Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-16-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Vendredi 5 Mars 1999

4 L'audience est ouverte à 9 heures.

5 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

6 Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.

7 Affaire n° IT-95-16-T, le Procureur contre Zoran Kupreskic,

8 Mirjan Kupreskic, Vlatko Kupreskic, Drago Josipovic, Dragan Papic et

9 Vladimir Santic.

10 M. le Président (interprétation). - Bonjour.

11 Avant de continuer avec le témoin Vrebac, je souhaiterais parler

12 de deux questions plutôt techniques, à savoir deux requêtes du conseil de

13 la défense, l'une concernant le Témoin DD, vous vous en souvenez peut-

14 être, l'autre concernant M. Mirsad Omserovic.

15 Je crois que maintenant le conseil de la défense a reçu la

16 réponse du Procureur concernant M. Omserovic, qui a été soumise hier,

17 concernant la décision de la Chambre rendue le 2 mars. Le Procureur

18 dévoile une annexe numéro 5 qui contient éventuellement des éléments à

19 décharge concernant M. Drago Josipovic. Cette Chambre considère que

20 maintenant le Procureur a accompli sa tâche selon la règle 68 concernant

21 le dévoilement et la divulgation des éléments à décharge, donc cette

22 affaire est close.

23 En ce qui concerne le Témoin DD, le Procureur a soumis hier

24 ex parte sa réponse indiquant qu'il n'a plus d'éléments ni de témoignages

25 concernant ce témoin. La Chambre considère que ceci a été rédigé par le

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1 Procureur de bonne foi et donc cette affaire, elle aussi, est close.

2 Nous pouvons continuer maintenant avec le témoin Vrebac et je

3 demanderai à

4 Me Slokovic-Glumac de poursuivre l'interrogatoire principal.

5 Mme Glumac (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.

6 Bonjour, Monsieur Vrebac.

7 Veuillez examiner tout d'abord ces photographies et nous dire de

8 quelle maison il s'agit.

9 Je demanderais l'aide de l'huissier, s'il vous plaît.

10 Mme Ameerali (interprétation). - Document D98/2.

11 Mme Glumac (interprétation). - Monsieur Vrebac, pouvez-vous nous

12 dire quelle est la maison sur la page 1 ?

13 M. Vrebac (interprétation). - Sur la page 1, c'est la maison de

14 Milutin Vidovic.

15 Mme Glumac (interprétation). - La maison de Milutin Vidovic se

16 trouve en face de votre maison, n'est-ce pas ?

17 M. Vrebac (interprétation). - Non, pas en face, mais dans la

18 même ligne que ma maison à moi et du même côté de la route.

19 Mme Glumac (interprétation). - Et cette maison qui se trouve en

20 face ?

21 M. Vrebac (interprétation). - Vous parlez de la photographie 2 ?

22 Mme Glumac (interprétation). - Oui.

23 M. Vrebac (interprétation). - Celle-là, c'est la maison de

24 Milutin et en face d'elle se trouve la maison de Ljuban Santic. Au-

25 dessous, on voit tout simplement l'entrée de la maison et une partie du

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1 toit de la maison de ma sœur, Jelena. C'est tout.

2 Mme Glumac (interprétation). - Cette maison servait d'abri,

3 n'est-ce pas ?

4 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

5 Mme Glumac (interprétation). - Et la maison de votre père se

6 trouve en face de cette maison-là ?

7 M. Vrebac (interprétation). - Oui, elle est en face de la maison

8 de ma soeur et on ne voit ici qu'une petite partie du toit d'un bâtiment

9 qui se trouve à côté de la maison de mon père.

10 Mme Glumac (interprétation). - Merci beaucoup. Vous avez dit,

11 lors de votre déposition hier, que, vous aussi, vous avez participé au

12 travail du centre culturel SPS, n'est-ce pas ?

13 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

14 Mme Glumac (interprétation). - Quel était l'autre nom de ce

15 centre culturel, autrement dit comment a-t-il changé de nom ?

16 M. Vrebac (interprétation). - En 92, il a changé de nom et il

17 est devenu le centre culturel civique de Vitez. Et, bien sûr, nous, les

18 habitants, il nous a fallu un peu de temps avant de s'habituer à cet autre

19 nom.

20 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que la composition a

21 changé après le changement de nom ou, pour être plus précise, en 93, avant

22 le conflit ?

23 M. Vrebac (interprétation). - Non, la composition des personnes

24 qui ont travaillé là-dedans n'a pas changé, à l'exception de certains

25 professionnels, par exemple Naib, je ne connais pas son nom de famille, on

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1 l'appelait Lili, il jouait de l'accordéon et il travaillait avec les

2 groupes de contrôle, il ne pouvait plus venir à cause de son

3 obligation de travail à Zenica et c'était vrai pour Drago Zomeric*, mais

4 nous avons continué à avoir une collaboration étroite avec eux, on leur

5 demandait des conseils, des choses comme ça.

6 Mme Glumac (interprétation). - Combien de Musulmans y avait-il

7 en 1993 au sein de ce centre culturel ?

8 M. Vrebak (interprétation). - Je ne peux pas vous dire le nombre

9 exact, il y a eu trois groupes. Le premier groupe, constitué de danseurs

10 qui étaient déjà chevronnés, il y avait un autre groupe qui les remplaçait

11 et il y avait un troisième groupe qui était en train d'apprendre la danse,

12 le folklore. Donc je pense qu'en ce qui concerne les Croates et les

13 Musulmans, il s'agissait de proportion moitié moitié, et il y avait des

14 Serbes aussi.

15 Mme Glumac (interprétation). – Zoran Kupreskic et Mirjan

16 Kupreskic étaient des membres de ce centre à l'époque, n'est-ce pas ?

17 M. Vidovic (interprétation). – Oui, à l'époque ils étaient

18 membres. Zoran Kupreskic était le chorégraphe principal au sein de ce

19 centre culturel, Mirjan était chargé d'une partie de la musique de même

20 que moi-même et aussi Fahrudin Ahmic. Donc nous quatre étions chargés des

21 activités principales concernant ce centre culturel.

22 Mme Glumac (interprétation). - Durant cette période entre deux

23 conflits, est-ce que vous aviez des répétitions, des représentations ?

24 M. Vrebak (interprétation). - Oui, comme je l'ai déjà dit, peut-

25 être un jour sur deux ou trois, ça dépendait des possibilités dans la

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1 semaine et aussi du groupe qui devrait répéter. En ce qui concerne les

2 représentations, on ne les avait pas sans arrêt mais de temps en temps,

3 par exemple pour la Forpronu, pour des événements un peu spéciaux à Vitez,

4 dans la région un peu plus vaste aussi.

5 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit avant, lors de

6 votre déposition, que vous avez joué de manière professionnelle aussi dans

7 un groupe plus important. Est-ce que Mirjan Kupreskic a joué lui aussi

8 avec vous ?

9 M. Vrebak (interprétation). - Oui, je peux vous dire qui

10 constituait ce groupe. Donc, dans ce groupe, au sens large, il y avait

11 Mirjan Kupreskic, Zdravko Vrebak, donc moi-même, Zladko Kupreskic,

12 Fahrudin Ahmic, Nedzad Barucija, Ivo Jandric, parfois Naib Mekic, tout

13 cela dépendait des besoins du client.

14 Mme Glumac (interprétation). – Fahrudin Ahmic, Nedzad Barucija

15 et puis la troisième personne ?

16 M. Vrebak (interprétation). – Naib Mekic de Busovaca.

17 Mme Glumac (interprétation). - Ce sont des Musulmans ?

18 M. Vrebak (interprétation). – Oui.

19 Mme Glumac (interprétation). - Après le premier conflit, donc en

20 novembre ou bien en décembre, avez-vous continué avec vos activités

21 culturelles les représentations de manière normale, avez-vous organisé

22 encore des soirées ?

23 M. Vrebak (interprétation). - Oui, nous les avons organisées.

24 Une fois nous avons joué à la Forpronu et nous l'avons fait avec le centre

25 culturel borac, ce qui veut dire combattant, de Travnik.

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1 Nous avons joué lors de mariages, par exemple pour le mariage de

2 Zoran Vidovic. Je ne me souviens pas très exactement de la période, mais

3 c'était avant le Nouvel An, c'est sûr. Puis nous avons fait des tours de

4 voyages avec le centre culturel aussi.

5 Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous participé à un

6 programme la télévision où il n'y avait que vous comme participants pour

7 le Nouvel An de 1993, donc à la fin de 1992 ?

8 M. Vrebak (interprétation). – Oui, ceci c'est produit à la fin

9 de décembre, avant le Nouvel An. Cette émission a été enregistrée pour

10 pouvoir diffuser ce programme le jour du réveillon et nous avons

11 enregistré cela pour la télévision locale de Vitez dont le propriétaire

12 était Pero Kutel*, il était connu comme Pero.

13 A ce moment-là, nous étions tous là, je ne sais pas s'il faut

14 que j'énumère les Musulmans, les Serbes, les Croates. A l'époque, c'était

15 tout à fait normal, il ne fallait pas s'étonner.

16 Mme Glumac (interprétation). - Après le Nouvel An, vous avez

17 également organisé deux soirées, une fois pour le Baïram dans le centre

18 des sapeurs-pompiers et puis une autre fois c'était pour Pâques. Avez-vous

19 participé à cela ?

20 M. Vrebak (interprétation). – Oui, pour Baïram, ceci s'est

21 produit dans le centre des sapeurs-pompiers, la caserne des sapeurs-

22 pompiers à Stari Vitez dans la partie appelée

23 Mahala, c'était une grande célébration un grande fête, nous étions tous là

24 et tous ceux qui participaient à la vie culturelle de la région y étaient,

25 c'est-à-dire les membres de l'intelligentzia, et puis il existe un

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1 enregistrement de cela, c'était vraiment magnifique.

2 Mme Glumac (interprétation). - Et Mirjan et Zoran, est-ce qu'ils

3 étaient avec vous ? Est-ce qu'ils ont participé avec vous ?

4 M. Vrebac (interprétation). - Oui. Comme je l'ai dit, tous les

5 membres de notre centre culturel ont participé à ce moment-là, vraiment

6 tous y ont travaillé, parce que ça, c'était un événement qui se passait au

7 niveau de Vitez. Je vous le dis, c'était vraiment une grande, grande fête.

8 Mme Glumac (interprétation). - Et pour Pâques, à Mali Mosunj,

9 est-ce qu'encore une fois vous avez tous participé à cette occasion-là ?

10 M. Vrebac (interprétation). - Oui, à Mali Mosunj, nous avons

11 organisé une soirée pour Pâques et, encore une fois, nous étions tous là,

12 donc tous les membres de l'orchestre étaient là, le groupe de danse

13 folklorique était là aussi. Tous. C'était la même chose que pour le

14 Baïram, mais de toute façon nous avons travaillé déjà toujours de cette

15 manière-là, c'est-à-dire nous avons toujours été concernés par ce que nous

16 allions offrir à ceux qui nous écoutaient et nous regardaient.

17 Mme Glumac (interprétation). - Et après cette soirée-là, est-ce

18 que vous êtes partis quelque part, est-ce que vous vous en souvenez, est-

19 ce que vous avez continué votre fête après la fin de la soirée ?

20 M. Vrebac (interprétation). - Oui. Après la soirée, nous sommes

21 tous partis, donc toute cette équipe chargée de la musique et du folklore,

22 jusqu'à mon café à Vitez. Et c'est là que nous sommes restés jusqu'à après

23 midi, 4 heures ou 5 heures. Etant donné que j'avais ma voiture, nous

24 sommes allés jusqu'à Fahrudin Ahmic tout simplement pour qu'ils disent

25 bonjour à sa femme, et puis nous sommes partis jusqu'à la maison de Mirjan

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1 Kupreskic et nous y

2 sommes restés jusque tard dans la nuit. Puis nous avons parlé un peu de

3 tout et de rien. En fait, nous avons continué la fête.

4 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que les Musulmans étaient

5 avec vous ?

6 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

7 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous savez, pour le

8 Baïram*, si des Croates se rendaient chez des Musulmans, par exemple est-

9 ce que Zoran et Mirjan Kupreskic sont allés féliciter le Baïram à qui que

10 ce soit ?

11 M. Vrebac (interprétation). - Oui, cétait une habitude chez

12 nous. De toute façon, Vitez était déjà un environnement multiethnique où

13 vraiment il n'y a pas eu de problème. Nous nous soutenions toujours les

14 uns les autres. Ça je peux le garantir sur tout ce que j'ai dans ce monde.

15 En ce qui concerne le Baïram, bien évidemment, nous sommes allés

16 chez Fahrudin Ahmic, encore une fois, donc Zoran Kupreskic, Mirjan et moi-

17 même, et je ne me souviens pas... Je crois que peut-être la famille de

18 Zoran y était elle aussi. Je ne suis pas très sûr, je risque de confondre

19 des situations différentes, des visites différents étant donné que très

20 souvent on se rendait les uns chez les autres.

21 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez l'habitude

22 de fêter le nouvel an ensemble aussi ?

23 M. Vrebac (interprétation). - Oui. Mais durant cette époque-là

24 déjà, les hôtels ne fonctionnaient plus et plusieurs structures de ce

25 genre, quand il s'agissait d'hôtels plus grands, c'était déjà la Forpronu

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1 qui les avait loués, par exemple Pica* à Busovaca, puis d'autres endroits

2 à Kiseljak aussi.

3 Donc à ce moment-là, c'était déjà difficile d'organiser notre

4 soirée pour nous en tant qu'orchestre de manière organisée. Donc c'est

5 pour ça que nous nous sommes organisés en privé cette année-là, c'est-à-

6 dire dans des maisons privées. Mirjan et Zoran ont célébré ça chez

7 Mirko Vidovic avec Naib Mekic et des voisins qui vivaient aux alentours.

8 Et puis moi-même, à un moment, je suis venu, avant ou après minuit, je ne

9 sais pas très exactement car ce soir-là, étant donné que je suis un expert

10 en électronique, j'étais chargé de la maintenance à la télévision de

11 Vitez dont le propriétaire était Pero Gudelj. Donc là j'ai travaillé sur

12 un engin, en fait il s'agissait d'un appareil qui permettait de diffuser

13 l'enregistrement de notre soirée quand nous avons joué de la musique, etc.

14 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez mentionné Naib Mekic...

15 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

16 Mme Glumac (interprétation). - ...qui a fêté le Nouvel an et

17 avec Zoran et Mirjan Kupreskic qui, lui aussi, était membre du centre

18 culturel. Est-ce que pouvez nous dire où il habitait ?

19 M. Vrebac (interprétation). - Il habitait à Kacuni, dans la

20 maison de son père, donc c'était sur la route entre Busovaca et Kiseljak,

21 près de la route. Je ne peux pas vous dire plus précisément.

22 Mme Glumac (interprétation). - Très bien. Je voulais tout

23 simplement savoir quel était le lieu où il habitait.

24 Est-ce que vous savez si, après la guerre, Mirjan Kupreskic a

25 essayé de se mettre en contact avec lui et de quelle manière il l'a fait ?

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1 M. Vrebac (interprétation). - Oui, en 94, je crois que c'était

2 peut-être au mois de mai ou juin, nous sommes partis, Mirjan Kupreskic et

3 moi-même, jusqu'à un point de contrôle à Kacuni qui séparait la partie

4 croate et la partie musulmane. Nous y sommes venus et nous avons donc

5 envoyé le message à la police musulmane d'appeler pour nous si possible

6 Naib Mekic étant donné que sa maison se trouve pas très loin de là, peut-

7 être à 1,5 kilomètre. Et ils l'ont fait effectivement. Il est venu et je

8 ne peux pas vous décrire la joie de cette rencontre. Cela faisait

9 longtemps que nous ne nous étions pas vus et vraiment nous étions

10 heureux, à la fois nous et lui.

11 Mme Glumac (interprétation). - Depuis combien de temps vous ne

12 vous étiez pas vus étant donné que Nagic* ne pouvait pas venir de Kacuni à

13 Vitez ?

14 M. Vrebac (interprétation). - La dernière fois que nous nous

15 étions vus, c'était peut-être quelques jours avant le deuxième conflit,

16 quelques jours avant. Je pense que nous avons même peut-être répété

17 ensemble. Quelque chose comme ça. Mais je sais que c'était à peu près

18 durant cette période-là.

19 Mme Glumac (interprétation). - Et l'épouse de Fahrudin Ahmic,

20 comment s'appelait-elle ?

21 M. Vrebac (interprétation). - Nous l'appelions Sutka. Je crois

22 que son prénom était Suada. Oui, Suada. Suada Ahmic.

23 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous savez si

24 Suada Ahmic a été en contact avec Mirjan Kupreskic après la fin de la

25 guerre ?

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1 M. Vrebac (interprétation). - Oui, elle a été en contact avec

2 lui. Je ne sais pas où ils se sont rencontrés, je crois qu'ils ont été en

3 contact par téléphone. Et puisque Mirjan a appris que sa situation

4 matérielle et financière était très difficile, il nous l'a dit à nous, les

5 autres membres du centre culturel, et puis nous... Bien sûr, notre

6 situation à nous n'était pas bien meilleure, mais nous avons quand même

7 réussi à rassembler un peu de vivres et un peu de d'argent. C'était une

8 sorte d'aide pour elle et ses enfants. Nous la connaissions bien et puis

9 ses enfants aussi. Et puis nous l'avons fait aussi à cause de feu Fahran*

10 et puis pour ses enfants aussi. On a fait la même chose pour un autre

11 membre de notre centre, Dzidic. Excusez-moi, je connais son surnom, on

12 l'appelait toujours Dzida, donc je peux pas vous dire son prénom.

13 Mme Glumac (interprétation). - Peut-être Ahmed ?

14 M. Vrebac (interprétation). - Dzidic. C'est possible, mais

15 vraiment je ne peux pas vous le dire très précisément. Je vois son image

16 dans ma tête.

17 Mme Glumac (interprétation). - Que s'est-il produit avec

18 Dzidic ?

19 M. Vrebac (interprétation). - Il a été dans la même situation.

20 Il a voulu venir nous demander de l'aide à celui qui voulait l'aider. Là,

21 la question de pouvoir le faire ne se posait plus. Et il a posé cette

22 question à Mirjan. C'était en 94 et Mirjan travaillait à Vitez, dans la

23 société de Sutra et c'est là qu'avec l'accord de son directeur, il lui a

24 donné une aide assez importante du point de vue matériel.

25 Mme Glumac (interprétation). - Cet aide pour Suada Ahmic, vous

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1 l'avez fournie en quelle année ?

2 M. Vrebac (interprétation). - Ça aussi, c'était en 94, c'était à

3 l'époque où le point de contrôle nous séparait à l'époque. Elle ne pouvait

4 même pas venir jusqu'à chez nous. Et puis d'ailleurs elle n'avait même pas

5 d'argent pour acheter un billet d'autobus.

6 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit qu'avant la guerre,

7 Mirjan Kupreskic travaillait pendant une époque dans la vente en gros à

8 Ahmici et après dans la vente au détail à Vitez.

9 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

10 Mme Glumac (interprétation). - Et après la guerre, en 94, 95,

11 96, où est-ce qu'il a travaillé ?

12 M. Vrebac (interprétation). - Après la guerre, je crois qu'ils

13 ont déjà commencé à travailler en avril ou mai, je ne sais pas très

14 exactement.

15 Mme Glumac (interprétation). - Quelle année ?

16 M. Vrebac (interprétation). - En 94. Ils ont commencé à

17 travailler aussi avec l'entrepôt à Ahmici et puis aussi le magasin de

18 Vitez. C'est Mirjan qui a travaillé à Vitez, encore une fois. Il a

19 travailé en 94, 95, 96, jusqu'au moment où il est arrivé ici.

20 Mme Glumac (interprétation). - Et vous savez à quelle époque il

21 a travaillé, vous le voyiez ?

22 M. Vrebac (interprétation). - Oui, oui. Je peux vous le dire

23 comme ça. Non seulement il travaillait, mais il était absolument débordé

24 de travail. Il portait sur ses épaules toute la société étant donné qu'il

25 faisait vraiment tout : il était à la fois l'ouvrier manuel et le

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1 gestionnaire.

2 Mme Glumac (interprétation). - Durant cette période après la

3 guerre, est-ce qu'il a quitté le pays ?

4 M. Vrebac (interprétation). - Oui, nous sommes allés en Suisse.

5 Est-ce que je peux voir ?

6 Mme Glumac (interprétation). - Non, ce n'est pas la peine.

7 Dites-nous simplement.

8 M. Vrebac (interprétation). - En 95.

9 Mme Glumac (interprétation). - Qu'est-ce que vous vouliez voir ?

10 M. Vrebac (interprétation). - Je voulais voir mon passeport

11 étant donné que le jour où le passeport a été délivré est en fait le jour

12 où nous sommes allés en Suisse, donc cela me permettrait d'établir avec

13 certitude de quelle date il s'agissait. Nous y sommes allés tous avec

14 toute la société, tout le centre culturel, et bien évidemment cette fois-

15 ci les Musulmans, la partie musulmane du centre n'y étaient plus, mais en

16 ce qui concerne notre centre à nous, je peux vous dire qu'il y avait des

17 Musulmans qui sont restés, c'étaient des danseurs excellents. Je crois que

18 nous étions à Zug, en Suisse.

19 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit que c'était en 95,

20 n'est-ce pas ?

21 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

22 Mme Glumac (interprétation). - Encore seulement une question. Au

23 moment où vous avez parlé de cette période entre les deux conflits, et

24 puis de l'engagement de Mirjan et Zoran concernant le centre culturel,

25 donc de leur engagement professionnel en tant que joueurs, et puis compte

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1 tenu du fait que tous les deux ont travaillé à l'époque, je dois vous

2 poser la question suivante : est-ce que vous savez si Zoran travaillait à

3 l'époque ?

4 M. Vrebac (interprétation). - Oui, il travaillait au sein du

5 SPS, donc de manière professionnelle. Je ne sais pas très exactement

6 comment vous le dire, d'habitude la plus plupart des gens étaient au

7 chômage technique. Parfois, cela concernait des périodes de cinq jours ou

8 de cinq mois, c'était une sorte de stand-by. Mais lui en tant que l'un des

9 meilleurs professionnels de cette société, je crois que qu'il travaillait

10 pratiquement sans arrêt. Je me rappelle que très souvent, après le

11 travail, entre 92 et 93, nous nous rencontrions souvent dans le café du

12 centre culturel dont le propriétaire était Sedzad, une personne aussi du

13 centre culturel.

14 Mme Glumac (interprétation). - Donc compte tenu de leurs

15 activités et de leur travail, est-ce que vous savez s'ils ont également

16 participé à des patrouilles villageoises ou bien s'ils ne l'ont pas fait ?

17 M. Vrebac (interprétation). - Je crois que si je peux donner une

18 estimation, je ne peux pas vous dire avec certitude, nous étions assez

19 souvent absents et moi aussi. Donc le premier voisin râlait, il disait :

20 "Mais pourquoi, c'était lui qui devait garder votre maison contre les

21 voleurs, etc.". Donc il le disait assez souvent, mais nous le soir nous

22 étions souvent absents, par exemple nous allions jouer à Turbe peu avant

23 le grand conflit avec les Serbes. Et je me rappelle que nous avons eu de

24 la peine pour sauver nos instruments, mais c'est là que nous avons joué

25 chaque soir dans les restaurants du centre. Cela impliquait que nos

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1 voisins, à nous, étaient assez colère, ils disaient que c'était eux qui

2 gardaient nos maisons à nous.

3 Mme Glumac (interprétation). - Merci beaucoup. J'ai terminé avec

4 mon interrogatoire principal. Je demande que soient versées au dossier les

5 pièces à conviction de la défense D97/2 et 98/2.

6 M. le Président (interprétation). - Il n'y a pas d'objection ?

7 S'il n'y a pas d'objection, elles sont versées au dossier.

8 Maître Pavkovic ?

9 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, les

10 autres conseils de la défense n'interrogeront pas le témoin.

11 M. le Président (interprétation). - Maître Blaxill, s'il vous

12 plaît ?

13 M. Blaxill (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.

14 Bonjour, Madame et Monsieur les Juges. Monsieur Vrebac, bonjour. Je suis

15 membre du Bureau du Procureur, je m’appelle Michael Blaxill et je travaille

16 dans ce procès. C'est pourquoi j'aimerais vous poser quelques questions,

17 Monsieur.

18 Ma première question sera la suivante. Je crois que vous

19 habitiez non loin de la maison d'un homme qui s'appelait Ivo Vidovic,

20 n'est-ce pas ?

