Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le lundi 21 mars 2005

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 14 heures 37.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Je suis heureux de voir que

7 l'accusé est bien portant et dans prétoire. Il est fâcheux de considérer

8 que nous avons commencé avec un certain retard à cause du transport.

9 Monsieur, bonjour. Je vous rappellerais la déclaration solennelle que vous

10 avez prononcée au début de votre déposition, déclaration qui est toujours

11 valable. Monsieur Whiting, je vous en prie.

12 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

13 LE TÉMOIN: TÉMOIN L-64 [Reprise]

14 [Le témoin répond par l'interprète]

15 Interrogatoire principal par M. Whiting : [Suite]

16 Q. [interprétation] Monsieur, êtes-vous en mesure de m'entendre et de me

17 comprendre ?

18 R. Oui.

19 Q. Monsieur, lorsque nous avons interrompu l'audience mercredi dernier,

20 nous étions en train de parler d'Ajet Gashi; vous en souvenez-vous ?

21 R. Oui.

22 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, pouvons-nous passer à

23 huis clos partiel.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

25 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

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1 [Audience à huis clos partiel]

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25 [Audience publique]

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1 M. WHITING : [interprétation] Merci.

2 Q. Monsieur, que s'est-il passé après que vous avez appris que cette femme

3 serbe était détenue à Fustica pendant le mois de juillet ?

4 R. Elle n'avait pas dit qu'elle était serbe. Elle a fait semblant d'être

5 handicapée. Elle a essayé de parler des brides d'albanais et elle avait

6 certains objets dans son bagage. En fait, le genre de choses que seules les

7 personnes souffrantes de handicaps mentaux sont en mesure de transporter.

8 Je l'avais emmenée dans ma voiture du village de Fustica jusqu'à Lapusnik.

9 Elle s'est présentée comme musulmane.

10 Q. Pourquoi s'est-elle arrêtée à Fustica ?

11 R. Elle était passée d'un bastion de l'UCK à un autre.

12 Q. Est-ce qu'on la soupçonnait de quelque chose ?

13 R. Oui. Elle était soupçonnée d'être espionne, d'essayer de repérer les

14 différentes positions de l'UCK.

15 Q. Pourquoi l'avez-vous emmenée à Lapusnik ?

16 R. Elle était arrêtée, parce que je l'ai emmenée dans ma voiture. Elle

17 avait été arrêtée, et je me rendais à Lapusnik. Je devais emprunter le même

18 itinéraire. Je l'ai prise dans la voiture pour qu'elle n'ait pas à attendre

19 un autre véhicule. Elle avait les mains liées.

20 Q. Lorsque vous êtes arrivés à Lapusnik, où l'avez-vous conduites ?

21 R. Je l'ai emmenée à la prison.

22 Q. Où l'avez-vous emmenée dans la prison, si vous êtes en mesure de vous

23 en souvenir ?

24 R. Lorsque vous pénétrez dans la cour, il y a une porte sur la droite qui

25 mène à une cave. En fait, ce n'était pas une cave; c'était un salon. Je

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1 l'ai emmenée dans le couloir qui mène à cette Chambre, ou à cette pièce.

2 Q. Avec l'aide de l'Huissière, je vais vous présenter la page U008-3669

3 qui se trouve dans la pièce à conviction P6. Cela se trouve à la page 4.

4 Q. Monsieur, est-ce que vous pouvez consulter cette photographie ?

5 J'aimerais savoir si c'est l'endroit où vous avez amené cette femme de

6 Fustica ?

7 R. Oui, je l'ai emmenée à cet endroit.

8 M. WHITING : [interprétation] J'aimerais qu'il soit indiquer aux fins du

9 compte rendu d'audience, que le témoin a montré la porte qui se trouve à la

10 gauche de la balustrade bleu ciel, bleu clair. Il semblerait que ce soit la

11 porte principale au niveau du rez-de-chaussée de ce bâtiment. Nous pouvons

12 maintenant enlever la photographie.

13 Q. Monsieur, où l'ont-il emmenée lorsque vous l'avez emmenée dans ce

14 bâtiment ?

15 R. Ils ont d'abord fouillé son sac, et ont vu qu'elle n'avait pas de carte

16 d'identité. Elle avait des fils, pas grand-chose. C'était impossible de lui

17 parler parce qu'elle faisait semblant d'être niaise. Donc, je l'ai laissée

18 là.

19 Q. Avant que vous ne la laissiez, est-ce que vous lui avez posé des

20 questions ?

21 R. Oui, mais elle n'a rien accepté.

22 Q. Dans quel but est-ce que vous lui posiez des questions ?

23 R. Je pensais qu'elle avouerait quelque chose, et qu'elle ne ferait pas

24 semblant d'être handicapée, mais elle a continué à jouer ce jeu. Il était

25 impossible de lui faire dire quoi que ce soit.

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1 Q. Monsieur, est-ce que vous lui avez fait subir des sévices pendant que

2 vous lui posiez ces questions ?

3 R. Non, non. Peut-être que j'ai parlé très fort ou peut-être que j'avais

4 un ton un peu Dur, mais je ne lui ai pas fait subir de mauvais traitements.

5 Q. Vous lui avez posé des questions une fois ou plusieurs fois ?

6 R. Une fois seulement.

7 Q. La fois où vous lui avez posé ces questions, est-ce que vous l'avez

8 frappée sur le corps ou ailleurs ?

9 R. Non, non. Je l'ai menacée. Je lui ai dit que si je devais lui poser des

10 questions une deuxième fois, je la passerais à tabac, mais je ne l'ai pas

11 fait.

12 Q. Vous avez dit : "Ils l'ont fouillée." Qui l'a fouillé ?

13 R. Je l'ai fouillée. J'ai fouillé son sac. Hormis le garde, il n'y avait

14 personne d'autre, à cet endroit-là ce jour-là.

15 Q. Qui était le garde ?

16 R. Shala.

17 Q. Où avez-vous vu Shala ?

18 R. Lorsque je suis arrivé à l'entrée de la cour, je l'ai vu.

19 Q. Se trouvait-il avec vous lorsque vous avez posé ces questions à cette

20 femme ?

21 R. Oui, il se trouvait derrière moi.

22 Q. Est-ce qu'il a fait quoi que ce soit pendant que vous interrogiez cette

23 femme ?

24 R. Non, il n'a rien fait.

25 Q. Pendant combien de temps l'avez-vous interrogée, si vous vous en

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1 souvenez ?

2 R. Une vingtaine de minutes à peu près, peut-être une demi-heure, jusqu'à

3 ce que j'ai fouillé son sac, comme je vous le disais.

4 Q. Est-ce qu'il est advenu quoi que ce soit à cette femme plus tard ?

5 R. Le lendemain, pendant la soirée, je ne sais pas exactement si c'était

6 le lendemain ou le surlendemain, mais c'était dans la soirée, vers 11

7 heures, Qerqiz m'a appelé et m'a demandé de relâcher cette femme.

8 Q. Comment est-ce qu'il vous a appelé ?

9 R. Je disais que je l'ai rencontré; je l'ai vu.

10 Q. Où l'avez-vous rencontré ?

11 R. Cela, je ne m'en souviens plus. Près du QG.

12 Q. A Lapusnik ?

13 R. A Lapusnik.

14 Q. Est-ce qu'il vous a dit pourquoi il fallait la relâcher ?

15 R. Non. Il m'a simplement dit : Débarrasse-toi de cette femme idiote,

16 libère-là.

17 Q. Qu'avez-vous fait ?

18 R. Je suis parti. Je suis allé chercher cette femme avec la voiture, et je

19 l'ai reconduite à la position numéro 2, tout proche. Je l'ai attachée à un

20 chêne, et j'ai dit aux gardes de ne pas nous tirer dessus jusqu'à ce que

21 nous approchions. Je leur ai expliqué qui nous étions. Quand je suis

22 revenu, elle a commencé à devenir un peu plus cohérente dans son discours.

23 Elle a sans doute pensé que j'allais l'abattre étant donné les menaces que

24 j'avais proférées contre elle précédemment. Elle a dit qu'elle travaillait

25 comme domestique dans une clinique du SUP, quelque chose comme cela, je ne

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1 sais pas trop sûr de ce qu'elle disait. Elle m'a également donné son nom.

2 Je l'ai accompagnée jusqu'à la route en asphalte. Je lui ai montré la

3 direction jusqu'à Komorane. Je lui ai dit : Restez sur cette route en

4 asphalte, et elle est partie. Quand elle est arrivée à 150 mètres des

5 forces serbes à Komorane, j'ai vu qu'elle avait des allumettes. Elle a

6 commencé à allumer les allumettes, puis je ne l'ai plus vue.

7 Q. Lorsque vous nous disiez que vous avez informé d'abord les gardes de ne

8 pas nous tirer dessus, de qui parlez-vous à ce moment-là ?

9 R. Je voulais dire les gardes qui protégeaient les positions pendant la

10 nuit, parce que nous avions des tours de garde aux positions 24 heures sur

11 24.

12 Q. Donc, vous parlez pour être tout à fait clair, de soldats de l'UCK.

13 R. Oui.

14 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, pouvez-vous passer à

15 huis clos partiel, s'il vous plaît ?

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, huis clos partiel.

17 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en huis clos partiel.

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19 [Audience publique]

20 M. WHITING : [interprétation] Merci.

21 Q. Monsieur le Témoin, est-ce qu'il y avait un médecin à Lapusnik ?

22 R. Oui.

23 Q. Où travaillait-il ?

24 R. Il y avait une petite pièce, ou plus précisément, deux petites pièces

25 qui se suivaient dans la cour où se trouvaient les gardes et qui étaient

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1 utilisées comme petites cliniques improvisées. Il y avait une petite

2 étagère avec des médicaments et une infirmière.

3 Q. Est-ce que vous vous souvenez du nom du médecin ?

4 R. On l'appelait Zeqe Gashi. Mais il pourrait s'appeler d'un nom plus

5 long, comme Zeqir. On l'appelait le Dr Zeqe Gashi.

6 Q. Monsieur le Témoin, est-ce qu'à votre connaissance il prodiguait des

7 soins aux soldats à Lapusnik ?

8 R. Oui.

9 Q. Et les civils. Est-ce qu'il traitait des civils également ?

10 R. Oui. Mais il y avait très peu de civils là-bas.

11 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que nous

12 pourrions passer à huis clos partiel.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

14 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

15 [Audience à huis clos partiel]

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1 M. WHITING : [interprétation] Merci.

2 Q. Monsieur le Témoin, je vais maintenant passer à un autre sujet. Est-ce

3 que vous avez jamais vu des Serbes à la prison ?

4 R. Oui, deux.

5 Q. Vous souvenez-vous de quand vous les avez vus ?

6 R. Je pense que c'était à la fin juin, deuxième moitié de juin. Je ne me

7 souviens pas de la date précisément.

8 Q. Où les avez-vous vus ?

9 R. Dans la cour de la prison.

10 Q. Pourriez-vous nous les décrire ?

11 R. Oui. L'un d'entre eux était un homme jeune, il avait peut-être moins de

12 18 ans, 16, 17 ans. L'autre était un homme grand, dans la quarantaine,

13 peut-être 45 ans. J'ai parlé avec eux. J'ai parlé avec le fils. Ils ont dit

14 qu'ils venaient de Croatie.

15 Q. Vous avez dit que vous avez parlé au fils. Est-ce qu'il s'agissait d'un

16 père et de son fils ?

17 R. Avec le jeune homme. Mais je ne m'en souviens plus maintenant. Il a dit

18 qu'il était le fils. Le père était très préoccupé par le sort du jeune

19 homme. Nous avons passé peu de temps ensemble, et ils étaient entièrement

20 libres.

21 Q. Qu'est-ce vous entendez par là, "entièrement libres" ?

22 R. Ils n'avaient pas l'air d'être des détenus. On n'avait pas l'impression

23 qu'ils étaient arrêtés ou emprisonnés. Ils pouvaient se comporter

24 librement. Ils étaient libres de leurs mouvements. Ils avaient des

25 cigarettes. Ils pouvaient se promener dans la cour. Ils pouvaient parler

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1 aux soldats, et après, j'ai entendu dire que tous deux ont été libérés.

