Page 6280
1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-16-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Mercredi 10 février 1999
4 L'audience est ouverte à 09 heures.
5 M. Bos (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président,
6 Madame le Juge, Monsieur le Juge. L'affaire IT-95-16 T, le Procureur
7 contre Zoran Kupreskic, Mirjan Kupreskic, Vlatko Kupreskic,
8 Drago Josipovic, Dragan Papic et Vladimir Santic.
9 M. le Président (interprétation). - Merci. Bonjour. Nous
10 pouvons, je pense, procéder à l'interrogatoire principal de M. Vidovic. Le
11 conseil Radovic ?
12 M. Radovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Témoin.
13 Hier, nous avons parlé de votre maison et de la distance de votre maison
14 par rapport à celle de Kupreskic à vol d’oiseau. Maintenant, je vais vous
15 demander, s'il vous plaît, Monsieur le Président, de passer à huis clos
16 très brièvement. C'est juste pour prononcer un certain nombre de noms et
17 pour ne pas les dire en séance publique.
18 M. Bos (interprétation). - La séance est à huis clos.
19 M. Radovic (interprétation). - C'est sans sonorisation.
20 M. le Président (interprétation). - Maître Radovic, est-ce qu'un
21 huis clos partiel vous suffirait ?
22 M. Radovic (interprétation). - Oui.
23 Audience à huis clos partiel
24 (expurgée)
25 (expurgée)
Page 6281
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12 Page 6281 –expurgée – audience à huis clos partiel.
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
Page 6282
1 (expurgée)
2 (expurgée)
3 (expurgée)
4 (expurgée)
5 (expurgée)
6 (expurgée)
7 (expurgée)
8 (expurgée)
9 (expurgée)
10 (expurgée)
11 (expurgée)
12 (expurgée)
13 (expurgée)
14 (expurgée)
15 (expurgée)
16 (expurgée)
17 (expurgée)
18 (expurgée)
19 (expurgée)
20 Audience publique
21 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que cette association
22 d'animations culturelles a poursuivi ses activités par la suite ?
23 M. Vidovic (interprétation). - Oui, sans la section de la
24 guitare.
25 M. Radovic (interprétation). - En ce qui concerne les Kupreskic
Page 6283
1 que vous voyez ici, pouvez-vous dire qui avait poursuivi les activités au
2 sein de cette association, de cette société culturelle ?
3 M. Vidovic (interprétation). - Un des premiers organisateurs
4 avait été Zoran Kupreskic, il est resté tout le temps, et son frère
5 Mirjan. Alors que Vlatko avait un certain nombre d'activités et notamment
6 au niveau de la section musicale.
7 M. Radovic (interprétation). - Nous avons déjà dit, hier, que
8 cette société était composée de membres de nationalités différentes.
9 Savez-vous quelque chose à propos des élections qui se sont passées et
10 également en relation avec cette société culturelle ? Est-ce que,
11 éventuellement à l'époque, après les élections, il y avait cette tendance
12 de créer une société qui était sur la base d'une seule nationalité ?
13 Pouvez-vous nous raconter quelque chose et nous donner plus de précisions
14 à ce sujet ?
15 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Après les élections,
16 effectivement, il y avait cette initiative d'organiser deux sociétés
17 d'animations culturelles ; une société qui aurait porté le nom Napredak,
18 une société croate et l'autre aurait été une société musulmane, Preporod,
19 "renouveau".
20 Je sais qu'à cette époque-là, Zoran, qui était un des animateurs
21 principaux et qui entraînait la section folklorique avec son frère,
22 s'engageait pour que cette association reste comme elle a été organisée à
23 l'époque et dans la composition de l'époque.
24 M. Radovic (interprétation). - Qu'est-ce que cela veut dire au
25 sujet de nationalités, si lui souhaitait que cette association reste tel
Page 6284
1 quel, comme avant les élections ?
2 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, ceci veut dire qu'à
3 cette époque-là il y avait une équipe, les membres du folklore le disent,
4 qui était déjà bien entraînée.
5 M. Radovic (interprétation). - C'étaient des membres de
6 nationalités différentes ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement, les membres
8 étaient de nationalités différentes. Je vais essayer d'énumérer quelques
9 noms de cette première équipe de renommée : outre Zoran Kupreskic, il y
10 avait Veljko Cato, qui était de nationalité serbe, ensuite Cengalovic mais
11 je ne me souviens plus de son prénom, je pense qu'il était Rom ; ensuite,
12 il y avait la section musicale : Fahrudin Ahmic qui en faisait et
13 Mirjan Kupreskic également.
14 M. Radovic (interprétation). - Vous avez dit qu'en 1983 vous
15 avez arrêté vos activités dans cette association. Est-ce qu'une fois parti
16 de cette association vous avez poursuivi vos relations d'amitié avec
17 Zoran Kupreskic ?
18 M. Vidovic (interprétation). - En 1983 je me suis marié et en
19 avril 1994 je suis parti à Busovaca pour y habiter, c'est pourquoi je ne
20 voyais plus tellement Zoran. Je le voyais uniquement quand j'allais rendre
21 visite à mes parents.
22 M. Radovic (interprétation). - Je vais demander tout simplement
23 de changer le compte rendu parce que dans celui-ci on dit qu'il était
24 parti à Busovaca en 1994 alors qu'il est parti en 1984. Donc le témoin
25 s’est rendu à Busovaca en 1984.
Page 6285
1 M. Radovic (interprétation). - Quand vous vous rendiez dans
2 votre village, est-ce que vous rencontriez Zoran Kupreskic ? Est-ce que
3 vous avez parlé avec lui ? Avez-vous bu un verre avec lui ?
4 M. Vidovic (interprétation). - Oui, souvent. Nous sortions
5 souvent ensemble et notamment pour passer les soirées ensemble.
6 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous savez
7 concrètement, avant le début du conflit, avant le 16 avril, quand une
8 manifestation a été organisée, dans la composition que Zoran souhaitait,
9 et qui a existé jusqu'à la guerre ?
10 M. Vidovic (interprétation). - Je pense que c'était au mois
11 d'avril 1993.
12 M. Radovic (interprétation). - De quoi s'agissait-il ? De quel
13 genre, de quel type de manifestation ?
14 M. Vidovic (interprétation). - Je pense que c'était dans le
15 cadre d'une fête religieuse, je ne peux pas m'en souvenir exactement.
16 M. Radovic (interprétation). - Donc vous êtes allé à Busovaca,
17 vous avez vu votre appartement, c'était en 1984. Quand êtes-vous retourné
18 à Vitez ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Vous pensez à l'appartement que
20 j'ai retrouvé de nouveau à Vitez, ou éventuellement au travail ?
21 M. Radovic (interprétation). - Je sais qu'il y a une différence.
22 Je vous demande à quel moment vous avez obtenu l'appartement. Excusez-moi,
23 je vous ai interrompu, vous pouvez poursuivre.
24 M. Vidovic (interprétation). - Au mois de mai 1989, quand j'ai
25 terminé mes études, je suis rentré à Vitez et j'ai commencé à travailler
Page 6286
1 aux PTT, à la Poste. Il y avait un standard téléphonique de type AIC, le
2 nouveau standard qui a été mis en place. C'est là que j'ai commencé à
3 travailler, mais, pour moi, c'est le 27 juillet 1990 que j'ai eu un
4 appartement, mon logement, et j'ai déménagé.
5 M. Radovic (interprétation). - Vous étiez locataire à ce moment-
6 là, je pense. Vous avez eu un appartement qui était dans la propriété
7 sociale, ou un appartement qui était mis à la disposition des cadres ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement, c'était un
9 déménagement sur plan, entre Vitez et Busovaca. J'ai eu mon appartement à
10 Vitez.
11 M. Radovic (interprétation). - Qu'avez-vous fait comme études,
12 de quoi se composait cette formation complémentaire ?
13 M. Vidovic (interprétation). - Cette formation complémentaire
14 avait pour but justement de me perfectionner en matière de système de
15 télécommunications, de systèmes qui reposaient sur l'informatique et la
16 bureautique, c'est pourquoi j'ai déménagé à Busovaca. C'est à Zagreb,
17 Nikola Tesla, qu'il y avait une usine, et maintenant cette usine s'appelle
18 Erksson. C'est donc cette formation que j'ai eue.
19 M. Radovic (interprétation). - Votre formation complémentaire
20 était orientée vers ce secteur technique et télécommunications, vous ai-je
21 bien compris ?
22 M. Vidovic (interprétation). - Oui, ma formation a été axée sur
23 les télécommunications et, en fait, se rapporte plus particulièrement sur
24 les commutations, donc sur les centrales, sur les standards dirigés,
25 gérés, par les ordinateurs.
Page 6287
1 M. Radovic (interprétation). - Nous sommes en 1990. Est-ce que
2 vous pouvez nous parler de la situation qui a régné à la veille des
3 élections libres, de ce qui s'est passé avec les élections, quels étaient
4 les résultats, ce que vous savez ? Et pouvez-vous nous dire comment le
5 pouvoir a été réparti dans la municipalité de Vitez ?
6 M. Vidovic (interprétation). - En 1990, en novembre, ou plus
7 particulièrement le 18 novembre, les élections multiparties ont eu lieu.
8 Pour ce qui me concerne, je sais qu'il y avait un comité d'initiative, le
9 Président de ce comité de la communauté croate démocratique était un de
10 mes ouvriers.
11 M. Radovic (interprétation). - Comment s'appelait-il ?
12 M. Vidovic (interprétation). - Franjo Kurevija. Une fois que les
13 élections ont été faites, il y avait la répartition du pouvoir au niveau
14 de la municipalité auquel on est parvenu, je parle de l'exécutif.
15 M. Radovic (interprétation). - Avant la répartition du pouvoir
16 intervenu après les élections libres, pouvez-vous, s'il vous plaît, me
17 dire si votre rôle sur la scène politique vous a permis de savoir ce qui
18 s'était passé au sein du HDZ ou sur la scène politique en général ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Tout d'abord, je dois dire qu'en
20 ce qui concerne, le rôle que j'ai joué c'était de tout simplement de
21 fournir le soutien au Président du comité d'initiative de l'époque qui
22 avait passé la plupart de son temps de travail sur les activités
23 politiques. Et en ce qui me concerne, bien évidemment, je lui avais permis
24 de ne pas travailler et de développer ses engagements politiques.
25 M. Radovic (interprétation). - J'aimerais donc vous poser la
Page 6288
1 question suivante : quelle était la composition nationale au sein des PTT,
2 à la Poste où vous avez travaillé avant les élections ?
3 M. Vidovic (interprétation). - A la Poste, à Vitez, avant les
4 élections, sur les 30 employés au total, il y avait 6 personnes qui
5 étaient de nationalité musulmane.
6 M. Radovic (interprétation). - Je suppose que tous les autres
7 n'étaient pas des Croates, il y avait des Serbes ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je l'ai oublié. Il y avait
9 deux Serbes.
10 M. Radovic (interprétation). - Les autres Croates ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il y avait un Serbe et une
12 Serbe et les autres étaient Croates.
13 M. Radovic (interprétation). - Comment avez-vous réparti le
14 pouvoir après les élections ?
15 M. Vidovic (interprétation). - Après les élections, à ma
16 connaissance, pour ce qui concerne l'exécutif de la municipalité, et en
17 conformité des résultats obtenus lors des élection, un gouvernement
18 conjoint a été mis en place.
19 M. Radovic (interprétation). - Ce gouvernement a fonctionné
20 jusqu'à quand ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Le gouvernement conjoint a
22 fonctionné jusqu'à la fin de 1992.
23 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'il y avait la
24 répartition entre la composante militaire et la police au sein des
25 autorités civiles après les élections ?
Page 6289
1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, après les élections, les
2 autorités conjointes, au niveau de la police, ont été formées.
3 M. Radovic (interprétation). - Savez-vous jusqu'à quand ils sont
4 restés ensemble ?
5 M. Vidovic (interprétation). - Vous parlez de la police ?
6 M. Radovic (interprétation). - Oui, je pense aux services de
7 police conjoint.
8 M. Vidovic (interprétation). - Je pense jusqu'à la fin 1992.
9 M. Radovic (interprétation). - On va encore parler du lieu de
10 travail, enfin la Poste. Est-ce que chaque Poste avait un standard
11 téléphonique ou bien avez-vous couvert plusieurs succursales ? Si oui,
12 pouvez-vous nous donner les régions que vous avez couvertes à partir de
13 votre Poste ?
14 M. Vidovic (interprétation). - Le type de la centrale qui a été
15 installée en 1989 avait pour but de couvrir les besoins des usagers
16 téléphoniques dans l'ensemble de la municipalité. Et au moment où nous
17 avons mis en place ce standard téléphonique, il y avait les deux
18 centrales. C'est comme cela que nous les avons appelées, les terminaux. Il
19 y en avait une à Poculica et une autre à Stara Bila.
20 M. Radovic (interprétation). - Eh bien, ultérieurement ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Ultérieurement, nous avons
22 envisagé de construire un réseau des abonnés sous la terre, et ces
23 nouveaux standards, grâce à une nouvelle technologie, auraient dû se
24 résoudre par un réseau nouveau et auraient dû englober tous les abonnés
25 dans la municipalité de Vitez.
Page 6290
1 M. Radovic (interprétation). - Ce réseau, avant que la guerre se
2 soit déclenchée, ce nouveau réseau a-t-il été mis en place dans la terre
3 ou était-ce un réseau aérien ?
4 M. Vidovic (interprétation). - Ce réseau était un réseau
5 combiné. Ceci, on pourrait le préciser, s’est passé de la manière
6 suivante : sous terre jusqu'à l'agglomération ; jusqu'au village et au
7 niveau du village, c'était un réseau aérien...
8 M. Radovic (interprétation). - Au sein du standard, était-il
9 possible, sans se rendre sur les lieux, de définir qu'il y avait une
10 panne, par exemple, dans les nouveaux réseaux, que ce soit les réseaux
11 aériens ou souterrains ?
12 M. Vidovic (interprétation). - Oui, la centrale a été conçue,
13 comme je l'ai dit, de manière à pouvoir être gérée par les ordinateur. Par
14 conséquent, nous avons pu contrôler à permanence l'état au niveau des
15 abonnés, au niveau des deux réseaux, exception faite de ces deux centrales
16 qui étaient de type ancien où Stara Bila et les abonnés qui ont donc été
17 rattachés à Stara Bila et Poculica, qui étaient connectés à ces deux
18 centrales. Les autres abonnés qui venaient d'autres villages ont été
19 contrôlés.
20 M. Radovic (interprétation). - Si je vous ai bien compris, sans
21 que vous puissiez vous rendre sur les lieux, outre les deux endroits que
22 vous avez énumérés, vous avez pu tout de suite savoir s’il y avait eu une
23 panne ou non ? Vous ai-je bien compris ?
24 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
25 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous nous décrire
Page 6291
1 maintenant de quelle façon, par les ordinateurs, vous avez été en mesure
2 de vérifier si un abonné avait une panne ou non, chaque abonné
3 particulier, car vous avez pu surveiller tout, vous aviez tous les abonnés
4 dans votre système ? Pouvez-vous nous donner des précisions ?
5 M. Vidovic (interprétation). - Nous avons géré de manière
6 informatisée la centrale téléphonique, et nous avons pu suivre l'état au
7 niveau des réseaux. Il y avait d'abord une démarche automatique et une
8 autre sur la demande de celui qui gérait les réseaux. En d'autres termes,
9 nous avons été en mesure d'imprimer automatiquement toutes les lignes
10 éventuellement ou de signaler les abonnés qui étaient en panne, et tout de
11 suite d'envoyer l'alarme sonorisée ou lumineuse.
12 M. Radovic (interprétation). - Vous voulez dire
13 qu'automatiquement l'équipe se rendait sur place à partir du moment où il
14 y avait cette alarme et l'équipe savait où elle devrait se rendre ? Elle
15 savait exactement l'endroit où elle devait se rendre ?
16 M. Vidovic (interprétation). - Si vous le permettez, je peux
17 poursuivre pour vous donner d'autres précisions. Le deuxième moyen
18 d'intervention correspondait à une demande de l'opérateur.
19 M. Radovic (interprétation). - Mais qui transmettait la donnée
20 nécessaire à l'opérateur ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Il y avait une commande qui
22 envoyait un ordre à l'ordinateur, et à ce moment-là l'ordinateur devait
23 sortir la liste de tous les numéros qui étaient en panne.
24 M. Radovic (interprétation). - Très bien. Un peu plus tard, nous
25 allons parler de la journée du 16 avril et nous reviendrons sur ce
Page 6292
1 problème du système téléphonique à ce moment-là. Mais dites-nous, votre
2 maison de naissance se trouvait bien à Pirici ? Entre-temps, vous avez
3 reçu à appartement dans lequel vous habitiez. N'avez-vous pas eu le désir
4 de posséder une maison qui aurait été votre propriété dans le village où
5 vous êtes né ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'en avais le désir et j'ai
7 réalisé ce voeu.
8 M. Radovic (interprétation). - Eh bien, veuillez nous dire à
9 quel moment vous avez commencé la réalisation de ce souhait.
10 M. Vidovic (interprétation). - J'ai commencé la construction de
11 ma maison en 1984, 1985, et pour être même plus précis, je devrais
12 dire 1985.
13 M. Radovic (interprétation). - Quand a-t-elle été achevée ? Ou
14 plutôt, a-t-elle été achevée avant la guerre ?
15 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'ai placé la toiture
16 en 1991, en fait à la fin de 1991.
17 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous avez poursuivi
18 des travaux après cela ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
20 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous interrompu les travaux
21 à ce moment-là ?
22 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
23 M. Radovic (interprétation). - Pourquoi ?
24 M. Vidovic (interprétation). - Je n'avais plus d'argent.
25 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous avez obtenu des
Page 6293
1 matériaux avant la guerre ?
2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, à part les matériaux de
3 construction qu'il me fallait pour terminer la toiture, j'ai acheté
4 également une partie des matériaux nécessaires à la construction des
5 fenêtres : des planches et d'autres matériaux qui sont restés entreposés à
6 l'intérieur de la maison. Je parle bien toujours de 1991.
7 M. Radovic (interprétation). - Après les élections libres, vous
8 êtes-vous engagé politiquement ?
9 M. Vidovic (interprétation). - Après les élections de 1990, je
10 ne me suis pas engagé politiquement, mais j'étais sympathisant du parti.
11 M. Radovic (interprétation). - De quel parti ?
12 M. Vidovic (interprétation). - Du parti Union Démocratique
13 Croate, le HDZ, et j'appuyais également mes collègues au travail.
14 M. Radovic (interprétation). - J'aimerais maintenant vous poser
15 des questions au sujet de votre service militaire. Lorsque vous avez
16 quitté la JNA, est-ce que vous vous êtes fait connaître auprès du
17 "département", comme on l'appelait à l'époque ?
18 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'était obligatoire.
19 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous reçu une affectation de
20 guerre ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
22 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous nous donner des
23 détails à ce sujet ?
24 M. Vidovic (interprétation). - En 1981, mon affectation
25 militaire se situait à la Poste de Travnik.
Page 6294
1 M. Radovic (interprétation). - Dans quelle spécialité ?
2 M. Vidovic (interprétation). - Dans la spécialité des
3 transmissions à distance.
4 M. Radovic (interprétation). - Et lorsque vous êtes devenu
5 directeur de la Poste de Vitez -nous utiliserons le terme "directeur" qui
6 est un terme technique que chacun comprend bien-, avez-vous reçu une
7 affectation particulière à la Poste, ou plutôt si vous préférez, une
8 astreinte professionnelle à la Poste ?
9 M. Vidovic (interprétation). - Lorsque j'ai commencé à
10 travailler à la Poste de Busovaca, à la demande de ma direction, mon
11 astreinte professionnelle a été changée.
12 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous donner des
13 explications à ce sujet ?
14 M. Vidovic (interprétation). - A partir de 1982, mon astreinte
15 professionnelle se situait à Busovaca, à la Poste.
16 M. Radovic (interprétation). - Donc si je comprends bien,
17 lorsque vous avez eu cette nouvelle affectation de travail, vous l'avez
18 eue au sein des structures civiles de la Poste ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
20 M. Radovic (interprétation). - Parce que vous étiez le seul
21 spécialiste technique en matière de télécommunications ? Est-ce que j'ai
22 bien compris ce que vous vouliez dire ?
23 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est tout à fait cela.
