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2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 00.
5 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour à tout le monde dans le
6 prétoire et autour du prétoire.
7 Monsieur le Greffier d'audience, s'il vous plaît, citez le numéro de
8 l'affaire.
9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs
10 les Juges. Il s'agit de l'affaire IT-04-75-T, le Procureur contre Goran
11 Hadzic.
12 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.
13 Est-ce que les parties peuvent se présenter, d'abord l'Accusation.
14 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs
15 les Juges. Bonjour à tout le monde dans le prétoire. Alex Demirdjian pour
16 l'Accusation, avec Indah Susanti, notre commise à l'affaire, ainsi qu'Ivana
17 Martinovic, notre stagiaire.
18 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.
19 Et pour la Défense.
20 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Bonjour. Pour la Défense de M. Goran
21 Hadzic, Zoran Zivanovic et Christopher Gosnell.
22 Merci.
23 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.
24 Il faut que j'informe les parties, et il faut que cela soit consigné au
25 compte rendu également, qu'à 10 heures le Juge Mindua dois quitter la salle
26 d'audience puisqu'il faut que --
27 On peut faire entrer le témoin.
28 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Monsieur le Président, il y a quelques
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1 questions préliminaires que j'aimerais soulever.
2 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui.
3 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] D'abord, M. Stringer a fait circuler un e-
4 mail concernant le document qui a été marqué aux fins d'identification avec
5 le Témoin Chris Neil [comme interprété]. Et le titre manquait. Et nous
6 demandons que cette cote soit levée, la cote aux fins d'identification,
7 pour que le document reçoive une cote ordinaire, habituelle.
8 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] La Défense a des objections à
9 soulever ?
10 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non.
11 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.
12 Donc la cote aux fins d'identification sera levée. Merci.
13 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Pour ce qui est de votre décision du 29
14 janvier concernant le témoin suivant. La décision GH-110, Milorad Vojnovic,
15 au paragraphe 8, vous avez dit que 13 documents ont été versés au dossier
16 en tant que documents publics, mais dans le prétoire électronique il est
17 dit qu'il s'agit de documents confidentiels, et vous avez demandé au bureau
18 du Procureur de s'occuper de cela. Nous pouvons informer les parties que
19 ces documents ne sont pas des documents confidentiels, et cela a été
20 corrigé dans le prétoire électronique. C'est tout par rapport à cette
21 décision.
22 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.
23 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Nous avons communiqué l'information hier
24 aux parties pour ce qui est des documents 92 ter pour le témoin suivant.
25 Nous avons trouvé deux documents qui avaient déjà été versés au dossier
26 sous les numéros 65 ter. Ce sont des doublons. Il s'agit des documents 638
27 et 639 [comme interprété], ils ont été retirés de ce recueil de documents.
28 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.
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1 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] C'était tout.
2 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic.
3 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je propose que le
4 témoin suivant soit informé par la Chambre de première instance concernant
5 la teneur de l'article 90(E) de notre Règlement de procédure et de preuve.
6 Vu la nature de sa déposition et quelques autres éléments qui pourraient
7 être liés à sa déposition, et compte tenu également des conséquences que
8 cela pourrait avoir pour lui.
9 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Demirdjian.
10 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] C'est la première fois que j'entends cela.
11 Le témoin peut refuser de déposer et la Chambre de première instance, selon
12 les dispositions du Règlement, peut l'obliger à déposer. Et peut-être qu'il
13 vaut mieux attendre, puisqu'on ne sait pas si le témoin refusera de
14 répondre à des questions.
15 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, Monsieur Gosnell.
16 M. GOSNELL : [interprétation] Je serai bref, Monsieur le Président. J'ai
17 consulté Me Zivanovic avant d'être venu au Tribunal. C'est une sorte de
18 routine, ce sorte d'avertissement, et puisque cela n'est pas arrivé,
19 toujours pas dans cette affaire, il vaut mieux peut-être attendre avant de
20 l'avertir qu'il peut s'incriminer en donnant des réponses à certaines
21 questions. En fait, il faut mieux peut-être l'avertir déjà, que cela soit
22 clair.
23 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Si l'Accusation pense que -- d'après
24 l'avis du bureau du Procureur, il n'y a pas de risque, et vous dites que le
25 risque existe, est-ce qu'il faut que j'en déduise qu'il y aura le contre-
26 interrogatoire ? Est-ce qu'il faut le mettre en garde avant le début du
27 contre-interrogatoire ?
28 M. GOSNELL : [interprétation] Monsieur le Président, je pense qu'il faut le
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1 mettre en garde avant le début de l'interrogatoire principal puisque des
2 problèmes pourraient surgir concernant d'autres témoins. Puisque dans la
3 déclaration 92 ter, il y a des éléments qui peuvent incriminer le témoin.
4 Puisqu'il était présent pendant la commission des crimes. Et dans les
5 déclarations 92 ter, il y a des éléments qui pourraient l'incriminer.
6 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.
7 [La Chambre de première instance se concerte]
8 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maintenant on peut faire entrer le
9 témoin dans le prétoire.
10 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai vérifié
11 brièvement pour ce qui est d'autres affaires. Cette mise en garde n'a
12 jamais été prononcée concernant d'autres témoins. Donc ce n'était pas la
13 pratique pour ce qui est de ce témoin concernant deux affaires dans
14 lesquelles il avait déjà témoigné, et il a déjà témoigné dans l'affaire
15 Mrksic et dans l'affaire Seselj.
16 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
17 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. D'abord,
18 dites-moi si vous pouvez m'entendre dans une langue que vous comprenez ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
20 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.
21 Juste un instant, s'il vous plaît.
22 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
23 M. LE JUGE DELVOIE : [hors micro]
24 [interprétation] Excusez-moi.
25 Monsieur le Témoin, pouvez-vous nous dire votre nom et votre date de
26 naissance.
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'appelle Milorad Vojnovic. Je suis
28 né le 15 octobre 1945 au village de Gorica, municipalité de Sipovo, la
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1 République serbe.
2 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci. Vous allez prononcer la
3 déclaration solennelle par laquelle tout témoin dit qu'il dira la vérité.
4 Après cela, si vous fournissez des informations erronées, vous pourrez être
5 accusé de faux témoignage. Pouvez-vous maintenant lire la déclaration
6 solennelle, s'il vous plaît.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
8 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
9 LE TÉMOIN : MILORAD VOJNOVIC [Assermenté]
10 [Le témoin répond par l'interprète]
11 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci. Vous pouvez vous asseoir.
12 Monsieur Vojnovic, permettez-moi de vous dire également que si une réponse
13 à n'importe quelle des questions pourrait vous incriminer, si vous pensez
14 que cela pourrait vous incriminer, vous avez le droit de le dire et de
15 refuser de répondre à de telles questions. Si vous faites cela, la Chambre
16 décidera si cela est justifié ou pas. La Chambre peut accepter votre refus
17 ou peut vous obliger à répondre à de telles questions. Est-ce que vous avez
18 compris cela ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
20 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.
21 Monsieur Demirdjian, vous avez la parole.
22 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
23 Interrogatoire principal par M. Demirdjian :
24 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Vojnovic.
25 R. Bonjour.
26 Q. Monsieur le Témoin, est-ce vrai que vous êtes colonel de la JNA à la
27 retraite ?
28 R. Oui, je suis colonel de la JNA à la retraite.
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1 Q. Est-ce vrai que vous avez fait des déclarations et que vous avez
2 témoigné dans d'autres affaires concernant les événements qui ont eu lieu
3 en Slavonie orientale vers la fin de 1991 et début de l'année 1992 ?
4 R. Oui, j'ai déposé à deux reprises.
5 Q. Pour être plus précis, dites-nous s'il est vrai que vous avez témoigné
6 dans les affaires Mrksic et Seselj ?
7 R. Oui.
8 Q. En décembre 2012, vous avez rencontré les représentants du bureau du
9 Procureur et vous avez signé une nouvelle déclaration, n'est-ce pas ?
10 R. Oui, c'est vrai.
11 Q. Et cette déclaration contient des extraits de vos déclarations
12 précédentes ainsi que de vos dépositions précédentes, n'est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Peut-on maintenant afficher le document 65
15 ter 6374.
16 Q. Monsieur Vojnovic, dans quelques instants vous allez voir un document
17 affiché à l'écran qui se trouve à droite devant vous.
18 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Merci.
19 Q. Colonel, est-ce que vous voyez ce document à l'écran devant vous ?
20 R. Oui.
21 Q. Pouvez-vous nous dire ce que représente ce document ?
22 R. C'est la déclaration du Témoin Vojnovic, Milorad. Le nom du père, de la
23 mère, la nationalité, la religion, les langues que je parle, profession, ma
24 profession précédente, les dates de l'entretien, quelles personnes ont
25 participé à l'entretien, l'interprète, les noms d'autres personnes
26 présentes à l'entretien.
27 Q. Merci. Est-ce que vous voyez votre signature en bas de la page affichée
28 à l'écran ?
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1 R. Oui.
2 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] La déclaration du 11 et du 12 décembre
3 2012.
4 Passons à la page suivante. La page numéro 2 du même document. Regardez le
5 bas de la page.
6 Q. Colonel, est-ce que vous voyez vos initiales en bas de cette page ?
7 R. Oui.
8 Q. Est-ce vrai que vous avez apposé vos initiales sur chaque page de cette
9 déclaration ?
10 R. Oui.
11 Q. Merci.
12 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Passons maintenant à la dernière page.
13 Q. En haut de cette page, dites-nous si votre signature figure en haut de
14 cette page et en dessous de la certification du témoin ?
15 R. Oui.
16 Q. Merci. Colonel Vojnovic, est-ce que vous avez eu l'occasion d'examiner
17 votre déclaration hier ?
18 R. Oui.
19 Q. Est-ce vrai que vous avez remarqué quelques erreurs mineures que vous
20 voudriez clarifier ?
21 R. Oui.
22 Q. Bien. Nous allons procéder à des corrections maintenant.
23 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] D'abord, en page 3 en anglais et en B/C/S.
24 Et, s'il vous plaît, il faut agrandir le paragraphe numéro 5. Merci.
25 Q. Est-ce que vous voyez, vers la fin du paragraphe, que vous êtes parti à
26 la retraite le 1er janvier 2001 ? C'est à ce niveau-là que vous avez voulu
27 apporter une correction ?
28 R. Oui. Je suis parti à la retraite le 1er janvier 2002.
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1 Q. Merci pour cette clarification.
2 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Passons maintenant à la page 4 dans les
3 deux versions. Il faut agrandir le paragraphe numéro 8. Merci.
4 Q. Dans ce paragraphe 8, vous parlez du journal de guerre de la Brigade
5 motorisée de la Garde, et je pense que vous avez voulu attirer notre
6 attention sur les termes utilisés ici par rapport à la Brigade motorisée de
7 la Garde. Pouvez-vous clarifier cela ?
8 R. "Le journal de guerre de la Brigade motorisée" concerne mon unité, la
9 80e Brigade motorisée, et le journal de guerre de la Brigade de la Garde
10 est quelque chose de différent. Et ce journal de guerre de la Brigade de la
11 Garde, auquel je n'avais pas accès à l'époque, concerne ma brigade, en
12 fait.
13 Q. Lorsque vous avez témoigné dans l'affaire Seselj en 2008, est-ce qu'à
14 l'époque vous aviez accès au journal de guerre de cette Brigade motorisée
15 de la Garde ?
16 R. Non.
17 Q. Est-ce que vous avez eu l'occasion de l'examiner hier ?
18 R. Oui.
19 Q. Maintenant, concernant le terme qu'on voit dans la version en B/C/S,
20 "la Brigade motorisée de la Garde," est-ce que c'est le terme qui est
21 habituellement utilisé pour désigner ce qu'on connaît sous l'abréviation
22 "gmtbr", l'unité de M. Mrksic ?
23 R. Ce n'est pas correctement consigné. Il manque une lettre devant cette
24 abréviation. Il s'agit de la Brigade motorisée de la Garde.
25 Q. Cela veut dire que dans la version en B/C/S le terme n'est pas
26 correctement consigné. Dans la version en anglais, nous avons un autre
27 terme. Dans votre langue, dites-nous de quelle brigade il s'agit ?
28 R. De "la Brigade motorisée de la Garde." Et pour ce qui est de ma
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1 brigade, elle s'appelle la 80e Brigade motorisée.
2 Q. Bien.
3 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Passons maintenant à la page 20 dans la
4 version en anglais, et c'est la page 21 dans la version en B/C/S.
5 L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : En langue serbe, c'est "gardiska
6 motorizovana brigada" [phon] pour la "Brigade motorisée de la Garde."
7 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Regardons donc la page 20 en anglais et la
8 page 21 en B/C/S. Il faut afficher le paragraphe numéro 52.
9 Q. Je pense qu'au niveau de ce paragraphe, vous avez demandé qu'une
10 correction soit apportée concernant la deuxième phrase, où il est dit :
11 "Je ne me souviens pas d'avoir donné des ordres précis à mes
12 officiers qui étaient restés là-bas avant de me rendre à la réunion avec
13 Mrksic".
14 Pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit dans ce paragraphe ?
15 R. A l'époque où j'étais là-bas, il n'y avait aucun de mes officiers et de
16 mes commandants présents sur place. Et plus tard, un capitaine est arrivé.
17 Je pense qu'il s'appelle Vukic. Je l'ai averti, je lui ai montré un homme
18 qui se trouvait dans le hangar. C'était le commandant Vukasinovic qui était
19 l'officier le plus grand. Je lui ai dit : "Est-ce que tu vois cet officier
20 qui est le plus grand ?" Et il m'a dit : "Oui." Je lui ai dit : "C'est le
21 commandant Vukasinovic, et il faut que tu t'adresses à lui pour lui
22 demander s'il a besoin d'une aide." Et Vukic m'a dit plus tard qu'il s'est
23 adressé à Vukasinovic à une occasion pour lui demander s'il avait besoin de
24 l'aide et il lui a répondu que non. Après une demi-heure à peu près de
25 cela, mais je ne suis pas tout à fait certain, Vukic s'est adressé à
26 nouveau au commandant Vukasinovic pour lui demander s'il avait besoin de
27 l'aide. Il a répondu que non. Et l'autre a demandé s'il pouvait partir.
28 Vukasinovic a dit qu'ils étaient libres de partir et qu'ils pouvaient
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1 partir.
2 J'ai déjà parlé de cela auparavant. J'ai parlé de la réunion avec le
3 capitaine militaire Vukic, mais je ne sais pas pourquoi cela n'a pas été
4 correctement consigné dans cette déclaration. Concernant mes dépositions
5 antérieures, je peux vous dire que j'ai parlé de cela.
6 Q. Merci pour cette clarification. Nous allons parler de ces événements
7 plus tard.
8 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Maintenant, passons à la page 22 dans la
9 version en B/C/S de votre déclaration. C'est la page 21 dans la version en
10 anglais. Il faut agrandir le paragraphe 55.
11 Q. Colonel, je pense que vous avez fait un commentaire concernant la
12 première phrase dans ce paragraphe, où vous avez dit : "… Dragi
13 Vukosavljevic m'a dit que la situation était complexe." Je pense que ce
14 terme "complexe" vous a gêné.
15 R. Il a dit que la situation était difficile. Ça n'a pas été bien traduit
16 en B/C/S. Dans le hangar, la situation était difficile. Mais le terme
17 "zamrsena" en B/C/S, pour décrire la situation, n'est pas un terme
18 approprié. Pour décrire cette situation, je pense qu'il vaut mieux dire que
19 la situation était difficile.
20 Q. Bien. Quel serait le terme approprié en B/C/S ?
21 R. La situation était "vague", en quelque sorte, "difficile". On ne savait
22 pas dans quelle direction les événements se produiraient puisque la
23 situation était difficile.
24 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Passons à la page 23 en anglais. Et en
25 B/C/S, c'est la page 24.
26 Q. Dans ce paragraphe, vous parlez de votre rencontre avec Kameni. Vous
27 avez dit qu'après les événements qui se sont produits à Ovcara, des groupes
28 ont été formés, des groupes qui étaient en charge de ramasser des armes qui
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1 ne fonctionnaient pas. Vous avez voulu apporter une correction à ce niveau-
2 là.
3 R. Il ne s'agissait pas des armes qui ne fonctionnaient plus. Il
4 s'agissait des armes qui étaient "abandonnées" ou qui étaient
5 "endommagées".
6 Q. Une dernière correction, au paragraphe 89.
7 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] En page 32 dans les deux versions.
8 Q. Ici, on voit que le colonel Milan Belic est mentionné, de la 1ère
9 Brigade des Prolétaires. Vous avez voulu corriger quelque chose ici.
10 R. Non, il n'était pas de cette Brigade des Prolétaires de la Garde. Il a
11 été général. Il y avait général Milan Delic de la 1ère Brigade des
12 Prolétaires de la Garde, de la 1ère Brigade mécanisée des Prolétaires de la
13 Garde. Et colonel Belic, Milan était dans la brigade qui était déployée à
14 Ilok. Ici, le nom de sa brigade n'est pas mentionné. Il s'agit ici de la
15 1ère Brigade des Prolétaires de la Garde mécanisée.
16 Q. Bien. A l'époque, connaissiez-vous le colonel Belic ?
17 R. Je l'ai vu une fois à Ilok. Je ne le connais pas très bien, donc je ne
18 peux rien vous dire sur lui. Je ne sais pas où il a servi. Je l'ai vu une
19 fois à Ilok. Je savais qu'il était commandant là-bas, qu'il avait des
20 tâches à accomplir. Je savais qu'il organisait la vie et le travail à Ilok
21 après ces opérations en 1991.
22 Q. Bien.
23 Colonel Vojnovic, merci d'avoir apporté ces corrections. Mis à part ces
24 corrections, dites-nous si cette déclaration est exacte d'après vous ?
25 R. Oui.
26 Q. Si je vous posais les mêmes questions aujourd'hui dans cette salle
27 d'audience, est-ce que vos réponses seraient les mêmes ?
28 R. Oui.
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1 Q. Merci.
2 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Monsieur le Président, maintenant
3 j'aimerais que le document 65 ter 6374 soit versé au dossier, c'est la
4 déclaration consolidée, ainsi que les pièces connexes.
5 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Cela sera versé au dossier. Une cote
6 sera accordée.
7 Maître Zivanovic.
8 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Excusez-moi, je ne soulève pas d'objection
9 au versement de cette déclaration consolidée, mais je soulève des
10 objections concernant certaines des pièces qui sont dans le recueil des
11 pièces conformément à l'article 92 ter. J'ai beaucoup d'objections
12 concernant ces pièces et j'aimerais demander à la Chambre de première
13 instance de m'accorder un peu de temps pour que je puisse vous parler en
14 détail de ces objections.
15 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Demirdjian.
16 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] C'est la première fois que nous entendons
17 parler de cela. Je pense que c'est quelque chose qui est du ressort du
18 contre-interrogatoire. Enfin, je ne sais pas. Mais je pense que, comme
19 d'habitude, l'ensemble des documents en application de l'article 92 ter
20 devraient être versés au dossier, et ensuite cela est du ressort du contre-
21 interrogatoire.
22 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, Maître Zivanovic.
23 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Très brièvement, je vous dirais que parmi
24 ces documents, nombreux sont ceux qui n'ont absolument aucun lien avec la
25 déclaration du témoin. Par exemple, il y a de nombreux documents qui seront
26 montrés pour la première fois au témoin. Le témoin n'est pas l'auteur des
27 documents. Ce sont des documents qui n'avaient absolument rien à voir avec
28 ni lui, ni son unité. Et, en ce sens, d'où mon objection -- d'où
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1 l'objection que je soulève quant au versement au dossier de ces documents.
2 Et je vous donnerais des précisions pour chacun des documents en question.
3 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Excusez-moi. Ce n'est pas le moment
4 opportun pour traiter de ce genre de chose. La Chambre de première instance
5 a déjà indiqué que les documents qui sont présentés en annexe avec la
6 déclaration sont tout à fait pertinents et ils peuvent être versés au
7 dossier. Certes, si Me Zivanovic a quoi que ce soit à dire à propos de la
8 teneur du document, il peut en parler lors du contre-interrogatoire et,
9 d'ailleurs, poser des questions au témoin à ce sujet. Mais le témoin a déjà
10 indiqué que pour autant qu'il s'en souvienne, ce qui figure dans la
11 déclaration est exact. Vous avez les observations qui sont faites à propos
12 de chaque document. Donc il s'est engagé, en ce sens qu'il a fait des
13 observations au sujet des documents dans ladite déclaration. Donc je pense
14 que, comme je l'ai déjà dit, ces documents font partie du jeu de documents.
15 [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]
16 [La Chambre de première instance se concerte]
17 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Nous allons essayer de prendre et de
18 rendre une décision après la première pause. Je vous remercie.
19 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
20 Mais je ne pense pas que des objections aient été soulevées à propos de la
21 déclaration, donc elle peut être versée au dossier.
