Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le lundi 29 novembre 2004

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 19.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour.

6 Madame la Huissière, pourrait-elle baisser les stores et faire entrer le

7 témoin.

8 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, en attendant, si vous

9 le me permettez.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Whiting.

11 M. WHITING : [interprétation] Il y avait un document que j'ai soumis au

12 témoin vendredi, document que j'ai omis de verser au dossier. J'en ai parlé

13 avec le conseil de la Défense et je me permettrais de bien vouloir vous

14 demander si ce document peut être versé au dossier avant que le témoin soit

15 soumis au contre-interrogatoire.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Quel est ce document ?

17 M. WHITING : [interprétation] C'est un croquis, le diagramme. Il porte le

18 numéro ERN 01167660.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

20 M. WHITING : [interprétation] Il s'agit d'un document en plusieurs

21 couleurs. Il y a une traduction qui a été placée en annexe de ce document.

22 J'aimerais qu'on lui donne une cote, et qu'il soit versé sous pli scellé.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Quel est son numéro ?

24 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P74, versé sous

25 pli scellé.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

2 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. J'aimerais vous

4 rappeler le serment que vous avez prononcé au début de votre déposition, et

5 vous rappeler que ce serment est toujours valable.

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Puis-je reprendre ?

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, nous attendions simplement que

8 les stores soient relevés. A partir de maintenant, les conseils de la

9 Défense vont vous poser un certain nombre de questions.

10 Monsieur Mansfield, vous avez la parole.

11 LE TÉMOIN: L-06 : [Reprise]

12 [Le témoin répond par l'interprète]

13 Contre-interrogatoire par M. Mansfield :

14 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur. Je suis ici. Est-ce que vous me

15 voyez ? Je représente Fatmir Limaj, et j'aimerais, s'il vous plaît, que

16 vous m'aidiez à éclaircir un certain nombre de points.

17 M. MANSFIELD : [interprétation] Excusez-moi, je n'entends rien.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si je vous parle, vous entendrez peut-

19 être quelque chose.

20 M. MANSFIELD : [interprétation] Je vous entends bien. J'espère que

21 j'entendrais également le témoin.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien, si vous m'entendez, moi, vous

23 deviez également entendre le témoin. Nous pourrons poursuivre.

24 M. MANSFIELD : [interprétation]

25 Q. J'aimerais vous poser un certain nombre de questions sur les dates de

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1 fin de la guerre. Etes-vous d'accord avec moi pour dire que la guerre a

2 pris fin en 1999 après les bombardements de l'OTAN. Vous souvenez-vous de

3 cela ?

4 R. Oui.

5 Q. Vous avez dit vendredi, qu'après un an, vous avez obtenu un poste de

6 télévision.

7 R. Oui.

8 Q. Vous vous souvenez avoir dit cela ?

9 R. Oui.

10 Q. Ce qui signifie que vous avez obtenu ce poste de télévision en l'an

11 2000. Est-ce exact ?

12 R. Oui, c'est exact. Exactement.

13 Q. Par conséquent, peut-on dire que c'est au cours de cette année, en

14 2000, que vous avez vu Fatmir Limaj dans votre poste de télévision ?

15 R. C'est exact.

16 Q. Vous l'avez vu à de nombreuses reprises ?

17 R. Oui.

18 Q. Vous êtes-vous rendu compte qu'à l'époque c'était un homme politique

19 réputé ?

20 R. Oui, c'est exact.

21 Q. Vous vous souviendrez qu'il disait qu'il faisait des choses positives

22 pour le Kosovo à l'époque ?

23 R. Oui.

24 Q. Avez-vous dit quoi que se soit concernant l'homme que vous voyez à la

25 télévision à ce moment-là ?

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1 R. Non. J'ai juste dit que je pensais que cet homme était Fatmir Limaj. Je

2 ne le connaissais pas avant cela.

3 Q. Qu'avez-vous dit à votre famille à propos de cet homme, Fatmir Limaj,

4 que vous voyez à ce moment-là à la télévision ?

5 R. Nous l'avons regardé et je me suis souvenu que c'était Fatmir Limaj.

6 Q. Je reviendrai à vos souvenirs dans un instant, mais j'aimerais savoir

7 ce que vous avez dit à votre famille à propos de cet homme à la télévision

8 que l'on appelait Fatmir Limaj ? Que leur avez-vous dit ?

9 R. Je leur ai dit : c'est l'homme qui m'a libéré de la prison de Lapusnik.

10 Q. C'était en l'an 2000. En l'an 2001, l'année suivante, cet homme, Fatmir

11 Limaj, apparaissait toujours régulièrement à la télévision, n'est-ce pas ?

12 R. Oui.

13 Q. J'en arrive à l'an 2002. Au cours de cette année-là, vous vous en

14 souviendrez des enquêteurs vous ont rencontrés. Vous l'avez dit vendredi à

15 deux reprises; la première fois en janvier et la seconde en novembre 2002.

16 Vous souvenez-vous de ces entretiens ?

17 R. A vrai dire, je n'en ai pas un très net souvenir. Je ne sais pas.

18 Q. Vendredi, vous avez dit au procureur avoir fait deux déclarations avant

19 de témoigner; une fois en janvier et l'autre fois en novembre. Est-ce que

20 vous vous ne souvenez plus l'avoir fait ou quoi ?

21 R. Oui. J'ai fait des déclarations.

22 Q. D'après vous, en 2002, vous aviez un souvenir très clair de la personne

23 dont vous avez dit qu'elle vous avait sauvé et vous avez dit que c'était

24 également grâce à lui que vous étiez ici présent, n'est-ce pas ?

25 R. Oui, c'est ce que j'ai dit.

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1 Q. J'aimerais vous suggérer la chose suivante, à des fins de clarté : si

2 l'on suit les souvenirs que vous avez, vous avez fait une grave erreur

3 concernant Fatmir Limaj. Vous me suivez ?

4 R. Oui, je vous suis.

5 Q. Très bien. Lorsque vous avez rencontré le premier

6 enquêteur --

7 R. Oui.

8 Q. -- vous souvenez-vous de cet homme, la personne qui vous a rencontré

9 en janvier 2002 ?

10 R. Non, je ne me souviens plus de lui, parce qu'il y avait plusieurs

11 personnes. Une fois c'était l'une que je voyais et des fois c'était une

12 autre. Je n'en ai plus le souvenir.

