Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le vendredi 1er avril 2005

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 06.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Monsieur Kereakes, j'aimerais

7 vous rappeler que vous avez prononcé une déclaration solennelle au début de

8 votre témoignage, et que cette déclaration continue de s'appliquer.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Whiting, c'est à vous.

11 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

12 D'abord, avant de poser des questions au témoin, compte tenu du compte

13 rendu hier, lorsque le témoin est revenu sur la déclaration qu'il a

14 recueillie à l'intercalaire A, je n'ai pas fait figurer au compte rendu au

15 numéro ERN; j'aurais dû le faire. Cette déclaration a pour numéro ERN

16 03230793 jusqu'à 0803.

17 LE TÉMOIN: ANARGYROS KEREAKES [Reprise]

18 [Le témoin répond par l'interprète]

19 Interrogatoire principal par M. Nicholls : [Suite]

20 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur.

21 R. Bonjour.

22 M. NICHOLLS : [interprétation] Pouvons-nous passer en audience à huis clos

23 partiel, s'il vous plaît.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

25 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

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1 [Audience à huis clos partiel]

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12 [Audience publique]

13 M. NICHOLLS : [interprétation]

14 Q. Monsieur Kereakes, simplement éviter de prononcer le nom de "la

15 personne" que nous allons évoquer maintenant.

16 Est-ce que vous avez montré à ce témoin d'autres planches photographiques ?

17 R. Oui.

18 Q. Quelles planches avez-vous montrées ?

19 R. U-1 et U-2.

20 Q. Pourriez-vous nous dire rapidement - je sais que vous l'avez déjà fait

21 - quel type de procédure vous appliquez dans ce cas lorsque vous montriez

22 ces photos au témoin ?

23 Q. A ce moment-là, je plaçais la planche photographique sur une table,

24 j'accompagnais le témoin dans la pièce. A ce moment-là, je lui demandais de

25 regarder chaque photographie séparément, de prendre le temps nécessaire, et

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1 d'entourer d'un cercle le numéro correspondant au suspect qui lui avait

2 fait du mal ou qu'il l'avait détenu au centre de détention.

3 Q. Le témoin a-t-il reconnu ou choisi quelqu'un sur cette planche

4 photographique U-1 et U-2 ?

5 R. Oui.

6 Q. Pourriez-vous me dire quelque chose à propos de U-1, s'il vous plaît.

7 Qu'a dit le témoin, qu'a-t-il fait ?

8 R. Il a reconnu formellement Isak Musliu comme étant le suspect dont il a

9 donné le nom.

10 Q. Qu'en est-il de U-2 ?

11 R. Les deux témoins ont formellement reconnu Fatmir Limaj comme étant le

12 suspect dans ce cas-là.

13 Q. Est-ce que c'est quelque chose que vous avez consigné dans la

14 déclaration de témoin ?

15 R. Oui, tout à fait.

16 Q. Est-ce que le témoin a signé U-1 et U-2 dans ce cas ?

17 R. Oui.

18 Q. Qu'avez-vous fait de ces planches photographiques U-1 et

19 U-2 une fois que vous vous en étiez servi ?

20 R. Je les ai annexées à la déclaration.

21 Q. Pourrions-nous passer à huis clos partiel, s'il vous plaît ?

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

23 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

24 [Audience à huis clos partiel]

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9 [Audience publique]

10 M. NICHOLLS : [interprétation]

11 Q. A l'origine cette déclaration a-t-elle été rédigée à la main ou tapée à

12 la machine ?

13 R. Elle a été rédigée à la main.

14 Q. Quand la déclaration tapée à la machine a-t-elle été retranscrite ?

15 R. Lorsque je suis retourné dans mon bureau à la CCIU.

16 Q. Vous souvenez-vous si cette version tapée à la machine correspond mot

17 pour mot à la version manuscrite ?

18 R. Il y avait quelques corrections que j'aurais peut-être apportées.

19 Q. Pourquoi ?

20 R. Parce que je prends souvent les notes en sténo. Au lieu de mettre, par

21 exemple, des planches photographiques des suspects, peut-être que je

22 mettais simplement le numéro U-1 au lieu de mettre suspect numéro 1, je

23 mettais simplement un symbole et un 1 et ensuite, un S à coté. C'était ma

24 façon de prendre des notes.

25 Q. Lorsque vous aviez cette version manuscrite et que vous la

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1 retranscriviez, est-ce que cette nouvelle version était signée par le

2 témoin ?

3 R. Non.

4 Q. Pourquoi cela ? Pourquoi non ?

5 R. Parce que mes notes étaient en anglais, un témoin ne pouvait pas signer

6 une déclaration en anglais, dans une langue qu'il ne comprenait pas; je

7 procédais de cette manière. J'emmenais la déclaration qui avait été rédigée

8 à la main par moi, à partir de mes notes; ensuite, je la tapais et ensuite,

9 je lui demandais de venir et je demandais que cette version soit traduite

10 pour qu'il la signe dans sa langue maternelle.

11 Q. Je vais vous demander de regarder la déclaration qui se trouve à

12 l'intercalaire numéro 6, encore une fois, en vous demandant de ne pas citer

13 de noms.

14 M. NICHOLLS : [interprétation] Pour les besoins du compte rendu d'audience,

15 il s'agit du numéro 03231247 jusqu'à 1261. Encore une fois, pour les

16 précédentes déclarations, j'ai omis de citer des numéros de références qui

17 sont les suivants : 03231050 à 1054.

18 Q. Monsieur le Témoin, avez-vous retrouvé le texte ?

19 R. Oui.

20 Q. Pourriez-vous regarder la page 10 qui est une page manuscrite, c'est la

21 dernière page de vos notes. Puis-je attirer votre attention sur la partie

22 en bas, à droite de la page où il est écrit : "U-1 et le numéro 4 semble

23 familier. Je n'en suis pas sûr."

24 R. Oui, effectivement, j'y suis.

25 Q. Vous souvenez-vous avoir écrit ceci dans les notes que vous avez prises

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1 au cours de l'entretien ?

2 R. Oui, c'est effectivement mon écriture.

3 Q. Je vais maintenant vous demander de vous reporter à la

4 page 4 de la déclaration qui a été tapée à la machine et si cela peut vous

5 aider, le numéro qui se trouve en haut de la page est 0323-253 [comme

6 interprété].

7 R. Oui, j'y suis.

8 Q. Vers le bas de la page, il est dit : J'ai regardé les photographies

9 concernant numéro 1 et numéro 4. Cela me semble être quelque chose que je

10 connais. Cela devrait correspondre à Lapusnik, mais je ne suis pas sûr.

11 Lapusnik ?

12 R. Oui.

13 Q. Pourriez-vous m'expliquer quelle différence il y a entre cette phrase

14 tapée à la machine que vous venez de regarder et ces mots qui ont été

15 ajoutés, à savoir, "Lapusnik." Ceci ne figurait pas dans vos notes

16 manuscrites.

17 R. Mais néanmoins, c'est une question que je lui avais posée.

18 Q. Pourriez-vous nous fournir une explication, s'il vous plaît, à cet

19 égard. Quelle question ?

20 R. Lorsque j'ai demandé si ces planches photographiques, les personnes qui

21 s'y trouvaient avaient quelque chose à voir avec le centre de détention de

22 Lapusnik, ce serait une réponse à la question initiale où je lui avais

23 demandé de regarder ces photos et de me dire s'il avait vu des suspects à

24 Lapusnik, s'il s'agissait des suspects qu'il avait passés à tabac. Cela

25 dépendait des témoins, de ce que les témoins m'avaient dit, mais cela était

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1 très logique et c'est évidemment normal que ceci figure ici, dans cette

2 déclaration.

3 Q. Très bien. Encore une fois, si vous regardez la déclaration tapée à la

4 machine, plus particulièrement pages 2 et 3, il y a un certain nombre

5 d'annotations manuscrites qui ont été apportées ici; est-ce que vous y

6 êtes ?

7 R. Oui.

8 Q. Est-ce vous qui avez fait ces annotations manuscrites et savez-vous de

9 quoi il s'agit ?

10 R. Oui et ce qui s'est passé, c'est ceci : je n'avais pas encore pris

11 rendez-vous car si vous regardez la date, j'ai quitté la CCIU peu de temps

12 après et le témoin ne pouvait pas venir signer sa déclaration; mes

13 collègues qui ont repris l'affaire l'ont fait venir, lui ont fait relire la

14 déclaration et c'est lui qui a apporté les modifications; les modifications

15 ont été apportées à la version albanaise et ensuite, évidemment,

16 retranscrites dans la version anglaise.

17 M. GUY-SMITH : [interprétation] Objection. Infondé.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pardonnez-moi, je n'ai pas compris

19 pourquoi vous faites objection.

20 M. GUY-SMITH : [interprétation] Infondé, manque de connaissances à l'égard

21 du témoignage de ce témoin et par rapport à ce que d'autres personnes ont

22 fait, lorsque, apparemment, il était déjà parti.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

24 Monsieur Nicholls.

25 M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais poser d'autres questions, Monsieur

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1 le Président.

2 Q. Etiez-vous présent lorsque ces corrections ont été apportées ?

3 R. Non.

4 Q. Si vous regardez le bas de la page les corrections, ici, qui ont été

5 apportées à la date du 1er avril 2002.

6 R. Oui.

7 Q. Il y a sept ans, en réalité. Pourriez-vous nous indiquer quelle est la

8 signature qui se trouve en bas de la page, ici ?

9 R. Oui.

10 Q. Trois ans en arrière, même plus loin en arrière. Qui est-ce ?

11 R. Ce serait Andreas Manthey.

12 Q. Vous êtes sûr du nom de famille ?

13 R. Il est vrai que j'ai toujours eu du mal à prononcer son nom.

14 Q. Vous souvenez-vous de cette personne ?

15 R. Oui. C'était l'enquêteur allemand qui a repris l'affaire en main après

16 mon départ.

17 Q. Vous n'étiez pas présent lorsque des corrections ont été apportées à

18 cette déclaration ?

19 R. C'est exact. J'ai simplement vu que cela avait été paraphé par lui à

20 l'endroit où les corrections ont été faites.

21 Q. Pour revenir au 16 janvier 2002, lorsque vous avez recueilli cette

22 déclaration au domicile du témoin, avez-vous suivi la même procédure que

23 vous nous avez décrite en matière de présentation de planches

24 photographiques ?

25 R. Oui.

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1 Q. Vous souvenez-vous de la planche photographique que vous avez montrée à

2 ce témoin ?

3 R. Oui. U-1 et U-2.

4 Q. Lorsque le témoin a consulté la planche photographique U-1, qu'a-t-il

5 dit ? Est-ce qu'il a reconnu quelqu'un ?

6 R. Si je pouvais consulter mes notes, je pourrais vous indiquer

7 exactement, mot pour mot, ce qu'il en a été.

8 Q. Alors, il s'agit de la page 4 de la version dactylographiée de la

9 déclaration ou de la page 10 de la version manuscrite.

10 R. Il a regardé U-2 et il a reconnu formellement Fatmir Limaj.

11 Q. Avez-vous consigné dans quelle position se trouvait Fatmir Limaj sur

12 cette planche photographique U-2 ?

13 R. Oui, il s'agissait du numéro 3.

14 Q. Comme d'habitude, est-ce que vous avez demandé au témoin d'entourer le

15 numéro 3 et de signer la déclaration ?

16 R. Oui.

17 Q. Pour ce qui est de la planche photographique ?

18 R. Je l'annexais à la déclaration.

19 Q. Qu'en est-il de U-1 ?

20 R. Je me souviens qu'à propos de U-1, il a dit que le suspect lui

21 paraissait ou qu'il semblait connaître le suspect, mais il n'a pas été en

22 mesure de le reconnaître formellement.

23 Q. Est-ce que le témoin a donné le nom d'Isak Musliu ? J'essais juste de

24 préciser votre réponse.

25 R. Si je pouvais consulter mes notes pendant un petit moment, je m'en

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1 souviendrais.

2 Il a dit numéro 4, et il a dit qu'Isak -- il se trouve qu'Isak Musliu

3 était le numéro 4 sur cette planche photographique, mais il n'en était pas

4 absolument sûr et certain. Ce qui fait que je me suis contenté de consigner

5 cela dans mes notes, j'ai mis cela -- j'ai mis la planche photographique en

6 annexe avec les notes qui étaient écrites à propos de la planche

7 photographique.

8 Q. Si vous jetez un œil sur vos notes -- excusez-moi, je vous demanderais

9 de biffer cela.

10 Merci, Monsieur Kereakes. Je n'ai plus de questions à vous poser.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Micholls.

12 Maître Mansfield.

13 Contre-interrogatoire par M. Mansfield :

14 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Kereakes. Je représente les intérêts

15 de M. Fatmir Limaj avec Me Khan qui se trouve à ma droite.

16 R. Bonjour.

17 Q. Je voudrais, dans un premier temps, vous poser la question suivante : à

18 propos des procédures d'identification, j'aimerais savoir dans quelle

19 mesure vous avez acquis de l'expérience pour vous mener à ce genre

20 d'exercice, dans ce cas d'espèce. Premièrement, lorsque vous vous trouviez

21 aux Etats-Unis, avant de vous rendre au Kosovo, j'aimerais savoir si vous

22 aviez eu la possibilité de traiter et de vous occuper d'identification à

23 partir de planches photographiques ?

24 R. Oui.

25 Q. Est-ce que vous connaissiez les procédures, les protocoles ainsi que

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1 les principes directeurs qui prévalaient en Illinois et à Chicago,

2 notamment, à cette époque-là et à savoir, pendant l'époque qui a précédé

3 votre départ pour le Kosovo ?

4 R. Oui.

5 Q. Connaissiez-vous les paramètres, les facteurs pris en considération par

6 les tribunaux américains pour évaluer la fiabilité de toute identification

7 émanant de la présentation de planches photographiques ?

8 R. Oui, je connais ces facteurs.

9 Q. Au vu de vos réponses, j'aimerais vous demander ce que stipule le code

10 de procédures pénales de l'état d'Illinois à propos, justement, de planches

11 photographiques ?

12 R. C'est une question assez générale. Il faudrait que je consulte le code

13 pénal de l'Illinois --

14 Q. Non, j'aimerais vous demander si vous savez ce que stipule le code et

15 si vous ne vous souvenez pas de tous les détails, je le comprendrais tout à

16 fait. Mais j'aimerais savoir ce qu'il en est en matière de protections et

17 en matière de principes directeurs mis en place avant que vous ne vous

18 rendiez au Kosovo.

19 M. NICHOLLS : [interprétation] Je m'excuse. Il s'agit de deux questions

20 différentes. Le témoin nous a dit qu'il connaissait les procédures de la

21 police. La police qui, d'ailleurs, à ses propres critères, sa propre

22 procédure, sa propre formation et différente du code pénal utilisé par les

23 tribunaux.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je suis absolument convaincu que M.

25 Kereakes sera en mesure de fournir cette explication, si c'est ce qu'il

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1 souhaite indiquer.

2 M. MANSFIELD : [interprétation]

3 Q. Monsieur Kereakes, j'aimerais savoir quelles étaient les mesures de

4 protections en vigueur et mises en application par la police aux Etats-

5 Unis, avant que vous ne vous rendiez au Kosovo et je pense toujours à la

6 présentation de planches photographiques.

7 R. Je peux vous indiquer la formation que j'ai reçue à l'école de police.

8 Q. Fort bien.

9 R. Mais je ne savais pas ce qu'il en était des autres états. Je peux tout

10 simplement vous indiquer quelles formations j'ai reçu et comment j'ai

11 utilisé ce système en tant qu'officier de police à Chicago.

12 Q. Est-ce que vous pouvez le faire ?

13 R. Tout à fait. On nous a appris que lorsqu'il y a présentation de

14 planches photographiques, tout cela doit être juste et équitable. En

15 d'autres termes, les critères doivent être semblables. Je vous l'ai

16 expliqué, hier. Si vous avez quelqu'un qui portait des lunettes et que

17 c'est votre suspect, il faut absolument que les cinq personnes que vous

18 allez utiliser dans cette planche photographique portent, également, des

19 lunettes. Si le suspect est chauve, il faut vous assurer, également, que

20 les autres personnes soient chauves. Il faut que vous ayez les mêmes signes

21 distinctifs. Si l'un des suspects porte un bouc, tous les autres suspects

22 doivent un bouc.

23 Vous ne voulez pas qu'un signe distinctif permette d'identifier le témoin,

24 alors que les autres suspects ne présentent pas ce signe distinctif. Vous

25 ne voulez jamais -- il ne faut jamais qu'on influence le témoin ou la

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1 victime en utilisant, par exemple, les photos et en posant la question

2 suivante : est-ce que ce numéro 2 est connu de vous ? Que pensez-vous du

3 numéro 3 ? Ou regardez à nouveau numéro 2 ? Il faut que vous vous taisiez,

4 il faut que vous attendiez, que vous donniez à la personne la possibilité

5 de consulter et de regarder cela et lui donner le temps de dire : il s'agit

6 du numéro 4 ou alors, je suis absolument sûr qu'il s'agit du numéro 3. Vous

7 pouvez consigner tout cela dans vos notes.

8 Au Kosovo, il était toujours très difficile de trouver des photos. Ce qui

9 fait que nous avons utilisé les bases de données qui avaient été collectées

10 à ce moment sur le terrain et c'est ainsi que nous procédions pour notre

11 présentation de planches photographiques. Mais à Chicago, je peux tout

12 simplement aller prendre la photo de six personnes dans la rue et les

13 utiliser pour une parade d'identification ou alors, je peux demander des

14 photos à notre base de données de photos. C'était un peu plus difficile là-

15 bas.

16 Q. C'est tout ce que vous avez appris à Chicago ?

17 R. Oui.

18 Q. Voilà ce que j'avance : si tel est le fruit de l'enseignement que vous

19 avez reçu, on ne vous a pas instruit en matière de procédures fondamentales

20 qui doivent être utilisées dans le domaine des parades d'identification, à

21 partir de planches photographiques ou alors, vous les avez oubliées ?

22 R. Il est possible que je les aie oubliées.

23 Q. Est-ce que cela est possible ? Je vais en venir à la procédure

24 fondamentale parce que je vais vous l'indiquer très clairement pour que

25 vous sachiez quel est mon but. J'avance que ce qui s'est passé au Kosovo et

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1 ce qui a été fait était le fruit d'une approche particulièrement peu

2 sophistiquée qui vous a permis d'identifier des personnes et j'indique

3 qu'il y a des principes fondamentaux qui ont été enfreints par vous.

4 R. Je pense que cela est votre point de vue.

5 Q. Vous pouvez souhaiter ou croire ce que vous voulez, mais comprenez-vous

6 ce que j'avance ?

7 R. Oui.

8 Q. Très bien. Une fois que vous êtes arrivé au Kosovo, hier, vous avez

9 indiqué qu'à un moment donné, vous avez reçu une formation lorsque vous

10 avez rallié l'unité d'enquête et que cette formation vous avait été

11 octroyée, en quelque sorte, par un officier du RUC du Royaume-Uni.

12 R. C'est exact.

13 Q. Est-ce que cet officier vous a fait suivre une formation en matière de

14 parades d'identification et à partir de planches photographiques ?

15 R. Oui, nous les avons étudiées.

16 Q. Très bien. Quel type de formation avez-vous reçu de sa part ?

17 R. C'est un peu semblable à ce que je vous ai expliqué un peu plus tôt.

18 Q. C'est tout ? Il s'agit de ces principes, principes de justice,

19 d'impartialité; vous avez indiqué les facteurs qui permettent de garantir

20 que les signes distinctifs sont semblables pour toutes les personnes qui se

21 trouvent présentées sur la planche photographique et que vous ne pouvez pas

22 exercer d'influence sur le témoin en lui indiquant tel ou tel autre choix ?

23 R. Oui. J'ai oublié d'indiquer que vous demandez à toutes les victimes et

24 à tous les témoins, son point de vue à propos de la planche photographique.

25 Vous ne le faites pas avec toutes les victimes et les témoins.

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1 Q. Je vois. Alors, ce que j'aimerais avancer, si c'est tout ce que vous

2 avez appris, c'est que certains des principes fondamentaux qui sont

3 valables au Royaume-Uni, n'ont pas été pris en considération, une fois que

4 vous vous êtes trouvé au Kosovo. Est-ce que vous comprenez cela ?

5 R. Il est possible que j'aie oublié certaines des procédures, puisque cela

6 s'est passé il y a trois ans et demi.

7 Q. Je comprends cela. Est-ce que vous travaillez toujours pour la police ?

8 R. Je suis en congé de disponibilité pour le moment.

9 Q. Quand est-ce que vous avez travaillé pour la dernière fois pour la

10 police ?

11 R. En octobre 2003.

12 Q. Après votre départ du Kosovo, vous avez travaillé, à nouveau, pour la

13 police ?

14 R. Oui. Pour environ sept mois.

15 Q. Depuis combien de temps avez-vous pris ce congé de disponibilité ?

16 R. C'est exact.

17 Q. Alors, je ne voudrais pas véritablement aborder des problèmes ou des

18 questions d'ordre privé, mais est-ce que cela a quelque chose à voir avec

19 votre santé ?

20 R. Non, comme je vous l'ai expliqué hier, j'ai accepté un contrat auprès

21 du département d'état des Etats-Unis pour ce qui est de travailler en

22 matière de protection rapprochée en Afghanistan et en Israël. Il ne s'agit

23 plus d'enquêtes.

24 Q. Depuis que vous avez quitté le Kosovo, avez-vous eu la possibilité

25 d'évaluer et de considérer des planches photographiques ?

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1 R. Non.

2 Q. Alors, j'aimerais vous poser une question à propos de ces parades

3 d'identification : quel est l'élément le plus fondamental qui doit être

4 garanti par la personne qui mène à bien la parade d'identification ? Quel

5 est l'élément essentiel qui doit être garanti avant que tout témoin

6 potentiel, avant que l'on demande à tout témoin potentiel de considérer la

7 planche photographique ?

8 R. On doit lui demander d'être honnête.

9 Q. Oui. Quoi d'autre encore ?

10 R. Vous devez lui demander de consulter chaque photographie, de ne pas se

11 perdre en conjecture.

12 Q. J'avance qu'il y a un critère absolument fondamental qui sous-tend très

13 certainement, ou qui est sous-tendu par le droit au Etats-Unis ainsi que le

14 droit au Royaume-Uni. Il s'agit d'un principe absolument fondamental. Ce

15 que j'avance, c'est que vous ne savez même pas ce dont il s'agit.

16 M. NICHOLLS : [interprétation] Je ne pense pas qu'il s'agit d'une question

17 appropriée. Est-ce que vous pouvez poser des questions à propos de ce qu'a

18 fait le témoin, à propos de ce que connaît le témoin, de ce que le témoin

19 sait. En fait, je pense que vous devriez vous contenter de poser des

20 questions à propos de faits.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense, Monsieur Nicholls, qu'il

22 s'agit de technique peut-être sophistiquée du domaine ou de l'art du

23 contre-interrogatoire. Je ne pense pas que cela ne soit pas approprié. Il

24 se peut, si le témoin est induit en erreur, que cela soit le cas, mais je

25 suis absolument sûr que M. Kereakes est tout à fait à même de juger.

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1 Je vous remercie, Maître Mansfield.

2 M. MANSFIELD : [interprétation]

3 Q. Je ne vais pas perdre de temps, Monsieur Kereakes. Je vais tout

4 simplement vous indiquer de quel principe fondamental je parle.

5 R. Oui, Monsieur.

6 Q. Il y une chose qu'un témoin potentiel - il y a d'autres choses, bien

7 entendu, mais il y a absolument un élément qui doit être relayé, qui doit

8 être indiqué à tout témoin avant de lui présenter les planches

9 photographiques. Voilà ce dont il s'agit : la personne, non pas le suspect,

10 mais la personne qui a été vue par ce témoin dans une situation bien

11 précise, peut ou peut ne pas se trouver parmi les photos qui sont

12 présentées.

13 Est-ce que l'on ne vous a jamais indiqué cela ?

14 R. Non.

15 Q. L'Article 1075 du code pénal, du Code de procédures pénales d'Illinois,

16 et je suppose, je pense en tout cas, je présume que les officiers de police

17 américains de Chicago doivent le connaître lorsqu'ils exercent le métier.

18 Il s'agit de l'Article 1075(B) : "Tout témoin oculaire qui consulte une

19 planche photographique doit signer un formulaire contenant l'information

20 suivante, en indiquant que le suspect peut ne pas se trouver parmi les

21 photos."

