient
17 (expurgé) dans le village.
18 Q. Est-ce que vous pouvez nous citer ici un
19 nom ?
20 R. Zivanovic, Rosa. Elle-même, elle est partie
21 avec ses enfants au Monténégro.
22 Q. C’est tout ce que vous savez ?
23 R. Je ne me souviens pas.
24 Q. Est-ce que vous savez si éventuellement une
25 famille musulmane a quitté Foca ?
Page 1512
1 R. Non.
2 Q. Mais qu’est-ce que ça veut dire : « Non » ?
3 Vous ne connaissez pas ou il n’y a pas une seule famille
4 qui ait quitté Foca ?
5 R. Je ne sais pas. Je ne connais pas parce que
6 je n’étais pas à Foca.
7 Me PRODANOVIC (interprétation) : C’est peut-être
8 le moment, Madame la Présidente. Je pense que nous sommes
9 à l’heure où normalement, on fait la pause et c’est après
10 la pause que je pourrais poursuivre si vous êtes d’accord
11 avec moi.
12 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Oui, jusqu’à
13 11 h 30.
14 --- Suspension de l’audience à 11 h 02
15 --- Reprise de l’audience à 11 h 30
16 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me
17 Prodanovic, vous pouvez poursuivre le contre-interrogatoire
18 du témoin.
19 Me PRODANOVIC (interprétation) : Merci, Madame la
20 Présidente.
21 Q. Vous avez dit que cette manifestation avait
22 été organisée par des musulmans, un groupe de musulmans.
23 Savez-vous qu’à Foca, il y avait une association de civils
24 qui s’opposaient aux partis nationalistes ?
25 R. Non, je ne le savais pas.
Page 1513
1 Q. Savez-vous qu’à Foca, il y avait des
2 manifestations qui étaient organisées contre les partis du
3 SDA et du SDS ?
4 R. Oui, je le sais.
5 Q. Avez-vous jamais participé à une de ces
6 manifestations ?
7 R. Oui. À Foca où était formé le Parti du SDA.
8 Q. Je ne crois pas que nous nous soyons compris.
9 Moi, ce que je vous avais demandé, c’est si vous saviez
10 qu’à Foca, il y avait des manifestations montées par des
11 associations de personnes opposées aux partis nationalistes
12 et lors de ces manifestations, on insistait beaucoup sur le
13 caractère néfaste du SDS et du SDA.
14 R. Je ne sais pas.
15 Q. Avez-vous connaissance, lors de la
16 manifestation que vous avez mentionnée qui s’est déroulée
17 en face de l’immeuble de la municipalité, est-ce que cette
18 association a demandé à rencontrer les représentants de la
19 municipalité ?
20 R. Il n’y avait personne devant la mairie ou
21 devant l’immeuble municipal. Il y avait des micros, des
22 porte-voix, des haut-parleurs, mais il n’y avait personne
23 devant.
24 Q. Comment le savez-vous puisque vous n’êtes pas
25 restée jusqu’au bout ?
Page 1514
1 R. Quand j’y étais, en tout cas, il n’y avait
2 personne
3 Q. Donc, vous nous avez dit qu’il y avait des
4 micros et des haut-parleurs ?
5 R. Oui.
6 Q. Est-ce que Novica Kostovic, ça vous dit
7 quelque chose et Dr Janovic, ça vous dit quelque chose ?
8 L’un était serbe et l’autre musulman.
9 R. Non.
10 Q. Est-ce que vous affirmez toujours aujourd’hui
11 que personne n’a prononcé de discours ?
12 R. Je n’ai pas dit que quelqu’un avait prononcé
13 un discours. Je ne sais pas, d’ailleurs, si ça a été le
14 cas. Je ne peux pas vous le dire.
15 Q. Passons à des choses plus précises et plus
16 concrètes. Quand avez-vous été transférée du lycée au
17 gymnase Partizan ?
18 R. À peu près une quinzaine de jours après mon
19 arrivée au lycée. Je ne peux pas vous dire la date exacte.
20 Q. Est-ce que vous affirmez toujours que vous
21 êtes restée au gymnase Partizan pendant 15 jours ?
22 R. Oui.
23 Q. Conviendrez-vous que si on vous a amenée à
24 l’école, au lycée le 3 juillet et si vous y êtes restée
25 jusqu’au 18 ou au 19 juillet, ça fait donc 15 jours, comme
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1 vous nous l’avez dit, donc est-ce que ça correspondrait à
2 ce que vous nous dites, 18 ou 19 juillet ?
3 R. Oui, à peu près. Je ne peux pas vous dire
4 exactement. Je ne suis pas sûre des dates, mais je dirais
5 oui, environ 10 à 15 jours.
6 Q. Est-ce qu’on vous a dit pourquoi on vous
7 transférait au gymnase Partizan ?
8 R. Je ne m’en souviens pas.
9 Q. Est-ce que vous savez que des réfugiés serbes
10 sont arrivés et que c’est eux que l’on a installés dans le
11 lycée ?
12 R. Je ne sais pas.
13 Q. Savez-vous ou avez-vous entendu dire la chose
14 suivante : Il y a eu un massacre de la population civile
15 du village de Jabuka lors duquel plusieurs dizaines de
16 civils ont trouvé la mort ? Le saviez-vous ?
17 R. Non, je ne le savais pas.
18 Q. Étiez-vous libre de vos mouvements au gymnase
19 Partizan ?
20 R. Bien…
21 Q. Je parle des périodes de temps pendant
22 lesquelles on ne vous faisait pas sortir du gymnase.
23 R. Oui, oui. À l’intérieur, on pouvait se
24 déplacer, on pouvait aller aux toilettes, mais où est-ce
25 qu’on aurait pu aller d’ailleurs ?
Page 1516
1 Q. Est-ce que vous aviez le droit de sortir
2 devant le gymnase ?
3 R. C’est surtout les enfants qui sortaient.
4 Q. Vous, est-ce qu’il vous est arrivé de sortir
5 ?
6 R. Parfois pour de brefs instants. J’attendais
7 pour voir si les Chetniks allaient m’emmener. Donc, moi,
8 je préférais en fait me cacher plutôt que de sortir.
9 Q. Combien y avait-il de gardes dans le gymnase
10 Partizan ?
11 R. Chaque équipe de garde était composée de deux
12 hommes.
13 Q. Connaissiez-vous certains de ces gardes ?
14 R. Personnellement, non mais peu à peu, j’ai
15 appris à les connaître. Attendez un instant, s’il vous
16 plaît. Oui, j’en connaissais un, mais je ne me souviens
17 plus de son nom. C’était peut-être Bogdan.
18 Q. Comment se fait-il que vous le connaissiez,
19 parce qu’il était bon ou parce qu’il était mauvais ?
20 R. C’était quelqu’un de bien.
21 Q. Vous avez parlé de Bosko Partalo et du garde
22 Sonivoje.
23 R. Je ne les connaissais pas en arrivant, mais
24 après, j’ai appris à les connaître. C’était des gens biens
25 parce que quand c’est eux qui nous gardaient, personne ne
Page 1517
1 pouvait venir nous chercher. Aucun Chetnik ne pouvait
2 venir au gymnase nous chercher quand ces deux hommes
3 étaient de garde. Pour nous, quand eux, ils étaient de
4 garde, c’était vraiment formidable pour nous.
5 Q. Est-ce que les gardes vous empêchaient de
6 vous déplacer quand il y avait du danger ?
7 R. Oui.
8 Q. Pouvez-vous nous dire quelle était la durée
9 de leur service ?
10 R. Bien, il y avait trois équipes. Je ne peux
11 pas vous dire exactement combien de temps ils restaient.
12 Enfin, je crois que c’était deux jours à peu près.
13 Q. Est-ce que cela veut dire que quand ces
14 hommes étaient de garde, vous étiez protégée ?
15 R. Oui. À ce moment-là, on ne nous embêtait
16 pas.
17 Q. Est-ce qu’il vous est arrivé de parler avec
18 les gardes ?
19 R. Oui. Avec ces deux-là en particulier, on a
20 souvent beaucoup parlé.
21 Q. De quoi parliez-vous avec eux ?
22 R. Je ne me souviens pas vraiment de toutes les
23 choses dont nous parlions ensemble. Je ne me souviens pas
24 des détails.
25 Q. Savez-vous quelle était leur fonction, leur
Page 1518
1 mission ?
2 R. Non, je ne sais pas.
3 Q. Vous souvenez-vous si une femme serbe
4 habitait à côté du gymnase Partizan ?
5 R. Oui.
6 Q. Connaissez-vous son nom ?
7 R. Oui.
8 Q. Pouvez-vous nous donner son nom ?
9 R. Elle s’appelait Vida. Je ne connais pas son
10 nom de famille.
11 Q. Est-ce que c’était quelqu’un de bien ?
12 R. Oui, oui. Une fois, elle nous a sauvés d’un
13 Chetnik. C’est un Chetnik qui était entré dans le gymnase.
14 Ils s’étaient tirés dessus. Il était en sang et il est
15 venu au gymnase avec un fusil. Il s’apprêtait à nous tuer
16 tous et elle, elle est venue au gymnase, elle l’a calmé,
17 elle l’a emmené prendre un café chez elle.
18 Q. Est-ce qu’il vous est arrivé à certains
19 d’entre vous d’aller chez elle pour prendre un café ?
20 R. Je ne sais pas. Je ne me souviens pas.
21 Q. Quand vous sortiez du gymnase, est-ce qu’il
22 arrivait à certaines d’entre vous d’aller acheter quelque
23 chose, d’aller dans un magasin ?
24 R. Oui. Les femmes à qui il restait un peu
25 d’argent, qui avaient réussi à le cacher aux Chetniks, à
Page 1519
1 qui on ne l’avait pas encore pris, elles sortaient et elles
2 essayaient d’aller acheter quelque chose, du pain parce
3 qu’on n’avait rien à manger au gymnase.
4 Q. Donc, ça veut dire que personne ne vous
5 empêchait de sortir pour aller faire des commissions ?
6 R. On ne nous arrêtait pas, mais celles qui y
7 allaient n’y allaient pas ouvertement. Moi, je ne suis
8 jamais sortie pour aller faire des courses mais je connais
9 des femmes qui sortaient discrètement.
10 Q. Nous avons déjà convenu que vous êtes restée
11 environ 15 jours au lycée et que c’est le 3 juillet que
12 vous y êtes arrivée. Pouvons-nous partir du principe que
13 vous avez été transférée le 18 ou le 19 juillet à partir du
14 gymnase Partizan ?
15 R. Je vous ai dit que je ne peux plus me
16 souvenir très bien des dates. Je vous ai dit que je suis
17 restée à peu près une quinzaine de jours dans le lycée et
18 que je suis restée à peu près autant de temps au gymnase.
19 Q. Oui, mais dans une de vos déclarations, vous
20 avez dit que vous êtes restée au lycée pendant une
21 quinzaine de jours et que vous êtes restée au gymnase
22 Partizan une quinzaine de jours. Donc, c’est pour ça que
23 j’essaie de déterminer les dates sur la base de vos
24 déclarations.
25 Au cours de ces 15 jours que vous avez passés au
Page 1520
1 gymnase Partizan, je voudrais savoir combien de fois on
2 vous a fait sortir, on vous a emmenée.
3 R. Pratiquement tous les soirs. Je ne peux pas
4 vous dire, je ne sais pas si même il y a une seule nuit où
5 je suis restée dans le gymnase. Peut-être la nuit où ma
6 grand-mère m’a cachée, où j’ai dormi sous son corps.
7 Q. La dernière fois, vous avez dit que vous avez
8 passé trois jours cachée sous les vêtements de votre grand-
9 mère.
10 R. Je ne me souviens pas de tous les détails.
11 Q. Je suis un petit peu préoccupé. Vous semblez
12 ne vous souvenir d’aucun détail quand moi, je vous pose des
13 questions, alors que vous vous souvenez de tous les détails
14 et que vous racontez en détail tout ce qui vous est arrivé
15 quand l’Accusation vous pose des questions. Pourquoi cette
16 différence ? Peut-être parce que je vous pose des
17 questions bien précises et bien concrètes.
18 R. Moi, je ne peux vous dire que ce dont je me
19 souviens et que je sais. Peut-être ai-je dit des choses
20 dont je ne me souviens pas. C’est une situation très
21 perturbante pour moi.
22 Q. Vous souvenez-vous quelle est la première
23 personne qui vous a fait sortir du gymnase, qui et quand ?
24 R. Je crois que c’était Stankovic, Dragec
25 Stankovic.
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1 Q. Vous avez dit Dragec Stankovic ?
2 R. Oui.
3 Q. Dans votre déclaration de 1995, à la page 10,
4 paragraphe 3, vous avez dit qu’on vous a fait sortir pour
5 la première fois à la mi-juillet 1992 et ensuite, vous avez
6 décrit Kunarac et ses hommes. Où est la vérité, s’il vous
7 plaît ?
8 R. Je ne me souviens pas. Je crois que tout est
9 dans les déclarations que j’ai données parce que, comme je
10 l’ai déjà dit, beaucoup de temps a passé depuis.
11 Q. Pouvez-vous me dire quand votre mémoire était
12 meilleure, il y a quelques années ou aujourd’hui ?
13 R. Bien entendu, il y a quelques années.
14 Aujourd’hui, j’essaie d’oublier tout ce qui est m’est
15 arrivé.
16 Q. Oui, mais vous devrez reconnaître que vous
17 avez fait preuve d’une excellente mémoire lorsque vous avez
18 répondu aux questions de l’Accusation. Vous vous êtes
19 souvenue de détails que vous n’aviez pas donnés lorsqu’on a
20 recueilli vos déclarations préalables.
21 R. C’est possible.
22 Q. Vous souvenez-vous de la date où pour la
23 dernière fois on vous a fait sortir du gymnase Partizan ?
24 R. C’était le 2 août.
25 Q. La première fois où on est venu vous
Page 1522
1 chercher, vous nous dites que c’est Dragec Stankovic qui
2 vous a fait sortir et ensuite, qui vous a fait sortir et où
3 vous a-t-on emmenée ?
4 R. Après, il y a eu Zaga qui m’a emmenée à
5 Aladze, je l’ai déjà dit, et puis il y en a quatre autres
6 dont je ne connais pas les noms, ils nous ont emmenées à
7 Masala. Ensuite, il y a eu Tuta et puis…
8 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me
9 Prodanovic, il ne faut pas s’attendre à ce que le témoin
10 vous rappelle et répète tout ce qu’elle a dit dans le cadre
11 de l’interrogatoire principal. Dans le cadre du contre-
12 interrogatoire, si vous essayez de mettre en doute ce
13 qu’elle a dit, il faut lui poser des questions directes.
14 Il ne faut pas lui demander de répéter ce qu’elle a déjà
15 dit dans le cadre de l’interrogatoire principal.
16 Me PRODANOVIC (interprétation) : Je n’ai pas bien
17 compris ce que vous avez dit. Je n’ai pas entendu
18 l’interprétation.
19 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Oui.
20 J’étais en train de dire qu’il ne faut pas demander au
21 témoin de répéter ce qu’elle a dit.
22 Me PRODANOVIC (interprétation) : Je n’entends pas
23 de traduction. C’est bon maintenant.
24 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Donc, je
25 vous dis qu’il ne faut pas demander au témoin de répéter ce
Page 1523
1 qu’elle a déjà dit dans le cadre de l’interrogatoire
2 principal. Nous avons tout entendu ce qu’elle a dit.
3 Donc, il convient de ne pas perdre de temps.
4 Donc, ce que vous devez faire, si vous contestez
5 ce qu’elle a dit, c’est de lui présenter votre version des
6 faits, la version de l’accusé, mais ne lui faites pas
7 répéter ce qui a été dit dans le cadre de l’interrogatoire
8 principal. Ne nous refaites pas un interrogatoire
9 principal, s’il vous plaît.
10 Me PRODANOVIC (interprétation) : Merci, Madame la
11 Présidente. Je vais faire de mon mieux pour me conformer à
12 vos instructions.
13 Q. Madame le Témoin, pouvez-vous nous dire en
14 tout combien de fois on est venu vous chercher et on vous a
15 fait sortir entre le 18 juillet et le 3 août, période que
16 vous avez passée au gymnase Partizan ?
17 R. Je ne peux pas vous donner le chiffre exact.
18 Q. Pouvez-vous nous dire quand vous êtes allée à
19 Cajnice où on devait normalement vous échanger ?
20 R. C’était au bout de cinq ou 10 jours au
21 gymnase Partizan.
22 Q. Est-ce qu’à cette occasion, il y avait
23 quelqu’un dont le nom figure sur la liste qui est devant
24 vous ?
25 R. Non.
Page 1524
1 Q. Vous souvenez-vous combien de jours vous avez
2 passés à Cajnice ?
3 R. Je l’ai déjà dit. J’ai passé deux nuits.
4 Q. Dans votre déclaration, vous avez dit que
5 vous avez passé une nuit dans l’école primaire et deux
6 autres dans la plus grande école.
