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1 Le lundi 26 janvier 2009
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 20.
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je crois comprendre qu'il y a des
6 questions préliminaires à traiter. Qui est-ce qui en parlera le premier ?
7 M. IVETIC : [interprétation] Je serai le premier. Je demande un huis clos
8 partiel pour ces premières remarques.
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Huis clos partiel.
10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur
11 le Président.
12 [Audience à huis clos partiel]
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8 [Audience publique]
9 M. IVETIC : [interprétation] Merci.
10 Q. Madame, en ce qui concerne la route ou l'itinéraire suivi par ce bus
11 scolaire de Rujiste jusqu'à l'école, quel était l'itinéraire de ce bus ?
12 Quelle est la distance approximative entre les différents villages qui se
13 trouvent ?
14 R. A partir de notre village Rujiste, nous faisions à peu près 3
15 kilomètres jusqu'à Klasnik, où nous avons fait les quatre premières années
16 d'école primaire. Puis nous sommes allés à Prelovo, à une dizaine de
17 kilomètres jusqu'en 8e année à une dizaine de kilomètres, puis nous
18 prenions le bus pour aller à l'école secondaire à Visegrad, à une vingtaine
19 de kilomètres de notre village.
20 Q. En ce qui concerne l'itinéraire suivi par ce bus pour aller à Visegrad,
21 dans quel ordre passiez-vous par ces différents villages de Rujiste à
22 Visegrad ? Par quels villages passiez-vous en route vers l'école?
23 R. Rujiste, Klasnik, Prelovo, en plus, il y a des petits hameaux, Koritnik
24 et Visegrad.
25 Q. Cet itinéraire suivi par les étudiants ou les bus, c'est une route
26 asphaltée ou de quel type de route s'agissait-il ?
27 R. Elle n'était pas asphaltée. Je ne sais pas très bien comment vous la
28 décrire. C'était des pavés.
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1 Q. Y avait-il d'autres routes qui reliaient Visegrad à
2 Rujiste ?
3 R. Non. C'était la seule route.
4 Q. Vous avez parlé du village de Koritnik. Par rapport justement à
5 Koritnik, était-il possible de passer par Rujiste pour aller à Visegrad et
6 par une autre route que celle que vous avez décrite ?
7 R. Non. Il s'agissait de la seule route que l'on pouvait emprunter pour
8 aller à Visegrad.
9 Q. En ce qui concerne la période que vous avez passée avec M. Milan Lukic
10 à l'école --
11 M. IVETIC : [interprétation] Je voudrais demander que l'on présente la
12 pièce 65 ter 39, le 1D22-0282, un document que j'ai reçu de la Défense
13 suite à une demande d'aide de la part des organes de la Bosnie.
14 Q. Je vais vous demander d'étudier ce document une fois que vous le verrez
15 et je vous prie de m'indiquer si ceci correspond à votre souvenir de cette
16 période au cours de laquelle Milan Lukic était à l'école et la nature de
17 ses études --
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Cole.
19 M. COLE : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président. Il y a eu un
20 certain échange de correspondance avec la Défense en ce qui concerne la
21 question des pièces relatives à la scolarité. L'Accusation [comme
22 interprété] parle de demande d'assistance de la part des organes
23 bosniaques. Et je voudrais qu'on précise, parce que c'est un document qui
24 est une réponse à une demande officielle d'assistance envoyée aux autorités
25 bosniaques et qui a été envoyée à la Défense par les voies officielles,
26 parce que les échanges de correspondance qu'on a eus avec la Défense nous
27 indiquent que ce document ou un document similaire a été remis aux membres
28 de l'équipe de la Défense à l'école. C'est un petit peu ambigu là, les
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1 explications que nous --
2 M. IVETIC : [interprétation] Je vais m'expliquer à nouveau. Nous avions
3 demandé ce document du district scolaire de Visegrad. La Défense l'a
4 demandé officiellement. Les organes officiels de l'école nous ont fait
5 tenir une réponse écrite qui a été remise aux membres de l'équipe de la
6 Défense avec le tampon de l'école. Je ne sais pas exactement quelles autres
7 informations je devrais fournir à l'Accusation. Pas pour ce document-ci,
8 mais pour d'autres documents, je les ai encouragés à prendre contact avec
9 l'école pour vérifier la véracité de nos propos. Et je ferai observer qu'en
10 ce qui concerne --
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien. La réponse, c'est que ce sont
12 les organes officiels de l'école.
13 M. IVETIC : [interprétation] Oui. Je ne vois pas très bien comment j'aurais
14 pu obtenir cela autrement.
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bon. Très bien. Avançons.
16 M. IVETIC : [interprétation]
17 Q. Je pense que vous avez eu l'occasion de voir ce document, maintenant je
18 vais vous demander si ceci correspond à la période au cours de laquelle
19 Milan Lukic a fréquenté cette école précise et la nature des études qu'il y
20 effectuait, selon vos souvenirs.
21 R. Oui. Je me souviens qu'il a été à cette école, mais je ne me souviens
22 pas des matières, des sujets, des disciplines.
23 Q. Bien.
24 M. IVETIC : [interprétation] Je voudrais demander le versement de ce
25 document au dossier afin que nous ayons un numéro de pièce.
26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
27 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ceci sera le numéro 1D105.
28 Merci, Monsieur le Président.
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1 M. IVETIC : [interprétation] Merci. Pourrions-nous maintenant voir le
2 document suivant qui devrait être le numéro 40 de la liste 65 ter et qui
3 devrait correspondre à 1D22-0281. Et là, il s'agit des documents provenant
4 de l'école primaire.
5 Q. Je voudrais demander, s'il vous plaît, au témoin d'y jeter un
6 coup d'œil, et voir si vous auriez des souvenirs à ce sujet, notamment en
7 ce qui concerne la période, est-ce que ça correspond à vos souvenirs selon
8 lesquels Milan Lukic a été à l'école élémentaire, et les questions dont
9 vous avez discuté précédemment en audience à huis clos partiel ?
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Cole.
11 M. COLE : [interprétation] Oui. Je me demande, Monsieur le Président, si
12 nous pourrions simplement savoir pour le compte rendu d'où vient ce
13 document.
14 M. IVETIC : [interprétation] Est-ce qu'il est nécessaire qu'on lise le
15 document ou est-ce qu'il se passe de commentaires ?
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] C'est le même type de renseignements
17 que vous évoqués si vous en avez besoin, c'est un document officiel ou un
18 document provenant du gouvernement ou quoi, qu'est-ce que c'est ?
19 M. COLE : [interprétation] Oui. Je ne souhaite pas faire perdre du temps,
20 mais il y a une quantité énorme de correspondance, et il n'était pas clair
21 jusqu'à présent qu'elle était l'origine de ce document, qu'elle était sa
22 source. Donc s'il a été remis, très bien, mais on a déjà dit dans le passé
23 que les documents ont été présentés à la suite d'une demande officielle
24 d'aide et je voudrais juste qu'on soit bien au clair sur ce point.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Comment avez-vous obtenu ce document
26 ? Est-ce que c'était le résultat d'une demande
27 officielle ?
28 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président --
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce que c'était une demande
2 d'aide ?
3 M. IVETIC : [interprétation] Je vais donner lecture du document.
4 "Conformément à l'article 159 de la loi sur les procédures générales
5 (Journal officiel de la Republika Srpska, 13/02) et à la demande faite par
6 Rasic Jelena de Belgrade, nous délivrons le document suivant."
7 Donc l'école de Visegrad a délivré ce document, et je serais tout à fait
8 prêt à vous fournir d'autres renseignements. Il s'agit là d'une demande
9 officielle de l'équipe de la Défense adressée à une administration
10 officielle. Si vous regardez plus particulièrement, vous verrez le tampon
11 de ce document, qui est un tampon officiel, provenant d'un organe de
12 l'Etat, donc les autorités de l'école à Visegrad de la Republika Srpska.
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Monsieur Groome.
14 M. GROOME : [interprétation] Juste pour être bien au clair, l'approche
15 prise par l'Accusation, c'était de marquer ces documents aux fins
16 d'identification, ensuite sur le papier, de fournir à la Chambre un
17 exemplaire de la correspondance. La demande n'était pas simplement adressée
18 à une école primaire locale pour le secteur où il vivait, mais il se peut
19 qu'il y ait eu un problème [comme interprété] d'un côté ou d'un autre -- le
20 représentant officiel du gouvernement par rapport au Tribunal. La personne
21 va, fait une enquête et revient en disant si oui ou non on a pu satisfaire
22 une demande. Donc de différentes façons, la demande officielle d'aide a ou
23 non l'imprimatur d'un gouvernement, ce qui n'est pas le cas de ces
24 documents-ci. Quant à savoir s'ils ont été demandés par Mme Jelena Rasic à
25 l'école en question, ce n'est pas la même chose qu'une demande officielle
26 faite par l'équipe de la Défense à une administration officielle par un
27 représentant officiel du Tribunal. Donc je demande que le document reçoive
28 une cote aux fins d'identification et que l'on fournisse le même document à
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1 l'Accusation de façon à ce qu'on puisse éventuellement le présenter à notre
2 tour et qu'à ce moment-là la Chambre puisse faire sa propre appréciation
3 pour savoir si ces documents doivent être ou non versés au dossier comme
4 éléments de preuve.
