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1 (Mardi 4 juillet 2000)
2 (Audience publique.)
3 (L'audience est ouverte à 9 heures 40.)
4 Mme le Président (interprétation): Je vais demander à la greffière
5 d'audience de donner le numéro de l'affaire.
6 Melle Lauer: Affaire n°IT-96-23-T, IT-96-23/1-T, le Procureur contre
7 Dragoljub Kunarac, Radomir Kovac et Zoran Vukovic.
8 Mme le Président (interprétation): Bonjour, ce matin nous allons commencer
9 la présentation des éléments de preuve à décharge. Je vais donner
10 immédiatement la parole à Me Prodanovic.
11 M. Prodanovic (interprétation): Madame la Présidente, c'est ma collègue Me
12 Pilipovic qui va présenter, qui va faire la déclaration liminaire.
13 Mme le Président (interprétation): Merci. Maître c'est à vous.
14 Mme Pilipovic (interprétation): Bonjour Madame la Présidente et Messieurs
15 les Juges. La défense commencera sa déclaration liminaire. Compte tenu du
16 fait que les interprètes ont le texte je vais commencer à la lire.
17 Madame la Présidente, au moment où la défense des accusés, Dragoljub
18 Kunarac, Radomir Kovac et Zoran Vukovic, conformément à l'Article 84 du
19 Règlement de preuve et de procédure, commence cette déclaration liminaire,
20 au nom de mes collègues et en mon propre nom, j'ai l'honneur de présenter
21 à la Chambre la manière dont la défense perçoit toutes les questions qui
22 sont pertinentes à notre avis.
23 Afin de permettre à la Chambre de rendre une sentence dans cette affaire
24 qui sera basée sur les faits accomplis qui permettront à la Chambre
25 d'arriver, au-delà de tout doute raisonnable, à une conclusion sur
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1 l'innocence des accusés ou sur l'existence de la culpabilité des accusés
2 qui s'attendent à ce que votre sentence soit juste et équitable.
3 Afin d'éviter les répétitions dans les déclarations liminaires, les
4 équipes de la défense se sont mis d'accord, comme jusqu'à présent en ce
5 qui concerne les questions importantes pour les allégations générales pour
6 l'acte d'accusation, et en ce qui concerne les questions de droit sur
7 lesquelles nous souhaitons attirer l’attention de la Chambre, de présenter
8 nos positions communes. C'est pourquoi je vais présenter les positions
9 communes et harmonisées en ce qui concerne les questions.
10 Ensuite, j'attirerai votre attention sur les questions liées à l'accusé
11 Kunarac, alors que Me Kolesar et Me Jovanovic parleront, eux aussi, de nos
12 positions communes. En particulier de leurs positions concernant l'acte
13 d'accusation de M. Kovac ou de M. Vukovic.
14 Dès à présent, la défense, sans se lancer dans une analyse détaillée de la
15 procédure qui a eu lieu jusqu'à maintenant, peut présenter ses attitudes
16 vis-à-vis des moyens de preuve présentés par l'accusation. C'est ce dont
17 nous parlerons.
18 L'accusation et la défense se sont mis d'accord sur un nombre de faits non
19 litigieux, et la Chambre en a été informée. Indépendamment des faits non
20 litigieux établis, de la prise en considération et de l’appréciation de
21 ces faits dans le contexte de l'ensemble des événements qui se sont
22 déroulés sur le territoire de la municipalité de Foca durant la période
23 pertinente, ils peuvent être interprétés à partir de points de vue
24 différents.
25 A cause des interprétations différentes possibles de certains faits -la
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1 défense peut constater cela sur la base des attitudes de l'accusation dans
2 cette affaire-, la défense considère qu'il est nécessaire de présenter
3 brièvement la situation, les événements qui ont précédé au conflit armé
4 sur le territoire de la municipalité de Foca.
5 Un bref aperçu des faits historiques: le passé de la Bosnie-Herzégovine et
6 de Foca est complexe. La défense est à même, par le biais de documents qui
7 sont les pièces jointes avec les expertises des témoins experts, donc la
8 défense est à même d'attirer l’attention sur les faits importants qui vont
9 jeter une lumière sur les rapports qui vont régner dans cette région à
10 partir de 1363; l’année où, pour la première fois dans les documents
11 historiques, on mentionne l'agglomération se trouvant sur le territoire de
12 Foca d'aujourd'hui, et qui a été créé avec l'arrivée des Slaves serbes
13 dans cette région.
14 M. Hunt (interprétation): Maître Pilipovic, je croyais que cela avait été
15 dit extrêmement clairement précédemment: nous sommes ici pour étudier des
16 faits historiques, nous sommes ici pour décider si, effectivement, il y a
17 eu des crimes de guerre commis pendant un conflit. Je suis sûr que vous
18 avez vu l'arrêt qui a été rendu hier, qui a répété, qui s'est contenté de
19 répéter ce qui a été répété tout au long de la présentation des moyens à
20 charge, à savoir que nous ne nous intéressons pas à ce qui s'est passé au
21 XIVe siècle, cela n'est pas notre préoccupation.
22 Donc je voudrais vous demander de traiter uniquement des faits qui nous
23 intéressent, à savoir ce qui s'est passé pendant le conflit armé.
24 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Juge, j'accepte absolument
25 votre point de vue. Cependant, la défense a souhaité tout à fait
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1 brièvement aider la Chambre pour qu'elle puisse comprendre mieux la
2 situation dans la région de la municipalité de Foca. Nos déclarations
3 liminaires ont été faites en commun.
4 M. Hunt (interprétation): Oui, mais cela ne comprend pas l'histoire du
5 XIVe siècle. Est-ce que vous me comprenez bien? Vous n’avez le droit de
6 nous présenter, dans votre déclaration préliminaire, que ce qui a trait à
7 des éléments de preuve admissibles. Mais vous n'êtes pas en droit, pendant
8 le cadre de votre déclaration liminaire, de nous parler de choses qui
9 n’entrent pas dans la présentation de moyens de preuve à proprement
10 parler.
11 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Juge, compte tenu du fait que
12 nous avons préparé en commun ces déclarations liminaires, je demanderais
13 aux Juges de me permettre de consulter mes collègues. Je ne peux pas être
14 la seule à prendre l'initiative et retirer cette partie de déclaration
15 liminaire. Donc, si vous me permettez, je prendrais une minute afin de
16 consulter mes confrères.
17 Mme le Président (interprétation): Bien, vous pouvez consulter vos
18 confrères.
19 Mme Pilipovic (interprétation): Madame la Présidente, merci.
20 Je vais poursuivre à la page 5, la création des partis politiques sur le
21 territoire de Foca.
22 Suite à la création des conditions permettant d'introduire le système
23 multipartite dans l'ancienne Yougoslavie, ce qui a été permis grâce à des
24 changements sociaux qui ont suivi les changements qui ont eu lieu en
25 Europe de l'Est, suite à la décomposition de l'Union soviétique, un grand
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1 nombre des partis politiques ont été créés au début des années 1990 sur
2 l'ancien territoire de l'ancienne Bosnie-Herzégovine. Un grand nombre de
3 partis politiques ont été créés également.
4 Le premier parti politique, soi-disant démocratique, a été créé à Sarajevo
5 au mois de mai 1990 par M. Alija Izetbegovic; il a été nommé le "Parti de
6 l'action démocratique". Selon les interventions des leaders de ce parti
7 faites en public, ce parti a été présenté en tant que parti qui protégeait
8 les intérêts des Musulmans. Suite à la création du Parti de l'action
9 démocratique, un autre parti appelé le "Parti démocratique serbe" a été
10 créé. La plupart de ses membres étaient des Serbes. Puis, l'Union
11 démocratique croate a été créée aussi qui englobe la plupart des Croates
12 dans l'ancienne Bosnie-Herzégovine.
13 Mis à part ces trois partis politiques mentionnés qui prennent un rôle
14 prédominant dans la vie politique de la Bosnie-Herzégovine, d'autres
15 partis de moindre importance ont été actifs également comme, par exemple,
16 le Parti des réformateurs dans les activités perd de son importance
17 politique à l'époque, à cause du rôle prédominant du Parti de l'action
18 démocratique, du Parti démocratique serbe, de l'Union démocratique croate.
19 Au mois d'août 1990, le Parti de l'action démocratique organise un
20 rassemblement à Foca. Comme nos moyens de preuve le montreront, ce
21 rassemblement n'a pas été conçu seulement en tant que rassemblement
22 constitutif de la branche du parti à Foca, mais tout simplement en tant
23 que la manifestation de la puissance de ce parti puisque le rassemblement
24 est assisté par les plus hauts fonctionnaires du parti et par les membres
25 et les sympathisants du parti venant du territoire de l'ensemble de l'ex-
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1 Yougoslavie.
2 C'est ainsi que ce rassemblement, aux dires même de leurs organisateurs,
3 est assisté par environ 150 à 200.000 personnes. Lors de ce rassemblement,
4 tous ceux qui ont fait des discours l'ont fait en tant que Musulmans en
5 soulignant clairement cette appartenance et sans mentionner le terme qui a
6 été employé par la suite, celui du "peuple bosnien".
7 Nous souhaitons attirer l'attention de la Chambre sur une partie du
8 discours de Semsko Tankovic qui fait partie de la pièce à conviction D2
9 -une cassette vidéo. Au cours de ce rassemblement sur la base des symboles
10 représentés -puisque partout on ne voyait que des drapeaux verts avec
11 l'étoile et le croissant donc le symbole traditionnel des Musulmans-, il
12 devient clair que ce parti favorise les idées nationalistes contenues dans
13 la déclaration islamique d'Alija Izetbegovic, puisque l'on trouve partout
14 des drapeaux d'Etat, des blasons d'Etat ou des symboles semblables.
15 La défense demande à la cabine technique de diffuser la cassette numéro
16 cinq. Sur cette cassette, pendant une seconde, nous pourrons voir ...
17 M. Hunt (interprétation): Nous ne sommes pas ici pour déterminer qui est à
18 l'origine, qui est responsable du déclenchement du conflit. Une décision a
19 été rendue selon laquelle les vidéos reprenant des reportages télévisés ne
20 sont pas admissibles.
21 D'autre part, il a été stipulé que vous n'avez pas le droit, dans votre
22 déclaration liminaire, d'utiliser des documents qui ne sont pas
23 admissibles en tant qu'éléments de preuve.
24 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Juge, avant le début de
25 l'audience d'aujourd'hui, la défense a appris qu'une telle décision de la
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1 Chambre existait. Nous avons appris que ceci existait cinq minutes avant
2 l'entrée dans ce prétoire. Si la défense en avait été consciente, il est
3 certain que nous n'aurions pas proposé le versement au dossier de ces
4 cassettes vidéos en ce moment. Nous avons reçu le texte de cette décision
5 cinq minutes avant les déclarations liminaires. Je ne sais pas si la
6 position des Juges reste la même.
7 M. Hunt (interprétation): Ceci est regrettable. Je ne sais pas qui est
8 responsable de cela car la décision a été déposée hier après-midi. Il a
9 été stipulé expressément que la défense devait en être informée.
10 Cependant, bien que comprenant votre problème, vous savez quels sont les
11 éléments qui sont pertinents pour nous ou non. Si nous l'avons stipulé
12 dans notre décision et je souhaiterais que vous vous y teniez, si vous
13 avez besoin de temps pour adapter votre déclaration liminaire, je suis sûr
14 qu'on vous l'accordera.
15 Nous ne sommes pas, ici, pour prendre connaissance d'éléments qui n'ont
16 aucune pertinence vis-à-vis des questions sur lesquelles nous devons nous
17 prononcer.
18 Mme Pilipovic (interprétation): Nos moyens de preuve prouveront également
19 que dans le programme du Parti de l'action démocratique créé par M.
20 Izetbegovic sur la base de sa déclaration islamique, l'idée prédominante
21 est celle de la création d'un Etat musulman, Etat dans lequel on suivra
22 les règles du Coran.
23 Ces idées ont créé le conflit entre les partis politiques et ont été la
24 cause -comme ce sera montré par nos moyens de preuve-, de la scission et
25 ensuite du conflit armé sur le territoire de la municipalité de Foca,
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1 conflit au cours duquel de nombreux civils serbes ont été tués, des
2 villages serbes ont été incendiés, de même que des maisons dans des
3 villes. Ce qui montre simplement qu'au cours du conflit armée il y a eu
4 des événements au cours desquels et les Serbes et les Musulmans ont été
5 des victimes de manière identique, contrairement à ce que le Procureur
6 affirme en disant que seulement les Musulmans ont péri sous l'égide de la
7 politique de la création d'une grande Serbie qui aurait été mise en oeuvre
8 par le Parti démocratique serbe ou bien, par le biais du nettoyage
9 ethnique –ce dont on parlera plus tard.
10 Je vais maintenant parler de l'armement des Musulmans en Bosnie-
11 Herzégovine. Bien avant la guerre, conformément aux idées et au but
12 proclamé dans le cadre de la déclaration islamique sur la prise de pouvoir
13 et la création de l'Etat musulman, la Ligue patriotique a été créée dont
14 les membres étaient exclusivement des Musulmans, surtout des
15 intellectuels. Le but clair était de préparer l'armement des Musulmans et
16 ainsi, de procéder à des préparatifs afin de lancer la Guerre sainte
17 "Jihad".
18 Ce sont les plus hauts fonctionnaires du Parti de l'action démocratique
19 qui gèrent l'approvisionnement en armes. Ce qui sera clair sur la base de
20 la déclaration de Senaid Memic sur la base de laquelle il découle
21 clairement qu'un plan existait, et que la mise en oeuvre de ce plan a été
22 bien organisée. Les armes venaient de l'étranger et étaient acheminées par
23 le biais des anciennes républiques yougoslaves. L'autre moyen de se
24 procurer les armes était la confiscation des armes des casernes de l'ex-
25 JNA.
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1 Nos moyens de preuve montreront que, bien avant le début du conflit, les
2 Musulmans étaient armés, des armes sophistiquées, en grand nombre. Donc
3 les déclarations des témoins FWS-33 et Abdic Safet qui parlaient de la
4 manière dont les Musulmans et les Serbes étaient armés ne sont pas vraies.
5 Ces témoins incompétents ne peuvent pas servir de base permettant à
6 conclure que les Musulmans n'étaient pas armés ou bien étaient mal
7 équipés. Au contraire, Foca était le centre d'approvisionnement en armes
8 et de la distribution des armes pour l'ensemble du territoire de Bosnie-
9 Herzégovine, l'importance de l'affaire Foca Trans pour les divisions
10 ethniques dans la municipalité de Foca.
11 Au début des années 1990, la crise économique et sociale dans l'ancienne
12 Yougoslavie s'approfondit de plus en plus. De nombreuses sociétés
13 prospères ont de plus en plus de difficultés. L'une des sociétés les plus
14 importantes est Foca Trans, active dans le transport des passagers et des
15 marchandises. Cette société plonge dans une crise. Il existe 296 employés,
16 dont 166 Musulmans et 130 Serbes. Ils lancent une grève en demandant la
17 hausse des salaires et le remplacement de leur directeur.
18 Un comité de grève constitué de quatre Musulmans et de quatre Serbes est
19 créé. Les employés posent uniquement des demandes économiques sans faire
20 aucune demande politique. Les moyens de preuve de la défense prouveront
21 que les membres de la branche du Parti de l'action démocratique, à Foca,
22 exercent une pression sur les Musulmans, les employés musulmans de Foca
23 Trans, afin qu'ils prennent leur distance par rapport aux grévistes
24 serbes. L'affaire Foca prend les dimensions d'une grande affaire dans le
25 cadre de laquelle la municipalité, mais aussi les instances les plus
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1 élevées de Bosnie-Herzégovine, et même le Tribunal commencent à être
2 impliqués.
3 En ce qui concerne cette affaire, elle a provoqué des divisions entre les
4 employés sur la base des critères ethniques. On interdit aux Serbes de
5 regagner la société, et les Serbes créent une autre société appelée
6 "Viner".
7 Dès le moment où cette affaire a eu lieu, une unité armée disposant
8 également de mortiers a été créée, ce dont il a été question dans la pièce
9 à conviction numéro 12 contenant les propos de Halid Cenkic. Ce
10 détachement armé a joué un rôle important au début du conflit armé à Foca.
11 Le début du conflit en Bosnie-Herzégovine, déjà dans cette déclaration
12 islamique célèbre, M. Alija Itzetbegovic écrit: "La première conclusion la
13 plus importante est certainement celle sur l'incompatibilité entre l'Islam
14 et les systèmes non islamiques. Il n'y a pas de coexistence entre la
15 confession islamique et les institutions sociales et politiques non
16 islamiques. En revendiquant le droit d'organiser son propre monde, l'Islam
17 exclut de manière claire le droit et la possibilité d'action à toute
18 idéologie étrangère dans cette région. L'Etat doit être l'expression de
19 cette religion et doit soutenir les conceptions modernes de la religion.".
20 Mme le Président (interprétation): Maître Pilipovic, je vous demande de
21 vous en tenir à la décision prise par la Chambre et les orientations qui
22 vous ont été données. Une fois de plus, vous vous éloignez des éléments
23 qui nous intéressent. On vous a rappelé, à plusieurs reprises, quelles
24 sont les lignes directrices que nous souhaitons que vous suiviez. Je vous
25 demande de vous y conformer.
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1 Mme Pilipovic (interprétation): Oui, Madame la Présidente. En ce qui
2 concerne cette partie de la déclaration qui concerne le début du conflit
3 en Bosnie-Herzégovine, je vais sauter cette partie, je continue à partir
4 de la page 13, le conflit à Foca. C'est ici que la défense a essayé de
5 répondre à la version présentée par le Procureur concernant les événements
6 qui se sont déroulés au début du conflit.
7 Après le 6 avril 1992, la déclaration de la mobilisation générale, les
8 Serbes, partout en Bosnie-Herzégovine, ont compris que leurs intérêts
9 nationaux ont été mis en question par la politique de M. Izetbegovic. En
10 conséquence, ils s'organisent pour empêcher la réalisation de cette
11 politique.
12 Les événements à Foca, dans leur complexité, et à travers les moyens de la
13 défense, démontreront que ce sont en premier lieu les maisons des Serbes à
14 Foca qui ont été incendiées, que les barricades ont été érigées des deux
15 côtés, et que le conflit a éclaté des deux côtés de manière spontanée.
16 Il sera démontré que ce n'étaient pas les Serbes qui ont attaqué Foca, que
17 l'on ne peut pas parler d'une attaque sur Foca mais d'un conflit entre les
18 Serbes et les Musulmans qui vivaient dans une même ville.
19 Le 8 avril 1992, les combats commencent dans la ville. Les Musulmans
20 avaient leur position autour du centre médical. Ils ont organisé les
21 contrôles routiers autour de la station essence et à Zubovici et Taberci.
22 Ils ont tenté de prendre le contrôle de la station radio locale.
23 Par leur action coordonnée, les Musulmans qui avaient des unités bien
24 organisées dans la région de Tjentiste ont tenté de prendre le contrôle
25 dans les jours qui ont suivi du centre-ville et de la ville toute entière,
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1 mais ils ont échoué.
2 C'est ainsi que commence ce conflit armé entre les Musulmans qui avaient
3 leur position autour de la ville à Sistet, Sukovac et Kamen, alors que les
4 Serbes se sont organisés de façon spontanée dans les villages de Prevrac;
5 ils ont pris le contrôle du dépôt d'armes de la TO à Livade et la colline
6 des Douves qui avait une importance stratégique.
7 L'affirmation de l'accusation selon laquelle les Musulmans n'étaient pas
8 bien armés n'est pas fondée, car le fait qu'il y avait des tireurs
9 embusqués au cours des combats sur Sarat Kula, sur la mosquée qui se
10 trouvait près de la gare routière, sur la mosquée près de Han, et le fait
11 que des Musulmans utilisant des lance-roquettes le prouve. Ceci sera
12 démontré par des preuves à décharge.
13 Les groupes armés serbes autoconstitués, de Zavajit, Celibici, Mestrevac
14 et Miljevina ont battu les forces musulmanes à Donje Polje, à Cicac et
15 Sukovac.
16 Après la fin des combats dans la ville, le 17 avril 1992, un appel a été
17 diffusé sur la radio locale affirmant que les habitants de Foca pouvaient
18 revenir et cohabiter avec les Serbes. Les Serbes étaient nombreux à
19 revenir, ainsi que des Musulmans qui ont continué à vivre normalement dans
20 la ville.
21 Le conflit armé continue opposant les forces armées, parfaitement
22 organisées, l'armée de Bosnie-Herzégovine et l'armée de la Republika
23 Srpska. Les combats se déroulent principalement en dehors de la ville.
24 Nous souhaitons aussi attirer l'attention des Juges sur le fait que le
25 Procureur n'a pas apporté la preuve de l'existence des attaques sur Foca
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1 et des villages avoisinants, pour la simple raison que de telles attaques
2 n'ont pas existé. Le conflit a éclaté à Foca, comme il a été déjà dit, par
3 les incendies des maisons serbes et par les premiers meurtres des Serbes à
4 Foca.
5 Tout ceci mène à la conclusion que ce conflit a une origine religieuse
6 opposant les Musulmans et les Orthodoxes. On ne peut pas affirmer que les
7 forces serbes étaient organisées, puisqu'elles n'ont pas été armées avant
8 de confisquer les armes du dépôt d'armes de la TO. En revanche, à cette
9 époque-là, Foca était bien armée puisque Foca était la plaque tournante de
10 l'approvisionnement en armes des Musulmans. Ceci sera démontré par les
11 moyens à décharge, la responsabilité individuelle de M. Kunarac.
12 La défense a accepté que l'accusé Kunarac pourrait être responsable des
13 actions qui pourraient être prouvées en vertu de l'Article 7(i) du Statut.
14 A ce stade de la procédure, la défense ne souhaite pas analyser les
15 preuves à charge qui tendent à prouver la culpabilité de l'accusé Kunarac
16 en vertu de cet article du Statut.
17 Cependant, j'espère que la Chambre aura compris que les preuves à charge,
18 qui ne représentent rien d'autre que les déclarations des prétendues
19 victimes, sont à ce point contradictoires, floues et confuses, qu'un
20 éventuel jugement portant condamnation de la Chambre qui établirait la
21 culpabilité de l'accusé au-delà de tout doute raisonnable, ne saurait être
22 fondé sur de telles preuves. La défense reviendra sur ce sujet au moment
23 de la plaidoirie, après la présentation des moyens à décharge.
24 Par conséquent, en ce moment, la défense considère que la culpabilité de
25 l'accusé Kunarac ne pourrait être établie que sur son propre récit de ces
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1 événements, et dans le cadre de son propre aveu des actes accomplis à
2 l'égard du témoin DB. Dans ce cas là, il serait légitime de poser la
3 question de la compétence de ce Tribunal pour les juger, et si ces faits
4 représentent une violation grave du droit humanitaire international qui
5 doit être recherchée au moment de l'établissement de responsabilité
6 individuelle.
7 Cependant, mes confrères parleront plus en détail de ceci. La défense de
8 l'accusé Kunarac développera plus en détail cette question pour éviter
9 toute répétition. La défense, comme c'était toujours le cas dans cette
10 affaire, a une position unanime à l'égard des questions générales.
