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1 Le lundi 27 novembre 2006
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2 [Audience publique]
3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.
4 Madame Kravetz, le témoin suivant.
5 Mme KRAVETZ : [interprétation] Bonjour, Mesdames et Messieurs les Juges.
6 Nous appelons à la barre le témoin M. Caslav Golubovic. Ce témoin déposera
7 à l'audience. Sa disposition concerne les paragraphes 75(d), 75(h) et 77 de
8 l'acte d'accusation.
9 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.
10 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
11 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
12 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Bonjour, Monsieur Golubovic.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
14 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Veuillez donner lecture du texte qui
15 vous est remis, par lequel vous vous engagez de dire la vérité.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
17 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
18 LE TÉMOIN: CASLAV GOLUBOVIC [Assermenté]
19 [Le témoin répond par l'interprète]
20 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci, veuillez prendre place.
21 Ce sera d'abord à la représentante de l'Accusation,
22 Mme Kravetz, à votre droite, qui va vous interroger.
23 Allez-y, Madame Kravetz.
24 Mme KRAVETZ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
25 Interrogatoire principal par Mme Kravetz :
26 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Est-ce que vous pourriez
27 décliner votre identité pour les besoins du compte rendu d'audience.
28 R. Je m'appelle Caslav Golubovic.
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1 Q. Pouvez-vous préciser votre date et lieu de naissance ?
2 R. Je suis né le 15 mai 1937 à Pristina.
3 Q. Quel emploi occupez-vous ?
4 R. Je suis à la retraite. Avant cela, j'étais diplômé en droit.
5 Q. En 1999, Monsieur Golubovic, vous étiez chef du SUP, c'est-à-dire du
6 secrétariat de l'intérieur dans la ville de Bor en Serbie, n'est-ce pas ?
7 R. Oui.
8 Q. Depuis quand occupiez-vous ce poste ?
9 R. Depuis 1982.
10 Q. Pourriez-vous nous dire où se trouve Bor ?
11 R. Bor se trouve à l'est de la Serbie, près de la frontière avec la
12 Roumanie et la Bulgarie.
13 Q. Quelle est la zone de responsabilité de SUP de Bor ?
14 R. Le SUP de Bor s'occupait du secteur de Bor, Negotin, Kladovo et
15 Majdanpek.
16 Q. Quelle poste de police relève du SUP de Bor ?
17 R. La base de Bor, le département des affaires intérieures de Negotin,
18 celui de Majdanpek et celui de Kladovo.
19 Q. Vous dites que vous êtes maintenant à la retraite. Jusqu'à quand avez-
20 vous exercé les fonctions de chef du SUP de Bor ?
21 R. J'ai pris ma retraite le 31 décembre de l'an 2000.
22 Q. Quel grade aviez-vous au moment où vous avez pris votre retraite ?
23 R. J'étais colonel.
24 Q. Merci. Nous allons maintenant parler des événements survenus au mois
25 d'avril 1999. Vous souvenez-vous où vous vous trouviez le 6 avril 1999 au
26 soir, vers 18 heures 30 ?
27 R. J'étais à Bor, près de ma maison située sur le lac de Bor.
28 Q. Vous souvenez-vous avoir reçu un appel téléphonique ce soir-là ?
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1 R. Vers 18 heures, Toma Miladinovic m'a appelé; il était chef des enquêtes
2 criminelles au SUP de Bor. Il m'a dit qu'il avait reçu une dépêche de
3 Kladovo ce jour-là l'informant du fait que quelque chose s'était passé à
4 Tekija, à Kladovo.
5 Q. Vous dites que M. Miladinovic vous a appelé pour vous dire qu'il avait
6 reçu une dépêche de Kladovo. Vous en a-t-il dit davantage sur le contenu de
7 cette dépêche ?
8 R. Il a dit que cette dépêche indiquait qu'au village de Tekija, un camion
9 frigorifique était remonté à la surface du Danube, que ce camion contenait
10 20 à 30 cadavres. Ils avaient essayé de récupérer le camion et de se livrer
11 à une enquête sur les lieux. Le procureur municipal et le juge
12 d'instruction de Kladovo ainsi qu'un certain nombre de policiers se
13 trouvaient sur place. Malheureusement, l'opération a échoué.
14 Le camion n'a pas été entièrement récupéré. Il a resté sur les berges
15 du fleuve. Je lui ai dit de se tenir près. J'ai contacté un chauffeur et
16 nous nous sommes mis en route pour aller voir sur les lieux ce qui se
17 passait.
18 Q. Est-ce qu'il vous a dit qui de Kladovo lui avait envoyé cette dépêche ?
19 R. Non, il ne m'a pas dit exactement qui envoyait cette information, mais
20 on savait que c'était le service des gardes du département des affaires
21 intérieures du SUP de Bor. C'était une dépêche qui nous a été envoyée et
22 c'était tout à fait normal. Il s'agissait là du fonctionnement habituel,
23 donc cette dépêche a été adressée au département chargé des enquêtes
24 criminelles.
25 Q. Après avoir reçu cette information, est-ce que vous et
26 M. Miladinovic, est-ce que vous vous êtes rendus à Kladovo ?
27 R. Oui. A partir du moment où le chauffeur est arrivé, effectivement, nous
28 sommes partis de Bor en direction de Kladovo qui se trouve à 110, 120
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1 kilomètres de Bor.
2 Q. Vous êtes allé où exactement à Kladovo ?
3 R. Avant même de quitter Bor, j'ai appelé le chef du SUP de Kladovo pour
4 lui dire que je venais là-bas dans son bureau pour travailler là-dessus, et
5 qu'il fallait que les hommes qui ont travaillé sur cette affaire, qu'ils
6 soient présents aussi.
7 Q. Vous avez dit que vous avez appelé le chef du département de Kladovo.
8 Quel est son nom, son prénom ? Comment s'appelle cette personne ?
9 R. C'est Vukasin Sperlic.
10 Q. Vous êtes arrivé à Kladovo, et vous vous êtes rendu au poste de police,
11 n'est-ce pas, de Kladovo ?
12 R. Oui.
13 Q. Qui avez-vous rencontré là-bas au poste de police en arrivant là-bas ?
14 R. J'ai rencontré plusieurs personnes dans ce bureau, plusieurs personnes
15 du poste de police de Kladovo. Le chef était là, Vukasin Sperlic. Ensuite,
16 Milan Stojanovic était là aussi. Les noms ne me viennent pas. J'ai trouvé
17 aussi le procureur général de la municipalité de Kladovo, le président du
18 tribunal de Kladovo, qui était chargé de l'instruction. Ensuite, j'y ai
19 trouvé aussi le chef du service de la Sûreté de l'Etat, un autre
20 collaborateur à lui, puis deux autres personnes travaillant dans le
21 département de Kladovo. Je pense le commandant du poste de la frontière à
22 Djerdap, puis Toma et moi-même, nous étions là.
23 Q. A partir du moment où vous arrivez au poste de police, est-ce que vous
24 avez une réunion avec toutes ces personnes qui s'y trouvaient ?
25 R. Bien sûr que oui puisque je leur ai demandé de m'attendre. On a fait
26 une réunion d'information pour savoir exactement de quoi il s'agissait pour
27 identifier le problème.
28 Q. De quoi avez-vous parlé pendant cette réunion ? Qu'est-ce qu'on vous a
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1 dit au sujet de la situation, de ce qui s'est passé, et cetera ?
2 R. Sperlic m'a informé de ce qui a été trouvé la veille, à savoir les
3 citoyens avaient remarqué un objet flottant dans le Danube, et qu'ils ont
4 informé de cela le poste de police de Kladovo le soir même. Ensuite, un ou
5 deux policiers se sont rendus sur le terrain pour vérifier de quoi il
6 s'agissait. Si je ne m'abuse, parce que je ne suis pas vraiment sûr à 100
7 %, ils ont même pris un plongeur puisque l'objet était à proximité de la
8 rive. Ils n'ont fait que l'attacher à la rive. Ce jour-là, ils ne l'ont pas
9 sorti de l'eau. Avec ceci s'est terminé cet incident, puisqu'ils ont
10 compris, de toute façon, qu'il s'agissait d'un camion frigorifique.
11 Ensuite, la nuit est tombée et ils ont cessé les activités de ce jour-là.
12 Le lendemain, une équipe du SUP est sortie sur le terrain. Ils ont organisé
13 que l'on sorte ce camion de l'eau. Je pense qu'ils ont même fait venir les
14 machines adéquates de Kladovo. Ils n'ont pas réussi à le faire. Ensuite,
15 ils ont essayé de le faire remorquer, de le tirer par un camion, mais le
16 camion n'était pas suffisamment puissant, de sorte que ce camion n'a sorti
17 qu'une moitié. Toujours est-il que le juge d'instruction s'est rendu sur
18 place pour entamer l'enquête. Ils ont sorti une moitié de ce camion, la
19 moitié postérieure du camion était à sec. Ils ont ouvert la porte et ils
20 ont vu les cadavres. Ils ont évalué qu'il y avait entre 20 à 30 cadavres.
21 C'est ce qu'ils ont écrit dans leur dépêche. Ils ont refermé la porte de ce
22 camion frigorifique. Le juge d'instruction et le procureur ont refusé de
23 procéder à l'instruction puisque ceci n'était pas de leur compétence. Cela
24 relevait de la compétence d'une instance supérieure. Nous, en tant que
25 polices, nous devions agir conformément aux demandes formulées par le juge
26 d'instruction et par le procureur.
27 Entre-temps, la nuit est tombée, de sorte que ce jour-là encore nous
28 nous sommes arrêtés là. C'est pour cela que cette dépêche a été envoyée au
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1 secrétariat à Bor, en disant que ce camion frigorifique a été remorqué à
2 moitié, qu'à l'intérieur, il y avait a priori des cadavres, que le
3 procureur cantonal et le juge d'instruction cantonal ont été informés de
4 tout cela. Voici les informations dont je disposais au moment où je suis
5 arrivé là-bas. A partir du moment où j'ai appris tout cela, en tant que
6 chef du département des affaires criminelles, j'ai proposé la marche à
7 suivre.
8 Q. [aucune interprétation]
9 M. LUKIC : [interprétation] Je dois intervenir, Monsieur le
10 Président.
11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Lukic.
12 M. LUKIC : [interprétation] Ce n'est pas une objection, mais
13 M. Golubovic a dit par rapport à l'enquête, que l'enquête se faisait
14 toujours à la demande soit du juge d'instruction, soit du procureur. Ceci
15 ne figure pas au compte rendu d'audience. Je pense qu'il conviendrait de
16 lui reposer la question pour que tout ceci soit consigné au niveau du
17 compte rendu d'audience. Ceci, normalement, devait se trouver à la page 46,
18 deuxième ligne, après le mot "requête."
19 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Golubovic, êtes-vous en
20 mesure de confirmer ceci, à savoir avez-vous bien dit que votre propre
21 enquête se faisait toujours à la demande du juge d'instruction ou bien du
22 procureur ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Dans des conditions habituelles, oui,
24 c'était la méthode réglementaire. La police se rend sur place pour
25 recueillir des informations, ensuite il appartient au juge d'instruction de
26 faire son instruction et la police est conforme à ces instructions. Là, je
27 vous parle des conditions habituelles quand la situation n'est pas
28 extraordinaire, si vous voulez.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.
2 Maître Kravetz, vous pouvez continuer.
3 Mme KRAVETZ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
4 Q. Monsieur Golubovic, vous avez dit qu'on vous a dit qu'ils ont vu
5 entre 20 et 30 corps. Est-ce que vous savez si la police de Gladovo était
6 en mesure de déterminer d'où venaient ces corps ?
7 R. Voyez-vous, le 5, nous avons déjà reçu une information où l'on
8 disait que l'on supposait qu'un accident de circulation a eu lieu sur un
9 pont sans doute qui traverse le Danube. C'est la supposition qu'ils ont
10 eue. Est-ce qu'il y a eu un accident de circulation et qu'un camion a
11 glissé de la route ou d'un pont et s'est retrouvé dans la rivière ?
12 Cela est déjà arrivé. Cela est déjà arrivé qu'à cet endroit-là
13 justement, le Danube, un objet ou des cadavres et même des véhicules
14 fassent surface justement à ce niveau-là de la rivière. Ce qu'on faisait
15 d'habitude, c'était justement -- il s'agissait ensuite de faire sortir les
16 objets, de les sortir au sec. Puis aussi, à cet endroit, je dois dire qu'il
17 y a pas mal de contrebande à ce niveau-là de la rive.
18 Q. Ils ont ouvert la porte, et à partir du moment où ils ont ouvert
19 la porte du camion frigorifique, est-ce qu'ils en sont arrivés à une autre
20 conclusion ?
21 R. Oui. A ce moment-là, ils se sont dit que ce n'était pas un accident de
22 la route, que quelque chose d'autre s'est passé. C'est le sens de la
23 dépêche que j'ai reçue. Ils m'ont demandé justement de voir ce qu'il
24 fallait faire. Ils m'ont aussi dit que le juge d'instruction et le
25 procureur ne souhaitaient pas poursuivre leurs instructions.
26 Q. Vous a-t-on parlé du camion proprement dit, est-ce qu'il y avait quoi
27 que ce soit d'inscrit sur ce camion ?
28 R. A ce moment-là, non, mis à part cette dépêche contenant ce qui s'est
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1 passé, ce qu'ils ont trouvé plus tôt. Pour résumer, tout d'abord, j'ai reçu
2 l'information complète par rapport à tout ce qu'ils ont fait ce jour-là,
3 ensuite j'ai passé quelques coups de fil. J'ai informé mon supérieur
4 hiérarchique au niveau du ministère des affaires intérieures, le général
5 Djordjevic, de ce qui s'est passé. Je lui ai demandé les instructions pour
6 la suite des opérations puisque le tribunal, le juge ne voulait pas
7 continuer l'enquête.
