Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le jeudi 30 mars 2006

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 21.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour à toutes les personnes

7 présentes. Les problèmes techniques qui ont causé ce retard ont été

8 résolus.

9 Monsieur, Bonjour.

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pouvez-vous, s'il vous plaît, donner

12 lecture de la déclaration solennelle ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

14 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez vous

16 asseoir. Excusez-moi un instant, je souhaite aborder un point.

17 Monsieur Moore, j'ai dit que nous avons passé beaucoup de temps pendant

18 l'interrogatoire et le contre-interrogatoire du témoin précédent pour

19 discuter du transcript des notes. Je ne pense pas qu'il s'agit d'un

20 document qui a été versé au dossier. Est-ce que vous souhaitez qu'on le

21 verse au dossier ?

22 M. MOORE : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. Vous parlez

23 de la transcription ici, ou de la transcription dans un autre sens ?

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est mon emploi personnel du terme.

25 Lorsque je dis -- j'ai dit "transcription", j'ai fait une erreur. Je

26 voulais parler de la version dactylographiée des notes du journal de bord

27 tenu par l'ambassadeur.

28 M. MOORE : [interprétation] Je pense que ceci a été verse au dossier. Ceci

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1 ce n'est pas le cas, je vais demander qu'on le verse. Quoi qu'il en soit,

2 je pensais que cela devait aller de pair avec la version manuscrite, parce

3 que la version manuscrite en est la source. C'est un document rédigé en

4 anglais. Nous avons un autre document rédigé en anglais qui n'a pas été

5 versé au dossier.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons tirer cela au clair. Vous

7 me dites que ceci a peut-être été versé au dossier en tant que partie de la

8 pièce à conviction qui constitue le carnet de bord lui-même.

9 M. MOORE : [interprétation] Pour être tout à fait honnête, je ne me

10 souviens pas.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Moi, non plus. Il me semble que cela

12 n'a pas été le cas. Je n'ai pas indiqué sur mon exemplaire la cote. Donc,

13 je voudrais que l'on tire cela au clair.

14 M. MOORE : [interprétation] Oui.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous pouvons reparler si c'est

16 nécessaire.

17 M. MOORE : [interprétation] Je vous remercie.

18 Un autre point, si vous n'avez plus rien à ajouter là-dessus. Nous avons

19 préparé un petit jeu de documents. Nous avons un exemplaire pour le témoin,

20 pour le Dr Schou. Nous n'avons pas beaucoup d'intercalaires ici. Alors,

21 nous avons procédé de la manière suivante. Nous avons continué dans la

22 série des numéros attribués aux intercalaires pour que cela s'enchaîne sur

23 les intercalaires Kypr. Donc, je pense que là nous avons eu des numéros

24 allant jusqu'à 37, et certains n'ont pas été versés au dossier. Mais ceci

25 peut être enlevé, et par la suite donc, on continue à partir de 38 jusqu'à

26 42. Je pense que la raison vous apparaîtra clairement. Ils ont fait partie

27 de la même mission. Le Dr Schou va peut-être se référer à des documents que

28 nous avons précédemment vus. Si on s'y réfère par leurs numéros

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1 d'intercalaire, il sera facile de les trouver. Cela, c'est un premier

2 point.

3 Deuxième point, nous avons un tableau récapitulatif. La Chambre l'a reçu,

4 ainsi que mes collègues de la Défense. C'est un tableau sur deux pages. Je

5 l'ai sur les trois pages parce que je ne vois plus très bien. Mais je pense

6 que ceci nous aidera pour nous repérer de -- pour ce qui est des documents

7 qui ont déjà été versés au dossier. Puis, nous avons les numéros 65 ter.

8 Afin d'aider dans la gestion des documents, nous avons donné les numéros

9 ERN. Nous avons aussi la version en B/C/S, enfin le numéro de la version en

10 B/C/S pour aider, si nécessaire.

11 Enfin, l'intercalaire 42, je souhaite en parler. Je ne l'ai vu qu'hier

12 soit. Il s'agit d'un extrait d'un journal danois. La date est celle du 21

13 novembre, et le document n'a pas été traduit pour des raisons tout à fait

14 claires. Je souhaiterais me référer à une partie de ce texte.

15 Donc, c'est le document du 21 novembre, intercalaire 42. Il a à voir,

16 et là je voudrais aider mes confrères, avec le fait que cette médecin a

17 passé un coup de fil téléphonique à un journaliste en Danemark, disant

18 qu'il y avait des patients qui n'étaient plus à l'hôpital.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic.

20 M. LUKIC : [interprétation] Pour ce qui est de ce troisième document dont

21 vient de parler M. Moore, les trois équipes de la Défense s'opposent à ce

22 qu'on l'aborde. Premièrement, c'est hier soir ou plutôt ce matin que nous

23 avons trouvé dans nos casiers ce document, donc, le délai de 24 heures n'a

24 pas été respecté. Nous n'avons pu lire ce document, pas pu le traduire,

25 c'est un document danois, même si le témoin pourrait nous le traduire

26 aujourd'hui dans le prétoire. Mais, d'après le règlement et -- d'après les

27 règles de communication des documents, ce document n'est pas acceptable.

28 Nous savons exactement à quel moment les documents doivent être communiqués

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1 à la partie adverse.

2 M. MOORE : [interprétation] J'accepte tout à fait les commentaires de mon

3 éminent confrère. Je retirerais ce document, mais je suis parfaitement en

4 droit de poser la question au docteur sur ce qu'il a effectivement fait.

5 Nous allons procéder dans la présentation des moyens de cette manière-là.

6 Si mon éminent collègue souhaite que l'on procède de cette manière-là, je

7 vais le faire. Je ne me reposerai pas sur le document.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Moore, êtes-vous prêt à

9 commencer ?

10 M. MOORE : [interprétation] Oui.

11 M. LUKIC : [interprétation] Monsieur le Président.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Lukic.

13 M. LUKIC : [interprétation] Encore une fois, nous changeons la pratique.

14 Nous avons ici des éléments tout à fait nouveaux. Nous n'avons absolument

15 pas pu procéder à des vérifications de ces éléments nouveaux. Ceci modifie

16 la pratique habituelle de travail de l'Accusation. Nous avons ici de

17 nouvelles informations qui ne figuraient absolument pas dans les

18 informations reçues précédemment.

19 M. MOORE : [interprétation] Mais comme je l'ai déjà dit à mon éminent

20 confrère, c'est pour la première fois hier soir que j'ai vu ce document. Si

21 mon confrère souhaite faire respecter à la lettre le règlement, et soulever

22 des objections techniques, je ne vais demander un report. Je vais présenter

23 des moyens. Il a été informé de la chose. Je vais demander, par exemple, un

24 report, et soulever ceci demain matin. Donc, il aura été informé 24 heures

25 à l'avance.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Moore, faites une petite

27 pause avant de réagir trop brusquement. Permettez à la Chambre

28 d'intervenir. Ceci pourrait calmer le jeu un petit peu.

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1 Nous comprenons que nous avons ici un fait supplémentaire que vient

2 apporter le témoin. C'est quelque chose qui peu peut-être aider le témoin à

3 confirmer la date de l'événement, d'après ce que j'ai compris. Donc, avec

4 l'autorisation de la Chambre, vous pourrez présenter ceci. Si ceci pose

5 problème à la Défense, alors, elle peut -- elle peut en parler, et nous

6 allons nous pencher sur le problème et sur la solution, et apporter, mais,

7 maintenant, nous verrons si ceci vous pose problèmes à vous aussi. La

8 Chambre doit voir si les nouveaux éléments sont susceptibles de porter

9 préjudice davantage à la Défense qu'à l'Accusation, parce qu'il nous a

10 semblé jusqu'à présent que c'est plutôt la Défense et ses témoins qui

11 abordent les éléments supplémentaires. C'est plutôt eux et non pas dans

12 l'autre sens. Bien sûr, cela dépend de l'importance de nouveaux éléments

13 d'information. S'il s'agit de quelque chose de substantiel, alors c'est un

14 autre cas de figure. Mais s'il s'agit simplement de confirmer la date, le

15 pense que c'est -- cela n'a pas beaucoup d'impacte.

16 Monsieur Moore.

17 M. MOORE : [interprétation] Je vous remercie.

18 LE TÉMOIN : JAN ALLAN SCHOU [Assermenté]

19 [Le témoin répond par l'interprète]

20 Interrogatoire principal par M. Moore :

21 Q. Pouvez-vous décliner votre identité, s'il vous plaît ?

22 R. Mon nom est Jan Allan Schou.

23 Q. Vous êtes né en 1955 ?

24 R. Oui.

25 Q. Le 10 avril, c'est cela votre date de naissance ?

26 R. Oui.

27 Q. Vous êtes citoyen danois ?

28 R. Oui.

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1 Q. Alors, je voudrais tout d'abord parler de votre parcours personnel et

2 professionnel.

3 Donc, pourrais-je vous poser des questions concernant vos circonstances

4 personnelles ? Est-il exact que vous êtes marié et que vous avez trois

5 enfants ?

6 R. Je ne suis plus marié, mais j'ai trois enfants, oui.

7 Q. Vous êtes citoyen danois; vous êtes allé à l'école primaire; vous êtes

8 ensuite allé à l'académie militaire en commençant en 1974 ?

9 L'INTERPRÈTE : Veuillez faire une pause, s'il vous plaît, entre question et

10 réponse pour les interprètes et le compte rendu.

11 M. MOORE : [interprétation]

12 Q. Je crois qu'il est exact de dire qu'à la suite de cela, vous avez pu

13 étudier à l'académie et devenir officier dans l'armée; est-ce exact ?

14 R. Oui.

15 Q. Après deux ans, vous avez décidé de quitter l'armée. Vous êtes devenu

16 militaire à plein temps et vous avez commencé je crois à l'université de

17 Copenhague ?

18 R. Oui.

19 Q. C'est là que vous avez étudiez la médecine ?

20 R. Oui.

21 Q. Mais, maintenant, je voudrais d'une façon très générale parler de votre

22 expérience de pratique médicale. Je pense qu'il est juste de dire

23 qu'aujourd'hui, vous avez une formation de chirurgien et gynécologue; est-

24 ce que c'est exact ?

25 R. C'est exact.

26 Q. Ceci au Jutland --

27 R. Oui.

28 Q. -- au Danemark, n'est-ce pas ?

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1 R. C'est exact, oui.

2 Q. C'est-à-dire, au Jutland --

3 R. Oui.

4 Q. En ce qui concerne votre service militaire, est-il exact qu'en 1991

5 vous étiez un réserviste ?

6 R. Oui.

7 Q. Je pense qu'en 1991, on vous a demandé enfin l'armée danoise vous a

8 demandé en raison de vos qualifications à la fois du point de vue militaire

9 et médical, on vous a demandé d'aller en Yougoslavie, pour aller comme

10 observateur de la Mission d'observation de la Communauté européenne ?

11 R. Oui, c'est exact.

12 Q. A ce moment-là, il est exact de dire que vous aviez le grade de

13 capitaine et sur cette mission vous avez été envoyé là et il y avait 14

14 membres du personnel d'après vos souvenirs ?

15 R. Oui.

16 Q. En traitant de cette question, je pense, de façon relativement brève,

17 vous avez quitté le Danemark le 15 octobre 1991, et vous êtes arrivé à

18 Zagreb en Croatie qui d'après ce que j'ai compris était l'endroit où ce

19 trouvait le quartier général de la Mission d'observation de la Communauté

20 européenne ?

21 R. Oui, c'est exact.

22 Q. Je vous remercie. Maintenant, je voudrais commencer. Si je parle du 18

23 octobre, je pense qu'il est juste de dire que c'est, à ce moment-là, que

24 vous avez quitté Zagreb pour vous rendre à Vukovar; est-ce que c'est

25 exact ?

26 R. C'est exact.

27 Q. Pourquoi ce fait-il que, le 18 octobre, vous êtes allé à Vukovar ?

28 R. C'était parce que nous devions suivre Médecins sans frontières pour

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1 évacuer certains patients de l'hôpital et nous devions suivre ceci en tant

2 que membre de la Mission d'observation.

3 Q. Quelle était exactement votre fonction au sein de la mission ?

4 R. Ma fonction bien c'était plus particulièrement de voir ce qui se

5 passait à l'hôpital : comment elle fonctionnait, comment se comportaient

6 les patients, de quoi ils avaient besoin, quel était le matériel nécessaire

7 médical, et cetera, quelque chose de ce genre.

8 Q. En ce qui concerne la mission qui s'était rendue à Vukovar, combien de

9 personnes, en fait, s'y sont rendues à Vukovar, proprement dit; est-ce que

10 vous pouvez vous rappeler ?

11 R. Non, je ne suis pas sûr. Je crois que nous étions quatre ou cinq --

12 nous avions quatre ou cinq véhicules de la Mission d'observation de la

13 Communauté européenne avec trois personnes dans chaque véhicule.

14 Q. Ce que je souhaiterais faire c'est que j'espère que vous avez là le lot

15 de documents pour que nous puissions passer à ce que j'appelle le document

16 à l'intercalaire 38. C'est dans le classeur supplémentaire. Le numéro ERN

17 en anglais est le suivant : 00366961 jusqu'à 71, et 03055390 jusqu'à 96.

18 Maintenant vous avez retrouvé le document à cet intercalaire, comme nous

19 l'appelons ?

20 R. Oui, je l'ai. Enfin, j'espère.

21 Q. Bien, moi aussi. Cela devrait dire : "Mission de secours à Vukovar." Il

22 doit s'agir d'un document manuscrit, je ne sais pas si c'est votre écriture

23 manuscrite.

24 R. Non, ce n'est pas mon écriture.

25 Q. Mais tout en haut à gauche, on devrait voir la date du 18 octobre,

26 départ Zagreb à 14 heures.

27 R. C'est exact.

28 Q. Alors, traitons maintenant d'une ou deux questions, mais nous nous

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1 référerons à ce document en temps utile. Je pense qu'il est juste de dire

2 que vous vous êtes arrêté à un endroit appelé Djakovo; c'est bien cela ?

3 R. C'est exact.

4 Q. Je crois que vous y avez dormi et que, vers 5 heures du matin, pour

5 autant que vous puissiez vous en souvenir, vous avez quitté cet endroit,

6 vous avez passé par Nustar, puis Zidine, Marinci, pour autant que je puisse

7 comprendre, vous êtes arrivé à Marinci vers 7 heures du matin. Maintenant,

8 jetons un coup d'œil au document en question, le document de l'intercalaire

9 38.

10 M. MOORE : [interprétation] Oui, je vois qu'il y a une objection élevée à

11 ce sujet ?

12 M. LUKIC : [interprétation] Monsieur le Président, au commencement de la

13 déposition, je voulais élever une objection de principe. Avec le témoin

14 précédent le système qui était de voir les documents et c'était une façon,

15 en fait, de diriger l'interrogatoire, mais, plus particulièrement, dans ce

16 cas, lorsque M. Moore a commencé son interrogatoire principal, il a donné

17 lecture au témoin -- il lui a dit qu'ils avaient passé la nuit à Djakovo.

18 Ceci n'est pas dans le document, mais le témoin a confirmé cela néanmoins.

19 Par conséquent, je souhaiterais que -- ou on s'en tienne à ce qui est dit

20 dans les documents, ou peut-être qu'on pose des questions au témoin pour

21 qu'il puisse donner sa réponse et qu'on ne dirige pas le témoin de cette

22 manière.

23 M. MOORE : [interprétation] Bien, écoutez. Excusez-moi, mais le document

24 dit : "Arrivé le 18 octobre à Djakovo à 21 heures." Ceci démontre que, le

25 19 octobre, on voit "départ de Djakovo." Excusez-moi si peut-être ce que je

26 dis c'est un peu simple, mais j'aurais pensé qu'en fait, ceci indiquait

27 qu'entre le 18 et le 19, ils se trouvaient à cet endroit et, par

28 conséquent, il y avait passé la nuit.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Poursuivez, Maître Moore.

2 M. MOORE : [interprétation]

3 Q. Alors, progressons, si vous voulez. Nous pouvons maintenant, d'après

4 vos souvenirs, parler du moment où vous êtes arrivé à Marinci. Je crois que

5 j'ai raison de le dire que ce document donne à penser que c'était un petit

6 peu en avance sur l'horaire prévu.

7 Maintenant, examinons le document proprement dit de façon à ce que tout le

8 monde comprenne d'abord quelle est l'origine de ce document ? Savez-vous

9 qui a rédigé ou établi ce document ?

10 R. Le chef de -- ce que vous pourriez appeler la mission de ce secours.

11 Q. Alors regardons maintenant le document proprement dit dans le coin en

12 bas à droite où on lit 961962 et 63, puis cela se continue et puis il y a

13 une signature. C'est la signature de qui ? En bas à droite dans ce

14 document.

15 R. Vous parlez de ma signature en bas ?

16 Q. Oui.

17 R. Bien. Lorsque j'ai donné ce document, c'est quand j'ai donné ce

18 document au Tribunal.

19 Q. Je vous remercie beaucoup. Nous devons établir la source du document,

20 et maintenant, nous le savons.

21 Pourrions-nous, maintenant, parler, s'il vous plaît, de l'itinéraire

22 proprement dit ? Je voudrais que nous parlions de ce qui est noté, là à

23 l'endroit où on dit -- comme vous pouvez voir, le document, à la première

24 page, que vous êtes resté sur la route hors de Marinci jusqu'à 7 heures 55,

25 lorsqu'un colonel de la JNA est arrivé; vous avez retrouvé ce passage ?

26 R. Oui.

27 Q. Alors que s'est-il passé là, s'il vous plaît, très brièvement ?

28 R. Nous étions à l'extérieur de la ville, le véhicule arrêté, et je ne

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1 sais pas pendant combien de temps, puis nous sommes entrés dans Marinci.

2 Nos véhicules ont été contrôlés, il n'y avait pas d'armes dans les

3 voitures. Après un certain temps, on nous a permis de poursuivre jusqu'à la

4 ville suivante.

5 Q. Je voudrais vous demander de jeter un coup d'œil au document qui se

6 trouve tout à fait à la fin ou la page qui est vraiment tout à fait à la

7 fin du document. Ceci porte le numéro 6971.

8 R. Oui.

9 Q. Pourriez-vous nous dires ceci --

10 M. MOORE : [interprétation] Je ne sais pas s'il est possible de présenter

11 le document d'une façon telle qu'il ne soit pas à l'envers. Est-ce qu'on

12 peut faire cela ? Bon, nous y voici.

13 Q. Alors, en ce qui concerne ce document, qui l'a rédigé ? Pouvez-vous

14 nous le dire ?

15 R. Ce document a été rédigé par le chef de cette mission de secours qui

16 était un membre français de la Mission d'observation.

17 Q. Lorsque nous l'examinons, est-il vrai de dire qu'il est évident que le

18 chef de l'opération de secours est à Vukovar du 18 au 20 octobre.

19 R. Oui.

20 Q. Qu'est-ce que cela nous montre d'une façon générale, s'il vous plaît ?

21 R. D'une façon générale, cela nous montre que nous avons dû passer par le

22 "no man's land," je crois, quatre fois avant de pouvoir parvenir à Vukovar.

23 Q. Ensuite, lorsque nous observons ce document, nous pouvons voir

24 Vinkovci, puis, sur la gauche, Nustar, Zidine.

25 R. Zidine, oui.

26 Q. Puis, nous avons cette ligne de tirets qui semble être sous le sous-

27 titre, là, nous voyons l'horaire de 7 heures 10; voyez-vous cela ?

28 R. Oui.

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1 Q. Qu'est-ce que cela a de particulier cette ligne de tirets qui semble

2 être des deux côtés de Marinci ?

3 R. D'après ce que je me souviens, c'est qu'il y a un point de contrôle

4 qu'il a fallu passer pour entrer dans Marinci.

5 Q. Bien. Je vous remercie. Donc, la ligne de tirets en sortant de

6 Marinci ?

7 R. C'est quand nous avons quitté Marinci, là encore, pour sortir, nous

8 avons dû passer par un point de contrôle.

9 Q. Oui.

10 R. C'est ce que vous appelé la ligne de front de l'armée.

11 Q. Je vous remercie beaucoup. Lorsque nous traiterons de cela, si vous

12 pouvez garder le doigt sur cette page, et nous allons aller un peu plus

13 loin, je pense qu'il est exact que ce document, si on regarde la première

14 page du document, 6961, celle dont je vous ai parlé, taché de garder votre

15 doigt sur ce diagramme, pour la page 6961 de la version anglaise, nous

16 avons, je cite : "Le convoi poursuit vers l'extrémité orientale de Marinci

17 et s'arrête." Est-ce que vous avez cela ?

18 R. Oui.

19 Q. Je vous remercie. Puis nous avons : "Le véhicule de tête de la

20 Communauté économique poursuit jusqu'au lignes croates."

21 R. Oui, j'ai cela.

22 Q. Est-il exact, lorsque nous regardons la carte, nous pouvons voir que

23 ceci est représenté sur le diagramme proprement dit ?

