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1 Le jeudi 13 janvier 2005
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 17.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour à tous. Je pense que vous avez
6 tous pu vous reposer lors de ces vacances judiciaires.
7 Monsieur Cayley, vous avez une requête à présenter, je crois.
8 M. CAYLEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, Madame, Monsieur
9 les Juges. Il s'agit simplement, en fait, il s'agit de deux questions qui
10 sont liées l'une à l'autre. La première concerne la requête du 7 janvier
11 portant sur les mesures de protection à l'égard du témoin suivant, qui je
12 crois, s'explique assez facilement. Je crois qu'il n'y a pas d'objection de
13 la part de la Défense, mais vous souhaitez peut-être dire quelque chose,
14 Monsieur le Président.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.
16 Y a-t-il une quelconque objection que quelqu'un souhaiterait
17 soulever. Si tel n'est pas le cas, je ne vais pas vous encourager à le
18 faire.
19 La Chambre de première instance estime, Monsieur Cayley, que votre requête,
20 telle qu'elle est décrite au paragraphe 6 de votre requête, est une requête
21 à laquelle nous devons faire droit.
22 M. CAYLEY : [interprétation] Encore un autre point qui est lié à cette
23 demande. Il y a un certain nombre de documents que le témoin va présenter
24 lors de son témoignage, et je vais vous remettre le classeur contenant ces
25 documents. La plupart de ces documents, à l'exception de cinq d'entre eux,
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1 sont des documents qui doivent être sous pli scellé, car initialement ils
2 nous ont été fournis conformément à l'Article 70 du Règlement de procédure
3 et de preuve. Je pourrais faire cette demande à la fin de la déposition de
4 ce témoin.
5 Ensuite, il y a derrière moi, deux représentants du gouvernement
6 britannique qui sont dans ce prétoire ici aujourd'hui. A gauche Mme Dominic
7 Raab, qui est le conseiller juridique auprès de l'ambassade britannique, et
8 à sa droite Katharine Shepherd, qui est conseiller juridique auprès du
9 ministère de la Défense. Ces deux personnes sont dans le prétoire
10 aujourd'hui en tant que conseiller particulier pour l'Accusation à propos
11 de l'Article 70 et de ces documents. Par conséquent, toute intervention
12 qu'ils souhaitent faire conformément à l'Article 70, c'est quelque chose
13 qu'ils feraient par mon intermédiaire. Ils m'en parleraient au cours de la
14 pause. Je vous demande simplement l'autorisation d'autoriser la présence de
15 ces deux personnes dans le prétoire.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En tant que conseillers juridiques de
17 la Défense, eu égard à ce témoin, cela ne pose pas de difficultés
18 particulières, mais ils n'ont pas un rôle totalement indépendant.
19 M. CAYLEY : [interprétation] Oui, oui, c'est cela, Monsieur le Président.
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est une question réglée.
21 Etes-vous prêt à faire entrer le témoin ?
22 M. CAYLEY : [interprétation] Oui, absolument, Monsieur le Président.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si tel est le cas, je vous demande de
24 bien vouloir baisser les stores, s'il vous plaît, en vertu de cette
25 ordonnance.
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1 M. CAYLEY : [interprétation] Monsieur le Président, en attendant, je
2 souhaite vous demander si vous avez un classeur avec différents
3 intercalaires, oui, je crois que c'est le cas. Madame, Monsieur les Juges,
4 est-ce que vous avez ce classeur numéro 42 ?
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, le numéro 42.
6 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Si vous auriez
8 l'obligeance de faire la déclaration solennelle qui se trouve sur le
9 feuillet qu'on vous a remis.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
11 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez vous
13 asseoir.
14 Est-ce que nous devons être à huis clos partiel ou en audience publique,
15 Monsieur Cayley pour ces questions préliminaires ?
16 M. CAYLEY : [interprétation] Je crois que de la manière dont j'ai préparé
17 le témoignage, il ne sera pas nécessaire d'entendre ces questions à huis
18 clos partiel.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je demande, par conséquent, à ce qu'on
20 relève les stores, s'il vous plaît.
21 Oui, Monsieur Cayley, vous avez la parole.
22 M. CAYLEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
23 LE TÉMOIN: JOHN CROSLAND [Assermenté]
24 [Le témoin répond par l'interprète]
25 Interrogatoire principal par M. Cayley :
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1 Q. [interprétation] Monsieur, simplement pour vous le rappeler, je sais
2 que vous avez témoigné dans le cadre de l'affaire Milosevic, je vous
3 demande de bien vouloir faire une pause entre ma question et votre réponse.
4 Ceci est relié aux interprètes qui traduisent tout ce qui est dit. Je
5 tâcherais d'avoir un débit assez lent de façon à pouvoir permettre aux
6 interprètes de travailler.
7 Ai-je raison de dire que vous êtes un colonel de l'armée britannique
8 à la retraite ?
9 R. C'est exact.
10 Q. Est-ce que j'ai raison de dire que vous avez fait partie du
11 Régiment des Parachutistes en 1967 ?
12 R. C'est exact.
13 Q. Quelles responsabilités avez-vous eues au sein de l'armée britannique ?
14 R. J'ai commandé un bataillon, et même au-dessus. J'ai commandé des
15 brigades.
16 Q. Cela représente combien d'hommes au total ?
17 R. Plus de 1 000 hommes.
18 Q. Bien. Avez-vous, au cours de votre carrière, pris part à des activités
19 de combat ?
20 R. Un peu trop, à mon goût.
21 Q. Pourriez-vous nous en parler brièvement, et nous donner un
22 exemple d'une activité de combat ?
23 R. Au Moyen-Orient, j'ai commandé quelque 3 000 hommes. J'ai été dans les
24 Falklands, en Irlande du Nord, et dans les Balkans.
25 Q. Ai-je raison de dire qu'en 1996, vous avez été nommé attaché militaire
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1 auprès de l'ambassade britannique de Belgrade en Serbie ? Est-ce exact ?
2 R. Oui, c'est exact.
3 Q. Ou en Yougoslavie, comme cela s'appelait alors ?
4 R. Oui, c'est exact.
5 Q. Pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre, s'il vous plaît, quel
6 rôle vous avez joué en tant qu'attaché militaire auprès de l'ambassade
7 britannique de Belgrade ?
8 R. En tant qu'attaché militaire, vous représentez le chef d'état-major
9 dans le pays dans lequel je me trouvais en Yougoslavie. J'avais un accès
10 direct au chef d'état-major de la Défense en Yougoslavie. J'étais en
11 contact étroit avec l'armée yougoslave, et votre rôle est de représenter
12 votre pays au plus haut niveau lorsque des questions militaires
13 interviennent.
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Cayley, je vais vous
15 demander, s'il vous plaît, de ralentir un petit peu. Il y a plusieurs
16 traductions, comme vous le savez, en plusieurs langues.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je comprends, Monsieur le Président.
18 M. CAYLEY : [interprétation] J'essaie en fait d'écouter le français, et à
19 ce moment-là, je poserai la question lorsque la traduction sera terminée.
20 Q. En tant qu'attaché militaire, vous conseillez en même temps
21 l'ambassadeur lui-même sur les questions militaires dans le pays dans
22 lequel vous vous trouviez ?
23 R. C'est exact. En général, l'ambassadeur utilisait un DipTel, ou un
24 télégramme diplomatique. Dans notre jargon, c'est un DipTel. Il y avait un
25 paragraphe concernant la question de sécurité, si je le jugeais nécessaire,
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1 sur les événements sur lesquels l'ambassadeur faisait un rapport. Ceci se
2 faisait de façon quotidienne, ou en tout cas, à une fréquence très
3 régulière, selon les besoins. Cela était différent des télégrammes
4 militaires que j'envoyais toutes les fois que c'était nécessaire, lorsque
5 je les envoyais au MOD à Londres.
6 Q. Le DipTel auquel vous avez fait référence, ce DipTel était envoyé chez
7 qui ?
8 R. Ceci était envoyé au ministère des Affaires étrangères du Commonwealth.
9 M. CAYLEY : [interprétation] Est-ce que nous pouvons montrer au témoin un
10 exemple de ces DipTels, de ce télégramme diplomatique ? Est-ce que nous
11 pourrions en placer un sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît ?
12 Q. Monsieur Crosland, je vous demande de bien vouloir placer ceci sur le
13 rétroprojecteur qui se trouve à côté de vous. Il s'agit là d'une carte que
14 vous nous avez fournie, et que vous avez utilisée à l'époque, lorsque vous
15 avez servi en Yougoslavie.
16 R. C'est exact.
17 Q. Je vous demande de bien vouloir vous tourner vers le premier
18 intercalaire dans ce classeur. Nous voyons là un télégramme diplomatique
19 qui est daté du 2 mars 1998. S'agit-il là d'un DipTel de façon à ce que
20 nous comprenions de quoi il s'agit ?
21 R. Oui, c'est exact. Il est signé par l'ambassadeur de l'époque, ou son
22 adjoint.
23 Q. Qui fournissait les éléments ?
24 R. C'est en tout cas le moyen qu'utilisait notre ambassadeur ou son
25 adjoint, ou le chef de la mission, quelque soit "l'officier politique" ou
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1 moi-même.
2 Q. Vous avez déclaré un peu plus tôt que c'est vous qui fournissiez les
3 éléments sur les questions de sécurité; est-ce exact ?
4 R. Oui, c'est exact.
5 Q. Bien. Alors, eu égard au rôle que vous avez joué en Serbie, ou plutôt
6 en Yougoslavie, puisque cet ainsi que le pays s'appelait, est-ce que vous
7 avez eu l'occasion de vous rendre au Kosovo à l'époque, lorsque vous étiez
8 à Belgrade ?
9 R. Oui. J'ai passé la première partie de l'année 1998, et ce jusqu'en
10 1999, lorsque l'OTAN a bombardé la Yougoslavie. J'ai passé le plus clair de
11 mon temps à visiter la province du Kosovo.
12 Q. Pourquoi ?
13 R. Car cela faisait partie de ma mission. On m'avait demandé de me
14 renseigner sur ce qui s'y passait. Mon rôle consistait à m'enquérir des
15 événements dans la région de la province de Serbie, de Yougoslavie.
16 M. CAYLEY : [interprétation] Je crois qu'il y a un problème avec la
17 traduction. On dit qu'il y a du francais sur le canal anglais.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous suggère --
19 M. CAYLEY : [interprétation]
20 Q. Je vais vous demander de porter votre attention à la date -- aux mois
21 de février, mars, 1998, et le premier télégramme diplomatique.
22 M. CAYLEY : [interprétation] J'ai l'intention de lire ce télégramme de
23 façon à ce qu'il soit consigné dans le compte rendu d'audience. Je sais que
24 cela prendra du temps. Mais en tout cas, cela nous permettra de savoir que
25 les contenus de ces télégrammes seront dans le compte rendu d'audience,
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1 puisqu'ils seront placés sous scellé par la suite. Certains passages que je
2 vais lire sont assez courts. D'autres sont assez longs. Je verrai en
3 fonction du temps. En fonction du temps, je déciderai de la longueur des
4 passages que je lirai.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
6
7 M. CAYLEY : [interprétation]
8 Q. Je vais tout d'abord lire le premier, Monsieur Crosland. Ensuite, je
9 vais vous poser un certain nombre de questions là-dessus. Il s'agit là d'un
10 télégramme diplomatique qui est daté du 2 mars 1998. L'objet est : Kosovo,
11 incident majeur à Drenica.
12 "Conflit majeur entre la police et les Albanais dans la région de Drenica
13 au cours du weekend. Même la presse gouvernementale a reconnu que 16
14 Albanais (terroristes) et quatre policiers ont été tués. Les Albanais
15 prétendent que parmi les morts, il y a une femme et un jeune garçon âgé de
16 16 ans. Les chiffres sont sans doute plus élevés. On ne sait pas qui est à
17 l'origine de cela. La police prétend avoir découvert des caches d'armes
18 importantes. Les combats semblent avoir cessé pour l'instant."
19 Ensuite, une référence est faite à une manifestation à Pristina, que je ne
20 vais pas lire, qui se trouve au paragraphe 2.
21 Paragraphe 3 : "La plupart des combats ont eu lieu près de Glogovac, à une
22 quarantaine de kilomètres à l'ouest de Pristina. La version officielle est
23 que les terroristes ont attaqué une patrouille de police, infligeant des
24 pertes, et la police a répondu et a mené une chasse à l'homme pour essayer
25 de retrouver les attaquants. Les médias officiels, qui ont été repris par
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1 d'autres, disent que la police a découvert des caches d'armes importantes,
2 ainsi que des explosifs. Commentaire, cela est peut-être vrai. La partie
3 albanaise prétend que les incidents ont commencé lorsque la police a
4 commencé à poursuivre une voiture, dans la région de Drenica, pour essayer
5 de mettre un terme à cette activité suspecte. Les combats semblent avoir
6 commencé vers midi le 28 février, se sont poursuivis tard dans la nuit le
7 1er mars. Il n'y a aucun rapport qui confirme que d'autres combats ont eu
8 lieu aujourd'hui.
9 "Les derniers chiffres avancés ne semblent pas très clairs. La presse
10 gouvernementale dit que quatre policiers et 16 Albanais décrits comme des
11 terroristes ont été tués. Nous avons une bonne raison de croire ou de
12 suspecter que les chiffres qui ont été avancés sont sans doute plus élevés
13 que cela. Du côté de la police, il semble que les hommes des unités
14 antiterroristes ont été déployés. Deux d'entre eux ont peut-être été tués.
15 La version avancée par les Albanais est encore moins claire, puisque les
16 lignes téléphoniques à Drenica sont toujours coupées. Quelques-uns des
17 Albanais qui ont été blessés ont apparemment refusé de se rendre dans les
18 hôpitaux de l'Etat. Des rapports des Albanais plus fiables prétendent qu'il
19 y a un jeune garçon de 16 ans qui est parmi les personnes, qui figure parmi
20 les personnes qui ont été tuées. Milosevic, Milutinovic et Minic ont envoyé
21 des membres, des messages de sympathie à leurs familles ainsi qu'aux
22 familles des officiers de police qui ont été tués."
23 Saviez-vous que ces événements ont eu lieu ?
24 R. Cet incident a pris lieu à la date qui est indiquée, et un autre
25 attaché militaire est arrivé lorsque les -- ces deux personnes ont été les
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1 premières personnes a essayé de dresser un bilan de la situation dans la
2 région. On nous a facilité l'accès, et les autorités yougoslaves nous ont
3 permis, je ne sais pas pour quelle raison, de le faire. Il s'agit là d'un
4 moment où les deux familles Ahmeti et Jashari ont été attaquées par les
5 forces de sécurité serbes.
6 Q. Pourquoi les forces de sécurité serbes ont-elles attaqué ces deux
7 familles, les Ahmeti et Jashari, si vous le savez ?
8 R. Ces deux familles avaient, comment puis-je le dire, opéré différentes
9 transactions dans la province du Kosovo. Il y avait quelques indications
10 qui portaient à dire qu'ils avaient pris part à une unité au Kosovo qui
11 commençait à poser problème au Kosovo.
12 Q. Ils avaient commencé à mettre sur pied, qu'est-ce que vous entendez par
13 là ?
14 R. Ils faisaient partie de la mafia albanaise.
15 Q. Est-ce qu'on vous avait donné quelque indication à cet égard, les
16 Serbes, sur les activités de ces familles auxquelles ils ont pris part ?
17 R. Non. Comme je vous l'ai dit, on prétendait qu'ils avaient pris part à
18 une unité naissante ou qui -- l'armée de Libération du Kosovo qui a été
19 créé à ce moment-là, à cette date-là. Puis-je vous signaler, Madame,
20 Monsieur les Juges, que la région de Drenica est celle qui se trouve à
21 l'ouest de Pristina, était l'endroit à l'origine, où l'armée de Libération,
22 pour la première fois, commençait à mener ses opérations, tel que cela a
23 été décrit par
24 M. Cayley.
25 Q. Si vous le savez, savez-vous quelle était l'origine de l'attaque ce
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1 jour-là ?
2 R. L'attaque a démarré, parce que quatre policiers ont été tués à un
3 endroit qui s'appelle Rudnik qui se trouve sur la rue du nord, en direction
4 de Pec. Ensuite, l'attaque que les Serbes avaient préparée, cette opération
5 où il avait 500 hommes dans les véhicules blindés et accompagnés d'autres
6 forces serbes également.
7 Q. Est-ce que vous avez un surligneur ? Je vous demande de bien vouloir
8 surligner ces endroits. Nous n'allons pas les numérotés. Mais ce serait une
9 bonne idée si vous pouviez les marquer avec votre marqueur, l'endroit où
10 les policiers ont été tués, à Rudnik.
11 R. [Le témoin s'exécute]
12 Q. Connaissez-vous l'endroit de l'attaque -- où l'attaque contre les
13 familles Ahmeti et Jashari a eu lieu ?
14 R. Cela a eu lieu au nord du village. Parce que Serbica, et je sais ce que
15 je suis en train de marquer maintenant, Drenica est dans la vallée et de
16 part et d'autre, elle est bordée par deux routes. Si cela vous aide,
17 Madame, Monsieur les Juges. Je ne sais pas si vous connaissez bien ces
18 endroits du Kosovo. Cela peut vous être utile.
19 Q. Au fur et à mesure --
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Cayley va vous aider. Nous
21 commençons à nous familiariser avec la région.
22 M. CAYLEY : [interprétation]
23 Q. Combien de temps a duré les combats entre la police et les familles
24 Jashari et Ahmeti pour autant que vous vous en souvenez ?
25 R. Environ 36 heures.
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1 Q. Avez-vous vu par la suite ce qui s'est passé après ces combats ?
2 R. Oui. Nous nous sommes rendus dans la région en question, et les deux
3 grandes familles ou maisons avaient été fortement endommagées à la suite de
4 cela. Il y avait des véhicules blindés qui se trouvaient à quelque 10 ou 20
5 mètres de la maison. Il y avait par terre, il y avait des obus vides de
6 haut calibre. Ceci semblait indiquer que les combats avaient été violents.
7 On a, pour finir, retrouvé les corps que l'on a ramenés un peu plus tard.
8 Q. Avez-vous vu vous-même vu ces corps ?
9 R. Oui.
10 Q. Pourriez-vous nous décrire ce que vous avez vu ?
11 R. La plupart, on avait tiré sur la plupart de ces corps, quasiment à bout
12 portant. Il y avait des personnes âgées ainsi que des femmes et des
13 enfants.
14 Q. Combien de corps avez-vous vus ?
15 R. Je crois qu'il en avait, si je me souviens bien, il y en a d'abord eu
16 16 et ensuite 10.
17 Q. Combien de femmes et d'enfants ?
18 R. Je ne me souviens pas exactement, mais il avait des femmes et des
19 enfants parmi ces corps.
20 Q. Combien de personnes âgées, si vous vous en souvenez ?
21 R. Cela dépend de ce que vous entendez par personnes âgées, au-delà de
22 l'âge de porter les armes, quatre ou cinq, si je me souviens bien.
23 Q. Quel était, à votre avis, le sens de tout ceci ?
24 R. Je crois que les forces serbes tentaient de gommer, ou en tout cas, de
25 se défaire d'un mouvement terroriste qui avait commencé à voir le jour au
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1 début des années 1990. Vers les années 96/97, nous avons tout à coup
2 réalisé qu'il y avait des signes que cette armée de libération du Kosovo
3 qui, à l'époque, était un mouvement émergeant, j'insiste, un mouvement
4 émergeant, et qui souhaitait, mais qui considérait la province du Kosovo
5 comme un Etat à l'extérieur de l'Albanie.
6 Q. Pourrions-nous regarder le DipTel suivant, s'il vous plaît.
7 M. CAYLEY : [interprétation] C'est l'intercalaire 3.
8 Q. Ce télégramme diplomatique est daté du 9 mars 1998.
9 Objet : Kosovo : Rapport de situation à 8 heures, le 9 mars.
10 "Résumé. 1. Les activités de la police se poursuivent dans la région de la
11 Lausha au sud-ouest de Prekaz. Il y a un rapport. On a rapporté qu'un
12 Albanais avait été tué par un tireur embusqué. Les diplomates ont confirmé
13 qu'il y a eu des personnes importantes ou des dommages importants à Prekaz
14 sur un nombre limité de bâtiment, mais la tension aujourd'hui est tournée
15 vers les manifestations."
16 Paragraphe 2 : "La route principale qui traverse Drenica reste toujours
17 ouverte. L'attaché militaire a sillonné cette région ce matin, et les
18 rapports continuent à arriver sur les opérations policières dans la région
19 de Klina/Lausha au sud-ouest de Prekaz. Il ne pouvait pas quitter la route
20 principale. De sources différentes, nous avons entendu des rapports en
21 vertu de quoi un Albanais avait été tué par des tirs embusqués de la police
22 à Lausha. Encore une fois, ceci est cohérent avec les reportages des médias
23 qui citent les sources policières, et disent qu'il y a encore un grand
24 nombre de terroristes qui courent.
25 "Un ambassadeur canadien qui a fait partie d'un groupe de diplomate
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1 visitant Prekaz le 8 mars, a confirmé que toute la région avait été
2 fortement endommagée, et qu'un nombre limité de bâtiments avaient été
3 touchés, que, visiblement, un certain nombre d'obus de mortiers et d'armes
4 avaient été utilisés. Ils confirment également que la présence policière
5 est très importante, et qu'il n'y a pas d'activité de la part des civils
6 dans la région, qui continuent à déambuler dans les rues."
7 M. Crosland, pourriez-vous, s'il vous plaît, nous indiquer sur la carte,
8 ces régions ? Pourriez-vous montrer à Madame, Messieurs les Juges, la
9 région de Lausha, en particulier, Prekaz. A quel endroit cela se trouve-t-
10 il ?
11 R. Madame, Monsieur les Juges, Prekaz se trouve au nord de Srbica qui se
12 trouve ici. C'est un petit hameau de Lausha qui se trouve ici. Nous
13 travaillons sur une toute petite région qui va de Gornji Klina au nord
14 jusqu'à Komanare, où il y a une intersection des routes vers le sud.
15 Q. Avez-vous pu voir de vos propres yeux ces opérations le
16 9 mars dans la région ?
17 R. Oui. Nous avons sillonné la région le 9 mars. Les commentaires de
18 l'ambassadeur canadien ainsi qu'un officier qui a beaucoup d'expérience en
19 matière de combat, je crois que je peux confirmer et dire que des armes
20 lourdes ont été utilisées surtout au vu des attaques sur deux maisons en
21 particulier, celle d'Ahmeti et Jashari. Deux autres maisons avaient été
22 brûlées. En tout cas, on avait tiré des balles dessus. Il y avait également
23 la présence des forces de sécurité serbe était très importante, surtout des
24 forces de la police du ministère de l'Intérieur. Il y avait également des
25 véhicules blindés de transport de troupes et différents véhicules lourds.
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1 Q. Cette opération que vous avez vue le 9 mars en rapport avec l'opération
2 que vous avez décrite contre les familles Ahmeti et Jashari, est-ce qu'il y
3 avait un lien entre cette opération et ce que vous avez vu un peu plus tôt
4 au début du mois ?
5 R. Oui, c'est exact.
6 Q. Ces opérations, pour autant que vous le sachiez, est-ce que ces
7 opérations se sont poursuivies tout au long du mois de mars jusqu'au 9
8 mars, ou est-ce que cela s'est arrêté à certains intervalles ? Est-ce que
9 vous le savez ?
