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1 Le mercredi 7 juin 2006
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 06.
6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Lieutenant, vous vous en souvenez
7 peut-être, mais je me permets de vous rappeler que vous êtes toujours tenu
8 par la déclaration que vous avez prononcé hier, à savoir que vous direz la
9 vérité, toute la vérité et rien que le vérité.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien.
11 LE TÉMOIN: JOZEF POJE [Reprise]
12 [Le témoin répond par l'interprète]
13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.
14 Maître Milovancevic, allez-y.
15 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
16 Contre-interrogatoire par M. Milovancevic : [Suite]
17 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Poje. Nous allons reprendre là où
18 nous nous étions arrêtés hier. Nous parlions de votre rapport d'expert.
19 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Nous en étions arrivés au chapitre 3.5
20 intitulé Munition d'artillerie, page 17 de la version en B/C/S, page 13 de
21 la version anglaise.
22 Q. Lorsque vous parlez des munitions d'artillerie au premier paragraphe,
23 vous dites que ce qui est important c'est que dans le système d'armes il y
24 est un projectile qui doit être lancé contre un objectif à une certaine
25 distance afin de mener à bien une tâche donnée. Lorsque vous affirmez cela,
26 vous parlez en termes généraux, n'est-ce pas ? Vous parlez de l'utilisation
27 des armes classiques et de l'utilisation des lance-roquettes multiples ?
28 R. Oui. En fait, je parle ici d'un projectile lancé soit à l'aide d'une
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1 charge explosive avec un canon classique ou un projectile autopropulsé,
2 c'est-à-dire un système de roquette.
3 Q. Vous dites dans ce même chapitre que ce projectile équipé d'une charge
4 propulsive d'éléments de stabilisation et de guidage est une forme de
5 munition utilisée pour un système d'armes particulières et notamment, le
6 lance-roquettes multiples Orkan M87, n'est-ce pas, Monsieur Poje ?
7 R. Oui.
8 Q. Lorsque vous parlez des munitions d'artillerie un peu plus bas dans ce
9 chapitre, vous dites qu'à l'inverse des autres systèmes les munitions
10 constituent un système d'énergie ou énergétique dont les effets sont brefs.
11 Vous voulez parler de la charge du moteur de l'explosif au moment où ce
12 projectile atteint la cible, n'est-ce
13 pas ?
14 R. Oui. Il y a une charge propulsive, un moteur qui met le projectile en
15 mouvement, un système de propulsion, l'autre système fonctionne à l'aide
16 d'une charge explosive qui est activée au moment de l'impact.
17 Q. Dans ce même chapitre - dans le passage intitulé projectile classique.
18 Vous dites qu'indépendamment du type et du calibre de l'arme d'artillerie
19 utilisée, un obus d'artillerie est constitué des parties suivantes : un
20 projectile, une charge explosive, une cartouche, et un système d'amorçage.
21 Vous voulez parler de l'artillerie classique, n'est-ce pas ?
22 R. Oui, de façon générale. Nous parlons de tous les types de projectiles
23 et tous les types de munition qui fonctionnent sur un système de propulsion
24 du projectile, cette charge elle se trouve dans des petits sachets et
25 peuvent être une partie intégrante du projectile lui-même, comme c'est le
26 cas pour la roquette.
27 Q. Vous dites un peu plus loin que le projectile est l'élément le plus
28 important de l'obus, il a produit un effet particulièrement sur la cible
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1 grâce à sa charge explosive et à ses éclats d'obus. Est-ce que les
2 bombettes que nous avons vues hier sont des projectiles du type roquette
3 d'artillerie utilisée pour le lance-roquettes Orkan ?
4 R. Dans ce cas le projectile est la roquette elle-même avec son ogive à
5 dispersion alors que les bombettes sont juste l'un des éléments de la
6 charge de l'ogive à dispersion. Donc au lieu de ces projectiles à
7 dispersion, ce sont ces projectiles à dispersion qui atteignent la cible et
8 qui explosent contrairement à la charge explosive dans l'artillerie
9 conventionnelle ou classique. Donc, ce n'est pas la roquette qui atteint la
10 cible qui produit l'effet destructeur ce sont les parties qui se trouvent
11 dans l'ogive à dispersion qui ont cet effet destructeur.
12 Q. En tant que caractéristique générale de munition d'artillerie et des
13 projectile d'artillerie, des obus, est-ce que vous dites qu'un projectile
14 d'artillerie atteint la cible et la détruit avec sa charge explosive et le
15 "shrapnel" qui la compose, est-ce que chaque projectile d'artillerie a cet
16 effet, y compris les projectiles utilisés par le système Orkan ?
17 R. En principe, voilà comment les choses fonctionnent avec les projectiles
18 classiques - l'ogive à dispersion - dans un projectile classique l'ogive
19 atteint l'objectif ou l'obstacle à l'impact, le système d'amorçage est
20 déclanché, la charge initiale est activée, mais, dans les armes classiques,
21 c'est cette ogive qui a un impact qui explose sur la cible elle-même. Mais,
22 avec le système de roquette Orkan, l'ogive à dispersion est activée à une
23 altitude d'environ 800 mètres. Cette ogive s'ouvre de manière bien
24 déterminée et éjecte 288 bombette donc ce qui explose sur la cible ce n'est
25 pas l'ogive de la roquette elle-même mais ce sont ces bombettes qui se
26 trouvent dans l'ogive et qui tombent librement après que l'ogive se soit
27 ouverte.
28 Q. Merci. Afin de comprendre le terme "projectile" ou "projectile
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1 d'artillerie," je pense qu'il serait bon de regarder le croquis qui figure
2 en page 22 du texte en B/C/S et page 18 de l'anglais. Nous voyons sur ce
3 croquis un projectile de roquette équipé d'une ogive à dispersion hautement
4 explosive. Est-ce à cela que ressemble un projectile d'artillerie de façon
5 générale, qu'il s'agisse d'une arme conventionnelle, classique, ou d'un
6 lance-roquettes multiples ? Il s'agit là d'un obus d'artillerie, n'est-ce
7 pas ?
8 R. Bien, nous voyons sur ce croquis un projectile, de type classique avec
9 une ogive, et un effet de fragmentation.
10 Q. Est-ce que j'ai raison de dire qu'au point 1, dans ce diagramme nous
11 avons l'amorce ?
12 R. Oui.
13 Q. Ai-je raison de dire qu'à l'impact du projectile cette amorce active ou
14 enclenche l'ogive et provoque l'explosion du projectile ?
15 R. Effectivement. Mais cette amorce, ce système d'amorçage peut être à
16 retard, différé. L'amorce peut être déclanchée au moment de l'impact, ou
17 s'il s'agit d'une -- dans le cas d'une arme antichar il y a une explosion
18 différée.
19 Q. S'agissant du type d'amorce et de cette action différée, nous allons
20 parler un peu plus tard, j'aimerais tout d'abord que nous nous attardions
21 sur ce croquis. Ce croquis au point 4, montre la charge explosive, il
22 s'agit de la partie supérieure du projectile. En principe, est-ce que tous
23 les projectiles d'artillerie, qu'il s'agisse d'un obus classique ou d'un
24 projectile de requête possèdent cette charge explosive ? Est-ce que ces
25 charges explosives sont les mêmes quel que soit le type de projectile ?
26 R. Si nous parlons du projectile classique, tous les projectiles -- ou
27 toutes les ogives de projectile contiennent ce type de charge explosive -
28 c'est ce qui apparaît au point 4 du croquis - il s'agit de la partie foncée
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1 de l'ogive sur le croquis. Ce que nous voyons ne s'applique pas, cependant,
2 au système de requête Orkan car nous ne voyons pas de l'ogive à dispersion
3 ici. Il s'agit d'une ogive classique qui produit un effet différent de
4 celui produit par une charge -- une ogive à dispersion.
5 Q. S'agissant de ce que vous venez de nous dire, donc, à la place de ce
6 que l'on voit représenter au point 4, foncé, pour ce qui est du système
7 Orkan, ce système comprend une ogive à dispersion qui est composée de 288
8 bombettes qui remplacent la charge explosive que nous voyons sur ce
9 croquis. Donc, à une altitude donnée, ces bombettes se dispersent après que
10 l'ogive se soit ouverte.
11 R. Oui. Donc, dans le cas d'une ogive à dispersion, à la place de la
12 charge explosive qui apparaît au point 4 de ce croquis, nous avons 288
13 bombettes.
14 Q. Tant que nous parlons de ce croquis, au point 7 il y a une zone en gris
15 foncé située en dessous de la charge explosive est-ce que cela correspond à
16 la poudre à un canon à la charge expulsive, la poudre propulsive utilisée
17 pour la roquette ?
18 R. Oui. Il s'agit de ce qui permet de propulser le projectile, de le
19 lancer sur sa trajectoire.
20 Q. Est-ce que nous pouvons dire que le système de roquette Orkan est, en
21 réalité, un projectile d'artillerie classique dont la charge explosive
22 comprend 288 bombettes ?
23 R. Oui. Le lance-roquettes Orkan se sert de projectiles classiques, mais,
24 à la différence, tient au fait qu'à la place d'une ogive classique, il y a
25 une ogive à dispersion contenant 288 bombettes.
26 Q. Au point 3.5.2, page 20, nous avons un paragraphe
27 intitulé : "Projectiles de roquettes." Dans ce chapitre, vous affirmez
28 qu'un projectile de roquettes possède les mêmes propriétés que les autres
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1 munitions, notamment, ces projectiles sont lancés à partir d'un lanceur, à
2 la place -- ne sont pas lancés par un canon. Il peut s'agir de tubes, de
3 rampes ?
4 R. Oui. La différence entre le système classique, un petit peu, obusier,
5 canon obusier. Donc, toutes ces armes classiques tiennent, au fait, que ces
6 projectiles classiques sont lancés à partir de tubes. La charge est placée
7 dans la partie contenant la poudre à canon, alors que pour ce qui est du
8 système de roquettes, les projectiles sont lancés, donc, les projectiles
9 contiennent un moteur, un système de propulsion qui leur donne la
10 possibilité de se déplacer. Donc, ces projectiles lancés par des roquettes
11 sont propulsés alors que les munitions classiques, très souvent, ne
12 possèdent cette charge distincte.
13 Q. Merci. Un peu plus loin, vous parlez du système d'Orkan et vous dites
14 que malgré la différence dans le mode de lancement, un projectile
15 d'artillerie est lancé à partir d'un tube alors qu'un lance-roquette se
16 sert de tubes ou de rampes. Donc, malgré cette différence, vous dites que
17 la trajectoire d'un projectile lancé par un lance-roquettes multiples est
18 déterminé à l'avance, ce qui n'est, en rien, différent des projectiles
19 classiques, est-ce exact ?
20 R. Oui, c'est exact. En fait, les éléments du tir sont prédéterminés en
21 fonction de la position de la cible, les conditions aérologiques et
22 balistiques. Donc, il y a un certain nombre de réglages qui sont faits au
23 préalable. Le projectile est équipé d'un système de déclenchements différés
24 et, donc, tous ces éléments sont à prendre en compte au moment du lancement
25 du projectile en direction de la cible visée.
26 Q. Vous dites plus loin, vous décrivez le vol de la roquette en direction
27 de sa cible et vous dites que la différence avec un projectile classique
28 tient, au fait, qu'un projectile lancé par roquettes, un projectile de
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1 roquettes possède son propre système de contrôle du vol intégré et son
2 propre système de propulsion alors qu'un projectile classique est
3 déclenché, explose grâce à une charge explosive qui se trouve dans une
4 cartouche ?
5 R. Oui. Vous avez, donc, cette charge explosive qui se trouve selon la
6 cartouche, soit ailleurs. Il y a deux types de charge et de mode de
7 remplissage des projectiles. Certains projectiles possèdent une charge,
8 d'autres non, le système est différent. Dans un projectile classique, la
9 charge explosive se trouve seule dans une cartouche où vous avez plusieurs
10 charges placées à l'endroit où l'on met la poudre à canon. S'il est
11 question d'un projectile de roquettes de type Orkan, ce projectile possède
12 une charge, un système de propulsion qui lui confère sa vitesse initiale.
13 Q. Quelque soit le type de charge utilisée, ai-je raison de dire, en me
14 fondant sur votre rapport que le principe régissant la trajectoire, le vol
15 de la roquette est le même, quelque soit la charge utilisée ? Qu'il
16 s'agisse d'un système de propulsion d'une charge explosive, la trajectoire
17 reste la même que pour les projectiles classiques et ne peut pas être
18 influencée, une fois que le projectile a été lancé.
19 R. Oui. Lorsque vous tirez un projectile, vous ne pouvez plus intervenir
20 sur le vol et ni sur la trajectoire. Il en va de même pour le système
21 Orkan. Cette différence est, en fait, que le système Orkan est muni d'un
22 système de propulsion qui permet de le faire se déplacer. Donc, ce moteur
23 de roquettes, ce système de propulsion lance le projectile et lui imprime
24 une trajectoire. Cela lui donne sa vitesse initiale et au bout de 4,3
25 secondes à sa vitesse initiale et suit sa trajectoire comme pour les
26 projectiles classiques.
27 Q. Lorsque nous disons que le projectile, la trajectoire est la même que
28 pour un projectile classique donc, vous ne pouvez plus faire de
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1 corrections, ni de réglages pour ce qui est de la trajectoire du projectile
2 en vol. Vous ne pouvez plus guider la roquette de quelque manière que ce
3 soit, est-ce bien ce que vous voulez dire ?
4 R. Oui. Une fois que la roquette est lancée, vous ne pouvez plus
5 influencer sa trajectoire. Tout ce qui peut influencer la trajectoire, ce
6 sont les conditions météorologiques en vol, mais les servants du système
7 d'artillerie ne peuvent plus influencer la trajectoire du projectile, et
8 une fois qu'il est lancé.
9 Q. Merci. S'agissant de l'explication que vous venez de nous donner, il
10 est intéressant de noter qu'avec le système de roquettes Orkan, en fait, il
11 y a une caméra qui filme une partie du vol de la roquette et corrige
12 automatiquement les éléments de tir pour le projectile suivant, alors que
13 les projectiles d'artillerie classique, ils ne sont pas munis de ce type de
14 caméra, n'est-ce pas ?
15 R. Non. Le système Orkan était le seul système à posséder cette caméra, en
16 fait, qui permet de filmer le vol du projectile depuis le système de
17 lancement. Donc, vous pouvez filmer cela pendant 4,3 secondes.
18 Q. Oui. Merci. Vous ajoutez qu'avec le type classique d'artillerie comme
19 pour le lance-roquettes multiples, du type de ce que possédait l'armée
20 serbe Krajina, M-63. Je veux parler du système Plamen et le système Oganj,
21 donc, on pouvait faire des réglages, mais seul l'Orkan avait cette caméra,
22 n'est-ce pas ?
23 R. Oui.
24 Q. Cette caméra permettait de filmer la partie active du vol pour corriger
25 les éléments de tirs pour la roquette suivante, est-ce que cela constituait
26 une solution de nature à permettre une plus grande précision des tirs
27 d'artillerie ?
28 R. Le système de calcul de trajectoire se fonde sur les données
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1 balistiques et météorologiques qui ont été ainsi mémorisées.
2 Lorsqu'une roquette est tirée, la partie active du vol est
3 enregistrée et filmée par une caméra tant que le système de propulsion de
4 la roquette fonctionne. Donc le système prépare la trajectoire théorique,
5 elle la compare avec la trajectoire réelle en vol afin de corriger
6 automatiquement les éléments de tir pour la roquette suivante. Nous devons
7 également garder à l'esprit que malgré l'exactitude des éléments de tir
8 même s'ils sont déterminés avec une grande précision, on ne peut pas
9 garantir que la trajectoire théorique ainsi calculée correspondra à la
10 trajectoire réelle, car il peut y avoir des erreurs de calcul au moment de
11 la préparation initiale. On ne peut pas dire que le calcul de la
12 trajectoire est fiable à 100 %.
13 Q. Merci. Il s'agissait d'une réponse détaillée --
14 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Avant de poursuivre, Maître
15 Milovancevic, sur la base de ce que vous avez dit, Monsieur Poje, quelle
16 est la marge d'erreur ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Pour préparer les éléments initiaux de tirs,
18 il faut rassembler des informations en vue du tir. Ensuite, il faut régler
19 le système de lancement, saisir ces informations dans le système de
20 lancement, et si des erreurs de produisent - ces erreurs qui peuvent être
21 reliées à la construction, à la conception du système lui-même, à la
22 manière dont les mesures sont prises, aux instruments utilisés, tout cela
23 peut donner lieu à des erreurs.
24 Lorsque vous avez beaucoup de ces erreurs -- tout ce qui est une
25 marge d'erreur, on a beaucoup d'erreurs, ce sont des erreurs que l'on peut
26 agréger en fait. Ce sont des erreurs initiales. Il y a des erreurs sur
27 lesquelles on a aucune influence, mais celles-là sont assez petites. Vous
28 ne pouvez absolument pas savoir quelle est la direction ou la taille, par
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1 exemple, parce qu'il faut alors avoir recours à théorie de la probabilité
2 pour ce qui est des erreurs.
3 La théorie du tir selon Zivanov parle de ces erreurs de préparation
4 d'ailleurs dans ces éléments qui sont mis en entrée dans le système
5 informatique. Mais la façon la plus exacte de préparer les données, c'est
6 d'avoir une bonne préparation à la base, de bien pouvoir corriger les
7 éléments au fur et à mesure, les corriger et ensuite rentrer les éléments.
8 Quand on arrive maintenant au stage de préparation et qu'on a fait une
9 bonne préparation bien complète, il faut bien déterminer les éléments
10 initiaux du tir qui comprennent l'incorporation des coordonnées bien
11 exactes, l'information balistique qui soit bien exacte, l'information
12 météorologique qui soit bien exacte, même si on a tout cela et c'est
13 parfaitement correct, on arrivera encore à avoir des données qui auront
14 quand même un élément d'erreur qui est d'à peu près 0,8 à 1,2 % de la
15 distance de tir, mais cela s'appelle la marge d'erreurs. C'est 0,8 à 1,2 %.
16 Mais tout ceci a été incorporé dans les valeurs Vd, je parle ici de la
17 dispersion en ligne, c'est égal à 2 Vd --
18 L'INTERPRÈTE : L'interprète a fait une erreur, elle se reprend.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] -- même si on a une préparation parfaite et
20 qu'on a essayé de rentrer les données les plus fiables possibles, la marge
21 d'erreur est de 2 Vd, enfin la marge d'erreur est de plus ou moins 4
22 erreurs moyennes ce qui signifie que c'est quand même une marge d'erreurs
23 assez importante, ce qui veut dire que quand on tire à longue distance, il
24 faut toujours corriger les tirs pour bien les ajuster parce qu'il y a une
25 marge d'erreurs importante à la base.
26 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Très bien.
27 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
28 Q. Mais pour ce qui est de la correction de cette caméra dont on a parlé.
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1 On est quand même en train de parler d'arriver à armer l'arme de façon à ce
2 qu'elle atteigne bel et bien sa cible; c'est bien cela ?
3 R. Oui.
4 Q. Pour arriver à atteindre l'objectif comme vous nous le dites, il faut
5 être très bien préparé, avoir bien rentré ses données. Vous nous dites
6 aussi que pour être très précis, il convient aussi de corriger les tirs, de
7 corriger et de régler le tir avec des corrections. Pour le système Orkan,
8 cela se fait automatiquement. Cela, c'est en utilisant la caméra. La caméra
9 enregistre la période de vol de la première roquette et elle donne ensuite
10 les informations pour que l'on corrige le tir de la deuxième roquette;
11 c'est bien cela ?
12 R. Oui, tout à fait.
13 Q. Maintenant, quel est le type de correction que l'on peut faire ? Est-ce
14 que c'est le système le plus moderne qui existe ?