22 N'avez-vous jamais entendu parler de cela auparavant ?

23 R. J'en ai entendu parlé, mais je n'ai pas suivi cela. Je n'ai pas suivi

24 cela pour ce qui s'agissait du suspect ou des suspects dans les planches

25 photographiques.

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1 Q. Non. Ce que j'indique, c'est que vous n'avez pas suivi la procédure au

2 Kosovo, vous ne l'avez pas non plus suivie au Etats-Unis. Cela est vrai,

3 n'est-ce pas ?

4 R. Ce n'était pas la procédure suivie et retenue au Kosovo. Je pense que

5 ce que vous lisez ne signifie pas pour autant que nous devons avoir le

6 suspect parmi les planches photographiques. Cela signifie que le suspect

7 peut ou ne peut pas se trouver, ou peut ne pas se trouver parmi les

8 planches.

9 Q. Non. Je pense que vous ne me suivez pas, Monsieur Kereakes.

10 R. Je fais de mon mieux.

11 Q. Vraiment ?

12 R. Oui.

13 Q. Ce qui est absolument fondamental pour tout témoin potentiel, est qu'il

14 ne doive pas être influencé par la croyance du fait que la personne que

15 vous considérez comme un suspect est la personne qui peut se trouver parmi

16 les six ou sept visages présentés dans la planche photographique. Vous me

17 suivez ?

18 R. Oui, tout à fait.

19 Q. Très bien. J'en arrive à la deuxième partie de cet article : "Le témoin

20 oculaire ne doit pas supposer que la personne qui présente les planches

21 photographiques, qu'elle est la personne considérée comme suspect dans

22 cette affaire."

23 Alors qu'hier, vous avez indiqué de façon très, très claire, que

24 lorsque vous faisiez entrer quelqu'un dans une pièce, dans un premier

25 temps, vous lui demandiez si le suspect faisait partie des photos

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1 présentées. Ce sont vos propos d'hier. Est-ce que ce sont les mots que vous

2 avez utilisés au Kosovo ?

3 R. Oui.

4 Q. Très bien. Voilà ce que j'avance, Monsieur Kereakes. Je pense que vous

5 n'avez pas la moindre idée de la façon de procéder de façon juste et

6 équitable lors de la présentation de planches photographiques en matière

7 d'identification.

8 R. Je ne suis pas d'accord avec vous.

9 Q. Il y a autre chose également. J'aimerais vous poser une question à ce

10 sujet. Quelle que soit la situation en matière de parade d'identification,

11 tout cela doit être consigné de façon méticuleuse au moment où cela se

12 passe; êtes-vous d'accord ?

13 R. Oui.

14 Q. La date doit être apposée.

15 R. Oui.

16 Q. Cela doit être signé par le témoin ?

17 R. Oui.

18 Q. Cela est valable qu'il y ait eu identification ou non.

19 R. Oui.

20 Q. Une fois de plus, j'avance qu'il s'agit d'une procédure que vous n'avez

21 pas suivie dans ce cas.

22 R. Oui, j'ai toujours mis en annexe les planches photographiques aux

23 déclarations de témoins.

24 Q. Nous allons aborder ce sujet. Toujours à propos de principes généraux -

25 vous ne les avez pas mentionnés, mais j'aimerais vous les mentionner pour

Page 4983

1 ne pas trop perdre de temps.

2 Il y a autre chose qui doit être garanti. Avant de présenter les

3 planches photographiques à un témoin, il faut que le témoin ait fourni une

4 description aussi exhaustive que possible de l'état physique et de la tenue

5 vestimentaire de la personne. Vous le savez cela, n'est-ce pas ?

6 R. Oui.

7 Q. Oui. Je pense que c'est un autre paramètre que vous n'avez pas retenu

8 dans cette affaire. Vous n'avez pas fait cela n'est-ce

9 pas ?

10 R. Je m'excuse, je ne comprends pas tout à fait.

11 Q. Dans ce cas - nous allons parler de certains incidents - dans le cadre

12 de votre procédure, vous ne vous êtes pas assuré que les témoins auxquels

13 vous aviez affaire avaient fourni une description complète de la personne

14 qui avait été vue par eux, qu'ils l'aient vue dans un camp ou une colline

15 ou peu importe. Vous n'avez pas toujours obtenu dans tous les cas d'espèce

16 une description complète ?

17 R. Je pense que je l'ai fait.

18 Q. Vous savez que cela est extrêmement important, surtout que si vous ne

19 montrer que leur montrez que leurs visages.

20 R. Je n'avais pas accès à une base de données des tenues vestimentaires de

21 ces personnes. Si la personne portait un uniforme noir de l'UCK ou qui

22 était identifié ou si je n'avais pas suffisamment de photos pour six

23 personnes habillées en uniforme noir, il est évident que je ne montrais que

24 le visage.

25 Q. Monsieur Kereakes, une fois de plus, je ne pense pas que vous me

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1 suiviez. Je vous dis que vous n'avez pas mené à bien ces enquêtes de façon

2 appropriée.

3 J'aimerais réitérer quelque chose: si lors d'une présentation de

4 planches photographiques, ce qui s'est passé dans ce cas, vous aviez la

5 personne qui était représentée Fatmir Limaj, et vous demandez à quelqu'un

6 de regarder des visages, n'est-ce pas ?

7 R. Oui.

8 Q. Vous devez absolument vous assurer que la personne à qui vous allez

9 demander de procéder à une identification, vous a fourni une description

10 des signes distinctifs du visage de cette personne.

11 R. Je vois ce que vous entendez maintenant. Vous savez, parfois, l'anglais

12 parlé par les Britanniques me pose quelque problème.

13 Q. Je vois une traduction.

14 R. Oui.

15 Q. Vous me comprenez maintenant ?

16 R. Oui.

17 Q. Dans tous les cas, est-ce que vous avez essayé de le faire ?

18 R. J'ai, par exemple, une description de la taille, du poids.

19 Q. Parce que l'un des problèmes, c'est que dans la mesure du possible, il

20 faut que vous vous assuriez que lorsque vous demandez à quelqu'un de

21 consulter une planche photographique, il faut que la personne reconnaisse

22 quelqu'un par opposition à identifier quelqu'un. Vous comprenez la

23 différence entre ces deux concepts ?

24 R. Entre reconnaître et identifier ?

25 Q. Oui.

Page 4985

1 R. Oui, je la connais.

2 Q. De quoi s'agit-il ?

3 R. Je n'ai pas la définition exacte et précise, mais pour ce qui est de

4 reconnaître quelqu'un, il s'agit de savoir si la personne est connue de

5 vous alors que lorsque vous identifiez quelqu'un, il s'agit d'identifier ou

6 de voir quelle est la personne qui a commis un crime, par exemple.

7 Q. Je suggère que vous ne savez pas très bien ce dont il s'agit si vous

8 comprenez ce que j'essaie de vous dire, ou si c'est un concept compris aux

9 Etats-Unis.

10 R. Non.

11 Q. Très bien. De toute façon, peu importe, je ne veux pas perdre de temps

12 avec mes phrases.

13 Ce que j'aimerais, pour ce qui est de cette différence qu'il est

14 important de prendre en considération dans la plupart des juridictions en

15 ce qui concerne cette question, lorsqu'on vous demande de consulter une

16 planche photographique, il faut que vous connaissiez la personne avant,

17 auparavant. En d'autres termes, reconnaître quelqu'un, reconnaître, par

18 exemple, un membre de votre famille ou un ami, un ami, quelqu'un de très

19 important au Kosovo, ce n'est pas la même chose qu'identifier quelqu'un

20 qu'ils n'ont jamais vu de leur vie.

21 Vous comprenez la différence maintenant ?

22 R. Oui.

23 Q. Très bien. Lorsque je vous posais cette question, vous ne sembliez pas

24 vous en souvenir.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pensais que c'était justement le

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1 sens de ce qu'avait dit le témoin. Il se peut que j'aie une approche un peu

2 trop généreuse en la matière.

3 M. MANSFIELD : [interprétation] Je ne fais aucune observation à ce sujet.

4 Q. Donc, vous reconnaissez l'importance. Car il convient de s'assurer

5 avant toute parade d'identification, dans quelle mesure la personne est en

6 mesure de dire, par exemple, s'il s'agit d'un membre de sa famille ou un

7 cousin éloigné par opposition à quelqu'un que la personne n'a jamais vu de

8 sa vie. La première fois que la personne franchit cette porte, c'est la

9 première fois que la personne le voit.

10 R. Non, je lui ai posé ces questions --

11 Q. Vous l'avez fait ?

12 R. Oui. J'ai dit : Comment est-ce que vous savez qu'il s'agit d'Isak

13 Musliu ? Est-ce que vous le connaissiez avant la guerre ? Très souvent les

14 témoins disaient : Non, non, c'était mon voisin ou nous allions à l'école

15 ensemble ou je le connaissais ou j'ai eu un problème avec lui; nous nous

16 sommes disputés. J'essayais toujours de déterminer quelle était la relation

17 établie avant la détention.

18 Q. Vous consignez tout cela ?

19 R. Oui.

20 Q. Où ?

21 R. Cela dépendait. Je ne comprends pas de quel témoin vous parlez.

22 Q. Nous allons arriver au problème des témoins. Vous comprenez la

23 différence ?

24 R. Oui, il se peut que cela soit dans la déclaration ou même dans mes

25 notes.

Page 4987

1 Q. Qu'en est-il du protocole ? Qu'était la procédure que vous utilisiez ?

2 R. Je mettais tout cela en annexe à la déclaration.

3 Q. A la déclaration ?

4 R. Oui.

5 Q. Par le témoin ?

6 R. Oui.

7 Q. Est-ce que vous n'avez jamais fait une déclaration - je ne parle pas de

8 la déclaration 2003 et la déclaration 2004 lorsque tout cela a été terminé;

9 j'entends à l'époque. Est-ce que vous avez présenté ou est-ce que vous avez

10 consigné une déclaration de témoin à propos des procédures

11 d'identification ?

12 R. Oui.

13 Q. Vous l'avez fait ?

14 R. Pour tous les témoins ?

15 Q. Oui. Lorsqu'un témoin - peu importe de qui il s'agit, lorsqu'un témoin

16 était soit en mesure d'identifier ou de ne pas d'identifier ou était en

17 mesure de faire une déclaration ou pas, est-ce que vous avez vous-même,

18 avec vos propres mots, écrit : Tel et tel jour, j'ai montré une planche

19 photographique à telle et telle personne. Il a été en mesure ou n'a pas été

20 en mesure de reconnaître formellement la personne dans les circonstances en

21 question. Est-ce que vous n'avez jamais écrit ce genre de déclaration ?

22 R. Oui.

23 Q. Vous l'avez fait parce que, si je ne m'abuse, nous n'avons pas ces

24 déclarations.

25 R. Je peux vous en montrer un exemple dans mes notes.

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1 Q. Il ne s'agit pas des notes; il s'agit d'une déclaration.

2 R. Cela se trouve dans la déclaration. Je peux vous en montrer un exemple.

3 Q. Non. Je parle de la déclaration établie par vous à l'époque.

4 R. J'ai cela également dans mes notes.

5 Q. Je m'excuse, mais répondez à ma question. Est-ce que vous avez des

6 déclarations consignées écrites par vous avec votre nom, votre signature,

7 la date que vous avez indiquée pour ce qui est des procédures

8 d'identification ? Est-ce que vous possédez ce genre de déclarations ?

9 R. Oui.

10 Q. Est-ce que vous les avez ici ?

11 R. Je peux vous les montrer maintenant.

12 Q. Très bien. Puisque vous souhaitez le faire, je voudrais juste vous

13 mettre en garde. Ne donnez pas de noms parce que nous sommes en audience

14 publique.

15 R. Est-ce que je peux juste les consulter ?

16 Q. Oui.

17 R. Intercalaire 3, deuxième page, je pense que vous avez le numéro 0323-

18 2581, mais cela a été biffé.

19 Q. Oui, mais c'est juste --

20 R. Non, je m'excuse. En fait, c'est la page suivante. 0323-2582, et cela a

21 été biffé. Vous le voyez ?

22 Q. Oui.

23 R. Cela se trouve à la fin du dernier paragraphe. Vous le voyez ?

24 Q. Oui.

25 R. "Rapport de l'enquêteur à propos de la présentation de planches

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1 photographiques avec le suspect Isak Musliu et cinq autres Albanais

2 officiers du KPS. Le témoin a reconnu formellement Isak Musliu comme étant

3 l'un des suspects dans le camp de détention, et a examiné les pièces à

4 conviction."

5 Q. Il y a des choses qui me semblent importantes. Vous comprenez ce qu'est

6 une déclaration de témoin, n'est-ce pas ?

7 R. Oui.

8 Q. De quoi s'agit-il ?

9 R. Une déclaration de témoin est la déclaration qui est consignée au

10 moment où l'explication --

11 Q. Vous savez comment procéder en matière de déclaration de témoin,

12 Monsieur Kereakes ?

13 R. Oui.

14 Q. Vous savez comment le faire, vous-même ?

15 R. Oui.

16 Q. Je vais poser la question à nouveau. A l'époque, en

17 août 2001, et cela se trouve à l'intercalaire numéro 3. Est-ce qu'au moment

18 de cette enquête, vous avez rédigé une déclaration de témoin que vous avez

19 rédigée vous-même ? Vous me suivez ?

20 R. Oui, je vous suis maintenant.

21 Q. Bien.

22 R. La procédure retenue au Kosovo --

23 Q. Est-ce que vous pouvez répondre à ma question par oui ou par non ?

24 R. Non. Je n'ai pas rédigé de déclaration de témoin, de déclaration

25 séparée de témoin avec la planche photographique des suspects, que j'aurais

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1 signée ou datée. Soit, je l'ai mis dans la déclaration du témoin, soit je

2 l'ai mis dans mes notes.

3 Q. Nous allons aborder la médiocrité de vos notes et vos problèmes de

4 mémoire en 2003. Parce que vous avez eu beaucoup de problèmes pour vous

5 souvenir de ce qui s'est passé, n'est-ce pas ?

6 R. Non.

7 Q. Absolument pas ?

8 R. Je dois dire que je me souviens de ce que vous m'avez posé comme

9 questions jusqu'à présent.

10 Q. Jusqu'à présent.

11 R. Oui.

12 Q. Nous allons aborder le domaine des difficultés.

13 Pour le moment, j'en suis au domaine des principes généraux, et nous

14 n'avons même pas abordé la présentation des planches photographiques. Il y

15 a une autre question fondamentale. Il faut savoir si la personne à qui vous

16 demandez de consulter ces planches photographiques, a vu une photographie

17 de cette personne avant. Vous reconnaissez ce principe ?

18 R. Oui.

19 Q. Très bien. Avez-vous posé aux témoins dans cette affaire s'ils

20 n'avaient jamais vu une photographie auparavant ?

21 R. Non, je ne l'ai pas fait.

22 Q. Pourquoi pas ?

23 R. On ne m'a pas appris cela, ou en tout cas, cela n'était pas requis de

24 notre part au Kosovo.

25 Q. Voyez-vous, ceci est tout à fait pertinent pour la personne que je

Page 4991

1 représente, n'est-ce pas ?

2 R. Oui.

3 Q. Peut-être pourriez-vous nous dire pourquoi ?

4 R. Je pense que ce que vous voulez dire, c'est que M. Fatmir Limaj est un

5 personnage public, ce qui, à l'époque, lorsque j'ai entendu son nom pour la

6 première fois, ce n'était pas tout à fait exact, je ne savais pas qui était

7 Fatmir Limaj. A l'époque, lorsque j'ai posé ces questions aux témoins ou

8 aux victimes, je ne savais pas qu'il était une personnalité si publique à

9 l'époque.

10 Q. Il n'a pas fallu beaucoup de temps avant de s'en rendre compte

11 pourtant, n'est-ce pas ?

12 R. Je crois que c'est un peu plus tard, quand même, que je l'ai appris.

13 Q. Combien de temps plus tard ?

14 R. Je ne m'en souviens plus.

15 Q. Avant sans doute de présenter ces planches photographiques que vous

16 avez d'ailleurs réalisées beaucoup plus tard.

17 R. Je ne les ai pas faites moi-même; j'ai demandé à quelqu'un de le faire.

18 Q. Oui, tout à fait. Lorsque vous avez demandé à quelqu'un de le faire. A

19 ce moment-là, vous saviez très bien qui était Fatmir Limaj en tant que

20 personne, non ?

21 R. Vers la fin de l'enquête ou vers mon départ du Kosovo, je ne le savais

22 pas encore. Je sais qu'il était commandant dans l'UCK, mais je ne savais

23 pas qu'il était devenu, entre-temps, un personnage politique.

24 Q. Monsieur Kereakes, vous saviez parfaitement bien que c'était une

25 personnalité politique. Vous l'avez d'ailleurs dit très clairement à toute

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1 personne concernée. Nous y reviendrons, n'est-ce pas ? Vous saviez qui il

2 était, et vous saviez ce à quoi il ressemblait puisqu'il était passé à la

3 télévision, n'est-ce pas ?

4 R. Oui, plus tard, mais pas au début de l'enquête. Je ne le savais pas au

5 début, même au milieu de l'enquête. Je savais qu'il avait été commandant de

6 l'UCK. Je savais qu'il avait un rôle politique quelconque, mais je ne

7 savais pas quel était ce rôle exactement, quelle était la position qu'il

8 occupait exactement dans le paysage politique.

9 Q. Vous le ne saviez pas ? En tant qu'enquêteur professionnel, j'avance

10 que vous le saviez. Je pense que si vous ne le saviez pas, vous vous seriez

11 renseigné, notamment lorsque son image est apparue à la télévision et dans

12 la presse. Vous vouliez savoir de qui il s'agissait, n'est-ce pas ?

13 R. Lorsque j'ai commencé à enquêter dans cette affaire, ce qui était plus

14 important, c'était d'identifier les victimes et les témoins, mais également

15 les suspects. Mais je n'ai commencé qu'à creuser véritablement la question

16 des suspects et leur rôle actuel que plus tard. J'avais posé un certain

17 nombre de questions dans les déclarations de témoins en demandant, mais où

18 est-il ? J'avais demandé à la KFOR des informations concernant ces

19 individus émanant d'autres bases de données, mais je ne m'étais pas assis

20 et avait commencé à déterminer quel était leur profil et voir quelles

21 étaient leurs activités du moment. Je récupérais des déclarations et

22 j'exhumais des charniers.

23 Q. Ce qui m'intéresse, c'est de déterminer dans quelle mesure vous saviez

24 que la photo, l'image de Fatmir Limaj était largement répandue et diffusée,

25 que son nom était devenu particulièrement connu dans les années qui ont

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1 suivi la guerre et que son image apparaissait très fréquemment dans les

2 médias. Vous le saviez, n'est-ce pas ?

3 R. Oui, oui. Je m'en suis rendu compte plus tard.

4 Q. Plus tard ?

5 R. Oui.

6 Q. Quand exactement ? Quand dites-vous avoir réalisé ?

7 R. Plutôt vers la fin de l'enquête, lorsque j'ai commencé à en apprendre

8 davantage à son sujet et je sais que ce n'était pas au début, ni même au

9 milieu de mon enquête, je n'avais pas, à ce moment-là, encore réalisé qu'il

10 était un personnage politique.

11 Q. Vous réalisez que si une image d'une personne est diffusée par

12 l'ensemble des médias, par la télévision, des personnes à qui on demande

13 d'identifier quelqu'un pourrait identifier la personne dont ils ont vu

14 l'image dans les médias, n'est-ce pas ?

15 R. Oui.

16 Q. C'est la raison pour laquelle je suggère qu'en tant qu'enquêteur, il

17 vous fallait faire preuve de la plus grande prudence afin de veiller à ce

18 que vous disposiez de cette information avant même de présenter une planche

19 photographique.

20 R. Bien entendu, c'était là un élément important pour moi.

21 Q. Oui.

22 R. Dès le début de l'enquête et maintenant que j'y repense, oui. Mais à

23 l'époque, vous savez, quand vous ne connaissez pas le Kosovo, que vous êtes

24 enquêteur et que quelqu'un vient, vous parle d'un crime de guerre et vous

25 donne le nom de Fatmir Limaj et que vous ne connaissez pas ce nom, vous

Page 4994

1 poursuivez votre enquête en recueillant des dépositions, des éléments de

2 preuve. A l'époque, je ne savais pas qu'il était apparu dans les journaux.

3 Q. J'en suis encore à la phase préparatoire de la présentation de photos.

4 Un autre élément d'information essentielle que vous devez obtenir auprès de

5 votre témoin, au cours de cette phase préparatoire que vous n'avez pas

6 suivie, à mon avis, quelle est la dernière question à poser au témoin avant

7 même qu'il n'entre dans la pièce où vont lui être présentées les photos ?

8 R. Je ne sais pas quelle est cette dernière question.

9 Q. Vous ne le savez pas. Il serait bon de savoir, n'est-ce pas, si le

10 témoin dit pouvoir être capable de reconnaître ou d'identifier - et

11 j'utilise avec prudence ces termes - reconnaître ou identifier cette

12 personne, la personne qu'ils ont vue, qu'ils sont capables, à nouveau, de

13 le reconnaître ou de l'identifier.

14 R. Je leur ai demandé cela. Je leur ai posé la question.

15 Q. Vous reconnaissez que c'est important ?

16 R. Oui, bien sûr. J'ai posé la question. Je ne sais pas si c'est la

17 dernière question à poser, mais dès qu'il entre dans la pièce, je pose la

18 question : êtes-vous encore capable de reconnaître le suspect ?

19 Vous, vous présentez les choses, voilà, nous avons un certain nombre de

20 questions, une liste de questions à poser, la première étant, avez-vous

21 déjà vu ces personnes dans les médias ? L'avez-vous vus dans les journaux,

22 et cetera ? Il n'y a pas cette liste de questions. Nous ne l'avions pas au

23 CCIU, ni même, d'ailleurs, dans aucun service de police. Puis, il n'y a pas

24 une dernière question avant de faire entrer la personne, pouvez-vous

25 effectivement identifier ? Je l'avais déjà établi avant de montrer la photo

Page 4995

1 au témoin.

2 Q. Vraiment ?

3 R. Oui.

4 Q. Bien. Nous verrons cela dans les déclarations, les quelques documents

5 dont nous disposons afin de voir si vous posez la question et s'il y a

6 réponse.

7 R. Oui.

8 Q. Bien. Ce que j'avance, c'est que vous vous trompez, une fois de plus,

9 Monsieur Kereakes. Ceci ne figure pas dans les documents dont nous

10 disposons et ne vous inquiétez pas, nous les avons bien étudiés.

11 En ce qui concerne la présentation des photos maintenant, vous nous avez

12 dit que quelqu'un rassemblait ces différentes photos à partir d'une base de

13 données. Quel est le nombre minimum, aux Etats-Unis d'Amérique ou plus

14 précisément, à Chicago, quel est le nombre minimum de photos nécessaires ?

15 R. Au moins, six.

16 Q. Au moins, six. Vous-même, vous seriez prêt à reconnaître, n'est-ce pas,

17 que pour être tout à fait honnête, six, c'est le nombre minimal, mais bien

18 sûr qu'il est plus approprié d'avoir plus de photos, si possible.

19 R. Si possible.

20 Q. Oui. Avez-vous demandé, en l'occurrence, si vous pouviez obtenir plus

21 de six photos, dans ces cas-là ?

22 R. Oui. A un moment donné, effectivement, j'ai posé la question et nous

23 avons eu du mal à trouver des photos présentant les mêmes caractéristiques.

24 Notre base de données était relativement réduite. Nous n'avions pas

25 suffisamment de photos.

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1 Q. Pouvez-vous, s'il vous plaît, revenir sur la série de photos dont nous

2 disposons à l'intercalaire numéro 2, que vous nous avez fournies -- dans le

3 petit livret ?

4 R. Série de photos ?

5 Q. Avez-vous le deuxième intercalaire ?

6 R. Oui.

7 Q. La photo numéro 2 semble un peu différente des autres, dans cette série

8 de photos.

9 R. Je ne le crois pas.

10 Q. Vous ne le pensez pas. En ce qui concerne les cheveux, par exemple, qui

11 que ce soit vous a-t-il décrit la personne qu'il considérait être Fatmir

12 Limaj avec une telle coiffure ?

13 R. Avec des cheveux châtains ?

14 Q. Comment ?

15 R. Des cheveux châtains.

16 Q. Comment pouvez-vous dire qu'il s'agit de cheveux châtains ?

17 R. Je le vois, les cheveux sont foncés.

18 Q. Oui, bien entendu. Soyez prudent, maintenant. Est-ce qu'un quelconque

19 témoin dont vous avez le souvenir, lorsqu'il a dû identifier Fatmir Limaj,

20 vous a décrit la personne considérée comme Fatmir Limaj avec des cheveux

21 d'une telle longueur ?

