Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mercredi 24 mai 2006

2 [Audience à huis clos partiel]

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5 [Audience publique]

6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

7 M. WHITING : [interprétation] Merci.

8 Q. Monsieur le Témoin, maintenant je voudrais qu'on parle de l'année 1990.

9 Est-ce que durant cette année-là vous avez appris qu'une pétition a été

10 rédigée et cette pétition concernait les insignes portés par les

11 policiers ?

12 R. En 1990 j'ai appris qu'une pétition a été dressée, qui circulait à

13 l'intérieur du poste de police et qui a été signée le jour où j'ai appris

14 cette information par 12 policiers, c'est-à-dire, 12 employés. L'objet de

15 cette pétition était la demande de ne pas changer d'uniforme et de ne pas

16 enlever l'étoile à cinq branches des couvre-chefs des policiers. Dans cette

17 pétition, on demandait que les insignes, à savoir, cette étoile à cinq

18 branches reste toujours sur les uniformes policiers et sur le couvre-chef.

19 Q. Pour autant que vous en sachiez, dites-nous si Milan Martic était à

20 l'origine de cette pétition ?

21 R. Oui, je pense que Milan Martic était à l'origine de cette pétition et

22 sa signature figurait également sur la pétition.

23 Q. Au mois d'août 1990, est-ce que vous avez appris l'existence de ce

24 qu'on appelait à l'époque la révolution des troncs d'arbres ?

25 R. Le 17 août, la radio serbe de Knin a émis des sirènes, des alertes et

26 en même temps, Dr Milan Babic, proclamait l'état de guerre.

27 Q. Avant que cela ne soit arrivé, est-ce que quelque chose est arrivé au

28 poste de police de Knin qui avait trait aux armes ? Pouvez-vous nous dire

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1 tout d'abord ce que vous avez appris par rapport à cet événement, et par la

2 suite, nous pouvons passer à huis clos partiel pour que vous puissiez nous

3 dire comment vous aviez appris cela ?

4 R. Oui. J'ai appris que les gens sont entrés par force dans l'entrepôt

5 d'armes qui se trouvait au poste de police de Knin, et j'ai appris que les

6 armes ont été prises.

7 Q. Est-ce que vous avez appris dans quelle direction les armes ont été

8 amenées ?

9 R. J'ai appris que les armes ont été amenées à Golubic.

10 Q. Avez-vous appris le nombre de pièces d'armes, approximativement, les

11 armes qui ont été prises dans cet entrepôt ?

12 R. Les courts et les longs canons, ainsi que les munitions et les

13 explosifs qui se trouvaient au poste de police appartenaient aux effectifs

14 d'active et de réserve de la police. Par rapport au nombre de ces armes, je

15 peux vous dire qu'il s'agissait d'à peu près 200 pièces d'armes.

16 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, pouvons-nous

17 brièvement passer à huis clos partiel ?

18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je prie qu'on passe à huis clos

19 partiel.

20 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos

21 partiel, Monsieur le Président.

22 [Audience à huis clos partiel]

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22 [Audience publique]

23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

24 Monsieur Whiting.

25 M. WHITING : [interprétation]

26 Q. Monsieur, nous sommes maintenant en audience publique. Ne l'oubliez

27 pas, car vous savez ce que cela signifie.

28 J'aimerais savoir si en août 1990, des barrages ont été érigés dans

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1 la région autour de Knin ?

2 R. Oui, oui. Des barrages ont été érigés dans la région de Knin.

3 Personnellement, j'ai vu deux de ces barrages routiers, et j'ai entendu

4 parler de trois autres. Lorsque j'allais, je me rendais à mon travail et

5 que je faisais le trajet entre Knin et Split, j'ai vu l'un de ces barrages

6 routiers, et ce, à un lieu appelé Konj à Vrbnik.

7 Q. Vous avez dit que vous avez vu un deuxième barrage routier. Où l'avez-

8 vous vu ? Où se trouvait-il ?

9 R. Le deuxième se trouvait à Cenici. C'est un endroit que l'on appelait

10 Cenici, ou plutôt Ozegovici, qui se trouve en face de la maison de Slavko

11 Ozegovic. Cela se trouve près d'un endroit qui s'appelle Klanac dans la

12 municipalité de Drnis.

13 Q. Est-ce que cela se trouve près d'un village qui s'appelle Uzdolje ?

14 R. Il y a un mot dans le village appelé Uzdolje. C'est toute cette région

15 que l'on appelle Uzdolje.

16 Q. Les barrages routiers que vous avez vus, est-ce qu'il s'agissait de

17 barrages routiers serbes ou croates ?

18 R. Il s'agissait de barrages serbes.

19 Q. Que se passait-il lorsque vous deviez franchir ces barrages ?

20 R. Lorsque je devais franchir ce barrage, les véhicules étaient fouillés

21 et vérifiés.

22 Q. Est-ce que vous avez observé des indications, des signes ou des

23 indications, en fait, sur ces barrages ?

24 R. A Konj, il n'y avait pas de signes qui indiquaient qu'il s'agissait

25 d'un barrage. Il y avait deux hommes qui étaient au bord de la route et qui

26 tenaient un signe, un signe que la police avait d'habitude, un signe où il

27 est marqué stop, un véhicule qu'ils utilisaient pour que les véhicules

28 s'arrêtent.

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1 Q. Qu'en est-il de l'autre barrage ? Est-ce que vous avez observé des

2 signes ou des indications ?

3 R. Je n'ai remarqué aucun signe ou une indication qui m'aurait permis de

4 savoir qui s'occupait du barrage. Les gens qui se trouvaient à ce barrage

5 avaient des tenues vestimentaires différentes. Certains portaient une

6 partie d'un uniforme, d'autres portaient certains vêtements de l'uniforme

7 de police alors que d'autres avaient des habits civils.

8 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Je m'excuse, au niveau de ces deux

9 barrages ou à l'un de ces barrages seulement ?

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Cela est vrai pour les deux

11 endroits.

12 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur.

13 M. WHITING : [interprétation] Merci, Madame le Juge.

14 Q. Est-ce que la conférence intermunicipale de la Ligue des Communistes de

15 la Croatie pour la Dalmatie a pris position à propos de ces barrages ?

16 R. Oui, la conférence intermunicipale a pris position à propos de ces

17 barrages. Cela s'est fait lors d'un rassemblement qui a eu lieu en août

18 1990. En fait, la conférence a pris position vis-à-vis de toute la

19 situation qui prévalait en Dalmatie. Knin, notamment avait fait l'objet

20 d'un examen.

21 Q. Dans la mesure où vous le savez, quelle fut la position adoptée par la

22 conférence ?

23 R. La conférence intermunicipale de la Ligue des Communistes de la Croatie

24 pour la Dalmatie a adopté la position suivante, à savoir que tous les

25 membres de la Ligue des Communistes devraient s'efforcer de faire en sorte

26 qu'il n'y ait pas escalade de la situation afin qu'il n'y ait pas

27 d'effusion de sang.

28 M. WHITING : [interprétation] Est-ce que nous pouvons passer à huis clos

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1 partiel à nouveau ?

2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pouvons-nous passer à huis clos

3 partiel, je vous prie.

4 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes

5 maintenant à huis clos partiel.

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5 [Audience publique]

6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

7 Poursuivez, Monsieur Whiting.

8 M. WHITING : [interprétation]

9 Q. Nous sommes maintenant en audience publique à nouveau, Monsieur.

10 D'après vos observations de l'époque, est-ce que ces barrages, ces barrages

11 serbes, est-ce qu'il s'agissait de barrages de défense ?

12 R. Compte tenu de ce que j'ai pu observer, les barrages n'étaient pas des

13 barrages de défense. Premièrement, au vu de mon expérience, je peux vous

14 dire que le barrage qui se trouvait à Ozegovici ou comme nous l'appelions

15 Cenici, mais pour être plus précis, il s'agissait du village d'Uzdolje, ce

16 barrage n'avait aucun autre objectif si ce n'est d'intimider les personnes

17 des deux appartenances ethniques. Pourquoi est-ce que j'avance ceci ?

18 Premièrement, parce que sur la route qui va de Knin à Sibenik, lorsque l'on

19 passait au niveau du barrage de Cenici ou en d'autres termes d'Ozegovici,

20 il y a des villages à majorité serbe. Vous avez la ville de Drnis, par

21 exemple, qui avait une population de 20 % de Serbes.

