Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mercredi 7 juin 2006

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 12 heures 34.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Je vous rappelle

7 que vous avez prononcé une déclaration solennelle au début de votre

8 déposition et qu'elle est toujours en vigueur.

9 Maître Bulatovic, vous avez la parole.

10 M. BULATOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, bonjour,

11 Madame et Monsieur le Juge. Je salue toutes les personnes présentes, y

12 compris le témoin.

13 LE TÉMOIN: TÉMOIN P-001 [Reprise]

14 [Le témoin répond par l'interprète]

15 Contre-interrogatoire par M. Bulatovic : [Suite]

16 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

17 R. Bonjour.

18 Q. Je m'appelle Momcilo Bulatovic. Je suis un des avocats défendant M.

19 Sljivancanin. C'est moi qui vais vous poser des questions en son nom. Je

20 vais m'efforcer de vous poser des questions brèves et précises, ce qui vous

21 permettra de donner des réponses qui seront, elles aussi, brèves et

22 précises, et nous pourrons en terminer le plus vite possible.

23 Commençons par quelques questions susceptibles de révéler l'identité du

24 témoin. Est-ce que nous pouvons passer à huis clos partiel.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

26 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel,

27 Monsieur le Président.

28 [Audience à huis clos partiel]

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21 [Audience publique]

22 M. BULATOVIC : [interprétation]

23 Q. Vous avez dit qui a été votre supérieur. J'aimerais savoir si vous

24 informiez votre supérieur des missions exécutées suite aux ordres émis. Le

25 faisiez-vous par écrit, oralement ? Etait-ce sous forme de rapport

26 ordinaire, extraordinaire, de quelle manière ?

27 R. Vous parlez de mon supérieur pendant les opérations de combat ou de mon

28 supérieur d'après l'organigramme ?

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1 Q. Je vous pose la question sur les deux.

2 R. Pendant les opérations de combat, je n'étais en contact qu'avec le

3 commandant du 2e Détachement d'assaut, le commandant Bajic, le long de la

4 filière hiérarchique. En tant que chef de compagnie, et c'était cela mon

5 rôle à ce moment-là, j'ai pris part à des rapports quotidiens à la caserne

6 au poste de commandement du commandant du 2e Détachement d'assaut. Parfois,

7 ce n'était pas à titre journalier. Le plus souvent, cela avait à voir avec

8 les événements sur la ligne de front, des problèmes, des remèdes ou des

9 solutions à apporter à ces problèmes, enfin ce qui peut faire naturellement

10 l'objet de ce genre de conversations.

11 Q. Pendant les opérations de combat, et également d'après l'organigramme,

12 qui était habilité à vous donner des ordres ? Etait-ce uniquement votre

13 supérieur ?

14 R. Militairement lorsqu'on parle de subordination dans la Brigade de la

15 Garde c'était quelque chose de tout à fait clair comme dans toutes les

16 autres brigades de la JNA ou dans toutes les armées du monde d'ailleurs. Il

17 y a une hiérarchie bien établie et on sait parfaitement comment est

18 transmis un ordre depuis le bataillon jusqu'à la section ou le groupe, ou

19 le simple soldat. Puisqu'il s'est agi d'une unité spéciale qui n'était pas

20 une unité traditionnelle, classique, cette unité que j'ai commandée.

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23 Q. S'il vous plaît, ne mentionnez pas cela puisque vous risquez de révéler

24 votre identité. Je voulais précisément que l'on évite cela et qu'on essaie

25 d'avancer en audience publique sans révéler des données personnelles. En

26 principe, si vous pouvez me répondre sans citer de détails. La question que

27 je vous posais concernait les principes. Est-ce uniquement votre supérieur

28 qui est a habilité à vous donner des ordres ou est-ce que quelqu'un d'autre

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1 a cette attribution également ?

2 R. Je vous remercie de votre observation mais ce que je cherchais à dire,

3 c'est que précisément parce que nous n'étions pas une unité au sens

4 traditionnel du terme, on pouvait nous confier des missions en provenance

5 de différentes instances. Techniquement, il s'agissait de missions qui

6 passaient par notre commandement mais c'est aussi en passant par les

7 organes de sécurité qu'on pouvait nous confier des missions qui pouvaient

8 être spécifiquement des missions de sécurité militaire, mais le commandant

9 de la brigade ou le chef de l'organe de la sécurité pouvait aussi nous

10 donner des ordres.

11 Q. Si vous recevez un ordre de la part de quelqu'un qui n'est pas votre

12 supérieur direct, est-ce que vous êtes tenu d'en informer votre supérieurs

13 immédiat, soit d'avoir reçu une mission, soit de l'avoir menée à bien ou

14 soit avant la mission, soit après ?

15 R. En particulier, pour les années 1990 et 1991, tout dépendait du

16 caractère d'urgence que pouvaient avoir certaines missions. Je n'étais pas

17 tenu d'informer le commandant à certains moments.

18 Q. Est-ce que vous pouvez nous citer un exemple concret de mission où vous

19 n'avez pas été tenu de l'en informer ?

20 R. Vous avez dit que nous sommes en audience publique.

21 Q. Peut-on passer à huit clos partiel, s'il vous plaît, pour que le témoin

22 puisse répondre à cette question.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

24 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel,

25 Monsieur le Président.

26 [Audience à huis clos partiel]

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14 [Audience publique]

15 M. BULATOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vais demander à

16 l'Huissier de donner au témoin une feuille de papier et un stylo pour qu'il

17 dessine, d'après son meilleur souvenir, les hangars dont il a parlé, le bus

18 là où il a vu comment était tourné cet autocar, les phares allumés, et

19 cetera.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que vous devriez être plus

21 précis dans votre demande, Maître Bulatovic.

22 M. BULATOVIC : [interprétation] Je voudrais demander au témoin, Monsieur le

23 Président, de dessiner le hangar qu'il a vu au moment où il s'est rendu à

24 Ovcara.

25 R. Vous voulez dire la nuit ?

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous voulez qu'il vous dessine un

27 plan, pas vraiment qu'il dessine le hangar proprement dit.

28 M. BULATOVIC : [interprétation] Oui, bien sûr, ce n'est pas un dessinateur.

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1 Q. Pourriez-vous nous montrer le chemin que vous avez emprunté, ensuite

2 l'emplacement du hangar ainsi que la place où se trouvait l'autocar que

3 vous avez vu ?

4 R. Je vais essayer de faire un plan de cette localité où on va pouvoir

5 voir le hangar ainsi que la porte entrouverte par laquelle j'ai pu

6 apercevoir les prisonniers. Cela étant dit, quand il s'agit de mes

7 capacités de dessinateur, je pense qu'on pourrait éventuellement en parler

8 une autre fois. [Le témoin s'exécute]

9 Q. La flèche indique le chemin, n'est-ce pas ?

10 R. Oui.

11 Q. Pourriez-vous nous montrer la direction que vous avez prise pour

12 arriver là-bas ? Vous êtes arrivé de Vukovar ?

13 R. Est-ce que vous voulez savoir l'emplacement même du hangar, ou est-ce

14 que vous voulez que j'aborde la région plus grande ?

15 Q. Je voulais tout simplement savoir de quelle direction vous arrivez là-

16 bas. Est-ce que vous arrivez de Vukovar ?

17 R. Oui.

18 Q. Vous arrivez de la direction Vukovar-Negoslavci ?

19 R. Votre première question n'était pas très claire. Ce chemin, c'était un

20 chemin qui passait entre prés et ces chemins donnaient sur la route qui

21 reliait Vukovar à Negoslavci, et de l'autre côté, ce chemin donnait sur une

22 autre route qui menait à Vukovar, mais qui était plus près du Danube. [Le

23 témoin s'exécute] Je pense que je suis arrivé de cette direction-là et

24 d'ailleurs, j'ai emprunté la même route pour retourner à Vukovar. Je ne

25 saurais vous donner les distances entre ces deux points.