7 R. C’est exact. En fait, non, je ne m’en
8 souviens pas vraiment. On a passé une nuit dans la
9 « petite école » et je ne me souviens pas combien de nuits
10 nous avons passées dans l’autre école. Je ne sais pas si
11 c’est une ou deux.
12 Q. Oui, mais dans cette déclaration, vous avez
13 dit qu’un certain nombre de personnes qui figurent sur les
14 listes devant vous ont fait partie de ce voyage. Où est la
15 vérité ?
16 R. Ah, vous voulez parler des femmes dont le nom
17 figure sur la liste ? Oui, oui, en effet, elles étaient
18 avec moi.
19 Q. Sans nous dire leurs noms, pouvez-vous nous
20 donner leurs numéros, s’il vous plaît ?
21 R. Eh bien, DB, 87, 189, 48, 74 et 88.
22 Q. Pouvez-vous nous dire avec précision combien
23 de fois on vous a emmenée dans le quartier de Aladze ?
24 Dans votre première déclaration, vous avez dit cinq fois,
25 mais pendant votre interrogatoire principal, vous avez dit
Page 1525
1 deux fois.
2 R. Deux fois. Deux fois dont je me souvienne.
3 Q. Conviendrez-vous qu’il est arrivé que vous
4 passiez plusieurs jours au gymnase Partizan sans que l’on
5 vous en fasse sortir ?
6 R. Je ne m’en souviens pas. Il est possible
7 qu’il y ait eu un jour ou deux où cela se soit passé comme
8 vous me dites.
9 Q. Oui. Dans votre déclaration, vous dites
10 qu’il vous est arrivé de vous cacher sous votre grand-mère
11 pendant trois jours. Plus tard, vous avez dit que c’était
12 deux nuits. Vous avez dit que pendant deux nuits, personne
13 n’était venu vous chercher. Je ne veux pas ainsi
14 répertorier tous les passages de vos déclarations où l’on
15 constate des discordances.
16 R. Je ne me souviens pas du nombre exact de
17 jours où on m’a laissée tranquille.
18 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire combien de
19 fois, pendant combien de périodes de temps on ne vous a pas
20 fait sortir du gymnase ?
21 R. Non, je ne peux pas vous le dire, mais en
22 tout cas, ce n’était pas très souvent.
23 Q. Pouvez-vous nous dire quelle était la tenue
24 vestimentaire des soldats qui venaient chercher des femmes
25 et des jeunes filles ?
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1 R. Ils étaient habillés d’uniformes de
2 camouflage.
3 Q. Est-ce qu’ils avaient des insignes sur leurs
4 uniformes ?
5 R. Ils avaient la cocarde Chetnik.
6 Q. Pouvez-vous nous expliquer où cela se
7 trouvait sur leurs uniformes ?
8 R. Sur leur couvre-chef, sur leurs manches.
9 Q. Est-ce que Zaga avait une cocarde sur la tête
10 ?
11 R. Je ne crois pas. Il ne me semble pas qu’il
12 portait un couvre-chef. Il avait des cheveux très fournis
13 noirs ou foncés. Il semblait…
14 Q. Connaissez-vous les noms des soldats qui
15 venaient vous chercher au gymnase Partizan ?
16 R. Oui. Je connaissais la plupart d’entre eux.
17 Q. Pouvez-vous nous donner leurs noms ?
18 R. Je l’ai déjà dit.
19 Q. Comment se fait-il que vous connaissiez leurs
20 noms ?
21 R. Parce que je les ai appris. Je ne suis pas
22 restée là seulement une journée ou deux. Je suis restée là
23 huit mois. Donc, c’est normal que j’ai appris leurs noms.
24 Q. Vous avez parlé de soldats venant du
25 Monténégro et qui vous ont emmenée dans le quartier Aladze.
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1 R. Oui.
2 Q. Qui en particulier ?
3 R. Il y avait Zaga et Bane. Ils étaient du
4 Monténégro et ils faisaient partie de l’escorte de Kunarac.
5 Q. Comment saviez-vous qu’ils venaient du
6 Monténégro ? Est-ce qu’ils avaient un accent ?
7 R. Oui. Je les ai entendu parler en dialecte.
8 Donc, j’ai tout de suite vu qu’ils étaient du Monténégro.
9 Q. Est-ce que Zaga, lui, avait le même type
10 d’accent ou est-ce qu’il parlait comme les gens de Foca ?
11 R. Lui, il n’avait pas d’accent particulier. Il
12 parlait comme tout le monde à Foca.
13 Q. Est-ce qu’ils vous ont agressée physiquement
14 lorsqu’ils vous ont emmenée dans la maison ? Je pense aux
15 deux incidents que vous avez mentionnés.
16 R. Comment ça physiquement ? Vous voulez dire
17 est-ce qu’ils m’ont frappée ?
18 Q. Oui.
19 R. Non, ils ne m’ont pas frappée.
20 Q. Est-ce qu’ils étaient saouls quand ils vous
21 ont violée ?
22 R. Je ne sais pas vraiment, mais en tout cas,
23 ils n’avaient pas un comportement normal parce qu’un homme
24 normal ne ferait jamais quelque chose comme ça. Je parle
25 d’un homme normal, d’un homme civilisé.
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1 Q. Maintenant, parlons du deuxième incident,
2 celui du 2 août dont vous nous avez parlé. Est-ce qu’il
3 faisait déjà nuit quand on vous a emmenée dans la maison ?
4 R. Oui.
5 Q. Vous étiez quatre. On vous a emmenées depuis
6 le gymnase Partizan. Donc, vous étiez quatre d’après vos
7 déclarations. Je voudrais savoir si à un moment donné,
8 vous vous êtes trouvées toutes dans la même pièce.
9 R. Oui.
10 Q. Est-ce que vous avez pu voir qui a fait
11 sortir le numéro 50 de la pièce où vous vous trouviez ?
12 R. Oui.
13 Q. Est-ce qu’il y avait de la lumière, est-ce
14 qu’il y avait de l’électricité cette nuit-là ?
15 R. Oui, jusqu’à minuit moins 20. À ce moment-
16 là, la mosquée de Aladze a été plastiquée, a explosé, et du
17 fait de l’explosion, le courant a été coupé car les lignes
18 ont été coupées. Moi, ce que je sais c’est que les hommes
19 du Monténégro hurlaient parce qu’ils ne comprenaient pas
20 pourquoi on ne les avait pas prévenus à l’avance.
21 Q. Est-ce qu’il y avait des lampadaires qui
22 fonctionnaient dans la rue et qui fournissaient de la
23 lumière, qui éclairaient ce qui se passait dans la pièce ?
24 R. Je ne m’en souviens pas.
25 Q. Pouvez-vous nous dire ce que faisaient les
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1 gens que vous avez trouvés dans cette pièce lorsque vous
2 êtes entrée ?
3 R. Ce qu’ils faisaient ? Bien, il y avait trois
4 filles, trois jeunes filles, et l’un d’eux – je crois qu’il
5 était de Capljina – il avait des traces de sang sur ses
6 bottes et il était armé jusqu’aux dents. Et elle venait de
7 Gacko…
8 Q. Non, je suis désolé, je ne vous ai pas posé
9 cette question-là.
10 R. Eh bien, il y avait trois personnes qui
11 étaient assises là dans cette pièce.
12 Q. Elles étaient dans la même pièce que vous
13 avant cet incident ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce que l’une d’entre elles a également
16 été violée ?
17 R. Oui.
18 Q. Pouvez-vous, s’il vous plaît, écrire le nom
19 de la personne qui a également été violée ce soir-là ?
20 R. C’est le numéro 190. Puis, il y a également
21 le numéro 87.
22 Q. Oui. Nous avons entendu cela précédemment,
23 mais ma question a trait aux personnes qui se trouvaient là
24 quand vous êtes arrivée.
25 R. Oui. Le numéro 190.
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1 Q. Pouvez-vous nous dire si vous vous souvenez
2 si la personne désignée par le numéro 50 vous a dit qui est
3 venu la chercher ce soir et quand ?
4 R. Je me souviens que c’est Gica qui l’a fait
5 sortir ce soir, mais quant à savoir qui l’a violée, ça, je
6 ne sais pas. Je ne sais même pas si elle a été violée. Je
7 ne sais pas.
8 Q. Dans votre déclaration, vous avez mentionné
9 un soldat blessé. Je voudrais savoir s’il était là la
10 première fois que vous vous êtes rendue à cet endroit, la
11 deuxième fois ou les deux fois.
12 R. Il était là la première fois.
13 Q. Pouvez-vous nous décrire cet homme ?
14 R. Je ne me souviens pas du tout maintenant.
15 Q. Est-ce qu’il est possible que ce soit Goran
16 Milicic cet homme ?
17 R. Je ne sais pas.
18 Q. Pouvez-vous nous dire quand le numéro 50 et
19 la jeune fille de Gacko ont été contraintes de sortir ?
20 R. Je sais que c’était un peu après minuit. En
21 tout cas, je suis sûre d’une chose : c’est qu’elles étaient
22 là au moment où la mosquée Aladze a sauté. Ensuite, ce
23 Gica est arrivé et il m’a dit de sortir. Je l’ai imploré.
24 Je lui ai dit de me laisser parce que je m’occupais de deux
25 enfants dont la mère avait été tuée au village. Donc, je
Page 1531
1 l’ai imploré de me laisser retrouver ces enfants au gymnase
2 Partizan.
3 Alors, ce type de Capljina ensuite a pris un bâton
4 et il s’apprêtait à me frapper. Il m’a insultée, il a
5 insulté ma mère et il m’a dit : « Ne t’occupe pas des
6 enfants », mais cependant, malgré cela, il m’a dit de
7 retourner d’où je venais et il a emmené le numéro 50.
8 Q. Est-ce que vous maintenez toujours que les
9 événements du 2 août se sont déroulés exactement de la
10 façon dont vous nous les avez décrits ici dans ce prétoire
11 ?
12 R. Oui.
13 Q. Nous avons appris ce matin que le Témoin DB
14 va venir déposer ici. Est-ce qu’elle sera en mesure de
15 confirmer vos dires ?
16 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me
17 Prodanovic, vous ne pouvez pas poser cette question au
18 témoin. Elle ne sait pas ce que le Témoin DB va dire à la
19 Chambre de première instance.
20 Me PRODANOVIC (interprétation) : Je vous présente
21 mes excuses, Madame la Présidente. Si j’avais reçu la
22 déclaration un peu plus tôt, j’aurais pu préparer des
23 questions au sujet de cette déclaration qui m’auraient
24 permis de m’assurer que ce témoin dit bien la vérité. Je
25 vous prie de m’excuser.
Page 1532
1 Q. Nous avons presque terminé. Est-ce que vous
2 avez fait une déclaration à Sarajevo le 1er septembre 1999
3 sur la base de laquelle une note officielle a été écrite ?
4 R. Oui.
5 Me PRODANOVIC (interprétation) : Je demanderais à
6 l’Huissier de remettre au témoin cette note officielle.
7 LA GREFFIÈRE : Pourrais-je connaître la date de
8 cette note officielle, s’il vous plaît ? Le Greffe n’est
9 pas en possession de ce document.
10 Me PRODANOVIC (interprétation) : C’est le
11 Procureur qui nous a remis ce document.
12 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Le Procureur
13 peut-il nous aider ?
14 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Je ne sais
15 pas en ce moment ce dont Me Prodanovic parle.
16 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : S’il vous
17 plaît, est-ce que vous pouvez montrer ça par le biais de
18 l’Huissier pour que le Procureur puisse savoir si cela
19 rappelle quelque chose ou pas ?
20 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Il s’agit du
21 document que nous avons remis récemment aux conseils de la
22 Défense puisque nous-mêmes, nous avons reçu ce document il
23 y a une semaine seulement et nous avons été surpris, nous
24 aussi. Il s’agit du document émanant de la police locale
25 concernant une identification sur base de photos concernant
Page 1533
1 ce Dragan Stankovic, je crois.
2 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Lorsque vous
3 dites la « police locale », vous parlez de qui ?
4 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : De Sarajevo.
5 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Et la date ?
6 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Le 29
7 janvier 1999, mais en haut du document, il est écrit le 1er
8 février 1999 et nous avons communiqué ce document à la
9 Défense dès que nous l’avons reçu.
10 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Ça veut dire
11 que les juges ne disposent pas de copie ?
12 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Non, et puis
13 nous n’avons pas encore de traduction de ce document.
14 Simplement, nous savons de quoi il s’agit.
15 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Vous
16 connaissez le contenu général ?
17 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Nous avons
18 un projet de traduction, une ébauche de traduction.
19 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me
20 Prodanovic, vous comprenez quel est le problème ? Je vais
21 vous expliquer. Lorsque vous traitez de documents qui
22 n’existent qu’en serbo-croate et si les juges n’ont pas une
23 copie en anglais, lorsque vous utilisez un tel document
24 afin de contre-interroger le témoin, nous ne pouvons pas
25 suivre. Peut-être vous avez votre propre interprétation du
Page 1534
1 contenu du document. Peut-être nous pouvons entendre
2 d’autres interprétations.
3 Donc, s’il n’y a pas de texte en anglais, il nous
4 est difficile de contrôler la procédure, même de la suivre.
5 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Ce que nous
6 pouvons faire, Madame la Présidente, c’est vous remettre
7 dès à présent cette ébauche de traduction, mais j’ai une
8 seule copie de ceci.
9 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Oui. Peut-
10 être l’Huissier pourrait photocopier cela. Vous pouvez
11 passer à autre chose et dès que l’Huissier reviendra avec
12 les copies, vous pourrez poser des questions concernant ce
13 document parce qu’il faut comprendre qu’il est nécessaire
14 pour nous, les juges, de connaître le contenu pour pouvoir
15 suivre et pour pouvoir protéger le témoin.
16 Me PRODANOVIC (interprétation) : Je comprends ça
17 tout à fait, Madame la Présidente, mais moi, je m’attendais
18 à ce que le Procureur dispose de ce document dans une
19 version qui vous est disponible également.
20 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : De toute
21 façon, il est parti faire des photocopies. Le Procureur
22 peut parfois vous communiquer des documents qu’il n’a pas
23 l’intention d’utiliser et donc il considère qu’il n’est pas
24 nécessaire de le traduire et lorsque vous décidez
25 d’utiliser un tel document, veuillez vérifier avec le
Page 1535
1 Procureur si le document a déjà été traduit pour que ce qui
2 s’est passé aujourd’hui ne se reproduise plus.
3 Me PRODANOVIC (interprétation) : Je comprends
4 tout à fait. Ceci ne se reproduira plus.
5 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Est-ce que
6 vous avez d’autres questions qui ne sont pas liées au
7 document que nous attendons ? Ainsi, vous pouvez poser vos
8 autres questions et revenir au document que nous attendons
9 par la suite.
10 Me PRODANOVIC (interprétation) : Tout à fait.
11 Q. Connaissez-vous ou plutôt savez-vous qu’à
12 Sarajevo, un livre a été publié contenant également votre
13 déclaration identique aux déclarations que vous avez
14 données aux enquêteurs de ce Tribunal ?
15 R. Oui.
16 Q. Est-ce qu’on vous a consultée au moment de la
17 publication de ce livre ?
18 R. Non.
19 Q. Comment se fait-il que les personnes publiant
20 ce livre ont eu votre déclaration si elles ne vous ont pas
21 consultée ?
22 R. Je sais que j’ai donné la déclaration, mais
23 on n’en parlait pas.
24 Q. Je n’ai pas compris. Excusez-moi.
25 R. Lorsque j’ai fait la déclaration, personne ne
Page 1536
1 m’a parlé du livre, de l’intention de publier un livre.
2 Q. Est-ce que vous avez assisté à la promotion
3 de ce livre ?
4 R. Oui.
5 Q. Est-ce que vous avez été à la télévision de
6 Bosnie-Herzégovine au moment de la promotion de ce livre ?
7 R. Oui.
8 Q. Est-ce que vous avez eu une intervention
9 télévisée ?
10 R. Oui.
11 Q. Est-ce qu’à la télé, on pouvait voir votre
12 nom et votre prénom ?
13 R. Oui.
14 Q. J’essaie de savoir pourquoi alors vous avez
15 demandé des mesures de protection ici.
16 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me
17 Prodanovic, je souhaite encore une fois protéger le témoin.
18 Ça n’a absolument rien à voir avec ce qui s’est passé sur
19 le terrain. À l’époque, elle vivait dans un pays libre.
20 Il ne faut pas lui poser une telle question.
21 M. LE JUGE HUNT (interprétation) : Il y a une
22 grande différence entre des interventions télévisées de ce
23 témoin concernant les événements qui se sont produits et le
24 fait de révéler qu’elle apparaît en tant que témoin de
25 l’Accusation à l’encontre de certains accusés concrets.
Page 1537
1 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Est-ce que
2 nous avons le document maintenant ?