5 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit de documents
6 obtenus de plusieurs sources officielles, ils peuvent être présentées
7 directement à l'audience, même sans passer par le truchement d'un témoin.
8 Ce document se passe de commentaire quant à la manière dont il a été
9 demandé, il fournit des données sur la base de documents officiels de
10 l'école, il est signé par les fonctionnaires habiletés de l'école, il est
11 tamponné par quelqu'un d'officiel à l'école. Je ne vois pas ce que demande
12 ou ce que soutient M. Groome, ce n'est pas de savoir de quel document --
13 est-ce que ça découle ou non ici d'un problème ou du fait qu'il y avait un
14 parti pris. Qui est le fonctionnaire duquel l'Accusation demande la
15 provenance de ces documents. Il comporte bien un tampon. L'école a été
16 identifiée. Tout ceci peut être vérifié, ça a été vérifié et donc je ne
17 vois pas exactement le problème. Nous l'avons gardé avec la liste de
18 témoin, c'est même basé sur ce que nous comprenons des documents officiels.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Ivetic, laissez-moi voir si
20 je comprends ceci. Vous auriez contacté --
21 M. IVETIC : [interprétation] L'école à Visegrad, Monsieur le Président.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] L'école primaire Vuk Karadzic, et
23 vous avez demandé des renseignements concernant l'accusé, et le directeur
24 de cette école qui est M. Slavco Sandev a fourni ce document, il l'a fait
25 établir.
26 M. IVETIC : [interprétation] C'est exact.
27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Et comment l'a-t-il établi, en
28 faisant quoi ?
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1 M. IVETIC : [interprétation] En tant que gardien des archives de l'école
2 primaire à Visegrad pour la période pertinente où l'accusé allait à cette
3 école, il a examiné les archives --
4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mais tous ces renseignements ne sont
5 pas là.
6 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons ces
7 personnes qui sont sur la liste des témoins, mais on nous a demandé qu'il y
8 ait 45 témoins. Si je dois apporter les archives concernant la manière dont
9 ces documents ont été conservés -- ce que dit l'Accusation --, il faut que
10 nous tenions compte de l'efficacité, que les choses soient justes, que nous
11 soyons absolument sûrs que la justice est vraiment bien suivie. Là encore,
12 ils ont connaissance de ce document puis un certain temps. Je les ai
13 invités à se mettre en contact avec le représentant de cette école à
14 plusieurs reprises. Et ce faisant, l'Accusation demande l'original d'un
15 autre document provenant de cette école. Je n'ai pas cet original à
16 l'origine. Je l'ai obtenu. Puis il y a eu une réunion avec le bureau du
17 Procureur. Qu'est-ce qu'ils en ont fait de cet original, ils ont demandé
18 une photographie. En fait, c'est la même chose que ce que nous avons depuis
19 le premier jour. Et je voudrais faire valoir que l'Accusation, en fait, est
20 en train d'essayer de faire obstacle à ces débats, en objectant que ces
21 documents doivent être vérifiés dès qu'ils se présentent, alors qu'ils se
22 passent de commentaire du point de vue des renseignements qu'ils
23 contiennent.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il se peut que ceci revienne à une
25 question simplement de poids à attribuer en l'absence d'autres documents
26 permettant de confirmer.
27 M. IVETIC : [interprétation] Je suis tout à fait prêt à ce que l'on demande
28 ceux qui conservent les archives aussi longtemps que ceci ne soit pas
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1 déduit du temps qui est accordé pour mes 45 témoins.
2 [La Chambre de première instance se concerte]
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien. Nous allons admettre ce
4 document.
5 M. IVETIC : [interprétation] En fait, je ne sais pas d'ailleurs si le
6 témoin a déjà répondu à la question en ce qui concerne ce document,
7 Monsieur le Président.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien --
9 M. IVETIC : [interprétation]
10 Q. Madame, en ce qui concerne ce document, je voudrais vous demander de le
11 regarder attentivement et de nous dire si ceci correspond à ce que vous
12 savez et à vos souvenirs de la période en question lorsque M. Milan Lukic
13 allait à l'école élémentaire Zelimir Djuric - Zeljo.
14 R. Ce document est exact.
15 Q. Merci.
16 M. IVETIC : [interprétation] Je demande maintenant que ce document soit
17 versé, je demande une cote, s'il vous plaît.
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Quand vous dites que c'est un
19 document exact, Témoin, que voulez-vous dire ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Il est exact qu'il s'est trouvé là au premier
21 niveau de cette année, comme il est dit ici, il est allé à l'école Zelimir
22 Djuric, Zeljo à Prelovo.
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien. Vous avez d'autres
24 questions. Nous allons l'admettre.
25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document reçoit pour cote 1D106,
26 Monsieur le Président.
27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci.
28 M. IVETIC : [interprétation] Bien. Merci.
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1 Q. Madame le Témoin, en ce qui concerne ce procès, nous avons entendu
2 certains témoins nous dire certaines choses sur la façon dont ils pouvaient
3 aller à l'école et en revenir de divers villages. D'après ce que vous savez
4 de la région, est-il possible que des enfants aillent de Koritnik jusqu'à
5 l'école à Prelovo, mais qu'ils passent par Rujiste pour arriver à cette
6 école à Prelovo ? Est-ce que c'était là l'un des itinéraires possibles où
7 ils pouvaient être transportés pendant la période en question lorsque vous-
8 même et M. Lukic alliez à cette école ?
9 R. C'est impossible d'aller de Koritnik et de passer par Rujiste pour
10 aller à l'école. Ça c'est inexact.
11 Q. Merci. Pendant cette période où vous avez été à l'école avec Milan
12 Lukic, avez-vous jamais eu l'occasion de le voir fumer des cigarettes ou
13 autre sorte de tabac ?
14 R. Non, il ne fumait jamais.
15 Q. En ce qui concerne cette période où vous l'avez connu et où vous alliez
16 à l'école avec lui et ainsi que la période où vous étiez à l'école, comment
17 pourriez-vous décrire son comportement, sa façon d'agir à l'égard des
18 autres personnes, qu'il s'agisse d'enfants ou d'adultes, qu'il s'agisse de
19 Serbes ou de non-Serbes ?
20 R. Il se comportait toujours très bien à l'égard des Serbes, des
21 Musulmans, des personnes âgées. Il était toujours joyeux. Il n'a jamais
22 causé de problème à qui que ce soit.
23 Q. Vous avez déjà dit -- non, je reprends. En ce qui concerne les enfants,
24 lorsqu'ils étaient ensemble, avez-vous eu l'occasion d'être témoin d'un cas
25 où M. Milan Lukic aurait commencé une bagarre ou où il aurait été brutal à
26 l'égard d'autres enfants ?
27 R. Non. Il n'a jamais eu de querelles. Il était toujours de bonne
28 compagnie.
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1 Q. D'après ce que vous savez et des renseignements que vous avez en ce qui
2 concerne la période où Milan Lukic était à l'école, la période où vous le
3 connaissiez, comment pourriez-vous décrire son caractère pour nous ? Quel
4 type de personne était-ce ?
5 R. C'est une personne très positive, très sympathique. Je ne peux dire que
6 du bien en ce qui le concerne.
7 Q. Et quel type d'élève était-il ?
8 R. Il était bon élève. Disons, moyen.
9 Q. En ce qui concerne Milan Lukic, quand est la dernière fois que vous
10 l'avez vu personnellement ?
11 R. En 1994, je suis partie. Et je suis revenue en 1996. C'est la dernière
12 fois où je l'ai vu. Je ne l'ai pas revu depuis.
13 Q. D'après vos contacts et vos parents d'ailleurs que vous connaissez,
14 est-ce que M. Milan Lukic est resté à Visegrad ou la municipalité de
15 Visegrad après avoir terminé ses études, après avoir terminé à cette école
16 ?
17 R. J'ai appris qu'il était en Suisse pendant un certain temps, et plus
18 tard il est venu vivre à Bezanijska Kosa, à Belgrade.
19 Q. S'agissant des enfants à l'école, lorsque vous y étiez, vous
20 grandissiez -- attendez -- non, un instant, s'il vous plaît.
21 [Le conseil de la Défense se concerte]
22 M. IVETIC : [interprétation]
23 Q. A quel type d'activités est-ce que Milan Lukic participait lorsqu'il y
24 avait des récréations ?
25 R. Il jouait comme tous les autres enfants.
26 M. IVETIC : [interprétation] Pourrait-on brièvement retourner en audience à
27 huis clos partiel, s'il vous plaît. J'aurais une ou deux questions qui
28 risqueraient peut-être de donner des renseignements personnels concernant
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1 le témoin.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] A huis clos partiel, oui.
3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur
4 le Président.
5 [Audience à huis clos partiel]
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28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci.
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1 M. IVETIC : [interprétation]
2 Q. Madame le Témoin, je vous remercie. Je n'ai pas d'autres questions à
3 vous poser dans cet interrogatoire principal.
4 M. IVETIC : [interprétation] J'en ai terminé, Monsieur le Président.
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Cole.
6 Contre-interrogatoire par M. Cole :
7 M. COLE : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.
8 J'ai des questions à poser au témoin mais je voudrais demander qu'on aille
9 en audience à huis clos partiel, s'il vous plaît.
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
11 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos
12 partiel, Monsieur le Président.
13 [Audience à huis clos partiel]
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23 [Audience publique]
24 --- L'audience est suspendue à 15 heures 44.