10 R. Les combats ont duré, je dirais, 36 heures de façon intermittente.
11 Ensuite, les forces de sécurité, comme c'est normal lors d'un conflit,
12 lorsqu'ils ont essayé de maintenir le contrôle de la région, avaient établi
13 plusieurs postes de sécurité tout le long de la région, et pour permettre
14 aux troupes et aux véhicules blindés de passer. Ils contrôlaient la région
15 pour autant qu'on puisse le voir. J'ai indiqué sur la carte la zone de
16 Lausha qui se trouve à quelque 2 kilomètres, et qui était aux mains de
17 l'UCK. Cela vous donne une idée de la manière dont les opérations ont été
18 menées au cours de l'année 1998 et 1999.
19 Q. Simplement pour faire la clarté sur ce point, le village de Lausha
20 était sous le contrôle de l'armée de Libération du Kosovo; est-ce exact ?
21 R. Oui, c'est exact. A quelques mètres du premier poste de contrôle ou du
22 poste de contrôle serbe le plus proche.
23 Q. Je souhaite maintenant que l'on passe après l'intercalaire numéro 4,
24 daté du 11 mars 1998. Le seul paragraphe qui m'intéresse ici, est le
25 paragraphe 11. Je pense, néanmoins, que vous avez vous-même fourni des
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1 éléments d'information au paragraphe 10. Mais ce qui m'intéresse, c'est le
2 numéro 11.
3 Pouvez-vous confirmer qu'il y avait un certain nombre de grenades lancées
4 contre des restaurants à Pec ? Il s'agissait des opérations menées par
5 l'UCK contre des ressortissants albanais. Tanjug où cela se trouvait.
6 Pourriez-vous nous dire à quel endroit se trouve Pec ?
7 R. Cela se trouve à l'ouest du Kosovo pour ce qui est de Tanjug. En fait,
8 c'est là qu'il y a un monastère célèbre, un monastère de l'Eglise
9 orthodoxe. C'était une ville animée et prospère pour les groupes ethniques
10 serbes et albanais. Cela générait beaucoup de transactions commerciales. Je
11 pense, notamment, à l'usine qui était extrêmement importante pour les
12 Serbes. Il y avait des Albanais qui -- ou ceux qui semblaient être alliés
13 avec les Serbes et l'administration serbe, était en général tués, et leurs
14 sociétés ou leurs entreprises étaient bombardées.
15 Q. Est-ce que vous avez vu vous-même ce genre d'impact pour ces
16 entreprises ? Est-ce que vous l'avez vous-même de visu ?
17 R. Non, nous ne l'avons pas vu pour ce qui est de celui-ci, mais nous
18 avons vu d'autres entreprises qui avaient été véritablement détruites pour
19 cette raison.
20 Q. Pour quelle raison ?
21 R. D'après l'UCK, ils avaient fait un pacte avec -- ou ils étaient dans le
22 camp des Serbes. Par conséquent, il y avait cette vengeance de la part des
23 membres de l'UCK.
24 Q. J'aimerais maintenant que nous puissions passer au prochain DipTel qui
25 se trouve à l'intercalaire 5. Il s'agit de la date du
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1 24 mars 1998. Là, je pense que nous allons aborder un nouveau secteur du
2 Kosovo. Je vais vous donner lecture des paragraphes 2, 3, 4, 5 et 6.
3 Je vais commencer par le paragraphe 2 :
4 "Mon attaché militaire a confirmé les rapports de la presse locale pour ce
5 qui est d'échanges de tirs de feu dans plusieurs villages entre Decani et
6 Djakovica qui se trouve à quelque
7 60 kilomètres au sud-ouest de Pristina et non pas à Drenica. D'après radio
8 Pristina, les échanges ont commencé lorsqu'un groupe terroriste a tiré sur
9 une patrouille de la police ce matin. La police a riposté, et les Albanais
10 se sont barricadés dans des maisons locales. Il a été indiqué qu'il y a
11 plusieurs victimes, et cela dans différents rapports : Un policier et cinq
12 Albanais qui ont été tués; un policier, 10 Albanais qui ont été blessés. Il
13 a également été suggéré que certains Albanais avaient fait l'objet
14 d'arrestation. Mon attaché militaire a indiqué qu'à environ 1130 Zulu, des
15 tirs ont été entendus à Riznic, à 10 kilomètres au sud-est de Decani, et
16 ce, à partir d'un hélicoptère de police. Il y a eu deux explosions qui ont
17 été suivies par un échange de tir qui a duré environ 20 minutes.
18 "Le centre d'information du Kosovo qui est très proche de Rugova a condamné
19 les mesures prises par la police, en indiquant que certains villages ont
20 été assiégés et que les maisons ont été incendiées. Les médias albanais
21 indépendants ont indiqué que trois maisons avaient été détruites. Il a
22 également été indiqué par les Albanais que des villageois ont fui le
23 secteur et la région. Il semblerait que l'opération n'est pas terminée, et
24 que le secteur a maintenant complètement été bloqué."
25 Dans un premier temps, Monsieur Crosland, est-ce que vous pourriez, avant
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1 que je n'aborde les paragraphes suivants, nous indiquer sur la carte où se
2 trouvent ces villages entre Decani et Djakovica ?
3 R. Oui. Il s'agit du secteur qui se trouve dans la partie occidentale du
4 Kosovo. Vous avez Decani ici, une autre région où se trouve un monastère.
5 Vous avez Djakovica qui se trouve à l'ouest du Kosovo. Cela se trouve le
6 long de l'axe routier principal qui va de Pec à Decani, en passant par
7 Djakovica et vers Prizren qui était devenu une ligne extrêmement importante
8 pour les forces de sécurité serbes qui ont essayé par la suite d'avoir des
9 échanges avec l'UCK.
10 Q. Le 24 mars, est-ce que vous vous souvenez de cet incident ?
11 R. Oui, très bien.
12 Q. Est-ce que vous pouvez ajouter quoi que ce soit après la lecture de ce
13 rapport ?
14 R. Non, non, rien en particulier. J'aimerais juste dire que le conflit
15 s'était propagé dans la région de Drenica à l'ouest de Pristina, et cela
16 maintenant -- ce conflit se propageait vers l'ouest, ce qui n'était
17 véritablement inhabituel, parce qu'il était évident dès le début que des
18 renforcements et des ravitaillements arrivaient par la frontière albanaise.
19 C'est ce que j'appellerais ce corridor qui passe par Decani, ensuite vers
20 Klina et vers Drenica pour faire en sorte de renforcer la partie de l'est
21 avec force, matériel et équipement pour qu'ils puissent se protéger des
22 forces de sécurité.
23 Q. Vous avez parlé de ravitaillements. Est-ce qu'il s'agit de
24 ravitaillements qui passaient par la frontière albanaise ? Pour quel camp,
25 les Serbes ou l'UCK ?
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1 R. Pour l'UCK. Il y avait des règles de contrebande depuis qu'on avait
2 commencé la route de la ville de Dubrovnik, et après vers Istanbul.
3 Q. Il faut savoir que ce rapport fait également état de tirs qui auraient
4 été entendus dans le village de Riznic ?
5 R. Riznic se trouve à l'est de cette ville principale de Decani. Il s'agit
6 de petits villages qui ont quelques 20 à 30 maisons et ce, dans un contexte
7 tout à fait rural.
8 Q. Est-ce que vous vous souvenez que dans le rapport il est indiqué que
9 des maisons ont été incendiées et en fait Rugova, s'était plaint de cela ?
10 Vous souvenez-vous de cela ?
11 R. C'est quelque chose que l'on a vu pendant ce conflit en 1998, en 1999
12 et je pense que par la suite, j'ai indiqué que quelques deux cent à quatre
13 cent villages ont été détruits sciemment par les forces de Sécurité serbes.
14 Q. Pour ce qui est de cet incident, vous avez vu ces maisons brûler ?
15 R. Oui.
16 Q. J'aimerais maintenant vous donner lecture du paragraphe 4, qui est
17 intitulé Drenica. Par ailleurs, mon attaché militaire a indiqué qu'à
18 environ 14 heures 30 aujourd'hui, alors qu'il se déplaçait, qu'il voyageait
19 avec des collègues néerlandais et américains, il s'est trouvé pris dans cet
20 échange de tirs dans la région de Josanica à Drenica. Cela était proche du
21 secteur qui d'après les médias et les médias indiquaient que l'UCK
22 s'organisait près de ce secteur. La police spéciale a participé à cela. Il
23 y a eu environ quelques 50 à 100 tirs qui ont été entendus.
24 "L'attaché militaire a indiqué qu'à environ 14 heure 40, la police a
25 tiré à Kijevo entre Pristina et Pec, sur la route qui forme la forme la
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1 frontière méridionale de Drenica et qu'il n'y avait pas de détail portant
2 sur des victimes.
3 "L'attaché militaire a également vu deux sections d'environ 60
4 hommes, deux section de police, (il était beaucoup trop sombre pour pouvoir
5 les identifier avec certitude) notamment avec des Jeeps où il y avait des
6 mitraillettes lourdes qui se déplaçaient à l'ouest de Srbica vers Lausa.
7 Les unités de la PJP étaient encore retranchées autour de Prekaz."
8 Est-ce que vous pourriez nous indiquer sur la carte quel est ce
9 secteur.
10 R. Oui, tout à fait. Il s'agit en fait de la région qui se trouve autour
11 de cette ville provinciale de Klina. Ensuite vous avez la route dans ce
12 secteur, vous avez Josanica, qui était proche d'un poste de contrôle serbe,
13 Il y avait également le quartier général de l'UCK, à Vojcnak. A Srbica, il
14 y avait des éléments de la police spéciale, soit de la SJ. Par la suite,
15 nous avons obtenu ces informations et il y avait également des unités de
16 la PJP.
17 Q. Vous venez de nous donner deux sigles pour des unités de la police.
18 Est-ce que vous pourriez indiquer aux Juges de qui il s'agit ? Dans un
19 premier temps la JSO, de quoi s'agit-il ?
20 R. Il s'agissait des membres du ministère de l'Intérieur. Le SAJ et le JSO
21 étaient des groupes qui ont été utilisés dans la province du Kosovo en 1998
22 et 1999. Il s'agissait de groupes anti-terroristes, qui étaient extrême
23 bien équipés et qui devaient véritablement être à l'avant-garde des
24 activités de sécurité menées par les Serbes.
25 Q. Au paragraphe 5, il est indiqué que "la police a essuyé des tirs à
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1 Kijevo." Vous avez indiqué où se trouvait Kijevo.
2 R. Non, je ne l'ai pas fait. Kijevo se trouve dans cette région sur la
3 route principale qui mène vers Pristina. Il s'agissait d'un village serbe
4 isolé, qui pendant 1998 et 1999, a été véritablement le dernier bastion
5 pour les Serbes qui voulaient continuer à vivre au Kosovo.
6 Q. Alors, la police à essuyer des tirs à Kijevo, savez-vous qui était à
7 l'origine de ses tirs ?
8 R. Je suppose qu'il s'agissait de membres de l'UCK. Comme je vous l'ai
9 indiqué d'ores et déjà, il s'agissait d'une situation très chaotique, très
10 brouillée, avec des personnes qui avaient un contrôle de certains secteurs
11 pendant des lapsus de temps très brefs et, à un moment donné, les membres
12 des forces de Sécurité serbes pouvaient s'infiltrer. Vous aviez également
13 l'UCK. Il faut savoir qu'il avait cette situation assez fluide et mouvante
14 dans des secteurs, qui jusqu'à cette époque-là, avaient été relativement
15 calmes.
16 Q. Paragraphe 4 où il est fait référence à des armes lourdes et vous
17 parlez du système de défense aérienne, PRAGA, quelles sont les armes
18 lourdes qui ont été déployées par les Serbes dans ce secteur au mois mars
19 1998.
20 R. Ils avaient déployé le système de défense aérienne, PRAGA, ainsi qu'un
21 véhicule de transport des troupes qui s'appelait BOV-3. Il s'agissait d'une
22 arme, qui était conçue pour la lutte antiaérienne. Je suis sûr que les
23 Juges sauront que ce genre d'armes ne doit pas être utilisé contre les
24 populations civiles.
25 Q. Si nous pouvons maintenant passer au télégramme diplomatique suivant
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1 qui se trouve à l'intercalaire 6, qui porte la date du 26 mars. Vous êtes
2 toujours au Kosovo et il s'agit de la journée qui suit votre dernier
3 rapport et vous indiquez :
4 "Mon attaché militaire qui se trouve à l'heure actuelle au Kosovo a
5 indiqué que la situation dans la zone de Lausa était calme ce matin.
6 D'après Koha Ditore, un journal indépendant albanais du Kosovo, des
7 véhicules de transports de troupes de police ont été vus dans les rues de
8 Djakovica, qui se trouvent au sud-ouest de Kosovo près de la frontière avec
9 l'Albanie et ils ont été aperçus la nuit dernière. Il semblerait qu'ils se
10 dirigent hors de la ville. Des incidents se sont produits pendant la nuit
11 et ce, à partir de Djakovica jusqu'à Decani vers la vallée de la Klina qui
12 se trouve à la lisière de Drenica. Il a été indiqué dans des rapports, qui
13 n'ont toujours par été corroborés, qu'au moins quatre policiers ont été
14 tués. (Ils ont été vus dans la morgue de Djakovica. Cinq Albanais auraient
15 été tués mais il se peut que ce chiffre soit plus important et une enceinte
16 albanaise notamment, a été la cible d'opérations policières."
17 J'aimerais que vous nous indiquiez sur la carte de quel secteur il s'agit.
18 R. Il s'agit du secteur qui commence à l'ouest ici Decani. Ensuite, vous
19 avez l'axe routier principal qui va vers Djakovica qui est une ville
20 principale à l'ouest de la Serbie, une ville assez importante avec Pec.
21 Puis, nous avons la zone de Klina que je vous indique maintenant. Comme je
22 vous l'ai dit tout à l'heure, il s'agit de ce couloir qui partait de
23 Tropolja vers l'Albanie. Cela correspondait aux anciens itinéraires de
24 contrebande, que l'UCK a commencé à utiliser comme route de ravitaillement
25 vers ce secteur, notamment vers la zone de Junik qui sera mentionné plus
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1 tard.
2 Q. Vous avez indiqué que pendant la nuit il y a eu des incidents, des
3 échauffourées. Qu'entendez-vous par cela ?
4 R. Il s'agissait de combats relativement légers avec des tirs qui sont
5 entendus. C'est un peu synonyme d'une progression de campagne. Vous avez un
6 des camps qui souhaite avoir un secteur particulier, l'autre camp se
7 retire, et à la faveur de l'obscurité, ils arrivent, et tirent les uns sur
8 les autres. C'est ce qu'on appelle une situation extrêmement fluide,
9 extrêmement changeante. Personne n'avait véritablement assumé le contrôle
10 du secteur. Il s'agissait d'avoir une position beaucoup plus avantageuse,
11 d'essayer de contrôler ce secteur jusqu'à ce qu'ils décident de se retirer.
12 Q. Pour être clair, il s'agissait de combat entre qui et qui ?
13 R. Entre l'UCK et les forces de sécurité serbes
14 Q. Pour ce qui est de cet incident particulier qui s'est déroulé pendant
15 toute la nuit; est-ce que vous vous trouviez là pendant -- à ce moment-là ?
16 R. Nous étions dans ce secteur. En fait, nous étions dans la ville de
17 Djakovica. Nous étions très, très proche de ce secteur de combat.
18 Q. Nous allons passer à l'intercalaire suivant. Il s'agit d'un télégramme
19 qui porte la date du 26 mars 1998.
20 J'aimerais savoir s'il s'agit d'un rapport que vous auriez rédigé ou pour
21 lequel vous auriez fourni la plupart des renseignements ?
22 R. Oui. En fait, j'ai rédigé moi-même ce rapport qui était destiné à notre
23 ambassadeur, parce qu'en fait, j'avais moi-même vu la situation. Cela
24 faisait quasiment deux mois que je me trouvais dans cette région. Je
25 commençais véritablement à bien connaître ce secteur. Comme je vous l'ai
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1 dit, il faut savoir que la situation était très mouvante, très changeante.
2 Mais puisque nous visitions le secteur tous les jours, nous finissions par
3 bien savoir ce qui se passait dans ce secteur.
4 Q. Je vais vous lire des extraits du paragraphe 2 : "L'évaluation de
5 l'attaché militaire est que les forces de Sécurité serbes qui sont
6 maintenant déployées souhaitent mener à bien une attaque conjointe dans les
7 secteurs de Decani, Djakovica, Drenica, Lausa, et Vodnik."
8 Alors, sans pour autant nous répéter, il s'agit des deux secteurs dont vous
9 avez parlé aux Juges, et vous leur avez indiqué que c'était dans ces
10 secteurs, dans ces deux secteurs, qu'il y avait l'essentiel des activités
11 militaires.
12 R. C'est exact.
13 Q. Dans le paragraphe 3, vous parlez donc des forces, et vous indiquez
14 qu'à la périphérie extérieure, capable de déployer entre
15 8 000 et 10 000 MUP pour le déploiement urbain, la maîtrise des foules,
16 assisté par des personnes qui ont été importées. Il est également question
17 de voitures qui ont été vues, et qui viennent d'Ivangrad, Cetinje, Bijelo
18 Polje, Novi Pazar, Belgrade, Kosovska, Mitrovica, Ulcinj, Herceg Novi,
19 Urosevac.
20 "Puis pour ce qui est de la périphérie intérieure : entre 500 et 700 PJP
21 qui ont le contrôle de cette périphérie intérieure, autour de la zone
22 opérationnelle, aidés par 10 à 15 véhicules de transport militaire
23 disposant de canons lourds.
24 Puis il est question des forces d'assaut : difficile d'évaluer exactement,
25 probablement constitué ou composé d'unités antiterroristes SAJ, de polices
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1 secrètes RDB avec notamment des hélicoptères Huey 212, avec du matériel de
2 localisation de l'orientation afin de localiser l'UCK, et canons Praga
3 30-millimètres. Effectifs, entre 200 à 400. Il est également question de
4 zones qui sont détenues, notamment l'usine de munitions de Srbica, et la
5 zone de Dobro Vodo.
6 "Coordination et communication. De nombreux incidents ont été observés. Il
7 faut savoir que les renseignements n'ont pas été passés aux autres unités,
8 et qui indiquent notamment un manque fondamental de communication."
9 Monsieur Crosland, est-ce que vous pourriez faire des observations à ce
10 sujet ? Vous êtes un militaire de carrière. Quel était le niveau de force
11 qui était déployée par les Serbes au Kosovo à ce moment-là ?
12 R. Je dirais que pour ce qui est du ministère de l'Intérieur, comme je
13 vous l'ai dit, il y avait entre 8 et 10 000 hommes. Il s'agit probablement
14 d'une estimation très en deçà de la vérité. Je pense à la police portant
15 l'uniforme. Comme je vous l'ai indiqué, il y avait des membres de la police
16 spéciale, qui étaient utilisés à l'intérieur de ce noyau. Il s'agissait en
17 fait de policiers, d'infanterie. Il s'agissait d'individus qui étaient
18 extrêmement armés, qui étaient utilisés pour les assauts dirigés par les
19 forces d'assaut spécialisés par les deux forces dont nous avons parlé tout
20 à l'heure, la SAJ et le RDB. Il faut savoir qu'ils ont été utilisés contre
21 l'UCK. Ils représentaient une force assez importante dans ce secteur, qui
22 était quand même relativement limité. Il ne faut pas oublier que l'ensemble
23 de la région allant de Pristina à Pec, et du nord vers le sud, ne couvre
24 que quelque 120 kilomètres carrés. Il ne s'agit pas d'une région très
25 vaste.
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1 Pour ce qui est de l'armée de la Yougoslavie, elle était cantonnée
2 dans la province du Kosovo, commandée par la troisième armée de Nis. Il y
3 avait le 5e Corps qui avait des brigades et des forces supplémentaires qui
4 ont été amenées pour prêter main-forte. Je pense qu'il y avait dans cette
5 région entre 25 000 et 30 000 hommes armés.
6 Q. Vous faites état dans votre rapport de problèmes de communication
7 entre les différentes unités. Pourquoi est-ce que vous avez fait cette
8 observation au paragraphe 3(d) ?
9 R. Oui. Au départ, la communication n'était pas excellente entre les
10 forces du ministère de l'Intérieur, qui assurait le gros des actions, et
11 l'armée de la Yougoslavie, ce qui ensuite s'est amélioré en fait, grâce à
12 une cellule de coordination qui était basée à Pristina.
13 Q. Je ne vais pas vous donner lecture, mais vous indiquer dans le
14 paragraphe (e), vous faites état des tactiques de ces unités. Est-ce que
15 vous pourriez nous expliquer la teneur de ce paragraphe (e) ?
16 R. Il faut savoir que les véhicules qui se trouvaient aux postes de
17 contrôle correspondaient à une tactique que les forces de Sécurité serbes
18 utilisaient pour débarquer des hommes à différents endroits dans la région
19 qui se trouve autour de Drenica. En fait, ces hommes ensuite étaient
20 largués dans cette région. C'était un problème continuel pour les Serbes,
21 qui en fait ne pouvaient pas véritablement assurer un véritable contrôle,
22 surtout avec l'arrivée de la nuit, lorsqu'on ne pouvait pas voir grand-
23 chose. Il y avait en fait beaucoup d'hommes dans ce secteur, mais du point
24 de vue tactique ou stratégique, ils ne contrôlaient pas grand-chose.
25 Q. Alors, vous dites à la fin de ce paragraphe 4 que : "A l'heure
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1 actuelle, le MUP et le PGP semblent avoir la dragée haute, et par
2 conséquent vont certainement être tentés d'essayer de détruire l'UCK à la
3 suite d'opérations extrêmement lourdes. Les autorités qui pourraient être
4 en mesure d'utiliser ce genre de force pour essayer d'anéantir l'UCK, il se
5 peut qu'ils le fasse assez rapidement."
6 J'aimerais savoir quelle était la nature des problèmes administratifs et
7 logistiques auxquels vous faites allusion dans ce paragraphe ?
8 R. L'UCK, lors du premier assaut mené contre eux dans la Drenica, avait
9 décidé de lutter, et ils étaient très rarement touchés par les forces de
10 Sécurité serbes [comme interprété]. Je pensais qu'ils commençaient à se
11 rendre compte que cela était une erreur, parce qu'il faut savoir que
12 l'ensemble de la région du Kosovo, l'essentiel de cette région est fait de
13 vallons et de collines, ce qui fait qu'il n'est pas très facile de tirer
14 sur les gens. C'était excellent pour les forces serbes. Cela leur
15 permettait d'utiliser leurs armements lourds, et ce, sur de nombreux
16 kilomètres, et ainsi marquer la distance entre eux et l'UCK. Il faut savoir
17 qu'à cette époque-là, l'UCK n'était pas véritablement ravitaillé à partir
18 de l'Albanie. Ils étaient tributaires des forces qu'ils avaient dans le
19 secteur à ce moment-là.
20 Q. J'aimerais passer à l'intercalaire suivant, l'intercalaire 8. Il s'agit
21 d'un télégramme diplomatique du 7 avril, et c'est la sécurité qui
22 m'intéresse. Vous voyez que dans le paragraphe 6, il est indiqué que :
23 "La situation relative à la sécurité semble être calme. L'attaché
24 militaire s'est rendu au Kosovo le 5 avril, et a indiqué qu'une certaine
25 normalité était revenue dans cette région, bien que tous les postes de
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1 police aient de nombreux effectifs. Le PJP est encore présent. Des
2 mouvements importants des forces de Sécurité ont été indiqués autour de
3 Podujeva et de Srbica le 6 avril, bien qu'il se peut que cela soit expliqué
4 par une relève normale. Six corps ont été trouvés dans une forêt près
5 d'Orahovac le 6 avril. Une explication plausible serait qu'il s'agissait
6 d'Albanais loyaux au régime serbe, tués par l'UCK. Mais personne ne
7 revendiquait la responsabilité pour ces hommes."