3 Me PRODANOVIC (interprétation) :
4 Q. Sur la base de cette déclaration où nous ne
5 voyons pas qui l’a rédigée, vous avez affirmé que le 2
6 août, c’est Dragan Stankovic, Dragec qui vous a violée.
7 Pourtant, vous n’avez pas raconté cela ici. Qu’est-ce qui
8 est vrai ? C’est vers la fin.
9 R. Je n’ai pas raconté tous les détails. Je ne
10 me souviens pas de ce que j’ai raconté là.
11 LA GREFFIÈRE : Donc, ce document daté du 1er
12 février 1999 prendra la cote D26 des pièces de la Défense
13 et sera enregistré de façon confidentielle.
14 Me PRODANOVIC (interprétation) :
15 Q. Est-ce que vous savez peut-être pourquoi Zaga
16 vous a fait venir le 2 août lorsqu’il est parti ?
17 R. Pourquoi ? Vous le savez très bien vous-
18 même.
19 Q. Je vous pose cette question parce que, comme
20 vous l’avez dit, chacun avait accès au Partizan.
21 R. C’est exact.
22 Q. Est-ce que vous pouvez me dire quand la
23 journaliste est-elle venue au Partizan et qui était avec
24 elle ?
25 R. Elle était toute seule. La date, je ne sais
Page 1538
1 pas. C’est après la première fois que Zaga nous a fait
2 sortir. Le lendemain, elle est venue, mais je ne sais pas
3 quelle était la date exacte.
4 Q. Est-ce que vous savez quelles sont les
5 personnes parmi vous qui ont parlé avec elle ?
6 R. Je ne sais pas qui lui a parlé, mais moi,
7 j’étais allongée sur le tapis de gymnastique lorsque j’ai
8 entendu qu’elle était une journaliste de la radio de
9 Sarajevo. Moi, je me suis dit : ce n’est pas possible.
10 Ensuite, elle s’est approchée de moi et elle m’a dit :
11 « N’ayez pas peur de rien. Dites-moi simplement ce qui
12 s’est passé. Dites-le librement. »
13 Q. Ce soldat blessé qui était là-bas,
14 s’agissait-il d’une personne jeune ou plutôt âgée, la
15 personne à Aladze ?
16 R. C’était quelqu’un de jeune.
17 Q. Vous avez dit que vous-même, vous vous seriez
18 enfuie si vous aviez su que la guerre allait éclater.
19 Pouvez-vous me dire où est-ce que vous vous seriez enfuie ?
20 R. Où ? Eh bien, sur le territoire libre, là où
21 j’aurais pu être sauvée.
22 Q. Ma dernière question concerne l’échange.
23 Lorsqu’on vous a amenée à Cajnice, vous avez dit qu’on vous
24 a amenée afin de vous échanger. Est-ce qu’il y a eu des
25 civils serbes capturés à Gorazde ?
Page 1539
1 R. Je ne sais pas. C’est ce que j’ai entendu
2 dire de la part de ce Kornjaca. Soi-disant ils y étaient,
3 on devait être échangé, soi-disant l’échange allait avoir
4 lieu, un accord était passé puis finalement, rien ne s’est
5 passé. Donc, je ne sais pas où est la vérité.
6 Q. Finalement, vous avez dit que vous avez
7 entendu que l’un d’eux disait par le biais de la Motorola
8 qu’il fallait exécuter les ordres ?
9 R. Oui.
10 Q. Pourquoi est-ce que vous concluez que ça
11 voulait dire qu’ils s’apprêtaient à tirer sur vos dos ?
12 R. Que voulez-vous dire que ceci signifie
13 d’autre s’il dit les choses comme ça ?
14 Me PRODANOVIC (interprétation) : Je n’ai plus de
15 questions, Madame la Présidente.
16 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me Kolesar,
17 est-ce que vous avez des questions ?
18 Me KOLESAR (interprétation) : Oui, Madame la
19 Présidente.
20 Madame la Présidente, avant de commencer à poser
21 mes questions, je souhaite demander la chose suivante. Je
22 sais quelles sont les épreuves que ce témoin a traversées
23 pendant la guerre, je sais que c’est les juges qui décident
24 de quelle manière le témoin et les autres personnes
25 présentes dans ce prétoire seront assis, mais je
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1 demanderais au témoin de ne pas ignorer la Défense en
2 tournant le dos aux représentants de la Défense au moment
3 où elle répond aux questions.
4 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me Kolesar,
5 les juges ne s’opposent pas à la manière dont le témoin est
6 assise, compte tenu des événements qu’elle a vécus.
7 Veuillez poursuivre. Ce qui est important c’est que le
8 témoin puisse vous entendre et que vous puissiez entendre
9 ses réponses.
10 Me KOLESAR (interprétation) : Merci, Madame la
11 Présidente.
12 CONTRE-INTERROGÉE PAR Me KOLESAR
13 (interprétation) :
14 Q. Vous avez dit dans votre déclaration donnée
15 aux enquêteurs de ce Tribunal en novembre 1995 que rien de
16 particulier n’est arrivé dans votre village avant le 3
17 juillet 1992. Est-ce exact ?
18 R. Oui.
19 Q. Vous avez dit également que votre village se
20 trouve à environ 10 kilomètres de Foca ?
21 R. Oui.
22 Q. Est-ce que dans votre village, on pouvait
23 entendre des coups de feu en général, des bruits de combats
24 qui se déroulaient à Foca et autour de Foca au début du
25 mois d’avril ?
Page 1541
1 R. Tout à fait et beaucoup.
2 Q. Est-ce que depuis votre village, on peut voir
3 Foca ou bien Brod sur la Drina qui est plus proche de votre
4 village ?
5 R. Brod, oui, mais pas Foca.
6 Q. Qu’avez-vous entendu pendant que ces combats
7 se déroulaient ?
8 R. Nous avons entendu des coups de feu, des
9 coups de pilonnage, de l’artillerie lourde, des mortiers.
10 De toute façon, je sais qu’on voyait de gros incendies à
11 Foca.
12 Q. S’il vous plaît, si depuis votre village,
13 vous ne pouvez pas voir Foca, comment est-ce que vous
14 pouviez voir le feu ?
15 R. Eh bien, pendant la nuit, pendant qu’on
16 tirait, on pouvait voir si l’artillerie lourde tirait. On
17 voyait la trace lumineuse.
18 Q. Est-ce que vous savez depuis quelle distance
19 il est possible d’entendre les tirs ou bien le son de
20 l’explosion d’un obus, qu’il provienne d’un char ou d’un
21 canon ?
22 R. Je ne sais pas. Je ne sais pas quelle est la
23 distance, mais je sais qu’on entendait bien.
24 LA GREFFIÈRE : Me Kolesar, le Greffe vous prie de
25 bien vouloir éteindre votre microphone lorsque le témoin
Page 1542
1 répond à votre question.
2 Me KOLESAR (interprétation) : Excusez-moi.
3 J’avais oublié et j’avais compris que les moyens techniques
4 fonctionnaient mieux ici que dans la salle d’audience
5 numéro III.
6 Q. Dans la même déclaration, à la page 3, vous
7 avez dit que vous avez continué à vous occuper de vos
8 tâches journalières, mais que vous aviez peur et que vous
9 dormiez dans la forêt. De quoi aviez-vous peur donc ?
10 R. De quoi ? Des Chetniks, de gens de Arkan, de
11 Seselj. Nous ne pensions même pas à nos voisins. Nous
12 espérions que nos voisins n’allaient pas nous attaquer,
13 mais pendant l’attaque, il n’y avait ni des gens de Arkan,
14 que nos voisins, les gens de Foca. De quoi voulez-vous
15 qu’on ait peur ? On entendait tous les jours par le biais
16 de Radio Sarajevo ce qui se passait ailleurs, dans d’autres
17 villes, dans d’autres endroits.
18 Q. Excusez-moi, je ne vous comprends pas si vous
19 vous acquittiez de vos tâches quotidiennes tous les jours
20 et vous passiez les nuits dans la forêt.
21 R. Oui. Le matin, on revenait chez nous et on
22 s’occupait de nos affaires normalement, mais nous, les
23 jeunes, nous restions surtout dans la forêt et ceux qui
24 étaient plus âgés, ils rentraient, ils préparaient de la
25 nourriture, ils cuisinaient et le soir, ils nous ramenaient
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1 la nourriture.
2 Q. Dites-moi, après la reddition des armes,
3 après que les habitants du village ont rendu leurs armes à
4 certaines personnes, est-ce que vous avez été soumise aux
5 mauvais traitements ? Est-ce que quelqu’un vous a attaquée
6 physiquement ? Est-ce que quelqu’un vous a menacée ?
7 R. Non. Je pense que non. Non. Une fois, ils
8 sont venus au-dessus du village. Je l’ai déjà dit. Ils
9 tiraient. Ils tiraient de leurs pistolets, mais jusqu’au 3
10 juillet, jusqu’à l’attaque, il n’y avait rien d’autre qui
11 s’est passé.
12 Q. Est-ce que vous savez qui avait des armes
13 dans votre village ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce que vous pourriez me le dire ?
16 R. Non.
17 Q. Pardon ?
18 R. Je ne peux pas.
19 Q. Pourquoi ?
20 R. Je ne peux pas.
21 Q. Vous êtes témoin ici, vous êtes sous serment
22 et vous avez l’obligation de dire la vérité et de répondre
23 aux questions posées.
24 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Peut-être
25 elle ne veut pas mentionner des noms à cause des mesures de
Page 1544
1 protection. Elle peut les écrire si vous le souhaitez.
2 Me KOLESAR (interprétation) : Madame la
3 Présidente, le témoin, dans sa déclaration donnée aux
4 autorités de la Bosnie-Herzégovine, a énuméré les personnes
5 qui disposaient des armes, qui avaient rendu leurs armes.
6 Moi, je voulais simplement vérifier cette déclaration.
7 R. La déclaration est correcte, mais moi, je ne
8 peux pas donner les noms.
9 Q. Vous ne pouvez pas donner leurs noms parce
10 que vous ne vous en souvenez pas ou bien parce que vous ne
11 souhaitez pas le faire ?
12 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Témoin, ne
13 répondez pas à cette question.
14 Posez une autre question, Me Kolesar.
15 [La Chambre discute]
16 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me Kolesar,
17 comme je vous l’ai dit, si vous avez besoin de ces noms,
18 elle peut les écrire par la suite.
19 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Madame la
20 Présidente, j’ai la déclaration devant moi et au moins deux
21 de ces personnes sont des cousins à cette personne. Si
22 elle dit leurs noms, peut-être il sera plus facile de
23 deviner son identité.
24 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : C’est
25 justement ce que j’allais proposer. Donnez-lui un papier
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1 et elle pourra écrire les noms et ceci sera versé au
2 dossier sous scellé.
3 Me KOLESAR (interprétation) : Je demanderais à
4 l’Huissier…
5 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Veuillez
6 répéter la question pour qu’elle sache exactement ce
7 qu’elle doit faire.
8 Me KOLESAR (interprétation) :
9 Q. Est-ce que vous savez quelqu’un de votre
10 village qui avait des armes et, s’il vous plaît, veuillez
11 écrire leurs noms ?
12 R. Après que les armes ont été rendues ?
13 Q. Avant la reddition, le dépôt d’armes.
14 R. Avant ?
15 [Le témoin le fait]
16 LA GREFFIÈRE : Ce document sera coté D27 des
17 pièces de la Défense et sera enregistré de façon
18 confidentielle.
19 Me KOLESAR (interprétation) :
20 Q. Serions-nous d’accord que dans la déclaration
21 que vous avez donnée aux enquêteurs du Tribunal à La Haye,
22 deuxième page, dernier paragraphe et dernière phrase – je
23 ne sais pas si vous avez cette déclaration devant vous –
24 que vous avez déclaré que votre famille ne possédait pas
25 des armes mais que d’autres villageois ont restitué les
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1 armes ?
2 R. Oui.
3 Q. Dans la déclaration que vous avez donnée le
4 22 août 1996 aux autorités de Bosnie-Herzégovine, vous avez
5 dit que votre frère [nom expurgé] a déposé un fusil
6 automatique M-48.
7 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : On parle du
8 nom du frère.
9 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Maître, est-
10 ce que vous vous souvenez ? C’est que vous parlez d’un
11 nom. Vous le citez. Il faut l’expurger de la
12 transcription, sinon on va pouvoir l’identifier.
13 Me KOLESAR (interprétation) : Je vais reformuler
14 ma question si vous permettez. Excusez-moi, Madame la
15 Présidente, mais je ne peux pas éviter sans poser des
16 questions. Sur la liste que le témoin vient de déposer à
17 la Chambre figure également le nom de son frère.
18 R. Oui.
19 Q. Est-ce que devant les autorités de Bosnie-
20 Herzégovine devant lesquelles vous avez donné la
21 déclaration le 22-8-1996, vous avez également déclaré que
22 votre frère possédait un fusil ?
23 R. Je pense que oui, mais de toute façon, il
24 n’avait pas un fusil lui-même. C’est quelqu’un d’autre qui
25 lui avait donné ce fusil.
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1 Q. Il s’agissait de quel fusil, s’il vous plaît
2 ?
3 R. Moi, je ne m’y comprends pas dans les armes
4 et par conséquent je ne sais pas de quel type de fusil il
5 s’agit.
6 Q. Vous dites que vous ne comprenez rien alors
7 que dans la déclaration, vous citez le type de fusil. Par
8 la suite, vous avez déposé devant la Chambre et vous avez
9 également parlé d’un certain nombre d’armes, de Scorpions,
10 de Kalashnikovs, de Zoljas, et cætera. Comment vous avez
11 pu citer tout ça ?
12 R. Je ne me souviens pas.
13 Q. Savez-vous que pour avoir le droit de garder
14 un fusil, il faut avoir également le permis de port d’armes
15 ?
16 R. Oui.
17 Q. Est-ce que votre frère disposait de ce permis
18 ?
19 R. Non, parce que quand la guerre s’est
20 déclenchée, c’est à ce moment-là qu’on lui avait donné
21 cette arme parce qu’on avait organisé les patrouilles
22 villageoises.
23 Q. C’est bien la première fois que nous
24 entendons de vous qu’il y avait des patrouilles
25 villageoises. Jusqu’à maintenant, vous avez toujours été
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1 négative et vous avez toujours dit que les musulmans n’ont
2 pas organisé des patrouilles villageoises. Est-ce que
3 véritablement, vous avez organisé des patrouilles ou non ?
4 R. Moi, je ne me souviens pas avoir dit qu’ils
5 n’avaient pas organisé des patrouilles villageoises.
6 Q. En ce qui concerne les fusils automatiques,
7 d’autres personnes également avaient des permis ?
8 R. C’était les fusils qui étaient à la
9 disposition des policiers qui travaillaient au poste de
10 police.
11 Q. Est-ce que les armes et les uniformes ont été
12 confisqués aussi bien en ce qui concerne des unités
13 régulières que ceux qui appartenaient à la réserve ?
14 R. Oui.
15 Q. Si c’était le cas, comment ils avaient
16 possédé les armes ?
17 R. Je pense qu’il y avait une seule personne qui
18 avait caché son fusil dans la forêt et quand la guerre
19 s’est déclenchée, quand on a été attaqué, c’est là où il
20 est parti chercher. Donc, il est allé le soir chercher ce
21 fusil et le lendemain matin, quand nous avons été attaqués,
22 c’est quelqu’un d’autre qui s’est emparé de ce fusil, mais
23 on l’a tué sur place.
24 Q. Moi, je vous ai demandé au sujet des fusils
25 automatiques pour lesquels vous dites qu’ils appartenaient
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1 aux unités de réserve et je ne parle pas de ce fusil très
2 particulier.
3 R. Je ne sais pas s’il y avait d’autres fusils,
4 si d’autres fusils ont été restitués.
5 Q. Moi, je parle de l’événement qui a eu lieu
6 fin mai, début juin avant que les armes aient été
7 restituées. Est-ce que vous pouvez me donner la réponse ?
8 R. Je ne vous ai pas compris.
9 Q. La dernière question que je vous ai posée
10 était la suivante : Nous discutons actuellement sur les
11 événements qui ont eu lieu fin mai, début juin, donc avant
12 que des villageois aient restitué des armes. Donc, ils ont
13 accepté à cette époque-là de restituer des armes, mais je
14 parle des événements qui ont précédé.
15 R. Oui, d’accord.
16 Q. Donc, je vais une fois de plus vous poser la
17 question. Avant que les villageois restituent, rendent les
18 armes, d’où viennent les fusils qui provenaient donc des
19 unités de réserve alors que vous avez dit qu’on avait
20 confisqué aussi bien des uniformes que des armes avant que
21 la guerre éclate ?
22 R. Tout premièrement, il n’y avait pas
23 d’uniformes et personne n’a parlé d’uniformes et en ce qui
24 concerne les fusils, les fusils ont été remis.
25 Q. À quel moment, s’il vous plaît ?
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1 R. Je ne me souviens pas de la date et du jour.