25 --- L'audience est reprise à 16 heures 10.
26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Cole, à vous.
27 M. COLE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
28 Je demande que nous passions à huis clos partiel, je vous prie.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur
3 le Président.
4 [Audience à huis clos partiel]
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23 [Audience publique]
24 M. COLE : [interprétation]
25 Q. On vous a donc présenté des documents qui provenaient des écoles
26 fréquentées par Milan Lukic. Vous vous rappelez avoir dit un peu plus tôt
27 dans votre déposition que vous aviez souvenir de ces documents, n'est-ce
28 pas ?
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1 R. Oui.
2 Q. Ces mêmes documents vous ont été présentés avant le début de l'audience
3 d'aujourd'hui, pendant la séance de récolement, n'est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. Donc lorsque ces documents vont ont été présentés dans ce prétoire, on
6 vous avait déjà rafraîchi la mémoire s'agissant des renseignements qu'ils
7 contiennent, n'est-ce pas ?
8 R. Oui.
9 Q. Et si vous voulez être juste, il va vous falloir admettre qu'en
10 l'absence des renseignements contenus dans ces documents scolaires, vous
11 n'auriez pas la moindre idée au sujet des années précises pendant
12 lesquelles Milan Lukic a fréquenté telle ou telle école, n'est-ce pas ?
13 R. C'est exact qu'il a commencé l'école l'année que j'ai citée, c'est-à-
14 dire en 1974.
15 Q. Vous rappelez-vous qu'on vous a demandé si la teneur, c'est-à-dire les
16 renseignements relatifs à Milan Lukic qui figuraient dans ces certificats
17 scolaires étaient exacts ? Vous vous souvenez qu'on vous a posé cette
18 question ?
19 R. Oui.
20 Q. Vous vous rappelez avoir confirmé que les renseignements contenus dans
21 ces deux certificats scolaires étaient exacts, n'est-ce pas ?
22 R. Oui.
23 Q. Pouvez-vous nous dire à présent quels sont exactement les
24 renseignements dont vous avez confirmé l'exactitude ? En avez-vous le
25 souvenir ?
26 R. J'ai confirmé qu'il était écrit qu'il était entré en première année
27 d'école primaire à Klasnik en 1974. C'est cela dont j'ai confirmé
28 l'exactitude.
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1 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, il va falloir que je
2 vérifie le compte rendu d'audience, mais j'élève une objection par rapport
3 à ce que viens de dire M. Cole, car cela contredit ce que le témoin dit
4 savoir et dit avoir en mémoire. Le témoin dit se rappeler quelles sont les
5 périodes pendant lesquelles Milan Lukic a fréquenté cette école primaire,
6 ceci figure en page 23, lignes 4 à 8 du compte rendu d'audience.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Cole.
8 M. COLE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je vous remercie. Je
9 vais changer de sujet.
10 Q. Madame, vous avez terminé l'école primaire pour passer au lycée en
11 quelle année ?
12 R. En 1980.
13 Q. Y a-t-il eu une année quelconque pendant laquelle vous fréquentiez le
14 lycée en même temps que Milan Lukic ?
15 R. Oui, mais nous n'étions pas dans la même école.
16 Q. A quel lycée allait Milan Lukic ?
17 R. Il est tout d'abord allé dans un lycée spécialisé dans la préparation
18 des serveurs de restaurant, ensuite dans un autre lycée spécialisé
19 professionnel qui préparait au métier de la technologie.
20 Q. Vous rappelez-vous quel lycée il a fréquenté ?
21 R. Il s'agit de deux lycées différents, mais ils se trouvaient tous les
22 deux à Visegrad. Je ne me rappelle pas leurs noms toutefois. Je n'arrive
23 pas à me souvenir. Ce n'est pas que je ne sais pas, mais je ne m'en
24 souviens pas.
25 Q. Quand vous alliez à l'école, est-ce que vous aviez des relations
26 amicales avec les autres enfants d'origine musulmane ?
27 R. Oui.
28 Q. Ne les prononcer pas dans l'immédiat, mais je vous demande si vous
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1 aviez le souvenir des noms de ces enfants musulmans qui fréquentaient
2 l'école ?
3 R. Oui.
4 Q. Je vais vous interroger au sujet de quelques noms. Vous nous diriez si
5 vous les connaissez. Connaissiez-vous des enfants musulmans dont le nom
6 était Kurspahic alors que vous fréquentiez l'école ?
7 R. Non.
8 Q. Combien d'années avez-vous passées au lycée ?
9 R. Quatre ans.
10 Q. Et vous ne vous rappelez personne dont le nom de famille était
11 Kurspahic pendant vos années de lycée ?
12 R. Non.
13 Q. Est-ce que vous avez le souvenir d'enfants s'appelant Kurspahic quand
14 vous étiez à l'école primaire ?
15 R. Non.
16 Q. Connaissiez-vous une certaine Jasmina Delija quand vous étiez à
17 l'école, que ce soit l'école primaire ou le lycée ?
18 R. Non.
19 Q. Je change de sujet à présent. Quand est-ce que vous avez été contactée
20 pour la première fois par l'équipe de Défense de Milan Lukic en rapport
21 avec votre future et éventuelle déposition dans ce procès ?
22 R. Au mois d'octobre 2008.
23 Q. Par quel moyen avez-vous été contactée ?
24 R. Sa sœur m'a demandé si je serais prête à fournir une déposition
25 évoquant notre amitié et nos années communes d'école.
26 Q. Comment s'appelle sa soeur ?
27 R. Draginja.
28 Q. Où habite-t-elle ?
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1 R. A Belgrade.
2 Q. Comment a-t-elle pris contact avec vous au mois d'octobre ?
3 R. Elle m'a appelée par téléphone.
4 Q. Est-ce que cela signifie qu'elle était régulièrement en contact avec
5 vous au cours des années et qu'elle avait votre numéro de téléphone ?
6 R. Non, elle a obtenu mon numéro auprès de ma famille.
7 Q. Avez-vous donc accepté de rencontrer et de discuter avec les membres de
8 l'équipe de Défense de Milan Lukic ?
9 R. Oui.
10 Q. Quel a été votre contact suivant avec quelque représentant que ce soit
11 intervenant dans ce procès ?
12 R. Uniquement avec l'avocat.
13 Q. Après le mois d'octobre, quand avez-vous eu un nouveau contact avec cet
14 avocat ?
15 R. Au mois de janvier de cette année.
16 Q. Donc aucun contact avec qui que ce soit jusqu'en janvier 2009, aucun ?
17 R. En effet, en effet.
18 Q. Et ce nouveau contact, vous l'avez eu avec quel juriste ?
19 R. Avec l'avocat. J'ai oublié son nom. Il est là.
20 Q. Vous parlez de Me Ivetic ?
21 R. Oui.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Apparemment, vous êtes largement
23 oubliable, Maître Ivetic.
24 M. COLE : [interprétation]
25 Q. Cet appel téléphonique du mois de janvier -- ou plutôt, est-ce qu'en
26 janvier, on vous a appelée par téléphone ou est-ce que vous vous êtes
27 rencontrés physiquement ?
28 R. Au mois de janvier, nous nous sommes rencontrés physiquement.
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1 Q. Quelle était la date de cette rencontre ?
2 R. Je ne sais pas exactement, je dirais, entre le 15 et le 20, mais je ne
3 me souviens pas exactement.
4 Q. Avez-vous fourni une déclaration écrite, signée par vous ?
5 R. Non, non. Nous avons simplement discuté ensemble.
6 Q. La date initiale de votre déposition en l'espèce était prévue la
7 semaine dernière, n'est-ce pas ? C'était cela qui était prévu à l'origine ?
8 Est-ce que je me trompe ?
9 R. C'est en effet le cas.
10 Q. C'est donc lundi ou mardi de la semaine dernière que vous deviez
11 témoigner à l'origine, n'est-ce pas ?
12 R. Oui.
13 Q. Pour quelle raison n'avez-vous pas pu témoigner la semaine dernière ?
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître --
15 M. COLE : [interprétation] Je pense qu'il serait préférable de traiter de
16 ce point à huis clos partiel [comme interprété].
17 M. IVETIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Enfin, vous faites
18 comme vous voulez, Monsieur le Président. Ce n'est pas capital.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Huis clos partiel [comme
20 interprété], je vous prie.
21 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
22 [Audience à huis clos partiel]
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27 [Audience publique]
28 M. COLE : [interprétation]
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1 Q. Madame le Témoin, quand avez-vous vu Milan Lukic personnellement,
2 physiquement, pour la dernière fois ?
3 R. En 1986.
4 Q. Est-ce que vous avez cherché à le rencontrer délibérément ou est-ce que
5 vous l'avez rencontré par erreur à ce moment-là ?
6 R. Non. J'étais venue en Bosnie pour voir ma mère et c'est à ce moment-là
7 que je l'ai rencontré.
8 Q. Cela s'est-il passé une seule fois en 1986 ?
9 R. Oui.
10 Q. Avez-vous de nouveau rencontré Milan Lukic depuis cette rencontre de
11 1986 ?
12 R. Non.
13 Q. Mais l'avez-vous reconnu lorsque vous êtes entrée dans ce prétoire, cet
14 après-midi ?
15 R. Oui.
16 Q. En fait, vous avez adressé un sourire à Milan Lukic, n'est-ce pas, et
17 il vous a retourné ce sourire ?