24 R. Oui.

25 Q. Puis, ensuite, nous avons la ligne avec des flèches qui traverse

26 Bogdanovci et nous avons cet itinéraire pour établir un contact. Nous

27 tournons la page, s'il vous plaît, et je voudrais, ensuite, essayer de

28 traiter de cela assez brièvement. Nous avons une note. Je crois que cela

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1 veut dire que le véhicule revient, pour utiliser votre expression, il

2 reprend le convoi, on voit qu'il est question de mines au moment où on s'en

3 approche. Est-ce que vous pourriez, s'il vous plaît, expliquer cela, à

4 savoir ce qui s'est passé avec ces mines au moment de l'approche ?

5 R. Ceci veut dire que sur la route il y avait des mines et que les forces

6 croates les ont retirées.

7 Q. Je vous remercie. Donc poursuivons, il y a l'arrivée à ces lieux précis

8 et le reste là pendant 30 minutes. Alors, qu'est-ce que veut dire cette

9 phrase "pendant que le commandant locale" ? Il semble dire que c'est un

10 commandant croate; c'est bien cela ?

11 R. Oui.

12 Q. Pourriez-vous nous dire ce que cela dit et l'expliquer ?

13 R. Il dit que, dans la ville de Bogdanovci, le commandant local des forces

14 croates dans ce petit village, qui était pratiquement encerclé par la JNA,

15 il nous disait que nous ne pourrions pas traverser par l'itinéraire normal,

16 qui était celui qui était prévu dans l'accord parce que la route était

17 minée. Il savait qu'il y avait une façon d'aller à l'hôpital, nous

18 pourrions voyager avec une escorte, avec des Croates, dans nous pouvions

19 passer -- nous réussirions à passer avec la JNA.

20 Q. Donc, voyons voir si j'ai bien compris. La route convenue, le

21 commandant croate vous a dit que vous ne pouviez pas emprunter cet

22 itinéraire parce qu'il y avait des mines, mais qu'il connaissait un autre

23 itinéraire qui n'était pas miné.

24 R. C'est exact.

25 Q. Je vous remercie. Donc, l'équipe V, est-ce que c'était l'équipe, comme

26 vous appeliez cela ? Vous voyez la note suivante.

27 R. Oui. Je ne sais pas.

28 Q. Bien. "A Nustar, on inspecte la zone, on ne trouve pas de mortiers, ni

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1 de positions d'artillerie."

2 Est-ce que vous êtes en mesure de nous aider en ce qui concerne cette

3 mention qui est là ? "Pas de mortiers ni de positions d'artillerie, ni de

4 positions de mortiers."

5 R. Je n'ai rien vu à ce stade.

6 Q. Pourrais-je simplement vous parler de votre mandat ? Il est clair que

7 vous avez une mission médicale, mais vous avez également une formation

8 militaire et vous avez été contacté par l'armée danoise, plus

9 particulièrement, à cause de votre double compétence; est-ce que vous avez

10 reçu un briefing, assisté à un briefing des militaires avant ou de partir

11 dans votre mission ou au cours de cette mission particulière, le 18 et 19

12 octobre.

13 R. Le 18, plus particulièrement le 18 octobre, non.

14 Q. Oui ?

15 R. Mais, lorsque j'ai quitté le Danemark, j'ai eu une brève rencontre avec

16 des militaires danois qui nous ont dit à tous les observateurs danois que

17 nous devions aller en Yougoslavie et qu'il fallait, bien entendu, qu'on

18 fasse attention au matériel qu'on verrait.

19 Q. Lorsque vous parlez de matériel, je suppose que vous ne parlez pas de

20 bulldozers. Vous parlez de matériel militaire.

21 R. Oui, nous parlons de matériel militaire.

22 Q. Pourquoi est-ce que ceci présentait un intérêt ? Pourquoi il y avait

23 intérêt pour ce matériel militaire qui fallait observer en 1991 ?

24 R. Parce que, dans l'armée danoise à l'époque, nous avions seulement des

25 photos de ces véhicules, donc, c'était la première fois qu'on pouvait les

26 voir pour de bon. Nous avions été formés dans l'armée à tous ces types de

27 véhicules, nous connaissions le nombre de véhicules, le type et quelle

28 brigade qu'ils appartenaient et ainsi de suite.

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1 Q. Mais en ce qui concerne votre propre formation militaire, y avait-il

2 des départements particuliers dans lesquels vous aviez travaillé dans

3 l'armée danoise ?

4 R. Oui, j'ai fait partie des services de renseignement.

5 Q. Services de Renseignement ?

6 R. Service, oui. Le renseignement, c'est comme cela qu'on l'appelle,

7 renseignement local, sur le terrain dans la brigade.

8 Q. Donc, il s'agit de l'Unité chargée du Renseignement dans le contexte

9 militaire.

10 R. Oui.

11 Q. Que faisait exactement l'élément chargé du renseignement de l'armée

12 danoise qui devait se concentrer sur quoi, d'une façon générale, s'il vous

13 plaît ?

14 R. Il n'y avait rien de particulier. C'était juste ce type de choses,

15 notamment en ce qui concernait le matériel qu'on voyait.

16 Q. De sorte que --

17 R. On ne nous avait pas demandé, mais certains d'entre nous ont pris des

18 photos de ces véhicules de sorte que nous puissions en quelque sorte nous

19 en servir au Danemark pour notre propre formation.

20 Q. Bien. De sorte que lorsque vous traversiez ces différentes régions,

21 qu'il y ait eu de la JNA ou ce que je peux appeler les Croates --

22 R. Oui.

23 Q. Est-il exact que vous aviez un niveau de compétence également, un

24 intérêt pour essayer de savoir quels étaient les armes ou armements qu'il y

25 avait sur place ?

26 R. Oui.

27 Q. Donc, passons maintenant au fait que vous avez dit vous n'avez pas vu

28 de mortiers, des positions de mortier ou des positions d'artillerie. Est-ce

Page 6843

1 que nous avons traité de la question de savoir s'il y avait eu un cessez-

2 le-feu imposé pour cette mission ? Si nous regardons les notes -- la

3 quatrième mention qui figure --

4 R. Je n'ai pas compris.

5 Q. Oui, si vous allez à la page 6962, ce qui est là --

6 R. Oui.

7 Q. Vous regardez le quatrième groupe de notes, ou quatrième paragraphe.

8 R. Oui.

9 Q. Pourriez-vous lire s'il vous plaît ce qui est inscrit à cet endroit-

10 là ?

11 R. "Local."

12 M. VASIC : [interprétation] Monsieur le Président,

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Local qui --

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Voulez-vous vous arrêter un instant ?

15 Maître Vasic.

16 M. VASIC : [interprétation] Je vous remercie. En fait, je suis désolé

17 d'interrompre mon confrère, mais je voudrais quand même qu'il y ait quelque

18 chose de bien clair. Si on pose des questions au témoin pour savoir s'il se

19 rappelle quelque chose de cette mission, ou s'il est -- on lui demande de

20 faire des commentaires sur un rapport qui a été établi par quelqu'un

21 d'autre ? Je pense que ce qu'il convient de faire, c'est de demander au

22 témoin d'abord de nous dire quels son ses souvenirs. Après cela, peut-être

23 il y a des commentaires sur des rapports qui ont été rédigés par quelqu'un

24 d'autre.

25 Je vous remercie.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] D'après ce que je comprends, Maître

27 Vasic, ce n'est ni l'une, ni l'autre des deux possibilités que vous

28 envisagez. Il s'agit d'un témoin qui fait sa déposition d'après ses

Page 6844

1 souvenirs, lesquels sont rafraîchis par ces notes qui ont été prises, à ce

2 moment-là.

3 C'est bien cela, Monsieur Moore ?

4 M. MOORE : [interprétation] C'est exact. C'est un document pour lui

5 rafraîchir le mémoire.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. Donc, il y a un certain nombre de

7 questions préliminaires qui auraient pu être utiles.

8 M. MOORE : [interprétation] Certainement.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Juste pour savoir, enfin, lentement,

10 fondamentalement ces notes -- il s'agit de notes qui ont été préparées,

11 établies à l'époque, non pas par lui, mais par son -- par le chef de son

12 équipe. Il connaissait bien la situation d'après ce qu'il a compris, et je

13 pense que ceci nous a permis de surmonter cette difficulté.

14 M. MOORE : [interprétation] Je vous prie de m'excuser pour cela. J'aurais

15 dû le faire. Si vous voulez, je peux tout à fait le faire maintenant.

16 Q. Docteur Schou, est-ce que vous avez vu cela précédemment ?

17 R. Oui.

18 Q. Parce que vous l'avez signé, et il est clair que ceci a trait à la

19 mission dans laquelle vous avez participé, vers Vukovar et à Vukovar et

20 retour ?

21 R. Oui.

22 Q. En ce qui concerne ce document, vous l'avez lu, oui ?

23 R. Je l'ai lu.

24 Q. Est-il exact de dire que l'ayant lu, vous êtes d'accord avec la teneur

25 de ce document comme étant exact ?

26 R. Je suis d'accord avec le teneur du document, oui.

27 Q. Je vous remercie. Vous souhaitez quand même pouvoir vous référer à ce

28 document pour vous aider à vous souvenir de ce qui s'est passé ? C'est bien

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1 ce qu'on pourrait appeler un aide-mémoire ?

2 R. Oui, tout à fait, parce que cela fait longtemps maintenant. Donc, il

3 faut que je puisse voir mes documents pour -- il faut que j'ai ce document

4 devant moi pour voir ce qui s'est passé.

5 Q. Donc, j'espère que ceci satisfait mes confrères parce que maintenant je

6 voudrais que nous traitions de ce paragraphe qui commencer par : "Le

7 commandant local informe l'équipe V que le cessez-le-feu doit être imposé

8 depuis"; à partir de quelle heure, s'il vous plaît ?

9 R. C'était à partir de 5 heures du matin.

10 Q. Oui. Donc, à cette date, le 19 octobre, je pense ?

11 R. Oui, oui.

12 Q. Pouvons-nous maintenant poursuivre ?

13 R. Jusqu'au 21, à partir du 19 octobre.

14 Q. Est-ce que c'est le 21, ou est-ce qu'il s'agit de minuit ?

15 R. Il s'agit de minuit.

16 Q. Je vous remercie. Pourriez-vous maintenant expliquer s'il vous plaît la

17 mention suivante ? Pourriez-vous la lire à haute voix et l'expliquer ?

18 R. Oui, je peux vous la lire : "Ceci n'est pas conforme à l'accord de

19 cessez-le-feu fait à Zagreb qui devait entrer en vigueur entre 7 heures, le

20 vendredi 18 octobre, et" -- quelque chose concernant 24 heures du 20

21 octobre, je crois.

22 Q. Oui, alors, voyons peut-être que mon exemplaire est un peu lisible que

23 le vôtre; est-ce que c'est entre 17 heures plutôt que 7 heures ? 1-7 ?

24 R. Oui, c'est 1-7-0-0.

25 Q. Donc, oui, le vendredi 18 octobre, et 24 heures, c'est-à-dire, minuit

26 pour la 20 octobre ?

27 R. Le 20, oui.

28 Q. Je vous remercie. Quand vous étiez dans ce convoi, est-ce que vous avez

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1 entendu divers bruits ?

2 R. Je n'ai rien entendu. Je pense -- enfin, je ne suis pas sûr. L'équipe

3 V, je ne suis pas sûr que c'était dans le convoi. Il se peut qu'il y ait --

4 ceci est un lien avec une équipe qui était en Croatie ou quelque chose

5 comme cela. Cela, je ne le sais pas.

6 Q. Bien. Alors, maintenant, parlons de vos souvenirs. Donc, voilà, vous

7 êtes dans le convoi; que se passe-t-il ensuite ?

8 R. Après cela, nous avons été escorté -- enfin, pas escorté, mais il y

9 avait un véhicule civil avec quatre Croates à l'avant devant notre

10 véhicule, et nous traversions un champ de blé.

11 Q. Oui.

12 R. Nous sommes parvenus à Vukovar.

13 Q. Je vous remercie beaucoup.

14 R. Nous venions de l'est, je crois.

15 Q. Est-ce que nous pourrions --

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Vasic.

17 M. VASIC : [interprétation] Monsieur le Président, juste un point

18 technique. L'interprète, qui essaie d'interpréter vers le B/C/S, est

19 vraiment -- l'interprétation devient de plus en plus précaire, et je crois

20 que ceci est à cause du rythme des débats. Si tout le monde pouvait, s'il

21 vous plaît, ralentir, de sorte que l'interprétation vers le B/C/S puisse

22 devenir à nouveau possible.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, Maître

24 Vasic. C'est un rappel utile. Je vous remercie.

25 M. MOORE : [interprétation] Je vous remercie beaucoup.

26 Q. Donc, traitons, s'il vous plaît, de l'arrivée à Vukovar proprement dit.

27 Donc, faisons appel à votre mémoire. Maintenant, quand vous arrivez à

28 Vukovar, est-ce que vous êtes allés à l'hôpital lorsque vous êtes arrivé à

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1 Vukovar ?

2 R. Nous sommes très précisément -- nous nous rendrons précisément à

3 l'hôpital.

4 Q. Je vous remercie. Pouvez-vous approximativement vous rappeler quand

5 vous êtes allés à l'hôpital ? Approximativement, à quelle heure de la

6 journée ?

7 R. 10, 11 heures du matin.

8 Q. Je vous remercie. Pouvez-vous vous rappeler combien d'autres

9 observateurs de la mission se trouvaient là avec vous, à ce moment-là ?

10 R. Je crois huit -- huit ou neuf.

11 Q. Je vous remercie. Pourriez-vous maintenant expliquer à la Chambre, s'il

12 vous plaît, si l'hôpital proprement dit était endommagé ?

13 R. L'hôpital était très endommagé. Ce n'est qu'au sous-sol que l'on

14 pouvait installer les patients. C'est là qu'ils devaient travailler. Les

15 autres parties du bâtiment étaient complètement détruites. Un médecin de

16 l'hôpital m'a fait faire un tour. Nous n'avons pu aller qu'au deuxième

17 étage en raison de l'escalier qui était en partie détruit. Il y avait --

18 seul le sous-sol était occupé.

19 Q. Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire s'il était indiqué quelque

20 part que l'hôpital était un hôpital.

21 R. Oui. L'hôpital portait un signe de la Croix-Rouge sur le toit, et

22 parterre.

23 Q. Lorsque vous dites parterre, est-ce que vous vouliez dire sur l'herbe ?

24 R. Oui.

25 Q. Ce carré d'herbe, se trouvait-il dans l'enceinte de l'hôpital ou à

26 l'extérieur ?

27 R. Au milieu de l'hôpital. L'hôpital était composé de trois bâtiments.

28 Q. Je vous remercie. Ces croix rouges, de quelles dimensions étaient

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1 elles ?

2 R. Sur le toit, dix mètres sur dix.

3 Q. Parterre ?

4 R. Pareil.

5 Q. Vous avez sans doute eu la possibilité d'apprécier les circonstances

6 dans lesquels le personnel travaillait ?

7 R. Oui.

8 Q. Pouvez-vous nous dire quel était le niveau de qualité des fournitures

9 médicales à l'époque à l'hôpital ?

10 R. Elle avait très peu de personnel médical. Le personnel médical devait

11 nettoyé, recyclé les pansements et je pense qu'il n'avait que dix ou 12

12 types de médicaments différents.

13 Q. Merci. S'agissant du personnel médical, êtes-vous en mesure de nous

14 donner une idée de leur degré de compétence ?

15 R. Je ne les ai pas vu au travail, mais j'ai vu les patients et ils

16 étaient bien soignés.

17 Q. Est-ce que vous vous êtes déplacé à travers l'hôpital ?

18 R. Est-ce que vous pourriez expliquer cela ?

19 Q. Est-ce que vous avez fait une visite approfondie de l'hôpital ou

20 n'êtes-vous allés que dans une partie de l'hôpital ?

21 R. Nous sommes allés dans tout l'hôpital. J'ai été escorté -- ou plutôt,

22 accompagné par une femme médecin.

23 Q. Avez-vous vous ce que j'appellerais du personnel militaire à

24 l'intérieur de l'hôpital des soldats armés ?

25 R. Non. J'ai vu des soldats à l'extérieur de l'hôpital, à l'intérieur de

26 l'enceinte --

27 Q. Oui.

28 R. Mais pas dans les bâtiments.

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1 Q. A l'intérieur de l'hôpital ?

2 R. A l'intérieur de l'hôpital.

3 Q. Vous avez entendu des tirs de mortiers, n'est-ce pas ?

4 R. Oui.

5 Q. S'agissant des tirs de mortiers, vous n'avez pas vu d'obus ?

6 R. C'est vrai. Mais j'ai entendu ces tirs.

7 Q. D'après vous, à quelle distance avait lieu ces tirs de mortiers ? C'est

8 parfois difficile à dire.

9 R. 30, 40 mètres, peut-être 50.

10 Q. Merci. Je souhaiterais que l'on parle à présent de votre mission -- de

11 votre mandat. Quel était l'objet de la mission ?

12 R. L'objet de la mission était de faire sortir un maximum de patients de

13 l'hôpital pour les transférer vers l'autre hôpital en Croatie.

14 Q. Combien de patients avez-vous fait sortir ?

15 R. 109 patients environ.

16 Q. Quel était l'âge des personnes blessées ? L'âge m'intéresse,

17 particulièrement, aux hommes; est-ce qu'il y avait des instructions

18 particulières concernant les patients masculins --

19 R. Non.

20 Q. -- de Vukovar ?

21 R. Il n'y avait pas d'instructions.

22 Q. Quel âge avaient-ils ?

23 R. On n'avait pas d'instructions concernant le type de blessés que nous

24 devions emmener. Il appartenait à Médecins sans frontières et aux Croates

25 de décider des personnes qui seraient transférées.

26 Q. Est-ce que vous vous inquiétiez du fait que si le convoi devait

27 traverser les lignes croates et les lignes de la JNA, ce convoi serait

28 arrêté et contrôlé par la JNA ?

Page 6850

1 R. Nous avions que nous devions traverser les lignes tenues par la JNA,

2 donc nous savions que ce convoi serait de nouveau contrôlé.

3 Q. Est-ce que vous vous attendiez à ce que les hommes en âge de combattre

4 rencontrent des difficultés en traversant ces lignes ?

5 R. Je n'en n'ai pas entendu parler.

6 M. VASIC : [interprétation] Monsieur le Président.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Vasic.

8 M. VASIC : [interprétation] Je pense qu'il s'agit là peut-être d'une

9 question de nature à guider le témoin. Il serait judicieux, je pense, de

10 poser des questions au témoin concernant ses préoccupations, mais sans

11 mettre des mots dans sa bouche, s'agissant notamment de la réponse

12 précédemment donnée par le témoin, compte tenu du fait que le témoin a

13 déclaré qu'il n'avait pas reçu d'instructions concernant l'âge ou le sexe

14 des patients, et que c'est, en fait, les Croates et Médecins sans

15 frontières qui s'occupait de cet aspect particulier.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Vasic, vu les circonstances,

17 même si nous parlons du 19 octobre, compte tenu de la nature générale de la

18 déposition, je pense que ce type de questions ne pose pas de problème.

19 Allez-y, Monsieur Moore.

20 M. MOORE : [interprétation] Merci.

21 Q. Pouvez-vous nous parler des personnes que vous avez sorties de

22 l'hôpital ? Est-ce que vous pourriez nous donner un chiffre approximatif du

23 nombre de personnes qui ont été emmenées hors de l'hôpital ?

24 R. 109, je pense.

25 Q. Hommes ou femmes ?

26 R. Essentiellement, des femmes et des vieillards.

27 Q. Nous avons parlé de cette opération consistant à faire sortir des

28 personnes de l'hôpital ?

Page 6851

1 R. Oui.

2 Q. Nous avons parlé de l'itinéraire emprunté également. Nous allons

3 revenir sur le croquis, si vous vous en souvenez, cela figure à la page

4 6971 de l'intercalaire 38.

5 R. Oui.

6 Q. Nous pouvons voir ce croquis. S'agissant de ce croquis, que s'est-il

7 passé lorsque vous êtes parti ? Est-ce que vous pourriez nous dire -- nous

8 décrire de façon générale ce qui s'est passé lorsque vous êtes parti ?

9 R. Lorsque nous avons quitté l'hôpital, nous avons traversé une petite

10 rivière et ensuite -- à ce moment-là nous étions sur la route habituelle,

11 et nous avons traversé la rivière et nous avons emprunté le même chemin que

12 celui que nous avions pris pour aller à l'hôpital.

13 Q. Est-ce que vous avez traversé un champ ?

14 R. Oui. Mais nous étions sur une espèce de sentier.

15 Q. Donc, un sentier de terre ?

16 R. Oui.

17 Q. S'agissant de ce sentier, qui vous a guidé sur ce sentier ?

18 R. Nous étions guidés par ce véhicule civil à bord duquel se trouvaient

19 quatre soldats croates.

20 Q. Merci. Alors que vous conduisiez hors de Vukovar, s'est-il passé

21 quelque chose, est-ce que vous avez été arrêté le long de ce sentier ?

22 R. Au début du sentier, il y avait un câble au milieu du chemin et ce

23 câble n'était pas là lorsque nous sommes arrivés.

24 Q. Donc, vous nous dites qu'il s'agissait du même itinéraire que celui que

25 vous aviez déjà emprunté ?

