Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 11477

1 (Jeudi 10 mai 2001.)

2 (Audience publique.)

3 (L'audience est ouverte à 9 heures 25.)

4 (Les accusés sont introduits dans le prétoire.)

5 M. le Président: Bonjour, veuillez vous asseoir.

6 Bonjour Mesdames, Messieurs. Bonjour, cabine technique. Bonjour,

7 interprètes. Bonjour, personnel du Greffe. Bonjour, conseils de

8 l'accusation et de la défense.

9 Nous voilà aujourd'hui pour continuer notre travail.

10 Je vois que Me Masic a pris la position stratégique pour continuer à

11 travailler aujourd'hui. Je crois que c'est avec le témoin, si je ne me

12 trompe pas, Modic Gostimir. C'est cela, Maître Masic?

13 M. Masic (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président. La défense cite

14 à la barre son témoin, M. Modic Gostimir.

15 (Le témoin, M. Gostimir Modic, est introduit dans le prétoire.)

16 M. le Président: Bonjour, Monsieur Gostimir. Vous m'entendez?

17 M. Modic (interprétation): Je vous entends.

18 M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que l'huissier

19 va vous tendre, s'il vous plaît.

20 M. Modic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

21 vérité toute la vérité et rien que la vérité.

22 M. le Président: Vous pouvez vous asseoir. Maintenant vos écouteurs sont

23 bien placés. Vous pouvez peut-être vous rapprocher un peu des micros.

24 Veuillez vous installer le plus confortablement possible et après vous

25 allez répondre pour l'instant aux questions que Me Masic, vous le

Page 11478

1 connaissez déjà sûrement, qui est debout à votre gauche va vous poser.

2 Maître Masic, vous avez donc la parole.

3 M. Masic (interprétation): Merci beaucoup, Monsieur le Président.

4 (Interrogatoire principal du témoin, M. Gostimir Modic, par Me Masic.).

5 M. Modic (interprétation): Bonjour.

6 Question: Pour les besoins du compte rendu d'audience, je vous prie de

7 décliner votre identité complète.

8 Réponse: Gostimir Modic.

9 Question: Date et lieu de naissance?

10 Réponse: Le 20 août 1949 à Grabovac, municipalité de Celinac.

11 Question: Où vivez-vous maintenant?

12 Réponse: A Prijedor.

13 Question: Etes-vous marié, avez-vous des enfants?

14 Réponse: Je suis marié, j'ai un fils.

15 Question: Que faites-vous actuellement?

16 Réponse: Je suis retraité.

17 Question: Qu'avez-vous fait avant que d'être parti à la retraite?

18 Réponse: J'ai travaillé en qualité d'inspecteur dans un service de

19 criminologie.

20 Question: Depuis quand avez-vous travaillé dans la police? Jusqu'à quand?

21 Réponse: De 1970 à la fin de l'an 2000.

22 Question: Pouvez-vous nous dire brièvement quelle a été votre évolution

23 professionnelle dans le service où vous avez travaillé?

24 Réponse: Pendant quatre ans j'ai été policier. Par la suite, j'ai fait un

25 stage de technicien en police scientifique. Et j'ai accompli ces tâches de

Page 11479

1 technicien en police scientifique pendant quelque trois ans. Par la suite,

2 après avoir terminé des études à une école supérieure du même secteur,

3 j'ai enchaîné par l'accomplissement de tâches d'inspecteur en police

4 scientifique ou criminologie. J'ai travaillé sur les délits pénaux,

5 meurtres et autres qui concernent des blessures ou atteintes à la vie des

6 personnes.

7 Question: Est-ce que cela signifie que vous avez travaillé en 1992, en

8 avril et mai au service de sécurité publique de Prijedor?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Sauriez-vous nous dire si au mois de mai on avait institué un

11 centre d'instruction à Omarska?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Avez-vous travaillé dans ce centre d'instruction?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Je m'excuse, pouvez-vous nous dire ce que vous avez fait dans ce

16 centre d'instruction et combien de temps vous avez passé au sein de ce

17 centre d'instruction?

18 Réponse: J'ai travaillé en qualité d'inspecteur. Ma tâche avait consisté à

19 interroger les personnes détenues aux fins de découvrir parmi eux les

20 personnes qui avaient préparé un soulèvement armé contre le pouvoir en

21 place à Prijedor, et de déterminer quelles avaient été les personnes qui

22 se trouvaient en quelques corrélations que ce soit avec ledit soulèvement,

23 de découvrir qui avait organisé le soulèvement et où se trouvait la base

24 de ces personnes.

25 Question: D'autres policiers du département du poste de police d'Omarska

Page 11480

1 avaient-il travaillé au centre d'instruction?

2 Réponse: Oui.

3 Question: Qu'avaient-ils fait là-bas?

4 Réponse: Les policiers du département du poste de police d'Omarska étaient

5 chargés d'assurer la sécurité physique du centre d'instruction.

6 Question: Avaient-ils été les seuls à être présents pendant que vous étiez

7 au centre d'instruction d'Omarska ou y avait-il d'autres effectifs encore

8 en sus?

9 Réponse: J'ai remarqué d'autres personnes que je ne connaissais pas, elles

10 étaient toutes en uniforme et il est donc certain qu'il y avait eu

11 d'autres personnes que je ne connaissais pas en tant que policiers, compte

12 tenu notamment du peu de temps que j'ai passé dans ce centre

13 d'instruction.

14 Question: Pouvez-vous nous dire qui avait été votre supérieur hiérarchique

15 au sein de ce centre d'instruction?

16 Réponse: Mijic Ranko, c'était mon responsable depuis de longues années

17 déjà.

18 Question: Le chef du département de police d'Omarska pouvait-il vous

19 donner des ordres quels qu'ils soient?

20 Réponse: Non.

21 Question: Savez-vous nous dire qui était commandant du département de

22 police d'Omarska?

23 Réponse: Mejakic Zeljko.

24 Question: Excusez-moi, revenons à votre supérieur hiérarchique. Savez-vous

25 qui était son supérieur hiérarchique à lui?

Page 11481

1 Réponse: …

2 Question: Qui avait été le supérieur hiérarchique de Ranko Mijic en

3 d'autres termes?

4 Réponse: Il y avait Simo Drljaca au-dessus de mon supérieur à moi qui se

5 trouvait être chef du centre de Prijedor et des environs.

6 Question: Aviez-vous connu personnellement M. Simo Drljaca?

7 Réponse: Oui, de façon superficielle.

8 M. Masic (interprétation): A l'époque, est-ce que quiconque pouvait

9 refuser un ordre émanant de Simo Drljaca pour ce qui concerne les

10 policiers?

11 M. le Président: Monsieur Waidyaratne?

12 M. Waidyaratne (interprétation): Je fais objection, Monsieur le Président.

13 Cette question avait été posée de façon à ce que l'on s'attende de la part

14 du témoin à formuler une spéculation, à formuler une opinion qui n'est

15 rien que la sienne.

16 M. Masic (interprétation): Monsieur le Président, je m'excuse. Ce que je

17 voulais c'était entendre l'opinion de ce témoin, comme le Procureur avait

18 demandé l'opinion de ses propres témoins. Donc il s'agit de savoir et de

19 déterminer pour nous ce qu'il faut imputer à Simo Drljaca ou ne pas lui

20 imputer.

21 M. le Président: Continuez, Maître Masic.

22 M. Masic (interprétation): Je reprendrai ma question: est-ce que l'un

23 quelconque des policiers à l'époque était en mesure de refuser un ordre de

24 Simo Drljaca?

25 M. Modic (interprétation): Cela est possible mais cela aurait pu être des

Page 11482

1 exceptions. Pour ce qui me concerne, j'aurais bien voulu voir les

2 personnes qui avaient osé ou auraient osé désobéir à l'un de ses ordres,

3 parce qu'il était le genre d'homme à rejeter ne serait-ce que des petites

4 suggestions et encore moins quelque refus d'obéir à l'un de ses ordres.

5 M. Masic (interprétation): Je vous remercie. Je demanderai maintenant au

6 Greffe de bien vouloir nous présenter sur le moniteur la pièce à

7 conviction 3/219 du Bureau du Procureur et il s'agit d'un enregistrement

8 vidéo.

9 (Diffusion de la vidéo en langue anglaise.)

10 (Il n'y a pas de traduction.)

11 Pouvez-vous faire arrêter le déroulement de la vidéo?

12 Monsieur Modic, avez-vous reconnu l'homme, le dernier homme qui est sur

13 l'enregistrement vidéo?

14 M. Modic (interprétation): Oui, il s'agit de Simo Drljaca.

15 M. le Président: On sait qui est le dernier. Je ne sais pas s'il y a une

16 possibilité d'identifier. Peut-être faut-il décrire un peu plus. Je ne

17 sais pas maintenant quand même.

18 M. Masic (interprétation): Vous avez raison, Monsieur le Président.

19 Je demanderai à Monsieur le témoin de nous préciser ce qu'il a vu sur

20 l'enregistrement et je demanderai à la cabine technique de faire revenir

21 l'image de l'enregistrement vidéo afin que le témoin puisse nous dire qui

22 se trouve là-bas et qui prend la parole.

23 Allez-y.

24 (Diffusion de la vidéo.)

25 Arrêtez-le maintenant.

Page 11483

1 Monsieur Modic, je vous prie de nous dire qui vous voyez et ce que vous

2 voyez, de nous dire qui est l'homme que l'on voit, et nous arriverons

3 probablement à savoir de quoi il s'agit.

4 M. Modic (interprétation): Nous avons ici Simo Drljaca avec une dame, et

5 ce que l'on avait vu tout à l'heure c'était le centre d'instruction et

6 l'arrivée des détenus au réfectoire.

7 Question: Donc Simo Drljaca se trouve dans un bureau devant une table avec

8 des papiers?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Comment est-il vêtu?

11 Réponse: En uniforme de camouflage vert.

12 M. Masic (interprétation): Je vous remercie Monsieur le Président, je

13 crois que nous avons établi de quoi il s'agissait.

14 M. le Président: Ce bureau, Monsieur le témoin, se situe à Omarska?

15 M. Modic (interprétation): Je ne peux pas l'affirmer. Probablement mais je

16 ne peux pas l'affirmer. C'est un bureau comme un autre.

17 M. Masic (interprétation): Je demanderai à la cabine technique de nous

18 laisser voir le reste de l'enregistrement.

19 (Diffusion du reste de la vidéo.)

20 Juste un moment, je vous prie.

21 Je ne sais pas si le témoin reçoit la traduction du texte prononcée par la

22 journaliste dans le film, je ne reçois pas la traduction en BCS. J'avais

23 voulu poser des questions au témoin concernant les déclarations de Simo

24 Drljaca sur le film.

25 M. le Président: Maître Masic.

Page 11484

1 M. Masic (interprétation): Monsieur le Président, nous ne recevons pas la

2 traduction du texte qui accompagne le film en BCS, et je crains fort que

3 le témoin ne comprenne pas du tout de quoi il s'agit.

4 M. le Président: Moi non plus, je ne suis pas sur le canal BCS, Maître

5 Masic, mais il faut peut-être demander au témoin s'il suit le débat dans

6 une langue qu'il comprend.

7 Monsieur Modic, vous entendez la traduction de la vidéo dans votre langue?

8 M. Modic (interprétation): Non.

9 M. le Président: Qu'entendez-vous pour nous situer?

10 M. Modic (interprétation): Oui, je vous entends mais je ne reçois pas la

11 traduction.

12 M. le Président: C'est la traduction de la vidéo?

13 Interprètes: Nous n'avons pas le transcript de l'enregistrement vidéo.

14 M. le Président: Y a-t-il un transcript de cette vidéo?

15 Mme Thompson (interprétation): Oui Monsieur le Président. Il y a un

16 transcript qui a été utilisé par le Bureau du Procureur qui est, à mon

17 avis, la pièce à conviction de 2/19B et C.

18 Les interprètes ont reçu, semble-t-il, ce transcript la semaine dernière,

19 et bien entendu s'ils n'en ont plus, nous pouvons leur faire des copies et

20 le leur distribuer.

21 M. le Président: Je ne sais pas. Du point de vue technique, qu'est-ce qui

22 se passe qui empêche le témoin de suivre la vidéo dans une langue qu'il

23 peut comprendre?

24 Mme Thompson (interprétation): Le Greffe dispose d'une vidéo en anglais,

25 c'est la raison pour laquelle les interprètes ont reçu une transcription

Page 11485

1 pour pouvoir interpréter pendant le déroulement de la vidéo et faire la

2 traduction.

3 (La cabine BCS vient de préciser qu'elle n'a reçu que maintenant la

4 transcription et la cabine française ne l'a toujours pas.)

5 M. Masic (interprétation): Pour ne pas perdre du temps, je me propose de

6 vous poser juste une question.

7 M. le Président: Non non non Maître Masic, vous devez poser toutes vos

8 questions. Mais je ne vois pas pourquoi -peut-être est-ce ma faute de

9 compréhension-, si les interprètes entendent la vidéo, ils ne peuvent pas

10 traduire sans le transcript.

11 Je comprends que c'est plus facile mais je viens d'entendre quand même que

12 maintenant la cabine BCS a le transcript.

13 Interprètes: La cabine française vient de le recevoir aussi, Monsieur le

14 Président.

15 M. le Président: Il faut bien préparer ces choses. Si vous voulez passer

16 une vidéo, il faut s'assurer avec les interprètes et la cabine technique

17 que tout est prêt pour travailler, sinon nous perdons beaucoup de temps.

18 Allez-y, je crois que la cabine BCS a le transcript et qu'ils sont en

19 condition de travailler.

20 Maître Masic, posez toutes vos questions. Il n'y aura pas de limite à vos

21 questions pour une question technique. Il faut le dire. Allez-y.

22 M. Masic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

23 Sur cet enregistrement vidéo, M. Drljaca a répondu en disant qu'il était

24 le commandant, le chef du camp d'Omarska. Et c'est ce que je lis dans la

25 transcription.

Page 11486

1 M. Waidyaratne (interprétation): Je fais objection Monsieur le Président.

2 C'est une question qui conduit le témoin à répondre de façon erronée étant

3 donnée qu'on n'a pas entendu M.Simo Drljaca parler, on a entendu le

4 journaliste et le traducteur.

5 M. le Président: Attendez! Il faut faire des pauses sinon nous nous

6 superposons les uns les autres. Je crois que vous êtes ici pour parler.

7 Moi, je suis la traduction et il faut donc attendre.

8 Mâitre Masic, quelle est votre réponse?

9 M. Masic (interprétation): Je m'excuse, le Procureur a raison. C'est une

10 question posée par la journaliste Penny Marshal qui dit qu'elle a demandé

11 une explication au commandant du camp. Monsieur Waidyaratne a donc raison,

12 je m'en excuse.

13 Ce que je voulais demander au témoin, c'était de savoir s'il était exact

14 d'affirmer que Simo Drljaca était commandant du camp d'Omarska?

15 M. Modic (interprétation): Oui cela est exact. Il est exact de dire que

16 Simo Drljaca était le seul commandant du camp. Nous appelons cela un

17 centre d'enquête.

18 Question: Qui est-ce qui effectuait les interrogatoires, qui procédait aux

19 interrogatoires des détenus au centre d'instruction d'Omarska?

20 Réponse: Pour ce qui est des interrogatoires des personnes détenues, cela

21 avait été effectué par la police, la sécurité d'Etat et la sécurité

22 militaire.

23 Question: Combien d'enquêteurs y avait-il avec vous dans le même bureau?

24 Réponse: Il y avait encore deux enquêteurs, l'un de la sécurité d'Etat et

25 l'autre de la sécurité militaire.

Page 11487

1 Question: Est-ce que parmi vous trois il y avait un chef de groupe?

2 Réponse: Non. Il n'y en n'avait pas.

3 Question: Est-ce qu'à l'occasion de la prise des déclarations vous avez

4 procédé à des tortures soit physiques soit psychiques à l'égard des

5 détenus?

6 Réponse: Non, nous n'avons jamais fait cela. Et je dis bien jamais.

7 Question: Pour autant que vous le sachiez est-ce que d'autres équipes

8 procédaient à cela?

9 Réponse: Il y a eu de tel cas.

10 M. le Président: Maître Masic, excusez-moi de vous interrompre mais je

11 crois que nous sommes au cœur de l'affaire je crois. Vous aviez demandé:

12 "Est-ce que vous ou quelqu'un a maltraité les détenus?" C'est clair que la

13 réponse va être non. Donc à la question, la tendance de répondre va être

14 non.

15 Je crois que vous devriez ouvrir un peu plus, puisque nous sommes au cœur

16 de la question, et dire comment les détenus étaient traités lors de vos

17 interrogatoires peut-être c'est plus général. Vous mettez le témoin dans

18 une situation où il est très difficile pour lui de répondre "oui j'ai

19 maltraité". Allez-y, s'il vous plaît.

20 M. Masic (interprétation): Vous avez tout à fait raison Monsieur le

21 Président. Cependant, ma deuxième question allait justement dans ce sens,

22 à savoir j'ai demandé si d'autres équipes d'enquêteurs avaient recours à

23 la force lors des interrogatoires. Donc il s'agit d'une question tout à

24 fait directe.

25 Veuillez répéter votre réponse s'il vous plaît?

Page 11488

1 M. Modic (inteprétation): Puisque les pièces se trouvaient l'une à côté de

2 l'autre, le couloir était devant le bureau, on entendait des bruits, des

3 cris, parfois j'ai entendu des mots: "parle turc, parle Balija." Parfois

4 lorsque je traversais le couloir ou lorsque je quittais les lieux, je

5 voyais un garde pousser ou donner un coup à quelqu'un qui entrait dans la

6 pièce pour subir un interrogatoire.

7 Question: Merci. Connaissiez-vous Emir Bekanovic? Et si oui, dites -nous

8 de quel genre de personne il s'agit?

9 Réponse: Je sais qui est Emir Bekanovic: en tant que mineur, c'était un

10 délinquant. Il a été déclaré coupable des délits de vol, vol à la

11 sauvette, et puis aussi de troubles de l'ordre public. Il avait tendance à

12 provoquer des troubles de l'ordre public, c'était une personne

13 controversée. Je connais très bien son père et j'ai été souvent en contact

14 avec son père pendant la période, pendant que celui-là était un mineur.

15 Question: Merci beaucoup. Connaissiez-vous ou connaissez-vous Dragoljub

16 Prcac?

17 Réponse: Oui. Je connais extrêmement bien Dragoljub Prcac.

18 Question: Comment l'avez-vous rencontré et quand?

19 Réponse: En 1973 ou 1974, Dragoljub Prcac est venu au service de

20 criminologie de Prijedor. A l'époque, j'étais policier, je fréquentais les

21 personnes travaillant dans ce service, je l'ai rencontré lui aussi.

22 En 1974, je suis parti faire un cours pour devenir technicien en police

23 scientifique et je suis revenu et j'ai travaillé dans le bureau de

24 Dragoljub Prcac.

25 Question: Savez-vous pourquoi Dragoljub Prcac est venu à Prijedor afin de

Page 11489

1 travailler?

2 Réponse: Il disait s'agissant de son travail et de son poste qu'il avait

3 fait une erreur. Mais qu'il a dû venir à cause de ses parents qui étaient

4 âgés et qui vivaient seul à la campagne, à Omarska.

5 Question: Que faisait Dragoljub Prcac dans la police?

6 Réponse: Il était technicien en police scientifique.

7 Question: Quel est le travail du technicien en matière de la police

8 scientifique?

9 Réponse: Le technicien de police scientifique a le travail qui implique le

10 traitement technique des événements, qu'il s'agisse d'un viol ou d'un vol

11 ou d'un meurtre, il doit requérir les moyens de preuve matérielle,

12 physique.

13 Question: Est-ce qu'un technicien de police scientifique joue un rôle

14 prédominant dans une équipe? Une équipe d'enquête?

15 Réponse: Le technicien de police scientifique n'a aucun rôle de dirigeant

16 au sein d'une équipe d'enquête. C'était surtout, lorsqu'il s'agissait des

17 crimes et délits graves, le juge d'instruction qui était à la tête de

18 cette équipe. Lorsqu'il n'y avait pas de juge d'instruction, lorsqu'il

19 s'agissait des délits moins graves tels que des vols, etc., à ce moment-là

20 c'est l'inspecteur qui prenait des décisions.

21 Question: Quelles sont les qualifications dans le système de notre police

22 permettant à une personne de travailler en tant que technicien de police

23 scientifique?

24 Réponse: La personne doit avoir terminé l'école secondaire. Il s'agit d'un

25 domaine artisanal d'une certaine manière.

Page 11490

1 Question: Depuis quand Drago Prcac a-t-il travaillé au sein de la police?

2 Réponse: Je ne me souviens pas très exactement de l'année, mais je pense

3 que c'est vers la mi…, vers le milieu des années 80, 1984/1985, qu'il a

4 pris sa retraite.

5 Question: Et après qu'il a pris sa retraite, est-ce que vous avez continué

6 à voir Drago Prcac de temps en temps?

7 Réponse: Après son départ à la retraite, à la fête organisée lors de son

8 départ, je le voyais rarement à Prijedor. Mais lorsque je traversais

9 Omarska et lorsque je passais à côté de sa maison, puisque j'y allais

10 souvent dans cette région-là, à chaque fois je le voyais; il était surtout

11 dans sa maison, près de sa maison à Omarska.

12 Question: Connaissez-vous sa situation familiale?

13 Réponse: Oui, je connais. Il est marié, il a deux enfants, deux fils.

14 Question: Savez-vous quoi que ce soit concernant des problèmes qu'il

15 aurait eus concernant un certain traitement médical ou concernant ses

16 enfants en général?

17 Réponse: Je sais que lors de l'accouchement de son fils cadet, il y a eu

18 des problèmes avec l'enfant et il a été profondément ébranlé par cela. A

19 l'époque, il travaillait encore, il parlait toujours de ses problèmes et

20 ça le faisait pleurer aussi. Je sais que souvent il partait un peu partout

21 en Yougoslavie afin de chercher de l'aide médicale. Il était vraiment très

22 touché par cela.

23 Question: Est-ce que vous savez si Dragoljub Prcac a participé à la guerre

24 à Prijedor en 1992/1993, et si oui de quelle manière?

25 Réponse: Je sais qu'en 1992/1993, il a été engagé au sein du département

Page 11491

1 d'Omarska. Moi, j'étais en contact avec lui personnellement s'agissant de

2 certains constats qu'il fallait effectuer sur le terrain puisque, à ce

3 moment-là, il n'y avait que trop de délits commis partout dans la région.

4 Et lui en tant que technicien de police scientifique, il se chargeait d'un

5 certain nombre de tâches dans la région d'Omarska.

6 Question: A l'époque, quelle était la formation à laquelle Dragoljub Prcac

7 appartenait?

8 Réponse: Il a été engagé en tant que réserviste.

9 Question: Et pendant cette période pendant laquelle il était réserviste,

10 Dragoljub Prcac avait-il un quelconque grade au sein de la police?

11 Réponse: Non, il n'en avait pas et il ne pouvait pas en avoir. A l'époque,

12 il n'y avait pas de grade dans ce service, et en tant que technicien il ne

13 pouvait pas l'avoir, même pas après sa mobilisation dans le département

14 d'Omarska. Moi-même, je n'avais pas de grade non plus.