13 Q. Cette personne, cet enquêteur a été en votre présence beaucoup plus

14 longtemps que l'homme que vous dites être Fatmir Limaj, n'est-ce pas ? Là

15 je vous parle de l'enquêteur que vous avez rencontré au mois de janvier. Il

16 a passé -- pardon, je vous ai interrompu.

17 R. Oui, c'est vrai.

18 Q. C'est vrai. Avez-vous le moindre souvenir de ce premier enquêteur des

19 Nations Unies ?

20 R. Non, non.

21 Q. Vous n'en avez pas. Vous ne pouvez même pas le décrire, n'est-ce pas ?

22 R. Non. Sept ans ont passé. C'est long.

23 Q. Je comprends.

24 R. Mais j'ai dit la vérité.

25 Q. Un temps conséquent c'est écoulé entre votre libération, d'après vous,

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1 et la première fois en l'an 2002. C'est près de quatre ans, n'est-ce pas,

2 lorsque la première fois vous avez eu un entretien en 2002 ?

3 R. Oui, c'est exact.

4 Q. En 2002, on vous a demandé de remonter le temps en quelque sorte pour

5 remonter quatre ans en arrière, n'est-ce pas ?

6 R. Oui, c'est exact.

7 Q. Ce n'est pas simple, n'est-ce pas ?

8 R. Non.

9 Q. Ce premier enquêteur vous a-t-il dit pourquoi il voulait s'entretenir

10 avec vous ?

11 R. Il voulait connaître la vérité, que je la lui dise.

12 Q. A-t-il cité un certain nombre de noms en votre présence, le nom de

13 personnes qui l'intéressaient? Ne prononcez pas les noms mais dites nous

14 simplement s'il l'a fait.

15 R. Je ne me souviens plus.

16 Q. A-t-il cité le nom d'individus qu'il a décrit comme étant des suspects

17 ?

18 R. Il en a mentionné quelques uns, mais un temps conséquent s'est écoulé

19 et nous avons subi tous ces traumatismes.

20 Q. Que les choses soient claires : je ne souhaite pas que vous reviviez

21 ces traumatismes, pas du tout. C'est tout à fait compréhensible. Je

22 souhaiterais simplement vous demander si cet enquêteur a mentionné des noms

23 de suspects à propos desquels vous auriez pu éventuellement lui être d'un

24 quelconque secours. A-t-il cité des noms de suspects ?

25 R. Je n'en ai plus le souvenir.

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1 Q. Ma principale question est la suivante : avez-vous dit, ou avez-vous

2 parlé de Fatmir Limaj à ce premier enquêteur ?

3 R. Non. Je n'ai rien dit.

4 Q. Rien ?

5 R. Simplement qu'il m'a libéré de prison.

6 Q. Bien. Que pensez-vous avoir dit au premier enquêteur à propos de Fatmir

7 Limaj, outre le fait qu'il vous ait libéré de prison ?

8 R. Rien d'autre. Il n'y avait rien d'autre à dire. Il n'a fait que me

9 libérer et c'est tout.

10 Q. Bien. En ce qui vous concerne c'est un souvenir très important, n'est-

11 ce pas ?

12 R. Important ?

13 Q. Oui. C'est un événement mémorable. C'est quelque chose qui a marqué

14 votre mémoire parce qu'il vous a libéré, n'est-ce pas ?

15 R. Oui, c'est exact.

16 Q. Je vais vous dire les choses lentement. Ma suggestion est la suivante :

17 vous n'avez pas dit au premier enquêteur quoi que ce soit concernant Fatmir

18 Limaj et le fait que Fatmir Limaj vous ait libéré ?

19 R. Si, j'ai dit à toutes les personnes qui m'ont interrogé que Fatmir

20 Limaj m'avait libéré. Il n'y avait rien d'autre à dire, mais cela je leur

21 ai dit. Je leur ai dit qu'il m'avait libéré de prison.

22 Q. Ma suggestion est que vous ne l'avez pas fait. En revanche, ce que vous

23 avez fait, c'est que vous avez transposé la personne que vous avez vue à la

24 télévision dans une situation, dans laquelle il ne se trouvait pas, à

25 savoir au moment de votre libération. Y a-t-il une quelconque possibilité

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1 que cela ce soit produit ? Que vous ayez fonctionné de la sorte ?

2 R. Non. Non. Je l'ai vu à la télévision et la personne que j'ai vue à la

3 télévision est aussi celle qui m'a libéré de prison.

4 Q. J'aimerais maintenant que vous consultiez un document.

5 M. MANSFIELD : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs

6 les Juges. J'ai fait passé ce document. Il en existe plusieurs exemplaires,

7 mais je peux vous donner sa cote. Il s'agit de 0323, numéro 1239. Je

8 demanderais à ce que ce document soit placé sur l'écran. Il n'est pas

9 nécessaire qu'il soit placé sur l'écran du témoin, à moins qu'il le

10 souhaite. Il s'agit simplement que vous puissiez suivre le fil de mon

11 raisonnement.

12 Afin que le témoin sache de quoi il s'agit, il s'agit d'un exemplaire de la

13 première déclaration que vous avez faite en janvier 2002, déclaration faite

14 à un enquêteur dont le nom figure sur ce document. Vous avez signé cette

15 déclaration. Cet exemplaire est en anglais et il en existe également une

16 version en Albanais.

17 Q. Monsieur, j'aimerais vous renvoyer à la phrase qui figure dans cette

18 déclaration et qui a trait à Fatmir Limaj. Je vais vous en donner lecture

19 deux fois de manière à ce que vous compreniez bien ce que vous avez dit à

20 quelqu'un et ce que la personne a écrit en Albanais. C'est ce que vous avez

21 écrit.

22 M. MANSFIELD : [interprétation] Cette phrase se trouve au milieu de la

23 deuxième page, 1 240, fin du paragraphe principal.

24 Q. "Après ceci," c'est-à-dire après le décès de Fehmi, "je me souviens

25 d'une journée, au cours de laquelle un soldat de l'UCK a ouvert la porte et

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1 a regardé." Normalement le texte devrait dire "à l'intérieur."

2 "Il n'a rien dit. L'un des prisonniers a dit que c'était Fatmir Limaj."

3 Je vais vous en redonner lecture de manière à ce que vous compreniez bien

4 ce passage.

5 "Après ceci," donc après le décès de Fehmi, "je me souviens d'une journée,

6 au cours de laquelle un soldat de l'UCK a ouvert la porte et a regardé à

7 l'intérieur. Il n'a rien dit. L'un des prisonniers a dit que c'était Fatmir

8 Limaj."

9 R. Non, ce n'est pas vrai. Fatmir Limaj m'a libéré de cet endroit et Shala

10 a ouvert la porte. Shala le sait. Je n'ai plus revu Fatmir Limaj sur place.