22 Deuxièmement, pour ce qui est du barrage à Konj, étant donné que tout

23 l'endroit s'appelle Vrbnik, que cela se trouve tout près de Knin et qu'il

24 s'agit d'un endroit qui est limitrophe avec le village de Potkonje où je

25 dois dire que 95 % de la population était croate et 5 % était serbe. Compte

26 tenu de tous ces faits, j'en conclus que les barrages avaient été érigés à

27 des fins psychologiques. Il s'agissait d'indiquer au village de Potkonje

28 qui, véritablement, donnait le temps et était véritablement le chef dans

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1 cette région.

2 Q. Vous venez de nous donner ce dernier exemple à propos du barrage à

3 Konj. Vous avez dit que vous l'avez vu, ou qu'il y avait dans les environs

4 le village de Potkonje. Alors, cela explique pourquoi vous êtes d'avis que

5 le barrage avait comme objectif psychologique d'intimider les Croates. Dans

6 votre réponse, vous avez dit que cela était l'objectif, mais vous avez

7 également dit que le but était d'intimider les citoyens d'appartenance

8 ethnique serbe et croate. Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi

9 est-ce que vous pensiez que l'objectif était aussi d'intimider les civils

10 serbes ?

11 R. Comment est-ce que cela aurait pu intimider les Serbes également ? Vous

12 ne le saviez jamais d'ailleurs si la personne qui se trouvait au barrage

13 était en état d'ébriété ou non. Vous ne saviez pas si cette personne avait

14 des armes et vous ne saviez jamais quelle pouvait être sa réaction. La

15 situation était toute aussi effrayante pour les Serbes que pour les

16 Croates, bien qu'a priori, cela était dirigé ou ciblait les citoyens de

17 l'autre appartenance ethnique.

18 Q. Lorsque vous dites que cela était ciblé a priori ou ciblait a priori

19 les citoyens de l'autre appartenance ethnique, est-ce que vous entendez

20 qu'a priori cela semblait cibler les Croates ?

21 R. C'est mon point de vue.

22 Je dois vous dire quelque chose. En 1991, dans le secteur de Knin, dans

23 cette région de Knin, 88 % de la population était serbe, 11 % était croate,

24 et 1 % appartenait à la catégorie "autres".

25 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, il va falloir que je

26 demande que nous passions à nouveau brièvement à huis clos partiel.

27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que nous pouvons passer à

28 nouveau à huis clos partiel ?

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1 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, nous

2 sommes à huis clos partiel.

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19 [Audience publique]

20 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

21 Monsieur Whiting.

22 M. WHITING : [interprétation]

23 Q. Monsieur, je souhaiterais aborder un autre sujet maintenant. J'aimerais

24 vous poser des questions à propos des médias au moment de la révolution des

25 rondins et après la révolution des rondins. Il s'agit des années 1990 et

26 1991. Est-ce que vous pourriez dire à la Chambre de première instance quels

27 étaient les médias qui existaient à Knin ainsi que dans la Krajina. Est-ce

28 que vous pourriez nous indiquer le type d'articles que l'on pouvait voir

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1 dans ces différents médias, ou le genre de reportages qui étaient présentés

2 par ces médias ?

3 R. Oui. En 1990, à la suite d'une décision prise par l'assemblée

4 municipale de Knin et par son conseil, la radio serbe de Knin a été créée.

5 Puis la télé serbe, qui plus tard a été appelée la télévision de la

6 République de la Krajina serbe, a été créée également. En 1990 et ainsi que

7 pendant le premier semestre de l'année 1991, les médias, et je pense

8 notamment à la presse, venaient régulièrement à Knin. Je pense, par

9 exemple, aux journaux qui étaient publiés à Zagreb, à Belgrade ou à Split.

10 Q. Est-ce que nous pourrions peut-être parler des médias appelés les

11 médias serbes, à savoir, soit la radio serbe de Knin ou la télévision serbe

12 ou les médias de Belgrade. Est-ce que vous pourriez dire à Chambre de

13 première instance comment est-ce que ces médias ont présenté la révolution

14 des rondins ainsi que les événements qui se déroulaient en Krajina ?

15 R. Les médias et essentiellement, je parle de la presse écrite, mais je

16 parlerai également de la télévision serbe ultérieurement. Toujours est-il

17 que la presse était véritablement dominée par le journal de Belgrade,

18 Express Politika, qui a fait une analyse positive de la révolution des

19 rondins, ainsi que des possibilités qui existaient pour que la République

20 de la Krajina serbe devienne indépendante. Ce reportage encourageait les

21 citoyens à croire de qui était écrit dans ce journal.

22 Q. Monsieur, est-ce que ce journal parlait du gouvernement croate ou de la

23 population croate, et le cas échéant, qu'est-ce qu'il disait à leur sujet ?

24 R. Les médias présentaient des reportages sur le gouvernement croate et

25 sur la population croate de cette façon, en disant qu'il s'agissait du

26 gouvernement des Oustachi, que la population était elle-même composée

27 d'Oustachi, et qu'il ne fallait pas oublier ce qui s'était passé en 1940 et

28 1941, et que par conséquent, il ne fallait pas leur faire confiance et que

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1 l'on pouvait s'attendre à ce qu'un scénario assez semblable ait lieu à ce

2 moment-là également. Ils demandaient aux personnes d'appartenance ethnique

3 serbe de réagir face aux appels de mobilisation afin de défendre les

4 territoires serbes.

5 Q. Monsieur, lorsque vous dites que dans les médias il était indiqué qu'un

6 scénario semblable pouvait se reproduire à l'époque, de quoi parlaient-ils

7 précisément ?

8 R. Le 30 mai, le HDZ a accédé au pouvoir en Croatie. Dans l'Union

9 démocratique croate, une décision a été prise au Parlement de Croatie afin

10 qu'il se dissocie de la communauté des républiques yougoslaves. Ensuite,

11 les Serbes de la Croatie, n'étaient plus considérés comme un peuple

12 constitutif. Ce qui fait qu'après le 30 mai, les Serbes n'étaient plus l'un

13 des peuples constitutifs.

14 Puis, il y a eu un incident au Parlement de la Croatie. Le fils de

15 Janko Bobetko a jeté son attaché-case sur Radislav Taniga, qui était l'un

16 des députés d'appartenance ethnique serbe. Puis il y a eu un autre incident

17 à Benkovac. Miroslav Mlinar a été blessé.

18 Q. Lorsque vous parlez du 30 mai, de quelle année s'agissait-il ?

19 R. Il s'agissait de l'année 1991.

20 Q. Est-ce que les médias serbes suggéraient que les Serbes en Croatie, en

21 Krajina pouvaient courir un danger du fait du gouvernement Croate ou des

22 Croates ?

23 R. Oui, c'était assez courant. Il était indiqué que la population serbe en

24 Croatie était menacée par le nouveau gouvernement croate.

25 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] J'aimerais juste obtenir une petite

26 précision parce que vous avez, à la page 38 ligne 14, vous avez dans le

27 compte rendu d'audience le mot "T-H-R-O-U-G-H" donc "through." Est-ce qu'il

28 ne s'agit pas plutôt du "threw," "T-H-R-E-W," puisque je vois que cela est

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1 suivi par son attaché-case ?

2 M. WHITING : [interprétation] Je peux préciser tout cela.

3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

4 M. WHITING : [interprétation]

5 Q. Monsieur, vous avez décrit un incident au Parlement croate impliquant

6 le fils de Janko Bobetko et Radislav Taniga. Pouvez-vous répéter ce que

7 vous avez dit à ce sujet concernant Janko Bobetko, ou plus exactement le

8 fils de Janko Bobetko et ce qu'il a fait ?

9 R. J'aimerais tout d'abord dire que Radislav Taniga était en train de

10 parler, il avait la parole et il parlait au nom du peuple serbe de Croatie.

11 Janko Bobetko n'a pas du tout apprécié ce qu'il disait et a jeté son

12 attaché-case sur Radislav Taniga qui était en train de parler.