2 Q. Vous dites, vous les avez vus à deux reprises. Est-ce que vous pouvez

3 nous dire, plus précisément, où vous les avez vus lors de ces deux

4 occasions ?

5 R. Je sais que j'ai vu le jeune homme dans la cour. Il y a un puit dans la

6 cour avec de l'eau potable. Il était assis sur le gazon. Puis, l'homme plus

7 âgé, je l'ai vu sur l'escalier près de la terrasse.

8 Q. Est-ce l'escalier du bâtiment dont nous avons déjà parlé aujourd'hui ?

9 R. Oui.

10 Q. Est-ce qu'il y avait quelqu'un qui accompagnait ces deux hommes à l'un

11 où l'autre moment où vous les aviez vus ?

12 R. Non.

13 Q. Vous avez dit qu'ils pouvaient parler aux gardiens. Est-ce que vous les

14 avez vus parler aux gardiens ?

15 R. Oui. Ils ont même joué avec eux.

16 Q. Quels genres de jeux ?

17 R. Ils pouvaient se déplacer librement. Ils pouvaient jouer aux échecs, il

18 y avait donc un jeu d'échecs. Je savais qu'ils étaient libres de leurs

19 mouvements. Ils m'ont dit eux-mêmes, Nous sommes libres.

20 Q. Avec qui ont-ils joué aux échecs ?

21 R. Ils pouvaient jouer aux échecs avec les gardiens, les soldats. Ils

22 pouvaient discuter avec eux. Ils pouvaient, en fait, discuter avec

23 quiconque se trouvait dans la cour.

24 Q. Si vous pouvez vous en souvenir, avec quels gardiens les avez-vous vus

25 jouer aux échecs ou discuter ?

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1 M. GUY-SMITH : [interprétation] J'ai une objection parce que je crois que

2 le témoin s'est simplement livré à de la conjecture en ce qui concerne les

3 jeux, que ce soit un jeu d'échecs ou autre. Je crois que M. Whiting pose

4 une question directrice.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Whiting, le témoin a fait une

6 déclaration. Vous pouvez explorer quels sont les fondements de cette

7 déclaration, mais il faut bien que ce soit ses raisons et pas les vôtres.

8 M. WHITING : [interprétation]

9 Q. Comment savez-vous qu'ils pouvaient jouer aux échecs avec les

10 gardiens ?

11 R. J'ai dit qu'ils étaient libres de leurs mouvements, libres de se

12 déplacer dans la cour. La porte de la pièce où ils se trouvaient était

13 grande ouverte. Ils ne ressemblaient pas à des prisonniers ou des détenus.

14 Q. Oui, mais je vous prie d'écouter plus attentivement ma question. Vous

15 avez dit qu'ils pouvaient jouer aux échecs avec les gardiens. Ce que je

16 vous demande, c'est comment le savez-vous ?

17 R. Là où l'homme plus âgé était assis, il y avait un jeu d'échecs à côté

18 de lui, contre le mur. Je vous ai dit qu'il était assis dans les escaliers.

19 Q. Est-ce que vous l'avez vu jouer aux échecs ?

20 R. Non. Ce jour-là, Shala n'était pas en poste en tant que gardien quand

21 je les ai vus.

22 Q. Maintenant, je crois que vous avez dit que vous les avez vus discuter

23 avec des gardiens. Est-ce que vous vous souvenez de quels gardiens il

24 s'agissait ?

25 R. Les gardiens qui étaient en poste dans la prison, Murrizi et Shala.

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1 Mais je ne suis pas sûr si c'était Shala ou non. Je sais que Murrizi y

2 était et qu'il a discuté avec eux.

3 Q. Vous avez aussi déclaré que ces deux hommes ont été remis en liberté.

4 Est-ce que vous savez comment ils ont été remis en liberté ?

5 R. Je sais qu'au bout d'un certain temps, Celiku est arrivé depuis Klecka

6 et ils les ont emmenés quelque part et les ont remis en liberté, mais je ne

7 me souviens plus de la date.

8 Q. Comment est-ce que vous savez cela, que Celiku est venu depuis Klecka

9 et qu'ils les ont emmenés ailleurs et les ont remis en liberté ? Comment le

10 savez-vous ?

11 R. J'ai vu les voitures quand elles sont arrivées. Il y avait deux jeeps

12 en fait. J'ai entendu les gens dirent, Ces deux Serbes vont être remis en

13 liberté. C'était dans la matinée, alors que le soir, cela a été annoncé

14 dans les médias, qu'ils avaient été libérés.

15 Q. Monsieur le Témoin, vous avez dit vous avez vu deux voitures. Avez-vous

16 vu Celiku ?

17 R. Non. Je l'ai seulement vu le soir à la télévision.

18 Q. Est-ce que, pour autant que vous le sachiez, Celiku était impliqué dans

19 cette remise en liberté de ces personnes ?

20 R. Oui, certainement. C'est Celiku qui a dû les remettre en liberté.

21 Q. Pourquoi dites-vous cela ? Quel est le fondement de cette déclaration,

22 que c'était forcément lui qui les avait remis en liberté ?

23 R. Parce que c'est ce que tout le monde a dit, que Celiku les avait remis

24 en liberté, et puis c'était Celiku qui était le commandant.

25 Q. Mais pour être tout à fait explicite, ce que vous nous dites c'est que

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1 vous n'avez pas vu Celiku le jour même de leur remise en liberté.

2 R. Non, comme je l'ai déjà dit, je ne l'ai pas vu. Mais lorsque j'ai vu

3 l'entretien à la télévision le soir où ils ont été remis en liberté, j'ai

4 vu les voitures. Mais je n'ai pas vu Celiku.

5 Q. Est-ce qu'il vous est arrivé de voir une Mercedes à la prison ou près

6 de la prison, du complexe de détention ?

7 R. Oui. Il y avait une Mercedes de l'autre côté de la prison, là où nous

8 prêtions serment. Ils ont dit que cette voiture appartenait à un commerçant

9 serbe, mais il a aussi été remis en liberté. On lui a restitué la voiture,

10 et il a pu repartir. Je ne sais plus quand, mais je sais qu'il a été remis

11 en liberté.

12 Q. Comment avez-vous appris cela ?

13 R. La voiture se trouvait à cet endroit pendant plusieurs jours, et je

14 sais que, lorsqu'on l'a autorisé à partir, ils lui ont restitué la voiture,

15 et il est reparti en direction de Prizren.

16 Q. Mais ma question, Monsieur le Témoin, c'est comment est-ce que vous

17 avez su cela ? Est-ce que vous l'avez vu de vos propres yeux ? Est-ce qu'on

18 vous l'a raconté ?

19 R. Non. J'ai entendu les gens raconter cela. Je ne l'ai pas vu lorsqu'il a

20 été remis en liberté, mais j'avais vu la voiture lorsqu'elle se trouvait

21 sur place.

22 Q. Vous souvenez-vous qui vous a appris cela ?

23 R. Tout le monde parlait de ce genre de choses. Ce n'était pas un secret.

24 Chacun l'a su lorsqu'il a été remis en liberté.

25 Q. Je vais maintenant passer à un autre sujet. Est-ce que vous connaissez

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1 un homme du nom de Hasan Hoxha ou Hasan Dobreva ?

2 R. Oui. Oui, je l'ai connu.

3 M. WHITING : [interprétation] Avec l'aide de l'Huissier, je vais vous

4 montrer la photo U003-8697 de la pièce à conviction 54. Aux fins du compte

5 rendu, le nom a été biffé.

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est bien Hasan Hoxha.

7 M. WHITING : [interprétation] Merci. On peut enlever la photo.

8 Q. Est-ce que vous l'avez connu sous le nom de Hasan Hoxha ou Hasan

9 Dobreva ?

10 R. Je l'ai connu sous les deux noms. Mais il était plus connu sous le nom

11 de Hasan Dobreva.

12 Q. Est-ce que vous l'aviez déjà connu avant la période que vous avez

13 passée à Lapusnik ?

14 R. Oui. Je le connaissais depuis 1973, depuis l'école secondaire.

15 Q. L'avez-vous vu à Lapusnik ?

16 R. Oui.

17 Q. Est-ce que vous vous souvenez quand ?

18 R. Je ne me souviens pas de la date exacte, mais c'était fin juin et début

19 juillet. Peut-être plutôt fin juin, ce serait plus précis.

20 Q. Où l'avez-vous vu ?

21 R. Le chemin qui mène de la cuisine à la prison. A l'endroit où l'on

22 tourne à droite, se trouvait un gardien. Souvent des membres des unités

23 territoriales montaient la garde. C'est une tout petite cour, et lorsqu'ils

24 l'ont emmené à cet endroit, je l'ai vu.

25 Q. Lorsque l'on tourne à droite en sortant de la cuisine, ou lorsque l'on

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1 tourne à droite en sortant de la prison ?

2 R. Lorsque vous sortez de la cuisine, vous prenez le chemin qui va vers la

3 prison, vous prenez sur la gauche, vous montez une pente, vers Berisa, et à

4 200 mètres à peu près, la route tourne vers la gauche, et c'est à cet

5 endroit, sur le gazon, que je l'ai vu.

6 Q. Dans quelles circonstances l'avez-vous vu ? Que se passait-il à ce

7 moment-là ?

8 R. Ils l'ont emmené en cet endroit. Ils l'avaient arrêté quelque part. Je

9 ne savais pas qu'il avait été arrêté ou détenu quand ils l'y avaient

10 emmené. Pendant ce temps, d'autres sont arrivés. Ymer est arrivé. Ils ont

11 discuté. Il lui a dit quelque chose, quelque chose du genre, J'ai entendu

12 dire que personne ne peut vous jeter à terre, et avant que Hasan n'ait pu

13 lui répondre, il l'a frappé, et il est tombé à terre.

14 Q. Est-ce que vous savez qui l'a emmené à Lapusnik ?

15 R. Les soldats de Shala de Sedlare.

16 Q. De quel Shala parlez-vous au juste ?

17 R. Je parle des soldats de Sedlare, le village de Shale.

18 Q. Comment le saviez-vous ? Que les soldats de Sedlare/Shale, l'ont emmené

19 à Lapusnik ?

20 R. J'ai discuté avec Hasan sur place. Après, j'ai appris comment il avait

21 été emmené à Sedlare.

22 Q. Qu'est-ce qu'il vous a dit ?

23 R. Il m'a dit qu'il était venu rejoindre les rangs de l'UCK ou apporter

24 son assistance à l'UCK. C'était son objectif initial. Nous n'avons échangé

25 que quelques mots, jusqu'à ce que l'incident que j'ai décrit avec Ymer a eu

Page 4517

1 lieu.

2 Q. L'interprétation que nous avons eue c'est que moi, c'est-à-dire vous,

3 ne saviez pas qu'il avait été arrêté ou détenu quand il a été emmené en cet

4 endroit. Est-ce que c'est vous ou lui qui ne savait pas qu'il avait été

5 arrêté ?

6 R. Ni moi, ni lui ne le savait. Il était en train de fumer des cigarettes

7 Dunhill. Il nous a distribué des cigarettes. Je ne crois pas qu'il avait

8 conscience du fait qu'il avait été arrêté.

9 Q. A part Ymer, est-ce que vous vous souvenez d'autres soldats qui étaient

10 avec lui lorsque vous étiez avec lui ?

11 R. Zenel est aussi venu avec Ymer, ainsi que d'autres membres des unités

12 territoriales. Mais je ne me souviens pas exactement. Il y avait six ou

13 huit personnes sur place.

14 Q. Est-ce que vous vous souvenez, lorsque Ymer a frappé Hasan, quelle

15 partie de son corps il a frappée ?

16 R. Il l'a frappé à la tête, sur le front, au visage.

17 Q. Est-ce que vous savez pourquoi Hasan a été arrêté ?

18 R. Après, j'ai entendu dire qu'il avait été arrêté. Je ne le savais pas

19 sur le moment, mais au mois d'août, j'ai entendu décrire comment il avait

20 été arrêté, comment il avait été emmené sur place, et ainsi de suite.

21 Q. Est-ce que vous avez entendu dire pour quelle raison il avait été

22 arrêté ?

23 R. On alléguait qu'il était un collaborateur avec les Serbes en tant

24 qu'espion, mais je ne sais pas.

