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1 Le vendredi 17 février 2006
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 01.
6 LE TÉMOIN: MILAN BABIC [Reprise]
7 [Le témoin répond par l'interprète]
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Babic, je vous rappelle à
9 nouveau que vous êtes toujours lié par la déclaration solennelle que vous
10 avez prononcée.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Je comprends, Monsieur le Président.
12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Whiting, c'est à vous.
13 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
14 Interrogatoire principal par M. Whiting : [Suite]
15 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Babic.
16 R. Bonjour.
17 Q. Dites-moi, s'il vous plaît, si à quelque moment que ce soit vous avez
18 du mal à comprendre une des questions que je vous pose.
19 R. Oui.
20 M. WHITING : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, je me
21 suis interrompu, car j'ai remarqué que le compte rendu d'audience ne
22 s'inscrivait pas sur les écrans, ce qui peut être un problème.
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Sur nos écrans ?
24 M. WHITING : En effet. Le compte rendu n'apparaît pas, ce qui par la suite
25 peut constituer un problème.
26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je suis tout à fait d'accord avec
27 vous.
28 M. WHITING : [interprétation] Nous pouvons continuer tout de même, le texte
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1 s'inscrira automatiquement plus tard ?
2 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Nous venons d'être informés que
4 quelqu'un va venir, un technicien, pour essayer de régler le problème, mais
5 nous ne savons pas combien de temps il faudra pour qu'il soit là. Alors
6 Monsieur Whiting, vous avez bien dit, n'est-ce pas, qu'il risquait d'y
7 avoir des problèmes si nous travaillons sans transcription en temps réel ?
8 M. WHITING : [interprétation] Je pense que je peux continuer. Je vais
9 simplement suivre le compte rendu sur un écran et les pièces à conviction
10 sur un autre écran, ce qui peut être un petit peu gênant, mais enfin, nous
11 pouvons continuer. Je ne voudrais pas interrompre les débats.
12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais que se passera-t-il s'il n'y a
13 pas d'enregistrement vidéo ? Si vous voulez montrer une pièce sur l'écran,
14 vous n'aurez pas le compte rendu d'audience en même temps.
15 M. WHITING : [interprétation] C'est pas grave, cela ira. J'y arriverai,
16 Monsieur le Président. Je passerai d'un écran à l'autre, simplement.
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Nous pouvons donc
18 poursuivre.
19 M. WHITING : [interprétation] Puis-je poursuivre ?
20 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, absolument.
21 M. WHITING : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.
22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.
23 M. WHITING : [interprétation]
24 Q. Monsieur Babic, à la fin de l'audience hier, nous avons écouté deux
25 enregistrements de conversations radiotéléphoniques. J'aimerais maintenant
26 que nous nous penchions sur une nouvelle écoute, qui porte le numéro 93 et
27 qui est la troisième dans la série des écoutes transcrites dans vos
28 documents. Vous l'avez trouvé, Monsieur Babic, le numéro 93 ?
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1 R. Oui.
2 Q. Dans la déclaration signée par vous, vous identifiez les voix que l'on
3 entend dans cette écoute comme étant celles de Radovan Karadzic et de
4 Slobodan Milosevic. Vous nous avez déjà parlé de vos contacts avec Radovan
5 Karadzic et, dans une certaine mesure, avec Slobodan Milosevic également,
6 mais j'aimerais que vous nous rappeliez simplement aujourd'hui combien de
7 fois à peu près vous avez rencontré Slobodan Milosevic ?
8 R. Plus de 20 fois, une vingtaine de fois en tout cas jusqu'à la fin de
9 1992, et ensuite quelques petites fois supplémentaires, peut-être cinq fois
10 de plus, cinq ou six fois, jusqu'à 1995.
11 Q. Est-ce que vous avez eu l'occasion de lui parler au téléphone ?
12 R. Oui, à plusieurs reprises.
13 Q. Avez-vous également eu l'occasion d'entendre sa voix retransmise par
14 les médias ?
15 R. Oui.
16 Q. J'aimerais que nous consacrions quelques minutes à l'audition de cette
17 conversation enregistrée, et je vous demanderais si vous voyez de quoi il
18 est question dans cette conversation.
19 R. Il est question des événements survenus après la proclamation faite par
20 le Parlement de Croatie et par la République de Slovénie au sujet de
21 l'indépendance de ces deux Etats, suite au référendum, suite à l'immixtion
22 de l'Union européenne dans ce différend. A partir du moment où l'Union
23 européenne s'est activement engagée dans la recherche d'une solution, le
24 problème qui s'est posé dans l'ex-Yougoslave a donc été traité d'une
25 nouvelle façon, et la suite de la conversation porte sur une rencontre
26 entre Milosevic et Mikelis [phon]. C'est sur ces sujets que porte la
27 conversation enregistrée en question.
28 Q. Je vais maintenant essayer de diffuser une séquence. J'espère que tout
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1 ira bien, que tout fonctionnera. Nous avons testé les équipements hier, ils
2 fonctionnaient bien; nous verrons si c'est toujours le cas aujourd'hui dans
3 le prétoire. La séquence que je souhaite diffuser commence au bas de la
4 page 1, de la version anglaise de cette écoute, à l'endroit où Radovan
5 Karadzic dit : "Oui, oui." C'est en page 2 de la version B/C/S, Monsieur
6 Babic, au tiers de la page en version B/C/. Vous voyez que M. Radovan
7 Karadzic dit : "Oui, oui, et qu'est-ce qui pourrait poser d'autres
8 problèmes ?" Vous avez trouvé ce passage ?
9 R. Oui.
10 M. WHITING : [interprétation] Je ne sais pas si la régie ne devrait pas
11 commuter sur le système audiovisuel de façon à ce que nous entendions le
12 son.
13 [Diffusion de cassette audio]
14 M. WHITING : [interprétation]
15 Q. Monsieur Babic, dans cette séquence, Slobodan Milosevic dit, entre
16 autres, je cite : "C'est clair. Il faudrait qu'il leur soit permis de faire
17 scission." Et un peu plus loin, il dit : "Maintenant, il ne reste qu'une
18 seule question, à savoir que la désintégration se fasse selon nos
19 inclinations." Quand vous entendez ces mots, que comprenez-vous
20 exactement ?
21 R. J'ai déjà dit que la Croatie et la Slovénie ont pris la décision de
22 faire scission. Dans ce cas particulier, la discussion porte sur la
23 Croatie. L'Union européenne a proposé que la sécession, ou en tout cas, la
24 décision relative à la sécession, soit ajournée de trois mois, et ceci a
25 été accepté. La conversation porte donc sur cette période de trois mois qui
26 doit commencer à courir, et à ce moment de la conversation, il est question
27 des solutions avancées par Izetbegovic et Gligorov au sujet du règlement de
28 la crise -- question de solutions de compromis. Quant à l'attitude de
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1 Milosevic, à savoir, son avis qu'il faut les autoriser à faire scission,
2 cela signifie qu'il estime que la Croatie doit être autorisée à accéder à
3 l'indépendance, donc à faire sécession, et il est dit un peu plus loin que
4 cette sécession doit se faire selon des modalités qui doivent nous
5 convenir. Ce qu'il veut dire par là, c'est que la sécession peut avoir lieu
6 selon lui, mais qu'il ne faut pas qu'il y ait annexion des territoires que
7 lui-même considère, et les Serbes en général considèrent, comme devant
8 demeurer au sein d'un Etat dans lequel résideraient les Serbes.
9 Donc fondamentalement, cela signifie que les Etats en question ne doivent
10 pas être autorisés à s'emparer de la Krajina, et que la SAO de Krajina et
11 d'autres régions du territoire croate doivent demeurer hors de la Croatie,
12 distinctes de la Croatie.
13 Q. Vous venez de parler de M. Izetbegovic et de M. Gligorov. Pourriez-vous
14 nous dire qui étaient ces deux hommes à l'époque ?
15 R. Izetbegovic était le président de la présidence de la Bosnie-
16 Herzégovine, et Gligorov, le président de la présidence de Macédoine.
17 Q. A la lecture du compte rendu d'audience, et après avoir entendu cette
18 séquence, Monsieur Babic, ce que vous avez entendu correspond-il, selon ce
19 que vous savez, à ce que pensaient M. Karadzic et M. Milosevic à l'époque ?
20 R. Oui.
21 Q. Sur la base de ce que vous savez et de ce que vous avez pu comprendre
22 des événements à l'époque, y a-t-il quelque chose qui pourrait vous pousser
23 à remettre en cause l'authenticité de cette écoute téléphonique ?
24 R. Non.
25 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, je demande que ce
26 document 93 soit enregistré à des fins d'identification.
27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce bien un document relevant de
28 l'article 65 ter du Règlement ?
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1 M. WHITING : [interprétation] En effet, Monsieur le Président. Oui.
2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le document 65 ter numéro 93 est admis
3 au dossier, et je demande qu'une cote lui soit affectée.
4 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document sera enregistré pour
5 identification en tant que numéro 202, Monsieur le Président.
6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
7 M. WHITING : [interprétation] J'aimerais maintenant que nous fermions le
8 dossier des écoutes téléphoniques. Je ne l'utiliserai que plus tard. Je
9 tiens à signaler avec plaisir que l'enregistrement en temps réel du compte
10 rendu d'audience fonctionne désormais.
11 Q. Monsieur Babic, j'aimerais maintenant aborder un nouveau sujet avec
12 vous. J'aimerais que nous parlions de la JNA et de qui contrôlait la JNA.
13 Qui commandait la JNA en 1991 ?
14 R. Le commandement était civil. Il était entre les mains de la présidence
15 de la République fédérative socialiste de Yougoslavie, et dès lors qu'un
16 danger de guerre imminent ou un état de guerre existait, ce commandement
17 passait aux mains du Grand quartier général, du Grand état-major des forces
18 armées yougoslaves et du secrétariat fédéral à la Défense. Quant au
19 contrôle effectif, pour autant que je le sache, depuis le mois de juillet,
20 le contrôle effectif était exercé par Slobodan Milosevic sur la JNA.
21 Q. Juillet de quelle année ?
22 R. 1991.
23 Q. Comment contrôlait-il la JNA ? Comment Slobodan Milosevic contrôlait-il
24 la JNA à partir de juillet 1991 ?
25 R. A mon avis, de deux façons. D'abord, il exerçait son contrôle sur une
26 partie de la présidence du pays, ce que l'on a eu coutume d'appeler la
27 présidence Croupion de la RSFY, qui, auparavant, représentait le
28 commandement Suprême. Puis, il exerçait une influence directe sur le Grand
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1 quartier général, c'est-à-dire sur les généraux qui le constituait, ainsi
2 que sur le secrétaire fédéral, c'est-à-dire sur Veljko Kadijevic et Blagoje
3 Adzic.
4 Q. D'accord. J'aimerais que nous prenions ces questions dans l'ordre et
5 que nous avancions pas à pas. Certaines des questions que je vais vous
6 poser pourront vous sembler très simplistes, mais elles sont d'une grande
7 utilité pour nous. La présidence de la RSFY se composait de qui ?
8 R. Toutes les républiques et régions autonomes de toutes les républiques
9 et régions autonomes de la République socialiste fédérative de Yougoslavie.
10 Il y avait un membre élu au sein de la présidence fédérale, donc un siège
11 pour chacune des républiques et des régions autonomes. Chacun des membres
12 de la présidence exerçait la présidence pendant un an, dans un ordre
13 prédéterminé. Donc, il y avait rotation annuelle avec, chaque année, un
14 nouveau président à la tête de la présidence de la Yougoslavie.
15 Q. Suis-je en droit de dire que puisqu'il y avait six républiques et deux
16 régions autonomes, la présidence comptait huit postes ? C'est bien cela ?
17 R. Oui.
18 Q. En 1990 et 1991, qui présidait la présidence ?
19 R. Depuis mai 1990 jusqu'à décembre -- ou plutôt, jusqu'au 12 mai 1991,
20 c'était Borisav Jovic, membre de la présidence, représentant de la Serbie.
21 De mai 1991 à octobre, c'est-à-dire au 3 octobre 1991, officiellement le
22 président devait être Stipe Mesic, mais en fait, il n'a pas effectivement
23 rempli ces fonctions. Il l'a fait uniquement pendant un bref laps de temps.
24 En fait, il a été président de crise. A partir d'octobre 1991 et jusqu'à la
25 création de la République fédérale de Serbie en avril 1992, c'est ce qu'il
26 est convenu d'appeler la présidence Croupion qui a fonctionné. Elle se
27 composait de quatre membres et était présidée par le vice-président
28 M. Kostic, représentant du Monténégro.
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1 Q. Un peu plus tôt dans votre réponse à l'une de mes questions, vous avez
2 dit que Slobodan Milosevic exerçait son contrôle sur une partie de la
3 présidence. Sur quelle partie de la présidence également ?
4 R. Le président de la Serbie, Jovic; le président du Monténégro, Branko
5 Kostic; Sejdo Bajramovic, le président de la Région autonome du Kosovo;
6 ainsi que le représentant de Vojvodine dont le nom ne me revient pas à
7 l'instant. Cette situation a existé à partir du printemps. Je dirais à
8 partir de mai 1991, car au cours de ce printemps-là, certains changements
9 de poste ont eu lieu.
10 Q. La présidence Croupion dont vous parlez, se composait-elle des quatre
11 représentants dont vous venez de donner les noms ?
12 R. Oui, exactement. Jugoslav Kostic était le représentant de Vojvodina.
13 Q. Merci. Qu'est-il advenu des quatre autres membres de la présidence ?
14 R. A partir du mois d'octobre, ils n'ont plus joué aucun rôle au sein de
15 la présidence. Stipe Mesic a déclaré que la Yougoslavie n'existait plus et
16 qu'il n'en faisait donc plus partie. Je crois que le représentant de
17 Macédoine, Vasedoj Totukovski [phon] a encore participé à une réunion,
18 après quoi il a cessé de participer aux réunions. Quant aux autres, ils
19 n'ont plus participé aux réunions de la présidence, les représentants des
20 deux autres républiques.
21 Q. Vous avez également dit en déclarant que Milosevic contrôlait la JNA,
22 qu'il exerçait également un contrôle, ou en tout cas, une certaine
23 influence sur des généraux. Pourriez-vous vous expliquer sur ce point de
24 façon plus approfondie ?
25 R. Il s'en vantait lui-même. Au début du mois de juillet, il a déclaré
26 qu'il avait la JNA sous son contrôle, et au début du mois de juillet
27 également, j'ai personnellement reconnu Kadijevic et Adzic, deux généraux
28 dans son bureau, deux généraux qui étaient venus le voir pour discuter avec
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1 lui.
2 Q. Juillet de quelle année ?
3 R. 1991.
4 Q. Pourriez-vous nous dire, je vous prie, en quels termes il s'est vanté
5 au début du mois de juillet d'avoir la JNA sous son contrôle ?
6 R. J'ai été convoqué dans son cabinet pour une discussion et j'y ai trouvé
7 Radovan Karadzic également. Nous devions essayer de régler le problème
8 survenu suite à la déclaration de l'unification de la SAO de Krajina et de
9 la Krajina bosniaque. A la fin de cet entretien, à notre départ, Milosevic
10 a dit : Attendez un instant. Il est allé dans une autre pièce, ensuite il
11 est revenu avec une feuille de papier à la main et il ne nous a pas dit
12 exactement de quoi il s'agissait, mais dans l'embrasure de la porte, donc à
13 une certaine distance de nous, il nous a jeté un regard pas très sûr de lui
14 et a dit : "Où est-ce que je dois déployer les forces armées ?" Ensuite, il
15 m'a regardé en disant : "Le long des frontières de la Krajina." Puis, il a
16 lancé un regard à Karadzic et a dit : "Le long des frontières de la
17 Croatie. De cette façon, je règlerai les problèmes qui risquent de se poser
18 à eux par la suite." Et cela a scellé la fin de l'entretien. Ensuite, il a
19 hoché du chef. Il n'a plus rien dit. Il a simplement hoché du chef, et
20 c'est ainsi qu'il nous a dit au revoir. Je pense qu'il souhaitait que nous
21 nous rendions compte qu'il exerçait son contrôle sur les forces armées et
22 que nous ne le faisions pas, que c'était lui qui décidait où déployer
23 l'armée, et je suppose qu'à l'époque il avait déjà ses propres plans.
24 Immédiatement après, ou en tout cas à l'entretien suivant, nous avons
25 également retrouvé les généraux dans son cabinet.
26 Q. Parlez-nous de cela, je vous prie.
27 R. Milosevic m'a convoqué à Belgrade dans son cabinet et sa secrétaire m'a
28 dit : "Le président est en train de rencontrer les généraux. Il ne pourra
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1 pas vous voir. Attendez ici." Cela se passait dans la pièce qui jouxtait
2 son bureau. La secrétaire a ouvert la porte, et le président Milosevic est
3 sorti et m'a dit qu'il était en train de participer à une réunion avec les
4 généraux. D'ailleurs, j'ai vu ces deux généraux à l'intérieur de la pièce.
5 Je les connaissais par les médias, donc j'ai reconnu leurs visages. Il m'a
6 dit qu'il ne pourrait pas me rencontrer dans ces conditions, donc je suis
7 rentré chez moi.
8 Q. De quels généraux s'agissait-il ?
9 R. Kadijevic et Adzic.
10 Q. Dites-nous encore une fois quels étaient leurs postes à l'époque.
11 R. Kadijevic était secrétaire fédéral à la Défense populaire. Quant au
12 général Blagoje Adzic, il était chef d'état-major du Grand quartier général
13 des forces armées de la République fédérative socialiste de Yougoslavie.
14 Puisqu'il y avait danger imminent de guerre ou risque d'état de guerre, il
15 était le commandant suprême du Grand quartier général des forces armées de
16 la RSFY. C'étaient les deux militaires les plus importants du pays.
17 Q. Merci. Vous nous avez dit un peu plus tôt dans votre déposition que
18 vous rencontriez souvent M. Milosevic et qu'il vous parlait de ce que
19 l'armée allait faire pour défendre les Serbes. Pourriez-vous nous rappelez
20 ce qu'ils disaient lors de ces rencontres ?
21 R. Il disait : "Ne vous inquiétez pas, la JNA va vous défendre." C'était
22 son mot d'ordre, il ne cessait de le répéter à l'époque, sauf pendant un
23 bref laps de temps en mars et avril 1991. C'est à ce moment-là que les
24 événements ont pris un tour différent. Mais pendant tout le reste du temps,
25 depuis que j'ai commencé à le rencontrer jusqu'en juillet ou même encore
26 plus tard, il ne cessait d'essayer de nous persuader, nous les Serbes de
27 Croatie, que la JNA allait nous protéger. Comme je venais de la SAO de
28 Krajina, cela nous concernait également. Il disait que la JNA allait nous
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1 protéger en Croatie.
2 Q. J'aimerais maintenant que nous parlions des événements survenus au
3 cours du printemps et de l'été 1991. Y a-t-il eu des affrontements armés
4 entre la police de la SAO de Krajina et la police croate ?
5 R. Les affrontements ont commencé le 31 mars 1991 à Plitvice. Il s'est agi
6 d'affrontements très violents et ils se sont poursuivis pour dégénérer en
7 guerre ouverte au mois d'août, ou plutôt la guerre a commencé au mois de
8 juin déjà, à la fin du mois de juin.