21 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

22 M. Blaxill (interprétation). - Et je crois qu'il était

23 propriétaire d'un café ? Il avait un café pas de loin de sa maison ?

24 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

25 M. Blaxill (interprétation). - Je crois qu'il était aussi membre

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1 de la garde villageoise ?

2 M. Vrebac (interprétation). - Oui, de temps en temps.

3 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous jamais patrouillé au

4 sein de cette garde villageoise avec Ivo Vidovic ?

5 M. Vrebac (interprétation). - C'est possible, mais nous nous

6 voyons davantage dans le café, parce que c'est de cette façon que nous

7 concevions nos patrouilles.

8 M. Blaxill (interprétation). - Eh bien cela allait être ma

9 prochaine question. Est-ce que vous fréquentiez en tant que client le café

10 de M. Ivo Vidovic ?

11 M. Vrebac (interprétation). - Quand j'en avais le temps, oui.

12 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'il y avait quelqu'un de

13 particulier qui avait un autorité particulière, autrement dit qui

14 coordonnait les activités de la garde villageoise et qui avait compétence

15 pour le faire ?

16 M. Vrebac (interprétation). - Non, personne de particulier.

17 M. Blaxill (interprétation). - Connaissiez-vous un homme qui

18 répondait au nom de Nenad Santic ? J'espère que j'ai bien prononcé son

19 nom ?

20 M. Vrebac (interprétation). - Oui, vous l'avez bien prononcé et

21 je le connaissais, pour autant que nous le permettait la différence de

22 génération entre lui et moi.

23 M. Blaxill (interprétation). - Savez-vous si Nenad Santic

24 occupait un poste particulier ou remplissait un rôle particulier au sein

25 du HVO en rapport avec le fonctionnement de la garde villageoise ou d'une

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1 autre instance du village ?

2 M. Vrebac (interprétation). - Je ne crois pas. Je sais qu'il

3 était un des fondateurs du HDZ, en fait l'une des personnes qui soutenait

4 le parti. Maintenant avait-il réellement un rôle ou une fonction

5 officielle, politique particulière, je ne sais pas.

6 M. Blaxill (interprétation). - Et bien je veux que nous parlions

7 de la période qui a suivi le premier conflit, donc après l'éclatement du

8 premier conflit. Vous rappelez-vous si à ce moment-là M. Nenad Santic a

9 occupé ou rempli un rôle militaire ou quasi militaire ?

10 M. Vrebac (interprétation). - Je crois que non. Il n'a rien fait

11 de place plus que chacun d'entre nous.

12 M. Blaxill (interprétation). - Merci Monsieur.

13 Serait-ce une surprise pour vous si je vous disais que M. Ivo

14 Vidovic a déclaré que le matin du deuxième conflit il a reçu des ordres de

15 Nenad Santic auxquels il a obéi ? Est-ce que ce que je suis en train de

16 vous dire vous surprend ?

17 M. Vrebac (interprétation). - Oui ce serait une surprise pour

18 moi d'entendre cela.

19 M. Blaxill (interprétation). - Je crois savoir qu'en tant que

20 membre de la garde

21 villageoise vous patrouilliez en général très près de vos maisons,

22 autrement dit les patrouilles étaient locales, elles ne s'éloignaient pas

23 beaucoup des maisons des résidents du quartier, est-ce exact Monsieur ?

24 M. Vrebac (interprétation). - Oui, en général, les patrouilles

25 circulaient dans les rues du village, près des maisons du village.

Page 7457

1 M. Blaxill (interprétation). - Et quand les gardes villageoises

2 se sont divisées en deux, c'est-à-dire lorsque les Croates et les

3 Musulmans ont commencé à patrouiller ensemble, êtes-vous resté d'autant

4 plus près de vos maisons quand vous remplissiez ces activités de gardes

5 villageoises ?

6 M. Vrebac (interprétation). - Eh bien je vais vous dire, même

7 après le deuxième conflit, il est arrivé de temps en temps que nous

8 patrouillions au sein de la même patrouille, moi par exemple, Mehmed

9 Podojak, Islam Ahmic, Hadzija, nous l'appelions tous Hadzija, c'était un

10 de mes voisins, il habitait en contre-bas de la route, mais ne sais pas

11 exactement quel est son nom. Donc nous patrouillons ensemble.

12 M. Blaxill (interprétation). - Mais j'aimerais que nous

13 revenions à la période qui a précédé le premier conflit ou de façon plus

14 général qui a précédé le premier et le deuxième conflits, n'est il pas

15 exact que vous remplissiez ces activités au sein de la patrouille

16 villageoise sur une base individuelle ? Vous deveniez garde villageois

17 individuellement et vous patrouilliez près de vos maisons, n'est-ce pas ?

18 M. Vrebac (interprétation). - Oui, tout près, c'est-à-dire dans

19 le hameau.

20 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Monsieur Vrebac, le

21 20 octobre, vous avez dit avoir été réveillé par une explosion à 5 heures

22 du matin, est-ce exact ?

23 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

24 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez déclaré être allé à ce

25 moment-là directement à Zume, est-ce exact ?

Page 7458

1 M. Vrebac (interprétation). - Non, pas tout de suite. Il m'a

2 fallu tout de même quelque temps pour m'habiller. J'ai quitté la maison,

3 je ne pourrais pas dire exactement à quelle heure, mais aux alentour de

4 6 heures.

5 M. Blaxill (interprétation). – Aux alentours de 6 heures, merci

6 et je crois vous avoir entendu dire que vous êtes allé dans la maison de

7 M. Ivica Vidovic.

8 M. Vrebak (interprétation). – Non pas dans sa maison, je suis

9 passé devant sa maison.

10 M. Blaxill (interprétation). – Oui vers sa maison, dans le

11 voisinage de sa maison, mais pour que les choses soient tout à fait

12 claires, Monsieur, je vous demande ce qui suit. M. Ivica Vidovic et

13 M. Ivo Vidovic sont-elles deux personnes différentes où la même personne

14 dont le prénom est un peu modifié ?

15 M. Vrebak (interprétation). – Non, ce sont deux personnes,

16 Ivo Vidovic…

17 M. Blaxill (interprétation). – Je voulais simplement cet

18 éclaircissement, je vous remercie. Quand avez-vous appris la cause du

19 conflit du 20 octobre, quand avez-vous appris que cette cause était le

20 barrage routier, le point de contrôle érigé par les Musulmans sur la route

21 principale ?

22 M. Vrebak (interprétation). - J'ai appris que ce jour-là la

23 cause du conflit résidait dans le barrage routier. Quant à son existence,

24 j'ai appris qu'il existait la veille, mais nous ne pensions pas que cela

25 poserait un problème particulier à ce moment-là.

Page 7459

1 M. Blaxill (interprétation). – Donc, en fait, vous connaissiez

2 l'existence du barrage la veille du 20 octobre et, lorsque vous vous êtes

3 réveillé le matin du 20 octobre, pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé

4 dans votre esprit, quand vous avez entendu l'explosion dont vous avez

5 parlé ?

6 M. Vrebak (interprétation). – Eh bien, ma première pensée

7 n'avait en fait rien à voir avec l'intelligence, la seule chose que j'ai

8 ressenti c'est la peur provoquée par la détonation. Par la suite, j'ai

9 établi une espèce de lien entre cela et le barrage routier, mais en fait

10 je ne connaissais pas exactement les événements ni le contexte.

11 M. Blaxill (interprétation). – Et après avoir entendu cette

12 détonation, je crois vous avoir entendu dire que vous aviez entendu des

13 bruits de coups de feu provenant du cimetière catholique est-ce exact ?

14 M. Vrebak (interprétation). – Oui, mais pas tout de suite après

15 l'explosion mais plutôt aux alentours de 6 heures 30.

16 M. Vidovic (interprétation). – A 6 heures 30, où vous trouviez-

17 vous ?

18 M. Vrebak (interprétation). - J'ai dit il y a quelques instants

19 que pendant que je m'habillais et pendant mon trajet jusqu'à Zume, donc

20 j'ai dit qu'il était près de 6 heures, je suis passé devant la maison

21 d'Ivica Vidovic. Et ensuite je suis allé dans ce vallon, cette dépression,

22 cet abri naturel. Et vers 6 heures 30, les coups de feu ont commencé.

23 M. Blaxill (interprétation). – Aviez-vous emporté une arme avec

24 vous quand vous êtes parti de chez vous ?

25 M. Vrebak (interprétation). – Oui, j'ai emporté mon fusil M 48,

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1 qu'on appelait une Tandzara familièrement. J'ai déjà expliqué à quoi

2 servait ce fusil et qui était le propriétaire.

3 M. Blaxill (interprétation). – Donc à cette heure-là, aux

4 environs de 6 heures 30 le matin, le 20 octobre 1992, vous étiez arrivé

5 dans ce secteur du vallon, de la dépression, qui n'est pas très loin de la

6 maison de Niko Sakic, n'est-ce pas ?

7 (L'interprète se reprend : de Mirko Sakic.)

8 M. Vrebak (interprétation). - Non effectivement, une

9 cinquantaine de mètres, ce vallon se trouve entre la maison de Niko Sakic

10 et ce que l'on voit en contrebas de la maison d'Ivica Kupreskic.

11 M. Blaxill (interprétation). – Merci. Et à cette heure-là, c'est

12 à dire aux environs de 6 heures 30, vous commencez à entendre des coups de

13 feu. Est-ce exact ?

14 M. Vrebak (interprétation). – Oui.

15 M. Blaxill (interprétation). – Vous avez déclaré qu'ils

16 provenaient du secteur du cimetière catholique. ?

17 M. Vrebak (interprétation). - Oui.

18 M. Blaxill (interprétation). – A quelles distances se trouvaient

19 le cimetière catholique de l'endroit où vous vous trouviez vous-même ce

20 jour-là ?

21 M. Vrebak (interprétation). - Pour autant que mon sens de la

22 distance soit exact, je dirai 800 mètres peut-être. Mais c'est

23 approximatif.

24 M. Blaxill (interprétation). – A peu près 800 mètres. Vous avez

25 dit aux Juges, que de l'endroit où vous vous trouviez, les balles ont

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1 commencé à siffler en très grand nombre autour de vous, est-ce exact ?

2 M. Vrebak (interprétation). - Je n'ai pas dit que les balles

3 pleuvaient à cet endroit-là, mais c'est quand nous sommes allés voir les

4 familles de Mirjan et de Zoran Kupreskic, c'est à dire dans ce secteur-là,

5 dans le secteur qui se trouve entre leurs maisons et celle d'Ivo Kupreskic,

6 c'est là que les balles pleuvaient.

7 M. Blaxill (interprétation). – Mais à partir de la dépression où

8 vous vous trouviez à cette heure-là, quelle était la distance qui vous

9 séparait des maisons de Zoran et Mirjan Kupreskic ?

10 M. Vrebak (interprétation). - Je dirai une centaine de mètres.

11 M. Blaxill (interprétation). – 100 mètres ; donc à 100 mètres de

12 vous, près de ces maisons, les balles pleuvaient en très grand nombre,

13 c'est ce que vous nous dites ?

14 M. Vrebak (interprétation). – Non, parce que j'ai dit qu'au

15 moment où nous portions dans nos bras les enfants de ces deux hommes, les

16 balles pleuvaient au-dessus de nous. Donc c'est à ce moment-là, au moment

17 où nous sommes allés chercher les enfants, c'est-à-dire après 6 heures 30,

18 après que les coups de feu ont commencé.

19 M. Blaxill (interprétation). – Mais quelle distance y avait-il

20 entre les maisons de Mirjan et Zoran Kupreskic et le cimetière catholique

21 où les coups de feu ont commencé à être tirés ?

22 M. Vrebak (interprétation). – Je ne sais pas, vous savez je n'ai

23 pas un sens très précis des distances. Mais je pense que cette distance

24 est de 7 à 800 mètres, en gros.

25 M. Blaxill (interprétation). – Merci. Donc en fait il semblerait

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1 d'après ce que vous dites, que lorsque vous êtes allé chercher ces

2 enfants, un grand nombre de balles volaient autour de vous et ces balles

3 étaient le résultat d'un conflit qui avait éclaté à 700-800 mètres, c'est

4 à dire près d'1 kilomètre de l'endroit où vous vous trouviez n'est-ce pas,

5 est-ce exact ?

6 M. Vrebak (interprétation). – Oui.

7 M. Blaxill (interprétation). – Merci Monsieur.

8 Quand vous êtes allé dans la direction des maisons de Zoran et

9 Mirjan Kupreskic, pouvez-vous me dire quelle heure il était ?

10 M. Vrebak (interprétation). – Eh bien, c'était juste après le

11 début des coups de feu, je ne sais pas combien de temps s'est écoulé,

12 peut-être à peine 5 minutes, parce que nous avions peur pour leurs

13 familles puisque leurs familles étaient à la maison.

14 M. Blaxill (interprétation). - Donc, disons que c'était peu

15 après 6 heures 30, est-ce exact ?

16 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

17 M. Blaxill (interprétation). - Etait il exact qu'il y avait un

18 abri dans les maisons de Mirko Sakic ou dans une des maisons Vidovic, près

19 de cet vallon dans lequel vous vous trouviez ? Y avait-il des abris non

20 loin de la ?

21 M. Vrebac (interprétation). - Oui, les abris se trouvaient dans

22 le garage de la maison de Niko Sakic. Et quand on va de la maison de Sakic

23 jusqu'à ma maison on passe par la maison de Niko Vidovic, fils de Juko,

24 parce qu'il y a trois Niko Vidovic à Zume. Donc il

25 importe de donner le nom du père et de savoir qu'il y en avait trois. Oui,

Page 7463

1 oui, il y avait des abris.

2 M. Blaxill (interprétation). - Et il est permis de présumer, sur

3 la base de ce que vous venez de nous dire sur le plan des distances, que

4 ces abris se trouvaient à 100 mètres, 150 mètres des maisons de Zoran et

5 Mirjan Kupreskic, est-ce exact ?

6 M. Vrebac (interprétation). - Ce serait exact si vous parlez de

7 la maison de Sakic.

8 M. Blaxill (interprétation). - Donc, pour être précis, nous

9 dirons le premier abri disponible était à peu près à cette distance,

10 n'est-ce pas ?

11 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

12 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Maintenant, en compagnie

13 de Zoran et de Mirjan Kupreskic, vous nous avez dit, n'est-ce pas, que

14 vous aviez accompagné les membres de leurs familles jusqu'à un endroit

15 situé tout près de là où vous habitiez, vous, c'est-à-dire la maison de

16 votre sœur, est-ce exact ?

17 M. Vrebac (interprétation). - Oui, oui.

18 M. Blaxill (interprétation). - Pouvez-vous me dire, Monsieur,

19 pourquoi avec toutes ces balles qui sifflaient autour de vos têtes à ce

20 moment-là, comme vous l'avez dit, vous n'avez pas chercher à vous abriter

21 dans le premier abri disponible qui vous offrait la sécurité en chemin ?

22 M. Vrebac (interprétation). - Eh bien je répéterai une nouvelle

23 fois que ces balles volaient dans la région qu'il fallait traverser pour

24 aller de leur maison à la maison de Ivo Kupreskic, mais par la suite il

25 n'y avait plus de danger pour nous plus loin. Et la raison pour laquelle

Page 7464

1 nous sommes aller chercher abri dans la maison de ma sœur est liée tout

2 simplement à un problème de place. Combien peut-on mettre de personnes

3 dans un lieu déterminé, dans un bâtiment déterminé, c'était la question.

4 M. Blaxill (interprétation). - Mais avez-vous vérifié la

5 situation dans les autres abris avant de décider d'aller jusqu'à la maison

6 de votre sœur ? Avez-vous vérifié le nombre de

7 personnes qu'il y avait dans ces deux abris ?

8 M. Vrebac (interprétation). - Chez Niko Sakic, il y avait

9 beaucoup de monde, tous les habitants des maisons avoisinantes et l'espace

10 était réduit, donc les gens étaient très serrées. Dans la maison de Niko

11 Vidovic, fils de Juko, nous ne sommes pas allés voir. Mais il y a une

12 chose que je voudrais expliciter. Il arrive à tout le monde de préférer

13 être à tel endroit plutôt qu'à tel autre, de se sentir mieux ici ou là. On

14 se sent mieux en général chez un amis, et dans ma maison il ne fait aucun

15 doute qu'ils se sentaient chez un ami, ou plutôt dans la maison de ma

16 soeur.

17 M. Blaxill (interprétation). - Donc êtes-vous en train de dire

18 qu'en fait c'était une question de choix personnel et pas simplement un

19 problème de places ?

20 M. Vrebac (interprétation). - La place c'est le premier facteur

21 que l'on examinait, mais il est normal aussi que chacun puisse avoir le

22 droit de choisir. Quant à la sécurité de cet abri qui se trouvait dans la

23 maison de ma sœur, je crois qu'elle ne pouvait pas être remise en cause

24 parce que c'est le bâtiment le plus solide de tout le hameau.

25 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Il y a une question que je

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1 vais vous reposer, Monsieur, et vous pouvez répondre si vous voulez par

2 oui ou par non. Avez-vous, personnellement, vérifié la place disponible

3 dans les maisons de Niko Sakic et de Niko Vidovic ? Est-ce que vous avez

4 effectué cette vérification, personnellement ?

5 M. Vrebac (interprétation). - Chez Niko Sakic, oui.

6 M. Blaxill (interprétation). - Après être arrivés dans la maison

7 de votre sœur, après que les familles de Zoran et Mirjan Kupreskic ont

8 trouvé la sécurité, qu'avez-vous fait ?

9 M. Vrebac (interprétation). - Nous sommes retournés dans le

10 vallon. Quand nous avons mis les enfants en sécurité, nous sommes

11 retournés dans le vallon, la dépression.

12 M. Blaxill (interprétation). - Zoran et Mirjan Kupreskic

13 étaient-ils avec vous dans la dépression à ce moment-là ?

14 M. Vrebac (interprétation). - Oui nous avons passé tout le temps

15 ensemble, depuis 6 heures 30 le matin jusqu'à la fin de la journée. M

16 M. Blaxill (interprétation). - Etiez-vous tous armés pendant

17 cette période ?

18 M. Vrebac (interprétation). - Non.

19 M. Blaxill (interprétation). - Qui portait des armes ?

20 M. Vrebac (interprétation). - Pour autant que je me le rappelle,

21 j'en portais et Mirko Sakic également, mais nous étions les seuls à en

22 avoir.

23 M. Blaxill (interprétation). - Je crois que vous avez dit que

24 cette dépression était traditionnellement utilisée pour servir d'abri à la

25 population en cas de danger. Mais, en tant que garde villageois, aviez-

Page 7466

1 vous des instructions ? Ou pensiez-vous que vous auriez une tâche

2 particulière à mettre en oeuvre en tant que garde villageois dans cette

3 dépression ?

4 M. Vrebac (interprétation). - Non, il n'y avait aucune activité

5 de la garde villageoise dans cette dépression. De toute façon, nous y

6 sommes allés, je l'ai dit, par instinct. Je ne sais pas très bien comment

7 le dire autrement, car on le voit d'ailleurs aussi sur la photographie

8 aérienne pour autant qu'on puisse la voir. Au-dessus, en amont de cette

9 dépression, il y a un mont qui partage Ahmici en deux. Et la dépression a

10 une profondeur de 6 ou 7 mètres à peu près. Donc il est évident qu'elle

11 crée un sentiment de sécurité.

12 M. Blaxill (interprétation). - Donc Monsieur ce que de vous êtes

13 en train de dire, si je comprends bien, c'est que la dépression elle-même

14 à 6 ou 7 mètres de profondeur, c'est cela ?

15 M. Vrebac (interprétation). - Oui, d'après mon estimation

16 personnelle.

17 M. Blaxill (interprétation). - Très bien. Combien de personnes

18 sont arrivées dans cette dépression, dans ce vallon, comme vous l'avez fait

19 vous-même ?

20 M. Vrebac (interprétation). - Etaient avec nous à ce moment-là

21 Mirjan et Zoran Kupreskic, moi, Mirko Sakic, Milutin Vidovic, Dragan

22 Vidovic, fils de Niko, Ivica Kupreskic,

23 Niko Sakic, Drago Grgic, Dragan Samija, Mirko Grgic, Anto Brnada, voilà.

24 M. Blaxill (interprétation). - Mais vous êtes en train de dire

25 Monsieur qu'il n'y avait aucune instruction préalable, aucune disposition,

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1 qui avait prise préalablement pour faire en sorte que ces hommes se

2 trouvent dans la dépression, est-ce exact ?

3 M. Vrebac (interprétation). - Non, non. Il y a un instant j'ai

4 parlé d’instinct et, en fait, nous nous sommes comportés comme des

5 abeilles. Nous avions davantage chaud, enfin ce n'est pas tout à fait dans

6 ce sens-là, nous nous sentions davantage en sécurité parce que hors de cet

7 endroit nous nous sentions complètement perdus, alors réunis tous ensemble

8 la situation était un peu plus facile pour nous.

9 M. Blaxill (interprétation). - Très bien. Donc vous êtes en

10 train de dire que le nombre assez important d'hommes, dont vous venez de

11 donner les noms, ont tous par instinct étaient attirés par ce vallon,

12 n'est-ce pas ?

13 M. Vrebac (interprétation). - Eh bien comprenons-nous bien, par

14 instinct je ne peux pas parler d'appel de la nature. Je veux dire quelque

15 chose que l'on a dans l'esprit, qui est inscrit dans votre esprit au

16 préalable. Or c'était un souvenir que nous avions du temps de l'ex-armée

17 populaire yougoslave.

18 M. Blaxill (interprétation). - Je crois Monsieur que vous avez

19 déclaré que les coups de feu ont cessé à 16 heures à peu près, à 4 heures

20 de l'après-midi, n'est-ce pas ?

21 M. Vrebac (interprétation). - Oui, aux alentours de 4 heures,

22 mais je ne peux pas déterminer l'heure exacte, car il y a d'abord eu une

23 légère accalmie et ensuite je dirais que c'est vers 4 heures que les coups

24 de feu ont complètement cessé.

25 M. Blaxill (interprétation). - Mais jusqu'à cette heure, jusqu'à

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1 4 heures de l'après-midi, est-ce que vous avez aperçu Ivica Kupreskic ?

2 M. Vrebac (interprétation). – Ivica, oui.

3 M. Blaxill (interprétation). - Où l'avez-vous vu ?

4 M. Vrebac (interprétation). – Eh bien, je l'ai vu d'abord le

5 matin quand les coups de feu ont commencé, devant sa maison quand nous

6 avons essayé de voir ce qui se passait. Je l'ai vu lui, Zoran et Mirjan

7 quand nous sommes allés chercher les enfants et après lui aussi est parti

8 de sa maison, c'est normal, il était normal qu'il ait quelques

9 inquiétudes, car sa maison était en hauteur.

10 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous vu par hasard

11 Vlatko Kupreskic ce jour-là ?

12 M. Vrebac (interprétation). – Non, je crois que Vlatko était

13 dans sa maison à lui et je crois qu'il n'est allé nulle part, c'est ce que

14 je pense en tout cas.

15 M. Blaxill (interprétation). - Je crois que la maison de

16 M. Vlatko Kupreskic est tout près de celle de M. Zoran et

17 Mirjan Kupreskic, des maisons de M. Zoran et Mirjan Kupreskic, est-ce

18 exact ?

19 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

20 M. Blaxill (interprétation). – Eh bien, Monsieur, si vous le

21 voulez bien, nous allons passer à un autre sujet. Après le conflit du

22 20 octobre, il semble que les Musulmans qui avaient quitté la ville soient

23 revenus et ils l'ont fait trois ou quatre jours après, est-ce exact ?

24 M. Vrebac (interprétation). – Oui, c'est à peu près cela.

25 M. Blaxill (interprétation). - Avant cela, il y avait eu une

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1 réunion ou plusieurs réunions qui avaient tenté d'élaborer les conditions

2 dans lesquelles les Musulmans pouvaient revenir dans la ville d'Ahmici

3 sans se sentir en danger, est-ce exact ?

4 M. Vrebac (interprétation). - Je ne sais pas si ce sont les

5 conditions qui ont été discutées, je crois que ce qui a été discuté

6 c'était la manière de convaincre les gens car, tout à fait logiquement,

7 des gens étaient terrorisés.

8 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous une idée des méthodes

9 qui ont été décidées ? Avez-vous une idée de ce qui a été la conclusion de

10 ces discussions ?