22 R. Je pense que dans chaque photo les cheveux sont assez ressemblants.

23 Q. Vous pensez que les cheveux de ces six personnes sont assez

24 ressemblants ?

25 R. Oui, ceux du numéro 2 sont un peu plus longs.

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1 Q. Un peu plus longs. Monsieur Kereakes, enfin, avec quelle minutie,

2 quelle attention avez-vous porté à cette affaire ?

3 R. J'y ai passé des heures.

4 Q. Vraiment ?

5 R. Oui. Lorsque je travaillais à cette affaire.

6 Q. En ce qui concerne ces six hommes -- je suis toujours à l'intercalaire

7 numéro 2, ces six hommes, l'un d'entre eux, bien entendu, semble porter un

8 bouc, une moustache ou une barbe, quelque chose comme cela, n'est-ce pas ?

9 R. Je ne le vois pas. Peut-être que votre exemplaire est de meilleure

10 qualité que le mien.

11 M. NICHOLLS : [interprétation] Je voudrais savoir à quelle personne il fait

12 référence.

13 M. MANSFIELD : [interprétation] Je m'excuse.

14 M. NICHOLLS : [interprétation] Lequel d'entre eux, dites-vous, porte une

15 barbe ou une moustache.

16 M. MANSFIELD : [interprétation]

17 Q. Je reviendrais à l'original dans un instant. Il semblerait que le

18 numéro 4 ait quelque chose qui ressemble à un bouc.

19 R. Je ne le crois pas.

20 Q. Si. Pour résoudre la question, avez-vous veillé à ce que ces originaux

21 ont été conservés de manière à ce que nous puissions les conserver ?

22 R. Les originaux ont été extraits de la base de données.

23 Q. Oui.

24 R. On en a fait une photocopie.

25 Q. Bien. Par conséquent, ce qu'on montre au témoin, c'est une photocopie

Page 4998

1 d'une photocopie.

2 R. Oui.

3 Q. Une fois de plus, je suggérerais que les choses ne sont pas

4 particulièrement satisfaisantes, n'est-ce pas ?

5 R. Si vous êtes au Kosovo et que vous y travaillez, les choses sont

6 relativement satisfaisantes dans la mesure où nous n'avions pas un service

7 photo qui pouvait nous préparer de jolies photos de qualité qui pouvait

8 dupliquer les photos. Nous n'avions pas accès à la technique nécessaire.

9 Q. Il y a une communauté albanaise aux Etats-Unis, n'est-ce pas ?

10 R. Oui.

11 Q. Une demande quelconque a-t-elle été faite par vous auprès des autorités

12 américaines afin d'obtenir une base de données beaucoup plus large émanant

13 des Etats-Unis ?

14 R. Oui. J'avais également demandé à mon supérieur plusieurs fois d'obtenir

15 du matériel nécessaire afin de reproduire des photos et grâce à

16 l'assistance de représentants de la communauté albanaise ou d'autres

17 nationalités qui parlaient bien l'albanais et malheureusement, je n'ai

18 jamais obtenu tout cela.

19 Q. Le superviseur en question était-il Dennis Sherman ? Pourquoi avez-vous

20 cessé de faire partie de l'unité d'enquête en février 2002 ?

21 R. J'ai été transféré dans un autre service.

22 Q. De force ?

23 R. Non, pas du tout. On ne m'y a pas obligé. J'ai simplement été transféré

24 dans un autre service.

25 Q. Y a-t-il eu un petit désaccord avec l'homme que vous venez d'évoquer ?

Page 4999

1 R. Oui, effectivement. Nous avions une différence de point de vu.

2 Q. Bien. Vous y a-t-on transféré parce qu'il a été reconnu que vous

3 n'étiez pas suffisamment bon dans ce que vous faisiez ?

4 R. Bien au contraire. J'ai reçu une très élogieuse lettre de

5 recommandation de sa part. J'ai même été promu au poste de responsable des

6 enquêtes dans le cadre d'un groupe spécial de police et j'ai reçu un

7 certain nombre d'invitations de rejoindre l'unité régionale chargée des

8 enquêtes sur les homicides, ce que j'ai fait plus tard.

9 Q. Sur quoi portait votre désaccord ?

10 R. Sur une autre affaire.

11 Q. Rien à voir avec celle-ci ?

12 R. Non, rien à voir avec celle-ci.

13 Q. J'aimerais passer maintenant de l'assemblage de ces photos à

14 l'identification à proprement parler. J'ai abordé déjà l'un des aspects qui

15 m'intéresse, à savoir le moment au cours duquel vous devez indiquer au

16 témoin la possibilité que la personne vue par ce dernier ne figure pas

17 nécessairement sur les photos. J'aimerais maintenant passer à un autre

18 volet.

19 Avez-vous dit à l'un quelconque des témoins dans quelle mesure il

20 devait être absolument certain de ce qu'il allait dire avant de choisir une

21 personne en particulier ?

22 R. Oui.

23 Q. Comment avez-vous défini ce degré de certitude requis ?

24 R. Je lui ai dit que je ne voulais pas qu'il devine. Je voulais qu'il

25 reconnaisse à 100 %, formellement ou je voulais, plus précisément, que

Page 5000

1 lorsqu'il allait choisir une personne dans cette série de photos, qu'il

2 devait être absolument certain que c'était bien la personne qui avait

3 commis les crimes contre lui ou elle.

4 Q. Vous vouliez que cette personne soit certaine ?

5 R. Oui.

6 Q. Vous l'avez dit ?

7 R. Oui.

8 Q. Ceci a été consigné quelque part ?

9 R. Non. C'est ce que je leur ai dit.

10 Q. Mais ceci a été consigné quelque part. C'est vous qui nous l'avez dit.

11 J'ai demandé un certain nombre de questions sur la procédure, sur ce qui a

12 été consigné de manière à ce que nous sachions bien ce que le témoin a reçu

13 comme information.

14 R. J'ai répondu que non. C'est ce que j'ai dit à l'oral, à ces personnes.

15 Q. Pourquoi ne l'avez-vous pas fait ? Pourquoi ne l'avez-vous pas

16 consigné ?

17 R. Parce que ceci n'était pas requis.

18 Q. En ce qui concerne la présentation de ces photos, avez-vous le souvenir

19 de la durée de l'exercice ?

20 R. Non.

21 Q. Pourquoi ?

22 R. Parce que nous ne l'avons pas consigné.

23 Q. Vous reconnaissez, n'est-ce pas, que ceci pourrait avoir une incidence

24 sur la fiabilité, la fiabilité de tout exercice

25 d'identification, la durée, la minutie avec laquelle les choses ont été

Page 5001

1 faites, quand, le nombre de fois que les photos ont été vues, et cetera, ce

2 genre de choses.

3 R. Oui, bien sûr, je le reconnais.

4 Q. Bien. Avez-vous noté ces choses à un moment donné ou un autre ?

5 R. J'écrivais lorsqu'une déclaration commençait, qu'une déclaration était

6 terminée -- si je montrais, effectivement, une série de photos, je le

7 mettais également dans la déclaration du témoin.

8 Q. Vraiment ?

9 R. Oui.

10 Q. C'est une différente chose ?

11 R. Oui.

12 Q. Vous avez, n'est-ce pas, participé, dans les tribunaux, à ce genre

13 d'exercice d'identification ?

14 R. Oui.

15 Q. En Illinois ?

16 R. Oui.

17 Q. Vous savez, n'est-ce pas, que les tribunaux s'intéressent à ce genre de

18 choses lorsqu'ils évaluent la fiabilité de ces identifications en

19 Illinois ?

20 R. Oui.

21 Q. Puis-je vous donner lecture des facteurs qui sont pris en compte afin

22 que nous nous mettions d'accord, au moins aux Etats-Unis et qui contribuent

23 à la détermination de la fiabilité d'une identification. L'occasion donnée

24 au témoin de voir le suspect au moment du crime. C'est le premier; vous

25 êtes d'accord ?

Page 5002

1 R. Oui.

2 Q. Le degré d'attention du témoin, vous êtes conscient de cela ?

3 R. Oui.

4 Q. La précision des descriptions préalables du suspect faites par le

5 témoin ?

6 R. Oui.

7 Q. Le degré de certitude démontré ou montré lors de l'identification ?

8 R. Oui.

9 Q. La durée écoulée entre le crime et l'identification ?

10 R. Oui.

11 Q. Dans ce cas, c'est considérable ?

12 R. Oui.

13 Q. Tout lien quelconque avec le suspect préalablement à la commission du

14 crime.

15 R. Oui.

16 Q. Vous connaissez tous ces facteurs ?

17 R. Oui.

18 Q. J'ai passé un certain temps à passer en revue avec vous ces différents

19 principes. Maintenant, j'aimerais que nous passions à des cas plus précis,

20 plus particuliers, ensemble. Je peux le faire en audience publique, pour

21 l'instant, sans citer de noms d'individus. Ici, nous allons nous intéresser

22 à une personne en particulier, mais je ne citerai pas son nom.

23 Si nous passons à l'intercalaire numéro 4, il s'y trouve une mention

24 faite d'un témoin particulier. Cette personne, il est également fait

25 référence à l'intercalaire numéro 3, dans vos notes supplémentaires, en

Page 5003

1 annexe A. Voyez-vous cela ?

2 R. Oui.

3 Q. Bien. Pour l'instant, j'appellerai cette personne A. Ceci vous

4 convient-il de manière à ce qu'il n'y ait aucun risque de prononcer son

5 nom.

6 Lorsque vous avez commencé à travailler sur cette enquête, vous

7 considériez ce témoin comme un témoin essentiel, n'est-ce pas ?

8 R. Oui.

9 Q. Pour commencer, on vous a remis le procès-verbal d'un entretien avec

10 cet homme ?

11 R. Oui, je m'en souviens.

12 Q. Je reprends vos propres termes. Vous avez été impressionné par le

13 récit, par le procès-verbal de cet entretien dont vous avez pris

14 connaissance ?

15 R. Oui.

16 Q. Vous pensiez qu'il était extrêmement parlant, n'est-ce

17 pas ?

18 R. Oui, je pense que la déclaration l'était, oui.

19 Q. Oui. Première question que je souhaiterais sur ce sujet : avez-vous

20 participé d'une quelconque manière au recueil de ce témoignage ?

21 R. Vous faites référence à la première déclaration que j'ai reçue, n'est-

22 ce pas ?

23 Q. Non.

24 R. A propos du témoin A ?

25 Q. Non, non. Ici, il s'agit d'un entretien qui a eu lieu le

Page 5004

1 20 août 2000, clairement.

2 R. A quelle déclaration faites-vous référence ?

3 M. NICHOLLS : [interprétation] Ne vous inquiétez pas, je vais y venir. Je

4 voulais juste dire au témoin qu'il ne figure pas dans le livre qu'il

5 feuillette.

6 M. MANSFIELD : [interprétation]

7 Q. Effectivement, il n'y est pas. Je souhaiterais quand même vous poser un

8 certain nombre de questions. Je vous le présenterai dans un instant si

9 nécessaire.

10 Avez-vous participé d'une quelconque à l'entretien de ce témoin, le témoin

11 A, entretien qui a eu le 20 août 2000 ?

12 R. Oui.

13 Q. Le 20 août 2000 ?

14 R. Je suis un peu perdu, parce que je sais que je ne travaillais pour la

15 CCIU le 20 août 2000. Par conséquent, je ne sais pas très bien si vous

16 faites référence à la déclaration qui a été recueillie par l'enquêteur

17 Kaare Birkeland ou à la déclaration recueillie par moi-même auprès du

18 témoin A. A moins que vous ayez bien précisé les dates ou que vous vous

19 trompiez dans les dates. A la date que vous dites, 20 août 2002, pardon,

20 j'étais arrivé au Kosovo mais je ne travaillais pas encore pour la CCIU.

21 Q. C'est une petite chose. J'ai l'impression que vous étiez partout. Vous

22 avez fait une déclaration ou plutôt vous avez été interrogé. Ceci aboutit à

23 la déclaration de 2004, septembre et novembre 2004. Vous vous en souvenez ?

24 L'année dernière.

25 R. Oui.

Page 5005

1 Q. Très bien.

2 R. Oui.

3 Q. Je peux vous montrer le document si vous le souhaitez. Je ne veux vous

4 couvrir sous les documents. Au paragraphe 3 de cette déclaration avec vous-

5 même, une déclaration que vous avez donnée l'année dernière, vous dites

6 avoir interrogé A, donc le témoin que nous appelons A, le 20 août 2000.

7 R. Je pense que l'Accusation vous a dit qu'il y avait une erreur, qu'il y

8 avait une coquille. Il devrait s'agir de 2001. Il serait plus simple si je

9 pouvais consulter la déclaration.

10 Q. Oui, certainement, effectivement. Parce que cela ne peut pas être une

11 coquille. Vous pourrez, si vous voulez, expliquer les choses tant que vous

12 le voulez.

13 M. MANSFIELD : [interprétation] Je ne sais pas si ce document est

14 disponible. Pourrait-on obtenir ce compte rendu ? Je peux vous donner la

15 page; il s'agit de la page 84015.

16 M. NICHOLLS : [interprétation] C'est dans votre classeur, Monsieur le

17 Témoin, portant le numéro 2004, déclaration de témoin. Si c'est bien celle-

18 ci dont parle Me Mansfield.

19 M. MANSFIELD : [interprétation]

20 Q. Effectivement, cela devrait être celle-là.

21 R. Ce n'est pas la déclaration que j'ai recueillie. Comme je l'ai dit,

22 c'est la déclaration qui a été recueillie par Birkeland, l'enquêteur; ce

23 qui signifie que je n'étais pas partout à la fois.

24 Q. Oui, d'accord. Je crois que nous ne nous comprenons pas tout à fait.

25 J'aimerais que vous, vous vous concentriez sur votre déclaration. C'est

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1 celle-ci qui m'intéresse à la lumière de vos réponses.

2 M. NICHOLLS : [interprétation] Peut-être qu'au lieu de parler de

3 "déclaration" concernant l'entretien, parce qu'on ne sait plus très bien à

4 quelle déclaration il fait référence, peut-être pourrait-il employer un

5 autre vocabulaire, dire, par exemple, la déclaration de témoin que vous

6 avez fournie au TPIY.

7 M. MANSFIELD : [interprétation] Tout à fait.

8 Q. Il s'agit de la déclaration que vous avez faite au TPIY l'année

9 dernière. On y voit deux dates dont vous dites vous souvenir, septembre et

10 novembre 2004. Nous avons reçu également des informations complémentaires

11 sur cette déclaration, à savoir qui figure dans ce paragraphe une coquille.

12 J'aimerais savoir comment s'est produit cette erreur au départ.

13 Avez-vous sous les yeux un exemplaire de cette déclaration que vous avez

14 fournie au TPIY ?

15 R. Un instant, s'il vous plaît.

16 M. NICHOLLS : [interprétation] Il y a deux déclarations au TPIY dans son

17 classeur. Celle à laquelle fait référence M. Mansfield porte le chiffre

18 2004.

19 M. MANSFIELD : [interprétation] Merci.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je l'ai.

21 M. MANSFIELD : [interprétation]

22 Q. Merci de votre aide. Pour que les choses soient bien claires, sur la

23 première page, en tout cas, cela devrait y figurer, vous allez trouver la

24 date -- les dates que je viens de mentionner. Cela devrait être un

25 entretien, mais c'est aussi les dates de la déclaration, le 24 septembre

Page 5007

1 2004 et le 10 novembre 2004. Vous les voyez ?

2 R. Oui.

3 Q. Si vous tournez la page, c'est un point très précis qui m'intéresse, au

4 paragraphe 3 : "Je fournis cette déclaration à la demande du TPIY afin

5 d'apporter un éclaircissement sur un certain nombre de points concernant

6 mon enquête. J'ai interrogé A, le

7 20 août 2000." Il y a une référence à des numéros de page "et une nouvelle

8 fois, le 17 août 2001."

9 Voyez-vous cela ?

10 R. Oui.

11 Q. Ce n'est pas une coquille, n'est-ce pas ?

12 R. Si.

13 Q. Vraiment ?

14 R. Oui.

15 Q. Comment ceci a-t-il pu se produire ?

16 R. Le témoin A, il a dit que je l'ai interrogé le

17 20 août 2000. C'est une erreur. Je pense que je suis arrivé au Kosovo le

18 21.

19 Q. Je le comprends. Comment une déclaration portant votre nom, - je dirais

20 que vous ne faites pas très attention en ce qui concerne les dates, les

21 périodes, même quand ceci vous concerne, et c'est là un simple exemple.

22 Comment se fait-il que ceci, cette erreur se soit glissée dans une

23 déclaration, déclaration que vous avez signée, je suppose ?

24 R. Si vous regardez, la première page a été affectée en Afghanistan.

25 L'entretien a eu lieu au téléphone et par courrier électronique. Je n'ai

Page 5008

1 pas eu accès aux dossiers d'affaires. J'ai imprimé la chose. J'ai essayé de

2 me souvenir des dates exactes. J'ai lu la déclaration, je l'ai signée, mais

3 je n'ai pas vu cette erreur.

4 Q. C'est une erreur relativement importante, parce que d'après vous, vous

5 n'étiez même pas sur place en août 2002 ?

6 R. C'est exact.

7 Q. Vous voyez, c'est une question mineure. Nous arriverons à des questions

8 plus importantes un peu plus tard. Cela, c'est une question relativement de

9 moindre importance.

10 Je vais continuer à m'intéresser au témoin A. Je pense que vous devriez

11 disposer de ce que l'on appelle dans cette déclaration, la déclaration de A

12 datant du 20 août 2000. Vous devriez disposer d'un exemplaire de cette

13 déclaration. C'est 03230787 dans votre livret de déclarations.

14 R. Oui.

15 Q. Vous l'avez sous les yeux ?

16 M. NICHOLLS : [interprétation] Non, il ne l'a pas.

17 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai une déclaration qui m'a été tendue, il y

18 a quelques minutes.

19 M. NICHOLLS : [interprétation] Pardon, excusez-moi, je ne l'avais pas vue

20 parce que vous avez dit que c'était dans le livret.

21 M. MANSFIELD : [interprétation]

22 Q. Je vais procéder avec lenteur. C'est toujours le témoin A. Nous

23 l'appelons ainsi pour l'instant. C'est sa déclaration du

24 20 août 2000; c'est exact ?

25 R. Oui.

Page 5009

1 Q. En ce qui concerne ce point en particulier, tout d'abord, la personne

2 qui a mené l'interrogatoire de cette personne le

3 20 août 2002 [comme interprété], le nom de cette personne figure-t-il sur

4 la déclaration ? Je ne parle pas du nom de témoins; je parle de la personne

5 qui a mené l'enquête ou en l'occurrence l'interrogatoire ?

6 R. Non.

7 Q. Comment savez-vous qui a recueilli cette déclaration ?

8 R. Il n'y avait pas d'autres pièces jointes quand ceci a été remis ?

9 Q. Je vais m'arrêter quelques secondes pour vérifier. J'ai une liasse de

10 documents. Il me semble que c'est le seul document qui l'accompagnait ici.

11 En tout cas, ce document en particulier. C'est en tout cas, le seul

12 document qui nous a été remis. Quoi qu'il en soit, je ne vais pas y

13 consacrer trop de temps. D'après ce document, à la lecture de ce document,

14 on ne sait pas qui a recueilli cette déclaration au mois d'août de l'an

15 2000.

16 R. C'est exact.

17 Q. Lorsque vous l'avez lue et que ceci vous a marqué, est-ce que par la

18 suite quelque chose vous est apparu comme étant particulièrement évident ?

19 J'entends toujours à propos de cette déclaration.

20 R. Je ne sais pas de quoi vous parlez.

21 Q. Parlons, si vous voulez bien, de Fatmir Limaj que je représente ici.

22 R. Bien.

23 Q. Admettez-vous, et reconnaissez-vous que dans cette déclaration

24 préalable son nom n'est absolument pas évoqué, n'est-ce pas ?

25 R. Est-ce que vous me permettez de parcourir rapidement ce document ?

Page 5010

1 Q. Je vous en prie.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Mansfield, le témoin a besoin

3 de parcourir ce document en détail. Au vu de l'heure, je crois que nous

4 pourrons attendre sa réponse et faire la pause maintenant.

5 M. MANSFIELD : [interprétation] Très bien.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons reprendre à

7 10 heures 55.

8 --- L'audience est suspendue à 10 heures 35.

9 --- L'audience est reprise à 10 heures 58.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Mansfield, vous avez la

11 parole.

12 M. MANSFIELD : [interprétation]

13 Q. Monsieur Kereakes, vous avez pu regarder la déclaration fournie par ce

14 témoin A au mois d'août de l'an 2000. Etes-vous d'accord avec moi pour dire

15 que cette déclaration ne fait pas état de Fatmir Limaj, et ne mentionne pas

16 non plus le nom de Celiku ?

17 R. C'est exact.

18 Q. Je voulais parler de la façon dont les choses se sont déroulées avec ce

19 témoin. Vous voyez ce témoin A, et nous pouvons suivre ce déroulement, à

20 l'intercalaire 3, que vous avez sous les yeux, intercalaire numéro 3, le 17

21 août 2001, donc, un an plus tard ?

22 R. C'est exact.

23 Q. Sur cette même page il s'agit d'un formulaire qui fournit des

24 informations complémentaires, vous avez une liste de suspects numérotée de

25 1 à 5; 1, 2, 3, 4, 5. Je voulais vous poser cette question-ci, pourriez-

Page 5011

1 vous nous aider ici. Comment le nom de Fatmir Limaj a-t-il pu être évoqué

2 un an plus tard, alors qu'il n'avait jamais été évoqué précédemment par ce

3 témoin ?

4 R. Oui. Est-ce que nous pouvons passer à l'intercalaire numéro 4, s'il

5 vous plaît ?

6 Q. Bien, je comprends car à l'intercalaire numéro 4 nous avons la

7 déclaration du témoin et nous pouvons constater que c'est la déclaration

8 que vous avez recueillie le 17 août. Il y a un paragraphe à la page 0794,

9 qui précise que Fatmir Limaj, Celiku est évoqué en tant que commandant de

10 la région; est-ce exact ?

11 R. Oui.

12 Q. Je vais avancer prudemment car je souhaite que vous compreniez ce qui

13 est dit ici. Ce que vous dites n'a pas été dit par ce témoin dans son

14 témoignage. Vous me suivez ?

15 R. Oui.

16 Q. Ce qui m'intéresse, dans ce cas précis, est de savoir comment le nom de

17 "Fatmir Limaj" a été évoqué.

18 R. Le témoin me l'a dit dans sa déclaration.

19 Q. Est-ce vous qui avez évoqué ce nom ?

20 R. Non.

21 Q. En êtes-vous tout à fait certain ?

22 R. Oui.

23 Q. Lui avez-vous demandé, si oui ou non, il connaissait quelqu'un

24 répondant au nom de Fatmir Limaj et que c'est comme cela que la question a

25 été posée ?

Page 5012

1 R. Non.

2 Q. Vous êtes sûr ?

3 R. Non, je ne connaissais même pas Fatmir Limaj.

4 Q. Je sais, vous avez déjà dit cela. Saviez-vous en l'an 2000, c'est

5 l'année avant votre arrivée, en l'année 2001 Fatmir Limaj s'était présenté

6 au cours d'une campagne électorale car il postulait pour le poste de maire

7 de Pristina et sa photographie avait été affichée partout dans la ville. Il

8 était membre de l'assemblée au cours de l'été 2001 et à ce moment-là on le

9 voyait partout. Est-ce que vous saviez cela ?

10 R. Non.

11 Q. C'est curieux, pourquoi pas ?

12 R. Parce que d'avant de me rendre au Kosovo, je ne savais même pas où se

13 trouvait la Yougoslavie. Je ne savais rien à propos de la vie politique. Je

14 ne savais rien à propos des personnalités politiques lorsque je m'y suis

15 rendu. J'ai été affecté au poste de police du Kosovo qui se trouvait à

16 l'extérieur de Pristina. Je ne savais rien à propos des hommes politiques.

17 Q. Monsieur Kereakes, en tant qu'officier de police qui patrouillait les

18 rues, vous les patrouilliez avec les yeux fermés, c'est cela ?

19 R. Non, jamais, non pas lors de la patrouille.

20 Q. Est-ce que vous dites qu'il n'y avait pas une seule affiche avec le nom

21 de cet homme alors que sa photographie pouvait être vue partout ?