9 Q. La JNA a-t-elle réagi à ces affrontements ?
10 R. Selon les plans existants, selon ce qui était prévu dans de telles
11 situations, la JNA s'est déployée entre les factions belligérantes. Elle a
12 pris position dans ce qu'il est convenu d'appeler la zone tampon, entre les
13 parties belligérantes de Krajina d'une part et Croatie d'autre part, à
14 cette époque, c'est-à-dire au mois d'avril ou même peut-être dès le mois de
15 mars, si je me souviens bien. Je ne suis pas au courant de tous les détails
16 de ce qui s'est passé à ce moment-là, mais en tout cas cela a eu lieu entre
17 le mois d'avril et le mois d'août 1991. Dans cette période, la JNA était
18 responsable de ce qu'il est convenu d'appeler la zone tampon entre les deux
19 groupes belligérants.
20 Q. Vous dites que ceci s'est passé comme prévu. Que voulez-vous dire par
21 là exactement ?
22 R. Selon ce qui était prévu tout simplement. Je ne dis pas qu'il y avait
23 un plan bien défini régissant le déploiement de la JNA, mais la JNA se
24 déployait toujours selon les mêmes modalités en cas d'incidents ou de
25 provocations. Chaque fois qu'il y avait, par exemple, un incident
26 impliquant la police de Krajina, la JNA arrivait, ou plutôt c'était d'abord
27 la police croate qui réagissait, puis arrivait la JNA, qui prenait position
28 dans la zone tampon, comme cela était le cas dans la région de Plitvice et
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1 jusqu'à Zadar, et même jusqu'à Vukovar pour autant que j'en ai été informé,
2 c'est-à-dire sur la totalité du territoire croate, chaque fois que des
3 affrontements avaient lieu.
4 Q. Monsieur Babic, j'aimerais que nous soyons clairs sur ce que vous êtes
5 en train de décrire. Des provocations étaient mises en œuvre par la police
6 de Krajina, la police croate réagissait et ensuite la JNA se déployait dans
7 la zone tampon. C'est bien ce que vous dites qu'était le schéma d'action à
8 cette époque-là ?
9 R. Oui, oui, c'était un véritable schéma.
10 Q. Vous avez déjà parlé de quelque chose qui s'est passé à Plitvice le 31
11 mars 1991, et pour informer les Juges de la Chambre, j'indique que l'on
12 trouve la localité de Plitvice à la page 19 de l'atlas sur la droite de la
13 page, au deux tiers de la page à peu près à partir du haut. Avant de parler
14 en détail de cet événement, j'aimerais vous soumettre un document, document
15 65 ter numéro 244, portant précisément le numéro ERN 02170646. En effet, le
16 document 244 se compose de plusieurs sous-documents. Nous avons
17 actuellement à l'écran la feuille qui se termine par le numéro ERN 0644. Je
18 demande la page qui se termine par 0646, s'il vous plaît.
19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Nous essayons toujours de trouver
20 Plitvice sur la carte.
21 M. WHITING : [interprétation] Cela se trouve au niveau E3 sur la carte,
22 juste au-dessus de E3.
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que c'est la même chose que
24 Plitvice Jezera ? Très bien. C'est juste au-dessus, d'accord.
25 M. WHITING : [interprétation] Oui, c'est exact. Apparemment, ils ont
26 quelques problèmes à afficher la version B/C/S. Je suis toujours préparé et
27 par conséquent j'ai une copie papier de ce document. Est-ce que la version
28 anglaise a été affichée ?
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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oubliez la version anglaise. De toute
2 façon, nous n'avons absolument rien sur notre écran principal. Voilà
3 quelque chose.
4 M. WHITING : [interprétation] Voilà, nous l'avons.
5 Q. Monsieur Babic, est-ce que vous voyez ce document ? Je sais que tout
6 cela est un peu petit. Est-ce que vous êtes en mesure de lire le document ?
7 R. Oui. Peut-être qu'il faudrait faire défiler cela vers le haut un peu.
8 M. WHITING : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait dans un premier temps
9 agrandir le document pour le témoin ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà, maintenant je peux le voir.
11 M. WHITING : [interprétation]
12 Q. Quelle est la date de ce document ?
13 R. Le 15 février 1991.
14 Q. De qui est-ce que ce document émane ?
15 R. Du secrétariat de l'Intérieur de Knin, le District autonome serbe de
16 Krajina. Cela est adressé à la présidence de la RSFY à Belgrade, au
17 secrétariat de l'Intérieur à Belgrade, au secrétariat fédéral de la Défense
18 à Belgrade, au ministère de l'Intérieur de la République de Croatie à
19 Zagreb, ainsi qu'au secrétariat de la République de l'Intérieur de la
20 République socialiste de Serbie à Belgrade.
21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] J'ai l'impression que nous avons un
22 document tout à fait différent qui porte la date du 3 mars 1991 et qui
23 n'est pas adressé à toutes ces personnes.
24 M. WHITING : [interprétation] Pour ce qui est de la version B/C/S, c'est
25 bien le document en question, mais je pense qu'ils ont affiché la
26 traduction erronée.
27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Parce que pendant qu'il
28 parlait, nous ne comprenons pas le B/C/S, donc nous essayons de vérifier ce
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1 qu'il dit en regardant la version anglaise. Si on nous a affiché la version
2 anglaise erronée, nous ne sommes pas du tout en mesure de suivre.
3 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que la traduction qui correspond au
4 document 0646 pourrait être affichée, la traduction anglaise j'entends.
5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
6 M. WHITING : [interprétation] Voilà, c'est bien maintenant.
7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Effectivement, maintenant nous
8 l'avons.
9 M. WHITING : [interprétation]
10 Q. Monsieur Babic, vous nous avez dit que cela avait été émis par le
11 secrétariat de l'Intérieur à Knin. Pour être bien précis, de qui
12 s'agissait-il ?
13 R. C'était un organe du District autonome serbe de la Krajina. Il
14 s'agissait de la police dirigée par M. Martic.
15 Q. Oui. Je voulais savoir qui dirigeait cela, c'est tout.
16 Est-ce que vous savez quelle est la teneur de ce document ? Est-ce que vous
17 comprenez ce document ?
18 R. Oui. Je me souviens de cet incident, et cet incident est décrit dans le
19 document.
20 Q. Est-ce que vous pourriez nous expliquer ce dont il s'agit ?
21 R. Il y a une description précise dans le document. Dans la zone des lacs
22 de Plitvice dans la municipalité de Plitvice, il y avait une unité spéciale
23 du MUP de la Croatie de quelque 150 hommes.
24 Q. Est-ce que vous savez ce qu'il est advenu de cette unité spéciale ?
25 Est-ce qu'elle est restée à Plitvice, cette unité ?
26 R. Ils se sont retirés après un certain temps.
27 Q. Vous avez déjà fait référence à un événement qui s'est passé le 31 mars
28 1991. Est-ce qu'ils se sont retirés avant la date du 31 mars 1991 ?
Page 1512
1 R. Avant, oui.
2 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que ce document pourrait être versé au
3 dossier, je vous prie ? Je m'excuse, ce document a déjà été versé au
4 dossier. C'est ce qu'on vient de me dire. Il s'agit de la pièce à
5 conviction 105.
6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
7 M. WHITING : [interprétation]
8 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire ce qui s'est passé le 31 mars à
9 Plitvice ?
10 R. Ce fut le premier affrontement armé important entre la police de la
11 Krajina et la police de la Croatie. Cela s'est soldé par des morts
12 d'hommes.
13 Q. Comment est-ce que cela s'est passé ? Est-ce que vous vous souvenez de
14 ce qui s'est passé, de ce qui a déclenché cela ? Est-ce que vous pourriez
15 nous le relater de façon détaillée ?
16 R. Avant cela, le gouvernement de la Croatie avait annoncé que dans la
17 région des lacs de Plitvice, une municipalité séparée spéciale serait
18 organisée. Il s'agissait de couper les lacs de Plitvice de la municipalité
19 de Titova Korenica qui se trouvait dans la SAO de la Krajina. Alors nous,
20 la SAO de la Krajina, y avons réfléchi et nous nous sommes dits que la
21 meilleure méthode consisterait à montrer la présence officielle de la SAO
22 de la Krajina dans la région des lacs de Plitvice, pour démontrer que les
23 lacs de Plitvice faisaient partie de la SAO de la Krajina. Donc, nous avons
24 ouvert un poste de police dans la région des lacs de Plitvice pour
25 maintenir l'ordre public. J'en avais parlé avec M. Martic, avec M. Dusan
26 Orlovic qui était adjoint responsable de la Sûreté d'Etat, et je les avais
27 informés du point de vue de la direction politique de la Krajina. Ils vous
28 ont promis qu'ils ouvriraient un poste de police là. Toutefois, cela ne
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1 s'est pas passé. Au lieu de cela, la police de la Krajina y a été envoyée.
2 Ils ont été déployés en position de combat face au territoire de la
3 Croatie, donc le long du pont et en face des bois, près de Slunj. Le
4 gouvernement de la Croatie a réagi en envoyant des unités de police
5 spéciales dont la tâche était d'occuper par la force la région de Plitvice.
6 C'est justement ce qui s'est passé. Il y a eu des escarmouches entre la
7 police de la Krajina et la police spéciale croate. Il y a eu beaucoup de
8 perturbations, de remous, de panique. Les volontaires ont commencé à se
9 rassembler. Il y a eu une certaine panique qui a commencé à régner parmi
10 les Serbes, parce qu'on avait l'impression que la Croatie lançait une
11 offensive importante pour s'emparer du territoire de la Krajina. Cinq
12 heures après le début de cette échauffourée, vers 17 heures -- donc,
13 c'était un peu plus que cinq heures plus tard, en fait, dans la zone du
14 village de Plitvice et des lacs de Plitvice, il y a une unité mécanisée
15 blindée de la JNA qui est apparue. Je pense en fait qu'ils venaient de leur
16 camp d'entraînement de Slunj, parce qu'au départ, ils appartenaient au
17 district militaire de Zagreb. Ils se sont déployés là, à ce niveau-là. Lors
18 des jours qui ont suivi, la direction politique de la Krajina a réagi par
19 le biais de provocations politiques ciblées vers la Serbie et Milosevic.
20 Ils demandaient en fait que soit protégée la population de la Krajina.
21 Cette provocation, en fait, ou ce type de provocation, s'est soldée par une
22 décision de la direction politique de la Krajina, qui a décidé
23 officiellement de se rallier à la Serbie, et qui a demandé assistance à la
24 Serbie.
25 Q. Monsieur Babic, j'aimerais vous poser quelques questions à propos de la
26 dernière partie de votre réponse. Dans un premier temps, j'aimerais vous
27 poser une question à propos de ce que vous avez dit un peu plus tôt. Vous
28 nous avez dit que des hommes avaient été tués lors de cet événement. Savez-
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1 vous combien d'hommes ont été tués ?
2 R. Il y a eu deux morts, un policier croate et un policier serbe. En fait,
3 ce qui a été dit, c'est que le Serbe était civil. Je n'en suis pas sûr. Je
4 sais qu'il y a eu un mort dans chaque camp. Toutefois, les rapports de
5 Korenica ont fait état d'un grand nombre de morts, de personnes capturées,
6 de blessés, ce qui a donc suscité un certain sentiment de panique.
7 Q. Donc ces rapports de Korenica qui faisaient état d'un grand nombre de
8 morts, de personnes capturées et de blessés, est-ce que ces rapports
9 n'étaient pas exacts ?
10 R. Ils étaient inexacts.
11 Q. Vous avez dit que la JNA était intervenue. Est-ce que la JNA a fait
12 office de tampon, après ?
13 R. Oui, à partir du 31 mars jusqu'à la fin du mois d'août ou peut-être
14 jusqu'au début du mois de septembre. Je n'en suis pas sûr. La JNA a fait
15 office de force de séparation en quelque sorte, de tampon.
16 Q. Que s'est-il passé à la fin du mois d'août, au début du mois de
17 septembre ? Est-ce que quelque chose a changé ?
18 R. Oui. La JNA a lancé une offensive contre le camp croate.
19 Q. Quel fut le résultat de cette offensive, si tant est que vous le
20 sachiez ? Quel en fut le résultat à Plitvice ?
21 R. Ils ont assuré le contrôle autour de la zone des lacs de Plitvice, ce
22 qui a engendré l'expulsion ou la fuite de la population croate. C'était une
23 prise militaire, en quelque sorte, de cette région, et son annexion à la
24 Krajina.
25 Q. Monsieur Babic, est-ce qu'un événement s'est déroulé à Pakrac lors du
26 printemps de l'année 1991 ?
27 R. L'événement à Pakrac s'est déroulé aux environs du 31 mars 1991. A
28 l'époque, je me trouvais à Belgrade. Je venais juste de revenir d'une
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1 conférence internationale qui s'était déroulée à Genève. J'étais dans une
2 conférence de presse, et j'ai dû rester à Belgrade un certain temps. J'ai
3 entendu parler de cet incident. Il y a eu des rapports. La presse en a
4 parlé. Slobodan Milosevic également y a fait référence.
5 Q. Quelle était la date de cet événement, je vous prie ?
6 R. Cela s'est passé aux alentours du 1er mars 1991.
7 Q. Donc environ un mois avant Plitvice ?
8 R. Oui.
9 Q. A votre connaissance, que s'est-il passé à Pakrac ?
10 R. D'après ce que je sais, les unités armées serbes se sont emparées de
11 l'assemblée municipale par la force, et se sont emparées de toute la ville
12 de Pakrac et des environs de Pakrac. Je ne sais pas quelle fut l'ampleur de
13 cela. Il y a eu une réaction de la part des autorités et de la police
14 croate. La presse avait fait état d'un grand nombre de morts, de blessés.
15 Dans la presse de Belgrade, à la télévision de Belgrade, dans les médias,
16 les rapports étaient particulièrement éloquents sur la question. L'armée
17 populaire yougoslave s'est immiscée dans ces événements. Ils se sont
18 déployés dans la zone de Pakrac. Je ne sais pas, en fait, quelles positions
19 ils avaient investies. Après avoir entendu parler de cela, j'ai appelé par
20 téléphone Milosevic. Je lui ai demandé ce qui se passait. Je lui ai dit que
21 j'étais contrarié. Il m'a dit : "Ne t'en fais pas, tout va bien. Tu peux
22 aller à Knin." Plus tard, j'ai entendu que la presse avait exagéré. J'ai
23 entendu dire -- ou plutôt, je me souviens que la presse avait dit que Savo
24 Bosanac s'était trouvé là, que c'était l'une des personnalités importantes.
25 Plus tard, j'ai appris que cela n'était pas vrai.
26 Q. Est-ce que vous avez appris ultérieurement si des personnes avaient été
27 tuées ?
28 R. Non.
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1 Q. Non, vous ne l'avez pas appris, ou non, personne n'a été tué ?
2 R. Je suppose que personne n'a été tué.
3 Q. Vous le supposez ? Pourquoi est-ce que vous le supposez ?
4 R. Je n'ai pas obtenu d'information corroborée à propos du fait que des
5 personnes auraient été tuées. En fait, je ne connais pas véritablement les
6 détails précis de cette affaire.
7 Q. Pour revenir sur les événements qui se sont déroulés à la fin du mois
8 de mars --
9 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Je m'excuse. Vous parliez, Monsieur,
10 de la presse et des rapports de la presse à Krajina ou en Serbie. A quoi
11 faites-vous référence ? Est-ce que vous pourriez développer un peu cette
12 information, je vous prie ?
13 LE TÉMOIN : [interprétation] La presse écrite de Belgrade ainsi que la
14 télévision. Parce qu'il n'y avait pas de presse en Krajina. A l'époque, je
15 me trouvais à Belgrade et je lisais la presse de Belgrade.
16 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Je vous remercie.
17 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.
18 Q. Monsieur Babic, je souhaiterais revenir sur les événements du 31 mars à
19 Plitvice. Vous nous avez dit lors de votre description, en fait, que cela
20 avait suscité en fait une provocation politique avec la Serbie. Vous avez
21 décrit la décision prise pour annexer la Krajina à la Serbie, et nous avons
22 des éléments de preuve à ce sujet.
23 M. WHITING : [interprétation] J'aimerais, en fait, que l'on puisse regarder
24 la pièce 57, il s'agit d'un document 65 ter.
25 Q. Est-ce que vous reconnaissez ce document ?
26 R. Oui. C'est le document que nous avons envoyé aux destinataires dont les
27 noms sont mentionnés en haut du document : la présidence de la RSFY,
28 l'état-major du commandement de la JNA, le secrétariat fédéral de
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1 l'Intérieur ainsi que d'autres autorités fédérales.
2 Q. Pourquoi est-ce que vous avez envoyé ce document ?
3 R. Bien, il s'agissait des événements de Plitvice, et ce document se
4 fondait sur les informations dont je disposais à ce sujet.
5 Q. Au paragraphe premier, il est dit que vous demandez instamment aux
6 destinataires du document de mettre en vigueur de façon urgente la décision
7 de la présidence de la Yougoslavie, afin de terminer le retrait des forces
8 terroristes du MUP de ce qu'on appelle la République de la Croatie, qui
9 doivent se retirer du territoire de la SAO de Krajina. A quelle décision
10 faites-vous référence dans le document ?
11 R. Il y avait une décision préalable qui avait été prise par la
12 présidence, je ne sais plus s'il s'agissait d'une décision de la présidence
13 ou d'une décision du président de la présidence, il s'agissait en fait de
14 demander aux parties belligérantes de se retirer.
15 Q. Au moment où vous avez envoyé ce document, est-ce que la JNA était déjà
16 déployée à Plitvice ?
17 R. Oui. Elle l'avait fait le jour antérieur.
18 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que ce document pourrait être versé au
19 dossier ?
20 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce document sera versé au dossier.
21 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le document 203.
22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
23 M. WHITING : [interprétation]
24 Q. Monsieur Babic, après les événements de Plitvice, pendant les mois
25 d'avril, mai et juin, et même d'ailleurs pendant le mois de juillet 1991,
26 est-ce qu'il y a eu des affrontements armés entre la police de la SAO de la
27 Krajina et la police de la Croatie ?
28 R. Oui. Il y avait constamment des affrontements, des incidents au niveau
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1 des lignes de contact.
2 Q. Est-ce qu'en fait ces incidents suivaient en quelque sorte le schéma
3 que vous nous avez décrit un peu plus tôt ?
4 R. D'après ce que je sais, oui. La police et les unités armées de la
5 Krajina provoquaient les postes de police de la Croatie et avaient
6 également des actes de provocation, en fait, dans les zones habitées par la
7 population croate. Il y avait ces escarmouches. Des policiers ont été
8 arrêtés. Il y a eu intensification des conflits, des affrontements, et
9 ensuite, la JNA intervenait pour séparer les parties. Cela s'est passé dans
10 la région de la Krajina et sur le territoire de la Croatie également.
11 Q. Monsieur Babic, hier vous avez dit que pendant le printemps de l'année
12 1991, M. Martic a fait dans les médias un certain nombre de déclarations à
13 propos de la situation qui prévalait pour ce qui est de la sûreté et de la
14 sécurité dans la SAO de la Krajina et à propos d'arrestations. J'aimerais
15 en fait vous montrer quelques documents, et je vous demanderais de
16 présenter des observations à ce sujet. Je souhaiterais que M. l'Huissier
17 mette le document en question sous le rétroprojecteur.
