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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-96-21-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Mardi 14 juillet 1998
4 L'audience est ouverte à 10 heures 15.
5 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
6 (Le témoin est introduit dans la salle.)
7 M. le Président (interprétation). - Bonjour Mesdames et
8 Messieurs. Les parties peuvent-elles se présenter s'il vous plaît ? Je me
9 tourne d'abord vers l'accusation.
10 Mme McHenry (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président,
11 Madame, Messieurs les Juges. Je m'appelle Teresa McHenry, je représente
12 l'accusation en compagnie de Me Cowles et de M. Hubert.
13 M. Cowles (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président.
14 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. Et du côté
15 de la défense ?
16 Mme Residovic (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président.
17 Je m'appelle Edina Residovic, je défends M. Zejnil Delalic en compagnie de
18 mon confrère Me Eugène O'Sullivan, professeur de droit au Canada.
19 M. Olujic (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président,
20 Madame et Messieurs les Juges. Je m'appelle Zeljko Olujic, je représente
21 ici M. Zdravko Mucic, à mes côtés M. Ninca Duric, nous sommes tous deux
22 avocats de Croatie.
23 M. Karabdic (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président,
24 je m'appelle Salih Karabdic. Je suis avocat de Sarajevo, je représente ici
25 M. Hazim Delic. A mes côtés M. Tomas Moran, avocat de Houston au Texas.
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1 Mme McHenry (interprétation). - Je m'appelle Cynthia McMurrey,
2 avec ma confrère, Me Nancy Boler. Je représente M. Esad Landzo. Nous
3 venons toutes deux des Etats-Unis.
4 M. le Président (interprétation). - Merci infiniment, Maître.
5 Maître McHenrry, est-ce que vous en avez-vous terminé de votre
6 contre-interrogatoire ?
7 Mme McHenry (interprétation). - Effectivement,
8 Monsieur lePrésident, je n'ai plus de questions pour le témoin.
9 M. le Président (interprétation). - Est-ce que les avocats
10 souhaitent exercer des droits de réplique ?
11 Mme le Greffier (interprétation). - Monsieur le Témoin, je vous
12 rappelle que vous êtes toujours sous serment.
13 M. Olujic (interprétation). - Monsieur le Président, Madame,
14 Messieurs les Juges, permettez-moi de faire appel à votre indulgence. Je
15 vois sur le compte rendu en anglais que mon nom n'apparaît pas. On a omis
16 de retranscrire mon intervention. Pourrait-on rectifier cette erreur, s'il
17 vous plaît ?
18 M. le Président (interprétation). - Absolument, il faut qu'il y
19 ait rectification de cet oubli.
20 M. Olujic (interprétation). - Et avec votre permission,
21 Monsieur le Président...
22 M. le Président (interprétation). - Oui j'ai bien compris,
23 Maître, votre nom n'apparaît pas dans le cadre des comparutions.
24 M. Olujic (interprétation). - Mais il y a autre chose,
25 Monsieur le Président, quelque chose d'autre que je voudrais souligner.
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1 Hier, au cours du contre-interrogatoire de l'accusation, il y a eu un
2 petit problème : on a cité le nom de mon client et j'aimerais, par
3 conséquent, être autorisé à poser deux questions au témoin.
4 M. le Président (interprétation). - Bien Maître, vous avez
5 l'autorisation des Juges. D'ailleurs, vous n'avez qu'à prendre la parole
6 dès à présent. Vous pouvez commencer.
7 M. Olujic (interprétation). - Bonjour, Monsieur Turkovic.
8 M. Turkovic (interprétation). - Bonjour.
9 M. Olujic (interprétation). - Je représente Mucic.
10 M. Turkovic (interprétation). - D'accord.
11 M. Olujic (interprétation). - J'ai deux questions à vous poser :
12 est-ce que j'ai droit de dire que vous avez rencontré M. Mucic au centre
13 de Musala, à la fin du mois d'août 92, au moment où un certain nombre de
14 personnes ont été libérées ?
15 M. Turkovic (interprétation). - Oui, c'est vrai.
16 M. Olujic (interprétation). - Est-ce que j'ai raison de dire que
17 vous avez conclu que Mucic vous a été supérieur, parce que vous l'avez
18 rencontré à Musala ?
19 M. Turkovic (interprétation). - C'est vrai, vous avez raison. A
20 partir du moment où quelqu'un vient au centre, il libère un nombre de
21 personnes, à ce moment-là je ne peux que constater que c'est quelqu'un qui
22 nous est supérieur.
23 M. Olujic (interprétation). - Est-ce que j'ai raison de dire que
24 vous n'avez su, par d'autres manières, qu'il a été supérieur par rapport à
25 vous ?