11 Responsabilité en vertu de l'Article 7(iii) du Statut, responsabilité du
12 supérieur hiérarchique de M. Kunarac: la question la plus disputée dans
13 les affaires portées devant ce Tribunal, d'après la défense de Kunarac
14 qui, d'ailleurs, est le seul à être accusé dans les actes d'accusation
15 présents en vertu de l'Article 7(iii) du Statut, bien que cette question
16 ait été souvent objet de discussions juridiques -aussi bien théoriques que
17 pratiques-, et la question de l'existence de cette responsabilité.
18 La défense de l'accusé Kunarac considère qu'il n'est pas acceptable de
19 prendre comme unique critère de l'existence de la responsabilité du
20 supérieur hiérarchique, l'existence effective d'un rapport hiérarchique.
21 Car, si on adoptait ce critère, il existerait le danger que l'on condamne
22 sur cette base des soldats qui, dans la hiérarchie réelle de commandement
23 et selon la réglementation militaire en vigueur, n'ont pratiquement aucun
24 pouvoir de commandement. Bien sûr, cette question ne peut être étudiée
25 uniquement sur la base de l'existence du rapport hiérarchique. Mais il est
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1 indispensable de prendre aussi en compte le pouvoir du supérieur, ainsi
2 que son niveau hiérarchique dans la chaîne de commandement d'une armée et
3 la règle établie de la doctrine et de la pratique militaire.
4 Par conséquent, la défense de Kunarac rappellera quel est le sens de sa
5 position quant à une éventuelle responsabilité de Kunarac en vertu de cet
6 article du Statut. Pour écarter tout doute, elle déclare d'ores et déjà
7 que l'accusé Kunarac ne peut être tenu responsable en vertu de cet
8 article.
9 Monsieur Kunarac, dans le cadre de son service militaire obligatoire, est
10 sorti comme soldat de 1ère classe. Il s'agit du grade militaire le moins
11 élevé qui n'est même pas pris en compte dans l'échelle hiérarchique de
12 pouvoir de commandement. Monsieur Kunarac a reçu la formation de
13 technicien des mines et engins explosifs. Ce qui signifie qu'il est
14 habilité à poser des mines isolées et des champs de mines ainsi qu'à
15 désarmer des mines isolées et des engins explosifs, à déminer toute sorte
16 de champs de mine. Il est donc habilité à débarrasser un terrain d'engins
17 explosifs.
18 Sa formation l'a également habilité, comme nous tenterons de le démontrer
19 à travers les moyens à décharge -en particulier par le témoignage d'un
20 expert militaire-, donc à effectuer des missions de reconnaissance des
21 plus complexes.
22 Doté de cette formation, M. Kunarac s'est porté volontaire pour devenir
23 membre d'une unité militaire qui se trouvait à l'époque en sa phase de
24 création. Car, comme il a déjà été dit, avant le début du conflit, il n'y
25 avait aucune unité de l’ex-JNA sur le territoire de Foca. Ce n'est
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1 qu'après l'éclatement du conflit que les Serbes se sont auto-organisés et
2 que cette unité militaire a été créée.
3 Immédiatement après son arrivée dans l'unité, le 6 juin 1992, on lui a
4 confié des missions correspondant à sa formation militaire. Il convient de
5 rappeler qu'on lui a immédiatement confié des missions extrêmement
6 complexes, aussi bien dans le domaine de reconnaissance que dans le
7 déminage des mines posées, des champs de mines posées en grand nombre par
8 des forces musulmanes qui ont fait de nombreuses victimes parmi les
9 civils, mais aussi parmi les soldats.
10 Puisqu'il a reçu cette excellente formation, et qu'il avait une très bonne
11 connaissance du terrain, il était logique que le commandement lui confie
12 un poste de chef de groupe, plus précisément, chef de groupe de
13 reconnaissance, "komandir" en BCS -comme l'accusé l’a lui-même indiqué
14 dans son entretien.
15 Pour éviter toute confusion, je voudrais d’ores et déjà rappeler que le
16 terme "komandir" ne devrait pas évoquer, Madame et Messieurs les Juges, un
17 rôle de commandement. La fonction de chef de groupe de reconnaissance, du
18 point de vue militaire et donc aussi juridique et pénale, ne peut
19 entraîner la responsabilité de M. Kunarac en vertu de l'Article 7(iii) 3
20 du Statut.
21 Le poste de chef, komandir en BCS, d'un groupe de reconnaissance est une
22 fonction opérationnelle et pas une fonction de commandement. Pour vous en
23 convaincre, vous entendrez les explications d'un grand expert militaire
24 qui témoignera pour la défense, et qui vous expliquera tout ce qui
25 concerne l’échelle de commandement effectif et hiérarchique.
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1 Pour l'instant, je souhaite uniquement attirer l’attention de la Chambre
2 sur ce témoignage de l’expert militaire à venir qui vous expliquera,
3 notamment, qu'un groupe de reconnaissance est une unité opérationnelle et
4 non pas une unité organique.
5 Donc, un groupe de reconnaissance n'est pas une unité militaire au sein de
6 laquelle il est possible d'établir une hiérarchie de commandement. Un
7 groupe de reconnaissance est un groupe créé ad hoc, pour accomplir une
8 mission donnée à un moment donné. Puisque M. Kunarac avait la formation la
9 plus adéquate, il est logique que le commandement lui soit confié avec
10 l'accomplissement des missions aussi complexes, et que ce soit lui qui, à
11 chaque fois, a mené le groupe de reconnaissance, et qu'il a lui-même
12 choisi ses hommes pour accomplir une telle mission.
13 Au cours de la mission, l'accusé Kunarac a déterminé sur le terrain les
14 tâches de chaque membre du groupe pour en assurer le fonctionnement.
15 Il est donc clair qu'il s'agit d'une mission opérationnelle de direction
16 du travail du groupe de reconnaissance, et non pas de son commandement.
17 La mission a été commandée par le commandement. M. Kunarac et son groupe
18 ont dû l'accomplir. M. Kunarac décidait des tâches directes de chaque
19 membre du groupe sur le terrain. Le rôle de M. Kunarac prend fin avec la
20 fin de la mission et sa remise du rapport des missions au commandement.
21 Une fois la mission accomplie, M. Kunarac n'avait aucun pouvoir de
22 contrôle ni aucune obligation à l'égard des membres du groupe qu'il a mené
23 pendant l'exécution de la mission.
24 Durant les heures de repos de ces soldats qui, de temps en temps formaient
25 le groupe de reconnaissance, M. Kunarac n'avait aucun pouvoir de contrôle
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1 sur leur comportement. Non seulement il n'avait pas de responsabilité
2 organique à l'égard de ces soldats une fois la mission terminée -car ces
3 soldats étaient placés sous le commandement permanent du supérieur
4 hiérarchique particulier dans le cadre dans cette unité-, mais il n'avait
5 pas non plus de pouvoir de contrôle ou une obligation de contrôle dans les
6 faits.
7 A partir du moment où le groupe de reconnaissance ne travaillait pas sur
8 une mission donnée, ces soldats n'avaient plus aucune obligation à l'égard
9 de Kunarac. Les soldats pouvaient s'absenter de l'unité avec
10 l'autorisation du commandement, mais Kunarac ne pouvait pas donner de tels
11 ordres. Monsieur Kunarac ne pouvait plus, de quelque façon que ce soit,
12 influer sur leur comportement ni les contrôler. Il n'était d'ailleurs pas
13 obligé à le faire, comme l'ont affirmé à tort les témoins à charge qui,
14 d'ailleurs, n'étaient pas suffisamment compétents pour se prononcer à ce
15 sujet.
16 La défense s'efforcera de démontrer à travers ses moyens de preuve que
17 l'accusé Dragoljub Kunarac n'était qu'un simple soldat qui, dans le cadre
18 de sa formation militaire -aussi bien en temps de guerre que de paix- a
19 toujours reçu des missions à accomplir qui lui ont été ordonnées par son
20 commandement.
21 Ensuite, il accomplissait ces missions sur le terrain avec son groupe, il
22 leur assignait des tâches et dirigeait l'action. Ce qui ne veut en aucun
23 cas dire qu'à la fin de l'action il assurait le commandement d'une unité
24 quelconque, y compris de ce groupe particulier.
25 La défense, par cette position, ne remet pas en question les déclarations
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1 de M. Nogo et Alic, car la défense ne considère pas qu'il s'agit de
2 témoins experts puisque la défense considère que leur expérience et leur
3 formation militaires ne sont pas suffisantes pour que l'on puisse accepter
4 leur opinion comme des expertises. Car si on acceptait leur explication,
5 un simple soldat devrait répondre de la responsabilité de supérieurs
6 hiérarchiques.
7 Il ressort de tout ceci que la défense considère que M. Kunarac n'avait
8 aucun pouvoir de commandement vis-à-vis d'aucun membre de l'unité
9 militaire -dont il était membre lui-même en tant que simple soldat. Par
10 conséquent, les conditions requises pour engager la responsabilité en
11 vertu de l'Article 7(iii) du Statut ne sont pas remplies. Monsieur Kunarac
12 n'avait pas de contrôle sur les soldats, ni de jure ni de fait, car ils
13 étaient au même niveau hiérarchique que lui, et il n'avait pas le pouvoir
14 de les sanctionner d'aucune façon.
15 Puisque la défense considère que le Procureur n'a pas apporté la preuve de
16 l’existence de l'autorité hiérarchique militaire de M. Kunarac, sur qui
17 que ce soit d'autre, la défense considère, par conséquent, qu'il n'y a pas
18 lieu d'établir la responsabilité de Kunarac dans aucun chef d'accusation
19 où
20 Kunarac est accusé d'un crime sur la base de responsabilités de
21 commandement. Il ressort des dépositions des témoins à charge que les
22 témoins n'ont parlé à personne de ce qu'ils ont vécu, qu'ils ne se sont
23 parlés même pas entre eux, même si l'on accepte qu'ils ont vraiment vécu
24 ce qu'ils disent avoir vécu.
25 Monsieur Kunarac ne savait pas qu'il y a des viols qui se sont produits,
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1 il n'avait pas de raison de le savoir. Comme il n'en savait rien, il ne
2 pouvait pas prendre des mesures nécessaires pour les prévenir ou pour en
3 punir les auteurs. Le simple fait qu'il est arrivé à Partizan pour emmener
4 des jeunes filles, pour voir un journaliste ou un des soldats ne signifie
5 pas qu'il a fait cela sur la base de ses pouvoirs de supérieur
6 hiérarchique.
7 Il l'a fait pour essayer de se protéger en tant qu'homme qui n'avait pas
8 pour habitude d'emmener les filles pour satisfaire les besoins sexuels des
9 siens ou ceux des autres, car il a entendu parler de telles histoires. Il
10 n'avait pas le pouvoir nécessaire pour entreprendre une enquête aux fins
11 de sanctionner. Cet élément manque aussi, un des trois éléments requis
12 pour engager la responsabilité d'une personne en vertu de l'Article 7(iii)
13 du Statut. Ces éléments sont comme suit: l'existence d'un rapport
14 supérieur subordonné, les supérieurs savaient ou avaient des raisons de
15 savoir quels sont les subordonnés à commettre ou s'apprêtaient à commettre
16 un crime. Le supérieur n'a pas pris les mesures raisonnables et
17 nécessaires pour empêcher qu'un crime soit commis ou en punir les auteurs.
18 S'il manque un seul de ces trois éléments requis pour engager la
19 responsabilité, cela exclut la possibilité de l'application de l'Article
20 7(iii) du Statut.
21 Puisque la défense considère que le Procureur n'a pas apporté la preuve de
22 l'existence de la supériorité hiérarchique militaire de M. Dragoljub
23 Kunarac sur qui que ce soit, qu'il n'a pas apporté la preuve que l'accusé
24 Kunarac savait ou avait des raisons de savoir qu'un crime a été commis, ou
25 allait être commis, il n'a donc pas pu prouver l'existence du troisième
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1 élément, à savoir les manquements à l'obligation de prendre des mesures
2 pour empêcher les crimes ou pour en punir les auteurs.
3 La défense conclut donc qu'il n'y a pas lieu d'engager la responsabilité
4 de Kunarac dans aucun chef d'accusation.
5 La responsabilité individuelle de Dragoljub Kunarac, en ce qui concerne la
6 responsabilité individuelle de Dragoljub Kunarac qui est dans l'acte
7 d'accusation modifié (accusé des viols, réduction en esclavage, atteinte à
8 la dignité des personnes et tortures), l'ensemble des avocats de la
9 défense considère que le Procureur n'a pas démontré à l'égard de tous les
10 accusés, donc de Kunarac, l'existence du crime des tortures. La défense de
11 Kunarac rappelle, hormis ce que l'accusé lui-même a admis dans sa
12 déposition, il n'a pas été prouvé qu'il aurait commis les crimes des viols
13 qui lui sont reprochés dans l'acte d'accusation, qu'il s'agisse d'une
14 qualification en vertu de l'Article 5(G) du Statut ou bien, en vertu de
15 l'Article 3 du Statut.
16 La défense démontrera à travers ces moyens de preuve (l'accusé Kunarac,
17 entre le 13 juillet et le 3 août 1992, ne se trouvait pas du tout à Foca),
18 que vous ne pouvez pas prendre en considération les actes qui lui sont
19 reprochés au cours de cette période, si vous considérez comme acte la
20 commission même des crimes car la défense entend prouver cela par une
21 défense d'alibi pour Dragoljub Kunarac.
22 D'après la défense, le Procureur n'a pas apporté la preuve non plus de
23 l'existence de l'élément du crime de réduction en esclavage sur l'accusé
24 Kunarac, pour la simple raison que la défense considère à l'unanimité que
25 le Procureur n'a pas apporté la preuve pour aucun élément constitutif du
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1 crime des réductions en esclavage -surtout en ce qui concerne Dragoljub
2 Kunarac.
3 En effet, il n'existe aucun élément de preuve que Kunarac a transféré ou
4 interné une personne ou qui que ce soit pour lui faire subir un acte
5 sexuel.
6 Avec ceci, la défense de Dragoljub Kunarac termine son mémoire préalable à
7 la présentation des moyens de preuve de la défense avec la conclusion que
8 la responsabilité individuelle de Dragoljub Kunarac pour les crimes des
9 tortures, réduction en esclavage, n'a pas été prouvée. Ceci sera expliqué,
10 selon les besoins, plus en détail dans la plaidoirie de la défense où il
11 serait surtout question de la responsabilité de cet accusé qui est accusé
12 du crime de viol.
13 Je vous remercie.
14 Mme le Président (interprétation): Merci. Maître Kolesar, c'est à vous.
15 M. Kolesar (interprétation): Madame la Présidente, Messieurs les Juges, je
16 prends maintenant la parole en tant que conseil de la défense de l'accusé
17 Radomir Kovac afin de vous présenter brièvement les arguments de la
18 défense sur les questions que nous avons évoquées jusqu'à présent.
19 Après la présentation des moyens à charge, je souhaiterais signaler à la
20 Chambre que les conseils de la défense se sont mis d'accord pour ne pas,
21 l'un après l'autre, répéter ce qui avait déjà été dit. Donc chacun d'entre
22 nous va parler d'une question, d'un sujet qui a trait à chacun des
23 accusés. C'est pour cette raison, qu'au nom de tous les autres conseils de
24 la défense, la défense de M. Kovac va vous présenter les arguments communs
25 à tous les conseils de la défense, arguments au sujet du viol en tant que
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1 crime de guerre et au sujet de l'existence -ou de la non-existence- des
2 conditions permettant à ces trois accusés d'être reconnus coupables de
3 viol en vertu du Statut du Tribunal.
4 Bien entendu; en tant que conseil de la défense de M. Kovac, suite à ces
5 arguments, je vais présenter les arguments relatifs à la responsabilité
6 personnelle, individuelle de M. Kovac sur la base des éléments de preuve
7 que nous présenterons. Donc j'entame mon argumentation.
8 Tout d'abord, ce que souhaite dire la défense, ce qu'elle souhaite
9 souligner, c'est le fait incontestable que les accusés, Kunarac, Kovac et
10 Vukovic -bien qu'ils soient accusés conjointement-, ces trois hommes non
11 absolument rien en commun. La défense affirme que l'accusation n'a montré
12 l'existence d'aucun lien entre ces trois accusés. Il n'y a aucun lien en
13 effet entre ces trois accusés. La seule chose qu'ils ont en commun sont le
14 temps et l'endroit où ont eu lieu les faits incriminés et allégués dans
15 l'acte d'accusation.
16 Les éléments de preuve qui ont été présentés ne démontrent nullement
17 l'existence d'un lien quel qu'il soit entre les accusés, soit dans le
18 cadre de leur fonction militaire, soit lorsqu'ils étaient en permission.
19 Les accusés ne se connaissent que de vue, ils ne se connaissaient pas
20 socialement avant le conflit ou après le conflit. Ils avaient leur propre
21 vie: Kovac était à Sarajevo, Kunarac vivait et travaillait à Tivat et
22 Vukovic, lui, travaillait et habitait à Foca avec sa famille. L'accusation
23 n'a présenté aucun élément de preuve qui permettrait d'en arriver à une
24 conclusion différente.
25 C'est pourquoi la défense affirme qu'il n'a pas été prouvé que les accusés
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1 partageaient un objectif commun ou qu'ils avaient une action concertée,
2 collective qu'ils poursuivaient. Aucun des accusés ne savait ce que
3 faisaient les autres lorsqu'ils ne faisaient pas partie d'une mission
4 militaire commune. Aucun d'eux ne savait qu'il y avait des viols à Foca.
5 Les témoins à charge, quand ils ont parlé des viols, ont dit qu'on n'en
6 parlait pas à Foca à l'époque. Pendant leur période de repos, les accusés
7 n'étaient pas ensemble, ils ne pouvaient donc pas en parler, il n'était
8 donc pas possible de dire qu'il y avait là une action concertée qu'ils
9 menaient à bien.
10 Pour qu'il y ait action concertée ou collective, il faut qu'il y ait
11 connaissance de la planification de cette opération, de cette action. Il
12 faut qu'il y ait connaissance du fait qu'il va y avoir violation du droit,
13 il faut qu'il y ait connaissance de l'existence de ces actes, il faut
14 qu'il y ait participation active ou complicité. Ceci doit être démontré
15 tout à fait clairement pour qu'il puisse y avoir responsabilité
16 individuelle, car chaque auteur d'un crime est responsable de ses propres
17 intentions délictueuses.
18 Mais le Procureur n'a démontré l'existence d'aucun plan visant au viol des
19 femmes musulmanes. D'autre part, il n'a pas été prouvé que les accusés
20 avaient connaissance de ces viols, donc il n'y a ni intention délictueuse
21 ni acte délictueux en l'occurrence.
22 Si, par hypothèse, on parle d'actes délictueux, si on suppose que cet acte
23 délictueux effectivement a existé, on ne peut, en tout cas, nullement
24 parler d'intention délictueuse pour aucun des accusés, car aucun des
25 accusés ne connaissait quoi que ce soit au sujet d'un plan d'oppression;
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1 aucun d'entre eux n'avait l'intention de mettre en oeuvre un plan commun,
2 collectif.
3 La seule conclusion logique que l'on peut donc en tirer c'est que, pendant
4 toute la période de temps couverte par l'acte d'accusation, les accusés
5 ont agi de façon totalement individuelle, chacun de leur côté. Jamais ils
6 n'ont mené à bien ou eu l'intention de mener à bien, des actions communes
7 dans un but défini.
8 Je vais maintenant parler du sujet suivant: le viol en tant que crime de
9 guerre.
10 Si l'on met de côté la partie des déclarations liminaires de l'accusation,
11 qui présentent les événements de façon incorrecte, donc bien qu'il s'agit
12 là de crimes extrêmement graves, on ne peut pas les qualifier d'atrocités.
13 La défense montrera et insistera sur le fait qu'il s'agit du premier
14 procès où plusieurs personnes sont accusées d'atteinte à la dignité
15 humaine, de viols, de tortures et de réduction en esclavage. Et ceci, dans
16 le cadre d'une offensive généralisée et systématique contre la population
17 musulmane.
18 C'est sur cette base que l'on considère le viol comme un crime de guerre,
19 soit au terme de l'Article 5 soit au terme de l'Article 3 du Statut du
20 Tribunal. J'y reviendrai ultérieurement.
21 Maintenant, je vais faire un parallèle avec l'affaire IT-95-17/1-T, le
22 Procureur contre Ante Furundzija. Dans cette affaire, l'accusé Furundzija
23 a été reconnu coupable de tortures, violation des lois et coutumes de la
24 guerre, atteinte à la dignité humaine qui comprenait des viols. Ceci
25 constituait une violation des lois et coutumes de la guerre, toujours en
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1 vertu de l'Article 3 du Statut. Il apparaîtrait clairement que, dans cette
2 affaire, il n'y a pas de chef d'accusation de viol, mais que le viol est
3 pris comme constituant une atteinte à la dignité des personnes.
4 D'autre part, la défense souhaite démontrer qu'il y a une incohérence
5 entre cet acte d'accusation et le jugement rendu dans l'affaire
6 Furundzija. Dans le jugement Furundzija, l'accusé a été reconnu coupable
7 d'infraction aux lois et coutumes de la guerre en vertu de l'Article 3 du
8 Statut, ceci comprenant la torture, les atteintes à la dignité des
9 personnes, y compris donc le viol. Mais, dans l'acte d'accusation qui nous
10 intéresse, les accusés se voient reprocher à la fois des violations des
11 lois et coutumes de la guerre en vertu de l'Article 3 du Statut, et
12 également de crimes contre l'humanité en vertu de l'Article 5 du Statut.
13 A ce moment-là, la question se pose de savoir comment il peut être
14 possible d'avoir deux actes d'accusation qui sont aussi différents. Il
15 faut savoir que dans l'affaire Furundzija, il n'y avait qu'un incident de
16 viol. De ce fait, on pourrait en conclure que les actes individuels de
17 nature sexuelle, relations sexuelles ayant eu lieu sous la contrainte ou
18 sous la menace, ou tout actes d'agression sexuelle, ces actes ne
19 constituent pas un viol aux termes de l'Article 3 ou 5 du Statut, et donc
20 des crimes contre l'humanité ou violation des lois ou coutumes de la
21 guerre en tant que tels. Nous estimons, ici, que cette démarche peut être
22 acceptée dans le cadre de la défense de Kunarac, Kovac et Vukovic.
23 Pour que les viols soient considérés comme crimes contre l'humanité ou
24 violation aux lois et coutumes de la guerre, il faut que des conditions
25 soient respectées, conditions remplies aux termes du droit international,
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1 du droit coutumier international. Ces conditions sont les suivantes:
2 pénétration sexuelle -qu'il y ait achèvement ou non de cette pénétration-,
3 pénétration du vagin ou de l'anus au moyen du pénis de l'auteur de cette
4 agression ou de tout autre objet utilisé par l'auteur de cette agression
5 ou bien, pénétration de la bouche de la victime au moyen du pénis de
6 l'agresseur ou utilisation de la force ou contrainte à l'encontre de la
7 victime ou d'un tiers.