18 Le premier article émane de la BBC. Il s'agit d'un récapitulatif de
19 la BBC en date du 4 avril 1991. Je vais vous lire un extrait de cela. A la
20 deuxième ligne, il est dit : "D'après lui," Milan Martic, "la police de la
21 Krajina a arrêté six policiers croates. Quatre ont été arrêtés le 31 mars
22 près de Plaski, municipalité d'Otocac, et deux le 1er et le 2 avril près de
23 Civljane." Ensuite, à la fin de l'article, il est dit : "Martic a également
24 dit que les citoyens amenaient déjà au poste de police à Knin la liste des
25 personnes capables ou aptes à porter des armes, et que 10 000 personnes de
26 la Krajina se trouvaient sur ces listes jusqu'à présent et que d'autres
27 listes arrivaient. Lors du rassemblement de protestation à Knin le 1er
28 avril, Martic a dit que le président de la Serbie avait promis qu'il
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1 enverrait des armes à la Krajina."
2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur Whiting,
3 qu'est-ce que vous êtes en train de lire ? Parce que ce que nous avons sur
4 l'écran est intitulé par la BBC, vous voyez, "récapitulatif BBC des
5 radiodiffusions mondiales." Nous ne voyons pas ce que vous avez lu.
6 M. WHITING : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président. J'ai lu
7 la deuxième ligne du texte et les deux dernières lignes du texte.
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] La deuxième ligne du texte --
9 M. WHITING : [interprétation] Oui, cela commence par "D'après lui" --
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, je vois.
11 M. WHITING : [interprétation] Puis ensuite, les deux dernières lignes. Je
12 m'excuse si je n'ai pas été assez clair.
13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Les deux dernières lignes en bas du
14 document, est-ce que nous pourrions faire défiler cela pour que nous
15 puissions voir les deux dernières lignes ?
16 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que M. l'Huissier pourrait faire
17 remonter le document sous le rétroprojecteur ? Il s'agit véritablement des
18 deux dernières lignes du document.
19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vois maintenant, et je vous en
20 remercie.
21 M. WHITING : [interprétation]
22 Q. Monsieur Babic, avez-vous entendu ce que je viens de vous lire à voix
23 haute, cet article ?
24 R. Oui.
25 Q. Ceci fait référence à des policiers qui ont été arrêtés près de Plaski,
26 et deux près de Civljane. Pourriez-vous nous dire où se trouvent ces deux
27 endroits, s'il vous plaît ?
28 R. Plaski se trouve à Lika, entre Lika et Kordun, alors que Civljane est
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1 un endroit qui se trouve dans la municipalité de Knin.
2 Q. Cet article correspond-il au reportage des médias, les déclarations de
3 M. Martic que vous avez entendues à l'époque et que vous avez décrites un
4 peu plus tôt dans votre témoignage ?
5 R. Oui. C'étaient les communiqués que nous avons entendus lors des
6 conférences de presse données par M. Martic.
7 M. WHITING : [interprétation] Pourrions-nous verser au dossier ce document,
8 s'il vous plaît ?
9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce document sera versé au dossier.
10 Pouvons-nous avoir un numéro de cote, s'il vous plaît.
11 M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce numéro 204, Madame, Messieurs les
12 Juges.
13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.
14 M. WHITING : [interprétation] J'ai un autre article à vous montrer, avec
15 l'aide de l'Huissier, s'il vous plaît. Le numéro ERN de cet article est le
16 R 0297428 à 7429. C'est un article qui est extrait de Tanjug de Belgrade et
17 qui est daté du 26 juillet 1991.
18 Q. Tout d'abord, Monsieur Babic, pourriez-vous nous dire ce qu'est
19 Tanjug ?
20 R. C'était l'agence de presse de la Yougoslavie, l'agence de presse de
21 l'Etat.
22 Q. Au niveau du troisième paragraphe de ce texte, je vais vous le lire, on
23 peut lire : "Le chef de la police dans la Région autonome serbe de la
24 Krajina, Milan Martic, a dit aujourd'hui à Knin que sa milice ne se
25 retirerait pas de la région de Sibenik." Ensuite, deux paragraphes suivants
26 : "Martic a dit : 'On s'attendait à des conflits violents ces prochains
27 jours.' Ensuite, dans les batailles de Glina, trois hommes de la milice de
28 la Krajina ont été légèrement blessés, et 'd'autres policiers au nombre de
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1 20 policiers croates ont été arrêtés dans la Banija et dans la région de
2 Kordun.'"
3 Tout d'abord, pourriez-vous nous dire où se trouve Sibenik ?
4 R. Sibenik est une municipalité voisine de la municipalité de Knin, le
5 long de la cote.
6 Q. Cet article correspond-t-il au reportage et déclarations de M. Martic
7 que vous avez décrits dans votre déposition ?
8 R. Oui, ceci correspond à ses déclarations et aux événements qui se sont
9 déroulés.
10 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que nous pouvons avoir un numéro pour
11 cette pièce ?
12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Un numéro ?
13 M. WHITING : [interprétation] Est-ce qu'il peut-être être versé au dossier,
14 s'il vous plaît ?
15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup. Ce document est versé
16 au dossier. Pouvons-nous avons un numéro de cote, s'il vous plaît.
17 M. LE GREFFIER : [interprétation] Numéro 205, Madame, Messieurs les Juges.
18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.
19 M. WHITING : [interprétation] Pourrions-nous regarder le document 65 ter
20 pièce 109, s'il vous plaît. Ce document porte la cote 31. C'est une pièce
21 qui a été versée au dossier. Pardonnez-moi, cette pièce a reçu la cote
22 numéro 38.
23 Q. Monsieur Babic, est-ce que vous avez un document sous les yeux ? Car
24 nous n'avons rien sur notre écran.
25 R. Je vois l'en-tête ici ou le titre.
26 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que nous pouvons faire défiler ce
27 document. Je souhaite voir le haut de ce document. Le faire monter vers le
28 haut, s'il vous plaît.
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1 Q. Est-ce que vous reconnaissez ce document ou est-ce que vous avez besoin
2 de voir davantage ce document ?
3 R. Oui. Il s'agit d'un rapport envoyé par l'état-major de la TO. Ceci est
4 envoyé au commandant suprême de la SAO de la Krajina, de la TO, du
5 secrétaire de la SAO du SUP, du département des services de Sûreté de la
6 DB, du commandant de la TO et de Frenki. C'est daté du 5 et du 6 août 1991.
7 Q. Avez-vous reçu ce rapport à l'époque ?
8 R. Oui.
9 Q. Si nous pouvons faire défiler ce texte de façon à pouvoir voir le
10 deuxième paragraphe où on peut lire : "Il y avait un affrontement armé
11 entre nos forces et les Oustachi dans le village de Lovinac à Gracac.
12 Certains chars ont quitté Gospic pour se rendre à Gracac afin de mettre en
13 place une zone tampon. Au cours de la matinée, nos forces ont tiré sur les
14 positions oustachi à Otocac, à Saborsko et à Sinac, et d'après les éléments
15 d'informations dont nous avons disposé, nous avons infligé des pertes
16 importantes à l'ennemi."
17 Un peu plus loin, il est précisé : "D'après les éléments dont les
18 dispositions de la DB, 11 personnes ont été tuées et 25 blessées au cours
19 des combats dans la région de Velika Glava et Bratiskovci, et plusieurs
20 bâtiments ont été détruits. Vous souvenez-vous avoir entendu parler de ces
21 événements ?
22 R. Oui.
23 Q. On fait référence ici à la DB. De quelle DB s'agit-il, si vous le
24 savez ?
25 R. Il s'agit des services de Sûreté de l'Etat qui fait partie du ministère
26 de l'Intérieur de la SAO de la Krajina, à savoir la DB unifiée. Ceci
27 comprend la DB de la Serbie.
28 Q. Si nous pouvons revoir le haut du document. Au niveau du premier
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1 paragraphe, on peut lire sous la date 5, 6 août 1991 : "A cause de la
2 visite du vice-président de la RSFY, Branko Kostic, et de la délégation de
3 la paix, Milan Martic a donné l'ordre d'un cessez-le-feu, exception faite
4 d'une attaque directe." Pourquoi Milan Martic donne-t-il un ordre de
5 cessez-le-feu à cette époque ?
6 R. Tout d'abord, c'est lui qui commandait les forces armées, ou
7 l'appellation donnée par l'opinion publique serbe, c'était la résistance
8 armée du peuple serbe contre les nouvelles autorités croates fascistes. La
9 délégation des autorités fédérales était censée remettre de l'ordre et
10 mettre en place une sorte de trêve. Cette délégation était dirigée par un
11 membre de la présidence, M. Branko Kostic.
12 M. WHITING : [interprétation] Ceci a déjà été versé au dossier, donc je ne
13 vais pas redemander le versement. On peut enlever ce document de l'écran
14 maintenant, s'il vous plaît.
15 Q. Cela étant dit, le document, un des destinataires de ce document était
16 Frenki. D'après vous, qui était-ce ? Qui était Frenki?
17 R. Franko Simatovic, alias Frenki, qui travaillait pour les services de
18 Sûreté de l'Etat de la Serbie, de la DB. J'en ai parlé hier.
19 Q. Que s'est-il passé ? Le fait que cette délégation soit venue dans la
20 SAO de la Krajina, comment ceci s'est-il terminé ? Y a-t-il effectivement
21 eu une trêve ?
22 R. Pendant un cours laps de temps, je crois que oui. Peut-être jusqu'au 18
23 -- pardonnez-moi, pendant deux ou trois semaines au mois d'août jusqu'au 25
24 ou 26 août. Je ne suis pas tout à fait sûr à propos de la région de Knin,
25 ni d'autres régions non plus.
26 Q. Très bien. Vous avez, dans votre déposition hier et avant-hier, parlé
27 des structures parallèles, et vous avez parlé des relations entre Milan
28 Martic et le ministre de l'Intérieur dans la SAO de la Krajina et le
Page 1524
1 ministère de l'Intérieur de la Serbie. Vous avez également parlé de Jovica
2 Stanisic et vous nous avez dit quelle fonction il occupait. Avez-vous vu
3 Jovica Stanisic dans la SAO de la Krajina ?
4 R. Oui, à plusieurs reprises.
5 Q. A quelle occasion ?
6 R. La première fois, je l'ai vu au mois d'août 1990.
7 Q. Où l'avez-vous vu ?
8 R. Dans un restaurant qui s'appelait Vrelo. C'est à l'entrée du village de
9 Golubic. Il était là, accompagné de M. Martic, ou pour être plus précis, M.
10 Martic m'a demandé de venir rencontrer quelqu'un du SUP de Serbie. A cette
11 époque-là, les barrages avaient été mis en place par les hommes qui se
12 trouvaient à Golubic.
13 Q. Est-ce qu'il vous a dit pourquoi il souhaitait que vous rencontriez
14 quelqu'un du SUP de Serbie ?
15 R. Il m'a dit quelque chose comme si c'était un ami ou quelqu'un qui
16 pouvait nous aider. J'étais un petit peu surpris. Au début, je ne lui
17 faisais pas entièrement confiance et je suis resté sur mes gardes un petit
18 peu. J'ai rapidement oublié cet événement, jusqu'au mois de janvier 1991 où
19 Stanisic me l'a rappelé à Belgrade. C'est lui qui m'a rappelé que je
20 l'avais rencontré au mois d'août avec Martic dans ce restaurant Vrelo.
21 Q. Comment avez-vous rencontré M. Stanisic à Belgrade au mois de janvier
22 1991 ? Comment ceci s'est-il passé ?
23 R. Avant cela, j'avais reçu des informations comme quoi un coup militaire
24 se préparait en Croatie et qu'il fallait que les dirigeants politiques
25 croates soient démis de leurs fonctions et qu'il fallait mettre en place un
26 régime militaire. Après quoi, Milosevic, m'a dit qu'il allait arrêter
27 Martin Spegelj et d'autres ministres croates à Zagreb et que j'étais menacé
28 à Knin et qu'il fallait que je reste à Belgrade, que je puisse bénéficier
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1 de leur protection et de leur contrôle. Il m'a demandé d'aller voir le
2 ministre, ou plutôt le secrétaire de l'Intérieur, M. Radmilo Bogdanovic,
3 que je devais me placer sous sa protection et que je devais rester à
4 Belgrade.
5 Après avoir être allé rencontrer M. Radmilo Bogdanovic, je me suis rendu au
6 ministère de l'Intérieur de la Serbie. Il m'a demandé où j'habitais et je
7 lui ai dit que je pouvais habiter chez mon cousin. Il m'a dit d'aller
8 rencontrer Jovica Stanisic qui travaillait pour les services de Sûreté de
9 l'Etat dans l'ancien bâtiment qui jouxtait le bâtiment du ministère. J'ai
10 traversé quelques couloirs qu'il y avait entre ces deux bâtiments et j'ai
11 finalement rencontré Jovica Stanisic qui m'a dit qu'il me fournirait une
12 escorte fournie par les services de Sûreté de l'Etat. Je suis resté 15
13 jours à Belgrade, protégé par les services de Sûreté de l'Etat de la
14 Serbie. A un moment donné, j'ai décidé de partir parce que des rumeurs
15 circulaient à Knin en vertu de quoi j'avais fui. Spegelj, pour finir, n'a
16 pas été arrêté. Rien n'a été fait. Bogdanovic m'a dit : "C'est mieux si tu
17 retournes chez les tiens." C'est comme cela que j'ai terminé mon séjour à
18 Belgrade.
19 Q. Monsieur Babic, après la pause, je vais vous poser des questions à
20 propos d'autres réunions que vous avez eues avec Jovica Stanisic dans la
21 SAO de la Krajina et à Belgrade. Mais nous sommes arrivés au moment de la
22 pause.
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup. Nous allons faire une
24 pause et revenir à 10 heures 45. L'audience est levée.
25 --- L'audience est suspendue à 10 heures 16.
26 --- L'audience est reprise à 10 heures 47.
27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Whiting, vous avez la parole.
28 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
Page 1526
1 Q. Monsieur Babic, avant la pause, nous avons parlé des différentes
2 occasions où vous avez vu Jovica Stanisic. Je souhaite d'abord parler des
3 occasions où vous l'avez vu dans la SAO de la Krajina. Vous nous avez dit
4 que la première fois, vous l'avez vu au mois d'août 1990. Quand l'avez-vous
5 vu après cela, dans la SAO de la Krajina, la fois suivante ?
6 R. Au mois d'avril 1991.
7 Q. Et où l'avez-vous vu ?
8 R. Dans mon appartement à Knin.
9 Q. Que s'est-il passé ? Pourriez-vous nous décrire cette réunion ?
10 R. Il est arrivé accompagné d'une autre personne qu'il m'a présentée comme
11 étant Frenki. Il a dit que Frenki était un expert en matière électronique
12 ou quelque chose de la sorte, et il m'a dit qu'ils étaient là pour vérifier
13 mon appartement, pour voir si on avait mis des systèmes d'écoute, et si
14 l'armée avait disposé ce genre de choses dans mon appartement. Voilà ce qui
15 s'est passé. Après cela, Frenki est arrivé accompagné d'un certain nombre
16 de personnes et ils ont fouillé l'appartement.
17 Q. Il s'agit de Frenki Simatovic ?
18 R. Oui.
19 Q. Pourquoi votre appartement aurait-il été mis sur écoute par l'armée ?
20 R. Je suppose que c'était une des tâches qu'ils accomplissaient de façon
21 routinière. Le KOS, le service des contre-renseignements, s'occupait de ce
22 genre de chose, et j'aurais pu les intéresser.
23 Q. Avez-vous vu Jovica Stanisic à d'autres occasions dans la SAO de la
24 Krajina ?
25 R. Dans la SAO de la Krajina, je l'ai vu deux fois encore, au début du
26 mois d'août 1991. Pour autant que je m'en souvienne, c'était la deuxième
27 fois que je l'ai vu à Knin.
28 Q. Lorsque vous l'avez rencontré à ce moment-là, c'était à quelle
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1 occasion ?
2 R. La première fois que nous nous sommes rencontrés, c'était par hasard,
3 le 1er ou le 2 août, c'est-à-dire tout de suite après la proposition que
4 j'avais faite et après que le gouvernement de la SAO de la Krajina avait
5 démembré le service de Sûreté de l'Etat. La fois suivante, c'était après le
6 départ du capitaine Dragan, donc c'était peut-être deux jours après cela.
7 Quoi qu'il en soit, les deux événements étaient assez rapprochés. La
8 réunion s'est tenue dans le même café, Vrelo, à Golubic, où nous nous
9 sommes rencontrés la première fois, et, hormis lui-même, il y avait
10 également Dusan Orlovic.
11 Q. [aucune interprétation]
12 L'INTERPRÈTE : Correction de l'interprète : Et M. Martic également.
13 M. WHITING : [interprétation]
14 Q. Pardonnez-moi, qui était là ? C'était M. Orlovic, M. Martic, ou les
15 deux ?
16 R. Les deux.
17 Q. Ont-ils assisté à la deuxième réunion du mois d'août ?
18 R. Oui, c'était la deuxième et seule réunion du mois d'août. La première
19 réunion n'était pas une réunion. Je l'ai rencontré par hasard, je l'ai
20 rencontré dans la rue et il était tout seul.
21 Q. Vous nous avez parlé plus tôt, dans votre déposition, d'une
22 conversation que vous avez eue avec Jovica Stanisic à propos de votre
23 décision rendue le 1 août 1991, aux fins de démembrer la DB dans la SAO de
24 la Krajina. Est-ce que cette conversation a eu lieu par hasard dans la rue,
25 ou est-ce que cette conversation s'est déroulée dans le café ?
26 R. Nous nous sommes rencontrés par hasard dans la rue, en tout cas, c'est
27 l'impression que j'avais. Peut-être qu'il m'attendait, peut-être qu'il
28 souhaitait me rencontrer, mais nous n'avons pas évoqué cela au café.
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1 Q. Vous nous avez décrit -- tout d'abord, je vais vous poser cette
2 question-ci : savez-vous quelle relation existait entre M. Stanisic et M.
3 Martic ? Quel genre de rapports avaient-ils ?
4 R. C'étaient des rapports assez amicaux. Ils travaillaient étroitement
5 ensemble, et Martic écoutait attentivement ce que Stanisic avait à dire. Ce
6 n'était pas des liens de subordination officiels; je crois qu'il s'agissait
7 plutôt de recueillir les conseils d'un collègue qui avait plus
8 d'expérience. Il n'y avait aucune sorte d'obéissance.
9 Q. Et quel type de relation existait entre M. Stanisic et M. Milosevic ?
10 R. C'était son subordonné.
11 Q. Maintenant, vous nous avez parlé d'une réunion qui a eu lieu en
12 présence de M. Stanisic, au mois de janvier 1991. Avez-vous eu l'occasion
13 de revoir M. Stanisic à Belgrade dans le courant de l'année, par la suite ?