26 R. Oui. Parlons de ce câble ? Qu'entendez-vous par câble ?

27 R. Bien, un câble en métal au milieu du chemin.

28 Q. Un câble en métal ?

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1 R. Oui.

2 Q. Savez-vous si ce câble en métal était rattaché à quelque chose ?

3 R. En fait, il y avait deux câbles. Le premier a été coupé par les

4 Croates. Je ne sais rien d'autre à ce sujet car je n'étais pas là.

5 Q. Lorsque vous dites "couper," vous voulez parler d'un engin explosif qui

6 a été utilisé ?

7 R. Oui.

8 Q. Est-ce que cela a été fait d'une manière particulière ?

9 R. Je ne sais pas.

10 Q. Vous avez poursuivi votre chemin après avoir dépassé ce câble ?

11 R. Oui.

12 Q. Que s'est-il passé ensuite ?

13 R. Bien, il y a eu un autre câble.

14 Q. Sur le même chemin ?

15 R. Sur le même chemin.

16 Q. Lorsque ce câble a été coupé, y a-t-il eu une détonation ?

17 R. Non.

18 Q. Merci. Donc, que s'est-il passé lorsque vous avez passé le deuxième

19 câble sur ce même chemin ?

20 R. Tout à coup, un char est arrivé devant nous, un char de la JNA, un

21 véhicule blindé de transport de troupes, à ce moment-là, le véhicule civil,

22 qui se trouvait en tête, à bord du quel se trouvait les Croates, a disparu.

23 Q. Excusez-moi, est-ce que vous pourriez expliquer cela plus en détail ?

24 R. Nous étions en route et devant nous se trouvait un véhicule civil à

25 bord du quel se trouvait quatre soldats croates. Dès que ce char est

26 arrivé, ils ont conduit à travers le champ de maïs, et ont disparu.

27 Q. Donc, le véhicule croate a disparu dans le champ de maïs.

28 R. Oui.

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1 Q. Merci. Vous, vous étiez encore sur ce chemin ?

2 R. Oui. Nous sommes sortis du -- nous avons sauté hors du véhicule qui

3 était en marche.

4 Q. Les Croates ou vous-même ?

5 R. Nous, notre voiture. Dans la voiture de la MCCE, le chauffeur et les

6 trois membres de la MCCE, donc, les quatre personnes qui se trouvaient dans

7 la voiture, ont sauté hors de la voiture en route de façon à ce que les

8 chars ne tirent pas sur la voiture.

9 Q. Donc, vous avez bondi hors du véhicule parce que vous avez pensé que

10 vous pourriez essuyer des tirs ?

11 R. Oui.

12 Q. Donc, la voiture a poursuivi son chemin et a fini dans le décor; est-ce

13 que vous avez vu des soldats de la JNA, à ce moment-là ?

14 R. Non, nous avons simplement vu le char et le véhicule blindé de

15 transport de troupes.

16 Q. Après cela, avez-vous vu quelqu'un ?

17 R. Oui, ils sont sortis du véhicule blindé de transport de troupe et du

18 char, et ils nous ont arrêtés et emmenés vers une colline.

19 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire s'il s'agissait de -- si ces soldats

20 de la JNA étaient des officiers ou non ?

21 R. Je me souviens avoir vu un officier en particulier, il s'agissait du

22 commandant Sljivancanin.

23 Q. Comment savez-vous que l'officier que vous avez vu était le commandant

24 Sljivancanin ?

25 R. Car je l'ai vu là-bas et je l'ai vu par la suite en Yougoslavie.

26 Q. Est-ce que vous avez pu dire, puisque vous étiez dans l'armée, quel

27 était son grade ?

28 R. D'habitude, je peux voir le grade, à l'époque. Il était colonel.

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1 Q. Qu'en est-il de son uniforme ?

2 R. Il portait un uniforme de camouflage assez neuf. Lorsque vous voyez des

3 soldats sur le terrain, en général, leurs uniformes sont sales ou

4 poussiéreux, mais son uniforme paraissait assez neuf.

5 Q. Est-ce que vous avez eu des contacts avec cet homme dont vous pensez

6 qu'il s'agissait de M. Sljivancanin ? Lui avez-vous parlé ou vous a-t-il

7 parlé ?

8 R. Non, pas à ce moment-là.

9 Q. Etait-il accompagné de quelqu'un, hormis ces soldats de la JNA ?

10 R. Il était avec d'autres soldats de la JNA.

11 Q. Merci. Parlons de ce qui s'est passé avec le commandant Sljivancanin.

12 Est-ce qu'il vous a parlé à vous ou à votre groupe ?

13 R. Non. Je ne dirais pas qu'il a parlé à notre groupe, il a parlé plutôt

14 aux journalistes. Il avait organisé une conférence de presse en haut de la

15 colline.

16 Q. Ces autres personnes, ces journalistes, d'où venaient-ils ?

17 R. On nous a dit qu'ils travaillaient pour la télévision de Belgrade. Je

18 sais qu'il y avait également une chaîne de télévision internationale

19 présente, mais je ne sais pas laquelle.

20 Q. Vous aviez ce char devant vous, vous avez bondi hors de la voiture et

21 là, vous avez rencontré M. Sljivancanin - du moins vous pensez que c'était

22 M. Sljivancanin - ainsi que des soldats de la JNA ?

23 R. Oui.

24 Q. Ainsi, que des journalistes de la télévision et de la presse.

25 R. De la presse.

26 Q. Lorsque vous dites "presse," vous voulez parler de la presse écrite ou

27 de la télévision ?

28 R. De la télévision.

Page 6856

1 Q. Où se trouvaient-ils ? A quelle distance de vous se trouvaient-ils

2 lorsque vous les avez vus, approximativement ?

3 R. 30 mètres, environ.

4 Q. Est-ce que vous avez entendu le commandant Sljivancanin s'adresser aux

5 équipes de télévision ?

6 R. J'ai vu qu'il parlait. Je n'ai pas pu entendre ce qu'il disait à ce

7 moment-là. Je me trouvais avec les autres membres de la MCCE et le blessé.

8 Q. Savez-vous en quelle langue il s'exprimait ?

9 R. Non.

10 Q. Est-ce que, par la suite, vous avez appris ce qui a été dit ?

11 R. Le chef de l'équipe de la MCCE a assisté à cette conférence au somment

12 de la colline.

13 Q. Bien --

14 R. Cela portait sur le fait que nous ne respections pas l'accord

15 concernant l'itinéraire à suivre jusqu'à Vukovar, nous aurions dû arriver à

16 Vukovar en passant par la route normale.

17 Q. Pourquoi n'avez-vous pas emprunté l'itinéraire convenu ?

18 R. Parce que les Croates nous ont dit que la route était minée.

19 Q. Donc, on vous a dit que vous aviez emprunté le mauvais itinéraire. Est-

20 ce qu'il a été question de savoir quel itinéraire vous devriez emprunter

21 après avoir été arrêté par le char ?

22 R. Oui. On nous a dit d'emprunter l'itinéraire convenu jusqu'à Bogdanovci.

23 Q. De façon générale, pourquoi avez-vous dû suivre un itinéraire

24 particulier ?

25 R. Le commandant ou le colonel Sljivancanin nous a dit à ce moment-là que

26 nous devions emprunter la route jusqu'à Bogdanovci, la route qui avait été

27 convenue au préalable.

28 Q. Est-ce qu'on vous a montré cet itinéraire ?

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1 R. Oui. On nous l'a montré, on nous a dit que c'était l'itinéraire qu'on

2 devait emprunter.

3 Q. Qui vous a dit d'emprunter cet itinéraire ?

4 R. Le commandant Sljivancanin.

5 Q. Merci. Donc, est-ce que l'ensemble du convoi de la MCCE empruntait cet

6 itinéraire ?

7 R. Oui. Tout le convoi.

8 Q. Que s'est-il passé lorsque vous avez pris l'itinéraire qui vous a été

9 recommandé par le commandant Sljivancanin ?

10 R. Les Croate nous avaient dit qu'il y avait des mines, donc bien sûr,

11 nous avons été diligents, car nous nous attendions à trouver des mines le

12 long de la route. Je me trouvais dans le véhicule de tête en compagnie du

13 chef de la mission. Au bout d'un kilomètre ou deux, le camion qui se

14 trouvait en quatrième position dans le convoi a touché une mine.

15 Q. Cela s'est passé sur la route qu'on vous avait dit de prendre, n'est-ce

16 pas ?

17 R. Oui.

18 Q. Lorsque ce véhicule a touché une mine, est-ce que quelqu'un a été

19 blessé ?

20 R. Oui. Deux infirmières de Médecins sans frontières qui ont été éjectées

21 hors du véhicule et qui se sont retrouvées par terre. A ce moment-là, j'ai

22 rebroussé chemin et j'ai essayé de leur prodiguer des soins, j'ai essayé de

23 les aider.

24 Q. Pourquoi avez-vous suivi l'itinéraire recommandé par le commandant

25 Sljivancanin puisqu'on vous avait dit qu'il y avait des mines sur ce

26 chemin ?

27 R. C'était la seule manière pour nous de sortir de là. Nous n'avions pas -

28 - nous ne pouvions pas prendre une autre route; nous avions 109 blessés

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1 avec nous.

2 Q. Parlons du convoi. Comment avez-vous pu vous sortir de cette

3 situation ? Puis dites-moi alors la route empruntée. Donc, vous êtes sur

4 une route, et une mine explose.

5 R. Oui.

6 Q. Est-ce que vous avez poursuivi sur cette route ?

7 R. Non. Nous avons laissé les véhicules qui avaient explosé.

8 Q. Oui.

9 R. Bien sûr, nous avons transféré les blessés qui se trouvaient à bord du

10 camion dans un autre camion.

11 Q. Oui.

12 R. Ensuite, nous sommes retournés à la colline et nous avons vu que la

13 route était minée, qu'il y avait seulement des blessés avec nous et que

14 nous n'étions pas armés.

15 Q. Oui.

16 R. La JNA nous a ensuite conduit à travers les champs, vers un autre

17 chemin.

18 Q. Lorsque vous avez traversé les champs, le chemin que vous avez

19 emprunté, à ce moment-là, était-ce le même que celui que vous aviez pris

20 avec les Croates ?

21 R. Non. Nous avons plus ou moins traversé la ville Petrovci.

22 Q. Oui.

23 R. Une ville qui se trouvait par là. Cela se trouve au-delà de la ligne de

24 front de la JNA. Il y avait des lignes de front où se trouvaient des chars

25 --

26 Q. Oui.

27 R. -- il y avait des chars qui se déplaçaient dans ce secteur des

28 véhicules blindés de transports de troupes et des soldats.

Page 6859

1 Q. Donc, la JNA vous a dit de prendre un itinéraire particulier et une

2 mine explose. Vous rebroussez chemin, vous dites à la JNA que vous avez

3 touché une mine et qu'il n'y a que des blessés parmi vous dans le convoi. A

4 qui avez-vous dit que vous aviez touché une mine ? Est-ce que Sljivancanin

5 était toujours là ou non ?

6 R. Je ne sais pas. J'étais avec les blessés.

7 Q. Donc, la route que vous avez prise était-elle sûre ?

8 R. Oui.

9 Q. A quelle distance se trouvait-elle de l'endroit où vous vous trouviez

10 lorsque vous avez touché la mine ?

11 R. Je ne comprends pas la question.

12 Q. Il y a une route minée.

13 R. Oui.

14 Q. On vous dit de l'emprunter et la JNA vous dit d'emprunter une autre

15 route, donc il y avait deux routes.

16 R. Oui, mais la deuxième route se trouvait à 90 degrés par rapport à la

17 route précédente. Il fallait passer à travers les champs. C'était la route

18 empruntée par les camions civils, donc, nous sommes restés bloqués dans ce

19 champ, nous ne pouvions pas avancer. Il y a ce véhicule blindé de

20 transports des troupes de la JNA qui nous a conduit vers la route normale.

21 Q. Le convoi a-t-il été fouillé à un moment donné ?

22 R. Oui.

23 Q. Par qui ?

24 R. Les Serbes.

25 Q. A quel moment a-t-il été fouillé ?

26 R. Il a été fouillé au niveau de la colline lorsque nous avons rencontré

27 ces chars pour la première fois.

28 Q. Oui.

Page 6860

1 R. Oui.

2 Q. Est-ce que tous les véhicules ont été fouillés d'après ce que vous avez

3 pu voir ?

4 R. Oui, tous.

5 Q. Que recherchait la JNA ? Est-ce qu'ils vous l'ont dit ?

6 R. Je ne sais pas. Ils ne me l'ont pas dit. Mais ils devaient chercher des

7 armes.

8 Q. Je pense qu'il est exact de dire que vous avez, finalement, réussi à

9 vous sortir de là. Vous avez réussi à quitter ce secteur, et après cela, où

10 êtes-vous allé avec le convoi ?

11 R. Avec le convoi, nous avons emprunté, je dirais, la route principale

12 entre Zagreb et Belgrade. C'est par ce chemin que nous sommes allés jusqu'à

13 Vinkovci.

14 Q. Merci. Ensuite, vous avez pu laisser les patients à Vinkovci, n'est-ce

15 pas ?

16 R. Oui, je pense que c'était à Vinkovci.

17 Q. Ensuite les observateurs de la MCCE sont rentrés à Zagreb ?

18 R. A Zagreb, oui.

19 Q. Je souhaiterais que l'on -- diffuse une séquence vidéo en rapport avec

20 cela un peu plus tard.

21 Parlons de votre mission. Nous sommes à la date du 19 octobre. Vous avez pu

22 parcourir un certain nombre de documents se trouvant dans un classeur avec

23 des intercalaires.

24 R. C'est exact.

25 Q. D'après, je pense que l'on peut dire vos premiers rapports avec cette

26 affaire date du 19 novembre, n'est-ce pas ?

27 R. Oui.

28 Q. Je souhaiterais qu'on parle du 19 novembre, s'il vous plaît.

Page 6861

1 M. MOORE : [interprétation] Veuillez m'accorder quelques instants, s'il

2 vous plaît.

3 [La conseil de la l'Accusation se concerte]

4 M. MOORE : [interprétation]

5 Q. Je souhaiterais que l'on examine une liasse de photographies qui

6 figurent à l'intercalaire 41.

7 M. MOORE : [interprétation] Il s'agit du numéro 66 dans la liste 65 ter.

8 Donc, cela figure à l'intercalaire 41. Est-ce que nous pouvons visionner

9 les photographies à présent, s'il vous plaît ? Nous avons remis au Greffe

10 la liste. Je vais encore répéter quelles sont les cotes, 00363973 [comme

11 interprété] jusqu'à 02 [comme interprété].

12 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas pu saisir la deuxième série des

13 chiffres.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Moore, nous allons faire une

15 pause à présent. Entre votre commis à l'affaire et la Greffière d'audience,

16 il sera peut-être possible de trouver ce que vous cherchez.

17 M. MOORE : [interprétation] Mais le numéro figure sur la liste 65 ter.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, mais cela nous donne ce que nous

19 voyons à présent à l'écran.

20 M. MOORE : [interprétation] Nous allons voir ce que nous pouvons faire.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je suppose que vous ne voulez pas ce

22 qu'on voit à présent.

23 M. MOORE : [interprétation] Non.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

25 Nous allons suspendre pour la première fois aujourd'hui et nous reprendrons

26 à 11 heures moins 10.

27 --- L'audience est suspendue à 10 heures 31.

28 --- L'audience est reprise à 10 heures 55.

Page 6862

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Moore, vous avez la parole.

2 M. MOORE : [interprétation] Je me fais un plaisir de dire que cette fois-

3 ci, nous avons été en mesure d'aider le Greffe, et ce n'était pas le

4 contraire pour une fois.

5 Q. Alors, je voudrais examiner l'intercalaire 41. Nous avons deux

6 photographies ici. Dans la première - enfin, celle-ci - est-ce qu'elle vous

7 permet de reconnaître quelqu'un ?

8 R. Oui. Je reconnais le commandant Sljivancanin et je reconnais également

9 celui qui était à la tête du convoi d'aide de Vukovar.

10 Q. Pouvez-vous nous dire quelle est la date cette photographie a été

11 prise ?

12 R. Non. C'était avant mon arrivée en Yougoslavie.

13 M. MOORE : [interprétation] Monsieur le Président, vous voyez bien l'image,

14 la photographie ?

15 L'INTERPRÈTE : Le Président confirme.

16 M. MOORE : [interprétation]

17 Q. Cette photographie, savez-vous où elle a été prise ?

18 R. Non.

19 Q. A ce moment-là, je vais passer à autre chose. Je voudrais que l'on

20 examine la photographie 0036-6977; l'avez-vous ?

21 R. Oui.

22 Q. Je vous remercie. Savez-vous ce que représente celle-ci ?

23 R. Oui. C'est le camion qui a sauté sur une mine.

24 Q. Est-ce que le premier véhicule qui a sauté sur une mine ?

25 R. C'était le véhicule numéro 4.

26 Q. Oui, mais c'est le premier véhicule qui a sauté sur une mine.

27 R. Oui, je le pense, le premier camion.

28 Q. Très bien. Je vous remercie.

Page 6863

1 M. MOORE : [interprétation] Monsieur le Président, ces deux photographies,

2 je voudrais en demander le versement au dossier. Peut-être qu'on pourrait

3 leur attribuer une seule cote.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, c'est ce que nous allons faire,

5 une seule cote.

6 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce 338.

7 M. MOORE : [interprétation]

8 Q. C'est le 19 novembre qui nous intéresserait à présent. A cette

9 occasion-là, vous avez pris part, n'est-ce pas, au convoi qui devait partir

10 pour Vukovar ?

11 R. Le 19 novembre ?

12 Q. Oui, le 19 novembre.

13 R. Oui. C'est le convoi suivant pour Vukovar. Celui-ci, c'est le premier.

14 Q. Oui, tout à fait. Mais je voudrais maintenant avancer dans le temps.

15 Donc je voudrais, tout d'abord, que l'on parle de la constitution de ce

16 convoi, de sa composition. Je voudrais, maintenant, que l'on parle du 18

17 novembre. Vous pourriez peut-être vous référer à l'intercalaire 23,

18 00381412 et 1413.

19 Avez-vous le document sous les yeux ?

20 R. Oui.

21 Q. Vous devez avoir un document manuscrit ?

22 R. Oui.

23 Q. Il y est dit dans le titre : "Visite de Vukovar."

24 R. Oui.

25 Q. Je voudrais que l'on en parle à présent. La date est celle du 18

26 novembre. Si vous vous penchez sur la composition de l'équipe, vous verrez

27 là Brodin, Kypr, van der Gaag et Jan Schou, donc, de toute évidence, c'est

28 vous-même.

Page 6864

1 R. Oui.

2 Q. C'est l'équipe numéro 1. Puis, nous avons également l'équipe numéro 2;

3 pouvez-vous nous dire quel a été le planning prévu pour ce convoi dans le

4 temps ?

5 R. Oui. Le 18 novembre dans la matinée, nous avons eu une réunion dans le

6 1er District militaire de Belgrade pour pouvoir obtenir accès à la zone de

7 Vukovar. Nous sommes allés dans une petite ville à l'extérieur de Sid où la

8 JNA nous a arrêté. Je pense que c'était un poste de contrôle ou quelque

9 chose de cet ordre. C'est là que nous avons été retardé pendant deux ou

10 trois heures. Nous avions en notre compagnie un officier de liaison de

11 cette région militaire et il est allé à Negoslavci pour essayer de se

12 procurer l'autorisation pour qu'on puisse passer.

13 Q. Oui. Alors, maintenant, j'aimerais qu'on parle de ce document manuscrit

14 que nous avons sous les yeux. Vous voyez les numéros 1412, en bas des

15 pages, et 1413. Ce sont les pages de ce document. Donc, ce n'est pas votre

16 écriture, n'est-ce pas ?

17 R. Non, ce n'est pas mon écriture.

18 Q. Mais est-il exact de dire que vous avez déjà vu ce document

19 particulier ?

20 R. Je l'ai vu.

21 Q. Oui ?

22 R. Mais je ne suis pas certain du moment, je ne sais pas si je l'ai vu

23 quand j'étais à Vukovar.

24 Q. Vous l'avez vu ici. Vous avez eu l'occasion d'en prendre connaissance

25 ici. Est-il exact que c'est un document qui correspond à vos souvenirs ?

26 R. Ceci correspond à mon souvenir.

27 Q. Vous avez allez vous rafraîchir la mémoire en vous aidant de ce

28 document, si nécessaire.

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1 R. Oui.

2 Q. Très bien.

3 M. MOORE : [interprétation] Alors, maintenant, à 1 415, c'est la page qui

4 est, en fait, 16 dans la série, à la page 1414, puis, nous avons une carte.

5 Nous avons la traduction, comme mes confrères le savent. Nous l'avons à

6 l'écran.

7 Q. Alors, le document qui comporte le numéro ERN 1415 [comme interprété],

8 il concerne la journée du 19 novembre et vos activités d'observation; vous

9 l'avez ?

10 R. Oui.

11 Q. En sujet de ce document, est-il vrai de dire que vous avez eu le temps

12 d'en prendre connaissance ?

13 R. Oui.

14 Q. Pas la totalité du document, mais uniquement ce qui concerne cette

15 affaire-ci, parce qu'il concerne aussi Split, Sarajevo, et cetera. Donc,

16 dans la première partie dans le résumé, il est question de Vukovar lui-

17 même; est-ce exact ?