18 R. Oui.
19 Q. Dans ce que vous avez dit jusqu'à présent, dans votre déposition, je
20 crois me rappeler vous avoir entendue dire que Milan Lukic ne fumait pas,
21 que ce n'était pas un fumeur, n'est-ce pas ?
22 R. En effet.
23 Q. Je ne me rappelle plus si on vous a posé la question de savoir si à
24 l'époque où vous le connaissiez, il buvait de l'alcool, mais je vais vous
25 poser la question maintenant. Pendant ces années où vous le connaissiez,
26 c'est-à-dire dans les années précédant 1984, était-ce quelqu'un qui buvait
27 régulièrement de l'alcool ?
28 R. Non.
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1 Q. J'aimerais qu'on vous montre une photographie.
2 M. COLE : [interprétation] Le numéro de référence est
3 Y014-7901.
4 Q. Vous voyez cette photo ?
5 R. Oui.
6 Q. Est-ce que vous voyez une cigarette dans la main des personnes que l'on
7 voit sur la photo ?
8 R. Oui.
9 Q. Et vous confirmez qu'il s'agit bien de Milan Lukic sur cette photo ?
10 R. Oui.
11 M. COLE : [interprétation] Je demande à présent l'affichage de la
12 photographie dont le numéro de référence est Y014-7908.
13 Q. Est-ce que vous voyez Milan Lukic sur cette photographie ?
14 R. Oui.
15 Q. Pouvez-vous nous confirmer qu'il a une bouteille d'alcool en main ?
16 M. ALARID : [interprétation] Objection. Ceci c'est de la spéculation.
17 M. IVETIC : [interprétation] Effectivement.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Comment pouvez-vous voir qu'il
20 s'agit d'alcool dans cette bouteille ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, ça me semble être de l'alcool. Lorsqu'il
22 allait à l'école, il ne buvait pas, il ne fumait pas. Peut-être s'agitait-
23 il d'une occasion particulière au moment où cette photo a été prise, enfin,
24 je ne sais pas.
25 M. ALARID : [interprétation] Je voulais simplement vous dire sur le plan du
26 contexte, on ne sait pas quand cette photo a été prise, le témoin a dit que
27 la dernière fois qu'elle l'a vu était en 1986, c'est l'époque où il était
28 sorti du lycée.
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1 M. COLE : [interprétation] Oui, il s'agit de photos qui ont été fournies
2 par la Défense de Milan Lukic, je crois qu'ils sont mieux placés, côté de
3 la Défense, pour fournir une date pour ces clichés.
4 M. ALARID : [interprétation] Non seulement tout ceci sort des albums de
5 photos de famille, mais s'il n'y a pas un tampon sur la photo -- la
6 première photo que nous avons montrée était la D190, il y avait une date
7 prise elle-même par l'appareil photo, à supposer que ça a été programmé
8 correctement, alors qu'ici il n'y a pas de date. Il faudrait à ce moment-là
9 demander à M. Lukic de dater ces photos.
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Cole, poursuivez.
11 M. COLE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
12 Q. Maintenant, sur cette photo, en ce qui concerne la consommation
13 d'alcool, est-ce que cette bouteille qui est dans la main de Milan Lukic
14 vous semble être une bouteille de boisson bien connue que l'on trouve un
15 peu partout dans les Balkans ?
16 R. Oui.
17 Q. Connaissiez-vous les parents de Milan Lukic ?
18 R. Oui.
19 Q. Savez-vous où se trouve sa mère pour le moment, la mère de Milan Lukic
20 ?
21 R. Sa mère et son père sont actuellement à Belgrade actuellement, je veux
22 dire qu'ils y habitent.
23 Q. Pensez-vous que son père soit toujours en vie ?
24 R. Oui.
25 M. COLE : [interprétation] Nous allons repasser brièvement à huis clos,
26 Monsieur le Président, si vous le voulez bien.
27 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur
28 le Président.
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3 [Audience publique]
4 M. COLE : [interprétation] Je vous demande que les deux photos qui ont été
5 montrées à ce témoin et que vous avez identifiées soient versées au dossier
6 et qu'elles reçoivent une cote.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document Y014-7901 deviendra la pièce
9 B231.
10 Le document Y014-7908 recevra la cote B232.
11 M. COLE : [interprétation]
12 Q. Dans votre déposition tout à l'heure, Madame, vous avez décrit Milan
13 Lukic comme étant quelqu'un de positif, d'énergique, vous disiez le plus
14 grand bien de lui, vous disiez qu'il était toujours en bonne compagnie.
15 Vous souvenez-vous avoir tenu ces propos concernant Milan Lukic ?
16 R. Oui.
17 Q. Etant donné que vous êtes en train de déposer aujourd'hui, vous nous
18 dites que vous n'avez que du bien à dire à son propos, que des choses
19 positives, et que c'est là l'image de lui que vous voudriez donner à la
20 Chambre.
21 R. Oui, en effet.
22 Q. Depuis 1986, quels sont les contacts que vous avez eus avec Milan Lukic
23 jusqu'à ce jour ?
24 R. Aucun contact.
25 Q. Vous êtes au courant de la guerre en Bosnie et en ex-Yougoslavie, et il
26 ne faut aucun doute que vous avez également pu lire des articles à ce sujet
27 ainsi que des reportages à la télévision.
28 R. Oui.
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1 Q. Selon vous, pendant quelles années est-ce que la guerre a duré depuis
2 son début jusqu'à la fin ?
3 R. Je ne sais pas précisément.
4 Q. Pendant la guerre et dans les années qui ont suivi, est-ce que vous
5 avez pris connaissance dans la presse ou à la télé de reportages ou de
6 choses qui concernaient Milan Lukic en particulier ?
7 R. Oui, en effet.
8 Q. Est-ce que l'on peut dire que vous étiez au courant du fait qu'il était
9 en fuite et qu'il a été arrêté en 2005 ?
10 R. Oui, c'est ce que j'ai pu entendre dans les médias.
11 Q. Et aujourd'hui, est-ce que vous êtes au courant du fait que Milan Lukic
12 est accusé de choses graves devant cette Chambre, notamment l'extermination
13 et de nombreux crimes ?
14 R. Oui.
15 Q. Et savez-vous qu'on l'accuse d'avoir assassiné plusieurs personnes, de
16 les avoir enfermées dans des maisons auxquelles il a mis le feu et il les a
17 brûlées vives ?
18 R. Non.
19 Q. Donc vous n'êtes pas au courant de ces allégations.
20 R. Non.
21 Q. Beaucoup de personnes ont déposé concernant ses méfaits devant cette
22 Cour --
23 M. ALARID : [interprétation] Objection, absence de pertinence et de
24 fondement.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je ne vois pas très bien quelle est
26 la base de votre objection.
27 M. COLE : [interprétation]
28 Q. Ma question était de savoir, est-ce que vous êtes au courant que
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1 beaucoup de personnes sont venues témoigner devant cette Chambre concernant
2 ses méfaits ? Est-ce que vous êtes au courant de cela ?
3 R. Je n'en sais rien.
4 Q. Vous dites que c'est une personne tout à fait correcte. Vous maintenez
5 ces propos ?
6 R. Oui. C'est comme ça qu'il était lorsque je l'ai connu. Je n'ai pas
7 participé à la guerre et je ne sais pas très bien ce qui se passait à
8 l'époque, mais le Milan Lukic que je connaissais était une personne tout à
9 fait correcte et positive.
10 Q. Savez-vous à quel moment Milan Lukic est revenu depuis un autre endroit
11 de l'Europe vers Visegrad ?
12 R. Non.
13 Q. Etes-vous au courant des circonstances qui ont entouré le retour de
14 Milan Lukic à Visegrad pendant la guerre en Bosnie ?
15 R. Non.
16 Q. Ce que je viens de vous dire figure dans un document qui a été fourni
17 au bureau du Procureur par la Défense et qui décrit votre témoignage. Avez-
18 vous quelques observations à faire à ce sujet ?
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vois que M. Ivetic est debout.
20 M. IVETIC : [interprétation] J'objecte concernant la pertinence et la base.
21 Le témoin nous présente ce que la Défense a présenté en fonction des
22 informations qu'ils avaient à l'époque. Je pense qu'elle a déjà déposé
23 quant aux contacts qu'elle avait eus au cours de l'époque où elle était sur
24 la liste des témoins et au moment où elle a accepté de déposer.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Quelle est la pertinence de votre
26 propos, Monsieur Cole ?
27 M. COLE : [interprétation] Ecoutez, nous avons reçu fort peu d'informations
28 sur ce témoin de toute façon. Il s'agit d'un document officiel déposé par
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1 la Défense concernant ce que le témoin allait nous dire. Je cite les choses
2 d'ailleurs directement au témoin. La pertinence est la suivante : tout
3 d'abord, on nous donne des informations qui semblent correctes, donc j'ai
4 le droit, je pense, de poser des questions sur le résumé de sa déposition -
5 -
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, je vous en prie. Allez-y.
7 M. COLE : [interprétation] Je vois que de toute façon elle a répondu à la
8 question, Monsieur le Président. Je vais relire la question.
9 Q. "Simplement, ce que je vous ai dit figure dans un document qui a été
10 fourni au bureau du Procureur par la Défense et qui décrit la teneur de
11 votre déposition. Avez-vous des observations à faire à ce sujet ?"