15 Question: Donc en tant que réserviste sans grade, sans rang, est-ce qu'il

16 pouvait –Dragoljub Prcac- détenir une quelconque fonction, avoir une

17 quelconque responsabilité hiérarchique à l'époque?

18 Réponse: Non, il ne pouvait pas en avoir.

19 Question: Pourriez-vous nous dire, humainement, à quoi ressemble Dragoljub

20 Prcac? Vous le connaissez depuis bien longtemps?

21 Réponse: J'ai travaillé avec lui pendant 10 ans, coude à coude pour ainsi

22 dire. Et même après le travail, on se fréquentait, on passait beaucoup de

23 temps ensemble. J'ai traversé de nombreuses épreuves avec lui et je le

24 connais vraiment très bien.

25 Il s'agissait d'un homme extraordinaire, je pense qu'il aurait évité

Page 11492

1 d'écraser une fourmi, il chercherait sa route ailleurs. C'était quelqu'un

2 qui avait de nombreuses vertus, notamment l'honnêteté.

3 A aucun moment, jamais, il ne s'est permis de faire du mal, ni à un

4 criminel ni à qui que ce soit, même si à de nombreuses reprises, il aurait

5 pu profiter des confiscations parce que parfois il confisquait des kilos

6 de bijoux ou d'or, et c'est lui qui transportait cela. Mais, jamais on a

7 entendu dire un seul mot de travers à son égard après qu'il a accompli sa

8 tâche, même si parfois il y a eu de tels cas dans notre service.

9 Question: Excusez-moi. Mais avez-vous entendu dire que Dragoljub Prcac

10 avait été accusé de crimes de guerre?

11 Réponse: Oui. J'en ai entendu parler et j'ai été complètement étonné en

12 tant qu'être humain puisque je le connais réellement. J'ai été affecté

13 presque autant que lui par cette nouvelle parce que je me disais qu'il

14 doit s'agir d'une confusion à l'égard de l'identité des personnes.

15 Parfois, cela se produisait dans la région de Prijedor. Moi, j'ai parlé

16 avec Drago lorsque je le voyais dans la région et il m'a dit: "Tu vois ce

17 qu'on m'attribue?". Mais lui non plus ne connaissait pas les détails mais

18 il savait qu'il avait été accusé.

19 M. Masic (interprétation): Merci beaucoup, Monsieur Modic.

20 Monsieur le Président, pour le moment je n'ai plus de questions à poser.

21 M. le Président: Très bien, Maître Masic.

22 Monsieur Waidyaratne, je crois que c'est à vous.

23 Monsieur Modic vous allez répondre aux questions du Procureur.

24 Vous avez la parole, Monsieur Waidyaratne.

25 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Gostimir Modic, par M. Waidyaratne.)

Page 11493

1 M. Waidyaratne (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

2 Monsieur Modic, vous avez un fils qui s'appelle Goran, ai-je raison de

3 dire cela?

4 M. Modic (interprétation): Oui.

5 Question: En ce moment, il travaille au sein du CJB de Prijedor?

6 Réponse: Oui.

7 Question: En tant que policier?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Monsieur Modic, vous avez dit que vous étiez technicien de

10 police scientifique et que pendant la guerre, depuis avril jusqu'au mois

11 d'août, est-ce que vous pouvez nous dire si vous vous acquittiez des

12 tâches d'enquêteur dans des camps?

13 Réponse: Je n'étais pas technicien de police scientifique. A partir de

14 1987 ou 1988, j'étais l'inspecteur en criminologie. J'avais été promu à ce

15 poste-là. Et j'étais enquêteur, inspecteur au camp d'Omarska, et non pas

16 technicien.

17 Question: Très bien. L'important est de savoir depuis quand vous avez

18 commencé à vous rendre au camp.

19 Réponse: Tout de suite, suite à leur création.

20 Question: Vous souvenez-vous à quel moment vous êtes allé dans un

21 quelconque de ces camps pour la première fois? Je donnerai des détails par

22 la suite si besoin en est.

23 Réponse: Je pense qu'en ce qui concerne le premier, j'y suis allé le 25 au

24 soir. Si vous me posez la question de savoir lequel, je vais vous le dire.

25 Question: Quel mois?

Page 11494

1 Réponse: Le mois de mai.

2 Question: Et quel est le camp auquel vous êtes allé? C'était Keraterm ou

3 Omarska?

4 Réponse: Keraterm.

5 Question: Vous avez donc commencé à travailler le 25 mai à Keraterm.

6 Meniez-vous aussi des enquêtes au sein du bâtiment du SUP avec Mirjana

7 Jankovic?

8 Réponse: Ceci se passait avant. C'est possible, mais avant.

9 Après la prise du pouvoir, certaines personnes ont été arrêtées et

10 conduites là-bas. C'est possible, mais pas au moment où les camps avaient

11 déjà été constitués. A ce moment là, je ne travaillais plus dans le

12 bâtiment du SUP.

13 Question: Vous avez donc commencé à aller au camp de Keraterm le 25 mai. A

14 combien de reprises êtes-vous allé au camp d'Omarska?

15 Réponse: Je dois vous expliquer quelque chose.

16 Keraterm, cela n'a duré pour moi pas plus de 24 heures entre le 25 et le

17 26. Et ensuite, Omarska a été créé et nous sommes tous partis à Omarska.

18 Car le premier centre de regroupement était Keraterm et puisqu'il y avait

19 trop de personnes à l'intérieur, et que la nuit commençait à tomber, on a

20 essayé de trouver des solutions. Le lendemain, nous avons essayé de

21 résoudre le problème lié au fait qu'il y avait trop de personnes au sein

22 du camp et donc, le lendemain, le centre d'Omarska a été constitué. Entre-

23 temps, Keraterm avait été fermé et réouvert par la suite.

24 Question: Donc vous êtes allé à Omarska probablement le 26 mai 1992?

25 Réponse: Oui, probablement.

Page 11495

1 Question: Et Keraterm?

2 Réponse: Je ne me souviens pas exactement.

3 Question: Est-ce que Keraterm a continué à fonctionner ou a-t-il fermé,

4 c'est ce que vous dites?

5 Réponse: S'agissant des enquêtes, il a été fermé. Toutes les équipes

6 d'enquête ont été transférées à Omarska et là-bas il ne se passait rien,

7 c'était vide.

8 Question: Monsieur Modic, peut-être quelque chose vous a rendu perplexe.

9 Est-ce que vous en train de nous dire qu'après le 25 mai Keraterm a été

10 fermé car nous avons de nombreux témoins?

11 Réponse: Non, j'essaie de vous expliquer mais vous ne me comprenez pas.

12 J'essaie de vous expliquer: ceci a été fermé et ensuite de nouveau… Comme

13 je l'ai dit, tout d'abord il y avait Keraterm et tous les gens de Kozarac

14 étaient emmenés à Keraterm en car; et puisqu'il y avait trop de personnes,

15 tous ces groupes provenant de la région de Kozarac ont été emmenés à

16 Omarska. Et toutes les équipes d'enquête y sont allées. Donc, en bas, à

17 Keraterm, il n'y avait plus d'enquête s'agissant de la police et des

18 enquêtes organisées concernant les personnes arrêtées mais je ne sais pas

19 si quelqu'un avait été arrêté par la police militaire, ça je ne suis pas

20 au courant.

21 Question: Très bien. Est-ce que vous êtes allé au camp de Keraterm par la

22 suite afin de mener des enquêtes?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Donc vous avez mené des enquêtes à Keraterm?

25 Réponse: Oui.

Page 11496

1 Question: Vous avez dit: "oui"?

2 Réponse: Oui.

3 Question: Vous êtes allé au camp de Keraterm et d'Omarska donc afin de

4 mener des enquêtes, est-ce exact?

5 Réponse: Non. Non. J'ai quitté Omarska et j'ai été transféré à Keraterm.

6 Parce que Keraterm a été ouvert environ le 31 mai après l'attaque contre

7 Prijedor.

8 Après cette attaque contre Prijedor, le nouveau centre d'enquête de

9 Keraterm a été ouvert et cette attaque a eu lieu entre le 30 et le 31 mai.

10 Ensuite, Keraterm a été ouvert et des personnes détenues ont été amenées à

11 Keraterm. Donc Keraterm a commencé à fonctionner et moi je ne travaillais

12 plus à Omarska, mais on m'a envoyé à Keraterm pour mener mes activités

13 avec l'équipe chargée des enquêtes. C'est comme cela que cela s'est passé.

14 M. Waidyaratne (interprétation): Monsieur Modic, un certain nombre de

15 témoins ont déposé en disant qu'ils vous ont vu à Omarska en train de

16 venir avec des enquêteurs à Omarska afin de mener des enquêtes. Etes-vous

17 en train de nous dire que vous n'étiez pas à Omarska?

18 M. Masic (interprétation): Objection! Le témoin a dit clairement qu'il

19 avait été à Omarska, il a indiqué la période qu'il avait passée à Omarska.

20 Il l'a dit lors de son interrogatoire principal, donc je ne vois pas

21 pourquoi on lui pose la même question pour la cinquième fois.

22 M. le Président: Monsieur Waidyaratne?

23 M. Waidyaratne (interprétation): Monsieur le Président, il ne s'agit pas

24 de la même question, car si j'ai bien compris, M. Modic dit qu'il était à

25 Keraterm, ensuite qu'il est allé à Omarska, et ensuite il est revenu à

Page 11497

1 Keraterm.

2 Sur la base de sa dernière réponse, j'avais compris que par la suite il

3 n'allait plus à Omarska. Je souhaite donc savoir pendant quelle période il

4 était à Omarska, pour clarifier les choses.

5 M. le Président: Allez-y, Monsieur Waidyaratne.

6 M. Waidyaratne (interprétation): Monsieur Modic, avez-vous mené des

7 enquêtes au cours des mois de mai et juin à Omarska?

8 M. Modic (interprétation): Non.

9 Question: Des témoins ont déposé devant cette Chambre de première

10 instance, Monsieur Modic, en disant que vous avez mené des enquêtes et que

11 vous avez été vu avec d'autres enquêteurs au camp d'Omarska. Quelle est

12 votre position par rapport à cela? Je souhaite savoir où.

13 Réponse: En ce qui concerne le centre d'enquête d'Omarska, j'y ai

14 travaillé à partir de sa création et cinq, six jours ensuite. Et tous ceux

15 qui disent autre chose, ne disent pas la vérité. C'est moi qui menais des

16 interrogatoires pendant les premiers cinq, six jours, peut-être un jour de

17 plus ou de moins, mais tous ceux qui disent que je les ai interrogés par

18 la suite à Omarska ne disent pas la vérité.

19 Question: Monsieur Modic, pourriez-vous dire aux Juges à quel moment vous

20 avez commencé à travailler à Omarska ou plutôt dans le cadre de ces

21 interrogatoires à quel moment commenciez-vous?

22 Réponse: Vous voulez dire: à quel moment de la journée? Je ne comprends

23 pas.

24 Question: Oui.

25 Réponse: Peut-être vers 8 ou 9 heures du matin, et je terminais vers 4 ou

Page 11498

1 5 heures de l'après-midi.

2 Question: Qui étaient les autres enquêteurs qui travaillaient avec vous?

3 Réponse: A ce moment-là, tous les enquêteurs du service criminologique de

4 Prijedor y travaillaient et tous les inspecteurs de la sécurité d'Etat de

5 Prijedor. Et je sais…

6 Question: Est-ce que vous vous souvenez des noms, de quelques noms?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Pourriez-vous nous dire les noms?

9 Réponse: Drago Mejakic, Brane Siljek, Zivko Jovic, Rade Knezevic, un

10 certain Rodic de la sécurité d'Etat, un certain Radisic réserviste de la

11 sécurité d'Etat. Ils étaient nombreux. Je pourrais me rappeler d'autres

12 noms aussi.

13 Question: Ces enquêteurs, est-ce qu'ils se rendaient au camp d'Omarska

14 aussi afin de mener des interrogatoires? Des personnes telles que

15 Dragoljub Prcac? Pardon! Drago Mejakic?

16 Réponse: Il y a travaillé pendant toute la période, à partir de la

17 création jusqu'à la fin. Il était sans arrêt là-haut. Lui aussi, il était

18 réserviste.

19 Question: Donc il y avait un grand nombre de policiers du poste de police

20 de Prijedor qui ont travaillé avec vous là-bas en tant qu'enquêteur?

21 Réponse: Nous appelions cela le service criminologique. Les inspecteurs en

22 criminologie, nous ne nous considérions pas comme des policiers, parce que

23 la police est un terme au sens large. Peut-être qu'il y avait 20 ou 25

24 personnes qui faisaient partie de ce service. Si vous me donniez un peu

25 plus de temps, je pourrais me rappeler ces noms.

Page 11499

1 Question: Monsieur Modic, qui vous a fourni les noms ou les listes des

2 détenus qui devaient subir un interrogatoire auprès de vous?

3 Réponse: En ce qui concerne mon groupe, personne ne nous remettait de

4 liste.

5 Question: Comment preniez-vous des décisions concernant les détenus que

6 vous deviez interroger?

7 Réponse: Justement, je suis en train d'expliquer cela. Au moment où je

8 suis venu à mon poste de travail, les gardes se trouvaient dans le

9 couloir. Ils ont demandé: "Est-ce qu'on va commencer à travailler?". Ils

10 nous ont dit qu'on allait commencer à travailler et ils faisaient venir

11 les personnes. Beaucoup de personnes n'avaient pas leurs pièces

12 d'identité, mais on leur faisait confiance. Et on s'est mis d'accord pour

13 que le garde soit à l'extérieur ou à l'intérieur pendant les

14 interrogatoires. Souvent, ils étaient dans le couloir…

15 Question: J'y reviendrai. Donc ce sont les gardes qui vous amenaient les

16 personnes sur lesquelles vous meniez des enquêtes. Quand vous avez

17 commencé vos enquêtes, je voudrais savoir combien de personnes comptait

18 l'équipe chargée de ces enquêtes? De combien de personnes s'agissait-il?

19 Réponse: Oui, trois.

20 Question: Et qui étaient-ce?

21 Réponse: Il y avait un inspecteur du service de la sécurité de l'Etat, un

22 autre du département de sécurité publique et l'autre de la sécurité

23 militaire. On travaillait en groupe. Et généralement c'était le cas, on

24 travaillait en groupe de trois.

25 Question: Est-ce qu'ils étaient armés?

Page 11500

1 Réponse: Si on était armés? Oui.

2 Question: Est-ce que, à un moment donné, il y avait des gardes dans les

3 pièces?

4 Réponse: Peut-être pour d'autres groupes, peut-être faisaient-ils appel à

5 des gardes. Mais pas nous, pas notre groupe.

6 Question: Dans le cadre de votre interrogatoire principal, vous avez dit

7 qu'il est arrivé qu'il y ait des cris ou des coups. Est-ce que vous avez

8 vous-même assisté à ce genre d'épisode où on criait et où on frappait?

9 Réponse: Une fois, je marchais dans le couloir, j'allais aux toilettes, et

10 quand je suis sorti des toilettes, j'ai vu quelqu'un qu'on emmenait et à

11 ce moment-là j'ai vu un garde qui frappait avec la crosse de son fusil une

12 de ces personnes dans le dos.

13 Question: Est-ce que vous avez mis un terme à cette pratique ou est-ce que

14 vous vous êtes plaint à quiconque, ou est-ce que vous avez consigné cet

15 événement quelque part?

16 Réponse: Non.

17 Question: Est-ce qu'à un moment donné vous avez entendu dire que des

18 personnes détenues dans ces camps aient succombé aux blessures résultant

19 de leurs interrogatoires? Est-ce que vous avez eu connaissance de tels

20 incidents?

21 Réponse: Je n'en ai pas entendu parler, mais je sais qu'il y a eu des cas

22 de ce genre, qu'il y a des gens qui sont morts, qui ont été tués. Je ne

23 sais pas dans quelles conditions. Je ne sais pas si c'étaient des meurtres

24 ou bien si c'était le résultat de mauvais traitements parce que je sais

25 qu'il y avait quelqu'un qui était Serbe, de nationalité serbe, et qui est

Page 11501

1 mort à Omarska, et puis qu'il y a eu un certain nombre d'autres personnes.

2 Je sais qu'il y a eu des victimes de ce type.

3 Question: Avez-vous entendu dire que des personnes qui n'étaient pas

4 Serbes aient été tuées ou assassinées au camp, je parle des détenus?

5 Réponse: J'ai entendu dire que des gens avaient été tués, mais je ne sais

6 pas de qui il s'agissait. J'ai entendu des rumeurs qui circulaient en

7 ville. Les personnes parlent comme cela. Et à l'époque, c'était le chaos

8 qui régnait. Donc j'ai entendu parler de ce genre de chose.

9 Question: Et vous ne pouvez vous souvenir d'aucun nom, du nom de ces

10 personnes? Est-ce que vous vous souvenez du nom des personnes qui ne

11 seraient pas serbes?

12 Réponse: Je crois que je me souviens d'un policier qui s'appelait Denic,

13 Ibrahim Denic. Oui, c'était un policier et il est mort à Omarska.

14 Question: Est-ce qu'on le surnommait "Braco", M. Ibrahim Denic?

15 Réponse: Oui, oui, c'est exact parce que je le connaissais très bien.

16 Question: Et dans quel camp a-t-il été tué ou assassiné, d'après ce que

17 vous avez entendu?

18 Réponse: A Omarska.

19 Question: Est-ce que vous pouvez vous souvenir de la période concernée?

20 Réponse: Je crois que c'était au début, après la mise en place du camp.

21 Question: Est-ce que vous avez eu des détails supplémentaires?

22 Bon. Donc c'était un policier, vous nous l'avez dit, il a travaillé avec

23 vous, mais est-ce que vous avez eu des informations supplémentaires quant

24 aux circonstances de sa mort à Omarska?

25 Réponse: Comment et dans quelles circonstances? Non, non, je n'ai rien

Page 11502

1 entendu à ce sujet. D'ailleurs, je ne pouvais pas savoir quoi que ce soit.

2 Tout ce que je sais, c'est ce que d'autres policiers m'ont dit; des

3 policiers qui soit ont entendu parler de cet incident, soit ont vu cet

4 incident. Les personnes ne venaient pas me dire qui avait tué qui.

5 Moi, j'ai simplement entendu dire que Denic, le policier, avait été tué

6 parce que moi j'habitais dans cette ville, je circulais beaucoup en ville,

7 c'est donc comme cela que j'ai appris cela.

8 Question: Une fois que vous aviez mené ces enquêtes, est-ce que c'était

9 votre pratique de recueillir des déclarations?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Et dans quelles circonstances, comment étaient préparées ces

12 déclarations?

13 Réponse: Eh bien, l'un de nous trois, un des trois membres de notre groupe

14 écrivait cette déclaration à la main tandis qu'un autre membre du groupe

15 menait l'interrogatoire.

16 Par exemple si c'était moi qui menais l'interrogatoire, à ce moment-là

17 c'était un autre collègue qui consignait ce qui était dit. On se relayait.

18 Moi, par exemple, il arrivait que je passe une demi-journée soit à écrire,

19 soit à m'entretenir avec le détenu ou le contraire, donc on faisait des

20 roulements de deux heures à peu près.

21 Question: Donc cette déclaration dont vous nous parlez, je voudrais savoir

22 si vous avez établi des rapports individuels ou collectifs?

23 Réponse: Non.

24 Question: Est-ce que vous étiez censé établir des rapports et les

25 soumettre à quelqu'un, à une autorité?

Page 11503

1 Réponse: Non.

2 Question: Donc vous n'étiez pas tenu de préparer des rapports quotidiens

3 au sujet des enquêtes que vous meniez?

4 Réponse: Eh bien, toutes les notes que nous prenions, toutes les notes

5 officielles étaient considérées comme des rapports officiels. Tout ce que

6 nous faisions, c'était un rapport.

7 Question: Monsieur Modic, vous avez fait une déclaration au conseil de la

8 défense de M. Prcac, vous en souvenez-vous?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Est-ce que vous avez rencontré M. Prcac pendant qu'il

11 travaillait au camp d'Omarska?

12 Réponse: Non.

13 Question: Est-ce que vous avez vu M. Prcac au camp d'Omarska?

14 Réponse: Non.

15 Question: Est-ce que vous connaissiez un certain Emir Sinandzic, un de vos

16 anciens collègues?

17 Réponse: Oui, je le connaissais.

18 Question: Est-ce que vous saviez que M. Emir Sinandzic était détenu au

19 camp d'Omarska, est-ce que M. Prcac vous l'a dit?

20 Réponse: Non. Moi, je l'ai vu moi-même dans l'enceinte du camp, près du

21 mur. Il m'a appelé. C'était un de mes collègues. Et pendant ces premiers

22 jours, d'abord je l'ai vu à Keraterm, il était arrivé de Kozarac, et

23 ensuite il a été transféré un jour ou deux plus tard, comme je l'ai déjà

24 expliqué. Après son transfert, je les ai vus, il était au milieu d'un

25 groupe de gens qui se tenaient près du mur, et il m'a appelé, parce qu'on

Page 11504

1 travaillait ensemble précédemment; lui aussi il était technicien de la

2 police scientifique comme Drago Prcac.

3 Question: Est-ce que vous l'avez interrogé?

4 Réponse: Non.

5 Question: Vous étiez un enquêteur, donc vous auriez très bien pu le

6 convoquer, l'interroger, et s'il était innocent, prendre des mesures pour

7 permettre sa libération, n'est-ce pas? Mais vous ne l'avez jamais fait?

8 Réponse: Ce n'est pas exact. Ce que vous dites là n'est pas exact.

9 Mon travail à moi c'était interroger les personnes, et voilà. Je n'étais

10 qu'un employé tout à fait normal de ce service. Mon travail c'était

11 d'interroger ces personnes et ensuite de transmettre l'affaire pour que

12 des actions éventuelles soient prises. Je n'avais aucune autorité pour

13 dire que quelqu'un était innocent ou coupable je n'étais pas en mesure de

14 libérer qui que ce soit, ce n'était pas dans mes prérogatives.

15 Question: Mais au moins vous auriez pu enquêter à son sujet, vous auriez

16 pu l'interroger, vous auriez pu faire cela, n'est-ce pas?

17 Réponse: Non.

18 Question: Est-ce que vous me répondez par oui ou non?

19 Réponse: Non, je ne pouvais pas.

20 Question: Monsieur Modic, est-ce que vous avez vu Ravko Vrdic l'un de vos

21 anciens collègues au camp?

22 Réponse: Non.

23 Question: Monsieur Sead Banovic?

24 Réponse: Non.

25 Question: Avez-vous appris qu'ils étaient au camp d'Omarska, est-ce que M.

Page 11505

1 Prcac vous l'a dit?

2 Réponse: Non, ce n'est pas Prcac qui me l'a dit, mais des collègues du

3 groupe de Prijedor qui travaillaient là, d'autres inspecteurs, de mes

4 collègues qui travaillaient à Omarska. On se voyait le soir une fois qu'on

5 rentrait du travail.