11 M. Vrebac (interprétation). – Je ne le sais pas en détail mais,

12 il a été entendu qu'il fallait essayer de rendre la confiance aux gens

13 d'une façon ou d'une autre. Evidemment les gens étaient terrorisés après

14 le conflit, donc il fallait parvenir à convaincre les gens de revenir et

15 trouver une formule. La formule a été difficile à trouver, mais le but

16 était de trouver une formule pour permettre aux gens de revenir et c'est

17 ce qui a été fait finalement.

18 M. Blaxill (interprétation). – Savez-vous qui a participé,

19 assisté à la réunion ou aux réunions qui ont abouti à cela ?

20 M. Vrebac (interprétation). - D'après ce qu'a dit mon père, et

21 d'après le souvenir que j'ai de ce que m'a dit mon père, je crois qu'il y

22 avait des personnalités de la partie croate de la municipalité, je crois

23 qu'il y avait Ivica Santic et Pero Skopljak, donc des hommes politiques,

24 et puis du côté musulman, je crois qu'il y avait Sevkija Dzidic et Berbic,

25 je crois, mais je ne suis pas sûr car je connais mal ces hommes.

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1 M. Blaxill (interprétation). - A votre connaissance, y a-t-il eu

2 des Croates ou des Musulmans d'Ahmici et des villages environnants qui ont

3 assisté à cette réunion et où à ces réunions ?

4 M. Vrebac (interprétation). – Oui, les gens un peu plus connus,

5 les gens qui connaissaient un peu mieux ce genre de choses, les gens qui

6 avaient un peu plus d'expérience de la vie tout simplement.

7 M. Blaxill (interprétation). - Vous rappelez-vous si l'un

8 quelconque des membres de la famille Kupreskic assistait à cette réunion

9 ou à ces réunions ?

10 M. Vrebac (interprétation). – Oui, car mon père m'a dit que

11 Anto Kupreskic y était aussi.

12 M. Blaxill (interprétation). – Avez-vous eu connaissance d'une

13 quelconque participation de M. Zoran Kupreskic ?

14 M. Vrebac (interprétation). - Je le sais par ouï-dire. Par ce

15 que m'a dit mon père. Niko Sakic, il y avait pas mal de monde.

16 Zoran Kupreskic à ce moment là, avait très bonne réputation dans tout le

17 village.

18 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Vous avez dit que les

19 Musulmans sont revenus et qu'un calme relatif s'est rétabli dans le

20 village d'Ahmici, est-ce bien cela ?

21 M. Vrebac (interprétation). – Oui.

22 M. Blaxill (interprétation). - Mais n'est-il pas permis de dire

23 que les tensions entre les communautés ethniques sont restées à un niveau

24 assez élevées ? Il y avait de la tension dans l'air, n'est-ce pas ?

25 M. Vrebac (interprétation). - Je crois qu'elles ont subsisté,

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1 oui, mais pas chez tout le monde.

2 M. Blaxill (interprétation). - Si j'ai bien compris ce que vous

3 avez dit dans votre déposition, Monsieur, vous avez déclaré qu'il y a eu

4 d'autres alertes qui ont eu lieu dans les mois séparant le premier conflit

5 d'octobre 1992 et le deuxième conflit d'avril 1993. Est-ce exact ?

6 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

7 M. Blaxill (interprétation). - Pouvez-vous me dire combien de

8 fois vous vous rappelez qu'il y a eu une alerte ?

9 M. Vrebac (interprétation). – Non, je ne peux pas me rappeler,

10 deux ou trois fois peut-être.

11 M. Blaxill (interprétation). – Deux ou trois fois peut-être. En

12 ces occasions vous rappelez-vous quiconque qui aurait cherché refuge dans

13 un abri à Zume, à Ahmici, Pirici, etc. ?

14 M. Vrebac (interprétation). – Oui, c'était la réaction normale

15 des gens de la rue.

16 M. Blaxill (interprétation). - Mais ces deux ou trois fois, vous

17 rappelez-vous ce que vous-même avez fait pour réagir à ces alertes ?

18 M. Vrebac (interprétation). - Je suis allé jusqu'à l'entrepôt

19 car à ce moment-là il n'y avait pas de gardes salariés. Donc nous nous

20 relayions chaque fois que nous le pouvions pour aller garder l'entrepôt.

21 M. Blaxill (interprétation). – Donc en toutes ces occasions à

22 chaque alerte, vous êtes allé jusqu'à l'entrepôt ?

23 M. Vrebac (interprétation). – En général oui, mais quelquefois

24 je n'étais pas chez moi. Parce que à ce moment-là je n'étais pas marié,

25 j'étais un homme libre, donc je n'étais pas toujours chez moi, mais oui la

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1 plupart du temps j'allais à l'entrepôt.

2 M. Blaxill (interprétation). - Parce que vous avez dit aux Juges

3 de cette Chambre que le 20 octobre vous avez répondu à un instinct

4 immédiat qui vous a poussé à aller dans cette dépression, dans ce vallon.

5 Or, vous nous dites maintenant que lors des autres alertes votre réaction

6 a été très différente, n'est-ce pas ?

7 M. Vrebac (interprétation). – Je vais vous dire, le jour et la

8 nuit font une grande différence sur tous les plans, sur le plan de la

9 réflexion. Et puis au moment du premier conflit mon frère était prisonnier

10 à Opara, donc je n'avais rien de spécial à faire à l'entrepôt, car il

11 n'était pas encore ouvert, il n'existait pas.

12 M. Blaxill (interprétation). – Est-ce que vous vous rappelez à

13 quelle heure du jour ou de la nuit ont eu lieu ces autres alertes ?

14 M. Vrebak (interprétation). – Je ne peux pas le dire exactement

15 mais en tous cas la nuit, à un moment où les gens ont en général le plus

16 peur.

17 M. Blaxill (interprétation). – Eh bien, si vous le voulez bien,

18 passons au mois d'avril 1993. Non, excusez-moi, j'ai encore une question à

19 vous poser au sujet du premier conflit. Vous avez entendu le bruit des

20 tirs etc. Vous n'avez mentionné aucun autre bruit que vous ayez entendu,

21 vous n'avez pas entendu d'annonces faites par micro au cours de cette

22 journée ou par haut-parleur, ou d'autres voix, le bruit d'autres voix ? Au

23 mois d'octobre ?

24 M. Vrebak (interprétation). – Non, J'ai simplement entendu ce

25 que m'a raconté mon père.

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1 M. Blaxill (interprétation). – Mais vous dites avec certitude

2 que vous n'avez entendu aucun autre message, aucune voix, diffusés par

3 haut-parleur au cours de la matinée du 20 octobre. Je vous répète la

4 question pour être sûr de votre réponse ?

5 M. Vrebak (interprétation). – C'est le bruit d'une détonation

6 qui m'a réveillé, mais, selon ce que m'a dit mon mère, ce que mon père m'a

7 raconté est arrivé avant l'explosion.

8 M. Blaxill (interprétation). – Eh bien, maintenant nous pouvons

9 passer au 15 avril. Vous avez eu à cette époque-là un café à Vitez, est-ce

10 vrai ?

11 M. Vrebak (interprétation). – Oui.

12 M. Blaxill (interprétation). – Vous avez dit également qu'il

13 s'agissait d'une journée qui était tout à fait normale et que les

14 activités étaient normales ?

15 M. Vrebak (interprétation). – Oui, comme tous les autres jours

16 les enfants allaient à l'école également, pourquoi ne pas appeler cela

17 normal ?

18 M. Blaxill (interprétation). – Est-ce qu'il y avait des sujets

19 éventuellement dont vous avez parlé, des sujets tous particuliers ? Avez-

20 vous parlé avec vos clients d'un certain nombre de sujets particuliers ?

21 M. Vrebak (interprétation). – Non, ce jour-là, nous n'étions pas

22 informés particulièrement de ce qui se passait.

23 M. Blaxill (interprétation). – En d'autres termes, le

24 15 avril 1993, vous n'avez pas entendu parler de l'enlèvement éventuel

25 d'un Croate, Totic, qui a été kidnappée à Zenica jour-là ? Un commandant

Page 7474

1 croate ?

2 M. Vrebak (interprétation). – Oui, je l'ai appris quand je suis

3 retourné chez moi vers 20 heures-21 heures.

4 M. Blaxill (interprétation). Merci. Je vois.

5 Et en ce qui concerne votre retour à la maison, vous avez dit

6 entre 20 heures et 21 heures, qu'avez-vous dit une fois que vous êtes

7 retourné de Vitez chez vous ?

8 M. Vrebak (interprétation). – Quand je suis rentré chez moi, je

9 l'ai déjà dit, nous sommes restés quelque peu chez nos cousins, derrière

10 l'entrepôt Trgogrosd* et chez Vrebac, il y avait Ivana et Marin qui

11 étaient avec moi ; c'est ma génération, donc nous avions des sujets sur

12 lesquels nous parlions, nous parlions de choses et d'autres.

13 M. Blaxill (interprétation). – Est-ce qu'au cours de cette

14 soirée vous avez vu Ivica Kupreskic ?

15 M. Vrebak (interprétation). - Non.

16 M. Blaxill (interprétation). – Vous avez parlé de cette maison

17 dont le propriétaire était Slavko Vrebac. Vous êtes parti chez vous de

18 chez lui n'est-ce pas ?

19 M. Vrebak (interprétation). – Oui.

20 M. Blaxill (interprétation). – Vous vous êtes réveillé à

21 5 heures 30, excusez-moi à 5 heures du matin le 16 avril, et c'est votre

22 père qui vous a réveillé ?

23 M. Vrebak (interprétation). – Oui c'est mon père qui m'a

24 réveillé aux alentours de 5 heures.

25 M. Blaxill (interprétation). – A cette occasion, c'est-à-dire à

Page 7475

1 ce moment-là, il n'y avait pas encore de tirs n'est-ce pas ?

2 M. Vrebak (interprétation). - Oui.

3 M. Blaxill (interprétation). – A cette occasion également, vous

4 avez fait à peu près la même chose qu'auparavant, vous êtes rendu jusqu'à

5 l'entrepôt ?

6 M. Vrebak (interprétation). - Oui.

7 M. Blaxill (interprétation). – Je vais juste vérifier le temps.

8 C'était à peu près entre 6 heures et quart ou bien tout de suite après

9 6 heures quand vous êtes arrivé dans l'entrepôt ? C'est là où vous avez vu

10 la fumée, la fumée en provenance d'Ahmici, ? Est-ce que c'était entre

11 6 heures et 6 heures 30, c'est ce que vous avez dit ?

12 M. Vrebak (interprétation). - Non, ce n'est pas ce que j'ai dit.

13 M. Blaxill (interprétation). – Pouvez-vous nous préciser cet

14 événement ?

15 M. Vrebak (interprétation). – Je vais essayer d'être plus

16 précis. Les tirs ont commencé à 5 heures 30 et à ce moment-là je me

17 trouvais déjà dans l'entrepôt, j'étais déjà avec le gardien qui était dans

18 l'entrepôt.

19 M. Blaxill (interprétation). – Je vais vérifier si j'avais bien

20 noté les temps dont vous avez parlé lors de votre déposition. Je pense

21 qu'entre 6 heures et 6 heures et quart, vous avez vu la fumée en

22 provenance d'Ahmici ?

23 M. Vrebak (interprétation). - Oui j'ai vu la fumée.

24 M. Blaxill (interprétation). – Vers 6 heures 30, vous avez

25 appelé par téléphone votre frère à Split, n'est-ce pas ?

Page 7476

1 M. Vrebak (interprétation). – Oui.

2 M. Blaxill (interprétation). – Merci.

3 Vous souvenez-vous au moment où votre père vous a réveillé, est-

4 ce qu'il vous a dit quelque chose, est-ce qu'il vous a dit qui l'avait

5 réveillé, qui l'avait averti qu'il fallait qu'il se réveille et qu'il vous

6 réveille également de son côté ?

7 M. Vrebak (interprétation). - Ce sont les gens qui sont arrivés

8 dans l'abri qui l'ont réveillé et c'étaient les gens de Krtina. Ils sont

9 venus le réveiller pour lui demander la clé pour se rendre dans l'abri,

10 dans la cave.

11 M. Blaxill (interprétation). – Merci. C'est ce qui est arrivé à

12 votre père et c'est ensuite qu'il vous a réveillé ?

13 M. Vrebak (interprétation). - Oui.

14 M. Blaxill (interprétation). – Vous êtes arrivé au niveau de

15 l'entrepôt, ensuite vous avez pris les livres et vous les avez portés

16 également dans l'abri, est-ce vrai ?

17 M. Vrebak (interprétation). – Oui.

18 M. Blaxill (interprétation). – Pourriez-vous me dire également à

19 quel moment c'était ? Au moment où vous êtes retourné à l'entrepôt ?

20 M. Vrebak (interprétation). – Je ne peux pas vous dire

21 exactement, mais c'était entre 9 heures et 10 heures, peut-être plutôt

22 9 heures.

23 M. Blaxill (interprétation). – Vers 9 heures ? Nous pouvons dire

24 que jusqu'à ce moment-là, jusqu'à 9 heures du matin, c'est le 16 avril,

25 vous n'avez pas vu ni Zoran ni Mirjan Kupreskic ?

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1 M. Vrebak (interprétation). - C'est exact.

2 M. Blaxill (interprétation). – Au moment où vous êtes arrivé

3 jusqu'à l'entrepôt, je suppose qu'il s'agit de l'entrepôt de la maison de

4 votre sœur, est-ce exact ?

5 M. Vrebak (interprétation). - Oui.

6 M. Blaxill (interprétation). – Est-ce qu'à ce moment-là vous

7 avez aperçu Mirjan et Zoran Kupreskic, le matin le 16 avril, est-ce

8 exact ?

9 M. Vrebak (interprétation). – J'ai pris les aliments, les

10 vivres, je les ai emportés aux gens qui se trouvaient dans l'abri, au

11 moment où je sortais de la maison de ma sœur, j'ai vu qu'ils arrivaient

12 devant l'abri pour voir la famille de Mirjan Kupreskic.

13 M. Blaxill (interprétation). – Vous les avez rencontrés à cet

14 endroit-là. Pouvez-vous me dire si à un moment donné de cette journée,

15 vous avez vu Vlatko Kupreskic ?

16 M. Vrebak (interprétation). - C'est mon père qui m'a dit qu'il

17 se trouvait dans l'abri mais je ne l'ai pas vu parce que je ne suis pas

18 descendu dans l'abri, je suis resté juste dans le hall d'où partait

19 l'escalier.

20 M. Blaxill (interprétation). – Vous, personnellement, vous ne

21 l'avez pas rencontré, M. Vlatko Kupreskic ?

22 M. Vrebac (interprétation). – Non pas personnellement.

23 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous vu ou bien vous étiez

24 en contact après 9 heures ou bien à n’importe quel moment de la journée

25 du 16 avril, avec M. Vlatko Kupreskic ?

Page 7478

1 M. Vrebac (interprétation). - Non. Je ne peux pas dire à quel

2 moment je l'ai vu, mais pas ces jours- ci.

3 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez visité l'abri, vous y

4 étiez après 9 heures, qu'avez-vous fait par la suite une fois après avoir

5 quitté l'abri et laissé les vivres ?

6 M. Vrebac (interprétation). – Je l'ai déjà dit, nous avons

7 discuté un peu, Mirjan Kupreskic, Zoran et Mirko, de tout ce qui se

8 passait, c'est là où nous avons appris également que notre ami et membre

9 de notre orchestre a été tué. Qu'avons-nous fait ? On a pleuré, on a été

10 triste, on a pleuré de tout ce qui s'est passé.

11 M. Blaxill (interprétation). - Combien de temps a duré votre

12 conversation avec Zoran et Mirjan à côté de cet abri ?

13 M. Vrebac (interprétation). - Je ne sais pas, on ne peut pas

14 regarder le temps, peut-être une demi-heure, 45 minutes.

15 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez appris la nouvelle que

16 votre ami a été tué, qui vous l'a passé cette nouvelle, qui vous en a

17 parlé ?

18 M. Vrebac (interprétation). - C'est Mirjan et Zoran et Mirko qui

19 m'ont transmis cette nouvelle. Ils ont appris de Anto Vidovic surnommé

20 Satko qu'il a été tué car il avait passé un moment ce matin avec la mère

21 de Fahrudin et c'est la mère de Fahrudin qui avait dit à cette personne

22 que Fahrudin a été tué.

23 M. Blaxill (interprétation). - Entendu. Je ne sais pas s'il y a

24 encore la pièce à conviction D 97/2. Mais j'aimerais bien revenir à cette

25 pièce à conviction. Il s'agit d'une seule pièce à conviction que je vais

Page 7479

1 utiliser lors de mon contre-interrogatoire.

2 (L'huissier s'exécute.)

3 Monsieur Vrebac, pourriez-vous s'il vous plaît montrer la maison

4 de M. Fahrudin Ahmic sur cette carte que vous avez sous les yeux, pouvez-

5 vous nous montrer sa maison ?

6 (Le témoin s'exécute.)

7 M. Vrebac (interprétation). - C'est à cet endroit-là dans ce

8 secteur. La maison est toute petite, je ne peux pas préciser où se trouve

9 la maison, mais c'est dans ce secteur.

10 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que la mère de votre ami

11 vivait dans cette maison également ?

12 M. Vrebac (interprétation). - Elle vivait dans la maison qui

13 longeait la route, un peu plus près, c'est les parents qui habitaient

14 cette deuxième maison qui longeait la route.

15 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez entendu qu'elle avait

16 rencontré Anto Vidovic, c'est bien cela ?

17 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

18 M. Blaxill (interprétation). - On peut conclure que M. Vidovic

19 se trouvait dans ce secteur. Est-ce que vous savez quelque chose,

20 quelqu'un vous a-t-il dit quelque chose là-dessus ?

21 M. Vrebac (interprétation). – Oui, il m'avait dit qu'il se

22 trouvait avec la mère de Fahrudin dans la maison de Ljuba Vidovic ou

23 Alojzije Vidovic, mais je ne suis pas sûr, je pense que c'était plutôt

24 Ljuba Vidovic. Je vais vous montrer où se trouve cette maison.

25 M. Blaxill (interprétation). - Je vous en prie.

Page 7480

1 M. Vrebac (interprétation). - Ici.

2 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que cette maison est à

3 proximité de l'endroit appelé chez Pican café ?

4 M. Vrebac (interprétation). – Oui, c'est effectivement le café

5 de Pican.

6 M. Blaxill (interprétation). – Est-ce que vous vous rappelez à

7 quel moment de la

8 journée M. Anto Vidovic a rencontré cette dame ?

9 M. Vrebac (interprétation). – Non, je ne sais pas à quel moment

10 je ne connais pas les détails, je sais qu'il était avec elle, qu'il

11 l'avait rencontrée.

12 M. Blaxill (interprétation). - Et vous dites que vous avez

13 appris cette nouvelle entre 9 heures et 10 heures du matin, n'est-ce pas ?

14 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

15 M. Blaxill (interprétation). - Au moment où vous avez quitté

16 Messieurs Mirjan et Zoran Kupreskic, à quel moment c'était, s'il vous

17 plaît ? Quelle heure était-il ?

18 M. Vrebac (interprétation). - Une demi-heure peut-être après

19 notre rencontre ou peut-être 40 minutes. Je suis allé par la suite depuis

20 la maison de mes parents, depuis cet abri jusqu'à l'entrepôt, je pense

21 qu'il était 10 heures 30, aux alentours de 10 heures 30.

22 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous avez gardé le

23 souvenir de l'endroit où Messieurs Mirjan et Zoran Kupreskic sont allés

24 après, dans quelle direction ils sont partis ?

25 M. Vrebac (interprétation). - Ils sont partis vers la maison de

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1 Milutin Vidovic, car c'est la famille de Zoran qui s'y trouvait. Et c'est

2 dans cette direction-là qu'ils se sont dirigés.

3 M. Blaxill (interprétation). - Et vous, où êtes-vous parti ?

4 M. Vrebac (interprétation). - Je suis passé par la maison de mes

5 parents pour voir s'ils avaient besoin de quelque chose et après je me

6 suis rendu dans l'entrepôt.

7 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous avez vu Zoran ou

8 Mirjan Kupreskic au cours de la journée du 16 avril 1993 ?

9 M. Vrebac (interprétation). - Non.

10 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous eu des contacts avec

11 eux par téléphone ou par un autre moyen au cours de la journée du 16 ?

12 M. Vrebac (interprétation). - Non.

13 M. Blaxill (interprétation). – Je pense que vous avez dit, lors

14 de votre déposition, que ce n'est que le deuxième jour après cet événement

15 par conséquent, le 17 avril 1993, que vous ne les avez pas vus du tout ?

16 M. Vrebac (interprétation). – Non, pas au cours de la deuxième

17 journée, c'est la troisième journée que nous nous sommes rencontrés.

18 M. Blaxill (interprétation). – Oui, je voulais vérifier, c'est

19 le troisième jour que vous vous êtes rencontré, c'est là où vous avez

20 rencontré Zoran et Mirjan Kupreskic. Pourriez-vous me rappeler à quel

21 moment de la journée vous les avez rencontrés ce troisième jour ?

22 M. Vrebac (interprétation). - Comme je l'ai dit c'est le

23 troisième jour du conflit que je les ai rencontrés aux alentours de midi.

24 M. Blaxill (interprétation). - Et où est-ce que vous les avez

25 rencontrés ?

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1 M. Vrebac (interprétation). - Je dois dire que je ne les ai pas

2 rencontrés car je les ai cherchés. Je suis allé les voir pour savoir ce

3 qui se passait, j'étais curieux de savoir ce qui se passait et je les ai

4 trouvés derrière la maison de Niko Sakic dans ce même vallon, dans cette

5 même dépression.

6 M. Blaxill (interprétation). – Pourriez-vous vous rappeler ce

7 qu'ils portaient, quels étaient les vêtements qu'ils portaient ?

8 M. Vrebac (interprétation). – Zoran, si je me rappelle bien,

9 avait une veste de camouflage, elle était beaucoup trop grande pour lui.

10 Et Mirjan portait des vêtements civils, je ne sais pas ce que c'était,

11 c'était une veste marron foncé mais, de toute façon, c'était une veste

12 civile.

13 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'ils portaient des

14 armes, l'un ou l'autre ?

15 M. Vrebac (interprétation). – Oui, les deux avaient des armes.

16 M. Blaxill (interprétation). – Pourriez-vous décrire les armes

17 qu'ils portaient, quel type d'armes portait Mirjan Kupreskic par exemple ?

18 M. Vrebac (interprétation). – Mirjan Kupreskic avait le même

19 fusil que moi, c'était un M 48 appelé Tandzara.

20 M. Blaxill (interprétation). - Quelle arme portait

21 M. Zoran Kupreskic ?

22 M. Vrebac (interprétation). - Il avait un fusil plus petit, mais

23 je pense que c'était un fusil de chasse, je ne connais pas vraiment toutes

24 les armes et surtout les armes de chasse, mais je pense que c'était une

25 carabine avec les toutes petites cartouches, je pense que c'était la

Page 7483

1 carabine.

2 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit que, le troisième

3 jour du conflit, vous avez vu les soldats du HVO qui vous ont donné

4 l'ordre de vous rendre à Barin Gaj, ai-je bien compris ?

5 M. Vrebac (interprétation). – Oui, ils sont arrivés dans le

6 secteur qui s'étend entre l'entrepôt et la maison de mon oncle, car c'est

7 chez mon oncle que nous étions. Il y avait d'autres cousins qui étaient

8 avec moi et c'est là où ils nous ont emmenés au niveau de Barin Gaj.

9 M. Blaxill (interprétation). - Mais que deviez-vous faire

10 exactement ? Est-ce qu'on vous a demandé de rester sur la ligne de front

11 ou avez-vous creusé les tranchées ? Je n'ai pas bien compris lors de votre

12 déposition ce que vous faisiez.

13 M. Vrebac (interprétation). - Nous avons dû creuser les

14 tranchées et ensuite être sur le front. Nous avons creusé les tranchées

15 pour nous-mêmes.

16 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit par ailleurs, que

17 vous avez passé une vingtaine de jours, après, à cet endroit-là, est-ce

18 exact ?

19 M. Vrebac (interprétation). – Je ne peux pas dire la date exacte

20 pour vous dire à quel moment je suis partie de cet endroit-là, mais je

21 pense que je suis resté à cet endroit-là une vingtaine de jours.