12 Et la question porte sur le fait qu'il est suggéré que vous alliez
13 déposer sur les circonstances qui entouraient de Milan Lukic à Visegrad
14 pendant la guerre. Alors je voulais vous demander si vous avez des
15 observations sur le fait que ceci figure dans les points sur lesquels vous
16 vous proposiez de déposer ?
17 R. Non.
18 Q. Dans votre déposition de tout à l'heure, à la page 30, vous avez dit
19 que vous aviez appris -- ou que vous aviez appris que Milan Lukic s'était
20 rendu en Suisse à un moment donné. De qui le teniez-vous ?
21 R. Des membres de la famille en Bosnie.
22 M. COLE : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais vous demander
23 de passer à huis clos brièvement.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur
26 le Président.
27 [Audience à huis clos partiel]
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5 [Audience publique]
6 M. COLE : [interprétation] Je voudrais que l'on montre au témoin la pièce
7 1D90.
8 Q. Madame le Témoin, vous avez déjà vu cette photographie. Elle vous a été
9 montrée par le conseil. Vous en souvenez-vous ?
10 R. Oui.
11 Q. Vous avez indiqué une personne. S'agissait-il de Novica ?
12 R. Oui.
13 Q. S'agit-il de la personne Novica Lukic qui est tout à fait à gauche ?
14 R. Oui.
15 Q. Regardez les autres personnes. Je ne sais pas si on vous a demandé de
16 bien les regarder. Vous voyez ces autres personnes figurant sur la
17 photographie ?
18 R. Je ne peux pas vraiment les reconnaître. Peut-être que la deuxième à
19 droite c'est Milan, mais je ne suis pas sûre.
20 Q. Vous avez déjà vu cette photographie avant aujourd'hui ?
21 R. Non.
22 Q. Je vous remercie.
23 M. COLE : [interprétation] Monsieur le Président, si vous voulez bien
24 m'accorder un moment, j'ai réussi à réduire le nombre de questions que
25 j'avais l'intention de poser et il se peut que je n'en aie plus que
26 quelques-unes seulement.
27 Oui, juste une ou deux questions que je souhaiterais encore poser, Monsieur
28 le Président. Si nous pouvions aller en audience à huis clos partiel.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos
3 partiel, Monsieur le Président.
4 [Audience à huis clos partiel]
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15 [Audience publique]
16 M. IVETIC : [interprétation] Merci.
17 Nouvel interrogatoire par M. Ivetic :
18 Q. [interprétation] Madame, nous avons presque terminé. J'ai juste
19 quelques questions à vous poser, en ce qui me concerne en tous les cas.
20 On vous a posé des questions concernant la période du dixième mois de l'an
21 dernier lorsque vous avez été contactée par la Défense pour faire une
22 déposition en l'espèce. A cette époque, est-ce que quelqu'un de l'équipe de
23 la Défense a eu l'occasion de vous rencontrer et de vous interviewer en ce
24 qui concerne la mesure dans laquelle vous pourriez offrir, d'après vos
25 connaissances, un témoignage dans ce procès ?
26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Cole.
27 M. COLE : [interprétation] Oui. Bien qu'il s'agisse des questions
28 supplémentaires, bien entendu, le Règlement qui a trait aux questions
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1 directrices continue à s'appliquer. Je voudrais simplement demander à mon
2 confrère s'il voulait bien s'abstenir de poser des questions directrices ou
3 de diriger le témoin lorsqu'il lui pose des questions. Je vous remercie.
4 M. IVETIC : [interprétation] En fait, Monsieur le Président, c'est une
5 question à laquelle on peut répondre par oui ou non. Ça ne veut pas dire
6 qu'elle soit directrice.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, je suis d'accord. Ce n'est pas
8 une question directrice et elle découle du contre-interrogatoire.
9 Veuillez répondre à la question.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
11 M. IVETIC : [interprétation]
12 Q. Je vous remercie.
13 Maintenant continuons. Je comprends le problème d'arithmétique. Parfois,
14 nous ne sommes pas très bons en matière de chiffres, et en calcul, plus
15 particulièrement lorsqu'il s'agit d'années. Soyons bien au clair, parce
16 qu'au cours des années pendant lesquelles Milan Lukic allait à l'école à
17 Visegrad, que ce soit à Klasnik, Prelovo ou Visegrad, proprement dite,
18 comment est-ce que vous vous rendiez à votre école ? Je veux dire par quel
19 moyen de transport ?
20 R. Par bus ou car.
21 Q. Et Milan Lukic, comment se rendait-il à l'école où il allait ?
22 R. Par le même moyen, de la même manière.
23 Q. Est-ce que je peux considérer que ça veut dire que vous preniez le même
24 bus ?
25 R. Oui.
26 Q. En ce qui concerne ce bus ou ce car, est-ce qu'il permettait aux élèves
27 de descendre aux écoles où ils devaient se rendre ?
28 R. Oui.
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1 Q. Et donc, pour la période sur laquelle vous avez déposé, alors que vous
2 alliez à l'école avec Milan Lukic -- non excusez-moi, je vais reprendre ma
3 question.
4 M. IVETIC : [interprétation] Je crois que j'ai dit ce que je voulais dire
5 en fait, Monsieur le Président. Je pense que pour le reste ça serait
6 simplement ajouter, aller au-delà.
7 Madame, je vous remercie d'être venue ici pour faire votre déposition dans
8 ce procès, et au nom de l'équipe de Défense de Milan Lukic, je vous
9 remercie beaucoup pour les efforts et le temps que vous aviez bien voulu
10 consacrer pour venir témoigner ici. Je vous remercie.
11 Je n'ai plus d'autres questions pour ce témoin, Monsieur le
12 Président.
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Témoin, ceci conclut votre
14 déposition. Nous vous remercions d'être venue jusqu'au Tribunal pour
15 l'affaire. Vous pouvez maintenant repartir.
16 [Le témoin se retire]
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Le témoin suivant.
18 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, le témoin suivant est
19 le Témoin MLD4. Je ne sais pas, mais est-ce qu'une suspension d'audience
20 est prévue ou --
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Normalement, la suspension
22 d'audience est à 17 heures 35 ou si vous voulez, 6 heures moins 25. Est-ce
23 que vous souhaitez que l'on fasse une suspension de séance maintenant ?
24 M. IVETIC : [interprétation] Si vous le voulez bien, Monsieur le Président,
25 je souhaiterais une suspension maintenant.
26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien. L'audience est suspendue.
27 --- L'audience est suspendue à 17 heures 22.
28 --- L'audience est reprise à 17 heures 56.
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1 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Présentez la déclaration au témoin.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
4 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
5 LE TÉMOIN: TÉMOIN MLD4 [Assermenté]
6 [Le témoin répond par l'interprète]
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Maître Ivetic. Vous pouvez
8 commencer.
9 M. IVETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
10 Interrogatoire principal par M. Ivetic :
11 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Mon nom est Dan Ivetic.
12 Je suis l'un des avocats pour la Défense de Milan Lukic. Je vais devoir
13 m'adresser à vous en tant que Témoin MLD4, de façon à pouvoir respecter les
14 mesures de protection qui vous ont été accordées. Est-ce que vous comprenez
15 cela ?
16 R. Je comprends tout à fait.
17 Q. Avec l'aide de l'huissière de la Chambre, je vais demander maintenant
18 que l'on présente le feuillet contenant le pseudonyme, on va vous le
19 montrer. Vous avez la possibilité de jeter un coup d'œil au document. Vous
20 allez vérifier que les renseignements qui y figurent en ce qui vous
21 concerne, c'est-à-dire votre nom, prénom et date de naissance est bien
22 exact.
23 R. Ces renseignements sont exacts.
24 Q. Merci. Voulez-vous, s'il vous plaît, signer cette feuille.
25 M. IVETIC : [interprétation] Je voudrais demander que cette pièce puisse
26 être versée au dossier comme étant la pièce suivante 1D.
27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
28 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ceci reçoit pour cote 1D107 déposée sous
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1 pli scellé. Merci, Monsieur le Président.
2 M. IVETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier. J'avais oublié
3 que ça devait être déposé sous pli scellé. C'est exact.
4 Est-ce que le témoin a des difficultés avec l'interprétation ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est le côté droit du casque qui ne
6 fonctionne pas correctement, l'écouteur droit.
7 M. IVETIC : [interprétation]
8 Q. Et maintenant ? Ça marche ?
9 R. Oui.
10 Q. Merci. Pour le moment, nous sommes en audience publique, Monsieur le
11 Témoin. Donc tout ce que nous sommes en train de dire maintenant, tout ce
12 que vous dites est transmis à l'extérieur. Donc j'insiste pour que vous
13 fassiez bien attention lorsque vous répondez à mes questions de ne pas
14 révéler votre identité, dire quoi que ce soit qui puisse révéler votre
15 identité. La toute première question que je vais vous poser, c'est quelle
16 est votre origine ethnique ?
17 R. Je suis Serbe.
18 Q. Et dans laquelle des anciennes républiques yougoslaves êtes-vous né ?
19 R. Dans la République de Bosnie-Herzégovine, ce qui est aujourd'hui la
20 Republika Srpska.
21 Q. Je vous remercie.
22 M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais demander
23 qu'on aille en audience à huis clos partiel pour protéger l'identité du
24 témoin, compte tenu des questions que je vais poser.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes en audience publique,
27 Monsieur le Président.
28 [Audience à huis clos partiel]
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14 [Audience publique]
15 M. IVETIC : [interprétation]
16 Q. Une fois que vous avez été mobilisé, quel était le genre de mission
17 qu'on vous a confiée ?