11 Q. Si votre déposition devant cette cour faite vendredi et aujourd'hui est

12 exacte, et le récit que vous avez fait, les faits que vous avez exposés

13 dans cette déclaration sont totalement erronés ?

14 R. Non. Ils ne sont pas erronés.

15 Q. Revenons sur ce passage. C'est un passage très court. D'abord vous ne

16 suggérez pas que la personne qui est venue jusqu'à la porte est un

17 commandant de l'UCK, vous ne suggérez pas non plus que ceci a été votre

18 perception sur le moment, n'est-ce pas ?

19 R. Oui.

20 Q. Vous poursuivez, dans cette déclaration, en disant que ce soldat "n'a

21 rien dit." En ce qui vous concerne, vous l'avez vu deux fois et, à deux

22 reprises, il vous a adressé la parole. En tout cas, c'est ce que vous avez

23 dit. Vraisemblablement, ici il y a une erreur ?

24 R. Non.

25 Q. Comprenez-vous ces questions ?

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1 R. Oui. Je les comprends bien.

2 Q. Si vous les compreniez bien, vous avez dit à l'enquêteur que l'homme,

3 donc vous avez compris que c'était Fatmir Limaj, que cet homme vous a rien

4 dit, n'a rien dit.

5 R. Lorsque j'étais à Pristina, peut-être que l'enquêteur n'a pas pris les

6 notes comme il aurait dû le faire, ou que peut-être il y avait un Serbe sur

7 place. Je ne sais pas, mais en tout cas Fatmir Limaj m'a libéré, et je ne

8 l'ai plus revu sur place par la suite.

9 Q. Comprenez-moi bien, nous savons ce que vous dites à propos de Fatmir

10 Limaj. Ce que j'essaie de vous dire moi, c'est que vous n'avez pas donné la

11 même version au premier enquêteur, n'est-ce pas ?

12 R. Je leur ai dit, mais ils avaient un interprète Serbe, ou un traducteur

13 Serbe. Je ne le connaissais pas, et peut-être que des erreurs ont été

14 commises.

15 Q. Vous ont-ils donné lecture de cette déclaration ?

16 R. Non, pas ce jour-là.

17 Q. Pas ce jour-là ?

18 R. Non, pas ce jour-là, oui.

19 Q. A un moment donné, on vous a demandé de passer en revue cette

20 déclaration, n'est-ce pas ?

21 R. Oui.

22 Q. Et ceci avant que vous ne fassiez une déclaration en novembre de cette

23 même année ?

24 R. Oui, c'est exact.

25 Q. Vous avez apporté un certain nombre de corrections à cette première

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1 déclaration, n'est-ce pas ?

2 R. Oui.

3 Q. Toutefois concernant ce point en particulier, c'est-à-dire ce

4 paragraphe qui commence par : "Je me souviens d'un jour au cours duquel un

5 soldat de l'UCK," et cetera, vous n'avez pas déclaré au deuxième enquêteur

6 que vous vous étiez trompé à propos de M. Limaj et qu'en réalité, il était

7 venu à deux reprises et qu'il avait parlé, et que, par conséquent, il y

8 avait une erreur dans cette première déclaration. Vous ne l'avez jamais dit

9 au deuxième enquêteur, n'est-ce pas ?

10 R. Je ne lui ai pas dit. Je lui ai simplement dit -- enfin, il m'a demandé

11 une semaine avant cela. Il m'a dit, j'étudierai votre cas. Il est revenu et

12 m'a dit, vous pouvez partir.

13 Q. Pourquoi n'avez-vous pas dit au deuxième enquêteur que vous vous étiez

14 trompé à propos de Limaj, et qu'en fait les choses étaient différentes ?

15 Pourquoi n'avez-vous pas dit que vous aviez fait erreur ?

16 M. WHITING : [interprétation] Désolé, mais je crois qu'il n'est pas tout à

17 fait clair. On ne sait pas très bien de qu'il s'agit lorsque l'on parle de

18 ce deuxième enquêteur. En fait, il s'agit de l'enquêteur du TPIY. Ceci ne

19 correspond pas aux preuves apportées.

20 M. MANSFIELD : [interprétation] Effectivement, il s'agit de l'enquêteur du

21 TPIY.

22 M. WHITING : [interprétation] Oui, mais dans la déclaration au TPIY, le

23 témoin a dit clairement qu'il estimait que Fatmir Limaj était venu à deux

24 reprises. C'est ainsi que cela correspond à sa déposition.

25 M. MANSFIELD : [interprétation] Non. A vrai dire, cela n'est pas tout à

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1 fait exact. Dans la déclaration, il indique qu'il a fait une erreur à

2 propos de ceci et de cela dans sa deuxième déclaration. Mais ce que

3 j'essaie de dire, c'est qu'il n'a jamais dit à M. Tucker qu'il s'était

4 trompé dans sa première déclaration à propos de Fatmir Limaj.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] On doit dire que, pour ma part, en

6 tout cas, je ne comprends plus très bien, Maître Mansfield, parce que vous

7 dites qu'il est venu deux fois, et cetera. Pourriez-vous préciser les

8 choses ?

9 M. MANSFIELD : [interprétation] Le témoin a reconnu qu'il n'avait pas dit

10 au deuxième enquêteur qu'il avait commis une erreur.

11 Q. Voyez-vous, vous avez dit au premier enquêteur, l'enquêteur que vous

12 avez vu en janvier, pas un seul des prisonniers m'a dit qu'il s'agissait de

13 Fatmir Limaj. A ce moment-là, en janvier, vous dites que vous l'aviez vu à

14 la télévision pendant l'année 2000, ou en partie, ainsi qu'en 2001 et que

15 c'est ainsi que vous le connaissiez.

16 R. Oui.

17 Q. Oui. Mais alors, est-ce que c'est un prisonnier qui vous l'a dit, ou

18 est-ce que vous l'avez vu à la télévision, et que c'est ainsi que vous

19 l'avez reconnu ?

20 R. Non. Lorsque je l'ai vu moi-même à la télévision. Il a été appris qu'il

21 s'agissait de Fatmir Limaj. Ensuite, je l'ai reconnu.