8 Ils ne voulaient pas faire leur instruction, le procureur non plus,
9 de sorte qu'il fallait que l'on prenne une décision et que l'on voie ce
10 qu'il fallait faire. J'ai réussi à parler au téléphone avec le général
11 Djordjevic. Je l'ai informé de ce que je savais, de ce qu'on m'a dit. Je
12 lui ai communiqué, peut-être plus brièvement, mais communiqué au fond
13 exactement les mêmes informations.
14 Q. Vous avez dit que vous avez appelé le général Djordjevic. Etait-ce
15 votre supérieur hiérarchique direct à l'époque ?
16 R. C'était mon supérieur hiérarchique. Il était chargé de la sécurité
17 publique au sein du ministère. En ce temps de guerre, on informe le premier
18 supérieur hiérarchique qui est là, que vous réussissez à trouver. Ce sont
19 des circonstances extraordinaires. Il était disponible et je l'ai informé.
20 Q. Vous avez dit que vous avez contacté ce procureur cantonal et le juge.
21 Pourriez-vous nous dire pourquoi vous pensez qu'ils étaient compétents par
22 rapport à cet incident ?
23 R. Non, non. Je n'ai pas dit que je les ai contactés; j'ai dit qu'ils ont
24 été informés de l'incident. Je n'ai pas discuté directement avec eux. En
25 revanche, j'ai parlé avec le juge d'instruction municipal et le procureur
26 municipal. Je n'ai pas vu les autres. Mais ce procureur cantonal a été
27 informé de l'incident; nous l'avons informé de cet incident. C'était tout à
28 fait habituel. Ceci correspondait parfaitement à la chaîne de commandement
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1 des compétences.
2 Q. Ce procureur cantonal avait son siège où exactement ?
3 R. A Negotin, lui, au même titre que le juge d'instruction. Il était
4 responsable de la région de Kladovo, Majdanpek et Negotin, alors que la
5 municipalité de Bor n'était pas compétente pour cette municipalité-là qui
6 était placée sous le tribunal du district de Zajecar.
7 Q. Vous avez dit que vous avez appelé votre supérieur hiérarchique, le
8 général Djordjevic. Quelle était sa réaction ?
9 R. Je lui ai parlé de cela. J'avais l'impression qu'il était vraiment
10 surpris. J'en juge aux propos qu'il a tenus. Je pense qu'il était surpris à
11 en juger par sa réaction, par le ton de sa voix, et cetera. Donc, il était
12 surpris d'entendre cela.
13 Q. Est-ce que vous vous souvenez de ce qu'il vous a dit pendant cet
14 entretien ?
15 R. Puisque je lui ai demandé de me donner des instructions, il m'a dit
16 qu'il allait me contacter, qu'il fallait que j'attende dans le bureau pour
17 qu'il consulte sans doute des confrères ou des supérieurs ou le ministre,
18 et qu'après cela il allait nous communiquer ses instructions quant à la
19 suite à prendre.
20 Q. Vous avez dit qu'il a dit qu'il allait vous rappeler après avoir
21 consulté le ministre. Quel est ce ministre dont vous parlez ?
22 R. Le ministre des affaires intérieures. Les autres ministres n'étaient
23 pas compétents pour cela. C'était le ministère des affaires intérieures
24 dont je dépendais, Djordjevic aussi, d'ailleurs.
25 Q. Qui, à l'époque, était le ministre des affaires intérieures ?
26 R. A l'époque, c'était Vlajko Stojiljkovic, décédé au jour d'aujourd'hui.
27 Q. Le général Djordjevic vous a-t-il rappelé après que vous ayez
28 raccroché, donc après cette première conversation téléphonique ?
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1 R. Oui, oui, il a rappelé une dizaine minutes plus tard. C'est lui qui a
2 appelé et il m'a dit qu'il fallait essayer de faire sortir tous les
3 cadavres. Là, j'évoque toujours ce chiffre qui était le premier chiffre
4 qu'on avait dans le dossier, donc une trentaine de cadavres. C'était son
5 ordre, si vous voulez, son ordre, le sien et celui du ministre. Donc, il
6 fallait sortir ces cadavres et les enterrer à Kladovo.
7 Q. Est-ce qu'il vous a donné d'autres informations par rapport à ce que
8 vous deviez faire ?
9 R. Non, non. Il a fait référence à son entretien avec le ministre. Il a
10 dit qu'il fallait faire cela, que c'était une situation de guerre, que nous
11 étions à la frontière même. On n'avait pas besoin de recevoir une autre
12 information. On nous a tout simplement dit de les sortir et de faire cela,
13 donc les transporter et les enterrer. Il fallait enterrer ces cadavres.
14 Q. Vous a-t-il dit quoi que ce soit au sujet du camion frigorifique qui
15 était toujours dans la rivière ?
16 R. Non, il ne m'en a pas parlé à ce moment-là. Il en a parlé par la suite
17 au cours de la nuit. A ce moment-là, lors de ce deuxième contact, non, on
18 n'en a pas parlé. D'ailleurs, par la suite, la situation a radicalement
19 changé.
20 Q. Est-ce que vous avez communiqué ce que Djordjevic vous a dit aux autres
21 personnes présentes dans ce poste de police de Kladovo ?
22 R. Ils ont entendu ma conversation téléphonique. J'ai parlé devant eux,
23 ils ont tous écouté cela. Ils ont tous entendu mes deux conversations avec
24 le général. Ils étaient tout à fait au courant de ce que le général a dit
25 puisqu'ils m'ont entendu, ils ont entendu ce que je lui répondais, ma
26 réaction, et cetera.
27 Q. Qu'avez-vous fait vous ainsi que l'équipe du poste de police de Kladovo
28 pour mettre en œuvre ces instructions ?
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1 R. Si je ne m'abuse, on a essayé de trouver des moyens pour transporter
2 les cadavres. Il fallait trouver des draps, des couvertures. Puisque les
3 gens de Kladovo pensaient qu'il s'agissait d'un nombre de cadavres bien
4 moindre, ils avaient déjà au début trouvé des cercueils, mais le nombre
5 n'était pas suffisant, évidemment. Ensuite, nous avons décidé de nous
6 rendre là-bas, à Tekija, et l'équipe technique d'enquêtes criminelles et
7 les autres devaient normalement assurer les côtés techniques de
8 l'opération, à savoir faire sortir les corps, les transporter, et cetera.
9 Nous avons pris aussi un camion d'une entreprise municipale pour
10 pouvoir faire ce que l'on nous demandait de faire. A un moment donné, les
11 gens censés s'occuper de tout ce côté technique, ils ont amené les
12 véhicules, ils ont apporté le matériel et ils se sont rendus au poste de
13 police de Tekija avec ce véhicule de service. Il était à peu près 21
14 heures, 21 heures 30. Donc, c'est à ce moment-là que nous quittons Kladovo
15 pour nous rendre à Tekija.
16 Q. Mis à part l'équipe du poste de police, qui d'autre a participé à cette
17 opération où il s'agissait de faire sortir les corps du camion ?
18 R. Il y avait un certain nombre de personnes venant de cette entreprise
19 funéraire de Kladovo, cinq ou six personnes, je dirais. Vous savez, je n'ai
20 pas parlé directement avec eux. Je n'étais pas présent sur place, donc je
21 ne suis pas sûr de cela. Il y avait un certain nombre de policiers, puis
22 aussi un certain nombre d'ouvriers ou d'employés de cette entreprise de
23 services funéraires, de pompes funèbres.
24 Q. Vous avez dit que vous avez quitté le poste de police de Kladovo pour
25 vous rendre Tekija. Où est-ce que vous êtes allés exactement ?
26 R. On est allés au dock de Tekija. Il y avait un petit poste de police,
27 des douanes avec un téléphone, aussi, un petit bureau, au fait, donc on y
28 est allés pour être tout près du site.
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1 Q. Est-ce que vous avez rappelé le général Djordjevic pour l'informer des
2 développements de la situation ?
3 R. Je ne sais pas si c'était vraiment un rapport qu'on a fait. Je ne sais
4 pas si on peut appeler cela un rapport, puisque nous avons agi suite à une
5 instruction, instruction précise quant à ce qu'il fallait faire. A partir
6 de ce moment où on a commencé à sortir les cadavres tout d'abord sur la
7 route, ensuite on les a placés dans ce camion, dans ce camion qu'on avait
8 trouvé. C'est là qu'on a réalisé qu'en réalité, il y avait bien plus de
9 cadavres que ce qu'on a pensé, à savoir une trentaine. Ce sont les gens sur
10 le terrain qui nous ont informés de cela. Je ne suis pas allé, je ne me
11 suis pas rendu sur place, je suis resté dans bureau au poste de police. Là,
12 tout d'un coup, la situation était différente, la donne avait changé.
13 J'ai rappelé le général Djordjevic pour lui dire que nous n'avions pas les
14 moyens de faire ce travail cette nuit-là, qu'on n'était pas en mesure de le
15 faire puisque le nombre de cadavres était bien plus important. Nous
16 n'avions pas de moyens techniques, nous n'avions pas de médecins légistes,
17 personne qui pourrait éventuellement procéder aux identifications des
18 personnes, que nous ne pouvions pas tout simplement exécuter cette mission.
19 Nous avons parlé de tout cela et j'ai proposé au général que la meilleure
20 chose serait de transférer tous ces corps dans un centre où il y avait un
21 service de médecine légale pour pouvoir agir conformément aux règles en
22 vigueur. Normalement, ce centre devait se situer soit à Belgrade, soit à
23 Nis.
24 Q. Est-ce que vous savez à quel moment vous avez parlé avec le général
25 Djordjevic ?
26 R. Vu comment se sont présentées les choses, je dirais que je l'ai appelé
27 vers 10 heures 30 du soir, peut-être même 11 heures du soir. Vous savez, on
28 ne faisait pas vraiment attention au temps. C'est une évaluation
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1 approximative que je vous fais là, sur la base du temps nécessaire pour
2 faire tout ce qu'on a fait, donc c'est une approximation. Le temps que je
3 vous donne, je dirais, 22 heures 30, 23 heures à peu près.
4 Q. Au moment où vous avez passé ce coup de fil, est-ce que vous avez reçu
5 des informations supplémentaires des gens présents sur les lieux du crime
6 par rapport à la provenance des corps, les corps se trouvant dans le
7 camion ?
8 R. C'est justement pour cela que j'ai appelé le général, pour l'informer
9 des informations venant du site, pour lui dire que le nombre de cadavres
10 était plus important que ce que nous pensions au début, puisque l'on
11 pensait qu'il s'agissait peut-être même de 50 cadavres et que nous,
12 physiquement, techniquement, on n'était pas en mesure de faire ce qu'il
13 fallait faire. Donc, j'ai insisté pour que l'on envoie ces cadavres dans un
14 lieu où il existe des pathologistes, un centre de pathologie, de médecine
15 légale, et cetera.
16 Q. Est-ce qu'on vous a dit s'il s'agissait là uniquement des corps
17 d'hommes ou aussi des corps des femmes et des enfants ?
18 R. J'ai reçu cette information même au début, à Kladovo déjà. Je savais
19 qu'il y avait aussi bien des corps d'hommes que de femmes. Puis, vous
20 savez, tout le temps il y avait des allers et des retours entre ce bureau,
21 ce poste de police et le site, le terrain. On recevait des informations au
22 fur et à mesure, effectivement.
23 Q. Ces personnes qui venaient vous informer de l'avancement de la
24 situation, est-ce qu'elles vous ont parlé de la tenue vestimentaire de ces
25 corps ? Est-ce que c'étaient des civils, et cetera ?
26 R. Ils ont dit que les hommes étaient d'âges différents et portaient des
27 vêtements civils. Les femmes aussi, d'âges différents, dans la mesure où
28 c'était possible de le voir, d'ailleurs, puisque là aussi la question se
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1 pose de savoir si on était vraiment en mesure de voir cela. Mais c'est vrai
2 qu'ils nous ont dit qu'ils portaient ces espèces de pantalons bouffants,
3 même si cela ne veut rien dire a priori, parce que vous avez aussi bien des
4 Gitans que des Serbes qui portent des pantalons bouffants, il n'y a pas que
5 les Musulmanes. Voilà. C'était au fond l'information que nous avons reçue.
6 Q. Vous avez dit qu'il y avait des corps vêtus de ces pantalons bouffants
7 et que ces pantalons n'étaient pas portés exclusivement par des Albanaises.
8 Est-ce qu'à l'époque, vous pouviez quand même imaginer s'il s'agissait de
9 corps venant du Kosovo ou d'ailleurs ?
10 R. C'était la supposition que nous avons eue dès le début, déjà à Kladovo,
11 à savoir que le camion venait de Prizren. Il n'y avait pas de plaques
12 d'immatriculation, mais on voyait bien que c'était un camion de Prizren du
13 Kosovo. Si vous voulez, c'étaient les premières informations auxquelles on
14 a pu aboutir comme cela au tout début de l'enquête, mais nous n'avons pas
15 vraiment fait une enquête de fond. C'était juste une supposition.
16 On s'est dit que c'était sans doute un camion venant du Kosovo,
17 puisque quelque part sur le camion, on pouvait effectivement lire Prizren,
18 une entreprise de Prizren. Vous savez, ce n'était vraiment pas
19 l'information la plus importante. Il fallait agir, et bien plus de choses à
20 faire. Donc, sur la base de toutes ces suppositions, on en est arrivés à la
21 conclusion que c'était un camion venant du Kosovo.
22 Q. Vous avez dit que vous avez suggéré au général Djordjevic qu'étant
23 donné le nombre de cadavres, ils devraient être amenés ailleurs, et je
24 crois que vous avez mentionné Belgrade ou Nis. Quelle a été la réaction du
25 général Djordjevic à cette proposition ?