6 Question: Mais vous avez eu des informations de la part de vos anciens

7 collègues au sujet de M. Sead Badunovic et d'autres personnes, vous avez

8 donc obtenu ces informations au sujet des détenus d'Omarska?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Mais ce que vous nous dites c'est que, bien que vous ne soyez

11 pas allé à Omarska, vous avez eu des informations au sujet du fait que ces

12 personnes étaient détenues à Omarska?

13 Réponse: J'ai obtenu des informations de la part de mes collègues qui

14 travaillaient là car j'avais des collègues qui travaillaient là.

15 Question: Est-ce que vous avez eu des informations au sujet, du fait que

16 M. Reuf Travancic était détenu au camp et qu'il a été passé à tabac?

17 Réponse: Non aucune information.

18 Question: Est-ce que vous savez ce qui est arrivé à ces personnes après

19 leur libération? Est-ce que vous savez si l'on a entrepris des démarches

20 judiciaires ou des démarches quelconques contre ces personnes?

21 Réponse: Je ne sais pas.

22 Question: Est-ce que M. Prcac pouvait aider les détenus qui se trouvaient

23 au camp car vous-même vous avez demandé à ce que Emir Sinandzic qui était

24 un de vos anciens collègues reçoive l'aide de M. Prcac?

25 Réponse: Je ne sais pas s'il l'a aidé ou pas.

Page 11506

1 Question: Est-ce que vous avez demandé à M. Prcac d'apporter son aide à M.

2 Sinandzic?

3 Réponse: Non je n'ai pas du tout vu M. Prcac, je n'ai eu aucun contact

4 avec M. Prcac, mais je crois que j'ai dit: "Si M. Prcac passe par là,

5 demande-lui", car moi j'avais confiance en lui. C'est pour cela que j'ai

6 dit à l'autre d'aller voir M. Prcac si c'était possible.

7 Question: Et quand est-ce que cela s'est passé, quand est-ce que vous avez

8 dit à M. Emir Sinandzic d'aller demander de l'aide à M. Prcac quand vous

9 l'avez vu près du mur au camp d'Omarska?

10 Réponse: C'était disons peut-être le quatrième, voire le cinquième jour de

11 ma présence sur place.

12 Question: Est-ce que c'était au début juin?

13 Réponse: Non.

14 Question: Veuillez s'il vous plaît me donner une date et un mois.

15 Réponse: Non. Je suis en train de vous dire que je ne peux pas vous donner

16 de date.

17 Question: Est-ce que vous vous attendiez que M. Prcac vienne au camp

18 d'Omarska ces premiers jours après la mise en place du camp?

19 Réponse: Non je ne l'attendais pas mais je partais du principe qu'il

20 allait peut-être venir car il était à Omarska et parce que j'avais toute

21 confiance en lui, parce qu'il a dit quelque chose au sujet de la

22 nourriture, et j'ai dit que s'il devait venir -je ne lui ai pas parlé très

23 longtemps- mais…

24 Question: Monsieur Modic, quand vous êtes allé à Omarska, au début ou même

25 plus tard, est-ce que vous avez demandé qui était le commandant du camp

Page 11507

1 d'Omarska?

2 Réponse: Je n'ai pas eu besoin de le demander.

3 Question: Oui mais quand vous êtes allé au camp?

4 Réponse: Que voulez-vous dire quand je suis allé au camp? Je ne comprends

5 pas.

6 Question: Quand vous êtes allé au camp d'Omarska, est-ce que vous avez

7 appris qui était le commandant du camp?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Qui?

10 Réponse: Simo Drljaca.

11 Question: Connaissiez-vous un dénommé Zeljko Mejakic?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Est-ce que vous l'avez vu un moment donné au camp?

14 Réponse: Je n'ai vu Zeljko Mejakic qu'une fois.

15 Question: Quand?

16 Réponse: Dans les 5 ou 6 jours que j'ai passés à Omarska.

17 Question: Avez-vous vu une personne dénommé Miroslav Kvocka, un policier

18 d'active?

19 Réponse: Je ne me souviens pas l'avoir vu, je ne m'en souviens pas.

20 Je ne me souviens pas avoir vu Miroslav Kvocka à Omarska.

21 Question: Est-ce que vous avez vu un dénommé Mlado Radic, alias "Krkan" au

22 camp?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Que faisait-il là? Qui était-ce?

25 Réponse: C'était un garde, je l'ai vu dans le corridor il avait un fusil,

Page 11508

1 je l'ai vu là.

2 Question: On vous a fait visionner une vidéo et on vous a demandé des

3 observations au sujet d'un certain endroit et d'une personne dont vous

4 nous avez dit que c'était M. Simo Drljaca. C'était dans votre

5 interrogatoire principal, c'est bien exact?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Monsieur Modic, d'abord ce bureau, vous vous en souvenez, est-ce

8 que vous l'avez vu?

9 Réponse: Je ne m'en souviens pas.

10 Question: Est-ce que vous avez vu des bureaux de ce type au camp

11 d'Omarska?

12 Réponse: Je ne me souviens pas du tout de ce bureau.

13 Question: Connaissiez-vous la dame que l'on a vue sur la vidéo qui vous a

14 été présentée?

15 Réponse: Non.

16 Question: Quand avez-vous visionné cette vidéo pour la première fois?

17 Réponse: Maintenant.

18 Question: Est-ce que vous avez bien compris ce que disait le narrateur

19 dans la partie de la vidéo qui vous a été présentée, est-ce que vous

20 l'avez bien compris?

21 Réponse: Non.

22 Question: Maintenant très rapidement, Monsieur Modic, vous nous avez dit

23 qu'il y avait beaucoup de crimes qui étaient perpétrés dans la région.

24 Quand M. Prcac était rattaché au poste de police ou au département de

25 police d'Omarska, quand est-ce que ces infractions ont été commises?

Page 11509

1 M. le Président: Je vous donne la parole allez-y.

2 M. Masic (interprétation): Mon objection est la suivante. C'est que mon

3 éminent confrère nous dit que le témoin a dit qu'il y a eu beaucoup de

4 crimes dans cette région à Omarska à l'époque. Or le témoin n'a pas dit

5 cela dans le cadre de son interrogatoire principal ni dans le cadre de son

6 contre-interrogatoire. Je vous prie de m'excuser, mais si nous devons nous

7 en tenir à la règle et respecter nos limites de temps, je pense que mon

8 confrère est en train de voir le temps qui lui est imparti s'écouler et

9 toucher à sa fin.

10 M. le Président: Oui, nous sommes d'accord. Mais le Procureur posait la

11 question et le témoin va répondre, Maître Masic, et nous prenons souvent

12 du temps.

13 Monsieur Waidyaratne, vous savez bien quel est le temps que vous avez,

14 donc allez-y.

15 M. Waidyaratne (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Il me reste

16 encore 12 minutes.

17 M. le Président: Non, non. Vous avez mal fait vos comptes.

18 M. Waidyaratne (interprétation): J'ai reçu beaucoup d'objections de la

19 part de la défense mais, d'après ma collègue, il me reste encore 12

20 minutes.

21 M. le Président: Je vais vous dire que vous allez terminer à 10 heures 45.

22 C'est votre temps: 10 heures 45.

23 Vous allez terminer, Monsieur Waidyaratne. Donc vous faites ce que vous

24 voulez maintenant. Posez votre question. Votre temps se termine à 45.

25 Voilà. Vous avez commencé à 10 heures 05 et vous avez 40 minutes. Donc de

Page 11510

1 bon compte, cela fait 10 heures 45 minutes.

2 Allez-y, Monsieur Waidyaratne.

3 M. Waidyaratne (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je vais

4 passer à autre chose.

5 Vous nous dites donc que vous avez rencontré M. Prcac à Omarska.

6 M. Masic (interprétation): Objection!

7 M. Waidyaratne (interprétation): Je n'ai pas terminé ma question. Je n'ai

8 pas terminé ma question.

9 M. le Président: Allez-y. Posez la question.

10 M. Waidyaratne (interprétation): Après que M. Prcac a eu connaissance de

11 l'Acte d'accusation pour crime de guerre, vous nous dites que vous l'avez

12 rencontré et qu'il était surpris. Est-ce bien exact?

13 M. Modic (interprétation): Oui.

14 Question: Est-ce que M. Prcac a décidé de se rendre? Avez-vous dit à M.

15 Prcac de se rendre?

16 Réponse: Cela ne m'est même jamais venu à l'esprit parce que je savais

17 qu'il avait été accusé à tort. Et c'est ce que je pense toujours

18 aujourd'hui, et ce sera toujours comme cela dans mon esprit.

19 Question: Vous nous dites que M. Prcac et vous-même vous vous fréquentiez

20 parfois après les horaires de travail?

21 Réponse: Oui.

22 Question: Où? Où? Est-ce que c'était au restaurant de M. Milan Andzic?

23 Réponse: Partout. Au restaurant, au café, dans les maisons ou dans les

24 jardins. Partout.

25 Question: Donc vous-même et M. Prcac, vous vous êtes rencontrés dans des

Page 11511

1 cafés, des restaurants, beaucoup d'autres endroits, n'est-ce pas? C'est

2 cela que vous êtes en train de nous dire?

3 Réponse: Oui, pendant qu'on travaillait ensemble.

4 Question: Et très souvent?

5 Réponse: Oui.

6 Question: Monsieur Modic, il faut que j'en termine de mon contre-

7 interrogatoire et donc je voudrais savoir la chose suivante. D'après vous,

8 M. Prcac était un homme très honnête?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Et c'était un homme, un policier chevronné?

11 Réponse: Oui.

12 Question: Et c'était un collègue excellent qui travaillait avec énormément

13 de motivation?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Et c'était un véritable professionnel?

16 Réponse: Oui, il faisait son travail de façon très professionnelle.

17 C'était le meilleur technicien de police judiciaire que nous avions.

18 Question: Il respectait les règles et il travaillait toujours conformément

19 au règlement et il était toujours correct, c'est cela?

20 Réponse: Tout à fait.

21 M. Waidyaratne (interprétation): Merci, Monsieur le Président. J'en ai

22 terminé de mon contre-interrogatoire.

23 M. le Président: Merci, Monsieur Waidyaratne.

24 Maître Masic, si vous avez des questions supplémentaires, s'il vous plaît,

25 allez-y.

Page 11512

1 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Gostimir Modic, par

2 Me Masic.)

3 M. Masic (interprétation): Oui, Monsieur le Président, j'ai quelques

4 questions fort brèves à poser pour tirer quelques points au clair.

5 Monsieur Modic, dites-nous d'abord où vous avez vu M. Prcac lorsque l'Acte

6 d'accusation a été dressé?

7 M. Modic (interprétation): A Omarska, à proximité de sa maison.

8 Question: Lorsque vous avez témoigné sur Omarska et les événements au

9 centre d'instruction d'Omarska, cela se rapportait aux cinq premiers jours

10 que vous y aviez passés, n'est-ce pas?

11 Réponse: Oui.

12 Question: Est-ce que, à l'époque, M. Prcac se trouvait au centre

13 d'Omarska?

14 Réponse: Non, il ne se trouvait pas au centre.

15 Question: Que faisait-il d'après ce que vous savez?

16 Réponse: Il avait travaillé au département d'Omarska. Et j'imagine qu'il

17 avait des tâches à accomplir. Et il devait y avoir des constats à

18 accomplir sur le terrain.

19 Question: Est-ce que cela signifie qu'il avait travaillé en tant que

20 technicien en police scientifique au département du poste de police

21 d'Omarska?

22 Réponse: Oui, il avait travaillé là-bas en tant que technicien de police

23 scientifique au département de la police d'Omarska. Et j'ai pensé qu'il se

24 trouvait tout le temps là-bas. A la fin de l'existence des centres

25 d'instruction, j'ai entendu donc par la suite qu'il avait été accusé pour

Page 11513

1 avoir travaillé là-bas mais cela je l'ignorais.

2 M. Masic (interprétation): Monsieur Modic, je vous remercie.

3 Monsieur le Président, je n'ai plus de questions à poser à notre témoin.

4 M. le Président: Merci beaucoup, Monsieur Masic.

5 Monsieur le Juge Riad, s'il vous plaît?

6 (Questions au témoin, M. Gostimir Modic, par M. le Juge Riad.)

7 M. Riad (interprétation): Bonjour, Monsieur Modic.

8 M. Modic (interprétation): Bonjour.

9 Question: Est-ce que vous m'entendez?

10 Réponse: Oui, je vous entends.

11 Question: Je voudrais avoir des éclaircissements pour mieux comprendre vos

12 déclarations.

13 Vous avez dit qu'au sommet il y avait M. Simo Drljaca, et j'ai compris

14 qu'il n'y avait personne en dessous de lui. Quand nous avons parlé de

15 Mejakic, je voudrais savoir si vous saviez si Mejakic était adjoint, ou

16 quel était le rôle de Mejakic dans ce camp d'Omarska en particulier, pour

17 commencer, et en dessous de Mejakic, y avait-il l'un quelconque de ses

18 adjoints ou une hiérarchie?

19 Réponse: Pour ce qui est de la hiérarchie, je ne sais pas beaucoup, je

20 n'en sais pas très long. Je sais seulement ce que j'ai entendu dire, à

21 savoir que Mejakic avait été nommé commandant du centre d'instruction et

22 qu'il avait été transféré là-bas avec son poste de police pour assurer la

23 sécurité et y faire quelque chose, quoi que ce soit.

24 Mais je voulais dire que tout ce qui avait été entrepris et toutes les

25 attributions qui étaient exercées pour ce qui est du centre d'instruction,

Page 11514

1 cela ne relevait pas ni des attributions de Mejakic ni de celle de mon

2 chef. Donc il était une sorte de chef sur papier seulement.

3 Ce n'était pas ce type-là d'organisation comme vous avez l'air de vous en

4 faire l'idée. Il se peut que, sur papier, il l'avait peut-être été, mais

5 dans la réalité on ne pouvait rien faire sans Simo Drljaca, rien du tout.

6 Peut-être un particulier quelconque aurait-il pu faire quelque chose, mais

7 je ne sais pas quel était ce particulier; peut-être quelqu'un appartenant

8 à la branche militaire ou ainsi de suite.

9 Question: Je comprends que personne ne pouvait s'opposer à lui, que

10 c'était un homme puissant. Mais comment exerçait-il ce pouvoir? Il ne

11 pouvait pas être partout à la fois, donc il devait y avoir des personnes

12 qui accomplissaient leurs tâches. Est-ce que tout le monde pouvait faire

13 ce qu'il voulait, d'après ce que vous avez eu comme expérience dans le

14 camp?

15 Réponse: C'est exact. Il avait des préférés à lui partout. Il n'avait pas

16 à se déplacer. Ces gens-là venaient à lui et lui disaient ce qui se

17 passait à tel ou tel autre endroit. Et il est certain que les choses se

18 passaient ainsi.

19 Question: Mais est-ce que vous savez nous dire quelque chose au niveau de

20 ses préférés? Avaient-ils été nommés, choisis par ses soins? Qui étaient-

21 ils?

22 Réponse: Non pas à titre officiel. Mais je sais qu'autour de lui il y

23 avait tout un groupe je ne les connaissais pas, je ne sais pas si c'était

24 des gens d'Omarska ou de Bosanski Novi, de Dubica ou de Banja Luka; il

25 avait tout le temps autour de lui des groupes qui l'accueillaient ou qui

Page 11515

1 l'accompagnaient. Et je sais qu'il avait été fort respecté à Omarska,

2 àBijeljina et à Banja Luka, et il bénéficiait de beaucoup d'autorité.

3 Question: Et ces personnes appartenant au groupe donnaient des ordres à

4 Omarska, ils avaient le contrôle d'Omarska?

5 Réponse: Non. Ils ne pouvaient faire que ce que lui avait dit de faire, et

6 si quelqu'un avait fait quelque chose en sus, c'était quelqu'un qui était

7 vraiment en bons termes avec Simo. Il pouvait donc accéder quels que

8 soient les gardes en présence indépendamment de la présence de Zeljko

9 Mejakic, parce que c'étaient des militaires en armes avec des fusils

10 automatiques, et ils passaient à côté des gardiens comme à côté de troncs

11 d'arbres. Ces gardiens ne pouvaient donc pas s'opposer à eux et cela

12 arrivait souvent même la nuit. Maintenant de là à savoir s'il s'agissait

13 de personnes qui venaient de Prijedor ou qui avaient des relations à

14 Prijedor, je ne le sais pas.

15 Question: En l'absence de Drljaca et de ses gens à lui, à qui vous

16 adressiez-vous s'il y avait un problème?

17 Réponse: Je n'avais pas besoin du tout de m'adresser, pas même à mon

18 supérieur hiérarchique et si j'avais eu à le faire, j'aurais dû résoudre

19 le problème tout seul.

20 Question: Vous avez dit que vous avez, au sujet des détenus, dû mener des

21 enquêtes, donc il n'y avait pas de liste, et qu'on vous amenait au hasard

22 n'importe quelle personne, qu'il n'y avait pas de liste, n'est-ce pas? Les

23 gardiens vous amenaient donc n'importe qui pour ces enquêtes?

24 Réponse: C'est exact.

25 Question: Et vous avez dit qu'il n'avait pas de papier ou de carte

Page 11516

1 d'identité, comment pouviez-vous faire des enquêtes s'il n'avait aucun

2 papier à vous montrer pour justifier son identité et où ces papiers-là

3 étaient-ils partis?

4 Réponse: Eh bien, j'avais toujours plutôt fait confiance. Cette enquête ne

5 s'est pas faite de façon très stricte. Il s'agissait d'un interrogatoire

6 formalisé et on relâchait les personnes peu de temps après. Je n'avais pas

7 exercé de pression pour obtenir quoi que ce soit car je savais fort bien

8 que ces gens n'avaient pas grand-chose à dire. Certains d'entre eux

9 avaient perdu leurs papiers à l'occasion de leur acheminement ou se sont

10 vu confisquer leur pièce d'identité lorsqu'ils ont été amenés par des

11 membres de l'unité militaire.

12 Question: Mais vous êtes inspecteur en criminologie, et vous n'ignorez pas

13 tout le sérieux de ces enquêtes, et vous avez peut-être pu apprendre

14 quelque chose. Il y avait peut-être quelque chose de réaliste à apprendre,

15 d'irréaliste. Comment pourriez-vous donc condamner ou juger quelqu'un, ou

16 relâcher quelqu'un sans avoir de renseignements à ce sujet, décider de son

17 sort?

18 Réponse: Mais je n'avais pas du tout à décider du sort de qui que ce soit.

19 Et pour ce qui est de la partie opérationnelle de tous ceux qui étaient

20 interrogés, nous ne décidions pas de leur sort. Nous faisions juste des

21 notes concernant les questions qu'on nous avait dit de poser. Donc il

22 s'agissait d'établir une note de service pour la transmettre. Du moins, à

23 mon avis, ce n'était pas une véritable enquête.

24 C'est ainsi que je me comportais. Je prenais les renseignements généraux

25 et les reportais sur les notes. Ce n'étaient donc pas de vraies enquêtes

Page 11517

1 pour ce qui me concerne ma qualité de personne expérimentée, chevronnée en

2 matière d'enquêtes, et ce n'est pas du tout la façon dont nous avons

3 procédé quand nous faisions cela.

4 Question: Mais comment appelleriez-vous alors cela? C'était un centre

5 d'enquête, n'est-ce pas?

6 Réponse: C'étaient des interrogatoires d'information. On avait des

7 personnes qui ont été dénoncées et il y avait des personnes qui ont fait

8 l'objet de procédures pénales. Mais à Keraterm personne n'a fait l'objet

9 d'une telle procédure et je n'ai pas appris que quiconque ait fait l'objet

10 d'une procédure après ces enquêtes.

11 Question: Vous avez mentionné des équipes. Vous étiez membre d'une équipe

12 aussi. J'imagine que toute équipe avait sa propre politique. Vous avez

13 également précisé que dans votre pièce il n'y avait pas de détenus de

14 frappés, mais d'autres en provenance d'autres bureaux on pouvait entendre

15 des bruits, des insultes et des cris.

16 N'y a-t-il donc pas une politique commune d'enquête ou est-ce que tout le

17 monde pouvait faire ce qu'il voulait? Vous avez dit qu'il n'y avait pas eu

18 de mauvais traitements.

19 Réponse: J'ai dit cela pour les 5 jours que j'ai passés à Omarska. Pour ce

20 qui est de tout le reste, de Keraterm, parmi les personnes interrogées,

21 personne n'a été maltraité ou n'a subi de mauvais traitements. Chacun a

22 été entendu et interrogé de façon correcte. Je n'ai point appris que l'une

23 quelconque des équipes ait maltraité de quelque façon que ce soit

24 quiconque.

25 Question: Je vois. Donc ce que vous avez dit au sujet des pièces

Page 11518

1 adjacentes du couloir d'où l'on entendait des gémissements, des bruits,

2 des bousculades des coups vous avez également dit que vous avez vu un

3 gardien frapper quelqu'un, un détenu.

4 Réponse: J'ai dit qu'il y avait beaucoup de gens dans les couloirs, autour

5 du bâtiment et ainsi de suite. Une fois, j'ai entendu dans un bureau des

6 bruits, des cris, des coups. Donc c'est ce que j'ai dit. Je ne sais plus

7 de quel bureau cela venait, étant donné que cela venait du couloir. Et on

8 entendait du bruit dans le couloir, des gens bousculaient, des bruits de

9 pas qui couraient, et parfois donc… J'ai passé fort peu de temps là-bas

10 mais pendant ce peu de temps, c'est ce que j'ai pu remarquer, et je suis

11 en train de vous dire ce que j'ai entendu.

12 Question: Ma toute dernière question: vous avez mentionné ou dit plutôt

13 que M. Prcac en sa qualité de réserviste ne pouvait exercer aucun rôle de

14 commandement. Vous avez parlé de lui en sa qualité de réserviste, mais

15 qu'en a-t-il été de sa position au camp même? Est-ce que vous saviez

16 quelque chose pour ce qui est de la position qu'il exerçait, les fonctions

17 qu'il exerçait en général?

18 Réponse: Non, je n'ai pas du tout appris qu'il se trouvait là-bas. Je ne

19 savais donc pas du tout que Drago Prcac avait été engagé pour travailler

20 au centre d'instruction d'Omarska ou au camp. J'avais toujours pensé qu'il

21 était resté au poste pour exercer ses tâches de technicien en police

22 scientifique parce qu'il y avait toujours du travail pour lui pour ce qui

23 est par exemple des vols, des infractions et autres délits.

24 M. Riad (interprétation): Je vous remercie.

25 M. le Président: Merci beaucoup, Monsieur le Juge Riad.

Page 11519

1 Madame la Juge Wald, s'il vous plaît?

2 (Questions au témoin, M. Gostimir Modic, par Mme la Juge Wald.)

3 Mme Wald (interprétation): Au cours des journées que vous avez passées en

4 tant qu'enquêteur à Omarska, vous-même ou l'une quelconque des personnes

5 des autres enquêteurs, avez-vous dû prendre officiellement soin ou plutôt

6 exercer des responsabilités pour ce qui se passait avec les détenus à

7 l'extérieur des bureaux. Aviez-vous des attributions ou des

8 responsabilités pour dire ce qui était de dire à qui que ce soit au camp

9 de quelle façon il devait se comporter à l'égard des détenus après les

10 interrogatoires?