25 Q. Est-ce que c'est cela que vous avez entendu au mois d'août ?

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1 R. Je l'ai entendu après qu'il ait été arrêté.

2 Q. Est-ce que vous vous souvenez comment vous avez entendu cela ?

3 R. Toutes les personnes qui ont été arrêtées, l'ont été parce qu'elles

4 étaient des espions présumés. Toutes les personnes qui se trouvaient dans

5 cette prison étaient accusées d'être collaborateurs ou espions.

6 Q. Après l'avoir vu ce jour-là, est-ce que vous l'avez encore revu à

7 Lapusnik ?

8 R. Non. J'ai entendu dire qu'il a été très gravement passé à tabac, mais

9 je ne l'ai pas revu.

10 Q. Comment avez-vous entendu dire qu'il avait été gravement tabassé ?

11 R. Je ne sais pas. Je ne me souviens plus de la personne qui me l'a

12 raconté, mais ce sont des soldats qui me l'ont raconté. Il a été gravement

13 passé à tabac. Je ne sais pas s'il a reconnu être un espion ou non.

14 Q. Est-ce que vous savez ce qu'a été son sort par la suite, ce qu'il est

15 devenu ?

16 R. Je sais que j'ai posé la question à quelqu'un au mois de juillet, et il

17 m'a dit qu'il n'avait pas fait long feu. J'ai donc compris qu'il avait été

18 tué.

19 Q. Est-ce que, par la suite, vous avez vu des cadavres près du village de

20 Morina ?

21 R. Oui.

22 Q. Quand cela ?

23 R. Au mois de juillet.

24 Q. Etait-ce avant ou après que vous ayez vu Hasan Hoxha ?

25 R. C'était dix ou 15 jours après que j'ai rencontré Hasan Hoxha.

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1 Q. Combien de cadavres avez-vous vus ?

2 R. Trois au même endroit. Enfin, deux au même endroit et trois à un autre

3 endroit. Mais je ne suis pas sorti de ma voiture pour voir de qui il

4 s'agissait parce que l'odeur était déjà très forte, parce qu'il faisait

5 très chaud. Mais j'ai discuté avec un berger qui était aux alentours.

6 Q. Qu'est-ce que le berger vous a raconté ?

7 R. Je lui ai demandé, De qui s'agit-il ? Je lui ai dit, Pourquoi est-ce

8 que vous n'enterrez pas ces cadavres, vu l'odeur horrible qui s'en dégage ?

9 Comme si c'était une blague, il m'a dit, Vous vous débarrassez des corps

10 ici et vous vous attendez à ce que, nous, nous les enterrions.

11 Q. Est-ce que c'était vous qui avez déposé les cadavres en cet endroit ?

12 R. Non, ce n'était pas moi. Il voulait dire nous.

13 Q. "Nous." Qu'est-ce que vous entendez par là ?

14 R. L'UCK.

15 Q. Est-ce que vous avez pensé qu'il y avait un lien entre ces cadavres et

16 Hasan Hoxha ?

17 R. Je ne suis pas sorti de la voiture pour identifier ces cadavres parce

18 qu'il y avait une pente raide, et mon frein à main était défectueux. Je

19 voulais sortir de la voiture pour voir s'il s'agissait de Hasan, mais je me

20 suis dit que l'un d'entre eux devait sans doute être Hasan Hoxha. C'était

21 ma conviction personnelle. Personne ne m'a dit qu'il s'agissait bien de

22 lui. A l'exception de ce que j'avais entendu dire, ce que j'ai dit tout à

23 l'heure, qu'il n'avait pas fait long feu. C'est pour cela que j'ai pensé

24 que c'était que l'un des cadavres était celui de Hasan Hoxha.

25 M. WHITING : [interprétation] Je pense que ce serait le moment pour faire

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1 une pause.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

3 Nous allons donc suspendre la séance et reprendre à 16 heures 15.

4 --- L'audience est suspendue à 15 heures 55.

5 --- L'audience est reprise à 16 heures 18.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Whiting.

7 M. WHITING : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

8 Est-ce que nous pouvons passer à huis clos partiel ?

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Passons à huis clos partiel.

10 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

11 [Audience à huis clos partiel]

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19 [Audience publique]

20 M. WHITING : [interprétation] Je vous remercie.

21 Q. Monsieur, est-ce que vous connaissez quelqu'un qui répond au nom de

22 Vesel et qui vient de Godance ?

23 R. J'en ai entendu parler, mais je ne le connais pas.

24 Q. Avez-vous jamais entendu quelque chose à son sujet lorsque vous vous

25 trouviez à Lapusnik ?

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1 R. J'ai entendu dire qu'il avait été arrêté. Je ne sais pas où il fut

2 conduit. Je ne l'ai jamais vu. Mais je sais que les gens parlaient de lui.

3 C'était une personne qui avait une certaine autorité. On le voyait à la

4 télévision. Lorsque quelqu'un venait de Belgrade pour discuter avec Rugova,

5 il allait là en tant que représentant albanais. Il disait qu'il

6 représentait les Albanais, compte tenu des voix, mais à mon avis, ce sont

7 des voix ou des votes qui ont fait l'objet de manipulation. Je sais que

8 c'est une personne qui sortait avec certains Serbes et avec certains Rom.

9 Il a fait partie de ces négociations ou de ces discussions plus de neuf

10 fois à Pristina.

11 Q. Vous venez de nous relater cela à propos de cette personne. Savez-vous

12 si cela est la raison de son arrestation, ce que vous venez de nous

13 relater ?

14 R. Bien sûr. Il ne pouvait pas y avoir d'autre raison. Avec l'aide du

15 gouvernement, qui était serbe à l'époque, ces personnes utilisaient les

16 noms des Albanais qui avaient le droit de voter. Ces personnes récupéraient

17 quelque 5 000 ou 6 000 voix, et puis ensuite, ils nommaient quelqu'un pour

18 que cette personne s'adresse au nom des Albanais et pour que des décisions

19 soient prises en leur nom.

20 Q. Savez-vous s'il a été Lapusnik ?

21 R. J'ai d'ores et déjà dit que j'avais entendu dire qu'il avait été arrêté

22 et qu'il avait été conduit à Lapusnik, mais je ne l'ai jamais vu. Il ne

23 s'agit que de spéculations ou de bruits ou de propos tenus par des soldats.

24 Q. Monsieur, avez-vous jamais parlé à Zenel ou à Timi des prisonniers ?

25 R. A plusieurs reprises.

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1 Q. Pourriez-vous nous décrire ces conversations ? De quoi parliez-vous ?

2 R. Non. Les autres soldats parlaient également, et racontaient comment

3 telle personne avait été emmenée, comment la personne avait été interrogée,

4 comment elle avait fait l'objet de mauvais traitements, mais il n'y avait

5 rien de concret. On ne précisait pas leurs noms ou leurs prénoms.

6 Q. Mais est-ce que Zenel et Timi parlaient de ces choses, pour être

7 précis ?

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce que vous vous souvenez, par exemple, de ce qu'ils disaient, de

10 quoi parlaient-ils ?

11 R. Non, je ne m'en souviens pas pour le moment. Il y a eu plusieurs

12 discussions. Je ne m'en souviens pas.

13 Q. Est-ce que l'un ou l'autre a jamais parlé de karaté ?

14 R. Zenel avait dit qu'il faisait du karaté, que c'était un art martial

15 qu'il exerçait et qu'il avait participé à la Ligue française. Il disait

16 quelque chose de ce genre, mais personnellement, je n'ai pas eu

17 l'impression que cela correspondait à la vérité.

18 Q. Pourquoi est-ce que vous n'avez pas eu l'impression que cela était

19 vrai ?

20 R. Il était manifeste, on pouvait voir très facilement que Zenel ne savait

21 pas que faire d'une arme. S'il avait participé à la Ligue française, il en

22 aurait su d'avantage à propos des armes. Pour ce qui est du karaté, je sais

23 qu'il connaissait cet art.

24 Q. Est-ce que vous avez jamais vu l'un ou l'autre de ces hommes porter un

25 masque ?

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1 R. Oui, je le crois. Non, ce n'est pas Timi en fait. Mais Zenel, je pense

2 que oui, je l'ai vu.

3 Q. Vous souvenez-vous où vous l'avez vu porter un masque ?

4 R. Je l'ai déjà indiqué. J'ai dit qu'une fois Qerqiz, Zenel et une

5 troisième personne sont sorties de la prison. J'avais dit qu'il y en avait

6 deux qui portaient un masque, et l'une de ces personnes était Zenel.

7 Q. Je vais maintenant aborder un autre sujet.

8 Pendant le temps où vous vous trouviez à Lapusnik, à la fin du moi de

9 mai, en juin, juillet 1998, vous êtes-vous jamais rendu dans d'autres

10 villages ?

11 R. Je ne comprends pas votre question. Je me suis beaucoup déplacé. Vous

12 voulez dire par rapport à quoi ?

13 Q. C'est par rapport à quelque chose de précis. Je voulais juste savoir si

14 vous vous êtes rendu dans d'autres villages pendant votre séjour à

15 Lapusnik ? Ou est-ce que vous êtes resté tout le temps à Lapusnik ?

16 R. Pendant les combats, j'allais à Kroimire pour prêter

17 main-forte à l'unité et plus précisément, je suis allé à Blinaje, une fois

18 pour obéir aux ordres de Qerqiz et puis, une fois avec une ou deux autres

19 personnes, je suis allé au village de Carraluke, mais là, il ne s'agissait

20 pas d'un ordre donné par Qerqiz. J'avais reçu cet ordre de la part des deux

21 personnes qui se trouvaient avec moi. Elles m'ont dit, nous avons un ordre,

22 mais elles ne m'ont pas précisé de qui venait l'ordre.

23 Q. Est-ce que vous vous êtes jamais rendu à Klecka ?

24 R. Oui.

25 Q. Etes-vous jamais allé dans d'autres villages ? Est-ce que vous vous en

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1 souvenez ?

2 R. Pour le moment, je ne m'en souviens pas. J'ai été à Malisevo, à Klecka.

3 Q. Vous avez dit que vous vous étiez rendu à Kroimire pour prêter main-

4 forte à l'unité, pendant les combats; est-ce que vous vous souvenez de la

5 période ou de la date ?

6 R. Cela s'est passé au mois de juin. Je ne me souviens pas exactement de

7 la date précise, peut être que c'était la fin du mois de juin, mais il y

8 avait des combats près de Zborce, dans les gorges de Carraleve et c'était à

9 la fin du mois de juin, au début du mois de juillet. Je ne m'en souviens

10 pas exactement, mais nous étions quelques cinq ou six à nous rendre là-bas.

11 Q. Vous souvenez-vous comment vous avez appris qu'il y avait des combats à

12 Carraleve ?

13 R. Je n'en sais rien. Pour ce qui est des combats, il y a eu des combats à

14 Kroimire et on pouvait entendre les tirs, même à Lapusnik parce qu'ils ne

15 se contentaient pas de pilonner les positions de l'UCK, mais également les

16 populations civiles ainsi que certains villages, également.

17 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que nous pouvons passer à huis clos

18 partiel ?

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

20 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

21 [Audience à huis clos partiel]

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7 [Audience publique]

8 M. WHITING : [interprétation] Merci.

9 Q. Monsieur, est-ce qu'il y avait un commandant à Kroimire ?

10 R. Oui, il y en avait un.

11 Q. Savez-vous de qui il s'agissait ?

12 R. Oui, depuis le début c'était Ramiz Qeriqi.

13 Q. Vous nous avez dit que vous vous êtes rendu, également, à Blinaje. Est-

14 ce qu'il y avait un commandant à Blinaje ?

15 R. Oui, lors de la prise de Blinaje et jusqu'à la fin, le commandant était

16 Shukri Buja.

17 Q. Quelle fut la date de la prise de Blinaje, si vous le savez ?

18 R. Cela s'est passé au mois de juin, mais je ne connais pas la date.

19 Q. Savez-vous s'il y avait un commandant qui était le supérieur

20 hiérarchique de Ramiz Qeriqi et de Shukri Buja ?

21 R. Pour ce territoire, il n'y avait pas un autre commandant. Il y avait

22 Celiku; Celiku était le commandant, alors que les autres étaient des

23 commandants subalternes à Celiku; les autres, j'entends, Shukri et Ramiz.