26 R. Puisque le général connaissait le nombre initial que j'avais appris
27 aussi, on a discuté sur la difficulté de mener une enquête. Finalement, il
28 a accepté ma proposition de ne pas enterrer ces cadavres dans la zone de
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1 Kladovo, mais de les transporter par camion à Belgrade.
2 Q. Est-ce que les travailleurs ont réussi à terminer le déchargement de
3 ces cadavres ce soir-là ?
4 R. Vous savez quoi ? Enfin, pour faire bref, je vous dirais que cela a été
5 fait dans des circonstances très difficiles. Ce camion était à environ 30
6 mètres de la route. Il était à moitié renversé sur la rive. C'était assez
7 abrupt. Vers minuit, nous avions réussi à ne retirer que 30 cadavres que
8 nous avons placés sur le seul camion dont nous disposions à ce moment-là.
9 Voilà ce que nous avons fait ce soir-là. C'était cela, le nombre de
10 cadavres que nous avons retirés du camion frigorifique et que nous avons
11 placés sur le camion municipal. Il s'agissait de 30 cadavres. Les
12 conditions étaient très difficiles. Nous travaillions dans l'obscurité. Il
13 n'y avait pas de lumière. Le terrain était difficile. C'était très exigeant
14 en termes d'efforts pour le personnel qui réalisait ces tâches-là.
15 Q. Lorsque ces 30 cadavres ont été chargés sur le seul camion dont vous
16 disposiez, où ont-ils été transportés ?
17 R. J'ai appelé le général Djordjevic à ce moment-là. Je lui ai dit - en
18 fait, nous avons eu plusieurs conversations téléphoniques cette nuit-là.
19 Ces cadavres ont été transportés vers Belgrade, puisqu'on a dit qu'ils
20 devaient être transportés à Belgrade. C'était difficile pour nous de
21 trouver un chauffeur pour conduire ce camion à Belgrade. J'ai persuadé mon
22 chauffeur de faire cela, parce que je ne connaissais pas d'autre chauffeur
23 capable de conduire ce camion. Nous avions reçu les instructions de mener
24 ce camion à Belgrade, et pendant la nuit, peut-être 2 heures 30, 3 heures
25 du matin, ce camion est parti de Tekija via Milanovac pour aller à
26 Belgrade.
27 Q. Vous avez dit que vous avez persuadé votre chauffeur de faire ce
28 travail. Est-ce que vous pouvez nous donner le nom de votre chauffeur ?
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1 R. Ljubinko Ursuljanovic, c'est le nom du chauffeur. C'était mon
2 chauffeur. Il avait un permis de conduire pour différents types de
3 véhicules.
4 Q. Est-ce que votre chauffeur vous a dit où il a amené ces cadavres à
5 Belgrade ?
6 R. L'accord était, lorsqu'il est parti - j'avais parlé avec le général
7 Djordjevic ou cette autre personne qui a répondu au coup de téléphone de
8 Ljubinko. Le chauffeur devait rencontrer quelqu'un à l'entrée de Belgrade
9 puisque Belgrade avait été bombardée ces jours-là. Cette personne allait
10 conduire Ljubinko dans les rues de Belgrade vers la destination finale.
11 J'ai aussi envoyé deux policiers pour escorter ce camion jusqu'à Belgrade.
12 Q. Est-ce que votre chauffeur vous a dit quelle était la destination
13 finale de ce camion à Belgrade ?
14 R. Lorsqu'il est revenu le lendemain, il m'a dit qu'un véhicule, une Golf
15 Volkswagen les avait attendus, les avait rencontrés à l'entrée de Belgrade.
16 C'était à Bubanj Potok. Il a été escorté par ce véhicule dans les rues de
17 Belgrade. C'était à l'aube. Il allait vers Novi Sad, ensuite il a abandonné
18 le camion, et ce camion a été conduit par des personnes qu'il ne
19 connaissait pas. Ensuite, Ljubinko est revenu à Kladovo. C'est ainsi qu'il
20 a raconté toute l'histoire.
21 Q. Vous avez dit qu'il a dû abandonner le camion, ensuite ce camion a été
22 conduit par d'autres personnes. Est-ce qu'il est retourné plus tard à
23 Belgrade pour reprendre le camion ?
24 R. Ce camion a été ramené six ou sept jours plus tard. Ljubinko a laissé
25 le camion avec les cadavres là et il est revenu. Je vais essayer d'être
26 bref. Le camion est revenu vers le 15 avril. Je me souviens que nous avions
27 eu un accident au Kosovo et que le commandant du poste de police de
28 Majdanpek avait été tué au Kosovo, qu'on avait besoin de ce camion. C'est à
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1 ce moment-là que Ljubinko est retourné pour ramener le camion pour qu'on
2 puisse l'utiliser ici.
3 Q. Savez-vous où il est allé chercher ce camion ?
4 R. Il est allé le chercher sur le parking du ministère de l'Intérieur. Je
5 ne sais pas exactement où. C'est ce qu'il m'a dit. Le ministère de
6 l'Intérieur occupe différents emplacements à Belgrade donc, je ne sais pas
7 exactement où. Cela ne m'intéressait pas vraiment. On nous a appelés. On
8 nous a dit que le camion était disponible. Il est allé le chercher et il
9 l'a ramené, puisque c'était un camion qui était la propriété d'une
10 entreprise municipale. Je ne lui ai jamais demandé exactement où il était
11 allé chercher le camion.
12 Q. Ce soir, la nuit, lorsque le camion était conduit vers Belgrade, avez-
13 vous quitté Tekija, le poste de police frontalier de Tekija ?
14 R. Après cela, lorsque le camion est parti, je crois que j'ai eu une autre
15 conversation avec le général Djordjevic. Comme on n'avait plus de véhicules
16 sur place, je lui ai demandé de nous trouver un véhicule pour qu'on puisse
17 l'utiliser le 7, le lendemain, pour transporter les autres cadavres et les
18 emmener à Belgrade. Nous sommes restés, là à ce poste frontalier et nous
19 avons fait ce qu'il fallait faire le 7 pour mener à bien cette tâche. Nous
20 avions décidé de trouver une grue puissante pour sortir ce camion
21 frigorifique du Danube et pour obtenir le véhicule qui devait arriver le 7
22 et le remplir avec les autres cadavres.
23 Tout le monde à Kladovo a fait ce qu'il devait faire. Vers 5,
24 6 heures du matin - enfin, je ne me souviens pas exactement à quelle
25 heure - je suis parti avec Toma Miladinovic à Bor. Je suis retourné à Bor.
26 Je conduisais le véhicule. Je pense que je suis arrivé à mon bureau, mon
27 lieu de travail au SUP de Bor vers 8 heures. Les autres tests qui devaient
28 être effectués, l'ont été par les employés du département de Kladovo.
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1 Le 7, le matin, je suis parti de Kladovo. Je n'étais plus utile sur
2 place, puisque j'avais déjà expliqué quelles étaient les tâches qu'il
3 fallait réaliser ce jour-là.
4 Q. Les autres cadavres ont été sortis du camion ce jour-là, le 7 ?
5 R. J'ai reçu des informations par téléphone que ce jour-là
6 j'utilisais une grue très puissante qui venait de Djerdap, qui était
7 utilisée pour ramener le camion sur la route, et que le camion était arrivé
8 de Belgrade. Le soir du 7, les autres cadavres ont été placés dans cet
9 autre camion frigorifique, ensuite il est parti vers Milanovci et Belgrade.
10 Ce sont les informations dont je disposais.
11 Q. Savez-vous plus ou moins combien de cadavres avaient été retirés
12 le lendemain ?
13 R. D'après les informations, même si les personnes directement
14 impliquées connaissent les chiffres exacts, je crois que le chiffre était
15 de 81 ou 82 cadavres. Le chiffre devrait se trouver dans une déclaration ou
16 dans d'autres éléments de preuve obtenus des personnes directement
17 impliquées, mais je pense que le chiffre était de 83 cadavres.
18 Q. Ce chiffre que vous nous donnez, de 81 ou 82 cadavres, c'étaient
19 les cadavres qui avaient été trouvés le 7 ou c'est l'ensemble, le chiffre
20 total.
21 R. C'est le chiffre total des cadavres qui se trouvaient dans le
22 camion frigorifique, qui ont été retirés du camion les deux jours, le 6 et
23 le 7.
24 Q. Qu'est-il advenu de ce camion frigorifique ? Qu'en a-t-on fait
25 après avoir retiré tous les cadavres ?
26 R. Ce jour-là, ou plutôt le lendemain, le camion frigorifique, enfin, le
27 chef du département m'avait dit de l'emmener à la compagnie publique de
28 Negotin. Je l'ai fait. Ce camion est resté là un jour ou deux. Dans mes
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1 conversations avec Djordjevic, il a été dit que ce camion devait être
2 détruit. Je suppose que c'est ce qu'on a fait.
3 Q. Qui vous a dit que ce camion avait été détruit ?
4 R. Sperlic ou Toma, je ne sais pas. C'est l'un des deux qui me l'a dit, le
5 premier. Ou alors c'est Sperlic qui l'a dit à Toma et Toma me l'a dit par
6 la suite, ou Toma me l'a dit directement, cela, je n'en sais rien. De toute
7 façon, j'ai été informé par les personnes à qui on avait dit de m'informer.
8 Il y a beaucoup de temps qui s'est écoulé depuis ce jour-là. Je ne m'en
9 souviens pas exactement, mais c'est une de ces deux personnes.
10 Q. Savez-vous comment il a été détruit ?
11 R. On m'a dit qu'on a essayé d'y mettre leur feu, que cela n'a pas marché,
12 et qu'ensuite il a été détruit avec des explosifs. Qu'il a été amené à
13 Petrovo Selo et que c'est là qui a été détruit.
14 Q. Au moment où ce camion frigorifique avec tous les cadavres a été
15 découvert, est-ce que vous avez, vous ou d'autres personnes du poste de
16 police de Kladovo donné des informations au public sur ce qui s'était
17 passé ?
18 R. A ma connaissance, non, personne n'a donné d'information, étant donné
19 les circonstances dans lesquelles tout cela s'est passé. La décision était
20 que ces informations ne seraient pas données au public pour ne pas déranger
21 le public. Ce n'était pas un secret. Parce que la moitié des citoyens de
22 Tekija a vu ce camion frigorifique. On avait plutôt décidé de ne pas
23 déranger les citoyens.
24 On était d'accord pour ne donner aucune information à la presse.
25 Puisque c'était une époque de guerre, cela aurait pu donner lieu à des
26 problèmes avec les citoyens, puisqu'il y avait déjà des spéculations et ce
27 n'était pas bon pour le public.
28 Q. Vous parlez d'un accord de ne pas révéler des informations à la presse.
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1 Qui a pris cet accord, qui a décidé cela ?
2 R. D'abord, c'était moi et le général Djordjevic. On avait décidé de ne
3 pas révéler d'information au public. Ce n'est pas que c'était un secret;
4 ensuite, j'ai ordonné la même chose à mes subordonnés étant donné qu'il y
5 avait cet accord avec le général Djordjevic.
6 Q. Vous souvenez-vous qui vous a transmis cet accord, avec qui vous avez
7 discuté de cet accord auquel vous étiez parvenu, vous et le général
8 Djordjevic ?
9 R. Cela était transmis aux personnes qui étaient présentes dans mon bureau
10 pendant ma première conversation avec le général Djordjevic. Est-ce que
11 vous voulez que je vous dise exactement qui était là ?
12 Q. Non, non, ce n'est pas nécessaire. Si je vous comprends bien, il y
13 avait cet accord entre vous et le général Djordjevic et c'est un accord que
14 vous aviez convenu au cours de votre première conversation, pendant que
15 vous étiez au poste de police de Kladovo ? C'est ce que vous avez dit
16 auparavant.
17 R. Oui.
18 Q. Il y a quelques minutes, vous avez parlé de spéculations. Vous avez dit
19 que cela pourrait perturber les citoyens et qu'il y avait déjà des
20 spéculations qui avaient lieu. De quoi parlez-vous exactement lorsque vous
21 avez dit qu'il y avait des spéculations ?
22 R. Le premier jour aussi il y avait aussi des spéculations, puisqu'on
23 parlait d'un accident de la route et puisqu'il y avait de la contrebande.
24 C'est une route qui est utilisée pour le trafic d'êtres humains. Le public,
25 en général, commençait à spéculer eux aussi. C'est pourquoi j'ai dit que
26 cela pouvait être dérangeant. Parce que chacun avait son propre point de
27 vue, chacun faisait des commentaires, et tout cela pouvait déboucher sur
28 des préoccupations du public. C'est pourquoi nous avons discuté de sceller
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1 nos canaux d'information pour que cela ne puisse pas arriver à la presse.
2 Puisque nous étions en guerre. Ce n'était pas une situation de paix.
3 Q. Vous avez parlé de différentes personnes qui étaient impliquées dans la
4 récupération des cadavres de ce camion. Comment ces personnes ont été
5 payées et qui les payait ?
6 R. Les personnes qui appartenaient au département des affaires intérieures
7 à Kladovo, six ou sept personnes et les fonctionnaires de la sécurité de
8 Kladovo; ceux-là n'étaient pas payés. Pour ceux de la municipalité de
9 Kladovo, il y avait à peu près cinq ou six personnes qui ont reçu un per
10 diem pour ce travail. C'est nous qui les avons payés, c'est le ministère.
11 Q. Qui vous a donné les fonds pour payer ces travailleurs ?
12 R. J'ai demandé au ministre Djordjevic et au ministère de nous donner cet
13 argent, nous l'avons reçu. Quelqu'un a amené cet argent de Belgrade. Il me
14 l'a remis. Il y avait environ 10 000 dinars. Il m'a dit de distribuer cet
15 argent aux travailleurs de cette entreprise municipale. J'ai signé un reçu,
16 et c'est ce qu'on a fait. Cela n'avait rien d'inhabituel, c'était plutôt
17 habituel et cela respectait notre règlement. C'était la forme normale de
18 communication entre le ministère et les secrétariats.
