Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Vendredi 05 mai 2000

2 (Audience publique)

3 (Les accusés sont introduits dans le prétoire.)

4 (L'audience est ouverte à 9 heures 35.)

5 (M. Emir Beganovic est contre-interrogé par M. Simic.)

6 M. le Président : Les accusés peuvent s'asseoir. Bonjour. Bonjour

7 Mesdames, Messieurs. Bonjour à la cabine technique, bonjour aux

8 sténotypistes et à l'accusation. Nous voyons que, pour le compte rendu,

9 nous comptons avec la présence de M. Keegan. Nous avons Mme Hollis.

10 Et pour la défense bonjour aussi. Je crois qu'il nous manque Me Tosic ? Je

11 ne sais pas si Me Stojanovic est là ?

12 M. Stojanovic (interprétation) : C'est cela, Monsieur le Président. Je me

13 chargerai tout seul de la défense de M. Zigic. Je suis avocat de Belgrade

14 et je suis autorisé par mon collègue, Simo Tosic, pour vous adresser ses

15 excuses compte tenu à son absence due à des raisons de famille. Cette

16 absence ne se fera que pour la journée d'aujourd'hui.

17 Nous sommes aujourd’hui ensemble préparés pour la défense et je crois

18 qu'il n'y aura aucun obstacle pour que nous effectuions la défense de

19 notre client tout aussi efficacement.

20 M. le Président : Merci beaucoup, Maître Stojanovic. Nous allons donc

21 reprendre notre affaire Kvocka et d'autres.

22 Je rappelle à Mme Hollis que nous allons travailler jusqu’à 11 heures,

23 plus ou moins. Vous allez donc nous faire signe quand la pause vous

24 convient, sinon, je vous le signalerai.

25 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

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1 Nous sommes en train d'avoir le témoin dans le prétoire.

2 Mme Hollis (interprétation) : Monsieur le Président, je sais que nous

3 allons procéder au contre-interrogatoire mais, compte tenu des problèmes

4 que nous avons eus avec la caméra, nous avons apporté une pièce à

5 conviction qui, à notre avis, serait susceptible d'aider la Chambre pour

6 ce qui est des pièces du plan du restaurant et du bâtiment administratif,

7 à savoir du rez-de-chaussée et du premier étage avec la numérotation

8 analogue à celle qui se trouve sur la maquette.

9 J'ai remis les mêmes pièces à la défense et je prierai que ces pièces-là

10 soient versées au dossier. Je crois que ce sera utile à la Chambre. Il

11 s'agit du numéro 3/77. Pour le rez-de-chaussée de ce bâtiment

12 administratif, et pour le premier étage, il y a un petit b et un petit c

13 que l'on ajoute ; pour le rez-de-chaussée et pour le premier étage du

14 hangar, un petit d.

15 M. le Président : Puis-je demander à Me Simic s'il y a quelque opposition

16 du côté de la défense pour le versement au dossier de cette pièce ?

17 M. K. Simic (interprétation) : Bonjour, Monsieur le Président. Nous

18 n'avons aucune objection à formuler, et je prends la parole au nom de tous

19 les conseils de la défense.

20 M. le Président : Merci beaucoup, Monsieur Krstan Simic. Je vois que vous

21 avez bien choisi l'endroit pour faire le contre-interrogatoire. Je crois

22 qu'il y a une meilleure communication avec le témoin.

23 Mais je vois que M. O'Sullivan veut dire quelque chose.

24 M. O'Sullivan (interprétation) : Oui, bonjour, Monsieur le Président. Nous

25 voudrions demander à quelqu'un de l'équipe technique de connecter notre

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1 transcript car cela n'apparaît pas sur l'écran et nous aimerions que cela

2 soit fait pendant la durée du contre-interrogatoire, je vous prie.

3 (M. Dubuisson s'exécute.)

4 M. le Président : Je profite quand même de cette opportunité pour vous

5 dire que, souvent, il y a des petites incorrections dans le transcript.

6 Peut-être pour éviter des interruptions, vous informer que les transcripts

7 sont bien revus par les sténotypistes au moins trois fois, c'est-à-dire

8 qu'ils font des corrections. Peut-être n’est-il pas nécessaire toujours

9 d'interrompre pour des petites questions parce que le transcript est revu

10 au moins -autant que je le sache-, trois fois.

11 De toute façon, s'il y a vraiment une incorrection significative, peut-

12 être faut-il le signaler. Mais je vous donne cette information du point de

13 vue de l'organisation des travaux.

14 Maître O'Sullivan, le problème est déjà réglé ?

15 M. O'Sullivan (interprétation) : Ce devait être un problème d'ordinateur,

16 Monsieur le Président.

17 M. le Président : On profite toujours du moment pour apprendre, peut-être

18 qu'il faut toujours faire une check liste avant l'audience, et voir si

19 tous les équipements sont prêts à fonctionner. Il arrive souvent que nous

20 sommes ici, les Juges sont ici à 9 heures 30, et on doit attendre qu'un

21 problème technique soit réglé. Le matériel doit, à mon avis, être testé

22 avant ou quand même la veille, si possible.

23 Est-ce que nous sommes en condition de continuer, Monsieur Dubuisson ?

24 Oui ? Il semble donc que tout est dans de bonnes conditions.

25 Maître Krstan Simic, je vous donne la parole pour continuer votre contre-

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1 interrogatoire.

2 Je rappelle au témoin que vous continuez sous serment et que vous allez

3 continuer à répondre aux questions des avocats de la défense. Vous vous

4 sentez reposé et confortable ?

5 (Le témoin acquiesce.)

6 M. Beganovic (interprétation) : Oui, il n'y a pas de problème.

7 M. le Président : Maître Krstan Simic, c'est à vous, vous avez la parole.

8 Merci beaucoup.

9 M. K. Simic (interprétation) : Merci, Monsieur le Président.

10 Bonjour, Monsieur Beganovic.

11 M. Beganovic (interprétation) : Bonjour.

12 Q. Nous pourrions enchaîner là où nous nous étions arrêtés hier. Mais

13 avant de commencer, je vous prierai de répondre le plus brièvement

14 possible à mes questions. Je m'efforcerai de mon côté de suivre l'exemple

15 de Mme Hollis d'hier. Donc je vous prie de répondre, pour autant que faire

16 se peut, par oui ou par non. Cela nous permettra d'avancer plus vite,

17 notamment. Cela nous fournira les réponses qui nous intéressent. Vous êtes

18 d'accord ?

19 R. Oui.

20 Q. Hier, nous nous étions arrêtés à l'endroit où on vous avait

21 confisqué vos armes en 1998 ?

22 R. Oui.

23 Q. Je vous avais demandé si vous saviez ce que c'était qu'une arme, un

24 fusil à canon scié. Je vais citer ce que vous avez dit en date du 14 et

25 15 décembre 1994, et le 18 janvier 1995.

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1 Je vais citer ce que vous avez dit. Vous avez dit : "Mon père était

2 chasseur, et lorsqu'il est décédé, il est resté 2 fusils : l'un était un

3 fusil à grenaille de 12 millimètres, ce que l'on appelle un fusil à canon

4 scié "Kratez". Fin de citation.

5 R. Il doit y avoir une erreur technique. Cela n'a rien à voir avec ma

6 déclaration. D'abord, pour le terme de Kratez, c'est la première fois que

7 j'ai entendu parler de ce terme, hier. Et les fusils dont j'ai hérité

8 étaient des fusils normaux, donc un fusil à grenaille et une carabine

9 munie d'une lunette. Il se peut qu'il y ait une erreur de traduction au

10 niveau technique, notamment.

11 Q. Bien. Il s'agit de cette déclaration que vous avez quand même

12 signée. Nous allons enchaîner pour en finir avec ce sujet, si vous le

13 voulez bien.

14 Vous avez dit, hier, que vous n'aviez pas pu obtenir un permis de port

15 d'arme car vous étiez Musulman.

16 R. Non, non.

17 Q. Mais vous avez dit que Rajo Zigic, les Serbes de la localité ne vous

18 avaient pas fait obtenir une autorisation. Mais là n'est point

19 l'essentiel. Comment se fait-il que votre père ait pu obtenir un permis de

20 port d'arme et vous non ?

21 R. J'étais alors enfant à l'époque.

22 Q. Mais je me réfère de nouveau à votre déclaration. Je dirai qu'il se

23 pourrait que ce refus de délivrance...

24 M. Riad (interprétation) : Excusez-moi, je dois vous interroger. Votre

25 père vivait en Yougoslavie qui était un seul pays uni. C'était donc une

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1 autre Yougoslavie.

2 R. Oui.

3 M. K. Simic (interprétation) : Je vais poser une question qui est liée à

4 la question de M. Riad. Est-ce que votre fusil vous avait été confisqué en

5 1988 ? C'était l'ex-Yougoslavie.

6 R. Oui, c'était une autre Yougoslavie déjà. Dès que Tito est mort,

7 c'est devenu une autre Yougoslavie.

8 Q. Mais revenons à ce permis de port d'arme. Est-ce que ce refus de

9 délivrance d'une autorisation de posséder des armes aurait pu être motivé

10 par le fait que vous énoncez dans votre déclaration, à savoir que vous

11 avez commis des bêtises de jeune enfant ?

12 R. Il se peut que ma femme ait aussi fait des bêtises dans sa jeunesse,

13 puisqu'à elle aussi on lui avait refusé son permis de port d'arme. Alors

14 si moi je me suis vu refuser ce permis parce que j'étais turbulent, je ne

15 sais pas si elle a été turbulente aussi.

16 Q. Quels genres de problèmes avez-vous eus ?

17 R. Eh bien, ils ont présenté les choses telles qu'ils le voulaient . Le

18 système était tel. Il ne s'agissait pas de Serbes musulmans ou croates,

19 mais il s'agit du système dans lequel nous avons vécu et que j'ai combattu

20 toute mon existence. J'étais contre ce système communiste.

21 Q. Mais nous ne parlons pas de communisme, ici, M. Beganovic. Nous

22 parlons d'actes que vous avez décrits comme turbulences de jeunesse.

23 Lorsque vous étiez jeune homme, mineur, vous vous étiez comporté de façon

24 qui avait été réprimandée. Pouvez-vous nous en dire quelque chose ?

25 R Je ne sais pas comment je me suis comporté. Ils écrivaient, ils

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1 faisaient des rapports tels qu'ils le voulaient.

2 Q. Mais je ne vous ai pas demandé, Monsieur Beganovic, ce qu'ils ont

3 écrit. Vous, dans votre déclaration, quand je vous ai interrogé, vous avez

4 mentionné des conflits mineurs que vous avez eus avec des membres de la

5 police. Vous avez dit que l'on vous avait privé des armes à l'occasion

6 d'un conflit que vous auriez eu avec des officiels et avec la police.

7 N'est-ce pas ?

8 R. Oui. C'est un fait. C'est la raison pour laquelle on m'a confisqué

9 ces armes. Ces armes avaient été en ma possession pendant quatre ou cinq

10 ans. Personne n'y avait touché, personne n'avait demandé si j'avais hérité

11 cela de mon père ou pas, et ainsi de suite.

12 Q. Mais, Monsieur Beganovic, nous en avons discuté hier. Nous n'allons

13 pas revenir sur cela.

14 R. Mais il est un fait que Grozdanic et ce cousin du SUP étaient venus

15 pour me confisquer ces armes. C'est bien ce qui figure dans ma déclaration

16 de 1994.

17 Q. Mais à cause de ce conflit ?

18 R. C'est à cause de ce conflit que l'on m'a confisqué ces armes, rien

19 d'autre.

20 Q. Est-ce que vous avez utilisé ces armes ?

21 R. Je les ai peut-être utilisées une ou deux fois après la mort de mon

22 père. Je les ai remises dans leur étui, et c'était posé sur le haut d'une

23 armoire. Jamais on a tiré avec ces armes après la mort de mon père. Si

24 j'avais possédé des armes au noir, ou si j'avais utilisé ces armes de

25 chasse, la chose aurait été autre mais jamais je ne l'ai fait.

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1 Q. Mais à l'occasion de ce conflit avec les frères Grozdanic…

2 R. Oui.

3 Q. Vous avez indiqué, ici, de façon très claire, que vous n'avez jamais

4 fait l'objet de poursuite judiciaire avant le début des hostilités.

5 R. Je voulais dire que j'ai fait l'objet de poursuite pénale.

6 Q. Oui.

7 R. Non, je n'ai jamais commis de délit pénal.

8 Q. Monsieur Beganovic, vous êtes sous serment. Je vais vous citer la

9 phrase que vous avez prononcée. Je cite : "Pour autant que je le sache, je

10 n'ai jamais fait l'objet d'une enquête quelconque. Je n'ai jamais été

11 arrêté, emprisonné, ni condamné pour quelque délit pénal que ce soit avant

12 le début des hostilités".

13 Monsieur Beganovic, avez-vous été enregistré comme pickpocket ?

14 R. J'ai été emmené à la police, mais je n'ai jamais commis de tels

15 délits dans ma vie.

16 Q. C'est un dialogue de sourds que nous sommes en train de mener. Je

17 vous ai demandé, Monsieur Beganovic : avez-vous ou n'avez-vous pas été

18 enregistré dans les dossiers de police en tant que pickpocket ?

19 R. Je ne sais pas l'avoir été.

20 Q. Savez-vous ce qu'est un pickpocket ?

21 R. C'est un jargon que l'on utilise dans les zones urbaines pour des

22 vols, des recels.

23 Q. Quel type de vol ?

24 R. Eh bien, quand on vole dans les poches des autres.

25 Q. Pouvez-vous nous décrire la chose, je vous prie ?

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1 R. Je ne sais pas comment vous le décrire.

2 Q. Monsieur Beganovic, je vous demande si vous avez été condamné par un

3 verdict en bonne et due forme de la part du Tribunal municipal de

4 Prijedor, n°K-706/74, daté du 13 avril 1976, pour délit pénal prévu à

5 l'article 249, alinéa 1 du Code pénal. Il s'agit de délit, de vol. Vous

6 avez été condamné à 8 mois de détention et deux ans avec sursis.

7 R. Où ? A Prijedor ?

8 Q. Oui.

9 R. Je ne comprends pas cela.

10 Q. Mais avez-vous été condamné ou pas, Monsieur ? Il n'y a rien à

11 comprendre.

12 R. Mais pour le vol dans la poche d'autrui, il n'y a aucune raison.

13 Q. Mais vous êtes sous serment, Monsieur.

14 R. Ce n'est pas exact.

15 Q. Bien.

16 M. le Président : Au lieu de demander si le témoin a été condamné par

17 l'article, peut-être le témoin ne sait pas qu'est-ce que l'article.

18 Demandez au témoin s'il a été condamné par le délit x ou non, et vous avez

19 la réponse.

20 Q. Fort bien. Alors avez-vous, oui ou non, commis ce délit de vol dans

21 les poches d'autrui ?

22 R. Non.

23 Q. Avez-vous été condamné pour ce délit ?

24 R. Je ne comprends pas de quel délit vous parlez. En 1976, je suis

25 sorti de l'armée. D'où avez-vous sorti cela ? Qui vous a donné ces

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1 renseignements ? Je ne sais pas du tout ce que vous voulez essayer de

2 présenter. Vous avez dit que j’avais injurié une personne ici et je ne

3 l'ai pas fait. Vous êtes en train d'accuser les gens pour des choses

4 qu’ils n'ont pas faites. La défense est en train de faire ce que faisaient

5 les accusés à Omarska.

6 Q. Mais il n'y avait pas de haine !

7 R. Mais il ne s’agit pas de haine, de quelle façon vous me présentez

8 ici, de cette façon communiste serbe !

9 M. le Président : Excusez-moi de vous interrompre. Je peux comprendre que

10 le témoin ne sait pas ce que l'article 249 prévoit. Je crois avoir compris

11 qu'il s'agit d'un vol de biens de poche, de "pickpocketing".

12 Témoin, vous répondez aux questions que l'avocat vous pose et je vous prie

13 de ne pas changer les positions. C'est l'avocat qui vous pose les

14 questions et vous répondez. Si vous ne connaissez pas la réponse, vous

15 dites : je ne sais pas. Et je prie Me Krstan Simic de poser la question et

16 de ne pas argumenter avec le témoin. Posez la question clairement et

17 simplement et vous aurez la réponse. La réponse sera oui ou non, ou je ne

18 sais pas.

19 Donc l'article 249 prévoit un vol de biens de poche des personnes. La

20 question, Témoin, c’est : avez-vous été condamné ou non pour ce crime par

21 un Tribunal de Prijedor ? Pouvez-vous répondre Témoin : avez-vous été

22 condamné ou non pour ce crime ?

23 R. A Prijedor, non.

24 M. le Président : Vous avez la réponse Maître Simic, donc vous continuez.

25 M. Krstan Simic : Je vous remercie, Monsieur le Président.

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1 Monsieur Beganovic, est-ce qu'entre 1977 et 1980 vous avez jamais été

2 condamné pour délit pénal de recel et de revente d'objets volés, et ce

3 devant le Tribunal à Prijedor ?

4 R. Non.

5 Q. Je vous remercie, Monsieur Beganovic.

6 Vous savez où se trouve le Palais de justice à Zagreb, monsieur

7 Beganovic ?

8 R. Oui, je pense le savoir.

9 Q. Avez-vous été jugé à Zagreb pour des délits pénaux ?

10 R. Oui, j'ai été jugé car je me trouvais dans un train et je n'avais

11 pas de billet de train. Ils m'ont inscrit quelque chose, mais rien n'a été

12 prouvé, et vous êtes en train de sortir des trucs que je ne sais d'où vous

13 les sortez, mais cela n'a rien à voir.

14 Q. Maintenant nous sommes en position de constater que vous

15 reconnaissez le procès qui a été conduit à Zagreb ?

16 R. Oui, j'ai été pris sans billet et le conducteur avait noté mon nom,

17 et on a noté des choses que l’on n'a jamais prouvées, et je vous prie de

18 ne pas sortir de votre trousse des trucs, des choses où je n'ai pas été

19 condamné.

20 Q. Mais, attendez, on va y revenir. Est-ce qu’en cette occasion vous

21 avez été condamné aussi pour vol dans les poches des passagers dans ce

22 train ?

23 R. Oui, mais on a trouvé que je n'avais pas de billet, mais est-ce

24 qu'on a trouvé quelque objet volé sur moi ?

25 Q. Est-ce que le Tribunal vous avait condamné à un an de prison et un

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1 an avec sursis ?

2 R. Ils ont déterminé cette peine comme ceux d'Omarska.

3 Q. Donc les Croates aussi faisaient la même chose que les Serbes ?

4 R. On sait qui était à la tête de la police en ex-Yougoslavie et vous

5 êtes en train de déformer le système.

6 Q. Je ne déforme pas le système, Monsieur Beganovic. Le juge était-il

7 serbe, à Zagreb ?

8 R. Probablement oui, mais cela n'a rien à voir, c’est de la façon dont

9 on lui a présenté les choses, et la police lui a présenté les choses d’une

10 façon que le juge s'est comporté en fonction de cela. Et on n'a jamais

11 prouvé dans ma vie quelque délit pénal que ce soit, et la police à

12 Prijedor avait essayé un million de fois de me mettre à charge des tas de

13 choses parce que j’étais contre ce système, tel qu’il était. Et je vous

14 prie de ne pas sortir des choses qui n'ont jamais été prouvées. Nous

15 sommes ici pour des crimes de guerre et non pas pour des…

16 M. le Président : Excusez-moi de vous interrompre encore une autre fois.

17 Vous n’êtes pas ici pour argumenter avec l’avocat ni l’avocat avec vous,

18 vous êtes ici pour répondre aux questions d’une façon claire, concrète et

19 concise…

20 R. Oui.

21 M. le Président : Que l’avocat vous pose. Et l'avocat, pour que vous

22 compreniez bien, a le droit de faire son contre-interrogatoire sur ce que

23 vous avez dit à Mme Hollis et sur votre crédibilité comme témoin. Et donc

24 l'avocat vous pose les questions et je vous prie de répondre oui ou non,

25 ou je ne sais pas, sinon on n’arrive pas quelque part.

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1 Et je prie aussi Me Simic de poser la question de façon claire concrète et

2 concise pour avoir une réponse, et éviter d'argumenter avec le témoin.

3 Q. Je vous remercie, Monsieur le Président. Monsieur Beganovic, avez-

4 vous été jugé et condamné à Novi Sad pour avoir commis le délit de

5 soudoiement d’un fonctionnaire en l'incitant à commettre des actes

6 illicites ?

7 R. C'est la même chose, j’ai d'abord était acquitté, puis le policier

8 devait être, lui, puni ; finalement pour que ce ne soit pas un policier

9 qui soit puni, c’est moi qui en ait échopé. Tout cela a été monté de

10 toutes pièces, cette biographie a été inventée par le SUP de Prijedor,

11 c'est quelque chose qui est complètement imaginaire, on a toujours essayé

12 de faire de moi un criminel.

13 M. le Président : La réponse devra être : oui ou non, avez-vous été

14 condamné ?

15 R. Oui, j'ai été condamné.

16 M. le Président : "Oui" est la réponse. Continuez, Maître Simic.

17 R. Enumérez tout ce que vous avez, je vous répondrai tout de suite que

18 j’ai été condamné et pourquoi, et puis on pourra avancer.

