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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-96-21-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Lundi 1er décembre 1997
4 L'audience est ouverte à 14 heures 40.
5 M. le Président (interprétation). - Bonjour, Mesdames et
6 Messieurs. Nous regrettons d'avoir quelque retard aujourd'hui pour des
7 raisons indépendantes de notre volonté. Si l'avion était arrivé à l’heure,
8 nous aurions sans doute pu respecter les horaires. Mais le Juge Jan était
9 en voyage. Il était censé arriver, ici, tôt ce matin, sur un vol du
10 Pakistan. Or, l'avion a été retardé. C'est la raison pour laquelle nous
11 avons dû remettre à cet après-midi le début de l'audience.
12 Maître Niemann, nous commençons par votre contre-interrogatoire
13 du témoin, n'est-ce pas ?
14 M. Niemann (interprétation). - Oui. Monsieur le Président.
15 Souhaitez-vous que nous nous présentions d'abord ?
16 M. le Président (interprétation). - Oui. Je pense que nous
17 allons entendre le témoin M. Econimedes. En tous cas, c'est ce qui est
18 prévu.
19 M. Niemann (interprétation). - Monsieur le Président, nous avons
20 l'intention de citer le Dr Gow, parce qu'il a quelques difficultés
21 d'horaire cette semaine. Il n'est libre que cet après-midi et demain. Ce
22 sont les seuls moments où il peut témoigner.
23 Mme Odio-Benito (interprétation). - Excusez-moi.
24 M. le Président (interprétation). - Veuillez poursuivre,
25 Maître Niemann.
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1 M. Niemann (interprétation). - Monsieur le Président, le Dr Gow
2 n'est disponible
3 que cet après-midi et demain. Donc, nous souhaiterions commencer au plus
4 tôt l'audition de ce témoin, ce qui permettrait à l'accusation d'arriver
5 au bout de tous les témoins cette semaine.
6 Mais ce qui me préoccupe, c'est que je ne suis pas sûr que nous
7 aurons suffisamment de temps pour conclure l'audition du Dr Gow, à moins
8 que la défense veuille bien nous donner quelques indications du temps que
9 durera son contre interrogatoire. En ce qui nous concerne, nous pensons
10 que l'interrogatoire principal ne durera que deux heures, mais si la
11 défense ne pense pas pouvoir conclure son contre-interrogatoire multiple
12 d'ici à la fin de l'après-midi de demain, cela signifierait que nous ne
13 pourrions pas ne pas rappeler le Dr Gow à la barre au mois de janvier.
14 C'est seulement au mois de janvier que le Dr Gow sera disponible, ce qui
15 nous empêchera de terminer l'audition de nos témoins avant cette date.
16 Autrement dit, nous sommes dans une situation où si le
17 Docteur Gow témoigne, nous pouvons terminer son interrogatoire principal
18 au cours de la présente semaine et nous ne pourrons mettre un terme à
19 l'audition de nos témoins que si la défense finit son contre-
20 interrogatoire d'ici à demain soir. Je pense qu'il faut un peu d'auto-
21 discipline à cet égard, car personne, je suppose, ne souhaite avoir à
22 citer ce témoin à nouveau au mois de janvier.
23 Il est regrettable que le Dr Gow ne puisse pas rester plus
24 longtemps à la Haye. Cela lui est totalement impossible. Il doit quitter
25 la Haye demain soir et il ne sera plus disponible jusqu'à la fin du mois
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1 de décembre, date à laquelle ce prétoire sera utilisé dans
2 l'affaire Blaskic.
3 Je prierai donc Monsieur le Président de bien vouloir s'enquérir
4 auprès de la défense pour savoir si celle-ci estime pouvoir conclure le
5 contre-interrogatoire du Dr Gow d'ici à demain soir, ce qui me permettra
6 de prendre une décision quant à nos possibilités d'avancer. Nous aurions
7 la plus grande réticence à devoir rappeler le Dr Gow à la barre. Nous
8 pensons que son témoignage toutefois est d'une très grande importance et
9 apportera une aide considérable à la Chambre sur des points qui ont surgi
10 au cours de l'audition des autres témoins de l'accusation. Nous estimons
11 qu'il serait regrettable d'avoir à décider de le rappeler à la barre. Nous
12 en
13 appelons à l’autodiscipline quant au temps dont chacun disposera pour
14 l'interroger. C'est la seule possibilité qui s'offre à nous. Le
15 Professeur Econimedes devrait arriver demain matin et il ne sera pas
16 disponible avant demain matin.
17 M. le Président (interprétation). - Les deux parties peuvent
18 elles se présenter ?
19 Mme Residovic(interprétation). - Monsieur le Président, dois-je
20 attendre ?
21 M. le Président (interprétation). - J'ai demandé à ce que les
22 deux parties se présentent. C'est également ce qu'a demandé l'accusation
23 au début de son intervention.
24 Mme Residovic(interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.
25 Je m'appelle Edina Residovic et je défends M. Zejnil Delalic aux côtés de
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1 mon collègue Eugène O'Sullivan, Professeur du Canada. Je vous remercie
2 Monsieur le Président.
3 M. Olujic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président. Je
4 m'appelle Zeljko Olujic. Je défends M. Zdravko Mucic en compagnie de mon
5 collègue Michael Greaves.
6 M. Karabdic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.
7 Je m'appelle Salih Karabdic. Je suis avocat à Sarajevo et je défends
8 M. Hazim Delic aux côtés de M. Thomas Moran, avocat à Houston aux Etats-
9 Unis.
10 M. le Président (interprétation). - Vous êtes l'autre partie des
11 50 %, si je comprends bien ?
12 M. Moran (interprétation). - Oui, Monsieur le Président, mes
13 associés de Houston ont décidé que je devais revenir à la Haye. C'est
14 ainsi que je me trouve ici aujourd'hui.
15 M. Ackerman (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.
16 Je m'appelle John Ackerman et je comparais ici avec ma collègue
17 Cynthia McMurrey pour défendre Esad Landzo.
18 J'aimerais demander l'indulgence du Tribunal quelques instants,
19 de façon à ce que nous puissions discuter d'une annonce que nous avons
20 obtenue, à l’instant, de Me Niemann. Nous aimerions pouvoir y répondre,
21 après nous être consultés quelques instants, je vous prie.
22 M. le Président (interprétation). - Je vous en prie.
23 M. Ackerman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président,
24 pour l'indulgence du Tribunal. L’avis, très partagé des membres de la
25 défense, consiste à penser que le contre-interrogatoire du Dr Gow
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1 s'étendra bien au-delà de la journée de demain. Une estimation modérée
2 nous fait penser que ce contre-interrogatoire devrait durer deux jours.
3 Deux conseils de la défense, au moins, ont procédé à des
4 préparatifs importants s'agissant de ce contre-interrogatoire du Dr Gow et
5 ont de nombreuses questions à lui poser. Je proposerais, puisque le Dr Gow
6 est ici, que Me Niemann procède à l'interrogatoire principal, tout étant
7 prêt pour cela, et que nous commencions le contre-interrogatoire au mois
8 de janvier.
9 Je ne pense pas qu'il y ait la moindre chance que nous
10 terminions le contre interrogatoire d'ici à demain soir, à moins que le
11 Tribunal ne soit prêt à délivrer une injonction à l'encontre du Dr Gow
12 pour l'empêcher de retourner en Angleterre avant la fin du contre
13 interrogatoire. C'est la seule manière que j'envisage pour le garder ici.
14 Mais si nous voulons que le témoin soit raisonnablement satisfait, ce ne
15 serait peut-être pas une bonne idée de le soumettre à une telle
16 contrainte. Je ne sais pas exactement. Nous verrons quelle sera la réponse
17 de l'accusation à l'annonce que nous venons de lui faire.
18 M. le Président (interprétation). - L'accusation va de toute
19 façon interroger le témoin. Maître Niemann, avez-vous votre témoin ? Avez-
20 vous quelque chose à ajouter à ce sujet ?
21 M. Niemann (interprétation). - Notre position, Monsieur le
22 Président, est que nous souhaitons ardemment mettre un point final à
23 l'audition des témoins de l'accusation comme je l’ai déjà dit à l'instant.
24 Nous aimerions beaucoup que les interrogatoires puissent s'achever cette
25 semaine. C'est d'ailleurs la position que nous avons depuis déjà quelques
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1 temps. Il était initialement question de terminer l'audition des témoins
2 de l'accusation au début du mois de novembre. Malheureusement, nous n'y
3 sommes pas parvenus. C'est donc avec d'extrêmes
4 réticences que les auditions des témoins de l'accusation ont été
5 prolongées jusqu'à la date d'aujourd'hui. Je n'aimerais pas demander que
6 l'interrogatoire soit reporté, Monsieur le Président, et je ne crois pas
7 qu'attendre le début du contre interrogatoire au mois de janvier soit la
8 meilleure démarche possible.
9 Apparemment, les contre interrogatoires ne peuvent pas être
10 raccourcis, malgré les efforts que j'accomplis de ma part pour raccourcir
11 mon interrogatoire principal. Peut-être puis-je le raccourcir encore de
12 façon à ce que cet après-midi, et si nous acceptons de siéger plus
13 longuement que prévu demain, nous soyons en mesure d'arriver au terme de
14 cet interrogatoire.
15 J'aurais de grandes réticences à citer une nouvelle fois à la
16 barre le Dr Gow, mais cela me semble la seule solution dans ces
17 conditions.
18 M. le Président (interprétation). - Puisque vous êtes prêt,
19 peut-être pouvez-vous procéder néanmoins à votre interrogatoire
20 principal ? Vous rassemblerez le maximum d'éléments de preuve. Ensuite,
21 nous entendrons le contre-interrogatoire et verrons jusqu'où la défense
22 peut aller.
23 M. Jan (interprétation). - De combien de temps avez-vous besoin
24 avec le Dr Gow ?
25 M. Niemann (interprétation). - J'avais prévu un maximum de 3
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1 heures. Je peux réduire cet interrogatoire à 2 heures, peut-être davantage
2 le cas échéant. En tout état de cause, j'en aurais terminé dans l'après-
3 midi, ce qui permettrait à la défense d'entamer le contre-interrogatoire.
4 M. le Président (interprétation). - Nous ne sommes pas ici dans
5 une séance de marchandage. Je crois que le mieux est que vous procédiez à
6 votre interrogatoire du témoin et la défense fera certainement également
7 de son mieux pour répondre aux contraintes de temps.
8 M. Niemann (interprétation). - Très bien, Monsieur le Président.
9 J'appelle le témoin.
10 La distance est assez importante entre la salle des témoins et
11 le prétoire, Monsieur le Président. C'est la raison pour laquelle nous
12 avons à attendre quelques instants.
13 M. Jan (interprétation). - Est-ce l'expert en question
14 militaire ?
15 M. Niemann (interprétation). - Oui, en effet.
16 (Le témoin est introduit dans la salle d’audience.).
17 Veuillez faire prêter serment au témoin, je vous prie.
18 M Gow (interprétation). - Je déclare solennellement que je dirai
19 la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
20 M. le Président (interprétation). - Merci beaucoup. Vous pouvez
21 vous asseoir.
22 M. Niemann (interprétation). - Docteur Gow, pourriez-vous
23 décliner votre nom complet ?
24 M Gow (interprétation). - Andrew James William Gow.
25 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous étudié au King’s
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1 Collège de Londres, au Département Etudes de Guerre ? Avez-vous été
2 Associé de recherche au Centre pour les Etudes de Défense de l'Université
3 de Londres ?
4 M Gow (interprétation). - J'ai le titre de lecteur en Etudes de
5 guerre au King’s College de Londres et je suis Associé de recherche au
6 Centre des Etudes de Défense de Londres.
7 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous été précédemment
8 Responsable de recherche au Centre des Etudes de Défense ?
9 M Gow (interprétation). - Oui.
10 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous un doctorat de
11 l'Université de Londres ?
12 M Gow (interprétation). - Oui.
13 M. Niemann (interprétation). - Votre thèse de doctorat portait-
14 elle sur la Yougoslavie ?
15 M Gow (interprétation). - Oui.
16 M. Niemann (interprétation). - A-t-elle a été présentée à
17 l'Ecole des Etudes slaves
18 et est-européennes ?
19 M Gow (interprétation). - Effectivement.
20 M. Niemann (interprétation). - Ces dernières années, votre
21 travail -sans avoir porté exclusivement sur l'ex-Yougoslavie- a porté
22 notamment sur les affaires militaires et politiques de l'ex-Yougoslavie ?
23 M Gow (interprétation). - En effet.
24 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous beaucoup lu sur ce
25 sujet ?
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1 M Gow (interprétation). - Oui.
2 M. Niemann (interprétation). - Aux fins de votre déposition
3 d'aujourd'hui, avez-vous consulté vos écrits, les oeuvres que vous avez
4 rédigées, ainsi que celles d'autres experts de ce domaine ?
5 M Gow (interprétation). - Oui.
6 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous lu les rapports publiés
7 des manuscrits militaires et civils, des rapports d'allocutions
8 officielles, d'autres documents officiels, des rapports avec des
9 conversations avec des personnes ayant des connaissances dans ce domaine,
10 notamment avez-vous consulté les documents qui vous ont été proposés par
11 le Bureau du Procureur ?
12 M Gow (interprétation). - Oui.
13 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous publié de nombreux
14 ouvrages et article sur l'ex-Yougoslavie ?
15 M Gow (interprétation). - J'ai publié plusieurs livres et de
16 nombreux articles.
17 M. Niemann (interprétation). - Sans en donner les titres, avez-
18 vous également publiés des monographies ?
19 M Gow (interprétation). - Oui.
20 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous participé à des
21 conférences, en divers
22 endroits du monde, portant sur un certain nombre de sujets, notamment sur
23 l'ex-Yougoslavie ?
24 M Gow (interprétation). - Oui. J'ai fait des exposés dans de
25 nombreux forum à l'invitation des organisateurs
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1 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous déjà déposé devant ce
2 Tribunal à plusieurs reprises par le passé ?
3 M Gow (interprétation). - Oui.
4 M. Niemann (interprétation). - Etes-vous membre du groupe
5 d'experts du Conseil de Sécurité et de Défense du Royaume-Uni ?
6 M Gow (interprétation). - Je suis membre du groupe d’experts
7 auprès du ministère de la Défense britannique pour la défense stratégique.