15 R. Oui, il y a d'autres systèmes classiques. On peut tout simplement tirer
16 une roquette, voir si on atteint la cible, si on ne l'atteint pas, corriger
17 et régler le tir. Donc on peut utiliser une caméra pour enregistrer la
18 trajectoire et faire une correction automatique, cela c'est un autre
19 système. Mais il faut dans ce cas-là avoir calculé quand même la
20 trajectoire correcte à la base. Si on a pas bien pris en compte au départ
21 tous les paramètres d'entrée, toutes les données de tirs initiales, la
22 topographie du terrain, les conditions météorologiques, si on n'a pas bien
23 pris tout cela pour calculer la trajectoire, dans ce cas là quand on
24 utilise la caméra, la trajectoire en fait va vous donner -- ce sera faux de
25 toute manière à la base, donc on ne pourra pas être corrigé.
26 Q. Merci, Monsieur Poje, vous avez été très précis. Maintenant voici ma
27 question : il s'agit ici d'un système de correction automatique en cours de
28 vol, n'est-ce pas, grâce à l'électronique puisqu'il y a une caméra
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1 enregistreuse dont le but unique c'est de s'assurer que l'on atteigne la
2 cible et que la trajectoire soit bien précise ?
3 R. Oui, en effet, mais je peux vous dire autre chose quand même. Quelle
4 que soit la correction automatique qui existe, il y a d'autres corrections
5 qui peuvent être faites mais elles représentent 50 % de moins que les
6 erreurs que l'on pourrait faire au départ dans les données de tirs qui sont
7 de 0,8 à 1,1 Vd ou --
8 Q. Merci, Monsieur Poje. Maintenant en page 23, page 19 plutôt de l'onglet
9 23 de la version en B/C/S, vous nous parlez d'un projectile, d'une roquette
10 et vous parlez de l'impact sur la cible. Vous nous dites que les
11 conséquences sont absolument identiques qu'avec un projectile classique,
12 parce que ce soit un projectile classique ou un projectile lancé par
13 roquette, il y a une ogive dans les deux avec son amorce, sa charge
14 explosive, et tout le reste; c'est bien cela ?
15 R. Oui. D'ailleurs si vous voyez en bas ce qui est écrit, il est dit que
16 les projectiles modernes ont des ogives à fragmentation dans lesquelles
17 sont incorporées des bombettes à effet cumulatif.
18 Q. Très bien, Monsieur Poje, mais cela se rapporte à ma prochaine
19 question. Revenons-en quand même à quelque chose dont vous nous avez parlé
20 hier : vous dites qu'Orkan en tant qu'un lance-roquettes multiples
21 autopropulsé a deux types de charge, n'est-ce pas, deux types de munition ?
22 Mais ces deux munitions sont des ogives à fragmentation, n'est-ce pas ?
23 R. Oui, tout à fait. J'ai bien vu dans la littérature qu'Orkan peut être
24 équipé de deux types d'ogive, soit une ogive à fragmentation avec les
25 bombettes; et l'autre type de munition c'est une munition antichar, dans
26 l'ogive nous avons un système antichar pour percer les blindages.
27 Q. Bien. Répétons. L'ogive utilisée à Zagreb était l'ogive à fragmentation
28 avec les bombettes à effet cumulatif, alors que l'autre type de munition
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1 n'a pas été utilisé, d'ailleurs cela n'aurait servi à rien sur Zagreb.
2 R. Oui, parce que l'ogive à fragmentation a été utilisée. Cela a eu un
3 impact sur les êtres vivants. Alors, que les autres systèmes sont utilisés
4 pour miner un terrain de loin et sont plutôt utilisés pour arrêter l'avance
5 de blindés.
6 Q. Bien. Pour revenir à votre réponse, peut-on dire dans ce cas, que la
7 seule roquette que l'on pouvait utiliser pour atteindre Zagreb était bel et
8 bien celle qui a été utilisée, donc c'est ce type de munition qui a été
9 utilisé.
10 R. Selon les données que j'avais à ma disposition j'avais bien cru
11 comprendre que sur Zagreb on a lancé ces fameuses ogives à fragmentation
12 qui contenaient des bombettes. Il n'y a pas eu d'autre type de roquettes
13 qui a été lancé sur Zagreb.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pourriez-vous nous dire quelles
15 étaient les cibles visées à Zagreb ? Je vous pose la question à vous,
16 Monsieur Milovancevic, parce que je ne pense pas que le témoin, lui, sache
17 exactement ce qui était visé à Zagreb.
18 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Je peux vous répondre de deux façons,
19 Monsieur le Président. Je ne peux pas vous donner de réponse directe parce
20 que cela influencerait mon contre-interrogatoire. Je vais quand même poser
21 des questions très spécifiques au témoin et je pense qu'ainsi vous
22 trouverez la réponse. Si cela ne vous va pas, dans ce cas-là, je vous
23 répondrai directement. Je suis un peu réticent à répondre de façon directe
24 parce que cela risque d'influencer le contre-interrogatoire de mon témoin.
25 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien. Attendons et laissons venir.
26 Votre question était : ai-je raison de dire que la seule roquette qui
27 pouvait être utilisée pour atteindre les cibles visées à Zagreb étaient ce
28 type de munition ?
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1 Mais avant même de répondre à cela, il faut quand même qu'il sache
2 quelle était la cible visée parce que, sinon, comment peut-il répondre à la
3 question.
4 Monsieur Poje, est-ce que vous saviez ce qui était visé à Zagreb ? Avez-
5 vous la moindre idée ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je ne sais pas vraiment ce qui était visé
7 à la base. J'ai eu un peu d'information. Je n'ai traité que de
8 l'emplacement où on a activé l'ogive et je me suis aussi basé sur les
9 endroits où les bombettes sont bel et bien tombées. Mais quant à savoir ce
10 qui était visé à la base, je n'en sais rien.
11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous voyez le problème. Il ne peut pas
12 répondre, puisqu'il ne sait pas ce qui était visé. Comment peut-il donc
13 répondre à votre question.
14 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Je ne pense pas que ce soit un problème
15 parce que le témoin, dans son rapport, nous indique qu'une des cibles
16 possibles était sans doute la population civile, en tout cas, c'est ce qui
17 est dans les rapports de police.
18 S'il a bel et bien dit cela, je peux lui poser cette question, puisque ce
19 serait lié à ce qu'il nous a dit là que la cible était la population
20 civile. C'est pour cela que j'aimerais vraiment bien lui poser ces
21 questions plus tard, plutôt que de répondre directement à votre question.
22 Puis-je poursuivre mon contre-interrogatoire ?
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Non, pas du tout. Puisqu'il nous dit
24 "cibles éventuelles." Il est en train d'essayer de deviner en se basant sur
25 les roquettes qui ont été utilisées. Vous lui dites que les cibles qui
26 étaient bel et bien visées ne pouvaient être visées qu'en utilisant ce type
27 de munition. Vous devez absolument lui dire quelles étaient les cibles
28 visées; sinon, il ne nous parle que de cibles éventuelles. Je veux
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1 absolument qu'il sache quelles étaient les cibles visées, parce que sinon
2 il ne peut absolument pas répondre à votre question.
3 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je part quand
4 même de l'hypothèse de départ qui est dans l'acte d'accusation, selon
5 lequel on a pris en compte les dépositions d'experts où il dit que, selon
6 lui, les cibles étaient la population civile. C'est quand même contenu dans
7 son rapport d'expert, dans ce cas-là ma question est : peut-on attaquer une
8 population civile avec des munitions antichars ou un autre type de
9 munition ?
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous nous parlez de la cible qui est
11 la cible qui est bel et bien contenue dans son rapport, il a bien écrit
12 dans son rapport que la cible était très certainement la population civile.
13 Donc dites-le lui, puisque c'est dans son rapport, c'est lui qui l'a dit.
14 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Non, je ne dis pas cela moi. Je ne pense
15 pas qu'il l'ait dit.
16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais pourtant c'est ce que vous nous
17 dites. Vous nous dites que, dans son rapport, il a bel et bien écrit que la
18 cible était la population civile. Vous voulez savoir si cette cible ne
19 pouvait être atteinte que par ce type de roquette.
20 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Pour ce qui est aussi de la question
21 à la ligne 6, page 15, vous lui avez demandé si cela pouvait être le seul
22 instrument qui serait sensé d'utiliser pour viser certaines structures à
23 Zagreb; ce n'est pas très clair. J'aimerais bien que cette question soit
24 plus claire, parce que je n'ai pas bien compris la question. C'est un peu
25 le même problème que celui auquel fait allusion le Président.
26 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les
27 Juges, Madame le Juge, je ne crois pas qu'il y ait de problème au compte
28 rendu. Je vais retirer ma question précédente. Comme cela, je pourrai
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1 poursuivre mon contre-interrogatoire selon l'ordre de son rapport. Ensuite,
2 je reviendrai à cette question avec votre permission, bien sûr, et avec
3 votre indulgence pour qu'on n'en arrive pas à une situation où je suis
4 obligé de donner la réponse dans ma question. Si je puis, j'aimerais bien
5 poursuivre mon contre-interrogatoire, mais en suivant l'ordre du rapport de
6 l'expert.
7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Il ne faut quand même pas
8 que vous lui demandiez cette question où il a besoin d'avoir la réponse
9 afin de pouvoir donner une réponse informée.
10 Vous pouvez continuer mais vous laissez tomber la question que vous
11 posiez auparavant.
12 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Très bien. J'ai retiré ma question et je
13 comprends très bien votre décision. Maintenant, j'aimerais poursuivre.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Allez-y.
15 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
16 Q. A la page 24 de la version en B/C/S, la page 20 de la version en
17 anglais, à la note de pied de page 6, vous nous parlez de l'effet de
18 fragmentation du projectile et vous nous dites que c'est l'effet obtenu par
19 les fragments létaux qui se trouvent dans l'obus lui-même; c'est bien cela
20 ?
21 L'INTERPRÈTE : Il nous faudrait une référence pour ce qui est de cette note
22 de pied de page 6.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Tout projectile, même les obus antichars, ont
24 un effet de fragmentation, mais la seule différence, c'est que l'effet de
25 fragmentation se fait avec l'enveloppe du projectile. Donc, dans les armes
26 conventionnelles, c'est en fait l'enveloppe de l'obus qui sert de
27 fragmentation, enfin, d'arme de fragmentation alors que pour ce qui est de
28 l'Orkan 87, donc, ce sont les bombettes qui font les effets de
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1 fragmentations et ce sont les grains qui sont dans les bombettes, en fait.
2 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
3 Q. Très bien. Merci. Dans le paragraphe suivant, vous nous parlez de
4 l'effet de fragmentation et vous nous parlez, donc, des tirs différés. Vous
5 en avez parlé, hier d'ailleurs, et vous avez dit que pour avoir un effet de
6 fragmentation, il faut régler l'amorce dans ce but --
7 L'INTERPRÈTE : Il faudrait absolument trouver et donner aux interprètes les
8 références des pages qui sont utilisées par le conseil de la Défense.
9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Les interprètes vous demandent de bien
10 leur donner la référence de la page que vous utilisez en ce moment parce
11 qu'ils ont beaucoup de mal à suivre.
12 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, au début de ma
13 question, je suis désolé si je n'ai pas été très clair. Je vous ai dit que
14 c'était à la page 24, de la version en B/C/S et à la page 20, de l'anglais.
15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, c'est la page 20 de l'anglais.
16 Mais, à la page 20, on n'a pas de note de pied de page numéro 6. C'est pour
17 cela que les interprètes ont du mal.
18 L'INTERPRÈTE : [aucune interprétation]
19 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Si vous nous parliez au moins d'un
20 chapitre, on pourrait savoir où on en est ?
21 M. BLACK : [interprétation] J'ai l'impression que la version anglaise,
22 c'est la note de pied de page 7 qui devrait être la 6. C'est, peut-être,
23 une erreur dans la pagination. Mais je crois que de toute façon, le Conseil
24 nous parle en fait de ce qui se trouve au dernier paragraphe de la page 19
25 et en haut de la page 20.
26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, parce que la note de pied de page
27 6 se trouve à la page 13. Cela n'a absolument rien à voir.
28 M. BLACK : [interprétation] Oui, je pense qu'il y a une erreur dans la
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1 traduction.
2 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Oui, en fait, cette note de pied de
3 page correspond à la note numéro 6 dans ma version.
4 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Oui, je pense que maintenant, nous
5 avons, tout retrouvé, les passages. Enfin --
6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup. J'espère que cela va
7 pour les interprètes.
8 L'INTERPRÈTE : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur le Juge.
9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.
10 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
11 Q. Lorsque nous étions en train de parler du chapitre 3.6 qui est intitulé
12 : "Effet de fragmentation d'un projectile," donc, à la page 19 de la
13 version anglaise. Nous en sommes au septième paragraphe de ce chapitre.
14 Donc, il y a une différence dans la numérotation des notes de pied de page
15 entre le français et l'anglais.
16 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Je pense que c'est pour cela que nous
17 avons des problèmes et certains malentendus. Ce n'était absolument pas
18 intentionnel, je tiens à le faire savoir auprès des Juges.
19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Milovancevic, nous comprenons
20 bien que vous n'y êtes pour rien. Donc, vous pouvez continuer.
21 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Mais de toute façon, je ne cherchais pas
22 quand même à me faire excuser.
23 Q. Bien, reprenons donc sur ce chapitre donc, 3.6, pour ce qui est des
24 effets de fragmentation d'un projectile. Je répète ma question donc. Cela
25 fait un moment qu'on l'a posé. Donc, on ne peut avoir des amorces qui vont
26 être des amorces immédiates ou des amorce qui peuvent être réglées avec un
27 effet de retardement. Aussi, l'amorce peut être réglée soit pour être mise
28 en œuvre immédiatement ou alors pour avoir un effet de retardement, c'est
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1 bien cela, et à la fois, pour ce qui est de l'impact et pour ce qui est de
2 la mise à feu ?
3 R. Oui.
4 Q. Passons maintenant à la page 28 du B/C/S.
5 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] En anglais, cela nous donne la page 23.
6 Q. Donc, sur cette page, nous avons un paragraphe qui commence avec --
7 Donc, nous avons ce paragraphe qui commence par "mise à feu." Donc, pour ce
8 qui est de ce tir à retardement, donc, tir différé ici, il est écrit :
9 "Afin d'augmenter l'effet, on peut utiliser un tir à retardement pour
10 augmenter et laisser des fragmentations du projectile."
11 Ensuite, vous expliquez donc que, dans ce cas-là, on fait -- on
12 utilise ce tir à retardement en utilisant donc, ces projectiles à
13 retardement afin de pouvoir faire exploser le projectile dans sa
14 trajectoire à une certaine hauteur au-dessus de la cible, c'est bien cela ?
15 R. Oui, avec un projectile conventionnel, le tir à retardement se
16 fait avec, en fait, une amorce -- une amorce à retardement. C'est ainsi que
17 l'on peut être sûr que le projectile va exploser au-dessus de la cible avec
18 retardement.
19 Pour ce qui est du système Orkan, en revanche, il faut faire la
20 différence entre deux types d'amorce.
21 Q. Est-ce que je peux vous interrompre, Monsieur Poje --
22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Il faut que je vous interrompe ici
23 parce que vous avez dit quelque chose au témoin en disant que vous étiez en
24 train de citer le paragraphe qui commençait par "time fire," en anglais,
25 par tir à retardement. J'essaie de trouver exactement votre citation et
26 moi, ce que je vois, "C'est pour augmenter l'effet pour --
27 Je vois : "En plus du tir par ricochet sur des personnes qui ne sont
28 pas -- qui sont des personnes qui sont visibles, on peut aussi utiliser le
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1 tir à retardement pour augmenter l'effet de fragmentation." C'est bien
2 cela, mais ce n'est pas ce que vous avez dit au témoin, néanmoins, mais
3 c'est ce qui se trouve au-dessus du passage qui commence par "time fire."
4 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] C'est à cela que je voulais faire
5 allusion.
6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui. Mais, dans ce cas-là, il fallait
7 que vous lisiez exactement où c'était pour que nous puissions vous suivre ?
8 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Oui, je comprends très bien ce que vous
9 me dites. Puis-je, peut-être, expliciter cela en continuant mes questions ?
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui. Mais dites-nous exactement où
11 cela se trouve ?
12 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] La phrase que vous avez lu, "En plus de
13 tir par ricochet visant des personnes non cachées, on peut aussi augmenter
14 le tir à retardement -- on peut aussi utiliser le tir à retardement par
15 augmenter l'effet de fragmentation.
16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, mais ce n'est pas cela que l'on
17 voit ici au compte rendu. Puisque, au compte rendu, on voit : "Pour
18 augmenter cet effet, en plus -- ou plutôt, le tir à retardement peut être
19 utilisé pour augmenter l'effet de fragmentation d'un projectile."
20 Mais on ne parle de ricochet, on ne parle pas de personnes qui soient
21 visées. On ne parle pas de choses cachées qui soient visées ou de personnes
22 non retranchées. Enfin, tout ceci ne figure pas au compte rendu.
23 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Oui. On n'a pas besoin d'en parler
24 d'ailleurs, parce que ma question n'était pas dans ce sens, en fait. Je
25 faisais référence au tir à retardement et je voulais, en fait, faire
26 référence non pas au tir par ricochet. Cela ne m'intéressait pas du tout,
27 c'était le paragraphe qui suivait, en fait, qui m'intéressait, le tir
28 fusant. Donc, je voulais vraiment en mesure concentrer sur le paragraphe
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1 qui commence par "time fire," voire "tir fusant" en français. Mais si vous
2 voulez, je peux reformuler ma question pour que le compte rendu soit
3 vraiment clair et pour que tout soit clair.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui. Le problème c'est qu'en fin
5 de citation, s'il vous plaît, Monsieur Milovancevic, si elles sont
6 correctes pour que l'on sache exactement à quoi vous faites référence. Ne
7 paraphrasez pas; si vous paraphrasez, ne dites pas que vous citez, en tout
8 cas. Il y a citation et paraphrase, ce ne sont pas les mêmes choses.
9 Vous pouvez maintenant continuer, Monsieur Milovancevic.
10 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Merci.
11 Q. Monsieur Poje, je suis désolé de cette petite pause dans mes questions.
12 J'ai, en effet, à la fois, paraphrasé et cité, ce qui n'est pas du tout
13 correct. Mais j'essayais quand même de bien interpréter le texte, mais,
14 visiblement, j'ai fait une erreur et je vais me reprendre. Je vais suivre
15 les instructions et les consignes des Juges.
16 Je reformule ma question : est-il vrai que l'on peut utiliser le tir fusant
17 pour augmenter l'effet de fragmentation ?
18 R. Le tir fusant est utilisé pour neutraliser les personnes qui ne sont
19 pas retranchées et c'est beaucoup plus efficace que le tir à l'impact, le
20 tir -- et une association de tirs à impact, et le tir fusant sont souvent
21 utilisés pour neutraliser ces personnes qui ne sont pas retranchées.
22 Q. Si nous parlons du tir fusant et que nous nous concentrons sur les
23 effets de la fragmentation, vous dites dans votre rapport que l'explosion
24 du projectile se produit à une altitude déterminée au-dessus de la cible le
25 long de la trajectoire. Alors, je vous demande si c'est cela le sens qu'il
26 faut donner au mot tir fusant ?
27 R. Si l'on parle de tir classique à l'aide d'un projectile qui a une ogive
28 à fragmentation c'est bien ce que cela veut dire, l'objectif étant que
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1 l'explosion du projectile c'est-à-dire le moment où l'ogive éclat, bien que
2 ce moment se situe à un point déterminé dans le temps et à une altitude
3 déterminée au-dessus de la cible et ceci peut se calculer lorsque la cible
4 est une cible vivante à l'air libre, donc non protégée.
5 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, c'était
6 exactement pour me conduire à vous montrer la figure numéro 11 de votre
7 rapport que j'ai posé cette question d'introduction. Vous la trouverez,
8 Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges à la page 23 du texte
9 anglais et à la page 28 du texte en B/C/S.
10 Q. Est-ce que vous l'avez sous les yeux cette figure que l'on trouve au-
11 dessus de la légende tir fusant ? Alors, vous voyez une ligne en biais qui
12 se termine sur l'image d'un nuage et cette ligne est bien censée
13 représenter la trajectoire d'un projectile dont il est prévu qu'il explose
14 après un certain temps, n'est-ce pas ?