18 R. Là-bas, justement du côté de mon village, il y avait des patrouilles et
19 ce genre de chose, parce que de l'autre côté, du côté de Zepa, de Pripecak,
20 et cetera, on pensait que les forces musulmanes n'allaient pas arriver afin
21 de mettre le feu aux villages, parce que ça c'était déjà produit dans
22 d'autres localités. Donc nous montions la garde et ce genre de chose.
23 Q. D'accord. Pendant que vous montiez la garde, est-ce que vous portiez un
24 uniforme ?
25 R. Oui.
26 Q. Y a-t-il eu d'autres personnes à Visegrad qui ont été mobilisées à peu
27 près au même moment que vous ?
28 R. Je pense qu'ils ont mobilisé tout le monde dans un laps de temps d'un
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1 jour ou deux.
2 Q. Et le commandement militaire, il était stationné où dans la région de
3 Visegrad ?
4 R. Il se trouvait à Bikavac.
5 Q. Où exactement à Bikavac ?
6 R. Dans un hôtel qui s'appelait l'hôtel Bikavac.
7 Q. D'accord, et est-ce qu'il y avait aussi une soupe populaire où on
8 préparait la nourriture à distribuer aux soldats de l'armée de la Défense
9 territoriale et aussi aux policiers ?
10 R. Oui.
11 Q. Où se trouvait cette espèce de cantine ?
12 R. Dans le restaurant de cet hôtel.
13 Q. Pendant que vous patrouilliez, avez-vous eu l'occasion de vous rendre à
14 la cantine militaire pour vous alimenter ou est-ce que la nourriture vous
15 était distribuée par d'autres moyens ?
16 R. D'abord, nous avons pendant un certain temps reçu des aliments secs,
17 après quoi on a commencé à nous apporter des plats cuisinés en voiture.
18 Q. Vous dites qu'à un certain moment des aliments cuisinés ont été
19 apportés sur le front; mais ils provenaient d'où ?
20 R. Je pense qu'ils venaient de la cantine de Bikavac.
21 Q. Vous rappelez-vous qui, c'est-à-dire quelles étaient les personnes qui
22 distribuaient ces repas avec un certain nombre de véhicules sur le front ?
23 R. C'était Stevan ou Steva, je crois que son nom de famille était Vukovic
24 ou Milosavljevic, qui apportait ces repas, et il était avec Josip.
25 Q. Quel était le type de véhicule qu'utilisaient ces hommes lorsqu'ils
26 venaient vous distribuer vos repas sur le front ?
27 R. Quelquefois c'était une camionnette, et quelquefois une fourgonnette
28 TAM, un petit camion TAM.
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1 Q. Ces personnes, qui s'appelaient Stevan ou Steva et Josip,
2 participaient-ils au combat ?
3 R. Non, ils travaillaient au commandement à la cantine, leur seul travail
4 c'était de distribuer les repas aux soldats.
5 M. IVETIC : [interprétation] Je demande l'affichage et la présentation au
6 témoin de la pièce P229 dans le prétoire électronique, si je ne me trompe
7 pas de cote. J'aimerais un agrandissement de la photographie à l'écran.
8 Q. Monsieur, je vais vous prier de regarder cette photographie et de nous
9 dire si vous reconnaissez l'un ou l'autre des deux hommes que l'on voit sur
10 cette photographie ?
11 R. Oui.
12 Q. Pourriez-vous me dire --
13 R. Celui qui est sur ma droite, ici, c'est Stevan et l'autre c'est Josip,
14 celui qui est plus près de vous.
15 Q. Pour le compte rendu d'audience, lorsque vous dites que l'un des deux
16 est Stevan ou Steva et l'autre Josip, s'agit-il bien des deux hommes dont
17 vous venez de parler il y a un instant et dont vous avez dit qu'ils
18 travaillaient à la cantine au commandement ?
19 R. Oui.
20 Q. Reconnaissez-vous le véhicule qu'on voit sur cette photographie ?
21 R. Oui.
22 Q. Que pouvez-vous nous dire au sujet du véhicule qu'on voit sur cette
23 photographie, Monsieur ?
24 R. C'est le véhicule, et ce sont les deux hommes dont j'ai parlé, mais ils
25 ne sont pas là où j'étais, moi, ils sont de l'autre côté alors qu'ils
26 venaient distribuer la nourriture, et ils ont sauté sur une mine antichar,
27 de sorte que le véhicule a souffert et eux aussi.
28 Q. D'accord. Vous venez d'indiquer que ces hommes étaient attachés au
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1 commandement militaire où ils travaillaient à la cantine. Est-ce que l'un
2 ou l'autre de ces deux hommes, voire les deux, auraient pu être membres de
3 ce qu'il était convenu d'appeler les Aigles blancs ?
4 R. Pour autant que je le sache, non.
5 Q. J'aimerais que nous nous concentrions un instant sur l'homme que l'on
6 voit à gauche de la photographie. J'ai oublié ce que vous avez dit.
7 Pourriez-vous nous dire de qui il s'agit ?
8 R. Celui qui est sur ma gauche à moi ?
9 Q. Oui.
10 R. C'est Josip.
11 Q. Et pour le compte rendu d'audience, je vous demande de décrire le
12 couvre-chef que porte Josip sur cette photographie.
13 R. Un bonnet à poils que l'on appelle "sajkaca."
14 Q. Qu'est-ce qu'une "sajkaca" ? Qui en général porte une "sajkaca" ?
15 R. En général, tu la vois en Serbie, aux environs d'Uzice, dans ces coins-
16 là. Ce sont les Serbes qui la portent, ceux qu'on appelle les paysans
17 serbes. Je ne sais pas comment les appeler.
18 Q. Ce Josip, quelles étaient ses convictions religieuses, quelle était sa
19 religion ?
20 R. Bien, croyez-moi, je n'ai jamais discuté avec lui, mais d'après son
21 nom, je dirais que c'était un Croate.
22 Q. Connaissez-vous sa famille ? A qui était-il marié, par exemple ?
23 R. Je connais son épouse, et elle avait deux filles.
24 Q. Comment s'appelle son épouse et quelle était sa profession ?
25 R. Je crois qu'aujourd'hui elle est retraitée, mais elle était infirmière
26 au centre médical et elle s'appelait Vida Stjepanovic.
27 Q. Savez-vous de quel village l'épouse de ce Josip était originaire ?
28 R. D'un village qui s'appelle Paocici, qui est tout près de mon village.
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1 M. IVETIC : [interprétation] J'en ai terminé de la photographie. On peut la
2 retirer de l'écran.
3 Q. Je vous remercie, Monsieur. Je vous demanderais maintenant de vous
4 concentrer sur votre situation. A l'époque où vous avez été mobilisé au
5 sein de la Défense territoriale de Visegrad, avez-vous eu l'occasion de
6 participer à une quelconque action en dehors de votre mission de patrouille
7 ?
8 R. Oui, une fois à Kopito. C'est un endroit qui se trouve de l'autre côté
9 de là où j'étais avant.
10 Q. S'agissant de ce qui s'est passé cette fois-là à Kopito, pourriez-vous
11 dire où Kopito se trouve exactement ?
12 R. Cela s'est passé le 13 juin 1992. Je vous prie de m'excuser quand j'ai
13 dit 2002 tout à l'heure.
14 Q. Pourriez-vous nous dire, de façon plus détaillée, ce qui a fait que
15 vous vous êtes trouvé impliqué dans cette action qui s'est déroulée dans la
16 région de Kopito, municipalité de Visegrad, au début de la journée du 13
17 juin 1992 ?
18 R. Une Lada Niva est arrivée et le commandant m'a dit que je devais
19 prendre place dans le véhicule et que nous devions partir, parce que
20 l'armée musulmane était en train de circuler entre Zepa et Gorazde dans les
21 deux sens et qu'il y avait même des maisons là-haut qu'ils avaient
22 incendiées, donc il souhaitait qu'on monte une espèce d'embuscade.
23 Q. Vous dites qu'une Lada Niva est arrivée. Où vous trouviez-vous au
24 moment où la Lada Niva est arrivée ?
25 R. J'étais sur ma position, à Rujiste.
26 Q. Vous dites qu'on vous a dit de monter à bord du véhicule. Y avait-il
27 avec vous quelqu'un d'autre dans ce véhicule ?
28 R. Oui, deux autres hommes. Le commandant a dit, Toi, toi et toi, vous
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1 devez y aller. Mais il n'a pas dit où on allait. Il a dit, Montez dans le
2 véhicule et vous allez au commandement.
3 Q. Que s'est-il passé ensuite ? Où ce véhicule vous a-t-il emmenés ?
4 R. On nous a emmenés à l'hôtel Bikavac, devant le commandement.
5 Q. Cela s'est passé à quelle heure de la journée, à peu près ?
6 R. Le matin, aux environs de 9 heures, 10 heures du matin.
7 Q. Qu'avez-vous vu lorsque vous êtes arrivé au commandement dans l'hôtel
8 Bikavac ?
9 R. J'ai vu encore d'autres soldats et d'autres policiers. J'ai vu là où
10 ils se regroupaient.