18 R. Oui.

19 Q. Est-ce exact ?

20 R. Oui, c'est exact.

21 Q. Alors, maintenant, si vous voulez bien, occupons-nous de cela. Nous

22 allons passer à un autre document dans quelques instants.

23 S'agissant de la journée du 18 novembre, quelle a été exactement la mission

24 de la MCCE ce jour-là ?

25 R. C'était de trouver la façon d'évacuer des blessés de l'hôpital. Donc

26 comment -- par quel moyen ou chemin on pouvait les évacuer.

27 Q. Alors, maintenant, examinons le document manuscrit. Nous avons le

28 numéro 2. Nous avons le planning.

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1 R. Oui.

2 Q. Alors, voyons ce qui en est. Vous partez de la 1ère Région militaire à 9

3 heures [comme interprété] du matin; est-ce exact ?

4 R. 8 ou 9 heures du matin.

5 Q. Est-ce 9 heures ?

6 R. Je pense. C'est possible.

7 Q. Donc, vous arrivez à Negoslavci à 12 heures 15 ?

8 R. C'est exact.

9 Q. Pourquoi est-ce qu'il y a eu un retard au poste de contrôle sur le

10 chemin ?

11 R. Il y a eu un retard à cause du poste de contrôle de la JNA. Ils ne

12 savaient pas qu'on arrivait. Nous avons dit -- nous avons des papiers du

13 général de Belgrade, et ils ont dit que nous n'avions pas l'autorisation de

14 passer par là.

15 Q. Merci.

16 R. C'est pour cette raison-là que l'officier de liaison a dû s'en charger.

17 Q. Je vous remercie. Maintenant, s'agissant du briefing à Negoslavci à 12

18 heures 30 jusqu'à 13 heures 45.

19 R. Oui.

20 Q. Est-ce que vous vous rappelez quoi que ce soit au sujet de ce

21 briefing ?

22 R. Non.

23 Q. Alors, après le briefing, après la réunion d'information, je pense que

24 vous êtes allés à Vukovar, et c'était entre 13 heures 50 et 14 heures 30.

25 R. C'est exact.

26 Q. Pouvez-vous dire à la Chambre très précisément en quoi a consisté cette

27 visite que vous avez rendue à Vukovar ?

28 R. Nous sommes allés à Vukovar, et nous avons vu là-bas depuis la --

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1 depuis une colline qui surplombait la ville, nous avons vu la ligne de

2 front, et nous avons -- on nous a dit qu'il y avait des combats à -- et

3 qu'il y avait les zones 1 et 2 de combat, comme nous montre la carte, et

4 puis qu'il y avait des soldats croates dans la zone, et dans la zone 1, là

5 où il se trouve l'hôpital ?

6 Q. Qui vous a emmené à la colline ?

7 R. Le commandant Sljivancanin.

8 Q. Très bien. Donc, la colline, c'était un endroit qui surplombait la

9 zone; est-ce exact ?

10 R. Oui. Là, il y avait ce qu'on appelait les défenses locales.

11 Q. Pour ce qui est du commandant Sljivancanin, quand est-ce que vous

12 l'avez vu pour la première fois ce jour-là ?

13 R. Je pense que c'était à Negoslavci, à la réunion d'information.

14 Q. Etait-il présent à cette réunion ?

15 R. Oui.

16 Q. Vous souvenez-vous qui a dirigé, a présidé cette réunion

17 d'information ?

18 R. C'était un colonel de la 1ère Région militaire.

19 Q. Parlons maintenant de la visite elle-même. Le commandant Sljivancanin,

20 pourquoi était-il en votre compagnie, à ce moment-là ?

21 R. C'était parce que la police militaire nous -- on pourrait dire, nous

22 gardait. Je pense que lui, il était une sorte de policier militaire.

23 Q. Vous avez dit à la Chambre que vous avez vue le commandant Sljivancanin

24 le 19 octobre.

25 R. C'est exact.

26 Q. Maintenant, nous nous situons un mois plus tard. Nous sommes à Vukovar.

27 L'avez-vous reconnu comme étant ce même officier que vous avez vu

28 précédemment, le 18 --

Page 6869

1 R. Nous --

2 Q. -- d'octobre ?

3 R. Nous l'avons reconnu, mais également nous lui avons demandé pourquoi il

4 était maintenant du rang de commandant parce que nous pensions qu'il était

5 colonel la première fois que nous l'avons vu. Il nous a répondu en disant

6 qu'il avait toujours été commandant.

7 Q. Est-ce qu'il a nié le fait qu'il avait été présent le 18 au moment de

8 l'explosion ?

9 R. Non.

10 Q. A-t-il expliqué d'une manière quelconque ce qui s'est passé le 18 ?

11 R. Non.

12 Q. Donc, maintenant nous sommes à cette élévation; est-ce que vous êtes

13 allés à l'hôpital le 18 ?

14 R. Non, nous n'avons pas pu aller à l'hôpital à cause des combats.

15 Q. Mais qu'avez-vous fait donc ?

16 R. Nous sommes allés dans un centre de Réfugiés à Vukovar.

17 Q. Si nous examinons votre agenda, je voudrais que l'on examine le (f).

18 R. Oui.

19 Q. Qu'est-ce qu'on lit ici ?

20 R. Nous avons eu un briefing dans le centre de Réfugiés, et on nous a dit

21 là-bas que les réfugiés allaient partir dans d'autres régions de

22 Yougoslavie. Mais, lorsque nous avons parlé à certains de ces réfugiés, ils

23 nous ont dit qu'ils n'avaient pas l'autorisation, pas le droit d'y aller.

24 Q. Mais qu'entendez-vous par là, lorsque vous dites qu'on leur a dit

25 qu'ils n'avaient pas l'autorisation de partir ? Qui leur a dit ?

26 R. Ils ne nous ont pas cité de noms. Mais ils nous ont dit que les

27 militaires leur avaient dit qu'ils n'avaient pas le droit de partir.

28 Q. Est-ce que vous avez pu savoir quelle était l'appartenance ethnique de

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1 ceux qui disaient qu'ils n'avaient pas le droit de partir ?

2 R. C'est parce que la JNA voulait qu'ils restent dans la ville.

3 Q. Mais ce que j'essaie de savoir, c'est qui voulait rester -- qui voulait

4 que les Croates restent ? Les Serbes ? Les Hongrois ?

5 R. C'était les Serbes.

6 Q. Les Serbes ?

7 R. Il n'y avait que des Serbes dans ce centre de Réfugiés.

8 Q. On vous a dit qu'il fallait qu'ils restent; est-ce que la JNA vous a

9 fourni une explication à ce sujet ?

10 R. Non.

11 Q. Est-ce que je peux passer à la page suivante maintenant, s'il vous

12 plaît ? Je voudrais que l'on parle du point (3). Est-ce que vous pourriez

13 nous donner lecture de ce point, s'il vous plaît ?

14 R. Oui. "La JNA a déclaré que tous les jours, il y avait un ou deux

15 autocars qui les apportaient à Sid, qui les emmenaient à Sid. Une liste

16 comportant les noms de ces personnes a été demandée, et cela est fournie

17 lors de la visite suivante."

18 Q. Je vous remercie. Passons maintenant à la page suivante. Maintenant,

19 nous avons ici une référence à la mairie. En fait, ce devait être (c) et

20 (d) plutôt que (3) et (4), mais peu importe. Donc, vous -- qu'est-ce que se

21 trouvait-il dans la zone 1. L'hôpital et la mairie étaient dans la zone 1 ?

22 R. Je pense que la zone 1 était la partie nord de la ville.

23 Q. Donc, passons maintenant à la page 1415 de ce même jeu. Nous avons une

24 carte ici, n'est-ce pas ?

25 R. Oui, j'ai la carte.

26 Q. Très bien. Donc, je voulais juste avoir votre réponse pour le compte

27 rendu d'audience. Donc, nous avons ici deux zones. 1 --

28 R. Oui.

Page 6871

1 Q. -- et 2.

2 R. Oui.

3 Q. Pour ce qui est de la zone 1, est-ce que c'est bien la référence comme

4 sur la carte ?

5 R. Oui. La zone 1, c'est la zone où il y avait l'hôpital. C'est-là où il y

6 avait encore des forces croates.

7 Q. Alors, maintenant, je voudrais passer à l'intercalaire 39, mais gardez

8 ceci pendant un instant. Donc, nous avons l'intercalaire 39, le Greffe a en

9 sa possession tous les détails nécessaires, 04247566 jusqu'à 7567, et en

10 version B/C/S, c'est 04247566 jusqu'à 7567 également.

11 R. Oui, j'ai cela.

12 Q. C'est le rapport médical de Vukovar. Est-ce que vous pouvez examiner la

13 deuxième page, la page 567 ? On voit ici Jan Schou, n'est-ce pas ?

14 R. Oui, c'est exact.

15 Q. Qui a rédigé ce document ?

16 R. C'est moi, à Belgrade, dans la soirée du 18, et j'étais assisté par

17 quelques membres de la MCCE, et j'ai envoyé cela à Zagreb.

18 Q. Je vous remercie. Nous voyons qu'il est fait référence ici à l'autre

19 document, il est dit que l'hôpital municipal et la mairie sont situés dans

20 la zone 1. Est-ce que vous pouvez vous référer à la deuxième page de votre

21 rapport, le rapport que vous avez rédigé et là, on trouve les commentaires.

22 R. Mon commentaire est le suivant : "La JNA ne connaît pas la position

23 exacte de l'hôpital. Ils ont tiré sur la mairie, c'est l'hôpital."

24 Q. Je vous remercie.

25 R. C'est de la colline --

26 L'INTERPRÈTE : L'interprète signale qu'on entend une bande audio dans le

27 casque.

28 M. MOORE : [interprétation] Je semble avoir des interférences, des

Page 6872

1 sonorités qui viennent d'ailleurs dans mon casque.

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Maintenant, c'est terminé.

3 M. MOORE : [interprétation] Très bien.

4 Q. Alors, je vous remercie. Revenons, maintenant, au document original et

5 je reviendrai à votre rapport médical dans un instant. Nous avons

6 l'hôpital, nous avons la mairie dans la zone 1. Au point 4, il est dit que

7 la réunion était en cours entre la JNA et les forces croates à la gare

8 routière.

9 R. Oui.

10 Q. Vous l'avez ?

11 R. Oui.

12 Q. Sur quoi portait cette réunion ?

13 R. On nous a dit simplement que c'était au sujet de la reddition des

14 forces croates, on nous a dit qu'il n'y avait que 200 hommes croates dans

15 la zone 1 et environ 60 dans la zone 2.

16 Q. Alors, maintenant, voyons maintenant ce qui en est du (c) : "Nous avons

17 visité la ville."

18 Est-ce que vous pouvez nous commenter cette entrée ?

19 R. Oui. Nous sommes passés par ce point, cette colline dans la ville.

20 Q. Oui.

21 R. Nous regardions la gare routière dans la zone 1.

22 Q. Comme je l'ai déjà fait observé, vous nous avez paré du centre de

23 Réfugiés à Velepromet.

24 R. Oui.

25 Q. Alors, maintenant, pouvons-nous parler de Velepromet ? J'ai une entrée

26 ici disant qu'ils étaient forcés de rester. Est-ce que vous vous rappelez

27 s'il y avait un officier de la JNA présent avec vous à ce moment-là ou un

28 représentant de la JNA ?

Page 6873

1 R. Oui, il y avait le commandant Sljivancanin, il était en notre compagnie

2 pendant toute la durée de la visite de Vukovar. J'ai également pris une

3 photo de lui, à ce moment-là.

4 Q. Si jamais cela devait être contesté, je voudrais que vous nous

5 précisiez ce point, s'il vous plaît, ce sera à l'intercalaire 41, 0036-

6 6979.

7 C'est la référence du document, la référence 65 ter, numéro 66. 66979, est-

8 ce qu'on peut voir cela ? Est-ce qu'on peut avancer ? Là, nous voyons 73.

9 Q. Je pense que c'est la photographie que vous avez prise le 18 à

10 Velepromet et qui représente le commandant Sljivancanin.

11 R. C'est cela.

12 Q. Je vous remercie. Alors, lorsqu'on examine cette photographie - et je

13 ne sais pas si on la voit à l'écran de l'ordinateur - lorsqu'on regarde

14 depuis la route, qu'est-ce qu'on voit au fond ?

15 R. On voit des réfugiés.

16 Q. Ce sont les réfugiés à qui vous vous êtes adressé ?

17 R. Oui, c'est cela.

18 Q. Je vous remercie. Cela suffit.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous voulez demander le

20 versement de ces pièces ?

21 M. MOORE : [interprétation] Oui. Mais je me demande si le mieux ne serait

22 pas de verser toutes les photos en tant qu'une pièce à conviction unique

23 parce que toutes ces photos proviennent de ce témoin et plutôt que de les

24 avoir versées séparément, ce serait plus facile d'avoir un jeu des

25 documents.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mais vous en avez déjà deux qui ont

27 été versées.

28 M. MOORE : [interprétation] Oui, c'est la même source. Je pense que ce

Page 6874

1 serait bien de les avoir toutes comme une pièce à conviction.

2 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera ajouté, donc, les nouvelles

4 seront ajoutées à la pièce précédente.

5 M. MOORE : [interprétation] Je vous remercie. C'est très aimable de votre

6 part.

7 Q. Alors, maintenant, je voudrais que l'on examine le point 4 de ce

8 document manuscrit. Nous avons ici trois noms, et ce sont les petits (b) et

9 (c) qui m'intéressent, si vous voulez bien. Nous avons le commandant

10 Sljivancanin, Veselin. Comment avez-vous appris qu'il était commandant du

11 groupe sud ?

12 R. Je ne le sais pas.

13 M. LUKIC : [interprétation] Objection.

14 Monsieur le Président, je suis sûr que vous vous souviendrez que ce

15 document a déjà été débattu à avec le témoin précédent. Je pense que c'est

16 la façon dont M. Moore a posé la question, qui était là pour le compte de

17 l'Opération du groupe sud, et je crois que c'est ce que d'ailleurs dit le

18 document lui-même. Je crois que c'était cela le libellé, c'est la raison

19 pour laquelle nous n'avons pas débattu du document beaucoup parce qu'il

20 était défini comme étant présenté pour le compte du Groupe d'opération sud,

21 et c'est ainsi qu'il a été enregistré dans le carnet de M. Kypr, si vous

22 vous rappelez.

23 M. MOORE : [interprétation] Bien, je suis reconnaissant à mon confrère

24 d'avoir présenté ces éléments. Tout ce que je fais en fait c'est de

25 demander à ce témoin s'il sait d'où ceci vient. C'est tout ce que j'ai

26 fait.

27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Poursuivez, Monsieur Moore.

28 M. MOORE : [interprétation] Je vous remercie beaucoup.

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1 Q. Pourrais-je vous demander, s'il vous plaît, de revenir au document de

2 l'intercalaire 39.

3 M. MOORE : [interprétation] Monsieur le Président, pourrais-je demander que

4 le document qui figure à l'intercalaire 23 devienne une pièce à conviction

5 et soit versé au dossier, s'il vous plaît ?

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il est versé au dossier.

7 M. MOORE : [interprétation] Je vous remercie beaucoup.

8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction

9 339, Monsieur le Président.

10 M. MOORE : [interprétation]

11 Q. Pourrions-nous maintenant voir ce document ? Vous nous avez déjà dit

12 que c'est vous qui l'aviez établi, qui l'aviez rédigé; c'est bien cela ?

13 R. C'est exact.

14 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît -- bien, nous allons procéder d'une

15 façon systématique, si vous le voulez bien, on progressant de la manière

16 suivante :

17 Donc, au numéro 1, nous voyons 18 novembre, rapport médical de Vukovar. Au

18 premier paragraphe, de quoi est-il question, s'il vous plaît ?

19 Peut-être que si vous pouviez en donner lecture et en expliquer la première

20 partie.

21 R. Oui. Ce rapport médical, c'est ce que nous devions faire ou établir

22 avant de pouvoir procéder à une évacuation à l'hôpital.

23 Q. Donc lorsque nous avons cette formule : "La JNA demande au CNG de

24 remettre les armes avant l'évacuation."

25 Qui -- enfin, il est clair que c'est vous qui avez écrit cela parce que de

26 qui était-ce l'idée ? Est-ce que c'était votre suggestion ou --

27 R. Non, non, c'est cela qu'on nous a dit, je ne suis pas sûr de qui était

28 cette personne, mais l'un des officiers de la JNA, c'est-à-dire, le CNG,

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1 devait rendre les armes avant que nous ne puissions commencer l'évacuation.

2 Q. Je vous remercie. "Pas de cessez-le-feu pour aujourd'hui;" c'est cela ?

3 R. Oui.

4 Q. Je voudrais maintenant qu'on parle du troisième point qui est noté en

5 commençant par "chaîne de commandement." Auriez-vous la bonté de lire ce

6 qui est dit et de nous expliquer ce que cela veut dire ?

7 R. Cela veut dire : "La chaîne de commandement du haut en bas, mais il n'y

8 a pas tous les détails pour l'évacuation" en ce qui concerne les accords.

9 Ceci veut dire que le même jour, le 18, nous avons essayé de parvenir à la

10 zone, mais nous avons été arrêtés à un point de contrôle en dehors de Sid.

11 Ils nous ont dit qu'ils ne savaient pas que nous étions arrivés. Même

12 l'officier de liaison a dit qu'il y avait un accord, que nous avions un

13 document du général, mais les gens du point de contrôle n'étaient pas au

14 courant. Donc, pour tous ceux qui se trouvaient dans l'armée de la JNA, ils

15 ne savaient pas ce qui se passait.

16 Q. En ce qui concerne ces notes, s'agit-il d'une proposition ?

17 R. C'est une déclaration que nous avons eue qu'avant que nous ne puissions

18 procéder à l'évacuation des gens, tout le monde devait à tous les niveaux

19 savoir que nous allions évacuer ces gens.

20 Q. Ceci est dans votre document, mais est-ce qu'il y avait eu un

21 arrangement pour les soldats de la JNA à différents niveaux pour qu'ils

22 soient informés de cette exigence ? Il y a une différence entre écrire

23 quelque chose comme note personnelle avec une certaine intention et quant à

24 savoir si l'intention se manifeste, si elle se matérialise. Donc, est-ce

25 que vous pourriez nous dire s'il vous plaît si ceci a eu lieu ou non ?

26 R. Je peux simplement vous dire qu'avant que nous ne commencions

27 l'évacuation, nous devions nous assurer que chaque personne savait ou

28 saurait que nous allions évacuer les gens de l'hôpital.

Page 6877

1 Q. Ce document a été rédigé où ?

2 R. A Belgrade.

3 Q. Par vous, à quelle date ?

4 R. Par moi, le 18 novembre dans la soirée.

5 Q. Quand vous avez rédigé ce document et vos propositions, est-ce que vous

6 avez communiqué ou est-ce que vous avez dit à quelqu'un que vous pensiez

7 qu'il était nécessaire -- est-ce que vous pensiez qu'il était nécessaire

8 vous en tant que médecin pour cette évacuation ?

9 R. Non. Si vous voulez dire -- bon, s'il fallait utiliser comme matériel,

10 non, je n'avais pas vu l'hôpital. Je ne savais pas exactement combien de

11 personnes s'y trouvaient --

12 Q. Non --

13 R. -- j'avais seulement ces renseignements de base -- enfin, ce qui était

14 établi d'avance avant de parvenir à l'hôpital de façon à ce que nous

15 puissions parvenir à l'hôpital.

16 Q. Bien, vous avez utilisé l'expression : "Les choses qui devaient être

17 établies ici." Voilà, vous êtes un médecin; vous utilisez -- vous avez un

18 mandat particulier en tant que médecin et vous dites, en ce qui concerne

19 l'évacuation de l'hôpital, est-ce que vous avez parlé à quelqu'un de ce qui

20 était nécessaire, ce qui était nécessaire de faire ?

21 R. Oui. Bien, nous l'avons dit à Zagreb, à notre quartier général à

22 Zagreb.

23 Q. Qui a prévenu Zagreb ?

24 R. J'ai prévenu Zagreb de cela, j'ai envoyé mon rapport, un rapport

25 médical que j'avais envoyé au QG à Zagreb.

26 Q. Je vous remercie. Qu'est-ce que vous avez fait quand vous êtes retourné

27 à Belgrade ?

28 R. Lorsque je suis retourné à Belgrade le 18.

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1 Q. Je vous remercie. Nous pouvons poursuivre. Là, entre parenthèses, je

2 vais dire simplement "accords." Est-ce que vous voyez cette note, est-ce

3 que c'est votre écriture, "accords." Qu'est-ce que vous voulez dire par

4 cela ?

5 R. Je veux dire "accords", je voulais dire les personnes qui participaient

6 à cela, la JNA et les Croates, et le fait qu'ils étaient d'accord avec ceux

7 qui allaient venir et que nous allions évacuer l'hôpital.

8 Q. Poursuivons. Au numéro 4, nous pouvons voir qu'il y a là un niveau de

9 destruction dont il est fait mention; je ne vais pas m'occuper de cela.