14 R. Oui. Je l'ai vu au mois de mars 1991.
15 Q. Pourriez-vous nous décrire dans quelles circonstances cette réunion
16 s'est déroulée ? Que s'est-il passé à ce moment-là ? Pourquoi étiez-vous à
17 Belgrade ? Que se passait-il à ce moment-là ?
18 R. C'était la fin du mois de mars 1991, et avant cela, il y avait eu la
19 crise avec la présidence yougoslave. Ils n'ont pas adopté la décision sur
20 la prise des mesures d'urgences et le déploiement de la JNA. Borisav Jovic
21 a donné sa démission provisoirement de la présidence et ensuite, il a été
22 réinstauré à ce poste ou réhabilité. Ensuite, lorsque les choses sont
23 apparues plus clairement, qu'il s'agissait d'une crise sérieuse et que cela
24 touchait au fonctionnement des organes de l'Etat et de la JNA, M. David
25 Rastovic est venu me voir. Il était président, à ce moment-là, de la
26 municipalité Lapac, et il m'a dit qu'il fallait de toute urgence que nous
27 allions rencontrer M. Milosevic pour lui demander quel était son point de
28 vue sur les questions de protection dans ce cas-là, et quelles étaient les
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1 raisons pour lesquelles nous voulions le rencontrer. Il a accepté de nous
2 recevoir. Il nous a reçus à Belgrade dans son bureau, et nous lui avons
3 demandé : Que devons-nous faire ? Nous ne nous sentons pas en sécurité.
4 Q. Qu'a-t-il dit ?
5 R. Il nous a dit que la première fois, il n'a pas parlé de la protection
6 de la JNA. Ensuite, il a dit : "J'ai acheté 20 000 pièces d'armes." Il nous
7 a regardés et il nous a dit : "Je ne sais pas de quoi vous parlez."
8 Ensuite, ce David Rastovic a quitté la pièce pour aller chercher quelqu'un
9 d'autre, je ne me souviens pas du nom de la personne, c'était un retraité
10 qui vivait à Belgrade, mais qui venait de Krajina. C'était un civil qui
11 occupait une fonction, je ne sais pas laquelle, je ne me souviens pas. Nous
12 lui avons demandé s'il savait quelque chose à propos de Moric [phon], pour
13 savoir s'il avait un rôle à jouer dans l'achat de ces armes. Il est
14 également venu voir Milosevic dans son bureau et il a dit que rien n'avait
15 été fait. Ensuite, Milosevic s'est exprimé avec force et a dit qu'il
16 l'avait floué. Il a quitté la pièce et peu de temps après, Radmilo
17 Bogdanovic est venu le voir dans son bureau. Il était sur le point de
18 démissionner de son poste ministériel et M. Jovica Stanisic de la DB. C'est
19 à cette réunion que j'ai rencontré Stanisic encore une fois à Belgrade.
20 Q. Que s'est-il passé lorsqu'ils sont arrivés à cette réunion-là ?
21 R. Milosevic lui a demandé ce qu'il était advenu des armes. Et Radmilo
22 Bogdanovic a dit qu'ils avaient envoyé 500 pièces d'armes à Banija. J'ai
23 répondu que je n'avais aucune connaissance de ce fait, et ensuite,
24 Bogdanovic a dit : "Vous n'êtes pas censé tout savoir." Après quoi, je me
25 suis tourné vers Milosevic et je lui ai dit qu'il y avait des problèmes au
26 niveau du fonctionnement du SUP, qu'il n'y avait pas suffisamment de gens
27 qualifiés et qu'il n'y avait pas suffisamment de gens capables d'organiser
28 les affaires internes de la Krajina, qu'il n'y avait pas de secrétariat
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1 compétent, qu'il nous fallait des représentants de la police scientifique
2 et des avocats, des gens qui connaissaient les affaires internes bien et
3 que nous devrions pouvoir mettre en place ceci, que le secrétariat de
4 l'Intérieur devait fonctionner de façon correcte. Il a promis qu'il allait
5 nous aider au cours de cette réunion.
6 Q. Nous allons revenir sur la remarque que vous venez de faire dans votre
7 déposition, mais je souhaite vous poser d'autres questions à propos des
8 armes dont vous avez pris connaissance à cette réunion-là. Après cette
9 réunion, avez-vous appris autre chose à propos de ces armes ?
10 R. J'ai appris que ces armes n'étaient pas venues de Hongrie du tout, mais
11 d'un dépôt de la TO, et que ces dernières avaient été transportées en
12 Krajina sous l'égide de Kertes et le ministre de l'Intérieur de la Krajina,
13 ainsi que d'autres personnes qui se trouvaient en Bosnie.
14 Q. Vous dites que ceci provenait d'un dépôt de la TO. De quelle TO ?
15 R. De la TO serbe.
16 Q. Comment avez-vous pris connaissance de cela, de ces éléments
17 d'information ?
18 R. Je crois que c'était au mois de mai ou au mois de juin 1991. Le
19 commandant de la police à l'époque, le commandant de la police de Knin, qui
20 était un adjoint de Martic, et une autre personne qui venait du poste de
21 police de Knin, je ne me souviens pas de son nom, quoi qu'il en soit, ils
22 m'ont emmené dans le village de Radujcic. Milenko Zelenbaba était le nom de
23 l'autre personne, c'était le commandant du poste de police. Et Jovo -- je
24 ne me souviens pas de son nom de famille. Ils m'ont emmené à Raducic, près
25 de Knin, et ils m'ont montré un cache d'armes. Il y avait des fusils, des
26 mortiers, et ils m'ont dit que ces armes venaient de Serbie et que Braco
27 s'était ainsi frayé un chemin dans les dépôts de la TO. Lorsqu'il a dit
28 "Braco," je crois qu'il pensait à Kertes. Plus tard j'ai entendu de Grbic,
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1 originaire de Bosanski Novi, que des armes étaient transportées en
2 provenance de Serbie à travers la rivière Una jusqu'à la Banija, et je
3 suppose que ces armes provenaient du même endroit.
4 Q. Très bien. J'aimerais maintenant vous poser quelques questions au sujet
5 de ce que vous nous avez dit à l'instant. D'abord, Milenko Zelenbaba
6 commandait le poste de police de quelle localité ?
7 R. De Knin.
8 Q. Etait-il un subordonné de Milan Martic dans ces conditions ?
9 R. Oui. C'était également un de ses amis.
10 Q. Vous avez également prononcé le nom de Kertez. Qui était cet homme ?
11 R. Mihalj Kertes, tel était son nom. Jusqu'en 1990 et jusqu'aux élections
12 présidentielles en Serbie, il était membre de la présidence de la
13 République de Serbie. En 1991, je ne me souviens plus exactement quelles
14 ont été ses nouvelles fonctions, mais en tout cas c'était un ami très
15 proche et un collaborateur de Jovica Stanisic et de Milosevic. Son bureau
16 se trouvait dans le bâtiment de la présidence de Serbie, au-dessus du
17 bureau de Milosevic.
18 Q. Vous avez parlé d'un certain Mile Grbic. Qu'est-ce qu'il vous a dit.
19 Pouvez-vous le répéter ?
20 R. Mile Grbic, je le connaissais déjà depuis 1990. En 1990, accompagné de
21 Spomen Parsamarica [phon], il a fourni des armes à Martic, au moment des
22 barrages en 1990. C'est à ce moment-là que j'ai fait sa connaissance. Plus
23 tard, je l'ai rencontré à Bosanski Novi.
24 Q. Permettez-moi de vous interrompre. Comment savez-vous qu'il a fait cela
25 en 1990 ?
26 R. Il me l'a dit. Il est arrivé à Knin, et sur le chemin du retour il est
27 venu me voir. Il était accompagné d'un autre homme. Ils étaient deux et ils
28 souhaitaient faire ma connaissance. Il s'agissait de Mile Grbic et de Zika
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1 Rakic. Ils m'ont dit qu'ils étaient venus à Knin et que les armes qui se
2 trouvaient dans le musée, dans le mémorial de Samarica, ils allaient les
3 remettre à Martic, et que puisqu'ils étaient venus dans ce but à Knin, ils
4 saisissaient l'occasion pour me rencontrer également.
5 Q. Où se trouve ce mémorial de Samarica et de quoi s'agit-il exactement ?
6 R. Il se trouve au carrefour entre Petrijna et Kostajnica, de l'autre côté
7 de la rivière Una quand on vient de Bosanski Novi et qu'on se dirige vers
8 Grbic, au carrefour entre les trois municipalités.
9 Q. Est-ce que vous avez des détails au sujet de la nature des armes en
10 question ?
11 R. Non. Je sais simplement que ces armes provenaient du musée de Samarica
12 et qu'elles dataient de la Seconde Guerre mondiale.
13 Q. Je vois. Avançons un peu et parlons de 1991. Est-ce que vous avez
14 appris quelque chose d'autre de la bouche de Mile Grbic en 1991 au sujet
15 des armes ?
16 R. Ecoutez, nous étions devenus pratiquement des amis. Il avait des
17 relations d'amitié à mon égard et c'est ainsi que c'est à moi qu'il a fait
18 connaître en premier les renseignements qu'il a obtenus de l'armée croate,
19 à savoir que la Croatie s'apprêtait à arrêter Spegelj et qu'il se préparait
20 certains événements en Croatie. Il m'a dit que je ferais bien de m'enquérir
21 ou d'essayer d'apprendre de quoi il s'agissait. Tout cela se passait à la
22 fin décembre, début janvier 1991, et c'est le premier qui m'a parlé de tout
23 cela. Il tenait un café à Bosanski Novi et lors de mes déplacements,
24 j'avais l'habitude de m'arrêter dans son café pour me reposer un petit peu.
25 En 1991, au mois d'août je crois, ou peut-être en juillet, il m'a dit que
26 des armes arrivaient de Serbie avec l'aide de Jovica Stanisic. Je lui ai
27 demandé quel trajet suivaient ces armes, et il m'a dit qu'elles arrivaient
28 par la grande route, la magistrale. Cette magistrale traverse toute la
Page 1533
1 Croatie. Je me demandais un petit peu comment ils avaient réussi à faire
2 voyager ces armes de cette façon et s'ils avaient éventuellement un trajet
3 de secours pour les armes, mais il n'a pas voulu me révéler ce deuxième
4 itinéraire.
5 Q. Est-ce que vous savez où allaient les armes en question ?
6 R. Elles traversaient la Una pour aller en Banija et à Kordun.
7 Q. Quelle était leur destination finale ? Qui était censé recevoir ces
8 armes dans la Banija et Kordun ?
9 R. Il ne me l'a pas dit, mais à l'époque il y avait ce qu'on appelait des
10 unités de volontaires, la 7e Division de Banija et d'autres groupes de
11 volontaires existaient déjà.
12 Q. Nous parlerons de ces groupes de volontaires plus tard.
13 Au cours de votre déposition hier, vous avez prononcé le nom de Dusan
14 Smiljanic en parlant de l'arrestation de Milan Martic, ou en tout cas de ce
15 moment en septembre 1991 quand il a été retenu quelque temps. Connaissiez-
16 vous le nom de Dusan Smiljanic avant ces événements de septembre 1991 ?
17 R. Oui.
18 Q. Comment avez-vous appris ce nom ?
19 R. J'ai rencontré cet homme à la fin de juillet ou au début du mois d'août
20 1991.
21 Q. De qui s'agissait-il ?
22 R. Il était chef de la sécurité au sein du 10e Corps de Zagreb et il est
23 venu à Korenica avec le commandant du corps, Nikola Uzelac. C'est à ce
24 moment-là que je l'ai rencontré.
25 Q. Quand vous l'avez rencontré, avez-vous appris quelque chose de
26 particulier au sujet de ce qu'il faisait ?
27 R. Il nous a dit que nous pouvions nous adresser à lui si nous avions
28 besoin d'armes, à ce moment-là.
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1 Q. Qu'a-t-il dit exactement ?
2 R. Ce que je viens de vous rapporter. Il a dit : Si tu as besoin d'armes,
3 tu peux t'adresser à moi et tu les obtiendras.
4 Q. Savez-vous s'il a fourni des armes aux Serbes de Krajina,
5 effectivement ?
6 R. Oui.
7 Q. Comment le savez-vous ?
8 R. C'est moi qui lui ai adressé certaines personnes à Zelava [phon]. C'est
9 une localité qui se trouve non loin de l'aéroport de Bihac et qui est à
10 cheval sur le territoire de la Croatie et sur le territoire de la Bosnie-
11 Herzégovine.
12 Q. Dans quel but lui avez-vous adressé ces personnes, dans le but
13 d'obtenir des armes ?
14 R. Oui. Ils étaient venus me dire qu'ils n'avaient pas d'armes, que tous
15 les autres en avaient et qu'eux n'en avaient pas. Il m'a demandé si je
16 pouvais les aider. Je me suis souvenu à ce moment-là que je pouvais les
17 envoyer à Korenica, ce que j'ai fait.
18 Q. Qui étaient ces personnes que vous avez envoyées là-bas ?
19 R. C'étaient des gens de la municipalité de Knin, des présidents de
20 communautés locales de la municipalité de Knin.
21 Q. Ont-ils obtenu des armes auprès de Dusan Smiljanic ?
22 R. Oui.
23 M. WHITING : [interprétation] J'aimerais que nous examinions le document 65
24 ter numéro 1452.
25 Q. Ceci semble être un document émanant d'un certain Dusan Smiljanic,
26 colonel de son grade. Je vous demande s'il s'agit bien du Dusan Smiljanic
27 dont vous venez de parler ?
28 R. Oui.
Page 1535
1 Q. Ce document est adressé au général Ratko Mladic et il daté du 15
2 octobre 1994. J'aimerais que nous examinions de plus près un paragraphe en
3 particulier. Je vous demande de vous rendre en page 2 de la version B/C/S.
4 Cela se trouve également en page 2 de la version anglaise, en haut de la
5 page. Je crois que pour les interprètes il sera plus facile que je donne
6 lecture de ce paragraphe. Je cite : "J'ai créé des liens illégaux avec des
7 personnalités importantes du SDS dans la Lika, la Banija, à Kordun et à
8 Banja Luka, avec un groupe d'OB," organe de sécurité, "et de VP," police
9 militaire, "à la fin du mois d'avril et au début du mois de mai, j'ai
10 commencé à distribuer illégalement des armes au peuple serbe, armes en
11 provenance de nos dépôts d'armes qui aujourd'hui sont des dépôts oustachi."
12 Ensuite, on a la liste d'un certain nombre de localités. "J'ai recruté des
13 manutentionnaires serbes dans ces dépôts. Cette action s'est poursuivie
14 jusqu'au début du mois de juin 1991, date à laquelle environ 15 000 armes
15 d'infanterie, mortiers, armes antiaériennes de calibre 20 millimètres et un
16 grand nombre de munitions avaient été distribués, ce que nous considérions
17 décisif pour la défense de Lika, de Kordun et de la Banija, compte tenu de
18 la situation des unités opérationnelles qui se trouvaient dans la Lika, à
19 Kordun et dans la Banija."
20 Ceci correspond t-il avec ce que vous venez de nous dire au sujet du rôle
21 de Dusan Smiljanic dans la fourniture d'armes ?
22 R. Oui.
23 Q. Passons maintenant à la page 3, aussi bien dans la version anglaise que
24 dans la version B/C/S de ce texte, à peu près au milieu de la page de la
25 version anglaise et au tiers de la page de la version B/C/S. Je vais donner
26 lecture de ce passage. Je cite : "Compte tenu de la grande opposition et
27 des problèmes que posait la création d'une brigade, notamment dans la
28 région de la Lika et dans une partie de la région de la Banija en septembre
Page 1536
1 1991, j'ai organisé des rencontres entre les officiers de réserve de plus
2 haut rang et ceux qui étaient à cette époque-là les représentants des
3 autorités de Gracac et de Vrhovine, réunions auxquelles le président de
4 l'époque de la RSK, Milan Martic, a assisté. A l'issue de ces réunions,
5 une brigade a été créée à Gracac, Udpina [phon], Vrhovine et Plaski. Dans
6 l'après-midi du même jour, je me suis rendu à Novi Grad accompagné de Milan
7 Martic dans l'intention de résoudre certaines questions qui avaient surgi à
8 l'occasion de la prise de Kostajnica. A mon retour de Novi Grad, nous avons
9 été arrêtés dans le village d'Otaka, comme vous le savez."
10 D'après vous, de quoi est-il question dans ce paragraphe ?
11 R. Il est question, pour l'essentiel, de deux choses. D'abord, des
12 problèmes liés à la mobilisation des hommes qui faisaient partie de ce
13 qu'il est convenu d'appeler les Unités de Partisans et qu'on appelait à
14 l'époque les brigades, en septembre 1991. En deuxième lieu, il est question
15 de son départ de la zone de Kostajnica et de Novi Grad et de son
16 arrestation, ainsi que de l'arrestation de Martic à Otaka en septembre
17 1991.
18 Q. Est-ce que vous savez quelle était la nature des problèmes qui se
19 posaient eu égard à la mobilisation en septembre 1991 ?
20 R. Ces problèmes étaient de deux sortes. D'abord, je vous rappelle que les
21 unités de la JNA qu'on appelait Brigades de Partisans étaient des unités
22 d'infanterie légère. Le premier problème, c'était que les Croates n'ont pas
23 répondu à l'appel de mobilisation et n'ont donc pas été intégrés à ces
24 brigades. Pour une raison très simple, c'est que les Serbes employaient le
25 terme de partisans pour qualifier ces unités. Or, le terme de partisans
26 date de la Seconde Guerre mondiale, et les Serbes n'ont donc pas accepté de
27 répondre à l'appel de mobilisation. Des actions politiques ont été
28 organisées dans les municipalités parmi la population pour tenter de faire
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1 accepter et de faire appliquer cette mobilisation. Il dit que ce travail se
2 mène en collaboration avec M. Martic dans cette région.
3 M. WHITING : [interprétation] Ce document, pourrait-il recevoir une cote ?
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le document est admis en tant que
5 pièce à conviction. Je demande qu'une cote lui soit affectée.
6 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction 206,
7 Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges.
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.
9 M. WHITING : [interprétation] Avec l'aide de l'Huissier, j'aimerais
10 soumettre deux articles de presse au témoin. Je demande que la traduction
11 en anglais soit placée sous le rétroprojecteur et que l'original soit remis
12 au témoin.
13 Q. Cet article que nous avons sous les yeux date du 3 avril 1991 et il
14 émane de Tanjug. Vous nous direz ce qu'est Tanjug exactement. D'abord, je
15 donne lecture de cet article. Vous pouvez suivre dans la traduction que
16 vous-même avez sous les yeux. Je cite un passage : "Martic a exprimé sa
17 conviction que Slobodan Milosevic allait armer les Serbes de Croatie.
18 Compte tenu du fait que l'Etat de Croatie a armé les Croates, il est normal
19 que l'Etat serbe arme son propre peuple pour créer un équilibre, a dit
20 Martic, ajoutant que 10 000 personnes de la Krajina s'étaient portées
21 volontaires pour défendre la Krajina et la région de Knin."
22 Monsieur Babic, est-ce que ceci correspond à ce que vous avez lu dans
23 la presse à l'époque ?
24 R. Oui.
25 Q. Pour le compte rendu d'audience, j'indique que le numéro ERN de
26 cet article est R0293885 et je demande que ce document reçoive une cote en
27 tant que pièce à conviction.
28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce document est versé au
Page 1538
1 dossier. Je demande qu'une cote lui soit affectée.
2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction
3 207, Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.
5 M. WHITING : [interprétation] Avec l'aide de l'Huissier, j'aimerais
6 qu'un autre article soit soumis au témoin. Je ne dispose pas de traduction
7 pour cet article, mais on peut placer l'original sur le rétroprojecteur. Un
8 peu plus haut, s'il vous plaît. Très bien.
