Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   (Mardi 13 mars 2001.)

  2   (Audience publique.)

  3   (L'audience est ouverte à 9 heures 25.)

  4   (Les accusés sont introduits dans le prétoire.)

  5   M. le Président: Bonjour, veuillez vous asseoir s'il vous plaît.

  6   Bonjour Mesdames, Messieurs, bonjour cabine technique, interprètes.

  7   Interpréte: Bonjour, Monsieur le Président.

  8   M. le Président: Bonjour, personnel du Greffe, conseils de l'accusation et

  9   de la défense.

 10   Avant de commencer, je voudrais donner la parole à Me Jovan Simic, je

 11   crois qu'il y a un problème avec M. Prcac.

 12   (Questions relatives à la procédure.)

 13   M. J. Simic (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président.

 14   Oui, en effet, nous avons un problème. Monsieur Prcac s'est senti mal

 15   hier. Comme vous voyez, il n'est pas dans le prétoire ce matin. Je me

 16   permettrai, si vous voulez bien de vous informer en quelques mots au sujet

 17   de la situation. Donc il s'est trouvé mal hier, il n'a pas été emmené à

 18   l'hôpital immédiatement, mais on l'a gardé sous observation quelques

 19   temps, et il était donc au Tribunal. On l'a ensuite emmené au garage, on

 20   l'a ramené vers 21 heures à l'hôpital, où il est resté jusqu'à près de 22

 21   heures. Après quoi, il a été ramené au quartier pénitentiaire, où il se

 22   repose.

 23   Je remarque avec regret que la décision de la Chambre n'a pas été

 24   respectée à cet égard. Nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises. En

 25   effet, vous avez donné certaines recommandations au sujet de ce problème


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  1   de santé. Madame Hollis a fait savoir à plusieurs reprises qu'elle n'avait

  2   aucune objection, qu'elle n'avait rien contre le fait que M. Prcac ait le

  3   même traitement que les autres détenus. Mais pour des raisons inconnues de

  4   nous, cela n'a malheureusement pas été possible jusqu'à présent.

  5   Nous avons envoyé une lettre au Greffe pour traiter de ce sujet ainsi

  6   qu'au Président du Tribunal, mais nous n'avons pas reçu de réponse. Et

  7   nous nous trouvons donc dans un cercle vicieux. Monsieur Prcac est un

  8   homme âgé, c'est un homme malade également. Il ne peut pas supporter ce

  9   qui, d'une certaine façon, lui est imposé. Je ne peux pas intervenir, je

 10   ne peux pas vraiment le blâmer non plus de ce qui se passe, parce que ce

 11   sont toutes ces provocations à son égard qui créent cet état, qui

 12   aggravent cet état de santé.

 13   Nous avons deux problèmes en fait. Le premier problème, c'est que nous ne

 14   pouvons pas nous préparer, nous ne pouvons pas préparer notre défense

 15   parce que M. Prcac est malade. Et deuxième problème, nous risquons en

 16   raison de cette difficulté de bloquer le travail de la Chambre.

 17   Alors, je sais bien que le but est de travailler sans interruption, et je

 18   suis d'accord avec Me Fila pour que les travaux se poursuivent

 19   aujourd'hui, mais le plan de cette équipe de défense, donc la défense de

 20   M. Prcac, consistait à contre-interroger M. Radic aujourd'hui. A moins que

 21   l'état de santé de M. Prcac ne s'améliore, je ne pourrai pas procéder au

 22   contre-interrogatoire de M. Radic en son absence.

 23   J'en appelle à vous Monsieur le Président, Messieurs les Juges, parce que

 24   je ne comprends pas pourquoi certains accusés peuvent se promener, peuvent

 25   bavarder les uns avec les autres, peuvent avoir des moments de détente


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  1   tous ensemble, et que M. Prcac ne peut pas bénéficier de ces conditions.

  2   On ne peut pas le transporter avec les autres, il faut qu'il attende deux

  3   heures pour que son moyen de transport vienne le chercher.

  4   Or, il subit, il souffre de tension artérielle élevée. C'est un homme qui

  5   souffre de divers troubles de santé. Et du point de vue de mon éthique

  6   professionnelle je dois dire à cette Chambre que nous allons dans un sens

  7   qui me paraît avoir des conséquences tragiques.

  8   Mme Somers (interprétation): Monsieur le Président, c'est la première fois

  9   que j'entend parler de cela. Je l'entends aujourd’hui et je dois exprimer

 10   également la préoccupation de l'accusation s'il devait y avoir un

 11   quelconque retard dans les soins médicaux fournis à M. Prcac. Ce que je

 12   dis aujourd’hui se situe tout à fait en dehors de ce qu'a pu dire Mme

 13   Hollis jusqu'à présent. Si l'état de santé de M. Prcac correspond à ce qui

 14   vient de nous être décrit, je crains effectivement que ceci puisse avoir

 15   des conséquences qui nous inquiètent également.

 16   Donc au vu de ces préoccupations, j'aimerais demander à la Chambre de

 17   s'informer exactement sur la nature du retard qui a été subi par M. Prcac

 18   dans l'obtention de ses soins médicaux.

 19   M. le Président: Oui, merci beaucoup de votre préoccupation Madame Somers,

 20   mais peut-être vous pouvez quand même voir dans le Bureau du Procureur ce

 21   qui se passe parce que comme Me Jovan Simic l'a mentionné, nous avons posé

 22   la question ici dans la salle d'audience.

 23   Excusez-moi, je vois que Mme la Juge Wald veut dire quelque chose.

 24   Mme Wald (interprétation): Le seul commentaire que je ferai, c'est que le

 25   sujet a été évoqué devant votre prédécesseur, Madame Somers.


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  1   La question initiale qui s'est posée consistait à se demander si le

  2   Procureur, tout à fait au début, avait demandé des dispositions

  3   particulières pour transporter M. Prcac du quartier pénitentiaire au

  4   Tribunal et vice-versa.

  5   Mais si je me souviens bien de toute façon, entre temps un accord a été

  6   obtenu de la part de l'accusation pour qu'il soit traité comme les autres.

  7   Mme Somers (interprétation): Madame la Juge, je suis tout à fait d'accord.

  8   Mme Wald (interprétation): Pour autant que vous ayez fait savoir de la

  9   façon la plus claire à l'égard de la défense que vous n'avez pas

 10   d'objections à ce qu'il soit traité comme il convient.

 11   Mme Somers (interprétation): Nous n'avons pas d'objection à ce qu'il soit

 12   traité médicalement selon les besoins.

 13   M. le Président: Merci beaucoup Madame la Juge Wald, c'était exactement ce

 14   que j'allais dire à Mme Somers.

 15   Il y a eu au moins une contradiction: Mme Somers a dit dans ce prétoire et

 16   dans le compte rendu qu'il n'y avait aucun problème et aucune opposition

 17   que M. Prcac pourrait être conduit avec les autres accusés. Le problème,

 18   c'est que le Procureur a demandé une restriction de communication. A cause

 19   de cette restriction, ce problème est arrivé. Je sais que le Greffe a

 20   demandé au Procureur par écrit pour dire si oui ou non il y avait des

 21   restrictions et le Procureur officiellement, le Bureau du Procureur a

 22   confirmé que oui.

 23   Nous sommes donc confrontés à une position du Procureur ici dans le

 24   prétoire et à une autre position du Procureur en dehors du prétoire. C'est

 25   cela le problème.


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  1   Je sais maintenant, Maître Jovan Simic. Je vais prendre soin

  2   personnellement pour la prochaine pause, c'est ce que je peux faire, je

  3   sais que le Président a été saisi de cette question. Nous avons déjà parlé

  4   de cette question et la prochaine pause je vais parler directement et

  5   personnellement et je vais demander au Greffe, peut-être je dois

  6   maintenant attendre le Greffe, Mme Thomson. Je vais demander au Greffe de

  7   faire parvenir au Président du Tribunal cette partie du compte rendu ou Me

  8   Jovan Simic a communiqué ce qu'il a communiqué, la position que Mme Somers

  9   exprimée et toute la discussion pour que le Président puisse être habilité

 10   à prendre des décisions le plus rapidement possible.

 11   Donc voilà ce que je peux faire. Comme vous savez, ce n'est pas à la

 12   Chambre de décider de cette question, c'est au Président du Tribunal.

 13   Comme le Président du Tribunal a été saisi, je crois, quelques semaines

 14   avant, il faut donc que l'on puisse décider rapidement.

 15   Je vois que Mme Somers veut ajouter quelque chose.

 16   Mme Somers (interprétation): Si vous me le permettez en effet, Monsieur le

 17   Président. Monsieur Saxon m'informe qu'apparemment Mme Hollis ayant eu

 18   connaissance du problème médical -et cela doit figurer au compte rendu

 19   d'audience, je tâcherai de trouver ce passage pendant la pause-, Mme

 20   Hollis a indiqué que la position de l'accusation avait changé.

 21   Je retrouverai le passage, Monsieur le Président.

 22   M. le Président: Oui Maître Fila?

 23   M. Fila (interprétation): Ce n'est pas uniquement parce que je suis un

 24   gentleman que je vais venir à la rescousse de Mme Hollis et de Mme Somers

 25   mais je dis simplement que Mme Hollis avait pris une position claire: les


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  1   cinq accusés devaient avoir les mêmes conditions.

  2   Je ne sais pas si vous vous rappelez, Monsieur le Président, elle a

  3   demandé les mêmes conditions pour les cinq accusés, elle a eu des

  4   difficultés à comprendre pourquoi certaines mesures avaient été imposées à

  5   M. Prcac et pas aux autres. Elle a même eu des difficultés à comprendre

  6   pourquoi certaines mesures avaient été imposées à M. Prcac et pas aux

  7   autres. Elle a donc ensuite, en raison de cette différence, accepté, pour

  8   que l'égalité des conditions soit rétablie, que M. Prcac ait les mêmes

  9   conditions.

 10   Merci, excusez moi de cette interruption.

 11   M. le Président: Merci beaucoup, de toute façon ce que l'on doit conclure

 12   c'est qu'il est important de décider le plus urgemment possible de cette

 13   question. Voilà ce que l'on peut faire, j'insiste pour que le Greffe fasse

 14   parvenir au Président du Tribunal l'extrait du compte rendu sur cette

 15   question, pour qu'il puisse être habilité et avoir plus d'informations.

 16   Une autre question, avant d'ouvrir l'audience, je devais dire à Me

 17   Stojanovic les dates qui sont désignées pour la défense de l'accusé M.

 18   Zigic: je parle des semaines du 26 mars, du 9 avril et du 17 avril

 19   -je dois dire que ces deux semaines sont un peu plus courtes, comme vous

 20   le savez, puisqu'il y a des jours fériés-, et du 23 avril.

 21   Cela veut dire qu'on va maintenir la perspective de ce que nous avions

 22   annoncé de la semaine du 7 mai pour la défense de M. Prcac et la semaine

 23   du 14 mai aussi.

 24   Voilà ce que je nous avions prévu et que nous maintenons pour l'instant.

 25   Je crois que nous sommes en condition maintenant pour commencer nos


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  1   travaux. A cet effet, je donne la parole à Me Fila. S'il vous plaît?

  2   M. Fila (interprétation): Merci, Monsieur le Président, la défense cite à

  3   la barre, le témoin Vinka Andic, et prévoit d'entendre dans la journée

  4   d'aujourd'hui, cinq témoins.

  5   (Le témoin, Mme Vinka Andic, est introduit dans le prétoire.)

  6   M. le Président: Bonjour, Madame, m'entendez-vous bien?

  7   Mme Andic (interprétation): Je vous entends.

  8   M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que M.

  9   l'huissier va vous tendre, s'il vous plaît?

 10   Mme Andic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

 11   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 12   M. le Président: Veuillez vous asseoir. Installez-vous le plus

 13   confortablement possible. Pour l'instant, vous allez répondre aux

 14   questions que Me Fila va vous poser s'il vous plaît. Attendez un peu,

 15   parce qu'il a un problème avec l'une des sténotypistes.

 16   Je crois que nous sommes maintenant en condition.

 17   S'il vous plaît, Maître Fila, vous pouvez continuer ou commencer.

 18   (Interrogatoire principal du témoin, Mme Vinka Andic, par Me Fila.)

 19   M. Fila (interprétation): Madame Vinka Andic, quelle est votre date de

 20   naissance, je vous prie?

 21   Mme Andic (interprétation): Le 6 août 1959.

 22   Question: Où êtes-vous née?

 23   Réponse: A Prijedor.

 24   Question: Quelle est votre nationalité?

 25   Réponse: Serbe.


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  1   M. le Président: Oui, Monsieur Saxon?

  2   M. Saxon (interprétation): Je suis tout à fait désolé d'interrompre, mais

  3   je regarde le compte rendu d'audience et j'ai l'impression que le témoin

  4   n'a pas prononcé le serment, la déclaration solennelle. Je voulais

  5   simplement vérifier.

  6   Sténotypiste anglaise: Le serment, la déclaration a été prononcée mais

  7   n'est pas encore sortie sur l'écran, mais figurera sur le compte rendu.

  8   M. le Président: Cela vous satisfait, Monsieur Saxon? La sténotypiste

  9   anglaise dit que la déclaration n'est pas sur le compte rendu, mais va

 10   être introduite parce qu'elle est en mémoire. Le compte rendu a quand même

 11   son fonctionnement aussi?

 12   M. Saxon (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Tout va bien,

 13   merci.

 14   M. le Président: Cette question a déjà été enregistrée dans le compte

 15   rendu. Merci de faire attention.

 16   Maître Fila, excusez-moi, continuez s'il vous plaît.

 17   M. Fila (interprétation): Madame le témoin, quelle est votre nationalité

 18   et quelle est votre religion?

 19   Mme Andic (interprétation): Je suis Serbe.

 20   Question: Quelle est votre profession?

 21   Réponse: Couturière.

 22   Question: Que faisiez-vous avant le conflit?

 23   Réponse: Je travaillais dans la mine d'Omarska comme femme de ménage.

 24   Question: Etes-vous mariée, avez-vous des enfants?

 25   Réponse: Je suis mariée, j'ai donc un époux et deux fils.


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  1   Question: Le bâtiment où vous travailliez est bien ce bâtiment dans

  2   lequel, plus tard, on a placé des détenus, n'est-ce pas?

  3   Réponse: Oui.

  4   Question: Quand vous travailliez avant les événements, est-ce-qu'il vous

  5   est arrivé de vous servir d'eau qui se trouvait là?

  6   Réponse: Oui.

  7   Question: Comment?

  8   Réponse: Nous nous servions de l'eau de façon tout à fait normale, mais

  9   c'était de l'eau du robinet que nous utilisions tous.

 10   Question: C'était de l'eau qui venait des adductions d'eau?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: Et du robinet?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Mais d'où venait cette eau: de l'adduction d'eau municipale ou

 15   du puits ou bien d'où?

 16   Réponse: Du puits.

 17   Question: Plus tard, quand le centre d'enquête a été créé et ensuite

 18   également, est-ce que c'est la même eau qui était utilisée?

 19   Réponse: Oui.

 20   Question: J'aimerais à présent attirer votre attention sur une personne

 21   répondant au nom de Mlado Radic: le connaissiez-vous avant la guerre et

 22   dans quelles conditions?

 23   Réponse: Oui, je le connaissais, j'estimais que c'était quelqu'un de tout

 24   à fait calme. C'était un policier.

 25   Question: Est-ce que vous savez à quel moment a été créé le centre


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  1   d'enquête dans le bâtiment de la mine?

  2   Réponse: Je crois que c'était au début du mois de mai 1992.

  3   Question: Qui travaillait avec vous, à ce moment-là, au nettoyage?

  4   Réponse: Ma collègue, Bozana Nisevic.

  5   Question: Et quels étaient vos horaires de travail?

  6   Réponse: De 7 heures du matin à 7 heures du soir.

  7   Question: Qu'est-ce que vous nettoyiez exactement?

  8   Réponse: Nous étions chargées de nettoyer les étages où étaient les

  9   inspecteurs. En bas, il nous est arrivé à plusieurs reprises de nettoyer.

 10   Après quoi, les détenus nous ont dit qu'ils n'avaient plus besoin de nous,

 11   qu'il suffisait que nous leur apportions des articles d'hygiène et qu'eux

 12   procéderaient au nettoyage.

 13   Question: Pendant la période où a existé le camp d'enquête, avez-vous vu

 14   Mlado Radic? Si oui, que faisait-il et où l'avez-vous vu?

 15   Réponse: Oui, je l'ai vu, je l'ai vu devant la porte d'un bureau, ce

 16   bureau donnait sur un couloir, ensuite, on descendait dans une cage

 17   d'escalier, on arrivait en bas sur un palier, et c'est là que je l'ai vu.

 18   C'est là qu'il travaillait.

 19   Question: Que faisait-il à cet endroit?

 20   Réponse: Eh bien, rien de particulier, enfin, il faisait les cent pas.

 21   C'était sans doute la tâche qui lui avait été confiée.

 22   Question: Savez-vous peut-être quel genre d'arme il portait quand vous

 23   l'avez vu à ce moment-là?

 24   Réponse: Il portait un fusil automatique.

 25   Question: Vous est-il arrivé de le voir également à l'intérieur d'un


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  1   bureau peut-être?

  2   Réponse: Oui, je l'ai vu dans ce bureau. Quelquefois il lui arrivait de

  3   répondre au téléphone, ce genre de chose.

  4   Question: Mais vous-même et votre collègue, vous étiez chargées de tous

  5   les nettoyages de tous les bureaux?

  6   Réponse: Oui.

  7   Question: Dans les pièces que vous avez nettoyées, vous est-il arrivé

  8   peut-être de trouver des taches de sang, des traces de sang?

  9   Réponse: Oui, de temps en temps, de petites taches.

 10   Question: C'étaient des endroits où travaillait qui?

 11   Réponse: Les inspecteurs.

 12   Question: Vous est-il arrivé d'entendre de temps en temps des cris, des

 13   gémissements?

 14   Réponse: Oui de temps en temps.

 15   Question: Vous est-il arrivé de voir, quelquefois, des détenus frappés?

 16   Réponse: Eh bien, j'en ai vu quelque fois, mais ils n'étaient pas très

 17   nombreux.

 18   Question: Y avait-il des femmes à cet étage?

 19   Réponse: Oui, il y en avait.

 20   Question: Etaient-elles nombreuses?

 21   Réponse: Il y en avait, mais je ne me rappelle pas aujourd'hui combien.

 22   Enfin, elles n'étaient pas très nombreuses.

 23   Question: Et est-ce-qu'elles nettoyaient les pièces que vous nettoyiez, ou

 24   bien ne nettoyaient-elles que les pièces dans lesquelles elles se

 25   trouvaient?


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  1   Réponse: Elles nettoyaient les pièces dans lesquelles elles se trouvaient.

  2   Il leur arrivait de nous aider dans notre travail aussi parce qu'elles

  3   s'ennuyaient.

  4   Question: Où passaient-elles la nuit?

  5   Réponse: Il y avait deux bureaux à l'étage où elles passaient la nuit.

  6   Question: Dans la journée, où se trouvaient-elles?

  7   Réponse: Dans le réfectoire.

  8   Question: Avaient-elles toute liberté de circuler dans les différents

  9   bâtiments?

 10   Réponse: Oui.

 11   Question: Et où circulaient-elles?

 12   Réponse: Eh bien, elles se promenaient, enfin, elles ne pouvaient pas

 13   vraiment se promener partout où elles voulaient, mais elles pouvaient tout

 14   de même se promener un petit peu, sortir et se promener dans les couloirs,

 15   ce genre de chose.

 16   Question: Est-ce qu'elles pouvaient utiliser la salle de bain?

 17   Réponse: Oui, elles utilisaient la salle de bain. Tout était en état de

 18   fonctionnement, les douches et tout le reste. Elles lavaient aussi

 19   quelquefois leur linge.

 20   Question: Est-ce qu'il leur arrivait d'utiliser le poêle?

 21   Réponse: Oui.

 22   Question: Pourquoi faire?

 23   Réponse: Pour se faire un café ou se préparer un plat.

 24   Question: Où se trouvait ce poêle?

 25   Réponse: Il y en avait un qui était dans le couloir, et l'autre qui était


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  1   dans le bureau où se trouvait M. Radic.

  2   Question: Est-ce que vous savez qu'il y avait une grande pièce à l'étage?

  3   Si oui, comment s'appelait cette pièce?

  4   Réponse: Oui, il y en avait une, c'était une salle de réunion.

  5   Question: Pendant la journée, alors que les inspecteurs étaient

  6   présents...

  7   Réponse: Oui.

  8   Question: Est-ce que les gardiens, les soldats étaient présents aussi?

  9   Réponse: Oui.

 10   Question: Est-il permis de dire qu'à ce moment-là il y avait beaucoup de

 11   monde à l'étage?

 12   Réponse: Oui, il y avait pas mal de gens qui avaient chacun leur tâche.

 13   Question: Toutes les pièces étaient occupées à ce moment-là?

 14   Réponse: Oui.

 15   Question: Avez-vous été en contact avec toutes ces femmes?

 16   Réponse: Oui.

 17   Question: L'une d'entre elles se serait plainte auprès de vous du

 18   comportement de Mlado Radic?

 19   Réponse: Non non, elle disait même qu'il était vraiment un homme bien,

 20   qu'il avait aidé pas mal d'entre elles. Donc elles vantaient ses louanges.

 21   Question: Pouvez-vous nous donner éventuellement le nom de l'une ou

 22   l'autre de ces femmes qui vous a parlé de cette façon?

 23   Réponse: Eh bien, (expurgé)  aussi qu'on surnommait (expurgé)

 24   -je crois que c'était son non-, Jadranka Cigelj, et encore une autre qui

 25   avait le petit restaurant qui s'appelait la "Rose rouge", mais je ne sais


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  1   plus son nom. Enfin, il y en a eu pas mal.

  2   Question: Cette femme, (expurgé) 

  3   (expurgé)?

  4   Interprète: C'est le deuxième nom dans la liste qui précède.

  5   Réponse: Il me semble qu'elle s'appelait également (expurgé), cela vient de

  6   me revenir. Elle a travaillé avec moi pendant quelque temps.

  7   Question: Avez-vous vu personnellement Mlado Radic apporter des paquets

  8   aux détenus?

  9   Réponse: Oui.

 10   Question: Qu'est-ce qu'il apportait?

 11   Réponse: Il leur apportait de la nourriture, des boîtes de conserves, du

 12   pain, des articles d'hygiène. Tout ce qu'elles demandaient elles le

 13   recevaient.

 14   Question: Est-ce qu'il est arrivé à l'une ou l'autre de ces femmes de

 15   fêter son anniversaire par exemple?

 16   Réponse: Oui, je crois que oui. Il y avait deux Jadranka: il y avait une

 17   Jadranka Cigelj et une autre, je ne sais pas laquelle des deux a fêté son

 18   anniversaire, mais l'une d'entre elles l'a fait effectivement.

 19   Question: J'en arrive à présent à ma dernière question: je vous demande de

 20   penser à cette personne dont vous avez dit qu'elle s'appelait (expurgé) 

 21   ou (expurgé) ?

 22   Réponse: Oui.

 23   Question: Est-il arrivé un moment où Mlado Radic vous aurait envoyé la

 24   chercher dans le réfectoire en bas, après quoi vous l'auriez accompagnée

 25   jusqu'à cette grande salle à l'étage, que vous avez appelée la salle, dans


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  1   laquelle se trouvait pendant la journée Mlado Radic, tout seul; et il

  2   l'aurait à ce moment-là violée?

  3   Réponse: Non, non.

  4   Question: J'en arrive à présent à ma toute dernière question.

  5   Quel est, à votre avis, le comportement que vous avez pu constater de la

  6   part de Mlado Radic et vis-à-vis des détenus et vis-à-vis des femmes?

  7   Réponse: C'était un homme bien, un homme véritable. Je ne sais pas comment

  8   vous l'expliquer autrement. Quelqu'un à qui il faut que nous soyons

  9   reconnaissants pour tout.

 10   M. Fila (interprétation): Merci beaucoup, la défense n'a plus de

 11   questions.

 12   M. le Président: Y a-t-il d'autres conseils qui veulent interroger?

 13   Je vois des signes négatifs.

 14   Donc du banc du Procureur, contre-interrogatoire? C'est M. Saxon?

 15   Vous avez donc la parole.

 16   Madame Andic, vous allez répondre maintenant aux questions du Procureur.

 17   S'il vous plaît, vous avez la parole, Monsieur Saxon.

 18   (Contre-interrogatoire du témoin, Mme Vinka Andic, par M. Saxon.)

 19   M. Saxon (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 20   Avant de commencer mon contre-interrogatoire, j'aimerais simplement

 21   informer la Chambre de première instance au sujet d'un point.

 22   Quand je contre-interrogeais M. Radovan Medic, hier, M. le Juge Riad a

 23   posé une question au sujet de la pièce à conviction de la défense D16/3,

 24   il a posé des questions au sujet de l'utilisation de certains pronoms dans

 25   ce document et de la prononciation en anglais, dans la version anglaise,


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  1   de ces pronoms.

  2   Je voudrais donc informer la Chambre ce matin que l'accusation a décidé de

  3   soumettre à nouveau ce texte à la traduction pour vérifier l'existence

  4   éventuelle d'une quelconque erreur.

  5   Madame Andic?

  6   Mme Andic (interprétation): Oui.

  7   Question: En réponse aux questions de l'interrogatoire principal, vous

  8   avez dit que vous utilisiez de l'eau du robinet, l'eau de distribution

  9   industrielle que nous utilisons tous. C'est ce que vous avez dit.

 10   Mais est-ce que vous utilisiez la même eau que celle qui était utilisée

 11   pour les traitements effectués dans la mine, les traitements des minerais

 12   de fer et des autres minerais ou est-ce une eau provenant d'un système

 13   différent?

 14   Réponse: Nous utilisions la même eau.

 15   Question: Etes-vous en train d'affirmer dans votre déposition que vous

 16   buviez cette eau?

 17   Réponse: Oui.

 18   Question: Le couloir, vous avez parlé de la grande salle de conférence qui

 19   se trouvait au bout du couloir, au premier étage du bâtiment

 20   administratif, vous vous rappelez avoir parlé de cela?

 21   Réponse: Oui.

 22   Question: Maître Fila vous a posé une question dans laquelle il vous a

 23   demandé s'il vous était jamais arrivé d'accompagner cette femme, dont le

 24   patronyme est (expurgé) jusqu'à la salle de conférence. Après quoi, M.

 25   Radic l'aurait éventuellement violée dans cette salle de conférence. Vous


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  1   avez répondu "non" à cette question.

  2   Je vous pose pour ma part la question suivante: Monsieur Radic à quelque

  3   moment que ce soit vous a-t-il à quelque moment que ce soit...

  4   Monsieur le Président, avant que je ne finisse ma question, je vous

  5   demande un huis clos partiel.

  6   M. le Président: Nous allons passer à huis clos partiel.

  7   Je vois que nous y sommes. Vous pouvez continuer, s’il vous plaît.

  8   (Audience à huis clos partiel.)