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1 M. Turkovic (interprétation). - C'est exact.
2 M. le Président (interprétation). – Maître Boler, vous avez la
3 parole.
4 Mme Boler (interprétation). - Bonjour Monsieur Turkovic.
5 M. Turkovic (interprétation). - Bonjour.
6 Mme Boler (interprétation). - Je serai très brève. Vous vous
7 rappelez vous être entretenu avec Mme Cynthia McMurrey lorsqu’elle s'est
8 rendue en ex-Yougoslavie pour s'entretenir avec certains témoins, à
9 Konjic ?
10 M. Turkovic (interprétation). – Oui, je m'en souviens.
11 Mme Boler (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez
12 qu'elle vous a porté, posé pardon, des questions relatives à l'époque à
13 laquelle M. Landzo est devenu garde ?
14 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que Maître Boler pose ces
15 questions aux fins de récusation des témoins, récusation de ce témoin ?
16 Pourquoi poser cette question dans le cadre de l'interrogatoire ?
17 Mme Boler (interprétation). – (Hors micro.)
18 M. le Président (interprétation). – Maître, ayez l'obligeance de
19 vous en tenir, Maître, aux questions qui ont été posées dans le cadre du
20 contre-interrogatoire.
21 Mme Boler (interprétation). - Il me semblait pourtant,
22 Monsieur le Président, que cette question avait été posée dans le cadre du
23 contre-interrogatoire de l'accusation. Si vous me le permettez, je
24 souhaiterais m'entretenir avec ma collègue.
25 Monsieur le Président, je n'aurai donc qu'une dernière question
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1 à poser au témoin.
2 Monsieur, vous avez dit que vous ne saviez pas exactement à
3 quelle date M. Landzo était arrivé à Musala, c'est bien cela ?
4 M. Turkovic (interprétation). - C'est vrai que je l’ai dit.
5 Mme Boler (interprétation). - Et vous confirmez ne pas être
6 certain de la date exacte de son arrivée ?
7 M. Turkovic (interprétation). - Oui, mais si vous me permettez,
8 je peux éventuellement vous expliquer comment un certain nombre de
9 personnes se sont rendues à Musala. Il est arrivé par exemple que
10 cinq soldats se rendent à Musala et qu'ils sont arrivés sous forme
11 bénévole. Le lendemain, il y en a six. Par conséquent, il y avait des
12 équipes qui restaient cinq, six jours, qui se reposaient un par un et il y
13 en avait d'autres, donc, qui sortaient et il y en avait qui souhaitaient
14 partir en action. C'était mon cas par exemple. Cela dépendait.
15 Mme Boler (interprétation). - Merci de cette réponse,
16 Monsieur Turkovic. Je n'ai plus de questions pour le témoin,
17 Monsieur le Président.
18 M. le Président (interprétation). - Merci infiniment de votre
19 venue, merci de votre déposition qui nous a été très utile. Vous pouvez
20 maintenant vous retirer définitivement.
21 M. Turkovic (interprétation). - Merci.
22 (Le témoin est raccompagné hors du prétoire.)
23
24 M. le Président (interprétation). – Maître McMurrey, vous pouvez
25 citer à la barre votre prochain témoin.
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1 Mme McMurrey (interprétation). – Merci Monsieur le Président. La
2 défense appelle à la barre le Pr Alfredo Verde.
3 (Le témoin est introduit dans la salle.)
4 M. le Président (interprétation). - Le témoin peut-il lire la
5 déclaration solennelle ?
6 M. Verde (interprétation). - Je déclare solennellement que je
7 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
8 M. le Président (interprétation). - Merci Monsieur. Vous pouvez
9 vous asseoir.
10 M. Verde (interprétation). - Je vous remercie.
11 Mme McMurrey (interprétation). – Je peux commencer,
12 Monsieur le Président ?
13 M. le Président (interprétation). - Vous avez la parole, Maître.
14 Mme McMurrey (interprétation). – Bonjour, Monsieur Verde.
15 M. Verde (interprétation). – Bonjour.
16 Mme McMurrey (interprétation). - Veuillez décliner votre
17 identité.
18 M. Verde (interprétation). - Je m'appelle Alfredo Verde, je suis
19 italien.
20 Mme McMurrey (interprétation). – Merci. Et vous pensiez vous
21 exprimer par le truchement d’une interprète italienne, n’est-ce pas ?
22 M. Verde (interprétation). - C'est exact.
23 Mme McMurrey (interprétation). – Mais vous allez faire de votre
24 mieux et vous exprimer en anglais, n’est-ce pas ?
