Page 4032
1 Le mercredi 14 janvier 2009
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 16.
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je voudrais profiter de ces quelques
6 instants avant que l'on fasse entrer le témoin pour traiter de quelques
7 points. Tout d'abord, le nombre de témoins qui nous restent, ainsi que le
8 nombre d'heures pour la Défense, j'ai l'intention de dire que la Chambre va
9 publier un ordre prochainement afin de vous informer du nombre d'heures qui
10 restent dans l'affaire de la Défense. La Défense sait qu'un certain nombre
11 d'heures a été perdu pour des raisons que vous savez.
12 Ensuite, la prochaine question que j'aimerais aborder porte sur la question
13 des experts. Monsieur Ivetic, on nous a dit que vous avez l'intention
14 d'appeler à la barre six experts, mais nous n'avons pas reçu ni les
15 rapports ni les déclarations complètes de ces témoins experts, et comme
16 vous le savez, l'autre partie a le droit d'avoir 30 jours afin de répondre.
17 La Chambre va également publier un ordre concernant les dates limites sur
18 cette question.
19 Encore une fois, Maître Ivetic, vous nous avez demandé également la
20 permission d'organiser une liaison vidéo, et vous avez demandé à ce que
21 cela s'organise pour la semaine prochaine, mais comme vous le savez, il
22 faut prévoir deux semaines à l'avance pour que le greffe puisse faire le
23 nécessaire. La Chambre va publier un ordre exigeant que vous apportiez des
24 certificats médicaux afin d'appuyer ce que vous avez présenté dans l'annexe
25 B de votre écriture déposée en date du vendredi 16 janvier, et j'insiste
26 que l'heure limite est de 16 heures pour ce certificat médical.
27 Le prochain point, nous devons aller à huis clos partiel pour ce point,
28 s'il vous plaît.
Page 4033
1 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
2 [Audience à huis clos partiel]
3 (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé)
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 (expurgé)
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 (expurgé)
28 (expurgé)
Page 4034
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 Pages 4034-4036 expurgées. Audience à huis clos partiel.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 4037
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé)
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 (expurgé)
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 [Audience publique]
27 M. IVETIC : [interprétation] Puisque nous attendons quelques instants
28 l'arrivée du témoin, est-ce que je peux demander quelle sera la durée qui
Page 4038
1 reste pour M. Groome pour le contre-interrogatoire pour ce qui est de la
2 décision concernant le MLD15 afin d'avoir suffisamment de temps pour
3 préparer le témoin et pour pouvoir terminer l'interrogatoire principal.
4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Avant de faire entrer le témoin, je
5 vais me renseigner.
6 M. IVETIC : [interprétation] Merci.
7 [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Le Procureur a utilisé une heure et
9 23 minutes. Pour l'instant, la Défense…
10 [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Pardon. C'est le contraire. Je
12 reprends. La Défense a utilisé une heure et 23 minutes, et le Procureur
13 pour le moment a utilisé une heure et six minutes. Etant donné les
14 circonstances, Monsieur Groome, je vous accorde trois quarts d'heure, 45
15 minutes de plus.
16 M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
17 M. LE JUGE ROBINSON : [aucune interprétation]
18 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Groome, il y a eu une
20 longue période de temps qui s'est écoulée. Je vais donc demander au témoin
21 de bien vouloir faire la déclaration solennelle une fois de plus. Demandez
22 au témoin de faire la déclaration, s'il vous plaît.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Je dirai la vérité, rien que la vérité, toute
24 la vérité.
25 LE TÉMOIN: TÉMOIN MLD10 [Reprise]
26 [Le témoin répond par l'interprète]
27 Contre-interrogatoire par M. Groome : [Suite]
28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Groome.
Page 4039
1 M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Allez-y.
3 M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
4 Q. [interprétation] Je voudrais revenir aux questions qu'on vous a posées
5 concernant les éléments de preuve que vous aviez présentés concernant votre
6 frère et votre oncle qui se trouvaient avec Milan Lukic les 27 et 28 juin.
7 Ma première question est la suivante : est-ce que votre oncle était avec
8 eux à cette époque ?
9 R. Désolée, je ne comprends pas la question.
10 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que M. Groome
11 s'est trompé concernant les éléments de preuve préalables. Je crois qu'il
12 se trompe. C'est un autre individu et le frère.
13 M. GROOME : [interprétation]
14 Q. Je vous pose la question suivante : vous avez témoigné que Milan Lukic
15 était avec votre père et votre frère le jour de Saint-Vitus en 1992, n'est-
16 ce pas ?
17 R. En effet.
18 Q. Est-ce que votre oncle y était à l'époque ?
19 R. Je ne sais pas. Mon père m'a dit qu'ils étaient chez Milan Lukic, le
20 père et le frère. Je ne sais pas si mon oncle s'y trouvait.
21 Q. Si je me souviens bien de votre témoignage, c'est une fois que les
22 femmes de votre famille avaient fui (expurgé)
23 restés pour s'occuper du bétail sur la ferme à (expurgé)
24 souviens correctement de ce que vous avez dit ?
25 R. En effet, c'est bien cela.
26 Q. Pendant la pause, j'ai pu regarder la déclaration de votre frère, et je
27 constate qu'il y a un certain nombre de contradictions avec ce que vous
28 dites. A plusieurs reprises, le premier point de contradiction c'est que
Page 4040
1 selon votre frère, votre père habitait dans la zone de Visegrad que l'on
2 appelle
3 témoignage que votre père habitait dans la zone de (expurgé)
4 R. Mon père habitait à (expurgé) pendant toute la période, il n'a pas
5 déménagé. C'est mon frère qui possédait une maison à (expurgé)
6 ci, mais un frère qui est décédé, un de mes frères qui a été tué à un
7 moment donné. C'est lui qui possédait une maison à (expurgé)
8 Q. J'aimerais vous donner lecture du paragraphe 2 de la déclaration de
9 votre frère pour voir ce dont il se souvient concernant votre père pour
10 voir si cela vous rafraîchit la mémoire. Je cite :
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 Est-ce qu'en écoutant cela vous êtes disposée à changer votre témoignage
16 concernant le lieu où se trouvait votre père au printemps 1992 ou s'il
17 était resté à (expurgé) ?
18 M. IVETIC : [interprétation] Objection. Vous demandez au témoin de spéculer
19 concernant la déclaration d'une personne qui n'est pas ici même devant la
20 Chambre. Je pense que c'est quelque chose que le Procureur a refusé que la
21 Défense agisse de la sorte à plusieurs reprises, a exprimé des objections.
22 Ceci n'a pas de rapport direct avec ce que ce témoin sait, car cela se
23 rapporte au témoignage d'une personne qui n'est pas présente. Selon nos
24 habitudes ici, selon notre jurisprudence, nous n'acceptons pas que l'on
25 procède de la sorte. C'est une question de justice et d'équité --
26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] En effet, nous sommes d'accord. Nous
27 avons prohibé des questions de cette nature en réponse à des questions
28 posées par le Procureur.
Page 4041
1 M. GROOME : [interprétation] Vous savez, c'est tout à fait différent ici.
2 C'est très important puisque cette femme nous dit que l'homme qui a fait
3 cette déclaration lui avait dit que son père habitait à (expurgé)
4 demande, parce que l'autre dit qu'il ne vivait pas à (expurgé)
5
6 déclarant quelque chose, et lorsque l'on compare avec la déclaration de cet
7 homme, c'est tout à fait différent. C'est une situation tout à fait
8 différente.
9 M. IVETIC : [interprétation] Je serai bref, mais je me souviens d'un cas
10 particulier. Le K-64 qui disait que son mari avait aidé Milan Lukic, on
11 l'avait écarté. Nous avons présenté la déclaration sous serment du mari qui
12 avait témoigné et on nous avait refusé cette occasion. Donc je crois que la
13 situation est tout à fait la même ici, et M. Groome essaie de tirer des
14 conclusions là où il n'y en a pas. C'est exactement la même situation.
15 [La Chambre de première instance se concerte]
16 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je n'essaie pas
17 d'introduire cette déclaration dans le procès-verbal. J'essaie de lui
18 demander simplement si elle est d'accord avec la déclaration qui avait été
19 faite par le frère.
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Groome, la Chambre
21 considère que c'est essentiellement la même chose. Ainsi, l'objection est
22 justifiée. En effet, nous ne permettons pas la question.
23 M. GROOME : [interprétation] Est-ce que vous me permettez de demander si
24 cela lui rafraîchit la mémoire concernant la zone d'opération ou concernant
25 ce que son frère lui aurait dit, Monsieur le Président ?
26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je crois que l'effet serait le même.
27 Passez à autre chose, s'il vous plaît.
28 M. GROOME : [interprétation]
Page 4042
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14 Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des
15 versions anglaise et française
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 4043
1 Q. Madame, n'est-il pas vrai qu'à cette époque, votre père - c'est-à-dire
2 vous dites qu'il était à (expurgé) - n'est-il pas vrai qu'il n'était pas à
3
4 c'est juste de dire cela ?
5 R. Je sais - et d'ailleurs mon père m'a dit qu'il vivait à (expurgé)
6 vivait à
7
8 il est possible qu'il s'y est rendu. Mais il n'y vivait pas. D'après ce que
9 je sais, il n'était peut-être pas chez lui tout le temps et je ne peux pas
10 contredire ce qu'a dit mon frère puisqu'ils étaient ensemble. Je sais que
11 mon père m'avait dit qu'ils étaient ensemble. Maintenant, savoir s'il est
12 allé à
13 Q. Quand est-ce que votre père est décédé ?
14 R. Il y a trois ans. Trois ou quatre.
15 Q. Vous nous avez dit, en réponse à une question de Me Ivetic, qu'après le
16 décès de votre mari, vous êtes partie du Monténégro et vous êtes allée en
17 Bosnie; c'est bien cela ?
18 R. Oui.
19 Q. Votre mari est décédé en 2001; c'est bien cela ?
20 R. Oui.
21 Q. J'aimerais vous donner lecture d'une question posée par Me Ivetic ainsi
22 que la réponse, puis je vous poserai une autre question. Il s'agit du
23 procès-verbal 3965, et je cite :
24 "Madame, vous avez commencé à témoigner concernant le moment où vous avez
25 déménagé à Zenica afin de retrouver avec votre famille, c'est-à-dire votre
26 frère -- pardon, votre père, et ils vous ont tout dit. Est-ce que vous
27 pouvez compléter votre réponse à la question suivante, ma question
28 d'origine, qui était : est-ce que vous avez eu l'occasion de confirmer avec
Page 4044
1 les membres de votre famille si Milan avait remis le paquet cadeau comme
2 vous lui avez demandé ?"
3 La réponse était : "Oui, mon père l'avait confirmé ainsi que mon frère."
4 Ma question est la suivante : est-ce que vous en avez parlé avec votre père
5 et votre frère de ces événements une fois que vous êtes retournée en Bosnie
6 ?
7 R. Je m'étais entretenue avec les membres de ma famille même avant de
8 venir leur rendre visite. On en avait parlé. A un moment donné, je me
9 souviens d'y être allée une fois avec mon mari qui est maintenant décédé.
10 Lorsque nous sommes revenus les voir une autre fois, nous avions de nouveau
11 parlé de la guerre. Nous avions parlé de leurs expériences, de ce qu'ils
12 ont vécu pendant la guerre, puisque je ne me trouvais pas sur le territoire
13 de Bosnie-Herzégovine.
14 Q. A quel moment est-ce que votre frère ou votre père vous ont confirmé
15 pour la première fois ce récit qui, selon vous, est arrivé le jour de la
16 Saint-Guy ?
17 R. Mon frère me l'a confirmé lorsque j'étais venue avec mon mari. Il était
18 encore dans l'armée, il faisait son service militaire et j'étais allée le
19 voir à la caserne avec mon mari. Nous étions rentrés ensemble à la maison
20 et nous avions parlé de la guerre, et je lui ai demandé comment les choses
21 s'étaient passées pendant la guerre. Il m'avait dit qu'il avait reçu un
22 cadeau de Milan Lukic et que c'était le cadeau que moi je lui avais envoyé.
23 Q. C'était quand ? Quel mois de quelle année ?
24 R. Je crois que c'était en l'an 2000, puisqu'un an avant que mon mari ne
25 décède j'étais venue en Bosnie.
26 Q. Donc cinq ans après la guerre, c'était la première fois que votre père
27 et votre frère vous ont confirmé les événements que vous nous avez décrits.
28 Donc c'était cinq ans après la fin de la guerre ?
Page 4045
1 R. Oui.
2 Q. Votre réponse n'a pas été enregistrée au compte rendu d'audience.
3 Pourriez-vous vous rapprocher du micro, s'il vous plaît.
4 R. Oui, c'est exact.
5 Q. Huit ans, en réalité, c'était huit ans après l'événement même ?
6 R. Je ne sais pas combien de temps s'était écoulé depuis l'événement même,
7 mais je sais que c'était à ce moment-là qu'ils nous relataient cette
8 histoire. Je n'ai pas pu l'entendre avant puisque je ne savais pas où ils
9 se trouvaient.
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Pourriez-vous nous l'expliquer, s'il
11 vous plaît ? Pourriez-vous nous expliciter ce que vous dites, vous dites
12 que, "ils n'ont pas eu l'occasion précédemment ou avant cette date" de vous
13 parler de ces événements.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Avant cela, l'occasion ne s'est pas
15 présentée puisque je ne venais pas en Bosnie-Herzégovine. Je ne savais même
16 pas où ils étaient et je n'avais pas eu de nouvelles d'eux. En d'autres
17 mots, je ne venais pas en Bosnie.
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivez, Monsieur Groome.
19 M. GROOME : [interprétation]
20 Q. On vous présente ici également en tant que témoin de moralité. Pour
21 être tout à fait précis, vous n'êtes pas témoin oculaire des événements qui
22 se sont déroulés à Visegrad au printemps de 1992, n'est-ce pas ?
23 R. Oui, c'est exact.
24 Q. Votre déposition concernant la personne qu'est M. Milan Lukic est ce
25 que vous dites ici, que c'était un bon voisin, qu'il a aidé votre père et
26 votre frère en 1992, n'est-ce pas ?