24 M. Radovic (interprétation). - Maintenant, veuillez me dire la
25 chose suivante : eu égard aux communications téléphoniques, juste avant la
Page 6295
1 guerre, ou pour être plus précis, en 1992, est-ce qu'il n'y a pas eu
2 liaison des systèmes civils et militaires de téléphone, ou bien est-ce que
3 ces deux systèmes étaient distincts ?
4 M. Vidovic (interprétation). - Ces deux systèmes, ces deux
5 réseaux étaient distincts, séparés.
6 M. Radovic (interprétation). - Donc à la Poste, il n'y avait
7 aucune ligne réservée à l'armée ? Est-ce que j'ai bien compris ?
8 M. Vidovic (interprétation). - En effet, avant la guerre, il n'y
9 en n'avait pas.
10 M. Radovic (interprétation). - Hormis peut-être quelques lignes
11 téléphoniques plus ou moins assimilables au réseau civil ?
12 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il y avait des usagers du
13 réseau fonctionnement et commandés automatiquement.
14 M. Radovic (interprétation). - Oui, c'est ce que je voulais
15 dire, mais ces lignes, ces liaisons n'avaient pas de caractère militaire
16 particulier ?
17 M. Vidovic (interprétation). - C'est cela.
18 M. Radovic (interprétation). - Pendant que vous étiez employé de
19 la Poste de Vitez, avez-vous entendu parler de l'événement qui s'est
20 produit le 20 octobre 1992 près du cimetière d'Ahmici ? Je parle du
21 cimetière qui a été construit en partie sur la terre vendue par le défunt
22 Hazim. Si vous avez des connaissances à ce sujet, pouvez-vous nous en
23 parler ? Est-ce que vous avez assisté à la scène ?
24 M. Vidovic (interprétation). - J'en ai entendu parler, en effet.
25 M. Radovic (interprétation). - Mais vous n'y avez pas assisté
Page 6296
1 personnellement ?
2 M. Vidovic (interprétation). - Non, j'en ai simplement entendu
3 parler. J'ai entendu dire que, le 20 octobre, un groupe d'habitants
4 d'Ahmici avait érigé un barrage aux abords du cimetière.
5 M. Radovic (interprétation). - Mais ce groupe était composé de
6 qui ? De Croates ou de Musulmans ?
7 M. Vidovic (interprétation). - C'était un groupe composé de
8 Musulmans d'Ahmici.
9 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous entendu parler de la
10 façon dont cet incident s'est réglé ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je ne sais pas dans des
12 détails comment la chose a été réglée. Ce que je sais simplement, c'est
13 que ce malentendu s'est prolongé pendant une journée entière.
14 M. Radovic (interprétation). - Mais après les élections libres,
15 à la Poste, c'est-à-dire dans le cadre de ce que vous connaissez -et je ne
16 vous demande pas de nous dire ce dont vous avez simplement entendu parler,
17 mais de nous parler de ce que vous connaissez personnellement-, y a-t-il
18 eu des modifications dans les postes de travail ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Pour autant que je le sache, non.
20 M. Radovic (interprétation). - Vous devez le savoir, puisque
21 vous étiez chef à la Poste, n'est-ce pas ?
22 M. Vidovic (interprétation). - Non, j'ai cru comprendre que vous
23 m'interrogiez pour l'ensemble de l'entreprise.
24 M. Radovic (interprétation). - Non, je vous pose la question au
25 sujet de la Poste dans laquelle vous travailliez physiquement, je ne vous
Page 6297
1 parle pas de l'ensemble des entreprises.
2 M. Vidovic (interprétation). - A la Poste, il n'y a pas eu de
3 modification de la composition nationale au niveau des employés. Ce qui
4 existait avant a continué à exister par la suite.
5 M. Radovic (interprétation). - Y a-t-il eu des problèmes entre
6 les Croates et les Musulmans à la Poste après ce que j'appellerais cet
7 "incident" du 20 octobre 1992 ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Effectivement, ils ne sont pas
9 venus travailler pendant sept jours à la Poste. Je ne sais pas pourquoi.
10 M. Radovic (interprétation). - Et après ces sept jours ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Après ces sept jours ils sont
12 revenus.
13 M. Radovic (interprétation). - Mais, compte tenu du fait qu'ils
14 ne sont pas venus travailler pendant ces sept jours à la Poste, est-ce que
15 des mesures disciplinaires de quelque nature que ce soit ont été prises
16 contre eux, ou pas ?
17 M. Vidovic (interprétation). - Non, aucune mesure disciplinaire
18 n'a été prise.
19 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'ils ont expliqué pour
20 quelle raison ils n'étaient pas venus travailler à la Poste ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Oui, ils l'ont fait. Ils ont dit
22 qu'ils avaient peur.
23 M. Radovic (interprétation). - Et cette explication vous a
24 satisfait ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Ce que nous avons répondu, c'est
Page 6298
1 qu'il n'y avait aucune raison d'avoir peur, parce que pendant toute cette
2 période la Poste fonctionnait. C'est une entreprise publique dans laquelle
3 pénètrent tous les jours plus de 200 usagers, donc la réponse que nous
4 avons fournie a consisté à dire qu'il n'y avait pas de raison d'avoir
5 peur.
6 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi, les éléments musulmans
7 employés à la Poste, jusqu'à quand ont-ils travaillé à la Poste ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Ils ont travaillé jusqu'au
9 15 avril 1993.
10 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi, vous rappelez-vous
11 cette journée du 15 avril 1993 ? C'était bien ce que nous appellerons la
12 veille du début du conflit entre les Croates et les Musulmans ? Vous
13 rappelez-vous ce que vous avez fait vous-même, ce jour-là ?
14 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je me rappelle. Pendant ces
15 journées-là, je parle du 15 et des deux ou trois jours qui ont précédé
16 le 15, mes activités se sont centrées sur l'approvisionnement en essence
17 des installations de la Poste. Parce qu'à ce moment-là il y avait pénurie
18 d'essence, donc régulièrement, chaque mois, c'était une obligation de
19 veiller à ce que le combustible soit disponible. Donc, ce jour-là, le 15,
20 j'ai réussi à obtenir un complément d'approvisionnement, 400 litres à peu
21 près, et je suis ensuite retourné à la maison.
22 M. Radovic (interprétation). - Mais vous rappelez-vous où vous
23 avez commandé ce combustible ?
24 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je rappelle. Je l'ai
25 commandé à la station d'essence Kalem, près de chez Kasim Kresic.
Page 6299
1 M. Radovic (interprétation). - D'après le nom et le prénom, je
2 pense qu'il s'agit d'un Musulman. Est-ce exact ?
3 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est exact.
4 M. Radovic (interprétation). - Après votre retour à la maison,
5 qu'avez-vous fait le 15 avril ? Etes-vous retourné à la Poste ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Oui, de toute façon, pendant
7 cette période où il y avait pénurie d'énergie, nous avons organisé à la
8 Poste des astreintes, et il était obligatoire de veiller à mettre en
9 marche le générateur en cas de panne d'électricité.
10 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous saviez à l'avance
11 qui était d'astreinte ?
12 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
13 M. Radovic (interprétation). - Les Musulmans étaient-ils
14 d'astreinte également ?
15 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
16 M. Radovic (interprétation). - Dites-nous ensuite ce qui s'est
17 passé. Vous êtes allé travailler, mais est-ce que les employés étaient
18 présents 24 heures sur 24 ? Des gens travaillaient-ils la nuit ? Comment
19 était-ce organisé ?
20 M. Vidovic (interprétation). - Oui, le service commençait à
21 8 heures du soir et se poursuivait jusqu'à 7 heures du matin.
22 M. Radovic (interprétation). - J'imagine que 7 heures du matin
23 était l'heure où tous les autres employés venaient au travail, n'est-ce
24 pas ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est exact.
Page 6300
1 M. Radovic (interprétation). - Mais quelles étaient les
2 conditions de fonctionnement de la Poste dans le détail, à l'époque ? Y
3 avait-il, la nuit, un lit pour ceux qui étaient de permanence pour qu'ils
4 puissent dormir un petit peu ? Devaient-ils rester assis ? Que se passait-
5 il en cas d'alerte ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, les conditions étaient
7 très bonnes : il y avait un lit qui était situé en dessous de l'alarme, et
8 en cas d'alarme -qui était sonore, visuelle et lumineuse-, en cas de panne
9 d'électricité, l'alarme se mettait en marche et le son était suffisamment
10 puissant pour réveiller la personne qui éventuellement dormait. A ce
11 moment-là, le devoir de cette personne était de mettre en marche le
12 générateur et de l'éteindre au moment où l'électricité revenait.
13 M. Radovic (interprétation). - Bon, nous allons laisser le
14 16 avril de côté pour le moment. Mais pouvez-vous nous dire, pour
15 l'instant, ce que vous savez des gardes villageoises à Ahmici, Pirici et
16 dans les environs ? Est-ce que ces gardes se faisaient conjointement,
17 séparément, etc. ?
18 M. Vidovic (interprétation). - Je sais que sur tout le
19 territoire de la municipalité et dans tous les milieux il y avait des
20 gardes villageoises. Mais comment elles étaient organisées ? Je ne sais
21 pas. Je ne le savais pas.
22 M. Radovic (interprétation). - Donc vous ne savez pas si ces
23 gardes villageoises étaient organisées selon une structure verticale ou
24 horizontale, n'est-ce pas ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Non, je ne le sais pas.
Page 6301
1 M. Radovic (interprétation). - Savez-vous si les Musulmans
2 avaient également leur garde villageoise ?
3 M. Vidovic (interprétation). - Je pense qu'ils en avaient une.
4 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi, avez-vous entendu dire
5 qu'un groupe de Musulmans armés a été vu par quiconque patrouillant en
6 arme ou sans arme ? Vous savez sans doute ce que vous avez entendu autour
7 de vous mieux que moi, n'est-ce pas ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'en ai entendu parler.
9 M. Radovic (interprétation). - De qui ?
10 M. Vidovic (interprétation). - Ma soeur a rencontré un groupe
11 assez important de voisins musulmans armés qui était conduit par
12 Fuad Berbic. Selon ce que ma soeur m'a expliqué, ce groupe marchait au
13 pas. Je ne sais pas si j'ai utilisé la bonne expression ?
14 M. Radovic (interprétation). - Je vous en prie.
15 M. Vidovic (interprétation). - Ils sont donc passés à côté
16 d'elle, ils l'ont saluée et Fuad lui a dit : "Voisine, tu n'as pas besoin
17 d'avoir peur, ce n'est qu'un entraînement." Elle connaissait tous les
18 membres du groupe donc elle les a comptés.
19 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous nous situer à peu
20 près la date à laquelle ce dont votre soeur vous a parlé s'est produit ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Vous me demandez quand elle a vu
22 cela ou quand elle me l'a raconté ?
23 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi d'abord quand elle vous
24 l'a raconté et ensuite, selon son récit, à quelle date se situait ce
25 récit, cet événement ?
Page 6302
1 M. Vidovic (interprétation). - C'était à la fin de 1992, au mois
2 de novembre.
3 M. Radovic (interprétation). - C'est à ce moment-là qu'elle vous
4 l'a raconté ?
5 M. Vidovic (interprétation). - Elle me l'a raconté quelques
6 jours après.
7 M. Radovic (interprétation). - Donc elle vous a dit : "Il y a
8 quelques jours j'ai vu..."
9 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est cela, c'est cela.
10 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire comment
11 s'appelle votre soeur, celle qui vous a raconté cela ?
12 M. Vidovic (interprétation). - Ma soeur s'appelle
13 Gordana Vidovic et de son nom de mariage, elle s'appelle aujourd'hui Suic.
14 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'elle aussi a été citée
15 en tant que témoin devant ce Tribunal ?
16 M. Vidovic (interprétation). - Je crois que oui.
17 M. Radovic (interprétation). - Maintenant, dites-moi, s'il vous
18 plaît, le 16 avril vous étiez censé être à la Poste jusqu'à 7 heures du
19 matin. Est-ce que je vous ai bien compris ?
20 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
21 M. Radovic (interprétation). - Quand avez-vous remarqué que
22 quelque chose d'inhabituel se passait ?
23 M. Vidovic (interprétation). - Tous les matins, à 7 heures, le
24 réseau automatisé passait en revue la liste des alarmes. Et sur cette
25 liste d'alarme où doivent figurer les pannes, il n'y avait rien d'inscrit.
Page 6303
1 M. Radovic (interprétation). - A 7 heures du matin ?
2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, à 7 heures du matin. J'étais
3 l'opérateur responsable à ce moment-là, donc c'est à ma demande que vers
4 7 heures et demie, 8 heures, nous avons constaté que la liste des pannes
5 observées était vraiment énorme.
6 M. Radovic (interprétation). - Mais avez-vous reçu la moindre
7 explication permettant de comprendre pourquoi cela se passait ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Non, je n'ai pas obtenu
9 d'explication mais puisque j'ai entendu des tirs qui m'ont réveillé aux
10 alentours de 6 heures du matin, j'ai pu supposer ce qui se passait.
11 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi, hormis ce que vous
12 avez observé sur les appareils, à savoir qu'il y avait des pannes chez les
13 usagers, est-ce que la Poste avait déconnecté quiconque ce jour-là, le
14 16 avril ? Est-ce que vous avez effectué des déconnexions en dépit du fait
15 que la ligne téléphonique en question fonctionnait normalement ?
16 M. Vidovic (interprétation). - Ce jour-là, non. Parce que
17 jusqu'à la fin de la journée je n'ai pas réussi à éliminer les problèmes
18 que l'on a constatés chez les abonnés qui avaient des pannes. En fait, la
19 liste des alarmes n'a pas cessé de grandir toute la journée.
20 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi, le 16 avril, où
21 habitait votre mère ?
22 M. Vidovic (interprétation). - Ma mère qui vivait avec ma soeur
23 habitait dans sa maison en bas.
24 M. Radovic (interprétation). - Mais votre mère avait-elle le
25 téléphone à la maison, chez elle ?
Page 6304
1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, elle avait le téléphone à la
2 maison.
3 M. Radovic (interprétation). - Et cela ne vous a pas intéressé
4 de savoir ce qui lui arrivait ? Vous n'aviez pas eu l'idée de l'appeler
5 pour lui demander : "Maman, est-ce que tout va bien ? Qu'est-ce qui se
6 passe chez toi ?"
7 M. Vidovic (interprétation). - Entre autres, sur la liste que
8 j'ai reçue à ma demande à la centrale figurait son numéro. Bien sûr, cela
9 m'a intéressé de savoir ce qui se passait.
10 M. Radovic (interprétation). - Qu'avez-vous entrepris ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Sur le moment j'ai appelé toutes
12 les personnes du voisinage dont le numéro ne figurait pas sur la liste des
13 pannes pour savoir ce qui se passait. Et ce jour-là, après 12 heures, j'ai
14 réussi à apprendre que ma mère était à Zume dans un abri, dans une cave,
15 dans la cave du gendre de Jozo Vrebac.
16 M. Radovic (interprétation). - Qui vous a appris cela ? Vous
17 l'avez appris directement de la bouche de quelqu'un ?
18 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je l'ai appris de la bouche
19 de la propriétaire de la maison qui était immédiatement voisine de cet
20 abri, de cette cave. Il s'agissait de Mme Ljuba Vidovic.
21 M. Radovic (interprétation). - Et Mme Ljuba Vidovic vous a-t-
22 elle dit exactement ce qui se passait ?
23 M. Vidovic (interprétation). - Oui, de façon générale elle m'a
24 dit ce qui se passait. Elle m'a dit que ma mère, ma soeur et un grand
25 nombre d'autres femmes étaient installées dans cet abri. Pour le reste,
Page 6305
1 elle m'a dit qu'il y avait des tirs mais pas grand-chose d'autre.
2 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi, le 16 avril, le
3 téléphone a-t-il été déconnecté à Stari Vitez, je parle du quartier
4 musulman de Vitez ?
5 M. Vidovic (interprétation). - Non.
6 M. Radovic (interprétation). - Et au cours de la guerre, y a-t-
7 il eu un moment quelconque où les lignes téléphoniques de Stari Vitez ont
8 été coupées ?
9 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Le deuxième ou le troisième
10 jour après le 16, le câble téléphonique a été coupé avec Stari Vitez. Le
11 câble téléphonique qui alimentait tous les abonnés de Stari Vitez ainsi
12 que de Gornja Veceriska, Donja Veceriska, Krcevine, Jardol, Divjak et tous
13 ces villages situés vers le haut, vers Stara Bila.
14 M. Radovic (interprétation). - Cette coupure du câble a-t-elle
15 été le fait des Croates ou des Musulmans ?
16 M. Vidovic (interprétation). - Avec les instruments que nous
17 avions à notre disposition, chez nous, nous sommes parvenus à confirmer de
18 façon précise la distance où se situait cette coupure du câble.
19 L'emplacement où le câble avait été coupé se trouvait dans un souterrain
20 en béton, en face de la maison d'Enes Sehic à Stari Vitez, où n'habitaient
21 que des Musulmans, n'est-ce pas.
22 M. Radovic (interprétation). - Mais par la suite, avez-vous
23 effectué une inspection visuelle, c'est-à-dire est-ce que vous-même ou
24 l'un de vos employés s'est rendu physiquement sur les lieux pour voir à
25 quel endroit s'était produit la coupure et pour constater s'il y avait une
Page 6306
1 seule coupure ou plusieurs coupures ?
2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, après la guerre, en 1994, au
3 moment où les grands câbles téléphoniques ont commencé à être réparés,
4 nous avons vu l'endroit exact où le câble avait été coupé à Stari Vitez.
5 Nous avons pu déterminer de quelle façon les câbles avaient été coupés. En
6 effet, ce n'est pas seulement à cet endroit que le câble avait été coupé,
7 mais également à cet autre endroit.
8 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous pu déterminer quel
9 avait été le moyen utilisé pour couper ces câbles ?
10 M. Vidovic (interprétation). - Oui, dans ce souterrain en béton,
11 c'est un instrument métallique qui avait été utilisé pour couper les
12 câbles, et dans les autres lieux sans doute des pinces.
13 M. Radovic (interprétation). - Mais comment la ligne a-t-elle
14 été rétablie ? Avez-vous remplacé le câble ?
15 M. Vidovic (interprétation). - Dans tous les endroits où le
16 câble avait été coupé, avec l'aide de la MJ et en utilisant tous les
17 éléments techniques de réparation à notre disposition, nous avons effectué
18 une jonction, c'est-à-dire ce que l'on appelle populairement, couramment,
19 un by-pass. Cela s'est fait au cours du mois de mai 1994.
20 M. Radovic (interprétation). - Au début de la guerre, est-ce
21 qu'une direction de guerre de la Poste s'est installée en bas, dans la
22 cave de la Poste ?
23 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
24 M. Radovic (interprétation). - Pour quelle raison ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Et bien, je suppose que cela
Page 6307
1 s'est fait parce que la Poste était la seule installation de Vitez qui
2 avait son générateur propre. Et puis, la cave, n'est-ce pas, était plus
3 sûre, donc sans doute pour des raisons de sécurité également. Et puis, il
4 y avait également à la Poste le centre de renseignement qui était
5 installé, le centre 985.
6 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire si, le
7 15 avril, vous avez regardé les informations à la télévision ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Non.
9 M. Radovic (interprétation). - L'une quelconque des personnes
10 avec laquelle vous avez établi un contact ce jour-là vous a-t-elle dit que
11 des choses particulièrement intéressantes avaient été diffusées dans les
12 bulletins d'information de la télévision ?
13 M. Vidovic (interprétation). - Non, ce jour-là je n'ai rien
14 entendu de particulier.
15 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous entendu parler de
16 l'incident qui a concerné Zivko Totic et les hommes qui l'accompagnaient
17 le 15 avril ? Avez-vous entendu parler de la mort des personnes qui
18 l'accompagnaient ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'ai entendu parler de cet
20 incident le 18 ou le 19. J'ai entendu parler de ce qui s'était passé à
21 Zenica, mais pas le 15.
22 M. Radovic (interprétation). - Connaissiez-vous le fait qu'il y
23 avait eu précédemment des incidents impliquant la création de victimes et
24 avez-vous entendu parler d'incidents causés par des Musulmans ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
Page 6308
1 M. Radovic (interprétation). - De quels incidents avez-vous
2 entendu parler ?