25 M. Verde (interprétation). - C'est exact, mon anglais n'est pas
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1 très bon, je m'efforcerai de m'exprimer correctement devant les Juges.
2 Mme McMurrey (interprétation). - Merci de cet effort. Monsieur,
3 nous nous sommes rencontrés pour la première fois samedi dernier, n’est-ce
4 pas ?
5 M. Verde (interprétation). - C'est exact.
6 Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges, je dispose à
7 présent d'une traduction en anglais du curriculum vitae du professeur.
8 J'aimerais vous la faire passer ; nous venons d'obtenir cette traduction.
9 Mme McMurrey (interprétation). – Monsieur l'huissier, veuillez
10 remettre l'exemplaire du curriculum vitae aux Juges. Pendant que
11 l'exemplaire est distribué aux membres de la Cour, je vais commencer à
12 poser mes questions.
13 Professeur, pourriez-vous nous donner les grandes lignes de
14 votre parcours académique ?
15 M. Verde (interprétation). - Bien sûr. J'ai suivi des études
16 tout à fait traditionnelles et à 18 ans, à la fin de mon éducation
17 secondaire, j'ai fait des études de droit. J'ai obtenu un diplôme en droit
18 et ensuite je me suis tourné vers la psychologie. J'ai suivi des cours,
19 j'ai obtenu un diplôme en psychologie en 1985 ou 1986, il me semble.
20 Je faisais déjà partie de l'Institut de criminologie de Gênes.
21 Ensuite, j'ai commencé des études de doctorat, doctorat que j'ai obtenu
22 en 1990, c'est bien cela. Voilà pour ma formation. J'ai également suivi
23 une formation psychoanalytique. Je suis psychoanalyste ; en Italie, on
24 nous appelle des psychothérapeutes. Peu importe l’école dont vous vous
25 réclamez.
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1 Je suis donc psychothérapeute, psychoanalyste et je travaille
2 maintenant pour ce que l'on appelle le Parlement de la médecine légale. Je
3 suis dans le département de la psychologie médicale et de la psychologie
4 pénale.
5 Mme McMurrey (interprétation). - C'est un nouveau nom ?
6 M. Verde (interprétation). – Oui, la dénomination de ce
7 département a changé il y a un an.
8 Mme McMurrey (interprétation). - Vous enseignez à l'université,
9 n’est-ce pas ?
10 M. Verde (interprétation). - C'est exact . Je suis professeur en
11 droit et je suis également professeur pour certains cours spécialisés
12 réservés à des étudiants qui ont déjà obtenu leur diplôme. Je suis
13 spécialisé en criminologie clinique et j'enseigne également la psychologie
14 médico-légale.
15 Mme McMurrey (interprétation). - Vous êtes également membre d'un
16 groupe extrêmement particulier, n'est-ce pas, un groupe international ?
17 M. Verde (interprétation). - C'est exact, je suis membre du
18 Comité scientifique de la société internationale de criminologie.
19 Mme McMurrey (interprétation). - Combien de membres ce comité
20 compte-t-il ?
21 M. Verde (interprétation). – Je ne sais pas exactement, environ
22 vingt-cinq .
23 Mme McMurrey (interprétation). – A l’université de Gênes,
24 n’êtes-vous pas responsable de l'établissement des diagnostics
25 psychologiques ?
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1 M. Verde (interprétation). - C'est exact, je suis responsable de
2 ces départements de diagnostic psychologique.
3 Mme McMurrey (interprétation). – Je souhaite préciser que le
4 rapport de M. Verde a été traduit, c'est une traduction très rapide qui a
5 été faite. Je vais vous faire passer ce document.
6 Monsieur le professeur a apporté un certain nombre de
7 modifications à ce rapport, et pendant que je vous le fais passer, je
8 poursuivrai mes questions.
9 M. le Président (interprétation). - C'est la bonne procédure à
10 suivre.
11 Mme McMurrey (interprétation). - Le professeur va passer en
12 revue la traduction de ce rapport. Sans doute apportera-t-il quelques
13 rectifications parce que la personne qui a traduit ce rapport ne
14 connaissait pas tellement le domaine d'expertise du professeur. Il faudra
15 y apporter quatre ou cinq changements. Ce rapport est tout à fait utile
16 parce qu’il nous permettra de comprendre la déposition du professeur et
17 d'autre part, cela nous permettra de préciser que ce témoin n'est pas le
18 directeur du département de la criminologie mais qu'il fait des recherches
19 dans ce cadre.
20 Monsieur l'huissier, s'il vous plaît, veuillez faire passer ces
21 documents aux Juges.