27 R. Oui, c'est tout à fait exact.
28 Q. Vous avez quitté Visegrad en 1990 et vous n'avez plus revu Milan Lukic
Page 4046
1 jusqu'en 1992; est-ce exact ?
2 R. Oui.
3 Q. Entre 1992 et lorsque vous l'avez revu de nouveau en décembre dans ce
4 prétoire, vous n'aviez pas eu de contacts avec lui, n'est-ce pas ?
5 R. C'est exact.
6 Q. Vous savez que Milan Lukic avait quitté Visegrad lorsqu'il avait
7 terminé ses études à l'école secondaire de Visegrad, n'est-ce pas ?
8 R. Oui.
9 Q. Donc ce que vous savez de Milan Lukic pour ce qui est de la moralité de
10 cette personne est basé sur ce que vous saviez de lui avant qu'il ne quitte
11 Visegrad et avant qu'il ne termine l'école secondaire, n'est-ce pas ?
12 R. Oui, c'est exact. Je l'ai vu aussi en 1990. A ce moment-là, nous nous
13 étions entretenus sur certaines choses et je n'avais pas entendu parler de
14 personne de la municipalité de Visegrad que quelqu'un ait dit quelque chose
15 de différent de ce que je pensais de lui.
16 Q. Mais vous nous parlez de comment il était lorsqu'il était un jeune
17 homme, n'est-ce pas ? Vous basez votre témoignage sur votre expérience
18 personnelle ?
19 R. Il n'était pas un jeune homme, un garçon pour ainsi dire, pendant la
20 guerre. Si vous voulez, pendant la guerre, il n'était pas un garçon,
21 c'était un jeune homme de 23 ans environ pendant la guerre, on ne peut
22 parler de garçon, ce n'était pas une personne mûre, si vous voulez.
23 Q. Oui, j'aimerais savoir lorsque vous parlez de gentil, humain, de
24 caractère très positif; vous parlez de votre expérience personnelle que
25 vous aviez de lui pendant que vous viviez à (expurgé)
26 voisins. Vous aviez des contacts réguliers avec lui et vous basez vos
27 conclusions sur ces expériences-là ?
28 R. Oui, c'est tout à fait juste.
Page 4047
1 Q. Vous n'avez pas parlé directement aux survivants concernant les crimes
2 qui s'étaient déroulés à Visegrad, n'est-ce pas, et qui auraient pu dire
3 quelque chose de différent concernant Milan Lukic, n'est-ce pas ?
4 R. Je n'ai pas eu l'occasion de m'entretenir avec ces personnes. La seule
5 occasion que j'ai eue de voir quelque chose sur lui c'était à la
6 télévision, c'était les transmissions du SENSE de La Haye et tout ce que
7 j'entends sur lui, me porte à croire que l'on décrit une personne tout à
8 fait autre que celle que j'ai connue.
9 Q. J'aimerais attirer votre attention sur le mois de décembre dernier.
10 Lorsque vous avez déposé ici, en disant que vous aviez essayé de contacter
11 Milan Lukic pour savoir ce qui se passait avec votre famille, est-ce que
12 vous avez eu des contacts ou est-ce que vous avez essayé de savoir ce qui
13 s'est passé avec votre famille par le biais d'autres personnes ?
14 R. Oui.
15 Q. Qui étaient ces personnes, s'il vous plaît ?
16 R. Je peux vous dire que j'ai eu l'occasion de parler à Sreten Lukic.
17 Q. Pourriez-vous nous décrire à quel moment ceci avait lieu et pourriez-
18 vous nous donner la teneur de la conversation que vous avez eue avec M.
19 Sreten Lukic.
20 Q. C'était, je crois, avant que je n'entre en contact avec Milan. Et il
21 avait répondu qu'il ne savait rien, qu'il n'avait pas de connaissance quant
22 à ma famille. Il regrettait de ne pas pouvoir me donner de leurs nouvelles
23 et qu'il n'allait pas à Visegrad.
24 Q. Est-ce que Sreten Lukic était la seule autre personne que vous avez
25 essayé de contacter pour obtenir de l'information sur votre famille ?
26 R. J'ai essayé d'entrer en contact et j'avais également appelé la sœur --
27 belle-sœur de Milan Lukic, elle s'appelle -- c'était une cousine, elle
28 vivait à Uzice et je l'ai appelée pour savoir si elle savait quelque chose
Page 4048
1 concernant ma famille.
2 Q. Est-ce que vous dites que plusieurs années après que vous et Milan
3 Lukic aviez déménagé de Visegrad, est-ce que vous dites que vous aviez
4 appelé sa sœur ou sa cousine germaine ce jour-là, et il s'était avéré que
5 Milan Lukic se trouvait tout près d'elle et qu'elle vous a rappelée le même
6 jour. Est-ce que c'est ce que vous nous
7 dites ?
8 R. Oui.
9 Q. Quand avez-vous eu des contacts pour la première fois avec des membres
10 de la Défense de Milan Lukic ?
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Ivetic.
12 M. IVETIC : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Je fais une
13 objection quant à la pertinence, je ne vois pas comment est-ce que ceci
14 pourrait être pertinent pour ce qui est du témoignage de ce témoin.
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Groome.
16 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, quand on entend un
17 témoin du Procureur, on peut poser des questions de ce type et donc je peux
18 tout à fait poser la même question. C'est tout à fait pertinent de savoir
19 quand est-ce que cette personne a eu des contacts avec l'équipe de la
20 Défense de l'accusé.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Veuillez poursuivre, je vous prie.
22 M. GROOME : [interprétation]
23 Q. Madame, quand avez-vous eu les premiers contacts avec des membres de
24 l'équipe dans cette affaire ?
25 R. La première personne que j'ai contactée, c'était les membres de
26 l'équipe que je vous ai déjà décrits et qui ont signé ma déclaration.
27 Q. C'était ces gens-là qui étaient venus vous voir le 22 juin chez vous ?
28 R. Oui. C'est à ce moment-là qu'ils ont pris ma déclaration aussi.
Page 4049
1 Q. Et vous n'avez pas eu de contact avec aucun autre membre de l'équipe ?
2 R. Non.
3 Q. Les noms de ces deux personnes, c'était M. Rasic et M. Lakcevic; est-ce
4 que c'est exact ?
5 R. Je ne sais pas quel est le nom de famille du deuxième. Je sais qu'il
6 s'appelle Vladimir, mais je ne me souviens pas de l'autre, je ne me
7 souviens pas comment il s'appelle. Son nom est signé sur ma déclaration.
8 Q. Si quelqu'un avait un très bon ami qui s'appelait Vladimir, quelle
9 serait la façon de l'appeler ? Est-ce qu'il aurait un diminutif ?
10 R. Je ne sais pas, cela dépend des personnes. Je ne comprends pas ce que
11 vous voulez dire.
12 Q. Ne l'appellerait-on pas Vlado ? Est-ce que la forme amicale de Vladimir
13 ne serait pas Vlado ?
14 R. Probablement que oui.
15 Q. Dans le cadre de votre témoignage dans le cadre de l'interrogatoire
16 principal, à la page 3 979 du compte rendu d'audience, vous faites
17 référence à lui, vous l'appelez "Vlado", vous dites "Vlado portait un
18 short." "Vlado portait un jeans".
19 Est-ce vous êtes absolument certaine que vous n'avez rencontré cette
20 personne Vlado qu'une seule fois, que vous avez rencontré Vladimir Rasic
21 qu'une seule fois.
22 R. Oui, c'est à ce moment-là qu'il a pris ma déclaration.
23 Q. Le 18 décembre, vous nous avez raconté comment Milan Lukic a aidé votre
24 frère et votre père à fuir (expurgé)
25 traverser la rivière Drina où il y avait des membres de votre famille qui
26 se trouvaient de l'autre côté de la Drina. Mais j'aimerais savoir, est-ce
27 que votre oncle se trouvait être avec eux lorsqu'ils ont traversé la Drina,
28 lorsqu'ils ont fui (expurgé) ?
Page 4050
1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Un instant. Maître Ivetic.
2 M. IVETIC : [interprétation] Je crois qu'il s'agit d'une question
3 d'interprétation. Le mot "bateau" est bien difficile à interpréter. En
4 fait, en B/C/S, on dit "brodom" [phon], qui veut dire par bateau, qui est
5 un navire. Alors que le témoin, dans son témoignage, parle plutôt d'une
6 chaloupe qui est un moyen de transport beaucoup plus petit. Je voulais
7 simplement dire que le mot employé en anglais ne correspond pas tout à fait
8 à ce que le témoin a dit en B/C/S.
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, Maître Ivetic. Oui, je vous
10 écoute.
11 M. GROOME : [interprétation]
12 Q. Vous souvenez-vous de ma question, Madame ?
13 R. Oui. C'était une chaloupe, une petite embarcation et mon oncle et
14 personne d'autre -- je ne sais pas s'ils étaient avec eux. Mais je sais que
15 mon père et mon frère étaient là. Pourriez-vous répéter votre question ? Je
16 n'ai peut-être pas bien saisi votre question. Je n'ai peut-être pas bien
17 répondu à votre question.
18 Q. Oui. Voilà. Je vous pose la question suivante : lorsque Milan Lukic a
19 escorté votre père et votre frère jusqu'à la rivière Drina et lorsqu'ils
20 ont fui, est-ce que votre oncle se trouvait avec eux à ce moment-là ?
21 R. Je crois que non. Ils ne m'ont pas dit que mon oncle était avec eux.
22 C'est peut-être possible, mais ils ne m'ont pas parlé de mon oncle.
23 Q. Est-ce que vous savez de quelle façon votre oncle aurait fui s'il
24 n'avait pas été avec eux cette fois-là ?
25 R. Mon oncle et tous les autres membres de famille étaient partis avant
26 cela. Personne ne les a chassés. D'une certaine façon, ils ont simplement
27 quitté. Ils sont partis lorsque les premiers coups de feu se sont fait
28 entendre, lorsque la guerre a éclaté ils ont simplement déménagé.
Page 4051
1 Q. Donc vous nous dites aujourd'hui que votre oncle est parti avec les
2 femmes de votre famille ?
3 R. Oui. Lorsqu'ils ont quitté la maison, je veux dire que les hommes
4 venaient de temps en temps chercher certaines choses dont ils avaient
5 besoin, soit des denrées alimentaires, des vêtements, et cetera.
6 Q. Est-ce que vous nous dites maintenant que votre père et votre frère
7 avaient quitté Visegrad et qu'ils revenaient de temps en temps à (expurgé)
8 R. Non, je ne parle pas de mon père et de mon frère, mais je parle de mon
9 oncle et je parle également d'autres membres de la famille. Il leur
10 arrivait de venir de temps en temps lorsqu'ils avaient besoin de certaines
11 denrées. Ils avaient caché la farine, de la nourriture. Ils avaient sorti
12 ces denrées dans la forêt et ils m'avaient dit qu'il leur arrivait de
13 retourner de temps en temps chercher ces denrées en question.
14 Q. Le 18 décembre dans votre témoignage, vous aviez dit qu'après que Milan
15 Lukic ait aidé votre père et votre frère à fuir, ils sont revenus pour
16 aller chercher les trois vaches appartenant à la famille, et qu'ils ont
17 également transporté ces vaches à bord d'une embarcation qui a traversé la
18 Drina ?
19 R. Oui, tout à fait. Nous avions un très grand nombre de bétail, et ils
20 les ont pu transférer tout leur bétail de l'autre côté de la Drina.
21 Q. Vous nous dites que Milan Lukic a aidé votre père et votre frère à
22 fuir, il leur a sauvé la vie d'une certaine façon, et ces derniers sont
23 néanmoins revenus chercher des vaches, et qu'ils ont fait une marche d'une
24 demi-heure, comme vous le dites, pour descendre jusqu'à la Drina avec ces
25 vaches, et qu'ils ont également transporté ces vaches de l'autre côté de la
26 Drina ?
27 R. Oui, ils ont emmené ce bétail jusqu'à la Drina, et les membres de ma
28 famille les ont aidés à transporter ce bétail de l'autre côté de la Drina.
Page 4052
1 Q. J'aimerais maintenant changer de sujet, et je voudrais vous citer
2 certaines choses que vous aviez dites le 18 décembre. Au compte rendu
3 d'audience de la page 3 988, M. Ivetic vous a posé la question suivante :
4 "Madame le Témoin, est-ce que vous savez s'il y a eu des pressions, des
5 menaces ou une intimidation que votre frère ait pu avoir, MLD2, que vous
6 connaissez sous le nom de" - et je ne vais pas dire son nom - "pour venir
7 témoigner en tant que témoin de la Défense de Milan Lukic ?
8 Et vous aviez dit : "Oui, tout à fait. J'ai connaissance de ceci, et on
9 nous a dit qu'il ne fallait pas le contacter par téléphone, parce qu'il se
10 fait harceler constamment, reçoit des appels téléphoniques, et c'est à 100
11 % le travail de Vilac [phon]."
12 J'aimerais savoir maintenant comment vous saviez que ceci était en train
13 d'arriver à votre frère si vous ne lui aviez pas parlé jusqu'à un an avant
14 cela ?
15 R. J'avais eu connaissance de ceci, car si je ne parlais pas avec mon
16 frère, les autres membres de la famille lui parlaient. C'était des membres
17 de la famille qui m'avaient dit cela.
18 Q. Et vous dites : "On m'a dit qu'il ne fallait pas entrer en contact avec
19 mon frère."
20 Qui vous a dit qu'il ne fallait pas contacter votre frère,
21 MLD2 ?
22 R. Toutes les personnes qui savaient qu'il faisait l'objet de menaces --
23 chaque fois que je parlais avec des membres de ma famille, ils m'avaient
24 tous dit qu'il ne fallait pas avoir de contact avec lui.
25 Q. J'aimerais maintenant vous citer certaines affirmations quant à ce qu'a
26 dit M. Javier Vilac. Il a dit que pendant qu'il attendait que les avocats
27 se présentent, vous et votre mari lui avez dit qu'il aurait tout ce dont il
28 aurait besoin dans la vie. Est-ce que vous vous souvenez d'avoir dit cela
Page 4053
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14 Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des
15 versions anglaise et française
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 4054
1 ou est-ce que vous réfutez ce fait ?