8 Est-ce que vous pourriez nous indiquer une fois de plus, Monsieur
9 Crosland, où se trouve Podujeva ?
10 R. Podujeva se trouve ici. Il s'agit de la route de ravitaillement
11 essentiel pour Pristina. En fait, il y avait le ravitaillement qui était
12 opéré à partir de Nis, et c'était où se trouvait le QG de l'armée. C'était
13 extrêmement important pour contrôler opérations de l'armée. Il voulait
14 s'assurer de ce que leurs lignes de communication étaient absolument
15 claires. Ils voulaient pouvoir également assurer le ravitaillement et le
16 renforcement des troupes et de la police qui se trouvait dans ce secteur.
17 Q. Les six cadavres qui ont été trouvés dans une forêt près d'Orahovac le
18 6 avril, est-ce que vous avez des renseignements à ce sujet ?
19 R. Oui. Oui, on nous a demandé d'aller à Orahovac qui est un endroit --
20 une ville qui se trouve à cet endroit, c'est le centre de l'industrie de la
21 brasserie, de la production de bières, donc un centre très populaire. Une
22 ville albanaise avec également quelques commerces ou entreprises serbes.
23 Pendant tout le conflit, les commerçants de l'endroit voulaient continuer à
24 mener à bien leurs activités, à gagner de l'argent en continuant à produire
25 de l'alcool, de la bière pour qu'ils -- et ils voulaient que les combats se
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1 déplacent ailleurs, pour qu'eux, ils puissent à gagner de l'argent. Il est
2 fort peu probable que tous ces gens aient apporté un concours quelconque
3 aux Albanais.
4 Q. Est-ce que vous avez vu les corps ?
5 R. Oui, nous les avons vus, mais il n'y avait aucun élément permettant
6 d'arriver à une conclusion définitive sur la manière dont ces corps étaient
7 arrivés jusque-là. On ne pouvait pas déterminer qui avait tiré sur qui.
8 C'était une situation extrêmement évolutive comme je l'ai déjà dit au cours
9 de ces années 1998 et 1999.
10 Q. Je vais vous demander de passer à l'intercalaire suivant, intercalaire
11 9. Nous examinons un télégramme diplomatique en date du 15 avril 1998. Ce
12 qui m'intéresse une fois encore, c'est la situation en matière de sécurité,
13 paragraphes 2 et 4.
14 Paragraphe 2 : "Un poste de police dans le faubourg de Vranjevac à
15 Pristina, a fait l'objet d'une attaque le 13 avril dans la soirée. Un
16 policier a été blessé, et le bâtiment a été très endommagé. Personne n'a
17 revendiqué cette attaque. Aucun incident particulier n'a été noté, bien que
18 les Albanais signalent des exemples de harcèlement par les services de
19 sécurité, qu'il y a de nombreux rapports au sujet d'échanges de tirs dans
20 les zones rurales. L'attaché militaire et Slinn, le premier secrétaire sont
21 allés au Kosovo aujourd'hui et y resteront demain."
22 Ensuite, le paragraphe 4 : "Les médias signalent que les familles serbes
23 quittent la région de Decani en grand nombre, suite aux menaces venant des
24 Albanais armés. Ces rapports sont pleins de détails et sans doute exagérés,
25 mais il y a sans doute une part de vérité là derrière. Quelque 18 familles
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1 serbes ont quitté Decani le 14 avril, et l'atmosphère parmi les Serbes
2 devient de plus en plus tendue. Certains de nos contacts à Belgrade qui ont
3 des liens avec le Kosovo reconnaissent en privé que le reste des Serbes
4 envisage sérieusement de prendre des mesures pour leur avenir. Même
5 Papovic, le recteur de l'université de Pristina qui refusait de se rendre,
6 s'est acheté un grand appartement à Belgrade."
7 Monsieur Crosland, Vranjevac est un faubourg de Pristina, n'est-ce pas ?
8 R. Oui. Comme dans tous nos pays, les stations de police sont censées être
9 parmi la population pour maintenir l'ordre. Il ne s'agit pas de bâtiments
10 qui sont considérés comme des bâtiments tactiques; ce sont des bâtiments
11 qui sont faciles à attaquer.
12 Q. Est-ce que c'est une zone serbe de Pristina ?
13 R. C'est une zone mixte comme dans la plupart des grandes villes du Kosovo
14 jusqu'à cette période. La police, le MUP menaient à bien ses activités
15 normales qui étaient de défendre les habitants qu'ils soient Serbes ou
16 Kosovars.
17 Q. Est-ce que le policier était Serbe ou Albanais ?
18 R. Je ne sais pas.
19 Q. Avez-vous vu le bâtiment et les dégâts occasionnés ?
20 R. J'ai vu ce bâtiment à plusieurs reprises. Je ne me souviens pas
21 aujourd'hui de la nature exacte des dégâts, mais comme j'ai dit, c'était
22 une cible extrêmement vulnérable. Le policier faisait son travail tout
23 simplement.
24 Q. Est-ce que plus tard vous avez appris qui avait mené cette attaque ?
25 R. Non. Je ne crois pas que nous le sachions du moins.
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1 Q. Dans ce rapport, on parle également d'Albanais qui ne cessent de se
2 plaindre des manœuvres de harcèlement menées par les services de sécurité.
3 On signale régulièrement des échanges de tirs dans les zones rurales. Voilà
4 ce qui est dit dans le rapport. Pouvez-vous ajouter quelque chose ?
5 R. Il s'agissait de quelque chose qui était très fréquent au cours de 1998
6 et 1999, puisque des deux côtés on avait dans le cas de cette situation
7 extrêmement évolutive des échanges de tirs. On se tirait les uns sur les
8 autres. Les Serbes avaient des positions défensives partout dans les zones
9 où ils étaient. Ils prenaient les mesures qui s'imposaient s'ils estimaient
10 faire l'objet d'une attaque. Il s'agissait d'une période où tout le monde
11 était extrêmement tendu, si bien, qu'on entendait soudain des rafales de
12 tirs. Parfois, c'étaient des tirs uniques. L'une ou l'autre partie
13 s'attaquait à l'autre. Ce n'était pas très tactique ni professionnel. C'est
14 simplement la façon dont les choses se passaient. C'était la vie au
15 quotidien dans cette zone.
16 Q. Au paragraphe 4, vous parlez de familles serbes qui quittent la zone de
17 Decani. Pouvez-vous, une fois encore, nous indiquer où se trouve Decani sur
18 cette carte ?
19 R. Decani se trouve à l'ouest ici. C'est un site historique avec un
20 monastère serbe. Nous nous sommes rendus dans la montagne ici, une montagne
21 de haute altitude à la frontière avec l'Albanie, une zone où il y avait
22 beaucoup de Serbes du Kosovo, qui étaient agriculteurs dans des conditions
23 extrêmement difficiles, et qui pensaient qu'ils devaient maintenant quitter
24 la zone, parce que la situation était de plus en plus dangereuse en raison
25 des activités d'un côté comme de l'autre.
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1 Q. Qu'entendez-vous par là, "activités des deux côtés" ?
2 R. Il y avait des manœuvres de harcèlement de la part de l'UCK dans cette
3 zone. D'autre part, les zones de sécurité serbe souhaitaient que cette zone
4 soit une zone où l'on pouvait tirer librement s'ils estimaient qu'il y
5 avait là une cible à engager.
6 Q. Vous nous avez dit que cela se trouve près de la frontière avec
7 l'Albanie; est-ce Munik ?
8 R. C'est exact. Oui, Munik, plus tard, est devenu une zone importante, une
9 zone de combat importante.
10 Q. Passons à l'intercalaire suivant, 21 avril.
11 Intercalaire 10. Le seul paragraphe qui m'intéresse ici, c'est le 5,
12 paragraphe qui concerne la sécurité. Je vais en donner lecture. Je cite :
13 "Au cours de la nuit du 15 au 16 avril, l'armée yougoslave a intercepté un
14 groupe d'hommes qui, apparemment, faisaient passer en contrebande des armes
15 à travers la frontière entre la RFY et l'Albanie. Dans la presse, on a
16 signalé, ou on a remporté qu'il s'agissait d'un convoi de huit chevaux
17 transportant 12 caisses d'armes et de munitions. Les informations, ensuite
18 sont contradictoires, les informations au sujet du nombre de victimes qui
19 ont résulté de l'échange de tirs qui a suivi. Cependant, il ne semble pas
20 qu'il y a eu de changement depuis mon dernier rapport de situation."
21 Est-ce que vous vous souvenez de ce problème ?
22 R. Oui. C'était un problème qu'on rencontrait de plus en plus dans la
23 province occidentale le long de la frontière avec l'Albanie ici. Les
24 Serbes, en particulier dans la zone de la montagne Pastrik, menaient des
25 opérations justifiées pour protéger leur propre frontière d'une
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1 intervention en provenance de l'Albanie. Il s'agit là d'un des nombreux
2 incidents au cours desquels des Albanais ont été surpris à la frontière en
3 essayant d'entrer en Yougoslavie, et ceci, de manière illégale.
4 Q. Passons maintenant à l'intercalaire suivant, 11. Il s'agit d'un
5 télégramme diplomatique en date du 23 avril. Je vais le lire pour le compte
6 rendu d'audience. Je vais lire les paragraphes 2, 3, et 4. Je cite :
7 "L'atmosphère à Decani et Djakovica reste marquée par une grande tension
8 suite aux incidents qui ont eu lieu hier dans l'après-midi et dans la
9 soirée, et qui ont été signalés dans le TUR. Les articles de presse de ce
10 matin ainsi que les contacts avec le premier secrétaire, le contact du
11 premier secrétaire en Kosovo, y compris des Serbes, des Albanais et des
12 journalistes étrangers, confirment qu'il y a eu des tirs importants dans la
13 zone, et que de nombreux civils, à la fois serbes et albanais, ont quitté
14 les zones les plus concernées. On rapporte de nombreux cas d'Albanais
15 enlevant des Serbes ou d'Albanais attaquant les positions de la VJ, et de
16 forces serbes attaquant des villages habités par des Albanais. On parle
17 beaucoup plus d'exemples d'implication de la VJ ou du moins de présence de
18 la VJ venant à la fois de sources serbes et albanaises, et ceci beaucoup
19 plus que depuis le début de la crise. Selon certaines informations, deux
20 Albanais ont été tués suite à une attaque contre une installation de la VJ.
21 Si cela est confirmé, il s'agira de la première attaque de ce type contre
22 une installation de la VJ. Ceci pourrait fournir des motifs à la VJ pour
23 intervenir vu leur stratégie affichée. Sekulic, le chef de cabinet de
24 Jovanovic, n'est pas revenu suite à ma mise en garde hier soir.
25 "Une agence de presse locale respectée laisse entendre que les forces de
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1 sécurité se concentrent maintenant sur Decani, et plus sur Drenica,
2 affirmant que même le point de contrôle allant à Donji Prekaz, le site du
3 premier incident majeur de la crise, a été abandonné. Bien que l'agence de
4 presse nationale Tanjug ait signalé une attaque par les Albanais contre des
5 maisons détenues par des Serbes dans le village de Crmljane, à Decani, dans
6 la soirée du
7 21 avril, les médias de l'état n'ont pas signalé pour l'instant cet
8 incident de manière détaillée.
9 "Bien que les chiffres des victimes ne semblent pas indiquer qu'il y ait eu
10 un affrontement d'importance, la détérioration générale de la situation a
11 entraîné un grand nombre d'agressions contre les journalistes et d'autres
12 personnes venant de l'extérieur. Le premier secrétaire a appris que les
13 interprètes locaux travaillant pour le Daily Telegraph et la MCCE avaient
14 été attaqués par des réfugiés serbes. La police est intervenue pour sauver
15 un employé de la MCCE. Des journalistes étrangers et les organisations non
16 gouvernementales signalent que la police serbe et les Albanais ont
17 intercepté des véhicules, et sont devenus beaucoup plus agressifs que
18 jusqu'à présent.
19 Paragraphe 5 : "Il est difficile d'évaluer la manière dont la situation va
20 se développer, mais on peut raisonnablement s'attendre à cause des Serbes
21 et des Albanais qu'il y ait des affrontements importants dans les jours à
22 venir. L'attaché militaire a quitté Belgrade à 4 heures 30 ce matin, et
23 devrait être en mesure de faire un rapport à partir de la zone d'ici 10
24 heures si les systèmes de communication le permettent."
25 Monsieur Crosland, on parle ici d'activités qui se déplacent. On passe de
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1 la zone de Drenica à celle de Decani. Pouvez-vous nous montrer sur la carte
2 où cela se trouve, ce que cela signifie en termes militaires ?
3 R. Oui. Comme je l'ai dit, la situation était extrêmement évolutive. Cela
4 se déplaçait de l'ouest de Pristina vers Drenica, et cetera. On a vu une
5 stabilisation à l'ouest entre les villes de Pec, Decani et Djakovica, ceci
6 en réaction à des manœuvres de ravitaillement au niveau de la frontière
7 internationale, près de la frontière avec l'Albanie et avec une entrée en
8 ex-Yougoslavie.
9 Q. Soyons clairs. Vous dites que c'était une réaction. Une réaction à
10 quoi ? Qui réagissait à quoi ?
11 R. Les forces de sécurité serbe étaient très gênées du fait que cette zone
12 avait -- tenait tout de la passoire, et que les Albanais essayaient
13 d'apporter des renforts à l'UCK dans cette région du Kosovo, l'UCK qui
14 était en posture défavorable.
15 Q. On parle ici dans ce rapport d'Albanais qui allaient enlever des
16 Serbes, de positions de la VJ attaquées par des Albanais, de villages
17 albanais attaqués par les Serbes. Est-ce que vous en avez vu des exemples
18 sur place ?
19 R. Oui, on voyait cela au quotidien, parce qu'on se déplaçait dans la
20 zone. Le soir, on restait près Pec, Djakovica, Pristina ou Prizren, au sud-
21 ouest ici sur la carte. Tout cela, nous en avons pris bien conscience. Nous
22 sommes parvenus à connaître très bien la manière dont procédait les forces
23 de sécurité serbes ainsi que l'UCK. Comme je l'ai dit, des deux côtés, on
24 essayait de prendre le dessus sur l'adversaire, même si ce n'était que pour
25 une période de temps très limitée.
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1 Q. Vous parlez de l'implication de la VJ, de l'armée yougoslave. Pourquoi
2 est-ce qu'on mentionne cela dans ce rapport ?
3 R. Aux termes de la constitution yougoslave, la Vojska Jugoslavije,
4 l'armée yougoslave avait pour objectif essentiel d'assurer la Défense des
5 frontières nationales de l'ex-Yougoslavie. L'armée yougoslave a reçu tout
6 d'abord la permission d'opérer dans une zone qui dépassait ces frontières
7 de 500 mètres, une distance qui, ensuite, s'est augmentée pour passer à 2
8 kilomètres, puis
9 20 kilomètres. A ce moment-là, en juillet de cette année-là, ils ont reçu
10 pour mission de maintenir les voies de communication, les itinéraires
11 principaux de Pristina vers la partie occidentale du Kosovo. On a donc
12 assisté là à une évolution majeure dans l'emploi des forces militaires qui,
13 jusqu'alors, avaient été dans des missions qui, jusqu'à présent, étaient
14 plutôt du ressort de la police, qui relevaient du ministère de l'Intérieur
15 et de différentes unités dont nous avons déjà parlé.
16 Q. Jusqu'à ce moment-là, l'armée yougoslave n'avait pas été impliquée dans
17 le conflit du Kosovo, au Kosovo même ?
18 R. Ce n'est pas tout à fait exact. Ils étaient intervenus à la frontière à
19 l'ouest ici. Ils avaient déployé là des unités supplémentaires qui,
20 auparavant, appartenaient à la 3e Armée à Nis. Ces unités avaient été
21 détachées de l'endroit où elles se trouvaient généralement. Il s'agissait
22 d'unités de la 60e Brigade de Parachutistes, et de la 72e Brigade de forces
23 spéciales. On allait bientôt voir arriver des éléments de la 1e Brigade
24 blindée de Belgrade, qui venait renforcer cette zone, les frontières avec
25 le Kosovo.
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1 Q. Dans ce rapport, on parle d'agression à l'encontre des journalistes ou
2 d'autres personnes venant de l'extérieur. Qui était à l'origine de ces
3 agressions ?
4 R. Comme je l'ai déjà dit, la situation était extrêmement évolutive et
5 changeait très vite. Il y avait des gens qui arrivaient sur des routes, sur
6 des chemins de terre, sur des routes dans des zones isolées tenues par le
7 ministère de l'Intérieur, le MUP, les Serbes, l'UCK. On ouvrait le feu sur
8 des véhicules, parce qu'il y avait eu des attaques menées à partir de
9 véhicules des deux côtés. La situation était extrêmement difficile. C'était
10 très difficile, c'était très risqué de se déplacer pour obtenir des
11 informations. C'était quelque chose dont il fallait tenir compte, qu'il
12 fallait accepter. Malheureusement, certains journalistes ont été victimes
13 de leur zèle. Cela n'a pas surpris grand monde. Tout le monde avait peur
14 dans cette région.
15 Q. Au paragraphe 5, vous dites qu'il va y avoir des affrontements
16 importants dans les jours suivants, ce rapport du
17 23 avril. Qu'est-ce qui vous incite à faire cette prévision ?
18 R. Nous avons considéré à voir se masser des forces importantes de la
19 police et du ministère de l'Intérieur vers la partie ouest du Kosovo pour
20 essayer de refermer la frontière qui devenait une épine dans le pied des
21 forces yougoslaves. Comme je l'ai dit, la Vojska Jugoslavije allait peut-
22 être intervenir plus directement dans cette zone pour garantir sa propre
23 sécurité.
24 Q. Nous pouvons maintenant passer à l'intercalaire suivant, 12. Il s'agit
25 d'un télégramme diplomatique en date du 24 avril 1998. Ce qui m'intéresse
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1 ici se sont les paragraphes 2, 3 et 5. Je vais en donner lecture. Je cite :
2 "La VJ a déclaré avoir pris des mesures pour réagir à l'infiltration
3 d'un groupe de 200 terroristes au niveau de la frontière entre la RFY et
4 l'Albanie dans le cadre d'une opération qui a commencé le 22 avril dans la
5 zone de Djakovica. Au moins 16 'terroristes' ont été tués. Tout indique que
6 cette opération avait été planifiée avec soin et reposait sur des
7 renseignements tenus précédemment. Ce matin, dans la presse (avec des
8 titres tels que 'Guerre à la frontière'), on parle de cette opération qui
9 continue. Selon des rapports, il est possible qu'il y ait encore plus de
10 victimes que l'on ne l'a dit au départ. Selon un rapport, il semble que les
11 autorités de la RFY disposent de renseignements selon lesquels plus de 1
12 000 autres 'terroristes' se préparent à franchir la frontière. Les
13 journalistes occidentaux nous ont dit que l'UCK contrôlait la situation en
14 matière de sécurité à Kuksi, en Albanie. Il semble que les civils aient,
15 pour la plupart, évacué les villages frontaliers concernés.
16 "Comme cela était indiqué au département dans des conversations
17 téléphoniques avec Phillips et d'autres, moi-même et l'attaché
18 diplomatique, nous avons essayé de soulever la question auprès de nos
19 contacts en signalant qu'il y avait une opération importante qui était en
20 cours. Aucun de nos interlocuteurs généralement coopératifs n'étaient
21 disponible. J'ai donc envoyé une note dans ce centre à 22 heures 30 hier
22 soir au sujet de nos préoccupations (texte envoyé par télécopie à EAD). Le
23 MFA va organiser une réunion pour les ambassadeurs à 9 heures et pour les
24 attachés de la Défense à 11 heures. La réunion d'information du MFA semble
25 avoir été prévue déjà hier après-midi, ce qui semble indiquer que le
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1 gouvernement déjà, à ce moment-là, sentait qu'il faudrait justifier une
2 opération de grande envergure. (Bien que ceci ait également pu être
3 organisé à l'avance suite au référendum d'hier, soit pour se pavaner et se
4 glorifier de la participation de 75% et du résultat de 97% de non, vu les
5 estimations actuelles ou pour présenter une nouvelle initiative). Quoi
6 qu'il en soit, le gouvernement, qui a déjà convoqué le chargé d'affaires
7 albanais pour se plaindre au sujet de ces incursions, va très certainement
8 demander une action internationale pour protéger sa frontière avec
9 l'Albanie."
10 Paragraphe 5; je ne vais pas lire la première phrase. Deuxième phrase :
11 "L'évaluation de mon attaché diplomatique, c'est que la VJ rencontrait des
12 difficultés très grandes au niveau de la frontière avec l'Albanie. Des
13 difficultés qui avaient pu subodorer, mais pour lesquels ils ne sont
14 absolument pas bien préparés. Ils ont véritablement peur de perdre des
15 régions importantes du Kosovo, en particulier, car il semble que la
16 stratégie de l'UCK soit d'assurer la liaison entre Drenica et Decani, le
17 deux zones que les Serbes contrôlent le moins."
18 Monsieur Crosland, est-ce que vous vous souvenez de cette opération à la
19 frontière ? On parle de l'opération frontalière avant ce 24 avril.
20 R. Oui. Comme je l'ai dit au départ, une partie de mes fonctions s'était
21 d'assurer la liaison au niveau le plus élevé avec Vojska Jugoslavije,
22 j'étais accrédité, et non pas auprès du MUP, le ministère de l'Intérieur.
23 J'ai reçu un briefing, des informations de la part du responsable des
24 renseignements, le général Dimitrejvic au sujet de cette opération précise.
25 Comme cela est apparu plus tard, les forces yougoslaves avaient des
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1 renseignements extrêmement solides au sujet des activités de l'UCK et du
2 soutien apporté par l'UCK et les forces albanaises dans des villes telles
3 que Tropolja et autres.
4 Q. Pouvez-vous nous indiquer ces endroits ?
5 R. Tropolja est ici au niveau de la frontière et Bajram et un peu plus
6 loin.
7 Q. Pouvez-vous nous indiquer où se trouve Kuksi également ?
8 R. Oui. Kuksi, c'est ce village qui se trouve ici. Qui se trouve sur l'axe
9 routier principal qui entre dans le sud-ouest du Kosovo avec franchissement
10 de la frontière à Vrbnik, un point de franchissement international
11 important et qui amène à la ville de Prizren.
12 Q. Dans ce rapport, il est dit que selon des journalistes occidentaux, les
13 l'UCK étaient maîtres de la situation en matière de sécurité à Kuksi. Est-
14 ce que vous savez si c'était vrai ou pas ?
15 R. D'après les informations que j'ai reçu par mes contacts au sein de la
16 VJ, c'était l'impression qu'ils avaient. Ils avaient l'impression que les
17 autorités albanaises avaient abandonné l'idée de contrôler cette zone.
18 Q. A la page suivante, au paragraphe 5, vous nous dites que les forces de
19 sécurité yougoslaves étaient manifestement très mal préparées, que cela
20 sautait aux yeux. Pourquoi dites-vous cela ?
21 R. Ils avaient des renseignements très solides au sujet de cette
22 opération. Ils ont mené à bien une embuscade contre cette incursion. Cela a
23 été couronné de succès. D'une manière relative parce que ces renforts
24 albanais étaient allés directement, étaient tombés dans le piège, dans la
25 gueule du loup. Ils sont tombés sur une embuscade tendue par la Vojska
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1 Jugoslavije, donc ils ont enregistré des pertes importantes. Le problème,
2 c'est que les Albanais ont ensuite décidé de changer quelque peu leur
3 tactique, de modifier leurs points d'appui, d'éviter les zones contrôlées
4 par les Serbes.