26 Q. Le carré que l'on voit ici, c'est le hangar ?

27 R. Vous faites référence au rectangle.

28 Q. Oui, oui. Rectangle, le rectangle.

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1 R. Oui. J'ai ajouté quelque chose ici.

2 Q. Très bien. Je vais vous demander de marquer ce rectangle par le chiffre

3 1 et encerclez ce chiffre, s'il vous plaît.

4 R. [Le témoin s'exécute]

5 Q. Le véhicule qui est tout près de l'entrée du hangar, c'est la jeep, la

6 jeep que vous avez empruntée pour y arriver ?

7 R. Oui, une des jeeps.

8 Q. Pourriez-vous identifier ce véhicule par le chiffre 2 ?

9 R. [Le témoin s'exécute]

10 Q. Le quatrième rectangle, il s'agit là, je pense, de l'autocar avec les

11 phares allumés.

12 R. Oui.

13 Q. Pourriez-vous marquer cet élément par le chiffre 3 ?

14 R. Oui. [Le témoin s'exécute]

15 Q. Ces points que l'on voit à la gauche du rectangle, ce sont les hommes

16 que vous avez vus, n'est-ce pas ?

17 R. Non, il s'agit plutôt de petits cercles et la ligne pointillée, c'était

18 la ligne qui correspondait à cette corde tendue entre deux murs.

19 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, marquer cela avec le chiffre 4 ?

20 R. [Le témoin s'exécute]

21 Q. Cette entrée que l'on voit ici, c'est l'entrée du hangar, n'est-ce pas

22 ?

23 R. Oui.

24 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, marquer cela par le chiffre 5 ?

25 R. [Le témoin s'exécute]

26 Q. Pourriez-vous nous dire quelle est la distance qui sépare l'entrée du

27 hangar marquée par le chiffre 5 et le devant de l'autocar avec les phares

28 allumés et qui est sur ce plan, marqué par le chiffre 3 ?

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1 R. C'est bien possible qu'il s'agissait d'une distance allant de cinq à

2 dix mètres.

3 Q. Mis à part la lumière qui venait des phares, est-ce que vous avez

4 remarqué d'autres sources de lumière dans le hangar ?

5 R. Ce symbole-ci représente la lampe qui illuminait ce groupe de personnes

6 ici. L'autre partie, la partie marquée par les lignes en biais, c'est la

7 partie où je ne voyais rien, puisque c'était la partie sombre du hangar,

8 c'est la partie hachurée du rectangle.

9 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, marquer cette lampe par le chiffre 6 ?

10 R. [Le témoin s'exécute]

11 M. BULATOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais demander

12 que ce plan que le témoin vient de dessiner soit versé au dossier.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cette pièce sera versée au dossier.

14 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] En tant que pièce 558.

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Puis-je ajouter quelque chose ?

16 M. BULATOVIC : [interprétation]

17 Q. Allez-y.

18 R. J'admets la possibilité, puisqu'il faisait nuit et que je ne suis resté

19 que quelque peu de temps, j'admets la possibilité que ce hangar était placé

20 autrement. On peut le faire tourner sur un angle de 90 degrés et dans ce

21 cas-là, il serait placé face à la route. Je ne saurais confirmer cela. Je

22 me souviens que la porte était sur ma droite et que je suis arrivé de cette

23 direction-là.

24 Q. Est-ce que vous avez vu juste un seul hangar ?

25 R. Vous m'avez posé la question à moi ? Ce que j'ai vu, à l'époque,

26 c'était la porte du hangar. Je n'ai pas regardé vraiment autour de moi,

27 puisqu'il faisait nuit.

28 Q. En ce qui concerne l'autocar, tourné comme il l'était, pourriez-vous

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1 nous dire à quelle distance il se trouvait par rapport à ce chemin ? Quelle

2 est la distance qui sépare le côté droit de l'autocar du chemin ?

3 R. Je ne sais pas. Un mètre, deux, cinq. La lumière était dirigée dans

4 cette direction-là, et à l'époque, je ne pensais pas qu'on allait avoir

5 besoin de cette information. Ne me méprenez pas, mais à ce moment précis,

6 je ne suis pas en mesure de vous répondre.

7 Q. Ce qui est en revanche, c'est que l'emplacement de l'autocar par

8 rapport à la porte d'entrée du hangar était tel que présenté sur le plan ?

9 R. Oui.

10 Q. Je vais revenir sur ce que vous avez dit dans votre déclaration

11 supplémentaire. Vous avez parlé de un à trois autocars. Est-ce que vous

12 vous souvenez ce qui se trouvait derrière l'autocar ? Est-ce que c'était la

13 terre, une pelouse, un endroit bétonné, goudronné ?

14 R. Justement, je viens de vous répondre. A cause de la lumière qu'il y

15 avait et parce que je n'ai pas fait attention à cela, je ne sais pas ce qui

16 se trouvait sur la gauche ou la droite ou devant ou derrière l'autobus.

17 Parce que, à l'époque, je n'ai pas prêté attention à cela.

18 Q. Donc, vous y êtes resté une quinzaine de minutes. Vous dites que vous

19 êtes parti, et qu'à un moment donné, vous avez entendu des tirs, que vous

20 n'étiez pas vraiment sûr quelle était la provenance de ces tirs et que ces

21 tirs étaient tirés à une distance de quelques centaines de mètres de

22 l'endroit où vous étiez.

23 R. Oui, tout cela est exact.

24 Q. A partir du moment où vous entendez ces tirs, qu'est-ce que vous avez

25 pensé ? Est-ce que vous avez une idée de ce que c'était ?

26 R. Je ne me souviens pas avoir réfléchi vraiment à ces coups de feu, à ces

27 tirs, mais la réaction était comme suit : nous avons admis la possibilité

28 qu'il s'agissait des tirs euphoriques en guise de fête, célébration,

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1 quelque chose qui était monnaie courante à l'époque. En ce qui concerne la

2 direction des tirs, je n'étais pas en mesure de la déterminer.

3 Q. Avec vos officiers, est-ce que vous avez fait des commentaires au sujet

4 de ces tirs ou est-ce que vous ne l'avez pas fait, puisque vous vous êtes

5 dit que c'étaient des coups de feu tirés comme cela en l'air à cause d'une

6 fête ?

7 R. Je ne me souviens pas si nous en avons parlé, je ne sais pas. Excusez-

8 moi, est-ce que vous avez encore besoin de ce document ?

9 Q. Non. Nous allons garder cela comme une pièce à conviction.

10 R. Non, je parlais du rétroprojecteur.

11 Q. Non. Nous n'avons plus besoin du rétroprojecteur.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que le moment est opportun,

13 Maître Bulatovic ?

14 M. BULATOVIC : [interprétation] Je vais terminer ce contre-interrogatoire

15 d'ici 15 à 20 minutes, si vous souhaitez que l'on prenne une pause.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous ne pouvons pas accepter cela,

17 puisque nous n'allons plus avoir de bande pour vous laisser continuer.

18 M. BULATOVIC : [interprétation] Dans ce cas-là, je vous propose une pause à

19 présent, et je vais continuer après la pause pendant 15 ou 20 minutes.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons prendre une pause d'une

21 demi-heure, parce qu'il y a des expurgations à faire au niveau du compte

22 rendu d'audience.

23 --- L'audience est suspendue à 13 heures 54.

24 --- L'audience est reprise à 14 heures 31.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Bulatovic, vous avez la

26 parole.

27 M. BULATOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

28 Q. Monsieur le Témoin, j'ai regardé certaines des questions que je vous ai

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1 posées et j'ai examiné aussi certaines de vos réponses pendant la pause.