2 Q. Avant que ces fusils soient rendus, comment
3 ça se fait qu’ils les ont possédés alors que tout ceci a
4 été restitué, comme vous l’avez dit ?
5 R. Je ne sais pas pourquoi vous utilisez le
6 terme que c’est « retiré », que les fusils « ont été
7 retirés ».
8 Q. Avant que la guerre soit déclenchée, soi-
9 disant les uniformes et les armes ont été retirés ?
10 R. Non. Je n’ai jamais utilisé le terme
11 « retirés ». Les armes n’ont pas été retirées.
12 Q. À ce moment-là, on ne se comprend pas.
13 R. Probablement.
14 Q. Je pense que la situation était totalement
15 différente.
16 Dans votre déclaration, phrase suivante, vous
17 dites qu’après que les armes aient été restituées, les
18 trois, y compris votre frère, sont partis du village. Si
19 j’ai bien compris, ils sont partis du village, ils ont
20 quitté le village ?
21 R. Oui. Ils sont partis une journée ou passer
22 deux journées dans les montagnes et puis ils sont
23 redescendus.
24 Q. Où ça à la montagne ?
25 R. Au-dessus de notre village, dans les
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1 montagnes.
2 Q. Vous nous avez dit que vous ne savez pas
3 quelle est donc la date où les armes ont été restituées ?
4 R. Oui, c’est vrai.
5 Q. Est-ce que vous étiez présente ?
6 R. Non. Ce n’est pas aux femmes auxquelles on
7 avait permis d’assister à de tel type d’événement et puis,
8 de toute façon, les femmes, elles ne se mêlaient pas dans
9 ces affaires.
10 Q. Vous avez également dit qu’au moment où les
11 armes ont été restituées, il y avait également un papier
12 qui a été signé. Je ne sais pas comment vous l’avez appelé
13 exactement.
14 R. Oui. Il y avait une sorte de loyauté, comme
15 ils l’ont dit, qu’il fallait signer que soi-disant nous
16 allons poursuivre notre vie dans des conditions normales,
17 que personne n’allait nous attaquer, que nous allons
18 pouvoir poursuivre toutes nos activités, activités
19 agricoles, et cætera, même si le village manquait de
20 farine. Déjà la moitié des gens en manquaient puis on ne
21 pouvait pas quand même circuler librement, mais c’est ce
22 que la partie serbe nous a promis.
23 Q. Il s’agissait d’un document écrit ou bien
24 éventuellement c’était oralement qu’il y avait un accord
25 auquel les deux parties sont parvenues ?
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1 R. Si j’ai bien compris, il y avait quelque
2 chose qui a été signée.
3 Q. Est-ce que vous avez vu ce document ?
4 R. Non.
5 Q. Mais avant que ce document soit signé, il y
6 avait des entretiens éventuellement entre les villageois
7 musulmans et ces gens-là qui sont arrivés pour négocier le
8 document, négocier tout ça ?
9 R. Je ne sais pas.
10 Q. Est-ce que vous savez qui a signé le document
11 au nom des villageois musulmans ?
12 R. Non.
13 Q. Vous ne savez pas ?
14 R. Non.
15 Q. Nous allons revenir maintenant à ce que vous
16 avez dit tout à l’heure en parlant de votre frère avec les
17 deux camarades. Il est parti à la montagne, n’est-ce pas ?
18 Je vous ai bien compris ?
19 R. Oui, c’est exact.
20 Q. Est-ce qu’éventuellement, ils sont allés à
21 Trebova ?
22 R. Non.
23 Q. Il y a des positions là-bas ?
24 R. Non, certainement pas.
25 Q. Mais est-ce que vous êtes au courant qu’à
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1 Trebova, à ce moment-là, il y avait un bataillon Sutjeska,
2 un bataillon indépendant ?
3 R. Non, je n’étais pas au courant.
4 Q. Vous n’étiez pas au courant ?
5 R. Non.
6 Q. Est-ce que le nom « Taib Bekan » vous dit
7 quelque chose ?
8 R. Je pense qu’il était secrétaire ou
9 éventuellement enseignant à l’école primaire. Je ne suis
10 pas sûre.
11 Q. Mais est-ce que vous savez quelque chose
12 d’autre sur lui ?
13 R. Non.
14 Q. Est-ce que « Zaim Besevic » vous dit quelque
15 chose ?
16 R. Non.
17 Q. C’est lui qui a été commandant de ce
18 bataillon indépendant Sutjeska. Est-ce que maintenant,
19 vous vous en souvenez ?
20 R. Non, car je n’ai jamais entendu parler de ça
21 et puis, je ne sais rien là-dessus.
22 Q. Est-ce que vous saviez que les unités des
23 Bérets Verts avaient posé des mines tout le long vers
24 Tjentiste ?
25 R. Mais comment voulez-vous que je le sache ?
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1 Q. Vous ne le savez pas mais je vais vous poser
2 d’autres questions. Peut-être vous le sauriez.
3 À quelle distance se trouve votre village par
4 rapport à la route principale Tjentiste-Zelengora ?
5 R. Mais vous pourriez me poser d’autres
6 questions. Là, je ne suis absolument pas au courant et je
7 n’ai pas mesuré la distance entre Tjentiste et Bare.
8 Q. Mais combien à pied ?
9 R. Mais je n’ai jamais traversé à pied cette
10 route.
11 Q. Mais est-ce que cette route traverse ou
12 plutôt passe à côté de votre village ?
13 R. Non. Je ne le sais pas.
14 Q. Vous ne le savez pas ?
15 R. Je ne suis jamais allée à Zelengora.
16 Q. Et Tjentiste, Bare et ensuite Zelengora ?
17 C’est la route dont je vous parle.
18 R. Je pense que c’est une trentaine de
19 kilomètres, quelque chose comme ça par rapport à mon
20 village, et je ne sais pas. Je ne suis jamais allée par là
21 et puis… je ne suis jamais passée par là.
22 Q. Et la route qui est en contrebas par rapport
23 à Trosanj-Mjesaja, elle mène où ?
24 R. Elle mène à Foca, Tjentiste et Gacko.
25 Q. Est-ce qu’il y a, outre cette route
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1 principale, une autre, une route régionale ?
2 R. Oui. Je pense qu’il y en a beaucoup. Il y a
3 beaucoup de villages qui sont à côté. Je ne sais pas à
4 quelle route vous pensez de manière très précise, si vous
5 voulez bien me dire.
6 Q. Je pense à la route où le 2 juin 1992, entre
7 Potoka Suhoj et le village Suhoj, il y avait un véhicule
8 qui passait et les deux personnes se sont fait tuées à
9 cause d’une mine antichar qui y était placée.
10 R. Non. Je ne me souviens pas.
11 Q. Mais est-ce que vous vous souvenez qu’à
12 Potoka Suhoj, il y avait un pont, un pont qui a été
13 détruit ?
14 R. Eh bien, vraiment, je ne le sais pas.
15 Q. Mais est-ce que vous avez entendu dire
16 également qu’il y avait eu une embuscade également le 2
17 juillet et que Dzurovic, Dragan, et Banovic, Branko, deux
18 Serbes, ont été blessés. Ils y passaient dans leur
19 véhicule et il y avait un musulman qui a été blessé, et de
20 nom, Pekaz ?
21 R. Non. J’étais déjà au camp et je ne savais
22 strictement rien ce qui se passait en dehors.
23 Q. Le 20 juin, vous n’étiez pas au camp mais
24 vous perdez votre liberté le 3 juillet, tout au moins
25 d’après ce que vous avez relaté ici ?
Page 1556
1 R. Que Pekaz était blessé ? Je ne sais pas,
2 vraiment non. Je ne savais même pas qu’à cette époque-là,
3 il y avait Pekaz quelque part, mais de toute façon, c’est
4 possible. Je ne sais pas.
5 Q. (expurgée)
6 (expurgée)
7 R. (expurgée)
8 Q. (expurgée)
9 (expurgée)
10 (expurgée)
11 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Madame la
12 Présidente.
13 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Oui, je vous
14 en prie.
15 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Le Maître de
16 la Défense, une fois de plus, parle d’un certain nombre de
17 détails d’un témoin. Moi personnellement, je pense que ce
18 n’est pas bien.
19 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Je vous en
20 prie.
21 Me KOLESAR (interprétation) : Je n’ai pas parlé
22 du nom du témoin. Je n’ai pas parlé de son numéro. J’ai
23 tout simplement rappelé. Je n’ai certainement pas
24 identifié le témoin. Je ne l’ai pas mis en danger.
25 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Je vous en
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1 prie.
2 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Oui, mais il
3 a parlé du nom. Le Maître a parlé du nom de l’époux.
4 Me KOLESAR (interprétation) : Est-ce que je peux
5 poursuivre ?
6 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Oui, mais il
7 y a un certain nombre d’informations qui viennent dans le
8 cadre des questions. Il y en a beaucoup. Par conséquent,
9 il y a en a qui peuvent éventuellement identifier, à partir
10 de ces détails, identifier les témoins.
11 Est-ce que vous pouvez reformuler votre question,
12 s’il vous plaît ou bien si vous insistez sur le témoin très
13 concret, dans ce cas-là, une fois de plus, vous pouvez
14 marquer sur le papier le nom, vous le présentez au témoin,
15 elle répond par oui ou non. Voilà ! C’est de cette
16 manière-là, et ensuite, nous le mettons sous scellé.
17 Me KOLESAR (interprétation) : Non. On ne va pas
18 compliquer. Je vais retirer cette toute dernière question.
19 Par conséquent, ce n’est pas important. En ce qui concerne
20 les personnes qui ont été blessées, bien évidemment, ça
21 reste tel comme ceci a été formulé.
22 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Oui. Je
23 vous en prie. Allez-y, procédez.
24 Me KOLESAR (interprétation) : Merci.
25 Q. Est-ce que vous êtes au courant que deux
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1 jours plus tard, le 22 juin, il y avait un minibus où se
2 trouvaient des Serbes qui est tombé également sur un champ
3 de mines à Kosur et ce sont les musulmans qui ont placé ces
4 mines – Slavko Kovacevic, Radovan Drajic (ph.), Radenko
5 Milanovic, Joko Vukovic, Filipovic, Momir Kukic et Nenad
6 Maric ont été tués et beaucoup d’autres ont été blessés,
7 des invalides à perpétuité – et qu’au moment où les
8 personnes ont été tuées, le camion également qui avait
9 l’intention de les transférer a été victime d’un autre
10 événement ?
11 R. Je ne suis pas au courant.
12 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Mais quelle
13 est la pertinence également de votre question et quel est
14 le rapport avec votre client ?
15 Me KOLESAR (interprétation) : Madame la
16 Présidente, on a bien précisé qu’il y avait le conflit armé
17 entre les communautés ethniques dans le territoire de Foca.
18 Ce n’est pas contestable.
19 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Mais ceci a
20 déjà été accepté. C’est un fait. Par conséquent, il y a
21 eu ce conflit armé. Ce n’est pas contestable.
22 Me KOLESAR (interprétation) : Oui, mais c’était à
23 titre d’introduction, Madame la Présidente, et je n’ai pas
24 terminé encore. Donc, le témoin essaie de présenter que
25 l’autre communauté ethnique qui a participé au conflit
Page 1559
1 n’était pas armée. Moi, j’essaie tout simplement de mettre
2 en question la crédibilité du témoin parce qu’elle affirme
3 que l’autre partie n’a pas été armée alors que moi,
4 j’affaire qu’il y avait également des attaques qui ont été
5 organisées par les musulmans et qu’il y avait des victimes
6 également du côté des Serbes.
7 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Oui d’accord
8 mais ce n’est pas pertinent dans le cas concret. De toute
9 façon, ça n’aide pas la Défense dans le cas concret.
10 Je vous en prie, vous pouvez poursuivre.
11 Me KOLESAR (interprétation) :
12 Q. Si c’est comme ça, je vais passer à
13 l’événement du 3 juillet. Je voudrais tout simplement
14 faire une observation : c’est qu’il y avait également parmi
15 les victimes des Serbes qui étaient des victimes et qui
16 provenaient du village Mjesaja.
17 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Mais il n’y
18 avait pas d’interprétation en langue anglaise.
19 Est-ce que vous pouvez répéter ? Excusez-moi,
20 parce qu’il n’y avait pas d’interprétation en anglais.
21 Me KOLESAR (interprétation) : Oui, Madame la
22 Présidente. J’ai dit tout simplement que je vais passer à
23 d’autres questions bien évidemment, des événements qui ont
24 eu lieu le 3 juillet. Mais moi, je fais une observation
25 selon laquelle je voulais tout simplement dire que parmi
Page 1560
1 les personnes qui ont été victimes, qui ont été tuées, il
2 s’agit donc des Serbes qui étaient dans ce car. Il y avait
3 par conséquent des villageois du village de Mjesaja, par
4 conséquent, des villageois du témoin, et il me semble que
5 ce n’est pas négligeable.
6 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Entendu,
7 mais vous pouvez poursuivre, s’il vous plaît. On a noté ce
8 que vous avez dit.
9 Me KOLESAR (interprétation) :
10 Q. Je vais vous demander s’il vous plaît de
11 prendre la déclaration qui se trouve devant vous et qui
12 concerne donc ce qui a été dit par le témoin en novembre
13 1995. Est-ce que vous pouvez voir la page 2, s’il vous
14 plaît ?
15 Est-ce que vous avez trouvé la page 2, s’il vous
16 plaît ?
17 R. Oui.
18 Q. La page 2, dernier paragraphe qui commence :
19 « Moi, le 3 juillet… » [Hors microphone]
20 Je vais vous demander de bien vouloir lire ce
21 dernier paragraphe jusqu’à l’avant-dernière phrase.
22 R. Je ne peux pas lire.
23 Q. Est-ce que vous pouvez me dire pourquoi, s’il
24 vous plaît ?
25 R. Parce qu’il y a un certain nombre de noms.
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1 Q. Mais je pense que c’est déjà la pratique que
2 nous poursuivons. À partir du moment où vous voyez le nom,
3 vous utilisez tout simplement le numéro. Vous ne lisez pas
4 le nom. Par conséquent, je veux bien vous rappeler, mais
5 il n’y a pas de problème. Je pense que nous avons accepté.
6 Vous ne donner pas, lors de la lecture, le nom que vous
7 voyez ou bien vous les sautez carrément ou vous dites le
8 numéro.
9 R. « Le 3 juillet 1992, nous étions 50
10 villageois qui étions dans les bois. Il y avait mon frère,
11 ensuite ma cousine, 88, et mes parents. Dans ce premier
12 groupe, il y avait le numéro 48 et 74. Le matin à 6 h 30,
13 j’ai entendu les tirs. Beaucoup de soldats serbes en tenue
14 de camouflage descendaient d’en haut en tirant en notre
15 direction. Le matin était sous le brouillard et je ne
16 pouvais pas reconnaître les soldats. »
17 Q. Merci. Vous avez dit qu’il y avait du
18 brouillard et que vous n’avez pas pu reconnaître les
19 soldats ?
20 R. Oui.
21 Q. Pourriez-vous nous dire maintenant s’il vous
22 plaît si le brouillard était épais et est-ce que la
23 visibilité était bonne ou non ?
24 R. Moi, j’ai dit qu’il y avait du brouillard
25 mais je pensais bien évidemment, à une plus grande
Page 1562
1 distance, que nous ne pouvions pas les reconnaître, mais au
2 moment où ils se sont approchés de nous, nous les avons
3 vus. On les a vus très bien.
4 Q. Maintenant, je vous ai compris. Mais est-ce
5 que vous pouvez me dire, s’il vous plaît, si le brouillard
6 était très épais et quelle était la visibilité par rapport
7 au brouillard ?
8 R. Je pense qu’on pouvait reconnaître à cinq
9 mètres éventuellement.
10 Q. Par conséquent, c’est à cinq mètres que vous
11 pouviez reconnaître déjà les soldats parce que sinon, il y
12 avait un brouillard qui était épais ?
13 R. Oui. Vous m’avez bien compris.
14 Q. Merci. Il y avait combien de soldats dans ce
15 groupe et comment ils étaient vêtus ? Vous l’avez déjà dit
16 mais je vais quand même vous demander de me dire le nombre
17 de soldats.
18 R. Je ne les ai pas comptés, véritablement. Je
19 sais qu’ils étaient nombreux mais je ne sais pas quel était
20 le nombre. J’avais trop peur. J’étais terrifiée et je
21 n’avais même pas osé de les regarder, encore moins de les
22 compter.
23 Q. Au moment où vous êtes arrivée dans le pré,
24 vous en parlez dans votre déclaration, alors, le brouillard
25 s’est levé ou bien c’était pareil ?
Page 1563
1 R. Oui, il y avait encore du brouillard.
2 Q. Et la densité était la même ?
3 R. Non vraiment, je ne le sais pas. Vraiment,
4 je n’ai pas fait attention à ça.