22 Q. Oui, mais alors, comment se fait-il qu'au premier enquêteur, vous ayez

23 dit que vous connaissiez le nom de Fatmir Limaj parce qu'un des prisonniers

24 vous avait dit qui il était ? Pourquoi cela ne figure-t-il pas dans votre

25 déclaration ?

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1 R. Aucun des prisonniers ne me l'a dit, parce que nous n'osions pas nous

2 parler les uns aux autres.

3 Q. Précisément.

4 R. Après la guerre, je l'ai vu à la télévision, et j'ai appris plus ou

5 moins. J'ai reconnu qu'il s'agissait de Fatmir Limaj.

6 Q. La question que je vous pose est la suivante : comment le premier

7 enquêteur a-t-il appris par vos propos que son nom vous était connu parce

8 qu'un prisonnier vous avez dit quel était son nom ? Comment se fait-il que

9 cela figure dans votre déclaration ?

10 R. Je ne connaissais pas son nom, et personne d'autre de connaissait son

11 nom là-bas. Nous n'osions pas nous parler les uns aux autres, en tant que

12 prisonniers. Mais après la guerre, nous avons appris que son nom était

13 Fatmir Limaj, et que c'était lui lorsqu'il est apparu à la télévision.

14 Parce que, à l'époque, nous n'osions pas nous parler.

15 Q. Oui, je comprends. Je vais vous reposer la question une seule fois.

16 Comment se fait-il que, dans votre déclaration au premier enquêteur, vous

17 indiquez, c'est vous qui parlait, c'est en albanais, que vous avez appris

18 son nom parce qu'un autre prisonnier vous l'a donné ? Comment se fait-il

19 que ces propos figurent dans votre déclaration ?

20 R. Peut-être y avait-il là quelqu'un, ou peut-être qu'à cause de la

21 guerre, cela remonte à sept ans, et nous avons subi des traumatismes. Mais

22 comme je l'ai dit, Fatmir Limaj est venu là, et il m'a libéré, et je n'ai

23 plus jamais eu aucun contact avec lui, de quelque nature que ce soit.

24 Q. Permettez-moi de vous poser une question à propos d'un autre incident

25 dans lequel est impliqué une autre personne. Cet incident a trait à des

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1 soldats de l'UCK qui vous ont forcés à marcher jusqu'à la maison de

2 quelqu'un d'autre au tout début du périple qui vous a conduit à Lapusnik.

3 Vous souvenez-vous de cet incident ?

4 R. Je ne comprends pas.

5 Q. On vous a forcé à marcher jusqu'à une maison avant même que vous

6 n'arriviez à Lapusnik, c'est ce que vous dites ? Vous avez dû marcher

7 jusqu'à une maison, et ensuite vous vous êtes retrouvé dans une voiture.

8 Vous souvenez-vous avoir marché vers cette maison ?

9 R. Oui, je me souviens d'avoir marché. Cette maison était la maison

10 d'Idriz Muharani.

11 Q. Bien.

12 M. WHITING : [interprétation] Désolé, Monsieur le Président, mais si l'on

13 doit poser toute ces questions au témoin, je propose que l'on passe à huis

14 clos partiel.

15 M. MANSFIELD : [interprétation] Je souhaitais à vrai dire le nom du soldat,

16 je ne sais pas si cela vous aide, parce que je souhaite éviter que l'on

17 passe au huis clos partiel.

18 M. WHITING : [interprétation] Je crois qu'avec ce témoin, il est très

19 difficile d'essayer d'établir ces noms, et l'on court le risque de voir ces

20 noms être connus. C'est un gros risque.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je comprends que vous soyez être

22 prudent. Je crois que jusque-là, Me Mansfield a toujours fait preuve d'une

23 grande prudence. Je crois que nous pouvons continuer à courir quelque peu

24 ce risque. La Chambre souhaite éviter autant que possible ne pas être en

25 audience publique.

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1 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vais changer cela, je le regrette,

3 mais on vient de m'informer qu'il y a des problèmes technologiques, puisque

4 la machine de retard est en panne. Donc, il est impossible d'expurger quoi

5 que ce soit de ce qui a été dit. Tout est diffusé. C'est la raison pour

6 laquelle je regrette d'annoncer que nous devons passer à un huis clos

7 partiel.

8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

9 le Président, Messieurs les Juges.

10 [Audience à huis clos partiel]

11 (expurgée)

12 (expurgée)

13 (expurgée)

14 (expurgée)

15 (expurgée)

16 (expurgée)

17 (expurgée)

18 (expurgée)

19 [Audience publique]

20 M. MANSFIELD : [interprétation]

21 Q. Je vous repose la question. Je fais référence au moment où vous avez dû

22 attendre environ une heure avant que des soldats de l'UCK viennent vous

23 chercher pour vous forcer à marcher jusqu'à la maison que vous avez déjà

24 mentionnée. Savez-vous exactement à quoi je fais référence ?

25 R. Oui. Quatre soldats sont venus. Pas un seul, mais quatre, et ils nous

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1 ont amené. Nous avons parcouru 500 mètres à pied dans la montagne jusqu'à

2 la maison que vous avez mentionnée, et nous y sommes allés. J'ai demandé,

3 j'ai dit : Puis-je vous demander quelque chose ? Ils ont dit : Oui. Alors

4 j'ai dit : Est-ce que vous êtes Serbes ou Albanais ? Ils ont dit : Nous

5 sommes Albanais. Ils ont

6 dit : Mets-toi dans le coffre de la voiture.

7 Q. Je souhaite vous poser quelques questions à propos de ces quatre

8 soldats.

9 Je fais une pause en cas où il y aurait un problème, mais il y en n'a

10 pas.

11 Je souhaite vous poser la question suivante : avez-vous jamais été à même

12 d'identifier l'un quelconque de ces quatre soldats ?

13 R. Non, aucun. Ils ne portaient pas de masque, mais je ne les connaissais

14 pas.

15 Q. Avez-vous dit à qui que ce soit que vous seriez à même d'en reconnaître

16 un si à l'avenir ?

17 R. Non, pas cela.

18 Q. Avez-vous dit à qui que ce soit, que vous pensiez connaître le nom de

19 l'un des quatre ?

20 R. Non, j'ai juste entendu quelque chose comme Elise, Elise. Mais je ne

21 peux pas reconnaître leur visage. Mais le nom Elez.

22 Q. Dans cette même déclaration portant la date du 19 janvier, il y a un

23 passage à propos de ceci. Vous avez indiqué au premier enquêteur que vous

24 aviez "attendu environ une heure et que deux" - non pas quatre, deux -

25 "autres soldats UCK en uniforme étaient venus et nous ont forcé à parcourir

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1 500 mètres à pied."