22 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] C'est tout à fait exact.
23 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document 6374 de la liste 65 ter
24 deviendra le document P1981.
25 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie.
26 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Merci.
27 Q. Colonel, comme je vous l'ai indiqué, nous allons maintenant vous poser
28 quelques questions supplémentaires à propos des sujets qui figurent dans
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1 votre déclaration. Etant donné que votre déclaration a été versée au
2 dossier, nous n'allons pas donc aborder cela dans tous les détails. Mais je
3 vais vous poser des questions très précises. Vous me comprenez ?
4 R. Oui, tout à fait.
5 Q. Alors, dans un premier temps, pour redonner le contexte, est-ce que
6 vous diriez que votre unité, la 80e Brigade motorisée, est arrivée lors de
7 ce que je qualifierais la dernière phase des opérations de Vukovar; est-ce
8 exact ?
9 R. Oui. C'était quasiment à la fin des opérations de Vukovar, c'est à ce
10 moment-là que l'unité est arrivée dans cette zone. Et je pense qu'une
11 partie de mon unité était arrivée vers le 6 ou le 7 dans cette zone.
12 Q. Et pour que tout soit bien clair, vous nous parlez du 6 et du 7, mais
13 de quel mois s'agit-il ?
14 R. Non, non, non. Non, non, non. C'était le mois de novembre, bien sûr.
15 Q. Merci. Alors, dans cette affaire il s'agit d'un fait jugé qui fait
16 l'objet du fait jugé numéro 108, donc il a été considéré comme jugé et
17 admis que votre unité était placée sous le commandement de Mile Mrksic;
18 est-ce bien exact ?
19 R. Oui. La majorité, ou plutôt, toute la brigade se trouvait sous son
20 commandement. Moi j'étais son subordonné.
21 Q. Il y a un autre fait jugé en l'espèce - qui est le fait jugé 109, et je
22 le dis aux fins du compte rendu d'audience - que votre chef d'état-major
23 était Rade Danilovic et que votre chef de la sécurité était Drago
24 Vukosavljevic.
25 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic.
26 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, une petite précision. Alors j'entends
27 qu'il s'agit d'un "fait jugé". Est-ce qu'il s'agit d'un fait déjà jugé ou
28 est-ce qu'il s'agit d'un autre fait ?
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1 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] J'avais, pour le témoin, dit "fait déjà
2 admis". Mais il s'agit bel et bien d'un fait déjà jugé, certes.
3 Q. Donc, est-ce que vous pouvez confirmer, Colonel, que les deux noms de
4 famille que je viens de mentionner, à savoir le nom de M. Danilovic et le
5 nom de M. Vukosavljevic, est-ce que ces deux personnes faisaient partie de
6 votre état-major ?
7 R. Oui, oui, tout à fait. Rade Danilovic était chef d'état-major. Quant à
8 M. Vukosavljevic, il était le chef de la sécurité.
9 Q. Pour ce qui et de M. Vukosavljevic, est-ce que vous pourriez me dire
10 qui était son supérieur ? Auprès de qui présentait-il ses rapports ?
11 R. Alors, du point de vue professionnel, il présentait des rapports à
12 l'organe de sécurité du Groupe opérationnel sud.
13 Q. Fort bien. Est-ce que vous pourriez expliquer aux Juges de la Chambre
14 comment se présentait la structure de votre brigade ? En d'autres termes,
15 quels étaient les soldats qui se trouvaient dans votre brigade ?
16 R. Au sein de ma brigade, je n'avais que quelques membres ou quelques
17 soldats d'active. Essentiellement, il s'agissait de réservistes. Par la
18 suite, il y a eu des officiers d'active. Ces officiers d'active se sont vus
19 attribuer le commandement des unités, mais la majorité de la brigade
20 faisait partie des forces de réserve.
21 Q. Et comment est-ce qu'on peut comparer votre brigade à la brigade qui
22 était commandée par M. Mile Mrksic, à savoir la Brigade des Gardes
23 motorisée ?
24 R. Oui, il est difficile d'établir une comparaison. Car l'autre brigade
25 disposait d'un grand nombre de membres d'active, ils avaient d'ailleurs
26 même été renforcés par des officiers qui venaient, par exemple, de
27 Belgrade; alors que nous, nous étions une brigade essentiellement composée
28 de réservistes et d'officiers de réserve.
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1 Q. [aucune interprétation]
2 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Un petit moment, je vous prie.
3 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Oui, oui.
4 [La Chambre de première instance se concerte]
5 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Demirdjian.
6 Poursuivez, je vous en prie.
7 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Merci, Messieurs les Juges.
8 Q. Colonel Vojnovic, j'allais vous demander si votre brigade disposait ou
9 avait en son sein des membres de l'unité de la police militaire ?
10 R. Oui.
11 Q. Et quel en était l'effectif ?
12 R. Bien, écoutez, cette unité était une compagnie. Il y avait deux
13 sections de la police militaire et une section des transports. L'une de ces
14 sections de la police militaire était subordonnée à la Brigade des Gardes -
15 - ou avait été préalablement subordonnée à la Brigade des Gardes. Donc je
16 dirais qu'il y avait une trentaine de personnes au sein de cette compagnie.
17 Nous n'avions pas un effectif à 100 % parce qu'il y a une des sections qui
18 a dû rallier une autre unité, ce qui fait que nous nous sommes retrouvés
19 avec une section pour le transport et une section de police militaire.
20 Q. Et qu'en est-il de la Brigade des Gardes motorisée ? Est-ce qu'ils
21 avaient une unité de la police militaire ?
22 R. Oui. Oui, oui, ils en avaient. Ils avaient une unité de la police
23 militaire beaucoup plus large. Bon, je ne sais pas s'il y en avait une ou
24 deux, en fait, mais le fait est qu'ils avaient au moins une unité de la
25 police militaire. C'était une unité beaucoup plus nombreuse. Enfin, ils
26 étaient beaucoup plus nombreux au sein de cette unité et ils étaient mieux
27 équipés que les unités dont nous disposions.
28 Q. Lorsque vous nous dites que vous, vous aviez une compagnie, est-ce que
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1 vous saviez quel était le niveau de l'unité de la police militaire de la
2 Brigade des Gardes motorisée ?
3 R. Je n'en sais rien. Je n'en sais rien. Mais elle était beaucoup mieux
4 équipée, elle avait beaucoup plus de membres, et je pense également au
5 matériel dont ils disposaient, aux compétences qui étaient les leurs au
6 niveau professionnel, et cetera. Vous savez, les formations n'étaient pas
7 égales au sein de toutes les unités, car la Brigade des Gardes avait des
8 unités de la police militaire qui étaient plus compétentes, et il
9 s'agissait en fait d'une unité d'élite qui était non seulement mieux
10 équipée, mais mieux formée.
11 Q. Au paragraphe 12 de votre déclaration, vous indiquez que vos unités
12 n'ont pas participé directement aux opérations de combat mais étaient
13 plutôt là pour assurer le contrôle des zones libérées. Et vous expliquez,
14 toutefois, que certaines de vos unités ou certaines des unités qui vous
15 avaient été resubordonnées étaient utilisées par d'autres brigades dans le
16 cadre des combats. Est-ce que vous pourriez étoffer un peu votre propos et
17 expliquer aux Juges de la Chambre comment est-ce que cela fonctionnait,
18 donc, lorsque votre unité est arrivée à Vukovar ? Quand est-ce qu'elle est
19 arrivée ? A quoi avez-vous été affecté ?
20 R. Il y a une tâche qui avait été confiée à mon unité, à savoir contrôler
21 la zone, le territoire, pour faire en sorte qu'il y ait une certaine
22 sécurité pour la population, et puis il y avait également tout l'appui
23 logistique, lorsque cela était possible, bien entendu, pour la population.
24 Il y a des éléments qui avaient été resubordonnés à la Brigade des Gardes
25 et qui ont probablement participé à des opérations de combat, mais nous ne
26 les commandions pas et ils ne nous ont pas été subordonnés avant la fin des
27 opérations à Vukovar. C'est à ce moment-là, en fait, qu'ils sont revenus au
28 sein de notre unité.
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1 Q. Colonel Vojnovic, est-ce que vous connaissiez -- est-ce que vous avez
2 lu ou est-ce que vous connaissiez la teneur du journal de guerre de votre
3 brigade ?
4 R. Oui, tout à fait.
5 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Est-ce que nous pourrions montrer le
6 document 556 de la liste 65 ter, qui figure à l'onglet 46 et qui fait
7 partie du jeu de documents en application de l'article 92 ter. Donc, page 2
8 pour les deux versions, donc pour la version anglaise et la version B/C/S.
9 Q. Merci. Alors, dans les deux versions, vous voyez en haut les deux mots
10 journal de guerre, 80e mtbr, donc 80e Brigade motorisée, 9 novembre 1991 à
11 19 novembre 1991. Vous voyez tout cela ?
12 R. Oui, oui. Oui, oui, je le vois clairement. Mais pour ce qui est de la
13 partie manuscrite, ce n'est pas très, très clair. Mais d'après mes
14 souvenirs, je sais que le 2e Bataillon motorisé était allé à Tovarnik. Et
15 le 2e Bataillon, et cela est valable pour le Bataillon PVO tout comme le
16 105e Bataillon, ils sont allés à Tovarnik.
17 Q. Alors, vous voyez, il est question de 1er mtb, 2e mtb. A quoi
18 correspondent les initiales "mtb" ?
19 R. Il s'agit du bataillon motorisé.
20 Q. Alors je remarque qu'il y a une erreur dans la version anglaise, parce
21 qu'il est question de "brigade motorisée". Nous allons corriger cette
22 erreur et remplacer cela par "bataillon motorisé". Est-ce que vous êtes en
23 mesure de constater quel fut le déploiement pour le 2e Bataillon motorisé ?
24 Est-ce que vous souhaitez que nous agrandissions un peu le texte ?
25 R. Oui, oui, ce ne serait pas de refus.
26 Q. Vous voyez maintenant ?
27 R. Oui, oui. Il a été déployé pour assurer la sécurité du village de
28 Tovarnik, il s'agit du 2e Bataillon motorisé. Quant au 1er Bataillon
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1 motorisé, le 1er mtb, il a été engagé auprès de la 1ère Brigade motorisée,
2 mais aucun de ces bataillons ne nous était subordonné à l'époque.
3 Q. Donc le 1er et le 2e Bataillons sont affectés à la tâche de la
4 sécurité. C'est ce que vous nous aviez dit un peu plus tôt, lorsque vous
5 nous avez parlé des affectations de vos bataillons ?
6 R. Oui, c'est exact.
7 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire, et surtout dire aux Juges de la
8 Chambre de première instance, qui a écrit ces textes dans le journal de
9 guerre ?
10 R. Ecoutez, au vu de mon expérience, en règle générale, c'était un organe
11 chargé des opérations, ou un organe opérationnel, mais je vois qu'un
12 capitaine de réserve était la personne qui a essentiellement tenu ce
13 journal. Je ne me souviens plus de son nom. Je pense qu'il était soit de
14 Raca, soit de Topola. C'était un ingénieur. C'était quelqu'un bien. C'était
15 un officier de réserve. Il a tenu ce journal de façon tout à fait
16 responsable et dans la mesure de ses moyens.
17 Q. Et nous voyons qu'entre le 9 et le 19 novembre 1991, puisqu'il s'agit
18 de la date de cette page, alors où est-ce que se trouvait ce journal de
19 bord ?
20 R. Il se trouvait au QG du commandement de la brigade.
21 Q. Au paragraphe 12, vous nous dites que votre commandement, ou le QG de
22 votre commandement, se trouvait à Negoslavci, n'est-ce pas ?
23 R. Oui, c'est exact.
24 Q. J'aimerais vous demander de nous indiquer où cela se trouve sur une
25 photographie aérienne.
26 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] J'aimerais que le document de la liste 65
27 ter 6282, qui se trouve à l'onglet 63, soit affiché.
28 Q. Dans un petit moment, Colonel, je vais vous demander de nous indiquer
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1 sur cette photographie aérienne qui va apparaître sur votre écran, de nous
2 indiquer où se trouve ce village, avec l'aide de Mme l'Huissière.
3 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Alors, est-ce que nous pourrions agrandir
4 un peu, je vous prie.
5 Q. Colonel, est-ce qu'on vous a donné la possibilité de consulter cette
6 photographie aérienne avant que vous n'entriez dans le prétoire ?
7 R. Non. Non, non. Mon poste de commandement, lorsque je suis arrivé à
8 Negoslavci, m'avait été donné par le colonel Mrksic. Il se trouvait à la
9 gauche en direction de Vukovar. C'était la dernière maison. Donc, environ
10 ici. Donc c'est la dernière maison ou peut-être l'avant-dernière maison, si
11 mes souvenirs sont exacts, lorsque l'on se tourne vers la direction de
12 Vukovar.
13 Q. Mme l'Huissière va vous remettre un stylet, qui vous permettra
14 d'inscrire ce que vous voulez inscrire directement sur l'écran.
15 R. Voilà, je pense que c'est ici que se trouvait cette maison. Voilà.
16 Quelque part par là. C'était la dernière maison sur la gauche lorsque l'on
17 regarde vers Vukovar. Je n'ai pas utilisé le stylet à bon escient, mais
18 bon, c'est une maison qui se trouvait sur la gauche. C'était une maison
19 abandonnée. Il y avait une grande pièce à l'intérieur, et c'est là que nous
20 étions basés.
21 Q. Est-ce que vous pourriez écrire le chiffre 80 à côté du point que vous
22 venez d'apposer sur la carte.
23 R. [Le témoin s'exécute]
24 Q. Fort bien. Et est-ce que vous pourriez nous indiquer de façon
25 approximative où se trouvait le poste de commandement du Groupe
26 opérationnel sud à Negoslavci ?
27 R. Je pense que le poste de commandement du Groupe opérationnel sud se
28 trouvait un peu au-delà de ce carrefour. Un peu vers le bas, peut-être au
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1 niveau du deuxième.
2 Q. Est-ce que vous pourriez écrire les lettres OG.
3 R. [Le témoin s'exécute]
4 Q. Et est-ce que cela se situait sur la rue principale ou sur une rue
5 latérale ?
6 R. Non, non, c'était sur la rue principale, tout comme mon poste de
7 commandement. Donc mon poste de commandement était plus près de Vukovar, à
8 quelque 3 ou 4 kilomètres. Et il y a en fait la même distance entre
9 Negoslavci et Vukovar.
10 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire quelle était la distance entre les
11 deux postes de commandement, donc le poste de commandement du Groupe
12 opérationnel sud et le poste de commandement de la 80e Brigade motorisée ?
13 R. Je n'ai pas compris votre question.
14 Q. Excusez-moi. Je vais la reformuler. Est-ce que vous pourriez nous dire
15 quelle était la distance entre votre poste de commandement, donc le poste
16 de commandement de la 80e Brigade motorisée, et le poste de commandement du
17 Groupe opérationnel sud ?
18 R. Je pense qu'il n'y avait pas plus de 500 mètres entre les deux postes,
19 300, 400, 500 mètres, grand maximum. Donc les deux se trouvaient sur la rue
20 principale, mais le poste de commandement du Groupe opérationnel sud se
21 trouvait dans une zone qui était un peu plus urbaine, dans une maison qui
22 était en meilleur état. Ce qui fait que, bon, les conditions étaient un peu
23 meilleures pour l'ensemble de ce commandement.
24 Q. Fort bien. Ce matin nous allons parler des événements à Ovcara, mais
25 étant donné que nous avons cette photographie aérienne sur nos écrans, est-
26 ce que vous êtes en mesure de nous indiquer où se trouve Ovcara ?
27 R. Oui.
28 Q. Alors je sais que 20 années se sont écoulées depuis, mais est-ce que
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1 vous pourriez nous dire approximativement quelle était la distance entre
2 Ovcara et le poste de commandement du Groupe opérationnel sud ?
3 R. Ecoutez, cela ne dépassait pas 2 kilomètres.
4 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je souhaiterais qu'il soit indiqué au
5 compte rendu d'audience que M. le Juge Mindua a quitté le prétoire et que
6 nous siégeons en application de l'article 15 bis. Merci.
7 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Je vous remercie.
8 Q. Etes-vous en mesure de nous dire ou de nous montrer sur cette
9 photographie quel est l'itinéraire que vous avez emprunté pour aller
10 d'Ovcara jusqu'au poste de commandement du groupe opérationnel l'après-midi
11 du 20 novembre ? Bon, ce n'est pas la peine d'être d'une précision absolue.
12 Parce que je sais que l'image n'est pas très précise, la photographie
13 aérienne.
14 R. Alors, voilà, il y a une route qui relie le poste de commandement du
15 groupe opérationnel vers Ovcara. Puis, sur la partie supérieure, il y a une
16 route qui part de Sotin et qui va jusqu'à Ovcara, en passant vers le haut
17 donc. Donc vous pouvez aller à Ovcara à partir de deux ou trois directions.
18 Depuis Negoslavci, et alors vous allez ensuite vers Vukovar, Jakubovaci. Il
19 y a également des chemins de terre qui ne sont pas indiqués sur cette
20 photographie, mais ils étaient là, et ces chemins de terre, en fait, ils
21 vont vers Jakubovaci.
22 Q. Oui.
23 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement au
24 dossier de cette photographie aérienne.
25 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Cela sera fait.
26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P1982.
27 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie.
28 M. DEMIRDJIAN : [interprétation]
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1 Q. Colonel, nous allons maintenant aborder un autre sujet. Car au
2 paragraphe 7 de votre déclaration, vous parlez de la question des
3 volontaires et vous indiquez que les volontaires n'étaient pas subordonnés
4 à votre brigade. Toutefois, vous indiquez que des personnes venant de la
5 Serbie, et vous donnez la zone de Sumadija, vous dites que ces personnes
6 ont dû partir quelques jours après parce que ce qui les intéressait
7 essentiellement, c'était le pillage. Alors j'aimerais que vous expliquiez
8 aux Juges de la Chambre, dans un premier temps, comment vous avez été
9 informé de la présence de ces personnes dans cette zone ?
10 R. Oui. Jusqu'à ce moment-là il n'y avait pas de volontaires au sein de ma
11 brigade, mais après la libération de Vukovar il y a des groupes non
12 officiels qui sont arrivés ici et là afin de prêter main-forte ou de
13 fournir une assistance, une aide, aux habitants de Vukovar pour, par
14 exemple, réparer certaines choses. Mais leur intention n'était pas de
15 rallier l'unité et de se placer sous le contrôle de cette unité. Ce qui les
16 intéressait, c'était d'obtenir ce qu'ils pouvaient obtenir et de piller.
17 Moi je ne peux pas vous dire exactement d'où venaient ces groupes, mais ils
18 venaient essentiellement de Sumadija, et il y avait sept à huit personnes
19 dans chaque groupe. Mon commandant m'avait dit que nous devrions nous
20 attendre à l'arrivée de ces groupes. Et lorsqu'ils sont arrivés, nous avons
21 réquisitionné un autocar et nous les avons renvoyés dans un premier temps à
22 Sremska Mitrovica, puis ensuite aux endroits d'où ils venaient. En fait,
23 nous ne les avons pas renvoyés. Nous nous sommes contentés de mettre à leur
24 disposition un moyen de transport et puis ils sont repartis tout seuls.
25 Q. Fort bien. J'aimerais maintenant passer à la période qui correspond à
26 la chute de Vukovar. Il s'agit du paragraphe 31 de votre déclaration. Et
27 vous expliquez que lors de la chute de Vukovar, votre brigade a participé à
28 l'évacuation de certains groupes de la zone, et vous mentionnez un groupe
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1 qui était dirigé par Filip Karaula. Est-ce que vous vous en souvenez de
2 cela ?
3 R. Oui. Il s'agissait d'un groupe de forces armées croates, les HDZ. Il y
4 avait environ un effectif d'une centaine de personnes. Ils se sont battus
5 férocement contre nos forces à Mitnica et ont fini par se rendre. Cette
6 unité avait à sa tête, je pense, quelqu'un qui s'appelait Filip, mais son
7 nom de famille était Karaula. Donc cette unité comportait un effectif d'une
8 centaine d'hommes. Nous étions là pour nous occuper de ce groupe, et
9 j'avais donc affecté des officiers à cette tâche jusqu'au jour suivant,
10 lorsqu'ils ont été transférés à Sremska Mitrovica dans une sorte de prison.
11 Et il n'y a pas eu de problèmes. Nous n'avons eu aucun problème avec ces
12 personnes que nous avons remises là où elles devaient aller.
13 Q. Merci. J'aimerais vous poser maintenant quelques questions sur cet
14 événement. Tout d'abord, qui vous a informé ou vous a attribué cette tâche,
15 donc, de vous occuper de ce groupe mené par Karaula ?