8 M. Niemann (interprétation). - Docteur Gow, quelle était la
9 structure des forces armées de la République fédérative socialiste de
10 Yougoslavie avant l'éclatement de la Yougoslavie en 1991 ?
11 M Gow (interprétation). - La Yougoslavie avait un système de
12 forces armées qui comportait deux niveaux, qui se composaient de deux
13 éléments. Premier élément, les forces armées régulières qui étaient
14 chargées de remplir les fonctions normales d'une armée. Elles possédaient
15 une base de conscrits et étaient chargés d'assurer la défense du pays. Le
16 deuxième élément était un système de Défense territoriale organisée au
17 niveau régional, dans les différentes républiques qui composaient la
18 République socialiste fédérative de Yougoslavie. La structure de la
19 conscription dans les forces armées était relativement parallèle à la
20 répartition ethnique de la population, le corps des officiers ayant
21 tendance à être dominée à 60 % environ par les Serbes.
22 M. Niemann (interprétation). - Docteur Gow, qu’est-il advenu de
23 ce caractère de l'armée populaire yougoslave, de la JNA, après la
24 dissolution de la République fédérative de Yougoslavie ?
25 M Gow (interprétation). - Dans la période de dissolution, au
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1 moment où la Yougoslavie se démantelait, et notamment lorsque les
2 hostilités armées ont commencé, la JNA s'est alignée sur les dirigeants
3 politiques serbes. De ce fait, la composition de la JNA a changé. Alors
4 qu'au départ elle comportait 40 % de Serbes, si je ne m'abuse, elle est
5 devenue une force comportant environ 90 % de Serbes en une ou deux années.
6 M. Niemann (interprétation). - Y avait-il un rapport entre la
7 JNA et la direction politique serbe ?
8 M Gow (interprétation). - Alors que la crise de la Yougoslavie a
9 éclaté, s’est développée, que la Yougoslavie s'est démantelée, la
10 direction de la JNA et la direction politique serbe ont commencé à
11 travailler main dans la main. En mars 1991, il y avait une collaboration
12 entre elles en ce qui concerne la possibilité de déclarer l'état
13 d'urgence. Lorsque la Yougoslavie s'est démantelée, ces deux composantes
14 apparaissaient comme s’étant unies vis-à-vis du projet de créer une
15 nouvelle série de territoires à partir des républiques autre que la
16 Serbie.
17 M. Niemann (interprétation). - Quel était l’objectif principal
18 de la JNA et de la direction politique serbe à l'époque ?
19 M Gow (interprétation). - L'objectif principal consistait
20 apparemment à créer une série de territoires formés principalement, mais
21 pas exclusivement, autour de la population serbe de Croatie et de Bosnie-
22 Herzégovine, et ce dans le but de rompre l'intégrité territoriale de ces
23 deux lieux, de ces deux républiques, pour créer des territoires auxquels
24 la Fédération, avec la Serbie, aurait pu se joindre, une mini-Yougoslavie,
25 mais destines aux Serbes.
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1 M. Niemann (interprétation). - Cette tentative a-t-elle affecté
2 l'ensemble de la Bosnie de la même façon ?
3 M Gow (interprétation). - Bien que le territoire de la Bosnie-
4 Herzégovine ait été soumis au même genre d'attaques armées, il convient de
5 dire que certaines régions de la Bosnie était destinée à faire partie de
6 ces territoires et d'autres pas. Autrement dit, il y a eu prise de
7 contrôle par la force des armes et une hostilité armée. Mais, dans
8 certaines régions, il n'y avait pas d'hostilité armée. Cela étant,
9 l'ensemble de la Bosnie-Herzégovine était concernée par cet objectif.
10 M. Niemann (interprétation). - Docteur Gow, avant le début des
11 hostilités armées quels ont été les préparatifs militaires réalisés pour
12 mettre en oeuvre ces objectifs ?
13 M Gow (interprétation). - Au début de l’été 1991 et à partir de
14 cette date, je parle ici de la Bosnie-Herzégovine, la JNA a réalisé un
15 certain nombre de manoeuvres et d’exercices destinés à mobiliser les
16 réservistes serbes dans les unités qui se trouvaient stationnées en Bosnie
17 Herzégovine.
18 Les services de sécurité serbes, le SDB, étaient en train de
19 procéder à des arrangements particuliers destinés à créer des agents en
20 Bosnie-Herzégovine pour servir le programme politique qu'ils avaient en
21 vue et permettre la distribution des armes par l'intermédiaire du parti
22 démocratique serbe, le SDS
23 M. Niemann (interprétation). - A qui ces armes ont-elles été
24 distribuées ?
25 M. Gow (interprétation). - Elles ont été distribuées aux membres
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1 de ce que l'on pouvait appeler les groupes serbes loyalistes qui
2 coopéraient avec le SDS, qui étaient sous l'influence du SDS en Bosnie-
3 Herzégovine.
4 M. Niemann (interprétation). - Est-ce que c'étaient des membres
5 de la population civile ?
6 M. Gow (interprétation). - Il y avait des éléments de la
7 population civile, ceux qui avaient éventuellement servi dans les forces
8 armées.
9 M. Niemann (interprétation). - Y avait-il d'autres activités
10 politiques dans le même temps ?
11 M. Gow (interprétation). - En avril 1991, un processus a
12 commencé qui avait pour but de séparer une partie du territoire destinée
13 plus tard à former la Républika Srbska, à savoir
14 le territoire auquel prétendaient les Serbes de Bosnie-Herzégovine. En
15 avril, une série de déclarations a donné à certains territoires
16 l'étiquette de territoire serbe. En septembre 1991, des régions serbes ont
17 été créées dans quatre parties de la Bosnie-Herzégovine avec une cinquième
18 région qui a été déclarée également serbe un peu plus tard, en novembre si
19 je ne m'abuse.
20 Ce sont là les préparatifs politiques destinés à créer les
21 infrastructures nécessaires à la constitution de ce territoire qui devait
22 être séparé de la Bosnie-Herzégovine pour rejoindre la Serbie.
23 M. Niemann (interprétation). - Etait-ce bien l'objectif de la
24 direction politique serbe et de la JNA ?
25 M. Gow (interprétation). - Leur objectif était d'établir un
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1 contrôle politique et militaire sur ces territoires qui devaient être
2 séparés du reste de la Bosnie-Herzégovine, pour ensuite rejoindre la
3 Serbie dans le cadre d'une fédération ou d'une mini-Yougoslavie.
4 M. Niemann (interprétation). - Ce plan était-il confiné au
5 territoire de la Bosnie-Herzégovine ?
6 M. Gow (interprétation). - Non, ce n'était pas le cas. Les
7 territoires en Bosnie-Herzégovine faisaient partie d'un plan qui visait à
8 constituer un territoire composé pratiquement exclusivement, mais pas
9 totalement exclusivement, de populations serbes. La même chose a eu lieu
10 en Croatie avant les événements de Bosnie-Herzégovine à partir de
11 juillet 1990, avec la déclaration de l'autonomie de la région serbe de
12 Krajina.
13 Il y avait également la Slavonie Orientale, la Srem et la
14 Baranja. Donc, là encore, la même structure a été suivie pour ce qui est
15 de la déclaration de régions autonomes et pour ce qui est de la
16 déclaration d'une république, l'intention était bien de réunir tous ces
17 territoires distincts.
18 M. Niemann (interprétation). - Professeur Gow, je vais vous
19 demander de jeter un coup d'oeil à ce document que je vais vous faire
20 passer ; j'ai un exemplaire de ce même
21 document à l'intention des conseils de la défense et à votre intention,
22 Messieurs les Juges. Ce document a préalablement été communiqué aux
23 conseils de la défense, je le précise.
24 Messieurs les Juges, je tiens à signaler que nous ne chercherons
25 à obtenir le versement au dossier que de deux documents grâce au
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1 témoignage du Pr Gow. Avant de faire quelque commentaire que ce soit, je
2 voudrais m'assurer que chacun des conseils de la défense et que chacun
3 d'entre vous, Messieurs les Juges, dispose d'une copie.
4 Mme le Greffier (interprétation). - Il s'agit du document de
5 l'accusation 200/6.
6 M. Niemann (interprétation). - Professeur Gow, quel est le
7 document que vous avez à présent sous les yeux ?
8 M. Gow (interprétation). - Ce document est, en fait, un ensemble
9 d'instructions portant le nom : "Pour l'organisation et la préparation
10 d'organismes du peuple Serbe de Bosnie-Herzégovine dans des circonstances
11 extraordinaires". Ce document a été établi par la classe dirigeante du
12 SDS, le parti dont j'ai mentionné le nom tout à l'heure.
13 M. Ackerman (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le
14 Président, je sais que Me Niemann a déclaré que nous avions préalablement
15 reçu ce document, cependant je ne me rappelle pas l'avoir jamais vu
16 auparavant. Il se peut fort bien que ce document nous ait été communiqué
17 il y a fort longtemps, lorsque Brackovic était déjà impliqué dans la
18 gestion de cette affaire, mais enfin je précise que cela ne nous a pas été
19 communiqué récemment, loin de là.
20 L'autre chose qui me préoccupe est que je ne suis pas certain de
21 l'authenticité de ce document. Il ne porte aucune signature, aucune
22 indication indiquant sa provenance, il n'indique en rien quelle est sa
23 teneur. C'est un document que n'importe qui aurait pu établir. Loin de moi
24 l'idée de suggérer que l'accusation a établi ce document, je sais bien que
25 ce n'est pas le cas, cependant nous ne savons absolument pas d'où il
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1 provient ; il pourrait être falsifié en tous points.
2 A moins que l'accusation ne nous donne des indices quant à sa
3 provenance et son authenticité, j'objecterai à ce que ce document soit
4 utilisé dans le cadre de ce témoignage. C'est
5 un document tapisserie ; c'est tout ce que je peux dire pour l'instant. Je
6 ne dispose pas de la version serbo-croate ; peut-être est-elle différente,
7 je ne sais pas.
8 Je suis en train de consulter cette même version et je vois
9 qu'il n'y a aucune signature.
10 M. le Président (interprétation). - Voyons ce que l'accusation
11 peut nous dire ? Je vous remercie.
12 M. Niemann (interprétation). - Il s'agit d'un document qui a été
13 communiqué le 16 janvier 1997 et c'est une pièce à conviction qui a été
14 versée dans le cadre de l'affaire Tadic. Elle a été admise dans le cadre
15 de cette affaire comme étant un document fiable et recevable. Le Tribunal,
16 dans le cadre de cette affaire, a accepté de s'appuyer sur ce document. Je
17 vais demander au Pr Gow un certain nombre de choses relatives à ce
18 document. Je pense qu'il pourra nous éclairer grâce à son expérience. Il
19 pourra nous éclairer concernant ce sujet particulier. Je le répète, ce
20 document a été communiqué au conseil de la Défense, il y a un certain
21 temps et a été versé au dossier et admis dans le cadre de l'affaire Tadic.
22 Professeur Gow, pensez-vous qu'il s'agit là d'un document qui
23 serait fiable d'après vous et qui permettrait, dans le cadre de votre
24 recherche, d'apprendre certaines choses ?
25 M. Gow (interprétation). - Oui, en effet.
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1 M. Niemann (interprétation). - Pourquoi vous appuieriez-vous sur
2 ce document et le considéreriez-vous comme fiable ?
3 M. Gow (interprétation). - Comme vous l'avez vous-même dit, j'ai
4 eu recours à ce document dans le cadre de l'affaire Tadic. Je pense que
5 lors de ma déclaration dans le cadre de cette affaire, j'ai dit que ce
6 document avait été examiné par des experts éminents, par des membres du
7 gouvernement de pays membres des Nations unies. Il semble quand tout point
8 ce document soit authentique et fiable et peut être utilisé dans le cadre
9 de cette affaire.
10 M. Niemann (interprétation). - Sur la base des opinions qui ont
11 été exprimées sur
12 ce document et dans le cadre de vos activités professionnelles, vous
13 pourriez baser un jugement ?
14 M. Gow (interprétation). - Oui.
15 M. Niemann (interprétation). - Je demande le versement au
16 dossier de ce document, Monsieur le Président.
17 M. le Président (interprétation). - Je pense que ce document est
18 tout à fait recevable. Je ne crois pas qu'on puisse retenir l'objection
19 formulée par les conseils de la Défense.
20 M. Niemann (interprétation). - Professeur Gow, quelles ont été
21 les procédures auxquelles les dirigeants politiques serbes ont eu recours
22 afin de mettre en oeuvre leur plan ?
23 M. Gow (interprétation). - A partir de la fin de 1991 et outre
24 ce que j'ai déjà pu préciser, des dispositions ont été prises pour la mise
25 en place de ce qui était en fait des gouvernements prêts à prendre les
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1 rênes du pouvoir dès lors que le plan serait effectivement mis en oeuvre.
2 Cela supposait la création d'états-majors de crises qui prenaient toutes
3 les dispositions nécessaires à la reprise militaire et politique des
4 territoires.
5 Deux versions de ce type de cellule de crise ont été créées. Une
6 pour la Bosnie-Herzégovine où il y avait une majorité serbe absolue et une
7 autre où la majorité n'était pas absolument serbe. L'objectif dans ce
8 deuxième cas était bien qu'il y ait une majorité serbe qui puisse mener à
9 bien la prise de ce territoire en coordonnant ces activités avec la JNA
10 par exemple.
11 M. Niemann (interprétation). - Comment la municipalité de Konjic
12 figurait-elle dans ce plan général ?
13 M. Gow (interprétation). D'après ce que je crois, la ville de
14 Konjic n'était pas à majorité serbe. Il était prévu que cela devienne un
15 territoire serbe sur la base du nombre des représentants de la communauté
16 serbe dans le sein des instances locales. Je ne peux pas être plus précis
17 que cela. Je ne crois pas que le fait de donner un chiffre puisse ajouter
18 quoi que ce soit.
19 Tel était leur objectif pour cette région.
20 M. Niemann (interprétation). - Vous avez précédemment déclaré
21 que les dirigeants serbes, les dirigeants politiques serbes avaient joué
22 un rôle notamment dans la distribution d'armes à la population. D'après ce
23 que vous avez pu lire et apprendre, le comité du SDS à Konjic a participé
24 à la distribution d'armes à la population ?
25 M. Gow (interprétation). - D'après moi, d'après ce que j'ai pu
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1 comprendre, le SDS à Konjic a effectivement distribué environ 400 armes à
2 des personnes serbes vivant dans la région.
3 M. Niemann (interprétation). - D'après vous, quelque chose
4 d'important a eu lieu dans le cadre de la JNA après le début des
5 hostilités au printemps 1992 ?