9 Q. C'est un article tiré du Toronto Star du 11 mai 1991, numéro ERN
10 04675487. Je commence la lecture au milieu de la page. Je cite : "Les chefs
11 de la minorité rebelle serbe de Croatie ont bien accueilli cet accord.
12 L'accord a été discuté à ce moment-là, mais le chef de la police, Milan
13 Martic, a dit que les Serbes rebelles n'allaient pas obtempérer à cet ordre
14 de la présidence de remettre leurs armes tant que les Croates ne l'auraient
15 pas fait également."
16 D'après vous, que veux dire ce passage, Monsieur Babic ?
17 R. Je n'entends pas l'interprétation, je suis désolé.
18 Maintenant, j'entends de nouveau l'interprète, mais il faudrait que
19 vous relisiez le passage, car je ne l'ai pas entendu dans ma langue.
20 Q. Oui, très bien. Donc c'est un article qui date du 11 mai 1991,
21 qui est tiré du Toronto Star, et qui fait référence à un accord de paix
22 conclu à ce moment-là. Le passage qui m'intéresse se lit comme suit, je
23 cite : "Les dirigeants de la minorité serbe rebelle de Croatie ont
24 également bien accueilli cet accord, mais le chef de la police Milan Martic
25 a déclaré que les Serbes rebelles n'allaient pas obtempérer à l'ordre de la
26 présidence de remettre leurs armes tant que les Croates ne l'auraient pas
27 fait également."
28 D'après vous, que veut dire ce passage ?
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1 R. Oui. Là, nous sommes au moment qui a suivi l'escalade des tensions à
2 partir du 2 mai, à partir du début du mois de mai 1991 de façon générale,
3 suite à des incidents et affrontements importants, ainsi qu'à des effusions
4 de sang dans la région de Borovo Selo, c'est-à-dire dans les environs de
5 Knin, dans la zone de Zadar également, c'est-à-dire dans toute la région de
6 la Krajina. Il y avait eu intervention de la présidence yougoslave pour
7 tenter d'obtenir un cessez-le-feu et commencer à mettre en place un
8 dialogue politique. C'est à cette période précise que fait référence cet
9 article, ainsi qu'à la réaction de l'entourage de M. Martic et de M. Martic
10 à ces événements.
11 M. WHITING : [interprétation] J'aimerais que ce document soit versé au
12 dossier.
13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le document est accepté en tant que
14 pièce à conviction. Je demande qu'une cote lui soit affectée.
15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction 208,
16 Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges.
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.
18 M. WHITING : [interprétation]
19 Q. Monsieur Babic, vous avez parlé à plusieurs reprises au cours de votre
20 déposition d'un campement créé à Golubic en mars, avril 1991. Vous avez
21 également parlé dans votre déposition de votre rencontre en mars 1991 avec
22 M. Milosevic, rencontre au cours de laquelle vous avez demandé l'aide du
23 secrétariat à l'Intérieur, comme on l'appelait à l'époque, aide destinée à
24 la SAO de Krajina. Vous avez déclaré qu'il vous avait promis cet aide.
25 Suite à cette rencontre, quelle est la nature exacte de l'aide que vous
26 avez éventuellement obtenue ?
27 R. Nous avons obtenu l'aide à laquelle je m'attendais, c'est-à-dire une
28 aide du secrétariat à l'Intérieur, qui a permis que des gens arrivent chez
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1 nous et qui, pour l'essentiel, ont continué à militariser la police de
2 Krajina. Voilà quelle a été la nature de l'aide fournie par Milosevic.
3 Q. Que voulez-vous dire lorsque vous parlez de la militarisation de la
4 police de Krajina ?
5 R. La police est devenue une force paramilitaire, une organisation semi-
6 militaire, suite à cela.
7 M. WHITING : [interprétation] Pourrions-nous examiner le document 65 ter
8 numéro 56, qui est déjà une pièce à conviction ? Il s'agit de la pièce à
9 conviction 29.
10 Q. Monsieur Babic, reconnaissez-vous ce document ?
11 R. Oui. C'est le décret du Conseil exécutif de la Région autonome serbe de
12 Krajina du 1er avril 1991, adopté sur mon initiative.
13 Q. Ce jour-là est-il bien le lendemain des événements de Plitvice ?
14 R. Oui.
15 Q. Ce document se divise en deux parties. On voit d'abord un décret et
16 ensuite, des demandes. Le décret porte sur la mobilisation de la Défense
17 territoriale de la SAO de Krajina. Pourquoi avez-vous adopté ce décret, et
18 a-t-il eu le moindre effet ?
19 R. C'était la réaction aux événements de Plitvice, parce qu'il existait le
20 sentiment en Krajina que les forces armées croates étaient en train
21 d'essayer d'occuper la Krajina. Cela a donné lieu à une espèce de
22 soulèvement, plutôt qu'à une mobilisation en bonne et due forme, car nous
23 n'étions pas dans les conditions nécessaires pour procéder à une réelle
24 mobilisation.
25 Q. Est-ce que ceci a eu le moindre effet ? Est-ce que ceci a eu des
26 résultats ?
27 R. Non.
28 Q. La deuxième partie de ce document se compose de demandes adressées au
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1 gouvernement de Serbie, demandes destinées à ce que le ministère de
2 l'Intérieur de la République de Serbie apporte un appui technique et une
3 aide en personnel au SUP de la SAO de Krajina. Pourquoi est-ce que vous
4 avez fait ces demandes ?
5 R. Pour que soient respectés les termes de l'accord conclu avec Milosevic,
6 pour lui permettre de remplir ses promesses.
7 Q. Est-ce que vous parlez des promesses qu'il vous avait faites en mars
8 1991 ?
9 R. Oui, c'est à ces promesses que je pense.
10 Q. Vous nous avez dit, il y a quelques instants, ce qui s'était passé
11 après ces demandes d'aide. Vous avez dit que la police de Krajina avait en
12 fait été militarisée. Pouvez-vous nous dire concrètement de quelle façon
13 cela s'est passé ?
14 R. Au mois d'avril, un camp d'entraînement destiné à entraîner les membres
15 des unités spéciales de la police a été créé. Il a fonctionné tout le
16 printemps et tout l'été de 1991. C'est là que les hommes des unités
17 spéciales de la police de Krajina ont été entraînés avant d'aller sur le
18 terrain, dans les diverses municipalités de la Krajina. Il y avait un
19 campement à Golubic et plus tard, un autre à Benkovac. Il y avait quelque
20 chose qui ressemblait beaucoup à cela également à Samarica, mais je n'ai
21 pas de détails à ce sujet. Les effectifs se sont développés.
22 Q. Pour information, j'indique aux Juges de la Chambre que l'on trouve la
23 localité de Golubic en page 25 de l'atlas. Je crois que le témoin a déjà
24 dit dans sa déposition que Golubic était à quelques kilomètres à peine de
25 Knin, vers le nord.
26 Monsieur Babic, j'aimerais que nous parlions maintenant du camp de Golubic.
27 Qui a créé ce camp, si vous le savez ?
28 R. Ce camp a été créé par le secrétaire du secrétariat de l'Intérieur de
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1 la Krajina, donc Martic, avec l'aide de la Sûreté d'Etat de la Serbie, du
2 capitaine Dragan, et de Frenki Simatovic.
3 Q. Comment est-ce que vous savez cela ?
4 R. J'étais là. Ils me l'ont dit. En fait, je me suis rendu dans ce camp et
5 ils m'ont présenté des rapports à cette fin.
6 Q. Combien de fois êtes-vous allé dans le camp de Golubic ?
7 R. Deux fois.
8 Q. Est-ce que vous pourriez nous raconter qui vous avez vu, la première
9 fois que vous vous êtes rendu dans ce camp ? Quand est-ce que cela s'est
10 passé ?
11 R. Ma première visite s'est passée en avril 1991, ou peut-être au milieu
12 de l'année 1991. Je ne connais pas la date exacte. En fait, je me rendais à
13 Belgrade, et quelqu'un du poste de police m'a dit de m'arrêter à Golubic et
14 --
15 Q. Je vais vous interrompre parce que là, je pense qu'il y a un petit
16 problème de traduction. Quand est-ce que cette visite s'est passée ?
17 R. Pendant la première quinzaine du mois d'avril, peut-être à la mi-avril,
18 mais pas plus tard, à la mi-avril 1991.
19 Q. Je m'excuse de vous interrompre, mais quelqu'un du poste de police vous
20 a dit de vous arrêter à Golubic, et que s'est-il passé alors ?
21 R. Donc je m'y suis arrêté et je suis allé là-bas, dans ce qu'on appelait
22 en fait, c'était une petite hutte, c'était là où se trouvait le commandant,
23 parce qu'en fait c'était là où le commandant était logé. J'ai rencontré la
24 personne qui, à l'époque, était le secrétaire du SUP de la Région autonome
25 serbe de la Krajina, et des hommes que je ne connaissais pas qui étaient
26 avec lui. C'est là que Martic m'a dit que l'homme qui se trouvait près de
27 lui était le capitaine Dragan, qu'il était venu l'aider à entraîner les
28 forces spéciales de la police, et il m'a raconté une longue histoire pour
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1 m'expliquer qui était le capitaine Dragan, comment il était arrivé là.
2 D'ailleurs, c'était une histoire qui était tellement étrange que je ne l'ai
3 pas tellement comprise. J'ai compris qu'il était arrivé de l'étranger,
4 Martic mentionnait Obrovac, il a mentionné des partis politiques, ce
5 n'était pas une histoire qui se tenait, en fait. En fait, fondamentalement
6 ce qui était important, c'est que c'était un spécialiste en la matière et
7 qu'il allait participer à la formation et à l'entraînement, et que
8 l'entraînement allait avoir lieu dans ce centre spécial réservé à
9 l'entraînement. Je dois dire que je n'ai pas été particulièrement
10 impressionné par tout cela. Il y avait juste quelques personnes assises
11 autour d'une table dans cette petite cabane.
12 Q. A cette occasion, est-ce que vous avez vu des exercices
13 d'entraînement ? Est-ce que quelqu'un était justement entraîné ?
14 R. Non. Il n'y avait rien qui se passait. Ils étaient seuls à être là,
15 assis dans cette cabane.
16 Q. Est-ce que vous avez appris à cette occasion, en fait, par exemple,
17 quel était l'objectif de l'entraînement ? Qui allaient être entraînés là-
18 bas ?
19 R. Ils m'ont dit que les unités spéciales de la police allaient être
20 formées, allaient être entraînées là-bas. Il les appelait des spécialistes,
21 en fait.
22 Q. Quand est-ce que vous vous êtes rendu pour la deuxième fois à Golubic ?
23 Quand est-ce que cela s'est passé ?
24 R. La deuxième fois, cela s'est passé en mai 1991.
25 Q. Que s'est-il passé à cette occasion ?
26 R. Je suis arrivé là-bas, dans cette petite maison où se trouvait le QG du
27 camp. J'y ai trouvé Franko Simatovic, Nikola Amanovic et d'autres hommes.
28 Nikola Amanovic était l'assistant de Martic au secrétariat responsable des
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1 affaires intérieures. Sur le terrain d'entraînement qui se trouvait un peu
2 plus loin que cette petite maison, il y avait des hommes qui participaient
3 à des exercices d'entraînement. Il y avait des policiers, des hommes qui
4 portaient des treillis de camouflage, et qui se livraient à des exercices
5 d'entraînement. Ils m'ont expliqué en quoi consistait cet entraînement, et
6 ils m'ont expliqué qui faisaient l'objet de cet entraînement.
7 Q. Pourquoi est-ce qu'ils vous ont relaté tout cela ? Pourquoi est-ce
8 qu'ils vous ont parlé de l'entraînement et des personnes qui faisaient
9 l'objet de cet entraînement ?
10 R. Nikola Amanovic m'a dit que des groupes arrivaient en provenance de
11 toutes les municipalités, qu'il y avait un certain nombre de personnes pour
12 chaque municipalité et que ces personnes appartenaient soit aux forces de
13 police ou n'y appartenaient pas, et que ces personnes avaient, depuis un
14 certain temps, reçu un entraînement, qu'ils avaient acquis certaines
15 compétences militaires, qu'ils avaient obtenu des armes et qu'ils faisaient
16 l'objet également d'une formation idéologique ou d'un entraînement
17 idéologique, et qu'ensuite, ils rentraient dans leurs différentes localités
18 dans la Krajina. Ils m'ont montré un système de fichiers qui contenait les
19 listes des personnes pour toutes les municipalités, les dossiers de toutes
20 les personnes recevant un entraînement là-bas. Puisque j'étais le président
21 de la municipalité de Knin, j'ai dit : "Au fait, est-ce qu'il y a des gens
22 de Knin, ici ?" Il m'a dit : "Oui, nous avons certains hommes de Knin." Il
23 a ouvert le fichier de Knin et il m'a d'ailleurs montré certains noms.
24 C'est des noms que je ne connaissais pas, d'ailleurs je ne m'en souviens
25 pas. Voilà ce que j'ai appris dans ce bureau, à propos du terrain
26 d'entraînement. Sur le terrain d'entraînement, il y avait le capitaine
27 Dragan ou l'un de ses assistants, d'ailleurs, peut-être. Je ne voyais pas
28 très bien. Puis, il y avait des hommes qui faisaient l'objet de cet
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1 entraînement.
2 Q. J'aimerais vous interrompre un petit moment. Est-ce qu'il s'agit de
3 Nikola Manovic ou de Nikola Omanovic ?
4 R. En fait, il s'agit de Nikola Amanovic, avec un A.
5 Q. Vous avez dit qu'une partie de l'entraînement, de la formation, était
6 idéologique. Est-ce que vous savez en quoi cela consistait ? Qu'entendez-
7 vous par cela ?
8 R. Ils enseignaient aux gens de ne pas être trop attachés à des partis
9 politiques, parce qu'ils allaient travailler pour l'Etat et pour la
10 défense, et que leur loyauté première devait porter sur l'Etat. En fait, il
11 s'agissait d'un entraînement de police militaire. Je ne sais pas tellement
12 comment l'appeler.
13 Q. Est-ce que vous avez compris quel allait être le rôle du capitaine
14 Dragan dans ce camp ?
15 R. C'était un instructeur, un formateur, et il était expert en matière
16 d'exercices, d'entraînement, en matière de formation d'unités. Il a même
17 formé une unité permanente qu'il commandait lui-même. Il s'agit de l'unité
18 que l'on appelle les Knindzas, dont nous avons déjà parlé. A l'époque, il
19 en était le commandant.
20 Q. Vous nous avez parlé des Knindzas hier, lors de votre déposition. Quel
21 était d'après vous le rôle de Frenki Simatovic au camp ?
22 R. Il faisait office d'hôte, c'était peut-être un superviseur.
23 Q. Comment avez-vous compris le rôle de Milan Martic au camp, si tant est
24 qu'il ait eu un rôle ?
25 R. C'était le secrétaire pour le secrétariat des affaires intérieures,
26 c'était sa fonction, et il dirigeait l'administration du camp, ou plutôt
27 son assistant s'occupait de l'administration du camp. Il supervisait en
28 fait l'ensemble du camp.
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1 Q. Savez-vous ce qu'il advenait des personnes ? Lorsqu'elles avaient
2 terminé cet entraînement, qu'advenait-il de ces personnes ?
3 R. Ils repartaient dans leur municipalité pour former des unités spéciales
4 de la police.
5 Q. Comment le savez-vous ?
6 R. Bien, on m'en informait, et j'ai assisté à une inspection d'une unité
7 qui s'est passée près de Vrhovine. C'est Martic qui a mené à bien
8 l'inspection de cette unité. Cela s'est passé en juillet de l'année 1991.
9 Q. Vous nous parliez donc de votre deuxième visite à Golubic. Que s'est-il
10 passé lorsque vous avez quitté le camp ? Est-ce que vous vous êtes rendu
11 quelque part ?
12 R. Frenki m'a pris avec lui pour me montrer l'endroit où il s'entraînait
13 au tir, dans le creux entre Udalic [phon] -- en fait, il y avait une espèce
14 de creux là. Ils s'entraînaient au tir, et il m'a montré les cibles.
15 Q. J'aimerais vous demander de ralentir un peu votre rythme parce que les
16 interprètes ont du mal à suivre votre rythme. Où est-ce que se situait cet
17 endroit où ils s'entraînaient au tir ?
18 R. Sur la droite de la route entre Golubic et le village de Strmica.
19 M. WHITING : [interprétation] Il s'agit de la route entre Golubic et
20 Strmica et c'est une route que l'on trouve à la page 25 de l'atlas. Je le
21 dis à l'intention de la Chambre de première instance.
22 Q. Est-ce que vous vous êtes rendu dans cet endroit où ils s'entraînaient
23 au tir avec Frenki Simatovic ?
24 R. Oui. Vers la fin de cette vallée, il y avait des cibles qui étaient
25 debout, et vers le milieu de cette prairie, de cette clairière, il y avait
26 des fusils antiaériens. Il n'y avait pas d'hommes qui s'entraînaient à ce
27 moment-là. Frenki m'a juste montré le fusil antiaérien, qui avait deux ou
28 trois canons d'ailleurs. Il était à canons multiples. Il m'a dit que ses
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1 hommes avaient utilisé ce fusil pour tirer sur les policiers croates le 2
2 mai à Borovo Selo. Plus tard, il avait été placé sur ce véhicule blindé que
3 Frenki avait fabriqué à Strmica. Cela avait été monté et placé sur ce train
4 blindé.
5 Q. Est-ce que vous pouvez nous parler de ce train blindé ?
6 R. Il s'agissait d'un petit train qui était composé d'une locomotive
7 diesel et de plusieurs wagons. Il y en avait peut-être deux ou trois. Il
8 avait été renforcé avec des plaques métalliques et avec d'autres types de
9 matériaux de renforcement, avec des sacs de sables, par exemple. Il y avait
10 également un fusil antiaérien sur ce train et il était utilisé comme arme
11 de combat sur la voie ferroviaire entre Drnis et Knin et vers Zadar.
12 C'était un train blindé pour le combat. Il n'avait pas été construit de
13 façon parfaite. Ce n'était pas un engin très sophistiqué, pas le genre de
14 chose que l'on voit dans les films.
15 Q. Comment est-ce que vous savez que c'est Frenki qui avait fabriqué ce
16 train ?
17 R. Il m'avait montré qu'ils le faisaient. D'ailleurs, il m'avait demandé
18 d'écrire une lettre à l'usine qui fabriquait des vis à Knin pour lui
19 permettre justement d'obtenir des plaques en métal ainsi que des matériaux
20 pour construire ce train.
21 C'est la même usine que Milosevic avait sauvé de la faillite un peu
22 plus tôt et qu'il avait financé, donc ils avaient une dette envers lui et
23 il fallait bien qu'ils, en quelque sorte, s'acquittent de cette dette.
24 Q. Est-ce que vous savez qui finançait les camps à Golubic ?
25 R. Jovica Stanisic.
26 Q. Comment est-ce que vous le savez ?
27 R. Il me l'a dit lui-même en août 1991, à Belgrade.
28 Q. Je pense que vous en avez déjà parlé, mais est-ce que vous pourriez
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1 peut-être nous rappeler cette conversation ?