2 J'aimerais revenir sur certains détails pour les tirer au clair. Vous avez

3 parlé d'une mission lorsque certains officiers ont été détachés à

4 l'administration de la sécurité. Vous avez parlé d'une mission. Je vais en

5 parler pendant que nous sommes en audience publique. Est-ce que vous avez

6 reçu des missions par lesquelles certains officiers étaient détachés à

7 l'administration au service de sécurité. Répondez, si vous pouvez, par oui

8 ou par non.

9 R. Oui.

10 Q. Est-il nécessaire que vous nous donniez certains détails de cette

11 mission, par exemple, à huis clos partiel ?

12 R. Je vous en ai déjà parlé. Cela s'est passé au cours de l'automne de

13 l'année 1990.

14 Q. Oui, c'est bien de celle-là que nous parlons. Nous nous comprenons,

15 n'est-ce pas ?

16 R. Oui.

17 Q. Ce que je vous demandais, c'était si, mis à part cette mission-là, il y

18 a eu d'autres missions de ce type ?

19 R. Il y a effectivement un groupe de dix jeunes officiers qui ont été

20 détachés pour travailler au cabinet du secrétaire fédéral à la Défense

21 générale.

22 Q. Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que dans des situations de ce

23 type, lorsqu'il s'est avéré nécessaire de détacher un groupe d'officier à

24 l'administration chargée de la sécurité, il faut respecter une certaine

25 procédure, celle-ci : le chef de l'administration de la sécurité envoie une

26 demande au commandant de la brigade pour qu'un certain nombre d'officiers

27 soient détachés en vue de telle ou telle mission précise. Le commandant de

28 la compagnie, le commandant du bataillon en sont informés. Mais

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1 l'autorisation, elle est donnée par le chef de la brigade. Est-ce que c'est

2 bien là la procédure régulière à suivre ?

3 R. La procédure que vous venez de décrire, il se peut que ce soit celle-

4 là, mais ceci était au-dessus de moi. Je n'étais pas au courant, mais je

5 n'exclus pas cette possibilité.

6 Q. Connaissez-vous la décision du Groupe opérationnel sud, décision prise

7 par son commandant le 16 novembre, qui vous détachait de votre détachement

8 d'assaut pour vous renvoyer à votre unité d'origine, au Bataillon de la

9 Police militaire ? Est-ce qu'il vous est arrivé de voir cette décision ?

10 R. Non, pas par écrit. Croyez-moi, je n'en suis pas certain. C'est tout à

11 fait possible. Excusez-moi. Je sais que ces jours-là, avant ou après,

12 j'étais en contact avec le capitaine Susic. Cela, c'est vrai.

13 Q. Merci. Depuis 1996, c'est à ce moment-là que vous avez fourni cette

14 déclaration au bureau du Procureur. Avez-vous fait d'autres déclarations à

15 d'autres personnes ou instances jusqu'en mai à propos de ces événements

16 dont nous discutons ici ?

17 R. Si je me souviens bien, j'ai fourni une déclaration aux enquêteurs du

18 bureau du Procureur en 1997.

19 Q. Vous avez tout à fait raison.

20 R. Après avoir fourni cette déclaration-là, j'en ai fait une autre qui

21 constitue aujourd'hui l'annexe à la première déclaration. Cela s'est passé

22 tout récemment.

23 Q. Lorsque vous avez fourni cette annexe, vous avez passé combien de jours

24 à La Haye pour faire cette déclaration supplémentaire ?

25 R. J'ai dit récemment. Il y a une certaine confusion dans ce que j'ai dit.

26 Quand je dis récemment, je veux dire il y a deux ou trois ans. A cette

27 occasion, j'ai passé quelques journées ici.

28 Q. Très bien.

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1 M. BULATOVIC : [interprétation] Pouvons-nous passer à huis clos partiel,

2 Monsieur le Président.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

4 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel,

5 Monsieur le Président.

6 [Audience à huis clos partiel]

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24 [Audience publique]

25 Nouvel interrogatoire par M. Moore :

26 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, est-ce que vous pourriez, s'il

27 vous plaît, jeter un coup d'œil sur cette annexe que vous avez fournie.

28 R. Oui.

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1 Q. Est-ce que l'on trouve la date sur ce document et votre signature ?

2 R. Non.

3 M. MOORE : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais simplement

4 tirer au clair un point. Un instant, s'il vous plaît.

5 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

6 M. MOORE : [interprétation]

7 Q. Est-ce que vous pouvez, s'il vous plaît, examiner la traduction

8 anglaise ? Juste pour voir si vous trouvez votre signature sur ce document.

9 Sinon, nous allons faire afficher ce document par la voie du logiciel

10 Sanction.

11 R. Non, je ne l'ai pas.

12 Q. Je vais vous demander de jeter un coup d'œil sur votre écran. Il va

13 falloir que l'on passe à huis clos partiel, s'il vous plaît, parce que nous

14 souhaitons soumettre au témoin que sa signature figure bel et bien sur le

15 document.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.

17 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Huis clos partiel.

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21 [Audience publique]

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour.

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur, je vous prie de bien vouloir

25 prendre la carte, le papier qui vous est donné pour lire ce qui est écrit

26 là-dessus.

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

28 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

Page 10176

1 LE TÉMOIN: ZLATKO ZLOGLEDJA [Assermenté]

2 [Le témoin répond par l'interprète]

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, vous pouvez vous

4 asseoir.

5 Monsieur Smith, je vous laisse la parole.

6 M. SMITH : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

7 Interrogatoire principal par M. Smith :

8 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, pourriez-vous nous donner votre

9 nom, votre prénom ainsi que votre date de naissance ?

10 R. Je m'appelle Zlatko Zlogledja, et je suis né le 19 mars 1972.

11 Q. Quelle est votre appartenance ethnique ?

12 R. Je suis Croate.

13 Q. Est-il exact qu'en 1991, vous avez rejoint les rangs de la JNA dans le

14 cadre de votre service militaire ?

15 R. Oui.

16 Q. A quelle date, s'il vous plaît ?

17 R. Le 17 mars 1991.

18 Q. Vous avez suivi une formation qui a duré combien de temps avant d'avoir

19 un poste, une fonction ?

20 R. Pendant trois mois.

21 Q. Quelle était votre première mission au sein de la JNA ?

22 R. J'ai suivi l'entraînement, et ensuite, nous devions, comme on nous a

23 dit, partir pour la Slovénie au moment où cela a commencé en Slovénie.

24 Q. Quand on vous a dit que vous alliez en Slovénie, est-ce qu'en réalité

25 vous avez été affectés ailleurs ?

26 R. Non, nous sommes partis de Valjevo, de la caserne. Nous nous sommes

27 arrêtés au niveau d'un plan d'électricité, juste avant Sabac. C'est là que

28 nous nous sommes arrêtés.

Page 10177

1 Q. Vers la fin du mois d'août ou début septembre 1991, est-ce qu'on vous a

2 affectés aux activités de combat dans la région de Vukovar ?

3 R. Oui.

4 Q. Brièvement, pourriez-vous nous dire où vous étiez positionnés ? Est-ce

5 que votre unité était stationnée dans la zone de Vukovar ?

6 R. Oui. Nous étions stationnés à Negoslavci, et de Negoslavci en direction

7 d'un quartier de Vukovar et ses environs, Luzac.

8 Q. Pourriez-vous nous dire quelle était la taille de votre unité, le

9 nombre d'hommes, le type d'équipement dont vous disposiez, l'équipement

10 militaire, et cetera, les véhicules ?

11 R. Il y avait une vingtaine de chars qui étaient stationnés là-bas. Il y

12 avait aussi des véhicules de transport de troupes, puis une centaine de

13 personnes.

14 Q. Votre unité était stationnée à peu près combien de distance du centre-

15 ville de Vukovar ?

16 R. Nous étions devant Luzac. Il s'agit de la banlieue de Vukovar.

17 Q. Pendant que vous étiez à ce poste, quels étaient vos devoirs dans le

18 cadre de cette unité ?