5 Q. Vous dites qu'ils étaient très mal préparés. Ce que vous voulez dire
6 par-là, c'est que du fait de ces positions statiques, ils ne pouvaient pas
7 contrôler toute la frontière et tous les points d'accès ?
8 R. Oui. Ils contrôlaient des positions bien précises, statiques. Il était
9 manifeste qu'ils n'étaient pas très chauds à l'idée de s'éloigner de ces
10 zones qu'ils tenaient, en particulier lorsque la nuit tombait, parce que
11 c'était une période qui était utilisée par les insurgés albanais pour
12 déplacer des hommes, pour déplacer de l'équipement, pour les faire entrer,
13 pour leur faire traverser la frontière.
14 Q. A la dernière phrase, vous dites : "Ils ressentent une peur véritable
15 de perdre le contrôle de parties importantes du Kosovo, étant donné qu'il
16 semble que l'UCK ait pour stratégie de faire le lien, la liaison entre
17 Drenica et Decani, deux zones dont les Serbes ont perdu le contrôle."
18 Qui avait peur de perdre le contrôle de ces zones ?
19 R. Ce que ne cessait de nous dire la Vojska Jugoslavije, l'état-major
20 général de la VJ à Belgrade, c'est que la frontière avec l'Albanie était
21 complètement ouverte. Il y avait des infiltrations systématiques d'éléments
22 albanais qui venaient soutenir l'UCK. Que si la communauté internationale
23 n'était pas prête à sceller cette frontière, à ce moment-là il faudrait que
24 les Serbes attendent que les gens essaient de traverser la frontière et
25 réagissent en conséquence. Comme je l'ai dit, tout cela était bel et bon,
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1 si les insurgés albanais se présentaient devant les zones contrôlées par la
2 VJ et le MUP. Les zones où ils avaient tendu des embuscades, mais si ces
3 Albanais décidaient d'emprunter des voies moins usuelles, à ce moment-là,
4 il était beaucoup plus probable qu'ils puissent, avec succès, faire
5 traverser des hommes ou des équipements. C'était une frontière qui était
6 très difficile de contrôler, en particulier du fait que, du côté albanais,
7 c'était le chaos le plus total, comme on l'a vu précédemment avec
8 l'implosion de l'Albanie.
9 Q. Vous parlez de la République de l'Albanie ?
10 R. Oui.
11 Q. Vous nous dites que : "Etant donné que la stratégie de l'UCK est
12 d'assurer le lien entre Drenica et de Decani, deux zones dont les Serbes
13 ont le moins le contrôle."
14 Est-ce que c'est quelque chose que vous pensiez de la stratégie de l'UCK à
15 l'époque ?
16 R. Oui. Comme je l'ai déjà dit le corridor qui venait de l'Albanie en
17 passant par la partie ouest de la province du Kosovo allait à Jablanica, à
18 Drenica, et cetera, c'était le principal corridor, c'est là que nous avons
19 rencontré certains des éléments, certains des QG de l'UCK les plus
20 importants et qui ont participé à ces incidents.
21 M. CAYLEY : [interprétation] Je ne sais pas, Monsieur le Président, si le
22 moment est bienvenu pour faire la pause.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. Nous allons faire une pause et
24 nous reprendrons nos travaux à 16 heures 05.
25 --- L'audience est suspendue à 15 heures 45.
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1 --- L'audience est reprise à 16 heures 07.
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Cayley. Vous avez la
3 parole.
4 M. CAYLEY : [interprétation] Merci.
5 Q. Nous sommes maintenant arrivés à la date du 28 avril, Monsieur
6 Crosland. Il nous reste plus que six mois. Il s'agit là du télégramme
7 diplomatique qui se trouve à l'intercalaire numéro 13. le télégramme est
8 celui qui porte le numéro 281. Je vais lire les paragraphes 3 et 4, 5 et 6.
9 On m'a demandé de ralentir.
10 "L'attaché militaire a fait le tour du Kosovo aujourd'hui, et a fait des
11 rapports sur la situation à Decani, qui est beaucoup plus tendue que par le
12 passé, avec quelques civils qui ont été touchés. Bien que les villes de
13 Djakovica et Pec soient relativement calmes, quelques bruits d'explosion
14 ont été entendus depuis Djakovica. Il n'a pas été en mesure de confirmer
15 les rapports albanais en vertu de quoi certains villages ont été attaqués à
16 l'artillerie lourde. Les points de contrôle de la police ont été renforcés
17 avec des policiers d'active. Il est vrai que les gens sont assez nerveux.
18 L'attaché militaire maintient que la police spéciale opère toujours dans la
19 région, bien qu'il soit difficile de fournir des preuves fiables pour
20 étayer cela. L'armée, la VJ est à Mujic [phon] avec des renforts en hommes
21 et en matériel que l'on voit circuler le long de la route. En visant Srbica
22 (Drenica), l'attaché militaire, encore une fois, a été arrêté par des
23 Albanais armés. L'impression tout à fait nette qui en découle, est que les
24 Albanais, l'UCK ou quel que soit le groupe qui contrôle ceci est peut-être
25 présent dans d'autres régions."
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1 Simplement, nous allons découper ceci. Djakovica et Pec, pourriez-vous nous
2 indiquer exactement où cela se trouve, s'il vous plaît ?
3 R. Oui. Il s'agit de la partie occidentale de Kosovo. Pec se trouve au
4 nord, la ville principale. Ici Decani, qui se trouve au milieu ici, et
5 Djakovica qui se trouve dans le sud. C'est le long de cette ligne-là, en
6 particulier cet axe principal qui est goudronné, que les Serbes tentaient
7 d'empêcher les Albanais de s'infiltrer dans le reste de la région, dans le
8 reste du Kosovo.
9 Q. Très bien. Vous déclarez dans votre rapport que l'armée, la présence de
10 l'armée, se fait beaucoup sentir. On voit les hommes et le matériel
11 militaire être déplacé le long des routes.
12 Qu'est-ce que cela voulait dire à l'époque ?
13 R. Cela signifiait ou confirmait que l'armée yougoslave, la VJ, était tout
14 à fait -- s'était engagée à venir en aide aux opérations du ministère de
15 l'Intérieur. Dans la région de Decani, il y a quelque six artilleries, de
16 batterie de six fusils qui étaient en position. Ceci a été indiqué au
17 paragraphe 3. Les Albanais avaient indiqué que l'artillerie avait été tirée
18 contre les zones frontalières. Ceci a été confirmé par moi-même alors que
19 nous traversions cet endroit, cette position. C'est la première fois que
20 nous avons vu la Vojska Jugoslavije, et c'est la première fois que nous
21 avons vu l'artillerie utilisée de cette façon dans une opération, opération
22 conjointe.
23 Q. Lorsque vous dites opération conjointe, vous faites référence ici à la
24 police essentiellement, n'est-ce pas, avec la police ?
25 R. Oui. Ils étaient à l'origine des tirs directs et indirects, à l'appui
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1 des tirs d'artillerie des opérations qui étaient menées dans la région
2 auxquelles nous avons fait allusion avant la pause. Tout ceci se passait de
3 manière assez bien organisée.
4 Q. Vous dites dans votre rapport qu'alors que vous traversiez Srbica, vous
5 avez été arrêté par des Albanais en arme. Vous aviez l'impression qu'il
6 s'agissait là de l'UCK ou quelque soit le groupe qui contrôlait la région.
7 Pourriez-vous nous indiquer dans quelle région se trouve Srbica ?
8 R. Srbica, Madame et Monsieur les Juges, se trouve dans la région ici,
9 près de Drenica, la première incursion majeure qui a eu lieu en 1998.
10 Ensuite, à trois ou quatre reprises, ceci a été dégagé par les forces de
11 Sécurité serbes, et ensuite repris par l'armée de Libération du Kosovo de
12 façon répétée. Un groupe quittait la région et un autre avançait. Quelque
13 soit le groupe qui le contrôlait, il était extrêmement difficile d'affirmer
14 quoi que ce soit. En sillonnant la région au quotidien, on avait quelque
15 idée sur qui avait pris le contrôle de la région.
16 Q. Vous dites que le 28 avril, vous aviez l'impression que c'était l'UCK
17 qui contrôlait la région. Pourquoi aviez-vous cette impression ?
18 R. Car dans cette région, il n'y avait pas des troupes du ministère de
19 l'Intérieur, mais des bandes armées de l'UCK. A ce moment l'armée de
20 Libération du Kosovo manquait d'uniforme. Certains étaient habillés en
21 habit civil, portaient des armes. D'autres étaient armés. A la fois, des
22 femmes, des hommes qui étaient habillés, qui portaient des uniformes
23 militaires. Les uniformes militaires qu'ils portaient étaient souvent assez
24 bigarrés. Il n'y avait pas à proprement parler d'uniforme de l'UCK à ce
25 moment-là.
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1 Q. Passons maintenant au paragraphe 4, si vous le voulez bien.
2 "En l'absence de l'attaché militaire, le sergent a participé à une deuxième
3 réunion d'information organisée par le colonel Dimitrejvic, l'attaché de ce
4 corps. Le but était de présenter la position de la FRY et la VJ, et ce,
5 avant la réunion de Groupe de contact du 29 avril. Il a donné un compte
6 rendu détaillé des derniers incidents. Il a envoyé ceci par fax à l'EAD et
7 au ministère de la Défense. D'après lui, les autorités albanaises
8 encourageaient activement et armaient activement les terroristes. Il a
9 ajouté que les services de la sécurité de la FRY avaient identifié un corps
10 d'entraînement à Tropolja. Il y avait quelque 2 000 à 2 500 hommes qui
11 avaient été formés dans ce camp."
12 Monsieur Crosland, c'est une réunion d'information qui a eu lieu à
13 Belgrade, n'est-ce pas, organisée par M. Dimitrejvic en présence du groupe
14 des attachés de la défense; est-ce exact ?
15 R. Oui.
16 Q. Les faits qui m'intéressent ici sont les suivants. Tout d'abord,
17 saviez-vous qu'indépendamment de tout ceci, il y avait un camp
18 d'entraînement à Tropolja ?
19 R. Oui, je le savais de différentes sources des services de Renseignement
20 dont je disposais. Nous avons reçu certains éléments à cet égard. Nous
21 savions qu'il y avait des camps d'entraînement en Albanie, comme je l'ai
22 déjà précisé, dans la région de Tropolja et Kuksi.
23 Q. Pourriez-vous nous indiquer ces endroits sur la carte --
24 R. La région de Tropolja ici, qui est mentionnée dans ce rapport, Bajram
25 Curi, et un peu plus bas ici, dans le sud dans la région de Kukes qui a
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1 déjà été évoquée, et ici, Vrbnica qui est le point d'intersection
2 international ici et pour entrer au Kosovo.
3 Q. D'après vous, qui était formé dans ces camps, qu'est-ce qu'on vous
4 avait dit ?
5 R. D'après Dimitrejvic et d'après les renseignements que j'ai obtenus
6 d'autres sources extérieures, il s'agissait là d'Albanais, de la Diaspora,
7 et des différents pays dans lesquels s'étaient rendus des Albanais, y
8 compris le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et d'autres pays.
9 Q. Maintenant, le paragraphe 5 : "Dimitrejvic a carrément insisté que la
10 VJ avait la responsabilité de protéger la frontière de la FRY, et devait
11 continuer à prendre les mesures nécessaires pour ce faire. Maintenant, il
12 n'y avait plus d'unités de la VJ au Kosovo hormis les unités qui étaient
13 stationnées de façon régulière, hormis le Corps de Pristina et la VJ
14 n'avait pas d'autre plan, et aux fins de mener des opérations à plus grande
15 échelle. Il était essentiel pour la communauté internationale d'exercer --
16 de faire pression sur les Albanais leur demandant d'abandonner le
17 terrorisme avant qu'ils ne lancent une très grande attaque qu'ils
18 semblaient avoir préparée."
19 A quelles unités de la VJ M. Dimitrejvic faisait-il allusion au Kosovo ?
20 R. Le général Dimitrejvic, ici, faisait allusion au 52e Corps qui se
21 trouvait dans la province du Kosovo qui était la principale unité armée. Il
22 n'y avait pas d'autre renfort. Je crois qu'il s'agit là d'un point peut-
23 être un peu trouble. Je crois, ou en tout cas, peu clair. La Vojska
24 Jugoslavije était en mesure de contrôler à peu près la situation. Mais il
25 savait au fond de lui-même que la situation était bien pire que celle qu'il
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1 avait décrite. Il insiste sur ce point, et il dit qu'à moins que la
2 frontière albanaise ne soit correctement contrôlée par la police albanaise,
3 du côté albanais, il y aurait encore des incidents le long de cette
4 frontière internationale. Cette frontière entre les deux pays.
5 Q. Il déclare qu'à moins que des mesures ne soient prises, il allait y
6 avoir une attaque de grande envergure. A moins, que l'on ne fasse pression
7 sur les Albanais pour qu'ils abandonnent leur cause terrorisme, il y allait
8 y avoir une attaque de grande envergure.
9 Qui allait lancer cette attaque de grande envergure ?
10 R. Je crois, que le général Dimitrejvic ici, fait allusion à ce qui a déjà
11 été évoqué, parce que cette frontière a été très mal contrôlée par la
12 police du côté serbe. Il pouvait y avoir des tentatives d'infiltration. Il
13 y avait ces 1 000 personnes, je crois, 200 qui ont été tuées le long de la
14 frontière. La Vojska Jugoslavije tentait à tout prix de protéger la
15 frontière de son côté.
16 Q. Vous parlez d'une attaque lancée par qui ?
17 R. Une attaque lancée sur la frontière albano/yougoslave qui aurait été
18 lancée par les insurgés, et faite de façon illégale, les insurgés albanais.
19 Il s'agit d'une frontière internationale où les services de Sécurité ne
20 contrôlaient pas la situation, les autorités albanaises n'assurant pas le
21 contrôle de ceci.
22 Q. Nous allons passer au rapport suivant, intercalaire numéro 14. Il
23 s'agit là d'un télégramme diplomatique daté du 30 avril 1998. Ce qui
24 m'intéresse ici plus particulièrement ce sont les paragraphes 3 et 5.
25 "L'UCK a émis une déclaration comportant neuf points le
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1 29 avril, publié dans un ouvrage intitulé dans un journal de Pristina,
2 publié en langue albanaise à tendance radicale, en disant que la patrie
3 était en état de guerre et combattait aux fins de libérer, d'unifier les
4 territoires occupés par l'Albanie. La déclaration lançait un appel à
5 l'Albanie aux fins -- pour qu'elle revoie sa position. C'était le devoir
6 des -- la partie libre de la patrie d'aider la partie occupée. L'UCK était
7 prête à frapper contre l'ennemi au moment voulu. L'UCK était disposé à
8 prendre part aux pourparlers et à parler avec l'ennemi, mais n'était
9 disposée à le faire qu'après le départ des troupes d'occupation et en
10 présence d'un tiers qui agirait en tant que médiateur. Tout accord négocié
11 sans leur présence ne serait pas valable. La déclaration lance un appel à
12 ceux qui tentaient de convaincre le peuple, que le défaitisme était une
13 solution et l'anarchie quelque chose qu'ils souhaitaient voir écarté et
14 lançaient un appel aux gens frustrés et pusillanimes."
15 Monsieur Crosland, simplement, je faisais allusion à cette déclaration qui
16 disait que la patrie était en état de guerre et combattait aux fins de
17 libérer et d'unifier les territoires occupés par l'Albanie. N'avez-vous
18 jamais entendu de telles déclarations faites par des membres de l'UCK que
19 vous avez rencontrés ?
20 R. Oui, tout le temps. C'était le point de vue proposé, ou en tout cas, le
21 point de vue ou l'opinion donnée par l'UCK ou les membres de l'UCK. Il
22 s'agissait là d'une mission qui avait pour but de reprendre la Grande
23 Albanie. C'est ainsi que l'appelaient les Serbes qui comprenaient la
24 province du Kosovo.
25 Je crois, si je puis, il faut se rappeler que d'après le recensement de
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1 1991. Il y avait plus de 2 millions d'Albanais qui se trouvaient déjà dans
2 l'état de la province du Kosovo. Si je puis utiliser une phrase, c'est la
3 minorité, en fait, était représentée par les Serbes et non par les
4 Albanais. Les Serbes au plan technique contrôlaient le gouvernement ou le
5 ministère de l'Intérieur, le MUP, la police, la VJ. Mais les ressources
6 financières étaient entre les mains des Albanais, des hommes d'affaires,
7 des agriculteurs, qui avaient quitté le pays aux fins de trouver davantage
8 la prospérité dans la province du sud au Kosovo. On considère les éléments
9 les plus radicaux dont évidemment l'UCK, se faisait le porte-parole. Le but
10 de l'UCK était de venir s'installer dans cette région; ce que l'on peut
11 voir au fils de l'histoire. Cette région a été défendue souvent comme on
12 peut le constater sur la carte, cela dépend de quel coté on se place; si on
13 se place du coté de la frontière albanaise, serbe ou la frontière du
14 Kosovo.
15 Q. Paragraphe 5, télégramme diplomatique :
16 "Les rumeurs continuent à circuler sur le sort d'un groupe de Serbes qui
17 semblerait avoir été pris pour otage par L'UCK. On pense qu'une douzaine de
18 Serbes (Commentaire : On ne sait pas très bien s'il s'agit de civils ou de
19 forces de la Sécurité qui ont été capturés dans des incidents différents au
20 cours de la dernière semaine. Des organisations serbes tentent, le 29
21 avril, de faire intervenir les NGO afin de négocier leur libération.
22 Certains journalistes internationaux ont appris de la bouche
23 d'organisations des droits de l'hommes albanais à tendance radicale, que
24 certains Albanais ont été tués le 23 avril lors d'un incident à la
25 frontière, que leur corps leur ont été rendus complètement mutilés, et que
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1 ces corps ont été remis à leurs familles pour qu'ils puissent être
2 enterrés. Certains rapports disent qu'un Albanais a été tué par la police
3 serbe alors qu'il se rendait à l'enterrement des Albanais qui avaient été
4 tués près de Decani le 27 avril. Un policier aurait été tué lors d'une
5 attaque contre une patrouille de police sur la route entre Prizren-Urosevac
6 la nuit dernière."
7 Vous souvenez-vous de rumeurs ou de faits rapportant la prise d'otage de
8 ces Serbes, ou ses Serbes détenus pas l'UCK ?
9 R. Oui, Monsieur le Président. Au cours de ce conflit, et dans les années
10 98/99, nous avons estimé que 200 Serbes environ avaient été capturés par
11 les forces albanaises. Je ne peux pas à défaut de trouver un autre terme,
12 ceci n'a jamais été confirmé pour autant que je le sache. C'est arrivé à
13 Blace, qui se trouve dans cette région près de Komorane.
14 Q. Pourriez-vous nous l'indiquer sur la carte, s'il vous plaît, Monsieur
15 Crosland ?
16 R. La région n'est pas indiquée ici, mais cela se trouve au sud de
17 Komorane, au sud ici de cette région, près de Sedlare.
18 Cette région, de Sedlare, était une base de l'UCK, un QG de celui-ci.
19 C'était une allégation faite par les Serbes. Pour être tout a fait honnête,
20 c'était une allégation justifiée, un certain nombre de Serbes ont disparus,
21 surtout dans cette région au sud de Pec dans la région de Ljubanica [phon],
22 et on été faits prisonniers dans cette région. La plupart d'entre eux ont
23 disparu.
24 Q. Ce rapport fait également état d'un Albanais qui a été tué. Lors de
25 l'incident du 23 avril, le long de la frontière, on dit qu'il avait été
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1 mutilé lorsqu'il a été remis à sa famille pour être enterré. Savez-vous si
2 cette allégation était fondée ou non ?
3 R. Je n'ai pas vu cet incident, je n'ai pas vu ce corps mutilé. J'en ai vu
4 beaucoup d'autres malheureusement, Monsieur le Président. Certains rapports
5 ont été rédigés à cet effet. Je crains qu'il ne s'agisse là d'incidents qui
6 se produisaient de façon assez régulière. On tentait de terroriser ou de
7 faire peur à la partie opposée, ou en tout cas, de les contraindre à
8 accepter la situation, une habitude assez désagréable qui était courante
9 dans la zone des Balkans.
10 Q. Le rapport fait également état d'un Albanais qui a été tué par la
11 police serbe près de Decani, le 27 avril. Cet incident-là vous a-t-il été
12 rapporté alors que vous étiez au Kosovo ?
13 R. Oui, Madame, Monsieur les Juges. Ce que je veux dire, c'est que ces
14 incidents que j'ai évoqués se produisaient quasiment de façon quotidienne
15 le long de cette route de Djakovica jusqu'à Decani qui passait par Pec. Il
16 y avait beaucoup d'Albanais, beaucoup de villages albanais et des Serbes
17 dans les villages isolés. Ils devaient se rendrent à leur travail. Très
18 souvent, une fois la nuit tombée, il y avait une forte probabilité pour que
19 ces gens soient tués. Ils étaient isolés. Ils avaient peur dans cette
20 région.
21 Q. Pour finir, vous avez parlé d'un policier qui a été tué suite à une
22 attaque, on sait contre la patrouille de police, sur la route de Prizren-
23 Urosevac. Pourriez-vous nous indiquer ceci sur la carte ?
24 R. Oui. Il s'agit de la route ici qui descend, la route qui va vers le sud
25 de Prizren à l'ouest Srbica. Ici, c'est une communauté serbe, et qui va
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1 jusqu'à Urosevac, une ville mixte serbe et albanaise.
2 Q. Pourriez-vous déplacer la carte pour que nous puissions le voir. Est-
3 ce que vous vous souvenez que cet incident vous a été rapporté ?
4 R. Non, pas précisément. Ceci, malheureusement, se passait de façon
5 quotidienne. Ces attaques lancées contre certains individus étaient des
6 choses qui se produisaient malheureusement très souvent, et ce, de part et
7 d'autre.
8 Q. Maintenant, intercalaire numéro 15, s'il vous plaît. Il s'agit là d'un
9 rapport daté du 5 mai. Je vais vous lire le paragraphe, les paragraphes 1,
10 2, 3 et 4.
11 "Les rapports faisant état de combats lourds à Ponosevac, près de la
12 frontière albanaise, le HCR a estimé que les réfugiés de nombre de 5 000.
13 Ils ont fui en direction du Montenegro depuis le début de la crise. Le
14 porte-parole du LDK se reprend quant aux mesures à adopter par le Groupe de
15 contact, et l'accueil qu'ils ont fait a Rugova. Le député russe, l'adjoint
16 au ministre des Affaires étrangères, Ivanov est venu voir Milosevic
17 aujourd'hui. Le ministre des Affaires étrangères albanais prévient qu'il y
18 a un risque de guerre."
19 "Les deux cotés ont rapporté des combats lourds près de Ponosevac, à
20 quelque 8 Kilomètres près de la frontière de la frontière albanaise près de
21 Decani. Ce qui n'est pas clair, c'est qui est à l'origine de la violence
22 qui semble avoir commencé le 3 mai. Les rapports ont d'abord parlé de
23 quelques policiers serbes qui avaient été blessés par des Albanais. Les
24 combats se sont poursuivis depuis avec des rapports venant sur les victimes
25 albanaises, et le renforcement des forces de police serbes dans la police.
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1 Les forces du MUP étaient très tendues, lorsque l'attaché militaire et le
2 premier secrétaire ont visité la ville le 2 mai. Les sources albanaises
3 prétendent que les médias étrangers et les organisations humanitaires,
4 n'ont plus accès à cette région.