  9   [expurgée]

 10   [expurgée]

 11   [expurgée]

 12   [expurgée]

 13   [expurgée]

 14   [expurgée]

 15   [expurgée]

 16   [expurgée]

 17   [expurgée]

 18   [expurgée]

 19   [expurgée]

 20   [expurgée]

 21   [expurgée]

 22   (Audience publique.)

 23   M. Saxon (interprétation): Madame Andic, vous avez connu certaines des

 24   personnes détenues au camp d'Omarska au cours de l'été 1992, n'est-ce pas?

 25   Mme Andic (interprétation): Oui.


Page 9139

  1   Question: Certains détenus que vous avez connus ont été tués au camp

  2   d'Omarska, n'est-ce pas? Et je tiens à vous rappeler que vous êtes sous

  3   serment.

  4   Réponse: Il se peut que oui, je ne sais pas.

  5   Question: Mais sauriez-vous nous dire si l'une quelconque des personnes

  6   que vous avez connues a été tuée au camp d'Omarska?

  7   Réponse: Je n'ai pas pu voir cela, je n'ai pas accès à ce type de choses.

  8   Question: Vous avez mentionné le fait que... Au fait, dites-nous pourquoi

  9   vous n'étiez pas en mesure de vous déplacer autour?

 10   Réponse: Eh bien, je n'avais pas le temps, j'ai toujours travaillé à

 11   l'étage.

 12   Question: Vous passiez 12 heures, de 7 heures du matin à 7 heures du soir,

 13   à nettoyer ce premier étage, alors que vous nous avez dit tout à l'heure

 14   que certaines détenues vous avaient dit au bout d'un certain temps

 15   qu'elles allaient nettoyer elles-mêmes. Je n'ai pas entendu votre réponse.

 16   Réponse: Je pense que oui, mais nous partions aussi vers la Separacija,

 17   la station de tri, pour y travailler un certain temps, et nous revenions.

 18   Question: Lorsque vous quittiez le bâtiment administratif, pouviez-vous

 19   voir des gens maltraités au sein du camp à Omarska?

 20   Réponse: Il se peut que j'ai vu, parfois, des personnes être giflées et

 21   des choses comme cela.

 22   Question: Vous avez dit tout à l'heure que vous avez entendu des cris, des

 23   gémissements en provenance du premier étage et ce, pendant que vous

 24   travailliez au premier étage de ce bâtiment administratif. Vous avez même

 25   dit que vous pouviez de temps en temps voir des détenus battus.


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  1   Avez-vous rapporté ces incidents ou vous vous êtes habituée à ignorer la

  2   chose?

  3   Réponse: Je ne me suis pas habituée, mais j'ai dû simplement continuer à

  4   faire mon travail. Je ne pouvais pas ...

  5   Question: Vous ne pouviez pas quoi? Finissez votre phrase, je vous prie?

  6   Réponse: Je ne pouvais pas aller là-bas et regarder. Moi, je faisais mon

  7   travail et eux devaient faire le leur.

  8   Question: Vous aviez des enfants à l'époque, n'est-ce pas, en 1992?

  9   Réponse: Oui, oui, j'avais un fils. Je ne me souviens plus quel âge il

 10   avait à l'époque.

 11   Question: Madame, il devait être douloureux et pénible de regarder ces

 12   détenus en train d'être battus?

 13   Réponse: Je vous ai dit que je ne regardais pas, j'avais mon travail à

 14   effectuer, je n'avais pas à regarder. Quand quelqu'un se faisait gifler,

 15   ce n'était pas si grave.

 16   Question: Lorsque vous terminiez votre travail à la fin de la journée au

 17   camp d'Omarska, au bout de 12 heures de travail là-bas, aviez-vous coutume

 18   de vous entretenir avec qui que ce soit de ce qui se passait, des

 19   prisonniers giflés, des cris que vous entendiez, etc.?

 20   Réponse: Non, on me demandait d'habitude si ces gens-là avaient

 21   suffisamment de vivres et des choses pareilles.

 22   Question: Avez-vous... Non je vais reformuler.

 23   Vous nous avez dit que les femmes pouvaient se déplacer librement et

 24   qu'elles pouvaient sortir. Quand vous avez dit "sortir", qu'entendiez-

 25   vous?


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  1   Réponse: Sortir dans les prés, aller cueillir des herbes pour des tisanes.

  2   Nous avions l'habitude de boire des tisanes, moi avec elles également.

  3   Question: Pouvez-vous, je vous prie, nous expliquer où se trouvait ce pré

  4   avec ces herbes servant aux tisanes?

  5   Réponse: Autour des immeubles, autour des bâtiments.

  6   Question: Autour de quel bâtiment?

  7   Réponse: Autour du bâtiment administratif, autour de l'atelier.

  8   Question: J'essaie de vous comprendre. Il y avait un près, autour de ce

  9   bâtiment administratif et de l'atelier. Quand vous dites "atelier", vous

 10   parliez, j'imagine, du bâtiment que l'on appelait également hangar?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: Et quelle était la taille de ces prés?

 13   Réponse: Ces prés étaient énormes. Il n'y avait rien d'autre que cela, là-

 14   bas, une pompe à essence, un entrepôt, la maison blanche.

 15   Question: Y avait-il des vaches en train de brouter l'herbe autour de ce

 16   bâtiment administratif et du hangar?

 17   Réponse: Oui.

 18   Question: Si je vous ai bien compris, vous nous avez dit que les

 19   prisonnières, les détenues pouvaient sortir du bâtiment administratif, et

 20   aller et venir sur ces prés pour cueillir des plantes?

 21   Réponse: Oui.

 22   Question: Y êtes-vous allée avec elles pour voir quel type d'herbe elles

 23   cueillaient?

 24   Réponse: Oui, cela m'intéressait, ces herbes-là, et même de nos jours, je

 25   m'en sers.


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  1   Question: Et avec qui alliez-vous cueillir des herbes sur le pré?

  2   Réponse: Avec des femmes, pas toutes, bien sûr, elles n'y allaient pas

  3   toutes. Avec certaines d'entre elles, je ne me souviens plus de leur nom.

  4   Question: Pouvez-vous vous rappeler l'un quelconque des noms des femmes

  5   que vous avez accompagnées?

  6   Réponse: Je ne sais pas, je n'arrive pas à m'en rappeler, c'était il y a

  7   longtemps.

  8   Question: Lorsque vous vous trouviez à l'extérieur du bâtiment

  9   administratif, lorsque vous vous dirigiez vers ces prés, est-ce que vous

 10   pouviez voir des détenus à l'extérieur du bâtiment administratif?

 11   Réponse: Oui, il y en avait devant le bâtiment administratif, entre ce

 12   bâtiment administratif et ce hangar.

 13   Question: Avez-vous vu des gardiens là-bas?

 14   Réponse: Oui, il y avait des gardes. Et de quoi avaient l'air ces détenus

 15   que vous voyiez là-bas?

 16   Réponse: Je ne saurais trop vous dire comment et de quoi ils avaient

 17   l'air.

 18   Question: Essayez donc.

 19   Réponse: Tout simplement, certains étaient debout, certains étaient assis,

 20   certains se taisaient, d'autres rigolaient, et ainsi de suite.

 21   Question: Quelle était l'odeur que l'on pouvait sentir dans le camp, à

 22   l'extérieur du bâtiment administratif?

 23   Réponse: L'odeur? L'odeur n'était pas agréable du tout.

 24   Question: Qu'entendez-vous par était "désagréable"?

 25   Réponse: Je ne sais pas trop comment vous expliquer.


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  1   Question: Cela sentait quoi? Quelle était l'odeur que vous pouviez

  2   identifier?

  3   Réponse: Je n'arrive pas à m'en rappeler, mais je sais seulement que ce

  4   n'était pas une odeur de fraîcheur, c'était plutôt bizarre.

  5   Question: Est-ce que l'un quelconque des détenus hommes allaient vous

  6   accompagner, vous détenues, les détenues femmes, pour aller cueillir des

  7   herbes?

  8   Réponse: Non.

  9   Question: Je demande des excuses à la Chambre.

 10   Je vous remercie Monsieur le Président, je n'ai plus de questions à poser.

 11   M. le Président: Maître Fila, des questions supplémentaires?

 12   (Interrogatoire principal supplémentaire au témoin, Mme Vinka Andic, par

 13   Me Fila.)

 14   M. Fila (interprétation): Juste pour clarifier quelques points, nous avons

 15   posé des questions au sujet de l'eau, nous avons demandé si cela passait

 16   par les adductions d'eau, si cela passait par les robinets pour finir dans

 17   des verres, et ce, avant la mise en place du centre d'instruction pendant

 18   et après son existence?

 19   Mme Andic (interprétation): C'est l'eau du robinet que nous versions dans

 20   nos verres et que nous buvions.

 21   Question: Deuxième question. Je ne sais pas pourquoi la maquette a été

 22   enlevée d'ici, mais je voudrais qu'elle puisse nous montrer où se

 23   trouvaient ces prés et qu'elle nous indique également l'endroit où elle

 24   avait vu Mlado Radic, si toutefois la Chambre estime que cela pourrait lui

 25   servir.


Page 9144

  1   M. le Président: Vous pensez que c'est nécessaire de placer la maquette

  2   devant le témoin, Maître Fila?

  3   M. Fila (interprétation): Je ne le pense pas. En raison de toutes ces

  4   questions posées par M. Saxon, je pense que cela pourrait servir, j'estime

  5   que cela n'est pas du tout nécessaire, je pense même qu'elle pourrait se

  6   lever et nous le montrer de là où elle est.

  7   M. le Président: De toute façon, nous devons tous nous lever.

  8   Monsieur Fila, est-il possible de placer la maquette devant le témoin?

  9   Si nécessaire un appelant quelconque peut vous aider.

 10   M. Fila (interprétation): Nous pourrions peut-être nous aider d'une

 11   photographie pour régler le problème.

 12   M. le Président: Et mettre la photographie sur le rétroprojecteur.

 13   Vous l'avez?

 14   M. Fila (interprétation): Il s'agit du 3/34, pièce à conviction de

 15   l'accusation.

 16   M. Saxon (interprétation): Monsieur le Président, j'essaie de tirer

 17   certains points au clair. La pièce à conviction citée par M. Fila est une

 18   photographie où l'on voit le camp de Keraterm. Je crois qu'il s'agit

 19   plutôt d'une autre pièce à conviction.

 20   M. Fila (interprétation): Je m'excuse dans la liste des documents, on

 21   indique qu'il s'agit du camp d'Omarska. C'est peut-être bien une bonne

 22   chose que nous nous soyons rendus compte de la chose.

 23   M. le Président: Madame Thomson, est-il possible de dire s'il y a une

 24   photographie du camp d'Omarska?

 25   Mme Thomson (interprétation): J'ai besoin de quelques secondes pour


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  1   retrouver cette photographie, et j'ai besoin de la cote.

  2   M. Fila (interprétation): C'est le D26/1 qui est une photographie du camp,

  3   de l'entrée du bâtiment administratif, le 3/121 qui est une vue

  4   panoramique du camp d'Omarska, sur la liste, on désigne cela comme étant

  5   une vue panoramique de l'entrée du bâtiment administratif, et le D30/1 qui

  6   est une pièce à conviction de la défense, Monsieur le Président.

  7   Madame Andic, je vous prie de vous pencher sur cette photographie et de

  8   bien vouloir nous montrer où se trouvent ces prés dont vous avez parlé?

  9   Mme Andic (interprétation): Ici.

 10   Question: Non pas sur l'écran, mais sur le rétroprojecteur?

 11   Réponse: Ici, tout autour ici, voilà la maison blanche.

 12   Question: Merci beaucoup, je n'ai plus de questions.

 13   M. le Président: Maître Fila, dans le compte rendu, on va dire ici, c'est

 14   rien. Peut-être qu'il faut faire une petite description?

 15   M. Fila (interprétation): Bien. Je vous prie de regarder la photographie,

 16   et dire où se trouvent ces prés? Donc, derrière ceci, à côté de cela,

 17   ainsi de suite?

 18   Mme Andic (interprétation): Voici, ici, le hangar, ceci est le bâtiment

 19   administratif, le terrain de jeu.

 20   Question: Est-ce que ces prés se trouvent autour du hangar et autour de la

 21   maison blanche, autour de la Pista, de ce côté-ci?

 22   Réponse: Oui.

 23   Question: Des deux côtés du hangar, n'est-ce pas?

 24   Réponse: Oui.

 25   Question: Derrière le bâtiment administratif.


Page 9146

  1   Réponse: Oui, ce sont aussi des prés mais ils sont un peu plus loin.

  2   Question: Est-ce que vous êtes allée sur tous ces prés pour aller cueillir

  3   des herbes avec les détenues?

  4   Réponse: Oui.

  5   M. Fila (interprétation): Je crois que cela suffit. Excusez-moi pour la

  6   perte de temps occasionnée, Monsieur le Président.

  7   M. le Président: Très bien. Monsieur le Juge Riad, s’il vous plaît.

  8   (Questions au témoin, Mme Vinka Andic, par M. Le Juge Riad.)

  9   M. Riad (interprétation): Madame Andic, bonjour Madame, m'entendez-vous?

 10   Mme Andic (interprétation): Oui.

 11   Question: Je voudrais mieux comprendre ce que vous avez dit au cours de

 12   votre témoignage que j'ai suivi avec attention.

 13   Vous êtes Serbe. Avez-vous, vous-même, été détenue au camp d'Omarska, ou

 14   avez-vous travaillé là-bas en qualité de femme de ménage ou avez-vous été

 15   engagée pour y faire le ménage? Quelle était votre position au juste?

 16   Réponse: Je travaillais là-bas. Ma tâche consistait à faire mon travail

 17   indépendamment de mon appartenance ethnique.

 18   Question: Ce n'était pas ma question. Etiez-vous détenue ou employée là-

 19   bas?

 20   Réponse: J'y travaillais.

 21   Question: Fort bien. Et vous viviez ailleurs et non pas là où étaient

 22   logées les autres femmes?

 23   Réponse: Je ne vous ai pas compris.

 24   Question: Vous habitiez à un endroit distinct, non pas avec les détenues,

 25   ou alors avez-vous séjourné constamment avec ces détenus, vous avez


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  1   assisté à leurs repas, à leur sommeil?

  2   Réponse: Je ne pouvais pas le faire tout le temps. Je venais bavarder un

  3   peu avec elles, et je continuais à travailler. Des fois elles venaient

  4   elles-mêmes laver des fenêtres, accrocher des rideaux et ainsi de suite.

  5   Question: Pouvez-vous nous dire quel était votre rapport avec M. Radic?

  6   Etiez-vous bons amis ou le voyiez-vous ça et là?

  7   Réponse: Je le voyais ça et là. Je le connaissais depuis petite, étant

  8   donné qu'il était policier.

  9   Question: Oui, mais y avait-il une relation familiale parentale? Le

 10   connaissiez-vous auparavant, connaissiez-vous son caractère?

 11   Réponse: Non.

 12   Question: Parfois, vous le voyiez au bureau en train d'être assis et

 13   répondre aux coups de fils téléphoniques. Se pouvait-il que l'un

 14   quelconque des gardiens vienne au bureau et réponde au téléphone, ou

 15   seulement certaines personnes pouvaient être au bureau et répondre au

 16   téléphone?

 17   Réponse: Oui, il le pouvait.

 18   Question: Donc n'importe lequel pouvait se trouver au bureau et répondre

 19   au téléphone?

 20   Réponse: Oui n'importe lequel.

 21   Question: L'un quelconque des gardes?

 22   Réponse: Oui.

 23   Question: Il s'agissait donc d'un bureau dont tout le monde se servait,

 24   c'était une sorte de bureau public?

 25   Réponse: C'est cela.


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  1   Question: Y avait-il des enquêtes dans ce bureau?

  2   Réponse: Non.

  3   Question: Le sang que vous voyiez parfois par terre, cela se trouvait-il

  4   également dans ce bureau?

  5   Réponse: Non.

  6   Question: Vous avez dit que son comportement à l'égard des femmes, à

  7   l'égard des détenus, avait été... Bon, enfin vous l'avez décrit comme

  8   quelqu'un de bien. Avait-il été trop gentil à leur égard? Etait-il tout le

  9   temps avec elles en s'efforçant d'être gentil?

 10   Réponse: Eh bien, il était gentil avec les hommes et les femmes, il aidait

 11   tous ceux et celles qu'il pouvait aider.

 12   Question: Vous avez mentionné également le fait que vous n'avez pas emmené

 13   (expurgé)  dans cette salle de conférence pour le rencontrer. Etant

 14   donné que vous étiez tout le temps dans les parages, est-ce que vous

 15   pensez que (expurgé) y est allée elle-même, de sa propre initiative?

 16   Réponse: Non, je ne sais pas plutôt. Mais je ne pense pas qu'il puisse se

 17   permettre une chose pareille. Personne ne m'a envoyée le faire mais je

 18   crois que c'est une personne qui ne se permettra pas une chose de ce

 19   genre.

 20   Question: Vous avez parlé de la célébration de l'anniversaire d'une

 21   Jadranka, vous avez, je crois, dit que les gardiens avaient apporté des

 22   boissons, des cigarettes, du café?

 23   Réponse: Oui.

 24   Question: Quels gardiens étaient-ce? Etaient-ce des gardiens qui étaient

 25   dans l'équipe de M. Radic, qui étaient sous ses ordres?


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  1   Réponse: Je ne me souviens pas, il s'est passé beaucoup de temps.

  2   Question: Qui a organisé, qui a demandé aux gardiens d'amener des

  3   cigarettes?

  4   Réponse: Ils le faisaient eux-mêmes. Quand c'était l'anniversaire de

  5   quelqu'un, on se rassemblait habituellement entre nous et on le faisait.

  6   Question: Donc cela n'avait rien à voir avec M. Radic. C'était une coutume

  7   au camp que de fêter des anniversaires des détenus, et de leur distribuer

  8   des cigarettes?

  9   Réponse: Oui.

 10   Question: Merci.

 11   M. le Président: Merci, Monsieur le Juge Riad.

 12   Madame la Juge Wald?

 13   (Questions au témoin, Mme Andic Vinka, par Mme la Juge Wald.)

 14   Mme Wald (interprétation): Madame, si j'ai bien compris votre témoignage,

 15   dans la journée vous étiez au centre de 7 heures du matin à 7 heures du

 16   soir. Et le soir, chaque soir, vous rentriez chez vous, n'est-ce pas?

 17   Mme Andic (interprétation): Oui.

 18   Question: Vous ne restiez donc pas au camp dans le courant de la nuit,

 19   vous étiez là-bas de 7 heures du matin à 7 heures du soir?

 20   Réponse: Non, non.

 21   Question: Vous avez également dit que vous avez vu M. Radic sur l'escalier

 22   à plusieurs reprises en train de monter la garde ou de patrouiller, et

 23   vous l'avez également vu assis dans un bureau où il y avait un téléphone.

 24   Vous avez également dit que, pendant que vous accomplissiez votre tâche de

 25   ménage, vous pouviez entendre des cris, des gémissements, et de temps en


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  1   temps également, vous pouviez voir des détenus frappés ou giflés.

  2   Maintenant, quelqu'un en train de monter la garde, par exemple là où vous

  3   avez vu M. Radic monter la garde ou là où vous avez vu quelqu'un dans le

  4   bureau avec les téléphones, est-ce que cette personne serait en

  5   possibilité d'entendre des cris lorsqu'il y en avait ou voir des gens

  6   frappés lorsque cela arrivait?

  7   Réponse: Je ne vous ai pas compris. Je n'ai pas compris le dernier

  8   segment.

  9   Question: Bien. J'essaierai de reprendre ma question.

 10   Quand vous avez dit que parfois vous entendiez des cris, des gémissements,

 11   que parfois vous avez aperçu que des détenus étaient giflés, est-ce que la

 12   personne qui était de garde sur l'escalier, là où vous aviez vu parfois M.

 13   Radic ou quelqu'un d'assis dans ce bureau, pouvait entendre également ces

 14   cris et gémissements ou voir les détenus giflés?

 15   Réponse: Je pense que oui, il pouvait le voir.

 16   Question: C'est tout ce que je voulais savoir.

 17   Vous avez également dit que vous n'avez jamais entendu dire une détenue,

 18   quelle qu'elle soit, se plaindre de M. Radic. Vous avez plutôt entendu des

 19   choses aimables à son égard?

 20   Réponse: C'est cela.

 21   Question: Lorsque vous alliez avec les autres femmes vers les prés, est-ce

 22   que vous vous êtes entretenue avec ces femmes? Avez-vous pu entendre l'une

 23   quelconque de ces femmes se plaindre de n'importe quel gardien ou de qui

 24   que ce soit qui les aurait maltraitées?

 25   Réponse: Non, non pas une seule fois.


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  1   Question: Bien. Vous nous avez dit que M. Radic apportait des vivres, des

  2   articles de toilette, et les femmes vous ont, semble-t-il, dit qu'il

  3   apportait cela à leur intention. D'après ce que vous avez pu voir ou

  4   entendre de la part de ces femmes, vous semble-t-il que M. Radic passait

  5   son temps dans la journée à s'entretenir avec elles, à bavarder avec les

  6   femmes? En d'autres termes se trouvait-il en contact amical avec elles, ou

  7   le seul contact avait-il consisté en son apport de vivres et d'articles de

  8   toilette?

  9   Réponse: Je le voyais lorsqu'il leur apportait des vivres et le reste. Je

 10   ne les ai pas vus en termes amicaux à l'extérieur de ces occasions, de ces

 11   opportunités-là.

 12   Question: Lorsque vous alliez cueillir des plantes sur ces prés, est-ce

 13   que vous pouviez aller aussi loin que vous le vouliez, ou y avait-il des

 14   soldats qui montaient la garde à une certaine distance, à un certain point

 15   au-delà duquel les détenues ne pouvaient plus se déplacer?

 16   Réponse: C'est cela, nous ne pouvions pas aller aussi loin que nous le

 17   voulions.

 18   Question: Bien, je vous remercie.

 19   (Questions au témoin, Mme Andic Vinka, par M. le Président.)

 20   M. le Président: J'ai quelques questions aussi pour vous.

 21   Aviez-vous un salaire pour votre travail?

 22   Mme Andic (interprétation): Non.

 23   Question: Aviez-vous une obligation de travail?

 24   Réponse: Oui.

 25   Question: Quel était normalement le sujet de conversation avec les femmes,


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  1   si vous aviez des conversations -je crois que oui-, quel était normalement

  2   le sujet de conversation?

  3   Réponse: C'est-à-dire que je la connaissais parce qu'elle avait travaillé

  4   longtemps avec moi, pendant 10 peut-être 11 ans, et nous nous entretenions

  5   d'un tas de choses, de la famille, de toute sorte de choses.

  6   Question: Par exemple, est-ce que les femmes se plaignaient devant vous du

  7   fait d'être détenues?

  8   Réponse: Alors elles voulaient savoir ce qui se passait, et puis moi je ne

  9   savais pas trop leur répondre. Je n'en savais rien. Je ne savais que

 10   répondre.

 11   Question: Est-ce que vous parliez des conditions du centre de détention?

 12   Réponse: Des conditions? Elles avaient des conditions très bonnes. Elles

 13   avaient de quoi manger, où dormir. Il y avait des salles de bain, des

 14   douches, elles pouvaient laver leur linge. Mlado leur apportait tout ce

 15   dont elles avaient besoin, et moi-même je leur apportais des affaires, des

 16   choses, à toutes celles à qui j'étais en mesure d'apporter quoi que ce

 17   soit.

 18   Question: Est-ce que vous aviez l'impression qu'elles étaient heureuses

 19   d'être là?

 20   Réponse: Non, bien entendu que non, elles ne pouvaient pas être heureuses.

 21   Personne n'est heureux lorsqu'il est détenu parce qu'il n'y a rien de plus

 22   précieux que la liberté.

 23   Question: Est-ce qu'elles se plaignaient de quelque chose devant vous?

 24   Réponse: Non.

 25   Question: Très bien, Madame Andic.


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  1   Je vois que M. le Juge Riad a encore une question.

  2   (Questions supplémentaires au témoin, Mme Vinka Andic, par M. Le Juge

  3   Riad.)

  4   M. Riad (interprétation): Madame Andic, vous venez de répondre à une

  5   question du Président, et vous avez dit que vous aviez une obligation de

  6   travail pour ce qui est d'être employée dans ce centre.

  7   Etait-ce une obligation prévue par l'Etat? Quel type d'obligation était-

  8   ce?

  9   Mme Andic (interprétation): Eh bien, j'étais employée là-bas, il

 10   s'agissait de continuer à accomplir le même travail qui avait été le mien

 11   auparavant. J'avais été donc conviée à poursuivre l'accomplissement de mes

 12   tâches.

 13   Question: Avant l'existence de ce centre de détention, vous étiez employée

 14   là-bas comme femme de ménage?

 15   Réponse: Oui.

 16   Question: Je crois avoir entendu au début que vous étiez couturière?

 17   Réponse: Oui, c'était mon métier mais j'ai pris l'emploi que j'ai trouvé.

 18   Depuis 1985, je travaille comme femme de ménage et même de nos jours

 19   encore, c'est le travail que je fais.

 20   Question: Vous avez donc été femme de ménage avant au niveau de ces

 21   installations, avant qu'elles ne soient muées en centre de détention. Vous

 22   avez continué à faire ce travail: vous avez fait cela de votre plein gré

 23   ou on vous a obligé à le faire?

 24   Réponse: Eh bien, j'ai dû continuer à travailler. C'était mon obligation,

 25   c'était mon devoir de continuer à aller à mon travail. Je n'étais obligée


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  1   par personne de le faire.

  2   M. le Président: Madame Vinka Andic, nous n'avons pas d'autres questions à

  3   poser. Nous vous remercions d'être venue, nous souhaitons un bon retour

  4   dans votre lieu de résidence. Je vais demander à M. l'huissier de vous

  5   raccompagner.

  6   (Le témoin, Mme Vinka Andic, est reconduit hors du prétoire.)

  7   M. le Président: Maître Fila?

  8   M. Fila (interprétation): La défense cite à la barre le témoin suivant,

  9   Mme Borka Vrhovac.

 10   (Le témoin, Mme Borka Vhrovac, est introduit dans le prétoire.)

 11   M. le Président: Bonjour Madame Borka Vrhovac, m'entendez-vous?

 12   Mme Vrhovac (interprétation): Bonjour, je vous entends.

 13   M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que M.

 14   l'huissier va vous tendre, s'il vous plaît.

 15   Mme Vhrovac (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

 16   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 17   M. le Président: Vous pouvez vous asseoir. Merci d'être venue, vous allez

 18   répondre aux questions que M. Fila, qui est debout à votre gauche, va vous

 19   poser.

 20   Maître Fila, vous avez la parole.

 21   (Interrogatoire principal du témoin, Mme Borka Vrhovac, par Me Fila.)

 22   M. Fila (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 23   Quand êtes-vous née et où?

 24   Mme Vhrovac (interprétation): Je suis née aux alentours de Prijedor le 13

 25   février 1949.


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  1   Question: Votre groupe ethnique?