10 Au point 5, il y a une référence que par le sud vous devez éviter toutes

11 les forces de la JNA. Qu'est-ce que vous voulez dire par cela, s'il vous

12 plaît ?

13 R. Ceci veut dire que si nous devions faire sortir les blessés de

14 l'hôpital par le sud, à ce moment-là il fallait traverser la ville,

15 traverser toute la JNA ou les forces paramilitaires. Donc, nous devions, en

16 fait, circuler en traversant ces forces avec les blessés.

17 Q. Quelles étaient les conclusions que vous avez recommandées ?

18 R. Ma recommandation était que nous devions emmener les blessés et les

19 faire sortir de la ville par le nord, ou par la rivière.

20 Q. Bien, alors regardons maintenant au point 2, je cite : "Réfugiés et

21 blessés dans le secteur contrôlé par la JNA."

22 Quelle était votre conclusion-là, s'il vous plaît ?

23 R. Un instant, s'il vous plaît, oui, j'y suis. Pourriez-vous à nouveau

24 expliquer votre question ?

25 Q. Oui. Ici, nous avons un chiffre 1 avec des titres, puis un chiffre 2,

26 et nous avons des titres manuscrits de votre écriture. Je voudrais qu'on

27 parle du numéro 2; est-ce que vous voyez la page ?

28 R. Oui.

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1 Q. Je lis : "Réfugiés et blessés dans le secteur contrôlé par la JNA."

2 R. Oui.

3 Q. Vous avez ensuite différents alinéas aux sous-paragraphes.

4 R. Oui.

5 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, en donner lecture et nous allons les

6 examiner un par un, s'il vous plaît ?

7 R. Oui. Parce que cela a été fait comme vous avez parlé de conclusion pour

8 le centre de Réfugiés. Bien, en fait, sans avoir pu enregistrer les

9 personnes que nous avons vues, nous ne savions pas ce qu'il fallait comme

10 fourniture médicale. Nous n'avions pas de personnel médical à ce centre de

11 Réfugiés, et ils ne pouvaient pas se déplacer comme ils le voulaient. Je

12 pense que c'est ce que je vous ai déjà dit, ce que la JNA a dit et qu'ils

13 pouvaient aller, mais je ne sais pas quand nous leur avons demandé, nous

14 n'étions pas autorisés à le faire.

15 Q. Est-ce que je pourrais un instant parler d'un commentaire que vous avez

16 fait ici ? Vous dites qu'il n'y avait pas de fournitures médicales et qu'il

17 n'y avait pas de personnel médical du tout au centre de Réfugiés. Etait-il

18 nécessaire qu'il y ait des fournitures médicales ou du personnel médical au

19 centre de Réfugiés selon votre jugement ?

20 R. Oui, je pense que oui.

21 Q. Pourquoi cela ?

22 R. Parce que c'était des civils de la ville et certains, on pouvait dire

23 étaient légèrement blessés. Ils n'étaient, ils ne gisaient pas à terre,

24 mais ils étaient légèrement blessés et, bien entendu, il fallait qu'ils

25 soient soignés par des médecins, ou tout au moins du personnel médical.

26 Q. Poursuivons. La quatrième mention : "C'est ils n'ont pas suffisamment

27 de vivres."

28 Vous voyez cela ?

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1 R. Oui.

2 Q. Quand vous dites "ils", de qui s'agit-il et à quel endroit ?

3 R. C'est le centre de Réfugiés.

4 Q. Le numéro 5, s'il vous plaît.

5 R. Le numéro 5, bien, il n'y a pas de chauffage dans ce bâtiment, mais je

6 n'étais pas moi-même dans le bâtiment.

7 Q. Je crois qu'on lit ici : "Qu'ils n'avaient aucun moyen de chauffer,

8 sauf pour faire cuire des aliments."

9 Est-ce que c'est quelque chose que vous avez constaté pour autant que vous

10 le sachiez ?

11 R. Je peux seulement me rappeler, bien sûr, qu'ils avaient un endroit où

12 ils pouvaient faire cuire des aliments, le peu d'aliments qu'ils avaient,

13 mais qu'il n'y avait pas de moyens de chauffage dans tout le secteur.

14 Q. Est-ce qu'il faisait très froid ?

15 R. C'était en novembre, donc parfois ils gelaient et il fallait avoir des

16 vêtements secs tous les jours.

17 Q. Je vous remercie. Passons à la page suivante, s'il vous plaît.

18 Pourriez-vous lire ceci à l'ensemble ?

19 R. "Certains membres de la famille ont été emmenés (prisonniers" --

20 Q. Je crois qu'on lit le mot "prison."

21 R. Oui.

22 Q. "Certains membres de familles ont été emmenés, prison ?"

23 Qu'est-ce que cela veut dire ?

24 R. Nous parlons de certains des réfugiés, ils ont dit que certains membres

25 de leurs familles avaient été arrêtés ou emmenés.

26 Q. Emmené par qui ?

27 R. Par la JNA.

28 Q. Je vous remercie. Y a-t-il eu des explications qui ne vous ont jamais

Page 6882

1 été données, le 18, sur les raisons pour lesquelles certaines personnes

2 avaient été emmenées ?

3 R. Non.

4 Q. Ensuite, nous avons cette "conclusion." Je suppose qu'il s'agit de la -

5 -

6 R. Croix-Rouge.

7 Q. -- Croix-Rouge internationale ?

8 R. Oui.

9 Q. "Devait reprendre immédiatement." Pourquoi est-ce que vous êtes arrivé

10 à cette conclusion particulière ?

11 R. Parce que -- bon, c'était normalement leurs tâches d'enregistrer et de

12 répartir les tâches pour les réfugiés.

13 Q. Quelle importance, à votre avis, y avait-il à ce que le CICR doive

14 prendre en main la situation, telle que vous l'avez

15 trouvée ?

16 R. Je pensais que c'était important parce c'est pour cela que j'ai fait

17 cette conclusion. Nous étions seulement les observateurs. Nous n'avions pas

18 de matériel du tout pour aider. Il fallait qu'il y ait une organisation

19 internationale qui s'occupe des questions de santé, le CICR ou Médecins

20 sans frontières ou quelque chose de ce genre, pour prendre en main les

21 réfugiés.

22 Q. Bien. Je vous remercie. Nous avons presque fini. Nous en venons

23 maintenant à la case concernant les commentaires, et je vois qu'il est

24 question du fait que la JNA a tiré vers la mairie qui, en fait, était

25 l'hôpital, et ensuite, il y a le deuxième sous-titre, disant : "Pas

26 d'officiers parlant politiques."

27 R. Bien --

28 Q. Est-ce que vous pourriez lire cela à haute voix ?

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1 R. Pas d'officiers parlant politiques impliqués" --

2 Q. "Impliqués" ?

3 R. "Impliqué," c'est -- "Ils parlent que de questions politiques, et

4 retardent la question de savoir qui doit procéder."

5 Q. Peut-être que ma vue est un peu meilleure.

6 "Il n'y a pas d'officiers parlant de politiques qui s'en occupent.

7 Ils ne -- ils parlent uniquement des questions politiques, et retardent

8 bien l'ensemble du processus."

9 Donc, pourrions-nous, maintenant, s'il vous plaît, parler de savoir cette

10 question de retarder l'ensemble du processus ? Pourquoi est-ce que vous

11 avez écrit cela ?

12 R. Je voulais dire que, pendant toute la journée, quand nous avons essayé

13 de parler à certains des réfugiés ou quelque chose, nous avons presque

14 toujours été retardés le plupart du temps par le commandant Sljivancanin,

15 et j'aurais pu écrire son nom au lieu de "officiers parlant de politiques."

16 Je voulais dire le commandant Sljivancanin.

17 Q. Combien de temps êtes-vous resté ? Combien il y en est-il de temps est-

18 il resté avec vous ce jour ? Essayez de nous donner une impression, s'il

19 vous plaît.

20 R. Il était avec nous, je pense, que tout le jour, jusqu'à ce que nous ne

21 soyons pas -- parti pour Negoslavci ?

22 Q. Que voulez-vous dire par "retard" ? Comment est-ce que les choses se

23 sont déroulées ?

24 R. Par retard, je veux dire que, chaque fois que nous avons essayé de

25 demander quelque chose, ou demander quelque chose pour les réfugiés, il a

26 commencé par nous faire un discours politique concernant les Croates et

27 parlant des Oustachi et tout cela. Donc, chaque fois que nous avons essayé,

28 nous avons eu ce type de discours politique --

Page 6884

1 Q. Mais lorsque vous dites "tout cela," veuillez, s'il vous plaît,

2 comprendre que nous avons besoin d'entendre pour -- d'après vos souvenirs,

3 que de sorte -- le genre de chose que le commandant Sljivancanin vous

4 disait. Essayez simplement de nous donner une impression générale du

5 discours.

6 R. Je pense qu'en fait, c'est difficile. Ces personnes-là qui combattaient

7 contre la ville, c'étaient des Oustachi, ce n'étaient pas des soldats

8 normaux, et que -- que dirais-je ? Que pourra je dire de plus ?

9 Q. Bien. Alors, poursuivons, si vous voulez bien. Vous nous avez dit que

10 d'après ces documents, nous pouvons voir qu'il est

11 2 heures 30.

12 M. MOORE : [interprétation] Excusez-moi, mais est-ce que je pourrais

13 demander que ce document devienne une pièce à conviction si ce n'est pas

14 déjà le cas ?

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le document est versé au dossier.

16 M. MOORE : [interprétation] Je vous remercie.

17 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce à conviction 340.

18 M. MOORE : [interprétation] Merci.

19 Q. Si vous retournez au document à l'intercalaire 23, juste pour que nous

20 soyons complets, nous avons le briefing à Velepromet, numéro 1430 à 1445,

21 parlant des réfugiés, 1445 à 1530; puis, le départ, Vukovar, 1530, et

22 arriver à l'hôtel, vraisemblablement à Zagreb; c'est bien cela ?

23 R. Oui, c'est à Zagreb.

24 Q. Je vous remercie.

25 R. Non, ce n'est pas Zagreb. C'est Belgrade.

26 Q. Vous avez raison. C'est mon erreur. Je vous remercie.

27 Pourrait-on, maintenant, passer au 19 novembre, le jour suivant ? Le

28 lendemain ? Il s'agit d'un jour où très clairement vous avez participé à ce

Page 6885

1 qui se passait. Pouvez-vous rappeler approximativement à quelle heure vous

2 êtes partis ?

3 R. Nous avons quitté Belgrade dans la matinée. Je ne suis pas sûr de

4 l'heure. 8 heures, peut-être.

5 Q. Pourriez-vous nous dire où vous êtes allés ?

6 R. Nous sommes retournés à Negoslavci.

7 Q. Que s'est-il passé à Negoslavci ?

8 R. A Negoslavci, nous avons eu une réunion au QG militaire.

9 Q. Que s'est-il passé là ?

10 R. On nous a dit que la JNA avait pris l'hôpital ou l'ensemble de la zone,

11 et on nous a dit que -- je ne suis pas sûr s'il était dans la matinée ou

12 plus tard dans la journée. On nous a dit qu'une personne du personnel, le

13 Dr Bosanac, et une partie du personnel et certaines personnes de l'hôpital,

14 avaient été emmenées. C'est la JNA qui nous l'a dit.

15 Q. Est-ce qu'ils ont donné une explication des raisons pour lesquelles

16 ceci --

17 R. C'était parce que c'étaient des criminels, ont-ils dit.

18 Q. Est-ce que vous pouvez vous rappeler s'il y a eu une référence, ou si

19 on a parlé du fait que d'autres personnes auraient été emmenées ?

20 R. Non. Non, pas à ce moment-là.

21 Q. Donc, en ce qui concerne le briefing, est-ce que vous êtes en fait

22 allés à l'hôpital proprement dit ou pas ?

23 R. Le 19, non.

24 Q. Avez-vous eu des contacts avec l'hôpital ?

25 R. Nous avons eu des contacts avec le Dr Bosanac, avec un téléphone mobile

26 -- téléphone cellulaire.

27 Q. Parlons de cela un instant, s'il vous plaît. Vous dites que vous avez

28 parlé à Bosanac ?

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1 R. Non, pas moi-même. Je crois que c'était M. Kypr qui a parlé.

2 Q. Bien. Lorsque vous avez parlé au Dr Bosanac, pouvez-vous vous rappeler

3 d'une façon générale ce qui a été dit ou non ?

4 R. Oui. Je pense me rappeler qu'elle a dit que des choses terribles se

5 déroulaient, et qu'il fallait que nous venions immédiatement à l'hôpital.

6 Puis, à ce moment-là, la ligne est tombée. La liaison s'est interrompue.

7 Q. Est-ce que quelque chose a été dit à propos de Mme Bosanac, souvent

8 parlant à Mme Bosanac ?

9 R. Simplement que des choses terribles se passaient à l'hôpital. C'est ce

10 que j'ai entendu -- ou plutôt, M. Kypr m'a dit que c'est ce qu'elle avait

11 dit.

12 Q. Est-ce que vous avez pu parler à quelqu'un de la JNA du fait que vous

13 aviez eu un entretien téléphonique avec le Dr Bosanac ?

14 R. Oui. Je ne sais pas à qui nous avons parlé, mais nous avons dit que

15 nous avions eu des contacts avec le Dr Bosanac, et que nous voulions nous

16 rendre à l'hôpital.

17 Q. Qu'a dit cette personne ?

18 R. Je sais que le commandant Sljivancanin, à ce moment-là -- ou plutôt,

19 une heure plus tard, a déclaré que nous n'étions pas autorisés à nous

20 rendre à l'hôpital car les combats faisaient encore rage.

21 Q. C'était le 19 ?

22 R. Oui.

23 Q. Qu'en est-il de cet entretien téléphonique avec le

24 Dr Bosanac ? Est-ce que vous avez pu la contacter de nouveau par téléphone

25 par la suite ?

26 R. Non. On nous a dit que nous n'étions pas autorisés à lui téléphoner.

27 Q. Est-ce que vous vous souvenez qui vous a dit cela ?

28 R. C'est le commandant Sljivancanin.

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1 Q. Est-ce qu'il vous a dit pourquoi vous ne pouviez plus parler au Dr

2 Bosanac ?

3 R. Parce qu'elle avait été arrêtée.

4 Q. Est-ce qu'il a ajouté quelque chose ?

5 R. Seulement que c'était une criminelle.

6 Q. S'agissant de l'hôpital lui-même, était-il important que vous vous

7 rendiez à l'hôpital ce jour-là ?

8 R. C'était important car nous voulions surveiller l'évacuation de

9 l'hôpital à partir du moment où l'hôpital avait été pris.

10 Q. En cas d'évacuation de blessés ou de personnes qui n'étaient pas

11 blessés, en quoi est-il important de savoir le nombre de personnes qui doit

12 être transférées, ou la gravité de leurs blessures ? Est-ce que vous

13 comprenez la question ?

14 R. Non.

15 Q. Je vais la reformuler. Vous devez organiser une évacuation --

16 R. Oui.

17 Q. -- à partir d'un hôpital. Vous devez évacuer l'hôpital. Les personnes

18 soignées dans un hôpital présentent différents types de blessures, n'est-ce

19 pas ?

20 R. Oui.

21 Q. Si vous voulez que l'évacuation soit couronnée de succès, dans quelle

22 mesure est-il important de savoir quelles sont les conditions à remplir du

23 point de vue médical pour la cul -- les

24 faits ?

25 R. C'est important de savoir combien de personnes se trouvent là, quelle

26 est la gravité de leurs blessures. Mais l'évacuation elle-même doit être

27 organisée par le JNA, la Croix-Rouge ou une autre organisation. Nous

28 n'avions pas d'équipement à notre disposition à la Mission d'observation.

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1 Q. Mais s'agissant de l'évacuation elle-même, était-il important de savoir

2 quelle état la gravité des blessures des personnes qui devaient être

3 évacuées et leur nombre ?

4 R. Il était important de savoir combien de personnes se trouvaient là à

5 l'hôpital. Nous devions les évacuer.

6 Q. Très bien. Est-ce que vous aviez une idée précise du nombre de

7 personnes qui devaient être évacuées le 19 ?

8 R. Le 19, je n'avais pas de chiffre précis.

9 Q. Merci. Pouvons-nous à présent parler du 19 ? Que s'est-il passé à ce

10 moment-là ? Est-ce que vous avez eu d'autres entretiens avec le commandant

11 Sljivancanin ?

12 R. Dans la soirée, il y a eu un entretien, mais je ne me souviens pas sur

13 quoi il portait. Je me souviens seulement que nous allions recevoir des

14 instructions au sujet de l'évacuation, certains membres de l'équipe

15 retournaient à Belgrade ce soir-là.

16 Q. Où êtes-vous resté ?

17 R. Ce soir là, je suis resté à Negoslavci.

18 Q. Avec qui êtes-vous resté à Negoslavci ? Avec d'autres observateurs ?

19 R. Je ne suis pas sûr, M. Kypr peut-être, mais je n'étais pas seul en tout

20 cas. Nous avions un véhicule, donc il devait y avoir au moins trois

21 personnes; le chauffeur et deux observateurs.

22 Q. Est-ce que vous avez demandé de nouveau à vous rendre à l'hôpital le

23 19 ?

24 R. Oui, le 19 dans la soirée, nous avons demandé à pouvoir revenir à

25 l'hôpital, mais nous n'avons pas pu y aller, car les combats faisaient

26 encore rage.

27 Q. Est-ce que c'est vous qui avez dit qu'il y avait des tirs ou est-ce

28 qu'on vous a dit qu'il y avait des tirs et des combats ?

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1 R. On nous a dit qu'il y avait des combats.

2 Q. Passons à la journée suivante, la journée du 20. Vous souvenez-vous de

3 la matinée du 20 ?

4 R. Je m'en souviens, je me souviens notamment qu'un accord a été conclu à

5 Zagreb; en vertu de cet accord, M. Kypr et moi-même étions autorisés à nous

6 rendre à l'hôpital de façon à surveiller l'évacuation qui devait être

7 organisée par la JNA. La JNA devait se charger d'évacuer l'hôpital.

8 Q. Bien. Vous vous souvenez que ce matin-là, un accord a été conclu à

9 Zagreb et qu'en vertu de cet accord, vous avez été autorisé à vous rendre à

10 l'hôpital pour surveillez l'évacuation. Qui était responsable de cette

11 évacuation ?

12 R. La JNA.

13 Q. Quel rôle devait être joué par le CICR ?

14 R. Le CICR devait enregistrer tous les patients.

15 Q. Personnellement, savez-vous quand le CICR était censé enregistrer les

16 patients ? Si vous l'ignorez, inutile de le deviner.

17 R. Je l'ignore.

18 Q. Très bien. Avez-vous jamais vu ce qu'on appelle le document relatif à

19 l'évacuation avant de vous rendre à l'hôpital le 20 ?

20 R. Je ne m'en souviens pas.

21 Q. Parlons du 20, si vous le voulez bien. Vous dites que vous êtes parti,

22 donc, parlons d'abord de la matinée. Quel est votre premier souvenir

23 concernant la matinée du 20 ? Est-ce que vous pourriez le dire aux Juges de

24 la Chambre ?

25 R. Oui. Nous avons eu une réunion d'information brève à Negoslavci, et les

26 autres observateurs sont arrivés de Belgrade.

27 Q. Oui.

28 R. On m'a dit, ensuite, que c'était seulement M. Kypr et moi-même qui

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1 devions surveiller l'hôpital. Ensuite, nous avons quitté Negoslavci dans la

2 matinée vers 8 heures, je pense, pour aller à Vukovar.

3 Q. D'après vous, il s'agissait de la matinée du 20.

4 R. La matinée du 20.

5 Q. A quelle heure pensiez-vous aller à l'hôpital ?

6 R. Nous pensions que nous devions nous rendre aussitôt à l'hôpital, à 8

7 heures le matin.

8 Q. Avez-vous pu arriver à l'hôpital à 8 heures du matin ?

9 R. Non. Nous sommes restés bloqués au niveau du pont au milieu de la

10 ville. Il y avait un véhicule blindé de transport de troupes sur le point

11 et le commandant Sljivancanin se trouvait à cet endroit.

12 Q. Avez-vous eu une conversation avec le commandant Sljivancanin ? Vous a-

13 t-il expliqué pourquoi vous ne pouviez pas poursuivre votre chemin ?

14 R. Il a dit que nous ne pouvions pas poursuivre notre chemin parce que la

15 route n'était pas sûre, qu'il y avait des tireurs embusqués et que les

16 combats faisaient encore rage.

17 Q. Est-ce que cela vous a surpris ?

18 R. Oui, car nous n'avons pas vu de combat. Nous avons vu seulement des

19 tirs pour fêter la victoire. Nous avons également vu des véhicules qui se

20 déplaçaient de l'autre côté.

21 Q. Au compte rendu d'audience, à la ligne 18, à l'écran, on peu voir à

22 gauche 64, cela parait à l'écran; est-ce que vous avez l'écran sous les

23 yeux ?

24 R. Oui.

25 Q. Est-ce que vous avez le compte rendu d'audience ?

26 R. C'est en serbo-croate, je ne peux pas le lire.

27 Q. Est-ce que vous avez le texte en anglais ? Je l'espère.

28 R. Oui, il n'y avait pas de combat dans la zone. Seulement des coups de

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1 feu tirés en l'air pour célébrer la victoire.