6 M. Gow (interprétation). - J'ai déjà parlé d'un certain nombre
7 de procédures qui avaient eu cours dans le cadre de la JNA, mais en mai
8 1992, la JNA a officiellement cessé d'exister. A partir du 19 mai 1992, la
9 JNA s’est scindée en deux forces armées : l’une étant appelée la VRS,
10 l'armée de la Républika Srbska et l'autre était la VJ, l'armée de
11 Yougoslavie constituée de la Serbie et du Monténégro, même si en dépit de
12 cette scission, il s'agissait encore et toujours de la même entité.
13 M. Niemann (interprétation). - Quelles ont été les mesures
14 prises pour atteindre cet objectif, Professeur Gow ?
15 M. Gow (interprétation). - Les dirigeants politiques serbes et
16 le commandement de la JNA, quelques mois avant la mise en place de cette
17 mesure, avaient décidé de redistribuer le personnel constituant la JNA
18 afin que les hommes servant dans la JNA et en Bosnie-Herzégovine soient
19 des Serbes et que les personnes qui n’étaient pas de Bosnie-Herzégovine
20 soient transférées de Serbie au Monténégro.
21 M. Niemann (interprétation). - Cette décision, quand a-t-elle
22 été prise et où ?
23 M. Gow (interprétation). - Cette décision a été prise par
24 Slobodan Milosevic, Président de la République de Serbie et par
25 Borislav Jovic, le représentant de la Serbie au sein
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1 de ce qui était alors le conseil ou la présidence collégiale de la
2 Yougoslavie. Puis, ces instructions ont été données au commandement en
3 chef de la JNA, le Général Kadijevic, puis le 5 décembre 1991, la décision
4 a été prise par Novica Stanisic et Slobodan Milosevic.
5 M. Niemann (interprétation). - Quelles ont été leurs motivations
6 pour prendre cette décision ?
7 M. Gow (interprétation). - Il me semble que ce qui les a motivés
8 pour prendre cette décision est qu'ils devaient se préparer à faire face à
9 une situation où la JNA allait se déployer en Bosnie-Herzégovine dans le
10 but d'annexer certains territoires de la Bosnie-Herzégovine, afin de
11 mettre à bien ce projet de création d'un nouvel Etat. Si jamais la
12 communauté internationale en venait à reconnaître la Bosnie-Herzégovine
13 comme une entité indépendante au point de vue international, alors, la
14 Serbie serait considérée comme une force d'occupation. En fait, la
15 décision a été prise pour essayer de dissimuler l'activité réelle qui
16 était déployée, c'est-à-dire pour faire en sorte que la JNA soit
17 constituée en tout premier lieu de Serbes de Bosnie en Bosnie-Herzégovine.
18 M. Niemann (interprétation). - Y a-t-il des documents sur
19 lesquels vous vous soyez appuyé afin de parvenir à cette opinion ?
20 M. Gow (interprétation). - Je me suis surtout fondé sur ce qui a
21 pu paraître en date du 5 décembre 1991 dans le journal personnel de
22 Borislav Jovic. Il me semble que ce journal a été publié en 1995 ou en
23 1996, je ne sais plus.
24 M. Niemann (interprétation). - Pour ce qui est de votre opinion
25 personnelle et de votre opinion professionnelle, pensez-vous que ce
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1 document était absolument fiable ?
2 M. Gow (interprétation). - Absolument. Je pense que le journal
3 de M. Jovic est absolument fiable. Il était là présent et il savait
4 exactement ce qui se passait.
5 M. Niemann (interprétation). - Je vais vous montrer un autre
6 document, Professeur Gow.
7 Mme le Greffier (interprétation). - Il s'agit du document de
8 l'accusation 207.
9 M. Niemann (interprétation). - Professeur Gow, le document que
10 vous avez à présent sous les yeux est-il bien le document à partir duquel
11 vous avez travaillé pour exprimer vos opinions sur ce sujet ?
12 M. Gow (interprétation). - Oui, c'est un extrait photocopié du
13 livre que je viens de mentionner, en fait c'est une traduction de ce
14 manuel.
15 M. Niemann (interprétation). - N'y a-t-il pas notamment une
16 partie du document dont vous pensez qu'elle vient à l'appui de l'opinion
17 que vous avez formulée ?
18 M. Ackerman (interprétation). - Excusez-moi.
19 Monsieur le Président, il s'agit là une fois de plus d'un
20 document tout neuf que nous n'avons jamais vu auparavant. Je ne sais
21 absolument pas d'où il provient. Quelle est la provenance de ce document ?
22 S'agit-il vraiment d'extraits du journal de Borislav Jovic ? De quoi
23 s'agit-il exactement ?
24 M. Greaves (interprétation). - Non, il s'agit d'un document tout
25 différent.
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1 M. Ackerman (interprétation). - Monsieur le Président, je sais
2 que la semaine dernière nous avons reçu un document. M. Greaves pense
3 qu'il s'agit de la même chose. Mais moi, je n'ai pas l'impression qu'il
4 s'agisse du même document. S'il s'agit du même document, pourquoi celui
5 que nous recevons aujourd'hui, est-il à ce point différent de celui que
6 nous avons reçu apparemment la semaine dernière ?
7 M. le Président (interprétation). - Qu'est-ce que qui vous fait
8 peur dans la teneur de ce document ? Quel est votre problème ? Qu'il
9 contienne des choses qui pourraient aller à l'encontre de vos intérêts ?
10 M. Ackerman (interprétation). - Bien sûr que non,
11 Monsieur le Président. Là n'est pas la question. Ma question est la
12 suivante : S'agit-il là d'un document authentique, fiable ? Telle est la
13 nature de mes questions. Cela n'a pas du tout l'air d'être le document qui
14 nous a été
15 communiqué la semaine dernière. Peut-être le Bureau du Procureur a-t-il à
16 nouveau tapé le document, peut-être a-t-il essayé de soigner un peu la
17 présentation du document. Peut-être que Maître Niemann souhaiterait
18 clarifier la situation ? S'agit-il d'un nouvel exemplaire du même
19 document ? Un nouveau format du même document ?
20 M. le Président (interprétation). - Mais pourquoi soulevez-vous
21 la question de l'authenticité concernant ce document ?
22 M. Ackerman (interprétation). - Je peux m'asseoir devant ma
23 machine à écrire, taper un document de cette nature et dire qu'il s'agit
24 là d'un document provenant du journal de Boris Lavovic . Je parle de
25 l'authenticité.
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1 M. le Président (interprétation). - Sauf que vous avez un
2 exemplaire de ce même journal.
3 M. Ackerman (interprétation). - Je ne suis pas au courant.
4 M. le Président (interprétation). - Mais enfin, on est en train
5 de vous dire ce qu'est ce journal. Vous pourrez aborder cette question
6 lors de votre contre-interrogatoire.
7 M. Ackerman (interprétation). - Monsieur le Président, je
8 voudrais simplement que Me Niemann nous dise s'il s'agit là d'un nouveau
9 format du même document qui nous a été communiqué la semaine dernière. Si
10 la teneur est similaire, alors nous n'avons plus de problème, c'est tout.
11 M. le Président (interprétation). - Maître Niemann, voulez-vous
12 commenter ce point ?
13 M. Niemann (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Quant
14 à l'idée selon laquelle quelqu'un a créé de toute pièce ce document, il
15 n'y a pas de réponse à apporter. En fait, la question à poser est de
16 savoir si M. Gow serait prêt à s'appuyer sur ce document pour exprimer une
17 opinion professionnelle en tant qu’expert. Il est venu déclarer dans le
18 cadre d'un certain nombre d'affaires. Il s'agit là d'un document sur
19 lequel il se fonde pour formuler une
20 opinion. D'après nous, c’est donc un élément à prendre en compte, tout à
21 fait pertinent. Il peut aussi nous dire ce qu'il pense concernant la
22 fiabilité et l'authenticité de ce document. Pour ce qui est de la version
23 traduite, de la traduction communiquée aux conseils de la défense,
24 effectivement un nouveau format a été donné à ce document. Il s'agit d'une
25 traduction. Peut-être n'a-t-il pas la même apparence que le document
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1 original.
2 M. Jan (interprétation). - (Hors micro.)
3 M. Niemann (interprétation). - Peut-être pourrions-nous demander
4 à M. Gow de décrire le document ? Il s'y connaît bien mieux que moi. C'est
5 lui qui au cours de nos entretiens a soulevé le fait que ce document
6 pourrait nous être utile. Tous ces articles et toutes ces publications
7 sont des documents sur lesquels se fondent le Dr Gow. Peut-être qu'à votre
8 intention, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, peut-il nous dire
9 s'il s'agit d'un extrait du journal de Borislav Jovic.
10 M Gow (interprétation). - Je vais le faire avec plaisir. Peut-
11 être puis-je éclaircir la situation. Je crois avoir déjà dit que
12 Borislav Jovic était le représentant serbe au sein de la présidence
13 collégiale de la République socialiste fédérative de Yougoslavie. C'était
14 l'allié, le collaborateur, très étroit au niveau politique de
15 Slobodan Milosevic, Président de la république de Serbie. Je crois avoir
16 déjà dit que le 5 décembre 1991, comme l'indique d’ailleurs cet extrait.
17 C'est bien la date qui figure sur cet extrait. En ce jour, Borislav Jovic
18 et Milosevic ont eu un entretien relatif à leurs intentions vis-à-vis de
19 la Bosnie-Herzégovine. Ils ont pris la décision suivante. D'après eux, il
20 serait bon de transférer du personnel serbe, soit en Serbie et au
21 Monténégro, soit en Bosnie-Herzégovine, selon l'appartenance ethnique de
22 ce personnel. Ainsi, par la suite, il pourrait être dit que l'armée
23 présente en Bosnie-Herzégovine était une armée constituée de Serbes de
24 Bosnie et non pas une armée constituée de Serbes de Belgrade. Cela
25 permettrait ensuite à l'armée de mener à bien ses opérations. Peut-être
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1 puis-je ajouter également qu’en dépit du fait que Jovic a publié ce
2 journal, il y a très peu d'exemplaires de ce livre
3 disponibles, car la direction politique serbe, notamment Milosevic, a
4 décidé qu'il fallait retirer cet ouvrage des librairies. Cette mesure est
5 intervenue très tôt.
6 M. Jan (interprétation). - Vous avez lu l'intégralité de son
7 journal. Pensez-vous qu'il s'agit bien là d'un extrait de ce journal ?
8 M Gow (interprétation). - Je suis une des rares personnes a
9 disposé d'un exemplaire de ce journal.
10 M. Niemann (interprétation). - Où avez-vous pu trouver cet
11 exemplaire ?
12 M Gow (interprétation). - Cet ouvrage a été acheté en mon nom
13 par un ami au Monténégro. Il a eu la gentillesse d'attendre de pouvoir me
14 voir pour me le transmettre.
15 M. Niemann (interprétation). - Il s'agit donc bien là d'un
16 document sur lequel vous seriez prêt à vous fier pour formuler une opinion
17 sur les sujets qui nous intéressent ?
18 M Gow (interprétation). - En effet.
19 M. Niemann (interprétation). - Je demande le versement au
20 dossier de ce document, Monsieur le Président.
21 M Gow (interprétation). - Vous m'avez demandé précédemment
22 d'identifier les extraits qui apparaissent sur ce document. Je vais le
23 faire, si vous le souhaitez ?
24 M. Niemann (interprétation). - Oui, s'il vous plaît.
25 M Gow (interprétation). - Si vous vous référez au troisième
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1 paragraphe de la première page de la traduction, vous verrez qu'il
2 apparaît, à la troisième phrase, et je vais la lire pour être très clair :
3 "Quasiment tous ce qui restent encore dans la JNA sont des Serbes ou
4 viennent du Monténégro".
5 M. le Président (interprétation). - Veuillez ralentir, s'il vous
6 plaît.
7 M Gow (interprétation). - Je vais reprendre. "La quasi
8 totalité...". Serait-il bon que les interprètes disposent d'un exemplaire
9 de ce document ?
10 M. Niemann (interprétation). - Non, ce ne sera pas nécessaire.
11 M Gow (interprétation). - "La quasi totalité des personnes
12 restant encore dans la JNA sont des Serbes ou viennent du Monténégro, mais
13 ils proviennent de tous les territoires serbes. Lorsque la Bosnie-
14 Herzégovine sera reconnue au plan international, la JNA sera considérée
15 comme une armée étrangère et on demandera son retrait de Bosnie-
16 Herzégovine. On ne peut l'éviter."
17 La traduction est quelque peu imprécise. Ce n'est pas ma
18 traduction. Cette traduction a été réalisée par des traducteurs
19 travaillant pour le Bureau du Procureur, d'après ce que j'ai compris.
20 M. Niemann (interprétation). - Bien. Cela apporte donc la date
21 5 décembre 1991. Qu'est-ce que cela signifie ?
22 M Gow (interprétation). - Cela signifie qu’en ce jour, en ce
23 5 décembre 1991, Milosevic et Jovic ont essayé de deviner quelle allait
24 être la situation qui allait prévaloir après la reconnaissance de la
25 Bosnie-Herzégovine par la communauté internationale, de prendre des
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1 mesures leur permettant de mener à bien leur projet général malgré la
2 reconnaissance de la Bosnie-Herzégovine, d’essayer de déguiser leur
3 intention réelle.
4 M. Niemann (interprétation). - Et la décision par elle-même a
5 été prise en 1992 ?
6 M. Gow (interprétation). - La décision visant à scinder la JNA
7 entre la VJ et la VRS a été annoncée le 4 mai 1992 et devait prendre effet
8 le 19 juillet 1992.
9 M. Niemann (interprétation). - Professeur Gow, comment
10 décririez-vous le rôle joué par Belgrade pour ce qui est de la
11 Bosnie Herzégovine ?
12 M. Gow (interprétation). - A mon avis, les dirigeants militaires
13 et politiques de Belgrade, ont entamé une campagne afin d'élargir le
14 territoire qui se trouverait sous le contrôle de Belgrade dans la
15 situation de la dissolution de la Fédération Yougoslave, lorsque certaines
16 républiques qui formaient cette fédération ont déclaré leur indépendance.
17 Le but était d'avoir des territoires alliés à la Serbie et au Monténégro
18 au sein de la Croatie et de la Bosnie Herzégovine.
19 M. Niemann (interprétation). - Le rôle de Belgrade était-il un
20 rôle d'appui ou un rôle plus important encore ?
