Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le jeudi 12 octobre 2006

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 33.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Je vous rappelle

7 que vous avez prononcé une déclaration solennelle au début de votre

8 déposition, elle est toujours de vigueur.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

10 LE TÉMOIN: SLAVKO STIJAKOVIC [Reprise]

11 [Le témoin répond par l'interprète]

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic, vous avez la parole.

13 M. BOROVIC : [interprétation] Merci et bonjour, Monsieur le Président,

14 Madame et Monsieur les Juges.

15 Interrogatoire principal par M. Borovic : [Suite]

16 Q. [interprétation] Monsieur Stijakovic, ayez l'obligeance de nous

17 expliquer la différence qu'il y a entre un poste d'observation, un poste de

18 commandement et un quartier général d'état-major ?

19 R. Ces trois notions sont très étroitement liées les unes les autres et en

20 tout cas aussi avec le concept du commandement de l'armée. Les postes

21 d'observation sont organisées par chef de section, chef de peloton, chef de

22 compagnie.

23 Un poste de commandement c'est organisé par un commandement de

24 bataillon ou un commandement de brigade ou encore à un échelon supérieur.

25 Quant au QG à l'état-major, c'est une instance, un organe

26 professionnel, qui pour les besoins du commandement supérieur, analyse les

27 problèmes de façon professionnelle et propose des solutions pour ce qui est

28 des missions confiées.

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1 Q. Merci. Est-ce que vous avez entendu dire que la maison de Stanko

2 Vujanovic était le poste d'observation du capitaine Radic et qu'elle aurait

3 été utilisée à un moment donné en tant que poste de commandement ou en tant

4 que QG pour la libération de Vukovar ?

5 R. Jamais je n'ai entendu dire que cela aurait été un poste de

6 commandement. Le poste de commandement du 3e Bataillon se trouvait dans la

7 rue Svetozara Markovica, je vous en ai parlé hier.

8 Q. Merci. Au cours de ce procès, nous avons rencontré certains dilemmes,

9 notamment autour de ces deux notions en B/C/S. Qu'est-ce qu'un "komandir"

10 et qu'est-ce qu'un "komandant" ? Vous qui avez été en prise directe au

11 commandement, vous qui étiez subordonné à un commandant de compagnie, est-

12 ce que vous pourriez nous donner une explication militaire d'un

13 professionnel, s'agissant du sens qu'il faut donner à "komandir" et

14 "komandant" ?

15 R. Un "komandir" c'est le niveau le plus bas de commandement, s'agissant

16 d'individu, d'une personne. Dans notre armée, les "komandirs" sont des

17 chefs de section, de groupe, de peloton, de compagnie. Puis vous avez dans

18 le sens de "komandant" des chefs ou commandants de bataillon, de brigade,

19 de division, de corps d'armée, et cetera. En d'autres termes, quelqu'un qui

20 est un "komandir" a un niveau assez bas de commandement puisque jusqu'au

21 niveau de ce commandant de compagnie il n'y aura pas de QG, il n'y a pas

22 d'état major en tant qu'instance professionnelle. Ce n'est pas une

23 instance, un organe qui va travailler pour le commandant afin de l'aider

24 dans la décision qu'il doit prendre. Un commandant de compagnie n'a pas son

25 propre état-major. Il n'a qu'un adjoint qui l'aide sur le plan de la

26 logistique.

27 Q. Fort bien, merci. Pendant votre séjour à Vukovar, est-ce que vous avez

28 entendu dire que Vojislav Seselj, qui était à l'époque président d'un parti

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1 politique, était allé en visite à Vukovar ?

2 R. Oui. J'ai entendu dire que ce monsieur s'était rendu sur le théâtre de

3 guerre.

4 Q. Est-ce que vous avez une quelconque information ou une connaissance à

5 ce propos ?

6 R. Je sais qu'un matin, alors qu'on préparait de façon régulière et

7 habituelle des tâches de la journée, le commandant du Détachement de Leva

8 Supoderica, Milan Lancuzanin, est venu à notre commandement. Il m'a dit que

9 la veille, M. Vojislav Seselj était venu voir son unité. Il m'a demandé

10 pourquoi je n'avais pas été présent à cette réunion. J'ai dit à Milan que

11 notre poste de commandement se trouvait dans la rue de Svetozara Markovica

12 et que c'est là que nous accueillons nos hôtes.

13 Q. Merci. Le commandant Tesic qui commandait le 1er Bataillon motorisé,

14 est-ce que lui est allé au poste de commandement du Groupe opérationnel

15 sud ? Est-ce qu'il le faisait à tous les jours ?

16 R. Pour ce qui est du 1er Bataillon motorisé et de la composition

17 temporaire du 1er Détachement d'assaut, le commandant Tesic en sa qualité de

18 commandant, il y allait parfois plusieurs fois dans une journée. De temps

19 en temps, il lui arrivait d'aller tous les trois et quatre jours pour des

20 réunions d'information, des briefings. Il était le seul à aller au

21 commandement Suprême. Quand je dis le seul, je veux dire le seul parmi nous

22 qui soit allé au commandement Suprême.

23 Q. Merci. Vous avez déjà déclaré qu'après une vingtaine de jours, après le

24 début de l'attaque, le détachement local de Leva Supoderica a également été

25 engagé dans les combats et qu'il avait à sa tête Milan Lancuzanin, alias

26 Kameni. Je vous demande si vous êtes d'accord avec ceci. Lancuzanin

27 lorsqu'il a été rattaché au Groupe d'assaut numéro 1, est-ce qu'il a reçu

28 cette mission du commandant du 1er Bataillon motorisé ?

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1 R. Conformément à l'ordre du 29 octobre qui avait été donné par le

2 commandement Suprême, lorsqu'a été établi le détachement d'assaut, je vous

3 ai montré sur un graphique sa composition hier, le commandant de ce

4 détachement de Leva Supoderica était Milan Lancuzanin. Par conséquent, à

5 partir de jour-là, il s'est vu recevoir des missions du commandant du 1er

6 Détachement d'assaut.

7 Q. Le commandant de la Défense territoriale de Vukovar, c'était le

8 capitaine de première classe Dusan Jaksic, n'est-ce pas ? Est-ce qu'il a

9 été remplacé, relevé de ses fonctions, et par qui a-t-il été remplacé; le

10 savez-vous ?

11 R. J'ai dit que le commandant du Détachement de Petrova Gora c'était le

12 capitaine Jaksic. Cet homme, en application de l'ordre que j'ai déjà

13 mentionné en date du 29 octobre, venait régulièrement pour prendre ses

14 instructions, recevoir ses ordres, pour discuter de certaines choses dans

15 l'optique de ses missions à accomplir avec Tesic.

16 Q. Avant qu'il ne vienne au poste de commandement, et je ne le conteste

17 pas, Jaksic a déclaré ceci, il disait qu'avant il prenait ses ordres du

18 commandant du Groupe opérationnel sud, Mrksic, est-ce que c'est avant ?

19 R. Oui, c'était avant la création du détachement d'assaut.

20 Q. Vous l'avez déjà expliqué.

21 R. Oui, après la création, c'était en application de l'ordre du 29

22 octobre.

23 Q. Il recevait ses ordres du commandant Tesic ?

24 R. Oui.

25 Q. Merci. Est-il exact de dire que lorsqu'il y avait des actions, le

26 capitaine Radic se trouvait toujours dans le dispositif de combat de son

27 unité, permission de répondre ?

28 R. Le capitaine Radic, lorsqu'il y avait des actions qui étaient menées,

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1 d'après ce que je sais, c'était un officier discipliné. Chaque fois qu'il

2 devait quitter son unité, il en demandait l'autorisation au commandant

3 Tesic.

4 Q. Fort bien. Est-ce qu'il est allé au poste de commandement du 1er

5 Bataillon motorisé tous les jours ? Est-ce que c'était surtout lorsque le

6 commandant du 1er Bataillon motorisé revenait du poste de commandement du

7 Groupe opérationnel sud ?

8 R. Oui. En ce qui concerne la 3e Compagnie motorisée, à chaque briefing il

9 n'y avait que le capitaine Radic. C'est lui et lui seul qui représentait la

10 compagnie.

11 Q. Merci. Vous en avez déjà parlé, vous en souvenez sûrement, dans la

12 soirée du 20, est-ce qu'il y a eu le briefing régulier et est-ce que Radic

13 était présent ?

14 R. Oui.

15 Q. Merci. Vous qui étiez son officier supérieur, qu'avez-vous à dire du

16 capitaine Miroslav Radic, commandant de compagnie pendant les événements de

17 Vukovar ?

18 R. Il me faudrait beaucoup de temps.

19 Q. Allez-y.

20 R. Je vais essayer de le dire en quelques phrases. Le capitaine Radic est

21 un officier qui, avant les combats de Vukovar, a toujours rencontré des

22 difficultés avec les officiers au sein de son unité.

23 Q. Pourquoi ?

24 R. C'est parce qu'il n'avait pas suffisamment d'officiers dans son unité

25 ou plutôt que les officiers qu'il avait n'étaient pas de bonne qualité.

26 A notre grande joie, à peu près un mois avant le début des combats,

27 Radivoje Vostic, un lieutenant, a été muté dans sa compagnie. Il avait pour

28 mission de commander la 1ère Section tout en étant l'adjoint de Radic. A ce

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1 moment-là et pour la première fois, le capitaine Radic a eu un excellent

2 officier. Le lieutenant Vostic avait terminé à l'académie militaire et il

3 en était sorti avec les honneurs comme étant un des meilleurs soldats de

4 l'académie.

5 Sur le théâtre de la guerre, ces deux soldats, le capitaine Radic et le

6 lieutenant Vostic, ont montré qu'ils avaient beaucoup de responsabilités,

7 qu'ils se sentaient très responsables envers leurs hommes. Vraiment, ils se

8 préoccupaient du sort de leurs soldats. Je sais que dès le premier jour de

9 la guerre, lorsqu'il y a eu un char dans la rue Nova Ulica qui s'est échoué

10 là où il y avait un camion abandonné, je sais que le capitaine Radic a fait

11 sortir ses soldats de cet endroit afin que ceux-ci s'en sortent sans

12 encombre. Je sais qu'il a personnellement fait tout ce qu'il pouvait pour

13 faire sortir l'équipage du char. Je sais que le lieutenant Vostic est un

14 excellent officier et que c'était toujours lui qui menait son groupe, il

15 était à la tête de ce groupe, et au cours des premiers jours du conflit, je

16 me souviens c'était au début du mois d'octobre, je ne sais pas si c'était

17 le 4 ou le 5, le lieutenant Vostic a été tué.

18 La mort du lieutenant Vostic a beaucoup affecté le capitaine Radic.

19 Il s'en est trouvé encore plus motivé. Il voulait exécuter les missions qui

20 m'étaient confiées et avec encore plus de responsabilité qu'auparavant.

21 Nous, le commandement, c'est-à-dire Tesic et moi, nous avons souvent averti

22 le capitaine Radic. Nous lui avons dit qu'il devait aussi s'occuper de lui,

23 prendre soin de lui-même et de ne pas oublier la mort du lieutenant Vostic.

24 Je me souviens un jour, on a appris que le capitaine Radic avait été blessé

25 et nous étions très inquiets. Il s'est avéré qu'il avait effectivement été

26 touché mais que la balle avait touché son pistolet. Il n'a pas vacillé. En

27 véritable soldat discipliné, il a exécuté la tâche qui lui avait été

28 confiée. Il a fait preuve de bravoure. Il était vraiment très responsable

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1 et résolu. Et par-dessus tout, il était discipliné.

2 J'affirme qu'il n'y a pas d'autre officier aussi obéissant que lui.

3 C'est pour cela que son unité a si bien accompli les tâches qu'elle avait.

4 Effectivement le secteur qu'il occupait était le plus grand, cela allait

5 jusqu'à Milovo Brdo. C'est la raison pour laquelle il a été le premier

6 qu'on a proposé qui devait bénéficier d'un congé de mérite. S'il fallait

7 recommencer, je confierais toujours ces tâches au capitaine Radic.

8 Q. J'ai peut-être oublié ou vous ne l'avez peut-être pas dit au début

9 lorsque vous avez retracé votre carrière. Par exemple, parler des écoles

10 que vous avez fréquentées et terminées.

11 Bien sûr, vous avez parlé de l'académie militaire, vous avez parlé

12 d'une autre école, n'est-ce pas ? Mais vous n'aviez pas tout à fait terminé

13 votre récit. Faut-il ajouter quelque chose d'important ?

14 R. Non, pas vraiment, pas vraiment quelque chose de très important. J'ai

15 terminé l'académie militaire. J'ai étudié et j'ai terminé aussi mes études

16 à la faculté des Sciences politiques. C'est un cours avancé à l'académie

17 militaire, j'enseignais la tactique. Q. Après la guerre qu'avez-vous

18 fait ?

19 R. Après la guerre, j'ai fait un cours de spécialité pour les officiers

20 d'état-major à l'académie de Belgrade, formation au niveau du commandement

21 de la brigade.

22 Ensuite, j'ai fait un cours à l'école de la Défense populaire

23 généralisée, c'est le niveau de formation le plus élevé qu'il y a dans la

24 JNA, enfin ce qui est aujourd'hui l'armée de Serbie. J'ai vraiment été

25 absolument exceptionnel comme étudiant de cette académie. J'ai obtenu les

26 notes les plus élevées.

27 Maintenant je suis professeur associé en stratégie militaire.

28 Q. Je vous remercie.

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1 M. BOROVIC : [interprétation] J'ai terminé l'interrogatoire principal de ce

2 témoin.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Borovic.

4 Maître Domazet, avez-vous des questions à poser à ce témoin ?

5 M. DOMAZET : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Non, pas de

6 questions à poser à ce témoin.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

8 Maître Lukic ?

9 M. LUKIC : [interprétation] Bonjour, Madame et Monsieur les Juges. Je ne

10 serai pas long. Il faut d'abord que je m'installe, mais j'ai quelques

11 questions à poser à ce témoin.

12 Interrogatoire principal par M. Lukic :

13 Q. [interprétation] Monsieur Stijakovic, bonjour. Je m'appelle Novak

14 Lukic. Pourriez-vous d'abord dire aux Juges où vous m'avez rencontré pour

15 éviter toute confusion ?

16 R. Il y a deux jours de cela dans la soirée, je vous ai rencontré dans le

17 couloir de mon hôtel.

18 Q. Combien de temps avons-nous passé ensemble, et quel était le but de

19 cette réunion ?

20 R. C'était vous qui aviez demandé à me voir pour me poser quelques

21 questions à propos du sujet dont vous avez dit qu'il serait abordé à

22 l'audience. Notre conversation a duré de 15 à 20 minutes.

23 Q. Je dirais que j'aurais voulu avoir plus de temps pour vous parler mais

24 il fallait aussi que les conseils de M. Radic aient le temps de vous

25 parler.

26 R. Puis après tout, j'étais fatigué suite à mon voyage.

27 Q. Oui, vous étiez arrivé ce soir-là, n'est-ce pas ?

28 Je vais vous poser quelques questions à propos des combats à Vukovar.

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1 Lors de la présentation des moyens à charge, nous avons beaucoup entendu

2 parler des combats, mais pas vraiment pendant la présentation des moyens à

3 décharge. Vous avez un journal de guerre parmi les documents que vous avez

4 sous les yeux.

5 M. LUKIC : [interprétation] Je vais demander que le document suivant soit

6 affiché à l'écran. C'est le journal de guerre ou le journal de bord de la

7 brigade. C'est la pièce 401. Référence en anglais L O100499. C'est la page

8 4 qui m'intéresse.

9 Q. Avant que vous ne commenciez à examiner ce document --

10 R. Vous me donnez un instant pour le trouver ?

11 Q. Je vais vous donner le numéro de la page, mais je voudrais d'abord vous

12 poser une question. Est-ce que vous vous souvenez d'un incident au cours

13 duquel votre ambulance a été attaquée ?

14 R. Oui.

15 Q. Par qui a-t-elle été attaquée et qu'est-ce qui s'est passé

16 précisément ?

17 R. C'était tout au début des combats. Dans nos unités, nous avions une

18 ambulance appelée Pinzgauer. Elle avait des insignes très visibles. Il y

19 avait la croix rouge comme signe. Il y a un chauffeur mais en général il

20 était accompagné d'un médecin. Cette équipe devait se rendre là où il y

21 avait eu des blessés en vertu du serment d'Hippocrate que tout médecin doit

22 aider toute personne en danger ou qui ont besoin d'assistance médicale

23 quelle que soit l'appartenance de la personne concernée, que ce soit un

24 Croate ou un Serbe. Sur l'axe de la Compagnie motorisée, qui était sous la

25 responsabilité du capitaine Bojkovski, c'était la 1ère Compagnie motorisée,

26 à un moment donné soudainement, l'ennemi a entamé des tirs de mortiers.

27 Deux ou trois soldats de cette unité ont été blessés. Nous avons aussitôt

28 envoyé une ambulance sur les lieux. Cette rue c'était une zone dégagée.

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1 Alors qu'elle s'approchait du lieu où se trouvait le blessé, l'ambulance a

2 essuyé des tirs isolés pour être précis.

3 Lorsque l'ambulance est arrivée pour aider le blessé, elle a subi des

4 tirs de mortiers. Le véhicule a été touché mais a continué sa route. Le

5 docteur a emmené les trois blessés et s'est occupé d'eux, et de retour au

6 poste de commandement, il a fait rapport. C'est pour cela que je me

7 rappelle aussi clairement. Je me souviens aussi du médecin; il tremblait

8 comme une feuille.

9 Q. Regardez la mention, la rubrique du 2 octobre, 16 heures dans ce carnet

10 de bord.

11 Peut-être que l'on pourra placer l'anglais sur le rétroprojecteur

12 pour que ce soit plus clair.

13 R. Vous dites le 2, à 16 heures.

14 Q. Oui.

15 R. J'ai trouvé.

16 Q. Je vais lire ceci à haute voix et vous me direz si je ne fais pas

17 d'erreur.

18 "Village de Negoslavci, le 2 octobre, 16 heures, commandant du 1er Bataillon

19 motorisé. Il informe qu'une ambulance a été touchée et détruite qu'il y a

20 eu quelques blessés."

21 Est-ce que ceci relate les événements que vous venez de décrire ?

22 R. Oui, tout à fait. Sauf que le véhicule n'a pas été détruit, anéanti,

23 mais il y a eu bien sûr des blessés.

24 Q. Merci. Autre question concernant ce carnet de bord. Au cours des

25 combats auxquels ont participé vos unités. Quel était le pouvoir de tir de

26 l'ennemi ? De quel matériel disposait-il au cours de ces combats ? Quelle

27 était sa puissance de feu ?

28 R. Dès le premier jour des combats à Vukovar, j'ai vraiment été surpris de

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1 voir à quel point l'ennemi était bien organisé, de voir le matériel dont il

2 disposait, de voir aussi les effectifs qui étaient déployés. Il y avait des

3 mortiers de 120-millimètres, de 60-millimètres dans l'infanterie. Il y

4 avait des matériels antichars, des mines. Il y avait des fusils à lunette

5 pour les tireurs isolés. Il y avait des balles pour lutter contre les

6 blindés. J'étais vraiment étonné de la qualité du matériel dont l'ennemi

7 disposait.

8 J'étais très impressionné par la façon organisée et très

9 professionnelle qui était la leur dans l'organisation de la défense de la

10 ville. Partout, il semblait avoir des équipes d'intervention très mobiles.

11 C'est ce que M. Jagetic m'a expliqué le premier jour. L'armée avait réussi

12 à isoler toutes les parties de la ville. Il n'y avait même pas un petit

13 oiseau qui aurait pu partir. Toutes les routes étaient sous leur contrôle.

14 Il y avait peut-être à part la rue Bogdanovac et ils contrôlaient même une

15 route de village qui traversait le village de Luzac.

16 Cette surprise initiale était confirmée parce que nous avons dû

17 passer 20 jours dans la caserne. Nos hommes n'ont pas pu se déplacer

18 pendant la journée précisément en raison des tirs de mortier et

19 d'artillerie. Lorsque des obus commencent à pleuvoir les gens prennent la

20 fuite.

21 Q. Je pense que votre réponse est limpide.

22 Je pense que maintenant nous pouvons voir la liste que j'ai trouvée

23 concernant le 9 octobre à 11 heures 06. Je vous pose la question, parce que

24 ceci est en référence avec votre unité. Je vais le lire à haute voix pour

25 vous.

26 "A 11 heures 05, le commandant" --

27 Enfin, je vais vous laisser le temps de trouver la référence.

28 R. C'est toujours dans le même carnet de bord ?

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1 Q. Oui.

2 R. Quelle date ?

3 Q. Le 9 octobre à 11 heures.

4 Pour ce qui est du système électronique, il s'agit de la pièce qui se

5 termine par 514 à la page 19, mais --

6 R. C'est 1106, c'est bien ce que vous venez dire.

7 Q. Oui, tout à fait. Donc "A 11 heures 05, le commandant du 1er Détachement

8 d'assaut, le commandant Tesic, annonce qu'il est sous feu nourri sur le

9 front, un feu qui vient de mortiers Zolja et de lance-roquettes".

10 J'imagine qu'il s'agit de mortiers ?

11 R. Oui, ce sont des mortiers.

12 Q. J'aimerais savoir ce que c'est exactement ?

13 R. Tout à fait.

14 Q. Passons à autre chose. Je tiens à vous poser des questions qui portent

15 sur mon client.

16 Nous avons déjà entendu des personnes déposer devant cette Chambre.

17 Vous savez que mon client allait souvent sur le front, n'est-ce pas ? Est-

18 ce que Sljivancanin est venu aussi vous voir chez vous, dans votre unité ?

19 Quelle était la fréquence de ces visites par rapport à la visite des autres

20 officiers venant de la brigade, du commandement et cetera ? A quoi

21 ressemblaient les visites qu'il vous rendait ?

22 C'est de ma faute, Monsieur Stijakovic, je crois que nous allons

23 beaucoup trop vite et nous ne permettons aux interprètes de traduire à la

24 fois les questions et les réponses.

25 R. Je vais aller moins vite. Si je me souviens un peu de l'ambiance

26 générale, de l'atmosphère qui régnait au commandement du bataillon, il y

27 avait trois personnes qui étaient les bienvenus quand elles venaient nous

28 voir. Tout d'abord le colonel Mile Mrksic, qui était le commandant. Le

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1 deuxième était le commandant Sljivancanin. Le troisième, le commandant

2 Stojkovic, qui était le chef du génie. Fort malheureusement, cette

3 troisième personne a été tuée.

4 Les autres commandants en charge étaient venus moins fréquemment à

5 notre poste. Lui, il venait, il savait exactement ce qui se passait. Il

6 était très au courant des faits. Le commandant Sljivancanin est celui que

7 l'on voyait le plus souvent pour ce qui est des commandants d'état-major,

8 celui qui était le plus assidu au poste de commandement du 1er Bataillon. Je

9 ne peux pas vous dire exactement combien de fois il est venu, mais il

10 venait au moins une fois par jour, soit il téléphonait ou alors il venait

11 carrément nous rendre visite.

12 Q. Tout d'abord, pourriez-vous me dire pourquoi il venait ? Quelle était la

13 raison qui motivait ces visites ? Ce qui m'intéresse surtout c'est de

14 savoir s'il vous a donné des ordres à un moment ou à un autre. Je veux dire

15 à votre commandement et aux officiers qui étaient sous vos ordres qui

16 composaient votre unité y compris ceux pour lesquels vous assuriez la

17 coordination et ceux avec qui vous combattiez ?

18 R. Je comprends bien votre question. Le commandant Sljivancanin était en

19 charge de la sécurité pour ce qui est de notre unité. Etant donné que le 1er

20 Bataillon motorisé était physiquement celui qui était le plus proche de

21 l'ennemi, notre poste de commandement n'était qu'à 150 mètres du bâtiment

22 Kruno Mesar où étaient cantonnés des groupes paramilitaires.

23 Il fallait bien s'attendre à ce que, quand on essaie d'obtenir des

24 renseignements sur l'ennemi, on doit être le plus près possible de

25 l'ennemi, évidemment. On va là où les forces sont en contact direct avec

26 l'ennemi. Le 1er Bataillon motorisé a effectué sa mission le 10 novembre,

27 cela signifie bien d'ailleurs que c'était une unité qui rencontrait

28 beaucoup de succès. Il est tout à fait normal que cette personne vienne

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1 voir ce qui s'était passé dans cette unité qui avait connu ce succès mais

2 aussi pour rétablir un contact avec la population de la zone libérée,

3 c'est-à-dire de Milovo Brdo.

