Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-16-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Mercredi 10 février 1999

4 L'audience est ouverte à 09 heures.

5 M. Bos (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président,

6 Madame le Juge, Monsieur le Juge. L'affaire IT-95-16 T, le Procureur

7 contre Zoran Kupreskic, Mirjan Kupreskic, Vlatko Kupreskic,

8 Drago Josipovic, Dragan Papic et Vladimir Santic.

9 M. le Président (interprétation). - Merci. Bonjour. Nous

10 pouvons, je pense, procéder à l'interrogatoire principal de M. Vidovic. Le

11 conseil Radovic ?

12 M. Radovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Témoin.

13 Hier, nous avons parlé de votre maison et de la distance de votre maison

14 par rapport à celle de Kupreskic à vol d’oiseau. Maintenant, je vais vous

15 demander, s'il vous plaît, Monsieur le Président, de passer à huis clos

16 très brièvement. C'est juste pour prononcer un certain nombre de noms et

17 pour ne pas les dire en séance publique.

18 M. Bos (interprétation). - La séance est à huis clos.

19 M. Radovic (interprétation). - C'est sans sonorisation.

20 M. le Président (interprétation). - Maître Radovic, est-ce qu'un

21 huis clos partiel vous suffirait ?

22 M. Radovic (interprétation). - Oui.

23 Audience à huis clos partiel

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20 Audience publique

21 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que cette association

22 d'animations culturelles a poursuivi ses activités par la suite ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Oui, sans la section de la

24 guitare.

25 M. Radovic (interprétation). - En ce qui concerne les Kupreskic

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1 que vous voyez ici, pouvez-vous dire qui avait poursuivi les activités au

2 sein de cette association, de cette société culturelle ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Un des premiers organisateurs

4 avait été Zoran Kupreskic, il est resté tout le temps, et son frère

5 Mirjan. Alors que Vlatko avait un certain nombre d'activités et notamment

6 au niveau de la section musicale.

7 M. Radovic (interprétation). - Nous avons déjà dit, hier, que

8 cette société était composée de membres de nationalités différentes.

9 Savez-vous quelque chose à propos des élections qui se sont passées et

10 également en relation avec cette société culturelle ? Est-ce que,

11 éventuellement à l'époque, après les élections, il y avait cette tendance

12 de créer une société qui était sur la base d'une seule nationalité ?

13 Pouvez-vous nous raconter quelque chose et nous donner plus de précisions

14 à ce sujet ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Après les élections,

16 effectivement, il y avait cette initiative d'organiser deux sociétés

17 d'animations culturelles ; une société qui aurait porté le nom Napredak,

18 une société croate et l'autre aurait été une société musulmane, Preporod,

19 "renouveau".

20 Je sais qu'à cette époque-là, Zoran, qui était un des animateurs

21 principaux et qui entraînait la section folklorique avec son frère,

22 s'engageait pour que cette association reste comme elle a été organisée à

23 l'époque et dans la composition de l'époque.

24 M. Radovic (interprétation). - Qu'est-ce que cela veut dire au

25 sujet de nationalités, si lui souhaitait que cette association reste tel

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1 quel, comme avant les élections ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, ceci veut dire qu'à

3 cette époque-là il y avait une équipe, les membres du folklore le disent,

4 qui était déjà bien entraînée.

5 M. Radovic (interprétation). - C'étaient des membres de

6 nationalités différentes ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement, les membres

8 étaient de nationalités différentes. Je vais essayer d'énumérer quelques

9 noms de cette première équipe de renommée : outre Zoran Kupreskic, il y

10 avait Veljko Cato, qui était de nationalité serbe, ensuite Cengalovic mais

11 je ne me souviens plus de son prénom, je pense qu'il était Rom ; ensuite,

12 il y avait la section musicale : Fahrudin Ahmic qui en faisait et

13 Mirjan Kupreskic également.

14 M. Radovic (interprétation). - Vous avez dit qu'en 1983 vous

15 avez arrêté vos activités dans cette association. Est-ce qu'une fois parti

16 de cette association vous avez poursuivi vos relations d'amitié avec

17 Zoran Kupreskic ?

18 M. Vidovic (interprétation). - En 1983 je me suis marié et en

19 avril 1994 je suis parti à Busovaca pour y habiter, c'est pourquoi je ne

20 voyais plus tellement Zoran. Je le voyais uniquement quand j'allais rendre

21 visite à mes parents.

22 M. Radovic (interprétation). - Je vais demander tout simplement

23 de changer le compte rendu parce que dans celui-ci on dit qu'il était

24 parti à Busovaca en 1994 alors qu'il est parti en 1984. Donc le témoin

25 s’est rendu à Busovaca en 1984.

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1 M. Radovic (interprétation). - Quand vous vous rendiez dans

2 votre village, est-ce que vous rencontriez Zoran Kupreskic ? Est-ce que

3 vous avez parlé avec lui ? Avez-vous bu un verre avec lui ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Oui, souvent. Nous sortions

5 souvent ensemble et notamment pour passer les soirées ensemble.

6 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous savez

7 concrètement, avant le début du conflit, avant le 16 avril, quand une

8 manifestation a été organisée, dans la composition que Zoran souhaitait,

9 et qui a existé jusqu'à la guerre ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Je pense que c'était au mois

11 d'avril 1993.

12 M. Radovic (interprétation). - De quoi s'agissait-il ? De quel

13 genre, de quel type de manifestation ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Je pense que c'était dans le

15 cadre d'une fête religieuse, je ne peux pas m'en souvenir exactement.

16 M. Radovic (interprétation). - Donc vous êtes allé à Busovaca,

17 vous avez vu votre appartement, c'était en 1984. Quand êtes-vous retourné

18 à Vitez ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Vous pensez à l'appartement que

20 j'ai retrouvé de nouveau à Vitez, ou éventuellement au travail ?

21 M. Radovic (interprétation). - Je sais qu'il y a une différence.

22 Je vous demande à quel moment vous avez obtenu l'appartement. Excusez-moi,

23 je vous ai interrompu, vous pouvez poursuivre.

24 M. Vidovic (interprétation). - Au mois de mai 1989, quand j'ai

25 terminé mes études, je suis rentré à Vitez et j'ai commencé à travailler

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1 aux PTT, à la Poste. Il y avait un standard téléphonique de type AIC, le

2 nouveau standard qui a été mis en place. C'est là que j'ai commencé à

3 travailler, mais, pour moi, c'est le 27 juillet 1990 que j'ai eu un

4 appartement, mon logement, et j'ai déménagé.

5 M. Radovic (interprétation). - Vous étiez locataire à ce moment-

6 là, je pense. Vous avez eu un appartement qui était dans la propriété

7 sociale, ou un appartement qui était mis à la disposition des cadres ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement, c'était un

9 déménagement sur plan, entre Vitez et Busovaca. J'ai eu mon appartement à

10 Vitez.

11 M. Radovic (interprétation). - Qu'avez-vous fait comme études,

12 de quoi se composait cette formation complémentaire ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Cette formation complémentaire

14 avait pour but justement de me perfectionner en matière de système de

15 télécommunications, de systèmes qui reposaient sur l'informatique et la

16 bureautique, c'est pourquoi j'ai déménagé à Busovaca. C'est à Zagreb,

17 Nikola Tesla, qu'il y avait une usine, et maintenant cette usine s'appelle

18 Erksson. C'est donc cette formation que j'ai eue.

19 M. Radovic (interprétation). - Votre formation complémentaire

20 était orientée vers ce secteur technique et télécommunications, vous ai-je

21 bien compris ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui, ma formation a été axée sur

23 les télécommunications et, en fait, se rapporte plus particulièrement sur

24 les commutations, donc sur les centrales, sur les standards dirigés,

25 gérés, par les ordinateurs.

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1 M. Radovic (interprétation). - Nous sommes en 1990. Est-ce que

2 vous pouvez nous parler de la situation qui a régné à la veille des

3 élections libres, de ce qui s'est passé avec les élections, quels étaient

4 les résultats, ce que vous savez ? Et pouvez-vous nous dire comment le

5 pouvoir a été réparti dans la municipalité de Vitez ?

6 M. Vidovic (interprétation). - En 1990, en novembre, ou plus

7 particulièrement le 18 novembre, les élections multiparties ont eu lieu.

8 Pour ce qui me concerne, je sais qu'il y avait un comité d'initiative, le

9 Président de ce comité de la communauté croate démocratique était un de

10 mes ouvriers.

11 M. Radovic (interprétation). - Comment s'appelait-il ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Franjo Kurevija. Une fois que les

13 élections ont été faites, il y avait la répartition du pouvoir au niveau

14 de la municipalité auquel on est parvenu, je parle de l'exécutif.

15 M. Radovic (interprétation). - Avant la répartition du pouvoir

16 intervenu après les élections libres, pouvez-vous, s'il vous plaît, me

17 dire si votre rôle sur la scène politique vous a permis de savoir ce qui

18 s'était passé au sein du HDZ ou sur la scène politique en général ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Tout d'abord, je dois dire qu'en

20 ce qui concerne, le rôle que j'ai joué c'était de tout simplement de

21 fournir le soutien au Président du comité d'initiative de l'époque qui

22 avait passé la plupart de son temps de travail sur les activités

23 politiques. Et en ce qui me concerne, bien évidemment, je lui avais permis

24 de ne pas travailler et de développer ses engagements politiques.

25 M. Radovic (interprétation). - J'aimerais donc vous poser la

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1 question suivante : quelle était la composition nationale au sein des PTT,

2 à la Poste où vous avez travaillé avant les élections ?

3 M. Vidovic (interprétation). - A la Poste, à Vitez, avant les

4 élections, sur les 30 employés au total, il y avait 6 personnes qui

5 étaient de nationalité musulmane.

6 M. Radovic (interprétation). - Je suppose que tous les autres

7 n'étaient pas des Croates, il y avait des Serbes ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je l'ai oublié. Il y avait

9 deux Serbes.

10 M. Radovic (interprétation). - Les autres Croates ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il y avait un Serbe et une

12 Serbe et les autres étaient Croates.

13 M. Radovic (interprétation). - Comment avez-vous réparti le

14 pouvoir après les élections ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Après les élections, à ma

16 connaissance, pour ce qui concerne l'exécutif de la municipalité, et en

17 conformité des résultats obtenus lors des élection, un gouvernement

18 conjoint a été mis en place.

19 M. Radovic (interprétation). - Ce gouvernement a fonctionné

20 jusqu'à quand ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Le gouvernement conjoint a

22 fonctionné jusqu'à la fin de 1992.

23 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'il y avait la

24 répartition entre la composante militaire et la police au sein des

25 autorités civiles après les élections ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, après les élections, les

2 autorités conjointes, au niveau de la police, ont été formées.

3 M. Radovic (interprétation). - Savez-vous jusqu'à quand ils sont

4 restés ensemble ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Vous parlez de la police ?

6 M. Radovic (interprétation). - Oui, je pense aux services de

7 police conjoint.

8 M. Vidovic (interprétation). - Je pense jusqu'à la fin 1992.

9 M. Radovic (interprétation). - On va encore parler du lieu de

10 travail, enfin la Poste. Est-ce que chaque Poste avait un standard

11 téléphonique ou bien avez-vous couvert plusieurs succursales ? Si oui,

12 pouvez-vous nous donner les régions que vous avez couvertes à partir de

13 votre Poste ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Le type de la centrale qui a été

15 installée en 1989 avait pour but de couvrir les besoins des usagers

16 téléphoniques dans l'ensemble de la municipalité. Et au moment où nous

17 avons mis en place ce standard téléphonique, il y avait les deux

18 centrales. C'est comme cela que nous les avons appelées, les terminaux. Il

19 y en avait une à Poculica et une autre à Stara Bila.

20 M. Radovic (interprétation). - Eh bien, ultérieurement ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Ultérieurement, nous avons

22 envisagé de construire un réseau des abonnés sous la terre, et ces

23 nouveaux standards, grâce à une nouvelle technologie, auraient dû se

24 résoudre par un réseau nouveau et auraient dû englober tous les abonnés

25 dans la municipalité de Vitez.

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1 M. Radovic (interprétation). - Ce réseau, avant que la guerre se

2 soit déclenchée, ce nouveau réseau a-t-il été mis en place dans la terre

3 ou était-ce un réseau aérien ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Ce réseau était un réseau

5 combiné. Ceci, on pourrait le préciser, s’est passé de la manière

6 suivante : sous terre jusqu'à l'agglomération ; jusqu'au village et au

7 niveau du village, c'était un réseau aérien...

8 M. Radovic (interprétation). - Au sein du standard, était-il

9 possible, sans se rendre sur les lieux, de définir qu'il y avait une

10 panne, par exemple, dans les nouveaux réseaux, que ce soit les réseaux

11 aériens ou souterrains ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Oui, la centrale a été conçue,

13 comme je l'ai dit, de manière à pouvoir être gérée par les ordinateur. Par

14 conséquent, nous avons pu contrôler à permanence l'état au niveau des

15 abonnés, au niveau des deux réseaux, exception faite de ces deux centrales

16 qui étaient de type ancien où Stara Bila et les abonnés qui ont donc été

17 rattachés à Stara Bila et Poculica, qui étaient connectés à ces deux

18 centrales. Les autres abonnés qui venaient d'autres villages ont été

19 contrôlés.

20 M. Radovic (interprétation). - Si je vous ai bien compris, sans

21 que vous puissiez vous rendre sur les lieux, outre les deux endroits que

22 vous avez énumérés, vous avez pu tout de suite savoir s’il y avait eu une

23 panne ou non ? Vous ai-je bien compris ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

25 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous nous décrire

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1 maintenant de quelle façon, par les ordinateurs, vous avez été en mesure

2 de vérifier si un abonné avait une panne ou non, chaque abonné

3 particulier, car vous avez pu surveiller tout, vous aviez tous les abonnés

4 dans votre système ? Pouvez-vous nous donner des précisions ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Nous avons géré de manière

6 informatisée la centrale téléphonique, et nous avons pu suivre l'état au

7 niveau des réseaux. Il y avait d'abord une démarche automatique et une

8 autre sur la demande de celui qui gérait les réseaux. En d'autres termes,

9 nous avons été en mesure d'imprimer automatiquement toutes les lignes

10 éventuellement ou de signaler les abonnés qui étaient en panne, et tout de

11 suite d'envoyer l'alarme sonorisée ou lumineuse.

12 M. Radovic (interprétation). - Vous voulez dire

13 qu'automatiquement l'équipe se rendait sur place à partir du moment où il

14 y avait cette alarme et l'équipe savait où elle devrait se rendre ? Elle

15 savait exactement l'endroit où elle devait se rendre ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Si vous le permettez, je peux

17 poursuivre pour vous donner d'autres précisions. Le deuxième moyen

18 d'intervention correspondait à une demande de l'opérateur.

19 M. Radovic (interprétation). - Mais qui transmettait la donnée

20 nécessaire à l'opérateur ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Il y avait une commande qui

22 envoyait un ordre à l'ordinateur, et à ce moment-là l'ordinateur devait

23 sortir la liste de tous les numéros qui étaient en panne.

24 M. Radovic (interprétation). - Très bien. Un peu plus tard, nous

25 allons parler de la journée du 16 avril et nous reviendrons sur ce

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1 problème du système téléphonique à ce moment-là. Mais dites-nous, votre

2 maison de naissance se trouvait bien à Pirici ? Entre-temps, vous avez

3 reçu à appartement dans lequel vous habitiez. N'avez-vous pas eu le désir

4 de posséder une maison qui aurait été votre propriété dans le village où

5 vous êtes né ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'en avais le désir et j'ai

7 réalisé ce voeu.

8 M. Radovic (interprétation). - Eh bien, veuillez nous dire à

9 quel moment vous avez commencé la réalisation de ce souhait.

10 M. Vidovic (interprétation). - J'ai commencé la construction de

11 ma maison en 1984, 1985, et pour être même plus précis, je devrais

12 dire 1985.

13 M. Radovic (interprétation). - Quand a-t-elle été achevée ? Ou

14 plutôt, a-t-elle été achevée avant la guerre ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'ai placé la toiture

16 en 1991, en fait à la fin de 1991.

17 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous avez poursuivi

18 des travaux après cela ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

20 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous interrompu les travaux

21 à ce moment-là ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

23 M. Radovic (interprétation). - Pourquoi ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Je n'avais plus d'argent.

25 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous avez obtenu des

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1 matériaux avant la guerre ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, à part les matériaux de

3 construction qu'il me fallait pour terminer la toiture, j'ai acheté

4 également une partie des matériaux nécessaires à la construction des

5 fenêtres : des planches et d'autres matériaux qui sont restés entreposés à

6 l'intérieur de la maison. Je parle bien toujours de 1991.

7 M. Radovic (interprétation). - Après les élections libres, vous

8 êtes-vous engagé politiquement ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Après les élections de 1990, je

10 ne me suis pas engagé politiquement, mais j'étais sympathisant du parti.

11 M. Radovic (interprétation). - De quel parti ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Du parti Union Démocratique

13 Croate, le HDZ, et j'appuyais également mes collègues au travail.

14 M. Radovic (interprétation). - J'aimerais maintenant vous poser

15 des questions au sujet de votre service militaire. Lorsque vous avez

16 quitté la JNA, est-ce que vous vous êtes fait connaître auprès du

17 "département", comme on l'appelait à l'époque ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'était obligatoire.

19 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous reçu une affectation de

20 guerre ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

22 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous nous donner des

23 détails à ce sujet ?

24 M. Vidovic (interprétation). - En 1981, mon affectation

25 militaire se situait à la Poste de Travnik.

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1 M. Radovic (interprétation). - Dans quelle spécialité ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Dans la spécialité des

3 transmissions à distance.

4 M. Radovic (interprétation). - Et lorsque vous êtes devenu

5 directeur de la Poste de Vitez -nous utiliserons le terme "directeur" qui

6 est un terme technique que chacun comprend bien-, avez-vous reçu une

7 affectation particulière à la Poste, ou plutôt si vous préférez, une

8 astreinte professionnelle à la Poste ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Lorsque j'ai commencé à

10 travailler à la Poste de Busovaca, à la demande de ma direction, mon

11 astreinte professionnelle a été changée.

12 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous donner des

13 explications à ce sujet ?

14 M. Vidovic (interprétation). - A partir de 1982, mon astreinte

15 professionnelle se situait à Busovaca, à la Poste.

16 M. Radovic (interprétation). - Donc si je comprends bien,

17 lorsque vous avez eu cette nouvelle affectation de travail, vous l'avez

18 eue au sein des structures civiles de la Poste ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

20 M. Radovic (interprétation). - Parce que vous étiez le seul

21 spécialiste technique en matière de télécommunications ? Est-ce que j'ai

22 bien compris ce que vous vouliez dire ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est tout à fait cela.

24 M. Radovic (interprétation). - Maintenant, veuillez me dire la

25 chose suivante : eu égard aux communications téléphoniques, juste avant la

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1 guerre, ou pour être plus précis, en 1992, est-ce qu'il n'y a pas eu

2 liaison des systèmes civils et militaires de téléphone, ou bien est-ce que

3 ces deux systèmes étaient distincts ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Ces deux systèmes, ces deux

5 réseaux étaient distincts, séparés.

6 M. Radovic (interprétation). - Donc à la Poste, il n'y avait

7 aucune ligne réservée à l'armée ? Est-ce que j'ai bien compris ?

8 M. Vidovic (interprétation). - En effet, avant la guerre, il n'y

9 en n'avait pas.

10 M. Radovic (interprétation). - Hormis peut-être quelques lignes

11 téléphoniques plus ou moins assimilables au réseau civil ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il y avait des usagers du

13 réseau fonctionnement et commandés automatiquement.