3 M. Vidovic (interprétation). - J'ai entendu parler d'incidents à
4 Novi Travnik et à Gornji Vakuf.
5 M. Radovic (interprétation). - En quoi consistaient ces
6 incidents ? Est-ce que vous pouvez nous raconter ce dont vous avez entendu
7 parler ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Oui, bien sûr, ce sont des
9 incidents dont j'ai entendu parler. J'ai entendu parler du fait que des
10 personnes -comment est-ce que je pourrais les appeler...- personnes
11 intéressantes pour les Musulmans avaient été arrêtées, autrement dit des
12 personnes qui étaient déjà engagées du point de vue de la défense ou du
13 point de vue d'autres tâches politiques.
14 M. Radovic (interprétation). - Dites-nous, après le 16 ou au
15 cours de la journée du 16, avez-vous entendu parler de ce qui s'était
16 passé à Ahmici ?
17 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'en ai entendu parler le 16
18 dans l'après-midi.
19 M. Radovic (interprétation). - Qu'avez-vous entendu ?
20 M. Vidovic (interprétation). - J'ai entendu dire que, à Ahmici,
21 un conflit très violent avait eu lieu ce jour-là, le 16.
22 M. Radovic (interprétation). - Quel a été le résultat de ce
23 conflit ? L'avez-vous entendu dire ?
24 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'ai entendu dire que le
25 résultat de ce conflit très violent a été un grand nombre de victimes des
Page 6309
1 deux côtés.
2 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous entendu parler du
3 nombre de tués du côté musulman et du côté croate ?
4 M. Vidovic (interprétation). - Non, ce jour-là je n'ai pas
5 entendu de nombre, j'ai simplement entendu dire qu'il y avait des
6 victimes.
7 M. Radovic (interprétation). - Dites-nous, du côté croate, avez-
8 vous entendu dire quelles personnes étaient décédées, quels membres de
9 quelles unités ?
10 M. Vidovic (interprétation). - J'ai entendu dire que
11 Mirjan Santic avait été tué.
12 M. Radovic (interprétation). - A quelle unité appartenait-il ?
13 M. Vidovic (interprétation). - Je n'en sais rien. Il venait des
14 villages environnants, je le connaissais, mais je ne sais pas à quelle
15 unité il appartenait, si toutefois il appartenait à une unité.
16 M. Radovic (interprétation). - Disposez-vous d'informations sur
17 le fait selon lequel, après le 16 avril ou au cours de la journée du
18 16 avril, la population musulmane a été emmenée dans certains centres,
19 dans certains bâtiments tels que le cinéma, en tout cas le sous-sol du
20 cinéma, pour être plus précis ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'ai entendu dire qu'un
22 groupe de Musulmans se trouvait au cinéma, mais je ne sais pas s'ils
23 étaient dans le sous-sol.
24 M. Radovic (interprétation). - Savez-vous comment ils ont été
25 libérés ?
Page 6310
1 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas, je suppose qu'il
2 y a eu un échange.
3 M. Radovic (interprétation). - Parlez-nous de votre rôle
4 politique ou militaire. Avez-vous joué un rôle politique ou un rôle
5 militaire, ou bien vous êtes-vous contenté de tenir votre astreinte au sein
6 de la Poste ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, en fait, mon rôle se
8 limitait à travailler au standard téléphonique.
9 M. Radovic (interprétation). - Vous avez dit que vous
10 connaissiez très bien Zoran Kupreskic, n'est-ce pas ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
12 M. Radovic (interprétation). - Je ne pense pas que nous avons
13 besoin d'un témoin de moralité dès à présent ou par la suite, car nous en
14 avons un ici, nous pourrions peut-être lui demander de nous parler de la
15 personnalité de Zoran Kupreskic. Pouvez-vous nous en parler plus
16 précisément ?
17 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je le connais depuis que
18 nous sommes enfants et depuis aussi longtemps que je me connais moi-même.
19 Nous avons grandi ensemble. Nous avons été à la même école pendant huit
20 ans.
21 Quant à sa personnalité, je peux dire qu'elle était tout à fait
22 similaire à la mienne. Je pourrais le décrire de la façon suivante : il
23 aimait beaucoup ses amis, même quand nous étions petits et, par la suite,
24 quand nous avons grandi, il n'a jamais été un enfant difficile ou bien
25 lunatique.
Page 6311
1 M. Radovic (interprétation). - Etait-il enclin à se battre, à se
2 disputer ?
3 M. Vidovic (interprétation). - Non. Il avait un esprit de
4 compétition et nous essayions toujours d'être les meilleurs surtout à
5 l'école et d'avoir les meilleures notes possibles, d'obtenir un 5.
6 M. Radovic (interprétation). - Eh bien, nous devons préciser à
7 la Chambre de première instance que dans nos écoles, le 5 est la meilleure
8 note possible.
9 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement, nous étions
10 les meilleurs à l'école.
11 M. Radovic (interprétation). - Ensuite, que s'est-il passé ?
12 Comment a-t-il évolué ?
13 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, il a terminé l'école à
14 Novi Travnik. C'était une école consacrée à la technique. Une école
15 consacrée à la construction également. Par la suite, nous sommes allés
16 ou... il est allé plus précisément à la faculté à Zenica. Et il avait une
17 personnalité très forte, très intègre. Il était prêt à consacrer beaucoup
18 de temps à son travail.
19 M. Radovic (interprétation). - Que faisait-il après l'école,
20 quand il n'allait pas à l'école ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Il jouait de la musique. Il
22 participait à un groupe folklorique. C'était une de ses passions, donc
23 c'était une personne très sociable.
24 Il est vrai qu'il est très sociable, il a une image très
25 positive au regard de ses amis. Et tout le monde sait qu'en tant
Page 6312
1 qu'entraîneur, que directeur du groupe folklorique, c'était sans doute lui
2 que les gens préféraient.
3 M. Radovic (interprétation). - Comment décririez-vous
4 Mirjan Kupreskic ?
5 M. Vidovic (interprétation). - Mirjan était plus jeune de
6 quelques années. Je ne le connaissais pas aussi bien par conséquent que
7 Zoran, car il était plus jeune. Mais en grandissant il s'est avéré qu'il
8 avait la même personnalité et les mêmes goûts que Zoran.
9 M. Radovic (interprétation). - Etaient-ils respectés sur leur
10 lieu de travail et dans la société en général ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement à la fois au
12 travail et ailleurs dans tout Vitez.
13 M. Radovic (interprétation). - Par toute la communauté croate ou
14 par les autres également ?
15 M. Vidovic (interprétation). - Non, par tout le monde, respectés
16 par tous.
17 M. Radovic (interprétation). - Après une telle description de
18 Zoran et Mirjan Kupreskic, pensez-vous qu'il soit possible qu'ils aient pu
19 tuer quelqu'un, incendier leur maison, tuer des enfants ?
20 M. Vidovic (interprétation). - Non absolument pas. Même dans mon
21 inconscient, je ne pourrais pas envisager qu'une telle chose soit
22 possible.
23 M. Radovic (interprétation). - Merci. Monsieur le Président, je
24 n'ai plus de questions.
25 M. le Président (interprétation). - Merci Maître Radovic. Les
Page 6313
1 autres conseils de la défense ont-ils l'intention de mener un
2 interrogatoire principal de ce témoin ?
3 (Me Glumac fait un signe affirmatif de la tête.)
4 Mme Glumac (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
5 Monsieur Vidovic, quelques questions seulement. Vous avez dit que, le
6 20 octobre 1992, les Musulmans ne se sont pas présentés au travail à la
7 Poste, est-ce bien exact ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
9 Mme Glumac (interprétation). - En vertu de la loi en vigueur à
10 l'époque, une absence de plus de cinq jours avait-elle des répercussions ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Oui effectivement, la personne
12 perdait son travail.
13 Mme Glumac (interprétation). - Et des procédures ont-elles été
14 entamées à l'encontre de ces individus afin qu'ils soient licenciés ?
15 M. Vidovic (interprétation). - Non.
16 Mme Glumac (interprétation). - Qui était votre adjoint au poste
17 ou à la Poste ?
18 M. Vidovic (interprétation). - C'était Azim Arnavtovic.
19 Mme Glumac (interprétation). - De quelle nationalité était-il ?
20 Ou plutôt quelles étaient sa tâche et sa formation professionnelle ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Il était ingénieur en
22 télécommunications.
23 Mme Glumac (interprétation). - Et quelle était sa nationalité ?
24 M. Vidovic (interprétation). - Il était Musulman.
25 Mme Glumac (interprétation). - A votre connaissance, puisque
Page 6314
1 vous étiez sans doute en contact avec des entreprises de Vitez, vous aviez
2 sûrement une bonne connaissance de la situation, la répartition, la
3 composition du personnel ou bien de l'équipe de direction a-t-elle été
4 modifiée au cours de 1992 ou 1993 à Vitez ?
5 M. Vidovic (interprétation). - A ma connaissance, non, il n'y a
6 eu aucun changement que ce soit au sein de l'équipe de direction ou bien
7 au sein du personnel en général.
8 Mme Glumac (interprétation). - La Poste est l'une des entités
9 publiques, n'est-ce pas, de Vitez ?
10 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
11 Mme Glumac (interprétation). - Donc contrôlée par l'Etat dans
12 une certaine mesure ?
13 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
14 Mme Glumac (interprétation). - Après les élections et jusqu'au
15 déclenchement de la guerre, y a-t-il eu des tentatives ou des initiatives
16 d'une quelconque partie de la population de la municipalité visant à faire
17 signer ou à faire prêter à la population allégeance vis-à-vis du HVO ?
18 M. Vidovic (interprétation). - Non, en tout cas pas à ma
19 connaissance.
20 Mme Glumac (interprétation). - Je vais maintenant vous poser une
21 question sur Ahmici. Votre mère et votre soeur vivaient là-bas ainsi que
22 votre frère, n'est-ce pas ?
23 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
24 Mme Glumac (interprétation). - Où était votre frère entre 1992
25 et 1993 ? Comment s'appelait-il ?
Page 6315
1 M. Vidovic (interprétation). - Mon frère s'appelle
2 Mirko Vidovic. Et à l'époque, il était à Ahmici ou plutôt à Pirici jusqu'à
3 la seconde moitié de mars 1993.
4 Mme Glumac (interprétation). - Ensuite, où est-il allé et où se
5 trouvait sa famille à l'époque ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, au cours de la première
7 partie de 1992, sa femme et ses deux enfants se sont rendus chez sa mère
8 en Allemagne.
9 Mme Glumac (interprétation). - Pourquoi sont-ils partis ?
10 M. Vidovic (interprétation). - Parce qu'à l'époque ils avaient
11 sans doute peur, peur d'une agression serbe ou d'une agression d'une autre
12 partie, je ne sais pas exactement. Je crois que c'est la raison pour
13 laquelle sa femme et ses enfants sont partis.
14 Mme Glumac (interprétation). - Et lui est parti en 1993, à la
15 mi-mars, n'est-ce pas ?
16 M. Vidovic (interprétation). - Oui, oui. Il est allé les
17 chercher. Il n'a pas réussi à revenir au pays avant 1994.
18 Mme Glumac (interprétation). - Votre frère était-il un ami de
19 Mirjan Kupreskic ? Ont-ils dû travailler ensemble en 1992, 1993 ? En avez-
20 vous parlé ? Ne répondez que si vous savez.
21 M. Vidovic (interprétation). - Oui, ils étaient de très bons
22 amis. Ils se rendaient visite régulièrement et je crois qu'effectivement
23 ils avaient exécuté certaines tâches ensemble.
24 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit être intervenu, ou
25 avoir tenté de rentrer en contact avec votre mère afin de savoir où elle
Page 6316
1 se trouvait à ce moment-là, le 16 avril. Avez-vous essayé également de
2 déterminer où se trouvait votre soeur, avez-vous parlé de la situation à
3 Vitez également, de ce type de choses ? Y a-t-il eu des événements, des
4 incidents avant cela qui ont provoqué une certaine anxiété chez vous et
5 qui vous ont incité à les faire partir, par exemple ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement, j'étais en
7 contacts très réguliers avec ma mère et avec ma sœur chaque fois qu'un
8 incident se produisait, même un incident un peu éloigné de chez elles,
9 parce qu'elles habitaient seules. Et moi, je craignais pour leur sécurité.
10 Par conséquent, très régulièrement, je les prévenais et je leur disais que
11 si quoi que ce soit se produisait, elles devaient se rendre vers les
12 maisons des Kupreskic et quelles qu'elles soient, parce que je pensais
13 qu'elles seraient plus en sécurité là-bas que chez elles.
14 Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous si Fahrudin Ahmic
15 était un ami de Zoran et de Mirjan Kupreskic ? Je parle de Fahrudin Ahmic
16 qui jouait d'un instrument de physique dans le cadre de ce groupe
17 folklorique ?
18 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je sais qu'ils étaient de
19 très bons amis, et pendant de nombreuses années ils ont joué de la musique
20 ensemble et ont été membres de ce groupe folklorique.
21 Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous s'il est resté membre
22 du groupe jusqu'au déclenchement de la guerre ?
23 M. Vidovic (interprétation). - Oui, absolument.
24 Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous jamais entendu Zoran ou
25 Mirjan Kupreskic exprimer des vues, des opinions extrémistes ?
Page 6317
1 M. Vidovic (interprétation). - Non, jamais.
2 Mme Glumac (interprétation). - Etaient-ils engagés
3 politiquement ?
4 M. Vidovic (interprétation). - Je pense que Zoran l'était, mais
5 pour une courte période, dans la communauté locale, avec moi.
6 Mme Glumac (interprétation). - A quelle époque ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Peut-être en 1980, 1981, ou
8 plutôt 1981, 1982.
9 Mme Glumac (interprétation). - Etait-il membre de la Ligue des
10 communistes puisque vous dites qu'il était engagé à l'époque au niveau de
11 la communauté locale ?
12 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement, oui, il était
13 membre de la Ligue des communistes.
14 Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous si l'un ou l'autre ont
15 continué à participer à des activités politiques après cela ?
16 M. Vidovic (interprétation). - Non, je ne pense pas, ni l'un ni
17 l'autre.
18 Mme Glumac (interprétation). - Les avez-vous jamais entendu
19 apporter leur soutien à des opinions extrémistes croates dans une
20 quelconque conversation ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Je ne les ai jamais entendu
22 parler de la sorte et exprimer des opinions extrémistes.
23 Mme Glumac (interprétation). - Merci, je n'ai plus de questions.
24 M. le Président (interprétation). - Merci, Maître Slokovic-
25 Glumac. Y a-t-il d'autres conseils qui souhaitent contre-interroger le
Page 6318
1 témoin ?
2 M. Pavkovic (interprétation). - Bonjour, Madame et Messieurs les
3 Juges. Je voudrais vous informer que Borislav Krajina, Luka Susak et
4 Me Puliselic souhaitent également contre-interroger ce témoin.
5 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Krajina ?
6 M. Krajina (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
7 Bonjour, Monsieur Vidovic.
8 M. Vidovic (interprétation). - Bonjour.
9 M. Krajina (interprétation). - Je m'appelle Borislav Krajina, je
10 défends Vlatko Kupreskic, l'accusé. Je voudrais vous poser un certain
11 nombre de questions. Vous avez dit il y a quelques instants que votre
12 frère, Mirko Vidovic, a quitté la municipalité de Vitez au cours de la
13 seconde moitié de mars 1993 et qu'il s'est rendu en Allemagne afin d'aller
14 chercher les membres de sa famille, et qu'il n'a réussi à revenir
15 qu'en 1994. Est-ce bien exact ? Vous ai-je bien compris ?
16 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
17 M. Krajina (interprétation). - A cet égard , je souhaiterais que
18 vous répondiez avec certitude à la question suivante : votre frère,
19 Mirko Vidovic, était-il à Ahmici et à Pirici le 15 avril 1993, par
20 conséquent la veille du début du conflit ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Non, non, il était en Allemagne,
22 j'en suis tout à fait certain.
23 M. Krajina (interprétation). - Merci. Je souhaiterais également
24 vous poser la question suivante : connaissez-vous Vlatko Kupreskic ? Le
25 voyez-vous dans cette salle ?
Page 6319
1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, tout à fait, j'ai grandi
2 avec lui également.
3 M. Krajina (interprétation). - Très bien. Pourriez-vous nous
4 dire depuis combien de temps vous connaissez Vlatko Kupreskic ? Vous avez
5 dit que vous avez grandi ensemble. Est-ce que vous étiez voisins ? Avez-
6 vous travaillé ensemble ? Etes-vous allés à la même école ? Pouvez-vous
7 nous en parler un peu plus longuement ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je connais Vlatko et Zoran
9 depuis aussi longtemps que je me connais moi-même. Nous avons grandi
10 ensemble et nous sommes amis depuis l'enfance. Et très fréquemment,
11 pendant toute la période que j'ai passée là-bas, nous nous sommes vus. Et
12 puis aussi par la suite, bien que moins souvent, je dois l'admettre.
13 M. Krajina (interprétation). - Et à quelle école est allé
14 Vlatko Kupreskic ? Le savez-vous ?
15 M. Vidovic (interprétation). - Oui, après l'école élémentaire il
16 a suivi des cours d'économie à Travnik, et ensuite il est allé à
17 l'université de Zenica où il a fait des études d'économie également, où il
18 a obtenu son diplôme.
19 M. Krajina (interprétation). - Savez-vous si Vlatko Kupreskic,
20 juste avant la guerre et au cours du conflit et après le conflit, a jamais
21 été engagé politiquement ?
22 M. Vidovic (interprétation). - A ma connaissance, jamais. Ni
23 avant ni après la guerre.
24 M. Krajina (interprétation). - Très bien. Savez-vous s'il a pris
25 la parole au cours de rassemblement politique ?
Page 6320
1 M. Vidovic (interprétation). - Non, jamais.
2 M. Krajina (interprétation). - Mais que faisait-il à l'époque
3 exactement ?
4 M. Vidovic (interprétation). - Oui je le sais. Je crois qu'il
5 avait monté une entreprise propre, c'était une entreprise d'échanges
6 commerciaux. Outre le travail qu'il avait à l'entreprise Vitezit.
7 Vlatko jouait également d'un instrument dans des restaurants,
8 dans des hôtels, ce genre de choses.
9 M. Krajina (interprétation). - Savez-vous si Vlatko Kupreskic a
10 fait son service militaire ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Non, il n'a pas fait son service
12 militaire à cause de problèmes de santé, il n'était pas apte au service
13 militaire.
14 M. Krajina (interprétation). - Ne l'avez-vous jamais vu porter
15 un uniforme militaire ou une arme ?
16 M. Vidovic (interprétation). - Non, jamais.
17 M. Krajina (interprétation). - Savez-vous si Vlatko Kupreskic
18 souffre de problème cardiaque ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Je me souviens que lorsque
20 nous étions venus lui dire au revoir alors qu'il allait se faire opérer du
21 coeur, nous étions à l'école primaire à ce moment-là dans la deuxième
22 classe, au CM1.
23 M. Krajina (interprétation). - Vous avez dit avoir grandi à
24 Pirici. Aviez-vous des voisins musulmans ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
Page 6321
1 M. Krajina (interprétation). - Quelle était l'attitude de
2 Vlatko Kupreskic vis-à-vis de ses voisins musulmans, le savez-vous, avant
3 la guerre, pendant la guerre et après la guerre ?
4 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je le sais. Il était en bons
5 termes avec ses voisins. Il était très fréquent qu'il aille jouer de son
6 instrument chez différents voisins à Ahmici quand, par exemple, les hommes
7 partaient à l'armée, Muhamed Patkovic, par exemple, et Berbic également,
8 dont je ne connais pas le prénom, entre autres.
9 Et je crois que son attitude se reflétait dans son magasin. Il
10 avait construit ce bâtiment de Vezeprodaja, et par exemple certains
11 Musulmans ont travaillé pour lui : Hazim Ahmic de Gornji Pirici, par
12 exemple.
13 M. Krajina (interprétation). - Une question encore : vous avez
14 dit avoir grandi ensemble et très bien connaître Vlatko Kupreskic. Alors,
15 pouvez-vous nous parler de la personnalité de Vlatko Kupreskic ? Quelle
16 était sa personnalité d'enfant, d'adulte, d'adolescent ? Quelle était sa
17 réputation dans votre région ?
18 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je vais dire quelque
19 chose qui ressemble à ce que j'ai dit au sujet de Zoran. Quand nous étions
20 enfants, nous allions tous à la même école, nous étions animés par un
21 esprit de compétition. Nous essayions d'être les meilleurs. Chacun d'entre
22 nous s'était fixé un objectif dans la vie. Nous voulions terminer nos
23 études, subvenir à nos besoins et à ceux de notre famille de façon
24 acceptable. Je crois que c'était un trait de caractère propre aux hommes
25 bons. Et je crois que c'est la description qu'on peut faire de la
Page 6322
1 personnalité de Vlatko également.