19 Q. Vous avez dit auparavant que le procureur local et le juge
20 considéraient que cette affaire relevait de la juridiction du procureur du
21 district et du juge de Negotin. Est-ce qu'ils sont intervenus avant ces
22 événements ?
23 R. Non, non, personne n'est venu. Le procureur local et le juge non plus.
24 Personne n'est revenu. Ils étaient là le premier jour où ils ont dit que le
25 procureur de la zone était compétent. Ils ont été informés par ces
26 personnes et nous-mêmes, mais personne n'est arrivé. Il n'y a pas eu de
27 contact. Personne n'a essayé de me contacter.
28 Q. Savez-vous pourquoi le procureur public ou le juge de Negotin, le juge
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1 instructeur, pourquoi personne n'est venu sur place ?
2 R. Je ne sais pas. Je ne sais pas.
3 Q. Est-ce que des efforts ont été consentis pour essayer de les contacter,
4 pour les informer de ce qui se passait ?
5 R. Ils ont été informés au sujet de cet incident par le procureur
6 municipal, le tribunal de Kladovo et par l'officier de permanence du
7 département des affaires intérieures à Kladovo. C'est la raison dont on
8 transmet des informations sur ce qui se passe. Pour les autres contacts,
9 donc le procureur municipal, le procureur de la zone ainsi que les deux
10 juges, je pense qu'ils ont été directement en contact par la suite. Cela
11 avait l'air d'être quelque chose de normal, mais personne ne m'a contacté.
12 Q. Savez-vous s'il y a eu une enquête qui a été demandée par les autorités
13 de Negotin par les autorités judiciaires ?
14 R. Comme je l'ai dit, j'ai pris ma retraite en 2001. Je crois que c'est
15 par la presse que j'ai appris qu'une enquête avait été ouverte et que le
16 tribunal de canton de Negotin avait commencé à travailler sur cette
17 affaire. Je sais aussi que le département de la chambre des crimes de
18 guerre de Belgrade travaille en la matière, s'agissant des crimes de
19 guerre. Pour Negotin, je crois que j'ai appris cela par la presse. Mais
20 personne ne m'a appelé pour en parler et je ne sais pas beaucoup plus là-
21 dessus.
22 Q. D'accord. Merci. Avez-vous à un certain moment eu connaissance d'une
23 histoire qui avait été publiée sur cet incident dans une publication
24 appelée Timocka Krimi Revija ?
25 R. Après l'incident, en 2000 ou environ, j'ai appris qu'il y avait un
26 article qui avait été publié dans cette revue sur cet incident. A ce moment
27 je n'avais pas d'autre information que cela. Après un certain moment, il y
28 a à nouveau eu des articles dans la presse écrite. Il y aussi une interview
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1 du plongeur qui a été publiée, de celui qui a participé au retrait du
2 camion du Danube. Plus tard, en 2001, on a vu cela dans d'autres médias en
3 Serbie. Voilà ce que j'ai appris par la presse.
4 Q. Avez-vous eu des contacts avec le général Djordjevic après la
5 publication de ce premier article sur cet incident ?
6 R. Oui. Je l'ai appelé et je lui ai dit que cela avait été publié. Ce
7 n'était pas très plaisant ni pour moi ni pour lui. Je ne sais pas si on lui
8 en a dit plus. De toute façon, je l'ai informé. Je lui ai dit que cela
9 avait été publié à Zajecar.
10 Q. Vous a-t-il donné des instructions quant à la manière de faire après
11 que cette information est devenue publique ?
12 R. Non. Il n'a pas donné d'instructions. C'était simplement une
13 conversation. Je lui ai dit que ce n'était pas une bonne chose qui était
14 révélée, mais voilà, c'était comme cela. Nous avons parlé au téléphone. Il
15 ne m'a pas dit ce qu'il fallait faire à ce sujet, et moi non plus je ne lui
16 ai pas dit si j'avais l'intention de faire quelque chose. En fait, on
17 n'avait pas abordé cette question du tout. Nous avons simplement discuté de
18 ce fait et des circonstances malheureuses dans lesquelles cela avait été
19 publié.
20 Q. Avez-vous eu des contacts avec les autres personnes qui étaient
21 présentes au poste de police de Kladovo le 6 et le 7 avril, par exemple, M.
22 Miladinovic ou M. Sperlic ?
23 R. Peut-être ai-je eu des contacts avec ces personnes. Miladinovic était
24 là tous les jours et nos bureaux étaient proches. Peut-être en avons-nous
25 parlé, mais je n'y ai pas prêté spécialement attention, et je ne me
26 souviens pas ni du lieu, ni de la date. J'en ai peut-être discuté avec
27 Miladinovic. Je ne sais pas avec Sperlic, parce que lui, il était un peu
28 plus loin, mais Miladinovic était là tout près --
Page 7423
1 Q. En 2001, avez-vous entendu parler de la création d'un groupe de travail
2 au sein du MUP chargé d'enquêter sur cet incident ?
3 R. Oui. Je l'ai appris car ils sont venus m'auditionner. J'ai appris que
4 le nouveau ministre avait constitué ce groupe de travail qui avait pour
5 charge d'enquêter sur cet incident. Ils sont venus me trouver. Ils m'ont
6 interrogé. Je ne sais pas quand c'était exactement. C'était au mois de mai
7 ou au mois de juin. Enfin, en tout cas, c'était autour de cette période.
8 Q. Est-ce que vous avez rapporté à ce groupe de travail les mêmes
9 incidents que ceux que vous nous avez décrits aujourd'hui ?
10 R. Il s'agissait plutôt d'une audition informelle. Je ne sais pas comment
11 vous dire. Cela concernait non seulement l'incident, mais également
12 d'autres choses. Nous avons eu une conversation d'ordre général. Ils m'ont
13 demandé qui se trouvait là, et ainsi de suite. Après cette audition, ils
14 ont rédigé un rapport officiel décrivant notre entretien. Peut-être que
15 nous n'en avons pas parlé de façon aussi précise et détaillée que
16 maintenant.
17 Q. Ces événements se sont déroulés en avril 1999. Est-ce que depuis vous
18 avez reçu des renseignements complémentaires sur l'endroit où ces cadavres
19 ont été transportés à Belgrade ?
20 R. Etant donné que j'ai pris ma retraite dans l'intervalle, je n'ai pu
21 avoir accès qu'aux informations émanant de la presse. J'ai appris dans la
22 presse que ces cadavres avaient été transportés à Batajnica. Je n'ai jamais
23 eu de conversations avec quiconque à ce sujet.
24 Q. Je vous remercie.
25 Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres
26 questions à poser à ce témoin pour le moment.
27 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci, Madame Kravetz.
28 Maître O'Sullivan.
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1 M. O'SULLIVAN : [interprétation] Monsieur le Président, nous procéderons
2 dans l'ordre suivant : le général Lukic, le général Pavkovic, le général
3 Lazarevic, le général Ojdanic, M. Sainovic et
4 M. Milutinovic.
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci. Maître Lukic.
6 M. LUKIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
7 Contre-interrogatoire par M. Lukic :
8 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Golubovic. Je m'appelle Branko
9 Lukic. Je représente les intérêts du général Lukic devant ce Tribunal. Je
10 vous demanderais de bien vouloir nous aider à préciser certains points.
11 Cela peut vous paraître inutile étant donné que cela faisait partie de
12 votre travail, mais nous devons établir les choses de façon détaillée.
13 Aujourd'hui, à la page 52, ligne 16 du compte rendu d'audience, en
14 réponse à une question posée par Mme Kravetz, vous avez déclaré que vous
15 n'aviez reçu aucun ordre du général Djordjevic, qu'il s'agissait plutôt
16 d'instructions. A ce sujet, je souhaiterais vous poser la question suivante
17 : est-il exact de dire que la police ne fonctionne pas sur un système
18 d'ordres, mais doit respecter la loi ?
19 R. Oui. Nous respectons la loi.
20 Q. Aujourd'hui, on vous a demandé si vous avez des connaissances de
21 l'existence d'un groupe de travail mis en place pour enquêter sur les
22 cadavres retrouvés dans le camion frigorifique qui flottait dans le Danube.
23 Conviendrez-vous avec moi que le directeur de la police criminelle est
24 celui qui doit prendre des mesures après avoir reçu de telles
25 informations ? Est-ce que ce n'est pas l'organe compétent pour se charger
26 de cela ?
27 R. En temps normal, oui.
28 Q. Dans le règlement du MUP, il est précisé que la direction en
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1 question est tenue de mener des enquêtes et de procéder à toutes les
2 actions connexes nécessaires pour ce qui est d'infractions aussi graves,
3 n'est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. Il nous faut ménager une pause entre les questions et les
6 réponses, étant donné que nous parlons la même langue. Je n'ai pas
7 suffisamment attendu, car la réponse que vous m'avez fournie ne me
8 satisfaisait pas.
9 Nous avons entendu que le groupe de travail vous avait interrogé. Le
10 capitaine Dragan Karleusa dirigeait ce groupe de travail de la police,
11 n'est-ce pas ?
12 R. Oui.
13 Q. Ai-je raison de dire que le capitaine de police Dragan Karleusa était
14 l'adjoint du chef de la direction de la police criminelle au QG du MUP à
15 Belgrade ?
16 R. C'est ce qu'il m'a dit lorsqu'il est venu. Avant cela, je l'ignorais.
17 Q. Merci. Il nous faut préciser certains points concernant les grades au
18 sein de la police. Ma question porte sur le grade du capitaine Karleusa et
19 des fonctions qu'il occupait en tant que chef adjoint de la police
20 criminelle. Conviendrez-vous que selon la hiérarchie en vigueur au sein du
21 MUP, les fonctions sont plus importantes que le grade ?
22 R. Oui, les fonctions étaient plus importantes que le grade.
23 Q. Est-ce que vous conviendrez avec moi que dans la hiérarchie en vigueur
24 au MUP, le poste d'affectation est plus important que le grade, j'entends
25 par là le type de fonctions qu'exerce un fonctionnaire.
26 R. Je suppose.
27 Q. Avant l'introduction des grades dans la hiérarchie de la police, ce qui
28 comptait, c'étaient les fonctions ou le poste occupé par les
Page 7426
1 fonctionnaires. C'est ce qui comptait avant tout, n'est-ce pas ?
2 R. Oui.
3 Q. Avez-vous entendu parler de cas au siège du MUP ou sur le terrain où
4 une personne de grade inférieur aurait occupé une position supérieure à
5 quelqu'un qui avait un grade plus élevé que le sien ?
6 R. Peut-être, mais je n'ai pas connu de tels cas. J'avais des contacts
7 avec les gens, mais aucun de mes subordonnés ne pouvait me donner d'ordres.
8 Je me souviens que Branko était le chef du SUP. Je n'ai pas d'autres
9 détails à ce sujet.
10 M. LUKIC : [interprétation]
11 Q. Est-ce que je dois répéter ma question ?
12 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Si vous pensez que c'est nécessaire.
13 M. LUKIC : [interprétation]
14 Q. Vous souvenez-vous que Vlajko Stojiljkovic avait nommé Branko Djuric à
15 la tête du SUP de Belgrade; il était commandant, c'était son grade ?
16 R. Je sais qu'il a été nommé à ce poste. Il était chef du SUP de Belgrade.
17 Pour ce qui est d'autres renseignements concernant ses années de service,
18 et cetera, je ne sais rien à ce sujet.
19 Q. Vous souvenez-vous qu'à ce moment-là, alors qu'il était commandant par
20 son grade, il était le supérieur hiérarchique du général Sreten Lukic ?
21 R. Il était à la tête du secrétariat de Belgrade, et si le général Lukic
22 relevait du secrétariat de Belgrade, effectivement, c'était son supérieur
23 hiérarchique.
24 Q. Merci. Il y a un point dont je souhaiterais parler avec vous. Dans
25 votre déclaration préalable, à la page 5, paragraphe 3 de la version
26 anglaise; page 5, paragraphe 3 dans la version B/C/S également, vous dites
27 que vous avez entendu et vu le témoignage de Bosko Radojkovic devant ce
28 Tribunal. Vous dites qu'il s'est trompé lorsqu'il a affirmé dans sa
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1 déposition que vous lui aviez donné l'ordre de ne pas prendre de photos du
2 camion frigorifique. Vous dites : "Je ne lui ai pas donné cet ordre ni à
3 lui ni à personne d'autre." Est-il vrai que vous avez dit à Radojkovic de
4 ne pas prendre de photos ?
5 R. Votre question comprend deux questions distinctes. Dans le cadre de sa
6 déposition, Radojkovic a déclaré qu'il avait déjà pris des photos. Donc, il
7 aurait été absurde que je l'empêche d'en prendre car je suis arrivé le 6 au
8 soir. Radojkovic a pris les photos en question le 6 au matin. Cet ordre
9 aurait été absurde. Cela aurait pu être logique ensuite lorsque j'ai donné
10 pour instructions de ne pas divulguer cette affaire.
11 Je connaissais Radojkovic. Je l'ai vu après que Sperlic lui eu donné
12 l'ordre de venir dans le même bureau et d'amener des couvertures pour
13 transporter les corps. Il est possible, étant donné que nous étions tous au
14 bureau de Tekija et que les gens allaient et venaient, il est possible que
15 Radojkovic soit entré plusieurs fois et m'ait fait rapport sur la
16 situation. C'est possible, mais je ne m'en souviens pas.