19 R. Pendant que nous étions sur cette position, il s'agissait de creuser

20 les tranchées. On nous a dit qu'il fallait monter la garde dans ces

21 tranchées, faire attention, parce que l'ennemi pouvait s'approcher à

22 travers les champs sans qu'on l'aperçoive. Il s'agissait de faire

23 attention.

24 Q. Vous êtes resté avec cette unité pendant combien de temps à peu près à

25 cette position ?

26 R. J'y suis resté quatre ou cinq jours, à peu près.

27 Q. Après ces quatre ou cinq jours, qu'est-ce que vous avez décidé de

28 faire ?

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1 R. Après ces quelques jours, j'ai décidé, avec quatre autres collègues, de

2 fuir en direction de Vukovar, sur le territoire libre, parce qu'il était

3 évident qu'on allait devoir tirer, que je serais obligé de tirer sur mon

4 peuple. J'ai décidé de ne pas prendre part à cela.

5 Q. Vous avez décidé de vous enfuir avec qui d'autre ?

6 R. Srecko Ravlija était là avec moi, Samir Hrkic, Dodaj Hajdar.

7 Q. Y avait-il Lorenc Duhanaj ?

8 R. Oui, effectivement. C'est vrai, il était là avec nous trois.

9 Q. Comment avez-vous réussi à fuir, et où est-ce que vous êtes allés ?

10 R. Lorenc Duhanaj était originaire de la région, de Marinci. Il

11 connaissait bien le terrain. Nous nous sommes mis d'accord qu'il allait

12 nous amener en direction de Luzac, et ensuite, en direction du poste de

13 police de Vukovar.

14 Q. Quel était votre plan de fuite ? S'agissait-il d'aider la défense de la

15 ville, ou bien de quitter la ville tout à fait ?

16 R. A l'époque, on voulait tout simplement partir, quitter cet endroit, nos

17 positions et rentrer chez nous.

18 Q. Pourquoi avez-vous décidé de vous rendre au poste de police de

19 Vukovar ?

20 R. Parce que c'était la seule façon de joindre Vukovar. Il s'agissait de

21 partir en direction du poste de police.

22 Q. Quand vous êtes arrivés au poste de police, que s'est-il passé là-bas ?

23 R. Ils nous ont vérifiés. Ils ont vérifié notre identité, qui nous étions,

24 d'où nous venions. Après cela, nous avons pu appeler chez nous ou nous

25 rendre chez nous. Cependant, j'ai appelé ma tante à Zagreb, parce que je

26 n'avais pas de téléphone à la maison. C'est là que j'ai appris que ma

27 famille était chez elle à Zagreb, parce que mon village avait déjà été

28 occupé par les Serbes.

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1 Q. Quand vous avez appris cela, qu'est-ce que vous avez décidé de faire ?

2 R. Puisque mes autres collègues ont décidé de rester et de rejoindre la

3 police de réserve, j'ai décidé de rester, d'aider à défendre la ville de

4 Vukovar pour empêcher qu'il lui arrive la même chose que ce qui était

5 arrivé à mon village à moi.

6 Q. Est-ce que vous avez reçu une tâche particulière par un membre de la

7 police ou par qui que ce soit d'autre, le commandant ?

8 R. Au début, nous étions là pour les aider, pour aider les gens qui

9 travaillaient au sein du poste de police. Par la suite, quand les choses

10 sont devenues plus compliquées, quand la situation était devenue vraiment

11 sérieuse, on nous a envoyés, nous aussi, sur la ligne de front pour aider

12 nos collègues.

13 Q. A un moment donné, avez-vous décidé de quitter Vukovar ?

14 R. Oui.

15 Q. Pourquoi avez-vous pris cette décision, et à quel moment l'avez-vous

16 prise ?

17 R. La route était déjà bloquée, coupée. Nous ne pouvions plus sortir de

18 Vukovar, j'étais obligé de rester.

19 Q. A quel moment avez-vous essayé de partir ? Etait-ce juste avant la

20 chute de Vukovar ? Est-ce que vous vous en souvenez ?

21 R. Oui. Juste avant la chute de Vukovar, j'ai essayé de sortir de la ville

22 avec un groupe de gens. Cette fois, Lorenc Duhanaj a marché sur une mine et

23 nous l'avons ramené à l'hôpital de Vukovar.

24 Q. Est-ce que vous êtes restés là-bas un moment donné ?

25 R. Nous avons amené Lorenc et nous avons pris la décision de rester dans

26 l'hôpital. Je suis resté à l'hôpital pendant quelques jours.

27 Q. Après avoir amené Lorenc à l'hôpital, est-ce que vous pouvez nous

28 expliquer pour quelle raison vous avez décidé de rester à l'hôpital ?

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1 R. Parce que la chute était vraiment proche, la chute de la ville était

2 toute proche. C'est là que je me sentais le plus en sécurité, à l'hôpital.

3 Q. Quand avez-vous quitté l'hôpital de Vukovar ?

4 R. Je l'ai quitté le 20 novembre.

5 Q. Vous allez nous dire ce qui s'est passé au moment où vous avez quitté

6 l'hôpital, vous allez nous en parler dans quelques instants. Dites-nous ce

7 qui s'est passé la veille, la veille de cela, avant de quitter l'hôpital de

8 Vukovar ?

9 R. L'hôpital était encerclé par les forces serbes. Des soldats serbes

10 entraient de temps en temps dans l'hôpital, ils faisaient sortir des gens

11 de l'hôpital.

12 Q. Quand vous dites les soldats serbes, pourriez-vous être plus précis ?

13 S'agissait-il des soldats de la JNA, des soldats réguliers, des soldats de

14 la réserve, des paramilitaires, ou bien des serbes, des civils serbes

15 armés ? Ou bien un petit peu de tout ?

16 R. Oui, il y avait des Serbes du cru. Puis, il y avait aussi des soldats

17 de la JNA, des réservistes.

18 Q. Quand vous dites que les forces serbes faisaient sortir les gens la

19 ville, il s'agit de quel nombre de personnes, qui étaient ces gens ?

20 R. Précisément, je connais un cas. Un soldat serbe est venu me voir et il

21 m'a demandé d'où je venais. Je lui ai dit : D'ici. Parce que je me suis dit

22 que c'était la meilleure réponse. A côté de moi, il y avait un policier de

23 Vukovar, Zoran, surnommé Baki. Ce soldat serbe a reconnu ce garçon, Zoran.

24 Je pense qu'ils étaient même cousins. Enfin, ils avaient un lien de

25 parenté. Il l'a amené avec lui. Je sais qu'il ne voulait pas partir avec

26 lui parce qu'il était blessé. Il avait une blessure au bras. Il a dit qu'il

27 était blessé, qu'il ne pouvait pas partir avec lui. Le soldat l'a amené

28 tout de même.

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1 Q. Savez-vous ce qui est arrivé à ce Zoran ?

2 R. Non. Ensuite, ce soldat est revenu. Il a amené un autre garçon, un

3 jeune homme, Rasid. C'était un ami de Zoran. Il l'a amené lui aussi. Après,

4 je ne sais pas ce qui lui est arrivé.

5 Q. Merci. Maintenant, nous allons voir ce qui s'est passé le matin du 20

6 novembre 1991. Vous avez dit que vous avez quitté l'hôpital ce jour-là.

7 Pourriez-vous nous dire comment vous avez quitté l'hôpital ?

8 R. C'est le matin, entre 8 et 9 heures, qu'on nous a dit que des autocars

9 étaient arrivés et qu'il fallait que tout le monde sorte de l'hôpital. Nous

10 sommes sortis devant l'hôpital et on s'est alignés dans une colonne.

11 Q. Qui vous avait dit que les autocars étaient là ? Qui vous avait dit que

12 vous deviez quitter l'hôpital ?