5 Q. Pourriez-vous s’il vous plaît me décrire la
6 grandeur de ce pré et où se trouvait ce rocher dont vous
7 avez parlé ? Vous avez dit qu’il y avait un groupe de
8 soldats qui étaient de ce côté-là. Est-ce que vous pouvez
9 me donner également approximativement la taille de ce
10 rocher ?
11 R. Le pré était assez grand, et pour ce qui est
12 le rocher, il se trouvait du côté des bois. Donc, il y
13 avait le pré, et du côté du bois, il y avait le rocher.
14 Q. Qu’est-ce que ça veut dire : « le pré assez
15 grand » ?
16 R. Ce n’était pas énorme mais de toute façon,
17 c’était un pré assez grand. Mais je ne peux pas vous dire
18 exactement combien de mètres. Je ne sais pas comment vous
19 expliquer de plus près.
20 Q. Mais bon, vous vous êtes rendue dans le pré
21 et d’après votre déclaration, vous avez vu ce groupe de
22 soldats ?
23 R. Oui.
24 Q. Est-ce que vous pouvez me donner un peu plus
25 d’explications ?
Page 1564
1 R. Ils nous ont emmenés jusqu’au pré et le
2 premier que j’ai vu c’était Radomir Kovac, et à deux, trois
3 mètres, Gojko Jankovic, Dragan Zelenovic, Tuta, et puis il
4 y avait encore d’autres soldats. Je ne sais pas combien
5 ils étaient au total.
6 Q. Par conséquent, vous vous êtes approchés à
7 deux mètres à peu près par rapport au groupe ?
8 R. Je ne sais pas exactement mais deux, trois
9 mètres.
10 Q. Et comment vous êtes tombée directement sur
11 Radomir Kovac ?
12 R. Mais c’est tout simplement parce qu’il s’y
13 trouvait. Moi, j’ignorais qui c’était. Ce n’est que plus
14 tard que je l’ai appris. C’est plus tard quand j’étais
15 dans son appartement et c’est là où j’étais au clair.
16 Me KOLESAR (interprétation) : Madame la
17 Présidente, j’ai une série de questions encore. Il est 1 h
18 00. Je ne sais pas si je poursuis ou bien on s’arrête.
19 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Non. Nous
20 allons avoir une pause-déjeuner et nous allons poursuivre à
21 14 h 30.
22 --- Suspension de l’audience à 13 h 00
23 --- Reprise de l’audience à 14 h 30
24 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me Kolesar,
25 vous poursuivez donc le contre-interrogatoire du témoin.
Page 1565
1 Me KOLESAR (interprétation) :
2 Q. Madame le Témoin, avant la pause-déjeuner, je
3 vous avais demandé de nous expliquer à quelle distance vous
4 vous trouviez du groupe de soldats qui étaient contre le
5 rocher. C’est bien exact ?
6 R. Oui.
7 Q. Vous avez dit que vous étiez à environ deux
8 ou trois mètres de l’Accusé Kovac. Est-ce bien exact ?
9 R. Oui.
10 Q. Pourriez-vous me dire, s’il vous plaît, la
11 chose suivante : D’après ce que vous nous avez dit,
12 l’attaque a été très soudaine, les gens ont commencé à
13 s’enfuir vers le haut de la colline, la panique régnait
14 parmi les civils, mais je voudrais savoir, étant donné la
15 situation psychologique, si je puis dire, qui régnait,
16 comment avez-vous trouvé le courage de vous approcher des
17 soldats de deux ou trois mètres ?
18 R. Qu’est-ce que je pouvais faire puisqu’il y en
19 avait qui venaient derrière moi ? Qu’est-ce que j’aurais
20 pu faire, courir ?
21 Q. Oui. La logique aurait été pour vous de vous
22 éloigner au maximum de ces hommes.
23 R. Oui, mais ils nous poursuivaient.
24 Q. Oui, mais vous avez dit que le pré, le champ
25 était très vaste ?
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1 R. Oui, oui, c’est vrai.
2 Q. Donc, il vous était possible d’aller vous
3 réfugier plus loin ?
4 R. Ce n’était pas à nous de décider où nous
5 allions. C’est eux qui décidaient où nous allions et où
6 nous nous arrêtions.
7 Q. Je vous demanderais de prendre votre
8 déclaration, celle que vous avez donnée en novembre aux
9 enquêteurs du Tribunal, en novembre 1995. Il s’agit de la
10 page 3 et du dernier paragraphe à la page 3. Je vais vous
11 demander de le lire, s’il vous plaît.
12 M. LE JUGE HUNT (interprétation) : Quel
13 paragraphe, Me Kolesar ?
14 Me KOLESAR (interprétation) : Je vous prie de
15 m’excuser. Ça commence par les mots :
16 « Radomir Kovac… »
17 R. « Radomir Kovac avait 32 ou 33 ans. Il était
18 grand, mince. Il avait des cheveux noirs et courts. Il
19 était laid et il était glabre. Je ne le connaissais pas
20 avant la guerre. »
21 Q. Pouvez-vous poursuivre, s’il vous plaît ?
22 R. « Plus tard pendant ma détention, lorsque
23 l’on m’a emmenée dans son appartement, j’y ai vu une photo
24 qui le représentait et en train de vendre des légumes à
25 Sarajevo. »
Page 1567
1 Q. Vous confirmez et vous maintenez que vous
2 avez vu une photographie dans son appartement ?
3 R. Oui.
4 Q. Pouvez-vous nous décrire cette photographie,
5 s’il vous plaît ?
6 R. Malheureusement, je ne m’en souviens plus
7 aujourd’hui.
8 Q. Vous souvenez-vous combien de personnes
9 figuraient sur cette photographie ?
10 R. Je crois qu’il était seul sur cette
11 photographie.
12 Q. À quoi ressemblait-il sur cette photographie
13 ?
14 R. Je ne me souviens pas.
15 Q. Quelle était sa tenue vestimentaire ?
16 R. Je ne m’en souviens pas non plus.
17 Q. Avait-il une barbe, une moustache, avait-il
18 une barbe et une moustache ?
19 R. Je ne sais pas. Je ne m’en souviens pas.
20 Q. Pourriez-vous, s’il vous plaît, nous dire ce
21 qu’il portait et où il se trouvait sur ce rocher ?
22 R. Il n’était pas sur le rocher. Il se trouvait
23 à environ un ou deux mètres de là et il portait une
24 casquette noire, une veste de cuir noir, des pantalons
25 bigarrés et un fusil automatique ainsi que quelque chose de
Page 1568
1 noir sur l’œil, un œil noir.
2 Q. Justement, je voudrais savoir ce que vous
3 entendez par un « œil noir ».
4 R. Bien, c’est difficile à vous dire. En fait,
5 il avait une pièce de tissu ou quelque chose sur un œil,
6 sur un de ses yeux, donc sans doute pour qu’on ne puisse
7 pas le reconnaître.
8 Q. Est-ce que c’est le genre de chose que l’on
9 voit dans les films, que portent les pirates ou que portent
10 les gens qui ont perdu un œil dans les films ?
11 R. Oui.
12 Me KOLESAR (interprétation) : Je vous prie de me
13 donner quelques instants, Madame la Présidente.
14 Q. Dans la déclaration que vous avez donnée aux
15 autorités de Bosnie-Herzégovine, vous dites qu’il portait
16 des lunettes à verres foncés, fumés et un des verres
17 manquait. Où est la vérité, s’il vous plaît ?
18 R. Un instant, s’il vous plaît. Je ne me
19 souviens plus aujourd’hui. Vraiment, je ne m’en souviens
20 plus.
21 Q. Fort bien ! Oui, mais il est intéressant de
22 voir, quand je vous pose mes questions, toutes les choses
23 dont vous ne vous souvenez plus. Pendant que vous étiez
24 dans l’appartement, que portait Kovac lorsqu’il n’était pas
25 de service, lorsqu’il ne devait pas se rendre sur le front,
Page 1569
1 mettons ? Disons les choses ainsi.
2 R. Je ne sais pas. Je sais juste que je l’ai
3 reconnu dans son uniforme. Je ne sais rien d’autre.
4 Q. Oui, mais je ne comprends pas comment ça se
5 fait que vous ne savez pas si vous avez passé une vingtaine
6 de jours dans l’appartement.
7 R. Je ne m’en souviens pas aujourd’hui.
8 Q. Bien ! Nous considérons que c’est votre
9 réponse. Pourquoi dans votre déclaration, la déclaration
10 que vous avez donnée aux enquêteurs, pourquoi dans cette
11 déclaration n’avez-vous pas décrit à quoi ressemblait
12 Monsieur Kovac, à savoir quelle tenue il portait le 3
13 juillet ? Cependant, vous l’avez fait dans la déclaration
14 donnée aux autorités de Bosnie-Herzégovine et puis vous
15 avez de nouveau donné cette description dans le prétoire il
16 y a quelques jours.
17 R. Je n’en ai aucune idée. Peut-être parce que
18 la première fois, ils ne m’ont pas posé la question. Je ne
19 m’en souviens plus.
20 Q. Connaissiez-vous le frère de Kovac qui est
21 connu sous le nom de Micko… (l’interprète se reprend) le
22 frère de Kovac qui s’appelle Micko ?
23 R. Non.
24 Q. Je vais vous demander de vous reporter à la
25 page 7 de votre déclaration, déclaration donnée aux
Page 1570
1 enquêteurs du Tribunal, page 7, deuxième paragraphe à
2 partir du haut qui commence par les mots suivants : « Je
3 me souviens que Slavo… »
4 R. Quelle page ?
5 Q. Page 7 de la déclaration que vous avez donnée
6 en novembre, deuxième paragraphe à partir du haut et cela
7 commence par une phrase : « Je me souviens que c’est
8 Slavo… »
9 Avez-vous trouvé ?
10 R. Non.
11 Me KOLESAR (interprétation) : Je vais demander à
12 l’Huissier d’aider le témoin.
13 R. Oui, ça y est. J’ai trouvé.
14 « Je me souviens que Slavo Ivanovic et un certain
15 Kovac, alias Micko, le frère de Radomir Kovac, venaient
16 souvent chercher des femmes. Kovac choisissait souvent le
17 numéro 50. »
18 Q. Pourquoi, s’il vous plaît, avez-vous dit aux
19 enquêteurs du Tribunal que vous connaissiez le frère de
20 Radomir Kovac ? Or, aujourd’hui, vous nous dites que vous
21 ne le connaissez pas.
22 R. Je ne le connaissais pas d’avant. C’est au
23 centre scolaire, c’est au lycée que je l’ai rencontré.
24 Q. Je ne vous ai pas demandé si vous avez fait
25 la connaissance du frère de Radomir Kovac au lycée. Moi,
Page 1571
1 ce que je vous ai demandé c’est si vous aviez jamais
2 rencontré ou vu le frère de Radomir Kovac, alias Micko.
3 R. Pas avant cet événement, ce moment-là.
4 Q. Avant, que voulez-vous dire ?
5 R. Avant l’attaque. Enfin, je veux dire avant,
6 je ne le connaissais pas.
7 Q. Vous voulez dire que vous ne l’aviez jamais
8 vu, jamais ?
9 R. Je ne sais pas. Je ne m’en souviens pas.
10 Q. [Hors microphone] Oui. Dans votre
11 déclaration, vous dites : « Je me souviens qu’il est venu
12 et qu’il est venu souvent et qu’il est venu chercher telle
13 ou telle personne. »
14 R. Ce que j’ai voulu dire c’est que jusqu’à ce
15 moment-là, je ne le connaissais pas, jusqu’à ce qu’il
16 commence à venir avec Slavo Ivanovic au lycée, mais je ne
17 m’en souviens plus de lui aujourd’hui, je ne me souviens
18 plus du tout de lui.
19 Q. Conviendrez-vous cependant que vous l’avez
20 vu, qu’il est venu au lycée ?
21 R. Oui.
22 Q. Comment savez-vous qu’il faisait souvent
23 sortir le Témoin numéro 50 ?
24 R. Je le sais parce qu’elle me l’a dit, parce
25 qu’elle me l’a dit elle-même.
Page 1572
1 Q. Est-ce que j’ai bien entendu, c’est elle-même
2 qui vous l’a dit ?
3 R. Oui.
4 Q. Donc, vous êtes en train de nous dire que
5 c’est elle qui vous l’a dit. Est-ce que vous savez que ce
6 témoin a déjà été entendue ?
7 R. Oui.
8 Q. Savez-vous qu’elle ne l’a jamais mentionné,
9 qu’elle n’a jamais mentionné cet homme ?
10 R. Je ne sais pas.
11 Q. Avant la guerre, vous ne connaissiez pas non
12 plus Radomir Kovac et vous ne connaissiez pas non plus
13 Micko ?
14 R. Oui, c’est exact. Je ne les connaissais pas.
15 Q. Vous avez donc vu Radomir Kovac, vous nous
16 l’avez dit, le 3. Est-ce que c’était la première fois que
17 vous le voyiez ? Vous l’avez vu habillé de cette façon
18 pour la première fois le 3. C’est bien exact ?
19 R. Oui.
20 Q. Est-ce que vous l’avez revu habillé de la
21 même façon ?
22 R. Oui.
23 Q. Quand ?
24 R. Quatre mois plus tard, lorsqu’ils nous ont
25 emmenées chez lui, lorsque je suis restée un certain temps
Page 1573
1 dans son appartement.
2 Q. Vous ai-je bien compris, est-ce que vous nous
3 dites que pendant votre séjour dans cet appartement, il
4 portait une casquette noire, un bandeau sur l’œil, des
5 pantalons de camouflage et une veste de cuir noir ?
6 R. Il ne portait pas de bandeau sur l’œil, mais
7 généralement, il portait en effet une veste noire, un
8 pantalon de camouflage ainsi qu’une casquette noire. Je le
9 sais.
10 Q. Est-ce qu’il lui arrivait de porter un béret
11 ?
12 R. Oui. C’est un béret qu’il portait, un béret
13 noir ou peut-être bleu. Je ne me souviens pas très
14 exactement. C’est ce que je mentionnais en parlant de
15 casquette.
16 Q. Est-il possible que cela ait été un béret
17 rouge ?
18 R. Je ne sais pas.
19 Q. Vous ne savez pas. Bien ! Étant donné les
20 circonstances, tout ce qui se passait le 3, le brouillard,
21 la peur, le fait que vous ne connaissiez pas ces gens, que
22 vous avez vu Micko plus tard, est-il possible que ce soit
23 Micko que vous ayez vu avec les soldats le 3 juillet, au
24 milieu du groupe de soldats près du rocher ?
25 R. Je ne sais pas.
Page 1574
1 Q. Dans votre déclaration, vous avez dit qu’à
2 votre avis, il n’avait pas d’argent, pas assez d’argent
3 pour s’acheter des cigarettes ou du pain avant la guerre.
4 D’où sortez-vous cela ?
5 R. Ce sont ses collègues eux-mêmes qui me l’ont
6 dit, des gens qui le connaissaient très bien.
7 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Je
8 souhaiterais clarifier quelque chose en ce qui concerne la
9 traduction. Je ne parle pas B/C/S, mais moi, j’ai entendu
10 le témoin dire « ne » et pour moi, cela veut dire « non ».
11 Peut-être me suis-je trompée. Quand on lui a demandé si ça
12 pouvait être le frère, elle a dit « ne » et ça a été
13 traduit par : « Je ne sais pas ». Donc, je voudrais
14 clarifier cela, s’il vous plaît. Je suis un petit peu
15 surprise.
16 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Est-ce que
17 les interprètes peuvent nous apporter des éclaircissements
18 à ce sujet ?
19 Me KOLESAR (interprétation) : Si vous me
20 permettez, Madame la Présidente, je souhaite dire, pour
21 ceux qui parlent serbo-croate, la réponse était : « Je ne
22 sais pas », « Ne Znam ».
23 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Bien !
24 Demandons au témoin de nous dire de quoi il retourne, de
25 clarifier les choses.
Page 1575
1 Me KOLESAR (interprétation) :
2 Q. Madame le Témoin, quand je vous ai demandé
3 s’il était possible que ça ait été Micko et non pas Radomir
4 qui se trouvait avec les soldats, je vous ai entendu
5 dire : « Je ne sais pas. »
6 R. Non. J’ai dit que ce n’était pas lui. J’ai
7 dit que ce n’était pas lui. Je n’ai pas dit : « Je ne sais
8 pas. » J’ai dit que ce n’était pas lui. J’ai dit :
9 « Non. » Je suis tout à fait sûre que c’était Klanfa.
10 Me KOLESAR (interprétation) : J’ai une demande à
11 formuler à l’intention du Greffe. Je voudrais savoir si la
12 procédure est enregistrée dans la langue originale ou non.
13 LA GREFFIÈRE : Nous avons effectivement des
14 cassettes que nous pouvons réécouter si vous le désirez
15 mais peut-être pas tout de suite, mais une vérification
16 peut être faite effectivement au niveau des cassettes, de
17 la retranscription des débats.