5 Certains rapports également nous sont parvenus sur des affrontements dans
6 le village de Denica. Il est difficile de confirmer les détails de tous ces
7 incidents, mais il semble qu'il y ait eu des victimes. L'armée yougoslave a
8 également précisé qu'elle a repoussé avec succès des groupes armés
9 albanais, qui tentaient d'entrer dans le RSFY. Nous n'avons pas encore de
10 rapport sur les victimes. L'attaché militaire qui a visité la région au
11 cours du weekend, a découvert qu'il y avait des déploiements très
12 importants du MUP et de la VJ. Ce qui était encore plus préoccupant quelque
13 80 des 100 policiers rattachés à la brigade antiterroriste dans quatre
14 endroits différents (il s'agit de troupes d'élite qui font partie des
15 services de Sûreté de l'Etat). Ce sont des gens qui sont rarement déployés.
16 Il a également confirmé la PJP et les forces spéciales du MUP qui
17 travaillaient de concert avec l'armée yougoslave dans la caserne de Pec. Il
18 nous rendra visite encore une fois aujourd'hui."
19 Pourriez-vous nous indiquer sur la carte, s'il vous plaît, Monsieur
20 Crosland, Ponosevac où les combats ont eu lieu ?
21 R. Oui, la zone de Ponosevac qui mène ici à une intersection entre
22 Tropolja, le col de Morinje, c'était à la fois une position de la Vojska
23 Jugoslavije et une position du MUP, il y avait des pièces d'artillerie et
24 des chars.
25 Q. Quel type de combats se déroulait à ce moment-là ?
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1 R. Dans cette région, il y a au sud de Djakovica, une route de terre qui
2 contourne ici cette région de Ponosevac, de Brtini [phon] et qui repart sur
3 la route principale. Ceci était en train de devenir une ligne de front,
4 tous les villageois avaient été renvoyés de chez eux, ils avaient fait
5 leurs valises et étaient partis au Monténégro. Du côté serbe, ils tentaient
6 de nettoyer la région de façon à pouvoir l'utiliser comme une zone de tir
7 libre. Les Albanais tentaient d'utiliser la région pour essayer de
8 s'infiltrer de l'autre côté de la frontière. Donc l'ensemble de cette
9 région était très tendu.
10 Tout le bétail avait été tué. La plupart des maisons avaient fortement
11 endommagé. Comme je vous l'ai dit, la population civile avait été quasiment
12 complètement chassée -- totalement chassée de la région. Donc les seules
13 personnes qui y étaient encore étaient les forces de sécurité serbes ou des
14 Albanais qui tentaient de forcer le passage.
15 Q. Ces combats dans cette région ont commencé le 3 mai 1998; est-ce
16 exact ? Nous sommes au troisième jour d'après ce rapport, est-ce exact ?
17 R. Oui, c'est exact.
18 Q. Dans ce même rapport, on peut lire qu'il y avait des rapports sur les
19 combats de la région de Drenica, est-ce que vous pourriez nous indiquer à
20 nouveau de quelle région il s'agit ?
21 R. Nous sommes ici dans la région que nous avons évoquée au début Srbica,
22 Gornji Klina. Comme je vous l'ai dit, il y avait un groupe qui entrait et
23 l'autre qui sortait, et la situation parfois changeait d'heure en heure.
24 Q. Au paragraphe 3, vous dites que l'armée yougoslave avait repoussé des
25 groupes albanais qui avaient tenté de pénétrer en RFY le 2 et le 3 mai.
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1 Est-ce que c'est l'événement auquel vous avez fait référence lorsque vous
2 avez parlé des événements de Ponosevac au début du mois de mai ?
3 R. Oui, c'est exact. Ceci mène également au col de Morinje où il y avait
4 un autre déploiement des forces de la VJ le long de la frontière, il y
5 avait les tentatives de la part des Albanais de passer de l'autre côté et
6 de contourner la position de la Vojska Jugoslavije mais ils n'avaient pas
7 réussi. Il était très difficile d'obtenir des informations, quasiment
8 impossible, car c'était une région qui avait été complètement coupée.
9 Certaines des routes qui y menaient avaient été minées pour rendre l'accès
10 aux véhicules impossible.
11 Q. Vous dites également au dernier paragraphe, au paragraphe 4, que vous
12 avez vu 80 à 100 unités de la police antiterroriste dans quatre endroits
13 différents et vous dites également que la PJP, la police travaillait
14 ensemble avec l'armée yougoslave à Pec dans les casernes.
15 Pourquoi cela vous inquiétait-il tellement ces membres de la JSO de la
16 brigade antiterroriste ?
17 R. Car ces forces de police sont les forces de police les mieux équipées
18 et les mieux formées. Ces personnes, en général, étaient utilisées pour
19 mener des opérations très sensibles. A Pec dans un endroit qui s'appelait
20 Istok ou Dubrove [phon] comme cela est parfois appelé à Pec, il y avait des
21 casernes à la fois de la Vosjka Yugoslavije et du MUP, une armée combinée
22 sur la route qui menait vers le sud à Pec et qui allait vers Decani. Il y
23 avait une unité de la JSO qui était basée à Decani, et une unité de
24 l'artillerie que l'on avait découverte également au même endroit à
25 Djakovica.
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1 Q. Pourquoi cela vous préoccupait-il ? Pourquoi ceci vous préoccupait
2 tant ?
3 R. Je crois que cela indiquait clairement que la Vojska Jugoslavije
4 prenait ceci très au sérieux et préparait, si nécessaire, à combattre une
5 force ou une armée équivalente ou des groupes équivalents si cela s'avérait
6 nécessaire, combattre par la force.
7 Q. Quelles étaient les forces auxquelles elles se confrontaient à ce
8 moment-là, je pense aux forces de sécurité serbes ? A qui s'opposaient-
9 elles ?
10 R. Comme cela est indiqué dans le rapport, il y avait, peut-être pas au
11 quotidien mais en tout cas de façon hebdomadaire, des violations, des
12 infractions au niveau de la frontière albano-yougoslave. Il y avait des
13 rapports qui étaient obtenus à partir de renseignements secrets, des
14 rapports auxquels j'avais accès, qui indiquaient qu'il y avait de plus en
15 plus d'Albanais qui repartaient en Albanie pour pouvoir prendre les armes
16 et suivre l'UCK au Kosovo. Puis, il faut savoir qu'à cette époque-là, au
17 début du mois de mai, dans cette région montagneuse la neige avait fondu ce
18 qui fait lorsqu'il s'agit de franchir ces montagnes qui sont assez élevées
19 ce n'était pas aussi difficile que cela est le cas lors d'hiver rigoureux.
20 Q. Il est dit au début du rapport que le ministre des Affaires étrangères
21 albanais a indiqué qu'il y avait des risques de guerre, et avait mis en
22 garde. Vous souvenez-vous de cette mise en garde ?
23 R. Oui, je m'en souviens. Je pense que cela faisait partie des pressions
24 yougoslaves sur la communauté internationale afin que quelque chose soit
25 fait au niveau de la frontière albano-yougoslave, je l'ai dit à maintes
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1 reprises déjà, du côté des Albanais, il n'y avait pas véritablement de
2 véritables contrôles de la frontière. Ce qui fait qu'il y avait ces
3 intrusions illicites au niveau d'une frontière internationale. Il
4 s'agissait d'hommes armés, de chevaux, de dromadaires, non, non, pas de
5 dromadaires, je m'excuse, d'ânes qui transportaient des munitions, des
6 armes, et ce vers la province du Kosovo.
7 Q. Le ministre des Affaires étrangères albanais a mis en garde à propos de
8 cette guerre entre qui et qui ?
9 R. Potentiellement, je suppose entre l'Albanie et la Yougoslavie.
10 Q. Je vous demanderais de passer à l'intercalaire suivant qui est
11 l'intercalaire numéro 16. Je pense que cela nous donne tout simplement de
12 plus amples détails de la situation dont nous avons déjà parlé. Je vais
13 vous en donner lecture et je vous demanderais si vous avez quelque chose à
14 ajouter à ce sujet. Est-ce qu'il s'agit d'un rapport que vous avez
15 rédigé vous-même ?
16 R. C'est exact, Monsieur.
17 Q. C'est un rapport en date du 13 mai 1998. Rapport de situation à propos
18 du Kosovo le 11/12 mai 1998.
19 Synthèse ou résumé. 1 : "La situation dans la région de Ponosevac est
20 extrêmement tendue. La région de Ponosevac, Djakovica, Pec et Decani est
21 patrouillée par des éléments du JSO et PJP et ce de façon assez importante.
22 Les villageois ont fui vers le nord vers Junik. L'axe routier principal
23 Pristina-Pec est toujours fermé entre Komorane et Kijevo, Drenica. L'armée
24 de la Yougoslavie a été déployée autour des principales villes de garnison.
25 "Ponosevac. La route partant du sud vers Ponosevac est jonchée de douilles
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1 vides, notamment des grenades de 40 millimètres. Les villages au sud de
2 Ponosevac sont déserts. Le bétail a été abattu dans les champs, les maisons
3 ont été littéralement aspergées de tirs. Ponosevac est vide, à l'exception
4 de la JSO et de la PJP qui organisent des patrouilles à partir de Decani en
5 utilisant des véhicules de transport de troupes, notamment des TAB C 79 et
6 IPR, semblable aux M-60. La plupart des villageois sont maintenant
7 concentrés au niveau de Junik, il y en a environ quelque 3 000 qui ont
8 suffisamment de vivre et d'eau, mais aucun téléphone.
9 "Commentaire. Cette opération JSO/PJP a peut-être pour but de bloquer la
10 circulation sur cette route et de faire en sorte de couper les renforts et
11 ravitaillements à l'UCK, à Jablanica.
12 "MUP. En général, il y a eu augmentation de l'effectif, particulièrement
13 dans la région ouest. Tous les autres VCP sont normaux, mais il y a une
14 augmentation du déploiement des véhicules de transport de troupes. Le
15 nombre de MUP semble être environ légèrement supérieur à 400 avec 26
16 véhicules de transport de troupes.
17 "6 BOV-M ont été vu se dirigeant vers le sud sur l'autoroute à partir de
18 Belgrade. Il s'agit du weekend du 9 au 10 mai.
19 "Route de Pec et de Pristina. La route est ouverte à la circulation entre
20 Pec et Klina. Toutefois, pour ce qui est du tronçon entre Kijevo et
21 Komorane, il s'agit d'un tronçon qui est toujours fermé du fait de tirs
22 sporadiques. Très peu de circulation.
23 "Région de Drenica. Cette région est calme et ne semble pas connaître de
24 problèmes, à l'inclusion de la zone de Lausa, qui est maintenant la seule
25 voie d'accès.
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1 "VJ. Les déploiements de la VJ sont encore une réalité autour des villes de
2 garnison, tel que cela a été indiqué dans notre dernier rapport. Mais il
3 n'y a pas eu d'autre évolution.
4 "Evaluation. C'est une situation qui pourrait très rapidement
5 connaître une escalade avec perte de contrôle. Il y a des pourparlers en
6 cours afin de voir si les forces de sécurité serbes pensent qu'elles sont
7 en train de perdre le contrôle de la situation. Des mesures terroristes
8 dans la région de Ponosevac indiquent que le cheminement tactique n'a pas
9 encore changé."
10 Alors il est question de mesures terroristes assez dures auxquelles vous
11 faites allusion. A quoi faites-vous allusion ?
12 R. Je pense qu'au paragraphe 2, un paragraphe qui est afférent à
13 Ponosevac, il est indiqué que : "La route est jonchée de douilles vides",
14 et je vous ai indiqué que c'était une route, je vous l'ai montré
15 d'ailleurs, c'est une route à l'ouest, à partir du sud de Djakovica qui
16 contourne en fait Ponosevac. Il faut savoir que l'ensemble de la région
17 avait été abandonné. Hormis, bien entendu, la présence de militaires, le
18 bétail avait été entièrement tué, la plupart des maisons se trouvaient dans
19 un très mauvais état puisqu'elles avaient essuyé les tirs continuent des
20 forces de sécurité serbes. En fait, les gens avaient été chassés de leurs
21 maisons et avaient dû fuir pour essayer de se mettre en sécurité. Il faut
22 savoir que dans ce cas d'espèce, la plupart ont décidé de se diriger vers
23 le nord, vers le Monténégro, mais pas la totalité. Car certains sont allés
24 vers l'ouest en direction de l'Albanie.
25 Q. Vous nous avez dit que le tronçon de route sur la route Pristina-Pec
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1 avait été fermé, il s'agit du tronçon entre Komorane et Kijevo. Est-ce que
2 vous pouvez nous indiquer cette route et vous nous expliquez pourquoi ?
3 R. Il s'agit de la route principale à partir de Pristina jusqu'à Pec.
4 Comme je vous l'ai indiqué auparavant, il y a quatre routes que l'on trouve
5 dans cette région. Vous avez une route à partir de Kosovska Mitrovica au
6 nord, qui passe par Rudnik jusqu'à Pec. Ensuite, vous avez la route entre
7 Pristina et Pec à proprement parler. Ensuite, à partir de Pristina vers le
8 sud vers Shtime, jusqu'à Suva Reka, Prizren. Ce sont des routes qui avaient
9 été plus ou moins fermées par l'UCK qui avait des positions peu importantes
10 sur ces routes. La plupart de la Vojska Jugoslavije venait maintenant vers
11 Urosevac et ensuite au-dessus des montagnes ou par-dessus les montagnes
12 vers Prizren. En fait, cela indiquait, je pense, que l'UCK avait
13 l'intention d'augmenter son autorité sur des régions du Kosovo en indiquant
14 qu'ils pouvaient tout à fait bloquer des axes routiers principaux.
15 Q. Vous souvenez-vous, précisément, pour ce qui est de la route Pristina-
16 Pec, vous souvenez-vous précisément où est-ce qu'elle était fermée entre
17 Komorane et Kijevo ?
18 R. Oui. Elle était fermée au niveau d'un endroit qui se trouve à l'ouest
19 de Komorane, voilà où cela se trouve. Il avait également -- elle avait été
20 fermée à Lapusnik, c'est ce village dans cette zone montagneuse et, en
21 fait, l'UCK avait établi un poste de contrôle, avait bloqué la route avec
22 des positions de défense légères qui avaient été placées autour.
23 Q. Vous savez procéder à une évaluation, vous avez indiqué que la
24 situation pouvait, à nouveau, se détériorer très rapidement si les forces
25 de sécurité serbes pensaient qu'elles perdaient le contrôle de la
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1 situation. Pourquoi avez-vous dit cela à ce moment-là ?
2 R. Comme je vous l'ai déjà indiqué, la région qui se trouve à l'ouest ici
3 a une route qui se trouve au sud de Djakovica vers Ponosevac, jusqu'à Junik
4 -- en fait, je pense à la plupart des villages qui se trouvent entre Pec et
5 Decani et en remontant vers Djakovica c'étaient des villages qui, pour la
6 plupart, avait été entièrement désertés et qui avaient été extrêmement
7 détériorés. Les indications que nous avions étaient qu'il y avait une
8 tactique serbe. Nous allons en quelque sorte faire une guerre éclair dans
9 cette région, faire en sorte que la population civile soit expulsée afin
10 d'essayer d'assurer le contrôle militaire de la région, et ce par
11 l'entremise de la peur, de la crainte, plutôt qu'en utilisant une
12 stratégie. Ceci étant dit, ils ont réussi à chasser la population civile de
13 la région, mais cela ne signifie pas pour autant, comme je l'ai déjà dit à
14 maintes reprises, qu'ils contrôlaient la région. Ils contrôlaient la région
15 qui se trouvait autour des endroits dont ils assuraient la défense, les
16 endroits qui se trouvaient le long de ces routes, comme je l'ai indiqué,
17 mais ils ne contrôlaient rien d'autre.
18 Q. Qui contrôlait la région, hormis ces routes principales dont la défense
19 était assurée ?
20 R. Comme je vous l'ai déjà indiqué, c'était une situation particulièrement
21 fluide. Il faut savoir que l'UCK, hors de l'endroit où les forces de
22 sécurité serbes avaient des positions, l'UCK pouvait se déplacer, pouvait
23 déplacer ses hommes, son matériel, et pouvait continuer comme il l'avait
24 fait jusqu'à présent.
25 Q. J'aimerais vous demander de prendre le document suivant, qui en fait
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1 est un rapport du Corps de Pristina donc un rapport de l'armée yougoslave,
2 et c'est signé. C'est un document donc qui est signé par le général
3 Pavkovic. Au paragraphe premier de ce document, il présente une évaluation
4 et propose l'engagement du Corps de Pristina. Il s'agit d'un document qui
5 peut être rendu public, mais je vais vous donner lecture de certains
6 paragraphes, Monsieur Crosland, puisque je souhaiterais attirer votre
7 attention sur certains éléments.
8 Vous avez le deuxième alinéa du premier paragraphe qui indique, et je
9 cite : "La situation relative à la sécurité sur le territoire du Kosovo et
10 de Metohija devient de plus en plus complexe de jour en jour, du fait des
11 opérations des Siptar dont les attaques fréquentes sont en augmentation. Ce
12 sont des attaques qui sont menées à bien contre le MUP, contre des citoyens
13 de nationalité serbe, et contre les Siptar qui sont loyaux au système, et
14 ce, afin de semer la crainte, la peur et l'incertitude.
15 "L'objectif fondamental des terroristes Siptar, pendant cette phrase,
16 est de prendre le contrôle d'une grande partie du territoire du Kosovo et
17 du Metohija, et ce, afin de créer une armée de libération qui, pour la
18 communauté internationale, représenterait une armée populaire légitime et
19 non pas une organisation terroriste.
20 "Donc, avec cet objectif présent à l'esprit, ils oeuvrent pour
21 renforcer leurs nombres. Ils parviennent à leur fin par le biais de
22 recrutement volontaire et en utilisant des méthodes de menaces et de
23 chantage. Ainsi, l'organisation terroriste a pu, en un laps de temps
24 relativement bref, mobiliser des forces au nombre respectable, des forces
25 qui s'élèvent, à l'heure actuelle, au nombre de 3 500 à 4 500 hommes qui
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1 sont armés et formés pour des attaques armées et des opérations de
2 guérilla.
3 "En utilisant ce genre d'opération et en utilisant le renseignement
4 et la sécurité, des mesures de soutien logistique et en utilisant des
5 compagnies de génies, les forces terroristes revêt de plus en plus -- ont
6 de plus en plus l'apparence d'une organisation militaire. Ils sont en train
7 d'établir des unités allant de la section à la compagnie.
8 "Le cadre du commandement est composé d'anciens officiers de la JNA
9 qui ont la nationalité Siptar, d'un certain nombre d'officiers venant des
10 armées croates et musulmanes, et de mercenaires de la République d'Albanie.
11 "Les membres de l'organisation terroriste insistent sur le moral de
12 ses membres, le fait que la résistance armée est importante, et ce, dû à
13 l'inefficacité du MUP et des opérations médiocrement menées à bien dont le
14 but était de détruire ces noyaux de terroristes."
15 J'aimerais vous poser une question à propos de ces paragraphes. Est-
16 ce que vous connaissiez le général Pavkovic ?
17 R. Oui.
18 Q. Vous l'avez-vous rencontré ?
19 R. Oui, je l'ai rencontré à plusieurs reprises.
20 Q. A propos de ces paragraphes, que pensez-vous de -- qu'en est-il de
21 votre évaluation, à savoir l'objectif des terroristes Siptar est d'assumer
22 le contrôle d'une vaste partie du territoire au Kosovo et à Metohija ?
23 R. Oui, je pense que cela correspondait, comme je vous l'ai déjà dit, à un
24 objectif à long terme, un objectif qui, au début de 1997, ainsi qu'en 1998,
25 était d'avoir une armée de libération qui commençait en fait, apparemment,
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1 à acquérir une certaine crédibilité internationale. Comme je l'ai déjà dit
2 auparavant, cette idée de la Grande Albanie, qui incluait -- ou en tout
3 cas, c'est ce qu'ils espéraient puisqu'ils espéraient y inclure la province
4 du Kosovo, était une idée importante.
5 Je pense que les chiffres cités par le général Pavkovic peuvent
6 porter à controverse. Je dirais moi-même qu'il s'agissait en fait de
7 chiffres compris entre 400 et 500 pour ce qu'on appelle le noyau dur de
8 l'UCK. Il est difficile de dire qui a raison. Mais s'il prend en
9 considération le nombre potentiel de personnes qui apparemment faisaient
10 l'objet de formation en Albanie, alors je pense que ces chiffres compris
11 entre 3 500 et 4 500 ne semblent pas trop exagérés.
12 Q. Pour ce qui du fait que cette organisation voulait, en fait, être
13 considérée comme une organisation militaire et qu'elle était en train
14 d'établir des sections, des compagnies, et cetera, est-ce que vous avez
15 observé ce phénomène à ce moment-là ?
16 R. Je dirais en fait qu'il est très, très difficile de considérer une
17 organisation terroriste de la même façon que l'on considère des forces
18 régulières qui se fondent sur une structure -- une organisation bien
19 précise, avec des sections, une section qui comprend 30 personnes, et
20 ensuite, une compagnie qui est composée de 100 soldats, puis, vous avez le
21 bataillon, le régiment dont les chiffres sont compris entre 400 et 600.
22 Personnellement, je me suis rendu dans cinq ou six bases de l'UCK qui se
23 trouvaient un peu éparpillées au Kosovo pendant mon séjour là-bas. Je
24 dirais, qu'en mai, ils n'étaient pas aussi organisés que l'affirmait le
25 général Pavkovic. Il se peut, en fait, qu'il utilisait cela pour sa propre
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1 propagande, et en fait, qu'il voulait véritablement obtenir le soutien
2 idoine adéquat pour pouvoir lutter contre cela, et que donc il avait
3 présenté un point de vue un peu idéalisé de cela. Mais bon, c'est un
4 problème qui était un véritablement problème et qui ne faisait
5 qu'augmenter. Mais pour dire qu'il y avait cette organisation entre
6 sections et compagnies avec des unités de 30 hommes et des unités de 100
7 hommes, je pense que cela était probablement une façon, en fait, d'exagérer
8 un peu. Il y avait donc un commandement, un contrôle de base. Je pense --
9 j'insiste sur ce qualificatif de base. Je pense, en fait, qu'il y avait
10 donc un chef qui avait ce que je pense était à l'époque un semblant
11 d'autorité, lorsqu'il contrôlait, par exemple, une route.
12 Q. Saviez-vous s'il y avait des officiers des armées musulmanes ou
13 croates ? Est-ce que vous en avez rencontré, comme cela est suggéré ici ?
14 R. Oui. L'ancien chef d'état-major au Kosovo, le général Agim Ceku, qui
15 était croate, ex-croate. Oui.
16 Q. Le général Ceku était membre de l'UCK ?
17 R. Oui, c'est exact.
18 Q. Il dit également que le moral et la détermination à avoir cette
19 résistance armée, pour ce qui est des membres de l'organisation terroriste,
20 avait le vent en poupe, et ce, du fait de l'inefficacité du MUP et de ses
21 opérations médiocrement organisées dont le but était de détruire des noyaux
22 terroristes.
23 Est-ce que cela est exact ?
24 R. Oui. Je pense que cela était exact. C'est ce qu'il faut penser à la
25 façon -- aux méthodes opérationnelles du MUP, ce que je viens de décrire.
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1 Donc, il y avait, par exemple, des villages ou les villageois qui
2 entendaient, soit à la radio locale, qu'ils allaient essuyer des feux, des
3 tirs. Ensuite, il y avait quelques obus qui étaient lancés pour effrayer la
4 population locale. Puis ensuite, l'on avait tendance à raser ce village
5 particulier et à l'effacer.