22 Je ne vais pas entrer dans le détail de ce rapport dès à
23 présent. Monsieur le professeur, comment en êtes-vous venu à vous
24 intéresser à cette affaire ?
25 M. Verde (interprétation). - Le professeur Lagazzi m'en a parlé
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1 il y a un mois de cela environ. Il m'a raconté un petit peu l'histoire de
2 M. Landzo. Il m'a fait une brève description de sa personnalité. Nous
3 avons eu un entretien de dix minutes qui portait sur ledit sujet et puis
4 ensuite je me suis déplacé jusqu'ici, aux Pays-Bas, pour voir ce qu'il en
5 était.
6 Mme McMurrey (interprétation). - En fait, le Pr Lagazzi ne vous
7 a communiqué aucun détail relatif à l’histoire de M. Landzo, n’est-ce
8 pas ?
9 M. Verde (interprétation). – Bien sûr que non, en dix minutes
10 c’est impossible, il m'a donné les grandes lignes de cette affaire.
11 Mme McMurrey (interprétation). – Ensuite, vous avez procédé à
12 l'examen de M. Landzo sans vous fonder sur quelque préjugé que ce soit.
13 M. Verde (interprétation). – Oui, on parle en fait d'examen
14 aveugle.
15 Mme McMurrey (interprétation). – C’est tout à fait cela.
16 Monsieur le professeur, quelle est votre expérience en matière clinique et
17 en matière de médecine légale ?
18 M. Verde (interprétation). - Dans le cadre de ce que je fais
19 pour l'université de Gênes, dans le cadre de la criminologie pénale, j'ai
20 fait passer des examens à un certain nombre d'individus. Je procède à ces
21 examens depuis que je suis entré à l'université. Même avant d'obtenir mon
22 diplôme en psychologie, je procédais à ce type d'examen. J'ai commencé, je
23 crois, en 1980. Et je travaille également pour certains tribunaux, que
24 cela soit dans le domaine pénal ou dans le domaine civil. Par exemple, je
25 m'occupe des tribunaux qui traitent notamment des questions relatives aux
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1 enfants, des délinquants juvéniles, je travaille pour ce type d'affaires.
2 Mme McMurrey (interprétation). - Récemment, n'est-ce pas,
3 Monsieur le Professeur, vous avez fait des recherches dans le cadre
4 d'affaires pénales italiennes de toute première importance ?
5 M. Verde (interprétation). - Effectivement.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Quelles étaient ces affaires ?
7 M. Verde (interprétation). - Eh bien, Pietro Maso et
8 Luigi Chiatti. Pietro Maso a tué ses deux parents et ce jeune homme a des
9 troubles de la personnalité très particuliers. Quant à Luigi Chiatti,
10 c'est un jeune homme psychotique qui a abattu deux jeunes enfants à
11 Foligno, c'est une petite ville italienne qui se trouve dans les Ombries,
12 près de Pérouse.
13 J'ai donc travaillé dans le cadre de ces deux affaires, à la
14 fois pour la défense et dans le cadre de recherches académiques,
15 scientifiques si vous voulez.
16 Mme McMurrey (interprétation). - Professeur, vous avez donc
17 travaillé dans nombre d'affaires en Italie et, dans ce cadre, c'est
18 quelqu'un d'autre qui procède à l'examen clinique. Vous, on vous demande
19 d'interpréter les résultats de ces examens.
20 M. Verde (interprétation). - C'est tout à fait exact.
21 Effectivement, je travaille également à titre privé et les avocats de la
22 défense font parfois appel à moi pour interpréter les résultats des
23 examens effectués par d'autres psychologues. On me demande de faire part
24 de mes conclusions au Tribunal.
25 Pour ce qui est de l'affaire Chiatti, par exemple, eh bien nous
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1 avons fait en sorte que la Chambre interprète les résultats différemment
2 de ce qu'elle avait fait au départ.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Je sais que tout le monde sait
4 bien quelle est la différence entre un psychologue et un psychiatre, mais
5 pourriez-vous nous dire exactement quelle est la différence principale ?
6 M. Verde (interprétation). - Eh bien, je ne suis pas médecin, je
7 ne suis pas médecin généraliste.
8 Mme McMurrey (interprétation). - Précisément. Professeur, avant
9 de procéder à l'examen de M. Landzo, vous n'avez consulté aucun document,
10 n'est-ce pas ?