2 Or, vous nous dites aujourd'hui que cela n'est pas exact. Qu'ils

3 étaient au nombre de quatre et non pas de deux; est-ce exact ?

4 R. Nous avons subi des traumatismes. J'ai dit la vérité et ces questions

5 me paraissent déplacées. J'ai dit la vérité à propos de ce que j'ai vécu.

6 Je n'ai rien dit de ce que je n'avais pas vécu. Mais nous avons subi de

7 grands traumatismes.

8 Q. Vous comprenez bien qu'il est très important que vous ne vous trompiez

9 pas lorsque vous identifiez des personnes dans le contexte de ces

10 événements très difficiles. Vous comprenez bien à quel point cela est

11 important ?

12 R. Des gens que je ne connais pas, je ne les connais pas. Les gens que je

13 connais, je les ai décrits.

14 Q. C'est la raison pour laquelle je vous pose la question. Permettez-moi

15 de poursuivre la lecture de cette déclaration à propos des deux soldats.

16 Vous dites au premier enquêteur, la chose suivante : "Je ne savais pas qui

17 était ces deux soldats de l'UCK. En revanche, je suis certain de pouvoir

18 reconnaître l'un d'entre eux aujourd'hui."

19 Cela était en janvier 2002. Est-ce là la vérité, à savoir que vous

20 pourriez en reconnaître un ?

21 R. Non.

22 Q. Alors pourquoi l'avez-vous dit ?

23 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, si l'on dit ceci au

24 témoin, je crois que les deux phrases doivent être replacées dans leur

25 contexte. C'est la raison pour laquelle je souhaiterais vivement que l'on

Page 1063

1 fasse là à huis clos partiel, puisqu'il y a des noms d'endroits et de

2 personnes.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crois que nous sommes contraints et

4 forcés malheureusement de passer à session à huis clos partiel.

5 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

6 le Président, Monsieur et Madame les Juges.

7 [Audience à huis clos partiel]

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25 [Audience publique]

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1 M. MANSFIELD : [interprétation]

2 Q. En septembre 1998, la police serbe vous a interrogé. Vous en souvenez-

3 vous ?

4 R. Oui.

5 Q. Y a-t-il, pour autant que vous le sachiez, un procès-verbal de cet

6 entretien ? Est-ce qu'ils ont pris des notes à mesure qu'ils vous posaient

7 des questions ?

8 R. Non. Ils voulaient me parler de l'immatriculation d'un véhicule, une

9 histoire d'amende.

10 Q. Vous n'avez peut-être pas compris. Lorsque l'on vous a interrogé, selon

11 vous, il s'agissait de la police serbe qui vous interrogeait et qui

12 souhaitait savoir ce qui vous était arrivé ?

13 R. Je ne comprends pas.

14 Q. Avez-vous parlé de Lapusnik à la police serbe ?

15 R. Après la guerre ?

16 Q. Après la guerre -- pardon, non pas après la guerre, mais en 1998, si je

17 ne me trompe pas. En septembre 1998, après votre retour dans votre

18 village ?

19 R. C'est exact.

20 Q. C'est exact ?

21 R. Ils m'ont emmené depuis Breg i Zi et ils m'ont emmené au poste de

22 police de Lipjan. Ils m'ont demandé d'où je venais. J'ai dit que je viens

23 de ce village. Où étiez-vous ? Et j'ai répondu, j'étais en prison. J'étais

24 épuisé. J'avais beaucoup de mal à parler. Je leur ai dit que j'avais été à

25 Lapusnik. C'est ce que je leur ai donné et c'est tout.

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1 Q. Au cours de cet entretien, est-ce que les questions avaient été écrites

2 et enregistrées d'une manière ou d'une autre ? Est-ce que vos réponses ont

3 été écrites pour autant que vous le sachiez ?

4 R. Non, je n'ai vu personne prendre de notes.

5 Q. Avez-vous mentionné un commandant de l'UCK qui vous avait libéré ?

6 R. Je n'ai cité aucun nom là-bas.

7 Q. A quel moment avez-vous révélé, en d'autres termes, dit à qui que ce

8 soit que vous aviez parlé à la police serbe de vos expériences, de ce que

9 vous aviez vécu ?

10 R. Je ne l'ai révélé à personne, pas même à ma famille, à personne.

11 Q. Quand l'avez-vous révélé pour la première fois ?

12 R. La première fois c'était ici, et aussi lorsque j'ai été interrogé à

13 Pristina, dans le cadre d'une conversation avec ces gens-là.

14 Q. Qui sont ces gens-là ?

15 R. Ceux du Tribunal. C'est à eux que je l'ai dit.

16 Q. S'agissait-il de M. Tucker, de M. Whiting, ou de quelqu'un d'autre ?

17 R. Je ne me souviens pas parce que bien du temps s'est écoulé depuis.

18 Q. Ce que vous aviez dit aux enquêteurs, et ce, à plusieurs reprises, est-

19 ce que vous n'aviez jamais parlé de cela à qui que ce soit à l'exception de

20 votre famille ? C'est ce que vous disiez.

21 R. C'est ce que j'ai déclaré. Je n'en ai jamais discuté, ni avec ma

22 famille, ni avec qui que ce soit d'autre.

23 Q. Excusez-moi. Je vais essayer d'être très clair. Vous avez indiqué que

24 ce qui vous était arrivé à, c'est vous qui le dites, Lapusnik n'avait pas

25 fait l'objet de discussions avez qui que ce soit, exception faite de votre

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1 famille. C'est ce que vous disiez.

2 R. Excusez-moi, je ne comprends pas.

3 Q. Jusqu'à il y a peu - nous n'avons pas de date - vous aviez toujours dit

4 que personne, exception faite de votre famille, ne savait ce que vous aviez

5 vécu à Lapusnik. Vous avez dit aux enquêteurs : Je n'ai dit cela à personne

6 d'autre. Vous n'avez pas fait de déclarations et vous n'en avez parlé à

7 personne.

8 R. Je n'en ai parlé à personne.

9 Q. Oui, mais vous aviez parlé, ou, pour le moins, la police serbe vous a

10 demandé d'en parler, n'est-ce pas ?

11 R. Oui, c'est exact.

12 Q. Vous n'avez pas dit aux enquêteurs, lorsqu'ils ont entendu votre

13 déclaration, qu'en fait vous aviez parlé de ces questions à la police

14 serbe ? Pourquoi ne l'avez-vous pas dit aux enquêteurs ?