15 R. Oui, vous voyez ici la trajectoire à la fin de laquelle vous vous
16 trouvez au-dessus de la cible et c'est à cet endroit que doit se produire
17 l'explosion du projectile fusant suite à un certain nombre de paramètres
18 qui ont été ajustés à cette fin au départ, initialement.
19 Q. Vous dites que le tir fusant est le résultat d'un réglage en usine qui
20 provoque l'éclatement ou l'explosion du projectile à une altitude optimale
21 au-dessus de la cible et ce avec un effet qui est égal à trois fois la
22 puissance d'un tir d'impact, d'un tir percutant ?
23 R. Bien, je vais répéter ce que j'ai déjà dit. Lorsqu'on utilise des
24 munitions d'artillerie classiques et que l'on procède à un tir fusant, donc
25 que l'on utilise des amorces ou des détonateurs qui sont réglés pour
26 exploser après un certain délai, et à une certaine distance, la dispersion
27 est très faible en altitude, aussi bien en théorie qu'en pratique. Ceci
28 amplifie l'effet deux ou trois fois, ceci multiplie par deux ou par trois
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1 l'effet de tel projectile contre les soldats.
2 Q. Donc, l'objectif consiste à effectuer un tir et à provoquer une
3 explosion à une certaine altitude au-dessus d'une cible et c'est ce qui est
4 représenté à la figure 11, mais je vous rappelle la pièce à conviction 771
5 où l'on voyait également une trajectoire de projectile Orkan et l'explosion
6 à une certain hauteur au-dessus de la cible à 800 ou 1 000 mètres
7 d'altitude. Est-ce que les deux choses sont identiques ou différentes ?
8 R. Bien, si nous parlons de tir fusant, nous parlons de tir classique,
9 alors qu'avec le système Orkan nous avons deux types d'amorce ou de
10 détonateur. Dans la roquette elle-même, nous avons un détonateur retard qui
11 rend possible l'explosion de l'ogive à une certaine hauteur disons 800 à 1
12 000 mètres d'altitude au-dessus de la cible. Cela c'est un type, une sorte
13 d'amorce ou de détonateur. Puis, nous en avons une -- donc, la première se
14 trouve à l'intérieur de l'ogive quant au deuxième type de détonateur que
15 l'on peut utiliser. Il se trouve à l'intérieur de chaque bombette et il
16 permet à chaque bombette d'exploser au moment de l'impact, donc, là on
17 parle d'amorce ou de détonateur percutant. Ce sont deux types de détonateur
18 différent qui provoquent deux tirs différents.
19 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] J'aimerais que nous examinions
20 maintenant la pièce 771 et que nous la voyons sur les écrans ?
21 Q. Nous avons maintenant à l'écran l'image de l'enveloppe d'une roquette
22 qui s'ouvre et qui fait retomber les bombettes. Mais ceci n'a rien à voir
23 avec l'explosion qui est illustrée à la figure 11, n'est-ce pas, figure 11
24 intitulée, tire fusant; c'est exact, n'est-ce pas, Monsieur Poje ?
25 R. Oui, c'est tout à fait cela. Nous avons -- nous sommes en présence de
26 deux figures, la figure 11 dans le rapport et le schéma que l'on voie
27 actuellement sur l'écran qui sont de nature différente. Ce que nous voyons
28 à l'écran c'est un détonateur, une amorce qui a pour tâche de faire éclater
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1 la grappe de projectile contenue dans l'ogive, et de libérer de ce fait les
2 288 bombettes contenues dans l'ogive. Cette explosion, cette ouverture de
3 l'ogive est dû au contact avec la cible et les bombettes sont alors
4 activées à l'aide des amorces percutantes, amorces qui fonctionnent au
5 moment de l'impact avec de l'impact sur un obstacle, sur une cible.
6 Q. Pour en finir avec ce sujet dont je pense qu'il est très important, je
7 vous demande si tout cela veut dire qu'à la pièce à conviction 771 qui
8 figure actuellement sur l'écran, nous voyons la dispersion des bombettes
9 qui se produit à 800 ou 1 000 mètres d'altitude, et que ce n'est pas
10 l'image de l'explosion des bombettes dans l'Orkan. Est-ce que ce que je
11 viens de dire est exact ?
12 R. Il faut bien comprendre que la charge explosive est activée dans
13 l'ogive qui contient une grappe de projectile au moment où se produit
14 l'impact qui libère les bombettes. Mais ceci n'a rien à voir avec le tir
15 classique, à amorce classique, parce que, dans ce cas, nous avons une ogive
16 remplie de bombettes et nous parlons de grappe de bombettes dans l'ogive.
17 L'explosion suffit simplement à faire éclater l'ogive et à libérer les 288
18 bombettes qui retombent sur la cible. Quand les bombettes frappent une
19 cible, elles se produisent une activation de l'amorce d'impact, de l'amorce
20 percutante, qui provoque l'explosion des bombettes. C'est à ce moment-là
21 que l'on a la multiplication par deux de l'effet initial. En effet, il y a
22 d'une part l'effet de l'explosion des bombettes et d'autre part l'effet
23 cumulé de la perforation de la cible, de l'obstacle.
24 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
25 Q. Merci, Monsieur. Passons maintenant à un autre sujet. Le chapitre
26 suivant s'occupe plus précisément du système Orkan, nous avons déjà dit
27 qu'il pouvait utiliser deux types différents d'ogives à fragmentation. Vous
28 avez expliqué l'existence de nombreuses bombettes dans l'ogive de cette
Page 5171
1 roquette qui produisent un effet cumulé. Vous avez également dit que le
2 calibre d'une bombette était de 40 millimètres et qu'il pouvait perforer un
3 blindage allant jusqu'à 60 millimètres d'épaisseur. C'est un pouvoir
4 perforant très important, n'est-ce pas ?
5 R. L'effet cumulé de ces projectiles à fragmentation permet de perforer
6 les blindages des chars les plus modernes qui soient, mais d'en haut, par
7 la partie supérieure du char.
8 Q. Est-ce que de telles bombettes avec leur effet cumulé et leur grande
9 capacité de destruction peuvent aussi détruire des bâtiments ?
10 R. C'est possible, c'est possible. Même si ces armes sont principalement
11 prévues pour perforer le blindage de chars ou de blindés transport de
12 troupes, en tout cas de blindés, et que d'autres projectiles sont en
13 général utilisés pour frapper des bunkers, des abris, des fortifications,
14 et cetera.
15 Q. Est-ce que tous ces objectifs peuvent néanmoins être assignés à une
16 roquette Orkan ?
17 R. Oui. La plupart de ces cibles peuvent être frappées et endommagées par
18 de telles armes, qu'il s'agisse de blindés ou de cibles d'autre nature.
19 Q. Au chapitre 3.7 de votre rapport qui traite de la précision du tir
20 d'artillerie - nous sommes à la page 30 en B/C/S - vous parlez d'un tir
21 d'artillerie en le définissant comme : "L'action de projectiles
22 d'artillerie sur une cible dans le but de produire un certain nombre
23 d'effets matériels et psychologiques."
24 Lorsque vous définissez ainsi le tir d'artillerie, est-ce que votre
25 définition s'applique également au système des armes Orkan ?
26 R. Oui, certainement. Toute action d'un projectile a pour but de détruire
27 des équipements, mais également de produire un certain nombre d'effets
28 psychologiques.
Page 5172
1 Q. Quand vous parlez d'effets psychologiques, est-ce que vous voulez
2 parler de la démoralisation de la partie adverse en raison de la soudaineté
3 et de la puissance précise d'une arme artillerie, et est-ce que cette
4 définition concerne le lance-roquettes multiples Orkan ?
5 R. Il faut dire que dans le cas d'un tir d'artillerie, y compris avec
6 l'Orkan, les effets matériels sont importants, mais nous savons également
7 que tous les projectiles n'atteignent pas leur cible. Cependant, un grand
8 nombre d'explosions a lieu qui produisent beaucoup de fumée, par exemple.
9 Dans ce cas la démoralisation des hommes qui se trouvent au niveau de la
10 cible est importante.
11 Sur le terrain d'entraînement de Slunj, par exemple, nous avons effectué
12 des tirs sur un peloton qui était censé défendre la zone et opposer un
13 point de résistance, nous avons établi que le nombre de tirs directs
14 étaient relativement faibles, mais qu'en dépit de cela, les conséquences de
15 l'incendie, des vibrations généralisées, de la fumée, de tout ce qui
16 entourait ce genre de tirs avait un effet très démoralisant sur les hommes.
17 Bien entendu, il ne s'agissait pas d'hommes en chair et en os.
18 Q. Je vous remercie, Monsieur Poje.
19 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que le
20 moment de la pause est arrivé.
21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] C'est le bon moment pour la pause.
22 Merci, Maître Milovancevic. Nous reprendrons à 11 heures moins quart.
23 --- L'audience est suspendue à 10 heures 15.
24 --- L'audience est reprise à 10 heures 46.
25 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Milovancevic, veuillez
26 poursuivre.
27 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
28 Q. Avant la pause, Monsieur Poje, nous en étions arrivés au chapitre 3.7
Page 5173
1 intitulé : "Précision du tir d'artillerie," et dans le cadre de ce débat,
2 nous parlions de l'action des projectiles d'artillerie et, notamment, de
3 leurs effets matériels et psychologiques. Vous dites d'ailleurs à cet égard
4 que les tirs d'artillerie ont pour but de neutraliser, de détruire, de
5 démolir, d'immobiliser et de créer des obstacles. Vous dites que le tir
6 d'artillerie doit être soudain, puissant, de courte durée et de préférence
7 effectué par surprise. Sont-ce là bien les caractéristiques d'un tir
8 d'artillerie ?
9 R. Ce sont là les caractéristiques qui sont classiquement évoquées
10 lorsqu'on parle d'un tir d'artillerie et notamment de l'emploi d'un
11 projectile Orkan.
12 Q. A la page 34 du rapport en B/C/S, vous parlez du ciblage à l'aide de
13 pièces d'artillerie et vous évoquez trois phases. D'abord les éléments
14 préparatoires, la correction et le tir groupé. Parlant des éléments de
15 préparation, vous dites que c'est un exercice qui doit faciliter le plus
16 rapidement possible la correction des données initiales et le tir en tant
17 que tel. Est-ce que ceci vaut également pour l'Orkan ?
18 R. Oui, ce sont des éléments, des caractéristiques qui sont également
19 valables pour le projectile Orkan car les éléments préparatoires doivent
20 rendre le tir le plus précis possible avec le moins possible de
21 corrections.
22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Milovancevic, vous avez parlé
23 de la page 34 en version B/C/S, les interprètes aimeraient avoir le numéro
24 de la page dans la version anglaise du rapport.
25 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Merci de me prévenir de cela, Monsieur
26 le Président. J'indique pour les interprètes que ceci figure juste en
27 dessous du sous-chapitre 3.7.2, dont l'intitulé est : "Précision du tir
28 d'artillerie." Je vais maintenant essayer de retrouver la page exacte en
Page 5174
1 anglais.
2 M. BLACK : [interprétation] Il s'agit du bas de la page 27 dans la version
3 anglaise du rapport, Monsieur le Président.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.
5 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Je remercie mon collègue de l'Accusation
6 pour ce renseignement.
7 Q. Alors, en page 27, vous parlez : "De la correction des données de tirs
8 et vous dites qu'il s'agit de corriger toute erreur dans la détermination
9 des paramètres préparatoires, et ce, dans le but de faciliter au maximum le
10 tir groupé et sa précision."
11 A cet égard, j'ai une question à vous poser qui est la
12 suivante : est-ce que la correction des données de tir Orkan s'effectue à
13 l'aide des dispositifs que l'on a dans l'optique de visée qui est utilisée
14 pour le tir de cette roquette et qui permet un ajustement automatique des
15 paramètres de tir des projectiles; est-ce que c'est bien cela ?
16 R. Oui, par rapport aux armes d'artillerie conventionnelles où les
17 corrections de tir se font à partir de postes d'observation, l'Orkan
18 bénéficie d'un système de correction de tir qui n'implique aucune
19 observation à partir d'un poste d'observation. Une caméra est utilisée qui
20 filme la trajectoire et qui effectue cette correction.
21 Q. Je vous remercie. Je vous prie de m'excuser pour cette interruption,
22 mais nous avons déjà longuement parlé de cela.
23 Au chapitre 3.7.2 intitulé "précision du tir d'artillerie," vous parlez de
24 la précision d'un tir d'artillerie en évoquant les erreurs accidentelles ou
25 inévitables qui ont des causes variées et qu'il est impossible de
26 complètement observer et analyser. Ma question est la suivante : est-ce que
27 ceci caractérise le tir d'artillerie de façon générale, y compris celui qui
28 fait intervenir l'Orkan ?
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1 R. Oui. Ce sont des caractéristiques que l'on trouve dans tous tirs
2 d'artillerie, il s'agit d'erreurs accidentelles avant tout sur lesquelles
3 il est absolument impossible d'avoir la moindre influence.
4 Q. S'agissant de ces erreurs, Monsieur Poje, en page 36 de la version du
5 rapport en B/C/S, qui correspond à la page 29 du rapport en anglais, vous
6 montrez un tableau qui traite des erreurs au niveau des paramètres de
7 préparation d'un tir groupé. Sur la gauche de ce tableau, intitulé :
8 "Méthode de détermination des paramètres," vous avez la colonne qui
9 correspond, et sur la partie droite du tableau vous avez d'autres colonnes
10 sous l'intitulé : "Erreur moyenne." Vous établissez une comparaison entre
11 ces deux éléments. Est-ce que vous voyez ce tableau ?
12 R. Oui.
13 Q. Merci. Dans la méthode permettant de déterminer les paramètres de tir,
14 les trois dernières rangées concernent la préparation complète, la
15 préparation raccourcie et la préparation simple. Lorsque vous comparez ces
16 éléments à la partie droite du tableau, il apparaît clairement que,
17 lorsqu'il y a préparation complète, le tir est plus précis ou est-ce
18 l'inverse ? Est-ce que la préparation simple est plus ou moins précise que
19 la préparation complète ?
20 R. Un certain nombre de paramètres permettent de déterminer les éléments
21 de tir et de les corriger éventuellement. Lorsqu'il y a préparation
22 complète, l'erreur moyenne est moins importante. De ces trois méthodes que
23 l'on peut utiliser, la plus précise c'est celle qui implique une
24 préparation complète; la moins précise étant celle de la préparation
25 simple. L'erreur moyenne est la plus faible lorsqu'il y a préparation
26 complète et la plus élevée lorsqu'il y a préparation simple au niveau de
27 ces paramètres de tir initiaux.
28 Q. Je vous remercie, Monsieur. Les règles générales en emploi dans
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1 l'artillerie prévoient-elles qu'il faut une préparation aussi complète que
2 possible lorsque le tir se fait à une distance supérieure à 20 kilomètres ?
3 Je pense que vous avez écrit cela quelque part dans votre rapport.
4 R. A des distances ne dépassant pas six kilomètres, il est possible
5 d'utiliser la préparation simple. Jusqu'à 20 kilomètres, il faut une
6 préparation complète, bien que la préparation raccourcie ou abrégée soit
7 également faisable. Au-dessus de 20 kilomètres, il est obligatoire
8 d'utiliser une préparation complète, parce que lorsqu'on tire à des
9 distances supérieures à 20 kilomètres, les paramètres de tir initiaux
10 doivent être déterminés dans le cadre d'une préparation complète. C'est
11 obligatoire.
12 Q. Je vous remercie. En page 29 de la version en B/C/S, on trouve un autre
13 tableau qui illustre la probabilité d'avoir telle ou telle erreur moyenne
14 au niveau de la préparation du tir, et en dessous de cette figure, il y a
15 un texte qui m'intéresse particulièrement. Je cite : "Les règles
16 d'artillerie en matière de préparation de tir stipulent qu'une préparation
17 complète est obligatoire à des distances supérieures à 20 kilomètres, ce
18 qui s'applique également à l'Orkan."
19 Pouvez-vous m'en dire plus sur ce passage ?
20 R. Cette règle s'applique à l'ensemble des armes d'artillerie. Si la
21 distance de tir est supérieure à 20 kilomètres, il faut une préparation
22 complète des données initiales de tir. C'est obligatoire.
23 Q. Je vous remercie. Le chapitre suivant de votre rapport, 3.7.3,
24 "influence de différents paramètres sur l'efficacité du tir." Le sous-
25 chapitre 3.7.5, qui vient un peu plus loin est intitulé : "Efficacité du
26 tir." Je viens de vous citer les numérations et les titres des intitulés
27 des sous-chapitres en B/C/S. Je vais essayer de voir ce qu'il en est de la
28 version anglaise à présent.
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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Page 33, Maître Milovancevic.
2 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Merci de votre aide, Monsieur le
3 Président.
4 Q. Parlant de l'efficacité du tir, vous dites que celle-ci dépend d'un
5 grand nombre de facteurs dont les plus importants sont, et je vais en citer
6 simplement quelques-uns : les dimensions, la forme et la nature de la
7 cible. Un peu plus bas dans votre rapport, vous dites que l'efficacité du
8 tir dépend également du bon choix du projectile, de l'amorce, de la charge,
9 de la trajectoire et du type de tir, de la nature du tir. Je vous demande
10 si toutes ces caractéristiques concernent également l'Orkan ?
11 R. Les critères d'efficacité du tir qui sont énumérés ici concernent
12 l'artillerie de façon générale, l'artillerie en tant que branche de
13 l'armée, pas telle ou telle pièce d'artillerie particulière. Les éléments
14 que vous venez de citer sont également valables pour l'Orkan.
15 Q. Merci. Dans votre rapport au point 3.7.5 intitulé : "L'efficacité du
16 tir." En page 44 de la version anglaise de votre rapport, à la fin de ce
17 sous-chapitre, avant de parler des systèmes de contrôle de tir, vous donnez
18 un exemple de tir effectué à l'aide du projectile Orkan. Est-ce que vous
19 avez trouvé le passage que je cite : "Exemple numéro 2, conditions de tir
20 similaires à celle de l'exemple numéro 1." Dans l'exemple numéro 1, il est
21 question du tir en batterie et vous dites que la cible est partiellement
22 retranchée. Ensuite, je cite : "Compte tenu du type de munitions --"
23 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Maître Milovancevic, je vous prie
24 de m'excuser de cette interruption, mais je ne parviens pas à vous suivre.
25 J'aimerais savoir quelle est la page dont vous parlez dans la version
26 anglaise de votre rapport, car au sous- chapitre 3.8, je lis l'intitulé
27 "objectif et principales caractéristiques d'un lance-roquettes multiples."
28 Ensuite, nous avons le sous-chapitre 3.8.1 qui n'a pas d'intitulé. En tout
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1 cas, pas celui que vous avez cité. Pourriez-vous m'aider à m'y retrouver,
2 je vous prie.
3 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Madame le Juge, je suis désolé de toute
4 cette confusion. Nous sommes à la page 36 de la version anglaise, juste
5 avant le texte ou la partie du texte qui traite de l'Orkan. Page 36, en
6 version anglaise, où nous parlons de l'exemple numéro 2 et les deux
7 derniers paragraphes de cette page 36 citent l'exemple numéro 2 qui fait
8 l'objet de ma dernière question, Madame le Juge. Je crois que nous nous y
9 sommes retrouvés. J'ai oublié de donner le numéro de la page en B/C/S.
10 Peut-être que c'est cela qui a fait la confusion.
11 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Merci beaucoup de votre aide.
12 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
13 Q. Parlant de l'exemple numéro 2, vous dites : "Compte tenu du type de
14 munitions, cette même munition," et là, vous parlez de l'Orkan peut être
15 utilisé "pour tirer sur des êtres vivants ainsi que sur des armes
16 abritées," et vous mettez entre parenthèses : "Naturelles ou artificielles,
17 y compris des blindés transport de troupes, d'autres blindés ou d'autres
18 véhicules, bâtiments, et cetera."
19 Est-ce que cela signifie que les ogives à fragmentation, les ogives
20 contenant 288 bombettes sont également efficaces contre des hommes que
21 contre des véhicules blindés ou des bâtiments, et cetera ?