2 Q. Des tirs dans l'air; "in the air," en anglais. Parce qu'au compte rendu

3 d'audience, on peut lire : "in the area," dans la zone.

4 R. Oui, "in the air," dans l'air, des tirs pour célébrer la victoire.

5 Q. Merci. Parlons de l'épisode du pont. Je vais vous monter une séquence

6 vidéo à ce sujet dans quelques instants. A ce moment-là, vous nous avez dit

7 que vous étiez assez surpris. Combien de temps êtes-vous resté au pont,

8 pour autant que vous vous en souvenez ?

9 R. Deux heures environ.

10 Q. Est-ce que vous avez émis des protestations, vous-même, en tant que

11 groupe, s'agissant du fait que vous étiez bloqué au pont ?

12 R. Oui.

13 Q. A qui avez-vous fait part de vos protestations ?

14 R. Au commandant Sljivancanin.

15 Q. Vous souvenez-vous de ce qu'il vous a répondu de façon générale ?

16 R. Qu'il ne nous laisserait pas traverser pour aller de l'autre côté pour

17 des raisons de sécurité.

18 Q. Parlons du fait que vous avez été arrêté au niveau du pont; quelle

19 était la situation ?

20 R. [aucune interprétation]

21 Q. Est-ce qu'il y avait d'autres forces militaires autour de vous au

22 niveau du pont ?

23 R. Oui, autour du pont, il y avait des membres de la police militaire qui

24 avaient un véhicule. Il y avait peut-être des policiers militaires de la

25 JNA autour de nous, au niveau des marches. Il y avait beaucoup de Chetniks

26 assis autour de nous. Ils portaient des tenues civiles, certains étaient en

27 tenue militaire, ils tiraient des coups de feu en l'air en criant et en

28 buvant, et il y avait également des femmes qui tiraient et qui buvaient.

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1 Q. Quelle était l'ambiance ?

2 R. Ils étaient agressifs à l'égard des membres de la mission.

3 Q. Je souhaiterais que vous regardiez une séquence vidéo qui a déjà été

4 diffusée. Je vous demanderais de bien vouloir éteindre votre microphone,

5 s'il vous plaît.

6 M. MOORE : [interprétation] Je n'entends pas le son et je ne sais pas si

7 quelqu'un d'autre l'entend. J'ai vérifié à trois reprises s'il y avait du

8 son et on m'a dit à trois reprises qu'il y aurait du son, donc, je ne sais

9 pas pourquoi nous avons un problème car j'ai vérifié la chose à de

10 nombreuses reprises.

11 [Diffusion de la cassette vidéo]

12 M. MOORE : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait revenir au début de la

13 séquence s'il vous plaît, avec le son.

14 [Diffusion de la cassette vidéo]

15 L'INTERPRÈTE : La cabine française signale qu'elle ne dispose pas de la

16 transcription de la séquence vidéo.

17 M. MOORE : [interprétation]

18 Q. Avez-vous déjà vu cette séquence vidéo ?

19 R. Oui.

20 Q. S'agissant de l'incident en question, est-il exact de dire que vous en

21 avez été témoin, pas de si près, mais que vous étiez là quand même ?

22 R. Oui.

23 Q. Est-ce là la seule altercation qui a eu avec le commandant Sljivancanin

24 au niveau du pont ?

25 R. Est-ce que vous pourriez expliquer cela ?

26 Q. Est-ce le seul désaccord, la seule altercation qui a eu lieu avec le

27 commandant Sljivancanin au pont ?

28 R. Non. L'homme de la Croix-Rouge avait déjà eu une discussion véhémente

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1 avec le commandant Sljivancanin la veille au soir.

2 Q. Merci. J'y reviendrai. Je souhaiterais que nous parlions encore du

3 pont. Avez-vous vu d'autres disputes avec Sljivancanin ? Ou ne vous en

4 souvenez-vous ?

5 R. Non.

6 Q. Il n'y en pas eu, ou vous ne vous en souvenez pas ?

7 R. Je ne me souviens pas.

8 Q. Bien. Vous nous avez dit qu'en réalité, vous aviez déjà été témoin

9 d'une dispute entre un homme dénommé Nicholas Borsinger -- ou impliquant

10 plutôt l'homme, le dénommé Nicholas Borsinger. Où l'aviez-vous vu

11 auparavant ?

12 R. Au QG de Negoslavci.

13 Q. Dans quelles circonstances ?

14 R. Je pense que c'était lors de la réunion qui s'était tenue la veille au

15 soir.

16 Q. Vous dites que vous l'avez vu, vous avez vu cet homme avoir une dispute

17 avec Sljivancanin ?

18 R. Oui.

19 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui s'est passé ?

20 R. Il voulait aller à l'hôpital la veille au soir.

21 Q. Que lui a répondu le commandant Sljivancanin ?

22 R. Qu'il ne pouvait pas se rendre à l'hôpital car -- des combats y

23 faisaient rage.

24 Q. Vous souvenez-vous pourquoi -- Borsinger, le représentant du CICR

25 voulait se rendre à l'hôpital la veille au soir ?

26 R. Tout ce que je sais c'est qu'il voulait enregistré les patients, noter

27 leurs noms.

28 Q. Parlons du pont ? Vous nous avez parlé de cette dispute, de ce

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1 désaccord. Vous étiez accompagné de M. Kypr, n'est-ce pas ?

2 R. Oui.

3 Q. Mais le colonel Cunningham n'était pas avec vous ce jour-la, n'est-ce

4 pas ?

5 R. C'est exact.

6 Q. Où se trouvait Cunningham le 20, vers 10 heures ?

7 R. Je pense qu'il était retourné à Belgrade pour organiser l'évacuation

8 suivante après que nous avons quitté l'hôpital.

9 Q. Je souhaiterais que l'on parle des rapports entre Cunningham et

10 Nicholas Borsinger.

11 Pourriez-vous, s'il vous plaît, examiner l'intercalaire 27. Je pense qu'il

12 s'agit de la pièce à conviction 333. Je ne vais pas entrer dans les détails

13 à ce sujet. Je suis sûr qu'on vous posera de nombreuses questions là-

14 dessus. Mais je souhaiterais que nous parlions du deuxième paragraphe.

15 Ou plutôt peut-être pourriez-vous vous reporter à la page ZA00-4267,

16 il s'agit du numéro de référence qui se trouve en haut de la page ? Est-ce

17 que vous l'avez trouvé ?

18 R. Oui.

19 Q. Est-ce que vous avez l'intercalaire 27 ?

20 R. 27, non, j'ai 26.

21 Q. Très bien. Alors, je vous invite à examiner l'intercalaire 27 et en

22 haut de la page vous avez différents chiffres et le chiffre qui nous

23 intéresse -- ou plutôt, la série de l'acte -- de chiffres ZA00-4267;

24 l'avez-vous ?

25 R. 67.

26 Q. Cela devrait être un document dactylographié.

27 R. Oui, je l'ai.

28 Q. Très bien.

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1 R. 4267.

2 Q. Oui, merci.

3 R. Oui.

4 Q. Alors, maintenant, au bas de la page, nous avons le paragraphe qui

5 commence par le chiffre 7.

6 R. Oui.

7 Q. "Le comportement du chef du CICR, évacuation de Vukovar."

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce qu'on pourrait dire qu'il n'y avait pas vraiment une grande

10 sympathie qui régnait entre le colonel Cunningham et

11 M. Borsinger ?

12 R. C'est exact.

13 Q. Alors, pour ce qui est du contexte de la situation. Est-ce qu'il y

14 avait une raison pour laquelle ces deux hommes devaient se trouver en

15 désaccord ?

16 R. Oui. Il y avait une réunion qui s'est tenue sur l'autre rive du Danube

17 quelques jours précédemment où le membre de l'IC [phon] a abandonné la

18 Croix-Rouge en milieu du "no man's land."

19 Q. Vous voulez dire la MCCE et non pas l'IC ?

20 R. Oui, la MCCE.

21 Q. Donc, quelques jours avant cela le membre de la MCCE, à savoir, le

22 colonel Cunningham ou --

23 R. Oui, le colonel Cunningham.

24 Q. Donc, il y a abandonné la Croix-Rouge; était-ce

25 M. Borsinger ou la Croix-Rouge, en général ?

26 R. Je ne suis pas sûr.

27 Q. "Il les a abandonné ?" Il y a eu -- il a quitté la voiture ou il y a

28 une réunion ? Pouvez-vous être plus précis ?

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1 R. J'ai entendu dire cela de la part de Borsinger qui a prétendu que

2 Cunningham -- enfin, qu'il a eu à marcher, je pense, sur une distance de 10

3 kilomètres pour revenir à la ville.

4 Q. Très bien. Donc, il y a une réunion --

5 R. J'en ai entendu que quelques mots, mais je sais qu'il y avait un

6 désaccord entre les deux.

7 Q. Très bien. Alors, pour ce qui est des références au CICR -- ou plutôt,

8 au chef du CICR, est-ce que vous êtes en mesure d'apprécier si Cunningham,

9 et je vais essayer d'employer les termes aussi aimables que possible,

10 n'était pas un grand admirateur de Nicholas Borsinger, et que l'autre le

11 lui rendait bien ?

12 R. Je ne sais pas. Je ne sais pas.

13 Q. Très bien. Laissons de côté ces documents pour un instant. Nous sommes

14 au pont. Nous voyons que le transporteur blindé de troupes est écarté. Vous

15 avancez jusqu'à l'hôpital, et puis vous êtes dans une colonne, vous saviez

16 qu'un certain nombre d'autocars avaient traversé la rivière qui passe par

17 Vukovar par un autre pont avec un grand nombre d'hommes qui étaient sous le

18 contrôle de la JNA pour l'essentiel ?

19 R. Non, nous ne le savions pas.

20 Q. Lorsque vous êtes arrivé à l'hôpital, quelle était la situation de

21 manière générale ?

22 R. La situation était très mauvaise d'un point de vue général. On nous a

23 dit qu'une unité médicale militaire avait pris le contrôle de l'hôpital. A

24 l'hôpital, vous aviez du personnel médical, et il y avait beaucoup de - je

25 vais les appeler des Chetniks - à l'intérieur de l'hôpital, et il y avait

26 des armes.

27 Q. Donc, les Chetniks étaient à l'intérieur de l'hôpital. Est-ce que vous

28 étiez en mesure de savoir s'il y en avait qui avaient consommé des boissons

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1 alcooliques ?

2 R. Oui, ils étaient ivres.

3 Q. Je vous remercie.

4 R. Aussi parmi le personnel médical, il y en avait qui avaient l'air --

5 enfin, je ne sais pas s'ils avaient bu, mais ils avaient l'air d'avoir bu.

6 Q. Pour ce qui est du niveau d'organisation du personnel médical de la JNA

7 à ce moment-là ?

8 R. A ce moment-là, il n'y avait aucune organisation.

9 Q. Quand vous êtes venu pour prendre des patients, étaient-ils toujours à

10 l'hôpital ?

11 R. Pour l'essentiel, à l'hôpital il y avait des femmes et des enfants et

12 il n'y avait pas du tout -- ou plutôt, il n'y avait que quelques hommes

13 dans le sous-sol de l'hôpital. Il n'y avait pas de personnes qui auraient

14 été blessées le dernier jour. Je pense que tous les malades et les blessés

15 qui se trouvaient à l'hôpital, ils avaient été blessés 14 jours avant, je

16 pense. Il n'y avait pas de blessés ayant des blessures datant de la

17 dernière semaine.

18 Q. Donc, pas de blessés récents.

19 R. Non.

20 Q. Vous avez dit qu'il n'y avait que quelques hommes. Est-ce que cela vous

21 a surpris de n'en voir que quelques-uns ?

22 R. Oui, cela nous a surpris. Nous avons demandé pourquoi, où étaient les

23 hommes ? On nous a dit qu'ils avaient été emmenés et que quelqu'un d'entre

24 eux avait été arrêté.

25 Q. Est-ce que vous dites que vous avez posé la question -- vous l'avez

26 posé à qui ? Qui vous a fourni cette information ?

27 R. Toutes nos informations venaient du commandant Sljivancanin.

28 Q. Le commandant Sljivancanin vous a dit cela, à ce moment-là, avez-vous

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1 cherché à savoir pourquoi on les avait emmenés ?

2 R. La même chose, oui, que c'étaient des criminels.

3 Q. Oui. Justement, je veux savoir ce qu'il vous a dit précisément. Pouvez-

4 vous nous le dire, s'il vous plaît ?

5 R. La seule chose dont je me souviens, c'est qu'il a dit que c'étaient des

6 criminels.

7 Q. Est-ce qu'il vous a dit où on les a amenés ?

8 R. Seulement dans une prison.

9 Q. Où ?

10 R. En prison.

11 Q. En prison. Mais est-ce qu'il vous a dit où était située cette prison ?

12 R. Non.

13 Q. Est-ce que vous avez pu parler à des civils qui se trouvaient-là à ce

14 moment-là ?

15 R. Oui. Nous avons parlé avec quelques patients et quelques-uns nous ont

16 dit que certains hommes avaient été emmenés la veille pendant la nuit.

17 Q. Encore, est-ce que vous avez cherché à savoir pourquoi on avait emmené

18 les hommes pendant la nuit ?

19 R. Oui. Nous avons dit que, conformément à l'accord, nous devions évacuer

20 toutes les personnes blessées de l'hôpital.

21 Q. Est-ce qu'on vous a répondu à cela ?

22 R. On nous a dit tout simplement que c'étaient des prisonniers de guerre

23 ou des criminels.

24 Q. Combien de fois avez-vous vu Sljivancanin ce jour-là ?

25 R. Je l'au vu quand nous sommes arrivés à l'hôpital. Je pense qu'il se

26 trouvait là pendant une heure ou quelque chose de comparable. Par la suite,

27 je ne me souviens pas. Il y a eu des moments où il n'était pas présent à

28 l'hôpital, mais je ne sais pas pendant combien de temps. Je ne peux pas

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1 dire cela.

2 Q. Vous êtes à l'hôpital. Vous avez traversé le pont, vous avez dit que

3 vous êtes arrivé là-bas vers 8 heures. Deux heures, cela fait 10 heures. Il

4 vous a fallu combien de temps pour arriver à l'hôpital ?

5 R. Depuis le pont ?

6 Q. Oui.

7 R. Cinq minutes.

8 Q. Très bien. A quel moment avez-vous quitté l'hôpital ?

9 R. Dans l'après-midi.

10 Q. Très bien. Alors, vous avez dit que vous avez parlé à Sljivancanin à

11 l'hôpital. Est-ce que vous pouvez nous dire à quel moment cela s'est

12 passé ?

13 R. Quand nous sommes arrivés à l'hôpital.

14 Q. Oui. S'il vous plaît, écoutez ma question. A quel moment, il n'était

15 pas là ?

16 R. Cela, je ne peux pas vous le dire exactement.

17 Q. Etait-ce dans l'après-midi ou dans la matinée ? Est-ce que vous pouvez

18 nous donner une estimation générale ?

19 R. Il était là quand nous sommes arrivés à l'hôpital. Je ne peux pas vous

20 en dire plus.

21 Q. Est-ce que vous savez à quel moment il est parti ?

22 R. Non, je ne sais pas.

23 Q. Quand est-ce que vous êtes parti de l'hôpital ? Dans le convoi ?

24 R. Oui.

25 Q. Etait-il là ou non ?

26 R. Je ne sais pas. Je ne m'en souviens pas.

27 Q. Très bien. Alors maintenant, parlons de l'évacuation de l'hôpital avec

28 les équipes médicales de la JNA. Comment est-ce que cela a été organisé à

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1 ce moment-là ?

2 R. Très mal. Il n'y avait aucune organisation à l'hôpital le 20 novembre.

3 Il y avait quelques personnes, membres de l'ancien personnel, qui

4 embarquaient les malades.

5 Q. Maintenant, je voudrais que vous visionniez une vidéo. J'espère que

6 nous aurons le son.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Quelle est la pièce que nous allons

8 voir ? Quelle est la cote de cette pièce ?

9 M. MOORE : [interprétation] Nous sommes en train de rechercher. C'est dans

10 le tableau récapitulatif. C'est la pièce 319. Vous le trouverez en dernière

11 page.

12 [Diffusion de cassette vidéo]

13 L'INTERPRÈTE : L'interprète signale que la bande est en anglais et en

14 B/C/S. Les sous-titres seront traduits.

15 [voix sur voix]

16 "Reporter : Dites-nous ce que vous voulez dire.

17 Nicholas Borsinger : Très bien. Hier, hier après-midi, il y a eu un accord

18 qui a été signé entre la JNA représentée par le général Raseta, pour

19 neutraliser l'hôpital de Vukovar conformément à l'article 15 de la

20 convention de Genève.

21 Je [inaudible] en détail au sujet de cet accord qui devait entrer en

22 vigueur à 20 heures le 19 novembre, hier soir. Conformément à cet accord,

23 l'accès à l'hôpital et à l'enceinte où nous nous trouvons à présent était

24 limité aux malades et aux blessés parmi les civils et le personnel

25 militaire. Cela, c'est la première catégorie.

26 La deuxième catégorie comprenait les civils qui n'ont pas pris part au

27 conflit.

28 La troisième catégorie, c'était le personnel médical et administratif point

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1 d'interrogation de l'hôpital.

2 La quatrième, c'était les représentants du CICR.

3 Le point 3 de cet accord était qu'aucune arme ne devait être introduite

4 dans la zone neutralisée, et que tout matériel militaire serait enlevé de

5 l'enceinte.

6 Messieurs, vous êtes témoins du fait que [inaudible] dans la

7 situation présente, mis à part les quatre catégories [inaudible] qui ont

8 été mentionnées, toutes autres personnes qui ne pouvaient y rentrer qu'avec

9 l'autorisation expresse des représentants de la Croix-Rouge internationale.

10 Nous avons vu comment [inaudible].

11 Un autre point, c'était que l'enceinte et l'hôpital devaient être

12 clairement indiqués et marqués par une croix rouge.

13 Le dernier point de l'accord est particulièrement intéressant

14 puisqu'il fait valoir que les autorités croates et la JNA fourniront toute

15 la collaboration nécessaire au CICR pour mettre en œuvre [inaudible] et

16 vous remarquerez que la Croix-Rouge internationale est totalement dans

17 l'incapacité de s'acquitter de sa tâche qui lui a été confiée par les

18 parties. Elle ne peut en aucune manière être tenue responsable de ce qui

19 s'est produit plus tôt ce matin. Maintenant, je ne sais pas parce que j'ai

20 été empêché d'entrer dans l'enceinte de l'hôpital.

21 Reporter : Lorsque vous dites que le CICR n'a pas pu [inaudible]

22 précisément que devait-il faire ici ?

23 Nicholas Borsinger : Les fonctions que je viens de vous énumérer

24 conformément au dix point de cet accord.

25 Reporter : L'armée en train d'évacuer [inaudible]."

26 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

27 M. MOORE : [interprétation]

28 Q. Encore une fois, avez-vous déjà eu l'occasion de voir cette vidéo ?

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1 R. Oui.

2 Q. Je crois que c'est ici que vous l'avez vue ?

3 R. Oui.

4 Q. Borsinger dit dans cet extrait vidéo que le CICR n'est pas en mesure de

5 faire son travail ?

6 R. C'est exact.

7 Q. D'après vous, est-ce exact ou non ?

8 R. C'est exact.

9 Q. Merci.

10 R. Lorsque nous sommes entrés dans l'hôpital, il a été dit que les seules

11 personnes qui pouvaient se rendre dans l'hôpital étaient M. Kypr et moi-

12 même.

13 Q. Vous nous avez dit que vous avez vu le commandant Sljivancanin dans la

14 matinée du 20, et vous avez dit qu'il a eu des contacts avec Borsinger au

15 pont le 20, et Borsinger dans la soirée du 19.

16 R. Oui.

17 Q. Le commandant Sljivancanin n'a-t-il jamais exprimé ses points de vue au

18 sujet du CICR ?

19 R. Oui.

20 Q. Quel genre d'opinion ?

21 R. Il nous a dit je ne me souviens pas très bien -- je ne sais pas si

22 c'est dans la matinée ou dans la soirée, mais il a dit qu'il ne faisait pas

23 confiance à la Croix-Rouge, qu'ils avaient essayé

24 d'atteindre l'hôpital, mais qu'il a eu à les renvoyer.

25 Q. Il a eu à quoi ?

26 R. A les reprendre -- à rebrousser chemin. Donc ils n'ont pas pu atteindre

27 l'hôpital.

28 Q. C'était de quelle journée qu'il parlait ?

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1 R. Le 19 dans la soirée ou la nuit entre le 19 et le 20.

2 Q. Est-ce qu'il a dit pourquoi il ne faisait pas confiance à la Croix-

3 Rouge ?

4 R. Non.

5 Q. Maintenant je voudrais parler de la présente du commandant Sljivancanin

6 à l'hôpital ? Vous nous avez dit qu'il était là dans la matinée du 20.

7 Avez-vous vu des journalistes à l'hôpital le 20 ?

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire à quel moment, je ne dis pas l'heure

10 précise ?