15 R. Je n'y ai pas beaucoup pensé. Croyez-moi, nous étions épuisés.

16 Q. Vous souvenez-vous des noms de l'un quelconque des trois hommes qui

17 vous ont interrogé ?

18 R. Non. Il n'y avait qu'une personne là-bas. C'était un Albanais, et il y

19 avait aussi des Romes et un Serbe. Ils m'y ont posé des questions. Ils

20 étaient trois.

21 Q. Pensez-vous que l'Albanais portrait le nom de Fatmir ?

22 R. Fatmir. Oui, c'est exact.

23 Q. J'aimerais aller un peu plus loin. Quels sont les autres noms que vous

24 vous rappelez, noms des personnes qui vous ont interrogé ?

25 R. Je n'ai pas répondu à un interrogatoire là-bas.

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1 Q. Est-ce que vous l'avez vu depuis ou l'aviez-vous vu avant ?

2 R. Je ne les ai plus revus.

3 Q. Vendredi dernier, vous nous avez dit que vous leur aviez montré, c'est

4 le mot que nous avons reçu en traduction, donc vous leur avez "montré"

5 Lapusnik. Est-ce que vous les avez emmenés jusqu'à Lapusnik ?

6 R. Oui. Sinon, je ne pourrais pas mentir.

7 M. WHITING : [interprétation] Je suis désolé. Puis-je avoir la page, je

8 vous prie, de cette référence.

9 M. MANSFIELD : [interprétation] Oui, certainement. Chez moi, c'est la page

10 69. Je ne sais pas si les pages sont numérotées quelque peu différemment.

11 Il s'agit du neuvième jour, et c'est le 26 novembre 2004. En fait, c'est la

12 ligne dix.

13 Q. Quand les avez-vous emmenés à Lapusnik ?

14 R. Je ne les ai pas emmenés à Lapusnik. Lorsqu'ils m'ont interrogé et

15 lorsqu'ils m'ont demandé où je m'étais trouvé, je leur ai dit que j'étais à

16 Lapusnik, que j'avais été détenu là-bas, dans une prison, et je me suis

17 arrêté là.

18 M. MANSFIELD : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les

19 Juges, il y a peut-être quelques problèmes d'interprétation. Mais j'entends

20 le témoin répondre à ma question : est-ce que vous les avez emmenés à

21 Lapusnik ?

22 Et le témoin avait répondu par : "Oui."

23 Maintenant, il dit que --

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas osé les emmenés à Lapusnik.

25 Personne n'osait.

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1 M. MANSFIELD : [interprétation]

2 Q. Permettez-moi de vous poser quelques questions sur Lapusnik justement.

3 Vous dites avoir reconnu Lapusnik, vendredi dernier, car vous aviez des

4 amis qui vivaient là-bas, n'est-ce pas ?

5 R. C'est exact.

6 Q. Je ne voudrais pas que vous nous donniez les noms de vos amis, surtout

7 pas en audience publique, mais dites-nous si les amis que vous aviez à

8 l'époque, est-ce qu'ils étaient encore là en 1998 ?

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20 R. Non. Je ne comprends pas. De quel enquêteur parlez-vous ?

21 Q. Je ne parle pas de M. Tucker, mais bien du premier enquêteur. Je peux

22 vous donner son nom si cela peut vous aider, mais vous nous avez dit ne pas

23 connaître son nom -- ne pas vous souvenir de son nom.

24 R. Je ne sais pas.

25 Q. Est-ce que vous avez fait des croquis de la ferme de Lapusnik même ?

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1 R. Oui.

2 Q. Est-ce que vous avez fait ce croquis pour le premier enquêteur ?

3 R. Je ne me souviens pas s'il s'agissait du premier enquêteur ou du

4 deuxième, mais je sais avoir fait un croquis.

5 Q. Il se peut qu'il y ait des problèmes d'interprétation. Je vais donc

6 vous poser cette question très lentement. Vendredi dernier, vous avez dit -

7 - je demanderais que l'on place ceci sur le rétroprojecteur. Il s'agit de

8 la page 74, aussi, en fait, le document porte la côte ERN 01167660.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il y a certains noms, Monsieur

10 Mansfield, qui sont cités dans ce passage.

11 M. MANSFIELD : [interprétation] Oui, très bien. Donc, il est peut-être

12 mieux de passer à huis clos partiel, étant donné les circonstances. Je

13 souhaiterais que le témoin puisse en prendre connaissance.

14 M. WHITING : [interprétation] De plus, outre les écrans qui se trouvent

15 devant nous, il faudrait, si vous voulez que l'on montre ceci sur les

16 écrans, que les stores soient baissés. Sinon, il faudrait éviter de montrer

17 ce document sur nos écrans et sur les écrans qui se trouvent à l'extérieur

18 de ce prétoire.

19 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes à huis

20 clos partiel.

21 [Audience à huis clos partiel]

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1 [Audience publique]

2 M. WHITING : [interprétation]

3 Q. Monsieur le Témoin, nous sommes en audience publique. Je vous

4 demanderais d'être prudent, de ne citer aucun nom.

5 Permettez-moi de répéter la question que je vous posais. L'homme que vous

6 avez identifié comme étant Fatmir Limaj, vous a dit à Lapusnik que vous

7 seriez libéré. Comment avez-vous réagi ?

8 R. Que puis-je dire? Lorsqu'il m'a dit : Tu vas rentrer chez toi, j'étais

9 surpris. Je n'en revenais pas.

10 Q. Etes-vous certain, aussi sûr que vous êtes parmi nous aujourd'hui, que

11 cet homme était bien Fatmir Limaj ?

12 R. Oui, j'en suis certain.

13 Q. Lorsque le TPIY vous a interrogé en novembre 2002, est-ce que vous avez

14 dit aux enquêteurs du Tribunal que Fatmir Limaj était l'homme qui vous

15 avait libéré ou qui avait ordonné votre libération de Lapusnik ?

16 R. Oui, je l'ai écrit. J'ai écrit qu'il m'avait libéré de prison. Fatmir

17 Limaj.

18 Q. On vous a posé un nombre assez important de questions à propos de

19 l'entretien que vous aviez eu avec la CCIU de la MINUK, en janvier 2002.