2 R. Non, c'est tout à fait inexact. Je n'ai certainement pas pu lui dire
3 cela, puisque que je ne peux pas lui assurer ce genre de chose. Je ne suis
4 pas en mesure du tout de lui assurer tout ceci. Je ne vois absolument
5 aucune raison pour laquelle je l'aurais dit quelque chose de semblable.
6 Q. Il a ensuite dit que pendant qu'il attendait, vous lui avez dit que
7 vous aviez emmené 5 000 euros à MLD2, qui venaient de Milan Lukic en tant
8 que paiement pour que ce dernier donne un faux témoignage. Vous souvenez-
9 vous d'avoir dit cela, ou est-ce que vous le niez ?
10 R. C'est un mensonge.
11 Q. Il dit également que pendant qu'il était chez vous, vous aviez reçu
12 plusieurs appels téléphoniques. Vous souvenez-vous d'avoir reçu des appels
13 téléphoniques pendant sa présence alors qu'il était là ?
14 R. Non, je ne le crois pas. Personne ne m'avait appelée. Le téléphone se
15 trouvait dans la pièce où les membres de l'équipe de la Défense se
16 trouvaient.
17 Q. Il nous a dit qu'il pensait que ces appels téléphoniques provenaient de
18 Milan Lukic. Est-ce que vous avez parlé à Milan Lukic à quelque moment
19 donné que ce soit pendant la journée du 22 juin ?
20 R. Je ne sais pas s'il s'agissait effectivement de la date du 22 juin ou
21 s'agit-il d'une autre date, car le 22 juin -- je ne le sais pas, mais je
22 n'ai pas signé ma déclaration. Elle n'a pas été tamponnée le 22, mais le
23 23. Mais je ne suis pas tout à fait certaine de ceci, car il faudrait le
24 vérifier. Mais c'était ce jour-là.
25 Q. Le jour que M. Vilic se trouvait dans votre maison, est-ce que Milan
26 Lukic vous a appelée, vous a-t-il parlé ?
27 R. Oui. Non, il ne m'a pas appelée ce jour-là. Les membres de l'équipe de
28 la Défense m'avaient appelée avant de venir pour me demander s'il était là
Page 4055
1 et s'il était arrivé. C'étaient les membres de l'équipe de la Défense.
2 Q. Les membres de l'équipe de la Défense vous ont appelée pour vous
3 demander si qui était là ?
4 R. Ils m'ont demandé si Hamdija Vilic était là, car je leur ai dit que
5 Hamdija avait demandé de venir chez moi.
6 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais demander que
7 l'on passe brièvement à huis clos partiel.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
9 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel,
10 Monsieur le Président.
11 [Audience à huis clos partiel]
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 [Audience publique]
27 M. GROOME : [interprétation]
28 Q. Madame, pourriez-vous nous dire, sans mentionner leurs noms, simplement
Page 4056
1 dire quel est leur lien de parenté avec vous, qui de votre famille vous a
2 dit qu'il ne fallait pas appeler MLD2 ?
3 R. Ma belle-mère m'a dit qu'elle a entendu dire qu'il se faisait menacer
4 et elle m'a dit, il y a pas très longtemps, que je faisais l'objet de
5 menaces moi-même, que lui faisait l'objet de menaces, qu'elle faisait
6 l'objet de menaces, que le frère de Hamdija appelait pour dire qu'il avait
7 déclaré que j'avais porté plainte contre lui, contre Vilic, et cetera, et
8 cetera. Il avait dit qu'il avait lu sur internet que j'avais porté plainte
9 contre Hamdija.
10 Q. Je voudrais maintenant passer à un autre sujet. Le 18 décembre, au
11 compte rendu d'audience, à la page 3 974, M. Ivetic vous a demandé :
12 "Est-ce que M. Hamdija Vilic ne s'est pas porté volontaire pour
13 témoigner et rencontrer les membres de l'équipe de la Défense et témoigner
14 en tant que témoin de la Défense ?"
15 Et vous avez dit : "Oui. Il a demandé de comparaître en tant que
16 témoin mais qu'il ne voulait pas les rencontrer à Sarajevo, il voulait
17 venir chez moi."
18 Alors j'aimerais savoir : est-ce que c'est Hamdija Vilic qui vous a
19 contacté d'abord, est-ce que c'est lui qui a soulevé la question, à savoir
20 qu'il voudrait témoigner en faveur de Milan
21 Lukic ?
22 M. IVETIC : [interprétation] Si je puis, Monsieur le Président, --
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, je vous écoute, Monsieur
24 Ivetic.
25 M. IVETIC : [interprétation] J'aimerais demander de nouveau que l'on
26 mentionne la référence au compte rendu d'audience, ou plutôt, que l'on
27 vérifie le compte rendu d'audience. Je crois qu'à la ligne 25 et 27, le
28 témoin a dit autre chose, c'était en négative qu'elle avait répondu. Je ne
Page 4057
1 suis pas tout à fait certain. Je ne peux pas vous l'affirmer.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce que vous êtes en train de me
3 dire que le témoin dit qu'il était un parent proche ? C'est ça ce que vous
4 dites ?
5 M. IVETIC : [interprétation] Oui, c'est ma note. Je ne peux pas revérifier
6 au compte rendu d'audience ce que j'ai sous les yeux car je n'ai plus la
7 page sur les yeux.
8 M. GROOME : [interprétation] Voilà, je vérifie ma copie, c'est ce que je
9 vois. M. Ivetic peut vérifier le LiveNote par lui-même et la référence au
10 compte rendu d'audience est 3974.
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Et qu'est-ce qu'on dit ?
12 M. GROOME : [interprétation] Exactement ce que j'ai dit, Monsieur le
13 Président.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Alors, procédez.
15 M. GROOME : [interprétation]
16 Q. Je vous prie, Madame, j'aimerais vous demander, est-ce que c'est Hamdija
17 Vilic qui vous a contacté d'abord et qui a soulevé la question d'être
18 témoin pour Milan Lukic ?
19 R. Oui.
20 Q. Est-ce qu'il vous est jamais arrivé, ou plutôt, n'est-il pas exact de
21 dire que c'était vous qui l'aviez approché, que c'était vous qui lui aviez
22 demandé de témoigner en tant que témoin en faveur de Milan Lukic ?
23 R. Je lui ai demandé s'il voulait témoigner pour Milan Lukic, mais il m'a
24 demandé, il m'a appelée et il m'a demandé d'être chez moi. Il ne voulait
25 pas voir ou rencontrer ces personnes ailleurs. Il voulait simplement
26 rencontrer les membres de l'équipe de la Défense chez moi. Il m'a appelée
27 au téléphone, d'abord dans la soirée, ensuite dans la matinée. Il m'a
28 demandé s'il pouvait venir chez moi et qu'il était en route.
Page 4058
1 Q. Si j'ai bien compris votre dernière réponse, vous lui avez demandé s'il
2 voulait être un témoin pour Milan Lukic. Ensuite il vous a demandé, est-ce
3 qu'il pourrait rencontrer les membres de l'équipe de la Défense chez vous.
4 Est-ce que c'est ce que vous nous dites ?
5 R. Oui. Oui.
6 Q. Par conséquent, M. Vilic dit bien, il est dans son droit lorsque
7 c'était vous qui aviez pour une première fois mentionné la possibilité de
8 le voir témoigner en faveur de Milan Lukic. Est-ce que ce n'est pas faux,
9 c'est vrai ?
10 R. Non, ce sont les conseils de la Défense qui m'ont demandé son numéro de
11 téléphone et ils m'ont demandé à moi de l'appeler pour lui demander s'il
12 allait témoigner. J'ai fait et il l'a confirmé mais uniquement à condition
13 de venir chez moi pour le faire. Il ne voulait pas les rencontrer à
14 Sarajevo.
15 Q. Oui, mais tout à l'heure, il y a quelques minutes, lorsque vous avez
16 parlé de votre contact avec le conseil de la Défense, c'était, avez-vous
17 dit, au moment où ils étaient venus chez vous. Mais qui c'est qui vous a
18 appelée ? Qui c'est qui vous a demandé de demander à avoir des contacts
19 avec Hamdija Vilic ?
20 R. Mais ce sont les mêmes membres de l'équipe de la Défense. Ils m'avaient
21 appelé pour me demander si l'autre allait venir et que moi, je devais
22 demander à Hamdija si lui voulait téléphoner. Quant à eux, les conseils de
23 la Défense, ils avaient tout planifié pour le rencontrer à Sarajevo sans
24 pour autant venir chez moi.
25 Q. Quand c'est qu'ils vous ont appelée par téléphone ?
26 R. Peut-être deux jours avant de venir pour recueillir cette déclaration.
27 Q. Qui vous a appelée ? M. Rasic, Vladimir ou M. Lakcevic ?
28 R. C'était Vladimir.
Page 4059
1 Q. Y a-t-il eu d'autres coups de téléphone que vous avez pu recevoir pour
2 rencontrer Vladimir ? Est-ce que Vladimir vous a dit, peut-être à une autre
3 occasion, que vous ne pouviez pas parler parce que vous n'en avez pas gardé
4 la bonne mémoire ?
5 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'objecte pour ce qui
6 est de cette formulation de la question. Enfin, on essaye de défigurer en
7 quelque sorte, de déformer la déposition faite par le témoin. Si, par
8 exemple, le témoin avait rencontré d'autres membres de l'équipe de la
9 Défense alors que le témoin ne l'a pas dit. Tout simplement, ce sont des
10 spéculations.
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je ne vois pas de pertinence pour
12 objection.
13 Continuez, Monsieur Groome.
14 M. GROOME : [interprétation]
15 Q. Madame, avez-vous eu d'autres contacts, à quelque moment que ce soit,
16 par quelque autre moyen avec des conseils de la
17 Défense ? Est-ce que vous vous en rappelez ?
18 R. Non.
19 Q. Maintenant, vous avez déclaré que Hamdija Vilic avait demandé 100 000
20 euros à ces deux hommes-là qui étaient venus chez vous. Est-ce que cela
21 s'est produit vraiment immédiatement après que les conservations avaient eu
22 lieu ?
23 R. Cela est arrivé très rapidement. J'étais la première à faire ma
24 déclaration; et avant que les conseils de la Défense viennent, en prenant
25 un café avec moi, il m'avait parlé de cela. J'ai répondu tout simplement
26 que je n'en savais rien, puis d'où venait cette idée ? Comment pense-t-il
27 que quelqu'un te donnerait
28 100 000 euros. Lui, il a dit en réponse : Mais qui c'est qui va s'occuper
Page 4060
1 d'eux, nique leurs mères. Tout simplement, j'ai dit ce que j'ai dit. Et
2 c'est en ces termes-là qu'il s'est exprimé.
3 Q. Et maintenant, en déposant, Madame, est-ce que vous dites qu'il leur a
4 demandé au moment même où il avait entamé la conversation ?
5 R. Oui. Parce que la conversation a été vite faite et finie, après cinq
6 minutes, tout simplement. Une fois venu dans cette pièce-là, lui a dit
7 qu'il allait demander de l'argent et ces interlocuteurs, évidemment, ne
8 voulaient pas continuer parce qu'ils n'avaient rien à faire avec. Surtout,
9 en parlant d'argent.
10 Q. Par conséquent, en vérité, ils n'ont jamais eu de discussion avec lui
11 au sujet de ce qu'il aurait pu voir et au sujet de ce qu'il aurait pu
12 témoigner, quelle devait être sa déclaration, à votre avis ?
13 R. Au début, lui disait qu'il était prêt à faire une déclaration et on
14 parlait de ça, mais prétendument, avait-il fait déjà une déclaration ou
15 pas, mais il a demandé 100 000 euros. Et les autres se sont levés là-
16 dessus, une fois qu'il a fait mention de
17 100 000 euros, ils se sont levés pour dire qu'ils n'avaient rien à faire
18 avec cet homme-là. Puis, ils lui ont dit ensuite : Peut-être que vous
19 voulez avoir mon numéro de téléphone ? Eux, ils ont répondu, tout
20 simplement : Non, pas question de ton numéro de téléphone. Nous ne
21 proposons absolument pas de te citer à la barre, nous n'avons pas ces 100
22 000 euros et nous ne donnerons pas un seul euro à qui que ce soit cette
23 fois-ci, en matière de déclaration.
24 Q. Pendant qu'ils étaient dans votre foyer, avez-vous observé à un
25 quelconque moment que Hamdija Vilic pouvait faire une déclaration au
26 conseil de la Défense ?
27 R. Ecoutez, il s'est entretenu avec eux. Les autres ont-ils noté quoi que
28 ce soit, je n'en sais rien. En venant, ils ont fait connaissance, puis ils
Page 4061
1 ont parlé. Je ne sais pas de quoi ils parlaient. Parce qu'on a mis un peu
2 de musique, parce que tout simplement je me trouvais dans une autre pièce.
3 Et pendant que moi, j'ai en quelque sorte parlé sous forme de déclaration à
4 faire, lui, il n'était pas là. Par conséquent, je ne voulais pas que
5 l'autre l'écoute. Moi, j'ai fait autant.
6 Q. Vous dites, quant à vous, qu'il ne leur a pas parlé pendant près de
7 cinq minutes, n'est-ce pas ?
8 R. Oui, à peu près. Ce n'est pas que j'ai pu évidemment compter le temps,
9 mesurer le temps qu'ils passaient, mais en tout cas ça n'a pas duré très
10 longtemps.
11 Q. Pour ce qui est des difficultés que j'ai avec MLD10, c'est de savoir
12 que si Hamdija Vilic a menti, et si le tout se passait dans et sous forme
13 et dans des conditions dont vous parliez, c'est-à-dire qu'il n'y a eu si
14 peu de temps pendant que cette conversation durait, que lui demandait de
15 l'argent, et cetera, alors comment se fait-il que Hamdija Vilic pouvait
16 connaître des détails concernant la défense d'alibi qui pourrait être
17 profitable à Milan Lukic ? Vous comprenez, autrement il n'aurait pas pu en
18 savoir quoi que ce soit si on en n'avait pas parlé ?
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Groome, je crois que je
20 peux anticiper sur ce que se propose de dire M. Ivetic, le présent témoin
21 ne peut pas nous expliquer ce que l'autre pouvait ou ne pouvait pas savoir.