21 M. Gow (interprétation). - Je crois que le rôle de Belgrade
22 était d'élaborer et de mettre en oeuvre ce projet qui était de saisir ces
23 territoires au sein de la Croatie et de la Bosnie Herzégovine et de les
24 rattacher à la Serbie et au Monténégro.
25 M. Niemann (interprétation). - Cela impliquait-il de déployer
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1 des unités militaires de la Serbie et du Monténégro ?
2 M. Gow (interprétation). - Outre le plan que je viens de décrire
3 pour la JNA, cela incluait également à certaines périodes l'établissement
4 de groupes paramilitaires établis par les services secrets serbes, leur
5 venue en Bosnie-Herzégovine et notamment, pendant la période de la guerre,
6 de fournir un appui, c'est-à-dire les unités du VJ, de la Serbie et du
7 Monténégro en Bosnie Herzégovine.
8 M. Niemann (interprétation). - Quelles parties de la
9 Bosnie Herzégovine ont été touchées plus particulièrement par la guerre ?
10 M. Gow (interprétation). - Toutes les parties de Bosnie-
11 Herzégovine ont été touchées par la guerre bien que, comme je l'ai dit
12 auparavant, je pense que le degré des faits dépendrait de si, oui ou non,
13 une zone pouvait être facilement prise, si elle était engagée dans des
14 hostilités entre forces armées, ou si elle se trouvait de l'autre côté de
15 la ligne. Je crois que dans toutes les guerres, toutes les parties d'un
16 territoire sont concernées.
17 M. Niemann (interprétation). - Comment pouvez-vous caractériser
18 la relation entre les Serbes de Bosnie et Belgrade ?
19 M. Gow (interprétation). - Je crois que les Serbes de Bosnie au
20 sein de la JNA et d'autres structures politiques étaient associés, et ceux
21 qui étaient loyaux avec cet objectif agissaient dans les intérêts de
22 Belgrade bien entendu. Bien qu'en faisant cela je pense qu'ils pouvaient
23 également miner ce qui aurait pu être un plan, une question politique très
24 importante
25 pour les Serbes de Bosnie-Herzégovine. Mais ils avaient choisi d'agir pour
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1 Belgrade contre la Bosnie-Herzégovine.
2 M. Niemann (interprétation). - Cela s'appliquait-il à tous les
3 Serbes de Bosnie ?
4 M. Gow (interprétation). - Non. Certaines personnes étaient
5 loyales vis-à-vis de ce plan et d'autres ont pris parti pour le
6 gouvernement de Bosnie-Herzégovine. Certains ont fui la Bosnie-Herzégovine
7 et d'autres sont peut-être devenus désengagés d'un point de vue politique
8 parce que les choses se déroulaient ainsi. Tout cela a fait que nous nous
9 sommes éloignés un peu de ce qui aurait pu être une question politique
10 véritable parce que cela était mis dans le cadre d'une campagne armée.
11 M. Niemann (interprétation). - Quel jugement portez-vous sur
12 l'approche adoptée par les autorités de Bosnie-Herzégovine ?
13 M. Gow (interprétation). - Ces autorités ont choisi d'adopter
14 certaines démarches, notamment l'organisation de la défense, du mieux
15 qu'elles le pouvaient, étant donné leurs possibilités d'un point de vue
16 politique, vis-à-vis des Serbes de Bosnie qui se trouvaient dans les zones
17 de conflit où il y avait eu un certain armement des Serbes qui se
18 trouvaient sur ces territoires afin de mettre à exécution ce plan, qui
19 étaient considérés comme potentiellement hostiles et qui étaient parfois
20 traités comme des suspects potentiels, comme des agents potentiels de
21 Belgrade. Donc, jusqu'à ce que leur statut soit clair et net, ils ont été
22 considérés comme des suspects hostiles.
23 M. Niemann (interprétation). - Comment les Serbes de Bosnie ont-
24 ils réagi d'un point de vue politique et militaire à la reconnaissance
25 internationale de la Bosnie-Herzégovine ?
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1 M. Gow (interprétation). - Les Serbes de Bosnie ont répondu du
2 point de vue politique en officialisant la République serbe au sein de la
3 Bosnie-Herzégovine qui a été renommée par la suite sous le nom de
4 Republika Srpska en avril 1992. Ils ont renforcé officiellement la
5 République serbe en Bosnie-Herzégovine qui est devenue en août la
6 Republika Srpska en déclarant son association officielle avec la Serbie et
7 le Monténégro dans sa constitution qui avait été adoptée en janvier 1992.
8 Du point de vue militaire, les autorités ont commencé leur
9 propre campagne en association avec la JNA pour assurer le contrôle et les
10 points d'accès en Bosnie-Herzégovine afin de créer un cadre pour les
11 développements futurs militaires et politiques.
12 M. Niemann (interprétation). - Quel était l'objectif principal
13 des opérations de la JNA en Bosnie-Herzégovine en avril et mai 1992 ?
14 M. Gow (interprétation). - L'objectif premier de la JNA et des
15 forces armées serbes dans les premières semaines de la campagne armée
16 semblait être de prendre le contrôle des points d'accès et des points de
17 communication principaux de la Bosnie-Herzégovine.
18 Les premières semaines, tous les conflits principaux se
19 trouvaient dans des lieux tels que Visegrad ou Bijeljina, et c'est là que
20 leur contrôle a été pris. Ce contrôle permettait aux Serbes d'avoir un
21 mouvement libre dans la Bosnie-Herzégovine ou à Bosanski Brod par exemple.
22 Le contrôle empêcherait un accès pour les forces extérieures de venir
23 appuyer les membres de la Bosnie-Herzégovine.
24 M. Niemann (interprétation). - La J.N.A. a-t-elle fonctionné
25 dans la municipalité de Konjic d'après ce que vous avez appris suite à vos
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1 lectures ?
2 M. Gow (interprétation). - Il semble que oui, je crois.
3 Durant une courte période du conflit, en mai 1992, peut-être.
4 Certaines unités de la J.N.A. avaient été transférées à l'extérieur de
5 cette zone à Konjic. Je crois que des bombardements avec de l'artillerie
6 de la J.N.A. ont continué par la suite.
7 M. Niemann (interprétation). - Après le 19 mai 1992, quel a été
8 le rôle de la J.N.A. en Bosnie ?
9 M. Gow (interprétation). - C’est-à-dire la V.J., c’est-à-dire
10 les éléments de la J.N.A. qui se trouvaient en Serbie et au Monténégro. La
11 V.J. a continué à apporter une
12 contribution active en termes d’hommes et d'équipements à la réalisation
13 du projet d'un nouvel Etat serbe en Bosnie-Herzégovine. Dans de nombreux
14 cas, elle est venue appuyer la V.R.S., c'est-à-dire l'unité de la J.N.A en
15 Bosnie-Herzégovine chaque fois qu'il était nécessaire de fournir plus
16 d'équipements de tout type ou des hommes. La V.J. a continué de façon
17 presque permanente à coopérer avec les forces qui se trouvaient en Bosnie-
18 Herzégovine, notamment les forces de Patko Mladic.
19 Dans un certain nombre de cas, des hommes de la V.J. ont été
20 identifiés et, dans un certain nombre d'autres cas, un rapport d'un
21 ambassadeur américain a fait état qu'il y avait eu certains problèmes ou
22 plutôt qu'un des problèmes qui existaient encore dans la Republika Srbska
23 et qu'il y avait effectivement une armée qui travaillait avec Belgrade.
24 M. Niemann (interprétation). - Comment décririez-vous la
25 relation entre le commandement militaire des Serbes de Bosnie et
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1 Belgrade ?
2 M. Gow (interprétation). - Je pense que le commandement
3 militaire des Serbes de Bosnie -je crois que je l'ai déjà dit mais je vais
4 le répéter- a obtenu beaucoup de pouvoirs sachant quels étaient les
5 objectifs de la campagne armée. Le plus possible, il devait faire cela
6 sachant qu'il ne devait pas remettre en question le rôle de Belgrade,
7 c'est-à-dire, pour en revenir à la décision qui avait été prise par Jovic
8 et Milosevic le 5 décembre 1991, essayer de s'assurer que Belgrade ne
9 serait pas considérée comme étant responsable des événements qui se
10 produisaient en Bosnie-Herzégovine à ce moment-là.
11 M. Niemann (interprétation). - A partir des publications et du
12 document que vous avez étudié, le Gouvernement de Bosnie-Herzégovine se
13 considérait-il engagé dans un conflit armé contre une armée étrangère ?
14 M. Gow (interprétation). - Les autorités de Bosnie-Herzégovine
15 considéraient qu'elles étaient engagées dans un conflit armé avec une
16 puissance étrangère à partir du 22 juin 1992. Le Président de
17 Bosnie-Herzégovine, Alija Izetbegovic a proclamé l'état de
18 guerre.
19 M. Niemann (interprétation). - Quelle était cette puissance
20 étrangère contre laquelle les autorités devaient lutter ?
21 M. Gow (interprétation). - La déclaration d’état de guerre, je
22 crois, concernait la République Fédérale de Yougoslavie, la Serbie et le
23 Monténégro qui étaient les puissances belligérantes en quelque sorte.
24 M. Niemann (interprétation). - Quelles mesures ont été prises
25 par le Président de Bosnie-Herzégovine afin de se préparer pour le conflit
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1 de 1992, d'avril 1992 ?
2 M. Gow (interprétation). - La présidence de Bosnie-Herzégovine a
3 commencé avant l'éclatement des hostilités à mobiliser la défense
4 territoriale au sein de la Bosnie-Herzégovine. Au début de 1991, avant ce
5 moment-là, le parti principal en Bosnie-Herzégovine, le S.D.A., avait
6 commencé également à organiser un plan, une structure parallèle afin de
7 pouvoir assumer les événements qui allaient peut-être se produire dans
8 l'avenir, une sorte de ligue patriotique.
9 M. Niemann (interprétation). - Quand l'armée de
10 Bosnie-Herzégovine a-t-elle été établie ?
11 M. Gow (interprétation). - Officiellement, il semble que c’était
12 le 15 avril 1992, mais il y a eu par la suite d'autres évolutions en
13 mai 1992. Il s'agissait là, en tout cas, de déclarations officielles. La
14 réalité était en fait que les forces armées en Bosnie-Herzégovine sont
15 demeurées non organisées ou partiellement organisées. Ce n'est qu'après
16 1992 qu'une structure officielle a été formée, c'est-à-dire que la
17 décision d'avril 1992 a véritablement pris forme.
18 M. Niemann (interprétation). - Quelle était la structure de
19 commandement de cette armée nouvellement formée ?
20 M. Gow (interprétation). - Eh bien la présidence en était le
21 commandement suprême et a nommé des chefs d'état-major et les généraux.
22 Les chefs d'état-major devaient
23 alors nommer des commandants pour les autorités militaires régionales et
24 c'étaient les chefs d'état-major qui devaient nommer les niveaux
25 hiérarchiques inférieurs sur recommandation.
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1 M. Niemann (interprétation). - Qui étaient les chefs d'état-
2 major ?
3 M. Gow (interprétation). - Je crois que c'était Hasan Efendic,
4 mais pendant une courte période, en mai 1995, je crois. Puis
5 Sefer Halilovic est devenu le chef d'état-major pour l'armée de Bosnie-
6 Herzégovine le 25 mai 1992, je crois.
7 M. Niemann (interprétation). - Quelles mesures ont été prises
8 pour parvenir à cet objectif ?
9 M. Gow (interprétation). - En avril 1992, les autorités de
10 Bosnie ont demandé la mobilisation générale de la défense territoriale en
11 Bosnie-Herzégovine.
12 M. Niemann (interprétation). - Et cet ordre a-t-il été obéi par
13 tous ?
14 M. Gow (interprétation). - Non, tout le monde n'a pas répondu à
15 cet appel. Les Croates et les Serbes n'ont pas répondu à cet appel.
16 M. Niemann (interprétation). - Quel rôle les unités
17 paramilitaires ont-elles joué ?
18 M. Gow (interprétation). - Un certain nombre de groupes
19 paramilitaires ont joué un rôle pour le gouvernement bosniaque. La ligue
20 patriotique avait été organisée par les dirigeants du SDA, c'est-à-dire le
21 parti d'action démocratique, le parti principal des Musulmans en Bosnie-
22 Herzégovine et des groupes tels que les "Bérets Verts", même s'il est
23 assez difficile d'établir une reconnaissance des unités, parce que toutes
24 les informations qui étaient reçues à ce moment-là semblaient extrêmement
25 confuses. On avait l'habitude de qualifier tous les groupes paramilitaires
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1 de "Bérets Verts". J'ai remarqué d'ailleurs que le rapport de la
2 commission d'experts des Nations unies tend à mettre tous les groupes
3 paramilitaires musulmans dans le même sac.
4 M. Niemann (interprétation). - Docteur Gow, avant le début des
5 hostilités, y avait-il une défense territoriale dans la municipalité de
6 Konjic ?
7 M. Gow (interprétation). - Si je peux ajouter un détail à ma
8 réponse précédente, j'ai été un peu distrait, j'ai eu du mal pour ce qui
9 est de l'identification des groupes paramilitaires. La ligue patriotique a
10 joué un rôle extrêmement important dans l'organisation de ces groupes
11 paramilitaires et les forces de la défense de la Bosnie-Herzégovine, parce
12 qu'il s'agissait là d'un groupe loyaliste qui pouvait créer un certain
13 cadre général pour y intégrer d'autres éléments tels que la défense
14 territoriale par exemple. En ce qui concerne la question de Konjic et de
15 la Défense territoriale, il y avait une défense territoriale à Konjic et
16 elle a été mobilisée.
17 M. Niemann (interprétation). - En connaissez-vous la taille ?
18 M. Gow (interprétation). - Je crois que la Défense territoriale
19 à Konjic avait à peu près 2000 hommes.
20 M. Niemann (interprétation). - Quelle était la condition de la
21 Défense territoriale à Konjic avant le début des hostilités ?
22 M. Gow (interprétation). - Elle avait peu d'hommes parce que
23 certains Serbes et certains Croates, comme c'était le cas en général,
24 n'avaient pas répondu à l'appel. D'autre part, ce qui était également vrai
25 dans d'autres parties de la Bosnie-Herzégovine, la JNA avait déjà
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1 transféré des armes des structures de la défense territoriale et les avait
2 mises sous le contrôle de la JNA.
3 M. Niemann (interprétation). - Où se trouvaient les armes de la
4 défense territoriale de Konjic ?