13 Q. Merci. Je crois que cela clarifie les choses.

14 Vous avez dit qu'il était assez courant et qu'il était dit qu'il y

15 avait des indications selon lesquelles le peuple serbe en Croatie était

16 menacé par le nouveau gouvernement croate qui venait d'être nommé. Pensiez-

17 vous, d'après ce que vous pouviez observer à l'époque, que le peuple serbe

18 de Krajina était menacé par le gouvernement croate ou qu'il était en

19 danger ?

20 R. D'après moi, sur le fondement de mon travail à l'époque, il n'y avait

21 pas de menaces qui pesaient sur le peuple serbe de la part du gouvernement

22 croate et qu'il n'y avait pas d'indications que ce qui s'était passé en

23 1941 se répèterait. Je puis confirmer que Jovan Raskovic, le président du

24 SDS, a commencé à négocier avec les dirigeants croates, c'est-à-dire, les

25 dirigeants les plus hauts placés du gouvernement croate.

26 Q. D'après ce que vous avez pu observer, pensez-vous que le gouvernement

27 croate cherchait à ce qu'il y ait un conflit armé avec la population

28 serbe ?

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1 R. Il n'était pas possible de conclure des propos ou des actes du

2 gouvernement croate ou du président croate, il n'était pas possible d'en

3 conclure cela.

4 Q. Pensiez-vous à l'époque, en 1990, en 1991, que le conflit armé était

5 indispensable pour résoudre les litiges qui existaient entre les Serbes et

6 les Croates en Croatie ?

7 R. Je pense que le conflit aurait pu être évité, qu'il n'y avait aucune

8 nécessité qu'un conflit ait lieu. Le Dr Milan Babic, le président de

9 l'assemblée de Knin, avait commencé à parler avec les représentants du

10 ministère de l'Intérieur de la République de Croatie qui lui parlait de

11 Sinj. Son nom était Jerko Vukas.

12 Q. Les médias, d'après ce que vous avez pu observer, avaient-ils un effet

13 quelconque sur la position adoptée par Milan Martic dans la Krajina ?

14 R. Les médias ont eu une influence sur la position de Milan Martic dans la

15 Krajina. Tous les médias ou pratiquement tous les médias, en dehors des

16 médias croates, parlaient de manière positive de Milan Martic. Ils

17 l'accueillaient favorablement, ils le félicitaient pour son rôle dans la

18 demande de protéger l'étoile à cinq branches et ses demandes de protéger la

19 police et la population serbe dans cette zone. Il était salué pour ses

20 efforts.

21 Q. Milan Martic parlait-il dans les médias des Serbes de la Krajina et

22 disait-il qu'ils étaient menacés par le gouvernement croate ou par les

23 Croates ?

24 R. Oui. Milan souvent parlait aux médias. Il donnait des interviews aux

25 médias serbes, aux médias croates. Une de ses dernières interviews qu'il a

26 donné à Nedina Dalmacija [phon], qui est un journal de Slobodna Dalmacija à

27 Split, et le journaliste était Senel Selimovic. Il pourrait confirmer ce

28 que j'ai dit jusqu'à présent.

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1 Q. Dites-nous, puisque vous faites référence aux médias croates, comment

2 les médias croates par rapport aux médias serbes parlaient-ils de cela ?

3 R. Les médias croates étaient beaucoup plus tolérants. Ils encourageaient

4 les gens à vivre ensemble. Ils encourageaient les gens à négocier et à se

5 parler. La seule exception était un quotidien du nom de SD que je n'avais

6 jamais vu jusqu'alors. C'était un journal plutôt extrémiste qui a commencé

7 à écrire sur le peuple serbe en Croatie. Le SD était publié à Zagreb.

8 Q. Je vais passer à un autre sujet à présent. En 1991, avez-vous appris

9 quoi que ce soit concernant une unité spéciale du MUP de la Région autonome

10 serbe de Krajina à Knin ?

11 R. Oui, j'ai entendu parler de cette unité que nous appelions l'unité

12 spéciale de la Région autonome de Krajina. J'ai été envoyé au monastère de

13 Saint-Anton [phon] qui est dans la partie basse de la ville de Knin, c'est-

14 à-dire, dans la partie sud de la ville de Knin.

15 Q. Savez-vous qui était le commandant de cette unité ?

16 R. Dragan Karna était le commandant de cette unité.

17 Q. Sans nous citer un quelconque nom, connaissiez-vous à l'époque

18 quiconque, connaissiez-vous personnellement quiconque était membre de cette

19 unité ou un membre de la famille de quelqu'un qui était membre de cette

20 unité ?

21 R. Je connaissais ses membres et leurs familles.

22 Q. Avez-vous eu l'occasion de parler à ces membres et à leurs familles de

23 l'unité, de ce qu'elle faisait ?

24 R. Oui. Je leur ai parlé personnellement ainsi qu'à leurs familles.

25 Q. Monsieur, pouvez-vous dire à la Chambre de première instance, si vous

26 le savez, quel était le but et quelle était la mission de cette unité

27 spéciale, et en particulier si elle avait une mission spéciale ou une

28 fonction spéciale dans le cadre de combats.

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1 R. D'après ce que je sais, cette unité avait comme tâche principale de

2 protéger le gouvernement de la République de la Krajina serbe ou plus

3 exactement, son président, c'est-à-dire, Milan Martic personnellement. En

4 d'autres termes, sa tâche principale était la protection. Sa deuxième tâche

5 était d'intervenir dans des zones menacées, c'est-à-dire, qu'elle était

6 préparée à intervenir aux endroits où les forces régulières étaient peu

7 nombreuses, c'est-à-dire, les forces régulières de la JNA tout d'abord et

8 de l'armée de la République de la Krajina serbe.

9 Q. Lorsqu'elle intervenait dans des zones menacées, avait-elle une

10 fonction particulière à votre connaissance ?

11 R. Je connais surtout la situation lorsque l'unité a été envoyée pour

12 passer à travers le corridor. Ces autres activités étaient soit des

13 activités individuelles ou des activités de groupe. L'unité n'intervenait

14 jamais dans son ensemble, en entier.

15 Q. Lorsque vous avez parlé du corridor, parliez-vous de l'opération du

16 corridor Posavina en 1992 ?

17 R. Oui. Il s'agissait du corridor de Posavina. Modrica, Derventa et

18 d'autres endroits de cette région.

19 Q. A d'autres occasions, lorsque vous avez dit que ce groupe opérait soit

20 individuellement ou en groupe, savez-vous quelle mission ils avaient ?

21 Quelles tâches ils avaient en termes de combat ? Quelle était leur fonction

22 individuellement ou en tant que groupe ?

23 R. Lorsqu'ils agissaient à titre individuel, les scénarios étaient

24 différents. Soit ils faisaient sauter des voies ferrées, soit il y avait

25 des accrochages avec les forces de police du ministère de l'Intérieur de la

26 République de Croatie. Une autre de leur mission était d'intimider les

27 personnes en faisant sauter des kiosques ou des baraques qui appartenaient

28 à la population croate de Knin.

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1 Q. Quel était le but, si vous savez, de faire sauter des voies ferrées ou

2 d'avoir des accrochages avec les forces de police du ministère de

3 l'Intérieur de la République de Croatie ?

4 R. Les médias en ont parlé. Ils ont parlé de tout cela. Cela était vu

5 comme les Oustachi qui essayaient d'attaquer la ville de Knin.

6 Q. En particulier, quel était le but d'avoir des accrochages avec les

7 forces de police du ministère de l'Intérieur de la République de Croatie ?

8 Parce qu'il me semble que votre dernière réponse concernait uniquement la

9 première partie de la question. Alors, concernant la deuxième partie de

10 cette question, avoir des accrochages avec les forces de police, quel était

11 le but de cela, si vous le savez ?

12 R. Le but était de montrer qu'il s'agissait d'un territoire entier qui

13 était gouverné par la République serbe de Krajina, et que personne d'autre

14 ne pouvait entrer dans le territoire, c'est-à-dire, personne qui n'était

15 pas du territoire de la République serbe de Krajina.

16 Q. Vous avez dit préalablement que vous étiez présent à Kijevo lorsqu'elle

17 a été attaquée en août 1991. Avez-vous rencontré des policiers de la Région

18 autonome de Croatie à Kijevo à ce moment-là ?

19 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président.

20 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Milovancevic.