8 Il semble que le droit moderne aille dans le sens suivant: c'est-à-dire
9 que l'on considère que le viol est tout acte sexuel commis sur une
10 personne contre la volonté de cette personne. Bien que si l'on regarde le
11 droit de l'ex-Yougoslavie, seule la pénétration vaginale constituait un
12 viol. Tous les autres actes de nature sexuelle avec violence étaient
13 considérés comme des actes dénaturés ou non naturels. De plus, si on
14 considère que le viol est quelque chose qui se produit avec utilisation de
15 la force et de la menace, on peut considérer que c'est un acte non naturel
16 entre un homme et une femme.
17 Maintenant, se pose la question du non-consentement de la victime. La
18 défense avance que ce non-consentement, cette résistance ne peut pas
19 s'exprimer uniquement verbalement. Il faut que la résistance de la victime
20 soit réelle, permanente; cette résistance doit être exprimée par la
21 victime à l'agresseur tout au long de l'acte sexuel.
22 Maintenant, la défense souhaite évoquer les termes ou les éléments de
23 force ou de contrainte. Nous estimons que la force doit être réelle, doit
24 être grave, constante soit à l'encontre de la victime, soit à l’encontre
25 d’une personne avec qui elle a des liens très proches. Si bien que la
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1 victime n'a aucun moyen de se protéger elle-même ou de protéger un tiers
2 ou d'autres moyens que d'accepter cet acte sexuel.
3 Maintenant, il convient d'évaluer la position de la victime lorsque cette
4 victime appartient à une entité qui est en conflit avec l'entité à
5 laquelle appartient l'auteur de l'acte. Est-ce qu’il est suffisant que
6 cette victime, qui se trouve donc dans ce cas de figure, est-ce qu’il est
7 suffisant que cette victime ait peur? Qu’elle ait peur qu'il lui arrive
8 quelque chose, qu'elle soit blessée ou tuée si elle ne se soumet pas aux
9 demandes d'actes sexuels qui lui sont présentées? Est-ce qu'il est
10 suffisant donc qu'il y ait peur pour qu'il y ait viol?
11 Nous avançons qu'il faut faire preuve de grande prudence -et de plus de
12 prudence que cela n'a été le cas du côté de l'accusation- pour évaluer
13 cette question, parce que l'accusation estime qu'il suffit de dire qu'il y
14 a un conflit international et que ce simple fait, que cette simple
15 existence du conflit international suffit pour justifier que la victime ne
16 peut pas résister lorsqu’on exige d’elle la participation à un acte ou à
17 un rapport sexuel.
18 Ceci est influencé par le témoignage d'un témoin dont on nous a dit
19 qu'elle était victime de viols, mais qui a dit elle-même qu'elle a accepté
20 d'aller seule avec un soldat chez lui puisqu'il lui avait dit qu’il allait
21 la protéger. Il lui a dit que si elle venait avec lui, personne d'autre ne
22 la toucherait. Il y avait donc conflit international, conflit armé
23 international, et c'est peut-être ce qui a amené à cette décision. En tout
24 cas, cette victime a pris cette décision tout à fait librement pour aller
25 habiter avec ce soldat. Plusieurs témoins...
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1 M. Hunt (interprétation): Maître Kolesar, tout ceci est très important,
2 mais surtout pour votre plaidoirie. Parce que l'objectif de votre
3 intervention, aujourd'hui, c’est de nous indiquer quels sont les témoins
4 que vous allez appeler dans le cadre de la présentation de vos moyens.
5 Quant aux commentaires au sujet des témoins de l'accusation, ceci fait
6 partie plutôt de votre plaidoirie. Je voudrais donc que vous vous
7 concentriez sur les témoins que vous allez appeler. Je vous conseille de
8 réserver vos critiques ou commentaires sur les témoins à charge pour votre
9 plaidoirie.
10 M. Kolesar (interprétation): Monsieur le Juge, je me contente de faire un
11 commentaire, une observation en passant de ce que qui nous a été présenté
12 par l'accusation. Moi, j'essaie de vous présenter, de vous dire ce que
13 nous entendons vous présenter en tant qu'éléments de preuve. Pour moi,
14 c’est ce que l'on doit faire dans le cadre d'une déclaration liminaire,
15 donc je suis un petit peu surpris d'entendre que la défense n'est pas
16 autorisée à présenter ses arguments sans qu'on l'interrompe.
17 Mais je vais m'en tenir à la décision de la Chambre de première instance.
18 Donc je vais maintenant me concentrer sur le chef d'accusation de
19 réduction en esclavage. Mais si vous estimez que cela est superflu, à ce
20 moment-là, je me contenterai de dire quelques mots au sujet de la
21 responsabilité individuelle de M. Kovac. Ensuite, j’en terminerai.
22 M. Hunt (interprétation): Maître Kolesar, je ne veux pas qu'il y ait aucun
23 malentendu. Ce dont vous nous avez parlé est essentiel dans le procès,
24 mais cela fait partie d'une plaidoirie, plaidoirie prononcée à la fin du
25 procès et non pas d’une déclaration liminaire.
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1 Le simple terme de "déclaration liminaire" devrait vous indiquer qu’il
2 s'agit pour vous de nous indiquer quelle est la nature des moyens de
3 preuve que vous entendez nous présenter, des témoins que vous entendez
4 appeler à la barre. C'est cela l'objectif d'une déclaration liminaire.
5 Toutes les critiques que vous avez présentées, vous pourrez les répéter
6 ultérieurement et nous les entendrons avec beaucoup d’intérêt. Mais nous
7 nous y intéresserons qu’à la fin de la présentation de tous les éléments
8 de preuve.
9 M. Kolesar (interprétation): Monsieur le Juge, lorsque nous avons soumis
10 notre mémoire conformément à l'Article 65 ter, nous avons indiqué quelle
11 était notre intention concernant le moyen de preuve que nous allions
12 présenter, et je pensais que je pouvais analyser ce que je viens
13 d'analyser. Si telle est votre attitude, je ne vais pas présenter, ici, ce
14 que j’ai préparé en ce qui concerne le viol et la réduction en esclavage
15 en tant qu'acte criminel. Je dirai quelques mots concernant la
16 responsabilité individuelle de Radomir Kovac.
17 J'ai préparé deux organigrammes avec lesquels je souhaitais prouver que
18 les affirmations du Procureur -que les viols ont été commis de manière
19 systématique dans le territoire de Foca- étaient erronées. Compte tenu des
20 instructions que je viens de recevoir, je vais passer outre cela, mais je
21 tiens à dire…
22 Mme le Président (interprétation): J'ai l'impression que nous avons un
23 problème de malentendu. Ce dont vous parlez peut être important si vous
24 montrez que la défense présentera les moyens de preuve qui corroboreront
25 votre version des événements en ce qui concerne le caractère systématique
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1 de l'attaque ou le manque de ce caractère. Vous devriez, maintenant,
2 indiquer quels seront les moyens de preuve que vous avez l'intention de
3 présenter dans le cadre de la défense de votre client.
4 M. Kolesar (interprétation): Je vais répéter ce que j'ai dit. Nous avons
5 eu l'intention de proposer certains éléments, et nous le ferons dans le
6 cadre de la présentation des moyens de preuve de l'accusation. Nous avons
7 exposé tout ceci dans le mémoire préalable que nous avons soumis
8 conformément à l'Article 65 ter. Cependant, en ce moment, permettez-moi
9 s'il vous plaît de conclure ma déclaration liminaire.
10 Je ne souhaite pas provoquer de malentendu. Moi, je parle très rarement,
11 je prends la parole très rarement, j'ai été interrompu au moment où le
12 témoin clé à l'égard de l'accusé Kovac a témoigné. Il s'agit du témoin
13 FWS-75. Maintenant, je suis interrompu de nouveau.
14 Mme le Président (interprétation): Maître Kolesar, nous ne souhaitons pas
15 vous interrompre. Notre rôle est de vous donner des instructions. Vous
16 pouvez poursuivre, mais compte tenu du fait qu'il ne nous reste que deux
17 minutes, peut-être que nous pourrions arrêter maintenant et vous pouvez
18 continuer à ce moment-là? Donc à 11 heures 30, vous pouvez poursuivre vos
19 déclarations liminaires.
20 (L'audience, suspendue à 10 heures 57, est reprise à 11 heures 30.)
21 Mme le Président (interprétation): Oui, maître Kolesar, vous pouvez
22 poursuivre.
23 M. Kolesar (interprétation): Madame la Présidente, je vais poursuivre mon
24 exposé. A notre avis, le Procureur n'a pas prouvé que les événements qui
25 sont examinés devant cette Chambre ont eu lieu de la manière telle que
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1 ceci a été décrit dans l'acte d'accusation. Si nous examinons quelques
2 organigrammes préparés par la défense, il sera clair que le nombre des
3 viols ne peut pas confirmer l'existence de viols systématiques.
4 Mais, en ce qui concerne le viol, l'accusation n'a prouvé l'existence
5 d'aucun plan systématique dans le cadre d'une stratégie de nettoyage
6 ethnique sur les 42 viols qui ont eu lieu à Foca ainsi que dans d'autres
7 endroits Miljevina, Petkovina et dans d'autres villes et autres
8 agglomérations. Donc, nous avons présenté des tableaux, c'est la pièce à
9 conviction numéro 19.
10 Or, ici, on voit que cela comporte uniquement des hameaux, uniquement des
11 endroits de plus de 200 habitants, et les viols n'ont été conduits qu'à
12 l'encontre des femmes de Mjesava où il y avait 50% de Serbes et 50% de
13 Musulmans.
14 D'après le tableau de 1991 issu du recensement on voit que, dans ce
15 village, il y avait 161 Musulmans et 166 Serbes. Ce nombre absolu, en ce
16 qui concerne donc les 161 Musulmans, si on se rapporte aux 20.898
17 Musulmans qui vivaient sur le territoire de Foca, si on prend en compte la
18 totalité de la population musulmane, sachant que certains hommes avaient
19 quitté le village, donc cela ne permet pas de conclure qu'il y avait
20 campagne de viols systématiques et généralisés.
21 Dans ces tableaux, l'accusation nous dit que les viols ont eu lieu à
22 plusieurs endroits mais, apparemment, les viols ont toujours été à
23 l'encontre des mêmes victimes qui sont une vingtaine.
24 Donc, il n'y a pas campagne de viols systématiques ou généralisés. Si on
25 prend le total des viols, trois ont eu lieu à Gacko et un à Kalinovik.
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1 Ceci ne permet pas à l'accusation de démontrer qu'il y avait campagne de
2 viols systématiques et généralisés sur la base d'une stratégie, puisqu'il
3 ne s'agit donc pas d'une politique généralisée qui a été appliquée sur la
4 totalité de l'agglomération de Foca.
5 Nous affirmons que seul un témoin a affirmé avoir été violé après la fin
6 du conflit à Foca. Si on doit accepter que ce témoin a été violé, eh bien,
7 il s'agit d'un incident individuel qui n'a absolument rien à voir avec le
8 conflit armé et qui ne peut donc pas fonder une campagne de viols
9 systématiques et généralisés tels que l'avance l'accusation.
10 Le Procureur, dans sa déclaration liminaire, a dit que les Musulmans dans
11 la municipalité de Foca occupaient une position prédominante. Cependant,
12 la défense estime que ceci n'est pas acceptable et que l'on s'est basé,
13 pour tirer cette conclusion, sur des éléments qui sont erronés.
14 Nous avons préparé deux tableaux quant à nous. Mais étant donné que suite
15 à la décision prise par la Chambre de première instance, en vertu de cette
16 décision, nous ne pouvons présenter ces tableaux; je vais me contenter de
17 les commenter. Sur l'un de ces tableaux, on peut voir que dans la
18 municipalité de Foca il y avait 20.898 Musulmans et 18.339 Serbes.
19 Sur la totalité du territoire de la municipalité de Foca, il y avait 2.559
20 Musulmans de plus que de Serbes. Mais à Foca même, il y avait 5.554
21 Musulmans et 7.957 Serbes. Ce qui nous montre que dans la ville de Foca
22 même il y avait plus de Musulmans; il y avait 2.403 Musulmans de plus que
23 de Serbes.
24 Mme le Président (interprétation): Maître Kolesar, vous allez beaucoup
25 trop vite pour que les interprètes puissent vous suivre.
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1 M. Kolesar (interprétation): Je vous prie de m'excuser. Je me suis laissé
2 entraîner. Dans la pièce à conviction numéro 19, le Procureur nous a
3 montré 42 endroits ou agglomérations dans la municipalité de Foca où il y
4 avait plus de 200 habitants. Or, nous souhaitons montrer qu'il y avait en
5 fait 120 localités -comme on peut le voir sur notre tableau-, et que les
6 victimes des viols allégués ne venaient que d'un endroit, à savoir
7 Mjesalja.
8 D'autre part, si on ajoute à cela la répartition de la propriété
9 terrienne, eh bien, les Musulmans étaient indéniablement dominants. Le
10 fait que les victimes alléguées venaient d'un seul endroit, à savoir
11 Mjesalja, on ne peut pas parler de campagne de viols systématiques et
12 généralisés.
13 Dans la municipalité de Foca, la superficie est de 126.636 hectares. Une
14 grande majorité de cette superficie appartient aux autorités publiques et
15 le reste, dans une certaine mesure, à des propriétaires privé. 44.727
16 hectares, c'est-à-dire 35% de la superficie appartiennent à des
17 propriétaires privés. Les Serbes détenaient 24.156 hectares, les Musulmans
18 20.571 hectares.
19 Sur la base de ces deux tableaux, il apparaît tout à fait clairement que
20 l'allégation de l'accusation ne tient pas, à savoir que dans la
21 municipalité de Foca les Musulmans avaient une position et un rôle
22 dominant.
23 On ne peut pas parler de campagne de viols systématiques et généralisés
24 dans la zone. La défense ne nie pas l'existence d'incidents individuels au
25 cours desquels des femmes jeunes, ou plus âgées, ont eu des relations, des
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1 rapports sexuels avec certains soldats, mais ceci n'a rien à voir avec le
2 conflit armé en lui-même.
3 L'accusation n'a prouvé de nulle manière que ces viols -si effectivement
4 ils ont eu lieu-, que ces viols peuvent être considérés comme ayant un
5 lien avec le conflit armé.
6 De ce fait, la défense estime que l'accusation n'a pas prouvé de nulle
7 manière que ces viols -si effectivement ils ont eu lieu-, donc que ces
8 viols peuvent être considérés comme ayant un lien avec le conflit armé. De
9 ce fait, la défense estime que l'accusation n'a pas prouvé un deuxième
10 élément essentiel, à savoir le lien entre l'acte du viol lui-même et le
11 conflit armé. Donc, de ce fait, dans le cas Furundzija où il y a eu viols
12 et tortures et où le viol a été considéré comme une atteinte à la dignité
13 humaine, la défense estime que l'accusation n'a pas prouvé le viol.
14 En ce qui concerne les atteintes à la dignité humaine, chaque cas
15 individuel doit être analysé, et la question de la responsabilité doit
16 également être examinée pour chacun des accusés en ce qui concerne chaque
17 crime commis, donc des crimes, des rapports sexuels qui ont lieu contre la
18 volonté de la personne qui en est victime, harcèlement sexuel, avec
19 intention de porter atteinte à la dignité humaine. Le Procureur n'a
20 nullement prouvé l'existence de ces faits. Donc, au terme de l'Article 5
21 du Statut, il ne peut y avoir de responsabilité au terme de l'Article 3.
22 L'article 5(C) stipule que ce Tribunal sera habilité de juger, entre
23 autres, l'acte criminel de la réduction en esclavage. Le même article
24 stipule que la population civile doit être la victime de la réduction en
25 esclavage dans le cadre des conflits armés, qu'il s'agisse des conflits
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1 internationaux internes. Bien évidemment, les éléments de cet acte
2 criminel ne sont pas élaborés dans le Statut. Nous devons dire
3 immédiatement qu'il est possible de poser -sur le plan théorique et
4 pratique- un nombre de questions concernant la possibilité d'appliquer
5 cette incrimination sur l'affaire que la Chambre est en train de prendre
6 en considération en ce moment.
7 En premier lieu, la défense considère que la notion même de la réduction
8 en esclavage doit être interprétée dans le cadre de la notion de
9 l'esclavage et non pas selon la notion de la privation de la liberté.
10 Autrement dit, de la détention qui est le terme -semble-t-il- accepté par
11 le Procureur dans cette affaire. La réduction en esclavage peut apparaître
12 sous des formes différentes.
13 Tout d'abord, il s'agit du statut ou de l'état des personnes qui sont
14 soumises par une personne qui manifeste le droit de propriété sur eux.
15 Deuxièmement, la réduction en esclavage en tant qu'institution contient
16 les notions de l'esclavage de débiteur, l'esclavage marital de travail et
17 sexuel. Lorsqu'il s'agit de l'esclavage sexuel, cet auteur parle du
18 transfert ou de la détention d'une personne, mais il est nécessaire tout
19 d'abord de constater qu'il y a eu l'intention de transférer ou de détenir
20 quelqu'un afin d'accomplir des actes sexuels avec cette personne. Cette
21 intention doit être prouvée et ce, dans le sens où la personne serait
22 transférée ou détenue avec l'intention d'être gardée à un endroit de
23 manière durable.
24 La défense considère que le Procureur doit prouver, en tant que premier
25 élément de cet acte criminel, qu'il y a eu l'intention de transférer une
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1 certaine personne afin d'effectuer des actes sexuels avec cette personne,
2 et qu'il y avait également l'intention de détenir de manière durable cette
3 personne en sa possession.
4 Le Procureur n'a pas prouvé de telles intentions à l'égard d'aucun des
5 accusés. Aucun des témoins du Procureur a affirmé qu'il s'est opposé d'une
6 quelconque manière au séjour dans des appartements ou des maisons où ils
7 ont séjourné. Ils n'ont pas dit qu'ils ont été empêchés de se déplacer
8 librement. Au contraire, ils ont tous dit qu'ils étaient disposés de la
9 liberté de mouvement, ce qui sera confirmé par des moyens de preuve de la
10 défense. Ils ont dit également qu'à tout moment, il est évident également
11 qu'à tout moment, s'ils avaient souhaité résister à une telle situation,
12 ils auraient pu réagir en fuyant, en demandant de l'aide des voisins ou en
13 essayant de mettre fin à une telle situation et changer leur statut d'une
14 autre manière.
15 Le troisième élément qui devrait être prouvé par le Procureur afin
16 d'engager la responsabilité des accusés pour cet acte criminel est la
17 durée qui ne peut pas être courte. Il est nécessaire de prouver que celui
18 qui réduit une autre personne en esclavage l'a fait sans limite
19 temporelle. Puisque, s'il existe des limites temporelles, on peut poser la
20 question de savoir s'il est possible de parler de la réduction en
21 esclavage.
22 D'après la défense, pour qu'il y ait réduction en esclavage, la victime
23 doit être détenue pendant une période longue qui, dans la pratique, doit
24 au moins correspondre à la période dont la durée indiquerait que
25 l'intention existerait de garder la victime dans ce statut de manière
Page 4362
1 durable. Toute période plus courte que cela ne donne pas de base
2 permettant de conclure qu'une personne a été gardée en tant qu'esclave.
3 Finalement, le quatrième élément doit être prouvé, à savoir que celui qui
4 réduit une personne en esclavage traite cette personne comme s'il la
5 possédait. Le Procureur, dans cette affaire, n'a pas prouvé que l'un
6 quelconque des accusés allégué de l'acte criminel de la réduction en
7 esclavage ait traité un quelconque témoin comme s'il le possédait.
8 Madame la Présidente, j'avais l'intention de parler beaucoup plus et de
9 manière beaucoup plus détaillée de ces questions-là, mais j'ai considéré
10 en ce moment, même s'il s'agit-là de déclarations liminaires, je pensais
11 -et c'est l'attitude partagée par toute l'équipe de la défense-, nous
12 avons considéré que ceci était important; qu'il était important d'aborder
13 ces sujets-là en ce moment. Mais compte tenu des instructions de la
14 Chambre j'ai réduit ces passages là. C'est pour cela que leur aspect était
15 tel qu'il vient d'être exposé.
16 En ce qui concerne la responsabilité de Radomir Kovac, moi, en tant que
17 conseil de la défense, je vais maintenant parler de sa responsabilité
18 individuelle selon les chefs d'accusation qui l'accusent de viols,
19 conformément à l'Article 5(G) du Statut et l'Article 3 du Statut; et
20 réduction en esclavage en vertu de l'Article 5 du Statut, et l'atteinte à
21 la dignité humaine en vertu de l'Article 3 du Statut. Je souhaite, dans ce
22 cadre-là, attirer votre attention sur l'attitude commune de la défense qui
23 constitue la raison pour laquelle je considère qu'il n'a pas été prouvé
24 que l'accusé, Kovac, a commis l'acte criminel de la réduction en
25 esclavage.
Page 4363
1 En tant que défenseur, je dois dire que certaines allégations générales de
2 l'acte d'accusation modifié n'ont pas été prouvées à l'égard de l'accusé
3 Radomir Kovac comme, par exemple, sa qualité d'adjoint du commandant de la
4 police militaire et du leader des unités paramilitaires à Foca.
5 L'accusé Radomir Kovac n'était pas l'adjoint du commandant de la police
6 militaire ni le leader des unités paramilitaires à Foca. L'accusé Radomir
7 Kovac n'était pas du tout membre de la police militaire et la Procureur
8 n'a pas prouvé une telle affirmation. Il n'était pas non plus membre des
9 unités paramilitaires puisque, à Foca, il n'y a pas eu d'unités
10 paramilitaires. Les unités qui existaient à Foca ont été constituées des
11 membres de la Défense territoriale et des volontaires qui étaient placés
12 sous un même commandement et qui ont, par la suite, été intégrés dans
13 l'armée de la Republika Srpska suite à la création de celle-ci.
14 L'accusé Radomir Kovac n'a jamais été commandant d'une quelconque unité
15 militaire et le Procureur ne l'a pas prouvé. Il n'a pas participé à
16 l'attaque contre Foca puisque, en tant que militaire, il a rejoint les
17 rangs de sa propre unité le 17 avril 1992, moment où les combats à Foca
18 étaient déjà terminés -ce qui sera prouvé par les moyens de preuve de la
19 défense. Il n'a pas participé à l'attaque contre les villages avoisinants
20 lors desquels les civils auraient été arrêtés. Le Procureur n'a pas prouvé
21 cette affirmation. En terminant ma partie de déclaration liminaire, la
22 défense de M. Kovac souligne que la défense analysera l'existence de la
23 culpabilité pour l'acte criminel de viol et de l'atteinte à la dignité
24 humaine compte tenu du caractère complexe de tous les moyens de preuve,
25 moyens de preuve qui vont être présentés à la défense.
Page 4364
1 La défense analysera ce sujet-là à la fin du procès, puisque la défense
2 conteste que l'accusé Kovac aurait commis ces actes criminels dans le
3 cadre de ses actions.
4 Je vais donner la parole, maintenant, à Me Jovanovic, mais je souhaite
5 ajouter une autre chose. La défense est préoccupée par la décision dont
6 nous avons été informée oralement, ce matin, en ce qui concerne la manière
7 d'exposer, de faire nos déclarations liminaires. Ceci a rendu notre tâche
8 plus difficile. Je pense que nous avons fait une erreur en ne demandant
9 pas que la procédure soit reportée.