5 M. Gow (interprétation). - Je crois que ces armes avaient été
6 concentrées dans les casernes de la JNA, les casernes de Ljuta.
7 M. Niemann (interprétation). - Y avait-il des armes d'autres
8 unités de la défense territoriale stockées dans ces casernes ou
9 s'agissait-il simplement des armes de Konjic ?
10 M. Gow (interprétation). - Je crois que la défense territoriale
11 s'était vu confisquer les armes d'autres municipalités, par exemple de
12 Prozor, il me semble, et Jablanica également.
13 M. Niemann (interprétation). - Avant l'éclatement des
14 hostilités, la défense territoriale avait-elle des quartiers généraux ou
15 un quartier-général régional ?
16 M. Gow (interprétation). - En théorie, il y avait une structure
17 générale pour la défense territoriale régionale. Il y aurait eu un
18 quartier-général régional.
19 Cela aurait été le cas et cela aurait permis une plus grande
20 autonomie au niveau inférieur parce que le conflit envisagé était ce qu'il
21 était.
22 M. Niemann (interprétation). - Quel était le quartier-général
23 régional pour Konjic ?
24 M. Gow (interprétation). - Cela aurait dû être Mostar, mais dans
25 les faits, à cause des circonstances, il s'agissait de Sarajevo. Les
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1 unités de la Défense territoriale de Konjic répondaient directement à
2 Sarajevo.
3 M. Niemann (interprétation). - Vous dites qu'après l'éclatement
4 des hostilités, Mostar n'a pas été utilisé comme quartier général régional
5 pour Konjic, n'est-ce pas ?
6 M. Gow (interprétation). - Je crois que Mostar effectivement
7 n'était pas le niveau supérieur hiérarchique pour Konjic et que c'était
8 Sarajevo qui faisait office de quartier général régional.
9 M. Niemann (interprétation). - La Défense territoriale est-elle
10 devenue l'armée de Bosnie-Herzégovine ?
11 M. Gow (interprétation). - Oui. J'ai essayé de suggérer d'abord
12 qu'il y avait une certaine confusion, des transformations, des changements
13 entre les différents éléments. Mais les différents éléments regroupés au
14 sein de la Ligue patriotique, la Défense territoriale, etc, se sont tous
15 regroupés pour devenir l'armée de Bosnie-Herzégovine.
16 M. Niemann (interprétation). - L'armée de Bosnie-Herzégovine,
17 était-elle la seule unité qui opérait dans la zone ou y en avait-il
18 d'autre ?
19 M. Gow (interprétation). - A l'été, au printemps 1992, l'armée
20 de Bosnie-Herzégovine en tant que telle n'était pas encore véritablement
21 formée, donc la Défense
22 territoriale et ses unités opéraient, il y avait également d'autres
23 unités, l'unité du conseil de défense croate du HVO et d'autres groupes
24 paramilitaires dont j'ai parlé précédemment.
25 M. Niemann (interprétation). - Tous ces groupes fonctionnaient-
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1 ils ? Etaient-ils tous retournés contre un ennemi particulier ? N'est-ce
2 pas ? C'est bien cela qui s'est produit ?
3 M. Gow (interprétation). - Au printemps et au début de l'été
4 1992, oui. Toutes ces unités étaient engagées dans des opérations contre
5 les Serbes effectivement.
6 M. Niemann (interprétation). - D'après vos lectures, y avait-il
7 des efforts accomplis afin de créer un commandement joint ?
8 M. Gow (interprétation). - Un commandement conjoint a été établi
9 officiellement entre la Défense territoriale, l'armée de Bosnie-
10 Herzégovine donc, et le conseil croate de défense, le HVO, oui.
11 M. Niemann (interprétation). - Cela a-t-il été couronné de
12 succès ?
13 M. Gow (interprétation). - Il ne semble pas que cela ait
14 vraiment réussi en ce qui concerne le fonctionnement. Il n'y a pas
15 d'indicateurs qui montrent qu'effectivement cette alliance a fonctionné.
16 Au début de juillet 1992, le HVO a pris l’ouest de Mostar. Après cela, les
17 relations ont commencé à disparaître et le fonctionnement conjoint n'a
18 jamais fonctionné véritablement.
19 M. Niemann (interprétation). - Qu’en était-il des unités
20 paramilitaires, Docteur Gow ? Etaient-elles opérationnelles du côté des
21 forces de Bosnie-Herzégovine dans la zone de Konjic ?
22 M. Gow (interprétation). - J’ai déjà dit qu'il y avait des
23 groupes paramilitaires qui fonctionnaient dans cette zone effectivement,
24 des petits groupes, généralement peu connus. Certains de ces groupes
25 fonctionnaient sous le contrôle des bérets verts ou de la ligue
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1 patriotique.
2 M. Niemann (interprétation). - Comment décririez-vous ces
3 groupes
4 paramilitaires ?
5 M. Gow (interprétation). - Le rôle de ces groupes, je crois,
6 devait guider l'organisation du plan formulé par les dirigeants musulmans
7 de la SDA. Ils devaient consister le noyau loyal. Evidemment, il est
8 difficile d'obtenir des indications claires dans un tel contexte. Il
9 semble que l'objectif d'organiser la ligue patriotique et d'autres groupes
10 paramilitaires était de fournir une organisation spéciale de loyalistes
11 qui pourraient organiser la défense et d'autres activités dans des zones
12 particulières.
13 En un certain sens, le cadre qui a été fourni pour l'armée de
14 Bosnie-Herzégovine ne vient pas de la Défense territoriale, mais de
15 l'organisation de la ligue patriotique. Par conséquent, cette ligne
16 patriotique fournit une élite qui donne les orientations politiques que
17 peut-être la JNA ou le parti communiste aurait constitué au sein du vieux
18 système yougoslave.
19 M. Niemann (interprétation). - Etaient-ils similaires à des
20 armées privées ou quelque chose de ce genre ?
21 M. Gow (interprétation). - Dans la situation, on pourrait
22 décrire les activités de ces groupes paramilitaires et bien sûr de la
23 Défense territoriale et du HVO comme étant effectivement une espèce
24 d'armée privée. Mais c'était une situation très confuse. Les unités
25 étaient formées sans qu'il y ait véritablement d'organisations ou
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1 d'autorités supérieures bien établies. Dans ce contexte, certains groupes
2 ont été établis afin de coopérer et de travailler dans le même objectif.
3 M. Niemann (interprétation). - Comment fonctionnait la filière
4 de commandement de l'armée de Bosnie-Herzégovine au début de 1992 ?
5 M. Gow (interprétation). - Pour être clair, cette filière de
6 commandement n'était pas bien établie. Au début de cette période, tout
7 n'était pas clair. Il y avait des relations officielles, mais le degré
8 d'intégration de tous ces éléments était assez douteux. On peut supposer
9 sur ces bases que la situation n'était pas claire.
10 M. Niemann (interprétation). - Dans la zone de Konjic en
11 juillet 1992, y a-t-il eu des mesures qui ont été prises en ce qui
12 concerne l'établissement d'une structure militaire ?
13 M. Gow (interprétation). - Outre l'évolution de certaines
14 unités, il a été décidé ou il semble qu'il ait été décidé de nommer un
15 coordinateur.
16 M. Niemann (interprétation). - D'après les documents que vous
17 avez pu examiner, qui est devenu ce coordinateur ?
18 M. Gow (interprétation). - Je crois qu'il s'agissait de Zejnil
19 Delalic.
20 M. Niemann (interprétation). - Est-ce l'heure de la pause ?
21 M. le Président (interprétation). - Oui, nous allons
22 effectivement faire une pause de 30 minutes et nous reprendrons ensuite.
23 L’audience, suspendue à 16 heures, est reprise à 16 heures 30.
24 M. le Président (interprétation). - Peut-on demander au témoin
25 de revenir dans le prétoire, je vous prie ?
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1 (Le témoin est réintroduit dans la salle d’audience.).
2 M. le Président (interprétation). - Peut-on informer le témoin
3 qu'il témoigne toujours sous serment.
4 Mme le Greffier (interprétation). - Je vous rappelle que vous
5 témoignez toujours sous serment.
6 M. Niemann (interprétation). - Sur la bases des études que vous
7 avez menées au sujet des structures militaires et des soldats, comprenez-
8 vous quelle peut-être l'interprétation donnée au terme "coordinateur" ?
9 M. Gow (interprétation). - Je peux essayer de vous proposer
10 quelques idées à ce sujet. Ce n'est pas un terme courant dans les
11 structures militaires. En effet, ce terme ne trouve
12 pas sa place dans un cadre établi de façon courante bien qu'il soit terme
13 parfois utilisé.
14 Afin d'expliquer le rôle du coordinateur, ce que peut-être un
15 coordinateur, peut-être faut-il faire référence à la notion de force
16 spéciale par les Britanniques au cours de la deuxième guerre mondiale.
17 Quelques petites unités sont parfois dénommées "armées
18 privées" ; il s'agit donc de telles petites armées privées qui commencent
19 à développer des objectifs qui leur sont propres, qu'elles agissent en vue
20 d'un objectif particulier ou sous les ordres d'un commandant particulier.
21 Il s'agit donc d'unités qui ne font pas partie de la ligne hiérarchique
22 officielle mais s'inscrivent dans une hiérarchie un peu différente. Dans
23 ces conditions, on peut éventuellement voir quel peut être le rôle d'un
24 coordinateur au sein des force britanniques, par exemple, ces unités
25 avaient commencé à voir le jour, et un homme, Sean Hacket, a été nommé au
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1 poste de coordinateur.
2 D'ailleurs, cet homme est devenu plus tard le général Sir Sean
3 Hacket qui, encore plus tard, est devenu le principal de mon collège, le
4 King's College de Londres. Quoi qu'il en soit, le coordinateur a pour rôle
5 de savoir à chaque instant ce qui passe, d'être en contact avec ces
6 diverses unités et de veiller à ce qu'aucune d'entre elles ne mette en
7 oeuvre des initiatives personnelles, ne recoupe la mission assignée à une
8 autre unité, ou ne franchisse la ligne de séparation entre deux unités.
9 C'est également à lui qu'il appartient de créer des ressources communes,
10 de débloquer les moyens matériels nécessaires ou de veiller à satisfaire
11 quelque besoin que ce soit.
12 Donc, d'une certaine manière on peut comparer le rôle du
13 coordinateur à celui d'un commandant, mais hors de la hiérarchie
14 officielle. Il n'y avait pas à l'époque d'officier commandant bien que,
15 plus tard, cette fonction soit apparue.
16 M. Niemann (interprétation). - Vous avez dit que les
17 coordinateurs devaient être toujours pleinement au courant de ce qui se
18 passait mais quelle était l'autorité exercée par un coordinateur ou
19 assignée à coordinateur ?
20 M. Sullivan (interprétation). - Objection, Monsieur le
21 Président, je ne vois pas la pertinence de cette question.
22 M. le Président (interprétation). - C'est une manière
23 d'expliquer les choses par comparaison ; je ne vois pas très bien ce qu'il
24 y a à redire à cela.
25 M. Niemann (interprétation). - Pouvez-vous répondre à la
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1 question, Monsieur ?
2 M. Gow (interprétation). - Oui. Il y a sans doute deux
3 caractéristiques principales qui permettent à un coordinateur de remplir
4 son rôle avec succès. J'ai déjà dit que le terme "coordinateur" n'était
5 pas tout à fait courant, il ne s'applique que dans des circonstances un
6 peu particulières et, à certains niveaux, on peut être dans une situation
7 de tout au rien. Mais si, de façon plus large, un coordinateur doit bien
8 remplir sa fonction, cela peut se faire, je crois, sur la base de deux
9 caractéristiques principales, la première étant une bonne connaissance des
10 faits, à savoir que le coordinateur doit savoir à chaque instant ce que
11 fait chacune des unités et ce qu'elle est capable de faire. Si tel n'est
12 pas le cas, il peut y avoir de gros problèmes dans l'accomplissement des
13 opérations.
14 La deuxième caractéristique importante est le degré d'autorité
15 dont est pourvu le coordinateur, et c'est cette autorité qui est
16 susceptible de lui permettre de traiter avec l'ego des hommes qui
17 composent ces différents unités. Autrement dit, chacun de ces hommes de
18 ces unités doit être capable de respecter le coordinateur, il ne lui fera
19 pas confiance, il ne le respectera pas, et l'opération ne pourra pas être
20 menée à bien avec succès.
21 Autrement dit, il y a deux éléments : d'abord, l'autorité
22 dévolue au coordinateur, quelle que soit la base de celle-ci, et une
23 connaissance pleine et entière des faits. Ces deux éléments ont un rapport
24 avec la position du commandant.
25 M. le Président (interprétation). - Je ne suis pas sûr que vous
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1 soyez situé dans les contextes dans lesquels se plaçait la question du
2 Procureur. Si je ne m'abuse, le Procureur vous demandait de définir ce
3 qu’était un coordinateur dans le contexte des municipalités dont nous
4 parlons, notamment de la municipalité de Konjic.
5 M. Gow (interprétation). - J’ai cru comprend qu'on me demandait
6 des explications.
7 M. le Président (interprétation). - C'est un sujet très large
8 que vous venez de nous exposer. Mais à ce stade de votre témoignage, ce
9 qu'il est attendu de vous est que vous vous exprimiez sur la structure
10 militaire de l'armée yougoslave ainsi que sur la définition des fonctions
11 du coordinateur au sein de cette armée, au sein de ces structures
12 militaires. Je crois que c'est dans ce cadre que vos explications
13 pourraient nous être plus utiles et pas d'un point de vue aussi large que
14 celui que vous venez de nous exposer. Je crois que nous devrions nous
15 limiter à la municipalité de Konjic.
16 M. Niemann (interprétation). - Effectivement, je vous demanderai
17 de vous concentrer sur ce point, si vous le pouvez.
18 M. Gow (interprétation). - J'aurai grand plaisir à vous aider
19 dans la mesure de mes capacités. En répondant à la question qui m’a été
20 posée, j'ai essayé de conférer un sens au terme qui m’était proposé. J’ai
21 insisté sur le fait qu’il ne s'agissait pas d'un terme utilisé couramment
22 dans l'armée, mais qu’en général on lui conférait deux acceptions
23 génériques. Pour autant que je le sache, quant à ce qui se passe dans les
24 milieux militaires, j'ai essayé de donner un sens à ce mot. Ce terme
25 n'était pas utilisé dans le contexte yougoslave de l'armée. Je n’ai vu
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1 aucune référence à l'utilisation de ce terme dans l'armée yougoslave et je
2 n’ai vu aucune référence quant au fait que quelqu'un aurait compris quel
3 était le rôle joué par un coordinateur, tant au sein de la défense
4 populaire qu'au sein de l'armée yougoslave.