22 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous eu des congés, aviez-

23 vous des permissions ? Vous pouviez vous rendre chez vous, dormir ? Avez-

24 vous pu vous reposer ou y êtes-vous resté cette vingtaine de jours,

25 24 heures sur 24 heures ?

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1 M. Vrebac (interprétation). – J'étais dans une position quelque

2 peu privilégiée, si je peux dire ainsi, à cet endroit-là. Tout

3 premièrement, car moi j'avais la charge de cet entrepôt de mon frère et il

4 y avait beaucoup de vivres, c'est moi qui m'en suis occupé. Je surveillais

5 ces aliments et c'est à moi que revenait de distribuer ces aliments pour

6 les personnes qui étaient ensemble avec moi sur la ligne. Et chaque fois

7 quand je me rendais dans l'entrepôt pour prendre les aliments, je

8 profitais également de ce temps pour prendre une douche, pour dormir,

9 etc.. En revanche, les autres étaient obligés de rester 24 heures sur 24

10 sur la ligne.

11 M. Blaxill (interprétation). - Je pense que vous avez dit que

12 15 jours après le conflit, vous avez emmené les familles de Mirjan et

13 Zoran Kupreskic à Vitez, est-ce exact ?

14 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

15 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez pu, par conséquent,

16 être en permission pour pouvoir leur rendre ces services, n'est-ce pas ?

17 M. Vrebac (interprétation). - Je viens de vous préciser ce

18 point-là. Mirjan et Zoran avaient été autorisés à quitter la défense, la

19 ligne de front, pour emmener leurs familles. Moi, j'ai dit que j'avais une

20 position privilégiée alors que Zoran et Mirjan avaient été autorisés pour

21 emmener leurs familles à Vitez.

22 M. Blaxill (interprétation). - D'après ce que vous dites,

23 Messieurs Mirjan et Zoran Kupreskic ont passé le temps sur le front. Ils

24 étaient également à Barin Gaj, c'est ce que nous pouvons comprendre du

25 compte rendu ?

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1 M. Vrebac (interprétation). – Moi, je ne pouvais pas les voir

2 car je ne sais pas où ils se trouvaient, à quel endroit mais dans une

3 portion de la ligne de front. Probablement quelque part mais dans le

4 secteur oui, mais je ne les ai pas vus.

5 M. Blaxill (interprétation). - En d'autres termes, tous les

6 trois, vous avez eu l'autorisation d'accompagner leurs familles jusqu'à

7 Vitez, de quitter la ligne de front, ai-je bien compris ?

8 M. Vrebac (interprétation). - Oui.

9 M. Blaxill (interprétation). - Après le 16 avril, le premier

10 jour du conflit, est-ce que vous avez vu Vlatko Kupreskic ? Vous l'avez vu

11 les jours qui suivaient ?

12 M. Vrebac (interprétation). - Je l'ai vu, mais quel jour

13 exactement, je ne sais pas, mais je pense qu'il y a eu plusieurs jours qui

14 sont passés, je l'ai rencontré dans le secteur de Zume ou au moment où je

15 revenais chez moi. Je ne sais pas exactement, mais quand j'étais déjà sur

16 la ligne de front et après je l'ai rencontré.

17 M. Blaxill (interprétation). – Monsieur le Président, juste un

18 petit moment pour me concerter avec mon collègue.

19 Monsieur Vrebac, je vous remercie de m'avoir répondu, je n'ai

20 plus de questions. J'ai terminé mon contre-interrogatoire.

21 M. le Président (interprétation). - Nous allons faire une pause

22 de 30 minutes.

23 L'audience, suspendue à 10 heures 30, est reprise à

24 11 heures 05.

25 M. le Président (interprétation). – Maître Glumac ?

Page 7486

1 Mme Glumac (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

2 Monsieur Vrebac, lorsque vous avez décrit le premier conflit qui

3 a eu lieu en 1992, vous avez dit qu'il y a eu des coups de feu vers la

4 maison Kupreskic.

5 M. Vrebak (interprétation). - Oui.

6 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous savez d'où

7 provenaient les tirs ? Est-ce que vous avez vu les gens qui tiraient ?

8 M. Vrebak (interprétation). - Je n'ai pas vu ces gens-là. Et

9 puis je n'ai même pas pensé à regarder vers eux à ce moment-là.

10 Mme Glumac (interprétation). - A ce moment-là, dans cette

11 partie-là du village, est-ce que vous avez vu un soldat ?

12 M. Vrebak (interprétation). - Non.

13 Mme Glumac (interprétation). – Ces balles qui sifflaient autour

14 de la maison, est-ce que vous pouvez dire s'il s'agissait des balles

15 tirées au-dessus de la maison ou bien plus bas ?

16 M. Vrebak (interprétation). - Je n'ai pas bien compris la

17 question.

18 Mme Glumac (interprétation). - Je parle de la hauteur.

19 M. Vrebak (interprétation). - Peut-être que c'était même une

20 hauteur de 50 mètres, je ne sais pas. Mais moi, j'avais l'impression que

21 les balles passaient juste au-dessus de ma tête, mais je ne peux pas être

22 très exact.

23 Mme Glumac (interprétation). - Et quant à la direction des tirs,

24 est-ce que vous pouvez l'indiquer ?

25 M. Vrebak (interprétation). - Vous parlez de la direction des

Page 7487

1 tirs ?

2 Mme Glumac (interprétation). - Oui.

3 M. Vrebak (interprétation). – Cela venait de la région du

4 cimetière, depuis cette direction-là, mais il est difficile de déterminer

5 ceci avec exactitude et surtout à ce moment-là.

6 Mme Glumac (interprétation). - Donc vous avez entendu des tirs,

7 des balles, et puis vous avez pu constater, remarquer que les balles

8 sifflaient autour de la maison ? Les balles volaient autour de la maison ?

9 M. Vrebak (interprétation). - Oui.

10 Mme Glumac (interprétation). - Et à ce moment-là, lorsque vous

11 étiez en train de retirer les enfants, est-ce que les Kupreskic, les

12 enfants, vous aussi qui êtes venu chercher les enfants, est-ce que vous

13 aviez peur tous ?

14 M. Vrebak (interprétation). – Oui, absolument. Et nous avions

15 encore plus peur pour la sécurité des enfants que nous portions. Il

16 s'agissait pratiquement de bébés, deux bébés de moins d'un an peut-être ;

17 le petit Malko. Donc nous avions peur pour les enfants, et puis aussi pour

18 notre propre sécurité.

19 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez donc dit que les coups

20 de feu, il y en avait entre la maison de Mirjan Kupreskic et son père, et

21 de Ivo Kupreskic. Est-ce que j'ai bien compris cela ?

22 M. Vrebak (interprétation). – Oui.

23 Mme Glumac (interprétation). - Cette partie, Zume, la partie par

24 où vous êtes passé, est-ce qu’il y a eu des coups de feu dans cette

25 partie-là ? Est-ce que vous entendiez le bruit des balles, quelque chose

Page 7488

1 comme cela ?

2 M. Vrebak (interprétation). – Non, il n'y a pas eu de coups de

3 feu dans cette partie-là et même si parfois on entendait un bruit de

4 balle, c'était un bruit désagréable, je ne sais pas d'où ça venait, mais

5 on entendait toujours les coups de feu provenant d'un seul endroit, c'est-

6 à-dire de la région du cimetière, vraiment exactement dans cet endroit-là.

7 Mme Glumac (interprétation). - Ce jour-là, est-ce que vous avez

8 su ce qui allait se passer par la suite, si le conflit allait se répandre

9 et par où ?

10 M. Vrebak (interprétation). – Non, nous ne savions rien, ni

11 concernant le conflit ni concernant les causes du conflit. Nous n'étions

12 pas sûrs si la cause en était le barrage routier ou pas, si cela allait se

13 répandre vers nous ou pas. Tout simplement, nous manquions absolument

14 d'informations et puis nous n'étions pas tellement curieux pour aller à

15 droite et à gauche pour nous renseigner. Nous nous cachions et nous sommes

16 restés là où nous nous sommes cachés.

17 Mme Glumac (interprétation). – Combien de Croates vivent à

18 Santici et à Pirici ? Est-ce que vous pouvez nous donner un chiffre

19 approximatif ? Là, je parle de ces deux villages à majorité Croate.

20 M. Vrebak (interprétation). – Non, je ne peux même pas vous le

21 dire approximativement, j'ai peur de donner un chiffre très inexact. Peut-

22 être 1000 habitants, 1500 habitants, je ne suis pas sûr.

23 Mme Glumac (interprétation). - Ces gens-là pour qui vous avez

24 dit que vous les avez vus le 20 octobre autour de la maison de Niko Sakic,

25 vous avez parlé de 7 ou 8 personnes, peut-être jusqu'à 10 personnes, je ne

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1 sais pas très exactement, dites-moi de quelle partie venaient ces

2 personnes-là, de quelle partie du village ? Ou se trouvaient leurs

3 maisons ? Nous savons où étaient les maisons Kupreskic, mais les autres ?

4 M. Vrebak (interprétation). - Les autres maisons se trouvaient à

5 proximité elles aussi. Peut-être à une distance au maximum de 300 mètres

6 de là. C'étaient tous des habitants qui habitaient dans ces maisons

7 avoisinantes.

8 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que qui que ce soit, parmi

9 ces gens-là, a tiré une seule balle ce jour-là ?

10 M. Vrebak (interprétation). – Non, absolument personne. Il n'en

11 était pas question, même pas par hasard. Et d'ailleurs ils ne le pouvaient

12 même pas, il n'y avait que moi-même et Mirko Sakic qui aurions pu le faire

13 étant donné que c'est uniquement nous deux qui portions des armes à

14 l'époque du premier conflit. Les autres n'en avaient pas, donc ils ne

15 pouvaient pas tirer. Et nous, c'était loin de nous l'idée de tirer.

16 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez vu ce jour-

17 là un autre Croate de Santici et Pirici qui aurait participé au conflit ?

18 M. Vrebak (interprétation). - Non.

19 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit également que

20 Zoran Kupreskic était une personne très renommée, avec une bonne

21 réputation dans le village. Est-ce que cette réputation, cette bonne

22 réputation il en jouissait uniquement parmi les Croates ou aussi parmi les

23 Musulmans ?

24 M. Vrebak (interprétation). – Non, il avait une bonne réputation

25 aux yeux de tous les villageois, c'est quelqu'un de très éduqué et

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1 quelqu'un qui a un très bon coeur. Et ça, c'est la raison principale pour

2 laquelle les gens le respectaient. Cela j'en suis sûr parce que j'ai

3 entendu d'autres personnes qui ont vécues dans notre région, à la fois des

4 Musulmans et des Croates, les gens, quel que soit leur groupe ethnique,

5 c'est ce qu'ils disaient.

6 Mme Glumac (interprétation). - Dites-moi, ce second conflit en

7 avril 1993, est-ce que vous savez à quel moment les gens ont quitté leurs

8 abris ? Est-ce que vous savez si le deuxième jour, ils ont appris

9 certaines informations ?

10 M. Vrebak (interprétation). – Je l'ai appris le matin, donc le

11 soir, le deuxième jour au soir, ils sont partis dans la direction de

12 Rovna. Mais moi-même à l'époque, je ne savais pas, je n'étais pas au

13 courant que quelque chose se passait. Le matin, lorsque je suis allé

14 rendre visite à mes parents, c'est à ce moment-là que j'ai remarqué que

15 personne ne se trouvait dans l'abri et que mes parents n'étaient pas dans

16 la maison non plus. Donc c'est là que j'ai appris ça.

17 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous savez quelle

18 information, quel est le message que ces gens qui se trouvaient dans

19 l'abri ont reçu ?

20 M. Vrebak (interprétation). – L'information qu'ils ont reçue,

21 c'était que les forces musulmanes, plus particulièrement les Moudjhadins

22 sont passés par la région de Vrepce Potok le ruisseau de Vrecef Potok.

23 Donc c'est à Krtina-Mahala donc, au-dessous de Krtrina-Mahala, donc ça

24 veut dire que c'est déjà les premières maisons de notre village.

25 Mme Glumac (interprétation). - Et mis à part le fait que les

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1 Croates de Pirici et d'Ahmici sont partis, est-ce que vous savez si les

2 gens de Krtina-Mahala sont partis aussi ?

3 M. Vrebak (interprétation). – Oui, les gens de Krtina-Mahala

4 sont partis aussi étant donné que c'est vraiment la première région dans

5 laquelle on arrive. C'est-à-dire la région limitrophe avec la région

6 musulmane. Donc eux aussi ils sont partis. Ils se sont enfuis à Rovna.

7 Mme Glumac (interprétation). - Et est-ce que c'était vrai ? Est-

8 ce que vraiment les

9 Musulmans sont passés à travers la ligne près de Krtina-Mahala ?

10 M. Vrebak (interprétation). - Par la suite, nous avons appris

11 que ceci n'était pas vrai, que la ligne n'a pas été brisée. Mais nous

12 avons appris qu'il y a eu une attaque violente qui a été lancée ce jour-

13 là. Et puis les gens ont appris qu'apparemment il y a eu des étables qui

14 ont été incendiées. Donc les gens ont fait leur propre conclusion. Mais de

15 toute façon à ce moment-là, il valait mieux être prudent.

16 Mme Glumac (interprétation). - Donc ces informations n'étaient

17 pas correctes ?

18 M. Vrebak (interprétation). - Non.

19 Mme Glumac (interprétation). - Dites nous, quand vous avez parlé

20 des alertes, de quelle manière est-ce qu'on annonçait une alerte ? Est-ce

21 que on diffusait un signal ou bien est-ce qu'il y avait des messagers qui

22 diffusaient cette information-là ?

23 M. Vrebac (interprétation). - La plupart du temps, il s'agissait

24 d'un signe que l'on entendait et qui était diffusé depuis Vitez. Je crois

25 que c'était depuis le bâtiment de la police, ou bien le bâtiment des

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1 Télécoms, ou bien du centre des sapeurs-pompiers. Donc c'est ainsi que

2 l'on lançait l'alerte.

3 Mme Glumac (interprétation). - Et est-ce qu'il y avait une autre

4 manière dont on transmettait ce genre d'information ?

5 M. Vrebac (interprétation). - Je ne sais pas. Cela, je ne peux

6 pas vous le dire. Ici, je parle de moi et de ma famille, de la manière

7 dont nous, nous avons appris ce genre de choses. Mais quant aux autres

8 personnes qui sont venues chercher un abri, je ne peux pas vous dire

9 comment ils l'ont appris. Je ne peux pas vous dire qui leur a donné cette

10 information.

11 Mme Glumac (interprétation). - Très bien, merci. Je n'ai plus de

12 questions à vous poser, merci.

13 M. le Président (interprétation). - Merci. Nous n'avons pas de

14 questions pour ce témoin non plus, donc Monsieur Vrebac, merci d'être venu

15 témoigner ici. Vous pouvez

16 disposer maintenant.

17 M. Vrebac (interprétation). - Merci.

18 (Le témoin quitte le prétoire.)

19 M. le Président (interprétation). - Maintenant, nous avons un

20 problème. Nous avons deux témoins qui nous restent et je me demande si

21 nous pouvons terminer avec au moins un de ces témoins aujourd'hui.

22 Maître Glumac, vous n'avez pas beaucoup de questions pour le

23 témoin suivant ? Etant donné que ce serait vraiment étrange de commencer

24 avec l'interrogatoire principal et le contre-interrogatoire, et puis après

25 de procéder à la réplique et à la duplique seulement au bout d'une

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1 semaine. Donc est-ce que vous croyez que nous pouvons terminer avec l'un

2 de ces témoins ?

3 M. Radovic (interprétation). - Ecoutez, Monsieur le Président,

4 il ne sera certainement pas possible de terminer avec les deux témoins et

5 je pense qu'il sera assez difficile de terminer avec un témoin. Je suppose

6 que nous allons devoir continuer avec le contre-interrogatoire de ce

7 témoin seulement par la suite. Donc si vous considérez qu'il vaut mieux

8 entendre à la fois l'interrogatoire principal et le contre-interrogatoire,

9 dans ce cas peut-être vaudrait-il mieux commencer avec ce premier témoin

10 uniquement plus tard.

11 M. le Président (interprétation). - Pour éviter de perdre du

12 temps, je propose que l'on commence avec un témoin et après on verra s'il

13 est possible de terminer avec ce témoin un peu plus tôt ou pas.

14 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

15 M. le Président (interprétation). - Bonjour Mme Kupreskic.

16 Veuillez lire la déclaration solennelle, s'il vous plaît.

17 Mme Kupreskic (interprétation). - Je déclare solennellement que

18 je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

19 M. le Président (interprétation). - Merci. Veuillez vous

20 asseoir. Maître Radovic ?

21 M. Radovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

22 Madame Kupreskic, est-ce que nous pouvons commencer ?

23 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

24 M. Radovic (interprétation). – Madame Kupreskic, veuillez

25 décliner votre identité au Tribunal, aux Juges. Dites-nous quelle est

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1 votre date et votre lieu de naissance et votre nom de jeune fille.

2 Mme Kupreskic (interprétation). - Je suis Antica Kupreskic, née

3 Grabovac à Vitez le 15 juillet 57. Je travaille dans l'hôtellerie et j'ai

4 trois fils.

5 M. Radovic (interprétation). – Dites-nous quelle est votre

6 adresse maintenant ?

7 Mme Kupreskic (interprétation). - La rue de Petar Svacic Street

8 à Vitez.

9 M. Radovic (interprétation). - Avant d'avoir épousé

10 Ivica Kupreskic, dites-nous où vous avez vécu.

11 Mme Kupreskic (interprétation). - J'ai vécu dans la banlieue de

12 Vitez, dans le village de Bucevine.

13 M. Radovic (interprétation). - En quelle année est-ce que vous

14 vous êtes mariée ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Le 26 février 1978.

16 M. Radovic (interprétation). - Et après le mariage, où est-ce

17 que vous êtes partie vivre ?

18 Mme Kupreskic (interprétation). - Après le mariage, nous sommes

19 partis, peut-être sept mois plus tard, nous sommes partis à Kruscica, ça

20 aussi c'est la banlieue de Vitez et c'est là que nous avons vécu un peu,

21 moins d'un an, nous avons construit une maison et nous sommes rentrés

22 vivre dans cette maison.

23 M. Radovic (interprétation). – Et où se trouve cette maison ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - Dans le village de Pirici près

25 d'Ahmici.

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1 M. Radovic (interprétation). - Combien d'enfants avez-vous ?

2 Mme Kupreskic (interprétation). - Trois fils.

3 M. Radovic (interprétation). - Lorsque vous êtes venue vivre à

4 Pirici, est-ce que vous vous souvenez qui étaient vos voisins à Pirici.

5 Tout d'abord, dites-nous qui étaient vos voisins croates et ensuite dites-

6 nous le nom de vos voisins musulmans.

7 Mme Kupreskic (interprétation). - C'étaient Mirjan Kupreskic,

8 son père Anto Kupreskic, mon beau-frère Josip Kupreskic, mon autre beau-

9 frère Vranko Kupreskic. Le père de mon mari, Ivo Kupreskic, puis

10 Mirko Vidovic, qui était un voisin.

11 M. Radovic (interprétation). - Donc c'étaient les Croates ?

12 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

13 M. Radovic (interprétation). - Et maintenant les voisins

14 musulmans.

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Les voisins musulmans

16 c'étaient Enver, Alaman, Zulejha, Sakib.

17 M. Radovic (interprétation). - Mais les noms de famille aussi.

18 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne connais pas tous les

19 noms de famille. Il y avait Sakib Ahmic, Sulejman Pezer, Enver Sehic, et

20 puis Zulejman Ahmic, je pense que son nom de famille était Ahmic.

21 M. Radovic (interprétation). – Veuillez-vous lever un instant,

22 s'il vous plaît, et examiner cette grande photo aérienne d'Ahmici.

23 Veuillez essayer de trouver votre maison et la maison de vos voisins que

24 vous avez mentionnés.

25 Après, nous vous donnerons une petite photo où nous allons vous

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1 demander de marquer tout cela. Donc tout d'abord, veuillez nous montrer

2 votre propre maison, et puis après cela, montrez-nous les maisons de vos

3 voisins croates, et ensuite les maisons de vos voisins musulmans.

4 Vous ne pourrez pas vous approcher de la photo avec les

5 écouteurs.

6 Mme Kupreskic (interprétation). – Si, si.

7 M. Radovic (interprétation). - Très bien. Veuillez nous indiquer

8 de quoi vous parlez lorsque vous serez en train de montrer quelque chose.

9 Donc pour commencer, montrez-nous votre maison.

10 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

11 M. Radovic (interprétation). – Montrez-nous où se trouverait

12 votre maison sur cette photo aérienne.

13 Mme Kupreskic (interprétation). - Voici, ça c'est ma maison. Ca

14 c'est ma maison. Cela c'est la maison de mon beau-frère, Josip. Ca c'est

15 la maison de Zoran Kupreskic. Voici la maison de Mirjan Kupreskic, c'est-

16 à-dire du père de Mirjan Kupreskic. Cela c'est l'entrepôt de

17 Vlatko Kupreskic. Ici, en haut, c'est la maison de Enver. Ici c'est là

18 maison de Alaman. Ensuite, ici la maison de Sakib et ici, c'est la maison

19 de Vlatko Kupreskic.

20 M. Radovic (interprétation). - Très bien, merci. Asseyez-vous.

21 Je demanderai à Monsieur l'huissier maintenant de distribuer ces

22 photos aériennes. Nous allons remettre une copie de cette photo aérienne

23 au témoin pour qu'elle puisse encercler les maisons dont elle a parlé.

24 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agit du document D11/1.

25 M. Radovic (interprétation). - Veuillez prendre le feutre

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1 maintenant, s'il vous plaît, et placer la photo sur votre droite.

2 M. le Président (interprétation). - Le numéro n'est pas dans le

3 compte rendu.

4 Mme Ameerali (interprétation). – D11/1.

5 M. Radovic (interprétation). - Veuillez placer bien la photo

6 pour qu'on la voit sur le rétroprojecteur. Tout d'abord, veuillez marquer

7 votre maison, encerclez-la et indiquez le numéro 1 à côté. Ensuite,

8 encerclez les maisons de vos voisins en disant : "Voici, ça c'est la

9 maison d'untel et d'untel", et marquez la maison suivante par le

10 chiffre 2.

11 Mme Kupreskic (interprétation). - C'est la maison de

12 Josip Kupreskic.

13 M. Radovic (interprétation). - Donc c'est le n° 2. Et ensuite ?

14 Mme Kupreskic (interprétation). - En face de notre maison se

15 trouve la maison de Zoran Kupreskic.

16 M. Radovic (interprétation). - Donc marquez cela avec le

17 chiffre 3.

18 Mme Kupreskic (interprétation). - Et plus loin, c'est la maison

19 du père de Mirjan Kupreskic.

20 M. Radovic (interprétation). - Marquez cela avec le numéro 4.

21 Mme Kupreskic (interprétation). - En haut, c'est la maison de

22 Enver Sekic.

23 M. Radovic (interprétation). - Il est Musulman. Veuillez placer

24 le numéro 5 à côté.

25 Mme Kupreskic (interprétation). - Donc Alaman, sa maison est

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1 numéro 6.

2 M. Radovic (interprétation). - Et Sakib Ahmic ?

3 Mme Kupreskic (interprétation). - Voici.

4 M. Radovic (interprétation). – Numéro 7.

5 Mme Kupreskic (interprétation). - Et puis la maison de Vlatko.

6 M. Radovic (interprétation). - Donc ce serait le numéro 8. Et

7 ainsi nous avons terminé.

8 Dites-nous une autre chose. On mentionne souvent Ivo et

9 Ivica Kupreskic. C'est une même personne ou deux personnes ?

10 Mme Kupreskic (interprétation). - Non, ce sont deux personnes.

11 M. Radovic (interprétation). - Qui est Ivo Kupreskic et qui est

12 Ivica Kupreskic ?

13 Mme Kupreskic (interprétation). – Ivica Kupreskic est le fils de

14 Ivo Kupreskic.

15 M. Radovic (interprétation). – Donc Ivo Kupreskic est votre

16 beau-père ?

17 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

18 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi maintenant, s'il vous

19 plaît, quel est le lien familial entre votre mari et Zoran Kupreskic ?