10 Hier, à neuf heures moins le quart, nous avons vérifié notre courrier;
11 nous n'y avons pas trouvé la défense concernant la déclaration liminaire.
12 Nous avons trouvé cette décision seulement ce matin, quelques minutes
13 avant le début de l'audience de ce matin. C'est pour cela que la forme des
14 déclarations liminaires étaient telle que vous l'avez vue aujourd'hui.
15 Mme le Président (interprétation): Maître Kolesar, sans égard à ce qui
16 vient d'être dit, vous pourrez lors de votre plaidoirie attirer
17 l'attention de la Chambre sur les points forts de la défense et les points
18 faibles du Procureur. Parce que, à ce moment-là, nous aurons entendu tous
19 les témoignages, nous aurons reçu tous les moyens de preuve.
20 Je pense qu'à ce stade, il sera plus approprié que vous analysiez les
21 moyens de preuve présentés par le Procureur et aussi ceux présentés par la
22 défense. Au cours de la plaidoirie, vous aurez suffisamment de temps afin
23 de faire une analyse complète de l'affaire.
24 M. Kolesar (interprétation): J'espère sincèrement, Madame la Présidente,
25 que c'est ce qui se passera.
Page 4365
1 Mme le Président (interprétation): Maître Jovanovic.
2 M. Jovanovic (interprétation): Madame la Présidente, Messieurs les Juges,
3 chers collègues, en tant qu'avocat de Zoran Vukovic, dans ma déclaration
4 liminaire je souhaite parler très rapidement de certains points qui, à mon
5 avis, seront importants pour la défense dans l'ensemble et pour moi, en
6 tant que défenseur de M. Vukovic.
7 La défense a l'intention de présenter un certain nombre de moyens de
8 preuve et de citer à la barre un certain nombre de témoins, des
9 enquêteurs, des témoins experts également. La défense voudra se pencher
10 sur la question concernant les centres d'accueil collectif. Puis, nous
11 parlerons également de la torture qui figure dans l'acte d'accusation.
12 Nous parlerons également de la culpabilité de l'accusé Vukovic.
13 En ce qui concerne la détention, les centres de détention ou les centres
14 d'accueil, les points de vue de la défense et de l'accusation sont
15 différents.
16 La défense, par le biais de ses propres moyens de preuve, a l'intention de
17 prouver que les bâtiments et les locaux qui servaient à loger les
18 personnes qui ont témoigné dans le cadre de cette procédure, donc les
19 bâtiments où ces personnes étaient logées, qu'il ne s'agissait pas là de
20 centres de détention mais de centres d'accueil. Nous prouverons cela, nous
21 montrerons cela par le biais de témoignages de personnes qui ont résidé
22 dans cette région durant la période couverte par l'acte d'accusation, à
23 savoir entre juin et août 1992.
24 La défense a également l'intention de se pencher sur la question de savoir
25 si les viols avaient un caractère systématique et à grande échelle -comme
Page 4366
1 ceci a été exposé dans l'acte d'accusation. Sur la base de ses propres
2 moyens de preuve et des moyens de preuve présentés par le Procureur, la
3 défense souhaitera attirer l'attention de la Chambre sur le fait que, dans
4 des municipalités qui sont avoisinantes par rapport à la municipalité de
5 Foca, les événements décrits par le Procureur n'ont pas, en effet, eu
6 lieu. C'est pour cela que nous avons préparé certains organigrammes,
7 certaines données statistiques concernant le nombre des habitants dans la
8 région.
9 Mais je ne souhaite pas ennuyer les Juges avec tous ces détails en ce
10 moment-là. Nous en parlerons plus tard au moment de la présentation des
11 moyens de preuve.
12 Lorsque nous citerons à la barre nos témoins experts, nous allons nous
13 pencher sur une autre question très importante du point de vue de la
14 défense, puisqu'il s'agira là de l'analyse de la notion de la torture.
15 D'après la défense, il s'agira là de la définition la plus appropriée
16 concernant la torture qui a été faite le 10 décembre 1984, dans le cadre
17 de la convention contre la torture. Nous avons l'intention de citer à la
18 barre des témoins experts qui parleront du sujet de la torture.
19 Je ne veux pas analyser ce que sera le rôle et la tâche de nos témoins, de
20 nos enquêteurs et de nos témoins experts pour lesquels la Chambre donnera
21 son autorisation. Mais, pour l'instant, je souhaiterais parler en tant que
22 défenseur de Zoran Vukovic.
23 Par rapport aux allégations du Procureur selon lesquelles l'accusation a
24 tenté de démontrer le rôle de Zoran Vukovic, du point de vue de la défense
25 ces directions vont dans les deux sens. Tout d'abord, il s'agit du rôle
Page 4367
1 joué par Zoran Vukovic au cours des événements critiques. Ainsi, dans un
2 deuxième temps, l'accusation est tentée de démontrer le comportement des
3 actions de l'accusé dans les situations particulières.
4 Tout d'abord, la défense va tenter de prouver que Zoran Vukovic n'était
5 pas leader des formations paramilitaires, qu'il n'avait pas le rôle de
6 commandant; il était un simple soldat qui était chauffeur de profession.
7 D'un autre côté, en ayant en vue les actions de Zoran Vukovic dans les
8 situations concrètes énumérées dans l'acte d'accusation, d'après la
9 défense, l'accusation a l'intention de montrer Zoran Vukovic dans une
10 lumière qui ne reflète pas l'état des choses réelles en ce qui concerne le
11 caractère de Zoran et en ce qui concerne l'état des choses réelles.
12 Donc, la défense a l'intention d'appeler des témoins qui vont témoigner du
13 caractère du témoin, et de démontrer que Zoran Vukovic n'est pas la
14 personne qu'a dépeint l'accusation.
15 A travers cela, la défense a l'intention de traiter d'autres questions qui
16 pourraient être importantes au moment de la prise de décision concernant
17 l'éventuelle culpabilité et le prononcé de cela.
18 La défense a l'intention, après avoir entendu les experts que nous avons
19 appelés à la barre, d'ouvrir une question extrêmement importante. Il
20 s'agit de la question de l'identification, et surtout en ce qui concerne
21 les identifications qui ont eu lieu en dehors du prétoire, avant le début
22 du procès.
23 Madame la Présidente, Messieurs les Juges, mes confrères, de cette façon
24 la défense termine son mémoire préalable à la présentation des moyens de
25 preuve de la défense, sauf ajout éventuel de la part de mes confrères. Je
Page 4368
1 vous en remercie.
2 Mme le Président (interprétation): Je vous remercie, monsieur Jovanovic.
3 Maintenant que les déclarations liminaires sont terminées, la Chambre
4 propose que le premier témoin soit cité à la barre. Nous pouvons donc
5 commencer avec la présentation des moyens de preuve de la défense.
6 M. Prodanovic (interprétation): Madame la Présidente, notre premier témoin
7 sera l'accusé Dragoljub Kunarac. Il est ici.
8 (Le témoin, Dragoljub Kunarac, est interrogé par M. Prodanovic.)
9 Mme le Président (interprétation): Oui, allez-y. Il peut s'asseoir à la
10 place du témoin. Que l'accusé lise la déclaration solennelle, je vous
11 prie.
12 M. Kunarac (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la
13 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
14 Mme le Président (interprétation): Merci. Veuillez vous asseoir.
15 M. Prodanovic (interprétation): Je demanderai de placer le chevalet, parce
16 que nous poserons quelques questions concernant la clarification de
17 certains événements en employant la carte. Nous nous attendions à ce que
18 la déposition de ce témoin commence seulement dans l'après-midi. C'est
19 pourquoi nous n'avons pas encore préparé tout cela. Il s'agit de la carte
20 de Foca, de la région où se déplaçait l'accusé Kunarac. Nous voyons ici
21 les villages dans lesquels il se trouvait. Je pense que ceci peut être
22 utile.
23 Mme le Président (interprétation): Merci. L'huissier s'il vous plaît.
24 Pendant que nous attendons que l'huissier organise ceci, je souhaite
25 savoir si vous avez l'intention de verser cette carte au dossier.
Page 4369
1 M. Prodanovic (interprétation): Oui, Madame la Présidente.
2 Mme le Président (interprétation): Madame la greffière, quelle sera la
3 cote?
4 Melle Lauer: Ce document prendra la cote D75 des pièces de la défense.
5 Mme le Président (interprétation): Le Procureur souhaite peut-être
6 examiner la carte avant son utilisation et faire des commentaires
7 éventuellement? Pas d'objection?
8 M. Ryneveld (interprétation): Pas d'objection.
9 Mme le Président (interprétation): Oui, vous pouvez placer cela sur le
10 chevalet. Quelle sera la cote formelle pour la défense?
11 Mme Lauer: Cette carte sera enregistrée sous la cote D75 des pièces de la
12 défense.
13 Mme le Président (interprétation): Puisque l'accusé va se référer à cette
14 carte, nous aurons besoin peut-être d'un pointeur long et d'un autre
15 microphone.
16 M. Ryneveld (interprétation): Compte tenu de l'endroit où ceci est placé,
17 je ne suis pas sûr si le Procureur pourra bien voir la carte.
18 M. Hunt (interprétation): Vous voyez certainement mieux que moi parce que
19 moi, je vois la carte mais pas les détails.
20 M. Ryneveld (interprétation): Je voulais avoir une vue sur la région en
21 général.
22 Mme le Président (interprétation): Au moment où l'accusé va montrer des
23 choses sur la carte, il sera obligé de s'approcher de la carte, nous
24 verrons ainsi tous mieux l'endroit qu'il indique. Vous pouvez poursuivre,
25 maître Prodanovic.
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1 M. Prodanovic (interprétation): Oui, Madame la Présidente. Veuillez vous
2 présenter.
3 M. Kunarac (interprétation): Je m'appelle Dragoljub Kunarac.
4 Question: A la fin de la question je vous demanderai, compte tenu de
5 l'interprétation, de faire une petite pause et de répondre seulement après
6 cette pause.
7 Avez-vous un surnom?
8 Réponse: Pratiquement dès mon enfance on m'a appelé "Zaga", c'est le
9 surnom par lequel les gens me connaissent.
10 Question: A quel moment vous a-t-on surnommé ainsi?
11 Réponse: Je ne m’en souviens pas. C'est ainsi qu'on m'appelait depuis
12 toujours. Depuis que je me souviens, des voisins, des gens de la rue
13 m'appelaient comme cela, et la plupart des membres de ma famille.
14 Question: Comment se fait-il que ce surnom vous a été attribué?
15 Réponse: Mon père est un charpentier. Dès le début, je pense que nous
16 avons parlé de ces instruments, "zage". C'est pour cela que j'ai reçu, que
17 l'on m'a donné ce surnom parce que zaga veut dire une scie.
18 Question: Est-ce que vous pouvez nous dire où et quand vous êtes né?
19 Réponse: Je suis né le 15 mai 1960.
20 Question: Où?
21 Réponse: A Foca.
22 Question: Quel est le nom et le prénom de votre père et de votre mère?
23 Réponse: Mon père s'appelle Aleksa. Plus tard dans la vie, il a changé
24 de nom. Officiellement il est devenu Lekso. Ma mère s'appelle Stojka et son
25 nom de jeune fille est Perikic
Page 4371
1 Question: Etes-vous marié?
2 Réponse: Oui.
3 Question: Quel est le nom de votre femme?
4 Réponse: Elle s'appelle Jovanica et son nom de jeune fille est Janisevic.
5 Question: Avez-vous des enfants?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Combien d'enfants avez-vous?
8 Réponse: J'ai trois enfants.
9 Question: Quels sont leurs âges?
10 Réponse: Ma fille aînée est née le 1er mai 1991, donc elle vient d'avoir
11 neuf ans. Le fils est né le 23 septembre 1992 et il s'appelle Vladimir; et
12 ma fille est née le 11 juin 1996, elle s'appelle Dragana.
13 Question: Votre épouse et vos enfants vivent où?
14 Réponse: En ce moment, ils vivent à Foca, mon épouse et mes enfants. Ils
15 vivent dans un appartement loué.
16 Question: Qu'avez-vous fait avant votre arrestation? Quel est votre
17 métier? Aviez-vous du travail?
18 Réponse: Vous parlez du moment où je me suis rendu volontairement, en
19 1998? Question: Oui.
20 Réponse: A ce moment-là, je n'avais pas de travail puisque, pendant les
21 événements, je suis devenu invalide de guerre, puisque j'ai perdu le coude
22 de mon bras droit. Donc, je n'ai pas pu travailler.
23 Question: Avant l'arrestation, la reddition, et après la fin du conflit
24 armé, vous dites que vous n'aviez pas d'emploi. Mais avant le début de la
25 guerre, avez-vous travaillé? Réponse: Oui, j'ai eu un emploi avant le
Page 4372
1 début de la guerre. Je travaillais à Tivat au Monténégro dans une société
2 où je travaillais comme technicien chimique.
3 Question: Quelle est votre formation?
4 Réponse: J'ai terminé l'école primaire à Foca, ensuite le lycée
5 technique de Gorazde. Suite à ce lycée technique, je suis devenu technicien
6 chimique.
7 Question: Pendant le lycée, pendant que vous alliez au lycée, avez-vous
8 vécu à Foca ou à Gorazde?
9 Réponse: Pendant que j’allais au lycée, pendant ces quatre années, je
10 vivais à Gorazde pendant toute la période. C'est seulement de temps en
11 temps que je venais à Foca et que je passais du temps avec ma famille.
12 Question: Quel était votre âge à la fin du lycée?
13 Réponse: J'ai terminé le lycée en 1981, donc j'avais 20 ans.
14 Question: Quand êtes-vous parti vivre au Monténégro?
15 Réponse: Je suis parti au Monténégro en 1986. A partir de l’année 1988
16 j'ai trouvé un emploi, c'est là que j'ai travaillé dans cette société à
17 Tivat. Entre-temps, j'avais déjà quitté Foca mais j'étais surtout à
18 l'extérieur de Foca, durant toute cette période. Le nom de la société est
19 Henkel Rivijera, la société à Tivat.
20 Question: Quand vous êtes-vous marié?
21 Réponse: Le 11 août 1990.
22 Question: Après cela, avez-vous vécu à Tivat ou Foca?
23 Réponse: Avant cela, et après cela, j'ai vécu à Foca et ce, jusqu'à ce
24 que je ne vienne à Foca pour la suite, de nouveau.
25 Question: Donc vous avez vécu sans arrêt à Tivat. Mais je veux savoir si
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1 de temps en temps vous veniez à Foca?
2 Réponse: Je venais à Foca. Comme je l'ai déjà dit, je travaillais dans
3 cette société à Tivat et je venais à Foca quand j'avais un peu de temps
4 libre. Ou bien, si j’avais des vacances, je venais rendre visite à ma
5 famille, à mes parents et mon frère qui vivaient à Foca. Mais à chaque
6 fois, ces visites étaient de courte durée, parfois seulement un week-end
7 ou au maximum sept à dix jours
8 Question: Puisque vous étiez absent de Foca, est-ce que vous pouvez nous
9 dire si vous aviez des amis à Foca?
10 Réponse: Puisque j'étais parti à Gorazde au lycée dès l'âge de 15 ans,
11 puisque par la suite j'étais rarement à Foca, j'avais quelques amis parmi
12 les voisins. En ce qui concerne un grand cercle d'amis, je n'en ai pas eu
13 à Foca, puisque je n'ai pas vécu à Foca depuis assez longtemps déjà et
14 comme je l'ai déjà dit.
15 Question: Où étiez-vous au moment où le conflit armé a éclaté à Foca?
16 Réponse: Au moment où le conflit armé a éclaté à Foca, donc le 8 avril,
17 la date mentionnée ici, à ce moment-là, j'étais à Tivat. Ce jour-là, j'ai
18 été mobilisé la deuxième fois par la force de réserve de l'armée
19 yougoslave, je n'ai pas été déployé à Foca mais ailleurs.
20 Question: Comment avez-vous appris que le conflit avait éclaté à Foca,
21 qui vous l'a dit?
22 Réponse: Ces jours-là, je suivais avec beaucoup d'intérêt les médias, la
23 presse, puisque le conflit avait déjà éclaté à Sarajevo quelques jours
24 plus tôt. La télévision diffusait donc sans arrêt les images sur la
25 situation qui régnait sur le terrain. C'est ainsi que j'ai appris que le
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1 conflit avait éclaté à Foca. J'ai parlé d'ailleurs avec mon père le 8
2 avril au téléphone qui m'a dit que, dans la ville même de Foca, un conflit
3 avait éclaté.
4 Question: Suite à cette date, suite au moment où le conflit a éclaté à
5 Foca, pouvez-vous me dire à quel moment vous êtes venu pour la première à
6 Foca?
7 Réponse: Lorsque le conflit armé a éclaté dans la région de Foca, je peux
8 dire que je suis venu à Foca pour la première fois, deux jours après que
9 mon père a été blessé. Je pense qu'il a été blessé le 29 mai. Au moment où
10 il a été blessé, il était dans un véhicule qui est arrivé sur une mine.
11 Plusieurs personnes étaient tuées et blessées dans le cadre de cet
12 incident, y compris mon père. Je suis venu deux jours plus tard, je me
13 souviens que je suis venu à Foca le 31 mai. Il s'agissait d'une journée
14 non ouvrable puisque j'ai pu venir à Foca mais, dès le lendemain, j'ai dû
15 regagner mon travail.
16 Question: Lorsque vous êtes revenu à Tivat après cette visite que vous
17 avez faite à votre père à Foca, avez-vous pris la décision de revenir à
18 Foca?
19 Réponse: Oui, parce que lorsque je suis arrivé à Foca j'ai trouvé mon
20 père qui était à la maison. Il était légèrement blessé. J'ai essayé de le
21 convaincre de venir avec moi à Tivat lui aussi puisque, à l'époque, ma
22 mère et la fille de ma sœur étaient avec moi à Tivat. Il a refusé. Moi,
23 j'ai dû revenir à Tivat car j'ai dû continuer à travailler.
24 Le lendemain, ma mère a insisté pour revenir à Foca. Un ami l'a
25 transférée. Entre-temps j'ai réfléchi et j'ai pris la décision de revenir
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1 à Foca rejoindre les rangs de l'armée de la Republika Srpska qui, à
2 l'époque, s'appelait encore la Défense territoriale. J'ai donc décidé de
3 donner ma propre contribution dans le cadre de ce conflit armé.
4 Question: A ce moment-là, lorsque vous êtes rentré à Tivat, avez-vous
5 rencontré qui que ce soit?
6 Réponse: Oui. Je pense que c'était un dimanche quand je suis revenu, le
7 31. Deux ou trois jours plus tard, mardi ou mercredi, j'ai rencontré
8 Aleksandar Kunarac, il a six ou sept ans de moins que moi. Je le
9 connaissais déjà puisque c'était un cousin qui faisait ses études à
10 l'Académie de la marine. A ce moment-là, nous nous sommes rencontrés, je
11 lui ai dit que j'allais rentrer à Foca et que je souhaitais rejoindre les
12 rangs de l'armée de la Republika Srpska en tant que volontaire.
13 Question: Est-ce que vous lui avez dit à quel moment vous aviez
14 l'intention de retourner à Foca?
15 Réponse: Au cours de cette conversation, lorsque je lui ai dit que je
16 souhaitais y aller et que c'était mon intention, que c'était ce que
17 j'allais faire prochainement, il m'a dit que son année scolaire était
18 terminée, qu'il avait l'intention d'y aller lui aussi. Nous nous sommes
19 mis d'accord pour partir le samedi 6 juin et aller à Foca ce jour-là.
20 Question: Est-ce que vous êtes vraiment parti pour Foca le jour prévu?
21 Réponse: J'ai terminé ce que j'avais à faire dans la société dans les
22 deux ou trois jours qui me restaient. J'ai pris un congé non payé et le
23 samedi Aleksandar est venu à Tivat. Ljubisa Markovic qui était originaire
24 de Foca, lui aussi, est venu aussi. A sept heures du matin, nous avons
25 quitté Tivat pour aller vers Foca et nous avons pris un car entre Niksic
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1 et Foca.
2 Question: Quand avez-vous quitté Tivat?
3 Réponse: Nous avons pris le car de Tivat à sept heures du matin.
4 Question: Dites-moi, s'il vous plaît, pourquoi êtes-vous venu à Niksic? Y
5 a-t-il eu une ligne régulière d'autocar entre Tivat et Foca?
6 Réponse: Non. A cette époque, il n'y a pas eu de ligne régulière avec
7 Foca. Nous sommes allés jusqu'à Niksic puisque de Tivat il n'y a pas eu de
8 ligne régulière d'autocar qui allait au-delà de Niksic. C'est pourquoi
9 nous sommes allés jusqu'à Niksic et que nous avons pris le car pour aller
10 à Foca qui nous a amenés jusqu'à la frontière entre le Monténégro et la
11 Bosnie.
12 Question: Dites-nous, comment se fait-il que Ljubisa Markovic vous a
13 rejoint? Qui est-il?
14 Réponse: Il est originaire de Foca lui aussi. Il suivait les études à la
15 même académie militaire. Il était en deuxième année alors qu'Aleksandar
16 était en troisième année. Comme ils se sont parlé tous les deux,
17 Aleksandar lui a dit qu'il avait l'intention d'aller samedi. Il a décidé
18 de venir avec nous afin d'éviter de voyager tout seul par la suite, parce
19 qu'il avait l'intention de faire pareil.
20 Question: Dites-nous, s'il vous plaît, quand vous êtes arrivé à Niksic,
21 quelle heure était-il?
22 Réponse: Il était neuf heures et demis, dix heures au plus tard puisque
23 l'autobus s'arrêtait à chaque arrêt. Nous sommes donc arrivés entre neuf
24 heures et demis et dix heures.
25 Question: Est-ce qu'à partir de Niksic, vous avez tout de suite trouvé un
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1 autocar pour poursuivre votre chemin? Y avait-il une ligne Niksic-Foca?
2 Réponse: Avant le début du conflit, ce genre de ligne d'autocar existait
3 de manière régulière mais pas à ce moment-là; il n'y a donc pas eu de
4 lignes jusqu'à Scepan Polje. Il n'y a eu que deux autocars par jour. L'un
5 partait à 8 heures du matin jusqu'à Scepan Polje et revenait le soir;
6 l'autre allait à 14 heures jusqu'à Scepan Polje. C'est un endroit qui se
7 trouve à la frontière entre le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine.
8 Question: Puisque vous êtes resté à Niksic pendant un certain temps,
9 comment avez-vous passé ce temps?
10 Réponse: Nous sommes restés à la gare routière, il y avait un restaurant
11 et nous y sommes restés. Donc nous ne nous sommes pas éloignés de la gare
12 routière.
13 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire quelle est la distance entre
14 Scepan Polje, c'est-à-dire la frontière entre le Monténégro et la Bosnie
15 et Foca?
16 Réponse: Je ne suis pas sûr, mais il s'agit d'une distance d'environ 20
17 km, 20/25 km au maximum. Il s'agit de la route qui part depuis Scepan
18 Polje et qui longe la rivière Drina du côté droit.
19 Question: Est-ce que pendant tout le voyage, pendant tout ce temps, vous
20 étiez seul jusqu'au départ de l'autobus, de l'autocar?
21 Réponse: Non. Au bout d'une heure peut-être, ou au bout d'une demi-
22 heure, deux autres personnes se sont rapprochées de nous, de notre table.