6 Donc, cela ne faisait pas -- n'était pas véritablement fait pour améliorer
7 le moral. Ensuite, ils arrivaient dans un village vide et se demandaient ce
8 qu'ils faisaient. Alors, est-ce que c'est ainsi -- cette population qui
9 avait été expulsée était une population qui aurait peut-être pu être dans
10 votre camp, alors que ce sont des opérations qui ont été menées à bien
11 contre eux. Donc, c'est assez contreproductif. Je dois vous dire que cela
12 était assez typique de ce qui se passait dans la région des Balkans à ce
13 moment-là, puisque c'est quand même la population civile qui a essuyé le
14 plus gros des opérations à ce moment-là.
15 Q. Si vous tournez la page, Monsieur Crosland, vous voyez, en fait, qu'il
16 est dit que les opérations -- les forces du MUP n'ont pas pu assurer le
17 blocus, la destruction des noyaux terroristes à Drenica.
18 Ensuite, il est indiqué : "Nous estimons que les forces terroristes
19 contrôlent, à l'heure actuelle, quelques 30 % du territoire du Kosovo. Ils
20 ont su mettre sous contrôle la partie Mitrovica-Pec, ainsi que les routes
21 Pristina-Pec, ainsi que toutes les routes locales dans les régions de
22 Drenica, Decani, et Djakovica."
23 Qu'en pensez-vous, Monsieur Crosland ?
24 R. Comme je l'ai déjà indiqué sur la carte, vous avez ces trois routes
25 principales qui vont de Pec vers Pristina, puis ensuite, Pristina-Pec et
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1 Pristina-Stimlje. Il faut savoir que ces trois routes avaient été fermées
2 par l'UCK. La troisième faisait l'objet d'embuscades fréquentes et
3 régulières de la part de l'UCK, ce qui fait que cela ne faisait
4 qu'augmenter la difficulté vécue par le MUP et les forces de l'armée
5 yougoslave. Comme je l'ai déjà dit, je pense que c'est le général Pavkovic
6 qui, en fait, branlait un peu le MUP, et qui, jusqu'à ce moment-là, avait
7 pu répondre de façon un peu plus concertée. Je pense que le général
8 Pavkovic ainsi que les différentes autorités du MUP à Pristina voulaient
9 essayer de fusionner, en quelque sorte, les deux opérations. Comme je l'ai
10 déjà dit, il y avait l'armée yougoslave, la VJ, qui devait, en fait, mener
11 à bien des opérations hors du territoire qu'ils défendaient, hors de la
12 frontière qu'ils défendaient. Il s'agissait de l'ensemble de la province du
13 Kosovo pour pouvoir maintenir des lignes de communication, des lignes de
14 défense également, pour des régions qui étaient -- des régions assez
15 importantes qui étaient serbes.
16 Q. Qui damait le pion aux autres à ce moment-là ? Est-ce que c'était les
17 forces de sécurité serbes ou est-ce que c'était l'UCK ?
18 R. Je vous dirais qu'il est très difficile de savoir qui tenait la dragée
19 haute à ce moment-là. Comme le dit le général Pavkovic, l'UCK détenait, en
20 quelque sorte, quelques 30 % du territoire. D'onc c'était encore
21 véritablement une armée de libération en herbe. Pour ce qui est des
22 chiffres, à proprement parler, les forces de sécurité serbes auraient pu
23 être utilisées de façon beaucoup plus judicieuses et surtout de façon
24 beaucoup plus efficace contre l'Armée de la libération. Mais ils ont tiré
25 des enseignements des événements. Ils n'étaient pas préparés à essayer de
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1 combattre -- essayer de revenir à chaque fois. Donc, c'était une opération
2 très difficile, lorsqu'on pense qu'elle a été menée à bien par des forces
3 régulières.
4 Q. Lorsque vous dites une opération très difficile qui devait être menée à
5 bien par des forces régulières, vous faites référence aux forces serbes qui
6 essayaient de contrecarrer la tactique de l'UCK à ce moment-là ?
7 R. Oui, c'est exact. Parce qu'il faut savoir quel était le modus operandi,
8 donc essayer de chasser les gens, personne ne restait. Donc, s'il n'y avait
9 personne, personne n'était tué. Les gens se déplaçaient. Il y avait
10 beaucoup de munitions qui étaient utilisées. Il n'y avait pas beaucoup de
11 morts, très heureusement. Mais du point de vue militaire, est-ce que cela
12 permettait aux forces serbes de parvenir à l'objectif qu'elles s'étaient
13 fixées ?
14 Q. J'aimerais vous demander de prendre le document suivant, qui correspond
15 à l'intercalaire numéro 18. Il s'agit d'un télégramme diplomatique en date
16 du 14 mai 1998, et ce qui m'intéresse ici, uniquement, c'est le paragraphe
17 6.
18 "Situation en matière de sécurité. Dans la presse de ce jour, on signale
19 une attaque montée par une cinquantaine d'Albanais armés contre une
20 communauté serbe qui s'appelle -- qui se trouve à côté de Klina. Un
21 policier a été blessé. Si c'est vrai, ceci représente une montée en
22 puissance des actions de l'UCK. D'après les sources officielles serbes, dix
23 Albanais ont été tués à Smonica, près de la frontière entre l'Albanie et la
24 RFY, après une erreur de manipulation d'un lance-grenade. D'après les
25 sources albanaises cependant, ces dix personnes ont été tuées par des mines
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1 terrestres. Aujourd'hui, dans 'Dnevni Telegraf' qui est considéré comme
2 étant proche des services de Sécurité, on affirme que Stanisic, responsable
3 des services secrets et conseiller de Milosevic en matière de sécurité, a
4 été placé à la tête des opérations de police au Kosovo. Mon attaché
5 militaire est en visite au Kosovo aujourd'hui."
6 Pouvez-vous nous indiquer où se situe Klina sur la carte, s'il vous plaît.
7 R. Klina, c'est une petite agglomération qui se trouve sur l'un des axes
8 routiers principaux, et c'est dans ce que j'appelle le corridor qui vient
9 de l'ouest, qui passe par Decani, Jablinica, et qui arrive à Klina.
10 Ensuite, la route part vers Josanica, à l'est, dans la zone de Drenica. Il
11 s'agissait d'une route qui faisait l'objet de patrouilles par l'UCK, et il
12 y avait également des positions fixes occupées par les forces serbes sur
13 cette route.
14 Pendant cette attaque précise, je n'étais pas moi-même présent au moment
15 où cela s'est passé. Mais c'était caractéristique de ce qui se passait.
16 Parce que Klina, c'était une ville où il y avait, à la fois des Albanais et
17 des Serbes. Il y avait, encore une fois, un poste de police au centre-
18 ville, où les policiers étaient censés faire ce qu'ils sont censés faire en
19 temps normal, à savoir prendre soin de la population civile. Donc, c'était
20 une cible facile, et cela a été facile pour l'UCK de s'attaquer à cette
21 cible vulnérable.
22 Q. Passons maintenant au document suivant qui se trouve à l'intercalaire
23 numéro 19. Nous avons ici un télégramme diplomatique en date du 15 mai
24 1998. C'est le paragraphe 8 qui m'intéresse ici, Monsieur Crosland. Je vais
25 en donner lecture, je cite :
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1 "Mon attaché militaire a fait un rapport détaillé au ministère de la
2 Défense sur sa visite du 14 mai. Les opérations du MUP continuaient et
3 étaient en cours à Djakovica et Ponosevac. Des policiers des forces
4 spéciales de toutes sortes étaient visibles, même s'il n'y avait pas
5 d'activités visibles de la VJ près des zones frontalières. L'attaché
6 militaire ainsi que ses confrères ont été retenus brièvement par l'UCK, et
7 il est manifeste que l'UCK contrôle de fait des nombreuses zones de Drenica
8 et probablement d'autres zones également."
9 Nous nous trouvons donc au 15 mai. C'est peut-être un peu répétitif, mais
10 nous sommes en train d'essayer de remonter la chronologie. Pouvez-vous
11 encore nous indiquer où se trouve Ponosevac.
12 R. Ici, vous avez Djakovica, et ici, vous avez Ponosevac, Junik. Il y a eu
13 des combats extrêmement violents dans toute cette zone parce que l'UCK
14 avait essayé de prendre pied dans la ville de Junik, et ceci a entraîné une
15 réaction très violente des forces de sécurité ultérieurement. Ceci est
16 indicatif des conflits extrêmement violents qui ont eu lieu dans cette zone
17 pendant toute cette partie du milieu de 1998.
18 Q. Dans ce rapport, il est indiqué que vous avez été retenu brièvement en
19 mai ce jour-là par l'UCK. Vous souvenez-vous où cela s'est passé ? Quand ?
20 R. Oui. Nous avions pris la direction de Klina, dans notre véhicule, ce
21 que j'indique ici. Ensuite, nous avons pris une route vers Josanice. Nous
22 avons passé une position serbe et nous avons ensuite été interceptés ici,
23 près de Lausa, parce que c'était une zone qui était encore tenue par
24 l'Armée de libération du Kosovo.
25 Q. Pendant combien de temps avez-vous été retenu ?
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1 R. Sans doute, trois quarts d'heure à peu près. Je crois que c'est sans
2 doute ce jour-là que nous sommes allés dans un autre QG de l'UCK à Vojcnak,
3 qui se trouve au nord, l'endroit que je vous indique maintenant sur la
4 carte à l'ouest, quelque peu à l'ouest de la zone de Drenica.
5 Q. Pourquoi dites-vous qu'il est manifeste que l'UCK contrôle Drenica et
6 sans doute d'autres zones ?
7 R. En traversant cette zone, on voyait que l'UCK s'était emparé de
8 positions qui précédemment étaient des positions du MUP, et l'UCK était
9 plus visible que les forces de sécurité serbes dans cette zone. C'était une
10 évolution, un flux et un reflux auquel on avait assisté pendant toute la
11 durée de cette année.
12 Q. Passons maintenant au rapport suivant, du 27 mai, 12 jours plus tard,
13 12 jours après le rapport que nous venons d'examiner. Moi, ce qui
14 m'intéresse ici ce sont les paragraphes 8 et 9. Je cite :
15 "La situation en matière de sécurité semble s'être gravement détériorée ces
16 derniers jours. Selon certains rapports, notamment venant des journalistes
17 britanniques, il y a eu des combats très violents à Decani et Drenica. Les
18 Albanais affirment régulièrement qu'il y a eu des massacres et des attaques
19 menés contre des villages. Les forces de sécurité délivrent des rapports
20 fréquents au sujet d'attaques contre des patrouilles de police et parlent
21 notamment de deux enlèvements de policiers serbes depuis le weekend. On
22 parle de l'existence d'un camp de prisonniers de l'UCK près de Glogovac.
23 Bien que tout cela soit impossible à confirmer, et qu'il y ait là sans
24 doute des manœuvres de propagande et de sensationnalisme menées dans les
25 deux camps, l'impression générale, c'est que la violence se développe au
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1 moment où les forces de sécurité et l'UCK essaient de prendre le contrôle
2 du corridor extrêmement stratégique qui se trouve entre Drenica et Decani.
3 Les forces de sécurité semblent avoir un rôle particulièrement active dans
4 la zone située autour des villages de Jablanica et Glodjan, dont on estime
5 qu'il s'agit de QG importants de l'UCK.
6 "Le 26 mai, l'attaché militaire en exercice a pu voir 11 autocars du MUP,
7 30 poids lourds, ainsi que des véhicules de la police spéciale qui
8 remorquaient des pièces d'artillerie et qui venaient depuis la route
9 principale de Pristina à Pec. Il s'agit peut-être d'une relève habituelle,
10 mais en tout cas, cela indique qu'il y a une très forte présence du MUP
11 dans la zone.
12 "Le 27 mai, il a vu des maisons gravement endommagées et incendiées au nord
13 de Drenica. Des témoins oculaires locaux ont parlé d'événements qui vont
14 dans le sens des opérations de la JSO. Il est très difficile d'accéder à la
15 zone de l'ouest. Le MUP a mis en place de nouveaux points de contrôle au
16 sud-est du Kosovo, près d'Urosevac et Gnjilane. Le premier secrétaire en a
17 compté huit le 24 mai. Stojilkovic, ministre serbe de l'Intérieur, a
18 déclaré le 26 mai que la police au Kosovo serait plus efficace. Désormais,
19 vu sa réputation, ceci suffit à nous inquiéter. C'est alarmant. D'autre
20 part, on affirme dans la presse que les forces paramilitaires d'Arkan sont
21 actives au Kosovo. La MCCE a récemment rencontré des hommes dont on leur a
22 dit qu'ils travaillaient pour Arkan. L'UCK, quant à elle, a mis en place
23 des points de contrôle sur les routes principales. L'une d'entre elles est
24 à deux kilomètres seulement d'un point de contrôle tenu par le MUP. D'autre
25 part, on parle également de l'interception de poids lourds arrivant au
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1 Kosovo, et de l'aide humanitaire qui est interceptée."
2 Premier paragraphe, Monsieur le Témoin, le paragraphe 8. On parle de
3 combats violents à Decani, Drenica. Je sais que ceci date de 12 jours après
4 le premier incident, mais pouvez-vous nous faire des observations au sujet
5 des événements en cette zone le 27 mai ?
6 R. Il s'agit des deux zones qui, apparemment, étaient considérées comme
7 deux zones essentielles par les deux camps. La zone de Drenica était une
8 zone qui, historiquement, était une zone albanaise qui avait un grand
9 intérêt pour les Albanais. Decani, comme je l'ai déjà dit, cela se trouve à
10 proximité de la frontière albanaise, une frontière par laquelle arrivait
11 des renforts, du ravitaillement.
12 Q. Les renforts et les ravitaillements de qui ?
13 R. De l'UCK.
14 Q. Le camp de prisonniers de l'UCK situé à proximité de Glogovac, en avez-
15 vous entendu parlé vous-même ? Avez-vous entendu parlé de ces rumeurs ?
16 R. Oui. Nous avons essayé de nous approcher de cet endroit à Glogovac, qui
17 se trouve ici au nord de Komorane. C'est une zone minière ancienne qui
18 ensuite a été utilisée par les Serbes comme une sorte de camp de
19 prisonnier, un camp de détention. Mais comme c'est indiqué ici, il était
20 impossible de vérifier, de confirmer cette information dans un sens ou dans
21 un autre.
22 Q. Avez-vous quoi que ce soit à ajouter au sujet du paragraphe numéro 9 ?
23 R. Pour la première fois, en vérité, l'essentiel des combats avait lieu
24 dans cette zone de Podujevo à Pristina jusqu'à Urosevac, et à Giljane,
25 c'est ici. C'est la première fois qu'on voyait des activités de l'UCK se
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1 développer à l'est de cette zone. Cela, c'était sans doute un facteur
2 important qui nous montrait que l'UCK commençait à se déplacer vers
3 Giljane. Son influence commençait à s'y manifester. Giljane, une ville
4 campagnarde, si l'on peut dire, avec aussi bien des Albanais que des
5 Serbes.
6 Q. Est-ce que c'est sur la carte ?
7 R. Non. Mais si on continue à partir d'Urosevac vers l'est, à peu près à
8 40 kilomètres, vous trouvez la ville de Giljane, avec une brigade de la
9 Vojska Jugoslavije et une forte population albanaise.
10 Q. Passons au document suivant. Il s'agit d'un télégramme diplomatique en
11 date du 29 mai. Paragraphe numéro 3. Je cite :
12 "Les incidents continuent à se manifester. La circulation et les
13 déplacements restent restreints. La situation à Decani et aux alentours est
14 toujours confuse avec poursuite de combats depuis quatre jours. La presse à
15 Belgrade continue à affirmer que l'UCK assiège la ville, et à estimer qu'il
16 était scandaleux que ceci ait pu arriver, qu'on ait pu permettre cela.
17 Selon des sources albanaises, des centaines d'Albanais n'osent pas quitter
18 leurs maisons par crainte d'essuyer les tirs des Serbes qui continuent à
19 contrôler le centre-ville, et il n'y a plus de nourriture. D'après certains
20 rapports, il y a des combats dans les rues de la ville. Si les médias
21 arrivent à retourner dans la ville, les images des destructions, quels que
22 soient les responsables, pourraient avoir un impact émotionnel très
23 important.
24 "La branche locale du conseil chargé de la défense des droits de l'homme et
25 de la liberté a lancé un appel à l'aide humanitaire pour Decani. Ils
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1 affirment que la situation est compliquée par l'arrivée de milliers de
2 réfugiés venant de villages environnants près de la frontière, et qui se
3 cherchent à se réfugier dans la ville.
4 "Il semble qu'il y ait eu de nouvelles attaques contre le point de contrôle
5 tenu par la police à Komorane, à 21 kilomètres à l'ouest de Pristina sur la
6 route de Pec, et de nouveaux affrontements à Slatina, près de l'aéroport de
7 Pristina, à 12 kilomètres de la ville. Selon des sources albanaises, trois
8 personnes sont mortes, et une autre a été blessée lors d'un incident près
9 d'Orahovac lorsqu'une voiture essuyaient les tirs de la police."
10 Monsieur le Témoin, ici encore, je vais vous demander de regarder la carte,
11 de nous indiquer sur cette carte où se trouve la ville de Decani ou la
12 zone.
13 R. Decani se trouve là, la zone de Junik, dont j'ai dit que cela
14 commençait à devenir le point focal des activités serbes et des activités
15 UCK qui se disputaient le contrôle de cette petite ville. Comme je l'ai
16 dit, la zone frontalière devenait une zone de plus en plus problématique.
17 Il était très difficile pour ceux qui habitaient dans des villages serbes
18 ou albanais de continuer à habiter là. La plupart des Serbes d'ailleurs
19 s'étaient déplacés vers le col de Rugova, dans cette zone, quant aux
20 Albanais, ils avaient pris la fuite vers le Montenegro et également vers
21 l'ouest, vers l'Albanie. Mais ceci indique, ceci met en lumière le fait que
22 cette zone était une zone stratégique, névralgique pour le ravitaillement à
23 partir de l'Albanie, pour le Kosovo c'était une zone névralgique également,
24 car pour les Serbes qui souhaitaient mettre un terme à ces activités
25 illégales, à ces franchissements de la frontière internationale. On parle
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1 également d'une attaque contre la route principale, entre Pristina et
2 Komorane qui avait été bloquée par l'UCK à Lapusnik. A Komarane, il avait
3 un point de contrôle du MUP très important. On se trouve, à ce moment-là,
4 au milieu de l'été avec de très longues journées, les gens sortaient et
5 s'amusaient à tirer sur les policiers au cours de la nuit.
6 Slatina est plus proche. Si vous avez un lieu qui s'appelle Veliki Slatina,
7 c'était un poste avancé du MUP qui assurait la garde de la route qui allait
8 au sud vers l'aéroport de Pristina qui, bien entendu, était un point clé
9 pour les Serbes.
10 Q. Donc les combats se rapprochaient de Pristina à ce moment là ?
11 R. Oui. Je pense que ceci nous indique bien la manière dont procédaient
12 les Serbes, les Serbes dont les positions statiques faisaient l'objet
13 d'attaques. On va voir que cela va se rapprocher, dans les mois qui vont
14 suivre, de Pristina tout cela.
15 M. CAYLEY : [interprétation] Je ne sais pas si vous souhaitez que nous
16 faisions une pose maintenant Monsieur le Président ?
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Effectivement, ce serait une bonne
18 idée. Nous allons reprendre à 17 heures 50.
19 --- L'audience est suspendue à 17 heures 28.
20 --- L'audience est reprise à 17 heures 53.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Cayley, c'est à vous.
22 M. CAYLEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
23 Q. Passons, je vous prie, à l'intercalaire numéro 22. Le seul paragraphe
24 qui m'intéresse ici est le suivant, mais auparavant, il s'agit d'un rapport
25 régulier des opérations envoyées au commandement de la 3e Armée dans la
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1 région militaire de Pristina. D'abord, qu'est-ce que c'était le
2 commandement de la 3e Armée ?
3 R. La 3e Armée se trouvait à Nis, son QG se trouvait à Nis à l'extérieur
4 de Pristina commandée par le général Pavkovic, et l'unité avancée de cette
5 formation c'était le 52e Corps qui était cantonné à Pristina, et qui était
6 responsable des opérations dans la province du Kosovo.
7 Q. La 3e Armée c'était le QG des forces qui se trouvait au Kosovo.
8 R. Oui.
9 Q. Nis est en Serbie ?
10 R. Oui.
11 Q. Qu'est-ce que c'est que ce document ? C'est un rapport, n'est-ce pas ?
12 R. Oui. C'est un rapport qui est établi par l'officier d'état-major de
13 Pristina, qui apparemment traite des opérations au quotidien et qui fait
14 rapport également des opérations, et ceci est envoyé de Pristina au grand
15 QG de Nis. Il s'agit d'un rapport de situation, sur ce qui se passe dans la
16 zone de responsabilité, on suit un format habituel et celui des rapports
17 dans lesquels on informe l'autorité supérieure de ce qui se passe.
18 Q. Paragraphe 8, je cite :
19 "Le matin du 8 juin, des terroristes albanais ont attaqué les villages de
20 Suvo Grlo, et de Banje dans la municipalité de Srbica. Il s'agit de village
21 à population serbe, dont les habitants ont eux-mêmes ont organisé leur
22 propre résistance."
23 Je vais revenir plus tard à ce point, mais j'aimerais auparavant que nous
24 passions au rapport suivant, qui est en date du 9 juin. C'est un rapport ou
25 un télégramme diplomatique, en date du 9 juin 1998, passons au paragraphe
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1 consacré à la sécurité, le numéro 5, je cite :
2 "La situation en général semble plus calme, bien que des sources
3 albanaises continuent à signaler des pilonnages et des attaques aériennes
4 contre les villages situés à proximité de la frontière entre la RFY et
5 l'Albanie, en particulier dans la zone de Djakovica. Un soldat de la VJ a
6 été tué, et trois autres ont été blessés dans une attaque proche du village
7 de Popovac, à côté de Djakovica. Des Albanais armés ont attaqué les deux
8 derniers villages serbes de la vallée de Drenica, Banje, et Suvo Grlo. Les
9 échanges de tirs auraient duré plusieurs heures. C'est apparemment la
10 troisième attaque de ce genre ces derniers temps. On signale également des
11 tirs sporadiques à partir du point de contrôle de la police, à Komorane à
12 20 kilomètres à l'ouest de Pristina."
13 Les deux villages auxquels vous faites référence, ce sont les
14 villages qui sont mentionnés par le colonel Maksimovic, dans son rapport au
15 commandement de la 3e Armée, n'est-ce pas ?
16 R. Oui.
17 Q. Savez-vous où se situent ces deux villages à Drenica ? Est-ce que vous
18 pouvez nous les montrer, est-ce qu'on les trouve sur la carte ?
19 R. Ils ne seront pas sur la carte, parce qu'il s'agit de deux villages, de
20 très petits villages. Mais il s'agit d'une situation qui se trouve à côté
21 de la mine de Belacevac dans ce territoire, je suis sûr que M. Cayley va
22 traiter de cette zone plus tard. Mais en tout cas, on voit ici que les
23 combats s'étendent, ils sortent de la zone de Drenica, qui est sur la
24 vallée qu'on trouve ici, je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, que cela
25 allait se passer, et on voit qu'on commence à identifier une menace sur la
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1 capitale même, sur Pristina, en provenance de la vallée de Drenica. L'autre
2 ville qui est mentionnée, c'est celle de Popovac à côté de Djakovica, et
3 là, encore c'est un lieu que l'on ne trouve pas sur cette carte. Mais cela
4 se trouve à quatre ou cinq kilomètres à l'extérieur de Djakovica, quand on
5 prend la direction de Zrze, sur la route du sud qui va vers Prizren.