20 Bien évidemment, il aura logiquement le même lien familial avec

21 Zoran Kupreskic aussi.

22 Mme Kupreskic (interprétation). - En ce qui concerne Mirjan et

23 Zoran, leur père est le père d'Ivica Kupreskic, ce sont deux frères.

24 M. Radovic (interprétation). - Donc ils sont cousins, en fait.

25 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

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1 M. Radovic (interprétation). - Lorsque vous êtes venue vivre

2 dans le village de Pirici, le village dont on parle plus ou moins en

3 disant Ahmici, est-ce que vous avez vu la maison de Sakic Ahmic ?

4 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, on voit très bien depuis

5 ma maison la maison de Sakib.

6 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez décrire

7 l'aspect physique de cette maison ?

8 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, je peux. C'est une assez

9 vieille maison. L'étage couvre pas toute la superficie de la maison,

10 uniquement une partie de la maison. Donc il y a la partie inférieure, et

11 puis la partie supérieure. C'est une assez vieille maison.

12 M. Radovic (interprétation). – Dites-nous, est-ce que vous avez

13 vu depuis votre maison l'entrée dans la partie inférieure de la maison ?

14 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, on voit très bien cela.

15 M. Radovic (interprétation). - Donc vous pouvez voir clairement

16 cette entrée depuis votre maison ?

17 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

18 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous savez que

19 Sakib Ahmic a divorcé de sa femme ?

20 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, j'ai entendu qu'il ne

21 vivait plus avec sa femme.

22 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire

23 approximativement en quelle année ça s'est produit ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne sais pas exactement.

25 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous avez vu à quelque

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1 moment que ce soit quelque chose dans la maison de Sakib Ahmic qui

2 pourrait vous faire conclure que, pendant un certain temps, Sakib Ahmic

3 vivait dans la cave de sa maison ?

4 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, souvent nous le voyions

5 dans son jardin. Il se déplaçait ou il était assis. Surtout il était

6 assis, mais tout seul.

7 M. Radovic (interprétation). – Dans quelle partie ?

8 Mme Kupreskic (interprétation). - Dans la partie inférieure mais

9 devant la maison.

10 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire

11 jusqu'à quel moment cette situation a duré ?

12 Mme Kupreskic (interprétation). - Ceci a duré jusqu'à ce que moi

13 j'aille en Allemagne à peu près.

14 M. Radovic (interprétation). - Et le jour où vous êtes rentrée

15 d'Allemagne, est-ce que vous savez où il a vécu à ce moment-là ?

16 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne sais pas.

17 M. Radovic (interprétation). - Très bien. Est-ce que vous

18 pouvez, puisque nous avons déjà parlé des liens familiaux, nous dire votre

19 mari, Ivica, quel est son lien familial avec Branko Kupreskic et

20 Josip Kupreskic ?C'est leur maison qui sont là-bas ?

21 Mme Kupreskic (interprétation). – Oui, oui.

22 M. Radovic (interprétation). – Branko Kupreskic, quel est le

23 lien familial ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - C'est son frère.

25 M. Radovic (interprétation). - Et Josip Kupreskic ?

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1 Mme Kupreskic (interprétation). - Lui aussi c'est son frère.

2 M. Radovic (interprétation). - Et dites-moi, est-ce que Ivica ou

3 un des frères à l'époque qui a travaillé en Allemagne, est-ce qu’il a

4 travaillé en Allemagne à ce moment-là ?

5 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, Ivica et puis un frère

6 nommé Branko Kupreskic qui a vécu en Allemagne, il a passé 17 ans en

7 Allemagne et il a ouvert un restaurant là-bas. Et puis un autre frère,

8 en 92, vers la mi-février y est allé. Donc Josip est allé pour cuisiner

9 dans ce restaurant.

10 M. Radovic (interprétation). - Et vous, est-ce que vous êtes

11 allée en Allemagne à un certain moment ?

12 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

13 M. Radovic (interprétation). - Quand ?

14 Mme Kupreskic (interprétation). - Mon mari, moi-même, mes trois

15 enfants et puis deux enfants de mon frère, du frère de mon mari, Josip,

16 nous sommes allés pour rester avec Branko.

17 M. Radovic (interprétation). - Et quand ça ?

18 Mme Kupreskic (interprétation). - Le 30 mars 92.

19 M. Radovic (interprétation). - Vous pouvez nous dire pourquoi

20 vous êtes tous partis là-bas ?

21 Mme Kupreskic (interprétation). - C'était à cause de l'agression

22 serbe contre la Bosnie-Herzégovine.

23 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous étiez en tant que

24 touriste en Allemagne ? Est-ce que vous aviez un visa de touriste ou est-

25 ce que vous avez légalisé votre séjour en Allemagne ?

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1 Mme Kupreskic (interprétation). - Je suis partie en Allemagne et

2 je me suis fait inscrire en tant que réfugié. C'est sur cette base que

3 j'ai reçu un visa.

4 M. Radovic (interprétation). - Je demande à Monsieur l'huissier

5 de bien vouloir distribuer ces documents.

6 Mme Ameerali (interprétation). – Document D12/1.

7 (Le document est remis au témoin.)

8 M. Radovic (interprétation). - Vous venez d'examiner ce

9 document. Je vous demande s'il s'agit d'une photocopie de votre

10 passeport ?

11 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, c'est mon passeport.

12 C'est la photocopie de mon passeport.

13 M. Radovic (interprétation). - Je vous demanderai maintenant de

14 vous référer à la page sur laquelle se trouvent les visas allemands et de

15 nous dire quelle était la durée de validité de ces visas.

16 Mme Kupreskic (interprétation). - La dernière de ces dates

17 auraient dû être le 13 mars 1993, je suppose. C'est la date à laquelle

18 j'aurais dû faire proroger mon visa et c'est ce que j'ai fait, je l'ai

19 fait proroger le 13, mais j'ai annoncé que j'avais l'intention de rentrer

20 à la maison. Cela étant, ils n'ont pas voulu supprimer ce visa de réfugié

21 car nous étions sous leur contrôle, sous leurs ordres. Ils n'ont pas voulu

22 prendre sur eux la moindre responsabilité de notre retour en Bosnie-

23 Herzégovine.

24 M. Radovic (interprétation). - Que signifie ce type de visa que

25 vous venez d'évoquer ?

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1 Mme Kupreskic (interprétation). - C'est un visa de Duldung,

2 c'est-à-dire un visa de réfugié.

3 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que cela implique une

4 certaine sécurité matérielle pour ces réfugiés en République fédérale

5 d'Allemagne ?

6 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

7 M. Radovic (interprétation). - En quoi résidait cette sécurité

8 matérielle ?

9 Mme Kupreskic (interprétation). – Eh bien quand on nous donne le

10 tampon d'un visa Duldung sur le passeport, on peut avec ce passeport

11 tamponné aller à la Sécurité sociale et sur la base de l'existence de ce

12 visa Duldung on obtient une aide matérielle mensuelle des services

13 sociaux.

14 M. Radovic (interprétation). - Votre mari est-il rentré à Vitez

15 en même temps que vous ou à une autre date ?

16 Mme Kupreskic (interprétation). - Non, mon mari a pris l'avion

17 le 13 mars 1993. Il avait donc un billet de retour. Ma voiture se trouvait

18 à l'arrivée et Ivica est venu le chercher.

19 M. Radovic (interprétation). - Oui, mais il a dit d'abord qu'il

20 était parti avec vous.

21 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, il est parti avec nous.

22 M. Radovic (interprétation). – Oui, mais je vous demande quand

23 il est rentré. Vous n'avez pas bien compris ma question.

24 Mme Kupreskic (interprétation). - La première fois qu'il est

25 rentré, c'était au début du mois de juin. Ivica est rentré avec deux

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1 voitures et l'aide humanitaire destinée à la Bosnie.

2 M. Radovic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire pour quelle

3 raison il est rentré seul, sans vous et sans les enfants ?

4 Mme Kupreskic (interprétation). - Eh bien, il est rentré parce

5 que certaines personnes menaçaient de faire sauter notre maison.

6 M. Radovic (interprétation). - Pour quelles raisons ?

7 Mme Kupreskic (interprétation). - Parce que lui aussi aurait dû

8 être là où étaient tous les autres.

9 M. Radovic (interprétation). - Vous vous rappelez la date exacte

10 de son retour, seul ?

11 Mme Kupreskic (interprétation). - Le 13 juin 1992. C'est la

12 première fois qu'il est rentré seul.

13 M. Radovic (interprétation). - A quelle date vos enfants sont-

14 ils rentrés ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Les enfants sont rentrés avec

16 mon mari, mon mari a pris l'avion le 13 mars 1993. A ce moment-là, nous

17 nous étions mis d'accord sur le fait que je ne pouvais pas rester en

18 Allemagne avec les enfants, que les enfants regrettaient la maison,

19 regrettaient leur père évidemment, qu'ils en avaient assez de tout ça.

20 Nous pensions qu'il n'y avait pas de problème à Vitez. D'ailleurs c'était

21 exact. Son entreprise fonctionnait, donc nous nous sommes mis d'accord

22 pour qu'Ivica rentre avec la voiture qui était déjà en Allemagne et que je

23 règle le problème du visa Duldung, donc le 13 mars 1993, et que je prenne

24 un billet de retour pour rentrer, pour être avec mon mari et Ivica.

25 M. Radovic (interprétation). - Quand vous vous êtes mis d'accord

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1 pour rentrer auprès de votre mari, vous et les enfants, est-ce que votre

2 mari vous a dit qu'il y avait un quelconque danger à agir de la sorte ?

3 Mme Kupreskic (interprétation). - Non, il ne me l'a pas dit.

4 M. Radovic (interprétation). - Mais que vous a-t-il dit de la

5 situation à Vitez à ce moment-là ?

6 Mme Kupreskic (interprétation). - Il m'a dit que la situation

7 était normale, que les gens allaient au travail, que notre entreprise

8 fonctionnait normalement.

9 M. Radovic (interprétation). - Si j'ai bien compris ce que vous

10 avez dit, au moment où votre mari vous a rendu visite le 13 avril 1993, il

11 ne vous a pas dit qu'il avait connaissance de quelque circonstance

12 négative ou défavorable ?

13 Mme Kupreskic (interprétation). - Non, non.

14 M. Radovic (interprétation). - Si j'ai bien compris, il vous a

15 dit que la situation était calme et que vous pouviez revenir ?

16 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

17 M. Radovic (interprétation). - Comment êtes-vous partie

18 d'Allemagne ? Par quel moyen de transports et quel jour, et par quel

19 itinéraire pour être précis ?

20 Mme Kupreskic (interprétation). - Je suis partie d'Allemagne le

21 13 avril 1993.

22 (Le 14 avril 1993 se reprend l'interprète.)

23 Mon frère Brako m'a emmené à Dusseldorf. Evidemment mon billet

24 de retour n'était pas le même que celui de mon mari Ivica. L'avion a

25 décollé à 18 heures, il passait par Zagreb pour aller à Split. A Split, je

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1 suis arrivée aux environs de 21 heures 30.

2 M. Radovic (interprétation). - Dites nous, quand vous êtes

3 arrivée à Split, est-ce qu’il y avait quelqu'un qui vous attendait ou est-

4 ce que vous avez pris seule chemin de Vitez ?

5 Mme Kupreskic (interprétation). - Mon mari Ivica et

6 Vlatko Kupreskic m'attendaient.

7 M. Radovic (interprétation). - Bien entendu, vous vous êtes

8 d'abord dit bonjour. Et ensuite, comment votre voyage s’est-il poursuivi ?

9 Etes-vous allée immédiatement à Vitez où avez-vous interrompu votre

10 voyage ?

11 Mme Kupreskic (interprétation). - Ils sont arrivés dans une

12 voiture Yugo 45 devant l'aérodrome. Bien entendu, nous avons pris place à

13 bord de ce véhicule et avons pris le chemin de Baska Voda.

14 M. Radovic (interprétation). – Excusez-moi de vous interrompre

15 mais vous avez dit une Yugo 45; qu'est-ce que c'est ?

16 Mme Kupreskic (interprétation). – C'est une voiture.

17 M. Radovic (interprétation). – C'est la marque de la voiture ?

18 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, la marque de la voiture.

19 M. Radovic (interprétation). - Je vous demande de préciser parce

20 que la marque Yugo 45 n'est pas très connue, donc il est possible que

21 certains Juges et d'autres dans ce

22 prétoire ne la connaissent pas. Excusez-moi, veuillez poursuivre.

23 Mme Kupreskic (interprétation). - Nous sommes montés à bord de

24 ce véhicule et avons pris le chemin de Baska Voda où nous avons passé la

25 nuit chez M.Radoslav Simovic.

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1 M. Radovic (interprétation). - Qui a passé la nuit chez lui ?

2 Mme Kupreskic (interprétation). - Moi-même, mon mari Ivica et

3 Vlatko Kupreskic.

4 M. Radovic (interprétation). - Bien veuillez continuer votre

5 récit. Que s'est-il passé ensuite ?

6 Mme Kupreskic (interprétation). - Eh bien, nous sommes arrivés

7 dans la maison, nous nous sommes un peu parlé, et pris un café et nous

8 sommes allés nous coucher.

9 M. Radovic (interprétation). - Et le matin ?

10 Mme Kupreskic (interprétation). - Le matin à 6 heures nous avons

11 fait nos bagages et nous avons pris le chemin de Vitez.

12 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez dire par

13 quel itinéraire vous êtes allés à Vitez ?

14 Mme Kupreskic (interprétation). – Par Vrgorac, Capljina,

15 Tomislavgrad, Vranj, Sebesic, Opara, jusqu'à Novi Travnik, Vitez et nous

16 sommes arrivés à la maison.

17 M. Radovic (interprétation). - En chemin, est-ce que vous avez

18 eu des désagréments ?

19 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, à Sebesic, des soldats

20 nous ont arrêté. Ils nous ont empêchés de passer. Nous avons dit que nous

21 rentrions chez nous, que j'étais en Allemagne, que nous avions trois

22 enfants qui nous attendaient à la maison. Ils nous ont dit qu'ils ne

23 voulaient pas être responsables de nous au cas où il nous arriverait

24 quelque chose et nous avons poursuivi notre chemin.

25 M. Radovic (interprétation). - Dites-moi, cette conversation que

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1 vous avez eue avec les soldats qui vous ont arrêtés, c'est vous qui avez

2 mené la conversation avec eux ou votre mari ?

3 Mme Kupreskic (interprétation). - Mon mari.

4 M. Radovic (interprétation). - Donc si j'ai bien compris il

5 était plus en mesure que vous de donner tous les détails au cours de ces

6 conversations ?

7 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

8 M. Radovic (interprétation). – Ces villes dont vous venez de

9 donner les noms, dites-nous quelles sont les villes qui se trouvent en

10 Croatie, les villes qui se trouvent en Bosnie et quelles sont les villes

11 qui se trouvent en Herzégovine s'il y en a ?

12 Mme Kupreskic (interprétation). - Je n'ai pas compris votre

13 question.

14 M. Radovic (interprétation). - Vous venez de donner votre

15 itinéraire jusqu'à Vitez et se faisant, vous avez donné le nom d'un

16 certain nombre de villes, donc je vous demanderai de vous intéresser à la

17 géographie pour nous dire quelles sont les villes que vous avez citées qui

18 sont en Bosnie, en Croatie ou en Herzégovine.

19 Mme Kupreskic (interprétation). – Là où nous avons passé la

20 nuit, Baska Voda est en Croatie. Nous sommes passés par Vrgorac.

21 M. Radovic (interprétation). - Où se trouve Vrgoorac ?

22 Mme Kupreskic (interprétation). - En Croatie.

23 M. Radovic (interprétation). - Et ensuite ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - Nous sommes passés en Bosnie

25 Herzégovine jusqu'à Capljna et…

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1 M. Radovic (interprétation). – Capljna se trouve dans la région

2 qui s'appelle Herzégovine ?

3 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui en Herzégovine. Ensuite,

4 nous avons poursuivi notre chemin jusqu'à Tomislavgrad.

5 M. Radovic (interprétation). - Ou se trouve Tomislavgrad ?

6 Mme Kupreskic (interprétation). – En majorité en Herzégovine

7 aussi. Nous avons ensuite poursuivi par le mont Vran, il faisait très

8 mauvais temps. La route était en macadam, il y avait beaucoup de boue, il

9 était difficile de continuer mais nous avons tout de même poursuivi notre

10 chemin. Nous sommes passés par le mont Vran et nous sommes arrivés à

11 Gornji Vakuf.

12 M. Radovic (interprétation). - Ca se trouve où ?

13 Mme Kupreskic (interprétation). - En Bosnie. Donc par

14 Gornji Vakuf, Sebesic jusqu'à Novi Travnik et Vitez.

15 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous avez emprunté le

16 chemin le plus court entre Split et Vitez ou est-ce que c'est un chemin un

17 peu détourné ?

18 Mme Kupreskic (interprétation). - C'est un chemin beaucoup plus

19 long que la route normale. C'est un itinéraire détourné.

20 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous

21 donner un ordre de grandeur ? Est-ce que c'est un itinéraire deux fois

22 plus long ?

23 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, je pense deux fois plus

24 long et même davantage. Il y a plus de 400 kilomètres par cet itinéraire.

25 M. Radovic (interprétation). - Et autrement combien y en a-t-

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1 il ?

2 Mme Kupreskic (interprétation). - Entre Vitez et Split environ

3 210 kilomètres.

4 M. Radovic (interprétation). - Dites nous, est-ce que votre mari

5 vous a expliqué pourquoi il empruntait un itinéraire aussi contourné ?

6 Mme Kupreskic (interprétation). - Je n'ai pas posé la question

7 et il ne me l'a pas expliqué.

8 M. Radovic (interprétation). - Donc vous arrivez à Vitez. A

9 quelle date arrivez-vous à Vitez ?

10 Mme Kupreskic (interprétation). - J'arrive à Vitez le

11 15 avril 1993.

12 M. Radovic (interprétation). - A quelle heure ?

13 Mme Kupreskic (interprétation). - A 18 heures 30.

14 M. Radovic (interprétation). - Quand vous arrivez à Vitez, où

15 est-ce que vous allez en premier ?

16 Mme Kupreskic (interprétation). - Je suis allée, c'est tout à

17 fait normal, dans ma maison. Nous avons déchargé les bagages. J'ai salué

18 le père d'Ivica, sa tante, mes enfants et Gordana Vidovic. Gordana Vidovic

19 était venue chercher de l'eau. Elle est venue une minute pour chercher de

20 l'eau parce qu'ils n'en avaient pas chez eux. Elle est venue en chercher

21 elle est retournée tout de suite chez elle.

22 M. Radovic (interprétation). – Vous n'êtes pas allée rendre

23 visite à votre mère ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). – Si, nous avons déchargé les

25 bagages et j'ai dit bonjour à ma belle-mère et à mes enfants et j'ai tout

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1 de suite rendu visite à ma mère. Ma mère savait que j'arrivais. Il y avait

2 chez elle mes deux frères, mes deux soeurs et leurs enfants.

3 M. Radovic (interprétation). - Combien avez-vous de frères ?

4 Mme Kupreskic (interprétation). - J'ai trois frères. J'avais

5 trois frères.

6 M. Radovic (interprétation). - A cette époque-là vous aviez

7 trois frères, n'est ce pas ?

8 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

9 M. Radovic (interprétation). - Comment se fait-il que seulement

10 deux de vos frères étaient là ?

11 Mme Kupreskic (interprétation). - Eh bien, quand je suis

12 arrivée, j'ai pris un café et j'ai demandé où était Karlo.

13 M. Radovic (interprétation). - C'est votre troisième frère ?

14 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui. Ils n'ont pas pu me dire

15 où il était et un peu plus tard, quand je suis rentrée chez moi, le

16 téléphone a sonné et c'était mon frère Karlo qui m'appelait. Je lui ai

17 demandé pourquoi il n'était pas venu me voir puisqu'il savait que je

18 rentrais. Il m'a dit : "Mais ça n'a pas d'importance, je savais que tu

19 rentrais que je te verrais demain." J'étais au café DS* dont le

20 propriétaire est un Musulman, Oslam, et ce café se trouve dans la partie

21 de Vitez qui s'appelle Mahala.

22 M. Radovic (interprétation). - C'était un café Musulman ?

23 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, un café Musulman. Le 2 S*

24 c'est le propriétaire qui était Musulman, il s'appelait Oslam. Il était

25 dans ce café avec des amis.

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1 M. Radovic (interprétation). - Et le lendemain avez-vous vu

2 Karlo ou bien quel a été le sort de votre frère ? Veuillez le raconter

3 même si c'est difficile pour lui. C'était votre frère cadet n'est-ce pas ?

4 Mme Kupreskic (interprétation). - C'était mon frère cadet et

5 lorsque nous avons parlé ensemble, il m'a dit : "Soeurette, il n'y a pas

6 de problème, nous nous verrons demain". Mais cela n'a jamais eu lieu. Mon

7 frère est mort le quatrième jour, c'est-à-dire le 19 mars.

8 M. Radovic (interprétation). – Avril ?

9 Mme Kupreskic (interprétation). - Le 19 avril excusez-moi, 1993.

10 Un obus est tombé. Un éclat d'obus l'a atteint au cerveau et il est mort.

11 Mon frère aîné l'a transporté à Vitez aux urgences. Il y a passé toute la

12 nuit. Il était impossible de le transporter à Travnik parce qu'il y avait

13 des tirs un peu partout.

14 Le lendemain matin la Forpronu a transporté Karlo à Travnik, il

15 a été hospitalisé deux jours. Il était dans le coma. On ne lui a rien fait

16 de spécial. Et au bout de deux jours-là Forpronu a transporté Karlo à

17 Zenica. A Zenica, il est resté à l'hôpital quelques jours, après quoi le

18 Dr Ivo Blajic l'a opéré.

19 M. Radovic (interprétation). - C'est un Croate, ce médecin,

20 n'est-ce pas ?

21 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, Ivo Blajic*. Et l'hôpital

22 de Zenica avait des contacts par téléphone avec les urgences de Vitez. Au

23 bout de quelques jours après l'opération de Karlo, Ivo Blajic, le

24 Dr Ivo Blajic* a appelé et a dit que cela n'allait pas, que Karlo était à

25 l'hôpital mais qu'à tout moment quelqu'un pouvait entrer dans la Chambre

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1 pour débrancher les appareils, qu'il n'était pas bon que Karlo reste là.

2 La Forpronu est donc allée chercher Karlo à l'hôpital de Zenica

3 et l'a transporté à Split, en Croatie. Karlo est resté à Split jusqu'au

4 8 juin, date de sa mort. Il est mort le 49ème jour. Son corps a été

5 conservé deux semaines à la morgue parce que la ville de Split

6 n'autorisait pas son inhumation dans le cimetière de Dobrinjaz* et il

7 était impossible de le transporter jusqu'à Vitez car toute la vallée de

8 La Lasva et la ville de Vitez étaient entièrement encerclées par les

9 Musulmans.

10 M. Radovic (interprétation). - Quand avez-vous fini par

11 l'inhumer ?

12 Mme Kupreskic (interprétation). - Deux semaines après.

13 M. Radovic (interprétation). - Quand est-ce que vous l'avez

14 enterré à Vitez. C'est cela que je vous demandais.

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Mais je peux dire ce que je

16 veux dire ?

17 M. Radovic (interprétation). - Oui, vous pouvez le dire.

18 Mme Kupreskic (interprétation). – Deux semaines après sa mort,

19 il a été enterré à Tomislavgrad. Il y avait là des habitants de la région,

20 un curé, mais sa mère, ses frères, ces soeurs n'étaient pas là. Et l'année

21 dernière, en 1998, au début du mois d'avril, nous avons transféré le corps

22 de Karlo à Vitez. Et je voudrais dire aussi que nous n'avons pas su à quel

23 endroit Karlo avait été inhumé jusqu'à la fin de la guerre, à la fin de la

24 guerre Karlo Vrebac est arrivé à Vitez. Il était à Split à l'époque et

25 c'est ainsi que nous avons appris où Karlo avait été enterré et c'est

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1 comme cela que nous avons pu partir à Split rechercher le corps de notre

2 frère.

3 M. Radovic (interprétation). - Bien. Revenons maintenant au mois

4 d'avril, après votre retour à Vitez. Vous avez donc rendu visite à votre

5 mère, vos frères et je suppose qu'ensuite vous êtes retournée dans votre

6 maison ?

7 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

8 M. Radovic (interprétation). - Donc maintenant nous allons

9 poursuivre le récit des événements à partir de votre retour dans votre

10 maison. Vous pouvez poursuivre ou vous avez besoin d'un moment pour vous

11 tranquilliser ?