22 M. GROOME : [interprétation] Je retire cette question, Monsieur le
23 Président.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien.
25 M. GROOME : [interprétation]
26 Q. Vous avez en témoignant dit, Madame, que la famille Hamdija Vilic a été
27 brûlée, a trouvé la mort à Prelovo. Est-ce que vous vous rappelez avoir dit
28 cela ?
Page 4062
1 R. Oui, c'était ma déclaration. J'ai dit avoir su en venant de Monténégro
2 en Bosnie que cette famille d'ailleurs a trouvé la mort dans cet incendie.
3 Je ne pouvais pas le savoir et l'apprendre ailleurs qu'à Prelovo.
4 Q. Vous dites, quant à vous, que c'était la chaîne de télévision SENSE qui
5 a servi de source d'information ?
6 R. Oui.
7 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais - enfin si
8 on peut entendre un enregistrement audio de ce que Madame a dit. Je crois
9 l'avoir entendue dire autre chose. Je ne suis pas ici pour écouter comment
10 tout cela a été traduit, mais il me semble que ce qui n'est pas entré dans
11 le compte rendu d'audience devait être traduit.
12 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, peut-on demander --
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, oui.
14 M. GROOME : [interprétation]
15 Q. Madame, au sujet de ce que vous avez dit tout à l'heure dans la toute
16 dernière réponse. Pouvez-vous reprendre la réponse qui était la vôtre.
17 R. Je ne sais pas où sa famille a été brûlée à Prelovo ou ailleurs, tant
18 que je ne l'ai pas vu à l'écran de télé, à chaîne SENSE pendant qu'il était
19 à témoigner ici à La Haye.
20 Q. Par conséquent, aujourd'hui, vous n'êtes pas certaine de savoir si sa
21 famille a péri, brûlé, incinéré à Prelovo, n'est-ce pas ?
22 R. Pour ce qui est des informations qui sont les miennes, elles m'ont été
23 passées par quelqu'un, par des gens. Je ne pouvais pas être précise pour
24 dire où sa famille a péri. Des gens ont dit que c'est à Prelovo dans sa
25 maison à lui que sa famille a trouvé la mort, dans cet incendie. Je ne sais
26 rien d'autre. Je n'ai pu dire que d'après ce que j'ai pu entendre dire et
27 je ne peux pas moi-même affirmer tel était le destin de sa famille.
28 Q. En réponse à l'une des questions posée par Me Ivetic, vous avez dit que
Page 4063
1 M. Hamdija Vilic aurait été à la tête d'une unité de l'ABiH. Soit dans le
2 cadre du compte rendu d'audience 3972. Pouvez-vous savoir quel était son
3 grade étant donné la fonction qui était la sienne et au cours de cette
4 mission ?
5 R. Je ne saurais vous le dire. Je sais qu'il avait un grade, mais lequel
6 de ces grades, je n'en sais pas grand-chose.
7 Q. Savez-vous quel était le nom de cette unité qui était la sienne ?
8 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, aucun fondement sur
9 lequel on peut se baser pour poser de telles questions. On ne fait que des
10 suppositions comme quoi chaque unité sans avoir un intitulé.
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien. Madame, connaissez-vous
12 l'intitulé, le nom de cette unité ? C'est moi qui vous pose la question.
13 Madame, savez-vous comment s'appelait cette unité ?
14 M. GROOME : [aucune interprétation]
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas comment s'appelait cette unité.
16 Je sais que lui était dans les rangs de l'ABiH. Comment s'appelait cette
17 unité ? Je n'en sais pas grand-chose et je sais qu'il y a eu dans le cas de
18 l'ABiH pas mal d'unités de différents noms et sous différents intitulés.
19 M. GROOME : [interprétation]
20 Q. Madame, juste quelques questions encore. Pour ce qui est de cette
21 affaire-là, pour savoir sur quelle base vous êtes venue pour témoigner,
22 est-ce que c'est le conseil de la Défense qui vous a contactée ou est-ce
23 que c'est vous qui les avez contactés, les gens de l'équipe de la Défense ?
24 R. C'est l'équipe de la Défense qui m'a contactée.
25 Q. Bien, vous avez été cité à la barre en tant que témoin de moralité, et
26 vous avez dit pas mal d'éléments d'abord à l'idée qui concerne le caractère
27 de Milan Lukic. Mais vous n'avez jamais offert une déposition à faire par
28 vous-même à M. Sulacic, son ancien avocat.
Page 4064
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14 Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des
15 versions anglaise et française
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 4065
1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Ivetic.
2 M. IVETIC : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Je pense
3 pour ce qui est de cette question-là, pour aller poser une telle question,
4 le Procureur a sauté une série de questions qui auraient dû être posées
5 pour arriver à une telle question. Cela me semble un petit peu mal à
6 propos. Je crois que lui devait le savoir qu'il ne fallait pas procéder de
7 la sorte.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] C'est parce que tout simplement,
9 Monsieur Ivetic, vous n'avez pas convaincu qu'il y avait quoi que ce soit
10 d'inapproprié, je regrette. Procédez, Monsieur Groome.
11 M. GROOME : [interprétation]
12 Q. Madame, peut-on expliquer tout cela. Pourquoi avez-vous eu besoin de 16
13 années qui se sont écoulées pour faire valoir cette fois-ci une déposition
14 qui est la vôtre concernant l'alibi et qui pourrait permettre à M. Lukic de
15 se faire exonérer, libérer, étant donné qu'il s'agit de deux crimes graves
16 et cette fois-ci, vous voilà déposer en tant que témoin de moralité.
17 Comment expliquez-vous tout cela ? Pourquoi avez-vous mis tant de temps
18 pour le faire ?
19 R. Je n'ai pas vraiment eu besoin de temps. Une fois qu'on m'a contactée
20 pour venir témoigner en tant que témoin de moralité, j'ai répondu à
21 l'appel. Je ne pensais pas que beaucoup de temps se soit écoulé et que j'en
22 avais bien besoin. Que 100 années passent, je suis prête à répondre à
23 l'appel. Je n'avais qu'un seul père que j'ai perdu. Je ne me souviens plus
24 de ma mère. Mais en tout cas, je ne dois pas pouvoir perdre de ma mémoire
25 les bienfaits commis par qui que ce soit, par Milan Lukic, et cetera, ou
26 qu'il s'agisse d'une autre personne, bien, je suis toujours prête à venir
27 témoigner en faveur de tout cela.
28 Q. Au cours de cette pause qui est intervenue, avez-vous eu l'occasion de
Page 4066
1 vous entretenir avec qui que ce soit au sujet de votre déposition dans ce
2 prétoire ?
3 R. Non.
4 Q. Madame, je dois vous dire à haute et intelligible voix que ma position
5 est la suivante : vous apparaissez ici en tant que témoin dans la présente
6 étape de l'affaire pour une seule question, à savoir vous avez reçu de
7 l'argent pour le faire ?
8 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que Mme le
9 Témoin a déjà répondu à cette question à plusieurs reprises pour réfuter
10 tout cela. Pourquoi M. Groome pose la même question au témoin ?
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il s'agit évidemment d'une pratique
12 de pas mal de jurisprudences. Par conséquent, on peut, lorsqu'il s'agit de
13 l'autre partie, on peut poser la question au témoin comme quoi il est en
14 train de fabriquer ou d'inventer, et cetera. Il s'agit évidemment d'un
15 contre-interrogatoire tout à fait approprié.
16 Madame, que pouvez-vous répondre à la question qui vous a été posée par le
17 Procureur ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] En toute responsabilité, je vais pouvoir vous
19 dire que tout ce que Hamdija aurait pu dire évidemment manque de fondement.
21 (expurgé)
22
23 ne peut pas me voir. Il n'y a pas que moi. Il y a d'autres membres de ma
24 famille. Si je suis en train de partager ma vie avec un catholique, si ça
25 ne lui plaît pas, il n'a que se pendre. Il a tout monté, de toutes pièces,
26 comment et associé à qui je n'en sais rien, et tout cela à mon encontre.
27 Et une vois venu, lorsqu'il m'a vue, j'avais un short, un bermuda
28 chez moi, lui, disait-il, serait prêt à mettre le feu et tuer chaque femme
Page 4067
1 qui ne porterait pas de voile. Moi, je pense que je suis tout à fait libre
2 de vivre avec un Serbe ou un catholique, et cetera. Mais voilà, c'était la
3 seule chose qui, paraît-il, évidemment, était tout à fait dangereuse et qui
4 offusquait pas mal de membres de ma famille.
5 M. IVETIC : [interprétation] Page 34, ligne 1 et 2, Madame a fait mention
6 de son nom. Cela ne figure pas au compte rendu d'audience, mais on devrait
7 pouvoir l'expurger également dans le cadre de l'enregistrement audio.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, ce sera fait.
9 M. GROOME : [interprétation]
10 Q. Est-ce que vous dites, Madame, que Hamdija Vilic a fait ce qu'il a fait
11 parce qu'il n'approuvait pas la façon qui est la vôtre de vivre, c'est-à-
12 dire vous êtes en train de partager votre vie avec un homme catholique ?
13 Est-ce que c'est ce que vous croyez-vous ?
14 R. Oui, je le pense. Il n'y a pas d'autres raisons pour expliquer la façon
15 dont il témoignage à mon encontre. Il se pourrait tout simplement demander
16 autre chose, pourquoi il a parlé de cet argent, de ces 5 000 [comme
17 interprété] euros, et cetera, et cetera. Et ce n'est pas à lui évidemment
18 d'entacher, enfin, le moral et la respectabilité de ma famille. Ceci ne
19 s'est jamais produit d'ailleurs.
20 Q. [aucune interprétation]
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mais est-ce que, Madame, il ne vous
22 a jamais rien dit pour dire en quoi son désaveu, c'est-à-dire il n'approuve
23 pas la façon qui est la vôtre de vivre avec un catholique ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais oui, il l'a dit en public. Il nous a
25 montré son portable, même où il a pu faire montrer à tout le monde des
26 photos de sa famille, de sa fille, et cetera, où ces gens portaient le
27 voile. Je vous dis, et cette fois-ci en toute responsabilité morale et
28 matérielle, ce sont des nationalistes, eux. Ils sont terribles, des
Page 4068
1 nationalistes terribles, lui et ses frères, de fervents nationalistes.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Cela est fort intéressant. Vous
3 considérez, Madame, que c'est bercé par ce nationalisme fervent qui est le
4 sien qui fait qu'il témoigne de la façon dont il l'a fait ? Est-ce que vous
5 croyez que c'était la raison comment vous expliquez tout cela ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'était la seule raison. C'était la
7 raison pour laquelle il avait demandé de venir dans mon foyer pour
8 rencontrer le conseil de la Défense. Tout a été fabriqué par lui. Il
9 voulait justement, par cette façon frauduleuse, obtenir évidemment un
10 déshonneur pour ma famille. Je n'ai jamais dit avoir obtenu un quelconque
11 sou de qui que ce soit, parce que je risquerais évidemment de me faire
12 mettre en prison, et surtout je ne pourrais pas évidemment me mettre
13 d'accord avec toutes les inventions de Hamdija.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivez, Monsieur Groome.
15 M. GROOME : [interprétation]
16 Q. Lorsqu'en date du 18 décembre vous avez témoigné, vous avez parlé des
17 événements qui se sont produits en date de cette fête, La Saint-Guy en
18 1992. Il a été dit que votre frère MLD2 devait témoigner, et je vous avais
19 déjà dit que la raison en est que vous n'êtes pas en de bons termes avec
20 votre frère, parce que vous avez reçu tout cet argent de Milan Lukic pour
21 pouvoir évidemment témoigner comme vous le faites pour vous assurer sa
22 libération. Moi, je vous dis que vous, au cours de votre déposition, sans
23 qu'on s'y attende, vous avez dit en parlant d'alibi, sans pour autant
24 savoir ce que MLD2 devait dire, vous vous êtes occupé de cette affaire,
25 c'est-à-dire vous devez savoir quelle était la raison pour laquelle Milan
26 Lukic devait payer.
27 M. IVETIC : [aucune interprétation]
28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vais vous donner quelques
Page 4069
1 instructions, parce que M. Ivetic s'est levé -- évidemment, Monsieur
2 Ivetic, M. Groome ne fait que suivre les instructions qui lui ont été
3 données.
4 M. IVETIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, mais on ne peut
5 pas continuer toutes ces mêmes questions.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, dans ce contre-interrogatoire
7 il s'agit d'autre chose. On a anticipé comme quoi le témoin avait inventé
8 certaines choses.
9 M. GROOME : [interprétation]
10 Q. Répondez, Madame.
11 R. Je vous dis en toute responsabilité que mes frères ou mes tout proches
12 n'ont rien à voir avec Milan Lukic ou avec des dépositions en sa faveur.
13 Pourquoi je ne suis pas de bons termes avec mon frère ? C'est parce que
14 tout simplement, lui, il fréquente des gens tels Hamdija. Il avait un autre
15 voisin qui se prénommait Enes, qui lui, m'a insultée. Il m'a traitée d'une
16 salope, d'une garce oustachi. Il a pris le numéro de téléphone de mon frère
17 pour me harceler, et cetera. Messieurs, sachez que j'ai un mari et que je
18 suis censée ne pas communiquer avec de tels gens et de tels gens. Par
19 conséquent, ça n'a rien à voir avec mon frère.
20 Q. Merci, Madame MLD10.
21 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres
22 questions. Maintenant, je suis en train de travailler sur la déposition
23 faite par MLD10. Je voudrais offrir cela pour versement au dossier.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci. Avez-vous des questions à
25 poser, Monsieur Ivetic ?
26 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction
27 P215.
28 Nouvel interrogatoire par M. Ivetic :
Page 4070
1 Q. [interprétation] Madame, je voudrais vous poser quelques questions.
2 Primo, il m'a été dit que d'abord les pages qui sont les miennes ne cadrent
3 pas bien avec le compte rendu d'audience. Je suis à la page 4 017 alors
4 qu'on m'avait dit que pour ce pour ce qui est des lignes de 3 à 11, que M.