17 Je n'ai pas vraiment fait attention à Radojkovic ni à mes contacts avec
18 lui. Ce soir-là, à Kladovo, je l'ai vu pendant cinq minutes lorsqu'il est
19 entré dans le bureau avec Sperlic. Lorsque Sperlic lui a donné des
20 instructions sur ce qu'il convenait de faire, il est possible qu'il soit
21 entré au bureau de Tekija et qu'il ait fait rapport sur l'état
22 d'avancement de la situation. Mais je ne me souviens pas en particulier,
23 l'ambiance était tout à fait particulière.
24 Q. Merci.
25 M. LUKIC : [interprétation] Plus de questions pour ce témoin.
26 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous en arrivons à la pause déjeuner.
27 Monsieur Golubovic, nous allons faire une pause d'une heure. Vous pouvez
28 maintenant quitter le prétoire en suivant l'Huissier.
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1 Maître Visnjic.
2 M. VISNJIC : [interprétation] Nous n'avons plus de questions pour ce
3 témoin. Il peut disposer.
4 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Est-ce qu'il y aura des questions
5 supplémentaires ?
6 Mme KRAVETZ : [interprétation] Non, pas de questions supplémentaires.
7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Golubovic, c'est encore
8 mieux. Il est inutile pour vous de revenir. Nous avons terminé votre
9 déposition. Merci d'être venu témoigner devant ce Tribunal. Vous pouvez
10 partir.
11 [Le témoin se retire]
12 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous reprendrons nos travaux à
13 13 heures 45.
14 --- L'audience est levée pour le déjeuner à 12 heures 46.
15 --- L'audience est reprise à 13 heures 48.
16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Hannis.
17 M. HANNIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je voulais vous
18 faire part le plus tôt possible de mes préoccupations. Nous n'aurons pas
19 suffisamment de témoins cette semaine. Je pense que nous terminerons au
20 cours de cette séance le prochain témoin. Demain, nous n'aurons pas de
21 témoins. Nous avons M. Kryeziu, qui devait comparaître jeudi. Il arrive
22 tard ce soir. Peut-être qu'il pourra comparaître demain. C'est un témoin en
23 application de
24 l'article 92 ter. Sa déposition durera deux heures au total, même en
25 comptant le contre-interrogatoire.
26 Mercredi, nous avons deux vidéoconférences prévues à Pristina, et vendredi,
27 en fonction de la décision qui sera prise par la Chambre, nous aurons peut-
28 être M. Loncar pour une vidéoconférence.
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1 Nous allons essayer d'obtenir la comparution de M. Markovic cette
2 semaine, mais nous ne savons pas si cela sera possible.
3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Est-ce qu'il n'y avait pas quelqu'un
4 d'autre qui était prévu également cette semaine ?
5 M. HANNIS : [interprétation] Je ne pense pas, Monsieur le Président.
6 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Votre requête aux fins de modifier la
7 liste en application de l'article 65 ter mentionnait le fait que le témoin
8 Sterenberg comparaîtra au cours de la dernière semaine du mois de novembre.
9 M. HANNIS : [interprétation] Une objection a été soulevée le concernant. Je
10 ne m'en souviens plus où on en était maintenant, mais nous avons demandé,
11 je crois, qu'il comparaisse à la date du
12 11 décembre. Je ne me souviens pas s'il était disponible ou pas ou est-ce
13 que cela concernait l'objection soulevée par la Défense concernant sa
14 déposition. Je ne sais plus. Toujours est-il que nous avons dû repousser à
15 plus tard sa comparution.
16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Hannis, nous sommes déçus,
17 car l'une des raisons pour laquelle vous vous êtes trouvé dans cette
18 situation pénible c'est la durée prolongée de la déposition d'un témoin qui
19 a ensuite fait boule de neige.
20 M. HANNIS : [interprétation] Oui. Le général DZ a dû repousser à plus tard
21 sa comparution, car M. Tanic et d'autres témoins ont déposé plus longtemps
22 que prévu. Il ne pouvait pas revenir avant plus tard. Ensuite, Me Ackerman
23 a déposé une requête qui, à l'époque, a été jugée prématurée, car aucune
24 autre ordonnance portant calendrier n'avait été rendue à ce moment-là.
25 Lorsque l'ordonnance portant calendrier a été rendue le 15, nous nous
26 sommes retrouvés dans une situation où nous n'avons pas pu avancer la
27 déposition de certains témoins. Donc, un certain nombre de témoins
28 n'étaient pas disponibles au cours de la période allant d'aujourd'hui aux
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1 vacances judiciaires, si bien qu'ils comparaîtront l'année prochaine.
2 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Il va falloir que vous fassiez des
3 heures supplémentaires pour obtenir des témoins au cours des trois semaines
4 ou deux semaines à venir.
5 M. HANNIS : [interprétation] Je pense que tout se présente bien pour les
6 deux semaines précédant Noël. Nous avons des témoins importants qui seront,
7 j'en suis sûr, contre-interrogés longtemps.
8 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Peut-être que nous pourrons modifier
9 l'emploi du temps de la semaine prochaine pour vous donner davantage de
10 temps.
11 M. HANNIS : [interprétation] Il serait possible de faire les choses ainsi.
12 La semaine prochaine, nous avons le général DZ dont la déposition durera
13 probablement trois jours. Ensuite, nous avons un témoin initié du MUP. Je
14 crois que Me Ackerman a présenté une demande afin que nous n'ayons pas de
15 témoin impliquant directement son client, car Me Ackerman a des obligations
16 en relation avec une procédure d'appel la semaine prochaine. Ensuite, nous
17 avons Sterenberg, K79, Lord Ashdown, M. Naumann. Nous verrons ce que nous
18 pouvons faire. Nous allons essayer de nous en occuper aujourd'hui.
19 M. HANNIS : [interprétation] Merci.
20 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Il y a une autre question.
21 L'Accusation a demandé des mesures de protection pour le Témoin K74 [comme
22 interprété]. Le témoin doit comparaître la semaine prochaine. Est-il
23 possible que la Défense réponde en quelques mots à cela, disons, d'ici
24 mercredi s'agissant du Témoin K74 [comme interprété]. J'attends une réponse
25 d'ici mercredi.
26 Témoin suivant, Madame Kravetz.
27 Mme KRAVETZ : [interprétation] Nous appelons à la barre le témoin
28 suivant, Bosko Radojkovic. Sa déposition a trait aux paragraphes 75(d),
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1 75(h) et 77 de l'acte d'accusation. Il témoignera à l'audience.
2 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Bonjour, Monsieur Radojkovic.
4 Veuillez, s'il vous plaît, lire à haute voix le document qui vous est
5 présenté pour vous engager que vous allez dire la vérité.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
7 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
8 LE TÉMOIN: BOSKO RADOJKOVIC [Assermenté]
9 [Le témoin répond par l'interprète]
10 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien. Vous pouvez vous asseoir.
11 Madame Kravetz.
12 Mme KRAVETZ : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
13 Interrogatoire principal par Mme Kravetz :
14 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Pouvez-vous, s'il vous
15 plaît, vous présenter pour le compte rendu d'audience.
16 R. Je m'appelle Bosko Radojkovic.
17 Q. Vous êtes né où et quand ?
18 R. Je suis né le 5 février 1956, à Rudnik, dans la municipalité de Gornji
19 Milanovac.
20 Q. Quelle est votre profession ?
21 R. Présentement, je suis à la retraite, donc, je suis un retraité.
22 Q. Avant cela qu'est-ce que vous faisiez ? Quelle était votre profession ?
23 R. J'étais un technicien en médecine légale et enquêtes criminelles.
24 Q. Est-ce que vous travailliez avant de prendre votre retraite ?
25 R. J'ai travaillé au sein du département des affaires intérieures à
26 Kladovo.
27 Q. En 1990 [comme interprété], est-ce que vous travailliez toujours au
28 sein du poste de police de Kladovo ?
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1 R. Oui.
2 Q. Pourriez-vous nous décrire ce que vous deviez faire ?
3 R. Je travaillais au sein de la police scientifique, et j'étais le
4 technicien de cette police scientifique.
5 Q. Qu'est-ce que vous deviez faire en tant que technicien de la police
6 scientifique au sein de ce poste de police ?
7 R. Tout ce qui relève de la police scientifique.
8 Q. Merci. Au cours de vos missions au mois d'avril 1999, est-ce que vous
9 avez été appelé sur le site près de la rivière Danube, du fleuve Danube
10 dans le village de Tekija ?
11 R. Oui.
12 Q. Pourquoi avez-vous été envoyé là-bas ?
13 R. Un pêcheur a dit qu'il y avait une espèce de caisse qui flottait dans
14 l'eau. Cela rassemblait en réalité à la benne d'un camion. Il a fallu m'y
15 rendre pour vérifier ce que c'était.
16 Q. Est-ce que vous vous souvenez de la date à laquelle vous vous êtes
17 rendu sur les lieux au niveau du fleuve Danube ?
18 R. Je pense que c'est le 4 avril, vers 13, 14 heures.
19 Q. Est-ce que vous vous souvenez de ce que vous avez vu en arrivant là-
20 bas ?
21 R. J'ai vu que, à peu près une trentaine de mètres de la rive, dans l'eau,
22 il y avait quelque chose qui ressemblait à une benne d'un camion de couleur
23 blanche. En réalité, on ne pouvait voir que la partie supérieure du
24 derrière du camion.
25 Q. A part vous, qui était là-bas ce jour-là ?
26 R. Il y avait Ziveta Djordjevic, Zika. C'est un plongeur de Kladovo. Je
27 l'ai invité, je lui ai demandé de venir avec moi pour plonger et voir de
28 quoi il s'agissait. Je pense qu'il s'appelle Zivojin, en réalité.
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1 Q. Est-ce que vous et M. Djordjevic, est-ce que vous avez fait une petite
2 enquête pour voir ce qui se trouvait dans l'eau ?
3 R. Pas moi, mais lui, il a plongé, effectivement. Il m'a dit en sortant
4 que c'était un camion, que le chauffeur n'y ait pas, qu'il n'y avait aucun
5 passager dans la cabine du camion, donc qu'il n'y avait personne à l'avant
6 et qu'il y avait une grosse pierre sur l'accélérateur du camion.
7 Q. Qu'avez-vous fait à partir du moment où vous avez été en mesure
8 d'identifier cet objet en arrivant à la conclusion qu'il s'agissait d'un
9 camion ?
10 R. Nous avons fait venir une grue de l'hydro-elektram [phon] de Djerdap,
11 pour essayer de sortir ce camion qui se trouvait assez profondément dans
12 l'eau. Il faisait déjà nuit. Le plongeur n'avait pas l'éclairage suffisant
13 pour voir de quoi il s'agissait vraiment, donc nous n'étions pas en mesure
14 d'établir tout cela que le lendemain.
15 Q. Est-ce que vous avez réussi effectivement à faire sortir le camion de
16 l'eau à l'aide de cette grue ?
17 R. En partie, je dirais. Ensuite, il a fallu aller chercher une grue plus
18 importante qu'on est allés chercher au même endroit, l'hydro-elektram de
19 Djerdap.
20 Q. Avant de partir de cet endroit ce soir-là, est-ce que vous avez fait
21 quoi que ce soit pour vous assurer que ce camion n'allait pas être emporté
22 par le fleuve, donc pour le fixer ?
23 R. Je pense que tout ce que nous avons fait, c'était de le marquer avec un
24 seau en plastique ou une dame-jeanne en plastique pour pouvoir le retrouver
25 le lendemain. Je me demande aussi si l'on n'a pas pris un câble pour
26 essayer d'attacher le camion à un arbre sur la rive. Toujours est-il que
27 nous avons marqué le camion pour qu'il ne soit pas emporté par l'eau. Cela,
28 c'est vrai. Je m'en souviens de cela.
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1 Q. A partir du moment où vous quittiez ce lieu, où alliez-vous ?
2 R. Je suis allé au poste de police. Zika est rentré chez lui. On attendait
3 l'aube pour continuer de travailler. D'ailleurs, le soir même, dans le
4 poste de police de Kladovo, on a commencé à préparer l'opération du
5 lendemain pour trouver une grue, pour commencer à sortir le camion de l'eau
6 déjà le lendemain matin.
7 Q. Ce soir-là, quand vous vous êtes rendus au poste de police, est-ce que
8 vous vous êtes présentés auprès de vos supérieurs pour les informer de
9 cette découverte ?
10 R. Non. En réalité, nous n'avons découvert rien du tout. Tout ce que nous
11 avons trouvé, c'était qu'il y avait un camion dans l'eau, de sorte que --
12 oui, oui, c'est vrai. C'est vrai. C'est un collègue, en réalité, qui a
13 envoyé une dépêche indiquant qu'un citoyen avait rapporté cet incident à
14 Tekija, qu'une équipe s'est rendue sur le terrain, que l'enquête était en
15 cours, qu'on n'avait rien découvert et qu'on allait continuer à travailler
16 là-dessus.
17 Q. Vous avez dit qu'un collègue a envoyé une dépêche. Il l'a envoyée où, à
18 qui ?
19 R. Il l'a envoyée au service de garde du secrétariat des affaires
20 intérieures de Bor, au service des gardes de permanence.
21 Q. Le lendemain, êtes-vous revenus sur le lieu où vous avez trouvé le
22 camion ?
23 R. Oui. Tôt le matin, nous y sommes revenus.
24 Q. Quand vous dites vous, vous -- était-ce vous et le plongeur ou y avait-
25 il d'autres personnes qui sont allées avec vous ?
26 R. J'y suis allé et le même plongeur. Il y avait aussi des gens de
27 l'hydro-elektram, les ouvriers qui s'occupent de la grue, qui la manient,
28 et cetera. Il y avait une quinzaine d'ouvriers aux alentours.
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1 Q. Etiez-vous en mesure de sortir le véhicule de l'eau ?