5 Je crois comprendre que vous vous intéressez plus précisément à
6 la situation dans la municipalité de Konjic. Avant la pause, nous avons
7 parlé de la nomination d'un coordinateur sur le territoire de la
8 municipalité de Konjic. J’aurai grand plaisir, si c’est ce que vous
9 souhaitez, Monsieur le Président, à vous fournir quelques explications sur
10 ma propre interprétation du terme dans ce contexte.
11 M. Niemann (interprétation). - Je vous en prie.
12 M. Gow (interprétation). - J’ai d’abord essayé de donner une
13 explication générale à ce terme de façon à vous permettre de regarder de
14 plus près le contexte de Konjic et à mieux comprendre ce que vous pouvez
15 considérer dans cette municipalité comme des forces militaires
16 indépendantes ne relevant pas d'un commandant placé à ce poste de façon
17 officielle comme c’est en général le cas.
18 Dans ce contexte marqué par une certaine incertitude, un certain
19 flou dans la définition des unités et des filières de commandement,
20 l’intention qui présidait à la nomination d'un coordinateur dans la
21 municipalité de Konjic, je pense, consistait à donner à un homme la
22 possibilité et la connaissance des faits suffisantes pour qu’il ait accès
23 à toutes les unités sans qu'il lui soit nécessaire de fournir des
24 explications officielles quant aux raisons de tel ou tel ordre donné par
25 lui, sans qu'il ait à s’enquérir au préalable des besoins de telle ou
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1 telle unité en vue de satisfaire ces besoins.
2 Pour ce faire, il faut en général des capacités qui sont celles
3 d’un commandant, de l'officier qui commande l'unité dans le cadre d’une
4 chaîne de commandement classique.
5 Or, dans la municipalité de Konjic -et en tant qu’expert je n’ai
6 que très peu de connaissances quant au détail de l’organisation de la
7 municipalité de Konjic par ailleurs- j’ai essayé de me concentrer sur la
8 l'interface entre mes connaissances générales et la situation à Konjic.
9 J'ai acquis le sentiment qu'il était possible que le coordinateur en
10 question se soit vu conférer ce rôle, notamment parce qu'un tel rôle lui
11 permettait de réaliser certaines tâches, en particulier l'achat d'un
12 certain nombre d'objets, peut-être sur la base de sa personnalité, qui lui
13 permettaient d'acquérir la confiance de toutes les parties.
14 Je crois que j’ai vu un document, une interview dans laquelle le
15 coordinateur lui-même établissait clairement qu'il semblait pouvoir se
16 rendre auprès de toutes les parties qui, apparemment, lui faisaient
17 confiance et qui lui disaient ce qui se passait de façon précise, ce qui
18 montre, encore une fois, la grande importance qu'il y a pour le
19 coordinateur à être informé de ce qui se passe.
20 Je crois comprendre que le coordinateur était également membre
21 de l’organisation des bérets vers qui, comme je l’ai dit antérieurement -
22 je crois l’avoir expliqué clairement antérieurement-, est une structure
23 loyaliste qui peut jouer un rôle vis-à-vis des autorités ou des structures
24 centrales de Sarajevo.
25 Dans ce contexte, je crois avoir expliqué quelles étaient les
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1 fonctions dévolues au coordinateur dans le contexte de Konjic. Je mettrai
2 l'accent sur le fait que mes connaissances sont assez générales et que je
3 ne connais pas précisément la situation de Konjic. J’espère avoir été
4 utile.
5 M. le Président (interprétation). - Merci beaucoup.
6 M. Jan (interprétation). - Au moment qui nous intéresse, dans la
7 municipalité de Konjic, il existait trois entités : il y avait la
8 présidence de guerre, le HVO et la défense territoriale, l'armée
9 territoriale. Le coordinateur a peut-être été nommé à ce moment-là pour
10 coordonner les activités du HVO et de la défense territoriale, et pour
11 veiller également à ce que la présidence de guerre soit obéie dans ses
12 ordres.
13 M. Gow (interprétation). - Si je vous comprends bien, vous venez
14 de donner les noms d’un certain nombre d’unités armées de la municipalité
15 de Konjic et vous avez tenté d’établir une relation, un rapport entre le
16 coordinateur et ces instances.
17 M. Jan (interprétation). - Entre la présidence de guerre et les
18 2 factions, c'est-à-dire le HVO et la TO, la défense territoriale.
19 M. Gow (interprétation). - Excusez-moi de n'avoir peut-être pas
20 été assez clair, mais êtes-vous en train de laisser entendre que le HVO et
21 la défense territoriale se battaient l'une contre l’autre ? Dans ce cas,
22 ce n'est pas ce qui se passait.
23 M. Jan (interprétation). - Non, mais elles étaient traitées
24 comme des entités
25 séparées, n'est-ce pas ?
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1 M. Gow (interprétation). - Oui, elles étaient des unités
2 distinctes et avaient également quelques petites unités paramilitaires qui
3 leur étaient associées. Le coordinateur était capable de jouer un rôle
4 dans tous ces cas, dans toutes ces situations où le commandement,
5 l'autorité officielle du commandement ne pouvait pas jouer son rôle, soit
6 dans les structures des forces armées de Bosnie-Herzégovine, soit, étant
7 donné l’incertitude de la situation, dans la municipalité de Konjic auprès
8 du HVO, parce que le HVO ne reconnaissait pas totalement les autorités en
9 poste. Il me semble utile de resituer le rôle du coordinateur dans ce
10 contexte majeur caractérisé par la possibilité d'obtenir la confiance de
11 tous et de chacun, la possibilité, dans le contexte également, dont jouit
12 le coordinateur de dire un certain nombre de choses, comme par exemple :
13 « Ceci peut être utile » ou « Voici ce dont telle ou telle unité peut
14 avoir besoin ». Nous pouvons rassembler tout cela pour conférer un certain
15 degré de cohérence à l'ensemble.
16 M. Niemann (interprétation). - Docteur Gow, vous venez de parler
17 longuement du rôle de coordinateur, mais je vous demanderai si, par la
18 suite, des mesures supplémentaires ont été prises plus tard dans
19 l’année 1992, qui avaient trait aux formations militaires.
20 M. Gow (interprétation). - Si vous parlez des forces armées de
21 Bosnie-Herzégovine...
22 M. Niemann (interprétation). - Oui, en effet.
23 M. Gow (interprétation). - L'évolution de la construction des
24 forces armées s'est poursuivie avec la désignation pour commencer de
25 7 districts administratifs auxquels il est parfois fait référence sous le
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1 terme de « corps d'armée », bien que ce ne soit pas le terme qui
2 s'applique, à mon avis.
3 M. Niemann (interprétation). - Avant la création des corps
4 d'armée, y a-t-il eu une période intermédiaire, une période de transition
5 entre la nomination du coordinateur et la création des corps d'armée ?
6 M. Gow (interprétation). - J'ai parlé des districts militaires
7 et j'ai laissé entendre que ce n'étaient pas des corps d'armée en tant que
8 tels. Les corps d’armée ont été créés plus tard. Mais il y a eu une autre
9 évolution, qui a été la création, dans certaines régions, de groupes
10 tactiques.
11 M. Niemann (interprétation). - Qu'est-ce qu'un groupe tactique ?
12 M. Gow (interprétation). - Un groupe tactique, pour autant que
13 je l’aie compris, est une série d’unités qui sont réunies en vue de
14 remplir un objectif tactique précis pendant un période déterminée. Ces
15 unités sont créées dans un contexte où les unités régulières, les
16 structures régulières ne sont pas considérées comme pouvant répondre aux
17 besoins. Ces groupes tactiques peuvent être de deux types : soit ils sont
18 mis en place pour remplir un objectif particulier, avec un certain nombre
19 d'unités qui sont réunies pour remplir cet objectif déterminé, soit, dans
20 un deuxième cas, ces unités peuvent être réunies au sein d'un groupe de
21 façon à pouvoir, dans une certaine mesure, agir de manière indépendante et
22 réaliser ce qu'il est possible de réaliser d'un objectif donné. Je pense
23 que, s'agissant de la région, dont nous parlons, le groupe tactique, à
24 savoir le Groupe tactique 1 a eu son rôle à jouer. L'objectif poursuivi se
25 situait entre les deux objectifs que je viens de citer, à savoir que l'un
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1 de ces objectifs consistait sans doute à favoriser le siège de Sarajevo,
2 mais pour ce qui me concerne, je pense qu'il y avait également un contexte
3 plus large qui était tout simplement d'envisager toutes les opérations
4 éventuellement possibles.
5 M. Niemann (interprétation). - Y a-t-il une évolution entre la
6 création du poste de coordinateur et la création et mise en place des
7 groupes tactiques ?
8 M. Gow (interprétation). - Pour autant que je l'ai compris,
9 M. Delalic qui a été nommé au poste de coordinateur, a réalisé cette
10 transition, puisque de coordinateur, il est devenu, après un certain
11 temps, commandant du groupe tactique. Si l'on tient compte de
12 l'incertitude qui caractérisait la situation, je crois qu'il convient que
13 je souligne une nouvelle fois
14 le rôle qu'il semblait occuper et l'autorité qui semblait lui être
15 dévolue. Bien entendu, je ne rentre pas dans le détail de ces
16 commandements, mais je pense que la transition a été réalisée par lui.
17 M. Niemann (interprétation). - Mais y a-t-il une différence du
18 point de vue de l'autorité entre un commandant de groupe tactique et un
19 coordinateur ? Pouvez-vous nous expliquer cette différence, si elle
20 existe ?
21 M. Gow (interprétation). - Je crois qu'il y a une différence
22 très nette du point de vue de l'autorité officielle qui est dévolue à un
23 coordinateur et à un commandant de groupe tactique. Un coordinateur, comme
24 je l'ai déjà dit, peut remplir de nombreuses fonctions dévolues
25 normalement à l'officier, au commandant, mais le coordinateur n'a pas
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1 d'autorité officielle sur une hiérarchie militaire, alors que le
2 commandant d'un groupe tactique a bien une autorité officielle sur une
3 structure militaire déterminée. Il peut donner des ordres, il peut
4 vérifier que ses ordres ont bien été exécutés, il peut donner des
5 conseils, il peut prendre des mesures disciplinaires en cas de non-respect
6 de ses ordres.
7 M. Niemann (interprétation). - S'agissant des structures de
8 commandement de la municipalité de Konjic, avez-vous trouvé d'autres
9 évolutions ultérieures dans les documents que vous avez examinés ?
10 M. Gow (interprétation). - Après la nomination de M. Delalic en
11 tant que commandant du groupe tactique, je crois que cela s'est passé le
12 11 juillet 1992, M. Delalic a été nommé une nouvelle fois le 27 juillet à
13 ce même poste, mais avec des explications complémentaires quant à la
14 portée de son pouvoir ou peut-être une extension de son pouvoir. Car un
15 groupe tactique comportait normalement cinq unités qui lui étaient
16 associées pour réaliser des opérations spéciales et le 27 juillet, toutes
17 les unités relevant d'une zone géographique, y compris de Konjic, ont été
18 placées sous les ordres d'un commandant unique d'un groupe tactique
19 unique. Cela a scellé une évolution, non seulement dans le rôle joué par
20 le commandant du groupe tactique, mais également dans la zone géographique
21 qui était placée
22
23 sous les ordres de ce commandant.
24 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous un avis quant aux
25 raisons qui ont justifié cette évolution ?
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1 M. Gow (interprétation). - Mon impression, celle que j'ai
2 retirée de la lecture d'un certain nombre de documents qui ont été versés
3 au dossier et que j'ai vus dans le Bureau du Procureur, c'est qu'il y a
4 peut-être eu un certaine rivalité personnelle entre M. Delalic et le
5 capitaine Esad Ramic. Dans bien des cas, Delalic apparaît comme le
6 coordinateur. Nous voyons que Ramic ne respecte pas complètement ce rôle
7 de coordinateur de M. Delalic. Donc, apparemment, il y avait des
8 divergences entre eux et ces divergences semblent s'être poursuivies après
9 que M. Delalic a été nommé commandant du groupe tactique.
10 Ma façon de comprendre les éclaircissements apportés aux
11 fonctions de Delalic le 27 juillet, et je dis bien qu'il ne s'agit là que
12 d'une interprétation personnelle que je tire de ce que j'ai pu voir,
13 consistait à éclairer d'un jour nouveau et, si possible, à renforcer la
14 position officielle de Delalic en tant qu'officier de commandement.
15 Je pense que dans certains cas où Ramic avait mis en cause
16 l’autorité de Delalic dans le cadre de son commandement, il avait dit :
17 "Le commandant du Groupe tactique n’est pas mon commandant, ni le
18 commandant de mes unités, car nous n’avons pas été affectés spécialement
19 au Groupe tactique" ; le 27 juillet, un document a changé cela.
20 M. Niemann (interprétation). - Quelle a été l’étape suivante de
21 l’évolution dans l’organisation de l’armée de Bosnie-Herzégovine ?
22 M Gow (interprétation). - Suite à l’évolution qui a consisté à
23 créer des districts militaires et à établir des groupes tactiques, l’armée
24 de Bosnie-Herzégovine a fini par prendre forme en novembre 1992 avec la
25 création des corps d’armées. En effet, cinq corps d’armées ont été
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1 organisés sur l’ensemble du territoire de la Bosnie-Herzégovine. Tous ces
2 corps d’armées étaient placés sous le commandement du quartier général de
3 Sarajevo.
4
5 M. Niemann (interprétation). - Quelle a été l’incidence de cette
6 évolution sur Konjic ?
7 M Gow (interprétation). - La région de Konjic relevait du 4ème
8 Corps d’armée, dans le cadre de cette structure. Contre qui était engagée
9 cette armée de Bosnie-Herzégovine, dans le cadre des hostilités armées ?
10 M Gow (interprétation). - A cette époque-là, en 1992 donc,
11 l’armée de Bosnie-Herzégovine était toujours engagée, dans le cadre des
12 hostilités armées, contre les forces armées que nous avons décrites
13 précédemment, à savoir celles qui ont divisé la JNA, les deux éléments de
14 la JNA. A ce moment-là, des heurts commençaient également entre e HVO et
15 les unités de l’armée de Bosnie-Herzégovine. Au printemps 1993, l’armée de
16 Bosnie-Herzégovine s’est trouvée engagée dans des hostilités armées,
17 contre les forces croates à l’ouest, ainsi que contre les forces serves au
18 nord, à l’est et au sud. Ce conflit avec les forces croates a duré environ
19 neuf mois, c’est-à-dire jusqu’à la fin 1993. Quant au conflit avec les
20 forces serbes, il s’est poursuivi jusqu’en 1995.