12 Mme Kupreskic (interprétation). - Je peux poursuivre.

13 M. Radovic (interprétation). - Avant de vous demander ce qui

14 s'est passé dans votre maison, je vais vous interroger au sujet d'une

15 habitude bosniaque car il y a une question qui aura trait à ces traditions

16 bosniaques. Est-il l'habitude chez vous, avant qu'un ami rende visite à un

17 ami, avant qu'un parent rende visite à son filleule, parrain.

18 Avant qu'un cousin rende visite à son cousin, que cette personne

19 passe un coup de fil pour dire : "Est-ce que je peux venir te rendre

20 visite à 22 heures 15 ce soir ?" ou est-ce que la personne arrive tout

21 simplement et est reçue à bras ouverts.

22 Mme Kupreskic (interprétation). - Non, il n'est pas nécessaire

23 d'annoncer sa visite. A quelque heure de la journée, la personne est la

24 bienvenue et bien reçue.

25 M. Radovic (interprétation). - Donc sans avoir annoncé son

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1 arrivée à l'avance ?

2 Mme Kupreskic (interprétation). - Non, sans l'avoir annoncée.

3 M. Radovic (interprétation). - Je voulais que ce soit clair sur

4 le plan des habitudes culturelles. Maintenant, veuillez poursuivre votre

5 récit. Que s'est-il passé dans votre maison une fois que vous êtes rentrée

6 dans votre maison le 15 avril ?

7 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui eh bien, j'ai passé très

8 peu de temps chez ma mère avant de rentrer à la maison chez moi. Dans la

9 maison se trouvait déjà Mirko Sakic, Miroslav Puja et ensuite trois

10 réfugiés : Mariza*, Manda* et leur belle-mère Luza* sont arrivés. Donc il

11 y avait des gens qui arrivaient et qui repartaient, tout le monde n'était

12 pas là en même temps. Il y en avait qui arrivaient et il y en avait qui

13 partaient.

14 Après cela, Zoran Kupreskic et son épouse, Mira, sont passés un

15 court instant, simplement pour que nous puissions nous saluer et ils sont

16 retournés tout de suite chez eux parce qu'ils avaient des invités.

17 M. Radovic (interprétation). - Vous ont-ils dit qui était invité

18 chez eux ?

19 Mme Kupreskic (interprétation). – Oui, ils me l'ont dit. C'était

20 Gordana Vidovic*. Après cela, Mirjan Kupreskic est arrivé avec son épouse,

21 Ljubica. Il y avait Miroslav Puja, Mira Vidovic. Le fils de Franjo. Il y

22 avait Ljubica Kupreskic, la femme de Vlatko Kupreskic qui n'était pas là

23 parce que nous étions arrivés ensemble. Il y avait la mère de

24 Vlatko Markiza* et aussi la mère de Mirjan et de Zoran. Voilà.

25 M. Radovic (interprétation). - Donc c'était à peu près

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1 approximativement les personnes qui se trouvaient dans votre maison ?

2 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

3 M. Radovic (interprétation). – C'est important parce que vous

4 venez d'énumérer toutes les personnes qui sont passées dans votre maison,

5 hors il y a un témoin qui a pris la parole ici et qui n'a donné le nom que

6 d'hommes, donc il était possible de tirer la conclusion qu'il n'y avait

7 que des hommes.

8 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, il y avait une majorité

9 d'hommes effectivement qui aimaient bien venir plaisanter un petit peu

10 avec mon mari.

11 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que quelque chose a été

12 servi aux invités ?

13 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, du café, d'autres

14 boissons et des amuse-gueule avec les boissons.

15 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous discuté de sujets

16 particuliers ce jour-là ? Etiez-vous dans la pièce quand ces conversations

17 ont eu lieu ?

18 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, de façon générale ils ont

19 demandé quelle était la situation en Allemagne car ils ne s'étaient pour

20 la plupart jamais rendus en Allemagne. Ils ont demandé donc quel était le

21 mode de vie en Allemagne, comment s'étaient débrouillé les enfants de

22 Branko, comment je trouvais la vie avec mon mari en Allemagne. Des choses

23 de ce genre. Et moi, je leur ai posé des questions sur ce qui s'était

24 passé pendant mon absence. Donc voilà les principaux sujets dont nous

25 avons parlé.

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1 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'ils se sont intéressés

2 à votre voyage de Split à Vitez ?

3 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, ils se sont beaucoup

4 intéressés à ce sujet parce qu'il y avait déjà des barrages routiers sur

5 la route à ce moment-là et il n'y avait pas beaucoup de gens qui avaient

6 couvert tout cet itinéraire. Donc nous avons parlé de notre voyage et...

7 M. Radovic (interprétation). – Dites-nous maintenant à quelle

8 heure à peu près êtes-vous allée vous coucher ?

9 Mme Kupreskic (interprétation). - Les amis qui étaient chez nous

10 sont partis aux alentours de minuit. Normalement, comme c'est logique,

11 j'ai fait un peu…, j'ai rangé un petit peu, j'ai nettoyé un petit peu, je

12 suis allé prendre une douche et je suis allée me coucher.

13 M. Radovic (interprétation). - Comment est-ce que vous vous êtes

14 réveillée et pourquoi, le lendemain matin ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Le lendemain matin, un peu

16 après 4 heures, mon mari Ivica m'a réveillé. Il m'a dit qu'il y avait

17 quelque chose qui n'allait pas, qu'il fallait que je me lève. J'ai dit que

18 je n'avais pas envie de me lever, que je n'avais pas assez dormi, que je

19 venais de dormir une nuit dans mon lit après un an et que je voulais

20 continuer à dormir. Il a levé un peu le ton, il a crié pour me dire que je

21 devais me lever, me préparer, préparer les enfants et un petit bagage

22 parce que nous devions fuir.

23 M. Radovic (interprétation). - Vous a-t-il expliqué pourquoi ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - Il ne m'a pas expliqué

25 pourquoi. Non. Il m'a dit qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas,

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1 qu'il fallait que nous allions dans un abri.

2 M. Radovic (interprétation). - Qu'avez-vous fait à ce moment-

3 là ?

4 Mme Kupreskic (interprétation). - Eh bien je me suis levé, j'ai

5 réveillé les enfants. Nous nous sommes préparés. J'ai mis quelques

6 vêtements et quelques vivres dans un sac et nous sommes partis dans la

7 direction de l'abri. Un peu avant 5 heures, à 5 heures ou 5 heures moins 5

8 à peu près.

9 M. Radovic (interprétation). - Dans quel abri est-ce que vous

10 êtes allés ?

11 Mme Kupreskic (interprétation). - Nous sommes allés dans l'abri

12 qui se trouvait à côté des maisons Vrebac, dans la maison de Dragan et

13 Jelena Trajanovski. C'est dans cette maison qu'il y avait un abri.

14 M. Radovic (interprétation). - Je demande l'aide de l'huissier

15 pour distribuer cet album de photographies.

16 Mme Ameerali (interprétation). - Le document porte la

17 cote D13/1.

18 M. le Président (interprétation). - Pourrais-je avoir une autre

19 copie ?

20 M. Radovic (interprétation). - Oui, j'ai le document, Monsieur

21 le Président. Monsieur le Président, je dois en donner encore un, mais je

22 le donnerai après avoir posé mes questions.

23 Est-ce que vous voulez bien voir maintenant cet album de

24 photographies ? Et est-ce que vous pouvez nous dire ce que vous voyez sur

25 la photographie numéro 1 ?

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1 Mme Kupreskic (interprétation). - Je vois la maison où se trouve

2 l'abri de Dragan et Jelena Trajanovski.

3 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez me dire de

4 quelle nationalité il est, Dragan Trajanovski ?

5 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, il est Macédonien.

6 M. Radovic (interprétation). - Mais vous avez parlé de la maison

7 de Jozo Vrebac et dont il a été propriétaire ?

8 Mme Kupreskic (interprétation). – Jelena est la fille de

9 Jozo Vrebac et c'est elle qui s'est mariée à M. Dragan Trajanovski.

10 M. Radovic (interprétation). - Par conséquent, c'est la même

11 maison, il s'agit également de la même maison de Jozo Vrebac ou de

12 Dragan Trajanovski. C'est bien le même abri, on s'est bien compris ?

13 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

14 M. Radovic (interprétation). – Est-ce que vous voulez voir

15 maintenant la photographie numéro 2 ? Est-ce que vous voulez décrire la

16 photographie numéro 2 et nous dire ce que vous y voyez ?

17 Mme Kupreskic (interprétation). - Ici, il s'agit de la porte

18 principale que nous voyons, la porte principale donc l'entrée de la maison

19 et ensuite l'accès à l'abri, la cave.

20 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que cette cave était en

21 sous-sol ou bien à quel niveau ?

22 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, la cave était à un demi

23 mètre au-dessus du sol, et le reste était en sous-sol. Il y avait deux

24 petites fenêtres.

25 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez maintenant

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1 donner la description de la photographie numéro 3 ?

2 Mme Kupreskic (interprétation). - Il s'agit là de l'accès dans

3 l'abri, dans la cave.

4 M. Radovic (interprétation). - Et la photographie numéro 4, s'il

5 vous plaît ? Qu'est-ce qu'elle représente ?

6 Mme Kupreskic (interprétation). - C'est la cave, l'abri ou

7 l'espace où nous étions.

8 M. Radovic (interprétation). - Et la photographie numéro 5 ?

9 Mme Kupreskic (interprétation). - C'est le même espace, l'espace

10 où nous étions. Il y avait un lit, un matelas, quelques personnes âgées,

11 malades pouvaient s'allonger.

12 M. Radovic (interprétation). - Et la photographie numéro 6 ?

13 Mme Kupreskic (interprétation). - C'est également le local qui

14 fait partie de cette cave, de cet abri.

15 M. Radovic (interprétation). - Et la photographie numéro 7 ?

16 Mme Kupreskic (interprétation). - Ca aussi c'est l'abri. Tout ça

17 c'est l'abri, c'est la cave.

18 M. Radovic (interprétation). - Vous voulez dire que cet album de

19 photographies a été fait après que vous étiez dans cet abri. Est-ce que

20 nous pouvions dire selon les photographies ou selon ce que vous avez gardé

21 en souvenir, en ce qui concerne donc cet espace que vous avez occupé, est-

22 ce qu'il y avait un certain changement ou bien éventuellement sur les

23 photographies vous trouvez que c'est exactement l'espace comme celui où

24 vous étiez ?

25 Mme Kupreskic (interprétation). - Il y avait juste un matelas.

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1 Il n'y avait pas... Il y a un canapé ici alors qu'à cette époque-là il n'y

2 avait pas de canapé. Il n'y avait que des matelas par terre.

3 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'il y a d'autres

4 changements que vous remarquez sur la photographie ?

5 Mme Kupreskic (interprétation). - Non.

6 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez me dire

7 combien il y avait de pièces au total dans cette cave ?

8 Mme Kupreskic (interprétation). - Je n'ai pas regardé. En fait,

9 j'étais dans la pièce principale où nous étions tous. Puis, il y avait une

10 petite niche où il y avait un matelas par terre et c'est des personnes

11 âgées qui étaient allongées tour à tour.

12 M. Radovic (interprétation). - Donc il y avait plusieurs pièces.

13 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne sais pas. Il faisait

14 sombre. Il n'y avait pas d'électricité.

15 M. Radovic (interprétation). - Lorsque vous êtes venue dans cet

16 abri, est-ce qu’il y avait beaucoup de personnes ?

17 Mme Kupreskic (interprétation). - Non, il n'y a pas eu beaucoup

18 de personnes. Moi, j'étais parmi les premiers qui sont arrivés. Moi et mes

19 trois fils. On a été parmi les premiers.

20 M. Radovic (interprétation). - Et votre mari est venu avec

21 vous ?

22 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, il est venu avec moi.

23 Jusqu'à la maison de Ivica Vidovic.

24 M. Radovic (interprétation). - Et ensuite ?

25 Mme Kupreskic (interprétation). - Ivica est retourné là-bas pour

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1 réveiller ceux qui étaient déjà des réfugiés. Ivica, Manta* et leur belle-

2 mère.

3 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous connaissez leur

4 nom de famille ?

5 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, Didak.

6 M. Radovic (interprétation). – D'où étaient-ils ?

7 Mme Kupreskic (interprétation). - Ils étaient de Verbace* dans

8 le village Didak de Verbace* qui était au-dessus de Turbe et ils vivaient

9 dans la maison de Branko Kupreskic.

10 M. Radovic (interprétation). - Donc vous êtes arrivée jusqu'à

11 l'abri, mais est-ce que vous pouvez nous dire, si vous vous en souvenez,

12 qui d'autre est venu et quel était l'ordre de l'arrivée des personnes ?

13 Mme Kupreskic (interprétation). - Je me souviens. Quand moi je

14 suis arrivée, il y a eu encore quelques femmes et quelques enfants et puis

15 peu de temps après Mirjan Kupreskic est arrivé lui aussi.

16 M. Radovic (interprétation). - Tout seul ou avec quelqu'un ?

17 Mme Kupreskic (interprétation). - Il a conduit sa belle-mère

18 dans une brouette de chantier. Et puis après, sa femme, Ljubica Kupreskic

19 est arrivée derrière moi, avec deux petits enfants.

20 M. Radovic (interprétation). - Mais un enfant, est-ce que

21 quelqu'un est resté dans le même abri dans lequel vous avez été vous-

22 même ?

23 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, Ljubica Kupreskic avec

24 ses deux enfants et sa mère.

25 M. Radovic (interprétation). - Donc ils sont restés dans le même

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1 abri ?

2 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, ils sont restés dans le

3 même abri et ils ont mis sa mère sur le matelas, dans cette niche, parce

4 qu'elle était très malade, elle ne pouvait pas se déplacer toute seule.

5 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire

6 à quelle heure vous êtes arrivée dans l'abri ?

7 Mme Kupreskic (interprétation). - C'était vers 5 heures 10,

8 5 heures 15.

9 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire

10 approximativement à quel moment Mirjan y est arrivé avec sa femmes et ses

11 enfants.

12 Mme Kupreskic (interprétation). - Mirjan est arrivé peu après

13 moi. C'était environ 5 ou 10 minutes plus tard.

14 M. Radovic (interprétation). - Donc 5 ou 10 minutes. C'est ça ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, 5 ou 10 minutes.

16 M. Radovic (interprétation). - Et dites-nous aussi est-ce que

17 quelqu'un d'autre que vous connaissiez est venu dans le même abri ?

18 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, Gordana Vidovic est venu,

19 sa femme, Milka Vidovic, Dragica Omazic avec ses deux enfants. Ensuite,

20 Landza Livancic, son mari, Marko Livancic, Ivo Vidovic, Mila Vidovic,

21 Nevenka Marinovic avec ses trois enfants, Brankica Papic avec deux

22 enfants.

23 M. Radovic (interprétation). - Eux, ils étaient tous dans la

24 même pièce, celle dont vous parlez ?

25 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

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1 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire

2 quelle était la superficie de cette pièce en m2 à peu près ?

3 Mme Kupreskic (interprétation). - C'était une petite pièce. Ce

4 n'était pas grand du tout.

5 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous

6 donner une estimation ou non ?

7 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne peux pas. Ce n'était pas

8 grand, mais je ne peux pas vous donner une estimation.

9 M. Radovic (interprétation). - Au moment où, vous, vous êtes

10 arrivée dans cette pièce, est-ce qu’il y a eu une raison, est-ce que vous

11 aviez entendu quelque chose ou vu quelque chose qui vous aurez effrayé ?

12 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, absolument. Il y a eu

13 beaucoup de coups de feu, de fortes détonations.

14 M. Radovic (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivée déjà ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Je n'ai pas compris la

16 question.

17 M. Radovic (interprétation). - Ecoutez bien, la question est la

18 suivante. Vous avez mentionné les coups de feu et la détonation. Pendant

19 que vous alliez de votre maison jusqu'à la maison de Jozo Vrebac, est-ce

20 qu'à ce moment-là des coups de feu avaient déjà commencé ?

21 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne les ai pas entendus.

22 M. Radovic (interprétation). - Et lorsque vous étiez dans

23 l'abri, est-ce qu'à ce moment-là on a commencé à tirer ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

25 M. Radovic (interprétation). - Donc ce groupe de personnes qui

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1 se sont réfugiées, comment est-ce qu'il a réagi à ces bruits de coups de

2 feu ?

3 Mme Kupreskic (interprétation). - Je n'ai pas compris la

4 question.

5 M. Radovic (interprétation). - Les gens qui étaient dans cet

6 abri, comment est-ce qu'ils ont réagi quand ils ont entendu des coups de

7 feu qui venaient de l'extérieur ?

8 Mme Kupreskic (interprétation). - C'était horrible. Il n'y avait

9 que quelques hommes. Le reste, ce n'étaient que des femmes, des enfants,

10 des personnes âgées. Les enfants criaient, les femmes étaient prises de

11 panique bien sûr.

12 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous, dans l'abri,

13 vous aviez une information concernant ce qui se passait à l'extérieur de

14 l'abri ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Non non, je n'avais aucune

16 information à ce sujet.

17 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'entre vous, vous

18 disiez, vous faisiez des suppositions quant à ce qui se passait

19 éventuellement ? Vous en discutiez ou bien c'étaient des suppositions que

20 vous faisiez ?

21 Mme Kupreskic (interprétation). - C'étaient surtout des

22 suppositions. On entendait des bruits de coup de feu et chacun se tournait

23 vers son propre enfant pour calmer son propre enfant.

24 M. Radovic (interprétation). - Jusqu'à quel moment, dites-nous,

25 vous êtes restée dans cet abri ?

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1 Mme Kupreskic (interprétation). - Je suis restée dans l'abri

2 jusqu'au 17 avril 1993 et jusqu'à environ 18 heures 30.

3 M. Radovic (interprétation). - Donc vous avez quitté l'abri pour

4 aller dans quelle direction ?

5 Mme Kupreskic (interprétation). - C'est à ce moment-là qu'on

6 nous a dit que les Moudjahidins, les Musulmans, avaient fait irruption

7 dans Krtina-Mahala et à ce moment-là un grand nombre de femmes et

8 d'enfants ont couru. Des gens criaient, pleuraient. Ils couraient pieds

9 nus, tous. Et donc nous et tous ces gens qui ont couru vers nous, de

10 Krtina-Mahala, nous sommes partis à Donja Rovna. Nous sommes partis en

11 courant.

12 M. Radovic (interprétation). - Donc vous y avez passé une

13 journée et puis le lendemain jusqu'au soir ?

14 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

15 M. Radovic (interprétation). - Maintenant parlons encore une

16 fois de l'abri de Jozo Vrebac, on va l'appeler comme ça, ce sera plus

17 facile. Votre mari Ivica, est-ce qu’il a fait son apparition pendant la

18 journée dans cet abri ?

19 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui. Ivica est venu, il est

20 venu dans l'après-midi, le 16. Il nous a apporté de la nourriture pour moi

21 et les enfants.

22 M. Radovic (interprétation). - Uniquement vous, ou bien les

23 autres aussi ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - Pour nous tous. On était tous

25 ensemble.

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1 M. Radovic (interprétation). - Il est venu une seule fois ou

2 bien plusieurs fois encore ?

3 Mme Kupreskic (interprétation). - Il est venu le soir aussi avec

4 Ivica. Mirjan est venu lui aussi.

5 M. Radovic (interprétation). – Dites-nous, puisque vous avez

6 mentionné que Mirjan est venu lui aussi, est-ce que vous vous rappelez

7 combien de fois il est venu ? Est-ce que vous pouvez nous dire l'heure à

8 laquelle il est venu ?

9 Mme Kupreskic (interprétation). - Il est venu quand Ivica est

10 venu nous apporter le déjeuner, c'était dans l'après-midi, vers 14 heures,

11 donc 2 heures de l'après-midi. Et Mirjan a accompagné Ivica. Puis le soir

12 aussi, ils sont venus.

13 M. Radovic (interprétation). - Et Zoran, il est venu aussi ?

14 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, Zoran aussi, et

15 Mirko Sakic aussi.

16 M. Radovic (interprétation). - Et Zoran, il est venu tout seul

17 ou bien avec Mirjan ? Mirjan et Zoran, quand ils venaient, étaient-ils

18 ensemble tous les deux ou bien sont-ils venus séparément l'un de l'autre ?

19 Ou bien vous ne vous en souvenez peut-être pas ?

20 Mme Kupreskic (interprétation). - Une fois, ils sont venus tous

21 les deux, donc Zoran, Mirjan et Mirko Sakic ensemble.

22 M. Radovic (interprétation). – Dites-nous, lorsque Mirjan est

23 venu dans l'abri, pourquoi est-ce qu'il l'a fait ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - Il est venu pour apporter de

25 la nourriture à sa femme, puis son fils Marko. Il avait peut-être un an,

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1 peut-être un peu plus, il était malade, il avait de la fièvre. Donc il est

2 venu voir sa femme et son fils.

3 M. Radovic (interprétation). - Et Zoran, pourquoi est-ce qu'il

4 est venu ?

5 Mme Kupreskic (interprétation). - Il est venu pour la même

6 raison lui aussi, pour nous voir. Et puis aussi la femme de Zoran, elle

7 n'était pas loin de chez nous, elle était dans la maison de

8 Milutin Vidovic. Donc Zoran allait voir sa femme, Mira Kupreskic, chez

9 Milutin, et puis après il poursuivait son chemin jusqu'à nous parce que ce

10 n'était pas loin.

11 M. Radovic (interprétation). - Quelle est la distance entre les

12 abris de Jozo Vrebac et de Milutin Vidovic, à vol d'oiseau ?

13 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne sais pas.

14 M. Radovic (interprétation). - Vous ne savez pas.

15 Monsieur le Président, je pense que nous pourrions procéder à

16 une pause

17 maintenant et que nous pourrions continuer après la pause.

18 M. le Président (interprétation). - Très bien. Donc nous allons

19 faire une pause maintenant.

20 L'audience, suspendue à 12 heures 15, reprise à 12 heures 30.

21 M. le Président (interprétation). – Maître Radovic ?

22 M. Radovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

23 Madame le Témoin, on peut continuer ? Est-ce que vous pouvez nous dire où

24 se trouvaient les parents de Zoran et Mirjan ?

25 Mme Kupreskic (interprétation). - Ils se trouvaient dans le même

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1 abri où j'étais, dans la maison de Jozo Vrebac.

2 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez quand même

3 essayer de vous souvenir et d'énumérer tous les noms des personnes qui

4 étaient avec vous, doucement s'il vous plaît pour que ces noms puissent

5 rentrer dans le compte rendu.

6 Mme Kupreskic (interprétation). - Il y avait Vlatko Kupreskic,

7 avec son épouse, deux enfants et sa mère. Ensuite, il y avait

8 Ljubica Kupreskic, épouse de Mirjan Kupreskic, avec ses deux enfants et

9 avec sa mère.

10 Ensuite, moi-même avec mes trois enfants. Ensuite,

11 Gordana Vidovic et sa mère, Dragica Omasic* avec ses deux enfants.

12 Marko Livancic, Angel Livancic, Anto Vidovic, Mira Vidovic,

13 Slaviza Vidovic, Ivo Vidovic, Mila Vidovic, Melenka Vidovic avec ses trois

14 enfants, Brankca Papic avec ses deux enfants, Ljuca Papic avec ses cinq

15 enfants, ensuite Marko Santic, Lucka Santic*, Jenka Santic avec un enfant.

16 Gordana Santic avec ses deux enfants, Mevenka Santic avec ses deux

17 enfants, Lucija Santic avec ses deux enfants. Ana Santic, Jozo Vrebac et

18 Anja Vrebac*.

19 M. Radovic (interprétation). - C'était à peu près tout ?

20 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

21 M. Radovic (interprétation). - Au moment où vous avez rencontré,

22 où vous avez vu Mirjan Kupreskic ce jour-là, est-ce que vous vous souvenez

23 quels vêtements il portait ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). – Mirjan Santic avait...

25 M. Radovic (interprétation). – Non, je vous pose la question au

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1 sujet de Mirjan Kupreskic.

2 Mme Kupreskic (interprétation). – Excusez-moi. Mirjan Kupreskic

3 portait une veste marron foncé, il avait également des chaussettes

4 visibles qui montaient jusqu'aux genoux.

5 M. Radovic (interprétation). - Il portait des vêtements civils ?

6 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, des vêtements civils.

7 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez

8 quels vêtements portait Zoran ?

9 Mme Kupreskic (interprétation). - Zoran portait le pantalon

10 ordinaire, civil, et puis une veste multicolore.