18 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Oui, en
19 effet, peut-être qu’on pourra faire ça plus tard, mais plus
20 tard, comme nous le dit bien Madame la Greffière
21 d’audience. Pouvons-nous poursuivre ?
22 Me KOLESAR (interprétation) : Merci. Je
23 souhaiterais demander la possibilité de pouvoir entendre
24 cette cassette aussi rapidement que possible.
25 Q. Madame le Témoin, vous avez dit que vous
Page 1576
1 aviez peur, donc, vous avez dormi dans les bois pour cette
2 raison ?
3 R. Oui.
4 Q. Pouvez-vous, s’il vous plaît, me dire sans
5 nous donner les noms des personnes s’il s’agit de personnes
6 protégées, je voudrais savoir, s’il vous plaît, qui était
7 là avec vous ce matin-là quand les soldats sont arrivés ?
8 R. Je l’ai déjà dit, je crois, mais bon, il y
9 avait donc DB, le numéro 87… un instant, s’il vous plaît.
10 Oui. Il y avait également le numéro 90, le numéro 48, le
11 numéro 74 ainsi que le numéro 88.
12 Q. Donc, à la page 4 de votre déclaration aux
13 enquêteurs du Tribunal, et je parle du sixième paragraphe
14 dans la version serbo/croate, cela commence par les mots
15 suivants : « Et ensuite, les soldats… »
16 R. « Et ensuite, les soldats nous ont obligés à
17 descendre de la colline et quand nous nous sommes approchés
18 du village, j’ai vu qu’il y avait des maisons qui étaient
19 complètement incendiées. J’ai entendu des tirs et j’ai su
20 qu’ils avaient tué les hommes qui avaient été appréhendés.
21 Ceci a été confirmé par mon père qui a vu leurs corps et
22 parmi eux se trouvait celui de mon frère de 20 ans. Mon
23 père a également trouvé le corps de ma mère de 42 ans. Il
24 a essayé de l’enterrer, mais il a entendu les Chetniks
25 approcher et il a fui. » Fin de la citation.
Page 1577
1 Q. [Hors microphone] Je voudrais vous demander
2 maintenant de vous référer à l’autre déclaration, celle que
3 vous avez donnée à l’AID et de vous pencher sur la page 1
4 de cette déclaration. Je parle du dernier paragraphe qui
5 commence par les mots : « Le 3 juillet… »
6 R. « Le 3 juillet 1992, à environ 6 h 20, il y a
7 eu des tirs dans la zone où nous nous trouvions. Nous
8 avons réalisé que nous étions encerclés. Nous avons
9 commencé à fuir vers la montagne et un homme, ma mère et
10 une autre femme ont été tués dans ces échanges de tirs.
11 Ils ont réussi à nous encercler et à nous capturer. Il y
12 avait environ 30 femmes, enfants et hommes âgés et environ
13 sept hommes plus jeunes. Mon frère a été blessé. Il a
14 également été capturé. Dans le groupe de ceux qui ont été
15 pris se trouvaient… »
16 Q. Ne dites pas les noms. Je vous prie donc,
17 Madame, de ne pas donner les noms des témoins puisqu’il
18 s’agit d’éléments d’identification. Donc, je voudrais
19 savoir d’où vient la différence entre ces deux
20 déclarations.
21 R. Ce n’est dû qu’à la traduction, à la façon
22 dont cela a été traduit.
23 Q. Oui, mais la déclaration que vous avez faite
24 aux autorités de la République de Bosnie-Herzégovine, vous
25 l’avez donnée en serbo-croate. Est-ce que cela signifie
Page 1578
1 que la traduction de la déclaration que vous avez donnée au
2 Tribunal ne correspond pas à ce que vous avez dit ?
3 R. Je ne vois pas de différence énorme.
4 Q. Puis-je passer à la question suivante ? Est-
5 ce qu’il est possible, d’après vous, que votre frère ait
6 été blessé dans les échanges de tirs qui ont opposé les
7 soldats serbes et les soldats musulmans étant donné qu’il
8 était armé, qu’il avait une arme, une arme qui été saisie,
9 c’est vrai, mais plus tard, apparemment, il a réussi à se
10 procurer une autre arme et donc il n’a pas été blessé
11 pendant qu’il fuyait ?
12 R. Il a été blessé alors qu’il fuyait dans le
13 groupe où moi-même, je me trouvais. À ce moment-là, il n’y
14 avait pas d’échange de tirs entre les musulmans et les…
15 Q. Pouvez-vous me dire, s’il vous plaît, combien
16 il y a de maisons dans votre village, combien il y a de
17 foyers, de familles sans tenir compte des appartenances
18 ethniques ?
19 R. Je ne peux pas vous dire exactement.
20 Q. Savez-vous combien il y avait de maisons
21 appartenant à des musulmans ?
22 R. Environ 30. Je n’ai jamais compté.
23 Q. Est-ce que j’ai bien compris : 30 maisons ou
24 30 familles ? C’est ça ?
25 R. Oui, à peu près.
Page 1579
1 Q. Sur ces 30 maisons, sur ces 30 foyers ou
2 familles, combien y avait-il d’hommes âgés de 16 à 60 ans ?
3 R. Je ne peux pas vous répondre non plus. Je ne
4 le sais pas.
5 Q. C’était vos voisins. Ce n’est quand même pas
6 trop vous demander.
7 R. Je sais, mais je n’ai jamais compté. Je n’ai
8 jamais écrit cela pour obtenir un chiffre exact. Ça ne
9 m’intéressait pas. Je n’ai jamais vraiment fait attention.
10 Je ne sais pas. Si je les passais en revue, si je le
11 notais comme ça sur une feuille de papier, peut-être je
12 pourrais vous le dire, mais comme ça de but en blanc, je ne
13 peux pas vous le dire.
14 Q. Bien ! Pouvez-vous me dire combien de gens
15 on a emmenés ce 3 juillet à la caserne de Buk Bijela ou aux
16 baraques de Buk Bijela (se reprend l’interprète) ?
17 R. Aux baraques, seulement un homme a été emmené
18 aux baraques.
19 Q. Je n’ai pas parlé des hommes. Je vous ai
20 parlé de tout le monde, femmes, enfants, hommes, jeunes
21 filles.
22 R. J’ai pensé que vous parliez uniquement des
23 hommes.
24 Q. Peu importe, mais pouvez-vous répondre à ma
25 question ?
Page 1580
1 R. Je ne peux pas vous dire. En tout cas,
2 disons que le premier jour, nous étions une trentaine de
3 femmes et d’enfants qui avons été rassemblés, appréhendés,
4 regroupés.
5 Q. Vous nous dites qu’il y avait combien
6 d’hommes ?
7 R. Un homme.
8 Q. Je vois, mais qu’en est-il des autres hommes
9 ?
10 R. Monsieur Kovac le sait parfaitement parce
11 qu’il m’a dit à moi personnellement ce qui leur était
12 arrivé.
13 Q. Moi, je vais vous demander, s’il vous plaît,
14 de répondre à mes questions et de ne pas faire ce que vous
15 êtes en train de faire, s’il vous plaît.
16 R. Sept d’entre eux ont été rassemblés, ils
17 étaient vivants et avant cela, un d’entre eux a été tué.
18 Q. Et les autres, ont-ils fui ?
19 R. Oui.
20 Q. Je vais poursuivre. Comment est-ce que vous
21 savez que c’est Radomir Kovac qui a tué votre frère ?
22 R. Parce qu’il me l’a dit directement. Il me
23 violait chez lui dans son appartement. Il m’a dit : « Que
24 veux-tu ? C’est moi qui ai tué ton frère. » Et moi, je
25 suis venue assister à son procès.
Page 1581
1 Q. Est-ce que ça vous paraît logique que la
2 personne qui tue quelqu’un le dit, l’admet devant la
3 personne qui est plus proche à la victime, qu’il y ait viol
4 ou pas ?
5 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Le témoin ne
6 doit pas répondre à cette question. Ce n’est pas une
7 question qui doit être posée à ce témoin.
8 Me KOLESAR (interprétation) :
9 Q. Parlons maintenant de votre séjour dans
10 l’immeuble Lepa Brena. D’où êtes-vous venue dans cet
11 appartement ?
12 R. D’un appartement qui était dans le Ribarsko
13 Naselje, dans l’agglomération Ribarsko. Nous avons été
14 emmenés dans cet appartement par Klanfa et Cosovic.
15 Q. De quel appartement ?
16 R. Un appartement qui était dans la partie
17 Ribarsko.
18 Q. Comment est-ce que vous ne savez pas puisque
19 vous avez participé à ces événements ?
20 R. Eh bien, je ne sais pas.
21 Q. Pourquoi êtes-vous venue ?
22 R. Pourquoi ? Vraiment, je ne sais pas pourquoi
23 je suis venue.
24 Q. C’est moi qui vous pose cette question.
25 R. Parce qu’on m’a amenée là-bas.
Page 1582
1 Q. Voilà ! C’est une réponse. Qui est venu
2 avec vous ? Ne citez pas de noms, s’il vous plaît.
3 R. Je pensais aux hommes. Le numéro 87 et aussi
4 AB et AS.
5 Q. Vous maintenez l’affirmation que vous avez
6 été rendue dans un appartement à Lepa Brena ?
7 R. On a été rendu dans un appartement dans
8 l’agglomération Ribarsko. C’était des appartements de
9 Gojko Jankovic, de Zelenovic et… (Note de l’interprète :
10 d’une troisième personne dont l’interprète n’a pas entendu
11 le nom). Jagos Kostic et Klanfa sont venus et ils nous ont
12 amenés dans le groupe d’immeubles Brena.
13 Q. Je souhaite maintenant que vous regardiez
14 votre déclaration donnée aux enquêteurs de ce Tribunal, la
15 page 13. Avez-vous trouvé la page 13 ?
16 R. Oui.
17 Q. L’avant-dernier paragraphe qui commence par
18 les mots : « Le matin suivant… »
19 Est-ce que vous pouvez lire juste cette première
20 phrase ?
21 R. « Le matin suivant, Tuta et Zelja nous ont
22 rendus à Klanfa Kovac et Jagos Kostic qui sont venus et qui
23 nous ont amenés dans un appartement dans l’immeuble
24 résidentiel Brena où nous sommes restés 20 jours. »
25 Q. Veuillez trouver maintenant la page 8, s’il
Page 1583
1 vous plaît. Paragraphe 3, huitième ligne, la phrase qui
2 commence par : « Le lendemain matin est venu… »
3 Est-ce que vous pourriez nous lire cette partie-là
4 ?
5 R. Page 8 ?
6 Q. [Hors microphone] Page 8, paragraphe 4, la
7 huitième ligne à partir du début du paragraphe qui
8 commence par les mots : « Le lendemain matin… »
9 R. « Le lendemain matin est venu Kovac, Radomir,
10 surnommé Klanfa et Jagos Kostic. Soi-disant ce jour-là,
11 ils devaient être nos protecteurs. Gojko a donné son
12 accord pour faire ça et il a dit que ces jeunes hommes
13 allaient nous garder dans un appartement. »
14 Q. Finalement, devant le Tribunal, il a été dit
15 que Tuta, Gojko, Zelja et Pero vous ont rendues. Qu’est-ce
16 qui est vrai ? Quelle est la vérité parmi ces trois
17 versions ?
18 R. Eh bien, c’est Tuta et Zelja qui nous ont
19 rendues. En ce qui concerne ça, c’était Gojko, Tuta et
20 Zelja et je ne sais pas quels étaient les détails de leur
21 accord. Je sais qu’ils ont dit que ces jeunes hommes
22 allaient venir pour nous amener et nous protéger.
23 Q. Oui, mais dans vos trois déclarations, vous
24 mentionnez des personnes différentes. Pourriez-vous nous
25 expliquer ?
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1 R. Ils étaient là ensemble tous les trois. Je
2 ne me souviens pas très exactement de qui a dit quoi.
3 Q. Donc, deux, trois, peut-être même quatre
4 personnes vous ont rendues à Kovac et à Kostic, mais
5 comment est-ce que vous êtes arrivées jusqu’à l’immeuble
6 Lepa Brena depuis l’endroit où vous avez été rendues ?
7 R. À pied.
8 Q. Est-ce qu’ils vous ont dit pourquoi vous y
9 alliez et ce à quoi la situation allait ressembler dans cet
10 appartement ?
11 R. Ils nous ont dit qu’à partir de ce jour-là,
12 ils étaient les seuls qui allaient s’occuper de nous, que
13 personne d’autre ne pourrait venir, que personne n’allait
14 nous toucher, personne d’autre.
15 Q. Ce jour-là où Kostic et Kovac sont venus vous
16 chercher, comment étaient-ils vêtus, en vêtements civils ou
17 en uniformes ?
18 R. En uniformes.
19 Q. Très bien ! Dites-moi, s’il vous plaît, est-
20 ce qu’il est exact qu’à ce moment-là, Kovac vous a dit que
21 vous alliez être protégée, que personne n’allait vous
22 toucher, qu’il n’allait faire venir personne ?
23 R. Oui.
24 Q. Et que vous alliez y rester jusqu’au moment
25 où vous pouviez sortir ?
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1 R. Oui.
2 Q. Là, je cite vos mots. Sortir, que voulez-
3 vous dire par là ?
4 R. Eh bien, être transférée jusqu’au territoire
5 libre, transférée à partir de là jusqu’au territoire libre.
6 Q. Donc, vous avez fait ce chemin à pied entre
7 cet endroit et l’immeuble Lepa Brena. Sur le chemin, est-
8 ce que quelqu’un vous a maltraitée, est-ce que quelqu’un
9 vous a menacée, est-ce qu’on a abusé de vous ?
10 R. Non. Je ne me souviens pas de cela.
11 Q. Est-ce que vous vous êtes arrêtée pour aller
12 dans un magasin ?
13 R. Je ne m’en souviens pas.
14 Q. Est-ce que vous vous souvenez que dans
15 l’immeuble de Lepa Brena, il existe un magasin Maglic au
16 rez-de-chaussée ?
17 R. Je m’en souviens.
18 Q. Est-ce que vous y êtes entrée ?
19 R. Non.
20 Q. Vous ne savez pas ?
21 R. Nous n’y sommes pas entrées.
22 Q. Non ?
23 R. Non.
24 Me KOLESAR (interprétation) : Je souhaite que
25 l’on montre au témoin la photo dont la cote est 407401.
Page 1586
1 Elle a été versée en tant que pièce à conviction numéro 11
2 des pièces à conviction du Procureur, d’après le compte-
3 rendu.
4 Q. Est-ce que vous vous souvenez de cette photo
5 ? Est-ce que vous vous souvenez que le Procureur vous a
6 montré cette photo pendant votre interrogatoire principal ?
7 R. Oui.
8 Q. Vous avez dit que c’était l’immeuble de Lepa
9 Brena où vous avez été amenée ?
10 R. Oui.
11 Q. Vous avez dit également et vous avez montré
12 l’appartement de Radomir Kovac. Est-ce que vous pouvez
13 faire la même chose ?
14 R. C’est l’appartement au quatrième étage.
15 Q. Revenons à la déclaration que vous avez
16 donnée aux autorités de la République de Bosnie-
17 Herzégovine, page 8 de nouveau, la phrase d’après celle que
18 vous avez déjà lue : « Ils nous ont emmenées… »
19 R. Page 8 ?
20 Q. Oui, page 8. Vous avez lu tout à l’heure la
21 phrase commençant par : « Le lendemain matin est venu… »
22 La phrase d’après, la phrase après celle-là :
23 « Ils nous ont emmenées… »
24 Est-ce que vous voulez que moi, je lise ça ?
25 R. Oui.
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1 Q. « Klanfa et Jagos nous ont emmenées dans un
2 appartement au sixième ou septième étage de l’immeuble Lepa
3 Brena. »
4 Est-ce que vous avez trouvé ça ?
5 R. Oui, j’ai trouvé.
6 Q. Quelle est la vérité, le quatrième, cinquième
7 ou bien le sixième ou septième étage ?
8 R. Quatrième ou cinquième. Je ne me souviens
9 pas très exactement.
10 Q. Très bien ! Revenons à cette photo, s’il
11 vous plaît. Qu’est-ce que vous voyez au rez-de-chaussée ?
12 R. Je vois un magasin qui s’appelait Market.
13 Q. [Hors microphone] Pouvez-vous lire le nom ?
14 R. Je peux lire Market, mais l’inscription en
15 haut, je ne peux pas la lire.
16 Q. Ce que vous venez de nous montrer, est-ce que
17 vous êtes sûre qu’il s’agit de l’appartement dans lequel
18 vous avez séjourné, de l’appartement dans lequel Radomir
19 Kovac vous a amenée ?
20 R. Je pense que oui.
21 Q. Comment ça vous pensez que oui puisque avant,
22 vous avez montré exactement l’étage et l’immeuble ?
23 R. Oui, logiquement puisque si le magasin est au
24 rez-de-chaussée, ça veut dire que c’est le même immeuble.