22 Q. Nous parlons ensuite du système Orkan à la page suivante. Il est
23 question des caractéristiques de l'Orkan et vous affirmez qu'il s'agit d'un
24 système qui a été développé à la fin de l'année 1985 par des experts
25 yougoslaves et irakiens. D'où tenez-vous ces informations concernant les
26 experts irakiens ?
27 R. Le système Orkan a été testé en Irak. Un nombre important de
28 projectiles a été tiré, là-bas et j'ai mentionné la source de mes
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1 informations dans mon rapport.
2 Q. Est-ce que ces informations vous les tenez du Pentagone ?
3 R. Oui.
4 Q. Ai-je raison de dire que le fait qu'un système a été testé en Irak ne
5 signifie pas pour autant que le système a été développé en collaboration
6 avec l'Irak; est-ce que vous êtes d'accord avec moi ?
7 R. En partie. Mais si un pays participe au test mené sur un système, cela
8 signifie vraisemblablement que les experts du pays en question ont
9 participé à l'élaboration du système.
10 Q. Est-ce que la participation d'experts Irakiens à ce projet a eu une
11 influence négative sur les caractéristiques techniques et tactiques de ce
12 système ?
13 R. Non. Peu importe qui a travaillé sur ce système. Ce système a été
14 développé sur le territoire de la Yougoslavie et les chefs de projets
15 étaient des experts yougoslaves. Etant donné que le système Orkan a été
16 testé en Irak, il est vraisemblable que des experts irakiens ont participé
17 au développement du projet.
18 Q. Merci. Lorsque vous parlez de l'Orkan, vous dites que les prototypes
19 ont été testés à la fin de l'année 1985. Deux ans plus tard, l'Orkan a été
20 introduit au sein de la JNA pour y être utilisé. Cette période de
21 développement et de tests entre 1980 et 1987 correspond à la période au
22 cours de laquelle l'occident démocratique a aidé les opérations armées
23 menées par les Irakiens contre l'Iran. Je veux parler de la France, de la
24 Grande-Bretagne, des Etats-Unis d'Amérique qui étaient du côté de l'Irak au
25 cours de ce conflit, n'est-ce pas ?
26 R. Pour autant que je le sache, à un moment donné, l'Europe de l'Ouest
27 ainsi que la Yougoslavie ont aidé l'Irak dans sa lutte contre l'Iran. C'est
28 probablement, à ce moment-là, que l'armée irakienne a reçu des systèmes
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1 d'armes occidentaux. D'après ce que je sais et suite aux conversations que
2 j'ai eues avec les experts qui se sont occupés du projet Orkan, ce système
3 Orkan a été mis à la disposition des forces en Irak.
4 Q. Merci. Nous allons maintenant parler du caractère technique de l'Orkan.
5 Vous dites à la page suivante : "Que le lance-roquettes multiples
6 autopropulsé M87 Orkan vise à fournir un appui feu aux Unités de l'armée."
7 Il s'agit d'un système de longue portée, est-ce que cela fonctionne
8 également pour des portées plus courtes, 1 à 50, 50 à 200 et au-dessus de
9 200 ?
10 R. Oui. Le système Orkan était un système de moyenne à longue
11 portée.
12 Q. Lorsque vous parlez de la portée, vous dites que l'Orkan peut
13 neutraliser, de façon efficace, toutes sortes d'objectifs et fournir un tir
14 de barrage antichar. L'Orkan peut tirer des roquettes équippées de
15 projectiles anti-mines. Il s'agit d'une caractéristique générale de
16 l'Orkan, n'est-ce pas ?
17 R. Oui. Lorsque nous avons parlé de l'Orkan en tant que système,
18 compte tenu du fait qu'il est équipé de deux types d'ogives, une ogive
19 contenant des bombettes visant à neutraliser et à détruire des troupes et
20 de l'équipement et un autre type d'ogive qui contient des mines antichars.
21 Cela peut servir à combattre des chars et des véhicules blindés.
22 Q. Au paragraphe suivant, vous dites, je cite : "Compte tenu de la
23 zone de dispersion assez vaste de l'Orkan, cette arme n'est pas
24 particulièrement adaptée pour être utilisée contre des zones habitées."
25 Lorsque vous dites que ce n'est pas une arme particulièrement adaptée pour
26 cela est-ce que cela signifie que son utilisation contre une zone habitée
27 est totalement exclue ou qu'elle est possible ?
28 R. Vu la zone de dispersion vaste des projectiles, il faut choisir
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1 très précisément les cibles se situant dans une zone habitée, cela n'exclut
2 pas la possibilité que l'on utilise l'Orkan contre des objectifs militaires
3 situés dans des zones habitées. Mais les objectifs militaires doivent être
4 choisi avec soin et il faut s'assurer que les projectiles n'atteignent pas
5 des endroits situés à l'extérieur de la zone délimitée comme étant
6 l'objectif. Il est très important de bien choisir la cible quand on se sert
7 d'un Orkan.
8 Q. Merci. Pour enchaîner là-dessus et toujours dans le cadre du
9 chapitre intitulé : "Lance-roquettes multiples Orkan", vous parlez des
10 caractéristiques techniques et tactiques de ce lance-roquette, vous parlez
11 du système qui permet de mettre à niveau les positions de lancement et les
12 lanceurs. Vous parlez de commandement numérique et vous dites que ce
13 système est utilisé par l'équipage du lanceur, géré par les servants du
14 lance-roquette. Vous parlez de l'utilisation du calculateur d'ordinateur
15 afin d'obtenir une efficacité maximale du point de vue technique ?
16 R. Nous parlons ici d'un lanceur -- d'un lance-roquette. Il s'agit d'une
17 arme moderne, donc, cela signifie que vous pouvez prendre vos positions de
18 tirs très rapidement et que vous avez -- vous pouvez procéder à des tirs
19 efficaces depuis la cabine. L'équipage, les servants de l'arme n'ont pas à
20 quitter leur cockpit et peuvent effectuer les préparatifs nécessaires
21 depuis ce cockpit.
22 Q. Lorsque vous parlez des caractéristiques techniques, vous dites qu'il y
23 avait un véhicule de commandement qui peut servir de centre de commandement
24 et c'est là que se trouve le système informatisé; c'est typique de l'Orkan,
25 n'est-ce pas ?
26 R. Oui. Chaque Unité d'Orkan possède un véhicule dans lequel est intégré
27 un système informatique qui permet de saisir les données de tir initial
28 comme je l'ai déjà dit sur la base d'algorithme.
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1 Q. Nous avons ensuite la photographie numéro 14 à la page 49 de la version
2 en B/C/S, on peut voir la trajectoire de la roquette. Vous parlez d'un
3 système de réglage qui comprend une caméra de télévision avec un système
4 d'infrarouge, il y a un écran et cet ordinateur, ce système informatique
5 permet un réglage automatique des tirs. C'est ce dont vous avez parlé plus
6 tôt, n'est-ce pas ?
7 R. Oui. Nous avons parlé de la caméra qui enregistre la trajectoire
8 initiale de la roquette et compare cette trajectoire de manière à corriger
9 la trajectoire de la roquette suivante.
10 Q. Merci. Un peu plus loin, vous parlez du système de roquette Orkan et
11 vous parlez plus particulièrement de la roquette elle-même. Nous en avons
12 déjà parlé, donc je ne veux pas perdre de temps là-dessus. Ensuite, vous
13 parlez de la direction des tirs et vous évoquez les différentes parties qui
14 composent les unités de ce système. Nous avons ici une photographie
15 représentant un camion qui ressemble à un camion tout à fait ordinaire; à
16 la page 54 de la version B/C/S.
17 Voilà ce qu'il en est des caractéristiques tactiques et techniques de
18 l'Orkan, donc, je ne vous poserai plus de questions là-dessus.
19 Au chapitre suivant, 3.8.3, vous parlez du lance-roquettes multiples Plamen
20 M-63, 228 millimètres; je ne peux pas vous poser des questions détaillées
21 là-dessus, mais seulement une question. Il s'agit d'un lance-roquettes
22 multiples dont disposait l'armée serbe de la République de Krajina et sa
23 portée est d'environ huit kilomètres, n'est-ce pas ?
24 R. -- 8,600 mètres.
25 Q. Merci. Outre ce lance-roquettes multiples Plamen qui est monté sur roue
26 et qui est équipé de 32 roquettes, vous parlez de l'arme de type Oganj qui
27 est également une arme de calibre 120 millimètres mais de portée plus
28 longue; est-ce exact ?
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1 R. Oui.
2 Q. Ce système Oganj a une portée de 120 kilomètres [imperceptible], mais
3 la République serbe de Krajina disposait également de ce type d'arme,
4 n'est-ce pas ?
5 R. Oui.
6 Q. J'aimerais que l'on parle brièvement du chapitre 3.9, intitulé :
7 "Commandement et contrôle des groupes d'artillerie."
8 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] C'est à la page 63 de la version en
9 B/C/S, page 53 en anglais.
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Monsieur Milovancevic.
11 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
12 Q. Nous n'allons pas évoquer en détail tous les alinéas de ce chapitre. Ce
13 qui m'intéresse c'est le début -- c'est plus particulièrement le passage
14 3.9.2, "commandement et contrôle," c'est en dessous du tableau, donc,
15 3.9.2, "commandement et contrôle." Page 64 de la version en B/C/S.
16 Dans ce chapitre 3.9.2, vous nous expliquez qui commande les tirs
17 d'artillerie et vous dites que cette tâche revient aux commandants et au
18 commandement des Unités tactiques et opérationnelles mixtes et au
19 commandement des Unités d'artillerie; est-ce bien cela ?
20 R. Oui.
21 Q. Toujours dans ce chapitre 3.9.2, au paragraphe 2, vous soulignez le
22 fait que l'artillerie est commandé par le commandant d'une Unité
23 opérationnelle et tactique mixte directement ou par le truchement de son
24 chef d'artillerie. Donc, il s'agit d'un principe général de fonctionnement
25 de l'artillerie; est-ce que ce principe s'applique également à l'Orkan ?
26 R. Oui. C'est une branche d'arme en quelque sorte.
27 Q. Pour enchaîner sur cette réponse, peut-on, par conséquent, dire que
28 l'artillerie n'agit jamais de son propre chef ? Elle fonctionne dans un
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1 cadre bien précis et elle est commandée par le commandant d'un Groupe
2 opérationnel ou tactique inter armé et non pas mixte -- correction de
3 l'interprète -- directement ou par le truchement du chef d'artillerie à qui
4 l'on donne des ordres ?
5 R. Je souhaiterais apporter une explication. D'après les règlements en
6 vigueur dans une artillerie, il existe des règles régissant le commandement
7 et le contrôle des tirs. Cela fait partie du commandement et du contrôle en
8 matière de tirs. Qu'en est-il de la gestion des tirs de la manière dont ces
9 tirs sont effectués ? Il faut déterminer, d'abord, les missions de tirs et
10 leurs effets sur -- leurs conséquences sur certaines unités, notamment, les
11 Unités d'artillerie qui sont déployées. Donc, cela concerne les Unités
12 d'artillerie, les Unités d'infanterie et les Unités de blindés. Qui est
13 chargé de ces tirs ? En fait, ce sont les commandants des Unités d'appui
14 chargés du tir. Le commandant de l'Unité d'appui confie des missions, des
15 tâches. Si, par exemple, je suis le commandant d'une Unité d'artillerie, je
16 suis tenu de par mes qualifications professionnelles et l'équipement dont
17 je dispose de m'occuper des tirs. Ce sont les commandants des Unités
18 d'artillerie et les chefs des Unités d'artillerie ainsi que les
19 observateurs, ceux qui font partie de la section de Reconnaissance, qui
20 sont entraînés pour le faire, qui se chargent des tirs eux-mêmes.
21 Q. Pour enchaîner sur votre réponse, en fait, vous citez certaines
22 dispositions concernant l'utilisation du VSK en 1995, et vous parlez des
23 ordres donnés par l'état-major principal à l'armée serbe de Krajina pour ce
24 qui est de l'augmentation de l'état de préparation au combat. Il ressort de
25 ce document que vous tirez une conclusion. Vous dites, je cite : "Nous
26 voyons que la section Orkan a reçu des tâches du commandement de l'état-
27 major principal de l'armée serbe de Krajina, du colonel Djilas."
28 Est-ce que l'Orkan aurait pu agir seulement suite au commandement exercé
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1 par -- aux ordres donnés par l'état-major principal où le colonel Djilas ?
2 R. D'après les documents que j'ai examiné, donc, il y a en trois. Nous en
3 avons mentionné que deux, la directive et le document concernant
4 l'augmentation de l'état de préparation au combat, en fait, il y a un
5 troisième document qui concerne le déplacement de l'Orkan vers une nouvelle
6 position. Dans ces trois documents il es dit que c'est le commandant de
7 l'état-major principal qui a donné des ordres à la section Orkan, donc le
8 commandant de l'armée serbe de Krajina. Dans deux documents on mentionne le
9 nom du colonel Djilas.
10 Q. Merci. Page 68 de votre rapport, page 58 de la version anglaise, nous
11 en arrivons au chapitre 4, intitulé : "Doctrine relative à l'utilisation de
12 l'actif." Dans ce chapitre vous parlez de la planification des tirs
13 d'artillerie. Vous dites : "La planification des tirs d'artillerie incluent
14 un certain nombre d'activités menées par les commandements d'artillerie et
15 d'autres commandements afin de s'assurer que leurs unités agiront de la
16 façon la plus efficace."
17 Au point 4.2, vous dites, je cite : "Les commandants des Unités
18 opérationnelles et tactiques inter armées sont les seules avoir le droit
19 d'utiliser l'artillerie lors des combats." Il en va de même des Orkans,
20 n'est-ce pas ?
21 R. Oui. Comme je l'ai déjà dit, le déploiement de l'artillerie et les
22 missions d'artillerie, comme pour les autres Unités d'appui, les ordres à
23 cet égard viennent du commandement de l'Unité d'appui.
24 Q. Une page plus loin, chapitre 4 au point 3. Nous voyons un passage
25 consacré à la sélection des cibles ou des objectifs. Vous dites, je cite :
26 "La sélection des objectifs comprend la détermination de l'objectif
27 recherché par l'utilisation de l'artillerie." Un peu plus loin, vous dites,
28 que cet objectif est d'affliger le plus de pertes possibles à l'ennemi, y
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1 compris des pertes en hommes, et qu'il s'agit là d'un critère fondamental
2 pour le choix de la cible, et il en voit de même pour toutes les pièces
3 d'artillerie, y compris l'Orkan.
4 R. Oui, toutes les pièces d'artillerie.Oui, toutes les pièces
5 d'artillerie.
6 Q. Enfin pour ce qui est de l'utilisation de l'artillerie dans la dernière
7 phrase, vous dites : "Un bon choix de cible visée par l'artillerie se
8 traduit par le plus de pertes possibles infligées à l'ennemi permettant
9 ainsi de porter atteinte à sa capacité de combat, de le mettre en
10 difficultés et de le détruire complètement."
11 R. Oui, il s'agit pour les unités d'infliger autant de pertes que
12 possibles à l'ennemi, de diminuer -- de briser sa capacité au combat et
13 d'empêcher toute action future de l'ennemi.
14 Q. Au chapitre suivant, chapitre 5, intitulé : "Utilisation de l'appui de
15 l'artillerie dans des zones habitées." Chapitre 5, point 1, page 70 de la
16 version en B/C/S, vous parlez des dispositions relatives aux règles de
17 combat de l'artillerie, de l'ex-JNA, donc, vous faisiez partie, n'est-ce
18 pas ?
19 R. Oui.
20 Q. Vous dites ensuite : "L'action de l'artillerie pendant une attaque
21 contre une localité habitée est influencée par un certain nombre de
22 facteurs." Au paragraphe suivant vous dites que cette action est
23 essentiellement menée par des tirs directs dans une localité habitée. Vous
24 expliquez que le fait de neutraliser et de détruire un nombre important de
25 cibles est nécessaire pour provoquer des dommages partiels aux bâtiments et
26 à d'autres structures ou installations. Donc, ceci est caractéristique des
27 tirs directs menés par tous les systèmes d'artillerie, n'est-ce pas ?
28 R. Lorsque vous effectuez des tirs directs tendus contre une zone habitée,
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1 il vous faut savoir que les troupes, les véhicules sont généralement cachés
2 par des bâtiments. Les installations et les bâtiments qui les cachent sont
3 généralement détruits par la même occasion et les règles en la matière
4 parlent de cela.
5 Q. Merci. En dessous vous dites que les tirs indirects effectués dans des
6 zones habitées sont limités par le fait qu'il est difficile d'organiser des
7 activités d'observation et de surveillance des combats et il est difficile
8 de maintenir des communications dans de telles circonstances également.
9 Donc, cela concerne tous les tirs directs, indirects d'artillerie, n'est-ce
10 pas ?
11 R. Oui. Si vous menez une attaque contre une zone habitée, il y a toutes
12 sortes de problèmes, voilà les problèmes notamment rencontrés par
13 l'artillerie qui tire contre une zone habitée.
14 Q. Quatre paragraphes plus loin vous dites à la page 71 de la version en
15 B/C/S, que les Unités de l'armée de la République serbe de Krajina
16 n'avaient pas lancé une attaque contre la ville de Zagreb. Ce qui signifie
17 que l'Orkan n'avait pas à mener des opérations d'appui direct, il
18 s'agissait d'actions d'ensemble. Vous dites -- vous voulez parler des 2 et
19 3 mai 1995, n'est-ce pas ?
20 R. Hier nous avons dit qu'il y avait deux types d'appui. L'appui direct et
21 l'appui mené dans une action d'ensemble. L'appui direct est un appui qui a
22 une incidence directe sur les opérations menées par une unité sur le champ
23 de bataille. Par exemple, une brigade qui livre une attaque. Donc, tous les
24 tirs menés pour aider cette brigade sont de nature à permettre à cette
25 brigade de mener à bien sa mission avec succès. Il s'agit de tirs directs,
26 d'appui direct. Il y a un autre type d'appui mené par l'artillerie, un
27 appui général d'ensemble. Ceci concerne les cibles, en fait, on ne tire pas
28 sur les cibles sur le front mais sur un autre point un ou deux jours plus
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1 tard, donc on peut attaquer ou tirer sur une unité. Ce qui signifie que les
2 2 et 3 mai, il s'agissait plutôt d'un appui dans le cadre d'une action
3 d'ensemble.
4 Q. Vous parlez un peu plus loin dans ce paragraphe de l'action d'appui
5 d'ensemble de l'Orkan contre des cibles situées à Zagreb. Vous dites : "Il
6 est très probable que cet appui ait été utilisé pour semer la peur au sein
7 de la population et détruire les biens et leurs infrastructure." Lorsque
8 vous dites, "très probable," est-ce que cela signifie que vous n'avez pas
9 pu examiner de document sur la base duquel vous auriez pu établir le
10 véritable objectif de l'opération ?
11 R. Je pense que nous en avons déjà parlé aujourd'hui. En fait, je n'avais
12 pas d'information donnée concernant la nature de ces cibles militaires à
13 Zagreb. Tous les renseignements que j'avais à ma disposition indiquaient
14 l'endroit où les projectiles ont été retrouvés où les bombettes ont
15 atterri. Quelle était la cible visée ? Bien, dans mes conclusions, je dis
16 que je ne sais pas quelle était la cible militaire, mais même si les cibles
17 militaires, qui étaient visées, il était risqué de choisir de telles cibles
18 en raison de la zone de dispersion qui était vaste, donc, on pouvait
19 s'attendre à ce que le choix de ces cibles et des conséquences négatives
20 sur la population civile ainsi que sur les bâtiments, les véhicules, et
21 cetera.
22 Q. Merci.
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Quel type d'artillerie aurait pu être
24 utilisé pour éviter cette dispersion sur une vaste zone ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est difficile à dire. Il est difficile de
26 dire ce qui aurait pu être utilisé et dire ce dont disposait l'armée serbe
27 de Krajina à ce moment-là. Pour attaquer des cibles militaires dans une
28 zone habitée, la meilleure arme serait des missiles guidés car la zone de
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1 dispersion est plus réduite. Ce type de projectiles atteint des cibles,
2 soit au cœur, soit près du cœur de la cible. Tout autre type de pièces
3 d'artillerie utilisées à distance avait une vaste zone de dispersion et
4 notamment les lance-roquettes multiples qui, de par leur nature, ont une
5 vaste zone de dispersion.