  2   Réponse: Serbe.

  3   Question: Confession?

  4   Réponse: Orthodoxe.

  5   Question: Votre situation familiale?

  6   Réponse: Mariée et mère de deux enfants.

  7   Question: Votre formation?

  8   Réponse: Le lycée d'agriculture et l'école supérieure de pédagogie à

  9   Zemun.

 10   Question: Où vivez-vous, où travaillez-vous?

 11   Réponse: A Omarska, je vis et je travaille dans une coopérative agricole à

 12   Omarska.

 13   Question: Connaissiez-vous la famille Radic, et notamment Mlado Radic? Et

 14   depuis quand, si oui?

 15   Réponse: Je connaissais la famille Radic puisque nous étions leurs

 16   voisins. Nous étions dans le même bâtiment. C'est une famille extrêmement

 17   agréable, je n'ai jamais entendu dire quoi que ce soit de mauvais à leur

 18   sujet. On se fréquentait puisque nous étions voisins.

 19   Question: Dans le même immeuble de quelle ville?

 20   Réponse: Omarska.

 21   Question: Quand il a quitté Omarska pour aller à Prijedor, est-ce que vous

 22   avez continué à le voir?

 23   Réponse: Parfois, on se rencontrait quand j'allais à Prijedor, on se

 24   rencontrait mais pas très souvent.

 25   Question: Savez-vous qu'à un moment un centre d'instruction a été créé


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  1   dans le complexe de la mine d'Omarska?

  2   Réponse: Oui, je sais qu'un centre d'instruction a été créé.

  3   Question: Ceci s'est passé en 1992?

  4   Réponse: Oui.

  5   Question: Vers la mi...

  6   Réponse: Mi-mai.

  7   Question: Ou juin, juillet, c'est cela?

  8   Réponse: Oui.

  9   Question: Radic, en ce qui concerne ce centre d'instruction, vous a-t-il

 10   dit quelque chose? Et si oui, de quoi s'agissait-il?

 11   Réponse: Il m'a apporté une lettre indiquant qu'une femme détenue au

 12   centre d'instruction s'était adressée à moi, elle souhaitait que je lui

 13   envoie des vêtements. J'étais la présidente de l'association appelée

 14   "Active des femmes ", j'étais la présidence à Omarska.

 15   Nous étions en contact avec le même centre de Kozarac, je connaissais

 16   cette femme par le biais de ces associations, j'ai préparé les vêtements

 17   et je les ai apportés chez M. Radic pour qu'il les donne à cette femme.

 18   Question: Peut-être que je n'ai pas bien vu, avez-vous dit le nom de cette

 19   personne, le prénom?

 20   Réponse: [expurgée]

 21   Question: A-t-elle travaillé quelque part?

 22   [expurgée]

 23   [expurgée]

 24   [expurgée]

 25   [expurgée]


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  1   [expurgée]

  2   Question: Est-ce que c'était la première fois que vous avez appris qu'elle

  3   se trouvait dans ce centre?

  4   Réponse: Oui.

  5   Question: Lorsque vous avez préparé les vêtements pour les envoyer, vous

  6   avez remis cela, comme vous l'avez dit à Radic?

  7   Réponse: J'ai apporté cela dans l'appartement.

  8   Question: Qu'a-t-il dit?

  9   Réponse: Il a dit qu'il allait essayer de le faire à plusieurs reprises.

 10   C'était plus difficile de tout apporter, tout à la fois. Elle avait

 11   demandé des vêtements plus chauds et des couvertures. Il a dit qu'en deux

 12   ou trois fois il allait essayer de remettre cela.

 13   Question: Pourquoi était-il difficile d'apporter cela en une fois?

 14   Réponse: Eh bien, l'époque était difficile. On me disait, on disait qu'il

 15   s'agissait là d'une guerre civile, de l'intolérance nationale, de

 16   l'intolérance ethnique. Lui tout simplement, il pensait que le mieux était

 17   de l'apporter peu à peu, ce n'était pas très facile d'apporter le tout à

 18   la fois. Les gens disaient qu'il s'agissait d'un peuple qui était un

 19   peuple ennemi du nôtre, etc.

 20   Question: Peut-on conclure qu'il était délicat d'apporter cela de manière

 21   publique, devant tout le monde?

 22   Réponse: Oui, oui.

 23   Question: Avez-vous envoyé des choses aux autres détenues?

 24   Réponse: Oui, j'ai envoyé des choses aux autres détenues, mais je ne

 25   connais pas leur nom. De toute façon, toutes ces femmes me connaissaient,


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  1   parce que j'étais la présidente d'Active. Et c'est ainsi que l'on

  2   coopérait. Si quelqu'un avait besoin de quelque chose, la personne

  3   s'adressait à moi. Moi j'envoyais cela à des personnes diverses qui

  4   étaient de permanence au centre d'instruction.

  5   Question: Ce n'est pas seulement par le biais de Radic que vous envoyez

  6   des choses?

  7   Réponse: Non pas seulement Radic mais par d'autres personnes qui faisaient

  8   partie de la police de réserve. Je me souviens des jumeaux, l'un des

  9   jumeaux. Une femme m'a envoyée le message qu'elle avait besoin de

 10   nourriture, de pain parce qu'elle se disait que le petit avait besoin d'un

 11   peu plus de nourriture.

 12   Par la suite, je les ai rencontrées à Prijedor, et la femme et la mère de

 13   cet homme m'ont remerciée. J'ai entendu par la suite qu'ils vivent

 14   actuellement aux Pays-Bas, quelque part, je n'ai pas entendu parler

 15   d'autres détails.

 16   Question: Ceci veut dire qu'elles ont reçu ce que vous avez envoyé?

 17   Réponse: Oui, elles l'ont reçu. Elles m'ont dit merci. La sœur s'appelait

 18   Azra, elle travaillait dans le bureau du poste de Kozarac. Je l'ai

 19   rencontrée à Prijedor lorsque j'allais à la banque. Elle me disait merci,

 20   qu'elle n'allait pas oublier cela. J'ai entendu dire qu'elles sont parties

 21   aux Pays-Bas, et par la suite elles ne m'ont plus contactée.

 22   Question: Dernière question. Au cours de la période où vous fréquentiez

 23   Radic et la famille Radic, avez-vous remarqué chez eux de l'intolérance

 24   ethnique vis à vis d'autres groupes ethniques?

 25   Réponse: Non, je n'ai pas remarqué cela. Il s'agit d'une famille


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  1   extrêmement gentille, je n'ai pas pu remarquer cela chez eux.

  2   Question: Merci beaucoup, je n'ai pas d'autres questions à poser.

  3   M. le Président: D'autres conseils de la défense veulent-ils poser des

  4   questions? Je vois des signes négatifs.

  5   Madame Vrhovac, vous allez maintenant répondre aux questions que le

  6   Procureur, M. Waidyaratne va vous poser. Monsieur le Procureur, vous avez

  7   la parole?

  8   (Contre-interrogatoire du témoin, Mme Borka Vrhovac, par M. Waidyaratne.)

  9   M. Waidyaratne (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 10   Avant la guerre, Madame Vhrovac, où avez-vous travaillé?

 11   Mme Vrhovac (interprétation): J'ai travaillé dans la coopérative agricole,

 12   c'était le cas pendant avant la guerre, pendant la guerre, et c'est encore

 13   le cas aujourd'hui.

 14   Question: Etes-vous le représentant de la société Zepter?

 15   Réponse: Oui.

 16   Question: Quelle est votre fonction dans cette organisation?

 17   Réponse: Mon travail est celui de coopérateur de Zepter, et je présente la

 18   gamme cosmétique produite par la société Zepter.

 19   Question: Comment s'appelle votre mari, Madame?

 20   Réponse: Radivoje Vrhovar.

 21   Question: Quel est son métier?

 22   Réponse: Technicien agricole.

 23   Question: A-t-il été mobilisé au cours du conflit, au cours de la guerre?

 24   Réponse: Oui.

 25   Question: Où?


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  1   Réponse: Il s'agissait surtout de l'obligation de travail au sein de

  2   "Poljopromet". Puisqu'il est un expert agricole, il était à la tête d'un

  3   groupe chargé des activités agricoles.

  4   Question: Etait-il à Prijedor?

  5   Réponse: Non.

  6   Question: Madame Vrhovac, vous avez travaillé dans une association de

  7   femmes, ai-je raison de dire cela?

  8   Réponse: Oui.

  9   Question: Etiez-vous la présidente de cette association en janvier 1992,

 10   [expurgée]?

 11   Réponse: Dans la communauté locale d'Omarska, la présidente d'Active des

 12   femmes, c'était moi. Dans la communauté de Kozarac, c'était Kadira

 13   Hahrimanovic qui était la présidente. Je ne sais pas si cette femme que

 14   vous avez mentionnée n'était pas son adjointe. C'est possible, mais je ne

 15   le sais pas. Mais j'étais en contact et je collaborais avec Mme Kadira

 16   Kahrimanovic qui était la présidente de l'association d'Active de Kozarac.

 17   Question: Madame Vrhovac, étiez-vous membre d'une quelconque autre

 18   association au cours de la guerre et après la guerre?

 19   Réponse: Uniquement la présidente de l'association d'Active des femmes.

 20   Question: Etiez-vous la présidente de l'association "Soeurs serbes" au

 21   cours de la guerre à Prijedor? Connaissez-vous cette association?

 22   Réponse: Je connais cette association, mais je n'étais pas membre.

 23   Question: Etiez-vous membre de l'organisation des femmes qui faisait

 24   partie de la 5e Brigade de Kozarac qui s'appelait PAT? Je suis sûr que

 25   vous vous en souvenez, puisque vous étiez la présidente d'Active des


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  1   femmes.

  2   Réponse: J'étais la présidente d'Active des femmes, donc je coordonnais et

  3   m'acquittais des tâches qui étaient celles de l'association, c'est-à-dire

  4   préparer la nourriture et les vêtements chauds, etc.

  5   Question: Ma question était la suivante: étiez-vous la présidente de

  6   l'association de la 5e Brigade de Kozarac qui s'appelait PAT pendant la

  7   guerre et après la guerre?

  8   Réponse: Je ne sais pas. Je n'ai pas entendu parler d'une telle

  9   appellation. Bien sûr que je travaillais pour... c'est-à-dire on

 10   fabriquait des chaussettes chaudes pour l'armée, on ramassait la

 11   nourriture et on apportait de la nourriture. Je ne me souviens pas que

 12   c'est ainsi que ceci s'appelait. Peut-être que j'ai mal compris ce que

 13   vous avez dit.

 14   Question: Excusez-moi, s'il vous plaît, je n'ai pas compris votre réponse.

 15   Vous dites: "Je ne connais pas ce nom, mais bien sûr je travaillais pour

 16   eux parce que nous avons recueilli des chaussettes etc."

 17   Avez-vous organisé une soirée lors de laquelle les chaussettes ont été

 18   fabriquées et recueillies pour les soldats sur le front, les soldats

 19   serbes?

 20   Réponse: Oui, mais j'ai déjà dit que j'ai organisé la fabrication des

 21   chaussettes, et la nourriture que l'on a recueillie et leur a apportée.

 22   Question: Est-ce que vous vous êtes rendue sur le front afin de voir les

 23   soldats qui étaient sur le front et qui étaient blessés, vous et votre

 24   organisation?

 25   Réponse: Je suis allée effectivement pour apporter de la nourriture à


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  1   Pâques, j'ai apporté aussi des oeufs colorés et aussi des chaussettes

  2   chaudes de laine qui avaient été fabriquées par des femmes qui étaient

  3   membres de l'organisation.

  4   Question: Vous êtes allée au front et vous avez vu des soldats qui avaient

  5   été blessés sur le front? Oui ou non, ai-je bien compris?

  6   Réponse: Les soldats, je les ai vus, mais pas de blessés. Tout simplement,

  7   je suis allée jusqu'à un certain endroit, j'ai remis cela et je suis

  8   retournée. Je n'ai vu de personnes blessées nulle part.

  9   Je ne peux pas l'affirmer, non.

 10   Question: Madame Vhrovac, vous saviez qu'il y avait un camp dans lequel

 11   vos anciens amis étaient détenus à Omarska?

 12   Réponse: Oui, je savais que cela existait.

 13   Question: Etes-vous allée à ce camp afin de rendre visite à ces personnes

 14   à quelque moment que ce soit?

 15   Réponse: Je les ai envoyés, en leur envoyant de la nourriture. Je n'y suis

 16   jamais allée. Mais comme je l'ai déjà dit, je leur envoyais cela.

 17   Question: Avez-vous fait une demande?

 18   M. Fila (interprétation): Monsieur Waidyaratne peut-il avoir la

 19   gentillesse de permettre au témoin de répondre et de terminer sa réponse!

 20   On souhaite savoir ce que le témoin veut répondre quand il commence parce

 21   que sinon, si M. Waidyaratne pense qu'il peut faire et les réponses et les

 22   questions, il n'a qu'à le faire.

 23   M. Waidyaratne (interprétation): Je m'excuse si j'ai interrompu le témoin.

 24   Je ne vais plus le faire.

 25   Vous avez parlé de la situation pendant laquelle M. Radic vous a parlé


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  1   d'une personne qui était détenue au camp d'Omarska. Qu'avez-vous très

  2   exactement donné à M. Radic pour qu'il apporte cela au camp?

  3   Mme Vhrovac (interprétation): Dans la lettre, il était écrit qu'elle avait

  4   besoin de vêtements chauds. Je me souviens que j'ai envoyé des maillots

  5   avec des manches longues, des sous-vêtements, je me souviens qu'il y avait

  6   une paire de pantalons jaunes d'un tissu indien, un peu plus épais.

  7   C'était l'été, donc ceci suffisait. Je ne peux pas me souvenir de tous les

  8   vêtements que j'ai préparés. Mais je sais avec certitude qu'il y avait des

  9   tee-shirts et des maillots, et puis cette paire de pantalons jaunes en

 10   tissu indien.

 11   Réponse: Je vous remercie. Après sa détention, avez-vous jamais revu

 12   [expurgée], oui ou non?

 13   Réponse: Non.

 14   Question: Savez-vous si elle a reçu les affaires que vous avez

 15   prétendument envoyées par le biais de M. Radic? Le savez-vous?

 16   Réponse: Non.

 17   Question: Avez-vous demandé, à quelque moment que ce soit, à M. Radic

 18   pourquoi ces personnes étaient détenues?

 19   Réponse: Non.

 20   Question: Monsieur Radic, est-ce qu'il vous a dit pourquoi ces personnes-

 21   là étaient détenues?

 22   Réponse: Non, nous n'avons pas parlé de cela, pas du tout.

 23   Question: Dernière question, Monsieur le Président.

 24   Vous avez dit dans votre interrogatoire principal que "c'étaient les gens

 25   qui étaient les ennemis de notre peuple", que voulez-vous dire par là?


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  1   Réponse: C'est ainsi que... simplement non.

  2   M. Fila (interprétation): Monsieur Waidyaratne devrait lire exactement ce

  3   qu'elle a dit, s'il vous plaît.

  4   M. Waidyaratne (interprétation): C'est ce que j'ai fait. Je vais même

  5   citer la ligne et la page, si Me Fila le souhaite, mais on va perdre du

  6   temps ainsi.

  7   M. Fila (interprétation): Vous n'avez qu'à dépenser mon temps pour la

  8   vérité mais pas pour faire des suggestions au témoin.

  9   M. le Président: Assurez-vous que le témoin a dit cela en premier lieu,

 10   Monsieur Waidyaratne, pour ne pas perdre de temps. Posez la question pour

 11   savoir si le témoin l'a dit, et après posez votre question. Allez-y.

 12   M. Waidyaratne (interprétation): Très bien, Monsieur le Président.

 13   Avez-vous dit: "C'étaient les gens qui étaient les ennemis de notre

 14   peuple", et c'est là que vous vous êtes arrêté. Qu'avez-vous voulu dire

 15   par là?

 16   M. le Président: Non, une question à la fois, ensuite l'autre. Vous ne

 17   pouvez pas demander "did you say that", and "what do you mean?"

 18   Attendez la réponse.

 19   M. Waidyaratne (interprétation): Très bien Monsieur le Président, je

 20   m'excuse.

 21   Avez-vous dit: "C'étaient les gens qui étaient les ennemis de notre

 22   peuple."?

 23   Mme Vrhovac (interprétation): Oui.

 24   Question: Que voulez-vous dire par là?

 25   Réponse: Lorsque le centre d'instruction a été formé, on disait qu'il


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  1   s'agissait là d'un conflit avec les ennemis de notre peuple, que c'était

  2   la raison pour laquelle le centre d'instruction avait été créé pour

  3   prouver ou ne pas prouver cela.

  4   Question: Merci Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres questions.

  5   M. le Président: Maître Fila, des questions supplémentaires s'il vous

  6   plaît?

  7   M. Fila (interprétation): Le problème est le suivant: la question est de

  8   savoir si le témoin exprime son opinion selon laquelle c'étaient des

  9   ennemis du peuple serbe ou bien si les gens disaient que c'étaient les

 10   ennemis du peuple serbe. C'est ce qu'il faudrait clarifier, c'est la

 11   distinction à faire.

 12   M. le Président: Posez la question au témoin.

 13   (Interrogatoire principal supplémentaire au témoin, Mme Borka Vrhovac, par

 14   Me Fila.)

 15   M. Fila (interprétation): M'avez-vous compris? Est-ce que vous exprimez

 16   votre opinion qu'il s'agissait des ennemis du peuple serbe? Ou vous avez

 17   répondu à ma question lorsque j'ai demandé pourquoi on ne pouvait pas

 18   apporter tout ceci à la fois et que vous avez dit que c'était délicat et

 19   dangereux parce qu'on disait que c'étaient les ennemis du peuple serbe?

 20   Mme Vrhovac (interprétation): Oui, on disait cela, c'est pourquoi on ne

 21   pouvait pas envoyer de grands colis. On pouvait envoyer aussi de la

 22   nourriture mais en plus petite quantité.

 23   Question: Donc vous n'avez pas exprimé votre propre opinion, mais ce que

 24   les gens disaient.

 25   Réponse: Je parlais de ce que les gens disaient au moment où le centre


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  1   d'instruction a été fondé.

  2   Question: Vous-même vous ne savez pas qui s'y trouvait, puisque vous n'y

  3   êtes jamais allée, comme vous l'avez dit?

  4   Réponse: Moi, je n'y suis jamais allée.

  5   Question: Savez-vous pourquoi ces personnes étaient là-bas exactement?

  6   Réponse: Je ne sais pas exactement. Le conflit avait éclaté, mais je ne

  7   sais pas, je ne sais pas la raison.

  8   Question: Ma question suivante qui m'intéresse, c'est pour clarifier

  9   quelque chose. Vous étiez présidente de l'association des femmes de la

 10   communauté locale d'Omarska?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: C'était avant la guerre?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Pendant la guerre et ces évènements-là, avez-vous changé le nom

 15   de cette organisation, de cette association?

 16   Réponse: L'association a continué à fonctionner.

 17   Question: Avez-vous changé de nom pour devenir l'appellation citée par M.

 18   Waidyaratne?

 19   Réponse: Je ne suis pas au courant de cela.

 20   Question: Ma dernière question: considérez-vous que c'est une honte

 21   d'avoir recueilli les cadeaux et d'avoir tricoté les chaussettes pour les

 22   membres de votre peuple qui faisaient la guerre?

 23   Réponse: Je ne pensais pas que c'était une honte, je pensais que c'était

 24   une obligation et c'est pourquoi je l'ai fait. J'ai aidé tous ceux qui se

 25   sont adressés à moi afin d'obtenir de l'aide.


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  1   Question: Merci beaucoup.

  2   M. le Président: Merci beaucoup.

  3   Monsieur le Juge Riad?

  4   M. Riad: Je n'ai pas de question.

  5   M. le Président: Madame la Juge Wald?

  6   (Questions au témoin, Mme Borka Vrhovac, par Mme la Juge Wald.)

  7   Mme Wald (interprétation): Merci. Je n'ai que peu de questions.

  8   L'organisation des femmes avant la guerre, dont vous étiez la présidente,

  9   vous avez dit que [expurgée] était un membre. C'est pourquoi vous

 10   saviez qui elle était, et lorsque vous avez reçu sa lettre dans laquelle

 11   elle demandait des vêtements.

 12   [expurgée] : Elle nous fréquentait elle aussi, elle

 13   faisait partie des femmes de l'Active des femmes de Kozarac.

 14   Question: J'ai compris cela. Je souhaitais que l'on clarifie quelque

 15   chose: les organisations des femmes, avant la guerre, comportaient à la

 16   fois des membres serbes et musulmans, autrement dit, les femmes musulmanes

 17   tout comme les femmes serbes ou croates pouvaient en être membres, n'est-

 18   ce pas?

 19   Réponse: Oui.

 20   Question: Et après la guerre a éclaté, vous avez dit que l'organisation a

 21   continué à fonctionner pendant la guerre?

 22   Réponse: Oui.

 23   Question: A-t-elle continué à fonctionner avec les membres musulmans, les

 24   femmes musulmanes au sein de l'association? Certaines ont-elles continué à

 25   être membres de cette organisation après le début de la guerre?


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  1   Réponse: Il y avait une Croate qui travaillait avec nous, malheureusement

  2   elle est décédée entre-temps. Toutes celles qui se sont retrouvées sur

  3   place, qui vivaient et qui travaillaient, ont continué à travailler au

  4   sein de l'organisation Active par la suite aussi.

  5   Question: Y compris certaines femmes musulmanes? Pendant la guerre, est-ce

  6   que l'organisation des femmes contenait des femmes musulmanes qui

  7   travaillaient pour elle?

  8   Réponse: L'organisation, cette organisation-là ne travaillait plus parce

  9   que l'Active d'Omarska a continué à travailler comme avant.

 10   Question: Est-ce que, pendant la guerre, il y a eu des membres musulmans

 11   dans cette organisation des femmes d'Active d'Omarska?

 12   Réponse: Non.

 13   Question: Très bien. Ma seule question qui me reste est la suivante:

 14   lorsque j'ai entendu votre déposition, là je souhaite vérifier si c'est

 15   exact et corrigez-moi si je me trompe, j'avais l'impression que vous avez

 16   dit que lorsque vous avez apporté les vêtements à M. Radic pour qu'il les

 17   apporte à [expurgée], qu'il y avait beaucoup de vêtements et que M.

 18   Radic a dit qu'il ne pouvait peut-être pas les apporter tous à la fois,

 19   parce que peut-être il ne faudrait pas le faire de manière trop évidente

 20   parce qu'il apportait tous ces vêtements.

 21   Il a dit qu'apparemment il y avait des gens dans le camp qui étaient les

 22   ennemis du peuple. C'est M. Radic qui a dit cela, ou bien qu'il croyait

 23   que certaines personnes qui étaient dans le camp considéraient que les

 24   détenus du camp étaient des ennemis du peuple serbe, et que c'est pour

 25   cela qu'il ne fallait pas le faire de manière trop évidente. Ai-je bien


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  1   compris vos propos?

  2   Réponse: Monsieur Radic n'a pas dit cela comme cela. Il a dit tout

  3   simplement: "Je vais essayer d'apporter cela à plusieurs reprises".

  4   Question: Donc, si certaines personnes considéraient que les gens dans le

  5   camp étaient les ennemis du public, c'étaient des propos que vous avez

  6   entendus de la part d'autres personnes, est-ce exact?

  7   Réponse: Oui.

  8   Question: Merci.

  9   (Questions au témoin, Mme Vrhovac Borka, par M. le Président.)

 10   M. le Président: Merci beaucoup Madame la Juge.

 11   Madame Vrhovac, j'ai aussi deux petites questions. A l'époque, aviez-vous

 12   une idée à vous sur les raisons pour lesquelles les personnes étaient

 13   détenues à Omarska?

 14   Mme Vrhovac (interprétation): Non.

 15   Question: Aucune raison?

 16   Réponse: Non, puisque je collaborais, j'étais en contact jusqu'au dernier

 17   jour, avec les collègues d'Active. Donc tout simplement...

 18   Question: Vous avez dit que vous ne saviez pas quelles étaient les raisons

 19   pour lesquelles les personnes disaient que c'étaient des personnes

 20   ennemies du peuple. Je vous demande, c'est ma question: est-ce que vous

 21   aviez une idée des raisons pour lesquelles les personnes étaient là? Votre

 22   idée à vous?

 23   Réponse: Non.

 24   Question: Vous n'avez aucune idée, d'accord. L'autre question: à Omarska,

 25   avant la guerre, est-ce qu'il y avait des femmes musulmanes dans votre


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  1   organisation?

  2   Réponse: Il y en avait.

  3   M. le Président: Très bien. Madame Vrhovac, nous n'avons pas d'autres

  4   questions à vous poser. Nous vous remercions beaucoup d'être venue. Nous

  5   vous souhaitons un bon travail, un bon retour dans votre lieu de

  6   résidence. Je vais demander à M. l'huissier de vous raccompagner. Merci.

  7   Mme Vrhovac (interprétation): Merci à vous.

  8   (Le témoin, Mme Borka Vrhovac, est reconduit hors du prétoire.)

  9   M. le Président: Nous allons faire une pause d'une demi-heure.

 10   (L'audience, suspendue à 11 heures 5, est reprise à 11 heures 40.)

 11   (Les accusés sont réintroduits dans le prétoire.)

 12   M. le Président: Veuillez vous asseoir. Je profite de l'opportunité pour

 13   informer les parties, plus spécifiquement Me Jovan Simic, que j'ai

 14   effectivement contacté le Bureau du Président.

 15   J'ai demandé une décision urgente, provisoire, sans préjudice pour suivre

 16   l'évolution. C'est ce dont je dois vous informer. J'ai promis et j'ai

 17   accompli.

 18   Maintenant, nous pouvons faire entrer le témoin.

 19   Maître Fila, Miroslav Rosic?

 20   M. Fila (interprétation): Oui, Monsieur le Président, c'est bien le témoin

 21   dont vous venez de donner le nom, Miroslav Rosic. C'est mon confrère qui

 22   l'interrogera, Me Jovanovic.

 23   (Le témoin, M. Miroslav Rosic, est introduit dans le prétoire.)

 24   M. le Président: Bonjour Monsieur. M'entendez-vous?

 25   M. Rosic (interprétation): Je vous entends.


Page 9171

  1   M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que M.

  2   l'huissier va vous tendre, s'il vous plaît.

  3   M. Rosic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

  4   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  5   M. le Président: Vous pouvez vous asseoir. Merci beaucoup d'être venu.

  6   Pour l'instant vous allez répondre aux questions que Me Jovanovic va vous

  7   poser. Maître Jovanovic vous avez la parole, s’il vous plaît. C'est à

  8   vous.

  9   (Interrogatoire principal du témoin, M. Miroslav Rosic, par Me

 10   Jovanovic.)

 11   M. Jovanovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 12   Monsieur Rosic, veuillez nous donner votre date de naissance, je vous

 13   prie?