16 R. Je ne sais pas qui nous avait confié cette tâche, mais c'est une tâche
17 qui nous a été confiée. Nous étions supposés assurer la sécurité de ce
18 groupe et l'escorter à Sremska Mitrovica. Je n'étais pas au QG lorsque cet
19 ordre nous a été donné, mais j'ai accepté le commandement de ces
20 opérations. Et je n'ai pas remis cet ordre en question. Nous avons
21 simplement effectué ce travail de manière professionnelle en tant que
22 soldats, en nous assurant qu'il n'y aurait pas d'incident lors du transfert
23 de ce groupe.
24 Q. Avant d'aller à Sremska Mitrovica -- est-ce que ce groupe est allé
25 directement à Sremska Mitrovica ?
26 R. Oui. Les soldats ont été transportés directement à Sremska Mitrovica,
27 et la sécurité de ce groupe a été assurée par Vezmarovic. Il était à la
28 tête du peloton de la police militaire dans mon unité. Il y avait également
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1 d'autres CO de ma brigade, mais j'avoue que je ne me souviens pas de leurs
2 noms. Il y avait également des officiers commandants, mais je ne sais pas.
3 En réalité, je ne me souviens pas de leurs noms.
4 Q. Bien. Pour ce qui est de ce point, j'aimerais maintenant que vous
5 jetiez un œil sur le journal de guerre de votre brigade. Et les pages
6 manuscrites, j'espère que cela sera suffisamment clair pour que nous
7 puissions faire des commentaires.
8 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Il s'agit à nouveau du document 556 de la
9 liste 65 ter, à l'onglet 46. Je vous demanderais d'aller à la page 14 dans
10 les deux versions, anglaise et B/C/S. Pour ce qui est de la version
11 anglaise, cela se trouve en bas de la page; alors que pour la version
12 B/C/S, cela se trouve vers le milieu de la page de cet onglet 14. Oui.
13 Merci. Merci. Est-ce que nous pourrions nous décaler légèrement vers le
14 droit, s'il vous plaît. Surtout à l'attention du témoin.
15 Q. Colonel, est-ce que vous voyez cette petite note tout à fait à droite
16 de la page ?
17 R. Oui. Oui, oui. Mais ce n'est pas lisible.
18 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait zoomer sur cette
19 note. Encore un peu plus -- oui, tout à fait. Encore un tout petit peu.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
21 M. DEMIRDJIAN : [interprétation]
22 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire ce qu'indique cette note?
23 R. Eh bien, si j'arrive à lire correctement, il est dit : "Vukic" -- non,
24 pardon, "Vukovar a été libérée. A 12 heures, les combats se sont arrêtés."
25 Q. Merci.
26 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Nous pouvons afficher donc le document
27 normalement maintenant. Et je vous demanderais de repasser à la page 14,
28 vers la ligne 10.
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1 Q. Vous voyez, donc, il y a quelque chose ici sur le côté gauche où nous
2 voyons une date. Dans la version B/C/S, on parle du 17 [comme interprété]
3 novembre. Il s'agit donc de la ligne 1 410. Est-ce que vous voyez donc ce
4 qui figure à cette ligne 1 410 ?
5 R. Oui. Je vois le chiffre, mais je ne peux pas vraiment le lire.
6 Q. Bien.
7 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait zoomer un petit
8 peu plus là-dessus.
9 Q. Est-ce que vous pouvez maintenant voir la phrase qui commence par :
10 "Tous les officiers de la brigade et certains des soldats," et cetera, "ont
11 reçu l'ordre de se mettre en formation," et cetera.
12 Est-ce que vous voyez cette phrase ?
13 R. Non, je ne peux pas vraiment la lire.
14 Q. Est-ce que vous voyez l'heure sur votre écran ?
15 R. Oui, oui, 14 heures 10. Je vois maintenant, oui.
16 Q. Est-ce que vous voyez maintenant la phrase qui dit :
17 "Tous sont allés à la ferme Ovcara à Vukovar pour y établir et installer un
18 camp pour recevoir les prisonniers, les membres de la ZNG et du MUP croate
19 du secteur de Mitnica."
20 Est-ce que vous voyez cela ?
21 R. Non, je ne peux pas réellement le voir.
22 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait zoomer sur le
23 centre de cette page.
24 Q. Juste à côté de 1410. Là, ce paragraphe. Il y a un paragraphe de cinq
25 lignes.
26 R. Oui. Oui, je le vois. Oui, un ordre nous a été donné pour que tous les
27 officiers de brigade se mettent en rang et que la 1ère Compagnie -- et le
28 1er Peloton de Police militaire -- en fait, oui, je sais ce qui s'est
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1 passé. Cet ordre nous est arrivé. Les officiers se sont rendus là, se sont
2 mis en rang à Ovcara, et on leur a confié la tâche d'assurer la sécurité
3 des prisonniers venant de Mitnica, donc pour assurer leur sécurité et pour
4 les remettre à Sremska Mitrovica. C'est probablement ce qui est dit, mais
5 je ne peux pas réellement lire. Et cela, je l'ai déjà expliqué, ce qui
6 concerne le groupe. Il s'agissait de Filip Karaula et de son unité. Et ils
7 se sont battus à Mitnica.
8 Q. Bien. Maintenant il vaudrait mieux que nous faisions appel à votre
9 mémoire dans cette affaire. Est-ce que vous vous souvenez de la raison pour
10 laquelle le hangar d'Ovcara a été choisi -- pardon, pas le hangar, mais la
11 ferme d'Ovcara a été choisie ?
12 R. Eh bien, je pense que c'était le seul endroit dans la région qui
13 convenait au logement des prisonniers. Nous savions qu'ils n'y resteraient
14 pas longtemps. C'était un endroit isolé. C'était un hangar avec un toit, et
15 c'était vraiment le seul endroit où l'on pouvait mettre un nombre important
16 de prisonniers.
17 Q. Très bien. Nous allons maintenant passer aux événements de -- en fait,
18 avant de faire cela, vous nous avez dit que vous n'aviez pas de problèmes
19 avec ce groupe, le groupe de Karaula ?
20 R. Non. Une fois que nous avons pris les choses en main, il n'y a pas eu
21 de problèmes. Ils se sont très bien comportés. On leur a dit de ne rien
22 faire, de ne pas essayer de faire quoi que ce soit, et que s'ils essayaient
23 de faire quoi que ce soit, les conséquences seraient terribles. Ils n'ont
24 pas essayé de résister, ni d'offrir de résistance ou de fuir. Et le
25 commandant de l'unité, Filip Karaula, a été mis au courant de tout cela.
26 Donc ces personnes ont acquiescé. Ils n'ont pas été battus non plus. Ces
27 personnes ont passé la nuit dans le hangar, et le lendemain dans la soirée
28 ils ont été déplacés à Sremska Mitrovica.
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1 Q. Merci. Est-ce que vous savez exactement où ces personnes ont été
2 transférées à Sremska Mitrovica ?
3 R. Non. Je ne sais pas s'ils ont été envoyés en prison directement ou dans
4 des casernes. Je sais simplement qu'ils ont été emmenés à Sremska
5 Mitrovica. Et j'ai entendu par la suite qu'ils avaient été mis en prison,
6 mais je n'ai pas vérifié la véracité de cela.
7 Q. Très bine. Donc nous allons maintenant passer aux événements du 20
8 novembre. Dans votre déclaration, aux paragraphes 36 et suivants, vous
9 expliquez les événements dans le détail. Et vous expliquez au paragraphe 37
10 que lorsque vous êtes arrivé à Ovcara ce jour-là, vous avez vu des gens
11 descendre des cars et être battus et frappés. A ce moment-là, qui était
12 chargé et avait la responsabilité du village d'Ovcara ?
13 R. J'étais à Sotin. Je rendais visite à une unité qui faisait partie de ma
14 brigade, et j'y ai passé un certain temps avec les hommes. Je ne me
15 souviens pas exactement à quelle heure, mais je sais qu'il faisait encore
16 jour lorsque je me suis dirigé vers le poste de commandement. Et, en route,
17 m'est venue l'idée d'aller à Ovcara pour aller rendre visite au commandant
18 du bataillon d'artillerie légère de l'artillerie antiaérienne, le capitaine
19 Marcek. Et lorsque je suis arrivé au poste de commandement, il est venu me
20 voir pour me rendre compte. Et j'ai vu d'un seul coup arriver des cars qui
21 se sont dirigés vers le hangar d'Ovcara. Je ne savais pas exactement d'où
22 venaient ces cars, qui les conduisait. Nous n'étions pas au courant de
23 cela. Et je n'ai pas attendu que Marcek termine son rapport, je me suis
24 dirigé vers ce hangar pour voir ce qui se passait. J'ai vu deux ou trois
25 cars qui étaient stationnés à cet endroit. Certains cars commençaient déjà
26 à partir. J'ai vu des gens descendre des cars. Je ne savais pas de qui il
27 s'agissait, si c'étaient des prisonniers ou pas. Et ensuite, devant ce
28 hangar il y avait une dizaine ou une quinzaine de soldats, pour la plupart
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1 venant de la Défense territoriale, qui étaient donc en rang. Oui, la
2 Défense territoriale. Et les hommes, donc, devaient courir et ils devaient
3 passer une double haie et étaient frappés, et ces hommes se connaissaient.
4 Ils connaissaient le nom des autres. J'ai essayé de protéger ces hommes
5 comme je le pouvais. J'ai essayé de les défendre, d'empêcher qu'on ne les
6 frappe, si c'étaient des prisonniers. Mais certaines de ces personnes
7 disaient : "Mais pourquoi est-ce que vous faites cela ? Ce ne sont pas vos
8 prisonniers. Vous n'avez rien à voir avez eux. Ce sont des prisonniers."
9 Mais indépendamment de cette situation désagréable, j'ai vraiment essayé de
10 protéger ces hommes dans la mesure du possible et je me suis exposé
11 également à certaines choses désagréables. Marcek est également venu me
12 rejoindre à ce moment-là. Il m'attendait et il a fini par me rejoindre et
13 est venu m'aider.
14 Et, en fin de compte, ces hommes sont entrés dans le hangar. Je les y ai
15 suivis. J'ai vu qu'il y avait un groupe important de soldats. Enfin,
16 soldats, ce que je veux dire, ce sont des prisonniers. Certains portaient
17 un uniforme militaire; d'autres, des uniformes militaires ou une partie
18 d'uniforme militaire; ou certains portaient des vêtements d'hôpitaux, des
19 bottes militaires. Enfin, il y avait toutes sortes de vêtements et
20 d'uniformes. Je ne pouvais pas réellement les identifier. Il y avait une
21 corde, et dans le hangar ils ont été séparés en groupe. Et il y avait des
22 machines d'un côté du hangar. Il s'agissait probablement d'un hangar pour
23 produits agricoles. Donc nous étions là. J'ai observé la situation et j'ai
24 vu qu'il y avait une trentaine ou une quarantaine de membres de la Défense
25 territoriale, et j'ai remarqué deux d'entre eux, essentiellement, qui
26 semblaient être des hommes très énergiques, qui avaient un air de
27 commandant. Et c'était la première fois que je voyais Stanko Vujanovic, et
28 l'un d'entre eux était Miomir Vujo. Et ensuite, j'ai appris qu'ils étaient
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1 responsables dans ce lieu.
2 Q. Je vais vous arrêter une seconde parce que vous nous avez donné là
3 beaucoup d'informations et je voudrais que l'on reprenne cela point par
4 point. Au départ, donc, je vous avais demander à qui incombait la
5 responsabilité de cette ferme Ovcara, et vous avez m'avez dit il y a un
6 instant que vous étiez venu rendre visite à Jan Marcek qui était basé là.
7 Pourriez-vous préciser un petit peu son domaine de responsabilité ?
8 R. Oui. Laissez-moi expliquer. Laissez-moi tout d'abord terminer ma
9 réponse, et ensuite je vous parlerai du domaine de responsabilité.
10 Marcek m'a rejoint et a pu y mettre un certain ordre. Je suis entré
11 dans le hangar et j'ai parlé au major Vukasinovic, qui était là debout au
12 milieu. Il était très grand, entouré par un groupe d'hommes. Je ne pourrais
13 pas vous dire de qui il s'agissait, mais ils portaient des uniformes de la
14 JNA. Je lui ai demandé qui étaient ces personnes, d'où elles venaient, et
15 il m'a répondu qu'il s'agissait des prisonniers venant de l'hôpital. Et
16 c'était la première fois que j'entendais parler de cela. Je l'ai donc vu
17 là.
18 Et entre-temps, je ne sais pas comment les choses se sont faites, mais mon
19 capitaine, le capitaine Vukic, m'a rejoint. Je pense que quelqu'un lui
20 avait probablement dit ce qui se passait. C'était un capitaine de réserve.
21 Il est venu avec une escadre de cinq ou six personnes. Quelqu'un lui a dit
22 que j'étais en danger, et donc on les a envoyés me retrouver. Et j'étais
23 sur le point de partir, parce que je devais me rendre à une réunion
24 d'information avec M. Mrksic, et j'ai donc vu le capitaine Vukic. Je lui ai
25 montré du doigt le major Vukasinovic et je lui ai dit de s'adresser à lui
26 s'il avait besoin d'aide, parce que la situation semblait réellement
27 complexe. Les choses n'étaient pas claires. Et Vukic m'a dit par la suite
28 qu'il avait pris contact avec le major Vukasinovic en lui demandant : "Est-
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1 ce que vous avez besoin d'aide ? Parce que mon commandant m'a demandé de
2 prendre contact avec vous." Il a répondu : "Non. Vous pouvez partir. Vous
3 pouvez vous en aller." Il n'est pas parti, mais il a observé la situation
4 dans le hangar pendant une heure. Et puis, il est revenu vers le major
5 Vukasinovic une heure plus tard pour lui demander à nouveau s'il avait
6 besoin d'aide. Et le major Vukasinovic lui a dit : "Non, je n'ai pas besoin
7 d'aide du tout. Vous êtes tout à fait libre de vous en aller."
8 Maintenant, pour ce qui est du domaine de responsabilité, Marcek était là
9 au poste de commandement parce que les postes de commandement avaient déjà
10 été attribués. Cela faisait partie de son secteur. Et c'était également un
11 domaine de responsabilité de ma brigade, en partie. Mais tous les postes de
12 commandement qui étaient là -- dans la mesure où il n'y avait pas de
13 résistance organisée, il n'y avait pas de lutte puisque Vukovar avait été
14 libérée, ce qui a pu se passer, c'est qu'il y ait eu des raids de commando,
15 et des gens étaient encore au poste de commandement pour garder ces axes et
16 pour défendre la région contre ces raids de commando.
17 Il n'y avait pas de civils, sauf peut-être pour quelques-uns qui
18 étaient dans les coopératives. Mais permettez-moi d'expliquer une chose :
19 l'attribution des domaines de responsabilité était très claire. Mon
20 supérieur me donnait des responsabilités. Ce n'est que mon officier
21 supérieur qui pouvait entrer dans mon domaine de responsabilité sans avoir
22 à me demander l'autorisation. Il pouvait faire ce qu'il voulait parce qu'il
23 était mon supérieur et qu'il assumait la responsabilité de ceci. Tous les
24 autres officiers, tous les autres personnels, conformément aux règles de
25 service, devaient me rendre compte. Et ensuite, nous devions coordonner nos
26 opérations pour éviter des incidents et des tirs ennemis, et cetera.
27 Donc, dans ce cas, la personne à qui était attribuée la responsabilité de
28 la région se donnait également le droit d'entrer dans ce domaine de
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1 responsabilité sans mon approbation. Et il pouvait ensuite faire cela sans
2 me le demander parce que je ne pouvais pas l'autoriser ou lui interdire
3 d'entrer dans ce domaine de responsabilité, puisque mon domaine de
4 responsabilité faisait partie du domaine de responsabilité de l'opération
5 Groupe sud. Nous avons donc sécurisé la région, contrôlé et assuré le suivi
6 de ces régions et de ces lieux particuliers.
7 Q. Et vous indiquiez que le major Vukasinovic était dans le hangar, et
8 dans votre déclaration vous précisez qu'il faisait partie de la Brigade des
9 Gardes - il s'agit du paragraphe 46 - et il était donc major. Est-ce que
10 vous pouvez nous dire et dire à la Cour quel était le statut des opérations
11 du Groupe sud ce jour-là ?
12 R. Il s'agissait du groupe le plus important et le commandant de ce Groupe
13 opérationnel sud et de toutes les unités de la région qui étaient supposées
14 lui être subordonnées. Il émettait également des ordres à l'attention des
15 unités en spécifiant les activités qu'elles devaient mener.
16 Et pour ce qui est du major Vukasinovic, il était également l'adjoint
17 au chef de la sécurité du Groupe opérationnel sud, et il était également
18 avec le major Sljivancanin.
19 Q. Très bien. Vous nous avez donné deux noms un petit peu plus tôt au
20 paragraphe 42 de votre déclaration. Et vous avez également dit que
21 Vukasinovic en particulier semblait être le commandant en chef. Pourriez-
22 vous nous dire comment vous en êtes arrivé à cette conclusion ?
23 R. Je les ai vus, tous les deux. C'était la première fois que je les
24 voyais. Leur langage corporel, leur façon de bouger, leur manière et leur
25 comportement agressif, le fait que tous deux étaient armés -- je ne peux
26 pas réellement dire qu'ils aient donné des ordres, mais ils se sont parlé,
27 ont parlé à d'autres soldats, et j'ai pu constater que les autres membres
28 de la Défense territoriale qui étaient sur place leur obéissaient. Stanko
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1 était réellement très grand. Il portait une casquette et parcourait le
2 hangar. Miroljub était plus petit, portait un pull gris et il donnait des
3 ordres. Je ne peux pas réellement vous dire de quel type d'ordres il
4 s'agissait. Je n'ai pas vraiment fait très attention. Je ne pouvais pas
5 entendre, mais il semblait qu'ils étaient responsables et que les autres
6 leur obéissaient. C'était là ma conclusion. Et il s'est avéré finalement
7 qu'ils avaient quelques unités à Leva Supoderica, et ceci a été confirmé
8 par le Tribunal et par la cour à Belgrade.
9 Q. Et avant que nous ne fassions la pause, je voudrais en terminer sur ce
10 point. Vous avez dit un petit peu plus tard, dans le paragraphe 61 de votre
11 déclaration, qu'avant que la Brigade des Gardes motorisée ne partent à
12 Belgrade, vous avez eu une réunion avec --
13 L'INTERPRÈTE : Un nom que l'interprète n'a pas saisi.
14 M. DEMIRDJIAN : [interprétation]
15 Q. -- et il vous a présenté à Vujanovic et à Vujovic. Et je voudrais
16 maintenant vous demander de dire à la Cour si, après avoir été présenté à
17 ces personnes, vous avez eu l'occasion de revoir Vujovic et Vujanovic ?
18 R. Avant qu'ils ne partent, il y avait une pièce à Velepromet - et je ne
19 peux pas vous dire de quel genre de pièce il s'agissait - mais il y a eu
20 une réunion avec quelques membres de la Défense territoriale. Il y avait
21 une trentaine ou une quarantaine de personnes présentes dans cette salle.
22 Et je ne sais pas pourquoi j'étais là, mais on m'avait dit que je devais y
23 être. J'y ai vu Sljivancanin, également Stanko et quelqu'un d'autre et
24 d'autres personnes dont je ne me souviens pas réellement, mais Sljivancanin
25 leur a dit qui j'étais, pourquoi j'étais là, et que je serais le commandant
26 de la ville. C'est là où pour la première fois je les ai vus. Je ne les ai
27 pas rencontrés très souvent. Miroljub est venu au poste de commandement une
28 ou deux fois pour prendre quelques dispositions, il y avait certaines
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1 choses qui demandaient une solution, mais ils ne sont pas venus là très
2 souvent. Ils avaient leur propre QG où ils pouvaient se retrouver. C'était
3 une zone qui s'appelait Holivud. C'était une zone résidentielle, un
4 quartier résidentiel. Un très beau quartier. Et c'est là qu'ils se
5 retrouvaient. Et lorsque la Brigade des Gardes est partie, j'ai rencontré
6 Kameni à plusieurs reprises. Il est venu au commandement de la brigade de
7 son propre chef, mais les autres ne sont pas réellement venus.
8 Q. Bien.
9 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Je remarque l'heure, Messieurs les Juges.
10 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci, Monsieur Demirdjian.
11 Monsieur le Témoin, c'est là notre première pause. Nous reprendrons à 11
12 heures. L'huissière d'audience va vous aider à sortir du prétoire. Merci
13 beaucoup.
14 [Le témoin quitte la barre]
15 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'audience est suspendue.
16 --- L'audience est suspendue à 10 heures 28.
17 --- L'audience est reprise à 11 heures 02.
18 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Monsieur le Président, pendant la pause,
19 j'ai vérifié la collection de documents 92 ter pour ce témoin, et nous
20 avons un message électronique qui nous a été envoyé par la Défense le 4
21 janvier où il est dit qu'ils n'allaient pas prendre position par rapport à
22 cette collection de documents.