2 R. Oui. Vers midi, nous avons réussi à faire cela, vers
3 1 heure, 2 heures de l'après-midi, mais ceci en partie uniquement, c'est-à-
4 dire uniquement la partie arrière du camion. Nous l'avons sorti à moitié.
5 Voilà.
6 Q. Est-ce que vous avez pris des photos de cette opération ?
7 R. Oui.
8 Q. Est-ce que vous vous souvenez du nombre de photos approximatives que
9 vous avez prises ?
10 R. Je dirais une dizaine de photos--
11 Mme KRAVETZ : [interprétation] Peut-on montrer au témoin la pièce P594.
12 Q. Reconnaissez-vous cette photo, Monsieur Radojkovic ?
13 R. Oui, oui.
14 Q. Que voit-on sur la photo ?
15 R. Cette photo a été prise pendant que l'on faisait sortir ce camion
16 frigorifique. On voit bien la benne du camion dirigée vers la rive. Puis,
17 le trait noir qu'on voit, qui forme un triangle, ceci marque le niveau
18 d'eau. Parce que la partie inférieure était dans l'eau et le triangle était
19 le seul qui sortait de l'eau, que l'on pouvait voir.
20 Q. Quand vous vous êtes rapproché du camion, quand vous l'avez sorti de
21 l'eau, est-ce que vous avez vu une inscription quelconque sur le camion ?
22 R. Oui. Sur la porte du camion, il y avait le nom de l'entreprise.
23 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui était écrit exactement sur la
24 porte du camion ?
25 R. Peut-être que je ne vais pas être parfaitement exact, mais il me semble
26 que l'on pouvait lire Pik Progress Transportation and Slaughter Prizren, le
27 numéro de téléphone et le numéro de fax.
28 Mme KRAVETZ : [interprétation] Peut-on montrer au témoin la pièce P598.
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1 Q. Reconnaissez-vous cette photo, Monsieur ?
2 R. Oui, oui. C'est la photo qui montre que le camion est pratiquement sec
3 sur la rive. Et là, on peut voir ce qui est écrit sur la porte justement,
4 sur la portière droite du camion.
5 Q. Merci. Est-ce que vous étiez en mesure d'identifier éventuellement les
6 plaques d'immatriculation sur ce camion ?
7 R. Non, il n'y en avait pas.
8 Q. Est-ce que vous avez remarqué quoi que ce soit au niveau de la portière
9 arrière du camion ?
10 R. Cette portière était forcée, elle était endommagée en bas à droite.
11 Q. Vous avez l'impression qu'on avait forcé la portière du camion, donc la
12 benne du camion. Est-ce que vous étiez en mesure de voir ce qui se trouvait
13 à l'intérieur du camion ?
14 R. Non. Puisque cette portière était fermée à clé. Vous savez, l'ouverture
15 n'était pas suffisante pour que l'on puisse voir à l'intérieur du camion.
16 Q. Est-ce qu'il y avait quoi que ce soit qui a été visible et qui sortait
17 de cette ouverture, qui dépassait l'ouverture au niveau de la portière
18 arrière ?
19 R. Oui. On pouvait voir deux jambes et une main ainsi que des vêtements.
20 Mme KRAVETZ : [interprétation] Peut-on montrer au témoin la pièce P596.
21 Q. Monsieur Radojkovic, vous avez dit que vous étiez en mesure de voir
22 deux jambes et un bras. C'est une photo en noir et blanc, mais est-ce que
23 vous pouvez essayer d'identifier ce qui figure sur cette photo, nous dire
24 si cela correspond à ce que vous avez vu à l'époque.
25 R. C'est vrai que la photo n'est pas parfaite, mais on voit une jambe,
26 oui, qui pend du camion. Après, il y a une ombre, puis la photo n'est pas
27 parfaite. On voyait encore un bras, puis une autre jambe. Mais les deux
28 autres membres sortaient moins du camion que celui que l'on voit là,
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1 clairement.
2 Q. Monsieur, pouvez-vous marquer sur l'écran l'endroit où l'on voit cette
3 jambe sortir du camion.
4 R. Voilà. C'est ici. Ici, on voit les orteils. Là, c'est les gros orteils.
5 Là, c'est es pieds, ensuite la jambe.
6 Q. Merci.
7 Mme KRAVETZ : [interprétation] J'aimerais vouloir demander que l'on
8 attribue une cote IC à cette pièce à conviction.
9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agira de la
10 pièce IC113.
11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.
12 Mme KRAVETZ : [interprétation]
13 Q. Monsieur Radojkovic, étiez-vous en mesure d'ouvrir la portière arrière
14 du camion pour voir ce qui s'y trouve ?
15 R. Oui. On a fini par ouvrir la portière, la porte.
16 Q. Qu'est-ce que vous avez trouvé à l'intérieur de ce camion, à partir du
17 moment où vous avez ouvert les portes ?
18 R. J'ai trouvé pas mal de cadavres à l'intérieur, éparpillés dans le
19 camion. Cela formait un tas. Enfin, il y en avait un peu partout, mais
20 surtout dans la partie avant du camion, puisque c'est la position du camion
21 incliné comme cela en direction de la cabine.
22 Q. Qui était avec vous au moment où vous avez ouvert la portière du
23 camion ?
24 R. Il y avait les ouvriers de l'hydro-elektram qui nous ont aidés à sortir
25 le camion de l'eau, du Danube. Il y avait aussi Momcilo Sujiranovic. C'est
26 aussi un policier de la police scientifique, Milan Stevanovic, le chef du
27 groupe de la lutte de la prévention de la criminalité à Kladovo. Ensuite,
28 il y avait l'adjoint du procureur municipal. Il y avait aussi le juge
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1 d'instruction de Kladovo. Puis, il y avait un médecin légal, ou plutôt
2 quelqu'un du corps médical de Kladovo qui était là pour constater les
3 morts.
4 Q. Est-ce que tous ces gens ont pu voir tout ce qui se trouvait à
5 l'intérieur du camion ?
6 R. A partir du moment où l'on a ouvert la portière, tout le monde ne
7 pouvait pas voir ce qui se trouvait à l'intérieur. Mais ceux qui devaient
8 voir ce qui s'y trouvait ont pu le voir. Puis, il y en avait qui ne voulait
9 pas aller voir, qui ont refusé de regarder.
10 Q. Est-ce que vous avez informé les juges, les procureurs, la municipalité
11 puisqu'ils se trouvaient à l'intérieur de ce camion ?
12 R. Oui, bien sûr. J'ai informé immédiatement le juge d'instruction. Il
13 s'est rendu sur place. C'est lui qui a dirigé l'enquête, le procès-verbal,
14 et cetera. Je lui ai dit qu'il y avait des cadavres à l'intérieur. Il m'a
15 demandé : "Il y a en combien ?" Je lui ai répondu que je ne le savais pas
16 mais qu'il y en avait beaucoup. Je lui ai dit : "Si vous voulez vous pouvez
17 rejeter un coup d'œil." il a dit : "Non, non. Ce n'est pas de ma
18 compétence. Veuillez informer le juge d'instruction cantonale de Negotin."
19 Il n'a même pas jeté un coup d'œil à l'intérieur, en réalité. Le Procureur
20 non plus, je pense.
21 Q. Est-ce que vous êtes restés sur place après cet événement, c'est-à-dire
22 après avoir ouvert la porte du camion, ou bien est-ce que vous êtes plutôt
23 retourné au poste de police de Kladovo ?
24 R. Nous sommes tous revenus au poste de police de Kladovo, mis à part les
25 policiers qui sont restés là pour assurer la sécurité du camion.
26 Q. Pour ce qui est du moment où vous avez arrivés au poste de police, est-
27 ce que vous informez vos supérieurs hiérarchiques de ce qui s'est passé, de
28 ce que vous avez vu ?
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1 R. Oui, oui. Nous avons fait un rapport, ou plutôt une dépêche que nous
2 avons envoyée au service de permanence à Bor. J'ai écrit ce rapport avec
3 Milan Stevanovic qui était le chef du service.
4 Q. Qui, à l'époque, était à la tête du poste de police de Kladovo ?
5 R. C'était Vukasin Sperlic. Il était au courant de tout cela.
6 Q. Quelle était la réaction de M. Sperlic et des autres quand ils ont
7 entendu parler de cette découverte ?
8 R. A vrai dire, on était déjà dans l'après-midi, la nuit commençait à
9 tomber déjà. Tout d'abord, tout le monde était surpris. Ensuite, il fallait
10 décider ce qu'il fallait faire. Je dois dire aussi qu'il est vrai que nous
11 avons tiré au sec ce camion, mais pas suffisamment pour que l'on puisse
12 vraiment travailler là-dessus. C'est un endroit qui est tout près de
13 l'hydro-elektram, et il y a beaucoup de sélection au niveau d'eau, le
14 niveau d'eau peut changer d'un mètre, de sorte que ce camion pouvait encore
15 rester dans l'eau si, par exemple, l'eau montait, le niveau d'eau montait
16 d'un mètre.
17 Nous savions que le lendemain nous allions devoir continuer nos
18 travaux puisque nous avons vu ce qui se trouvait à l'intérieur. Nous avons
19 vu aussi l'inscription sur la porte, on s'est dit qu'il fallait protéger
20 tout cela du public, de l'opinion publique d'autant qu'il s'agissait d'un
21 endroit qui est vraiment à la frontière de la Roumanie. Les bateaux
22 militaires roumains étaient à un millier de mètres de là et tout cela s'est
23 passé pendant l'agression, les bombardements de l'OTAN.
24 Q. Vous avez dit que vous avez essayé de faire en sorte qu'il n'y ait pas
25 de fuite d'information. Pourriez-vous nous dire exactement ce que vous avez
26 fait pour empêcher ces fuites éventuelles d'information.
27 R. On s'est retrouvés dans le bureau pour essayer de nous mettre d'accord
28 sur la marche à suivre. On s'est dit qu'on allait dire qu'il y avait des
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1 Kurdes dans le camion. Puisque les ouvriers qui étaient là, ils ont bien vu
2 les jambes qui sortaient du haillon du camion. Donc, on s'est dit qu'on
3 allait dire que c'étaient des Kurdes qui, de toute façon, une vingtaine de
4 jours plus tôt, avaient été arrêtés, alors qu'ils tentaient de traverser la
5 frontière illégalement, la frontière avec la Roumanie. Donc, on s'est dit
6 qu'on allait dire que c'étaient des Kurdes qui se trouvaient dans le
7 camion.
8 Q. Quand vous dites "nous voulions dire," vous faites référence à qui
9 exactement, qui était présent lors de cette réunion ?
10 R. Je ne suis pas sûr. J'étais là, Sperlic était là, Milan Stevanovic
11 était là, Sujiranovic, peut-être, les policiers du cru. On n'était pas bien
12 nombreux. Je ne sais pas qui a dit quoi exactement.
13 Q. Qu'est-ce que vous avez décidé exactement ce soir-là ? Qu'est-ce que
14 vous alliez faire avec ce camion ?
15 R. On a décidé qu'on allait repeindre la portière là où il y avait
16 l'inscription, l'inscription où figurait le nom de l'entreprise, ensuite
17 qu'on allait ajouter une plaque d'immatriculation de Bor et qu'on allait
18 repeindre la porte pour que l'on ne puisse pas identifier le nom Pik
19 Progress, une entreprise de Prizren.
20 Q. Est-ce que vous êtes revenu sur le lieu où se trouvaient les crimes ce
21 soir-là après la réunion ?
22 R. Oui, j'y suis revenu et j'ai fait cela.
23 Q. Vous dites que vous avez fait cela. Vous avez fait quoi exactement ?
24 R. J'ai pris un spray de couleur verte qui correspond à peu près la
25 couleur de la voiture et j'ai repeint la portière. Puis, j'ai aussi monté
26 une plaque d'immatriculation un peu usée montrant que c'était une plaque
27 d'immatriculation de Bor. J'ai mis deux plaques d'immatriculation, en
28 réalité, sur le devant et sur l'arrière du camion.
Page 7443
1 Mme KRAVETZ : [interprétation] Peut-on montrer au témoin la pièce P600.
2 Q. Est-ce bien des photocopies que vous avez prises ?
3 R. Non. Je n'ai fait que les négatifs.
4 Q. Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
5 R. Je n'ai fait que prendre la photo. Donc, cela avait été sur le film,
6 sur la pellicule, si vous voulez. Ensuite la pellicule a été développée par
7 quelqu'un à Belgrade. Je n'ai jamais développé des photos pas par rapport à
8 cette affaire.
9 Q. Je comprends. Cette photo, est-ce qu'elle a été prise le lendemain
10 après que vous ayez repeint, à l'aide de cette peinture pour automobile, la
11 portière du camion ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous avez dit que la couleur de la cabine était verte; est-ce exact ?
14 R. Oui, une couleur verdâtre, je dirais.
15 Q. Merci.
16 Mme KRAVETZ : [interprétation] Peut-on montrer au témoin la pièce P603.
17 Q. Vous avez dit aussi que vous avez mis des plaques d'immatriculation sur
18 le camion. Est-ce qu'on les voit sur la photo ?
19 R. Non, je ne suis pas sûr. Je ne suis pas sûr que vous puissiez les voir,
20 parce que c'étaient des plaques assez endommagées et couvertes de boue; de
21 sorte que, mais je n'arrive pas à les voir ici. Je n'arrive pas à les
22 identifier. Peut-être sur une autre photo je serais en mesure de les voir,
23 de mieux les voir.
24 Q. [aucune interprétation]
25 R. On ne peut pas les voir ici. Vous savez, ces plaques ont été mises pour
26 que l'on puisse les voir uniquement de très près.
27 Q. Vous avez dit que ces plaques d'immatriculation étaient recouvertes de
28 boue. Pourquoi cela ?