2 Et puis, si nous avançons dans le temps, si l'on parle de ses
3 rapports avec ses amis, ses collègues, on peut dire qu'il était tout à
4 fait doué pour établir une bonne ambiance. Il savait divertir les gens et,
5 comme je l'ai déjà dit, il a passé une certaine partie de sa vie
6 professionnelle à divertir les autres.
7 M. Krajina (interprétation). - Mais parfois, s'est-il laissé
8 aller à certains comportements excessifs ? A des comportements agressifs ?
9 M. Vidovic (interprétation). - Non, à ma connaissance, non.
10 M. Krajina (interprétation). - Merci, Monsieur Vidovic. Merci,
11 Monsieur le Président, je n'ai plus de questions.
12 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Susak.
13 M. Susak (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
14 Bonjour Monsieur Vidovic. Je défends M. Drago Josipovic. Je
15 m'appelle Luko Susak et je voudrais vous poser un certain nombre de
16 questions.
17 Vous avez dit être originaire de Pirici. Connaissez-vous
18 l'entreprise Vrtjenica de Vitez ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
20 M. Susak (interprétation). - Vous savez que cette entreprise
21 existait. Savez-vous que l'entreprise avait un entrepôt à Santici ?
22 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement.
23 M. Susak (interprétation). - Et qu'on a surnommé cet entrepôts
24 Ogrjev et que l'adresse est Santici BB, sans numéro. Pouvez-vous nous dire
25 où se trouve exactement ce hangar, cet entrepôt ?
Page 6323
1 M. Vidovic (interprétation). - Oui. L'entrepôt se trouve le long
2 de la route principale. Entre la gare ferroviaire de Vitez et Kaonik ou
3 bien, pour être plus exact, entre le café Pisan et la route qui mène vers
4 Ahmici et Pirici.
5 M. Susak (interprétation). - Par conséquent, c'est la route
6 principale dont vous parlez ? Et l'endroit qui se situe entre Travnik et
7 Kaonik ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
9 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous dire s'il y a une
10 barrière autour du hangar ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement tout autour du
12 hangar.
13 M. Susak (interprétation). - De quelle barrière s'agit-il
14 exactement ? Est-ce un mur en béton ou bien en métal ou bien s'agit-il de
15 fils de fer barbelés ?
16 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, cette barrière est
17 constituée de plaques de béton et sur ces plaques, il y a des grilles en
18 métal.
19 M. Susak (interprétation). - Mais y a-t-il un espace entre ces
20 grilles et ces plaques ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Oui effectivement il y a une
22 certaine distance dans ce maillage.
23 M. Susak (interprétation). - Et quelle est cette distance ? Quel
24 est l'espace ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Il s'agit de trous en forme de
Page 6324
1 carrés, peut-être qu'ils font 30 sur 30 ou 15 sur 15 centimètres.
2 M. Susak (interprétation). - Ma question suivante sera celle-
3 ci : peut-on passer par-dessus la barrière étant donné la configuration de
4 la barrière même, comme on pourrait le faire grâce à une échelle ?
5 M. Vidovic (interprétation). - Oui, on peut passer par-dessus ce
6 type de barrière comme on pourrait grimper à une échelle en quelque sorte.
7 M. Susak (interprétation). - Nous avons consulté une
8 photographie aérienne et nous avons vu le portail qui permet de rentrer
9 dans le hangar, où la porte d'entrée plus précisément. Je crois qu'il y a
10 eu quelques malentendus. Ma question sera la suivante : cette entrée qui
11 permet d'accéder à la cour devant le hangar est-elle également la porte
12 qui donne sur le côté de la route principale ? Pour être plus précis,
13 cette porte d'entrée donne-t-elle sur la route principale ou de l'autre
14 côté de la route ?
15 M. Vidovic (interprétation). - L'entrée qui permet d'accéder à
16 Ogrjev ne se trouve pas sur la route principale. Elle se trouve du côté du
17 parking, par conséquent sur le côté du hangar.
18 M. Susak (interprétation). - Par conséquent, du côté du parking,
19 donc sur le côté et pas sur la route principale, c'est cela ?
20 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
21 M. Susak (interprétation). - A l'entrée, la porte est-elle
22 simple ou double ?
23 M. Vidovic (interprétation). - Je crois qu'il y a deux
24 battants : un grand et un petit.
25 M. Susak (interprétation). - A quoi servent-ils ? Ces
Page 6325
1 deux battants sont-ils reliés ? Vous vous souviendrez de la configuration
2 de l'entrée : la grande porte est fermée à moins quelqu'un ait besoin de
3 sortir des matériaux. Parfois, ou généralement, les gens qui arrivent à
4 Ogrjev garent leur voiture sur le parking et entrent dans l'enceinte
5 d'Ogrjev par la première porte, la petite porte, à pied donc. Par
6 conséquent, quand des véhicules doivent rentrer dans la cour, il faut
7 ouvrir la deuxième porte, la porte plus grande, afin de pouvoir amener des
8 matériaux à l'intérieur, dans l'enceinte d'Ogrjev. C'est bien exact ?
9 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
10 M. Susak (interprétation). - Savez-vous où se trouve le poste du
11 garde au sein de l'enceinte d'Ogrjev ?
12 M. Vidovic (interprétation). - Oui, dans un coin il y a une
13 petite cabane, une petite maison destinée aux gardes.
14 M. Susak (interprétation). - Quand vous dites "cabane", s'agit-
15 il simplement d'un petit bâtiment à un seul étage ou y a-t-il plusieurs
16 étages ?
17 M. Vidovic (interprétation). - Non, c'est une petite cabane d'un
18 seul étage. Quand je dis petite, c'est une maison de petites dimensions.
19 M. Susak (interprétation). - Y a-t-il des fenêtres, une porte
20 d'entrée ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il y a une porte et des
22 fenêtres.
23 M. Susak (interprétation). - Y a-t-il des vitres ? A quoi
24 ressemble ces ouvertures dans les murs ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il s'agit de fenêtres tout à
Page 6326
1 fait classiques avec des vitres.
2 M. Susak (interprétation). - Puisque nous parlons de fenêtres,
3 je voudrais savoir si les fenêtres se trouvent sur un seul côté de ce
4 poste de garde ou si elles sont passées sur différents côtés de cette
5 cabane ?
6 M. Vidovic (interprétation). - D'après mes souvenirs, je crois
7 qu'une fenêtre donne vers l'ouest et une autre vers le sud, donc une vers
8 l'ouest et l'autre vers le sud.
9 M. le Président (interprétation). - Maître Susak, avez-vous
10 encore beaucoup de questions à poser au témoin ?
11 M. Susak (interprétation). - Oui, encore un certain nombre, oui.
12 Pendant dix à quinze minutes, peut-être.
13 M. le Président (interprétation). - Très bien, nous allons donc
14 faire une pause.
15 (Suspendue à 10 heures 35, l'audience est reprise à
16 11 heures 05.)
17 M. le Président (interprétation). - Maître Pavkovic, je vous en
18 prie.
19 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, Madame le
20 Juge, Monsieur le Juge, la défense voudrait soulever une objection à la
21 procédure du Procureur. Deux minutes avant que vous arriviez, nous venons
22 de recevoir ces documents.
23 Par conséquent si une partie de ces documents fait l'objet du
24 contre-interrogatoire du Procureur, à ce moment-là, nous faisons objection
25 car la défense ne pouvait même pas en prendre connaissance, même pas en
Page 6327
1 partie. C'est la raison pour laquelle je vais vous demander, Monsieur le
2 Président, d'en tenir compte.
3 D'un autre côté, il y a un certain nombre de documents dont les
4 copies sont tellement mauvaises que l'on ne peut même pas les lire, lire
5 la teneur de ces documents. Je vous remercie, Monsieur le Président.
6 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.
7 Maître Terrier, je vous en prie.
8 M. Terrier. - Une simple observation. Il n'est évidemment pas
9 question d'utiliser l'un de ces documents dans le contre-interrogatoire de
10 ce témoin présent. Mais nous entendons nous réserver la possibilité
11 d'utiliser l'un ou l'autre de ces documents lors de contre-interrogatoires
12 ultérieurs. C'est justement pour permettre à la défense de mieux se
13 préparer à ces audiences que nous avons choisi de communiquer ces
14 documents.
15 S'agissant de la mauvaise qualité de ces documents dénoncée par
16 Me Pavkovic, je veux bien l'admettre, nous allons faire des efforts pour
17 essayer de l'améliorer mais, pour le moment, nous n'avons pas réussi à
18 donner de meilleurs documents de meilleure qualité.
19 M. le Président. - Merci, très bien, donc pas de problème.
20 Maître Susak ?
21 M. Susak (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Nous
22 avons été au niveau d'Ogrjev, ce sont les questions à ce sujet que je vous
23 ai posées avant la pause. Vous avez dit que, du côté ouest du poste de
24 garde, il y avait une fenêtre. Vous avez dit également que, du côté sud,
25 il y avait une fenêtre et que les deux étaient vitrées. Pourriez-vous nous
Page 6328
1 dire quelle était la direction de la fenêtre ouest ?
2 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas dans quelle
3 direction, s'il vous plaît.
4 M. Susak (interprétation). - Mais si vous regardez à travers la
5 fenêtre ouest, que voyiez-vous ? C'est à cela que je pensais, excusez-moi.
6 M. Vidovic (interprétation). - A ce moment-là, à travers la
7 fenêtre, nous voyions Vitez, c'est la direction de Vitez.
8 M. Susak (interprétation). - Et la fenêtre sud ?
9 M. Vidovic (interprétation). - Nous voyions à travers la fenêtre
10 sud sur la route, vers Travnik.
11 M. Susak (interprétation). - Et en ce qui concerne cette fenêtre
12 qui voit sur Travnik et Kaonik, à qui les maisons que vous voyiez
13 appartiennent-elles ?
14 M. Vidovic (interprétation). - La maison la plus proche est la
15 maison de Avdo Bectrevic, nous l'appelions "le gendre de Mujaga". Je pense
16 que son nom est Bectrevic et tout de suite derrière est la maison de Murad
17 Dzidic ; un peu plus haut, la maison de Sefik Pezer, et ensuite à droite
18 par rapport à Murad Dzidic c'est la maison de Mehmed Ahmic ; ensuite
19 encore vers la droite la maison de Smail Ahmic et ensuite en-dessous,
20 celle de Mujo Ahmic, son fils, Mujo Ahmic.
21 M. Susak (interprétation). - Les maisons que vous avez
22 énumérées, vous avez énuméré les propriétaires également, s'agit-il de
23 Musulmans ?
24 M. Vidovic (interprétation). - Oui, tous sont des Musulmans.
25 M. Susak (interprétation). - Par conséquent, la fenêtre ouest du
Page 6329
1 poste de garde donne sur les maisons dont les propriétaires sont des
2 Musulmans ?
3 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
4 M. Susak (interprétation). - Peut-on dire exclusivement des
5 Musulmans ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Oui, juste à côté de l'entrepôt
7 Ogrjev, que des Musulmans.
8 M. Susak (interprétation). - Quand on regarde la grille et du
9 côté ouest, était-il facile d'enjamber et de passer pour se retrouver sur
10 la route du macadam ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Oui, on a pu bien évidemment
12 enjamber facilement cette grille d'armature, d'un côté ou de l'autre.
13 M. Susak (interprétation). - Eh bien, pouvez-vous nous dire si,
14 sous cet angle, le poste du garde, je pense à l'angle entre le poste du
15 garde et cette grille de fer, pouvait-on voir le côté sud, par conséquent
16 une partie de Santici en regardant par la route ?
17 M. Vidovic (interprétation). - Une partie, oui, mais pas
18 entièrement.
19 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous dire où se trouve
20 la maison de Drago Santic ? Est-ce de l'autre côté de la route ou bien
21 ailleurs ?
22 M. Vidovic (interprétation). - De Drago Santic ?
23 M. Susak (interprétation). - Excusez-moi, de Drago Josipovic.
24 M. Vidovic (interprétation). - En ce qui concerne la maison de
25 Drago Josipovic, elle est en face de l'entrepôt Ogrjev, en d'autres termes
Page 6330
1 à droite par rapport à la route principale, en direction de Travnik.
2 M. Susak (interprétation). - Est-ce qu'elle se trouve du côté
3 sud par rapport au poste de garde ?
4 M. Vidovic (interprétation). - Oui, du côté sud, effectivement.
5 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous me dire quelles sont
6 les maisons qui entourent la maison de Drago Josipovic ? Y a-t-il des
7 maisons qui appartiennent aux Musulmans et qui se trouvent dans le
8 voisinage de Drago Josipovic ? Je vais être plus précis : pouvez-vous nous
9 dire également quelle était également la répartition de ces maisons autour
10 de la maison de Drago Josipovic, s'il vous plaît ?
11 M. Vidovic (interprétation). - D'accord. A l'ouest par rapport à
12 la maison de Drago Josipovic et à une distance d'une trentaine de mètres
13 se trouve la maison de ses parents et ensuite de son frère nommé Miro.
14 Derrière les maisons de ses parents, de son frère Miro, à une distance de
15 cinq mètres à peu près, se trouve la maison de Hazim Ahmic et tout de
16 suite à côté, du côté sud, je parle du sud par rapport à la maison de
17 Sakib Ahmic, à cinq mètres, c'est la maison de son fils Fahrudin, surnommé
18 Fahran Ahmic, fils de Hazim Ahmic.
19 M. le Président (interprétation). - Excusez-moi, je vous
20 interromps, mais j'aimerais tout simplement savoir si vous allez continuer
21 dans ce sens-là votre interrogatoire. Nous savons où se trouvent les
22 localités et nous avons donc une carte aérienne, par conséquent j'aimerais
23 savoir si c'est indispensable de savoir où se trouvent toutes ces maisons.
24 M. Susak (interprétation). - Les témoins du Procureur ont parlé
25 différemment. C'est la raison pour laquelle on a voulu dire quelle était
Page 6331
1 la répartition.
2 M. le Président (interprétation). - Mais ça, nous le savons,
3 nous avons vu la carte.
4 M. Susak (interprétation). - Mais j'ai pratiquement terminé, je
5 voulais simplement que vous ayez un tableau beaucoup plus complet. Nous
6 allons terminer notre interrogatoire.
7 M. Susak (interprétation). - Est-ce que vous m'entendez, s'il
8 vous plaît ?
9 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
10 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quelles sont
11 les maisons qui se trouvent du côté Est par rapport à la maison de
12 Drago Josipovic ?
13 M. Vidovic (interprétation). - Côté Est ?
14 M. Susak (interprétation). - Oui, vous avez parlé des
15 propriétaires des maisons musulmanes de Faroun et Mahim Ahmic. Voulez-vous
16 nous dire maintenant à quelle distance sont les maisons du côté est ?
17 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, à une cinquantaine de
18 mètres à peu près à l'est. Il y a la maison de Jozo Santic, ensuite, du
19 côté est, en-dessous par rapport à la maison de Jozo Santic, se trouve la
20 maison de Vlado Santic, le fils de Jozo Santic.
21 Il y a également une autre maison, je pense que personne n'y
22 habite mais le propriétaire, à mon avis, est un cousin de ces Santic, mais
23 je pense qu'elle n'a pas encore été construite jusqu'au bout.
24 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous me dire, s'il vous
25 plaît, à quelle distance se trouve cette maison par rapport à celle de
Page 6332
1 Drago Josipovic ?
2 M. Vidovic (interprétation). - 50 mètres.
3 M. Susak (interprétation). - Donc c'est beaucoup plus près par
4 rapport aux maisons que vous avez citées tout à l'heure ?
5 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
6 M. Susak (interprétation). - Avez-vous connu Drago Josipovic ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
8 M. Susak (interprétation). - Vous, vous étiez engagé
9 politiquement. Pouvez-vous nous dire si Drago Josipovic était engagé
10 politiquement, avait-il éventuellement participé au pouvoir ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Moi je connais Drago, je le
12 connais depuis que nous étions tout jeunes et il n'a jamais été engagé
13 politiquement.
14 M. Susak (interprétation). - Est-ce que vous savez en quels
15 termes il était avec ses voisins musulmans ?
16 M. Vidovic (interprétation). - A ma connaissance, il était en
17 bons termes avec tous les voisins. Il était en bons termes, notamment avec
18 les voisins qui étaient du côté Ouest, avec Hasim et ses fils.
19 M. Susak (interprétation). - Savez-vous si éventuellement
20 Drago Josipovic avait fait un excès ? Avait-il été poursuivi du point de
21 vue pénal ?
22 M. Vidovic (interprétation). - Non, à ma connaissance non.
23 M. Susak (interprétation). - Savez-vous où il avait travaillé
24 auparavant ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il a travaillé à l'usine, à
Page 6333
1 l'usine SPS. C'est un département qui s'appelait Sintevit à mon avis.
2 M. Susak (interprétation). - A-t-il fait du sport à Ahmici ou à
3 Santici ?
4 M. Vidovic (interprétation). - Pas d'une manière très active,
5 mais il était sympathisant et je pense qu'à un moment donné il aidait
6 également la direction du club de football et il avait donc soutenu ce
7 club et ce club était nommé NK Santic.
8 M. Susak (interprétation). - Avait-il une certaine renommée à
9 Ahmici, à Santici ?
10 M. Vidovic (interprétation). - Oui, Drago est quelqu'un de très
11 calme et il a effectivement bénéficié d'une renommée dans son village.
12 M. Susak (interprétation). - Monsieur le Président je n'ai plus
13 de questions à poser, je vous en remercie.
14 M. le Président (interprétation). - Merci, Maître Susak. C'est
15 maintenant Me Puliselic qui a la parole.
16 M. Puliselic (interprétation). - Bonjour Monsieur Vidovic. Je
17 m'appelle Me Puliselic et je suis le conseil de Dragan Papic et j'aimerais
18 vous poser un certain nombre de questions, si vous le voulez bien.
19 Vous avez dit que jusqu'en 1990 ou plutôt qu'à partir de 1990,
20 vous habitez Vitez et qu'auparavant vous habitiez Busovaca, si je vous ai
21 bien compris ?
22 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
23 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit également que
24 vous êtes né à Pirici et que c'est là-bas que vous avez grandi. Est-ce que
25 vous êtes allé souvent à Pirici et où alliez-vous ?
Page 6334
1 M. Vidovic (interprétation). - Pendant que je vivais et que je
2 travaillais à Busovaca, je passais pratiquement tous les weeks-ends chez
3 mes parents à Pirici et c'est chez eux que je descendais, de temps en
4 temps chez mes voisins également, si par exemple il y avait une fête ou
5 bien une autre manifestation.
6 M. Puliselic (interprétation). - Connaissez-vous Dragan Papic ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je le connais.
8 M. Puliselic (interprétation). - D'où le connaissez-vous ?
9 M. Vidovic (interprétation). - Dragan Papic est plus jeune par
10 rapport à moi. Il appartient à une autre génération et nous n'étions pas,
11 nous n'avons pas grandi ensemble. Mais après, quand nous sommes devenus
12 majeurs, je l'ai connu et puis j'étais en très bons termes avec son père
13 et en plus nous sommes des voisins.
14 M. Puliselic (interprétation). - Puis-je constater que vous le
15 connaissiez bien ?
16 M. Vidovic (interprétation). - Oui, relativement.
17 M. Puliselic (interprétation). - Savez-vous où il avait
18 travaillé ? Où Dragan Papic travaillait-il ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Dragan Papic est technicien
20 forestier et il a travaillé, il a été chargé de travailler dans la forêt.
21 Il a travaillé avec mon beau-père.
22 M. Puliselic (interprétation). - Comment s'appelle-t-il ?
23 M. Vidovic (interprétation). - Feu mon beau-père s’appelait
24 Andrija Musa.
25 M. Puliselic (interprétation). - Voyez-vous ici dans le prétoire
Page 6335
1 Dragan Papic ?
2 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
3 M. Puliselic (interprétation). - Remarquez-vous quelque chose
4 sur son visage qui serait particulier ?
5 M. Vidovic (interprétation). - Je vois qu'il a une barbe et pas
6 autre chose.
7 M. Puliselic (interprétation). - Savez-vous qu'à la fin de 1992
8 ou éventuellement 1993, il portait la barbe ?
9 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il portait une barbe qui
10 était un peu plus longue que maintenant.
11 M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous dire
12 qu'éventuellement Dragan Papic pourrait avoir une position nationaliste,
13 qu'il serait engagé politiquement vis-à-vis des Musulmans ?