19 Q. Avez-vous été condamné par le Tribunal départemental de Banja Luka

20 pour un accident de route, en fait pour un délit de conduite en état

21 d’ivresse ?

22 R. Oui.

23 Q. Puisque vous venez de reconnaître quelque chose que vous aviez

24 essayé de passer sous silence auparavant, j’essayerai d'énumérer les

25 peines, et répondez-moi par oui s'il vous plaît. Est-ce possible de

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1 procéder ainsi ?

2 R. Oui.

3 Q. Pickpoketing à Prijedor : 2 ans avec sursis, 8 mois de prison ?

4 R. Oui.

5 Q. Sentence du Tribunal municipal de Prijedor pour recel d'objets

6 volés, peine : 2000 dinars ?

7 R. Oui.

8 Q. Tribunal municipal de Zagreb, pickpoketing : un an de prison, 3 ans

9 avec sursis ?

10 R. Oui.

11 Q. Sentence du Tribunal départemental de Banja Luka : un an de prison,

12 et vous avez été privé de votre permis de conduire, confiscation donc du

13 permis de conduire ; décision du Tribunal de Novi Sad : 7 mois de prisons,

14 3 ans avec sursis ?

15 R. Mais vous comprenez, je n’ai jamais été un criminel. D'où viennent

16 toutes ces…

17 M. le Président : Laissez du temps aux Juges pour conclure. Vous donnez

18 l’information, les faits. Le Tribunal est ici pour prendre des

19 conclusions.

20 R. D'accord.

21 Q. A présent, faites-vous l'objet d'un procès à Prijedor s'agissant des

22 événements qui se seraient produits à Prijedor pendant ces derniers mois ?

23 R. Ces derniers mois ? Qu'est-ce qui aurait pu se passer à Prijedor ?

24 Q. C'est vous qui le savez.

25 R. Mais je n'en sais ! Je me suis rendu à Prijedor il y a un mois en

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1 tant que touriste !

2 Q. Et en tant que touriste il y a un mois ou deux, lorsque vous vous y

3 êtes rendu, est-ce qu'un incident s'est produit ?

4 R. Oui.

5 Q. De quel genre d'incident s'agit-il ?

6 R. Verbal et physique. J'ai été attaqué physiquement à Prijedor dans la

7 rue, sur la route Prijedor-Sanski Most à Tukovi. J'ai été attaqué et j'ai

8 des témoins.

9 Q. Je voulais simplement savoir si une procédure était en cours. On y

10 reviendra. Monsieur Beganovic, essayons d'avancer plus rapidement au sujet

11 de quelques questions qui vous ont été posées.

12 M. le Président : Monsieur Simic, allez un peu plus vite parce que nous

13 avons pris presque 40 minutes pour parler d'armes et de la situation

14 judiciaire du témoin. Nous avons pris presque 40 minutes pour parler

15 seulement d'armes et de la situation judiciaire. Allez un peu plus vite,

16 s'il vous plaît, merci.

17 M. K. Simic (interprétation) : Je suis prêt à assumer ma part de la

18 responsabilité, mais je pense que c'est le témoin, M. Beganovic, qui a

19 utilisé la majeure partie de ce temps.

20 Hier, au sujet de ces 1200 marks qui vous ont été pris dans les toilettes,

21 vous avez dit que la personne vous a dit : "Si vous en parlez, je vous

22 tuerai."

23 M. Beganovic (interprétation) : Je ne comprends pas.

24 Q. Vous avez dit que ce policier vous a pris 1200 marks dans les

25 toilettes, que son commentaire était, je cite : "Si tu en parles à

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1 quelqu'un, je te tuerai !"

2 R. Oui, c'est cela. C'est ce qu'il a dit.

3 Q. Comment pouvez-vous expliquer cela, et vous l'avez répété à

4 plusieurs reprises, que tout était autorisé, de manière ouverte on pouvait

5 faire tout ce qu'on voulait ; alors, pourquoi deviez-vous vous taire à ce

6 sujet ?

7 R. Parce qu'il avait peur que les commandants et les personnes qui

8 étaient un peu plus haut placées ne lui reprennent. C'est pour cela qu'il

9 me l'a demandé. Parce qu'ils devaient leur porter, les seconds couteaux

10 devaient remettre cela aux autres, comme Andzic Milan de Trijas. On sait

11 que Brk portait l'argent à Milan, c'était un fait notoire à Omarska. Tout

12 le monde le savait.

13 Q. C'est la même chose que l'on entend de la part du témoin.

14 R. Mais je suis obligé de répondre !

15 Q. Monsieur Beganovic, le jour de votre arrestation...

16 R. Oui ?

17 Q. Je pense qu'il y a là une erreur technique dans les déclarations que

18 vous avez données. Vous avez fait une confusion entre le jour de la prise

19 du pouvoir et le jour du contrecoup militaire à Prijedor.

20 R. Je ne comprends pas ce qu'est un contrecoup.

21 Q. Je vais vous poser la question. Le 30 avril, au moment de la prise

22 du pouvoir, y a-t-il eu une quelconque activité armée ?

23 R. Pour autant que je le sache, ils sont rentrés, ils ont fait

24 irruption, arme à la main, masqués, vers minuit. Mais moi, je ne me

25 trouvais pas à cet endroit, dans cette zone de la ville.

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1 Q. Et le 30 mai, lorsqu'on a tenté un contrecoup ? Hier, vous-même avez

2 dit : "S'il y en a eu un". Vous avez dit que vous étiez dans la maison à

3 écouter la radio avec le docteur Sadikovic et M. Kapetanovic, et que c'est

4 à la radio qu'on diffusait les informations sur le comportement à avoir.

5 R. Oui.

6 Q. Pendant la nuit, que s'est-il passé dans la ville de Prijedor ?

7 R. Que s'est-il passé la veille ?

8 Q. Que s'est-il passé durant cette nuit ?

9 R. Mais comment puis-je le savoir ? Moi, je me suis retrouvé dans le

10 camp.

11 Q. Je vous ai posé une question claire, Monsieur Beganovic. Pendant la

12 nuit du 30 mai, à l'aube, quelques heures avant votre arrestation, cinq ou

13 six heures avant cela, un conflit armée s'est-il produit à Prijedor ? La

14 radio en a-t-elle parlé ? Avez-vous entendu parler de cela ?

15 R. Non, je n'ai pas entendu que la radio en ait parlé, et je n'a pas

16 non plus senti qu'il y ait eu un affrontement. J'ai simplement entendu

17 qu'il y avait des soldats serbes dans le quartier où je me trouvais. Et

18 c'est tout, c'est très clairement dit dans ma déclaration.

19 Q. Donc, durant cette nuit, vous n'avez absolument pas entendu

20 d'affrontements militaires ?

21 R. Mais quel conflit militaire ? Qui a attaqué Prijedor ?

22 M. le Président : Pardon, Maître Simic. Vous aviez demandé s'il y a eu un

23 conflit pendant la nuit du 30 mai. Le témoin a dit qu'il ne savait pas.

24 N'insistez pas, sinon nous n'en sortons pas... Pardon ?

25 Q. Oui, très bien.

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1 La radio a-t-elle parlé de la mort de quinze ou seize policiers serbes ?

2 R. Mais pendant un an, ils parlaient sur les Serbes qui se faisaient

3 tuer en Croatie. Mais pourquoi cela pouvait-il m'intéresser ? Comment cela

4 devait-il m'intéresser ? C'étaient des terroristes qui se rendaient pour

5 piller en Croatie et ils revenaient avec leur butin, sans arrêt. Il y a eu

6 des morts, mais pourvu qu'ils se fassent tous tuer puisqu'ils allaient se

7 battre de cette manière. Quelle manière ? Ce n'était qu'une guerre de

8 pilleurs de l'armée de la JNA, une guerre de pilleurs.

9 Q. Durant la nuit.

10 R. Vous me posez la question sur 16 brigands tués, mais cela ne

11 m'intéresse pas.

12 Q. Avez-vous entendu la nouvelle diffusée par la radio sur la mort de

13 seize policiers ?

14 R. Non, je n'ai pas entendu et cela ne m'intéressait pas.

15 Q. Monsieur Beganovic, pour en revenir à l'événement qui nous intéresse

16 au premier chef, il s'agit de ce deuxième passage à tabac par Nikica

17 Janjic ?

18 R. Oui.

19 Q. Dans un premier temps, peut-on essayer d'identifier le moment où

20 cela s'est produit ?

21 R. A quelle heure ?

22 Q. Doucement, doucement. Je vous poserai la question.

23 R. Mais avançons à cause de la Chambre.

24 Q. J'attends l'interprétation. De manière approximative, pouvez-vous

25 nous parler de la date ? Je ne parle pas de l'heure.

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1 R. C'était au mois de juin, à titre d'orientation, enfin,

2 approximativement.

3 Q. Il me faudra revenir sur ce que vous avez dit hier et à votre

4 déposition dans l'affaire Tadic.

5 R. Oui.

6 Q. Le premier soir de votre arrivée, avez-vous passé la nuit dans cette

7 grande pièce à côté du restaurant ?

8 R. Derrière le restaurant.

9 Q. Donc on est bien d'accord ? C'est à côté du restaurant ?

10 R. Oui.

11 Q. Et les deux nuits suivantes ?

12 R. Dès le lendemain, je suis revenu sur la Pista.

13 Q. Vous y êtes resté pendant combien de temps ?

14 R. Pendant une dizaine de jours.

15 Q. Une dizaine de jours ?

16 R. Dix à douze jours.

17 Q. Après le premier passage à tabac, dans cette reconstruction, vous

18 dites que vous avez passé deux nuits dans la maison blanche ?

19 R. Oui.

20 Q. Et vous avez été ramené sur la Pista. C'est donc votre déclaration ?

21 R. Ramené, oui. Et emmené dans la pièce n° 15.

22 Q. Dans la pièce n° 15 ?

23 R. Oui.

24 Q. Dans votre déclaration signée, vous affirmez que ce deuxième passage

25 à tabac s'est produit quelques jours avant le jour de la saint Pierre ?

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1 R. Je ne sais pas si c'est la saint Pierre, c'était une sorte de fête.

2 Si j'ai dit la saint Pierre, c'était peut-être une autre fête, leur fête :

3 lorsqu'ils brûlaient, ils incendiaient des pneus et jetaient des gens

4 dedans.

5 Q. C'est donc en fait de cette date-là qu'on parle ?

6 R. Oui.

7 Q. En termes de jours, était-ce quelques jours avant ces feux ?

8 R. C'était le jour en question... Non ! En fait, ce deuxième passage à

9 tabac, c'était deux ou trois jours avant qu'on incendie ces pneus et qu'on

10 jette des gens dedans.

11 Q. Pour préciser, pour être clairs, cela veut dire que ce deuxième

12 passage à tabac -on parle de Nikica Janjic- s'est produit quelques jours

13 avant ces feux ?

14 R. Oui, peut-être deux jours.

15 Q. Dans votre déposition hier, vous avez présenté M. Kvocka comme

16 pratiquement un ami, une fréquentation ?

17 R. Non, c'est ma mère qui était amie avec sa belle-mère.

18 Q. Oui, c'est comme cela que je l'ai compris. Vous connaissiez

19 M. Kvocka ?

20 R. Eh bien, je le connaissais de vue. Enfin, on était ensemble dans la

21 même ville, mais je n'ai jamais fréquenté ce genre de personnage.

22 Q. Non, c'est par rapport à la liste que nous venons de lire que je

23 vous posais la question.

24 R. Ce sont les communistes qui ont dressé ce genre de liste ! Les

25 communistes comme lui, comme ce qu'il a été.

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1 Q. Permettez-moi de vous citer encore une fois, à cause de cette

2 déclaration qui a été rédigé deux ans après les événements. Et je suppose

3 que c'était encore frais dans votre mémoire plus qu'aujourd'hui.

4 Je cite : "Avec Drago Prcac, commandant serbe de la garde qui a remplacé

5 un homme que les autres appelaient Kvocka".

6 Monsieur Beganovic, cette phrase, est-ce une phrase au sujet d'un homme

7 que vous connaissez si bien que d'autres l'appelaient Kvocka ? Miroslav

8 Kvocka ? Hier, vous avez parlé du policier Kvocka.

9 R. Vous, vous le savez.

10 Q. Ne me demandez pas ce que je sais.

11 R. Mais d'autres ont peut-être fait une erreur en rédigeant. Pourquoi

12 aurais-je dit que d'autres l'appelaient Kvocka, puisque tout le monde nous

13 l'appelions Kvocka.

14 Q. Le témoin a prononcé une phrase que l'interprète n'a pas comprise et

15 qui semblait avoir été injurieuse. Il s'excuse.

16 Nous parlons du second passage à tabac avant la saint Pierre. Au lieu de

17 demander de l'aide de la part de M. Kovcka, compte tenu de ses relations

18 d'amitié entre votre mère et sa belle-mère et le fait qu'il apportait de

19 la nourriture à votre mère, pourquoi ne lui avez-vous pas demandé d'aide ?

20 R. A cause de là où il était écrit que j'aille à Kop 2 (fouille 2).

21 C'est à lui qu'il fallait que je m'adresse pour avoir de l'aide, mais qui

22 a jamais été aidé à Omarska par lui ?

23 Q. Mais, Monsieur Beganovic…

24 R. Mais pourquoi me demandez-vous une telle chose ?

25 Q. Mais pourquoi n'avez-vous pas demandé l'aide avant que Nikica vous

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1 le dise ?

2 R. Mais il était à l'entrée ! Pourquoi il ne m'a pas aidé, lui,

3 Ckalja ! Il se trouvait à l'entrée.

4 Q. Avez-vous pris contact avec lui ?

5 R. Non, il a fait ce qu'il avait à faire. Il s'est écarté, éloigné pour

6 ne pas être sur place. On savait parfaitement professionnellement comment

7 il fallait agir.

8 Q. Monsieur Beganovic, est-ce qu'il devait écrire : Emir Beganovic,

9 fouille n°2, Kop 2 ? Est-ce qu'il devait le dire ?

10 R. Mais je ne pouvais pas savoir que Kvocka allait être arrêté et qu'il

11 y aurait un procès. Je ne pouvais pas le savoir à l'époque.

12 Q. Mais pour quelles raisons allait-il le rédiger par écrit et ne pas

13 dire ce qui figurait ?

14 R. Mais cela ne fait aucun doute.

15 M. le Président : Je dois intervenir. Vous savez quand même qu'il y a des

16 interprètes qui fonctionnent ici. Il est impossible, Témoin, de vous

17 suivre. Il faut ralentir, faire des pauses entre les questions et les

18 réponses. Je rappelle encore une autre fois, Maître Simic, posez des

19 questions, des questions.

20 Mme Wald (interprétation) : Maître Simic, excusez-moi, j'ai beaucoup de

21 mal à suivre la ligne principale de votre contre-interrogatoire. Il

22 semblerait que vous n'arrêtez pas de demander au témoin pourquoi quelqu'un

23 d'autre commet certaines choses. Lui n'a probablement aucune idée pourquoi

24 une tierce personne fait quelque chose. Il me semble que vous êtes en

25 train d'argumenter quelque chose que vous devriez en fait prononcer au

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1 moment de vos conclusions, et non pas essayer d'obtenir de ce témoin les

2 raisons d'une tierce personne pour agir d'une certaine sorte.

3 M. le Président : C'est exactement pour cela que je vous prierai de poser

4 des questions à la connaissance du témoin. Si vous demandez au témoin

5 pourquoi une troisième personne a fait ou a pensé, nous n'y arrivons pas,

6 Maître Simic. Vous le savez ? !

7 Demandez directement au témoin la connaissance directe qu'il peut avoir,

8 sinon nous entraînons un débat ici. Nous ne sommes pas ici, maintenant,

9 pour faire des allégations. Nous sommes ici pour cueillir l'information.

10 Les allégations viendront après.

11 C'est pour cela que j'aimerais bien que vous reteniez, tous, une règle

12 très simple d'interrogatoire et contre-interrogatoire. C'est la règle des

13 trois C : claire, concrète et concise. Posez des questions claires,

14 concrètes et concises sur la connaissance du témoin.

15 Mme Hollis (interprétation) : L'accusation aurait une demande de nature

16 procédurale. Pendant que le conseil se réfère soit à la transcription,

17 soit à la déclaration, nous aimerions connaître le numéro de la page pour

18 pouvoir nous repérer dans les textes. Merci.

19 M. le Président : Maître Simic, est-il possible de placer soit le Juge,

20 soit l'accusation dans la page et dans le document que vous mentionnez,

21 s'il vous plaît ? Pour que l'on puisse suivre.

22 M. K. Simic (interprétation) : Merci, Monsieur le Président. Oui, je pense

23 que cela sera possible. J'en ai bientôt terminé.

24 Monsieur Beganovic, le petit bout de papier qui vous a été montré par feu

25 Nikica Janjic, était-ce une condamnation à mort pour vous ?

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1 R. Oui.

2 Q. Dans votre déclaration, page 12 -donc il s'agit de la déclaration

3 faite au Bureau du Procureur- comment se fait-il que sur les 22 pages vous

4 ne mentionnez pas un événement majeur de votre séjour à Omarska, un

5 événement où l'on vous condamne à la mort ?

6 R. Je ne comprends pas.

7 Q. Dans votre déclaration de 1994 et de 1995, début 1995, vous ne

8 mentionnez pas un événement aussi grave, aussi important ; à savoir la

9 condamnation à mort.

10 R. Mais c'est implicite ! Cela se comprend que je suis condamné à la

11 mort puisque l'on prévoit de jeter mon cadavre dans cette fouille 2,

12 Kop 2.

13 Q. Puis-je avoir une réponse ?

14 R. Mais vous ne m'avez pas posé cette question ! Cela se suppose, c'est

15 pour cela que je ne vous ai pas répondu de la sorte. Je vous réponds

16 concrètement quand vous me posez des questions concrètes. Ne philosophez

17 pas.

18 Q. Dans cette déclaration, sur 22 pages, c'est d'une manière détaillée,

19 sans grande question.

20 M. le Président : Le témoin a répondu : c'est implicite. Vous avez posé la

21 question : comment vous n'avez pas mentionné ? Je crois que la question

22 devait être posée : pourquoi vous n'avez pas mentionné ? Et le témoin a

23 dit que c'était implicite. La condamnation à mort était implicite. Donc

24 vous avez la réponse. N'insistez pas. Passez à l'autre question, Maître

25 Simic.

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1 Q. Je vous remercie, Monsieur le Président.

2 Monsieur Beganovic, nous parlons à présent de votre entretien, en fait de

3 votre déposition dans l'affaire Tadic, page 117.

4 A l'époque, vous n'avez mentionné d'aucune manière le bout de papier dont

5 vous avez parlé hier et que vous qualifiez de condamnation à mort

6 aujourd’hui.

7 R. Ce n'était pas l'affaire Kvocka, c'était l'affaire Tadic, et j'ai

8 dit ce qui intéressait les enquêteurs et la Chambre à l'époque, ils me

9 posaient les questions et moi je répondais. Je ne me posais pas les

10 questions moi-même, je répondais aux questions qui m’étaient posées par

11 les autres.

12 Q. A la page 118, vous parlez de Ckalja, de Kvocka, or c’était

13 également dans l'affaire Tadic ?

14 R. Mais cela dépendait de la manière dont on me posait les questions.

15 Posez-moi les questions qui vous intéressent. Je ne vous comprends pas.

16 C’est comme si vous parliez japonais.

17 Q. Je vous demande clairement...

18 M. le Président : Maître Simic, le témoin a répondu : "Cela dépendait de

19 la façon de poser la question". Il a répondu, excusez-moi, n'insistez pas.

20 Q. A la fin, j'ai quelques questions à poser. Je cite une partie de la

21 page 125 du compte rendu d'audience de l'affaire Tadic : "Monsieur

22 Beganovic, à l'époque, pendant l’identification de M. Tadic avez-vous

23 dit : oui, il est là, ce Serbe nauséabond" ?

24 R. Oui.

25 Q. Merci.

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1 R. Ne l'aurais-je pas injurié ?

2 Mme Wald (interprétation) : J'essaie de comprendre la réponse. Quand vous

3 dites : l'avez-vous appelé "Serbe nauséabond", c'est Tadic ou Kvocka ?

4 Q. Il s'agit de M. Tadic, oui.

5 Mme Wald (interprétation) : Merci.

6 M. K. Simic (interprétation) : La dernière question, page 138 du compte

7 rendu d'audience, à un endroit vous dites : "Que mangeaient-ils ? –

8 Comment puis-je savoir ce que mangeaient ces ordures ? Du porc,

9 certainement !". Là, vous vous référez aux policiers serbes. L’avez-vous

10 déclaré dans l'affaire Tadic ?

11 R. Oui, ils buvaient du Raki, ils mangeaient des lardons.

12 M. le Président : Maître Simic vous a demandé si vous avez répondu cela ou

13 non. Il suffit de dire : oui. N'allez pas plus loin. Maître Simic ?

14 R. Je suis désolé, Monsieur le Président. Oui. Et les deux dernières

15 questions ?