6 Pour viser des cibles dans une zone habitée, seuls des projectiles
7 guidés ou autoguidés auraient dû être utilisés. C'est les mieux choisi.
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci. Est-ce que vous mentionné l'un
9 de ces projectiles dans votre rapport à part les lance-roquettes
10 multiples ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Vu la portée qui est de 40, 45 ou de 50
12 kilomètres, l'Orkan était une pièce d'artillerie qui pouvait être utilisée
13 à longue distance. Pour ce qui est des autres pièces d'artillerie, je ne
14 sais pas s'ils les avaient à leur disposition ou pas.
15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui. Mais la question était de savoir
16 ce qui aurait été le mieux adapté, quant à savoir s'ils les avaient ou pas,
17 ce n'est pas la question. Nous, non plus, nous ne savons s'ils les avaient.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Je tiens à vous rappeler, une fois de plus,
19 que dans ce cas, quand même, le projectile le mieux adapté, c'est le
20 missile, soit guidé, soit autoguidé.
21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais l'Orkan pouvait être utilisé mais
22 son inconvénient c'est qu'il avait cette zone de dispersion extrêmement
23 large; c'est bien cela ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, comme je viens de dire, la zone de
25 dispersion est très vaste. Quand on tire sur une cible militaire qui se
26 trouve dans une zone urbaine très peuplée comme à Zagreb, il fallait
27 s'attendre à ce que certains projectiles ne tombent pas du tout sur la
28 cible. C'est la théorie qui le dit et c'est pour cela d'ailleurs que, dans
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1 mon texte, j'ai dit que le choix de l'Orkan pour viser des cibles dans
2 Zagreb n'était pas correct.
3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.
4 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Moi aussi, j'ai une question à
5 vous poser. C'et peut-être une question un peu simpliste, mais à la page
6 60, dans la première phrase qui nous dit : "Les Unités de l'armée de la
7 Krajina serbe n'ont pas attaqué la ville de Zagreb."
8 J'ai bien cru comprendre que la ville de Zagreb avait été attaquée.
9 Quelle est la base scientifique sur laquelle vous avez appuyé vos dires ?
10 J'aimerais bien comprendre pourquoi vous dites cela. Vous dites qu'il n'y
11 avait pas eu d'attaque générale sur Zagreb par rapport à des cibles très
12 spécifiques sur Zagreb qui ont été visées. Vous parlez de l'intention ?
13 J'aimerais savoir exactement ce qui base cette phrase ? C'est peut-être
14 dans le texte et je ne l'ai pas vu, mais j'aimerais quand même que dans ma
15 réponse vous m'expliquiez un peu pourquoi vous avez écrit cette phrase.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Quand je vous parlais d'appui feu pour en
17 revenir à l'attaque en tant que telle, les Unités de l'armée serbe de
18 Krajina n'ont pas lancé une attaque sur Zagreb. Les unités ne se sont pas
19 déplacées vers Zagreb pour attaquer la ville. Tout ce qu'elles ont fait,
20 c'est effectuer un appui feu d'ensemble, et nous avons bien dit que l'appui
21 feu d'ensemble implique des tirs d'artillerie sur les cibles ennemies. Ils
22 ne tiraient pas sur des unités ennemies, ils tiraient sur des cibles
23 ennemies, les cibles ennemies qui, éventuellement, auraient pu être
24 dangereuses et mettre en péril les Unités de l'armée serbe de Krajina. Il
25 n'y a pas eu d'attaque bien organisée par une brigade ou un Corps d'armée
26 lancée sur Zagreb. Il n'y a eu que des feux d'artillerie, des tirs
27 d'artillerie sur Zagreb, des tirs d'Orkan, cela, c'est un appui feu. Pour
28 éventuellement attaquer Zagreb, mais Zagreb est une très grande ville et
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1 pour ce faire, pour attaquer Zagreb, il aurait fallu énormément d'Unités
2 massées autour de Zagreb et se déplaçant sur Zagreb. Or, ce n'était
3 absolument pas le cas, à ma connaissance, en tout cas. La seule chose qui a
4 été faite, c'est quelques tirs d'artillerie généraux, enfin d'ensemble
5 depuis l'Orkan sur des cibles qui se trouvaient à Zagreb.
6 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Je vous remercie, parce que
7 tout était extrêmement clair dans votre réponse. Maintenant, je comprends.
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Milovancevic, vous
9 pouvez poursuivre.
10 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
11 Q. Monsieur Poje, maintenant, nous allons traiter de l'utilisation
12 d'artillerie dans une zone peuplée. Vous avez répondu aux questions des
13 Juges portant sur l'utilisation de l'artillerie dans une zone urbaine, une
14 zone peuplée. Maintenant, je vais vous poser des questions sur le chapitre
15 5.2 : "Choix des armées et choix des cibles." Ce chapitre nous dit que les
16 lance-roquettes multiples sont utilisés pour réaliser des frappes
17 puissantes, rapides et brutales contre des cibles de grande envergure et de
18 grande importance, soit sur terre, soit sur mer. De ce fait, ils sont très
19 mal adaptés à cibler des cibles se trouvant dans des zones peuplées.
20 Vous nous donnez un exemple. C'est un tableau, n'est-ce pas, et vous
21 comparez les effets. Vous avez, le H203 millimètres. C'est un canon ?
22 R. Non. C'est un obusier.
23 Q. Ensuite, vous avez le SRL M87, c'est bien l'Orkan ?
24 R. Oui.
25 Q. En comparant l'effet de ces deux systèmes, vous comparez les
26 conséquences en tirant à 15 kilomètres et vous comparez les différentes
27 valeurs de dispersion. Pour le H203 millimètres, le Vd est de 27 et pour
28 l'Orkan, c'est de 38. Donc, l'Orkan a déjà une dispersion qui est plus
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1 importante quand on tire de 15 kilomètres. Ensuite, vous parlez des effets
2 de dispersion à 16 kilomètres et là encore, l'obusier Howitzer, le H203 a
3 une dispersion beaucoup plus faible que l'Orkan.
4 R. Oui.
5 Q. Ensuite, vous parlez des tirs se faisant à 20 kilomètres, 30 kilomètres
6 et 40 kilomètres, et vous nous donnez les chiffres de dispersion pour
7 l'Orkan, vous n'en donnez en revanche pour l'obusier. Est-ce parce que
8 l'obusier tout simplement n'a pas une portée suffisante et ne peut pas
9 atteindre des cibles de si loin ?
10 R. Tout à fait. Un obusier peut aller à 16 kilomètres au plus -- enfin,
11 c'est pour cela que j'ai pu vous donner ces chiffres pour l'obusier
12 uniquement jusqu'à 16 kilomètres, parce qu'au-delà de 16 kilomètres,
13 l'obusier n'est plus efficace et n'atteint pas la cible donc je ne pouvais
14 pas faire de comparaison.
15 Q. Très bien, merci, c'est ce que j'allais vous demander. Maintenant pour
16 reprendre le titre de ce chapitre où il s'agit du choix des cibles et choix
17 des armes. Etant donné que l'obusier ne peut pas atteindre sa cible de si
18 loin et étant donné que l'Orkan était l'arme de plus gros calibre que
19 possédait l'armée de la Republika Srpska, est-ce que cela signifie que si
20 on est à 30 ou 40 kilomètres, on ne pouvait utiliser qu'un Orkan et rien
21 d'autre ? Est-ce pour cela que cette pièce d'artillerie a été choisie ?
22 R. Quand on choisit une pièce d'artillerie, il faut d'abord prendre en
23 considération le type de cibles, et ensuite il faut aussi savoir d'où on
24 tire, la portée quoi. Si on est à plus de 30 kilomètres, on ne peut
25 utiliser que la pièce d'artillerie qui a une telle portée. Il faut aussi
26 prendre en compte les armes dont on dispose, et quand on voit ce qu'avait
27 l'armée de la Republika Srpska de Krajina, il n'y avait que l'Orkan qui
28 avait une telle portée, donc c'était la seule à utiliser.
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1 Q. Très bien. En répondant à la question de l'Accusation, vous nous avez
2 expliqué que l'Orkan a été tiré à une distance de 47 à 50 kilomètres. Voici
3 ma question maintenant : l'armée de la Republika Srpska de Krajina
4 possédait-elle un autre système d'artillerie, une autre pièce d'artillerie
5 qu'elle aurait pu employer pour tirer sur Zagreb de si loin ? Avait-elle
6 autre chose que l'Orkan ?
7 R. Je ne peux pas vous donner une réponse vraiment précise là-dessus.
8 Certes, dans un document que j'ai lu, où il y a mention d'un système de
9 projectile Luna sol-sol, mais je ne sais pas vraiment si à l'époque, donc
10 les 2 et 3 mai 1995, l'armée serbe de la Krajina avait encore ce système
11 lance-roquette Luna sol-sol et je ne sais pas du tout s'ils pouvaient
12 l'utiliser. Je pense qu'ils ont utilisé leur Orkan parce qu'à ce moment-là,
13 à cet endroit-là, l'armée serbe de Krajina n'avait pas le système Luna.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Quelle est la portée de ce fameux
15 système Luna ?
16 LE TÉMOIN : [interprétation] A ma connaissance, si je me souviens bien, ce
17 système de roquettes sol-sol Luna - je n'ai assisté au tir qu'une fois - je
18 crois que cela peut tirer jusqu'à 70 kilomètres de distance. Il y en a
19 plusieurs types, donc là je vous donne vraiment une approximation de la
20 portée. Je ne sais pas vraiment exactement de quel modèle l'armée serbe de
21 Krajina disposait. Je ne sais pas surtout s'il y avait des Luna dans le
22 voisinage de Zagreb les 2 et 3 mai 1995 qui auraient pu être employés.
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce un système multiple -- qui
24 lance plusieurs roquettes ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Le système sol-sol Luna est un
26 système mono roquette, ce n'est pas multi roquettes. On peut tirer qu'une
27 seule roquette.
28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien.
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1 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] J'ai encore une question à vous
2 poser là-dessus. Ce système Luna aurait-il pu être utilisé dans ces
3 circonstances par le RSK sans entraîner des victimes civiles en fin de
4 compte, s'il avait été employé dans les mêmes circonstances que l'Orkan,
5 est-ce qu'il aurait évité des blessés civils ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est difficile à dire. Je ne suis pas un
7 expert de système sol-sol Luna. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'au
8 centre de formation d'artillerie où j'ai enseigné les règles d'engagement
9 de l'artillerie, nous n'avons même pas abordé le sujet du Luna. Toute
10 discussion sur le schéma de dispersion, et cetera, serait très difficile
11 pour moi parce que je n'ai pas les tables de tirs sous la main. Je ne
12 pourrais vraiment pas vous donner d'informations vraiment pertinentes, donc
13 je pense qu'il vaut mieux que je ne dise rien à propos du système sol-sol
14 Luna et de son efficacité.
15 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Merci.
16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Milovancevic, vous pouvez
17 continuer.
18 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Merci.
19 Q. Monsieur Poje, maintenant que nous avons parlé du système Luna, il
20 s'agit d'un missile balistique tactique, n'est-ce pas, qui a une portée de
21 70 kilomètres ? C'est une seule roquette qui est lancée à partir d'un
22 véhicule de lancement et qui est lancée à une certaine hausse. Le diamètre
23 est de 60 à 70 centimètres. Sa longueur est de six à sept centimètres.
24 C'est équipé d'une ogive extrêmement puissante. L'utilisation d'un tel
25 système à Zagreb aurait-elle été un désastre ?
26 R. Oui.
27 Q. Merci. Je n'ai plus de questions à poser là-dessus.
28 Maintenant, je tiens à vous poser encore quelques questions à propos des
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1 tirs en zone urbaine. Nous avons déjà envisagé l'utilisation d'un système
2 lance-roquettes multiples sur une zone urbaine peuplée. C'est un sujet
3 épouvantable, mais ici on parle de guerre. Nous ne fermons pas les yeux là-
4 dessus. Y a-t-il un système, une telle arme, une arme individuelle, un
5 pistolet, un pistolet automatique, une grenade, une mitraillette, enfin
6 quelque chose qui peut être utilisé de façon sûre et qui ne risque pas de
7 blesser la population civile dans une zone urbaine ?
8 R. Non, dans une zone urbaine, tout emploi d'armes est très dangereux pour
9 les civils qui s'y trouvent.
10 Q. Merci. Dans la discussion entre projectiles guidés et projectiles non
11 guidés, vous nous avez bien dit que le système Orkan n'est pas un système
12 guidé ?
13 R. Oui.
14 Q. L'une des questions logiques qui s'impose c'est, si on avait employé
15 une roquette autoguidée, il y aurait sans doute eu moins de victimes. Je
16 vous demande la chose suivante : le pacte de l'OTAN a tiré 1 500 missiles
17 de croisière sur la Yougoslavie et a infligé 2 500 pertes, 2 500 personnes
18 sont mortes. Il y a eu énormément de blessés aussi. Comment peut-on dire
19 que l'utilisation de ce type de missiles guidés permet de ne pas infliger
20 de victimes civiles ?
21 R. Oui, on ne peut pas le dire.
22 Q. Merci, Monsieur Poje. Passons maintenant à autre chose, sur
23 l'utilisation de l'Orkan les 2 et 3 mai par l'armée des Serbes de Krajina.
24 Au point 6.1, vous nous dites que l'ordre Gvozd, G-v-o-z-d, a
25 déterminé que l'Orkan devait être déplacé vers une position de tirs qui se
26 trouverait autour de Korenica. Vous nous dites encore que le but du
27 déploiement de ce système Orkan dans la zone de Korenica suite à la
28 directive Gvozd était d'éviter les forces ennemies en réserve de se
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1 redéployer de façon organisée le long de cet axe; c'est bien cela ?
2 R. Oui, c'est ce qui est dit dans la directive sur le déploiement de
3 l'armée serbe de Krajina.
4 Q. Oui, mais il dit aussi -- d'abord, est-ce que le système Orkan soit
5 déplacé d'un endroit vers un autre et d'une localité vers une autre dans la
6 région de Korenica, il devait être prêt à l'emploi contre des secteurs et
7 des axes selon l'évolution de ce qui se passait sur le terrain; c'est bien
8 cela ?
9 R. Oui.
10 Q. Maintenant parlons de l'ordre à la page 74 du texte en B/C/S et de la
11 page 62 en anglais, qui est en date du 2 mars 1995 et qui dit que :
12 "L'Unité d'Orkan fait partie du 7e Régiment d'artillerie inter armée qui
13 peut être mixte et qui peut-être approuvé que son utilisation n'est peut-
14 être approuvée que par le commandant de l'état-major de l'armée serbe de
15 Krajina," n'est-ce pas, c'est-à-dire, M. Celekitic; c'est bien cela ?
16 R. C'est ce que dit le document.
17 Q. Maintenant, parlons de la quantité de munitions de ces lance-roquettes
18 multiples. Vous nous dites que : "Ce système avait 160 roquettes en tout,
19 116 roquettes, 40 pièces pour le 7e Corps et 76 pièces pour le 75e Bataillon
20 antichar ou anti-blindé."
21 Cela signifie-t-il que le total -- qu'en tout ce système Orkan possédait ou
22 était équipé de 116 roquettes ?
23 R. Oui.
24 Q. Ensuite, vous nous parlez de l'ordre de préparation au combat donné par
25 l'état-major principal, daté du 1er mai 1995. Il est écrit : "L'escouade
26 d'Orkan doit être prêt à se déployer avec ces renforts."
27 Ensuite que : "Ce système doit être déployé de Knin jusqu'à Vojnic où
28 il sera déployé avec personnel et équipement."
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1 Au numéro 3 vous dite que : "Le commandant du 21e Corps va
2 sélectionner un officier qui sera là pour réceptionner les effectifs et les
3 équipements et pour diriger l'unité."
4 Au point numéro 4, vous nous dites : "Le commandant de l'escouade
5 d'Orkan sera déployé au poste de commandement du 21e Corps prêt à recevoir
6 ces missions de la part du commandant de l'état-major général de l'armée
7 serbe de Krajina ou du colonel Djilas." C'est le général Celeketic qui a
8 signé ce document; c'est bien cela ? Il s'agit de Celeketic.
9 R. Oui.
10 Q. Quant à savoir, y a-t-il le moindre doute sur cet ordre quand on reçoit
11 un ordre qui émane du commandement de l'état-major et du général Djilas ?
12 R. Non. On peut en conclure que la décision de déployer l'Orkan a été
13 prise par le commandant de l'état-major général de la SVK ou par le colonel
14 Djilas.
15 Q. Très bien, Monsieur Poje. Y a-t-il dans l'ordre du 1er mai 1995, qui a
16 eu pour conséquence la mise en action de l'Orkan, les 2 et 3 mai 1995 ? Y
17 a-t-il dans les documents quelque part le moindre point qui indiquerait que
18 quelqu'un d'autre mis à part les personnes que nous avons mentionnées
19 aurait ordonné que l'on mette en œuvre ce système ? Par exemple, M. Martic.
20 R. Tous les documents que j'ai reçu et que j'ai cité dans mon rapport
21 montrent bien que le déploiement de l'Orkan a été fait sur ordre du
22 commandant de l'état-major ou sur ordre du colonel Djilas.
23 Q. Merci.
24 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Maintenant, pourrions-nous avoir, s'il
25 vous plaît, à l'écran le document de l'armée de la République serbe de
26 Krajina. C'est la directive sur le déploiement de l'unité. Il s'agit de la
27 directive 188 710. J'espère que c'est bien la bonne cote du document.
28 Maintenant, je vous demande une minute juste pour vérifier si j'ai bien le
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1 bon document.
2 J'essaie de faire afficher cette directive sur l'écran, c'est sur le
3 déploiement de l'Unité de la SVK. Il s'agit de cette fameuse directive
4 Gvozd. Nous l'avons utilisé lors de l'interrogatoire principal. Peut-être
5 que l'Accusation pourrait m'aider. J'en serais reconnaissant.
6 M. BLACK : [interprétation] Il me semble que la cote 65 ter, c'est le 1887.
7 Je n'ai pas le numéro de la pièce sous la main, je le vérifierais cela dit.
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] M. Milovancevic nous a dit que c'était
9 le 188 710.
10 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Il me semble que la cote qu'il m'a été
11 donnée par l'Accusation est correcte. C'est bien le 1887, à la liste 65
12 ter. C'est la directive sur le déploiement ou l'utilisation de l'armée
13 serbe de Krajina.
14 Q. Vous reconnaissez bien, Monsieur Poje, cette directive de février
15 1995 ?
16 R. Oui.
17 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Pourrions-nous avoir maintenant la
18 première page de la directive à l'écran ?
19 Q. En haut à droite, il est écrit : "Secret défense." Le nom de code est
20 Gvozd. Le nom officiel, le titre est bien : "Directive sur l'emploi de
21 l'armée serbe de la Krajina."
22 C'est bien cela, Monsieur Poje ?
23 R. C'est ce qui est écrit, en tout cas.
24 Q. Merci. Connaissez-vous cette directive ?
25 R. Oui, je l'ai déjà lue.
26 Q. Cette directive parle-t-elle des différents stades d'évolution de
27 l'agression de l'armée croate sur la République serbe de Krajina ?
28 R. Bien, je vois qu'elle a été écrite les 2 et 3 mai, je ne vois pas
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1 pourquoi ils en auraient parlé.
2 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Il nous faudrait avoir la page 4 de la
3 directive, la cote en haut de page c'est le 815, si vous pouvez afficher
4 cela à l'écran.
5 Q. Au point 3, à la page 815, le titre est le suivant : "Manière probable
6 de résoudre l'agression et axes d'action." Cela est le titre.
7 Ensuite, il y a un texte qui dit la chose suivante : "Toute agression de la
8 République croate contre la République serbe de Krajina se ferait sans
9 doute en trois étapes et le troisième étape étant une opération avec un but
10 bien précis."
11 C'est bien cela, Monsieur Poje ?
12 R. Oui.
13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Désolé. Nous sommes totalement perdus.
14 Vous nous dites "815," je vois, mais où est-ce qu'on va à partir de 815, et
15 je vois bien -- vous m'avez perdu après 815.