11 M. Verde (interprétation). - Aucun document. Après avoir procédé
12 à l'examen, j'ai consulté certains documents. J'ai regardé notamment le
13 rapport du Pr Lagazzi. Lagazzi m'a communiqué ce rapport afin que je le
14 lise, c'est ce que j'ai fait ; j'ai également consulté les rapports du
15 Pr van Leeuwen, deux rapports si je ne m'abuse. Je n'ai rien lu de plus
16 jusqu'à dimanche dernier.
17 Mme McMurrey (interprétation). - Et dimanche dernier nous nous
18 sommes retrouvés, n'est-ce pas ?.
19 M. Verde (interprétation). - C'est exact.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Et je vous ai fait passer les
21 résultats du test psychologique entrepris par un autre médecin, n'est-ce
22 pas ?
23 M. Verde (interprétation). - C'est exact, il s'agit
24 Mme Roorda de Man, j'ai lu ce rapport dimanche soir, donc c'est tout
25 récent.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Merci. Quels sont les résultats
2 de ce rapport et en quoi sont-ils différents du rapport que vous avez
3 établi, Professeur ?
4 M. Verde (interprétation). - Ils ne sont pas... Ses conclusions,
5 pardon, ne sont pas si différentes des miennes. Mais Mme Roorda de Man;
6 dans la première partie de son rapport, décrit les entretiens qu'elle a
7 eus avec M. Landzo. Elle décrit son état mental. Puis elle parle des
8 résultats des tests psychologiques, notamment du point de vue de
9 l'évaluation de son niveau d'intelligence. Elle a fait beaucoup de tests
10 dans ce domaine. Et au vu des tests réalisés, il apparaît que M. Landzo
11 avait une intelligence moyenne, peut-être légèrement supérieure à la
12 moyenne.
13 Mme McMurrey (interprétation). - Supérieure à la moyenne ?
14 M. Verde (interprétation). - Oui, supérieure à la moyenne.
15 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur le Président, pardon
16 de mes interruptions, j'aide un peu M. le Professeur, je sais ce qu'il
17 veut dire.
18 M. Verde (interprétation). - Oui, et puis mon anglais pose
19 parfois problème, donc une intelligence supérieure à la moyenne.
20 D'autre part, j'ai eu l'impression qu'elle n'avait pas réussi à
21 mener à bien la partie... une certaine partie des examens qu'elle voulait
22 faire.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Et pourquoi d'après vous n'a-t-
24 elle pas réussi à mener à bien cette partie des tests psychologiques ?
25 M. Verde (interprétation). - Elle a déclaré qu'il n'était pas
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1 intéressé par les domaines auxquels il ne pouvait pas faire face, d'une
2 certaine façon, aux situations qu'il ne pouvait pas gérer. Et ces parties
3 des tests sont constituées d'un certain nombre de stimulus auxquels est
4 soumis le patient.
5 Le patient en question, l'individu, ne peut pas tout comprendre,
6 ne peut pas tout confronter et elle a déclaré que, comme il n'était pas
7 intéressé par cette partie des tests, cela n'avait pas vraiment marché.
8 Monsieur Landzo n'avait pas répondu à ces tests.
9 Elle a procédé également aux tests TAT. Monsieur Landzo a donné
10 quelques réponses, mais des réponses beaucoup trop superficielles, qui ne
11 lui permettaient pas, à elle, d'en arriver à des conclusions solides et
12 fondées. A-t-elle procédé à ces examens ?
13 M. Verde (interprétation). - Le 6 novembre 1996.
14 Mme McMurrey (interprétation). - Ces tests, en quoi sont-ils
15 différents de ceux que vous avez fait passer à M. Landzo ?
16 M. Verde (interprétation). - Moi, j'ai fait mes tests sans
17 consulter le rapport de Mme Roorda de Man. Mes tests commencent là,
18 précisément où ceux de Mme Roorda de Man se sont arrêtés. Moi j'ai réussi
19 là où elle a échoué d'une certaine façon. Monsieur Landzo m'a apporté
20 beaucoup de réponses. Donc, il m'a été possible, à moi, d'établir un
21 rapport faisant état de son état psychologique. Il m'a été possible de
22 parler de sa personnalité, de l'état dans lequel il se trouvait de ce
23 point de vue là.
24 Mme McMurrey (interprétation). - Donc, votre rapport et celui du
25 Pr Roorda de Man ne sont pas en contradiction, n'est-ce pas ? Simplement,
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1 ils se concentrent chacun sur un domaine assez particulier, assez
2 différent.
3 M. Verde (interprétation). - Oui, on peut voir mon rapport comme
4 une continuation logique du rapport du Pr Roorda de Man. Moi, j'ai réussi
5 à mener à bien ce qu'elle n'avait pas été à même de mener à bien du fait
6 de l'état de M. Landzo, à l'époque où elle l'a examiné. Je me permets
7 d'appeler M. Landzo un patient.