25 LA GREFFIÈRE : [Hors microphone] …l’attention de
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1 la Chambre de première instance quant au fait qu’il ne peut
2 garantir à 100 pour cent une protection du témoin quant à
3 la déformation de sa voix si les avocats ne font pas
4 l’effort d’éteindre leur micro à chaque fois qu’ils ont
5 fini de poser leurs questions.
6 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Monsieur
7 l’Avocat, veuillez tenir compte de cela.
8 Me KOLESAR (interprétation) : Je comprends et
9 j’essaie d’appuyer, mais d’habitude, le témoin répond avant
10 que je débranche le micro et je demanderais au témoin
11 également de ne pas répondre tout de suite mais d’attendre
12 que je débranche mon micro d’abord.
13 Q. S’il vous plaît, cette porte en bois, où
14 porte-t-elle, où mène-t-elle ?
15 R. Aucune idée. Je ne me souviens pas avoir vu
16 cette porte. Tout comme à Partizan, il n’y avait jamais de
17 Croix-Rouge.
18 Q. S’il vous plaît, montrez-moi où se trouve
19 l’entrée de l’immeuble par laquelle on passe pour aller
20 dans l’appartement dans lequel vous avez séjourné.
21 R. Justement là où se trouve cette porte en
22 bois, mais à l’époque, cette porte n’existait pas.
23 Q. Pour votre information, cette porte en bois
24 constitue l’entrée du magasin.
25 R. Je pense que non. Pour autant que je sache,
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1 c’est à partir de cet endroit de ce côté-là [indication du
2 témoin] qu’on entrait dans le magasin, si je m’en souviens
3 bien.
4 Q. Est-ce qu’à l’entrée, il y avait un ascenseur
5 près de l’escalier ?
6 R. Je ne sais pas. Je ne m’en souviens pas.
7 Q. Si l’on examine cette photo, est-ce que vous
8 pouvez me dire si l’immeuble continue du côté gauche, est-
9 ce qu’il y a une entrée avec l’escalier là-bas aussi ?
10 R. Oui, ici [indication du témoin]. Il y a une
11 autre entrée aussi et je pense que devant l’immeuble, il y
12 avait un salon de coiffure, j’ai l’impression, si je m’en
13 souviens bien.
14 Q. En ce qui concerne cet immeuble Lepa Brena,
15 est-ce qu’il y a une partie de l’immeuble qui est de
16 moindre taille par rapport au reste de l’immeuble ?
17 R. Je n’ai pas compris.
18 Q. Je vous ai demandé si une partie de
19 l’immeuble Lepa Brena du côté gauche, si l’on se base sur
20 la photo, qui est de moindre taille vis-à-vis de l’immeuble
21 que l’on voit sur cette photo et, de toute évidence, il
22 s’agit de l’immeuble Lepa Brena ?
23 R. Je ne sais pas.
24 Q. Comment ça vous ne savez pas puisque vous y
25 êtes entrée plusieurs fois pendant votre séjour ?
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1 R. Oui, j’y entrais, mais je ne l’ai
2 pratiquement pas vu parce que moi, je ne faisais pas
3 attention. Je n’essayais pas de voir autour de moi, mais
4 j’avais la tête penchée en avant et je regardais droit
5 devant moi.
6 Q. Très bien ! Parlons maintenant de
7 l’appartement lui-même. Quelle est la surface de cet
8 appartement ?
9 R. Je crois qu’il s’agissait d’un deux pièces.
10 Oui, deux pièces.
11 Q. Quelles étaient les pièces ?
12 R. Deux chambres, une cuisine, une salle de bain
13 et un couloir et un balcon.
14 Q. Le balcon se trouvait devant quelle pièce ?
15 R. La cuisine, je pense.
16 Q. Est-ce que vous pouvez nous décrire la
17 disposition des meubles dans la cuisine ?
18 R. Je n’ai vraiment aucune idée.
19 Q. Est-ce que vous pourriez me décrire la
20 disposition des meubles dans la salle de séjour ?
21 R. Dans la salle de séjour, il y avait un lit à
22 coucher, un lit double, il y avait une sorte de sofa, il y
23 avait une table ronde, et en face, il y avait une étagère.
24 Q. Quand vous dites « secia (ph.) », sofa, de
25 quoi parlez-vous ?
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1 R. Ce n’est pas vraiment un canapé. Ça
2 ressemble à cela, mais il ne s’agit pas d’un canapé-lit.
3 Ça ne sert qu’à s’asseoir dessus.
4 Q. La table, est-ce que vous pouvez la décrire ?
5 R. Tout ce que je sais c’est que c’était une
6 table ronde.
7 Q. De quelle taille ?
8 R. Je ne l’ai vraiment pas mesurée.
9 Q. Table basse ou bien est-ce que c’était une
10 table de la salle à manger, table haute ?
11 R. Non. Une table basse.
12 Q. Quel était le matériel dont la surface de la
13 table était constituée ?
14 R. Vraiment, je ne m’en souviens pas.
15 Q. Dans la chambre à coucher, qu’est-ce qu’il y
16 avait ?
17 R. Ce n’était pas vraiment une chambre à
18 coucher. C’était une sorte de chambre d’enfant. Je crois
19 qu’il y avait deux lits l’un au-dessus de l’autre, ensuite,
20 une armoire et je ne sais pas très exactement s’il y avait
21 un canapé ou pas à gauche par rapport à l’entrée.
22 Q. Les fenêtres de cette chambre donnaient sur
23 quoi ?
24 R. Je ne sais pas.
25 Q. Est-ce que vous savez sur quoi donnaient les
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1 fenêtres de la salle de séjour ?
2 R. Ici, ici même [indication du témoin], sur
3 cette rue. La fenêtre de la cuisine et du séjour, ces
4 fenêtres-là donnent sur cette rue, la rue devant.
5 Q. Est-ce que je vous ai bien comprise, les
6 fenêtres de la cuisine et de la salle de séjour donnent sur
7 la rue ?
8 R. Oui.
9 Q. Merci. Dites-nous, s’il vous plaît, qu’est-
10 ce qu’il y avait dans la salle de bain : une machine à
11 laver ?
12 R. Oui, il y avait une machine à laver. Ça, je
13 me souviens très bien puisqu’on lavait beaucoup de linge.
14 Q. Est-ce que vous aviez un poste de télé ou
15 bien un magnétoscope ?
16 R. Je crois que non. Je ne sais pas. Je ne
17 m’en souviens pas.
18 Q. Dites-moi, s’il vous plaît, lorsque vous êtes
19 venue dans cet appartement, quelle a été votre disposition
20 ? Je veux dire qui dormait où ? Donc, je parle de vous
21 qui avez été emmenée et les deux hommes.
22 R. Eh bien, puisque Monsieur Kovac m’a prise,
23 moi d’abord, et le numéro 87 afin de nous protéger, nous
24 dormions avec lui sur le canapé dans la salle de séjour,
25 alors que Jagos Kostic a amené dans la chambre AS et AB.
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1 Q. Est-ce que vous avez gardé la même
2 disposition par la suite ou bien est-ce que ça a changé ?
3 R. Vous parlez de nous ou des meubles ?
4 Q. Je parle de la manière dont vous dormiez.
5 R. Bien sûr que ça a changé.
6 Q. Dans quel sens ?
7 R. Eh bien, Kovac avait l’intention de violer
8 toutes les quatre. Puisque Jagos Kostic avait dit qu’il
9 allait protéger AS, donc il ne pouvait pas puisque c’était
10 un collègue qu’il respectait beaucoup. Donc, il ne pouvait
11 pas la violer elle et nous, bien sûr, personne ne nous… je
12 veux dire nous, il pouvait le faire.
13 Q. Madame le Témoin, ce n’était pas ma question.
14 Je vous ai demandé si, pendant votre séjour dans cet
15 appartement, vous avez changé d’endroit où vous dormiez.
16 Est-ce que les places des gens qui séjournaient dans
17 l’appartement ont changé ?
18 R. Oui.
19 Q. Dites-moi comment ceci s’est produit.
20 Qu’est-ce qui a changé ?
21 R. Eh bien, il m’a rejetée et ensuite, il a pris
22 AB, mais elle non plus, il ne l’a pas gardée pendant
23 longtemps, il l’a rejetée elle aussi. Ensuite, il a pris
24 le numéro 87 et ensuite, il passait le plus de temps avec
25 elle.
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1 Q. Je ne comprends pas ce terme, « rejetée ».
2 C’est un terme qui est employé lorsqu’on parle de l’amour
3 entre un homme et une femme. C’est là qu’un homme rejette
4 une femme.
5 R. Eh bien, pendant qu’il abusait de moi,
6 c’était comme ça. Ensuite, il en a eu assez et là, il ne
7 m’a plus gardée auprès de lui. Il m’a placée dans une
8 autre chambre et il a gardé AB, mais elle non plus, il n’a
9 pas eu besoin d’elle pendant longtemps et puis ensuite,
10 quand il en a eu assez d’elle, c’est là qu’il a pris le
11 numéro 87. C’est ce que j’ai voulu dire.
12 Q. Vous me répondez toujours à côté, mais ce
13 n’est pas la question que je vous ai posée.
14 R. À ce moment-là, je ne vous ai pas compris, je
15 n’ai pas compris la question.
16 Q. Vous m’avez dit que vous-même ainsi que 87,
17 vous étiez sur le grand lit ensemble avec Kovac et AB et AS
18 étaient dans une autre chambre avec Jagos. Est-ce que je
19 vous ai bien comprise ?
20 R. Oui.
21 Q. À partir du moment où il vous a rejetée,
22 qu’est-ce qui s’est passé avec vous ?
23 R. Je suis partie dans l’autre chambre ou à la
24 cuisine. Je ne me souviens plus exactement où je dormais
25 par la suite. Je ne sais plus, mais je pense que j’étais à
Page 1595
1 la cuisine.
2 Q. Est-ce que dans la cuisine, il y avait un lit
3 ?
4 R. Oui. Il y avait un lit, un canapé-lit,
5 enfin, quelque chose de ce type-là.
6 Q. Eh bien, c’est 87 qui est restée toute seule
7 dans la salle de séjour avec Kovac, n’est-ce pas ?
8 R. Oui.
9 Q. Tout à l’heure, vous avez dit qu’ensuite, il
10 a pris AB.
11 R. Oui. AB était également avec lui, mais très
12 peu de temps. C’est ce que j’ai dit. Elle est restée peu
13 de temps. Ensuite, il a pris 87 avec lui.
14 Q. Au moment où il vous prenait, il ne prenait
15 pas en même temps 87 ? Je ne pense pas au moment même,
16 mais les mêmes jours.
17 R. Oui. Au début, oui. En même temps, il la
18 violait dans un même lit, 87 et moi-même.
19 Q. Et après ?
20 R. Après, il l’a prise toute seule mais il
21 emmenait d’autres femmes.
22 Q. Au moment où vous vous êtes rendue dans cet
23 appartement, qu’est-ce que vous avez emmené comme vêtements
24 ?
25 R. J’ai pris des vêtements dans l’appartement où
Page 1596
1 j’étais avant, où j’ai été emmenée par Tuta et Zelja.
2 Donc, c’était également indispensable de prendre quelques
3 vêtements pour pouvoir se changer parce qu’on n’avait pas
4 grand-chose. On avait peu de choses, pas trop.
5 Q. Est-ce que dans l’appartement où vous étiez
6 éventuellement, il y avait des vêtements que vous auriez pu
7 mettre ?
8 R. Non, je ne pense pas. Je ne me souviens pas.
9 Q. Vous en êtes sûre ? Il n’y en avait pas ?
10 R. Oui, j’en suis sûre parce qu’au bout d’un
11 certain temps, il y avait des personnes qui sont arrivées
12 et puis elles nous ont pris des vêtements et puis il n’y
13 avait pratiquement plus rien pour nous. Si, on a trouvé
14 quelque peu de vêtements qui étaient sales et c’est la
15 raison pour laquelle on a été obligé d’abord de le passer
16 au lave-linge pour ensuite mettre ces vêtements.
17 Q. Il y avait un lave-linge, n’est-ce pas ?
18 Vous l’avez dit.
19 R. Oui. J’ai dit qu’il y avait un lave-linge.
20 Q. Vous avez dit qu’effectivement il y avait ce
21 lave-linge, mais je ne vous ai pas posé la question si vous
22 aviez le droit de laver vos propres vêtements.
23 R. Oui, on avait le droit de laver nos
24 vêtements.
25 Q. Comment ça se passait avec d’autres affaires,
Page 1597
1 d’autres affaires d’hygiène enfin ?
2 R. Rien.
3 Q. Vous aviez du savon ? Vous pouviez vous
4 laver ? Est-ce que vous aviez également de la lessive ?
5 R. Oui, quelque peu. Pas trop. Quand il n’y en
6 avait plus, bien, on n’avait plus rien.
7 Q. Est-ce que vous pouviez également vous
8 préparer à manger quelque chose ? Est-ce que ceci vous a
9 été permis ?
10 R. Il n’y avait rien. Il y avait quelques
11 conserves éventuellement qu’on a ouvertes et puis c’était
12 tout.
13 Q. Vous l’affirmez ?
14 R. Oui.
15 Q. Pendant que les deux en question étaient sur
16 place dans l’appartement, est-ce que vous avez mangé
17 ensemble à une même table, vous preniez des repas ensemble
18 ou bien vous mangiez à part, vous quatre ?
19 R. Je ne me souviens pas.
20 Q. Combien de temps en continuité êtes-vous
21 restée dans cet appartement ?
22 R. Un mois à peu près. Un mois.
23 Q. Je vais vous rappeler ce que vous avez dit
24 devant les enquêteurs du Tribunal et où vous avez dit que
25 vous avez passé dans cet appartement une vingtaine de jours
Page 1598
1 et vous l’avez dit également au moment où vous avez donné
2 les déclarations devant les autorités de Bosnie-
3 Herzégovine. Est-ce que vous voulez me dire ce qui est
4 vrai, ce qui est exact ?
5 R. C’est exact que j’ai dit comme je l’ai dit,
6 mais il nous a remis aux gens qui sont arrivés de Serbie.
7 Ensuite, il nous a ramenées de nouveau dans cet
8 appartement. Par conséquent, tout ceci a duré à peu près
9 un mois, un mois et demi parce qu’il nous avait remises à
10 un moment donné aux autres personnes.
11 Q. Est-ce que vous pouvez me dire également
12 autre chose ? Pendant que vous étiez dans cet appartement,
13 pendant que vous étiez donc dans l’appartement, combien de
14 fois Kovac a passé dans cet appartement, combien de nuits
15 il était dans l’appartement étant donné qu’il allait quand
16 même remplir un certain nombre de missions qui lui ont été
17 confiées ?
18 R. Je ne me souviens pas véritablement. Je ne
19 m’en souviens pas.
20 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire
21 approximativement le nombre de nuits qu’il avait passées
22 dans l’appartement ?
23 R. Je ne sais pas.
24 Q. Seriez-vous d’accord avec moi que sur le
25 nombre total de jours que vous étiez dans cet appartement,
Page 1599
1 il y a passé la moitié du temps ?
2 R. Je ne sais pas. Je ne sais pas exactement.
3 Q. Dites-moi, s’il vous plaît, pendant leur
4 absence, est-ce que l’appartement était fermé à clé, est-ce
5 que vous-même, vous aviez des clés de l’entrée principale,
6 est-ce que vous pouviez vous déplacer, aller chez des
7 voisins et aller faire des courses dans les magasins ?
8 R. On a été enfermé à clé.
9 Q. Est-ce que je vous ai bien comprise que
10 pendant qu’il n’était pas dans l’appartement, vous ne
11 pouviez pas sortir parce que la porte a été fermée à clé ?
12 R. Oui, c’est ce que j’ai dit.
13 Q. Vous souvenez-vous que vous étiez de temps à
14 autre partie voir les voisins pour prêter du café, du sucre
15 ?
16 R. Non, pas moi.
17 Q. Et d’autres jeunes filles qui étaient avec
18 vous ?
19 R. Pendant que moi, j’étais dans l’appartement,
20 certainement pas, mais je ne peux pas vous dire en dehors
21 du temps où je n’étais pas dans cet appartement comment ça
22 s’est passé.
23 Q. Est-ce que les voisines venaient vous voir ?
24 R. Une vieille dame a enfoncé l’appartement,
25 elle nous a demandé de prendre tout et de laisser rien dans
Page 1600
1 l’appartement et je me souviens que Gojko Jankovic était
2 venu parce que Klanfa était enfermé à l’établissement
3 pénitentiaire de Foca et Gojko était venu et il l’avait
4 expulsée.
5 Q. Je ne vous ai pas tellement bien comprise.
6 Qui était à l’établissement pénitentiaire à Foca ?
7 R. Klanfa était au KP Dom.
8 Q. Est-ce que vous savez pourquoi ?
9 R. Non.
10 Q. Est-ce que vous savez quelle était la raison
11 et combien de jours il y est resté ? Je parle de la
12 prison.