14 M. Radovic (interprétation). - Oui, c'est ce que je voulais

15 dire, mais ces lignes, ces liaisons n'avaient pas de caractère militaire

16 particulier ?

17 M. Vidovic (interprétation). - C'est cela.

18 M. Radovic (interprétation). - Pendant que vous étiez employé de

19 la Poste de Vitez, avez-vous entendu parler de l'événement qui s'est

20 produit le 20 octobre 1992 près du cimetière d'Ahmici ? Je parle du

21 cimetière qui a été construit en partie sur la terre vendue par le défunt

22 Hazim. Si vous avez des connaissances à ce sujet, pouvez-vous nous en

23 parler ? Est-ce que vous avez assisté à la scène ?

24 M. Vidovic (interprétation). - J'en ai entendu parler, en effet.

25 M. Radovic (interprétation). - Mais vous n'y avez pas assisté

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1 personnellement ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Non, j'en ai simplement entendu

3 parler. J'ai entendu dire que, le 20 octobre, un groupe d'habitants

4 d'Ahmici avait érigé un barrage aux abords du cimetière.

5 M. Radovic (interprétation). - Mais ce groupe était composé de

6 qui ? De Croates ou de Musulmans ?

7 M. Vidovic (interprétation). - C'était un groupe composé de

8 Musulmans d'Ahmici.

9 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous entendu parler de la

10 façon dont cet incident s'est réglé ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je ne sais pas dans des

12 détails comment la chose a été réglée. Ce que je sais simplement, c'est

13 que ce malentendu s'est prolongé pendant une journée entière.

14 M. Radovic (interprétation). - Mais après les élections libres,

15 à la Poste, c'est-à-dire dans le cadre de ce que vous connaissez -et je ne

16 vous demande pas de nous dire ce dont vous avez simplement entendu parler,

17 mais de nous parler de ce que vous connaissez personnellement-, y a-t-il

18 eu des modifications dans les postes de travail ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Pour autant que je le sache, non.

20 M. Radovic (interprétation). - Vous devez le savoir, puisque

21 vous étiez chef à la Poste, n'est-ce pas ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Non, j'ai cru comprendre que vous

23 m'interrogiez pour l'ensemble de l'entreprise.

24 M. Radovic (interprétation). - Non, je vous pose la question au

25 sujet de la Poste dans laquelle vous travailliez physiquement, je ne vous

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1 parle pas de l'ensemble des entreprises.

2 M. Vidovic (interprétation). - A la Poste, il n'y a pas eu de

3 modification de la composition nationale au niveau des employés. Ce qui

4 existait avant a continué à exister par la suite.

5 M. Radovic (interprétation). - Y a-t-il eu des problèmes entre

6 les Croates et les Musulmans à la Poste après ce que j'appellerais cet

7 "incident" du 20 octobre 1992 ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Effectivement, ils ne sont pas

9 venus travailler pendant sept jours à la Poste. Je ne sais pas pourquoi.

10 M. Radovic (interprétation). - Et après ces sept jours ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Après ces sept jours ils sont

12 revenus.

13 M. Radovic (interprétation). - Mais, compte tenu du fait qu'ils

14 ne sont pas venus travailler pendant ces sept jours à la Poste, est-ce que

15 des mesures disciplinaires de quelque nature que ce soit ont été prises

16 contre eux, ou pas ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Non, aucune mesure disciplinaire

18 n'a été prise.

19 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'ils ont expliqué pour

20 quelle raison ils n'étaient pas venus travailler à la Poste ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Oui, ils l'ont fait. Ils ont dit

22 qu'ils avaient peur.

23 M. Radovic (interprétation). - Et cette explication vous a

24 satisfait ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Ce que nous avons répondu, c'est

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1 qu'il n'y avait aucune raison d'avoir peur, parce que pendant toute cette

2 période la Poste fonctionnait. C'est une entreprise publique dans laquelle

3 pénètrent tous les jours plus de 200 usagers, donc la réponse que nous

4 avons fournie a consisté à dire qu'il n'y avait pas de raison d'avoir

5 peur.

6 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi, les éléments musulmans

7 employés à la Poste, jusqu'à quand ont-ils travaillé à la Poste ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Ils ont travaillé jusqu'au

9 15 avril 1993.

10 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi, vous rappelez-vous

11 cette journée du 15 avril 1993 ? C'était bien ce que nous appellerons la

12 veille du début du conflit entre les Croates et les Musulmans ? Vous

13 rappelez-vous ce que vous avez fait vous-même, ce jour-là ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je me rappelle. Pendant ces

15 journées-là, je parle du 15 et des deux ou trois jours qui ont précédé

16 le 15, mes activités se sont centrées sur l'approvisionnement en essence

17 des installations de la Poste. Parce qu'à ce moment-là il y avait pénurie

18 d'essence, donc régulièrement, chaque mois, c'était une obligation de

19 veiller à ce que le combustible soit disponible. Donc, ce jour-là, le 15,

20 j'ai réussi à obtenir un complément d'approvisionnement, 400 litres à peu

21 près, et je suis ensuite retourné à la maison.

22 M. Radovic (interprétation). - Mais vous rappelez-vous où vous

23 avez commandé ce combustible ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je rappelle. Je l'ai

25 commandé à la station d'essence Kalem, près de chez Kasim Kresic.

Page 6299

1 M. Radovic (interprétation). - D'après le nom et le prénom, je

2 pense qu'il s'agit d'un Musulman. Est-ce exact ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est exact.

4 M. Radovic (interprétation). - Après votre retour à la maison,

5 qu'avez-vous fait le 15 avril ? Etes-vous retourné à la Poste ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Oui, de toute façon, pendant

7 cette période où il y avait pénurie d'énergie, nous avons organisé à la

8 Poste des astreintes, et il était obligatoire de veiller à mettre en

9 marche le générateur en cas de panne d'électricité.

10 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous saviez à l'avance

11 qui était d'astreinte ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

13 M. Radovic (interprétation). - Les Musulmans étaient-ils

14 d'astreinte également ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

16 M. Radovic (interprétation). - Dites-nous ensuite ce qui s'est

17 passé. Vous êtes allé travailler, mais est-ce que les employés étaient

18 présents 24 heures sur 24 ? Des gens travaillaient-ils la nuit ? Comment

19 était-ce organisé ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Oui, le service commençait à

21 8 heures du soir et se poursuivait jusqu'à 7 heures du matin.

22 M. Radovic (interprétation). - J'imagine que 7 heures du matin

23 était l'heure où tous les autres employés venaient au travail, n'est-ce

24 pas ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est exact.

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1 M. Radovic (interprétation). - Mais quelles étaient les

2 conditions de fonctionnement de la Poste dans le détail, à l'époque ? Y

3 avait-il, la nuit, un lit pour ceux qui étaient de permanence pour qu'ils

4 puissent dormir un petit peu ? Devaient-ils rester assis ? Que se passait-

5 il en cas d'alerte ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, les conditions étaient

7 très bonnes : il y avait un lit qui était situé en dessous de l'alarme, et

8 en cas d'alarme -qui était sonore, visuelle et lumineuse-, en cas de panne

9 d'électricité, l'alarme se mettait en marche et le son était suffisamment

10 puissant pour réveiller la personne qui éventuellement dormait. A ce

11 moment-là, le devoir de cette personne était de mettre en marche le

12 générateur et de l'éteindre au moment où l'électricité revenait.

13 M. Radovic (interprétation). - Bon, nous allons laisser le

14 16 avril de côté pour le moment. Mais pouvez-vous nous dire, pour

15 l'instant, ce que vous savez des gardes villageoises à Ahmici, Pirici et

16 dans les environs ? Est-ce que ces gardes se faisaient conjointement,

17 séparément, etc. ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Je sais que sur tout le

19 territoire de la municipalité et dans tous les milieux il y avait des

20 gardes villageoises. Mais comment elles étaient organisées ? Je ne sais

21 pas. Je ne le savais pas.

22 M. Radovic (interprétation). - Donc vous ne savez pas si ces

23 gardes villageoises étaient organisées selon une structure verticale ou

24 horizontale, n'est-ce pas ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Non, je ne le sais pas.

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1 M. Radovic (interprétation). - Savez-vous si les Musulmans

2 avaient également leur garde villageoise ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Je pense qu'ils en avaient une.

4 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi, avez-vous entendu dire

5 qu'un groupe de Musulmans armés a été vu par quiconque patrouillant en

6 arme ou sans arme ? Vous savez sans doute ce que vous avez entendu autour

7 de vous mieux que moi, n'est-ce pas ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'en ai entendu parler.

9 M. Radovic (interprétation). - De qui ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Ma soeur a rencontré un groupe

11 assez important de voisins musulmans armés qui était conduit par

12 Fuad Berbic. Selon ce que ma soeur m'a expliqué, ce groupe marchait au

13 pas. Je ne sais pas si j'ai utilisé la bonne expression ?

14 M. Radovic (interprétation). - Je vous en prie.

15 M. Vidovic (interprétation). - Ils sont donc passés à côté

16 d'elle, ils l'ont saluée et Fuad lui a dit : "Voisine, tu n'as pas besoin

17 d'avoir peur, ce n'est qu'un entraînement." Elle connaissait tous les

18 membres du groupe donc elle les a comptés.

19 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous nous situer à peu

20 près la date à laquelle ce dont votre soeur vous a parlé s'est produit ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Vous me demandez quand elle a vu

22 cela ou quand elle me l'a raconté ?

23 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi d'abord quand elle vous

24 l'a raconté et ensuite, selon son récit, à quelle date se situait ce

25 récit, cet événement ?

Page 6302

1 M. Vidovic (interprétation). - C'était à la fin de 1992, au mois

2 de novembre.

3 M. Radovic (interprétation). - C'est à ce moment-là qu'elle vous

4 l'a raconté ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Elle me l'a raconté quelques

6 jours après.

7 M. Radovic (interprétation). - Donc elle vous a dit : "Il y a

8 quelques jours j'ai vu..."

9 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est cela, c'est cela.

10 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire comment

11 s'appelle votre soeur, celle qui vous a raconté cela ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Ma soeur s'appelle

13 Gordana Vidovic et de son nom de mariage, elle s'appelle aujourd'hui Suic.

14 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'elle aussi a été citée

15 en tant que témoin devant ce Tribunal ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Je crois que oui.

17 M. Radovic (interprétation). - Maintenant, dites-moi, s'il vous

18 plaît, le 16 avril vous étiez censé être à la Poste jusqu'à 7 heures du

19 matin. Est-ce que je vous ai bien compris ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

21 M. Radovic (interprétation). - Quand avez-vous remarqué que

22 quelque chose d'inhabituel se passait ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Tous les matins, à 7 heures, le

24 réseau automatisé passait en revue la liste des alarmes. Et sur cette

25 liste d'alarme où doivent figurer les pannes, il n'y avait rien d'inscrit.

Page 6303

1 M. Radovic (interprétation). - A 7 heures du matin ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, à 7 heures du matin. J'étais

3 l'opérateur responsable à ce moment-là, donc c'est à ma demande que vers

4 7 heures et demie, 8 heures, nous avons constaté que la liste des pannes

5 observées était vraiment énorme.

6 M. Radovic (interprétation). - Mais avez-vous reçu la moindre

7 explication permettant de comprendre pourquoi cela se passait ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Non, je n'ai pas obtenu

9 d'explication mais puisque j'ai entendu des tirs qui m'ont réveillé aux

10 alentours de 6 heures du matin, j'ai pu supposer ce qui se passait.

11 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi, hormis ce que vous

12 avez observé sur les appareils, à savoir qu'il y avait des pannes chez les

13 usagers, est-ce que la Poste avait déconnecté quiconque ce jour-là, le

14 16 avril ? Est-ce que vous avez effectué des déconnexions en dépit du fait

15 que la ligne téléphonique en question fonctionnait normalement ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Ce jour-là, non. Parce que

17 jusqu'à la fin de la journée je n'ai pas réussi à éliminer les problèmes

18 que l'on a constatés chez les abonnés qui avaient des pannes. En fait, la

19 liste des alarmes n'a pas cessé de grandir toute la journée.

20 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi, le 16 avril, où

21 habitait votre mère ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Ma mère qui vivait avec ma soeur

23 habitait dans sa maison en bas.

24 M. Radovic (interprétation). - Mais votre mère avait-elle le

25 téléphone à la maison, chez elle ?

Page 6304

1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, elle avait le téléphone à la

2 maison.

3 M. Radovic (interprétation). - Et cela ne vous a pas intéressé

4 de savoir ce qui lui arrivait ? Vous n'aviez pas eu l'idée de l'appeler

5 pour lui demander : "Maman, est-ce que tout va bien ? Qu'est-ce qui se

6 passe chez toi ?"

7 M. Vidovic (interprétation). - Entre autres, sur la liste que

8 j'ai reçue à ma demande à la centrale figurait son numéro. Bien sûr, cela

9 m'a intéressé de savoir ce qui se passait.

10 M. Radovic (interprétation). - Qu'avez-vous entrepris ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Sur le moment j'ai appelé toutes

12 les personnes du voisinage dont le numéro ne figurait pas sur la liste des

13 pannes pour savoir ce qui se passait. Et ce jour-là, après 12 heures, j'ai

14 réussi à apprendre que ma mère était à Zume dans un abri, dans une cave,

15 dans la cave du gendre de Jozo Vrebac.

16 M. Radovic (interprétation). - Qui vous a appris cela ? Vous

17 l'avez appris directement de la bouche de quelqu'un ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je l'ai appris de la bouche

19 de la propriétaire de la maison qui était immédiatement voisine de cet

20 abri, de cette cave. Il s'agissait de Mme Ljuba Vidovic.

21 M. Radovic (interprétation). - Et Mme Ljuba Vidovic vous a-t-

22 elle dit exactement ce qui se passait ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Oui, de façon générale elle m'a

24 dit ce qui se passait. Elle m'a dit que ma mère, ma soeur et un grand

25 nombre d'autres femmes étaient installées dans cet abri. Pour le reste,

Page 6305

1 elle m'a dit qu'il y avait des tirs mais pas grand-chose d'autre.

2 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi, le 16 avril, le

3 téléphone a-t-il été déconnecté à Stari Vitez, je parle du quartier

4 musulman de Vitez ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Non.

6 M. Radovic (interprétation). - Et au cours de la guerre, y a-t-

7 il eu un moment quelconque où les lignes téléphoniques de Stari Vitez ont

8 été coupées ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Le deuxième ou le troisième

10 jour après le 16, le câble téléphonique a été coupé avec Stari Vitez. Le

11 câble téléphonique qui alimentait tous les abonnés de Stari Vitez ainsi

12 que de Gornja Veceriska, Donja Veceriska, Krcevine, Jardol, Divjak et tous

13 ces villages situés vers le haut, vers Stara Bila.

14 M. Radovic (interprétation). - Cette coupure du câble a-t-elle

15 été le fait des Croates ou des Musulmans ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Avec les instruments que nous

17 avions à notre disposition, chez nous, nous sommes parvenus à confirmer de

18 façon précise la distance où se situait cette coupure du câble.

19 L'emplacement où le câble avait été coupé se trouvait dans un souterrain

20 en béton, en face de la maison d'Enes Sehic à Stari Vitez, où n'habitaient

21 que des Musulmans, n'est-ce pas.

22 M. Radovic (interprétation). - Mais par la suite, avez-vous

23 effectué une inspection visuelle, c'est-à-dire est-ce que vous-même ou

24 l'un de vos employés s'est rendu physiquement sur les lieux pour voir à

25 quel endroit s'était produit la coupure et pour constater s'il y avait une

Page 6306

1 seule coupure ou plusieurs coupures ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, après la guerre, en 1994, au

3 moment où les grands câbles téléphoniques ont commencé à être réparés,

4 nous avons vu l'endroit exact où le câble avait été coupé à Stari Vitez.

5 Nous avons pu déterminer de quelle façon les câbles avaient été coupés. En

6 effet, ce n'est pas seulement à cet endroit que le câble avait été coupé,

7 mais également à cet autre endroit.

8 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous pu déterminer quel

9 avait été le moyen utilisé pour couper ces câbles ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui, dans ce souterrain en béton,

11 c'est un instrument métallique qui avait été utilisé pour couper les

12 câbles, et dans les autres lieux sans doute des pinces.

13 M. Radovic (interprétation). - Mais comment la ligne a-t-elle

14 été rétablie ? Avez-vous remplacé le câble ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Dans tous les endroits où le

16 câble avait été coupé, avec l'aide de la MJ et en utilisant tous les

17 éléments techniques de réparation à notre disposition, nous avons effectué

18 une jonction, c'est-à-dire ce que l'on appelle populairement, couramment,

19 un by-pass. Cela s'est fait au cours du mois de mai 1994.

20 M. Radovic (interprétation). - Au début de la guerre, est-ce

21 qu'une direction de guerre de la Poste s'est installée en bas, dans la

22 cave de la Poste ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

24 M. Radovic (interprétation). - Pour quelle raison ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Et bien, je suppose que cela

Page 6307

1 s'est fait parce que la Poste était la seule installation de Vitez qui

2 avait son générateur propre. Et puis, la cave, n'est-ce pas, était plus

3 sûre, donc sans doute pour des raisons de sécurité également. Et puis, il

4 y avait également à la Poste le centre de renseignement qui était

5 installé, le centre 985.

6 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire si, le

7 15 avril, vous avez regardé les informations à la télévision ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Non.

9 M. Radovic (interprétation). - L'une quelconque des personnes

10 avec laquelle vous avez établi un contact ce jour-là vous a-t-elle dit que

11 des choses particulièrement intéressantes avaient été diffusées dans les

12 bulletins d'information de la télévision ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Non, ce jour-là je n'ai rien

14 entendu de particulier.

15 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous entendu parler de

16 l'incident qui a concerné Zivko Totic et les hommes qui l'accompagnaient

17 le 15 avril ? Avez-vous entendu parler de la mort des personnes qui

18 l'accompagnaient ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'ai entendu parler de cet

20 incident le 18 ou le 19. J'ai entendu parler de ce qui s'était passé à

21 Zenica, mais pas le 15.

22 M. Radovic (interprétation). - Connaissiez-vous le fait qu'il y

23 avait eu précédemment des incidents impliquant la création de victimes et

24 avez-vous entendu parler d'incidents causés par des Musulmans ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

Page 6308

1 M. Radovic (interprétation). - De quels incidents avez-vous

2 entendu parler ?

3 M. Vidovic (interprétation). - J'ai entendu parler d'incidents à

4 Novi Travnik et à Gornji Vakuf.

5 M. Radovic (interprétation). - En quoi consistaient ces

6 incidents ? Est-ce que vous pouvez nous raconter ce dont vous avez entendu

7 parler ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui, bien sûr, ce sont des

9 incidents dont j'ai entendu parler. J'ai entendu parler du fait que des

10 personnes -comment est-ce que je pourrais les appeler...- personnes

11 intéressantes pour les Musulmans avaient été arrêtées, autrement dit des

12 personnes qui étaient déjà engagées du point de vue de la défense ou du

13 point de vue d'autres tâches politiques.

14 M. Radovic (interprétation). - Dites-nous, après le 16 ou au

15 cours de la journée du 16, avez-vous entendu parler de ce qui s'était

16 passé à Ahmici ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'en ai entendu parler le 16

18 dans l'après-midi.

19 M. Radovic (interprétation). - Qu'avez-vous entendu ?

20 M. Vidovic (interprétation). - J'ai entendu dire que, à Ahmici,

21 un conflit très violent avait eu lieu ce jour-là, le 16.