24 Q. Est-ce que vous connaissiez un soldat qui répondait au nom d'Avni

25 Sinani ?

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1 R. Oui.

2 Q. Est-ce que vous l'avez vu à Lapusnik ?

3 R. Oui. Il y a été pendant 15 à 20 jours.

4 Q. Vous souvenez-vous de quand cela s'est passé ?

5 R. Je pense qu'il est arrivé au début du mois de juin. Il a intégré les

6 rangs, parfois lorsqu'il fallait se mettre en rang, c'est lui qui donnait

7 l'ordre parce qu'il était officer. C'était un ancien officier de la JNA et

8 après cela, je sais qu'il s'est rendu à Blinaje.

9 Q. Quand est-ce qu'il est allé à Blinaje ?

10 R. Je ne connais pas la date, mais je sais qu'il a été à Lapusnik pendant

11 10 à 15 jours.

12 Q. Comment savez vous qu'il est allé à Blinaje ?

13 R. Je l'ai vu à Blinaje.

14 Q. Vous souvenez-vous de la date à laquelle vous l'avez vu à Blinaje ?

15 R. Je l'y ai vu au mois juin.

16 Q. Savez-vous quand, au mois de juin, vous en souvenez-vous ?

17 R. Je n'en suis plus très sûr, mais c'était après le 15 juin. C'était aux

18 environs du 15 ou du 20 juin, c'est là que je l'ai vu à Blinaje. C'était

19 vers la fin du mois de juin.

20 Q. Est-ce que vous l'avez vu, après cette date ?

21 R. Oui, une autre fois.

22 Q. Où ?

23 R. Je l'ai vu à Blinaje. Il y avait des combats à Blinaje, ce jour-là et

24 je l'ai vu pour la deuxième fois, ce jour-là. Une attaque avait été lancée

25 par les forces serbes contre le village.

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1 Q. Vous souvenez-vous de la date de cet événement ?

2 R. Non, non, je ne connais pas la date. Je ne m'en souviens pas.

3 Toutefois, ce fut la première attaque lancée par les Serbes contre Blinaje.

4 Q. Outre ces deux fois où vous l'avez vu à Blinaje, est-ce que vous savez

5 où est ce qu'il était, après son départ de Lapusnik ?

6 R. Non, je ne le sais pas. Je pense qu'il était à Blinaje. Alors,

7 maintenant, quant à savoir où il est parti, une fois qu'il a quitté

8 Blinaje, je n'en sais rien.

9 Q. Monsieur, je vais demander l'assistance de l'Huissière et je vais vous

10 montrer un schéma.

11 M. WHITING : [interprétation] Cela se trouve à l'intercalaire 15 et

12 j'aimerais que cela soit affiché par le système d'affichage électronique.

13 J'aimerais qu'on puisse brancher le logiciel et je dirais que la signature

14 qui se trouve en bas de page a été expurgée.

15 Q. Monsieur, est-ce que vous reconnaissez cela ?

16 R. Oui.

17 Q. De quoi s'agit-il ?

18 R. C'est une question qui a déjà été posée. C'est moi qui ait fait ce

19 schéma un peu à la va-vite. C'est un schéma approximatif. Vous pouvez voir

20 la route Peja-Pristina ainsi que la route vers Prizren, au milieu, vous

21 voyez qu'il y a Klecka et les autres endroits qui sont identifiés, se

22 trouvent sur le territoire qui était placé sous le commandement de Klecka.

23 Q. Au niveau de Klecka, il y a un Q au centre du cercle. A quoi est-ce que

24 cela fait référence ?

25 R. Oui. Le Q fait référence à Celiku.

Page 4531

1 Q. La route de la prison de Pristina se trouve en haut de la page; est-ce

2 bien exact ?

3 R. Oui.

4 Q. Au niveau de Blinaje, il y a un cercle et à l'intérieur du cercle, il

5 est marqué SH point B. Est-ce que vous pouvez nous dire à quoi cela fait

6 référence ?

7 R. Oui. SH, c'est le son "sh," en albanais et cela fait référence à Shukri

8 Buja qui était commandant à Blinaje et à Kroimire, c'est le nom de Luan qui

9 est encerclé.

10 Q. Quel est le nom qui se trouve à côté de Luznica ?

11 R. C'est Kumanova. Le commandant Kumanova se trouvait à Luznica.

12 Q. Il y a des flèches qui ont été dessinées et qui vont vers Klecka à

13 partir de Blijane, Malisheve, Javore, Luznica, Lapusnik, ainsi que Terpeze.

14 Alors, j'aimerais vous demander ce que signifient ces flèches qui sont

15 toutes orientées vers Klecka ?

16 R. Comme je l'ai dit, il s'agit du territoire qui se trouve grosso modo

17 sous le commandement de Klecka. Fustica, Lapusnik, Lladroc, Luznica,

18 Blinaje, Kroimire, tous ces villages, en fait.

19 Q. A Lapusnik, vous avez un, deux, trois, quatre, cinq flèches qui sont

20 toutes orientées vers Qerqiz; est-ce que vous pouvez nous dire ce que cela

21 représente ?

22 R. C'étaient les positions à Lapusnik. Il y en avait cinq à Lapusnik, à

23 l'exception d'une position à Kishna Reka qui ne se trouvait pas sous le

24 commandement de Klecka et une autre unité à Orlate, n'est pas non plus sous

25 le commandement de Klecka.

Page 4532

1 Q. Je vois qu'il y a également une flèche de Kishna Reka qui traverse la

2 route Pristina, il y a Orlate qui traverse également la route dite

3 "Pellumbi." De quoi s'agit-il, Pellumbi et Plumov ?

4 R. Il s'agit des unités de Plumbi qui sont de l'autre côté de Lapusnik.

5 Q. Il y a Q3, également, près de Lapusnik. De quoi s'agit-il en dessous du

6 mot de Qerqizi ?

7 R. C'est Celiku 3. C'est l'unité à Lapusnik qui s'appelait ainsi.

8 Q. Bien. Tout en bas de la page, il y a une date et une signature. S'agit-

9 il de la date à laquelle vous avez fait ce schéma ?

10 R. Effectivement, il s'agit bien de cette date.

11 Q. S'agit-il bien de votre signature ?

12 R. Oui, en effet. Comme je l'ai dit, je n'ai pas vraiment fait ce croquis

13 pour la salle d'audience, mais je l'ai fait, à ce moment-là, puisqu'on

14 avait répété un certain nombre de choses plusieurs fois et c'est pourquoi

15 j'ai fait ce petit schéma et que j'ai repris ce territoire pour expliquer

16 comment cela fonctionnait et c'est ainsi que cela fonctionnait, à peu près.

17 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que ce schéma

18 pourrait recevoir une cote plutôt que de le mettre sous scellé, je vous

19 propose que la signature soit supprimée.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien. Le document sera versé au

21 dossier et la signature sera supprimée.

22 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La cote sera P173.

23 M. WHITING : [interprétation] Avec l'aide de l'huissière, je vais vous

24 montrer la pièce 135. Veuillez placer cela sous le rétroprojecteur Elmo.

25 Peut-être pourriez-vous mettre le verso de la photographie sur le

Page 4533

1 rétroprojecteur ? C'est cette deuxième page dont vous disposez. C'est le

2 dos. Est-ce que vous pourriez la placer sur le rétroprojecteur ? Merci.

3 Q. Monsieur le Témoin, est-ce que vous reconnaissez l'un ou l'autre de ces

4 noms, soit les noms ou les pseudonymes ?

5 R. Oui, pour la plupart.

6 Q. Est-ce que vous avez vu ces personnes à Lapusnik, pendant que vous y

7 étiez ?

8 R. Oui.

9 Q. Je vais vous demander qu'on vous donne un crayon et je vais vous

10 demander, simplement, d'entourer les noms des personnes dont vous vous

11 souvenez les avoir vues à Lapusnik au cours de ces mois d'été 1998, au

12 moment où vous y étiez ?

13 R. [Le témoin s'exécute]

14 Q. Bien. Vous avez entouré les numéros 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 13, 14, 15,

15 17, 19 et 20. Vous avez mis un petit signe à côté du numéro 5. Cela

16 signifie quoi ?

17 R. J'ai entouré par erreur. Parce que la question était de savoir qui se

18 trouvait à Lapusnik. Cette personne-là, elle n'était pas à Lapusnik, elle

19 est arrivée plus tard.

20 Q. Vous avez mis une flèche à côté du 18. Qu'est-ce que cela signifie ?

21 R. Ce n'était pas un soldat à Lapusnik, mais à Nekovce. Le 20, c'est un

22 habitant de Lapusnik, mais il n'était pas soldat.

23 Q. Le 21, vous ne l'avez pas entouré. Est-ce que vous connaissez quoi que

24 ce soit à propos ce cette personne ?

25 R. Je ne me souviens pas de lui, de son nom. Je le connais, mais pas très

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1 bien. Je ne me souviens pas de son nom.

2 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que ce document

3 peut être versé un dossier et recevoir un côte.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. Nous le verserons au dossier.

5 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La côte sera P174.

6 M. WHITING : [interprétation] Nous avons terminé avec ce document. Je vous

7 remercie.

8 Q. Monsieur le Témoin, en juillet 1998, est-ce que vous avez eu l'occasion

9 d'aller à Orahovac ?

10 R. Oui.

11 Q. Vous souvenez-vous quand ?

12 R. Je sais que je n'étais pas là pendant le premier jour de combat. Le

13 deuxième jour, peut-être était-ce le 18 où le 19 juillet. Je crois que

14 c'était le 19 juillet que j'y suis allé.

15 Q. Quelqu'un vous a-t-il accompagné ?

16 R. Nous nous y sommes rendus par voiture. Nous étions cinq. Dans une autre

17 voiture, il y avait encore deux ou trois personnes qui nous suivaient. Dans

18 notre voiture --

19 M. WHITING : [interprétation] Je vous interromps. Monsieur le Président,

20 peut-on passer à huis clos partiel.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

22 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

23 [Audience à huis clos partiel]

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16 [Audience publique]

17 M. WHITING : [interprétation]

18 Q. Monsieur le Témoin, comment vous êtes-vous rendus de Lapusnik à

19 Orahovac ?

20 R. Nous étions en voiture jusqu'à Malishevo. De Malishevo au village de

21 Dragobilje, nous étions toujours en voiture. Le soir, on s'est retrouvé sur

22 une colline surplombant Orahovac.

23 Q. Comment êtes-vous allés de Lapusnik à Malishevo ?

24 R. Je vous disais que nous étions allés en voiture. C'était dans une Opel

25 Record verte.

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1 Q. Non, je veux dire par quelle route êtes-vous passés ?

2 R. Nous avons pris la route vers Arlat. A Arlat, on a tourné à gauche vers

3 Malishevo. De Malishevo, on est allé à Orahovac. On traverse, en fait, le

4 centre-ville, et ensuite, on suit la colline au-dessus de Dragobilje. Puis,

5 le jour est tombé, et on s'est retrouvé sur cette colline surplombant

6 Orahovac, en suivant la route asphaltée.

7 Q. Est-ce que l'UCK contrôlait cette route que vous avez empruntée de

8 Lapusnik jusqu'à Malishevo et jusqu'à Orahovac ?

9 R. Oui, jusqu'aux environs d'Orahovac.

10 Q. Savez-vous combien de temps qu'il vous a fallu pour aller en voiture de

11 Lapusnik jusqu'à ces environs d'Orahovac ?

12 R. Si vous conduisez sans vous arrêter, cela ne prend pas beaucoup de

13 temps. Mais nous nous sommes arrêtés à Dragobilje, à Malishevo, pendant

14 quelques instants, et puis, à Dragobilje, on est resté plus longtemps. Ce

15 trajet nous a pris à peu près trois heures, peut-être, même plus que trois

16 heures.

17 Q. Si on roule sans s'arrêter, cela prend combien de temps ?

18 R. Je pense que cela prend une quarantaine de minutes, une cinquantaine de

19 minutes tout au plus.

20 Q. Je crois que vous avez répondu en partie à la question, mais pourquoi

21 êtes-vous allés à Orahovac à ce moment-là ?