20 Vous souvenez-vous de ces questions nombreuses ?

21 R. Je ne me souviens pas des questions. C'était il y a longtemps.

22 Q. Non, mais ce que je veux dire, vous vous souvenez qu'on vous a posé des

23 questions, que le conseil de la Défense vous a posé des questions à propos

24 de cet entretien, à propos de l'entretien que vous avez eu avec la CCIU de

25 la MINUK ?

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1 R. Oui. Ils m'ont posé des questions, mais je sais que j'ai écrit la

2 vérité.

3 Q. Au cours de l'entretien que vous avez eu avec la CCIU de la MINUK, vous

4 souvenez-vous de la durée de ces entretiens ?

5 R. Une heure et demi, deux heures.

6 Q. A quel endroit ont eu lieu ces entretiens ?

7 R. A Pristina.

8 Q. Vous avez dit qu'avant ces entretiens, des personnes sont venues chez

9 vous pour vous inviter à vous rendre à ces entretiens.

10 R. Oui, c'est exact.

11 Q. Lorsque ces personnes sont venues chez vous, combien de temps leur

12 avez-vous parlé ?

13 R. Pas très longtemps, dix à 15 minutes, peut-être. C'est tout. Ils ont

14 pris des notes, ils m'ont convoqués, et je me suis rendu à Pristina.

15 Q. Lorsque ont eu lieu ces entretiens avec la CCIU de la MINUK à Pristina,

16 vous avez parlé à plusieurs reprises des interprètes. Savez-vous si

17 l'interprète était serbe ou albanais ?

18 R. Je ne souviens pas. Mais ils ont parlé une langue différente, nous ne

19 comprenions pas de quoi ils parlaient. Il est possible qu'ils aient

20 consigné différemment ce qu'on leur a dit. Je ne sais pas c'étaient des

21 Serbes.

22 Q. Vous aviez du mal à comprendre l'interprète ?

23 R. Oui, effectivement.

24 Q. Est-ce que vous eu également du mal à faire confiance à l'interprète ?

25 R. Il y avait une dame américaine. Elle connaissait très bien la langue,

Page 1106

1 puisque les autres, je ne leur faisais pas confiance. Mais cette dame-là,

2 oui, je lui faisais confiance.

3 Q. Quand vous avez vu cette dame américaine, est-ce que c'était lorsque

4 vous étiez interrogé par la CCIU de la MINUK ou par les enquêteurs du

5 Tribunal ?

6 R. Par les enquêteurs du Tribunal.

7 Q. Je vais vous poser une question concernant un autre sujet, Monsieur.

8 Après que vous ayez quitté la prison de Lapusnik, et après que vous avez

9 été escorté avec les autres prisonniers en direction de Berisa, est-ce que

10 vous êtes revenu à quelque moment que ce soit par la suite à cet endroit

11 qui avait été désigné comme étant la prison de Lapusnik ?

12 R. Non. Il est absolument impossible de s'y rendre de nouveau.

13 Q. Monsieur, vous aviez décrit la pièce dans laquelle vous vous trouviez.

14 Vous y êtes trouvez pendant presque deux mois dans cette pièce à Lapusnik,

15 et vous avez décrit que cette pièce était munie d'une fenêtre, n'est-ce pas

16 ?

17 R. Oui, il n'y avait qu'une petite fenêtre.

18 Q. La lumière pouvait-elle passer par cette fenêtre ? Entrait-elle par la

19 fenêtre en question ?

20 R. Quelques rayons de soleil seulement, peu de lumière. Il y avait

21 également une planche de bois devant la fenêtre qui empêchait la lumière

22 d'entrer dans la pièce.

23 Q. On vous a posé un certain nombre de questions quant à la possibilité de

24 voir Shala, à savoir, si vous pouviez le voir. Est-ce que vous pourriez

25 dire aux Juges de la Chambre à quel fréquence vous arrivait-il de voir

Page 1107

1 Shala ? Est-ce que c'était tous les jours ?

2 R. Tous les jours, tous les matins, ainsi que vers le milieu de la

3 journée. Il lui arrivait d'ouvrir la porte, et nous demander comment nous

4 nous sentions. I était là pendant toute la durée de mon séjour. Il était

5 devenu comme un membre de la famille.

6 Q. Lorsqu'il vous apportait de la nourriture, est-ce qu'il entrait dans la

7 pièce dans laquelle vous vous trouviez pour vous apporter de la

8 nourriture ?

9 R. Oui, oui.

10 Q. Lorsque accompagné d'autres prisonniers, vous deviez vous rendre à

11 Berisa, est-ce que c'était pendant le jour ou la nuit ?

12 R. C'était le jour. Il faisait jour.

13 Q. Au cours de cette période de deux mois que vous avez passés à Lapusnik,

14 et alors que vous vous rendiez à Berisa ce dernier jour de votre séjour,

15 est-ce que vous pouviez clairement voir le visage de Shala ?

16 R. Oui. Je l'ai vu très clairement. Alors que nous escaladions ce mont,

17 cette montagne, Shala nous a dit de nous tenir par la main. Il nous a dit :

18 Si l'un de vous lâchez la main de l'autre, je vais vous tuer. J'étais le

19 dernier dans cette queue qui montait la montagne. C'est ainsi que nous

20 montions. Il y avait une clairière à un moment donné, et nous escaladions

21 cette montagne. A un certain moment donné, nous nous étions arrêtés.

22 M. WHITING : [interprétation] Un instant, je vous prie.

23 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

24 M. WHITING : [interprétation] Je n'ai plus d'autres questions, Monsieur le

25 Président.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur, je vous informe maintenant

2 que ceci représente la fin de votre témoignage. Vous allez maintenant

3 pouvoir rentrer chez vous, votre témoignage étant terminé. La Chambre

4 souhaite vous remercier de vous être déplacé jusqu'à La Haye, d'être venu

5 et de nous avoir apporté toute l'aide que vous nous avez apportée. Lorsque

6 la séance sera levée, vous pourrez rentrer chez vous, et l'on vous avisera

7 ou l'on vous dira, donnera des conseils quant à votre retour à la maison.

8 Monsieur Whiting, nous allons maintenant prendre la pause. Je crois

9 que le moment est bien choisi, et nous reprendrons nos travaux à 17 heures

10 30. Est-ce que cela vous convient ?

11 M. WHITING : [interprétation] Je crois que oui. Le conseil suivant sera M.

12 Cayley, c'est lui qui examinera le prochain témoin. Cela nous convient tout

13 à fait.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Je vous remercie. Nous

15 allons reprendre nos travaux à 17 heures 35.