22 M. Radovic (interprétation). - Quel a été le résultat de ce

23 conflit ? L'avez-vous entendu dire ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'ai entendu dire que le

25 résultat de ce conflit très violent a été un grand nombre de victimes des

Page 6309

1 deux côtés.

2 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous entendu parler du

3 nombre de tués du côté musulman et du côté croate ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Non, ce jour-là je n'ai pas

5 entendu de nombre, j'ai simplement entendu dire qu'il y avait des

6 victimes.

7 M. Radovic (interprétation). - Dites-nous, du côté croate, avez-

8 vous entendu dire quelles personnes étaient décédées, quels membres de

9 quelles unités ?

10 M. Vidovic (interprétation). - J'ai entendu dire que

11 Mirjan Santic avait été tué.

12 M. Radovic (interprétation). - A quelle unité appartenait-il ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Je n'en sais rien. Il venait des

14 villages environnants, je le connaissais, mais je ne sais pas à quelle

15 unité il appartenait, si toutefois il appartenait à une unité.

16 M. Radovic (interprétation). - Disposez-vous d'informations sur

17 le fait selon lequel, après le 16 avril ou au cours de la journée du

18 16 avril, la population musulmane a été emmenée dans certains centres,

19 dans certains bâtiments tels que le cinéma, en tout cas le sous-sol du

20 cinéma, pour être plus précis ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'ai entendu dire qu'un

22 groupe de Musulmans se trouvait au cinéma, mais je ne sais pas s'ils

23 étaient dans le sous-sol.

24 M. Radovic (interprétation). - Savez-vous comment ils ont été

25 libérés ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas, je suppose qu'il

2 y a eu un échange.

3 M. Radovic (interprétation). - Parlez-nous de votre rôle

4 politique ou militaire. Avez-vous joué un rôle politique ou un rôle

5 militaire, ou bien vous êtes-vous contenté de tenir votre astreinte au sein

6 de la Poste ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, en fait, mon rôle se

8 limitait à travailler au standard téléphonique.

9 M. Radovic (interprétation). - Vous avez dit que vous

10 connaissiez très bien Zoran Kupreskic, n'est-ce pas ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

12 M. Radovic (interprétation). - Je ne pense pas que nous avons

13 besoin d'un témoin de moralité dès à présent ou par la suite, car nous en

14 avons un ici, nous pourrions peut-être lui demander de nous parler de la

15 personnalité de Zoran Kupreskic. Pouvez-vous nous en parler plus

16 précisément ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je le connais depuis que

18 nous sommes enfants et depuis aussi longtemps que je me connais moi-même.

19 Nous avons grandi ensemble. Nous avons été à la même école pendant huit

20 ans.

21 Quant à sa personnalité, je peux dire qu'elle était tout à fait

22 similaire à la mienne. Je pourrais le décrire de la façon suivante : il

23 aimait beaucoup ses amis, même quand nous étions petits et, par la suite,

24 quand nous avons grandi, il n'a jamais été un enfant difficile ou bien

25 lunatique.

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1 M. Radovic (interprétation). - Etait-il enclin à se battre, à se

2 disputer ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Non. Il avait un esprit de

4 compétition et nous essayions toujours d'être les meilleurs surtout à

5 l'école et d'avoir les meilleures notes possibles, d'obtenir un 5.

6 M. Radovic (interprétation). - Eh bien, nous devons préciser à

7 la Chambre de première instance que dans nos écoles, le 5 est la meilleure

8 note possible.

9 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement, nous étions

10 les meilleurs à l'école.

11 M. Radovic (interprétation). - Ensuite, que s'est-il passé ?

12 Comment a-t-il évolué ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, il a terminé l'école à

14 Novi Travnik. C'était une école consacrée à la technique. Une école

15 consacrée à la construction également. Par la suite, nous sommes allés

16 ou... il est allé plus précisément à la faculté à Zenica. Et il avait une

17 personnalité très forte, très intègre. Il était prêt à consacrer beaucoup

18 de temps à son travail.

19 M. Radovic (interprétation). - Que faisait-il après l'école,

20 quand il n'allait pas à l'école ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Il jouait de la musique. Il

22 participait à un groupe folklorique. C'était une de ses passions, donc

23 c'était une personne très sociable.

24 Il est vrai qu'il est très sociable, il a une image très

25 positive au regard de ses amis. Et tout le monde sait qu'en tant

Page 6312

1 qu'entraîneur, que directeur du groupe folklorique, c'était sans doute lui

2 que les gens préféraient.

3 M. Radovic (interprétation). - Comment décririez-vous

4 Mirjan Kupreskic ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Mirjan était plus jeune de

6 quelques années. Je ne le connaissais pas aussi bien par conséquent que

7 Zoran, car il était plus jeune. Mais en grandissant il s'est avéré qu'il

8 avait la même personnalité et les mêmes goûts que Zoran.

9 M. Radovic (interprétation). - Etaient-ils respectés sur leur

10 lieu de travail et dans la société en général ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement à la fois au

12 travail et ailleurs dans tout Vitez.

13 M. Radovic (interprétation). - Par toute la communauté croate ou

14 par les autres également ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Non, par tout le monde, respectés

16 par tous.

17 M. Radovic (interprétation). - Après une telle description de

18 Zoran et Mirjan Kupreskic, pensez-vous qu'il soit possible qu'ils aient pu

19 tuer quelqu'un, incendier leur maison, tuer des enfants ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Non absolument pas. Même dans mon

21 inconscient, je ne pourrais pas envisager qu'une telle chose soit

22 possible.

23 M. Radovic (interprétation). - Merci. Monsieur le Président, je

24 n'ai plus de questions.

25 M. le Président (interprétation). - Merci Maître Radovic. Les

Page 6313

1 autres conseils de la défense ont-ils l'intention de mener un

2 interrogatoire principal de ce témoin ?

3 (Me Glumac fait un signe affirmatif de la tête.)

4 Mme Glumac (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

5 Monsieur Vidovic, quelques questions seulement. Vous avez dit que, le

6 20 octobre 1992, les Musulmans ne se sont pas présentés au travail à la

7 Poste, est-ce bien exact ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

9 Mme Glumac (interprétation). - En vertu de la loi en vigueur à

10 l'époque, une absence de plus de cinq jours avait-elle des répercussions ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui effectivement, la personne

12 perdait son travail.

13 Mme Glumac (interprétation). - Et des procédures ont-elles été

14 entamées à l'encontre de ces individus afin qu'ils soient licenciés ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Non.

16 Mme Glumac (interprétation). - Qui était votre adjoint au poste

17 ou à la Poste ?

18 M. Vidovic (interprétation). - C'était Azim Arnavtovic.

19 Mme Glumac (interprétation). - De quelle nationalité était-il ?

20 Ou plutôt quelles étaient sa tâche et sa formation professionnelle ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Il était ingénieur en

22 télécommunications.

23 Mme Glumac (interprétation). - Et quelle était sa nationalité ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Il était Musulman.

25 Mme Glumac (interprétation). - A votre connaissance, puisque

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1 vous étiez sans doute en contact avec des entreprises de Vitez, vous aviez

2 sûrement une bonne connaissance de la situation, la répartition, la

3 composition du personnel ou bien de l'équipe de direction a-t-elle été

4 modifiée au cours de 1992 ou 1993 à Vitez ?

5 M. Vidovic (interprétation). - A ma connaissance, non, il n'y a

6 eu aucun changement que ce soit au sein de l'équipe de direction ou bien

7 au sein du personnel en général.

8 Mme Glumac (interprétation). - La Poste est l'une des entités

9 publiques, n'est-ce pas, de Vitez ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

11 Mme Glumac (interprétation). - Donc contrôlée par l'Etat dans

12 une certaine mesure ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

14 Mme Glumac (interprétation). - Après les élections et jusqu'au

15 déclenchement de la guerre, y a-t-il eu des tentatives ou des initiatives

16 d'une quelconque partie de la population de la municipalité visant à faire

17 signer ou à faire prêter à la population allégeance vis-à-vis du HVO ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Non, en tout cas pas à ma

19 connaissance.

20 Mme Glumac (interprétation). - Je vais maintenant vous poser une

21 question sur Ahmici. Votre mère et votre soeur vivaient là-bas ainsi que

22 votre frère, n'est-ce pas ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

24 Mme Glumac (interprétation). - Où était votre frère entre 1992

25 et 1993 ? Comment s'appelait-il ?

Page 6315

1 M. Vidovic (interprétation). - Mon frère s'appelle

2 Mirko Vidovic. Et à l'époque, il était à Ahmici ou plutôt à Pirici jusqu'à

3 la seconde moitié de mars 1993.

4 Mme Glumac (interprétation). - Ensuite, où est-il allé et où se

5 trouvait sa famille à l'époque ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, au cours de la première

7 partie de 1992, sa femme et ses deux enfants se sont rendus chez sa mère

8 en Allemagne.

9 Mme Glumac (interprétation). - Pourquoi sont-ils partis ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Parce qu'à l'époque ils avaient

11 sans doute peur, peur d'une agression serbe ou d'une agression d'une autre

12 partie, je ne sais pas exactement. Je crois que c'est la raison pour

13 laquelle sa femme et ses enfants sont partis.

14 Mme Glumac (interprétation). - Et lui est parti en 1993, à la

15 mi-mars, n'est-ce pas ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Oui, oui. Il est allé les

17 chercher. Il n'a pas réussi à revenir au pays avant 1994.

18 Mme Glumac (interprétation). - Votre frère était-il un ami de

19 Mirjan Kupreskic ? Ont-ils dû travailler ensemble en 1992, 1993 ? En avez-

20 vous parlé ? Ne répondez que si vous savez.

21 M. Vidovic (interprétation). - Oui, ils étaient de très bons

22 amis. Ils se rendaient visite régulièrement et je crois qu'effectivement

23 ils avaient exécuté certaines tâches ensemble.

24 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit être intervenu, ou

25 avoir tenté de rentrer en contact avec votre mère afin de savoir où elle

Page 6316

1 se trouvait à ce moment-là, le 16 avril. Avez-vous essayé également de

2 déterminer où se trouvait votre soeur, avez-vous parlé de la situation à

3 Vitez également, de ce type de choses ? Y a-t-il eu des événements, des

4 incidents avant cela qui ont provoqué une certaine anxiété chez vous et

5 qui vous ont incité à les faire partir, par exemple ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement, j'étais en

7 contacts très réguliers avec ma mère et avec ma sœur chaque fois qu'un

8 incident se produisait, même un incident un peu éloigné de chez elles,

9 parce qu'elles habitaient seules. Et moi, je craignais pour leur sécurité.

10 Par conséquent, très régulièrement, je les prévenais et je leur disais que

11 si quoi que ce soit se produisait, elles devaient se rendre vers les

12 maisons des Kupreskic et quelles qu'elles soient, parce que je pensais

13 qu'elles seraient plus en sécurité là-bas que chez elles.

14 Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous si Fahrudin Ahmic

15 était un ami de Zoran et de Mirjan Kupreskic ? Je parle de Fahrudin Ahmic

16 qui jouait d'un instrument de physique dans le cadre de ce groupe

17 folklorique ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je sais qu'ils étaient de

19 très bons amis, et pendant de nombreuses années ils ont joué de la musique

20 ensemble et ont été membres de ce groupe folklorique.

21 Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous s'il est resté membre

22 du groupe jusqu'au déclenchement de la guerre ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Oui, absolument.

24 Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous jamais entendu Zoran ou

25 Mirjan Kupreskic exprimer des vues, des opinions extrémistes ?

Page 6317

1 M. Vidovic (interprétation). - Non, jamais.

2 Mme Glumac (interprétation). - Etaient-ils engagés

3 politiquement ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Je pense que Zoran l'était, mais

5 pour une courte période, dans la communauté locale, avec moi.

6 Mme Glumac (interprétation). - A quelle époque ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Peut-être en 1980, 1981, ou

8 plutôt 1981, 1982.

9 Mme Glumac (interprétation). - Etait-il membre de la Ligue des

10 communistes puisque vous dites qu'il était engagé à l'époque au niveau de

11 la communauté locale ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement, oui, il était

13 membre de la Ligue des communistes.

14 Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous si l'un ou l'autre ont

15 continué à participer à des activités politiques après cela ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Non, je ne pense pas, ni l'un ni

17 l'autre.

18 Mme Glumac (interprétation). - Les avez-vous jamais entendu

19 apporter leur soutien à des opinions extrémistes croates dans une

20 quelconque conversation ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Je ne les ai jamais entendu

22 parler de la sorte et exprimer des opinions extrémistes.

23 Mme Glumac (interprétation). - Merci, je n'ai plus de questions.

24 M. le Président (interprétation). - Merci, Maître Slokovic-

25 Glumac. Y a-t-il d'autres conseils qui souhaitent contre-interroger le

Page 6318

1 témoin ?

2 M. Pavkovic (interprétation). - Bonjour, Madame et Messieurs les

3 Juges. Je voudrais vous informer que Borislav Krajina, Luka Susak et

4 Me Puliselic souhaitent également contre-interroger ce témoin.

5 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Krajina ?

6 M. Krajina (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

7 Bonjour, Monsieur Vidovic.

8 M. Vidovic (interprétation). - Bonjour.

9 M. Krajina (interprétation). - Je m'appelle Borislav Krajina, je

10 défends Vlatko Kupreskic, l'accusé. Je voudrais vous poser un certain

11 nombre de questions. Vous avez dit il y a quelques instants que votre

12 frère, Mirko Vidovic, a quitté la municipalité de Vitez au cours de la

13 seconde moitié de mars 1993 et qu'il s'est rendu en Allemagne afin d'aller

14 chercher les membres de sa famille, et qu'il n'a réussi à revenir

15 qu'en 1994. Est-ce bien exact ? Vous ai-je bien compris ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

17 M. Krajina (interprétation). - A cet égard , je souhaiterais que

18 vous répondiez avec certitude à la question suivante : votre frère,

19 Mirko Vidovic, était-il à Ahmici et à Pirici le 15 avril 1993, par

20 conséquent la veille du début du conflit ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Non, non, il était en Allemagne,

22 j'en suis tout à fait certain.

23 M. Krajina (interprétation). - Merci. Je souhaiterais également

24 vous poser la question suivante : connaissez-vous Vlatko Kupreskic ? Le

25 voyez-vous dans cette salle ?

Page 6319

1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, tout à fait, j'ai grandi

2 avec lui également.

3 M. Krajina (interprétation). - Très bien. Pourriez-vous nous

4 dire depuis combien de temps vous connaissez Vlatko Kupreskic ? Vous avez

5 dit que vous avez grandi ensemble. Est-ce que vous étiez voisins ? Avez-

6 vous travaillé ensemble ? Etes-vous allés à la même école ? Pouvez-vous

7 nous en parler un peu plus longuement ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je connais Vlatko et Zoran

9 depuis aussi longtemps que je me connais moi-même. Nous avons grandi

10 ensemble et nous sommes amis depuis l'enfance. Et très fréquemment,

11 pendant toute la période que j'ai passée là-bas, nous nous sommes vus. Et

12 puis aussi par la suite, bien que moins souvent, je dois l'admettre.

13 M. Krajina (interprétation). - Et à quelle école est allé

14 Vlatko Kupreskic ? Le savez-vous ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Oui, après l'école élémentaire il

16 a suivi des cours d'économie à Travnik, et ensuite il est allé à

17 l'université de Zenica où il a fait des études d'économie également, où il

18 a obtenu son diplôme.

19 M. Krajina (interprétation). - Savez-vous si Vlatko Kupreskic,

20 juste avant la guerre et au cours du conflit et après le conflit, a jamais

21 été engagé politiquement ?

22 M. Vidovic (interprétation). - A ma connaissance, jamais. Ni

23 avant ni après la guerre.

24 M. Krajina (interprétation). - Très bien. Savez-vous s'il a pris

25 la parole au cours de rassemblement politique ?

Page 6320

1 M. Vidovic (interprétation). - Non, jamais.

2 M. Krajina (interprétation). - Mais que faisait-il à l'époque

3 exactement ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Oui je le sais. Je crois qu'il

5 avait monté une entreprise propre, c'était une entreprise d'échanges

6 commerciaux. Outre le travail qu'il avait à l'entreprise Vitezit.

7 Vlatko jouait également d'un instrument dans des restaurants,

8 dans des hôtels, ce genre de choses.

9 M. Krajina (interprétation). - Savez-vous si Vlatko Kupreskic a

10 fait son service militaire ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Non, il n'a pas fait son service

12 militaire à cause de problèmes de santé, il n'était pas apte au service

13 militaire.

14 M. Krajina (interprétation). - Ne l'avez-vous jamais vu porter

15 un uniforme militaire ou une arme ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Non, jamais.

17 M. Krajina (interprétation). - Savez-vous si Vlatko Kupreskic

18 souffre de problème cardiaque ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Je me souviens que lorsque

20 nous étions venus lui dire au revoir alors qu'il allait se faire opérer du

21 coeur, nous étions à l'école primaire à ce moment-là dans la deuxième

22 classe, au CM1.

23 M. Krajina (interprétation). - Vous avez dit avoir grandi à

24 Pirici. Aviez-vous des voisins musulmans ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

Page 6321

1 M. Krajina (interprétation). - Quelle était l'attitude de

2 Vlatko Kupreskic vis-à-vis de ses voisins musulmans, le savez-vous, avant

3 la guerre, pendant la guerre et après la guerre ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je le sais. Il était en bons

5 termes avec ses voisins. Il était très fréquent qu'il aille jouer de son

6 instrument chez différents voisins à Ahmici quand, par exemple, les hommes

7 partaient à l'armée, Muhamed Patkovic, par exemple, et Berbic également,

8 dont je ne connais pas le prénom, entre autres.

9 Et je crois que son attitude se reflétait dans son magasin. Il

10 avait construit ce bâtiment de Vezeprodaja, et par exemple certains

11 Musulmans ont travaillé pour lui : Hazim Ahmic de Gornji Pirici, par

12 exemple.

13 M. Krajina (interprétation). - Une question encore : vous avez

14 dit avoir grandi ensemble et très bien connaître Vlatko Kupreskic. Alors,

15 pouvez-vous nous parler de la personnalité de Vlatko Kupreskic ? Quelle

16 était sa personnalité d'enfant, d'adulte, d'adolescent ? Quelle était sa

17 réputation dans votre région ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je vais dire quelque

19 chose qui ressemble à ce que j'ai dit au sujet de Zoran. Quand nous étions

20 enfants, nous allions tous à la même école, nous étions animés par un

21 esprit de compétition. Nous essayions d'être les meilleurs. Chacun d'entre

22 nous s'était fixé un objectif dans la vie. Nous voulions terminer nos

23 études, subvenir à nos besoins et à ceux de notre famille de façon

24 acceptable. Je crois que c'était un trait de caractère propre aux hommes

25 bons. Et je crois que c'est la description qu'on peut faire de la

Page 6322

1 personnalité de Vlatko également.

2 Et puis, si nous avançons dans le temps, si l'on parle de ses

3 rapports avec ses amis, ses collègues, on peut dire qu'il était tout à

4 fait doué pour établir une bonne ambiance. Il savait divertir les gens et,

5 comme je l'ai déjà dit, il a passé une certaine partie de sa vie

6 professionnelle à divertir les autres.

7 M. Krajina (interprétation). - Mais parfois, s'est-il laissé

8 aller à certains comportements excessifs ? A des comportements agressifs ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Non, à ma connaissance, non.

10 M. Krajina (interprétation). - Merci, Monsieur Vidovic. Merci,

11 Monsieur le Président, je n'ai plus de questions.

12 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Susak.

13 M. Susak (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

14 Bonjour Monsieur Vidovic. Je défends M. Drago Josipovic. Je

15 m'appelle Luko Susak et je voudrais vous poser un certain nombre de

16 questions.