16 Q. Monsieur Beganovic, hier, à partir de l'endroit où vous êtes assis,

17 n'avez-vous pas pendant que vous étiez tourné vers M. Radic, et j’aimerais

18 présenter mes excuses à toutes ces dames qui sont présentes dans ce

19 Tribunal, et j'aimerais m'excuser devant le Président, avez-vous dit :

20 "Que votre mère se fasse foutre" ?

21 R. Est-ce que je l’ai dit ? Qui l’a entendu, ce n’est pas vrai, je n'ai

22 pas dit cela.

23 Q. Monsieur Beganovic, une dernière question. Lorsque M. Kvocka a

24 remarqué et a posé la question à Radic, "est-ce qu’il l’avait vu

25 également", n’avez-vous pas dit à ce moment-là, et encore en présentant

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1 mes excuses à tous ceux présents dans le prétoire : "Je niquerai votre

2 mère à tous" ?

3 R. Non.

4 Q. Merci, Monsieur le Président et je vous remercie également. J’ai

5 terminé avec le contre-interrogatoire.

6 M. le Président : Merci beaucoup, Maître Simic.

7 Nous allons maintenant passer au contre-interrogatoire qui va être fait

8 par Me Stojanovic, selon l’ordre qui a été indiqué. Peut-être que Me

9 Stojanovic peut venir ici, sinon il va parler derrière le témoin.

10 M. Stojanovic (interprétation) : Monsieur le Président, je serai très

11 bref, je ne sais pas s'il est nécessaire de faire de la sorte. Voilà, nous

12 allons essayer de réduire les tensions qui ont surgi durant le contre-

13 interrogatoire de mon éminent collègue Simic et le témoin.

14 La défense de M. Zigic décide de ne pas poser des questions à

15 M. Beganovic. Nous savons que de l’affaire Tadic M. Beganovic a subi pas

16 mal de choses désagréables à Omarska. Je suis certain que le Tribunal

17 prendra en compte tous ces éléments dans sa décision. Nous ne pouvons

18 qu’énoncer notre…

19 M. le Président : Ce n'est pas le moment des allégations. Vous dites

20 seulement que vous n'avez pas de questions à poser, point.

21 Avez-vous ou non des questions à poser au témoin ?

22 M. Stojanovic (interprétation) : Non, nous n'avons pas de questions. Bien

23 sûr, avec ce que j'ai dit, je n'essaie pas de mettre la responsabilité sur

24 qui que ce soit dans cette affaire. Je vous remercie.

25 M. le Président : Donc, merci, Maître Stojanovic.

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1 Je donne la parole maintenant pour le contre-interrogatoire à

2 Me O'Sullivan.

3 (M. 0'Sullivan contre-interroge le témoin, M. Beganovic)

4 M. O'Sullivan (interprétation) : J'aimerais, s'il vous plaît, que

5 l'accusation me donne un document. Pourrais-je l'obtenir par

6 l'intermédiaire de l’huissier avant de me déplacer vers le podium ?

7 Monsieur Beganovic, nous avons déjà établi les faits au mois de décembre

8 1994, et nous avons établi que vous avez rencontré les enquêteurs du

9 Bureau de l'accusation en cette date, en janvier 1995. Est-ce que c’est

10 exact ?

11 R. Oui.

12 Q. Pourrait-on donner une copie de ces déclarations ? J'ai également

13 une copie pour la Chambre.

14 M. Dubuisson : Il s’agira de la pièce D1/2.

15 M. O’Sullivan (interprétation) : Vous avez deux documents devant vous,

16 l'un des documents est en anglais et l'autre est en langue bosnienne.

17 Voyez-vous ces deux documents ?

18 R. Oui.

19 Q. Vous pouvez peut-être suivre plus facilement en consultant la

20 version bosnienne… Est-ce que vous m'avez entendu ?

21 R. Oui.

22 Q. J’aimerais expliquer d'abord que je tiens la version anglaise qui a

23 été expurgée. Ce que vous avez devant vous, dans la version anglaise, vous

24 voyez que dans la version en langue anglaise il y a des passages expurgés.

25 Dans votre copie, il n’y a pas de passages expurgés, dans la version en

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1 langue anglaise. Est-ce que vous voyez ce document ? Il n'y a aucune

2 indication en noir dans votre copie en anglais.

3 R. Oui, c’est exact.

4 Q. Monsieur le Président, j’aimerais expliquer que le document que nous

5 avons reçu de l'accusation est un document qui n'a pas été expurgé, c’est

6 la raison pour laquelle je l’ai donné au témoin. Je m'excuse de vous avoir

7 donné une copie de la version expurgée, et c’est celle que j’avais en ma

8 possession, mais nous allons certainement pouvoir vous transmettre par la

9 suite des documents en version non expurgée.

10 La raison pour laquelle je vous ai donné ce document, Monsieur Beganovic,

11 c'est pour votre protection personnelle. J'aimerais que vous consultiez la

12 première page de votre déclaration.

13 R. En langue bosnienne ?

14 Q. Oui, je crois que c'est plus facile pour vous de suivre. Vous voyez

15 au-dessus, sur la page de couverture, vous voyez que c'est marqué "Le

16 Tribunal International pour l'ex-Yougoslavie". Est-ce exact ?

17 R. Oui.

18 Q. Et en dessous, c'est indiqué "Déclaration du témoin" ?

19 R. Oui.

20 Q. Un peu plus bas, sur cette première page, vous voyez les dates lors

21 desquelles les entrevues ont été prises ?

22 R. Oui.

23 Q. Et au bas de la page, votre signature est apposée. Est-ce exact ?

24 R. Sur la version bosnienne, ma signature n'y apparaît pas, mais dans

25 la version anglaise, oui, elle y apparaît.

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1 Q. Oui, c'est exact. Maintenant, si vous jetez un coup d'oeil à la

2 version anglaise, au bas de chaque page apparaissent vos initiales. Est-ce

3 exact ?

4 R. Oui.

5 Q. Pouvez-vous s'il vous plaît aller à la dernière page de la version

6 anglaise ?

7 R. Oui.

8 Q. Il faudrait peut-être aussi aller à la dernière page de la version

9 en bosnien : c'est indiqué "Acceptation du témoin", à la dernière page.

10 R. Oui.

11 Q. Et dans la version anglaise, vous allez voir que c'est en date du

12 19/01/95. Est-ce exact ?

13 R. Oui.

14 Q. Et vous avez signé en cette date. Est-ce exact ?

15 R. Oui.

16 Q. Au moment de la signature de cette acceptation, vous avez confirmé

17 avoir donné une déclaration libre et volontaire. Est-ce exact ?

18 R. Oui.

19 Q. Si l'on revient à la première page...

20 R. De la version anglaise ? D'accord.

21 Q. Vous avez rencontré les enquêteurs sur une période de quatre jours :

22 du 14 décembre 1994 au 18 décembre 1994. C'est-à-dire, en passant par le

23 18 et le 19 janvier 1995 ?

24 R. Oui.

25 Q. Le premier jour, le 14 décembre, combien de temps a duré cette

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1 rencontre avec les enquêteurs ? Etait-ce toute la journée ?

2 R. Je ne me souviens plus.

3 Q. Est-ce exact de dire que c'était une journée qui était constituée de

4 huit heures, une journée de travail normale ? Accepteriez-vous cette

5 proposition ?

6 R. Peut-être avec des intervalles, des interruptions. Je ne me souviens

7 vraiment pas très clairement, cela fait un certain temps.

8 Q. Le deuxième jour de cette entrevue, le 15 décembre, vous accepteriez

9 que l’on dise, vous rappelez-vous si c'était une journée normale de huit

10 heures, avec des pauses ?

11 R. Je ne me souviens, je ne peux pas vous le dire avec certitude. Je

12 sais simplement qu'il y avait des pauses, j'y étais présent.

13 Q. Et ce troisième jour, donc le 18 janvier, pourriez-vous nous dire

14 qu'il s'agissait d'une journée de travail régulière avec les enquêteurs,

15 et avec des pauses normales ?

16 R. Oui.

17 Q. Est-ce qu'il en va de même pour la quatrième journée de votre

18 rencontre ?

19 R. Probablement.

20 Q. La première page indique que vous avez été interviewé par trois

21 personnes, ce sont les noms qui apparaissent directement sous les dates :

22 M. Mac Intosh, Eglington et Blaxill. Est-ce cela ? Vous rappelez-vous de

23 ces trois personnes ?

24 R. Oui.

25 Q. Donc ils vous ont posé des questions et vous avez répondu à leurs

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1 questions ? Est-ce exact ?

2 R. Oui.

3 Q. Il n'y avait aucune pression sur vous pour faire cette déclaration.

4 Est-ce exact ?

5 R. Non.

6 Q. Vous avez parlé librement ?

7 R. Oui.

8 Q. Et vous n'avez pas fait cette déclaration à la hâte ? On ne vous a

9 pas demandé de vous dépêcher ?

10 R. Non, c'était une enquête qui prenait un cours normal.

11 Q. Très clairement, vous avez donné cette déclaration deux ans après

12 les événements pertinents. Est-ce exact ?

13 (Le témoin hoche de la tête.)

14 Donc ces événements étaient encore très frais dans votre esprit ?

15 R. A peu près.

16 Q. Accepteriez-vous la proposition que vous avez donnée, que vous avez

17 raconté du meilleur de votre souvenir, ce dont vous vous souveniez

18 concernant l'endroit et les gens qui étaient impliqués ?

19 R. J'essayais de mon mieux d'expliquer le plus clairement possible et

20 de répondre aux questions qui m'avaient été posées, pour aider à cette

21 enquête du meilleur de mon souvenir. J'ai vraiment essayé d'être clair et

22 précis.

23 Q. Et de compléter le travail ?

24 R. Oui.

25 Q. Parce que vous saviez que ce document, cette déclaration servirait

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1 lors des procédures pénales ?

2 R. Je ne savais pas très clairement, mais j'imaginais qu'un jour, que

3 ce jour arriverait puisque ces enquêteurs s'étaient présentés. Je croyais

4 qu'ils travaillaient sur une affaire et qu'un jour, peut-être dans cinq,

5 dix ou vingt ans, il y aurait une audience devant un tribunal. Mais je ne

6 pouvais pas le savoir à l'époque avec certitude.

7 Q. Je comprends que cela fait un certain temps, mais j'aimerais vous

8 rappeler l'acceptation que vous avez signée. Au bas de la page, il dit :

9 "Je suis tout à fait conscient que cette déclaration peut être utilisée

10 devant le Tribunal International Pénal lors de poursuites judiciaires".

11 Vous êtes donc d'accord avec moi que vous avez signé cette déclaration de

12 cette façon-là ?

13 R. Oui, tout à fait. J'étais conscient du fait que je signais une telle

14 déclaration, mais je ne savais pas quand cette déclaration comparaîtrait

15 ou quand j'aurais à comparaître devant la Cour. Mais j'avais donné mon

16 acceptation et j'avais dit que je viendrai, que je paraîtrai

17 volontairement à la Cour.

18 Q. Mais il n'apparaît nulle part dans votre déclaration le nom de Krle.

19 Vous ne mentionnez pas ce nom dans ces déclarations. Est-ce exact ?

20 R. J'ai simplement répondu aux questions. Si on m'avait posé une

21 question concernant Krle, j'aurais donné une réponse. Si vous me posez une

22 question sur Kvocka, je vais vous parler de Kvocka, et non pas de Krle.

23 C'était la façon de faire les choses durant l'enquête.

24 Je répondais aux questions qu'on me posait, mais je ne sais pas ce qui

25 intéressait les enquêteurs. Je ne pouvais pas savoir ce qui intéressait

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1 les enquêteurs. Etait-ce Kvocka ? Etait-ce Dusko Tadic ? ?

2 Q; Voulez-vous s'il vous plaît écouter mes questions et ne répondez

3 qu'à mes questions. Mais il n'apparaît nulle part dans votre déclaration

4 le nom de Krle. Est-ce exact ?

5 R. Je ne sais pas, je ne me souviens pas. Mais si le nom n'y apparaît

6 pas, donc je ne l'ai pas donné.

7 Q. Vous acceptez le fait que vous auriez omis de donner ce nom ?

8 R. Eh bien, si le nom n'apparaît pas dans la déclaration, cela veut

9 dire que je ne l’ai probablement pas donné. Je ne connais pas cette

10 déclaration par coeur.

11 Q. Pourriez-vous s'il vous plaît vous rendre à la page 17 de la version

12 en langue bosnienne qui apparaît à la page 18 de la version en anglais ?

13 R. Quelle question ?

14 Q. C'est la page 17 dans la version en langue bosnienne.

15 R. Oui.

16 Q. C'est la page 18, Monsieur le Président, la page anglaise pour ceux

17 qui suivent les débats en anglais.

18 Donc, sur cette page, vous parlez d'une personne qui s'appelle Brk qui

19 essayait de vous extorquer de l'argent pour vous libérer. Voyez-vous ce

20 passage ?

21 M. le Président : Maître O'Sullivan, peut-être serait-il utile de faire

22 référence au paragraphe pour placer dans la page ?

23 M. O'Sullivan (interprétation) : Oui, c'est très bien. Donc dans la

24 version anglaise il s'agit du troisième paragraphe, celui qui est le plus

25 long. C'est donc cinq lignes à partir du bas de la page. Dans la version

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1 bosnienne, il s'agit du deuxième paragraphe à partir de la fin, du bas de

2 la page.

3 Avez-vous trouvé ce passage, Monsieur Beganovic ?

4 M. Beganovic (interprétation) : Vous voulez dire concernant Brk ? Oui.

5 Q. Très bien. Vous mentionnez donc Brk et vous dites qu'il a essayé de

6 vous extorquer de l'argent pour vous libérer. Est-ce exact ?

7 R. Oui.

8 Q. Mais vous ne parlez pas de Krle à ce moment-là. Est-ce exact ?

9 R. Eh bien, on ne m'a probablement pas posé la question, à savoir qui

10 d'autre était présent. J'ai simplement dit avec qui j'avais eu des

11 contacts et j'affirme encore que Krle faisait partie du groupe de gens qui

12 étaient juste là. Je n'avais aucun contact avec Krle. Il était simplement

13 présent : il était debout, là, à côté.

14 Je ne me rappelle pas qui était encore avec eux. Je sais que Brk et Krle

15 étaient présents et peut-être un autre garde aussi, mais puisque c'était

16 Brk qui me parlait, c'est avec lui que j'avais des entretiens. C'est avec

17 lui que je faisais ces négociations, si oui ou non on allait me transférer

18 à Belgrade.

19 Q. Vous avez fait ces déclarations en toute vérité ?

20 R. Oui, bien sûr que j'ai dit la vérité, toute la vérité.

21 Q. Lorsque vous avez témoigné dans l'affaire Tadic, vous avez également

22 dit la vérité ?

23 R. Bien sûr, normalement.

24 Q. Vous n'avez jamais mentionné Krle l'affaire Tadic. Est-ce exact ?

25 R. Je ne l'ai pas mentionné parce qu'on ne m'a pas posé la question.

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1 Q. Vous avez raconté tout ce qui s'est passé dans votre déclaration.

2 Est-ce exact ?

3 R. J'ai dit simplement ce qui intéressait l'enquête, parce que j'aurais

4 pu vous parler d'Omarska pendant des années. Je ne finirai même pas d'en

5 parler. J'aurais certainement même, à ce moment-là, omis de mentionner

6 certains criminels qui oeuvraient à Omarska.

7 Q. Mais ma question est la suivante : comment se fait-il que lorsque

8 les événements étaient frais dans votre esprit, deux ans plus tard, vous

9 n'avez pas mentionné Krle dans l'affaire Tadic ? Comment voulez-vous que

10 je vous crois ?

11 M. le Président : Le témoin a déjà répondu. Il a dit qu'il a répondu dans

12 la mesure où les investigateurs l'ont demandé. Excusez-moi, passez à une

13 autre question, s'il vous plaît.

14 Q. Je n'ai plus d'autres questions.

15 M. le Président : Merci beaucoup, Maître O'Sullivan. Maître Fila, c'est à

16 vous maintenant. Nous sommes à plus ou moins sept minutes de la pause.

17 Ce n'est pas suffisant ?

18 M. Fila (interprétation) : Non.

19 M. le Président : Nous allons faire la pause maintenant. Nous reprendrons

20 avec votre contre-interrogatoire. La pause sera de 30 minutes.

21 M. Fila (interprétation) : C'est peut-être M. Simic qui a besoin de

22 7 minutes.

23 M. le Président : Merci beaucoup de votre attention. Donc M. Jovan Simic

24 va faire le contre-interrogatoire. C'est l'avocat de M. Prcac. Témoin,

25 vous allez répondre maintenant aux questions que M. Jovan Simic va vous

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1 poser. Vous avez la parole.

2 (M. J. Simic contre-interroge le témoin, M. Beganovic)

3 M. J. Simic (interprétation) : Merci, Monsieur le Président.

4 Monsieur Beganovic, dans votre déposition, hier, vous avez déclaré ne pas

5 connaître M. Kotlovac. Est-ce exact ?

6 R. Oui.

7 Q. Vous avez également déclaré, hier, que vous ne saviez même pas quel

8 était son prénom, que c'était Suad, Ravo ou Dagan. Est-ce exact ?

9 R. Nous l'appelions Drago Prcac.

10 Q. Mais vous ne connaissiez pas son vrai nom ?

11 R. Non.

12 Q. A deux reprises, vous avez mentionné M. Prcac, hier. Et les deux

13 fois vous avez mentionné que ce n'est pas quelque chose dont vous aviez eu

14 connaissance personnellement, mais que c'était du ouï-dire. Est-ce exact ?

15 R. Oui.

16 Q. Avez-vous entendu d'autres choses, des rumeurs ou des ouï-dire de

17 M. Prcac ?

18 R. Non, j'ai simplement...

19 Q. Merci. Je n'ai plus d'autre question, Monsieur le Président.

20 J'aimerais demander à la Chambre de prendre en considération qu'il ne

21 s'agissait pas de faits connus personnellement, mais simplement de ouï-

22 dire.

23 M. le Président : Oui, Monsieur, nous avons entendu le témoin. Donc

24 d'accord. Merci beaucoup, Maître Jovan Simic.

25 Je crois que 5 minutes ne sont pas suffisants pour Me Fila. Nous allons

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1 faire une pause d'une demi-heure.

2 (L’audience, suspendue à 10 heures 55, est reprise à 11 heures 25.)

3 M. le Président : Nous reprenons l'audience dès que nous aurons le témoin

4 dans le prétoire. Maître O'Sullivan ?

5 M. O'Sullivan (interprétation) : J'ai omis de demander quelque chose : la

6 pièce à conviction D1/2 a été cotée, mais je n'ai pas versé le document au

7 dossier. J'aimerais le faire maintenant. J'aimerais que cette pièce à

8 conviction fasse partie du dossier.

9 M. le Président : Madame Hollis, avez-vous quelque objection ?

10 Mme Hollis (interprétation) : Non, Monsieur le Président.

11 M. le Président : Peut-être vais-je vous faire une suggestion. A la fin du

12 témoignage, on peut peut-être traiter ensemble toutes les pièces qui ont

13 été utilisées au lieu de les faire chacune : c'est-à-dire soit pour

14 l'accusation, soit pour la défense, à la fin du témoignage, on traite

15 l'ensemble. Etes-vous d'accord ? Je crois que c'est mieux que de répéter

16 chaque fois.

17 Nous sommes prêts pour recommencer. Témoin, vous allez maintenant répondre

18 aux questions que Me Fila -avocat de la défense de M. Radic- va vous

19 poser. Maître Fila, vous avez la parole.

20 (M. Fila contre-interroge le témoin, M. Beganovic.)

21 M. Fila (interprétation) : Monsieur Beganovic, je ne vais certainement pas

22 vous poser les questions auxquelles vous avez déjà répondu. Je vous crois

23 complètement. En revanche, je vais devoir vous poser certaines questions

24 et je ne veux pas vous faire souffrir.

25 Alors j'aimerais d'abord vous poser la question à laquelle vous allez

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1 certainement donner la même réponse que vous avez donnée à mes deux

2 collègues. Quelle est la raison pour laquelle vous n'avez pas mentionné

3 les noms dont il était question tout à l'heure, dans l'affaire Tadic ?

4 R. Eh bien, on ne m'a pas posé la question.

5 Q. Oui, très bien, Monsieur le Président. Il fallait absolument que je

6 pose cette question, malheureusement.

7 M. le Président : Très bien, merci. Vous n'avez pas insisté. Très bien,

8 merci.

9 Q. J'imagine que M. Krkan était complètement inconnu de vous, avant

10 d'arriver ici.

11 R. Non.

12 Q. A quel moment avez-vous appris pour la première fois que son nom

13 était Krkan ou Mlado Radic ?

14 R. Aucun.

15 Q. Donc c'est au camp que vous avez entendu parler de son prénom et de

16 son nom de famille ?

17 R. Oui.

18 Q. Donc au moment où vous avez fait votre déclaration avec les

19 enquêteurs, vous saviez comment il s'appelait ?

20 R. Oui.

21 Q. Très bien, merci. A la réponse de mes collègues, vous avez répondu…

22 Je reprends. A la réponse d'une question de Mme Hollis, vous avez répondu

23 l'avoir vu à plusieurs reprises passer près du réfectoire ou de cette

24 salle où l'on mangeait, au restaurant. Vous avez dit que vous l'aviez vu

25 dans une pièce où il y avait un mur en verre ou une fenêtre en verre. Je

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1 voulais simplement mentionner que le témoin n'avait pas indiqué où se

2 trouvait cette pièce en verre, et de quoi il s'agissait non plus.