21 M. Niemann (interprétation). - Les rapports militaro-politiques
22 entre la Republika Srbska et Belgrade se sont-ils poursuivis après 1992 ?
23 M Gow (interprétation). - Oui. Les relations, le projet
24 militaro-politique, dont j’ai parlées précédemment, à savoir la volonté de
25 créer une série de territoires par usage de la force armée et par
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1 l’intervention d’une action politique en complément, ce projet s’est
2 poursuivi aussi bien en Bosnie-Herzégovine qu’en Croatie, si bien qu’en
3 mai 1995 on voit une situation dans laquelle la Serbie et le Monténégro
4 ont nommé des forces qui contribuent à défendre ce projet en Bosnie-
5 Herzégovine et en Croatie.
6 Par exemple, en mai 1995, le chef d’état-major adjoint de
7 l’armée de Belgrade, c’est-à-dire de l’armée yougoslave, de la VJ, est
8 nommé commandant de la République serbe et de la Krajina, dans le cadre
9 des structures impliquant les Serbes de Croatie. C'est là un
10 changement de structures.
11 En 1993, il y a également des spéculations quant au fait que le
12 nouveau chef d’état-major est nommé à Belgrade et qu’il s’agira du
13 Général Mladic, commandant de l’élément de la JNA en Bosnie-Herzégovine, à
14 savoir la VRS, l’armée de la Republika-Srbska. Cette nomination n'a
15 finalement pas eu lieu, je pense en partie à cause du fait qu'à ce stade
16 les liens entre Blegrade et la Republika Srbska, rappelez-les vous ce que
17 j’ai dit précédemment, avait l’intention de déguiser un petit peu
18 l'existence de ces liens.
19 Il faut, je crois, revenir sur les origines du service de
20 sécurité serbe, sur la façon dont ce service a fonctionné au côté du SDS
21 et de groupes opérationnels en Bosnie-Herzégovine, pour préparer
22 politiquement et militairement les Serbes de Bosnie-Herzégovine à
23 l’exécution de ce projet.
24 Vous trouvez, je crois, confirmation de ce que je dis dans le
25 fait que Belgrade a pu exercer le contrôle de facto jusqu’en juin 1995 sur
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1 ce service de sécurité serbe. Jovico est envoyé de Belgrade pour régler un
2 problème qui cause de grosses difficultés au plan international.
3 Il y a également la prise d'otages internationaux, d’otages des
4 Nations unies, par les structures armées. Il y a les problèmes de
5 munitions, les problèmes d'instillations militaires. Dans tout cela, nous
6 voyons les intervenir les Serbes de Bosnie.
7 Donc, là encore, le rôle joué par les services de sécurité
8 serbes est évident, si l’on regarde de plus près les pourparlers de paix
9 de Dayton. Dans tout ceci, je crois qu’une chose apparaît clairement sur
10 laquelle il conviendrait que je m’appesantisse un petit peu si je dois
11 vous aider.
12 Je pense important de revenir sur la comparaison qui a été faite
13 avec le Nicaragua ; je sais que cette comparaison a été établie. Mais, au
14 niveau des faits, il y a une grande différence entre les deux situations.
15 La position politique serbe de Belgrade, du service de sécurité serbe,
16 et la position politique de la direction de la JNA ont joué un rôle pour
17 dépecer les territoires d’un Etat voisin, c’est-à-dire modifier des
18 frontières par l’usage de la force et en utilisant leurs propres
19 populations, mais aussi une partie de la population de l’Etat voisin,
20 favorable à leur projet. Ces dirigeants ont donc agi en vue d'annexer un
21 territoire voisin. Je crois qu'il y a une grande différence avec la
22 situation d'un pays où la tentative effectuée a pour but de changer la
23 structure de l'ensemble du pays de l'intérieur, tout en obtenant l'appui
24 d'une grande puissance, appui aussi bien en terme d'équipements, de
25 finances que d'entraînement, mais en tout cas, un appui qui vient d'un
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1 pays voisin. Je parle de cette comparaison avec le Nicaragua parce que,
2 dans le cas du Nicaragua, les Etats-Unis ont appuyé les contrastes, mais
3 ils n'ont jamais eu la moindre intention de prendre le contrôle de la
4 totalité du territoire nicaraguayin, ni même de prendre le contrôle d'une
5 partie du Nicaragua. C'était simplement un soutien apporté à ceux qui, à
6 l'intérieur du pays, voulaient changer la nature du gouvernement. C'est
7 là, à mon avis, que s'établit très distinctement la différence entre les
8 deux situations qui ont parfois été comparées. Dans un cas, nous sommes
9 face à une situation et à une volonté d'annexion de territoire, avec un
10 certain nombre de membres de la population qui sont considérés comme des
11 agents et, dans une autre situation, on a une aide apportée à ceux qui, de
12 l'intérieur du pays, veulent changer le gouvernement de ce pays. On peut
13 peut-être trouver des similitudes sur le plan éthique ou sur d'autres
14 plans, mais il me semble que, sur le plan politique, et sur le fond il y a
15 des différences. Un meilleur parallèle avec le Nicaragua, je pense, aurait
16 existé si les Etats-Unis avaient tenté d'annexer une partie du Nicaragua,
17 en utilisant la population de la côte Moustique largement anglophone pour
18 les aider dans cette annexion d'une partie du pays, alors que les Etats-
19 Unis se sont contentés d'apporter un appui à un des groupes qui tentait de
20 changer la structure du gouvernement de l'intérieur. Excusez-moi, si je me
21 suis un peu appesanti sur cette comparaison.
22 M. Niemann (interprétation). - Non, non, c'était parfait. Je
23 n'ai plus d'autres questions, Monsieur le Président.
24 M. le Président (interprétation). - Y a-t-il un contre-
25 interrogatoire ?
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1 M. O'Sullivan (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.
2 Nous entendrons d'abord le conseil de M. Landzo, en deuxième
3 position, le conseil de M. Mucic, en troisième position, le conseil de
4 M. Delic et en quatrième position, le conseil de M. Delalic.
5 M. Ackerman (interprétation). - Monsieur le Président, me
6 permettez-vous de commencer mon contre-interrogatoire ?
7 M. le Président (interprétation). - Je vous en prie,
8 Maître Ackerman.
9 M. Ackerman (interprétation). - Bonjour, Professeur Gow.
10 M. Gow (interprétation). - Bonjour.
11 M. Ackerman (interprétation). - Comment allez-vous ?
12 M. Gow (interprétation). - Je serais heureux de pouvoir rentrer
13 chez moi aussi vite que possible, mais je ne crois pas que cela soit
14 possible immédiatement.
15 M. Ackerman (interprétation). - Chacun d'entre nous tend vers
16 cet objectif.
17 Je m'appelle John Ackerman. Il est évident que je suis un des
18 conseils de la défense, puisque je me trouve de ce côté-ci de la pièce.
19 Je voudrais aborder un certain nombre de points avec vous. Et si
20 nous n'en terminons pas d'ici demain à la même heure à peu près, alors je
21 crois qu'il vous faudra revenir au moins de janvier, afin que nous
22 mettions un terme au contre-interrogatoire à ce moment-là. Nous allons
23 voir ce que nous arriverons à faire. J'espère que nous pourrons en avoir
24 terminé d'ici demain à 17 heures.
25 M. Gow (interprétation). - J'apprécierais beaucoup que nous y
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1 arrivions.
2 M. Ackerman (interprétation). - Notre capacité à respecter cet
3 horaire va dépendre beaucoup de vous, Monsieur.
4 Je crois que nous nous comprenons parfaitement. Je vais faire de
5 mon mieux et dans
6 le cadre de l'accomplissement de ce que je souhaite accomplir, dans la
7 formulation de mes questions, j'essaierai d'être aussi concis que
8 possible. Peut-être que vous pourrez répondre à nombre de mes questions
9 par un simple oui ou un non, mais je ne veux pas pour en autant que vous
10 croyez qu'il vous faut limiter vos réponses à mes questions. Si vous
11 croyez qu'il faut éclaircir les choses, si vous croyez qu'il faut apporter
12 un élément explicatif à ce que vous dites, n'hésitez pas à nous apporter
13 cette explication, parce que, précisément, ce qui nous intéresse, ce sont
14 les éléments d'information que vous pouvez nous apporter pour éclaircir
15 les sujets sur lesquels nous nous penchons ici. Je n'essaie pas d'exercer
16 le moindre contrôle sur ce que vous aurez à dire. Vous me comprenez bien,
17 n'est-ce pas ?
18 M. Gow (interprétation). - Je vous comprends parfaitement et je
19 ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour aider le Tribunal.
20 M. Ackerman (interprétation). - Et peut-être pour essayer de
21 m'aider aussi.
22 M. Gow (interprétation). - En effet, bien sûr.
23 M. Ackerman (interprétation). - Pour commencer, je vais vous
24 poser une question parce que cela me fascine vraiment. J'étais en train de
25 butiner sur Internet, en essayant de trouver des informations vous
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1 concernant et une des premières choses que j'ai apprises, en fait, c'est
2 la première fois que je l'entends dire ici, dans le cadre de ce Tribunal,
3 c'est que, d'après le King's College auquel vous appartenez, vous êtes un
4 maître de conférence, mais qu'est-ce exactement que ce titre de maître de
5 conférence ? Pouvez-vous répondre à la question ?
6 M. Gow (interprétation). - Ce n'est pas une question à laquelle
7 je peux répondre par oui ou non. Vous êtes d'accord ?
8 M. Ackerman (interprétation). - Absolument. Je vous promets
9 qu'il y aura d'autres questions auxquelles vous pourrez apporter ce type
10 de réponse.
11 M. Gow (interprétation). - Dans la structure universitaire
12 britannique, il y a un certain nombre de postes définis. Certains sont des
13 postes de recherche, d'autres sont, au
14 contraire, des postes de professorat et de recherche. Il y a différents
15 degrés de responsabilité selon le poste auquel on est affecté. Laissons de
16 côté ces postes de recherche. Le premier degré dans le cadre de cette
17 structure est celui de maître de conférence, c'est un poste dans le cadre
18 duquel on enseigne. La plupart des gens qui arrivent commencent par
19 occuper ce poste. J'ai occupé ce type de poste de professeur. Par la
20 suite, les personnes occupant ce poste peuvent obtenir un poste supérieur
21 suite à plusieurs années de service après avoir rempli certaines fonctions
22 dans le cadre de l'administration, et ces postes existent dans le cadre de
23 différentes composantes de l'université, différentes facultés d'université
24 de Londres. Il s'agit d'un organisme fédéral composé de 45 institutions
25 séparées, et bien sûr, le King's College en fait partie ; c'est d'ailleurs
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1 l'une des plus grandes composantes de cette institution.
2 Quant au poste de maître de conférence, il correspond à un
3 certain degré de reconnaissance nationale et peut-être même de
4 reconnaissance internationale, notamment dans le domaine de la recherche,
5 de la rédaction de certains ouvrages. C'est un titre qui est conféré à une
6 personne non pas par le collège mais ce dernier recommande les personnes
7 concernées au conseil de l'université de Londres.
8 Il y a certaines procédures à respecter dans le cadre de ces
9 nominations. Il faut passer par diverses étapes pour arriver à celle de la
10 nomination.
11 Peut-être obtiendrez-vous, par le biais de ces nominations, des
12 références provenant de personnes travaillant dans d'autres régions du
13 monde à qui l'on demande de confirmer que vous êtes bien une personne
14 digne de recevoir ce titre.
15 Ensuite, vous obtenez le titre de professeur, c'est-à-dire que
16 vous avez eu une chaire qui vous est assignée à l'université. Bien
17 évidemment, il y a là un potentiel international, il y a vraiment une
18 reconnaissance internationale de ce poste.
19 M. Ackerman (interprétation). - Vous en avez plus dit là que ce
20 que nous avions besoin de savoir.
21 M. Gow (interprétation). - Je suis bien d'accord mais c'est vous
22 qui m'avez posé la question.
23 M. Ackerman (interprétation). - En fait, je pense que vous
24 n'êtes pas seulement quelqu'un qui s'asseoit dans une chaise et qui se
25 plonge dans des ouvrages d'expertise ; cela recouvre encore bien d'autres
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1 tâches, n'est-ce pas ?
2 M. Gow (interprétation). - Absolument, tellement d'autres tâches
3 que j'ai parfois bien du mal à m'asseoir dans un fauteuil et à prendre un
4 ouvrage !
5 M. Ackerman (interprétation). - Si des personnes ont du mal à
6 comprendre ce terme, c'est peut-être parce qu'on ne le voit pas figurer
7 dans les ouvrages que vous rédigez comme étant quelque chose qui décrit ce
8 que vous êtes ou ce que vous faites. J'ai bien vu que l'on faisait état du
9 fait que vous étiez professeur mais on ne stipulait pas que vous occupiez
10 ce poste particulier.
11 M. Gow (interprétation). - Sans doute avez-vous lu des articles
12 rédigés avant que je sois nommé à ce poste, c'est-à-dire l'année dernière.
13 M. Ackerman (interprétation). - Ah, l'année dernière seulement,
14 je comprends. Vous avez écrit un livre qui s'appelle "Splendeur et misère
15 de l'Etat Yougoslave"... Pardon, c'est le titre de l'un des cours que vous
16 donnez dans le cadre de vos fonctions. L'enseignez-vous encore au King's
17 College. ?
18 M. Gow (interprétation). - Oui, absolument.
19 M. Ackerman (interprétation). - Est-ce un cours régulier, un
20 séminaire auquel participent les étudiants sur une base régulière ?
21 M. Gow (interprétation). - Absolument. C'est bien la raison pour
22 laquelle je dois être à Londres le mercredi pour commencer à enseigner ce
23 cours à 9 h le matin.
24 M. Ackerman (interprétation). - Dans le cadre de ce séminaire,
25 vous donnez aux étudiants une bibliographie des articles leur permettant
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1 de mieux comprendre, précisément, la
2 splendeur et la misère de l'Etat Yougoslave. Vous recommandez notamment
3 cinq ouvrages : un livre par Ivo Banic qui s'appelle "Yougoslavie et la
4 question nationale en Yougoslavie : les origines, l'histoire et la
5 politique", un livre de M. Dilas, "Le pays contesté", un livre écrit par
6 vous-même, "La légitimité et l'aspect militaire", un livre de
7 Mme Woodword, "L'équilibre de la tragédie", et enfin un livre encore écrit
8 par vous-même, "Triomphe de l'absence de volonté : la diplomatie
9 internationale dans la guerre internationale de dissolution". Est-ce
10 exact ?