11 M. Radovic (interprétation). - Et le premier jour où vous vous

12 êtes rendue dans l'abri, il y avait des tirs, vous les avez entendus ?

13 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, des tirs très violents.

14 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous avez pu savoir

15 d'où provenaient les tirs, oui ou non ?

16 Mme Kupreskic (interprétation). - Dans l'abri, non. On avait

17 entendu des tirs et des détonations. Des tirs très violents mais pas plus.

18 M. Radovic (interprétation). - Le deuxième jour, il y avait

19 également des coups de feu ?

20 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

21 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez montrer

22 sur la carte d'Ahmici le chemin que vous avez pris pour vous rendre à

23 Rovna, le deuxième jour ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

25 (Le témoin s'exécute.)

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1 Ici, c'est la maison avec l'abri où j'étais. Ensuite, nous avons

2 emprunté cette route. C'était un chemin qui conduisait vers la route

3 principale et ensuite, nous avons tourné à gauche. Et ensuite, une fois de

4 plus à droite, le petit chemin qui menait vers Donja Rovna, en passant par

5 les vieilles voies ferrées et ensuite je me suis installée dans la maison

6 de Pero Santic.

7 M. Radovic (interprétation). - Merci, vous pouvez vous rasseoir.

8 Est-ce qu'il y avait quelqu'un qui s'est joint à vous dans la

9 maison de Pero Santic, quelqu'un qui est membre de votre famille ?

10 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, pendant qu'on marchait

11 sur cette route, mes enfants, mon fils aîné Dragan qui avait 14 ans, il

12 portait sur ses épaules le petit frère de 7 ans, moi je prenais sous le

13 bras mon beau-père qui est né en 1927 et qui est très malade et puis mon

14 fils aîné de 14 ans, il pleurait et puis il avait appelé

15 Ljubica Kupreskic, l'épouse de Mirjan Kupreskic car elle, elle avait les

16 deux enfants. Elle avait également sa mère qu'elle conduisait dans une

17 brouette. Et nous n'avons pas pu nous voir, on n'a pas pu véritablement se

18 rencontrer et Dragan pleurait.

19 Nous sommes arrivés jusqu'à la maison de Pero Santic. Mon fils

20 aîné, celui de 14 ans, il était tout en larmes et il est retourné sous la

21 pluie des balles pour chercher Ljubica Kupreskic, l'épouse de Mirjan. Et

22 il ne l'a pas trouvée. Mais il a vu sa mère qu'elle emmenait dans la

23 brouette. Et ensuite il est retourné une fois de plus, car Marko avait

24 quelque peu plus d'un an et il était très malade. C'est là où il s'est

25 rendu dans la maison de Pero Santic.

Page 7532

1 M. Radovic (interprétation). - Vous êtes restée combien de temps

2 à Donja Rovna ?

3 Mme Kupreskic (interprétation). - Dix jours à peu près.

4 M. Radovic (interprétation). - Et au moment où vous avez décidé

5 de retourner, vous êtes retournée où ?

6 Mme Kupreskic (interprétation). - De Rovna, je suis allée à

7 Vitez chez Miko Kricta*, c'est là où je suis restée quelques jours. Je ne

8 pouvais plus vraiment rester là-bas, je suis rentrée chez moi.

9 M. Radovic (interprétation). - A Ahmici ?

10 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

11 M. Radovic (interprétation). - Pendant que vous étiez dans des

12 abris, est-ce que vous saviez ce qui se passait autour de vous ou bien

13 vous n'étiez pas au courant sauf que vous aviez entendu des tirs ?

14 Mme Kupreskic (interprétation). - On a pu éventuellement faire

15 des suppositions, mais on ne savait pas la vérité. On avait entendu des

16 tirs, des détonations violentes.

17 M. Radovic (interprétation). - Au moment où vous vous êtes

18 rendue à Rovna, est-ce que vous avez su également ce qui s'était passé une

19 fois que vous avez quitté cet endroit où vous étiez ? Ceux qui restaient

20 derrière vous ?

21 Mme Kupreskic (interprétation). - Non.

22 M. Radovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

23 J'ai terminé mon interrogatoire.

24 M. le Président (interprétation). - Merci, Maître Radovic. Je

25 vais poser la question : est-ce qu’il y a éventuellement d'autres conseils

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1 de la défense qui voudraient poser des questions au témoin ?

2 M. Pavkovic (interprétation). - Il n'y a personne qui souhaite

3 poser de questions au témoin.

4 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Terrier, je

5 vous en prie ?

6 M. Terrier. - Merci, Monsieur le Président. Bonjour Madame. Mon

7 nom est Franck Terrier. Je suis un des avocats de l'accusation et comme

8 cela vous a été indiqué, je vais vous poser quelques questions à la suite

9 de votre témoignage.

10 Vous nous avez décrit votre famille, vous nous avez dit que vous

11 aviez trois fils, que vous avez trois fils. Je crois que vous avez dit que

12 l'aîné avait 14 ans à l'époque, en 1993, qu'un autre de vos enfants avait

13 7 ans.

14 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

15 M. Terrier. - Quel âge avait le troisième ?

16 Mme Kupreskic (interprétation). – 13 ans. C'était le fils qui

17 était entre les deux.

18 M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez nous décrire quelle

19 relation vous aviez jusqu'à votre départ en Allemagne, donc jusqu'en

20 mars 1992 avec vos voisins Musulmans, et en particulier ceux que vous avez

21 cités, ceux dont vous avez mentionné les noms ici ?

22 Mme Kupreskic (interprétation). - Nous étions en très bons

23 termes. Nous nous sommes rendu visite de temps à autres. Nous n'avions

24 aucun problème. On ne se disputait pas.

25 M. Terrier. - Est-ce que, par exemple, pour que nous nous

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1 fassions une idée plus précise, vous receviez chez vous ces voisins

2 Musulmans ? Est-ce que vous-même et votre époux, vous alliez chez l'un ou

3 l'autre d'entre eux ?

4 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui. Ils venaient nous rendre

5 visite et nous également, on allait leur rendre visite. On a même des

6 parrains, Dragan et Josip ont des parrains musulmans. Varupa Vahid* est le

7 parrain de Dragan et celui du milieu est Rasim Gradinovic* son parrain.

8 C'est notre voisin.

9 M. Terrier. - Cependant, et sauf erreur de ma part, lorsque vous

10 êtes rentrée chez vous le 15 avril 1993, aucun d'entre eux n'est venu à

11 votre domicile ?

12 Mme Kupreskic (interprétation). - Non. Ils n'avaient pas eu

13 cette occasion parce qu'au moment où je suis venue, je suis allée voir ma

14 mère et puis c'était déjà tard. Non, ils ne

15 sont pas venus me voir.

16 M. Terrier. - Mais qu'ils ne soient pas venus vous voir, est-ce

17 que la raison en tient à ce qu'ils n'en ont pas eu l'occasion, ou est-ce

18 que la nature de vos relations ou la nature des relations entre vos

19 communautés avaient changé et cela ne pouvait plus se produire, ne pouvait

20 plus se faire ?

21 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne pourrais pas vous donner

22 la réponse à cette question. Je ne sais vraiment pas pourquoi ils ne sont

23 pas venus me voir, me voir moi-même et mes enfants.

24 M. Terrier. - Est-ce qu'avant votre départ en Allemagne, vous

25 exerciez une activité professionnelle ?

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1 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

2 M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez nous préciser cette

3 activité professionnelle ?

4 Mme Kupreskic (interprétation). - Mois, j'avais une espèce

5 d'hôtellerie à Grijevac* c'est là où se rassemblaient aussi bien des

6 Musulmans que des Croates et des Serbes. Moi... C'est une espèce de

7 restaurant. A cette époque-là, je dois dire qu'il y avait tout le monde

8 qui venait. Jusqu'au moment où moi j'étais à la tête de ce restaurant.

9 M. Terrier. – Pardonnez-moi, je n'ai pas saisi à quel endroit se

10 trouvait ce restaurant.

11 Mme Kupreskic (interprétation). - C'est à Vitez.

12 M. Terrier. - Quel était le nom de ce restaurant ?

13 Mme Kupreskic (interprétation). - Grilica.

14 M. Terrier. - Qui était le propriétaire de ce restaurant ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Mon mari était le propriétaire

16 à cette époque la, Ivica Kupreskic.

17 M. Terrier. - A quel endroit de Vitez se trouvait ce

18 restaurant ?

19 Mme Kupreskic (interprétation). - C'est la rue qu'on appelait

20 Petar Svacic.

21 M. Terrier. - Je confesse ignorer l'endroit où se trouve cette

22 rue à Vitez, mais est-ce que vous pouvez nous indiquer par rapport à

23 l'hôtel Vitez que chacun connaît ici, où se trouvait ce restaurant, par

24 rapport à l'hôtesse Vitez.

25 Mme Kupreskic (interprétation). - Par rapport à l'hôtel, si on

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1 suit la route principale, 500 mètres. Donc cette route mène vers le

2 centre-ville et ensuite, il faut parcourir 300-400 mètres encore tout

3 droit. A l'angle, il y a la pharmacie qui est à gauche et c'est là où il

4 faut tourner et, à une cinquantaine de mètres par rapport à cette

5 pharmacie, dans la rue dont j'ai parlé, à droite, se trouvait ce

6 restaurant Grilica.

7 M. Terrier. - Lorsque vous êtes partie en Allemagne au mois de

8 mars 1992, qu'est-ce que ce restaurant est devenu ?

9 Mme Kupreskic (interprétation). - Ce restaurant à été pris en

10 charge par Ivo Grabovac, mon frère.

11 M. Terrier. - Mais votre mari en est resté le propriétaire,

12 n'est-ce pas ?

13 Mme Kupreskic (interprétation). - Non. Mon frère est resté à

14 travailler dans ce restaurant. Il s'appelle Ivo Grabovac.

15 M. Terrier. - Mais qu'est devenu ou qui était le propriétaire

16 après le mois de mars 1992 ?

17 Mme Kupreskic (interprétation). - En 1992, au mois de mars,

18 quand nous sommes partis en Allemagne, c'est mon frère, Ivo Grabovac qui

19 est devenu le propriétaire et c'est lui qui est resté dans le restaurant.

20 M. Terrier. - Je comprends. Vous nous avez dit que vous étiez

21 allé donc en Allemagne en raison de la situation d'insécurité qui régnait

22 dans la région de Vitez. C'est bien cela ?

23 Mme Kupreskic (interprétation). - Non. Je suis partie avec mon

24 mari et mes enfants Allemagne parce qu'à cette époque-là, il y avait

25 l'agression serbe sur la Bosnie-Herzégovine.

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1 M. Terrier. - Oui, je pense que nous nous sommes mal compris,

2 mais c'est bien effectivement une question d'insécurité qui vous a conduit

3 à cette décision. Vous souhaitiez assurer la pleine sécurité de votre

4 famille en vous rendant en Allemagne ?

5 Mme Kupreskic (interprétation). - Il n'y avait aucun problème à

6 Vitez. On n'avait pas ce sentiment, mais comme il y avait cette agression

7 serbe sur la Bosnie-Herzégovine, alors nous avons décidé de partir.

8 M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez préciser à quel endroit en

9 Allemagne est-ce que vous vous êtes rendue ?

10 Mme Kupreskic (interprétation). - Nous sommes partis à Essen,

11 dans l'appartement du frère d'Ivica, Branko et Branko à cette époque-là

12 était déjà en Allemagne. C'est en février, au mois de février, mi-février,

13 il est allé à Erme*, il a pris un restaurant et il m'avait laissé

14 l'appartement où je suis resté.

15 M. Terrier. - Est-ce qu'en Allemagne vous avez exercé une

16 activité professionnelle ?

17 Mme Kupreskic (interprétation). - Non, non, je n'ai pas

18 travaillé.

19 M. Terrier. – Quels ont été vos moyens d'existence en

20 Allemagne ?

21 Mme Kupreskic (interprétation). - Je vivais de cette assistance

22 sociale que je recevais.

23 M. Terrier. - S'agissant de cette assistance qui vous a été

24 donnée par les autorités allemandes, est-ce que vous pouvez nous préciser

25 quel a été votre statut ? Vous nous avez dit que vous étiez réfugiés.

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1 Réfugiés au titre de la convention de Genève par conséquent ?

2 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

3 M. Terrier. - Et vous avez obtenu le droit de séjour en

4 Allemagne au titre de cette convention ?

5 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui. J'ai eu ce visa de

6 tolérance donc qui m'avait pratiquement accordé le statut de réfugié.

7 M. Terrier. - Mais, pardonnez-moi c'est une question, je ne

8 connais peut-être pas suffisamment bien la législation allemande à cet

9 égard, lorsqu'on obtient le statut de réfugié, il ne me semble pas qu'on

10 puisse être obligé de quitter le pays qui vous a accueilli.

11 Mme Kupreskic (interprétation). - Personne ne m'a demandé de

12 quitter le pays, mais d'un autre côté, ils ne voulaient pas arrêter la

13 durée de ce visa de tolérance parce qu'au fond ils se portaient garants de

14 notre sécurité.

15 M. Terrier. - Il me semblait, d'après la photocopie de votre

16 passeport, que la date limite d'autorisation de séjour en Allemagne était

17 fixée au 13 avril 1993. Qu'en fait vous ne pouviez pas rester en Allemagne

18 au-delà de cette date.

19 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, je pouvais bien

20 évidemment, et c'est bien marqué que mon visa était prorogé de 6 mois. Je

21 ne suis pas allée tous les mois pour proroger le visa, mais on m'avait

22 prorogé le visa soit sur les 2 mois, sur 4 mois, sur 6 mois. Et au moment

23 où le, le 13 avril, je me suis rendue à l'endroit où il fallait me rendre

24 pour la prorogation du visa, ils m'ont prorogé le visa pour une durée de

25 6 mois.

Page 7539

1 M. Terrier. - Par conséquent, lorsque vous rentrez, la décision

2 est prise de rentrer à votre domicile, en Bosnie, cette décision est tout

3 à fait volontaire ?

4 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui. Tout à fait volontaire.

5 M. Terrier. - Vous auriez pu prolonger votre séjour en

6 Allemagne ?

7 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui. Oui, je pouvais prolonger

8 mon séjour.

9 M. Terrier. - Et si vous avez pris cette décision, c'est qu'il

10 vous semblait qu'aucun problème de sécurité ne pouvait se poser à Vitez et

11 dans la région à cette date pour vous-même

12 ou votre famille ?

13 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui. Selon ce que mon mari

14 disait, tout était normal à Vitez, tout était paisible. Les enfants

15 allaient à l'école, les gens allaient travailler, que par conséquent il

16 n'y avait aucun problème.

17 M. Terrier. - Donc il vous semblait que par rapport au mois

18 d'avril 1992, où la menace serbe en particulier vous a conduit à quitter

19 la Bosnie, par rapport à cette date, la situation s'était améliorée ?

20 Mme Kupreskic (interprétation). - Je suis partie le 30 mars 1992

21 en Allemagne.

22 M. Terrier. - J'ai bien compris cela Madame. Ma question était :

23 vous décidez de partir en mars 1992 en Allemagne parce que la situation

24 vous semble menaçante. Vous décidez de revenir en avril 1993, parce que

25 cette situation ne vous semble plus poser de problème. C'est par

Page 7540

1 conséquent, on doit penser que dans votre esprit la situation, s'était

2 améliorée entre mars 1992 et avril 1993. La situation dans cette région de

3 Bosnie centrale s'était améliorée de votre point de vue et de celui de

4 votre mari. Est-ce que c'est bien exact ?

5 Mme Kupreskic (interprétation). – En 1992, au mois de mars, je

6 suis partie parce qu'il y avait cette agression serbe sur la Bosnie-

7 Herzégovine et ensuite, mon mari et moi-même, en 1994, nous avons décidé

8 de retourner parce qu'il n'y avait pas de problème à Vitez et que les gens

9 vivaient normalement, allaient travailler, les enfants allaient à l'école,

10 etc..

11 L'interprète. - Le témoin a parlé de l'année 1994.

12 M. Terrier. - Bien. Vous nous avez dit, Madame, avoir quitté

13 l'Allemagne le 14 avril 1993 alors que votre...

14 M. le Président. - Excusez-moi, l'interprète a souligné qu'en

15 effet Madame a parlé de 1994. Peut-être qu'elle voulait dire 1993. C'est

16 peut-être en 1993 qu'elle est rentrée.

17 M. Terrier. - Mais, dans ma traduction française, c'était déjà

18 corrigé, c'est pour cela que je n'ai pas réagi ; effectivement.

19 M. le Président. - En effet, moi aussi, j'ai suivi en français.

20 Mais l'interprète a dit que le Témoin avait bien dit 94. Donc je demande

21 au témoin : vous voulez dire 93 ? L'année où vous avez décidé de rentrer à

22 Vitez, c'était bien 93 ?

23 Mme Kupreskic (interprétation). - Excusez-moi, j'ai commis une

24 erreur, c'est un lapsus. C'est en 1993 que je suis retournée.

25 M. Terrier. - Merci, Monsieur le Président.

Page 7541

1 Madame, vous nous avez dit que vous avez quitté l'Allemagne le

2 14 avril 1993, que vous résidiez à Essen et que vous avez pris l'avion à

3 Dusseldorf. Quelle est la distance entre ces deux villes ?

4 Mme Kupreskic (interprétation). - Entre Essen et Dusseldorf,

5 quand mon mari est parti, moi je suis allée à Hern, chez le frère de

6 Ivica, et jusqu'à Dusseldorf il y a une trentaine de kilomètres par

7 rapport à cet endroit où je me suis trouvée.

8 M. Terrier. - Vous avez dit donc que vous avez pris l'avion à

9 Dusseldorf vers 6 heures de l'après-midi en direction de Zagreb. Est-ce

10 que vous vous souvenez de la compagnie d'aviation ?

11 Mme Kupreskic (interprétation). - J'ai pris le billet d'avion de

12 mon mari qui avait un aller retour et c'est à 18 heures que l'avion est

13 parti de Dusseldorf pour Zagreb.

14 M. Terrier. - De quelle compagnie d'aviation s'agissait-il ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - C'était la compagnie aérienne

16 de Croatie.

17 M. Terrier. - Est-ce que pour effectuer ce voyage d'Allemagne en

18 Croatie à ce moment-là vous aviez besoin, puisque vous ne disposiez pas de

19 la nationalité croate, sauf erreur de ma part, d'un visa administratif

20 soit des autorités allemandes, soit des autorités croates ?

21 Mme Kupreskic (interprétation). - Non. Je n'avais besoin d'aucun

22 visa.

23 M. Terrier. - Vous nous avez dit avoir changé d'avion, si j'ai

24 bien compris à Zagreb, puis vous avez pris un autre avion pour Split. Vous

25 êtes arrivée à 21 heures 30, à 9 heures 30 du soir. Quelle était la

Page 7542

1 compagnie qui exploitait cet avion entre Zagreb et Split ?

2 Mme Kupreskic (interprétation). - Croatia.

3 M. Terrier. - Vous nous avez dit qu'à votre arrivée à l'aéroport

4 de Split, vous attendait Ivica et Vlatko Kupreskic. Est-ce que vous n'avez

5 pas été quelque peu surprise de rencontrer à cet endroit Vlatko

6 Kupreskic ?

7 Mme Kupreskic (interprétation). - Non, je n'ai pas était

8 surprise.

9 M. Terrier. - Qu'est-ce que vous savez, Madame, des activités

10 professionnelles de votre époux, en dehors de ce restaurant dont nous

11 avons parlé tout à l'heure ?

12 Mme Kupreskic (interprétation). - C'est un restaurant qui vend

13 de la nourriture et des boissons alcoolisées et non alcoolisées. A côté de

14 cela, mon mari a une entreprise privée.

15 M. Terrier. - Madame, laissons de côté ce restaurant et parlons

16 de cette entreprise privée. Qu'est-ce que vous en savez ?

17 Mme Kupreskic (interprétation). - C'était une entreprise privée.

18 Il y avait là des aliments, des boissons alcoolisés et non alcoolisées,

19 des charcuteries diverses.

20 M. Terrier. - Est-ce que votre mari, Ivica Kupreskic, et Vlatko

21 Kupreskic ont fait le voyage de Vitez à Split pour vous prendre à

22 l'aéroport, ou y avait-il à votre connaissance une autre raison à ce

23 déplacement ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, ils sont venus me

25 chercher et, en route, ils ont aussi chargé des marchandises.

Page 7543

1 M. Terrier. - Vous voulez dire que leur déplacement à Split

2 avait aussi pour objet de prendre livraison de marchandises ?

3 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui. Mais la raison

4 principale, c'était qu'il voulait venir me chercher. Et, au passage, ils

5 ont aussi pris livraison de marchandises pour

6 l'entreprise.

7 M. Terrier. - Est-ce que vous étiez présente lorsqu'ils ont pris

8 livraison de marchandises ?

9 Mme Kupreskic (interprétation). - Non, je n'étais pas présente.

10 Ils ont pris livraison de ces marchandises à l'aller, c'est-à-dire qu'ils

11 en ont pris livraison avant de venir me chercher.

12 M. Terrier. - Avant de venir vous chercher à l'aéroport.

13 Qu'est-ce que vous aviez comme bagages, avec vous, Madame ?

14 Mme Kupreskic (interprétation). - Eh bien, je n'avais pas

15 beaucoup de bagages parce que Ivica était parti en voiture avec les

16 enfants le 9 avril, donc j'avais mis tous les bagages à bord du véhicule

17 avec Ivica. Donc moi j'avais un sac de voyage de petite taille et peut-

18 être un petit filet.

19 M. Terrier. - Vous nous avez dit que votre mari et Vlatko

20 Kupreskic sont venus vous cherchez dans une Yugo 45. A qui appartenait

21 cette voiture ?

22 Mme Kupreskic (interprétation). - C'était ma voiture.

23 M. Terrier. - Est-ce que votre mari avait une autre voiture ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui. Il avait une

25 Mercedes 240D.

Page 7544

1 M. Terrier. - Est-ce qu'on peut dire que la Yugo 45 est une très

2 petite voiture ?

3 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

4 M. Terrier. - Pourquoi est-ce que votre mari n'a pas pris sa

5 voiture, la Mercedes 240D ?

6 Mme Kupreskic (interprétation). - Parce que le voyage au cours

7 duquel il faut passer par le mont Vrane n'est pas un voyage facile. La

8 route n'est pas asphaltée, il y a beaucoup de boue. C'est une route de

9 très mauvaise qualité.

10 M. Terrier. - Vous voulez dire que la Yugo 45 est une bien

11 meilleure voiture dans ces conditions que la Mercedes ?

12 (Signe affirmatif du témoin.)

13 M. Terrier. - Quelle est la couleur de cette Yugo ?

14 Mme Kupreskic (interprétation). - Gris souris, comme ça, un

15 gris-bleu.

16 M. Terrier. - Quelle est la couleur de la Mercedes qui

17 appartenait à votre mari ?

18 Mme Kupreskic (interprétation). - Vert foncé.

19 M. Terrier. - Est-ce que je puis demander à M. l'huissier de

20 placer sur le rétroprojecteur la pièce de l'accusation 32 ?

21 (Le document est placé sur le rétroprojecteur.)

22 Madame, si je vous montre cette photographie, ce n'est pas pour

23 la maison, mais pour la voiture dont on voit l'arrière et qui se trouve

24 devant le garage. Est-ce que vous pouvez nous confirmer qu'il s'agit d'une

25 Yugo 45 ?

Page 7545

1 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui c'est une Yugo 45. Le

2 propriétaire en est Vlatko Kupreskic.

3 M. Terrier. - Et à gauche, sur cette photographie prise bien

4 entendu bien après la période qui nous occupe, on voit une Mercedes. A qui

5 appartient-elle à votre connaissance ? Sur la gauche de la photographie,

6 on peut apercevoir une Mercedes.

7 Mme Kupreskic (interprétation). - A Vlatko Kupreskic.

8 M. Terrier. - Est-ce qu'à votre connaissance Vlatko Kupreskic a

9 fait l'acquisition de cette Mercedes que l'on voit à gauche ?

10 Mme Kupreskic (interprétation). - Vlatko Kupreskic a acheté

11 cette Mercedes à mon mari, mais je ne saurais pas dire exactement quand

12 c'était. Je ne saurais pas dire exactement quand. Je sais que mon mari a

13 amené cette voiture d'Allemagne et mon mari, Ivica, a vendu cette voiture

14 à Vlatko.