3 Maintenant, j'aimerais vous poser la question suivante : pourriez-vous

4 nous montrer de quelle pièce il s’agissait ?

5 M. le Président : Monsieur l'Huissier, vous pouvez aider le témoin à se

6 déplacer, s'il vous plaît, pour répondre à Me Fila.

7 (L'huissier s'exécute.)

8 R. Je parlais de cette partie-ci.

9 Q. Que faisait-il dans cette pièce lorsque vous l'avez vu ?

10 R. Il entrait, il descendait.

11 Q. Oui, très bien, vous l'avez déjà dit. Mais vous avez également dit

12 qu'il se tenait debout à cet endroit. De quelle façon était-il debout ?

13 Tenait-il la garde ou quoi ?

14 R. Non, je ne sais pas. Je l'ai simplement vu debout.

15 Q. Non, non. Je ne veux pas argumenter. C'est tout. Merci. J'ai posé la

16 question. Très bien. Vous avez également dit qu'il portait un fusil

17 automatique.

18 R. Oui.

19 Q. Avez-vous pu remarquer de quelle façon les gens étaient armés, des

20 personnes que vous avez vues ? Je parle, bien sûr, seulement des gardes.

21 R. Pour la plupart, oui, bien sûr. Ils étaient armés de fusils

22 automatiques.

23 Q. Ainsi que Mlado Radic ? Ou y avait-il d'autres personnes qui

24 portaient d'autres armes ?

25 R. Il y avait des personnes qui portaient également d'autres armes.

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1 M. le Président : Est-ce que le témoin peut s'asseoir ou avez-vous besoin

2 qu'il soit debout ? D'accord. Témoin, vous pouvez vous asseoir, s'il vous

3 plaît, reprendre votre place. Merci.

4 Q. Toutes les questions que je vous pose, je vous parle des policiers ;

5 c'est-à-dire je vous parle de gardes. Je ne veux pas savoir si quelqu'un

6 est entré. Je pensais à Zigic, par exemple. Vous avez mentionné, hier, que

7 M. Kvocka avait un fusil à pompe.

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce que c'était exactement la même arme que portait Mlado Radic ?

10 R. Oui.

11 Q. Y avait-il quelqu'un d'autre qui avait d'autres armes ?

12 R. Je ne peux pas m'en souvenir à ce moment-ci. Ils portaient pour la

13 plupart des armes automatiques.

14 R Oui, pour la plupart.

15 Q. Très bien. Si je vous ai bien compris, hier -je ne veux pas

16 argumenter, je veux simplement savoir si je vous ai bien compris-, lorsque

17 vous vous trouviez dans la chambre n°15, ou dans cette pièce n°15, vous ne

18 pouviez pas voir à l'extérieur ce qui se passait ?

19 R. Non.

20 Q. Et dans la pièce à Mujo ?

21 R. Dans la pièce à Mujo, il m'arrivait de temps en temps de sortir à

22 l’extérieur, et j'étais assis contre le mur de l'immeuble.

23 Q. Donc vous pouviez voir ce qui se passait depuis la Pista, pendant

24 votre séjour à la Pista ?

25 R. Oui.

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1 Q. Pourriez-vous maintenant nous expliquer, et Monsieur Beganovic je

2 vous comprends tout à fait bien, vous n'étiez pas à Cuba où à Hawaï, ce

3 n'était pas un séjour agréable, je sais très bien que vous ne pouvez pas

4 me donner de détails avec précision, mais par contre je voulais vous

5 demander ceci : pourriez-vous peut-être nous parler, pendant cette période

6 qui a duré 2 mois à 6 mois environ, quel est le temps que vous avez passé

7 sur la Pista ?

8 R. De 10 à 12 jours.

9 Q. Donc, pendant les 10 à 12 jours, votre témoignage concernant Krkan

10 et Mlado Radic, se rapporte à cette période qui a duré de 10 à 12 jours.

11 C’est à ce moment-là que vous l'avez vu, est-ce exact ?

12 R. Par la suite, je crois que je l'ai vu plus souvent.

13 Q. Où était-il ?

14 R. A la sortie.

15 Q. Oui, eh bien, là où vous avez indiqué, à l’endroit que vous avez

16 indiqué, je parle de cet espace, de cette zone que vous avez indiquée ?

17 R. Oui, cette partie qui se trouvait adjacente au restaurant, du côté

18 qui m’est plus proche.

19 Q. Très bien, donc je vous ai bien compris. C'est seulement cela que je

20 voulais vérifier. Vous avez parlé d'un garde qui s'appelle Pavlovic. Je ne

21 sais pas comment expliquer pour ne pas utiliser de très mauvais mots, mais

22 vous a-t-il confisqué quelque chose, vous a-t-il pris votre nom, était-il

23 arrogant envers vous ?

24 R. Lorsqu'il a vu les pétards que j'ai sortis de ma poche, oui.

25 Q. Donc c'était lui qui énumérait les choses que les gens sortaient de

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1 leurs poches ?

2 R. Oui.

3 Q. Donc c'est lui qui prenait les noms des gens, qui dressait une liste

4 des effets personnels ?

5 R. Oui.

6 Q. Donc, après cette histoire avec les pétards, est-ce que quelqu’un

7 aurait pris votre nom par la suite ? Est-ce qu’on vous aurait mis sur une

8 liste ?

9 R. Non, personnellement, non, mais Koka, pendant qu'il dressait cette

10 liste, quand j'étais assis tout à côté de la maison blanche, c'est ce

11 jour-là qu'on a mis mon nom, donc un mois plus tard à peu près.

12 Q. Connaissiez-vous Omarska pendant que c'était encore une mine ?

13 R. Oui, je connaissais Omarska, mais je n'avais jamais pénétré à

14 l'intérieur de ce hangar, et je n'étais jamais présent dans ce restaurant.

15 Q. Vous avez parlé des "conditions de vie inhumaine", et si vous voulez

16 que je vous approuve, il est vrai qu’elles étaient inhumaines puisque que

17 c’est vous qui avez bien utilisé ces termes des "conditions inhumaines".

18 Pouviez-vous établir d'où provenait l'eau que vous receviez et qu'on vous

19 donnait ?

20 R. Il y avait un robinet qui se trouvait là, il y avait également un

21 robinet dans la pièce à Mujo.

22 Q. Donc on ne vous faisait pas parvenir une eau d'ailleurs ?

23 R. Non.

24 Q. Qui préparait la nourriture ?

25 R. Je ne sais pas.

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1 Q. Vous avez répondu plus tôt qu’on vous a échangé pour quelqu'un ;

2 pour qui ?

3 R. Contre des civils serbes.

4 Q. Où étaient-ils ?

5 R. C'étaient des gens qui se trouvaient… Je ne sais pas, je crois

6 qu’ils étaient tout prêts de Batkovic, de Tuzla, je ne sais pas, je n’ai

7 aucune idée, on a été échangés contre….

8 Q. S’agissait-il de détenus comme vous ?

9 R. Non.

10 Q. De quelle façon le savez-vous ?

11 R. Eh bien, nous le savons parce que c’est ce que les gens disaient. On

12 était là pendant une heure à peu près. En fait, c’étaient des civils qui,

13 j’imagine, voulaient quitter ce territoire. Et nous avons été échangés

14 contre ces civils. Alors c’étaient des femmes âgées, des vieillards

15 également qui avaient de 60 à 70 ans, et c’étaient des gens qui faisaient

16 partie de mon groupe, je n'ai pas vu de personnes qui étaient âgées de 40

17 ans.

18 Q. Mais pour quelle raison les a-t-on échangés ? Pourquoi par exemple

19 on ne les aurait pas laissé partir tout seuls ?

20 R. Eh bien, vous savez très bien que les trois partis étaient

21 impliqués, que tout le monde était impliqué, que les trois partis

22 nationaux avaient la même politique.

23 Q. Oui, je suis d’accord avec vous. Et maintenant, pour terminer, je

24 n'aurais qu'une question, j’espère que vous allez répondre à cette

25 question. Monsieur Beganovic, lors de votre déposition concernant

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1 l'affaire Tadic, il en sort, il en découle quelque chose qui n'est peut-

2 être pas gentil envers le peuple entier. Vous savez, il est certain qu'il

3 y a des ordures dans les trois appartenances ethniques. Ce n'est pas

4 gentil de dire que "les Serbes sont des ordures" et j'espère que vous ne

5 le pensez pas ?

6 R. Non, c'est à ce moment-là que je l'ai sorti, j'étais révolté et

7 c'était peut-être un état psychologique dans lequel je me trouvais.

8 Maintenant, quand je rentre à Prijedor, je m'assois avec les Serbes, je

9 leur parle. C’est vrai que j'ai eu un conflit avec deux personnes,

10 c'étaient des criminels, ces deux personnes-là. Et puis ils travaillent

11 l’œuvre là-dessus pour qu'on ne revienne pas à Prijedor. Je n'ai eu qu'un

12 conflit avec ces gens-là. Mais pendant les 2 derniers mois à Prijedor, je

13 m’assois avec les propriétaires serbes, je bois avec eux et il n’y a

14 jamais eu aucun problème.

15 Q. Donc il n'y a pas de problème. Si demain nous nous croisions dans la

16 rue, on se saluerait ?

17 R. Oui.

18 M. le Président : Maître Stojanovic, est-ce que vous avez changé d’avis ou

19 non ?

20 M. Stojanovic (interprétation) : Non, Monsieur le Président,

21 malheureusement cette fois-ci j'aurais une objection à une question

22 concernant les visiteurs d'Omarska qui a mentionné le nom de Zigic, et

23 j'aimerais simplement rappeler que son client Radic a déclaré ne jamais

24 avoir vu Zigic. Donc je crois que mentionner le nom de Zigic serait peut-

25 être non approprié.

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1 M. le Président : D’accord. Donc Madame Hollis, vous avez la parole pour

2 la réplique.

3 (Mme Hollis pose des questions supplémentaires au témoin, M. Beganovic.)

4 Mme Hollis (interprétation) : Monsieur Beganovic, pendant le contre-

5 interrogatoire de M. Simic qui représente l'accusé Kvocka, vous avez

6 déclaré qu'un homme qui s’appelle Kuruzovic était en train d’organiser la

7 D.O. ?

8 R. Kurozovic Slobodan était un professeur de mathématiques, c'était le

9 professeur principal de ma classe, et j'étais très proche de cet homme.

10 Très souvent, il nous arrivait d'aller ensemble, de passer les fins de

11 semaine à Kozarac, dans un centre, dans un hôtel, et donc on passait

12 souvent les week-ends. Après la guerre, il s'est joint à l'armée serbe. Il

13 était le premier à se présenter sur le front, il était commandant en

14 Croatie, il revenait avec le butin de la guerre de Croatie. Parfois, il

15 arrivait avec des Mercedes, également des chevaux de race. C'est un des

16 hommes clés à Prijedor s'agissant de l'armée et du parti SDS. C'était une

17 personnalité des plus connues à Prijedor au début de la guerre.

18 Q. Très bien, merci, cela répond à ma question. Lorsque vous avez

19 mentionné qu'il avait organisé les D.O., qu'est-ce que vous vouliez dire ?

20 Que signifient ces termes "D.O." ?

21 R. C'est la Défense territoriale du peuple serbe, de l'armée serbe.

22 Q. Et M. Kuruzovic, à quel groupe ethnique appartient-il ?

23 R. Il est serbe.

24 Q. Pendant les questions concernant les armes que vous avez reçues de

25 votre père, vous avez mentionné avoir hérité d’un fusil de chasse, c'était

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1 un fusil à lunettes. C'est la façon dont cela a été traduit : "Avec un

2 snipper", en anglais. Qu'est-ce que cela veut dire "un fusil avec un

3 snipper" ?

4 R. Eh bien, "snipper", c'est une lunette qu'on pose sur une carabine

5 pour pouvoir voir le gibier de loin. C'est donc habituel de monter, de

6 dresser ce genre de lunettes lorsqu'on va à la chasse, lorsqu'on chasse

7 les loups, le gros gibier.

8 Q. C'est donc une certaine aide apportée par ce fusil ?

9 R. Oui.

10 Q. Maintenant, on vous a posé des questions et vous avez été d'accord

11 sur le fait que vous avez été trouvé coupable de plusieurs délits

12 criminels concernant le délit à Prijedor de recel et de pickpocket ? En

13 quelle année ou quand ces délits ont-ils été commis ? En fait, quand avez-

14 vous été trouvé coupable pour ces délits, en quelle année ?

15 R. Au début des années 70. Je ne voudrais pas prendre trop de temps de

16 cette Chambre, mais ce sont des délits que j'avais signés, mais on m'avait

17 forcé. Monsieur Simo Miskovic, qui travaillait sur les jeunes

18 contrevenants, avait donc énuméré et avait inscrit les délits...

19 Q. Attendez, je vais vous arrêter. Au début des années 70, quel âge

20 aviez-vous ?

21 R. J'avais 15, 16, 17 ans.

22 Q. Et concernant le délit de pickpocket sur le tramway à Zagreb, quel

23 âge aviez-vous ?

24 R. Je crois que j'avais 20 ans.

25 Q. S'agissant maintenant de cette conduite en état d'ébriété, quel âge

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1 aviez-vous à Banja Luka à cette époque ?

2 R. Je crois que j'avais 25 ans à l'époque.

3 Q; D'après vous, quelle est la sentence que vous avez reçue à Novi Sad

4 ? De quel délit s'agissait-il ?

5 R. A Novi Sad, il y avait un homme qui conduisait ma voiture. J'étais

6 dans un restaurant, nous étions venus pour affaires à Novi Sad. Nous

7 étions cinq. J'avais prêté ma voiture à cet homme, et c'était un homme

8 d'origine serbe. C'était un ami de Prijedor, il s'appelait Brane Copija.

9 Il conduisait cette voiture et il a eu un petit accident.

10 La police s'était présentée, je n'étais pas sur place, je n'étais pas là.

11 Ils ont inscrit au dossier ce qui s'était passé. Par la suite, un policier

12 s'est présenté pour obtenir les papiers d'assurance car ils ne s'y

13 trouvaient pas dans la voiture. Il s'est donc présenté au restaurant avec

14 cet homme. Je lui ai donné les papiers d'assurance, la voiture était

15 assurée à Ckalja.

16 L'homme qui était derrière le volant n'était pas du tout responsable de ce

17 délit, une femme l'a frappé, simplement. On a donc inscrit au dossier ce

18 qui s'était passé.

19 L'homme a pris un café avec nous. Il m'a donc pris ma police d'assurance.

20 Je lui ai demandé si c'était possible de m'envoyer le plus tôt possible ce

21 PV et que j'allais payer la contravention.

22 Par la suite, j'ai reçu une accusation me disant que j'avais essayé de le

23 soudoyer avec 100 marks, et donc ce dossier a été complètement changé.

24 Premièrement, je n'étais pas derrière le volant, j'avais une police

25 d'assurance. Et l'homme derrière le volant n'était pas coupable.

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1 Donc, tous ces gens qui étaient là ont pu voir que je n'ai jamais été seul

2 avec le policier. Le policier aurait dû être trouvé coupable et ils ont

3 fait un criminel de moins depuis l'âge de 15 ans, finalement. Ce procès

4 s'est terminé avec...

5 Q. Merci, très bien. Monsieur, je vous interromps ici, cela répond à ma

6 question.

7 Vous avez également témoigné sur le fait qu'il y a environ deux mois vous

8 étiez à Prijedor et qu'il y a eu un échange physique et verbal, qu'il y a

9 eu un incident. Que s'est-il passé ?

10 R. Comme je l'ai mentionné plus tôt, j'étais allé voir quelques amis

11 serbes qui étaient dans l'hôtellerie également. Je suis allé voir mes

12 amis, on était assis, on rigolait, on parlait comme avant la guerre.

13 C'était tout à fait normal.

14 Je me suis par la suite présenté dans un commerce et on a commencé à me

15 parler verbalement de Dusko Tadic. On m'a demandé comment cela se fait que

16 j'ai mentionné son nom, il n'est jamais allé à Omarska, etc.

17 Il y a eu un petit conflit et un de mes amis et moi avons en fait passé le

18 Sanski Most, le pont de Sanski Most, tout près de Tukovi.

19 Vukojevic s'est présenté devant nous, devant la voiture. Nous avons

20 immobilisé la voiture et il y a eu une bagarre physique légère finalement,

21 et c'est tout ce qui s'était passé. Et maintenant, je vois qu'on m'avait

22 trouvé coupable à Prijedor et qu'il y a un procès contre moi. Je vois que

23 tout est inchangé, comme avant la guerre.

24 Q. Pendant votre témoignage et pendant vos questions à l'examen en

25 chef, vous avez mentionné le jour où on vous a emmené au camp. Et dans

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1 votre témoignage précédent, vous avez mentionné que vous aviez dormi, vous

2 vous étiez réveillé tard puisque vous aviez trop bu la veille et que, à un

3 certain moment donné, votre ami Asef vous a réveillé.

4 R. Oui.

5 Q. Ensuite, vous avez mentionné avoir commencé à écouter la radio et

6 vous avez entendu des annonces donnant des instructions sur comment agir.

7 Donc, pendant que vous écoutiez la radio et que vous entendiez ces

8 instructions, vous rappelez-vous quel jour il était ?

9 M. O'Sullivan (interprétation) : Ma collègue se réfère à l'examen en chef,

10 et je crois que la réplique doit clarifier certains points qui n'ont pas

11 été clarifiés durant le contre-interrogatoire. J'aimerais vous soumettre

12 avec respect que ma collègue agit contrairement à l'article, se réfère à

13 la page 18 et 58 du témoignage.

14 M. le Président : Vous vous souvenez très bien que Me Simic a beaucoup

15 parlé de cette question de radio. Il faut peut-être attendre la question

16 de Mme Hollis. D'accord ? S'il vous plaît.

17 M. O'Sullivan (interprétation) : Il est vrai qu'elle a posé la question au

18 témoin, mais il n'y a aucune mention du contre-interrogatoire, aucune

19 référence au contre-interrogatoire dans sa question puisqu'elle parle de

20 la page 59 et de la page 18.

21 M. le Président : En ce moment, j'ai compris que Mme Hollis place le

22 témoin pour lui poser la question. Elle n'a pas encore posé la question.

23 Mais je ne veux pas interpréter Mme Hollis, je vais lui donner la parole.

24 Madame Hollis, avez-vous quelque chose à répondre à l'objection de

25 Me O'Sullivan ?

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1 Mme Hollis (interprétation) : Merci, Monsieur le Président. Monsieur le

2 Président, il serait peut-être mieux que, lors de nos entretiens, on

3 demande au témoin d'enlever les écouteurs. Alors, j'aimerais que l'on

4 demande au témoin d'enlever ses écouteurs lorsqu'il y a ces échanges.

5 M. le Président : Vous pouvez enlever vos écouteurs, Témoin. Merci

6 beaucoup.

7 Mme Hollis (interprétation) : Oui, Monsieur le Président, ces questions

8 sont des précisions que j'essaie d'apporter au contre-interrogatoire et

9 aux questions, à savoir à quel moment on a écouté la radio.

10 Il est dans notre position de savoir qu'il est possible de se référer à

11 l'examen en chef pour essayer d'apporter des précisions. Et le témoin a

12 déjà mentionné qu'il s'agissait du 30 mai et qu'il écoutait la radio à

13 cette date.

14 Durant le contre-interrogatoire, il y avait des questions qui lui ont été

15 posées sur le fait qu'il aurait entendu quelque chose durant la nuit ou

16 très tôt le matin.

17 Maintenant, pour apporter quelques précisions avec le témoin, j'aimerais

18 savoir quelle heure il était lorsqu'il a écouté la radio. Dans son examen,

19 il a mentionné que c'était bien le 30. Je voulais simplement revenir là-

20 dessus pour apporter quelques précisions. Je pourrais, techniquement,

21 mentionner les écarts qui sont énoncés dans le contre-interrogatoire et

22 par la suite revenir aux autres questions. Je ne l'ai pas fait de cette

23 façon-là pour gagner du temps, mais je pourrais le faire, si vous le

24 voulez bien.

25 M. Le Président : Oui, et je crois que j'avais compris cela.

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1 Maître O'Sullivan, vous maintenez votre objection après cet

2 éclaircissement de Mme Hollis ou non ?

3 M. O'Sullivan (interprétation) : Je n'ai aucune objection si les questions

4 supplémentaires sont posées et découlent du contre-interrogatoire.

5 M. Le Président : Oui, mais elles découlent. Donc l'objection est rejetée

6 si vous la faites. Madame Hollis, vous pouvez continuer.

7 Mme Hollis (interprétation) : J'aimerais demander à ce que le témoin

8 remette ses écouteurs.

9 Alors, dans votre témoignage, lorsque vous avez mentionné d'avoir écouté

10 des instructions qui vous ont été données à la radio, quel jour ou quelle

11 heure était-il pendant que vous écoutiez la radio et que vous entendiez

12 ces instructions ?