5 Groome avait posé la question dans le cadre de ces phrases-là, dans quelles
6 conditions la situation avait changé dans votre foyer lorsque vous aviez
7 reçu des appels qui étaient de nature à vous intimider, alors que vous avez
8 eu évidemment un téléphone portable par rapport à un téléphone fixe. En
9 quoi consistaient d'ailleurs ces intimidations pour parler de ces deux
10 téléphones fixes ou portables ?
11 R. La réponse se lit dans le fait que maintenant je peux voir quel est le
12 numéro de la personne qui était en train de me composer des appels, et je
13 savais de qui il s'agissait. Avant, il y avait que, pour parler
14 d'intimidation, que d'entendre quelqu'un qui, tout simplement, soufflait ou
15 sifflait dans l'appareil. Mais maintenant que j'ai un téléphone portable,
16 tout a changé, parce qu'on pouvait voir afficher le numéro de celui qui me
17 faisait des appels. Voilà, c'est tout.
18 Q. Merci.
19 M. IVETIC : [interprétation] Pour ce qui est de mes autres questions que je
20 me propose de poser à cette témoin, je voudrais que l'on passe à huis clos
21 partiel.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, soit.
23 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
24 [Audience à huis clos partiel]
26 (expurgé)
27 (expurgé)
28 (expurgé)
Page 4071
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 Page 4071 expurgée. Audience à huis clos partiel.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 4072
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 (expurgé)
5 [Audience publique]
6 M. IVETIC : [interprétation] Madame, je n'ai plus de questions, et au nom
7 de toute l'équipe de la Défense de Milan Lukic, je vous remercie d'être
8 venue témoigner non seulement une fois mais deux fois. Nous vous remercions
9 de votre témoignage et d'avoir supporté les difficultés y afférentes.
10 Merci.
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Madame le Témoin, nous vous
12 remercions d'être venue. Votre témoignage se termine là, vous pouvez
13 partir. Nous allons faire la pause maintenant. La séance est levée.
14 --- L'audience est suspendue à 15 heures 45.
15 --- L'audience est reprise à 16 heures 11.
16 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Tout d'abord, je voudrais
18 rappeler qu'au début de la séance de cet après-midi, j'aurais dû indiquer
19 que le Juge Van Den Wyngaert est absente et donc le Juge David et moi-même
20 siégeons aujourd'hui selon l'article 15 bis.
21 Le témoin est arrivé, je crois. Est-ce qu'il peut faire sa déclaration
22 solennelle.
23 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, on m'a dit que nous
24 devrions peut-être nous mettre à huis clos partiel pendant que l'on discute
25 des mesures de protection éventuelles de ce témoin.
26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] En effet. Monsieur Cole.
27 M. COLE : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai deux questions à
28 poser, si vous me permettez. J'aimerais signaler que le bureau du Procureur
Page 4073
1 n'a pas reçu une déclaration écrite pour ce témoin en date d'aujourd'hui.
2 Nous n'avons qu'un très bref résumé. Je voudrais donc signaler aussi qu'il
3 s'agit d'un témoin alibi qui nous a été signalé tardivement.
4 Je pense que Me Ivetic a préparé son interrogatoire principal avec grand
5 soin, mais je voudrais maintenant demander à Me Ivetic de fournir au bureau
6 du Procureur l'ensemble des déclarations écrites de ce témoin instamment.
7 Si, par contre, Me Ivetic appelle à la barre un témoin aussi important sans
8 qu'il y ait eu de déclaration écrite préalable, j'aimerais demander que Me
9 Ivetic l'indique pour le procès-verbal et déclare en effet qu'aucune
10 déclaration écrite n'existe. C'était la première question.
11 Deuxièmement, je voudrais demander qu'il n'y ait pas de questions
12 tendancieuses et notamment en ce qui concerne les dates, pas des questions
13 tendancieuses concernant les dates étant donné qu'il est un témoin alibi
14 d'importance, Monsieur le Président.
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] En effet, en ce qui concerne la
16 deuxième question, votre demande est accordée. Les questions tendancieuses
17 ne sont pas permises concernant ces questions d'introduction.
18 M. IVETIC : [interprétation] En effet, Monsieur le Président, je le
19 comprends.
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] En tout cas en ce qui concerne les
21 questions sujettes à controverse.
22 [La Chambre de première instance et Juriste se concertent]
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Pour revenir à la première question
24 posée par M. Cole, Maître Ivetic, je répète la question : Avez-vous des
25 déclarations écrites qui relèvent de ce témoin, puisque si c'est le cas le
26 Règlement vous oblige à les communiquer au bureau du Procureur.
27 M. IVETIC : [interprétation] Je vous prie de m'excuser, je ne sais pas si
28 M. Cole était en salle d'audience tout à l'heure lorsque j'en ai parlé. Ce
Page 4074
1 témoin n'a jamais fait de déclaration écrite pour la Défense Milan Lukic.
2 Je n'ai pas de déclaration écrite donc pour ce témoin qui va témoigner
3 oralement, viva voce.
4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci. C'est suffisant. Monsieur
5 Cole, comme je l'ai indiqué, en ce qui concerne la notification tardive du
6 témoignage de ce témoin, nous allons entendre aujourd'hui l'interrogatoire
7 principal, et à une date ultérieure que nous vous signalerons en temps
8 voulu, nous aurons le contre-interrogatoire. Maître Ivetic.
9 M. IVETIC : [interprétation] J'aimerais parler des mesures de protection.
10 Vous aviez dit que vous vouliez en parler au témoin.
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Témoin, nous allons
12 d'abord passer à huis clos partiel.
13 Monsieur le Témoin, je vous adresse la parole.
14 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
15 [Audience à huis clos partiel]
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 (expurgé)
28 (expurgé)
Page 4075
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 Pages 4075-4083 expurgées. Audience à huis clos partiel.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 4084
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé)
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 (expurgé)
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 (expurgé)
28 [Audience publique]
Page 4085
1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
2 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
3 LE TÉMOIN: TÉMOIN MLD15 [Assermenté]
4 [Le témoin répond par l'interprète]
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci beaucoup. Vous pouvez
6 commencer, Maître Ivetic.
7 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, merci.
8 Interrogatoire principal par M. Ivetic :
9 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, vous savez, je m'appelle Dan
10 Ivetic, je suis l'un des conseils pour Milan Lukic. Je donne à la greffière
11 un instant pour s'asseoir.
12 Vous avez une feuille devant vous qui comporte votre pseudonyme. Et je vous
13 demande de bien vouloir vérifier votre identité et votre pseudonyme de
14 MLD15 et, s'il-vous-plaît, de vérifier que les informations qui s'y
15 trouvent sont correctes.
16 R. Oui.
17 Q. Je vous remercie. Concernant la personne qu'on identifie par les
18 lettres MLD16 sur cette feuille, j'aimerais vous demander, sans nous donner
19 le nom de la personne, lorsque vous témoignerez, je vous prierai de faire
20 référence à cette personne en employant ce pseudonyme que je viens de vous
21 donner. Est-ce que vous comprenez ce que je veux dire ?
22 R. Oui, tout à fait. Merci.
23 Q. Merci. Je vais essayer de vous demander pour éviter de passer à huis
24 clos partiel, si on fait bien attention en n'employant pas les noms de
25 famille des personnes ainsi que leurs numéros de téléphone, on pourra
26 passer en audience publique. Je vous demanderais de signer ce document.
27 M. IVETIC : [interprétation] Je demanderais, Monsieur le Président, de
28 verser au dossier cette feuille qui est la feuille de pseudonymes.
Page 4086
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14 Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des
15 versions anglaise et française
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 4087
1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien.
2 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Pièce versée au dossier sous la cote
3 1D96 sous pli scellé.
4 M. IVETIC : [interprétation]
5 Q. Je vais maintenant passer à autre chose. Concernant la personne MLD16,
6 la personne ayant été identifiée sous le pseudonyme MLD16, pourriez-vous
7 nous dire comment connaissez-vous cette personne et depuis quand
8 connaissez-vous cette personne, de nouveau, sans nous donner le nom de
9 cette personne, sans nous donner aucune donnée biographique de la personne
10 en question.
11 R. C'est une amie que je connais depuis très longtemps. Nous étions amis
12 depuis longtemps. Nous avons en fait grandi ensemble, littéralement.
13 Q. J'aimerais d'abord attirer votre attention sur Milan Lukic, assis
14 derrière moi à ma droite, dites-nous d'abord si vous connaissez cette
15 personne.
16 R. Oui, je le connais.
17 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, Monsieur le Juge, avant
18 d'entrer dans les détails et de demander à cette personne comment il
19 connaît M. Lukic, je voudrais passer très rapidement à huis clos partiel,
20 s'il vous plaît.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien.
22 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos
23 partiel.
24 [Audience à huis clos partiel]
26 (expurgé)
27 (expurgé)
28 (expurgé)
Page 4088
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 Page 4088 expurgée. Audience à huis clos partiel.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 4089
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé)
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 [Audience publique]
11 M. IVETIC : [interprétation] Très bien. Merci.
12 Q. Monsieur, est-ce que vous avez eu l'occasion de fréquenter M. Lukic à
13 Belgrade, et pourriez-vous nous décrire l'étendue de vos contacts et quels
14 étaient vos rapports ?
15 R. J'ai eu l'occasion de le voir à plusieurs reprises à Belgrade puisque
16 je voyageais entre la Suisse et Belgrade. Mais je vis à Belgrade à ce jour.
17 Nous avions dit que s'il venait, qu'il serait bien de se contacter et de se
18 revoir. Chaque fois que nous nous rencontrions, c'était super.
19 Q. Dans le cadre des rencontres que vous aviez avec M. Lukic, dans le
20 cadre de vos fréquentations avec ce dernier, est-ce qu'il y avait un
21 établissement particulier où vous le voyiez ?
22 R. A l'époque, nous sortions dans un restaurant qui s'appelle Mata [phon],
23 c'est juste à côté du marché de Zemun. C'est là que se rencontrait la
24 jeunesse de Belgrade.
25 Q. Dans le cadre de vos fréquentations avec M. Milan Lukic, de quoi
26 parliez-vous, quels étaient les sujets de conversation que vous abordiez ?
27 R. Il m'avait contacté un soir où je faisais une fête surprise pour mon
28 ex-copine. J'allais la demander en mariage, donc je lui ai donné ma bague
Page 4090
1 de fiançailles. C'est ainsi que je l'ai invité à se joindre à nous. C'était
2 l'un des exemples de nos fréquentations.
3 Q. Vous nous avez parlé d'une surprise-partie. Nous allons y revenir dans
4 quelques instants. Mais j'aimerais savoir, de façon générale, quel type
5 d'activités faisiez-vous avec M. Lukic dans le cadre d'activités sociales,
6 lorsque vous le fréquentiez, je parle, pendant toute cette période pendant
7 laquelle vous vous fréquentiez à Belgrade ? Que faisiez-vous ensemble ?
8 R. Nous nous fréquentions et nous avions des activités sportives et nous
9 parlions de sujets agréables.Donc c'était le plaisir, le sport, les femmes.
10 C'est de ça que l'on parlait.
11 Q. Monsieur, concernant les contacts que vous aviez avec M. Lukic, est-ce
12 que vous pourriez nous dire à combien de reprises l'avez-vous vu à Belgrade
13 dans le cadre de ces rencontres ?
14 R. Pas très souvent mais quelquefois, oui.
15 Q. Et dans le cadre des contacts que vous aviez avec M. Milan Lukic, est-
16 ce que vous avez eu l'occasion de le connaître suffisamment pour vous
17 forger une opinion du type de la personne qu'il était, est-ce que vous avez
18 pu vous faire une image de lui ?
19 R. Je connais Milan Lukic comme un jeune homme souriant, toujours prêt à
20 aider son prochain. Il était toujours prêt aussi à se divertir, il aimait
21 bien les divertissements.
22 Q. Comment décririez-vous les contacts qu'avait M. Milan Lukic avec les
23 personnes qui appartenaient à d'autres origines ethniques et à d'autres
24 religions pendant la période pendant laquelle vous aviez des contacts avec
25 lui, vous le fréquentiez ?
26 R. Pendant cette période, nous n'avions absolument aucune raison de parler
27 de personnes appartenant à d'autres origines ethniques, nous n'abordions
28 pas du tout les sujets de ce type, à savoir qui vient d'où, et cetera ?
Page 4091
1 Q. Vous avez mentionné un peu plus tôt que vous aviez fait une surprise-
2 partie. Pourriez-vous me dire, s'il vous plaît, de quelle partie surprise
3 parlez-vous et que s'est-il passé exactement et où est-ce que cette fête a
4 eu lieu?
5 R. C'était une fête que j'avais organisée pour mon ex-copine, c'était ma
6 future fiancée, en fait, et j'avais fait une fête le 7 juin 1992.
7 Q. Quel était l'objectif de cette fête surprise, le 7 juin 1992 ?
8 R. Je voulais lui plaire encore plus.
9 Q. Est-ce que vous aviez préparé quelque chose pour la soirée, pour ce qui
10 est de vous-même et de votre ex-copine ?
11 R. Bien sûr.
12 Q. Pour ce qui est de vos rapports, des rapports que vous aviez, vous et
13 votre ex-copine, votre copine de l'époque, quelle était l'importance de
14 cette fête surprise que vous avez mentionnée ?
15 R. C'était une soirée qui consistait en un rassemblement de personnes
16 chères autour de nous et de partager un dîner, quelques boissons.
17 Q. Est-ce que vous aviez fait des projets particuliers pour ce qui est du
18 programme de la soirée ? Est-ce qu'il y avait un événement particulièrement
19 important pour ce qui est de vous et de votre ex petite amie ou de votre
20 petite amie de l'époque ?
21 R. Oui. J'allais lui remettre une bague de fiançailles, entre autres.
22 Q. Et cette surprise-partie devait avoir lieu où ? Dans quelle ville ?
23 R. C'était Zemun, mais cela faisait partie de Belgrade.
24 Q. Y a-t-il un endroit particulier à Zemun, qui fait partie de Belgrade,
25 où cette fête surprise devait avoir lieu ?
26 R. C'est le restaurant qui s'appelait Mata à l'époque. C'est un café, si
27 vous voulez, qui s'appelle Mata, tout près du marché de Zemun.