 14   M. Rosic (interprétation): Le 23 septembre 1962.

 15   Question: Où êtes-vous né?

 16   Réponse: A Omarska.

 17   Question: Où vivez-vous actuellement?

 18   Réponse: A Omarska.

 19   Question: Quelle est votre profession?

 20   Réponse: Je suis chauffeur pour le centre médical, je conduis une

 21   ambulance.

 22   Question: Monsieur Rosic, avant le début des conflits à Prijedor,

 23   connaissiez-vous Mlado Radic?

 24   Réponse: Oui, il était policier et habitait non loin de chez moi. Il était

 25   policier à Omarska.


Page 9172

  1   Question: Monsieur Rosic, vous rappelez-vous l'année 1992, plus

  2   précisément la fin du mois de mai, début de juin, un jour où vous avez

  3   transporté quelqu'un dans votre ambulance?

  4   Réponse: Oui.

  5   Question: Quel rapport cela a-t-il avec Mlado Radic?

  6   Réponse: Oui.

  7   Question: Pouvez-vous, je vous prie, nous raconter ce qui s'est passé?

  8   Réponse: Vers la fin du mois de mai à peu près, ou début juin, je ne me

  9   rappelle pas exactement, je sais que j'étais de permanence comme

 10   d'habitude au centre médical, un appel est arrivé du centre de police. En

 11   fait, c'était M. Mlado qui appelait directement pour dire que sur la route

 12   de Banja Luka/Prijedor se trouvait une voiture en panne, de quelqu'un qui

 13   travaillait au centre de santé, qu'il y avait à l'intérieur une femme avec

 14   son enfant blessé grièvement, qu'il fallait immédiatement se rendre sur

 15   place pour effectuer le transport de cette femme et de cet enfant vers

 16   l'hôpital de Banja Luka.

 17   Ce jour-là, M. Radic m'a dit qu'il avait un lien de famille avec cette

 18   femme, cette mère et son enfant dans la voiture, et il m'a demandé de

 19   faire ce qu'il fallait pour amener ces personnes et rester avec elles le

 20   plus longtemps possible si c'était nécessaire.

 21   Question: Vous rappelez-vous quel était le nom de cette mère et de son

 22   fils?

 23   Réponse: Le nom de cette femme était Senada Denic, je crois, et son fils

 24   avait 8 ans, mais je ne me rappelle pas son prénom.

 25   Question: Vous rappelez-vous quelle était leur nationalité?


Page 9173

  1   Réponse: Ils étaient Musulmans, en tout cas, c'est ce que je pense d'après

  2   leurs prénom et nom de famille.

  3   Question: Saviez-vous si, d'une façon ou d'une autre, il y avait un lien

  4   de famille entre eux et Mlado Radic?

  5   Réponse: Oui, Mlado me l'avait dit au téléphone en passant qu'il y avait

  6   un lien de famille entre eux. Nous sommes partis très vite pour chercher

  7   ces personnes. C'est quand j'ai rencontré la mère de cet enfant qu'elle

  8   m'a dit qu'il avait un lien de kum, de parrain, de témoin au mariage.

  9   Question: A cette époque-là, alors que vous étiez ambulancier, est-ce

 10   qu'il vous arrivait d'aller à Banja Luka?

 11   Réponse: Oui, ce soir-là aussi, nous sommes restés assez tard. Au retour,

 12   quand je suis retourné à la maison, Mlado m'attendait. Le matin au

 13   travail, il s'est enqui de la situation de cette mère et de son enfant, et

 14   m'a demandé de lui rendre compte à chaque fois que nécessaire pour lui

 15   parler de leur état au cas où il y aurait amélioration, ou chaque fois que

 16   j'aurais un contact avec eux, chaque fois que j'allais à Banja Luka.

 17   Question: Avez-vous apporté quelque chose à Mme Donica et à son fils?

 18   Réponse: Le deuxième jour, Mlado m'a donné de l'argent, en fait je pense

 19   que c'était le salaire qu'il venait de recevoir et il m'a demandé

 20   d'apporter cet argent à cette femme.

 21   Question: Avez-vous apporté autre chose?

 22   Réponse: Le troisième ou quatrième jours, quand je suis parti pour Banja

 23   Luka, j'ai également apporté un paquet avec de la nourriture.

 24   Question: Monsieur Rosic, pouvez-vous me dire si, éventuellement, vous

 25   avez appris que quelqu'un d'autre, un de vos collègues éventuellement,


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  1   avait apporté aussi des paquets?

  2   Réponse: Eh bien, d'après ce que j'ai cru comprendre, d'autres, des

  3   collègues à moi ont également été appelés par Mlado et ont envoyé

  4   également de la nourriture.

  5   Question: Madame Senada Denic, si elle vous a dit quelque chose quand vous

  6   la rencontriez chaque fois que vous lui apportiez des paquets, que vous a-

  7   t-elle dit?

  8   Réponse: C'était une femme qui le première jour, le jour de notre

  9   intervention, était très choquée, elle s'inquiétait sans doute pour son

 10   fils. Mais comme je suis resté longtemps avec elle, j'ai passé toute la

 11   nuit sur place, pendant qu'elle réglait la situation, chaque fois que je

 12   lui apportais de la nourriture et de l'argent par la suite, elle a exprimé

 13   une gratitude infinie vis à vis  de cette personne, c'est-à-dire de

 14   l'homme qui avait montré du souci pour son enfant et pour elle-même. Elle

 15   était très reconnaissante à notre égard mais tout particulièrement à son

 16   égard à lui.

 17   Question: Merci. Monsieur le Président, je n'ai plus de questions.

 18   M. le Président: Est-ce que les autres conseils ont des questions? Je vois

 19   des signes négatifs.

 20   Donc, Monsieur Waidyaratne, s'il vous plaît.

 21   (Contre-interrogatoire du témoin, M. Miroslav Rosic, par M. Waidyaratne.)

 22   M. Waidyaratne (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 23   Monsieur, avez-vous un lien de famille avec M. Zeljko Meakic?

 24   M. Rosic (interprétation): Il est un parent éloigné de ma mère.

 25   Question: Habitez-vous dans l'appartement où habite M. Meakic?


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  1   Réponse: Non.

  2   Question: En 1992, pendant la guerre et avant la guerre, habitiez-vous

  3   dans le même immeuble?

  4   Réponse: Non.

  5   Question: Monsieur Rosic, en dehors de l'ambulance que vous conduisiez,

  6   avez-vous conduit après votre mobilisation d'autres véhicules pour

  7   l'armée?

  8   Réponse: Non.

  9   Question: Durant le conflit, au moment où Kozarac a été attaquée, étiez-

 10   vous dans le secteur d'où les Musulmans ont été éliminés?

 11   Réponse: Au moment où le conflit a éclaté dans la municipalité de

 12   Prijedor, j'étais membre des unités sanitaires du premier corps d'armée,

 13   des unités qui ne s'occupaient que des opérations sanitaires qui allaient

 14   sur le terrain pour s'occuper de la santé, du bien-être des soldats de

 15   l'armée de la Republika Srpska, à l'époque. Je crois que c'était toujours

 16   la Défense territoriale.

 17   Question: A cette époque-là, vous n'aidiez que les soldats blessés, n'est-

 18   ce pas, c'était votre tâche?

 19   Réponse: Oui oui.

 20   Question: S'agissant de cet événement, de ce jour où M. Radic vous a

 21   appelé à partir du poste de police, lorsqu'il vous a appelé, est-ce qu'il

 22   s'est présenté, est-ce qu'il a dit: "Je suis Mlado Radic"?

 23   Réponse: Oui.

 24   Question: C'est vous qui avez pris l'écouteur au centre de santé?

 25   Réponse: Oui.


Page 9176

  1   Question: Nous parlons bien du centre de santé qui se trouve à Omarska?

  2   Réponse: Oui.

  3   Question: Est-ce que M. Radic vous a donné le nom de la personne qui était

  4   blessée, et vous a-t-il donné aussi le nom de la mère de ce petit garçon?

  5   Réponse: Je crois que non.

  6   Question: Mais quand il a téléphoné, M. Radic a bien dit: "Je suis Mlado

  7   Radic, je vous appelle à partir du poste de police". C'est ce que vous

  8   êtes en train de nous dire?

  9   Réponse: Oui oui.

 10   Question: Vous nous avez dit comment M. Radic a aidé Mme Denic, et vous

 11   avez parlé de la mère de ce petit garçon en disant qu'elle s'appelait

 12   Senada Denic, n'est-ce pas?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Monsieur Rosic, vous avez eu l'occasion de parler à cette mère

 15   dès les premiers instants, puisque vous dites que vous vous êtes rendu sur

 16   place, n'est-ce pas? Vous avez donc pu parler avec elle pendant que vous

 17   l'ameniez à l'hôpital de Banja Luka?

 18   (Signe affirmatif de la tête du témoin.)

 19   Est-ce que vous saviez qui était le mari de Senada Denic, son nom et sa

 20   profession?

 21   Réponse: Elle m'a dit que son mari avait travaillé au poste de police

 22   d'Omarska mais je ne connaissais pas cet homme.

 23   Question: Saviez-vous que son mari s'appelait Ibrahim Denic, policier

 24   travaillant à Omarska?

 25   Réponse: Non.


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  1   Question: Vous a-t-elle dit ce qui était arrivé à Ibrahim Denic pendant le

  2   conflit?

  3   Réponse: Je crois que non, parce à ce moment-là notre seul souci à elle et

  4   à moi était le sort de ce petit garçon, je ne crois pas que nous ayons

  5   parlé d'autre chose.

  6   Question: Très bien. Apparemment, plus tard, vous avez apporté des paquets

  7   à Mme Denic et à son petit garçon à l'hôpital à Banja Luka en provenance

  8   de M. Radic. Même à ce moment-là, vous avez demandé où se trouvait son

  9   mari?

 10   Réponse: Je crois qu'elle ne savait pas où se trouvait son mari parce Mme

 11   Denic habitait chez une femme à Banja Luka que nous avons trouvée pour

 12   elle.

 13   Question: Non, ma question est la suivante: je vous demandais si à quelque

 14   moment que ce soit elle vous a parlé de son mari, si elle vous a dit où il

 15   se trouvait pendant cette période?

 16   Réponse: Je crois qu'elle m'a dit qu'elle ne savait pas où il se trouvait.

 17   Question: Est-ce que M. Radic vous a dit que M. Ibrahim Denic était en

 18   détention?

 19   Réponse: Non.

 20   Question: Savez-vous ou bien lui avez-vous demandé, avez-vous demandé à M.

 21   Radic où se trouvait ce policier?

 22   Réponse: Non. J'avais un tel travail à l'époque, que j'étais très occupé,

 23   je n'avais absolument pas le temps de passer longtemps à discuter avec

 24   quelqu'un, vraiment pas.

 25   Question: Pendant ces visites dont vous avez parlé, vous avez rencontré M.


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  1   Radic, et selon ce que vous avez dit dans votre déposition, vous avez reçu

  2   des objets à destination de Mme Denic quand vous alliez à Banja Luka.

  3   Réponse: Oui.

  4   Question: Pendant tout ce temps, vous n'avez pas demandé où était le père

  5   de ce petit garçon, vous ne l'avez pas demandé à M. Radic?.

  6   Réponse: Non.

  7   Question: Madame Senada Denic vous a-t-elle parlé de son frère, Midhat

  8   Fazlic qui était détenu au camp d'Omarska?

  9   Réponse: Non. Elle ne m'en a rien dit.

 10   Question: Et M. Radic vous a-t-il dit que cette femme avait un frère qui

 11   s'appelait Midhat Fazlic et qui était détenu à Omarska, et qu'il aidait?

 12   Réponse: Non non.

 13   Question: Monsieur Radic vous a-t-il demandé d'aider un quelconque autre

 14   détenu musulman pendant cette période?

 15   Réponse: En général, je faisais mon travail, c'est-à-dire que je

 16   m'occupais des soldats de la Republika Srpska, et tout le reste était en

 17   général fait par des civils.

 18   Question: Excusez-moi, je ne crois pas que vous ayez bien compris ma

 19   question. Je vous demandais si M. Radic vous avez demandé d'aider un

 20   quelconque autre détenu musulman pendant cette période, oui ou non?

 21   Réponse: Non, nous n'avions pas de contact au sujet des choses de ce

 22   genre. C'était le travail du service civil, c'est-à-dire de structures

 23   différentes du centre de santé.

 24   Question: Vous rappelez-vous un véhicule dont la plaque d'immatriculation

 25   portait le n°JNAK 3742?


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  1   Réponse: JNAK 3742, j'ai conduit pas mal de véhicules, mais je conduisais

  2   une ambulance militaire. Mais était-ce son numéro, je ne sais pas.

  3   Question: Je vous demande encore un instant Monsieur le Président. Il me

  4   reste une question seulement.

  5   Monsieur Radic vous a-t-il demandé d'aider un quelconque autre Musulman,

  6   pendant cette période?

  7   Réponse: Je vous ai déjà dit que mon travail consistait en priorité de

  8   m'occuper des soldats. Il y avait d'autres services qui existaient,

  9   d'autres services au centre de santé qui étaient responsables de ce genre

 10   de chose.

 11   Question: Je n'ai plus de questions.

 12   M. le Président: Merci.

 13   Maître Jovanovic d'autres questions supplémentaires?

 14   M. Jovanovic (interprétation): Une seule question.

 15   (Interrogatoire principal supplémentaire au témoin, M. Miroslav Rosic, par

 16   Me Jovanovic.)

 17   Monsieur Rosic, ce que vous avez fait quand vous transportiez ces objets,

 18   ces paquets, est-ce que c'était en dehors de votre travail régulier?

 19   M. Rosic (interprétation): Oui.

 20   Question: Merci.

 21   M. le Président: Merci beaucoup Maître Jovanovic.

 22   Monsieur le Juge Riad? Madame la Juge Wald?

 23   (Questions au témoin, M. Miroslav Rosic, par M. le Président.)

 24   M. le Président: Monsieur, j'ai moi-même quelques questions.

 25   Si j'ai bien compris, le centre de santé où vous travailliez était à


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  1   Omarska, est-ce que j'ai bien compris?

  2   Réponse: Oui oui.

  3   Question: Et avant le conflit, est-ce que vous travailliez dans le même

  4   endroit ou non?

  5   Réponse: Non.

  6   Question: Où travailliez-vous avant le conflit?

  7   Réponse: Je travaillais dans la société Celpak à Prijedor.

  8   M. le Président: D'accord. Vous avez répondu à mes questions. Merci

  9   Monsieur Rosic d'être venu, je vous remercie beaucoup. Je vous souhaite un

 10   bon retour dans votre lieu de résidence.

 11   Monsieur l'huissier va vous raccompagner.

 12   M. Rosic (interprétation): Merci.

 13   (Le témoin, M. Miroslav Rosic, est reconduit hors du prétoire.)

 14   M. le Président: Maître Fila, maintenant, c'est Bogdan Delic?

 15   M. Fila (interprétation): Oui.

 16   M. le Président: L'ordre, on peut quand même l'anticiper.

 17   (Le témoin, M. Bogdan Delic, est introduit dans le prétoire.)

 18   M. le Président: Bonjour Monsieur Delic, m'entendez-vous?

 19   M. Delic (interprétation): Bonjour, je vous entends.

 20   M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que M.

 21   l'huissier va vous tendre.

 22   M. Delic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

 23   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 24   M. le Président: Vous pouvez vous asseoir. Installez-vous le plus

 25   confortablement possible. Pour l'instant, vous allez répondre aux


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  1   questions que Me Fila va vous poser.

  2   Maître Fila, vous avez la parole?

  3   M. Fila (interprétation): Je m'excuse, Monsieur le Président, mais avec

  4   votre permission, Me Zoran Jovanovic va demander à ce que l'on amène le

  5   sixième témoin aussi car je vois que nous avançons fort bien.

  6   M. le Président: Oui très bien, il faut le faire.

  7   Maître Jovanovic, allez-y s'il vous plaît.

  8   (Interrogatoire principal du témoin, M. Bogdan Delic, par Me Fila.)

  9   M. Fila (interprétation): Monsieur Rosic, je vous prie de nous dire où

 10   vous êtes né et quand? Excusez-moi Monsieur Delic, donnez-moi votre date

 11   de naissance, et lieu de naissance?

 12   M. Delic (interprétation): Je suis né en 1950, en date du 15 avril, à

 13   Sokolac?

 14   Question: Votre profession?

 15   Réponse: Je suis diplômé en sciences politiques.

 16   Question: Où êtes-vous employé?

 17   Réponse: Au MUP de Prijedor.

 18   Question: Quel est votre groupe ethnique?

 19   Réponse: Je suis Serbe.

 20   Question: Confession?

 21   Réponse: Je suis orthodoxe.

 22   Question: Etes-vous marié.

 23   Réponse: Je suis marié et j'ai deux enfants.

 24   Question: En 1993, quelles étaient les fonctions que vous deviez assumer?

 25   Réponse: J'étais chef du poste de sécurité publique à Prijedor.


Page 9182

  1   Question: Je voudrais savoir si à une période quelconque de cette année,

  2   vous avez proposé le policier Radic pour une récompense?

  3   Réponse: Oui, en novembre 1993, nous avions célébré la journée de la

  4   police. Nous avions proposé certains collègues du poste de police

  5   d'Omarska ou du département de poste de police, j'avais moi-même proposé

  6   que Mlado Radic soit récompensé pour ses activités fructueuses au cours de

  7   ces 20 années d'expérience en sus de quelques autres policiers qui avaient

  8   été également proposés.

  9   Question: A ce moment-là, à Omarska, il y avait un département du poste de

 10   police?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: Qui était le commandant?

 13   Réponse: Le commandant du département du poste de police était Zeljko

 14   Meakic.

 15   Question: Pouvez-vous nous donner la structure d'un département de poste

 16   de police?

 17   Réponse: Le département, c'est l'instance la moins élevée au niveau de la

 18   police, il s'agit d'une quinzaine ou d'une vingtaine de personnes qui se

 19   trouvaient là bas, il y avait un commandant et les permanences, étaient

 20   faites par un calendrier établi. Il y avait des chefs de secteur, des

 21   policiers expérimentés qui collectaient les informations relatives à la

 22   sécurité et qui les transmettaient au chef de département. Celui-ci les

 23   transmettait au poste de police et au centre de sécurité. J'étais à même

 24   moi-même de prendre des décisions en réaction à certaines informations,

 25   lorsque cela parvenait à moi.


Page 9183

  1   Question: Il y avait dans ce département de poste de police, M. Radic qui

  2   était employé?

  3   Réponse: Oui, M. Radic était employé en tant que simple policier au niveau

  4   du département du poste de police à Omarska.

  5   Question: Connaissiez-vous ses qualifications et la formation qu'il avait

  6   reçue?

  7   Réponse: D'après ce que j'ai pu apprendre, il avait fait un stage de

  8   police ordinaire. Il avait fait un stage de policier auparavant. A ce

  9   moment, il avait 20 ans, 20 années d'expérience au travail, ce qui était

 10   une année anniversaire, c'est la raison pour laquelle il avait été proposé

 11   pour une récompense, récompense sous forme d'une somme symbolique.

 12   Etant donné qu'à cette époque nous ne touchions pas nos salaires, nos

 13   revenus individuels, cette récompense irait aider sa famille à joindre les

 14   deux bouts.

 15   Question: Sa formation lui permettait d'avoir un poste de commandement?

 16   Réponse: Avec ce poste et sa formation, il ne pouvait rien accomplir

 17   d'autre si ce n'est les fonctions d'un simple policier chargé de la

 18   couverture policière d'un terrain déterminé.

 19   Question: Concernant la récompense dont il était question tout à l'heure,

 20   l'initiative est venue du département du poste de police à Omarska, n'est-

 21   ce pas?

 22   Réponse: Oui.

 23   Question: Vous avez donc transmis la chose à qui?

 24   Réponse: Oui, au ministère de Banja Luka, au centre des services de

 25   sécurité.


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  1   Question: Et comment l'information est-elle arrivée en retour pour faire

  2   savoir s'il faisait partie des personnes récompensées?

  3   Réponse: Eh bien, nous avons reçu par écrit une information aux termes de

  4   laquelle les policiers proposés pour la récompense devaient figurer sur

  5   une liste et cette liste devait être communiquée aux intéressés à la fête

  6   nationale du 29 novembre. Dans d'autres circonstances, il aurait reçu une

  7   montre avec une gravure ou autre chose.

  8   Question: Qui a pris cette décision?

  9   Réponse: C'est le centre de service de sécurité, à savoir le ministère qui

 10   a pris la décision.

 11   Question: Pouvons-nous dire que vous avez réalisé et signé la chose (sic)?

 12   Réponse: Oui, je ne peux pas prendre ce type de décision, oui je ne puis

 13   que faire une proposition.

 14   (Les interprètes demandent de ralentir.)

 15   Chose que j'ai faite.

 16   Question: Quel est l'exposé des motifs de cette décision?

 17   Réponse: L'exposé des motifs a été fait par ses collègues. J'ai lu cet

 18   exposé et je l'ai approuvé. D'habitude, c'est l'exposé des motifs

 19   habituellement fourni pour 20 ans de travail, attitude active, assistance

 20   aux jeunes collègues débutants, au succès sur le terrain. Ils ont rédigé

 21   un texte dans ce sens, ils m'ont communiqué ce texte. J'ai accepté cette

 22   proposition étant donné que Mlado était l'un des policiers les plus

 23   expérimentés. J'ai proposé au centre de sécurité de Banja Luka et ces

 24   gens-là ont agréé, ont accepté ladite proposition avec bien d'autres en

 25   sus.


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  1   Question: L'exposé des motifs qui a été rédigé et que vous avez signé,

  2   était-ce à peu près l'exposé des motifs à peu près analogue à l'exposé des

  3   motifs pour les autres personnes?

  4   Réponse: Oui, le contenu était à peu près pour le succès au travail,

  5   l'expérience acquise dans le travail avec les citoyens etc. Donc c'était

  6   l'exposé des motifs habituel pour ce type de récompense.

  7   (Les interprètes redemandent de ralentir.)

  8   Question: Cette récompense constituait-elle une assistance financière

  9   compte tenu de la situation économique?

 10   Réponse: Etant donné que nous ne recevions pas nos salaires, cela

 11   consistait une espèce d'aide matérielle parce que, pendant des années,

 12   c’est-à-dire en 1992/1993 nous n'avions pas touché de salaires étant donné

 13   qu'il n'y avait pas de moyen matériel pour le faire. A ce moment-là, comme

 14   je disais, Mlado avait une famille nombreuse à nourrir, donc l'un des

 15   motifs pour l'aider consistait à le proposer pour cette récompense en sus

 16   de ses 29 années d'expérience qu'il avait derrière lui.

 17   Question: Bien entendu, en votre qualité de responsable haut gradé de la

 18   police, vous avez pris connaissance du règlement régissant le

 19   fonctionnement du ministère de l'Intérieur, n'est-ce pas?

 20   Réponse: Oui.

 21   Question: Dans votre carrière, vous avez également été commandant d'un

 22   poste de police?

 23   Réponse: D'un poste de sécurité publique?

 24   Question: Oui d'un poste de sécurité publique. Est-ce qu'en cette qualité

 25   en tant que telle vous aviez des adjoints, des assistants?


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  1   Réponse: J'avais un suppléant, j'avais des assistants, j'avais des postes

  2   de police qui avaient leur commandant, une police de la circulation

  3   routière qui avait son commandant, un département de criminologie. Les

  4   postes de police avaient leurs dirigeants alors que les départements de

  5   poste de police n'avaient qu'un chef de département.

  6   Question: Est-ce que, d'une manière générale, dans l'organisation de la

  7   police chez vous, il y avait un service qui sous-entendait un titre qui

  8   pourrait être désigné par une personne chargée de la conduite des équipes

  9   de garde?

 10   Réponse: Non, il y avait juste un policier de permanence, de service qui

 11   était là tout le temps, chargé de ce type de tâches, et qui était à

 12   disposition.

 13   Question: Monsieur Delic, un département de police était chargé de

 14   sécuriser aussi bien certains bâtiments, ou alors les lieux d'un accident,

 15   les lieux d'un incendie?

 16   Réponse: Oui.

 17   Question: Si cette sécurisation devait être faite par plusieurs équipes,

 18   sur deux, trois ou quatre jours, pouvez-vous nous dire la technologie des

 19   relèves de policiers qui étaient dont appelés à travailler par équipe pour

 20   sécuriser tel endroit?

 21   Réponse: Eh bien, le commandant, le chef du département de poste de

 22   police, a un aperçu sur le nombre de personnes et il affecte un certain

 23   nombre d'employés par équipe. La première équipe travaille jusqu'à une

 24   certaine heure, la deuxième équipe jusqu'à une autre heure. Et lors des

 25   relèves, ils le font savoir au policier de permanence qui reçoit des


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  1   rapports et ses successeurs sont envoyés par secteur de patrouille vers

  2   des régions ou secteurs qu'ils sont appelés à couvrir.

  3   Question: Et dans le cas où il y aurait un changement de régime?

  4   Réponse: S'il y a des situations imprévues, par exemple incendie,

  5   inondation ou des accidents de la circulation, on procède au renforcement

  6   des secteurs où cela est survenu en accordant du personnel supplémentaire

  7   sur demande.

  8   Question: Revenons maintenant à l'année 1992. A l'époque, si j'ai bien

  9   compris vous n'étiez pas sur le terrain d'Omarska et de Prijedor?

 10   Réponse: Non, je n'y étais pas.

 11   Question: Prenons en considération ce département de police d'Omarska, qui

 12   comptait quelques policiers et qui était chargé de l'accomplissement de

 13   tâches usuelles. Tout à coup, on lui confie la mission de sécuriser un

 14   centre d'instruction, celui d'Omarska. Comment cette tâche pouvait-elle

 15   être effectuée?

 16   Réponse: Le département de police ne pourrait pas sécuriser le terrain et

 17   le centre d'instruction sans avoir obtenu des renforts en personnel.

 18   M. le Président: Madame Somers?

 19   Mme Somers (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je voudrais

 20   seulement savoir, et je ne me souviens pas d'un quelconque témoignage où

 21   on aurait dit que cet homme-là était en corrélation quelconque avec le

 22   département de police en 1992? Je crois qu'il s'agit peut-être d'un

 23   défaut, d'une lacune de connaissance.

 24   M. le Président: Cet homme n'était pas sur le terrain d'Omarska. Maître

 25   Fila a posé la situation d'Omarska et comment le règlement prévoyait la


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  1   situation. C'est cela, donc vous aurez la possibilité d'éclaircir.

  2   Maître Fila, vous pouvez continuer, s’il vous plaît.

  3   M. Fila (interprétation): Monsieur le Président, merci. Donc, sécuriser un

  4   centre d'instruction de ce type sous-entendait une augmentation du volume

  5   des activités?

  6   M. Delic (interprétation): Oui cela est une augmentation des activités,

  7   cela nécessite une augmentation des effectifs en présence.

  8   Question: Et cela se faisait de la façon que vous avez expliquée tout à

  9   l'heure en faisant appel à la police de réserve?

 10   Réponse: Ou à un département de police autre, extérieur, d'un secteur

 11   tiers, en faisant appel à un certain nombre d'hommes pour venir prêter

 12   main forte.