23 Je les connaissais déjà, je les ai rencontrées quand j'avais été mobilisé
24 auparavant au sein de la JNA. Ils se sont assis avec nous et nous avons
25 tous commencé à parler. Nous, tous les trois, Aleksandar, Ljubisa et moi-
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1 même, nous leur avons dit que nous avions l'intention de partir pour Foca.
2 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire leurs noms?
3 Réponse: Malheureusement, puisque ma famille y vit toujours, je peux
4 vous donner un nom mais pas l'autre.
5 Question: Comment s'appelle la personne dont vous pouvez révéler le nom?
6 Réponse: L'un d'eux était Miroslav Kondic, surnommé "Konta" ou "Meza".
7 Question: Quel était le contenu de votre conversation?
8 Réponse: Comme je l'ai dit, nous avons dit que nous avions l'intention
9 d'aller là-bas, puis nous avons parlé des jours que nous avons passés
10 ensemble en tant que réservistes. J'ai dit que j'étais de Foca, que mon
11 père avait été blessé, et qu'aux alentours de Foca il y avait beaucoup de
12 combats, beaucoup de victimes, et que j'avais l'intention et envie de
13 partir là-bas.
14 L'un d'eux a dit qu'il avait beaucoup d'amis et de membres de la famille à
15 Foca. L'un d'eux allait même à l'école pendant un certain moment à Foca
16 -puisque sa mère était originaire de Foca. Donc ils ont dit qu'ils
17 souhaitaient partir avec nous. Ils savaient que le car partait à 14
18 heures, ils sont rentrés chez eux. A 14 heures ils sont rentrés, nous
19 avons pris le car ensemble et nous sommes partis vers Scepan Polje.
20 Question: Est-ce que vous pouvez nous dire quelle est la distance entre
21 Foca et Niksic?
22 Réponse: Je ne suis pas sûr, mais il s'agit peut-être de la distance
23 d'environ 80 km, à peu près, entre Foca et Niksic.
24 Question: Au moment où vous êtes venu à Scepan Polje, que s'est-
25 il produit ensuite? Dîtes-nous, avant cela, si ces deux personnes ont pris
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1 le même car pour aller de Niksic à Scepan Polje.
2 Réponse: Oui, c'est ce que je viens de dire. Je leur ai dit que je
3 voulais y aller, que les gens mouraient, que la situation était difficile
4 là-bas. Ils ont dit tous les deux qu'ils souhaitaient, eux aussi, partir
5 là-bas, qu'ils voulaient eux aussi se porter volontaires. Ils sont rentrés
6 chez eux afin de prévenir leur famille de leur décision de partir. Ils
7 sont rentrés avant le départ du car. Ils ont été dans le car avec nous
8 jusqu'à Scepan Polje.
9 Question: Au moment où vous êtes arrivés à Scepan Polje, que
10 s'est-il passé?
11 Réponse: Scepan Polje se trouve à la frontière du Monténégro, donc à la
12 frontière entre le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine. C'est un petit
13 village qui est situé entre les rivières Piva et Tara, c'est-à-dire à
14 l'embouchure de la Drina.
15 Quand nous sommes arrivés à Scepan Polje, nous étions cinq. Nous n'étions
16 que cinq à sortir puisque personne ne sortait à Scepan Polje. Nous y avons
17 trouvé un grand nombre de civils, des femmes, des enfants, des personnes
18 âgées qui avaient réussi à arriver à Scepan Polje et qui souhaitaient se
19 rendre au Monténégro ou même plus loin, vers la Serbie. En tout cas, ils
20 venaient tous de Foca.
21 Question: Est-ce que vous leur avez demandé ce qui était en train de se
22 passer à Foca?
23 Réponse: Oui. Nous avons parlé avec quelques personnes, mais je ne
24 connaissais pas personnellement. Je connaissais une femme de vue alors je
25 me suis approché d'elle. Je savais qu'elle était originaire de Foca. Je
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1 lui ai demandé quelle était la situation à Foca. Je lui ai demandé aussi
2 comment ils étaient arrivés à Scepan Polje. Elle m'a dit qu'il n'y avait
3 pas de combats dans la ville même, que la situation dans la ville était
4 relativement calme. Mais, qu'en revanche, aux alentours de Foca, dans les
5 villages avoisinants, il y avait des combats quotidiens et que ces combats
6 étaient les plus durs à Miljevina et Ustikolina.
7 Elle m'a dit aussi que la route entre Scepan Polje et Foca était vraiment
8 dangereuse. Chaque personne qui empruntait cette route le faisait sur sa
9 propre responsabilité car de nombreuses embuscades avaient été tendues sur
10 cette route. Il y avait des mines et de nombreux civils ont péri sur cette
11 route, sur l'axe entre Scepan Polje et Foca. Ils ont donc repris leur
12 route, ils se sont dirigés vers Niksic alors que nous, nous nous sommes
13 rendus au poste de douane où nous avons donné nos pièces d'identité. Et
14 nous avons décidé de nous rendre à pied à Foca puisque nous n'avions pas
15 d'autres moyens de transport.
16 Question: Vous avez dit que vous avez vu des réfugiés à Scepan Polje, des
17 réfugiés venant de Foca. S'agissait-il de réfugiés serbes ou bien ces
18 personnes étaient-elles de deux appartenances ethniques?
19 Réponse: Il y avait aussi bien des familles musulmanes que des familles
20 serbes. Nous avons parlé avec ces gens, cette conversation a duré 15, 20
21 minutes. Nous avons, en effet, parlé à l'intendant d'autobus avant de
22 rebrousser chemin. Je savais qu'il y avait des familles des deux côtés,
23 aussi bien des Serbes que des Musulmans. Ils voulaient tous quitter ce
24 territoire puisqu'ils disaient que la situation, là-bas, était vraiment
25 très, très difficile, qu'il n'y avait pas suffisamment de nourriture; il y
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1 avait des interruptions quotidiennes d'électricité, des coupures.
2 Les femmes, les enfants, les personnes âgées avaient quitté de leur propre
3 gré le territoire de Foca pour se rendre au Monténégro ou en Serbie où ils
4 avaient des amis ou bien des membres de leur famille, ou bien ils se sont
5 rendus dans le centre de rassemblement de réfugiés aussi bien au
6 Monténégro qu'en Macédoine et en Serbie.
7 Question: Vous venez de parler de Miljevina. Pouvez-vous nous dire ce que
8 c'est Miljevina?
9 Réponse: Miljevina est une agglomération plutôt petite, une
10 agglomération minière qui se trouve à peu près à 15 kilomètres de la route
11 Foca/Sarajevo.
12 Question: Vous avez dit que vous êtes parti de Scepan Polje à Foca. Que
13 s'est-il passé ensuite?
14 Réponse: J'ai dit qu'il n'y avait pas de moyens de transport. Nous avons
15 attendu 15 à 20 minutes le départ de l'autobus. Nous espérions peut-être
16 rencontrer un autre véhicule avec une autre famille pour aller vers Foca
17 avec un véhicule, mais puisque ce véhicule n'est pas paru nous avons
18 décidé d'y aller à pied. Nous avons compté quatre ou cinq heures pour y
19 arriver. Nous avons marché pendant une heure, une heure et demi, et nous
20 étions à peu près à la hauteur de Kosman au moment où, derrière nous -donc
21 en direction venant du Monténégro, de Scepan Polje-, un camion est arrivé,
22 un camion de capacité de cinq tonnes.
23 Nous avons arrêté ce camion. Il y avait deux autres personnes assises à
24 côté du chauffeur, nous ne pouvions donc pas nous asseoir dans la cabine
25 du camion. Nous nous sommes assis à l'arrière. Quand nous y sommes montés,
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1 nous avons vu qu'il y avait de la nourriture et de l'aide humanitaire qui
2 était stockée là dans le camion. Ils étaient en train de transporter cette
3 nourriture jusqu'à Foca. C'est comme cela que nous sommes arrivés à Foca.
4 Question: Après votre arrivée à Foca, que s'est-il passé?
5 Réponse: Nous sommes arrivés à Foca à la tombée de la nuit, vers cinq,
6 six heures du soir. Moi, je suis allé voir ma famille. Aleksandar et
7 Ljubisa sont allés voir des amis, puisque la famille d'Aleksandar vivait
8 dans le village de Zavajit à 20 kilomètres de Foca. Nous nous sommes
9 séparés, nous nous sommes mis d'accord que lundi -puisque c'était un jour
10 ouvré-, que nous allions voir le département militaire pour voir quelle
11 sera notre affectation et pour rejoindre les rangs de l'armée de la
12 Republika Srpska qui était, à l'époque encore, le quartier général de la
13 TO.
14 Question: Est-ce que Kontic et cette deuxième personne vous ont dit où
15 ils allaient être hébergés à Foca?
16 Réponse: Pendant que nous parlions, alors que nous étions encore à
17 Niksic, Kontic et cette autre personne nous avaient dit qu'ils avaient
18 beaucoup d'amis, beaucoup de cousins à Foca. Quand nous sommes arrivés à
19 Foca, ils nous ont dit qu'ils allaient se rendre chez des amis et qu'on
20 allait se donner rendez-vous à huit heures le lundi suivant devant le
21 département militaire; ce que nous avons fait le lundi suivant d'ailleurs.
22 Question: Que s'est-il passé ensuite? Vous êtes-vous retrouvés le lundi
23 matin?
24 Réponse: Moi, je me suis rendu dans la maison de mes parents. J'y ai
25 passé la nuit. Le lendemain, un autre accident a eu lieu et un cousin
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1 assez proche a péri dans cet accident. Alors, je suis allé exprimer mes
2 condoléances à sa famille. C'est là que j'ai parlé avec de nombreux
3 membres de son bataillon puisqu'il était, au moment de sa mort, commandant
4 d'un bataillon. Il s'appelait Lazar Kunarac.
5 Donc nous avons parlé de tout cela. Il m'a dit qu'il y avait beaucoup de
6 mines, beaucoup de personnes, beaucoup de victimes, beaucoup de personnes
7 qui ont péri. Ceci m'a confirmé de rejoindre les rangs de l'armée et
8 d'aller au département militaire pour demander de, précisément, effectuer
9 ce genre de mission puisque moi j'ai fait mon service militaire…
10 Question: Oui, oui, nous allons y arriver à cela. Ne vous inquiétez pas.
11 Réponse: Donc lundi matin je me suis rendu devant le département
12 militaire, et j'ai demandé une affectation.
13 Question: Pourriez-vous me dire où se trouve exactement l'immeuble du
14 département militaire? Est-ce qu'il s'agit d'un bâtiment séparé ou est-ce
15 que ce département se trouve à l'intérieur d'un autre bâtiment?
16 Réponse: Il se trouve dans l'immeuble du SUP. Il y avait quatre pièces
17 qui appartenaient au département militaire, les autres pièces
18 appartenaient au Sup.
19 Mme le Président (interprétation): Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous
20 donner les détails quant aux personnes auxquelles l'accusé s'est accusé
21 quand il s'est enrôlé dans l'armée.
22 M. Prodanovic (interprétation): Nous y sommes arrivés, Madame la
23 Présidente. C'était précisément mon intention.
24 Quand vous êtes arrivé dans l'immeuble du département militaire, qui avez-
25 vous vu? Est-ce qu'on vous a donné une affectation? Est-ce qu'on vous a
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1 dit où vous deviez aller?
2 M. Kunarac (interprétation): Quand je suis arrivé, je me suis rendu dans
3 une pièce où la Défense territoriale de la municipalité de Foca avait ces
4 dossiers. Avant, c'étaient les dossiers concernant toutes les personnes
5 habitant sur le territoire de Foca. Je me suis donc adressé à un
6 fonctionnaire qui travaillait à cet endroit. Je lui ai donné mon livret
7 militaire où l'on pouvait voir quelle était ma formation militaire. A ce
8 moment-là, je lui ai dit que je me portais volontaire. Il a pris un carton
9 vierge, il a noté là-dedans tout ce qui me concernait et il m'a dit de me
10 rendre à Livade. C'est un village dans la municipalité de Foca où avant la
11 guerre, déjà, il y avait des dépôts de munitions de la TO. Il m'a dit
12 d'aller prendre un uniforme et des armes dans ce dépôt de munitions
13 puisqu'aucun de nous n'avait d'armes ou d'uniforme.
14 Question: Avez-vous donc reçu l'équipement, l'uniforme et les armes ce
15 jour-là?
16 Réponse: Oui, ce jour-là, quand je suis arrivé au département militaire,
17 il n'y avait qu'Aleksandar qui était là, les autres n'étaient pas encore
18 arrivés. Moi, j'ai attendu que lui aussi soit enregistré, qu'il se porte
19 donc volontaire près du département militaire. Ensuite, nous nous sommes
20 rendus au dépôt des munitions de Livade. C'est là que nous avons reçu un
21 certain nombre, une partie de l'équipement; c'est-à-dire nous avons reçu
22 le pantalon, la chemise, un baudrier, un ceinturon et des bottes. Il n'y
23 avait pas d'autres pièces nécessaires à l'équipement militaire disponible
24 dans ces dépôts.
25 Question: Quel était le type d'armes que vous avez reçues?
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1 Réponse: Après avoir reçu l'uniforme, on nous a envoyé dans un dépôt de
2 munitions, un dépôt qui existait avant le début du conflit. C'est là que
3 j’ai reçu un fusil automatique de calibre D762 millimètres de fabrication
4 yougoslave.
5 Question: Quel était le genre d'uniforme que vous avez reçu? Avez-vous
6 tout de suite mis cet uniforme?
7 Réponse: Le premier uniforme que j'ai reçu, c'était un pantalon et une
8 chemise de couleur vert olive. Ensuite, j'ai reçu un autre uniforme qui
9 était un uniforme de camouflage.
10 Question: Vous avez dit avoir reçu les armes dans un autre dépôt. Est-ce
11 que vous pouvez nous dire de quel genre de dépôt il s'agit?
12 Réponse: Cette agglomération de Livade, jusqu'en 1966 ou 1967, en réalité
13 était destinée au dépôt militaire. A l'époque, à Foca, il y avait une
14 caserne. En 1966 à peu près, ces unités d'armée régulière ont quitté Foca
15 et ces dépôts appartenaient à partir de ce moment-là à la Défense
16 territoriale. Donc une partie de ces dépôts dépendait de la Défense
17 territoriale et une autre partie de ces dépôts était utilisée comme hangar
18 où l'on gardait la nourriture de la société, d'une société de Foca.
19 Question: Si j'ai bien compris, il y avait plusieurs dépôts?
20 Réponse: Oui. Il y avait un dépôt où nous avons reçu l'uniforme, et un
21 autre dépôt où nous avons reçu du matériel technique, des engins explosifs
22 et des armes.
23 Dans un troisième dépôt, il y avait l'équipement de logistique où c'est le
24 matériel qui était distribué au bataillon sur le terrain.
25 Question: Quand vous dites la "Défense territoriale", est-ce que vous
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1 pensez aux armes? Est-ce que vous pensez aux armes et à l'équipement qui
2 étaient partagés, utilisés par les Musulmans et les Serbes qui habitaient
3 à Foca?
4 Réponse: Avant le début de la guerre, chaque homme apte à combattre, qui
5 avait une obligation militaire, appartenait à la Défense territoriale, les
6 personnes de toutes les nationalités de l'ex-Yougoslavie, qui avaient fait
7 leur service militaire, dépendaient du quartier général de la Défense
8 territoriale. Donc cela concernait tous les hommes qui n'avaient pas plus
9 de 60 ans, qui étaient âgés jusqu'à 60 ans puisqu'ils tombaient sous
10 l'obligation militaire.
11 Donc, dans ces dépôts, il y avait des armes et l'équipement qui
12 appartenaient à cette Défense territoriale commune, unique, qui était la
13 Défense territoriale qui a concerné aussi bien les Musulmans que les
14 Serbes et tous les autres peuples qui habitaient sur le territoire de Foca
15 avant la guerre.
16 Question: Puisque vous êtes venu au ministère de la Défense de Foca en
17 tant que volontaire, est-ce que l'on vous a demandé si vous avez fait
18 votre service militaire obligatoire, si vous avez participé à des
19 exercices, à des entraînements? Est-ce que l'on vous a demandé quelle
20 était votre formation militaire?
21 Réponse: Quand je suis arrivé dans le département militaire, j'ai donné
22 mon livret militaire. Il ressortait de ce livret, qu'avant cela, en 1991
23 et 1992, j'ai été membre des unités de réserve de l'armée yougoslave. On a
24 pu voir sur la base de ces informations que j'ai été formé en tant que
25 technicien des mines et d'engins explosifs.
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1 Moi, j'ai bien dit que même au cours de mon service de réserve, donc en
2 1992 et 1991, à deux reprises, que je me suis occupé de mines, d'engins
3 explosifs, que j'ai beaucoup d'expérience dans ce domaine, que j'étais
4 prêt à effectuer de telle mission à nouveau puisque j'avais remarqué qu'il
5 y avait beaucoup de problèmes avec les mines à Foca et dans la région de
6 Foca.
7 Question: Vous avez dit que vous avez fait votre service militaire
8 obligatoire. Pouvez-vous nous dire où vous l'avez fait?
9 Réponse: Après la fin de mon éducation secondaire, en 1981, je suis allé
10 faire mon service militaire régulier. J'ai reçu une formation de trois
11 mois à Travnik. Après la formation, donc les neuf mois qui sont restés,
12 j'ai été affecté à Mostar.
13 Question: Vous avez dit que vous avez reçu une formation de technicien en
14 mines et engins explosifs. Est-ce que vous pourriez nous dire ce que cela
15 veut dire exactement et quelle est la branche d'armée à laquelle cela
16 appartient?
17 Réponse: Au cours de la formation, j'ai pu apprendre toute sorte de
18 munitions, toute sorte de mines, d'engins explosifs qui pouvaient exister,
19 sinon ceci appartient à l'arme d'ingénierie de reconnaissance, en temps de
20 guerre. Il s'agit donc de la branche de l'armée qui s'occupe de
21 l'armement. On détruit les munitions dont on n'a plus l'utilisation. En
22 temps de guerre, cette unité d'ingénierie s'occupe surtout des mines.
23 Il faut donc détecter les champs de mines, il faut désarmer des mines,
24 déminer le terrain, mais aussi poser des mines sur les territoires que
25 l'on entend défendre au moyen d'engins explosifs pour empêcher l'ennemi à
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1 avancer sur le territoire que l'on est en train de défendre.
2 Question: Avant de vous portez volontaire, aviez-vous un grade?
3 Réponse: Au cours de mon service militaire en temps de paix, à
4 l'époque, je n'avais aucun pouvoir qui aurait été plus important que le
5 pouvoir d'autres soldats. J'étais seulement responsable de ce que je
6 faisais. J'étais censé pouvoir garantir que ce que j'avais fait était bien
7 fait. En cas d'une vérification supplémentaire, s'il y avait un problème,
8 on aurait pu évoquer ma responsabilité en tant que soldat, parce que je
9 n'avais pas accompli ma mission de la façon dont cela était attendu de
10 moi. En ce qui concerne les soldats qui travaillaient avec moi, je n'avais
11 pas le pouvoir de leur donner des ordres de quelque façon que ce soit.
12 Question: Quand vous dites que vous n'avez pas de pouvoir particulier,
13 est-ce que cela veut dire que vous n'avez pas le pouvoir de prendre des
14 mesures disciplinaires à l'encontre de ces soldats?
15 Réponse: Ni en temps de paix ni plus tard. En temps de guerre, un chef de
16 groupe "desetar" au sein de ses unités n'a aucun pouvoir de sanctionner ou
17 récompenser les soldats, puisque ce groupe se trouvait toujours dans le
18 cadre d'une unité plus importante, et tous les membres du groupe étaient
19 subordonnés au commandant de l'unité la plus petite qui existe, qui est un
20 peloton.
21 Question: Donc, pendant la mission, est-ce que vous pourriez nous dire
22 combien il y avait de soldats que vous meniez pour accomplir une mission
23 en tant que chef de groupe?
24 Réponse: En temps de paix, un soldat qui a ce grade de chef de groupe
25 peut au maximum avoir dix hommes qu'il peut diriger au cours d'une
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1 mission.
2 Question: Est-ce que l'on peut considérer que ce groupe d'une dizaine de
3 personnes est une unité militaire?
4 Réponse: C'est un groupe de travail en tout cas. Dans le cadre de la
5 hiérarchie militaire, on ne peut pas considérer qu'il s'agit d'une unité
6 puisque l'unité militaire la plus petite qui soit est une unité qui est
7 commandée par un sous-officier. Il s'agit d'un peloton. Un peloton est
8 composé de trois ou quatre unités plus petites. C'est-à-dire que dans le
9 cadre d'un peloton, il y a 30 ou 40 personnes. C'est l'unité militaire à
10 proprement dite la plus petite qui soit dans la hiérarchie militaire.
11 Question: Donc, si j'ai bien compris, un peloton est l'unité structurelle
12 de l'armée la moins importante. Vous avez dit que c'était un sergent qui
13 était le commandant du peloton. Est-ce que vous pouvez nous dire quelle
14 est cette fonction?
15 Réponse: Un peloton, c'est l'unité la plus petite qui a la tête un
16 commandant qui a dû recevoir une formation militaire dans le cadre des
17 études secondaires; ou bien, s'il a déjà un diplôme d'études secondaires
18 ou un diplôme universitaire, il doit suivre une formation qui dure au
19 moins six mois. A la fin de son service militaire obligatoire, il peut
20 recevoir le grade de sergent de 1ère classe et il devient véritablement
21 sergent au moment de sa mobilisation éventuelle. Donc c'est le grade le
22 plus bas qui existe dans la hiérarchie militaire, grade qui relève du
23 niveau des sous-officiers.
24 Question: Vous avez dit qu'un peloton est une unité la plus petite qui
25 soit. Combien y avait-il de départements à l'intérieur d'un peloton,
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1 c'est-à-dire d'une unité de dix personnes à l'intérieur d'un peloton?
2 Réponse: Le principe était qu'il y avait trois sections à l'intérieur
3 d'un peloton. Mais cela dépendait évidemment de la structure du peloton,
4 puisqu'il s'agissait d'une unité spéciale, d'un peloton qui avait une
5 destination spéciale, il pouvait y avoir plusieurs sections à l'intérieur.
6 En général, il s'agissait de plus de 30 ou 40 personnes. La personne à la
7 tête était un sous-officier formé, habilité à commander les hommes, qui
8 avait le grade de sergent au minimum.
9 Question: Pourriez-vous nous dire quels sont les pouvoirs d'un sergent?
10 Réponse: Un sergent, en réalité, transmet les ordres du commandement
11 supérieur. Donc, c'est la personne qui reçoit les ordres et qui transmet
12 les ordres sur le terrain, aux hommes sur le terrain, aux hommes qui sont
13 chargés d'une mission. Il a le droit de donner les ordres à chacun de ses
14 hommes qui sont au nombre de 30 ou 40 en général.
15 Question: Au moment du conflit, sur le territoire de la municipalité de
16 Foca, en tant que membre de l'armée de la Republika Srpska, au moment où
17 celle-ci a été créée, avez-vous jamais eu -en pratique ou en théorie-, le
18 grade de soldat de 1ère classe?