16 --- L'audience est suspendue à 17 heures 16.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Je vais à présent

18 vous demander de prononcer une déclaration solennelle. Je vous prierais de

19 répéter après moi. Je déclare solennellement.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Que je dirai la vérité.

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Que je dirai la vérité.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Toute la vérité.

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Toute la vérité.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Et rien que la vérité.

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Et rien que la vérité.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez vous

3 asseoir, je vous prie. M. Cayley, vous pouvez à présent poser un certain

4 nombre de questions.

5 Je vous écoute, Monsieur Cayley. Je vous demande de commencer,

6 Monsieur Cayley.

7 M. CAYLEY : [interprétation] Je vais d'abord demander à Madame

8 l'Huissière de dire au témoin son nom à voix basse, et de lui demander s'il

9 s'agit bien de lui, du nom qui figure sur la liste.

10 LE TÉMOIN: TEMOIN L-04 [Assermenté]

11 [Le témoin répond par l'interprète]

12 Interrogatoire principal par M. Cayley :

13 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, vous allez devoir le dire plus

14 fort. Est-ce que c'est bien votre nom qui vient de vous être lu ?

15 R. Oui.

16 M. CAYLEY : [interprétation] Pourriez-vous, Madame l'Huissière, montrer

17 cette feuille au conseil de la Défense et par la suite aux Juges de la

18 Chambre.

19 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

20 M. LE GREFFIER : [interprétation] La feuille portant le pseudonyme du

21 témoin portera la côte P75, versée sous pli scellé.

22 M. CAYLEY : [interprétation] Je crois qu'il faudrait appeler ce témoin L-

23 04.

24 Q. Monsieur le Témoin, je comprends que vous n'ayez jamais témoigné devant

25 un Tribunal, et je peux comprendre que vous soyez quelque peu ému. Je vous

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1 demanderai d'écouter attentivement les questions qui vous serons posées, et

2 je vous demanderai de parler lentement ainsi que de répondre aux questions

3 qui vous sont posées, de ne pas vous étaler, mais plutôt de vous concentrer

4 sur les questions que je vous pose. Est-ce que vous comprenez ?

5 R. Oui.

6 M. CAYLEY : [interprétation] Monsieur le Président, pourrait-on passer à

7 huis clos partiel, je vous prie.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Passons à huis clos partiel.

9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, Madame et Monsieur

10 les Juges, nous sommes à huis clos partiel.

11 [Audience à huis clos partiel]

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1 [Audience publique]

2 M. CAYLEY : [interprétation]

3 Q. Monsieur le Témoin, après ce passage au tabac, pouvez-vous dire aux

4 Juges ce qui s'est passé ? Que vous est-il arrivé ?

5 R. Oui. Après ce passage à tabac, ils nous ont pris par le bras, Alush

6 Gashi, et ils nous ont mis dans une fourgonnette.

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15 (expurgée) Il n'y avait que des sièges qu'à l'avant. Nous étions

16 couchés dans le coffre à l'arrière. Il n'y avait pas de sièges. Moi,

17 j'étais derrière le chauffeur et mon cousin était de l'autre côté, à côté

18 de moi. Nous avons roulé. Moi, j'essayais de deviner quelle était notre

19 direction. Je connaissais très bien la route. J'étais déjà venu. J'avais

20 déjà suivi cette route avant la guerre. Le véhicule roulait sur la gauche.

21 Je me suis retrouvé à Lapusnik.

22 Q. Si que vous en souvenez, combien de temps s'est écoulé entre le passage

23 à tabac et votre arrivée à Lapusnik ?

24 R. Je ne sais que vous dire. Le véhicule a emprunté plusieurs routes.

25 Q. Vous n'en avez pas le souvenir, n'est-ce pas ? Vous ne pouvez pas nous

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1 dire combien de temps à durer le trajet ?

2 R. Une heure peut-être.

3 Q. Vous nous dites, vous vous êtes retrouvé à Lapusnik.

4 R. Oui.

5 Q. Pendant le trajet, entre le lieu où vous avez été passé à tabac et

6 Lapusnik, vous aviez un sac sur la tête, n'est-ce pas ?

7 R. Oui. Nous deux avions un sac sur la tête. J'ai essayé, moi, de savoir

8 où nous allions. Je ne voyais pas, mais je connaissais bien la route. Il y

9 avait une route goudronnée avec un village appelé Sedlare. Il y a un petit

10 tronçon de route goudronnée. La route tourne à droite, mais notre véhicule

11 à tourner à gauche. C'est comme cela que j'ai su que nous arrivions à

12 Lapusnik.

13 Q. Lorsque vous êtes arrivé à Lapusnik, pouvez-vous dire aux Juges ce qui

14 s'est passé.

15 R. Oui. Lorsque nous sommes arrivés à Lapusnik, ils nous ont fait sortir

16 de la voiture, et Shala a retiré le sac de nos têtes.

17 Q. Saviez-vous que la personne qui a retiré ce sac sur votre tête à

18 l'époque s'appelait Shala ?

19 R. Oui. J'ai entendu un soldat dire, Shala, ouvre la porte. Fait les

20 sortir. C'était un garde.

21 Q. Par conséquent, lorsque vous êtes arrivé, vous avez entendu un soldat

22 s'adresser à un individu en se servant du nom Shala, n'est-ce pas ?

23 R. Oui.

24 Q. Lorsque vous êtes arrivé à Lapusnik, faisait-il grand jour où, au

25 contraire, faisait-il sombre ?

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1 R. C'était le matin, vers 10 heures, sans doute 10 heures et demie.

2 Q. En plein été ?

3 R. Oui. En juin.

4 Q. Que vous a dit Shala à vous et aux membres de votre famille ? Que vous

5 a-t-il demandé de faire, si vous vous en souvenez ?

6 R. Lorsque nous sommes arrivés sur la place, Shala nous a fouillés. Il a

7 regardé ce que nous avions dans les poches et puis il a tâté nos poignets.

8 Il voulait que nous lui remettions toutes nos possessions.

9 M. CAYLEY : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais à ce

10 que nous passions en audience à huis clos partiel, puisque la suite du

11 témoignage risque d'aboutir à la communication d'un certain nombre

12 d'éléments.

13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes en

14 audience à huis clos partiel.

15 [Audience à huis clos partiel]

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11 Pages 1127-1141 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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1 (expurgée)

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3 --- L'audience est levée à 19 heures 01 et reprendra le mardi 30 novembre

4 2004, à 14 heures 15.

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