23 Encore une fois, donc, cela veut dire que par rapport à l'article 92
24 ter, enfin, que cela ne s'applique pas.
25 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Demirdjian, il y a quelque
26 chose qu'on peut lire dans la décision du 28 janvier concernant le
27 versement au dossier des déclarations et des pièces qui sont pertinentes,
28 qui peuvent avoir une valeur probante et qui peuvent être versées au
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1 dossier conformément à l'article 92(C) et 92 ter. Et si les conditions
2 énoncées dans ces deux articles sont réunies, on peut verser les documents
3 et on peut leur accorder des cotes. Je suppose que le greffe va faire
4 circuler le mémorandum concernant ces cotes.
5 Merci.
6 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
7 [Le témoin vient à la barre]
8 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Continuez, Monsieur Demirdjian.
9 M. DEMIRDJIAN : [interprétation]
10 Q. Colonel, j'aimerais maintenant continuer à parler du sujet qu'on
11 abordait avant la pause, à savoir du fait que Miroljub Vujovic vous a été
12 présenté encore une fois par le commandant Sljivancanin après la chute de
13 Vukovar. Après les événements qui se sont produits à Ovcara, comment
14 décririez-vous votre rapport avec Miroljub Vujovic?
15 R. Miroljub Vujovic était un homme énergique et dynamique. Il était
16 apprécié par ses collègues. Il voulait faire tout concernant la création
17 des autorités, du district militaire. Il promettait des choses, mais il ne
18 tenait pas ses promesses. A deux ou trois occasions je lui ai parlé
19 concernant l'aide qu'il pouvait me fournir pour me donner un certain nombre
20 de ses combattants pour ce qui est de l'assainissement des rues dans la
21 ville, pour nettoyer les rues, et cetera. Il a dit qu'un certain nombre de
22 ses soldats allaient venir, mais ils ne sont jamais venus. Donc j'ai vu que
23 je ne pouvais pas compter sur lui et sur son aide. Il ne tenait pas ses
24 promesses, surtout les promesses qu'il m'avait données à moi. Et c'était
25 surtout au début que cela se passait ainsi.
26 Q. Merci. Maintenant j'aimerais qu'on parle d'un autre sujet, à savoir des
27 rapports qui ont été envoyés après votre départ d'Ovcara le 20 novembre.
28 Vous avez parlé de cela au paragraphe 54 de votre déclaration. Vous avez
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1 dit que vous avez fait un rapport à Mrksic concernant le fait que les
2 prisonniers ont été malmenés puisque vous avez vu ça en personne, et Mrksic
3 a dit : "Il ne faut pas que vous parliez de cela." Lorsque vous avez parlé
4 à Mrksic de la situation, est-ce qu'il y avait d'autres officiers présents
5 ou est-ce que vous étiez seuls ?
6 R. Lorsque je suis arrivé au commandement du Groupe opérationnel sud, il y
7 avait une salle où on tenait des réunions, et ce jour-là la salle était
8 pleine. Et tout le monde qui s'y trouvait était debout. Moi je me suis
9 présenté et je me suis excusé d'avoir été en retard. J'ai dit que la
10 situation n'était pas claire, je ne savais pas comment on traitait les
11 prisonniers. Je ne pouvais pas, à l'époque, savoir s'il s'agissait des
12 blessés de l'hôpital ou des soldats, des combattants. Ils ont été battus,
13 insultés, poussés, humiliés, et cetera, donc tous ces actes incorrects ont
14 été faits. Il m'a répondu à tout cela : "Il ne faut pas que tu me parles de
15 cela." Moi j'ai été surpris de cette réaction, de sa réponse. J'ai pensé
16 que lui, il ne m'a pas compris, il n'a pas compris ce qui se passait là-
17 bas, qu'il n'était pas au courant de ces actes.
18 La réunion s'est terminée et nous sommes sortis devant le bâtiment, et
19 encore une fois je lui ai parlé en lui disant : "Colonel, qu'est-ce qui se
20 passe ? Quelle est la situation ?" Il m'a répondu : "Mais qu'est-ce que tu
21 fais là-bas ?" Et à ce moment-là, j'ai compris que je ne devais pas y être.
22 Cette action s'est déroulée sans moi. Je n'ai pas commandé cette action. Il
23 n'y avait pas de mes officiers là-bas. Je n'ai pas été engagé lors de cette
24 action. Je suis passé par cette région par hasard. Si cela ne s'était pas
25 produit, peut-être que je ne me serais pas trouvé dans une telle situation.
26 Je pense qu'il m'a dit cela avec de bonnes intentions, quand il m'a
27 dit que je ne devais pas y être et que je ne devais pas discuter de cette
28 situation puisque je ne la connaissais pas. Après cela, il y avait d'autres
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1 histoires qui ont circulé. Mais pour ce qui est de ces actions, tous les
2 officiers n'étaient pas au courant de ces actions. Certains officiers
3 n'étaient effectivement pas au courant de ces actions.
4 Q. Vous nous avez déjà dit lors de votre déposition que la Brigade
5 motorisée de la Garde était mieux équipée et avait de meilleurs effectifs.
6 Pouvez-vous nous dire quelque chose de plus là-dessus, concernant cette
7 unité de Mrksic ce jour-là ?
8 R. Je ne peux pas vous dire exactement quels étaient les tâches de
9 la Brigade de la Garde sur d'autres axes et dans d'autres secteurs. Mais
10 dans la zone où se trouvait le hangar à Ovcara, j'ai pu voir un certain
11 nombre d'officiers de la Brigade de la Garde. Il y avait le chef d'état-
12 major, il y avait son adjoint, l'adjoint de Mrksic, et il y avait des
13 officiers chargés de la sécurité. J'ai vu Vukasinovic -- Vukasinovic, je ne
14 l'ai pas vu, mais j'ai entendu qu'il y était, ainsi que le capitaine
15 Karanfilov [phon], qui faisait partie de l'organe de la sécurité de l'état-
16 major de la Brigade de la Garde.
17 Q. Maintenant je vais passer à un autre sujet, Colonel Vojnovic, il
18 s'agit de la création du commandement de la ville. Vous en parlez au
19 paragraphe 22 et aux paragraphes qui suivent dans votre déclaration. Vous
20 avez dit qu'après la chute de Vukovar et les événements que vous venez de
21 décrire, que vous avez été nommé commandant du commandement de la ville, et
22 vous avez dit que vous aviez reçu l'ordre d'établir le commandement local
23 de la ville dans votre zone. Vous avez dit qu'il s'agissait d'un ordre oral
24 de Milan Mrksic, n'est-ce pas ?
25 R. Il est vrai qu'avant leur départ, à l'avant-dernier rapport au
26 commandement à Negoslavci, lors de ce briefing, Mrksic a dit que la 80e
27 Brigade acceptait les tâches et les missions du Groupe opérationnel sud
28 pour cette zone-là et que j'ai été nommé commandant du commandement de la
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1 ville de Vukovar et de Borovo Naselje. Je n'ai pas vu cet ordre écrit, mais
2 probablement que cet ordre était arrivé par la suite. Et toutes les
3 fonctions et toutes les tâches du Groupe opérationnel sud et de la Brigade
4 de la Garde ont été reprises par notre brigade.
5 L'ordre est arrivé par la suite par le biais du district militaire et par
6 le commandement du Groupe opérationnel sud jusqu'à ma brigade, et je suis
7 fier des officiers et des soldats de la brigade puisqu'ils ont beaucoup
8 contribué à ce que la situation se calme sur le front et à Vukovar, parce
9 qu'ils se sont comportés de façon consciencieuse bien qu'il y ait eu une
10 centaine de blessés. Donc c'était une sorte de digression.
11 Mais j'ai voulu dire que les postes de commandement ont été établis à
12 l'époque et notre tâche était d'établir des postes de commandement dans des
13 villages où cela était possible et où il y avait des habitants. Certains
14 postes de commandement ont été établis par le biais de mon ordre concernant
15 les villages de Negoslavci, Jakubovac, d'Ovcara, également le village de
16 Sotin, le village de Pinjaci [phon] et ainsi que d'autres villages. Je
17 n'arrive pas à me souvenir des noms de tous ces villages. Nous, nous avons
18 établi les postes de commandement dans ces villages. Il y avait des
19 officiers à ces postes de commandement qui étaient en mesure d'assurer le
20 contrôle de cette zone et d'éviter des incursions des groupes de sabotage
21 et terroristes.
22 Ces postes de commandement ainsi que leurs commandants ont reçu des
23 instructions oralement ou par écrit -- je n'arrive pas à me souvenir de
24 tout cela. Leurs tâches étaient d'assurer la sécurité des bâtiments
25 importants dans ces villages, par exemple, les systèmes d'approvisionnement
26 en eau, les systèmes d'approvisionnement en électricité, les
27 transformateurs, et ainsi que de créer des patrouilles, de monter la garde
28 dans ces villages, d'organiser le travail dans ces villages également et
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1 d'établir l'ordre également, d'éviter que des pillages soient faits dans
2 les villages, des vols de l'équipement, et cetera.
3 Q. Au paragraphe 12 de votre déclaration, vous avez mentionné un rapport
4 que vous avez signé.
5 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Il serait peut-être mieux d'afficher à
6 l'écran le document 731 65 ter, à l'intercalaire 24. Merci.
7 Q. Il s'agit du document du 29 novembre, nous voyons le tampon du
8 commandement de la 80e Brigade. A l'époque, Colonel, pouvez-vous nous dire
9 à quel commandement a été subordonnée la 24e [comme interprété] Brigade
10 Motorisée le 29 novembre ?
11 R. Nous étions subordonnés au commandement du 1er District militaire. Dans
12 cette zone, notre brigade était la plus grande brigade après le départ de
13 la Brigade de la Garde. Nous étions subordonnés directement au commandement
14 du 1er District militaire pendant cette période de temps-là. Je ne peux pas
15 dire pendant combien de temps cela a duré, mais cela a duré à peu près un
16 mois ou quelques jours de plus. Mais cela n'est pas important à présent.
17 Ce qui est important est de dire qu'après cela, nous avons été réintégrés à
18 la 1ère Division mécanisée de la Garde commandée par le général Mico Delic
19 --
20 Q. Colonel, les interprètes ont demandé que vous ralentissiez votre débit
21 un peu pour pouvoir vous suivre. Ils vous demandent également de répéter
22 votre dernière phrase, je pense que vous avez dit -- vous avez dit :
23 "Je pense que ce n'est pas important à présent."
24 Après quoi, vous avez mentionné le nom d'une unité et de son commandant.
25 Pouvez-vous répéter cette partie de votre réponse.
26 R. Oui. J'ai dit que nous étions au début, vers la date du 29 et après le
27 29, là-bas en tant qu'unité qui était subordonnée -- pendant un mois après
28 le 29 novembre, qui était subordonnée directement au commandement du 1er
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1 District militaire. Après cette période de temps-là, mais je sais pas
2 exactement de quelle date, nous étions resubordonnés à la 1ère Division des
3 Prolétaires mécanisée de la Garde dont le commandant était le général Mico
4 Delic.
5 Q. Merci d'avoir répété cette partie de votre réponse. Dans ce document,
6 on peut voir le titre : "L'état de moral de combat dans les unités de la
7 80e Brigade motorisée." Regardez le premier paragraphe qui commence par les
8 mots : "Après la libération de Vukovar…"
9 R. Oui, je vois ce paragraphe :
10 "Après la libération de Vukovar, le commandement de la brigade a reçu pour
11 mission d'agir en tant que commandement de la ville et d'assurer les
12 conditions de vie et de travail et la création des autorités civiles,
13 d'établissements médicaux, et d'éviter des pillages et d'autres infractions
14 pénales."
15 Cela a été fait pour que le commandement de la 80e Brigade puisse s'occuper
16 des choses prioritaires, à savoir pour que la brigade puisse assurer la
17 sécurité dans sa zone de responsabilité, d'assurer le contrôle de cette
18 zone-là, pour qu'elle puisse s'occuper de l'entraînement des soldats et des
19 officiers qui faisaient partie de l'unité en accomplissant ses tâches de
20 combat, et c'est ainsi que le commandement de la ville pouvait reprendre
21 certaines des fonctions de la brigade.
22 Et c'est pour cela que le poste de commandement a été établi pour la
23 ville, et ce poste de commandement ne faisait pas partie de la brigade et
24 ne se trouvait pas dans la caserne de Vukovar. Le poste de commandement
25 pour la ville se trouvait à un autre endroit. Je ne peux pas vous citer le
26 nom de cet endroit, mais je me suis rendu à cet endroit. Toutes les unités
27 se trouvant au poste de commandement, la compagnie de la police qui a été
28 créée ainsi que certaines autres unités qui étaient restées là-bas, étaient
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1 placées sous le commandement de la 80e Brigade motorisée. Pour ce qui est
2 du commandement de la ville, le commandement de la ville pouvait
3 s'acquitter d'autres tâches avec notre assistance et notre autorisation,
4 puisqu'ils venaient nous faire rapport quotidiennement pour nous dire ce
5 qui avait été fait, et cetera.
6 Q. Maintenant, il y a quelques instants, vous nous avez dit que le poste
7 de commandement pour la ville était détaché du commandement de la brigade.
8 Pourriez-vous nous expliquer à quoi ressemblait ce poste de commandement ?
9 Quels étaient les effectifs se trouvant au poste de commandement ? Qui
10 donnait des ordres ?
11 R. Le commandement de la ville était séparé du commandement de la brigade.
12 Il se trouvait dans un quartier de la ville de Vukovar qui se trouve, je
13 pense, à l'entrée de Vukovar de la direction de Negoslavci. Cela se
14 trouvait dans une maison. Et je vais vous dire aussi que cette maison se
15 trouvait près de la maison d'une chanteuse, de notre chanteuse en Serbie.
16 Goran connaît cela mieux que moi. Elle chante des chansons populaires en
17 Serbie. Sa sœur s'appelle Goca. Donc il y avait dans ce poste de
18 commandement deux officiers, un véhicule et deux soldats pour la sécurité.
19 Ce poste de commandement coordonnait les activités dans des villages, avec
20 d'autres postes de commandement dans les villages, et ils se sont occupés
21 de l'organisation de la vie dans ces villages. Et ce commandement de la
22 ville existait jusqu'à mon départ de Vukovar le 28 février.
23 Q. Vous nous avez dit que dans cette maison il y a deux ou trois officiers
24 qui y étaient cantonnés. C'était tout ? C'était la composition du
25 commandement de la ville ?
26 R. Oui. Il n'y avait pas plus d'officiers ni de soldats. Ils n'étaient
27 même pas de notre formation, de notre unité. Ils ont été envoyés par le
28 commandement du 1er District militaire par un ordre, mais ils étaient
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1 subordonnés à notre commandement, au commandement de notre brigade.
2 Q. Revenons au deuxième paragraphe. Au deuxième paragraphe, il y a une
3 phrase où il est dit que le commandement de la ville s'occupe des
4 conditions de la survie et de l'établissement des autorités civiles, des
5 autorités judiciaires, des établissements médicaux ou des entreprises, et
6 cetera. Pouvez-vous nous dire et dire à la Chambre quelle était la
7 situation au moment où vous êtes devenu le commandant de la ville, quelle
8 était la situation par rapport au fonctionnement des autorités civiles ?
9 R. Lorsque je suis devenu le commandant de la ville, à ce moment-là il n'y
10 avait pas d'autre organe qui fonctionnait. Il n'y avait pas d'organe qui
11 pouvait apporter de l'aide aux citoyens. Et à l'époque, l'administration
12 militaire fonctionnait, et tout passait par le biais de cette
13 administration et par le commandement de la brigade. Le commandement de la
14 brigade n'avait pas l'intention d'y rester et de s'occuper de
15 l'administration militaire. Le commandement de la brigade voulait que les
16 institutions civiles soient établies le plus tôt possible pour que le
17 gouvernement civil commence à fonctionner à Vukovar.
18 Et je me souviens, mais je ne sais pas à quelle date c'était exactement, je
19 me souviens que j'ai reçu des instructions de quelqu'un comment
20 s'organiser, et nous avons convoqué une réunion à Velepromet. Lors de cette
21 réunion, nous avons discuté de la formation des autorités civiles pour la
22 ville de Vukovar. Rajko Bibic -- je ne pense pas que son prénom soit Rajko,
23 mais on l'appelait comme cela. Rajko était, si cela est vrai, directeur
24 d'une coopérative agricole. Il était instruit, l'un des hommes les plus
25 instruits dans la ville. J'ai eu une réunion avec lui. Et dans ces
26 autorités, il devait y avoir entre 15 et 16 membres.
27 Moi j'ai voulu que les membres des autorités soient des combattants
28 également ainsi que d'autres personnes formées pour faire partie des
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1 autorités civiles. On a dressé une liste de 15 ou 16 noms et j'ai montré
2 cette liste à Rajko. Sur cette liste il y avait les noms de deux hommes
3 pour lesquels il m'a dit qu'ils ne devaient pas être mentionnés ou dont les
4 noms ne devaient pas être prononcés à voix haute puisqu'il y aurait des
5 réactions d'autres personnes présentes à la réunion, qui étaient au nombre
6 de 50 ou 60. Et c'est pour cela que j'ai donné cette liste à lui et c'est
7 lui qui a lu les noms qui figuraient sur cette liste. Concernant ces deux
8 noms à côté desquels il y avait le point d'interrogation, je ne sais pas
9 s'il les a lu ou omis de les lire, mais lors de cette réunion le
10 gouvernement a été formé, ou plutôt, le conseil exécutif. On a décidé de
11 former ces organes. Rajko Bibic a continué à travailler là-dessus.
12 Et je pense que le premier président de la municipalité était le Dr Visic,
13 je ne me souviens pas de son prénom. Je peux vous dire que dans ces locaux
14 les organes de la municipalité pouvaient commencer à travailler de façon
15 organisée. Je ne me suis pas mêlé à leurs activités, mais je me rendais là-
16 bas pour demander s'ils avaient besoin de quoi que cela soit.
17 Ils ont fonctionné à partir de ce moment-là. Certaines personnes qui
18 travaillaient, par exemple, à Vuteks ont été élues directeurs. Pour Borovo
19 Naselje, Markovic a été élu. Mais avant cela, j'ai émis un ordre en tant
20 que commandant de l'administration militaire après avoir consulté des gens
21 qui connaissaient tous ces problèmes, j'ai nommé certaines personnes à ces
22 postes. Par exemple, Radan Jovica, il a été nommé direction de Vuteks;
23 Santic Dragan, il a été nommé directeur de Borovo. Et ensuite, il y avait
24 d'autres entreprises également.
25 Mais un autre ordre est arrivé. Cela a été, en fait, diffusé à la
26 télévision, le contenu de cet ordre selon lequel le directeur de Borovo
27 devait être Markovic. A l'époque, il était adjoint du directeur peut-être.
28 Et c'est comme cela que tout a commencé à fonctionner. Après cela, ils se
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1 rendaient davantage dans des villages et dans des postes de commandement.
2 Mais les postes de commandement ont commencé à ne plus fonctionner comme
3 avant puisque les autorités ont été établies dans des villages, les
4 autorités civiles et ainsi que des coopératives. Pendant que
5 l'administration militaire fonctionnait, nous avons essayé de faire quelque
6 chose sur ce plan. Nous avons réparé le système d'approvisionnement en eau.
7 Nous avons également organisé une soupe populaire dans la caserne deux fois
8 par jour. Une ligne routière a commencé à fonctionner de Vukovar à
9 Belgrade.
10 Mais il y avait des problèmes, et c'était normal. Il y avait même de
11 grands problèmes. Et quotidiennement, on voyait des établissements de
12 commerce qui commençaient à être ouverts. On a continué à nettoyer la
13 ville, à s'occuper de l'équipement des installations urbaines et de
14 l'équipement de la caserne également.
15 Q. Colonel Vojnovic, pourrais-je -- bon, vous venez de nous fournir une
16 explication à propos des autorités civiles. Dans votre rapport, vous faites
17 une référence aux autorités judiciaires. Est-ce que vous pourriez
18 brièvement indiquer aux Juges de la Chambre quelle était la situation
19 lorsque vous avez assumé le commandement de la ville ?
20 R. Lorsque je suis arrivé à ce poste de commandement, on ne m'avait pas
21 parlé du système judiciaire ou du pouvoir judicaire, parce que de toute
22 façon cela n'existait pas au sein de la Brigade. Alors il y avait certaines
23 questions d'ordre politique, certaines questions d'ordre judiciaire, et ça,
24 c'était l'organe chargé de la morale qui s'en occupait. Mais pour ce qui
25 est d'enquêtes de système judiciaire organisé, à proprement parler, cela
26 n'existait pas à ce moment-là, et cela n'existait pas d'ailleurs pendant
27 toute la période où j'étais à Vukovar au sein du commandement de la
28 brigade.