19 Réponse: Non, je n'ai jamais eu de grade et je n'avais pas d'enseigne
20 quelconque qui aurait pu indiquer cela aux autres. Je l'ai déjà dit, ce
21 n'est pas un grade à proprement dit. Cela ne voulait pas dire que j'avais
22 un pouvoir quelconque. J'étais un soldat comme un autre, avec la seule
23 différence que j'étais habilité à effectuer un certain nombre de missions,
24 à cause de cette faculté professionnelle à mener à bien certaines
25 missions, j'ai été soldat de première classe. Sinon, je n'ai jamais eu de
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1 grade au cours de toute cette période où j'ai servi dans les rangs de
2 l'armée sur le territoire de la municipalité de Foca.
3 Question: Je pense qu'il est le moment, Madame la Présidente, de procéder
4 à la pause.
5 Mme la Présidente (interprétation): Merci, monsieur Prodanovic. Nous
6 allons lever la séance et continuer cet après-midi à 14 heures 30.
7 (La séance, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 30.))
8 Mme le Président (interprétation): L'interrogatoire principal de l'accusé
9 se poursuit, maître Prodanovic.
10 M. Prodanovic (interprétation): Merci, Madame la Présidente.
11 Je souhaiterais vous rappeler que vous avez dit que pendant que vous étiez
12 dans l'armée de la Republika Srpska, c'est-à-dire jusqu'à la fin de la
13 guerre en 1995, vous n'aviez aucun grade. Cependant, je souhaiterais que
14 vous nous disiez si à un moment quelconque vous avez eu un grade
15 quelconque.
16 M. Kunarac (interprétation): Pendant le conflit, c'est-à-dire avant la
17 signature des accords de Dayton, quand j'étais dans l'armée de la
18 Republika Srpska je n'ai jamais reçu aucun grade que ce soit. Je n'ai
19 jamais reçu aucune promotion. Cependant, après que j'ai été blessé, après
20 la signature des accords de Dayton, j'étais invalide de guerre. On m'a
21 fait une offre. En tant qu'invalide de guerre, je suis resté au sein de
22 l'armée de le Republika Srpska.
23 Je travaillais dans les transmissions, et là, j'ai reçu le grade de
24 sergent. Mais du fait de mon invalidité partielle, je n'ai pas obtenu
25 l'autorisation des médecins, je n'ai donc pas pu signer le contrat qui
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1 m'aurait permis d'assumer ces fonctions.
2 En 1997, quand ma prothèse a été mise en place, j'ai à ce moment-là reçu
3 le grade le plus bas qui existe pour les sous-officiers, à savoir le grade
4 de sergent.
5 Question: Vous avez, Madame la Président, Messieurs les Juges, un
6 certificat qui stipule que l'accusé Kunarac n'avait aucun grade pendant le
7 conflit et qu'il a reçu un grade le 6 février 1997. A ce moment-là, il est
8 devenu sergent. Nous souhaiterions demander le versement au dossier de
9 cette pièce. Nous souhaiterions que cette pièce devienne une pièce à
10 conviction de la défense. Vous avez tous reçu ce document dont nous
11 souhaitons qu'il soit versé au dossier, il s'agit du numéro 72.
12 Mme le Président (interprétation): Peut-on avoir une cote, s'il vous
13 plaît?
14 Melle Lauer: Est-ce que le Greffe pourrait avoir une copie de ce document?
15 Nous ne sommes pas en possession de ce document. Est-ce un nouveau
16 document?
17 M. Prodanovic (interprétation): Non.
18 Mme le Président (interprétation): Je vais demander à l'huissier de
19 montrer le document à la greffière d'audience.
20 M. Prodanovic (interprétation): Afin de faciliter les choses, eh bien,
21 nous avons tout présenté sous la forme d'un classeur ou d'un dossier. Nous
22 avons fourni suffisamment d'exemplaires pour les Juges, pour le Bureau du
23 Procureur, pour le Greffe. Nous avons pensé que cela faciliterait les
24 choses et permettrait de faciliter les démarches.
25 Mme le Président (interprétation): Monsieur Ryneveld.
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1 M. Ryneveld (interprétation): Excusez-moi, Madame la Présidente, je ne
2 vous ai pas entendu.
3 Mme le Président (interprétation): Avez-vous les documents?
4 M. Ryneveld (interprétation): Oui.
5 Mme le Président (interprétation): Oui, nous aussi nous avons les
6 documents.
7 M. Hunt (interprétation): Est-ce que ce document comporte un numéro de
8 page?
9 M. Prodanovic (interprétation): Monsieur le Juge, c'est le numéro 72,
10 suivant le système de numérotation que nous utilisons. Nous n'avons pas
11 utilisé de pagination. En fait, c'est une numérotation des documents. Il
12 s'agit de documents qui n'ont rien à voir les uns avec les autres. Sur la
13 base de ce document, il apparaît clairement que le 6 février 1997 l'accusé
14 a reçu le grade de sergent, c'est-à-dire après la signature des accords de
15 Dayton.
16 Mme le Président (interprétation): Maître Prodanovic, la greffière
17 d'audience n'ayant pas vu le document, je souhaiterais que ce document
18 porte une cote officielle.
19 Melle Lauer: Tous ces documents ont été effectivement transmis à la
20 Chambre, aux juristes hors classe ainsi qu'au Procureur, avant que la
21 défense présente ses moyens de défense. Malheureusement, le Greffe n'a pas
22 reçu copie de ces documents. J'ai rencontré l'un des avocats de la
23 défense. Je lui avais demandé de me fournir chaque jour où ces documents
24 seraient présentés en audience une copie de ce document afin que le Greffe
25 puisse l'enregistrer de façon formelle durant l'audience, parce que ces
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1 documents devraient faire l'objet d'une décision de la Chambre concernant
2 son admission au titre de pièce à conviction ou non.
3 J'avais aussi demandé qu'une copie soit fournie pour que le témoin puisse
4 identifier ce document. Malheureusement, je pense que ces consignes n'ont
5 peut-être pas été bien comprises par les avocats de la défense.
6 Je souhaiterais donc pour la suite recevoir copie à chaque fois de ces
7 documents. Je le répète, le Greffe n'a pas copie de ces documents.
8 Mme le Président (interprétation): Afin que nous puissions poursuivre les
9 débats, je vais demander à l'huissier de nous assister. Je souhaiterais
10 m'assurer que la greffière d'audience peut voir ce document et voir de
11 quoi il s'agit, de façon à ce que le Greffe dispose d'un exemplaire, elle
12 pourra en être sûre. Madame la Greffière d'audience sera sûre qu'il s'agit
13 bien du même document qu'on lui a présenté maintenant.
14 Dans l'intervalle, je voudrais savoir si le Bureau du Procureur a des
15 objections.
16 M. Ryneveld (interprétation): Non, nous n'avons pas d'objection.
17 Mme le Président (interprétation): Peut-on avoir une cote officielle pour
18 ce document qui est admis comme élément de preuve?
19 Melle Lauer: Ce certificat qui est daté du 6 juin 1999 prendra la cote D76
20 des pièces de la défense.
21 Mme le Président (interprétation): Merci.
22 M. Prodanovic (interprétation): Je souhaiterais juste apporter un
23 éclaircissement. Si c'est nécessaire, après l'audience, nous
24 photocopierons tous les éléments qui ont été admis au dossier, versés au
25 dossier. Ensuite, nous fournirons les copies de ces documents au Greffe.
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1 Nous souhaitons demander cet après-midi le versement de cinq ou six
2 documents.
3 M. Ryneveld (interprétation): Afin que les choses soient bien claires, je
4 me permets d'intervenir. Je ne souhaite faire aucune difficulté au Greffe
5 qui vient de donner le numéro D72, mais je crois que nous avons déjà un
6 numéro D72. C'était la déclaration du témoin 105 en date du 15 août 1992.
7 Je me trompe peut-être mais moi, sur notre liste, le dernier numéro qui a
8 porté une cote…
9 Melle Lauer: Il s'agit bien de la pièce D76.
10 M. Prodanovic (interprétation): En fait, l'erreur vient du fait que nous,
11 nous avons donné le numéro 72.
12 Mme le Président (interprétation): Merci.
13 Mais il est plus facile que le Greffe nous donne la cote officielle, parce
14 que le Greffe sait exactement où nous en sommes.
15 M. Prodanovic (interprétation): Revenons à votre arrivée à Foca, le 6 juin
16 1992. Vous avez dit que le 8 juin 1992, vous êtes allés vous présenter au
17 ministère de la Défense pour vous porter volontaire. Qu'avez-vous fait le
18 7 juin et que s'est-il passé ce jour-là?
19 Réponse: Après mon arrivée le 6 juin à Foca, je suis allé chez mes
20 parents. Cette nuit-là, j'ai dit à mon père, à ma mère, que je voulais me
21 porter volontaire. Mon père a essayé de m'en dissuader, parce que mon
22 épouse et mon enfant de 13 mois étaient à Tivat. Ma femme était enceinte
23 de cinq mois à ce moment-là. Je leur ai parlé le dimanche et d'ailleurs,
24 j'ai commencé à me poser des questions en me demandant s'il fallait que
25 j'abandonne mon idée. L’après-midi, vers cinq ou six heures du soir, des
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1 parents ou un parent est venu. Il a dit que Lazar Kunarac, qui était un
2 parent proche, avait été tué par une mine.
3 Mon père et moi-même sommes allés présenter nos condoléances, ce qui est
4 de tradition. Nous avons discuté, il y avait beaucoup de monde qui était
5 présent. Le fait que Lazar ait été tué par une mine, et que d’autres
6 personnes étaient tuées le même jour de la même façon, j’ai été à
7 l’hôpital. J'ai vu les cadavres, les cadavres qui étaient déchiquetés.
8 D'autre part, le 28 mai, mon père lui aussi avait été blessé par une mine.
9 Alors, à ce moment-là, j'ai décidé que je me présenterai au service de la
10 défense le lendemain matin pour me porter volontaire.
11 Question: Donc, vous êtes en train de dire que c'est un moment essentiel
12 qui a renforcé votre désir, votre conviction de rester à Foca?
13 Réponse: Oui. Cette deuxième mine qui a tué quatre personnes m'a
14 renforcée dans ma conviction, et rien n’a pu me faire changer d’avis. Je
15 suis resté sur place et le lundi je suis allé me porter volontaire auprès
16 des forces militaires. Je suis resté donc en tant que volontaire.
17 Question: Est-ce que vous pouvez, s'il vous plaît, nous donner les noms
18 des trois autres hommes qui ont perdu la vie en même temps que votre
19 parent Lazar Kunarac?
20 Réponse: Oui, je sais.Donc Lazar Kunarac a été tué, de même que le frère
21 de sa femme Fundup. Il y avait avec lui deux autres hommes dont je ne me
22 souviens pas des noms à l'instant. En tout cas, ces quatre hommes ont été
23 tués sur le coup. Ils se trouvaient à l'intérieur d'un véhicule civil.
24 Question: Bien. Est-ce que vous pouvez nous parler des circonstances dans
25 lesquelles ces personnes ont trouvé la mort?
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1 Réponse: Et bien, quelques jours plus tard, cinq ou six jours plus tard,
2 j'ai été sur place où cela avait eu lieu. J'ai vu qu'ils étaient sur une
3 route forestière, une route asphaltée qui allait vers les lignes de
4 défense serbe. Ils ont roulé sur une mine antichar. Ils se trouvaient à
5 l'intérieur d'un véhicule civil, leur véhicule a été détruit par cette
6 mine, ils ont été complètement déchiquetés. J'ai vu ce qui restait de leur
7 corps complètement déchiquetés.
8 Question: Vous nous dîtes que cet endroit s'appelait Nekopi. Est-ce que
9 vous pouvez nous dire par rapport à la Drina où cela se trouve? Cela se
10 trouve sur la rive gauche ou la rive droite de la Drina?
11 Réponse: Nekopi, là où ils ont roulé sur une mine, cela se trouve sur la
12 rive gauche de la Drina, après Ustikolina, vers Osetlinza, au nord-ouest,
13 à dix ou douze kilomètres dans la direction de Stolac. Plus tard, lorsque
14 je vous indiquerai où cela s'est passé sur la carte, je pourrais vous
15 montrer exactement où cela s'est produit. C'est sur la rive gauche de la
16 Drina. C’est là que se trouvaient les 1er et 2ème Bataillons et c’est là
17 où se trouvaient les lignes de la défense que nous tenions.
18 Question: Est-ce que vous savez qui a placé ces mines à cet endroit?
19 Réponse: Et bien, ceux qui ont placé ces mines, on ne les a jamais
20 arrêtés. Il est évident que ce sont des gens qui étaient du côté musulman,
21 qui appartenaient aux camp adverse dans le conflit. Les gens ont parlé de
22 ce cet incident, ils ont dit qu'ils étaient arrivés au bout de la ligne de
23 défense. Au moment où ils rentraient, ils ont roulé sur une mine. D'autre
24 part, au sein de la division militaire de la Défense territoriale à Foca,
25 eh bien -je ne sais pas si c'est simplement un hasard ou intentionnel-,
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1 mais il n'y avait aucun spécialiste des explosifs, dans les explosifs. Ils
2 étaient tous Musulmans.
3 Dans cette région de Foca ou Ustikolina, Tjientiste, etc., il y a un grand
4 nombre de mines qui ont été posées, en particulier sur la rive gauche de
5 la Drina.
6 Question: Le 8 juin, lorsque vous vous êtes présenté auprès des services
7 de la défense, qui avez-vous rencontré?
8 Réponse: J'ai dit que le soir je suis allé présenter mes condoléances. Le
9 lendemain matin, à 7 heures du matin, je me suis présenté auprès des
10 autorités militaires à 7 heures du matin. J'ai réglé les démarches
11 administratives. Ensuite, Aleksandar Krnojelac lui aussi est arrivé parce
12 que, avant qu'ils ne viennent, il n'y avait personne dans le service dans
13 l'immeuble du ministère de l'Intérieur. Nous avons obtenu des certificats
14 de la part du service du département militaire stipulant que nous nous
15 étions portés volontaires. On nous a envoyé à Livade où nous avons reçu
16 notre équipement militaire ainsi que des armes.
17 Question: Je voudrais que vous nous disiez ce que l'on vous a dit au sein
18 du département militaire. Est-ce qu’on vous a affecté immédiatement sur la
19 base de l'arme dans laquelle vous aviez servi pendant votre service
20 militaire?
21 Réponse: Au bureau militaire, on nous a dit qu'on n’avait pas encore mis
22 sur place de brigade militaire en tant que telle, une véritable brigade
23 selon les lois militaires et selon les spécialités de chacun. On nous a
24 donc dit que pour l’instant on nous affecterait dans des bataillons. A ce
25 moment-là, nous sommes devenus des soldats de l'entité serbe de Foca.
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1 Question: Du bureau de la défense, vous êtes allé à Livade au dépôt de la
2 Défense territoriale pour qu'on vous donne votre uniforme et des armes.
3 Avez-vous vu qui que ce soit d'autre là-bas?
4 Réponse: Aleksandar et moi sommes arrivés à Livade en premier. C'est-à-
5 dire qu'il n'y avait personne d'autre avant nous. On nous a remis notre
6 équipement, c'est-à-dire un uniforme et des armes. Puis, à ce moment-là,
7 un autre groupe d'hommes est arrivé, un groupe de quatre ou cinq hommes.
8 Je connaissais deux d'entre eux. Je connaissais Uros Radovic et Mileta
9 Kovacevic. C'étaient des gens qui étaient également originaires de Foca.
10 Ils n’avaient pas été mobilisés précédemment donc, jusqu'à ce moment-là,
11 ils n'étaient pas membre des forces armées.
12 Question: Vous nous avez dit qu'on vous a remis votre équipement, un
13 uniforme, des armes. Est-ce que vous savez si cela a été le cas des autres
14 également, ce qui s'est passé pour eux?
15 Réponse: J'ai dit qu'on m'a donné un fusil automatique. Aleksandar
16 Krnojelac a également reçu un fusil automatique plus tard. Ensuite, j'ai
17 vu que Mileta et Uros Radovic, eux-aussi, avaient reçu des armes
18 automatiques. Les deux ou trois autres hommes qui se trouvaient là avec
19 eux, eh bien, en ce qui les concerne, je sais que l'un d'entre eux a reçu
20 un fusil assez démodé, avec quelques balles, un fusil de type M48 avec
21 quelques balles, quatre ou cinq balles. Un autre a reçu un calibre 7,6, un
22 fusil de calibre 762 plutôt, un semi-automatique.
23 Question: Quelles étaient les armes disponibles et sur la base de quel
24 principe procédait-on à la distribution de ces armes?
25 Réponse: Généralement, les hommes plus jeunes qui étaient en meilleure
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1 condition physique, en meilleure santé, on leur donnait des fusils
2 automatiques ou semi-automatiques. Les hommes plus âgés, âgés de plus
3 quarante ans, qui également devaient faire leur service ou qui étaient
4 également tenus de servir au sein des forces armées, eux-aussi recevaient
5 des armes semi-automatiques ou des M48; c’est à dire un type de fusil plus
6 ancien qui était utilisé au sein de l'ex-JNA.
7 Question: Avez-vous remarqué l'état dans lequel se trouvait ces armes?
8 Réponse: Oui, oui. En ce qui concerne le fusil que l'on m'a donné j'ai
9 dû immédiatement le nettoyer parce que j'ai vu qu'il avait été utilisé
10 précédemment, il n'était pas en très bon état. Il était évident que
11 c'était une arme qui avait été utilisée du temps de l'ex-Défense
12 territoriale, au moment où celle-ci à été mobilisée quand on avait encore
13 une Défense territoriale unifiée. Donc ce n'était nullement une arme
14 neuve, c'était une arme qui avait déjà été utilisée. C'est ce type d'arme
15 qu'on nous a donnée.
16 Question: Comment se fait-il, s'il vous plaît, que ce soit la Défense
17 territoriale de Foca qui vous ait remis votre équipement et vos armes?
18 Est-ce que, finalement, ces armes sont restées entre les mains des Serbes?
19 Réponse: Eh bien, quand la guerre a éclaté à Foca dans la période allant
20 du 7 au 17, telle qu'elle est mentionnée dans l'acte d'accusation, moi-
21 même je ne me trouvais pas sur le territoire de la municipalité de Foca,
22 donc je n'ai pas assisté à ces événements. Mais, d'après ce que m'a dit
23 mon père et d'après ce que m'ont dit également d'autres personnes, eh
24 bien, apparemment, il y a eu des escarmouches à ce moment-là.
25 Une des premières échauffourées a eu lieu près de Livade, près des
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1 entrepôts de la Défense territoriale. Ces entrepôts se trouvaient très
2 près du village serbe de Prevrac qui est un village à 100% serbe où l'on
3 avait organisé des patrouilles parce que les gens du village avaient peur.
4 Donc les habitants ont pris le contrôle de ces entrepôts pour conserver
5 ces munitions et ensuite les utiliser pour armer le peuple serbe, les
6 habitants serbes du territoire de la municipalité de Foca.
7 Question: A l'époque, aviez-vous des informations sur la façon dont
8 s'armaient les Musulmans et d'où ils tenaient ces armes?
9 Réponse: Comme je l'ai dit précédemment, je n'étais pas présent sur le
10 territoire de la municipalité de Foca. Mais, d'après ce que l'on m'a dit
11 et d'après également ce que j'ai lu dans les journaux, je peux vous dire
12 la chose suivante: depuis 1990, depuis même la période qui a précédé la
13 guerre, les Musulmans se sont organisés. Il y avait une organisation assez
14 solide de trafic d'armes. J'ai entendu dire qu'un des principaux
15 organisateurs de cela, c'était Senad Sahinpasic que l'on connaissait
16 également sous le nom de Saja, je le connaissais. C'était un commerçant
17 avant la guerre. Il avait ses camions et il faisait le commerce des armes.
18 Il a donc armé ses propres partisans, les gens qui se trouvaient de son
19 côté.
20 Question: Où vous a-t-on envoyé après vous avoir remis vos armes?
21 Réponse: Ce jour-là, le 8 juin, jour où l'on m'a remis mon arme, je
22 n'étais envoyé sur aucune mission parce que c'était le jour de
23 l'enterrement de mon cousin Kunarac. Ensuite, on m'a envoyé dans
24 l'immeuble adjacent où l'on devait me faire connaître mon affectation. Je
25 leur ai dit qu'il fallait que j'aille à un enterrement, ils m'ont dit de
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1 revenir le lendemain et, qu’à ce moment-là, on me ferait part de mon
2 affectation pour m'envoyer dans un bataillon précis où l'on me confierait
3 une mission bien précise.
4 Question: Donc le 8, au moment où vous étiez à Livade, je voudrais savoir
5 si vous avez rencontré qui que ce soit, si vous avez parlé avec qui que ce
6 soit en particulier.
7 Réponse: Une fois que l'on m'a donné mon arme, on m'a envoyé dans un
8 troisième bâtiment. Il y avait un bureau dans ce bâtiment où l'on donnait
9 les affectations des nouveaux arrivants, qu'il s'agisse d'ailleurs de
10 volontaires ou de personnes convoquées, de conscrits. On les affectait aux
11 unités existantes sur le territoire de la municipalité de Foca.
12 Je me suis entretenu avec la personne qui était responsable des
13 affectations. On a eu une conversation qui a peut-être duré 30 à 45
14 minutes.
15 Question: Est-ce que, quand vous avez parlé avec cette personne, vous lui
16 avez dit ce que vous vouliez faire, ce que vous préféreriez faire, où vous
17 préféreriez être envoyé, et dans quelle arme vous souhaitiez servir?
18 Réponse: Oui. Je lui ai dit que j'avais reçu une formation militaire,
19 que j'avais été réserviste au sein de l'armée de la Yougoslavie, que
20 j’avais pas mal d'expérience dans le domaine des mines du fait de tous les
21 incidents qui avaient eu lieu avec des mines dans la municipalité de Foca.
22 J'ai insisté pour que l'on m'affecte à une unité chargée du déminage et de
23 la lutte contre les mines. Moi, je voulais faire quelque chose pour quoi
24 j'avais été formé dans le cadre de ma formation militaire.
25 Question: Est-ce que, à ce moment-là, on avait déjà mis sur pied des
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1 bataillons? Et pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit si c'était
2 effectivement le cas?
3 Réponse: Oui. Le 8 juin, il y avait déjà une ligne qui était tenue par
4 les Serbes. Donc il y avait des bataillons, bien que ce fut encore la
5 Défense territoriale. Parce que, en fait, la chaîne de commandement
6 officiel n'avait pas encore été proclamée.
7 Mais un bataillon est une unité militaire qui est constituée d'au moins
8 trois compagnies, et une compagnie est constituée d'au moins trois
9 sections ou pelotons. Cela signifie qu'un bataillon compte de 300 à 450
10 soldats.
11 Question: Vous nous avez dit que vous aviez pas mal d'expérience déjà
12 avant votre arrivée. Pouvez-vous nous dire ce que vous entendez par là,
13 par "expérience"?
14 Réponse: Comme je l'ai déjà dit, en 1991, quand il y a eu un conflit
15 près de Tivat, près de la frontière entre la Croatie et le Monténégro,
16 j'ai été mobilisé. A ce moment-là, j'ai servi dans une unité du Génie.