17 Vous avez dit être originaire de Pirici. Connaissez-vous

18 l'entreprise Vrtjenica de Vitez ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

20 M. Susak (interprétation). - Vous savez que cette entreprise

21 existait. Savez-vous que l'entreprise avait un entrepôt à Santici ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement.

23 M. Susak (interprétation). - Et qu'on a surnommé cet entrepôts

24 Ogrjev et que l'adresse est Santici BB, sans numéro. Pouvez-vous nous dire

25 où se trouve exactement ce hangar, cet entrepôt ?

Page 6323

1 M. Vidovic (interprétation). - Oui. L'entrepôt se trouve le long

2 de la route principale. Entre la gare ferroviaire de Vitez et Kaonik ou

3 bien, pour être plus exact, entre le café Pisan et la route qui mène vers

4 Ahmici et Pirici.

5 M. Susak (interprétation). - Par conséquent, c'est la route

6 principale dont vous parlez ? Et l'endroit qui se situe entre Travnik et

7 Kaonik ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

9 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous dire s'il y a une

10 barrière autour du hangar ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement tout autour du

12 hangar.

13 M. Susak (interprétation). - De quelle barrière s'agit-il

14 exactement ? Est-ce un mur en béton ou bien en métal ou bien s'agit-il de

15 fils de fer barbelés ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, cette barrière est

17 constituée de plaques de béton et sur ces plaques, il y a des grilles en

18 métal.

19 M. Susak (interprétation). - Mais y a-t-il un espace entre ces

20 grilles et ces plaques ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Oui effectivement il y a une

22 certaine distance dans ce maillage.

23 M. Susak (interprétation). - Et quelle est cette distance ? Quel

24 est l'espace ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Il s'agit de trous en forme de

Page 6324

1 carrés, peut-être qu'ils font 30 sur 30 ou 15 sur 15 centimètres.

2 M. Susak (interprétation). - Ma question suivante sera celle-

3 ci : peut-on passer par-dessus la barrière étant donné la configuration de

4 la barrière même, comme on pourrait le faire grâce à une échelle ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Oui, on peut passer par-dessus ce

6 type de barrière comme on pourrait grimper à une échelle en quelque sorte.

7 M. Susak (interprétation). - Nous avons consulté une

8 photographie aérienne et nous avons vu le portail qui permet de rentrer

9 dans le hangar, où la porte d'entrée plus précisément. Je crois qu'il y a

10 eu quelques malentendus. Ma question sera la suivante : cette entrée qui

11 permet d'accéder à la cour devant le hangar est-elle également la porte

12 qui donne sur le côté de la route principale ? Pour être plus précis,

13 cette porte d'entrée donne-t-elle sur la route principale ou de l'autre

14 côté de la route ?

15 M. Vidovic (interprétation). - L'entrée qui permet d'accéder à

16 Ogrjev ne se trouve pas sur la route principale. Elle se trouve du côté du

17 parking, par conséquent sur le côté du hangar.

18 M. Susak (interprétation). - Par conséquent, du côté du parking,

19 donc sur le côté et pas sur la route principale, c'est cela ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

21 M. Susak (interprétation). - A l'entrée, la porte est-elle

22 simple ou double ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Je crois qu'il y a deux

24 battants : un grand et un petit.

25 M. Susak (interprétation). - A quoi servent-ils ? Ces

Page 6325

1 deux battants sont-ils reliés ? Vous vous souviendrez de la configuration

2 de l'entrée : la grande porte est fermée à moins quelqu'un ait besoin de

3 sortir des matériaux. Parfois, ou généralement, les gens qui arrivent à

4 Ogrjev garent leur voiture sur le parking et entrent dans l'enceinte

5 d'Ogrjev par la première porte, la petite porte, à pied donc. Par

6 conséquent, quand des véhicules doivent rentrer dans la cour, il faut

7 ouvrir la deuxième porte, la porte plus grande, afin de pouvoir amener des

8 matériaux à l'intérieur, dans l'enceinte d'Ogrjev. C'est bien exact ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

10 M. Susak (interprétation). - Savez-vous où se trouve le poste du

11 garde au sein de l'enceinte d'Ogrjev ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Oui, dans un coin il y a une

13 petite cabane, une petite maison destinée aux gardes.

14 M. Susak (interprétation). - Quand vous dites "cabane", s'agit-

15 il simplement d'un petit bâtiment à un seul étage ou y a-t-il plusieurs

16 étages ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Non, c'est une petite cabane d'un

18 seul étage. Quand je dis petite, c'est une maison de petites dimensions.

19 M. Susak (interprétation). - Y a-t-il des fenêtres, une porte

20 d'entrée ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il y a une porte et des

22 fenêtres.

23 M. Susak (interprétation). - Y a-t-il des vitres ? A quoi

24 ressemble ces ouvertures dans les murs ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il s'agit de fenêtres tout à

Page 6326

1 fait classiques avec des vitres.

2 M. Susak (interprétation). - Puisque nous parlons de fenêtres,

3 je voudrais savoir si les fenêtres se trouvent sur un seul côté de ce

4 poste de garde ou si elles sont passées sur différents côtés de cette

5 cabane ?

6 M. Vidovic (interprétation). - D'après mes souvenirs, je crois

7 qu'une fenêtre donne vers l'ouest et une autre vers le sud, donc une vers

8 l'ouest et l'autre vers le sud.

9 M. le Président (interprétation). - Maître Susak, avez-vous

10 encore beaucoup de questions à poser au témoin ?

11 M. Susak (interprétation). - Oui, encore un certain nombre, oui.

12 Pendant dix à quinze minutes, peut-être.

13 M. le Président (interprétation). - Très bien, nous allons donc

14 faire une pause.

15 (Suspendue à 10 heures 35, l'audience est reprise à

16 11 heures 05.)

17 M. le Président (interprétation). - Maître Pavkovic, je vous en

18 prie.

19 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, Madame le

20 Juge, Monsieur le Juge, la défense voudrait soulever une objection à la

21 procédure du Procureur. Deux minutes avant que vous arriviez, nous venons

22 de recevoir ces documents.

23 Par conséquent si une partie de ces documents fait l'objet du

24 contre-interrogatoire du Procureur, à ce moment-là, nous faisons objection

25 car la défense ne pouvait même pas en prendre connaissance, même pas en

Page 6327

1 partie. C'est la raison pour laquelle je vais vous demander, Monsieur le

2 Président, d'en tenir compte.

3 D'un autre côté, il y a un certain nombre de documents dont les

4 copies sont tellement mauvaises que l'on ne peut même pas les lire, lire

5 la teneur de ces documents. Je vous remercie, Monsieur le Président.

6 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.

7 Maître Terrier, je vous en prie.

8 M. Terrier. - Une simple observation. Il n'est évidemment pas

9 question d'utiliser l'un de ces documents dans le contre-interrogatoire de

10 ce témoin présent. Mais nous entendons nous réserver la possibilité

11 d'utiliser l'un ou l'autre de ces documents lors de contre-interrogatoires

12 ultérieurs. C'est justement pour permettre à la défense de mieux se

13 préparer à ces audiences que nous avons choisi de communiquer ces

14 documents.

15 S'agissant de la mauvaise qualité de ces documents dénoncée par

16 Me Pavkovic, je veux bien l'admettre, nous allons faire des efforts pour

17 essayer de l'améliorer mais, pour le moment, nous n'avons pas réussi à

18 donner de meilleurs documents de meilleure qualité.

19 M. le Président. - Merci, très bien, donc pas de problème.

20 Maître Susak ?

21 M. Susak (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Nous

22 avons été au niveau d'Ogrjev, ce sont les questions à ce sujet que je vous

23 ai posées avant la pause. Vous avez dit que, du côté ouest du poste de

24 garde, il y avait une fenêtre. Vous avez dit également que, du côté sud,

25 il y avait une fenêtre et que les deux étaient vitrées. Pourriez-vous nous

Page 6328

1 dire quelle était la direction de la fenêtre ouest ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas dans quelle

3 direction, s'il vous plaît.

4 M. Susak (interprétation). - Mais si vous regardez à travers la

5 fenêtre ouest, que voyiez-vous ? C'est à cela que je pensais, excusez-moi.

6 M. Vidovic (interprétation). - A ce moment-là, à travers la

7 fenêtre, nous voyions Vitez, c'est la direction de Vitez.

8 M. Susak (interprétation). - Et la fenêtre sud ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Nous voyions à travers la fenêtre

10 sud sur la route, vers Travnik.

11 M. Susak (interprétation). - Et en ce qui concerne cette fenêtre

12 qui voit sur Travnik et Kaonik, à qui les maisons que vous voyiez

13 appartiennent-elles ?

14 M. Vidovic (interprétation). - La maison la plus proche est la

15 maison de Avdo Bectrevic, nous l'appelions "le gendre de Mujaga". Je pense

16 que son nom est Bectrevic et tout de suite derrière est la maison de Murad

17 Dzidic ; un peu plus haut, la maison de Sefik Pezer, et ensuite à droite

18 par rapport à Murad Dzidic c'est la maison de Mehmed Ahmic ; ensuite

19 encore vers la droite la maison de Smail Ahmic et ensuite en-dessous,

20 celle de Mujo Ahmic, son fils, Mujo Ahmic.

21 M. Susak (interprétation). - Les maisons que vous avez

22 énumérées, vous avez énuméré les propriétaires également, s'agit-il de

23 Musulmans ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui, tous sont des Musulmans.

25 M. Susak (interprétation). - Par conséquent, la fenêtre ouest du

Page 6329

1 poste de garde donne sur les maisons dont les propriétaires sont des

2 Musulmans ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

4 M. Susak (interprétation). - Peut-on dire exclusivement des

5 Musulmans ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Oui, juste à côté de l'entrepôt

7 Ogrjev, que des Musulmans.

8 M. Susak (interprétation). - Quand on regarde la grille et du

9 côté ouest, était-il facile d'enjamber et de passer pour se retrouver sur

10 la route du macadam ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui, on a pu bien évidemment

12 enjamber facilement cette grille d'armature, d'un côté ou de l'autre.

13 M. Susak (interprétation). - Eh bien, pouvez-vous nous dire si,

14 sous cet angle, le poste du garde, je pense à l'angle entre le poste du

15 garde et cette grille de fer, pouvait-on voir le côté sud, par conséquent

16 une partie de Santici en regardant par la route ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Une partie, oui, mais pas

18 entièrement.

19 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous dire où se trouve

20 la maison de Drago Santic ? Est-ce de l'autre côté de la route ou bien

21 ailleurs ?

22 M. Vidovic (interprétation). - De Drago Santic ?

23 M. Susak (interprétation). - Excusez-moi, de Drago Josipovic.

24 M. Vidovic (interprétation). - En ce qui concerne la maison de

25 Drago Josipovic, elle est en face de l'entrepôt Ogrjev, en d'autres termes

Page 6330

1 à droite par rapport à la route principale, en direction de Travnik.

2 M. Susak (interprétation). - Est-ce qu'elle se trouve du côté

3 sud par rapport au poste de garde ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Oui, du côté sud, effectivement.

5 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous me dire quelles sont

6 les maisons qui entourent la maison de Drago Josipovic ? Y a-t-il des

7 maisons qui appartiennent aux Musulmans et qui se trouvent dans le

8 voisinage de Drago Josipovic ? Je vais être plus précis : pouvez-vous nous

9 dire également quelle était également la répartition de ces maisons autour

10 de la maison de Drago Josipovic, s'il vous plaît ?

11 M. Vidovic (interprétation). - D'accord. A l'ouest par rapport à

12 la maison de Drago Josipovic et à une distance d'une trentaine de mètres

13 se trouve la maison de ses parents et ensuite de son frère nommé Miro.

14 Derrière les maisons de ses parents, de son frère Miro, à une distance de

15 cinq mètres à peu près, se trouve la maison de Hazim Ahmic et tout de

16 suite à côté, du côté sud, je parle du sud par rapport à la maison de

17 Sakib Ahmic, à cinq mètres, c'est la maison de son fils Fahrudin, surnommé

18 Fahran Ahmic, fils de Hazim Ahmic.

19 M. le Président (interprétation). - Excusez-moi, je vous

20 interromps, mais j'aimerais tout simplement savoir si vous allez continuer

21 dans ce sens-là votre interrogatoire. Nous savons où se trouvent les

22 localités et nous avons donc une carte aérienne, par conséquent j'aimerais

23 savoir si c'est indispensable de savoir où se trouvent toutes ces maisons.

24 M. Susak (interprétation). - Les témoins du Procureur ont parlé

25 différemment. C'est la raison pour laquelle on a voulu dire quelle était

Page 6331

1 la répartition.

2 M. le Président (interprétation). - Mais ça, nous le savons,

3 nous avons vu la carte.

4 M. Susak (interprétation). - Mais j'ai pratiquement terminé, je

5 voulais simplement que vous ayez un tableau beaucoup plus complet. Nous

6 allons terminer notre interrogatoire.

7 M. Susak (interprétation). - Est-ce que vous m'entendez, s'il

8 vous plaît ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

10 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quelles sont

11 les maisons qui se trouvent du côté Est par rapport à la maison de

12 Drago Josipovic ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Côté Est ?

14 M. Susak (interprétation). - Oui, vous avez parlé des

15 propriétaires des maisons musulmanes de Faroun et Mahim Ahmic. Voulez-vous

16 nous dire maintenant à quelle distance sont les maisons du côté est ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, à une cinquantaine de

18 mètres à peu près à l'est. Il y a la maison de Jozo Santic, ensuite, du

19 côté est, en-dessous par rapport à la maison de Jozo Santic, se trouve la

20 maison de Vlado Santic, le fils de Jozo Santic.

21 Il y a également une autre maison, je pense que personne n'y

22 habite mais le propriétaire, à mon avis, est un cousin de ces Santic, mais

23 je pense qu'elle n'a pas encore été construite jusqu'au bout.

24 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous me dire, s'il vous

25 plaît, à quelle distance se trouve cette maison par rapport à celle de

Page 6332

1 Drago Josipovic ?

2 M. Vidovic (interprétation). - 50 mètres.

3 M. Susak (interprétation). - Donc c'est beaucoup plus près par

4 rapport aux maisons que vous avez citées tout à l'heure ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

6 M. Susak (interprétation). - Avez-vous connu Drago Josipovic ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

8 M. Susak (interprétation). - Vous, vous étiez engagé

9 politiquement. Pouvez-vous nous dire si Drago Josipovic était engagé

10 politiquement, avait-il éventuellement participé au pouvoir ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Moi je connais Drago, je le

12 connais depuis que nous étions tout jeunes et il n'a jamais été engagé

13 politiquement.

14 M. Susak (interprétation). - Est-ce que vous savez en quels

15 termes il était avec ses voisins musulmans ?

16 M. Vidovic (interprétation). - A ma connaissance, il était en

17 bons termes avec tous les voisins. Il était en bons termes, notamment avec

18 les voisins qui étaient du côté Ouest, avec Hasim et ses fils.

19 M. Susak (interprétation). - Savez-vous si éventuellement

20 Drago Josipovic avait fait un excès ? Avait-il été poursuivi du point de

21 vue pénal ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Non, à ma connaissance non.

23 M. Susak (interprétation). - Savez-vous où il avait travaillé

24 auparavant ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il a travaillé à l'usine, à

Page 6333

1 l'usine SPS. C'est un département qui s'appelait Sintevit à mon avis.

2 M. Susak (interprétation). - A-t-il fait du sport à Ahmici ou à

3 Santici ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Pas d'une manière très active,

5 mais il était sympathisant et je pense qu'à un moment donné il aidait

6 également la direction du club de football et il avait donc soutenu ce

7 club et ce club était nommé NK Santic.

8 M. Susak (interprétation). - Avait-il une certaine renommée à

9 Ahmici, à Santici ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui, Drago est quelqu'un de très

11 calme et il a effectivement bénéficié d'une renommée dans son village.

12 M. Susak (interprétation). - Monsieur le Président je n'ai plus

13 de questions à poser, je vous en remercie.

14 M. le Président (interprétation). - Merci, Maître Susak. C'est

15 maintenant Me Puliselic qui a la parole.

16 M. Puliselic (interprétation). - Bonjour Monsieur Vidovic. Je

17 m'appelle Me Puliselic et je suis le conseil de Dragan Papic et j'aimerais

18 vous poser un certain nombre de questions, si vous le voulez bien.

19 Vous avez dit que jusqu'en 1990 ou plutôt qu'à partir de 1990,

20 vous habitez Vitez et qu'auparavant vous habitiez Busovaca, si je vous ai

21 bien compris ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

23 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit également que

24 vous êtes né à Pirici et que c'est là-bas que vous avez grandi. Est-ce que

25 vous êtes allé souvent à Pirici et où alliez-vous ?

Page 6334

1 M. Vidovic (interprétation). - Pendant que je vivais et que je

2 travaillais à Busovaca, je passais pratiquement tous les weeks-ends chez

3 mes parents à Pirici et c'est chez eux que je descendais, de temps en

4 temps chez mes voisins également, si par exemple il y avait une fête ou

5 bien une autre manifestation.

6 M. Puliselic (interprétation). - Connaissez-vous Dragan Papic ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je le connais.

8 M. Puliselic (interprétation). - D'où le connaissez-vous ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Dragan Papic est plus jeune par

10 rapport à moi. Il appartient à une autre génération et nous n'étions pas,

11 nous n'avons pas grandi ensemble. Mais après, quand nous sommes devenus

12 majeurs, je l'ai connu et puis j'étais en très bons termes avec son père

13 et en plus nous sommes des voisins.

14 M. Puliselic (interprétation). - Puis-je constater que vous le

15 connaissiez bien ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Oui, relativement.

17 M. Puliselic (interprétation). - Savez-vous où il avait

18 travaillé ? Où Dragan Papic travaillait-il ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Dragan Papic est technicien

20 forestier et il a travaillé, il a été chargé de travailler dans la forêt.

21 Il a travaillé avec mon beau-père.

22 M. Puliselic (interprétation). - Comment s'appelle-t-il ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Feu mon beau-père s’appelait

24 Andrija Musa.

25 M. Puliselic (interprétation). - Voyez-vous ici dans le prétoire

Page 6335

1 Dragan Papic ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

3 M. Puliselic (interprétation). - Remarquez-vous quelque chose

4 sur son visage qui serait particulier ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Je vois qu'il a une barbe et pas

6 autre chose.

7 M. Puliselic (interprétation). - Savez-vous qu'à la fin de 1992

8 ou éventuellement 1993, il portait la barbe ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il portait une barbe qui

10 était un peu plus longue que maintenant.

11 M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous dire

12 qu'éventuellement Dragan Papic pourrait avoir une position nationaliste,

13 qu'il serait engagé politiquement vis-à-vis des Musulmans ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Non. Connaissant son père, je

15 pense même que cela ne serait même pas possible parce qu'il est connu que

16 son père avait été en très très bons termes avec des Musulmans à Ahmici et

17 notamment quand il s'agissait de la mise en place de ce château d'eau. Je

18 pense que toute la famille Papic, et d'ailleurs je le constate, était en

19 très bons termes avec (expurgé).

20 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire également

21 comment Dragan Papic organisait ses loisirs, si vous le savez bien

22 évidemment, en dehors de son travail ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Ensemble, avec son frère Goran,

24 ils réparaient les voitures des particuliers.

25 M. Puliselic (interprétation). - Avait-il également réparé les

Page 6336

1 voitures aux Musulmans ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, ceux qui étaient dans le

3 voisinage.