6 Q. Vous saviez vous-même, vous saviez personnellement que les villages de
7 Banje, Suvo Grlo, avaient été attaqués ?
8 R. Oui, nous savions qu'il y avait eu des incidents dans cette zone.
9 Q. De même pour le village de Popovac, près Djakovica, est-ce que vous
10 saviez vous personnellement qu'un soldat avait été blessé ou plutôt que
11 trois soldats avaient été blessés, et un tué ?
12 R. Je n'ai pas connaissance de cet incident particulier, mais je n'ai pas
13 de raison de mettre en doute la teneur de ce rapport, car comme je l'ai dit
14 à plusieurs reprises, la situation évoluait heure par heure et au jour le
15 jour également.
16 Q. Dans ce rapport une fois encore, on fait référence à des tirs venant du
17 point de contrôle de Komorane. Pouvez-vous nous l'indiquer ?
18 R. Komorane cela se trouve ici dans la vallée de Drenica, c'est le point
19 de contrôle principal qui gardait la route, qui allait à Pristina et à
20 Slatina également, Slatina c'est le lieu où se trouve l'aérodrome de
21 Pristina.
22 Q. Passons maintenant au document suivant, il s'agit d'un rapport de la
23 243e Brigade de blindés ou motorisée, à l'intention du commandement du
24 Corps de Pristina. Cette brigade motorisée, qu'est-ce que c'était ?
25 R. Cette brigade, elle était cantonnée à Prizren, que je vous indique ici
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1 sur la carte. Sa mission c'était de tenir cette route, d'assurer la
2 sécurité de cette route jusqu'à Dulje, où il y avait environ deux à trois
3 cents hommes qui étaient déployés, ils étaient là pour faire en sorte que
4 la route reste ouverte, c'est-à-dire avec des véhicules de transport de
5 troupes blindées, et avec l'aide d'Urosevac, il devait faire en sorte que
6 la route reste ouverte jusqu'à Lipijan ou Urosevac. Donc c'était une
7 opération conjointe avec la VJ, qui avait pour objectif de faire en sorte
8 que la route reste ouverte, et ils ont enregistré de nombreuses pertes.
9 Suite à des embuscades dans une zone qui était une zone boisée et une zone
10 très accidentée.
11 Q. Je vais donner lecture de certains extraits de ce rapport. Paragraphe
12 numéro 1, je cite :
13 "A 10 heures 35, le 14 juin le DTG, le groupe de sabotage a ouvert
14 le feu avec des armes automatiques, à partir du village de Luznica, il n'a
15 pas été possible de déterminer à partir d'où le feu avait été ouvert, ceci
16 n'a pas entraîné de conséquence pour l'unité.
17 "A 11 heures 10, le même jour, une patrouille de reconnaissance qui
18 était en mission dans le village de Dulje-Luznica, est tombée dans une
19 embuscade dans le secteur déterminé par les coordonnées 925, et au cours de
20 cette embuscade deux soldats ont été légèrement blessés. On a riposté et la
21 patrouille de reconnaissance a été retirée du combat. Les soldats blessés
22 ont été envoyés à Urosevac pour y être soignés.
23 "A 12 heures 35, le même jour dans le secteur de Crnoljevo, près du
24 restaurant, une colonne de ravitaillement régulière de
25 BG-243, un groupe de combats est tombé dans une embuscade. Trois soldats
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1 ont été gravement blessés et l'un a été plus légèrement blessé. Ils ont été
2 transportés au centre médical de Pristina, afin d'y recevoir des soins.
3 Paragraphe A, au bas de la page, perte en hommes, hommes gravement blessés
4 dans le secteur du village de Sonalevo. "Zeljko Antovic, fils de Vojislav,
5 Veroljub Smiljkovic, fils de Momir, et Stojan, fils de Mitar. Le soldat
6 Vojislav Vasic, fils de Zivadinka, légèrement blessé. Soldats légèrement
7 blessés dans le secteur du colonel de Dulje. Bogdanovic, et Slobodan Jokic,
8 fils de Vukisin."
9 Monsieur le Témoin, je sais que vous n'avez pas une connaissance détaillée
10 des événements qui sont mentionnés ici, mais pouvez-vous nous faire des
11 observations au sujet de ce rapport, puisque vous avez dit sur le
12 territoire de la 243e Brigade motorisée ?
13 R. Ces rapports vont tout à fait dans le sens des événements qui avaient
14 eu lieu dans cette zone. Comme je l'ai dit, il est très difficile d'aller
15 de Stimlje à Dulje à Suva Reka, à Prizren. C'est un terrain très accidenté.
16 Quand on empruntait cette route, on était susceptible de tomber des ces
17 embuscades, et à de très nombreuses reprises, il y avait de nombreux
18 endroits où on pouvait procéder à des attaques, et cette brigade
19 enregistrait de nombreuses pertes comme cela a été indiqué dans notre
20 rapport. Nous sommes ensuite allés aider -- apporter notre aide à plusieurs
21 membres de l'armée yougoslave qui avaient été blessés.
22 Q. Passons maintenant à l'intercalaire numéro 25. Le 16 juin 1998, il
23 s'agit d'un rapport qui vient du commandement de la région militaire de
24 Pristina à l'intention du commandement de la 3e Armée. Paragraphe numéro 8.
25 Je cite :
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1 "Situation sur le territoire, lors de la cérémonie de départ de la recrue
2 Srecko Mihajlovic, village Dobrosebina, dans la municipalité de Zubi Potok,
3 l'oncle de la recrue a involontairement tiré dans la jambe de celui-ci qui
4 a été blessé par balle à la jambe. Des séparatistes Siptar, un terme
5 injurieux pour désigner les Albanais, ont attaqué une patrouille du MUP à
6 côté du village de Rakovina sur la route Djakovica-Klina. Un policier a été
7 tué et deux autres ont été blessés. Une colonne de la VJ qui transportait
8 des vivres a été attaquée sur la route d'Urosevac-Stimlje. Deux soldats et
9 un civil ont été blessés. Une patrouille de reconnaissance a été attaquée
10 aux environ de Juznice, Suva Reka. Deux soldats ont été tués."
11 Je sais très bien, Monsieur le Témoin, qu'une fois encore, vous n'avez pas
12 une connaissance détaillée de ces événements, mais je voudrais savoir ce
13 que l'on peut tirer comme conclusion de ce rapport vu la situation
14 générale ?
15 R. Ce rapport nous parle en premier lieu du village de Rakovina qui se
16 trouve dans la zone que je vous indique, c'est une zone où il y avait des
17 forces du MUP plus des forces ensuite de la Vosjka Jugoslavije jusque vers
18 l'est sur ce terrain élevé en altitude et l'idée c'était de pouvoir
19 surveiller la zone qui se trouvait à l'ouest de la rivière. Dans cette
20 zone, il y a eu de nombreuses attaques enfin des attaques sporadiques de
21 l'UCK pendant toute l'année parce qu'une fois encore on était dans la
22 situation où vous aviez des positions militaires statiques qui étaient des
23 cibles prises souvent par les combattants de l'UCK. Donc ceci nous montre
24 clairement une espèce de guerre -- ce qui se passait une espèce de guerre
25 d'usure dont faisaient l'objet les forces de sécurité serbes.
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1 Q. Cette colonne, qui se déplaçait sur la route Urosevac-Shtime et au
2 cours de laquelle des personnes ont été blessées.
3 R. Urosevac-Stimlje, cela se trouve ici, à Urosevac, il y avait une
4 brigade de la Vojska Jugoslavije qui était déployée et cette colonne se
5 déplaçait vers un poste de commandement ou une tête de point à Stimlje.
6 Q. Avez-vous eu connaissance d'attaques menées sur cette route par l'UCK ?
7 R. Il y a eu de nombreuses attaques sur cette route parce que c'était une
8 route qui s'y prêtait vu la nature du terrain vu que c'était une zone très
9 boisée.
10 Q. Passons au document suivant en date du 18 juin 1998. Encore une fois,
11 un rapport régulier envoyé au commandement de la 3e Armée, un rapport qui
12 émane une fois encore du lieutenant-colonel Dragoslav Maksimovic.
13 Paragraphe 8.
14 "Entre 10 heures 00 et 11 heures 00, des groupes de Siptar, un terme
15 injurieux pour désigner les Albanais, des groupes de gangsters du village
16 de Crkvena Vodica, municipalité d'Obilic ont enlevé Milorad Spasic, père de
17 Zivko Spasic, qui avait été lui-même enlevé il y a un mois et dont on a --
18 au sujet duquel on a eu aucune information.
19 "Le frère de Milorad Spasic a été enlevé ce matin dans le village de
20 Crkvena Vodica, municipalité Obilic.
21 "Peu après 12 heures 00 aujourd'hui, sur le territoire de la mine de
22 Belacevac, des terroristes Siptar ont intercepté un véhicule motorisé gaz
23 où se trouvaient cinq personnes qui dont trois étaient des Siptar, et qui
24 ont été libérés immédiatement. Les deux autres Serbes ont été détenus ainsi
25 que le véhicule. Un des Serbes, Predrag Milic, du village de Plemetina, et
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1 l'on ignore le nom du deuxième.
2 "La situation dans la municipalité de Stimlje est extrêmement confuse après
3 décès d'un soldat et d'un policier tués hier à Crnoljevo. Hier soir, après
4 l'assassinat du soldat et du policier, un groupe de Serbes ont brisé les
5 vitrines des commerces Siptar craignant un conflit direct, les opposant au
6 Siptar, la plupart des Serbes avaient évacué les femmes et les enfants, et
7 seul les hommes en âge de porter les armes et apte au service militaire
8 étaient au service militaire étaient restés à Stimlje."
9 Bien. Si on parle de cette mine de Belacevec à ciel ouvert qui a été
10 évoqué, est-ce que vous avez eu connaissance de cette attaque menée par les
11 Albanais ?
12 R. Nous savions que la situation autour de la mine de Belacevac, qui est
13 une mine très connue, enfin, qui tient beaucoup à cœur aux Serbes, nous
14 savions ce qui se passait. Il y avait là une localité où se trouvait
15 essentiellement des Serbes qui ont été attaqué, c'était habités par les
16 Serbes qui travaillaient dans la mine et ils ont fait l'objet d'une attaque
17 qui venait de la vallée de Drenica, ils ont été attaqué par l'UCK.
18 Q. Pouvez-vous nous indiquer où se trouve la mine ?
19 R. Ici, à dix kilomètres de Pristina, vous avez ici Obilic, qui se trouve
20 au nord. Je suis en train de vous l'indiquer sur la carte.
21 Q. Ces enlèvements dont on parle ici, vous n'avez pas connaissance vous-
22 même de l'enlèvement de ces personnes en particulier ?
23 R. Non, pas de ces personnes en particulier. Mais nous avions des
24 informations selon lesquelles des propriétés serbes -- des maisons serbes
25 isolées avaient été attaquées et qu'apparemment des gens avaient pu être
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1 enlevés. Cela n'a pas été confirmé. J'imagine que c'était une terreur qui
2 avait pour objectif de la part de l'UCK de semer la terreur au sein de la
3 population pour augmenter leur main mise sur cette région.
4 Q. A la page suivante, je cite : "La situation dans la municipalité de
5 Stimlje est extrêmement complexe après qu'un soldat et un policier ont été
6 tués à Crnoljevo hier." Vous nous en avez parlé à plusieurs reprises. Je
7 sais. Est-ce que vous avez eu connaissance de ce type d'incident ou
8 d'incident similaire précédemment dans la région ?
9 R. Oui. Oui. Oui, parce que Stimlje c'était un poste avancé quand on
10 dirigeait vers la frontière. Il y avait là un QG de l'UCK. Nous y sommes
11 allés non loin. Il y avait souvent des attaques de l'UCK qui se
12 produisaient à cet endroit.
13 Q. Passons au document suivant qui se trouve à l'intercalaire numéro 27.
14 Il s'agit là d'un télégramme diplomatique qui est daté du 19 juin 1998. Au
15 paragraphe 3 et 4 que je vais lire.
16 "De sources serbes et albanaises, on rapporte qu'il y a eu de nouveaux
17 incidents, des rapports indiquent que trois policiers ont peut-être été
18 tués lors des incidents du 18 juin. Un communiqué de presse officiel
19 déclare que le 17 juin au soir, un groupe d'Albanais armés a tenté de
20 traverser la frontière entre la RFY et la Macédoine près du poste de
21 contrôle du Dgeneral Jankovic. Lorsque les Albanais ont refusé de
22 s'arrêter, les gardes, qui montaient la garde, qui assuraient -- la garde
23 ont tiré, forçant ainsi le groupe de repartir en Macédoine. Le rapport
24 déclare que des armes et des munitions ont été découverts sur le site après
25 la retraite des Albanais." Est-ce que vous connaissez ce poste de
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1 frontière ?
2 R. Oui. Il s'agit du poste de frontière. Les axes principaux
3 -- sur l'axe principal entre Pristina au sud, et en direction de Skopje.
4 Q. Est-ce que vous pourriez me l'indiquer sur la carte, s'il vous plaît ?
5 R. Oui. Encore une fois, c'est la première fois que nous avions des
6 indications que -- des éléments que nous avaient été rapportés comme quoi
7 il y avait un effort conjoint, et un soutien de la part de la Macédoine à
8 l'UCK dans cette région. Il y avait différents incidents isolés qui se sont
9 produits à l'ouest. Il était très difficile de patrouiller la région encore
10 une fois, parce que c'était une région montagneuse au nord, et que la
11 frontière -- il s'agissait de la frontière au nord entre la Macédoine et le
12 Kosovo.
13 Q. Vous souvenez-vous de cet incident en particulier, lorsqu'il y a eu
14 cette incursion au niveau de la frontière entre la RSFY et la Macédoine ?
15 R. Oui. Parce que comme je vous l'ai dit, cela semble indiquer que le
16 problème était en train de s'étendre, et que cela ne venait pas seulement
17 du côté albanais, mais peut-être aussi du côté macédonien également,
18 lorsque cet incident en particulier s'est produit.
19 Q. Nous allons maintenant passer au rapport suivant, qui est daté du 20
20 juin. Il s'agit ici d'un rapport intérimaire envoyé au commandement de la
21 3e Armée au commandement du district militaire de Pristina.
22 "Deux Serbes ont été enlevés dans le village de Jelinac dans la
23 municipalité de Klina entre 13 heures et 14 heures aujourd'hui.
24 L'enlèvement a eu lieu dans le champ qui avait été labouré près de la
25 maison. Drago Vostanic, fils de Trajko, né en 1931, et Radomir Vostanic,
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1 fils de Milutin, né en 1928. "Trois familles Dobric ont été chassés du
2 village de Veliki Djurdjevac dans la municipalité de Klina.
3 "Les Serbes quittent le village de Dusevic dans la municipalité de Klina,
4 sous la pression des terroristes albanais.
5 "Les terroristes sont en train de fortifier leurs positions le long de la
6 route Pec-Pristina au-dessus, dans la village de Drsnik, dans la
7 municipalité de Klina.
8 "A l'approche du village de Stepenica, dans la municipalité de Klina, les
9 terroristes ont bloqué la route. On voyait des rondins de bois."
10 Pourriez-vous nous indiquer encore une fois Jelenac, si cela se trouve sur
11 la carte ?
12 R. Je crains que non. Il s'agit ici de la région entre Pec et Klina. Cette
13 route faisait sans cesse l'objet d'attaques, de part et d'autre. Ces
14 villages se trouvaient au nord et au sud de cet axe, donc, de part et
15 d'autre, les groupes tentaient d'enlever des hommes de qui se trouvait soit
16 dans ces villages serbes, soit dans ces villages albanais.
17 Q. Vous n'aviez pas une connaissance de ces individus en particulier, mais
18 est-ce que vous saviez que les Serbes faisaient l'objet d'enlèvement ? Est-
19 ce que vous savez qu'on les avait obligé à quitter leurs villages ?
20 R. Encore une fois, c'était des villages très isolés. Ils tentaient d'y
21 rester. Ils ont ensuite été attaqués par l'UCK, car l'UCK souhaitait
22 enlever les Serbes. Ceci se produisait régulièrement.
23 Q. Vous n'avez aucune raison de croire que ce rapport est incorrect ?
24 R. Non. Ce sont des rapports, nous parvenus régulièrement lorsque nous
25 étions en contact avec le MUP, et le MUP nous tenait informé des
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1 événements. Ce rapport ne présente aucune difficulté pour moi.
2 Q. Nous allons passer au rapport suivant qui se trouve à l'intercalaire
3 numéro 29. Il s'agit-là d'un télégramme diplomatique qui est daté du 23
4 juin 1998. Je vais lire quasiment la totalité de ce rapport :
5 "Il se peut que l'UCK contrôle maintenant quelque 35 % du Kosovo est en
6 mesure de réagir à 65 %. Les Albanais modérés craignent que ceci soit une
7 situation incontrôlable par les cercles politiques. Dans une situation en
8 pleine évolution, malgré la nouvelle -- l'accession à une nouvelle liberté,
9 certaines parties sont incontrôlables pour des raisons de sécurité. Nous ne
10 savons pas quelle partie cela du Kosovo cela recouvre. Nous ne savons pas
11 quelle partie est entre les mains de l'UCK. Peut-être davantage, mais -- et
12 nous ne savons pas quelle partie est sous le contrôle de la RSFY et des
13 Serbes. Mais selon des estimations -- selon les estimations assez
14 générales, nous pensons que l'UCK contrôle quelque 35 % de la province, et
15 nous pouvons monter des attaques à l'ouest de Pristina.
16 Dans 65 % de la province, le MUP a abandonné la plupart des postes de
17 contrôle sur les routes le long du triangle de Drenica. Des grandes parties
18 qui sont maintenant très clairement sous le contrôle de l'UCK. Glogovac et
19 Srbica sont les deux seules villes qui semblent encore -- où on peut encore
20 percevoir la présence résiduelle des Serbes. Malisevo et Lapusnik au centre
21 du Kosovo semble être tombés aux mains de l'UCK."
22 Monsieur Crosland, nous allons que diviser le texte en plusieurs parties,
23 donc paragraphe par paragraphe. Ici, le 23 juin 1998, d'après les rapports
24 de l'ambassade, on disait que l'UCK contrôlait 35 % de la province, et
25 était en mesure de frapper dans 65 % de la province. Est-ce que cela c'est
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1 quelque chose qui vous a été rapporté par l'ambassadeur ?
2 R. Oui, c'est exact. Nous avions le sentiment à ce moment-là à l'ambassade
3 que la situation s'aggravait de façon très importante. Les chiffres cités,
4 les pourcentages, sont tout à fait significatifs, comme je l'ai dit, et je
5 l'ai insisté là-dessus. L'idée du contrôle -- le terme est peut-être un peu
6 fort, car les choses évoluaient sans cesse. Ces chiffres et ces
7 pourcentages ne sont pas toujours exacts.
8 Q. Le rapport précise que Malisevo et Lapusnik semblent être tombés aux
9 mains de l'UCK. Pourriez-vous nous indiquer ces deux endroits sur la carte,
10 s'il vous plaît ?
11 R. Lapusnik se trouve ici, sur la route principale entre Pristina et Pec.
12 Malisevo était en fait un des principaux QGs de l'UCK, et se trouve ici
13 lorsqu'on descend la route de Lapusnik en direction de Crni Lug, à Malisevo
14 et Orahovac.
15 Q. Donc, le rapport précise qu'à ce stade, le MUP avait abandonné la
16 plupart des postes de contrôle de long des routes. Nous parlons de quelle
17 région ici ?
18 R. Nous parlons de la route qui va de Gornji Klina, en traversant Srbica
19 et Kluvanje [phon] et, ensuite, ici le long de la route jusqu'à Klina, et
20 on remonte ensuite jusqu'à Djurokovac, dans le nord, jusqu'à Rudnik, donc
21 qui est -- c'était une zone importante, qu'il tenait de contrôler. Si je me
22 souviens bien, ils tenaient à ce moment là de faire passer le MUP dans la
23 région, et on contrôlait la région pendant un certain temps. Ensuite, la
24 région était à nouveau aux mains de l'UCK.
25 Q. Passons maintenant au paragraphe 5, s'il vous plaît. Les attaques de
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1 l'UCK semblaient se rapprocher de plus en plus de Pristina Kosovo Polje à
2 cinq kilomètres de la capitale, ce qui est sans doute l'endroit le plus
3 proche."
4 Est-ce que vous pouvez nous faire part de votre commentaire ici ?
5 R. Comme je vous l'ai indiqué, toute la région autour de la mine de
6 Belacevac, c'est tous les villages serbes qui étaient menacés dans leur
7 région. Kosovo Polje, encore une fois, est une zone très sensible puisqu'il
8 y a le monument érigé à la bataille du Kosovo Polje dans le champ. Il
9 s'agissait là, et je suppose que les Serbes pensaient pouvoir contrôler
10 cette région du Kosovo, ils pensaient qu'en attaquant un de leurs monuments
11 sensibles, qu'ils pouvaient les faire partir.
12 Q. Paragraphe 6 et 7.
13 On parle ici : "L'approche adoptée par l'UCK consistait à assurer le
14 contrôle des principaux axes routiers, en prenant d'abord les villages qui
15 étaient un petit peu éloignés de la route. Deux des trois principaux axes
16 allant de l'est à l'ouest sont maintenant fermés. Si l'UCK n'a pas frappé
17 les trois principaux axes -- les trois autres principaux axes n'ont pas été
18 touchés. Il est assez frappant de constater que les trois autres axes
19 principaux n'ont pas été touchés; celui de Pristina, Podujevo, Mitrovica et
20 Urosevac. Ces trois axes constituent les principaux axes routiers lorsque
21 l'on vient de l'extérieur."
22 Est-ce quelque chose qui vous a été rapporté par votre ambassadeur ?
23 R. Non. Ce rapport émane du chargé de mission adjoint. Ce qu'il dit, en
24 somme, est tout à fait exact. Les trois routes qui traversaient le Kosovo
25 étaient beaucoup plus faciles à bloquer parce que le pays s'y prêtait. Il y
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1 avait des embuscades un petit peu partout. Les routes allant de Pristina à
2 Podujevo au nord était l'accès principal qui était attaqué de temps en
3 temps, mais qu'il était relativement aisé de garder ouvert.La route en
4 direction de Mitrovica au nord était proche des mines. Elle était près de
5 Kosovska et de Mitrovica. Les routes au sud de Mitrovica et Urosevac. Les
6 routes étaient ouvertes et difficiles pour les insurgés. C'était difficile
7 de monter des embuscades, car il fallait tenir la route principale, l'axe
8 principal, sinon, ils n'avaient aucun abri contre les forces serbes qui
9 étaient agressives et très mobiles.
10 Q. Paragraphe 7.
11 "En même temps, l'UCK est entrée dans le village, à l'origine, aux
12 fins d'aider les villageois contre les attaques serbes. Ensuite, ils
13 laissaient un groupe de soldats dans le village pour assurer la sécurité du
14 village. Quelques Albanais sont disposés à admettre que l'UCK avait ordonné
15 que des réfugiés soient évoqués -- évacués de façon à pouvoir faire porter
16 le blâme aux Serbes, mais également, pour évacuer le terrain de façon à
17 pouvoir combattre plus aisément."
18 Bien, maintenant, vous avez déjà indiqué que ceci vous avait été rapporté
19 par l'ambassadeur adjoint. Pourriez-vous faire un commentaire sur ce
20 paragraphe, s'il vous plaît.
21 R. Je crois que ceci est tout à fait exact. Les deux partis tentaient
22 d'exercer une influence sur la communauté internationale de façon à pouvoir
23 -- que l'un et l'autre -- que la communauté internationale appuie leurs
24 causes respectives. Il était tout à fait clair que l'UCK opérait dans cette
25 région. J'ai vu à plusieurs reprises, et je me suis entretenu avec un
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1 certain nombre de personnes qui m'ont dit que l'UCK leur avait ordonné de
2 partir pour essayer de faire entrer la communauté internationale et dire
3 qu'ils avaient été chassés par les Serbes. La situation était très confuse,
4 et les deux partis tentaient de recevoir ou d'obtenir la reconnaissance
5 internationale, si vous voulez.