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1 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Alors, regardez la dernière page dans les
2 deux versions. Page 2 [comme interprété] de la version anglaise et page 3
3 [comme interprété] de la version en B/C/S. Le bas, donc, de cette page.
4 Q. Il s'agit bien d'un rapport que vous avez rédigé, n'est-ce pas ?
5 R. Oui, oui. Oui, il s'agit effectivement de ma signature. Oui, oui. Le
6 commandement de la brigade et le commandement du bataillon, en fait, nous
7 avaient donné l'ordre. Ces deux commandements avaient donné l'ordre aux
8 soldats de ne pas déplacer et de ne pas partir de leurs positions. Ils ne
9 pouvaient pas quitter leurs positions sans l'aval et l'approbation en bonne
10 et due forme, et puis il avait été dit que certaines unités allaient être
11 désintégrées après 45 jours.
12 Alors, si en tant que commandant j'avais des problèmes à ce sujet, je sais
13 qu'un ordre était communiqué ou qu'un communiqué était émis par le
14 commandement du 1er District militaire, parce qu'il y avait en fait un
15 roulement tous les 45 jours pour les soldats.
16 Q. Ecoutez -- excusez-moi, je n'ai pas voulu vous interrompre, mais
17 j'aimerais vous demander de bien vous concentrer sur la question. Donc vous
18 avez bien confirmé qu'il s'agissait d'un rapport que vous avez rédigé,
19 n'est-ce pas ? C'est tout ce que je vous demandais en fait.
20 Donc, excusez-moi de vous avoir interrompu, mais il faudrait que vous
21 concentriez sur les témoins [comme interprété]. Donc nous avons établi il y
22 a quelques minutes de cela, et vous le mentionnez d'ailleurs dans votre
23 rapport, qu'après que les commandements de la ville aient été établis à
24 Vukovar, il y a d'autres villages qui ont suivi, et là il y a eu
25 établissement de commandements de la ville. Au paragraphe 22, voilà ce que
26 vous dites exactement :
27 "Ma mission s'arrêtait à partir du moment où les représentants du
28 gouvernement local étaient élus."
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1 Est-ce que vous pourriez expliquer aux Juges comment, à votre
2 connaissance, ont été établies ces autorités civiles dans votre zone de
3 responsabilité ?
4 R. Ecoutez, je ne peux pas être très précis quant à la date exacte
5 ou quand aux dates exactes. Mais à partir du moment où il y avait un
6 gouvernement qui était en place, et là je parle du conseil exécutif et du
7 gouvernement à Vukovar, ils se sont de plus en plus acquittés de leurs
8 fonctions. Alors, bien entendu, nous leur avons prêté main-forte dans la
9 mesure où nous pouvions, mais nous nous concentrions davantage sur les
10 tâches militaires, telles que la réparation du matériel et des armes dans
11 cette zone, par exemple, et la formation. Bon, je ne me souviens pas quand
12 est-ce que cela s'est passé. Il y a eu une certaine période de temps qui
13 s'est écoulé. Puis ensuite, à un moment donné, il y a certaines choses qui
14 ont commencé à fonctionner, d'autres ont fonctionné un peu plus tard. Donc
15 il y a eu une certaine période au cours de laquelle le gouvernement n'avait
16 même pas de local, de lieu. Donc ils ne disposaient pas des conditions de
17 base. Donc ils ne pouvaient pas faire leur travail. Il y avait en quelque
18 sorte un rôle consultatif, des orientations qui leur étaient données. Je ne
19 me souviens pas quand est-ce que cela s'est passé, en décembre. Enfin, à la
20 fin du mois de décembre ou au début du mois de janvier.
21 Q. Et quand est-ce que la 80e Brigade motorisée a quitté Vukovar ?
22 R. La 80e Brigade a quitté Vukovar le 13 janvier, mais certains des
23 officiers et certains représentants du commandement sont restés. Moi je
24 suis parti de la zone avec toutes ces unités à Kragujevac. Je suis retourné
25 à Vukovar sept jours plus tard pour présenter un rapport à propos de ce que
26 j'avais fait en tant que commandant de la ville.
27 Q. Au paragraphe 26 de votre déclaration, vous expliquez que lorsque
28 vous étiez commandant de la ville, vous n'avez eu aucun contact avec le
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1 gouvernement de la Région autonome du SBSO, et vous considériez en fait que
2 cela n'était pas une situation normale. Est-ce que vous pourriez nous
3 expliquer pourquoi vous pensiez cela ?
4 R. Moi je n'étais pas en contact avec le gouvernement. Je ne sais
5 pas comment il a été constitué à l'époque. Tout ce que je sais, c'est qu'il
6 y avait des problèmes assez importants et que dans la zone de Vukovar il y
7 avait beaucoup de choses qui devaient être gérées et traitées. Mais
8 personnellement, je n'ai pas été en contact avec eux. Et je vous dirais
9 qu'à un moment donné - je ne sais pas quand est-ce que cela s'est passé -
10 Rajko Bibic m'a dit qu'il avait assisté à une réunion quelque part et qu'il
11 avait présenté son point de vue à propos de la façon dont certaines choses
12 devraient être faites. Moi je n'avais pas de détails. Je ne me souviens pas
13 ce qu'il a dit. Mais je sais qu'il s'y est rendu, là-bas.
14 Q. Et puis, un peu plus loin dans votre déclaration, vous faites
15 référence à un rapport qui a été rédigé par le colonel Milan Ilok [comme
16 interprété], le commandant de la ville. Paragraphe 89 de votre déclaration.
17 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Donc il s'agit de l'onglet 32 et de
18 la pièce P371. Et je pense qu'il serait peut-être utile de l'afficher. Fort
19 bien.
20 Q. Colonel, vous voyez qu'il s'agit d'un rapport du mois de décembre
21 du commandement de la ville Ilok, et vous voyez qu'il est indiqué que la
22 JNA n'est pas particulièrement satisfaite de ce que fait le gouvernement,
23 parce que le gouvernement a nommé des personnes qui sont, non pas
24 instruites, mais qui sont plutôt loyales, qui leur sont loyales. Est-ce que
25 vous pourriez nous dire comment est-ce que l'on pouvait comparer cette
26 situation à Ilok à la situation qui prévalait dans votre zone ?
27 R. Alors, si l'on veut établir la comparaison avec Vukovar, je dirais
28 qu'Ilok était une bourgade beaucoup plus petite, donc c'était beaucoup plus
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1 facile de faire son travail et d'établir le contrôle, et pourtant, ils ont
2 eu des problèmes qui étaient très semblables ou très analogues à ceux que
3 nous avions. Nos problèmes étaient beaucoup plus importants parce que
4 Vukovar était, en quelque sorte, l'épicentre de cette zone. Tous les
5 regards étaient portés sur Vukovar. On en parlait dans les médias. Vukovar
6 se trouvait au centre de l'attention. Mais le fait est que dans la zone de
7 Vukovar, les gens qui étaient arrivés là venaient de différents secteurs.
8 Il y avait non seulement les détachements de la Défense territoriale, mais
9 il y avait également des volontaires. Il y avait des commandants qui
10 n'étaient redevables devant personne, et si vous aviez quatre ou cinq
11 soldats, eh bien, vous vous appeliez commandant, et puis on voyait ce genre
12 de personne se déplacer dans la ville, suivie par ses soldats qui
13 l'appelait effectivement commandant. Il était très difficile de coordonner
14 tout cela, d'autant plus que nous ne connaissions pas ces personnes, donc
15 il était difficile de travailler avec elles.
16 Moi j'ai fini par faire la connaissance des personnes qui dirigeaient cela,
17 Stanko, Miroljub, Kameni et d'autres, mais il y en avait certains que
18 personne ne connaissait. Il y avait des gens, par exemple, qui entraient
19 dans une maison, qui établissaient leur QG avec une poignée de soldats, et
20 personne ne savait comment ils opéraient, comment ils fonctionnaient,
21 comment ils travaillaient les uns avec les autres, donc c'était un problème
22 important à Vukovar. Qui était moins important à Ilok, mais qui existait.
23 Les gens se déplaçaient de maison en maison, ils prenaient certaines
24 choses. Ils le faisaient un peu à la chaîne, en fait. Il y en avait
25 certains qui prenaient certaines choses, d'autres qui attendaient d'entrer
26 dans la maison puis qui prenaient d'autres choses qui restaient. Bon, ça
27 prenait un certain temps, tout cela, et il fallait parler à ces personnes.
28 Bon, il fallait essayer d'exercer un commandement afin de rétablir, de
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1 restaurer un certain ordre. Mais ça, ça faisait partie d'un processus
2 normal. Et le même genre d'événement s'est produit à Ilok.
3 Q. J'aimerais maintenant aborder mon dernier sujet, le départ de la
4 Brigade motorisée des Gardes en novembre. Vous y faites référence au
5 paragraphe 78 de votre déclaration. Vous dites que la 80e Brigade
6 motorisée de la Garde est partie vers le 25 novembre - et cela correspond à
7 un fait jugé dans notre affaire en l'espèce, c'est le fait numéro 112 - à
8 savoir, à partir du moment où la 80e Brigade motorisée quitte Vukovar, le
9 Groupe opérationnel sud cesse d'exister. Est-ce que cela est véridique ?
10 Est-ce que cela correspond aux faits ?
11 R. Lorsque le groupe opérationnel, ou plutôt, la Brigade des Gardes s'est
12 retirée de cette zone, je pense que cela s'est passé entre le 25 et le 27,
13 le Groupe opérationnel sud a cessé d'exister. Le commandant de la 80e
14 Brigade motorisée a assumé toutes les fonctions et tous les devoirs qui
15 avaient été exercés par le Groupe opérationnel sud dans cette zone, et ce,
16 jusqu'à la rivière Vuka, parce que -- donc cela faisait partie de la zone
17 de responsabilité du Groupe opérationnel sud. Et il faut savoir qu'au nord
18 par rapport à notre position, donc en aval par rapport à la Vuka, il y
19 avait le 12e Corps, le Corps de Novi Sad.
20 Q. Et vous expliquez également au paragraphe 69 de votre déclaration
21 qu'avant son départ de Vukovar, Mile Mrksic vous a demandé de trouver un
22 logement pour une équipe d'enquêteurs qui venaient mener à bien une enquête
23 à propos des événements qui s'étaient déroulés à Ovcara. Alors, dans un
24 premier temps, est-ce que vous avez reçu un ordre écrit ou un ordre oral de
25 la part de M. Mrksic ?
26 R. M. Mrksic m'a donné cet ordre lors d'une réunion, une réunion de
27 briefing, qui s'était tenue à son poste de commandement à Negoslavci. Il
28 m'a dit de préparer une pièce, parce qu'il y avait une équipe d'enquêteurs,
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1 de juges et d'avocats qui allait arriver, que cette équipe allait passer un
2 certain temps là-bas et que cette équipe allait mener une enquête sur les
3 événements qui s'étaient déroulés dans cette zone. Bon, l'accent étant
4 évidemment mis sur ce qui s'était passé à Ovcara. Moi je ne disposais pas
5 de pièce ou de salle que j'aurais pu mettre à leur disposition. J'ai trouvé
6 une salle de classe dans le bâtiment où se trouvait le commandement, et
7 donc j'ai procédé à certains préparatifs dans la mesure du possible au vu
8 de la situation, mais l'équipe d'enquêteurs ne m'est jamais arrivée, n'est
9 jamais venue me trouver non plus. Et par la suite, je pense qu'il y a eu un
10 ordre écrit qui m'était destiné, et il m'était dit en fait dans cet ordre
11 de préparer cela pour eux, et cela confirmait donc l'ordre que Mile Mrksic
12 m'avait donné. Le fait est qu'ils ne sont jamais venus. Enfin, en tout cas,
13 ils ne sont jamais venus me trouver. Il se peut qu'ils soient venus, mais
14 nous, nous ne les avons jamais vus en tout cas, ils ne sont jamais venus
15 nous trouver pour que nous les aidions. Ah oui, puis maintenant je me
16 souviens. Alors il y avait toutes ces personnes qui étaient censées venir;
17 moi je n'ai vu que le médecin légiste. Il était à l'époque capitaine
18 première classe puis par la suite il a été promu général, c'était le Dr
19 Stankovic. Et je l'ai aidé autant que faire se peut à Ciglana, c'est là
20 qu'il a effectué les autopsies sur les corps, mais moi je ne lui ai pas
21 posé de questions. Je ne sais pas s'il était accompagné de quelqu'un.
22 Enfin, c'est la seule personne que j'ai vue.
23 Q. Vous pourriez nous préciser où se trouve Ciglana.
24 R. Ciglana, c'est un bâtiment en brique. Ou plutôt, c'est une briqueterie.
25 C'est là où des briques et des matériaux de construction sont fabriqués.
26 D'ailleurs, je ne suis même pas sûr qu'il s'agissait de la briqueterie de
27 Ciglana. Mais c'est là que je l'ai attendu. Je pense que c'est là que cela
28 s'est passé.
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1 Q. Colonel Vojnovic, j'en ai terminé.
2 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Je n'ai plus de questions à poser dans le
3 cadre de mon interrogatoire.
4 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie.
5 Maître Zivanovic.
6 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Avant que je ne commence mon contre-
7 interrogatoire -- ah, oui. Non, non, non, tout est réglé au niveau du
8 compte rendu d'audience.
9 Contre-interrogatoire par M. Zivanovic :
10 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Vojnovic. Je suis Me Zivanovic et je
11 représente M. Hadzic au cours de ce procès.
12 R. Bonjour, Maître.
13 Q. Monsieur Vojnovic, dans un premier temps, je souhaiterais vous demander
14 de préciser certaines choses, si vous le pouvez. Donc j'ai étudié votre
15 déclaration, notamment le paragraphe 4, et je vois que vous êtes un
16 militaire de métier, que vous êtes particulièrement instruit. Au paragraphe
17 5, vous nous donnez quelques précisions quant à votre parcours au niveau
18 d'éducation. Alors, est-ce que vous pourriez préciser certains termes
19 militaires que vous avez utilisés lors de votre déposition et dans votre
20 déclaration qui a été versée au dossier.
21 Dans un premier temps, j'aimerais que vous nous expliquiez le terme de
22 "resubordination". Qu'est-ce que cela signifie, et quelles sont les
23 conséquences d'une "resubordination" ? Et quelles sont les différences
24 entre une "subordination" et une "resubordination" ?
25 R. Je pense que c'est juste une formule, une façon de s'exprimer. La
26 subordination -- plutôt, pour subordonner une unité. Je vais vous donner un
27 exemple. Mon commandement était subordonné au commandement du Groupe
28 opérationnel sud ou un élément de ma brigade. Mais dans certains cas, ce
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1 n'est pas toute l'unité ou ce n'est pas tout le bataillon ou ce n'était pas
2 les deux bataillons. Donc ce n'est pas l'unité entière, c'est juste un
3 bataillon ou deux bataillons qui peuvent être resubordonnés. Donc il n'y a
4 pas véritablement de grande différence entre ces deux termes. Il n'y a pas
5 de différence fondamentale. Donc cela ne devrait pas vous induire en
6 erreur.
7 Q. Alors, est-ce que je pourrais donc dire ceci : avant que vous
8 n'arriviez dans la zone de Vukovar, je pense que votre brigade était
9 subordonnée à une unité différente, n'est-ce pas ?
10 R. Non. Avant mon arrivée, non. Mais à partir du moment où je suis arrivé
11 dans la zone de Vukovar, là, elle a été subordonnée au Groupe opérationnel
12 sud.
13 Q. Donc, avant votre arrivée dans la zone de Vukovar, votre unité n'était
14 subordonnée à personne, donc ?
15 R. Avant notre arrivée dans la zone de Vukovar, elle faisait partie du
16 Corps de Kragujevac.
17 Q. En d'autres termes, elle était subordonnée au Corps de Kragujevac,
18 alors ?
19 R. Oui.
20 Q. Donc, est-ce que nous pouvons dire que la resubordination est un acte
21 par lequel vous obtenez un nouveau commandement supérieur - laissez-moi
22 terminer - donc, lorsqu'il y a resubordination, vous avez un nouveau
23 commandement supérieur, n'est-ce pas ?
24 R. Oui. Oui, c'est ce que l'on pourrait dire. Vous pouvez, effectivement,
25 interpréter les choses de cette façon. Parce que jusqu'à notre arrivée à
26 Vukovar, jusqu'au moment où nous avons fait partie du Groupe opérationnel
27 sud, nous étions subordonnés au commandement du Corps de Kragujevac.
28 Q. Nous avons étudié différents documents, et vous les avez d'ailleurs
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1 examinés vous-même, et je pense notamment au journal de guerre de votre
2 unité et de la Brigade motorisée de la Garde. Vous avez également examiné
3 le registre opérationnel de votre unité, et voilà la question que
4 j'aimerais vous poser : j'aimerais en fait que vous nous expliquiez ou que
5 vous nous indiquiez le type de renseignements qui sont inclus dans un
6 journal de guerre ?
7 R. Alors, dans un journal de guerre, vous trouvez les missions
8 fondamentales ou importantes de la journée, par exemple, tout mouvement
9 d'unité, tout transfert d'unité, tout événement sortant du lot, tout
10 événement peu commun, tout événement ou tout incident, s'il y a eu des
11 victimes, des personnes blessées, des personnes décédées, des accidents de
12 la circulation routière, des entraînements, des exercices d'entraînement -
13 des exercices de tir, par exemple - et tout autre renseignement qui ont
14 leur importance pour l'unité. Toute séance de briefing, d'information - non
15 pas au niveau de la compagnie, par exemple - mais probablement au niveau de
16 la brigade, toutes les réunions qui ont eu lieu au niveau du bataillon.
17 Q. Mais est-ce que dans un journal de guerre vous avez des renseignements
18 qui précisent les opérations de combat les plus importantes effectuées au
19 cours de la journée ?
20 R. Oui, absolument.
21 Q. L'Accusation vous a montré le journal de guerre de la Brigade motorisée
22 de la Garde. Il s'agit du document 357 de la liste des documents de
23 l'Accusation. Et je souhaiterais que nous nous y intéressions parce que je
24 voudrais vous demander quelques précisions à ce sujet.
25 Vous savez que votre unité tenait également un journal de guerre. Est-ce
26 que vous pourriez nous dire quels sont ces noms que nous voyons ici, que
27 nous voyons sur la couverture ou la première page du journal de guerre ?
28 Vous les voyez, n'est-ce pas ?
Page 5118
1 R. Oui. Le commandant Gojkovic, qui faisait partie du Groupe opérationnel
2 sud, et le commandant Trifunovic. Ces deux personnes avaient pour tâche de
3 tenir le journal de guerre. Par exemple, s'il y en avait un qui était
4 absent, c'était l'autre qui tenait le journal.
5 Q. Fort bien. Est-ce que la deuxième page de ce journal de guerre pourrait
6 être affichée. Ici, juste au début, vous voyez la date, l'heure d'envoi --
7 quand le journal de bord a commencé à être tenu.
8 R. Oui.
9 Q. Et je vois qu'il y a quatre colonnes. Donc la première colonne est la
10 colonne qui correspond au lieu, à la date et à l'heure.
11 R. Oui.
12 Q. Pourriez-vous préciser quelque chose à mon attention : est-ce qu'il
13 s'agit du lieu, de la date et de l'heure de l'événement qui est mentionné ?
14 R. Oui.
15 Q. La deuxième colonne est intitulée "Description de l'événement."
16 R. Oui.
17 Q. La troisième colonne vous donne le nom de la personne qui a écrit,
18 donc, à propos de l'événement. Là, je vois que nous avons le nom du
19 commandant Trifunovic.
20 R. Oui.
21 Q. Donc c'est lui qui a rédigé cette information. Et la quatrième colonne
22 est intitulée "Observations", donc il s'agit de la personne qui a été
23 notifiée au sujet de l'événement. Là, vous voyez il est indiqué chef
24 d'état-major, par exemple.
25 R. Oui, c'est exact.
26 Q. Donc nous n'allons pas nous intéresser à toutes les dates de ce journal
27 de guerre, mais est-ce que c'est un modèle habituel pour ce type de journal
28 de guerre ?
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1 R. Oui, oui. C'est le format standard, universel, qui était utilisé par
2 toutes les unités au niveau tactique, ainsi que du bas vers le haut, à
3 partir de la brigade, et du haut vers le bas.
4 Q. Et il me semble que cela est régi par les consignes du commandement de
5 l'état-major ?
6 R. Oui, oui. Cela était adopté en fait par eux.
7 Q. Merci. Et outre ceci, nous voyons un document qui est appelé journal
8 opérationnel. Malheureusement, nous n'avons pas pu obtenir ce journal de la
9 Brigade de la Garde, mais nous avons eu la possibilité de pouvoir examiner
10 le journal opérationnel de votre brigade. Je vais vous dire ce qui
11 m'intéresse pour le moment. Ce n'est pas la peine que je vous montre le
12 journal opérationnel, mais j'aimerais que vous nous expliquiez la
13 différence entre un journal opérationnel et un journal de guerre. Quel est
14 le type de renseignements que l'on consigne dans un de ces journaux et dans
15 l'autre, et vice versa ?