22 R. J'ai vu beaucoup d'affiches pendant mon séjour là bas mais je n'ai pas

23 fait attention aux noms qui y figuraient ou qui étaient les personnes

24 dessus.

25 Q. Ce témoin, qui ne connaissait pas le nom de Fatmir Limaj, au moment où

Page 5013

1 vous êtes entretenu avec lui, il ne connaissait que le nom de Celiku ? Cela

2 pourrait être une possibilité ?

3 R. Non, parce qu'il m'a dit que le nom correspondait à la façon dont il

4 figure dans la déclaration de témoin.

5 Q. Le point où je veux en venir, c'est de savoir si ce témoin est un

6 témoin pour lequel vous lui avez suggéré la question.

7 R. Non, jamais.

8 Q. Regardons la déclaration, étant donné que vous dites avoir lu cette

9 déclaration 03230794, le paragraphe qui commence par "le commandant de

10 l'ensemble de la région." Est-ce que vous y êtes ?

11 R. Oui.

12 Q. Qu'est-ce qui est écrit au-dessus ?

13 R. "Il m'a frappé à deux reprises différentes, alors que j'avais toujours

14 les mains menottées, et il a utilisé les mains et les pieds pour me

15 frapper."

16 Q. Peut-être que nous ne regardons pas le bon extrait, parce que le témoin

17 A, 0794 --

18 R. Oui.

19 Q. Bien. Je regarde le paragraphe concernant le commandant. Je ne parle

20 que de Fatmir Limaj maintenant et je vous demande comment son nom a été

21 évoqué. "Le commandant de l'ensemble de la région était Fatmir Limaj."

22 Avez-vous ce paragraphe sous les yeux ?

23 R. Oui.

24 Q. Au milieu de la page ?

25 R. Oui.

Page 5014

1 Q. Bien, dans la phrase au-dessus, il y a quelque chose qui est écrit.

2 R. Oui.

3 Q. Qu'est-ce qui est écrit ?

4 R. A quel moment -- ou vous entendez les notes manuscrites ?

5 Q. C'est exact.

6 R. A ce moment-là je ne le connaissais que sous le nom de Celiku.

7 Q. Bien et qui a écrit cela ?

8 R. Cela aurait pu être l'écriture d'Andreas ou Edgar.

9 Q. Ce n'est pas votre propre écriture ?

10 R. Non.

11 Q. Bien. Il semble que ceci a été ajouté par la suite à la main. Si vous

12 regardez 0794 [comme interprété] cette déclaration a été amendée en 2002,

13 le 3 ou le 4 de l'année 2002, neuf mois plus tard, est-ce que vous voyez

14 cela à la fin ?

15 R. Oui.

16 Q. Bien. Il semblerait que les mentions manuscrites ne sont pas de votre

17 main, mais sont de la main d'une personne qui a traité cette affaire après

18 que vous soyez parti, après que vous ne faisiez plus partie de l'équipe des

19 enquêteurs ?

20 R. Oui.

21 Q. Bien, il a écrit : "A ce moment-là, je ne le connaissais que sous le

22 nom de Celiku."

23 R. C'est effectivement ce qu'ils ont écrit.

24 Q. Réfléchissons un petit peu à cette question. S'il ne le connaissait que

25 sous le nom de Celiku à ce moment-là comment est-il en mesure de dire qu'il

Page 5015

1 s'appelait Fatmir Limaj ?

2 M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, ceci induit en erreur

3 et sème la confusion lorsqu'on lit ce document. "A ce moment-là", il

4 corrige sa déclaration et à ce moment-là cela fait référence à l'année

5 1998.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est tout à fait comme cela,

7 Monsieur Nicholls. Je ne pense pas que Me Mansfield ait suggéré quoi que ce

8 soit d'autre.

9 M. MANSFIELD : [interprétation] C'est exact, je ne suggère absolument

10 pas cela.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Non.

12 M. MANSFIELD : [interprétation]

13 Q. Pourriez-vous nous aider, Monsieur Kereakes, à ce propos ?

14 R. Oui. Je dois être d'accord avec le Procureur --

15 Q. Vous n'avez pas besoin de l'être, mais cela ne fait rien.

16 R. Bien, Monsieur. Ce que je crois, quelquefois lorsque vous recueillez

17 des déclarations, vous savez que les témoins lancent certaines choses et

18 quelquefois en passant vous apprenez que le commandant de la région était

19 Fatmir Limaj Celiku. Je crois qu'Andreas ou Edgar, je ne sais pas lequel

20 des deux c'était, je crois que c'était Andreas, je ne sais pas ce qu'il

21 faisait lorsqu'il dit, à ce moment-là il attendait au moment de sa

22 détention.

23 Q. Oui, tout à fait.

24 R. Maintenant pardonnez-moi, je sais simplement que si j'ai écrit ici "que

25 le commandant de l'ensemble de la région était Fatmir Limaj Celiku," c'est

Page 5016

1 quelque chose que le témoin a dû dire ou indiquer.

2 Q. C'est cela ?

3 R. Oui.

4 Q. Parce que vous voyez, je comprends tout à fait l'intervention de mon

5 éminant confrère à propos de la date. Bien sûr, je comprends que l'on fasse

6 référence à une période donnée, voyez-vous ? Ou plutôt que le témoin est en

7 train de vous dire qu'il cite le nom qu'il donne, le nom qu'il connaissait

8 à l'époque. Il ne donne pas son nom, si vous regardez la dernière phrase,

9 "les autres prisonniers dont il a appris le nom et qu'il savait que c'était

10 le commandant de l'ensemble de la région."

11 Vous y êtes ?

12 R. Je ne sais pas très bien où vous en êtes ?

13 Q. Je parle toujours du même paragraphe.

14 R. Très bien.

15 Q. Deux phrases plus loin.

16 R. Bien.

17 Q. "Comment a-t-il appris le nom des autres prisonniers." Quel nom ?

18 R. Je pense qu'il fait référence à Fatmir Limaj Celiku.

19 Q. Les deux noms ?

20 R. Je crois que d'après ce que je vois, cela devait être Fatmir Limaj,

21 Celiku, oui.

22 Q. Ensuite, d'après les adaptations manuscrites plus tard, il ne savait

23 pas qui était Fatmir Limaj en 1998. Il ne le connaissait que sous le nom de

24 Celiku en 1998.

25 R. Oui, c'est possible. Il était en train de faire la clarté là-dessus, il

Page 5017

1 me l'a dit à ce moment-là au moment où j'ai recueilli sa déclaration que

2 c'était le commandant de l'ensemble de la région, que c'était Fatmir Limaj

3 Celiku. Il avait déjà fait le lien, vous savez.

4 Q. Bon --

5 R. Poursuivez, poursuivez.

6 Q. Non, terminez.

7 (expurgée)

8 (expurgée), il avait apprit des

9 autres prisonniers que l'homme dont il s'agissait était Celiku. Mais

10 lorsque j'ai recueilli sa déclaration, il s'est tourné et il a dit que le

11 commandant de la région, à ce moment-là, était et il a donné son nom en

12 entier.

13 Q. Comment savait-il son nom en entier ?

14 R. Bien, ceci s'est passé deux ans plus tard.

15 Q. Comment connaissait-il son nom en entier ?

16 R. Il avait, sans doute, posé la question à un certain nombre de gens et

17 l'avait appris de la bouche d'autres témoins.

18 Q. Vous lui avez suggéré le nom ?

19 R. Non. Je ne savais pas qui était Fatmir Limaj.

20 Q. Bon, très bien, c'est ce que je suggère en tout cas.

21 R. Non, je ne le savais pas.

22 Q. C'était un des principaux suspects à propos duquel on vous avait

23 demandé de mener une enquête, n'est-ce pas ?

24 R. Monsieur, à ce moment-là, j'ai recueilli sept déclarations et je venais

25 de travailler pour la CCIU. Je ne connaissais pas Fatmir Limaj, Celiku. Je

Page 5018

1 ne connaissais aucun des suspects.

2 Q. Bien, je souhaite poursuivre sur ce même thème et vous demander quel

3 était le nom. Vous avez posé la question au témoin et il ne l'a jamais

4 évoqué auparavant, bien Celiku ou Fatmir Limaj, lequel, et dans les deux

5 occasions, lorsque cette déclaration est faite, il n'a pas évoqué ce nom

6 devant vous dans sa précédente déclaration en l'an 2000.

7 R. Puis-je relire ma déclaration rapidement, s'il vous plaît ?

8 Q. Oui, certainement.

9 R. Il y a beaucoup de questions que j'avais à vous poser à propos de ce

10 témoin, en particulier après avoir lu sa déclaration préalable et

11 recueillie par l'enquêteur B. Ensuite nous avons commencé à parler de cette

12 déclaration contenant tous les différents éléments et rapportant exactement

13 ce qu'il m'a dit et je n'ai pas compris la première partie puisque son nom

14 n'a pas été évoqué dans la première déclaration.

15 Q. Bien cela ne sera pas trop loin à découvrir. Vous, en tant

16 qu'enquêteur, si vous procédez de cette manière, en réalité vous avez lu

17 ceci et vous avez été impressionné par la déclaration de l'an 2000. Rien de

18 ceci n'a été évoqué dans la déclaration, une des questions qui a été posée

19 était posée en vue de vérifier la véracité des dires du témoin et pourquoi

20 il n'a jamais évoqué cela, auparavant, n'est-ce pas ?

21 R. C'est exact.

22 Q. Bien.

23 M. NICHOLLS : [interprétation] Pardonnez-moi.

24 M. MANSFIELD : [interprétation] Pourquoi n'avez-vous pas ?

25 M. NICHOLLS : [interprétation] Pardonnez-moi si j'interromps, mais nous

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1 devons passer à huis clos partiel pendant quelques secondes.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

3 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

4 [Audience à huis clos partiel]

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25 (expurgée)

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1 [Audience publique]

2 M. MANSFIELD : [interprétation]

3 Q. Pardonnez-moi, je ne vais pas prendre trop de votre temps. Je vous ai

4 demandé pourquoi vous ne lui aviez pas posé la question évidente et de

5 savoir pourquoi il avait répondu en vous donnant une réponse très courte et

6 vous n'avez pas pensé que ceci avait une signification particulière.

7 Je souhaite poursuivre encore et parler toujours de ce témoin que vous

8 appelez le témoin A dans ce but.

9 Ce témoin qui a été évoqué en tant que commandant de la région

10 -- non, ce témoin a évoqué la question et a parlé du commandant de la

11 région, il serait important pour vous de voir cette personne et voir si

12 cette personne était en mesure de le reconnaître, n'est-ce pas ?

13 R. Oui.

14 Q. C'est ce que vous avez fait d'une manière ou d'une autre, n'est-ce pas

15 ?

16 R. Oui, à une date ultérieure.

17 Q. Non, non. A cette occasion-ci.

18 R. Je l'ai reconnu grâce à son nom, mais je ne comprends pas votre

19 question.

20 Q. La question porte sur la mention du nom faite la première fois; était-

21 il en mesure de reconnaître la personne qu'il avait vue deux fois ? S'il

22 devait voir les photos et le reconnaître ?

23 R. Oui, je n'avais pas de photos à ce moment-là.

24 Q. Vous n'aviez pas de photos de Limaj ?

25 R. Non.

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1 Q. Vous aviez des photos des autres personnes ?

2 R. Oui. Comme vous pouvez le voir dans mon rapport qui a été rédigé lors

3 du premier entretien, j'avais une photographie d'Isak Musliu et la raison

4 pour laquelle ceci s'est passé ainsi, c'est que son nom avait été évoqué en

5 premier lieu. (expurgée)

6 (expurgée); je n'avais

7 pas de planche photographique prête encore à montrer au témoin A,

8 présentation de photos au suspect.

9 Q. Quand cette planche photographique U-2 a-t-elle été préparée par

10 rapport à Fatmir Limaj et assemblée par quelqu'un ? A qui vous aviez confié

11 cette tâche ?

12 R. A une date ultérieure.

13 Q. Veuillez nous aider sur ce point. Nous parlons d'une période qui porte

14 sur une année plus tard où vous avez pris part à tout ceci. L'entretien du

15 mois d'août 2000 [comme interprété]. Combien de temps après cela ?

16 R. Si vous me le permettez, je vais regarder ce rapport.

17 Q. Oui.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pendant que vous faites ceci, nous

19 pouvons expurger le nom qui vient d'être cité.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Ici, j'ai des notes supplémentaires qui

21 indiquent quelles mesures doivent être prises. Ceci indique que "nous

22 devons faire ou mettre en place des planches photographiques à l'égard de

23 ce suspect," mais ce n'est pas indiqué ici.

24 M. MANSFIELD : [interprétation]

25 Q. Très bien. Nous allons mettre ceci de côté pendant quelques instants.

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1 R. Très bien.

2 Q. Vous, personnellement, une fois que vous aviez ces planches

3 photographiques en main, est-ce que vous les avez montrées à ce témoin A ?

4 R. Je n'ai jamais montré Fatmir Limaj au témoin A.

5 Q. En êtes-vous tout à fait certain ?

6 R. Il faudrait que je consulte mes notes, mais je crois que ce n'est pas

7 moi qui lui ai montré cette photographie. J'en suis presque sûr à 100 %. Je

8 ne lui ai pas montré les photos, je ne lui ai pas montré les planches

9 photographiques. J'avais demandé à ce qu'une nouvelle planche

10 photographique soit préparée, mais je ne pense pas avoir eu la possibilité

11 de l'interroger encore une fois pour pouvoir lui montrer la photographie

12 parce qu'il avait été placé en détention préventive. Je crois que je

13 n'avais pas encore les planches photographiques à ma disposition et ce

14 n'est pas moi qui lui ai montré.

15 Q. Compte tenu de vos réponses, je souhaite voir, maintenant, par rapport

16 au document que vous avez sous les yeux, votre déclaration qui vous a été

17 remise par la Chambre et déclaration que vous avez fournie au Tribunal et

18 qui est datée de l'année 2003. Je vous demande de bien vouloir regarder ce

19 document. Cela se trouve dans une liasse séparée. Je crois que vous l'avez.

20 R. 2003.

21 Q. C'est la déclaration de 2003 dont les paragraphes sont numérotés.

22 R. Quel numéro, s'il vous plaît ?

23 Q. Je vous demande de bien vouloir vous reporter au

24 paragraphe 96. Je vais lire ceci lentement pour éviter, encore une fois, de

25 citer des noms en audience publique. Y êtes-vous,

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1 paragraphe 96 ?

2 R. Oui.

3 Q. Dans ce paragraphe, vis-à-vis du témoin A, vous dites

4 ceci : "Je ne me souviens pas du nombre de témoins auxquels j'ai montré ces

5 planches photographiques de suspects; néanmoins, je me souviens avoir

6 montré A," - je ne parle pas du reste - "les photographies de Fatmir

7 Limaj."

8 Ensuite, au paragraphe suivant, vous dites : "Je me souviens que A a

9 reconnu Limaj." Je ne cite pas les autres noms.

10 Est-ce que vous voyez tout ceci ?

11 R. Oui.

12 Q. C'est de la foutaise tout cela, n'est-ce pas ?

13 R. Il y a une erreur, ici et je peux vous fournir une explication à cet

14 égard.

15 Q. Comment l'erreur a-t-elle pu se glisser ici ?

16 R. Les enquêteurs du TPIY sont venus à Chicago pour m'interviewer, je

17 n'avais pas la suite de ce deuxième rapport. J'étais tout à fait sûr

18 d'avoir montré la photographie de Fatmir, mais c'est moi qui aie commis

19 cette erreur et j'ai vérifié dans mes notes et j'avais signé cela. Je

20 n'aurais pas dû faire cela.

21 Q. Encore une fois, je vous soumets cette idée : si vous avez raison et si

22 c'est votre erreur, c'est une erreur assez grave que vous avez commis en

23 tant qu'officier de police, lorsque vous avez signé cette déclaration,

24 n'est-ce pas ?

25 R. Oui, effectivement. Je n'en suis pas fier.

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1 Q. D'un autre côté, bien sûr, vous êtes tout à fait sûr que vous avez

2 montré la photo de Fatmir Limaj au témoin A, n'est-ce pas ?

3 R. Non. J'ai simplement fait une déposition et je ne pensais pas, lorsque

4 je l'ai faite, lui avoir montré la photographie. Si vous souhaitez que je

5 le confirme, il faudrait que je consulte mes notes à nouveau, mais je suis

6 presque sûr que j'ai fait cette erreur à propos de Fatmir Limaj et du

7 témoin A.

8 Q. Vous voyez, les termes utilisés ici, vous les voyez à l'écran, dans les

9 termes utilisés ici, ce que vous venez de dire à la Chambre : "J'aurais pu

10 jurer que je lui avais montré la photo de Fatmir." Est-ce que vous y êtes ?

11 R. A l'époque.

12 Q. Oui.

13 R. A l'époque.

14 Q. C'est bien la question que je vous pose.

15 R. Une fois que j'ai parcouru mon rapport contenant des éléments

16 complémentaires, une fois avoir parcouru ce document, oui, j'ai, à ce

17 moment-là, produit ces photographies du suspect, j'avais demandé à ce que

18 ceci soit fait, je l'ai montré à un ou deux témoins, je ne me souviens pas

19 bien et j'ai supposé que le témoin A faisait partie ou était un de ces

20 premiers témoins. Je me souviens lui avoir montré une photo sur ces

21 planches photographiques et c'était devenu très routinier, je montrais

22 toujours deux photos de suspect, je montrais toujours ces planches

23 photographiques au futur témoin, j'avais, en réalité, commis une erreur

24 lorsque j'ai dit U-2 qui était le suspect en question. Je lui avais montré

25 aussi. C'est une erreur de ma part.

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1 Q. Quand avez-vous remarqué cette erreur ?

2 R. J'ai remarqué cette erreur lorsque je suis venu ici et que j'ai eu le

3 temps de parcourir mes notes.

4 Q. Au mois de mars, cette année ?

5 R. Non. La première fois, c'était au mois de mars -- oui, cette année.

6 Q. Mars de cette année.

7 M. MANSFIELD : [interprétation] Monsieur le Président, peut-être que nous

8 pourrions passer à huis clos partiel pour les deux questions suivantes ?

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Chose faite.

10 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Huis clos partiel.

11 [Audience à huis clos partiel]

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24 [Audience publique]

25 M. MANSFIELD : [interprétation]

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1 Q. Je vais maintenant résumer, en audience publique, ce qui s'est passé à

2 propos de cette personne tierce. Nous allons l'appeler à toutes fins

3 utiles, C. Dans une déclaration que vous avez écrite, vous lui avez montré

4 des photos de Fatmir Limaj alors qu'il n'avait pas mentionné cette

5 personne. C'est bien exact, ce que je résume ?

6 R. C'est exact.

7 Q. J'aimerais, maintenant, vous poser d'autres questions à propos de

8 plusieurs personnes. Je souhaiterais le faire en audience publique, dans la

9 mesure du possible, sans mentionner de noms. Je vous demanderais d'être

10 prudent et je ferai, moi-même, la même chose.

11 R. Oui.

12 Q. Si vous prenez l'intercalaire numéro 5, vous verrez qu'il y a une autre

13 déclaration de la part d'une personne dont le nom se trouve dans ce

14 document. Intercalaire 5, je vous prie.

15 R. Oui.

16 Q. Alors, premièrement, avez-vous demandé à ce témoin -- que je vais

17 appeler témoin de l'intercalaire 5. Pour que tout soit clair aux fins du

18 compte rendu d'audience, avez-vous suivi toutes les formalités avec ce

19 témoin de l'intercalaire 5 ? Toutes les questions que je vous ai déjà

20 posées : l'avez-vous déjà vu, est-ce que vous pouvez me faire une

21 description de cette personne, et cetera, et cetera ? Avez-vous fait cela ?

22 R. D'après la déclaration, il le connaissait. Il a mentionné, dans la

23 déclaration, qu'il était son commandant.

24 Q. Oui. Mais même si quelqu'un vous dit cela, il est absolument primordial

25 d'obtenir une description de la part de la personne qui indique connaître

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1 la personne, n'est-ce pas ?

2 R. Oui.

3 Q. Parce que l'apparence d'une personne peut tout à fait changer ?

4 R. Oui, tout à fait.

5 Q. Notamment, en cas de guerre, puisque c'était la situation, à l'époque;

6 les gens peuvent se laisser pousser la barbe ou la raser. Ils peuvent avoir

7 des cheveux très longs, très courts ou se laisser pousser la moustache.

8 Cela est important lorsqu'il s'agit de reconnaître le visage, n'est-ce pas?

9 R. Oui.

10 Q. Où sont les questions ?

11 R. Comme je vous l'ai dit, il m'a dit qu'il était son commandant, il le

12 connaissait. Il était passé sous son commandement, il avait reçu des ordres

13 de sa part. Il m'a dit qu'il le connaissait.

14 Q. Suivez-vous ma question ?

15 R. Oui.

16 Q. Pourquoi ne lui avoir pas demander alors ? Quelqu'un qui vous dit qu'il

17 le connaissait, pourquoi est-ce que vous n'avez pas demandé à cette

18 personne, pourquoi est-ce que vous ne lui avez pas posé ces questions de

19 base ?

20 R. Lorsque je regarde ma déclaration j'ai posé des questions à propos des

21 deux autres suspects dans ce cas.

22 Q. Est-ce que vous pouvez vous en tenir à Fatmir Limaj ?

23 R. Oui. Ce que j'ai fait, c'est que j'ai oublié de lui demander de décrire

24 son aspect physique.

25 Q. Vous avez oublié ?

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1 R. Oui.

2 Q. Je vais avancer que cela n'est pas tout, car en ce qui concerne le

3 témoin de l'intercalaire 5, je vous demanderais de prendre la deuxième

4 page, à savoir, la page 1051. Tout ce qu'indique cette déclaration, est que

5 vous avez montré une planche photographique qui portait le numéro U-2, et

6 le témoin a reconnu le numéro 3. C'est ce qui est indiqué dans votre

7 déclaration.

8 R. C'est exact.

9 Q. Pour être plus précis, la déclaration qui a été recueillie auprès du

10 témoin de l'intercalaire 5.

11 La première question est comme suit : que s'est-il passé, ou qu'est-

12 il advenu de la planche photographique U-2 ?

13 R. Vous voulez dire qu'est-ce que j'en ai fait après ?

14 Q. Oui.

15 R. Je l'ai mis en annexe à la déclaration. Dans un premier temps, je me

16 suis assuré que le témoin fasse un cercle autour du numéro, qu'il signe,

17 ensuite, je mettais cela en annexe la déclaration.

18 Q. Bien. Etes-vous certain ?

19 R. Oui.

20 Q. Très bien. Est-ce que lorsque vous êtes arrivé ici, est-ce qu'on vous a

21 demandé où cela se trouvait ?

22 R. Oui.

23 Q. Vous comprenez fort bien que cela n'est plus disponible.

24 R. Non, je ne le comprends pas.

25 Q. J'ai utilisé à mauvais escient ce verbe. Ce que je voulais vous

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1 demander, si vous comprenez, en fait.

2 R. Oui, je comprends.

3 Q. Je comprends très bien que vous ne l'appréciez pas. C'est ce que vous

4 avez compris.

5 R. Non, non, je ne comprends pas.

6 Q. Très bien. Je vois ce que vous entendez. Est-ce que vous savez que

7 lorsqu'un autre groupe d'officiers a repris l'enquête, et qu'ultérieurement

8 l'enquête leur a été transmise, vous savez que cela s'est passé ?

9 R. Oui.

10 Q. Savez-vous, disais-je, que personne, personne n'a jamais trouvé une

11 version de la planche photographique U-2 où figure Fatmir Limaj ? Il occupe

12 d'ailleurs la position numéro 3 sur la planche photographique. Est-ce que

13 vous pourriez nous fournir une explication à ce sujet ?

14 R. La seule chose à laquelle je pense, est que cela a été copié. Il se

15 peut qu'il y ait des documents qui se soient perdus; c'est la seule

16 explication. Parce que je sais que si j'ai écrit dans mes notes que je lui

17 avais montrés et qu'il avait été reconnu comme numéro 3, la procédure que

18 je suivais toujours était de mettre cela en annexe à la déclaration.

19 Q. Très bien. Vous agrafiez la planche photographique à la version

20 anglaise ou à la version albanaise ?

21 R. J'utilisais une agrafe, en fait, une agrafe à papier. Soit j'utilisais

22 une agrafe, soit un trombone. J'utilisais un trombone ou alors une agrafe.

23 Je prenais la version albanaise, la version anglaise, la planche

24 photographique, et je mettais tout cela dans un classeur.