4 Troisième raison qui expliquerait ces visites fréquentes dans notre unité

5 le JOD1, nous avons ici le détachement de la TO Petrova Gora et celui de

6 Leva Supoderica. Alors qu'on est en train de coordonner toutes sortes de

7 choses dans cette zone, il est normal que cette personne dont on vient de

8 parler contrôle la situation et vienne voir, histoire de savoir exactement

9 ce qui se passe. Le commandant Sljivancanin n'a jamais, au grand jamais,

10 donné le moindre ordre au commandant Tesic. Cela, je l'affirme, jamais. Il

11 n'a même pas essayé de le faire, d'ailleurs. Parfois, on blaguait peut-

12 être, parce qu'il y avait quand même une certaine ambiance qui régnait là.

13 C'est vrai que c'était un homme assez jovial. Bon, certains de ses sergents

14 avaient été tués, je crois que c'était son estafette, Zoran, il avait été

15 tué peu de jours auparavant. Il a quand même réussi à surmonter cela parce

16 qu'il était très jovial, justement. Je pense que c'est pour cela qu'il

17 venait nous voir, parce que c'était une atmosphère -- nous aussi, chez

18 nous, l'ambiance était bonne, puisque nous étions des professionnels et

19 nous travaillions de façon très professionnelle.

20 Q. Merci. Vous dites qu'il n'avait jamais donné d'ordre au commandant

21 Tesic ? Mais ne l'avez-vous jamais entendu donner des ordres à un autre

22 officier ? Je vais vous poser une question très directe. A-t-il jamais

23 interposé avec vous dans l'accomplissement de vos missions

24 professionnelles, quand il vous parlait ?

25 R. Je me souviens que juste avant une action de combat très animée, nous

26 avons parlé, le commandant Sljivancanin et moi, et il m'a d'ailleurs

27 complimenté. J'étais encore capitaine à l'époque, et lui était commandant.

28 Il m'a dit : "Slavko, pourquoi est-ce que je ne t'ai pas connu auparavant ?

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1 Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu étais si courageux ?"

2 J'espère que cela répond à votre question. Sachez qu'il n'est jamais

3 intervenu dans mon travail.

4 Q. Je pense que cette question est tout à fait suffisante et très précise.

5 Maintenant, autre chose. Nous avons entendu parler du remplacement de

6 Dusan Jaksic et du fait qu'il a été nommé à son poste, au poste de Vujovic.

7 Il semblerait que ce soit Sljivancanin qui ait remplacé Jaksic. Voici ma

8 question : est-ce que vous savez s'il y a eu des problèmes en termes de

9 commandement et contrôle quand c'est Jaksic qui s'en est occupé ? Que

10 s'est-il passé ?

11 R. Pour ce qui est de la personnalité de M. Jaksic, il était capitaine de

12 la réserve, il commandait le détachement de Petrova Gora. C'était un peu un

13 officier de salon. Il était toujours très propre sur lui, avec des bottes

14 bien astiquées, toujours tiré à quatre épingles. Au fur et à mesure des

15 combats, j'imagine qu'il rencontrait de plus en plus de problèmes au sein

16 de son unité, personnellement. Parce que dans aucun de ses rapports, il n'a

17 jamais été écrit que c'était lui qui était à la tête des combats ou qu'il

18 s'est toujours porté volontaire pour effectuer quoi que ce soit. Au fur et

19 à mesure des combats, il y avait des nouveaux qui arrivaient dans son

20 unité, des gens courageux qui eux avaient gagné leur galon sur le terrain.

21 De ce fait, Jaksic, je crois, à un moment, a tout simplement perdu son

22 sang-froid. Il n'osait même plus commander à ses soldats. Parfois, il

23 entrait en conflit avec ses subordonnés et entrait en conflit aussi avec le

24 détachement de la Leva Supoderica parce que le commandant, le chef de ce

25 détachement, lui, venait du même endroit que lui. A un moment, on a dû

26 s'impliquer, puisqu'il y avait un conflit à ce niveau-là. Nous avons dû

27 essayer d'arranger un peu les choses pour qu'ils puissent se concentrer sur

28 la mission et leur mission, au lieu de sans cesse se chamailler à propos

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1 des cantonnements, de la logistique, et cetera.

2 Jusqu'au 29 octobre, le capitaine Jaksic a exécuté les missions qui avaient

3 été données par son commandant supérieur. Il agissait de concert avec nous.

4 Mais après la mise en place du détachement d'assaut, il a été placé sous

5 les ordres du commandant Tesic. Mais quand une unité est sous les ordres

6 d'une autre unité, le commandant Tesic ne remplaçait plus rien. Cela,

7 c'était notre pratique, c'était comme cela que l'on fonctionnait, parce que

8 cela donnerait d'autres problèmes, forcément, si on l'avait remplacé par

9 quelqu'un d'autre. Parce qu'il fallait le remplacer par quelqu'un que l'on

10 prendrait dans ses propres rangs, et cela signifie un peu que l'on essaie

11 de résoudre les problèmes des gens à leur place. C'est pour cela qu'il faut

12 -- nous, notre pratique, c'était de prendre le détachement tel qu'il était

13 et de faire du mieux avec ce qu'on avait.

14 Une autre raison expliquant pourquoi le commandant Tesic et le commandant

15 Sljivancanin n'avaient pas la compétence et l'autorité de remplacer M.

16 Jaksic est que pour tout problème d'effectifs, il faut qu'il y ait un

17 ordre. Tesic n'avait pas le droit de rédiger cet ordre écrit qui pourrait

18 démettre quelqu'un de ses fonctions, plus particulièrement, l'assistant du

19 commandant de brigade, donc le commandant Sljivancanin n'aurait pas non

20 plus eu cette compétence. Le niveau auquel on pouvait remplacer le

21 capitaine Jaksic, ce n'était qu'au niveau du groupe opérationnel. En plus,

22 il aurait fallu un ordre écrit.

23 Sinon, tout en revient à ce dont je vous parlais au début. C'est vrai qu'il

24 y avait parfois des blagues, des références joviales faites en disant :

25 "Jaksic, il faut vraiment qu'on te démette de tes fonctions." Mais cela,

26 c'était des personnes de son détachement qui faisaient ces remarques.

27 C'était plutôt au niveau de la blague, et rien d'autre.

28 Q. Malheureusement, le commandant Borivoje Tesic n'est pas ici. Il a déjà

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1 témoigné, cela dit, devant cette Chambre.

2 Nous pourrions, cela dit, mettre la version anglaise d'un document qui se

3 trouve dans le système électronique à l'écran. Il s'agit de la même pièce,

4 la L 0100531. C'est à la page 36 de la version anglaise. Il s'agit de ce

5 qui est écrit dans le carnet de bord pour le 6 novembre, à 10 heures 30.

6 Ce passage se trouve en bas de page. Je vais le lire : "Village de

7 Negoslavci, 10 heures 30, 6 novembre. Le commandant du JOD 1 a fait rapport

8 d'un problème qu'il aurait rencontré à propos de l'engagement de l'unité

9 lors d'un combat (il s'agit d'un malentendu entre les membres des unités

10 volontaires, entre les hommes Seselj et les membres de la TO). Dans la

11 colonne remarque, il est écrit que le commandant du Groupe opérationnel sud

12 a donné l'ordre au Détachement d'assaut 1 de venir voir afin de résoudre le

13 problème."

14 Est-ce que cela se réfère à ce dont vous venez ne nous parler ?

15 R. Oui. Je vous ai décrit les types de chamailleries qui existaient entre

16 eux, le fait qu'on devait intervenir pour les aider à trouver une solution.

17 Q. Dans la déposition du commandant Tesic devant le tribunal de Belgrade,

18 il a dit qu'il avait fait rapport --

19 M. LUNNY : [interprétation] Monsieur le Président.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Lunny.

21 M. LUNNY : [interprétation] Oui, j'ai une objection ici, pour ce qui est de

22 mon éminent collègue. Il me semble qu'il est extrêmement directif. Si j'ai

23 bien compris les décisions prises par cette Chambre, les coaccusés ne

24 peuvent pas poser des questions aussi directrices quand on est en train de

25 parler des points dont on parle.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, vous avez raison. Je ne sais pas

27 si vous faites l'objection pour ce qui est de la question directrice, alors

28 qu'il s'agirait plutôt d'un témoin qui est en train de témoigner non

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1 seulement de ce qu'il sait, mais de ce qu'il a entendu, n'est-ce pas ?

2 M. LUNNY : [interprétation] Oui, mais je pense que le témoin peut témoigner

3 de ce qu'il sait, mais il ne faut pas qu'on lui donne les réponses à

4 l'avance dans la question et lui suggérer exactement ce qu'a dit M. Tesic

5 quand il déposait devant le tribunal à Belgrade.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic.

7 M. LUKIC : [interprétation] Je retire ma question.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

9 M. LUKIC : [interprétation]

10 Q. Une question pour clarifier votre réponse précédente. Vous avez dit

11 qu'il n'y a que le commandant du Groupe opérationnel sud qui pouvait

12 remplacer M. Jaksic. Or, mon client était le chef donc de la sûreté au

13 niveau de la Brigade des Gardes, ce qui signifie qu'il fait partie du

14 commandement du Groupe opérationnel sud. Donc, qui pouvait prendre la

15 décision de remplacer M. Jaksic ?

16 R. Uniquement le colonel Mile Mrksic, qui était le commandant de la

17 totalité.

18 Q. Dernière question. Le 19, vous étiez près de l'hôpital, donc quelle

19 était la situation qui régnait sur les routes d'accès à l'hôpital en

20 matière de sûreté, de sécurité pour ce qui est des ponts sur la Vuka, et

21 cetera, avez-vous réussi à atteindre facilement l'hôpital ? Enfin, pouvez-

22 vous nous dire à quoi cela ressemblait ?

23 R. Je peux vous le décrire. A partir du 10 novembre, quand notre unité a

24 atteint Milovo Brdo, jusqu'au 18 novembre, depuis l'autre berge de la Vuka

25 et depuis aussi tous les bâtiments qui se trouvaient là, le ministère de

26 l'Intérieur, l'hôtel Dunav, l'hôpital et d'autres, notre unité était sans

27 cesse ciblée, était sans cesse visée à Milovo Brdo, depuis tous ces

28 emplacements que je vous ai nommés. A ce moment-là, la rive gauche de la

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1 Vuka avait été minée -- enfin, nous pensions qu'elle avait été minée. Le

2 seul mouvement de l'autre côté de la Vuka qui était possible était sur le

3 pont et sur les rues qui étaient avoisinantes des berges droites. On savait

4 que c'était les seules routes qui pouvaient être utilisées, puisque les

5 autres routes d'accès donnant accès à la ville étaient défendues fermement.

6 C'est pour cela que dans la soirée du 18 jusqu'au matin du 19, nous avons

7 eu à traiter d'un grave dilemme, à savoir comment prudemment arriver à

8 l'hôpital. Le 19, nous avons emprunté la route qui allait à l'hôpital,

9 finalement. Nous avons pris la grande route parce qu'on avait peur de

10 tomber sur des mines dans les rues secondaires et dans les passages entre

11 les maisons, aussi.

12 D'ailleurs, après la bataille, on s'est rendu compte qu'on avait

13 raison parce que les démineurs ont trouvé un grand nombre de mines

14 antipersonnel dans cette zone qui menait vers l'hôpital.

15 Q. Merci, Monsieur Stijakovic.

16 M. LUKIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je n'ai plus de questions

17 pour ce témoin.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien, Monsieur Lukic.

19 Monsieur Lunny, vous avez la parole.

20 M. LUNNY : [interprétation] Merci.

21 Contre-interrogatoire par M. Lunny :

22 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Stijakovic.

23 R. Bonjour.

24 Q. Vous étiez officier de la Brigade motorisée des Gardes en 1991, alors

25 est-ce quelque chose dont vous êtes fier ?

26 R. En tant qu'officier, j'en suis extrêmement fier.

27 Q. Brièvement, Monsieur Stijakovic, pourriez-vous nous dire pourquoi vous

28 êtes si fier d'avoir servi en tant qu'officier dans la Brigade motorisée

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1 des Gardes à Vukovar en 1991 ?

2 R. Mes collègues et moi, on a eu des défis importants à relever, des

3 tâches difficiles à effectuer, et mon commandement supérieur m'a fait

4 confiance et nous avons réussi.

5 Je tiens à le répéter, nous avons accompli notre mission de façon

6 très professionnelle. Je suis très heureux, d'ailleurs, d'avoir effectué ma

7 mission de façon professionnelle.

8 Q. Mais vous étiez aussi très fier du fait de l'excellence des officiers

9 et des soldats qui combattaient à vos côtés au sein de la Brigade motorisée

10 des Gardes ?

11 R. Oui.

12 Q. Hier, Monsieur Stijakovic, vous nous avez parlé du rôle joué par la

13 Brigade motorisée des Gardes, vous avez parlé de ces fonctions qu'elle

14 exerçait avant qu'elle se rende à Vukovar. Vous avez dit qu'elle s'occupait

15 de monter la garde auprès d'installations spéciales au sein de l'ex-

16 Yougoslavie, elle s'occupait aussi de protéger les dirigeants de

17 Yougoslavie, il s'agissait aussi d'assurer la protection de tous les

18 dignitaires en visite, n'est-ce pas ?

19 R. Tout à fait.

20 Q. L'échelon supérieur, donc les dirigeants de la Yougoslavie qui étaient

21 protégés justement par ces troupes d'élite, voulaient, j'imagine, être

22 justement protégés par des troupes d'élite, et non pas par des lâches ou

23 par des soldats mal entraînés, n'est-ce pas ?

24 R. Oui, c'est la façon dont réagit absolument tout leader dans le monde,

25 bien évidemment.

26 Q. En ce qui concerne tous ces officiers et ces soldats de cette Brigade

27 motorisée des Gardes, quelle était la qualité principale, leur qualité

28 principale, selon vous, qui vous rendait si fier ?

Page 12897

1 R. Quand nous sommes allés accomplir notre mission à Vukovar, la

2 République fédéraliste socialiste de Yougoslavie, qui était un état

3 souverain reconnu internationalement, était encore sur pied. Chaque soldat

4 de l'armée, suite bien sûr à ces missions, à la constitution, à la

5 législation qui s'applique, devait défendre son pays. C'était le devoir de

6 tout soldat de cette armée. Dans une partie du pays, il y avait une

7 rébellion armée, il y avait des conflits qui impliquaient des forces

8 paramilitaires, donc il s'agissait là de partir en mission pour défendre

9 son propre pays, et cela, c'est un grand honneur pour tout officier. L'une

10 des raisons pour lesquelles tout officier qui aurait accompli ce type de

11 mission doit se sentir fier.

12 Q. Monsieur Stijakovic, vous ne répondez pas tout à fait à ma question. Je

13 voulais savoir exactement quelles étaient les qualités de tous ces soldats

14 dont vous étiez si fiers. Etaient-ils braves, courageux ? Je parle là non

15 seulement des soldats mais aussi des officiers qui étaient à vos côtés.

16 Etaient-ils braves ?

17 R. Oui. La plupart des soldats et des officiers étaient courageux.

18 Q. Etaient-ils dévoués ?

19 R. Pouvez-vous répéter votre question, s'il vous plaît ?

20 Q. Etaient-ils dévoués, prêts à tout pour accomplir leurs missions ?

21 R. Ils étaient disciplinés et ils accomplissaient les missions qu'on leur

22 donnait, et je puis affirmer que leur détermination à accomplir leurs

23 tâches a été tout à fait essentielle dans la réussite de leurs missions.

24 Q. Monsieur Stijakovic, cette Chambre a entendu plusieurs dépositions

25 selon lesquelles au sein de la Brigade motorisée des Gardes en ce qui

26 concerne les soldats en tout cas, il y en avait qui avaient tellement peur,

27 qu'il fallait absolument s'assurer qu'ils ne soient pas sur la ligne de

28 front. Alors, est-ce vrai ou est-ce un mensonge ?

Page 12898

1 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur, Madame les Juges.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Borovic.

3 M. BOROVIC : [interprétation] Je ne voudrais pas m'interposer. Il convient

4 quand même de savoir de quoi on parle ici. Nous connaissons bien cette

5 description des faits. Nous avons déjà entendu, c'était parait-il au début

6 de l'opération de Vukovar. La façon de formuler cette affirmation est non

7 seulement directrice, mais aussi un peu ridicule.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Borovic, il s'agit d'un

9 contre-interrogatoire. Si cette position émise par M. Lunny est basée sur

10 des faits erronés, dans ce cas-là tout ce qu'il va arriver ne nous sera

11 d'aucune utilité.

12 Monsieur Lunny, vous pouvez poursuivre exactement comme vous aviez

13 commencé.

14 M. LUNNY : [interprétation] Très bien.

15 Q. Je vous repose la question : devant cette Chambre, nous avons entendu

16 dire qu'au sein de la Brigade motorisée des Gardes, certains soldats

17 avaient tellement peur, la peur était tellement palpable qu'on faisait en

18 sorte que ces soldats ne soient pas sous le feu de l'ennemi, ne soient pas

19 sur la ligne de front, ne soient pas engagés dans des combats directs. Est-

20 ce vrai ou est-ce un mensonge ?

21 R. S'agissant de la Brigade de Gardes en tant qu'unité et s'agissant de

22 l'ensemble de la formation de la Brigade de Gardes, je ne suis pas en

23 mesure d'évaluer cela. Je ne peux parler que des soldats avec lesquels

24 j'étais en contact, à savoir ceux qui appartenaient au 1er Bataillon

25 motorisé. C'est un septième de la Brigade de Gardes.

26 Si l'on parle de la peur que vous avez mentionnée que les soldats

27 ressentaient, je vais vous dire le plus sincèrement possible, moi-même

28 j'avais peur.

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1 Q. Je vais vous arrêter, Monsieur Stijakovic. Encore une fois, vous ne

2 répondez pas à la question qui vous a été posée. Je vais la reformuler

3 compte tenu de la première partie de votre réponse. Vous pouvez parler

4 seulement du 1er Bataillon motorisé.

5 En ce qui concerne le 1er Bataillon motorisé, nous avons entendu des

6 déclarations selon lesquelles des soldats étaient tellement effrayés qu'on

7 les écartait de la ligne de front. Compte tenu de ce que vous avez dit au

8 sujet du courage et au sujet de leur dévouement, est-ce que cette

9 déclaration correspond à la vérité ou s'agit-il d'un mensonge ?

10 R. Des soldats individuels qui avaient peur le disaient ouvertement et

11 sincèrement à leurs supérieurs, et le plus souvent ces soldats-là étaient

12 mis de côté. Ils s'occupaient des activités d'accompagnement.

13 Effectivement, il y a eu des soldats qui avaient peur et qui ont été

14 retirés de la première ligne de front.

15 Q. Est-ce que les soldats dont vous parlez représentaient une compagnie

16 entière ou s'agissait-il simplement de certains individus séparés ?

17 R. Je parle exclusivement des individus.

18 Q. Vous nous avez dit à plusieurs reprises hier quelles étaient vos

19 propres ingérences et comment vous étiez l'un des meilleurs sous-officiers

20 au sein de l'académie, que vous étiez un bon étudiant, un bon enseignant.

21 Est-ce qu'il est exact de dire que vous étiez excellent aussi en tant

22 qu'adjoint du commandant Tesic ?

23 R. Hier, j'ai dit en parlant de moi non pas que j'étais brillant, mais

24 j'ai dit que j'étais l'un des meilleurs.

25 Ce que le commandant Tesic ou un autre supérieur a pu dire à mon sujet

26 pendant les activités de combat, il faut leur demander à eux. Je ne peux

27 pas faire preuve d'un si grand manque de modestie.

28 Q. D'après vous, est-ce que vous vous êtes bien acquitté de vos devoirs à

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1 Vukovar ?

2 R. Oui. Je pense que je me suis bien acquitté de mes devoirs, de mes

3 tâches.

4 Q. Parmi vos devoirs, était celui de remplacer Tesic lorsqu'il était

5 absent du poste de commandement au sein du 1er Bataillon motorisé; est-ce

6 exact ?

7 R. Oui. Mon devoir était de le remplacer pendant son absence.

8 Q. Puisque vous deviez remplacer le commandant du 1er Bataillon motorisé,

9 vous deviez être également bien informé de la situation sur le plan des

10 combats et de ce qui se passait autour de Vukovar; est-ce exact ?

11 R. Non. Lorsque je remplaçais le commandant Tesic, je le faisais

12 exclusivement dans la zone et dans les activités qu'il commandait, lui.

13 Quant à la zone plus vaste, les contacts avec les zones limitrophes et avec

14 le commandement supérieur --

15 Q. Je vais vous arrêter là, Monsieur Stijakovic. Je vais reformuler ma

16 question. En ce qui concerne la zone pour laquelle vous étiez responsable,

17 vous deviez être bien informé, tenu au courant de ce qui se passait afin de

18 pouvoir remplacer le commandant Tesic de manière appropriée lorsque c'était

19 nécessaire; est-ce exact ?

20 R. Dans notre zone de responsabilité, tout ce qui s'y passait et tout ce

21 qui était important pour que les missions soient accomplies, c'est vrai,

22 moi aussi je devais en être informé.

23 Q. Un autre devoir qui était le vôtre était de tenir le journal de guerre

24 du 1er Bataillon motorisé. Encore une fois, il s'agit d'une tâche dont vous

25 vous êtes bien acquitté, n'est-ce pas ?

26 R. Je pense que je me suis bien acquitté de cette tâche-là. S'agissant du

27 journal de guerre, je me souviens qu'après les opérations de combat, lors

28 de l'analyse des documents effectuée dans le commandement supérieur, le

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1 lieutenant-colonel Trifunovic, la personne responsable du commandement de

2 la brigade soulignait le fait que ces documents étaient bien rédigés et

3 valides.

4 Q. Lorsque vous teniez le journal de manière appropriée, vous avez

5 certainement enregistré tous les événements importants qui se sont déroulés

6 dans votre zone de responsabilité; est-ce exact ?

7 R. Tous les événements concernant les unités subordonnées consignés au

8 journal de guerre ont été enregistrés et y figurent sous forme écrite.

9 Mis à part cela, mis à part le journal de guerre, il y a eu un

10 certain nombre d'autres documents dont nous avions la responsabilité, à

11 savoir des schémas, des organigrammes, des cartes, des plans d'utilisation,

12 les représentations graphiques sur des cartes. Il y avait d'autres

13 documents qui font partie de cet ensemble mentionné comme bien tenu par le

14 lieutenant-colonel Trifunovic.

15 Q. Encore une fois, Monsieur Stijakovic, enfin de bien vous acquitter de

16 cette tâche, afin de bien tenir le journal de guerre, vous deviez être bien

17 informé de ce qui se passait au sein de votre zone de responsabilité ?

18 R. On inscrivait dans le journal les événements et les connaissances dont

19 nous disposions. Autrement dit, il s'agit d'un document authentique relatif

20 aux connaissances dont on disposait au sein de notre commandement.

21 Q. Mis à part le fait de tenir le journal, vous avez d'autres devoirs, y

22 compris ayant trait à la discipline au sein du bataillon, n'est-ce pas ?

23 R. Suite à l'ordre donné par le commandant Tesic, je donnais ma

24 contribution pour que les tâches reçues soient exécutées dans le respect de

25 la discipline et dans un comportement discipliné.

26 Q. Encore une fois, cette tâche-là l'avez-vous bien accomplie ?

27 R. Je pense que j'ai bien accompli cette tâche.

28 Q. Cette tâche-là encore une fois impliquait que vous deviez être informé

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1 de ce qui se passait dans votre zone de responsabilité ?

2 R. Je devais être bien informé de ce qui se passait au sein de la zone

3 mais non pas autour de la zone, au sein de notre zone de responsabilité.

4 Q. En raison de la mort d'un collègue, avant votre dit départ pour

5 Vukovar, vous êtes devenu également responsable pour le moral des troupes;

6 est-ce exact ?

7 R. Oui.

8 Q. En tant qu'officier au sein du 1er Bataillon motorisé responsable du

9 moral, est-ce que vous vous êtes bien acquitté de cette tâche-là ?