11 Q. Y avait-il, parmi ces soldats et ces policiers qui étaient en train de
12 se regrouper, des personnes que vous auriez reconnues ?
13 R. J'ai reconnu Milan, que j'ai vu pour la première fois depuis le début
14 de ce conflit. C'est la première fois que je l'ai vu, là, devant le
15 commandement.
16 M. IVETIC : [interprétation] Page 73, ligne 7 du compte rendu d'audience,
17 je crois que le témoin a dit "depuis le début du conflit."
18 Q. Vous dites Milan. Pouvez-vous préciser de quel Milan vous parlez ?
19 R. Excusez-moi. Je parle de Milan Lukic.
20 Q. De façon à être tout à fait sûr de la précision de votre réponse, je
21 vous demande lequel des Milan Lukic de Rujiste vous avez vu là, ce jour-là
22 ?
23 R. Celui que nous voyons ici aujourd'hui avec nous.
24 M. IVETIC : [interprétation] Excusez-moi. Il y a un problème technique ?
25 D'accord, tout va bien.
26 Q. D'abord, avant d'entrer dans les détails de cette rencontre avec le
27 Milan Lukic que vous voyez ici aujourd'hui, je vous demande ce que vous
28 pourriez nous dire au sujet de l'autre Milan Lukic de Rujiste ?
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1 R. C'était un homme plus âgé qui est mort en 1993, je crois. Il a été tué
2 là-bas en contrebas de son village. C'était un homme plus âgé qui avait, je
3 pense, une soixantaine d'années.
4 M. IVETIC : [interprétation] Toutes mes excuses, Monsieur le Président.
5 J'avais une question à poser à mon confrère.
6 Q. Alors, Monsieur, en vous concentrant sur la date de votre arrivée
7 devant le commandement le 13 juin 1992 où vous dites avoir vu Milan Lukic,
8 et vous ajoutez que c'était la première fois que vous le revoyez, je vous
9 demande si vous avez été surpris de voir Milan Lukic à cet endroit à ce
10 moment-là ?
11 R. Oui, je vais vous dire, parce que je ne l'avais pas revu depuis le
12 début des affrontements, et même avant, cela faisait déjà pas mal de temps
13 que je ne l'avais pas vu.
14 Q. Lorsque vous avez vu M. Milan Lukic à cet endroit devant le
15 commandement militaire le 13 juin 1992, il était en compagnie de qui ?
16 R. Il était au milieu d'un groupe d'hommes qui portaient un uniforme de
17 camouflage avec la mention "milicija" sur l'épaule gauche.
18 Q. Afin que tout soit tout à fait clair aux yeux de ceux qui ne parlent
19 pas B/C/S ou serbe, le terme "milicija" que l'on voit consigné au compte
20 rendu d'audience, à cette époque-là, ce terme s'appliquait à quel organisme
21 ?
22 R. A ce qui s'appelle la police aujourd'hui, la "milicija." Enfin, je ne
23 sais pas comment vous dire. C'est la police.
24 Q. Je vous remercie, Monsieur.
25 Alors pourriez-vous nous dire ce qui s'est passé ensuite ? Etes-vous
26 tous restés sur place ou vous a-t-on dit d'aller ailleurs ? Que s'est-il
27 passé une fois que vous êtes arrivés au commandement et que vous avez vu
28 Milan Lukic en compagnie d'autres hommes portant l'uniforme de policier ?
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1 R. On est arrivé là, on s'est salué, ensuite nous avons attendu d'autres
2 ordres. Nous avons reçu l'ordre de remonter dans le véhicule et de nous
3 rendre à Kopito.
4 Q. Vous avez indiqué il y a quelques instants que lorsque vous êtes arrivé
5 à cet endroit, vous avez vu un certain nombre de policiers et de soldats
6 qui étaient regroupés là. Quel était approximativement le nombre de soldats
7 et de policiers qui ont reçu cet ordre de monter à bord de leur véhicule
8 pour se rendre à Kopito ?
9 R. Bien, il y avait là à peu près une vingtaine d'hommes.
10 Q. Que s'est-il passé à ce moment-là ? Avez-vous effectivement eu
11 l'occasion de prendre la direction de Kopito ?
12 R. Oui. On nous a distribués dans les véhicules, puis on a pris la route.
13 On est arrivé à Kopito où nous attendaient les habitants du coin, au nombre
14 desquels se trouvait Vlatko Tripkovic, qui a dit - et je ne le connaissais
15 pas - il a dit, Je suis Vlatko Tripkovic. Je suis le commandant du secteur
16 là-haut.
17 Q. Qui vous a donné vos consignes une fois que vous êtes arrivés à Kopito
18 ? Qui vous a dit où vous deviez aller et ce que vous deviez faire ?
19 R. Il y avait un jeune type avec Vlatko, qui s'est présenté en disant
20 qu'il s'appelait Novica Savic, et c'est lui qui nous a dit par où passaient
21 les autres, ce que nous devrions faire, à quel endroit nous devions aller,
22 comment nous répartir.
23 Q. D'accord. Alors revenons un peu en arrière. Pourriez-vous nous dire ce
24 qu'il est advenu de Milan Lukic ? Vous l'avez vu devant le commandement,
25 mais ensuite, l'avez-vous revu ?
26 R. Oui, oui. Il était aussi avec nous. Il était avec moi aussi. Il faisait
27 partie du groupe.
28 Q. Que s'est-il passé lorsque vous êtes arrivés à Kopito ? Où se trouvait
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1 Milan Lukic à ce moment-là ?
2 R. Il était avec moi. D'ailleurs, je ne sais pas très bien quel mot
3 utilisé, mais on a bavardé et on était content de voir qu'on serait
4 ensemble parce qu'on se fréquentait, on était copains.
5 Q. Après s'être présentés et vous avoir indiqué où vous deviez prendre vos
6 positions, qu'ont fait ce Tripkovic et ce Savic qui étaient là ?
7 R. Tripkovic a dit qu'il lui fallait aller rendre compte au commandement à
8 Visegrad. C'est Perica Markovic qui a repris le commandement là-bas par
9 rapport à nous, et c'est donc lui qui nous donnait nos ordres par la suite.
10 Q. Tripkovic, a-t-il effectivement pris le chemin de Visegrad ?
11 R. A ce moment-là, je ne le savais pas, mais le lendemain j'ai appris
12 qu'il avait pris la route et qu'en chemin il a trouvé la mort.
13 Q. J'attends que les interprètes et le compte rendu d'audience nous
14 rattrapent. Nous parlerons du lendemain dans un instant. Mais pour
15 l'instant, j'aimerais que nous nous concentrions sur ce premier jour, le
16 jour de votre arrivée à Kopito en compagnie de tous les autres. Pourriez-
17 vous d'abord nous décrire un peu le terrain, nous dire quel est le terrain
18 du secteur où se trouve Kopito ?
19 R. La route qui va de Visegrad à Rogatica est une route goudronnée qui
20 traverse une grande forêt et il y a une route qui coupe cette route et qui
21 va dans la direction de Gorazde à Zepa. C'est une route qui longe forêt. Je
22 ne sais pas si vous le comprendrez, mais on appelle ça un chemin de chèvre.
23 C'est une espèce de piste avec des deux côtés une forêt de pins, entre
24 autres, et d'autres essences.
25 Q. J'attends encore que les interprètes et le compte rendu d'audience nous
26 rattrapent, Monsieur. Vous avez dit il y a un instant que vous alliez à un
27 endroit où vous deviez occuper vos positions. Quelle était exactement la
28 nature de ces positions ?
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1 R. On nous avait dit de nous rassembler non loin de ce chemin qui était
2 emprunté par l'armée musulmane.
3 Q. Y avait-il des bâtiments, des maisons dans ce secteur ?
4 R. Oui, il y avait cinq, six maisons.
5 Q. Au moment où vous êtes arrivés à Kopito et vous avez reçu vos
6 consignes, vous a-t-on dit quelle serait la durée approximative de votre
7 intervention dans ce secteur ?
8 R. Ils nous ont dit -- d'ailleurs quand on a pris la route, ils nous ont
9 donné des vivres secs et nous ont dit : "Vous pourrez tenir quatre ou cinq
10 jours."
11 Q. D'accord. Où étiez-vous censés passer la nuit, et cetera, à Kopito ?
12 R. Il y avait là quelques maisons, je crois l'avoir dit dans ma dernière
13 réponse.
14 Q. Etes-vous restés là-bas jusqu'au lendemain, 14 juin 1992 ?
15 R. Oui, nous y sommes restés jusqu'au 15 au matin.
16 Q. Je vous remercie. Je voudrais revenir maintenant sur la journée du 14
17 juin 1992, pour le moment. Est-ce que le 14 juin un événement quelconque
18 s'est produit au moment où vous vous trouviez dans la région de Kopito ?
19 R. La voiture est arrivée en empruntant la route Rogatica-Visegrad en
20 direction de Visegrad, avec des plaques d'immatriculation de la police, et
21 Djeric s'y trouvait avec une autre personne.
22 Q. Je voudrais revenir sur plusieurs choses. Vous avez dit que Djeric se
23 trouvait dans ce véhicule. De quel Djeric s'agit-il ? Pourriez-vous nous
24 donner son nom ?