17 J'étais chargé du déminage.
18 D'autre part, j'ai été une fois de plus mobilisé en 1992. Là encore, j'ai
19 servi au sein d'une unité chargée du déminage de champs de mines qui avait
20 été placée à cet endroit par l'armée de Yougoslavie, une armée qui
21 commençait déjà à se retirer vers le territoire de l'Etat fédéral de
22 Yougoslavie. Donc je faisais partie d'une unité chargée du déminage du
23 territoire. Nous nous sommes retirés du territoire de la République de
24 l'ex-Yougoslavie en 1993.
25 Voilà ce que j'entendais par "expérience militaire", expérience dans le
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1 domaine du déminage.
2 Question: Est-ce que vous pouvez nous dire si cette expérience a joué un
3 rôle dans l'affectation qui a été la vôtre ce jour-là?
4 Réponse: Comme je l'ai dit il y a un instant, lorsque j'ai fait part de
5 mes desiderata à la personne chargée de l'affectation, on m'a dit que l'on
6 n'avait pas encore mis sur pied des unités du Génie chargées de déminage
7 notamment, de tout ce qui avait trait aux mines. Il m'a dit qu'au sein de
8 la Défense territoriale, il n'y avait personne qui avait reçu une
9 formation dans la manipulation des explosifs ou des mines.
10 Comme je l'ai dit, que ce soit le plus pur des hasards ou autre chose, eh
11 bien, il se trouve qu'au sein de la Défense territoriale avant la guerre
12 il n'y avait pas un seul Serbe qui était spécialisé dans ce domaine.
13 C'était quelque chose d'assez inhabituel. Si on examine toute l'ex
14 Yougoslavie, Travnik était le seul endroit où l'on assurait ce genre de
15 formations spécialisées, il n'y avait à peu près que trente hommes par an
16 qui recevaient cette formation. On recrutait en trois fois, chaque année,
17 trois fois dix hommes. Donc, il y avait très peu de personnes qui étaient
18 spécialisées.
19 Question: Vous n'avez pas répondu à la question de savoir si ces jours-là
20 vous avez reçu votre affectation?
21 Réponse: Ce jour-là, lorsque nous nous sommes entretenus, j'ai été
22 informé du fait qu'ils allaient prendre en considération ma proposition.
23 De toute façon, je devais aller à l'enterrement de mon cousin. Ils m'ont
24 dit que, le lendemain, je devais passer et que, le lendemain, ils allaient
25 contacter le commandement et leur faire part de mon intention de m'engager
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1 activement. Le lendemain, ils allaient m'informer de l'affectation dont le
2 commandement lui-même allait prendre la décision. Là, il s'agissait du
3 commandement de la Défense territoriale qui a été organisé au sein d'une
4 brigade par la suite.
5 Question: Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui s'est passé après cette
6 conversation dans ce bâtiment?
7 Réponse: A ce moment-là, je suis sorti et j'ai rencontré la personne qui
8 m'a été présentée en tant que commandant de la Défense territoriale. Par
9 la suite, il est devenu commandant du groupe ou de la brigade tactique de
10 l'armée serbe de la brigade de Foca.
11 Question: Ce jour-là, avez-vous eu des contacts avec ce commandant-là?
12 Réponse: Il est entré dans ce bureau et, moi , après cela, je suis allé à
13 l'enterrement. Ce jour-là, pendant l'enterrement de mon cousin Lazar, j'ai
14 eu l'occasion de parler avec le commandant et , effectivement, je lui ai
15 fait part de mon opinion et il m'a posé des questions concernant mon
16 expérience. C'est à ce moment-là qu'il m'a dit que le lendemain je devais
17 absolument le contacter et que j'allais recevoir mon affectation de
18 mission le lendemain.
19 Question: Lui avez-vous fait des propositions concernant vos souhaits?
20 Réponse: Pendant cette conversation qui a eu lieu pendant l'enterrement,
21 nous avons effectivement parlé des mines et de ce qui se passait. A ce
22 moment-là, je lui ai dit que j'avais de l'expérience en ce qui concerne
23 les mines, et que j'étais prêt à être actif dans ces activités militaires-
24 là et que je souhaitais être engagé dans ce domaine-là.
25 Question: Comment a-t-il réagi, le commandant?
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1 Réponse: A ce moment-là, pendant l'enterrement, il m'a dit qu'il allait
2 réfléchir, que le plus probablement il allait accepter cette proposition,
3 même s'il m'a dit qu'il pensait qu'un nombre de personnes, une dizaine de
4 personnes peut-être devaient être envoyées à Biljeca afin de recevoir un
5 entraînement pendant dix ou quinze jours dans le domaine justement de ces
6 activités liées aux mines. Il m'a demandé si je voulais aller à cet
7 entraînement. Je lui ai expliqué que j'avais déjà reçu un tel entraînement
8 et que, dans ce cas-là, ce serait une perte de temps. Par la suite, j'ai
9 appris qu'une dizaine de personnes l'ont fait, ont reçu l'entraînement.
10 Question: En ce qui concerne cette mission-là, étiez-vous à même de vous
11 acquitter de vos tâches tout seul?
12 Réponse: La première tâche que j'ai reçue, je l'ai reçue le lendemain
13 matin. Je suis venu à Livade et, à ce moment-là, j'ai appris que je devais
14 aller vers Ustikolina. Ce jour-là, ils ont envoyé peut-être six ou sept
15 autres personnes avec moi puisque, de toute façon, il s'agissait d'une
16 tâche dont je ne pouvais pas m'acquitter tout seul. Mon devoir et mon
17 obligation étaient, si je trouvais une mine, de la désamorcer, de la
18 déminer et de l'écarter. Lorsque je faisais ce travail, je devais avoir
19 autour de moi un nombre de personnes qui devaient vérifier que d'autres
20 véhicules ou d'autres personnes ne viennent pas dans la région dans
21 laquelle je procédais aux déminages pour me permettre de me concentrer sur
22 mon travail et de ne pas être déconcentré à cause d'autres activités qui
23 se déroulaient autour de moi.
24 Question: Est-ce que vous pouvez nous dire dans quelle direction vous
25 avez été envoyé dans le cadre de votre mission?
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1 Réponse: Le matin, je suis arrivé à Livade. A ce moment-là, on m'a dit
2 que je devais aller à Ustikolina et contacter le commandant du 1er
3 Bataillon là-bas. J'ai été informé également que c'est là-bas que j'allais
4 apprendre le détail de la mission. La mission était de contrôler tous les
5 axes de communication à partir de Ustikolina. Il s'agissait des axes de
6 communication employés par nos unités pour acheminer les vivres, les
7 équipements, etc., donc à partir de Ustikolina jusqu'à Prevlia où se
8 trouvait la fin de la ligne de front.
9 Question: Veuillez maintenant montrer tout d'abord Foca et, ensuite,
10 veuillez montrer la direction que vous avez prise afin de vous acquitter
11 de cette première tâche?
12 M. Kunarac (interprétation): (hors micro).
13 Mme le Président (interprétation): L'huissier peut-il aider le témoin?
14 M. Kunarac (interprétation): (hors micro).
15 Mme le Président (interprétation): Huissier, s'il vous plaît.
16 M. Kunarac (interprétation): Vous entendez? Je vais répéter: Foca se
17 trouve à peu près au milieu de cette carte, se trouve au sud de la carte,
18 à l'embouchure de deux rivières; c'est là que se trouve Foca. Ustikolina
19 est au nord, au nord-ouest en longeant la Drina, 12 kilomètres de Foca à
20 l'embouchure de la rivière Kolina; c'est là que se trouve Ustikolina.
21 M. Prodanovic (interprétation): Nekopi?
22 M. Kunarac (interprétation): Nekopi se trouve au nord-ouest vers le mont
23 Stolac à une altitude de 1520 mètres, il s'agit de la cote 1092. Donc à
24 l'ouest de ces coordonnées, c'est là que se trouvait Nekopi.
25 Question: Est-ce qu'une ligne de démarcation s'y trouvait entre les
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1 unités serbes et musulmanes?
2 Réponse: A ce moment-là, lorsque je suis arrivé, il n'y a pas eu de
3 véritable ligne de front avec toutes les fortifications. Et le reste,
4 puisqu'il s'agit d'une région montagneuse, c'est surtout à des altitudes
5 plus importantes que les forces étaient déployées, par-ci, par-là à partir
6 de Gajevi, Zebina Suma. C'est là que la première ligne de front longeait
7 la rivière de la Drina, ensuite, elle passait en traversant Okolista et
8 les coordonnées 923, vers Stolac. C'est là que se trouvait donc la ligne
9 de défense de l'armée Serbe. L'armée musulmane était au-dessous de ces
10 positions-là, à une distance de 200 à 500 mètres vers Ocenica.
11 Question: Puisque vous y êtes allé, vous vous êtes rendu au champs de
12 mines, pourriez-vous nous dire si vous disposiez des équipements
13 techniques?
14 Réponse: Je savais très bien ce dont j'avais besoin afin de détecter une
15 mine et de la désamorcer. Lorsque je suis arrivé à Ustikolina, j'ai
16 contacté le commandant du 1er Bataillon qui était responsable pour cette
17 zone de responsabilité, il savait déjà que j'allais venir. Il m'a dit que
18 je pouvais me rendre sur le terrain. Je lui ai dit: mais comment et avec
19 quoi? Lui, il m'a dit: mais nous n'avons absolument rien!
20 Nous n'avions pas de détecteurs de métaux et, vraiment, je devais y aller
21 et me débrouiller de manière visuelle, trouver mon chemin. Tout ce que
22 j'ai trouvé, c'était une sorte d'antenne, une sorte de baguette en métal
23 qui permettait de trouver la mine et de la détecter.
24 Il s'agissait d'un instrument qui était très simple, qui était utilisé
25 comme cela. Mais nous n'avions pas d'autres équipements techniques.
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1 Question: Vous avez donc dit que vous avez contacté le commandement du
2 1er Bataillon, là-bas. Est-ce qu'il vous a attribué une tâche concrète?
3 Réponse: Oui, comme je l'ai dit, nous étions six. Nous y sommes venus,
4 nous avons été transportés en camion jusqu'à Ustikolina. A ce moment-là,
5 il m'a dit que je devais, à partir de Ustikolina, vérifier toutes les
6 routes vers les lignes de front tenues par les Serbes dans la région de
7 Zebina Suma et, au nord, vers Nekopi et ailleurs, dans sa zone de
8 responsabilité à lui.
9 Question: Lorsque vous avez contacté le commandant, vous étiez
10 contrôlé par qui? Vous étiez placé sous le contrôle de qui?
11 Réponse: A ce moment-là, et à partir de ce moment-là, j'ai fait partie
12 de son bataillon, de sa zone de responsabilité. J'étais donc placé sous son
13 commandement. Lui m'a donné mon affectation en ce qui concerne la mission
14 concrète que je devais accomplir. Lui assurait le soutien logistique. En
15 ce qui me concerne moi-même et les autres personnes avec moi, c'était lui
16 mon commandant supérieur.
17 Question: Avez-vous reçu de la nourriture de cette unité?
18 Réponse: Durant cette période, j'ai passé une dizaine de jours à
19 Ustikolina, jusqu'au 19 ou le 20, et nos activités se réduisaient au
20 contrôle des routes le soir. Il s'agissait des routes qui traversaient les
21 forêts surtout. En ce qui concerne cette zone contrôlée par le bataillon,
22 il s'agissait des routes qui n'étaient pas goudronnées, il s'agissait des
23 routes qui étaient faites à travers les chemins, et le soir nous y
24 passions donc la nuit à travers les positions. C'est là que nous recevions
25 nos repas, tout comme les autres membres de l'armée qui se trouvaient sur
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1 la ligne de front.
2 Question: Vous avez dit que vous y étiez resté jusqu'au 20 juin, n'est-ce
3 pas? Pourriez-vous nous dire pourquoi vous avez eu besoin d'y rester aussi
4 longtemps?
5 Réponse: Cette région qui va d'Ustikolina jusqu'à Prelina, il s'agit
6 d'une région montagneuse où il y a beaucoup de chemins, de routes qui
7 traversent les forêts. Je devais contrôler toutes ces routes. Il n'y a pas
8 eu un seul axe de communication principal, il a fallu employer toutes ces
9 routes forestières. C'est par là que mon père a été blessé auparavant à
10 Zebina Suma. Il est allé apporter de la nourriture aux soldats avec un
11 groupe d'autres personnes. En rentrant, lui et les autres ont été blessés.
12 Par la suite, au moins une ou deux mines ont été placées, posées dans
13 cette même région et des gens ont été tués.
14 Question: Savez-vous quelle a été la raison pour laquelle cette
15 affectation a été tellement importante? Etait-ce justement cela la raison?
16 Réponse: Nous avions absolument besoin de ces routes afin de pouvoir
17 acheminer les équipements temporaires et les vivres aux soldats qui
18 tenaient la ligne de front. C'était donc extrêmement important. Et puis,
19 dans le cadre de ma mission, on m'a demandé d'essayer de voir par où
20 venaient ces groupes qui posaient des mines. Justement, la raison pour
21 laquelle nous étions sept à cet endroit-là, nous avons reçu pour tâche
22 d'entamer un combat avec un tel groupe au cas où nous le rencontrions.
23 Cependant, ceci ne s'est pas produit, il n'y a pas eu de conflit contre
24 l'autre camp. J'y ai passé dix jours. Au cours de ces dix jours, mon père
25 a été blessé par une mine et une autre personne a été tuée. Il y a eu
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1 d'autres personnes blessées également.
2 Question: C'était justement ma question suivante: durant cette période, à
3 partir de la fin du mois de mai jusqu'à la fin du mois de juin, combien de
4 personnes ont été tuées par des mines dans la région de la municipalité de
5 Foca? Pourriez-vous nous dire une évaluation approximative?
6 Réponse: Je sais qu'à partir du 17 mai jusqu'au 30 juin, 32 personnes
7 ont été tuées; à la fois des civils et des soldats; 18 personnes ont été
8 blessées. Toujours dans cette même région, Zebina Suma, Nekopi, etc., il y
9 a eu des mines. Une jeune fille, par exemple, une fois a marché sur une
10 mine, elle a roulé avec sa voiture et elle morte. Ensuite, à Tjentiste le
11 22, huit ou neuf personnes ont été tuées par une mine. Encore une fois, à
12 Tjentiste, au début du mois de juin, au total, 23 personnes ont été tuées,
13 à la fois des civils et des soldats, et 18 personnes ont été blessées,
14 gravement blessées. Ils sont toujours restés invalides. Ils ont perdu un
15 membre ou l'oeil ou quelque chose comme cela.
16 Question: Je souhaite maintenant que l'on se penche sur un document qui
17 fait ressortir le nombre de personnes qui ont été tuées au cours de ce
18 mois-ci, tuées par des mines. Nous souhaitons verser ce document au
19 dossier en tant que pièce à conviction de la défense. Nous considérons
20 qu'il s'agit-là d'un document pertinent, également parce que les témoins
21 de l'accusation parlaient surtout du fait que les Musulmans disposaient
22 uniquement des armes, des fusils de chasse et seulement de temps en temps.
23 Nous souhaitons que ce document soit versé au dossier en tant que pièce
24 officielle de la défense.
25 Mme la Présidente (interprétation): Je souhaite savoir quel est le titre
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1 officiel du document.
2 M. Prodanovic (interprétation): Je demandais, Madame le Président, que le
3 commandement me donne l'information concernant le nombre de morts et de
4 personnes blessées par mines durant cette période, et la réponse du
5 commandement. Compte tenu de votre demande, nous vous faisons parvenir les
6 données concernant les soldats péris au cours du mois de mai et juin 1992,
7 et puis d'autres personnes qui ont été tuées par des mines placées par
8 l'ennemi. Dans ce document, on voit donc les noms et les prénoms des
9 personnes gravement blessées et qui ont été tuées. Ceux qui ont reçu des
10 blessures légères n'y sont pas énumérés. Il s'agit du document 78.
11 Mme la Présidente (interprétation): Le Procureur?
12 M. Ryneveld (interprétation): Justement, je viens de recevoir la réponse à
13 la question parce que je voulais recevoir de l'aide pour identifier le
14 document. Je souhaite vérifier encore une fois de quel document il s'agit.
15 Je vois maintenant le document…, je n'ai pas d'objection concernant ce
16 document.
17 Mme la Présidente (interprétation): La Greffière peut-elle nous dire
18 quelle est la cote de ce document?
19 Mme Lauer: Ce document prendra la cote D77 des pièces de la défense. Il
20 s'agit d'un document daté du 19 août 1999.
21 Mme la Présidente (interprétation): Vous pouvez continuer.
22 M. Prodanovic (interprétation): Merci Madame la Présidente. Est-ce que
23 vous pouvez nous dire si, à aucun moment, vous êtes allé vers Tjentiste
24 dans le cadre de la mission concernant les mines?
25 Réponse: J'ai dit que je suis resté dans le cadre de cette mission du 9
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1 jusqu'au 19 juin, donc 10 ou 11 jours. Ce que je sais avec certitude,
2 c'est que ce jour-là, j'ai été envoyé à Tjentiste, j'ai été contacté par
3 le commandement. Il m’a dit que je devais aller de toute urgence à
4 Tjentiste avec trois ou quatre personnes parce que c'est là qu'une
5 voiture, qu'un véhicule est tombé dans une embuscade. Les personnes y ont
6 été tuées. Moi, Uros Radovic et Mileta sommes allés à Tjentiste, parce que
7 nous avions peur qu'éventuellement des mines y aient été placées. Nous
8 avons donc vérifié la route principale menant vers Tjentiste.
9 Question: Vous avez dit qu'à un moment, au mois de juin, 9 personnes
10 avaient été tuées en une seule journée à Tjentiste?
11 Réponse: Ceci s'est produit après mon arrivée là-bas. Je ne suis pas
12 sûr, mais je pense que la première embuscade a eu lieu le 19 ou 20 juin.
13 Lorsque j'ai dit que neuf personnes ont été tuées, je pense qu'il y a eu
14 le même nombre de blessés. Je sais avec certitude que ceci s'est produit
15 le 22 juin parce que, à ce moment-là, plusieurs de mes cousins ont été les
16 victimes, de même que Aleksandar Krnojelac et mes deux cousins. L'un d'eux
17 a perdu ses deux jambes, l'autre a perdu une jambe. Ils étaient tous dans
18 un véhicule, le véhicule a roulé sur la mine et neuf personnes ont été
19 tuées.
20 Question: Dites-nous, s'il vous plaît, l'endroit où ces huit ou neuf
21 personnes ont été tuées, est-ce que c’est vers le village de Trocanj, est-
22 ce que c’est à Tjentiste? Est-ce que la route passe par Trocanj en allant
23 vers Tjentiste? Et quelle est la distance à vol d'oiseau par rapport à
24 Trocanj.
25 Réponse: L'endroit où cette mine a été posée, il s'agit de l'endroit au
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1 dessous de Savingrob de la tombe de Sava. C'est près de Tjentiste, c'est
2 sur la route principale de Foca à Tjentiste mais il est nécessaire de
3 passer par Trocanj. Il s'agit d'une distance de 14 à 15 kilomètres par
4 rapport à Foca en prenant la route vers Tjentiste.
5 En ce qui concerne l'embuscade, elle a été tendue plus à un endroit plus
6 proche de Foca. C'est un endroit où souvent on tendait des embuscades, où
7 on tirait sur des gens. Plusieurs personnes ont été tuées dans le cadre de
8 ces embuscades qui étaient organisées, tendues par des forces musulmanes
9 venant de la direction de Trebova, parce ce qu'après nous pouvions voir
10 qu'ils retiraient vers le mont de Zlingora vers Trebova puisque nous
11 n'étions qu'au nombre de quatre. Alors, à ce moment-là, ils ont tiré sur
12 nous, près de Kresevo. Nous, nous sommes rentrés de cette mission et
13 pratiquement, nous avons passé une seule journée dans la région de
14 Tjentiste. Il y avait moi-même, Mileta Kovacevic et Uros Radovic.
15 Question: Compte tenu des allégations portées contre vous, je souhaite
16 attirer votre attention sur le mois de juillet 1992. Ici, vous avez eu
17 l'occasion à plusieurs reprises de voir l'ordre du 7 juillet 1992. Est-ce
18 que vous pourriez nous dire si vous connaissez ce document où votre nom
19 figure également?
20 Réponse: En ce qui concerne cet ordre, je l'ai vu pour la première fois
21 lorsque le Procureur l'a versé au dossier. Je n'ai pas eu l’occasion de
22 voir ce document auparavant. Mais en ce qui concerne l’ordre je l’ai lu.
23 Mme le Président: Avant que le témoin poursuive, pouvons-nous savoir la
24 cote formelle de ce document. Il a été versé au dossier, n'est-ce pas?
25 Peut-être que le Greffe peut nous dire la cote formelle, comme cela nous
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1 saurons tous de quoi parle l’accusé.
2 M. Prodanovic (interprétation): Cette pièce a été versée au dossier par le
3 Procureur. Je ne connais pas maintenant par coeur le numéro. Je crois
4 qu'il s'agissait peut-être de la pièce à conviction numéro 5, la pièce à
5 conviction du Procureur.
6 M. Ryneveld (interprétation): Je pense qu'il s'agit de la pièce à
7 conviction numéro 2, l’ordre de combat.
8 M. Prodanovic (interprétation): Oui.
9 Mme le Président ((interprétation): Il s'agissait donc de la pièce à
10 conviction de l'accusation numéro 2. Vous pouvez poursuivre.
11 M. Prodanovic (interprétation): Vous avez dit que la première fois que
12 vous avez vu cet ordre, c' était à ce moment-là. Est-ce que vous étiez au
13 courant du contenu de cet ordre?
14 M. Kunarac (interprétation): Comme je l’ai dit la première fois que j’ai
15 vu cet ordre c'était en audience, lorsque le Procureur l’a versé en tant
16 que preuve à mon encontre. C’est la première fois que je l’ai vu. J'ai lu
17 l'ordre, j'ai lu son contenu. Par la suite, je me suis rappelé de certains
18 détails liés à cet ordre ou plutôt de ce qui était accompli, ce qu'on
19 faisait ces jours-là.
20 Je me suis rappelé ce que j'ai fait ces jours-là. Certaines parties de cet
21 ordre qui a été donné au bataillon et à l'ensemble du groupe tactique de
22 la Drina, puisque l'armée de la Republika Srpska avait déjà été créée.
23 Conformément à cela, les bataillons ont déjà été créés et leur
24 commandement a déjà été établi. Moi, j'appartenais au 5ème Bataillon et
25 j'avais certaines missions précises dans le cadre des activités de ce
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1 bataillon et conformément à cet ordre.
2 Question: Est-ce que j'ai bien compris? Vous avez reçu un ordre oral qui
3 se basait sur cet ordre écrit?