10 R. Mis à part mes devoirs réguliers de l'adjoint du commandant, je

11 m'acquittais de cette tâche-là aussi. Je faisais de mon mieux pour

12 l'effectuer au mieux de mes capacités. La plus grande partie liée à ce

13 devoir s'agissant du bataillon concernait le contact avec les médias, avec

14 les gens de cette branche-là qui venaient suite à l'approbation donnée par

15 le commandement supérieur. J'étais autorisé à informer les journalistes au

16 sujet des événements concernant le 1er Bataillon. Quant au niveau et la

17 qualité de ce travail, je ne peux pas dire que c'était bien élevé, mais je

18 faisais de mon mieux.

19 Q. Afin de faire de votre mieux en tant qu'officier chargé du moral, vous

20 étiez censé savoir comment les hommes qui étaient vos subordonnés, se

21 sentaient. Vous deviez savoir quelle était leur disposition, n'est-ce pas ?

22 R. La personne la plus responsable du moral est le commandant. Tesic

23 était tenu informer de manière régulière de l'état dans lequel se trouvait

24 les soldats, de la situation en matière du moral des troupes. Il était le

25 seul à avoir le droit sur la base de nos propositions de donner des ordres

26 afin de maintenir et améliorer cette situation et afin d'éviter des

27 désagréments.

28 Q. Puisque vous étiez au même poste de commandement que le commandant

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1 Tesic, vous receviez les mêmes informations au sujet de l'état du moral des

2 troupes, comme vous l'avez dit, n'est-ce pas ?

3 R. S'agissant du moral des troupes, nous recevions les mêmes informations

4 jusqu'au 10 novembre. A partir du 10 novembre, le commandant Tesic, mis à

5 part ses devoirs réguliers du commandant de bataillon, jusqu'au 18

6 novembre, était en charge du reste du détachement d'assaut. Pendant cette

7 période, je ne pouvais pas connaître la situation dans l'ensemble qui

8 prévalait au sein de ces unités qu'iL commandait.

9 Mais concrètement parlant, s'agissant du 1er Bataillon motorisé, oui,

10 j'étais informé de la situation relative à ce bataillon tout au long de

11 cette période, à partir du moment où l'on commençait notre mission jusqu'à

12 notre retour après l'avoir accomplie.

13 Q. La visite de Seselj à Vukovar et aux hommes au sein de votre zone de

14 responsabilité, c'est un incident important, n'est-ce pas, Monsieur

15 Stijakovic ?

16 R. Il ne s'agissait pas d'un incident. Il s'agissait d'une visite de la

17 part d'une personne qui était à la tête d'un parti politique qui comportait

18 un certain nombre d'hommes, ou plutôt qui était à la tête d'un certain

19 nombre d'hommes qui participaient aux opérations de combat de manière

20 volontaire. Je répète que cette visite n'était pas un incident, mais il

21 s'agissait d'une visite rendue auprès de ces hommes, tout comme de

22 nombreuses autres personnes appartenant à d'autres domaines ont fait leur

23 apparition dans cette zone. Par exemple, M. Saric, le directeur d'une

24 grande entreprise de Belgrade, est venu me voir et il a apporté des

25 vêtements pour nos hommes aux lignes de front.

26 Q. Je vais vous arrêter, Monsieur Stijakovic. La question concernait M.

27 Seselj seulement et sa visite à ses troupes au sein de votre zone de

28 responsabilité. Vous, en tant que personne responsable du moral des

Page 12904

1 troupes, puisque vous saviez que Leva Supoderica était des hommes de

2 Seselj, vous saviez que la visite de Seselj allait leur faire du bien sur

3 le plan du moral, n'est-ce pas ?

4 R. J'ai pu le supposer après sa visite. Car je répète : je n'étais pas au

5 courant de la visite elle-même. Mais c'était seulement après la fin de

6 cette visite que le lendemain, son commandant, Lancuzanin, m'a informé de

7 cette visite.

8 Q. Vous, sous la supposition que c'était bien pour le moral, sans doute

9 vous auriez approuvé cette visite, n'est-ce pas ?

10 R. Ceci ne relevait pas de mes compétences. La possibilité ou le droit

11 d'approuver les visites --

12 Q. Je vais vous interrompre là, Monsieur Stijakovic. Je ne vous ai pas

13 posé de questions au sujet de vos compétences et de ce que vous pouviez

14 avaliser ou pas. Mais ma question portait sur votre opinion sur la visite

15 de Seselj et son effet sur le moral des troupes. Vous étiez d'accord pour

16 dire que vous supposiez que c'était une bonne chose pour le moral des

17 troupes. Je vous demande si à votre avis, puisque vous étiez l'officier

18 chargé du moral des troupes, si vous auriez approuvé cette visite. C'était

19 le cas, n'est-ce pas ?

20 R. Je vais vous répéter. Je n'avais pas le droit d'approuver cette visite.

21 Si vous me demandez mon opinion aujourd'hui au sujet de cette visite à

22 l'époque, vous voulez le savoir, ce que j'en pense aujourd'hui ?

23 Q. Est-ce que votre opinion a changé entre aujourd'hui et à l'époque ?

24 R. A l'époque, au moment de la visite, je sais que cette visite a

25 contribué à ce que cette unité commence à participer aux missions de

26 manière encore plus responsable. Je ne sais pas ce qu'il a fait avec eux,

27 ce qui était le sujet de leurs conversations; cela, je ne le sais pas. Mais

28 en tant que professionnel, ce qui m'intéressait exclusivement, c'était les

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1 missions qui étaient les nôtres. Si vous voulez savoir ce que j'en pense

2 aujourd'hui, je suppose que ceci ne concerne pas les événements dont il est

3 question aujourd'hui.

4 Q. Vous avez dit qu'il s'était adressé à ces hommes, mais que vous ne

5 saviez pas ce qui avait été dit. Est-ce que dans ce cas-là, votre position,

6 Monsieur Stijakovic --

7 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic.

9 M. BOROVIC : [interprétation] Je suis vos instructions, mais l'Accusation

10 reformule et change pour la troisième fois ce que le témoin avait dit. Le

11 témoin n'a pas dit cela. Nous avons entendu la continuité de ses remarques.

12 Nous pouvons tout lire. Il s'agit là d'une question beaucoup trop

13 directrice, mis à part tout le reste.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je ne suis pas en désaccord avec vous,

15 Maître Borovic, mais je suis sûr que ce témoin est tout à fait capable de

16 voir si ses propos ont été bien représentés et repris ou pas. A mon avis,

17 il n'est pas nécessaire de le protéger.

18 Poursuivez, Monsieur Lunny.

19 M. LUNNY : [interprétation] Merci.

20 Q. Monsieur Stijakovic, à la page 29, lignes 4 à 5, vous avez déclaré --

21 pardon, ligne 5, vous avez dit : "Ce qu'il a dit avec eux, ce dont ils ont

22 parlé, c'est quelque chose que je ne sais pas."

23 Donc, vous ne savez pas ce qui a été dit à Leva Supoderica par Seselj; est-

24 ce exact ?

25 R. Oui. Je ne sais pas ce que M. Vojislav Seselj a dit à ses hommes.

26 Q. Personne ne vous a informé après la visite de Seselj du fait que Seselj

27 avait dit aucun Oustacha ne doit quitter Vukovar vivant ?

28 R. Je n'ai jamais auparavant entendu parler d'une telle déclaration.

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1 Q. Le lieutenant en second du 1er Bataillon motorisé, qui est responsable

2 du journal pour lequel il doit se tenir au courant, qui est responsable

3 pour la discipline, et pour cela aussi il doit être bien informé, qui est

4 responsable ou en partie responsable du moral des troupes au sein du

5 bataillon et encore une fois, doit savoir ce qui se passait en raison de

6 cela au sein de sa zone de responsabilité, vous n'avez entendu absolument

7 rien jusqu'à aujourd'hui au sujet de cette déclaration ? Est-ce bien votre

8 position ?

9 R. La déclaration que vous avez citée tout à l'heure devant ce Tribunal,

10 je l'ai entendue pour la première fois maintenant, de la part de vous.

11 M. LUNNY : [interprétation] Monsieur le Président, peut-être que le moment

12 est opportun pour procéder à une pause.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Monsieur Lunny.

14 M. LUNNY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons reprendre à 11 heures 20.

16 --- L'audience est suspendue à 10 heures 57.

17 --- L'audience est reprise à 11 heures 23.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Lunny, vous pouvez reprendre.

19 M. LUNNY : [interprétation] Merci.

20 Pourrions-nous, s'il vous plaît, montrer au témoin la pièce 409 ?

21 Q. Monsieur Stijakovic, il s'agit ici d'un ordre en date du 19 octobre

22 1991.

23 M. BOROVIC : [interprétation] Je voulais soulever une objection, mais

24 je pense que je vais tout simplement éviter de le faire.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic, vous êtes

26 vraiment extrêmement compréhensif. Je pense que cette façon de traiter les

27 objections devrait servir d'exemple. Monsieur Lunny, vous pouvez

28 poursuivre.

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1 M. LUNNY : [interprétation]

2 Q. Voyez-vous cet ordre, Monsieur Stijakovic ?

3 R. Oui, tout à fait. Malheureusement, à l'écran, c'est un peu flou. Il

4 faudrait peut-être agrandir l'image. Maintenant, c'est bien.

5 Q. Avant -- je reprends. Il s'agit d'un ordre qui émane du lieutenant-

6 général Zivota Panic en date du 19 novembre, ordre qui a été envoyé à un

7 certain nombre d'organes, y compris le Groupe opérationnel sud dont vous

8 faisiez partie, il me semble, le 19 octobre, n'est-ce pas ?

9 R. Cet ordre est en date du 19 octobre 1991. Il est vrai que ce jour-là je

10 faisais partie du 1er Bataillon motorisé. Au travers, par le biais du

11 commandement du 1er Détachement d'assaut, en effet, nous faisions partie du

12 Groupe opérationnel sud.

13 Q. Pouvez-vous, s'il vous plaît, regarder le paragraphe 4 de cet ordre qui

14 est à l'écran ?

15 M. LUNNY : [interprétation] C'est à la page 3 de la traduction anglaise et

16 à la page 2 de la version originale en B/C/S.

17 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous lire à haute voix le paragraphe 4,

18 Monsieur le Témoin ?

19 R. "Afin d'éviter le pillage et les sévices infligés aux civils," et le

20 mot suivant, je n'arrive pas à le lire, "le mauvais traitement infligé aux

21 civils et," donc si je poursuis un peu plus loin, "même les prisonniers et

22 toute personne armée ou groupes qui ne font pas partie ni de la JNA ni la

23 TO (Chetniks et groupes similaires) sont désarmés et détenus, et leurs

24 dirigeants seront enfermés, et des poursuites juridiques seront prises à

25 leur encontre."

26 Q. Monsieur Stijakovic, le mot que vous n'arrivez pas à lire à la première

27 ligne est le mot "meurtre", il me semble, n'est-ce pas ? La déclaration

28 serait : "Afin de prévenir le pillage, les sévices infligés aux civils" --

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1 R. "Les sévices infligés aux civils" et en effet peut-être "le meurtre".

2 Je n'arrive pas vraiment à lire les deux premières lettres, mais cela peut

3 très bien être meurtre.

4 Q. Avez-vous eu connaissance de cet ordre quand il a été délivré en

5 octobre 1991 ?

6 R. Si cet ordre n'avait pas été émis, de toute façon tout ceci aurait été

7 accompli. Je suppose que ceci est un résultat d'indications qui seraient

8 parvenues selon lesquelles il s'est passé ce type de choses dans certaines

9 zones.

10 Pour ce qui est du 1er Détachement d'assaut, plutôt d'ailleurs du 1er

11 Bataillon motorisé à la date spécifiée, il ne se passait absolument pas ce

12 genre de chose.

13 Q. Oui, mais cela dit, dès le 19 octobre 1991, vous saviez qu'il y avait

14 potentiellement des sévices, des meurtres de détenus qui auraient pu avoir

15 lieu ?

16 R. Non. Si vous me permettez, je peux vous dire exactement comment nous

17 avons traité les prisonniers. Pour vous donner un exemple, c'est arrivé la

18 deuxième nuit de combat, dès le 2 octobre, nous avons eu des prisonniers.

19 Une première personne a été capturée, elle était armée, elle faisait partie

20 d'une unité paramilitaire. Cette personne a été capturée sur la zone

21 d'opérations qui relevait de la compagnie du capitaine Zirojevic.

22 Q. Je vous arrête ici, Monsieur Stijakovic. Je ne vous demande pas des

23 exemples avec des incidents bien spécifiques qui se seraient passés à un

24 moment bien spécifique. Je vous demande si en octobre 1991 vous aviez

25 connaissance de ces informations portant sur l'éventualité de sévices et de

26 meurtres de détenus, si vous connaissiez cet ordre émanant de Zivota Panic

27 avertissant de ce type de sévices, et n'est-il pas vrai que pour ce qui est

28 donc du 1er Bataillon motorisé, de vous-même, du commandant Tesic ainsi que

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1 tout le monde au sein des zones opérationnelles sud, vous saviez tous que

2 les prisonniers capturés et détenus couraient un risque, n'est-ce pas ?

3 R. Oui, on savait que c'était un risque. Nous avons toujours essayé de

4 faire tout ce qui était juridiquement possible pour faire en sorte que cela

5 n'arrive pas.

6 Comme j'essayais de vous dire il y a peu de temps, j'essaie de vous

7 décrire la capture de ce paramilitaire pour vous montrer à quel point nous

8 étions professionnels.

9 Q. Pourriez-vous vous arrêter --

10 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, il faudrait quand même

11 permettre au témoin de terminer ses réponses. Mon éminent collègue me

12 semble avoir pris l'habitude de l'interrompre à tout bout de champ, alors

13 je pense qu'il faudrait quand même l'autoriser à terminer ses questions.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Maître Lunny.

15 M. LUNNY : [interprétation] Tout à fait.

16 Q. Monsieur Stijakovic, il faudrait que vous puissiez regarder la pièce

17 415.

18 M. LUNNY : [interprétation] Pouvons-nous s'il vous plaît l'afficher à

19 l'écran ? Si je puis aider M. le Greffier, il s'agit de la dernière page du

20 document, la page 4 de la version en anglais, et nous sommes

21 particulièrement intéressés par le paragraphe 8.

22 Q. Pourriez-vous s'il vous plaît nous lire à haute voix le paragraphe

23 numéro 8, Monsieur Stijakovic ?

24 R. "Chaque unité dans sa propre zone de responsabilité doit être

25 pleinement en contrôle de tout le territoire. Les commandants à tout niveau

26 seront responsables du maintien de ce contrôle. Les lois de la guerre ne

27 sont pas encore en vigueur et, de ce fait -- d'ailleurs, de toute façon,

28 personne n'est autorisé à se lancer dans des représailles où des revanches

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1 telles que certains actes qui ont été commis par des unités locales de la

2 TO. Toute action de ce type à venir sera punie, leurs auteurs seront punis

3 et poursuivis devant la loi."

4 Q. Il s'agit d'un ordre venant du général Zivota Panic en date du 18

5 novembre. C'est un mois plus tard, et c'est encore un avertissement tout à

6 fait similaire. Maintenant, il s'agit d'un avertissement à peu près

7 identique visant le Groupe opérationnel sud, demandant au personnel du

8 Groupe opérationnel sud de faire extrêmement attention à toute action de

9 représailles qui pourrait être effectuée à l'encontre des personnes de la

10 zone. C'est quelque chose que vous connaissiez, n'est-ce pas ?

11 R. Je ne peux que vous répéter à nouveau que cet ordre, comme l'ordre

12 précédent que nous avons vu, n'a apporté absolument rien de nouveau,

13 puisque dans le cadre de notre zone de responsabilité, donc la zone

14 responsabilité du 1er Bataillon motorisé, nous étions déjà en train de

15 l'appliquer. Je répète que pendant tout notre séjour dans notre zone qui

16 nous avait été assignée, nous avons pleinement contrôlé la situation.

17 Q. Vous nous dites que vous êtes pleinement en contrôle de la situation.

18 Mais le premier ordre qui vient du 19 octobre est un avertissement. Le

19 deuxième document, un mois plus tard, fait allusion à des représailles, à

20 des revanches qui auraient été effectuées par des unités locales de la TO.

21 Le mot "effectuées", ici, est au passé, ce qui signifie qu'il y a bel et

22 bien eu des actes de représailles qui ont eu lieu, des actes de revanche

23 qui ont eu lieu. Vous êtes d'accord avec moi ?

24 R. Mais je n'en ai pas entendu parler. Je n'ai pas entendu parler de ce

25 type de représailles ou de revanches. Dans la zone couverte par le 1er

26 Bataillon motorisé, il n'y a eu aucun acte de représailles.

27 Q. Monsieur Stijakovic, vous étiez en charge du journal de guerre, de la

28 discipline, du moral des troupes. Vous nous avez dit qu'il fallait que vous

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1 soyez bien informé de la situation. Vous continuez à affirmer que vous

2 n'avez pas eu la moindre connaissance d'actes de ce type qui auraient été

3 commis entre la mi-octobre et la mi-novembre ?

4 R. Je n'ai entendu parler d'aucun agissement de ce type commis dans la

5 zone de responsabilité couverte par mon unité. Il y a eu certes des actes

6 de ce type commis, mais je n'ai pas su non plus ce qui se passait dans la

7 zone plus étendue.

8 Nous étions une petite unité, c'est vrai, donc nous couvrions un

9 territoire assez limité. Pour ce qui se passait en dehors du Groupe

10 opérationnel sud, en ce qui concerne ce qui se passait au Groupe

11 opérationnel nord ou ailleurs sur le front, cela, je n'en sais rien.

12 Q. Vous dites qu'il s'agit d'une petite zone que vous commandiez, qui

13 comprend quand même la rue Nova Ulica, n'est-ce pas ?

14 Je vois que vous hochez la tête, Monsieur Stijakovic. Pouvez-vous

15 répondre ?

16 R. Oui, la Nova Ulica faisait partie de notre zone de responsabilité.

17 Q. La Nova Ulica était très proche de votre quartier général qui, si je ne

18 m'abuse, se trouvait dans la rue Svetozara Markovic ?

19 R. Oui, tout à fait, Nova Ulica était très près du QG.

20 Q. Mais ici, dans cette Chambre, nous avons entendu parler de meurtres qui

21 auraient eu lieu dans une maison en face dans une rue en face du 81, rue

22 Nova Ulica. Vous étiez l'officier qui était en charge du journal de guerre,

23 en charge de la discipline, en charge du moral des troupes, donc vous devez

24 quand même savoir ce qui s'est passé sur la rue Nova Ulica, n'est-ce pas ?

25 R. Je ne sais absolument rien de meurtres qui auraient eu lieu dans la rue

26 Nova. C'est la première fois que j'en entends parler.

27 Q. La Leva Supoderica, la Petrova Gora et les volontaires de la TO étaient

28 quand même en train de combattre dans votre propre zone de responsabilité.

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1 Ces personnes combattaient pour leur propre maison, pour leur propre

2 village et combattaient pour leur propre ville, n'est-ce pas ?

3 R. Quant à savoir quels étaient les motifs qui poussaient les effectifs du

4 détachement de la Leva Supoderica, de Petrova Gora, à savoir quels étaient

5 les motifs qui les poussaient à se battre, cela, je ne sais pas. Est-ce

6 qu'ils combattaient pour leur bénéfice personnel ou quoi, je n'en sais

7 rien.

8 Q. Mais quand même, la zone de combat où vous vous êtes retrouvé au sein

9 de la zone opérationnelle sud et de Vukovar contenait quand même le

10 quartier de Leva Supoderica ainsi que le quartier de Petrova Gora, donc les

11 unités, ces unités-là étaient composées de gens qui combattaient certes

12 avec vous, sous vos ordres, mais qui combattaient pour libérer leurs

13 propres maisons, leur propre ville et leur propre famille, n'est-ce pas ?

14 R. Certaines unités et certaines troupes faisant partie de l'unité Leva

15 Supoderica venaient en effet de ce quartier, et il y avait certains membres

16 de cette unité qui s'étaient volontairement associés à cette unité et qui

17 venaient quand même de d'autres quartiers, qui n'étaient pas des gens du

18 cru. Dans chacune de ces unités, il y avait à la fois des gens qui venaient

19 de Vukovar et d'autres qui venaient de l'extérieur de Vukovar.

20 Q. Mais les membres de la Leva Supoderica et de Petrova Gora étaient

21 cantonnés aux alentours de Nova Ulica, de la rue Leva Supoderica et de la

22 rue Svetozara Markovica, n'est-ce pas ?

23 R. Vous avez donné les emplacements de ces détachements, en effet,

24 certaines de ces unités étaient déployées comme vous venez de le dire. Mais

25 il s'agit d'endroits où ces unités étaient cantonnées, où les gens

26 pouvaient dormir et se reposer. Mais c'était de là ensuite qu'ils

27 rejoignaient les rangs des autres unités combattantes, et ce, de façon

28 organisée.

Page 12914

1 Q. Quand même, vous dites qu'ils étaient cantonnés, donc qu'ils dormaient,

2 qu'ils se reposaient, qu'ils séjournaient, si je puis dire, dans un endroit

3 qui était extrêmement proche de votre QG, n'est-ce pas ?

4 R. Je le répète à nouveau. La zone où il y avait les combats était une

5 zone assez restreinte. Cela dit, c'était une région urbaine très bâtie,

6 avec de nombreuses maisons, de nombreux bâtiments. Etant donné les

7 conditions météo à l'époque, il était normal que les gens s'abritent dans

8 les maisons, s'abritent de la pluie, ne serait-ce que cela. D'ailleurs,

9 c'est pour cela que les unités de Leva Supoderica s'abritaient dans des

10 différentes maisons de la Leva Supoderica et de Petrova Gora.

11 Il est vrai que les gens de l'unité Leva Supoderica venaient principalement

12 du quartier de Leva Supoderica. Il est vrai que géographiquement, ces

13 endroits étaient proches de notre QG.

14 Q. Vous avez dit aussi à la page 63 du compte rendu de votre déposition

15 qu'il y avait une concentration importante de différentes personnes; des

16 civils, des gens qui se déplaçaient, des gens qui habitaient là. Donc, il y

17 avait non seulement les membres de l'unité Petrova Gora, les autres

18 volontaires, les membres du détachement TO, mais il y avait aussi des

19 civils qui résidaient près de chez vous, dans le quartier de Petrova Gora,

20 n'est-ce pas ?

21 R. Oui. Il y avait parfois des familles entières qui habitaient dans les

22 maisons, des familles qui malheureusement étaient là quand les combats ont

23 commencé puis qui n'ont pas pu s'échapper, elles sont restées là. Par

24 exemple, les personnes qui nous hébergeaient, M. Jagetic et sa femme,

25 passaient la plus grande partie de leur temps dans une petite cabane qui se

26 trouvait à côté de notre QG.

27 Q. Si j'ai bien compris, Monsieur Stijakovic, après la chute de Vukovar le

28 18 novembre, vous êtes parti pour retourner à Belgrade le 24 novembre,

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1 n'est-ce pas ?

2 R. Après la libération de Vukovar, et après que les unités paramilitaires

3 se sont rendues, à partir du 18 novembre, nous avons attendu les ordres de

4 nos supérieurs, et finalement, le 24 novembre, nous sommes rentrés à

5 Belgrade.

6 Q. Mais durant cette période allant du 18 au 24, vous étiez toujours

7 cantonnés à Petrova Gora, n'est-ce pas ?

8 R. A partir du moment où nous sommes arrivés dans cette ville, et là je

9 parle de notre arrivée au QG, nous sommes toujours restés dans la rue

10 Svetozara Markovica, et c'est de là que nous sommes partis pour Belgrade.

11 Je vous affirme que notre QG n'a jamais été déplacé.

12 Q. Mais le 19 novembre, votre supérieur direct, le chef de bataillon

13 Tesic, a été nommé commandant de Petrova Gora, n'est-ce pas ?

14 R. Non. Le commandant Tesic, en application d'ordres venant du

15 commandement supérieur, a été nommé responsable de la zone. D'ailleurs, je

16 peux vous délimiter la zone sur une carte, si vous le voulez. C'était lui

17 qui était responsable devant son supérieur, donc devant le commandant du

18 groupe d'opérations, responsable de tout. Il devait s'assurer qu'il y avait

19 ordre qui régnait dans la zone, donc Tesic était la personne en charge. Il

20 est vrai que cette zone couvrait une partie du quartier de Petrova Gora.