13 R. Eh bien, il faisait jour et il devait être environ 11 heures ou

14 midi, jusqu'à une heure, peut-être, de l'après-midi chez le docteur Esad

15 Sadikovic dans sa maison.

16 Par la suite, j'ai mentionné l'incident pendant lequel je me suis sauvé du

17 soldat qui a tiré des rafales sur moi. Je me suis caché dans cette autre

18 maison. Nous avons à nouveau écouté la radio. Il était peut-être 3 ou

19 4 heures. Nous écoutions la radio, et nous entendions ses instructions

20 toute la journée jusqu'à ce que l'on soit arrêtés. Ils ont arrêté le

21 nombre de personnes qu'il voulait.

22 Q. Et de nouveau, pour apporter plus de précision, de quel jour, de

23 quelle date il s'agissait ?

24 R. Il s'agissait du 30 mai 1992.

25 Q. On vous a posé plusieurs questions concernant une personne que vous

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1 auriez connue sous le pseudonyme de Krkan, l'homme que vous avez vu dans

2 le camp d'Omarska. Certaines de ces questions vous ont été posées compte

3 tenu du fait que vous aviez déclaré l'avoir vu passer à côté du restaurant

4 à plusieurs reprises. Après, on vous a demandé si vous le voyiez de temps

5 en temps.

6 Moi, je voudrais vous poser plusieurs questions pour clarifier la

7 fréquence des entrevues. Combien de fois avez-vous vu M. Krkan ?

8 R. Probablement à chaque fois qu'il était d'équipe.

9 Q. Pourriez-vous nous donner une évaluation, pour cette Chambre, pour

10 savoir quelle était la fréquence de ces entrevues ?

11 R. A peu près tous les deux jours, plus ou moins.

12 Q. Vous le voyiez tous les 2 jours. Et à combien de reprises par jour

13 le voyiez-vous ?

14 R. Parfois c'était 10 fois par jour, des fois 2 fois. Nous devions

15 garder nos têtes baissées très souvent, et nous passions peut-être toute

16 la journée allongés sur le ventre pendant 12 heures. Des fois, ils nous

17 laissaient assis plusieurs heures d'affilée. Donc si nous étions assis,

18 nous pouvions le voir de façon ininterrompue plus ou moins.

19 Q. Pendant que vous étiez sur la Pista, où cela se situait-il ? Vous

20 avez dit, lors du contre-interrogatoire, que vous l'aviez aperçu à côté de

21 la cantine, du réfectoire. L'avez-vous vu à d'autres endroits pendant que

22 vous étiez sur la Pista ?

23 M. Fila (interprétation) : Je dois faire objection, Monsieur le Président,

24 car il s'agit maintenant d'un interrogatoire principal. Maintenant, nous

25 sommes en train d'élargir le contre-interrogatoire principal, enfin de se

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1 référer au contre-interrogatoire. J'estime que l'accusation vient de

2 sortir des cadres qu'elle s'était imposée. Je vous remercie.

3 M. le Président : Madame Hollis ?

4 Mme Hollis (interprétation) : Ce témoin a été questionné quant à savoir

5 quand il avait vu M. Krkan. Lorsque ces questions étaient posées, on a

6 utilisé certains termes pour clarifier les différents aspects. Et moi, je

7 voulais tirer plus au clair les choses.

8 Il avait dit qu'il avait aperçu cette personne à côté du bâtiment du

9 réfectoire. Je voulais savoir où exactement. Il s'agit de questions qui

10 ont été posées lors du contre-interrogatoire. Ce que je voudrais, c'est

11 que l'on clarifie où il l'avait vu. Etait-ce tout près du bâtiment du

12 réfectoire ? Je crois que cela a été mentionné lors du contre-

13 interrogatoire, et j'estime avoir le droit de poser cette question.

14 M. le Président : Oui, mais je crois que le témoin s'est levé quand même

15 pour indiquer l'endroit précis. De toute façon, je vais donner la parole à

16 Me Fila. Maître Fila ?

17 M. Fila (interprétation) : Je lui ai posé, moi, la question à combien de

18 reprises il l’avait vu, à quelle période, et l'accusation a clarifié la

19 chose. Je suis bien d'accord.

20 Mais maintenant, quant à savoir sur quel site il avait dit avoir vu Krkan,

21 il avait répondu à cette question posée par l'accusation. Moi, j'avais

22 demandé que l'on nous montre avec le pointeur l'endroit exact. Au-delà,

23 cela devient un nouvel interrogatoire principal.

24 L'accusation vient de demander où il l'avait encore vu ; donc d'autres

25 endroits. Voilà, c'est tout ce que je voulais dire.

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1 M. le Président : Madame Hollis, vous pouvez reprendre la réponse du

2 contre-interrogatoire -ou la question- et faire vos précisions, s'il vous

3 plaît. S'il s'agit d'une répétition, ne répétez pas.

4 Mme Hollis (interprétation) : Bien entendu, Monsieur le Président.

5 Monsieur Beganovic, au cours du contre-interrogatoire on vous avait

6 demandé si vous aviez vu l'accusé Krkan à plusieurs reprises, à Omarska.

7 A un moment, entre autres, on vous a demandé si vous l'aviez vu à

8 plusieurs reprises. Puis, on vous a demandé si vous l'aviez vu à côté du

9 bâtiment du réfectoire. Et l'un des conseils de la défense vous avait

10 demandé de montrer la pièce vitrée où vous aviez dit l'avoir vu. C'est du

11 moins ce que j'ai reçu comme interprétation. Nous pourrons nous pencher

12 sur le compte rendu d'audience.

13 En montrant une zone déterminée, vous avez dit que vous l'aviez vu à cet

14 endroit-là, donc dans cette partie-là du réfectoire. C'était votre

15 réponse.

16 Ma question est la suivante : est-ce que vous l'avez vu à d'autres

17 endroits encore ? Car le témoin a montré un seul emplacement concret. Je

18 pose cette question partant de la façon dont j'ai pu prendre lecture du

19 compte rendu d'audience.

20 M. le Président : [Hors micro]… nous n'avons pas réédité cette question,

21 c'est une question importante. Si le Procureur ne peut pas la poser, les

22 Juges la poseront. Donc posez la question, Madame Hollis. Cette question

23 est importante pour la justice.

24 Mme Hollis (interprétation) : Merci, Monsieur le Président. Monsieur

25 Beganovic, au sud de l'endroit que vous avez désigné à proximité du

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1 réfectoire, et où vous avez dit avoir vu Krkan, dans quelles autres

2 parties avez-vous pu apercevoir M. Krkan au niveau du camp -si tenté que

3 vous l'ayez vu ?

4 M. le Président : Témoin, est-ce que vous pouvez vous lever et indiquer,

5 s'il vous plaît ?

6 (Le témoin s'exécute.)

7 R. Il sortait de cette pièce que l'on appelait la "pièce à Mujo", et

8 ici.

9 M. le Président : Si Me Fila le veut, vous pouvez vous approcher. Vous

10 voyez bien de là ? Excusez-moi de vous interrompre, Témoin et Madame

11 Hollis. Vous pouvez continuer.

12 Q. Vous avez dit qu'il sortait parfois de la pièce à Mujo et qu'il

13 allait, et vous montrez le côté du restaurant qui se trouve du côté des

14 Juges. N'est-ce pas ?

15 R. Eh bien, nous étions là, placés. On était assis, on nous laissait

16 prendre un peu l'air ; cela arrivait également de temps en temps. Ce qui

17 fait que nous avons pu voir tous les gardiens se déplacer. Nous pouvions

18 tout voir. Ici, des fois on nous laissait fumer, par là. Et ils allaient

19 et venaient par ici. Je ne sais pas ce qu'ils faisaient.

20 En tout état de cause, nous avons tous pu voir cela. Il n'y avait rien

21 d'étonnant à cela.

22 Q. Monsieur Beganovic, je m'excuse. Nous sommes en train de parler de

23 Krkan. Vous avez dit que vous l'aviez vu sortir de la pièce à Mujo. Qui

24 sortait de la pièce à Mujo ?

25 R. Nous, nous les détenus.

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1 Q. Lorsque vous sortiez de cette pièce à Mujo, vous pouviez

2 l'apercevoir. Où pouviez-vous l'apercevoir ?

3 R. Il se déplaçait par ici, sur la Pista. Il était vers le restaurant,

4 vers le réfectoire. Il revenait, il revenait à nous. Ils étaient là de

5 garde. Je ne sais pas ce qu'ils faisaient mais ils allaient et venaient

6 par là sans arrêt, tous les jours.

7 M. le Président : Excusez-moi de vous interrompre. Si l'huissier maintient

8 la caméra, est-ce que le témoin peut indiquer une extrémité et l'autre

9 extrémité du mouvement, sans faire ça et ça avec le pointeur. Indiquez-

10 nous une extrémité et l'autre extrémité, s'il vous plaît. Madame Hollis,

11 pouvez-vous m'aider, s'il vous plaît ?

12 Mme Hollis (interprétation) : Oui. Vous nous avez montré une zone assez

13 vague du site où vous avez pu voir Krkan. Est-ce qu'avec votre pointeur

14 vous pourriez nous montrer d'où à où celui-ci se déplaçait ? C'est-à-dire

15 en allant de l'endroit qui était le plus proche -alors que vous sortiez de

16 cette pièce à Mujo-, jusqu'à l'endroit qui était le plus éloigné de vous.

17 Cela nous faciliterait la chose.

18 R. Eh bien, cela se trouvait à un ou deux mètres de moi. Si nous étions

19 assis, ici, il n'y a que quelques mètres jusqu'à cet endroit. Et s'il

20 allait vers la fourgonnette, il passait juste à côté de nous, pour être

21 concret. Il n'y avait pas une grosse distance entre nous.

22 Q. Concentrons-nous, si vous le voulez bien, sur les opportunités où

23 vous aviez pu le voir sur la Pista, dans quelle zone de la Pista, et si

24 vous l'avez vu un peu partout sur la Pista dites-le nous ?

25 R. Je le voyais quand il sortait par cette sortie, il allait de ce

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1 côté-ci ou de ce côté-là, mais nous n'étions pas intéressés par le fait

2 qu'il sorte ou qu'il aille quelque part, ce qui était important c'était

3 qu'il ne nous interpelle pas et qu'il ne vienne pas nous faire subir de

4 mauvais traitements. Mais il allait là ou de ce côté-ci, c'était à

5 quelques mètres de là où nous étions nous-mêmes, ce qui fait que…

6 Q. Monsieur Beganovic, vous venez de montrer avec le pointeur qu’à

7 certaines occasions vous avez aperçu Krkan sortir de l'entrée principale

8 de cet immeuble de réfectoire, ce bâtiment de réfectoire, et qu'il allait

9 en se dirigeant vers la gauche ou vers la droite, n’est-ce pas ?

10 R. Oui.

11 Q. Et dans quelles autres zones du camp, et je vous prie de nous les

12 montrer une par une, vous avez eu l'occasion d’apercevoir Krkan pendant

13 votre séjour à Omarska ?

14 R. Je le voyais s'attarder ici, et on voyait parfois Krkan debout là-

15 bas. Nous regardions vers Krkan, nous observions ce qu'il allait faire, où

16 il allait se diriger. Nous redoutions tout les gardiens, nous redoutions

17 ce qu’ils allaient entreprendre à notre égard. Et au travers de cette

18 vitre, nous pouvions facilement voir…

19 Q. Excusez-moi, Monsieur Beganovic, excusez-moi de vous interrompre,

20 mais vous venez de montrer quelque chose et vous avez dit: "Nous le voyons

21 là-bas". Pouvez-vous revenir à cet endroit et nous montrer la chose. Vous

22 venez de nous montrer cette structure sphérique, est-ce que vous pouvez

23 nous la montrer à nouveau ?

24 Là, c'est une fenêtre que vous venez de montrer.

25 R. Oui, c’est une grande surface vitrée, sur cette surface voûtée, et

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1 nous pouvions clairement voir quelles sont les personnes qui descendent

2 vers le bas, quels sont les gens qui s'attardent par là. Donc de là on

3 pouvait facilement apercevoir les gens et reconnaître leur visage.

4 Q. Y avait-il d'autres zones du camp où vous avez personnellement pu

5 voir Krkan pendant votre séjour dans le camp ? Je vous prie de les montrer

6 doucement.

7 R. En sus de cette surface vitrée et de cet espace devant le bâtiment

8 du réfectoire, je ne l'ai pas personnellement vu ailleurs.

9 Q. Je vous remercie.

10 Je vous prie de faire enlever les écouteurs au témoin, monsieur

11 l'huissier.

12 Monsieur le Président, l'accusation estime qu’en sus de l'accusé Zigic il

13 n'y avait pas eu de contre-interrogatoire, et que l'identification avait

14 été faite lors du contre-interrogatoire pour tous les autres accusés. Nous

15 demanderions à la Chambre de nous préciser quelle serait la procédure

16 autorisée lors de l’identification à l'occasion de ce procès ?

17 M le Président : Excusez-moi, Madame Hollis, mais je n'ai pas bien

18 compris, c’est ma faute sûrement. Pouvez-vous me répéter, s'il vous plaît,

19 la question ?

20 Mme Hollis (interprétation) : Je m’excuse, Monsieur le Président. A

21 l'occasion du contre-interrogatoire, des questions ont été posées qui,

22 selon l'avis de l'accusation, ont mis en question l'identité des individus

23 qui ont été mentionnés par le témoin. Donc, quelle est la procédure que

24 vous voudriez que nous respections lors de l’identification ? Est-ce que

25 vous autorisez, ici, sur place, l'identification dans le cas où le témoin

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1 serait en mesure d'identifier les personnes dont il a parlé ?

2 (Les Juges se consultent sur le siège.)

3 M. le Président : Madame Hollis, je sais que vous nous avez demandé. Nous

4 vous demandons quelle est votre proposition. A mon avis, cela devait être

5 fait dans l'interrogatoire principal, mais de toute façon nous en sommes

6 arrivés à ce moment. Quelle est votre proposition ?

7 Mme Hollis (interprétation) : Je voulais vous demander si vous permettriez

8 une identification des accusés de la part du témoin, ici, dans le

9 prétoire.

10 Et d'autre part, si cela est le cas, si nous sommes d'accord, et nous

11 sommes bien d'accord que cela devrait être fait à l'occasion de

12 l'interrogatoire principal, mais nous avons estimé qu'il valait mieux

13 attendre le contre-interrogatoire pour voir si on n’allait pas contester

14 une question d’identité, et c'est la raison pour laquelle nous

15 souhaiterions procéder à la chose maintenant. Et l'autre question concerne

16 votre autorisation concernant l’identification des accusés par les témoins

17 dans le prétoire.

18 Mme Wald (interprétation) : Pouvez-vous nous suggérer et nous dire dans

19 quel système juridique, qui est reconnu ici, cela est une pratique

20 usuelle, ce type d'identification ?

21 Mme Hollis (interprétation) : Cela avait été autorisé dans certaines

22 affaires, on en avait débattu. Dans certaines juridictions, cela n'est pas

23 autorisé, n’est pas permis.

24 M. le Président : J’attends la traduction. Il y a toujours cette question

25 de traduction. Est-ce que la défense a un porte-parole pour se prononcer

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1 sur cette question ou chacun va se prononcer ? Maître O’Sullivan, vous

2 allez répondre pour tous les autres conseils ou non ?

3 M. O’Sullivan (interprétation) : Je ne pense pas pouvoir répondre au nom

4 des autres conseils de la défense Monsieur le Président, je ne sais pas ce

5 que les autres vont dire.

6 M. le Président : Si vous n'y êtes pas autorisé, je dois consulter les

7 conseils de la défense par ordre. Excusez-moi, Maître O’Sullivan, je dois

8 consulter, sur cette question. Maître Krstan Simic ?

9 (Les avocats de la défense se consultent.)

10 M. K. Simic (interprétation) : Monsieur le Président, nous estimons que la

11 chose aurait dû être faite à l'occasion de l'interrogatoire principal.

12 C'est donc à ce moment-là que l'accusation aurait dû effectuer cette

13 procédure.

14 M. O'Sullivan (interprétation) : Mon opinion concernant l'identification

15 dans le prétoire, c'est que cela ne devrait pas être autorisé. Je sais

16 que, dans certaines juridictions, cela est autorisé mais je pense qu'il

17 faut une fort bonne raison pour cela et je ne pense pas qu'il y ait des

18 raisons d'accepter ces explications.

19 La personne qui figure parmi les accusés, qui doit être désignée, et ce

20 que la Chambre peut avoir appris n'est pas une chose qui serait favorable,

21 mais au contraire défavorable aux accusés. Il s'agit d'une identification

22 suite à des événements qui ont eu lieu il y a bien des années. C'est donc

23 une méthodologie non fiable qui porte préjudice quant à l'identification

24 de certains accusés dans le prétoire.

25 M. Fila (interprétation) : La défense de l'accusé Radic ne conteste pas

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1 qu'il s'agit de lui. Dans notre système juridique, l'identification dans

2 le prétoire est autorisée et je ne puis, quant à moi, m'opposer à la chose

3 dans cette affaire-ci.

4 M. le Président : Maître Stojanovic ?

5 M. Stojanovic (interprétation) : Je pense que la méthode a déjà été

6 pratiquée devant ce Tribunal dans l'affaire Tadic. Mais compte tenu de

7 toutes les circonstances, nous pensons que la présentation d'un tel

8 élément de preuve ne saurait avoir un point de grande envergure ou

9 importance. Je vous remercie.

10 M. le Président : Maître Jovan Simic ?

11 M. J. Simic (interprétation) : Nous ne nous opposons pas à ce mode

12 d'identification, Monsieur le Président.

13 (Les Juges se consultent sur le siège.)

14 M. le Président : En tenant compte de la requête de l'accusation et en

15 tenant compte aussi des avis de la défense, la Chambre estime que, du

16 point de vue de l'intérêt de la justice, il y a des conditions des unes

17 favorables parce qu'il s'agit quand même d'un seul accusé. Il y en a

18 d'autres qui peut-être ne pouvaient pas être favorables, notamment la

19 tension qui s'est un peu installée.

20 Mais il n'est pas en question que ces personnes ont été présentes à

21 Omarska. Il n'est pas contesté, de toute façon, que la Chambre autorise

22 que cette identification soit faite et va demander aux personnes de se

23 comporter bien, comme personnes civilisées.

24 Nous allons donc demander au témoin : Témoin, pouvez-vous mettre vos

25 écouteurs ? Excusez-moi...

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1 Maître O'Sullivan ?

2 M. O'Sullivan (interprétation) : J'ai encore une objection, Monsieur le

3 Président, il s'agit de ce qui suit. Est-ce qu'une identification de cette

4 nature peut survenir à l'occasion du contre-interrogatoire, et la question

5 d'identité n'a pas été soulevée à l'occasion du contre-interrogatoire. Il

6 n'a pas été posée la question de reconnaître Kos, et cela n'a pas été posé

7 comme question à l'occasion de mon contre-interrogatoire. Je crois qu'il

8 ne serait pas approprié de sortir de l'envergure de mon contre-

9 interrogatoire. Mon contre-interrogatoire n'avait pas remis en question

10 l'identité de M. Kos, autant que je sache.

11 M. le Président : Maître O'Sullivan, nous avions pris déjà une décision.

12 Qu'est-ce que veut dire votre intervention ? Je ne comprends pas. Nous

13 avions clos le débat.

14 M. O'Sullivan (interprétation) : Il y a deux questions. D'abord, si j'ai

15 bien compris, que vous allez permettre une identification au prétoire.

16 D'après moi, cela ne peut pas avoir lieu lors du contre-interrogatoire ou

17 lors des questions supplémentaires, à moins que cela soit soulevé et que

18 la question n'ait pas été clarifiée lors du contre-interrogatoire.

19 Mon contre-interrogatoire ne posait pas de question sur l'identification

20 de M. Kos. Nous estimons donc que nous ne pouvons pas parler de cela

21 durant les questions supplémentaires puisqu'on n'a pas soulevé cette

22 question pendant l'examen en chef. Nous ne pouvons donc pas le faire

23 maintenant.

24 Mme Wald (interruption) : Madame Hollis, pourriez-vous nous apporter des

25 précisions sur les bases sur lesquelles vous avez des objections

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1 concernant le contre-interrogatoire de M. Kos ?

2 Mme Hollis (interprétation) : Oui, Madame le Juge. Nous estimons que le

3 contre-interrogatoire qui portait sur le fait si, oui ou non, on avait

4 mentionné le nom de Krle dans la déclaration qui datait de 1994, 1995

5 était donc bien soumise au dossier pour inférer que Krle ne faisait pas

6 partie, ou que la personne que cet accusé appelle Krle ne faisait pas

7 partie de l'incident qui impliquait Brk.

8 Nous estimons qu'il est mis en question à ce qui a trait à la

9 participation de qui participait à cet événement. Cela également inclut

10 l'identité de la personne, c'est-à-dire de la personne qui s'appelait

11 Krle. C'est donc ce qui a trait à Krle.

12 Je vois votre réaction, Madame la Juge !

13 Mme Wald (interruption) : Je crois que c'est un peu farfelu, un peu trop

14 éloigné.

15 Mme Hollis (interprétation) : C'est ce que nous croyons, c'est notre

16 interprétation de la chose.