22 R. Il y avait des combats à Orahovac, de combats sévères. Les forces

23 serbes avaient attaqué, et même si nos unités avaient été vaincues et

24 s'étaient retirées, et les forces serbes commettaient des massacres contre

25 la population civile. On avait entendu des rumeurs de quelque 500 civils

Page 4537

1 qui avaient été tués. La plupart avaient été tuée. Je ne sais pas s'il y en

2 avait 500 ou plus, mais c'est un chiffre de cet ordre de grandeur-là. Nous

3 sommes allés là-bas pour essayer d'emmener les gens qui avaient pu sortir

4 d'Orahovac dans les collines.

5 Q. Combien de temps êtes-vous restés à Orahovac ?

6 R. Ce jour-là, enfin, cette nuit-là jusqu'au lendemain matin, et à l'aube,

7 nous sommes partis.

8 Q. Pourquoi êtes-vous partis ?

9 R. Nous avons rencontré des civils qui s'étaient enfuis et nous ont dit

10 qu'il n'y avait plus de civils à Orahovac, uniquement des forces serbes.

11 Ils nous ont prouvé qu'ils étaient les derniers à quitter le lieu. L'un

12 d'eux était un membre de l'UCK qui était parti là pour aller chercher sa

13 famille. Il nous a dit qu'il n'y avait plus personne sur place, et c'est

14 pourquoi nous sommes partis.

15 Q. Quand vous êtes partis, où vous êtes-vous rendus ?

16 R. A Lapusnik.

17 Q. Est-ce que vous êtes parti seul ou avec les autres, à Lapusnik ?

18 R. Avec les autres. Nous sommes repartis en voiture.

19 M. WHITING : [interprétation] Peut-on passer à huis clos partiel.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

21 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

22 [Audience à huis clos partiel]

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14 [Audience publique]

15 M. WHITING : [interprétation]

16 Q. Monsieur, pendant que vous êtes parti de Lapusnik, est-ce que vous avez

17 revu des prisonniers qui ont été pris à Orahovac ?

18 R. Le jour où les gorges de Lapusnik sont tombées, le matin, je ne sais

19 pas s'il était 10 ou 11 heures, enfin, vers cette heure-là. Je crois que ce

20 jour-là, lorsque nous sommes partis vers la route qui va vers Novoselle,

21 j'ai vu un bus à l'arrêt, stationné --

22 Q. Je voudrais attirer votre attention sur l'heure où vous étiez à

23 Malisevo. A l'époque où vous étiez à Orahovac, vous dites que vous êtes

24 passé par Malisevo. A Malisevo, est-ce que vous avez vu des prisonniers qui

25 avaient été emmenés d'Orahovac ?

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1 R. Oui. Nous nous sommes approchés de la porte et nous avons vu des

2 prisonniers.

3 Q. Vous vous êtes approché de quelle porte ?

4 R. Il y avait des bâtiments encore en chantier tout proches. Le QG de

5 Malisevo, dans le cave de ce bâtiment-là, c'est cela que je veux dire.

6 Plutôt que de dire la cave, je voudrais dire plus exactement le rez-de-

7 chaussée.

8 Q. Pouvez-vous nous décrire comment il se fait que vous vous êtes approché

9 de cette porte et que vous y aviez vu des prisonniers ? Comment cela s'est

10 produit ?

11 R. Quelqu'un nous a dit qu'il y avait là des prisonniers, alors nous

12 sommes allés voir et nous avons vu quelqu'un qui montait la garde là-bas. A

13 deux ou trois ou quatre, je crois, on est allé voir.

14 Q. Qu'avez-vous vu ?

15 R. Qu'il y avait un certain nombre de personnes là-bas.

16 Q. S'agissait-il d'hommes, de femmes ou des deux ?

17 R. Il y avait des hommes et des femmes, mais surtout des hommes.

18 Q. S'agissait-il de Serbes ou d'Albanais ?

19 R. Il y avait des rumeurs disant que c'étaient des Serbes. Mais à

20 Orahovac, il y a également des Albanais qui parlent le serbe. La plupart

21 des gens à Orahovac, même s'ils sont Albanais, parlent une langue qui

22 ressemble fort au serbe.

23 Q. Je vais passer maintenant à un autre thème.

24 Est-ce que vous vous souvenez de journalistes qui auraient été

25 arrêtés à Lapusnik ?

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1 R. Je me souviens, effectivement, du fait que certains journalistes ont

2 été arrêtés. On avait l'habitude d'arrêter les journalistes lorsqu'ils

3 voulaient rentrer dans le territoire contrôlé par l'UCK. Je me souviens de

4 plusieurs cas de ce type.

5 Q. Est-ce que vous vous souvenez d'un épisode qui impliquait des

6 journalistes russes ?

7 R. Oui, effectivement.

8 Q. De quoi vous souvenez-vous en l'occurrence ?

9 R. Je sais qu'on les a arrêtés à un carrefour. On leur a demandé d'où ils

10 venaient, qui ils étaient. Je sais que Qerqiz n'était pas là. Ils ont été

11 détenus là pendant une ou deux heures en attendant de pouvoir contacter

12 quelqu'un. Il y avait également un interprète albanais avec eux.

13 Q. Vous dites que Qerqiz n'était pas là. Qu'est-ce que vous voulez dire,

14 il n'était pas là ? Qu'entendez-vous par là ?

15 R. Je veux dire qu'il n'était pas là à ce moment-là. Deux soldats

16 n'étaient pas là. Ils étaient restés à Orahovac, et tous les jours, Qerqiz

17 repartait à Orahovac à leur recherche.

18 Q. Cet événement avec les journalistes russes, est-ce que cela s'est

19 produit avant ou après que vous soyez rendu- vous-même à Orahovac, si vous

20 vous en souvenez ?

21 R. Je pense que c'est après que nous nous soyons rendus à Orahovac. Parce

22 que ni Ymer, ni Qerqiz n'étaient à Orahovac au cours de ces jours-là. Ils

23 n'y étaient pas régulièrement.

24 Q. Ils n'étaient pas régulièrement à Orahovac ou à Lapusnik ?

25 R. A Lapusnik.

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1 Q. Est-ce que vous êtes en train de déposer que sur lequel -- lorsque les

2 journalistes russes ont été arrêtés, Ymer et Qerqiz n'étaient pas à

3 Lapusnik à ce moment-là ? C'est cela que vous êtes en train de nous dire ?

4 R. Oui.

5 Q. Revenons à ce qui s'est produit concernant ces journalistes. Est-ce que

6 vous savez à quel endroit on les a arrêtés ?

7 R. Oui.

8 Q. C'était où ?

9 R. Ils ont été arrêtés à la position numéro 1, sur la route asphalté. Il y

10 avait un garde là, et ils les ont arrêtés. Il y avait des soldats de

11 l'autre côté de la route qui montaient la garde également. Comme je vous

12 l'ai dit, on leur a demandé d'où ils venaient, pourquoi ils se trouvaient

13 là. Le fait qu'ils parlent russe les rendait suspects aux yeux des soldats

14 de l'UCK. Parce qu'ils auraient pu être des Serbes et ils auraient pu se

15 présenter comme s'ils étaient russes. C'est toujours ce que je pense

16 d'ailleurs. Je pense, en fait, qu'il s'agissait de Serbes et non pas de

17 Russes.

18 Q. Comment savez-vous cela ? Comment savez-vous que cela s'est produit ?

19 R. Je le sais parce que, par liaison radio, ils ont appelé Qerqiz. La

20 radio se trouvait tout près de moi. Ils ont essayé de contacter Qerqiz

21 pendant deux heures, mais ils n'arrivaient pas à le trouver.

22 Q. Combien de radios est-ce que vous aviez à Lapusnik à ce moment-là ?

23 R. Une dont je suis sûr. Puis il y en avait une autre, mais je ne sais pas

24 si on l'utilisait tout le temps. Mais il y en avait une qu'on utilisait

25 tout le temps. L'autre, elle était peut-être avec Qerqiz ou au QG. Mais je

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1 crois qu'il y en avait deux petites radios.

2 Q. Vous disiez que la radio se trouvait proche de vous. Où étiez-vous ?

3 R. Je me trouvais à la position. La radio était avec moi. Elle n'était pas

4 près de moi, elle était avec moi.

5 Q. Est-ce que vous avez vu ces journalistes vous-même ? Vous les avez

6 vus ?

7 R. Oui.

8 Q. Pouvez-vous nous décrire ceci.

9 R. Lorsque je suis arrivé, les soldats les avaient arrêtés et ils les

10 gardaient sur une pelouse près la route asphaltée. Ils essayaient vraiment

11 de savoir s'il s'agissait de Serbes ou pas. Avant l'arrivée d'autres qui

12 les ont emmenés, on les a gardés là dans cette prairie.

13 Q. Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que vous avez vu ?

14 R. Etant donné qu'il n'y avait personne à qui on pouvait le demander, les

15 unités de Pellumbi et les soldats qui étaient d'Orlate, à la police

16 militaire, et qui étaient de garde, sont venus en voiture, et quelqu'un de

17 l'unité de Pellumbi est arrivé et les a pris et les a ramenés à leur QG à

18 ce moment-là.

19 Q. Combien de journalistes avez-vous vu, si vous pouvez vous en souvenir ?

20 R. Je crois qu'il y en avait trois, enfin quatre avec l'interprète. Peut-

21 être deux. Enfin, je suis à 90 % sûr qu'il y en avait trois.

22 Q. Est-ce que vous vous souvenez de quoi que ce soit concernant

23 l'interprète ?

24 R. Non. L'interprète s'est présenté comme étant un professeur de russe.

25 Mais en ce qui concerne ces journalistes, je crois qu'ils ont été remis en

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1 liberté, parce que j'en ai vu trois au retour, et je sais qu'ils ont été

2 remis en liberté le même jour.

3 Q. Lorsqu'ils se trouvaient sur la route, avant l'arrivée de l'unité de

4 Pellumbi, est-ce que quelque chose leur est arrivée, que ce soit aux

5 journalistes ou à l'interprète ?

6 R. Quelqu'un les a giflés à plusieurs reprises, mais pas beaucoup. Ils ont

7 plus roué de coups le professeur parce qu'ils le soupçonnaient d'être un

8 Serbe parmi eux, même s'il avait des papiers d'identité qui prouvaient le

9 contraire.

10 Q. Est-ce que vous avez vu, de vos propres yeux, l'interprète passé à

11 tabac ?

12 R. Oui, deux ou trois fois.

13 Q. Est-ce que vous vous souvenez qui l'a passé à tabac ?

14 R. Les soldats qui se trouvaient sur la route.

15 Q. Est-ce que vous pouvez être plus précis ?

16 R. Beaucoup de temps s'est écoulé depuis. Je sais que les soldats qui se

17 trouvaient sur la route l'ont passé à tabac, tant les soldats de notre

18 unité que ceux de l'autre unité.

19 Q. Vous avez dit que l'unité de Pellumbi les a emmenés jusqu'au quartier

20 général de cette unité. Comment le savez-vous ?

21 R. Je le sais parce que j'ai vu le camion qui est venu les emmener tous.

22 Q. Mais comment savez-vous qu'ils se sont rendus au quartier général ?

23 R. Parce que depuis là, il était facile de communiquer avec l'unité Guri

24 3. Nous pouvions entendre lorsque l'unité de Pellumbi est arrivée et les a

25 emmenés à son propre quartier général.

Page 4544

1 Q. C'est par radio que vous entendiez cela ?

2 R. Oui, par la radio. Mais aussi je les ai vus de mes propres yeux.

3 Q. Vous avez dit que les journalistes ont ensuite été remis en liberté et

4 que vous avez vu leur retour. Est-ce que vous pourriez nous décrire cela

5 plus en détail ?

6 R. Cela s'est passé dans l'après-midi. Je ne me souviens plus de l'heure

7 exacte. Peut-être vers 16 heures, je n'en sais rien. Nous avons vu trois

8 personnes qui empruntaient la route goudronnée en direction de Komorane.

9 Nous avons demandé qui ils étaient. Nous pensions que c'étaient peut-être

10 des civils albanais. On nous a dit qu'il s'agissait des journalistes russes

11 qui avaient été détenus plus tôt, et que maintenant, ils avaient été remis

12 en liberté et qu'ils rentraient à pied sur cette route en asphalte.