21 M. LUNNY : [interprétation] Pouvez-vous, s'il vous plaît, maintenant

22 afficher à l'écran la pièce 418, s'il vous plaît ? Je vérifie la référence

23 de la pièce.

24 Q. Monsieur Stijakovic, le 19 novembre, Tesic a été nommé commandant de la

25 ville, en tout cas en ce qui concerne Petrova Gora ?

26 Pourriez-vous s'il vous plaît regarder le paragraphe 4 de la page 2,

27 Monsieur Stijakovic ?

28 R. Voulez-vous que je le lise à haute voix le paragraphe 4 ?

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1 Q. S'il vous plaît.

2 R. "Au cours de la journée, trois membres de notre unité ont été extraits

3 de l'hôpital."

4 Q. Je crois que vous vous trompez de ligne, et j'en suis désolé, Monsieur

5 Stijakovic.

6 M. LUNNY : [interprétation] C'est plutôt la page 2, paragraphe 4 de la

7 traduction anglaise, Monsieur et Madame les Juges, j'en suis absolument

8 désolé.

9 Q. Il semble qu'il y ait deux paragraphes 4 à la page 2. C'est un peu plus

10 haut sur la page.

11 R. Paragraphe 4, c'est celui-ci que vous voulez que je lise ?

12 Q. Oui.

13 R. "Maintenant que Vukovar a été libéré, les personnes suivantes ont été

14 nommées commandants. Pour Vucedol et Mitnica, le commandant Stupar

15 Miroslav. Pour Petrova Gora et la zone à l'ouest du cimetière jusqu'à la

16 rivière Vuka, le major Borivoje Tesic. Pour la zone entre la rue Sajmiste

17 et la rue à l'est de Mitnica, le commandant Bajic. A un moment de la

18 journée, le Groupe tactique de la 195e Brigade motorisée a rejoint le

19 Groupe opérationnel sud."

20 Q. Monsieur Stijakovic, nous n'avons pas besoin du reste du paragraphe.

21 Quand on voit quand même les trois premiers alinéas, on voit bien que le

22 commandant Tesic a été nommé chef de la ville, en ce qui concerne en tout

23 cas le quartier de Petrova Gora, n'est-ce pas ?

24 R. Oui, il est évident sur la base de cet ordre que le commandant Tesic

25 était le "komandant" comme on dit en B/C/S de la zone au sein de laquelle

26 nous opérions.

27 Je peux vous le délimiter sur une carte, si vous voulez. Le quartier

28 de Petrova Gora se trouve en effet compris dans cette zone.

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1 Q. Du 18 au 24 novembre, vous étiez cantonné à Petrova Gora. Votre

2 supérieur direct est le "komandant" du quartier Petrova Gora. Vous êtes

3 entourés de civils de Petrova Gora, vous avez des membres de la TO de

4 Petrova Gora qui vivent dans des maisons qui avoisinent votre QG, votre

5 poste de commandement. Du 20 novembre au 24, vous n'avez absolument rien

6 entendu à propos de la mort de 260 personnes dans une ferme à Ovcara ?

7 R. En effet. En 1995, je n'avais pas entendu parler de ces 200 et quelques

8 personnes qui avaient trouvé la mort à Ovcara.

9 Q. Vous nous avez dit hier que vous avez entendu parler de ces morts à

10 Ovcara uniquement en 1995 ?

11 R. Oui, en effet. Comme je vous l'ai dit il y a peu de temps, j'ai d'abord

12 entendu parler d'Ovcara comme d'un concept en 1995 dans les médias. J'étais

13 à Banja Luka à l'époque quand j'en ai entendu parler. C'est la première

14 fois que j'ai entendu dire que des poursuites étaient en cours et qu'un

15 certain nombre d'officiers étaient inculpés.

16 Q. Ces officiers qui ont été inculpés, certains qui ont été condamnés

17 d'ailleurs à Belgrade, certains des condamnés venaient du Détachement

18 Petrova Gora ?

19 R. Pour ce qui est du procès d'Ovcara à Belgrade, je sais qu'il a bel et

20 bien eu un procès. Je crois que c'était soit cette année, soit l'an

21 dernier. Je sais aussi que le commandant Tesic a témoigné. Le Tribunal ne

22 m'a jamais demandé de venir déposer à propos de ce que je savais en

23 l'espèce.

24 Q. Cette Chambre a entendu des éléments de preuve indiquant que les

25 meurtres d'Ovcara avaient fait l'objet de rapports dès 1992. Vous continuez

26 à affirmer que vous n'avez absolument rien su de tous ces meurtres pendant

27 encore trois ans, après cela ?

28 R. Oui. Je l'affirme pour l'énième fois, je vous répète que je n'ai eu

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1 vent de ce qui s'était passé à Ovcara qu'en 1995.

2 Q. Monsieur Stijakovic, au matin du 21 novembre lors du dernier jour de

3 votre séjour à Vukovar, n'est-il pas vrai que tout le monde parlait des

4 meurtres d'Ovcara ? Les civils en parlaient entre eux. Les membres qui

5 étaient à Petrova Gora en entendaient parler, à Leva Supoderica, les gens

6 qui étaient impliqués dans les meurtres se baladaient en ville, en en

7 parlant. Vous, en tant qu'officier du 1er Bataillon motorisé, qui étiez en

8 charge de tenir le journal de guerre, qui était en charge de la collecte

9 d'informations afin de maintenir la discipline, en tant qu'officier en

10 charge du moral des troupes au sein de cette zone de responsabilité, vous

11 nous dites vraiment alors qu'il y avait toutes ces rumeurs, vous deviez

12 quand même savoir que ces meurtres avaient eu lieu en 1991, il y avait des

13 rumeurs à partir du 21 novembre à ce propos ?

14 R. La période dont vous avez parlé, donc du 19 au 24 novembre, c'est une

15 période au cours de laquelle avec le commandant Tesic et avec les autres

16 commandants de compagnie, nous nous sommes vraiment occupés des troupes

17 régulières que nous avions amenées sur cette zone de combat depuis

18 Belgrade. Il y avait énormément de choses à faire. S'occuper de

19 l'équipement, des munitions, des armes qui leur avaient été données. Il y

20 avait des armes qui étaient rouillées, des équipements qui ne

21 fonctionnaient pas, des mortiers qui avaient été endommagés, les véhicules

22 qui étaient en panne. Il y avait des vêtements partout éparpillés dans la

23 ville. Il y avait énormément de choses qu'il fallait traiter des problèmes

24 qu'un officier professionnel se devait de traiter immédiatement. Puis il

25 fallait qu'on s'occupe de tout ramener rapidement, imaginez ce que cela

26 peut être quand on est responsable d'un pistolet perdu et qu'on doit le

27 retrouver. Là, il y en avait toute une armada. Je m'étais entièrement

28 consacré à cette tâche, toute mon énergie était consacrée à cela. Je peux

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1 vraiment vous dire que je n'ai aucun contact avec le moindre civil ou avec

2 le moindre organe civil à partir du 18 novembre. La ville avait été

3 libérée, cela c'était certes un grand événement pour tous.

4 Mon hôte a disparu. Dubravka est parti pour essayer de retrouver son

5 père qui avait été tué à Mitnica sur l'autre côté de la ligne de front.

6 Tout le monde s'occupait des tâches qui leur importaient. Comme je vous

7 l'ai dit, j'étais occupé par mes propres tâches, par ce que j'avais à

8 faire. Je n'avais pas de temps à perdre à discuter avec des gens à propos

9 de quoi que ce soit, à propos de ce crime. En tant qu'officier, certes mes

10 responsables peuvent considérer que je suis responsable si je ne leur ai

11 pas dit quelque chose. Quand je dis que je n'en savais rien, il est vrai

12 que je n'en savais rien et que je n'ai appris ce qui s'était passé qu'en

13 1995.

14 Q. Nous allons maintenant passer à autre chose.

15 Monsieur Stijakovic, hier à la page 74 de votre déposition, vous avez

16 dit qu'il y avait eu des problèmes en matière de coopération entre le

17 bataillon et les détachements de la TO. Pourriez-vous nous donner des

18 exemples de ce type, s'il vous plaît, de problèmes rencontrés ?

19 R. Comment dire ? Vous savez, ce sont des problèmes un peu habituels qu'on

20 rencontre dans l'exercice de son métier. Si vous êtes un homme d'affaire

21 aujourd'hui, vous avez à faire face à toute sorte de difficultés. C'était

22 vrai là aussi. Dans une situation particulière où vous avez des gens qui

23 travaillent, qui vivent, forcément il y a des problèmes, c'est inévitable.

24 Je peux vous faire part de mon expérience, vous parler de la première

25 réunion que j'ai eue avec des habitants et de vous dire comment ces

26 problèmes n'ont cessé de se développer.

27 Q. Permettez-moi de vous interrompre, je croyais que vous alliez faire là

28 une digression pour parler d'affaire.

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1 Oui, quelles étaient ces difficultés pour ce qui est des rapports

2 avec les gens, et surtout pour ce qui est des rapports entre la TO et ce

3 bataillon ?

4 R. Montrez-moi les problèmes dont j'ai parlé hier. Ils ne pouvaient être

5 que de cette nature-ci. Voilà, ce sont là les problèmes de coopération,

6 d'appui mutuel, de soutien, pour ce qui est par exemple de l'évacuation des

7 blessés, des malades, de la liberté de mouvement dans la zone, ce sont là

8 les problèmes que nous avons rencontrés chaque jour. A ce niveau-là de

9 coopération, en travaillant ensemble, nous les avons résolus au fur et à

10 mesure.

11 Alors dites-moi, quels sont les problèmes spécifiques dont vous

12 voulez que je parle ? Quelles sont les questions que vous voulez me poser à

13 propos de quels problèmes ? Posez-moi la question et j'essaierai de

14 répondre.

15 Q. Hier, vous avez parlé de problèmes en matière de coopération entre le

16 détachement de la TO et le bataillon. Vous avez dit que ceci avait eu pour

17 conséquence l'ordre du 29 octobre qui plaçait les détachements de la TO de

18 Leva Supoderica et de Petrova Gora sous le commandement du capitaine Tesic

19 et du 1er Bataillon motorisé. Vous avez dit "qu'il y avait des problèmes

20 pour ce qui était de cet appui mutuel réciproque, de cette entraide". A

21 quoi pensiez-vous concrètement ?

22 R. Concrètement, il fallait préparer toute mission à exécuter

23 soigneusement, vu la qualité de notre ennemi, l'appui dont il bénéficiait,

24 l'appui feu. Ces problèmes se sont posés parce que personne ne pouvait

25 forcer personne d'autre à prendre les armes le lendemain et les forcer à

26 aller vers le minimarché en passant par Nova Ulica.

27 Il fallait qu'un sous-groupe soit vraiment résolu pour exécuter le

28 plan qui avait été préparé. En d'autres termes, se sont présentées des

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1 situations où vous aviez un sous-groupe du Détachement de Leva Supoderica

2 qui n'était pas d'accord ou qui a simplement refusé d'aller sur l'axe que

3 nous avions prévu. Il fallait alors remettre le plan à l'étude, ce fut un

4 processus très long. Il fallait beaucoup de temps avant que tous les

5 éléments du dispositif de combat soient placés là où ils doivent se trouver

6 et puissent exécuter la mission confiée.

7 Voilà le genre de problèmes qu'on rencontre lorsque vous avez des

8 êtres humains qui essaient de s'entendre. Quelquefois, ils sont prêts à

9 s'entendre, parfois pas, quelqu'un dit qu'il est fatigué, il faut analyser

10 ces problèmes chaque jour, faire des plans. Il faut les exécuter.

11 Q. N'est-il pas vrai de dire que cette disposition initiale que vous avez

12 décrite hier, où on avait la TO et un autre bataillon de volontaires qui

13 combattaient côte-à-côte avec le 1er Bataillon motorisé de la JNA, en fait

14 ce plan initial il ne fonctionnait pas ?

15 R. Si, il a fonctionné. Il fallait que tout soit bien préparé, planifié,

16 exécuté. Il faut une action solidaire de toutes ces structures dans

17 l'exécution de toutes les tâches comme celle de la libération de ce

18 minimarché de la 6e Division prolétaire de Milovo Brdo. Une fois que ces

19 éléments ont commencé à bien travailler en équipe, tout s'est bien passé.

20 Q. Pourtant, hier vous nous avez dit que la structure a été modifiée le 29

21 octobre en raison des difficultés intervenues au niveau de la coopération

22 entre les détachements de TO et du bataillon. Donnez-nous d'autres

23 exemples, s'il vous plaît, de la nature de ces problèmes ?

24 R. Je vais essayer de vous répondre comme suit. Ce n'était pas une guerre

25 privée, ce n'était pas une guerre où chaque unité ne faisait que ce qui

26 était dans son intérêt. C'était logique, les forces composées des

27 volontaires, ou plutôt, je pense aux membres de la Défense territoriale, il

28 était normal que ces éléments soient regroupés de façon à ce que nous, les

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1 unités de la JNA et les officiers de la JNA qui les commandaient, puissent

2 nous trouver dans une situation au moment décisif des combats. Le

3 commandement s'exerce comme il devait s'exercer. Le commandement supérieur

4 a pris cette décision de regrouper toutes ces unités en un seul tout et

5 c'est là simplement l'expression de la concentration, de la focalisation.

6 C'est un terme militaire, cela veut dire que sur un front donné on

7 concentre les effectifs et l'appui. Notre commandement a décidé que ce

8 point de concentration devait être le 1er Bataillon motorisé, en fait, le 1er

9 Détachement d'assaut et son commandant ont décidé que la 3e Compagnie

10 motorisée devrait être le point de concentration. C'était le rôle donné au

11 chef de cette compagnie, en l'occurrence le capitaine Miroslav Radic. C'est

12 comme cela que cela a été décidé.

13 Pour avoir une équipe gagnante, il a été décidé de transformer tous

14 ces éléments en unités militaires pour éviter qu'une action échappe au

15 contrôle ou soit prise par quelqu'un qui en prendrait l'initiative

16 personnellement.

17 Q. Vous avez dit que la 3e Compagnie motorisée devait être un point de

18 concentration avec le capitaine Radic. Est-ce que ceci avait été décidé en

19 raison de la personnalité de M. Radic et du respect qu'il inspirait à ses

20 soldats ? Ses soldats le respectaient et obéissaient à ses ordres, le

21 suivaient; est-ce exact ?

22 R. Il y a deux raisons au choix qui a été fait. C'est d'abord en raison de

23 l'étude de la situation sur la ligne ennemie. Dans notre détachement, nous

24 nous sommes rendu compte qu'il serait préférable de libérer la ville et de

25 le faire. Nous pourrions le faire le plus rapidement si nous prenions

26 Milovo Brdo. Mais nous savions aussi que si on coupait la rue Bogdanovci,

27 cela voulait dire que les forces paramilitaires allaient se trouver

28 totalement encerclées. De la rue Nova Ulica jusqu'au minimarché, il n'y

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1 avait que quelques centaines de mètres. Cela, c'est la première raison qui

2 explique pourquoi au niveau du déploiement de l'unité, on a pris pour point

3 de concentration l'aile gauche de l'unité.

4 La deuxième raison, c'est que c'est là que les détachements de

5 Petrova Gora et Leva Supoderica ainsi que le capitaine Radic se trouvaient,

6 et le capitaine Radic avait déjà fait ses preuves dans des engagements

7 antérieurs. C'est pour cela que nous avons décidé de déplacer le point de

8 concentration sur la rue Bogdanovci, pour pouvoir parvenir le plus vite

9 possible à Milovo Brdo, parce que ce point était un point stratégique dans

10 la bataille de Vukovar.

11 Q. Dans ces groupes que vous avez décrits composés du capitaine Radic et

12 des détachements Leva Supoderica et Petrova Gora, le capitaine Radic était

13 bien le seul officier professionnel de carrière ?

14 R. Non. Il y avait le lieutenant Elvir Hadzic qui, lui aussi, était

15 officier de carrière, et il avait son unité. Il y avait le sergent

16 Jovanovic, mais il était tombé malade. Il y avait également (expurgé)

17 (expurgé), qui était le sous-officier de la compagnie. C'étaient des

18 officiers de carrière.

19 Q. Mais le capitaine Radic était le plus haut gradé, n'est-ce pas, parmi

20 ces hommes et aussi parmi ceux qui se trouvaient parmi les volontaires et

21 les deux détachements Leva Supoderica et Petrova Gora ?

22 R. Toutes les 24 heures, il y avait deux volets dans ces rapports. Je vais

23 vous expliquer comment le capitaine Radic -- à quels égards il était

24 l'homme ayant le plus de responsabilités.

25 Q. Vous êtes d'accord avec moi pour dire que le capitaine Radic était le

26 plus haut gradé et celui qui avait le plus de responsabilités dans ce

27 groupe que vous avez décrit ?

28 R. Le commandant, "komandir" de ce groupe d'assaut, le groupe d'assaut

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1 était une formation temporaire, et en tant que telle, dans la plupart des

2 cas, il travaillait sur 24 heures. Il commençait par exemple à 8 heures, et

3 il travaillait jusqu'à 15 ou 16 heures, et il comptait des sous-groupes,

4 conformément aux missions à accomplir ce jour-là. Il est vrai que

5 s'agissant du commandement supérieur, donc de M. le Commandant Tesic et

6 moi-même, l'homme le mieux à même à commander ce groupe d'assaut ou

7 formation temporaire, c'était le capitaine Miroslav Radic.

8 Q. Vous avez dit que c'était une formation temporaire, Monsieur

9 Stijakovic, mais ce n'est pas vrai. C'était là un rapport qui était bien

10 établi et qui s'est poursuivi jusqu'au 21 novembre 1991, n'est-ce pas ?

11 R. Non, non. Ce n'est pas vrai. Si la Chambre me le permet, je voudrais

12 expliquer comment cette formation temporaire s'est acquittée de sa tâche,

13 et si je peux le faire, tout vous deviendra clair.

14 Je le répète : une formation temporaire, elle ne fonctionne qu'en situation

15 de combat ou lorsqu'il y a des tâches actives, disons, mouvement,

16 déplacement. Une fois l'action terminée, les soldats les moins compétents

17 sont amenés sur la ligne qui a été obtenue ou qu'on a atteinte, des gardes

18 y sont placés et toute la zone est placée sous surveillance pour éviter que

19 la partie adverse ne reprenne ce terrain. Le groupe d'assaut, tous ses

20 membres peuvent se reposer, se retirer et se reposer. Ils se retirent et se

21 reposent. C'est cela une formation militaire, cela veut dire qu'une fois

22 Milovo Brdo libéré, ce groupe a cessé de facto et de jure d'exister.

23 Q. Mais ce n'est pas ce que vous avez dit hier. Hier, vous avez décrit le

24 1er Bataillon motorisé comme étant le plus capable, celui qui avait récolté

25 le plus de succès, et vous avez dit qu'une fois la cible atteinte,

26 effectivement par exemple, du 10 au 18, on les avait laissés surveiller ce

27 terrain. Maintenant, vous nous dites le contraire, à savoir que ce sont les

28 moins capables qu'on charge de surveiller un terrain conquis. Alors qu'est-

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1 ce qui est vrai ? Ce que vous avez dit hier ou ce que vous dites

2 maintenant ?

3 R. Hier, j'ai parlé du 1er Bataillon motorisé et du 1er Détachement

4 d'assaut. J'ai expliqué comment ces deux unités ont été séparées après le

5 10 novembre et aussi ce qui s'est passé après le 14 novembre. Maintenant,

6 je veux vous expliquer la formation temporaire qu'on appelle le groupe

7 d'assaut.

8 Le groupe d'assaut qui était commandé par le capitaine Radic, qui est

9 un point de concentration, peut être une formation temporaire se composant

10 des soldats les plus courageux, les plus braves et les meilleurs. Je peux

11 vous dire ceci. Lorsque ce groupe d'assaut est déployé, lorsqu'il libère,

12 disons, le quartier de Bosko Buha, à partir de 14 ou de 16 ou 17 heures,

13 lorsque l'action est terminée, le groupe d'assaut se retire en profondeur

14 vers Leva Supoderica, vers Nova Ulica, et la ligne qui a été conquise, elle

15 est gardée par des soldats moins capables.

16 Je vous explique maintenant la formation d'un groupe d'assaut, tel

17 qu'il était commandé par Miroslav Radic, et ce, jusqu'au 10 novembre.

18 Q. Monsieur Stijakovic, hier, vous avez parlé à la Chambre de cette

19 division entre le 1er Bataillon motorisé et le 1er Détachement d'assaut, et

20 cela commence par un ordre donné oralement par le commandant Tesic le 12

21 novembre, n'est-ce pas ?

22 R. Le commandant Tesic a donné un ordre oral le 12 novembre qui reliait un

23 ordre donné par Mile Mrksic sur la séparation entre le 1er Détachement

24 d'assaut et le 1er Bataillon motorisé, ou, soyons plus précis, qui ordonnait

25 d'extraire le 1er Bataillon motorisé durant la composition du 1er Détachement

26 d'assaut. C'est un ordre oral qui est donné le 12 novembre, qui a été

27 transformé en ordre écrit qui est parvenu à notre unité le 14 novembre, et

28 nous avons eu l'occasion de le voir hier.

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1 Q. Veuillez examiner la pièce 401 : c'est le journal de guerre de la

2 Brigade motorisée de la Garde. La version B/C/S vous est affichée. Veuillez

3 examiner tout d'abord 02935475. Dans la traduction en anglais, il porte un

4 autre numéro, L 0100532.

5 Vous avez dit que cet ordre oral était d'abord venu de Mrksic, qu'il était

6 parvenu à Tesic. Pourriez-vous, dans cette pièce 401, nous montrer

7 l'endroit où est mentionné cet ordre oral, verbal ?

8 R. C'est le registre de guerre que gardait le commandement supérieur que

9 je vois ici. Concernant cet ordre verbal dont je vous parle, son existence

10 ne peut être prouvée que par le truchement d'un témoin. Cependant, dans les

11 faits, l'ordre donné le 14 reprend tout cela. Je ne connais pas du tout le

12 contenu de ce registre de guerre parce que c'est quelqu'un d'autre qui s'en

13 chargeait.

14 Q. Vous dites qu'il faudrait un témoin qui vienne parler de cet ordre

15 verbal. Vous nous avez dit, Monsieur le Témoin, déjà, que le commandant

16 Tesic avait déposé lors du procès de Belgrade, n'est-ce pas ?

17 R. Je l'ai lu dans les médias, je l'ai entendu dire et j'ai entendu dire

18 qu'il avait effectivement déposé devant un tribunal belgradois.

19 Q. A aucun moment de sa déposition faite à Belgrade il n'a mentionné

20 d'ordre donné verbalement le 12 novembre. Qu'en pensez-vous ? Avez-vous un

21 commentaire à nous faire ?

22 R. Oui. Cet ordre donné verbalement et qui a pris plus tard la forme d'un

23 ordre écrit n'a aucune importance. Par conséquent, le commandant Tesic a

24 reçu un ordre écrit le 14, qui lui intimait de se conformer à l'ordre donné

25 verbalement. Dans l'introduction où l'on mentionne effectivement cet ordre

26 du 12, on peut l'accepter ou pas, mais ceci confirme le fait qu'à partir de

27 ce moment-là, le 1er Bataillon motorisé ne faisait plus partie du 1er

28 Détachement d'assaut. En tant que témoin, je vous parle de ce que j'ai

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1 entendu le 12, mais cela n'a pas le poids de l'ordre écrit que vous avez pu

2 voir hier.

3 Q. Mais le commandant Tesic, avant de déposer à Belgrade, a fourni trois

4 déclarations. Dans aucune d'entre elles il ne mentionne un ordre donné le

5 12 novembre. Il a également fourni une déclaration au TPIY, au bureau du

6 Procureur, dans laquelle il ne fait pas non plus référence à un ordre donné

7 le 12 novembre. Il n'y a pas eu cet ordre, il n'a pas existé, n'est-ce pas,

8 Monsieur Stijakovic ?

9 R. Il y a bien eu cet ordre. Cet ordre donné verbalement, en guise

10 d'introduction, je peux vous dire que ceci est un processus qui avait

11 commencé le 10 novembre ou dès la soirée. Nous avons entendu l'avis des

12 commandants de compagnie, de nos subordonnés, sur l'activité de chacune de

13 ces compagnies. Chacun a présenté son point de vue. Ils ont dit qu'après

14 avoir atteint Milovo Brdo, ils avaient terminé leurs activités de combat.