2 R. J'avais parlé à Stanisic à Belgrade après que le capitaine Dragan et
3 Frenki s'étaient retirés de Knin. Il m'a invité à boire un café avec lui
4 dans un restaurant. Peut-être qu'il voulait se justifier, arranger un peu
5 les choses. Je n'en sais rien. Il était même accompagné de sa femme. Elle
6 était originaire de Knin. Je suppose qu'il voulait ainsi créer une
7 atmosphère un peu plus amicale, conviviale. Nous nous sommes rencontrés
8 dans ce restaurant de Belgrade qui s'appelle Seher, et à cette occasion, il
9 n'a pas tari de critiques à l'égard du capitaine Dragan. Il n'a même pas
10 mentionné Frenki, donc je pensais qu'il voulait que le capitaine Dragan
11 devienne le bouc émissaire à cause de toute la résistance qu'il m'avait
12 opposée auparavant. Il m'a dit qu'ils avaient donné une grande somme
13 d'argent au capitaine Dragan pour le financement du camp de Golubic.
14 Toutefois, après qu'on lui a demandé de se retirer du camp, il avait pris
15 l'argent avec lui, et à partir de ce moment-là ils avaient été à sa
16 poursuite.
17 Q. Pendant combien de temps a duré le camp de Golubic ? Vous nous avez dit
18 qu'il avait été établi en avril 1991. Pendant combien de temps est-ce que
19 ce camp a existé ?
20 R. D'après ce que je sais, jusqu'au mois d'août 1991. Je ne connais pas la
21 date exacte, mais en août 1991, il n'y avait plus d'entraînement, il n'y
22 avait que des dépôts. Peut-être qu'il y avait encore un entraînement, mais
23 dans une moindre mesure.
24 Q. Vous avez également parlé d'autres camps. Savez-vous où ils se
25 trouvent ?
26 R. L'un de ces camps se trouvaient dans le village de Brgud à la
27 périphérie de Benkovac.
28 Q. Est-ce que vous connaissez d'autres camps ?
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1 R. J'ai entendu parler d'un autre centre d'entraînement sur les collines
2 de Samarica, mais je ne connaissais pas sa structure. Je ne sais pas
3 d'ailleurs comment il fonctionnait. Plus tard, il est devenu un poste de
4 commandement pour différentes unités, ou peut-être que c'était déjà un
5 poste de commandement à l'époque. Samarica se trouve à Banija.
6 Q. Pour ce qui est du camp d'entraînement à Benkovac, est-ce que vous en
7 avez juste entendu parler ou est-ce que vous vous y êtes rendu ? Que savez-
8 vous à ce sujet ?
9 R. Une fois, je suis passé par la et je me suis arrêté à Benkovac. C'était
10 peut-être en juillet 1991. Le capitaine Dragan était responsable de
11 l'entraînement là. C'était un camp assez semblable à celui de Golubic près
12 de Knin. Il y avait certaines installations, un terrain d'entraînement dans
13 les bois, en surplomb par rapport au village. Je ne sais pas exactement où
14 ils se trouvaient, mais ils se trouvaient à la périphérie de Benkovac.
15 Peut-être que le nom du village est Bukovic.
16 Q. Monsieur Babic, hier ou avant-hier, vous avez dit lors de votre
17 déposition que vous aviez promu Milan Martic au poste de ministre de la
18 Défense en mai 1991 parce qu'il négligeait certains tâches et devoirs
19 fondamentaux du secrétaire, notamment le maintien et la protection de
20 l'ordre public. J'aimerais vous montrer un autre article et je souhaiterais
21 vous demander vos observations à ce sujet. Je souhaiterais que M.
22 l'Huissier place cet article sur le rétroprojecteur.
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Avant que nous ne fassions cela, il y
24 a un document à l'écran, du conseil exécutif de la Région autonome serbe
25 d'avril 1991. Est-ce que ce document a déjà été versé au dossier ?
26 M. WHITING : [interprétation] Oui. Il s'agit de la pièce numéro 29.
27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
28 M. WHITING : [interprétation] Je souhaiterais que M. l'Huissier fasse
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1 monter un peu le document. Voilà. Est-ce que nous pourrions quand même voir
2 la date. Est-ce que vous pouvez rabaisser le document. Voilà, c'est très
3 bien.
4 Q. Il s'agit d'un article de la BBC et la source est l'agence de presse
5 yougoslave. Vous voyez que la date qui figure en haut est la date du 10
6 avril 1991, alors que le rapport semble dater du 8 avril 1991.
7 L'article a trait à une attaque à la bombe contre un restaurant dans
8 le village de Vrelo Koleniko [phon], un restaurant qui appartient à un
9 couple croate. Il est question d'une déclaration qui a été faite par Milan
10 Martic au journaliste de Tanjug, et au deuxième paragraphe, vous voyez
11 qu'il est dit que M. Martic, et l'on cite M. Martic qui a dit : "La force
12 de police de Knin est tellement occupée par la défense des frontières de la
13 Krajina et par la protection du peuple serbe du ministère croate des
14 Affaires intérieures qu'elle ne peut tout simplement pas consacrer plus de
15 temps à résoudre ce genre d'activité criminel. Mais elle y travaille et des
16 révélations seront présentées prochainement."
17 Est-ce que cela correspond à ce que vous nous avez dit préalablement lors
18 de votre déposition, à savoir que M. Martic omettait et négligeait certains
19 de ses devoirs qui lui incombaient en tant que secrétaire de l'Intérieur ?
20 R. Oui, c'est justement ce dont je parlais.
21 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que ce document pourrait être versé au
22 dossier, je vous prie, Monsieur le Président ?
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le document est versé au dossier. Je
24 souhaiterais que l'on attribue une cote à ce document.
25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le document numéro 209, Monsieur
26 le Président.
27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
28 Q. Monsieur Babic, hier vous avez déclaré qu'à partir du printemps 1991,
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1 lorsque Martic a été promu et a commencé à faire des déclarations à la
2 presse, qu'il parlait notamment des prisonniers qui étaient pris, et je
3 pense que vous avez dit que la police croate faisait des prisonniers. Est-
4 ce que vous savez où étaient détenus ces prisonniers ?
5 R. Oui, je le sais. Ces policiers ont dans un premier temps été détenus au
6 poste de police de Knin, et plus tard dans le bâtiment de l'ancien hôpital
7 à Knin.
8 Q. J'aimerais demander l'aide de M. l'Huissier. Je vais vous montrer ainsi
9 deux autres articles. Je dirais, aux fins du compte rendu d'audience, qu'il
10 s'agit du document qui a le numéro ERN 04675490 à 5491. Il s'agit d'un
11 article du Toronto Star, 26 juin 1991. Je souhaiterais que l'on montre la
12 deuxième page de cet article, je vous prie. Je vais vous donner lecture du
13 deuxième et du troisième paragraphe de cette page : "Les Serbes militants à
14 Knin, capitale de la région de la Krajina, détiennent 120 autres officiers
15 de police en détention en tant qu'otages. Ils souhaitent que le
16 gouvernement à Zagreb libère les Serbes qui ont été détenus en mars après
17 des manifestations et des problèmes dans un parc national. Milan Martic,
18 chef serbe de la police de Knin, a dit que d'autres Croates seraient
19 enlevés. Il a dit, et je cite : 'Nous allons agrandir la prison pour de
20 futurs habitants.'"
21 Monsieur Babic, est-ce que vous vous souvenez de ces déclarations qui ont
22 été faites par M. Martic à l'intention des médias à l'époque ?
23 R. Oui.
24 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que nous pourrions verser ce document
25 au dossier, je vous prie ?
26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce document sera versé au dossier.
27 Est-ce qu'on peut lui attribuer une cote.
28 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le document numéro 210.
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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.
2 M. WHITING : [interprétation] J'aimerais monter un autre document grâce à
3 l'aide de M. l'Huissier. Il s'agit du document ERN 04675492. Il s'agit d'un
4 article qui porte la date du 5 juillet 1991, rapport de la BBC. Vous voyez
5 que le titre est comme suit : Radio Belgrade indique que Martic avance que
6 30 personnes ont été tuées à Ljubovo. Je vais vous donner lecture des deux
7 dernières phrases de cet article : "D'après Milan Martic, huit policiers
8 croates ont été capturés à Dvor Na Uni et ont été envoyés à la prison de
9 Knin. La prison détient maintenant 42 membres du MUP de la Croatie."
10 Est-ce que cela est conforme aux rapports que vous aviez entendus à
11 l'époque ?
12 R. Oui. J'avais entendu parler de ces policiers capturés. Je ne me
13 souviens pas de leur nombre exact, mais oui, je me souviens de cela.
14 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait verser ce document
15 au dossier ?
16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce document sera versé au dossier. Je
17 souhaiterais avoir une cote pour ce document.
18 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le document numéro 211.
19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.
20 M. WHITING : [interprétation] Je suis sûr le point d'aborder un nouveau
21 sujet, l'attaque menée contre Kijevo le 26 août 1991. Peut-être que ce
22 serait le moment opportun de faire une pause.
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie de ces quelques
24 minutes supplémentaires que vous nous avez accordées. Nous allons lever
25 l'audience et nous reviendrons à 12 heures 30.
26 --- L'audience est suspendue à 11 heures 58.
27 --- L'audience est reprise à 12 heures 32.
28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Avant que vous ne commenciez, Monsieur
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1 Whiting, les Juges de la Chambre souhaitent simplement signaler qu'ils ont
2 reçu la réponse de la Défense à la requête de l'Accusation portant sur le
3 contre-interrogatoire hier. Nous savons que nous nous rapprochons
4 rapidement du contre-interrogatoire de ce témoin et néanmoins,
5 malheureusement, nous ne sommes pas en mesure de rendre notre décision
6 maintenant, aujourd'hui. Nous rendrons cette décision à la première heure,
7 lundi matin. Est-ce que ceci vous convient ?
8 M. WHITING : [interprétation] C'est très bien, Monsieur le Président.
9 J'avais prévu que nous déposions une requête, très courte requête, une
10 réponse à la réponse de la Défense avec la permission de la Chambre. Nous
11 allons faire cela aujourd'hui, ceci ne comportera pas plus d'une page, mais
12 lundi va très bien.
13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Nous pouvons retirer nos excuses, car
14 vous allez encore déposer une réponse.
15 M. WHITING : [interprétation] C'est exact.
16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie, beaucoup.
17 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
18 Q. Monsieur Babic, comme je vous l'ai signalé avant la pause, je souhaite
19 vous poser quelques questions à propos de Kijevo. Vous nous avez dit, un
20 peu plus tôt dans votre témoignage, qu'il y a eu une attaque lancée contre
21 Kijevo le 26 août 1991, et que ceci a marqué un changement de stratégie de
22 la part de la JNA. Avant d'aborder cela, j'aimerais repartir un petit peu
23 en arrière et parler d'événements qui se sont déroulés à Kijevo un peu plus
24 tôt.
25 M. WHITING : [interprétation] Je souhaite que nous regardions le document
26 65 ter, 244., et en particulier, le numéro 020 -- pardonnez-moi, 02170644.
27 Est-ce que vous pouvez faire défiler le texte un petit peu plus, s'il vous
28 plaît ?
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1 Q. Monsieur Babic, voyez-vous ce document ?
2 R. Oui.
3 Q. Ce document semble être un document daté du 3 mars 1991, venant de
4 Milan Martic et adressé à la présidence de la RSFY et aux forces fédérales
5 MUP de Zagreb. On y évoque des événements de Kijevo. Plus particulièrement,
6 ce document fait référence à un blocus, ou plutôt à un barrage, qui a été
7 mis en place par des habitants armés, des civils qui venaient du même
8 village. C'est un événement ou quelque chose qui s'est déroulé au niveau de
9 ces barrages. Pourriez-vous nous dire quelque chose à propos de ce qui est
10 dit dans ce document ?
11 R. Oui. Je suis au courant de cet événement.
12 Q. Avant de vous poser une question à ce propos -- pour les Juges de la
13 Chambre, ce village de Kijevo se trouve à la page 25 de l'atlas, au sud de
14 Knin.
15 Que se passait-il à ce moment-là ? De quoi parle-t-on dans ce
16 document ?
17 R. C'était une réaction des habitants du village de Kijevo par rapport aux
18 événements survenus dans les environs, déjà, durant l'année 1990. Depuis le
19 mois d'août 1990, puisque Kijevo est un village croate de la municipalité
20 de Knin, des barrages ont été dressés pour séparer Kijevo du reste de la
21 région. Et il était difficile aux habitants de la région de Kijevo de se
22 déplacer, d'aller ailleurs. A un certain moment, les routes ont été
23 barrées, et ces événements résultent directement d'événements antérieurs à
24 cette date.
25 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que ce document peut être versé au
26 dossier, s'il vous plaît ?
27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce document est versé au dossier. Est-
28 ce qu'on peut lui donner un numéro de cote, s'il vous plaît ?
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1 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] On vient de me dire que ce document a
3 déjà été versé au dossier. Son numéro de cote est 105. La question qui se
4 pose, souhaitez-vous que la version anglaise soit versée --
5 M. WHITING : [interprétation] Ceci est un peu confus, car il y a trois
6 documents sous ce numéro. Il semblerait que ces trois documents aient été
7 versés au dossier sous le numéro 105. Je ne sais pas si cela suffit. Si les
8 trois en font partie, je ne sais pas si j'ai besoin d'insister là-dessus.
9 Cela a déjà été versé au dossier.
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
11 M. WHITING : [interprétation] Le document suivant est également un document
12 65 ter numéro 244, le numéro ERN est le 02170645. Ceci fait également
13 partie de la pièce numéro 105. Je suis sûr que quelqu'un va acquiescer, si
14 c'est le cas.
15 Q. Monsieur Babic --
16 M. WHITING : [interprétation] Nous allons devoir faire défiler le texte.
17 Q. Il s'agit d'un communiqué de presse de Milan Martic daté du 25 avril
18 1991. Ceci a déjà été versé au dossier, je souhaite simplement lire le
19 début de ce communiqué. "Après que la Bataillon de chapeaux du MUP RH, sur
20 ordre de dirigeants, avait essayé, avait tenté de lancer une agression
21 armée contre Plitvice, le MUP de la République de Croatie a insisté pour
22 que des situations soient rendues difficiles en créant des incidents dans
23 les villages habités par le peuple croate et dans la région de la SAO de la
24 Krajina. Ceci a été fait afin de convaincre les Yougoslaves et les citoyens
25 de la communauté internationale que la police et les actions répressives
26 sont en réalité justifiées si l'on veut pacifier le peuple croate et le
27 territoire ethnique serbe de la Krajina."
28 Q. Monsieur Babic, savez-vous si les autorités croates ont provoqué ce
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1 conflit, à l'époque ?
2 R. Non. Après les événements évoqués dans le document précédent, la
3 Croatie a créé un poste de police dans le village de Kijevo. Il n'y avait
4 aucun bataillon qui aurait subi une défaite à Plitvice, ou quoi que ce soit
5 de ce genre. Là, il y a dramatisation de la situation dans les mots, mais
6 en fait ce qui est dit sur le fond, c'est que le problème vient de la
7 création d'un poste de police à Kijevo.
8 Q. Vous nous avez dit que Kijevo était un village croate, n'est-ce pas ?
9 R. Oui.
10 Q. Avançons un petit peu dans le temps et passons au mois d'août 1991.
11 Avant l'attaque de Kijevo, y a-t-il eu un ultimatum ?
12 R. Oui. Un ultimatum avait été adressé par M. Martic à la police, ainsi
13 qu'aux habitants de la communauté locale auxquels il était demandé de
14 s'éloigner, car dans le cas contraire, ils risquaient de souffrir.
15 M. WHITING : [interprétation] Pourrions-nous regarder un document 65 ter
16 numéro 115 ?
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous avez dit que ceci avait déjà été
18 versé au dossier ?
19 M. WHITING : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Cela fait partie
20 de la pièce numéro 105.
21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.
22 M. WHITING : [interprétation]
23 Q. Monsieur Babic, reconnaissez-vous ce document ?
24 R. Oui.
25 Q. De quoi s'agit-il ?
26 R. Ce document est une déclaration dont j'ai eu pour la première fois
27 connaissance le 18 août 1991, par le biais des médias de Knin. C'est
28 l'ultimatum adressé par M. Martic, au poste de police de Split, au poste de
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1 police de Kijevo et à la communauté locale de Kijevo.
2 Q. Si nous pouvons faire défiler le texte, s'il vous plaît, un petit peu,
3 ici, arrêtez-vous là. C'est l'endroit qui m'intéresse. Je vais lire à
4 partir du milieu de la page. Dans le texte anglais, c'est le milieu de la
5 page. C'est le milieu de la page pour le texte B/C/S également. L'ultimatum
6 se lit comme suit : "Vous avez un poste de police dans le village de
7 Kijevo, dans la municipalité de Knin. Cet ultimatum est destiné à vous
8 avertir que nos forces vont attaquer ce poste de police au moment que nous
9 jugerons opportun, si vos forces de police ne se retirent pas de ce village
10 en l'espace de 48 heures à partir des réceptions de cet ultimatum." Le
11 texte poursuit en disant : "Nous souhaitons également avertir la population
12 de Kijevo de trouver des abris sûrs, de façon à ce qu'il n'y ait pas de
13 pertes parmi ces gens-là."
14 Qu'avez-vous compris ? Que signifiait cet ultimatum ?
15 R. J'ai compris qu'il s'agissait d'un avertissement très sérieux lancé aux
16 habitants de Kijevo, leur demandant de partir en même temps que les
17 policiers, car les observations que l'on trouve dans ce communiqué sont des
18 observations qui, manifestement, ont pour but d'accroître les tensions
19 entre les Serbes et les Croates. Au début de ce communiqué, M. Martic
20 déclare que les rapports entre les Serbes et les Croates en sont arrivés à
21 un point où il devient impossible pour ces deux populations de cohabiter
22 sur le même territoire de la SAO de Krajina. Par conséquent, c'est un
23 ultimatum qui était adressé au poste de police, mais aussi aux habitants de
24 Kijevo. C'est ainsi que j'ai compris le sens de ce communiqué auquel j'ai
25 réagi publiquement.
26 Q. Comment avez-vous réagi publiquement ? Qu'avez-vous fait ?
27 R. Par le biais des médias, j'ai déclaré que les forces armées de Krajina
28 n'allaient pas rompre la trêve qui était en vigueur à ce moment-là, et ceci
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1 a été accepté.
2 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que ce document
3 peut être versé au dossier, s'il vous plaît ?
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce document est versé au dossier. Est-
5 ce qu'on peut lui donner un numéro de cote, s'il vous plaît ?
6 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ceci portera le numéro 212, Madame,
7 Messieurs les Juges.
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Simplement un point de clarification.
9 Puis-je poser deux questions à propos de ce document ?
10 Vous avez dit, Monsieur Babic, que le village de Kijevo était un village
11 croate; est-ce exact ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Y avait-il des Serbes qui vivaient
14 dans le village de Kijevo, d'après vous ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois qu'il n'y avait même pas une seule
16 famille serbe ou peut-être une, au maximum. Non. En fait, non. Non, il n'y
17 avait pas de Serbes à Kijevo.
18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, Monsieur
19 Babic.
20 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
21 Q. Monsieur Babic, comment pour la première fois avez-vous entendu
22 parler de l'attaque de Kijevo ?