13 R. Le personnel de l'hôpital.

14 Q. Vous avez dit que vous vous êtes alignés à l'extérieur de l'hôpital.

15 Est-ce que quelqu'un vous a donné l'ordre de vous aligner, ou bien est-ce

16 que les gens ont fait cela spontanément ?

17 R. Oui, oui, on nous a donné l'ordre de nous aligner. Ils nous ont fouillé

18 aussi pour voir s'il y avait qui que ce soit qui avait encore quoi que ce

19 soit.

20 Q. Qui vous a ordonné de vous aligner et qui vous a fouillés ?

21 R. La police militaire serbe était là, les réservistes serbes aussi, sans

22 doute originaires de Serbie. Puis, il y avait aussi des Serbes de Vukovar

23 qui, eux aussi, arboraient des uniformes de la JNA.

24 Q. Il y avait combien de soldats, à peu près, qui étaient là à l'extérieur

25 de l'hôpital, là où vous vous êtes alignés, là où on vous a fouillés ?

26 R. Il y en avait pas mal.

27 Q. Est-ce que vous aviez l'impression qu'il y avait qui que ce soit qui

28 était responsable de ces soldats ?

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1 R. Oui.

2 Q. Qui était-ce, ou bien qui ils étaient ?

3 R. J'ai vu un homme qui portait l'uniforme de camouflage et qui entrait et

4 sortait de l'hôpital.

5 Q. Pourriez-vous décrire cet homme qui portait cet uniforme de

6 camouflage ? Quelle était sa taille, sa corpulence ? Est-ce qu'il portait

7 quoi que ce soit de particulier, son visage ?

8 R. Il était grand, il avait des cheveux bruns foncés, une moustache

9 foncée, assez corpulent, bien bâti.

10 Q. Est-ce qu'il portait une barbe ?

11 R. Il avait juste une moustache.

12 Q. Et un couvre-chef. Avait-il un couvre-chef ou est-ce qu'il ne portait

13 rien sur sa tête ?

14 R. Il portait un uniforme de camouflage et il avait un couvre-chef.

15 Q. Quel genre de couvre-chef portait-il ?

16 R. Un chapeau de camouflage.

17 Q. Quelle était sa corpulence ? Comment était-il bâti ? Est-ce qu'il était

18 costaud, gros, mince ?

19 R. Il était mince.

20 Q. Est-ce que vous connaissez le nom de cette personne ?

21 R. Oui. Sljivancanin.

22 Q. Comment le connaissiez-vous ?

23 R. Pendant que nous étions encore dans la police de Vukovar, nous pouvions

24 regarder la télé, ce qui fait que nous regardions les reportages de la

25 télévision serbe. C'est là que j'ai pu le voir dans ces émissions.

26 Q. Combien de fois l'avez-vous vu à la télé, et pourriez-vous nous décrire

27 la situation dans laquelle vous l'avez vu ?

28 R. Nous avons pu regarder leurs émissions. Je l'ai vu plusieurs fois. Il

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1 essayait d'encourager ses soldats, de les soutenir moralement en disant

2 qu'ils n'auraient aucune difficulté pour venir à bout des forces croates.

3 Q. Vous dites l'avoir vu à l'hôpital le matin du 20. Lorsque vous l'avez

4 vu à la télévision, est-ce que c'était avant le

5 20 novembre ?

6 R. Oui.

7 Q. Vous avez quitté l'hôpital. Est-ce qu'après, vous avez revu

8 Sljivancanin en personne ?

9 R. Après avoir quitté l'hôpital, je l'ai revu à Ovcara. C'était la seule

10 fois où je l'ai revu.

11 Q. Vous dites l'avoir revu à Ovcara. Quand l'avez-vous vu ? Le même jour

12 ou était-ce un autre jour ?

13 R. Le même jour.

14 Q. J'aimerais que nous revenions à ce qui s'est passé le matin du 20 à

15 l'hôpital de Vukovar. Vous dites qu'on vous a fait vous aligner, que vous

16 avez été fouillés. Qui étaient les personnes qui se trouvaient dans cette

17 rangée avec vous ?

18 R. Tous ceux qui étaient légèrement blessés étaient encore capables de

19 marcher.

20 Q. Vous avez été fouillés. Après cela, où êtes-vous allés ?

21 R. Après avoir été fouillés, nous avons été amenés vers les autocars. Nous

22 sommes montés dans les autocars et nous sommes partis. Nous nous sommes

23 arrêtés à la caserne de Vukovar.

24 Q. Combien d'autocars y avait-il qui sont allés vers la caserne de

25 Vukovar ?

26 R. En tout, quatre ou cinq.

27 Q. Est-ce qu'il y avait des gardes qui surveillaient les passagers de

28 l'autocar dans lequel vous étiez ?

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1 R. Oui. Il y avait un soldat serbe armé qui nous surveillait.

2 Q. Etes-vous en mesure de dire si cet homme était un soldat de réserve, un

3 soldat de l'armée régulière, un paramilitaire ou simplement un civil

4 portant une arme ?

5 R. C'était un membre de la police militaire.

6 Q. Pourriez-vous nous dire en quelques mots ce qui s'est passé lorsque

7 vous êtes arrivés à la caserne de Vukovar ?

8 R. Les autocars se sont arrêtés devant la caserne de Vukovar. Une fois de

9 plus des soldats serbes, des réservistes, des Serbes de la région nous

10 attendaient. Ils ont tourné autour des bus et ont montré du doigt certaines

11 des personnes qui se trouvaient dans ces autocars. Plus tard, ces personnes

12 on les a fait sortir des autocars.

13 Q. Vous dites - je reprends vos termes - vous avez, une fois de plus, vu

14 des soldats serbes, des Serbes de la région, des réservistes. Quand vous

15 dites soldats serbes, est-ce que vous parlez des soldats de l'armée

16 régulière ou pas ? Est-ce que vous les incluez dans ce terme ?

17 R. Je n'ai pas vu des soldats de l'armée régulière. J'ai vu des

18 réservistes serbes de Serbie, mais aussi des Serbes de la région de

19 Vukovar, qui portaient eux aussi l'uniforme de la JNA.

20 Q. Pourriez-vous nous dire quelle atmosphère régnait à la caserne de

21 Vukovar, comment vous vous sentiez à ce moment-là ?

22 R. C'était une atmosphère terrible. Les soldats sont montés à bord des

23 autocars et ont frappé les gens qui étaient à l'avant. On a fait sortir un

24 homme qui se trouvait dans mon autocar aussi. Ils nous ont dit que nous

25 allions tous être exécutés. Ils nous disaient, par exemple : Vous n'allez

26 plus jamais revoir la Croatie. Ils nous insultaient en disant que nous

27 allions tous être amenés vers un lieu où nous allions être exécutés. Nous

28 avions peur d'être tués.

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1 Q. Est-ce que vous avez jeté un coup d'œil autour de vous pendant que vous

2 étiez arrêté devant la caserne de Vukovar pour voir ce qui arrivait aux

3 autres gens ?

4 R. J'ai regardé pour le peu que je pouvais le faire. J'ai bien vu que la

5 même chose se passait dans les autres autocars. C'est qu'on désignait

6 certaines personnes, qu'on les faisait sortir, qu'on les emmenait. Je ne

7 sais pas ce qu'on leur a fait après.

8 Q. Vous avez dit pour le peu que vous pouviez voir. Est-ce qu'il y avait

9 quelque chose qui vous empêchait de jeter un coup d'œil autour de vous, et

10 si c'était le cas, qu'est-ce qui vous empêchait de le faire ?

11 R. Nous devions rester assis, les mains dans le dos mais la tête baissée.

12 Ils nous ont dit de ne pas regarder autour de nous, de ne pas lever les

13 yeux.

14 Q. Pourriez-vous nous dire combien de personnes ont dû sortir de votre

15 autocar ?