21 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Mon objection est que le témoin a dit

22 qu'il n'était pas à Kijevo, qu'il était à un autre endroit, à un point

23 d'observation, à un point de reconnaissance, mais qu'il n'était pas à

24 Kijevo. A présent, le Procureur lui dit : Vous avez dit que vous étiez

25 présent à Kijevo.

26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Whiting.

27 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, mon souvenir est

28 différent, si vous me laissez quelques instants.

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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Il s'agit de la déposition d'hier.

2 M. WHITING : [interprétation] Vous avez raison, Monsieur le Président.

3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] J'ai également moi-même un souvenir à

4 ce sujet, mais je ne souhaite pas l'évoquer dans l'immédiat.

5 M. WHITING : [interprétation] De toute façon, le compte rendu d'audience

6 pourra nous informer.

7 Pouvons-nous passer en audience à huis clos partiel parce que nous allons

8 rentrer dans les détails.

9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pouvons-nous passer à huis clos

10 partiel.

11 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes à

12 huis clos partiel.

13 [Audience à huis clos partiel]

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18 [Audience publique]

19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

20 Monsieur Whiting.

21 M. WHITING : [interprétation] Merci.

22 Q. Je vais vous demander de ne pas préciser dans quelle unité vous faisiez

23 partie et ce qui vous a amené à Kijevo. Je ne suis pas sûr que votre

24 réponse à ma dernière question qui était, si vous ne le savez pas dites-le-

25 nous. Ma question était la suivante : lorsque des unités étaient envoyées

26 pour nettoyer, pour ratisser des secteurs, que fallait-il qu'elles fassent

27 concernant les civils, s'il fallait qu'elles fassent quelque chose, si tant

28 est qu'il faille qu'elles fassent quelque chose concernant les civils ?

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1 R. J'avais compris votre question, mais je n'avais pas terminé ma réponse.

2 Je dirais que notre rôle, notre tâche était - c'est-à-dire, la tâche de la

3 compagnie dont je faisais partie - était de protéger la population civile,

4 et dans la mesure du possible, de leur proposer de quitter le lieu de

5 combat. S'ils ne souhaitaient pas partir, nous leur demandions de rester

6 dans leurs maisons, de ne pas quitter leurs maisons tant que l'opération de

7 guerre, le combat soit totalement terminé et jusqu'à ce que le nettoyage,

8 le ratissage soit totalement terminé.

9 Q. Je vais repasser à ma question préalable. Lorsque vous étiez à Kijevo

10 - parce que maintenant nous avons établi le fait que vous y étiez, que cela

11 s'est passé précisément le 27 août 1991 - avez-vous rencontré des policiers

12 de la région autonome de Krajina là-bas ?

13 R. Nous descendions des abris à Radici, sur Radici, et nous avons atteint,

14 rejoint la route qui va de Knin à Split. Nous avons également croisé la

15 route qui va de Kijevo à Unista, qui est un endroit situé en Bosnie-

16 Herzégovine. J'ai rencontré plusieurs personnes, c'est-à-dire, des

17 officiers de police de la SAO de Krajina, de la République de la SAO de

18 Krajina. Ils m'ont demandé - Puis-je terminer ma réponse, s'il vous plaît ?

19 Q. Bien entendu, je vous en prie.

20 R. Une des personnes m'a demandé ce que nous faisions, pourquoi nous

21 attendions et pourquoi nous n'avons pas commencé à incendier l'endroit. Je

22 lui ai répondu que nous n'avions jamais eu l'intention de faire cela. Par

23 la suite, juste après, je me suis rendu compte qu'il y avait une maison

24 dans le centre de Kijevo et d'autres maisons dans d'autres endroits de

25 l'autre côté de Kijevo qui avaient commencé à brûler.

26 M. WHITING : [interprétation] Puis-je poser encore deux ou trois questions

27 pour terminer ce sujet. Je suis désolé, mais j'aimerais terminer ce sujet.

28 Q. Vous avez dit que cette personne vous a demandé : Mais pourquoi ne

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1 commencez-vous pas à incendier l'endroit ? Et vous avez fait un geste avec

2 votre main comme si vous montriez quelque chose. Ma question est la

3 suivante, de façon à ce que le compte rendu d'audience soit clair : de quel

4 endroit parlait-il ?

5 R. Je pensais à l'endroit qui s'appelait Jurici, c'est dans la direction

6 de Bajani et l'endroit plus large s'appelle Kijevo.

7 Q. Est-ce que cela fait partie de Kijevo ou est-ce que cela se trouve tout

8 de suite après Kijevo ?

9 R. Oui, cela fait partie de Kijevo.

10 Q. Et ma dernière question est la suivante, la question concernant ce

11 sujet. Vous avez dit qu'après cela, vous avez vu une maison au centre de

12 Kijevo ainsi que quelques autres maisons à un autre endroit à Kijevo qui

13 ont commencé à brûler. Etiez-vous en mesure de dire si ces maisons ont été

14 incendiées ou ces incendies ont été le résultat des combats ?

15 R. A Kijevo, il n'y avait pas d'activités de combat à cette date-là, le

16 27. Je suppose que ces maisons ont été incendiées à dessein.

17 Q. Je vous remercie, Monsieur le Témoin.

18 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, je m'excuse d'avoir

19 dépassé le temps, et je pense que maintenant il est venu le moment propice

20 à faire une pause.

21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Il n'y a aucun problème.

22 Nous allons faire une pause et nous allons reprendre à

23 12 heures 30.

24 --- L'audience est suspendue à 12 heures 03.

25 --- L'audience est reprise à 12 heures 31.

26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Whiting, vous pouvez

27 poursuivre.

28 M. WHITING : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

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1 Q. Monsieur le Témoin, maintenant nous sommes en audience publique. Je

2 veux vous poser des questions relatives à l'unité spéciale de Knin. Savez-

3 vous où cette unité a suivi une formation ?

4 R. Pas tous les membres de l'unité, mais la plupart a suivi une formation

5 à Golubic, dans une agglomération qui s'appelle Gruska, qui est près de

6 Benkovac. Il s'agissait d'une agglomération où se trouvait pour la plupart

7 des jeunes.

8 Q. Savez-vous qui était chef de la formation à Golubic ?

9 R. Je ne les connais pas tous, mais je sais qu'il y avait le capitaine

10 Dragan à Golubic, et c'était lui qui était en charge du camp à Gruska.

11 Q. Est-ce que l'endroit s'appelle Gruska ou Bruska ?

12 R. Cet endroit s'appelle Bruska, B comme Berlin.

13 Q. Je vous remercie. Savez-vous quel était le rapport entre Milan Martic

14 et ce camp de formation à Golubic ?

15 R. Milan Martic a établi ce centre de formation à Golubic.

16 M. WHITING : [interprétation] Pourrait-on passer à huis clos partiel,

17 Monsieur le Président.

18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je prie que l'on passe à huis clos

19 partiel.

20 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation]Nous sommes maintenant à huis clos

21 partiel.

22 [Audience à huis clos partiel]

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2 [Audience publique]

3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

4 Monsieur Whiting, continuez.

5 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

6 Q. Monsieur le Témoin, vous avez mentionné le terme "les hommes de Martic"

7 ou "Marticevci". Pouvez-vous nous dire ce que ce terme signifie. Nous

8 parlons de l'année 1991 ?

9 R. Les hommes de Martic ou Marticevci voulait dire que c'était les hommes

10 qui ont suivi la formation à Golubic et qui ont fini cette formation avec

11 succès. Ils étaient, en quelque sorte, experts pour ce qui est de l'état de

12 guerre. Ils avaient un niveau de connaissance supérieur par rapport aux

13 autres, ils représentaient une sorte d'élite aux yeux des citoyens

14 ordinaires.

15 Q. Est-ce que les autres membres des forces de police ont été appelés

16 aussi les hommes de Marticevci ou ce terme a été réservé uniquement à ceux

17 qui ont suivi cette formation à Golubic ?

18 R. Après avoir fini la formation à Golubic, les hommes de Martic étaient

19 tous employés au poste de police à Knin. C'était le terme habituel,

20 désignait les employés du poste de police. Ce n'était pas au tout début,

21 c'était après 1991 et 1992.

22 Q. Pour que tout soit clair, est-ce que vous savez si en 1991 ce terme a

23 été donné aux membres de la police régulière ?