16 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Je vous parlais de la page 4 dans la
17 version en B/C/S, et en haut à droite, vous avez les chiffres 02119815, et
18 c'est ainsi que j'avais identifié le texte en B/C/S. Malheureusement je ne
19 peux pas vous donner la page en anglais je suis tout aussi perdu que vous.
20 M. BLACK : [interprétation] Il me semble que c'est la page 5 de l'anglais.
21 Le numéro ERN se termine par 895.
22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] 8954 ?
23 M. BLACK : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.
24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] J'aurais la bonne page.
25 M. BLACK : [interprétation] Tout à fait.
26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous pourriez nous donner
27 le titre de ce chapitre, s'il vous plaît, de ce passage ?
28 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Il s'agit du point 3, manière probable
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1 ou possible de lancer une agression et axes d'opération. Il s'agit d'une
2 directive qui prévoie la possibilité d'action ultérieure en fonction de
3 l'évolution de la situation.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Nous l'avons trouvée. Merci.
5 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Deux pages avant cela.
6 Il y a le point 2, qui est intitulé : "Nos forces." Donc, il s'agit d'une
7 directive émise par l'armée serbe de Krajina.
8 Q. Donc, "nos forces," Monsieur Poje, cela veut dire les forces de l'armée
9 serbe de Krajina ?
10 R. Etant donné que cette directive a été signée par le commandant de
11 l'armée de la République serbe de Krajina, bien, lorsqu'il est question de
12 "nos forces," il s'agit des forces de l'armée serbe de Krajina.
13 Q. Merci. Monsieur Poje, avant la pause, j'ai une dernière question à vous
14 poser à cet égard. A la fin du premier paragraphe dans ce même chapitre, là
15 où il est question de "nos forces," on peut lire, je cite : "Compte tenu de
16 ce qui précède, l'armée serbe de Krajina à la mission suivante, empêcher
17 l'agression soudaine, empêcher toute agression soudaine en défendant de
18 façon constante les installations et en empêchant l'incursion en profondeur
19 et en libérant le territoire occupé."
20 Est-ce qu'il s'agit là de l'une des missions possibles, confiée à la
21 République serbe de Krajina en cas d'agression menée contre par les forces
22 croates ?
23 R. Oui. Une attaque était lancée contre la République de la Krajina serbe.
24 Voilà ce que l'armée aurait du faire.
25 Q. Merci.
26 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Je pense qu'il est temps de faire la
27 pause.
28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup. Nous reprendrons nos
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1 travaux à 12 heures 30.
2 L'audience est suspendue.
3 --- L'audience est suspendue à 12 heures 02.
4 --- L'audience est reprise à 12 heures 31.
5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Milovancevic. Il ne vous reste
6 pas beaucoup de temps. Combien de temps prévoyez-vous encore pour terminer
7 votre contre-interrogatoire du témoin ?
8 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, il ne me reste
9 pas beaucoup de temps. J'aurais besoin de 30 minutes tout au plus. Soyez
10 patient avec moi, s'il vous plaît. J'essaierai d'être aussi efficace que
11 possible.
12 Est-ce que je peux poursuivre ?
13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Allez-y.
14 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Merci.
15 Q. Avant la pause nous parlions de la directive émise en 1995. Ce qui
16 m'intéresse c'est notamment le chapitre 5 de cette directive intitulé "Les
17 missions des unités." En B/C/S la page de référence porte le numéro
18 02119820. Il s'agit de la page 9. Nous avons cette page à l'écran -- ou
19 plutôt avant que cette page ne soit affichée à l'écran, est-ce que l'on
20 pourrait voir l'ensemble de la page, s'il vous plaît ?
21 Lorsqu'il est question des missions des unités au point 5.1, il est
22 question du 11e Corps d'armée. Ensuite au point 5.2, il est question du 18e
23 Corps d'armée, du 39e Corps, du 21e Corps. Au point 5.5, il est question du
24 15e Corps et au point 5.6, il est question du 7e Corps d'armée. S'agissant
25 de ces corps d'armées, Monsieur Poje, est-il exact de dire que tous ces
26 corps faisaient partie de l'armée serbe de Krajina ?
27 R. Oui, c'est ce qui est dit dans cette directive.
28 Q. S'agissant des points que j'ai mentionnés, il est dit par exemple que
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1 le 11e Corps d'armée en cas d'agression mènera une défense déterminée à
2 Baranja afin d'empêcher la percée des forces Oustachi. Le 18e Corps devait
3 mener une défense déterminée afin d'empêcher la percée des forces croates.
4 Il en va de même des instructions données au 39e Corps, au 21e Corps, au 15e
5 Corps et au 7e Corps d'armée de l'armée de la République serbe de Krajina.
6 S'agissant du 7e Corps, il est dit que : "Une action décisive doit être
7 menée pour empêcher la percée le long de l'axe mentionné."
8 S'agissant des dispositions de cette directive, est-il exact de dire qu'il
9 s'agit d'un plan de défense de l'armée de la République serbe de Krajina en
10 cas d'agression menée par l'armée croate ?
11 R. Je souhaiterais tout d'abord dire la chose suivante. Mon rapport
12 d'expert ne portait pas sur les actions militaires menées à partir de
13 février, date de la directive, jusqu'au mois de mai. En fait, j'avais pour
14 tâche de calculer le schéma de dispersion pendant le pilonnage de Zagreb
15 sur la base des informations qui m'avaient été communiquées. Donc je ne me
16 suis pas intéressé à la tactique, aux opérations, aux déploiements des
17 unités. On ne m'a pas confié cette tâche. J'ai, bien entendu, lu tous les
18 documents, je les ai à ma disposition, mais pour ma part, sur la base des
19 informations que j'avais à ma disposition, je devais calculer le schéma de
20 dispersion des projectiles au cours du pilonnage les 2 et 3 mai 1995, je
21 devais déterminer la zone de dispersion des projectiles afin de voir quel
22 secteur était couvert par cette opération militaire.
23 Q. Merci.
24 R. Mais permettez que je réponde à votre question. Nous parlons bien de
25 défense, de l'organisation de la défense de la République serbe de Krajina.
26 Q. Merci. Je ne vais pas m'appesantir sur ce sujet. Pour en terminer avec
27 cette directive, j'aurais encore une question à vous poser. Le point 5.8
28 parle de l'artillerie, à l'alinéa 2, vous citez la directive selon laquelle
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1 l'Orkan doit être déployée le long des positions de tirs dans la région de
2 Korenica. Cela signifie qu'en cas d'agression, c'est là qu'on aurait
3 installé l'Orkan ?
4 R. Oui. Il s'agit de préparatifs de défense. Cette directive expose les
5 préparatifs devant être effectués pour la défense de la République serbe de
6 Krajina par l'armée de la République serbe de Krajina.
7 Q. Merci. Vous avez également cité un ordre qui indique que le 1er mai 1995
8 le système Orkan a quitté la zone de responsabilité du 21e Corps pour être
9 installé à l'endroit que vous nous avez indiqué sur la carte; est-ce
10 exact ?
11 R. Oui. Suite à l'ordre qui a été donné, l'organe a été déplacé de
12 l'endroit où il se trouvait pour être réinstallé ailleurs.
13 Q. Est-ce que vous diriez que le fait d'installer l'Orkan dans un nouvel
14 endroit le 1er mai, en fait, cette nouvelle installation s'est produit au
15 moment où les Croates ont mené une agression contre la zone protégée par
16 les Nations Unies sous l'appellation opération Eclair. Il s'agissait d'une
17 opération menée par les Croates. Est-ce que vous avez lu le paragraphe 80
18 de l'acte d'accusation où il est dit que l'opération Eclair a eu lieu le 1er
19 mai ?
20 R. Oui, je l'ai lu.
21 Q. A l'avant dernière page de votre rapport d'expert, vous dites au
22 chapitre 6.2.2 intitulé "schéma de dispersion des impacts au cours des tirs
23 effectués les 2 et 3 mai 1995." Vous dites que sur la base des documents
24 concernant l'attaque menée contre Zagreb les 2 et 3 mai et sur la base des
25 archives ou des dossiers de l'enquête sur les lieux menée le 30 mai, vous
26 avez conclu qu'il n'y avait pas de soldats, ni d'équipements militaires
27 touchés. Vous en avez déduit que la cible n'était pas des installations
28 militaires mais des unités militaires.
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1 Est-ce uniquement sur la base de ce rapport de police établi sur les
2 lieux et de l'enquête qui a été menée que vous avez conclu à la nature de
3 la cible ?
4 R. Je n'avais pas d'autres informations et je ne savais pas quelles
5 étaient les cibles, comme je l'ai déjà dit. Je ne savais pas ce qu'on avait
6 planifié atteindre. Donc, je me suis servi de ce rapport que l'on m'a
7 communiqué concernant les pertes relatives au pilonnage de Zagreb. J'en ai
8 conclu que, dans ce document, il n'est pas fait mention de pertes
9 militaires. J'entends par là des soldats, des équipements militaires ou des
10 unités militaires. En fait, il est uniquement question de pertes civiles et
11 de dommages infligés aux bâtiments civils, à l'infrastructure, et cetera.
12 Q. Pour enchaîner sur cette réponse, est-ce que vous voulez dire que
13 l'Accusation ne vous a pas parlé d'éventuelles cibles militaires ?
14 R. Je suppose qu'il y avait peut-être des cibles militaires, mais on ne
15 m'a donné aucun renseignement quant aux cibles qui étaient visées.
16 Q. Merci. Je vous interromps simplement pour gagner du temps. Excusez-moi.
17 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait maintenant voir
18 la pièce à conviction 95.
19 Q. Il s'agit d'un document de l'Accusation qui a été présenté au procès.
20 Ce document a été remis à la Défense et il s'agit d'un rapport émanant des
21 services de sécurité de l'état-major principal de l'armée serbe de Krajina
22 daté du 2 mai 1995. Est-ce que vous voyez la première page de ce document à
23 l'écran ?
24 R. Oui.
25 Q. Aux paragraphes 2 et 3 de ce document, il est dit que dans la poche de
26 Pakrac, cinq à 6 000 personnes. Est-ce que vous pouvez --
27 L'INTERPRÈTE : Je ne sais pas quel est le verbe.
28 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
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1 Q. Dans l'après-midi du 2 mai, une attaque d'artillerie et d'infanterie a
2 commencé à Vljestina [phon] et a été lancée par les forces Oustachi qui ont
3 attaqué Pakrac rendant la situation difficile pour les gens se trouvant
4 dans la poche de Pakrac, notamment les enfants et les personnes âgées. Est-
5 il question ici, les opérations de combat menées en Slavonie occidentale
6 pendant l'opération Eclair.
7 R. Il est question des opérations menées par les forces croates contre
8 l'armée serbe de Krajina et je ne vois pas en quoi cela a un rapport avec
9 Zagreb.
10 Q. Nous allons en parler en temps voulu. Au dernier paragraphe sur cette
11 même page, il est dit que l'armée serbe de Krajina s'est servie d'un MiG
12 21. Il s'agissait du 18e Corps de l'armée serbe de Krajina. Je ne sais pas
13 si vous savez que le pilote de ce MiG était un pilote bien connu de la JNA,
14 Rudolf Perisin, qui, au moment où la Croatie a fait sécession, s'est enfui
15 en Autriche en 1991. Ici, il est question de roquettes lancées contre les
16 Serbes, n'est-ce pas ?
17 R. Je ne sais pas. Je n'ai pas entendu parler d'un pilote qui aurait
18 quitté le pays pour trouver refuge en Autriche. Je ne sais pas qui était ce
19 pilote ni ce qu'il a fait en Autriche.
20 Q. Merci.
21 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Est-ce que nous pouvons voir la page 2
22 de ce document, s'il vous plaît ?
23 L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent à Me Milovancevic de parler plus
24 lentement.
25 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Les interprètes voudraient que vous
26 parliez plus lentement, s'il vous plaît.
27 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Excusez-moi, je garderai cela à
28 l'esprit. Lorsque vous m'avez rappelé le temps qu'il me restait j'ai un peu
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1 accéléré la cadence.
2 Q. A la page 2, paragraphe 1 de ce document, il est question des cibles,
3 des objectifs. Il est dit que : "A 10 heures 30, des Unités d'artillerie de
4 l'armée serbe de Krajina ont tiré des Orkan, Banski Dvori, le palais
5 présidentiel, était visé ainsi que le ministère de la Défense et
6 l'aéroport. Huit roquettes ont été utilisées." Il est dit également :
7 "D'après nos sources le ministère de la Défense dans la rue Krizancevo a
8 été touché." Il y est fait mention de dommages collatéraux.
9 Au paragraphe suivant, il est dit que : "D'après l'agence Reuters, le
10 bâtiment abritant l'état-major principal a été touché ainsi que l'hôtel" --
11 L'INTERPRÈTE : Dont l'interprète n'a pas saisi le nom.
12 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
13 Q. -- voilà ce qui s'est passé lorsqu'on s'est servi de l'Orkan.
14 A cet égard, voilà ma question : le déploiement de l'Unité d'Orkan
15 qui a pris pour cible ces objectifs militaires, le ministère de la
16 Défense, le bâtiment de l'état-major principal et l'aéroport, est-ce qu'il
17 s'agissait de cibles importantes d'ordre militaire et d'installations
18 militaires typiquement visées par l'Orkan ?
19 R. Comme nous l'avons déjà dit, nous parlons ici d'appui feu d'ensemble,
20 vous avez mentionné ces lieux, il s'agit effectivement de cibles qui
21 pouvaient être visées par le système Orkan.
22 Q. Maintenant en ce qui concerne ces cibles militaires à Zagreb, on a le
23 palais présidentiel, le ministère de la Défense, l'aéroport de Pleso,
24 toutes cibles ont été atteintes. Peut-on en conclure qu'il s'agissait de
25 cibles stratégiques ou opérationnelles, même stratégiques d'ailleurs ?
26 Peut-on dire que ces cibles étaient bien les cibles des tirs indirects de
27 l'Orkan ?
28 R. Oui, c'était sans doute les cibles envisagées dans le cadre d'une
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1 opération d'appui feu d'ensemble où on aurait employé l'Orkan. On aurait pu
2 utiliser d'autres armes, mais là, on a utilisé l'Orkan.
3 Q. Ces trois cibles dont je vous ai parlé, selon les règles d'engagement
4 d'artillerie, ce sont bel et bien des cibles militaires, n'est-ce pas ?
5 R. Oui, ce sont des cibles militaires.
6 Q. Merci. Ensuite, au troisième paragraphe de ce rapport, il est dit qu'il
7 y a des informations fiables selon lesquelles les citoyens de Zagreb
8 quittent en masse la ville et se réfugient vers la République de Slovénie
9 qui a fermé ses frontières et empêche les civils de passer. Selon une autre
10 évaluation, plus d'un tiers des citoyens de Zagreb sont en train de quitter
11 la ville en masse.
12 Ailleurs, il est dit que Tudjman, le président de la république a quitté
13 Zagreb pendant l'après-midi pour Brioni et ce pour des raisons non
14 évoquées, non données, et il dit aussi qu'il y a des généraux et des
15 membres de l'état-major principal qui ont quitté Zagreb avec Tudjman vers
16 Brioni. Est-ce bien là l'effet du système Orkan, cet effet de
17 démoralisation de l'ennemi ? Est-ce bien cela que l'on voit à l'œuvre parce
18 qu'on était en train d'en parler quand on évoquait les conséquences de
19 l'Orkan, destruction matérielle et démoralisation de l'ennemi ?
20 R. Je ne sais pas si c'est vraiment arrivé. Ce ne sont que des évaluations
21 par différentes entités, évaluations qui ont été faites après coup, après
22 l'attaque sur Zagreb, je ne sais absolument pas si c'est bel et bien avéré.
23 Q. Je ne vous demande pas de confirmer s'il y a bel et bien eu cet exode,
24 mais ce que je voudrais savoir c'est si, à votre avis, s'il y a bel et bien
25 eu cet exode, cela aurait été le résultat de cet effet de démoralisation de
26 la population que peut avoir l'emploi de ce type de système d'arme ?
27 R. Oui, c'est une des méthodes d'action. C'est envisageable. C'est tout à
28 fait envisageable.
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1 Q. Cet effet de démoralisation de la population générale, démoralisation
2 du président de la république, il y a aussi démoralisation des membres de
3 l'état-major, n'est-ce pas ? Il n'y a pas que la population générale qui
4 est démoralisée, tout le monde l'est ?
5 R. Oui, vous avez évoqué des mouvements de civils, un exode de civils,
6 mais vous avez aussi dit que les dirigeants de la Croatie semblaient
7 quitter la ville, donc, je dois vous dire oui en réponse à votre question.
8 Q. Pour ce qui de ce document que je vous ai montré, encore une question.
9 Le but de chaque opération de combat est-il de protéger des territoires et
10 de protéger les populations en général de destructions physiques obtenues
11 par les tirs de l'ennemi ?
12 R. Pourriez-vous répéter votre question ?
13 Q. Voici ma question : le but de tirs défensifs, où qu'ils soient, n'est-
14 il pas quand même la protection du territoire, pour empêcher l'ennemi de
15 s'emparer d'un territoire et aussi d'empêcher le massacre de la population
16 qui est soi-disant en train d'être défendue, donc des civils qui sont sur
17 place ?
18 R. Je crois que la personne quand elle est en train de cibler des cibles
19 militaires doit savoir de toute façon qu'il y aura aussi des victimes
20 civiles.
21 Q. Monsieur Poje, cela je pense que tout le monde le sait. Ce n'est pas
22 vraiment la question que je vous ai posée. Je vous parle de l'appui apporté
23 par l'artillerie d'ensemble à l'armée de Krajina dans ses combats en
24 Slavonie occidentale. Il s'agit d'un combat qui a eu lieu au cours de
25 l'opération Eclair. D'ailleurs, cela s'appliquerait à toute autre
26 opération. Est-ce que les tirs défensifs ont pour but de protéger, primo le
27 territoire, et secondo la population qui est sur le territoire ?
28 R. Oui, mais cela c'est la tâche de tout militaire.
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1 Q. Merci, Monsieur Poje. Vous avez répondu à ma question.
2 Le bureau du Procureur ne vous a pas montré le moindre document portant sur
3 des cibles militaires qui auraient pu être ciblées par l'Orkan.
4 M. BLACK : [interprétation] Vous avez des documents, quand même, qui ont
5 été donnés au lieutenant-colonel Poje et ils sont sur la liste, et vous
6 voyez bien au titre de l'article 94, nous avons un certain nombre de
7 documents de ce style. Donc, je ne voudrais pas quand même que l'on insinue
8 que l'Accusation n'a pas montré ce type de documents au témoin. Nous avons
9 énormément de documents qui identifient des cibles militaires.
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Milovancevic, pouvez-vous
11 répondre à cette affirmation de votre éminent confrère ?
12 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Je répondrai très brièvement. Je serais
13 très concis. L'expert a dit qu'il n'avait pas reçu le moindre document qui
14 mentionnait des cibles militaires éventuels. Donc, il y a deux ans, à peu
15 près, nous avons reçu ce type de documents qui était détenu par le bureau
16 du Procureur, mais il semblerait bien que l'expert militaire, lui, ne les a
17 pas vu. Donc, je vais retirer donc ma question et je vais la reformuler
18 pour enlever son préambule.
19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui. Mais pour ce qui est de vos
20 préambules, on vous a déjà mis en garde contre ces préambules, tout à fait,
21 peu appropriés. Donc, vous n'êtes pas ici dans le prétoire -- n'étiez-vous
22 pas, quand même, dans le prétoire que
23 M. Black a bel et bien montré au témoin la pièce 94, la pièce dont il vient
24 de nous parler quand il a soulevé son objection ? C'est bien une question
25 que je vous pose, là, Monsieur Milovancevic.
26 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Je ne sais pas du tout de quelles pièces
27 vous parlez, Monsieur le Président.
28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Moi, non plus, je ne sais pas. Mais il
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1 nous dit quand même qu'il s'agit d'un document qui mentionne les cibles
2 militaires. Donc, vous devriez quand même savoir quels sont les documents
3 qui ont été fournis par l'Accusation dans sa liasse, les documents qui ont
4 été montrés au témoin et qui ont été identifiés.