11 M. Modic (interprétation): Non, aucun d'entre nous n'avait ni des

12 attributions ni le droit de faire cela.

13 Question: Bien. Nous avons entendu de la bouche de certains témoins, et

14 peut-être cela ne concerne-t-il pas le temps que vous avez passé à

15 Omarska, mais je vais de toute façon vous poser la question de savoir si

16 les enquêteurs qui venaient tous les jours à Omarska amenaient leurs

17 propres gardiens.

18 Est-ce que vous ameniez vous-mêmes vos gardiens, vos policiers pour qu'ils

19 restent à l'intérieur, au bureau, pour vous garder pendant les

20 interrogatoires, ou vous appuyiez-vous sur les gardiens qui se trouvaient

21 là-bas? Et cela concerne bien entendu la période que vous avez passée là-

22 bas.

23 Réponse: Pendant que j'étais à Omarska, nous avions des gardiens sur

24 place. Ils ne venaient pas, ils ne se déplaçaient pas avec nous.

25 Question: Bien. Pour enchaîner par rapport à la première question, vous

Page 11520

1 nous avez dit qu'en votre qualité d'enquêteur à Omarska, vous ou l'un

2 quelconque des autres enquêteurs n'avez jamais donné d'ordre concernant ce

3 qu'il convenait de faire avec les détenus une fois que ces détenus

4 sortaient du bureau où l'interrogatoire avait eu lieu. Ou peut-être vous-

5 même ou l'un quelconque des autres enquêteurs donniez des instructions:

6 "Celui-là, tu l'emmèneras au hangar, celui-là vers la maison blanche.

7 Celui-là, il faut le passer à tabac".

8 Donc avez-vous donné des ordres quelconques concernant ce qu'il fallait

9 faire des détenus une fois qu'ils sortaient de cette pièce

10 d'interrogatoire?

11 Réponse: Non.

12 Question: Et maintenant, nous enchaînons. Est-ce que vous-même ou l'un

13 quelconque des enquêteurs que vous connaissiez donnez des instructions aux

14 gardiens ou autres personnes qui travaillaient à Omarska pour ce qui était

15 de savoir si des détenus devaient être relâchés ou transférés vers

16 d'autres camp tels que Trnopolje et ainsi de suite? Avez-vous reçu des

17 instructions, ordres, concernant ce qu'il fallait faire de ces détenus, de

18 l'endroit de leur séjour, du fait de rester à Omarska ou d'aller ailleurs?

19 Réponse: Mon groupe ne donnait pas d'instruction du tout, ni de façon

20 écrite ni orale.

21 Question: Bien. J'ai compris que pendant votre témoignage vous avez

22 déclaré que vous-même ou les enquêteurs que vous connaissiez ne décidiez

23 pas du fait de savoir qui viendrait à Omarska et qui ne viendrait pas.

24 Donc ce n'était pas vous qui faisiez des listes pour que l'on amène ces

25 personnes ou pas?

Page 11521

1 Réponse: Non, nous n'étions pas les personnes qui pouvaient influer sur le

2 fait de savoir qui serait amené. Donc nous arrivions, il y avait des

3 personnes là-bas et nous traitions les détenus que les gardiens nous

4 amenaient.

5 Question: Vous avez dit que vous aviez vu des enquêteurs interroger les

6 détenus et faire des notes de service. Dans ces notes de service, portiez-

7 vous des informations du type: "Ce détenu ne sait rien de ce qui s'est

8 passé à Prijedor, n'a aucune liaison avec cela. Il semblerait être

9 innocent de tout ce qu'on lui impute au sujet des événements à Prijedor"?

10 Donc aviez-vous formulé des recommandations dans ces notes de service pour

11 ce qui était de relâcher certaines personnes ou de les interroger une fois

12 de plus? Ou peut-être portiez-vous des informations disant que ces

13 particuliers pouvaient paraître suspects et devaient faire l'objet

14 d'enquête complémentaire? Est-ce que vous aviez vous donc formulé des

15 recommandations sans pour autant formuler des ordres, ou alors portiez-

16 vous seulement "Question", "Réponse" sans recommandations?

17 Réponse: Aucune recommandation complémentaire des personnes interrogées

18 était… Enfin, les réponses des personnes étaient mises sur papier. Et pour

19 ce qui est des personnes que j'ai interrogées, il n'était nullement

20 nécessaire d'entreprendre quelque procédure ultérieure que ce soit. Le

21 commandant pouvait donc voir cela et prendre note du fait qu'il n'y avait

22 rien de grave.

23 Question: En d'autres termes, vous n'avez jamais… Ou plutôt, nous avons

24 entendu ici des témoins -je ne sais pas à quelle période cela se

25 rapportait- mais il y avait des détenus que l'on rappelait deux ou trois

Page 11522

1 fois pour les interroger à titre complémentaire.

2 Ce que je voudrais savoir, c'est d'après votre expérience si c'étaient les

3 enquêteurs qui disaient qu'ils voudraient encore interroger une ou deux

4 fois untel ou untel autre, dans quelques jours, le lendemain, est-ce que

5 cela arrivait pendant votre séjour là-bas?

6 Réponse: Je ne puis répondre que pour mon groupe, cela est possible. Nous

7 étions quelques groupes, cinq groupes à peu près à interroger, et il se

8 peut que pour des raisons qui ne sont connues que de ce groupe-là, ils

9 l'aient fait effectivement.

10 Question: Pendant la brève période que vous avez passée là-bas, est-ce que

11 vous avez vu quelqu'un amener à l'interrogatoire et présenter des

12 blessures, avoir des bleus, des ecchymoses? Est-ce que vous avez donc pu

13 voir des personnes qui avaient l'apparence de personnes qui avaient été

14 maltraitées?

15 Réponse: Non.

16 Question: Bien. Ma dernière question à votre intention est la suivante:

17 qui vous donnait des instructions pour ce qui était de savoir de quelle

18 façon les interrogatoires devaient être conduits?

19 On avait envoyé des équipes de trois enquêteurs pour les interrogatoires.

20 Donc on vous amenait des prisonniers que vous n'aviez pas contactés

21 auparavant. Qui vous a dit quel est le type de questions à leur poser? Et

22 pendant que vous étiez là-bas, qu'étiez-vous censé apprendre? Donc qui

23 avait donné aux enquêteurs des instructions? On ne vous a pas juste

24 envoyés là-bas en vous disant: "Posez les questions que vous voudrez"?

25 Réponse: Dans la phase initiale, pendant les deux ou trois premiers jours,

Page 11523

1 on nous a juste oralement dit de nous renseigner pour essayer d'apprendre

2 qui a initié le soulèvement armé, quel est le nombre de ces personnes,

3 quels sont les armements dont ils disposaient; donc de les interroger à ce

4 sujet et de voir d'où ils avaient été amenés puisque qu'ils se trouvaient

5 déjà là, qui il y avait encore dans leur groupe et par la suite, on a

6 présenté, on a tiré au clair des thèses, on les a mises sur papier et nos

7 chefs de groupes nous ont remis ces thèses-là.

8 Question: Mais ces chefs d'équipe au début, le premier jour que vous êtes

9 allé là-bas, qui vous a dit cela, ce que vous venez de nous raconter à

10 savoir qu'il s'agissait-là des questions et des sujets qui nous

11 intéressaient?

12 Réponse: Pour ce qui est d'Omarska, c'est Mijic.

13 Question: Bien. Vous avez parlé de chef d'équipe. Donc il y avait, dans

14 les équipes de trois qui étaient ensemble, il y avait une personne qui

15 était cette espèce de chef d'équipe. Qui était-ce?

16 Réponse: Je me suis peut-être mal exprimé. J'avais pensé à Mijic quand je

17 parlais du chef de groupe, lui qui était à la tête de cette sécurité

18 publique. J'ai peut-être fait un lapsus.

19 Question: Bien. Nous avons beaucoup de terminologie qui diverge ici.

20 Dernière question, vous avez dit que quelqu'un avait rédigé les rapports à

21 la main et nous avons, nous, entendu des témoignages disant que des

22 dactylo se trouvaient au centre d'instruction et qui tapaient cela. Savez-

23 vous à qui ces rapports étaient envoyés?

24 Réponse: Après avoir été dactylographiés, ces rapports étaient destinés au

25 chef du groupe de sécurité publique, au chef du groupe de la sécurité

Page 11524

1 d'Etat et au chef du groupe de la sécurité militaire. Ces trois personnes

2 se trouvaient au même endroit dans un bureau à Omarska.

3 Question: Bien. Pendant cette brève période que vous avez passée là-bas,

4 avez-vous jamais reçu ce que l'on appelle une information en retour

5 découlant de ces rapports? Avez-vous donc appris quelque chose, suite au

6 rapport? Vous a-t-on dit que suite à tel rapport, nous avons conclu que

7 nous voudrions en savoir davantage sur celui-ci ou celui-là? Y a-t-il eu

8 des réactions suite à l'expédition de ces rapports à l'intention des chefs

9 ou des personnes qui étaient à la tête des équipes?

10 Réponse: Nous n'avions aucune information en retour et nous ne pouvions

11 pas la demander.

12 Question: Et vous n'avez pas reçu d'information de ce type sans la

13 demander n'est-ce pas?

14 Réponse: Non, jamais, jamais rien.

15 Question: Bien je vous remercie.

16 (Questions au témoin, M. Gostimir Modic, par M. le Président).

17 M. le Président: Merci Madame la Juge Wald. J'ai aussi des questions. Je

18 vais essayer d'être bref. Nous travaillons ici depuis longtemps, mais il

19 n'y a pas de sens à faire une pause maintenant. Je crois avoir compris que

20 vous travailliez avec trois personnes dans votre petit groupe. L'une

21 interrogeait, l'autre écrivait, que faisait la troisième?

22 M. Modic (interprétation): Elle prenait la charge de la personne suivante

23 pour commencer l'interrogatoire et c'est comme cela qu'on procédait, par

24 roulement. Celui qui préférait écrire, écrivait, et puis quelqu'un d'autre

25 préférait interroger mais nous avons travaillé dans l'esprit de solidarité

Page 11525

1 dans ce travail.

2 Question: Très bien. Une autre question: finalement dans le camp ou dans

3 le centre d'enquête, qui décidait qui étaient les personnes à être

4 interrogées?

5 Réponse: A mon avis, tout le monde devait être interrogé et tout le monde

6 a effectivement été interrogé mais quant à l'ordre des listes, c'est la

7 sécurité qui dressait les listes de toutes les personnes qui arrivaient.

8 Je suppose qu'ils avaient déjà des listes et ils faisaient l'appel sur la

9 liste de base existantes, mais je le suppose, je ne le sais pas.

10 Ce sont eux qui nous amenaient les personnes, c'est la sécurité, les

11 personnes qui assuraient la sécurité qui suivaient leur propre liste et

12 leur propre ordre. Parfois, il y a eu des cas peut-être.

13 Question: Pouvez-vous traduire la sécurité, car la sécurité je crois qu'il

14 n'y a pas une carte d'identité? Qui étaient les personnes? Pouvez-vous

15 traduire cela?

16 Réponse: Je ne sais pas qui étaient les personnes. Mais…

17 Question: La fonction? La sécurité ne marche pas.

18 Réponse: Sur le papier, ils disposaient des ordres donnés verbalement par

19 le commandant, selon lesquels il fallait que tout se déroule conformément

20 aux règles.

21 Question: Les personnes chargées de la sécurité, c'est cela?

22 Quelles étaient les personnes chargées de la sécurité? C'étaient les

23 gardes?

24 Réponse: Oui, les gardes étaient chargés de la sécurité.

25 Question: Donc le mouvement, selon vous, était que les gardes amenaient

Page 11526

1 les personnes aux enquêteurs, c'est cela?

2 Réponse: Moi, je les appelais tous les gardes. Pour moi, ils étaient tous

3 des gardes, qu'ils soient à l'extérieur ou dans l'enceinte.

4 Question: Excusez-moi mais ma question est de savoir si le mouvement

5 normal était que les gardes amenaient les détenus aux enquêteurs pour être

6 interrogés? Etait-ce le mouvement normal?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Etait-il possible à un enquêteur de demander à un garde d'amener

9 un certain détenu?

10 Réponse: Cela aussi, c'était possible.

11 Question: Entre les deux, quel était le plus fréquent?

12 Réponse: Sans donner de nom?

13 Question: Oui, sans donner de nom.

14 Réponse: Rarement quelqu'un parmi les inspecteurs ou enquêteurs allait

15 chercher quelqu'un. Il s'agissait dans ce cas-là d'autres intérêts.

16 Question: Oui. Une autre question. Cette procédure, cette façon de faire

17 était-elle spécifique de votre groupe ou était-elle commune à tous les

18 autres groupes?

19 Réponse: La procédure habituelle concernait tous les groupes mais chaque

20 groupe pouvait faire l'exception que vous avez mentionnée.

21 Question: L'exception étant: un enquêteur demandait à un garde d'amener un

22 détenu pour être interrogé, c'est cela? C'était l'exception?

23 Réponse: Oui.

24 Question: D'accord, très bien. Donc Monsieur Modic, nous n'avons pas

25 d'autres questions à vous poser. Vous venez de terminer votre témoignage

Page 11527

1 ici au Tribunal pénal international.

2 Nous vous remercions beaucoup d'être venu et nous vous souhaitons un bon

3 retour à vos activités de retraite, je suppose que c'est bien agréable

4 peut-être.

5 Je vais demander à M. l'huissier de vous accompagner.

6 M. Modic (interprétation): Merci beaucoup.

7 (Le témoin, M. Gostimir Modic, est reconduit hors du prétoire.)

8 M. le Président: Donc nous allons faire une pause d'une demi-heure.

9 (L'audience, suspendue à 11 heures 22, est reprise à 11 heures 50.)

10 (Questions relatives à la procédure.)

11 M. le Président: Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.

12 La Chambre va rendre sa décision sur la requête du Procureur, de

13 vidéoconférence, mais nous avons remarqué que cette requête est

14 confidentielle.

15 Pourquoi, Madame Somers, est-elle confidentielle? C'est-à-dire je ne peux

16 pas rendre une décision en publique sur une requête confidentielle.

17 Mme Somers (interprétation): Je crois que nous l'avons peut-être fait de

18 manière erronée. Nous allons retirer la confidentialité.

19 M. le Président: On peut donc rendre publiquement?

20 Mme Somers (interprétation): Oui. Merci.

21 M. le Président: Très bien. Le Procureur a donc déposé une requête le 2

22 mai 2001 pour que M. Emir Zijakic soit entendu par vidéoconférence pendant

23 la semaine du 28 mai 2001, c'est-à-dire la semaine de la réplique du

24 Procureur.

25 La défense de l'accusé, M. Kos, a répondu en date 8 mai, s'opposant à ce

Page 11528

1 que M. Zijakic soit entendu dans ces termes parce que son témoignage ne

2 rentrerait pas dans le cadre du témoignage en réplique.

3 La Chambre note qu'elle a déjà tranché la question du moment du témoignage

4 de M. Zijakic. Cette question a été discutée le 6 octobre 2000 suite à une

5 première requête déposée par le Procureur pour entendre M. Zijakic par

6 déposition, par officier instrumentaire.

7 A ce moment-là, les conseils des accusés, M. Kvocka et M. Radic, ont

8 déclaré ne pas s'opposer quoiqu'ils considèrent que la situation devait

9 être considérée exceptionnelle. Les autres conseils ne se sont pas

10 prononcés.

11 La Chambre a, dès lors, décidé que le témoin qui fait l'objet de la

12 requête de déposition par officier instrumentaire va venir dans la phase

13 de la réplique sans que le champ de sa déposition soit limité.

14 Cette décision du compte rendu page 6450 dans le texte anglais, la

15 présente requête du Procureur est donc uniquement une demande que le

16 témoin soit entendu par vidéoconférence au lieu de déposition.

17 La Chambre note que M. Zijakic est malade et ne peut pas voyager à La Haye

18 pour témoigner. Ce qui constitue à son avis une raison exceptionnelle et

19 donc valable pour l'entendre par vidéoconférence.

20 Dans ces termes, en réitérant sa décision du 6 octobre 2000 et vu

21 l'Article 85 du Règlement de procédure et de preuve, M. Zijakic, témoin du

22 Procureur, sera entendu par vidéoconférence au cours de la semaine du 28

23 mai 2001 sans que le champ de sa déposition soit limité au terme d'un

24 témoignage en réplique.

25 Pour l'exécution de sa décision, la Chambre prie le Greffe de nous

Page 11529

1 préciser la date, c'est-à-dire le jour le plus convenable du point de vue

2 des arrangements techniques nécessaires.

3 Quelqu'un attire mon attention sur le fait qu'il s'agit du 28 juin et pas

4 du 28 mai. Donc ce témoin sera entendu le 28 juin 2001 et pas le 28 mai.

5 Je maintiens que c'est le 28 mai. Madame Thompson m'a donné un papier mais

6 je crois qu'elle s'est trompée. Nous allons dépasser cette question, mes

7 documents parlent plus fort. Mes documents disent que c'est le 28 mai

8 2001.

9 Madame Thompson, la prochaine fois, je vous remercierais beaucoup si vous

10 me donniez de bonnes informations. Je ne vais pas vous remercier quand

11 vous me donnez les mauvaises informations. De toute façon, merci pour vos

12 soins.

13 C'est clair maintenant. Madame Somers, est-ce clair?

14 Mme Somers (interprétation): Je pense que ça l'est, Monsieur le Président.

15 C'est-à-dire l'interrogatoire principal ne se limite pas à la duplique;

16 vous vous êtes corrigé, je crois. Merci.

17 M. le Président: Maître Deretic.

18 M. Deretic (interprétation): Monsieur le Président, je vais parler très

19 brièvement puisque vous venez de mentionner la date du 28 mai. Simplement,

20 au nom de la défense de M. Zigic, je souhaite demander quelques

21 clarifications, à savoir nous avons contacté hier Mme Sophie Swatt du

22 Greffe qui nous a informés du fait que notre témoin expert, le Dr Nedopil,

23 selon la décision de la défense devrait être contre-interrogé ici le même

24 jour, c'est-à-dire le 28 mai 2001. Est-ce que c'est exact compte tenu de

25 cette décision de la Chambre?

Page 11530

1 M. le Président: Excusez-moi, Maître Deretic. C'est possible, mais nous

2 maintenons que c'est le 28, c'est possible d'avoir une vidéo conférence et

3 20 minutes pour contre-interroger le témoin expert, tout à fait possible

4 donc. Est-ce clair?

5 M. Deretic (interprétation): Merci, Monsieur le Président, simplement pour

6 calmer ma conscience, je voulais être sûr, merci.

7 M. le Président: Madame Somers? Rappelez-vous que nous avons des témoins

8 en attendant.

9 Mme Somers (interprétation): Je comprends mais pour ne pas revenir sur

10 cela plus tard, pour être sûre que j'ai compris: lorsque la Chambre a dit

11 que le psychiatre, que nous voulions contre-interroger pendant la défense

12 de M. Zigic, n'était pas disponible, est-ce que ceci n'est pas pris sur le

13 temps de notre réplique?

14 Il s'agit de l'interrogatoire principal et les 20 minutes ne seront pas

15 comptées comme le temps de l'accusation, n'est-ce pas? Car ceci est

16 important pour nous, cette semaine sera importante pour nous. Nous

17 essayons de nous organiser sur le plan du temps mais si j'avais compris,

18 ceci devait être à la fin de la présentation des moyens à décharge, donc

19 j'étais inquiète un peu à cause de notre calendrier. Merci.

20 M. le Président: Oui, mais nous avons mis cela à la fin, à la fin vraiment

21 de toute la présentation des moyens à décharge, c'est-à-dire avant la

22 réplique du Procureur. Il s'agit de 20 minutes. Si vous vouliez moins...

23 Mais ce n'est pas un problème, Madame Somers. Nous pouvons organiser une

24 séance ou prolonger un peu l'après-midi, mais il s'agit quand même de 20

25 minutes. Pas de problème? D'accord. Merci.

Page 11531

1 Maintenant nous sommes en condition de faire entrer le témoin, Monsieur

2 l'huissier, s'il vous plaît.

3 Maître Jovan Simic, je crois qu'il s'agit de Jasnic Milenko?

4 M. J. Simic (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

5 (Le témoin, M. Milenko Jasnic, est introduit dans le prétoire.)

6 M. le Président: Bonjour, Monsieur Jasnic Milenko, m'entendez-vous?

7 M. Jasnic (interprétation): Oui, je vous entends.

8 M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que M.

9 l'Huissier va vous tendre, s'il vous plaît.

10 M. Jasnic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

11 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

12 M. le Président: Veuillez vous asseoir. Vous êtes installé

13 confortablement?

14 M. Jasnic (interprétation): Oui.

15 M. le Président: Pour que vous puissiez répondre aux questions que le

16 Tribunal va vous poser maintenant, c'est Me Jovan Simic, que vous

17 connaissez sûrement, qui est debout à votre gauche.

18 Maître Jovan Simic, vous avez la parole, s'il vous plaît.

19 (Interrogatoire principal du témoin, M. Milenko Jasnic, par Me Jovan

20 Simic.)

21 M. J. Simic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

22 Bonjour. S'il vous plaît, dites-nous quels sont vos nom, prénom, l'endroit

23 et le lieu de votre naissance?

24 M. Jasnic (interprétation): Milenko Jasnic, je suis né à Omarska, le 2 mai

25 1969.

Page 11532

1 Question: Où vivez-vous maintenant, et est-ce que vous êtes marié?

2 Réponse: Je vis actuellement à Omarska et je suis marié.

3 Question: Au mois de mai 1992, vous avez travaillé… ou plutôt en avril

4 1992, vous avez travaillé au sein du poste de police d'Omarska?

5 Réponse: Oui.

6 Question: Qui était le commandant du département du poste de police

7 d'Omarska pendant la période pendant laquelle vous avez travaillé vous-

8 même au département du poste de police d'Omarska?

9 Réponse: Puisque je suis venu en septembre 1991, tout d'abord le

10 commandant était Vujic et ensuite Mejakic.

11 Question: Est-ce qu'il y avait un adjoint, un commandant du département du

12 poste de police d'Omarska pendant que vous y avez travaillé?

13 Réponse: Non, il n'y avait pas d'adjoint.

14 Question: Est-ce qu'au département du poste de police d'Omarska il y avait

15 un service de permanence?

16 Réponse: Oui, effectivement.

17 Question: Et la personne de permanence, quelles étaient ses tâches?

18 Réponse: Il devait répondre au téléphone, il devait recevoir les plaintes

19 des citoyens, recevoir des ordres donnés par le commandant concernant les

20 patrouilles.

21 Question: Et qui avait la fonction du policier de permanence?

22 Réponse: Eh bien, on le faisait tous, on se succédait l'un à l'autre tous

23 les sept jours.

24 Question: Est-ce que l'officier, le policier de permanence, pouvait

25 changer l'ordre donné par le commandant?

Page 11533

1 Réponse: Non, il ne pouvait pas le faire car nous disposions des ordres

2 donnés par écrit et nous savions très exactement ce que tout le monde

3 devait faire.

4 Question: Est-ce que le policier de permanence pouvait sanctionner un

5 membre du département ou lui donner un quelconque ordre?