13 Q. Où est-ce que vous vous trouviez quand vous avez vu cela ?

14 R. J'étais dans ma position, et pendant tout le temps où il était possible

15 de les voir, je les ai regardés à travers des jumelles. Il faisait très

16 chaud. Je n'avais pas une vue entièrement dégagée d'eux, mais j'ai pu les

17 voir, en tout cas, faire une partie du chemin.

18 Q. Quand vous dites que vous étiez à votre position, est-ce que c'est la

19 position 2 ?

20 R. Oui.

21 Q. Est-ce que vous savez ce qui est advenu de l'interprète qui les

22 accompapnait ?

23 R. Non. Je sais qu'il a été détenu, c'est tout.

24 Q. Comment savez-vous cela ?

25 R. Parce qu'il n'est pas rentré avec eux, et le bruit courait qu'il était

Page 4545

1 détenu.

2 Q. Est-ce qu'il vous est arrivé de discuter de cet incident avec Qerqiz ?

3 R. Oui, quand je l'ai vu, cette nuit-là, tard dans la soirée. Je crois

4 bien que c'était cette nuit-là, tard dans la nuit. Ce n'était pas le

5 lendemain. Je voulais lui faire un rapport sur ce qui s'était passé, et il

6 m'a dit cela, je le sais.

7 Q. Où l'avez-vous vu ?

8 R. Quelque part sur la route principale qui mène au QG de Lapusnik. Près

9 de la position.

10 Q. Etait-il seul ou accompagné ?

11 R. Il était avec Ymer.

12 Q. Qu'est-ce que vous avez dit et qu'a-t-il dit ?

13 R. Je lui ai dit, J'aimerais vous informer des événements de ce jour, et

14 il m'a dit, Nous en sommes déjà informés, nous en avons déjà connaissance.

15 Q. Vous avez dit, je crois que c'était tard dans cette même soirée, et

16 puis vous avez dit ce n'était pas le lendemain. Est-ce que vous pourriez

17 être un petit peu plus précis sur le moment auquel vous avez raconté cela à

18 Qerqiz ?

19 R. Je suis plus certain que c'était le même soir ou la même nuit. Mais

20 cela aurait pu être le lendemain. Mais pas pendant la journée, mais la

21 nuit. Mais je crois plutôt que c'était la même nuit.

22 Q. Est-il possible que c'était encore une autre nuit ? Ou était-ce cette

23 nuit-là ou la nuit du lendemain ?

24 R. C'était soit cette nuit-là ou la nuit suivante. Mais pas un autre jour

25 encore. Mais je suis plus certain, je crois, que c'était la première nuit.

Page 4546

1 Q. Monsieur le Témoin, je vais vous montrer la pièce de l'Accusation 129.

2 C'est difficile de voir quoi que ce soit sur la page de garde de la

3 couverte. Si vous voudriez bien juste feuilleter ce document, consultez les

4 différentes pages du document.

5 R. Oui, j'ai déjà vu ce document. Il ressemble au cahier dans lequel nous

6 notions des choses lorsque nous étions à nos positions à Lapusnik.

7 Q. Sur certaines pages figurent des pseudonymes.

8 R. Oui.

9 Q. Par exemple, Uka, Graniti, Minatori, Skifteri ?

10 R. Oui, oui. Je ne sais pas qui était Skifteri. Mais Cubi, Graniti, oui,

11 oui, je vois, je sais.

12 Q. Comment connaissez-vous ces noms-là ?

13 R. Parce qu'ils étaient des soldats à la position numéro 1.

14 Q. Et Motori. Est-ce que vous reconnaissez ce nom-là ?

15 R. Oui, il était aussi à la position 1. Uka aussi.

16 Q. Rambo ?

17 R. Oui, Rambo s'y trouvait aussi.

18 Q. Je vais vous demander, avec l'aide de l'Huissier --

19 M. WHITING : [interprétation] De passer à la page U0023486. Dans la version

20 anglaise, pour ceux qui l'ont, c'est à la page 33.

21 Pourrions-nous passer à l'affichage électronique.

22 Q. Est-ce que vous voyez qu'il y a une entrée à cette page concernant le

23 20 juillet 1998 à 10 heures 20, et il est dit : "Une voiture arrive de la

24 télévision centrale russe. Interprète Shaban Hoti." On y voit quelques

25 informations concernant cette personne. Puis, un certain nombre de noms

Page 4547

1 sont énumérés : "Galanov, Aleksander, Mamaev Viktor, Safiu Ulin," et puis

2 un numéro de plaque d'immatriculation.

3 R. Oui.

4 Q. Est-ce que vous reconnaissez quelques-unes de ces informations en

5 rapport avec l'histoire que vous nous avez racontée concernant les

6 journalistes russes ?

7 R. Enfin, c'est tout à fait similaire, si ce n'est que je ne me souviens

8 pas de cette voiture.

9 Q. Merci.

10 M. WHITING : [interprétation] On peut maintenant enlever ce document.

11 Je pense que c'est une heure appropriée.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous allons reprendre à 17

13 heures 50.

14 --- L'audience est suspendue à 17 heures 29.

15 --- L'audience est reprise à 17 heures 51.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Whiting.

17 M. WHITING : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

18 Q. Monsieur, à partir du moment de la journée où vous êtes rentré de

19 Orahovac jusqu'au moment où vous avez quitté Lapusnik, pourriez-vous nous

20 dire combien de fois vous avez vu Qerqiz ?

21 R. Pas très souvent.

22 Q. Est-ce que vous pouvez être en peu plus précis ?

23 R. Une fois. Lorsque nous nous dirigions vers Fustica pour des combats, je

24 l'ai vu, puis je l'ai vu ensuite une ou deux fois après cela, donc, deux ou

25 trois fois en tout.

Page 4548

1 Q. Vous nous avez déjà dit que vous l'aviez vu lorsque vous lui avait

2 parlé des journalistes Russes. Est-ce que vous l'avez vu avant de vous

3 rendre à Fustica pour les combats ?

4 R. Je ne m'en souviens pas, mais je pense l'avoir rencontré en soirée.

5 Q. Lorsque vous nous dites que vous le rencontriez en soirée, est ce que

6 cela signifie que vous le rencontriez et que vous le voyiez tous les

7 soirs ? Certains soirs seulement ? Vous l'avez rencontré un soir ?

8 R. Je l'ai rencontré certains soirs, pas tous les soirs, deux ou trois

9 fois, après ce que j'ai mentionné à propos des journalistes Russes.

10 Q. Lorsque vous l'avez rencontré à deux ou trois reprises, est-ce que cela

11 s'est passé avant ou après le moment où vous êtes allé à Fustica ?

12 R. Avant et après. Il y a quelque chose d'important. C'était la nuit du 25

13 juillet que je l'ai rencontré.

14 Q. Lorsque vous ne le voyez pas à Lapusnik; savez-vous où il se trouvait ?

15 R. Je savais qu'il était à Lapusnik. Je sais qu'il sortait très

16 régulièrement pour chercher ses deux soldats qui étaient restés à Orahovac,

17 et il le faisait notamment l'après-midi.

18 Q. Qui allait à la recherche de ces deux soldats hormis Qerqiz ?

19 R. Il y avait Ymer qui le faisait et peut-être qu'un des soldats allaient

20 avec lui également. Un ou deux autres.

21 Q. Quelle est la durée de temps la plus longue pendant laquelle il s'était

22 éloigné de Lapusnik pour chercher ces soldats ?

23 R. Il faut déjà trois ou quatre heures pour se rendre là-bas et chercher

24 quelqu'un.

25 Q. Est-ce que vous pensez que c'est la période de temps la plus longue

Page 4549

1 pendant laquelle ils ont quitté Lapusnik pour se mettre à la recherche des

2 soldats, ou est-ce qu'ils sont parfois partis de Lapusnik pendant plus

3 longtemps ? Est-ce que vous le savez ?

4 R. Je ne pense pas qu'il soit parti pour une période de temps plus longue

5 en général. En règle générale, il s'absentait durant une après-midi.

6 Q. Pendant cette période de temps, cette dernière semaine où vous étiez à

7 Lapusnik; avez-vous reçu un ordre afférent aux prisonniers ?

8 R. Oui.

9 Q. Pouvez-vous décrire ce qui s'est passé ?

10 R. Je pense que cela s'est passé pendant la première journée des combats à

11 Orahovac. Ce jour-là, il y a eu un pilonnage sur Lapusnik également pendant

12 un certain temps.

13 Q. Est-ce que cela s'est passé avant ou après que vous vous soyez rendu à

14 Orahovac ?

15 R. Cela s'est passé un jour auparavant.

16 Q. Que s'est-il passé ?

17 R. Je me trouvais dans la position et le Mesuesi est arrivé et m'a invité

18 à venir avec lui. C'était l'après-midi. Il était préoccupé et en chemin, il

19 m'a expliqué ce dont il s'agissait. Je pouvais voir qu'il était contrarié.

20 Dans un premier temps, j'ai pensé qu'il s'agissait d'un acte de

21 provocation.

22 Q. Sur quelle position vous trouviez-vous ?

23 R. J'étais à la position numéro 2.

24 Q. Vous nous dites qu'il vous a relaté ce dont il s'agissait en chemin.

25 Que vous a-t-il raconté ?

Page 4550

1 R. Il m'a dit que nous avions reçu des ordres afin de tuer tous ceux qui

2 se trouvaient dans la prison en bas.

3 Q. Que s'est-il passé ensuite ?

4 R. Nous y sommes allés, mais en chemin, nous avons parlé. Nous avons parlé

5 de ce dont il voulait me parler. Il a dit : Il n'y a personne là-bas.

6 Qerqiz n'était pas là. Ymer n'était pas là. Il m'a dit qu'il n'y avait

7 personne. Il m'a dit qu'il avait peur parce que la guerre faisait rage à

8 Orahovac et qu'il y avait de nombreux pilonnages où nous nous trouvions

9 également. Il avait peur d'une incursion des forces serbes au niveau de

10 notre position. Lorsqu'il m'a relaté cela, j'ai essayé de le convaincre que

11 nous ne courions aucun danger, hormis le pilonnage à distance. Ensuite nous

12 sommes allés dans la cour, et nous avons décidé -- où il a décidé de

13 rebrousser chemin et nous n'avons pas pénétré à l'intérieur.

14 Q. De quelle cour s'agit-il ?

15 R. De la cour de la prison, je pense.

16 Q. Est-ce qu'il vous a dit qui lui avait donné l'ordre de tuer les

17 personnes qui se trouvaient en prison ?

18 R. Il n'a pas mentionné de nom.

19 Q. Qu'avez-vous fait après avoir décidé de ne pas pénétrer à l'intérieur ?

20 R. Etant donné qu'il était convaincu que nous ne courions aucun danger,

21 comme je l'ai déjà dit tout à l'heure, il semblait contrarié. Nous sommes

22 partis. Nous n'avons pas pénétré à l'intérieur et puis nous n'avons plus

23 mentionné cela par la suite.

24 Q. Je vais maintenant aborder le thème de l'attaque des Serbes contre

25 Lapusnik, le 25 et 26 juillet. Où vous trouviez-vous lorsque cela s'est

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1 passé ?

2 R. J'étais au niveau de ma position.

3 Q. Est-ce que vous pouvez nous décrire ce qui s'est passé ?

4 R. Le matin, le garde nous a prévenus qu'il y avait des mouvements de

5 l'ennemi, et puis lorsqu'il a fait un peu plus jour, nous avons pu voir des

6 concentrations de forces qui venaient de Komorane. Et au niveau du poste de

7 contrôle de Komorane, nous avons vu deux convois de voitures blindées, des

8 blindés et de véhicules de transport de personnel militaire, et on pouvait

9 les voir assez loin. En fait, ils venaient dans la direction de Pristina,

10 et à 5 heures 20, ils ont commencé l'attaque. Ils ont pris des positions.

11 Certains se trouvaient sur la droite, d'autres sur la gauche, et ils ont

12 commencé à tirer sur les positions de l'UCK sur ce territoire. Ils ont

13 commencé à tirer tous ensemble.

14 Q. Est-ce que cela s'est passé le 25 ou le 26 ?

15 R. Le 25, je vous l'ai déjà dit. Je ne l'oublierai jamais. C'était le

16 matin du 25 juillet à 5 heures 20 du matin.