14 M. Vidovic (interprétation). - Non. Connaissant son père, je
15 pense même que cela ne serait même pas possible parce qu'il est connu que
16 son père avait été en très très bons termes avec des Musulmans à Ahmici et
17 notamment quand il s'agissait de la mise en place de ce château d'eau. Je
18 pense que toute la famille Papic, et d'ailleurs je le constate, était en
19 très bons termes avec (expurgé).
20 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire également
21 comment Dragan Papic organisait ses loisirs, si vous le savez bien
22 évidemment, en dehors de son travail ?
23 M. Vidovic (interprétation). - Ensemble, avec son frère Goran,
24 ils réparaient les voitures des particuliers.
25 M. Puliselic (interprétation). - Avait-il également réparé les
Page 6336
1 voitures aux Musulmans ?
2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, ceux qui étaient dans le
3 voisinage.
4 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez déjà dit quelque
5 chose sur son père, Ivo Papic, savez-vous que même en ce moment il est en
6 train de poser les tuyaux pour l'aqueduc aux Musulmans ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas en ce moment s'il
8 est engagé sur cette installation à Ahmici mais, en revanche, je sais
9 qu'il travaille à Kremenik Grbavica pour l'entretien de ces installations
10 d'aqueduc. Et je sais qu'à Grbavica, un certain nombre ont été
11 reconstruits et réparés et tous les Musulmans y sont retournés.
12 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit qu'il avait
13 également posé les tuyaux d'aqueduc dans la mosquée.
14 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je m'en souviens.
15 M. Puliselic (interprétation). - Vous souvenez-vous qu'à ce
16 moment-là Dragan l'avait aidé quand il avait du temps ?
17 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je ne l'ai pas vu de mes
18 propres yeux, mais chaque fois c'était une habitude que les enfants aident
19 les parents.
20 M. Puliselic (interprétation). - Savez-vous qu'en ce qui
21 concerne les travaux dans la mosquée, les travaux n'ont pas été payés ?
22 M. Vidovic (interprétation). - Cela, je ne sais pas, je ne sais
23 pas s'il avait fait les travaux et qu'il n'avait pas été rémunéré.
24 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit qu'au moment où
25 il y avait l'inauguration de la mosquée, une manifestation assez grande a
Page 6337
1 été organisée.
2 (Le témoin acquiesce.)
3 Y avait-il beaucoup de personnes qui sont arrivées de
4 l'extérieur, par les bus, par les voitures particulières ? Vous souvenez-
5 vous qu'il y avait des bus et des voitures qui sont arrivés justement lors
6 de l'inauguration de la mosquée ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je me souviens très bien de
8 cette journée car tous les gens, plutôt tout l'espace depuis le cimetière
9 de Topalsko jusqu'à la maison du cousin de Dragan Papic et jusqu'à ma
10 maison, tout cet espace a été pratiquement transformé en parking, ainsi
11 que l'espace qui a été consacré au culte musulman.
12 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire également
13 si cet espace a été mis à la disposition des gens qui sont arrivés ?
14 M. Vidovic (interprétation). - Oui, bien évidemment, des
15 dizaines et des centaines de personnes sont arrivées. Tout cet espace
16 était donc indispensable parce que la mosquée était entourée par les
17 croyants, par ceux qui voulaient prier à la mosquée.
18 M. Puliselic (interprétation). - Etes-vous au courant qu'Hadzi,
19 donc le prêtre musulman, avait remercié les personnes qui avaient organisé
20 cette manifestation pour tout ce qu'ils avaient fait au cours de cette
21 journée ?
22 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je l'ai appris
23 effectivement. Il avait remercié toutes les autorités qui avaient permis
24 d'organiser une telle journée.
25 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire également
Page 6338
1 comment Dragan Papic était sur le plan du caractère ? Etait-ce quelqu'un
2 qui avait un bon, un mauvais caractère ? Comment se comportait-il vis-à-
3 vis des Musulmans ? Etait-il en bons termes avec tout le monde ? Etait-il
4 violent de caractère ? Comment était-il du point de vue de la
5 personnalité ?
6 M. Vidovic (interprétation). - En ce qui concerne les relations
7 qu'ils avaient avec des amis ou des voisins, je dois dire que nous autres,
8 qui avons habité cette ville et ce village, nous étions en bons termes
9 avec nos voisins et souvent on sortait ensemble.
10 En ce qui concerne le caractère de Dragan Papic, je dois dire
11 que c'est quelqu'un qui ressemble beaucoup à son père, et son père était
12 quelqu'un de très appliqué au travail. Il était connu comme tel. Il
13 travaillait énormément, et également comme quelqu'un qui aimait
14 plaisanter. Ce sont les caractéristiques qu'a son fils, à mon avis.
15 M. Puliselic (interprétation). - Etait-il de temps en temps en
16 conflit avec quelqu'un, violent ?
17 M. Vidovic (interprétation). - A ma connaissance, non.
18 M. Puliselic (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le
19 Président, je n'ai plus de questions à poser.
20 M. le Président (interprétation). - Maître Blaxill ?
21 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Monsieur Vidovic, Bonjour
22 Monsieur. Je m'appelle Michael Blaxill, je suis l'un des membres de
23 l'équipe du Procureur.
24 J'ai quelques questions à vous poser, Monsieur, sur la base de
25 ce que vous avez dit dans votre déposition de ce matin. Vous venez de
Page 6339
1 décrire la cérémonie importante au cours de laquelle la grande mosquée et
2 son minaret ont été ouverts. Avez-vous le sentiment que ce bâtiment a été
3 considéré comme un bâtiment important dans la région par la communauté
4 musulmane de la région ?
5 M. Vidovic (interprétation). - Je crois que oui.
6 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que cela, peut-être, a
7 fait d'Ahmici un endroit particulièrement important parmi les Musulmans,
8 dans la vallée de La Lasva ?
9 M. Vidovic (interprétation). - Je ne crois pas que c'était le
10 cas à ce moment-là.
11 M. Blaxill (interprétation). - Pensez-vous que, dans sa courte
12 vie, cette mosquée est devenue un endroit important, significatif pour la
13 communauté musulmane de la région ?
14 M. Vidovic (interprétation). - Je crois que cette mosquée est
15 devenue un endroit significatif et important uniquement pour les Musulmans
16 qui résidaient dans la partie basse d'Ahmici.
17 M. Blaxill (interprétation). - Eh bien, essayons de revenir un
18 petit peu en arrière. Vous avez déclaré avoir accompli votre service
19 militaire et quitté les rangs de la JNA en 1981, n'est-ce pas ?
20 M. Vidovic (interprétation). - A la fin de 1980, pour être tout
21 à fait exact : le 12 décembre 1980.
22 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Et depuis cette date, vous
23 avez travaillé dans l'environnement technique des télécommunications,
24 n'est-ce pas ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, à partir du 15 janvier 1981.
Page 6340
1 M. Blaxill (interprétation). - S'agissant des obligations
2 permanentes qui étaient les vôtres et qui consistaient à servir l'Etat en
3 temps de paix et de guerre, vous n'avez fait que remplir votre devoir dans
4 l'environnement des télécommunications.
5 M. Vidovic (interprétation). - Oui, exclusivement dans
6 l'environnement des télécommunications.
7 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez déjà indiqué qu'il y
8 avait pour l'essentiel deux réseaux : un réseau destiné aux militaires et
9 un réseau exclusivement civil du point de vue téléphonique, n'est-ce pas,
10 à Vitez ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Oui. J'ai dit que, dans le cadre
12 du système des télécommunications de la Poste, il n'y avait pas de liaison
13 militaire. Maintenant, s'il existait une telle liaison, un tel réseau
14 militaire, et dans quel cadre il se situait, je ne le sais pas.
15 M. Blaxill (interprétation). - Lorsque vous avez reçu votre
16 affectation suivante, dans une situation de guerre éventuelle, est-ce que
17 cela vous a mis en contact avec les télécommunications militaires ou êtes-
18 vous resté uniquement en contact avec les télécommunications civiles ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Au début de la guerre je n'ai
20 reçu aucun ordre exigeant de moi que je travaille avec les
21 télécommunications militaires. Et l'ensemble de l'organisation des
22 astreintes professionnelles ne portait que sur des tâches, des emplois
23 dans le cadre des télécommunications civiles.
24 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Bien, je voudrais
25 maintenant passer à la période post-électorale, c'est-à-dire à
Page 6341
1 l'année 1992. Vous avez confirmé que vous n'aviez pas d'activité politique
2 personnellement, n'est-ce pas ?
3 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est cela.
4 M. Blaxill (interprétation). - Mais vous souteniez ce que vous
5 avez appelé, je crois, la communauté ou l'Union croate démocratique,
6 n'est-ce pas ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
8 M. Blaxill (interprétation). - Est-il exact, dans ces
9 conditions, qu'en 1992 une institution dénommée le HVO a été créée en
10 Bosnie centrale et notamment à Vitez ?
11 M. Vidovic (interprétation). - A quoi pensez-vous exactement ?
12 Vous parlez d'institutions organisées officiellement ? Est-ce que vous me
13 demandez si je faisais partie de cette institution ou si je connaissais
14 simplement cette institution ?
15 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous en connaissiez
16 l'existence ? Vous en connaissiez l'existence, n'est-ce pas ?
17 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je savais qu'il existait un
18 gouvernement du pouvoir municipal. Je crois qu'il avait pour nom HVO ou
19 quelque chose comme cela.
20 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous vous êtes efforcé
21 de rester au courant des affaires courantes dans la région au fil du
22 temps ? Je parle des évolutions politiques, de ce genre de chose.
23 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Je suivais en gros les
24 informations. Je lisais les journaux.
25 M. Blaxill (interprétation). - Donc, sur la base de ce point de
Page 6342
1 vue, vous avez eu connaissance de la création de la communauté croate de
2 Herceg-Bosna ? Vous en avez eu connaissance ?
3 M. Vidovic (interprétation). - Je ne comprends pas ce que vous
4 voulez dire. Vous parlez d'intention, j'étais informé, mais de quelles
5 intentions parlez-vous ?
6 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous eu connaissance de la
7 création ai-je dit de la communauté croate de Herceg-Bosna ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
9 M. Blaxill (interprétation). - Est-il exact que certains des
10 buts déclarés de cette communauté consistaient à instaurer une certaine
11 autonomie territoriale, économique et y compris militaire, une espèce
12 d'auto-détermination sur ces plans donc ?
13 M. Vidovic (interprétation). - Cela je ne le sais pas.
14 M. Blaxill (interprétation). - Au fil de l'année 1992, avez-vous
15 eu connaissance du fait que le gouvernement de Bosnie-Herzégovine, le
16 gouvernement de Sarajevo avait déclaré illégal le gouvernement du HVO ?
17 Avez-vous eu connaissance de ce fait ?
18 M. Vidovic (interprétation). - Je ne le sais pas. Ce que je sais
19 c'est qu'en 1992 il y a eu un référendum au sujet de la Bosnie-Herzégovine
20 et que nous sommes allés voter. Mais je ne sais rien de cette déclaration.
21 M. Blaxill (interprétation). - Est-il exact que dans la dernière
22 partie de 1992, dans la municipalité de Vitez, il y avait officiellement
23 un partage du pouvoir entre les organes gouvernementaux musulmans et les
24 organes gouvernementaux du HVO. Est-ce exact ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Au cours du
Page 6343
1 deuxième semestre 1992 et jusqu'à la fin de l'année 1992, le gouvernement
2 de Vitez, pour autant que je le sache, était conjoint. Je parle du
3 gouvernement exécutif de la municipalité, de la direction municipale
4 exécutive.
5 M. Blaxill (interprétation). - Mais lorsqu'on se rapproche
6 d'octobre 1992, n'est-il pas permis de dire que le pouvoir gouvernemental
7 effectif de Vitez était devenu le pouvoir du HVO, n'est-ce pas exact ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Jusqu'en octobre je pense que le
9 gouvernement qui fonctionnait était un gouvernement conjoint.
10 M. Blaxill (interprétation). - Mais après octobre 1992, je
11 suppose, sur la base de ce que vous dites, que cela n'a plus été le cas.
12 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, après le mois
13 d'octobre 1993, pardon, 1992, pour autant que je le sache, la partie
14 musulmane de la direction de la municipalité a créé sa présidence de
15 guerre ou peut-être est-ce que cette instance portait un autre nom que je
16 ne connais pas mais cette instance était basée à Majala, c'est-à-dire à
17 Stari Vitez.
18 M. Blaxill (interprétation). - Vous parlez de cela comme étant
19 une présidence de guerre mais n'est-il pas permis de dire que, hormis
20 l'incident du 20 octobre entre Musulmans et Croates, il n'y avait pas eu
21 de conflit, le conflit n'avait pas encore éclaté à ce moment-là ?
22 M. Vidovic (interprétation). - Hormis un certain nombre
23 d'incidents qui se sont produits avant le mois d'octobre 1992, il n'y a
24 pas eu de conflits ouverts, manifestes, pour autant que je le sache.
25 M. Blaxill (interprétation). - Vous dites que les employés
Page 6344
1 Musulmans de la Poste ne sont pas venus au travail pendant sept jours
2 après le 20 octobre, n'est-ce pas ?
3 M. Vidovic (interprétation). - Effectivement, c'est cela.
4 M. Blaxill (interprétation). - Il vous a été dit que
5 normalement, selon la réglementation en vigueur, à cette époque-là, ils
6 auraient dû être automatiquement licenciés, n'est-ce pas ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
8 M. Blaxill (interprétation). - Cette réglementation, émanait-
9 elle du gouvernement de Bosnie-Herzégovine où était-ce peut-être un
10 règlement, une loi édictée par le gouvernement municipal du HVO ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Non, c'était le règlement qui
12 avait été mis en place par les PTT yougoslaves. Une loi, un règlement
13 général. Tous ceux qui travaillaient aux PTT se conformaient à cette loi,
14 à ce règlement qui s'appliquait à l'ensemble des PTT unifiés de Bosnie-
15 Herzégovine et plus généralement de Yougoslavie.
16 M. Blaxill (interprétation). - Lorsque les salariés, les
17 employés musulmans sont revenus au travail, vous avez manifestement décidé
18 de ne pas appliquer cette loi, ce règlement. Qu'est-ce qui vous a poussé à
19 appliquer, à mettre en oeuvre une démarche plus compatissante comme vous
20 l'avez fait ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, tout simplement je
22 voulais éviter que ce fait soit utilisé à des fins néfastes et qu'il
23 puisse donner lieu à une mauvaise interprétation consistant à parler de
24 discrimination.
25 D'ailleurs, je ne me suis pas décidé seul à agir de la sorte,
Page 6345
1 j'ai consulté les autres membres du personnel. Nous avons estimé que le
2 problème concernait l'ensemble de l'entreprise et que s'il fallait
3 défendre notre position officiellement devant les PTT nous étions prêts à
4 le faire.
5 M. Blaxill (interprétation). - Mais à cette époque certains de
6 vos collègues vous ont fait part de certaines craintes qu'ils avaient.
7 Pouvez-vous nous dire quelle était la nature de leurs craintes ?
8 M. Vidovic (interprétation). - Ils n'ont pas vraiment décrit en
9 détail ce qui causait leur peur, mais ils avaient tout simplement peur
10 tout en étant conscients du fait qu'il n'y avait pas de raison
11 particulière justifiant cette peur. L'explication fournie consistait à
12 dire : "Nous avons eu peur".
13 M. Blaxill (interprétation). - Mais, Monsieur Vidovic, compte
14 tenu qu'un employeur a juridiquement le droit de licencier ces personnes
15 pour infraction au règlement, n'avez-vous pas estimé qu'il pouvait y avoir
16 une enquête pour expliquer si leurs craintes étaient justifiées ?
17 M. Vidovic (interprétation). - J'ai tenté d'agir dans ce sens,
18 mais je n'ai reçu aucun détail de la part d'aucun d'entre eux.
19 M. Blaxill (interprétation). - En tout état de cause, vous avez
20 donc décidé de ne pas licencier l'un quelconque de ces salariés ?
21 M. Vidovic (interprétation). - En effet, mais tout à l'heure
22 j'ai oublié de dire que, s'agissant des permanences que nous faisions à la
23 Poste et dont j'ai parlé tout à l'heure, nous avions tous gagné
24 pratiquement trois fois sept jours. Je me souviens donc très bien que ces
25 sept jours, nous les considérions comme des jours de congé, des jours
Page 6346
1 libres ; et les sept jours de ces hommes ont été considérés ainsi.
2 M. Blaxill (interprétation). - Je vois. Mais n'avez-vous pas
3 estimé que le fait que les événements du 20 octobre aient débouché sur
4 cette absence soudaine de sept jours de la part de vos salariés musulmans,
5 n'avez vous pas estimé qu'il s'agissait là d'une coïncidence ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il y avait concordance entre
7 les deux mais, à mon avis, il n'existait aucune nécessité de considérer
8 que l'incident qui était survenu au cimetière entraîne leur défection du
9 travail, parce qu'à ce moment-là la situation au travail, sur le lieu de
10 travail, à la Poste, de nos employés était tout à fait normale.
11 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur, si je vous disais que
12 la conclusion logique consisterait à dire qu'ils avaient peur du HVO, que
13 répondriez-vous ?
14 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je ne sais vraiment pas
15 de quoi ils auraient pu avoir peur. C'est la réponse que je ferais. Je
16 dirais que s'ils étaient venu me parler, je garantis qu'à ce moment-là,
17 dans les conditions de cette période, j'étais prêt à défendre chacun
18 d'entre eux, absolument, et je ne vois pas au mois d'octobre de quoi ils
19 pouvaient avoir peur, ce qu'ils auraient pu craindre en venant ce matin-là
20 au travail.
21 M. Blaxill (interprétation). - Nous allons changer de sujet.
22 Monsieur Vidovic, vous avez dit qu'à l'époque le commissariat de police de
23 Vitez était mixte, c'est-à-dire que des officiers de police musulmans et
24 croates y travaillaient. Est-ce exact ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, pour autant que je le sache.
Page 6347
1 Après les élections, un pouvoir conjoint a été créé dans la municipalité
2 et au sein de la police.
3 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'un moment est arrivé où
4 ce commissariat de police n'a plus été un commissariat mixte puisque les
5 gens qui y travaillaient n'étaient plus que d'une seule nationalité ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je crois que cette évolution
7 a été parallèle à la constitution d'un gouvernement à Mahala, enfin je ne
8 sais pas si c'est le terme exact qui s'applique mais, en tout cas, la
9 Présidence de guerre. Je crois que la formation de cette Présidence de
10 guerre et la création d'une police distincte à Mahala, ou pour être plus
11 précis, à Stari Vitez, se sont faites conjointement, simultanément.
12 M. Blaxill (interprétation). - Après la guerre, il y a toujours
13 eu un commissariat de police à Vitez, n'est-ce pas, un commissariat de
14 police avec des policiers croates ?
15 M. Vidovic (interprétation). - Que voulez-vous dire lorsque vous
16 dites "il est resté" ? Vous parlez du bâtiment ?
17 M. Blaxill (interprétation). - Je parle de l'institution, du
18 corps de police.
19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
20 M. Blaxill (interprétation). - Et à cette époque-là, y a-t-il eu
21 des officiers de police musulmans travaillant au commissariat de police,
22 d'après ce que vous en savez ? Il est possible que vous ne le sachiez pas.
23 M. Vidovic (interprétation). - Mais sur quelle période porte
24 votre question ? Excusez-moi.
25 M. Blaxill (interprétation). - Je parle y compris d'aujourd'hui,
Page 6348
1 1999.
2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, aujourd'hui, en 1999, au
3 commissariat de police de Vitez, pour autant que je le sache, la présence
4 des officiers de police musulmans correspond aux données du recensement
5 de 1991. Ce qui veut dire, je crois, que la composition est de 50/50,
6 c'est ce que je crois, je ne peux pas vous donner le pourcentage exact.
7 Mais si le chef de la police est croate, le premier commandant est
8 Musulman, et ainsi de suite jusqu'au bas de la hiérarchie.
9 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur Vidovic, permettez-moi
10 de revenir au début de l'année 1993. Au commissariat de police de Vitez,
11 selon ce que vous avez dit, alors que le conflit se rapprochait, le
12 gouvernement du HVO s'est installé dans ce bâtiment. Est-ce exact ?
13 M. Vidovic (interprétation). - Ce n'est pas ce que j'ai dit.
14 J'ai dit qu'au début du conflit la direction de la municipalité s'est
15 installée à cet endroit. Je n'ai pas utilisé le terme de gouvernement.