23 R. J'en ai entendu parler pour la première fois de la bouche d'un
24 chauffeur ou, en tout cas, de quelqu'un qui faisait partie de mon entourage
25 à Belgrade, l'après-midi du jour où l'attaque a eu lieu.
26 Q. Avant de prendre connaissance de cette attaque, avez-vous eu une
27 réunion avec Slobodan Milosevic ?
28 R. Oui. Ce jour-là précisément, après l'attaque.
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1 Q. Que s'est-il passé au cours de cette réunion ?
2 R. J'avais été convoqué à Belgrade par Slobodan Milosevic. J'y suis donc
3 allé. A cette réunion, il a dit que Frenki devait revenir à Belgrade, parce
4 que c'était un homme bien, et comme je l'ai déjà dit, c'est ce jour-là que
5 j'ai appris de sa bouche que Frenki Simatovic était chef de la deuxième
6 direction de la Sécurité d'Etat. Si vous voulez, je peux vous redire une
7 nouvelle fois tout ce qui a été dit lors de cette rencontre.
8 Q. La conversation a-t-elle, d'une manière ou d'une autre, porté sur cette
9 attaque de Kijevo ?
10 R. Après cette partie de l'entretien, j'ai posé une question au sujet de
11 la défense du village d'Otisic, qui se trouve entre Vrlika et Sinj. C'était
12 un village serbe qui avait subi des provocations, en tout cas, c'était ce
13 que racontaient les Serbes, provocations de la part de la police croate qui
14 venait fouiller des maisons serbes à la recherche d'armes, chez les
15 habitants serbes de ces villages. Ce problème était une source d'émoi parmi
16 les Serbes, à ce moment-là. J'en ai donc parlé à Milosevic en lui demandant
17 de prendre des mesures pour protéger cette population. En tout cas, je
18 supposais que cette protection était possible dans les mêmes conditions que
19 celles qui avaient été pratiquées jusque-là, c'est-à-dire que la JNA
20 pouvait être déployée dans une zone tampon entre les Serbes et les Croates
21 d'Otisic et de Sinj. Après les explications que j'ai apportées sur ce
22 point, Milosevic a dit : "Mais est-ce que le problème n'a pas déjà été
23 résolu ?" J'ai dit que je n'en savais rien. C'est sur ces mots que s'est
24 terminée la discussion de cette question. Quand je suis parti, quelqu'un
25 m'a dit que, plus tôt ce matin-là, l'armée avait attaqué Kijevo.
26 Q. Après avoir appris que l'armée avait attaqué Kijevo, est-ce que ceci
27 vous a permis de mieux comprendre la remarque faite par M. Milosevic ?
28 R. Le lendemain, je suis retourné à Knin et je suis passé par cette zone.
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1 C'est là qu'il y avait la maison dans laquelle habitaient mes parents, mes
2 grands-parents, mon épouse. Je suis passé par là pour voir ce qui se
3 passait. C'était le lendemain de l'attaque. Je suis allé à Vrlika et j'ai
4 traversé Kijevo.
5 Q. Vous n'avez peut-être pas bien compris ma question. Après avoir appris
6 que cette attaque avait été lancée sur Kijevo par l'armée, ceci vous a-t-il
7 permis de mieux comprendre ce qui avait été dit par M. Milosevic dans cette
8 réunion que vous avez eue avec lui, autrement dit, "Qu'on s'est occupé du
9 problème ? Ou est-ce que maintenant on s'en est occupé ?"
10 R. Non, c'était autre chose, parce que le problème avait été résolu d'une
11 façon différente de celle qui avait été utilisée jusqu'à ce moment-là.
12 Quand il a dit que le problème avait été réglé, j'ai compris qu'il était
13 censé avoir été réglé d'une autre façon que celle qui a effectivement été
14 utilisée.
15 Q. Vous nous avez dit que votre famille vivait dans la région. Pourriez-
16 vous nous dire plus précisément à quel endroit ?
17 R. Ma mère et ma grand-mère vivaient dans le village où je suis né, à
18 Kukar, près de Vrlika, et les parents de mon épouse vivaient à Vrlika.
19 C'est entre Civljane et Otisic sur le territoire de la municipalité de
20 Sinj, un territoire qui était à l'époque sous le contrôle du gouvernement
21 croate.
22 Q. Savez-vous qui a pris part à l'attaque de Kijevo le 26 août ?
23 R. Les unités du 9e Corps d'armée de Knin de l'armée populaire yougoslave,
24 la police de la Krajina et la Défense territoriale locale y ont participé.
25 Q. Pour qu'il n'y ait aucune confusion au niveau du compte rendu
26 d'audience, je crois que je peux apporter une clarification au niveau de la
27 réponse ici. Le 9e Corps de Knin, il s'agit bien d'unités de la JNA, n'est-
28 ce pas ?
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1 R. Oui.
2 Q. Donc, l'attaque a été lancée par le 9e Corps de Knin, la police de la
3 Krajina et la TO locale. Est-ce que j'ai bien compris votre réponse ?
4 R. Oui.
5 Q. Vous avez dit que vous avez traversé Kijevo le lendemain. Qu'avez-vous
6 vu ?
7 R. J'ai vu un village dévasté et les unités du Corps de Knin le long de la
8 route. Depuis Kijevo jusqu'à Vrlika, on voyait les unités du bataillon de
9 la police et du Corps de Knin de la JNA, et à Civljane, il y avait une
10 colonne de blindés de la JNA.
11 Q. Vous dites que le village a été détruit. Pourriez-vous être plus
12 précis, s'il vous plaît ?
13 R. On voyait des maisons endommagées par des obus, des obus tirés par des
14 chars, par des pièces d'artillerie.
15 Q. Pouvait-on comparer les dommages au niveau des maisons par rapport aux
16 dommages infligés au poste de police de Kijevo ?
17 R. Il me semble qu'il y avait plus de dégâts sur les maisons voisines,
18 plus que sur le poste de police en tant que tel.
19 Q. Savez-vous si les maisons de Kijevo ont été touchées après l'attaque ?
20 R. Les maisons ont été pillées et incendiées.
21 Q. Qui a fait cela, si vous le savez ?
22 R. Les habitants des villages voisins, des hommes en uniforme. Le village
23 n'était pas protégé, donc le premier venu procédait à des pillages.
24 Q. Lorsque vous avez parlé des habitants des villages voisins et de
25 personnes en uniforme, pourriez-vous nous dire à quelle appartenance
26 ethnique étaient ces gens qui se livraient au pillage ?
27 R. Serbe.
28 Q. Quelque chose est-il arrivé --
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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Puis-je interrompre, s'il vous plaît.
2 Lorsque vous dites "personnes en uniforme," qu'entendez-vous par là,
3 Monsieur Babic ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] C'étaient des réservistes des unités de la JNA
5 ou de la Défense territoriale.
6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie. Pardonnez-moi si je
7 vous ai interrompu.
8 M. WHITING : [interprétation]
9 Q. Qu'en est-il de la police ? Savez-vous si la police s'est livrée à ces
10 activités-là également ?
11 R. Quelles activités ?
12 Q. Vous dites que les personnes en uniforme se sont livrées au pillage. Le
13 Président, M. le Juge Moloto, a dit : Quelles personnes en uniforme ? Et
14 vous avez répondu en disant qu'il s'agissait de réservistes de la JNA, des
15 unités de la TO, et ma question est celle-ci : qu'en est-il de la police ?
16 Savez-vous si la police se livrait à ce pillage également ?
17 R. Je ne sais pas.
18 Q. Quelque chose est-il arrivé à votre maison et à votre famille à ce
19 moment-là ?
20 R. Les représentants de la police croate et de l'armée croate ont reçu
21 l'ordre de tuer toute ma famille. Ils ont donc mis le feu à ma maison
22 natale. Ma mère et ma grand-mère ont pris la fuite, et ils ont tué le père
23 de mon épouse dans sa maison à Vrlika. Ma belle-mère a réussi à fuir.
24 Q. Monsieur Babic, comment savez-vous que cet ordre avait été donné ?
25 R. C'est ce que m'a dit l'officier de la JNA qui se trouvait à Civljane,
26 qui faisait partie de l'unité de la JNA. Il m'a dit qu'ils avaient
27 intercepté une communication radio des transmissions croates, une
28 conversation entre des membres de la Garde nationale croate et de la police
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1 croate, et qu'il y était question d'un ordre visant l'assassinat de tous
2 les membres de ma famille.
3 Q. Si vous le savez, pourquoi un tel ordre aurait-il était donné ayant
4 trait ainsi à votre famille ?
5 R. Je suppose qu'il s'agissait d'une vengeance personnelle dirigée contre
6 moi. J'étais un représentant politique très connu en Krajina, et ma famille
7 habitait dans le territoire croate, dans une partie du territoire qui était
8 sous le contrôle du gouvernement croate. Il est donc probable qu'ils aient
9 tiré parti du début de la guerre pour se venger de moi.
10 Q. Savez-vous pourquoi la JNA, la TO et les forces de police ont attaqué
11 Kijevo ? Quelles raisons ont été données pour cette attaque ?
12 R. En ce moment-là, ce qu'il est convenu d'appeler l'opération de lever du
13 siège des casernes en Croatie avait déjà commencé. Les casernes avaient été
14 assiégées par les forces croates sur ordre du gouvernement croate, et cet
15 ordre concernait tous les bâtiments militaires de la Croatie à cette
16 époque-là.
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je souhaite reprendre quelque chose
18 ici. Est-ce que vous dites, Monsieur Babic, qu'il n'y a aucun lien entre
19 cette attaque et cet avertissement envoyé au poste de police de Kijevo,
20 l'administration policière de Split et la commune locale de Kijevo ? Cette
21 attaque, n'était-elle pas à la suite de cet avertissement ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Ce que je voudrais dire en réponse à
23 votre question, c'est que cet ultimatum et la provocation qui en a suivi de
24 la part de la police et de la Défense territoriale locale a servi de
25 justification officielle pour justifier le début de l'intervention de la
26 JNA. Donc, c'était une opération convenue qui a permis de justifier le
27 début des actions offensives de l'armée populaire yougoslave.
28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.
Page 1564
1 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] J'ai quelque chose sur lequel
2 j'aimerais faire la clarté aussi. Monsieur Babic, vous avez dit, un peu
3 plus tôt, qu'il n'y avait pas une seule famille serbe dans Kijevo; est-ce
4 exact ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
6 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Mais votre famille vivait à
7 Kijevo.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
9 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Je me suis donc trompée. Merci
10 beaucoup.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] A dix kilomètres de Kijevo, dans une autre
12 localité. Il y avait deux autres villages entre Kijevo et le village où
13 habitait ma famille.
14 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Merci beaucoup.
15 M. WHITING : [interprétation]
16 Q. Monsieur Babic, vous nous avez dit que le lien entre l'ultimatum et
17 l'attaque de Kijevo, vous avez parlé de cela, mais en réponse à la question
18 que je vous ai posée, pourquoi était-il intéressant d'attaquer Kijevo, quel
19 était l'objectif de cette attaque, vous avez répondu -- j'ai perdu votre
20 réponse sur mon écran, mais je vais la retrouver. Vous avez parlé de la
21 levée du siège et je ne suis pas tout à fait sûr de votre réponse. Je ne
22 sais pas ce que vous avez essayé de dire. Vous avez parlé d'une levée de
23 siège, du siège de la caserne. Quel lien y a-t-il ici avec cela et Kijevo ?
24 R. Après l'attaque de Kijevo.
25 Q. C'est quelque chose qui a suivi l'attaque de Kijevo, autrement dit la
26 levée du siège ?
27 R. C'est ce qui explique pourquoi l'armée populaire yougoslave s'est
28 lancée dans des opérations offensives ensuite.
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1 Q. Pourriez-vous nous expliquer de quoi il s'agit ? Quelle était cette
2 levée de siège ?
3 R. Le gouvernement croate a ordonné pendant l'été 1991 le siège de tous
4 les bâtiments militaires de Croatie. Etait visée l'armée populaire
5 yougoslave sur le territoire de Croatie, et c'était destiné à l'empêcher de
6 se mêler des conflits qui avaient éclaté sur le territoire yougoslave,
7 puisque la Croatie avait proclamé son indépendance et attendait la fin d'un
8 délai de trois mois pour l'entrée en vigueur de cette proclamation
9 d'indépendance. Elle voulait empêcher l'armée populaire yougoslave de gêner
10 l'application de cette proclamation, et donc le gouvernement Croate a
11 ordonné à l'époque le siège de tous les bâtiments militaires du territoire
12 croate. Ce siège a été le fait d'habitants, des forces armées, comment
13 elles s'appelaient déjà, le Corps de la Garde nationale, des forces
14 policières, et cetera. Je ne suis pas au courant de la structure détaillée
15 des responsables de ces sièges, mais ont été assiégés les casernes, les
16 dépôts d'armes et tous les bâtiments militaires qui se trouvaient sur le
17 territoire de la Croatie.
18 Q. Après l'attaque de Kijevo, la JNA a-t-elle déployé des efforts pour
19 essayer de lever le siège de ces casernes ?
20 R. Oui. Par la suite, des actions importantes de la JNA ont été menées
21 dans diverses directions pour obtenir la levée du siège des casernes, dans
22 la direction de Sinj, de Sibenik, de Zadar, dans la direction de certains
23 dépôts d'armes, dans les environs de la garnison de Petrinja, comme on me
24 l'a dit, dans la Banija. Voilà les endroits de la Krajina qui étaient
25 concernés, d'après ce que je sais.
26 Q. Je vais revenir sur Kijevo. Savez-vous si Milan Martic a pris part à
27 l'attaque de Kijevo ?
28 R. Oui. J'ai entendu dire qu'il y avait participé et j'ai vu des images à
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1 la télévision qui montraient qu'il était présent là-bas.
2 Q. Qu'avez-vous vu à la télévision ?
3 R. Après la prise de Kijevo, je l'ai vu en compagnie du chef de la police
4 de Knin, Milenko Zelenbaba. Il est allé là-bas pour arracher le drapeau
5 croate, qu'il a piétiné, et prendre possession du poste de police de
6 Kijevo.
7 Q. Avez-vous vu --
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je n'interviens que parce que je n'ai
9 pas réussi encore à récupérer des informations qui ne sont plus à l'écran.
10 J'aimerais comprendre ce que M. Babic dit lorsqu'il parle d'une
11 "action à grande échelle lancée par la JNA." Il a dit, en guise de réponse
12 : "Après l'attaque de Kijevo, la JNA a-t-elle déployé ses efforts pour
13 tenter de faire lever le siège de ces casernes ?" Réponse : "Oui. Et après
14 cela, une action à grande échelle a été organisée par la JNA à différents
15 endroits, Sinj, Sibenik, Zadar et d'autres dépôts."
16 Je ne comprends pas cette réponse. Qu'est-ce que M. Babic entend par
17 là ?
18 M. WHITING : [interprétation]
19 Q. Si vous avez entendu la question du Président, pourriez-vous expliquer
20 ce que vous entendiez par là lorsque vous parlez d'action à grande
21 échelle ?
22 R. Oui. Ce que je voulais dire, c'est qu'elle s'est étendue sur un
23 territoire plus important et que la levée de ces sièges s'est faite par le
24 biais du déploiement d'unités de la JNA dans diverses directions et par
25 l'engagement d'un grand nombre de moyens.
26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Donc, cette action porte sur la levée
27 du siège; c'est cela ? C'est ce que vous voulez dire ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Brisez le siège, tel était l'objectif.
Page 1567
1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Monsieur Whiting.
2 M. WHITING : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.
3 Q. Pour revenir à Kijevo, vous venez de nous dire que vous avez vu un
4 extrait à la télévision montrant Milan Martic et Milenko Zelenbaba. Avez-
5 vous eu d'autres reportages de la part des médias sur l'attaque de Kijevo ?
6 R. Je me souviens qu'il a été question d'un entretien d'un réserviste, un
7 officier de la JNA, avec un habitant croate de Kijevo qui était resté dans
8 le village.
9 Q. Vous souvenez-vous de cet entretien ?
10 R. Je me souviens que ce soldat a demandé au vieillard qui était resté à
11 Kijevo : "Est-ce que c'est toi qui a tué mon grand-père en 1941 ?" Le
12 vieillard s'est défendu en disant : "Non, non, non, ce n'était pas moi."
13 Voilà, c'était à peu près cela le sens de la conversation qu'ils ont eue.
14 Q. Est-ce que vous avez réagi par rapport à cela ? Est-ce que cela a eu un
15 effet sur vous de voir cela ?
16 R. C'était horriblement triste. C'était affreux. Personnellement, cela m'a
17 donné la chair de poule. C'est la pire façon possible de lier les
18 événements négatifs du passé à ceux d'aujourd'hui.
19 Q. Vous avez parlé d'un habitant croate qui est resté. Qu'avez-vous
20 remarqué lorsque vous vous êtes rendu à Kijevo, le lendemain de l'attaque ?
21 Qu'avez-vous remarqué au niveau des Croates ? Qu'est-il advenu de la
22 population croate de Kijevo ?
23 R. Le village était désert. Il n'y avait personne dans le village ou dans
24 les environs. Les soldats qui se trouvaient là, je leur ai posé des
25 questions, et ils m'ont dit : Tout le monde a pris la fuite. Ils m'ont
26 montré deux directions, l'une passant par Kozjac, et l'autre, par les monts
27 Dinara. La population a fui en passant par les montagnes, pour essayer de
28 rejoindre des zones qui étaient sous le contrôle croate.
Page 1568
1 Q. Ne sont-ils jamais revenus à Kijevo ?
2 R. Non, pas aussi longtemps que la Krajina a existé. Jusqu'en août 1995,
3 ils ne sont pas revenus.
4 Q. Vous avez parlé d'habitants croates qui sont restés. Qu'est-il advenu
5 de ces gens-là ?
6 R. Certains sont partis dans les années suivantes. Il y a eu aussi
7 quelques assassinats dans ce village, dont les auteurs n'ont jamais été
8 identifiés. On n'a jamais découvert qui avaient commis ces meurtres. Il
9 n'en est resté que très peu d'ailleurs, à peine quelques vieillards.
10 Q. Monsieur Babic, le jour où vous avez traversé Kijevo, le lendemain que
11 vous avez déjà évoqué, avez-vous vu des commandants ?
12 R. Ce jour-là, j'ai vu le commandant de la Brigade du 9e Corps d'armée,
13 colonel ou lieutenant-colonel à l'époque, je ne sais plus, Djukic, qui
14 exerçait son commandement au sein d'une unité mécanisée mixte. Il m'a
15 fourni une ambulance pour me permettre d'aller chercher le cadavre de mon
16 beau-père, pour le sortir de là-bas. Il m'a dit que le colonel Mladic était
17 parti à l'avant avec une unité, qu'il avait traversé Vrlika pour se diriger
18 vers Sinj, c'est-à-dire qu'il était parti dans la direction opposée.
19 Q. Etes-vous retourné à Kijevo ou dans la région dans les jours qui ont
20 suivi ?
21 R. Oui, parce que ce jour-là, je suis allé uniquement dans la maison de
22 mon beau-père décédé, et le lendemain, je suis allé voir la maison de ma
23 mère et de ma grand-mère, qui se trouve en périphérie du village de Vrlika.