28 Q. J'attendais la fin de la course du curseur au compte rendu d'audience.
Page 4092
1 Maintenant, j'aimerais vous demander, est-ce qu'il y avait une heure pour
2 cette fête surprise de prévu ?
3 R. Oui. C'était dans la soirée, entre, disons, quelque chose comme 20
4 heures à minuit.
5 Q. Vous nous avez dit que vous aviez eu des contacts avec Milan Lukic
6 avant cette fête. Pouvez-vous nous relater de quel type de contacts
7 s'agissait-il, comment se fait-il que vous l'avez invité à cette fête,
8 cette fête surprise qui se déroulait au restaurant Mata le 7 juin 1992 ?
9 R. J'étais chez moi, pendant la journée j'ai reçu un appel. J'étais chez
10 moi et il m'a dit qu'il était à Belgrade. J'ai donc profité de l'occasion
11 pour l'inviter à se joindre à nous dans la soirée.
12 Q. Est-ce qu'il devait être le seul autre invité ou bien est-ce que vous
13 aviez invité d'autres personnes à cette fête surprise ?
14 R. Oui. Il y avait d'autres invités. Entre autres, MLD16 était également
15 invité.
16 Q. Vous souvenez-vous si dans le cadre de ses contacts avec vous, M. Lukic
17 vous a dit pourquoi, dans quelles circonstances il se trouvait à Belgrade
18 pendant cette période ?
19 R. Il me semble qu'il était venu à Belgrade pour reconduire sa mère à
20 l'hôpital afin qu'elle puisse subir un examen médical et il était également
21 accompagné d'autres personnes.
22 Q. Vous avez mentionné qu'il y avait d'autres personnes présentes pour cet
23 événement. J'aimerais passer à huis clos partiel pour vous poser quelques
24 questions à leur sujet.
25 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel,
26 Monsieur le Président.
27 [Audience à huis clos partiel]
Page 4093
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé)
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 (expurgé)
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 [Audience publique]
15 M. IVETIC : [interprétation] Merci.
16 Q. Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, si vous vous souvenez si M.
17 Lukic était arrivé tôt à cette fête, enfin, à quelle heure était-il arrivé
18 ? Vous souvenez-vous de l'heure en question ?
19 R. La fête était déjà commencée. Je sais que MLD16 était déjà présente. Je
20 me souviens de sa présence puisque lorsque Milan est entré, je me souviens
21 qu'à cause d'une dispute qui s'était déroulée entre eux, elle s'est levée
22 et elle est partie. C'est moi qui l'ai reconduite à la maison, chez elle.
23 Q. J'aimerais maintenant que l'on parle de cet événement. Vous dites
24 qu'elle s'est levée et qu'elle est partie. Est-ce que c'est une réaction
25 dont vous vous attendiez d'elle ? Comment avez-vous réagi à sa réaction ?
26 R. C'était vraiment surprenant. Je ne m'attendais pas du tout à cela, et
27 c'est pour cela que je me souviens de cette rencontre, enfin, de la façon
28 dont cette rencontre s'est déroulée, et c'est pourquoi je l'ai ramenée à la
Page 4094
1 maison.
2 Q. Vous dites que vous l'avez ramenée à la maison, chez elle. Est-ce que
3 vous êtes resté avec votre ex-petite amie à la fête ou bien est-ce que vous
4 l'avez laissée là pour aller reconduire MLD16 ?
5 (expurgé)
6 M. IVETIC : [interprétation] A la ligne 22, Monsieur le Président, je crois
7 que le nom de l'ex-petite amie figure, mais il faudrait expurger ce
8 passage.
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] D'accord.
10 M. IVETIC : [interprétation]
11 Q. Monsieur le Témoin, est-ce que vous avez eu l'occasion de parler avec
12 MLD16 ? Quelle était votre réaction face à ce qui venait de se passer
13 pendant que vous la reconduisiez à la maison ?
14 R. J'étais surpris, mais je n'ai pas posé de questions. Comme elle a
15 beaucoup de tempérament, c'est elle qui m'a parlé tout le temps pendant le
16 trajet.
17 Q. S'agissant des réactions de MLD16 face à l'arrivée de M. Lukic à votre
18 partie surprise, est-ce que ceci a affecté en quelque sorte vos opinions
19 que vous aviez de MLD16 ? Est-ce que ceci avait quelque chose de négatif ?
20 R. Non, absolument pas. C'était tout à fait le contraire.
21 Q. Lorsque vous avez reconduit MLD16 chez elle, vous dites que vous êtes
22 revenu à la fête. Dites-nous, quand avez-vous revu M. Milan Lukic après
23 cela ?
25 (expurgé)
26 Q. Vous dites que vous l'avez vu dans un autre café. Qu'est-ce qui s'est
27 passé deux jours plus tard dans un autre café ?
28 R. Nous étions dans une salle de billard, c'est un café dans la rue
Page 4095
1 Saradusana [phon] et c'est là que nous jouions au billard.
2 Q. Lorsque vous dites "nous," à qui faites-vous référence ? Qui est le
3 "nous" ?
4 R. Milan et moi.
5 Q. Lorsque vous parlez de Milan, est-ce que vous pourriez nous donner le
6 nom du Milan avec qui vous jouiez au billard ?
7 R. Moi et Milan Lukic.
8 Q. Pendant que vous jouiez au billard avec Milan Lukic, deux jours plus
9 tard après le 7 juin 1992, dites-nous, où se trouve la rue Saradusana, dans
10 quelle ville ?
11 R. A Zemun. Ce restaurant ou cette salle de billard se trouvait à côté de
12 mon ancien appartement où j'étais né.
13 Q. Vous dites que ce jour-là vous avez joué au billard avec Milan Lukic.
14 Outre le fait de jouer au billard, qu'est-ce qui s'est passé ?
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 Q. Merci.
19 M. IVETIC : [interprétation] Page 64, ligne 11. De nouveau, il faudrait
20 expurger le prénom de sa feue épouse.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
22 M. IVETIC : [interprétation]
23 Q. Lorsque vous faites référence à feue votre épouse, il ne faudrait pas
24 donner son nom, car ceci pourrait révéler votre identité.
25 R. D'accord.
26 Q. Concernant un entretien que vous avez eu avec votre petite amie de
27 l'époque, votre fiancée, que s'est-il passé lors de votre conversation
28 téléphonique lorsqu'elle vous a dit que MLD était présente à la maison,
Page 4096
1 qu'elle était là, chez vous ?
2 R. Après cet entretien, je sais que Milan et elle s'étaient réconciliés,
3 puisque je lui avais dit où je me trouvais et avec qui. Elle est venue nous
4 rejoindre. Je sais que ce jour-là, ils se sont réconciliés.
5 Q. Bien. Pour ce qui est de Milan Lukic, avez-vous eu l'occasion de le
6 rencontrer à un moment donné après cet événement du 9 juin ? Est-ce que par
7 la suite vous avez eu l'occasion de le rencontrer après ce qui s'était
8 passé dans cette salle de billard de Zemun ?
9 R. Non, nous n'avons pas eu l'occasion de le faire après cet événement-là.
10 Q. Une seconde, s'il vous plaît.
11 [Le conseil de la Défense se concerte]
12 M. IVETIC : [interprétation]
13 Q. Merci, Monsieur le Témoin. C'était toutes les questions que je me
14 proposais de vous poser aujourd'hui.
15 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'en ai terminé avec
16 l'interrogatoire principal de ce témoin, à moins que vous, Monsieur le
17 Président, Messieurs les Juges, avez des questions à poser. Alors là, nous
18 pouvons passer peut-être à un témoin prochain.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Comme je l'ai déjà dit, nous
20 allons reporter le contre-interrogatoire de ce témoin pour des raisons déjà
21 données.
22 Monsieur le Témoin, maintenant vous allez être raccompagné de ce prétoire
23 par l'huissier, et il vous sera dit à quel moment vous allez revenir ici.
24 Vous pouvez disposer. Avant de partir, je me dois de vous dire que vous
25 n'avez pas l'autorisation de parler avec qui que ce soit de l'objet de la
26 déposition que vous avez faite ici. Est-ce que vous me comprenez ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous pouvez disposer.
Page 4097
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14 Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des
15 versions anglaise et française
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 4098
1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous comprends fort bien.
2 [Le témoin se retire]
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Quant à votre prochain témoin,
4 Monsieur Ivetic ?
5 M. IVETIC : [interprétation] Il s'agit de MLD3, témoin qui a déjà pu
6 bénéficier de mesures de protection. Il s'agit de témoin, auquel témoin il
7 a été autorisé par la Chambre de première instance les mesures de
8 protection sollicitées.
9 M. GROOME : [interprétation] En attendant, Monsieur le Président, suis-je
10 autorisé à poser des questions -- excusez-moi, questions qui auraient été
11 notifiées, c'est-à-dire d'une déclaration qui aurait été notifiée, mais si,
12 nous l'avons. Je retire ce que je viens de dire, Monsieur le Président et
13 je m'en excuse.
14 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Que le témoin fasse sa déclaration
16 solennelle.
17 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Que le témoin fasse sa déclaration
19 solennelle.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
21 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
22 LE TÉMOIN: GORAN DJERIC [Assermenté]
23 [Le témoin répond par l'interprète]
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Ivetic, il m'a été dit que
25 ce témoin a décliné les mesures de protection.
26 M. IVETIC : [interprétation] Oui, c'est une première question que je veux
27 soulever. Lors des récolements de ce matin, il m'a dit que lui aurait
28 préféré déposer en audience publique. Je me proposais de lui poser cette
Page 4099
1 question.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Témoin, est-ce que vous
3 souhaitez témoigner en audience publique ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Ivetic, c'est à vous.
6 M. IVETIC : [interprétation] Etant donné qu'il y a un autre individu auquel
7 des mesures de protection avaient été autorisées, je voudrais me servir du
8 document qui porte un pseudonyme, lorsqu'il s'agit évidemment de cette
9 personne particulière. Nous allons attendre pour que toutes les mesures et
10 dispositions soient prises.
11 En voulant être efficace, puis-je demander au témoin de décliner son
12 identité.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'appelle Goran Djeric.
14 Interrogatoire principal par M. Ivetic :
15 Q. [interprétation] Monsieur Djeric, où résidez-vous actuellement, dans
16 quelle ville ?
17 R. A Obrenovac, Zabrizido Stevo [phon], numéro 4.
18 Q. Je vais demander à Mme l'Huissière de vous soumettre le document
19 contenant le pseudonyme vous concernant. Reportez-vous en bas de page
20 concernant le pseudonyme. Une mention a été faite d'un individu qui était
21 considéré comme étant MLD4. Maintenant en déposant, si aujourd'hui vous
22 trouvez important et nécessaire de mentionner cette personne-là, je vous
23 prie de vous servir du pseudonyme MLD4 et non pas d'utiliser son nom ou son
24 prénom. Est-ce que vous m'avez compris et vous êtes d'accord ?
25 R. Je vous ai compris, et je suis d'accord avec vous.
26 M. IVETIC : [interprétation] Pour les besoins de ce qui vient d'être dit,
27 Monsieur le Président, pouvons-nous demander au témoin d'apposer sa
28 signature ou ses initiales à ce document, et je voudrais que ce soit
Page 4100
1 considéré comme une pièce à conviction sous pli scellé, en vue de protéger
2 notamment l'identité de MLD4.
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Ainsi soit-il.
4 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, cette pièce à
5 conviction est versée sous pli scellé, soit 1D94 [comme interprété].
6 M. IVETIC : [interprétation] Merci.
7 Q. Monsieur Djeric, dites-nous, de quoi vous occupiez-vous ? Quelles
8 étaient vos occupations avant l'éclatement de la guerre en Bosnie-
9 Herzégovine ? Quelle était votre profession ?
10 R. A titre d'économiste, je travaillais à Zitomlin de Belgrade, le Silos
11 de Breska [phon] à Obrenovac.
12 Q. Merci, Monsieur. Je m'excuse, mais j'attends pour ma part à ce que vos
13 propos soient traduits et transcrits au compte rendu d'audience. Pouvez-
14 vous nous dire où vous résidiez en 1992 ?
15 R. A Obrenovac. Je résidais à cette adresse que j'ai mentionnée tout à
16 l'heure, à laquelle adresse je réside toujours.
17 Q. Merci. Pouvez-vous me dire, s'il vous plaît, la date et le lieu de
18 naissance qui sont les vôtres ?
19 R. Le 15 juin 1960 à Godormelje [phon], municipalité de Rogatica.
20 Q. A l'attention de ceux qui ne sont pas très familiers avec la région des
21 Balkans, dites-nous où se trouve dans l'ex-Yougoslavie le lieu intitulé
22 Rogatica.
23 R. En Bosnie-Herzégovine.
24 Q. Et concernant les municipalités environnantes, que pouvez-vous nous
25 dire là-dessus ?
26 R. Il s'agit des municipalités de Visegrad, Gorazde, Sokolac et de Zepa,
27 respectivement.
28 Q. Merci, Monsieur. J'attends toujours la fin de l'interprétation en
Page 4101
1 suivant le compte rendu d'audience à l'écran.
2 Pouvons-nous passer maintenant à des questions que je vais vous poser au
3 sujet de Milan Lukic. N'avez-vous jamais eu l'occasion ou des occasions de
4 faire connaissance de Milan Lukic ? C'est ce monsieur-là qui se trouve
5 derrière moi à ma droite ?
6 R. Oui.
7 Q. Pouvez-vous nous parler plus en détail des circonstances dans
8 lesquelles vous avez fait la connaissance de M. Milan Lukic ?
9 R. La première fois que j'ai pu voir Milan Lukic, le rencontrer donc à
10 Obrenovac en 1991 au début de 1992, c'est-à-dire entre les dates
11 importantes que représente le Nouvel An, c'est-à-dire Noël.
12 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, Monsieur le Juge, je
13 crois pour ma part --
14 Q. Pardon, vous avez dit entre deux dates, celle du Nouvel An et de Noël,
15 à quel Nouvel An faites-vous référence, il s'agit de différentes dates ?
16 R. Il s'agit de fin décembre 1991 et il s'agit du 7 janvier, ceci devait
17 avoir lieu le 4 ou le 3 ou le 4 janvier 1992. Je ne saurais être plus
18 précis.