16 Dans mon langage, j'ai parlé de la direction de la municipalité, c'est-à-
17 dire le chef de la municipalité et ses premiers adjoints. Au début du
18 conflit, aux alentours du 16, ou peut-être même le 17 ou le 18, je crois
19 même que le 16 ce n'était pas le cas parce que je ne suis pas allé dans la
20 cave, le 16.
21 M. Blaxill (interprétation). - Oui, peut-être vous ai-je induit
22 en erreur en citant de façon erronée ce que vous avez dit,
23 Monsieur Vidovic. Mais je crois vous avoir également entendu dire que le
24 bureau d'information le n °985 était également installé dans ce bâtiment,
25 n'est-ce pas ?
Page 6349
1 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
2 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous eu personnellement des
3 contacts avec ces personnes, avec les dirigeants locaux et avec les
4 membres du centre d'information ?
5 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je vais essayer d'expliquer
6 de quelle façon la situation en est arrivée à ce que le centre
7 d'information soit installé dans le bâtiment de la Poste. Lorsque le
8 bâtiment a été construit, en 1984, un accord a été conclu entre le
9 gouvernement de la municipalité de l'époque et la direction de la Poste
10 selon lequel des pièces étaient réservées dans la cave pour ce centre
11 d'information, et ces pièces situées dans la cave avaient une entrée qui
12 leur était propre.
13 Plus tard, il s'est avéré que le centre d'information, le centre
14 de renseignement a été un sous-locataire en fait, parce qu'il y avait sans
15 cesse des problèmes relatifs à la répartition des coûts. Je parle de la
16 période qui va jusqu'en 1993, n'est-ce pas.
17 S'agissant des contacts avec les personnes qui travaillaient
18 dans ce centre d'information ou de renseignement, je peux dire que ces
19 contacts ne se situaient qu'au niveau de rencontres, de rencontres au
20 niveau de problèmes communs comme par exemple la disparition de
21 l'électricité ou le rétablissement de l'électricité puis des rencontres
22 dans des espaces communs, les entrées, les toilettes, etc. Mais je connais
23 toutes les personnes qui travaillaient au centre de renseignement.
24 M. Blaxill (interprétation). - Aviez-vous des rapports, des
25 relations quotidiennes avec ces personnes au début de 1993 lorsqu'elles
Page 6350
1 sont arrivées dans le bâtiment ?
2 M. Vidovic (interprétation). - Nous nous rencontrions tous les
3 jours mais nous n'avions pas de relations professionnelles, hormis les
4 conversations que nous pouvions avoir par téléphone ou les communications
5 que nous avions après intervention de leur part pour demander des
6 réparations urgentes de certains éléments en panne sur les lignes
7 téléphoniques.
8 M. Blaxill (interprétation). - Mais vous dites que vous aviez
9 des contacts quotidiens avec ces personnes. Est-ce que ces personnes vous
10 tenaient au courant de ce qui se passait, des événements en cours ?
11 M. Vidovic (interprétation). - A quoi pensez-vous exactement ? A
12 tous les événements ou éventuellement à certains excès ?
13 M. Blaxill (interprétation). - Eh bien je parlerais d'événements
14 au niveau politique ou d'incidents qui auraient pu se produire dans telle
15 ou telle localité de la région. Je parle également de relations entre les
16 groupes ethniques, des choses de ce genre.
17 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, oui, nous recevions des
18 informations de temps en temps mais rien qui avait trait, qui se situait
19 dans nos rapports de service.
20 M. Blaxill (interprétation). - Et puis, Monsieur, vous avez dit,
21 n'est-ce pas, que vous essayiez de vous tenir au courant de ce qui se
22 passait, de façon générale, dans la région, n'est-ce pas ?
23 M. Vidovic (interprétation). - Oui je suivais la presse.
24 M. Blaxill (interprétation). - Avant d'en arriver aux événements
25 d'avril 1993, je vous rappelle que vous avez évoqué une rencontre entre
Page 6351
1 votre soeur et M. Berbic accompagné de gardes villageois à Ahmici, est-ce
2 exact ?
3 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
4 M. Blaxill (interprétation). - Est-il exact, en fait, qu'après
5 qu'il ait dit à votre soeur de ne pas avoir peur parce que ce n'était
6 qu'un exercice, qu'aucune action agressive n'a été entreprise par lui-même
7 ou par l'un quelconque des gardes villageois d'Ahmici, des gardes
8 villageois musulmans d'Ahmici jusqu'au 16 avril, n'est-ce pas ? Il n'y a
9 pas eu d'incident ?
10 M. Vidovic (interprétation). - Le jour où j'ai reçu cette
11 information, pour autant que je le sache, il n'y avait pas d'action
12 particulière de leur part. Je vais essayer de me rappeler plus exactement.
13 Je crois que cette rencontre entre eux a eu lieu au mois de novembre parce
14 qu'elle a commencé à travailler au mois de novembre.
15 M. Blaxill (interprétation). - Et apparemment il n'y a eu aucun
16 problème de la part de cette partie après novembre 1992. Ils n'ont pas
17 menacé physiquement les Croates d'Ahmici, jamais, n'est-ce pas ?
18 M. Vidovic (interprétation). - S'agissant de ma soeur, il n'y a
19 pas eu de problème, à part cette rencontre.
20 M. Blaxill (interprétation). - Si vous me le permettez,
21 j'aimerais maintenant parler des événements du 15 avril 1993 et des jours
22 qui ont suivi. Vous étiez au travail le 15 et vous nous avez dit que vous
23 organisiez l'approvisionnement en combustible, c'est bien cela ?
24 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
25 M. Blaxill (interprétation). - Peut-être ai-je mal compris vos
Page 6352
1 horaires, je crois que ce jour-là vous avez travaillé au cours de la
2 journée ou bien en fait avez-vous travaillé entre 8 heures du soir et
3 7 heures du matin ?
4 M. Vidovic (interprétation). - Nous avons tous travaillé. Nous
5 travaillions tous les jours de 7 heures jusqu'à 3 heures. Puis, ensuite,
6 les équipes changeaient.
7 La nuit précédente, entre le 14 et le 15, je ne sais pas qui
8 était de service à ce moment-là mais, selon un ordre déjà établi, je
9 devais être de garde ce soir-là, dans la nuit du 15 au 16 de 20 heures à
10 7 heures du matin.
11 M. Blaxill (interprétation). - Et je crois qu'effectivement vous
12 avez fait ce qui était prévu.
13 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement. Cette nuit-
14 là, oui, j'ai exécuté la tâche qui m'avait été confiée et j'ai eu de la
15 chance parce qu'il n'y a pas eu de coupure de courant. Je n'ai pas eu à
16 intervenir, mais effectivement j'étais sur place cette nuit-là.
17 M. Blaxill (interprétation). - Je suppose que vous avez pu
18 dormir quelques heures.
19 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Toutes les personnes qui
20 travaillaient la nuit passaient généralement la nuit à dormir surtout s'il
21 n'y avait pas de coupure d'électricité.
22 M. Blaxill (interprétation). - Et vous avez été réveillé par des
23 bruits de tirs le lendemain matin, n'est-ce pas ?
24 M. Vidovic (interprétation). - Oui, oui. Je n'ai pas été
25 réveillé par l'alarme ou par toute coupure d'électricité ou par tout autre
Page 6353
1 chose, mais bien par des tirs.
2 M. Blaxill (interprétation). - Etait-il courant que vous
3 vérifiez l'impression que vous obteniez le matin, l'impression automatique
4 montrant le nombre de lignes téléphoniques qui ne fonctionnaient pas
5 lorsque vous commenciez à travailler ? Ou bien, y avait-il une raison
6 particulière qui vous a poussé à le faire ce matin-là ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Nous travaillions dans le
8 bâtiment principal et tous les matins, lorsqu'on arrivait au travail, à
9 7 heures, le standard géré par ordinateur faisait un rapport, le rapport
10 de toutes les alarmes de grande importance ou les problèmes plus mineurs
11 également.
12 Ce matin-là, lorsque j'ai été réveillé par les coups de feu, la
13 procédure normale était donc d'attendre la liste d'alarme imprimée qui
14 sort à 7 heures.
15 M. le Président (interprétation). - Maître Radovic ?
16 M. Radovic (interprétation). - Monsieur le Président, je
17 souhaiterais vous demander de demander au Procureur de ne pas poser des
18 questions qui ont déjà reçu réponse. Au cours de l'interrogatoire
19 principal, le témoin a déjà expliqué en long et en large quelle était la
20 procédure normale, à savoir qu'au bureau de Poste la liste des numéros de
21 téléphones déconnectés était imprimée à 7 heures du matin tous les jours.
22 Par conséquent, les questions du Procureur ont déjà reçu réponse
23 de la part du témoin. Alors je ne voulais pas me mêler de ces débats, mais
24 je voudrais vous demander d'enjoindre le Procureur de ne pas reposer les
25 mêmes questions ou bien de les reposer différemment, si tel est son
Page 6354
1 souhait.
2 M. le Président (interprétation). - Merci.
3 M. Blaxill (interprétation). - Oui, effectivement, je comprends.
4 Je voulais simplement savoir si les coups de feu entendus avaient
5 influencé la conduite du témoin ce matin-là, c'était tout. Je vais
6 poursuivre.
7 M. le Président (interprétation). - Merci.
8 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur Vidovic, par la suite,
9 je crois que vous avez demandé à l'opérateur de mener à bien une
10 vérification spéciale vis-à-vis de tous les numéros défectueux. Pourquoi
11 avez-vous formulé cette demande ?
12 M. Vidovic (interprétation). - J'ai dit qu'en tant que
13 technicien opérateur, entre 7 heures 30 et 8 heures, une fois de plus,
14 même si la liste de 7 heures avait été imprimée en n'indiquant aucun
15 numéro problématique, j'ai donc demandé de vérifier s'il y avait eu un
16 problème, s'il y avait des erreurs, si certaines lignes ne fonctionnaient
17 plus. Parce que j'ai supposé, à ce moment-là, que les coups de feu et les
18 détonations que j'avais entendus ce matin-là avaient provoqué des dégâts
19 sur certaines lignes aériennes.
20 Puisqu'à 7 heures du matin ce jour-là personne ne s'est présenté
21 au travail, comme j'étais seul dans la pièce où se trouvait le standard,
22 j'ai eu le sentiment qu'il valait mieux procéder ainsi parce qu'il est
23 bien connu que, lorsqu'il y a de nombreux numéros qui ne fonctionnent
24 plus, le standard peut redémarrer. Cela veut dire que les numéros de
25 téléphone qui étaient indiqués comme étant en bon fonctionnement auraient
Page 6355
1 en fait cessé de fonctionner par la suite.
2 Par conséquent, entre 7 heures et 8 heures, j'ai demandé une
3 nouvelle vérification de la part de l'ordinateur afin de voir si tous les
4 abonnés pouvaient encore utiliser leur ligne de téléphone ou non, ou s'il
5 y avait eu des problèmes entre-temps.
6 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Je voudrais clarifier un
7 point avec vous. Je vois que l'expression en anglais "nous avons coupé les
8 lignes vers Stari Vitez" a été utilisée. Je voudrais savoir si pour vous
9 cela constituait une opération positive, si vous étiez obligé de couper
10 ces lignes ou bien s'il y avait eu un autre motif.
11 M. Vidovic (interprétation). - Je crois que l'on m'a mal compris
12 ou que le transcript ne reflète pas fidèlement ce que j'ai dit. Ce que
13 j'ai dit est la chose suivante : c'est que, dans tout le vieux quartier de
14 Vitez, Mahala, il y avait effectivement un câble qui assurait le
15 fonctionnement de tous les téléphones qui se trouvaient à Mahala ou à
16 Stari Vitez, et tous les abonnements qui se trouvaient à Donja Veceriska,
17 Krcevine, Jardol, Krcevine et d'autres villages encore.
18 Lorsque quelqu'un disait qu'effectivement une ligne ne
19 fonctionnait plus -quelqu'un avait déjà dit d'ailleurs que les téléphones
20 ne marchaient plus dans ces différents villages-, nous avons utilisé un
21 outil particulier dont nous disposions, que nous appelons dans notre
22 domaine "un système", et en utilisant ce système, nous avons pu vérifier
23 que c'était l'ensemble du câble qui était hors d'usage.
24 A un moment donné, à une certaine distance en tout cas, par
25 exemple à 840 mètres, au point 848 mètres, le câble était hors d'usage.
Page 6356
1 Grâce donc à ce système de mesure, nous avons pu déterminer l'endroit
2 précis où se posait le problème en question. Et j'ai dit que ce point se
3 trouvait juste en face de la maison d'Enes Sehic parce que c'est à ce
4 moment-là qu'il y avait cette gaine en béton dont j'ai parlé précédemment.
5 J'ai également dit qu'en 1994 nous avons réparé déjà ce câble et
6 nous avons vu l'endroit où il avait été sectionné. Par conséquent, ce
7 n'est pas nous qui l'avons fait.
8 M. Blaxill (interprétation). - Je vois, Monsieur le Président,
9 qu'il est 12 heures 10. Je ne sais pas, nous parlions d'interruption de
10 communication, alors je me demandais si éventuellement vous souhaitiez
11 prendre votre pause maintenant.
12 Cependant, je pourrai vous assurer que nous en terminerons dans
13 les temps aujourd'hui.
14 M. le Président (interprétation). - Nous faisons la pause
15 maintenant ? Très bien. Eh bien, nous prenons notre pause de 15 minutes,
16 comme nous l'avions prévu.
17 (Suspendue à 12 heures 10, l'audience est reprise à
18 12 heures 30.)
19 M. le Président (interprétation). - Maître Blaxill.
20 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur Vidovic, revenons si
21 vous le voulez bien aux événements qui se sont produits à Vitez au cours
22 de la matinée du 16 avril 1993. Vraisemblablement, vous vous êtes rendu
23 compte que toutes les lignes téléphoniques de Stari Vitez avaient été
24 coupées. Savez-vous quelles ont été les activités qui ont eu lieu à Vitez
25 à cette heure-là ou à cette période-là ?
Page 6357
1 M. Vidovic (interprétation). - J'ai déjà dit qu'en ce qui
2 concerne Stari Vitez cela s'est passé deux jours après le 16 avril. Donc,
3 deux jours après le 16 avril nous avons constaté que ces lignes étaient
4 sectionnées et qu'elles étaient en panne -si vous posez la question au
5 sujet du 16.
6 M. Blaxill (interprétation). - Excusez-moi, j'ai dû mal vous
7 comprendre. Je crois vous avoir entendu indiquer, mais peut-être ai-je
8 tort, qu'au cours de la matinée du 16 vous avez demandé à l'opérateur de
9 procéder à une vérification qui vous a permis de constater qu'un grand
10 nombre de lignes ne fonctionnaient plus.
11 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'était moi cet opérateur,
12 et c'est moi qui avais demandé à la gestion des ordinateurs de constater
13 toutes les lignes en panne, et c'est l'ordinateur qui a fait cette
14 opération. Et sur cette liste, il n'y avait pas de numéros à Stari Vitez
15 ni plus loin. Par conséquent, c'étaient les lignes qui fonctionnaient.
16 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Je reviendrai donc à ma
17 question précédente. Avez-vous pu observer quelles étaient les activités
18 du HVO, de la branche militaire du HVO le matin du 16, à Vitez ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais absolument rien en ce
20 qui concerne le 16 avril, les autres jours qui ont suivi. J'ai déjà
21 précisé que j'étais seul et que je suis resté seul et qu'il n'y avait donc
22 personne aux postes de travail et que moi j'étais seul dans le bâtiment.
23 Donc, je ne sais pas absolument, je sais que des tirs se sont produits
24 pendant la journée entière.
25 M. Blaxill (interprétation). - A partir de l'endroit où vous
Page 6358
1 travailliez, c'est-à-dire à partir du standard, aviez-vous une vue sur
2 l'extérieur du bâtiment ?
3 M. Vidovic (interprétation). - Non. Je peux vous donner des
4 précisions, si vous le voulez bien. Au moment où la guerre s'est
5 déclenchée en Bosnie-Herzégovine, au moment où l'ex-JNA a commencé à
6 pilonner les villes, à ce moment-là à Vitez, nous avons protégé de
7 nombreuses installations contre le pilonnage pour empêcher que les vitres
8 se cassent. Cette protection a été assurée sur le bâtiment de la Poste :
9 des planches de 12 centimètres de largeur ont été apposées et on ne
10 pouvait plus rien voir à travers.
11 M. Blaxill (interprétation). - Par la suite, quelqu'un vous a-t-
12 il parlé des opérations menées par le HVO à Vitez ce jour-là, à savoir des
13 rafles de Musulmans, l'emprisonnement de Musulmans dans le cinéma,
14 notamment dont vous avez parlé ? Avez-vous entendu parler d'une quelconque
15 de ces opérations qui auraient été menées ce jour-là ?
16 M. Vidovic (interprétation). - Ce jour-là, je n'avais aucune
17 information, exception faite de ce que je viens de dire qu'un conflit
18 violent s'est produit à Ahmici pendant toute la journée. J'ai entendu des
19 tirs mais je ne pouvais pas véritablement définir d'où venaient ces
20 activités. Mais j'ai entendu les tirs.
21 M. Blaxill (interprétation). - Revenons donc à la question de la
22 détention de civils. Par la suite, avez-vous appris l'existence du camp de
23 Kaonik et du fait que de nombreux Musulmans de la région de Vitez ont été
24 transférés dans ce camp ? Cette information vous est-elle parvenue à un
25 moment donné ?
Page 6359
1 M. Vidovic (interprétation). - Plus tard, je dirais même après
2 un an. J'ai appris qu'il y avait une prison à Kaonik qui a été organisée
3 et je sais que pour ce qui concerne ces premiers jours, c'est ce qui vous
4 intéresse, je le suppose, je n'avais aucune information sur ce sujet et je
5 ne savais absolument pas si les gens étaient transférés à Kaonik. Je ne
6 savais absolument pas qui l'avait fait.
7 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez déclaré que vous étiez
8 au travail le 16 devant le standard et qu'à aucun moment vous ne vous êtes
9 trouvé à Ahmici ce jour-là. C'est bien exact ?
10 M. Vidovic (interprétation). - C'est exact. Pas uniquement ce
11 premier jour, mais les autres jours qui ont suivi.
12 M. Blaxill (interprétation). - Je suppose qu'au cours de ces
13 journées vous n'avez pas eu l'occasion de rencontrer les accusés que vous
14 avez mentionnés : Vlatko Kupreskic, Zoran Kupreskic, Mirjan Kupreskic,
15 M. Papic ou M. Josipovic. Je pense que vous n'avez rencontré aucune de ces
16 personnes au cours de ces journées dont vous avez parlé, n'est-ce pas ?
17 M. Vidovic (interprétation). - Oui, vous avez raison. Les cinq
18 premiers jours, je n'ai vu personne. Le troisième jour, je suis rentré
19 chez moi parce que j'avais un tout petit bébé et j'ai passé à Vitez une
20 heure et ensuite je suis retourné à mon poste de travail. Et je suis
21 resté, comme je l'ai déjà dit, tout seul dans le bâtiment de la Poste
22 parce que tout simplement personne n'était venu travailler sauf moi-même
23 qui me suis trouvé sur place.
24 M. Blaxill (interprétation). - Etes-vous entré en contact
25 téléphonique ou autre avec votre mère, votre soeur juste avant le
Page 6360
1 16 avril ? Leur avez-vous parlé le 15 ou le 14, peut-être ?
2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, excusez-moi. Effectivement,
3 j'ai parlé assez fréquemment. J'ai dit qu'elles étaient toutes les deux,
4 qu'elles étaient seules. J'ai souvent conversé avec elles par téléphone.
5 Et une fois tous les cinq jours, je me rendais chez elles pour les voir
6 parce que nous avions un bébé et puis ma mère avait également une vache,
7 c'est la raison pour laquelle je me suis déplacé pour prendre du lait et
8 pour le porter. En dehors de ce contact de m'occuper de ma famille et de
9 voir si tout était bien, j'avais donc appelé pour dire : "Je viens
10 chercher du lait, vous préparez le lait." C'est comme cela que cela se
11 passait.
12 M. Blaxill (interprétation). - Serais-je donc en droit de dire
13 qu'elles n'ont pas exprimé de crainte particulière au cours des journées
14 ayant précédé le 16 ?