25 Q. Est-ce qu'ils étaient agrafés ces documents ?

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1 R. Parfois, ils étaient agrafés. Parfois, j'utilisais des trombones.

2 Q. Parce que s'ils étaient agrafés, le document d'origine porterait la

3 marque de l'agrafe, n'est-ce pas ?

4 R. Oui, probablement.

5 Q. Avez-vous regardé le document d'origine ?

6 R. Le document d'origine qui correspond à la déclaration du témoin ou à la

7 planche photographique ?

8 Q. Les deux.

9 R. Non, non, je n'ai pas vu les documents d'origine. On m'en a fourni des

10 copies, mais à moment donné, j'ai vu ces originaux.

11 Q. Vous voyez où je veux en venir. Car ce n'est pas le seul incident de la

12 sorte. Parce qu'il y a un autre cas où l'on voit que le document ne semble

13 plus exister. Vous ne pouvez véritablement ne nous être d'aucun secours à

14 ce sujet.

15 R. Je souhaiterais pouvoir vous être d'un certain secours, mais je

16 n'aurais pas créé et préparé une planche photographique de suspects et

17 suivi les orientations de l'Accusation. Il est évident que le témoin a fait

18 un cercle autour de la photo du témoin. Il l'a signée. Ensuite, nous

19 consignions tout cela, et nous l'archivions avec le rapport d'origine du

20 témoin et la copie traduite.

21 Q. Si vous prenez la déclaration du témoin qui se trouve à l'intercalaire

22 5, est-ce que contrairement à ce qui s'est passé dans votre cas et dans le

23 cas d'un autre témoin, est-ce qu'il a paraphé sa déclaration ou est-ce

24 qu'il l'a signée; soit la version albanaise ou la version anglaise, la

25 version albanaise étant d'ailleurs en annexe à cette copie ?

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1 R. Je vois une signature sur la dernière page 0323-1054, mais je n'étais

2 pas présent lorsque cela a été signé.

3 Q. A la page 1054, vous nous dites qu'apparemment il y a une signature en

4 haut à gauche; c'est bien cela ?

5 R. Oui, mais je ne sais pas de quelle signature il s'agit.

6 Q. Regardant --

7 M. NICHOLLS : [interprétation] Je peux vous prêter main-forte, Maître. S'il

8 s'agit de la même signature que l'on trouve à la page 1052, il semblerait

9 qu'il s'agisse de la signature de la déclaration, si vous prenez la version

10 anglaise également.

11 M. MANSFIELD : [interprétation]

12 Q. S'il s'agit de la signature du témoin, je pense que vous venez de nous

13 dire que vous n'étiez pas présent lors de la signature de cette

14 déclaration.

15 R. C'est exact.

16 Q. Quand est-ce que cela a été signé par le témoin ?

17 R. Lorsque cela a été traduit de l'anglais vers l'albanais, le témoin est

18 appelé à nouveau pour apposer sa signature.

19 Q. Pour ce qui est de ce témoin particulier d'ailleurs, j'aimerais vous

20 donner un autre exemple que vous trouverez à l'intercalaire 6.

21 R. Oui.

22 Q. Une fois de plus, je vais l'appeler le témoin de l'intercalaire 6. Cela

23 prend un petit plus de temps. Le témoin de l'intercalaire 6 a fourni une

24 disposition assez longue comme vous pouvez le voir. Dans cette déclaration,

25 il décrit des événements qui se sont déroulés, et il ne fait aucune mention

Page 5036

1 au nom Fatmir Limaj dans le corps de la déclaration. Vérifiez si vous le

2 souhaitez.

3 R. Oui.

4 Q. J'aimerais à nouveau vous poser une question. Comment est-ce que ce

5 témoin s'est débrouillé pour mentionner ce nom ? Si vous prenez la page

6 1251 - d'ailleurs j'avais attirer votre attention là-dessus un peu plus tôt

7 - vous y verrez un passage où une planche photographique afférente à Limaj

8 lui a été apparemment montrée.

9 R. Oui.

10 Q. Je voudrais vous demander de prendre la phrase avant ce passage. Une

11 question qui apparemment vient de vous. Vous dites : "Comment est-ce que

12 vous vous êtes rendu compte que le commandant Celiku était Fatmir Limaj ?"

13 Vous le voyez ?

14 R. Oui.

15 Q. Si vous regardez cette page tout en passant à la page 1 261, j'aimerais

16 savoir si la question que je viens de vous poser : "Comment est-ce que vous

17 vous êtes rendu compte que le commandant Celiku," vous la voyez cette

18 question ?

19 R. Oui.

20 Q. Est-ce qu'il s'agit de votre écriture ?

21 R. Oui.

22 Q. Il s'agit d'une question écrite par vous. C'est votre écriture qui a

23 été posée le jour où la déclaration a été recueillie en janvier 2002,

24 n'est-ce pas ?

25 R. Oui.

Page 5037

1 Q. Il est évident que vous saviez qui était Fatmir Limaj à l'époque ?

2 R. Oui.

3 Q. Où dans cette déclaration ou ailleurs d'ailleurs indique-t-il avant que

4 cette question ne lui soit posée, indique-t-il, disais-je, qu'il s'est

5 rendu compte que Celiku était Fatmir Limaj ?

6 R. Est-ce que je peux juste consulter la déclaration pendant une petite

7 seconde ?

8 Q. Tout à fait.

9 R. Merci. Si vous prenez la page 0323-1250 --

10 Q. Oui.

11 R. Il mentionne Celiku à la fin de la page.

12 Q. Je m'excuse, à la page 1251 --

13 R. A la page 1250.

14 Q. Excusez.

15 R. 0323-1250.

16 Q. Oui.

17 R. Vous voulez que je vous en donne lecture ?

18 Q. Oui, je vous en prie.

19 R. Voyons. "Nous étions en train de marcher. Nous sommes passés par un

20 carrefour, et une voiture s'est arrêtée près de nous. Une personne est

21 sortie de cette voiture. J'ai décrit que cette personne portait un uniforme

22 vert, avait des cheveux châtains, et n'était pas en train de porter" --

23 Q. Je m'excuse. On est en train de me demander d'essayer de ralentir votre

24 débit parce que --

25 R. Oui, oui.

Page 5038

1 Q. Je vous signale que cela est traduit. Je pense que nous avons tous

2 trouvé le passage à la page 1250.

3 R. Oui. Je l'ai entendu dire à Shala de dire aux prisonniers de s'asseoir.

4 C'est ainsi que je me suis rendu compte que j'étais commandant. Le

5 commandant a dit à Shala, à ce moment-là, que je ne savais toujours pas le

6 nom du commandant de l'UCK.

7 Q. Très bien. Un petit temps d'arrêt. Lorsque vous avez pris cette

8 déclaration en janvier 2002, il vous a dit que quelle que soit la personne,

9 c'est un commandant. Bien entendu, il y avait plus d'un commandant là ?

10 R. Oui.

11 Q. Cela aurait pu être n'importe qui ?

12 R. Soit le commandant de la prison, soit le commandant de la région ou le

13 commandant de la police de l'UCK.

14 Q. Oui, cela aurait pu être n'importe qui.

15 R. Oui.

16 Q. Il vous dit : "A ce moment-là." Lorsque vous dites "à ce moment-là,"

17 qu'entendez-vous par "à ce moment-là" ?

18 R. J'entends pendant sa détention.

19 Q. Très bien. "Je ne sais toujours pas quel est le nom de ce commandant de

20 l'UCK." Voilà ce que j'avance; il est en train de vous dire qu'il ne

21 connaissait toujours pas le nom du commandant.

22 R. Non, non, non. Ce --

23 Q. Lorsque --

24 R. Regardez ce qui s'est passé auparavant.

25 Q. Oui.

Page 5039

1 R. Il y a quelqu'un qui donne des ordres. Il dit : "A ce moment-là." A ce

2 moment-là, ce n'est pas le temps présent au moment où je prends la

3 déclaration; il est en train de me décrire quelque chose qui lui est

4 arrivé. Je m'excuse, je vais un peu trop vite. Il me décrit quelque chose

5 qui lui est arrivé au centre de Détention. Nous ne sommes pas en train de

6 parler de ce qu'il faisait dans son domicile à ce moment-là. Il dit : "A ce

7 moment-là --

8 Q. Oui, mais ce n'est pas ce qui est écrit, vous voyez. Il est dit : "à ce

9 moment-ci, et non pas "à ce moment-là."

10 R. Non. Dans ma copie, il y est marqué : "A ce moment-ci, je ne savais pas

11 qui était le commandant de l'UCK."

12 Q. Très bien. Nous ne savons pas s'il fait référence à 1998 au moment de

13 la déclaration. Quand est-ce qu'il vous dit que cette personne était dans

14 un premier temps Celiku, et deuxièmement, Fatmir Limaj ?

15 R. Lorsque je lui ai posé la question à la fin de l'entretien.

16 Q. Très bien. Je pense que vous avez compris maintenant, Monsieur

17 Kereakes.

18 R. Oui.

19 Q. Oui.

20 R. Oui, mais je voudrais fournir une petite explication.

21 Q. Je vais vous l'autoriser, tout à fait. Je ne voudrais surtout pas vous

22 interrompre.

23 Ce qui s'est passé, c'est que sur cette page, il y a une phrase, une partie

24 de phrase : "A cette époque, je ne savais toujours pas qui était le nom du

25 commandant de l'UCK," cela a été biffé. C'est vous qui l'avez biffé ?

Page 5040

1 R. Non.

2 Q. Ce qui s'est passé - j'espère que vous me suivez - c'est lorsque la

3 déclaration a été vérifiée ultérieurement en 2002 et que cette vérification

4 a été faite par un autre officier dont les initiales sont, ou dont

5 l'initiale est M, 1402, il biffe cela et il écrit "Fatmir Limaj" dans la

6 marge et il signe. Vous voyez cela ?

7 R. Oui, je le vois.

8 Q. Le fait d'avoir biffé cela et d'avoir apposé dans la marge le nom de

9 Fatmir Limaj, tout cela ne se trouvait pas sur cette page en janvier 2002,

10 n'est-ce pas ?

11 R. C'est exact.

12 Q. Très bien. Dans le corps de la déclaration, comme je vous le disais, il

13 n'y a aucune indication faite au nom de Fatmir Limaj. Il n'est pas indiqué

14 que Celiku est la même personne que Fatmir Limaj. En tout cas, ce n'est pas

15 indiqué sur cette page qui correspond à la déclaration de janvier 2002.

16 Tournons la page.

17 Page 1 251, il y a un incident à la fin, il y a un document. Puis, il y

18 avait la signature d'un commandant avec le nom Celiku. Cela aussi n'est pas

19 un paragraphe où il est dit : "Celiku était le commandant que j'avais vu

20 préalablement, et est le commandant connu sous le nom de Limaj," n'est-ce

21 pas ?

22 R. Non.

23 Q. Avant de poser la question, comment saviez-vous qu'il avait compris que

24 le commandant Celiku était Fatmir Limaj ?

25 R. Il y avait ce nom Celiku sur un bout de papier. Il a dit qu'il était

Page 5041

1 commandant auparavant. Je lui ai posé la question : Comment est-ce que vous

2 vous êtes rendu compte qu'il s'agissait de Fatmir Limaj.

3 Q. De grâce, Monsieur Kereakes, il s'agit d'une question très, très

4 simple.

5 R. Je peux peut-être vous fournir une explication.

6 Q. Répondez à la question, ensuite, vous vous expliquerez.

7 Comment se fait-il que vous aviez compris qu'il s'était rendu compte que le

8 commandant Celiku était Fatmir Limaj ?

9 R. Voilà ce qui s'est passé : lorsque vous traduisez de l'albanais en

10 passant par l'allemand, puis de l'allemand vers l'anglais, la question que

11 j'avais posée lorsque je l'ai -- les questions que j'ai posées et qui ont

12 été rédigées par moi, il y en a beaucoup qui se sont perdues pendant la

13 traduction. J'ai essayé de préciser comment avez-vous appris que ce

14 commandant était qu'il était. Ce qui s'est passé, c'est qu'une partie de

15 tout cela a dû se perdre lors de la traduction. Alors, il y avait le nom

16 Celiku, il y avait un commandant auparavant. Comment vous êtes-vous rendu

17 compte ou avez-vous appris qu'il s'agissait de Fatmir Limaj.

18 Q. Où se trouvent vos notes en anglais de ce que vous avancé ?

19 R. A la page 0323-1252.

20 Q. Très bien. Si nous lisons cela, en anglais, qu'il s'agisse d'un

21 document manuscrit ou dactylographié, il n'est pas indiqué que ces

22 questions aient été posées, qui correspondraient à l'explication que vous

23 avez suggérée. Vous me suivez ?

24 R. Oui.

25 Q. Très bien. Pourquoi pas ?

Page 5042

1 R. Parce qu'il se peut que cela ait été une erreur de ma part.

2 Q. Une autre ?

3 R. Oui.

4 Q. Combien d'erreurs ont été commises ?

5 R. Comme je l'ai dit, lorsque vous traduisez dans une langue différente --

6 Q. Non, non.

7 R. Il se peut qu'il y ait beaucoup de choses qui soient perdues par la

8 traduction.

9 Q. Non, non, non. Je m'excuse, cela n'a rien à voir avec ce qui se perd

10 lors de la traduction. Vous me suivez ? Cela a à voir avec les questions

11 qui ont été posées en anglais et qui peuvent être traduites, qui seraient

12 consignées d'ailleurs, des questions telles que quelles étaient les

13 circonstances, pouvez-vous nous fournir une description complète, où

14 l'avez-vous vu, où l'avez-vous auparavant, êtes-vous en mesure de le

15 reconnaître ? Ce sont des questions très, très simples. Où cela se trouve

16 en anglais ?

17 R. Je pensais qu'une question suffisait pour montrer qu'il avait reconnu

18 Celiku et qu'il savait qui il était.

19 Q. Ou est-ce que vous souhaitiez coûte que coûte obtenir Fatmir Limaj et

20 faire en sorte qu'il soit reconnu coûte que coûte ?

21 R. Non, je ne voulais pas faire quoi que ce soit coûte que coûte.

22 Q. Vraiment ?

23 R. Non, pas du tout.

24 Q. Je vous poserais une question. J'aimerais savoir si vous connaissez

25 quelqu'un qui répond au nom de Gani Imeri [phon] ?

Page 5043

1 R. Oui.

2 Q. D'accord.

3 M. NICHOLLS : [interprétation] A un moment donné, le témoin a voulu nous

4 expliquer pourquoi est-ce que la ligne avait été biffée.

5 M. MANSFIELD : [interprétation] Oui, oui, tout à fait.

6 M. NICHOLLS : [interprétation] Me Mansfield a dit qu'il le laisserait

7 fournir cette explication et cela ne s'est pas passé.

8 M. MANSFIELD : [interprétation] C'est vrai que j'allais le faire, puisqu'il

9 s'agit d'une déclaration complémentaire mais je vais le faire maintenant.

10 Q. Avant de passer au thème du nom que je viens de vous donner, est-ce que

11 vous pourriez nous expliquer pourquoi la ligne a été biffée, pourquoi le

12 nom de Fatmir Limaj a été ajouté ultérieurement, est-ce que vous pourriez

13 en fait nous fournir une explication pour que nous comprenions comment il

14 s'est rendu compte que Fatmir Limaj était Celiku. Quelle est votre

15 explication ?

16 R. Ils ont peut-être biffé cela parce qu'ils ont peut-être supposé qu'il y

17 avait une erreur qui s'était glissée. Pourquoi est-ce que les autres

18 détectives ont biffé cette ligne, je n'en sais rien. Je ne le sais pas.

19 A cette époque-là, lorsque j'avais rédigé cela, j'ai retrouvé la page.

20 Lorsque j'avais rédigé la déclaration du témoin "à ce moment-ci je ne

21 savais toujours pas quel était le nom du commandant de l'UCK," il entendait

22 au moment de l'incident. Il ne connaissait pas le nom du commandant. Puis

23 ensuite, on lui donne le bout de papier avec le nom de Celiku qui est écrit

24 dessus. C'est vrai, que ce fut un oubli de ma part, une omission. Comment

25 est-ce que vous vous êtes rendu compte que le commandant Celiku était

Page 5044

1 Fatmir Limaj ? Il a dit : En prison, j'avais entendu le nom Celiku et

2 d'autres prisonniers m'avaient indiqué qu'il s'agissait de Fatmir Limaj.

3 S'il avait entendu en prison, le nom de Fatmir Limaj, et par la suite, on

4 lui donne un bout de papier où il est écrit Celiku dessus, il a entendu de

5 la part d'autres prisonniers de qui il s'agissait. Il avait entendu ce nom,

6 on peut supposer qu'il fait la liaison puisqu'on lui donne un bout de

7 papier où il est écrit Celiku et plus tard, il se souvient qu'il s'agissait

8 de Fatmir Limaj.

9 Q. Si telle est l'explication, il aurait pu dire à la page

10 1 250 : A ce moment-ci, je ne le savais pas mais j'ai appris son nom de la

11 part d'autres prisonniers. J'ai appris qu'il s'agissait de Fatmir Limaj ou

12 du commandant Celiku. Cela aurait été très simple, n'est-ce pas, de le

13 faire ainsi ?

14 R. Oui.

15 Q. Il ne l'a pas fait ?

16 R. Mais il continue à relater son histoire.

17 Q. Vraiment ?

18 R. Oui, il dit : A cette époque, je ne sais pas quel était le nom du

19 commandant de l'UCK. A ce moment-là, pendant que les événements se sont

20 déroulés, il ne le savait pas. Puis, ensuite, on lui donne ce bout de

21 papier où il est écrit Celiku. Il a entendu des prisonniers mentionner le

22 nom.

23 Q. Oui, mais il ne le vous dit qu'après que vous lui posez la question,

24 comment avez-vous appris, comment vous êtes-vous rendu compte. Ce n'est

25 qu'après qu'il indique qu'il avait entendu le nom de Celiku et que d'autres

Page 5045

1 lui avaient dit en prison qu'il s'agissait de Fatmir Limaj. Ce n'est qu'à

2 ce moment-là qu'il le dit ?

3 R. Oui.

4 Q. Ce que j'avance, c'est que vous vouliez coûte que coûte faire en sorte

5 que Fatmir Limaj soit reconnu et vous n'êtes pas d'accord ?

6 R. Non, non. Je ne voulais pas le faire coûte que coûte.

7 Q. C'est pour cela que je vous ai posé une question à propos de ce nom

8 Gani Imeri. Vous vous en souvenez ?

9 R. Oui.

10 Q. Il a été détenu par vous et par d'autres d'ailleurs pendant une période

11 de temps assez longue, n'est-ce pas ?

12 R. Oui, effectivement. En fait, lorsque vous dites par "vous et par

13 d'autres détectives," est-ce que vous suggérez que le CCIU l'a incarcéré et

14 l'a gardé dans un bureau ? Non, non, ce n'est qu'après qu'il ait été

15 arrêté.

16 Q. Est-ce qu'il a été inculpé ?

17 R. Oui. Il y a des chefs d'inculpation qui ont été dressés contre lui.

18 Q. Que s'est-il passé ensuite ?

19 R. Je pense qu'il n'y a pas eu de suite, en fait.

20 Q. Les poursuites ont été abandonnées ? Il a quand même passé un temps

21 assez long en détention ?

22 R. Je ne m'en souviens pas. Je ne me souviens pas de la durée du temps.

23 Q. Dans des conditions très, très difficiles, n'est-ce pas ? Des

24 conditions physiques difficiles ?

25 R. Vous voulez parler des conditions de détention ?

Page 5046

1 Q. Oui. Il n'a pu prendre de douche chaude pendant six mois. Il n'y avait

2 pas de chauffage. Il prenait tous ses repas dans l'obscurité la plus

3 complète. Pas de lumière dans sa cellule. Est-ce que vous le savez cela ?

4 R. Non. Je ne suis jamais rendu dans ces centres de Détention.

5 Q. Vous avez eu la possibilité de temps à autre ?

6 R. Je pense l'avoir vu une fois dans une salle où il était interrogé. A ce

7 moment-là, il disait qu'il voulait donner le nom des autres personnes qui

8 avaient participé à l'enlèvement.

9 Q. Très bien. Alors, nous brûlons maintenant. Nous approchons du but. Ce

10 que j'aimerais ou plutôt j'aimerais d'abord vous poser une question.

11 Est-ce qu'il y a d'autres américains ou est-ce qu'il y avait une autre

12 personne portant l'uniforme américain au Kosovo qui avait un nom hellénique

13 qui faisait partie du CCIU ?

14 R. Non.

15 Q. Voilà la description qui est fournie. Est-ce que vous avez rendu visite

16 à cette personne, accompagné d'un officier autrichien ?

17 R. Il faudrait que je consulte mes notes. Je sais qu'il y a eu

18 interrogatoire qui a été mené à bien après l'arrestation. Je ne me souviens

19 plus de la période de temps. Je ne sais pas plus si je suis aller le voir.

20 Je pense que je l'ai vu une fois après. Je ne m'en souviens plus très bien

21 ou est-ce qu'il s'agissait du premier interrogatoire après qu'il ait été

22 arrêté.

23 Q. Pas après ?

24 R. Non, dès qu'il fut arrêté, je sais que, j'ai mené à bien

25 l'interrogatoire et Mitrovica était avec moi.

Page 5047

1 Q. Ce que j'avance c'est que pendant cet entretien, vous vouliez obtenir

2 une déclaration de sa part, déclaration dans laquelle Fatmir Limaj était

3 mentionné. Vous lui avez indiqué que s'il se montrait coopératif, il

4 pourrait bénéficier d'un régime de faveur, par opposition à la détention.

5 Par exemple, changement d'identité, installation et relogement pour sa

6 famille, et cetera, et cetera. Vous en souvenez ?

7 R. Non, je ne m'en souviens pas. Je me souviens, il ne faut pas oublier

8 qu'il s'agissait d'une région différente. Ce n'était pas la même zone de

9 responsabilité que celle de Fatmir Limaj. Je me souviens que nous avons

10 justement offert un programme de mesures protection au témoin s'il était en

11 mesure de témoigner à propos des crimes de guerre ou s'il était en mesure

12 de nous parler des autres suspects dans l'affaire. Nous lui avons dit que

13 nous étudierions cela.

14 Q. Oui, j'aimerais quand même vous rappeler qu'il s'agissait d'un

15 commandant de l'UCK, d'un bataillon de la Brigade 141. Vous en souvenez ?

16 R. Oui. Je m'en souviens. Je pense qu'il est devenu commandant après, un

17 commandant de l'UCK lorsque l'UCK est devenu TMK.

18 Q. Oui.

19 R. Je pense que pendant le conflit, il n'était pas commandant.

20 Q. Ce que vous vouliez obtenir de sa part, c'étaient des informations

21 portant sur Fatmir Limaj, n'est-ce pas ?

22 R. Non. Ce n'est pas le cas.

23 Q. Est-ce que vous me dites que son nom n'a jamais été mentionné ?

24 R. Non. Il n'a jamais été mentionné.

25 Q. Avez-vous conservé des notes de cet entretien avec vous avec cet

Page 5048

1 homme ?

2 R. Oui, une déclaration.

3 Q. Une déclaration ?

4 R. Oui.

5 Q. Par conséquent, d'après vous, on lui a proposé de le protéger en tant

6 que témoin. C'est cela ?

7 R. Il m'a dit qu'il avait peur de communiquer les noms des autres suspects

8 ayant participé à des enlèvements de Serbes. Nous lui avons dit à ce

9 moment-là que nous pourrions lui offrir notre protection.

10 Q. Tout ceci, n'est-ce pas, portait sur Fatmir Limaj ?

11 R. Pas du tout.

12 Q. Non ?

13 R. Non.

14 Q. J'aimerais vous poser des questions sur d'autres noms, dans le même

15 contexte.

16 Lui avez-vous parlé de Hashim Thaqi ?

17 R. Je lui ai demandé s'il savait qui c'était.

18 Q. Oui mais pas Limaj ?

19 R. Non.

20 Q. Haradinaj ?

21 R. Non.

22 Q. Selimi ?

23 R. Non. Il a parlé de Hashim Thaqi, lui-même.

24 Q. Au final, je pense, on a proposé à ce témoin d'être réinstallé où il le

25 souhaitait dans le monde s'il présentait des informations sur Fatmir Limaj,

Page 5049

1 n'est-ce pas ?

2 R. Non. Ce n'est pas vrai.

3 Q. Pour résumer les choses, en ce qui vous concerne, vous êtes officier de

4 police des Etats-Unis, votre principale expérience avait porté sur la

5 violence des rues, les crimes de rues. Tout d'un coup, on vous demande de

6 vous occuper des crimes de guerre. C'est bien cela; est-ce exact ?