8 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur le Président, je
9 voudrais verser au dossier le rapport de Mme Roorda de Man. L'accusation
10 dispose de ce rapport depuis le début. Il s'agit d'un ensemble de tests
11 psychologiques. Madame Roorda de Man s'est occupée de ce qui concernait le
12 degré d'intelligence de M. Landzo. Quant à ce témoin-ci, il a pu procéder
13 à un certain nombre d'autres tests.
14 Moi, je demande pour l'instant le versement au dossier des
15 résultats des tests de Mme Roorda de Man.
16 M. le Président (interprétation). - Les documents sont admis.
17 Mme McMurrey (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
18 Je crois qu'il va falloir me référer à l'exemplaire unique qui est entre
19 les mains du témoin, pour le moment.
20 M. Moran (interprétation). - Monsieur le Président, avant mon
21 contre-interrogatoire, pourrais-je disposer de cet exemplaire, moi aussi ?
22 Mme McMurrey (interprétation). - Je sais que ce rapport a été
23 versé parmi les éléments de preuve de la Chambre depuis longtemps, je sais
24 que j'aurais dû m'en occuper mais, dès que cela sera possible, nous en
25 ferons parvenir une photocopie au conseil de la défense.
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1 M. Jan (interprétation). - Je ne comprends pas très bien
2 l'intérêt de ces tests.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur le Juge, faites preuve
4 de patience, nous allons y venir. Cette question sera posée au professeur.
5 Professeur, lorsque vous êtes allé voir M. Landzo, vous n'aviez
6 lu aucun rapport. Tout ce dont vous aviez bénéficié, c'était cet entretien
7 de dix minutes avec le Pr Lagazzi. Lorsque vous avez rencontré M. Landzo,
8 quelle a été votre réaction ? D'après vous, quelle est sa personnalité ?
9 M. Verde (interprétation). - Avant le début des tests et pendant
10 ces derniers, j'ai trouvé que j'avais devant moi une personne très bien
11 vêtue, complet-cravate, c'est la première impression que j'ai eue. Il me
12 semblait que M. Landzo et ses conseils de la défense formaient une
13 véritable petite famille, une équipe bien soudée. Et je le vois ici, il
14 est tout à fait similaire à la personne que j'ai rencontrée la première
15 fois.
16 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce qu'il manifestait une
17 envie de vous parler ?
18 M. Verde (interprétation). - Oui, tout à fait. Il était très
19 doux, il voulait absolument me parler, nous nous sommes serré la main, il
20 était très concentré sur ce que nous voulions faire. C'est vrai mais,
21 d'autre part, ce qui est également vrai, c'est qu'il avait des réactions
22 parfois assez impersonnelles. Je ne sentais pas vraiment de courant de
23 sympathie vis-à-vis de moi-même ou vis-à-vis de la situation. Il essayait
24 de garder le contrôle de lui-même et le contrôle de la situation.
25 Mme McMurrey (interprétation). - Ces tests, vous les avez
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1 réalisés en juin de cette année, à quelle date plus précisément ?
2 M. Verde (interprétation). - Le 19 juin et le 20 juin.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Combien de temps vous a-t-il
4 fallu pour réaliser ces tests ?
5 M. Verde (interprétation). - Huit heures environ, réparties sur
6 deux journées.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Tandis que vous procédiez à ces
8 examens, vous vous êtes retrouvé confronté à des difficultés
9 linguistiques, n'est-ce pas ? Il fallait passer du serbo-croate à
10 l'italien, vous aviez besoin de deux interprètes.
11 M. Verde (interprétation). - Oui, du serbo-croate au néerlandais
12 et du néerlandais à l'italien. C'est ainsi que nous avons procédé, mais
13 tout de même nous avons réussi à communiquer. Il a réussi à passer les
14 examens, en dépit de cette situation éminemment complexe.
15 Nous avons réussi à surmonter cet obstacle. Cela n'a pas
16 interféré avec les résultats, aucune influence sur les résultats.
17 Mme McMurrey (interprétation). - Pourriez-vous expliquer
18 aux Juges quels sont ces tests psychologiques et quels sont ces tests que
19 vous appelez "tests projectifs" ?
20 M. Verde (interprétation). - Eh bien, voyons, je vais tâcher
21 d'être bref. Les tests psychologiques constituent un domaine de recherche
22 extrêmement dense, extrêmement complexe. Ce sont les psychologues du début
23 du siècle qui ont mis au point ces tests psychologiques. On peut tester
24 beaucoup de choses, l'intelligence mais aussi les émotions, les sentiments
25 et même l'état mental. Et, en fait, on divise ces tests en deux grandes
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1 catégories.