13 R. Deux, trois nuits. Je ne sais pas
14 exactement.
15 Q. Au moment où Kovac et Kostic n’étaient pas en
16 mission, est-ce que vous les avez accompagnés, est-ce que
17 vous étiez dans des cafés, est-ce que vous avez pris des
18 boissons avec eux en ville ?
19 R. Avec eux-mêmes, non, personnellement. Étant
20 donné qu’ils nous ont mises à la disposition des hommes de
21 Serbie, une nuit, il y avait l’homme de Serbie qui m’a
22 emmenée dans un café et à cette époque-là, il y avait
23 Klanfa qui était avec 87 dans ce même café. Donc, c’est
24 une nuit que nous avons effectivement passée ensemble dans
25 un café.
Page 1601
1 Q. Vous étiez ensemble à une table, n’est-ce pas
2 ?
3 R. Oui.
4 Me LOPICIC (interprétation) : Je vous en prie, je
5 suis le compte-rendu et il n’y a pas donc de nom ou surnom
6 Klanfa au KP Dom. Je pense qu’il y a le nom qui manque.
7 C’est donc 15:38:22, page 1234, donc quatorzième ligne.
8 M. LE JUGE HUNT (interprétation) : Me Lopicic,
9 est-ce que vous voulez dire que c’est la réponse qui n’a
10 pas été entendue par l’interprète qui se trouvait à
11 l’établissement pénitentiaire ? Est-ce que la réponse
12 était que justement, c’était Klanfa ?
13 Me LOPICIC (interprétation) : Effectivement, la
14 transcription ne comprend pas le nom et le nom n’est pas
15 marqué. Je ne sais pas si vous avez entendu qu’il
16 s’agissait de Klanfa.
17 M. LE JUGE HUNT (interprétation) : Merci.
18 Me LOPICIC (interprétation) : C’était bien ça.
19 Me UERTZ-RETZLAFF (interprétation) : Je vous en
20 prie, est-ce qu’on peut demander éventuellement au témoin
21 de la répéter ? Les interprètes ne l’ont pas entendue.
22 Par conséquent, il faut peut-être reposer la question.
23 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me Kolesar,
24 est-ce que vous voulez bien poser la question une fois de
25 plus ? Le témoin pourrait nous donner la réponse et tout
Page 1602
1 le monde pourrait entendre la réponse de manière claire et
2 nette.
3 Me KOLESAR (interprétation) :
4 Q. Est-ce que je vous ai bien comprise que
5 l’Accusé Kovac a passé un certain temps au KP Dom ?
6 R. Oui.
7 Q. Est-ce que vous savez pourquoi ?
8 R. Non.
9 Q. Est-ce que vous savez combien de temps il est
10 resté à la prison ?
11 R. Je ne sais pas. Deux, trois nuits. Je ne
12 suis pas sûre.
13 Q. Pendant votre séjour dans l’appartement, est-
14 ce qu’une de vos cousines proches vous a visitée ? La
15 cousine proche de l’accusé ainsi que sa mère se rendaient
16 chez vous pour vous apporter de la nourriture pendant que
17 Kovac remplissait sa mission ?
18 R. Pas à moi.
19 Q. Peut-être pas à vous, mais éventuellement,
20 elles apportaient de la nourriture aux quelques autres ?
21 R. Je ne sais pas.
22 Q. Vous étiez toutes les quatre dans le même
23 appartement ?
24 R. Pendant que moi-même, j’étais dans
25 l’appartement, personne n’est venu pour m’apporter quoi que
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1 ce soit et je ne peux rien dire d’autre.
2 Q. Vous avez mentionné qu’il y avait un certain
3 homme dont le surnom est Tarza qui s’était rendu dans
4 l’appartement. Est-ce que vous pouvez nous dire de qui il
5 s’agissait ?
6 R. Je sais qu’il a travaillé à Sipad de Maglic.
7 On l’appelait Tarza. Je ne connais pas son prénom, son nom
8 à l’époque. Je connaissais son nom, mais de toute façon,
9 là maintenant, je ne m’en souviens plus. Je connais son
10 surnom.
11 Q. Vous avez travaillé dans la même société ?
12 Vous avez travaillé au sein de la même organisation de
13 travail ?
14 R. C’était la même entreprise mais ce n’était
15 pas la même unité, le même département. Il y avait la
16 centrale thermique et il y avait également la chaudière.
17 Donc, il s’agissait d’un même département mais au sein du
18 département, il y avait deux sections et tout ça dans une
19 seule entreprise.
20 Q. Ce Tarza, qu’est-ce qu’il a fait ? Combien
21 de fois il s’était rendu dans l’appartement ? Quelles
22 étaient les raisons pour lesquelles il est venu ?
23 R. Je me souviens qu’une fois, c’est Klanfa qui
24 l’a emmené et puis je lui ai demandé s’il se souvenait de
25 moi. Il m’a dit qu’il ne se souvenait pas de moi et
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1 depuis, je n’ai jamais parlé avec cet homme.
2 Q. C’est comme ça que vous avez terminé votre
3 discussion entre Tarza et vous-même ?
4 R. Il a parlé d’un certain nombre de choses,
5 mais de toute façon, je ne me souviens plus des sujets et
6 je ne me souviens plus des détails.
7 Q. En ce qui concerne Slavo Ivanovic, est-ce que
8 vous connaissiez avant Slavo Ivanovic ?
9 R. Oui.
10 Q. Je n’ai pas bien compris votre réponse.
11 R. Oui.
12 Q. Est-ce que vous pouvez donner la description
13 de cet âge, quel âge avait-il, comment il se présentait ?
14 R. Il avait des cheveux gris. Il avait un peu
15 plus que 50 ans. Je sais qu’il travaillait comme chauffeur
16 de taxi à Foca. Je sais qu’il est de taille moyenne, gros.
17 Q. Il vous a apporté un cadeau quand il est venu
18 vous voir ?
19 R. Non. Je ne me souviens vraiment pas du tout.
20 Je ne me souviens pas du tout.
21 Q. C’est peut-être de la charcuterie qu’il avait
22 apportée, prcut (ph.) ?
23 R. Non, je ne me souviens pas.
24 Q. Il était l’ami de Kovac ou de Jagos ?
25 R. Je ne me souviens pas.
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1 Me KOLESAR (interprétation) : Excusez-moi, Madame
2 la Présidente, juste un petit moment pour consulter mes
3 notes.
4 Q. Pouvez-vous trouver la page 13, s’il vous
5 plaît, et jeter un coup d’œil sur la page 13 de votre
6 déclaration que vous avez donnée aux enquêteurs du Tribunal
7 au mois de novembre 1995 ? Avant-dernier paragraphe, vous
8 avez donc la phrase, troisième ligne, qui commence : « Les
9 deux, trois premiers jours… »
10 R. « Les deux, trois premiers jours, Klanfa nous
11 a violées et ensuite, il a pris… »
12 Q. Je vous en prie, ne dites pas les noms. Je
13 vous en prie.
14 R. Excusez-moi. Tout est de ma faute.
15 « …il a pris donc AB, Kostic a pris AS et 87 et
16 moi-même, on nous a laissées tranquilles pendant une
17 dizaine de jours, alors que les deux autres jeunes filles
18 ont été violées de manière permanente. Moi-même et 87,
19 nous étions tranquilles. Rien ne s’est passé avec nous. »
20 Q. Merci. Je vous en prie, ça me suffit.
21 Maintenant, je vais vous demander de regarder votre
22 déclaration, page 8, donc la déclaration que vous avez
23 donnée aux autorités de Bosnie-Herzégovine. Est-ce que
24 vous avez trouvé ?
25 Seizième ligne, dernier paragraphe et qui
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1 commence : « Nous y étions pendant une vingtaine de
2 jours… »
3 Est-ce que vous pouvez nous donner lecture ?
4 R. « Klanfa nous a violées de manière
5 permanente, alors que Jagos dormait uniquement avec AS.
6 Ceci se passait en général pendant les nuits, pratiquement
7 chaque nuit, et au bout d’une vingtaine de jours, Klanfa a
8 pris pour lui numéro 87 et en ce qui me concerne et AB, il
9 nous a dit que nous devons aller pour satisfaire les hommes
10 qui sont venus de Serbie. »
11 Q. Merci. Ça suffit. Par conséquent, il y a
12 les deux déclarations. Il y en a une première que vous
13 avez donnée en 1995, l’autre en 1996. L’autre jour, lors
14 de votre déposition, vous avez relaté différemment ce qui
15 s’était passé. Au cours du contre-interrogatoire de cet
16 après-midi, vous avez dit que vous aviez la meilleure
17 mémoire bien évidemment avant.
18 Par conséquent, si vous comparez les trois
19 déclarations, pouvez-vous me dire maintenant quelles sont
20 les raisons pour lesquelles il y a eu de telles
21 contradictions, de telles discordances ? À mon sens, il
22 s’agit véritablement de discordances qui sont très, très
23 grandes.
24 R. Je n’ai aucune idée. Je n’en ai pas la
25 moindre idée.
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1 Q. Il me semble que ce n’est pas véritablement
2 la réponse. Pourriez-vous, s’il vous plaît, nous donner la
3 réponse ?
4 R. Je ne sais pas quoi vous dire. De toute
5 façon, je ne pouvais pas me souvenir de tous les détails et
6 bien évidemment ça ne pouvait pas concorder à 100 pour
7 cent.
8 Q. Madame le Témoin, ce ne sont pas des détails
9 qui ne sont pas importants. Ce sont des choses qui, si
10 ceci vous est arrivé, c’est de telle nature que vous ne
11 pouvez pas oublier. C’est la raison pour laquelle je vais
12 vous demander, s’il vous plaît, de bien vouloir essayer de
13 vous en souvenir et de nous dire quelles sont les raisons
14 pour lesquelles vous avez donné les trois déclarations et
15 les trois sont différentes d’une manière drastique.
16 R. Je n’en ai pas la moindre idée. Je l’ai déjà
17 dit. Je répète que je ne me souviens pas quand j’ai dit
18 quoi, mais je me souviens d’un certain nombre de détails
19 quand même.
20 Q. Vous donnez des réponses non pas seulement à
21 cette question mais en général qui ne sont pas
22 permissibles. Faites un effort, s’il vous plaît, essayez
23 de m’expliquer. Dites-moi quelles sont les raisons pour
24 lesquelles ces trois déclarations sont aussi différentes.
25 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me Kolesar,
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1 le témoin vient de dire qu’elle ne sait pas plus. Elle ne
2 peut pas satisfaire votre curiosité. Vous pouvez donc
3 continuer. Il s’agit par conséquent d’un certain nombre
4 d’arguments que vous allez utiliser lors de votre
5 plaidoirie. Par conséquent, vous ne pouvez pas obtenir des
6 réponses que le témoin ne veut pas et ne peut pas peut-être
7 vous donner. Vous accélérez, s’il vous plaît.
8 Me KOLESAR (interprétation) : Je n’insiste pas.
9 Je ne force pas le témoin de me répondre comme moi, je
10 souhaiterais recevoir la réponse, mais il n’y a aucune
11 réponse. Elle ne me donne aucune réponse.
12 M. LE JUGE HUNT (interprétation) : Me Kolesar,
13 vous avez essayé donc d’insister sur un certain nombre de
14 points lors du contre-interrogatoire. Le témoin vous dit
15 qu’elle ne peut dire rien de plus. Par conséquent, je
16 pense que vous pouvez passer à d’autres sujets, s’il vous
17 plaît.
18 Me KOLESAR (interprétation) : Merci.
19 Q. Je vais vous demander maintenant de bien
20 vouloir regarder la page 14 de votre déclaration,
21 déclaration que vous avez donnée aux enquêteurs du
22 Tribunal, premier paragraphe…
23 R. Quatorzième page ?
24 Q. Oui. Premier paragraphe qui commence : « On
25 nous a emmené passer une nuit dans l’appartement de
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1 Klanfa. »
2 R. « Une nuit, on nous a emmenées dans
3 l’appartement de Klanfa. Il y avait des soldats serbes qui
4 buvaient et qui tiraient par les fenêtres. Cette nuit,
5 Klanfa avec Dragan Stankovic a négocié la vente de AB.
6 J’ai entendu que Klanfa a vendu AB à Stankovic pour un prix
7 de 200 deutschmarks. Cette nuit, le soldat serbe répondant
8 au nom Zeljko a emmené AB dans le quartier Pod Masala alors
9 que AS a été emmenée dans l’appartement à Donje Polje. »
10 Jagos Kostic n’existe pas. Ce n’est pas bien fait. « Tuta
11 m’a emmenée ainsi que 87 dans son appartement qui se
12 trouvait dans l’immeuble Brena. »
13 Q. Est-ce que vous avez déclaré la même chose
14 aux autorités de la République de Bosnie-Herzégovine au
15 moment de votre interrogatoire ou bien c’était différent ?
16 R. Je ne me souviens pas. Je ne me souviens pas
17 exactement quand est-ce que j’ai dit des choses exactes.
18 Q. D’accord. Ça ne fait rien. On va y revenir
19 plus tard.
20 Maintenant, j’ai une autre question que j’aimerais
21 vous poser. D’après ce que vous avez déclaré jusqu’à
22 maintenant, disons ensemble que compte tenu donc de la
23 déclaration que vous avez donnée au Tribunal en novembre
24 1995, vous avez passé donc 20 jours dans l’appartement de
25 Klanfa. Est-ce que nous sommes bien d’accord jusque là ?
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1 R. Oui, approximativement.
2 Q. Ensuite, vous avez dit que vous avez passé 20
3 jours dans l’appartement qui se trouvait dans l’immeuble à
4 côté de l’hôtel Zelengora ?
5 R. Je ne me souviens pas exactement combien de
6 jours j’ai passés dans ces deux endroits différents.
7 Q. J’essaie d’attirer votre attention sur ce que
8 vous avez dit dans vos déclarations respectives. Si vous
9 ne me faites pas confiance, on peut vérifier.
10 R. Moi, je me souviens que j’ai dit des choses
11 qui sont exactes, mais la moitié de ce que j’ai dit, je ne
12 m’en souviens plus.
13 Q. Est-ce que vous pouvez voir maintenant la
14 page 14 de votre déclaration que vous avez donnée au mois
15 de novembre devant les enquêteurs du Tribunal ? Deuxième
16 paragraphe d’en haut, la phrase qui commence avec : « Nous
17 sommes restées là-bas… »
18 R. « Nous sommes restées une quinzaine de
19 jours. »
20 Q. Vous parlez de l’appartement qui se trouvait
21 dans le quartier Pod Masala ?
22 R. Oui, je le pense.
23 Q. Revenez à la page 13, s’il vous plaît.
24 Dernier paragraphe qui commence : « De l’immeuble… »
25 R. « De l’immeuble Brena, Klanfa et AB ainsi que
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1 moi-même, on nous a transférés jusqu’à la maison à côté de
2 l’hôtel Zelengora où nous sommes restés une vingtaine de
3 jours avec un certain nombre de soldats qui sont venus de
4 Serbie et qui appartenaient au groupe. »
5 Q. Ça suffit. Merci. Nous pouvons conclure que
6 vous avez déclaré que vous avez passé une vingtaine de
7 jours dans l’appartement de l’immeuble Brena, une vingtaine
8 dans un appartement qui est à côté de l’hôtel Zelengora et
9 une vingtaine auprès des hommes qui sont arrivés de Serbie.
10 Ça fait 55 jours à peu près. Est-ce que j’ai bien compté ?
11 R. Je ne peux pas vous dire exactement.
12 Q. Est-ce que 20, en plus 20 et en plus 15, ça
13 fait 55, n’est-ce pas ?
14 R. Oui, exactement, c’est 55.
15 Q. C’est la question que je vous posais.
16 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Me Kolesar,
17 je pense que maintenant, c’est le temps de lever
18 l’audience. Vous avez eu une partie de l’après-midi, une
19 partie ce matin. Est-ce que vous avez encore d’autres
20 questions à poser ?
21 Me KOLESAR (interprétation) : Oui.
22 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Combien de
23 temps vous avez besoin pour demain matin ?
24 Me KOLESAR (interprétation) : Une demi-heure au
25 moins.
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1 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Non, Me
2 Kolesar, c’est un peu trop. Vous ne gérez pas très bien
3 votre temps, mais on vous laisse 15 minutes. Nous allons
4 commencer à 9 h 30 et j’espère que vous allez vraiment
5 planifier les questions que vous voulez poser. Donc, ça ne
6 doit pas aller au-delà d’un quart d’heure. Vous avez eu
7 beaucoup de temps, plus que ce qui est normalement permis.
8 Me KOLESAR (interprétation) : D’accord.
9 Mme LA PRÉSIDENTE (interprétation) : Demain, 9 h
10 30.
11 --- L’audience est levée à 16 h 02
12 pour reprendre le mardi
13 4 avril 2000 à 9 h 30
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