7 Q. Mais ceci vous dépassait complètement, n'est-ce pas ?

8 R. Non, je ne le crois pas.

9 Q. Personne n'était pas véritablement en train de surveiller de suivre ce

10 que vous faisiez, n'est-ce pas ?

11 R. Si.

12 Q. Qui ?

13 R. Des procureurs internationaux qui me guidaient dans mon travail, sur

14 cette affaire.

15 Q. Puis-je vous demander si ce procureur international ne vous a jamais

16 dit si vos méthodes, votre démarche posait véritablement problème, avait

17 des lacunes ?

18 R. Jamais.

19 Q. Vraiment, jamais ?

20 R. Non.

21 M. MANSFIELD : [interprétation] Merci.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Mansfield.

23 Maître Guy-Smith.

24 Contre-interrogatoire par M. Guy-Smith :

25 Q. [interprétation] Bonjour.

Page 5050

1 R. Bonjour.

2 Q. Je suis Gregor Guy-Smith avec mon collègue, ici. Je représente Haradin

3 Bala. Me Harvey est mon collègue.

4 R. Oui.

5 Q. Nous nous comprenons, n'est-ce pas ? Je viens de San Francisco.

6 R. Oui. Il se peut, néanmoins, que je ne vous comprenne pas.

7 Q. Nous allons voir.

8 R. Essayons et nous verrons.

9 Q. Au début de votre carrière dans la police, vous avez suivi vos études à

10 quelle université, avant cela ?

11 R. L'université de Loyola.

12 Q. Connaissez-vous un quartier appelé Northwestern ?

13 R. Oui.

14 Q. Ceci était proche de l'endroit où vous vous trouviez ?

15 R. C'est près de Rogers Park; Northwestern, c'est à Evanston, je dirais

16 peut-être quatre miles vers le nord.

17 Q. N'avez-vous jamais eu affaire avec le centre qui s'y trouve, l'école de

18 droit?

19 R. Non.

20 Q. Au cours de votre formation, en tant qu'officier de police, cette

21 question de condamnations non fondées, de condamnations injustes, y avez-

22 vous été confronté ?

23 R. Oui.

24 Q. Au cours de mes arrestations ?

25 R. Non.

Page 5051

1 Q. En général, une question que vous auriez pu aborder en tant qu'officier

2 de police ?

3 R. A l'école de police ?

4 Q. Oui.

5 R. Oui.

6 Q. Très bien. Avant de rentrer à l'école de police, vous avez également

7 suivi des cours de psychologie, n'est-ce pas ?

8 R. C'est exact.

9 Q. Vous avez étudié l'esprit, comment l'esprit fonctionne ?

10 R. Oui.

11 Q. Dans ce domaine-là, vous avez évidemment appris les différents facteurs

12 qui pourraient influencer un individu dans ses actes; n'est-ce pas ?

13 R. Je n'ai pas étudié quoi que ce soit de psychologique concernant des

14 crimes en particulier.

15 Q. Je comprends, mais c'est simplement l'une des choses que vous avez

16 apprise au cours de vos études de psychologie.

17 R. Je venais juste de commencer mes études de psychologie, mais je n'étais

18 pas entré aussi profondément dans les détails.

19 Q. Bien. Mais lorsque vous avez été à l'école de police, vous avez appris,

20 entre autres choses, un certain nombre de méthodes d'enquêtes,

21 particulièrement dans vos rapports avec les témoins.

22 R. Oui, effectivement.

23 Q. C'est ce que fait tout le monde, n'est-ce pas ?

24 R. Oui.

25 Q. Que vous soyez à Los Angeles, à Chicago ou à New York, c'est pareil,

Page 5052

1 n'est-ce pas ?

2 R. Oui.

3 Q. Il existe un certain nombre de lignes directrices, n'est-ce pas, dans

4 tous les Etats-Unis ?

5 R. Oui.

6 Q. C'est le ministère de la Justice qui promulgue ces lignes directrices,

7 n'est-ce pas ?

8 R. Oui.

9 Q. Cela fait partie de l'information que vous avez acquise au cours de

10 votre formation à l'école de police ?

11 R. C'est exact.

12 Q. Il s'agit de procédures qui portent un nom particulier, n'est-ce pas ?

13 R. Oui.

14 Q. Vous avez, notamment, étudié la question des gangs, n'est-ce pas ?

15 R. C'est exact.

16 Q. Dans le compte rendu anglais, les procédures en question sont apparues

17 comme étant les procédures OJ. Alors qu'en réalité, il s'agit des

18 procédures DOJ, dans les variétés générales.

19 Vous avez étudié les gangs, n'est-ce pas ?

20 R. C'est exact.

21 Q. Lorsque vous avez entamé votre carrière d'officier de police, vous avez

22 travaillé, au départ, dans les services de police qui s'intéressent à un

23 certain nombre de quartiers difficiles, n'est-ce pas ?

24 R. Oui, c'est exact.

25 Q. [aucune interprétation]

Page 5053

1 R. [aucune interprétation]

2 Q. Or, il s'agit de communautés, de ghettos ?

3 R. Oui.

4 Q. De ghettos, en quelque sorte, des communautés qui abritent des

5 personnes qu'on peut considérer comme suspectes dans un certain nombre de

6 cas ?

7 R. Je ne ferais pas de généralités, ils ne sont pas tous comme cela.

8 Q. Non, pas tous, mais --

9 R. Oui. Effectivement, il peut s'agir de certains éléments perturbateurs

10 criminels, comme ailleurs.

11 Q. Oui. En ce qui concerne les gangs, ces personnes font partie de gangs

12 ou peuvent être suspectées d'avoir pris part à un certain nombre de crimes

13 dans des communautés relativement fermées, n'est-ce pas ?

14 R. Oui, ces gangs, en eux-mêmes, constituent des communautés à part

15 entière; c'est le cas dans un certain nombre de quartiers de logements

16 sociaux, et cetera; également, dans le quartier ouest de Chicago.

17 Q. Lorsque vous avez travaillé dans ce service, c'est surtout à ces cas-là

18 que vous vous êtes intéressé ?

19 R. Oui.

20 Q. Parce que vous traitiez des gangs, n'est-ce pas ?

21 R. C'est exact.

22 Q. Vous vous êtes intéressé à la culture des gangs, n'est-ce pas ?

23 R. Effectivement.

24 Q. Vous avez appris dans la rue et ailleurs, notamment, à l'école de

25 police, un certain nombre de techniques d'enquêtes particulières aux gangs,

Page 5054

1 n'est-ce pas ?

2 R. C'est exact.

3 Q. Là, je parle particulièrement de communauté confinée, n'est-ce pas ?

4 R. C'est exact.

5 Q. En ce qui concerne ces gangs à Chicago, l'une des choses que vous avez

6 apprise est que ces gens ont des petits noms, n'est-ce pas, des surnoms ?

7 R. C'est exact.

8 Q. Les gens auxquels vous aviez affaire, à ce moment-là, dans ces gangs,

9 ils n'étaient pas en majorité des blancs, n'est-ce pas ?

10 R. Cela dépendait des quartiers dans lesquels je me trouvais. Par exemple,

11 dans le sud, il y avait pas mal de blancs. Mais en général, effectivement,

12 il s'agissait surtout de noirs américains.

13 Q. Très bien, une des questions qui vous a posé sans doute de nombreuses

14 préoccupations, lorsque vous meniez vos enquêtes, lorsque vous avez atterri

15 dans ce lieu, curieux et étrange qu'est

16 l'ex-Yougoslavie, c'étaient toutes les questions en matière

17 d'identification, n'est-ce pas ?

18 R. C'est exact.

19 Q. Vous deviez faire attention, bien entendu, dans le cadre de ces

20 procédures d'identification, lorsque vous les meniez dans la rue, n'est-ce

21 pas ?

22 R. C'est exact.

23 Q. Ainsi que les procédures d'identification lorsque vous essayiez

24 d'identifier les suspects, les témoins, tout autre personne ?

25 R. C'est exact.

Page 5055

1 Q. Vous avez appris une procédure particulière à l'école de police ?

2 R. C'est exact.

3 Q. Au cours de votre formation, vous le saviez, tout comme les officiers

4 de police américains, vous connaissiez le nombre de condamnations obtenues

5 par le biais d'identification erronée de témoin oculaire, n'est-ce pas ?

6 R. Oui.

7 Q. C'était une question importante, n'est-ce pas, lorsque vous étiez à

8 l'école de police ?

9 R. Oui.

10 Q. Il y a eu un certain nombre d'affaires, je suis sûr que vous en avez

11 traité d'un certain nombre dans votre école de police, Neil contre

12 Biggers ?

13 R. Je m'en souviens vaguement.

14 Q. L'une des choses que vous avez apprise, c'est qu'il est extrêmement

15 important de mener une procédure d'identification juste, équitable et

16 neutre, n'est-ce pas ?

17 R. Oui.

18 Q. Cela ne fait aucun doute, n'est-ce pas ?

19 R. Non.

20 Q. Vous avez passé en revue les différents éléments garantissant l'équité

21 de cette procédure ?

22 R. Oui.

23 Q. Vos formateurs, il y a des années, vous ont dit quelles étaient les

24 normes minimales permettant de garantir cela ?

25 R. Oui.

Page 5056

1 Q. Les normes sont très précisément les normes qui ont fait l'objet de

2 votre discussion avec Me Mansfield ?

3 R. Oui.

4 Q. Parmi les choses que vous avez apprises à l'école de police, avant

5 d'entamer votre carrière dans la rue, il y a la manière dont une enquête

6 doit être menée, n'est-ce pas ?

7 R. La manière dont une enquête doit être menée ?

8 Q. Oui.

9 R. Oui.

10 Q. Je pense que l'une des choses qu'on vous a apprise à Chicago, comme

11 ailleurs aux Etats-Unis, c'est l'importance de la mémorisation de chaque

12 élément, détail essentiel, important pour l'enquête ?

13 R. C'est exact.

14 Q. En réalité, on vous a, sans doute, donné des listes ou des feuilles de

15 papier, à Chicago comme ailleurs, qu'on appelle des feuilles

16 chronologiques ?

17 R. Oui.

18 Q. Ces feuilles vous invitent à écrire, à chaque fois que cela s'avère

19 nécessaire, la date et l'heure à laquelle vous avez eu des contacts dans le

20 cadre d'une enquête particulière, n'est-ce pas ?

21 R. Oui.

22 Q. Toutes ces informations vous devez les faire figurer sur cette feuille,

23 toutes les informations importantes; c'est bien cela ?

24 R. Oui.

25 Q. Les gens que vous rencontrez ?

Page 5057

1 R. Oui.

2 Q. Les choses qu'ils disent ?

3 R. Oui.

4 Q. La manière dont ils le disent ?

5 R. Oui.

6 Q. Quelles sont les autres pistes ?

7 R. Oui.

8 Q. Vos impressions ?

9 R. Oui.

10 Q. Ceci ne change pas d'un endroit à l'autre, n'est-ce

11 pas ?

12 R. Oui.

13 Q. Il y a certaines choses --

14 R. Non. Cela ne change pas, effectivement.

15 Q. Il y a certaines choses que vous aviez avec vous, certains éléments

16 dont vous disposiez lorsque vous êtes allé au Kosovo, n'est-ce pas ?

17 R. Oui, c'est exact.

18 Q. Ce n'était pas des choses nouvelles pour vous ?

19 R. Non.

20 Q. Très bien. En ce qui concerne vos techniques d'enquête, il était

21 important, alors que vous étiez encore à l'école de police, pas au moment

22 où vous avez entonné votre carrière dont vous parlez. Il était important de

23 mémoriser tous ces détails, par exemple, lorsque vous receviez des

24 informations négatives, n'est-ce pas ? Vous me suivez ?

25 R. Oui.

Page 5058

1 Q. Si vous receviez, par exemple, des informations précisant qu'une

2 personne n'était pas impliquée, c'était quelque chose que vous étiez censé

3 prendre par écrit.

4 R. C'est exact.

5 Q. Si vous receviez des renseignements selon lesquels une personne n'avait

6 pas été identifiée, c'était quelque chose que vous étiez censé mémoriser,

7 n'est-ce pas ?

8 R. Oui.

9 Q. Pour ce qui est des photos, des séries de photos, c'est la même chose ?

10 R. Oui.

11 Q. Lorsque vous utilisez des planches photographiques, chaque fois qu'une

12 personne les examine, qu'il y ait identification positive ou négative ou

13 qu'il y ait aucune identification, vous êtes censé faire signer et apposer

14 une date sur ce document ainsi qu'une heure, de manière à ce que vous ayez

15 tout l'ensemble des informations que vous alliez remettre au Procureur sur

16 toutes les choses qui se sont produites ?

17 R. C'est exact.

18 Q. De manière à ce que le dossier soit complet ?

19 R. C'est exact.

20 Q. Ce n'était pas nouveau pour vous avant d'aller au Kosovo; vous le

21 saviez, n'est-ce pas ?

22 R. Oui.

23 Q. Hier, vous avez dit lorsque vous montriez à quelqu'un une planche

24 photographique, ceci s'est fait au Kosovo et qu'ils n'identifiaient

25 personne, vous dites que vous ne faisiez rien.

Page 5059

1 R. Non. Je crois que j'ai également dit que je précisais dans mes notes

2 que le témoin n'a pu être en mesure d'identifier un quelconque suspect.

3 Q. Vraiment.

4 R. Oui, et ceci s'est produit à plusieurs reprises.

5 Q. Vous n'avez pas fait ce que nous venons de dire, n'est-ce pas ? Vous ne

6 leur avez pas fait signer le document, les planches photographiques ?

7 R. Non, je l'ai fait uniquement lorsqu'ils identifiaient quelqu'un.

8 Q. Ce n'est pas ma question.

9 R. J'ai dressé un inventaire de ces planches photographiques. Je savais

10 qu'elles allaient être jointes à la déclaration même si la personne ne

11 signait pas le document, si elle ne reconnaissait personne, c'est vrai.

12 Q. Vous avez appris cela à l'école de police, et nous parlons ici de

13 procédure minimale. Là, vous vous retrouvez dans un autre endroit où il est

14 question de crimes de guerre. Pourquoi ne pas l'avoir fait ?

15 R. Lorsque je suis arrivé à la CCIU, d'autres procédures étaient en place

16 à ce moment-là sur la manière dont nous allions procéder à l'identification

17 sur la base de planches photographiques. A ce moment-là, le procureur

18 international voulait -- parce qu'il n'arrêtait pas de nous dire que nous

19 étions là soumis aux droits yougoslaves. La procédure qu'ils souhaitaient

20 voir appliquer, était d'entourer le chiffre d'un cercle. S'ils

21 n'identifiaient personne, de se contenter de joindre la planche

22 photographique au rapport, et de préciser les choses dans notre note, dans

23 une déclaration.

24 Vous voyez, avec chaque procureur, avec chaque commandant, il y avait un

25 ensemble de règles différentes. Pourquoi ? Parce que vous aviez une

Page 5060

1 cinquante de forces de police qui venaient du monde entier et qui

2 travaillaient ensemble sous le droit yougoslave. C'est ce que l'on nous a

3 dit à ce moment-là : vous êtes soumis aux droits yougoslaves.

4 Q. Vous vous considérez comme un bon policier, n'est-ce pas ?

5 R. J'essaie.

6 Q. Vous êtes fier du travail que vous effectuez ?

7 R. J'essaie.

8 Q. Vous aviez appris quelle règle, en termes de comportement, vous deviez

9 suivre alors que vous travailliez dans les rues à Chicago, que vous

10 travailliez avec certaines communautés, vous étiez habitué à faire face à

11 des situations difficiles. Là, vous êtes en train de nous dire que vous ne

12 suiviez plus les règles que vous jugiez minimales, parce qu'il y avait trop

13 de confusion, parce qu'il y avait des policiers venant des quatre coins du

14 monde ?

15 R. Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. Je disais, qu'à l'époque, il y avait

16 des lignes directrices différentes concernant l'utilisation des planches

17 photographiques dans la CCIU. On nous demandait de faire entourer ces

18 photos; c'est ce que j'ai fait. Ce sont les règles que j'ai suivies.

19 Q. Qui était votre formateur dans la CCIU ?

20 R. Robin Hodgkins.

21 Q. Quel était le protocole de Robin Hodgkins concernant l'utilisation de

22 ces planches ?

23 R. A ce moment-là, on nous a dit de faire rentrer le témoin dans une

24 pièce, que la planche photographique devait déjà figurer sur la table, de

25 ne rien dire, de demander au témoin de prendre son temps, de consulter

Page 5061

1 chacune des photos, de lui dire d'entourer un chiffre s'il identifiait qui

2 que ce soit.

3 Si tel n'était pas le cas, nous l'invitions, ou nous reprenions plus

4 précisément la planche photographique. Nous la mettions en annexe de la

5 déclaration, et nous consignions certaines remarques dans nos notes en

6 précisant qu'il n'avait reconnu ou identifier personne.

7 Q. Au cours de votre enquête, avez-vous montré une quelconque planche

8 photographique concernant M. Bala ?

9 R. Non.

10 Q. Je suis un peu perdu; peut-être pourriez-vous m'aider un petit peu. En

11 tant qu'officier de police, je suppose que vous faites preuve de minutie

12 lorsque vous apposez votre signature sur certains documents.

13 R. Oui.

14 Q. C'est quelque chose de très important ?

15 R. Oui.

16 Q. Parce qu'en réalité, les informations que vous communiquez au procureur

17 vont être utilisées, n'est-ce pas ?

18 R. Oui.

19 Q. Vous devez être prudent avant de vous engager vis-à-vis de quoi que ce

20 soit ?

21 R. Oui.

22 Q. Ceci vous l'avez fait depuis de nombreuses années ?

23 R. C'est exact.

24 Q. Ce n'est pas tout à fait nouveau pour vous ?

25 R. Non.

Page 5062

1 Q. Ce n'est pas étranger ?

2 R. Non.

3 Q. Ce n'est pas quelque chose qui était différent du Kosovo à Chicago, par

4 exemple ?

5 R. C'est exact.

6 Q. D'ailleurs, vous formez des officiers de police vous-même ?

7 R. Oui.

8 Q. Vous les formez aux techniques d'identification ?

9 R. Non.

10 Q. A quoi les formez-vous ?

11 R. A la survie dans le travail effectué dans la rue, aux armes à feu, et

12 cetera.

13 Q. Le travail que vous faites, vous êtes quoi, vous êtes un garde du

14 corps ?

15 R. Je m'occupe de protection rapprochée.

16 Q. Pardon.

17 R. De protection rapprochée.

18 Q. Bien, vous êtes garde du corps. Vous gardez les gens, n'est-ce pas ?

19 R. Oui. Oui.

20 Q. Lorsque vous avez participé aux entretiens avec des gens du TPIY,

21 certains d'entre eux étaient des amis ?

22 R. Non, ce n'est pas vrai.

23 Q. D'accord.

24 R. Je ne connaissais personne parmi les enquêteurs du TPIY qui ne m'ait

25 jamais interrogé. Nous n'avons jamais travaillé au sein de la CCIU

Page 5063

1 ensemble, à l'exception, bien sûr, ou plutôt nous n'avons jamais été

2 ensemble au CCIU avec ceux qui travaillaient sur cette affaire.

3 Q. Vous avez été en contact avec certains d'entre eux ?

4 R. Pardon.

5 Q. Vous avez été en contact avec eux, n'est-ce pas ?

6 R. Ici, à La Haye, non, je n'ai jamais eu aucun contact personnel avec eux

7 ici.

8 Q. Des contacts écrits peut-être ?

9 R. Non.

10 Q. Vraiment ?

11 R. Oui.

12 Q. Lorsque vous avez fait cette déclaration et que vous en êtes arrivé à

13 la manière dont vous aviez soumis ces planches aux suspects, les

14 informations que vous venez de traiter avec Me Mansfield ?

15 R. Oui.

16 Q. Ici, je ne m'intéresse pas à M. Limaj; ce qui m'intéresse, c'est M.

17 Bala.

18 R. C'est exact.

19 Q. Vous avez dit : "Je ne me souviens pas du nombre de témoins à qui j'ai

20 montré les planches photographiques relatives aux suspects. Je me souviens

21 du témoin A. Nous avons parlé d'un autre témoin également."

22 R. Oui.

23 Q. "Nous avons également parlé d'une autre personne, Zeledin" [phon],

24 n'est-ce pas ?

25 R. Oui.

Page 5064

1 Q. Les photos de Haradin Bala ?

2 R. Oui.

3 Q. C'est ce que vous avez dit ?

4 R. Oui.

5 Q. Ce n'était pas exact ?

6 R. Non. C'est une erreur que j'ai faite.

7 Q. Ce n'était pas exact avant de nous dire si c'était une erreur ou pas ?

8 R. Ce n'était pas exact.

9 Q. Vous dites, c'est au paragraphe 97 --

10 R. Je peux le voir ?

11 Q. Absolument. C'est dans votre déclaration de témoin. Je pense que vous

12 l'avez. Cela devrait être dans votre classeur. Paragraphe 97. 2003.

13 M. GUY-SMITH : [interprétation] Pourrions-nous passer à huis clos partiel

14 pendant quelques instants, s'il vous plaît, pour nous assurer que tout ce

15 qui est consigné est exact ?

16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

17 [Audience à huis clos partiel]

18 (expurgée)

19 (expurgée)

20 (expurgée)

21 (expurgée)

22 (expurgée)

23 [Audience publique]

24 M. GUY-SMITH : [interprétation]

25 Q. Vous dites : "Je me souviens que le témoin A a identifié et reconnu

Page 5065

1 Bala." Au paragraphe 97.

2 R. Oui.

3 Q. Cela n'était pas vrai ?

4 R. C'est vrai.

5 Q. Maintenant, vous nous avez dit que la raison pour laquelle vous avez

6 commis ces erreurs, c'est parce que vous n'aviez pas de documents sous la

7 main. Vous n'y avez rien à dire à ce moment-là ?

8 R. C'est exact.

9 Q. Vous n'avez pas de document à relire ?

10 R. C'est exact.

11 Q. En tant qu'officier de police expérimenté, quelqu'un qui connaît

12 l'importance ce que révèle d'une déclaration, pourriez-vous nous dire

13 pourquoi on n'a pas demandé à ce qu'un examen complet de l'affaire dans

14 laquelle il a pris part soit fait car c'est une déclaration assez forte.

15 C'est une déclaration assez téméraire, parce que vous avez ici des témoins

16 auxquels on montre des photos, des planches photographiques. Vous leur

17 montrez des planches photographiques qu'ils n'ont jamais vu précédemment,

18 et vous avez un témoin qui reconnaît mon client, et ceci ne s'est jamais

19 passé.

20 R. Oui.

21 Q. En tant qu'officier de police, c'est quelqu'un qui fait très attention

22 aux termes utilisés lors de l'enquête. Comment cela pouvait-il se

23 produire ?

24 R. Parce que je me reposais sur ma mémoire. Malheureusement, ma mémoire

25 m'a fait défaut ce jour-là.

Page 5066

1 Q. Nous nous reposons ici sur votre mémoire par rapport aux autres

2 questions à propos desquelles vous nous avez parlé aujourd'hui, dans la

3 mesure où vous avez des éléments à cet égard. Nous sommes censés nous

4 reposer sur votre mémoire ?

5 R. Vous parlez desquelles ici.

6 Q. Bien, je ne vais pas ici prendre part à la conversation que vous avez

7 évoquée, la conversation que vous avez eue avec Me Mansfield. Mais à

8 certains nombres de reprises, vous vous êtes, encore une fois, reposé sur

9 votre mémoire ou nous devons le faire, n'est-ce pas ?

10 R. C'est exact.

11 Q. Vous souvenez-vous -- vous avez dit que vous n'avez pas vous-même

12 compilé cette planche photographique. Vous souvenez-vous si, oui ou non, au

13 cours de cette période, c'est vous qui assembliez ces photographies ? Si

14 oui ou non, vous avez évoqué le fait que vous utilisiez différentes

15 planches photographiques ?

16 R. C'est exact.

17 Q. Vous souvenez-vous si, oui ou non, l'individu que vous pensiez être

18 suspect, vous le mettiez toujours dans la même position, par exemple,

19 position 2 et 4 ?

20 R. J'avais tendance à les intervertir. Je ne me souviens pas exactement

21 dans quel ordre je les ai mis.

22 Q. Vous les mainteniez dans deux positions, ou est-ce que vous les mettiez

23 à n'importe quel endroit dans la planche ?