6 Réponse: Il ne pouvait pas sanctionner, il ne pouvait pas ordonner.

7 Question: Depuis le département du poste de police d'Omarska, vous avez

8 été muté au centre d'enquête d'Omarska?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Comment avez-vous été muté, de quelle manière?

11 Réponse: Le matin à 7 heures, je suis venu pour travailler dans mon équipe

12 au sein de la patrouille et on m'a dit qu'il fallait que j'aille à la

13 mine, au centre d'enquête.

14 Question: Est-ce que quelqu'un vous a accueilli au centre d'enquête

15 d'Omarska?

16 Réponse: Personne ne m'a accueilli, j'y ai trouvé mes collègues avec

17 lesquels j'avais travaillé et ils m'ont dit où je devais trouver mon

18 poste.

19 Question: Quels étaient vos horaires et quels étaient vos devoirs au sein

20 du centre d'enquête d'Omarska?

21 Réponse: Nous avions deux relèves de 12 heures, on se relayait toutes les

22 12 heures, on assurait la sécurité des détenus pour qu'ils ne s'échappent

23 pas.

24 Question: Qui vous a informé de cela?

25 Réponse: C'est Zeljko, peut-être le deuxième ou le troisième jour après

Page 11534

1 cela.

2 Question: Combien d'équipes y avait-il? Je répète ma question, excusez-moi

3 Réponse: Au début, il y avait deux équipes.

4 Question: Après, trois?

5 Réponse: Oui, trois.

6 Question: Dites-nous s'il vous plaît, avec vous, quelles étaient les

7 personnes qui faisaient partie de votre relève pendant qu'il y avait deux

8 relèves, et par la suite pendant qu'il y avait trois relèves.

9 Réponse: Au début, pendant qu'il y avait deux relèves, il y avait moi,

10 "Krle", Kos, Mlado Radic et d'autres collègues, Radojica, donc on était

11 nombreux.

12 Question: Lorsque vous avez constitué trois relèves, qui était avec vous

13 dans l'équipe?

14 Réponse: Krle et moi, on est restés dans une équipe et Mlado Radic est

15 allé dans une autre équipe.

16 Question: Est-ce que l'on vous a dit combien de temps ce centre

17 d'instruction allait durer? Et si oui, qui l'a fait?

18 Réponse: Cela nous avait été dit par Zeljko, il nous avait dit que cela

19 allait durer dix à quinze jours en attendant de voir qui allait participer

20 à l'attaque contre Prijedor, qui avait les armes, qui avait organisé la

21 chose, qui en avait la responsabilité, ainsi de suite.

22 Question: Pouvez-vous nous dire, en sus des effectifs de sécurité ou des

23 gardiens, comme vous les appelez vous-même, y avait-il d'autres groupes,

24 services qui fonctionnaient au sein de ce centre d'enquête d'Omarska?

25 Réponse: Il y avait les enquêteurs, le personnel technique, la Défense

Page 11535

1 territoriale, un groupe qui était chargé de répartir les gardiens, des

2 femmes de ménage.

3 Question: Y avait-il des gens de Banja Luka?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Si oui, pouvez-vous nous dire quel avait été leur rôle?

6 Réponse: Ils se trouvaient là-bas. Je ne sais pas quel avait été leur rôle

7 mais ils se trouvaient là. Je ne sais pas.

8 Question: Etaient-ils chargés de sécuriser quoi que ce soit, ou avaient-

9 ils travaillé avec quelqu'un d'autre?

10 Réponse: Eh bien, ils travaillaient au niveau de la cantine, au niveau du

11 commandement, là où il y avait le poste de l'homme de permanence, et je ne

12 sais pas moi-même ce qu'ils faisaient, ils ne sont pas restés très

13 longtemps.

14 Question: Qui emmenait les détenus pour les interrogatoires?

15 Réponse: Il y avait un groupe particulier de gens qui le faisaient, ils

16 venaient avec les enquêteurs et ils repartaient avec les enquêteurs, ils

17 n'étaient pas gardiens, ils avaient des horaires de travail à part et ils

18 n'étaient pas avec nous.

19 Question: Est-ce que cela s'est constitué ainsi depuis le début, ou bien

20 quand est-ce que l'on a constitué ce groupe particulier? Est-ce que quand

21 vous êtes venu, il était là où ils sont venus par la suite?

22 Réponse: Je crois que c'était quatre ou cinq jours après l'arrivée des

23 gens de Banja Luka, autant que je puisse m'en souvenir.

24 Question: Avez-vous été de permanence au centre d'instruction peut-être?

25 Réponse: Je l'ai été une fois, peut-être vers le tout début.

Page 11536

1 Question: Connaissez-vous Drago Prcac?

2 Réponse: Oui. (Hors micro.)

3 Question: Est-ce que Dragoljub Prcac était votre supérieur?

4 Réponse: Non.

5 Question: Pouvait-il vous donner des ordres ou vous punir?

6 Réponse: Il ne pouvait ni nous donner des ordres ni nous punir.

7 Question: Est-ce que vous savez nous dire quand est-ce que Drago Prcac est

8 arrivé au centre d'instruction d'Omarska?

9 Réponse: Je crois que c'était vers la mi-juillet. Je crois que c'était au

10 bout d'un mois et demi après sa mise en place.

11 Question: Savez-vous nous dire quand est-ce que Dragoljub Prcac a cessé de

12 travailler au centre d'instruction d'Omarska?

13 Réponse: Vers le mois d'août, j'étais venu dans ma relève pour travailler

14 comme d'habitude, et j'ai vu que certains détenus n'étaient plus là. Il

15 devait rester un tout petit groupe de personnes. Dragoljub ne venait plus

16 et je ne l'ai plus aperçu dans l'enceinte de la mine.

17 Question: Vous nous dites qu'il était resté un petit groupe de personnes.

18 Réponse: Oui.

19 Question: Savez-vous nous dire où était parti le gros des gens?

20 Réponse: Un bon nombre était parti à Manjaca. On disait aussi que certains

21 étaient partis à Trnopolje.

22 Question: Quelles étaient les conditions qui prévalaient dans le centre

23 d'instruction après le départ de ces gens, de ces détenus en direction de

24 Manjaca et quelles avaient été vos attributions? Que faisiez-vous?

25 Réponse: Eh bien, il était resté une centaine, 150 détenus. Ils étaient

Page 11537

1 conscients du fait et nous étions conscients également que cela était

2 fini, qu'ils allaient s'en aller de là. Et il suffisait d'avoir un gardien

3 pour les garder. Les autres gardiens allaient se baigner, aller jouer au

4 football. Nous n'avions pas d'obligation majeure, donc tout était

5 pratiquement terminé, et ils savaient eux aussi qu'ils allaient s'en aller

6 de là.

7 Question: Et à l'époque, Dragoljub Prcac ne se trouvait pas au centre

8 d'instruction?

9 Réponse: Non.

10 Question: Après la fermeture de ce centre d'instruction d'Omarska, où

11 avez-vous été transféré?

12 Réponse: Je suis retourné au poste de département de police d'Omarska.

13 Question: Lorsque vous êtes revenu, ce département de poste de police

14 comptait-il dans ses rangs M. Dragoljub Prcac?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Que faisait-il là-bas? Savez-vous nous le dire?

17 Réponse: Il était technicien en police scientifique. Il allait faire les

18 constats lors des accidents de circulation et autres constats lors

19 d'infractions et ainsi de suite.

20 Question: Savez-vous qui est-ce qui avait donné lecture des listes des

21 détenus, si vous avez été présent ou si vous avez entendu parler de cela

22 lorsque les détenus avaient été transférés à Manjaca? Je voudrais savoir

23 aussi si vous étiez présent lorsqu'on a procédé au transfert des détenus

24 vers le camp de Manjaca?

25 Réponse: Non, je suis venu plus tard dans une autre équipe et tout était

Page 11538

1 déjà fait.

2 M. J. Simic (interprétation): Mais savez-vous nous dire qui est-ce qui

3 donnait lecture des listes de gens qui étaient destinés à être transférés

4 ou échangés ou quoi que ce soit?

5 M. Saxon (interprétation): Je fais objection, Monsieur le Président.

6 Si cette question se rapporte à la journée où les détenus ont été

7 transférés vers Manjaca, le témoin a déjà dit qu'il ne se trouvait pas là-

8 bas donc il semblerait que M. Jovan Simic voudrait entendre des

9 spéculations de la part du témoin.

10 M. le Président: Merci, Monsieur Saxon.

11 Maître Jovan Simic, peut-être que vous devriez, si je peux dire,

12 démultiplier votre question. Il y a beaucoup de choses: sélection des

13 échanges, des transferts et après, qui lisait?

14 Reformulez peut-être la question pour séparer, pour démultiplier les

15 questions, et précisez bien les dates, s'il vous plaît.

16 M. J. Simic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

17 Savez-vous nous dire qui est-ce qui donnait lecture des listes de détenus

18 qui devaient être transférés à Trnopolje?

19 M. Jasnic (interprétation): Pour ce qui est de la lecture des listes, je

20 n'étais pas présent, mais parmi les collègues gardiens qui étaient là-bas

21 je sais que la lecture était faite d'après ce que Zeljko m'avait dit, que

22 la lecture avait été faite de listes confiées par les enquêteurs. Mais

23 moi, je ne me trouvais pas là-bas à l'époque.

24 Question: Une autre question. Avez-vous donné lecture de quelque liste que

25 ce soit?

Page 11539

1 Réponse: Non, je n'ai jamais été présent lorsqu'il a été donné lecture de

2 ces listes-là.

3 M. J. Simic (interprétation): Je vous remercie. Monsieur le Président, je

4 n'ai plus de questions.

5 M. le Président: Oui, Maître Nikolic?

6 M. Nikolic (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président, Madame et

7 Monsieur les Juges.

8 La défense de M. Milojica Kos, avec votre permission, souhaiterait poser

9 quelques questions au témoin ici présent.

10 M. le Président: Oui. Allez-y, Maître Nikolic, s'il vous plaît.

11 (Interrogatoire principal du témoin, M. Milenko Jasnic, par Me Nikolic.)

12 M. Nikolic (interprétation): Je vous remercie.

13 Bonjour, Monsieur Jasnic.

14 M. Jasnic (interprétation): Bonjour.

15 Question: Je voudrais vous poser quelques questions. Connaissez-vous une

16 personne répondant au nom de Milojica Kos?

17 Réponse: Oui.

18 Question: Le connaissiez-vous avant les conflits armés dans la

19 municipalité de Prijedor?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Savez-vous nous dire ce que Milojica Kos faisait avant la

22 guerre?

23 Réponse: Milojica avait travaillé dans l'hôtellerie. Il avait notamment

24 travaillé comme garçon de café dans des restaurants, et c'est de là que je

25 le connaissais.

Page 11540

1 Question: Et au centre d'instruction d'Omarska, avez-vous travaillé avec

2 M. Milojica Kos?

3 Réponse: Oui, Milojica et moi avons travaillé ensemble.

4 Question: Pouvez-vous me dire ce que Milojica Kos faisait au centre

5 d'instruction?

6 Réponse: Il était gardien comme moi.

7 Question: Monsieur Jasnic, d'après ce que vous en savez est-ce que

8 Milojica Kos avait des attributions pour ce qui était de donner des ordres

9 à qui que ce soit au sein du centre d'instruction?

10 Réponse: Milojica ne m'a jamais donné d'ordre pour ce qui me concerne, et

11 je pense qu'il ne pouvait rien ordonner à qui que ce soit parce qu'il

12 était un gardien comme nous.

13 Question: Merci. D'après ce que vous en savez, Monsieur Jasnic, M.

14 Milojica Kos dans ce centre d'instruction avait-il quelque subordonné que

15 ce soit?

16 Réponse: Non.

17 M. Nikolic (interprétation): Je vous remercie.

18 Je vous remercie également, Monsieur le Président. Je n'ai plus de

19 questions pour ce témoin.

20 M. le Président: Merci, Maître Nikolic.

21 Est-ce qu'il a d'autres conseils qui veulent poser des questions? Je ne

22 vois personne, donc cela veut dire non.

23 Monsieur Saxon, s'il vous plaît, vous avez la parole pour le contre-

24 interrogatoire.

25 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Milenko Jasnic, par M. Saxon.)

Page 11541

1 M. Saxon (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

2 Monsieur Jasnic, je me proposais de commencer par la fin de votre

3 interrogatoire principal.

4 Vous avez dit tout d'abord que vous n'avez jamais été physiquement présent

5 lorsque les détenus avaient été transférés vers Trnopolje, mais vous avez

6 dit que les autres gardiens qui étaient présents vous avaient dit que

7 n'importe qui pouvait donner lecture de ces listes et qu'en fait, il

8 s'agissait d'instructions émanant de Zeljko, et la personne les ayant

9 reçues donnait lecture de ces listes. Et cela pouvait être des

10 inspecteurs.

11 Quand vous parlez de Zeljko, vous parlez de Zeljko Mejakic, n'est-ce pas?

12 M. Jasnic (interprétation): Oui, je parlais de Zeljko Mejakic qui était

13 chef de ce département du poste de police.

14 Question: Fort bien. Pour que les choses soient tout à fait claires, il y

15 a eu des occasions où Zeljko Mejakic donnait des instructions aux

16 inspecteurs.

17 Réponse: Je n'étais pas présent.

18 Question: Mais vous en avez entendu parler, c'est ce que vous avez dit et

19 je puis vous donner lecture de ce que vous venez de nous dire dans votre

20 témoignage.

21 Réponse: Si vous pouvez le faire, donnez-moi lecture.

22 Question: Vous avez témoigné et dit que les gardiens vous avez rapporté

23 que lorsque Zeljko donnait des instructions de donner lecture de listes,

24 cela pouvait être fait par quiconque; et vous avez dit que cela pouvait

25 être l'un des inspecteurs. Ma question à votre intention est celle de

Page 11542

1 savoir si Zeljko Mejakic pouvait donner des instructions aux inspecteurs?

2 Réponse: Non, moi j'ai dit que les inspecteurs pouvaient donner des listes

3 ou alors Zeljko pouvait le faire.

4 M. Saxon (interprétation): Monsieur Jasnic, vous n'avez pas répondu à ma

5 question. Je vous prie de répondre à la question que je vous ai posée;

6 vous êtes ici sous serment.

7 M. le Président: Maître Jovan Simic?

8 M. J. Simic (interprétation): Monsieur le Président, mon éminent collègue

9 insiste sur une chose, et le témoin vient justement de nous clarifier la

10 chose. Je ne sais pas s'il s'agit d'une question de traduction ou pas.

11 Il avait dit que "ce n'était pas Mejakic à l'intention des enquêteurs",

12 mais "Mejakic et les inspecteurs". Donc je ne vois ce qu'il a à confirmer,

13 il a été déjà suffisamment clair.

14 M. le Président: Monsieur Saxon?

15 M. Saxon (interprétation): C'est une chose que M. Jovan Simic pourrait

16 clarifier lors des questions supplémentaires, mais j'insiste sur la chose

17 étant donné que je n'ai pas reçu de réponse à ma question. Et ma question

18 avait été la suivante.

19 Monsieur Jasnic, je vous prie de me répondre à la question que j'ai posée,

20 à savoir si Zeljko Mejakic pouvait donner des instructions aux inspecteurs

21 travaillant dans le camp d'Omarska?

22 Réponse: Non.

23 Question: Donc vous retirez, vous reniez ce que vous avez dit tout à

24 l'heure dans l'interrogatoire principal?

25 M. le Président: Ne sautez pas sur la conclusion. Vous voulez avoir dans

Page 11543

1 le compte rendu qu'il enlève ce qu'il a dit avant, c'est cela?

2 M. Saxon (interprétation): Ok. Je vais passer à autre chose, Monsieur le

3 Président.

4 Vous avez dit qu'en août, bon nombre de détenus avaient été transférés

5 vers Manjaca et que quelque 150 détenus étaient restés. Ai-je bien compris

6 que dans cette période-là, donc au mois d'août, lorsque ces 150 détenus

7 étaient restés là-bas, vous étiez resté travailler au camp d'Omarska?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Y avait-il des femmes dans ce groupe de quelque 150 détenus?

10 Réponse: Pour autant que je m'en souvienne, non.

11 Question: Je vais essayer de rafraîchir votre mémoire.

12 Le témoin sous le pseudonyme AT a dit, dans ce prétoire, que 5 femmes

13 étaient restées après le 6 août. Le témoin B a confirmé cela dans son

14 témoignage. D'après leurs dires, trois de ces femmes, Rajra Rajic, Velida

15 Mahmuljinet et Beserovic faisaient partie de ce groupe de ces cinq femmes,

16 et vous êtes en train de nous dire que vous n'avez jamais vu ce groupe de

17 cinq femmes après le 6 août à Omarska?

18 Réponse: Je ne me souviens pas du tout qu'il y avait eu des femmes. Je ne

19 m'en souviens pas. Il s'est passé beaucoup de temps depuis.

20 Question: Entretenons-nous à ce sujet. Vous avez témoigné et dit que Drago

21 Prcac était venu vers la mi-juillet 1992, cela s'est passé il y a

22 longtemps, il y a très longtemps de cela. Comment se fait-il que vous vous

23 en souveniez?

24 Réponse: Je ne suis pas tout à fait certain mais je crois me souvenir que

25 c'était vers la moitié, au bout d'un mois, un mois et demi.

Page 11544

1 Question: Vous n'êtes donc pas sûr de la date de l'arrivée de Dragoljub

2 Prcac au camp?

3 Réponse: A peu près. C'était approximativement vers la mi-juin, cinq ou

4 six jours avant ou après.

5 Question: Pour que les choses soient donc claires: avez-vous dit "mi-juin"

6 ou "mi-juillet" pour le compte rendu d'audience?

7 Réponse: Mi-juillet.

8 Question: Est-ce que Dragoljub Prcac a remplacé quelqu'un lorsqu'il est

9 venu travailler au camp d'Omarska?

10 Réponse: Non.

11 Question: Monsieur Jasnic, avez-vous travaillé comme garde forestier?

12 Réponse: En 1994.

13 Question: En 1994?

14 Réponse: Oui. J'ai commencé à travailler vers le 5 mai 1994 en qualité de

15 garde forestier.

16 Question: Et avant le début des conflits armés en 1992, avez-vous jamais

17 fait une sorte de formation ou d'apprentissage dans cette profession de

18 garde forestier?

19 Réponse: J'ai terminé des études secondaires en matière des forêts et j'ai

20 été diplômé à Prijedor en 1988.

21 Question: Quand vous travaillez au camp d'Omarska, portiez-vous des

22 moustaches?

23 Réponse: Non je n'ai jamais porté de moustaches.

24 Question: Dans votre langue, le terme utilisé pour garde forestier, c'est

25 "Lugar"?

Page 11545

1 Réponse: Non je suis technicien en sylviculture alors que "Lugar" c'est

2 quelque chose nécessitant une formation inférieure. Pour ce que je

3 faisais, il fallait 4 ans d'études secondaires alors que pour un garde

4 forestier véritable il en fallait 3 seulement.

5 Question: Fort bien. Mais ce terme "Lugar", dans votre langue, indique

6 qu'il s'agit d'une personne travaillant dans les forêts, n'est-ce pas?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Lorsque vous travailliez dans le camp d'Omarska dans le courant

9 de l'année 1992, est-ce qu'on vous connaissait sous le pseudonyme ou le

10 surnom de "Lugar"?

11 Réponse: Non, je ne travaillais pas du tout dans la sylviculture, ce n'est

12 qu'en mai 1994 que j'ai commencé à exercer cette profession.

13 Question: Le surnom de "Sumar"?

14 Réponse: Maintenant on m'appelle "Sumar", mais depuis le moment où j'ai

15 commencé à travailler en matière de sylviculture, donc depuis 1994.

16 Question: Mais pas pendant le temps où vous travailliez au camp d'Omarska,

17 n'est-ce pas?

18 Réponse: Personne ne savait quel type de formation secondaire j'avais eue

19 avant que j'ai commencé à faire ce métier.

20 Question: Vous aviez parlé des rôles, des fonctions du policier de

21 service, vous avez dit qu'il ne pouvait modifier les ordres du commandant,

22 qu'il ne pouvait punir d'autres collègues.

23 Dragoljub Prcac a eu une interview avec le Bureau du Procureur, et ses

24 déclarations sont versées au dossier comme élément de preuve ou pièce à

25 conviction 3/167. A la page 39 de la version anglaise de cette interview,

Page 11546

1 il nous parle des policiers de permanence, dans cette pièce de permanence,

2 car les gens qui étaient dans cette pièce destinée aux permanences étaient

3 considérés comme étant des policiers de permanence.

4 Réponse: Le policier de permanence était là, à côté du téléphone, et il

5 était chargé de répondre aux appels téléphoniques.

6 Question: C'est ce que Dragoljub Prcac nous a dit concernant les personnes

7 qui étaient de permanence. En page 39, il dit, je cite: "Seuls les

8 professionnels chevronnés et plus âgés pouvaient être chargés de ces

9 tâches-là. Ils se trouvaient dans la pièce destinée aux permanences et

10 c'était à eux de résoudre certains problèmes lorsque Mejakic n'était pas

11 là".

12 La pratique au poste de police était, consistait à ce que M. Prcac se

13 trouvait être en charge, ou plutôt le policier de permanence était censé

14 intervenir au nom de Zeljko Mejakic lorsque Mejakic était absent.

15 Seriez-vous d'accord pour la façon dont M. Prcac a décrit le rôle d'un

16 policier de permanence?

17 Réponse: Le policier de permanence était là pour répondre aux appels

18 téléphoniques, et s'il y a des plaintes de citoyens, en prendre note.

19 Etant donné que Zeljko avait déjà tapé des ordres pour que chaque personne

20 ou chaque patrouille ou équipe devait faire, nous connaissions nos

21 instructions. L'officier de permanence était supposé se conformer à ces

22 ordres.

23 Question: Donc il y avait des ordres. Des ordres de la part de qui? Quelle

24 était la nature des ordres que l'officier de permanence était censé

25 distribuer?

Page 11547

1 Réponse: Non il ne donnait pas d'ordre. Zeljko avait rédigé des ordres et

2 ces ordres figuraient sur le bureau. Et quand on venait en équipe, nous

3 étions à trois, on pouvait lire les instructions.

4 M. J. Simic (interprétation): Je m'excuse, Monsieur le Président, il ne

5 s'agit pas d'une objection.

6 La défense ne comprend pas: Est-ce que M. Saxon est en train de parler du

7 centre d'instruction ou du département du poste de police à présent? Il

8 faudrait que les questions soient plus précises afin que nous sachions de

9 quel endroit il est en train de parler.

10 M. Jasnic (interprétation): Moi, j'ai compris qu'il parlait du département

11 du poste de police.

12 M. le Président: Voilà, Maître Jovan Simic, vous avez posé une question

13 qu'à la fin le témoin a éclaircie. Vous pouvez toujours éclaircir ces

14 questions dans les questions supplémentaires. Moi-même j'avais un doute,

15 mais au lieu d'interrompre pour demander, j'attendais mon tour: si

16 personne ne lui posait cette question, j'allais la lui poser.