4 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez déjà dit quelque

5 chose sur son père, Ivo Papic, savez-vous que même en ce moment il est en

6 train de poser les tuyaux pour l'aqueduc aux Musulmans ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas en ce moment s'il

8 est engagé sur cette installation à Ahmici mais, en revanche, je sais

9 qu'il travaille à Kremenik Grbavica pour l'entretien de ces installations

10 d'aqueduc. Et je sais qu'à Grbavica, un certain nombre ont été

11 reconstruits et réparés et tous les Musulmans y sont retournés.

12 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit qu'il avait

13 également posé les tuyaux d'aqueduc dans la mosquée.

14 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je m'en souviens.

15 M. Puliselic (interprétation). - Vous souvenez-vous qu'à ce

16 moment-là Dragan l'avait aidé quand il avait du temps ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je ne l'ai pas vu de mes

18 propres yeux, mais chaque fois c'était une habitude que les enfants aident

19 les parents.

20 M. Puliselic (interprétation). - Savez-vous qu'en ce qui

21 concerne les travaux dans la mosquée, les travaux n'ont pas été payés ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Cela, je ne sais pas, je ne sais

23 pas s'il avait fait les travaux et qu'il n'avait pas été rémunéré.

24 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit qu'au moment où

25 il y avait l'inauguration de la mosquée, une manifestation assez grande a

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1 été organisée.

2 (Le témoin acquiesce.)

3 Y avait-il beaucoup de personnes qui sont arrivées de

4 l'extérieur, par les bus, par les voitures particulières ? Vous souvenez-

5 vous qu'il y avait des bus et des voitures qui sont arrivés justement lors

6 de l'inauguration de la mosquée ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je me souviens très bien de

8 cette journée car tous les gens, plutôt tout l'espace depuis le cimetière

9 de Topalsko jusqu'à la maison du cousin de Dragan Papic et jusqu'à ma

10 maison, tout cet espace a été pratiquement transformé en parking, ainsi

11 que l'espace qui a été consacré au culte musulman.

12 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire également

13 si cet espace a été mis à la disposition des gens qui sont arrivés ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Oui, bien évidemment, des

15 dizaines et des centaines de personnes sont arrivées. Tout cet espace

16 était donc indispensable parce que la mosquée était entourée par les

17 croyants, par ceux qui voulaient prier à la mosquée.

18 M. Puliselic (interprétation). - Etes-vous au courant qu'Hadzi,

19 donc le prêtre musulman, avait remercié les personnes qui avaient organisé

20 cette manifestation pour tout ce qu'ils avaient fait au cours de cette

21 journée ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je l'ai appris

23 effectivement. Il avait remercié toutes les autorités qui avaient permis

24 d'organiser une telle journée.

25 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire également

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1 comment Dragan Papic était sur le plan du caractère ? Etait-ce quelqu'un

2 qui avait un bon, un mauvais caractère ? Comment se comportait-il vis-à-

3 vis des Musulmans ? Etait-il en bons termes avec tout le monde ? Etait-il

4 violent de caractère ? Comment était-il du point de vue de la

5 personnalité ?

6 M. Vidovic (interprétation). - En ce qui concerne les relations

7 qu'ils avaient avec des amis ou des voisins, je dois dire que nous autres,

8 qui avons habité cette ville et ce village, nous étions en bons termes

9 avec nos voisins et souvent on sortait ensemble.

10 En ce qui concerne le caractère de Dragan Papic, je dois dire

11 que c'est quelqu'un qui ressemble beaucoup à son père, et son père était

12 quelqu'un de très appliqué au travail. Il était connu comme tel. Il

13 travaillait énormément, et également comme quelqu'un qui aimait

14 plaisanter. Ce sont les caractéristiques qu'a son fils, à mon avis.

15 M. Puliselic (interprétation). - Etait-il de temps en temps en

16 conflit avec quelqu'un, violent ?

17 M. Vidovic (interprétation). - A ma connaissance, non.

18 M. Puliselic (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le

19 Président, je n'ai plus de questions à poser.

20 M. le Président (interprétation). - Maître Blaxill ?

21 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Monsieur Vidovic, Bonjour

22 Monsieur. Je m'appelle Michael Blaxill, je suis l'un des membres de

23 l'équipe du Procureur.

24 J'ai quelques questions à vous poser, Monsieur, sur la base de

25 ce que vous avez dit dans votre déposition de ce matin. Vous venez de

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1 décrire la cérémonie importante au cours de laquelle la grande mosquée et

2 son minaret ont été ouverts. Avez-vous le sentiment que ce bâtiment a été

3 considéré comme un bâtiment important dans la région par la communauté

4 musulmane de la région ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Je crois que oui.

6 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que cela, peut-être, a

7 fait d'Ahmici un endroit particulièrement important parmi les Musulmans,

8 dans la vallée de La Lasva ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Je ne crois pas que c'était le

10 cas à ce moment-là.

11 M. Blaxill (interprétation). - Pensez-vous que, dans sa courte

12 vie, cette mosquée est devenue un endroit important, significatif pour la

13 communauté musulmane de la région ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Je crois que cette mosquée est

15 devenue un endroit significatif et important uniquement pour les Musulmans

16 qui résidaient dans la partie basse d'Ahmici.

17 M. Blaxill (interprétation). - Eh bien, essayons de revenir un

18 petit peu en arrière. Vous avez déclaré avoir accompli votre service

19 militaire et quitté les rangs de la JNA en 1981, n'est-ce pas ?

20 M. Vidovic (interprétation). - A la fin de 1980, pour être tout

21 à fait exact : le 12 décembre 1980.

22 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Et depuis cette date, vous

23 avez travaillé dans l'environnement technique des télécommunications,

24 n'est-ce pas ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, à partir du 15 janvier 1981.

Page 6340

1 M. Blaxill (interprétation). - S'agissant des obligations

2 permanentes qui étaient les vôtres et qui consistaient à servir l'Etat en

3 temps de paix et de guerre, vous n'avez fait que remplir votre devoir dans

4 l'environnement des télécommunications.

5 M. Vidovic (interprétation). - Oui, exclusivement dans

6 l'environnement des télécommunications.

7 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez déjà indiqué qu'il y

8 avait pour l'essentiel deux réseaux : un réseau destiné aux militaires et

9 un réseau exclusivement civil du point de vue téléphonique, n'est-ce pas,

10 à Vitez ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui. J'ai dit que, dans le cadre

12 du système des télécommunications de la Poste, il n'y avait pas de liaison

13 militaire. Maintenant, s'il existait une telle liaison, un tel réseau

14 militaire, et dans quel cadre il se situait, je ne le sais pas.

15 M. Blaxill (interprétation). - Lorsque vous avez reçu votre

16 affectation suivante, dans une situation de guerre éventuelle, est-ce que

17 cela vous a mis en contact avec les télécommunications militaires ou êtes-

18 vous resté uniquement en contact avec les télécommunications civiles ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Au début de la guerre je n'ai

20 reçu aucun ordre exigeant de moi que je travaille avec les

21 télécommunications militaires. Et l'ensemble de l'organisation des

22 astreintes professionnelles ne portait que sur des tâches, des emplois

23 dans le cadre des télécommunications civiles.

24 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Bien, je voudrais

25 maintenant passer à la période post-électorale, c'est-à-dire à

Page 6341

1 l'année 1992. Vous avez confirmé que vous n'aviez pas d'activité politique

2 personnellement, n'est-ce pas ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est cela.

4 M. Blaxill (interprétation). - Mais vous souteniez ce que vous

5 avez appelé, je crois, la communauté ou l'Union croate démocratique,

6 n'est-ce pas ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

8 M. Blaxill (interprétation). - Est-il exact, dans ces

9 conditions, qu'en 1992 une institution dénommée le HVO a été créée en

10 Bosnie centrale et notamment à Vitez ?

11 M. Vidovic (interprétation). - A quoi pensez-vous exactement ?

12 Vous parlez d'institutions organisées officiellement ? Est-ce que vous me

13 demandez si je faisais partie de cette institution ou si je connaissais

14 simplement cette institution ?

15 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous en connaissiez

16 l'existence ? Vous en connaissiez l'existence, n'est-ce pas ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je savais qu'il existait un

18 gouvernement du pouvoir municipal. Je crois qu'il avait pour nom HVO ou

19 quelque chose comme cela.

20 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous vous êtes efforcé

21 de rester au courant des affaires courantes dans la région au fil du

22 temps ? Je parle des évolutions politiques, de ce genre de chose.

23 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Je suivais en gros les

24 informations. Je lisais les journaux.

25 M. Blaxill (interprétation). - Donc, sur la base de ce point de

Page 6342

1 vue, vous avez eu connaissance de la création de la communauté croate de

2 Herceg-Bosna ? Vous en avez eu connaissance ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Je ne comprends pas ce que vous

4 voulez dire. Vous parlez d'intention, j'étais informé, mais de quelles

5 intentions parlez-vous ?

6 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous eu connaissance de la

7 création ai-je dit de la communauté croate de Herceg-Bosna ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

9 M. Blaxill (interprétation). - Est-il exact que certains des

10 buts déclarés de cette communauté consistaient à instaurer une certaine

11 autonomie territoriale, économique et y compris militaire, une espèce

12 d'auto-détermination sur ces plans donc ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Cela je ne le sais pas.

14 M. Blaxill (interprétation). - Au fil de l'année 1992, avez-vous

15 eu connaissance du fait que le gouvernement de Bosnie-Herzégovine, le

16 gouvernement de Sarajevo avait déclaré illégal le gouvernement du HVO ?

17 Avez-vous eu connaissance de ce fait ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Je ne le sais pas. Ce que je sais

19 c'est qu'en 1992 il y a eu un référendum au sujet de la Bosnie-Herzégovine

20 et que nous sommes allés voter. Mais je ne sais rien de cette déclaration.

21 M. Blaxill (interprétation). - Est-il exact que dans la dernière

22 partie de 1992, dans la municipalité de Vitez, il y avait officiellement

23 un partage du pouvoir entre les organes gouvernementaux musulmans et les

24 organes gouvernementaux du HVO. Est-ce exact ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Au cours du

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1 deuxième semestre 1992 et jusqu'à la fin de l'année 1992, le gouvernement

2 de Vitez, pour autant que je le sache, était conjoint. Je parle du

3 gouvernement exécutif de la municipalité, de la direction municipale

4 exécutive.

5 M. Blaxill (interprétation). - Mais lorsqu'on se rapproche

6 d'octobre 1992, n'est-il pas permis de dire que le pouvoir gouvernemental

7 effectif de Vitez était devenu le pouvoir du HVO, n'est-ce pas exact ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Jusqu'en octobre je pense que le

9 gouvernement qui fonctionnait était un gouvernement conjoint.

10 M. Blaxill (interprétation). - Mais après octobre 1992, je

11 suppose, sur la base de ce que vous dites, que cela n'a plus été le cas.

12 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, après le mois

13 d'octobre 1993, pardon, 1992, pour autant que je le sache, la partie

14 musulmane de la direction de la municipalité a créé sa présidence de

15 guerre ou peut-être est-ce que cette instance portait un autre nom que je

16 ne connais pas mais cette instance était basée à Majala, c'est-à-dire à

17 Stari Vitez.

18 M. Blaxill (interprétation). - Vous parlez de cela comme étant

19 une présidence de guerre mais n'est-il pas permis de dire que, hormis

20 l'incident du 20 octobre entre Musulmans et Croates, il n'y avait pas eu

21 de conflit, le conflit n'avait pas encore éclaté à ce moment-là ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Hormis un certain nombre

23 d'incidents qui se sont produits avant le mois d'octobre 1992, il n'y a

24 pas eu de conflits ouverts, manifestes, pour autant que je le sache.

25 M. Blaxill (interprétation). - Vous dites que les employés

Page 6344

1 Musulmans de la Poste ne sont pas venus au travail pendant sept jours

2 après le 20 octobre, n'est-ce pas ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Effectivement, c'est cela.

4 M. Blaxill (interprétation). - Il vous a été dit que

5 normalement, selon la réglementation en vigueur, à cette époque-là, ils

6 auraient dû être automatiquement licenciés, n'est-ce pas ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

8 M. Blaxill (interprétation). - Cette réglementation, émanait-

9 elle du gouvernement de Bosnie-Herzégovine où était-ce peut-être un

10 règlement, une loi édictée par le gouvernement municipal du HVO ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Non, c'était le règlement qui

12 avait été mis en place par les PTT yougoslaves. Une loi, un règlement

13 général. Tous ceux qui travaillaient aux PTT se conformaient à cette loi,

14 à ce règlement qui s'appliquait à l'ensemble des PTT unifiés de Bosnie-

15 Herzégovine et plus généralement de Yougoslavie.

16 M. Blaxill (interprétation). - Lorsque les salariés, les

17 employés musulmans sont revenus au travail, vous avez manifestement décidé

18 de ne pas appliquer cette loi, ce règlement. Qu'est-ce qui vous a poussé à

19 appliquer, à mettre en oeuvre une démarche plus compatissante comme vous

20 l'avez fait ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, tout simplement je

22 voulais éviter que ce fait soit utilisé à des fins néfastes et qu'il

23 puisse donner lieu à une mauvaise interprétation consistant à parler de

24 discrimination.

25 D'ailleurs, je ne me suis pas décidé seul à agir de la sorte,

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1 j'ai consulté les autres membres du personnel. Nous avons estimé que le

2 problème concernait l'ensemble de l'entreprise et que s'il fallait

3 défendre notre position officiellement devant les PTT nous étions prêts à

4 le faire.

5 M. Blaxill (interprétation). - Mais à cette époque certains de

6 vos collègues vous ont fait part de certaines craintes qu'ils avaient.

7 Pouvez-vous nous dire quelle était la nature de leurs craintes ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Ils n'ont pas vraiment décrit en

9 détail ce qui causait leur peur, mais ils avaient tout simplement peur

10 tout en étant conscients du fait qu'il n'y avait pas de raison

11 particulière justifiant cette peur. L'explication fournie consistait à

12 dire : "Nous avons eu peur".

13 M. Blaxill (interprétation). - Mais, Monsieur Vidovic, compte

14 tenu qu'un employeur a juridiquement le droit de licencier ces personnes

15 pour infraction au règlement, n'avez-vous pas estimé qu'il pouvait y avoir

16 une enquête pour expliquer si leurs craintes étaient justifiées ?

17 M. Vidovic (interprétation). - J'ai tenté d'agir dans ce sens,

18 mais je n'ai reçu aucun détail de la part d'aucun d'entre eux.

19 M. Blaxill (interprétation). - En tout état de cause, vous avez

20 donc décidé de ne pas licencier l'un quelconque de ces salariés ?

21 M. Vidovic (interprétation). - En effet, mais tout à l'heure

22 j'ai oublié de dire que, s'agissant des permanences que nous faisions à la

23 Poste et dont j'ai parlé tout à l'heure, nous avions tous gagné

24 pratiquement trois fois sept jours. Je me souviens donc très bien que ces

25 sept jours, nous les considérions comme des jours de congé, des jours

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1 libres ; et les sept jours de ces hommes ont été considérés ainsi.

2 M. Blaxill (interprétation). - Je vois. Mais n'avez-vous pas

3 estimé que le fait que les événements du 20 octobre aient débouché sur

4 cette absence soudaine de sept jours de la part de vos salariés musulmans,

5 n'avez vous pas estimé qu'il s'agissait là d'une coïncidence ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il y avait concordance entre

7 les deux mais, à mon avis, il n'existait aucune nécessité de considérer

8 que l'incident qui était survenu au cimetière entraîne leur défection du

9 travail, parce qu'à ce moment-là la situation au travail, sur le lieu de

10 travail, à la Poste, de nos employés était tout à fait normale.

11 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur, si je vous disais que

12 la conclusion logique consisterait à dire qu'ils avaient peur du HVO, que

13 répondriez-vous ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je ne sais vraiment pas

15 de quoi ils auraient pu avoir peur. C'est la réponse que je ferais. Je

16 dirais que s'ils étaient venu me parler, je garantis qu'à ce moment-là,

17 dans les conditions de cette période, j'étais prêt à défendre chacun

18 d'entre eux, absolument, et je ne vois pas au mois d'octobre de quoi ils

19 pouvaient avoir peur, ce qu'ils auraient pu craindre en venant ce matin-là

20 au travail.

21 M. Blaxill (interprétation). - Nous allons changer de sujet.

22 Monsieur Vidovic, vous avez dit qu'à l'époque le commissariat de police de

23 Vitez était mixte, c'est-à-dire que des officiers de police musulmans et

24 croates y travaillaient. Est-ce exact ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, pour autant que je le sache.

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1 Après les élections, un pouvoir conjoint a été créé dans la municipalité

2 et au sein de la police.

3 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'un moment est arrivé où

4 ce commissariat de police n'a plus été un commissariat mixte puisque les

5 gens qui y travaillaient n'étaient plus que d'une seule nationalité ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je crois que cette évolution

7 a été parallèle à la constitution d'un gouvernement à Mahala, enfin je ne

8 sais pas si c'est le terme exact qui s'applique mais, en tout cas, la

9 Présidence de guerre. Je crois que la formation de cette Présidence de

10 guerre et la création d'une police distincte à Mahala, ou pour être plus

11 précis, à Stari Vitez, se sont faites conjointement, simultanément.

12 M. Blaxill (interprétation). - Après la guerre, il y a toujours

13 eu un commissariat de police à Vitez, n'est-ce pas, un commissariat de

14 police avec des policiers croates ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Que voulez-vous dire lorsque vous

16 dites "il est resté" ? Vous parlez du bâtiment ?

17 M. Blaxill (interprétation). - Je parle de l'institution, du

18 corps de police.

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

20 M. Blaxill (interprétation). - Et à cette époque-là, y a-t-il eu

21 des officiers de police musulmans travaillant au commissariat de police,

22 d'après ce que vous en savez ? Il est possible que vous ne le sachiez pas.

23 M. Vidovic (interprétation). - Mais sur quelle période porte

24 votre question ? Excusez-moi.

25 M. Blaxill (interprétation). - Je parle y compris d'aujourd'hui,

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1 1999.

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, aujourd'hui, en 1999, au

3 commissariat de police de Vitez, pour autant que je le sache, la présence

4 des officiers de police musulmans correspond aux données du recensement

5 de 1991. Ce qui veut dire, je crois, que la composition est de 50/50,

6 c'est ce que je crois, je ne peux pas vous donner le pourcentage exact.

7 Mais si le chef de la police est croate, le premier commandant est

8 Musulman, et ainsi de suite jusqu'au bas de la hiérarchie.

9 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur Vidovic, permettez-moi

10 de revenir au début de l'année 1993. Au commissariat de police de Vitez,

11 selon ce que vous avez dit, alors que le conflit se rapprochait, le

12 gouvernement du HVO s'est installé dans ce bâtiment. Est-ce exact ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Ce n'est pas ce que j'ai dit.

14 J'ai dit qu'au début du conflit la direction de la municipalité s'est

15 installée à cet endroit. Je n'ai pas utilisé le terme de gouvernement.

16 Dans mon langage, j'ai parlé de la direction de la municipalité, c'est-à-

17 dire le chef de la municipalité et ses premiers adjoints. Au début du

18 conflit, aux alentours du 16, ou peut-être même le 17 ou le 18, je crois

19 même que le 16 ce n'était pas le cas parce que je ne suis pas allé dans la

20 cave, le 16.

21 M. Blaxill (interprétation). - Oui, peut-être vous ai-je induit

22 en erreur en citant de façon erronée ce que vous avez dit,

23 Monsieur Vidovic. Mais je crois vous avoir également entendu dire que le

24 bureau d'information le n °985 était également installé dans ce bâtiment,

25 n'est-ce pas ?