16 R. Le journal opérationnel contient l'ensemble des activités d'une unité
17 et dans une région, et cela concerne une journée complète. Il n'y a pas de
18 différence importante entre celui-ci et le journal de guerre, si ce n'est
19 que celui-ci met plus l'accent sur les activités de combat et les résultats
20 de ces activités de combat. Le journal opérationnel est donc rédigé par des
21 unités de haut niveau, à partir du corps et plus haut.
22 Q. Si je ne me trompe pas, votre brigade tenait également un journal
23 opérationnel ?
24 R. Oui, oui.
25 Q. Eh bien, cela signifie que la brigade également --
26 R. J'ai dit qu'il s'agissait d'un format standard qui avait été adopté et
27 appliqué à partir du niveau de la brigade et plus haut.
28 Q. Et pour ce qui est du format de ce journal opérationnel -- après tout,
Page 5120
1 nous pouvons peut-être le regarder.
2 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Il s'agit donc du document 557 de la liste
3 de l'Accusation.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Il n'y a pas de différence.
5 M. ZIVANOVIC : [interprétation]
6 Q. Regardons-le quand même. Est-ce que nous pourrions agrandir un petit
7 peu le texte pour que vous puissiez mieux voir. Vous pouvez voir en haut,
8 là où il y a la date, que ce journal appartient à untel et qu'il commence à
9 la date du 9 novembre 1991 jusqu'au 14 janvier.
10 Je pense que le 9 janvier [comme interprété] est le jour où cette unité est
11 arrivée à Vukovar ?
12 R. Oui.
13 Q. Et le 14 janvier est la date où ils ont quitté Vukovar ?
14 R. Oui. Mais je ne suis pas sûr que nous soyons repartis le 13 ou le 14.
15 Mais ceci, c'était avant le nouvel an serbe. Et vous savez de quoi il
16 s'agit.
17 Q. Eh bien, ce serait alors le 13 janvier. Mais aux fins de mon
18 interrogatoire, la date n'est pas réellement pertinente.
19 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Pourrions-nous maintenant, s'il vous plaît,
20 agrandir la version serbe de façon à ce que vous puissiez le lire plus
21 facilement.
22 Q. Là encore, nous avons le lieu, l'heure. La colonne suivante c'est le
23 "contenu", ensuite nous avons dans la colonne d'après la signature du
24 bénéficiaire, puis une colonne "remarques". J'ai l'impression que toutes
25 ces colonnes sont similaires à ce que l'on trouve dans le journal de guerre
26 ?
27 R. Oui. J'ai dit qu'il s'agissait d'un format standard et que nous avons
28 les mêmes colonnes. Tout dépend qui tenait le journal. Donc il y a là des
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1 chiffres, et la seule différence se situe au niveau des chiffres.
2 Q. Bien. Je voudrais maintenant vous poser une autre question concernant
3 un autre document, disons que cela nous a donné quelques informations et
4 quelques déclarations. D'après nos informations, les officiers de la JNA
5 avaient leur propre livre de notes dans lequel ils notaient certains
6 événements et certaines données. Est-ce que vous pourriez nous confirmer
7 cela ?
8 R. Oui, je peux vous le confirmer. Ils avaient donc leur carnet de notes
9 officiel, certifié avec un cachet au dos de ce livre de notes, et dans
10 lequel ils inscrivaient des tâches importantes.
11 Q. Lorsque vous dites qu'il était certifié avec un cachet, vous voulez
12 dire qu'il s'agissait du cachet de leur unité ?
13 R. Oui.
14 Q. Si je ne me trompe pas, les pages de ces carnets de notes portaient un
15 numéro à l'avance, et je pense qu'il y avait donc une centaine de pages
16 numérotées ?
17 R. Eh bien, les carnets de notes étaient différents et chaque page était
18 numérotée. Et l'instance qui tenait ce carnet de notes apposait sa
19 signature et un tampon.
20 Q. Et est-ce qu'ils indiquaient le nombre de pages ?
21 R. Oui, oui. Comme je l'ai dit, il pouvait y avoir des pages de 1 à 200.
22 C'est à ce moment-là que ce carnet de notes contenait 200 pages, et ils
23 apposaient leur tampon, ce qui permettait des vérifications ultérieures.
24 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, me dire si vous-même, vous teniez un
25 tel carnet de notes ?
26 R. Oui.
27 Q. Et pouvez-vous nous dire ce que vous inscriviez dans ce carnet de notes
28 ?
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1 R. Eh bien, toutes les activités qui se produisaient au sein de l'unité,
2 en commençant par les tâches qui étaient attribuées aux subordonnés, les
3 personnes présentes à certaines réunions, les problèmes qu'il fallait
4 résoudre ou qu'il fallait résoudre en coordination avec d'autres personnes.
5 En fait, tout ce qui était pertinent et qui concernant l'unité de quelque
6 façon que ce soit.
7 Q. Est-ce que, par exemple, vous notiez les tâches attribuées par un
8 officier à ses subordonnés ?
9 R. Oui. Mais peut-être pas toujours de manière très détaillée. Par
10 exemple, je disais qu'untel ou untel devrait effectuer telle ou telle tâche
11 sans entrer dans les détails plus particuliers.
12 Q. Et je suppose que ce carnet de notes contenait également les ordres qui
13 vous étaient donnés par vos supérieurs ?
14 R. Oui.
15 Q. Pourriez-vous me dire une chose : qu'est-il arrivé à votre carnet de
16 notes ? Est-ce que vous l'avez toujours ou se trouve-t-il ailleurs ?
17 R. Ça, je ne peux pas vous le dire. Honnêtement, je ne sais pas. Eh bien,
18 il y a beaucoup de choses. Vous prenez un carnet de notes, vous l'oubliez
19 quelque part, vous en prenez un autre. Mais en fait, à partir du moment où
20 vous commencez à tenir un carnet de notes, vous devez le rendre. Ce n'était
21 en général pas un gros problème. Soit ce carnet de notes était détruit ou,
22 simplement, vous ne le rendiez jamais.
23 Q. Merci. Mais en règle générale, une fois que ce carnet de notes avait
24 été rempli, il fallait qu'il soit rendu au commandement qui vous l'avait
25 donné, et ensuite vous en obteniez un autre, n'est-ce pas ?
26 R. Oui.
27 Q. Lorsque vous avez dit que quelquefois vous laissiez ce carnet de notes
28 ailleurs ou que vous le perdiez, est-ce que cela signifie que la personne
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1 qui avait perdu ou qui ne retrouvait plus son carnet était supposée vous en
2 rendre compte ? Et je parle là de subordonnés, bien entendu.
3 R. Oui, c'est tout à fait cela.
4 Q. Est-ce que vous vous êtes retrouvé déjà dans ce genre situation à
5 l'époque ? Et j'entends par là, à cette période-là.
6 R. Non, je ne me suis jamais retrouvé dans une telle situation.
7 Q. Et vous n'avez jamais perdu votre propre carnet de notes ?
8 R. Non, je ne sais tout simplement pas où il se trouve.
9 Q. Vous souvenez-vous si vous l'avez rendu ?
10 R. Je ne peux pas être sûr à 100 %, mais si vous rendez un carnet de
11 notes, il y a alors une commission qui se réunit et qui le brûle. Si nous
12 parlons de grandes unités, il se peut qu'il y ait un ou plusieurs carnets
13 de notes. S'il y a beaucoup d'officiers, alors ceux-ci ne sont pas
14 archivés. Il y a à nouveau cette commission qui s'est réunie et qui détruit
15 ces carnets de notes.
16 Q. Peut-être que vous savez qui a mis en place cette commission - par
17 exemple, si vous aviez reçu un certain nombre d'officiers subordonnés - qui
18 avait créé cette commission qui allait donc détruire ou brûler ces carnets
19 de notes ?
20 R. Eh bien, en général, cela était fait par le chef d'état-major ou
21 l'officier des opérations. C'est-à-dire, la personne qui travaillait dans
22 un bureau, qui apposait un tampon sur ces documents qui ensuite étaient
23 rassemblés et brûlés.
24 Q. Pouvez-vous me dire quand est-ce que cette procédure était appliquée ?
25 Est-ce que cela se faisait immédiatement après la remise des carnets de
26 notes une fois qu'ils avaient été rendus ou est-ce qu'ils étaient gardés
27 pendant un certain temps ?
28 R. Eh bien, ils ne brûlaient pas les carnets de notes individuellement
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1 chaque fois que l'un était rendu. Ils attendaient quelquefois un an ou deux
2 pour rassembler tous les carnets de notes qui avaient été rendus.
3 Q. Vous souvenez-vous si ces carnets de notes tenus par les officiers de
4 vos unités ont été brûlés ?
5 R. Non.
6 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que le
7 moment est venu de faire une pause.
8 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci, Maître Zivanovic.
9 Colonel Vojnovic, le moment est venu de faire une deuxième pause. Et nous
10 reprendrons à 12 heures 45. L'huissière va vous conduire hors du prétoire.
11 Merci beaucoup.
12 [Le témoin quitte la barre]
13 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'audience est suspendue.
14 --- L'audience est suspendue à 12 heures 14.
15 --- L'audience est reprise à 12 heures 48.
16 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Pendant que le "witness" [comme
17 interprété] n'est pas encore entré dans le prétoire, je voudrais simplement
18 indiquer que Douglas Stringer a rejoint les rangs de l'Accusation.
19 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bien. Et je voudrais également dire
20 qu'il faut indiquer au compte rendu d'audience que le Juge Mindua est
21 également de retour parmi nous. Merci.
22 [Le témoin vient à la barre]
23 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, veuillez
24 poursuivre.
25 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
26 Q. Monsieur Vojnovic, je vais maintenant vous montrer un carnet de notes
27 de travail que nous avons en notre possession, et je vais vous demander de
28 bien vouloir regarder certaines parties de ce carnet de notes.
Page 5125
1 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Il s'agit de la pièce à conviction 27 sur
2 notre liste, ou plutôt, la pièce portant la cote 503.
3 Q. Si on retourne ce carnet, on pourra voir la première page, la page de
4 couverture. Est-ce à cela que ressemblait le carnet de notes opérationnel,
5 si l'on regarde la dernière page et la première page ?
6 R. Oui, c'est exact.
7 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Est-ce que nous pourrions maintenant
8 regarder la dernière page.
9 Q. Il y a là une clause concernant le nombre de pages, et l'on peut lire :
10 "Ce carnet de notes de travail contient 100 (cela est écrit en toutes
11 lettres, 100 pages numérotées de 1 à 200) pages, et cela fait partie de la
12 liste des carnets de notes écrits puis le chiffre," et nous avons également
13 la signature de l'officier.
14 Ma question est de savoir : est-ce que c'est le type de clause que l'on
15 trouvait normalement imprimée à la fin de chacun de ces carnets de notes ?
16 R. Oui. C'est le carnet de notes standard que possédaient tous les
17 officiers. Certains sont plus grands, d'autres plus petits, mais c'est ce
18 que l'on retrouve écrit dans chacun d'entre eux.
19 Q. Si nous regardons la page 2 de ce carnet de notes.
20 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait l'afficher sur
21 l'écran, s'il vous plaît.
22 Q. Nous pouvons voir qu'il y a quelques blancs, comme par exemple pour le
23 numéro de référence, le niveau de confidentialité et le type de
24 confidentialité. Et nous avons également le nom de l'utilisateur, Dragan
25 Vezmanovic. Est-ce que vous pourriez nous confirmer que c'était un
26 commandant d'une compagnie de police militaire dans votre unité, n'est-ce
27 pas ?
28 R. Oui.
Page 5126
1 Q. Vous avez vu à la dernière page qu'il n'y a pas de numéro de référence
2 pour ce carnet de notes, ni de tampon de l'unité, ni de signature de
3 l'officier, c'est-à-dire l'officier qui a émis ce carnet de notes. Et vous
4 voyez également que les mêmes informations manquent à la première page.
5 Pourriez-vous me dire comment se fait-il que dans ce cas particulier, le
6 commandant de la compagnie de police militaire avait un carnet de notes qui
7 n'avait pas été vérifié ni certifié comme il faut ?
8 R. Je ne peux pas expliquer cela. Toutes ces informations auraient dû y
9 figurer, y compris le numéro, et toutes ces cases blanches auraient dû être
10 renseignées correctement. Et notamment, dans la mesure où c'est un officier
11 de réserve, lorsqu'il a rejoint l'unité, il a reçu ce carnet de notes qui
12 lui a été remis dans le bureau qui l'a émis, et qu'il n'a pas rempli ces
13 cases restées vierges. Je dis simplement que toutes ces cases auraient dû
14 être renseignées avec les informations appropriées.
15 Q. Est-il possible que ce carnet de notes ait été rempli et que ces
16 mentions ne soient apposées que par la suite ?
17 R. Eh bien, normalement, c'est un carnet qui est tenu au jour le jour, et
18 on remplit les pages les unes après les autres. Il se peut qu'il y ait eu
19 quelques mentions et notations faites à l'avance, mais l'expérience m'amène
20 à dire que chaque jour, lorsque je venais travailler, j'inscrivais une date
21 et ensuite je mentionnais les choses concernant cette journée. Donc il
22 aurait dû suivre la même procédure. Vous pouvez par la suite rajouter
23 quelque chose. Mais c'est néanmoins un carnet qui aurait dû être tenu au
24 quotidien, au jour le jour, et chaque chose devait être renseignée au
25 quotidien.
26 Q. Peut-être que je n'ai pas été suffisamment clair lorsque j'ai posé une
27 question. Est-il possible qu'au lieu d'utiliser ce carnet de notes
28 certifié, qui était rempli puis détruit, est-il possible qu'il y ait eu un
Page 5127
1 autre carnet de notes ? Quand je dis "après", j'entends par là, après les
2 événements à Ovcara --
3 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Un instant.
4 M. ZIVANOVIC : [aucune interprétation]
5 M. LE JUGE DELVOIE : [aucune interprétation]
6 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Je pense que cette question appelle à
7 spéculation. Je ne suis pas sûr que le témoin puisse répondre à cette
8 question.
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux pas dire si cela est possible ou
10 pas. Ça ne devrait pas être possible. Si toutes les annotations sont faites
11 de manière séquentielle sur les pages, peut-être que l'on pourrait trouver
12 un autre carnet de notes où d'autres tâches sont entrées et annotées pour
13 chaque date.
14 M. ZIVANOVIC : [interprétation]
15 Q. Si vous regardez du côté gauche de l'écran, je vois, moi, un calendrier
16 et je vois que les années figurant ici sont les années 1978, 1979, 1980 et
17 1981; en d'autres termes, cela signifie que ce carnet date d'au moins dix
18 ans avant les événements dont nous parlons ?
19 R. Oui. Eh bien, en fait, c'est ainsi que les choses sont faites en
20 général. Cette année-là, un grand nombre de carnets de notes sont achetés,
21 beaucoup ne sont pas utilisés, et ils sont ensuite dans les stocks. Il y a
22 des stocks importants, et on ne peut pas en acheter de nouveaux tant que
23 l'on n'a pas épuisé les stocks. C'est ainsi que les choses se font.
24 Q. Est-ce que vous aviez un carnet de notes comme celui-ci, avec ces dates
25 ou, en tous les cas, un calendrier concernant ces dates ?
26 R. Eh bien, je ne peux pas réellement vous dire ce qu'il en était. Je suis
27 sûr que nous n'avions pas le calendrier de l'année. Ce qu'il fallait faire,
28 c'était simplement entrer la date exacte et partir de là.
Page 5128
1 Q. Dans votre déclaration et dans le cadre de votre déposition, vous avez
2 fait mention du terme "zone de responsabilité". J'aimerais que vous
3 puissiez définir ce dont il s'agit.
4 R. Eh bien, c'est là un exemple de comportement irresponsable, parce qu'il
5 est évident que cette personne n'a pas rendu ce carnet de notes. C'est une
6 infraction mineure. Il était supposé rendre ce carnet de notes à son
7 supérieur parce que, comme je vous l'ai déjà dit, une fois le carnet
8 rempli, il faut le rendre. Ou peut-être que c'est une infraction majeure
9 qui implique qu'il y a une autre tâche, peut-être, qui n'a pas été
10 effectuée.
11 Q. Je ne suis pas sûr que vous m'ayez entendu. Ce que je vous ai demandé,
12 c'est qu'est-ce qu'une zone de responsabilité ? Que signifie ce terme ?
13 R. Ah oui, oui, d'accord. Je vois. Je comprends. Cela veut dire que toute
14 unité dans une situation donnée sur le front est responsable pour une
15 étendue où il y a quatre points indiqués qui représentent sa zone de
16 responsabilité. Dans cette zone de responsabilité, l'unité en question doit
17 résoudre des problèmes qui surgissent lors des activités de combat ou
18 exécuter des tâches dans cette zone de responsabilité. Cette zone est la
19 zone de responsabilité des brigades ou des unités plus importantes. Pour ce
20 qui est de bataillons et d'autres unités plus petites, il s'agit de
21 secteurs et non pas de zones de responsabilité.
22 Q. Pouvez-vous me dire s'il y a des dispositions ou des réglementations
23 qui régissent la sécurisation d'une zone de responsabilité d'une unité ?
24 Comment assurer la sécurité de cette zone de responsabilité ?
25 R. Cela incombe au commandement et son commandant. La zone de
26 responsabilité est une zone qui est sécurisée par le déploiement des
27 membres de l'unité, par des patrouilles, par des éclaireurs qui sont
28 envoyés sur le terrain, dans le cadre de la zone de responsabilité, et
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1 cetera.
2 Q. Pouvez-vous me dire quelle était la zone de responsabilité de votre
3 unité, et cela, pendant la période après la chute ou la libération de
4 Vukovar, après le 18 novembre 1991 ?
5 R. Je ne peux pas énumérer tous ces sites par cœur. Cela est indiqué sur
6 les cartes où on peut voir les décisions prises par le commandant. Cela est
7 indiqué sur ces cartes au feutre, on peut voir des postes de commandement,
8 on peut voir des commandements supérieurs, des commandements subordonnés,
9 on peut voir également des unités voisines. Tout cela, c'est indiqué sur
10 ces cartes.
11 Q. Pouvez-vous me dire si dans le cadre de la zone de responsabilité de
12 votre brigade, de la 80e Brigade, se trouvait, entre autres sites, Ovcara ?
13 R. Je n'ai pas compris votre question.
14 Q. Dans la zone de responsabilité de la 80e Brigade motorisée se trouvait
15 Ovcara; est-ce que c'était le cas ?
16 R. Oui. Oui, Ovcara se trouvait dans le cadre de cette zone de
17 responsabilité. Mais plus tard, cette zone de responsabilité n'était plus
18 ma zone de responsabilité, puisque c'est le supérieur hiérarchique qui
19 attribue une zone de responsabilité à un commandant. Et d'après les
20 règlements qui étaient en vigueur à l'époque, une zone de responsabilité
21 qui est attribuée à un commandant ne peut pas être pénétrée de qui que ce
22 soit sans autorisation du commandement supérieur, à savoir du supérieur
23 hiérarchique direct qui a attribué cette zone de responsabilité. Dans ce
24 cas-là, c'était le commandant du Groupe opérationnel sud. Lui, il peut
25 entrer dans n'importe quelle zone de responsabilité ou n'importe quel
26 secteur de responsabilité, et c'était son droit. De mon côté, je ne pouvais
27 rien faire contre cela.
28 Q. Il faut tirer ce point au clair. On vous a dit que cette zone de
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1 responsabilité vous a été attribuée et ensuite vous a été retirée.
2 R. Oui. Au moment où ils sont entrés, par exemple, dans le secteur du
3 hangar et d'Ovcara, ils sont arrivés avec leurs commandants, leurs soldats,
4 ils ont occupé ce site. Et c'était leur zone de responsabilité dont ils
5 étaient responsables. Ils ont assumé la responsabilité par rapport à
6 l'exécution des tâches qui leur ont été confiées, et les risques aussi.
7 Q. Il faut également jeter un peu plus de lumière sur certains éléments
8 que vous avez mentionnés. Vous avez dit que le commandant ou le supérieur
9 hiérarchique qui vous a attribué cette zone de responsabilité peut pénétrer
10 dans cette zone à n'importe lequel moment sans autorisation de qui que ce
11 soit d'autre.
12 R. Oui.
13 Q. Si j'ai bien compris, le commandant ne s'est pas du tout rendu dans
14 cette zone de responsabilité. C'était d'autres personnes qui ont pénétré
15 dans cette zone.
16 R. Mais il y avait ses organes, l'organe chargé de la sécurité, son
17 adjoint chargé du moral et d'autres officiers de l'état-major. Cela ne veut
18 pas dire que lui-même, il n'était pas responsable de l'entrée de ces autres
19 personnes dans cette zone de responsabilité.