17 M. J. Simic (interprétation): Je sais Monsieur le Président, mais il

18 s'agit d'un témoin de la défense et cela doit figurer au compte rendu

19 d'audience.

20 M. le Président: Très bien. C'est le moment d'éclaircir, nous sommes

21 d'accord que c'est nécessaire. A mon avis, il est nécessaire mais il y a

22 un moment pour le faire.

23 Monsieur Saxon pose ses questions. S'il y a un problème que vous devez

24 éclaircir, vous allez avoir l'opportunité! Moi-même j'attendais mon

25 opportunité.

Page 11548

1 Continuez, Monsieur Saxon, s'il vous plaît, après avoir entendu cela. Vous

2 savez, il y a toujours un poste de police à Omarska et un centre

3 d'enquêtes à Omarska. Allez-y.

4 M. Saxon (interprétation): Merci, Monsieur le Président, je souhaiterais

5 préciser, pour le compte rendu d'audience, que cela n'a jamais été mon

6 intention de manipuler ce témoin. Je remercie Me Jovan Simic de son

7 observation.

8 Pour être plus précis, Monsieur Jasnic, vous avez entendu l'extrait dont

9 j'ai donné lecture de ce qu'a dit Dragoljub Prcac dans le cadre de son

10 interrogatoire au sujet du rôle de l'officier de permanence.

11 Je parle justement du rôle de cet officier au camp d'Omarska ou, comme

12 vous l'avez appelé, au centre d'enquête d'Omarska.

13 Monsieur Prcac nous a dit que l'officier de permanence agissait au nom de

14 Zeljko Mejakic, mais je vous prie de m'excuser, je souhaiterais que le

15 compte rendu d'audience soit extrêmement précis. Dans le passage dont j'ai

16 donné lecture, M. Prcac faisait référence au département de police

17 d'Omarska, il convient que cela soit bien clair.

18 Quand il parlait du département de police d'Omarska, M. Prcac disait que

19 l'on agissait au nom du commandant de ce service, de ce département qui a

20 l'époque, en 1992, était Zeljko Mejakic.

21 Est-ce que vous nous dites, Monsieur, que lorsque le département de police

22 d'Omarska a été transféré au centre d'enquête d'Omarska à la mine, est-ce

23 que vous nous dites donc, dans le cadre de votre témoignage, que cette

24 pratique ne s'est pas poursuivie?

25 Réponse: Si le même système de travail a continué à exister, s'est

Page 11549

1 appliqué au centre d'enquête.

2 Question: Est-ce que les officiers de permanence transmettaient les

3 ordres, les officiers de permanence du centre d'enquête est-ce qu'ils

4 transmettaient les ordres du commandant aux autres membres du personnel du

5 camp d'Omarska?

6 Réponse: Je ne vois pas bien de quel type d'instruction il pourrait

7 s'agir, nous avions des postes de permanence, il y avait des postes de

8 garde, il n'était pas nécessaire de recevoir des instructions

9 supplémentaires et précises. L'officier de permanence était juste là pour

10 répondre au téléphone.

11 Question: Le rôle de l'officier de permanence était de rester là assis

12 toute la journée et de répondre au téléphone, bien que d'après M. Prcac la

13 personne qui se trouvait généralement dans la salle de permanence de la

14 police était généralement la personne qui avait le plus d'expérience qui

15 était là, qui était la plus professionnelle, c'est ce que vous nous dites

16 donc?

17 Réponse: Non cela pouvait changer, ce n'était pas très important cela

18 pouvait être n'importe qui.

19 Question: Vous nous avez parlé d'un monsieur de Banja Luka qui travaillait

20 au camp d'Omarska et qui est resté là pendant une période de temps assez

21 brève. Est-ce que vous pouvez être un peu plus précis? Est-ce que vous

22 pouvez nous dire pendant combien de temps exactement les hommes de Banja

23 Luka ont travaillé au camp d'Omarska?

24 Réponse: Autant que je m'en souvienne, je pense qu'ils sont venus pour

25 cinq jours après le début du centre de rassemblement et ensuite ils sont

Page 11550

1 restés 10 à 15 jours. Ils disposaient de leur propre véhicule de service,

2 ils portaient des types d'uniforme de camouflage que je n'avais jamais vu

3 précédemment et ils travaillaient de leur propre chef, indépendamment.

4 Question: Je n'ai plus de questions Monsieur le Président.

5 M. le Président: Merci Monsieur Saxon et merci pour les 5 minutes.

6 Avez-vous des questions supplémentaires M. Jovan Simic?

7 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Jasnic Milenko, par

8 Me Jovan Simic.)

9 M. Jovan Simic (interprétation): Simplement une question, pour que les

10 choses soient extrêmement claires. Je crois qu'en effet il y a une erreur

11 que je vais essayer de corriger.

12 Après que M. Dragoljub Prcac a quitté le centre d'enquête pour se rendre

13 au département de la police, qu'est-ce qu'il a fait exactement?

14 M. Jasnic (interprétation): Eh bien, il allait dresser des constats sur

15 place après des accidents de la circulation, des cambriolages etc.

16 Question: Donc il travaillait comme enquêteur de la police scientifique?

17 Réponse: Oui.

18 M. J. Simic (interprétation): Je n'ai plus de questions.

19 M. le Président: Merci.

20 Monsieur le Juge Riad, des questions? Madame la Juge Wald?

21 Mme Wald (interprétation): J'ai quelques questions. Vous nous avez dit au

22 début qu'il y avait donc deux équipes et qu'ensuite à Omarska il y avait

23 trois équipes. Vous nous avez dit que quand on est passés à trois équipes,

24 M. Kos, M. Radic et vous-mêmes, ou plutôt quand il avait deux équipes,

25 Kos, Radic et vous-mêmes étiez dans la même équipe et que plus tard quand

Page 11551

1 on est passés à trois équipes M. Radic était dans l'une des équipes et

2 vous-mêmes et M. Kos étiez dans l'autre. Il me semble que c'est ce que

3 vous nous avez dit.

4 Ma question est la suivante: vous n'avez pas parlé de M. Kvocka, est-ce

5 que vous le connaissiez? Est-ce que vous avez eu des contacts avec lui au

6 camp et si c'est le cas est-ce qu'il faisait partie d'une de ces équipes?

7 Réponse: J'ai vu Kvocka tout au début. Il était là, je ne sais pas

8 qu'elles étaient ses fonctions précises, je ne sais pas ce qu'il faisait

9 mais il était présent, il n'avait pas d'autorité particulière, il ne

10 donnait aucun ordre.

11 Question: Oui mais moi, simplement ce que je voulais demander c'est s'il

12 faisait partie de l'une de ces équipes puisque vous nous avez parlé de

13 certaines personnes qui appartenaient à ces équipes. Je voudrais savoir si

14 lui il appartenait à l'une ou l'autre de ces deux ou trois équipes qui

15 existaient pendant que vous étiez vous-même là-bas?

16 Réponse: Eh bien, il était présent, je ne sais pas. Parfois il venait avec

17 nous, parfois il partait avec nous. Il était là quand on se passait les

18 consignes entre deux équipes, je ne sais pas exactement ce qu'il faisait

19 là-bas, il ne m'a jamais donné d'ordre personnellement mais il était là.

20 Question: Vous êtes en train de nous dire que vous ne savez pas quelles

21 étaient ses fonctions?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Quand vous étiez là-bas, au même moment où M. Prcac je voudrais

24 savoir si lui appartenait à une des équipes?

25 Réponse: Eh bien, M. Dragoljub, il venait et il partait avec nous en

Page 11552

1 autocar, en bus.

2 Question: Oui, mais il semble que vous sachiez très précisément qui était

3 dans quelle équipe. Vous savez que M. Radic et M. Kos parfois étaient avec

4 vous et parfois non. Donc je me demandais s'il en allait de même de M.

5 Prcac, s'il lui est arrivé d'être dans la même équipe que vous et s'il

6 n'avait pas les mêmes fonctions que vous, que M. Kos et que M. Radic, est-

7 ce que vous pouvez nous dire, est-ce que vous savez ce qu'il faisait lui

8 au camp sur la base de ce que vous avez vu? Qu'est-ce qu'il faisait au

9 camp, quel type d'activité avait-il?

10 Réponse: A plusieurs reprises, je suis allé à la salle de permanence près

11 du téléphone et je l'ai vu, je l'ai vu Dragoljub Prcac qui portait des

12 papiers. Il écrivait des choses, il avait des fonctions administratives,

13 il ne cessait d'écrire.

14 Question: Dernière question maintenant: en dehors des équipes de garde,

15 qui gardait les gardes qui se rendaient au poste de garde, qui

16 transféraient les détenus? Qui avait ce genre d'activité? Je voudrais

17 savoir s'il y avait là-bas des gens qui avaient des fonctions de type

18 administratif c'est-à-dire qui étaient occupés à autre chose qu'à garder

19 des prisonniers, des gens à qui Mejakic disait de faire ceci où cela? Des

20 gens donc qui n'occupaient pas un poste de garde, qui n'étaient pas un

21 poste de garde ou qui ne gardaient par les prisonniers tout le temps?

22 Réponse: A ma connaissance, non.

23 Question: J'essaie de concilier cela avec ce que vous vous venez de nous

24 dire au sujet de M. Prcac, puisque vous nous dites que ce dont vous vous

25 souvenez à son sujet c'est qu'il était une sorte d'employé administratif

Page 11553

1 qui s'occupait des tâches administratives donc lui, n'est-ce pas, il ne

2 gardait pas tout le temps les prisonniers? C'est cela, n'est-ce pas? Il

3 avait d'autres activités en dehors du fait de garder les prisonniers ou au

4 lieu de cela?

5 Réponse: Eh bien, quand je suis allé là-bas je sais qu'il répondait au

6 téléphone, il écrivait. Je sais également qu'il venait et qu'il partait

7 avec nous mais sinon je ne sais pas ce qu'il faisait.

8 Question: Un autre témoin de la défense nous l'a dit, est-ce que vous-même

9 vous avez observé le fait qu'il ait parfois fait des commissions pour

10 Mejakic, c'est-à-dire que Mejakic lui confiait des fonctions précises dans

11 le camp?

12 Réponse: Je ne sais pas, je n'étais pas présent, je ne suis pas au fait de

13 cela. En tout cas, pas en ma présence.

14 M. le Président: Merci beaucoup Madame la Juge Wald.

15 (Questions au témoin, M. Milenko Jasnic, par M. le Président.)

16 Monsieur Jasnic, combien de jours avez-vous passés au total dans le centre

17 d'Omarska?

18 M. Jasnic (interprétation): Vous voulez dire: en tout ou bien, vous voulez

19 parler de mon service? Eh bien, environ trois mois.

20 Question: Vous avez utilisé le mot "équipe", qu'est-ce que vous entendez

21 par là? Qu'est-ce que c'est une équipe, pour vous?

22 Réponse: Nous avions trois équipes. La première, la deuxième et la

23 troisième équipe, c'est ainsi qu'on les désignait. Mon équipe c'était la

24 première équipe, il y avait encore une deuxième équipe et une troisième

25 équipe, si j'ai bien compris votre question, si c'est ce que vous m'avez

Page 11554

1 demandé, Monsieur le Président?

2 Question: La question, c'est de savoir qu'est-ce que c'est pour vous?

3 Pourquoi vous appeliez-vous "équipe"? C'est le nom que vous utilisez pour

4 une réalité. Pourquoi dites-vous qu'il existe une équipe? Il existait

5 trois équipes. Pourquoi vous dites "équipe", vous comprenez?

6 Réponse: Oui, parce que je parlais des trois équipes.

7 (L'interprète: "Shifts" en anglais, "équipes" en français.)

8 Donc des groupes qui étaient chargés d'assurer la sécurité. On travaillait

9 en équipes qui travaillaient pendant 12 heures et ensuite pendant 24

10 heures on était hors service.

11 Question: Il s'agissait d'un groupe chargé d'assurer la sécurité, c'est

12 cela?

13 Réponse: Oui

14 Question: Comment s'organisait l'équipe ou -dit d'une autre façon- ce

15 groupe de personnes? Comment s'organisait ce groupe pour assurer la

16 sécurité?

17 Réponse: Par exemple, quand on arrivait pour se présenter pour prendre

18 notre service, notre groupe, on se réunissait à Omarska, on arrivait en

19 bus au camp, au centre de rassemblement et puis on prenait la relève du

20 groupe précédent. C'est-à-dire qu'il y avait un groupe qui venait de

21 Maricka, l'autre était constitué de personnes qui venaient en bicyclette,

22 en tracteur, en automobile ou en bus. Enfin, il n'y avait pas de règles

23 précises sur la manière dont nous devions nous rendre à notre travail.

24 Question: Quand votre groupe se rassemblait, il se rassemblait pourquoi,

25 pour faire quoi?

Page 11555

1 Réponse: Eh bien, on était censé garder les détenus, les empêcher de

2 s'évader, assurer la sécurité de l'ensemble de la zone.

3 Question: Est-ce que vous vous mettiez d'accord pour savoir si "je vais à

4 ce poste", "je vais à l'autre poste" ou? Qu'est-ce que vous faisiez quand

5 vous rassembliez le groupe, pour discuter de quoi, pour organiser quoi?

6 Réponse: Il n'était pas nécessaire que nous discutions de quoi que ce soit

7 entre nous. Les groupes, les équipes ont été mises en place dès le premier

8 jour; moi, je savais que j'étais dans le hangar et je suis resté dans le

9 hangar pendant toute la période que j'ai passé là.

10 C'est comme quand on se rend à n'importe quel autre travail. J'allais au

11 hangar, j'y restais 12 heures et ensuite, pendant 24 heures, eh bien, je

12 n'étais pas de service.

13 Question: Le premier jour que vous êtes arrivé là, vous dites que vous

14 étiez au hangar; qui vous a dit que vous deviez aller au hangar? Comment

15 êtes-vous arrivé au hangar?

16 Réponse: Je suis arrivé au hangar parce qu'il y avait trois équipes. Et

17 puis on s'était mis d'accord précédemment sur là où l'on irait. On était

18 trois ou quatre par exemple, et on allait au hangar. Puis il y avait un

19 autre groupe de deux ou trois personnes qui allaient à un autre poste.

20 Question: Qui s'est mis d'accord? Qui étaient les personnes qui sont

21 arrivées à cet accord? Qui étaient ces personnes? C'étaient les membres de

22 l'équipe?

23 Réponse: De l'équipe de la relève, nous étions quelque 25. Et quand on a

24 commencé à travailler par relève, donc en trois relèves, parce que nous

25 avions commencé le premier jour, nous avions convenu entre nous, et

Page 11556

1 certains ont préféré aller là-bas et d'autres ailleurs. C'est ainsi que

2 nous sommes restés jusqu'à la fin, jusqu'au départ des détenus pour

3 Manjaca. Par exemple, j'ai tout le temps travaillé au niveau du hangar.

4 Question: Si j'ai bien compris, le premier jour de votre relève ou de

5 votre équipe, vous vous êtes mis d'accord –si je peux dire- pour

6 distribuer les postes de travail, c'est cela que je dois comprendre?

7 Réponse: Quand nous sommes arrivés là-bas en autocar à la mine, il y avait

8 déjà des gardiens qui étaient déjà en poste. Nous nous sommes mis d'accord

9 entre nous et eux, et nous les avons relevés.

10 Question: Est-ce que quelqu'un avait organisé le travail ou c'était

11 spontané de votre côté?

12 Réponse: Tout se faisait spontanément. Par exemple, les gens qui étaient

13 originaires de Gradina, ils venaient là-bas; on commençait à 7 heures, ils

14 prenaient leur poste. Des fois, ils arrivaient avant l'heure ou des fois

15 ils arrivaient un peu en retard. Il n'y avait donc pas une discipline très

16 stricte disant que l'autobus devait arriver à 7 heures pile. Alors, les

17 gens venaient de plusieurs parties de la région.

18 Question: C'est la répartition de l'équipe qui m'intéresse. Par exemple,

19 si trois gardes en même temps voulaient aller au poste de garde du hangar,

20 comment décidiez-vous cette question? Est-ce qu'il est arrivé la situation

21 de plusieurs gardes voulant rester à un seul et même poste de garde?

22 Réponse: Je ne comprends pas très bien. Nous nous sommes répartis le

23 premier jour et nous sommes restés assis tout le temps. Il n'y avait pas

24 plus besoin de se re-répartir, on savait très bien qui allait où.

25 Question: Très bien. Pas de problème, on va revenir.

Page 11557

1 Le premier jour, est-ce qu'il est arrivé par exemple que deux gardes

2 voulaient en même temps le même poste de travail, le même poste de garde?

3 Réponse: Non, cela ne nous est pas arrivé. Nous étions 5 au hangar et il

4 n'y avait que deux portes d'accès qu'il s'agissait de sécuriser. Et nous

5 étions déjà 5. Nous nous relevions entre nous, l'un était assis, l'autre

6 debout, l'autre allait et venait. Il y avait donc, nous étions par exemple

7 3 pour garder une seule porte.

8 Question: Trois pour garder une seule porte, dites-vous?

9 Réponse: Oui, 3 gardes et peut-être 1.000 ou 2.000 détenus.

10 M. le Président: Très bien.

11 Nous n'avons pas d'autre question à vous poser, Témoin Jasnic, donc nous

12 vous remercions beaucoup d'être venu, et nous vous souhaitons bon retour à

13 votre travail.

14 Je vais demander à Monsieur l'huissier de vous accompagner.

15 (Le témoin, M. Milenko Jasnic, est reconduit hors du prétoire.)

16 M. Jasnic (interprétation): Merci, et au revoir.

17 M. le Président: Donc nous allons faire la pause de 50 minutes.

18 (L'audience, suspendue à 12 heures 55, est reprise à 13 heures 55.)

19 (Les accusés sont introduits dans le prétoire.)

20 M. le Président: (S'adressant aux accusés.) Veuillez-vous asseoir, s'il

21 vous plaît.

22 Maître Jovan Simic, maintenant nous allons avoir Obrad Popovic?

23 M. J. Simic (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

24 M. le Président: Les papiers sont bien organisés, ils fonctionnent

25 vraiment.

Page 11558

1 (Le témoin, M. Obrad Popovic, est introduit dans le prétoire.)

2 M. le Président: Bonjour, Monsieur Popovic. Vous m'entendez?

3 M. Popovic (interprétation): Oui, bonjour. J'entends.

4 M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que M.

5 l'huissier va vous tendre.

6 M. Popovic (interprétation): Je vais prendre mes lunettes. Je déclare

7 solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la

8 vérité.

9 M. le Président: Veuillez-vous asseoir.

10 Peut-être que M. l'huissier va vous aider à ajuster vos écouteurs? Peut-

11 être. Je ne sais pas, s'il a vu cela. D'accord. Oui, merci beaucoup d'être

12 venu.

13 Maintenant, vous allez répondre aux questions que Me Jovan Simic va vous

14 poser.

15 Maître Jovan Simic, vous avez la parole, s'il vous plaît.

16 (Interrogatoire principal du témoin, M. Obrad Popovic, par Me Jovan

17 Simic.)

18 M. J. Simic (interprétation): Bonjour.

19 M. Popovic (interprétation): Bonjour.

20 Question: Pour le compte-rendu d'audience, dites-nous d'abord, s'il vous

21 plaît, vos nom et prénom?

22 Réponse: Obrad Popovic, fils de Djordje.

23 Question: Où êtes-vous né et quand?

24 Réponse: Le 10 juin 1939, à Omarska.

25 Question: Etes-vous marié? Avez-vous des enfants?

Page 11559

1 Réponse: Je suis marié, j'ai une épouse et quatre enfants.

2 Question: Quel est votre métier maintenant?

3 Réponse: Retraité.

4 Question: Au moment du début des conflits dans la municipalité de

5 Prijedor, c'est-à-dire avril-mai 1992, étiez-vous à la retraite à

6 l'époque?

7 Réponse: Non, j'étais soumis à l'obligation de travail.

8 Question: Et où étiez-vous affecté?

9 Réponse: A 150 mètres du centre d'enquête, c'est là que se trouvait mon

10 poste.

11 Question: Donc vous travailliez?

12 Réponse: En tant que porteur, gardien à la sécurité de la mine d'Omarska.

13 Question: Est-ce que c'est Zeljko Mejakic qui était votre commandant?

14 Réponse: Non, il n'était pas mon commandant mais il ne me permettait pas

15 de me déplacer à gauche et à droite la nuit pendant l'existence du centre

16 d'enquête.

17 Question: Qui était votre supérieur?

18 Réponse: C'était le directeur Dusko.

19 Question: Combien d'entrées est-ce qu'il y a dans le complexe?

20 Réponse: Eh bien, il y a trois portes. Et il y avait une porte qui n'avait

21 pas de clôture. Juste la porte à laquelle moi je me trouvais, il y avait

22 une clôture.

23 Question: Veuillez ralentir, s'il vous plaît, pour les interprètes parce

24 qu'ils ont du mal à vous suivre.

25 Réponse: Très bien. Donc j'étais à la porte. Il y avait trois portes: une

Page 11560

1 se trouvait auprès de moi, la deuxième c'était la porte principale, et la

2 troisième à "Mamuza", donc il y en avait trois.

3 Question: Connaissez-vous Drago Prcac?

4 Réponse: Oui, je le connais depuis l'enfance.

5 Question: Dragoljub Prcac venait-il au centre d'enquête dès le début de sa

6 création?

7 Réponse: Non.

8 Question: Pourriez-vous nous dire, approximativement, quand a-t-il

9 commencé à venir?

10 Réponse: Après la fête de Saint-Pierre, je ne me souviens pas de la date

11 mais c'était après cette fête.

12 Question: Est-ce que vous savez combien de temps Drago Prcac a passé au

13 centre d'enquête? Quand avez-vous cessé de le voir?

14 Réponse: Eh bien, il y a passé 15, 20 jours. Après, je ne le voyais plus.

15 Question: Très bien. Monsieur Popovic, pourriez-vous nous dire si vous

16 avez assisté à une conversation entre Drago Prcac et Simo Drljaca?

17 Réponse: Oui.

18 Question: Pourriez-vous nous dire lentement, s'il vous plaît, ce que vous

19 avez vu et entendu à ce moment-là?

20 Réponse: Je vais expliquer. Le premier matin, lorsque Drago Prcac est venu

21 au centre d'enquête à Omarska, puisque c'était mon voisin et que nous

22 avons grandi ensemble, je lui ai dit de venir à la porte auprès de

23 laquelle je me trouvais. Et je lui ai demandé pourquoi il s'y trouvait

24 puisqu'il avait pris sa retraite. "Je suis venu ici contre mon gré, par la

25 force. Je ne souhaitais pas le faire".

Page 11561

1 Question: Je n'ai pas compris. Qui?

2 Réponse: C'est Dragoljub qui me l'a dit qu'il est venu là contre son gré.

3 Et ensuite, je lui ai dit… A peine dix minutes plus tard, Simo Drljaca est

4 venu en voiture. Il était en colère et il lui a dit de sortir de l'endroit

5 où il se trouvait à l'accueil près de la porte. Je ne sais pas pourquoi il

6 était en colère mais je l'ai vu, et il est sorti, j'ai vu que c'était

7 difficile pour lui.