2 Il y a ceux que l'on appelle les "tests objectifs", et les
3 "tests de projection". Pour ce qui est des tests objectifs, ce sont des
4 tests qui visent à mesurer des traits de la personnalité de la personne,
5 des caractéristiques. Nous essayons de voir comment l'individu fonctionne
6 mentalement, quel est son degré d'intelligence et, je l'ai dit, nous
7 essayons de voir, de définir quels sont les traits de la personnalité de
8 cet individu. C'est là l'objectif de ces tests objectifs, précisément.
9 Mais les tests objectifs ne sont pas parfaits parce que, en
10 fait, ces tests s'appuient sur des formulaires, sur des questions. Le
11 patient doit répondre à toute une série de questions. Ensuite, ces
12 réponses sont entrées dans un ordinateur qui traite l'information et on
13 obtient un résultat. On obtient quelque chose de clair, de précis.
14 Mme McMurrey (interprétation). - C'est Mme Roorda de Man qui a
15 procédé à ces tests, n'est-ce pas ?
16 M. Verde (interprétation). – Voilà, exactement,
17 Mme Roorda de Man a réussi à faire passer à M. Landzo tous ces tests
18 objectifs. Elle a essayé d'évaluer l'intelligence de M. Landzo. Comme je
19 l’ai rappelé tout à l'heure, elle n'a pas réussi à mener à bien les tests
20 de projection psychologique. C’est moi qui m'en suis chargé.
21 Mme McMurrey (interprétation). – Bien, pourriez-vous dire,
22 notamment au Juge Jan, ce que sont ces tests de projection psychologique ?
23 M. Verde (interprétation). - Bien sûr. En fait, on soumet le
24 patient à un stimulus qui n'est pas bien déterminé, un stimulus qui n'a
25 aucun lien direct avec le domaine qui intéresse le psychologue.
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1 Par exemple, on peut parler du test Rorschach. Dans le cadre de
2 ce test, on présente au patient une table sur laquelle il y a une énorme
3 tache d'encre. On demande ensuite au patient de dire ce que représente
4 pour lui cette tache d'encre. On lui demande de procéder à une certaine
5 interprétation. C'est comme si on demandait à quelqu'un d'interpréter la
6 forme des nuages. Les enfants aiment beaucoup jouer à cela.
7 Le patient observe la table, observe la tache d'encre. Et selon
8 le test, on dit que le patient projette sur ces objets quelque chose qu'il
9 porte en lui. Il va réagir à un certain stimulus en fonction de ce qu'il
10 ressent intérieurement. Il projette quelque chose, donc il projette vers
11 l’extérieur ce qu'il ressent à l’intérieur.
12 Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Ces techniques de
13 test de projection jouissent d'une réputation mondiale, notamment le test
14 Rorschach. Ce test a été mis au point par Hermann Rorschach en 1921. Cet
15 homme étudiait la psychiatrie avec Karl Gustav Young et depuis lors,
16 nombre d'articles, nombre d'ouvrages ont été rédigés qui portaient sur
17 ledit test. Voilà ce que c'est que le test Rorschach et voilà ce que sont
18 les tests de projection psychologique.
19 Mme McMurrey (interprétation). - Le deuxième test que vous avez
20 mené à bien s’appelle le test TAT. Que signifient ces initiales ?
21 M. Verde (interprétation). – C’est un test assez différent du
22 précédent. Dans ce cas-là, le patient est soumis à un stimulus beaucoup
23 plus clair, beaucoup plus évident. On soumet au patient une image
24 représentant par exemple une personne, parfois on présente même des
25 photographies.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce qu'il n'y a pas
2 également une image toute blanche ?
3 M. Verde (interprétation). – Oui, la seizième image est une
4 image blanche et on demande au patient de regarder ces images et de nous
5 dire ce qu'il voit.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Vous lui demandez de raconter
7 ce qu'il voit ?
8 M. Verde (interprétation). – Oui, on lui demande quel type
9 d'histoire il peut élaborer à partir de cette image qu'il a sous les yeux.
10 Mme McMurrey (interprétation). – TAT, qu'est-ce que cela veut
11 dire exactement ?
12 M. Verde (interprétation). – "Test de perception thérapeutique".
13 On demande au patient d'interpréter une image. On lui demande de dire ce
14 que font les individus qui apparaissent dans cette image, d'expliquer la
15 situation, comment on est arrivé à cette situation et sur quoi elle va
16 aboutir. Ce test nous permet de voir comment un individu va construire une
17 histoire.