Page 7444
1 R. Parce que les ouvriers de l'hydro-elektram ont sûrement vu qu'il n'y
2 avait pas de plaques. Si on l'avait mis des plaques d'immatriculation
3 toutes neuves, flambant neuves, propres et tout, il n'y aurait pas de doute
4 que quelqu'un les avait placées là pendant la nuit. En revanche, si vous
5 avez des plaques endommagées, sans peinture, complètement couvertes par la
6 boue, on peut en arriver à la conclusion que les plaques d'immatriculation
7 avaient été là la veille et qu'on ne les a tout simplement pas remarquées.
8 Q. Qui a mis la boue sur les plaques d'immatriculation ?
9 R. Moi.
10 Q. Ici, on peut voir qu'on a recouvert les trous que l'on voyait sur la
11 photo précédente. Donc, on a collé quelque chose par-dessus ? On a pansé,
12 en quelque sorte, le trou.
13 R. Oui. Je pense que je l'ai fait au moment où on a sorti le camion, à
14 partir du moment où les deux jambes et les bras sont sortis du trou. Je
15 pense que quelqu'un m'a apporté une plaque de métal, quelques vis et un
16 tournevis, et j'ai vissé cela sur le trou. Justement j'ai essayé de couvrir
17 cela, de couvrir ce trou pour qu'il n'y ait pas de nouvelles fissures, tout
18 simplement, parce que c'était une fissure un peu compliquée. Vous pourriez
19 réparer facilement la partie inférieure, ensuite pour la partie supérieure,
20 c'était un petit peu plus difficile. C'est pour cela justement que j'ai
21 placé une plaque en métal. Je suis sûr que c'est une plaque en métal.
22 Q. Vous avez eu besoin d'une grue plus importante pour sortir le camion de
23 l'eau ?
24 R. Oui. Oui, parce que l'eau posait des problèmes. C'est pour cela qu'on a
25 fait venir une grue plus importante. Avec cette grue, à l'aide de cette
26 grue, nous avons réussi à tirer le camion jusqu'à la rive, de sorte qu'on
27 ne craignait plus aucun danger de l'eau. On savait que le camion n'allait
28 plus être inondé. Il n'y avait plus de danger que l'avant refasse surface.
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1 Q. Vous avez dit auparavant que vous avez envoyé une dépêche au SUP de Bor
2 au sujet de ce camion. Est-ce qu'au cours de cette journée, la police
3 cantonale ou quelqu'un du SUP de Bor est venu à Kladovo ?
4 R. Je ne suis pas vraiment sûr. En fait, je suis convaincu qu'ils sont
5 venus le lendemain, lorsque nous avions déjà envoyé la dépêche qui
6 décrivait ce que nous avions trouvé, et le lendemain la grande grue est
7 arrivée. Nous avons eu des problèmes. Ensuite, je suis parti, je suis allé
8 au village de Tekija. J'ai appelé le chef, Toma Miladinovic, pour lui
9 demander s'il savait ce qui se passait à Kladovo. Je me souviens qu'il
10 était environ 2, 3 heures de l'après-midi lorsque je l'ai appelé.
11 Q. C'était quel jour ? Vous en souvenez-vous ?
12 R. Je pense que c'était le 6 -- non, le 7. C'est le 7 avril que je l'ai
13 appelé.
14 Q. Lorsque vous dites que vous avez eu des problèmes, vous parlez de quoi
15 exactement ?
16 R. Certaines personnes ne sont pas venues, et je me suis rendu compte que
17 ce n'était pas un problème local, que la police de Kladovo ne pouvait pas
18 traiter ce problème et que la police de Bor devait venir. Je ne sais pas
19 s'ils avaient lu notre dépêche, mais j'ai appelé le chef à Bor et je lui ai
20 demandé s'il avait lu la dépêche. Je lui ai dit qu'il devrait obtenir cette
21 dépêche et la lire, parce que je téléphonais d'une maison, et qu'il y avait
22 deux ou trois personnes qui pouvaient m'entendre.
23 A ce moment-là, il y un autre chef qui est arrivé du poste de police,
24 qui m'a dit qu'on devait tout suspendre, tout sceller et attendre l'arrivée
25 du chef de Bor avec ses associés.
26 Q. Lorsque vous dites des personnes ne sont pas arrivées, est-ce que vous
27 voulez parler de vos collègues du poste de police de Kladovo, ou de qui
28 voulez-vous parler exactement ?
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1 R. Oui, oui. Non, c'est exactement cela que je voulais dire. Ils ne sont
2 pas venus. Je parle de certains de mes collègues. Ensuite, il y a eu une
3 proposition sur la façon de faire, et il y a eu une proposition très simple
4 qui disait qu'il ne permettait pas de résoudre le problème. C'est une
5 raison pour laquelle j'ai décidé d'appeler Bor et d'attirer leur attention,
6 parce que je savais que c'était quelque chose qu'on ne pouvait pas faire au
7 niveau du SUP régional de Bor, même pas au niveau du SUP régional de Bor.
8 Q. Lorsque vous dites que vos collègues du poste de police de Kladovo ont
9 fait une proposition, vous parlez de quoi ? Quelle était exactement cette
10 proposition ? Que vous ont-ils proposé de faire ?
11 R. Ils ont envoyé un camion rempli de cercueils. Cela m'a fait quelque
12 chose. C'était vraiment quelque chose qui m'a bouleversé. Qu'étions-nous
13 supposé de faire avec ces cercueils ? Où fallait-il les envoyer ? Notre
14 région ne pouvait pas réunir tant de cercueils étant donné la quantité de
15 cercueils qu'il y avait dans ce camion. J'ai vraiment vu quelque chose qui
16 ne tournait pas rond à notre niveau, et c'est la raison pour laquelle j'ai
17 appelé le chef des enquêtes criminelles.
18 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Lorsque vous dites que certaines
19 personnes n'étaient pas venues, est-ce qu'il s'agissait uniquement de vos
20 collègues ou est-ce que vous pensez qu'il y a d'autres personnes qui ne
21 sont pas venues, qui ne sont pas arrivées ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Je veux parler du chef de la police à Kladovo,
23 et même peut-être le chef des enquêtes criminelles qui n'est pas venu. Ils
24 ont plutôt envoyé des cercueils, comme si cela pouvait être utile. Bien sûr
25 que non. Vous ne pouvez pas placer cette quantité de cadavres dans sept ou
26 huit cercueils. Alors, que devais-je faire ?
27 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Pouvez-vous préciser la date à
28 laquelle vous êtes allé pour la première fois avec le plongeur pour
Page 7447
1 examiner ce camion ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Le 4 avril.
3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Madame Kravetz.
4 Mme KRAVETZ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
5 Q. Monsieur Radojkovic, après avoir fait ces coups de téléphone dont vous
6 avez parlé, est-ce que vous êtes retourné sur place ou êtes-vous allé
7 ailleurs ce soir-là ?
8 R. Je suis retourné sur place. Ensuite, un policier de Kladovo est venu
9 pour me dire que le chef m'avait envoyé un message comme quoi il fallait
10 que je suspende toutes les opérations par rapport à ce camion réfrigéré,
11 que je devais laisser quelqu'un pour la sécurité sur place et de faire
12 rapport à Kladovo, et c'était tout.
13 Q. Lorsque vous êtes arrivé au poste de police de Kladovo, qui d'autre
14 était présent ? Vous vous en souvenez ?
15 R. Il y avait le chef de la police locale, Milo Stevanovic, peut-être
16 d'autres collègues aussi, mais on nous a dit que nous devions attendre le
17 chef du SUP de Bor, Caslav Golubovic, qu'il allait venir avec ses
18 assistants et que tous ensemble on allait voir ce qu'il fallait faire.
19 Q. Est-ce que le chef du SUP de Bor est finalement arrivé ce soir-là ?
20 R. Oui. Il est arrivé avec ses collègues.
21 Q. Savez-vous s'il y a eu une réunion entre ces personnes présentes et le
22 chef du SUP de Bor pour discuter de la situation de ce camion
23 frigorifique ?
24 R. Oui. Il y a eu une réunion.
25 Monsieur le Président, permettez-moi d'avoir une petite pause, s'il vous
26 plaît. Cinq minutes simplement.
27 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur l'Huissier, vous pouvez
28 l'accompagner. C'est une petite pause, n'est-ce pas ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est bien cela.
2 [Le témoin se retire]
3 [La Chambre de première instance se concerte]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Madame Kravetz.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis désolé.
7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Non, de rien, en fait.
8 Mme KRAVETZ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
9 Q. Monsieur Radojkovic, nous parlions d'une réunion qui avait eu lieu au
10 SUP de Kladovo. Savez-vous ce qui a été discuté lors de cette réunion ?
11 R. Je n'y étais pas dès le début, parce que j'étais d'abord dans mon
12 bureau, ensuite le chef m'a appelé. Donc, je suis allé à cette réunion,
13 mais ce n'est qu'environ une heure après l'arrivée du chef et de ses
14 collègues. Je ne sais pas de quoi ils ont discuté avant mon arrivée.
15 Q. Est-ce qu'on vous a donné des instructions sur la façon de procéder par
16 rapport à ce camion frigorifique ?
17 R. Oui. Plus tard, lorsqu'on m'a appelé pour aller à cette réunion, j'ai
18 fait rapport au chef du SUP de Bor, M. Golubovic, au sujet de la situation
19 sur le terrain, sur place. Il m'a dit de nous organiser, de sortir les
20 cadavres de ce camion pendant la nuit.
21 Q. Etes-vous retournés sur place ce soir-là pour mener à bien ces
22 instructions qu'on avait données ?
23 R. Oui. Vers 10, 11 heures du soir, on est retournés sur place.
24 Q. Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez fait pour sortir les
25 cadavres du camion ?
26 R. Je ne comprends pas la question. Comment on s'est organisés ? Comment
27 on a utilisé les hommes ? Quoi ?
28 Q. Qu'avez-vous fait lorsque vous êtes retournés sur place ?
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1 R. Tout d'abord, on a fait des travaux de préparation. On a cherché les
2 personnes nécessaires, le financement. Je suis allé avec un collègue dans
3 la partie réfrigérée du camion. Nous avons sorti les cadavres un par un.
4 Nous les avons posés sur le sable. Un autre collègue était là pour prendre
5 les cadavres qu'on lui passait. Nous les avons enveloppés dans des draps.
6 D'autres personnes sont venues, ont mis ces cadavres sur le camion. Voilà
7 comment cela s'est fait.Q. Combien de cadavres avez-vous sortis du camion
8 ce soir-là ?
9 R. Trente.
10 Q. Une fois sortis du camion frigorifique, où avez-vous mis les cadavres ?
11 R. Ils ont été chargés sur un camion.
12 Q. Où ont-ils été emmenés après avoir été placés dans ces camions ? Vous
13 le savez ?
14 R. Tout ce que je sais, c'est que ce camion est parti en direction de
15 Donji Milanovic.
16 Q. Savez-vous qui conduisait ce camion sur lequel les cadavres avaient été
17 chargés ce soir-là ?
18 R. Je pense que c'était un chauffeur de Bor, un policier, un chauffeur de
19 Bor. C'est lui qui a emmené les cadavres.
20 Q. Lorsque vous déchargiez les cadavres du camion réfrigéré, vous dites
21 que c'est la nuit, mais vous n'aviez pas d'éclairage pour voir ce que vous
22 faisiez ?
23 R. Nous avions uniquement des lampes torches.
24 Q. Avez-vous pu observé sur les cadavres que vous avez personnellement
25 sortis s'il s'agissait de cadavres d'hommes ou y avait-il aussi des femmes
26 et des enfants dans le camion ?
27 R. Oui. On voyait qu'il y avait des femmes, des hommes et des enfants.
28 Q. Avez-vous pu voir si certains de ces cadavres portaient un uniforme ?
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1 R. Non. Personne ne portait d'uniforme.
2 Q. Sur la base de votre expérience en tant que technicien de la police
3 scientifique, avez-vous pu calculer à quand remontait la mort de ces
4 cadavres ?
5 R. Je ne sais pas si mon estimation est valable. Je pensais que la mort de
6 ces personnes remontait au maximum à trois ou quatre jours, si vous
7 éliminez la possibilité du camion frigorifique dont le moteur tournait pour
8 maintenir la température. Si ce n'était pas le cas, alors ces cadavres
9 avaient trois ou quatre jours, si on prend en compte également la
10 température de l'eau.
11 Q. Avez-vous pu voir s'il y avait des blessures sur les cadavres que vous
12 avez déchargés ?
13 R. Ils étaient habillés, mais on pouvait voir quelques blessures.
14 Q. Quel genre de blessures avez-vous pu observer sur ces cadavres ?
15 R. Il s'agissait surtout d'impact d'objets contondants et aussi d'armes
16 blanches. Il s'agissait de lames, et les objets contondants étaient grands
17 aussi.
18 Q. Avez-vous pu observé si certains de ces cadavres avaient des impacts de
19 balles ou des blessures causées par balle ?
20 R. Oui. Sur un cadavre d'homme. Il y avait une blessure et l'entrée et la
21 sortie d'une balle au niveau de la poitrine parce qu'il était torse nu. Il
22 ne portait qu'un jean. On voyait l'impact où la balle était entrée et
23 sortie.
24 Q. Avez-vous remarqué quelque chose au niveau des mains de ce cadavre que
25 vous venez de décrire ?
26 R. Ces mains étaient attachées avec un câble.
27 Q. Après avoir fini de décharger ces 30 cadavres, vous êtes-vous arrêtés
28 pour la nuit ?
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1 R. Oui.
2 Q. Y avait-il d'autres cadavres dans le camion lorsque vous vous arrêtés
3 ce soir-là ?
4 R. Oui, il y en avait d'autres.
5 Q. Alors, êtes-vous retournés le lendemain pour poursuivre ce travail de
6 déchargement des cadavres ?