Page 6349

1 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

2 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous eu personnellement des

3 contacts avec ces personnes, avec les dirigeants locaux et avec les

4 membres du centre d'information ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je vais essayer d'expliquer

6 de quelle façon la situation en est arrivée à ce que le centre

7 d'information soit installé dans le bâtiment de la Poste. Lorsque le

8 bâtiment a été construit, en 1984, un accord a été conclu entre le

9 gouvernement de la municipalité de l'époque et la direction de la Poste

10 selon lequel des pièces étaient réservées dans la cave pour ce centre

11 d'information, et ces pièces situées dans la cave avaient une entrée qui

12 leur était propre.

13 Plus tard, il s'est avéré que le centre d'information, le centre

14 de renseignement a été un sous-locataire en fait, parce qu'il y avait sans

15 cesse des problèmes relatifs à la répartition des coûts. Je parle de la

16 période qui va jusqu'en 1993, n'est-ce pas.

17 S'agissant des contacts avec les personnes qui travaillaient

18 dans ce centre d'information ou de renseignement, je peux dire que ces

19 contacts ne se situaient qu'au niveau de rencontres, de rencontres au

20 niveau de problèmes communs comme par exemple la disparition de

21 l'électricité ou le rétablissement de l'électricité puis des rencontres

22 dans des espaces communs, les entrées, les toilettes, etc. Mais je connais

23 toutes les personnes qui travaillaient au centre de renseignement.

24 M. Blaxill (interprétation). - Aviez-vous des rapports, des

25 relations quotidiennes avec ces personnes au début de 1993 lorsqu'elles

Page 6350

1 sont arrivées dans le bâtiment ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Nous nous rencontrions tous les

3 jours mais nous n'avions pas de relations professionnelles, hormis les

4 conversations que nous pouvions avoir par téléphone ou les communications

5 que nous avions après intervention de leur part pour demander des

6 réparations urgentes de certains éléments en panne sur les lignes

7 téléphoniques.

8 M. Blaxill (interprétation). - Mais vous dites que vous aviez

9 des contacts quotidiens avec ces personnes. Est-ce que ces personnes vous

10 tenaient au courant de ce qui se passait, des événements en cours ?

11 M. Vidovic (interprétation). - A quoi pensez-vous exactement ? A

12 tous les événements ou éventuellement à certains excès ?

13 M. Blaxill (interprétation). - Eh bien je parlerais d'événements

14 au niveau politique ou d'incidents qui auraient pu se produire dans telle

15 ou telle localité de la région. Je parle également de relations entre les

16 groupes ethniques, des choses de ce genre.

17 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, oui, nous recevions des

18 informations de temps en temps mais rien qui avait trait, qui se situait

19 dans nos rapports de service.

20 M. Blaxill (interprétation). - Et puis, Monsieur, vous avez dit,

21 n'est-ce pas, que vous essayiez de vous tenir au courant de ce qui se

22 passait, de façon générale, dans la région, n'est-ce pas ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Oui je suivais la presse.

24 M. Blaxill (interprétation). - Avant d'en arriver aux événements

25 d'avril 1993, je vous rappelle que vous avez évoqué une rencontre entre

Page 6351

1 votre soeur et M. Berbic accompagné de gardes villageois à Ahmici, est-ce

2 exact ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

4 M. Blaxill (interprétation). - Est-il exact, en fait, qu'après

5 qu'il ait dit à votre soeur de ne pas avoir peur parce que ce n'était

6 qu'un exercice, qu'aucune action agressive n'a été entreprise par lui-même

7 ou par l'un quelconque des gardes villageois d'Ahmici, des gardes

8 villageois musulmans d'Ahmici jusqu'au 16 avril, n'est-ce pas ? Il n'y a

9 pas eu d'incident ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Le jour où j'ai reçu cette

11 information, pour autant que je le sache, il n'y avait pas d'action

12 particulière de leur part. Je vais essayer de me rappeler plus exactement.

13 Je crois que cette rencontre entre eux a eu lieu au mois de novembre parce

14 qu'elle a commencé à travailler au mois de novembre.

15 M. Blaxill (interprétation). - Et apparemment il n'y a eu aucun

16 problème de la part de cette partie après novembre 1992. Ils n'ont pas

17 menacé physiquement les Croates d'Ahmici, jamais, n'est-ce pas ?

18 M. Vidovic (interprétation). - S'agissant de ma soeur, il n'y a

19 pas eu de problème, à part cette rencontre.

20 M. Blaxill (interprétation). - Si vous me le permettez,

21 j'aimerais maintenant parler des événements du 15 avril 1993 et des jours

22 qui ont suivi. Vous étiez au travail le 15 et vous nous avez dit que vous

23 organisiez l'approvisionnement en combustible, c'est bien cela ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

25 M. Blaxill (interprétation). - Peut-être ai-je mal compris vos

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1 horaires, je crois que ce jour-là vous avez travaillé au cours de la

2 journée ou bien en fait avez-vous travaillé entre 8 heures du soir et

3 7 heures du matin ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Nous avons tous travaillé. Nous

5 travaillions tous les jours de 7 heures jusqu'à 3 heures. Puis, ensuite,

6 les équipes changeaient.

7 La nuit précédente, entre le 14 et le 15, je ne sais pas qui

8 était de service à ce moment-là mais, selon un ordre déjà établi, je

9 devais être de garde ce soir-là, dans la nuit du 15 au 16 de 20 heures à

10 7 heures du matin.

11 M. Blaxill (interprétation). - Et je crois qu'effectivement vous

12 avez fait ce qui était prévu.

13 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement. Cette nuit-

14 là, oui, j'ai exécuté la tâche qui m'avait été confiée et j'ai eu de la

15 chance parce qu'il n'y a pas eu de coupure de courant. Je n'ai pas eu à

16 intervenir, mais effectivement j'étais sur place cette nuit-là.

17 M. Blaxill (interprétation). - Je suppose que vous avez pu

18 dormir quelques heures.

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Toutes les personnes qui

20 travaillaient la nuit passaient généralement la nuit à dormir surtout s'il

21 n'y avait pas de coupure d'électricité.

22 M. Blaxill (interprétation). - Et vous avez été réveillé par des

23 bruits de tirs le lendemain matin, n'est-ce pas ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui, oui. Je n'ai pas été

25 réveillé par l'alarme ou par toute coupure d'électricité ou par tout autre

Page 6353

1 chose, mais bien par des tirs.

2 M. Blaxill (interprétation). - Etait-il courant que vous

3 vérifiez l'impression que vous obteniez le matin, l'impression automatique

4 montrant le nombre de lignes téléphoniques qui ne fonctionnaient pas

5 lorsque vous commenciez à travailler ? Ou bien, y avait-il une raison

6 particulière qui vous a poussé à le faire ce matin-là ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Nous travaillions dans le

8 bâtiment principal et tous les matins, lorsqu'on arrivait au travail, à

9 7 heures, le standard géré par ordinateur faisait un rapport, le rapport

10 de toutes les alarmes de grande importance ou les problèmes plus mineurs

11 également.

12 Ce matin-là, lorsque j'ai été réveillé par les coups de feu, la

13 procédure normale était donc d'attendre la liste d'alarme imprimée qui

14 sort à 7 heures.

15 M. le Président (interprétation). - Maître Radovic ?

16 M. Radovic (interprétation). - Monsieur le Président, je

17 souhaiterais vous demander de demander au Procureur de ne pas poser des

18 questions qui ont déjà reçu réponse. Au cours de l'interrogatoire

19 principal, le témoin a déjà expliqué en long et en large quelle était la

20 procédure normale, à savoir qu'au bureau de Poste la liste des numéros de

21 téléphones déconnectés était imprimée à 7 heures du matin tous les jours.

22 Par conséquent, les questions du Procureur ont déjà reçu réponse

23 de la part du témoin. Alors je ne voulais pas me mêler de ces débats, mais

24 je voudrais vous demander d'enjoindre le Procureur de ne pas reposer les

25 mêmes questions ou bien de les reposer différemment, si tel est son

Page 6354

1 souhait.

2 M. le Président (interprétation). - Merci.

3 M. Blaxill (interprétation). - Oui, effectivement, je comprends.

4 Je voulais simplement savoir si les coups de feu entendus avaient

5 influencé la conduite du témoin ce matin-là, c'était tout. Je vais

6 poursuivre.

7 M. le Président (interprétation). - Merci.

8 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur Vidovic, par la suite,

9 je crois que vous avez demandé à l'opérateur de mener à bien une

10 vérification spéciale vis-à-vis de tous les numéros défectueux. Pourquoi

11 avez-vous formulé cette demande ?

12 M. Vidovic (interprétation). - J'ai dit qu'en tant que

13 technicien opérateur, entre 7 heures 30 et 8 heures, une fois de plus,

14 même si la liste de 7 heures avait été imprimée en n'indiquant aucun

15 numéro problématique, j'ai donc demandé de vérifier s'il y avait eu un

16 problème, s'il y avait des erreurs, si certaines lignes ne fonctionnaient

17 plus. Parce que j'ai supposé, à ce moment-là, que les coups de feu et les

18 détonations que j'avais entendus ce matin-là avaient provoqué des dégâts

19 sur certaines lignes aériennes.

20 Puisqu'à 7 heures du matin ce jour-là personne ne s'est présenté

21 au travail, comme j'étais seul dans la pièce où se trouvait le standard,

22 j'ai eu le sentiment qu'il valait mieux procéder ainsi parce qu'il est

23 bien connu que, lorsqu'il y a de nombreux numéros qui ne fonctionnent

24 plus, le standard peut redémarrer. Cela veut dire que les numéros de

25 téléphone qui étaient indiqués comme étant en bon fonctionnement auraient

Page 6355

1 en fait cessé de fonctionner par la suite.

2 Par conséquent, entre 7 heures et 8 heures, j'ai demandé une

3 nouvelle vérification de la part de l'ordinateur afin de voir si tous les

4 abonnés pouvaient encore utiliser leur ligne de téléphone ou non, ou s'il

5 y avait eu des problèmes entre-temps.

6 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Je voudrais clarifier un

7 point avec vous. Je vois que l'expression en anglais "nous avons coupé les

8 lignes vers Stari Vitez" a été utilisée. Je voudrais savoir si pour vous

9 cela constituait une opération positive, si vous étiez obligé de couper

10 ces lignes ou bien s'il y avait eu un autre motif.

11 M. Vidovic (interprétation). - Je crois que l'on m'a mal compris

12 ou que le transcript ne reflète pas fidèlement ce que j'ai dit. Ce que

13 j'ai dit est la chose suivante : c'est que, dans tout le vieux quartier de

14 Vitez, Mahala, il y avait effectivement un câble qui assurait le

15 fonctionnement de tous les téléphones qui se trouvaient à Mahala ou à

16 Stari Vitez, et tous les abonnements qui se trouvaient à Donja Veceriska,

17 Krcevine, Jardol, Krcevine et d'autres villages encore.

18 Lorsque quelqu'un disait qu'effectivement une ligne ne

19 fonctionnait plus -quelqu'un avait déjà dit d'ailleurs que les téléphones

20 ne marchaient plus dans ces différents villages-, nous avons utilisé un

21 outil particulier dont nous disposions, que nous appelons dans notre

22 domaine "un système", et en utilisant ce système, nous avons pu vérifier

23 que c'était l'ensemble du câble qui était hors d'usage.

24 A un moment donné, à une certaine distance en tout cas, par

25 exemple à 840 mètres, au point 848 mètres, le câble était hors d'usage.

Page 6356

1 Grâce donc à ce système de mesure, nous avons pu déterminer l'endroit

2 précis où se posait le problème en question. Et j'ai dit que ce point se

3 trouvait juste en face de la maison d'Enes Sehic parce que c'est à ce

4 moment-là qu'il y avait cette gaine en béton dont j'ai parlé précédemment.

5 J'ai également dit qu'en 1994 nous avons réparé déjà ce câble et

6 nous avons vu l'endroit où il avait été sectionné. Par conséquent, ce

7 n'est pas nous qui l'avons fait.

8 M. Blaxill (interprétation). - Je vois, Monsieur le Président,

9 qu'il est 12 heures 10. Je ne sais pas, nous parlions d'interruption de

10 communication, alors je me demandais si éventuellement vous souhaitiez

11 prendre votre pause maintenant.

12 Cependant, je pourrai vous assurer que nous en terminerons dans

13 les temps aujourd'hui.

14 M. le Président (interprétation). - Nous faisons la pause

15 maintenant ? Très bien. Eh bien, nous prenons notre pause de 15 minutes,

16 comme nous l'avions prévu.

17 (Suspendue à 12 heures 10, l'audience est reprise à

18 12 heures 30.)

19 M. le Président (interprétation). - Maître Blaxill.

20 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur Vidovic, revenons si

21 vous le voulez bien aux événements qui se sont produits à Vitez au cours

22 de la matinée du 16 avril 1993. Vraisemblablement, vous vous êtes rendu

23 compte que toutes les lignes téléphoniques de Stari Vitez avaient été

24 coupées. Savez-vous quelles ont été les activités qui ont eu lieu à Vitez

25 à cette heure-là ou à cette période-là ?

Page 6357

1 M. Vidovic (interprétation). - J'ai déjà dit qu'en ce qui

2 concerne Stari Vitez cela s'est passé deux jours après le 16 avril. Donc,

3 deux jours après le 16 avril nous avons constaté que ces lignes étaient

4 sectionnées et qu'elles étaient en panne -si vous posez la question au

5 sujet du 16.

6 M. Blaxill (interprétation). - Excusez-moi, j'ai dû mal vous

7 comprendre. Je crois vous avoir entendu indiquer, mais peut-être ai-je

8 tort, qu'au cours de la matinée du 16 vous avez demandé à l'opérateur de

9 procéder à une vérification qui vous a permis de constater qu'un grand

10 nombre de lignes ne fonctionnaient plus.

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'était moi cet opérateur,

12 et c'est moi qui avais demandé à la gestion des ordinateurs de constater

13 toutes les lignes en panne, et c'est l'ordinateur qui a fait cette

14 opération. Et sur cette liste, il n'y avait pas de numéros à Stari Vitez

15 ni plus loin. Par conséquent, c'étaient les lignes qui fonctionnaient.

16 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Je reviendrai donc à ma

17 question précédente. Avez-vous pu observer quelles étaient les activités

18 du HVO, de la branche militaire du HVO le matin du 16, à Vitez ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais absolument rien en ce

20 qui concerne le 16 avril, les autres jours qui ont suivi. J'ai déjà

21 précisé que j'étais seul et que je suis resté seul et qu'il n'y avait donc

22 personne aux postes de travail et que moi j'étais seul dans le bâtiment.

23 Donc, je ne sais pas absolument, je sais que des tirs se sont produits

24 pendant la journée entière.

25 M. Blaxill (interprétation). - A partir de l'endroit où vous

Page 6358

1 travailliez, c'est-à-dire à partir du standard, aviez-vous une vue sur

2 l'extérieur du bâtiment ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Non. Je peux vous donner des

4 précisions, si vous le voulez bien. Au moment où la guerre s'est

5 déclenchée en Bosnie-Herzégovine, au moment où l'ex-JNA a commencé à

6 pilonner les villes, à ce moment-là à Vitez, nous avons protégé de

7 nombreuses installations contre le pilonnage pour empêcher que les vitres

8 se cassent. Cette protection a été assurée sur le bâtiment de la Poste :

9 des planches de 12 centimètres de largeur ont été apposées et on ne

10 pouvait plus rien voir à travers.

11 M. Blaxill (interprétation). - Par la suite, quelqu'un vous a-t-

12 il parlé des opérations menées par le HVO à Vitez ce jour-là, à savoir des

13 rafles de Musulmans, l'emprisonnement de Musulmans dans le cinéma,

14 notamment dont vous avez parlé ? Avez-vous entendu parler d'une quelconque

15 de ces opérations qui auraient été menées ce jour-là ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Ce jour-là, je n'avais aucune

17 information, exception faite de ce que je viens de dire qu'un conflit

18 violent s'est produit à Ahmici pendant toute la journée. J'ai entendu des

19 tirs mais je ne pouvais pas véritablement définir d'où venaient ces

20 activités. Mais j'ai entendu les tirs.

21 M. Blaxill (interprétation). - Revenons donc à la question de la

22 détention de civils. Par la suite, avez-vous appris l'existence du camp de

23 Kaonik et du fait que de nombreux Musulmans de la région de Vitez ont été

24 transférés dans ce camp ? Cette information vous est-elle parvenue à un

25 moment donné ?

Page 6359

1 M. Vidovic (interprétation). - Plus tard, je dirais même après

2 un an. J'ai appris qu'il y avait une prison à Kaonik qui a été organisée

3 et je sais que pour ce qui concerne ces premiers jours, c'est ce qui vous

4 intéresse, je le suppose, je n'avais aucune information sur ce sujet et je

5 ne savais absolument pas si les gens étaient transférés à Kaonik. Je ne

6 savais absolument pas qui l'avait fait.

7 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez déclaré que vous étiez

8 au travail le 16 devant le standard et qu'à aucun moment vous ne vous êtes

9 trouvé à Ahmici ce jour-là. C'est bien exact ?

10 M. Vidovic (interprétation). - C'est exact. Pas uniquement ce

11 premier jour, mais les autres jours qui ont suivi.

12 M. Blaxill (interprétation). - Je suppose qu'au cours de ces

13 journées vous n'avez pas eu l'occasion de rencontrer les accusés que vous

14 avez mentionnés : Vlatko Kupreskic, Zoran Kupreskic, Mirjan Kupreskic,

15 M. Papic ou M. Josipovic. Je pense que vous n'avez rencontré aucune de ces

16 personnes au cours de ces journées dont vous avez parlé, n'est-ce pas ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Oui, vous avez raison. Les cinq

18 premiers jours, je n'ai vu personne. Le troisième jour, je suis rentré

19 chez moi parce que j'avais un tout petit bébé et j'ai passé à Vitez une

20 heure et ensuite je suis retourné à mon poste de travail. Et je suis

21 resté, comme je l'ai déjà dit, tout seul dans le bâtiment de la Poste

22 parce que tout simplement personne n'était venu travailler sauf moi-même

23 qui me suis trouvé sur place.

24 M. Blaxill (interprétation). - Etes-vous entré en contact

25 téléphonique ou autre avec votre mère, votre soeur juste avant le

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1 16 avril ? Leur avez-vous parlé le 15 ou le 14, peut-être ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, excusez-moi. Effectivement,

3 j'ai parlé assez fréquemment. J'ai dit qu'elles étaient toutes les deux,

4 qu'elles étaient seules. J'ai souvent conversé avec elles par téléphone.

5 Et une fois tous les cinq jours, je me rendais chez elles pour les voir

6 parce que nous avions un bébé et puis ma mère avait également une vache,

7 c'est la raison pour laquelle je me suis déplacé pour prendre du lait et

8 pour le porter. En dehors de ce contact de m'occuper de ma famille et de

9 voir si tout était bien, j'avais donc appelé pour dire : "Je viens

10 chercher du lait, vous préparez le lait." C'est comme cela que cela se

11 passait.

12 M. Blaxill (interprétation). - Serais-je donc en droit de dire

13 qu'elles n'ont pas exprimé de crainte particulière au cours des journées

14 ayant précédé le 16 ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Oui, elles m'avaient dit qu'elles

16 avaient peur, mais elles pensaient bien évidemment à tout ce qui se

17 passait auparavant et notamment dans les villages qui se trouvaient dans

18 les alentours de Vitez, j'ai parlé de Bugojno, de Vakuf, de Novi Travnik,

19 de Busovaca et leur maison se trouvait juste à côté des maisons

20 musulmanes. Et oui, elles avaient peur. Et cette peur qu'elles avaient

21 ressentie, grâce à ces contacts que j'ai eus avec elles par téléphone,

22 nous avions réussi un petit peu à l'atténuer.