15 Ils étaient épuisés, très fatigués, et c'était logique que ce soit d'autres

16 détachements, d'autres bataillons qui se chargent d'exécuter leurs

17 missions. Je suppose que le commandant Tesic en n'a parlé nulle part, parce

18 qu'à certains égards, ce briefing avait permis de savoir quel était le

19 sentiment qui régnait parmi les subordonnés. Il nous a fait comprendre

20 qu'il n'y avait plus le genre de volonté qui les avait animés jusqu'au 10

21 novembre, ceci dans l'optique de tâches à venir. Il a fallu par la suite

22 tenir compte du sentiment qui régnait dans les unités. Il a fallu essayer

23 de trouver une solution en essayant de surmonter les problèmes survenus.

24 C'était logique que l'ordre ait été écrit comme il a été le 14 novembre.

25 Le 1er Bataillon avait terminé ses activités de combat, et nous étions très

26 reconnaissants. Tous les commandants de compagnie et moi-même, nous étions

27 très reconnaissants envers le commandement supérieur de nous avoir

28 dispensés --

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1 Q. Vous vous écartez de la question. Lorsque je vous ai demandé si cet

2 ordre avait existé, je vous renvoie à votre propre journal.

3 M. LUNNY : [interprétation] Y 0079884 à Y 0079894.

4 Q. Vous l'avez sous les yeux, Monsieur Stijakovic ?

5 R. Est-ce qu'on peut agrandir, s'il vous plaît ?

6 Q. Hier, vous avez fait référence à ce document pendant l'interrogatoire

7 principal. Vous avez dit que vous en aviez gardé une copie lorsque vous

8 étiez rentré à Belgrade. Est-ce bien de ce document-ci que vous parliez ?

9 R. Oui. C'est une copie qui a été écrite par le soldat Dobras, mon

10 estafette. C'est moi qui lui ai dicté ce texte.

11 Q. Hier, vous avez dit que l'idée c'était de mener une recherche

12 scientifique et militaire de façon à ce qu'en temps utile vous puissiez

13 écrire à propos de Vukovar et de la bataille de Vukovar; est-ce exact ?

14 R. Oui. J'ai eu l'intention, et je l'ai encore, s'agissant de faire en

15 sorte de transformer une partie de cette déposition que j'ai faite, dont je

16 suis fier, en document utile qui peut être utilisé dans le cadre de

17 l'enseignement donné aux officiers concernant les combats en zones

18 urbaines.

19 Q. A l'égard de cela, vous ne retiendriez que toutes les informations

20 pertinentes de ce journal au moment où vous feriez sa photocopie, les

21 informations que vous pourriez transmettre dans le cadre de cet

22 enseignement, n'est-ce pas ?

23 R. Oui. J'ai sélectionné le contenu concernant chaque jour, contenu qui,

24 selon moi, pourrait par la suite être utilisé.

25 Q. Le changement de formation que vous avez décrit et qui a eu lieu le 12

26 novembre par le biais de cet ordre oral, c'était quelque chose que vous

27 auriez sélectionné en tant qu'important, n'est-ce pas ?

28 R. Bien, ce changement de formation, si l'on parle de la période à partir

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1 du 12, il faut savoir que ceci était plus important pour la date du 10

2 novembre. Comme je l'ai dit, je sélectionnais seulement les événements

3 ayant une valeur tactique lorsqu'il y avait des activités ou opérations qui

4 se déroulaient, lorsqu'il fallait arriver jusqu'à certaines cotes,

5 lorsqu'il était question des pertes humaines, car je souhaiterais faire une

6 comparaison entre les activités, les opérations d'un côté et les pertes

7 humaines de l'autre éventuellement.

8 Avec votre permission, j'affirmais --

9 Q. Monsieur Stijakovic, vous avez mentionné les informations que

10 vous vouliez garder. L'ordre du 12 qui a été donné était le résultat de ce

11 changement qui a eu lieu le 10, c'était un événement important, n'est-ce

12 pas ?

13 R. Je vais répéter l'ordre donné verbalement --

14 Q. Veuillez ne pas répéter votre réponse. Je vous pose une question

15 concrète au sujet de l'ordre oral du 12 et le changement de la formation du

16 1er Bataillon motorisé et du 1er Détachement d'assaut, conformément à votre

17 description hier. Est-ce que ceci était une décision ou un événement

18 important ou pas ? Votre réponse à cette question devrait être oui ou non.

19 R. Le changement en date du 14 novembre est important. Le 12, ceci a

20 précédé la décision du 14. Le 12 a été donné verbalement. La date du 14 est

21 la plus importante, car il existe une preuve écrite de cela.

22 Q. Le but de ce journal d'après vous était qu'il serve dans le cadre

23 de l'enseignement. Nous sommes en train de parler de la dernière semaine

24 des combats à Vukovar et de la manière dont les troupes ont été partagées

25 ou pas partagées, et comment elles étaient utilisées pendant les derniers

26 quelques jours des combats à Vukovar était d'une importance vitale, n'est-

27 ce pas ?

28 R. Oui. C'est très important.

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1 Q. Le temps de resubordination ou de changement ou d'utilisation des

2 troupes, tout cela, ce serait très important, n'est-ce pas ?

3 R. Oui. Cela est important.

4 Q. Le changement physique ou mouvement ou resubordination, ceci serait

5 plus important que n'importe quel ordre rédigé par la suite. Le changement

6 lui-même, s'il a eu lieu, était plus important que quelque document que ce

7 soit sous forme écrite, n'est-ce pas ?

8 R. Oui.

9 Q. Puis-je vous demander alors d'examiner votre journal, cette partie qui

10 allait être utilisée dans le cadre de votre thèse ? Veuillez examiner la

11 page 9 893 en B/C/S, il s'agit des inscriptions concernant les dates du 10

12 et 12 novembre ?

13 Il s'agit de la page 9 de la traduction en anglais.

14 R. Puis-je lire la note concernant le 10 novembre ou plutôt la dernière

15 phrase ?

16 Q. Je ne vous demande pas cela, mais de trouver dans cette page, dans les

17 notes concernant le 10, le 11 et le 12 novembre, l'endroit où le commandant

18 Tesic est mentionné, si une telle référence existe.

19 R. Une telle référence n'existe pas dans mes écritures. Je vous ai demandé

20 de me permettre de lire la dernière phrase s'agissant de la date du 10

21 novembre.

22 Q. Ceci n'est pas nécessaire. Nous avons votre réponse. Le 10, le 11, ou

23 le 12, l'on ne mentionne pas du tout un quelconque ordre donné verbalement;

24 est-ce exact ?

25 R. J'ai dit tout à l'heure que j'ai des témoins qui peuvent confirmer ce

26 que je dis et ma propre déposition.

27 S'agissant du journal de guerre, effectivement, on ne trouve pas dans mes

28 écritures une référence que dès le 12 ces deux unités ont été séparées.

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1 Q. Vous avez mentionné cette séparation entre le 1er Détachement d'assaut

2 et le 1er Bataillon motorisé. N'est-il pas vrai de dire qu'en réalité il n'y

3 a pas eu de séparation et que les troupes placées sous le contrôle du

4 capitaine Radic, Leva Supoderica et Petrova Gora, n'ont pas été déplacées

5 de quelque manière que ce soit par le biais de cet ordre écrit du 14

6 novembre 1991 ?

7 R. Je vous dis que la séparation a eu lieu à partir du 10 au soir et par

8 la suite. J'affirme qu'à partir de ce soir-là, le commandant, les chefs de

9 compagnie, le capitaine Radic, Zirojevic et Bojkovski, ont demandé que leur

10 engagement militaire s'achève. Cette séparation a certainement été

11 exécutée.

12 M. LUNNY : [interprétation] Monsieur le Président. Je vois qu'il est 2

13 heures moins 20.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Probablement le moment est opportun,

15 n'est-ce pas ?

16 M. LUNNY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] M. Moore pense que vous avez besoin

18 plus de temps.

19 M. MOORE : [interprétation] Non. Ce n'est pas cela.

20 Je souhaite clarifier un ou deux points. Tout simplement, il s'agit de la

21 chose suivante : je ne sais pas s'il y a un autre témoin après celui-ci. Je

22 me demande si mes éminents collègues peuvent me dire si effectivement nous

23 avons deux témoins aujourd'hui, et demain, juste un ? Car il y a un petit

24 problème.

25 Peut-être vous souvenez-vous que nous allions demander à présenter

26 trois témoins d'alibi, pour ainsi dire. Malheureusement, les renoncements

27 ont apparemment été reportés. L'un de ces témoins est ici, M. Weiner espère

28 pouvoir l'interroger. Nous avons reçu une note visant à changer cela

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1 quelque peu. On essaie de voir ce qu'on peut faire et de coordonner sur le

2 plan de temps. Cela est le premier point.

3 Le deuxième point concerne M. Sljivancanin. Peut-être M. Radic va

4 terminer mardi ou mercredi avec l'exception de l'expert, ensuite il va

5 falloir clarifier cela. Est-ce que la Chambre a l'intention de le faire ?

6 Est-ce que Me Lukic a l'intention de commencer avec M. Sljivancanin disons

7 jeudi, plutôt que perdre du temps ?

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Du point de vue de la Chambre,

9 nous pensons que les éléments de preuve présentés par Me Lukic vont

10 commencer au début de la présentation des moyens à décharge pour M. Radic.

11 Je ne sais pas si dans le cadre de la présentation de moyens faite par Me

12 Borovic maintenant, nous aurons un témoin encore aujourd'hui et un autre

13 demain, cela, on verra. Mais je suppose aussi que si Me Borovic avait un

14 quelconque problème avec un témoin qui n'est pas disponible, il nous

15 l'aurait dit pour que l'on sache cela pour la semaine prochaine.

16 Est-ce que vous pourriez nous dire, Maître Borovic, si vous pouvez

17 faire une évaluation du moment auquel votre présentation des moyens à

18 décharge se terminera ?

19 M. BOROVIC : [interprétation] Je pense que ceci dépend de l'efficacité du

20 bureau du Procureur. Compte tenu de la journée d'aujourd'hui, je pense

21 qu'ils ne peuvent pas être très fiers. J'ai respecté les délais que j'avais

22 prévus et présentés au Tribunal. J'ai examiné deux témoins d'après mon

23 projet. Si ce plan est respecté conformément au délai prévu, tout va être

24 fait conformément à la manière dont le plan a été présenté devant cette

25 Chambre de première instance. Mon témoin suivant est prêt à déposer

26 aujourd'hui. C'est tout ce que je peux dire.

27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous pouvez nous dire quand

28 vous comptez terminer la présentation de vos moyens, Maître Borovic,

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1 mercredi ou jeudi de la semaine prochaine ?

2 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, un témoin est prévu

3 pour lundi, un autre pour mardi, puis l'expert va déposer mercredi et peut-

4 être jeudi. Cela veut dire que nous terminerons avant le 20 octobre

5 conformément à ce qui avait été planifié.

6 Puisque l'Accusation est préoccupée quant à la question de savoir s'ils

7 pourront interroger mon témoin au cours du week-end, je dis qu'ils peuvent

8 faire ceci. Je ne m'oppose pas à ce qu'ils interrogent tous mes témoins.

9 C'est ce que je répète publiquement cette fois-ci.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Me Lukic, vous anticipez déjà ce que

11 je veux dire. Est-ce qu'il vous convient de commencer votre présentation

12 des moyens à décharge avant ce long week-end ou pas ?

13 M. LUKIC : [interprétation] Personnellement, je ne préfère pas. Cela dépend

14 du temps qui reste de la semaine prochaine. S'il nous reste un seul jour,

15 je demanderais que l'on commence mercredi tout simplement. Je pourrais très

16 bien faire ma déclaration liminaire, mais j'aimerais bien avoir un peu plus

17 de temps pour me préparer avec M. Sljivancanin. Si je peux avoir lundi et

18 mardi pour cela, se sera vraiment important. Je ne souhaite pas commencer

19 la déposition avant cela, car dans ce cas-là, je ne pourrais plus le

20 contacter.

21 Hier, j'ai reçu plus de 1 000 pages de nouveaux documents, et je veux vous

22 dire ouvertement que c'est le bureau du Procureur qui nous les ai

23 communiqués, qui concernent mon client. Ceci concerne mon client, j'en ai

24 parlé avec M. Moore. J'ai peur que s'il continue à me submerger de ce genre

25 de documents, qui sont tout à fait nouveaux pour moi, dans ce cas-là, je

26 n'aurais pas le temps de me préparer.

27 Je sais que M. Sljivancanin dira qu'il est prêt à déposer

28 immédiatement. En tant que son conseil de la Défense, vraiment, j'aimerais

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1 que l'on commence le 25, conformément à ce qui était prévu. Je vais

2 strictement respecter les instructions qui m'ont été données.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Si à partir du moment

4 où on sait qu'en commençant le 25, nous sommes sûrs de terminer le moment

5 prévu.

6 [La Chambre de première instance se concerte]

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous considérons qu'en ce moment, il

8 est très tôt pour faire une décision ferme. Si nous avons deux jours

9 disponibles la semaine prochaine, je pense que nous devons continuer. Il

10 faut tenir compte du fait que nous allons siéger pendant plus longtemps

11 mardi et mercredi la semaine prochaine, afin d'essayer d'aider la Défense

12 dans la présentation des moyens à décharge pour qu'ils puissent avoir

13 autant de temps que possible.

14 Si les dépositions de ces témoins ralentissent dans le cadre de la

15 présentation des moyens à décharge de Me Borovic, et si l'on attend jusqu'à

16 vendredi, Maître Lukic, nous aurons de la compréhension pour vous. Pour le

17 moment, je préfère que l'on planifie les choses selon la probabilité selon

18 laquelle nous terminerons avant jeudi avec la présentation des moyens à

19 décharge présentée par Me Borovic.

20 Je pense que puisque nous commençons cette pause un peu plus tard, je pense

21 qu'il vaut mieux que l'on recommence seulement à 14 heures 10, et nous

22 allons lever l'audience jusqu'à ce moment-là.

23 --- L'audience est suspendue pour le déjeuner à 12 heures 47.

24 --- L'audience est reprise à 14 heures 13.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Lunny.

26 M. LUNNY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

27 Q. Bonjour, Monsieur.

28 R. Bonjour.

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1 Q. Au cours de votre déposition d'hier, Monsieur Stijakovic, vous avez dit

2 à la Chambre de la première instance que : "Jusqu'au 18 novembre,

3 l'ensemble du bataillon, et pas seulement la compagnie est restée à Milovo

4 Brdo, déployée suivant les compagnies de ce secteur. Nos unités ne se sont

5 pas déplacées d'un pas de cet endroit".

6 Est-ce que vous êtes en train de dire que du 10 jusqu'au 18, le 1er

7 Bataillon motorisé ne s'est pas déplacé de Milovo Brdo et n'a pas participé

8 aux activités de combat ?

9 R. Oui. Le 1er Bataillon motorisé n'a pas participé --

10 Q. Merci. Vous avez répondu à la question, disant oui.

11 Est-ce que vous pourriez examiner maintenant de nouveau votre

12 journal, à la page Y 0079884 à Y 0079894, et en particulier les pages 10 et

13 11 de la version B/C/S, et la version 9 et 10 de la traduction en anglais.

14 Je vais commencer par le 10 novembre, s'il vous plaît. Monsieur Stijakovic,

15 il est dit : "Sur la base du plan préalable d'attaque, le bataillon a

16 exécuté une action et a capturé Milovo Brdo".

17 Vous étiez encore en train de vous battre le 10, n'est-ce pas ?

18 R. Oui. Les combats ont continué jusqu'à l'après-midi du 14 et notre unité

19 est allée jusqu'à Milovo Brdo.

20 Q. Attendez, vous avez répondu par oui, mais vous nous avez dit qu'entre

21 le 10 et le 18, le bataillon n'a pas participé à ces opérations de combat

22 ou actions militaires.

23 Est-ce que vous pouvez maintenant examiner l'entrée pour la date du

24 13 novembre ? "Au cours de la journée, le bataillon a effectué des actions

25 de combat, des actions offensives et a capturé le quartier au pied de la

26 colline de Milovo Brdo".

27 Cette entrée, Monsieur Stijakovic, c'est en contradiction avec votre

28 déposition d'hier, n'est-ce pas ?

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1 R. Non.

2 Q. Vous nous avez dit hier qu'entre le 10 et 18, il n'y a pas eu de

3 combat, alors que le contraire est écrit dans votre journal. Est-ce que

4 vous pouvez expliquer ce décalage ?

5 R. Le 10 novembre, notre unité est sortie jusqu'à Milovo Brdo. En allant

6 jusqu'à Milovo Brdo, le 1er Bataillon motorisé a cessé ses activités et sa

7 participation. Autrement dit, jusqu'au 10 novembre, nous avons libéré le

8 secteur de Milovo Brdo.

9 Milovo Brdo est une notion géographique qui comporte des rues qui

10 descendent vers le centre-ville et la rivière Vuka. Compte tenu du fait que

11 l'ordre qui nous a été donné concernant la suite des activités, il est

12 écrit dans l'ordre qu'il fallait être en état de préparation à la suite des

13 combats, les commandants d'unité, afin de renforcer les lignes prises lors

14 de cette action dans Milovo Brdo, on agit conformément à cet ordre. Cette

15 entrée concerne seulement les renforts des lignes atteintes avant ce jour-

16 là.

17 Q. Dans l'entrée pour le 13 novembre, vous n'utilisez pas le mot

18 "renforcé" ou quoi que ce soit ?

19 R. Effectivement, le mot "renforcé" n'est pas utilisé. Mais d'autre part,

20 l'on décrit l'action ce qui correspond exactement à cela.

21 Q. Est-ce que vous êtes en train d'essayez de dire à la Chambre, Monsieur

22 Stijakovic, que la phrase "actions offensives" est la même chose que

23 "renforts" ?

24 R. Non. Le fait de renforcer les lignes peut comporter également une

25 action offensive. Il s'agit d'une action d'un petit groupe de personnes

26 qui, afin de renforcer la ligne déjà acquise, peut se déplacer quelque peu

27 en avant ou en arrière, d'environ 100 mètres, pas plus, ce qui est d'abord

28 précisé dans cette entrée.

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1 Q. Monsieur Stijakovic, si nous pouvons maintenant examiner l'entrée pour

2 le 17 novembre. "Le bataillon a organisé aujourd'hui une attaque et est

3 entré dans le centre de Vukovar".

4 Encore une fois, Monsieur Stijakovic, hier vous avez dit à la Chambre de

5 première instance que jusqu'au 18 vous ou plutôt, le bataillon n'a pas

6 participé aux opérations de combat. Etes-vous d'accord pour dire que cette

7 entrée montre que votre bataillon a tout à fait participé aux opérations de

8 combat ?

9 R. Le 17, le bataillon est entré dans le centre même de Vukovar. Nous

10 avons libéré le premier pont.

11 Q. Arrêtez-vous là, Monsieur Stijakovic. La réponse à la question devrait

12 être oui ou non. Je ne vous demande pas de me décrire ce qui s'est passé où

13 quel combat se déroulait. La question était de savoir si le 17 novembre

14 vous avez encore participé aux opérations de combat, et là, je parle du 1er

15 Bataillon motorisé ?

16 R. Oui. Le 1er Bataillon motorisé a agi depuis Milovo Brdo, y compris à la

17 date du 17.

18 Q. Dans l'entrée pour le 17, nous voyons également le mot "détachement"

19 qui est utilisé. Vous avez expliqué les choses au sujet de la division du

20 1er Détachement d'assaut plus tôt cette semaine. Le 1er Bataillon motorisé

21 tenait Milovo Brdo et le détachement d'assaut se battait ailleurs. N'est-il

22 pas vrai dans ce cas-là que le 17 novembre, le 1er Détachement d'assaut

23 était rentré dans la composition du 1er Bataillon motorisé de nouveau ?

24 R. Le 17, le 1er Détachement d'assaut n'est pas mentionné, à moins d'après

25 ce que je peux voir, si je regarde l'entrée que j'ai inscrite moi-même.

26 Q. Vous dites que : "Le 17 novembre, nous avions six membres blessés du

27 détachement, blessés au cours de ces combats".

28 Vous faites référence au même combat que celui mené par le 1er Bataillon

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1 motorisé, et vous utilisez le mot "nous" en faisant référence aux soldats

2 qui vous sont subordonnés, n'est-ce pas ?

3 R. Oui. Cette entrée concerne le bataillon motorisé et concerne notamment

4 le 1er Bataillon motorisé.

5 Q. Vous êtes d'accord pour dire que vous avez utilisé le mot "détachement"

6 dans ce paragraphe ? Oui ou non.

7 R. Oui. Dans l'entrée le mot "détachement" est écrit.

8 Q. Merci. Je pense que vous avez répondu à la question en disant oui. Vous

9 avez effectivement fait référence au détachement le 17 novembre.

10 Maintenant, je souhaite vous posez une question au sujet de l'affectation

11 des tâches. Hier, au cours de votre déposition, vous avez mentionné les

12 tâches qui étaient accomplies à plusieurs reprises. Est-ce qu'une tâche

13 représente simplement un but défini, quelque chose qui doit être atteint ?

14 Vous, vous recevez l'ordre afin d'accomplir cela ?

15 R. La tâche ou la mission dont il a été question hier, comporte un but à

16 la fin. La mission est d'ailleurs confiée en raison de ce but.

17 Q. Des tâches différentes, Monsieur Stijakovic, impliquaient un nombre

18 différent d'hommes; n'est-ce pas vrai ? N'est-ce pas exact ?

19 R. Les tâches différentes impliquent un nombre différent d'hommes et des

20 moyens différents utilisés afin de les accomplir.

21 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, examiner la pièce 430 maintenant,

22 Monsieur Stijakovic ? Si vous examinez le paragraphe 4 de la première page

23 en B/C/S, c'est le paragraphe 4 de la deuxième page dans la version en

24 anglais.

25 Si j'ai bien compris votre déposition, vous avez dit que l'on a déplacé les

26 TO Leva Supoderica et Petrova Gora qui, à l'époque, étaient placés sous le

27 commandement du capitaine Radic, ensuite ont été subordonnés directement au

28 commandant Tesic en vertu de l'ordre.

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1 M. BOROVIC : [aucune interprétation]

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Ils étaient placés en continuité sous le

3 commandement du commandant Tesic.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il ne faut pas que vous interrompiez

5 le témoin.

6 M. BOROVIC : [aucune interprétation]

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Que voulez-vous dire ?

8 M. BOROVIC : [interprétation] Je pense que mon collègue devrait être mieux

9 préparé pour cette affaire. Merci.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Poursuivez, Monsieur Lunny.

11 M. LUNNY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

12 Q. Ce matin, vous avez dit, Monsieur Stijakovic, que le capitaine Radic

13 était le soldat professionnel le plus haut placé au sein des groupes

14 d'assaut, et que le capitaine Radic commandait Leva Supoderica et Petrova

15 Gora, n'est-ce pas exact ?

16 R. Non. Je n'ai jamais dit cela.

17 Q. L'ordre donné le 14, c'est la pièce 430, elle fait référence à un

18 regroupement d'une part. On ne voit pas dans cet ordre de référence à une

19 resubordination, n'est-ce pas ?

20 R. Pourriez-vous me répéter votre question ? C'est censé être en référence

21 à quoi ?

22 Q. L'ordre, la pièce 430, vous avez dit que diviser le bataillon des

23 détachements ne parle que de regroupements et jamais nulle part de

24 resubordination, n'est-ce pas ?

25 R. Vous voulez parler du détachement ? Oui. Il est exact de dire que

26 l'ordre porte séparation.

27 Q. Mais on ne fait nulle part référence à la resubordination.

28 Plus loin, l'ordre assigne des tâches et missions au 1er Détachement

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1 d'assaut sans le 1er Bataillon motorisé, n'est-ce pas ?

2 R. Oui, c'est comme cela que cela s'est passé. Une mission a été confiée

3 au détachement d'assaut séparément et le 1er Bataillon a reçu lui-même sa

4 mission séparée.