7 R. Oui.
8 Q. Vers quelle heure plus ou moins êtes-vous retournés pour poursuivre
9 cette tâche ?
10 R. C'était avant midi, pendant la journée à la lumière du jour. On avait
11 arrêté la circulation entre Kladovo et Tekija.
12 Q. Si j'ai bien compris, vous avez continué à décharger les cadavres au
13 cours de l'après-midi ?
14 R. Non. Vous n'avez pas bien compris. Nous avons arrêté de travailler.
15 Nous sommes rentrés à la maison. Le lendemain, nous sommes retournés le
16 matin, et nous avons commencé à faire ce qu'il fallait pour transporter les
17 cadavres du camion frigorifique sur un autre camion.
18 Q. Quand avez-vous poursuivi cette tâche de déchargement des cadavres du
19 camion réfrigéré ?
20 R. Lorsque le soir est tombé vers 8, 9 heures.
21 Q. Pourquoi avez-vous attendu qu'il fasse noir pour poursuivre cette
22 tâche ?
23 R. C'est une zone peuplée. Il y a des gens qui passent par là. Il fallait
24 laisser la circulation. Il s'agit d'une voie importante de circulation de
25 Roumanie vers Kladovo. Vous ne pouvez pas arrêter la circulation pendant
26 toute la journée. Il fallait laisser passer les voitures.
27 Q. Combien de cadavres avez-vous déchargé du camion cette nuit-là ?
28 R. Cinquante-huit.
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1 Q. Ces 58 cadavres étaient-ils complets ou est-ce qu'il y avait des
2 morceaux de cadavres ?
3 R. Je dis 58, parce qu'il y avait 58 têtes -- non, c'était 56. Il y avait
4 trois têtes décapitées. Donc, nous avons fait le total d'après les nombres
5 de têtes. Maintenant, s'agissant des morceaux de cadavres, est-ce que cela
6 représentait des corps entiers ou pas, s'il y en avait plus ou moins 56,
7 cela, on n'a pas pu l'établir. En fait, il y avait 53 cadavres entiers plus
8 trois têtes.
9 Q. Votre observation, lorsque vous avez dit que ces cadavres portaient des
10 vêtements civils, est-ce que c'est également vrai pour ce deuxième groupe
11 de cadavres que vous avez déchargés cette nuit-là ?
12 R. Oui.
13 Q. Avez-vous pris des photos de ces cadavres ?
14 R. Non.
15 Q. Pourquoi n'avez-vous pas pris de photos ?
16 R. Parce que le chef a dit que c'était inutile et que si cela s'avérait
17 nécessaire, ce serait fait à Belgrade ou ailleurs, là où on transportait
18 les cadavres.
19 Q. Lorsque vous dites que le chef a dit que c'était inutile, de qui
20 parlez-vous ?
21 R. Je veux parler du chef Caslav, le chef du SUP de Bor.
22 Q. Quand vous a-t-il donné cette instruction de ne pas prendre de photos ?
23 R. Le soir, dès qu'ils sont arrivés à cette réunion.
24
25 Q. Y avait-il d'autres personnes présentes lorsque cette instruction vous
26 a été donnée ?
27 R. Oui, oui, bien sûr. On était environ dix.
28 Q. Que s'est-il passé lorsque vous avez fini de décharger les cadavres ?
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1 R. Le camion avec les cadavres est parti vers Donji Milanovac, et le
2 camion frigorifique d'où on avait sorti les cadavres a été tracté. Il a été
3 placé sur une remorque, ensuite transporté vers Petrovo Selo, c'est-à-dire
4 tout près de Kladovo. Mais là, je n'étais pas là pour voir ce qui se
5 passait. Je suis allé dormir chez moi.
6 Q. Est-ce qu'on a utilisé un autre camion pour transporter les cadavres ce
7 soir-là, ou c'était le même camion que celui qu'on avait utilisé la nuit
8 précédente pour le premier groupe de cadavres ?
9 R. Non, un autre. C'est un autre camion qui a été utilisé qui venait de
10 Belgrade. Il portait une plaque d'immatriculation de Belgrade.
11 Q. Savez-vous ce qu'il est advenu du camion frigorifique qui a été
12 transporté à Petrovo Selo ?
13 R. Il a tout d'abord été incendié, ensuite on y a mis des explosifs; on
14 l'a fait exploser.
15 Q. Etiez-vous présent lorsque cela s'est fait ?
16 R. Oui.
17 Q. Avez-vous fait personnellement fait exploser ce camion ou c'est
18 quelqu'un d'autre qui l'a fait ?
19 R. Oui.
20 Q. Vous venez de dire oui. Cela signifie que c'est vous qui vous êtes
21 chargé de cette tâche ?
22 R. Oui.
23 Q. Qui vous a donné pour instruction de détruire ce camion ?
24 R. Le chef de Bor. Ce n'était pas Caslav Golubovic en personne, mais Toma
25 Miladinovic, le chef de la police criminelle, car c'est à lui que je fais
26 rapport. Je suppose qu'il a pris cette décision après en avoir discuté avec
27 Caslav Golubovic, son supérieur hiérarchique.
28 Q. Vous souvenez-vous de la date à laquelle ce camion a été détruit ?
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1 R. Accordez-moi quelques instants pour que je réfléchisse. Je pense que
2 c'était le 9 avril. C'était le 8 ou le 9 avril, me semble-t-il.
3 Q. Merci. Monsieur, en 2001, avez-vous été auditionné par les membres d'un
4 groupe de travail du MUP chargé d'enquêter sur l'incident du camion
5 frigorifique ?
6 R. Je m'appelle Radojkovic.
7 Q. Excusez-moi, je m'étais trompée en m'adressant à vous. J'en suis tout à
8 fait désolée.
9 Monsieur Radojkovic, en 2001 vous avez été auditionné par des représentants
10 d'un groupe de travail du MUP chargé d'enquêter sur cet incident, n'est-ce
11 pas ?
12 R. Oui.
13 Q. Est-ce que par la suite vous avez eu connaissance d'un communiqué de ce
14 même groupe de travail après votre audition ?
15 R. Je ne comprends pas bien votre question.
16 Q. Après avoir été auditionné par les membres de ce groupe de travail,
17 est-ce que ce groupe de travail a publié un communiqué faisant référence à
18 l'audition que vous aviez accordée ?
19 R. Ce communiqué était adressé à qui ?
20 Q. Au public. Il s'agissait d'un rapport d'information en quelque sorte,
21 publié par ce groupe de travail.
22 R. J'ai lu ces informations plus tard, quelques jours plus tard, lorsque
23 je me suis rendu à Belgrade. C'est là que j'ai eu l'occasion de le lire.
24 Q. Ce groupe de travail, a-t-il correctement relayé les renseignements que
25 vous aviez fournis quelques jours auparavant ?
26 R. Non.
27 Q. Qui avait-il d'erroné dans les renseignements communiqués par le groupe
28 de travail ?
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1 R. Je ne me souviens pas de tous les détails, mais la principale erreur
2 tenait au fait que l'on disait que ce camion frigorifique contenait les
3 corps de personnes portant des uniformes de l'UCK.
4 Q. Est-ce qu'aujourd'hui vous persistez à dire que les cadavres que vous
5 avez déchargés du camion ne portaient pas d'uniformes ?
6 R. Non. Tous les cadavres que nous avons retirés du camion frigorifique
7 étaient en tenue civile.
8 Q. Avez-vous une idée de la raison pour laquelle ce groupe de travail a
9 déformé les informations que vous leur aviez communiquées ?
10 R. Oui. A l'époque, en application d'une ordonnance rendue par le juge
11 d'instruction cantonal, de concert avec d'autres membres du MUP, j'ai pris
12 part à l'exhumation du charnier de Petrovo Selo qui se trouve à proximité
13 de Kladovo. Dans ces fosses, nous avons retrouvé entre autres les corps de
14 personnes en uniforme de l'UCK.
15 Lorsque le groupe de travail a compilé son rapport pour le ministre,
16 M. Mihajlovic, on a mélangé les informations concernant le camion
17 frigorifique et celles concernant le charnier de Petrovo Selo. Je les ai
18 informés du fait que ces informations étaient erronées. Nous avons appelé
19 le ministre. Nous avons corrigé cela et indiqué que le camion frigorifique
20 ne contenait aucun corps portant des uniformes de l'UCK.
21 Q. Merci, Monsieur Radojkovic.
22 Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai plus d'autres
23 questions pour ce témoin pour le moment.
24 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci, Madame Kravetz.
25 Monsieur Radojkovic, on vous a montré plusieurs photos d'un camion. Ces
26 photos ont été prises par votre appareil. Vous nous dites que vous n'avez
27 fait développer aucune de ces photos ?
28 R. Non.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Pourquoi ?
2 R. Ce n'était pas nécessaire, puisque j'avais les négatifs dans le
3 dossier.
4 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Aviez-vous pour habitude, dans le
5 cadre de vos enquêtes de ne pas faire développer les photos ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Cela dépendait de l'affaire. S'il ne s'agit
7 pas d'un crime, oui; mais dans des affaires plus graves, on faisait des
8 photos et des analyses.
9 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.
10 Maître O'Sullivan.
11 M. O'SULLIVAN : [interprétation] L'ordre sera le suivant : le général Lukic
12 commencera, ensuite nous suivrons l'ordre de l'acte d'accusation.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Lukic.
14 M. LUKIC : [interprétation] Pas de questions.
15 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître O'Sullivan.
16 M. O'SULLIVAN : [interprétation] Pas de questions.
17 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Fila.
18 M. FILA : [interprétation] Pas de questions.
19 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Visnjic.
20 M. VISNJIC : [interprétation] Pas de questions.
21 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Aleksic.
22 M. ALEKSIC : [interprétation] Pas de questions, Monsieur le Président.
23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Cepic.
24 M. CEPIC : [interprétation] Merci. Pas de questions pour ce témoin.
25 [La Chambre de première instance se concerte]
26 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Radojkovic, ceci met un terme
27 à votre déposition. Merci d'être venu témoigner. Vous pouvez maintenant
28 partir.
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1 [Le témoin se retire]
2 [La Chambre de première instance se concerte]
3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Hannis, nous avons eu la
4 possibilité de voir la réponse commune de la Défense par rapport à votre
5 demande portant sur la déposition de Dusan Loncar par vidéoconférence.
6 Voici la question que j'ai à vous poser, elle est très simple : est-ce que
7 vous pensez que ce témoin est en mesure effectivement de déposer par
8 vidéoconférence ?
9 M. HANNIS : [interprétation] D'après les informations que je possède, c'est
10 affirmatif, Monsieur le Président. En tout cas, j'aurais à lui parler
11 demain. J'ai prévu de lui parler demain et c'est à ce moment-là que je vais
12 lui parler de cela aussi.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je vous remercie.
14 La réponse telle que nous l'interprétons, indique que le conseil de
15 la Défense accepte qu'il existe un élément de fragilité dans la santé du
16 témoin, qui justifie la déposition par vidéoconférence. Nous avons aussi
17 pris note de la préoccupation de la Défense quant à l'état de santé de ce
18 témoin.
19 Cependant, dans cette procédure contradictoire qui est la nôtre
20 plutôt que -- inquisitoire, les Juges doivent être sûrs que l'état de santé
21 de témoin est tel que le témoin est en mesure de déposer la charge de ces
22 preuves qui résident auprès du Procureur.
23 Nous sommes sûrs que si M. Hannis, comme il vient de nous le dire, s'il
24 découvrait que l'état de santé du témoin est tel que le témoin ne sera pas
25 en mesure de témoigner cette semaine, nous allons, dans ce cas, prendre une
26 décision adéquate et peut-être déplacer la déposition de ce témoin. Mais vu
27 ce que nous savons à présent, nous autorisons la déposition du témoin
28 Loncar par vidéoconférence.
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1 Est-ce que cela vous aide quand il s'agit de prévoir vos travaux pour
2 le reste de la semaine, Monsieur Hannis ?
3 M. HANNIS : [interprétation] Oui, effectivement, Monsieur le Président.
4 J'espère qu'il va déposer vendredi, parce que s'il ne peut pas, je ne vois
5 vraiment pas qui on va trouver pour le remplacer. Evidemment, je ne vais
6 pas me laisser influencer par cet élément quand il s'agira de prendre la
7 décision de savoir s'il était capable ou non de déposer, tout court.
8 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] L'autre vidéoconférence a été prévue
9 pour mercredi. Est-ce que vous pensez que les deux témoins vont terminer
10 leur déposition mercredi ?
11 M. HANNIS : [interprétation] Oui, effectivement. Il s'agit de témoins dont
12 les dépositions sont assez courtes. Même si une déposition par la
13 vidéoconférence prend plus de temps qu'une déposition de vive voix dans
14 notre prétoire, je pense qu'en l'espace de cinq heures nous pouvons
15 terminer effectivement les deux témoins.
16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien.
17 [La Chambre de première instance se concerte]
18 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Il semble, effectivement, qu'il ne
19 sera pas vraiment utile de vous forcer à présenter votre prochain témoin
20 demain, même s'il s'agit de demain après-midi. Nous devons tout de même
21 vous dire que nous regrettons que la situation soit telle qu'elle est. J'ai
22 l'impression, selon toute vraisemblance que nous allons siéger pour la
23 prochaine fois mercredi à 9 heures.
24 M. HANNIS : [interprétation] Monsieur le Président, je vous remercie. Je
25 pense que les témoins vont arriver ce soir à 10 heures, et cela nous
26 permettra de se reposer une journée supplémentaire.
27 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien. Nous allons lever la séance
28 jusqu'à mercredi, 9 heures du matin.
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1 --- L'audience est levée à 15 heures 18 et reprendra le mercredi 29
2 novembre 2006, à 9 heures 00.
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