24 R. Non.

25 Q. Pourquoi les membres de la police qui ont suivi la formation à Golubic,

26 pourquoi on les appelait les hommes de Martic ou Marticevci ?

27 R. On a considéré que ces gens avaient plus de compétences, plus de

28 connaissances pour ce qui est des sujets militaires, et qu'ils ont été en

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1 même temps plus dévoués au système.

2 Q. D'où vient cette appellation "Marticevci" ?

3 R. Martic aurait établi le camp et aurait été secrétaire. Cela peut vous

4 aider à comprendre pourquoi ces hommes se sont appelés les hommes de Martic

5 ou Marticevci.

6 Q. Selon ce que vous avez pu observer, selon les informations que vous

7 avez obtenues de différentes sources, pouvez-vous nous dire quelle était la

8 réputation des hommes de Martic ou de Marticevci en 1991 ?

9 R. Au début de la formation, quand le camp a été inauguré, l'image du camp

10 a été extrêmement positive à la population. La population en était

11 contente, parce que la population a pensé que les cadres qui allaient être

12 formés au camp auront plus de compétences pour mener la guerre. Mais au fur

13 et à mesure, et quand la guerre à commencer, la réputation de ce camp a

14 baissé. Cela a continué jusqu'à la fin de la guerre.

15 Q. Est-ce que cela veut dire qu'ils jouissaient d'une bonne réputation ?

16 R. Oui, au début mais à la fin, non pas du tout.

17 Q. Lorsque vous dites qu'ils jouissaient d'une mauvaise réputation,

18 pouvez-vous nous expliquer cela ?

19 R. Oui. Parce que je suppose que plus tard je vais devoir vous énumérer

20 des noms. C'était parce que quelques-uns d'entre eux ont adopté un

21 comportement par rapport à leurs co-citoyens, à leurs biens et par rapport

22 à leur peuple en général.

23 Q. Un peu plus tard, je vais vous poser des questions spécifiques par

24 rapport à cela. Je vais parler maintenant d'un autre sujet.

25 A votre connaissance, est-ce qu'en 1991 il y avait une prison à

26 Knin ?

27 R. Oui, il y avait une prison à Knin. Je suis en train de parler de cette

28 prison.

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1 Q. A votre connaissance, pouvez-vous nous dire où cette prison se

2 trouvait ?

3 R. Je vous parle ici de la prison civile. La prison civile se trouvait à

4 l'ancien hôpital de Knin. Pour ce qui est de la prison militaire, je n'en

5 sais rien.

6 Q. Je souhaite poser des questions concernant la Défense territoriale.

7 Savez-vous qui était le commandant de la Défense territoriale à Knin en

8 1991 ?

9 R. En 1991, le commandant du QG de la Défense territoriale de Knin était

10 M. Milan Dragisic.

11 Q. Savez-vous quel était son rapport avec Milan Martic ?

12 R. A ma connaissance, le rapport entre ces deux personnes était correct

13 parce que Dragisic a marié la sœur de Martic.

14 L'INTERPRÈTE : Est-ce que le témoin pourrait répéter la dernière partie de

15 sa réponse.

16 M. WHITING : [interprétation]

17 Q. Monsieur le Témoin, l'interprète n'a pas pu saisir une partie de votre

18 réponse. Pourriez-vous répéter votre réponse ?

19 R. Milan Dragisic a marié la sœur de Milan.

20 Q. Lorsque vous dites Milan Dragisic a marié la sœur de Milan, parlez-vous

21 de la sœur de Milan Martic ?

22 R. Oui, je parle de la sœur de Milan Martic, qui s'appelle Neda.

23 Q. Maintenant, je voudrais qu'on parle de l'attaque contre Kijevo --

24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Avant d'aborder ce sujet, j'aimerais

25 poser des questions au témoin.

26 C'est par rapport au rapport entre Milan Dragisic et Milan Martic, par

27 rapport des positions qu'ils occupaient. Est-ce qu'il y avait un rapport

28 entre eux, ces deux personnes ?

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Comme cela était de règle dans l'ancien

2 système, le commandant du QG de la Défense territoriale, le secrétaire du

3 secrétariat de la Défense nationale et à l'Intérieur, devaient être en

4 contact quotidien pour s'informer mutuellement de la situation qui régnait

5 sur le terrain.

6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce qu'il s'agissait des rapports

7 de nature juridique - parce que l'un d'entre eux était commandant du QG de

8 la Défense territoriale et l'autre secrétaire du secrétariat de la Défense

9 nationale - est-ce que ces postes, ces fonctions qu'ils occupaient étaient

10 dans le cadre du même département ou du même service ?

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Ce n'était pas dans le cadre du même

12 service, mais ils s'occupaient du domaine similaire. La Défense

13 territoriale s'occupait du territoire et des gens qui protégeaient ce

14 territoire, et la Défense nationale s'occupait de la mobilisation et de la

15 sélection des cadres.

16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

17 Monsieur Whiting, vous pouvez continuer.

18 M. WHITING : [interprétation]

19 Q. Je vais poser des questions qui découlent de votre question. Dans votre

20 première réponse, vous avez dit qu'au sein du QG de la TO -- vous avez

21 parlé du QG de la TO, du secrétaire de la police, du secrétaire du

22 secrétariat de la Défense nationale. Est-ce que, d'après ce que vous avez

23 pu observer en 1991, ces entités, ces services coopéraient avec la JNA lors

24 du conflit dans la Krajina, avant le conflit, avant le commencement du

25 conflit et au moment où le conflit a commencé ?

26 R. Ces trois entités représentaient une unité. Et de par leurs fonctions,

27 ces trois entités étaient censées de coopérer quotidiennement et de

28 répondre aux besoins de la JNA.

Page 4444

1 Q. Je vous remercie. Maintenant, je veux revenir au sujet de l'attaque

2 contre Kijevo le 26 août 1991.

3 D'après ce que vous avez pu observer et apprendre compte tenu de votre rôle

4 - et n'allons pas parler de votre rôle en audience publique - dites-nous si

5 vous étiez en mesure de déterminer l'objectif de l'attaque menée contre

6 Kijevo ?

7 R. Selon les informations que j'ai obtenues, l'objectif de l'attaque

8 contre Kijevo était de libérer le territoire pour pouvoir avancer plus loin

9 pour que les unités de JNA puissent avancer. Kijevo se trouve entre Polaca

10 et Civljani. Compte tenu de ce fait et du fait qu'il s'agissait de la

11 population croate majoritaire -- à 100 % de la population croate entre

12 Civljani et Polaca qui étaient peuplées à

13 100 % de la population serbe, il fallait ouvrir ce passage pour avancer

14 sans entrave dans la direction de Velika et de Sinj.

15 Q. A votre connaissance, est-ce que les Croates qui habitaient Kijevo

16 représentaient un danger aux yeux des Serbes ?

17 R. Non. Encore une fois, je souligne que la population croate, le peuple

18 croate, c'est-à-dire, les citoyens de l'appartenance ethnique croate dans

19 la ville de Knin, y compris le village de Kijevo, ne pouvaient aucunement

20 représenter un danger pour les Serbes ni pour la ville de Knin. Encore une

21 fois, je vous dis qu'en 1991,

22 80 % de la population était serbe, 11 % croate; 88 % était serbe et 11 %

23 était croate.

24 Q. Saviez-vous s'il y a eu des forces croates, des forces militaires ou

25 policières stationnées à Kijevo et qui représentaient une menace pour les

26 Serbes au mois d'août 1991 ?

27 R. Je savais et j'ai vu qu'il y avait des forces du ministère de

28 l'Intérieur de la République de Croatie, et je savais que ces forces

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1 étaient stationnées dans la maison de culture à Kijevo. Ils ont contrôlé le

2 territoire de Kijevo et ils ne sortaient pratiquement pas des locaux où ils

3 se trouvaient.

4 Q. D'après ce que vous avez appris et pu observé, est-ce que les forces

5 du ministère de l'Intérieur de la République de Croatie, qui se trouvaient

6 dans la maison de culture à Kijevo, représentaient une menace pour les

7 Serbes ou pour les forces serbes dans la région ?

8 R. Encore une fois, je vous dis en tant que quelqu'un qui faisait partie

9 d'une unité à l'époque, je ne pensais pas ces forces auraient pu

10 représenter une menace ou un danger pour la population serbe à Knin ou dans

11 la région plus large.