17 Q. Est-ce que les combats se sont poursuivis pendant cette journée ?

18 R. Les combats se sont poursuivis jusqu'à fort tard dans la nuit, vers 22

19 heures ou 23 heures. Nous pouvions entendre des tirs sporadiques même

20 pendant la nuit, jusqu'au moment où ils se sont rapprochés à quelques 200

21 mètres ou 300 mètres de nos positions. Le lendemain, ils ont recommencé à

22 tirer à nouveau.

23 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que nous

24 pourrions passer à huis clos partiel ?

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

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1 [Audience à huis clos partiel]

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19 [Audience publique]

20 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en audience publique.

21 M. WHITING : [interprétation]

22 Q. Témoin, est-ce que vous avez quitté Lapusnik à un moment donné ?

23 R. Oui.

24 Q. Vous souvenez-vous du moment où cela s'est passé ?

25 R. C'était le matin du 26.

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1 Q. Vous souvenez-vous comment vous êtes parti de Lapusnik ?

2 R. Nous sommes partis sans avoir reçu d'ordre précis. Nous nous sentions

3 extrêmement menacés, car non seulement les forces serbes étaient très, très

4 proches; elles avaient pénétré dans Lapusnik. Je me suis dit qu'au vu des

5 circonstances, je pouvais me retirer. Ce que j'ai fait. Je me suis dirigé

6 vers la colline qui arrive à Berisa; là, il y a des gens qui m'ont prêté

7 main-forte.

8 Q. En chemin, lorsque vous partiez de Lapusnik, est-ce que vous êtes passé

9 près de l'enceinte où se trouvait la prison ?

10 R. Oui. Les portes de la prison étaient ouvertes.

11 Q. Est-ce que vous pouviez discerner quoi que ce soit à l'intérieur ?

12 R. On n'entendait rien; je ne suis pas allé à l'intérieur.

13 Q. Où vous êtes-vous rendu lorsque vous avez quitté Lapusnik ?

14 R. Je suis allé à Berisa.

15 Q. Combien de temps êtes-vous resté à Berisa ?

16 R. Jusqu'au moment où j'ai bu un peu d'eau et j'ai poursuivi ma route vers

17 Novoselle.

18 Q. Etes-vous arrivé à Novoselle le même jour, le 26 ?

19 R. Oui. J'avais besoin de l'assistance d'un médecin.

20 Q. Savez-vous ce qu'il est advenu aux prisonniers de Lapusnik ? En avez-

21 vous entendu parler ?

22 R. Pas ce jour-là. Quelqu'un a dit qu'ils avaient été libérés et qu'ils

23 étaient partis avant nous.

24 Q. Est-ce que vous avez entendu quoi que ce soit plus tard ?

25 R. Deux jours après, j'ai entendu des bruits qui couraient suivant

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1 lesquels deux ou trois d'entre eux avaient accepté d'aider lors des combats

2 et qu'il y en avait un qui était allé avec Ymer porter des obus et un

3 canon, et pendant cela il a été blessé, et c'est là qu'Ymer a été tué. Il a

4 eu une blessure au bras.

5 Le 28, j'ai rencontré Qerqiz. Il m'a emmené dans sa voiture à Klecka et il

6 a dit qu'ils avaient tous reçu un document, et qu'ils avaient tous été mis

7 en liberté. Je lui ai posé cette question parce que les membres de leur

8 famille les réclamaient et il m'a dit : Ils sont libres maintenant.

9 Q. Il vous a conduit à Klecka que le 28, mais à partir de quel endroit ?

10 R. C'était entre Terpeze et Novoselle, c'est sur la route de Novoselle.

11 Q. Vous avez dit que vous avez entendu des bruits qui couraient suivant

12 lesquels deux ou trois prisonniers avaient aidé lors des combats. Est-ce

13 que vous pourriez nous dire comment vous avez entendu ces bruits qui

14 couraient ?

15 R. Il y en a un qui avait dit de façon express qu'il voulait aider. Il

16 était d'ailleurs avec Ymer lorsque ce dernier a été tué et il a lui-même

17 été blessé au bras. Il a ensuite transporté Ymer sur ses épaules jusqu'à

18 l'hôpital.

19 Q. Vous êtes-vous entretenu vous-même avec cette personne ?

20 R. Oui.

21 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais que nous

22 passions à huis clos partiel.

23 M. LE JUGE PARKER : Audience à huis clos partiel.

24 [Audience à huis clos partiel]

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17 [Audience publique]

18 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en audience publique.

19 M. WHITING : [interprétation] Merci.

20 Q. Qu'est-il arrivé à Ymer Alushani lors des combats ?

21 R. Il a été tué le matin.

22 Q. Qu'est-il advenu de sa dépouille ?

23 R. Je ne suis pas certain pour ce qui est de la date, mais après trois

24 jours, nous avons transporté son corps de Lapusnik, où il était resté

25 pendant trois jours. Il s'agissait du corps d'Ymer et de son arme.

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1 Q. Que s'est-il passé après ?

2 R. Nous l'avons enterré à Klecka.

3 Q. Avez-vous eu une conversation avec Celiku pour ce qui est justement de

4 récupérer le corps d'Ymer Alushani ?

5 R. Mon oncle et l'oncle d'Ymer et son frère -- je me suis contenté de les

6 accompagner. Ils nous ont parlé. Ils sont arrivés et ils ont dit qu'ils

7 n'avaient pas le droit de prendre le corps parce qu'il était dangereux

8 d'aller là-bas. C'était très dangereux de prendre le cadavre de quelqu'un;

9 ce n'est pas autorisé d'ailleurs.

10 Q. Vous étiez présent lorsque l'oncle et le frère d'Ymer ont eu une

11 conversation avec Celiku et c'est ce que vous en avez entendu parler

12 ultérieurement ?

13 M. MANSFIELD : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais

14 intervenir. Car une fois de plus, personne n'a rien dit, mais je dois dire

15 qu'il s'agit d'une question particulièrement directrice. Est-ce que vous

16 avez eu une conversation avec Celiku ? Je ne sais pas si la réponse vaut la

17 peine et il vous appartiendra d'en décider, mais je pense que c'est une

18 question qui n'émane pas de contexte. Si la question avait été : Que s'est-

19 il passé ? Vous l'avez enterré à Klecka ? La question suivante aurait dû

20 être : Est-ce que vous en avez parlé avec quelqu'un ? Je pense que nous ne

21 pouvons véritablement pas procéder de la sorte. Voilà ce que j'avance.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que la question émanait d'une

23 réponse qui avait été apportée à propos d'une conversation avec Celiku. La

24 réponse était : il s'agissait de mon oncle et du frère. Je pense c'est ce

25 qui a débouché sur cette question.

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1 M. MANSFIELD : [interprétation] Monsieur le Président, permettez-moi de

2 corriger. Ce n'est pas ce qui s'est passé. J'ai encore cela sur mon écran,

3 la question était comme suit : Qu'est-il advenu du corps ? Que s'est-il

4 passé ultérieurement ? Il n'est pas question de conversation. Ensuite

5 arrive la question directrice : Avez-vous eu une conversation avec Celiku ?

6 Nous ne souhaitons pas intervenir. Manifestement, il s'agit d'une question

7 directrice et ce n'est pas ainsi que l'on doit présenter les moyens de

8 preuve. Cela s'est passé déjà à maintes reprises, et nous essayons de ne

9 pas toujours intervenir. Mais la réponse n'a aucune valeur, alors je ne

10 pense pas que l'on puisse avoir ce genre de question s'il n'y a pas de

11 fondements, et je pense qu'il n'y en a pas.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Mansfield, je ne faisais que

13 reporter la source du problème. Ce n'était peut-être pas la question que

14 vous venez d'identifier, mais la question précédente, et c'est là où réside

15 la difficulté. Mais quoi qu'il en soit, je ne réfute pas votre proposition.

16 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, j'essaie tout

17 simplement d'attirer votre attention sur ce thème et j'essaie de faire

18 aussi rapidement que possible.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Attirer son attention sur ce thème

20 n'est pas quelque chose qui peut être considéré comme acceptable par la

21 Défense.

22 M. WHITING : [interprétation] Très bien. Alors, je peux tout a fait

23 procéder comme cela a été indiqué.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous pouvez procéder comme vous le

25 souhaitez, à condition de ne pas poser de questions directrices sur des

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1 sujets qui sont très sensibles.

2 M. WHITING : [interprétation] Je ne pensais pas qu'il s'agissait d'une

3 question si sensible.

4 Q. Monsieur, avez-vous jamais eu une conversation à propos du corps d'Ymer

5 Alushani ?

6 R. Je ne sais pas comment cela a été traduit, mais j'ai dit que l'oncle,

7 le frère, et moi-même, nous sommes partis à Klecka pour parler à Celiku. Je

8 ne suis pas rentré, moi. Je suis resté dehors dans le corridor et j'ai

9 discuté avec quelqu'un. Son oncle et son frère ont parlé avec Celiku, et

10 c'est eux qui ont reçu la réponse dont j'ai fait état.

11 Q. Pouvez-vous nous dire la réponse qu'ils vous ont racontée ? En fait,

12 concernant cette réponse qu'ils ont eue de Celiku.

13 R. La réponse de Celiku était, Non, vous ne devriez pas aller là-bas. Il a

14 dit, Si quelqu'un parmi mes soldats va là-bas, il se fera tirer dessus.

15 C'est cela sa réponse, et cela a été confirmé ultérieurement par son frère.

16 Tous les camarades d'Ymer, toute son unité le savait parce que son oncle

17 l'a confirmé également.

18 Q. Vous avez dit qu'après avoir quitté Lapusnik, vous êtes allé à Berisa

19 et puis Novoselle. Ensuite, où vous êtes-vous rendu ?

20 R. Au village de Lladrovc.

21 Q. Qu'avez-vous fait là-bas ?

22 R. Quelqu'un à Novoselle -- enfin, il y avait un médecin qui m'a donné les

23 premiers soins. J'ai obtenu des vêtements propres à Lladrovc, et l'après

24 midi, on a enterré le soldat qui avait été tué le 25 à Lapusnik. Nous avons

25 enterré Ali Zogaj ce jour-là.

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1 Q. Et le lendemain ?

2 R. Je suis resté à Lladrovc jusqu'au 28 matin, je suis resté là-bas.

3 Lorsque je me suis remis, je suis parti avec un tracteur jusqu'à Terpeze,

4 et de Terpeze, j'ai marché à pied jusqu'à Klecka. En route, Qerqiz m'a

5 donné un lift dans sa jeep, une jeep blanche assez vieille.

6 Q. Combien de temps êtes-vous resté à Klecka ?

7 R. Trois, quatre, cinq jours.

8 Q. Ensuite, où vous êtes-vous rendu ?

9 R. Je suis allé au village de Nekovce.

10 Q. Qu'avez-vous fait là-bas à Nekovce ?

11 R. On s'est retrouvé là-bas avec des soldats de Lapusnik. Nous avons formé

12 une unité et nous avons pris position à l'entrée du village de Nekovce.

13 Q. Combien de temps êtes-vous resté à Nekovce ?

14 R. Jusqu'au 20 septembre.

15 Q. Vous avez dit que vous avez retrouvé des soldats de Lapusnik et vous

16 avez formé une unité. De combien de soldats s'agissait-il ?

17 R. Huit personnes.

18 Q. Est-ce que ce chiffre est resté stable jusqu'au 20 septembre ?

19 R. Peut-être que deux ou trois autres nous ont rejoint, mais

20 habituellement, on n'était jamais plus que sept, huit, au maximum 9.

21 Q. En général, qu'est ce que vous faisiez jusqu'au 20 septembre ?

22 R. On attendait de voir ce qui se passait. En août, il y a eu une attaque

23 contre le village, Nekovce, Kishna Reka, Shale, Bajice, et ce jour-là, on a

24 combattu toute la journée dans la vallée de Nekovce, uniquement notre

25 unité. Mais il y avait également une autre unité à Nekovce, mais ce jour-

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1 là, ils n'ont pas participé au combat. Ils se sont retirés avec la

2 population vers les montagnes.