17 Maintenant, concernant Kvocka, on lui a posé cette question : "Vous parlez

18 de cette personne, vous le connaissiez très bien ? Vous ne parliez pas de

19 lui.". Nous estimons qu'il a parlé d'une personne aujourd'hui et nous

20 croyons que les questions concernant la personne de laquelle il parle,

21 s'il parle bien de la personne que la Chambre appelle maintenant Kvocka.

22 Mme Wald (interruption) : Ma propre réaction serait la suivante. C'est-à-

23 dire, très bien, vous avez obtenu décision en faveur d'une identification

24 au prétoire ou au moins pendant l'examen. L'interrogatoire principal est

25 donc... Je dois dire que je suis sceptique si la question de

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1 l'identification a vraiment été soulevée pendant le contre-interrogatoire.

2 Mme Hollis (interprétation) : J'accepte cette question et je crois que,

3 finalement, il y a deux questions sur lesquelles on doit se pencher. C'est

4 du moins ce que nous pensons.

5 (Les Juges se consultent sur le siège.)

6 M. le Président : Après ces éclaircissements supplémentaires, nous avons

7 aussi une raison supplémentaire : dans le témoignage, le témoin a utilisé

8 beaucoup de fois, beaucoup de fois des petits noms, "neek names". Il est

9 important du point de vue de la justice de savoir s'il s'agit des mêmes

10 personnes.

11 La Chambre décide donc, a autorisé l'identification dans le prétoire.

12 Madame Hollis, vous avez la parole.

13 Mme Hollis (interprétation) : Merci, Monsieur le Président. Peut-on

14 demander au témoin de remettre le casque ?

15 Monsieur Beganovic, pendant votre déposition, vous avez déclaré que vous

16 connaissiez avant le camp une personne sur les personnes pertinentes, à

17 savoir M. Kvocka.

18 Aujourd'hui, êtes-vous en mesure, Monsieur Beganovic, de reconnaître

19 M. Kvocka ? Et si vous êtes en mesure de le faire, je vous demanderai

20 d'indiquer de quelle personne il s'agit pour que cela soit consigné au

21 compte rendu d'audience.

22 R. C'est au dernier rang parmi les civils, le deuxième de gauche qui

23 est légèrement chauve, assis à côté de Krkan. Si cela suffit, faut-il que

24 j'ajoute quelque chose ?

25 Q. Je vous remercie.

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1 R. Il porte une veste sombre, foncée.

2 Q. Merci. Vous venez de dire que cette personne est assise à côté de

3 l'individu que vous avez identifié comme Krkan. Pouvez-vous indiquer à la

4 Chambre où est assis Krkan ?

5 R. Le premier de gauche.

6 Q. Vous parlez donc de gauche par rapport à moi ?

7 R. Par rapport à moi, à ma gauche.

8 Q. Je vous remercie.

9 Monsieur Beganovic, vous avez également déposé au sujet d'une personne que

10 vous avez surnommée Krle. Etes-vous en mesure de reconnaître Krle, ici,

11 aujourd’hui ?

12 R. Oui.

13 Q. Pouvez-vous indiquer de quelle personne il s'agit ?

14 R. Au dernier rang, la troisième personne de gauche.

15 Q. Vous avez également… Monsieur le Président, faut-il que je passe en

16 revue tous les coaccusés ?

17 M. Riad (interprétation) : Quand il s'agit du troisième de gauche, cela

18 veut dire qu'on commence à partir de la gauche ?

19 R. Oui. Sur ma gauche, si je commence par le premier c'est le

20 troisième.

21 M. Riad (interprétation): Donc ce sera le troisième, je vous remercie.

22 Mme Hollis (interprétation) : Monsieur Beganovic, vous avez également

23 évoqué d'un homme que vous appeliez Zigic ?

24 R. Oui, c'est au deuxième rang à droite, le premier civil en costume

25 foncé, chemise bleue.

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1 Q. A votre droite ?

2 R. Oui, de droite.

3 Q. Vous avez également mentionné M. Prcac. Vous avez dit qu’avant le

4 camp vous ne le connaissiez pas personnellement. Etes-vous en mesure de

5 reconnaître Prcac ?

6 R. Au deuxième rang, le deuxième civil en commençant par la droite.

7 Q. Vous parlez de quel civil ?

8 R. Il est assis à côté de Zigic, au deuxième rang. Le deuxième civil au

9 deuxième rang, en commençant par la droite.

10 Q. Je n'ai pas d'autres questions, Monsieur le Président.

11 M. le Président : Merci beaucoup Madame Hollis. Monsieur le Juge Fuad

12 Riad ?

13 (M. le Juge Riad interroge le témoin, Monsieur Beganovic.)

14 M. Riad (interprétation) : Bonjour, Monsieur Beganovic.

15 M. Beganovic (interprétation) : Bonjour.

16 Q. Je cherche à préciser certains points qui relèvent de votre longue

17 déposition, mais je ne voudrais pas rentrer dans les détails. Commençons

18 par le début de votre déposition où vous avez dit que la zone de la

19 vieille ville de Starigrad était composée d'environ 200 bâtiments, et que

20 cette zone a été incendiée et rasée au bulldozer. Cela s’est-il produit

21 pendant des combats ? Est-ce qu'il y a eu une sorte d'insurrection dans la

22 ville qui a donné lieu à ce genre de mesure drastique ?

23 R. Non. Il n'y a absolument pas eu de combat dans la vieille ville.

24 L'ensemble de la vieille ville est resté intacte jusque qu'à midi le 30

25 mai. C'est là que beaucoup de maisons ont été incendiées, dont ma maison

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1 familiale qui elle aussi a été incendiée, c’est ce que j’ai vu le jour en

2 question en regardant depuis la fenêtre de la maison de M. Esad Sadikovic.

3 Ultérieurement, il s'est avéré donc qu'une autre maison que nous

4 possédions, une autre maison de mes parents, a été détruite. Et enfin tout

5 a été rasé au bulldozer, il n'y a plus du tout de maisons privées dans la

6 vieille ville. Il ne reste que deux établissements de restauration qui eux

7 étaient dans la propriété publique, eux sont les seuls à être restés

8 intacts.

9 Q. Vous voulez dire qu'aucun événement particulier n'a donné lieu à

10 cela, vous viviez en paix jusqu'à ce moment-là ?

11 R. Absolument aucune raison. Il n’y a absolument aucune raison à ce

12 qu’il y ait des incendies et des destructions, mais c'était une manière de

13 forcer la population de la municipalité de Prijedor à partir, c'était non

14 seulement dans la vieille ville mais aussi ailleurs dans la ville de

15 Prijedor. C'était pour chasser la population musulmane, et en bonne partie

16 également la population croate.

17 Q. Vous dites que c'était une politique. Etait-ce annoncé par les

18 médias ? Comment pouviez-vous savoir que c’était une politique et que ce

19 n’était pas l'oeuvre des bandits simplement ?

20 R. Mais tous ceux qui portaient un uniforme étaient des bandits, ils

21 faisaient tous la même chose et ils écoutaient les ordres.

22 Q. Donc ils portaient des uniformes ceux qui ont mis le feu ?

23 R. Oui, oui. Les uns portaient des uniformes de police et les autres

24 des uniformes militaires. En fait, ceux qui portaient des uniformes

25 militaires étaient majoritaires et il y en avait aussi un nombre

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1 considérable qui portaient des uniformes de la police et qui faisaient la

2 même chose que ceux en uniformes militaires, peu importait l'uniforme.

3 Q. Vous étiez au courant au préalable ? Vous vous attendiez à cela ?

4 Etait-ce quelque chose qui se passait autour de vous, et vous attendiez

5 votre tour simplement ?

6 R. Vous vous référez à cette journée-là, du 30 mai, où en général ?

7 Q. En général.

8 R. Cela concernait tous les Musulmans de la municipalité de Prijedor.

9 Et avant tout, en premier lieu, les victimes étaient les Musulmans et les

10 intellectuels, les docteurs, voilà c'est cette partie-là de la population

11 qui a été la première victime. Ma maison a été incendiée le 29 mai, au

12 soir, vers 11 heures. Donc un jour avant, avant qu'il y ait cette

13 prétendue attaque sur Prijedor. Les pompiers n'ont pas voulu venir, se

14 déplacer, essayer d'éteindre cet incendie. Le 29 mai, ma maison de la rue

15 Esada Nikica a été incendiée, et le restaurant qui se trouvait à côté n'a

16 pas été touché, car en fait c'était un restaurant nouveau que j'avais

17 construit ultérieurement. Ils ont tout emmené, tout emporté, tout ce

18 qu'ils ont pu trouver dedans. Sur l'ensemble de ce terrain, il y a qu'un

19 parking aujourd'hui.

20 Q. Vous avez dit que vous vous êtes rendu dans la maison du Dr Esad

21 Sadikovic, mais celle-ci n'a pas été incendiée. Pourquoi y a-t-il, là,

22 donc ces discriminations puisque lui semble bénéficier d'un traitement

23 spécial ? Est-ce qu'il y avait des gens qui étaient considérés comme amis

24 et d'autres comme ennemis parmi les Musulmans ? Y avait-il une

25 discrimination ?

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1 R. Vraisemblablement, ils n'avaient pas prévu d'incendier ou de

2 détruire cette partie-là de la ville. C'était vraiment quelque chose qui

3 les gênait beaucoup, cette vieille ville, puisqu'elle était à 100 %

4 musulmane et entre les mains des particuliers. Donc cela les gênait. Cela

5 les embarrassait. Et même avant, à l'époque du Communisme, ils cherchaient

6 à nous chasser, à nous faire partir, mais les gens ne sont pas partis. La

7 majorité est restée. Donc la vieille ville était prévue de longue date.

8 L'ensemble des terrains était entre les mains des particuliers dans la

9 vieille ville.

10 Q. Mais cela ne sait pas arrêté à Starigrad, c’est allé au-delà de ce

11 quartier ?

12 R. Oui, cela s'est étendu vers Geguer, le quartier de Geguer, la

13 colline qui surplombe Cumbarine, Umbarine, Bicani, Rizvanovici ; il s’agit

14 de villages qui sont à 100 % musulmans. Tout a été détruit. Kozarac,

15 totalement détruit, à 98 % musulman. Là où la population musulmane était

16 majoritaire, tout cela a été détruit à 90 %. Or ce qui est resté intact,

17 les Serbes sont venus s'installer là-dedans, de Knin, de Brcko, de Tuzla,

18 et ils ont emménagé dans les maisons musulmanes aujourd’hui, alors que

19 nous nous ne pouvons toujours pas revenir chez nous, dans nos maisons.

20 Q. S'agissant du retour, c’est une digression, vous vivez toujours aux

21 Pays-Bas, vous avez une boutique de fleuriste ici ?

22 R. Oui.

23 Q. Et vous n’envisagez pas de retourner là-bas ?

24 R. Je reviens à Prijedor, cette année j'ai participé aux élections

25 municipales en tant que candidat indépendant, et j'y reviens. Je veux

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1 reprendre mes affaires, dans ma ville où j'ai vécu, et je veux donc

2 relancer mon affaire, c'est mon seul objectif, c'est le but de ma vie.

3 Q. Un incident s'est produit. Vous avez dit que des instructions ont

4 été diffusées par la radio disant que les Musulmans devaient porter des

5 bandeaux blancs et qu'ils ne devaient pas sortir. Alors est-ce qu’il

6 fallait porter ces bandeaux blancs uniquement quand vous sortiez ou de

7 manière ininterrompue ? Cela voulait dire qu'un Musulman devait toujours

8 se déplacer en ville en portant ce bandeau blanc ? Ce brassard, en fait.

9 R. Ecoutez, je ne sais pas comment cela s'est passé à partir du moment

10 où j'étais au camp. Mais pendant que j'étais en ville, oui. Autrement, on

11 était en danger parce que cela signifiait que l'on essayait de se faire

12 passer pour Serbe. Le jour où j'étais encore en ville, tous les Musulmans

13 que j'ai rencontrés portaient un brassard blanc. Il n'y en pas eu un seul

14 sans brassard.

15 Q. Et pendant que vous portiez ce brassard blanc, comment se

16 comportait-on à votre égard ?

17 R. Je n'ai pas compris : quelles étaient leurs relations à notre

18 égard ?

19 Q. Vous étiez tués si vous ne portiez pas ce brassard ? Et si vous le

20 portiez, alors quelle était l'attitude à votre égard ?

21 R. Eh bien, on était désigné comme victime devant aller au camp. Un peu

22 comme pendant la Deuxième Guerre mondiale, comme la situation des Juifs

23 qui ont été des victimes. On était marqué quand on portait ce brassard

24 blanc.

25 Q. Pendant que vous portiez ce brassard blanc, vous vous déplaciez au

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1 centre de la ville. Vous avez vu des tas de corps. Certains de ces corps

2 avaient été mutilés ? Vous avez vu le fait même de mutiler ces cadavres ?

3 Ou bien vous avez simplement remarqué que ces corps avaient été mutilés,

4 qu'ils portaient des traces de mutilation ces tas de corps dans la rue ?

5 R. Ce n'était pas dans la rue. J'ai vu quatre ou cinq cadavres

6 entassés. D'après moi, ils semblaient avoir été tués par une arme à feu,

7 par rafale. Ils portaient des traces de balle sur l'ensemble du corps,

8 donc ça devait être des rafales. Mais je n'ai pas regardé très

9 précisément. J'ai vu d'autres corps. On marchait. En fait, j'ai détourné

10 la tête. Je ne voulais pas regarder cela longtemps.

11 Q. [Hors micro] Vous avez dire que M. Kvocka se rendait en camp dans

12 une Mercedes 190, qu'il distribuait des cigarettes et qu'il donnait des

13 ordres. Pouvez-vous décrire quelle position il occupait dans le système

14 hiérarchique du camp ? Tout le monde l'écoutait ? Etait-il respecté par

15 tout le monde ?

16 R. Oui, il était obéi, écouté, respecté ; il était le chef, le

17 commandant.

18 Q. Il était le commandant. Vous avez également mentionné sa belle-mère

19 qui était plus ou moins une amie de feu votre mère. Est-ce exact?

20 R. Elles étaient amies. Elles se sont fréquentées pendant des années.

21 Q. Très bien. Puis, vous avez dit que vous avez trouvé un ordre. L'un

22 des hommes qui voulait vous tuer vous a dit qu'il y avait un ordre émanant

23 de Kvocka de vous tuer. Est-ce exact ?

24 R. Oui, c'est exact. Nikica Janjic me l'a dit.

25 Q. Il vous l'a dit. Vous avez dit qu'il était dit qu'Emir Begnaovic

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1 devait aller au Kop 2, la fouille n°2.

2 R. Oui. Il était dit : Emir Beganovic, fouille n°2.

3 Q. Si c'était un ami de votre mère, pourquoi aurait-il agi de la sorte,

4 à votre avis ?

5 R. Mais pour les Serbes il n'y avait plus d'amis musulmans à partir du

6 30 avril. On pouvait les compter sur les doigts d'une main ceux qui ont

7 conservé des amitiés.

8 Q. Monsieur Kvocka était considéré dans le camp par les Musulmans comme

9 un ami des Musulmans, comme quelqu'un qui avait de la belle-famille

10 musulmane ?

11 R. Je n'ai pas vu, mais pour autant que je sache, deux de ses beaux-

12 frères sont venus dans le camp.

13 Q. Et comment ont-ils été traités, ces beaux-frères ? Ont-ils eu des

14 privilèges, un traitement privilégié ?

15 R. Je ne peux pas vous répondre puisque je ne les ai pas du tout vus

16 dans le camp. J'ai entendu dire par d'autres détenus qu'ils étaient

17 présents dans le camp. Mais pour autant que je sache, ils n'ont pas subi

18 de mauvais traitements physiques.

19 Q. Donc cela concerne uniquement ces 2 beaux-frères. Les autres

20 Musulmans n'ont pas pu avoir ce genre de traitements privilégié ?

21 R. Mais personne n'a été bien traité.

22 Q. Vous avez dit que vous êtes resté pendant 100 jours sans nourriture,

23 sans eau, que l'on vous sortait pour vous passer à tabac. Y avait-il une

24 possibilité de se plaindre devant les responsables du camp ?

25 R. Mais on n'avait même pas le droit de demander d'aller aux

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1 toilettes ! Et encore moins de présenter des plaintes, sinon on se faisait

2 tuer. C'était totalement hors de question de se plaindre de quoi que ce

3 soit. En plus, dès que l'on voyait que quelqu'un avait des bleus sur le

4 visage, cela ne faisait qu'aggraver la situation. Ils disaient : c'est un

5 Moudjahidin d'Alija, il faut le battre. C'était la situation la plus

6 normale.

7 Donc on cachait ses blessures pour que les gardes ne s'aperçoivent pas du

8 fait que l'on avait été battu par un garde au préalable.

9 Q. Les gens qui vous ont frappé et maltraité, avez-vous remarqué qu'ils

10 étaient coupés des autorités du camp, que les autorités du camp n'étaient

11 pas au courant de cela ?

12 R. Non, à aucun moment. Ils étaient au courant de tout. J'en suis sûr

13 et certain. Tous les détenus le confirmeront que ceux qui étaient haut

14 placés savaient tout. Mais c'est dans l'administration, dans la direction

15 que la plupart des gens ont été massacrés, mutilés, battus ! Je peux dire

16 que la plupart des gens sont sortis de ces bureaux après avoir été passés

17 à tabac. La plupart, 95 %, je dirais même plus.

18 Moi, c'est une exception. Je fais partie de ce petit pourcentage de ceux

19 qui n'ont pas été battus comme cela. J'ai même eu de l'eau, j'ai même pu

20 fumer une cigarette. Drago Meakic m'a interrogé, les gens qui me

21 connaissaient d'avant la guerre, Obrad Despot ; les deux avaient été des

22 employés du SUP avant. Ce Meakic a même dit que je n'avais jamais rien eu

23 avec la politique, que je ne m'occupais que de mon business.

24 Moi, j'étais mort de peur quand je suis rentré dans ce bureau et donc cela

25 m'a surpris, ce genre de traitement. Mais 95 % des gens sont ressortis

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1 mutilés.

2 Q. Je vous remercie.

3 R. Je vous en prie.

4 M. le Président : Merci beaucoup, Monsieur le Juge Fuad Riad. Madame le

5 Juge Wald ?

6 (Le Juge Wald interroge le témoin, M. Beganovic.)

7 Mme Wald (interprétation) : Monsieur Beganovic, vous avez déposé en disant

8 que lorsque les gens sont arrivés au centre du Prijedor, on les a

9 embarqués dans les cars et emmenés à Omarska. Du moins les hommes d'un âge

10 moyen, alors que les femmes et les enfants ont été embarqués aussi dans

11 les cars.

12 Etiez-vous en mesure de savoir où on a emmené les femmes et les enfants,

13 ou ce qui leur est arrivé ?

14 R. Je ne le sais pas. Pour plus tard, je ne sais pas.

15 Q. Quant aux hommes, vous avez également déclaré durant votre

16 déposition, que vous êtes restés entre 10 à 15 ou 20 jours sur la Pista,

17 et que cela a commencé le 30 mai. Cela veut dire que vous êtes restés sur

18 la Pista, pour la plupart du temps, entre le 30 mai et la mi-juin. Je veux

19 être sûre sur les dates.

20 R. Oui, c'est exact.

21 Q. Vous avez déclaré que vous aviez été, au préalable, membre de la

22 JNA. Donc vous connaissez la discipline, la structure hiérarchique de la

23 JNA. Pendant votre séjour à Omarska, vous a-t-il semblé qu'il y régnait

24 une sorte de discipline typique pour la police ou l'armée, donc pour ce

25 qui est des gardes et de la direction ? Vous semblait-il qu'il y avait ce

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1 genre de discipline ou bien les gens faisaient ce qu'ils voulaient ?

2 Avez-vous pu voir concrètement qu'il y ait une discipline qui régnait, une

3 discipline qui ressemble à ce qui ressemble dans la police ou à l'armée,

4 pendant que vous étiez à Omarska ?

5 R. Mais il n'y avait rien, aucune discipline, aucune hiérarchie. Chacun

6 était libre de ce qu'il voulait. C'était l'anarchie totale. Ils pouvaient

7 tuer les gens, chacun pouvait régler ses comptes privés s'il avait des

8 choses à, des comptes à régler pour des affaires qui dataient d'avant la

9 guerre. Les gens venaient tuer quelqu'un qu'ils ne supportaient pas : ils

10 se rendaient à Omarska et ils le tuaient. Il n'y avait aucune règle !

11 Q. Très bien. Mais je vais vous reposer la question. Vous venez de me

12 répondre, je vais reformuler la question. A de nombreuses occasions

13 pendant votre déposition, vous avez parlé de M. Kvocka et plus tard de

14 M. Radic en disant que c'étaient des chefs, qu'ils donnaient des ordres.

15 Autrement dit, j'en déduit qu'il y avait une sorte de hiérarchie, que

16 certains individus donnaient des ordres à d'autres. Est-ce exact ?

17 R. Vous avez bien compris, mais c'étaient des ordres quand il

18 s'agissait des mutilations, des mauvais traitements. Ce n'était pas pour

19 dire: "Ne le traite pas mal."

20 Q. Très bien, j'ai compris. Mais ce que je voudrais savoir, c'était la

21 chose suivante. Il y avait un certain nombre d'individus, du moins c'est

22 ce que j'ai lu dans votre déclaration, parmi les gardes qui occupaient des

23 positions supérieures, qui donnaient des ordres à d'autres. Est-ce exact ?