12 Q. Monsieur le Témoin, pendant l'attaque contre Kijevo, est-ce que

13 l'église de Kijevo a été endommagée ?

14 R. Malheureusement, oui. L'église a été endommagée. C'est l'église de

15 Saint-Michel qui se trouvait au sommet d'une colline d'où on a une bonne

16 vue. On peut voir l'église de loin. L'église a été endommagée le 26, donc

17 au jour de l'attaque ou du conflit pour montrer au peuple. Parce qu'avant

18 l'attaque, la plupart de la population avait déjà quitté Kijevo pour dire

19 encore une fois, pour montrer à ceux qui étaient restés qu'ils devaient eux

20 aussi quitter le village. Le village a été pris. Une partie des maisons ont

21 été incendiées. Ils ont voulu dire par cela que - enfin, par le fait que

22 l'église a été endommagée, que le reste de la population devait quitter le

23 village.

24 Q. Monsieur le Témoin, durant l'attaque contre Kijevo, est-ce que le

25 village de Vrljika a également été attaqué ?

26 R. Oui. Les forces de la JNA ont avancé dans la direction de Vrljika.

27 Q. Que s'est-il passé à Vrljika ?

28 R. Vrljika a été occupé par la JNA en moins de temps qu'il ne fallait pour

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1 la prise de Kijevo.

2 Q. Que s'est-il passé après la prise de Vrljika par la JNA ?

3 R. Après la prise de Vrljika, la JNA a continué à avancer dans la

4 direction de Sinj.

5 Q. Que s'est-il passé par la suite après la prise de Vrljika ? Qu'est-ce

6 qui s'est passé à Vrljika même ?

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12 Q. Est-ce qu'une personne a été nommée chef de la police à Vrljika ?

13 R. Le poste de police à Vrljika a été établi après l'entrée dans le

14 village, et le chef de police était Djuro Togajic. Il a été nommé chef du

15 poste de police. Il était policier d'active de Knin. Et le poste de police

16 de Vrljika était sous la juridiction de Knin, du poste de police de Knin.

17 Q. Pour autant que vous en sachiez, est-ce que Djuro Togajic a été

18 subordonné à Milan Martic au moment où il est devenu chef du poste de

19 police de Vrljika ?

20 R. Oui.

21 Q. Est-ce qu'il y a eu des pillages à Vrljika ?

22 R. Oui. Malheureusement, le commandement de la JNA avait émis une

23 interdiction à propos de pillages, et avait positionner la police militaire

24 à différents endroits pour justement contrôler les soldats. Toutefois, cela

25 n'était pas valable pour la police civile. C'est pourquoi il y a eu des

26 actes de pillage. Je dirais que, hormis les soldats de la JNA, quasiment

27 tout le monde a participé aux pillages.

28 Q. Est-ce que la police a participé aux pillages ?

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1 R. Je ne l'ai pas vu directement, mais je répondrais par l'affirmative de

2 façon indirecte. Lorsque je dis "indirectement," ce que j'entends, c'est

3 qu'à chaque fois qu'ils contrôlaient la circulation routière, ils

4 laissaient passer tous les camions qui transportaient des biens qui avaient

5 été pillés dans la région. Les camions pouvaient poursuivre leur chemin,

6 ils allaient vers Knin avec tous ces biens pillés.

7 Q. Vous avez vu cela ?

8 R. Oui. La compagnie à laquelle j'appartenais était cantonnée à Kosorska

9 Greda.

10 Q. Lorsqu'il y a eu des activités de pillage dans les secteurs contrôlés

11 par la police où là où la police contrôlait la circulation routière. Est-ce

12 que cela s'est fait après la nomination de Djuro Togajic au poste de chef

13 de police de Vrljika ?

14 R. Oui, après cela.

15 Q. Monsieur, j'aimerais maintenant que nous passions à un autre sujet. Il

16 s'agit en fait de Drnis. Est-ce qu'il y a eu une attaque menée contre Drnis

17 en septembre 1991 ?

18 R. Oui, l'attaque contre Drnis s'est déroulée pendant l'après-midi du 16

19 septembre 1991.

20 M. WHITING : [interprétation] Je dirais à l'intention de la Chambre de

21 première instance que Vrljika se trouve sur l'atlas, pièce à conviction 23,

22 à la page 31, au niveau du carré C2, donc juste au sud de Kijevo et de

23 Civljani. Drnis se trouve exactement au niveau de ce même carré. Drnis, en

24 fait, se trouve juste au sud de Knin, à la gauche du pli, donc c'est la

25 page 30. Il s'agit toujours du même carré, le C2.

26 Est-ce que nous pouvons passer à huis clos partiel ?

27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Que la Chambre passe à huis clos

28 partiel, et peut-être que --

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1 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes, Monsieur le Président, à

2 huis clos partiel.

3 [Audience à huis clos partiel]

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12 [Audience publique]

13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

14 Monsieur Whiting.

15 M. WHITING : [interprétation]

16 Q. Monsieur, lorsque vous étiez à Drnis le 17 septembre et les jours

17 suivants, qui avez-vous observé ?

18 R. Premièrement, je dirais que j'ai vu que ce centre de la ville était

19 complètement détruit. Deuxièmement, certains citoyens croates qui étaient

20 restés dans la place étaient extrêmement préoccupés. Puis troisièmement,

21 j'ai vu des actes de pillage sur une grande échelle.

22 Q. D'après ce que vous avez pu voir, qui participait à ce pillage ?

23 R. Dans la mesure où j'ai pu voir, tout le monde pillait : l'armée, la

24 police, ainsi que les citoyens. L'armée ciblait particulièrement une cave

25 où il y avait un grand nombre de tonneaux de vin qui s'y trouvaient.

26 Q. Monsieur, vous nous dites que certains Croates qui étaient restés

27 étaient particulièrement préoccupés. Pourquoi est-ce qu'ils étaient

28 préoccupés ?

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1 R. Premièrement, après le pilonnage de la ville, après les bombardements

2 et après que le centre de la ville a été incendié - il ne faut pas oublier

3 que c'était une petite ville - ils étaient préoccupés par leur avenir. Ils

4 se demandaient ce qui allait advenir le lendemain. Puis deuxièmement, ils

5 se demandaient ce qu'il fallait faire face à ce pillage. En fait, ils

6 n'avaient absolument aucun pouvoir. Ils étaient tout à fait impuissants

7 face à ces gens qui pillaient. Ils craignaient pour leur vie. Ils étaient

8 en pleine insécurité, en fait.

9 Q. Est-ce que vous savez quelle était l'appartenance ethnique ou les

10 appartenances ethniques de la population de Drnis ?

11 R. Un nombre de 75 % étaient Croates, 25 % étaient Serbes.

12 Q. Quel fut l'impact de l'attaque sur Drnis ? Je pense à la ville et aux

13 villages. Qu'est-il advenu du village ? Vous nous avez dit, par exemple,

14 que le centre de la ville a été détruit. Est-ce que d'autres quartiers ont

15 également été touchés ou est-ce que cela a eu des répercussions sur

16 d'autres quartiers de la ville ?

17 R. Oui. Oui, cela a également eu des répercussions sur d'autres quartiers

18 de la ville. Alors, quel était le but de ceci ? Le but de cet exercice, en

19 quelque sorte, à Drnis ? Je dois vous dire que l'axe routier Drnis-Sibenik

20 passe par deux villages où la population était majoritairement serbe. L'un

21 de ces villages était Zitnic. Là, il y avait un rapport de 65 à 35, donc la

22 majorité faisait partie des 65 % de Serbes. Puis, il y avait le village de

23 Konjovrate [phon], où là nous avions un pourcentage de 70 ou 72 et 30, avec

24 72 % pour la population serbe et 30 % pour la population croate. Alors, il

25 se peut que la stratégie consistait à protéger ces villages qui se

26 trouvaient sur la ligne de front. Il y a une deuxième version. D'après

27 cette version, l'armée yougoslave - l'armée populaire yougoslave, j'entends

28 - se dirigeait vers Sibenik avec une intention. Leur intention était de

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1 rejoindre les autres unités qui se dirigeaient vers Sibenik depuis

2 Benkovac, à savoir, depuis l'ouest.

3 Q. Monsieur, à votre connaissance, en septembre 1991, est-ce que Drnis

4 représentait une menace pour les Serbes et pour les forces serbes ?