5 Q. N'est-il pas exact de dire, Monsieur Stijakovic, que cet ordre du 14

6 novembre se contentait d'assigner une tâche précise à un nombre précis

7 d'hommes qui sont après cela revenus au 1er Bataillon motorisé, et que

8 celui-ci s'est retrouvé réuni au 1er Détachement d'assaut avant le 17

9 novembre, comme le montre votre journal ?

10 R. Mais vous ne me donnerez pas la parole ni la possibilité, de vous

11 expliquer l'entrée du 17, la référence qui a été faite à six blessés du

12 détachement.

13 Avec l'autorisation de la Chambre, je voudrais l'expliquer, puis je

14 pourrais répondre à votre question.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, allez-y.

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Le 17 novembre, six membres du détachement de

17 l'unité voisine avaient été blessés, ils ont été emmenés en ambulance sur

18 les positions que nos forces tenaient et ils ont été emmenés au centre de

19 rassemblement à l'hôpital même. Cette rubrique ici fait uniquement

20 référence à des activités qui consistaient à aider une des unités voisines.

21 Par conséquent, la séparation dont nous parlons, la séparation de ces deux

22 unités, c'était uniquement en référence à des mouvements d'action, à des

23 missions actives, des missions offensives entre le 14 et le 18 novembre.

24 M. LUNNY : [interprétation]

25 Q. Si nous reprenons votre journal, page 11 en B/C/S, page 10 en anglais,

26 la rubrique du 17 novembre ne fait aucune référence à un détachement

27 voisin, n'est-ce pas ?

28 R. Les six blessés membres du détachement, cela c'est l'unité voisine,

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1 vous voyez ?

2 Q. Vous ne répondez pas à ma question. Je vous disais ceci : la mention du

3 17 novembre ne fait aucunement référence à des unités voisines, à un

4 détachement voisin, n'est-ce pas ?

5 R. Mais le terme "détachement voisin" ou ces termes-là, vous ne les voyez

6 pas. Mais j'essaie de vous expliquer une chose par ma déposition. C'est que

7 c'était le détachement voisin qui avait subi des pertes, qu'il y avait eu

8 six blessés que nous avons évacués.

9 Q. Revenons à la pièce 430, si vous le voulez bien, paragraphe 4. Nulle

10 part on ne trouve de référence dans cet ordre, pas plus qu'on ne trouve de

11 descriptions de la composition du Détachement d'assaut après la date du 14

12 novembre, n'est-ce pas ?

13 R. Cet ordre, en ce qui le concerne, c'est un ordre qui est consécutif à

14 l'autre. Nous avons vu le précédent hier, il décrivait la structure exacte

15 du détachement d'assaut.

16 J'en ai un autre sous les yeux, la seule chose de différente c'est

17 qu'on a extrait le Bataillon motorisé du détachement, la structure d'eux-

18 mêmes demeure identique à celle comprise dans l'ordre précédent, sauf qu'il

19 n'y a pas le Bataillon motorisé.

20 Q. Ce détachement d'assaut, qui est plus restreint, est-ce qu'il se

21 composait toujours de groupes d'assaut ?

22 R. Il y avait toujours le Détachement de Petrova Gora, celui de Leva

23 Supoterica et quelques forces de soutien d'appoint.

24 Q. Vous n'avez pas répondu à la question, Monsieur Stijakovic. On vous a

25 demandé si après le 14 novembre il y avait dans le détachement d'assaut des

26 groupes d'assaut.

27 R. Je n'ai pas d'autres connaissances sur la structure ou la composition

28 du détachement d'assaut, surtout à la lumière du fait que le détachement

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1 d'assaut se trouvait toujours sur le commandement du commandant Tesic.

2 Quant à savoir si lui, il a établi des groupes d'assaut en se servant du

3 détachement, et de quelle façon précisé il aurait utilisé ces unités, là,

4 c'est quelque chose dont je ne peux pas parler. Je ne suis pas capable de

5 vous en parler.

6 Q. Alors que vous partagiez l'état-major avec le commandant Tesic, que

7 c'est vous qui aviez la responsabilité de tenir le journal de guerre,

8 jamais on en a discuté avec vous de cette question ?

9 R. Mais de quoi parlez-vous quand vous dites "qu'on en n'a pas discuté" ?

10 Vous parlez du contenu du journal de guerre ?

11 Q. Non, je parle de la composition du 1er Détachement d'assaut et de cette

12 composition après le 14 novembre 1991.

13 R. Les souvenirs que j'ai sont ceux-ci, il est bien possible qu'une unité

14 essayait de faire ce genre de chose, mais ce qui comptait, c'était

15 d'exécuter la mission et de parvenir au château d'eau, comme le disait

16 l'ordre, ce n'était pas quelque chose que cette unité a réussi à faire.

17 Q. Je vous arrête.

18 R. Si vous parvenez à Milovo Brdo --

19 Q. On vous avait interrompu. Ce n'est pas ce que je vous ai demandé. Est-

20 ce que vous n'avez pas discuté avec Tesic la composition du 1er Détachement

21 d'assaut après le 14 novembre ?

22 R. Il n'a pas discuté avec moi de la composition et c'est bien le

23 contraire en fait, il avait coutume de se plaindre énormément. Il se

24 plaignait du fait qu'il ne pensait pas que cette mission serait une mission

25 qui serait facile d'exécuter.

26 Q. Dans cette mission qui était de prendre le château d'eau, si elle était

27 à ce point difficile, pourquoi est-ce que le commandant Tesic n'a pas fait

28 appel au capitaine Radic et à une compagnie victorieuse pour mener à bien

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1 cette mission ? Pourquoi est-ce qu'il a envoyé en lieu et place de cette

2 compagnie la Défense territoriale de Petrova Gora et Leva Supoderica ?

3 R. Parce que dès le 10 novembre, c'est à ce moment-là que le 1er Bataillon

4 motorisé avait accompli et terminé sa mission. Le climat qui régnait,

5 l'état d'esprit qui prévalait parmi les hommes, s'il s'agissait de sortir

6 de la zone où s'était effectué la mission, cet état d'esprit était assez

7 faible. Les gens n'avaient pas envie d'aller ailleurs. Alors Tesic avait

8 peut-être envie de demander l'aide de Radic ou de quelqu'un d'autre, mais

9 il ne me l'a pas dit, il ne me l'a jamais dit. Simplement, il s'est plaint

10 du fait que cette mission du château d'eau allait être difficile.

11 Q. Est-ce que cela veut dire que la Brigade motorisée qui était une unité

12 d'élite dont nous avons entendu parler, et que si ces soldats n'avaient pas

13 envie d'aller au combat, ils avaient droit de ne pas y aller, on les

14 autorisait à se reposer et à ne rien faire ?

15 R. Monsieur le Procureur, je suis le créateur de ce que vous suggérez.

16 C'est moi qui avec les commandants, les chefs de compagnies, après avoir

17 atteint une position importante comme celle de Milovo Brdo, lorsque j'ai

18 imploré, lorsque j'ai demandé à tout le monde, lorsque j'ai proposé de ne

19 pas aller plus loin puisqu'on avait pris tout ce qu'on pouvait prendre,

20 nous avions toute la ville à nos pieds, nous contrôlions tous les ponts,

21 c'était une affaire de jour. On pouvait s'attendre à ce que les soldats

22 très vite refusent de combattre et il faut comprendre comment fonctionne un

23 soldat ordinaire. On combat tant qu'une ville est prise, après le reste

24 c'est vite ficelé.

25 A ce moment-là, il n'était pas raisonnable, il n'y avait pas de

26 raison de s'exposer à un risque de perdre des hommes simplement pour

27 arriver au centre-ville.

28 Alors cela ne veut pas dire qu'on n'a pas été bien préparé, ce n'est

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1 pas qu'on a perdu l'ardeur au combat ou qu'on n'a pas le moral, au

2 contraire, tout le monde se disait que c'était fini. C'était l'impression

3 qu'on avait.

4 Q. Vous avez dit que vous aviez l'impression que tout le monde avait

5 l'impression que tout était fini. Mais est-ce qu'en vérité il n'y a pas eu

6 des pertes après le 18 novembre et qu'on vous a instruit de rester en état

7 d'alerte extrême, d'être très vigilant, car on craignait de nouvelles

8 activités de la part des défenseurs de Vukovar, on craignait la présence de

9 poches de résistance ?

10 R. Dans une zone de guerre, lorsqu'on se dit qu'une bataille va bientôt se

11 terminer, chaque vie compte. Dans de telles circonstances, c'est ce que

12 nous avons fait, nous avons en fait renforcé les mesures de sécurité pour

13 éviter justement toute mauvaise surprise.

14 Q. Nous allons passer à autre chose, Monsieur Stijakovic.

15 Vous nous avez dit que M. Tesic était directement responsable de la

16 TO de Vukovar, des Détachements de Leva Supoderica et de Petrova Gora, que

17 tous ces éléments lui étaient subordonnés, n'est-ce pas ?

18 R. Jusqu'au 18 novembre, oui.

19 Q. M. Tesic, n'avait pas la possibilité de contrôler, de commander et de

20 diriger sur le terrain la Défense territoriale, les Détachements Leva

21 Supoderica et Petrova Gora, n'est-ce pas ?

22 R. Ce n'est pas l'impression que j'avais. Jusqu'au 18 novembre, c'est ce

23 qu'il avait toujours essayé de faire, sa mission avait toujours été de nous

24 faire parvenir au château d'eau.

25 Q. Le commandant Tesic, il ne combattait pas sur la ligne de front, n'est-

26 ce pas ?

27 R. Il lui est arrivé de se trouver à la pointe du combat, parfois cela lui

28 est arrivé.

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1 Q. Mais parfois seulement ?

2 R. Oui.

3 Q. Le capitaine Radic, lui, il était sur le terrain, c'était un chef de

4 compagnie. Il a participé au combat au quotidien, en prise directe avec ces

5 combats parce qu'il était le supérieur immédiat de la TO de Leva Supoderica

6 et de Petrova Gora, c'est lui qui avait la responsabilité immédiate

7 jusqu'au 21, n'est-ce pas ?

8 R. Non, ce n'est pas exact.

9 Q. Veuillez examiner la pièce 422. C'est ici un ordre de resubordination

10 en date du 21 novembre 1991 [comme interprété], il émane du colonel Mrksic

11 et l'heure c'est 6 heures du matin. C'est expressément qu'il resubordonne

12 les divisions de la TO de Vukovar et qu'il retire et envoie Leva Supoderica

13 à la 80e et 12e Brigade respectivement. Vous le voyez ?

14 R. Est-ce qu'on pourrait agrandir le texte un peu plus. Maintenant, je

15 vois, oui.

16 Q. Regardez le premier paragraphe. Prenons d'abord à la tête de rubrique

17 on dit ici : "Qu'il faut resubordonner, régir la question de la

18 resubordination et de la réintégration dans les unités d'origine."

19 Paragraphe 1, "On voit que la Leva Supoderica est envoyée à la 12e Brigade

20 motorisée," paragraphe 4 : "Les unités de la TO de Vukovar sont

21 resubordonnées à la 80e Brigade motorisée."

22 R. C'est la première fois que je vois cet ordre, je n'en n'ai aucun

23 souvenir de l'époque de la guerre. Mais tout ceci s'inscrit dans cette

24 série d'événements qui se passaient déjà le 18 novembre, parce que le 18

25 novembre après la libération de la ville, toutes les unités ont réintégrées

26 leurs unités d'origine, et cet ordre, il se contente de parler de nouvelles

27 mesures de resubordination de ces unités.

28 M. LUNNY : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît, Monsieur le

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1 Président.

2 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

3 M. LUNNY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

4 Nous allons poursuivre.

5 Q. Avec votre permission, excusez-moi, je voudrais revenir pour aborder un

6 dernier point sur ce sujet.

7 Vous dites que l'ordre du 21 s'inscrit dans une série d'événements qui

8 étaient déjà en place le 18 novembre. Qu'est-ce que vous voulez dire quand

9 vous dites qu'il était "déjà en place, qui se passait déjà le 18 novembre"

10 ?

11 R. Bien, le 18 novembre, au moment de la cessation des combats, ceux-ci

12 ont cessé lorsque la partie adverse s'est rendue, je parle des

13 paramilitaires qui se sont rendus, toutes les unités ont été renvoyées dans

14 leurs unités d'origine, tous ces éléments étant venus avant le regroupement

15 et la resubordination, avant qu'on ait regroupé des unités. Par cet ordre-

16 ci, le commandement supérieur, vous le voyez, jette les bases de la

17 transmission de ce territoire à d'autres unités, les unités qui se

18 trouvaient sur le terrain étaient sur le point de rentrer à Belgrade. Vous

19 le voyez que toutes ces unités, qui avaient été attachées temporairement à

20 la Brigade motorisée de la Garde, elles sont mentionnées ici.

21 Q. Revenons, si vous voulez bien à la pièce 401, le journal de la Brigade

22 motorisée, la rubrique du 18 novembre 1991. L 0100533, page 38 en anglais

23 dans la traduction, et en B/C/S 02935477.

24 Vous voyez la rubrique du 18 novembre. Est-ce qu'il y a eu

25 resubordination le 18 novembre ? Est-ce qu'il y a référence à un ordre

26 qu'il soit donné par écrit ou verbalement ?

27 R. Vous parlez de quelle mention, celle qui est faite à propos de 7 heures

28 du matin ?

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1 Q. Regardez toutes les mentions concernant le 18 novembre 1991.

2 R. Vous m'avez demandé s'il y avait mention d'une intention de procéder à

3 la resubordination. Vous ai-je bien compris ?

4 Q. Oui, Monsieur Stijakovic.

5 R. A ma connaissance, et d'après l'analyse que j'ai faite de cette

6 rubrique, on voit que le commandant du groupe opérationnel a invité des

7 brigades subordonnées et a déjà commencé à donner des ordres afin qu'elles

8 mènent des actions indépendantes. Au niveau du territoire et des tâches qui

9 sont ici coordonnées, on voit que cette question a été évoquée lors de

10 cette réunion.

11 Q. Le 18 novembre, on voit qu'il y a trois mentions séparées. Oui, pardon

12 je m'excuse, pour ce jour-là, aucune d'entre elles ne fait référence à la

13 question de la resubordination s'agissant de la TO de Vukovar ?

14 R. Le fait que ceci ne soit pas mentionné expressément dans ces rubriques

15 comme je viens de le décrire dans le journal de la Brigade motorisée, cela

16 je ne peux pas l'expliquer. Je ne sais pas pourquoi on ne le dit pas.

17 J'affirme ici que le 18, lorsque les combats ont cessé dès le lendemain,

18 toutes les unités ont réintégré leurs postes de temps de paix. Je pense

19 surtout au Détachement de Leva Supoderica et de Petrova Gora. L'ordre du 21

20 fournit simplement la preuve documentaire de cette réalité.

21 Q. Auparavant aujourd'hui, vous avez dit qu'un ordre donné verbalement

22 n'avait pas d'autorité lorsque vous avez parlé de l'ordre verbal du 12 et

23 de l'ordre écrit du 14 novembre. Maintenant est-ce que vous changez

24 d'avis ?

25 R. Non, j'ai dit qu'un ordre donné oralement a autant d'autorité qu'un

26 ordre écrit. Une fois qu'il y a un ordre écrit, il y a une présence

27 physique, matériel de cet ordre, une présence palpable, tangible, et il

28 n'est plus à ce moment-là nécessaire de discuter de l'ordre oral puisque

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1 celui-ci, dans la mesure où il a été suivi d'un ordre écrit, il est

2 confirmé par l'ordre écrit, ce qui veut dire que l'ordre du 12 a été

3 confirmé par écrit par cet ordre écrit du 14. Il a exactement une force

4 d'application, c'est tout à fait légal. Maintenant on en a une forme

5 tangible qui est la forme écrite.

6 Q. Nous allons maintenant passer à un sujet différent. Hier, vous avez dit

7 que vous vous étiez trouvé à l'hôpital de Vukovar le 19 novembre 1991.

8 R. Oui. Le 19 novembre, j'étais à l'hôpital.

9 Q. Quand avez-vous parlé pour la première fois aux avocats de M. Radic de

10 cette question ?

11 R. Vous voulez dire de l'hôpital ?

12 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que vous pourriez être plus précis dans

14 votre question pour que je sache de quoi vous parlez.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic, vous voulez

16 intervenir.

17 M. BOROVIC : [interprétation] Oui, c'est une question de principes. Hier ou

18 peut-être était-ce ce matin, lorsque j'ai demandé à M. Stijakovic s'il

19 s'était trouvé à l'hôpital le 19, mon estimé confrère a d'abord dit que je

20 n'avais pas parlé de cette question dans le résumé. J'ai retiré ma

21 question. Ceci n'a pas été mentionné dans l'interrogatoire principal, on ne

22 peut pas en parler dans le contre-interrogatoire. Peu m'importe, c'est une

23 question de principes et il faut respecter les principes.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous l'ai déjà dit, Maître Borovic.

25 Si l'intervention tend à contester la crédibilité ou la cause défendue par

26 la partie adverse, à ce moment-là les questions posées au contre-

27 interrogatoire ne doivent pas simplement être en réaction à

28 l'interrogatoire principal. Je pense que c'est ce qui se passe ici. Enfin,

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1 il y a peut-être des choses que je ne connais pas encore, nous allons peut-

2 être les découvrir. Poursuivez, Monsieur Lunny.

3 M. LUNNY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

4 Q. Hier, Monsieur le Témoin, vous nous avez dit que le 19 novembre 1991,

5 vous étiez allé à l'hôpital de Vukovar.

6 R. Oui, le 19 --

7 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, s'il vous plaît.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Le 19 novembre, je me suis trouvé à l'hôpital.

9 Il y a une autre partie à votre question, cela je l'ai dit à Me Borovic.

10 M. LUNNY : [interprétation]

11 Q. Effectivement, c'était la deuxième partie. Quand avez-vous vu pour la

12 première fois les avocats de M. Radic ?

13 R. J'ai rencontré l'équipe de la Défense du capitaine Radic en tant que

14 témoin il y a cinq ou six jours, ici à La Haye. C'était la première fois

15 que nous avons parlé de cette présence à l'hôpital, puisque l'une des

16 émissions de télévision me montrait moi, montrait mon visage devant

17 l'hôpital. M. Borovic m'a demandé si j'étais bel et bien à l'hôpital, et je

18 lui ai dit oui, et je vous le répète.

19 Q. La première fois que vous vous êtes entretenu avec la Défense était il

20 y a cinq ou six jours, n'est-ce pas ?

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Non, ce n'est pas pour cela qu'il a

22 acquiescé.

23 M. LUNNY : [interprétation] Je vous remercie.

24 Q. Monsieur le Témoin, quand est-ce que la Défense vous a contacté pour la

25 première fois ?

26 R. Je ne peux pas être suffisamment précis en matière de date. La Défense

27 m'a contacté juste après la décision prise par M. Radic de demander à M.

28 Borovic et son cabinet de le représenter ici au Tribunal. Par le biais de

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1 mes collègues, plus spécifiquement M. Zirojevic m'a demandé de venir au

2 cabinet pour quelques entretiens, peut-être éventuellement pour une

3 déposition. Je m'en souviens, c'était pendant l'été. Les premières réunions

4 étaient assez officielles, et je tiens à vous le dire ici aussi que j'ai

5 bien dit que j'étais tout à fait d'accord pour déposer, mais que m'importe

6 qui me cite en tant que témoin, que ce soit l'un ou l'autre camp. J'ai déjà

7 dit plusieurs fois que j'étais commandant en second du bataillon, je m'y

8 attendais.

9 Q. Oui, vous pourrez vous arrêter, Monsieur Stijakovic. Je crois que vous

10 avez répondu à ma question qui était de savoir quand vous avez rencontré la

11 Défense pour la première fois et quand vous avez parlé pour la première

12 fois de l'hôpital de Vukovar. J'ai bien compris, c'était il y a cinq ou six

13 jours, n'est-ce pas, c'est ce que vous avez dit ?

14 R. Si je m'en souviens bien, la première fois que nous avons évoqué

15 l'hôpital c'était au cours de mon dernier séjour à La Haye.

16 Q. Pour ce qui est de cette visite à l'hôpital, vous nous avez dit que

17 Radic y était sur ordre de Tesic, n'est-ce pas ?

18 R. Oui, pour protéger le périmètre élargi de l'hôpital. C'est un ordre que

19 le capitaine Radic avait reçu du commandant Tesic le 19.

20 Q. Le commandant Tesic, comme nous l'avons déjà dit, aussi a témoigné

21 devant le TPY. Il a déclaré dans sa déclaration au bureau du Procureur

22 qu'il n'avait jamais donné au capitaine Radic cet ordre. Le capitaine Radic

23 se trouvait de son propre chef et sous sa propre initiative à l'hôpital.

24 N'est-il pas vrai qu'aucun ordre n'a été donné à Radic de se rendre à

25 l'hôpital ?

26 R. Radic a été à l'hôpital sur ordre express. Sa présence et la présence

27 de ses soldats d'ailleurs peuvent être vérifiées quand on écoute les

28 témoignages.

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1 Pour ce qui est de ce Tesic vous a dit ou de ce quiconque vous aurait

2 dit à propos des raisons qui l'auraient poussé à aller4 l'hôpital, cela je

3 n'en sais rien.

4 Q. Passons maintenant au 20 novembre 1991. Vous avez dit que le briefing

5 quotidien au QG du 1er Bataillon motorisé s'était tenu le 20 au soir, comme

6 tous les autres jours, n'est-ce pas ?

7 R. On parle du bataillon, là.

8 Q. Oui, le bataillon.

9 R. Vous m'avez demandé si le 20 au soir il y avait bel et bien eu le

10 briefing comme d'habitude ?

11 Q. Oui, Monsieur.

12 R. Oui. Il y a le briefing habituel le soir du 20 qui s'est tenu au QG du

13 1er Bataillon motorisé.

14 Q. Pouvez-vous nous dire exactement l'heure à laquelle ce briefing s'est

15 tenu ?

16 R. Si je me souviens bien, c'était vers 20 heures. Il faisait nuit.

17 Q. Le capitaine Radic a participé à ce briefing ?

18 R. Oui, le capitaine Radic était là.

19 Q. A quelle heure cette réunion s'est-elle terminée ?

20 R. C'était une réunion en deux temps. Tout d'abord, le commandant Tesic a

21 présidé la première partie de la réunion, et c'est là que nous avons défini

22 les missions pour le 21. Ensuite, il est parti au commandement supérieur,

23 pour Negoslavci.

24 Q. Je vous arrête. Je ne vous ai pas demandé de quoi on avait parlé, je

25 veux savoir à quelle heure la réunion s'était terminée.

26 R. Je pense qu'on en a eu pour une heure, une heure et demie en tout.

27 C'est vrai qu'après on a un petit peu traîné sur place après la fin de la

28 réunion, après le départ du commandant. On est resté au QG. Je me souviens

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1 que le capitaine Vuckovic nous a tous invités à dîner chez lui. Il m'a

2 invité. Je ne pouvais pas y aller parce que le commandant Tesic s'était

3 absenté. Mais le sergent Bojic y est allé avec d'autres officiers

4 commandants. Ils sont tous allés dîner là-bas puisque ce capitaine les

5 avait invités. Je ne peux pas exactement vous dire combien de temps a duré

6 la réunion. Cela a duré entre une heure, une heure et demie.

7 Q. Ce fameux dîner auquel vous avez fait référence, en avez-vous parlé à

8 la Défense du capitaine Radic quand vous les avez rencontrés il y a cinq ou

9 six jours ?

10 R. On m'a demandé si j'avais participé au dîner, ma réponse a été que je

11 n'y avais pas assisté.

12 Q. Monsieur Stijakovic, vous ne répondez pas à ma question. Vous êtes en

13 train d'essayer d'éviter la chose. Vous avez fait référence à un dîner qui

14 avait eu lieu le 20 novembre. C'est la première fois qu'on en a entendu

15 parler. Avez-vous dit à la Défense de M. Radic quand vous les avez

16 rencontrés il y a cinq ou six jours qu'il y avait eu une discussion à

17 propos d'un repas qui allait avoir lieu dans la soirée du 20 novembre ?