24 R. Oui.

25 Q. Vous avez employé le terme "chef", vous avez pour M. Kvocka dit à un

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1 moment que c'était le commandant. Je voudrais dire : sur quoi vous basez-

2 vous pour employer ce genre de terme ? Avez-vous vu, avez-vous entendu

3 parler de certaines personnes comme des chefs, chefs qui donnaient des

4 ordres ?

5 R. C'est exact que c'étaient des commandants. Mais il ne nous est

6 jamais arrivé que l'un quelconque de ces commandants se place devant un

7 garde et lui dise : "Pourquoi maltraites-tu cette personne ? Ne le fais

8 pas".

9 Q. Oui, c'est bien ce que j'ai compris. Mais je voulais simplement

10 savoir pour quelle raison vous avez, par exemple, considéré que M. Kvocka

11 était le commandant puisque c'est ce que vous avez dit, qu'il était

12 commandant. Ou pour M. Radic, vous avez dit qu'il était chef d'équipe.

13 Les auriez-vous vus donner des ordres à d'autres gardes ? Ou certaines

14 personnes vous ont dit que c'étaient des commandants ou des chefs

15 d'équipe ? Ou bien eux-mêmes se sont qualifiés comme tels ? Comment, pour

16 quelle raison avez-vous dit cela, considéré que c'étaient des chefs ?

17 R. Tout simplement, pendant que nous étions sur la Pista, nous les

18 voyions commander aux autres gardes, et les autres s'adressaient à eux

19 comme aux commandants. C'était tout simplement eux qui commandaient les

20 gardes ordinaires. C'est comme cela que les autres s'adressaient à eux. Et

21 tous les détenus savaient que Krkan était chef d'équipe et que Kvocka

22 était commandant de Krkan. C'était clair pour chacun des détenus.

23 Q. Très bien. Vous avez mentionné, en répondant à l'une des questions

24 du Juge Riad, vous avez mentionné M. Meakic que vous avez connu au

25 préalable. C'est quelqu'un qui vous a interrogé et qui s'est comporté

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1 d'une manière relativement décente à votre égard. C'était vers la fin de

2 votre détention.

3 Avez-vous vu M. Meakic dans le camp pendant les premiers jours de votre

4 séjour dans le camp, pendant que vous étiez sur la Pista ? Pour autant que

5 vous le sachiez, était-il présent ? L'avez-vous vu pendant ces premiers

6 jours ?

7 R. Je ne peux pas me rappeler cela. Le jour où je suis venu subir cet

8 interrogatoire, c'est le premier jour où je l'ai vu.

9 Q. Très bien, mais c'était plus tard. Vraisemblablement, d'après votre

10 déposition...

11 R. C'était début juillet, à peu près.

12 Q. Oui, tout à fait, je suis d'accord. Quelques questions pour

13 terminer.

14 Quand vous avez dit que vous voyiez M. Kvocka et M. Radic, agir en qualité

15 de chefs, donner certains ordres aux gardes, vous les voyiez agir en tant

16 que chefs uniquement à l'égard des policiers, ou également envers les

17 militaires qui étaient sur place ? Donc est-ce qu'ils étaient en position

18 de donner des ordres uniquement aux membres de la police ou également aux

19 membres de l'armée qui se trouvaient présents dans le camp ?

20 R. Eh bien, les gardes ordinaires étaient traités de la même façon que

21 ceux qui portaient des uniformes bleus. On ne faisait aucune distinction

22 entre eux. Ils se comportaient de la même façon. Ils nous maltraitaient

23 comme les autres. Naturellement, Kvocka était supérieur à eux tous.

24 Enfin, mais comment puis-je savoir comment cela se passait là-haut ? Qui

25 donnait des ordres à Kvocka ? Alors ça, je ne le sais pas.

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1 Q. Très bien. J'ai encore deux questions pour vous. Il me semble que

2 vous avez dit que vous avez vu M. Kvocka dans le camp, que vous avez dit

3 qu'il était partout dans le camp. Etait-ce uniquement au début ? L'avez-

4 vous vu fréquemment, ou une ou deux fois seulement en juillet et août ?

5 Etait-il encore sur place, présent, comme il l'avait été au début ? Je

6 parle de juillet et août ?

7 R. En août, je ne l'ai pas vu. Mais je l'ai vu début juillet, encore

8 début juillet, jusqu'à ce que M. Prcac n'arrive pour le remplacer.

9 Q. Vous ne l'avez pas vu à partir de ce moment-là ?

10 R. Non.

11 Q. Très bien. Je vais terminer. Vous avez dit qu'il vous est arrivé

12 d'entendre des cris ou des gémissements. C'était toujours des voix

13 d'hommes ou vous est-il arrivé d'entendre des voix de femmes ?

14 R. Je ne peux pas affirmer avoir entendu des cris de femmes.

15 Q. Très bien, ma dernière question. Après avoir quitté le camp, vous

16 avez passé des mois dans deux autres camps. Les conditions de détention

17 étaient-elles meilleures dans les camps Manjaca et Batkovic qu'à Omarska ?

18 R. Eh bien, si je devais comparer, je dirais qu'à Manjaca c'était un

19 camp, alors qu'à Omarska c'était l'enfer. On ne peut même pas qualifier

20 cela de camp, c'était tout simplement l'enfer pur.

21 Q. Donc les conditions étaient pires à Omarska que dans les deux autres

22 camps où vous êtes allé après ?

23 Véritablement ma dernière question. Dans ces deux autres camp, à Manjaca

24 et à Batkovic, les autres détenus étaient tous des civils comme vous ? Ou

25 bien étaient-ce des hommes qui avaient simplement été capturés par l'armée

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1 serbe, qui ont été, comme cela, arrêtés dans les différentes villes, comme

2 vous ?

3 R. C'était à 100 % des civils. Il n'y en avait pas un seul en uniforme.

4 Q. Très bien, je vous remercie beaucoup.

5 M. le Président : Merci beaucoup, Madame le Juge Wald.

6 Moi-même, je n'ai pas de question au témoin. Nous finissons donc ici votre

7 témoignage. Avant de vous faire sortir, pour régler les pièces à

8 conviction, je crois que nous avions seulement la pièce D1/2. Maître

9 O'Sullivan en a demandé le versement. Madame Hollis n'a pas fait

10 d'opposition. Donc elle est versée au dossier.

11 Je crois qu'il n'y a pas d'autre question à régler de ce point de vue.

12 Est-ce vrai, Monsieur Dubuisson ?

13 M. Dubuisson : C'est bien cela, Monsieur. Mais il faut tenir à l'esprit

14 qu'il y a eu hier une pièce déposée par le Procureur ainsi que ce matin

15 même, donc un plan détaillé du camp.

16 M. le Président : D'accord. Madame Hollis ?

17 (Débat sur les pièces à verser au dossier)

18 Mme Hollis (interprétation) : Monsieur le Président, c'est exactement ce

19 que je voulais mentionner. Je crois que ces documents ont été versés, ce

20 serait le document 3/76 et 3/77. Monsieur le Président, à la pause, je me

21 suis également entretenue avec les avocats de la défense concernant les

22 références aux transcriptions de l'affaire Tadic, et je crois que la

23 défense voulait verser ces documents au dossier, je parle à leur place,

24 mais je vais leur céder la parole.

25 M. le Président : Pour les pièces dont Mme Hollis a demandé le versement

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1 au dossier, j'avais entendu déjà la défense, il n'y avait pas d'objection

2 je crois. Est-ce qu’il y a des objections du côté de la défense par

3 rapport à cette demande de verser les pièces de l'accusation ? Nous avions

4 déjà collecter.

5 M. J. Simic (interprétation) : Non, Monsieur le Président.

6 M. le Président : Merci, Maître Simic, donc elle est versée aussi.

7 Maître Simic ?

8 M. K. Simic (interprétation) : Monsieur le Président, la défense de

9 M. Kvocka désire verser au dossier la déclaration de M. Beganovic qui a

10 été prise à la fin de l'année 1994 et début de 1995, et la transcription

11 de ces déclarations dans l’affaire Tadic. Ces documents sont également

12 versés en fait, ont déjà été présentés, je crois que personne ne s'y

13 objecte, mais j'aimerais également mentionner ce document pour vous dire

14 que je m’y réfère. J'aimerais également apporter quelques précisions

15 concernant le témoin qui avait été accusé en tant que jeune contrevenant

16 et en tant qu'adulte. Nous allons voir un témoin expert qui viendra vous

17 entretenir sur les peines dont a écopé ce témoin. Merci.

18 M. le Président : Je crois que le document de transcription du compte

19 rendu de Tadic c’est un document public. Je crois qu'il faut vraiment

20 verser au dossier ; parce que s’il était public, à mon avis ce n’était pas

21 nécessaire.

22 Madame Hollis ?

23 Mme Hollis (interprétation) : Monsieur le Président, je ne voulais pas

24 dire que ce n'était pas le cas, c'est un document public, la Chambre

25 pourrait peut-être simplement prendre des copies de ce document, si nous

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1 n'étions pas à même de verser le document ce serait plus facile, mais

2 effectivement il s'agit d'un document public.

3 M. le Président : Par contre, il y a le même document que Me Simic a

4 utilisé, c'est le même document versé par la défense, par Me O’Sullivan.

5 Je poserai cette question au Greffe. Monsieur Dubuisson, il s'agit d'un

6 document public. La transcription d’un compte rendu, d’un côté. Nous avons

7 déjà versé au dossier la pièce à conviction 1/2, c’est le même document

8 que Me Simic veut verser. Comment peut-on faire d'un point du pratique,

9 Monsieur Dubuisson ?

10 M. Dubuisson : La pièce D1/2, 2 correspond en fait au numéro qu’on a

11 attribué à l'accusé. Il est clair qu’à partir du moment où une pièce est

12 admise, quant à moi elle est admise au dossier de la procédure, et donc

13 quel que soit en fait l'avocat ou le conseil qui a demandé ou qui a soumis

14 la pièce. Il devient en fait une partie du dossier.

15 M. le Président : Et donc elle peut être utilisée également pour tous les

16 conseils ?

17 M. Dubuisson : Tout à fait.

18 M. le Président : Donc voilà. Et par rapport au compte rendu de Tadic ?

19 M. Dubuisson : Là, s’il est clairement admis par la Chambre que le

20 transcript doit être considéré comme une pièce à conviction dans l’affaire

21 qui nous occupe, il en sera ainsi, donc je vais demander qu'on fasse une

22 copie, qu'on distribue copie du transcript Tadic, et nous donnerons une

23 cote qui sera, si c'est un document peut-être pour le Procureur, une cote

24 du Procureur.

25 M. le Président : C'est un document que la défense a utilisé.

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1 M. Dubuisson : On pourrait donner éventuellement la cote /1 pour dire

2 qu'il s'agit de M. Krstan Simic.

3 M. le Président : Vous donnez une cote pour ce compte rendu. Je crois

4 qu’il est bien d’avoir tous ces documents dans notre dossier. Et donc

5 quelle est la cote pour le document que Me Simic veut verser ?

6 M. Dubuisson : Dans ce cas-là, ce serait la cote D24/1.

7 M. le Président : Pour le compte rendu Tadic. Et pour la déclaration du

8 témoin ?

9 M. Dubuisson : Donc celle-là a donc déjà été apparemment admise, c’est

10 D1/2.

11 M. le Président : Oui. D’accord, tout est réglé. Est-ce qu’il y a quelques

12 suggestions ? Je crois que les pièces sont versées et réglées de cette

13 façon.

14 Maintenant Témoin, nous vous remercions beaucoup d'être venu ici, et nous

15 vous souhaitons de pouvoir encore reprendre l’amitié que vous aviez depuis

16 toujours avec vos amis, et d’oublier un peu la haine, et que vous puissiez

17 quand même donner un bon témoignage de paix et de bonne relations humaines

18 avec d’autres personnes, avec d'autres options politiques, d’autres

19 options ethniques, d’autres options même religieuses. Nous vous remercions

20 beaucoup et donc vous pouvez nous laisser.

21 R. Merci, Monsieur le Président.

22 M. le Président : Madame Hollis, et avant de faire la pause, et pour

23 préparer les choses… Je crois que Me Fila veut intervenir.

24 M. Fila (interprétation) : Monsieur le Président, j'aurais simplement une

25 question concernant cette affaire. Lorsque le Bureau du Procureur pose une

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1 question ou lorsque nous posons une question, la partie adverse peut

2 répondre, ce que nous n'avons pas le droit de faire quand vous posez des

3 questions, vous les Juges. Je voulais simplement vous demander quelque

4 chose, puisque lorsque Mme la Juge Wald a posé une question, elle a dit

5 qu'à un moment donné le témoin aurait dit que Mladen Radic était chef de

6 commandement, était commandant, et qu'il donnait des ordres, et que

7 c'était un personnage important au sein du camp. J’affirme que le témoin

8 ne l'a jamais dit jusqu’à ce que… Madame le Juge Wald n'a pas à suggérer

9 cette affirmation.

10 Je vous pose la question suivante : dans quelle mesure puis-je réagir si

11 l’on pose une question à un témoin lorsque le témoin n'a jamais répondu ou

12 dit des choses semblables ?

13 Dans le transcript, vous ne pouvez trouver nulle mal qu’il aurait dit que

14 Mlado M. Radic était commandant jusqu'au moment où on lui a suggéré cette

15 réponse. Si je pose la question : que faisait une certaine personne, on

16 essaiera de m’interrompre. J'aimerais que la règle soit pareille pour tout

17 le monde, car maintenant nous venons de conclure que Mlado Radic était

18 chef de commandement. Alors, je réitère que le témoin n'a jamais dit que

19 c'était un personnage important, ni qu'il donnait des ordres, ni qu’il

20 était commandant, le témoin n’a jamais parlé à cet effet, donc c'est la

21 raison pour laquelle j'aimerais m'objecter à cette chose.

22 Et dans l’avenir, lorsqu’on posera une question à un témoin, j'aimerais

23 qu'on lui apporte le numéro de page et qu’on cite le passage pour qu'on

24 puisse voir où c'était. Alors, je m'objecte. Voilà.

25 M. le Président : Excusez-moi, vous savez que nous ne pouvons pas vous

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1 entendre car nous sommes tous fatigués. Nous avons dépassé l’heure pour

2 régler du point de vue de l'organisation, faire sortir ce témoin et faire

3 rentrer l'autre. Maître Simic, quelle est votre question ?

4 M. Simic (interprétation) : Monsieur le Président, j'ai une question qui

5 découle de ce que vient de dire Me Fila. Nous sommes en position dans

6 celle où il y a des choses qu'on ne peut pas préciser. Madame le Juge Wald

7 a parlé de Drago Meakic, c’est une autre personne qui n’a rien à voir

8 Zelko Meakic, et donc nous n’avons pas eu la possibilité d’apporter des

9 précisisons, qu’on parlait d’un enquêteur et non pas d’un membre de la

10 défense. Merci.

11 M. le Président : Mais, à la fin, vous avez répété ce que Me Fila avait

12 déjà dit, Maître Simic. De toute façon, pas de problème en principe. Je

13 vais le demander à Mme Hollis, mais il me semble que ce soit le cas, nous

14 allons avoir un témoin protégé. Est-ce vrai ?

15 (Hochement de la tête de Mme Hollis.)

16 Il s’agit de quelles mesures de protection, Madame Hollis ?

17 Mme Hollis (interprétation) : Monsieur le Président, les mesures de

18 protection que l’on suggère sont le pseudonyme, une déformation des traits

19 du visage et, pour certaines parties du témoignage du témoin, nous allons

20 demander à ce qu’un huis clos partiel soit tenu, et nous le demanderions

21 en fait au tout début du témoignage.

22 M. le Président : Nous avions décidé cela, merci beaucoup de me le

23 rappeler. Donc je vais demander à Monsieur Dubuisson de tout préparer, y

24 compris d’avoir déjà le témoin dans le prétoire, et nous allons faire une

25 pause d’une demi-heure. Par rapport aux questions que la défense a

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1 soulevées, nous allons retenir vos observations et y penser. Donc

2 maintenant, une pause d'une demi-heure.

3 (Le témoin M. Beganovic est reconduit hors du prétoire.)

4 (L’audience, suspendue à 13 heures 18, est reprise à 13 heures 50.)

5 (Le témoin AJ est introduit dans le prétoire.)

6 (Audience publique avec mesures de protection.)

7 (Mme Hollis interroge le témoin AJ.)

8 M. le Président : Vous pouvez vous asseoir. Bonjour Témoin. Vous

9 m'entendez ?

10 Témoin AJ (interprétation) : Oui.

11 M. le Président : Vous avez lire la déclaration solennelle que l'huissier

12 va vous tendre, s’il vous plaît.

13 Témoin AJ (interprétation) : Je déclare solennellement que je vais dire la

14 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

15 M. le Président : Vous pouvez vous asseoir. Monsieur le Greffier va vous

16 montrer une feuille de papier sur laquelle est inscrit votre nom. Vous

17 allez dire, seulement par oui ou non, s'il s'agit de votre nom.

18 Témoin AJ (interprétation) : Oui.

19 M. le Président : Donc il s'agit de votre nom, nous allons vous appeler

20 Témoin AJ, n’est-ce pas Madame Hollis ?

21 Mme Hollis (interprétation) : C’est exact.

22 M. le Président : Vous allez maintenant répondre aux questions que

23 Mme Hollis va vous poser. Madame Hollis, vous avez la parole, s’il vous

24 plaît.

25 Mme Hollis (interprétation) : (Hors micro.)

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1 Nous comprenons que nous sommes maintenant en session privée...

2 M. Dubuisson : Nous sommes en audience publique.

3 Mme Hollis (interprétation) : Pourrions-nous passer à huis clos partiel à

4 ce moment-ci pour avoir des renseignements additionnels ?

5 M. le Président : Oui, je vois que nous sommes déjà à huis clos partiel,

6 n’est-ce pas Monsieur Dubuisson, Merci beaucoup.

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11 (La séance se poursuit en audience publique)

12 M. le Président : Nous sommes déjà en session publique. Vous pouvez

13 continuer Madame Hollis, s'il vous plaît.

14 Mme Hollis (interprétation) : Merci, Monsieur le Président.

15 Témoin AJ, j'aimerais porter votre attention sur les événements qui ont eu

16 lieu le 30 mai 1992. Où vous trouviez vous en cette date ?

17 R. Je me trouvais chez mon voisin qui se trouvait à une cinquantaine de

18 mètre de ma maison. Depuis ce moment-là, quand l'attaque a eu lieu, j'ai

19 traversé la rivière de Berek appelée "Ada", et je me suis rendu à Kuna.

20 J'ai traversé Berek et je me suis rendue devant la maison.

21 Q. Monsieur le Président, j'aimerais montrer au témoin la carte de

22 Prijedor qui constitue la pièce à conviction 3/76.

23 (L'huissier s'exécute.)

24 J'aimerais que l'on place cette pièce à conviction sur le rétroprojecteur.

25 Monsieur le Témoin, pourriez-vous prendre quelques instants pour vous

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1 retrouver sur cette carte. Vous avez mentionné avoir traversé le Berek.

2 Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous montrer à l'aide du pointeur ce que

3 vous appelez Berek ?

4 R. Voici Berek. C'est une branche de la rivière Sana qui se verse dans

5 la rivière Sana.

6 Q. Pourriez-vous nous montrer à l'aide du pointeur où cela se trouve ?

7 R. Juste ici.

8 Q. Donc cela semble être un canal qui coule dans la rivière Sana. C'est

9 bien cela le Berek ?

10 R. Oui.

11 Q. Vous avez mentionné que vous vous êtes rendu chez un ami. De

12 nouveau, sur cette carte, pourriez-vous nous montrer cette zone,

13 généralement parlant, de l'endroit où vous vous étiez rendu ?

14 R. Juste ici.

15 Q. Merci. Témoin AJ, lorsque vous êtes arrivé dans cette maison

16 qu'avez-vous vu ?

17 R. J'ai vu une centaine de personnes. Il y avait pour la plupart des

18 femmes et des enfants.

19 Q. Combien de temps êtes-vous demeuré dans cette maison ?

20 R. Une demi-heure à une heure.

21 Q. Que s'est-il passé par la suite ?

22 R. Ma femme est arrivée par la suite, c'est-à-dire une femme est

23 arrivée avec 2 ou 3 soldats portant des uniformes avec des bérets rouges.

24 Ils nous ont dit de sortir de la maison. Nous sommes tous sortis de la

25 maison et nous nous sommes dirigés vers la route.

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1 C'est sur cette route qu'ils ont séparé les hommes d'un côté et les femmes

2 et les enfants de l'autre côté de la route.

3 Q. Quand vous vous êtes rendus sur la route et que l'on vous a séparés,

4 que s'est-il passé par la suite ?

5 R. Ils ont demandé qui avait des armes. Dans la peur, j'ai dit que j'en

6 avais, que j'avais un revolver, un fusil à la maison.

7 Q. Et après leur avoir dit que vous possédiez un pistolet et un fusil,

8 que s'est-il passé ?

9 R. Ils m'ont demandé d'aller les chercher. Je suis allé puisque ce

10 n'était pas très loin, c'était de 50 à 100 m de là. Lorsque je suis arrivé

11 derrière la maison, j'ai vu de la fumée s'échapper du balcon et j'ai eu

12 l'impression que ma maison brûlait.