3 Q. Est-ce que l'unité et la population qui se sont retirées dans les

4 montagnes, est-ce qu'ils sont jamais revenus à Nekovce pendant que vous y

5 étiez ?

6 R. Oui. En fait, après les combats de ce jour-là, des combats âpres, comme

7 je vous le disais, plusieurs personnes ont été tuées du village de Nekovce.

8 Quelques jours plus tard, les forces serbes se sont retirées. Plusieurs

9 jours plus tard, la population est revenue vers leurs foyers, au fur et à

10 mesure, et l'unité est revenue avec la population.

11 Q. Au cours de cette période, jusqu'au 20 septembre, est-ce que vous avez

12 eu des contacts avec Celiku ?

13 R. Oui.

14 Q. Pouvez-vous nous décrire la nature de ces contacts ?

15 R. Il y avait eu une dispute entre l'unité qui était revenue, celle de

16 Nekovce, et notre unité. Nous leur avions demandé de prendre des positions

17 dans le village de Divjak, mais ils avaient refusé. Ils étaient retournés à

18 Nekovce. Ils nous avaient demandé de, nous, aller à Divjak. On leur a dit,

19 Mais vous avez quitté les lieux le jour du combat, alors c'est à vous

20 d'aller à Divjak. Alors on s'est réuni, et au cours de cette réunion, on

21 n'a pas pu arriver à une décision, et donc il y a eu une querelle à ce

22 sujet. Celiku a désarmé certains d'entre eux. Neuf personnes de cette

23 unité, plus précisément, de cette unité de Nekovce, ont été désarmées. Il

24 voulait encore en désarmer deux ou trois de notre unité. Quant à moi, il

25 m'a dit que je devais aller ailleurs avec une autre personne; je devais

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1 aller à Terpeze.

2 Q. Est-ce que vous vous souvenez à quel moment ceci s'est produit ?

3 R. Je suis allé à Terpeze le 19 ou le 20 septembre.

4 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, pouvons passer à huis

5 clos partiel.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

8 [Audience à huis clos partiel]

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18 [Audience publique]

19 M. WHITING : [interprétation]

20 Q. Monsieur le Témoin, êtes-vous resté dans la zone de Llap jusqu'à la fin

21 de la guerre ?

22 R. Oui. Pas jusqu'à la fin, parce que fin avril je suis passé dans la zone

23 Karadak.

24 Q. Pendant la période que vous avez passée dans la zone Llap, est-ce que

25 vous y aviez vu des prisons ?

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1 R. Oui.

2 Q. Où les avez-vous vues ?

3 R. Deux personnes ont été arrêtées et détenues à Potok. Deux personnes que

4 j'ai vues. Quant à deux ou trois autres personnes, on les a gardées dans le

5 village de Burice.

6 Q. Ces personnes, savez-vous si elles étaient serbes ou albanaises ?

7 R. Non. Elles étaient toute albanaises.

8 Q. Aviez-vous la moindre information quant aux raisons de leur détention ?

9 R. Les deux personnes qui se trouvaient à Potok avaient constitué une

10 unité dans le village de Brastice, une unité de l'UCK, et ont été arrêtées

11 sur place. On alléguait qu'ils avaient pris l'initiative de constituer

12 cette unité. L'un d'entre eux avait été inspecteur dans la police serbe. Il

13 était albanais. L'autre était un citoyen de Pristina. Dans le village de

14 Burice se trouvaient quelques voleurs qui avaient été arrêtés.

15 Q. Vous souvenez-vous quand vous avez vu les détenus à Potok ?

16 R. Oui, le 5 je suis arrivé à Potok. Le 6 je les ai vus. Le 6 octobre

17 donc.

18 Q. Y a-t-il eu un moment où vous vous êtes disputé avec un prisonnier ?

19 R. Non, cela est peut-être un malentendu. Il y en avait trois, et -- ils

20 étaient libres, ils étaient dans l'oda. Nous sommes sortis devant la prison

21 nous promener avec une personne qui avait été un inspecteur. Au bout d'une

22 demi-heure je voulais rentrer, deux jeeps sont arrivées et ont emmené les

23 prisonniers.

24 D'après les explications que j'ai eues, ils soupçonnaient que

25 j'aurais voulu tuer cet inspecteur de police. Ils soupçonnaient que

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1 quelqu'un de Drenica m'avait envoyé sur place pour tuer cet inspecteur,

2 mais c'était faux.

3 Q. Où cela s'est-il passé, l'incident que vous décrivez ?

4 R. A Potok le 6 octobre. La même nuit je suis rentré à Burice afin de ne

5 pas me retrouver au même endroit que les autres. Comme je l'ai dit, ces

6 deux personnes arrêtées se sont vues restituer leurs armes et ont constitué

7 une unité sur le territoire de la Llap.

8 Q. Y a-t-il eu un moment où vous avez frappé un prisonnier ?

9 R. C'est arrivé à Burice et non à Potok, plusieurs jours plus tard. Cela

10 s'est passé dans le village de Burice, comme je l'ai dit. Il y avait des

11 voleurs qui avaient pillé la population civile, qui avait un comportement

12 très provocateur concernant les barbes. Personne dans la zone Llap n'avait

13 de barbe, c'était interdit. Cela a été la raison de notre dispute, et j'ai

14 frappé l'un des prisonniers plusieurs fois, deux ou trois fois.

15 Q. Est-ce que vous l'avez frappé en lui donnant un coup de poing ou avec

16 autre chose ?

17 R. Oui, il y avait quelque chose à l'intérieur, dont j'ai tenté de

18 m'emparer. Je voulais le frapper avec cela sur son corps, mais je sais que

19 je l'ai giflé. Je ne lui ai pas donné de coups de poing, je n'avais pas

20 l'intention de lui faire de mal, je voulais simplement faire cesser les

21 provocations, et en effet il a cessé de me provoquer.

22 Q. Monsieur le Témoin, j'aimerais vous montrer la pièce à conviction de

23 l'Accusation 169. Je vais vous demander de vous reporter aux pages 7029 à

24 7031.

25 M. WHITING : [interprétation] Pages 23 à 25 dans la version anglaise.

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1 Q. Est-ce que vous voyez sur ces pages ? Il y a des entrées, des

2 inscriptions, où l'on peut lire le 10 mai, le 18 mai 1998, le 21 mai. Cela

3 va jusqu'au 28 juillet, puis il y a une entrée simplement inscrite comme

4 étant mois de juillet.

5 R. Je les vois.

6 Q. Est-ce que vous savez quand ces entrées ont été notées dans ce cahier ?

7 R. Ces entrées ont été consignées beaucoup plus tard. Il s'agissait de

8 feuilles volantes que l'on a retrouvées dans mes poches, et qui ont sans

9 doute été rédigées au mois d'août ou de septembre à Nekovce. Mais afin de

10 ne pas les perdre, j'ai écrit cela sous forme de courtes phrases.

11 Q. Quand vous dites que vous -- quand vous dites que ces entrées ont été

12 écrites au mois d'août ou au mois de septembre, vous entendez par là,

13 1998 ?

14 R. 1998.

15 Q. Est-ce que je peux attirer votre attention sur l'entrée en date du 22

16 juin. Est-ce que vous voudriez bien lire cette entrée ?

17 R. Est-ce que je devrais en donner lecture ?

18 Q. S'il vous plaît, juste pour le 22 juin.

19 Q. "Tout a pris une direction différente au sein de l'UCK maintenant. La

20 vie de chaque soldat devenait presque insupportable. Dans la zone de

21 Celiku, différents types de patrouilles, d'unité de contrôle et d'autres

22 types de mascarades."

23 Q. Est-ce que vous vous souvenez à quoi cette entrée fait allusion ?

24 R. Cela se réfère à différentes arrestations qui avaient été faites, aussi

25 au fait que certains soldats ont été désarmés; les soldats auxquels on a

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1 repris leurs armes. Des événements de ce type. On peut voir qu'à Lapusnik,

2 ils se souciaient peu de ce qui s'y passait. On traitait les soldats comme

3 s'ils avaient très peu de valeur. Tout était décidé par ce qui était les

4 supérieurs hiérarchiques. Ceux qui avaient les postes de commandement, même

5 si vous aviez besoin de nourriture, ou d'aller rendre visite à votre

6 famille, il fallait attendre que Qerqiz ou quelqu'un d'autre vous en donne

7 la permission, simplement pour entrer à la maison, si quelqu'un était

8 malade ou dans des situations similaires.

9 Q. Merci, Monsieur le Témoin.

10 M. WHITING : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si vous souhaitez commencer votre

12 contre-interrogatoire ce soir, M. Mansfield, vous êtes libre de le faire,

13 mais vu l'heure, il serait peut-être souhaitable de commencer demain après-

14 midi.

15 M. MANSFIELD : [interprétation] Oui, si vous me le permettez. Merci.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Comme il ne nous reste plus que cinq à

17 six minutes, nous allons maintenant lever la séance, et nous retrouver

18 demain dans l'après-midi à 14 heures 15.

19 M. TOPOLSKI : [interprétation] J'aimerais juste soulever une question.

20 Monsieur le Président, Messieurs, Madame, les Juges, nous avons fait de

21 notre mieux la semaine passée en l'absence de M. Limaj de vous donner les

22 meilleurs garanties possibles concernant le déroulement de la semaine. Ce

23 que nous anticipons, comme étant notre position. Monsieur le Président, je

24 ne sais pas très bien combien de temps va durer le contre-interrogatoire de

25 Me Mansfield, mais il m'a dit, comme il vous l'a dit aussi, en tout cas,

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1 une bonne partie de la journée de demain, sans doute toute la journée de

2 demain.

3 Nous nous en tenons aux assurances que nous vous avons données.

4 J'aimerais simplement dire que dans une affaire aussi importante et par

5 rapport à un témoin aussi important, je sais que la Chambre ne souhaiterait

6 pas que mon client ait le sentiment que son avocat doive hâtivement mener

7 un contre-interrogatoire aussi important. Je ne peux pas très bien

8 anticiper, mais la Chambre peut très bien juger du fait que lorsqu'un

9 interrogatoire principal a duré trois jours, il y a énormément de matière

10 qui pourrait donner lieu au contre-interrogatoire. Je souhaiterais ne pas

11 faire l'objet de pression dans de telles circonstances, et être libre de

12 voir comment les choses vont progresser en demandant à la Chambre de garder

13 à l'esprit que si personne n'a pris d'autres dispositions, jeudi reste une

14 possibilité. Ou peut-être que ce n'est pas le cas aux yeux de la Chambre.

15 Vous verrez que je soulève cette question par excès peut-être de prudence.

16 J'hésite un petit peu à le faire, parce que je ne voudrais pas du tout

17 contredire ce que la Défense a présenté à la Chambre la semaine passée. Il

18 m'a semblé que cela valait la peine de soulever la question maintenant

19 alors que nous avions quelques minutes de plus.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Comme vous le

21 comprenez sans doute, pour jeudi la Chambre voulait veiller à ce qu'il y

22 ait suffisamment de temps, parce que nous avons anticipé, en effet,

23 l'importance du témoignage de ce témoin et du contre-interrogatoire. Il n'a

24 pas été possible finalement de déborder sur jeudi ou vendredi pour des

25 raisons de santé. Cela n'a pas été une perte de temps. Nous avons trois

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1 jours d'audience cette semaine. Vous aviez formulé l'espoir que cela

2 suffirait, mais cela ne sera pas forcément suffisant.

3 M. TOPOLSKI : [interprétation] Je l'espère toujours.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je peux seulement vous dire que j'ai

5 pris des dispositions concernant d'autres affaires pour jeudi. Je peux

6 peut-être réaménager la journée, mais je n'ai pas consulté mes collègues,

7 les deux autres membres de la Chambre. Donc, je ne sais pas encore s'il

8 sera possible de siéger jeudi. Je crains que ce ne sera sans doute pas le

9 cas.

10 M. TOPOLSKI : [interprétation] Je vous remercie, Madame et Messieurs les

11 Juges. J'essaierai de m'y adapter.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Je vous remercie.

13 Nous allons suspendre l'audience et poursuivre demain à

14 14 heures 15. Merci.

15 --- L'audience est levée à 18 heures 58 et reprendra le mardi 22 mars 2005,

16 à 14 heures 15.

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