23 M. Blaxill (interprétation). - Par conséquent, elles avaient

24 certaines craintes avant le 16 avril, mais elles n'avaient jamais été

25 l'objet d'une quelconque agression physique, n'est-ce pas ? Ou d'une

Page 6361

1 menace d'agression physique ?

2 M. Vidovic (interprétation). - C'est exact. Elles n'ont pas été

3 menacées, il n'y avait pas de menace véritablement mais, comme je l'ai

4 dit, elles avaient peur et j'ai expliqué les raisons pour lesquelles elles

5 avaient peur.

6 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez fait référence aux

7 événements survenus à Ahmici et au moment où vous avez découvert leur

8 existence. Vous avez dit que c'était un conflit violent avec de nombreuses

9 pertes de toute part.

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est une information que

11 j'avais entendue ce jour-là. Et c'est exactement cette formule, qu'il

12 s'agissait d'une attaque violente, d'un conflit violent et qu'il y avait

13 des victimes d'un côté et de l'autre.

14 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous appris combien de

15 personnes étaient mortes ? Je sais que vous avez dit que vous n'aviez pas

16 de chiffres précis, mais vous a-t-on parlé de proportions, peut-être,

17 entre la population civile, les membres de l'armée, ce genre de choses ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, ce premier jour,

19 personne ne savait. Il y avait eu une dizaine de personnes à peu près

20 auxquelles on avait pensé. C'est un chiffre que nous avons entendu mais ce

21 n'est que plus tard que nous avons entendu qu'il y avait entre 50 et

22 60 victimes. Ce n'est que plus tard des jours qui ont suivis que nous

23 l'avons appris et c'étaient les informations que nous avons pu avoir grâce

24 aux contacts informels avec des personnes que j'ai pu contacter par

25 téléphone, à partir de la Poste, à partir du standard. Bien évidemment,

Page 6362

1 ces informations n'ont pas été vérifiées. A ce moment-là, je dois dire que

2 l'on ne pouvait certainement pas conclure de ces informations s'il

3 s'agissait de civils, de militaires ou bien d'autre chose.

4 M. Blaxill (interprétation). - Je crois que vous avez fait

5 référence à une personne, M. Mirjan Santic, je crois, et vous pensez que

6 c'est ce jour-là qu'il est mort. Mais en êtes-vous certain ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Non. Pour commencer, ce premier

8 jour, je ne savais même pas qui a été tué. Ce n'est que plus tard,

9 quelques jours plus tard, que j'ai appris que, parmi d'autres personnes,

10 Mirjan Santic a été tué. Donc pas Santic mais Santic.

11 M. Blaxill (interprétation). - Cantic, d'accord. Excusez ma

12 mauvaise prononciation.

13 J'aimerais que vous consultiez un document. Il s'agit d'une

14 pièce de l'accusation, la pièce 337, s'il vous plaît. Le document a déjà

15 été versé, Madame et Messieurs les Juges. Il s'agit de la liste du HVO, la

16 liste de ses membres décédés.

17 (L'huissier s'exécute.)

18 Pourriez-vous, s'il vous plaît, vous intéresser à la page 14

19 tout d'abord, et plus particulièrement au numéro... Enfin, il s'agit de la

20 page 14 de la traduction. Je vous invite à regarder le n° 435 de la liste

21 des victimes. Ceci vous sera peut-être d'une plus grande utilité.

22 M. Vidovic (interprétation). - Je ne vois pas ici la quatorzième

23 page, il n'y a que les dix pages que j'ai sous mes yeux.

24 M. Blaxill (interprétation). - Ah !, je crois qu'il devrait y

25 avoir 18 pages, en fait. Vous n'arrivez pas au n° 435 ?

Page 6363

1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est la page n° 8, version

2 que je possède.

3 M. Blaxill (interprétation). - Il s'agit d'une différence de

4 pagination entre la version en BCS et la version en anglais. Vous voyez

5 donc le n° 435, c'est M. Mirjan Santic, n'est-ce pas, fils de Franjo ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

7 M. Blaxill (interprétation). - Vous voyez que la date proposée

8 est celle du 18 avril. Vous le connaissiez ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je le connaissais.

10 M. Blaxill (interprétation). - Vous saviez que c'était un soldat

11 du HVO, en tout cas c'est comme ça que vous le connaissiez, n'est-ce pas ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Non, que voulez-vous dire : un

13 soldat professionnel ?

14 M. Blaxill (interprétation). - Il était membre du HVO dans

15 l'armée à l'époque. Je ne sais pas si c'était un conscrit ou non.

16 M. Vidovic (interprétation). - Cela, je ne sais pas, je ne

17 connais pas le détail. Je ne sais pas quel était son statut.

18 M. Blaxill (interprétation). - Je vous invite à consulter la

19 toute première page, s'il vous plaît. Vous êtes d'accord avec moi pour

20 dire qu'il semble s'agir d'un document du HVO reprenant les noms des

21 soldats du HVO qui ont été tués ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas ce que vous voulez

23 dire. Voulez-vous dire que je suis d'accord, que c'est un document qui

24 porte l'en-tête ?

25 M. Blaxill (interprétation). - Je vous demande s'il s'agit bien

Page 6364

1 là de ce que semble être ce document, en tout cas pour vous.

2 M. Vidovic (interprétation). - Il s'agit d'une liste des

3 personnes qui ont été tuées. Le document, à mon avis, devrait avoir pris

4 une autre forme.

5 M. Blaxill (interprétation). - Et cette liste est-elle présentée

6 explicitement comme étant la liste des membres du HVO tués ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Peut-être, mais je ne sais pas,

8 je ne comprends pas. Moi, je ne comprends même pas votre question : je ne

9 sais pas si nous devons, si nous pouvons accepter ce document comme un

10 document qui a été rédigé par le HVO et qui a donc été fait par le HVO.

11 M. Blaxill (interprétation). - Ma question est simple,

12 Monsieur Vidovic : en apparence, à la vue du document que vous tenez entre

13 vos mains, semble-t-il s'agir d'un document intitulé "Liste de membres du

14 HVO qui ont été tués". Je ne vous demande pas de nous dire s'il s'agit

15 d'un document officiel, de l'authentifier, c'est tout ce que je vous

16 demande.

17 M. Vidovic (interprétation). - Mais la liste en tant que telle

18 probablement est comme vous l'avez dit, mais si tous ceux qui figurent sur

19 la liste sont des membres du HVO, je ne pourrai pas vous donner une

20 réponse à cela.

21 M. Blaxill (interprétation). - Je vous demanderai une autre

22 chose également. Dans la colonne où est indiqué le lieu, je vous

23 demanderai donc de consulter cette différente colonne sur les différentes

24 pages du document et de nous dire si le nom "Ahmici" y apparaît.

25 M. Vidovic (interprétation). - Non, pas "Ahmici", mais il y a

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1 Pirici, Santici. Pirici, bien évidemment. Donc je répète : Pirici, il y a

2 plusieurs endroits.

3 M. Blaxill (interprétation). - Par conséquent, vous seriez

4 d'accord avec moi pour dire que "Ahmici" n'apparaît pas mais que l'on

5 trouve quelques indications de Pirici, de Cantici avec différentes dates,

6 n'est-ce pas ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Oui, vous avez raison : Ahmici

8 n'existe pas, je suis d'accord avec vous.

9 M. Blaxill (interprétation). - Un autre point encore. Vous avez

10 dit connaître M. Marjan Santic. Quelle était sa profession ? Comment le

11 connaissiez-vous ? Etait-ce un collègue, un ami ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je ne peux pas dire que

13 nous étions très proches. Mais je le connais de l'époque où il sortait

14 avec son épouse et, à cette époque-la, quand il sortait en amis -son

15 épouse et lui-même- à ce moment-là ma petite amie était mon épouse

16 actuelle, on sortait à quatre pour prendre un verre. C'est de cette

17 époque-là que je le connais. Je connais très bien son épouse.

18 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur Vidovic, merci.

19 Monsieur le Président, je n'ai plus de questions à poser au témoin.

20 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Radovic ?

21 M. Radovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Eh

22 bien, nous allons commencer en suivant le même ordre que M. le Procureur.

23 La nouvelle mosquée qui a été construite par Hazim, pourquoi

24 était-elle importante pour les villageois d'Ahmici ?

25 M. Vidovic (interprétation). - A mon avis, elle a été importante

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1 pour les villageois d'Ahmici-le-Bas parce que, tout simplement, ils ne

2 voulaient pas participer à la construction de la mosquée qui se trouvait

3 en haut et ils avaient construit cette mosquée en bas du village sans

4 participer à la construction, sans y contribuer. Il y avait un local qui a

5 été réservé à cette intention. C'est une première chose...

6 M. Radovic (interprétation). - Excusez-moi, poursuivez.

7 M. Vidovic (interprétation). - Donc c'était une première chose.

8 Deuxièmement, c'était important pour eux parce qu'ils pouvaient se réunir

9 et que c'était à un bon emplacement.

10 M. Radovic (interprétation). - Vous voulez dire que quand les

11 Musulmans construisaient une mosquée, ils organisaient un certain nombre

12 de moyens ? Comment ont-ils fait la collecte ? Comment avait-on financé ?

13 Est-ce que c'est par des contributions, sur une base bénévole ou sur une

14 autre base ? Comment ont-ils contribué à la construction de la mosquée ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Je ne peux pas vous donner de

16 réponse tout à fait précise, mais je vais essayer quand même de vous en

17 donner une.

18 Je pense que dans cette partie du village, ils avaient également

19 procédé à la construction en définissant une somme d'argent par famille.

20 Et c'est l’imam ou Muftjad qui tenait un registre et qui pouvait comme

21 cela savoir qui avait contribué à la construction de la mosquée, c'est une

22 façon. Et une autre façon, c'est par les donations qui provenaient des

23 Etats islamiques et par l'intermédiaire de la communauté islamique. C'est

24 également un moyen auquel on avait recouru.

25 M. Radovic (interprétation). - Vous dites "Odja" ou l’imam, peu

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1 importe le nom, est-ce qu’il y avait, outre l’imam, il y avait également

2 des citoyens qui surveillaient tout ce qui se passait à l'intérieur de la

3 mosquée, aux alentours de la mosquée. Savez-vous, par exemple, qu'il y

4 avait également un comité de la communauté islamique ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je suis au courant, je le

6 sais.

7 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous nous donner des

8 explications si vous le savez, car vous n'appartenez pas à cette

9 confession ? Mais dites-nous ce que vous savez sur le comité de la

10 communauté islamique ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui, ce que je sais. Chaque

12 municipalité avait un comité. Un comité de la communauté islamique et dans

13 chaque village ce comité organisait, si je peux appeler ainsi, un groupe

14 de gens qui...

15 M. Radovic (interprétation). - Vous pouvez l'appeler comme vous

16 voulez.

17 M. Vidovic (interprétation). - C'était ce comité, ce groupe de

18 personnes à la tête duquel se trouvait ou bien Odja ou l’imam ou peu

19 importe, quelqu'un qui était du côté des Musulmans et ensuite il y avait

20 des sous-comités des sections. Nous on les appelait Muftja. Ce n'étaient

21 pas des instructeurs, pas des enseignants, mais c'était quelqu'un dans le

22 village dont la tâche était de contacter chaque personne et si jamais on

23 avait décidé de construire une mosquée ou éventuellement d'organiser une

24 autre action, à ce moment-là, cette personne était chargée de contacter

25 toutes les personnes et de leur demander la contribution.

Page 6368

1 M. Radovic (interprétation). - D'après vous, en ce qui concerne

2 la prière dans la nouvelle mosquée qui a été construite également grâce à

3 Hazim, pouvez-vous nous dire qui, parmi les villageois, allait dans la

4 nouvelle mosquée et qui allait dans l'autre mosquée ? Est-ce que vous êtes

5 au courant, si vous le savez ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Ce que je sais, je vais vous

7 dire : en ce qui concerne Ahmici-le-Haut vivait, aujourd'hui également, le

8 frère de Hazim nommé Esad. Eh bien, avec sa famille, lui-même il avait

9 fait la prière dans la mosquée de son frère, donc en bas du village.

10 M. Radovic (interprétation). - En bas du village, on s'est bien

11 compris ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Oui donc Abdullah Mustafa, son

13 voisin, je ne connais pas tous ces noms, je dois dire Sakib, Nezir et les

14 autres, les voisins qui habitaient à proximité de cette mosquée en bas du

15 village, y allaient compte tenu du fait qu'ils passaient en passant du

16 haut du village à côté. Donc je pense qu'il n'y avait que le frère de

17 Hazim qui était avec lui dans cette mosquée.

18 M. Radovic (interprétation). - Je pense que le Procureur vous a

19 posé la question au sujet d'autres Musulmans. Avez-vous vu que lors de la

20 prière organisée dans la mosquée, en bas du village, il y avait des

21 Musulmans qui arrivaient en provenance d'autres villages et pas forcément

22 de la municipalité de Vitez ? Est-ce qu'il y avait des pèlerinages ? Parce

23 que si je sais d'une mosquée qui avait une importance plus grande pour les

24 Musulmans à ce moment-là on aurait organisé le pèlerinage, comme c'est le

25 cas pour d'autres lieux saints musulmans. Médina ou autres ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Oui effectivement, il y a cette

2 coutume d'aller en pèlerinage, c'est Mevloud ceci veut dire que chaque

3 village a une date qui est déterminée, retenue pour l'organisation de

4 cette cérémonie religieuse spéciale appelée Mevloud. Je pense qu'Ahmici

5 avait effectivement une date dans ce genre qui a été déterminée mais pour

6 la mosquée du haut du village alors que Hazim avec son fils Zaim qui est

7 Odja et qui habite à Vienne, il avait réussi à organiser assez fréquemment

8 Mevloud, donc ces cérémonies religieuses spéciales dans sa mosquée.

9 M. Radovic (interprétation). - Je suis désolé, mais c'est la

10 première fois que j'entends parler de ce terme Mevloud. Est-ce que vous

11 voulez expliquer aux Juges ce que c'est ? C'est une foire, un pèlerinage ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Mevloud, je ne sais pas comment

13 vous l'expliquer.

14 M. Radovic (interprétation). - C'est une procession ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Oui en quelque sorte, c'est une

16 prière solennelle suivie non seulement d'une prière mais également avec un

17 certain nombre de chants spirituels.

18 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous me dire si ce qui a

19 été organisé dans la mosquée en bas d'Ahmici, Mevloud était organisé de la

20 même manière comme dans d'autres mosquées ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Non, c'était la même chose. Sauf

22 qu'il y avait un certain nombre de personnages renommés et des chefs

23 spirituels d'autres milieux qui venaient également pour assister à cette

24 cérémonie. C'était tout simplement car son fils Zaim avait une renommée et

25 je pense qu'il avait des connaissances dans ces milieux, car son fils Zaim

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1 avait bien évidemment intérêt à ce que cette mosquée puisse se maintenir

2 et être préservée.

3 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que c'était contestable ?

4 Cette mosquée a été contestable qu'elle se maintienne ou non à cet

5 endroit ?

6 M. Vidovic (interprétation). - S'il n'y a pas de fidèles, elle

7 est automatiquement contestable.

8 M. Radovic (interprétation). - Le Procureur vous a posé une

9 autre question concernant les rapports de travail. Est-ce que vous pouvez

10 maintenant me dire ce qui s'est passé avant les élections libres et

11 après ? Et avant donc les conflits ? Quels étaient les règlements ? Quelle

12 était la réglementation en vigueur dans la zone du village, dans votre

13 village et dans la municipalité ? Est-ce qu'il y avait des réglementations

14 qui portaient sur les contrats de travail, sur les rapports de travail

15 dans votre établissement, à la Poste, aux PTT ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Avant la guerre, tout le

17 personnel de la Poste devait se conformer à la réglementation en vigueur

18 et à la législation en vigueur qui ont été prescrits par la communauté des

19 PTT yougoslaves et tous nos règlements. Tous nos règlements qui, à cette

20 époque, étaient en vigueur étaient pratiquement conformes à cette

21 réglementation générale de cette époque-là.

22 M. Radovic (interprétation). - Vous voulez dire qu'à partir du

23 moment où la Bosnie-Herzégovine a été proclamée Etat, on n'a pas touché à

24 la réglementation en vigueur valable dans l'ex-Yougoslavie ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Effectivement, nous avons

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1 continué à travailler en vertu de ces règlements.

2 M. Radovic (interprétation). - Vous voulez dire que vous avez

3 poursuivi, respecté cette législation et jusqu'à quand ?

4 M. Vidovic (interprétation). - A la Poste, nous avons poursuivi

5 d'appliquer cette réglementation jusqu'en novembre 1994, au moment où nous

6 avons mis en place cette nouvelle forme des PTT de Bosnie-Herzégovine.

7 M. Radovic (interprétation). - C'est là où vous avez cessé

8 d'appliquer cette réglementation de l'ex-Yougoslavie sur les rapports de

9 travail ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

11 M. Radovic (interprétation). - Vous souvenez-vous quel était le

12 terme utilisé pour l'absence au poste de travail ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Si au bout d'un certain temps

14 l'ouvrier ne se rendait pas au travail, à ce moment-là son supérieur

15 devait rédiger une requête et engager une procédure disciplinaire. Et il

16 s'agissait...

17 M. le Président (interprétation). - Maître Radovic, je crois que

18 nous en avons suffisamment entendu sur ce point. C'est une question très

19 limitée. Ce qui nous intéresse ce n'est pas cela. Nous ne voulons pas

20 savoir ce qui s'est passé le 20 octobre, je crois d'ailleurs que nous

21 avons entendu tous les éléments nécessaires. Il est inutile d'entendre

22 beaucoup d'informations sur les relations de travail, surtout d'un point

23 de vue historique.

24 Pouvez-vous poursuivre et passer à autre chose, s'il vous

25 plaît ?

Page 6372

1 M. Radovic (interprétation). - Monsieur le Juge, je n'ai pas

2 l'intention de poursuivre très longtemps sur ce sujet-là, mais je voulais

3 tout simplement poser cette question parce que M. le Procureur a démontré

4 qu'il ne savait pas comment les relations de travail étaient réglementées

5 à cette époque-là à la Poste, alors qu'il avait posé une telle question.

6 Eh bien, il en ressortait que dans la partie croate de Bosnie-

7 Herzégovine il y avait une réglementation spéciale alors que ce n'était

8 pas vrai. Donc, M. le Procureur vous avait interrogé au sujet de l'état

9 actuel de la police.

10 Vous avez parlé du poste de police et vous avez dit qu'un

11 Musulman était chef de ce poste. Dites-nous, pour l'expliquer aux Juges :

12 quand une patrouille sortait sur le terrain, quelle était la composition

13 du point de vue national ?

14 M. Vidovic (interprétation). - J'ai dit qu'en ce qui concerne

15 les effectifs, la proportion était moitié-moitié. Il y avait peut-être un

16 peu plus des uns que des autres mais c'était moitié-moitié. Et dans tous

17 les services, y compris dans la patrouille on tenait compte de cette

18 proportion. La patrouille était mixte. S'il y avait deux policiers pour

19 monter la garde, à ce moment-là il y avait un Musulman et un Croate. S'ils

20 étaient quatre, à ce moment-là deux et deux, moitié-moitié. C'est ce que

21 je sais. Puis les rencontres que j'ai eues avec eux...

22 M. Radovic (interprétation). - Vous avez dit que vous étiez

23 informé des événements en cours par la presse. Vous ai-je bien compris ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

25 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous maintenant me dire de

Page 6373

1 quelle presse il s'agissait ?