 13   Question: Compte tenu du fait que cette sécurisation était de nature

 14   temporaire, ce n'était pas donc pour toujours mais pour une période

 15   déterminée?

 16   Réponse: On adopte la décision d'engager temporairement un certain nombre

 17   de personnes sur le secteur.

 18   Question: Je vous comprends. Mais dites-moi, est-ce que cela nécessiterait

 19   la modification d'une structure de commandement?

 20   Réponse: La structure de commandement n'est pas à modifier.

 21   Question: Ma dernière question: est-ce que le chef du département de

 22   police quelqu'il soit et celui d'Omarska entre autre a le droit de

 23   modifier la structure de commandement?

 24   Réponse: Non, il n'a pas le droit de le faire et il ne peut pas, en sa

 25   qualité de chef du département de poste de police, le faire sans l'accord


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  1   ou l'approbation du chef ou du commandant du centre de sécurité publique

  2   ou du ministère de Banja Luka.

  3   Question: Pour que les choses soient bien claires: donc une décision doit

  4   être prise à très haut niveau pour que l'on puisse procéder à un

  5   changement?

  6   Réponse: D'abord, on doit m'envoyer un exemplaire de la demande, à moi. En

  7   ma qualité du chef du centre de sécurité, je dois transmettre cela au

  8   centre des services de sécurité qui s'adresse au ministère de l'Intérieur,

  9   afin de procéder à une modification de la structure, du fonctionnement et

 10   des modalités de fonctionnement d'un poste ou d'un département dans ce

 11   secteur.

 12   M. Fila (interprétation): Je vous remercie, et je n'ai plus de questions à

 13   poser.

 14   M. le Président: Monsieur le témoin, je profite du moment. Combien de

 15   temps tout cela peut-il prendre? Donc vous soumettre une demande, et vous,

 16   d'envoyer une proposition? Combien de temps cela peut-il durer pour avoir

 17   une décision?

 18   M. Delic (interprétation): Pour obtenir une décision, étant donné que cela

 19   est expédié par dépêche, il faut compter certainement une dizaine de

 20   jours. Quand cela est urgent, on peut procéder un peu plus vite.

 21   M. le Président: Très bien. Est-ce que d'autres conseils veulent

 22   interroger?

 23   (Interrogatoire principal du témoin, M. Bogdan Delic, par Me K. Simic.)

 24   M. K. Simic (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je me propose de

 25   poser seulement une question.


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  1   Monsieur Delic, avez-vous eu l'opportunité d'apprendre qu'une telle

  2   demande avait été expédiée au ministère de l'Intérieur suivant la

  3   procédure que vous venez de décrire?

  4   M. Delic (interprétation): Pendant mon mandat, il n'y a pas eu de demande

  5   de ce type car nul besoin n'était de le faire.

  6   M. le Président: D'autres conseils? Non. Je vois des signes négatifs. Donc

  7   du côté du Procureur, c'est Mme Somers.

  8   Monsieur Delic, vous allez répondre aux questions que Mme Somers, du côté

  9   du Procureur.

 10   Madame Somers, vous avez la parole.

 11   (Contre-interrogatoire du témoin, M. Bogdan Delic, par Mme Somers.)

 12   Mme Somers (interprétation): Monsieur Delic, en 1992, une décision a été

 13   adoptée par la cellule de crise vers les mois de mai et juin, aux termes

 14   de laquelle vous avez été nommé directeur intérimaire de l'école primaire,

 15   n'est-ce pas?

 16   M. Delic (Interprétation): Non, je n'ai pas été directeur d'une école

 17   primaire, mais directeur d'un lycée, d'une école secondaire.

 18   Question: Oui, je crois que c'est précisément ce que je voulais vous

 19   poser. Vous avez donc été nommé en tant que directeur d'une école par

 20   intérim, n'est-ce pas?

 21   Réponse: Oui.

 22   Question: Vous étiez professeur, n'est-ce pas?

 23   Réponse: Oui, professeur.

 24   Question: Dans l'enseignement. Vous n'avez jamais eu une seule journée de

 25   formation policière dans votre vie?


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  1   Réponse: Non.

  2   Question: Par conséquent, quand vous dites "non", vous n'avez pas eu ou

  3   vous avez eu?

  4   Réponse: Non, je n'en ai pas eu.

  5   Question: Vous avez été membre très actif du SDS à Prijedor, n'est-ce pas?

  6   Réponse: Non.

  7   Question: Vous avez été nommé à cette position pour remplacer Simo

  8   Drljaca, en raison de vos relations politiques et non pas en raison de la

  9   formation policière que vous avez eue, n'est-ce pas?

 10   Réponse: Non ce n'est pas vrai. En 1992, j'étais sur les lignes de front.

 11   En 1993, jusqu'au mois de mai, par le biais des médias et de la presse,

 12   j'ai appris que j'étais porté candidat au chef de la sécurité publique à

 13   Prijedor.

 14   On n'a donc pas suivi une ligne politique car je n'ai pas été membre de ce

 15   parti. J'avais été membre de la ligue des communistes jusqu'en 1990

 16   pendant plus de 20 ans. A la fin de ces activités politiques au sein de la

 17   ligue des communistes, j'ai quitté cette ligue des communistes de mon

 18   propre gré et je n'ai plus été membre de quelque parti que ce soit.

 19   J'ai probablement été proposé à ce poste, d'après ce que j'ai appris par

 20   la presse, du fait de mes qualités humaines et du fait d'avoir été

 21   directeur d'école secondaire pendant 10 ans et professeur enseignant

 22   pendant 15 ans.

 23   Quelqu'un m'a proposé, a pensé à moi et j'ai accepté d'assumer cette

 24   fonction pour calmer la situation. J'avais estimé qu'il serait mieux pour

 25   moi d'exercer cette fonction plutôt que d'être sur la ligne de front.


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  1   Question: Dans quelle rue habitiez-vous en juin 1991?

  2   Réponse: J'habitais, comme de nos jours et comme en 1985, j'habite Pecani

  3   H36/4e étage, ou alors c'est la rue Petra Zimonijca Mitropolita selon son

  4   appellation nouvelle.

  5   Question: Je demanderais à M. l'huissier de placer un document sur le

  6   rétroprojecteur, mais je ne vais pas demander à ce qu'il soit versé au

  7   dossier. Je demande donc qu'il soit placé sur le rétroprojecteur.

  8   Il s'agit de l'un des documents de la série de documents nous provenant de

  9   Prijedor.

 10   J'ai une question à vous poser à son sujet: le document est en langue

 11   serbo-croate, il s'agit...

 12   Monsieur l'huissier, descendez-le un petit peu. Voilà, merci.

 13   On voit qu'il s'agit du 24 juin 1991, on mentionne ici, n'est-ce pas, des

 14   membres de l'assemblée du SDS de Prijedor? Est-ce que vers le bas de cette

 15   liste on retrouve votre nom, oui ou non?

 16   M. Fila (interprétation): Je tiens à prévenir la Chambre, quand j'ai fait

 17   cela hier, avec l'extrait du registre des mariages de l'autre témoin, Mme

 18   Somers a protesté. Mais étant donné que je suis galant, je ne vais pas le

 19   faire pas, mais je tenais seulement à attirer votre attention sur ce fait.

 20   M. Delic (interprétation): Est-ce que vous pouvez déplacer la liste parce

 21   que je ne vois vraiment pas.

 22   Mme Somers (interprétation): Si mes souvenirs sont bons, nous ne sommes

 23   pas opposés à l'utilisation de ce document. Nous avons également posé des

 24   questions à ce sujet. Monsieur Fila a de son propre gré renoncé à demander

 25   son versement au dossier. Je ne demande pas que ce document soit versé au


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  1   dossier, mais je voulais juste poser quelques questions à son sujet.

  2   M. le Président: Quel était le contenu? Rappelez-moi parce que maintenant

  3   je ne me rappelle plus. Quel était l'objectif de votre objection hier par

  4   rapport au document, au certificat de mariage?

  5   Mme Somers (interprétation): Je m'excuse, Monsieur le Président, je ne me

  6   souviens pas avoir fait objection. Nous avons également posé des questions

  7   au sujet du document en question, cela a eu lieu vers la fin des débats

  8   d'hier lorsque M. Fila avait soulevé la question. Je ne me souviens pas

  9   d'avoir fait objection, car nous nous sommes servis également du même

 10   document et cela n'a pas posé de problème.

 11   M. Fila (interprétation): Je tiens à vous rappeler que j'avais remis un

 12   document, un seul exemplaire, que le Procureur n'avait pas vu, et je

 13   voulais poser une question au témoin au sujet d'un document que le

 14   Procureur n'avait pas vu.

 15   En revanche, ce document actuel, présent, personne d'entre nous ne l'a vu.

 16   Mais je voulais juste dire que l'on m'a fait le reproche, qu'on essaie de

 17   ne pas me faire de reproche de ce type à l'avenir.

 18   M. le Président: Essayons d'avancer.

 19   Maintenant est-ce qu'il est possible que la défense puisse voir ce

 20   document, Madame Somers? Parce qu'il y a ici une question: ou vous, quand

 21   je dis vous, je dis les deux parties, utilisez un document qu'il faut

 22   montrer à l'autre côté, ou vous ne l'utilisez pas.

 23   C'est vrai que vous pouvez utiliser le document pour poser des questions,

 24   mais il faut quand même savoir quel est le document. Est-ce que vous donc

 25   pouvez montrer le document à la défense, notamment à Me Fila?


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  1   Mme Somers (interprétation): Oui Monsieur le Président.

  2   Le seul exemplaire dont je dispose est celui qui est sur le

  3   rétroprojecteur. Mais si je puis le dire, il y a une demande en vertu de

  4   l'article 66 B).

  5   M. le Président: Le document peut donc circuler si vous le permettez.

  6   Il faut donc seulement le montrer, on va vous retourner le document.

  7   Est-ce que c'est possible?

  8   Mme Somers (interprétation): Oui, en effet.

  9   Monsieur le Président, je me propose de le faire avec grand plaisir, il y

 10   a juste un petit problème technique: notre personnel, nos assistants

 11   auraient dû apporter des copies pour que nous puissions le distribuer,

 12   mais comme nous avons avancé très rapidement, nous n'avons pas de copie

 13   supplémentaire. Mais je vous remettrai ma propre copie en attendant les

 14   autres copies.

 15   M. le Président: Est-ce que vous pouvez me montrer le document, les Juges

 16   veulent le voir ainsi que la défense.

 17   (Les Juges et la défense consultent le document.)

 18   Excusez-moi, Monsieur l'huissier, les autres conseils, s'il vous plaît:

 19   Maître Krstan Simic, et après les autres.

 20   D'accord, Madame Somers, vous pouvez poser votre question.

 21   Mme Somers (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 22   Une question très rapide à l'égard de ce document: au cours de l'année

 23   1991, vous avez eu une fonction particulièrement importante au sein du SDS

 24   ou étiez-vous simplement un membre?

 25   Réponse: Je n'avais pas un poste important: j'étais le directeur du lycée.


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  1   Et puis je vais faire un commentaire ici, nous pouvons voir l'adresse.

  2   Question: Excusez-moi, mais je souhaite passer à autre chose. Nous n'avons

  3   pas tellement de temps.

  4   Réponse: Il est possible de voir sur la base de cela que ceci n'est pas...

  5   M. Fila (interprétation): (Hors micro.)

  6   M. le Président: Madame Somers, je crois avoir entendu du témoin qu'il a

  7   appartenu à la ligue communiste, et après il n'a pas été membre de quelque

  8   autre parti. Vous avez demandé: "In june of 1991, did you have any

  9   particarly high position in the SDS?"

 10   Mme Somers (interprétation): Permettez-moi de demander si le Bogdan Delic

 11   dont le nom figure dans ce document est une personne différente par

 12   rapport à vous-même? A Prijedor, est-ce que c'est un nom et prénom

 13   courant?

 14   Réponse: Je ne sais pas, ce n'est pas mon adresse. J'habite à Pecani 34

 15   immeuble H, qui est maintenant la rue Metropolita Zimonjica. Donc, le nom

 16   de famille correspond au mien, mais moi, à l'époque, j'étais le directeur

 17   du lycée et je n'étais pas membre d'un quelconque parti.

 18   Question: Connaissez-vous un autre Bogdan Delic à Prijedor?

 19   Réponse: Eh bien...

 20   Question: Oui ou non.

 21   Réponse: Non.

 22   Question: Très bien. Merci. Vous avez fait un commentaire, Me Fila vous a

 23   posé une question concernant l'organisation des forces de police en

 24   général: "Est-ce qu'il y a un poste de chef d'équipe?", et votre réponse

 25   était "non".


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  1   Voici ma question: Miroslav Kvocka a récemment déposé à la page...

  2   Je ne sais pas si officiellement c'est le cas, mais le 16 février, M.

  3   Kvocka a fait un commentaire concernant les changements au sein des forces

  4   de police, il a dit que Bogdan Delic, qui était le chef à l'époque, a pu

  5   voir lui-même que son travail était très bon. Puis il a parlé d'une

  6   décision selon laquelle il a été nommé au poste du chef d'équipe au sein

  7   du poste de police de Prijedor. Monsieur Kvocka est un policier

  8   expérimenté.

  9   Est-ce que sa description de cette position est quelque peu erronée?

 10   Réponse: Non.

 11   Question: Très bien. Quand étiez-vous au camp d'Omarska, si vous y êtes

 12   allé? Je ne parle pas de la période pendant laquelle le complexe

 13   fonctionnait en tant que mine, mais je parle du camp?

 14   Réponse: Je ne sais pas. Je n'y suis pas allé.

 15   Question: Ni êtes-vous pas allé en tant que membre de "Cigo" en mai 1992?

 16   Réponse: Non.

 17   Question: Etes-vous ami avec Momcilo Radanovic, surnommé "Cigo"? Est-ce

 18   que vous aviez des liens avec lui sur le plan politique ou social?

 19   Réponse: Pas sur le plan politique, mais je le connais puisque Momcilo

 20   Radanovic en 1993/1994 était le vice-président de la municipalité. On se

 21   connaissait donc, on se connaissait aussi au cours de l'année 1991/1992.

 22   Question: Quel était le salaire lorsque vous étiez le directeur du lycée?

 23   Quels étaient vos revenus?

 24   Réponse: Cela dépendait, cela variait entre 1000 et 2000 deutsche marks,

 25   et puis pendant d'autres périodes entre 200 et 300 deutsche marks.


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  1   Parfois, les salaires étaient satisfaisants, et parfois, nous faisions la

  2   grève.

  3   Question: Qu'avez-vous fait après avoir terminé votre travail à Prijedor,

  4   dans la police de Prijedor? En tant que chef de la police, qu'avez-vous

  5   fait?

  6   Etes-vous parti vivre en Serbie pendant une certaine période?

  7   Réponse: Oui.

  8   Question: Avez-vous acheté des magasins et réalisé des bénéfices dans ces

  9   activités-là?

 10   Réponse: Non.

 11   Question: Qu'avez-vous fait là-bas?

 12   Réponse: Je me suis acquitté de certaines activités, là-bas en tant

 13   qu'entrepreneur privé. Mon fils étudiait là-bas, je souhaitais pouvoir

 14   payer ses études. Ma fille était à l'école secondaire. Moi, j'ai été

 15   relevé de mes fonctions, j'ai été licencié en 1995. J'ai dû commencer à

 16   travailler ailleurs.

 17   Question: Vous n'avez pas acheté une boucherie en Serbie?

 18   Réponse: Non j'en suis sûr.

 19   Question: Lorsque vous avez décidé d'approuver le prix qui devait être

 20   donné à Mlado Radic, je suppose que c'était le 11 août 1993. Il s'agit

 21   d'une récompense qui lui a été attribuée puisqu'il s'agissait d'un

 22   policier compétent et efficace, n'est-ce pas?

 23   Réponse: Oui.

 24   Question: Vous connaissiez bien Radic?

 25   Réponse: Je ne le connaissais que depuis un an. Ce sont ses collègues


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  1   d'Omarska qui le connaissaient extrêmement bien qui l'ont proposé, et puis

  2   ses collègues du poste de police de Prijedor qui le connaissaient puisque

  3   Mlado Radic avait travaillé à Ljubija aussi. Ils m'ont envoyé cette

  4   proposition pour que moi-même je transmette cette proposition à Banja Luka

  5   au centre. Je l'ai fait. Le centre a approuvé cette proposition que

  6   j'avais fait transmettre, alors qu'ils auraient pu dire non également.

  7   Question: Je m'excuse auprès des interprètes. Est-ce que vous connaissez

  8   un endroit, à Omarska, au camp d'Omarska, et Keraterm, et Trnopolje et

  9   Manjaca, est-ce que vous savez ce qui s'est passé sur le territoire, sur

 10   lequel vous aviez le contrôle dans le cadre de la police?

 11   Réponse: A l'époque où moi j'étais au sein de la police, tout était calme,

 12   et rien ne se passait. Je sais effectivement, qu'il y avait un centre de

 13   regroupement à Keraterm, Trnopolje, et Omarska. Mais avant je n'étais pas

 14   dans la région, puisque j'étais sur le front. Donc je ne pouvais pas être

 15   au courant de ce qui s'est passé pendant le fonctionnement de ces camps-

 16   là.

 17   Question: Est-ce que vous vous êtes adressé à votre prédécesseur, M. Simo

 18   Drljaca qui a démantelé ces camps, est-ce que vous lui avez posé des

 19   questions sur les horreurs dont la communauté internationale a pris

 20   conscience?

 21   Réponse: Non, parce que je n'avais pas un bon rapport avec Simo, je n'ai

 22   pas discuté avec lui de cela.

 23   Question: Je n'ai plus de questions à poser.

 24   M. le Président: Très bien Mme Somers, vous avez terminé avant votre

 25   temps, je vous remercie beaucoup.


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  1   Mme Somers (interprétation): Je m'excuse profondément. Mais j'ai mal

  2   compris quelque chose qu'une collègue de mon équipe vient de me dire. Si

  3   vous permettez un instant, je souhaite montrer un autre document, qui est

  4   disponible pour tout le monde, j'avais l'impression que c'était toujours à

  5   l'étage.

  6   M. le Président: Non, non maintenant…

  7   Mme Somers (interprétation): Excusez-moi, c'est mon erreur.

  8   M. le Président: Je crois que Me Fila a soulevé l'objection parce qu'hier

  9   vous avez protesté parce que la défense n'avait pas donné le document

 10   avant au Procureur. C'est la même chose donc, il faut maintenir

 11   l'équilibre des parties.

 12   Mme Somers (interprétation): Merci, Monsieur le Président. C'était quelque

 13   chose lié à 66B. En ce qui concerne l'équipe de Me Fila ils ont tous les

 14   documents en vertu de l'article 66B.

 15   M. le Président: Donc, nous savions quand même que vous aviez quelqu'un

 16   pour amener les documents et les choses sont allées plus vites, de toute

 17   façon, très bien.

 18   M. le Président: Maître Fila, des questions supplémentaires?

 19   M. Fila (interprétation): Je n'ai pas d'autres questions à poser.

 20   M. le Président: Maître K. Simic?

 21   (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Bogdan Delic, par

 22   Me K. Simic.)

 23   M. Simic (interprétation): Deux questions à poser.

 24   Monsieur Delic, dans le système de la police, est-ce qu'il existe un poste

 25   de chef d'équipe?


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  1   M. Delic (interprétation): Oui.

  2   Question: Dans la structure des tâches et des postes, est-ce qu'il est

  3   prévu quelles doivent être les tâches de cette personne?

  4   Réponse: Oui.

  5   Question: D'après le règlement qui gère le travail est-il écrit quelles

  6   sont les conditions nécessaires à remplir pour qu'une personne soit nommée

  7   à ce poste-là par son supérieur?

  8   Réponse: Oui.

  9   Question: Merci beaucoup, je n'ai plus de question à poser.

 10   M. le Président: Merci. Monsieur le Juge Riad avez-vous des questions,

 11   s'il vous plaît?

 12   M. Riad: Oui, Monsieur le Président.

 13   (Questions au témoin, M. Bogdan Delic, par M. le Juge Riad.)

 14   M. Riad (interprétation): Bonjour Monsieur Delic.

 15   M. Delic (interprétation): Bonjour.

 16   Question: Vous m'entendez?

 17   Réponse: Oui.

 18   Question: Peut-être compte tenu de la position importante qui était la

 19   vôtre, je peux vous poser une question générale. En cas de violation

 20   commise par le commandement, vous avez parlé du changement des structures

 21   de commandement effectué par le ministère de l'Intérieur. Si un commandant

 22   commet une violation, quelles sont les possibilités données à ses

 23   subordonnées, aux personnes placées sous ses ordres, leur permettant de

 24   réagir ou d'entreprendre certaines mesures?

 25   Réponse: Eh bien, leurs capacités sont modestes, ils peuvent envoyer une


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  1   proposition à une instance supérieure, en proposant que des mesures soient

  2   prises à l'encontre d'une certaine personne. Mais quant à la question de

  3   savoir de quelle manière ceci va être résolu, ceci ne dépend pas d'eux,

  4   ils n'ont plus d'influence là-dessus, ils peuvent faire peu de chose.

  5   Question: Si ces personnes-là démissionnaient, cela risquerait-il de les

  6   placer en situation de danger?

  7   Réponse: Tout dépend des circonstances. Vous savez, il est possible

  8   également d'entamer une procédure pénale à l'encontre d'eux, pour avoir

  9   manqué à leurs obligations de respecter le règlement etc. Eux aussi

 10   pourraient être tenus pour responsables et devoir expliquer ce qu'ils ont

 11   fait et pourquoi.

 12   Question: Pendant la période pendant laquelle vous avez exercé vos

 13   fonctions, est-ce que qui que ce soit a réagi par rapport aux agissements

 14   de quelqu'un? Quelqu'un a-t-il démissionné, ou fait un rapport concernant

 15   une violation par exemple à l'égard du camp d'Omarska ou autre chose?

 16   Réponse: Je ne sais pas. Je n'avais rien à faire avec le camp d'Omarska,

 17   donc je ne suis pas au courant de cela.

 18   Question: Je parle en termes généraux, non pas nécessairement d'Omarska?

 19   Réponse: Je ne sais pas si quelqu'un a démissionné à cause de certaines

 20   affaires pendant la période pendant laquelle moi-même j'étais le chef. De

 21   toute façon ceci n'était pas nécessaire puisque la situation était plutôt

 22   satisfaisante et calme.

 23   Question: Vous étiez chef jusqu'à l'année 1995?

 24   Réponse: De 1993 à 1994.

 25   Question: Vous avez dit que Simo Drljaca vous a licencié en 1995, ai-je


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  1   raison?

  2   Réponse: Oui.

  3   Question: Pouvait-il licencier qui que soit sans aucune raison ou fallait-

  4   il donner des motivations?

  5   Réponse: Il envoyait la proposition au ministère proposant que mon travail

  6   prenne fin. Je ne sais pas quelles étaient les motivations, mais j'ai été

  7   relevé de mes fonctions.

  8   Question: Puisque vous avez dit, tout à l'heure, que c'était seulement le

  9   ministère de l'Intérieure qui pouvait opérer ces changements, il

 10   s'agissait là d'un procédure longue, où les propositions étaient prises en

 11   considération et examinées. Vous n'avez donc pas été accusé mais avaient-

 12   ils quoi que ce soit à vous reprocher?

 13   Réponse: Je ne suis pas au courant. Ils m'ont suspendu le 15 mai 1994,

 14   j'ai été suspendu jusqu'au 2 février 1995, date à laquelle j'ai reçu

 15   rétroactivement une décision portant sur la fin de mes fonctions.

 16   Par la suite, j'ai porté plainte, et j'ai obtenu gain de cause. J'ai donc

 17   pu reprendre mon travail à partir de l'année 1996 mais, dans les faits, je

 18   n'ai pu réaliser cela qu'à partir de l'année 1998.

 19   Question: Vous avez parlé d'une récompense donnée à M. Radic. Vous avez

 20   expliqué qu'il s'agissait de quelque chose qui lui avait été décerné pour

 21   son travail, et notamment en 1993.

 22   S'agissait-il, là aussi, d'une récompense par rapport au travail effectué

 23   au camp d'Omarska?

 24   Réponse: Non, ceci n'a rien à voir avec le camp d'Omarska. Il s'agissait

 25   du travail accompli depuis 20 ans. A l'époque où j'étais le chef, ses


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  1   collègues s'exprimaient de façon positive à l'égard de son travail de 20

  2   ans. Ils ont proposé qu'il soit récompensé et qu'une aide financière lui

  3   soit accordée également.

  4   Question: Etait-il au camp d'Omarska à l'époque, quand on lui a fait cette

  5   proposition?

  6   Réponse: Non.

  7   M. le Président: Madame la Juge Wald?

  8   (Questions au témoin, M. Bogdan Delic, par Mme la Juge Wald.)

  9   Mme Wald (interprétation): Monsieur Delic, j'ai quelques questions à poser

 10   qui concernent toute cette récompense. Lorsque vous avez transmis la

 11   proposition venant des collègues de M. Radic demandant qu'il soit

 12   récompensé, saviez-vous qu'il avait été un des gardes au camp d'Omarska?

 13   Réponse: Eh bien, je ne prêtais pas attention au travail effectué dans le

 14   camp d'Omarska, et je supposais que tous les policiers qui s'y étaient

 15   trouvés, avaient travaillé dans le cadre de la sécurité de ce camp.

 16   Il s'agit là du territoire couvert par ce poste de police, le poste de

 17   police d'Omarska. Parmi les gens qui assuraient la sécurité se trouvait

 18   également M. Radic.

 19   Question: Lorsqu'une proposition provenait d'un poste de police, ou plutôt

 20   d'un département qui relevait de vous et que vous, vous étiez chargé de

 21   faire parvenir cette proposition aux autorités de Banja Luka, est-ce

 22   qu'une quelconque enquête était menée, ou bien est-ce que vous vous

 23   penchiez seulement sur les faits indiquant que ses collègues du poste de

 24   police l'avaient proposé?

 25   Est-ce que c'était l'unique base sur laquelle vous vous appuyiez pour


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  1   transmettre cette proposition? Avez-vous mené des recherches pour vérifier

  2   qu'effectivement cette personne était quelqu'un de qualité et que, dans

  3   son passé, il n'y avait rien qui l'empêcherait de recevoir ce genre de

  4   prix? Avez-vous vérifié ce genre de chose?

  5   Réponse: J'ai procédé à des vérifications. Chaque membre de la police a un

  6   dossier. J'ai vérifié ce dossier. Il existe des commissions chargées des

  7   propositions de prix. J'ai également parlé à son supérieur et au chef du

  8   département du poste de police et à son adjoint. J'ai parlé au commandant

  9   du poste de police de Prijedor et avec mon adjoint. Tout le monde s'est

 10   exprimé de manière favorable à son sujet. Il ne s'agissait pas que de

 11   Mlado mais d'autres personnes aussi.

 12   Question: Si j'ai bien compris, au cours de la vérification que vous avez

 13   faite, vous avez parlé également avec M. Meakic?