24 R. Non, je les intervertissais; parfois 2, parfois 3, parfois à

25 différentes positions.

Page 5067

1 Q. Très bien. C'était toujours cohérent, c'était toujours la même chose ?

2 R. Oui.

3 Q. Vous aviez un tableau que vous utilisiez pour faire vos planches

4 photographiques, par exemple, A, suspect A avec ce témoin, photographie,

5 planche photographique B, avec le suspect A, avec le deuxième témoin ?

6 R. Non.

7 Q. Vous aviez un tableau, quelque chose comme cela ?

8 R. Non.

9 Q. Comment pouviez-vous décidé et savoir ce qui était juste si, par

10 exemple, un trombone tombait ?

11 R. Non.

12 Q. A une condition ?

13 R. Non.

14 Q. Par exemple si l'agrafe se défaisait ?

15 R. Non.

16 Q. Est-ce qu'il y a une manière de décider, ou saviez-vous comment il

17 fallait réagir à ce moment-là.

18 R. Non.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que le moment est venu.

20 M. GUY-SMITH : [interprétation] Certainement.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je me demandais si vous alliez entamer

22 autre chose tout de suite.

23 M. GUY-SMITH : [interprétation] Non, non. En fait, je ne souhaitais pas

24 entamer autre chose.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons faire une pause d'une

Page 5068

1 demi-heure.

2 --- L'audience est suspendue à 12 heures 29.

3 --- L'audience est reprise à 13 heures 04.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Guy-Smith.

5 M. GUY-SMITH : [interprétation] Avec votre permission, je vais essayer de

6 mettre un terme à mon contre-interrogatoire à 13 heures 15. Si je ne suis

7 pas en mesure de le faire, j'aimerais que mon contre-interrogatoire soit

8 plus court et ainsi, Me Topolski pourrait procéder à son contre-

9 interrogatoire parce qu'il ne pourra pas être ici lundi. J'aimerais savoir

10 si la Chambre m'en donne la permission.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, oui. Faites vite, je vous prie.

12 M. GUY-SMITH : [interprétation] C'est ce que je ferai.

13 Q. Alors, vous nous avez dit que vous étiez au Kosovo et que vous avez

14 mené à bien des enquêtes sur les crimes de guerre ?

15 R. Oui.

16 Q. J'aimerais vous demander si vous avez, vous-même, participé à des

17 enquêtes ou à une enquête sur des crimes de guerre à propos de massacres

18 qui ont eu lieu à Fushe Kosova, c'est cela ?

19 R. Fushe Kosova.

20 Q. Merci. Obri, Cikatov ou Poklec ?

21 R. Non.

22 Q. Est-ce que vous avez également participé à des enquêtes sur des

23 massacres dans trois endroits ?

24 R. Non.

25 Q. Avez-vous participé à une enquête sur les crimes de guerre à propos de

Page 5069

1 massacres qui se sont produits à Likoshan, Qirez et Prekaz ?

2 R. Quel était le dernier lieu ?

3 Q. Prekaz.

4 R. Non.

5 Q. Il s'agit de crimes de guerre relatifs à des serbes.

6 R. Non, non.

7 Q. N'avez-vous jamais participé à des enquêtes sur des crimes de guerre

8 portant sur des enquêtes sur les Serbes ?

9 R. Oui.

10 Q. J'aimerais, maintenant, revenir à la question des photographies et de

11 la façon dont elles sont positionnées dans les planches photographiques.

12 R. Oui.

13 Q. J'aimerais utiliser la photographie de Fatmir Limaj et je vous

14 demanderais de reprendre l'intercalaire 2, si vous n'y voyez pas

15 d'inconvénient.

16 R. Oui.

17 Q. Vous avez cette planche photographique que vous voyez, qui se trouve à

18 la position numéro 1; est-ce exact ?

19 R. C'est exact.

20 Q. M. Limaj se trouvait également en position numéro 6; c'est exact ?

21 R. C'est exact.

22 Q. Outre les numéros 1 et 6, vous ne l'avez positionné dans vos planches

23 ou sur vos planches photographiques nulle part ailleurs; c'est bien exact ?

24 R. C'est exact.

25 Q. Je regarde l'horloge, tout se passe très bien.

Page 5070

1 J'aimerais revenir, pendant un petit moment, sur la question des

2 planches photographiques de l'identification des témoins oculaires et des

3 renseignements que vous avez ainsi glanés.

4 R. Oui.

5 Q. Nous avons déjà établi ou décidé que pendant le moment où vous suiviez

6 des cours d'instruction de la police, la question de l'identification des

7 témoins était une question assez brûlante aux Etats-Unis parce qu'il y a eu

8 un certain nombre de condamnations injustifiées pendant cette époque à la

9 suite de cela.

10 R. C'est exact.

11 Q. Lors de vos cours, n'avez-vous jamais suivi un cours du professeur

12 Elizabeth Loftus ?

13 R. Non. Ce nom ne me dit rien.

14 Q. N'avez-vous jamais suivi un cours donné par un homme qui s'appelait

15 Gary Wells ?

16 R. Non.

17 Q. Lorsque vous vous trouviez au département de la police, je suppose que

18 vous continuez à voir certaines personnes de la police de Chicago. Est-ce

19 que vous continuez à leur parler ? Est-ce que vous savez ce qui se passe ?

20 R. Oui, je garde le contact avec deux personnes.

21 Q. Vous êtes au courant des événements actuels ?

22 R. Oui.

23 Q. Est-ce que vous connaissez les recommandations qui ont été présentées

24 en 2002, en matière d'identifications de photos ?

25 R. Non.

Page 5071

1 Q. Connaissez-vous les études qui ont été faites et qui incluent,

2 d'ailleurs, des ouvrages de M. Wells à propos de l'Etat de l'Illinois parce

3 qu'il y avait certaines préoccupations qui prévalaient du fait de

4 condamnations injustifiées, à la suite d'identifications résonnées?

5 R. Non, je ne suis pas au courant.

6 Q. Vous ne parliez pas de cela avec ces personnes avec qui vous avez le

7 contact ?

8 R. Non, nous ne parlons pas de planches photographiques. Nous ne parlons

9 pas de ces choses-là. Oui, lorsque je suis à Chicago, je suis en visite et

10 nous parlons, nous nous demandons dans quel café ou dans quel bar nous

11 allons nous retrouver pour boire une bière et pour ce qui est de parler de

12 photographies ou de parades d'identification, ce genre de sujet n'est

13 jamais abordé.

14 Q. Lorsque vous étiez aux Etats-Unis, est-ce que vous avez entendu parler

15 d'un projet qui s'appelait le projet Innocence et qui portait justement sur

16 la question des condamnations injustifiées, erronées aux Etats-Unis, il y a

17 beaucoup de personnes qui ont été ainsi punies et condamnées à la suite

18 d'identifications erronées ?

19 R. Je sais que plusieurs personnes ont été condamnées à mort à la suite

20 d'identifications erronées. Voilà ce que je sais à ce sujet.

21 Q. Lorsque vous faisiez partie de votre équipe, vous nous avez dit que

22 vous avez mené à bien des enquêtes sur des homicides ?

23 R. Oui, c'est exact. Nous avions le nom qui émanait de la division des

24 détectives et nous essayions, dans la mesure du possible de localiser les

25 suspects.

Page 5072

1 Q. N'avez-vous jamais participé à des enquêtes sur des homicides, je

2 pense, par exemple, vous nous avez parlé de gangs, je suppose que ce sont

3 des affaires qui avaient qui avaient un potentiel assez important et ces

4 personnes auraient pu être inculpées de certains délits, la conséquence

5 pour eux aurait été la peine de mort, n'est-ce pas ?

6 R. C'est exact.

7 Q. Au vu de cette situation, est-ce que vous n'avez jamais participé à des

8 enquêtes ou des préoccupations auraient été soulevées pour ce qui est de

9 l'identification de témoins oculaires et des défaillances du système ?

10 R. Lors des enquêtes portant sur les homicides, il n'y avait pas de

11 parades d'identification. Je me suis occupé de cambriolage et de délits

12 moins importants.

13 Q. Vous nous avez dit, je pense hier, que même lorsque vous faisiez partie

14 de cette équipe, vous travailliez, vous meniez des enquêtes sur des

15 meurtres, des homicides ?

16 R. Oui, j'ai aidé la division des détectives.

17 Q. Lorsque vous avez parlé d'homicide, vous vous glorifiiez un peu ? Ce

18 n'est pas ce que vous faisiez ?

19 M. NICHOLLS : [interprétation] Ce n'est pas très juste de dire cela. La

20 réponse est très claire. Il nous a dit qu'il n'utilisait pas de planches

21 photographiques en matière d'homicides. C'est clair, cette réponse.

22 M. GUY-SMITH : [interprétation] Très bien.

23 Q. En tant qu'officier de police, vous étiez une personne qui essayait, je

24 suppose, d'être juste avec tout le monde et d'être équitable avec tout le

25 monde. Le genre de questions que nous venons d'aborder est important quand

Page 5073

1 même, n'est-ce pas ?

2 R. Oui.

3 Q. Alors, lorsqu'il s'agit de préparer une planche photographique, en

4 toute équité destinée à quelqu'un qui va la visualiser, n'avez-vous jamais

5 abordé les thèmes suivants : le témoin oculaire doit savoir et on doit lui

6 dire que l'auteur soupçonné ne fait peut-être pas partie des photos de la

7 planche photographique et que par conséquent, le témoin oculaire ne doit

8 pas être obligé, se sentir obligé de reconnaître quelqu'un ?

9 N'avez-vous jamais parlé de cela ?

10 R. Non.

11 Q. Lorsque vous étiez en formation, lorsque vous appreniez votre métier,

12 n'avez-vous jamais abordé les thèmes suivants : il doit être indiqué au

13 témoin oculaire qu'il ne doit pas supposer que la personne qui lui présente

14 les planches photographiques sait quel est le suspect ?

15 R. Non. Dans les cours de la police, certes; mais au Kosovo, j'ai suivi

16 une procédure tout à fait différente.

17 Q. Je vois. Au Kosovo, vous aviez un certain concept de l'équité que vous

18 aviez appris lors de vos cours de formation et au Kosovo, vous n'étiez pas

19 requis de le faire, n'est-ce pas ?

20 R. Non, ce n'est pas vrai.

21 Q. Vous pouvez répondre à ma question, à cette question. On ne vous le

22 demandait pas, n'est-ce pas ?

23 R. Bien sûr que le concept de l'équité devait être pris en considération.

24 Q. Oui, mais le principe et le concept dont je parle maintenant, on ne

25 vous a pas demandé de le suivre ?

Page 5074

1 R. Non. C'est exact.

2 Q. Puisqu'on ne vous l'a pas demandé, vous ne l'avez pas fait, n'est-ce

3 pas ?

4 R. C'est exact.

5 Q. C'est exact ?

6 R. C'est exact.

7 Q. J'en ai terminé. Je n'ai plus d'autres questions.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Topolski.

9 M. GUY-SMITH : [interprétation] J'en ai terminé.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je suis très impressionné, Maître Guy-

11 Smith.

12 M. TOPOLSKI : [interprétation] J'aimerais vous dire que je ne vais pas

13 poser de questions à ce témoin, mais j'aimerais que nous passions à huis

14 clos partiel pour ce qui est des noms.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

17 [Audience à huis clos partiel]

18 (expurgée)

19 (expurgée)

20 (expurgée)

21 (expurgée)

22 (expurgée)

23 (expurgée)

24 (expurgée)

25 (expurgée)

Page 5075

1 (expurgée)

2 (expurgée)

3 [Audience publique]

4 Contre-interrogatoire par M. Topolski :

5 M. TOPOLSKI : [interprétation]

6 Q. [interprétation] Je m'appelle Maître Topolski. Je ne suis ni de Chicago

7 ni de la Californie. Je représente les intérêts de

8 M. Isak Musliu avec M. Powles.

9 Pour ce qui est de la planche photographique, je vous dirais que c'est le

10 seul thème que je souhaiterais aborder au vu du temps qui nous est imparti

11 et qui nous reste cet après-midi. J'espère pouvoir en terminer avec cela.

12 Voilà ce que j'avance : l'approche que vous avez retenue lors de votre

13 enquête était extrêmement partiale. Est-ce que vous convenez avec moi, vous

14 convenez de cela ?

15 R. Oui, oui, je suis d'accord.

16 Q. Vous êtes d'accord ? Vous êtes d'accord et vous étiez partial ?

17 R. Non, je m'excuse. J'étais impartial.

18 Q. Impartial. Lorsqu'un témoin vous parlait, comme vous l'avez fait ce

19 matin, c'était évident pour vous que cette personne disait la vérité et que

20 cette personne n'était pas partiale. Nous ne devrions pas interpréter, vous

21 n'avez pas interprété non plus.

22 R. S'il y avait des contradictions et s'il y avait des questions à lui

23 poser, je faisais réponse.

24 Q. Nous allons revenir.

25 Voilà ce que j'avance : c'est que la façon dont vous montriez les planches

Page 5076

1 d'affichage, comportait de gros problèmes. Vous êtes d'accord ou vous

2 n'êtes pas d'accord ?

3 R. Au vu des conditions dans lesquelles j'oeuvrais, je ne suis pas

4 d'accord.

5 Q. J'avance qu'en ce qui vous concerne, vous êtes une personne disposée à

6 signer des déclarations inexactes, et que vous avez l'intention de

7 présenter comme véridiques autant que vous vous en souveniez. C'est quelque

8 chose que vous avez fait, n'est-ce pas ?

9 R. Non, je ne suis pas disposé à le faire. J'ai fait une erreur. Je l'ai

10 admis, mais ce n'est pas quelque chose que j'ai fait à dessein. Je n'ai pas

11 dit : Je vais signer une fausse déclaration. Ce n'est pas vrai.

12 Q. Vous l'avez fait plus d'une fois, n'est-ce pas ? Vous l'avez fait à

13 plus d'une reprise comme M. Mansfield vous l'a montré ce matin.

14 R. Je l'ai fait deux fois. Pour la déclaration que j'ai présentée au

15 Tribunal, il y a deux de ces erreurs; c'est vrai.

16 Q. Vous vous rendez compte que pour ce qui est de l'affaire contre Isak

17 Musliu, vous vous rendez compte que le processus d'identification est

18 extrêmement important ?

19 R. Oui.

20 Q. Acceptez-vous la proposition que je vous présente ? Les procédures

21 d'identification, dans le cadre de vos enquêtes menées à bien dans cette

22 affaire, étaient et je cite : "n'ont pas toujours été conformes à la

23 procédure correcte."

24 Est-ce que vous acceptez ce que j'avance, ou est-ce que vous ne l'acceptez

25 pas ?

Page 5077

1 R. La procédure que j'ai suivie, d'après ce que vous avez cité ou la

2 procédure qui était en vigueur à l'époque au sein du CCIU ? Parce que je ne

3 comprends pas votre question.

4 S'il s'agit de la procédure dont vous parlez, certes, il y avait des

5 problèmes. Mais s'il s'agit de la procédure mise en place à présent CCIU,

6 ces procédures étaient tout à fait adéquates.

7 Q. Cette citation, et j'en viendrai à la source ultérieurement, ne peut

8 faire référence qu'à des activités menées à bien sur le terrain au Kosovo,

9 lors de votre présence au Kosovo. La citation à ce sujet ne peut signifier

10 que ce qu'elle entend, à savoir que la personne qui disait, qui avançait

11 cela, était d'avis que la procédure retenue par vous-même et vos collègues,

12 n'a pas toujours été suivie de façon adéquate. Est-ce que vous acceptez ce

13 que j'avance, ou est-ce que vous le rejetez ?

14 R. Je dois le réfuter, parce que la procédure dont vous parlé est la

15 procédure qui était utilisée au CCIU à cette époque-là. On nous disait que

16 c'était le droit yougoslave qui nous régissait, et que c'est une affaire

17 qui serait présentée à un juge d'enquête conformément au droit yougoslave.

18 Je peux vous donner un exemple à ce sujet d'ailleurs. Le témoin nous a

19 amenés sur les lieux du crime, et nous avons vu des ossements qui sortaient

20 du terrain. Il a fallu qu'un juge d'enquête vienne, se déplace et signe les

21 documents pour pourvoir commencer à protéger le lieu du crime. On ne

22 pouvait même pas le faire, parce que conformément au droit yougoslave, cela

23 est du ressort du juge d'enquête.

24 Il y avait certaines procédures que nous avons suivies. Il y avait

25 certaines procédures qui étaient suivies par les Britanniques. Il y avait

Page 5078

1 des procédures qui étaient par les Yougoslaves. Certes, il y avait une

2 confusion, je l'admets.

3 Q. Vous, vous y avez été de 2001 à 2002 ?

4 R. Au CCIU, oui. J'ai été au Kosovo à partir de 2000.

5 Q. Où est-ce que ces affaires auxquelles ont abouti vos enquêtes ont été

6 jugées ?

7 R. Au Kosovo.

8 Q. Est-ce qu'il y a eu d'autres affaires qui ont été jugées ici au

9 Tribunal ?

10 R. Non, c'est la première fois.

11 Q. Lorsque vous êtes arrivé là-bas et que vous avez commencé cette enquête

12 dans l'affaire Limaj et autres, avez-vous compris - je ne vais utiliser le

13 mot anglais "appreciate" - mais avez-vous compris que c'était ce Tribunal

14 qui allait juger toute affaire émanant de vos enquêtes ?

15 R. Non, nous ne savions pas que cela allait être présenté au Tribunal.

16 Q. Vous ne le saviez pas. Vous ne le saviez pas qu'un crime de guerre

17 allégué contre Limaj et autres allait être jugé par ce Tribunal ?

18 R. Certes, il se pouvait que le TPIY en soit chargé, mais ce n'est pas une

19 garantie. D'ailleurs, au départ, l'enquête a été menée à bien compte tenu

20 du droit yougoslave, et c'est ce qu'on nous a demandé de faire.

21 Q. Pour ce qui est des procédures, vous nous avez dit aujourd'hui qu'il y

22 avait différents principes directeurs. Vous en souvenez ?

23 R. Oui.

24 Q. J'aimerais, Monsieur Kereakes, vous demander si vous pouvez répondre à

25 cette question. Est-ce que ces principes directeurs, est-ce qu'ils étaient

Page 5079

1 couchés dans un document ?

2 R. Non.

3 Q. Par conséquent, est-ce qu'ils étaient le fruit de conversations

4 officielles et officieuses entre collègues ?

5 R. Les deux.

6 Q. Les deux, très bien. Lors de séances d'instruction officielles

7 auxquelles vous avez participer pour ce qui est d'apprendre ces "différents

8 principes directeurs," qui menait à bien l'instruction ?

9 R. Notre commandant ou même un procureur international.

10 Q. Est-ce que vous pourrez-nous donner les noms des personnes qui en

11 étaient responsables ?

12 R. Oui. Il y avait Dennis Sherman et il y avait Brian Cox, commandant du

13 CCIU. Il y avait également des procureurs internationaux tels que Michael

14 Hartman et un ou deux noms dont je ne me souviens plus maintenant. Je

15 pourrais très facilement le retrouver dans mon rapport complémentaire.

16 Q. Est-ce que ces personnes qui vous fournissaient ces recommandations

17 vous ont donné des documents écrits ?

18 R. Non.

19 Q. Avez-vous pris des notes ?

20 R. Je m'excuse. Je pense qu'une ou deux fois, il y a des notes qui nous

21 ont été fournies, données. On nous a dit en cas d'exhumation de charniers,

22 vous devez avoir la présence d'un juge d'enquête --

23 Q. Monsieur Kereakes, je vous l'ai déjà dit au début de mon contre-

24 interrogatoire, je vais essentiellement me concentrer sur les planches

25 photographiques, les pratiques et les procédures.

Page 5080

1 R. C'est exact.

2 Q. C'est ce dont nous allons parler pendant les 20 minutes qui nous

3 restent.

4 R. Très bien.

5 Q. Je vous demanderais de vous concentrer et d'essayer de vous souvenir de

6 tout document écrit afférent à des principes directeurs ou à des

7 orientations qui vous auraient été données en matière de parade

8 d'identification ou présentation de planches photographiques.

9 R. Non.

10 Q. Est-ce que vous-même avez pris des notes pendant ces séances à ce

11 sujet ?

12 R. Non.

13 Q. Très bien. Pourquoi vous êtes-vous porté volontaire pour cette mission

14 au Kosovo ? Pourquoi ?

15 R. Pourquoi je suis allé au Kosovo ?

16 Q. Oui.

17 R. Je voulais faire quelque chose de différent. Cela faisait dix ans que

18 j'étais à Chicago, et je pensais que ce serait bien et que ce serait un

19 défi que de me rendre dans un autre pays pour travailler dans un autre

20 domaine dans la police.

21 Q. Vous ne saviez pas où se trouvait la Yougoslavie sur une carte ?

22 R. C'est exact.

23 Q. Votre nom est un nom grec ?

24 R. C'est exact.

25 Q. Avez-vous de la famille en Grèce ?

Page 5081

1 R. Oui.

2 Q. Savez-vous qu'il y a des liens étroits au plan historique entre les

3 Grecs et les Serbes ?

4 R. Sur quel point ?

5 Q. Je dois dire qu'il s'agit de sympathie au sens large, Monsieur

6 Kereakes ?

7 R. Non, je ne savais pas cela. Je ne savais pas qu'il y avait ces liens

8 entre les Grecs et les Serbes.

9 Q. Vous n'aviez pas de sympathie particulière vous-même pour une partie ou

10 l'autre au conflit lorsque vous y êtes rendu. C'est ce que vous nous

11 dites ?

12 R. C'est exact.

13 Q. Vous êtes complètement objectif et ouvert d'esprit ?

14 R. C'est exact.

15 Q. Lorsque vous entendiez ces victimes qui avaient survécu à ces crimes,

16 et que vous étiez officier de police des Etats-Unis, vous les appeliez, ces

17 gens-là, des témoins ou des victimes lorsque vous les rencontriez ?

18 R. Les victimes.

19 Q. Victimes. Les témoins de ces crimes, peut-être qu'il ne s'agissait pas

20 de victimes ? Comment les appeliez-vous lorsque vous les voyiez ?

21 R. Les témoins.

22 Q. Il y a une certaine différence entre quelqu'un qui est un témoin et

23 quelqu'un qui est une victime ?

24 R. C'est exact.

25 Q. Pour ce qui est de la manière dont vous vous êtes familiarisé avec ces

Page 5082

1 événements, lorsque vous meniez des enquêtes et vous êtes devenu un membre

2 de l'équipe, et pour ce qui est du sujet qui nous concerne en février 2001,

3 vous avez rejoint l'équipe des enquêteurs dans cette affaire, n'est-ce pas

4 ?

5 R. Oui, c'est exact.

6 Q. Avez-vous pris certaines mesures pour vous familiariser avec les

7 éléments de l'affaire ?

8 R. Oui.

9 Q. Avez-vous pris des mesures pour vous familiariser avec les identités

10 desdits suspects à ce stade au mois de février 2001 ?

11 R. Oui.

12 Q. Isak Musliu, était-il sur la liste des suspects en ce moment-là en

13 février 2001 ?

14 R. Lorsque j'ai repris l'affaire, j'ai lu la déclaration préalable. Oui,

15 effectivement.

16 Q. Fatmir Limaj, son nom avait été cité comme quelqu'un de suspect ?

17 R. Je ne me souviens pas si les témoins, qui avaient été entendus, avaient

18 consigné leur nom, si ce nom avait été évoqué; je ne m'en souviens pas.

19 Pour ce qui est du témoin A et de sa déclaration, ce nom-là n'a pas été

20 évoqué; c'est exact.

21 Q. Ce n'était pas le seul témoin, n'est-ce pas ? Même en février 2001. M.

22 A.

23 R. C'est exact.

24 Q. Vous nous dites que le seul nom dont vous avez pris connaissance dans

25 ces premiers jours lorsque vous avez lu ces documents et regarder ces

Page 5083

1 rapports, lorsque vous vous familiarisez avec les éléments de ce dossier,

2 le seul nom de suspect dont vous vous souvenez était Isak Musliu. C'est

3 effectivement ce que vous dites dans votre témoignage.

4 R. Non. Je ne me souviens pas des noms des autres suspects, en tout cas,

5 le nom des autres suspects. Il y avait, en réalité, le nom d'un autre

6 suspect impliqué dans l'affaire. Je ne sais pas si je puis le dire ou pas.

7 M. TOPOLSKI : [interprétation] Non, pas en audience publique, vous ne le

8 pouvez pas.