20 Q. Est-ce que vous voulez nous dire qu'en fait, dans cette zone de
21 responsabilité pouvaient entrer n'importe quel officier ou membre du
22 commandement supérieur sans vous en informer ?
23 R. Non. Seulement les officiers plus haut placés pouvaient se rendre dans
24 cette zone de responsabilité. Parce qu'une partie du commandement du Groupe
25 opérationnel sud se trouvait là-bas et une partie de mon commandement
26 supérieur avec des officiers responsables pour cela. Il y avait des organes
27 chargés de la sécurité, il y avait des adjoints du commandant, il y avait
28 le chef de l'état-major, et cetera.
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1 Q. Pour qu'il n'y ait pas confusion, pouvez-vous nous citer leurs noms ?
2 R. Il y avait le chef de l'état-major, à l'époque il était lieutenant-
3 colonel et après il est devenu colonel, Miodrag Panic; ensuite le chef de
4 l'organe chargé de la sécurité -- en fait, son adjoint que j'ai vu était
5 Vukasinovic Ljubisa, il était commandant, commandant Ljubisa Vukasinovic;
6 ensuite, il y avait un autre officier, il était colonel, il était chargé du
7 moral, je n'ai pas entendu son nom, mais j'ai appris par la suite qu'il y
8 était aussi. Je suis rentré avec un officier qui était colonel. Je suppose
9 que c'était lui, mais je ne suis pas tout à fait certain. Plus tard, il y
10 avait -- mais je ne l'ai pas vu, il y avait le capitaine de première classe
11 Karanfilov, et il y avait d'autres personnes là-bas, mais je ne me souviens
12 pas de leurs noms. Les personnes dont les noms j'ai énumérés étaient
13 certainement là-bas.
14 Q. Pouvez-vous répéter le nom du capitaine de première classe.
15 R. Karanfilov, c'était son nom de famille. Et je ne connais pas son
16 prénom.
17 Q. Pouvez-vous me dire, au moment où vous avez vu ces officiers, vous avez
18 vu également beaucoup de civils là-bas, n'est-ce pas ? Si vous avez pensé
19 que ces officiers pouvaient entrer dans votre zone de responsabilité, je
20 comprends cela, mais pourquoi avez-vous permis aux civils d'entrer dans
21 votre zone de responsabilité ? Vous avez dit qu'il y avait des personnes
22 armées qui n'étaient pas membres du Groupe opérationnel sud, à savoir les
23 membres de votre commandement supérieur, et qui sont eux aussi entrés dans
24 la zone de responsabilité de votre brigade.
25 R. Par rapport à toute cette opération, c'était certains officiers qui
26 dirigeaient l'opération, des officiers du Groupe opérationnel sud, les
27 officiers les plus responsables. Et je ne devais rien leur demander puisque
28 de par leur grade ils étaient au même niveau que moi. Ils sont arrivés avec
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1 ces personnes. Mais moi je ne connaissais pas ces personnes. J'ai dit qu'il
2 y avait des personnes qui étaient habillées de façons variées, il y avait
3 certains éléments d'uniformes militaires, des blouses du personnel médical,
4 il y en avait qui portait des bottes militaires, et cetera.
5 Q. Lorsque vous nous avez dit que vous aviez vu des civils, je n'ai pas
6 fait référence à des personnes capturées. J'ai fait référence à des civils
7 pour lesquels vous avez dit qu'ils semaient le désordre, qu'ils vous ont
8 attaqués vous-même et aussi qu'ils ont malmené des prisonniers.
9 R. Non --
10 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, Monsieur Demirdjian.
11 M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Est-ce qu'on peut obtenir la référence où
12 le témoin a dit qu'il y avait des civils là-bas ? Je ne me souviens pas
13 l'avoir entendu dire le mot "civils" par rapport aux personnes qui
14 n'étaient pas membres de la JNA et qui étaient présentes au moment où il
15 est arrivé.
16 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, il a dit cela. Mais je vais tirer ce
17 point au clair avec le témoin.
18 Q. Vous avez vu, Monsieur le Témoin, des gens qui malmenaient des
19 prisonniers. Vous avez décrit dans votre déclaration comment ces
20 prisonniers ont dû passer par une double haie. Vous avez décrit la
21 situation qui régnait dans le hangar. Pouvez-vous nous dire maintenant
22 d'après vous, et là je vous pose la question concernant les personnes qui
23 ont pris part à ces actions dans le hangar, est-ce que vous les avez
24 considérées comme étant les membres de l'unité qui appartenait au Groupe
25 opérationnel sud ?
26 R. Je n'ai pas vu les officiers du Groupe opérationnel sud avant d'avoir
27 pénétré dans le hangar. Devant le hangar, les personnes qui faisaient
28 partie de cette double haie avaient des uniformes de la Défense
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1 territoriale. Et des civils descendaient des autocars et passaient par
2 cette double haie pour entrer dans le hangar. C'est ces civils-là que j'ai
3 vus. Et j'ai déjà dit que ces civils, eux aussi, portaient des éléments de
4 différents vêtements, des vêtements militaires et des vêtements civils. Il
5 y avait plusieurs combinaisons de différentes parties vestimentaires.
6 Q. Est-ce que vous avez pensé qu'il s'agissait de civils ou des membres
7 des unités qui étaient arrivés avec les officiers que vous avez vus sur
8 place ?
9 R. Je n'ai pas considéré ces personnes comme étant des civils. C'étaient
10 des hommes armés en uniforme qui se trouvaient à l'entrée du hangar. Mais
11 je ne sais pas avec qui et comment ces personnes sont arrivées là-bas. Mais
12 ils étaient là-bas.
13 Q. C'est pour cela que je vais vous poser la question suivante. En tant
14 que commandant de la zone de responsabilité dans laquelle ces personnes
15 sont entrées, et vous les avez vues faire ces choses-là, est-ce que vous
16 avez pris des mesures pour que ces personnes s'éloignent de cette zone de
17 responsabilité puisque vous ne saviez à quelle unité ils appartenaient ?
18 Oui, ils portaient des uniformes, mais cela ne voulait rien dire, vous ne
19 saviez pas à quelles unités ils appartenaient.
20 R. D'abord, j'ai pris des mesures pour que les prisonniers ne soient plus
21 malmenés ni battus, et j'ai pris des mesures pour que ces prisonniers
22 soient protégés. Je me suis protégé moi-même aussi, ainsi que ces deux
23 soldats. C'était vers la fin, lorsqu'ils ont commencé à partir. Je suis
24 entré dans le hangar et j'ai vu l'officier du Groupe opérationnel sud qui
25 avait un haut grade et s'occupait de la sécurité. Je lui ai posé la
26 question pour savoir qui étaient les personnes qui entraient dans le
27 hangar. Il m'a dit : "Ce sont les gens de l'hôpital." Et moi, après cela,
28 je ne pouvais rien faire d'autre. Mais moi, ma tâche n'était pas de lui
Page 5134
1 poser des questions. Je ne savais pas quelle était leur mission et je ne
2 savais pas de quelle direction ils étaient arrivés.
3 Il y avait d'autres officiers avec lui ainsi que leur chef d'état-major. Je
4 ne l'ai pas vu dans le hangar, il était devant le hangar. Un autre adjoint,
5 s'il était adjoint, du chef d'état-major se trouvait également à
6 l'extérieur du hangar et observait tout cela. J'ai essayé de protéger ces
7 gens, ces prisonniers, en risquant ma propre vie. J'ai pensé qu'il fallait
8 procéder ainsi et c'est ce que j'ai fait.
9 Q. L'officier que vous avez vu dans le hangar s'appelle Vukasinovic,
10 n'est-ce pas ?
11 R. Oui.
12 Q. Et quel était son grade ?
13 R. Il avait le grade de commandant à l'époque.
14 Q. Et il était subordonné, je pense, au commandant Sljivancanin ?
15 R. Oui, je pense qu'il était subordonné au commandant Sljivancanin. Il
16 faisait partie de l'organe chargé de la sécurité du Groupe opérationnel
17 sud.
18 Q. Et vous ne savez pas qui était le chef de cet organe chargé de la
19 sécurité du Groupe opérationnel sud ?
20 R. C'était le commandant Sljivancanin à l'époque.
21 Q. Vous lui avez posé la question pour savoir de quelle direction étaient
22 arrivés ces gens, et je suppose que vous avez fait référence aux
23 prisonniers, mais est-ce que vous avez parlé d'autre chose avec Vukasinovic
24 ?
25 R. Non.
26 Q. Est-ce que vous lui avez posé la question pour savoir qui étaient les
27 gens qui frappaient les prisonniers ?
28 R. Non. Il était à l'intérieur du hangar. Je ne sais pas s'il a vu ou pas
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1 ça et je ne sais pas à partir de quel moment il était à l'intérieur du
2 hangar. Mais la plupart des personnes se trouvaient à l'intérieur du hangar
3 lorsque je suis arrivé sur place et lorsque je l'ai vu. Il y avait peut-
4 être deux autres autocars qui étaient arrivés. Et les gens sont descendus.
5 Un autre, en même temps, partait. Les personnes qui sont descendus de ces
6 deux autocars ont dû également passer par cette double haie, et lorsque
7 tout était fini, je suis entré dans le hangar. La première fois, j'ai vu un
8 groupe de soldats, un groupe de prisonniers. Je vous ai déjà décrit comment
9 ils étaient habillés. Puis, il y en a eu qui étaient en groupes isolés et
10 ils se parlaient entre eux. J'ai vu Vukasinovic, et c'est à ce moment-là
11 que je lui ai posé la question, et il m'a répondu ce qu'il m'a répondu. Je
12 vous ai déjà dit cela. Et moi j'étais content de le voir sur place, parce
13 que je pensais qu'il savait quelle était sa tâche. Donc je ne lui ai pas
14 posé d'autres questions, hormis la question que j'ai posée pour savoir de
15 quelle direction ou de quelle ville provenaient ces personnes.
16 Q. Je vous demanderais de préciser la réponse que vous venez de
17 m'apporter. Vous nous avez dit qu'il se trouvait à l'intérieur et que vous
18 ne savez pas si les prisonniers étaient en train d'être roués de coups ou
19 non.
20 R. Je n'en sais rien. Je ne lui ai pas posé la question. Je lui ai
21 seulement demandé d'où venaient ces personnes. Je n'ai pas prononcé le
22 terme de "prisonniers" parce que je ne savais pas quelle était la
23 définition des personnes qui se trouvaient là. Je lui ai juste demandé qui
24 étaient ces personnes, et il m'a dit : "Ce sont les prisonniers de
25 l'hôpital." Et c'était la première fois que je voyais ces gens, ces
26 prisonniers qui avaient été maltraités.
27 Q. Alors, voilà ce qui m'intéresse : pourquoi est-ce que vous ne lui avez
28 pas relaté ce que vous, vous aviez vu ? Vous, vous avez vu comment ces
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1 personnes avaient subi des sévices, avaient été rouées de coups par des
2 gens qui portaient des uniformes incomplets. Pourquoi est-ce que vous ne
3 l'en avez pas informé? Pourquoi est-ce que vous ne lui avez pas demandé :
4 "Mais qui sont ces personnes qui sont en train de rouer de coups ces gens
5 qui se trouvent à l'extérieur du hangar ?"
6 R. Non, je ne lui ai pas posé de questions. J'en ai simplement informé mon
7 commandant. Lorsque je suis arrivé, mes soldats sont entrés dans le hangar.
8 Je suis parti et je suis allé voir mon commandant, je lui ai relaté ce que
9 j'avais vu. Et je lui ai dit que ces gens étaient en train d'être roués de
10 coups, qu'ils subissaient des sévices, et cetera, et cetera, au moment où
11 ils entraient dans le hangar. Et il y avait quelque 10 à 15 mètres avant
12 qu'ils n'atteignent la porte, et ils les rouaient de coups avec tout ce qui
13 leur tombait sous la main. Ils leur donnaient des coups de pied, ils leur
14 donnaient des coups de poing, ils leur assénaient des coups avec des
15 crosses de fusil, et cetera.
16 Q. Alors, pourquoi est-ce que vous n'avez pas raconté à Vukasinovic quoi
17 que ce soit à ce sujet ?
18 R. [aucune interprétation]
19 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Ecoutez, est-ce que vous pourriez, je
20 vous prie, Maître Zivanovic, ne pas commencer à lui poser des questions
21 lorsque le témoin n'a pas terminé et, de préférence, marquer un temps
22 d'arrêt de quelques secondes pour que les interprètes puissent suivre vos
23 propos. Merci.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien.
25 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous en prie, poursuivez.
26 M. ZIVANOVIC : [interprétation]
27 Q. Aujourd'hui vous nous avez dit que vous-même et Vukasinovic, vous vous
28 trouviez à l'intérieur du hangar et que vous avez vu un groupe de personnes
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1 qui avaient des uniformes M77, des uniformes militaires. Qu'est-ce que vous
2 pouvez nous dire à propos de ces uniformes militaires, ces uniformes M77 ?
3 Qu'est-ce que cela signifie, un uniforme M77 ?
4 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Avant que vous ne répondiez à cette
5 question --
6 M. ZIVANOVIC : [aucune interprétation]
7 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Lorsque j'ai pris la parole, j'ai
8 interrompu le témoin, et il avait répondu -- ou il avait commencé à
9 répondre à la question précédente que vous lui avez posée, donc pourquoi
10 est-ce qu'il n'a relaté quoi que ce soit à Vukasinovic à propos de ce qui
11 se passait à l'extérieur. Le témoin avait commencé à répondre en disant :
12 "Eh bien, je ne vais pas nier le fait que je ne lui ai jamais posé la
13 question…"
14 Puis ensuite je l'ai interrompu.
15 Donc, peut-être que vous pourriez compléter votre réponse, et nous dire ce
16 que vous aviez l'intention de nous dire.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Ce que je voulais dire, c'est que je
18 n'étais pas sûr de lui avoir dit que les soldats qui se trouvaient à
19 l'extérieur étaient en train de subir des sévices. Je n'en suis pas sûr.
20 Mais bon, ceci étant dit, je ne crois pas qu'au vu des circonstances
21 j'aurais omis de lui mentionner ceci. Et de toute façon, par ailleurs, je
22 suis sûr qu'il était au courant. De toute façon, son chef d'état-major se
23 trouvait à l'extérieur du hangar et je ne l'ai vu que par la suite.
24 M. ZIVANOVIC : [interprétation]
25 Q. Vous dites que vous n'étiez pas sûr de lui avoir dit que les soldats
26 qui se trouvaient à l'extérieur du hangar avaient fait l'objet de sévices.
27 Est-ce que c'est ce que vous vouliez dire ? Je sais que c'est ce que vous
28 avez dit en serbe -- enfin, c'est en tout cas comme cela que ça été
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1 interprété.
2 R. Non, non, pas les soldats. Les gens qui sortaient des autocars. Les
3 prisonniers.
4 Q. Eh bien, si vous n'en êtes pas sûr, est-ce que vous lui avez posé la
5 question et vous ne vous souvenez probablement pas de la réponse qu'il vous
6 a faite, si tant est que vous lui avez posé la question ?
7 R. Ecoutez, je n'en ai pas parlé pendant très longtemps avec lui. Je lui
8 ai tout simple demandé : "Qui sont ces personnes ? D'où viennent-elles ?"
9 Voilà littéralement ce que je lui ai demandé. Et il m'a répondu : "Ce sont
10 les gens de l'hôpital." Je suis resté pendant un petit moment là-bas puis
11 je suis allé au poste de commandement du Groupe opérationnel sud où j'ai
12 informé mon supérieur de ce que j'avais vu là-bas.
13 Q. Alors, voilà ce que j'aimerais savoir : est-ce que vous n'étiez pas
14 intéressé, est-ce que vous ne souhaitiez pas savoir pourquoi les
15 prisonniers étaient roués de coups ? Pourquoi est-ce que vous ne leur avez
16 pas demandé pourquoi ils agissaient de la sorte ?
17 R. J'ai dit que j'avais pu constater qu'ils se connaissaient, qu'ils
18 s'adressaient les uns aux autres en utilisant leurs noms, leurs prénoms, et
19 que même lorsqu'ils s'adressaient les uns aux autres, ils faisaient usage
20 de termes particulièrement péjoratifs. Et c'est à ce moment-là que j'ai vu
21 Vukasinovic qui était à l'intérieur. Je lui ai dit qu'il y a des là-bas qui
22 n'ont aucun insigne, qui n'ont pas de couvre-chefs. Voilà, je me suis rendu
23 compte en fait que -- voilà, que c'était tout, que je n'avais pu rien
24 d'autre à faire. Et c'est ainsi que j'ai décidé d'aller présenter mon
25 rapport à mon commandant. Et c'est à ce moment-là qu'il m'a dit ce qu'il
26 m'a dit.
27 Q. Entre autres, vous avez dit que vous aviez vu Vukasinovic entouré par
28 un groupe de personnes qui étaient revêtues de l'uniforme M77. Est-ce que
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1 vous pourriez nous expliquer ce que cela signifie, un uniforme M77 ?
2 R. C'était un nouveau type d'uniforme qui avait, en fait, été introduit à
3 l'époque. Il était différent de l'ancien uniforme. Si vous vous en
4 souvenez, il avait été conçu en 1977 pour l'armée yougoslave populaire.
5 Donc, pour les officiers, c'était un uniforme de travail. Pour les soldats
6 ordinaires, c'était un uniforme d'apparat. Et puis ensuite, cela est devenu
7 l'uniforme qu'ils portaient tous les jours, l'uniforme classique.
8 Q. Alors le numéro 77 fait référence à l'année, l'année de confection de
9 l'uniforme ?
10 R. Oui, oui, c'est ce que je pense. Il en va de même pour les armes, 48
11 c'est fabriqué en 48. Vous avez des M-53 et d'autres types d'armes
12 d'ailleurs.
13 Q. Alors j'aimerais maintenant faire référence à votre déclaration, ou
14 plutôt, à votre témoignage dans l'affaire Mrksic le 15 mai 2006.
15 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Document 4628, qui correspond au numéro 22
16 sur notre liste. Page 22, je vous prie. Et puis, cela se poursuit jusqu'à
17 la page 23 dans le système e-court. Ligne 22.
18 Q. Je vais vous en donner lecture en anglais et vous allez écouter
19 l'interprétation. Voilà votre réponse :
20 "J'ai vu un groupe autour de Vukasinovic. Ils portaient l'uniforme
21 standard. Il s'agissait de militaires. Je ne sais pas qui ils étaient. Ils
22 portaient l'uniforme réglementaire, mais la plupart n'avaient pas de
23 couvre-chefs, et je ne connaissais pas ces personnes. Ils portaient tous
24 notre uniforme militaire M-77.
25 "Question : Est-ce que vous pourriez nous expliquer à quoi ressemble un
26 uniforme M-77, sans pour autant nous donner par le menu ce à quoi il
27 ressemble ?
28 "Réponse : C'était l'uniforme réglementaire à l'époque pour l'armée
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1 populaire yougoslave. Il s'agissait en fait d'une chemise et de pantalons
2 couleur vert olive. Il y avait des brodequins et il y avait le couvre-chef
3 -- la casquette, qu'on appelait la casquette de Tito à l'époque, ainsi
4 qu'un coupe-vent. Voilà ce que portaient tous les officiers supérieurs, et
5 ces officiers-là portaient ces vêtements."
6 Vous vous souvenez d'avoir dit cela lors de votre déposition ?
7 R. Oui.
8 Q. Est-ce que vous pouvez confirmer que tout cela est exact ?
9 R. Oui, je le peux.
10 Q. Lorsque vous êtes arrivé à Ovcara, dans les environs du hangar, je
11 pense que vous avez vu un ou deux autocars et vous avez vu les prisonniers
12 qui descendaient des autocars, n'est-ce pas ? Vous pouvez confirmer cela ?
13 R. Oui.
14 Q. Hormis ces autocars, est-ce que vous avez vu d'autres véhicules ?
15 R. J'ai vu une voiture, une voiture Renault 4. Elle était garée de côté à
16 une certaine distance. Et puis, à côté de cette voiture se trouvait un
17 officier. Il était mince, il était pas tellement grand. Il avait le grade
18 de colonel. Je me suis approché de lui et je lui ai demandé ce qui se
19 passait. Je lui ai demandé s'il pouvait nous aider pour que l'on rétablisse
20 un certain ordre. Il ne m'a pas répondu. Il s'est contenté d'entrer dans sa
21 voiture et il est parti. Je ne connaissais pas son nom.
22 Q. Mais il avait un grade qui était supérieur au votre, n'est-ce pas ?
23 R. Oui.
24 Q. Et à l'époque, vous étiez lieutenant-colonel ?
25 R. Oui.
26 Q. Alors je sais qu'il existe une règle dans l'armée, chez les militaires,
27 cela fait partie des règles de service : si un officier s'approche ou
28 s'adresse à un officier dont le grade est supérieur, l'officier qui est
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1 moins gradé doit se présenter. Est-ce que c'est ce que vous avez fait ?