15 M. Terrier. - A quel moment, à quelle époque votre mari a-t-il

16 importé cette voiture d'Allemagne ?

17 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne saurais pas le dire

18 exactement parce qu'après la guerre, mon mari et moi sommes allés souvent

19 en Allemagne. Nous avons fait de nombreux aller-retour en Allemagne. Il

20 a y eu beaucoup de voitures achetées. Je ne saurais pas me rappeler

21 exactement la date.

22 M. Terrier. - Vous voulez dire que votre mari achetait beaucoup

23 de voitures en Allemagne pour les revendre en Bosnie ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - Non, non. Je voulais dire que

25 nous nous sommes achetés une camionnette et une Jeep, et une voiture

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1 frigorifique, tout cela pour nos besoins à nous.

2 M. Terrier. - Quoi qu'il en soit, cette Mercedes que l'on voit

3 sur la photographie à gauche de la maison n'est pas la Mercedes dont

4 disposait votre mari en 1993 et plus particulièrement en avril 1993. C'est

5 une voiture qui a été importée après la guerre ?

6 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui. C'est la Mercedes de

7 Vlatko celle-ci, alors que notre Mercedes est de couleur verte.

8 M. Terrier. - Néanmoins, en avril 1993, votre mari ainsi que

9 Vlatko Kupreskic, pour faire ce trajet entre Vitez et Split, en

10 avril 1993, ont préféré utiliser la Yugo 45 plutôt que la Mercedes dont

11 disposait votre mari, et vous nous avez expliqué pour quelle raison. Ma

12 question est la suivante : quelle est la nature des marchandises qui ont

13 été placées dans cette voiture avant que votre mari et Vlatko Kupreskic ne

14 viennent vous chercher à l'aéroport ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne sais pas

16 parce que ces marchandises, ils les ont achetées avant mon arrivée, donc

17 je ne me rappelle pas la nature de ces marchandises, je ne les ai pas

18 vues.

19 M. Terrier. - Vous voulez dire que c'était emballé dans des

20 sacs, dans des

21 cartons ?...

22 Mme Kupreskic (interprétation). - Ces marchandises étaient dans

23 le coffre, donc je ne sais pas ce qu'il y avait dans le coffre ni comment

24 elles étaient emballées.

25 M. Terrier. - Vous n'avez pas vu, vous n'avez pas ouvert le

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1 coffre ?

2 Mme Kupreskic (interprétation). - Non. Je n'ai pas ouvert parce

3 que je n'avais pas de bagages. Je n'avais qu'un petit sac de voyage et mon

4 sac à main et un petit filet.

5 M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez nous donner, Madame, plus

6 de détails sur l'emplacement de la maison où vous avez passé la nuit qui a

7 suivi, c'est-à-dire la nuit du 14 au 15, et le nom de la personne qui vous

8 a hébergés ?

9 Mme Kupreskic (interprétation). - 'La nuit du 14 au 15, moi-

10 même, Ivica Kupreskic et Vlatko Kupreskic, nous nous sommes trouvés à

11 Baska Voda, chez Radoslav Simovic. C'était lui, le propriétaire de la

12 maison.

13 M. Terrier. - Mais qui est Radoslav Simovic ? Qui est cette

14 personne par rapport à vous ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Eh bien, ce Radoslav Simovic,

16 à un certain moment, avait un restaurant sur la route de Vitez quand on va

17 vers Zenica. Nous fréquentions souvent ce restaurant, nous étions amis.

18 Nous ne nous rendions pas visite à la maison très souvent, nous allions

19 plus souvent dans son restaurant et avant la guerre, bien avant la guerre,

20 il est parti à Baska Voda où il s'est fait construire une maison.

21 Aujourd'hui, il loue des chambres aux touristes et c'est de cela qu'il

22 vit.

23 M. Terrier. - A l'époque, il exploitait un établissement de

24 cette sorte déjà, en avril 1993 ?

25 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui. Oui. La maison n'était

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1 pas complètement terminée, il n'y avait pas encore de façade, il n'y avait

2 pas encore les dallages autour de la maison, mais les chambres étaient

3 prêtes.

4 M. Terrier. - Est-ce que chez lui, vous avez rencontré d'autres

5 personnes ?

6 Mme Kupreskic (interprétation). - Non. Il y avait moi, enfin il

7 y avait nous, et Radoslav et son épouse.

8 M. Terrier. - Est-ce que votre arrivée chez lui avait été

9 annoncée, avait été prévue depuis un certain temps ?

10 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne sais pas si Ivica et

11 Vlatko avaient annoncé notre arrivée. Je ne sais pas.

12 M. Terrier. - Evoquons maintenant, Madame, votre retour à votre

13 domicile. Vous nous avez dit que dans la soirée, après votre arrivée vers

14 18 heures 30, après que vos bagages aient été déchargés -c'est

15 l'expression que vous avez employée, je crois-, différentes personnes sont

16 venues vous rencontrer. Vous n'avez pas je crois, sauf erreur de ma part

17 et vous me corrigerez dans ce cas, cité le nom de Mirko Sakic.

18 Mme Kupreskic (interprétation). - Il est exact que j'ai

19 mentionné le nom de Mirko Sakic, mais quand je suis rentrée de la maison

20 de ma mère, c'est à ce moment-là que Mirko Sakis est arrivé. Il est resté

21 peu de temps. Nous avons conversé un petit peu, nous nous sommes salués et

22 Mirko est rentré chez lui.

23 M. Terrier. - Combien de temps selon votre souvenir, et c'est

24 peut-être difficile effectivement d'être précis à cet égard compte tenu du

25 temps écoulé, combien de temps vous semble-t-il que Mirko Sakic est resté

Page 7549

1 chez vous ?

2 Mme Kupreskic (interprétation). - Eh bien, je ne sais pas, je ne

3 saurais le dire parce que j'étais émue, je rentrais après un an et dix-

4 sept jours, j'étais tout heureuse de les voir tous. Je ne saurais pas dire

5 cela. Je ne saurais pas dire combien de temps il est resté. Mais pas

6 longtemps.

7 M. Terrier. - Est-ce que Vlatko Kupreskic était présent à votre

8 domicile à un moment ou un autre de la soirée ?

9 Mme Kupreskic (interprétation). - Non. Nous sommes arrivés avec

10 Vlatko. Logiquement, il était fatigué, c'est sans doute pour cela qu'il

11 n'est pas venu, mais son épouse est venue accompagnée de deux enfants et

12 de la mère de Vlatko.

13 M. Terrier. - Vos trois enfants étaient-ils restés seuls à la

14 maison pendant que votre mari était venu vous chercher à Split ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Non, ils n'étaient pas seuls.

16 Ils étaient avec une tante de mon mari et avec le père d'Ivica, c'est-à-

17 dire leur grand-père.

18 M. Terrier. - Vous avez dit qu'au cours de cette soirée, il

19 avait été beaucoup question de la situation en Allemagne, de la façon dont

20 on y vit, peut-être des ressources qu'offre ce pays. Il ne semble pas que

21 la situation en Bosnie centrale, et en particulier dans la région de

22 Vitez, ait fait l'objet de beaucoup de discussions, selon ce que vous avez

23 dit tout à l'heure. Est-ce bien exact ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - Personne n'a évoqué la

25 situation à Vitez. Nous nous sommes raconté comment je me sentais là-bas

Page 7550

1 en Allemagne, comment les enfants avaient envie de rentrer dans leur

2 maison, de revoir leur père, combien la maison et leur père leur

3 manquaient. Nous nous sommes dit qui s'était marié, qui était mort. Enfin,

4 voilà, c'était surtout ça les sujets de conversation. Mais nous n'avons

5 absolument pas parlé de la situation à Vitez.

6 M. Terrier. - Par conséquent, de tous les propos que vous avez

7 échangés avec les personnes que vous avez rencontrées ce soir là, vous

8 n'avez jamais retiré l'impression qu'il y avait des difficultés à Vitez et

9 dans la région, ou qu'un danger quelconque était prévisible ?

10 Mme Kupreskic (interprétation). - Il n'a absolument pas été

11 question d'un quelconque danger. Il n'en a pas été question. Personne ne

12 s'attendait à un quelconque danger d'ailleurs.

13 M. Terrier. - Est-ce que vous avez le souvenir qu'ait été évoqué

14 par exemple l'enlèvement du commandant Totic à Zenica ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Ca, nous l'avions déjà entendu

16 quand nous étions à Sebesic, nous avons simplement demandé qu'est-ce qui

17 se passait : "Quelle est la situation Totic ?"

18 M. Terrier. - Pouvez-vous préciser à quel moment vous avez

19 appris l'enlèvement du commandant Totic ?

20 Mme Kupreskic (interprétation). - Sebesic.

21 M. Terrier. - Quand ?

22 Mme Kupreskic (interprétation). - Le 15, le 15 avril 1993, dans

23 l'après-midi.

24 M. Terrier. - Comment est-ce que vous avez appris cette

25 nouvelle ?

Page 7551

1 Mme Kupreskic (interprétation). - Eh bien, mon mari a demandé :

2 "Qu'est-ce qui se passe, pourquoi il y a ces barrages, pourquoi ils sont

3 là debout ?", et alors ils ont expliqué à mon mari que c'était ça en fait.

4 M. Terrier. - Ces barrages, vous avez franchi combien de

5 barrages ? En rentrant, après la frontière mettons. Après la frontière

6 entre la Croatie et la Bosnie, combien de barrages avez-vous franchis ?

7 Mme Kupreskic (interprétation). - Avant le barrage de Sebesic,

8 il y avait quelques points de contrôle des endroits où on demandait

9 simplement le permis de conduire, mais ça nous l'avons appris à Sebesic et

10 à Opara aussi, où la population est en majorité croate. Là, un policier

11 nous a arrêtés, nous a demandé où nous allions. Ivica a répondu qu'il

12 ramenait son épouse d'Allemagne et le policier nous a demandé comment nous

13 avions voyagé. Nous avons dit que nous avions franchi les contrôles sans

14 aucun problème. Et à ce moment-là, il nous a demandé : "Mais où allez

15 vous ? Comment est-ce que vous osez circuler ?" Nous nous sommes un peu...

16 Enfin, Ivica a dit que ma mère était morte. Il s'est excusé de nous avoir

17 retenu et nous a laissé partir pour Vitez.

18 M. Terrier. - Bien. De cet événement que vous avez appris dans

19 l'après-midi, il n'a

20 pas été question le soir ?

21 Mme Kupreskic (interprétation). - Mais oui, très brièvement.

22 Mais ce n'était pas capital parce que ce qui les intéressait davantage,

23 c'était ma vie en Allemagne. Et moi ce qui m'intéressait davantage,

24 c'était concrètement comment ils avaient vécu toute cette période pendant

25 mon absence.

Page 7552

1 M. Terrier. - Comme vous l'a dit Me Radovic, Mirko Sakic a

2 témoigné devant ce Tribunal et il a dit, premièrement, que les épouses

3 n'étaient pas là, qu'il s'agissait donc, en dehors de votre présence

4 Madame bien sûr, d'une réunion d'hommes et que, par ailleurs, il a surtout

5 été question de la situation en Bosnie centrale à cette époque-là, et en

6 particulier ou notamment de l'enlèvement du commandant Totic. Comment

7 expliquez-vous ce récit tout à fait différent qu'a fait M. Sakic par

8 rapport au vôtre ?

9 Mme Kupreskic (interprétation). - J'ai dit qu'on en a parlé,

10 mais très brièvement. Mirko était là je ne sais pas combien de temps, mais

11 pendant que Mirko était là, il y avait Miro Vidovic, fils de Franjo, il y

12 avait Miroslav Puja, il y avait mon beau-père et ensuite sont arrivés

13 Manda et Ljuca Didak*, et l'épouse et la mère de Vlatko Kupreskic et la

14 mère de Mirjan Kupreskic, ljuca*. Ils sont tous arrivés après.

15 M. Terrier. - Pour concilier des témoignages aussi différents,

16 est-ce qu’il n'est pas possible d'imaginer qu'au cours de cette soirée,

17 les hommes se soient réunis entre eux pour discuter de choses ayant

18 rapport à la situation actuelle ou à venir à Ahmici et que vous-même

19 n'ayez pas participé à cette réunion d'hommes ?

20 Mme Kupreskic (interprétation). - Non. Non, j'ai dit que quand

21 ces hommes sont arrivés sans leur épouse, il y a eu beaucoup de

22 plaisanterie, du genre "Ivica s'est marié, nous venons à la noce d'Ivica".

23 M. Terrier. - Vous nous avez dit que le lendemain vous avez été

24 réveillé à 4 heures du matin par votre époux qui ne vous a donné aucune

25 raison mais vous a demandé de vous

Page 7553

1 habiller, de réveiller les enfants et de rejoindre un abri. Vous nous avez

2 dit que vous aviez quitté la maison avec vos enfants à 5 heures. Et il

3 vous a donc fallu une heure pour vous apprêter et quitter la maison dans

4 la situation d'urgence qui était semble-t-il celle du moment.

5 Est-ce que ce n'est pas un temps qui paraît assez long tout de

6 même ?

7 Mme Kupreskic (interprétation). - Mon mari m'a réveillé un peu

8 après 4 heures, je ne sais pas exactement quelle heure il était et le

9 temps que je réveille les trois enfants, que les enfants se préparent, que

10 j'emballe un peu de nourriture et quelques vêtements, je suis partie un

11 peu avant 5 heures. Il m'a fallu près de 10 à 15 minutes pour arriver

12 jusqu'à l'abri.

13 M. Terrier. - Est-ce que l'on ne peut pas penser, Madame, que

14 puisque vous mettez plus ou moins une heure pour vous préparer et quitter

15 la maison, c'est qu'en fait vous savez que vous avez un certain temps pour

16 vous préparer et quitter la maison ?

17 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne savais pas tout ça, pour

18 moi c'était l'inconnu.

19 M. Terrier. - Pour quelles raisons est-ce que vous ne vous êtes

20 pas arrêtée dans la maison de Mirko Sakic qui, semble-t-il est, elle

21 aussi, un abri tout à fait sûr et qui est beaucoup plus proche de votre

22 maison que la maison de M. Vrebac ?

23 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne sais pas pourquoi je

24 suis allée là-bas, mais jusqu'à la maison d'Ivica Vidovic, fils de Jevca,

25 j'ai suivi mon mari.

Page 7554

1 M. Terrier. - Est-ce que c'était la première fois que vous

2 alliez vous abriter dans la maison de Vrebac ?

3 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, pour moi c'était la

4 première fois.

5 M. Terrier. - Vous nous avez dit que des matelas se trouvaient

6 dans cette cave. Est-ce que cela signifie que cet abri avait été préparé

7 pour ce matin-là ?

8 Mme Kupreskic (interprétation). - Non. Tout ce que l'on voit sur

9 la photographie, les matelas, les canapés, les sièges n'y étaient pas à ce

10 moment-là. Il n'y avait qu'un vieux

11 matelas dans une partie de la pièce et ce vieux matelas était sur le sol.

12 Il était dans une espèce de renfoncement, il n'y avait que cela

13 et rien d'autre.

14 M. Terrier. - Excusez-moi, j'avais cru comprendre que vous

15 parliez de matelas au pluriel qui avaient été préparés, mais il suffira de

16 vérifier sur le transcript.

17 Nous avons vu le sous-sol de cette maison qui comporte plusieurs

18 pièces. Vous nous avez dit qu'il n'y avait pas d'électricité.

19 Mme Kupreskic (interprétation). - Il y avait de l'électricité au

20 moment même de notre arrivée, mais elle a disparu rapidement. Maintenant,

21 quelle heure il était ? Tout ce que je sais, c'est que longtemps ou plutôt

22 l'électricité a été disponible peu de temps.

23 M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez préciser dans quelle pièce

24 vous vous trouviez, puisque nous avons vu plusieurs pièces sur les

25 photographies peut-être pouvez-vous revoir la cote D 13/1 ?

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1 (Le document est remis au témoin.)

2 Madame, il semble que nous ne puissions distinguer au moins deux

3 pièces différentes, celles que l'on voit sur les photographies numéros 5

4 et 7, et celles que l'on voit s'ouvrir à gauche sur la photographie

5 numéro 6. Peut-être y en avait-il plusieurs autres, mais sur ces

6 photographies, il semble qu'il y avait au moins deux pièces différentes.

7 Mme Kupreskic (interprétation). - Je suis entré en passant par

8 cette porte et je me trouvais dans cet espace ici, dans la pièce que l'on

9 voit sur la photo numéro 7.

10 M. Terrier. - La pièce où se trouve, au moment où la

11 photographie a été prise, un canapé mais de couleur rouge.

12 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, mais dans cette pièce il

13 n'y avait ni canapé de deux places ni canapé de trois places. Il n'y avait

14 rien. Il n'y avait qu'un vieux matelas à même le sol.

15 M. Terrier. - Parmi les personnes qui se trouvaient présentes

16 dans cet abri ce que

17 jour là, vous avez cité effectivement beaucoup de noms de femmes, des noms

18 d'hommes, d'enfants. Il semble que les hommes que vous avez cités, tous

19 étaient des personnes d'un certain âge. Est-ce que cette appréciation est

20 exacte ?

21 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui. Ces personnes étaient des

22 personnes âgées et Vlatko Kupreskic était avec ces personnes.

23 M. Terrier. - Donc ont trouvé refuge dans cet abri les enfants,

24 les femmes, les personnes âgées et Vlatko Kupreskic ?

25 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui. J'ai vu Vlatko Kupreskic

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1 le matin, au environs de 6 heures, parce que là où nous étions dans la

2 cave, il faisait noir. Je l'ai vu donc et je l'ai vu aussi dans la

3 journée, entre 17 heures et 18 heures. Et les personnes âgées qui

4 pouvaient marcher sortaient dans le couloir, s'asseyaient dans le couloir

5 et fumaient dans le couloir. Quant à ceux qui étaient malades, il se

6 relayaient sur ce vieux matelas qui était sur le sol.

7 M. Terrier. - Madame, je voudrais que vous soyez aussi précise

8 que vous pouvez l'être à cet égard. Vous nous dites que vous avez vu le

9 matin à 6 heures Vlatko Kupreskic. Ou se trouvait-il quand vous l'avez

10 vu ?

11 Mme Kupreskic (interprétation). - A 6 heures du matin, Vlatko

12 Kupreskic à amené son épouse, Ljubica Kupreskic, ses deux enfants et sa

13 mère Majica* dans l'abri.

14 M. Terrier. - Quand vous l'avez vu, où se trouvait il ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Dans l'abri.

16 M. Terrier. - A quel endroit de l'abri ?

17 Mme Kupreskic (interprétation). - Dans l'endroit, dans la partie

18 où' je me trouvais moi-même.

19 M. Terrier. - C'est-à-dire dans cette pièce que vous nous avez

20 désignée à l'instant où il y a le canapé rouge, où on peut voir le canapé

21 rouge ?

22 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui.

23 M. Terrier. - Mais en même temps, vous nous dites que lorsque

24 Vlatko Kupreskic et sa famille arrive à cet endroit, il fait sombre. Il

25 n'y a plus de lumière.

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1 Mme Kupreskic (interprétation). - Dans cet abri, il y avait deux

2 petites fenêtres. Il y avait des planches, mais comme nous voulions

3 respirer un peu d'air et avoir un peu de lumière, il nous arrivait

4 d'enlever ces planches de temps en temps.

5 M. Terrier. - Donc il n'y a pas d'électricité. Il y a

6 effectivement les lucarnes que l'on peut voir sur la photographie et ces

7 lucarnes sont obstruées par des planches ou presque obstruées par des

8 planches. Ces lucarnes sont masquées, ces fenêtres sont masquées, en

9 partie, du moins ?.

10 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, ces fenêtres avec ces

11 planches, mais nous enlevions ces planches pour recevoir un peu de lumière

12 et un peu d'air.

13 M. Terrier. - Néanmoins, la luminosité dans cette pièce devait

14 être très faible ?

15 Mme Kupreskic (interprétation). - Eh bien oui, elle était

16 faible, mais on pouvait voir à peu près.

17 M. Terrier. - Vous avez dit que vous avez donc vu

18 Vlatko Kupreskic et sa famille arriver à 6 heures du matin et que vous

19 l'avez vu une autre fois dans la journée. Est-ce que j'ai commis une

20 erreur ?

21 Mme Kupreskic (interprétation). - Oui, c'est cela.

22 M. Terrier. - Donc entre 6 heures du matin et cette autre fois

23 dans la journée, vous ne l'avez pas vu ?

24 Mme Kupreskic (interprétation). - Je ne l'ai pas vu, je viens de

25 dire que les hommes qui étaient malade se relayaient sur ce matelas, mais

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1 que tous ceux qui pouvaient marcher ou rester assis sortaient dans le

2 couloir parce qu'il y avait des bancs, ils pouvaient s'asseoir.

3 M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez certifier, Madame, que

4 Vlatko Kupreskic, que vous avez donc vu à 6 heures du matin, est resté

5 dans cette maison et n'a pas quitté cette maison comme l'ont fait les

6 autres hommes qui avaient conduit leur famille, votre époux par exemple,

7 ou Mirjan Kupreskic qui ont conduit leur famille dans cette maison et sont

8 ensuite repartis ?

9 Mme Kupreskic (interprétation). - Je dis que le matin, j'ai vu

10 Vlatko Kupreskic qui amenait son épouse Ljubica*, ses deux enfants et sa

11 mère. Je l'ai vu le soir, entre 17 et 18 heures. En dehors de cela, je ne

12 l'ai pas vu, mais je dis qu'il est possible qu'il se soit trouvé dans ce

13 couloir où les hommes qui étaient en bonne santé étaient assis sur les

14 bancs.

15 M. Terrier. - Je vous remercie.

16 M. le Président. - Maître Terrier, je suis navré mais…

17 M. Terrier. – Monsieur le Président, si vous me permettez une

18 dernière question, j'ai terminé. Je crois que l'essentiel des questions

19 que je souhaitais poser ont été posées.

20 Une dernière question Madame et j'en aurais terminé et vous de

21 même. Vous nous avez dit que dans l'après-midi, votre mari, Ivica, vous

22 avait apporté de la nourriture, que Mirjan avait fait de même pour sa

23 famille. Où votre mari et Mirjan Kupreskic étaient allés chercher cette

24 nourriture ?

25 Mme Kupreskic (interprétation). – Ivica… Dans ma maison, la

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1 tante née en 1924 était restée et cette vieille dame à envoyé cette

2 nourriture, nous a envoyé cette nourriture.

3 M. Terrier. – Monsieur le Président, Madame je vous remercie.

4 Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres questions mais il y aura sans

5 doute effectivement des questions de Maître Radovic mais j'en ai terminé

6 pour ce qui concerne le contre interrogatoire.

7 M. le Président. - Vous avez terminé le contre-interrogatoire ?

8 M. Terrier. – Je remercie Madame le témoin.

9 M. le Président (interprétation). - Est-ce que vous avez des

10 questions

11 supplémentaires Maître Radovic ?

12 M. Radovic (interprétation). - Non non.

13 Je n'ai pas d'autres questions à poser au témoin mais je demande

14 simplement que le document que j'ai soumis au témoin soient versés au

15 dossier.

16 M. le Président (interprétation). - Merci. Il n'y a pas

17 d'objection. Donc les documents sont versés au dossier en tant qu'élément

18 de preuve et je suis très satisfait également parce que Mme Kupreskic

19 pourra rentrer chez elle en cette fin de semaine. Merci Madame Kupreskic

20 d'être venue témoigner devant Tribunal. Vous pouvez maintenant vous

21 retirer.

22 Mme Kupreskic (interprétation). - Merci.

23 M. le Président (interprétation). - Avant de suspendre

24 l'audience, j'aimerais vous dire que nous reprendrons comme vous le savez

25 nos débats le 15 avril avec un autre témoin, M. Ivica Kupreskic je suppose

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1 et nous poursuivrons nos travaux jusqu'au 25. Nous ne siégerons pas le

2 vendredi 26 mars, mais nous siégerons deux fois le mercredi 24. Donc le

3 mercredi 24 nous travaillerons de 9 heures à 13 heures et de 14 heures 30

4 à 17 heures 30, ce qui signifie que vous pourrez tous rentrer chez vous le

5 vendredi. J'espère que ce sera une nouvelle qui vous agréera. Je rappelle

6 que nous nous en tenons donc à notre calendrier, hormis ces deux légères

7 modifications. Nous nous retrouverons le 15 mars.

8 L'audience est levée à 13 heures 40.

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