9 M. NICHOLLS : [interprétation] Simplement pour tenter de faire la clarté

10 là-dessus. Je pense qu'il y a peut-être une erreur. Nous avons parlé du

11 témoin ou de quelqu'un qui a repris l'enquête en février 2001. Je crois que

12 le témoignage est celui du mois de

13 juillet 2001, lorsqu'il a travaillé sur cette affaire qui nous concerne

14 ici.

15 M. TOPOLSKI : [interprétation] Bien sûr, Monsieur Nicholls, vous pouvez me

16 dire ceci, et présenter ces éléments si vous le souhaitez. Mais ce témoin

17 vient de reconnaître qu'il s'agissait de février 2001.

18 Q. Monsieur Kereakes, février ou juillet ?

19 R. C'est un peu confus lorsque vous parlez de cette déclaration en

20 particulier, à ce moment-là, puisque je travaillais sur ce dossier.

21 Q. Pardonnez-moi si mon anglais n'est pas suffisamment clair. Je vous ai

22 demandé quand vous avez commencé à travailler sur cette enquête et sur

23 cette affaire, je vous ai suggéré qu'il s'agissait de février 2001. Vous

24 étiez d'accord avec moi. Est-ce que vous souhaitez modifier cela

25 maintenant ?

Page 5084

1 R. Oui.

2 Q. Quand ?

3 R. J'ai été détaché auprès de la CCIU en février 2001. Cela ne signifie

4 pas que j'ai repris l'affaire en février 2001. Il faudrait que je consulte

5 mes notes. Je ne pourrais pas vous dire exactement à quel moment j'ai

6 repris ce dossier, mais je crois que lorsque vous avez évoqué la date, vous

7 faisiez référence à d'autres affaires, lorsque j'ai commencé à travailler

8 pour le CCIU en février 2001.

9 Q. Poursuivons.

10 Lorsque nous abordons la question de la compilation de ces planches

11 photographiques et ce genre de choses, est-ce que vous avez mené des

12 enquêtes pour savoir s'il y avait des films disponibles de ces différentes

13 personnes sur lesquelles vous meniez votre enquête ?

14 R. Non, je n'ai pas trouvé de films de ces personnes sur lesquelles j'ai

15 mené mon enquête.

16 Q. Est-ce que quelqu'un a fait une recherche là-dessus à votre

17 connaissance ?

18 R. Non, je ne m'en souviens pas.

19 Q. Est-ce que quelqu'un a fait des recherches dans les archives des

20 journaux, par exemple, Koha Ditore, pour essayer de retrouver les

21 photographies des personnes qui étaient connues et qui étaient considérées

22 comme suspect ou ayant pris part à ces crimes de guerre ?

23 R. Non.

24 Q. Je ne vais pas passer en revue l'ensemble du témoignage que vous avez

25 déjà déposé et les réponses que vous avez déjà fournies à Me Mansfield sur

Page 5085

1 une série de sujets concernant les questions de pratique et de procédure.

2 Je souhaite poursuivre et parler d'une question bien précise, intercalaire

3 numéro 1, si vous auriez l'amabilité, s'il vous plaît, Monsieur Kereakes.

4 Il s'agit bien ici d'Isak Musliu ?

5 R. C'est exact.

6 Q. Quand saviez-vous qu'Isak Musliu, pendant toute la durée de la guerre,

7 avait porté la barbe ?

8 R. Dans deux déclarations cela a été cité, et on a dit qu'il portait la

9 barbe.

10 Q. Connaissiez-vous le contenu de ces déclarations avant de les présenter

11 aux témoins et de présenter les planches photographiques aux témoins ?

12 R. Je ne me souviens pas à quel moment exactement.

13 Q. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour dire que cela est sans

14 valeur si vous montrez aux témoins les planches photographiques d'un homme

15 qui est rasé de près, si vous saviez que tout au long de guerre Isak Musliu

16 avait porté la barbe ? Je suggère que ceci est absolument sans valeur.

17 R. Non, non, je ne dirais pas que c'est sans valeur.

18 Q. De quoi s'agit-il alors ?

19 R. S'il n'y a pas de photographies disponibles du suspect portant la barbe

20 dans votre base de données ou à tout autre moment, il est clair qu'il est

21 évidemment intéressant de montrer une photographie, en tout cas, une

22 photographie sur ces planches d'un homme rasé de près, si c'est la seule

23 dont vous disposez. Nous n'avions pas accès à une photographie de cet

24 homme-là portant la barbe à ce moment-là.

25 M. TOPOLSKI : [interprétation] Est-ce qu'on peut montrer au témoin, s'il

Page 5086

1 vous plaît, la pièce de l'Accusation portant le

2 numéro 81. Pourriez-vous la mettre sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît.

3 Q. Il y a une flèche ici qui est dirigée vers un homme, mais celui-ci ne

4 m'intéressait pas. C'est l'homme qui est derrière, derrière son épaule

5 gauche, c'est Isak Musliu. Avez-vous déjà vu cette photographie

6 auparavant ?

7 R. Non.

8 Q. Etes-vous d'accord avec moi pour dire qu'il porte la barbe et qu'il a

9 une barbe assez bien fournie sur cette photo, que c'est bien lui ? Etes-

10 vous d'accord ?

11 R. Vous parlez de l'individu qui est sur la gauche ou sur la droite ?

12 Q. A gauche de la photographie quand vous la regardez. Par-dessus l'épaule

13 de Fatmir Limaj; à votre gauche lorsque vous le regardez en face.

14 R. Très bien.

15 Q. Le petit homme, celui qui porte, ou qui a un fusil en bandoulière,

16 c'est Isak Musliu. Est-ce que vous le voyez ? Est-ce que vous voyez qu'il

17 porte la barbe ?

18 R. Oui.

19 Q. Vous n'avez jamais vu cette photographie avant ?

20 R. Jamais.

21 Q. Merci beaucoup. On vous a posé un certain nombre de questions sur vos

22 démêlés avec le témoin A. Je vous ai demandé, Monsieur Kereakes, de me dire

23 - je sais que c'est difficile - faites attention à propos des noms.

24 R. Oui.

25 Q. Est-ce que vous seriez d'accord avec moi pour dire que la date à

Page 5087

1 laquelle vous avez montré à ce témoin en particulier cette planche

2 photographique représentant Isak Musliu, c'est bien la date du 17 août

3 2001 ?

4 R. Oui.

5 Q. Est-ce que quelqu'un, au cours de toute l'époque où vous avez passé au

6 CCIU et au Kosovo menant des enquêtes sur ces questions-là, eu égard à la

7 question des procédures et d'identification, est-ce que quelqu'un n'a

8 jamais évoqué la possibilité d'avoir des parades d'identification par

9 opposition à ces planches photographiques ? Est-ce que quelqu'un a abordé

10 cette question-là ?

11 R. Vous avez parlé de parades d'identification ?

12 Q. Vous ne savez pas ce que c'est ?

13 R. Non.

14 Q. Je suis Américain. Ils appellent des présentations de suspects à

15 témoins.

16 R. Oui.

17 Q. Oui. Avez-vous vu le film "Usual Suspects" ?

18 R. Oui.

19 Q. Présentations de suspects à témoins, on parlait, à ce moment-là, de

20 présentations de suspects à témoins comme étant la seule méthode

21 d'identification ?

22 R. Oui.

23 Q. Y en avait-il ?

24 R. Non.

25 Q. Y avait-il une raison particulière à cela ?

Page 5088

1 R. Oui.

2 Q. A savoir ?

3 R. Lorsqu'on faisait venir un témoin, il était difficile d'assurer la

4 sécurité de mes témoins. C'était important d'assurer la sécurité de témoins

5 dans une pièce en particulier, sans être assistés de traducteurs ou de

6 gardes assurant la sécurité de façon à ce qu'ils puissent parler. Il était

7 difficile de mettre le suspect et le témoin en présence. Je pouvais

8 compromettre le dénominateur commun qui nous intéressait car le témoin

9 avait très peur des suspects.

10 Q. Monsieur Kereakes, bien sûr que non, je comprends très bien, vous

11 n'allez pas mettre M. A physiquement devant un suspect, à une distance où

12 il pouvait le toucher.

13 R. Non, non, je n'avais pas de pièce pour ce faire.

14 Q. Est-ce que vous dites, devant cette Chambre, qu'à aucun endroit en ex-

15 Yougoslavie il y avait un système permettant de mettre en place une parade

16 d'identification, lorsqu'on faisait venir un témoin devant -- et qu'il

17 pouvait regarder derrière un verre fumé le suspect en question. Est-ce

18 effectivement ce que vous nous dites ?

19 R. Je ne me souviens d'aucun endroit de la sorte à la CCIU ni même dans

20 l'enceinte particulière qu'ils avaient mis à notre disposition à cet effet.

21 Q. Parce que, voyez-vous, à l'époque vous avez montré à M. A la planche

22 photographique d'Isak Musliu datée du 17 août 2001, qui était considéré

23 comme un suspect véritable, Musliu, n'est-ce pas ?

24 R. A ce moment-là, lorsque le témoin A m'a donné les éléments

25 d'information, il avait déjà lu les déclarations le concernant. C'est à ce

Page 5089

1 moment-là que je l'ai identifié comme étant un suspect sérieux. Il était,

2 c'était un suspect à prendre au sérieux dans cette affaire.

3 Q. Vous avez utilisé le mot sérieux à bon escient, Monsieur Kereakes,

4 puisqu'il avait été interviewé trois mois plutôt au mois de mai. Il avait

5 été arrêté et interrogé par MINUK; vous le saviez cela, n'est-ce pas ?

6 R. Je l'ai découvert plus tard.

7 Q. Vous êtes en train de nous dire que ces procédures concernant le témoin

8 A, que vous ne saviez que l'enquêteur de l'équipe, que Musliu avait été

9 arrête et interrogé.

10 R. Pour ce qui est du rapport d'arrestation et du dossier, à ce moment-là,

11 je ne me souviens pas de cela.

12 Q. Il y aune déclaration du témoin; je l'ai dans la main. C'est

13 l'entretien du 24 mai 2001. Hormis les différents dossiers que vous aviez,

14 les différents fichiers, à votre avis, où se trouve ce document ?

15 R. Pourrais-je le voir ce document ?

16 Q. Bien sûr, 03231634, je crois. L'entretien de mon client avec la MINUK

17 au mois de mai. Trois mois avant votre réunion avec le témoin A lorsque

18 vous lui avez montré les photos. Vous y êtes ?

19 R. Oui.

20 Q. C'était un suspect sérieux, n'est-ce pas ?

21 R. Oui.

22 Q. Merci beaucoup. Pouvez-vous me redonner ce document, s'il vous plaît ?

23 Il y a deux points que je souhaite aborder. Lorsque vous avez pris part à

24 cette enquête dans cette affaire, un homme est venu, il s'appelait Agim

25 Murtezi.

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1 R. Oui, son nom a été évoqué dans plusieurs déclarations de témoins.

2 Q. Etes-vous d'accord avec moi pour dire que son cas est un des cas les

3 plus flagrant de l'échec de cette procédure d'identification ?

4 R. Je n'ai rien à voir avec cela.

5 Q. Bien.

6 R. Je n'ai pas pris part à cette arrestation.

7 Q. Parce que bien évidemment, ils ont fait venir le mauvais homme, n'est-

8 ce pas ?

9 R. Je ne sais.

10 Q. C'est vrai ?

11 R. Non, je ne sais pas.

12 Q. J'ai dit que je reviendrais sur la question de la référence que vous

13 avez faite concernant cette personne en particulier, et vous m'avez dit que

14 c'était tout à fait clair que je mentais. Souvenez-vous, j'ai dit que je

15 souhaitais y revenir, Monsieur Kereakes.

16 Vous avez, dans votre témoignage, dit lorsque M. Nicholls vous a posé des

17 questions ce matin à ce sujet, comme vous lui avez dit où l'on parlait de

18 la confrontation d'un témoin avec un autre.

19 R. Oui.

20 Q. Physiquement de les placer dans les mêmes pièces.

21 R. Je n'aurais jamais utilisé ce mot-là, qu'ils devaient essayer de le

22 démêler entre eux.

23 Q. Je n'entendais pas une confrontation physique, Monsieur Kereakes. Il ne

24 s'agit pas d'un combat de saumon. Il ne s'agit pas de les mettre face à

25 face en quelque sorte; il s'agissait de faire révéler la vérité.

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1 R. Oui.

2 Q. C'est pour cela qu'on a des tribunaux.

3 R. Oui.

4 Q. Est-ce que vous pensez que c'était une chose appropriée que d'avoir un

5 officier de police traiter ainsi les témoins.

6 R. A ce moment-là, je pensais que c'était quelque chose qui devait être

7 fait, étant donné que je connaissais le témoin A; je connaissais ce témoin

8 en particulier. Je savais qu'il disait la vérité. J'estimais peut-être que

9 -- les scènes d'après ce que je savais du témoin A, peut-être que je me

10 souviens peut-être, j'ai pensé ainsi pouvoir révéler la vérité.

11 Je souhaite pouvoir me tourner vers l'écran vidéo parce que je crois

12 je parle trop vite.

13 R. Oui.

14 M. GUY-SMITH : [interprétation] Pardonnez-moi, je trouve cela un peu

15 embarrassant, parce que je vais soulever une objection contre la dernière

16 réponse encore une fois, car il n'y a pas de fondement à la conclusion

17 faite par le témoin, à savoir qu'il ne disait pas la vérité, qui est la

18 même chose que de soulever une objection lorsque M. Nicholls soulève cette

19 question.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crois que ce n'est pas la question

21 qui est en cause ici; c'est l'orientation prise par la réponse.

22 M. TOPOLSKI : [interprétation] Avez-vous eu des problèmes personnels graves

23 avec le commandant Dennis Sherman de la CCIU ?

24 R. Un moment donné, oui.

25 Q. Ces problèmes étaient-ils si graves que vous saviez qu'il avait demandé

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1 à certaines personnes de ne pas vous parler des collègues ?

2 R. Oui.

3 Q. Il s'agit d'une opération à laquelle il s'agissait de participer à des

4 perquisitions à certains endroits dans lesquels vous avez pris part ?

5 R. A ce moment-là, on m'a dit qu'il s'agissait d'une question de sécurité

6 nationale, et que je n'avais pas le droit de parler. Je ne sais pas si, à

7 l'époque, il y avait certaines agences du renseignement qui étaient

8 impliquées, je ne sais pas. Je ne sais pas si j'étais autorisé à en parler

9 à ce moment-là.

10 Q. Je ne vais pas insister là-dessus. Je souhaite simplement savoir quel

11 était le bien-fondé de ces suggestion par rapport à

12 M. Sherman.

13 Finalement ceci : êtes-vous d'accord pour dire que tous les témoins

14 avec lesquels vous étiez en contact lorsque vous avez procédé à ces

15 exercices de présentation de planches photographiques, en même temps que

16 les témoins eux-mêmes, que tous ceux-ci étaient des éléments qui vous

17 venaient de la région géographique du sud-ouest de Pristina ?

18 R. Oui.

19 Q. Est-ce que vous êtes d'accord pour dire que certains des témoins avec

20 lesquels vous avez traité connaissaient les suspects d'avant la guerre ?

21 R. Oui.

22 Q. Savez-vous que les cinq photographies du monsieur que je vous ai

23 montré, intercalaire numéro 1, l'intercalaire Musliu, ont tous été des

24 officiers de police ainsi que M. Musliu ? Le saviez-vous?

25 R. Qu'ils étaient tous officiers de police de Ferizaj, cela je le savais.

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1 Je savais qu'il s'agissait tous d'officiers du KPS, mais qu'ils servaient

2 dans la FI, je ne le savais pas.

3

4 Q. Est-ce que cela vous aurait inquiété que de savoir que cinq ou six

5 hommes, y compris Musliu qui venaient de cette région, auraient tous été

6 affectés à la même mission, et qu'ils figuraient tous sur la même planche

7 photographique ? Est-ce que vous auriez fait cela si vous saviez ce que je

8 viens de vous suggérer ?

9 R. J'aurais essayé de faire venir les officiers du KPS sans doute de

10 différentes régions du Kosovo. Je n'ai pas estimé que c'était nécessaire au

11 moment où j'ai rassemblé ces photographies.

12 Q. Ce que je soumets, c'est qu'au début du contre-interrogatoire, vous

13 avez été négligeant au sens strict du terme au cours de tout ceci; êtes-

14 vous d'accord ou non ?

15 R. Etant donné les conditions, je ne peux que ne pas être d'accord.

16 M. TOPOLSKI : [interprétation] C'est tout ce que je vous demande.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Topolski.

18 Monsieur Nicholls.

19 M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais être très rapide, Monsieur le

20 Témoin, nous n'avons plus que quelques minutes.

21 Nouvel Interrogatoire par M. Nicholls :

22 Q. [interprétation] On vous a posé à maintes reprises, au cours du contre-

23 interrogatoire la question de savoir si vous n'avez jamais donné des

24 consignes aux témoins lorsque vous leur avez montré les planches

25 photographiques U-1 ou U-2, à savoir, si vous leur avez dit que le suspect

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1 pouvait ne pas figurer sur ces planches photographiques.

2 Alors, l'envers de la médaille consiste à dire ceci : n'avez-vous jamais

3 dit à aucun témoin qu'un suspect pouvait être représenté sur ces planches

4 photographiques ?

5 R. Non. Je ne leur ai jamais dit cela.

6 Q. Pourrions-nous passer à huis clos partiel pendant quelques instants.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Huis clos partiel.

9 [Audience à huis clos partiel]

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20 [Audience publique]

21 M. MANSFIELD : [interprétation] Excusez-moi, Témoin. Je réalise que nous

22 sommes pressés par le temps.

23 Contre-interrogatoire supplémentaire par M. Mansfield :

24 Q. [interprétation] Je vous ai posé la question, je ne sais pas si vous

25 vous souvenez de cette question portant sur l'enquête sur une affaire en

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1 particulier, après avoir quitté cette enquête, aucun autre officier n'a pu

2 retrouver les planches photographiques concernant Fatmir Limaj, donc, la

3 planche U-2, dans laquelle il a été placé en position numéro 3, n'est-ce

4 pas ?

5 R. Oui.

6 Q. En d'autres termes, lorsque des témoins ont prétendu l'avoir

7 sélectionnée en position 3, il y en a deux, je ne vais pas citer leurs

8 noms, il y en a au moins deux, aucun exemplaire de ces planches

9 photographiques n'a jamais pu être retrouvé, ni aucune autre planche

10 photographique, du reste, non plus, préparée au cours de ces procédures

11 d'identification. Est-ce que vous suivez ce que je suis en train de dire ?

12 R. Oui, oui, j'entends bien.

13 Q. Bien. Pour rebondir là-dessus, M. Gregor Guy-Smith, qui est à ma droite

14 ici, confrère américain, vous a posé des questions à ce sujet, il vous a

15 demandé si les positions étaient toujours les mêmes, sa question était très

16 claire, la position de Fatmir Limaj était-elle toujours la même sur ces

17 planches photographiques; la réponse que vous avez donnée est celle-ci :

18 hormis les positions 1 à 6, Fatmir Limaj n'était pas dans une position

19 particulière. Vous avez répondu très clairement, ici.

20 Est-ce que vous souhaitez modifier cela ?

21 R. Ce que je souhaite modifier, si c'est ce que j'ai dit, c'est que c'est

22 possible, il était peut-être en position 1 ou 3 ou peut-être, dans une

23 autre position parce qu'à ce moment-là, au moment où ces planches ont été

24 préparées, comme je vous l'ai dit, j'avais demandé au type qui s'occupait

25 de ces planches photographiques d'essayer de les placer dans différentes

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1 positions. Cela a été placé sur la planche U-2 ou U-1. C'est possible qu'il

2 y ait différentes positions, ici, pas simplement la position 1 et 3.

3 Q. Bien sûr, tout est possible, mais lorsqu'on vous a posé la question,

4 c'était très clair - à ce moment-là - la question était - parce qu'on peut

5 la lire à l'écran : Hormis les positions 1 et 6, vous ne l'avez pas placé

6 dans une autre position ou l'avez-vous placé dans une autre position sur

7 vos planches photographiques ?

8 M. NICHOLLS : [interprétation] Pardonnez-moi, est-ce que nous pourrions

9 avoir un numéro de référence, s'il vous plaît ?

10 M. MANSFIELD : [interprétation] Certainement. Ligne 15, 104; ligne 15, 17 à

11 18.

12 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.

13 M. MANSFIELD : [interprétation]

14 Q. En d'autres termes, vous n'avez absolument pas qualifié cela, peut-être

15 que vous l'avez placé dans une autre position dans le cas où certains

16 témoins passaient dans le couloir ou quelque chose comme cela. En d'autres

17 termes, est-il exact de dire que vous ne vous en souvenez absolument pas,

18 vous ne vous souvenez pas avoir mis Fatmir Limaj en position numéro 3 ?

19 R. Non. Cela n'est pas vrai. Je ne vous ai rien dit sur le passage des

20 gens dans le couloir, c'était la raison pour laquelle je n'avais pas posé

21 la question. Mais il est possible qu'il ait été placé dans différentes

22 positions. Maintenant que j'ai réfléchi un petit peu -- oui, c'est possible

23 parce que les planches photographiques qui ont été développées par

24 quelqu'un d'autre, j'avais justement demandé que ce soit préparé à cet

25 effet, vous savez -- j'avais demandé à ce que les positions des suspects

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1 soient changées de façon à ce que si un témoin s'entretenait ou parlait

2 avec un autre témoin, il pourrait dire : Numéro 4 ou choisis le numéro 2.

3 C'est possible qu'un autre témoin -- c'est en général, c'est ce qu'on

4 faisait justement pour éviter ce genre de choses.

5 Q. Bien, tout est possible. Savez-vous qu'une enquête a été menée en

6 profondeur sur ceci et qu'il n'y a aucun exemple d'une autre planche

7 photographie compilée par quelqu'un d'autre par rapport à Fatmir Limaj dans

8 laquelle il serait placé dans la position

9 numéro 3 ?

10 R. Oui. Moi aussi, je n'ai pas pu retrouver mes planches photographiques.

11 Elles ne sont pas là, tout simplement.

12 Q. Ce sont celles qui sont annexées à vos déclarations ?

13 R. C'est exact.

14 Q. Deux d'entre elles. En réalité, il n'y a pas de pièce jointe aux

15 déclarations qu'on a pu retrouver. Est-ce que vous pouvez nous fournir une

16 explication à cet égard ?

17 M. NICHOLLS : [interprétation] Je crois que nous avons dépassé le temps des

18 questions posées après le contre-interrogatoire de l'équipe de la Défense -

19 -

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je n'avais pas encore saisi cela,

21 Monsieur Nicholls. Mais je crois que nous allons en finir bientôt.

22 M. MANSFIELD : [interprétation]

23 Q. Oui. Je vois le point où je veux en venir : vous n'avez pas pu

24 retrouver ces planches que vous étiez censé annexer aux déclarations, c'est

25 peut-être que vous pourriez nous aider; c'est cela ?

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1 R. Oui, c'est exact.

2 Q. Tout ce qui m'intéresse, ici, c'est la suggestion que vous avez faite

3 qu'il se peut que Fatmir Limaj ait été mis en position numéro 3 et que vous

4 auriez préparé des exemples ou préparé ceci pour un témoin, si vous en

5 aviez besoin. Vous me suivez ?

6 R. Oui.

7 Q. Bien. Nous n'avons pas retrouvé d'exemplaires de planches

8 photographiques qui n'ont pas été annexées au document. Nous n'avons pas pu

9 les retrouver. Est-ce que vous me suivez ?

10 R. Oui.

11 Q. Je vais vous suggérer, par conséquent, qu'il n'y avait pas de planches

12 photographiques préparées pour vous et dans laquelle vous avez placé ou

13 utilisé les positions 1 et 6. C'est ce que vous avez dit à Me Guy-Smith.

14 R. C'est exact. Mais en y réfléchissant, il est tout à fait possible que

15 ces planches photographiques aient été créées avec un autre numéro, comme

16 je ne me souviens pas, non plus, de chaque numéro utilisé pour Isak Musliu.

17 M. MANSFIELD : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] S'il y a autre chose que vous

19 souhaitez aborder ?

20 M. GUY-SMITH : [interprétation] Non, je vous remercie.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.

22 Monsieur Nicholls ?

23 M. NICHOLLS : [interprétation] Non.

24 M. LE JUGE PARKER : [aucune interprétation]

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] L'audience est levée jusqu'à lundi 14

2 heures 15.

3 --- L'audience est levée à 14 heures 00 et reprendra le

4 lundi 4 avril 2005, à 14 heures 15.

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