11 M. Gow (interprétation). - Excusez-moi, qu'est-ce qui est
12 correct ou pas ?
13 M. Ackerman (interprétation). - Est-ce que ce sont bien les
14 ouvrages de référence vers lesquels vous dirigez vos étudiants dans le
15 cadre de ce séminaire.
16 M. Gow (interprétation). - Je ne crois pas que j'exige que mes
17 étudiants lisent cela ; je ne suis absolument pas certain du type de
18 document que vous avez sous les yeux. J'ai l'impression que c'est quelque
19 chose qui a été pris dans un prospectus ou dans un ouvrage du département
20 auquel j'appartiens. Je ne reconnais pas ce document, je ne l'ai jamais vu
21 auparavant.
22 M. Ackerman (interprétation). - Ne regardez pas là, regardez
23 ailleurs. Un jour, si vous en avez l'occasion, regardez ce qui est écrit
24 sur le site Internet pour vous et vos élèves et vous verrez une
25 description de votre séminaire : sous l'appellation "Bibliographie", on
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1 liste les cinq livres que je viens de détailler.
2 M. Gow (interprétation). - Je voulais simplement dire que je ne
3 savais pas où vous l'aviez obtenu.
4 Moi, j'essaie de recommander aux étudiants des ouvrages qui
5 constitueraient une bonne introduction au séminaire. Il me semble que
6 certains de ces ouvrages sont utiles. Ceux que vous venez de citer sont
7 peut-être recommandables mais ce ne sont pas les seuls que je serais tenté
8 de recommander dans le cadre d'une préparation à ce séminaire.
9 M. Ackerman (interprétation). - En citant ces livres, j'essaie
10 simplement d'établir
11 qu'ils sont considérés par vous comme étant des références, des livres
12 utiles qui sont vraiment une source de grande information pour ce qui est
13 de la compréhension de la crise yougoslave.
14 M. Gow (interprétation). - Je suis tout à fait d'accord avec
15 vous mais j'aimerais préciser qu'ils sont en fait utiles à la préparation
16 du séminaire qui sera enseigné.
17 M. Ackerman (interprétation). - Je ne crois pas que vous feriez
18 figurer sur cette liste bibliographique un ouvrage dont vous diriez qu'il
19 est plein d'inexactitudes ou de mauvaises évaluations de la situation ou
20 d'erreurs factuelles ? Vous ne voudriez pas induire vos étudiants en
21 erreur en les incitant à lire ces livres.
22 M. Gow (interprétation). - En fait, j'essaie de leur faire lire
23 quatre ouvrages de façon séparée afin qu'ils se forgent une opinion sur
24 ces ouvrages et je pense qu'au moins l'un de ces ouvrages est sujet à
25 controverse.
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1 Il me semble que ces livres permettent aussi de voir que dans le
2 cadre du conflit yougoslave, il faut faire attention à l'interprétation
3 que l'on fait et de ce qui s'est passé dans le cadre cette crise. Peut-
4 être que je ferai figurer sur cette liste des ouvrages sur lesquels
5 j'aurais moi-même quelques réserves à formuler.
6 M. Ackerman (interprétation). - Pourriez-vous me citer un livre
7 que vous recommanderiez à vos étudiants et aux propos desquels vous
8 formuleriez certaines réserves ?
9 M. Gow (interprétation). - Oui, je formulerai certaines réserves
10 quant au texte rédigé par M. John Zametica concernant la crise yougoslave.
11 Je soulignerai cependant qu’aussi référence et excellent que soit un texte
12 sur la Yougoslavie, quel qu’il soit, j'inclus mes propres ouvrages dans ce
13 que je dis, jamais je ne dirai que l'un d’entre eux est parfait, je suis
14 sûr que tous ces livres présentent certains défauts.
15 Pour ce qui est du livre d’Aleksa Djila « Le pays contesté »
16 c'est un livre excellent, notamment pour ce qui est de sa description du
17 parti communiste yougoslave et de l'évolution de la pensée, mais il y a
18 certains autres aspects soulevés dans cet ouvrage à propos desquels je
19 formulerai certaines réserves, notamment le moment de sa publication,
20 l'accent qu’il place sur certains autres aspects ou la façon dont il
21 résout certains des problèmes qui se posaient.
22 M. Ackerman (interprétation). - Connaissez-vous une personne
23 appelée J.F. Brown qui a écrit un ouvrage dont vous ne partagez pas
24 particulièrement les vues ?
25 M. Gow (interprétation). - Oui, je connais, J.F Brown. Je
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1 connais l’ouvrage qu'il a rédigé. Ce n’est pas que j’aime particulièrement
2 ou pas cet ouvrage, je crois sans doute que vous allez déclarer que j’ai
3 fait un certain nombre de commentaires concernant ses commentaires sur mon
4 propre travail.
5 M. Ackerman (interprétation). - Vous l'avez appelé « Le
6 sceptique », « un Saint-Thomas » en matière de septique. C’est bien
7 exact ?
8 M. Gow (interprétation). - En effet, mais ce n’est pas tout ce
9 que j’ai dit. En fait, il avait décrit mon analyse comme étant ce que
10 j'avais dit dans cet article concernant la structure de la campagne
11 établie par la JNA, concernant les forces militaires et politiques Serbes
12 en Bosnie-Herzégovine que j'avais décrit dans le cadre des opérations dans
13 cet ouvrage. J’avais également fait état des préparations prises
14 auparavant.
15 J.F Brown dans une note, un de ses ouvrages, si je m'en rappelle
16 bien, cela m’a vraiment fait mal, a dit : « dire que la planification est
17 égale à l’intention », avez-vous avez la citation vous-même ? Il dit que
18 c'est aborder la question d’un seul angle de vue, j'oublie ce qu'il a dit.
19 J’ai fait référence à cet article et j'ai dit parce que j’avais
20 essayé d’expliquer pourquoi j'avais écrit cela dans l’ouvrage précédent,
21 d'après moi, ce que j’avais réussi à écrire pour justifier ce que j’avais
22 dit dans les ouvrages précédents suffisait à satisfaire tous les septiques
23 de la terre, y compris J. F. Brown. J’avais dit quelque chose
24 d'approchant.
25 M. Ackerman (interprétation). - En fait, vous et M. Browm, vous
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1 êtes entrés dans une guerre de note de bas de pages ?
2 M. Gow (interprétation). - Je ne crois pas que ce soit rien
3 d‘autre qu’une petite escarmouche, il ne faut pas y prêter trop
4 d’attention.
5 M. Ackerman (interprétation). - Je vous pose la question car
6 j’essaie d’évaluer quelle est la position que je vais adopter, si j’essaie
7 de montrer mon désaccord quant à des choses que vous auriez pu écrire.
8 Vous avez parlé d'un certain nombre d’ouvrages. Vous avez dit
9 que nombre d’ouvrages avait été rédigé concernant la crise yougoslave et
10 nombre des aspects soulevés lors de cette crise.
11 M. Gow (interprétation). - En effet.
12 M. Ackerman (interprétation). - Si vous regardez par exemple une
13 liste des publications relatives à la guerre en Yougoslavie, cette liste
14 est illimitée, n’est-ce pas ?.
15 M. Gow (interprétation). - En effet. Les livres concernant ce
16 sujet sont nombreux.
17 M. Ackerman (interprétation). - Je pense que même vous, en dépit
18 de votre spécialisation sur ce sujet, n'avez pas essayé de lire tous ces
19 ouvrages n’est-ce pas ?
20 M. Gow (interprétation). - C’est absolument exact. Il serait
21 extraordinaire que j’ai pu, ou que quiconque, ait pu réussir à le faire.
22 M. Ackerman (interprétation). - Peut-être ai-je tort de dire
23 cela, mais il me semble que si on regarde ces livres, notamment les livres
24 qui se centrent surtout sur l'aspect politique, l'aspect militaire de la
25 guerre, qui se penchent sur les faits qui se sont déroulés pendant la
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1 guerre, si l'on regarde ces livres, on peut établir une distinction entre
2 ces livres. On peut les répartir entre deux catégories. Certains d'entre
3 eux ont été rédigés par des journalistes qui ont couvert certains des
4 événements qui se sont déroulés pendant la guerre, notamment un des livres
5 écrit par Srebrenica et puis il y a une autre catégorie de livres, ceux
6 qui ont été écrits par des personnes qu'on pourrait appeler des
7 universitaires, des chercheurs, notamment le livre que vous venez de
8 terminer, que vous avez écrit.
9 M. Gow (interprétation). - J'espère que nous pouvons y faire
10 figurer l'autre livre.
11 M. Ackerman (interprétation). - C’est un livre plus ancien.
12 M. Gow (interprétation). - Je pense qu’il pourrait figurer dans
13 cette catégorie.
14 M. Ackerman (interprétation). - Fort bien. Il y a également les
15 livres de Susan Woodward qui donnent une approche plus universitaire de la
16 question, il me semble qu'il y a tout un ensemble de livres rédigés par
17 des universitaires qui sont en voie de publication. Il y a des gens très
18 éminents de Harward, d'autres universités sont sur le point de publier
19 leur ouvrages. Puis, il y a une troisième catégorie qui regrouperait les
20 personnes faisant part de leur expérience personnelle, faisant par de leur
21 rôle dans le cadre des événements, je pense notamment aux livres de
22 David Owen concernant son activité. Et puis je sais qu'il y en a d'autres
23 qui pourraient être placés dans cette catégorie.
24 Peut-être qu'on pourrait établir d'autres catégories, mais pour
25 ce qui m'intéresse, je crois qu’il suffit de distinguer ces trois
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1 catégories.
2 N'y a-t-il pas une différence en termes de discipline de travail
3 entre un journaliste qui relate des incidents qui se sont produits, et
4 entre un historien qui essaie d'écrire un ouvrage universitaire et de
5 référence ? Je crois qu'il y a une approche très différente. N’êtes-vous
6 pas d'accord ?
7 M. Gow (interprétation). - Peut-être bien qu'il y a une
8 différence d’approche entre celle adoptée par un journaliste et celle d'un
9 historien Pourquoi aller jusqu’à dire qu’un historien ne serait pas
10 capable d’écrire un livre comme le ferait un journaliste et vice et versa.
11 M. Ackerman (interprétation). - Je suis bien d'accord avec vous.
12 Un journaliste peut devenir un historien en bien des aspects et un
13 historien peut devenir un journaliste. Mais ce que j’essaie de vous dire,
14 c’est que la discipline de travail est un peu différente ; l’approche est
15 différente. En tant qu'historien, lorsque vous écrivez un livre, vous
16 abordez la question sous un angle historique et vous essayez de vous
17 assurer de la véracité des faits auxquels vous vous
18 référez. Vous essayez d'apporter des conclusions qui sont fondées, alors
19 qu'un journaliste, dans le cadre de journaux ou de livres, pourrait faire
20 état d'événements qui auraient été rapportés par des tierces personnes et
21 laisser au lecteur le soin d’établir une classification de ce qui lui est
22 proposé.
23 Pour un historien, il va de soi qu’il faut essayer de confirmer
24 les sources auxquelles il se réfère, les faits dont il parle, parce qu’il
25 n’écrit pas pour les contemporains mais pour l'histoire.
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1 M. Gow (interprétation). - On pourrait dire cela de tout ouvrage
2 universitaire ou de référence. Je ne suis pas historien. Je ne voudrais
3 pas me prononcer de façon trop définitive sur ce point. Oui, je dirai que,
4 de façon générale, un expert, un spécialiste tend à adopter ce genre
5 d’approche.
6 M. Ackerman (interprétation). - Dans le cadre de ce que vous
7 faites, l’histoire joue un rôle prépondérant. Vous parlez de l'histoire
8 d'aujourd’hui, de l’histoire de la crise yougoslave en vous concentrant
9 plus sur les aspects politiques et militaires, n'est-ce pas ? Vous
10 approchez bien la question d'un point de vue historique ?
11 M. Gow (interprétation). - Non, je ne crois pas que j’aie une
12 approche historique. Je ne veux pas avoir l’air trop pointilleux sur ce
13 sujet mais, franchement, je ne comprends pas très bien ce que vous voulez
14 dire. Si vous essayez de dire que je m’occupe de choses qui se sont
15 déroulées par le passé afin de mieux comprendre les aspects politiques et
16 militaires de la période actuelle, alors là, je dis « oui ». Mais
17 s’occuper de ce qui a pu se passer par le passé, ce n'est pas la même
18 chose que de faire de l'histoire.
19 M. Ackerman (interprétation). - Avant que nous ne suspendions
20 nos travaux, je vais aborder un point sur lequel vous avez largement
21 écrit. Je vais aborder ce que vous avez écrit dans votre livre
22 « Triomphe » et le degré de détail que vous avez apporté à vos travaux
23 dans le cadre de cet ouvrage. Vous avez écrit -je cite- : « Il faut que ce
24 soit à ce point détaillé
25 parce qu'il faut pouvoir procéder à une interprétation précise ».
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1 (Maître Ackerman est interrompu par les interprètes qui
2 demandent que la citation soit lue plus doucement)
3 M. Ackerman (interprétation). - Vous essayez d’expliquer la
4 raison pour laquelle vous êtes entré à ce point dans les détails, dans le
5 cadre de votre ouvrage, et vous dites : « Il est nécessaire d'aller à ce
6 point dans le détail pour pouvoir formuler une interprétation précise de
7 la crise et des difficultés du conflit yougoslave. Cela permet d'échapper
8 à l'approche plus traditionnelle de cette situation. Cette dernière
9 approche s’appuie moins sur l'analyse de tout ce qui s'est produit que sur
10 une opinion fondée sur des informations et une compréhension incomplètes
11 de ce conflit ». Je ne vais pas vous demander de faire quelques
12 commentaires sur ce sujet maintenant, je vais vous laisser la soirée pour
13 réfléchir à cette question jusqu’à ce que nous nous retrouvions demain.
14 M. le Président (interprétation). - Nous reprendrons à 10 heures
15 demain matin.
16 M. Ackerman (interprétation). - Je vous remercie,
17 Monsieur le Président.
18 La séance est levée à 17 heures 30.
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