2 Est-ce que vous vous êtes présenté, est-ce que vous lui avez indiqué quel
3 était votre rôle, est-ce que vous lui avez dit qu'il s'agissait de votre
4 zone de responsabilité ?
5 R. Non, je ne me suis pas présenté, mais je l'ai salué comme saluent les
6 militaires et je lui ai demandé ce qui se passait. Maintenant, pour ce qui
7 est de savoir s'il m'a reconnu et s'il a reconnu mon grade, je n'en sais
8 rien. Mais en tout cas, c'était la première fois que je le voyais.
9 Q. Mais est-ce que vous ne l'avez jamais vu ailleurs par la suite ?
10 R. Non.
11 Q. Mais je ne fais pas seulement référence à Vukovar lorsque je dis "par
12 la suite".
13 R. Non, non, non. J'ai lu des rapports, j'ai suivi ce qui se passait, j'ai
14 suivi les procès. Je pense qu'un nom avait été mentionné, mais je ne sais
15 pas quel était son nom.
16 Q. Est-ce que vous vous souvenez quel fut le nom mentionné ?
17 R. Non, je ne peux pas véritablement m'en souvenir. Ecoutez, je l'ai
18 vraiment au bout de la langue, mais je ne me souviens pas de son nom
19 maintenant.
20 Q. Et -- bon, à l'époque, vous aviez 46 ans, n'est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire si cette personne, cet homme, était
23 plus âgé que vous, plus jeune, est-ce qu'il avait plus ou moins le même âge
24 que vous ? Est-ce que vous pourriez nous donner une idée à ce sujet.
25 R. Je pense qu'il était plus haut gradé que moi et je pense qu'il était
26 plus âgé que moi également.
27 Q. Et il est parti. Après, donc, ce que vous lui avez dit, il est parti.
28 Il est parti dans cette Renault, n'est-ce pas ?
Page 5142
1 R. Oui.
2 Q. Et vous ne vous souvenez plus de la couleur de la voiture ? Vous vous
3 en souvenez, par hasard ?
4 R. Ecoutez, je ne sais pas si elle était rouge ou peut-être verte.
5 Q. Mais est-ce que vous avez pu voir s'il était seul ou s'il y avait un
6 autre soldat qui l'accompagnait ?
7 R. Non. Moi je l'ai vu debout tout seul. Bon, il se peut qu'il y ait eu
8 quelqu'un d'autre qui se trouvait à quelques pas derrière lui. Mais bon, en
9 tout cas, je n'ai vu personne. Il était probablement accompagné par
10 quelqu'un. Je ne sais pas si c'est lui qui conduisait la voiture. Il était
11 probablement là-bas avec quelqu'un d'autre.
12 Q. Pourriez-vous me dire, je vous prie, si vous avez vu des véhicules
13 militaires à cet endroit ? Des véhicules tout-terrain, par exemple, des
14 Pinzgauer ou d'autres véhicules militaires, des véhicules de marque Puch,
15 par exemple ?
16 R. Non, non, non, je n'ai pas vu d'autres véhicules là-bas. Je n'ai vu que
17 les autocars.
18 Q. Je vous pose cette question parce que vous avez vu, outre ce colonel,
19 des officiers. Vous nous avez dit que vous ne les aviez pas vus, mais que
20 vous saviez qu'ils étaient présents sur les lieux. Donc je suppose qu'ils
21 étaient arrivés en voiture ou dans un véhicule. Alors je ne suppose pas
22 qu'ils étaient arrivés à bord des mêmes autocars qui avaient conduit les
23 prisonniers là-bas. Donc je me demande, je m'interroge pour savoir si vous
24 auriez peut-être vu des véhicules qui auraient peut-être été utilisés pour
25 les emmener à cet endroit et pour qu'ils en partent ?
26 R. Ecoutez, j'étais probablement beaucoup trop préoccupé à propos des
27 personnes, donc je n'ai pas véritablement accordé une grande attention aux
28 véhicules. Mais le fait est qu'ils ont dû arriver là-bas d'un moyen ou d'un
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1 autre.
2 Q. Donc, est-ce que nous pouvons conclure que lorsque vous étiez là-bas
3 devant le hangar à l'extérieur et à l'intérieur du bâtiment -- parce que
4 d'après ce que j'ai compris de vos propos, vous n'avez pas demandé au
5 colonel et au commandant Vukasinovic : "Que faites-vous ici dans ma zone de
6 responsabilité ? Qui sont ces personnes ? Pourquoi est-ce que vous les avez
7 emmenées ici ?"
8 R. Non, je n'ai rien dit de la sorte. Je savais qui était Vukasinovic, je
9 savais à quelle unité il appartenait. Il y avait d'autres officiers qui
10 faisaient partie de son commandement qui étaient des officiers supérieurs,
11 qui avaient un grade supérieur au mien et au sien également. Donc je
12 supposais qu'ils avaient une mission, mais je ne savais pas quelle était
13 cette mission.
14 Q. Lorsque vous dites d'autres officiers, vous faites référence à Panic ?
15 R. Panic, le chef d'état-major, Karanfilov. Il se peut qu'il y en ait eu
16 d'autres, bien que je ne les aie pas vus, parce que je n'essayais pas
17 véritablement de voir qui étaient les officiers qui étaient présents là-
18 bas.
19 Q. Dans votre déclaration, vous avez dit qu'outre le fait que vous aviez à
20 passer entre cette double haie, que vous avez vu que les prisonniers -- et
21 que l'on prenait les documents d'identité des prisonniers.
22 R. Oui.
23 Q. Est-ce que vous avez vu où on mettait les documents ?
24 R. Je pense qu'il y avait une sorte de sac ou de valise, enfin, quelque
25 chose comme cela, où les documents étaient placés. C'était un sac à
26 l'ancienne. Un peu comme un sac de voyage.
27 Q. Eh bien, en tant qu'officier d'expérience, comment est-ce que vous avez
28 interprété ce fait, le fait que les documents d'identité de ces personnes
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1 aient été pris ? Etait-ce là la procédure habituelle ? Etait-ce ainsi que
2 l'on traitait toujours les prisonniers ? Ou était-ce simplement aller à
3 l'encontre des règles ?
4 R. Eh bien, je pensais que les documents seraient utilisés pour faire une
5 liste permettant d'indiquer l'identité des personnes, simplement pour
6 inscrire les mentions les concernant, et que ces documents seraient rendus
7 simplement à d'autres personnes qui pourraient vérifier leur identité.
8 C'est ainsi que l'on aurait dû procéder.
9 Q. En d'autres termes vous n'avez pas trouvé cela inhabituel ?
10 R. Non, non. Le fait que les documents de ces personnes aient été saisis ?
11 Non. Je pensais que c'était la raison pour laquelle, d'ailleurs, ces
12 documents étaient saisis.
13 Q. Dans votre déclaration, vous avez dit que le jour avant, si je ne
14 m'abuse, un groupe de prisonniers a également été emmené à Ovcara et que
15 vous avez été chargé de la sécurité de ce groupe, et que vos effectifs de
16 la 80e Brigade étaient chargés de leur sécurité, que les gardes étaient
17 pour la plupart des officiers, et que le jour suivant ce groupe a été
18 transféré à Sremska Mitrovica ?
19 R. Oui.
20 Q. Pourriez-vous me dire si l'on a également saisi les pièces d'identité
21 de ces prisonniers ?
22 R. Je ne sais pas. Je suis entré dans le hangar alors qu'ils s'étaient
23 déjà mis en rang, une liste avait déjà été dressée, et ils ont été emmenés
24 une fois que l'on a vérifié leur identité par rapport à cette liste.
25 Q. Est-ce que vous savez qui a dressé cette liste ?
26 R. Vous parlez du groupe qui a été emmené à Mitrovica ?
27 Q. Oui.
28 R. Eh bien, je ne sais pas qui a dressé cette liste. Ils ont été amenés
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1 là. On m'a dit qui était le commandant - et je vous ai déjà parlé de cela à
2 plusieurs reprises - il s'agissait de Filip Karaula. On lui a dit comment
3 se comporter. On lui a dit combien il y en avait. Je ne sais pas si c'est
4 lui qui a dressé la liste. Mais tout ce que nous avions à faire, c'était de
5 les recevoir, si je peux parler ainsi, pour assurer leur sécurité. Et le
6 lendemain matin, nous les avons emmenés à Sremska Mitrovica.
7 Q. Est-ce que cela signifie que vous ne saviez pas à quel moment cette
8 liste a été dressée ? Lorsqu'ils sont arrivés là ou au moment où ils sont
9 arrivés ?
10 R. Je ne sais pas si c'est au moment où ils sont arrivés dans le secteur
11 ou quand ils se sont rendus. Je ne sais pas.
12 Q. En tout état de cause, vous ne savez pas si vous ou un autre officier
13 de la 80e Brigade a émis les ordres disant que les pièces d'identité de ces
14 prisonniers devaient être saisies ?
15 R. Non.
16 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Pourrions-nous maintenant regarder le
17 carnet de notes, il s'agit du 503. Il s'agit de la page 14 de ce carnet de
18 notes ou de ce carnet opérationnel. En fait, il s'agit même de la page 15,
19 je pense. Page 27 -- et la cote ERN se termine par 1291. Oui, à la page
20 suivante. Oui, celle-ci. Non, excusez-moi. Je me suis peut-être trompé. Je
21 n'ai peut-être pas la bonne liste. Je pense qu'il nous faudrait la liste
22 qui se trouve à la page 302.
23 Q. C'est là le carnet opérationnel dont nous avons parlé, et là je parle
24 de la pagination du carnet de notes lui-même, donc de la page 49 à - un
25 instant - la page 65, vous avez une liste qui comporte les noms d'un grand
26 nombre de personnes. Et il semblerait qu'il s'agisse là des prisonniers
27 dont vous nous parliez, ceux qui sont allés à Ovcara le jour suivant.
28 Pourriez-vous me dire -- en fait, je vois que vous avez le prénom, le nom,
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1 le nom du père et l'année de naissance de chaque prisonnier, et j'aimerais
2 savoir si vous saviez ou si vous aviez été informé du moment où cette liste
3 a été dressée ?
4 R. Non. Je savais simplement que ces personnes ont été transportées là où
5 elles devaient être transportées, que tout s'est bien passé, qu'il n'y a
6 pas eu de plaintes et que ceci a probablement été fait par Vezmarovic, qui,
7 en fait, assurait leur sécurité et qui a mentionné ces noms dans le carnet
8 de notes parce qu'il devait connaître l'identité des personnes qu'il était
9 chargé de remettre.
10 Q. Est-ce qu'il vous a rendu compte des faits en vous disant qu'il a
11 établi une telle liste ?
12 R. Non.
13 Q. Est-ce que vous avez posé la question ?
14 R. Non. Ce que je voulais savoir, c'est si tout s'était bien passé. Et
15 lorsqu'il est revenu, il m'a dit que tout allait bien et qu'il a pu
16 remettre le même nombre de personnes qu'il avait escortées jusque-là.
17 Q. Pourriez-vous me dire qui lui a remis les prisonniers ou a remis les
18 prisonniers à votre unité ?
19 R. Eh bien, ces prisonniers nous ont été remis par un membre du Groupe
20 opérationnel sud. Ce groupe de prisonniers avait été amené au hangar par le
21 colonel Nebojsa Pavkovic, qui était chargé de leur sécurité. Il était
22 colonel à l'époque. Il les a amenés là et a dit à Filip Karaula : "Il vous
23 incombe maintenant de vous occuper de ces personnes et de faire ce qu'ils
24 vous demandent." Et ensuite, Pavkovic est parti.
25 Q. Est-ce que vous avez vu en fait Nebojsa Pavkovic à ce moment-là ?
26 R. Oui.
27 Q. Et pourriez-vous nous dire de quoi vous avez parlé à ce moment-là ?
28 R. Nous n'avons pas parlé de quoi que ce soit.
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1 Q. Et comment est-ce que cette remise de prisonniers s'est faite si vous
2 n'avez pas parlé de quoi que ce soit ?
3 R. Eh bien, en fait, ces gens ont été amenés dans le hangar. Je ne sais
4 pas comment nous avons été avisés du fait que nous devions nous rendre là-
5 bas et prendre les prisonniers qui étaient dans le hangar. Je ne sais pas
6 qui les avait amenés là jusqu'à ce que j'aie vu Pavkovic. C'était la
7 première fois. Et c'est en fait la seule chose qu'il a dite à leur
8 commandant et il est parti. Il ne m'a même pas dit bonjour.
9 Q. Et est-ce que quelqu'un faisant partie de son escorte a parlé de cela
10 avec un des officiers de votre unité; par exemple, de la compagnie de la
11 police militaire ou des instances de sécurité ?
12 R. Eh bien, non, je ne sais pas. Je ne peux pas réellement vous dire. Je
13 suis arrivé là le soir. Ces personnes étaient déjà en rang dans le hangar,
14 debout contre le mur. Ensuite, on les a autorisées à s'asseoir, à fumer une
15 cigarette.
16 Q. La raison pour laquelle je vous pose cette question, c'est parce que
17 vous avez dit que Vezmarovic vous a dit qu'il avait remis le même nombre de
18 prisonniers que celui qui lui avait été confié, donc il faut que cela soit
19 noté quelque part ?
20 R. Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que Vezmarovic avait remis
21 les personnes, qu'il était revenu et qu'ensuite il avait dit que tout
22 s'était bien passé. Et ce carnet de notes, qui lui appartient probablement,
23 je ne sais pas, mais je peux voir que là il a dressé une liste.
24 Q. Bien. Peut-être que je vous avais mal compris ou peut-être y a-t-il eu
25 autre chose, mais je ne vais pas chercher à voir ce qu'il en était. Est-ce
26 que Vezmarovic vous a dit comment est-ce que cette remise s'est faite, s'il
27 les a simplement laissés là-bas à Mitrovica et qu'il est simplement parti
28 ou s'il y a eu des documents à remplir?
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1 R. Eh bien, il est juste revenu et a rendu compte au commandant de la
2 brigade, en disant qu'il avait remis les prisonniers et qu'il n'y a pas eu
3 de problèmes. Cela a été noté, et c'est tout. Il a simplement dit qu'il
4 avait amené et remis le même nombre de personnes que celui qui lui avait
5 été confié.
6 Q. Donc, en fait, il vous a dit qu'il avait remis --
7 R. Non, non, il ne l'a pas fait. Non. J'ai appris ce chiffre par la suite.
8 Je ne sais pas qui me l'a dit ou comment j'ai appris cela, mais lui ne m'a
9 donné de chiffre exact. Il a simplement dit que tout s'était bien passé et
10 qu'il avait remis le même nombre de personnes que celui qui lui avait été
11 confié. Donc je ne sais pas s'il était accompagné par d'autres officiers,
12 mais en tant qu'officier de la police militaire, il lui incombait, il était
13 de son devoir de le faire.
14 Q. Vous n'avez demandé aucun document prouvant que cela avait réellement
15 été fait ?
16 R. Non. Cela suffisait d'en faire mention dans le journal de guerre, et il
17 a été confirmé lors du briefing que Vezmarovic avait remis ces personnes.
18 Vezmarovic a rédigé un rapport dans la soirée.
19 Q. Nous n'allons pas maintenant parler de ces prisonniers, mais des
20 prisonniers qui ont été amenés là le 20 novembre. Une fois que vous avez
21 quitté le hangar, vous êtes allé assister à une réunion d'information avec
22 Mrksic, et vous avez dit qu'entre autres -- en fait, tout d'abord, il a dit
23 que vous ne devriez pas lui parler de cela du tout. Et par la suite, il a
24 dit -- il vous a demandé qui vous a envoyé et pourquoi vous y étiez allé;
25 est-ce exact ?
26 R. Oui.
27 Q. Est-ce que vous lui avez dit que vous y étiez allé parce que cela
28 faisait partie de votre zone de responsabilité et que lui-même le savait
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1 parfaitement puisque c'est une zone qu'il vous avait attribuée ?
2 R. Non, parce que ce n'était pas là la raison pour laquelle je m'y étais
3 rendu. Je me suis rendu là-bas de Sotin, depuis ma propre unité, parce que
4 je voulais rendre visite à un commandant de bataillon d'artillerie qui
5 était là-bas à son poste de commandement au village d'Ovcara. Donc c'était
6 la seule raison.
7 Q. Oui, c'est ainsi que je l'avais compris. Mais je suppose que vous êtes
8 allé voir les autocars au hangar justement pour voir ce qui se passait et
9 que vous n'auriez probablement pas suivi chacun de ces autocars de toute
10 façon, mais vous l'avez fait parce que c'était votre zone de responsabilité
11 ?
12 R. A l'époque, j'étais vraiment extrêmement étonné de voir ces autocars
13 parce que je ne savais pas pourquoi ils étaient là. Et je voulais savoir
14 qui étaient ces personnes, et j'ai vu les choses que j'ai en fait décrites.
15 Je suis désolé --
16 Q. Oui, continuez, s'il vous plaît.
17 R. Si j'étais allé dans une autre direction, si j'étais allé directement à
18 Vukovar depuis Sotin, je n'aurais pas vu cela. J'en aurais entendu parler
19 le lendemain seulement, ou même peut-être quelques jours plus tard, mais
20 j'avais un peu de temps devant moi et je voulais rendre visite à ce
21 commandant parce que je voulais avoir autant d'information que possible
22 pour la réunion d'information avec Mrksic et également pour lui rendre
23 compte, et je lui ai rendu compte de ce que j'ai vu.
24 Q. Vous savez ce que je trouve vraiment de bizarre ? Je trouve bizarre
25 réellement que Mrksic vous ait demandé ce que vous faisiez à Ovcara alors
26 qu'il savait pertinemment qu'Ovcara faisait partie de votre zone de
27 responsabilité et que, d'une certaine façon, il n'était que naturel pour
28 vous de faire le tour de votre zone de responsabilité et de garder l'œil
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1 sur ce qui se passait.
2 R. Ce qui lui a paru bizarre, c'était le fait que je n'étais pas au
3 courant des événements qui se déroulaient. Mes officiers ne savaient pas
4 que ceci devait se produire à cet endroit et que cette tâche devait être
5 menée de manière organisée en impliquant aussi peu de personnel que
6 possible. Seules quelques personnes étaient supposées le savoir, c'est-à-
7 dire celles qui étaient impliquées, et cela devait donc rester un secret
8 pour les autres, y compris pour moi, et c'est la raison pour laquelle il
9 m'a demandé cela.
10 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que le
11 moment est venu de faire la pause.
12 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Effectivement, Maître Zivanovic.
13 Colonel, nous arrivons au terme de notre audience d'aujourd'hui. Nous nous
14 reverrons demain matin à 9 heures. Vous n'êtes pas pour autant libéré en
15 tant que témoin. Ce qui implique que pendant ce temps-là, pendant que vous
16 êtes toujours ici en votre qualité de témoin, vous n'êtes pas autorisé à
17 discuter de votre déposition avec qui que ce soit et vous ne pouvez pas
18 parler à l'une quelconque des parties. Est-ce bien clair ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
20 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci beaucoup. L'huissière va vous
21 accompagner hors du prétoire.
22 [Le témoin quitte la barre]
23 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Stringer.
24 M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, bonjour.
25 Pour que la Chambre ne soit pas étonnée demain, vous vous souviendrez peut-
26 être que le témoin qui dépose maintenant a été changé lorsqu'il y a eu des
27 difficultés à trouver les autorisations nécessaires pour le témoin qui
28 était prévu au départ, le résultat en étant que le témoin actuel aura fini
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1 sa déposition demain et qu'il n'y a pas d'autre témoin. Donc nous n'avons
2 personne d'autre cette semaine simplement parce que nous avons dû faire
3 venir ce témoin plus tôt que prévu. Je voulais simplement que les Juges le
4 sachent pour que cela ne soit pas une surprise pour vous demain.
5 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci, Monsieur Stringer. Cela n'est
6 peut-être pas quelque chose de trop gênant, parce que demain il y a la
7 visite du président allemand au Tribunal, ce qui nous donnera peut-être un
8 peu plus de temps. Merci beaucoup pour cette information.
9 M. STRINGER : [interprétation] Je devrais probablement ajouter que le
10 problème rencontré et qui a empêché le témoin prévu de venir n'a toujours
11 pas été résolu, et que nous essayons de faire en sorte que ce problème soit
12 résolu et peut-être également d'identifier d'autres témoins éventuels qui
13 pourraient venir à la place de ce témoin. Mais dans la mesure où je suis en
14 train de faire mon mea culpa, c'était peut-être simplement pour que les
15 choses soient claires pour les Juges.
16 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci beaucoup.
17 L'audience est levée.
18 --- L'audience est levée à 14 heures 03 et reprendra le jeudi 30 mai
19 2013, à 9 heures 00.
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