16 R. Une personne. Je pense qu'il était de Zagreb.

17 Q. Est-ce que vous avez vu ce qu'on a fait de cet homme une fois qu'il est

18 descendu de l'autocar ?

19 R. Non, on l'a simplement emmené. Je n'ai pas vu ce qui s'est passé par la

20 suite.

21 Q. Combien de temps avez-vous passé à la caserne avant de partir ?

22 R. Deux heures, disons.

23 Q. Où êtes-vous allés lorsque vous avez quitté la caserne ?

24 R. Lorsque nous sommes partis de la caserne, nous nous sommes arrêtés dans

25 un champ, devant un hangar.

26 Q. Est-ce que vous connaissiez cet endroit, vous saviez comment il

27 s'appelait ou est-ce que vous avez appris plus tard comment il s'appelle ?

28 R. A l'époque, je ne connaissais pas cet endroit. Je ne savais pas comment

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1 on l'appelait. Après j'ai appris qu'il s'agissait d'Ovcara.

2 Q. Quand avez-vous appris plus tard qu'il s'agissait d'un lieu dit

3 Ovcara ?

4 R. Je l'ai appris quand je suis revenu de prison, lorsque certaines fosses

5 avaient déjà été ouvertes et qu'on pensait qu'il y avait des civils serbes

6 qui avaient été abattus. C'est à ce moment-là que j'ai appris qu'on

7 appelait cet endroit Ovcara.

8 Q. Nous allons en parler un peu plus tard. Vous êtes sorti de prison en

9 août 1992; est-ce exact ?

10 R. Oui.

11 Q. Vous avez dit qu'au moment où votre autocar est parti de l'hôpital de

12 Vukovar, il y avait un policier armé, un policier de la police militaire

13 qui se trouvait dans cet autocar. Est-ce qu'il était toujours à bord

14 lorsque vous êtes arrivés à Ovcara ?

15 R. Oui, ils nous ont accompagnés jusqu'au bout.

16 Q. Lorsque votre autocar est arrivé à Ovcara, qu'est-ce que vous avez vu

17 de l'endroit où vous étiez encore assis dans l'autocar ? Qu'est-ce qui se

18 passait dehors ?

19 R. Lorsque nous sommes arrivés à Ovcara, nous avons vu des gens qui

20 descendaient des autocars, ceux qui se trouvaient devant nous. Nous avons

21 vu que les Serbes avaient deux rangées de Serbes locaux, de soldats.

22 Lorsque les gens sont descendus des autocars, ils ont dû franchir cette

23 double rangée. On les a frappés avec tout ce que ces hommes avaient à leur

24 disposition pour les frapper. C'est ainsi qu'ils sont entrés dans le

25 hangar.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Vasic.

27 M. VASIC : [interprétation] Je dois intervenir. Page 61, lignes 18 et 19.

28 Il me semble que le témoin a dit que cette rangée, cette double haie était

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1 composée de soldats serbes locaux, alors qu'il y a une virgule qui a été

2 placée sur le compte rendu d'audience, qui donne l'impression qu'il y avait

3 des Serbes locaux et des soldats. Est-ce que ceci peut être précisé ? C'est

4 une question posée au témoin.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Vasic.

6 M. SMITH : [interprétation] Merci.

7 Q. Vous dites que les personnes qui sont descendues des autocars ont dû

8 franchir cette double haie. De là, où sont-ils allés ?

9 R. La porte du hangar était ouverte. Ils ont fait entrer les gens à

10 l'intérieur.

11 Q. Merci. Vous savez qu'il y a une chose qui n'est pas tout à fait claire.

12 Cette double haie, est-ce qu'elle était composée de soldats serbes locaux,

13 de Serbes locaux, ou est-ce qu'il y avait des soldats de l'armée régulière,

14 des soldats de réserve ou des paramilitaires ? Pourriez-vous être plus

15 précis et nous dire qui composait cette double haie ?

16 R. C'étaient des réservistes serbes qui portaient l'uniforme de la JNA.

17 Dès que les gens descendaient des autocars, ils ont reconnu certains de ces

18 hommes. Enfin, ils ont été reconnus pour certains. On les a tout de suite

19 emmenés à l'écart. On ne les a pas laissé entrer dans le hangar; on les a

20 mis à l'écart. C'est ce qui m'a permis de conclure que les hommes qui

21 faisaient la haie, cette double haie, c'étaient des Serbes locaux qui

22 portaient l'uniforme de la JNA.

23 Q. Vous avez dit que c'étaient des réservistes locaux qui formaient ces

24 deux haies ? Est-ce qu'il y en avait d'autres, des soldats, mis à part

25 ceux-là devant le hangar ?

26 R. Oui, il y avait des soldats, ils étaient partout, tout autour.

27 Q. Ces autres soldats qui ne formaient pas cette double haie, quel genre

28 de soldats étaient-ce ? Est-ce que vous pouvez le dire ? Est-ce que

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1 c'étaient des civils armés de la région, des réservistes, des membres de

2 l'armée régulière, des paramilitaires ? Est-ce que vous avez pu déterminer

3 à quels groupes ils appartenaient ?

4 R. Sur tous ceux que vous avez mentionnés, je peux vous dire qu'il y en

5 avait de chacun de ces groupes, y compris des soldats de l'armée régulière

6 de la JNA.

7 Q. En tout, si vous comptez aussi les soldats de réserve qui formaient

8 cette double haie, d'où qu'ils viennent, de quel groupe qu'il soit,

9 pourriez-vous nous dire combien il y avait de soldats à l'extérieur du

10 hangar lorsque les autocars sont arrivés, à peu près ?

11 R. Ils étaient assez nombreux, 50 ou 60.

12 Q. Pourriez-vous nous donner plus de détails ? Comment les gens qui

13 descendaient des autocars ont-ils franchi cette double haie, et s'il leur

14 est arrivé quelque chose, dites-nous ce qu'il leur est arrivé ?

15 R. Une fois qu'ils sont descendus des autocars, ils sont allés vers le

16 hangar. Les gens qui étaient là, ils étaient armés de chaînes, de battes,

17 de fusils. Ils rouaient ceux qui descendaient des autocars de coups.

18 C'étaient des coups qui pleuvaient de partout. Ils suivaient les gens qu'on

19 poussait jusqu'à l'intérieur du hangar. Une fois dans le hangar, les gens

20 ont dû se placer face au mur.

21 Q. Est-ce que vous étiez encore dans votre autocar lorsque vous avez vu

22 les gens qu'on frappait, ou est-ce que vous étiez déjà descendu ?

23 R. Je l'ai vu aussi. Je suis parvenu à voir ceci alors que j'étais encore

24 dans l'autocar. J'ai vu les gens qui étaient dans l'autocar devant le

25 nôtre, qui sont descendus, et j'ai vu que quand ils descendaient, on les

26 frappait.

27 Q. Vous, dans quelles conditions êtes-vous descendus de l'autocar ?

28 Qu'est-ce qui vous est arrivé à vous ?

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1 R. La même chose. Lorsque notre tour est arrivé, dès que nous sommes

2 descendus, nous avons dû franchir cette double haie et nous avons été

3 frappés. J'ai vu, lorsque mon tour est arrivé, Hrkic et Kuscevic. Ils

4 étaient debout, un peu à l'écart, devant la porte. Ils étaient debout avec

5 un officier et ils nous désignaient, nous deux. Lorsque notre tour est

6 arrivé, ils ont dit : Voilà, ce sont ces deux soldats-là.

7 Eux, ils étaient descendus de l'autocar plus tôt. Ils ont dit que c'étaient

8 les soldats de la JNA qui avaient été emprisonnés à Vukovar. Ils ont ajouté

9 qu'il y avait deux soldats de plus, qui avaient aussi été capturés à

10 Vukovar. Ils nous ont désignés et nous avons été mis à l'écart, ce qui veut

11 dire que nous, nous n'avons pas dû franchir cette double haie de soldats

12 qui frappaient les gens.