11 R. Je pense que c'était dans l'après-midi.

12 Q. Pardon.

13 R. Après 13 ou 14 heures, quelque chose de ce genre.

14 Q. Très bien. Est-ce qu'il y a eu un représentant de la JNA en compagnie

15 des journalistes ?

16 R. Oui, le commandant Sljivancanin.

17 Q. Que faisait-il avec eux à ce moment-là ?

18 R. Je ne le sais pas.

19 Q. Mais vous l'avez vu ?

20 R. Je n'ai vu que le fait qu'il a amené à l'intérieur des journalistes,

21 mais je n'ai pas entendu la conférence de presse ou quoi que ce soit.

22 Q. L'évacuation elle-même, je voudrais qu'on en parle. Mais avant cela, je

23 voudrais que l'on aborde ce que je vais appeler l'intercalaire 40. C'est un

24 document qui n'a pas encore été versé au dossier. Le numéro ERN est

25 00099998 ainsi que 00099999, à la fois en anglais et en B/C/S.

26 L'avez-vous sous les yeux ?

27 R. Oui.

28 Q. C'est un document dactylographié ?

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1 R. Oui.

2 Q. Examinons la deuxième page de celui-ci. Il semble y avoir une

3 signature. La copie est très mauvaise mais on dirait que c'est votre nom,

4 Jan Schou et la date est celle du 22 novembre 1991 ?

5 R. Oui.

6 Q. Qui a rédigé ce document ?

7 R. C'est moi.

8 Q. Merci. Comment avez-vous produit ce document ?

9 R. Je l'ai fait à Zagreb.

10 Q. Très bien. Pourquoi ?

11 R. C'était un rapport portant sur l'évacuation de l'hôpital de Vukovar. Le

12 rapport est remis au chef de la mission.

13 Q. Je vous remercie. Je ne vais pas parler de la journée du 19. C'est ce

14 que nous voyons en haut. Pour le 20, nous trouvons plusieurs détails. Mais

15 regardons le temps, 10 heures 30, la MCCE est arrivée à l'hôpital, puis

16 déchargement. Ensuite 16 heures, ce qu'on voit ici c'est "vécu hôpital." Je

17 suppose que cela veut dire : ont quitté l'hôpital ?

18 R. Oui, quitté.

19 Q. Le "reste" ?

20 R. Le reste ce sont les personnes qui sont restées à l'hôpital.

21 Q. Pardon.

22 R. De Vukovar.

23 Q. Puis à 17 heures, le bus avec le personnel médical est entré à -- c'est

24 dans ce bus qu'est entré un Chetnik avec -- avec quoi ?

25 R. Avez un couteau.

26 Q. Mais est-ce que vous avez vu du comportement inapproprié de la part de

27 Chetniks dans l'hôpital ou dans les parages ce jour-là ?

28 R. Oui, j'ai vu certains Chetniks assénés des coups aux patients qui

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1 gisaient par terre.

2 Q. Où se trouvaient les patients ? Vous avez dit par terre. Etait-ce à

3 l'intérieur de l'hôpital --

4 R. C'était à l'intérieur de l'hôpital.

5 Q. Combien de fois avez-vous vu des coups assénés ou des comportements

6 abusifs ?

7 R. Deux ou trois fois, je pense. Notre garde de la JNA, ils ont pris des

8 gens. Il y a des gens qu'ils ont emmenés à l'extérieur.

9 Q. Je vous remercie. Puis à 21 heures, vous êtes arrivé à l'infirmerie

10 militaire à Sremska Mitrovica. Je pense que quelqu'un est mort en route et

11 il y a eu une opération sur le champ; est-ce exact ?

12 R. Oui.

13 Q. Nous avons des entrées pour 22 heures, pour 24 heures. Puis nous

14 passons au 21 novembre. Cela concerne l'équipe de Belgrade et le

15 déchargement des blessés; est-ce exact ?

16 R. C'est exact.

17 Q. Alors l'entrée pour 9 heures -- l'entrée qui concerne 40 personnes

18 grièvement blessées. Qu'est-ce qui a été organisé et mis en place par la

19 JNA pour ces personnes grièvement blessées, quel genre de traitement ?

20 R. Dans la mesure où je m'en souviens, il n'y a eu aucun traitement.

21 M. MOORE : [interprétation] Monsieur Vasic.

22 M. VASIC : [interprétation] Monsieur le Président.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Vasic.

24 M. VASIC : [interprétation] Je n'ai pas d'objection à soulever mais si mon

25 éminent confrère pouvait ralentir ce serait très bien pour faciliter la

26 tâche des interprètes. Si mon confrère pouvait ralentir un peu, s'il vous

27 plaît.

28 M. MOORE : [interprétation] Bien entendu.

Page 6908

1 Q. Vous nous avez dit qu'il y avait -- attendez, je vais répéter cela. Je

2 vais vous demander quel traitement avait été organisé par la JNA pour ceux

3 qui étaient grièvement blessés, si vous vous en souvenez, il n'y avait pas

4 de traitement.

5 Pouvons-nous regarder ce qui est inscrit pour 15 heures, s'il vous plaît ?

6 Le voyez-vous ?

7 R. 15 heures, le 21 ?

8 Q. Je pars de l'idée que c'est 15 heures.

9 R. 15 heures, oui.

10 Q. Parce que 15 heures, puis cela se poursuit 18 heures 60, je travaille

11 sur la base de 15 heures. Puis je vois : "Laissés sur place 50 blessés SRB,

12 Serbes et 30 plus deux blessés croates."

13 R. Oui.

14 Q. Je vous remercie. Il y a une mention immédiatement en dessous; vous

15 voyez ? "CICR a le nom de tous les blessés du 21 novembre."

16 R. C'est exact.

17 Q. Je souligne le mot "tous"; est-ce que le CICR avait une liste de tous

18 les blessés avant cette date ?

19 R. Non. Ils avaient seulement fait une liste le 21 novembre. Ils avaient

20 la liste de tous les blessés qui ont été transportés, qui devaient quitter

21 l'hôpital le 21 novembre.

22 Q. Juste des observations, des commentaires. Nous avons déjà traité de la

23 journée du 19, de la part d'éléments de preuve. Regardez, s'il vous plaît,

24 ce qui est mis pour commentaires. Je vois: "Médecins de la mission pas

25 autorisés à aller à l'hôpital."

26 Ce médecin, c'est vous ?

27 R. C'est moi.

28 Q. Je vous remercie. Puis : "JNA dit enlever Oustachi, huit blessés plus

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1 deux membres du personnel. Mission européenne;" c'est bien cela ?

2 R. Pour la mission, c'est le 20.

3 Q. Je vous remercie. Donc, il y avait huit plus deux membres du

4 personnel ?

5 R. Deux du personnel.

6 Q. Que vous a-t-on dit le 19 ? Qui vous a parlé du 19 ?

7 R. Le commandant Sljivancanin.

8 Q. Je vous remercie. Il y avait une indication --

9 M. VASIC : [interprétation] Monsieur le Président, Monsieur le Président.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Vasic.

11 M. VASIC : [interprétation] Je voudrais vraiment, vraiment, s'il vous

12 plaît, demander à mon confrère de bien vouloir ralentir un petit peu et de

13 faire des pauses entre questions et réponses. Au cours des cinq dernières

14 minutes, je ne crois pas que l'accusé ait été en mesure de suivre

15 exactement ce qui ce passait, les débats. Les interprètes ont les plus

16 grandes difficultés à suivre et si mon confrère voulait bien, s'il vous

17 plaît, ralentir un tout petit peu.

18 M. MOORE : [interprétation] Bien, je suis désolé, c'est de ma faute.

19 Normalement, je l'entends si les interprètes ont une difficulté. J'entends

20 : est-ce que le conseil pourrait ralentir, je n'ai pas entendu quoi que ce

21 soit comme cela. Mais je vais essayer de ralentir si cela peut aider.

22 Q. Alors, revenons-en aux commentaires à nouveau, le 19 du

23 11 : "La JNA me dit qu'on a enlevé huit Oustachi blessés et deux membres du

24 personnel."

25 R. C'est exact.

26 Q. Vous avez dit que ceci vous avait été dit par --

27 R. Le commandant.

28 Q. -- le commandant Sljivancanin ?

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1 R. C'est exact.

2 Q. Je m'arrête. Y a-t-il eu une indication de l'endroit où ces Oustachi

3 blessés ont été emmenés ?

4 R. En prison, à la prison.

5 Q. En ce qui concerne les soins médicaux, y a-t-il une référence à ce qui

6 devait leur arriver s'ils étaient -- parce qu'ils étaient blessés ?

7 R. Non.

8 Q. Passons, maintenant, à la journée du 20. Il est question des Chetniks à

9 l'hôpital. Nous en avons parlé.

10 "Rien de préparé par la JNA et le CICR." Bon, nous avons entendu parler du

11 CICR, nous avons entendu parler de la JNA; je n'ai pas besoin de le

12 répéter.

13 Le point A, s'il vous plaît : "Le CICR, le chef dirigeant le CICR a

14 seulement critiqué la JNA."

15 R. Oui. C'est ce que j'ai observé au pont.

16 Q. Je vous remercie. "Mais n'a pas fait de liste des blessés;" c'est

17 exact ?

18 R. C'est exact, et ceci, bien entendu, parce qu'il n'a pas été autorisé à

19 aller vers l'hôpital.

20 Q. Je vous remercie. Au point 3 : "N'a été en mesure de ne rien faire --

21 n'a rien pu faire."

22 Pouvez-vous nous parler maintenant de la JNA, s'il vous plaît, pour

23 commencer ? Le point 1, pourriez-vous lire cela, s'il vous plaît ?

24 R. Oui. "Pas de sécurité. Il y avait de nombreux Chetniks. Trop

25 d'officiers, seulement quelques soldats." C'était le personnel médical que

26 je voulais dire ici.

27 Q. Oui. Au point 3 ?

28 R. "Pas de contrôle, pas d'organisation." A l'hôpital, bien entendu.

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1 "Seulement quelques soldats aidant à transporter les blessés. Certains

2 Chetniks ont frappé les blessés."

3 Q. Ceci était à l'hôpital ?

4 R. Ceci était à l'hôpital, et il y avait des tirs d'armes à feu dans le

5 secteur pour s'amuser.

6 Q. Mais, cela dit bien dans le secteur.

7 R. Je sais, oui.

8 Q. Une note musicale. Mais qu'est-ce que cela voulait dire ? Air ?

9 R. Dans le secteur armé de l'hôpital, ils tiraient, mais c'était pour

10 célébrer à nouveau, pour s'amuser.

11 Q. Bien. Au point 7 ?

12 R. Point 7 : "Tirs de mortiers de la ville." Nous avons entendu des tirs

13 de mortiers, oui.

14 Q. Je vous remercie beaucoup. Ensuite, passons au personnel; quelles sont

15 vos conclusions ?

16 R. "La plus grande partie du personnel," cela veut dire le personnel de

17 l'hôpital de Vukovar. "La plus grande partie du personnel est montée

18 immédiatement dans les cars." Ils n'ont pas pu aider du tout. "Il y avait

19 seulement deux personnes du personnel, un prêtre et une infirmière, la

20 plupart du temps ont aidé à transporter et à charger les blessés." Puis :

21 "Il n'y a pas de mention avant cela concernant l'enregistrement du

22 patient."

23 Q. Qu'est-ce que vous voulez dire par cela ?

24 R. Je veux dire qu'ils se bornaient à faire sortir le patient de l'hôpital

25 en les mettant sur ces camions, puis ceux qui pouvaient marcher et puis

26 ceux qui étaient grièvement blessés; il n'y avait aucune priorité.

27 Normalement, il devrait y avoir une priorité, un, deux, trois, quatre,

28 priorité selon le type de maladies ou de blessures.

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1 Q. Quelle est la priorité la plus importante pour l'évacuation des

2 blessés ? Pourquoi y a-t-il une priorité ?

3 R. C'est parce qu'il n'y avait que quelques ambulances et, bien entendu,

4 il fallait que ceux qui étaient grièvement blessés soient mis dans

5 l'ambulance et ceux qui étaient peu blessés ou légèrement blessés, dans les

6 cars et non pas le contraire.

7 Q. Il se peut que cela ait été parfaitement évident pour vous, mais

8 pourquoi est-ce que c'est important ?

9 R. C'est parce que c'est -- ce que nous avons vu, il est vraiment très

10 difficile d'avoir des patients grièvement blessés étendus ou mis dans un

11 car sur un siège. Ils tombent et tout cela.

12 Q. Passons maintenant à la page 6, s'il vous plaît.

13 R. "Pas de personnel dans l'ambulance." Il n'y avait aucun personnel

14 médical dans l'ambulance ?

15 Q. Là encore, pourquoi est-ce important ?

16 R. Parce qu'il fallait qu'ils puissent donner des soins aux blessés

17 pendant le transport. Normalement, dans une ambulance civile, il y a deux

18 ambulanciers ou deux personnes qui peuvent donner des soins au blessé.

19 Q. Pourquoi est-il important que le personnel fasse -- d'avoir du

20 personnel ? Pourquoi que ceci peut l'affecter et avoir une incidence si on

21 n'en a pas ?

22 R. Mais si vous n'en avez pas --

23 Q. Sur une longue évacuation.

24 R. Sur une longue évacuation, mais, parfois, le patient peut mourir à

25 cause de cela parce que s'il a des maladies, il ne peut pas respirer ou

26 quelque chose de ce genre et il faut qu'il y ait quelqu'un pour pouvoir

27 l'aider ou lui donner des soins.

28 Q. Passons maintenant au point B, s'il vous plaît.

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1 R. "Pas de sécurité pour le transport."

2 Q. Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?

3 R. Je veux dire qu'il n'y avait pas de soldat de l'armée régulière pour

4 assurer la sécurité du transport des blessés.

5 Q. Qu'est-ce que nous avons juste en dessous de cela ?

6 R. "Les Chetniks sont montés dans les cars et, en fait, leur donner des

7 soins avec des couteaux."

8 Q. Je suppose qu'ils ne leur donnaient pas des soins, mais peut-être

9 menaçaient.

10 R. Oui, c'est cela, menaçaient.

11 Q. Qu'est-ce que -- vous avez vu vous-même cela ?

12 R. Je ne l'ai pas vu, j'en ai entendu parler. J'ai entendu -- on nous a

13 dit qu'au cours du transport à l'hôpital militaire, cela avait eu lieu.

14 Q. Si vous regardez - comme je l'ai fait moi-même brièvement - je fais un

15 arrêt pour l'interprétation.

16 En ce qui concerne les points C et D, l'infirmerie à Sremska Mitrovica,

17 vous dites en fait qu'il y avait des moyens médicaux satisfaisants ?

18 R. Oui.

19 Q. Qu'il y avait également des vivres; c'est exact ?

20 R. C'est exact.

21 Q. Il y est question d'une femme enceinte qui est morte et une autre qui a

22 été envoyée à Belgrade pour une opération.

23 R. Oui.

24 Q. Traitons, maintenant, à titre de comparaison de la journée du 21

25 novembre; comment est-ce que le CICR a pu fonctionner le jour suivant ?

26 R. Le jour suivant, ils étaient dans la matinée, les membres du CICR à

27 l'hôpital ont établi une liste de tous les patients.

28 Q. Je vais peut-être le lire moi-même, de façon à ce que ce soit consigné

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1 au compte rendu. J'espère que ceci n'offensera

2 personne : "Bien préparé, liste, et cetera; aide satisfaisante pour

3 organiser tout, et 3, le dirigeant ne faisait que des difficultés." K-W-K-

4 S.

5 R. Oui. Cela, c'est M. Borsinger.

6 Q. Bien. Alors, B : "Le lieutenant-colonel se débrouillait bien." Ceci par

7 rapport à la JNA. "Toutefois, les cars -- il y avait -- ne convenait pas

8 pour des blessés;" c'est bien cela ?

9 R. C'est exact.

10 Q. Pour le 3, s'il vous plaît ?

11 R. Il y avait -- les conditions étaient meilleures pour la sécurité, mais

12 il y avait encore des Chetniks dans l'hôpital. Ceci veut dire que

13 l'hôpital, il n'y avait pas -- il y avait davantage de police militaire ce

14 jour-là. Donc, c'était une sorte de garde qu'il y avait autour de

15 l'hôpital.

16 Q. Au point 4 ?

17 R. Au point 4, dix à 15 officiers ivres. Ceci, il y avait ces officiers

18 ivres.

19 Q. Est-ce qu'ils étaient très ivres ? Pourriez-vous nous donner une

20 indication de comment vous êtes arrivé à cette conclusion ?

21 R. Il est probable qu'ils marchaient comme des personnes ivres.

22 Q. Bien. Ensuite, on passe le personnel. Peut-être qu'on n'est pas

23 nécessaire de --

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il faut que je vous arrête là,

25 Monsieur Moore. De toute façon, nous n'avons plus assez de ruban pour

26 enregistrer.

27 M. MOORE : [interprétation] Je pense que j'en ai plus que pour une

28 vingtaine de minutes en l'occurrence.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

2 Nous reprendrons après la deuxième suspension à 12 heures 55. La séance est

3 suspendue.

4 --- L'audience est suspendue à 12 heures 35.

5 --- L'audience est reprise à 13 heures 00.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Vasic.

7 M. VASIC : [interprétation] Monsieur le Président, merci beaucoup.

8 Je souhaiterais préciser quelque chose s'il vous plaît. Concernant la pièce

9 à conviction 338. Nous avons des photographies qui figurent à

10 l'intercalaire 41. Il s'agit d'un document qui figure dans la liste 65 ter

11 au numéro 66. Ce jeu contient 15 photographies. Ce que je souhaiterais

12 savoir c'est la chose suivante : est-ce que mon éminent confrère demande le

13 versement au dossier des 15 photographies ou simplement le versement au

14 dossier des photographies présentées au témoin aujourd'hui. Je pense que

15 les 15 photographies figurant à cet intercalaire sont dans le classeur.

16 Mais je pense que seules trois photographies ont été montrées.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pour le moment, il n'y a que trois

18 photographies qui ont reçu une cote. Si M. Moore souhaite demander le

19 versement au dossier d'autres photographies, elles pourront être inclus

20 sous la même cote.

21 M. VASIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

22 M. MOORE : [interprétation] Pour aider à mon confrère, je précise que je

23 ferai référence à certaines de ces photographies à la fin.

24 Q. Monsieur Schou, nous en aurons bientôt terminé et je vous invite à

25 regarder le document qui se trouve à l'intercalaire 40.

26 M. MOORE : [interprétation] Je demanderais le versement au dossier en temps

27 utile.

28 Q. Nous en avons terminé avec le point C.

Page 6916

1 R. Oui.

2 Q. Donc, nous avons personnel, ensuite, la MCCE ?

3 R. Oui.

4 Q. "A aidé à transporter les dix premiers blessés;" est-ce que vous

5 pourriez parler du point 2, s'il vous plaît ?

6 R. Numéro 2 : "On nous a dit que nous n'étions pas autorisés à apporter

7 notre aide, mais seulement à surveiller."

8 Q. Que c'était la responsabilité de la JNA ?

9 R. Oui.

10 Q. Très bien. MSF, ensuite, je suppose que c'est Médecins sans frontières,

11 et la référence est faite à ce sujet.

12 Ensuite, nous avons les commentaires généraux. Pourrions-nous, je vous

13 prie, parler de votre appréciation dans la participation de la JNA ?

14 R. Oui. Au point 1, j'ai dit qu'il y avait : "Une très mauvaise

15 organisation de l'évacuation (logistique, organisation, travail et

16 priorité)."

17 Q. Pourrait-on parler du numéro 3 ?

18 R. "Aucune sécurité pour les blessés."

19 Q. Cela concernait la situation à l'intérieur de l'hôpital ?

20 R. Oui.

21 Q. A l'extérieur de l'hôpital ?

22 R. A l'intérieur de l'hôpital et lors du transport de l'hôpital de Vukovar

23 vers l'hôpital militaire.

24 Q. Bien. Numéro 5 à présent.

25 R. "Aucun contrôle sur les Chetniks." Cela signifie que, le 20, ils

26 pouvaient se déplacer à l'intérieur de l'hôpital sans que personne ne les

27 arrête.

28 Q. Numéro 6, s'il vous plaît ?

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1 R. Oui, numéro 6. On nous a dit que certains blessés, certains membres du

2 personnel avaient été sortis de l'hôpital avant notre arrivée.

3 Q. S'agissant des blessés, d'après ce que vous savez, est-ce que cela

4 correspondait à l'accord ?

5 R. Non. L'accord stipulait que nous devions évacuer tous les blessés.

6 Q. Merci. Ensuite, nous avons : "Tirs de mortiers depuis Vukovar."

7 "Le CICR" - je lis ce passage pour qu'il soit consigné au compte rendu

8 d'audience - "Aucune aide le 20 novembre, aide satisfaisante le 21

9 novembre."

10 Médecins sans frontières, qui d'après vous, ne faisaient rien le 21

11 novembre. Ensuite, personnel, "partis en premier," premier bus; c'est ce

12 qui est écrit ?

13 R. Oui. Cela signifie que le personnel de l'hôpital de Vukovar a été le

14 premier à quitter la zone.

15 Q. Qu'auraient-ils dû faire ?

16 R. Ils auraient dû aider à transporter les personnes et à s'occuper des

17 personnes qui devaient être embarquées en premier.