19 Q. Merci de cette clarification. Et pour ce qui est de votre rencontre
20 avec lui à Obrenovac, comment avez-vous pu avoir l'occasion de faire la
21 connaissance de M. Lukic à cette époque-là ?
22 R. Je l'ai rencontré devant la mairie. Il s'agit d'une place de cette
23 ville-là. Il était accompagné d'un de ses cousins que je connaissais bien,
24 Bozo Ivanovic [phon] dont est le vrai nom que je connais bien et que je
25 fréquentais. J'étais là, je suis revenu, l'autre son cousin me l'a
26 présenté, il s'agit de Milan Lukic. Il a dit d'où il était et il a dit de
27 lui qu'il vivait à l'étranger pour ne pas préciser ce dont il s'occupait.
28 Et il nous a offert un petit pot.
Page 4102
1 On est allé à l'hôtel à Obrenovac. On s'est entretenu peut-être environ
2 trois quarts d'heure ou une heure même, juste comme ça pour bavarder.
3 Q. Qui encore il y avait en votre compagnie à cette
4 occasion-là ?
5 R. Il y avait moi, il y avait Milan Lukic et Bozo Ivanovic.
6 Q. Encore, j'attends la fin de l'interprétation. Pour ce qui est de cette
7 personne-là qui est d'Obrenovac, pouvez-vous être un peu plus précis. En
8 1992, et notamment lors de la période précédent l'année 1992, y a-t-il lieu
9 de dire qu'il y avait une académie de police ou peut-être du MUP qui aurait
10 été située à Obrenovac ?
11 R. Non. Il n'y avait aucune école, académie de ce genre à Obrenovac ni
12 avant, ni à cette époque-là, ni après. Non plus qu'aujourd'hui.
13 Q. Merci. Et pour ce qui est de Milan Lukic, d'après les informations qui
14 étaient les vôtres, peut-on dire que Milan Lukic avait jamais résidé à
15 Obrenovac ?
16 R. Non.
17 Q. Merci. Maintenant je voudrais attirer votre attention sur cette période
18 de temps où la guerre a éclaté dans la République yougoslave de Bosnie-
19 Herzégovine. Avez-vous eu l'occasion de prendre part à des hostilités en
20 tant que représentant de quelque force armée que ce soit lors de ce conflit
21 ?
22 R. Oui. J'appartenais aux forces de l'armée de la Republika Srpska,
23 d'abord il y avait l'armée serbe de Bosnie, puis après il y avait Republika
24 Srpska plus tard pour parler de ces forces armées.
25 Q. Et pour ce qui est de votre participation en tant que soldat de l'armée
26 de la Republika Srpska et lorsqu'il s'agissait de parler de mission
27 accomplie par vous en matière militaire, où étiez-vous déployé, positionné
28 lors des combats ?
Page 4103
1 R. J'ai été déployé à Borike, c'est-à-dire dans la municipalité de
2 Rogatica.
3 Q. Pouvez-vous nous dire quelle unité de l'armée ou d'une formation
4 militaire il y a lieu de parler lorsque vous parlez de Borike, de Rogatica
5 ?
6 R. Il y avait une Brigade de Rogatica. Il y avait d'abord lieu de parler
7 d'une compagnie ou d'un bataillon, mais dans l'ensemble il s'agissait de la
8 Brigade de Rogatica.
9 Q. Et où se trouvait le commandement de cette brigade ?
10 R. Le commandement de la brigade se trouvait situé à Rogatica. Un
11 département de cette brigade se trouvait sous forme d'un bataillon à Borike
12 même.
13 Q. Pour ce qui est du conflit même en Bosnie-Herzégovine, avez-vous eu
14 l'occasion de rencontrer Milan Lukic pendant le déroulement de ces
15 conflits, le tout sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine à cette
16 époque-là, ceci ayant eu trait à un événement concret; et si oui, nous
17 allons vous reposer la question pour vous entendre en parler.
18 R. Oui, j'ai eu l'occasion de rencontrer Milan Lukic.
19 Q. Pouvez-vous nous dire en des termes plus précis quelque chose de cette
20 rencontre ou de ces rencontres qui vous semblent le plus marquées lorsqu'il
21 s'agit de parler de rencontre avec Milan Lukic pendant que vous faisiez
22 partie de l'armée de la Republika Srpska ?
23 R. J'ai rencontré Milan Lukic le 14 juin 1992 à Kopito, en dessous de
24 Visegrad, en direction de Borike. Il s'agit d'une localité.
25 Q. Fort bien. Mais pour ceux qui ne sont pas très familiarisés avec la
26 région, pouvez-vous nous expliquer où se trouve Kopito et pouvez-vous nous
27 dire quelque chose sur l'importance, l'intérêt de cette localité, cette
28 voie de communication.
Page 4104
1 R. Cette voie de communication a été la seule communication allant depuis
2 Rogatica via Borike et en direction de la Serbie. Il n'y avait pas d'autre
3 voie de communication. Toutes les autres routes ayant été contrôlées par
4 les forces de l'ABiH. Kopito se trouve en direction de Sijevica [phon]
5 depuis Visegrad. Il y a lieu de signaler d'abord la localité de Donja
6 Lijeske, après 3 kilomètres, vous venez à Donja Lijeska. Une dizaine de
7 kilomètres plus loin, il s'agit d'une altitude de 1 000 mètres entre
8 Visegrad et Borike. Il s'agit évidemment de virages, des forêts, et en
9 dessous de Lijeske se trouve Kopito. Depuis Kopito, on prend la direction
10 de Semic jusqu'à Borike. D'abord jusqu'à Brankovici, puis après jusqu'à
11 Borike. Il s'agit d'une route que nous empruntions, nous et nos forces,
12 pour faire acheminer les vivres, le carburant, tout ce dont on avait
13 besoin. Mais quel est l'intérêt de cette route, pourquoi est-elle si
14 importante ? Il y a eu lieu de parler de Gorazde et de Zepa, or, les forces
15 musulmanes s'y trouvaient et très souvent il y avait des conflits avec.
16 Q. Vous dites qu'il y a eu des accrochages, des conflits très fréquents
17 sur cette route-là. Combien de temps, d'ordinaire, duraient tous ces
18 accrochages et conflits étant donné la durée de la guerre ? Peut-on peut-
19 être être plus précis pour mieux déterminer la durée lors des hostilités ?
20 R. Depuis fin mai jusqu'à fin juillet, il y a eu très fréquemment des
21 accrochages. Il y a, par exemple, un incident, puis après trois ou quatre
22 jours plus tard, il n'y a rien eu. La route ayant été débloquée et se
23 trouvant sous le contrôle de la partie adverse, et vice versa se produit.
24 Les forces adverses prennent sous leur contrôle la route, et ainsi de
25 suite, à tour de rôle, je dirais. En cette période, rien qu'en juillet,
26 plus de 20 soldats serbes se sont fait tuer, et toujours il s'agit de dire
27 qu'ils étaient pris en embuscade.
28 Q. Vous avez dit que vous avez pu rencontrer Milan Lukic dans la localité
Page 4105
1 de Kopito le 14 juin 1992. Pouvez-vous nous relater plus en détail comment
2 s'est déroulée cette rencontre avec Milan Lukic. Comment se fait-il que
3 vous vous soyez trouvé à Kopito le 14 juin 1992 ?
4 R. Je me devais de me rendre à Obrenovac en date du 14 juin en cette
5 année-là parce que le lendemain, le 15 juin, c'était mon anniversaire.
6 J'avais deux enfants, puis je devais être là le jour de mon anniversaire et
7 voir mes enfants. Lorsque je devais m'y rendre ce matin-là, la veille, mon
8 commandant m'a interpellé pour dire, Vlatko Tripkovic, un de nos
9 commandants, s'est fait tuer. On ne pouvait plus emprunter cette route-là,
10 la route étant bloquée, nous n'avons plus de transmission. Ceci nous a été
11 demandé depuis Visegrad, et étant donné que je m'y rendais à plusieurs
12 reprises, je devais aussi passer cette nouvelle à Perica Markovic aux
13 forces armées qui se trouvaient dans Kopito pour lui relater ce qui s'était
14 passé préalablement sur la route de Visegrad.
15 Q. Monsieur, ce que vous venez de dire, on vous l'a demandé depuis le
16 commandement. Qui vous a donné cette instruction comme quoi vous deviez
17 vous rendre à Kopito pour informer les forces serbes déployées là sur ce
18 qui s'était passé la veille ?
19 R. Cela a été fait par le commandant de la brigade, Rajko Kusic.
20 Q. Avez-vous fini par partir en direction de Kopito; si oui, seul ou en
21 compagnie de quelqu'un ?
22 R. Non. Il avait été déjà planifié que je devais m'y rendre, toutes les
23 dispositions étant faites. Il n'y avait qu'un soldat qui m'escortait,
24 Prelic Novak, de nom et de prénom. On s'était donc rendus ce matin-là en
25 direction de Kopito.
26 Q. Pouvez-vous décrire à notre intention ce qui s'était passé, si jamais
27 quelque chose s'était produit, le long de la route de Kopito ? Est-ce que
28 ce déplacement s'est passé sans qu'il y ait eu d'incident ou il y avait eu
Page 4106
1 des actes d'hostilité quelconque ?
2 R. A Kopito ce jour-là, on devait évacuer deux Serbes qui s'étaient fait
3 tuer. Je me souviens de l'un d'entre eux parce qu'il portait le même nom de
4 famille que moi, Djeric. Ils y étaient tués deux jours avant. On ne pouvait
5 pas évacuer leurs cadavres pour les enterrer. Voilà ce dont on peut parler
6 comme étant des activités qui s'étaient déroulées.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Ivetic, nous allons marquer
8 maintenant une pause.
9 M. IVETIC : [interprétation] Je m'en excuse. Merci, Monsieur le Président.
10 --- L'audience est suspendue à 17 heures 37.
11 --- L'audience est reprise à 18 heures 10.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Ivetic.
13 M. IVETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
14 Q. Monsieur Djeric, j'aimerais revenir au moment dont on parlait, à savoir
15 lorsque vous décriviez votre déplacement à Kopito. J'aimerais clarifier un
16 point. Est-ce que votre véhicule a été l'objet d'une attaque à ce moment-
17 là, ou est-ce que c'était à un autre moment dans le temps que votre
18 véhicule a fait l'objet d'une attaque sur cette route dont vous nous avez
19 parlé ?
20 R. Mon véhicule n'a pas été attaqué sur cette route, mais c'était en date
21 du 27 juin. Je vous en parlerai plus tard.
22 Q. Merci d'avoir clarifié ce point. J'aimerais maintenant revenir à la
23 question de la période de temps dont vous avez parlé. Vous nous avez dit
24 que sur instruction du commandant de Rogatica, vous êtes allé à Kopito afin
25 de relayer l'information à Perica Markovic concernant le décès du
26 commandant. Tout d'abord connaissiez-vous Perica Markovic ?
27 R. Je ne connaissais pas Perica Markovic, mais on m'a dit que c'était le
28 commandant à cet endroit et que je devais m'adresser à lui. Je ne le
Page 4107
1 connaissais pas à l'époque, mais je peux vous dire après si vous voulez, à
2 quel moment nous étions ensemble et à quel moment je l'ai revu.
3 Q. Revenons un petit peu en arrière, vous avez dit que vous aviez voyagé
4 avec un soldat dans le véhicule. Je ne me souviens pas si vous avez
5 identifié le soldat qui était avec vous dans le véhicule dans lequel vous
6 êtes allé à Kopito le 14 juin 1992 ?
7 R. Soldat, Prelic, Novak Prelic était avec moi.
8 Q. D'accord. Pouvez-vous nous dire exactement quelles étaient les
9 informations que vous deviez relayer au commandant Perica Markovic qui se
10 trouvait à Kopito, quel était le message que vous deviez relayer ?
11 R. Mon commandant m'avait donné comme tâche de dire à Markovic que Vlatko
12 Tripkovic avait été l'objet d'une embuscade au relais de télévision de
13 Gornja Lijeske. Et deux autres soldats avaient été tués dont je ne connais
14 pas les noms. Je crois que l'un d'eux s'appelait Savac [phon]. L'autre, je
15 ne me souviens pas, mais il y a eu des morts, et je devais leur dire que
16 l'on s'occupait d'abord d'extraire les cadavres de ces deux soldats serbes
17 qui avaient été tués en attendant d'autres instructions, en attendant que
18 la route serait réouverte.
19 Q. Est-ce que vous aviez d'autres instructions à relayer concernant le
20 moment dans le temps où cette route devait être de nouveau rouverte ?
21 R. On m'a dit qu'une action devait être menée à partir de Visegrad en date
22 du 15 et qu'une action devait démarrer à Kopito afin de nettoyer les 15
23 kilomètres de route entre Visegrad et Gornja Lijeska, et le message que je
24 devais relayer consistait à dire que cette action devait démarrer le 15 au
25 matin.
26 Q. En ce qui concerne cette information, comment se fait-il que ce message
27 n'avait pu être relayé par radio, par exemple, aux forces serbes qui se
28 trouvaient à Kopito ?
Page 4108
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14 Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des
15 versions anglaise et française
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 4109
1 R. Tout simplement parce qu'il n'y avait pas de moyens de communication.
2 Les moyens de communication étaient dans la voiture de Vlatko Tripkovic,
3 c'était le seul moyen de communication, et puisqu'il a été l'objet d'une
4 embuscade, ces moyens étaient détruits et, bien sûr, Rogatica pouvait
5 communiquer avec Visegrad.
6 Q. Pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé lorsque vous êtes arrivé à
7 Kopito ? Avez-vous eu l'occasion de trouver Perica Markovic et de lui
8 remettre les instructions qu'on vous avait données au commandement de
9 Rogatica ?
10 R. Lorsque je suis arrivé, j'ai rencontré un groupe important de soldats.
11 Il y avait un camion militaire, des véhicules privés, une dizaine de
12 voitures privées et un véhicule militaire, un camion militaire. Bien sûr,
13 je me suis arrêté lorsque j'ai vu les premiers soldats, et comme je ne
14 connaissais pas personnellement Perica Markovic, je suis descendu de mon
15 véhicule, et j'ai reconnu deux personnes que j'avais rencontrées
16 auparavant. L'un d'eux était Milan Lukic et l'autre était le témoin protégé
17 MLD4. Je le connaissais d'avant, tout comme je connaissais Milan Lukic
18 également auparavant.Q. Pour clarification, est-ce que vous avez rencontré
19 ces deux individus séparément ou est-ce qu'ils étaient ensemble ?