 14   Réponse: Oui.

 15   Question: Qui était chef du poste de police?

 16   Réponse: Non, pas du poste de police.

 17   Question: Il était le chef du poste ou département du poste de police

 18   d'Omarska. Mais de toute façon vous avez parlé avec lui pour obtenir un

 19   accord. Il a donné son approbation, n'est-ce pas, il était d'accord avec

 20   cela?

 21   Réponse: Le commandant du département du poste de police, M. Meakic, s'est

 22   entretenu avec les employés du département du poste de police, et ils se

 23   sont mis d'accord pour proposer Mlado Radic. Ceci a été envoyé à leur

 24   commandant, le commandant du poste de police de Prijedor, en charge du

 25   département du poste de police.


Page 9205

  1   Dans ce contexte de cet entretien avec le chef du poste de police de

  2   Prijedor, nous avons pris les documents, nous les avons examinés et nous

  3   avons conclu que, concernant la personne Radic, il n'y avait rien de

  4   négatif. Ainsi, nous avons transmis cette proposition telle quelle à Banja

  5   Luka.

  6   Question: En bref, à un certain moment, M. Meakic a été contacté pour

  7   qu'il s'exprime en tant que supérieur, son commandant?

  8   Réponse: Oui.

  9   Question: Est-ce que vous vous souvenez des noms de l'un quelconque des

 10   collègues qui a initié ou soutenu cette initiative, liée à cette

 11   proposition de décerner cette récompense à M. Radic?

 12   Réponse: Non.

 13   Question: Vous ne vous souvenez pas de ces noms-là?

 14   Réponse: Ceci n'a pas été fourni par écrit, en accompagnement de cette

 15   proposition.

 16   Question: Comment, dans ce cas-là, avez-vous pris connaissance de cela, si

 17   ceci n'était pas transmis par écrit?

 18   Réponse: La proposition écrite c'est M. Meakic qui l'a remise. Entre eux,

 19   dans le département du poste de police, ils avaient discuté de cela.

 20   Question: Meakic est venu vous voir et vous a dit verbalement que les

 21   autres policiers, les collègues de M. Radic le soutenaient, c'est ainsi

 22   que vous avez obtenu cette information-là de la part de M. Mejakic? Ai-je

 23   bien compris?

 24   Réponse: Lors des réunions des employés qui se tenaient chaque lundi, j'ai

 25   informé les commandants des postes de police et des départements de postes


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  1   de police, qu'ils devaient proposer un certain nombre de personnes qui

  2   devraient être récompensées de leur travail accompli au cours des 20 ou 30

  3   ans. Puisque Radic avait une carrière de 20 années, ils ont discuté de

  4   cette proposition, et ils ont conclu qu'il pouvait présenter M. Radic.

  5   J'ai accepté cela. En concertation avec le commandant du poste de police

  6   de Prijedor, nous avons examiné toutes les propositions, y compris les

  7   propositions émanant d'autres postes de police et d'autres départements de

  8   postes de police.

  9   M. le Président: Je vois Mme Somers.

 10   Mme Wald (interprétation): Allez-y.

 11   Mme Somers (interprétation): Excusez-moi de cette interruption mais, dans

 12   l'intérêt de la justice et du Tribunal, je souhaite dire que la Juge Wald

 13   pose des questions au sujet d'un document très pertinent. Je souhaite

 14   qu'on attribue au moins une cote aux fins d'identification.

 15   Mme Wald (interprétation): Si je me souviens bien, ceci est un sujet dont

 16   il a été déjà question. Je souhaite poser des questions, même si vous avez

 17   renoncé à l'idée de verser ce document au dossier.

 18   Voici ma question: avez-vous jamais vu un document où il a été écrit

 19   qu'effectivement ce prix a été décerné à M. Radic? Avez-vous jamais vu le

 20   document attestant que ce prix a été donné M. Radic?

 21   Il s'agissait d'une somme de 50 deutsche marks: est-ce que d'habitude, ce

 22   genre de récompense était toujours accompagnée d'un document? Avez-vous

 23   jamais vu un tel document qui représentait le prix lui-même?

 24   Réponse: Ces documents ont été transmis à la police le 21 novembre, alors

 25   le commandant de la police leur a remis cela personnellement.


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  1   Question: Très bien. Avez-vous jamais vu le document remis à M. Radic?

  2   Réponse: Non, je ne l'ai pas vu.

  3   Question: Donc vous ne savez pas ce qui était écrit sur le document, en ce

  4   qui concerne les raisons pour lesquelles le prix lui était décerné?

  5   Réponse: Nous avons reçu un télégramme émanant du ministère du chef du

  6   centre de Banja Luka. Dans le télégramme, il a été écrit que la

  7   proposition concernant les employés qui devaient être récompensés par un

  8   montant de 50 deutsche marks était acceptée, et la liste des personnes

  9   récompensées y figurait également.

 10   Question: Vous n'avez pas vu le certificat du prix lui-même, le certificat

 11   portant sur le prix que M. Radic a obtenu? Vous ne savez pas ce qui était

 12   inscrit?

 13   Réponse: Non.

 14   Question: Voici ma dernière question: dans le document que vous avez

 15   transmis aux officiels de Banja Luka avec la proposition portant sur la

 16   récompense à donner à M. Radic, vous nous avez dit que vous avez envoyé

 17   ces documents-là aux autorités de Banja Luka pour qu'ils prennent une

 18   décision finale?

 19   Réponse: Oui.

 20   Question: Dans ces documents que vous avez transmis, est-ce qu'une

 21   quelconque référence a été faite au sujet du service de M. Radic au sein

 22   du camp d'Omarska, par opposition à son travail au sein du poste de police

 23   d'Omarska? Est-ce qu'une quelconque référence a été faite dans ces

 24   documents-là, dans les documents que vous avez transmis à Banja Luka?

 25   Réponse: Pour autant que je m'en souvienne, il a été dit que compte tenu


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  1   de son travail efficace d'une durée de 20 ans, entre 1973 et 1993, et

  2   compte tenu de son travail dans le cadre de la sécurité fournie aux

  3   personnes et à leurs biens matériels -et je pense que ce ceci recouvre

  4   aussi le camp d'Omarska puisque le territoire mentionné était celui

  5   d'Omarska et, effectivement, il a travaillé en tant que garde dans le

  6   camp-, d'ailleurs, je pense qu'il s'est acquitté de ces tâches de manière

  7   réussie, et sans souiller son honneur, je pense qu'il a accompli toutes

  8   les tâches qui lui avaient été confiées.

  9   Question: Voici ma dernière question: veuillez répondre par oui ou non,

 10   pour autant que vous vous en souveniez, dans les documents que vous avez

 11   envoyés et transmis à Banja Luka, est-ce qu'une référence concrète a été

 12   faite à l'égard du fait qu'il a travaillé pendant une certaine période

 13   dans le camp d'Omarska?

 14   Réponse: Je ne me souviens pas. Je suppose que, dans ce texte, il a peut-

 15   être été mentionné qu'il assurait peut-être la sécurité du camp d'Omarska

 16   des personnes et de leur propriété, et de la sécurité du camp d'Omarska.

 17   M. le Président: Merci Madame la Juge Wald.

 18   (Questions au témoin, M. Bogdan Delic, par M. le Président.)

 19   Monsieur Delic, j'ai une question simple: vous avez mentionné qu'il y

 20   avait des simples policiers. Qu'est-ce que qu'un simple policier? D'autres

 21   personnes ont mentionné, ici, des polices ordinaires? Est-ce que vous

 22   pouvez nous dire ce que c'est qu'un simple policier?

 23   Réponse: Un simple policier, c'est un policier qui effectue ses missions

 24   sur le terrain. Il est le responsable de ce territoire. Il doit recueillir

 25   les informations concernant certaines personnes, protéger les personnes et


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  1   leurs avoirs. Il n'a pas de compétence ni de responsabilité, sauf que

  2   toutes ces informations qu'il recueille sur le terrain il doit les

  3   transmettre à son supérieur direct. C'est donc quelqu'un qui s'acquitte

  4   des tâches les plus simples, des tâches de base.

  5   Question: L'expression police ordinaire, cela correspond ou est-ce quelque

  6   chose de différent?

  7   Réponse: Nous sommes tous des responsables. Si nous nous acquittons d'une

  8   certaine tâche, nous sommes responsables. Un simple policier doit

  9   soumettre le rapport sur la base des informations qu'il recueille. Tout le

 10   monde doit le faire. Mais c'est quelqu'un qui n'est pas en position de

 11   supériorité. Ou plutôt, il ne peut pas prendre une décision sans l'aval de

 12   son supérieur.

 13   Question: Est-ce que cette expression "police simple" ou "simple policier"

 14   est consacrée dans le règlement, avec un contenu fonctionnel, si je peux

 15   dire ainsi?

 16   Réponse: Il n'y a pas de mot "simple". Le mot "policier" existe. Mais

 17   lorsque nous parlons ainsi, nous souhaitons dire qu'il existe des

 18   policiers qui ont certaines compétences, et puis il existe des policiers

 19   qui ont des compétences plus importantes. Le policier simple n'est pas un

 20   supérieur donc il ne peut pas donner des ordres. Il peut donner des ordres

 21   aux citoyens, il écarte quelque chose, mais il ne peut pas prendre une

 22   décision à l'égard d'autres policiers, à l'égard des autres policiers.

 23   Question: Si j'ai bien compris, ce mot "simple policier" n'est pas

 24   consacré. Les personnes utilisent cette expression pour faire une

 25   distinction de plusieurs niveaux de responsabilité dans la police elle-


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  1   même. Est-ce cela?

  2   Réponse: Oui.

  3   Question: Très bien. Je vous remercie beaucoup.

  4   M. le Président: Je vois que M. le Juge Riad a encore une question. Nous

  5   devons terminer avant la pause.

  6   (Questions supplémentaires au témoin, M. Bogdan Delic, par M. le Juge

  7   Riad.)

  8   M. Riad (interprétation): Monsieur Delic, en répondant à la question posée

  9   par ma collègue, la Juge Wald, vous avez dit ce qui portait également sur

 10   le travail accompli avec réussite à Omarska, au camp d'Omarska. Tout

 11   d'abord, est-ce que d'autres personnes qui ont travaillé à Omarska ont

 12   reçu un prix, ou bien M. Radic était-il le seul à être récompensé?

 13   M. Delic (interprétation): Non, Radic n'a pas été récompensé à cause

 14   d'Omarska, il faut que les choses soient claires. Il a été récompensé à

 15   cause des 20 ans de travail efficace, entre 1973 et 1993. C'est la

 16   première fois que nous avons fêté la fête de la police le 21 novembre,

 17   c'est pour cela qu'il a reçu cette récompense. Le montant aurait été plus

 18   important si les circonstances avaient été meilleures.

 19   Question: Ma question portait simplement sur la question de savoir sur ce

 20   que vous voulez dire en disant le travail efficace et réussi à Omarska,

 21   puisqu'il s'agissait d'un camp de concentration.

 22   Réponse: Je n'y étais pas à l'époque. Je suppose que tous les policiers du

 23   poste de police d'Omarska étaient actifs dans la sécurité d'Omarska, du

 24   camp d'Omarska afin de protéger les personnes. Pour autant que je le sache

 25   tout le monde s'est acquitté de ses tâches de manière correcte et


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  1   professionnelle.

  2   Question: Merci beaucoup.

  3   M. K. Simic (interprétation): Monsieur le Président.

  4   M. le Président: Que voulez-vous? En premier lieu, la raison de votre

  5   intervention, s'il vous plaît?

  6   M. K. Simic (interprétation): Monsieur le Président, le Juge Riad a posé

  7   une question au témoin en ce qui concerne les conséquences de la situation

  8   lorsque quelqu'un démissionnait au sein de la police. Je souhaitais donc

  9   poser une question liée à cela.

 10   M. Riad (interprétation): Excusez-moi, un mot manque dans le comte rendu

 11   d'audience. Je demandais que voulez-vous dire en disant le "travail réussi

 12   ou efficace à Omarska qui était un camp de concentration". Le mot "camp de

 13   concentration" n'était pas écrit, donc je souhaitais que ceci soit ajouté.

 14   M. le Président: De toute façon, je crois qu'il y a ici plusieurs

 15   interruptions. Je dois quand même mettre un peu de discipline et d'ordre

 16   dans les travaux.

 17   Maître Krstan Simic avait la parole et donc je vais laisser la parole à Me

 18   Krstan Simic. J'ai compris qu'il y avait une question à la suite d'une

 19   question du Juge Riad.

 20   Posez votre question, s'il vous plaît? Il faut terminer. Posez votre

 21   question.

 22   (Question supplémentaire au témoin, M. Bodgan Delic, par Me K. Simic.)

 23   M. K. Simic (interprétation): Monsieur Delic, dans des circonstances de

 24   guerre de ce genre, lorsqu'on était en présence d'un policier apte au

 25   travail qui quittait son travail ou qui était exclu de son travail,


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   1   qu'arrivait-il à ce policier?

  2   M. Delic (interprétation): Le plus vraisemblablement il aurait été envoyé

  3   sur le front. Il est même possible que des plaintes pénales soient

  4   engagées contre un policier de ce genre.

  5   M. K. Simic (interprétation): Merci.

  6   M. le Président: Des questions supplémentaires sur cette question?

  7   Mme Somers (interprétation): J'aimerais revenir sur une question posée par

  8   la Juge Wald, si vous m'y autorisez, Monsieur le Président.

  9   M. le Président: Mais je vous ai demandé si vous aviez une question

 10   supplémentaire par rapport à cette question de M. Krstan Simic. Vous n'en

 11   avez pas, c'est cela que je dois comprendre.

 12   Mme Somers (interprétation): Non, je n'en ai pas.

 13   M. le Président: Je vais vous donner la parole. Maître Fila?

 14   (Questions relatives à la procédure.)

 15   M. Fila (interprétation): Monsieur le Président, nous avons dit en accord

 16   avec Mme Somers que le mot "camp de concentration" ne serait par utilisé

 17   car officiellement ce qui existait à Omarska était un centre d'enquêtes.

 18   Je ne peux donc pas comprendre que le Juge utilise cette expression et

 19   qu'il insiste sur l'utilisation de ce terme "camp de concentration". Vous

 20   déciderez de cela dans une décision.

 21   M. le Président: Passons. Nous n'allons pas maintenant décider si oui ou

 22   non. C'est vrai ce que vous avez dit. Le compte rendu parle par lui-même.

 23   Madame Somers, quelle est votre question par rapport aux questions des

 24   Juges? Je crois avoir entendu que vous aviez une question à poser à la

 25   suite des questions de Mme la Juge Wald.


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  1   Mme Somers (interprétation): Monsieur le Président, nous aimerions

  2   identifier un document pour qu'il soit bien certain que le document dont

  3   Mme Wald parlait dans son intervention était le même que celui-ci. C'est

  4   simplement un problème d'identification de document.

  5   M. le Président: Avez-vous le document?

  6   Mme Somers (interprétation): Oui.

  7   M. le Président: Peut-être que l'huissier peut nous passer le document, et

  8   Mme la Juge Wald peut voir le document.

  9   Mme Somers (interprétation): Ce document a déjà été communiqué à la

 10   défense il y a déjà quelque temps.

 11   M. le Président: Monsieur l'huissier, ici.

 12   Mme Somers (interprétation): Monsieur le Président, si la défense souhaite

 13   un exemplaire complémentaire, il n'y a pas de problème, nous en avons un.

 14   Monsieur l'huissier, je vous demanderai de bien vouloir distribuer ces

 15   exemplaires supplémentaires pour la défense. Merci.

 16   M. le Président: Madame Sommers, j'ai demandé seulement de montrer le

 17   document à M. le Juge Wald. Ce n'est pas pour distribuer le document aux

 18   autres parties!

 19   Mme Somers (interprétation): Je vous demande pardon, Monsieur le

 20   Président.

 21   M. le Président: Vous profitez toujours un peu pour passer où j'avais dit

 22   que nous allions passer.

 23   Mme Somers (interprétation): Je vous présente mes excuses Monsieur le

 24   Président. C'est entièrement ma faute.

 25   Mme Wald (interprétation): J'aimerais que les choses soient claires. J'ai


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   1   simplement poser au témoin des questions au sujet du souvenir qu'il avait

  2   du contenu du document. Il a répondu immédiatement.

  3   Il est vrai qu'il y a plusieurs mois, nous avons entendu des témoignages

  4   au sujet d'un document du même genre que celui-ci. Je ne l'avais pas sous

  5   les yeux, donc je ne parlais pas précisément d'un document que je pouvais

  6   identifier. Je posais des questions très claires au témoin au sujet d'un

  7   document et il a répondu. Je ne pense pas qu'il soit pertinent de procéder

  8   à l'identification d'un document en particulier.

  9   M. le Président: Très bien. Nous vous retournons le document. C'est fini.

 10   Mme Somers (interprétation): Merci Monsieur le Président, j'en aurai

 11   besoin pour plus tard.

 12   M. le Président: Nous allons maintenant terminer le témoignage.

 13   Monsieur Delic, nous n'avons pas d'autres questions à vous poser. Nous

 14   vous remercions beaucoup d'être venu. Nous vous souhaitons un bon retour

 15   dans votre lieu de résidence et à votre travail.

 16   Je vais demander à M. l'huissier de vous raccompagner.

 17   M. Delic (interprétation): Merci.

 18   (Le témoin, M. Bogdan Delic, est reconduit hors du prétoire.)

 19   M. le Président: Nous allons faire la pause de 50 minutes. Nous tous avons

 20   besoin d'une pause.

 21   (L'audience, suspendue à 13 heures 10, est reprise à 14 heures.)

 22   M. le Président: Veuillez vous asseoir.

 23   Maître Fila, s'il vous plaît?

 24   M. Fila (interprétation): Monsieur le Président, avant de citer le témoin

 25   suivant à la barre, je voudrais m'adresser à vous. Il y a eu un petit


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  1   problème qui est survenu, un problème d'interprétation, et notamment un

  2   problème lié aux différences linguistiques.

  3   Les interprètes ont attiré mon attention sur ce fait, je crois que le

  4   Greffe est également informé. A un moment donné, M. Delic, le témoin

  5   précédent, je lui ai posé une question pour savoir s'il y avait un chef de

  6   poste de garde au sein de la police. C'est un terme militaire, c'est une

  7   personne qui est chargée de conduire les sentinelles d'un poste de garde à

  8   l'autre; si on a fait le service militaire, on le sait.

  9   Je voulais savoir si une telle pratique existait au sein de la police. Il

 10   m'a répondu "non". Dans le compte rendu en version anglaise, il a été

 11   indiqué que dans la police il n'y avait pas de chef d'équipe. Ce n'est pas

 12   du tout la question que j'ai posée, et ce n'est pas à cette question-là

 13   que le témoin a répondu. Je ne voudrais pas que la crédibilité du témoin

 14   soit remise en question.

 15   Pour autant que je sache dans un cas analogue -je pense qu'il s'agissait

 16   de l'affaire Celebici-, nous avons réécouté les enregistrements audio, et

 17   partant de ces enregistrements, on a pu constater qu'elle avait été la

 18   question et qu'elle avait été la réponse.

 19   C'est la raison pour laquelle j'avais souhaité que nous entreprenions

 20   quelque chose dans ce sens. Nous avons trois réponses différentes. Comme

 21   vous le savez, je suis la traduction française et cela avait été traduit

 22   autrement. Voilà Merci.

 23   M. le Président: Madame Somers?

 24   Mme Somers (interprétation): Monsieur le Président, ce terme concret qui

 25   vient d'être prononcé en langue BCS a fait l'objet d'entretien du chef du


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  1   département de traduction BCS, Mme Tina Zoric, et ce service-là affirme

  2   que dans ce contexte-là, dans le contexte des entretiens relatifs à M.

  3   Radic, la traduction exacte serait en anglais "chief leader", chef

  4   d'équipe.

  5   Mais pour ce qui est de l'usage des termes militaires cela fait partie du

  6   vocabulaire, il a été procédé à une re-détermination linguistique de la

  7   chose, de la question, et je puis demander si nécessaire à Mme Zoric de

  8   s'adresser à la Chambre, parce que nous en avons déjà discuté concernant

  9   un autre document. Je me suis renseignée auprès d'une personne du service

 10   de traduction et j'avais demandé à ce que cela soit confirmé par Mme

 11   Zoric, je crois qu'elle se fera un plaisir d'expliquer les termes et la

 12   distinction à la Chambre.

 13   M. Fila (interprétation): Je pense personnellement qu'il est nécessaire

 14   dans l'après-midi de ce jour que les interprètes réécoutent les

 15   enregistrements audio, ils pourront entendre les termes utilisés en BCS

 16   "Razvodnik Straze" ce qui signifie chef de poste de garde, c'est le terme

 17   que vous allez pouvoir entendre en BCS. Il ne s'agit pas d'un chef

 18   d'équipe comme vient de le prononcer Mme Somers.

 19   En BCS, il est une chose que d'avoir "Razvodnik Straze", c'est-à-dire-un

 20   chef de poste de garde ou de sentinelle et une autre chose que de dire

 21   chef d'équipe. La seule solution serait de faire réécouter les

 22   enregistrements audio par les interprètes et traducteurs et de nous faire

 23   entendre leur avis demain. Merci

 24   M. le Président: Par rapport à cette suggestion que Me Fila a fait, quel

 25   est votre avis, Madame Somers?


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  1   Mme Somers (interprétation): Monsieur le Président, ma réaction c'est

  2   qu'il n'y a pas de différence entre les termes entendus entre "Raznodnik

  3   Straze" parce que c'est ce que Mme Zoric a entendu et ce qu'elle a répondu

  4   au Bureau du Procureur. C'est qu'en anglais cela correspondait au "chief

  5   leader", et même si nous réécoutons l'enregistrement audio et que nous

  6   nous référons aux termes utilisés, il s'agira de personnes dont la

  7   compétence excède mes connaissances et celles de M. Fila, pour ce qui est

  8   de la traduction si la question demeure la même.

  9   M. Fila (interprétation): Monsieur le Président…

 10   M. le Président: On reprend toujours, allez-y.

 11   M. Fila (interprétation): Il ne s'agit pas d'une question linguistique.

 12   Parce qu'il s'agit de deux termes substantiellement distincts.

 13   Dans l'armée, il y a celui qui répartit les sentinelles par poste de

 14   garde, c'est une chose qui n'existe pas au sein de la police. Il s'agit de

 15   notion et non pas de question linguistique!

 16   M. le Président: Je suis d'accord avec cette proposition. Les

 17   connaissances linguistiques de quelques personnes en BCS excèdent sûrement

 18   ma capacité. On doit donc entendre vraiment cette partie. On va écouter la

 19   traduction ici, mais on peut quand même demander au service de traduction

 20   un mémo qui après pourrait être soumis à la discussion des parties. C'est

 21   la seule façon de sortir de cette situation.

 22   La Chambre aura l'opportunité de regarder ce mémo. Moi même je ne veux

 23   pas, je ne parle pas en mon nom personnel -si mes collègues veulent faire

 24   des interventions pour le faire- je ne voudrais pas rester avec des doutes

 25   ici. Ce que je propose pour savoir quelle est réaction de mes collègues


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  1   aussi c'est à un moment donné, cet après-midi, d'entendre

  2   l'enregistrement.

  3   Je crois avoir déjà dit que s'il y a un problème on doit revenir à

  4   l'original. La traduction, c'est la traduction que nous avons ici.

  5   Nous tous savons, moi-même je sais, je vois, je regarde le compte rendu,

  6   et je vois qu'il n'y a pas de correspondance totale avec ce que j'ai dit.

  7   Premier pas, entendre l'original; deuxième pas, prendre le compte rendu et

  8   le soumettre à l'avis du service de traduction; troisième pas, ce mémo

  9   sera soumis à la discussion des parties. La Chambre aura tout cela pour

 10   son orientation.

 11   Etes-vous d'accord avec cela? Est-ce que quelqu'un n'est pas d'accord?

 12   Je crois… Monsieur Krstan Simic?

 13   M. K. Simic (interprétation): Monsieur le Président, ce que je redoute,

 14   c'est que le problème n'ait été simplifié ici. Nous sommes en train de

 15   débattre de l'aspect linguistique de la question, comme l'a dit Me Fila,

 16   mais la substance même de l'objection, faite par Me Fila et de ma part

 17   également car c'est une question d'ordre général, est la suivante.

 18   Les tâches qui sont confiées à ce poste de garde sont des tâches qui sont

 19   tout à fait différentes de celles que l'on sous-entend par le terme de

 20   chef d'équipe dans la police. Si nous utilisons ce terme-là

 21   linguistiquement, nous aurons toujours un doute pour ce qui est de savoir

 22   ce que sous-entend l'un et ce que sous-entend l'autre, ainsi que la

 23   possibilité de réfuter certaines circonstances qui pourraient remettre en

 24   question le témoignage d'un témoin.

 25   M. le Président: Maître Krstan Simic encore une fois, je comprends votre


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  1   préoccupation. Le point que vous soulevez est bien soulevé. Nous sommes

  2   maintenant à un niveau linguistique vous comprenez. L'autre plan

  3   substantiel, c'est votre tâche: démontrer, faire la preuve, et après faire

  4   les allégations.

  5   Maintenant, ce que l'on peut faire, l'autre partie continue le travail.

  6   C'est-à-dire les parties présentent ses moyens de preuve pour démontrer

  7   ceci ou cela. Après nous aurons les allégations en prenant le matériel.

  8   Maintenant nous avons un doute à caractère linguistique. Le contenu du mot

  9   est une autre question, c'est-à-dire pour utiliser, si je peux dire, la

 10   linguistique.

 11   La linguistique, comme vous le savez bien peut-être mieux que moi, fait

 12   une distinction entre des connotations et des notations. Et nous savons

 13   quand même qu'il y a des mots, et le contenu, le significat.

 14   Maintenant, nous sommes au niveau du mot qui tient un contenu, une

 15   substance, c'est la question que vous avez touchée maintenant. Maître Fila

 16   a soulevé l'aspect linguistique, vous avez soulevé l'aspect du contenu. Ce

 17   sont deux choses différentes. Nous sommes conscients de cela, je crois, et

 18   nous allons prendre cela en considération.

 19   Je vois Mme Somers debout, avez-vous quelque chose à ajouter?

 20   Mme Somers (interprétation): La Chambre avait demandé si les parties

 21   étaient d'accord. Bien entendu, nous appuyons cette proposition, je

 22   voulais vous dire que Mme Zoric avait été la personne à laquelle nous nous

 23   étions adressés et qui a traité de ces problèmes.

 24   M. le Président: Moi-même, j'ai senti l'accord de mes collègues. Ils ne se

 25   sont pas manifestés mais j'ai donc senti que c'est la décision de la


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  1   Chambre par rapport à cela. A un moment donné de cet après midi, nous

  2   allons réécouter. Il faut quand même localiser ce passage de ce témoin.

  3   J'attire donc l'attention de quelqu'un pour savoir parce que l'on va

  4   arriver à un moment où il faut répéter et entendre et il faut le savoir.