18 Q. Merci. Numéro 2 : "Bonne aide du prêtre."

19 R. Non, bonne -- cela veut dire bonne, bonne aide.

20 Q. Peut-être un laps, Donc, très, très bonne aide du prêtre ?

21 R. Du prêtre et de l'infirmière.

22 Q. "Bon travail à l'hôpital, pas de préparation de l'évacuation." Ensuite,

23 il est fait référence à la MCCE.

24 M. MOORE : [interprétation] Je demanderais que ce document soit versé au

25 dossier ?

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il sera versé au dossier.

27 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce 341.

28 M. MOORE : [interprétation]

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1 Q. Je souhaiterais que l'on parle des photographies que vous avez prises.

2 On en a parlé. Je ne vais pas toutes vous les présenter, seulement

3 certaines. Veuillez parcourir ces photographies vous-même, je vous donnerai

4 un certain nombre de numéros de référence. Est-ce que vous avez la

5 photographie 6981 sous les yeux ? 0036-6981. Est-ce que vous l'avez ?

6 R. Non, ce n'est pas affiché à l'écran.

7 Q. Non, c'est un numéro différent, on le voit là. C'est là-bas. Merci

8 beaucoup.

9 Qui a pris cette photographie ?

10 R. Moi ou l'un des autres membres de la MCCE.

11 Q. Savez-vous quelle était la date ? Le 18, le 19 ou le 20 ?

12 R. Le 18.

13 Q. Où a-t-elle été prise ?

14 R. Au centre de Réfugiés.

15 Q. Merci beaucoup. Peut-on passer à la page suivante, 6983 ? Donc il

16 s'agit de la prochaine.

17 Ce monsieur, qui est-ce ?

18 R. Il s'agit d'un membre danois de la MCCE.

19 Q. Qui est l'autre homme ?

20 R. L'un des défenseurs de la ville, l'un des Chetniks. La photo a été

21 prise sur la colline depuis un endroit où on pouvait voir la gare routière.

22 Q. Quand cette photographie a-t-elle été prise ? Lorsqu'elle a été prise,

23 y avait-il des officiers de la JNA dans les environs ?

24 R. Oui. Juste après que cette photo ait été prise, le commandant

25 Sljivancanin est arrivé et il a dit que nous n'étions pas autorisés à

26 prendre des photographies des défenseurs car il ne s'agissait pas de

27 soldats ordinaires.

28 Q. Merci.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Moore, la réponse précédente

2 indique que l'un des défenseurs étaient un Chetnik. Je pense qu'il y a une

3 certaine confusion ici.

4 M. MOORE : [interprétation]

5 Q. Par le terme défenseurs, dans le cadre de cette affaire, nous voulons

6 parler des défenseurs croates de la ville de Vukovar.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic, veuillez laisser M.

8 Moore terminer son intervention et ensuite vous aurez la parole.

9 Monsieur Moore, allez-y.

10 M. MOORE : [interprétation]

11 Q. Vous avez parlé de "défenseurs" et de "Chetniks." Pour nous, il s'agit

12 de deux choses différentes.

13 R. Oui.

14 Q. Est-ce que vous pouvez être plus précis ?

15 R. Oui.

16 Q. Merci.

17 R. L'autre personne qui a parlé sur cette photographie est un Chetnik qui

18 se trouvait dans Vukovar, au niveau de la colline depuis laquelle nous

19 regardions la gare routière. Il s'agit d'un soldat des forces irrégulières,

20 si vous voulez.

21 Q. Merci.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La personne vêtue de blanc est un

23 observateur de la MCCE ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. C'est un observateur danois de la MCCE.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Je pense que, maintenant, il

26 n'y a plus de malentendu.

27 Maître Borovic, je vous écoute.

28 M. BOROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

Page 6921

1 Le témoin a répondu en disant que c'était un défenseur de la ville. Ce sont

2 ses propos. D'après l'Accusation, ces personnes ne défendaient pas la

3 ville, c'est le point de vue de l'Accusation. Cela ne veut pas dire qu'il

4 ne s'agissait pas de défenseurs. Peut-être que c'est l'impression que le

5 témoin avait à l'époque. On peut apporter une explication. Je ne pense pas

6 qu'il convienne de revenir sur la réponse du témoin, c'est ce qu'il a dit.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic, mais je n'étais pas

8 clair dans mon esprit, car jusqu'à présent, lorsqu'on a utilisé le terme

9 défenseur, c'était pour qualifier les forces croates. Cela m'a semblé

10 ambiguë et j'ai donc ressenti le besoin de clarifier les choses afin de

11 savoir s'il s'agissait de Croate, de membres de la JNA ou de Serbes. Nous

12 avons à présent une réponse tout à fait claire pour tout le monde.

13 M. MOORE : [interprétation] Merci beaucoup. Je souhaiterais que nous

14 allions de l'avant en regardant deux photographies supplémentaires qui

15 doivent être examinées l'une après l'autre. 0036-6985, en premier, puis

16 0036-6987. Voilà la première. Voilà, c'est celle qui m'intéresse en

17 premier.

18 Q. Là encore, c'est une photographie que vous avez prise ?

19 R. C'est une photographie prise par l'un des membres de la MCCE.

20 Q. Merci. Il s'agit d'une photographie de l'hôpital; est-ce exact ?

21 R. Oui. A l'extérieur de l'hôpital.

22 Q. Quelle est la date ? Vous en souvenez-vous ?

23 R. Non.

24 Q. Bien. A droite, on voit un carré orange; est-ce que vous le voyez ?

25 R. Oui.

26 Q. Il semble que deux soldats se tiennent à cet endroit; est-ce exact ?

27 R. C'est exact.

28 Q. Savez-vous qui ils sont ou ce qu'ils font ?

Page 6922

1 R. Non.

2 Q. Bien. Passons à la photographie suivante 87. Merci.

3 Là encore il s'agit de l'hôpital. Regardez le toit, s'il vous plaît ?

4 R. Oui.

5 Q. Vers la droite du toit, on dirait qu'il y a un carré blanc ?

6 R. Oui.

7 Q. Vous le voyez ?

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce que vous savez ce que sait ?

10 R. Il s'agit du reste du drapeau de la Croix-Rouge sur le toit.

11 Q. On ne voit pas la Croix-Rouge sur le toit; est-ce que cette Croix-Rouge

12 a été effacée, est-ce qu'elle n'était pas là, ou est-ce que c'est la

13 photographie qui veut cela ?

14 R. C'est juste la photographie. J'ai personnellement vu la Croix-Rouge sur

15 le toit.

16 Q. Merci. Photographie suivante qui se termine par 89, donc, 0036-6989.

17 Cela correspondre à l'entrée à l'arrière du bâtiment, l'entrée des

18 urgences. Que représente cette photographie ?

19 R. On peut voir un véhicule de la JNA à bord duquel nous embarquons un

20 patient.

21 Q. Un patient ou des patients ?

22 R. Certains patients de l'hôpital.

23 Q. Merci. Je souhaiterais que l'on examine à présent les photographies se

24 terminant par 91, puis 93. Est-ce que l'on pourrait voir également la

25 photographie 93, s'il vous plaît ? Merci beaucoup.

26 Pouvez-vous nous dire où ces photographies auraient été prises ?

27 R. Elles ont été prises devant l'hôpital et je pense que l'on voit

28 certains membres du personnel de l'hôpital.

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1 Q. Vous souvenez-vous de la date ?

2 R. C'était le 20.

3 Q. Merci. Je souhaiterais maintenant que l'on examine la photographie se

4 terminant par 995, puis la photographie se terminant par 999. Sur la

5 photographie se terminant par les chiffres 995, on peut voir des personnes

6 à l'intérieur de l'hôpital.

7 Quand ces photographies ont-elles été prises ?

8 R. Elles ont été prises le 20 novembre.

9 Q. Qu'en est-il de l'autre photographie se terminant par 99 ?

10 R. Elle a été prise en octobre.

11 Q. Donc, la photographie numéro 99 a été prise en octobre ?

12 R. Oui.

13 Q. La photographie 95 ?

14 R. En novembre.

15 Q. Merci beaucoup.

16 R. Oui.

17 Q. Pour en terminer avec ces photographies, je souhaiterais que l'on voie

18 la photographie se terminant par les chiffres 997, s'il vous plaît.

19 Q. Qu'est-ce qu'elle représente ?

20 R. Cette photo a été prise en octobre et représente les fournitures

21 médicales et les médicaments disponibles à l'hôpital au mois d'octobre.

22 Q. Merci beaucoup. Vous nous avez dit que le convoi était parti le 20. Je

23 pense qu'il est exact de dire que vous avez amené avec vous devant ce

24 Tribunal un extrait de journal ?

25 R. Oui.

26 Q. Ce document se trouve à l'intercalaire 42 ? Je vous invite à le

27 regarder.

28 M. MOORE : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le versement

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1 au dossier des photographies. Je souhaiterais qu'elles soient admises au

2 dossier sous la même cote que les photographies précédentes ?

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ces photographies sont admises au

4 dossier sous la cote 338.

5 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

6 M. MOORE : [interprétation]

7 Q. Je souhaiterais que l'on parle de ce document que j'ai vu pour la

8 première fois hier soir vers 18 heures 30. Ce document est daté du 21

9 novembre 1991, n'est-ce pas ?

10 R. Oui, c'est exact.

11 Q. Je ne vous demanderai pas de traduire tout le document, mais pourriez-

12 vous nous traduire le titre ?

13 R. L'hôpital de la mort, on pourrait le traduire ainsi.

14 M. MOORE : [interprétation] Est-ce que ce document apparaît à l'écran ?

15 Nous allons utiliser le logiciel d'affichage électronique Sanction pour

16 présenter ce document si la Chambre nous l'autorise.

17 Q. Dans quelles circonstances cet article a-t-il été rédigé ? Quel rôle

18 avez-vous joué ?

19 R. Le 20 novembre au soir alors que je me trouvais à l'hôpital de Sremska

20 --

21 Q. Mitrovica, oui.

22 R. -- Mitrovica. J'ai appelé un représentant d'un journal danois qui se

23 trouvait à Belgrade à ce moment-là, et je lui ai dit que j'étais allé à

24 l'hôpital de Vukovar et que j'avais vu que presque tous les hommes

25 manquaient et qu'ils ne se trouvaient pas à l'hôpital au moment où j'y

26 étais arrivé.

27 Q. Dans ce document, il y est fait référence ?

28 R. Oui.

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1 Q. Pourriez-vous donner lecture du passage qui fait référence à cela ? Il

2 y a trois colonnes dans cet article ?

3 R. Un instant, je vous prie.

4 Q. L'exemplaire est de très mauvaise qualité.

5 Q. Est-ce que vous avez l'original ?

6 R. Oui.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic.

10 M. LUKIC : [interprétation] Mais on revient à la situation du début ici, le

11 témoin nous donnera lecture de quelque chose qui n'a pas été apporté, à

12 notre connaissance, et nous n'avons aucune traduction de cela dans l'une

13 des langues officielles du Tribunal et ici nous n'avons pas une traduction

14 dans notre langue.

15 Ecoutez, je ne comprends pas vraiment comment est-ce qu'on peut admettre

16 cela ? On ne sait pas de quoi il s'agit. Il faut, maintenant, qu'on fasse

17 confiance que le témoin nous donnera lecture et nous fera des traductions

18 de quelque chose. Mais ce n'est pas la substance de sa déposition. S'il a

19 eu des entretiens avec un journaliste, qu'il nous dise de quoi il a parlé,

20 mais il ne va pas nous donner lecture des articles de journaux, vraiment.

21 Je pense que ceci porte préjudice à la Défense et elle n'a aucun moyen de

22 savoir de quoi il s'agit dans un document qui sera utilisé ici en tant

23 rade, de l'introduire par ces moyens-là.

24 On demandera au témoin de le lire et par la suite on demandera son

25 versement au dossier.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. On ne cherche pas à

27 faire quelque chose par des moyens détournés, Maître Lukic. Ce n'est pas

28 une des pratiques acceptées dans ce prétoire. Il faut que vous voyiez cela

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1 clairement.

2 Le document arrive à ce stade -- il concerne ce qu'il dit avoir vu le 20

3 novembre. A tort ou à raison, telle est sa déposition. Il dit que ceci

4 apporte confirmation de ce qu'il a vu le 20 novembre et il dit aussi ce

5 jour-là, j'ai eu l'occasion de parler à un journaliste qui a publié un

6 article le lendemain dans lequel il a repris ce fait.

7 Voilà, tel est le seul fondement à la pertinence de ce document. Ceci nous

8 permet lorsque nous examinons les événements 15 ans plus tard d'avoir un

9 recoupement, donc, de savoir par un autre moyen si le témoin a bien vu et

10 remarqué des choses à ce moment-là. Donc le témoin nous donnera lecture en

11 anglais ou en danois d'un article de journal. Il nous fournira une

12 interprétation approximative de ce texte.

13 Compte tenu du sujet de nos débats, peut-être qu'en fin de compte,

14 vous n'aurez pas contesté ce qu'il dit ou ce texte, lorsque les membres de

15 la Défense ont eu l'occasion de vérifier cela, lorsque vous aurez eu

16 l'occasion de vérifier que cet article a bien été publié dans ce journal le

17 jour en question. Donc, en fin de compte, s'il n'y a pas de contestation

18 aujourd'hui ou demain, la Défense pourra tout simplement contre-interroger

19 sur le fait qui est que le témoin affirme : "D'avoir eu des contactes le 20

20 avec un journaliste qui a publié le lendemain un article au Danemark."

21 Donc, M. Moore est libre de continuer avec son interrogatoire sur cette

22 base-là. La Défense aura pleinement la liberté de vérifier si cet article a

23 été publié ou non. L'article lui-même ne serait pas versé au dossier, à

24 moins que la Défense ne l'accepte. Il recevra une cote provisoire.

25 M. MOORE : [interprétation] Je vous remercie.

26 Q. Nous avons trois colonnes ici. Est-ce que vous avez retrouvé le texte ?

27 R. Oui.

28 Q. L partie -- je ne veux pas que vous lisiez tout l'article.

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1 R. Non, je sais.

2 Q. C'est la première, deuxième ou troisième colonne ?

3 R. C'est du milieu.

4 Q. Donc, est-ce que vous pouvez nous en donner lecture lentement, s'il

5 vous plaît ?

6 R. Oui.

7 Q. Ou donnez-nous plutôt l'interprétation de ce qui a été écrit.

8 R. "Les soldats ont mis à la porte les gens de la Croix-Rouge, et ont

9 emmené un grand nombre de patients avant que l'armée n'évacue le reste de

10 l'hôpital, à savoir, les 407 blessés et malades."

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous avons ici le secours d'un

12 locuteur natif d'une des langues scandinaves ici. Donc apparemment, les

13 mots que vous avez traduits ici comme étant "patient humain," et "humain,"

14 peuvent signifier autre chose; est-ce vrai ?

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Cela signifie uniquement qu'on les a amené.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le Juge Thelin est en train de me dire

17 que cela signifie de sexe masculin.

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait. Masculin.

19 M. MOORE : [interprétation] Je vous remercie.

20 Q. Je pense qu'il est vrai que vous avez dit que votre mission s'est

21 terminée avec l'évacuation des personnes de Vukovar les 20 et 21 novembre ?

22 R. C'est exact.

23 Q. Je vous remercie.

24 M. MOORE : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais que l'on

25 attribue une cote provisoire à ce document. Je ne sais pas si ce sera

26 nécessaire ou non.

27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est important pour que la Défense

28 puisse ainsi référer si elle souhaite contester le document.

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1 M. MOORE : [interprétation] Je vous remercie, bien sûr.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, cela va être versé aux fins

3 d'identification.

4 M. MOORE : [interprétation] J'en ai terminé avec mon interrogatoire.

5 Mme LA GREFFIÈRE : Ce sera la pièce 342 aux fins d'identification.

6 M. MOORE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Moore.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Vasic.

8 M. VASIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur le Président, j'espère que

10 nous ne perdrons pas de vue le cri du cœur de Me Lukic, lorsqu'il a

11 commencé son contre-interrogatoire du dernier témoin. Il a dit que, comme

12 il intervenait en dernière instance, il ne lui reste pas beaucoup de temps

13 généralement. Fais preuve d'empathie vis-à-vis de votre collègue et, s'il

14 vous plaît, concentrez-vous sur les points les plus importants.

15 M. VASIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je ne perdrais

16 pas de vue la substance de la déposition du témoin d'une part, et d'autre

17 part la réflexion de mon collègue.

18 Essayons d'appliquer la méthode qui nous a bien réussi jusqu'à présent, à

19 savoir, terminons plus tôt aujourd'hui pour pouvoir être plus efficace

20 demain. Avec le témoin précédent, j'ai eu l'honneur ou le malheur de devoir

21 verser une quantité plus importante de documents. Donc, c'est cela qui a

22 joué en ma défaveur. Il y avait là des documents qui ont été réutilisés par

23 la suite par mes collègues, et il s'agissait aussi de certains documents

24 qui n'avaient pas été versés précédemment. Mais toujours est-il que je

25 serais aussi bref que possible.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je ne suis pas sûr que lorsque vous

27 dites "aussi bref que nécessaire," vous apportiez toutes les garanties

28 voulues à la Chambre. Il est tout à fait clair que

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1 M. le Témoin devrait en -- devrait terminer sa déposition demain, et qu'il

2 devrait pouvoir être libre ce week-end.

3 Me Lukic est particulièrement intéressé; c'est lui que touche en premier

4 chef la déposition de ce témoin, donc, je penserais que peut-être vous et

5 Me Borovic, vous pourriez adapter. Nous perdrions 15 minutes pleines, si on

6 levait l'audience maintenant.

7 M. VASIC : [interprétation] Tout à -- oui, Monsieur le Président, mais Me

8 Borovic et moi-même, nous allons certainement faire en sorte que la plus

9 grande partie du temps qui nous appartit soit alloué à Me Lukic.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic, pourquoi êtes-vous

11 debout ?

12 M. LUKIC : [interprétation] Mais je suis un petit peu inquiet du fait de

13 vous avoir entendu dire que demain, on devrait normalement terminer avec le

14 contre-interrogatoire.

15 La Défense de M. Sljivancanin a vraiment cherché à respecter le planning

16 prévu pour les différents témoins. Nous avons fait preuve d'une grande

17 coopération. Vraiment, j'ai peur de ce que vous venez de nous dire. Il se

18 peut que l'on ait à abandonner des questions vraiment importantes, et si M.

19 Moore a des questions supplémentaires, je ne peux pas vous garantir qu'on

20 ait -- qu'on soit en mesure de respecter ce que vous venez de nous donner

21 comme instruction, d'après ce que j'ai compris, parce que c'est un témoin

22 très important. Il faut qu'on l'interroge conformément à -- aux droits qui

23 nous sont impartis. Donc, je demande vraiment que l'on ne néglige pas

24 l'importance du contre-interrogatoire conformément à l'article 21. Par

25 avance donc, je vous demande d'y prêter particulièrement attention pour ce

26 qui est -- ou d'y accorder une importance particulière pour ce qui est du

27 contre-interrogatoire de ce témoin.

28 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic, je sais que vous allez

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1 devoir assumer la plus grosse partie de la tâche qui -- qu'elle n'est pas

2 répartie de manière tout à fait équitable. C'est la raison pour laquelle je

3 -- j'ai invité vos deux confrères à faire très attention à la manière dont

4 ils vont procéder. Je pense que vous serez d'accord avec moi pour admettre

5 que la Chambre a toujours cherché à répartir équitablement le temps entre

6 les différents accusés et l'Accusation. Nous n'avons pas imposé de limites

7 de temps arbitraires sur qui que ce soit, mais les témoins prennent en

8 règle général plus de temps que prévu, et j'ai l'impression que nous

9 débordons de plus en plus le cadre prévu. Si vous examinez notre

10 transcript, vous verrez que nous avons passé beaucoup de temps sur des

11 questions d'ordre secondaire. Nous avons en l'espèce beaucoup de points

12 très importants, décisifs, qui méritent toute notre attention, mais nous

13 avons utilisé beaucoup de temps à traiter de questions marginales. Cette

14 observation concerne tous les avocats présents, qu'ils soient de

15 l'Accusation ou de la Défense.

16 Donc, la Chambre va devoir insister sur le respect des limites de temps,

17 puisque nous ne pouvons pas accepter que le procès s'éternise sans raison

18 valable. Je pense que vous vous rendez compte qu'il nous faudra faire

19 preuve de plus de déterminant parce qu'il faudra qu'on mène à son terme ce

20 procès en respectant les droits de vos clients et en toute équité par

21 rapport aux autres accusés qui attendent que leur procès commence.

22 Donc, je vous encourage à vous pencher sur ces remarques ce soir. Pensez

23 aussi au fait que le témoin devra passer le week-end ici si on n'a pas

24 terminé demain. Donc, n'oubliez pas cela.

25 Nous allons donc lever l'audience maintenant et je vous demande d'être

26 prêts pour nous impressionner par vos performances demain et en vous

27 focalisant sur les points les plus importants.

28 L'audience est levée, nous reprendrons --

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1 --- L'audience est levée à 13 heures 32 et reprendra le vendredi 31 mars

2 2006, à 9 heures 00.

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