15 M. Vidovic (interprétation). - Oui, elles m'avaient dit qu'elles
16 avaient peur, mais elles pensaient bien évidemment à tout ce qui se
17 passait auparavant et notamment dans les villages qui se trouvaient dans
18 les alentours de Vitez, j'ai parlé de Bugojno, de Vakuf, de Novi Travnik,
19 de Busovaca et leur maison se trouvait juste à côté des maisons
20 musulmanes. Et oui, elles avaient peur. Et cette peur qu'elles avaient
21 ressentie, grâce à ces contacts que j'ai eus avec elles par téléphone,
22 nous avions réussi un petit peu à l'atténuer.
23 M. Blaxill (interprétation). - Par conséquent, elles avaient
24 certaines craintes avant le 16 avril, mais elles n'avaient jamais été
25 l'objet d'une quelconque agression physique, n'est-ce pas ? Ou d'une
Page 6361
1 menace d'agression physique ?
2 M. Vidovic (interprétation). - C'est exact. Elles n'ont pas été
3 menacées, il n'y avait pas de menace véritablement mais, comme je l'ai
4 dit, elles avaient peur et j'ai expliqué les raisons pour lesquelles elles
5 avaient peur.
6 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez fait référence aux
7 événements survenus à Ahmici et au moment où vous avez découvert leur
8 existence. Vous avez dit que c'était un conflit violent avec de nombreuses
9 pertes de toute part.
10 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est une information que
11 j'avais entendue ce jour-là. Et c'est exactement cette formule, qu'il
12 s'agissait d'une attaque violente, d'un conflit violent et qu'il y avait
13 des victimes d'un côté et de l'autre.
14 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous appris combien de
15 personnes étaient mortes ? Je sais que vous avez dit que vous n'aviez pas
16 de chiffres précis, mais vous a-t-on parlé de proportions, peut-être,
17 entre la population civile, les membres de l'armée, ce genre de choses ?
18 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, ce premier jour,
19 personne ne savait. Il y avait eu une dizaine de personnes à peu près
20 auxquelles on avait pensé. C'est un chiffre que nous avons entendu mais ce
21 n'est que plus tard que nous avons entendu qu'il y avait entre 50 et
22 60 victimes. Ce n'est que plus tard des jours qui ont suivis que nous
23 l'avons appris et c'étaient les informations que nous avons pu avoir grâce
24 aux contacts informels avec des personnes que j'ai pu contacter par
25 téléphone, à partir de la Poste, à partir du standard. Bien évidemment,
Page 6362
1 ces informations n'ont pas été vérifiées. A ce moment-là, je dois dire que
2 l'on ne pouvait certainement pas conclure de ces informations s'il
3 s'agissait de civils, de militaires ou bien d'autre chose.
4 M. Blaxill (interprétation). - Je crois que vous avez fait
5 référence à une personne, M. Mirjan Santic, je crois, et vous pensez que
6 c'est ce jour-là qu'il est mort. Mais en êtes-vous certain ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Non. Pour commencer, ce premier
8 jour, je ne savais même pas qui a été tué. Ce n'est que plus tard,
9 quelques jours plus tard, que j'ai appris que, parmi d'autres personnes,
10 Mirjan Santic a été tué. Donc pas Santic mais Santic.
11 M. Blaxill (interprétation). - Cantic, d'accord. Excusez ma
12 mauvaise prononciation.
13 J'aimerais que vous consultiez un document. Il s'agit d'une
14 pièce de l'accusation, la pièce 337, s'il vous plaît. Le document a déjà
15 été versé, Madame et Messieurs les Juges. Il s'agit de la liste du HVO, la
16 liste de ses membres décédés.
17 (L'huissier s'exécute.)
18 Pourriez-vous, s'il vous plaît, vous intéresser à la page 14
19 tout d'abord, et plus particulièrement au numéro... Enfin, il s'agit de la
20 page 14 de la traduction. Je vous invite à regarder le n° 435 de la liste
21 des victimes. Ceci vous sera peut-être d'une plus grande utilité.
22 M. Vidovic (interprétation). - Je ne vois pas ici la quatorzième
23 page, il n'y a que les dix pages que j'ai sous mes yeux.
24 M. Blaxill (interprétation). - Ah !, je crois qu'il devrait y
25 avoir 18 pages, en fait. Vous n'arrivez pas au n° 435 ?
Page 6363
1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est la page n° 8, version
2 que je possède.
3 M. Blaxill (interprétation). - Il s'agit d'une différence de
4 pagination entre la version en BCS et la version en anglais. Vous voyez
5 donc le n° 435, c'est M. Mirjan Santic, n'est-ce pas, fils de Franjo ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
7 M. Blaxill (interprétation). - Vous voyez que la date proposée
8 est celle du 18 avril. Vous le connaissiez ?
9 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je le connaissais.
10 M. Blaxill (interprétation). - Vous saviez que c'était un soldat
11 du HVO, en tout cas c'est comme ça que vous le connaissiez, n'est-ce pas ?
12 M. Vidovic (interprétation). - Non, que voulez-vous dire : un
13 soldat professionnel ?
14 M. Blaxill (interprétation). - Il était membre du HVO dans
15 l'armée à l'époque. Je ne sais pas si c'était un conscrit ou non.
16 M. Vidovic (interprétation). - Cela, je ne sais pas, je ne
17 connais pas le détail. Je ne sais pas quel était son statut.
18 M. Blaxill (interprétation). - Je vous invite à consulter la
19 toute première page, s'il vous plaît. Vous êtes d'accord avec moi pour
20 dire qu'il semble s'agir d'un document du HVO reprenant les noms des
21 soldats du HVO qui ont été tués ?
22 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas ce que vous voulez
23 dire. Voulez-vous dire que je suis d'accord, que c'est un document qui
24 porte l'en-tête ?
25 M. Blaxill (interprétation). - Je vous demande s'il s'agit bien
Page 6364
1 là de ce que semble être ce document, en tout cas pour vous.
2 M. Vidovic (interprétation). - Il s'agit d'une liste des
3 personnes qui ont été tuées. Le document, à mon avis, devrait avoir pris
4 une autre forme.
5 M. Blaxill (interprétation). - Et cette liste est-elle présentée
6 explicitement comme étant la liste des membres du HVO tués ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Peut-être, mais je ne sais pas,
8 je ne comprends pas. Moi, je ne comprends même pas votre question : je ne
9 sais pas si nous devons, si nous pouvons accepter ce document comme un
10 document qui a été rédigé par le HVO et qui a donc été fait par le HVO.
11 M. Blaxill (interprétation). - Ma question est simple,
12 Monsieur Vidovic : en apparence, à la vue du document que vous tenez entre
13 vos mains, semble-t-il s'agir d'un document intitulé "Liste de membres du
14 HVO qui ont été tués". Je ne vous demande pas de nous dire s'il s'agit
15 d'un document officiel, de l'authentifier, c'est tout ce que je vous
16 demande.
17 M. Vidovic (interprétation). - Mais la liste en tant que telle
18 probablement est comme vous l'avez dit, mais si tous ceux qui figurent sur
19 la liste sont des membres du HVO, je ne pourrai pas vous donner une
20 réponse à cela.
21 M. Blaxill (interprétation). - Je vous demanderai une autre
22 chose également. Dans la colonne où est indiqué le lieu, je vous
23 demanderai donc de consulter cette différente colonne sur les différentes
24 pages du document et de nous dire si le nom "Ahmici" y apparaît.
25 M. Vidovic (interprétation). - Non, pas "Ahmici", mais il y a
Page 6365
1 Pirici, Santici. Pirici, bien évidemment. Donc je répète : Pirici, il y a
2 plusieurs endroits.
3 M. Blaxill (interprétation). - Par conséquent, vous seriez
4 d'accord avec moi pour dire que "Ahmici" n'apparaît pas mais que l'on
5 trouve quelques indications de Pirici, de Cantici avec différentes dates,
6 n'est-ce pas ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Oui, vous avez raison : Ahmici
8 n'existe pas, je suis d'accord avec vous.
9 M. Blaxill (interprétation). - Un autre point encore. Vous avez
10 dit connaître M. Marjan Santic. Quelle était sa profession ? Comment le
11 connaissiez-vous ? Etait-ce un collègue, un ami ?
12 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je ne peux pas dire que
13 nous étions très proches. Mais je le connais de l'époque où il sortait
14 avec son épouse et, à cette époque-la, quand il sortait en amis -son
15 épouse et lui-même- à ce moment-là ma petite amie était mon épouse
16 actuelle, on sortait à quatre pour prendre un verre. C'est de cette
17 époque-là que je le connais. Je connais très bien son épouse.
18 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur Vidovic, merci.
19 Monsieur le Président, je n'ai plus de questions à poser au témoin.
20 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Radovic ?
21 M. Radovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Eh
22 bien, nous allons commencer en suivant le même ordre que M. le Procureur.
23 La nouvelle mosquée qui a été construite par Hazim, pourquoi
24 était-elle importante pour les villageois d'Ahmici ?
25 M. Vidovic (interprétation). - A mon avis, elle a été importante
Page 6366
1 pour les villageois d'Ahmici-le-Bas parce que, tout simplement, ils ne
2 voulaient pas participer à la construction de la mosquée qui se trouvait
3 en haut et ils avaient construit cette mosquée en bas du village sans
4 participer à la construction, sans y contribuer. Il y avait un local qui a
5 été réservé à cette intention. C'est une première chose...
6 M. Radovic (interprétation). - Excusez-moi, poursuivez.
7 M. Vidovic (interprétation). - Donc c'était une première chose.
8 Deuxièmement, c'était important pour eux parce qu'ils pouvaient se réunir
9 et que c'était à un bon emplacement.
10 M. Radovic (interprétation). - Vous voulez dire que quand les
11 Musulmans construisaient une mosquée, ils organisaient un certain nombre
12 de moyens ? Comment ont-ils fait la collecte ? Comment avait-on financé ?
13 Est-ce que c'est par des contributions, sur une base bénévole ou sur une
14 autre base ? Comment ont-ils contribué à la construction de la mosquée ?
15 M. Vidovic (interprétation). - Je ne peux pas vous donner de
16 réponse tout à fait précise, mais je vais essayer quand même de vous en
17 donner une.
18 Je pense que dans cette partie du village, ils avaient également
19 procédé à la construction en définissant une somme d'argent par famille.
20 Et c'est l’imam ou Muftjad qui tenait un registre et qui pouvait comme
21 cela savoir qui avait contribué à la construction de la mosquée, c'est une
22 façon. Et une autre façon, c'est par les donations qui provenaient des
23 Etats islamiques et par l'intermédiaire de la communauté islamique. C'est
24 également un moyen auquel on avait recouru.
25 M. Radovic (interprétation). - Vous dites "Odja" ou l’imam, peu
Page 6367
1 importe le nom, est-ce qu’il y avait, outre l’imam, il y avait également
2 des citoyens qui surveillaient tout ce qui se passait à l'intérieur de la
3 mosquée, aux alentours de la mosquée. Savez-vous, par exemple, qu'il y
4 avait également un comité de la communauté islamique ?
5 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je suis au courant, je le
6 sais.
7 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous nous donner des
8 explications si vous le savez, car vous n'appartenez pas à cette
9 confession ? Mais dites-nous ce que vous savez sur le comité de la
10 communauté islamique ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Oui, ce que je sais. Chaque
12 municipalité avait un comité. Un comité de la communauté islamique et dans
13 chaque village ce comité organisait, si je peux appeler ainsi, un groupe
14 de gens qui...
15 M. Radovic (interprétation). - Vous pouvez l'appeler comme vous
16 voulez.
17 M. Vidovic (interprétation). - C'était ce comité, ce groupe de
18 personnes à la tête duquel se trouvait ou bien Odja ou l’imam ou peu
19 importe, quelqu'un qui était du côté des Musulmans et ensuite il y avait
20 des sous-comités des sections. Nous on les appelait Muftja. Ce n'étaient
21 pas des instructeurs, pas des enseignants, mais c'était quelqu'un dans le
22 village dont la tâche était de contacter chaque personne et si jamais on
23 avait décidé de construire une mosquée ou éventuellement d'organiser une
24 autre action, à ce moment-là, cette personne était chargée de contacter
25 toutes les personnes et de leur demander la contribution.
Page 6368
1 M. Radovic (interprétation). - D'après vous, en ce qui concerne
2 la prière dans la nouvelle mosquée qui a été construite également grâce à
3 Hazim, pouvez-vous nous dire qui, parmi les villageois, allait dans la
4 nouvelle mosquée et qui allait dans l'autre mosquée ? Est-ce que vous êtes
5 au courant, si vous le savez ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Ce que je sais, je vais vous
7 dire : en ce qui concerne Ahmici-le-Haut vivait, aujourd'hui également, le
8 frère de Hazim nommé Esad. Eh bien, avec sa famille, lui-même il avait
9 fait la prière dans la mosquée de son frère, donc en bas du village.
10 M. Radovic (interprétation). - En bas du village, on s'est bien
11 compris ?
12 M. Vidovic (interprétation). - Oui donc Abdullah Mustafa, son
13 voisin, je ne connais pas tous ces noms, je dois dire Sakib, Nezir et les
14 autres, les voisins qui habitaient à proximité de cette mosquée en bas du
15 village, y allaient compte tenu du fait qu'ils passaient en passant du
16 haut du village à côté. Donc je pense qu'il n'y avait que le frère de
17 Hazim qui était avec lui dans cette mosquée.
18 M. Radovic (interprétation). - Je pense que le Procureur vous a
19 posé la question au sujet d'autres Musulmans. Avez-vous vu que lors de la
20 prière organisée dans la mosquée, en bas du village, il y avait des
21 Musulmans qui arrivaient en provenance d'autres villages et pas forcément
22 de la municipalité de Vitez ? Est-ce qu'il y avait des pèlerinages ? Parce
23 que si je sais d'une mosquée qui avait une importance plus grande pour les
24 Musulmans à ce moment-là on aurait organisé le pèlerinage, comme c'est le
25 cas pour d'autres lieux saints musulmans. Médina ou autres ?
Page 6369
1 M. Vidovic (interprétation). - Oui effectivement, il y a cette
2 coutume d'aller en pèlerinage, c'est Mevloud ceci veut dire que chaque
3 village a une date qui est déterminée, retenue pour l'organisation de
4 cette cérémonie religieuse spéciale appelée Mevloud. Je pense qu'Ahmici
5 avait effectivement une date dans ce genre qui a été déterminée mais pour
6 la mosquée du haut du village alors que Hazim avec son fils Zaim qui est
7 Odja et qui habite à Vienne, il avait réussi à organiser assez fréquemment
8 Mevloud, donc ces cérémonies religieuses spéciales dans sa mosquée.
9 M. Radovic (interprétation). - Je suis désolé, mais c'est la
10 première fois que j'entends parler de ce terme Mevloud. Est-ce que vous
11 voulez expliquer aux Juges ce que c'est ? C'est une foire, un pèlerinage ?
12 M. Vidovic (interprétation). - Mevloud, je ne sais pas comment
13 vous l'expliquer.
14 M. Radovic (interprétation). - C'est une procession ?
15 M. Vidovic (interprétation). - Oui en quelque sorte, c'est une
16 prière solennelle suivie non seulement d'une prière mais également avec un
17 certain nombre de chants spirituels.
18 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous me dire si ce qui a
19 été organisé dans la mosquée en bas d'Ahmici, Mevloud était organisé de la
20 même manière comme dans d'autres mosquées ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Non, c'était la même chose. Sauf
22 qu'il y avait un certain nombre de personnages renommés et des chefs
23 spirituels d'autres milieux qui venaient également pour assister à cette
24 cérémonie. C'était tout simplement car son fils Zaim avait une renommée et
25 je pense qu'il avait des connaissances dans ces milieux, car son fils Zaim
Page 6370
1 avait bien évidemment intérêt à ce que cette mosquée puisse se maintenir
2 et être préservée.
3 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que c'était contestable ?
4 Cette mosquée a été contestable qu'elle se maintienne ou non à cet
5 endroit ?
6 M. Vidovic (interprétation). - S'il n'y a pas de fidèles, elle
7 est automatiquement contestable.
8 M. Radovic (interprétation). - Le Procureur vous a posé une
9 autre question concernant les rapports de travail. Est-ce que vous pouvez
10 maintenant me dire ce qui s'est passé avant les élections libres et
11 après ? Et avant donc les conflits ? Quels étaient les règlements ? Quelle
12 était la réglementation en vigueur dans la zone du village, dans votre
13 village et dans la municipalité ? Est-ce qu'il y avait des réglementations
14 qui portaient sur les contrats de travail, sur les rapports de travail
15 dans votre établissement, à la Poste, aux PTT ?
16 M. Vidovic (interprétation). - Avant la guerre, tout le
17 personnel de la Poste devait se conformer à la réglementation en vigueur
18 et à la législation en vigueur qui ont été prescrits par la communauté des
19 PTT yougoslaves et tous nos règlements. Tous nos règlements qui, à cette
20 époque, étaient en vigueur étaient pratiquement conformes à cette
21 réglementation générale de cette époque-là.
22 M. Radovic (interprétation). - Vous voulez dire qu'à partir du
23 moment où la Bosnie-Herzégovine a été proclamée Etat, on n'a pas touché à
24 la réglementation en vigueur valable dans l'ex-Yougoslavie ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Effectivement, nous avons
Page 6371
1 continué à travailler en vertu de ces règlements.
2 M. Radovic (interprétation). - Vous voulez dire que vous avez
3 poursuivi, respecté cette législation et jusqu'à quand ?
4 M. Vidovic (interprétation). - A la Poste, nous avons poursuivi
5 d'appliquer cette réglementation jusqu'en novembre 1994, au moment où nous
6 avons mis en place cette nouvelle forme des PTT de Bosnie-Herzégovine.
7 M. Radovic (interprétation). - C'est là où vous avez cessé
8 d'appliquer cette réglementation de l'ex-Yougoslavie sur les rapports de
9 travail ?
10 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
11 M. Radovic (interprétation). - Vous souvenez-vous quel était le
12 terme utilisé pour l'absence au poste de travail ?
13 M. Vidovic (interprétation). - Si au bout d'un certain temps
14 l'ouvrier ne se rendait pas au travail, à ce moment-là son supérieur
15 devait rédiger une requête et engager une procédure disciplinaire. Et il
16 s'agissait...
17 M. le Président (interprétation). - Maître Radovic, je crois que
18 nous en avons suffisamment entendu sur ce point. C'est une question très
19 limitée. Ce qui nous intéresse ce n'est pas cela. Nous ne voulons pas
20 savoir ce qui s'est passé le 20 octobre, je crois d'ailleurs que nous
21 avons entendu tous les éléments nécessaires. Il est inutile d'entendre
22 beaucoup d'informations sur les relations de travail, surtout d'un point
23 de vue historique.
24 Pouvez-vous poursuivre et passer à autre chose, s'il vous
25 plaît ?
Page 6372
1 M. Radovic (interprétation). - Monsieur le Juge, je n'ai pas
2 l'intention de poursuivre très longtemps sur ce sujet-là, mais je voulais
3 tout simplement poser cette question parce que M. le Procureur a démontré
4 qu'il ne savait pas comment les relations de travail étaient réglementées
5 à cette époque-là à la Poste, alors qu'il avait posé une telle question.
6 Eh bien, il en ressortait que dans la partie croate de Bosnie-
7 Herzégovine il y avait une réglementation spéciale alors que ce n'était
8 pas vrai. Donc, M. le Procureur vous avait interrogé au sujet de l'état
9 actuel de la police.
10 Vous avez parlé du poste de police et vous avez dit qu'un
11 Musulman était chef de ce poste. Dites-nous, pour l'expliquer aux Juges :
12 quand une patrouille sortait sur le terrain, quelle était la composition
13 du point de vue national ?
14 M. Vidovic (interprétation). - J'ai dit qu'en ce qui concerne
15 les effectifs, la proportion était moitié-moitié. Il y avait peut-être un
16 peu plus des uns que des autres mais c'était moitié-moitié. Et dans tous
17 les services, y compris dans la patrouille on tenait compte de cette
18 proportion. La patrouille était mixte. S'il y avait deux policiers pour
19 monter la garde, à ce moment-là il y avait un Musulman et un Croate. S'ils
20 étaient quatre, à ce moment-là deux et deux, moitié-moitié. C'est ce que
21 je sais. Puis les rencontres que j'ai eues avec eux...
22 M. Radovic (interprétation). - Vous avez dit que vous étiez
23 informé des événements en cours par la presse. Vous ai-je bien compris ?
24 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
25 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous maintenant me dire de
Page 6373
1 quelle presse il s'agissait ?