  5   Il y a donc un moment donné où le témoin Delic a mentionné cette question,

  6   la question de Me Fila, s'il y avait des chefs de garde.

  7   C'est cela Maître Fila?

  8   M. Fila (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Mais les deux termes

  9   "chef de poste" et "chef d'équipe" sont deux choses distinctes. Par

 10   exemple "chef de poste de garde" c'est quelque chose qui existe dans

 11   l'armée mais qui n'existe pas dans la police; et "chef d'équipe" cela

 12   existe dans la police, cela n'existe pas dans l'armée.

 13   M. le Président: Pour qu'ils puissent localiser dans le compte rendu, ce

 14   passage exact afin de réécouter.

 15   Maintenant, Maître Fila, c'est le témoin suivant.

 16   M. Fila (interprétation): Il s'agit de Radic Bosiljka, je demanderai à M.

 17   l'huissier de la faire entrer.

 18   (Le témoin, Mme Bosiljka Radic, est introduit dans le prétoire.)

 19   M. le Président: Bonjour, Madame Radic, m'entendez-vous?

 20   Mme Radic (interprétation): Je vous entends. Bonjour.

 21   M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que M.

 22   l'huissier va vous tendre, s'il vous plaît?

 23   Mme Radic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

 24   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 25   M. le Président: Vous pouvez vous asseoir.


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  1   Mme Radic (interprétation): Merci.

  2   M. le Président: Rapprochez-vous un peu des micros. Je vais demander à M.

  3   l'huissier de baisser un peu les micros.

  4   Pour l'instant, vous allez répondre aux questions que Me Fila va vous

  5   poser, s'il vous plaît.

  6   Maître Fila, vous avez la parole.

  7   (Interrogatoire principal du témoin, Mme Bosiljka Radic, par Me Fila.)

  8   M. Fila (interprétation): Madame Radic, je vous prie de nous donner votre

  9   date de naissance?

 10   Mme Radic (interprétation): Je suis née le 25 février 1957 dans la

 11   localité de Ljeskari près de Prijedor.

 12   Question: Où vivez-vous maintenant?

 13   Réponse: Je vis à Prijedor.

 14   Question: Mlado Radic est quoi pour vous?

 15   Réponse: C'est mon mari.

 16   Question: Depuis quand êtes-vous mariés?

 17   Réponse: Nous sommes mariés depuis depuis 1974.

 18   Question: Combien d'enfants avez-vous?

 19   Réponse: Nous avons trois fils.

 20   Question: Quand sont-ils nés?

 21   Réponse: L'aîné est né le 25 juin 1975, le second le 30 décembre 1978, et

 22   le troisième, le cadet le 27 juillet 1986.

 23   Question: Que pouvez-vous nous dire concernant les relations avec votre

 24   époux et les relations qui prévalent au sein de votre famille?

 25   Réponse: Je ne peux dire que du bien. Il n'y a jamais eu de problème, nous


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  1   avons toujours bien vécu ou plutôt vécu pour nos enfants et pour nous-

  2   mêmes.

  3   Question: Dans le cadre des amis que vous fréquentiez, y avait-il des amis

  4   qui étaient de confessions et de groupes ethniques autres?

  5   Réponse: Oui. Depuis toujours, nous n'avons jamais fait cette distinction

  6   ni moi-même ni mon mari. Nos amis étaient des Croates et des Musulmans

  7   aussi. Et nous avons nos témoins au mariage qui sont des Musulmans.

  8   Question: Avez-vous été témoin vous aussi à l'égard de couples musulmans?

  9   Réponse: Oui.

 10   Question: Est-ce que la famille Denic vous dit quelque chose?

 11   Réponse: Oui, nous avons une relation de kum avec eux, nous avons toujours

 12   bien vécu avec eux. Nous nous sommes rendu des visites mutuellement, nous

 13   sommes de nos jours encore en contact avec cette famille. Nous les avons

 14   véritablement aidés au cours de la guerre pour toute sorte de besoins.

 15   Question: A quel groupe ethnique appartiennent-ils?

 16   Réponse: Ils sont Musulmans ou Bosniens, si vous préférez.

 17   Question: Rencontrez-vous cette dame de nos jours encore?

 18   Réponse: Oui, Senada Denic. Nous nous sommes vues pour la première fois

 19   l'an dernier ici à La Haye. Nous avons discuté, elle m'a remercié de ce

 20   que nous avions fait mon mari et moi-même pour eux. Tout s'est bien passé.

 21   Question: Est-ce qu'ils viennent vous rendre visite?

 22   Réponse: Oui à chaque fois qu'ils viennent à Prijedor, ils sont nos

 23   invités.

 24   Question: Est-ce qu'elle s'est entretenue avec votre époux lorsqu'elle

 25   venait chez vous?


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  1   Réponse: Oui à une ou deux reprises. Quand elle appelait par exemple au

  2   téléphone, elle me demandait à lui parler et puis ils échangeaient

  3   quelques propos. Lorsqu'il est venu ici, elle avait eu l'intention de lui

  4   rendre visite mais cela ne lui a pas été permis.

  5   Question: Et Mlado Radic l'a-t-il aidé elle et son enfant, au sujet d'un

  6   incident?

  7   Réponse: Oui, à tout point de vue. Une fois les enfants étaient en train

  8   de jouer sur un échafaudage autour d'un bâtiment d'habitation qui était

  9   inachevé, et cet enfant est tombé de l'échafaudage. Avec un véhicule

 10   militaire, on l'a tout de suite emmené vers l'hôpital. Ce véhicule

 11   militaire est tombé en panne sur la route de Prijedor à Banja Luka.

 12   Un privé, Nedjo Delic, qui est propriétaire d'une caféteria à proximité,

 13   avait appelé le poste de police et avait informé mon mari parce que cette

 14   kuma avait demandé qu'on appelle mon mari. Comme lui ne pouvait pas y aller

 15   lui-même, il a envoyé quelqu'un et l'enfant a été installé à l'hôpital.

 16   Il est intervenu auprès d'un médecin qui s'appellait Predrag Rosic, pour

 17   faire de son mieux aux fins d'aider cet enfant et faire son possible.

 18   Cette femme nous est restée reconnaissance.

 19   Mon mari était parti ultérieurement lui apporter de quoi manger, de quoi

 20   se vêtir et un peu d'argent parce que sa fille m'avait appelée pour me

 21   dire que maman n'avait rien sur elle. Comme mon mari avait touché son

 22   salaire, c'était quelque quinzaine de milliards de dinars, je ne sais pas

 23   ce que cela pouvait représenter à l'époque en monnaie forte, mais il a

 24   pris tout son salaire et il l'a porté là-bas pour lui procurer des denrées

 25   alimentaires. Il ne pouvait pas rester longtemps. Il est rentré à la


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  1   maison.

  2   Question: Est-ce que vous connaissez Sadiha Cehic?

  3   Réponse: Je la connais bien.

  4   Question: Et son fils?

  5   Réponse: Oui, nous avons travaillé ensemble à la mine. Moi, je travaillais

  6   à la cuisine et lui il travaillait à la pompe à essence.

  7   Question: Est-ce qu'à une occasion quelconque elle vous a contactée?

  8   Réponse: Oui, quelques jours plus tard, elle m'a contactée. Elle avait

  9   demandé mon mari parce qu'elle avait appris qu'il travaillait là-bas et

 10   elle avait souhaité le contacter aux fins d'envoyer quelque chose,

 11   quelques objets à ses frères. Deux jours après, elle est venue, elle leur

 12   a apporté des vivres, elle a envoyé régulièrement des denrées alimentaires

 13   à ses frères.

 14   Question: Ses frères avaient-ils été détenus au centre d'instruction

 15   d'Omarska?

 16   Réponse: Oui.

 17   Question: Un frère ou plusieurs frères?

 18   Réponse: Un ou deux, je n'en suis pas tout à fait sûre. Je crois qu'elle

 19   m'avait dit qu'elle avait un ou deux frères, je ne sais pas.

 20   Question: Merci. Je voudrais attirer votre attention sur quelque chose

 21   d'autre. Est-ce que, dans votre vie, vous avez eu l'opportunité ou

 22   l'occasion de travailler dans la mine d'Omarska?

 23   Réponse: J'ai travaillé dans la cuisine, mais au niveau du restaurant, du

 24   réfectoire ou de la cuisine qui préparait la nourriture au poste de

 25   triage, au poste de tri. J'étais donc chargée non pas d'aller là-bas mais


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  1   d'envoyer des aliments déjà préparés, cuisinés.

  2   Question: Je voulais vous poser une autre question: depuis quand avez-vous

  3   travaillé là-bas avant l'existence du camp?

  4   Réponse: C'est depuis 1985 que j'ai travaillé là-bas.

  5   Question: Dans cette même cuisine de cette station de tri?

  6   Réponse: Oui, et lorsque les conflits ont éclaté, j'ai été envoyée là-bas

  7   pour accomplir une obligation de travail. J'avais une obligation de

  8   travail qui consistait à me rendre là-bas.

  9   Question: Lorsque ce centre d'instruction a été fermé, êtes-vous restée

 10   travailler là-bas?

 11   Réponse: Oui pendant un certain temps encore.

 12   Question: Ce qui m'intéresse, c'est au cours de ces trois périodes: avant

 13   la constitution de ce centre d'instruction, pendant l'existence du centre

 14   d'instruction et après?

 15   Réponse: Oui.

 16   Question: Quelle est l'eau que vous utilisiez au sein de cette station de

 17   tri en cuisine pour la préparation des plats et pour les aliments, et pour

 18   boire?

 19   Réponse: Il n'y avait qu'une sorte d'eau, et nous utilisions cette même

 20   eau tant pour boire que pour préparer la nourriture. Nous n'avions pas

 21   d'autre eau.

 22   Question: Vous utilisiez cette même eau, avant la mise en place de ce

 23   centre, avant, pendant et après?

 24   Réponse: C'est cela, avant, pendant et après.

 25   Question: Je voudrais maintenant que nous concentrions notre attention sur


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  1   la période de la préparation de la nourriture pendant l'existence de ce

  2   centre d'instruction.

  3   Réponse: Eh bien, il y avait au début un seul plat de préparé mais en

  4   quantité énorme. Avec le plat servi, on servait un quart de pain au début.

  5   Question: Que voulez-vous dire par "au début"?

  6   Réponse: Au début, il y avait encore des stocks de nourritures. Par la

  7   suite, cela a commencé à faire défaut, et on se procurait comme on

  8   pouvait. On mettait peut-être peu d'épices, mais c'étaient des aliments

  9   cuisinés.

 10   Question: Ce que vous prépariez au niveau de la cuisine?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: Pour qui cela était-il préparé, cuisiné?

 13   Réponse: C'était cuisiné à l'intention de l'armée, du centre

 14   d'instruction, à l'intention des enquêteurs et des services de sécurité.

 15   Question: A l'attention de qui prépariez-vous la même nourriture, et à

 16   l'intention de qui prépariez-vous une nourriture à part?

 17   Réponse: C'étaient les mêmes aliments pour l'armée et pour le centre

 18   d'instructions sauf pour les enquêteurs où nous préparions quelque chose à

 19   part. Pour ce qui est des services de sécurité, il y avait des paquets

 20   repas consistant un repas froid.

 21   Question: Et dans la journée, est-ce qu'ils mangeaient tous la même

 22   nourriture ou autre chose?

 23   Réponse: Je pense qu'ils mangeaient la même chose parce qu'il n'y avait

 24   pas d'autres aliments disponibles. Il n'y avait pas la possibilité de

 25   faire la distinction dans ces conditions-là.


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  1   Question: Pour abréger. Vous participiez donc à la préparation des

  2   aliments, et vous saviez que ces aliments étaient destinés à l'armée et

  3   aux centres d'instruction.

  4   Réponse: Oui c'est cela.

  5   Question: Vous serez d'accord avec moi pour dire... Plutôt, je voudrais

  6   savoir si vous êtes allée vous-même là-bas pour voir comment cela était

  7   distribué?

  8   Réponse: Non, je ne pouvais y aller parce que nous devions tous être

  9   présents parce qu'il s'agissait de quantités très grandes. Mais j'ai

 10   entendu dire que cela était réparti là-bas par des femmes, et on nous

 11   renvoyait les plats et les marmites vides. Et nous, nous devions rester et

 12   travailler toute la journée là-bas.

 13   Question: Ainsi, vous ne seriez pas en mesure de dire le nombre de détenus

 14   qu'il y avait et s'il y avait suffisamment de denrées alimentaires pour

 15   l'ensemble de ces détenus?

 16   Réponse: Non, je ne peux pas vous le dire. Cela ne relevait pas de mes

 17   compétences.

 18   Question: Est-ce qu'à une période de votre séjour dans cette cuisine et

 19   pendant l'existence de ce centre d'instruction, vous avez pu voir des

 20   femmes détenues qui sont venues vous voir?

 21   Réponse: Oui, dès le début, un groupe de femmes est venu vers la salle où

 22   nous prenions nos repas. Nous ne savions même pas qui elles étaient. Nous

 23   étions assises avec elles un moment et nous ne savions pas qui les avait

 24   amenées. En tout cas elles étaient là seules.

 25   A la fin de nos obligations de travail, lorsque nous avons eu tout lavé,


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  1   nous nous sommes mises avec elles à prendre un café et nous nous sommes

  2   entretenues quelque peu. L'une d'entre elles, je ne connaissais pas leur

  3   nom, mais j'en connaissais quelques unes. Par exemple, Jadranka Cigelj qui

  4   avait travaillé avec nous. Je ne savais pas que c'était Jadranka parce que

  5   tout le monde l'appelait Koka, il y avait [expurgée]

  6   [expurgée]

  7   [expurgée]

  8   parlé de mon mari, parce qu'elle le connaissait. Je leur avais demandé

  9   comment cela allait pour elles. Elles m'avaient dit que cela allait encore

 10   parce qu'elles bénéficiaient du soutien de Radic. Nous avons ri, parce

 11   qu'elles m'ont demandé pourquoi nous riions, et alors j'ai répondu que

 12   c'était mon mari. Elles ont dit qu'il s'agissait d'un homme bon qui était

 13   toujours disposé à les aider ou à leur donner un coup de main.

 14   Question: Les avez-vous aidées vous-même sous forme de nourriture?

 15   Réponse: Bien entendu, nous avons bu un café ensemble. On leur a montré

 16   nos vêtements pour qu'elles puissent se servir de quelque chose. Elles

 17   nous disaient qu'elles s'ennuyaient, elles nous demandaient à travailler,

 18   à faire quelque chose. Nous leur avons répondu qu'on ne pouvait pas leur

 19   donner de tâches ou leur confier des tâches, car cela ne relevait pas de

 20   nos compétences. Les unes disaient qu'elles avaient un frère là-bas ou

 21   quelqu'un d'autre, et elles nous ont demandé un peu de nourriture. Bien

 22   entendu, nous avons envoyé un peu de nourriture lorsqu'elles sont

 23   reparties.

 24   Question: Y avait-il des gens originaires de Ljubija dans ce centre

 25   d'instruction?


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  1   Réponse: Vous entendez des gens qui travaillaient là-bas?

  2   Question: Non, les gens qui étaient originaires de Ljubija ont-ils été

  3   détenus au centre d'Omarska?

  4   Réponse: Oui, en effet il y en avait eu aussi de Ljubija.

  5   Il y en avait et comme ils nous connaissaient, mon mari et moi-même. Etant

  6   donné que nous avons vécu là-bas pendant 10 ou 15 ans, tout le monde nous

  7   connaissait et tout le monde s'adressait à nous, tant à lui qu'à moi.

  8   Question: Vous êtes en train de nous dire qu'ils s'adressaient à vous

  9   pendant que vous étiez chez vous ou pendant que vous étiez au camp?

 10   Réponse: Non, pendant que nous étions au camp, étant donné que je

 11   travaillais dans la mine et que cela était relié au reste. Ils me

 12   connaissaient et par le biais, par exemple, de mon mari, ils me

 13   demandaient d'envoyer des denrées alimentaires à l'intention de quelqu'un.

 14   Quand je pouvais le faire, quand nous envoyions le dîner pour les unités

 15   de sécurité, j'essayais d'envoyer quelque chose à part pour eux. Il y

 16   avait un certain [expurgée] dont je me souviens qui m'avait écrit un

 17   petit mot, à ma chef et à moi-même pour lui envoyer un peu de vivres, nous

 18   l'avons fait. J'en envoyais surtout au frère de ma "kuma". Elle m'avait

 19   appelée, elle m'avait dit que son frère était là-bas, que ses reins

 20   étaient malades, qu'il avait besoin de nourriture grasse. Elle m'avait

 21   demandée si j'avais du suif ou quelque chose de très gras.

 22   Question: Comment s'appelait-il?

 23   Réponse: Fazlic Midhet.

 24   Question: Brièvement, vous et Radic, avez-vous aidé des personnes

 25   originaires de Ljubija?


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  1   Réponse: Oui.

  2   M. le Président: D'autres conseils qui veulent poser des questions?

  3   Je vois des signes négatifs. Du côté du Procureur, Madame Somers?

  4   Madame Radic, vous allez répondre aux questions que le Procureur va vous

  5   poser.

  6   Madame Somers vous avez la parole.

  7   Mme Radic (interprétation): Oui.

  8   (Contre-interrogatoire du témoin, Mme Bosiljka Radic, par Mme Somers.)

  9   Mme Somers (interprétation): Madame Radic, pendant toute la durée de votre

 10   vie conjugale avec M. Radic a-t-il été policier?

 11   Mme Radic (interprétation): Oui pendant toute la période il a été

 12   policier.

 13   Question: Lorsqu'un centre d'instruction a été créé à Omarska, vous avez

 14   travaillé dans ce centre dès le début de sa création en tant que centre

 15   d'instruction, vous y avez travaillé auparavant, et automatiquement vous

 16   avez continué à travailler pour le centre d'instruction est-ce exact?

 17   Réponse: Oui, auparavant je travaillais, lorsque le centre d'instruction a

 18   été créé j'ai continué à y travailler. Par la suite, je suis restée à

 19   travailler. Puis à la fin, la société a cessé de fonctionner, et nous

 20   avons arrêté de travailler tous.

 21   Question: Votre mari, Radic était dans ce centre pendant toute la période

 22   que vous-même vous y avez passé n'est-ce pas?

 23   C'est-à-dire que vous étiez au camp d'Omarska en même temps que votre

 24   époux, M. Mlado Radic, est-ce exact? Comprenez-vous la question?

 25   Réponse: Oui, c'est exact. Moi j'ai travaillé à la Séparcija, et lui


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  1   travaillait au centre d'instruction. Il s'agit d'une distance de 3

  2   kilomètres. Nous ne travaillions pas ensemble.

  3   Question: Est-ce que vous veniez au travail ensemble?

  4   Réponse: Il n'était pas possible pour nous de travailler ensemble.

  5   Question: Est-ce que vous travailliez pendant les mêmes relèves, par

  6   exemple de nuit ou de jour?

  7   Réponse: Nous ne pouvions pas le faire, puisque moi j'allais travailler à

  8   4 heures du matin. Je partais à 3 heures du matin afin d'avoir le temps de

  9   préparer la nourriture alors que ces horaires commençaient à 7 heures.

 10   Donc nous n'avons pas du tout travaillé ensemble.

 11   Question: Vous avez parlé de votre kum, madame Denic?

 12   Réponse: Oui.

 13   Question: Etes-vous consciente du fait que son mari, Ibrahim, lui aussi

 14   votre kum je suppose n'a jamais été revu depuis qu'il a été emmené au

 15   centre d'instruction à Omarska, au mois de mai 1992, êtes-vous consciente,

 16   êtes-vous au courant de cela?

 17   Réponse: Je suis au courant du fait qu'il n'a pas vu. Nous lui avons posé

 18   des questions à ce sujet-là, il m'a dit qu'il n'est pas du tout venu à

 19   Omarska. Mon mari s'est renseigné pour savoir ce qu'il était arrivé. Bien

 20   sûr, nous nous intéressions à son sort mais personne ne pouvait nous

 21   donner de bonnes informations, parce que lui, il est aller travailler là-

 22   bas au bout de trois ou quatre jours, il n'y était pas au début. Il a même

 23   demandé à son frère, si le kum était là, en disant qu'il souhaitait lui

 24   parler. C'est là qu'il a appris qu'il n'y était pas du tout.

 25   Question: Midhet, son mari, ne vous a pas dit que son époux à elle était à


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  1   Omarska?

  2   Réponse: Non, il a dit qu'il n'y avait pas été. Ils ont parlé de la

  3   période avant l'arrivée de mon mari à Omarska. Je ne sais pas et lui non

  4   plus ne le savait pas. Vraiment nous avons essayé de nous renseigner

  5   pendant longtemps et nous n'avons rien pu apprendre. Ensuite, il m'a

  6   demandé par le biais de ma kuma de lui envoyer de la nourriture, je l'ai

  7   fait à chaque fois que je pouvais le faire.

  8   Question: Quel sont les efforts que votre mari a déployés afin de trouver

  9   Ibrahim, c'est-à-dire l'époux de votre kuma. Donnez-nous des exemples?

 10   Réponse: Il se renseignait auprès de tout le monde, tous ceux qu'il

 11   connaissait, tout d'abord il a demandé à son frère, à elle, et il lui a

 12   répondu qu'il ne savait pas. Ensuite, il y a eu d'autres cousins, il leur

 13   a posé la question mais il ne savait rien. Et puis il ne pouvait pas

 14   obtenir d'informations quant à la question de savoir où il était etc.

 15   Elle, lorsqu'on l'a contactée, elle a nous a dit: "Je sais qu'il était à

 16   Keraterm et, par la suite, je ne sais rien" et elle a même ajouté: "Peut-

 17   être qu'il n'est même jamais venu à Omarska".

 18   Question: Lorsque votre mari a été mis en accusation par ce Tribunal,

 19   avez-vous appris quels sont les faits qui lui sont reprochés, quelle est

 20   la nature des allégations?

 21   Réponse: Vous parlez de l'Acte d'accusation. Je ne connaissais pas son

 22   contenu, même au bout de cinq mois de son séjour ici. Je pense que, même à

 23   ce moment-là, il ne l'avait pas. Je suis venue lui rendre visite et lui ai

 24   demandé de quoi il s'agit. Il m'a répondu: "Je ne sais pas, je n'ai

 25   toujours pas reçu d'Acte d'accusation". A mon avis, vous-même, vous ne


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  1   l'aviez pas. J'ai lu quelques propos dans la presse. Une fois, dans un

  2   journal, Arena, on mentionnait mon mari. Il y avait son nom sous une

  3   photo, ce n'était pas sa photo à lui. Je me suis dit qu'il s'agissait

  4   d'une erreur concernant l'Acte d'accusation, je n'étais pas au courant,

  5   s'il avait reçu l'Acte d'accusation. Si vous le lui aviez envoyé, il

  6   aurait certainement pris des mesures pour se rendre de son propre gré et

  7   venir ici.

  8   Question: Pendant la période, pendant laquelle, vous avez travaillé tous

  9   les deux à Omarska, avez-vous vécu sous un même toit?

 10   Réponse: Oui bien sûr comme toujours.

 11   Question: En tant que couple marié, aviez-vous des rapports sexuels

 12   pendant cette période?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Les femmes qui ont été à Omarska, est-ce que vous pourriez nous

 15   dire à quoi elles ressemblaient? Si elles avaient l'air d'être en bonne

 16   forme, bien nourries, bien vêtues? Quelle était votre impression à l'égard

 17   de l'aspect physique des femmes détenues à Omarska?

 18   Réponse: Eh bien, je les ai vues seulement deux ou trois fois. Elles

 19   avaient l'air normal. Elles pouvaient se laver le visage, et le reste.

 20   Elles avaient suffisamment de vêtements pour les changer. Chacune d'elle

 21   connaissait quelqu'un qui pouvait apporter des vêtements soit d'Omarska ou

 22   de Prijedor. Moi-même, j'avais beaucoup de collègues qui venaient me voir

 23   dans la cuisine, qui me demandaient si je pouvais leur envoyer des

 24   vêtements pour toutes ces femmes, par le biais de mon mari. Il y a une,

 25   Mara Aleksic, elle est venue dans la cuisine, elle souhaitait que ce soit


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  1   envoyé par le biais de mon mari, jusqu'à une certaine Tesma, et je lui ai

  2   dit: "Je vais essayer de faire de mon mieux". Mais il est certain que

  3   chacune d'elle connaissait quelqu'un qui pouvait le faire.

  4   Question: Excusez-moi, la question porte sur les personnes et non pas sur

  5   les vêtements. Est-ce qu'un bon parfum se dégageait d'elles ou était-ce le

  6   contraire?

  7   Réponse: Au début, quand elles sont venues, elles avaient plutôt belle

  8   apparence; par la suite, je ne sais pas. Elles venaient même nous voir

  9   pour demander du maquillage pour se maquiller. En ce qui concerne les

 10   endroits où se laver, elles en disposaient.

 11   Question: Madame Radic, s'il vous plaît, dites-nous quels sont les

 12   Musulmans que vous connaissez et qui ont été détenus au camp d'Omarska?

 13   Il s'agit de personnes qui ont vécu dans la même région que vous, dites-

 14   nous leur prénom et nom?

 15   Réponse: Je connais la moitié de Ljubija, les personnes qui m'ont

 16   contactée, il y avait [expurgée], comme je l'ai dit, pas elle mais les

 17   membres de sa famille, et d'autres collègues Atlija Ivica, il était le

 18   chauffeur du camion frigorifique, on l'a aidé lui aussi. Et puis, (expurgé)

 19   (expurgé)

 20   (expurgé)

 21   Question: Excusez-moi de vous interrompre.

 22   Il y avait également un nombre de personnes d'appartenance ethnique

 23   musulmane que vous avez connu depuis toujours, détenu au camp d'Omarska, y

 24   compris le frère de votre kuma?

 25   Réponse: Oui.


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  1   Question: D'après la manière dont vous compreniez les choses, quel était

  2   le rôle de votre mari dans le camp, quelles étaient ses tâches, puisque

  3   vous y alliez tout comme lui pour y travailler tous les jours?

  4   Réponse: D'après la manière dont je comprenais les choses, sa tâche était

  5   d'être le policier, le garde pour assurer la sécurité pour le séjour de

  6   ces personnes là-bas, en ce qui concerne le reste il n'y avait rien

  7   d'autre.

  8   Question: Qu'est-ce que signifie la sécurité, pourriez-vous donner une

  9   description brève de la manière dont vous comprenez ceci?

 10   Réponse: Je suppose que ces personnes doivent y être en sécurité pour

 11   éviter qu'un groupe vienne de l'extérieur, pour faire du mal à ces

 12   personnes, il était là pour empêcher ce genre de choses.

 13   Question: D'après vous, pourquoi ces personnes-là étaient détenues à

 14   Omarska?

 15   Réponse: Eh bien en ce qui concerne cela, je ne sais pas. Ce sont les

 16   hommes politiques qui décidaient des interpellations. Je ne peux pas me

 17   prononcer à ce sujet-là.