13 Q. Par la suite, qu'avez-vous fait ?

14 R. Les citoyens sortaient de leur maison, les femmes, les enfants, les

15 hommes. Ils étaient en colonne, ils étaient escortés par la police, avec

16 les polices de réserve. Je suis entré dans cette colonne.

17 Q. Après vous être joint à cette colonne, où vous êtes-vous dirigé ?

18 R. A l'hôtel Balkans.

19 Q. Maintenant, après vous être joint à ce groupe de personnes, avez-

20 vous pu reconnaître les personnes qui portaient des uniformes ?

21 R. Oui.

22 Q. Qui avez-vous reconnu ?

23 R. Kovacevic Bato, Cvijic -je ne sais pas quel est son prénom.

24 Q. Ces hommes que vous avez reconnus, quelle était leur appartenance

25 ethnique ?

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1 R. Serbe.

2 Q. Que s'est-il passé après votre arrivée à l'hôtel Balkans ?

3 R. Nous étions nombreux, l'hôtel était plein, bondé de femmes,

4 d'enfants et d'hommes. Les autobus sont arrivés par la suite et ils nous

5 ont transportés de là. Où ces gens ont été transportés ? Je ne sais pas.

6 Q. Pendant que vous vous trouviez à l'hôtel Balkans, que faisiez-vous ?

7 R. Je me suis présenté à la réception pour appeler un ami, Balaban

8 Slobodan. C'était un spécialiste. Lorsque je l'ai appelé depuis la

9 réception il a répondu, il était à la maison. Il m'a demandé où je me

10 trouvais. Je lui ai dit que j'étais à l'hôtel. Il m'a dit : j'arrive tout

11 de suite.

12 Q. Que s'est-il passé par la suite ?

13 R. Dans l'entrefaite, Vujesinovic Ranko s'est présenté. Il m'a tapé sur

14 l'épaule et m'a demandé ce que je faisais là.

15 Q. Qu'avez-vous répondu ?

16 R. Je lui ai répondu que j'attendais Batan qu'il connaissait également,

17 peut-être même mieux que moi.

18 Q. Que s'est-il passé ensuite ?

19 R. Il a nické ma mère et m'a donné un coup de pied au fessier, et il a

20 pris une baïonnette. Mais Ritan, le chef de la réception était là,

21 Stojanovic Ranko ; ils étaient là. Et ils m'ont dit : "Mais, voyons !

22 Qu'est-ce qui te prends ? Est-ce que tu es normal ?"

23 Q. Que s'est-il passé par la suite ?

24 R. Stojanovic, Muharem et moi-même avons été expulsés de l'hôtel et

25 nous avons été mis à bord des autobus. Nous avons plutôt été poussés vers

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1 les autobus.

2 Q. Quand vous dites "il nous a poussé à l'extérieur de l'hôtel", de qui

3 parlez-vous ?

4 R. Je parle de Ranko Vujesinovic.

5 Q. Quelle est son appartenance ethnique, à cette personne ?

6 R. Serbe.

7 Q. Et votre ami le médecin, quelle était son appartenance ethnique ?

8 R. Il était serbe.

9 Q. Vous avez mentionné qu'il y avait un homme du nom de Ritan et qu'il

10 était intervenu. Quel était le groupe ethnique de Ritan ?

11 R. Serbe.

12 Q. Lorsqu'on vous a poussé vers les autobus et à l'extérieur de

13 l'hôtel, avez-vous embarqué à bord des autobus ?

14 R. Ranko a dit au chauffeur d'ouvrir la porte et de "transporter ces

15 merdes", et il m'a encore une fois donné un coup de pied au derrière. Nous

16 sommes entrés dans l'autobus et l'autobus a démarré en direction de Lupa.

17 Q. Où se dirigeait cet autobus ?

18 R. Il se dirigeait à Lupa, au SUP en fait, c'est là qu'il s'est arrêté.

19 Q. Lorsque vous êtes arrivé au SUP, qu'avez-vous pu observer ?

20 R. L'autobus s'est immobilisé. Murselovic Muharem est sorti de

21 l'autobus parce qu'il a vu le commandant Cadzo Milutin et il voulait lui

22 adresser la parole. Il voulait lui poser des questions, je ne sais pas

23 trop lesquelles.

24 Q. Qu'avez-vous pu observer par la suite ?

25 R. Muharem est revenu dans l'autobus. C'est à ce moment-là que

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1 l'officier lui a demandé : "Qu'est-ce que tu fais ?" Il lui a répondu :

2 "J'ai vu le commandant, je voulais lui poser une question." Il lui a

3 demandé de quelle nationalité il était, il lui a demandé comment il

4 s'appelait. Il lui a dit qu'il était Murselovic. De nouveau il a dit : "Je

5 te nique ta mère", et il a dit qu'il allait tous nous tuer dans l'autobus.

6 Il nous a dit de nous coucher dans l'autobus.

7 Q. Et Murselovic, de quelle appartenance ethnique était-il ?

8 R. Il était musulman.

9 Q. Après le SUP, ou êtes-vous allés ?

10 R. Nous avons pris la direction de Tomasica.

11 Q. Et après Tomasica, où est-vous allés ?

12 R. A Omarska.

13 Q. Vous souvenez-vous quelle heure il était lorsque vous êtes arrivés à

14 Omarska ?

15 R. Il était environ quatre heures, cinq heures ou six heures, quelque

16 chose comme cela.

17 Q. Les gens qui se trouvaient à bord de l'autobus avec vous, ces

18 personnes qui avaient été arrêtées et mises à bord de ces autobus,

19 pouviez-vous les reconnaître ?

20 R. (expurgée)

21 (expurgée)

22 Q. Maintenant, des gens que vous avez pu reconnaître, quelle était leur

23 appartenance ethnique ?

24 R. Ils étaient musulmans.

25 Q. Lorsque vous êtes arrivés au camp d'Omarska, où l'autobus s'est-il

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1 arrêté ?

2 R. Sur la Pista, à Omarska.

3 Q. Que s'est-il passé après que l'autobus soit immobilisé sur la

4 Pista ?

5 R. Nous sommes sortis de l'autobus et nous nous sommes placés devant

6 l'immeuble où le restaurant se trouvait. Nous avons mis nos mains sur le

7 mur. C'est à ce moment-là qu'ils nous ont fouillés et battus.

8 Q. Maintenant, ces gens qui vous ont fouillé et qui vous ont battu

9 après que vous soyez sortis de l'autobus, à quelle fréquence avez-vous vu,

10 si vous avez jamais revu ces gens, ou vous les avez revues, ces personnes

11 au camp d'Omarska ?

12 R. Oui, mais des détails précis de cette journée, je ne pourrais pas

13 vous les donner. En fait, je ne pourrais me souvenir de ces personnes

14 précisément.

15 Q. Maintenant, après avoir été fouillés et après avoir été battus, où

16 êtes-vous allés ?

17 R. Nous sommes entrés dans une grande pièce et c'est là que nous nous

18 trouvions. C'est dans cette salle que nous avons séjourné jusqu'au mois

19 d'août, en fait. Je crois que c'était le 6 ou le 7 août. Je crois que

20 c'était le 6, en fait.

21 Q. Lorsque vous parlez d'une salle ou d'une grande pièce, de quelle

22 pièce parlez-vous exactement ?

23 R. Là où se trouvait le restaurant.

24 Q. Et cette grande pièce dans laquelle vous vous trouviez, l'avait-on

25 nommée ou surnommée ? Lui avait-on donné un nom ou y avait-il une

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1 référence particulière concernant cette pièce ?

2 R. On l'appelait la chambre de Mujo.

3 Q. Vous avez indiqué que vous avez été détenus dans la pièce de Mujo

4 environ jusqu'au 6 août, approximativement. Pendant votre séjour dans la

5 pièce de Mujo, vous y trouviez-vous 24 heures par jour ou vous pouviez

6 vous trouver ailleurs également ?

7 R. Non, j'ai également été dans la Pista. J'avais été dans la maison

8 blanche et dans le garage également.

9 Q. Maintenant, si nous parlons de ces pièces une à une, pendant que

10 vous vous trouviez dans la maison blanche...

11 R. Au restaurant.

12 Q. Pendant que vous étiez dans la maison blanche, combien de temps

13 avez-vous séjourné dans cette maison blanche ?

14 R. J'y ai passé trois jours.

15 Q. Et sur la pista ?

16 R. J'ai passé dix à douze jours sur la Pista. Je sortais, j'entrais.

17 Q. Vous voulez dire que vous sortez et vous entrez d'où ?

18 R. Je sortais de la pièce de Mujo et j'allais à la Pista.

19 Q. Vous avez également mentionné avoir été dans endroit que vous avez

20 appelé le garage. Dans quel immeuble se situait ce garage ?

21 R. Là où se trouve le restaurant.

22 Q. Pendant combien de temps avez-vous séjourné au garage ?

23 R. Trois jours.

24 Q. Pendant votre séjour au camp d'Omarska, vous a-t-on interrogé à

25 quelque moment que ce soit ?

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1 R. Oui.

2 Q. A quel endroit avez-vous été interrogé ?

3 R. A l'étage, en haut, au restaurant en fait.

4 Q. Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges, j'aimerais

5 demander au témoin de s'approcher du modèle réduit et de nous montrer les

6 endroits qu'il vient de décrire.

7 M. Dubuisson : Pour ce faire, Monsieur le Président, nous devons entrer en

8 huis clos complet.

9 M. le Président : Oui, à cause des distorsions d'image. Nous allons donc

10 passer à huis clos.

11 Mme Hollis (interprétation) : Monsieur le Président, je pourrais ne pas

12 poser cette question pour ce témoin.

13 M. le Président : Meri beaucoup, Madame Hollis, de cet effort parce que

14 toujours quand on va en huis clos, on fait une exception en principe de

15 publicité d'audience. On peut essayer que le témoin fasse une description

16 la plus détaillée possible, on peut être prendre plus de temps. Mais on

17 fait droit au principe de publicité. Merci de votre attention, Madame

18 Hollis, vous pouvez continuer.

19 Mme Hollis (interprétation) : Monsieur le témoin AJ, lorsque vous parlez

20 de la pièce que vous avez désignée par garage : vous êtes assis, vous

21 regardez les bâtiments qui se trouvent devant vous et celui qui se trouve

22 à droite -donc non pas le grand bâtiment, mais le petit bâtiment rouge...

23 M. le Président : Ne pourrait-on pas utiliser la pièce à conviction sur le

24 rétroprojecteur peut-être ?

25 Mme Hollis (interprétation) : Une fois qu'il aura reconnu l'immeuble en

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1 question, oui, Monsieur le Président, on pourra le faire.

2 M. le Président : Merci beaucoup.

3 Mme Hollis (interprétation) : Alors ce petit bâtiment rouge du côté droit,

4 de quoi s'agit-il ?

5 Témoin AJ (interprétation) : Oui, c'est bien cet immeuble-là sur la

6 droite, et c'est ce qu'on appelait le garage.

7 Q. Et comment appeliez-vous le bâtiment dont vous venez de parler ? De

8 quel bâtiment s'agit-il ?

9 R. C'est le restaurant.

10 Q. Et lorsque vous regardez ce bâtiment-là, il se trouve une porte

11 noire du côté droit : c'est bien la porte dont vous parliez ?

12 R. Oui, c'est le garage.

13 Q. Cela se trouve à l'angle même du bâtiment ?

14 R. Oui.

15 R. Je vous remercie. Quand avez-vous quitté le camp d'Omarska ?

16 R. Le 6 août.

17 Q. Pendant que vous étiez à Omarska, avez-vous pu reconnaître l'un

18 quelconque des membres du personnel de ce camp comme étant une personne

19 que vous aviez connue avant votre séjour au camp ?

20 R. Oui.

21 Q. Pourriez-vous dire à la Chambre quels étaient les noms ou les

22 surnoms des personnes que vous avez connues ?

23 R. Eh bien, j'ai reconnu Krkan, Kvocka, Prcac… je n'arrive pas à m'en

24 rappeler maintenant. Je les connaissais tous car ils sont passés tous dans

25 mon magasin, dans mon salon de coiffure. Ils venaient se faire des coupes

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1 de cheveux, ils prenaient un café ou un verre chez moi ; ils me

2 connaissent fort bien, eux aussi.

3 Q. Procédons maintenant par ordre, si vous le voulez bien. Vous avez

4 dit qu'avant de séjourner au camp, vous aviez connu une personne appelée

5 Krkan. Est-ce que c'est son vrai nom ?

6 R. Non.

7 Q. Vous connaissez son nom ?

8 R. Mlado Radic.

9 Q. Avant que vous ne soyez placé dans ce camp, depuis combien de temps

10 le connaissiez-vous ?

11 R. Je le connaissais depuis une bonne dizaine ou quinzaine d'années.

12 Q. Vous avez également mentionné un certain Kvocka. Avant d'être envoyé

13 dans ce camp, depuis combien de temps le connaissiez-vous ?

14 R. Tout aussi longtemps, parce que cela faisait autant de temps que

15 j'avais ce salon de coiffure. Je le rencontrais sur les voies publiques,

16 au MUP ; donc on se connaissait.

17 Q. Et Kvocka, était-il marié ?

18 R Oui.

19 Q. Vous savez quelle était l'appartenance ethnique de son épouse ?

20 R. Musulmane.

21 Q. Et vous connaissez le nom de famille du père de sa femme ?

22 R. Crnalic.

23 Q. Vous avez mentionné aussi Prcac. Depuis combien de temps le

24 connaissiez-vous avant de partir au camp ?

25 R. Tout aussi longtemps. Une quinzaine d'années, voire même 20 ans.

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1 C'est entre 10 et 20 ans.

2 Q. J'aimerais vous demander, maintenant… vous poser plusieurs questions

3 au sujet de chacun de ces individus. Quand il s'agit de Krkan, pendant que

4 vous étiez à Omarska, dans quelle période avez-vous pu l'apercevoir dans

5 le camp ?

6 R. Eh bien, il y a eu des fois où je le voyais tous les jours, une fois

7 tous les deux jours. Cela dépendait aussi des jours où je sortais.

8 Q. Dans quelle période l'avez-vous vu ? Vous avez dit que vous êtes

9 rentré au camp le 30 mai et que vous êtes sorti début août. Avez-vous pu

10 le voir dans une période de temps déterminée ?

11 R. Il se passait deux ou trois jours où je ne le voyais pas par

12 exemple ; des fois 5 jours.

13 Q. Et lorsque vous voyiez Krkan, que faisait-il ?

14 R. Il était debout, il allait, il venait.

15 Q. Où le voyiez-vous au sein du camp ?

16 R. Je le voyais devant le bâtiment du restaurant, derrière celui-ci. Ce

17 n'était pas fixe. Vous savez, ce n'était pas à certains endroits fixes.

18 Q. L'avez-vous jamais vu entrer dans l'un quelconque des bâtiments du

19 camp ?

20 R. Non.

21 Q. Et lorsque vous le voyiez, est-ce qu'il portait une arme

22 quelconque ? Et laquelle, si oui ?

23 R. Ils avaient différentes armes, des Kalachnikov ; des armes de ce

24 genre.

25 Q. Monsieur AJ, je voudrais vous poser des questions concrètes

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1 concernant Krkan. Les jours où vous l'avez vu, quel type d'arme il

2 portait, s'il en portait une ?

3 R. Kalachnikov. C'est ainsi qu'ils appelaient ces fusils-là.

4 Q. Et pour ce qui concerne Kvocka, dans quelle période de temps vous

5 avez pu apercevoir Kvocka dans le camp ?

6 R. Peut-être une vingtaine de jours à un mois.

7 Q. Et pendant cette vingtaine de jours ou cette trentaine de jours où

8 vous le voyiez au sein du camp, vous le voyiez souvent ou pas ?

9 R. Eh bien, des fois je le voyais tous les jours ; des fois tous les

10 deux ou trois jours. Cela dépend.

11 Q. Et quand vous le voyiez, que faisait-il ?

12 R. Eh bien, il allait et venait dans l'enceinte.

13 Q. Quand vous dites "dans l'enceinte", vous entendez quelle partie du

14 camp ?

15 R. Autour de la Pista. Il y avait un bureau à l'intérieur.

16 Q. Il avait un bureau dans quel bâtiment exactement ?

17 R. Celui du restaurant.

18 Q. Et lorsque vous le voyiez, est-ce qu'il portait une arme ? Et

19 laquelle, si oui ?

20 R. Un fusil à pompe.

21 Q. Pour ce qui est de Prcac, dans quelle période de temps avez-vous pu

22 l'apercevoir au sein d'Omarska ?

23 R. Eh bien, il se peut qu'il soit arrivé après une vingtaine ou une

24 trentaine de jours après mon arrivée.

25 Q. Et après l'arrivée de Prcac dans le camp, à quel intervalle vous

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1 avez pu le voir ?

2 R. Je le voyais peut-être une, deux, trois fois par jour en fonction de

3 l'endroit où je me trouvais. Une fois même nous nous sommes entretenus.

4 Q. Et où le voyiez-vous au sein du camp ?

5 R. Devant l'immeuble du restaurant de ce côté-ci, vers la porte du

6 milieu de couleur sombre, noire.

7 Q. Et quand vous parlez de ce côté-là, est-ce que vous entendez la

8 partie de l'immeuble du restaurant qui se trouve face à vous ; c'est-à-

9 dire celle qui est la plus éloignée des Juges ?

10 R. Oui.

11 Q. Et quand vous parlez de cette porte noire au milieu, vous entendez

12 la porte noire qui se trouve au milieu de la partie arrière de cet

13 immeuble-là ?

14 R. La porte du milieu. Cela se trouve face à la Pista.

15 Q. Et quand vous dites "ici" ou "ça et là", quels autres endroits vous

16 entendez par là, pour ce qui est des endroits où vous avez vu Prcac ?

17 R. Entre le hangar de gauche et l'entrée de gauche et l'entrée

18 principale, parce que j'avais séjourné également sur la Pista.

19 Q. Donc il s'agit de la partie qui se trouve entre le hangar et le

20 bâtiment du restaurant. C'est ce que vous appelez la Pista ?

21 R. Oui.

22 Q. A ces occasions où vous avez pu voir M. Prcac, que faisait-il ?

23 R. Je ne sais pas quelles étaient ses tâches, je ne sais pas de quoi il

24 avait la charge mais il allait et venait, il entrait et sortait. Je ne

25 sais pas quelles étaient ses fonctions.

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1 Q. Dans quels immeubles -au singulier ou au pluriel- l'avez-vous vu

2 entrer et sortir ?

3 R. En général, il entrait par l'entrée principale de l'immeuble.

4 Q. Quel immeuble ?

5 R. Celui-ci qui se trouve à droite.

6 Q. Il s'agit là de quoi ?

7 R. Du restaurant.

8 Q. Etait-ce le seul bâtiment où il accédait, où vous l'avez vu entrer

9 et sortir ?

10 R. Moi, en ce qui me concerne, ce n'est que là que je l'ai vu entrer et

11 sortir.

12 Q. Lorsque vous voyiez Prcac, est-ce qu'il portait une arme et

13 laquelle ?

14 R. Je ne sais pas. Je n'arrive pas à m'en rappeler.

15 Q. Monsieur le Juge, je crois que le moment est opportun pour procéder

16 à une pause.

17 M. le Président : Oui, nous sommes d'accord. C'est un bon temps pour faire

18 la pause, c'est-à-dire pour nous arrêter aujourd'hui. Témoin, vous allez

19 revenir demain à 9 heures 30. Non, c'est une erreur !

20 Le rythme de travail est tel que l'on oublie qu'on a droit quand même a

21 des week-ends, des fins de semaine. Donc c'est vraiment lundi.

22 Mme Hollis (interprétation) : Monsieur le Président, nous sommes tout à

23 fait disponibles pour retravailler demain.

24 M. le Président : Bien, je crois que nous devons organiser cela si la

25 défense est disponible. Au moins nous avons le témoin. Pourquoi pas ? Moi-

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1 même, je serais là.

2 Mais nous pouvons peut-être en parler pour les prochaines fois. Pourquoi

3 pas ?

4 La défense : Nous sommes prêts aussi, Monsieur le Président.

5 Mme Hollis (interprétation) : Monsieur le Président, j'essayais de dire

6 que nous étions fort souples et que nous nous efforcerions de faire notre

7 possible aux fins d'accélérer la procédure. Je voulais seulement vous

8 faire entendre que nous sommes disposés à nous joindre à vos efforts pour

9 accélérer la procédure.

10 (Les Juges se consultent sur le siège.)

11 M. le Président : Je crois qu'il y a beaucoup de monde qui a besoin du

12 week-end, et peut-être que nous aussi. Donc nous pouvons nous reposer dans

13 les fins de semaine et accélérer un peu plus pendant la semaine.

14 D'accord ? C'est une bonne mesure peut-être ; ne pas perdre du temps dans

15 le temps de travail et nous reposer pour regagner cette vélocité.

16 Cette fois, vous ne courez pas le risque, Madame Hollis, mais ne le

17 répétez pas beaucoup sinon on peut organiser les choses.

18 Bon week-end à vous tous, et bon travail aussi.

  1. L'audience est levée à 14 heures 35.