18 J'aimerais une réponse par oui ou par non.

19 R. Oui, j'ai dit à la Défense que ce dîner avait été évoqué.

20 Q. Merci, Monsieur Stijakovic, nous passons à autre chose maintenant.

21 Si vous pouvez jeter les yeux sur cet article de Narodna Armija,

22 c'est un document qui se trouve dans le système électronique référence

23 01147733 et 01147784. Ce magasine, Narodna Armija, était la gazette

24 officielle de la JNA, n'est-ce pas ?

25 R. Oui. Narodna Armija était en effet la gazette de l'armée populaire de

26 la Yougoslavie.

27 Q. Pourrions-nous afficher la page 10 en version B/C/S, le numéro ERN est

28 le 7742, celui de la page 1 de la traduction en anglais.

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1 Monsieur Stijakovic, pourriez-vous nous lire les deux premiers

2 paragraphes ?

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Désolé, nous ne pouvons pas trouver ce

4 document dans la base de donnée. En tout cas, pas sous cette référence.

5 M. LUNNY : [interprétation] Je suis désolé, je n'ai qu'un exemplaire.

6 Normalement cela aurait dû être chargé dans le système. Je suis désolé,

7 certes j'ai un exemplaire supplémentaire, mais il a été souligné. Si vous

8 m'autorisez une pause extrêmement courte, je pourrais avoir une copie non

9 marquée et on pourrait l'utiliser sur le rétroprojecteur.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Certes, ce serait une idée. Vous

11 pourriez peut-être passer à autre chose avant la pause.

12 M. LUNNY : [interprétation] Je n'ai plus qu'une question après ceci.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Dans ce cas-là, nous allons faire la

14 pause immédiatement et reprendrons 16 heures moins 25.

15 M. LUNNY : [interprétation] Je vous remercie.

16 --- La pause est prise à 15 heures 12.

17 --- La pause est terminée à 15 heures 37.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Tapuskovic.

19 Mme TAPUSKOVIC : [aucune interprétation]

20 L'INTERPRÈTE : Il faudrait que Mme Tapuskovic parle dans le micro.

21 Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] J'ai parlé à mon collègue, M. Lunny, j'ai

22 entendu dire que son contre-interrogatoire ne prendrait qu'encore cinq

23 minutes, et pour ce qui est des questions supplémentaires, M. Borovic aura

24 besoin d'environ un quart d'heure.

25 Dans l'intervalle, le bureau du Procureur a essayé d'interviewer le témoin

26 et j'ai demandé à ce qu'on ait des notes à propos de cette tentative

27 d'entretien avec le témoin. Mon éminent confrère, Me Weiner, m'a dit qu'il

28 allait le contre-interroger et c'est pour cela qu'il a essayé de lui

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1 parler. J'aimerais bien savoir si le témoin lui a dit quoi que ce soit, et

2 si tant est qu'il lui ait dit, la teneur de ce qu'il a dit, à savoir s'il

3 allait s'entretenir ou non avec lui. Cela me permettrait de commencer

4 l'interrogatoire en chef de ce témoin-là, une fois le témoin dans le box

5 parviendra à en terminer.

6 Quelles sont vos instructions ?

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Wiener.

8 M. WEINER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

9 M. LE JUGE PARKER : [aucune interprétation]

10 M. WEINER : [interprétation] Nous avons en effet contacté le témoin au

11 travers de l'Unité des Victimes et des Témoins. Nous avons averti que nous

12 avions vu ce témoin ce matin pour les dates de récolement, à propos d'un

13 point qui n'avait jamais encore été soulevé, c'est pour cela que je voulais

14 parler au témoin. L'Unité des Victimes et des Témoins a été voir le témoin

15 et lui a dit que le bureau du Procureur voulait lui parler, qu'il y avait

16 des points qui venaient juste d'être soulevés par la Défense qui n'avaient

17 pas précédemment été soulevés par ce témoin. Il ne veut pas parler, bien

18 qu'il ait indiqué auparavant qu'il était d'accord pour parler avec

19 l'Accusation.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Tapuskovic, cela vous suffit ?

21 Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] L'interrogatoire peut commencer cet

23 après-midi.

24 M. WEINER : [interprétation] Tout à fait.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela vous suffit, Madame Tapuskovic ?

26 Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui, merci.

27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Allons-y, Monsieur Lunny.

28 M. LUNNY : [interprétation] Merci. Et merci d'avoir fait la pause de façon

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1 un peu rapide afin que je puisse retrouver l'exemplaire qu'il me manquait.

2 Q. Monsieur Stijakovic, avant que nous regardions cet article, j'ai

3 regardé les notes de récolement qui ont été données à l'Accusation il y a

4 deux jours. Il y a dix points dans cette note de récolement. Il n'y a pas

5 mention de ce dîner qui aurait eu lieu dans la soirée du 20. Soit vous n'en

6 avez pas du tout parlé à la Défense de ce dîner quand vous vous êtes

7 entretenu avec eux il y a cinq ou six jours ou vous leur avez bel et bien

8 parlé et ils ont oublié de le noter dans les notes de récolement. Alors que

9 s'est-il vraiment passé ?

10 R. J'ai déjà dit tout ce que j'avais à dire à propos de ce dîner.

11 Q. Monsieur Stijakovic, je vous ai posé une question et il faut que vous y

12 répondiez. Dans les notes de récolement qui nous ont été fournies par la

13 Défense, il n'y a aucune référence à ce dîner qui aurait eu lieu le 20

14 novembre 1991. Soit vous leur en avez parlé et ils ont omis de le noter, ou

15 alors vous ne leur en avez rien dit. Pourriez-vous me dire, s'il vous

16 plaît, où se trouve la vérité ?

17 R. Je leur ai parlé du dîner.

18 Q. Vous dites la vérité ici.

19 R. Dois-je répéter une fois de plus ce que j'ai à dire pour ce qui est de

20 ce dîner.

21 Q. Je ne vous demande pas de répéter votre réponse, Monsieur Stijakovic,

22 je vous demande si vous dites la vérité ?

23 R. Oui, oui, bien sûr et sous serment.

24 Q. Vous êtes tout aussi honnête en ce qui concerne le reste de votre

25 témoignage aujourd'hui ?

26 R. Absolument.

27 Q. Bien, Monsieur Stijakovic, passons à autre chose. Quand vous avez

28 quitté Vukovar pour rentrer à Belgrade le 24 novembre, vous étiez encore le

Page 12959

1 commandant en second du 1er Bataillon motorisé. Vous étiez toujours en

2 charge de la discipline. Y a-t-il eu enquête, voire sanction au sujet de

3 quelque officier que ce soit qui aurait fait partie de la Brigade motorisée

4 des Gardes pour avoir pris part aux meurtres qui ont eu lieu à Ovcara ?

5 R. Je sais que le lieutenant Radovic a été mis en examen parce que quand

6 il est rentré son fusil n'était pas vide, il y avait encore des cartouches,

7 et quand il est rentré le premier jour à Belgrade, un de ses soldats avait

8 été tué.

9 Pour ce qui est d'Ovcara, là je ne sais pas s'il y a eu enquête à

10 l'encontre d'un officier quelconque. Je ne sais pas s'il y a eu ce type de

11 poursuite. Je vous dis que je n'ai entendu parler d'aucune poursuite ayant

12 trait à Ovcara.

13 Q. Juste avant la pause, Monsieur Stijakovic, vous avez parlé de votre

14 contact avec la Défense du rôle de Zoran Zirojevic. Pourriez-vous, s'il

15 vous plaît, nous expliquer comment Zoran Zirojevic a réussi à vous mettre

16 en contact avec la Défense ? Quel a été son rôle ?

17 R. Il m'a contacté par téléphone et m'a demandé si je pouvais venir au

18 cabinet de Me Borovic, de l'avocat Borovic. C'est tout ce qu'il avait à me

19 dire.

20 Q. Quand est-ce que Zoran Zirojevic vous a appelé, s'il vous plaît ?

21 R. Je ne me souviens pas de la date exacte.

22 Q. Pourriez-vous nous dire au moins dans quel mois il vous a contacté,

23 donné un mois et une année pour nous donner un ordre d'idée ?

24 R. Cela devait être l'année où le capitaine Radic était déjà à La Haye,

25 physiquement il devait être à La Haye. Je ne me souviens pas très bien de

26 quelle année il pouvait s'agir.

27 Q. Passons à autre chose.

28 M. LUNNY : [interprétation] Il faudrait regarder les documents qui nous ont

Page 12960

1 été préparés au cours de la pause. Il s'agit des numéros ERN 942 au titre

2 du 65 ter. Tout le monde a des copies à la fois en anglais et en B/C/S.

3 Toutes les parties dans le prétoire ont copie de ce document et le témoin

4 aussi en a un.

5 Q. Et si, M. Zirojevic pouvait regarder cet article qui est extrait de

6 Narodja Armija appelé "Vukovar aux mains des libérateurs".

7 R. Je suis désolé, mon nom est Stijakovic et vous avez posé la

8 question à Zirojevic.

9 Q. J'en suis désolé. J'ai fait un lapsus.

10 Monsieur Stijakovic, les deux premiers paragraphes de cet article sont

11 comme suit : "Le commandant du détachement d'assaut, le commandant Borivoje

12 Tesic et son adjoint le capitaine de première classe, Slavko Stijakovic,

13 ont découvert la fréquence avec laquelle les membres du ZNG, c'est-à-dire

14 du Corps national des Gardes et les membres du MUP, donc ministre des

15 Affaires internes, communiquaient. Ils ont intercepté leurs conversations

16 avec facilité. On peut facilement entendre à partir de la boîte noire qui

17 se trouve dans les mains de Tesic, que les membres de la ZNG et de la MUP

18 sont sous un feu d'artillerie nourri dans le bâtiment de la mairie, dans le

19 bâtiment du MUP et au tribunal municipal. L'hôpital de la ville qui se

20 trouve à proximité a été épargné ainsi que le musée qui se trouve près du

21 Danube. Le major Tesic a essayé par moment d'établir des connexions avec

22 Mile Dedakovic, connu aussi sous le nom de Jastreb, Hawk, le commandant de

23 la Défense de Vukovar pour lui dire de demander à ses subordonnés de rendre

24 les armes afin de ne pas dévaster le Vieux cœur baroque de Vukovar et

25 d'éviter qu'il y ait des combats sanglants, corps-à-corps, qui feraient des

26 victimes additionnels. "Jastreb, Jastreb, est-ce que tu m'entends ?" Répète

27 Tesic, en attendant avec excitation. Le silence continue. Ensuite, il y a

28 uniquement de l'énergie statique qui vient du gadget qui est entre les

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1 mains de Tesic. Jastreb répond finalement et demande à Tesic, si c'est cela

2 qu'il veut. Quand on lui donne les conditions qui devraient s'appliquer

3 pour que la ville se rende et qu'on lui dit que tous les prisonniers à

4 moins qu'ils aient sali leurs mains en exécutant des personnes innocentes,

5 seront traités de façon correcte et équitable, Jastreb, reste assis là

6 pendant un moment.

7 Monsieur Stijakovic, que serait-il arrivé aux défendeurs de Vukovar

8 s'ils avaient eu les mains tachés du sang d'innocentes personnes ?

9 R. Selon les règles de la Loi de la guerre internationale, ils auraient dû

10 être poursuivis devant un Tribunal.

11 Q. Dans cet article, on ne parle pas de poursuites éventuelles ou de

12 sanctions juridiques, il y a juste une menace qui pèse sur les personnes

13 qui auraient sur leurs mains du sang d'innocents. Rien de plus.

14 R. Je n'ai pas entendu cette conversation. C'est une conversation que le

15 major, le commandant Tesic a relatée au journaliste. Même si j'avais été

16 témoin de cette conversation, je l'avais entendue, j'aurais de mon propre

17 chef pris des mesures pour m'assurer que les prisonniers soient traités

18 selon les règles de la guerre, pour qu'ils soient poursuivis devant une

19 instance juridique.

20 Q. Monsieur Stijakovic, je n'ai plus de questions à vous poser.

21 M. LUNNY : [interprétation] Je vous remercie. Monsieur le Président.

22 Mais avant, s'il vous plaît, je voudrais que l'on verse ce document

23 65 ter au dossier.

24 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je m'oppose à ce que

25 l'on verse ce document au dossier. Personne n'a d'abord confirmé

26 l'authenticité de ce document. Le témoin nous dit qu'il n'a pas

27 véritablement assisté à cette conversation, qu'il n'était pas présent sur

28 place. Pour ces raisons formelles, je soulève une objection au versement au

Page 12962

1 dossier de cette pièce.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Quelqu'un a-t-il une autre thèse à

3 avancer à ce propos ?

4 M. LUNNY : [interprétation] Non.

5 [La Chambre de première instance se concerte]

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La Chambre va marquer ce document afin

7 qu'il soit identifié, et pour ce qui est de son versement, nous trancherons

8 sur cela quand nous traiterons de toutes les pièces qui viennent des médias

9 concernant M. Radic.

10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Dans ce cas-là, cette pièce portera le

11 numéro de référence 792 afin d'être identifiable.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic.

13 M. BOROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

14 Nouvel interrogatoire par M. Borovic :

15 Q. [interprétation] Monsieur Stijakovic, aujourd'hui, mon éminent confrère

16 vous a posé des questions à propos de la peur qui régnait à Vukovar. Il

17 vous a dit qu'un témoin a dit que la peur était telle qu'elle était même

18 palpable dans Vukovar. C'est pour cette raison, c'est une des raisons qui

19 est expliquée pourquoi les soldats ne voulaient pas aller au front.

20 J'attire votre attention sur la page 12 601. Le témoin dit que ceci était

21 arrivé le 2 octobre et que lors de la première action, il avait eu

22 tellement peur que cette peur était palpable. Mais cela dit, il n'a jamais

23 dit qu'il y avait la moindre raison --

24 M. LUNNY : [interprétation] Monsieur le Président.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous avez la parole Maître Lunny.

26 M. LUNNY : [interprétation] Je soulève une objection concernant la question

27 de mon éminent collègue puisqu'il semble citer le témoin.

28 Non, je retire mon objection puisque le nom du témoin n'est pas

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1 mentionné.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Monsieur

3 Borovic.

4 M. BOROVIC : [interprétation] Bien.

5 Q. Si je vous disais que ce témoin-là avait dit que cela lui allait très

6 bien que les membres de la TO de Leva Supoderica soient sur la ligne de

7 front alors que ces petits jeunes n'étaient que sur la deuxième ligne de

8 front ou voire à l'arrière, ainsi il pouvait être sûr de sauver ces jeunes

9 vies. C'est ce contexte qui existait. Bon évidemment, mon éminent collègue

10 a oublié de vous parler du contexte. Je vous rappelle ce qui a été dit par

11 ce témoin.

12 Au cours de cette première marche, quand vous êtes arrivés dans

13 Vukovar, est-ce que tous ces jeunes soldats avaient peur ?

14 R. Evidemment, j'ai dit que c'était naturel d'avoir peur, moi aussi,

15 j'avais peur.

16 Q. En tant que le commandant en second du 1er Bataillon motorisé, le long

17 de cette axe de combat, est-ce que vous appréciez le fait que les jeunes

18 soldats inexpérimentés restent un petit peu à l'arrière alors que les

19 territoriaux, eux, les membres de la TO étaient sur le front en servant

20 soit de guides, soit coopérants, ils étaient plutôt en tête. Est-ce que

21 cela vous allait cette configuration de combat ?

22 R. La plupart des soldats, qui avaient réussi à atteindre la ligne et qui

23 était en train de la sécuriser, étaient justement des soldats très jeunes.

24 Un grand nombre d'entre eux et d'ailleurs les plus courageux, les plus

25 braves, ils étaient aussi sur la ligne de front.

26 Q. Merci. Pour la soirée du 20, quand le commandant Tesic a quitté le

27 briefing, vous nous dites que le lendemain il devait être à Belgrade. Il

28 était à Belgrade d'ailleurs. Pendant l'absence du commandant Tesic,

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1 puisqu'il n'était plus en charge, y a-t-il eu des actions de combat de la

2 part du 1er Bataillon motorisé ?

3 R. Au cours de cette période, il n'y a pas eu d'actions de ce type.

4 Q. Mon éminent collègue de l'Accusation vous a dit que certains officiers

5 ont été condamnés par un tribunal de Belgrade, dans ce qui s'est appelé

6 l'affaire Ovcara Belgrade. Avez-vous entendu parler d'un officier qui

7 aurait été condamné dans le cadre de cette affaire Ovcara à Belgrade ?

8 R. Non. Je n'ai entendu parler d'aucun officier qui aurait été accusé sur

9 la base de ce qui s'était passé à Ovcara, et ce, à Belgrade.

10 Q. Merci. Maintenant, je vais vous poser une question à propos de la 3e

11 Compagnie commandé par Miroslav Radic. Vous en avez parlé en détail, mais

12 j'aimerais une réponse franche et très directe.

13 La compagnie de Miroslav Radic, qui était en action le 10 et le 11 à

14 Milovo Brdo jusqu'au 19 novembre, est-ce qu'elle a participé à un autre

15 combat dans une autre zone ?

16 R. Non. La compagnie de Radic est restée à Milovo Brdo. C'est là qu'elle

17 est restée tout le temps et jusqu'à la fin de son activité sur place.

18 Q. Vous dites Milovo Brdo, est-ce que vous faites référence ici au

19 quartier de Milovo Brdo ou est-ce que vous comprenez aussi Bosko Buha, le

20 quartier de Bosko Buha ?

21 R. Milovo Brdo est un concept géographique. Evidemment cela comprend aussi

22 Bosko Buha.

23 Q. Merci. Mon éminent collègue vous a montré aujourd'hui des notes qui

24 font partie du carnet de guerre du 1er Bataillon motorisé. J'ai raison,

25 n'est-ce pas ?

26 R. Oui.

27 Q. Ceci n'est pas une copie verbatim, mais vous avez dicté à un soldat,

28 n'est-ce pas, vous pensez que vous en auriez besoin plus tard pour des

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1 études ultérieures ?

2 R. Oui, je tiens à vous dire comme je l'ai déjà dit, pour ce qui est du

3 contenu de ce journal, ce carnet, je l'ai dicté, c'est le soldat Dobras qui

4 a écrit sous ma dictée. Ensuite, ce texte dicté a été corrigé pour en

5 arriver à cette version finale du journal de guerre.

6 Q. Merci. Question suivante : mon éminent confrère a soulevé une objection

7 vous demandant pourquoi ces notes étaient une copie du journal et non une

8 copie in extenso du journal, pourquoi n'avez-vous pas enregistré l'ordre du

9 12 novembre 1992 ?

10 R. Oui.

11 Q. Mais voici ma question : dans ces notes recopiées, y a-t-il copie des

12 ordres qui ont été donnés le 16 et le 14, qui vous ont d'ailleurs été

13 montrés dans le prétoire ?

14 R. Dans la version recopiée, il n'y a pas le moindre ordre écrit.

15 Q. Très bien. Je vous demande maintenant si vous vous êtes entretenu avec

16 le bureau du Procureur ici à La Haye ?

17 R. Oui.

18 Q. Pendant combien de temps ?

19 R. Environ une heure et demie.

20 Q. Merci. Il y a eu un enregistrement sonore de cet entretien, n'est-ce

21 pas ?

22 R. Oui, c'est enregistré.

23 M. LUNNY : [interprétation] Je voudrais soulever une objection à ce stade,

24 parce que ceci ne découle de rien du tout, rien de ce qui aurait été évoqué

25 au cours du contre-interrogatoire. Je n'ai posé au témoin aucune question

26 relative à l'entretien qu'il a fourni au bureau du Procureur. Mon estimé

27 confrère, hier au cours de l'interrogatoire principal a posé une question à

28 propos de cet entretien. Le témoin dit qu'il avait duré une heure et demie,

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1 maintenant en fait Me Borovic recommence son interrogatoire principal.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En quoi ceci découle-t-il du contre-

3 interrogatoire, Maître Borovic ?

4 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, pendant tout ce temps

5 je m'attendais à ce que mon confrère dispose d'un enregistrement audio de

6 cet entretien, ce qui m'avait été promis. M. Stijakovic va nous quitter

7 dans quelques instants, c'est quelque chose qui aurait déjà été dû être

8 versé au dossier. Il aurait fallu qu'il y ait une traduction en anglais de

9 cet entretien. Je n'ai pas non plus la version en B/C/S parce que souvent

10 il y a des erreurs dans la traduction en anglais. Je ne veux pas dire ici

11 que ceci a été fait à dessein, mais nous avons la bande sonore qui est le

12 reflet fidèle de l'entretien qu'a fourni M. Stijakovic ; et de l'autre

13 côté, nous avons une piètre traduction en anglais. Alors, si je demandais

14 le versement de ceci, le service de traduction ne trouvera pas aucune

15 difficulté à tirer ceci au clair. Je voudrais avoir cet entretien qui me

16 convient parfaitement, je voudrais demander le versement de cet

17 enregistrement en application de l'article 68, mais je ne peux pas le faire

18 dans sa totalité.

19 Pourquoi est-ce que je n'ai pas réagi plus tôt ? Parce que jusqu'à

20 présent je m'attendais à recevoir la transcription en B/C/S, ce que je n'ai

21 pas reçu. J'ai bien dit que j'allais demander le versement de cet

22 enregistrement en application de l'article 68.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je ne pense pas que ceci se prête à

24 des questions supplémentaires. Cependant, nous vous donnons l'autorisation,

25 une fois que vous aurez reçu l'enregistrement audio, la bande sonore de cet

26 entretien, elle vous autorise à en demander le versement si vous estimez

27 que ceci est important au regard de questions qui ont surgi. Nous le

28 faisons, parce que vous n'avez pas reçu, vous n'aviez pas reçu cet élément

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1 au moment où vous avez interrogé le témoin.

2 Ce qui veut dire que pour le moment ceci peut rester en suspens.

3 M. LUNNY : [interprétation] Puis-je intervenir pour apporter une précision.

4 Je crois comprendre que cette bande sonore a bien été fournie avant le

5 début de l'audition de M. Stijakovic. Il y avait une traduction en anglais

6 qui avait été fournie peu de temps après. Il n'a pas été facile de remettre

7 la traduction en même temps que la bande sonore.

8 Mais je pense que l'enregistrement sonore a été fourni un jour ou

9 deux après que cet entretien ait eu lieu. La traduction en anglais a été

10 fournie à la Défense avant le début de l'audition du témoin. Une version

11 officielle a été communiquée aujourd'hui, mais elle avait déjà reçu la

12 traduction en anglais. J'apprends par mon bureau que la transcription

13 complète en B/C/S de ce qui est contenu sur la bande sonore n'a pas

14 simplement été demandé, cela a été fourni également en plus de la

15 traduction en anglais.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] On nous dit que vous avez reçu

17 quelques jours avant le début de l'audition du témoin l'enregistrement

18 sonore, qu'en est-il ?

19 M. BOROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame et Messieurs

20 les Juges, j'ai été très clair. J'ai reçu la bande son, je l'ai écoutée et

21 j'estimais que la traduction qui nous avait été donnée était vraiment très

22 mauvaise.

23 Je demande à l'Accusation de nous fournir la transcription en B/C/S

24 afin que nous puissions l'afficher à l'écran et que le témoin puisse

25 confirmer ou infirmer l'authenticité de cela. On nous dit que c'est à cause

26 de l'accent écossais que cela n'a pas pu être traduit.

27 Je ne sais pas, enfin il n'y a rien de particulier dans cette

28 transcription, rien qui ne soit dans le contenu de l'entretien fourni au

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1 bureau du Procureur. Ceci est la preuve qu'un homme alors qu'il n'y a même

2 pas présence d'un avocat de la Défense dit la même chose que ce qu'il a dit

3 ici. Au contraire je crois que ceci renforce la crédibilité du témoin

4 plutôt que cela ne le conteste.

5 Mais effectivement, je me suis peut-être coupé tous les moyens

6 d'action en ne recevant pas à temps une traduction, mais je pense

7 effectivement que l'Accusation a fait une communication tardive de ces

8 événements.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Lunny.

10 M. LUNNY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

11 Je pense que mon estimé confrère essaie de faire déposer ce document en

12 tant que déclaration pour montrer qu'il y a cohérence, pour essayer de

13 renforcer la crédibilité, à mon avis, ce n'est pas admissible. On peut

14 utiliser des déclarations préalables pour au contraire prouver qu'il n'y

15 pas cohérence dans les dires du témoin mais on ne peut pas en demander le

16 versement pour renforcer la crédibilité des dires du témoin en audience.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Lunny.