 18   Question: Je souhaite que l'huissier nous aide afin de distribuer un

 19   document. J'ai une brève question à poser. Il s'agit du même document que

 20   celui distribué ce matin. Les conseils de la défense et les Juges de la

 21   Chambre peuvent l'avoir aux fins d'identification. Il devrait être coté en

 22   tant que pièce à conviction de l'accusation 3/231.

 23   Afin que l'huissier puisse s'y retrouver, il faudrait que ce soit un

 24   document qui ait déjà reçu la cote. L'huissier peut-il placer le document

 25   sur le rétroprojecteur?


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  1   M. Fila (interprétation): Monsieur le Président, il s'agit ici d'un

  2   document que toute la journée Mme Somers essaie d'introduire coûte que

  3   coûte, et sans succès jusqu'à maintenant. Il s'agit du document qu'elle a

  4   essayé de verser au dossier par le biais du témoin M. Delic. Les Juges

  5   l'ont refusé. Ce document n'a rien à voir avec le témoin ici présent. Je

  6   peux comprendre que Mme Somers veuille persévérer. Là, elle dépasse les

  7   bornes. Il s'agit d'un document qui a été rejeté par les Juges lors de la

  8   déposition du témoin Delic et, maintenant, elle réessaie.

  9   J'objecte, et je fais objection avec insistance. Cela n'a rien à voir avec

 10   cette dame qui était chargée, qui travaillait dans la cuisine, à la

 11   séparacija. C'est un document lié au témoin précédent, signé par le témoin

 12   précédent, M. Delic. Elle n'arrête pas de faire ceci.

 13   M. le Président: Une seule fois, d'accord, il faut éclaircir les choses.

 14   La Chambre a refusé parce que Mme Somers a essayé de montrer le document

 15   après que son temps se soit écoulé. Répondez, s'il vous plaît, Madame

 16   Somers.

 17   Mme Somers (interprétation): Merci beaucoup Monsieur le Président. Il

 18   s'agit d'un document pertinent en ce qui concerne un grand nombre de

 19   témoins qui sont venus témoigner dans le cadre de la défense de M. Radic.

 20   Ce témoin est l'épouse de M. Radic, elle allait travailler tous les jours,

 21   à la même période que celle à laquelle a travaillé M. Radic. Elle savait

 22   pertinemment ce que disait M. Radic à propos de ses fonctions. C'est un

 23   témoin bien placé pour faire des commentaires sur le prix récompensant M.

 24   Radic. C'est quelqu'un qui peut se prononcer sur la question de savoir

 25   pourquoi ce prix lui a été donné.


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  1   M. le Président: Ce document a déjà été versé au dossier. C'est la pièce

  2   3/231. Vous pouvez poser la question au témoin, même sans voir le

  3   document. Quel est le problème? Si vous voulez poser une question sur

  4   cette question, vous pouvez le faire. Le document est déjà admis au

  5   dossier.

  6   Mme Somers (interprétation): Monsieur le Président, excusez-moi, je ne

  7   souhaite pas corriger la Chambre de première instance. Je pense que c'est

  8   la première fois qu'une cote aux fins d'identification a été accordée. Le

  9   document n'a pas été admis jusqu'à présent.

 10   M. le Président: Je ne savais pas. Je me suis rendu compte que c'était une

 11   cote pour identification. J'ai compris que c'était la cote que le document

 12   avait déjà. C'est la cote pour identification. Mademoiselle Thomson quelle

 13   est cette cote? C'est la cote B3/231?

 14   Melle Thomson (interprétation): Le document a reçu une cote aux fins

 15   d'identification.

 16   M. le Président: Excusez-moi.

 17   Mme Somers (interprétation): Pas de problème, Monsieur le Président.

 18   Madame Radic, je souhaite vous poser quelques questions concernant le prix

 19   décerné à votre mari. Vous savez qu'il a reçu un prix pour son service

 20   extraordinaire. Il a reçu, je crois, la somme de 50 marks allemands? Etes-

 21   vous d'accord avec moi?

 22   Mme Radic (interprétation): Ecoutez, à ce moment-là, chez nous, en ce qui

 23   concerne le cours entre dinar et mark allemand, c'était un peu instable.

 24   Il a reçu 50 points, mais ceux-ci s'élevaient à 50 marks allemands. Il a

 25   reçu cela pour beaucoup d'années de service. Plusieurs autres personnes


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  1   ont été récompensées de la même manière. Ceci n'avait rien à voir avec

  2   Omarska.

  3   Au moment où il a reçu ce prix, nous n'avions pas de revenu du tout, nous

  4   permettant de payer la scolarité de nos enfants. C'est pourquoi ce prix

  5   était le bien venu pour nous. Je ne vois pas quelle est la manière dont

  6   vous comprenez ceci, car ceci n'a rien à voir avec sa participation à

  7   Omarska.

  8   Question: Merci d'avoir clarifier cela Madame Radic. La question que j'ai

  9   à poser concernant ce document du 8 novembre 1993, signé par Bogdan Delic,

 10   dans le deuxième paragraphe?

 11   Réponse: Oui.

 12   M. Fila (interprétation): Est-ce qu'il ne faudrait pas d'abord poser la

 13   question de savoir si le témoin a vu le document, si elle sait qui est

 14   Delic? Il faut identifier d'abord le document, il n'est pas possible de

 15   soumettre n'importe quel document à n'importe quel témoin.

 16   M. le Président: C'est pourquoi je vous ai demandé de poser la question

 17   sans le document ou si vous avez le document, il faut demander: "Est-ce

 18   que vous avez jamais vu ce document?". Allez-y, s'il vous plaît.

 19   Mme Somers (interprétation): Le témoin a dit qu'elle est au courant de ce

 20   sujet. Est-ce que vous êtes au courant du fait qu'il y avait une

 21   recommandation écrite concernant votre mari, émanant des officiels de la

 22   police de Prijedor, et lui permettant d'obtenir ce prix? Etes-vous

 23   d'accord, êtes-vous au courant de cela?

 24   Mme Radic (interprétation): Je ne savais rien moi-même, mais lorsque la

 25   manifestation solennelle a été organisée, il y est allé. Il a reçu cela.


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  1   Il m'a dit: "Voilà, j'ai reçu cette petite récompense". Ce n'était rien de

  2   si important que cela. J'ai déjà expliqué pourquoi c'était important pour

  3   nous.

  4   Question: Est-ce que c'était l'unique récompense qu'il a jamais reçue en

  5   tant que policier à Omarska?

  6   Réponse: Oui.

  7   Question: Même si vous n'avez jamais vu cela auparavant, est-ce que je

  8   peux vous poser une question concernant un commentaire qui est écrit. Il y

  9   est écrit: "Il a œuvré sans s'épargner lui-même afin de découvrir les

 10   actes commis par les extrémistes musulmans au centre de recrutement

 11   d'Omarska".

 12   M. Fila (interprétation): Si la dame n'a jamais vu ce document, et si elle

 13   dit qu'elle ne l'a jamais vu, comment peut-elle faire des commentaires sur

 14   un document qu'elle n'a jamais vu auparavant?

 15   Mme Radic (interprétation): Ce n'est pas possible.

 16   M. Fila (interprétation): Je propose qu'on écarte ce document parce que

 17   ceci déconcentre totalement le témoin. Si elle n'a pas vu ce document,

 18   elle ne peut pas se prononcer sur quelque chose qu'elle n'a jamais vu.

 19   M. le Président: Vous savez que vous avez la possibilité des questions

 20   supplémentaires. Si nécessaire, Mme Sommers peut demander au témoin de

 21   lire ou elle peut lire et avoir le commentaire. Si vous interrompez

 22   toujours, cela peut aussi déstabiliser le témoin.

 23   Madame Somers, poursuivez, et faites attention à votre temps, s'il vous

 24   plaît?

 25   Mme Somers (interprétation): Je suis en train d'essayer de le faire, et de


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  1   procéder de la manière la plus rapide possible. Je vous remercie. Excusez-

  2   moi, je vais donc essayer de procéder rapidement.

  3   Dans cette lettre d'accompagnement, il est dit: "Il a œuvré sans

  4   s'épargner afin de découvrir les actes commis par les extrémistes

  5   musulmans dans le centre de regroupement d'Omarska où il a travaillé de

  6   jour et de nuit". S'il vous plaît, Madame, en ce qui concerne la

  7   description des fonctions de votre mari, en tant que personne chargée de

  8   la sécurité, d'après la manière dont vous en avez parlé, est-ce que ceci

  9   portait également sur la manière de découvrir les actes commis par les

 10   extrémistes musulmans? Est-ce que d'après la manière dont vous compreniez

 11   les choses, c'était cela son rôle à Omarska?

 12   Réponse: Non, vous êtes en train d'essayer d'imputer tout à fait autre

 13   chose. Il y a travaillé en tant que policier dans le cadre de la sécurité.

 14   Il n'était pas chargé de procéder à des arrestations ni de mettre qui que

 15   ce soit en garde à vue. Il n'est donc pas possible de dire ce que vous

 16   essayez de dire.

 17   En ce qui concerne la question liée aux lignes de front, bien sûr tout le

 18   monde allait sur le front, personne ne pouvait désobéir en cas de ce genre

 19   d'ordre. D'ailleurs, il s'est proposé lui-même pour aller sur les lignes

 20   de front, parce qu'il a préféré aller sur le front plutôt que d'être là

 21   entouré par les siens qui étaient détenus.

 22   Je ne suis d'ailleurs pas d'accord avec la manière dont les choses sont

 23   exprimées ici.

 24   Question: Dites-nous, s'il vous plaît, si dans ce document, à aucun

 25   endroit, référence est faite à sa tâche de garde ou à sa tâche dans le


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  1   cadre de la sécurité?

  2   Réponse: Il est écrit: "Le poste de policier au sein de la police".

  3   Donc s'il est policier au sein de la policier, cela veut dire qu'il est

  4   policier. Que voulez-vous qu'un policier y fasse plutôt que d'être un

  5   garde. Bien sûr sa fonction était égale à celle des autres gardes.

  6   D'ailleurs, tout simplement, il est écrit qu'il était un policier

  7   expérimenté. Rien d'autre.

  8   Question: Merci Madame Radic, je n'ai plus de questions.

  9   Réponse: Merci à vous.

 10   M. le Président: Maître Fila?

 11   M. Fila (interprétation): Puisque vous avez le document devant vous, est-

 12   ce qu'il est écrit dans ce document qui était le chef d'équipe?

 13   Réponse: Non, bien sûr que non. La récompense décernée.

 14   Question: Est-ce qu'il est écrit qu'il a violé quelqu'un?

 15   Réponse: Non.

 16   Question: Qu'il a battu quelqu'un?

 17   Réponse: Non.

 18   Question: Qu'il a ordonné que quelqu'un soit tué?

 19   Réponse: Non, ce n'est pas écrit et il n'a jamais fait cela. Je ne sais

 20   pas comment...

 21   Question: Attendez! Avez-vous jamais vu ce document jusqu'à aujourd'hui?

 22   Réponse: Non, je ne l'ai jamais vu. On dirait que...

 23   Question: Est-ce que vous savez si c'est vraiment un document officiel?

 24   Réponse: C'est un document, bien sûr.

 25   Question: Avez-vous quoi que ce soit à faire, à voir avec le contenu de ce


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  1   document?

  2   Réponse: Non, non.

  3   Question: Merci beaucoup. Je n'ai plus de questions à poser.

  4   M. le Président: Merci Maître Fila.

  5   Monsieur le Juge Riad, s'il vous plaît?

  6   M. Riad (interprétation): Bonjour Madame Radic.

  7   Réponse: Bonjour Monsieur le Juge.

  8   Question: J'ai juste une question générale: vous étiez dans la Separacija,

  9   c'est-à-dire à 3 kilomètres de distance par rapport au camp d'Omarska,

 10   cependant vous aviez eu l'occasion de parler avec des femmes, Branka,

 11   Koka, Suada, et à chaque fois elles vous disaient à quel point elles

 12   appréciaient l'aide de votre mari. Si je vous ai bien compris. Vous avez

 13   même dit qu'elles disaient qu'il pouvait les protéger par rapport aux

 14   personnes qui venaient de l'extérieur. Vous avez dit que ceci était parmi

 15   ses devoirs.

 16   Est-ce que vous avez des connaissances indiquant qu'effectivement, il a

 17   empêché les personnes qui essayaient de venir de l'extérieur? Qu'est-ce

 18   qui leur a inspiré une telle confiance qu'elles avaient en lui? Est-ce

 19   qu'il a empêché un incident concrètement parlant?

 20   Réponse: Nous n'avons jamais parlé de cela concrètement, mais pour la

 21   plupart elles le louaient. Elles disaient qu'elles pouvaient toujours

 22   boire un café chez lui, que personne ne les perturbait si elles étaient

 23   dans son bureau. Mais je ne sais pas s'il a empêché qui que ce soit

 24   d'entrer de l'extérieur. Ce que je sais, c'est que personne n'a essayé

 25   pendant que, lui, il était de garde.


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  1   Réponse: Elles allaient donc dans un bureau, il avait donc un bureau dans

  2   le camp d'Omarska?

  3   Réponse: L'endroit où se trouvait les téléphones ou les communications par

  4   radio. Son poste était près du poste de garde où il se trouvait. Mais je

  5   suppose que vous êtes au courant de cela. Il s'agit d'une verrière.

  6   Question: Est-ce qu'ils ont parlé d'autres gardes de la même manière? Est-

  7   ce qu'elles connaissaient tous les gardes ou bien est-ce qu'elles avaient

  8   l'impression qu'il était différent par rapport aux autres gardes?

  9   Réponse: Non, mais apparemment il était le seul qu'elles connaissaient,

 10   mais elles disaient que tous les gardes étaient gentils avec elles, et

 11   qu'à chaque fois qu'elles souhaitaient avoir du pain, tout le monde était

 12   prêt à les aider. Elles disaient qu'elles connaissaient Mlado, et donc

 13   c'est à lui qu'elles s'adressaient.

 14   Lorsque cela a commencé, Sada Curak de Donja Ljubija, c'était une femme

 15   médecin, le premier jour, lorsqu'il est venu au travail, il a dit qu'il

 16   avait des problèmes. Il est retourné chez nous et il m'a dit: "Tu sais,

 17   cette femme a des problèmes de ventre. Est-ce que tu as des thés à me

 18   donner pour que je les apporte?" J'ai dit "oui", et il lui a donc apporté

 19   des thés et des tisanes. Il lui a donné des tisanes.

 20   C'est donc là un exemple, mais il aidé tout le monde.

 21   Question: Vous dites donc que ces femmes parlaient bien de tout le monde.

 22   Mais est-ce que c'était pareil ou bien est-ce qu'elles disaient plus de

 23   bien de lui par rapport aux autres?

 24   Réponse: Eh bien, cela dépendait. Je ne sais pas. Cela dépendait des

 25   personnes qui faisaient partie des équipes. Normalement, elles disaient


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   1   toujours que, lorsque ces femmes s'adressaient à quelqu'un, les gardes

  2   étaient prêts à les aider. Je trouve cela normal, je trouve que chaque

  3   être humain normal va aider si on lui demande de le faire.

  4   Moi, j'ai reçu beaucoup de correspondance, pas seulement moi, Sabiha

  5   Turkanovic connaissait ma voisine. On vivait dans un même immeuble. Elle a

  6   envoyé une lettre, un message, elle a dit: "Est-ce que vous pouvez

  7   m'envoyer quelque chose?" Et cette femme a dit: "Bien sûr que oui". Elle a

  8   préparé un colis, elle lui a emporté et lui il l'a apporté à Omarska. Il

  9   aidait tout le monde. Vous savez tout le monde à Omarska envoyait au camp

 10   pour aider les gens.

 11   M. Riad (interprétation): Merci.

 12   M. le Président: Merci.

 13   Madame la Juge Wald?

 14   (Questions au témoin, Mme Bosiljka Radic, par Mme la Juge Wald.)

 15   Mme Wald (interprétation): Madame Radic, je voudrais poser une question

 16   concernant un sujet, et cela a quelque chose à voir avec le document

 17   relatif à la récompense. Cela n'a rien à voir avec les Musulmans au camp.

 18   On dit beaucoup de chose, beaucoup de bien de votre mari.

 19   On dit qu'il avait pris une part active dans la préparation et

 20   l'organisation des jeunes policiers pour la réalisation des tâches les

 21   plus complexes, qu'il était respecté par ses collègues parce qu'il

 22   excellait dans toutes les activités comme un vrai chef.

 23   Cela coïncide-t-il avec votre impression, à savoir que ces jeunes

 24   policiers voyaient en lui une sorte de chef, de leader, non pas à titre

 25   officiel de par son grade mais en raison de son expérience et en raison du


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  1   fait qu'il ait travaillé de manière active à leur préparation? C'est

  2   pourquoi ils le voyaient d'un oeil respectueux, comme une espèce de leader

  3   moral.

  4   Est-ce que cela est conforme à ce que vous pensez que les jeunes policiers

  5   pensaient de lui?

  6   Réponse: Pour ce qui est des jeunes policiers, ils étaient tous les mêmes.

  7   Ils préféraient travailler avec mon mari, parce qu'il aimait beaucoup

  8   plaisanter et qu'il aimait blaguer, et il passait du bon temps avec eux.

  9   Cela n'a rien à voir avec ce qui est écrit ici. On aimait travailler avec

 10   lui non pas parce qu'il était un supérieur quelconque mais parce qu'ils se

 11   sentaient bien en travaillant avec lui.

 12   Question: Bien.

 13   (Questions au témoin, Mme Bosiljak Radic, par M. le Président.)

 14   M. le Président: J'ai aussi quelques questions. Vous avez dit, à un moment

 15   donné, que votre mari au centre d'enquête était apprécié comme policier

 16   pour la sécurité mais rien d'autre pour le reste. Vous rappelez-vous avoir

 17   dit cela?

 18   Mme Radic (interprétation): Oui, j'ai dit qu'il n'était qu'un policier.

 19   Question: Oui, mais de toute façon quand vous avez dit: "Rien d'autre pour

 20   le reste". Qu'est-ce que le reste pour vous?

 21   Réponse: Je ne sais pas si vous pensez au fait ou à la possibilité qu'il

 22   ait fait partie d'une équipe, et qu'il ait été à la tête d'une équipe. Non

 23   ce n'est pas exact, il n'avait pas une fonction supérieure à celle des

 24   autres. Il n'avait occupé qu'un poste de travail qui est celui du simple

 25   policier.


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  1   Question: Madame Radic, je vous demandais ce que vous entendiez parce que

  2   je pensais que vous aviez dit: "rien d'autre pour le reste". Et c'était

  3   "pour le reste" que je voulais savoir. Mais pas de problème.

  4   Il y a une autre question que je voudrais vous poser. Vous avez dit: "Il

  5   préférait aller au front que d'être entouré par les siens au centre

  6   d'enquête". Est-ce que j'ai bien entendu?

  7   Réponse: Oui, si je puis le dire ainsi. Quand ce centre d'instruction a

  8   été mis en place, au bout de trois ou quatre jours, suite à sa mise en

  9   place, une police spéciale venant de Banja Luka était venue pour les

 10   garder. D'après ce que mon mari m'a raconté, on les avait appelés pour les

 11   emmener là-bas pour sécuriser cet espace-là. Il est rentré pratiquement en

 12   pleurs du travail. Il n'est jamais en pleurs et il est rentré cette fois-

 13   là en pleurs. Il me disait: "Je ne peux pas aider tous ces gens-là. Je les

 14   connais tous mais je ne peux pas les aider tous. Et je préférerais aller

 15   n'importe où sur les premières lignes de front plutôt que d'être là-bas".

 16   On lui a dit de faire comme on lui avait ordonné de faire.

 17   Je me suis entretenue avec lui et comme je n'étais pas très chaude pour

 18   qu'il aille sur les lignes de front parce que là il était plus près de moi

 19   et des enfants, je l'ai supplié pour qu'il reste. Je lui ai dit: "Ecoute,

 20   tu n'en sais rien, tu pourras peut-être aider quelqu'un dans ces

 21   circonstances et cela te sera probablement utile par la suite." Et si

 22   jamais quelque chose était nécessaire...

 23   Question: Est-ce qu'il a parlé seulement cette fois de sa préférence

 24   d'aller au front ou d'autres fois?

 25   Réponse: Non, il l'a dit cette fois-là et il l'avait même dit à son


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  1   supérieur. Son supérieur lui avait dit: "Tu parles trop, tu ferais mieux

  2   de faire ce qu'on te dit de faire".

  3   Question: Vous avez dit qu'il avait parlé même à ses supérieurs parce que

  4   votre mari vous l'a dit ou vous l'avez appris d'une autre façon?

  5   Réponse: Je l'ai appris, de toute façon, lui-même s'était plaint qu'il

  6   n'avait pas envie d'y aller et ainsi de suite. Mais j'ai appris la chose

  7   par d'autres personnes aussi et je lui ai demandé de rester là, de ne pas

  8   aller sur les premières lignes de front, de ne pas s'éloigner de nous et

  9   des enfants. J'avais pensé qu'il pourrait mieux aider ses collègues, la

 10   famille, les amis parce que nous avions aussi des membres de notre famille

 11   là.

 12   Question: Etiez-vous vraiment convaincue que votre mari était disponible

 13   pour aller au front, où qu'il préférait vraiment aller au front ou c'était

 14   seulement une façon de se plaindre un peu?

 15   Réponse: Non, il voulait réellement sans aller de là, ne pas rester à

 16   Prijedor ni à Omarska.

 17   Question: Avez-vous une idée comment il pouvait faire pour aller au front,

 18   s'il voulait vraiment?

 19   Réponse: Il n'aurait pas pu le faire puisqu'on l'avait menacé.

 20   Question: Quel type de menaces? Qui a menacé de quoi?

 21   Réponse: Je ne sais pas. Je sais seulement qu'il m'avait dit que… Comme il

 22   avait proposé la chose, on lui avait reproché, en lui disant: "Tu parles

 23   trop, fais ce que l'on t'a dit de faire. Un point c'est tout".

 24   Question: De votre point de vue, cela veut que les personnes qui pouvaient

 25   le faire aller au front, ont décidé de le faire rester? C'est cela?


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  1   Réponse: Il a dû rester là-bas, là où il était.

  2   Question: Est-ce que vous avez appris sur quelques personnes, sur quelques

  3   policiers, qui sont allés au front, après avoir été là?

  4   Réponse: Non, pas à ce moment-là, ils ont tous été retirés du front, tous

  5   sont revenus du front, exception faite de l'armée. Toute la police a dû

  6   rester sur place.

  7   M. le Président: De votre point de vue, aller au front, dans cette

  8   circonstance, dans ce temps-là, pourrait être un prix ou une punition?

  9   Réponse: Je ne comprends pas. Il fallait bien aller sur le front, c'était

 10   normal. Mais cela ne pouvait être considéré ni comme récompense ni comme

 11   une sanction.

 12   M. le Président: Très bien. Madame Radic, nous n'avons pas d'autres

 13   questions à poser. Nous vous remercions d'être venue, et vous souhaitons

 14   bon retour à votre lieu de résidence. Je vais demander à M. l'huissier de

 15   vous raccompagner.

 16   Réponse: Je vous remercie également.

 17   M. le Président: Peut-être qu'on pourrait ré-entendre la version demain,

 18   car j'ai des engagements. On peut faire la même chose demain. On peut

 19   peut-être avoir plus de temps.

 20   Madame Somers, vous demandez le versement au dossier de ce document, c'est

 21   cela?

 22   Mme Somers (interprétation): Non, Monsieur le Président. Comme cela est de

 23   coutume, je voulais à la fin demander le versement au dossier de la pièce

 24   à conviction de l'accusation 3/231. Il y a une version en anglais et en

 25   BCS, nous pouvons désigner ces deux versions par a) et b), comme bon vous


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  1   semblera.

  2   M. le Président: C'est cela?

  3   Mme Somers (interprétation): Oui.

  4   M. le Président: Maître Fila?

  5   M. Fila (interprétation): Je conteste le versement au dossier de ce

  6   document, je conteste son authenticité. Ces documents auraient dû être

  7   montrés dont la signature y figure, et non pas à l'épouse de l'accusé

  8   comme cela a été fait tout à l'heure. Je ne sais pas de quel document il

  9   s'agit. Si c'est bien celui qui est sur le bureau, j'en conteste

 10   l'authenticité, étant donné que cela n'a pas été montré à la personne dont

 11   la signature y figure. Ce n'est pas par le biais de l'épouse de l'accusé

 12   Radic que l'on peut verser ce document.

 13   M. le Président: Vous avez une réponse Madame Somers?

 14   Mme Somers (interprétation): Comme vous le savez, je m'excuse de l'avoir

 15   fait, nous essayons de soulever une fois de plus la question. Je crois que

 16   la pertinence est évidente. Le témoin Delic a dit lui-même, ce matin,

 17   qu'il avait signé ce document en novembre 1993. Il a dit que si ses

 18   souvenirs étaient bons, sans pour autant consulter la teneur du document,

 19   ce document datait effectivement de 1993. D'après Mme Radic, la seule

 20   récompense accordée était celle-là. Je crois qu'il n'a pas été question de

 21   l'authenticité. Cela peut être apprécié, le poids de cette pièce à

 22   conviction peut être apprécié par la Chambre.

 23   M. Fila (interprétation): Puis-je dire quelque chose, Monsieur le

 24   Président? Monsieur Delic n'a pas pu voir ce document. Il n'a pas pu dire

 25   que c'était effectivement lui qui l'avait signé. On a parlé d'un certain


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  1   document mais ce dernier n'a pas été montré. Je ne sais pas si c'est ce

  2   document ou un autre.

  3   M. le Président: Je vous ai donné la parole pour dire quelque chose de

  4   nouveau. Madame Sommers, si c'est pour répéter ce qui a été dit, non. Vous

  5   avez la parole.

  6   Mme Somers (interprétation): Seulement si la Chambre le souhaite, et nous

  7   le permet, nous pouvons faire venir M. Delic ici, une fois de plus, étant

  8   donné qu'il se trouve encore à La Haye et lui poser la question. Nous

  9   pouvons le faire si cela est nécessaire, mais je crois que nous avons

 10   prouvé la pertinence et l'authenticité. Nous confions le soin à la Chambre

 11   de prendre une décision afférente.

 12   M. le Président: Un moment s'il vous plaît.

 13   (Les Juges se concertent sur le siège)

 14   La Chambre admet le document P3/231. C'est admis.

 15   Demain, je vais demander au Greffe de préparer l'enregistrement pour

 16   demain, et je voudrais, si possible… Je ne sais pas si du point de vue

 17   technique, il est possible d'entendre seulement l'original de la question

 18   de Me Fila et l'original de la réponse du témoin. Après, les cabines

 19   traduisent ce qu'elles entendent. Même si la traduction ne coïncide pas,

 20   pas de problème. Je veux seulement, après, faire une comparaison entre

 21   l'original que nous avons ré-entendu et la version déjà acquise. Je demande

 22   au Greffe de préparer l'enregistrement, seulement si possible avec le BCS,

 23   pour être traduit après.

 24   Demain, à 9 heures 20, on sera là. 1

 25   (L'audience est levée à 17 heures 15.)