2 M. Vidovic (interprétation). - A cette époque, les seuls
3 journaux que l'on pouvait lire étaient le Oslobodjenje de Sarajevo et le
4 Veceznje Novine, un journal de Sarajevo je crois.
5 M. Radovic (interprétation). - Il n'y avait donc pas de journaux
6 croates, n'est-ce pas ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Non, pas à cette époque-là.
8 M. Radovic (interprétation). - Le Procureur vous a interrogé au
9 sujet des intentions de la communauté croate de Herceg-Bosna. Pouvez-vous
10 nous dire où se prenaient les décisions politiques ? A quel niveau ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, au niveau le plus élevé
12 du parti de l'Union Démocratique Croate de Bosnie-Herzégovine.
13 M. Radovic (interprétation). - Mais dans le cadre de Vitez ?
14 M. Vidovic (interprétation). - Je dirais que ce type de décision
15 ne se prenait pas dans l'environnement de Vitez.
16 M. Radovic (interprétation). - Dites-nous, avez-vous jamais vu
17 ou entendu dire qu'une décision politique quelconque aurait été prise par
18 les accusés, Zoran ou Mirjan Kupreskic ? Ou bien avez-vous vu le moindre
19 document portant leur signature et qui donnerait un ordre de quelque
20 nature que ce soit et à qui que ce soit ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Non, je n'ai jamais eu l'occasion
22 de voir ce genre de chose.
23 M. Radovic (interprétation). - Leur position était telle qu'ils
24 auraient pu prendre une décision politique de quelque nature que ce soit
25 qui aurait constitué une obligation pour qui que ce soit ?
Page 6374
1 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, non, non. En aucun cas
2 ils n'étaient en position d'agir de la sorte.
3 M. Radovic (interprétation). - Je vous poserai les mêmes
4 questions au sujet du pouvoir militaire. Mirjan et Zoran Kupreskic
5 avaient-ils le moindre pouvoir pour donner un ordre à une unité militaire
6 ou à l'un quelconque de ces membres ?
7 M. Vidovic (interprétation). - Je pense que non.
8 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous jamais vu un ordre
9 quelconque par lequel Zoran ou Mirjan Kupreskic donnait un ordre à qui que
10 ce soit ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Je n'ai jamais eu l'occasion de
12 voir un tel ordre.
13 M. Radovic (interprétation). - Le Procureur vous a également
14 interrogé au sujet du centre de renseignement et de diversion. Je crois
15 qu'il y a là également une certaine confusion dans le compte rendu. Je
16 voudrais donc vous poser quelques questions de façon à lever les quelques
17 ambiguïtés.
18 Ce centre de renseignement et de diversion, d'alarme, était-il
19 destiné à alarmer, à alerter les citoyens avant qu'un incident particulier
20 ne se produise ou après la survenue d'un tel incident ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je pourrais vous donner
22 un détail à ce sujet. Le jour où Vitez a été pilonnée par la JNA, le
23 centre d'information, de renseignement a averti les citoyens qu'il y avait
24 un danger.
25 M. Radovic (interprétation). - Mais sur la base de quel
Page 6375
1 renseignement ?
2 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien je ne sais pas ce que
3 vous voulez dire !
4 M. Radovic (interprétation). - Cela s'est-il produit lorsque le
5 pilonnage a eu lieu ou lorsque les avions sont arrivés ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Lorsque les avions sont arrivés
7 parce que je pense au pilonnage par les avions.
8 M. Radovic (interprétation). - Oui mais quand on parle de
9 pilonnage on ne pense pas aux avions, n'est-ce pas ?
10 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien je vous prie de
11 m'excuser, je pensais à un bombardement d'avion.
12 M. Radovic (interprétation). - Et le deuxième incident ?
13 M. Vidovic (interprétation). - Le deuxième cas, il s'agit
14 d'annonce, d'alerte des citoyens, en cas d'incendie, d’inondation,
15 destinée à avertir la population civile.
16 M. Radovic (interprétation). - Autrement dit, lorsqu'un danger
17 très important survenait c'est à ce moment-là que les membres de ce centre
18 se mettaient au travail et se faisaient connaître, n'est-ce pas ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je suis d'accord.
20 M. Radovic (interprétation). - Le Procureur vous a soumis ce
21 document sur lequel on voit la signature d'un certain nombre de personnes
22 décédées. Bien, c'est ma collègue Me Slokovic-Glumac qui dit qu'elle va
23 interroger le témoin à ce sujet, donc je passe ces questions.
24 Dites-moi, savez-vous où était l'entrepôt Ogrjev ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je sais.
Page 6376
1 M. Radovic (interprétation). - Vous l'avez décrit, n'est-ce
2 pas ? Vous en avez décrit la configuration, l'aspect physique.
3 Mais sur votre ordinateur, le 16 avril 1993, avez-vous vu
4 apparaître la moindre donnée montrant que la ligne téléphonique alimentant
5 Ogrjev était coupée ? Pouvez-vous nous informer à ce sujet ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Je vais expliquer plus en détail
7 quelle était la nature du listing que sortait l'ordinateur. Lorsqu'il y
8 avait interruption d'un câble, je parle d'interruption, c'est-à-dire
9 lorsqu'il n'y avait plus de contact entre deux lignes, l'ordinateur ne
10 sortait pas cette donnée sur le listing, sauf dans les cas où le numéro
11 exact lui était donné.
12 M. Radovic (interprétation). - Autrement dit, si je vous ai bien
13 compris, il est impossible de répondre à cette question ?
14 M. Vidovic (interprétation). - Si la prise téléphonique était
15 enlevée du mur, l'ordinateur n'en savait rien.
16 M. Radovic (interprétation). - Oui, mais je ne vous demande pas
17 si le numéro était déconnecté parce que la prise téléphonique était
18 débranchée, je vous demande si la donnée selon laquelle la ligne
19 conduisant à Ogrjev était déconnectée. Est-ce qu'à ce moment-là votre
20 ordinateur vous en informait ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Je ne peux pas me rappeler, dans
22 la pratique, si ce numéro précis figurait également sur le listing. Mais,
23 le premier jour, il y a eu des numéros sur le listing qui provenaient de
24 ce secteur.
25 M. Radovic (interprétation). - Donc de cette ligne ?
Page 6377
1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, de cette ligne.
2 M. Radovic (interprétation). - Donc des numéros en panne ?
3 M. Vidovic (interprétation). - Certains numéros en panne, oui.
4 M. Radovic (interprétation). - Mais vous ne savez pas si tous
5 les numéros étaient en panne ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas si tous les
7 numéros étaient en panne et je ne sais pas si les numéros d'Ogrjev
8 figuraient sur le listing des pannes.
9 M. Radovic (interprétation). - Une seule question encore, si
10 vous voulez bien.
11 Le Procureur vous a interrogé au sujet de la rencontre de votre
12 soeur avec les gardes villageois. Mais dans les propos du Procureur, les
13 termes utilisés étaient un peu différents de ceux que vous avez utilisés
14 dans votre déposition, alors j'aimerais que nous voyons les choses de
15 façon très précise.
16 Est-ce que votre soeur vous a dit qu'elle avait rencontré les
17 gardes villageois ? Auquel cas elle les aurait sans doute tous connus ? Ou
18 bien vous a-t-elle dit que, parmi le groupe d'hommes qu'elle a rencontrés
19 en uniforme et en armes, il y avait des hommes qu'elle ne connaissait
20 pas ?
21 M. Vidovic (interprétation). - Elle a rencontré un groupe
22 d'hommes au nombre desquels se trouvaient pas mal de voisins qui étaient
23 tous armés et qu'elle peut désigner par leur nom. Ce groupe était
24 dirigé...
25 M. Radovic (interprétation). - Vous l'avez déjà dit.
Page 6378
1 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
2 M. Radovic (interprétation). - Mais au nombre de ces hommes, y
3 avait-il également des hommes qu'elle ne connaissait pas, si vous le
4 savez ?
5 M. Vidovic (interprétation). - Je crois qu'il y en avait. Je
6 crois qu'il y avait des hommes qu'elle ne connaissait pas, mais je ne sais
7 pas combien.
8 M. Radovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
9 J'en ai terminé.
10 M. le Président (interprétation). - Merci, Maître Slokovic-
11 Glumac ?
12 Mme Glumac (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
13 Monsieur Vidovic, nous allons revenir quelques instants sur ce
14 listing dont il a été assez souvent question.
15 Dites-nous d'abord, selon le règlement en vigueur en Bosnie-
16 Herzégovine et plus largement dans l'ex-Yougoslavie, quelle était la façon
17 dont on déterminait la date du décès de quelqu'un ? Quel était le document
18 officiel émis au moment du décès d'une personne ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Pour autant que je le sache, le
20 document valable dans ces cas était le constat de décès établi par le
21 médecin, le médecin ayant procédé au dernier examen de la personne en
22 question.
23 Mme Glumac (interprétation). - Mais sur ce document y a-t-il la
24 date, le lieu et l'heure du décès ? Est-ce que ces éléments fondamentaux
25 figurent sur ce document ?
Page 6379
1 M. Vidovic (interprétation). - Je crois que oui, ainsi que les
2 conditions du décès.
3 Mme Glumac (interprétation). - Ces données sont-elles fiables ?
4 M. Vidovic (interprétation). - Elles devraient l'être. Je crois
5 qu'elles le sont.
6 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que ce document a valeur
7 de document officiel ?
8 M. Vidovic (interprétation). - S'il porte la signature du
9 médecin, je considère que ce document a valeur de document officiel.
10 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que l'acte de décès émis
11 par la personne responsable de la municipalité, autrement dit après que
12 l'annonce du décès arrive à la mairie et que le responsable de la
13 municipalité enregistre le décès dans les registres de la municipalité,
14 est-ce que le document établi dans ces conditions est pertinent ?
15 M. Vidovic (interprétation). - Je crois que oui.
16 Mme Glumac (interprétation). - Dans cet acte de décès qui est
17 établi par les services municipaux, est-ce que, pour la rédaction de ce
18 document, la présence du médecin est nécessaire ?
19 M. Vidovic (interprétation). - Non.
20 Mme Glumac (interprétation). - Bien. Si vous aviez d'un côté
21 cette liste, ce papier dont vous nous avez dit ne pas savoir de quoi il
22 s'agissait, et que dans l'autre main vous teniez l'acte de décès, quel est
23 le document que vous considéreriez comme le plus valable ? Le premier
24 papier ou l'acte de décès ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Je pense que je considérerais
Page 6380
1 comme plus valable l'acte de décès.
2 Mme Glumac (interprétation). - Mais si dans l'acte de décès
3 certaines données étaient différentes de celles qui figurent sur ce
4 papier, auriez-vous confiance dans ce qui est écrit dans l'acte de décès
5 ou sur ce papier-ci ? Lequel, à vos yeux, est un document officiel ?
6 M. Vidovic (interprétation). - Je ferai confiance à ce qui
7 figure sur l'acte de décès.
8 Mme Glumac (interprétation). - Très bien, merci.
9 Maintenant, en première page, il est écrit : "Liste des
10 personnes décédées parmi les membres du HVO". C'est bien cela ?
11 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
12 Mme Glumac (interprétation). - Je vous prierais de bien vouloir
13 prendre la page 10 de ce document, si vous voulez bien, le texte croate.
14 Qui, sur cette liste, pouvait être membre du HVO ? Qui avait la
15 possibilité de faire partie du HVO ? D'après la loi, quel était l'âge de
16 combattre pour les hommes ?
17 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien je ne connais pas la loi
18 en détail, mais je crois que jusqu'à l'âge de cinquante ans c'était le
19 cas.
20 Mme Glumac (interprétation). - A partir de quel âge ?
21 M. Vidovic (interprétation). - A partir de dix-huit ans.
22 Mme Glumac (interprétation). - A partir de dix-huit ans, n'est-
23 ce pas ? Alors je vous demanderais de regarder les noms qui correspondent
24 aux numéros 512, 513, 514, 518, 519, 520.
25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je les vois.
Page 6381
1 Mme Glumac (interprétation). - 523, 524, 525, 526 et veuillez
2 regarder leurs dates de naissance qui figurent sur la première colonne à
3 côté du nom et du prénom.
4 M. May (interprétation). – Tout cela, ce ne sont que des
5 commentaires, n'est-ce pas, vous n'interrogez pas le témoin. Vous pouvez
6 évoquer ces éléments dans votre plaidoirie, Maître Glumac. Nous n'avons
7 pas besoin d'une déposition très longue sur ces points.
8 Mme Glumac (interprétation). - Oui, c'est exact, mais le
9 Procureur ne cesse de s'appuyer sur ces documents, sur ce document en
10 particulier qui est tellement erroné que je pense véritablement qu'il est
11 utile que le témoin également le commente. Mais, sur le fond, vous avez
12 raison, donc nous allons passer à autre chose.
13 Dites-nous, eu égard aux autres éléments qui figurent dans ce
14 document, si l'emplacement, le lieu, la localité d'Ahmici a été évoquée
15 dans les questions qui vous ont été posées ?
16 M. Vidovic (interprétation). - Oui.
17 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit que d'autres
18 endroits, comme Santici, Pirici, sont mentionnés dans le document, mais
19 pas Ahmici.
20 M. Vidovic (interprétation). - Effectivement.
21 Mme Glumac (interprétation). - Dans ces endroits, à Pirici, à
22 Santici, si vous le savez, y a-t-il eu quelque opération de combat que ce
23 soit le 16 avril 1993 ?
24 M. Vidovic (interprétation). - Dans ma déposition, j'ai dit que
25 Gornja, Pirici, Nadioci, Ahmici, Gornji Ahmici, Donje Ahmici faisaient
Page 6382
1 parties de la municipalité d'Ahmici, ce qui signifie que...
2 Mme Glumac (interprétation). - Mais savez-vous s'il y a eu des
3 actions de combat dans ces endroits ?
4 M. Vidovic (interprétation). - Dans la région de Pirici, oui.
5 Mme Glumac (interprétation). - A Santici ?
6 M. Vidovic (interprétation). - A Santici, oui.
7 Mme Glumac (interprétation). - Très bien.
8 Je voudrais revenir encore, si vous le voulez bien, sur une
9 autre partie de votre déposition au moment où on vous interrogeait une
10 nouvelle fois sur la journée du 15.
11 Pouvez-vous nous dire ce que vous avez fait le 15 ? Vous êtes
12 allé au travail, vous êtes rentré chez vous ? Quand avez-vous terminé
13 votre équipe ?
14 M. Vidovic (interprétation). - Le 15, j'ai fini mon travail à
15 15 heures, comme tous les autres jours à 3 heures de l'après-midi.
16 Mme Glumac (interprétation). - Et où êtes-vous allé à ce moment-
17 là ?
18 M. Vidovic (interprétation). - A ce moment-là, je suis rentré
19 chez moi, à la maison, et je suis passé à l'épicerie pour acheter un
20 certain nombre de choses.
21 Mme Glumac (interprétation). - Où ?
22 M. Vidovic (interprétation). - Dans le grand magasin de Vitez et
23 dans un magasin qui se trouvait au bas de mon immeuble, dans l'entrée.
24 Mme Glumac (interprétation). - De quel magasin s'agit-il ?
25 M. Vidovic (interprétation). - C'est le magasin qui s'appelle
Page 6383
1 Pepe Sutra qui appartient à l'entreprise Sutra. C'était un magasin
2 d'alimentation.
3 Mme Glumac (interprétation). - Et qui avez-vous vu à cet
4 endroit ? Qui y travaillait ?
5 M. Vidovic (interprétation). - Mirjan Kupreskic y travaillait
6 comme vendeur la dernière année, depuis l'ouverture de ce magasin.
7 Mme Glumac (interprétation). - Mais la question vous a été posée
8 au sujet des moments où vous l'avez vu. Ce jour-là, vous l'avez vu pour la
9 dernière fois ?
10 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je l'ai vu ce jour-là. J'ai
11 acheté plusieurs boîtes de conserve de goulache, je ne peux pas dire
12 exactement combien, et de la bière Tuborg. C'était le seul magasin où on
13 trouvait de la bière Tuborg et nous en avons même bu tous les deux.
14 Mme Glumac (interprétation). - L'avez-vous revu au cours de
15 cette même journée ? Est-ce que vous savez jusqu'à quelle heure il a
16 travaillé puisque vous étiez dans le même immeuble ?
17 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas exactement, mais
18 je crois que je l'ai vu dans son magasin aux alentours de 16 heures et je
19 suis ensuite retourné dans mon appartement, car je savais que j'étais de
20 permanence le soir et je ne suis plus ressorti. Je ne l'ai donc pas revu
21 ce jour-là, je ne l'ai vu que dans le magasin.
22 Mme Glumac (interprétation). - Très bien, mais dans le reste de
23 cette journée avant de prendre votre permanence le soir, avez-vous eu
24 d'autres activités ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Non, j'étais dans l'appartement,
Page 6384
1 mon bébé avait 5 mois à l'époque et j'ai donc passé le reste de l'après-
2 midi avec ma petite fille de 5 mois.
3 Mme Glumac (interprétation). - A quel moment commençait votre
4 permanence ? J'ai oublié, je n'ai pas noté ce fait, excusez-moi.
5 M. Vidovic (interprétation). - A 20 heures.
6 Mme Glumac (interprétation). - Jusqu'à ce moment-là, est-ce que
7 tout était normal à Vitez ? Est-ce que tout correspondait à un jour de
8 travail normal pour vous ?
9 M. Vidovic (interprétation). - Oui, un jour de travail normal.
10 Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous vu des mouvements plus
11 importants que d'habitude, de soldats, d'armée plus importants sur la
12 route quand vous êtes allé prendre votre travail le soir ou est-ce que, du
13 point de vue des mouvements de troupes, les choses... Comment étaient les
14 choses quand vous êtes retourné au travail le soir ?
15 M. Vidovic (interprétation). - En ville je n'ai rien vu de
16 particulier pas de mouvement inhabituel, rien d'inhabituel.
17 Mme Glumac (interprétation). - Encore un élément lié à Ahmici.
18 Pouvez-vous vous rappeler le matin quand vous avez passé en revue ces
19 numéros, qu'en était-il des numéros de téléphone d'Ahmici ?
20 M. Vidovic (interprétation). - Oui je me rappelle. Ce matin-là,
21 j'ai d'abord demandé la liste des alarmes et j'ai ensuite demandé la liste
22 de 150 numéros de téléphone ou peut-être même plus qui étaient en panne.
23 Mme Glumac (interprétation). - Oui, vous l'avez dit, mais
24 s'agissant d'Ahmici, cette zone, ce secteur ?
25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, eh bien sur cette liste il y
Page 6385
1 avait des numéros qui correspondaient à un secteur qui se trouve en-
2 dessous de la maison de ma mère et dans ce secteur tous les numéros
3 étaient en panne, donc il y a eu une interruption des lignes, y compris à
4 cet endroit-là.
5 Mme Glumac (interprétation). - Cela signifie-t-il que seules les
6 lignes téléphoniques des maisons situées aux alentours des maisons de
7 votre mère ne fonctionnaient pas ou cela signifie que dans l'ensemble
8 d'Ahmici les lignes ne fonctionnaient pas ?
9 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, les lignes des maisons
10 situées autour de ma mère, les lignes de Gorni et Donja Ahmici, aucune
11 d'entre elles ne fonctionnait. Le câble, autrement dit, circulait depuis
12 le commutateur jusqu'à Gorni Ahmici en passant par la maison de ma mère,
13 et de maison en maison jusqu'en haut du village. Tout ce secteur, tout ce
14 branchement de la ligne était en panne.
15 Mme Glumac (interprétation). - Cela signifie-t-il que le centre
16 d'Ahmici, autrement dit le quartier où se trouvent les maisons Kupreskic,
17 n'avait pas non plus de téléphone ?
18 M. Vidovic (interprétation). - Non, le centre d'Ahmici n'est pas
19 branché sur la même ligne, sauf quelques maisons. (expurgé)
20 (expurgé), la maison de Hazim Ahmic et aussi celle de
21 Mustafa.
22 Mme Glumac (interprétation). - Mais les autres avaient le
23 téléphone, en tout cas le matin, c'est ce que ça veut dire ?
24 M. Vidovic (interprétation). - Oui, le matin en tout cas.
25 Mme Glumac (interprétation). - Merci.
Page 6386
1 M. le Président (interprétation). - Merci. Merci,
2 Monsieur Vidovic d'avoir témoigné devant ce Tribunal. Vous pouvez
3 maintenant vous retirer et nous suspendons l'audience jusqu'à demain matin
4 9 heures.
5 L'audience est levée à 13 h 20.
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25