13 Q. Vous êtes descendu de l'autocar avec Dodaj, n'est-ce pas ?

14 R. Oui, avec Dodaj Hajdar.

15 Q. Qui étaient ces deux soldats dont vous avez parlé ?

16 R. Il y avait Samir Hrkic et Petar Kuscevic.

17 Q. Si j'ai bien compris, vous avez constitué un groupe de quatre qu'on a

18 laissé dehors.

19 R. Oui.

20 Q. Est-ce que vous avez parlé entre vous dans ce groupe ? Est-ce que vous

21 auriez parlé avec un officier ou un soldat se trouvant au même endroit ?

22 R. Lorsqu'ils ont dit qu'il y avait deux soldats de plus, et que nous,

23 nous sommes descendus de l'autocar, ils les ont crus. Nous avons donné des

24 informations à propos des unités dans lesquelles nous avions servi. On a

25 donné le nom de nos supérieurs hiérarchiques, ce qui fait, qu'aussitôt, ils

26 nous ont crus. Ils ont cru, qu'effectivement, nous avions été capturés.

27 Q. Est-ce que vous avez été frappés ou pas ?

28 R. Non, pas à ce moment-là. Ils se sont contentés de nous mettre à

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1 l'écart. Ils nous ont même donné des cigarettes, de l'eau et d'autres

2 choses à boire. Ceux d'entre nous qui fumaient ont pris quelques

3 cigarettes. Je pense que nous nous sommes mis en dessous d'un arbre et nous

4 nous sommes parlés. Certains soldats d'active se sont approchés de nous et

5 nous avons bavardé.

6 Q. Ces soldats ou quelqu'un d'autre, est-ce qu'ils ont vite découvert que

7 vous étiez Croates ?

8 R. Oui. Plus tard, quand un officier s'est approché de nous, a commencé à

9 nous parler, il nous a demandé d'où nous étions. Lorsque nous avons dit que

10 nous étions Croates - il y en avait un d'entre nous qui était Albanais - il

11 a aussitôt dit que nous n'étions pas des prisonniers, que nous étions des

12 déserteurs et que les déserteurs de l'armée sont, en général, exécutés, et

13 que nous aussi, nous allions être abattus. Si nous disions la vérité, a-t-

14 il dit, nous avions peut-être une chance de sauver notre peau. Il a dit

15 qu'on allait être envoyés à Belgrade, incarcérés dans une maison d'arrêt

16 militaire, pour être jugés plus tard.

17 Q. Dans ce groupe de quatre, il y avait deux autres Croates et un autre

18 Albanais; est-ce exact ?

19 R. Oui. Il y avait un Albanais et, excusez-moi, Samir Hrkic, il était

20 Musulman.

21 Q. Cet officier qui vous a parlé a dit que vous étiez des déserteurs.

22 Pourriez-vous le décrire, et pourriez-vous nous dire quel grade il avait ?

23 R. Je pense qu'il était de grade assez élevé. Je ne pourrais pas vous

24 donner son grade.

25 Q. Pourriez-vous donner son aspect physique, sa taille, par exemple, sa

26 corpulence, son âge. Est-ce qu'il avait beaucoup de cheveux ou est-ce qu'il

27 avait une calvitie naissante ?

28 R. Si je me souviens bien, il était de taille moyenne, de corpulence

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1 moyenne. Il avait une calvitie naissante. Il avait les cheveux gris.

2 Q. Et son âge ?

3 R. Il était d'âge mûr.

4 M. VASIC : [interprétation] Monsieur le Président.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Vasic.

6 M. VASIC : [interprétation] Merci beaucoup. Page 66, lignes 4 et 5. Il

7 n'est pas consigné que le témoin a dit de cet homme qu'il avait une

8 calvitie naissante et qu'il avait des cheveux poivre et sel.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je suis désolé, mais c'est écrit sur

10 mon écran.

11 M. VASIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Effectivement, je

12 n'avais pas vu ce terme.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.

14 M. SMITH : [interprétation]

15 Q. Quel type d'uniforme cet officier portait-il ? Etes-vous en mesure de

16 dire si c'était l'uniforme d'un membre de l'armée régulière ou si c'était

17 un uniforme de réserve ?

18 R. Il portait l'uniforme d'officier de la JNA. Il était un officier de la

19 JNA.

20 Q. Etait-il accompagné d'autres officiers ou d'autres soldats qui

21 semblaient être avec lui ou pas ?

22 R. Oui, il y avait plusieurs officiers, enfin quelques-uns.

23 Q. Vous parlez d'autres officiers que celui dont vous avez parlé ou est-ce

24 que vous donnez un chiffre global ?

25 R. Non, non. Je veux dire en plus de celui dont j'ai parlé. En tout, ils

26 étaient quelques-uns.

27 Q. Peut-être avez-vous déjà répondu à cette question, mais est-ce que vous

28 avez pu déterminer quel était le grade de l'officier principal, celui qui

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1 posait les questions ?

2 R. Je ne sais pas exactement. En tout cas, il était de grade plutôt élevé.

3 Je ne sais pas s'il était lieutenant-colonel ou colonel. Cela je ne

4 pourrais pas vous le dire.

5 Q. Vous parlez d'un autre officier qui était présent là, lui aussi.

6 D'abord, connaissez-vous son nom, et pourriez-vous le décrire ?

7 R. L'autre, je ne saurais pas vous dire son nom.

8 Q. Sauriez-vous le décrire ? Quel âge avait-il, quelle était sa taille,

9 quelle était sa corpulence, de quelle couleur étaient ses cheveux ? Si vous

10 ne pouvez pas le dire, c'est bien.

11 R. Je ne saurais pas vous le dire.

12 Q. Merci.

13 M. SMITH : [interprétation] Je souhaite que l'on visionne une vidéo à

14 présent. C'est la pièce 225.

15 Nous pouvons la visionner à l'aide du logiciel Sanction. A partir de 1

16 minute 11 secondes, s'il vous plaît, jusqu'à 1 minute

17 29 secondes, ce qui est la fin de cet extrait.

18 Q. Monsieur le Témoin, nous allons le visionner une fois, la version

19 intégrale, je vais vous inviter à l'examiner, à regarder cela

20 attentivement, et après, nous allons repasser cette même séquence et je

21 vais vous poser quelques questions à ce moment-là. M'avez vous compris ?

22 R. Oui.

23 Q. Je vous remercie. Nous pouvons visionner cette séquence à présent.

24 [Diffusion de la cassette vidéo]

25 M. SMITH : [interprétation] A partir de 1 minute 11 secondes jusqu'à 1

26 minute 29, s'il vous plaît. La version intégrale, peut-on la voir ? Merci.

27 [Diffusion de la cassette vidéo]

28 M. SMITH : [interprétation] Merci.

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1 Q. Monsieur le Témoin, dites-moi, s'il vous plaît, si l'on examine cet

2 extrait, parmi les individus qu'on y voit, y a-t-il quelqu'un que vous avez

3 vu à Ovcara le jour où vous vous y êtes trouvé ?

4 R. Pour ce qui est d'un individu, j'ai quelques doutes. Je pense que je

5 l'ai vu, mais je n'en suis pas tout à fait certain.

6 Q. Si l'on repasse la vidéo, est-ce que vous pouvez nous arrêter pour

7 qu'on fasse un arrêt sur l'image à l'endroit où se trouve la personne à

8 laquelle vous pensez.

9 R. Oui.

10 [Diffusion de la cassette vidéo]

11 M. SMITH : [interprétation] Merci. Je n'étais pas en train de regarder,

12 mais le témoin nous a indiqué l'une des personnes et j'aimerais que l'on

13 fasse un arrêt sur l'image à cet endroit.