18 J'étais induit en erreur. J'avais mal compris auparavant en pensant

19 que Me Borovic n'avait pas reçu l'enregistrement sonore de cet entretient,

20 avant que ne commence l'audition du témoin.

21 Pour l'heure, il n'y pas de raison apparemment pas de fondement qui

22 justifierait le versement au dossier de l'enregistrement sonore ou de sa

23 transcription. Le témoin a été cité à la barre, il a déposé, certaines

24 questions ont été en contre-interrogatoire pour savoir s'il se serait

25 exprimé au moment du récolement par les avocats de la Défense, mais ce

26 n'est pas la question qui est ici posée ou plus exactement qui est posée

27 dans le cadre de cet enregistrement sonore. A moins qu'il n'y ait un autre

28 problème qui ne se soit pas encore précisé pour le moment, l'objection

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1 soulevée par M. Lunny est tout à fait fondée.

2 Je crains, Maître Borovic, pour aller droit au but que le témoin a

3 déposé sur ce qui s'est passé d'après lui. Dans la mesure où c'est

4 pertinent et cela l'est à peine, il nous a dit que vous avez dit certaines

5 choses et qu'il avait dit certaines choses à l'Accusation lorsqu'on lui a

6 posé des questions. Mais en ce qui nous concerne, ce qui compte c'est la

7 déposition qu'il a faite devant nous. Vous avez pu contre-interroger après

8 avoir entendu l'enregistrement sonore de cet entretien. Je suis sûr que

9 s'il y avait des éléments importants substantiels qui s'y étaient trouvés,

10 vous auriez pu en parler au moment de poser vos questions.

11 Je pense qu'il faut en rester là. Merci.

12 M. BOROVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

13 J'accepte votre décision, je ne vais plus parler de cette question. Au

14 point suivant, peut-on afficher une partie du journal qui a été recopié. Il

15 s'agit de la pièce 2D14-0001. Page avec la rubrique du 10 novembre s'il

16 vous plaît.

17 Q. Monsieur Stijakovic, vous voyez ce document ?

18 R. Pas encore. Je n'ai pas le 10, j'ai le 3 octobre.

19 Q. Peut-on afficher la mention du 10 novembre 1991.

20 R. Maintenant, je vois, c'est bien.

21 Q. Ayez l'obligeance, même si c'est assez fatiguant, de nous dire

22 exactement ce que vous avez écrit en ce qui concerne la journée du 10

23 novembre. Je ne vais pas vous interrompre comme l'a fait le Procureur.

24 R. "En fonction du plan précédent d'attaque, le bataillon a mené une

25 action et a pris le point de Milovo Brdo, qui était le dernier point

26 important sur l'axe d'attaque du bataillon. L'attaque s'est concentrée sur

27 l'action menée par le 3e Groupe d'assaut, qui après avoir bénéficié d'un

28 soutien, s'est emparé du secteur. Le 2e Groupe d'assaut est resté bloquer.

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1 Le 1er Groupe d'assaut s'est emparé du secteur de l'école et du jardin

2 d'enfants. Au cours de l'action menée aujourd'hui, neuf de nos hommes ont

3 été blessés et deux ont été tués, c'étaient des membres de notre unité.

4 Nous allons poursuivre la planification de nos actions en fonction des

5 actions entreprises par nos voisins."

6 Q. C'est tout, n'est-ce pas ? Merci.

7 Regardez la journée du 11 novembre s'il vous plaît. Veuillez lire la

8 première phrase, et si c'est nécessaire, vous lirez tout le paragraphe.

9 Mais que dit la première phrase ?

10 R. "Le 11 novembre. Aujourd'hui, nous n'avons pas mené d'offensive ou

11 d'action offensive. Nous avons permis à nos hommes de se reposer."

12 Q. Puis il y a une virgule, n'est-ce pas ?

13 R. "Nous avons reconstitué notre dispositif de combat et nous avons veillé

14 à ce que les lignes conquises soient maintenues."

15 Q. Le lendemain, c'est le 12 novembre, n'est-ce pas ? Veuillez faire une

16 lecture à haute voix des deux premières phrases.

17 R. "Le 12 novembre. Aujourd'hui le bataillon a organisé la sélection ou

18 plutôt une meilleure organisation du dispositif de combat. Nous n'avons pas

19 mené d'action à l'exception du fait que le 1er Groupe d'assaut s'est

20 regroupé le long de la rue Cesarac."

21 Q. Merci. Le 13 novembre, c'est celle mentionnée par le Procureur. Vous y

22 avez lu que le bataillon a mené une action de combat dans un quartier qui

23 se trouvait au pied de Milovo Brdo. Je vous demande le nom de ce quartier.

24 Est-ce que cela reste la zone de Milovo Brdo ?

25 R. Oui, sur le plan géographique, c'est toujours le secteur de Milovo

26 Brdo.

27 Q. Est-ce que nous pouvons aller maintenant à la mention suivante du 14

28 novembre. Vous pourriez le lire, c'est assez court.

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1 R. "Aujourd'hui, le bataillon a réussi à rétablir son dispositif de

2 combat. Nous n'avons pas mené d'action. Nous nous sommes plutôt préparés.

3 Nous avons préparé nos hommes à des actions futures. Nous nous sommes

4 organisés pour qu'il y ait approvisionnement régulier et renforcement

5 régulier afin de poursuivre les actions."

6 Q. Merci. Veuillez lire la mention du jour suivant du 15 novembre 1991.

7 R. "Le 15 novembre. Aujourd'hui, le bataillon s'est préparé aux actions

8 suivantes. Nous n'avons pas eu de blessés, ni de tués. Nous avons préparé

9 nos actions à venir et nous avons organisé le dispositif de combat de nos

10 unités."

11 Q. Merci. Si ce n'est pas trop dur, nous avons maintenant le 16 novembre

12 que vous avez lu avant. Qu'est-ce que cela dit ?

13 R. "Le 16 novembre. Le bataillon a effectué des préparatifs en vue

14 d'actions à venir. Nous avons organisé l'approvisionnement régulier de nos

15 hommes. Nous avons reçu la visite du chef de brigade et celui-ci, en

16 parlant aux soldats, a exigé davantage de soutien à donner aux actions

17 menées par le détachement d'assaut."

18 Q. Merci. Tout ce qui concerne cette période qui va du 10 au 16 novembre

19 1991, est-ce qu'au cours de cette période vous vous êtes jamais trouvé sur

20 un axe d'opération ou dans des actions qui auraient été contraire à ce qui

21 est écrit ici ? Est-ce que vous êtes resté tout ce temps dans la région de

22 Milovo Brdo ?

23 R. Les unités du 1er Bataillon ne sont jamais restées que dans le secteur

24 de Milovo Brdo pendant cette période.

25 Q. Merci. Monsieur Stijakovic, mon estimé confrère vous a fait une

26 citation, celle d'une partie de l'ordre donné par le commandant du Groupe

27 opérationnel sud, le 14 novembre 1991, et vous l'aviez déjà interprété

28 auparavant pour nous. Je vais simplement vous relire une phrase la plus

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1 connue au point 4. Voici ce qu'il vous a dit : "Le Détachement d'assaut

2 numéro 1 (moins le 1er Bataillon motorisé) à partir de son dispositif de

3 combat actuel doit être transféré sur l'axe suivant : rue Dalmatinska, une

4 autre rue, puis le château d'eau." N'est-ce pas ?

5 R. Oui.

6 Q. Mon estimé confrère vous a également demandé pourquoi un petit élément,

7 l'élément le plus faible, a-t-il dit, de ce détachement d'assaut, pourquoi

8 qu'il n'avait pas bénéficié du soutien de la 3e Compagnie de Radic qui

9 avait fait ses preuves en tant qu'unité exceptionnellement compétente.

10 C'était la question du Procureur. Je vais vous demander de lire la mission

11 confiée au Détachement d'assaut numéro 1 qui est juste en dessous du point

12 4.

13 Je vais vous le lire parce que vous ne l'avez pas à l'écran. "Mission

14 en étroite coopération avec le 2e Bataillon de la police militaire, du

15 Détachement d'assaut 4, prendre le contrôle d'un bâtiment dans la rue Alije

16 Alijagica, école Stjepan Supanac, et parvenir le plus vite possible au

17 secteur de Slavija et au château d'eau afin d'empêcher le retrait des

18 forces oustachi de la zone de Mitnica."

19 Ce détachement d'assaut numéro 1 sur cet axe que je viens de vous donner,

20 est-ce qu'il était seul à cet endroit ou est-ce qu'il travaillait en

21 étroite coopération avec le 2e Détachement de la police militaire et le

22 Détachement d'assaut numéro 4 ?

23 R. Cela s'est passé comme vous l'avez dit. Le Détachement d'assaut numéro

24 1 et le 1er Bataillon travaillaient en étroite coopération avec ces autres

25 unités sur cet axe.

26 Q. Ce que le Procureur n'a pas lu aujourd'hui, c'est le point suivant, le

27 point 5. Peut-on le montrer au témoin puisque je suis presque au bout de

28 mes questions supplémentaires. Essayez de retrouver ce passage, s'il vous

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1 plaît. Il s'agit de la pièce 430. Est-ce que vous pourriez lire le point 5,

2 car on ne vous a pas posé de questions à ce propos aujourd'hui. Mon estimé

3 confrère a dit que vous n'aviez jamais été retiré du Détachement d'assaut

4 numéro 1.

5 Excusez-moi Monsieur. Un instant, s'il vous plaît.

6 R. Est-ce qu'on peut agrandir ce passage, s'il vous plaît.

7 Q. Nous, nous avons le B/C/S à l'écran. Je ne sais pas si la Chambre a ce

8 texte ?

9 R. "Le 1er Bataillon motorisé à partir de son dispositif de combat actuel

10 doit sécuriser la ligne conquise, assurer le plan de contrôle --"

11 Q. Un instant, s'il vous plaît, je ne pense pas que la Chambre ait déjà ce

12 texte à l'écran.

13 Si, c'est bon. Je vais répéter ce que je vous demandais. Le Procureur vous

14 a lu le point 4. Il a dit que le Détachement d'assaut numéro 1 était seul,

15 mais maintenant après lecture faite, vous voyez que c'était en coopération

16 avec d'autres unités qu'il opérait ?

17 R. Point 5. "Le 1er Bataillon motorisé à partir de son dispositif de combat

18 actuel doit sécuriser les lignes conquises, prendre le plein contrôle de la

19 zone conquise et doit coordonner son action avec les forces offensives sur

20 l'axe : rue Sundarciceva et rue Marsala Tita. Il faut être prêt à engager

21 un combat sur l'axe de Milovo Brdo et des ponts de la rivière Vuka."

22 Q. Merci. L'axe du 1er Détachement d'assaut, c'était la rue Dalmatinska,

23 château d'eau, n'est-ce pas, l'axe sur lequel vous étiez, vous ? Est-ce

24 qu'il n'était pas à l'autre bout près de la rue Sundarciceva et la rue

25 Marsala Tita, deux routes différentes qui mènent au château d'eau ?

26 R. Oui, ce sont deux rues tout à fait différentes. Le 1er Bataillon

27 motorisé allait vers le centre de la ville et vers les ponts.

28 Q. Qu'est-ce que je vous ai dit? Je vous ai demandé si c'était deux axes

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1 tout à fait différents ?

2 R. Oui, ce sont des axes tout à fait différents.

3 M. BOROVIC : [interprétation] Peut-on montrer au témoin la pièce 431. C'est

4 l'ordre du Groupe opérationnel sud du 16 novembre 1991.

5 Q. Vous l'avez lu hier. Je ne vais pas vous demander de redire ce que vous

6 avez dit, mais regardez aux missions confiées aux unités. On dit : "Le 1er

7 Bataillon motorisé, conformément à l'ordre donné le 14 novembre 1991 et

8 avec le soutien de certains éléments du bataillon blindé de la Brigade

9 motorisée de la Garde, il faut poursuivre l'attaque sur l'axe de la rue

10 Sundarciceva" et ainsi de suite. Alors qu'est-ce que ceci veut dire ?

11 Le 16 novembre, sur votre axe à vous, qui avait été prédéterminé,

12 celui de Milovo Brdo sur lequel vous alliez arriver plus tard. Ici, on

13 parle d'un autre axe le 16 novembre ?

14 R. D'après cet ordre, nous devions aller vers le centre-ville, vers les

15 ponts. Nous avons rempli cette mission simplement par des actions de tirs,

16 pour une raison simple, c'est qu'il n'était pas nécessaire de descendre

17 plus bas. De Milovo Brdo, on voit très bien les trois ponts.

18 Q. Le 1er Détachement d'assaut n'était pas sur le même axe le 16 novembre.

19 Ils étaient ailleurs, n'est-ce pas ? C'est bien ce que dit cet ordre.

20 M. LUNNY : [interprétation] Monsieur le Président.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Lunny ?

22 M. LUNNY : [interprétation] Objection. Ce sont des questions très

23 directrices.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que vous avez raison,

25 Monsieur Lunny. Qu'est-ce que cela a comme effet, je ne sais pas.

26 M. BOROVIC : [interprétation]

27 Q. Ma question est celle-ci : où est le détachement d'assaut numéro 1

28 commandé à ce moment-là par Borivoje Tesic, sur quel axe ?

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1 R. A ce moment-là, c'est l'axe de Milovo Brdo, château d'eau.

2 Q. Merci.

3 M. BOROVIC : [interprétation] Je vais essayer d'expliquer quelque chose à

4 mon confrère.

5 L'INTERPRÈTE : Ils n'ont pas du tout entendu compris la remarque de Me

6 Borovic.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Lunny.

8 M. LUNNY : [interprétation] Objection connexe s'agissant de ce qui est

9 présenté à ce témoin. Apparemment dans ce document, on ne fait pas

10 référence au 1er Détachement d'assaut.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous dites que ce document parle du 1er

12 Détachement d'assaut, c'est bien cela, Maître Borovic ?

13 M. BOROVIC : [interprétation] J'en suis sûr, Monsieur le Président. Je suis

14 sûr que vous le savez. Mais il revient à l'intelligence de mon estimé

15 confrère de comprendre que l'ordre du 14 novembre, de ce qu'il peut

16 signifier et de ce à quoi fait référence l'ordre du 16 novembre. Je suis

17 franc assez brutalement mais je commence à m'énerver. Parce que je pense

18 que mon estimé confrère devrait commencer à apprendre à interpréter cet

19 ordre. C'est clair, l'ordre du 16 novembre fait référence à l'ordre du

20 14 novembre. Si vous regardez l'ordre du 14 novembre, vous le verrez

21 clairement.

22 Oui. Monsieur le Président, je vais essayer de mettre de l'eau dans mon

23 vin.

24 Si vous regardez de près le document du 16 novembre, vous le verrez. On y

25 voit la mission confiée le 14 novembre, c'est limpide. La mission confiée

26 au 1er Bataillon, c'est une chose alors que les missions données au 1er

27 Détachement d'assaut n'ont pas changé par rapport à la décision prise le 14

28 novembre. Je pense qu'il n'y a pas de dilemme.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Borovic, je pense votre

2 démarche prête le flanc à la critique. Vous avez ce que vous voulez, vous

3 savez ce que vous pensez, comment vous interprétez ces ordres. Vous

4 soumettez l'interprétation que vous avez de ces ordres au témoin qui relaie

5 cela à la Chambre. S'il y a une question ici, d'administration de la preuve

6 ou des preuves dont peut parler le témoin, vous devez poser des questions

7 qui ne le guident pas le témoin dans la réponse qu'il va nous donner. Plus

8 tard, au moment de votre plaidoirie, vous nous direz ce que vous pensez de

9 la signification qu'il faut donner à tout ceci. Mais, vous faites un peu

10 l'amalgame pour le moment entre ces deux pages.

11 Vous n'êtes peut-être pas d'accord avec la façon dont un ordre est compris,

12 vous n'êtes peut-être pas d'accord avec l'idée que donne l'Accusation à un

13 ordre donné, mais cela ne veut pas dire pour autant qu'ils ont tort. C'est

14 vous qui devriez le prouver au bout du compte. Même si vous avez un avis

15 carrément opposé, peut-être que vous avez raison, mais cela ne veut pas

16 dire à ce stade-ci que vous êtes à même de l'affirmer depuis l'endroit où

17 vous êtes envers nous ou envers le témoin, de dire qu'une autre façon de

18 voir est à exclure.

19 Comprenez-le. Restez courtois envers des avis qui ne sont pas les

20 vôtres. Ces avis sont peut-être faux mais ils pourraient tout aussi bien

21 être exacts. Ce qui est certain, là où le témoin peut nous aider s'il peut

22 présenter des éléments à l'appui de votre thèse, libre à vous de poser ces

23 questions au moment des questions supplémentaires, puisque ceci a été

24 soulevé au moment du contre-interrogatoire.

25 Désolé que cela donne l'impression d'une leçon que je vous donne,

26 mais je crois qu'il y a un peu une tension qui monte entre les parties. Je

27 pensais qu'il était important que chacun un peu prenne du recul et qu'on

28 prenne le rôle qui est le sien à ce stade-ci du procès, et ce rôle il est

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1 limité et il exclut toute plaidoirie et tout réquisitoire.

2 J'espère que maintenant vous verrez, Maître Borovic, si vous avez d'autres

3 questions à poser à ce témoin à propos de ces ordres ou de points qui en

4 découlent. Merci.

5 M. BOROVIC : [interprétation] Oui. Je pensais que nous en avions terminé

6 hier avec ce témoin, mais puisque le Procureur a retourné la situation,

7 j'ai dû intervenir.

8 Q. Par le biais de l'ordre du 14 novembre, est-ce que le 1er Bataillon

9 motorisé faisait partie du Détachement d'assaut ?

10 R. Conformément à l'ordre du 14 novembre, le 1er Bataillon motorisé ne

11 faisait pas partie du Détachement d'assaut numéro 1.

12 Q. Ma question suivante : l'ordre qui définit les tâches, est-ce qu'il

13 stipule que le 1er Bataillon motorisé fait partie du Détachement d'assaut

14 1 ?

15 R. Conformément à l'ordre du 14 novembre et aux autres ordres, ce

16 bataillon n'était plus jamais parti intégrante du Détachement d'assaut 1.

17 Q. On vous a montré un ordre émanant du Groupe opérationnel sud en date du

18 21 novembre au sujet de la resubordination de Leva Supoderica. Ma question

19 est la suivante : n'avez-vous jamais vu quelque ordre que ce soit, est-ce

20 que qui que ce soit de l'Accusation vous a montré un entretien ou un autre

21 ordre indiquant que Leva Supoderica appartenait à une autre formation que

22 celle indiquée dans ces documents ?

23 R. Comme je l'ai déjà dit à l'Accusation, j'ai vu ici pour la première

24 fois cet ordre en date du 21 novembre. J'ai expliqué que c'était un ordre

25 portant sur la resubordination des unités au sein du groupe opérationnel,

26 et je n'avais pas de droit de regard à ce sujet.

27 Q. Merci. Est-ce que dans le secteur de Milovo Brdo après le 10 novembre

28 vous avez jamais vu des membres de la Défense territoriale de Petrova Gora

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1 et de Leva Supoderica ? Est-ce qu'ils ont jamais participé à quelque

2 activité que ce soit concernant le maintien des positions ?

3 R. Les membres de Leva Supoderica et de Petrova Gora traversaient le

4 secteur mentionné afin d'accomplir leurs missions dans la formation numéro

5 1. Mais ils ne restaient plus dans ce secteur et il n'y avait plus

6 d'activité.

7 Q. Merci. Le 19 novembre vous avez dit en répondant à la question de

8 l'Accusation que vous étiez à l'hôpital. S'agissant de la sécurité externe

9 de l'hôpital, mis à part la 3e Compagnie commandée par le capitaine Radic,

10 est-ce qu'un quelconque membre de la Défense territoriale ou de Leva

11 Supoderica a participé à cette sécurisation de l'hôpital ?

12 R. Le 19 novembre, lorsque j'étais présent devant l'hôpital, mis à part un

13 petit nombre de soldats réguliers, les médecins et infirmières qui étaient

14 devant l'hôpital, je n'ai vu personne d'autre.

15 Q. Merci. Lors de la réunion d'information régulière du 19 et du 20

16 novembre 1991, avez-vous vu des commandants de la Défense territoriale de

17 Petrova Gora et du Détachement Leva Supoderica ou est-ce qu'ils étaient

18 absents ?

19 R. A partir du 10 novembre jusqu'au retour à Belgrade je n'ai pas vu le

20 commandant de Leva Supoderica ni de Petrova Gora au sein du commandement du

21 1er Bataillon motorisé lors des réunions d'information.

22 Q. Merci, Monsieur Stijakovic.

23 M. BOROVIC : [interprétation] J'ai terminé mes questions supplémentaires.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci beaucoup, Maître Borovic.

25 Vous serez content d'apprendre que ceci marque la fin de votre déposition.

26 La Chambre souhaite vous remercier d'être venu déposer à La Haye et de

27 l'aide que vous nous avez fournie. Vous serez certainement heureux de

28 savoir que vous pouvez disposer et rentrer à vos occupations habituelles.

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1 Je vous remercie. L'Huissier va vous escorter en dehors de ce prétoire.

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci à vous.

3 [Le témoin se retire]

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Domazet.

5 M. DOMAZET : [interprétation] Monsieur le Président, puis-je profiter de

6 l'occasion pour formuler une demande, à savoir la Défense de M. Mrksic a

7 soumis un mémoire --

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Attendez, un instant, Maître Domazet.

9 Car nous avons un témoin qui nous attend et je vais encourager Me

10 Tapuskovic en lui disant que nous allons continuer le travail pour entendre

11 ce témoin.

12 Deux points : nous avons mis plus de temps que prévu pour terminer la

13 déposition de ce témoin. Puis deuxièmement, j'ai l'impression que peut-être

14 l'idée ne serait pas mauvaise si l'on permet au conseil d'avoir une pause

15 un peu plus tôt avant de continuer.

16 [La Chambre de première instance se concerte]

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que nous devrions pas citer à

18 la barre le témoin suivant. Nous ne pourrons même pas avoir 20 minutes car

19 il nous faudra la moitié de ce temps pour établir les mesures de

20 protection. C'est pour cette raison que je m'excuse mais je pense qu'il

21 serait plus pratique si vous commenciez avec votre témoin demain. La

22 demande comme Me Domazet souhaite formuler en ce moment nous renforce dans

23 cette conviction qu'il vaut mieux ne pas commencer avec le nouveau témoin

24 ce soir.

25 Oui, Maître Domazet.

26 M. DOMAZET : [interprétation] Monsieur le Président, je me disais

27 qu'entendant le témoin ou votre décision il vaut mieux que je formule ma

28 demande.

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1 La Défense de M. Mrksic a déposé un mémoire relatif à la présentation des

2 éléments de preuve et l'Accusation y a répondu vendredi dernier, en

3 acceptant en partie et en s'y opposant en partie, c'était le 6 octobre.

4 La Défense de M. Mrksic souhaite déposer cette réponse de

5 l'Accusation avant que la Chambre de première instance ne prenne sa

6 décision à ce sujet, le délai expire demain. Ma demande est la suivante,

7 c'est de proroger ce délai si possible à la Défense de M. Mrksic jusqu'à

8 mardi ou mercredi de la semaine prochaine, car Me Vasic n'est pas à mes

9 côtés depuis samedi dernier puisqu'il est parti en voyage, mais compte tenu

10 du fait qu'il a terminé ce qu'il avait à faire aujourd'hui, je pense qu'il

11 se joindra à moi lundi. Mais pour cette raison, avec ce procès, cette

12 semaine et d'autres obligations de notre équipe concernant le rapport que

13 nous devons soumettre demain, je n'ai vraiment pas pu terminer tout cela

14 tout seul avant demain. J'attends que Me Vasic soit de retour pour m'aider,

15 c'est la raison pour laquelle je vous demande de proroger ce délai jusqu'à

16 la semaine prochaine.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Domazet, mardi prochain à 13

18 heures 00.

19 M. DOMAZET : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'espère que vous profiterez bien de

21 votre week-end avec le travail sur l'argumentation.

22 Nous allons lever l'audience et reprendrons notre travail demain

23 matin à 9 heures 00.

24 --- L'audience est levée à 16 heures 41 et reprendra le vendredi 13 octobre

25 2006, à 9 heures 00.

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