5 R. Je dois dire que j'ai exactement la même opinion que j'avais à

6 l'époque. C'est une opinion, d'ailleurs, que je vais avoir toute ma vie.

7 Drnis ne représentait aucun danger pour les Serbes de la ville de Knin, à

8 l'époque.

9 Q. Savez-vous qui était le commandant de la police à l'époque à Drnis ?

10 R. Je sais qu'il changeait assez souvent. J'en connais deux qui avaient ce

11 poste; un au début, il s'appelait Obrad Bujanic, que l'on connaissait

12 également sous le surnom de Sveto, qui a eu cette fonction pendant un laps

13 de temps très, très bref, et le deuxième, c'était Drago Rajic. Alors étant

14 donné que je suis parti de cette région, je n'ai pas véritablement suivi la

15 situation. Je ne sais pas qui détenait ou qui avait ce poste.

16 Q. Est-ce que vous savez qui avait cette fonction pendant les jours qui

17 ont suivi l'attaque contre Drnis le 16 septembre 1991 ?

18 R. Je ne comprends pas. Est-ce que vous pourriez peut-être préciser votre

19 question ?

20 Q. Je m'excuse. Le 16 septembre, le 17 septembre, le 18 septembre, est-ce

21 que c'était Obrad Bujanic qui était chef de police ou est-ce que c'était

22 Drago Rajic, ou quelqu'un d'autre ?

23 R. A l'époque, il n'y avait pas de poste de police à Drnis. Ce n'est que

24 10 à 15 jours plus tard que ce poste de police a été établi.

25 Q. Lorsqu'il a été justement créé, 10 ou 15 jours après, est-ce que ce fut

26 Obrad Bujanic qui était chef de police pendant un laps de temps très bref,

27 suivi de Drago Rajic ?

28 R. Oui, d'après ce dont je me souviens.

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1 Q. A votre connaissance, est-ce qu'ils ont été subordonnés à Milan

2 Martic ?

3 R. Oui. Ils étaient également subordonnés à Milan Martic.

4 Q. Est-ce que quelque chose s'est passé en 1991 à Potkonje ?

5 R. Oui. Le secrétariat municipal de l'intérieur de Knin a mené à bien une

6 incursion dans le village de Potkonje.

7 Q. Quand est-ce que cela s'est passé ?

8 R. C'était en 1991, et quoi qu'il en soit, cela s'est passé avant le mois

9 de juin, donc à un moment donné avant le mois de juin.

10 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire où se trouve Potkonje par rapport à

11 Knin ?

12 R. Par rapport à Knin, Potkonje est au sud.

13 Q. A quelle distance dans la direction du sud ?

14 R. Environ deux kilomètres et demi.

15 M. WHITING : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, je ne crois pas

16 que cela apparaît sur la carte.

17 Q. Vous nous avez dit que le secrétariat municipal de l'intérieur de Knin

18 a mené une incursion dans le village de Potkonje. Pouvez-vous nous dire

19 précisément ce qui s'est passé, à votre connaissance ?

20 R. A ma connaissance, sur le fondement de ce que j'ai entendu dire par des

21 gens, dans la mesure où il y avait plusieurs mariages mixtes - je n'aime

22 pas utiliser ce terme, mais c'est plus compréhensible de cette façon-là -

23 il se trouvait que le secrétariat municipal de l'intérieur avait été

24 informé du fait que le village de Potkonje s'était armé. Une action

25 militaire a eu lieu, une action de recherche d'armes. Des histoires

26 circulaient sur une station de radio qui était active à Potkonje, où des

27 citoyens croates ou des villageois croates informaient quelqu'un sur les

28 événements à Knin.

Page 4455

1 Q. Qu'a fait la police à Potkonje ?

2 R. La police a fouillé le secteur. La fouille a très certainement été

3 accompagnée d'autre chose. Je ne sais pas quoi, mais d'après mes

4 conversations avec d'autres personnes, je ne sais pas si à ce moment-là --

5 Q. Je vais vous demander de vous arrêter là. Nous allons passer à huis

6 clos partiel, et je vais vous demander quelles personnes. Pour l'instant,

7 pouvez-vous nous dire ce que vous avez entendu dire sur ce qui s'est passé

8 à Potkonje ?

9 R. Nous avons entendu dire par un officier de police, un participant, qui

10 m'indique à l'extrémité du village, il y avait eu des dégâts là-bas. J'ai

11 demandé : Là-bas ? Il m'a dit : Nous étions à Potkonje. Nous avons cherché,

12 nous avons fouillé la zone. Il ne m'a pas dit s'ils avaient trouvé des

13 armes, il ne m'a pas dit non plus s'ils avaient trouvé un poste émetteur de

14 radio.

15 Q. D'après ce que vous avez pu savoir, ces événements à Potkonje ont-ils

16 eu un effet, des conséquences sur des civils, des civils croates vivant

17 dans le village ?

18 R. A ma connaissance, personne n'a été tué. Je ne puis vous dire si

19 quelqu'un a été battu, frappé, mais l'effet psychologique a été extrêmement

20 important.

21 Q. Pouvez-vous expliquer cela. Qu'entendez-vous quand vous dites que

22 "l'effet psychologique a été dévastateur" ?

23 R. Pour commencer, il s'agissait d'un petit village. Deuxièmement, j'avais

24 dit qu'il y avait plusieurs mariages mixtes où de nombreux Croates et

25 Serbes s'étaient mariés entre eux. Troisièmement, le village était proche,

26 était situé juste à côté du village de Vrbnik, qui était peuplé à 100 % par

27 des Serbes. Si les autorités officielles fouillaient le village à la

28 recherche d'armes, la question était de savoir : que pouvions-nous faire,

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1 s'ils pensaient que nous avions des armes, qu'allaient-ils faire par la

2 suite.

3 Q. Les civils croates qui vivaient à Potkonje, après cet événement, sont-

4 ils restés à Potkonje ou ont-ils quitté Potkonje ?

5 R. Non, ils ne sont pas restés; ils sont partis.

6 Q. D'après ce que vous avez pu voir et d'après ce que vous avez entendu

7 dire, était-ce l'un des buts des incursions à Potkonje ou s'agissait-il

8 simplement d'un effet non prévu ?

9 R. Il est probable que le parti organisant cette excursion à Potkonje

10 avait réfléchi avec attention au type d'effet que cela pourrait avoir.

11 M. WHITING : [interprétation] Pouvons-nous passer à huis clos partiel ?

12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] La Chambre de première instance peut-

13 elle passer à huis clos partiel.

14 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à présent à huis clos

15 partiel.

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8 [Audience publique]

9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

10 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

11 Q. Comment ont été abordés ces événements à Potkonje dans les médias ?

12 R. La radio serbe de Knin a dit que certains des citoyens s'armaient, et

13 que le secrétariat municipal avait été informé du fait qu'une fouille avait

14 eu lieu, que personne n'avait été blessé et que la fouille avait eu lieu de

15 façon à protéger les citoyens de Knin.

16 Les médias, les quotidiens croates par contre, eux, ont présenté les choses

17 sous un jour négatif. En même temps, les journaux yougoslaves ajoutaient

18 qu'il s'agissait de quelque chose de bien, que c'était une bonne chose et

19 qu'il fallait absolument éviter tout armement illégal. C'est pour cela

20 d'ailleurs que tout cela a été considéré comme étant une bonne chose.

21 Q. J'aimerais passer à autre chose à présent. Avez-vous entendu dire

22 quelque chose sur ce qui s'est passé à Skabrnja et Nadin en novembre 1991 ?

23 R. Je n'ai rien entendu sur Nadin, concernant Nadin. Je n'ai aucun

24 renseignement à ce sujet. Nadin n'a pas fait l'objet de commentaires

25 publics dans la ville de Knin.