14 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

15 M. SMITH : [interprétation]

16 Q. Monsieur le Témoin, pour que ce soit tout à fait clair, on va visionner

17 encore une fois cet extrait. Pouvez-vous nous dire d'arrêter l'extrait à

18 l'endroit où vous voyez la personne que vous avez vue ce jour-là à Ovcara.

19 [Diffusion de la cassette vidéo]

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Maintenant.

21 Q. Merci. Pour le compte rendu d'audience, c'est à 1 minute

22 17 secondes 4 de la pièce 225.

23 Monsieur le Témoin, lorsque vous dites que vous avez peut-être vu cet

24 homme à Ovcara, que faisait-il à Ovcara, et pourquoi vous dites que vous

25 l'avez peut-être vu, mais que vous n'en êtes pas certain ?

26 R. Cet homme faisait partie d'un groupe d'officiers qui se sont trouvés

27 là-bas. Je dirais que c'est cela, que je le reconnais, mais je ne pourrais

28 pas vous dire avec une certitude à 100 % que c'est effectivement cet homme-

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1 là. Je n'en suis pas certain.

2 Q. Je vous remercie. Nous n'avons plus besoin de la vidéo. Je vous

3 remercie. Dans la déclaration que vous avez donnée en 1996 au bureau du

4 Procureur, vous avez dit que l'officier qui vous a dit que vous étiez

5 déserteur, que c'était le général Panic. Vous avez également dit que la

6 personne qui était en sa compagnie à ce moment-là, que c'était l'homme du

7 nom de Mrksic. Dans cet extrait vidéo, nous voyons un homme qui s'appelle

8 Panic. Vous ne l'avez pas reconnu dans cet extrait. Est-ce que vous êtes

9 certain que vous ne vous êtes pas trompé lorsque vous avez dit aux

10 enquêteurs que c'est Panic qui vous a qualifié de déserteur ?

11 R. Je n'en suis pas certain. Il est possible que j'aie fait une erreur à

12 ce moment-là.

13 Q. Les deux personnes qui vous ont dit que vous étiez déserteur, ou

14 l'officier qui vous a dit que vous étiez déserteur et l'autre qui était en

15 sa compagnie, est-ce que ce sont des hommes que vous avez déjà eu

16 l'occasion de les voir avant Ovcara ?

17 R. Non, jamais.

18 Q. Vous ne saviez pas comment il s'appelait; est-ce exact ?

19 R. Je ne le savais pas.

20 Q. Lorsque vous avez identifié Panic et Mrksic en vous adressant aux

21 enquêteurs en 1996, est-ce que vous avez cité les noms de ces personnes à

22 ce moment-là, ou bien est-ce que c'est l'enquêteur qui vous a proposé des

23 noms des personnes que vous avez identifiées.

24 R. Lorsque j'ai montré ces deux hommes, je n'avais pas l'ombre d'une idée

25 de leurs noms. Je ne savais absolument pas qui ils étaient. C'est

26 l'enquêteur qui m'a dit par la suite qui étaient ces hommes.

27 Q. Cet officier, il vous a parlé pendant combien de temps, et en tout,

28 vous êtes resté combien de temps à Ovcara ?

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1 R. Je suis resté à peu près une demi-heure à Ovcara.

2 Q. Pendant que vous étiez à Ovcara, est-ce que vous avez vu arriver

3 d'autres personnes pendant que vous vous étiez à l'extérieur du hangar ?

4 R. Nous quatre et ces quelques soldats de la JNA, nous étions là. A un

5 moment donné, j'ai vu M. Sljivancanin, je l'ai vu arriver. Il a eu quelques

6 échanges avec ces réservistes serbes qui faisaient partie de cette colonne

7 qui battait les gens. Il leur a dit quelque chose. Ils ont échangé quelques

8 mots brièvement, puis il a rebroussé chemin. Cela n'a pas pris longtemps.

9 Q. Est-ce qu'il a essayé d'empêcher, quand on passait à tabac les gens, ou

10 vous ne le savez pas ?

11 R. J'espérais qu'il leur aurait donné cet ordre de ne pas battre les gens.

12 Très vite, après son départ, la même chose s'est poursuivie, ce qui me

13 permet de penser qu'il n'a pas donné l'ordre qu'on arrête de battre les

14 gens.

15 Q. De quelle manière Sljivancanin est-il arrivé à Ovcara ?

16 R. Il est arrivé à bord d'un véhicule militaire. Je pense que c'était in

17 Pinzgauer.

18 Q. Etait-il seul ou était-il accompagné de quelqu'un ?

19 R. Il est venu conduit par un chauffeur.

20 Q. Vous avez dit qu'il est reparti rapidement. Combien de temps

21 Sljivancanin est-il resté à Ovcara ?

22 R. Quand il est arrivé, il a échangé quelques mots. Il est resté peut-être

23 sur place 10 à 15 minutes.

24 Q. Je vais vous montrer la pièce 285. C'est une vidéo. Je voudrais que

25 l'on visionne les six premières secondes. Pourriez-vous nous dire, s'il

26 vous plaît, si vous arrivez à reconnaître quelqu'un à l'image. Ou peut-être

27 il suffit que l'on reste à 0, 6 secondes. Si vous examinez cette image,

28 est-ce qu'il y a quelqu'un que vous y reconnaissez ?

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1 R. Oui, cet homme qui se tient derrière l'homme vêtu de blanc. L'homme

2 dont on voit la tête, c'est M. Sljivancanin.

3 Q. Est-ce qu'il porte quelque chose sur lui ou non ?

4 R. Lorsque je regarde d'ici, je n'arrive pas à bien distinguer. Je vois

5 son couvre-chef. A savoir, s'il porte un objet sur lui, cela, je ne peux

6 pas le voir.

7 Q. Je vous remercie. Pendant que vous étiez à Ovcara, est-ce que vous

8 pouviez voir ce qui se passait à l'intérieur du hangar, ce qui se passait

9 avec les détenus qui étaient à l'intérieur ?

10 R. Des soldats entraient à l'intérieur du hangar. Ils y entraient comme

11 bon leur semblait. C'était un passage à tabac terrible qui se passait à

12 l'intérieur. Ces Serbes locaux, ils faisaient sortir du hangar les gens

13 qu'ils finissaient par reconnaître. Par la suite, ils les amenaient. Je ne

14 sais pas ce qui est advenu de ces gens-là, mais ils rentraient à

15 l'intérieur et ils les frappaient à mort.

16 Q. Quand vous êtes repartis d'Ovcara, est-ce qu'on vous a emmenés à

17 Negoslavci et là vous êtes restés détenus pour trois ou quatre jours ?

18 R. Oui.

19 Q. Qui vous a placés en détention ? Est-ce qu'on vous a assénés des coups

20 pendant que vous étiez en détention ?

21 R. Oui. On était dans une cave. Quand nous sommes arrivés à Negoslavci, on

22 nous a d'abord bandé les yeux et on nous a amenés dans une cave au sous-

23 sol. C'est là qu'on a commencé à nous frapper. C'était atroce. Des Serbes

24 du cru rentraient là-dedans. Ils disaient qu'il fallait qu'on nous exécute

25 tous, qu'on nous tue tous, et tout simplement, que c'est ce qu'ils allaient

26 faire.

27 Q. Merci.

28 M. SMITH : [interprétation] Monsieur le Président, il me reste tout au plus

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1 cinq minutes. Peut-être que ce sera plus que cinq minutes. Est-ce que vous

2 voulez que je poursuive ou est-ce qu'on reprendra demain ?

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que c'est un bon moment pour

4 lever l'audience.

5 M. SMITH : [interprétation] Merci.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

7 Nous allons lever l'audience et reprendre demain matin à

8 9 heures.

9 --- L'audience est levée à 16 heures 59 et reprendra le jeudi

10 8 juin 2006, à 9 heures 00.

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