6 Q. Passons à l'intercalaire suivant. Télégramme diplomatique daté du 24
7 juin 1998. Nous avons déjà fait référence à cet événement, mais je vais
8 lire le paragraphe 8.
9 "De sources albanaise et serbe, les rapports nous parviennent comme quoi
10 l'UCK a pris le contrôle de la mine de charbon dans le village de Belacevac
11 à une dizaine de kilomètres de Pristina. Les résidents albanais du village
12 sont, d'après le rapport, ont fui en direction de Pristina. L'UCK prétend
13 assurer le contrôle de la plupart des villages de la région. L'UCK a lancé
14 un appel aux gens de la région de ne pas abandonner ni quitter leurs
15 maisons. L'UCK va assurer leur sécurité. Commentaire : Si ces rapports sont
16 exacts, ils sont une description de l'escalade de l'activité de l'UCK,
17 montrant ainsi la confiance grandissante de l'UCK dans les attaques qu'elle
18 monte de plus en plus proche de Pristina. L'UCK est disposée à intimider
19 des Serbes dans les zones urbaines, ce qui est censé les encourager à
20 partir, et (C) sélections des cibles. Il y a un certain nombre d'autres
21 mines et d'usines qui ont été prises pour cibles. Il y a quelques rapports
22 qui sont parvenus de temps en temps sur les attaques de l'UCK sur certains
23 bâtiments, y compris le complexe Trepca, mais il n'y a pas eu d'offensive
24 de grande envergure.
25 "Les combats semblent se poursuivrent à Klina, à l'ouest du Kosovo.
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1 Comme toujours, il est difficile de savoir exactement ce qui se passe, mais
2 d'après les éléments que nous avons reçus, tout semble indiquer qu'une
3 tentative de l'UCK pour prendre le contrôle des villages serbes dans la
4 région peut être confirmée. Ils souhaitent ouvrir un corridor entre Drenica
5 et Decani. Environ 800 Serbes ont, d'après le rapport, fui en direction de
6 Klina, venant du village voisin. Egalement, certains rapports font état
7 d'incidents ou de confrontations autour de Decani, Prizren, Djakovica et
8 Stimlje.
9 Vous avez déjà une référence à l'attaque sur Belacevac. Est-ce qu'il s'agit
10 d'un rapport exact sur ce qui a été dit à l'époque ou ce qu'a dit votre
11 ambassadeur ?
12 R. Oui. Ce rapport émane du député adjoint de la mission. Je suis d'accord
13 pour la plupart avec le contenu de ce rapport. Je pense que, parfois, on
14 réagissait de façon très forte, et on parlait beaucoup de la capacité de
15 l'UCK à infliger un tel contrôle. Il est vrai qu'ils avaient attaqué la
16 région autour de Belacevac. Ils avaient chassé les Serbes de leurs villages
17 isolés dans une tentative qui consistait à détruire leur bien-être
18 économique dans la région. Cela n'est pas arrivé à proprement parler. Si on
19 allait vers Mitrovica, et ceci ne se trouve pas sur la carte jusqu'à Bradas
20 qui fait partie ici du haut de la carte. Il y avait un autre QG de l'UCK
21 près de Bajgori [phon], que nous avons visité. Ils étaient en train de
22 préparer des attaques. Ils voulaient avoir un impact sur les activités
23 serbes dans la région.
24 Q. Maintenant, au paragraphe 9. On parle ici des combats autour de Klina.
25 Est-ce que vous pouvez nous indiquer où se trouve Klina ?
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1 R. Oui. Il s'agit du principal corridor ici, entre Klina et en direction
2 de Drenica. C'était une zone critique. L'UCK tentait de maintenir un
3 renfort régulier d'hommes et de munitions dans la région orientale pour
4 essayer de se prémunir contre les attaques sporadiques. Quand je parle
5 d'attaques sporadiques, celles-ci avaient lieu autour de Belacevac et
6 Trecka, qui étaient des régions isolées. Aussi, une tentative qui tendait à
7 essayer -- il s'agissait d'une tentative visant à étendre leur pouvoir et
8 leur influence dans la région elle-même.
9 Q. Le rapport parle de 800 Serbes fuyant Klina dans les villages voisins.
10 Vous souvenez-vous de cela ?
11 R. Je ne me souviens pas du chiffre exact, mais nous nous sommes beaucoup
12 déplacés dans la région. Nous avons visité des villages qui étaient vides.
13 Il était clair qu'un grand nombre de Serbes avaient -- étaient partis parce
14 qu'il était impossible de défendre la région. Donc, le chiffre, je ne serai
15 pas en désaccord avec vous, non.
16 Q. Rapport suivant, 26 juin, télégramme diplomatique, 26 juin 1998,
17 paragraphe numéro 4.
18 "D'après les sources serbes officielles, deux Albanais ont été tués et six
19 Albanais ont été capturés par la VJ à la suite d'une tentative qu'ils
20 avaient faite pour franchir la frontière entre l'Albanie et la RFI, et ce,
21 au nord-ouest de Djakovica. Les rapports albanais indiquent qu'il y a eu
22 d'autres tirs et d'autres tirs d'obus dans la zone frontalière. Des
23 Albanais armés portant l'uniforme de l'UCK ont, d'après les rapports,
24 arrêté un autobus sur la route entre Prizren et Pristina près du village de
25 Crnoljevo entre Stimlje et Suva Reka le 25 juin, et ont pris trois Serbes
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1 en otage. De sources serbes, il a été indiqué qu'un total de 33 Serbes ont
2 été enlevés depuis la fin du mois d'avril, et sont toujours portés
3 disparus. L'attaché militaire est en visite au Kosovo aujourd'hui.
4 "Le commissaire monténégrin pour les réfugiés a indiqué qu'il y avait
5 maintenant quelque 11 500 réfugiés du Kosovo qui ont été officiellement
6 enregistrés au Monténégro. Le commissaire a estimé que le véritable nombre
7 est probablement plus proche du chiffre de
8 15 000 (il est difficile de porter un jugement indépendant, mais les
9 autorités du Monténégro ont probablement raison d'exagérer ce chiffre."
10 Dans un premier temps, M. Crosland, j'aimerais vous parler de cet incident
11 frontalier à Djakovica. Que pouvez-vous nous en dire ?
12 R. Je pense que cela a été assez symptomatique de la situation assez floue
13 qui prévalait à la frontière albanaise, puisqu'il y avait constamment des
14 tentatives qui étaient faites afin de franchir cette frontière vers la
15 Yougoslavie ou vers le Kosovo. Pour ce qui est de ce cas d'espèce, ces
16 personnes ont été arrêtées, tuées, et c'est ce qui s'est passé comme -- et
17 cela se passait comme je l'ai déjà indiqué de façon assez régulière.
18 Pour ce qui est de Crnoljevo, je vous ai déjà parlé de cette région
19 précise. Il s'agissait d'un QG de l'UCK, ce qui fait que les gens qui
20 passaient par cette région étaient tout à fait susceptibles d'être enlevés
21 et utilisés à des fins d'activité de l'UCK. Il y a un chiffre au total de
22 33 Serbes, comme je l'ai déjà indiqué. Je pense que c'est en octobre que
23 l'on avait indiqué qu'il y avait quelque 200 Serbes qui étaient portés
24 disparus. On présume qu'ils avaient été enlevés par ces personnes
25 albanaises.
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1 Q. A titre de curiosité, est-ce que vous vous souvenez de cet événement
2 précis qui a eu lieu le 25 juin, à savoir, ces Serbes qui ont été pris
3 comme otages ?
4 R. Non, je ne me souviens pas de cet événement précis, mais c'est un
5 événement qui est tout à fait plausible, crédible, surtout dans cette
6 région, parce que c'était une région où l'on ne pouvait pas pénétrer.
7 C'était une région où il y avait très souvent des embuscades, une route
8 assez traîtresse, qui était proche de l'endroit où l'UCK étai présent. Je
9 pense que c'est tout à fait plausible, effectivement.
10 Q. Pour ce qui est du paragraphe 5, maintenant. Il s'agit du commissaire
11 pour les réfugiés au Monténégro. Quelle était l'appartenance ethnique de
12 ces réfugiés au Monténégro ?
13 R. Ils étaient Albanais, Albanais du Kosovo.
14 Q. Pourquoi est-ce que les Monténégrins auraient exagéré le chiffre des
15 réfugiés albanais au Monténégro ?
16 R. Je pense, en partie, que cela a été fait afin d'augmenter les activités
17 des ONG dans la région, d'obtenir de plus en plus de fonds. Je ne sais pas.
18 Q. Si nous passons maintenant au document suivant qui se trouve à
19 l'intercalaire 32. Il s'agit d'un télégramme diplomatique en date du 30
20 juin 1998. Je vous demanderais de prendre le paragraphe intitulé
21 "Sécurité", à la fin de la première page, Belacevac. Ensuite, vous avez le
22 paragraphe 5.
23 "Il y a des rapports qui prêtent à confusion à propos du résultat des
24 opérations -- ou de l'opération des forces de Sécurité menée à bien hier
25 contre la mine de charbon de Belacevac. Certaines sources indiquent que la
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1 police a recapturé la mine qui avait été saisie par l'UCK la semaine
2 dernière, et qu'elle est maintenant, à nouveau, dans la possession de la
3 société en question, dans l'entreprise. Toutefois, le centre des médias de
4 Pristina qui, en général, est fiable, nous a confirmé à 9 heures 30 que
5 seule une partie de la mine avait été reprise. Il y a des rapports plus
6 récents à propos des mesures prises par les forces de Sécurité dans cette
7 région ce matin.
8 "Nous avons également obtenu d'autres éléments lors de l'opération
9 menée à bien hier. Il semblerait que la police ait encerclé la zone, et a
10 apparemment utilisé des gaz lacrymogènes pour chasser ceux qui occupaient
11 les bâtiments. Des journalistes étrangers ont parlé à des civils serbes
12 armés qui ont participé à l'opération. Certains ont également fait état de
13 la participation de la VJ. Des tirs avec des armes automatiques et des
14 explosions ont été entendus dans la région pendant toute la journée. Un
15 nombre important de personnes a été vu quittant la région à pied. Parmi ces
16 personnes, il y a de nombreux hommes. On a pensé qu'il s'agissait des
17 employés serbes de la mine. Il n'y a pas eu de rapports visant des victimes
18 jusqu'à présent, bien que les sources albanaises aient indiqué qu'un jeune
19 garçon de huit ans est mort lorsque les forces de Sécurité ont attaqué un
20 village avoisinant lors de la même opération. La presse de Belgrade est en
21 train de se livrer à des spéculations à propos du début de la contre-
22 offensive serbe."
23 Monsieur Crosland, je sais que vous avez déjà fait référence à cet
24 événement, à cet événement de la mine de Belacevac. Est-ce que vous
25 pourriez ajouter des éléments à propos des paragraphes qui portent sur la
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1 mine de Belacevac ?
2 R. Vous savez il n'était pas peu courant que des Serbes armés gardent, ou
3 assurent la garde et la protection de leurs propriétés dans leurs villages.
4 Je dois vous dire qu'à leur place, j'aurais certainement fait la même
5 chose. Car il faut savoir que tous les villages ne pouvaient pas être
6 protégés par les forces de Sécurité serbes, ce qui fait qu'ils armaient
7 leurs populations civiles pour faire en sorte qu'elles puissent rester chez
8 eux, dans leur domicile. La zone de Belacevac est un exemple, s'il en fut.
9 Q. Le rapport fait état de la participation de la VJ lors de la prise de
10 la mine. Est-ce que vous saviez que la VJ avait été déployée dans cette
11 région ?
12 R. Oui, nous le savions. Je pense que la mine de Belacevac était l'un des
13 gros centres d'emploi serbe dans cette région. Par conséquent, ils ont
14 essayé de reconquérir ce qui leur appartenait, puisqu'il s'agissait non pas
15 d'une industrie albanaise mais d'une industrie serbe. Ils ont essayé de
16 reconquérir ce qui leur appartenait de droit.
17 Q. Dans la dernière phrase, il est question des spéculations que se livre
18 la presse de Belgrade à propos du début de cette contre-offensive serbe, à
19 cette époque là. A quoi est-ce que cela fait référence ?
20 R. Je pense que c'est exactement ce qui est écrit là. Il y avait beaucoup
21 de spéculations. Il y avait les journalistes étrangers qui commençaient à
22 arriver dans la zone, parce que c'était une zone où il était assez
23 intéressant de se trouver. La presse de Belgrade était toujours tout à fait
24 plus que disposée à indiquer qu'ils étaient sur le point de régler le
25 problème albanais au Kosovo. Je pense que ce sont les rapports qui ont été
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1 présentés pour, dans un premier temps, essayer de faire en sorte que les
2 Serbes gardent le moral à ce moment-là. Il faut savoir que la situation
3 était un peu quand même dans une impasse.
4 Q. Une impasse entre qui ?
5 R. Entre les forces serbes et l'UCK pour des raisons que j'ai déjà
6 mentionnées, puisque les forces serbes étaient en train de renforcer leurs
7 soldats, mais n'étaient pas véritablement dans une position qui leur est
8 permis de le faire. Je pense que parler de contre-offensive c'est tant soit
9 peu exagéré. Il y avait quand même un phénomène qui se produisait alors que
10 cela ne s'est produit auparavant.
11 Q. Paragraphe 7.
12 "Il n'y a pas de rapports portant sur la situation à Kijevo. Des
13 confrontations à et autour de Djakovica et de Decani semblent se
14 poursuivre, bien que l'intensité en soit diminuée par rapport au jour
15 précédent. Le Centre des médias indique que quatre Serbes ont été enlevés
16 dans un bus entre Prizren et Stimlje, ce qui fait que le nombre de Serbes
17 enlevé depuis le début du mois de mars s'élève à 40. (Commentaire : La
18 crainte de l'enlèvement commence à avoir des répercussions sur les Serbes
19 qui commencent à éviter de voyager au Kosovo.) Les sources serbes indiquent
20 également qu'il y a eu deux autres attaques contre des usines à Kosovska
21 Mitrovica, qui sont des zones à forte population serbe. (Commentaire : Le
22 but semble d'avoir été d'intimider les ouvriers serbes et de faire en sorte
23 qu'ils restent hors de tout cela plutôt que de détruire les bâtiments)."
24 Il est question de confrontation autour de Djakovica et de Decani. Est-ce
25 que vous pourriez nous expliquer ce dont il s'agit ?
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1 R. Oui. C'est la poursuite du problème qui avait commencé deux mois
2 auparavant. C'était l'une des régions importante que les deux camps
3 essayaient de faire en sorte d'être majoritaire.
4 Q. Il est question de rapports d'enlèvement depuis le début du mois de
5 mars avec un chiffre qui s'élève à 40. Qu'avez-vous à nous dire à ce
6 sujet ?
7 R. Je dirais que c'était un phénomène continu. Afin d'augmenter la peur
8 des Serbes, on les enlevait de façon assez fréquente. Il était difficile de
9 toute façon de voyager au Kosovo du fait des combats assez importants des
10 forces militaires, quelle que soit leur taille. De toute façon, cela se
11 passait dans les deux camps.
12 Q. Etiez-vous au courant de cette attaque contre l'usine de Mitrovica ?
13 R. Oui. Quiconque aura vu l'usine de Mitrovica n'aurait pas voulu y
14 travailler, de toute façon, parce que c'était un endroit où les choses
15 étaient particulièrement désagréables. Il faut savoir également que c'était
16 dans la zone de Zvecan que les forces paramilitaires d'Arkan étaient
17 cantonnées. Qu'une fois de plus, Mitrovica était une ville mixte; serbe et
18 albanaise. Elle se fait encore une tentative faite pour essayer de laminer
19 l'industrie serbe relativement limitée qui existait dans cette région.
20 Q. Je pense que nous n'allons pas passer au document suivant, mais
21 j'aimerais que vous utilisiez votre mémoire pour un petit moment, et que
22 vous essayiez de vous rappeler le 1er juillet 1998. Vous vous êtes rendu à
23 Malisevo ce jour-là. Vous vous en souvenez ?
24 R. Oui. Oui.
25 Q. Pourquoi vous êtes-vous rendu à Malisevo le 1er juillet ?
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1 R. Parce que j'avais obtenu différentes indications qui me permettaient de
2 croire qu'il s'agissait du QG principal de l'UCK, ce qui fait que j'ai
3 décidé de m'y rendre afin de vérifier si ces rapports étaient véridiques.
4 Q. Je sais que vous nous avez déjà montré cela une centaine de fois.
5 R. Nous sommes arrivés par Orahovac, et il y avait une position de l'Armée
6 yougoslave au nord d'Orahovac et, ensuite, il y avait un poste de contrôle
7 de l'UCK. Ces sous-gardes armées -- que nous sommes arrivés à Malisevo où
8 il y avait quelques 150 voire 200 personnes qui portaient différents types
9 d'uniformes, qui étaient lourdement armées, qui avaient des positions de
10 défense qui étaient tout à fait linéaire et assez simple. Il s'agissait
11 d'un ordre d'Orahovac jusqu'à Malisevo. Il y a un carrefour important à
12 Malisevo et c'est là que se trouvait le QG de l'UCK où on m'a escorté. Il
13 se trouvait un peu au-dessus, vers le nord dans une maison blanche et
14 noire.
15 Q. Quel était le nombre de personnes que vous avez vues ?
16 R. Environ entre 150 et 200.
17 Q. Comment est-ce qu'ils étaient armés ?
18 R. Il s'agissait de pistolets légers, de carabines, et de fusils.
19 Q. Qu'avez-vous vu au QG ?
20 R. Au QG, il y avait au moins un poste radio, ce qui a indiqué qu'ils
21 étaient en mesure de communiquer. Je ne suis pas un expert en transmission,
22 mais je suppose que cela leur permettait de communiquer à l'extérieur du
23 Kosovo grâce à ce système.
24 Q. Est-ce que cela avait l'apparence d'un QG militaire, d'après vous ?
25 R. Non, non. C'était très semblable à tous les autres QG dans lesquels
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1 nous nous étions rendus avec peut-être un peu plus de formalité dans cette
2 région. Il y avait peut-être un peu plus de discipline, et un comportement
3 qui était un peu plus militaire.
4 Q. Est-ce qu'il y avait un commandant ? Est-ce que quelqu'un dirigeait
5 tout cela ?
6 R. Oui, il y avait une personne qui dirigeait cela. Je pense que Krasniqi
7 a été là à un moment. Je ne sais pas d'ailleurs exactement qui était
8 l'autre personne.
9 Q. Vous dites un homme qui répondait au nom de Krasniqi. Qui était-il ?
10 R. Je pense que c'était leur financier à l'époque. Il y a eu une réunion
11 qui était assez houleuse à un moment donné, et je pense qu'il a
12 véritablement contribué grâce à son bon sens. Je pense qu'à un moment ils
13 ont essayé de nous enlever, alors j'ai dit que je ne parlais pas albanais
14 que je parlais serbe et allemand. Nous étions en train de parler en
15 allemand et j'ai suggéré que ce n'est pas véritablement une très bonne
16 chose que de faire cela.
17 Q. L'UCK à Malisevo a menacé de vous enlever vous-même ainsi que les
18 personnes qui se trouvaient avec vous, et qu'avez-vous --
19 R. Oui.
20 Q. Que leur avez-vous dit lorsqu'ils ont essayé de vous -- lorsqu'ils vous
21 ont menacé ?
22 R. Je leur dis qu'en tant qu'attaché militaire en Yougoslavie, j'étais
23 tout à fait autorisé et habilité à voyager là où j'avais le droit de le
24 faire. Ils ont réfuté cela en disant que cela ne faisait pas partie de la
25 Yougoslavie, mais cela faisait partie de l'Albanie, et que c'est une région
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1 qui était passée sous leur commandement. Ce à quoi j'ai marqué mon
2 désaccord.
3 Q. Pendant combien de temps vous ont-ils détenu ?
4 R. Pendant environ une heure et demie, deux heures.
5 Q. Vous avez dit qu'il y avait une personne qui semblait diriger tout
6 cela. Pourquoi est-ce que vous avez pensez que cette personne était la
7 personne qui donnait le ton, qui dirigeait les opérations ?
8 R. Comme j'ai déjà dit, parce qu'il a contrôlé ce qui devenait une
9 discussion particulièrement houleuse, à savoir, c'était le sort qui allait
10 nous être réservé, il a donné un certain sens à ce qui devenait une
11 discussion tout à fait saugrenue. Il s'agit de savoir qui contrôlait telle
12 et telle partie du pays où nous nous trouvions.
13 Q. Vous vous souvenez du nom de ce commandant ?
14 R. Le nom Celiku a été mentionné. Je ne suis pas entièrement convaincu
15 qu'il s'agissait de cette personne ou non. Il me serait difficile de dire,
16 vu j'ai prêté sermon, qu'il s'agissait véritablement de son nom exact ou
17 non. Je ne sais rien.
18 Q. Le commandant, cette personne que vous avez vue à Malisevo, est-ce que
19 vous savez quelle était la région que commandait cette personne autour de
20 Malisevo ?
21 R. Nous savions d'après les renseignements que nous avions obtenus, que ce
22 fut une région qui, à ce moment-là, représentait le QG principal, parce que
23 c'était très près de leur transmetteur radio qu'ils utilisaient pour leur
24 propagande. Potentiellement, c'était un QG important pour l'UCK, à ce
25 moment-là, dans le cadre de leur offensive au Kosovo.
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1 Q. Est-ce que vous pourriez nous donner des limites ou des frontières pour
2 cette région qui était placée sous ce commandement hormis Malisevo. Par
3 exemple, je pense aux villages. Vous en souvenez ?
4 R. Non. Je suppose qu'il contrôlait au nord l'axe routier principal,
5 Lapusnik-Pec, mais je pense qu'ils voulaient plutôt essayer de contrôler le
6 QG, et à partir de ce QG, de faire le lien entre Drenica et Jablanica, puis
7 à l'ouest, cette région de Malisevo, et vers le sud jusqu'à un village qui
8 s'appelait Sedlare, où il y avait d'ailleurs un autre QG, puis jusqu'à
9 Crnoljevo.
10 Q. Est-ce que vous pourriez nous indiquer les limites de cette région de
11 commandement, telles que vous les compreniez à l'époque ?
12 R. Je suppose que cela allait jusqu'à Lapusnik, sur la route principale
13 entre Pristina et Pec. Je pense qu'il communiquait également avec le
14 village de Sedlare, de Crnoljevo, et vers Vojcnak, vers Drenica, Klina,
15 puis ensuite, à nouveau, vers le corridor dont j'ai parlé, vers Junik et
16 vers la frontière avec l'Albanie.
17 Q. Sur quoi fondez-vous ces conclusions ?
18 R. Sur le fait que je me suis rendu dans tous ces autres QG et que j'ai
19 essayé en tant que militaire qui est habitué aux opérations de contre-
20 insurrection, j'ai essayé, dans la mesure du possible, de procéder à un
21 jugement courtois, à un jugement professionnel, et en fait, il s'agissait
22 de savoir si l'UCK était une unité composite et tactique.
23 M. CAYLEY : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs les
24 Juges, nous pourrions terminer si cela est un moment qui vous convient.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
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1 Nous allons lever l'audience pour ce soir. Nous allons revenir
2 demain. Vous reviendrez demain pour votre déposition. Nous reprendrons à 9
3 heures demain matin.
4 L'audience est levée.
5 --- L'audience est levée à 18 heures 58 et reprendra le vendredi 14
6 janvier, à 9 heures 00.
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