5 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Mais le témoin vient de nous dire qu'il
6 n'a pas vu ce type de documents. Donc, au titre de l'article 94 si j'ai
7 bien compris, le bureau du Procureur a déclaré que l'expert a fait une
8 liste des documents qu'il a utilisés dans son rapport, ce qui n'avait
9 absolument rien à voir avec ma question; c'est l'expert.
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Qu'en est-il de l'article 94 ?
11 L'INTERPRÈTE : Microphone, s'il vous plaît.
12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais qu'en est-il de cet article 94 ?
13 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Mais je fais référence à l'article qui a
14 été mentionné par mon éminent confrère.
15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Votre éminent confrère n'a absolument
16 pas parlé de l'article 94, il a parlé d'une pièce 94.
17 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, le rapport
18 d'expert a été une règle -- d'un certain article du Règlement de procédure
19 et de preuve. Il me semble bien que c'est l'article 94. Quand le témoin
20 nous soumet un rapport, ce rapport --
21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Non, l'article 94 traite en fait des
22 actes judiciaires, Monsieur Milovancevic.
23 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Je fais référence à la situation dont
24 parlait mon éminent confrère, il y a une seconde -- ces constats
25 judiciaires et non actes judiciaires. Donc, je vais vous expliquer quand
26 même que l'expert nous a bel et bien dit qu'il n'avait pas reçu le moindre
27 document qui mentionnerait d'éventuels cibles militaires.
28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Milovancevic, je vous dis,
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1 quand même, que votre éminent confrère a bel et bien montré au témoin la
2 pièce 94 qui reprend, entre autres, les cibles militaires éventuels.
3 Ensuite, je vous ai demandé si vous étiez dans le prétoire quand c'est
4 arrivé. Si vous étiez dans le prétoire, vous devez, quand même savoir, ce
5 qu'il y avait dans la pièce 94. Dans ce cas, vous pouvez dire au témoin,
6 quand vous avez reçu ces documents, vous avez lu ce qu'il y avait dans la
7 pièce 94 qui vous ont été donnés par l'Accusation.
8 Bon enfin, il faudrait savoir où est-ce qu'on en est avant d'en
9 parler au témoin.
10 M. BLACK : [interprétation] Je suis sincèrement désolé. J'essaie de ne pas
11 parler trop vite. Je n'ai pas utilisé la pièce 94 dans le prétoire. C'est
12 un document auquel j'ai fait référence dans le rapport comme étant un
13 document qui a été fourni au témoin, mais il n'a pas été utilisé dans le
14 prétoire.
15 Mais comme je suis debout, je tiens à dire la chose suivante, à la
16 page 63 du compte rendu, le témoin a dit la chose suivante, je n'ai pas
17 obtenu d'informations spécifiques portant sur les objectifs qui étaient
18 visés. Il a donc dit qu'il ne savait pas qu'elles étaient les cibles qui
19 étaient visées. Il n'a pas dit qu'il n'avait pas vu les documents sur les
20 impacts. Pas du tout. Là, il a eu de documents sur les impacts. Mais j'ai
21 mentionné la pièce 94 parce que, là, il est fait référence à l'aéroport de
22 Pleso qui est l'un des endroits qui a été atteint et ce, peut-être aussi
23 l'une des cibles éventuels qui aurait été mentionnée par M. Milovancevic.
24 Pour ce qui est de la pièce 95 que nous étudions à l'heure actuelle, c'est
25 un document qui est préparé par l'armée serbe de la SVK, l'armée serbe de
26 Krajina. Donc, les documents que nous avons donnés étaient des documents
27 qui ont été pertinents pour ce rapport, c'étaient des documents sur les
28 impacts à Zagreb et non pas sur l'évaluation par la SVK de ces attaques sur
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1 Zagreb. J'espère que cela explique pourquoi nous avons fourni certains
2 documents. Bien sûr, nous n'avons pas fourni tous les documents, nous avons
3 fourni que ce qui était pertinent.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Monsieur Black.
5 Donc, M. Black s'est déjà expliqué à propos de la pièce 94 qui donc,
6 n'a pas été utilisée dans le prétoire. Donc, les Juges retirent ce qu'ils
7 ont dit, à ce propos.
8 Ensuite, il s'est aussi expliqué sur les types de documents qu'il a donnés
9 au témoin. Il dit que ce document -- dont que vous êtes arrivé avec un
10 document de la Défense donc, un document qui a été préparé par la SVK et
11 non pas un document de l'Accusation. Mais je pense que maintenant la
12 situation est claire et nous savons où nous en sommes.
13 Alors, pouvez-vous poser votre question, Monsieur Milovancevic ?
14 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vous ai
15 demandé l'autorisation de reformuler ma question. Donc, je voudrais
16 reformuler ma question pour qu'il n'y ait aucune suggestion qui soit
17 impliquée dans ma question. Donc, j'aimerais vraiment retirer mon ancienne
18 question et pour pouvoir la reformuler.
19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, ce serait, quand même, bien que
20 vous reformuliez votre question et vous pouviez éviter tous ces longs
21 préambules à vos questions, ce serait, quand même, une bonne chose, une
22 bonne fois pour toute. Vous avez pratiquement épuisé votre temps de parole.
23 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
24 Pourrions-nous maintenant avoir la pièce 1D 011 et pourrions-nous l'avoir à
25 l'écran ? Il faudrait redresser l'image si c'est possible à l'écran. Bien
26 merci. C'est fait.
27 Q. Monsieur Poje, vous voyez ici un rapport du secteur ouest de mai 1992
28 qui vient donc, des Nations Unies, secteur civil. Il porte la date du 2 mai
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1 2005. Au paragraphe 3, il a dit que sur la route de Novska, un certain
2 nombre de spectacles assez peu plaisants peuvent être observés avec au
3 moins, 50 cadavres dispersés sur cette route. Des cadavres de soldats et de
4 civils serbes avec également de nombreuses maisons détruites par des obus."
5 Alors, ce rapport du 2 mai vous indique-t-il qu'il y a eu des combats en
6 Slavonie occidentale, le 2 mai 1995 ?
7 R. Oui, en effet, c'est le cas.
8 Q. Merci.
9 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Pouvons-nous maintenant examiner le
10 document de la Défense 1D0012 ?
11 Avant d'afficher cette nouvelle pièce, je demande que le document dont nous
12 venons de parler soit versé au dossier en tant que pièce à conviction de la
13 Défense.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Document admis en tant que pièce à
15 conviction. Je demande une cote ?
16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction 782,
17 Monsieur le Président.
18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
19 Maître Milovancevic, vous pouvez poursuivre.
20 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
21 Q. Monsieur Poje, vous avez actuellement sous les yeux, un document du 4
22 mai 1995, intitulé rapport de M. Yasushi Akashi, envoyé spécial du
23 secrétaire général des Nations Unies. Ce qui m'intéresse plus
24 particulièrement c'est le paragraphe qui se lit comme suit, je cite : "En
25 dépit de l'accord conclu le 3 mai, portant arrêt complet des hostilités."
26 Là, M. Akashi exprime sa préoccupation en raison de la poursuite des
27 combats dans plusieurs secteurs non loin de Pakrac, et cetera, et cetera.
28 Ce rapport indique-t-il que les combats se poursuivaient en Slavonie
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1 occidentale ?
2 R. Sur la base de ce rapport, on peut constater des combats --
3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Black, désolé --
4 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je demande aux interprètes lorsqu'un
6 conseil de la Défense se lève pour soulever une objection, de ne pas
7 poursuivre l'interprétation des propos qui font l'objet de l'objection.
8 M. BLACK : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. En général
9 j'évite de soulever des objections afin de ne pas mettre les interprètes
10 dans une situation où ils doivent interpréter deux orateurs en même temps,
11 mais peut-être à l'avenir serait-il utile que je présente mes objections le
12 plus rapidement possible.
13 Alors, mon objection, Monsieur le Président, c'est que je ne vois pas
14 comment des combats, qui se dérouleraient le 4 mai, peuvent avoir la
15 moindre pertinence par rapport au pilonnage de Zagreb les
16 2 et 3 mai. C'est tout simplement non pertinent.
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Milovancevic, vous avez une
18 réponse ?
19 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Ceci est
20 pertinent, peut-être pas pour le Procureur, mais l'attaque en Slavonie
21 occidentale est censée avoir eu lieu le 1er mai. Quant à Zagreb, la ville a
22 été pilonnée les 2 et 3 mai. Nous nous efforçons de démontrer que les 4, 5
23 et 6 mai, les combats se poursuivaient, avaient encore cours. L'affirmation
24 de l'Accusation est totalement inexacte. Cet élément d'information est
25 pertinent pour la Défense et à la fin de ces débats, nous verrons en quoi
26 réside cette pertinence et où se situe la vérité.
27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je pensais que vous aviez dit au
28 témoin que toute opération militaire menée à cette époque-là avait un but
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1 défensif, n'est-ce pas ?
2 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Bien sûr, Monsieur le Président.
3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Alors, si une opération défensive se
4 déroule les 2 et 3 mai, en quoi est-elle justifiée, le
5 4 mai ?
6 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons ou en
7 tout cas nous entendons démontrer au cours des débats et nous pourrions
8 disposer éventuellement de cet élément d'information dont nous ne disposons
9 pas en fait. Il convient néanmoins de déterminer avec exactitude à quelle
10 date l'opération Eclair s'est achevée. Nous ne disposons pas de ce
11 renseignement. Donc, toutes conclusions tirées à l'heure actuelle seraient
12 non justifiées. Il importe de prendre en compte des faits pour établir ceci
13 au cours des débats dans le cadre de ce procès et la Défense s'efforce de
14 le faire; l'expert également en aidant la Défense.
15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] L'expert vous a dit toute l'après-midi
16 hier qu'il ne connaissait rien des opérations menées en Slavonie
17 occidentale et de leurs liens avec le pilonnage de Zagreb. Vous êtes
18 d'ailleurs arrivé à la fin des 30 minutes qui vous ont été accordées en
19 supplément du temps qui vous était imparti au départ. Donc, nous nous
20 demandons quelle est la pertinence par rapport à l'acte d'accusation des
21 questions que vous venez de poser et la Chambre est prête à faire preuve
22 d'indulgence en vous accordant un temps supplémentaires, mais il faut que
23 vos questions soient pertinentes par rapport à l'acte d'accusation.
24 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, avec le respect
25 que je vous dois, je dois vous rappeler que trois paragraphes traitent de
26 l'opération Eclair et du tir sur Zagreb. Ce sont les paragraphes 50, 51, 52
27 de l'acte d'accusation et même 54, si je ne m'abuse. Toute cette opération,
28 cette catastrophe est expliquée par le bureau du Procureur en quatre
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1 phrases ou quatre lignes.
2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais je ne --
3 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, mais
4 laissez-moi terminer ma phrase, je vous prie. Quant à conclure sur la
5 réalité on la non réalité de tel ou tel fait, ou la véracité ou la non
6 véracité de tel ou tel fait, nous sommes actuellement à un stade trop
7 prématuré pour le faire. C'est une conclusion qu'il n'est possible de tirer
8 qu'à la fin du procès. Le témoin qui est ici nous a dit qu'il n'avait eu
9 sous les yeux aucun document traitant des cibles militaires. Je n'essaie
10 pas de l'interroger au sujet d'un certain nombre de documents en lui
11 indiquant quoi que ce soit, quelles réponses doivent être les siennes. Ce
12 que je m'efforce de faire c'est de tirer de lui les renseignements dont il
13 dispose éventuellement sur tel ou tel aspect de cette question. En tant
14 qu'expert, je pense qu'il est normal que je l'interroge de cette façon.
15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais nous parlions de pertinence par
16 rapport à votre question. Vous pouvez néanmoins procéder.
17 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] J'aimerais que nous nous penchions sur
18 la pièce à conviction 112.
19 Q. Avant que ce document ne s'affiche à l'écran, Monsieur Poje, je vous
20 indique que c'est un document de la FORPRONU du 5 mai 1995, qui évoque le
21 fait que le 4 mai 1995, en présence du général de brigade Denar [phon], du
22 général de brigade Matalon et de tout le personnel de la FORPRONU.
23 L'artillerie de l'armée croate a frappé le village de Gavrinci, et ce
24 spécifiquement en visant des cibles civiles, à un moment où les plus hauts
25 représentants de la FORPRONU étaient venus sur place pour empêcher
26 précisément un tel acte. Ce document est actuellement affiché à l'écran et
27 ce que je viens de vous dire se trouve aux premier et deuxième paragraphes
28 du document. Les points 1, 2 et 4 indiquent qu'à 13 heures 55, un pilonnage
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1 intense de mortiers et d'armes automatiques a frappé le village de Gavrinci
2 et que toutes les personnes présentes, y compris les généraux de la
3 FORPRONU se sont trouvés sous le feu de ce bombardement.
4 Alors, ma question par rapport à ce document est la suivante : je vous
5 demande si ce document vous indique, vous qui êtes un expert militaire, que
6 le 4 mai, également des opérations militaires menées par l'armée croate
7 contre l'armée et la population de la République serbe de Krajina avaient
8 encore cours ?
9 M. BLACK : [interprétation] Objection, Monsieur le Président.
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Monsieur Black.
11 M. BLACK : [interprétation] Même objection par rapport à la pertinence que
12 tout à l'heure, Monsieur le Président. Il me semble que cette question
13 reprend comme tout à l'heure les événements survenus le 4 mai. J'indique
14 pour préciser davantage le contexte que -- qu'à la page 3822 du compte
15 rendu d'audience, d'ailleurs nous pouvons le constater, le conseil de la
16 Défense déclare de façon tout à fait explicite que l'opération Eclair ne
17 peut servir à justifier le pilonnage de Zagreb. Il me semble que ceci est
18 un élément constant dans le contre-interrogatoire, mais que cela nous amène
19 à la théorie des représailles et qu'il convient à cet égard de se pencher
20 sur le jugement Kupreskic. Je ne vois pas comment ce qui s'est passé à
21 Zagreb peut être considéré comme des représailles par rapport aux
22 événements de Slavonie occidentale et en quoi cela peut être justifié. Par
23 conséquent, je n'ai pas de documents relatifs à l'opération Eclair. Le
24 conseil de la Défense, s'il estime que c'est pertinent peut, peut-être,
25 nous expliquer en quoi ? Mais je ne le vois pas, Monsieur le Président.
26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous êtes debout. Vous voulez
27 répondre, Maître Milovancevic ?
28 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] L'avis selon lequel le pilonnage de
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1 Zagreb serait une opération de représailles par rapport à l'opération
2 Eclair est une position exprimée par le Procureur. Je ne comprends pas
3 cette position qui d'ailleurs, me donne quelque peu la nausée car je vois
4 que des efforts constants sont déployés pour éviter de faire éclater la
5 vérité. Suis-je dans l'obligation d'établir un lien entre cette attitude de
6 l'Accusation et une éventuelle volonté de refuser d'assumer la
7 responsabilité de ce qui s'est passé à Zagreb ? L'expert de l'Accusation,
8 Grujic, a évoqué en détail les 15 000 personnes qui ont expulsées de chez
9 elles et les conséquences dramatiques que cela a pu avoir. Donc, affirmer
10 quelque chose à l'avance, dire à l'avance qu'un élément d'information n'est
11 pas pertinent, qu'il n'a aucun rapport avec la question importante, alors
12 que le bureau du Procureur a posé des questions qui traitent de ce
13 problème. Ceci, à mon avis, est tout à fait inacceptable. Je pense que ceci
14 va à l'encontre de la vérité, de la nécessité d'établir la vérité et de
15 donner aux victimes la considération qu'elles méritent.
16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Milovancevic, je dois vous
17 avertir, au nom des Juges de cette Chambre, que 668 [comme interprété]
18 personnes ont trouvé la mort en même temps; il appartient à ce Tribunal de
19 mettre les responsables en accusation. Si vous voulez imputer la
20 responsabilité de cela à vos collègues de l'Accusation qui n'ont pas mis en
21 accusation les personnes responsables, cela doit se faire en dehors de
22 cette Chambre, en dehors de ce prétoire. Ici, dans ce prétoire, il faut que
23 ce que vous disiez soit pertinent par rapport aux charges qui ont été
24 retenues contre votre client et que vous cessiez de proférer des remarques
25 très déplaisantes à l'égard de vos collègues de l'Accusation.
26 Je vous prie de m'excuser, mais ce qui a été dit au sujet de ce
27 document, c'est qu'il n'avait pas de pertinence et ceci ne justifie en rien
28 les observations que vous venez de faire. Donc, ce document ne sera pas
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1 pris en compte.
2 L'objection de l'Accusation est retenue. Vous pouvez maintenant
3 continuer à poser des questions à condition qu'elles soient pertinentes.
4 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Pour autant que je vous ai bien compris,
5 Monsieur le Président, le fait de poser quelque erreur que ce soit, erreur
6 qui peu être entachée -- question qui peut être entachée d'erreurs. Donc,
7 la moindre question qui pourrait être posée au sujet des conséquences et
8 des causes de l'opération Eclair et un lien éventuel entre celle-ci et le
9 pilonnage de Zagreb, les 1er, 2, 3 et 4 mai, est dépourvu de pertinence. Je
10 pense --
11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Milovancevic, je me permets de
12 vous interrompre. J'ai rendu ma décision, posez une question pertinente, je
13 vous prie.
14 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
15 Q. Monsieur Poje, il existe un rapport de la CIVPOL des Nations Unies qui
16 traite d'un massacre important de la population serbe alors que celle-ci
17 était constituée en colonne de réfugiés fuyant l'endroit où elle habitait
18 durant l'opération Eclair qui a duré les 1er, 2, 3, 4, 5 et 6 mai, la
19 population serbe durant ces journées a été massacrée, les gens ont été tués
20 alors qu'ils étaient à bord de véhicules civils, de tracteurs, de camions
21 et qu'ils essayaient de sauver leurs têtes. Pendant toute cette période,
22 les combats ont fait rage dans la région. Alors, ma question est la
23 suivante, est-ce que vous avez des éléments matériels sur lesquels vous
24 pouvez vous fonder pour établir votre position selon laquelle il y aurait
25 justification militaire ou absence de justification militaire, eu égard aux
26 tirs d'appui de l'artillerie qui aurait pris pour cible des cibles
27 militaires à Zagreb telles que, par exemple, le ministère de la Défense, le
28 palais présidentiel, l'aéroport et d'autres bâtiments de même nature ?
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1 R. Je ne me suis pas intéressé aux opérations militaires en tant que tel
2 ou à l'opération Eclair en tant que telle. Ma mission consistait non pas à
3 apprécier ou à évaluer, ou à analyser les opérations militaires qui se sont
4 menées à cette époque-là, durant les journées de l'opération Eclair. Je le
5 répète encore une fois, ma mission était la suivante en me fondant sur les
6 éléments d'informations qui m'ont été fournis, j'avais pour tâche de
7 calculer le schéma de dispersion dû à l'utilisation de l'Orkan dans le
8 cadre de l'intervention de l'artillerie. Sur cette base, je devais tirer
9 des conclusions pour déterminer si les cibles militaires à Zagreb étaient
10 justifiées ou pas sur la base donc, du schéma de dispersion des
11 projectiles. Voilà quelle était ma mission ? Je n'avais pas pour tâche de
12 prendre en compte la situation générale.
13 Qu'il s'agisse de l'opération Eclair ou d'autres opérations
14 militaires qui ont suivi et dont les images ont été montrées à la
15 télévision. Voilà, donc, tout ce que je peux vous dire, je me suis
16 concentré sur mon rapport, sur l'analyse des schémas de dispersion parce
17 que si le ministère de la Défense et je n'ai pas mesuré sa superficie, si
18 la superficie occupée au sol par le ministère de la Défense est de 100
19 fois, 150 mètres, ou de 100 sur mètres, cela signifie que le centre du
20 schéma de dispersion passe par le centre du bâtiment qu'est le ministère de
21 la Défense. Je dois faire ce calcul en prenant compte des paramètres Vd, Vp
22 que j'ai expliqués longuement ici. Il est possible que d'autres cibles
23 militaires aient été prises pour cible, mais, en fait, je ne pense pas
24 qu'il y en ait eu d'autres.