25 R. C'est Goran Djeric.
26 Q. Mais quelle était la provenance de cette voiture ? D'où venait-elle ?
27 R. De Rogatica.
28 Q. Y avait-il des installations militaires ou un commandement établi à
Page 4549
1 Rogatica ?
2 R. Oui. La Brigade Rogatica s'y trouvait.
3 Q. En ce qui concerne cette route dont vous venez de parler, et la
4 topographie que vous avez indiquée, où se trouve Kopito par rapport à
5 Rogatica et Visegrad ?
6 R. C'est vraiment entre les deux, mais il n'y a qu'une seule route qui
7 relie Rogatica et Visegrad.
8 Q. Donc vous dites que Djeric est arrivé à votre position à Kopito en
9 venant de Rogatica dans la Golf portant des plaques de voiture de la
10 police. Que s'est-il produit ? Avez-vous eu l'occasion de vous entretenir
11 avec lui ? Et "lui," je veux dire Goran Djeric.
12 R. C'est un petit peu par hasard, c'est parce qu'on se connaissait que je
13 me suis dirigé vers lui, je le connaissais, et Milan Lukic aussi. Nous nous
14 sommes approchés de lui, et il nous a dit que Vlatko Tripkovic avait été
15 tué près d'un endroit qui s'appelle Tabla, le long de la route quelque
16 part.
17 Q. Comment M. Djeric avait-il pu être au courant de cela ?
18 R. Nous n'avions aucun moyen de communication, aucun équipement, parce que
19 tout ça se trouvait dans le véhicule de Tripkovic. Donc la Brigade de
20 Visegrad et la Brigade de Rogatica ont dû se contacter, parce qu'ils
21 auraient vu une voiture en feu, et on ne savait pas très bien ce qui
22 s'était produit ou qui c'était, donc c'est la Brigade de Visegrad et de
23 Rogatica qui ont communiqué, et Kusic de Rogatica est venu nous donner la
24 nouvelle parce que Tripkovic avait été tué. Depuis Visegrad, les autres
25 types devraient se mettre en route pour dégager la route et veiller à ce
26 que la route reste disponible.
27 Q. A qui M. Djeric était-il censé transmettre ce message ?
28 R. Il avait demandé qui était le commandant, qui était le responsable. Et
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1 Lukic et moi-même, nous nous sommes rendus dans la maison où se trouvait
2 normalement Perica Markovic, nous l'avons accompagné jusqu'à Perica
3 Markovic, et c'est à ce moment-là qu'il a donné la nouvelle.
4 Q. Monsieur, vous avez dit que M. Tripkovic se trouvait dans sa voiture et
5 avait trouvé la mort près d'un endroit appelé Tabla. Par rapport à
6 Rogatica, Kopito et Visegrad, pourriez-vous nous dire où se trouve Tabla ?
7 R. C'est plus proche de Visegrad, à peu près à mi-chemin entre Kopito et
8 Visegrad. Peut-être un tout petit peu plus près de Visegrad que de Kopito.
9 Q. Bien. Vous souvenez-vous à quelle heure de la journée M. Goran Djeric
10 est arrivé de Rogatica avec ces informations ?
11 R. Vers 10 heures, sans doute, 10 heures du matin.
12 Q. Bien. Est-ce que M. Djeric est reparti après avoir donné ses
13 informations et donné ses instructions à Perica Markovic ? Est-ce qu'il est
14 parti ? Il a quitté Kopito ?
15 R. Non, il est resté avec nous. Il est resté avec nous cette nuit-là, et
16 c'est quand nous sommes partis vers Visegrad et que l'opération a été
17 lancée qu'il est reparti en voiture vers Rogatica.
18 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire à quel moment cette opération a été
19 lancée, vous pouvez nous dire la date et l'heure ?
20 R. Nous sommes partis la matinée du 15 vers 9 heures, 9 heures trente,
21 peut-être. C'est vers cette heure-là que ça s'est produit.
22 Q. Pourriez-vous nous dire comment vous vous êtes mis en route lors de
23 l'entame de cette opération ? Comment est-ce que vous-même, les autres
24 soldats et les autres policiers se sont mis en route sur cette route vers
25 Visegrad ?
26 R. Nous avons reçu des ordres de nous rendre à Visegrad, car les gens de
27 Visegrad étaient déjà partis plus tôt pour dégager la route, donc nous
28 sommes allés à pied. Nous marchions le long de la route, pas vraiment sur
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1 la route mais plutôt sur le bas-côté de la route, en direction de Visegrad.
2 Q. Est-ce que vous avez pu rencontrer d'autres forces serbes qui venaient,
3 elles, de la direction de Visegrad ?
4 R. Oui. Et c'était vers midi, le même jour.
5 Q. Est-ce que vous avez eu l'occasion de voir de vos propres yeux
6 l'endroit où M. Tripkovic a rencontré la mort dans sa voiture ?
7 R. Oui. C'est exactement là que nous nous sommes retrouvés. Il y avait
8 déjà d'autres personnes sur place et son corps avait été retiré de la
9 voiture, mais il n'y avait pas grand-chose qui restait parce que la voiture
10 avait été carbonisée. Nous n'avons trouvé sur place que l'épave.
11 Q. Est-ce que vous avez eu l'occasion de savoir à un moment donné si M.
12 Vlatko Tripkovic avait trouvé la mort seul ou si d'autres étaient décédés
13 avec lui à cette occasion ?
14 R. Il y avait deux autres personnes : Novica Savic et quelqu'un d'autre
15 dont je ne me souviens plus du nom, du troisième.
16 Q. Oui, merci. Au moment où vous étiez à Kopito avec Milan Lukic, est-ce
17 que vous vous souvenez des noms des autres personnes avec lesquelles vous
18 avez passé pas mal de temps le 13, le 14 et même la matinée du 15, dans
19 cette région ?
20 R. Des gens du coin ou des gens qui étaient avec nous ?
21 Q. Je vous demande si vous pouvez vous souvenir de personnes qui étaient
22 avec vous et dont vous pourriez nous citer les noms ?
23 R. Je pourrais peut-être vous en donner cinq, six, sept,
24 huit : Milan Josipovic, Vidoje Andric, Zjelko Tasic, Gogic, Timotije
25 Joksimovic.
26 Q. Très bien. Nous reviendrons là-dessus plus tard. Quand vous avez
27 rencontré les autres forces provenant de Visegrad près de Tabla, là où
28 Tripkovic et les autres ont péri, que s'est-il produit
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1 ensuite ? Vous-même et les autres soldats ou policiers qui venaient de
2 Kopito, qu'avez-vous fait ensuite, où êtes-vous parti et par quel moyen ?
3 R. Nous sommes restés sur place quelque temps, puis nos véhicules ont été
4 rattrapés par ceux qui nous suivaient. Nous sommes montés dans ces
5 véhicules et nous sommes rentrés au commandement à Bikavac.
6 Q. Quand vous êtes rentrés au commandement de Bikavac -- je recommence --
7 qu'avez-vous fait d'autre ? Qu'est-ce qu'on vous a dit de faire à ce
8 moment-là ?
9 R. Rien, en fait. On est remonté dans la Lada Niva, par laquelle
10 d'ailleurs nous étions arrivés. Et ils sont venus nous rechercher et ils
11 nous ont ramenés au front.
12 Q. Très bien. Est-ce que vous avez eu l'occasion après ce jour-là et après
13 cette action-là de participer à d'autres actions militaires avec Milan
14 Lukic ?
15 R. Non.
16 Q. Très bien. Vous souvenez-vous quelle heure il était approximativement
17 quand vous êtes rentrés à Visegrad, plus particulièrement au commandement
18 de l'hôtel Bikavac ?
19 R. Peut-être entre 1 heure et 2 heures de l'après-midi.
20 [Le conseil de la Défense et l'Accusé se concertent]
21 M. IVETIC : [interprétation]
22 Q. Bien. Vous est-il arrivé -- non, je recommence. Quand avez-vous quitté
23 la Bosnie pour vous rendre à votre domicile actuel ? En quelle année ?
24 R. Je ne suis pas sûr de comprendre la question. Quand j'ai quitté la
25 Bosnie pour travailler à Belgrade ou quoi ?
26 Q. Non, après la guerre, quand êtes-vous retourné à Belgrade ?
27 R. En 1976, non, 1996.
28 Q. Ensuite, avez-vous eu l'occasion de retourner en Bosnie et dans la
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1 municipalité de Visegrad ?
2 R. Oui.
3 Q. Vous est-il arrivé de repasser par la route -- non, pardon, pardon, de
4 repasser par Tabla et de voir s'il y a des signes de commémoration de cet
5 accident, là-bas, ou un monument ?
6 R. Non. Je ne suis jamais repassé par là. C'est de l'autre côté du fleuve
7 Drina. Et lorsque je me rends de Belgrade à Visegrad, je suis sur la rive
8 droite de la Drina, je ne la traverse pas lorsque je vais rendre visite à
9 ma mère.
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Ivetic, je suppose que vous
11 êtes en train de conclure ?
12 M. IVETIC : [interprétation] Oui. C'était ma dernière question.
13 Q. Merci, Monsieur le Témoin, d'avoir consacré du temps à cette
14 déposition.
15 [La Chambre de première instance se concerte]
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien, nous entendrons le contre-
17 interrogatoire demain.
18 --- L'audience est levée à 19 heures 03 et reprendra le mardi 27 janvier
19 2009, à 14 heures 15.
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