20 R. Il y avait cinq ou six autres personnes, et ces deux-là se trouvaient
21 avec les autres. Je leur ai dit ce qui s'était passé et j'ai demandé où se
22 trouvait Perica Markovic. On m'a conduit à une maison où il y avait une
23 dizaine de lits superposés, je suis entré dans cette maison et j'ai relayé
24 mon message.
25 Q. Que s'est-il passé à ce moment-là ? Est-ce que vous avez quitté Kopito
26 après avoir remis le message à Perica Markovic ?
27 R. Non. J'ai remarqué que cette époque était assez stressante pour les 40
28 à 50 soldats et policiers, puisque Vlatko Tripkovic était très apprécié,
Page 4110
1 très aimé. Lorsque j'ai annoncé le message, les gens sont restés muets.
2 J'ai passé la nuit, et vers 9 heures du matin le lendemain, le 15, je suis
3 retourné à Rogatica à peu près au moment où l'action consistant à nettoyer
4 la route avait commencé.
5 Q. Vous dites que cet incident était stressant pour les 40 à 50 soldats et
6 officiers de police. Vous souvenez-vous quel type d'uniforme ou quelle
7 tenue portait Milan Lukic lorsque vous l'avez rencontré à Kopito le 14 juin
8 1992 ?
9 R. Ils portaient des tenues de camouflage, des tenues de combat. Ils
10 avaient une veste et ils portaient sur le bras gauche l'insigne qui disait
11 "milicija", milice.
12 Q. Pour le procès-verbal, puisqu'on a écrit qu'il avait l'insigne
13 "milicija" pouvez-vous nous dire à quoi correspond en B/C/S ce terme de
14 "milicija", à quoi cela correspond-il ?
15 R. Il y avait les soldats de la Défense territoriale et il y avait la
16 police. La police ou la milice pouvait être des soldats actifs ou de
17 réserve, et vous savez bien ce que signifie la "police," je pense.
18 Q. Merci. Vous dites que vous avez passé la nuit à cet endroit. Y avait-il
19 quelqu'un d'autre avec vous ? Pouvez-vous nous dire autre chose ?
20 R. Novak Prelic était avec moi pendant la nuit et Perica Markovic était
21 présent continuellement. Il sortait pour une heure, les gens sortaient à
22 tour de rôle. J'ai parlé à Milan Lukic puisque je le connaissais
23 auparavant. Il y avait cinq à six autres personnes avec moi-même et avec
24 Milan Lukic. Il y avait des tranchées et il y avait quatre ou cinq maisons
25 en direction de Visegrad et de l'autre côté de la route, il y avait quatre
26 ou cinq autres maisons. Les soldats étaient postés dans ces tranchées de
27 part et d'autre de la route.
28 Q. Vous parlez à plusieurs reprises d'une route, on a l'impression qu'il
Page 4111
1 n'y a qu'une seule route. Pouvez-vous me l'expliquer, s'il vous plaît. Vous
2 avez dit que les forces musulmanes bosniaques utilisaient cette route pour
3 le transport. Pouvez-vous me dire s'il s'agit d'une autre route, de quoi
4 s'agit-il lorsque vous dites que les forces serbes utilisaient cette route
5 ainsi que les forces bosniaques qui utilisaient la même route ?
6 R. C'est à Kopito que ces routes se croisaient. Ils utilisaient cette zone
7 de Zepa à Gorazde et vice versa pour traverser la route. Parfois ils
8 allaient au-delà de Gornja Lijeske à 10 kilomètres de là et ils
9 organisaient des embuscades classiques. Leur objectif sur cette route était
10 de tuer autant de soldats que possible et aussi de couper la route et
11 empêcher la communication de se faire.
12 M. IVETIC : [interprétation] Mon confrère a une question de traduction.
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
14 M. CEPIC : [interprétation] Monsieur le Président, avec votre permission, à
15 la page 78, ligne 23, le témoin n'a pas parlé de soldats mais plutôt de
16 gens, de citoyens. Nous pouvons réécouter la bande si vous le souhaitez.
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il existe une procédure qui permette
18 de le faire. Si vous le souhaitez, nous allons suivre la procédure
19 appropriée.
20 M. IVETIC : [interprétation] Je m'en occuperai. Nous allons vérifier le
21 procès-verbal. Merci, Monsieur le Président.
22 Q. En ce qui concerne le lendemain, c'est-à-dire le 15 juin 1992, pouvez-
23 vous nous dire, s'il vous plaît, Monsieur le Témoin, ce qui s'est passé ?
24 Où est-ce que vous êtes allé vous-même ? Est-ce que vous étiez avec les
25 forces de police à Kopito ? Qu'avez-vous fait et où êtes-vous allé ?
26 R. J'étais là jusqu'à ce que l'action commence. Je suis retourné au
27 commandement de Rogatica pour leur dire que l'action avait démarré pour
28 qu'il puisse relayer l'information de Visegrad pour que l'on puisse
Page 4112
1 commencer en même temps.
2 Q. Et qui des officiers de police et des soldats que vous avez vus avec
3 Milan Lukic, qu'ont-ils fait ce soir-là ? Est-ce qu'ils sont partis dans la
4 même direction le matin du 15 juin 1992 ? Ou est-ce qu'ils ont fait autre
5 chose ?
6 R. Le lendemain, à partir de 8 heures, ils ont entamé les préparatifs
7 d'une action lancée en vue de débloquer la route en direction de Visegrad.
8 Q. Est-ce que vous vous rappelez en vérité à quel moment ils étaient
9 partis, ils ont emprunté la route en direction de Visegrad ?
10 R. Vers 9 heures.
11 Q. Maintenant, pour ce qui est de la mort du commandant Tripkovic, dites-
12 nous -- je retire cette question. Dites-nous, vous rappelez-vous s'il y a
13 eu quoi que ce soit, des avis, ou à titre de commémoration ou des
14 sépultures, ou peut-être des tombes qui auraient pu permettre de marquer le
15 lieu où le commandant Tripkovic et les autres soldats étaient tombés en
16 embuscade, pour autant que vous le sachiez ?
17 R. Oui. Cela existe. Je pourrais vous en parler plus tard. Il est arrivé à
18 moi-même de tomber dans une embûche. Un de mes soldats s'est fait tuer. On
19 était à bord de deux voitures. Il y avait un soldat qui s'est fait tuer. Il
20 y a là une espèce de pierre tombale ou un poteau indicateur, et cetera.
21 Tout près du relais de télévision, on pouvait voir, par exemple, une
22 voiture qui tout simplement a été incinérée, de même que les soldats à bord
23 de la voiture.
24 Q. Vous dites qu'il y a des plaques, mémorial ou des pierres ou une espèce
25 de poteau supportant des marques comme quoi des gens y ont été tués. De
26 quels événements parlons-nous ? De quelles personnes parlons-nous ?
27 R. Pour parler du relais de télévision, il y a lieu de parler de Vlatko
28 Tripkovic. Il s'est fait tuer notamment le 13 juin 2002. Pour les autres,
Page 4113
1 je pourrais peut-être vous en parler, parce que le 25, je n'ai pas pu
2 passer par là, même pour mon anniversaire, mais le 25 j'ai pu y aller et
3 j'ai pu voir le 25 juin qu'il y avait les traces seulement, et les restes
4 du véhicule incinéré. C'est par là que je suis passé cette date-là pour
5 aller à Obrenovac.
6 Q. Je vous remercie, Monsieur. Tout à l'heure, vous étiez sur le point de
7 nous présenter la description d'un événement décrit par vous-même au bord
8 de cette route là. A plusieurs reprises, vous avez voulu nous parler d'un
9 événement qui s'était produit. Maintenant, je voudrais vous demander de
10 nous relater ce qui s'était produit très exactement in situ et à quelle
11 date.
12 R. Le 27 juin, date qui précède la fête de la Saint-Guy, j'étais à bord
13 d'une Golf de couleur bleue. J'étais dans cette voiture-là. Momir Sarencac
14 a mes côtés. Derrière moi il y avait Momir Bojad. Au milieu il y avait
15 Prelic Novak, et Milicevic Ljubisa à côté de ce dernier, Novak. Nous étions
16 en contrebas de Donja Lijeske, il y avait un poste de commandement où j'ai
17 pu rencontrer Perica Markovic, et il m'a dit qu'il devait se rendre à
18 Sijemece, parce qu'il aurait des entretiens là-bas avec le commandant du
19 bataillon, cette route se présentant fort problématique ces jours-là. Il
20 m'a dit, attends-moi une seconde, et on pourra y aller ensemble. Il était à
21 bord d'une Lada de couleur blanche. Au volant, il y avait Tanaskovic ou
22 Tanasic. Il y avait à bord de la voiture Goran Zecevic, qui lui, était
23 derrière, et à bord de la voiture il y avait Perica Markovic. Excusez-moi.
24 Ils étaient partis en premier, moi, je devais les suivre via Gornja Lijeske
25 vers Sijemece et via Borike.
26 Lorsque nous étions à un virage très sec à un moment donné pour
27 gagner la forêt, alors on a commencé à nous tirer dessus, et notre
28 chauffeur a été touché au menton. Goran Zecevic, qui était derrière le
Page 4114
1 chauffeur, s'est fait tuer sur place. Perica Markovic n'a été touché à
2 cette occasion-là.
3 Etant donné que la voiture devait s'arrêter, je me suis dis que si la
4 voiture s'était arrêtée, nous devions être pris vivants tous. Le chauffeur,
5 à bout de force, a continué à appuyer sur le champignon. Momir s'est fait
6 toucher, tuer, parce que grièvement blessé au ventre et au bras. Peric
7 Novak a été touché on niveau du crâne. Il s'est fait tuer. Les deux autres
8 qui étaient derrière, ils étaient intacts.
9 Nous, on a appuyé sur le gaz, et lorsqu'on s'est trouvé au dernier virage
10 sec, il y avait des troncs d'arbres qui servaient de fortification et
11 lorsqu'on avait commencé à tirer dessus, nous aussi, nous avons riposté en
12 ouvrant le feu en direction de la forêt. Alors là, on devait changer de
13 vitesse pour aller lentement mais quand même un peu plus vite. C'est le feu
14 ouvert sur nous qui nous a surpris. Nous savions que le problème
15 consistait, en fait, de savoir où nous avons dû tomber dans une embuscade.
16 Et étant donné que nous avons pu riposter, leur feu s'était arrêté et nous
17 deux, évidemment nous avons dû éviter les troncs d'arbres, plus de 15 ou 20
18 troncs d'arbres se trouvaient sur la route elle-même.
19 Or, nous avons pu y échapper sur un tronçon d'un kilomètre ou d'un demi-
20 kilomètre. Le chauffeur qui était le sien, le nôtre s'est arrêté et c'est
21 sur les jantes même de nos roues sans pneu, aucun, j'ai pu tout de même
22 arriver jusqu'à Borike en me mettant sur le siège du chauffeur.
23 Q. Une seconde, s'il vous plaît, pour que je puisse faire entrer tout cela
24 dans le compte rendu d'audience. Vous avez dit que vous avez riposté en
25 ouvrant le feu. Je fais de mon mieux pour voir où cela se trouve dans le
26 compte rendu d'audience. Je vais vous poser la question suivante : qui a
27 été le premier a riposté par le feu ? Votre compagnie à vous ou bien qui
28 c'est qui s'était mis à tirer en premier ? Qui c'était les forces qui ont
Page 4115
1 été dans cette embuscade ?
2 R. Bien évidemment, c'était les forces musulmanes qui ont commencé à tirer
3 en premier. Nous, nous avons riposté pour essayer de nous défendre. Puis
4 après, eux, ils se sont arrêtés en tirant dessus, puis voilà, je vous ai
5 dit qu'il s'est fait tuer dans cette action.
6 Q. Bien. Vous nous avez dit que vous avez été obligé de reprendre le
7 volant et que vous étiez sur les jantes elles-mêmes. Est-ce que vous pouvez
8 nous dire d'autres circonstances dans lesquelles se trouvait, par exemple,
9 votre véhicule ? Quel était l'aspect de ces véhicules ou de ce véhicule
10 après que vous étiez tombés dans l'embuscade ?
11 R. Littéralement, je crois que pour ce qui est de parler de l'autre
12 véhicule, on pouvait observer sur la tôle même de ce véhicule, 37
13 perforations rien que du côté gauche. Je ne parle plus évidemment des pare-
14 brises ni des portières non plus qu'évidemment des pneumatiques, rien qu'au
15 niveau de la tôle.
16 Q. Merci. J'ai une autre question à vous poser qui concerne d'ailleurs la
17 durée de la guerre. Avez-vous eu un grade à cette époque-là pendant que
18 vous vous trouviez dans la localité de Kopito en tant que soldat de l'armée
19 de Republika Srpska ?
20 R. Plus tard, par un décret de commandant, j'ai pu avoir le grade de
21 capitaine, mais j'étais chef d'une compagnie à cette
22 époque-là. Mais pour attendre le décret il a fallu attendre qu'un certain
23 temps se passe. Je dirais que tout cela a eu lieu dans l'intervalle du 14
24 au 20 septembre, pour parler précisément de ce décret du commandant.
25 Q. Merci, Monsieur. Merci beaucoup d'être venu pour déposer lors de cet
26 interrogatoire principal.
27 Mme SARTORIO : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai plus de
28 questions.
Page 4116
1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, Maître Ivetic. Monsieur
2 Groome.
3 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, puis-je vous demander
4 quelque chose. Je n'avais pas pu prévoir qu'il y aurait eu le lieu de
5 reporter également le contre-interrogatoire de l'autre témoin. Puis-je vous
6 demander la permission de commencer demain.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ainsi soit-il. Par conséquent, nous
8 reprenons demain l'audience à 14 heures 15.
9 L'audience est levée.
10 --- L'audience est levée à 18 heures 37 et reprendra le jeudi 15 janvier
11 2009, à 14 heures 15.
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28