25 Mais lorsqu'on prend pour cible une cible militaire, il est également
26 possible que des civils soient frappés parce que je vous ai expliqué qu'à
27 une distance de 50 kilomètres qu'on a un schéma de dispersion, une
28 superficie de dispersion qui peut atteindre
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1 4 hectares; 4 hectares, c'est une surface absolument énorme. Il est donc
2 tout à fait possible que, lorsqu'on frappe un bâtiment militaire, une cible
3 militaire, il y a également des victimes civiles comme c'est le cas
4 lorsqu'on frappe une cible civile.
5 A présent, vous êtes en train de m'interroger sur ce qui s'est passé,
6 comment cela s'est passé, et cetera. Au sujet des opérations menées par les
7 unités engagées, je ne sais rien, en fait.
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Milovancevic, plus de
9 questions non pertinentes. Cette question manquait de pertinence. Je vous
10 demande, à présent, de bien vouloir poser des questions pertinentes.
11 M. MILOVANCEVIC : [interprétation]
12 Q. Vous dites que les tirs sur Zagreb étaient des tirs, d'appui,
13 généraux de la part de l'artillerie. Mais un appui qui était destiné à qui,
14 à quelles unités ? Où se trouvaient ces unités ?
15 R. Les Unités de l'armée serbe de Krajina.
16 Q. Qui opérait, où, à quel endroit ?
17 R. Il faudrait être plus précis, mais c'est quelque part en Slavonie
18 occidentale.
19 Q. Donc, il s'agissait de tirs, d'appui, d'ensembles, aux Unités de
20 l'armée de la République serbe de Krajina qui opéraient en Slavonie
21 occidentale, est-ce que cela se passait pendant l'opération Eclair ?
22 R. Je ne sais pas. Je ne suis pas occupé, je ne suis pas intéressé,
23 je n'ai pas étudié l'opération Eclair.
24 Q. Monsieur Poje, cette réponse de votre part me suffit.
25 J'ai encore une question à vous poser qui a un rapport avec une époque
26 antérieure. Je vous ai dit que depuis que je vous ai interrogé quant au
27 fait, que depuis 1991, vous étiez lieutenant-colonel et je vous ai demandé,
28 à ce moment-là : combien de temps, vous pensiez que vous le seriez encore ?
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1 R. Si vous souhaitez que --
2 Q. Je n'ai pas fini ma question. Je vais la terminer si vous le permettez.
3 J'ai quelque chose à ajouter.
4 Pensez-vous que, si vous étiez resté au sein de la JNA, vous seriez
5 général depuis longtemps à en juger par le nombre d'années de service que
6 vous avez -- par la durée de votre carrière au sein de l'armée ainsi que
7 par le travail d'instructeur que vous avez réalisé ?
8 R. Je ne le pense pas, non.
9 Revenons à votre première question, celle que vous m'avez posée hier.
10 Comme vous le savez, je dirige le département chargé de l'artillerie au
11 centre d'Instruction et de Développement. C'est le poste le plus important
12 pour quelqu'un qui est dans l'artillerie au sein d'un centre de ce genre
13 dans l'armée slovène. Vous devez bien être au courant du fait que l'armée
14 slovène compte 6 000 soldats de métier.
15 Q. Encore une question. Quel âge aviez-vous lorsque vous êtes devenu
16 lieutenant-colonel au sein de la JNA ?
17 R. Je suis devenu lieutenant-colonel mais je ne sais pas si c'est
18 pertinent, parce que je suis devenu lieutenant-colonel en 1989.
19 Q. Merci. Monsieur Poje.
20 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions pour ce
21 témoin, Monsieur le Président. Ceci met un terme à mon contre-
22 interrogatoire. Merci beaucoup.
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Maître Milovancevic.
24 Monsieur Black.
25 M. BLACK : [interprétation] Merci, Monsieur le Président de me redonner la
26 parole. J'ai quelques questions supplémentaires que je vais essayer de
27 poser le plus rapidement possible au témoin.
28 Nouvel interrogatoire par M. Black :
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1 Q. [interprétation] Monsieur Poje, je vous ai posé quelques questions hier
2 et aujourd'hui au sujet de l'effet possible des bombettes sur des
3 bâtiments. Vous vous souvenez avoir répondu à de telles questions ?
4 R. Oui, je m'en souviens.
5 Q. En général, quels sont les dommages, les dégâts que l'on peut
6 s'attendre à constater suite à l'action de ces bombettes ?
7 R. J'ai dit que lorsqu'il y a contact entre la cible et les bombettes, les
8 bombettes explosent et que, suite à ce type d'explosion, les grains sont
9 libérés, grains qui ont un rayon d'action de dix mètres environ chacun.
10 L'effet cumulé qui se crée après explosion de la charge en fonction de sa
11 forme, il y a perforation de la cible. Il y a des éléments de pression qui
12 interviennent dont l'action a pour résultat que, dans la majorité des cas,
13 l'explosion atteint des éléments qui se trouvent y compris au-delà du champ
14 d'action du grain. Lorsqu'il y a contact entre la bombette et l'obstacle,
15 autrement dit la cible, il y a libération des grains, mais ce ne sont pas
16 les bombettes qui perforent la cible. La perforation est un effet
17 secondaire de l'explosion.
18 Q. Vous avez parlé et vous avez été interrogé aujourd'hui au sujet des
19 réglages ou des ajustements par caméra des Orkan M87. Pouvez-vous nous en
20 dire un peu plus ?
21 R. Oui. Chacune des roquettes Orkan est liée à une caméra qui enregistre
22 les phases actives du vol le long de la trajectoire. Il y a également un
23 ordinateur qui intervient de façon automatique pour régler les paramètres
24 de tir en fonction des éléments, des facteurs, des paramètres qui ont été
25 enregistrés par la caméra.
26 Q. Combien de temps dure la phase active du vol de la roquette ?
27 R. La phase active du dure 4,3 secondes, après quoi le "moteur" s'éteint,
28 il cesse de fonctionner et, entre ce moment-là et la suite dans le temps,
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1 la roquette vole comme volerait n'importe lequel autre projectile provenant
2 d'une autre arme.
3 Q. Cette caméra de télévision permet-elle d'une façon ou d'une autre
4 d'observer le point de chute de l'Orkan M87 ?
5 R. Pourriez-vous être plus clair, je vous prie ?
6 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Objection, Monsieur le Président.
7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Maître Milovancevic.
8 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Le témoin n'a jamais parlé d'une caméra
9 qui filmerait les effets liés au vol de la roquette, il n'a parlé d'une
10 caméra qu'en liaison avec le temps que dure le vol de la roquette et rien
11 d'autre. Ce qui passe après le vol de la roquette n'a rien à voir avec le
12 vol de la roquette en tant que tel. Ce sont deux choses tout à fait
13 différentes.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Black, est-ce que vous avez
15 une réponse ?
16 M. BLACK : [interprétation] Je ne suis pas en désaccord avec ce qui vient
17 d'être dit, mais je ne vois pas sur quoi se fonde cette objection, Monsieur
18 le Président. Je n'ai jamais laisser entendre que le témoin aurait dit quoi
19 que ce soit d'autre que ce qu'il a effectivement dit. Je ne pense pas que
20 j'aie donné une fausse interprétation des propos du témoin. Je ne comprends
21 pas la nature de l'objection.
22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Quelle est la nature de votre
23 objection, Maître Milovancevic ? Est-ce que vous avez une objection
24 précise ? Le fait que le témoin ait parlé d'une caméra enregistrant les
25 effets de la roquette, c'est cela ?
26 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] La question posée par l'Accusation
27 implique l'idée que la caméra filme l'action de la roquette, ce qui est
28 tout à fait contraire à la réalité et que le témoin n'a jamais dit.
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1 L'expert s'est expliqué en détail sur ce point en disant que la caméra ne
2 filmait que la phase de vol.
3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] C'est bien ainsi que j'ai compris la
4 question. Je cite ce que je lis au compte rendu
5 d'audience : "Est-ce que la caméra de télévision permet d'observer d'une
6 façon ou d'une autre la chute de l'Orkan M87, le point de
7 chute ?"
8 Mme LE JUGE NOSWORTHY : [interprétation] Est-ce que le fondement de votre
9 objection vient du fait que cette question ne découle pas sur le fond de ce
10 qui a été dit au cours de contre-interrogatoire ? C'est un point de droit,
11 là.
12 M. MILOVANCEVIC : [interprétation] Absolument, Madame le Juge. Absolument.
13 Nous n'avons jamais évoqué au cours de contre-interrogatoire le point
14 d'impact, le point de chute de la roquette en rapport avec des questions
15 relatives à la caméra ou à ce que la caméra filmait. Le témoin n'a pas
16 évoqué le point de chute en rapport avec ce qu'il a dit de la caméra. Il a
17 dit quelque chose de très différent de ce qu'impliquait la question de
18 l'Accusation, en tout cas sous forme de possibilité.
19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Monsieur Black.
20 M. BLACK : [interprétation] J'aimerais répondre, Monsieur le Président.
21 Je ne parlais pas d'une quelconque possibilité en aucun cas. Je demandais
22 simplement un éclaircissement au témoin. La raison de cela, Monsieur le
23 Président, et je crois que cela découle du contre-interrogatoire, c'est
24 qu'un certain nombre de questions ont été posées au sujet de l'adaptation
25 du réglage des critères par la caméra, réglage qui est comparable à celui
26 qui est effectué par un observateur qui est capable d'observer le point de
27 chute d'un projectile. Si on se trouve à 50 mètres trop à gauche ou à 20
28 mètres trop en profondeur par rapport au point de chute prévu. Ce sont deux
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1 choses différentes, le témoin s'est expliqué assez clairement sur ce point,
2 même si ces réponses au cours du contre-interrogatoire n'étaient pas tout à
3 fait claires. A présent, c'est clair.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous pouvez poursuivre. Posez votre
5 question.
6 M. BLACK : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] L'objection est rejetée.
8 M. BLACK : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
9 Q. Lieutenant-colonel Poje, la question très simple était la suivante :
10 est-ce que le réglage par la caméra de télévision de l'Orkan M87 permet
11 l'observation du point de chute de ce projectile ?
12 R. Non. La caméra utilisée lors d'un tir d'une roquette Orkan ne concerne
13 que le vol de 4,3 secondes le long de la trajectoire de ce projectile, à
14 savoir la phase active du vol. Cette partie de la trajectoire est calculée
15 par rapport à certains paramètres prédéterminés. La caméra suit cette
16 partie active du vol pour permettre d'établir une comparaison entre le
17 calcul prédéterminé et le calcul réel lors du vol réel sur cette partie de
18 la trajectoire.
19 Ce qu'enregistre la télévision s'agissant du vol de l'Orkan n'a rien à voir
20 avec l'effet de l'intervention de l'arme, autrement dit aucun rapport avec
21 le point de chute, avec le point d'impact du projectile sur la cible. Tout
22 ce que voit la caméra de télévision c'est la phase active du vol qui
23 succède immédiatement au lancement de la roquette et qui dure 4,3 secondes,
24 après quoi le vol se poursuit. Mais la partie filmée par la caméra de ce
25 vol ne dure que 4,3 secondes le long de la trajectoire réelle et permet,
26 ensuite, après enregistrement des images, la comparaison entre le réglage
27 prédéterminé sur la base de paramètres préalables au lancement de la
28 roquette et la réalité de la phase active du vol de la roquette sur cette
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1 première partie de la trajectoire. Ensuite, il peut y avoir corrections
2 éventuelles.
3 Q. Merci de votre explication. J'en arrive je suppose à la question qui
4 sous-tendait ma question précédente : est-ce que ce réglage à l'aide de la
5 caméra de télévision supprime la dispersion dont vous avez parlé tout à
6 l'heure ou en tout cas permet de réduire la surface de dispersion ?
7 R. Le schéma de dispersion, indépendamment du fait qu'il y a observation
8 ou pas et des mesures qui peuvent être faites au préalable ou pas - nous
9 avons parlé de tous les calculs en détail hier - ces paramètres de
10 dispersion, on les trouve dans la table de dispersion et rien ne peut
11 empêcher qu'il y ait dispersion, quoi que ce soit que nous fassions. Quels
12 que soient les dispositifs que nous utilisons pour observer telle ou telle
13 phase du vol de la roquette et même si nous avons mis au point des
14 dispositifs qui nous permettent d'observer le rayon d'impact du projectile,
15 rien, aucun dispositif, aucun mécanisme n'existe actuellement qui permet de
16 réduire davantage que cela n'a été le cas jusqu'à présent la surface de
17 dispersion de ce genre de projectile, en tout cas pas avec les moyens dont
18 nous disposons actuellement pour recueillir les paramètres et effectuer les
19 calculs nécessaires au lancement d'une roquette. Pour le moment, dans les
20 conditions actuelles, quels que soient les dispositifs utilisés pour
21 effectuer des observations ou des calculs, rien ne permet de réduire
22 davantage le schéma de dispersion.
23 Q. Merci. Au cours du contre-interrogatoire, on vous a posé un certain
24 nombre de questions sur la question de savoir si le lance-roquettes Orkan
25 était la seule arme ayant la portée requise pour atteindre Zagreb. Est-ce
26 que vous souvenez des questions qui vous ont été posées à cet égard ?
27 R. Oui, je me souviens de ces questions. J'y ai répondu et j'ai dit qu'à
28 l'époque où on s'était servi du lance-roquettes Orkan pour viser Zagreb, je
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1 ne savais pas si, à l'époque, l'armée serbe de Krajina disposait d'autres
2 armes qu'elle aurait pu utiliser contre Zagreb. J'ai vu un certain nombre
3 de documents qui font état d'autres armes, mais je suppose que l'Orkan
4 était peut-être la seule pièce d'artillerie disponible dans le secteur
5 capable d'atteindre Zagreb. Je ne sais pas s'ils avaient d'autres
6 ressources à leur disposition.
7 Q. Monsieur Poje, ma question était la suivante : en fait, s'il n'était
8 pas judicieux de se servir de ce lance-roquettes Orkan pour attaquer
9 Zagreb, pour les raisons que vous avez mentionnées dans votre rapport, est-
10 ce que l'utilisation de ce lance-roquettes Orkan peut être justifiée du
11 simple fait qu'il s'agissait de la seule arme disponible à ce moment-là
12 ayant la portée requise ?
13 R. Je ne sais pas ce qui a poussé l'état-major principal et le
14 commandement Suprême à se servir du lance-roquettes Orkan. Je suppose qu'à
15 ce moment-là, l'armée serbe de Krajina ne disposait pas d'autres pièces
16 d'artillerie, ni d'autres systèmes d'armes dans la région qui aurait pu
17 être utilisés contre des objectifs situés à Zagreb, c'est probablement la
18 raison pour laquelle ils ont décidé de se servir du lance-roquettes Orkan,
19 mais je n'en suis pas sûr. Il s'agit d'une distance de 50 kilomètres. Le
20 lance-roquettes Orkan avait une portée de 50 kilomètres. La seule autre
21 arme qui aurait pu être utilisée, c'est le système de lance-missiles sol-
22 sol Luna. Nous avons conclu que les conséquences auraient été désastreuses
23 également. Il y aurait probablement eu également des pertes civiles tout
24 comme avec le lance-roquettes Orkan. Mais je ne sais pas s'il y avait ce
25 type d'armes à proximité de Zagreb à ce moment-là.
26 Q. S'agissant de la question de savoir s'il convenait d'utiliser le lance-
27 roquettes Orkan dans ces circonstances, est-ce que votre opinion à ce sujet
28 est influencée de quelque manière que ce soit par le fait de savoir que
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1 l'Orkan était la seule arme disponible à l'armée serbe de Krajina à ce
2 moment-là ?
3 R. Quelqu'un a pris la décision de se servir de l'Orkan pour tirer sur des
4 cibles situées à Zagreb. La personne qui a pris cette décision devait avoir
5 conscience des conséquences. Il est très facile de prévoir quelles seraient
6 les conséquences d'une telle action, comme je l'ai fait hier. En fait, il
7 m'a suffit de me saisir d'un papier et d'un stylo et de calculer le schéma
8 de dispersion. Pour ce qui est d'éventuelles cibles militaires situées à
9 Zagreb, comme celles dont nous avons parlé aujourd'hui, l'état-major
10 général, le palais présidentiel, le commandement Suprême ou le centre de
11 transmission, il s'agissait d'installations assez petites. Je ne sais pas
12 quelle était la surface du bâtiment abritant l'état-major général. Je ne
13 sais pas si c'était 100 mètres carrés ou 100 mètres sur 150. Il s'agissait
14 d'un bâtiment et d'une enceinte. Toujours est-il que la surface occupée par
15 ce bâtiment était plus petite que l'ellipse de dispersion.
16 Même un néophyte peut procéder à ce calcul et parvenir à la conclusion
17 selon laquelle l'utilisation d'un Orkan, vu le schéma de dispersion,
18 entraînerait des victimes civiles et des installations civiles auraient
19 nécessairement été touchées également. Je me suis demandé si l'on pouvait
20 justifier l'utilisation de cette arme et l'infliction de pertes si
21 importantes. Mais ce n'est pas moi qui ai pris la décision en question. La
22 personne qui a pris cette décision avait sans doute des motifs.
23 Q. Vous nous avez fourni une réponse détaillée. Je comprends bien ce que
24 vous dites. Mais peut-être n'avez-vous pas bien compris l'essence de ma
25 question. Vous venez juste de nous expliquer tout à fait clairement en quoi
26 il n'était pas judicieux de se servir d'une telle arme contre Zagreb. Est-
27 ce que cet avis serait modifié de quelque manière que ce soit si on vous
28 disait que l'Orkan était la seule arme disponible à ce moment-là ? Je suis
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1 désolé d'insister sur ce point mais je vous prie de bien vouloir répondre à
2 cette simple question.
3 R. Je pense que, même si le lance-roquettes Orkan était le seul système
4 pouvant être utilisé contre Zagreb, vu le fort degré de probabilité selon
5 laquelle beaucoup de projectiles tomberaient en dehors d'une zone visée, je
6 pense que l'utilisation d'une telle arme n'était pas judicieuse ni
7 justifiée.
8 Q. Merci de votre patience. Il me reste une dernière question à vous
9 poser.
10 Est-ce que les sujets dont vous avez débattu lors du contre-
11 interrogatoire, tout ce que vous avez pu entendre au cours des deux
12 dernières journées a changé de quelque manière que ce soit votre avis tel
13 qu'il est exposé dans votre rapport d'expert concernant le fait qu'il
14 n'était pas justifié mais judicieux de tirer contre Zagreb à l'aide d'un
15 Orkan M87 ?
16 R. Cela fait deux jours que je témoigne dans ce prétoire. Compte tenu de
17 la mission qui m'a été confiée, à savoir, de calculer le schéma de
18 dispersion des projectiles sur la base des renseignements qui m'avaient été
19 communiqués afin d'établir les conséquences de l'utilisation de l'Orkan sur
20 les installations militaires ou autres à Zagreb, je reste convaincu que
21 l'utilisation d'un Orkan contre des cibles situées à Zagreb n'était pas
22 justifié.
23 Q. Merci.
24 R. D'après le rapport que j'ai étudié, et je vois, à présent, le nombre de
25 victimes qui sont mentionnées, je pense qu'il n'est pas absolument justifié
26 de se servir d'une telle arme contre Zagreb.
27 Q. Merci.
28 M. BLACK : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.
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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Monsieur Black.
2 [La Chambre de première instance se concerte]
3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Monsieur Poje. Je vous présente
4 tous mes remerciements en mon nom et aux noms des Juges de la Chambre. Ceci
5 met un terme à votre déposition. Vous pouvez maintenant quitter le
6 prétoire.
7 [Le témoin se retire.]
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je pense que le moment est venu
9 pour lever l'audience.
10 M. BLACK : [interprétation] Tout à fait, Monsieur le Président.
11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.
12 L'audience est levée. Nous reprendrons nos travaux, demain matin, à 9
13 heures.
14 --- L'audience est levée à 13 heures 44 et reprendra le jeudi
15 8 juin 2006, à 9 heures 00.
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