26 En ce qui concerne Skabrnja, pendant quelques jours, je n'ai pas su ce qui

27 s'était passé. Ce n'est qu'ensuite, lorsque toutes sortes d'informations

28 ont commencé à apparaître, que j'ai commencé à savoir qu'il y avait eu des

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1 massacres de civils. Mais ce n'était pas connu du grand public. Une mère

2 qui avait perdu son fils m'a demandé si je savais ce qu'il était devenu, ce

3 qu'il était advenu de lui et s'il faisait partie de ces personnes. Je lui

4 ai répondu que je ne savais pas, parce que ma position était située de

5 l'autre côté de l'endroit où ces événements avaient eu lieu. La seule chose

6 que je sais, c'est ce que j'ai appris par les médias et par cette mère qui

7 est venue me trouver.

8 Je ne sais rien d'autre. Un homme dont le nom était Crnogorac et dont je ne

9 me souviens pas du prénom, est venu trouver mon unité et m'a dit qu'il

10 avait pris part à l'unité à Skabrnja, mais qu'il n'avait pas réussi à

11 supporter la pression. Il m'avait également dit que le capitaine Dragan les

12 payait 20 marks allemands pour chaque journée de combat. D'après lui, il

13 était là-bas, mais il n'avait pas participé au massacre. Il n'avait rien à

14 dire concernant le massacre. C'est tout ce que je sais. C'est l'ensemble de

15 ce que je sais concernant le massacre à Skabrnja.

16 Q. De façon à ce que les choses soient claires, vous avez dit dans votre

17 réponse en ce qui concerne Skabrnja, vous avez dit que pour pendant les

18 premiers jours, pendant quelques jours, vous ne saviez pas ce qui s'était

19 passé là-bas, et que ce n'est que par la suite que des renseignements ont

20 commencé à faire surface selon lesquels il y a eu le massacre de civils. De

21 façon à ce que les choses soient claires, cela veut-il dire que vous avez

22 entendu ces histoires concernant des massacres de civils quelques jours

23 après l'attaque à Skabrnja ?

24 R. Oui. Quelques jours après l'attaque sur Skabrnja, nous avons entendu

25 parler du massacre de civils. Pendant quelques jours, le premier jour, le

26 deuxième jour, le troisième jour suivant l'attaque, je ne savais pas ce qui

27 s'y était passé.

28 Q. Vous avez également entendu dire que le capitaine Dragan payait 20

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1 marks allemands pour une journée de combat à Skabrnja. A ce sujet, s'agit-

2 il d'une correction que vous apportez à votre déclaration faite au Tribunal

3 pénal pour l'ex-Yougoslavie concernant ce sujet ? Avez-vous dit quelque

4 chose de différent dans votre déclaration et que vous le corrigez

5 actuellement ?

6 R. Il est possible que j'aie dit dans ma déclaration que cela concernait

7 Arkan, mais je n'ai jamais vu Arkan à cette époque. J'ai entendu dire par

8 d'autres personnes que le capitaine Dragan était là-bas, et j'ai également

9 entendu dire que la personne qui était revenue de cet endroit était Dragan,

10 et que c'était le capitaine Dragan qui était impliqué, que ce n'était pas

11 Arkan, mais le capitaine Dragan. Si c'est la question que vous voulez me

12 poser.

13 Q. Oui, c'est exactement la question que je vous posais. Merci.

14 Pouvez-vous nous dire comment les médias serbes ont abordé, comment ils ont

15 parlé de l'attaque sur Skabrnja ?

16 R. Les réactions n'étaient pas du tout hystériques, si je peux employer ce

17 terme. Il y avait pas mal de justifications sur toute l'opération en disant

18 qu'il s'agissait d'une opération militaire, que les cibles ne pouvaient pas

19 être choisies. Il n'y avait pas de célébration, d'engouement face à cette

20 opération. C'est ce que je voulais dire quand j'ai dit que les réactions

21 n'étaient pas du tout hystériques, mais qu'il s'agissait simplement de

22 justifications qui étaient recherchées pour expliquer ce qui s'était passé.

23 M. WHITING : [interprétation] Monsieur le Président, pouvons-nous passer à

24 huis clos partiel brièvement, s'il vous plaît.

25 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] La Chambre de première instance peut-

26 elle passer à huis clos partiel.

27 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes

28 actuellement à huis clos partiel.

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21 [Audience publique]

22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

23 Monsieur Whiting.

24 M. WHITING : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

25 Q. Monsieur le Témoin, j'aimerais repasser à un épisode de 1992. Cette

26 année-là, s'est-il passé quelque chose au Dom Kulture ou au centre culturel

27 à Knin ?

28 R. C'était en 1992 mais pas à Knin, mais à Vrpolje, qui est un endroit qui

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1 est situé près de Knin, si vous parlez de Dom Kulture, si c'est de cela que

2 vous parlez.

3 Q. Oui, vous avez raison. Il s'agit d'une erreur de ma part. Je vous en

4 remercie.

5 Pouvons-nous préciser -- vous dites que Vrpolje est près de Knin. Pouvez-

6 vous nous dire exactement où cela est situé par rapport à Knin ? A quelle

7 distance ?

8 R. Vrpolje est à cinq kilomètres au nord de Knin.

9 Q. Que s'est-il passé au Dom Kulture ou centre culturel de Vrpolje en

10 1992 ?

11 R. Le Dom Kulture à Vrpolje - et à nouveau, j'aimerais souligner le fait

12 que je n'utilise pas les termes que je vais utiliser de manière habituelle.

13 Je les utilise uniquement pour que les choses soient bien compréhensibles -

14 il y avait un centre de rassemblement pour les citoyens de Knin

15 d'appartenances ethniques croates. En 1992, il y est arrivé un moment où

16 les citoyens croates souhaitaient, pour des raisons variées, quitter la

17 ville de Knin et la République Serbe de Krajina pour rejoindre leurs

18 familles. C'est dans ce lieu qu'ils étaient logés. Cela a duré jusqu'en

19 1993, jusqu'au moment où les derniers citoyens croates ont quitté Knin,

20 c'est-à-dire, après que l'opération Maslenica, les derniers citoyens

21 d'appartenance ethnique croate ont quitté Knin.

22 Q. Lorsque vous dites que ces citoyens croates se rendaient à cet endroit

23 lorsqu'ils souhaitaient quitter Knin, lorsqu'ils voulaient quitter la ville

24 de Knin dans la République Serbe de Krajina, d'après ce que vous avez pu

25 voir, partaient-ils parce qu'ils souhaitaient partir ou parce que des

26 pressions étaient exercées sur eux pour qu'ils partent ?

27 R. Tout d'abord, il faut préciser qu'il y avait une pression constante sur

28 les citoyens croates de Knin; cela avait commencé en 1990 lorsque des

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1 commerces faisaient l'objet d'explosions. Toutes les nuits, il y avait des

2 explosions à Knin. Certaines de ces explosions n'avaient aucune

3 conséquence, mais dans d'autres cas, il y avait des choses qui étaient

4 détruites, et ce n'était pas possible de continuer à vivre de cette façon.

5 Il y avait d'autres dangers également pour les citoyens croates, et

6 surtout à la suite du fait qu'un soldat serbe ait été tué. Il y avait

7 danger de représailles. En d'autres termes, il y avait un degré

8 d'insécurité très élevé. Mon dernier citoyen croate qui a quitté Knin, je

9 peux vous dire son nom, son nom de famille, mais peut-être pas tout de

10 suite, je vous le dirai tout à l'heure. Il a pleuré devant ma femme et il

11 lui a demandé de l'aider. Je n'étais pas chez moi, mais je sais qu'il a

12 demandé à M. Martic de rester plutôt que de devenir un réfugié. J'ai

13 proposé à cet homme de partager mon appartement, mon appartement ne faisait

14 que 60 mètres carrés, mais je n'ai pas réussi à le persuader de rester et

15 en fin de compte, il a fini par quitter Knin.

16 Q. Savez-vous ce que M. Martic lui a dit lorsque cet homme a demandé à M.

17 Martic de rester plutôt que de devenir un réfugié ?

18 R. Je ne sais pas ce qu'il lui a dit, mais je sais qu'il était aussi

19 triste que moi.

20 M. WHITING : [interprétation] Je pense que le moment est propice, Monsieur

21 le Président.

22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] L'audience est levée. L'audience

23 reprendra demain matin à 9 heures.

24 L'audience est levée.

25 --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le mercredi 25 mai

26 2006, à 9 heures 00.

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