2 M. Vidovic (interprétation). - A cette époque, les seuls

3 journaux que l'on pouvait lire étaient le Oslobodjenje de Sarajevo et le

4 Veceznje Novine, un journal de Sarajevo je crois.

5 M. Radovic (interprétation). - Il n'y avait donc pas de journaux

6 croates, n'est-ce pas ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Non, pas à cette époque-là.

8 M. Radovic (interprétation). - Le Procureur vous a interrogé au

9 sujet des intentions de la communauté croate de Herceg-Bosna. Pouvez-vous

10 nous dire où se prenaient les décisions politiques ? A quel niveau ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, au niveau le plus élevé

12 du parti de l'Union Démocratique Croate de Bosnie-Herzégovine.

13 M. Radovic (interprétation). - Mais dans le cadre de Vitez ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Je dirais que ce type de décision

15 ne se prenait pas dans l'environnement de Vitez.

16 M. Radovic (interprétation). - Dites-nous, avez-vous jamais vu

17 ou entendu dire qu'une décision politique quelconque aurait été prise par

18 les accusés, Zoran ou Mirjan Kupreskic ? Ou bien avez-vous vu le moindre

19 document portant leur signature et qui donnerait un ordre de quelque

20 nature que ce soit et à qui que ce soit ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Non, je n'ai jamais eu l'occasion

22 de voir ce genre de chose.

23 M. Radovic (interprétation). - Leur position était telle qu'ils

24 auraient pu prendre une décision politique de quelque nature que ce soit

25 qui aurait constitué une obligation pour qui que ce soit ?

Page 6374

1 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, non, non. En aucun cas

2 ils n'étaient en position d'agir de la sorte.

3 M. Radovic (interprétation). - Je vous poserai les mêmes

4 questions au sujet du pouvoir militaire. Mirjan et Zoran Kupreskic

5 avaient-ils le moindre pouvoir pour donner un ordre à une unité militaire

6 ou à l'un quelconque de ces membres ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Je pense que non.

8 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous jamais vu un ordre

9 quelconque par lequel Zoran ou Mirjan Kupreskic donnait un ordre à qui que

10 ce soit ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Je n'ai jamais eu l'occasion de

12 voir un tel ordre.

13 M. Radovic (interprétation). - Le Procureur vous a également

14 interrogé au sujet du centre de renseignement et de diversion. Je crois

15 qu'il y a là également une certaine confusion dans le compte rendu. Je

16 voudrais donc vous poser quelques questions de façon à lever les quelques

17 ambiguïtés.

18 Ce centre de renseignement et de diversion, d'alarme, était-il

19 destiné à alarmer, à alerter les citoyens avant qu'un incident particulier

20 ne se produise ou après la survenue d'un tel incident ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je pourrais vous donner

22 un détail à ce sujet. Le jour où Vitez a été pilonnée par la JNA, le

23 centre d'information, de renseignement a averti les citoyens qu'il y avait

24 un danger.

25 M. Radovic (interprétation). - Mais sur la base de quel

Page 6375

1 renseignement ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien je ne sais pas ce que

3 vous voulez dire !

4 M. Radovic (interprétation). - Cela s'est-il produit lorsque le

5 pilonnage a eu lieu ou lorsque les avions sont arrivés ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Lorsque les avions sont arrivés

7 parce que je pense au pilonnage par les avions.

8 M. Radovic (interprétation). - Oui mais quand on parle de

9 pilonnage on ne pense pas aux avions, n'est-ce pas ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien je vous prie de

11 m'excuser, je pensais à un bombardement d'avion.

12 M. Radovic (interprétation). - Et le deuxième incident ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Le deuxième cas, il s'agit

14 d'annonce, d'alerte des citoyens, en cas d'incendie, d’inondation,

15 destinée à avertir la population civile.

16 M. Radovic (interprétation). - Autrement dit, lorsqu'un danger

17 très important survenait c'est à ce moment-là que les membres de ce centre

18 se mettaient au travail et se faisaient connaître, n'est-ce pas ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je suis d'accord.

20 M. Radovic (interprétation). - Le Procureur vous a soumis ce

21 document sur lequel on voit la signature d'un certain nombre de personnes

22 décédées. Bien, c'est ma collègue Me Slokovic-Glumac qui dit qu'elle va

23 interroger le témoin à ce sujet, donc je passe ces questions.

24 Dites-moi, savez-vous où était l'entrepôt Ogrjev ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je sais.

Page 6376

1 M. Radovic (interprétation). - Vous l'avez décrit, n'est-ce

2 pas ? Vous en avez décrit la configuration, l'aspect physique.

3 Mais sur votre ordinateur, le 16 avril 1993, avez-vous vu

4 apparaître la moindre donnée montrant que la ligne téléphonique alimentant

5 Ogrjev était coupée ? Pouvez-vous nous informer à ce sujet ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Je vais expliquer plus en détail

7 quelle était la nature du listing que sortait l'ordinateur. Lorsqu'il y

8 avait interruption d'un câble, je parle d'interruption, c'est-à-dire

9 lorsqu'il n'y avait plus de contact entre deux lignes, l'ordinateur ne

10 sortait pas cette donnée sur le listing, sauf dans les cas où le numéro

11 exact lui était donné.

12 M. Radovic (interprétation). - Autrement dit, si je vous ai bien

13 compris, il est impossible de répondre à cette question ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Si la prise téléphonique était

15 enlevée du mur, l'ordinateur n'en savait rien.

16 M. Radovic (interprétation). - Oui, mais je ne vous demande pas

17 si le numéro était déconnecté parce que la prise téléphonique était

18 débranchée, je vous demande si la donnée selon laquelle la ligne

19 conduisant à Ogrjev était déconnectée. Est-ce qu'à ce moment-là votre

20 ordinateur vous en informait ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Je ne peux pas me rappeler, dans

22 la pratique, si ce numéro précis figurait également sur le listing. Mais,

23 le premier jour, il y a eu des numéros sur le listing qui provenaient de

24 ce secteur.

25 M. Radovic (interprétation). - Donc de cette ligne ?

Page 6377

1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, de cette ligne.

2 M. Radovic (interprétation). - Donc des numéros en panne ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Certains numéros en panne, oui.

4 M. Radovic (interprétation). - Mais vous ne savez pas si tous

5 les numéros étaient en panne ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas si tous les

7 numéros étaient en panne et je ne sais pas si les numéros d'Ogrjev

8 figuraient sur le listing des pannes.

9 M. Radovic (interprétation). - Une seule question encore, si

10 vous voulez bien.

11 Le Procureur vous a interrogé au sujet de la rencontre de votre

12 soeur avec les gardes villageois. Mais dans les propos du Procureur, les

13 termes utilisés étaient un peu différents de ceux que vous avez utilisés

14 dans votre déposition, alors j'aimerais que nous voyons les choses de

15 façon très précise.

16 Est-ce que votre soeur vous a dit qu'elle avait rencontré les

17 gardes villageois ? Auquel cas elle les aurait sans doute tous connus ? Ou

18 bien vous a-t-elle dit que, parmi le groupe d'hommes qu'elle a rencontrés

19 en uniforme et en armes, il y avait des hommes qu'elle ne connaissait

20 pas ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Elle a rencontré un groupe

22 d'hommes au nombre desquels se trouvaient pas mal de voisins qui étaient

23 tous armés et qu'elle peut désigner par leur nom. Ce groupe était

24 dirigé...

25 M. Radovic (interprétation). - Vous l'avez déjà dit.

Page 6378

1 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

2 M. Radovic (interprétation). - Mais au nombre de ces hommes, y

3 avait-il également des hommes qu'elle ne connaissait pas, si vous le

4 savez ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Je crois qu'il y en avait. Je

6 crois qu'il y avait des hommes qu'elle ne connaissait pas, mais je ne sais

7 pas combien.

8 M. Radovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

9 J'en ai terminé.

10 M. le Président (interprétation). - Merci, Maître Slokovic-

11 Glumac ?

12 Mme Glumac (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

13 Monsieur Vidovic, nous allons revenir quelques instants sur ce

14 listing dont il a été assez souvent question.

15 Dites-nous d'abord, selon le règlement en vigueur en Bosnie-

16 Herzégovine et plus largement dans l'ex-Yougoslavie, quelle était la façon

17 dont on déterminait la date du décès de quelqu'un ? Quel était le document

18 officiel émis au moment du décès d'une personne ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Pour autant que je le sache, le

20 document valable dans ces cas était le constat de décès établi par le

21 médecin, le médecin ayant procédé au dernier examen de la personne en

22 question.

23 Mme Glumac (interprétation). - Mais sur ce document y a-t-il la

24 date, le lieu et l'heure du décès ? Est-ce que ces éléments fondamentaux

25 figurent sur ce document ?

Page 6379

1 M. Vidovic (interprétation). - Je crois que oui, ainsi que les

2 conditions du décès.

3 Mme Glumac (interprétation). - Ces données sont-elles fiables ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Elles devraient l'être. Je crois

5 qu'elles le sont.

6 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que ce document a valeur

7 de document officiel ?

8 M. Vidovic (interprétation). - S'il porte la signature du

9 médecin, je considère que ce document a valeur de document officiel.

10 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que l'acte de décès émis

11 par la personne responsable de la municipalité, autrement dit après que

12 l'annonce du décès arrive à la mairie et que le responsable de la

13 municipalité enregistre le décès dans les registres de la municipalité,

14 est-ce que le document établi dans ces conditions est pertinent ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Je crois que oui.

16 Mme Glumac (interprétation). - Dans cet acte de décès qui est

17 établi par les services municipaux, est-ce que, pour la rédaction de ce

18 document, la présence du médecin est nécessaire ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Non.

20 Mme Glumac (interprétation). - Bien. Si vous aviez d'un côté

21 cette liste, ce papier dont vous nous avez dit ne pas savoir de quoi il

22 s'agissait, et que dans l'autre main vous teniez l'acte de décès, quel est

23 le document que vous considéreriez comme le plus valable ? Le premier

24 papier ou l'acte de décès ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Je pense que je considérerais

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1 comme plus valable l'acte de décès.

2 Mme Glumac (interprétation). - Mais si dans l'acte de décès

3 certaines données étaient différentes de celles qui figurent sur ce

4 papier, auriez-vous confiance dans ce qui est écrit dans l'acte de décès

5 ou sur ce papier-ci ? Lequel, à vos yeux, est un document officiel ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Je ferai confiance à ce qui

7 figure sur l'acte de décès.

8 Mme Glumac (interprétation). - Très bien, merci.

9 Maintenant, en première page, il est écrit : "Liste des

10 personnes décédées parmi les membres du HVO". C'est bien cela ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

12 Mme Glumac (interprétation). - Je vous prierais de bien vouloir

13 prendre la page 10 de ce document, si vous voulez bien, le texte croate.

14 Qui, sur cette liste, pouvait être membre du HVO ? Qui avait la

15 possibilité de faire partie du HVO ? D'après la loi, quel était l'âge de

16 combattre pour les hommes ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien je ne connais pas la loi

18 en détail, mais je crois que jusqu'à l'âge de cinquante ans c'était le

19 cas.

20 Mme Glumac (interprétation). - A partir de quel âge ?

21 M. Vidovic (interprétation). - A partir de dix-huit ans.

22 Mme Glumac (interprétation). - A partir de dix-huit ans, n'est-

23 ce pas ? Alors je vous demanderais de regarder les noms qui correspondent

24 aux numéros 512, 513, 514, 518, 519, 520.

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je les vois.

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1 Mme Glumac (interprétation). - 523, 524, 525, 526 et veuillez

2 regarder leurs dates de naissance qui figurent sur la première colonne à

3 côté du nom et du prénom.

4 M. May (interprétation). – Tout cela, ce ne sont que des

5 commentaires, n'est-ce pas, vous n'interrogez pas le témoin. Vous pouvez

6 évoquer ces éléments dans votre plaidoirie, Maître Glumac. Nous n'avons

7 pas besoin d'une déposition très longue sur ces points.

8 Mme Glumac (interprétation). - Oui, c'est exact, mais le

9 Procureur ne cesse de s'appuyer sur ces documents, sur ce document en

10 particulier qui est tellement erroné que je pense véritablement qu'il est

11 utile que le témoin également le commente. Mais, sur le fond, vous avez

12 raison, donc nous allons passer à autre chose.

13 Dites-nous, eu égard aux autres éléments qui figurent dans ce

14 document, si l'emplacement, le lieu, la localité d'Ahmici a été évoquée

15 dans les questions qui vous ont été posées ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

17 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit que d'autres

18 endroits, comme Santici, Pirici, sont mentionnés dans le document, mais

19 pas Ahmici.

20 M. Vidovic (interprétation). - Effectivement.

21 Mme Glumac (interprétation). - Dans ces endroits, à Pirici, à

22 Santici, si vous le savez, y a-t-il eu quelque opération de combat que ce

23 soit le 16 avril 1993 ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Dans ma déposition, j'ai dit que

25 Gornja, Pirici, Nadioci, Ahmici, Gornji Ahmici, Donje Ahmici faisaient

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1 parties de la municipalité d'Ahmici, ce qui signifie que...

2 Mme Glumac (interprétation). - Mais savez-vous s'il y a eu des

3 actions de combat dans ces endroits ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Dans la région de Pirici, oui.

5 Mme Glumac (interprétation). - A Santici ?

6 M. Vidovic (interprétation). - A Santici, oui.

7 Mme Glumac (interprétation). - Très bien.

8 Je voudrais revenir encore, si vous le voulez bien, sur une

9 autre partie de votre déposition au moment où on vous interrogeait une

10 nouvelle fois sur la journée du 15.

11 Pouvez-vous nous dire ce que vous avez fait le 15 ? Vous êtes

12 allé au travail, vous êtes rentré chez vous ? Quand avez-vous terminé

13 votre équipe ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Le 15, j'ai fini mon travail à

15 15 heures, comme tous les autres jours à 3 heures de l'après-midi.

16 Mme Glumac (interprétation). - Et où êtes-vous allé à ce moment-

17 là ?

18 M. Vidovic (interprétation). - A ce moment-là, je suis rentré

19 chez moi, à la maison, et je suis passé à l'épicerie pour acheter un

20 certain nombre de choses.

21 Mme Glumac (interprétation). - Où ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Dans le grand magasin de Vitez et

23 dans un magasin qui se trouvait au bas de mon immeuble, dans l'entrée.

24 Mme Glumac (interprétation). - De quel magasin s'agit-il ?

25 M. Vidovic (interprétation). - C'est le magasin qui s'appelle

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1 Pepe Sutra qui appartient à l'entreprise Sutra. C'était un magasin

2 d'alimentation.

3 Mme Glumac (interprétation). - Et qui avez-vous vu à cet

4 endroit ? Qui y travaillait ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Mirjan Kupreskic y travaillait

6 comme vendeur la dernière année, depuis l'ouverture de ce magasin.

7 Mme Glumac (interprétation). - Mais la question vous a été posée

8 au sujet des moments où vous l'avez vu. Ce jour-là, vous l'avez vu pour la

9 dernière fois ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je l'ai vu ce jour-là. J'ai

11 acheté plusieurs boîtes de conserve de goulache, je ne peux pas dire

12 exactement combien, et de la bière Tuborg. C'était le seul magasin où on

13 trouvait de la bière Tuborg et nous en avons même bu tous les deux.

14 Mme Glumac (interprétation). - L'avez-vous revu au cours de

15 cette même journée ? Est-ce que vous savez jusqu'à quelle heure il a

16 travaillé puisque vous étiez dans le même immeuble ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas exactement, mais

18 je crois que je l'ai vu dans son magasin aux alentours de 16 heures et je

19 suis ensuite retourné dans mon appartement, car je savais que j'étais de

20 permanence le soir et je ne suis plus ressorti. Je ne l'ai donc pas revu

21 ce jour-là, je ne l'ai vu que dans le magasin.

22 Mme Glumac (interprétation). - Très bien, mais dans le reste de

23 cette journée avant de prendre votre permanence le soir, avez-vous eu

24 d'autres activités ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Non, j'étais dans l'appartement,

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1 mon bébé avait 5 mois à l'époque et j'ai donc passé le reste de l'après-

2 midi avec ma petite fille de 5 mois.

3 Mme Glumac (interprétation). - A quel moment commençait votre

4 permanence ? J'ai oublié, je n'ai pas noté ce fait, excusez-moi.

5 M. Vidovic (interprétation). - A 20 heures.

6 Mme Glumac (interprétation). - Jusqu'à ce moment-là, est-ce que

7 tout était normal à Vitez ? Est-ce que tout correspondait à un jour de

8 travail normal pour vous ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Oui, un jour de travail normal.

10 Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous vu des mouvements plus

11 importants que d'habitude, de soldats, d'armée plus importants sur la

12 route quand vous êtes allé prendre votre travail le soir ou est-ce que, du

13 point de vue des mouvements de troupes, les choses... Comment étaient les

14 choses quand vous êtes retourné au travail le soir ?

15 M. Vidovic (interprétation). - En ville je n'ai rien vu de

16 particulier pas de mouvement inhabituel, rien d'inhabituel.

17 Mme Glumac (interprétation). - Encore un élément lié à Ahmici.

18 Pouvez-vous vous rappeler le matin quand vous avez passé en revue ces

19 numéros, qu'en était-il des numéros de téléphone d'Ahmici ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Oui je me rappelle. Ce matin-là,

21 j'ai d'abord demandé la liste des alarmes et j'ai ensuite demandé la liste

22 de 150 numéros de téléphone ou peut-être même plus qui étaient en panne.

23 Mme Glumac (interprétation). - Oui, vous l'avez dit, mais

24 s'agissant d'Ahmici, cette zone, ce secteur ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, eh bien sur cette liste il y

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1 avait des numéros qui correspondaient à un secteur qui se trouve en-

2 dessous de la maison de ma mère et dans ce secteur tous les numéros

3 étaient en panne, donc il y a eu une interruption des lignes, y compris à

4 cet endroit-là.

5 Mme Glumac (interprétation). - Cela signifie-t-il que seules les

6 lignes téléphoniques des maisons situées aux alentours des maisons de

7 votre mère ne fonctionnaient pas ou cela signifie que dans l'ensemble

8 d'Ahmici les lignes ne fonctionnaient pas ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, les lignes des maisons

10 situées autour de ma mère, les lignes de Gorni et Donja Ahmici, aucune

11 d'entre elles ne fonctionnait. Le câble, autrement dit, circulait depuis

12 le commutateur jusqu'à Gorni Ahmici en passant par la maison de ma mère,

13 et de maison en maison jusqu'en haut du village. Tout ce secteur, tout ce

14 branchement de la ligne était en panne.

15 Mme Glumac (interprétation). - Cela signifie-t-il que le centre

16 d'Ahmici, autrement dit le quartier où se trouvent les maisons Kupreskic,

17 n'avait pas non plus de téléphone ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Non, le centre d'Ahmici n'est pas

19 branché sur la même ligne, sauf quelques maisons. (expurgé)

20 (expurgé), la maison de Hazim Ahmic et aussi celle de

21 Mustafa.

22 Mme Glumac (interprétation). - Mais les autres avaient le

23 téléphone, en tout cas le matin, c'est ce que ça veut dire ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui, le matin en tout cas.

25 Mme Glumac (interprétation). - Merci.

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1 M. le Président (interprétation). - Merci. Merci,

2 Monsieur Vidovic d'avoir témoigné devant ce Tribunal. Vous pouvez

3 maintenant vous retirer et nous suspendons l'audience jusqu'à demain matin

4 9 heures.

5 L'audience est levée à 13 h 20.

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