8 Simo était à une distance de 20 à 30 mètres par rapport à moi. J'ai

9 entendu lorsque Simo a mentionné ses enfants et son appartement, mais je

10 n'ai pas tout compris. Ensuite j'ai dit à mon voisin, Drago Prcac: "Mais

11 qu'est-ce qu'il t'a dit ce Simo?" Il m'a dit: "Ecoute, il m'a dit qu'il

12 allait tuer mes deux fils et qu'il allait soit m'expulser de mon

13 appartement soit le mettre en feu si je ne reste pas au centre d'enquête."

14 Ensuite il s'est éloigné un peu, je ne le voyais plus d'aussi près. Il

15 était toujours assis dans son bureau par la suite.

16 Question: Vous et Drago Prcac vous êtes des voisins?

17 Réponse: Oui, des voisins. Nos deux maisons se trouvent à une distance

18 d'environ 400 mètres.

19 Question: Et si je vois bien, vous avez à peu près le même âge?

20 Réponse: Pas vraiment, mais à peu près oui. Nous nous connaissons depuis

21 l'enfance. Nous avons grandi ensemble. Je connais sa famille, c'est une

22 famille honnête, Nedzo et son père, je les connais, ce sont des gens

23 honnêtes.

24 Question: Pourriez-vous nous dire à quoi ressemblait la situation

25 financière de la famille M. Prcac?

Page 11562

1 Réponse: Pour autant que je le sache, Dragoljub n'a jamais conduit de

2 voiture puisqu'il n'était pas en position de l'acheter.

3 Question: Etait-il aisé ou pauvre?

4 Réponse: C'était une famille de pauvre. Dragoljub travaillait là où il

5 travaillait, il n'avait que son appartement et la maison de son père, 8

6 mètres sur 4.

7 Question: Et de quoi parlez-vous lorsque vous parlez de cette maison?

8 Réponse: Eh bien, je parle d'une maison, une maisonnette faite de bois,

9 avec des piliers en bois entre lesquels on a placé des briques.

10 Question: Que pouvez-vous dire sur Drago Prcac en tant que voisin?

11 Réponse: Je ne peux dire que les meilleures choses, tout comme toutes les

12 personnes honnêtes ne pourraient dire que les meilleures choses sur lui.

13 Question: Est-ce que vous pouvez expliquer cela?

14 Réponse: C'est quelqu'un d'honnête, qui travaille dur. Il avait des

15 moutons et des porcs pendant la guerre, et nous avons tous survécu grâce à

16 lui parce que nous ne recevions pas vraiment de salaire.

17 M. J. Simic (interprétation): Merci Monsieur le Président, nous n'avons

18 plus de questions pour ce témoin.

19 M. le Président: Du côté du Procureur, qui va poser les questions?

20 Monsieur Saxon?

21 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Obrad Popovic, par M. Saxon.)

22 M. Saxon (interprétation): Je ne sais pas si d'autres conseils de la

23 défense souhaitent interroger ce témoin?

24 M. le Président: Je crois que non. Nous suivons un peu la règle, si

25 quelqu'un le veut, il doit se lever et le demander. Je vois qu'il n'y a

Page 11563

1 personne qui veut.

2 Vous pouvez, vous étiez en train d'avoir un peu de temps, Monsieur Saxon?

3 Non, je ne dis pas cela, je dis si M. Saxon était en train de trouver un

4 peu plus de temps?

5 M. Saxon (interprétation): Je vais certainement faire de mon mieux afin de

6 disposer du temps de manière économique.

7 Pouvez-vous nous expliquer une chose: vous avez dit que votre travail à

8 l'entrée d'Omarska, du centre d'enquête d'Omarska, était celui de portier,

9 est-ce que vous pouvez nous dire quel est le travail du portier, ou quel

10 était votre travail à l'époque?

11 M. Popovic (interprétation): C'est exact. Simplement je gardais les

12 bâtiments et rien d'autre. Après je n'ai plus eu le droit de me déplacer

13 beaucoup à travers le centre d'enquête.

14 Question: Est-ce que vous étiez censé rester à la porte principale?

15 Réponse: J'étais toujours auprès de cette porte, cette entrée. J'avais mon

16 bureau là-bas.

17 Question: Est-ce que vous étiez la personne ou l'une des personnes…

18 Réponse: Oui.

19 Question: Permettez-moi de terminer ma question: étiez-vous la personne

20 qui se trouvait à l'entrée et qui vérifiait ou bien fournissait la

21 permission aux personnes qui souhaitaient entrer au complexe d'Omarska?

22 Est-ce que c'était cela votre travail?

23 Réponse: Cela l'était mais au moment où le centre d'enquête a été créé,

24 nous avons reçu les instructions selon lesquelles, s'agissant de la police

25 et des militaires, nous ne devions pas leur demander de permis pour qu'ils

Page 11564

1 entrent.

2 Question: Si j'ai donc bien compris, les policiers et les militaires

3 pouvaient entrer au complexe d'Omarska à tout moment sans montrer quelque

4 autorisation que ce soit, est-ce exact?

5 Réponse: C'est exact.

6 Question: Et qu'en est-il des civils? Est-ce que les civils pouvaient

7 entrer dans l'enceinte du centre sans montrer une autorisation ou bien

8 est-ce que vous leur posiez les questions de savoir ce qu'ils souhaitaient

9 faire?

10 Réponse: Les civils ne pouvaient pas entrer, mais, de l'autre côté, ils

11 pouvaient le faire autant qu'ils le souhaitaient puisqu'il n'y avait pas

12 de clôture de l'autre côté.

13 Question: Monsieur Popovic, est-ce qu'il y a eu des situations lors

14 desquelles des civils, qui n'avaient pas d'autorisation d'entrer dans le

15 camp, arrivaient pendant que vous étiez de permanence et essayaient

16 d'entrer? Est-ce que parfois il y a eu de telles situations?

17 Réponse: Ils n'ont jamais pu passer à côté de moi parce que moi je leur

18 refusais l'accès. Je les renvoyais.

19 Question: Très bien, est-ce qu'il y a eu des situations lors desquelles

20 quelqu'un insistait afin d'entrer dans le camp malgré le fait que vous

21 aviez expliqué que ce n'était pas possible?

22 Réponse: Moi je faisais appel à la police et c'est la police qui trouvait

23 une solution.

24 Question: Vous dites que vous faisiez appel à la police?

25 Réponse: Oui., si besoin en était.

Page 11565

1 Question: Quelle police?

2 Réponse: Eh bien, la police qui s'y trouvait, dans le centre, dans le

3 centre d'enquête. Moi, je me trouvais à une distance de 150 mètres du

4 centre d'enquête.

5 Question: Pour que l'on puisse comprendre la procédure, est-ce que vous

6 aviez un téléphone dans le bureau dans lequel vous avez travaillé?

7 Réponse: Oui exactement, nous avions un téléphone.

8 Question: Et le policier que vous appeliez, est-ce que c'était l'une des

9 personnes qui travaillait en tant que policier au centre d'Omarska?

10 Réponse: Parfois il y avait des personnes, des policiers de permanence,

11 parfois il y avait des gens qui étaient à l'extérieur, et moi je leur

12 téléphonais.

13 Question: Lorsque vous téléphoniez, à qui parliez-vous?

14 Réponse: Eh bien, je suppose que c'était la personne qui était de

15 permanence -je ne sais pas qui c'était- mais ceux qui étaient les

16 policiers de permanence, c'étaient eux qui venaient. Je ne les connaissais

17 pas, vous savez, ce sont des personnes beaucoup plus jeunes que moi, et

18 donc je ne les connaissais pas. Je connaissais Dragoljub.

19 Question: Vous avez mentionné le fait que le jour où Dragoljub Prcac est

20 arrivé au camp d'Omarska, que vous lui avez parlé dans le petit bureau qui

21 s'y trouvait?

22 Réponse: C'est exact.

23 Question: Et puis pendant que vous étiez en train de discuter avec lui,

24 Simo Drljaca est arrivé en voiture et il a appelé M. Prcac pour que celui-

25 ci sorte. Il l'a appelé depuis son véhicule.

Page 11566

1 Réponse: Oui.

2 Question: Et puis vous avez dit: "J'ai entendu que Simo a mentionné ses

3 enfants et son appartement?"

4 Réponse: Exactement.

5 Question: Qu'avez-vous entendu d'autre dans le cadre de cette

6 conversation?

7 Réponse: Je n'ai pas entendu beaucoup de choses. J'ai entendu qu'il disait

8 quelque chose concernant les enfants et l'appartement, et puis après quand

9 j'ai demandé à Dragoljub, il m'a dit que c'est ce qu'il lui avait dit.

10 Je lui ai dit: "Cher voisin, viens me voir", il m'a dit: "Oui, Simo m'a

11 dit ceci et cela." Et moi, à l'époque, je ne savais même pas qui était

12 Simo.

13 Question: Peut-on demander à l'huissier de distribuer la pièce à

14 conviction du Procureur 3/288? Il s'agit d'une pièce qui a reçu une cote

15 aux fins d'identification seulement. Je crois que nous avons suffisamment

16 d'exemplaires pour le greffe, les Juges et les conseils de la défense.

17 Peut-on avoir la version en anglais de cette déclaration sur le

18 rétroprojecteur et veuillez remettre la version en serbo-croate à M.

19 Popovic.

20 Monsieur Popovic, est-ce que vous vous souvenez avoir donné une

21 déclaration aux avocats de Dragoljub Prcac le 6 avril 2000?

22 Réponse: Oui c'est exact.

23 Question: Avez-vous compris à l'époque qu'il était important de dire la

24 vérité lors de la prise de cette déclaration?

25 Réponse: Oui. 62 ans, oui il faut que je dise la vérité.

Page 11567

1 Question: Pourriez-vous examiner la déclaration qui se trouve devant vous?

2 Il y a des signatures, nous voyons les mots Popovic Obrad et la signature

3 c'est la vôtre?

4 Réponse: Exactement, c'est ma signature.

5 Question: Et à la page suivante, est-ce que c'est bien votre signature qui

6 se trouve en bas de la page suivante?

7 Réponse: C'est exact.

8 Question: Et si vous examinez la dernière page, est-ce que vous voyez

9 encore une fois votre signature?

10 Réponse: Oui, c'est exact, à la page 3, c'est ma signature qui figure

11 encore une fois.

12 Question: Vous avez ici donc votre déclaration que vous avez fournie à

13 l'avocat de la défense de M. Prcac, n'est-ce pas?

14 Réponse: Oui c'est exact et je dispose moi-même d'un exemplaire de cela.

15 Question: Et vous avez dit toute la vérité au monsieur qui a pris ces

16 déclarations à l'époque, n'est-ce pas?

17 Réponse: Toute la vérité et je ne renonce pas du tout à cela. Je sais de

18 quoi je parle.

19 Question: Si vous examinez la première page de votre déclaration, Monsieur

20 Popovic, tournez la page…

21 Réponse: Très bien.

22 Question: L'endroit qui commence par la déclaration de témoin.

23 Réponse: Oui, il s'agit d'une déclaration exacte.

24 Question: Il existe un paragraphe au fond de la page qui commence par les

25 mots: "Au début de la guerre, Dragoljub Prcac…", est-ce que vous voyez ce

Page 11568

1 paragraphe?

2 Réponse: Oui je vois cela.

3 Question: Dans ce paragraphe, vous expliquez de quelle manière M. Prcac

4 est venu au centre d'Omarska peu de temps après la fête de St-Pierre et

5 vous dites qu'avant cette date, il n'y ait pas venu. Voyez-vous cela?

6 Réponse: Oui je vois effectivement. Il est venu après la fête de St-Pierre

7 au centre d'enquête d'Omarska.

8 Question: Et ensuite vous dites: "Quelques jours plus tard, je l'ai vu en

9 train de passer par la porte…"

10 Réponse: Oui c'est exact car c'est mon voisin, c'est exact.

11 Question: Monsieur Popovic, veuillez me permettre de terminer ma question

12 avant de répondre, ceci nous facilitera la tâche.

13 Réponse: Oui très bien.

14 Question: Vous dites ensuite: "Quelques jours plus tard, je l'ai vu en

15 train de passer par la porte d'entrée, donc je l'ai appelé puisque c'était

16 mon voisin, je lui ai dit de venir me voir dans mon bureau près de

17 l'entrée. Il est venu je lui ai demandé comment se faisait-il qu'il y

18 était. Il a dit qu'il y avait été affecté contre son gré.

19 Pendant que nous étions en train de parler Simo Drljaca est apparu, il est

20 arrivé en voiture. Il est sorti du véhicule. A l'entrée, il a demandé que

21 Dragoljub vienne. Dragoljub s'est approché de lui, ils étaient en train de

22 discuter de quelque chose et le ton était élevé, je ne pouvais pas

23 entendre ce dont ils parlaient mais, sur la base du comportement de Simo,

24 je pouvais conclure que la conversation n'était pas du tout agréable pour

25 Dragoljub."

Page 11569

1 Réponse: C'est exact.

2 Question: Monsieur Popovic, il y a quelques minutes dans votre

3 interrogatoire principal et vous avez confirmé cela dans le contre-

4 interrogatoire, vous avez dit que vous pouviez entendre certaines parties

5 de cette conversation.

6 Réponse: C'est exact.

7 Question: Vous avez dit que vous aviez entendu Simo mentionner les fils et

8 l'appartement de M. Prcac?

9 Réponse: C'est exact.

10 Question: Pourquoi avez-vous changé de version aujourd'hui?

11 Réponse: Il a mentionné les enfants, je ne savais pas de quoi il

12 s'agissait avant de demander à Dragoljub de venir me voir.

13 Question: Peut-être n'avez-vous pas compris ma question Monsieur Popovic?

14 Réponse: Oui. Répétez-la s'il vous plaît!

15 Question: Je vais répéter ma question: vous avez déposé, ligne 10 page 79

16 du transcript, LiveNote à l'égard de cette rencontre entre Simo Drljaca et

17 Dragoljjub Prcac: "J'ai entendu que Simo a mentionné ses enfants et son

18 appartement".

19 Réponse: C'est exact.

20 Question: C'est ce que vous avez dit dans votre interrogatoire principal?

21 Réponse: C'est exact.

22 Question: Et il y a quelques minutes, lors du contre-interrogatoire…

23 Réponse: C'est exact.

24 Question: Vous avez dit que M. Drljaca…

25 Réponse: Oui, peut-être j'ai fait une erreur, je m'excuse. Moi j'ai

Page 11570

1 entendu qu'il a mentionné le fils et l'appartement, mais je n'ai pas

2 compris de quoi il s'agissait. Donc posez la question à Dragoljub, voilà.

3 Question: Autrement dit, vous n'avez pas dit toute la vérité dans la

4 déclaration que vous avez fournie aux avocats de la défense de M. Prcac?

5 M. le Président: Si vous utilisez cela dans vos conclusions finales?

6 C'est une conclusion forcée à mon avis. Je sens cela. Mais si vous allez

7 dire dans le futur que le témoin a dit cela, la Chambre va reprendre le

8 contexte.

9 M. Popovic (interprétation): Oui.

10 M. le Président: Vous pouvez demander s'il y a une contradiction ou non.

11 Mais vous comprenez bien la personne qui est devant vous. Obliger cette

12 personne à dire qu'elle n'a pas dit la vérité, ce n'est pas vrai quand

13 même.

14 Maître Jovan Simic?

15 M. J. Simic (interprétation): Monsieur le Président j'allais dire la même

16 chose.

17 M. le Président: Monsieur Saxon, il y a deux versions. Nous n'allons pas

18 discuter de cela, nous n'allons pas discuter de cette question mais il y a

19 deux versions. Elles sont tout à fait compatibles. Je ne veux pas vous

20 dire: "je veux faire des allégations". Mais si vous voulez, posez la

21 question, vous aurez la réponse du témoin.

22 M. Popovic (interprétation): Allez-y. Est-ce que moi, je pose la question?

23 Si moi, je dois poser la question?

24 Mais moi, j'ai dit que j'ai entendu que Simo crier sur Dragoljub Prcac, il

25 a mentionné les enfants et l'appartement. Et ensuite, j'ai demandé à

Page 11571

1 Dragoljub de m'approcher parce que, dès que j'ai entendu les enfants, je

2 n'ai pas compris. J'étais à une trentaine de mètres, donc je ne pouvais

3 pas tout comprendre, je ne pouvais pas savoir exactement ce qu'il disait.

4 L'interprète: Monsieur le Président, vous êtes hors micro.

5 M. le Président: Pardon. Les Juges ont déjà compris ce que vous avez dit,

6 mais le Procureur a quand même le droit de vous poser des questions.

7 Monsieur Saxon, posez votre question, s'il vous plaît.

8 M. Popovic (interprétation): Très bien.

9 M. Saxon (interprétation): Je pense que nous avons montré ce que nous

10 souhaitions montrer, mon unique question concernant cela.

11 Monsieur Popovic, est-ce que vous croyez que votre mémoire est meilleure

12 aujourd'hui par rapport à il y a un an, lorsque vous avez fourni cette

13 déclaration à l'avocat de M. Prcac?

14 M. Popovic (interprétation): Ma mémoire est pareille qu'il y a un an et je

15 maintiens ce que j'ai dit cette fois-ci.

16 Question: Le jour où vous avez vu Simo Drljaca venir et parler à M. Prcac,

17 il est venu en voiture, n'est-ce pas, M. Drljaca?

18 Réponse: C'est exact, c'est exact.

19 Question: Monsieur Drljaca était-il seul ce jour-là?

20 Réponse: Seul dans la voiture.

21 Question: Il s'agissait de la mi-juillet?

22 Réponse: Oui, dans la matinée, avant midi.

23 Question: Il s'agissait donc de la mi-juillet 1992?

24 Réponse: Oui, c'est exact.

25 Question: Et la guerre se déroulait à l'époque, n'est-ce pas?

Page 11572

1 Réponse: Oui. Oui, oui.

2 Question: Simo Drljaca était une personnalité extrêmement importante dans

3 les nouvelles structures du pouvoir serbe à Prijedor à l'époque, n'est-ce

4 pas?

5 Réponse: Je ne sais pas, je ne le savais pas, je n'étais pas au courant,

6 mais je sais qu'il y avait plusieurs chefs du SUP. Mais je ne sais pas,

7 d'autres personnes le savent, je ne sais pas ce que Simo faisait.

8 Simplement, je savais qu'il avait crié, c'est tout.

9 Question: Est-ce que vous savez si M. Drljac était populaire ou pas par

10 les Musulmans de Prijedor à l'époque?

11 Réponse: Monsieur, je ne le sais pas.

12 M. le Président: Monsieur Jovan Simic?

13 M. J. Simic (interprétation): Le témoin vient de dire, il a déjà dit qu'il

14 ne savait pas qui était cette personne; donc je ne vois pas pourquoi

15 insister avec de telles questions.

16 M. le Président: Oui, Maître Jovan Simic mais le fait de ne pas savoir qui

17 est la personne ne signifie pas que jamais elle n'en a entendu parler ou

18 quelque chose comme cela.

19 Monsieur Saxon, peut-être qu'il y a un problème de temps mais posez votre

20 question de toute façon. Faites attention au temps et posez votre

21 question.

22 M. Saxon (interprétation): Je vais très bientôt en avoir terminé. Monsieur

23 le Président, merci.

24 Monsieur Popovic, si vous ne savez pas qui était Simo Drljaca, comment

25 saviez-vous que c'était Simo Drljaca qui se tenait là à parler avec M.

Page 11573

1 Prcac à ce moment-là?

2 M. Popovic (interprétation): Après, c'est Zeljko Mejakic qui me l'a dit

3 parce qu'il était dans le centre d'enquête et il savait qui était Simo.

4 Moi, je ne le savais pas.

5 Question: Est-ce que même en y pensant après coup, est-ce que cela ne vous

6 a pas frappé qu'il était un peu bizarre que Simo Drljaca roule dans la

7 campagne à Prijedor ce jour-là au milieu de la guerre, justement au moment

8 où les nouvelles autorités serbes étaient préoccupées par la possibilité

9 d'offensives menées par des soi-disant Musulmans extrémistes? Est-ce que

10 vous avez jamais réfléchi à cette question?

11 Réponse: Je n'ai pas réfléchi à cela. Je n'étais pas lié, ni à la police

12 ni à l'armée, donc je ne pensais pas du tout à tout cela. Je connaissais

13 mon directeur, mon supérieur, tout le reste ne m'intéressait pas. L'armée,

14 la police, ça ne m'intéressait pas. Moi, j'étais soumis à l'obligation de

15 travail.

16 Question: Est-ce que M. Drljaca avait un chauffeur ce jour-là?

17 Réponse: Il était seul. Je ne l'ai pas vu avec le chauffeur; peut-être que

18 son chauffeur était sorti auparavant. Je ne sais pas mais c'était à une

19 trentaine de mètres, et je pense que c'était lui qui conduisait la voiture

20 pour autant que je l'ai vu. Mais peut-être que je n'ai pas bien vu.

21 M. Saxon (interprétation): Monsieur le Président à ce stade, je n'ai plus

22 de questions.

23 M. le Président: Merci, Monsieur Saxon.

24 Maître Jovan Simic, avez-vous des questions supplémentaires?

25 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Obrad Popovic, par

Page 11574

1 Me Jovan Simic.)

2 M. J. Simic (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je vais faire

3 en sorte que l'on ne montre pas de vidéo. Voici donc ma question.

4 Monsieur Popovic, est-ce que votre poste de garde se trouve à l'entrée,

5 près de la Separacija?

6 M. Popovic (interprétation): Non.

7 Question: Est-ce qu'à côté de votre poste de garde il y avait un polygone

8 tout près?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Merci. Encore une question: aujourd'hui, vous avez dit que vous

11 n'avez pas entendu toute la conversation.

12 Réponse: Bien sûr, ils étaient à 25, 30 mètres de moi, donc je n'ai pas

13 tout entendu.

14 Question: Vous avez entendu seulement ce que vous avez répété ici?

15 Réponse: Oui.

16 M. J. Simic (interprétation): Merci. Je n'ai plus de questions.

17 M. le Président: Merci, Maître Jovan Simic.

18 Monsieur le Juge Riad, s'il vous plaît?

19 (Questions au témoin, M. Obrad Popovic, par M. le Juge Riad.)

20 M. Riad (interprétation): Bonjour.

21 M. Popovic (interprétation): Bonjour.

22 Question: Il y a deux points que je souhaiterais éclaircir aujourd'hui.

23 Tout d'abord, en ce qui concerne votre profession. Vous nous avez dit que

24 vous étiez portier au poste de garde du centre d'enquête d'Omarska.

25 Réponse: Oui.

Page 11575

1 Question: Et vous nous dites que votre travail c'était de regarder, de

2 surveiller les bâtiments. Qu'est-ce que vous entendez par là "surveiller

3 les bâtiments"? Qu'est-ce que ça veut dire?

4 Réponse: Pour que quelqu'un ne provoque pas d'incendie.

5 Question: Cela, c'est le travail d'un portier?

6 Réponse: Aussi. Le travail du portier, c'était tout cela. Il n'y avait pas

7 de pompiers, dont il fallait que je veille à cela et que je sois sûr que

8 quelqu'un n'aille pas à la station d'essence pour essayer de voler de

9 l'essence. Et bien entendu également, de contrôler les entrées et les

10 sorties.