24 Ce jour-là, en route, j'ai rencontré le colonel Mladic qui conduisait un
25 groupe d'observateurs. Je crois qu'il y avait d'ailleurs un représentant du
26 Parlement croate. C'était une délégation des Croates de Sinj, et il voulait
27 leur montrer ce qu'on pouvoir à Vrlika, après que Vrlika ait été prise par
28 la JNA.
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1 Q. Et Vrlika, était-ce un village serbe, un village croate ou un village
2 mixte ?
3 R. Mixte.
4 Q. Monsieur Babic, après ces événements de Kijevo, et vous avez déjà, dans
5 votre déposition, parlé du changement que ceci a occasionné, l'approche
6 différente de la JNA qui s'en est suivie, et vous avez commencé à parler
7 des événements qui se sont déroulés après. J'aimerais vous poser des
8 questions à propos de la chaîne de commandement des groupes armés -- des
9 groupes armés serbes en Croatie, en Krajina. Nous avons entendu parler de
10 différents groupes, la JNA, la police, la TO. Après le mois d'août 1991,
11 pourriez-vous nous dire quelle était la structure du commandement ? Comment
12 fonctionnaient ces groupes ?
13 R. Il existait deux chaînes de commandement qui s'exerçaient sur les
14 forces armées présentes sur le territoire de la Krajina. Une chaîne de
15 commandement allait du Grand état-major de la JNA, donc de l'armée à
16 Belgrade, en passant par les unités de la JNA, et en se terminant sur la
17 Défense territoriale. Cela, c'était une chaîne de commandement. La deuxième
18 chaîne de commandement concernait les structures parallèles, comme je les
19 appelais, c'est-à-dire la police de Krajina. Elle passait par le service de
20 Sûreté d'Etat de la Serbie, donc du MUP de Serbie, passait par les forces
21 de police de la Krajina, par les unités de volontaires, par les unités de
22 la DB, et c'était la deuxième chaîne de commandement. C'était Slobodan
23 Milosevic que l'on trouvait au sommet de ces deux chaînes de commandement.
24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] En dessous de Slobodan Milosevic, du
25 côté de la police, qui y avait-il directement sous lui ?
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Jovica Stanisic.
27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] En dessous de lui ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] En dessous, il avait Milan Martic, pour la
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1 Krajina.
2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
3 M. WHITING : [interprétation]
4 Q. Quel rapport y avait-il entre les forces de police serbes sur le
5 terrain dans la SAO de la Krajina et la JNA ?
6 R. ElleS coopéraiENt au cours des combats.
7 Q. D'après vous, la police avait-elle été resubordonnée à la JNA pendant
8 les combats, après le mois d'août 1991 et ce, jusqu'à l'automne ?
9 R. Non, elle n'avait pas été rattachée à la JNA.
10 Q. Sur quoi vous basez-vous pour dire cela ?
11 R. Sur ce que je savais. La police n'a jamais été placée sous les ordres
12 ni de la JNA, ni de l'armée de Krajina.
13 Q. Qu'en est-il de la TO et de JNA ? Quel lien y avait-il entre la TO et
14 la JNA ?
15 R. Il y avait pour la Défense territoriale un Grand quartier général et
16 une série de quartiers généraux plus petits au niveau des municipalités et
17 au niveau des unités mêmes. Le Grand quartier général de la Défense
18 territoriale était chargé de la Dalmatie septentrionale et de la Lika, et
19 il était sous le commandement du 9e Corps d'armée. Quant au quartier
20 général régional de Kordun et de la Banija, il était sous les ordres du 2e
21 Groupe de la JNA à Samarica.
22 Q. Simplement pour que votre réponse soit tout à fait claire et que je la
23 comprenne bien, la TO -- je vais vous poser davantage de questions là-
24 dessus dans quelques instants. Elle était organisée comment ? La TO dans la
25 SAO de la Krajina était subordonnée à la JNA ?
26 R. Oui.
27 Q. Je souhaite, avec l'aide de l'Huissier, vous montrer trois autres
28 articles encore.
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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que nous en avons terminé avec
2 ce document, le document qui est daté du 18 août 1991 ?
3 M. WHITING : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je crois l'avoir
4 versé au dossier, mais peut-être, si je ne l'ai pas fait --
5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous l'avez versé ?
6 M. WHITING : [interprétation] Oui, je l'ai versé.
7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
8 M. WHITING : [interprétation] J'ai une traduction de ce document. Si vous
9 voulez bien placer la version anglaise sur le rétroprojecteur, s'il vous
10 plaît, et remettez la traduction au témoin, s'il vous plaît.
11 Q. Hier, dans votre déposition, vous avez dit que Milan Martic a parlé à
12 la presse de l'aide qu'il recevait de la JNA. Il s'agit d'un article daté
13 du 7 juillet 1991. C'est un article Tanjug. Je vais vous lire simplement le
14 quatrième paragraphe : "En ce qui concerne l'aide fournie à la police de la
15 Krajina, Martic a dit : 'L'aide la plus importante est venue du
16 gouvernement de la Serbie sous toutes ses formes,' et que les liens avec
17 l'armée populaire yougoslave étaient 'très corrects,' et que la
18 coordination avec cette dernière 'existait déjà. ' Il s'est avéré 'L'armée
19 populaire yougoslave et nous avons un ennemi commun,' a-t-il insisté."
20 Et un peu plus loin, quelques paragraphes plus loin, on peut lire :
21 "Milan Martic, le commandant de la police de la Krajina, a dit lors d'une
22 autre interview à Titograd, un autre quotidien, que le groupe armé placé
23 sous son commandement ainsi que l'armée 's'aident l'un, l'autre.'"
24 Et un peu plus loin, il dit : "Le matériel et l'équipement de l'armée
25 et de la police de la Krajina sont communs à un moment donné, car nous
26 savons qui est l'ennemi commun," a dit Martic. "Martic a montré du doigt
27 les autorités croates actuelles en indiquant qu'il s'agissait de l'ennemi
28 commun, les a décrit comme étant un 'Etat oustachi' qui 'ne nous souhaite
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1 pas de bien et ne souhaite pas de bien non plus à l'armée yougoslave.'"
2 Pour que les choses soient claires, car nous utilisons différents
3 termes, ici. Est-ce que l'armée populaire yougoslave, c'est bien la JNA ?
4 R. Oui, la JNA, c'est le signe qui signifie "armée populaire yougoslave."
5 Q. Merci. Les déclarations faites dans cet article correspondent-elles à
6 ce que vous avez entendu dans les médias, à l'époque ?
7 R. Oui.
8 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que ce document peut être versé au
9 dossier s'il vous plaît ?
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce document est versé au dossier. Est-
11 ce qu'on peut donner un numéro de cote, s'il vous plaît ?
12 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce numéro 213, Madame,
13 Messieurs les Juges.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.
15 M. WHITING : [interprétation] Puis-je avoir l'aide de l'Huissier encore une
16 nouvelle fois, s'il vous plaît ? Vous voulez bien le placer sur le
17 rétroprojecteur, s'il vous plaît ? Il s'agit d'un article qui est daté du
18 14 juillet 1991, extrait du Los Angeles Times. Si vous voulez bien placer
19 la troisième page sur le rétroprojecteur, de façon à ce que l'on puisse la
20 voir. Au milieu de la page -- est-ce que les Juges peuvent voir cette
21 page ?
22 M. LE JUGE MOLOTO : [aucune interprétation]
23 M. WHITING : [aucune interprétation]
24 Q. Au milieu d la page -- je pense qu'il faut appuyer de nouveau sur le
25 bouton, et cela va finir par s'afficher, mais je vois en fait qu'à chaque
26 fois cela disparaît.
27 Il est dit dans un entretien : "Le chef de la police de Knin, Milan Martic,
28 a dit que la Krajina avait 7 000 policiers, une force de réserve de 20 000
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1 policiers armés avec des fusils et une artillerie, et ce qu'il a appelé des
2 relations parfaites avec l'armée fédérale, là-bas. 'Nous avons un ennemi
3 commun en les forces croates fascistes,' a dit Martic. 'Il y a déjà eu de
4 nombreuses batailles.'"
5 Est-ce que cela correspond aux déclarations que vous avez entendues,
6 à l'époque, dans les médias ? Martic a également dit : "Il y a déjà eu des
7 nombreuses batailles."
8 R. Oui.
9 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que cela pourrait être versé au
10 dossier, je vous prie ?
11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le document est versé au dossier. Est-
12 ce que nous pouvons lui attribuer une cote, je vous prie ?
13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la cote numéro 214.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
15 M. WHITING : [interprétation] J'aimerais encore montrer un autre document,
16 avec l'aide de M. l'huissier, je vous prie.
17 Q. Il s'agit d'un article qui porte la date du 19 août 1991, article
18 publié par Tanjug. On ne peut vraiment pas dépendre de la technologie. Vous
19 voyez qu'au premier paragraphe, il est dit -- c'est une citation : "'Nous
20 allons également mettre sous notre contrôle Petrinja, Karlovac et Zadar,
21 parce que nous ainsi que l'armée, partageons apparemment les mêmes
22 intérêts. Nous avons besoin d'un port important,' ministre de la Défense de
23 la Région autonome serbe de la Krajina Milan Martic a indiqué cela à Borba,
24 dans une interview exclusive." Puis à la fin du deuxième paragraphe, donc
25 un peu plus loin, il est dit, "Martic dit que 'les attaques de l'année
26 dernière de la part de la population contre les dépôts d'armes qui
27 appartenaient à la police n'avaient pas été planifiées.' Il pense que la
28 trêve n'aura aucune chance d'exister, 'parce que nous allons effectuer des
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1 regroupements et nous allons recevoir de nouveaux approvisionnements
2 d'armes, et ce, afin de réagir à leurs mouvements. Nous avons également de
3 l'artillerie, notre force aérienne, et une armée qui est de notre côté, et
4 nous n'avons pas à cacher ce fait.' Martic dit également qu'il n'a jamais
5 rêvé pouvoir avoir à sa disposition cette force et puissance militaire."
6 Il est question d'une trêve. Est-ce que c'est la trêve à laquelle
7 vous avez fait référence vous-même, trêve qui a eu lieu en août 1991 ?
8 R. C'est exact.
9 Q. Est-ce que ces déclarations sont conformes à ce que vous entendiez dans
10 les médias, à l'époque ?
11 R. Oui.
12 M. WHITING : [interprétation] Je souhaiterais que ce document soit versé au
13 dossier.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le document sera versé au dossier. Je
15 souhaiterais que l'on attribue au document une cote.
16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la document 215, Monsieur le
17 Président.
18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
19 M. WHITING : [interprétation]
20 Q. Monsieur Babic, vous avez dit lors de votre déposition, à plusieurs
21 reprises, vous avez parlé d'un schéma qui s'est reproduit en 1990, et plus
22 particulièrement en 1991. Vous avez fait état de provocation et du fait que
23 l'on essayait en fait d'attirer la JNA dans le conflit. Je souhaiterais
24 parler maintenant d'événements qui se sont déroulés après le mois d'août
25 1991. Après le mois d'août 1991, est-ce qu'il y a eu des attaques de la
26 part des forces serbes contre des villages croates dans la Région autonome
27 serbe de la Krajina ou autour de cette région ?
28 R. Oui.
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1 Q. Avez-vous remarqué que ces attaques suivaient toujours, en quelque
2 sorte, le même schéma ou le même plan ?
3 R. Les forces de la police provoquaient la population dans les zones qui
4 étaient habitées par les Croates ou contre les forces de police de l'autre
5 camp. Le camp croate réagissait, après quoi les unités de la JNA
6 commençaient à utiliser leur artillerie. Ils se lançaient dans une
7 offensive et dans des percées contre les zones où habitaient les Croates,
8 et ce, pour parvenir à certaines positions.
9 Q. Quel était le résultat de ces attaques ? Qu'advenait-il de ces
10 villages ?
11 R. Bien, c'est un peu la même chose qui s'est passée à Kijevo. Les
12 résidents du village fuyaient ou étaient expulsés. Les maisons étaient
13 endommagées lors des combats et par la suite, elles étaient pillées et
14 incendiées.
15 Q. Est-ce qu'il y avait des Croates qui restaient, et le cas échéant, que
16 leur arrivait-il ?
17 R. Il y a peu de civils croates qui sont restés pour vivre là-bas. Il y
18 avait, avant tout, une incertitude qui régnait. Les gens étaient tués. Les
19 meurtres ne faisaient pas l'objet d'enquêtes. Les civils étaient contraints
20 de quitter leurs foyers pour se rendre en territoire croate. Il y avait des
21 expulsions massives de la population dans certaines régions, telle que
22 Kostajnica.
23 Q. Après les attaques, savez-vous quels étaient les rôles des différentes
24 forces, toujours en fonction de ce schéma ?
25 R. J'ai déjà essayé d'écrire cela. Les forces de police, ou les structures
26 parallèles comme nous les appelions, faisaient de la provocation, la JNA
27 arrivait avec son artillerie, lançait une attaque et avançait. Ils étaient
28 suivis par les milices de la Défense territoriale, par des unités de
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1 volontaires, qui ensuite se livraient à des activités de pillage et qui
2 incendiaient.
3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Qui incendiaient quoi ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Les maisons croates.
5 M. WHITING : [interprétation]
6 Q. Où est-ce que cela s'est passé ? Où avez-vous vu ce genre de schéma se
7 passer ?
8 R. Cela s'est passé dans l'ensemble de la Krajina. Je pouvais continuer à
9 voir les conséquences pendant des mois après. Peu de temps après les
10 incidents à Kijevo, un mois plus tard ou peut-être deux mois plus tard,
11 j'ai pu voir les conséquences de cela dans toute la Krajina.
12 Q. Monsieur Babic, lors de votre réponse, vous avez évoqué les
13 volontaires. Est-ce que vous pourriez nous expliquer ce que faisaient les
14 volontaires dans ce contexte ? Comment est-ce que les volontaires étaient
15 organisés et quels étaient leurs liens avec les autres unités ?
16 R. Il y avait deux types de volontaires. Premièrement, il y avait ce qu'on
17 appelait les groupes ou les unités de volontaires qui avaient été formés
18 par les résidents serbes de la Krajina, ou ils formaient une structure
19 parallèle à partir de la DB, des services de Sûreté d'Etat à Banija et à
20 Kordun. L'unité la plus célèbre était la 7e Division de Banija. En août et
21 en septembre 1991, ces unités se sont réorganisées en unités de la Défense
22 territoriale. Puis, il y avait un autre type de volontaires, des
23 volontaires individuels ou des unités de volontaires qui venaient de
24 Serbie. Les volontaires individuels se ralliaient aux unités de la JNA, et
25 les unités de volontaires agissaient de façon indépendante, bien que je
26 doive ajouter qu'il n'y en avait qu'une dans la SAO de Krajina, alors que
27 dans d'autres territoires, tel que la Slavonie orientale, ces unités
28 existaient également et elles existaient en tant qu'unités.
Page 1577
1 Q. L'unité de volontaires qui agissait de façon indépendante et qui
2 existait en Région autonome serbe de Krajina, où est-ce qu'elle
3 fonctionnait et qu'elle était son nom, si vous le savez ? Où opérait-elle ?
4 R. C'est l'unité la plus importante et la plus connue. C'était la 7e
5 Division de Banija. C'est comme cela qu'on l'appelait. Elle était active à
6 Banija, à Dvor Na Uni, à Kostajnica, à Samarica et à Petrinja. Il s'agit de
7 la région où les armes ont, dans un premier temps, été amenées par Radmilo
8 Bogdanovic, où ces armes sont arrivées par Bosanski Novi. Cette unité a
9 résisté pendant longtemps aux efforts qui étaient déployés pour faire en
10 sorte qu'ils intègrent la Défense territoriale. Une fois qu'elle a été
11 formée dans la région de Banja, cette unité a refusé pendant longtemps à se
12 subordonner à cet état-major. Sa transformation en la Défense territoriale
13 de Dvor et de Kostajnica s'est produite finalement lorsque M. Martic a
14 commencé à exercer son autorité sur la Défense territoriale. Ce qui fait
15 que cette unité a fini par former une partie de la Défense territoriale à
16 la fin du mois de septembre 1991.
17 Q. Très bien. Mais vous avez également dit, d'après ce que j'ai
18 compris, qu'il y avait des volontaires individuels et des unités de
19 volontaires qui venaient de Serbie. Vous avez dit, c'est ainsi que j'ai
20 compris ce que vous avez dit, et corrigez-moi si je ne m'abuse, parce qu'il
21 me semble qu'ils sont différents de la 7e Division de Banija, vous avez dit
22 que "des volontaires individuels se ralliaient aux unités de la JNA et que
23 des unités de volontaires agissaient de façon indépendante, bien que je
24 doive dire qu'il n'y en avait qu'une dans la SAO de Krajina, alors que dans
25 d'autres territoires, tel que la Slavonie orientale, il existait également
26 d'autres unités, en tant qu'unités."
27 A quoi avez-vous fait référence lorsque vous parliez d'une de ces unités
28 en SAO de la Krajina ?
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1 R. Dans la SAO de la Krajina, c'était une unité qui avait été établie par
2 un parti politique en Serbie, le Mouvement du Renouveau serbe, et elle
3 était active près de Gospic à Lika. Cela a duré un certain temps en
4 septembre 1991. Alors qu'en Slavonie orientale, il y avait également une
5 unité de volontaires qui s'appelait la Garde volontaire serbe passée sous
6 le commandement d'Arkan, Zeljko Raznjatovic. Alors sa structure était assez
7 différente de l'autre unité.
8 Q. Pour ce qui est du Mouvement du Renouveau serbe, vous nous avez dit de
9 cette unité qu'elle était active dans la zone autour de Gospic et à Lika.
10 Est-ce que vous savez si cette unité a participé à des combats ?
11 R. Elle a participé à des combats autour de Gospic.
12 Q. Savez-vous quand ?
13 R. Je pense en septembre 1991, ou peut-être en octobre. Je ne peux pas
14 vous le dire avec certitude maintenant.
15 Q. Outre cette unité, l'unité du Mouvement du Renouveau serbe, est-ce que
16 tous les autres volontaires que vous avez décrits ont été subordonnés d'une
17 façon ou d'une autre à la JNA en septembre 1991 ?
18 R. Oui. Les autres volontaires, les autres volontaires individuels
19 faisaient partie des unités de la JNA.
20 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
21 Juges, je sais que j'ai quelques minutes d'avance, mais j'étais sur le
22 point d'aborder un autre thème, donc c'est peut-être le moment, s'il en
23 fut, de lever l'audience.
24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous allez aborder un
25 nouveau thème ?
26 M. WHITING : [interprétation] Oui, je vais aborder un nouveau thème.
27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pensez-vous que le moment est venu de
28 lever l'audience ?
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1 M. WHITING : [interprétation] Je pense que ce serait en effet un moment
2 opportun. De toute façon, nous serons à nouveau, lundi matin à 9 heures,
3 dans le prétoire numéro I.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] C'est ainsi que j'avais cru comprendre
5 les choses. C'est bien ainsi que vous comprenez les choses, Maître
6 Milovancevic ? Lundi à 9 heures, dans le prétoire numéro I ?
7 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie beaucoup. L'audience
9 est levée, et nous nous retrouverons lundi matin à 9 heures dans la salle
10 d'audience numéro I.
11 --- L'audience est levée à 13 heures 43 et reprendra le lundi 20 février
12 2006, à 9 heures 00.
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