4 Réponse: Je sais que le 22 nous étions, avant cela nous étions à
5 Tjentiste dans le cadre des activités de la reconnaissance. Le 22, nous
6 avons dû faire des activités de reconnaissance dans la zone de
7 responsabilité du 5ème Bataillon en suivant la rivière vers Slatina.Il
8 s'agit de la zone sur la rive droite de la Drina, dans la zone de
9 responsabilité du 5ème Bataillon. C'est là que je suis resté dans le cadre
10 de ces activités de reconnaissance à partir du 23 juin jusqu'au 5 ou 6. A
11 ce moment-là, j'ai été muté dans le cadre des activités que
12 j'accomplissais pour le même bataillon. Il s'agissait encore une fois des
13 activités de reconnaissance du contrôle des routes, de la détection des
14 mines, etc., mais ailleurs…
15 Question: A ce moment-là, avez-vous reçu un ordre oral en ce qui concerne
16 l'endroit où vous deviez aller?
17 Réponse: Le 6, j'étais comme je l’ai dit dans cette région-là. Une
18 voiture est arrivée ce jour-là. Le chauffeur a dit que le commandant du
19 bataillon avait donné l’ordre que nous, nous étions à l’époque six ou sept
20 dans le cadre de cette mission. Il a dit que nous devions nous asseoir et
21 arriver à Preljuca où se trouvait le commandement du bataillon. Nous y
22 sommes allés, nous y sommes arrivés vers midi, peu de temps avant peut-
23 être.
24 C'est à ce moment-là que le commandant du bataillon qui était donc à
25 Preljuca et à Golivrh, à partir de là-bas, il m'a montré la région vers la
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1 Drina. Il m'a dit que je devais m’y rendre afin de faire des activités de
2 reconnaissance à partir de Cvilin, afin de détecter les régions où
3 l'ennemi était actif, où il avait posé des mines, et afin de contrôler les
4 routes qui pouvaient être utilisées comme des axes de communication dans
5 cette région. Il s'agissait surtout de la route Cvilin-Bavcic, Sorlaci
6 vers Kabiliskos et Cerova Ravan.
7 Donc, le 6 juin, j'ai reçu l'ordre oral du commandant du bataillon afin de
8 me rendre et m'acquitter de la tâche de reconnaissance de Cvilin vers
9 Cerova Ravan en suivant la Drina.
10 Question: Je comprends, c'était la mission qui vous a été assignée. Est-ce
11 que vous savez quelle était la nature de la mission de ce groupe tactique?
12 Réponse: Le 6 juin, quand je suis allé à la ma mission, le commandant du
13 bataillon ne m'a pas donné d'autres informations m'expliquant pourquoi je
14 faisais cela. C’est vrai qu'il m'a dit qu’il fallait que je détermine où
15 se trouvait exactement la ligne. Il m'a dit que des Musulmans se rendaient
16 pour attaquer des villages serbes à Josanica en utilisant cette région. Il
17 avait peur qu'ils ne posent des mines dans cette région et que des civils
18 ne périssent, des civils vivant dans la région. Je me suis donc rendu
19 immédiatement à la mission de reconnaissance.
20 Le lendemain déjà il y a eu des activités, des opérations. Maintenant au
21 vu de cet ordre, je comprends bien que ma mission de reconnaissance, en
22 réalité, était une préparation à cet ordre, car c'est un ordre où on
23 demande que les forces soient aptes au combat; il s'agissait par rapport à
24 l'attaque des lignes musulmanes et la date était le 9 juin.
25 Question: Quand avez-vous appris que l'objectif était Cerova Ravan?
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1 Réponse: Avant de partir, il est vrai que le commandant du bataillon m'a
2 dit qu'il y avait un groupe de personnes qui montait des gardes autour,
3 des gardes de villages autour du village de Cvilin. Il m'a dit que le
4 commandant de la Josanica Ceta, donc la compagnie Josanica allait
5 m'accueillir là-bas. C'était une unité composée de soldats venant de
6 villages aux alentours de Josanica. Donc, à partir de ce moment-là, j'ai
7 été pratiquement sous son commandement.
8 Il m'a dit de traverser Gojacice, Bavci jusqu'à Koba pour essayer de voir
9 où se trouvaient exactement les lignes musulmanes. Moi, je suis donc parti
10 immédiatement.
11 Question: Pourriez-vous nous expliquer pourquoi il était important de
12 prendre cette colline de Cerova Ravan?
13 Réponse: Si on regarde la carte...
14 Question: Pourriez-vous nous montrer en même temps où se trouve Cerova
15 Ravan, Preljuca, Cvilin, pour être en mesure de suivre tout cela ainsi que
16 toutes ces surévaluations importantes?
17 Réponse: Voilà, Cerova Ravan se trouve ici, donc sur la rive droite de
18 la Drina à peu près à deux kilomètres à vol d'oiseau par rapport à la
19 rivière Drina. A l'époque, la ligne musulmane allait de Cerova Ravan en
20 passant par Kosa derrière les villages de Zubovic -on appelle cela Zubovic
21 Kosa- et descendait jusqu'à la rivière de Drina sur le territoire de
22 Cerova Ravan qui porte la cote 923, donc c'est cette Cerova Ravan et pas
23 l'autre. Cette Cerova-là et pas l'autre qui se trouve à un autre endroit
24 de la carte. Donc, à cet endroit-là, il y avait une ligne musulmane bien
25 fortifiée qui allait jusqu'à la Drina.
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1 A cette époque-là, c'était le mois de juin, à Preljuca et à Goli Vrh, la
2 cote 1306, il y avait une ligne de défense serbe qui formait un demi-
3 cercle, et il y avait entre 100 et 120 soldats sur cette ligne. Les autres
4 hommes de ces bataillons, parce que j'ai déjà dit que dans un bataillon il
5 y a entre 300 et 400 personnes, donc dans cette région derrière Cerova
6 Ravan, à la hauteur de Cvilin, les hommes en âge de combattre qui étaient
7 chez eux, qui couchaient chez eux avaient monté des gardes de village.
8 Question: Je me demande s'il s'agit d'un lapsus, parce que vous avez
9 parlé du mois de juin.
10 Réponse: Non, non, il s'agit du mois de juillet.
11 Question: Oui, d'accord. Pourriez-vous nous montrer par où passaient les
12 lignes de démarcation, où se trouvaient exactement les unités musulmanes,
13 et où se trouvaient les unités serbes?
14 Réponse: Moi, je me suis rendu en mission de reconnaissance à partir de
15 Cvilin. Cvilin se trouve sur la rive droite de la Drina en face de
16 Ustikolina. Donc J'ai suivi cette route qui est marquée par une ligne
17 ininterrompue sur la carte, je suis passé devant le village de Radovici,
18 j'ai traversé les villages de Bavcici et j'ai monté les monts de Koba.
19 Ce jour-là, je suis arrivé jusqu'à Koba. Là, il y a un col qui se trouve
20 juste au dessous du village de Cerova. Dans cette région, il y a encore
21 sept, huit villages plus petits, ou des hameaux en réalité, avec huit ou
22 dix maisons. Tous ces hameaux avaient été abandonnés et personne ne vivait
23 à l'époque dans ces villages.
24 Question: Merci. Vous pouvez vous asseoir à nouveau. Pourriez-vous nous
25 dire comment vous êtes arrivé jusqu'à ces positions?
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1 Réponse: Déjà, le 6 juillet, quand je suis arrivé à Cvilin et quand j'ai
2 reçu une première mission concrète du commandant de cette compagnie de
3 Josanica, j'ai reçu pour mission de me rendre en mission de reconnaissance
4 en descendant la Drina en partant du village de Cvilin pour vérifier s'il
5 y a des positions de l'ennemi dans cette région, s'il y a des mines qui
6 avaient été posées; et vérifier donc où se trouvait exactement la ligne
7 musulmane.
8 A partir de la surélévation qui se trouve à peu près à 500 mètres, on
9 pouvait voir les bunkers à Cerova ravan, mais on ne pouvait pas voir
10 jusqu'où descendait cette ligne vers la Drina puisque la visibilité
11 n'était pas très bonne.
12 Donc je suis parti, je suis arrivé vers la soirée jusqu'à la colline de
13 Koba. J'ai traversé le village de Bavcic, il n'y avait aucun signe de vie
14 dans ce village et on pouvait bien voir que personne, depuis le début de
15 la guerre, n'a vécu dans ce village.
16 Question: Est-ce que vous savez quelles étaient les missions des autres
17 unités à l'époque? Donc nous parlons toujours de cette même date, le 6
18 juillet.
19 Réponse: Non, à l'époque, ce jour-là, je ne le savais pas. Je suis arrivé
20 jusqu'à Koba et j'ai rebroussé chemin en prenant la route qui menait de
21 Koba en traversant le village de Bavcic jusqu'à Cvilin. Il s'agit d'un
22 chemin de campagne assez étroit, un chemin que l'on utilisait pour
23 acheminer la nourriture dans le village. Par exemple, une camionnette ne
24 pouvait même pas passer par là. Le véhicule le plus grand qui pouvait
25 passer par là était un véhicule qui supportait à peu près deux tonnes, pas
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1 plus.
2 Donc j'ai emprunté ce chemin et je n'ai pas vu de mines posées sur le
3 chemin. Je suis revenu dans le village de Cvilin, l'endroit d'où j'étais
4 parti. Là, j'ai dit au commandant de cette compagnie que je n'ai rien vu,
5 que je n'ai rien trouvé dans le territoire que j'avais visité. Là, il m'a
6 dit qu'il allait effectuer une mobilisation.
7 Question: Je vais vous interrompre. Nous allons revenir là-dessus. Cela
8 veut-il dire que vous étiez toujours en avant par rapport aux autres
9 unités?
10 Réponse: Oui, pratiquement jusqu'à la fin de la guerre, jusqu'au moment
11 où j'ai été blessé, j'étais toujours concentré sur les mines ou sur des
12 engins explosifs. Après, ce groupe qui avait suivi cette formation est
13 arrivé. Ils se sont plutôt concentrés à cette mission alors que moi,
14 j'étais plutôt utilisé pour faire de la reconnaissance, puisque j'avais
15 cette expérience de mines. Il y avait beaucoup de mines dans cette région,
16 donc moi je pouvais effectuer une mission de reconnaissance sans danger,
17 moi et mon groupe. C'était l'essentiel des missions qui m'ont été confiées
18 plus tard au cours de la guerre.
19 Moi et mon groupe, nous nous rendions jusqu'aux lignes des ennemis pour
20 voir quels étaient les mouvements de leurs troupes, quelle était leur
21 force exacte, pour recueillir toute sorte d'informations utiles qui
22 auraient pu être utiles pour nos forces à nous.
23 Question: Pendant que vous étiez en mission, vous dépendiez du
24 commandement de qui?
25 Réponse: Pratiquement jusqu'au 23 juin, jusqu'à ce que je revienne de
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1 cette mission qui m'a été assignée par le 1er et 2ème Bataillon, je
2 dépendais du commandement du 5ème Bataillon. Au cours de cette même
3 période, j'étais aussi sous le commandement de la compagnie de Josanica.
4 Mon supérieur hiérarchique, dans le cadre de la zone de responsabilité,
5 était le commandant du 5ème Bataillon et la compagnie de Josanica était
6 aussi à l'intérieur de cette zone de responsabilité.
7 Question: Pourriez-vous nous dire comment se termine cette journée du 6
8 juillet?
9 Réponse: J'ai déjà dit que je m'étais rendu jusqu'à Koba. J'ai effectué
10 ma mission de reconnaissance du terrain. Il s'agissait d'une distance de
11 six ou sept kilomètres. J'ai donc pu constater qu'il n'y avait pas
12 d'habitant, qu'il n'y avait pas de ligne, qu'il n'y avait pas de trace de
13 mouvements de forces ennemies ou de mines. Donc je suis revenu et j'ai
14 fait un rapport au commandant de la compagnie pour ce jour-là. J'ai passé
15 la nuit à Cvilin. Le lendemain matin, j'ai eu pour mission de vérifier les
16 moyens de communication et de vérifier toute la route qui mène à Koba
17 derrière le village de Bavcic et il m'a dit que ce jour-là, il allait
18 mobiliser les hommes pour prendre la ligne militaire entre Koba et Drina.
19 et que moi je devais effectuer la reconnaissance encore plus loin, en aval
20 de la rivière Drina pour essayer de découvrir où se trouvaient les lignes
21 de l'ennemi. C'est vrai que ce jour-là, ou plutôt les jours d'après, j'ai
22 pu voir que ces lignes étaient sous Cerova Ravan.
23 Question: Est-ce que, ce jour-là, vous saviez qu'ils avaient pour
24 intention de prendre la côte de Cerova Ravan?
25 Réponse: Ce jour-là, après avoir vérifié cette route, quand j'ai compris
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1 qu'il n'y avait pas de mines posées sur la route, quand j'en ai eu la
2 certitude, je suis entré et j'ai dit au commandant que j'étais sûr qu'il
3 n'y avait pas de mines sur cette route. Déjà une partie d'hommes avait été
4 mobilisée. Ils étaient rassemblés, ils étaient 30 ou 40 et il m'a dit que
5 l'ordre a été donné de prendre cette ligne, puisque les buts ultimes
6 étaient de prendre Cerova Ravan ainsi que la ligne qui existait. La ligne
7 qui avait été tenue par les Musulmans, la ligne entre Cerova Ravan et
8 Drina. Donc, le projet était de faire une ligne serbe entre la Drina vers
9 Rudace, Cerova Ravan et de rejoindre la ligne qui existait après Luca.
10 Question: Vous avez dit que le 6 juillet vous avez passé la nuit à
11 Cvilin. Pourriez-vous nous dire ce que vous avez fait le lendemain?
12 Réponse: J'ai dit que le sept au matin, le commandant de compagnie a
13 lancé l'ordre de mobiliser tous les habitants des villages aux alentours.
14 Tous les hommes aptes à combattre, entre 20 et 40 ans, devaient
15 immédiatement répondre et venir à Cvilin. En même temps, il m'a donné
16 l'ordre de contrôler en détail toute la route jusqu'à Koba et de vérifier
17 si cette route était véritablement libre. Je l'ai donc fait, je suis
18 retourné à Cvilin et je lui ai dit que j'étais sûr que la route était
19 libre, qu'il y avait quelques obstacles sur ce chemin, mais que tout cela
20 pouvait être réparé sans aucun problème, donc un véhicule du type TAM qui
21 pouvait supporter jusqu'à deux tonnes et demis pouvait emprunter cette
22 route.
23 On pouvait imaginer qu'un véhicule qui pouvait transporter le matériel, la
24 logistique pour suivre cette compagnie pouvait emprunter cette route,
25 ainsi qu'un véhicule sanitaire. Quand je suis arrivé à Cvilin, les gens
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1 étaient déjà prêts, ils étaient prêts à partir. Deux personnes qui avaient
2 effectué cette mission de reconnaissance avec moi ont emmené les gens vers
3 Kobe. J'ai dit qu'il était possible de circuler jusqu'à Kobe. Les
4 chauffeurs qui avaient conduit cette camionnette TAM craignaient les mines
5 car j'ai déjà dit, il y a eu beaucoup de mines posées sur les routes.
6 Cela est arrivé très souvent qu'il y ait des victimes, que des gens
7 marchent sur des mines, que des voitures roulent sur des mines alors il
8 m'a dit: "Ecoute, si t'es vraiment sûr qu'il n'y a pas de mines, alors
9 assieds toi dans la voiture, prends la tête de la colonne, et conduis
10 d'abord toi la voiture jusque là-bas". Je me suis assis dans la voiture et
11 je l'ai conduite jusqu'à Bavcic derrière Brdo.
12 Nous avons donc passé cette nuit-là à Koba et moi, je me suis rendu à une
13 nouvelle mission de reconnaissance.
14 Question: Donc là, vous avez fait le récit jusqu'au 7 juillet dans
15 l'après-midi?
16 Réponse: Oui.
17 Question: Donc le 7 juillet dans l'après-midi, il y avait donc déjà une
18 ligne entre Koba et Drina.
19 Question: Madame la Présidente, je vais poser des questions plus en
20 détail, puisqu'il s'agit d'une période pour laquelle l'accusé entend
21 présenter une défense d'alibi.
22 Vous avez mentionné un deuxième véhicule. Quel était ce véhicule?
23 Réponse: C'était un véhicule plutôt ancien, de marque polonaise, la
24 banquette arrière avait été enlevée, et ce véhicule a été utilisé comme un
25 véhicule sanitaire. C'est une voiture plutôt longue, elle pouvait être
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1 utilisée comme une ambulance, puisque nous n'avions pas à l'époque
2 suffisamment de matériel, suffisamment de véhicules, nous faisions avec
3 les moyens à bord. Donc c'était un véhicule de marque polonaise, de
4 couleur orange. Cette voiture était utilisée comme une ambulance pour les
5 besoins du groupe de combats qui opéraient dans cette région.
6 Question: Est-ce que ce véhicule marchait correctement?
7 Réponse: En ce qui concerne la mécanique même du véhicule, c'est-à-dire
8 son moteur, cela allait. Mais il y avait un problème avec le pot
9 d'échappement qui avait été percé à plusieurs endroits. Après, comme
10 c'était un terrain accidenté, ces pots d'échappement sont tombés, il n'y
11 avait donc pas de pot d'échappement. Ces véhicules produisaient vraiment
12 beaucoup de bruit au cours de la conduite. Mais en ce qui concerne le côté
13 technique, le moteur, cela marchait, cela allait.
14 Question: Où avez-vous passé la nuit du 7 juillet, après votre mission de
15 reconnaissance?
16 Réponse: Le 7 juillet, j'ai dit que dans l'après-midi nous sommes arrivés
17 jusqu'à Koba. Les hommes sont arrivés jusqu'à Koba et moi, j'ai continué
18 ma mission de reconnaissance puisque je n'avais pas découvert de lignes
19 ennemies et je n'ai pas découvert d'ailleurs les traces de vie sur ce
20 territoire. Je suis arrivé jusqu'à une autre côte qui se trouve à peu près
21 à vol d'oiseau à 700 ou 800 mètres. Il s'agit de Zubovic Kosa, près d'une
22 colline Gradina.
23 Cet endroit s'appelle Gabelic Kosa, il n'y avait pas de ligne Gabelic
24 Kosa, mais à partir de là, j'ai pu voir une ligne ennemie qui se trouvait
25 à Cerova Ravan en descendant par Zubovic Kosa jusqu'à la rivière la Drina.
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1 Donc, il y a avait 40 ou 50 bunkers, sur cette ligne, on pouvait voir
2 qu'il existait une véritable ligne avec des tranchées, des bunkers, et que
3 c'était une vraie ligne de défense musulmane.
4 Question: Pourriez-vous nous dire quels étaient les conditions météo, ce
5 jour-là et le jour qui a suivi?
6 Réponse: Le 7 juillet, je suis arrivé à Zubovic Kosa dans la soirée. De
7 l'autre côté de la rivière Drina, dans la zone de responsabilité du 1er
8 Bataillon, dans les rayons allant de Zebina Suma vers Ocenica des missions
9 de reconnaissance avaient été menées exactement dans le cadre de
10 préparation pour cet ordre de combat qui avait été émis le 7 juillet, mais
11 que je n'avais pas vu à l'époque. Je n'ai pas eu l'occasion de le voir. Il
12 est évident que tout ce qui était en train de se faire se faisait pour la
13 préparation de cette mission de combat. Les personnes qui se trouvaient
14 sur la rive droite contrôlaient la route goudronnée, Foca, Gorazde, ils
15 contrôlaient les tunnels pour vérifier s'il n'y a pas de mines déplacées.
16 Des coups de feu ont été tirés sur eux et un homme est tombé. Il a été
17 tué.
18 Quand nous avons vu qu'il n'y avait personne à Gabelic Kosa, j'ai proposé
19 au commandant de la compagnie de transporter des hommes sur la ligne à
20 Gabelic Kosa, qui était déjà une ligne qui se trouvait pratiquement sur la
21 ligne de front. Ceci a été fait immédiatement, et un groupe d'hommes est
22 passé de l'autre côté. A nouveau le problème s'est posé de traverser cette
23 partie de la route. Les deux chauffeurs m'ont donc dit: "Eh bien, écoute,
24 si tu dis qu'il n'y a pas de mines, alors prends le volant, mets toit au
25 volant et conduis".
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1 Il a commencé à pleuvoir, il était à peu près une heure de l'après-midi.
2 Je me suis assis dans la voiture polonaise, celle qui avait été utilisée
3 comme ambulance. Je suis arrivé jusqu'au village de Kojacice à Gabelic
4 Kosa et là, nous avons tenté d'établir une ligne en descendant la Gabelic
5 Kosa, il pleuvait de plus en plus fort. Dans la soirée, vers 8 heures du
6 soir, il tombait des cordes et la plupart de nos hommes ne pouvaient pas
7 se protéger de la pluie. Ils ne portaient que des chemises, des
8 chemisettes, des pantalons. Il faisait assez chaud, ils étaient tous
9 trempés. Le commandant de la compagnie a proposé que la plupart des hommes
10 retournent au village de Sorlaci qui est à deux kilomètres des distances
11 de Gabelic Put. Il a proposé que ses hommes passent à la nuit à Sorlaci et
12 que quelques autres hommes restent passer la nuit à cet endroit pour
13 garder la ligne que nous venions de conquérir.
14 Je suis entré, j'ai essayé de prendre cette même voiture. Je n'ai pas pu
15 arriver jusqu'au village Sorlaci car, entre Sorlaci et Gojacice, Gabelic
16 Kosa -comme on peut le voir sur la carte-, les terrains sont très
17 accidentés. Il y a deux ruisseaux aussi, et comme la pluie était vraiment
18 forte la route avait été endommagée par les courants d'eau. Nous n'avons
19 donc pas pu emprunter la route jusqu'au village. J'ai laissé le véhicule à
20 cet endroit, je me suis rendu à pied jusqu'au village Sorlaci. Je me suis
21 entretenu avec le commandant de la compagnie qui m'a dit que, pour lui, la
22 côte de Gradina représentait vraiment la plus grande priorité, il se
23 trouvait tout près de la rivière de Drina.
24 Question: Je vais vous interrompre un instant.
25 Vous dites -si je vous ai bien compris-, que vous n'avez pas pu vous y
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1 rendre en voiture à cause de l'état de la route. Où avez-vous passé la
2 nuit, alors?
3 Réponse: Je n'ai pas pu revenir jusqu'au village car cet endroit où se
4 trouvait ce ruisseau -il n'y avait plus de routes-, se trouvait à peu près
5 à 600 ou 700 mètres du village de Sorlaci. Je me suis rendu à pied dans le
6 village, je me suis séché, j'ai parlé avec le commandant qui m'a dit de
7 partir, qui m'a donné l'ordre de partir et de passer la nuit à Gradina
8 avec le groupe de personnes qui devait passer la nuit à Gradina. Donc
9 Gradina était tout près de la rivière de la Drina. La distance entre
10 Gradina et le premier bunker qui se trouve à Zubovic Kosa était 50 ou 100
11 mètres. Je suis allé et je suis arrivé à Gradina.
12 Question: C'était dans la nuit...
13 Réponse: Dans la nuit du 7, 8 au matin.
14 Question: Madame la Présidente, je pense que ceci est une bonne occasion
15 de terminer avec le témoignage de l'accusé Kunarac pour aujourd'hui.
16 Demain, nous allons continuer avec le témoignage de l'accusé.
17 Mme la Présidente (interprétation): Très bien. Il est presque 16 heures,
18 nous allons lever la séance et nous continuerons demain matin avec le
19 témoignage de l'accusé à 9 heures 30.
20 (L'audience est levée à 16 heures)
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