11 Comme je l'ai dit, lorsque la police et l'armée entraient, j'avais l'ordre

12 selon lequel je ne pouvais arrêter qui que ce soit, mais de l'autre côté

13 les gens pouvaient passer librement puisqu'il y avait une clôture juste

14 dans la partie où moi j'étais placé. Ailleurs, il n'y avait plus de

15 clôture.

16 Question: Et est-ce qu'à l'entrée vous aviez les équipements nécessaires

17 qui vous permettaient d'empêcher d'entrer quelqu'un? Par exemple, des

18 civils?

19 Réponse: J'avais un uniforme et une arme.

20 Question: Et vous étiez donc en mesure d'empêcher quelqu'un d'entrer?

21 Réponse: Les civils n'essayaient pas d'entrer. J'ai dit simplement les

22 militaires et les policiers, et les civils qui n'avaient pas

23 d'autorisation ne pouvaient pas passer à côté de moi.

24 Question: Bien. S'agissant de ce que vous nous avez dit au sujet de M.

25 Drljaca et la conversation qu'il a eue avec M. Prcac, vous nous avez dit

Page 11576

1 qu'il a dit qu'il allait… M. Prcac vous a dit: "Il va tuer mes deux fils

2 et me chasser de mon appartement et l'incendier."

3 Réponse: Exactement.

4 Question: Est-ce qu'il vous a expliqué pourquoi M. Drljaca l'a menacé?

5 Réponse: Il m'a dit qu'il devait rester dans le centre d'enquête, c'est

6 pour cela qu'il m'a dit cela. Il ne souhaitait pas rester là. Il

7 connaissait beaucoup de personnes qui y étaient, avec qui il avait

8 travaillé auparavant, il trouvait cela difficile d'être là.

9 Question: Est-ce qu'il vous a dit ce qui se passait au centre d'enquête

10 pour vous pourquoi cela ne lui plaisait pas?

11 Réponse: Eh bien, je ne sais pas, il connaissait les Musulmans et les

12 Croates. Tous ces gens, il avait collaboré avec eux. A l'époque, cela

13 s'appelait Musulmans, aujourd'hui c'est Bosniens. Il trouvait cela

14 difficile, il ne voyait pas de différences ethniques, il ne faisait pas de

15 différences entre les gens sur la base des critères ethniques. Il

16 respectait tout le monde.

17 Question: Et est-ce qu'il vous a donné des précisions quant à ce qui se

18 passait à l'intérieur et pourquoi cela ne lui plaisait pas? Est-ce qu'il a

19 décrit des incidents précis?

20 Réponse: Je ne lui ai pas posé la question et il ne me l'a pas dit, je

21 n'étais pas tellement en contact avec lui là-bas en ce qui concerne leur

22 service, c'était leur secret, et je ne posais pas beaucoup de questions.

23 Moi j'appartenais à une autre unité de travail et je ne pouvais pas poser

24 de question, aucune question. Mais je pense que lui c'était quelqu'un

25 d'honnête et de propre, et je garantie pour lui car je le connais c'est

Page 11577

1 mon voisin, je le connais depuis l'enfance, nous avons grandi ensemble et

2 c'est pour cela que je suis venu déposer devant ce Tribunal car je le

3 connais bien.

4 M. Riad (interprétation): Merci beaucoup.

5 M. le Président: Merci, Monsieur le Juge Riad.

6 Madame la Juge Wald, s'il vous plaît?

7 (Questions au témoin, M. Obrad Popovic, par Mme la Juge Wald.)

8 Mme Wald (interprétation): Monsieur Popovic, je n'ai que deux petites

9 questions à vous poser. Quand vous avez parlé avec M. Prcac et quand

10 Drljaca est arrivé, est-ce que vous étiez à l'intérieur de votre guérite

11 ou bien est-ce que vous étiez en train de vous entretenir avec M. Prcac à

12 l'extérieur?

13 En résumé, est-ce que vous étiez à l'intérieur ou à l'extérieur?

14 Réponse: Comme je l'ai dit, peut-être que j'étais dans mon bureau lorsque

15 Drljaca est venu, peut-être que je suis sorti, moi je suis sorti tout de

16 suite après mais ils étaient à 30 mètres, je l'ai déjà dit et redit. Mais

17 si je l'avais su, je me serais approché d'eux mais je ne le savais pas.

18 Question: Je comprends bien, mais je voulais simplement savoir si vous

19 étiez à l'intérieur ou à l'extérieur, vous avez répondu à la question?

20 Réponse: J'étais à l'extérieur peut-être à 10 mètres par rapport à la

21 porte mais eux.

22 Question: Bien. Si j'ai bien compris ce que vous nous avez dit c'est que

23 vous-même et M. Prcac étiez à l'intérieur en train de discuter et que

24 c'est ensuite que M. Drljaca est arrivé et que M. Prcac est sorti, c'est

25 bien cela?

Page 11578

1 Réponse: C'est exact.

2 Question: Donc la seule autre question que j'aurai à vous poser est la

3 suivante: est-ce que vous avez eu l'impression quand M. Drljaca est arrivé

4 dans son véhicule -vous nous dites qu'il avait l'air en colère-, est-ce

5 que vous avez eu l'impression qu'il savait que M. Prcac se trouvait à

6 l'intérieur en train de discuter avec vous ou bien est-ce que c'est

7 simplement en passant devant la guérite qu'il s'est rendu compte qu'il

8 était là?

9 Réponse: Par hasard il l'a vu, il a vu que M. Prcac était chez moi par

10 hasard et ensuite il a été en colère.

11 Question: Donc vous pensez que c'est juste le fait du hasard, il ne le

12 cherchait pas?

13 Réponse: Oui oui, il allait à son poste de travail et c'était le premier

14 matin donc je voulais lui demander, c'était mon voisin je lui ai dit:

15 "Mais pourquoi toi le plus honnête tu es ici?" Moi je suis ici à cause de

16 l'obligation de travail, ici il y a des Croates et des Musulmans et c'est

17 pour cela que j'ai posé cette question à M. Prcac qui était mon voisin.

18 Question: Dernière précision que je souhaite obtenir de votre part. Est-ce

19 que vous avez eu l'impression que M. Drljaca cherchait M. Prcac lorsqu'il

20 l'a trouvé dans votre guérite ou bien est-ce que c'est tout simplement par

21 hasard qu'il l'a vu en passant devant et qu'il s'est arrêté à ce moment-

22 là?

23 Réponse: Je ne sais pas ce que Drljaca pensait, je ne sais pas s'il

24 cherchait Prcac, je ne peux pas le savoir, je ne sais pas.

25 Question: Merci beaucoup.

Page 11579

1 M. le Président: Monsieur Popovic, j'ai aussi des questions pour vous.

2 (Questions au témoin, M. Obrad Popovic, par M. le Président.)

3 M. le Président: Etes-vous fatigué après avoir répondu à toutes ces

4 questions?

5 M. Popovic: Non, cela va. Allez-y, posez vos questions, je vais répondre.

6 Question: Vous voyez mieux avec vos lunettes ou sans lunettes? Vous voulez

7 essayer?

8 Réponse: Cela c'est juste pour lire.

9 Question: Vous voyez mieux sans lunettes.

10 Réponse: Je vois, je vois tout le monde mais avec les lunettes aussi.

11 Question: Vous n'êtes pas obligé d'avoir ou de ne pas avoir de lunettes,

12 c'est vous qui décidez. J'ai pensé que vous aviez besoin de lunettes pour

13 lire comme maintenant. Nous n'allons pas lire, nous pouvons nous voir.

14 Réponse: Je peux laisser les lunettes de côté, il n'y a pas de problème

15 mais pour lire j'en ai besoin.

16 Question: Vous savez, vous étiez là, je n'étais pas là et, comme vous avez

17 dit, à l'époque vous ne saviez pas que vous alliez venir témoigner ici,

18 n'est-ce pas, vous ne le saviez pas?

19 Réponse: C'est exact.

20 Question: Je voudrais savoir si j'ai bien compris.

21 Réponse: Normalement je ne le savais pas mais puisque mon voisin honnête

22 est venu ici c'est normal.

23 Question: Non, Monsieur Popovic, vous êtes ici et vous nous avez raconté

24 quelque chose.

25 Réponse: C'est exact.

Page 11580

1 Question: Je vais vous poser une petite question, la première…

2 Réponse: C'est exact.

3 Question: Cette conversation…

4 Réponse: Très bien, d'accord.

5 Question: Entre Simo Drljaca et M. Prcac, est-elle arrivée le premier jour

6 que M. Prcac?

7 Réponse: C'est exact. Le premier jour lorsqu'il est venu, je l'ai appelé

8 dans mon bureau, c'était le premier jour, et, au bout de 15 à 20 jours,

9 Prcac n'était plus dans le centre d'enquête.

10 Question: Donc le premier jour que M. Prcac est venu travailler par hasard

11 il a rencontré Simo Drljaca, ils ont eu cette conversation?

12 Réponse: Oui je l'ai appelé.

13 Question: Nous allons nous mettre d'accord sur une chose…

14 Réponse: C'est exact oui, je le répète encore et encore, c'est exact.

15 Question: Monsieur Popovic, vous savez qu'il y a des interprètes entre

16 nous?

17 Réponse: Très bien, très bien.

18 Question: Vous m'écoutez pour donner l'opportunité aux interprètes de vous

19 transmettre ma question et après je dois aussi attendre que les

20 interprètes vous traduise pour moi.

21 Réponse: D'accord.

22 Question: Maintenant je peux parler maintenant.

23 Réponse: Je m'excuse, d'accord.

24 Question: Maintenant c'est à moi de parler et vous, vous m'écoutez. Vous

25 êtes d'accord?

Page 11581

1 Réponse: D'accord, je suis d'accord.

2 Question: Vous avez dit que le premier jour que M. Prcac est venu

3 travailler, par hasard il a rencontré Simo Drljaca et ils ont eu cette

4 conversation. C'est cela que je dois comprendre?

5 Réponse: C'est exact.

6 Question: Maintenant vous allez m'écouter encore une fois. J'ai une autre

7 question. Vous allez écouter?

8 Réponse: D'accord.

9 Question: L'autre question c'est celle-ci: vous avez entendu parler

10 d'enfants et de maison? C'est cela que vous avez écouté?

11 Réponse: C'est exact. C'est exact. Les enfants et l'appartement, il a dit

12 d'abord les enfants et ensuite l'appartement.

13 Question: Ecoutez-moi maintenant encore une fois. Vous avez écouté

14 seulement les mots "enfants et appartement", qu'est-ce que cela signifiait

15 pour vous? Avant de parler…

16 Réponse: C'est ainsi parce que c'était à une distance de 25 mètres.

17 Question: Ecoutez-moi maintenant.

18 Avant de parler avec M. Prcac, qu'est-ce que cela signifiait pour vous?

19 Réponse: Avant que M. Prcac ne vienne, je ne le savais pas. J'ai demandé à

20 Prcac: "Mais qu'est-ce qu'il a dit Simo quand il a crié en colère contre

21 toi et quand il a mentionné ton appartement et tes enfants?", et Prcac m'a

22 répondu: "C'est ainsi qu'il m'a menacé".

23 Question: Est-il possible de dire que vous n'avez pas compris, vous avez

24 entendu dire cela, mais vous n'avez rien compris? Est-il possible de dire

25 cela?

Page 11582

1 Réponse: J'ai entendu simplement cela mais je ne pouvais pas comprendre

2 directement. Avant de poser la question à Prcac, je n'avais pas compris,

3 je savais qu'il avait mentionné les enfants et l'appartement mais j'ai

4 demandé à Prcac: "Qu'est-ce qu'il t'a dit?" et M. Prcac m'a répété,

5 ensuite il est parti en colère vers le centre. Mais c'était difficile pour

6 lui, pour Prcac.

7 Question: Maintenant, vous n'allez pas parler, vous maintenez seulement.

8 Réponse: D'accord.

9 Question: L'histoire que je dois retenir est celle-ci. Vous avez entendu

10 parler d'enfants et appartement. Vous n'avez rien compris. Pour cette

11 raison, vous avez demandé à M. Prcac qu'est-ce qu'il disait?

12 Réponse: C'est exact.

13 Question: Attendez! Vous avez demandé à M. Prcac qu'est-ce qu'il a voulu

14 dire "enfants et appartement". Et M. Prcac vous a expliqué, il a dit

15 "qu'il tuait mes enfants et qu'il brûlait mon appartement". C'est cela

16 qu'on doit retenir?

17 Réponse: C'est exact. Tout à fait. Très bien.

18 Question: C'est ça?

19 Réponse: C'est exact. Dragoljub Prcac ne voulait pas venir au centre

20 d'enquête, je l'ai dit. Il y a été amené par la force, ce voisin à moi, et

21 je suppose que c'était ça la raison. Je suppose.

22 Question: Monsieur Popovic, j'ai seulement une seule question pour

23 terminer.

24 Les choses, pourquoi le premier jour…

25 Réponse: D'accord. Allez-y. Allez-y.

Page 11583

1 Question: Il y a un délai. Maintenant, est-ce que je peux continuer? Etes-

2 vous disponible pour m'entendre?

3 Réponse: Très bien.

4 Question: Monsieur Prcac, donc le premier jour, est-ce qu'il était dans

5 des conditions de protester pour travailler dans le centre?

6 Réponse: Oui, c'est exact. Il protestait. Oui, mais ceci ne lui servait à

7 rien puisque l'autre, je suppose que c'était son supérieur, je ne sais

8 pas. Comme j'ai dit Simo Drljaca, je ne savais pas qui c'était, et puis

9 les gens se relayaient. C'était Prcac qui connaissait, je suppose, il

10 savait qui était cette personne. Parce que moi je connaissais mon

11 directeur, mon supérieur, et puis c'est tout.

12 M. le Président: Très bien.

13 Monsieur Popovic, vous avez au moins vécu une expérience d'interprétation

14 simultanée. Cela arrive fréquemment. Nous vous remercions beaucoup d'être

15 venu ici et nous vous souhaitons un bon retour à votre endroit de

16 résidence.

17 Je vais demander à Monsieur l'huissier de vous raccompagner.

18 M. Popovic (interprétation): Merci à vous. Merci. Merci à vous. Je vous

19 souhaite une bonne continuation.

20 M. le Président: Très bien.

21 M. le Président: Maître Jovan Simic?

22 M. J. Simic (interprétation): Monsieur le Président, nous n'avions que

23 trois témoins pour aujourd'hui. Nous avons fini un petit peu plus tôt que

24 prévu.

25 Mais je souhaiterais profiter de l'occasion qui m'est donnée pour vous

Page 11584

1 informer du fait que l'un des témoins, qui était censé témoigner demain,

2 pour des difficultés de transport cette personne était censée arriver

3 hier, elle n'est arrivée qu'aujourd'hui: Slavko Djukanovic. J'ai déjà

4 informé l'accusation de ce fait, et je ne sais pas, comme il arrive

5 aujourd'hui, s'il sera prêt à témoigner demain. Donc moi je proposais que

6 l'on ne l'entende que lundi.

7 Sinon, pour tous les autres témoins, on en resterait conformément à notre

8 plan.

9 D'autre part, il y a un autre témoin, Goran Dragojevic, qui devait venir

10 demain, ne pourra pas venir et il ne viendra pas témoigner devant le

11 Tribunal.

12 De plus, en vue de respecter les règles de l'économie judiciaire puisque

13 nous avons promis d'en terminer dans les temps qui nous sont impartis, je

14 souhaiterais vous informer que nous n'allons pas appeler à la barre Mme

15 Stojica Prcac en tant que témoin.

16 Le seul changement à ce stade est le suivant, avec bien entendu

17 l'autorisation de la Chambre, et nous vous en informerons demain. C'est-à-

18 dire que Slavko Djukanovic, nous allons l'entendre lundi au lieu de demain

19 et sinon nous en restons au plan que nous avions élaboré.

20 M. le Président: De toutes façons, Maître Jovan Simic, tous ces témoins

21 notamment Slavko Djukanovic, les trois autres de ce jour, nous avons un

22 jour de retard par rapport à notre plan je crois. Parce que ces témoins

23 étaient prévus pour le 10 et ils vont être seulement entendus demain,

24 c'est cela?

25 M. J. Simic (interprétation): Oui, vous avez tout à fait raison, Monsieur

Page 11585

1 le Président. Mais nous terminerons la présentation de nos moyens comme

2 nous l'avons indiqué dès le départ. Nous estimons que nous pourrons éviter

3 d'appeler un certain nombre de témoins donc nous allons essayer d'entendre

4 quatre témoins par jour, mais quoi qu'il en soit nous allons nous en tenir

5 au calendrier que nous avions établi. Le seul problème que nous avons,

6 c'est avec Slavko Djukanovic parce qu'il était censé arriver hier et que

7 cela n'a pas été le cas.

8 M. le Président: Très bien. Je n'ai pas douté de vos propos, Maître Jovan

9 Simic. C'est simplement pour me placer tout de même dans le calendrier

10 parce que je suivais un schéma aussi bien élaboré qu'un jour de retard…

11 Peut-être que je ne suis pas bien dans le temps, mais voilà.

12 Madame Somers?

13 Mme Somers (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Afin que les

14 choses soit bien claires, je souhaiterais demander peut-être à Me Simic

15 d'informer la Chambre quant à l'ordre de présentation des témoins demain,

16 afin que nous puissions nous préparer de façon optimale.

17 M. le Président: Oui, Maître Jovan Simic. Je crois que Me Simic va appeler

18 Jankovic (expurgé)

19 (expurgé).

20 (expurgé)et Slavko

21 Djukanovic va venir seulement en principe lundi.

22 Maître Jovan Simic, ai-je bien lu?

23 M. J. Simic (interprétation): Pas tout à fait, Monsieur le Président.

24 Nous avons remis une liste à l'accusation. Ils disposent de cette liste et

25 nous nous conformons à cette liste. Nous avons eu des difficultés en ce

Page 11586

1 qui concerne l'Article 65 ter. J'ai fait part de cette difficulté à Mme

2 Thompson hier mais quoi qu'il en soit, en ce qui concerne notre

3 calendrier, c'est Dragan Velalula et Djukanovic.

4 Si M. Djukanovic n'est pas en mesure de témoigner demain, car il doit

5 arriver à La Haye seulement aujourd'hui, à ce moment-là, nous appellerions

6 Slobodan Gajic parce que Goran Dragojevic et Mme Prcac ne viendront pas

7 témoigner.

8 Mme Somers (interprétation): Merci.

9 M. J. Simic (interprétation): J'espère que Djukanovic sera en mesure de

10 déposer car il n'est censé témoigner qu'au sujet d'un seul incident et

11 d'un seul événement. J'espère qu'il sera suffisamment reposé et que nous

12 pourrons donc continuer à traiter les témoins qui sont indiqués sur la

13 liste comme c'était prévu.

14 J'ai juste une question, Monsieur le Président, en ce qui concerne Dusan

15 Lapcevic, notre témoin expert qui était prévu pour lundi comme dernier

16 témoin avant la fin de la présentation de nos moyens, du fait des

17 obligations de Mme la Juge Wald. Je souhaiterais savoir combien de temps

18 vous allez autoriser pour le contre-interrogatoire car je ne pense pas

19 qu'il soit très nécessaire pour nous d'avoir un interrogatoire principal,

20 il nous suffit de présenter son rapport d'expert.

21 M. le Président: Je crois que vous aviez indiqué pour ce témoin expert,

22 que vous aviez besoin d'une heure. Parce que dans le papier que j'ai ici,

23 je vois "Necessary time: one hour". Mais c'est bien votre suggestion de

24 présenter seulement comme interrogatoire principal et rapport?

25 M. J. Simic (interprétation): Monsieur le Président, c'est une proposition

Page 11587

1 que nous faisons afin de gagner du temps. Nous aurons la possibilité de

2 poser des questions supplémentaires si cela s'avère nécessaire. Mais si

3 notre proposition est acceptée, cela nous permet de gagner du temps en

4 audience. Je pense que c'est la bonne solution.

5 M. le Président: Madame Somers, je crois qu'il y a quelques autres choses

6 que vous voudriez communiquer mais je crois qu'il y a cette question de

7 contre-interrogatoire du témoin expert Dusan Lapcevic.

8 Mme Somers (interprétation): Oui, Monsieur le Président. L'autre jour,

9 vous m'avez demandé une évaluation. Et sur la base d'une heure de

10 questions supplémentaires, sur la base des recherches que j'ai faites, je

11 ne vais pas demander plus d'une heure, et il est probable que je n'ai pas

12 besoin d'une heure entière. Il y a un grand nombre de questions, notamment

13 la structure qui est un point essentiel, mais je ne pense pas avoir besoin

14 de plus d'une heure. Je vais quand même demander une heure même si je suis

15 sûre que je n'aurais pas besoin d'une heure entière. Mais si je sais que

16 la défense s'en tient à vraiment ce qui est écrit, je pourrais vraiment me

17 concentrer sur les questions qui nous importent à nous.

18 M. le Président: D'accord, Madame Somers. J'espère que c'est vérifié ce

19 que vous dites, que vous n'allez pas donc…

20 Nous allons donc prévoir une heure pour le contre-interrogatoire -en

21 attendant que vous n'aurez pas à utiliser tout ce temps- je crois que vous

22 n'avez pas non plus de questions à poser, je crois. Une heure donc et vous

23 allez faire l'effort de ne pas utiliser une heure. Nous commençons avec le

24 contre-interrogatoire, et après les questions supplémentaires pour le

25 conseil de la défense. Je crois que c'est une bonne façon de procéder.

Page 11588

1 Et donc par rapport à l'ordre des autres témoins, Madame Somers, l'ordre

2 c'est déjà clair, pour vous?

3 Mme Somers (interprétation): Je le pense, Monsieur le Président. Je n'ai

4 pas entendu Me Simic mentionner le témoin après Velalula.

5 Je ne sais pas s'il y a des questions de protection qui se posent à ce

6 sujet, au sujet du suivant. (expurgé)

7 M. J. Simic (interprétation): Maintenant, on donne le nom du témoin qui

8 était censé obtenir des mesures de protection.

9 Mme Somers (interprétation): Je vous prie d'accepter mes excuses, et je

10 demande que l'on procède à l'expurgation du compte rendu d'audience. Je

11 vous prie d'excuser cette erreur que j'ai commise par inadvertance.

12 M. J. Simic (interprétation): Oui, nous savons bien que ce n'est pas une

13 erreur délibérée. Effectivement, oui, il vient, d'ailleurs, il est déjà

14 ici.

15 M. le Président: Madame Thompson, pouvez-vous expurger le nom de ce témoin

16 avant que je puisse signer et lever la séance? Sinon les choses restent

17 inutiles.

18 Je crois que nous avons déjà la liste. Je crois que demain, nous allons

19 donc reprendre nos travaux. Peut-être que je vais attendre un peu pour

20 signer l'ordonnance d'expurgation.

21 Je crois que nos équipements sont pleins, on ne va pas faire une pause et

22 revenir. Nous n'allons pas revenir. Je vais demander à Mme Thompson de

23 passer à mon bureau et je vais signer à mon bureau.

24 Demain, nous continuerons à 9 heures 20, donc à demain.

25 (L'audience est levée à 14 heures 56.)