18 Certaines de ces images sont extrêmement brutales, la treizième
19 par exemple est une image très brutale. C'est une situation de crise. Il y
20 a un homme debout et il y a une femme nue allongée dans son lit et qui a
21 l’air d'être morte. Beaucoup de problèmes d'interprétation se posent parce
22 que la majorité des gens envisagent tout de suite une situation de meurtre
23 en voyant cette image. Ils disent : "Sans doute que cette femme était la
24 maîtresse de cet homme et cet homme l’a tuée." Dans le cadre de ce test,
25 il est plus difficile de trouver les clefs de l'interprétation de ce que
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1 dit le témoin.
2 Mme McMurrey (interprétation). - C'est difficile de définir des
3 paramètres ?
4 M. Verde (interprétation). – Oui, les paramètres
5 d'interprétation, parce que dans le test Rorschach, par exemple, il y a
6 des paramètres d'interprétation très clairs, très précis. Selon ce que le
7 patient voit sur la table, voit dans cette tache d'encre.
8 Je parle bien du test Rorschach, on peut se référer à des
9 paramètres extrêmement précis. Il y a tout un code qui est établi. Et on
10 peut établir des liens directs entre ces paramètres et ce que dit le
11 patient par rapport à cette tâche d'encre, par rapport à la forme, par
12 rapport à la couleur, à l'ombre portée par cette tache d'encre. Donc, on
13 voit quelle est la réaction de l'individu. Est-ce qu’il a plutôt une
14 réaction humaine, une réaction entre guillemets "animale", on regarde un
15 petit peu comment fonctionne le patient.
16 Mme McMurrey (interprétation).- Pour que les Juges comprennent
17 bien tout cela, les tests Rorschach, n’est-ce pas, commencent par des
18 taches d'encre noire sur des pages blanches, et puis au fur et à mesure
19 qu'on évolue, on fait intervenir d'autres couleurs qui font appel à
20 d'autres émotions ?
21 M. Verde (interprétation). - C'est exact. Les couleurs sont
22 reliées à différentes émotions, à différents sentiments affectifs et l'on
23 peut observer la façon dont le patient gère ses émotions, gère ses
24 sentiments affectifs. Je ne vais pas aller plus vite que vous et anticiper
25 vos questions, mais M. Landzo avait quelques problèmes à gérer ces
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1 sentiments affectifs. Notamment pour ce qui était de la couleur rouge.
2 Le rouge, c'est la couleur de l'amour, de la passion, et
3 M. Landzo avait du mal à gérer cette couleur. Il était en état de choc
4 vis-à-vis de cette couleur. Il ne pouvait pas l'interpréter. Et M. Landzo
5 s'est retrouvé dans cette situation.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Ces tests de projection que
7 vous avez réalisés sont acceptés généralement comme étant des tests
8 valables ?
9 M. Verde (interprétation). – Oui, les deux. Même si, aux Etats-
10 Unis, Rorschach a été critiqué car on a dit que c’était des tests très
11 subjectifs, interprétatifs, mais Kaplan et Sadock par contre, dans leur
12 synopsis de psychiatrie qu'a consulté mon collègue Lagazzi, eh bien là,
13 j'ai vu que les tests de Rorschach sont considérés comme la meilleure
14 méthode. Mais il faut que cela soit interprété par un expert, un
15 psychologue expert.
16 Mme McMurrey (interprétation). - Je voudrais vous demander autre
17 chose. Il y a un test qui s'appelle MMPR. Est-ce que vous pourriez nous
18 expliquer en quoi consiste ce test et pourquoi vous ne l'avez pas
19 utilisé ?
20 M. Verde (interprétation). – (non indiqué par l’interprète)Vous
21 rappellerez la distinction que j'avais faite entre les tests de
22 projection, les tests objectifs, ce sont des tests de personnalité, c'est
23 donc objectif. Il y a plusieurs points, plusieurs questions auxquelles le
24 patient doit répondre. Il doit dire si c’est vrai ou faux.
25 Ensuite, tout cela est passé au crible par l'ordinateur, et il
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1 en ressort des échelles de classement montrant les différents traits de la
2 personnalité. Mais dans ce cas précis, nous préférons ne pas réaliser ces
3 tests, car c'est entaché d'éléments culturels. Il y a en effet une
4 influence culturelle importante. Ces tests ont été conçus aux Etats-Unis,
5 et il y a de nombreuses références à la culture américaine qui ne
6 s'appliquent pas au cadre bosniaque.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Je crois que vous m'avez
8 expliqué que cela pourrait réaliser une projection typique d'un homme
9 blanc anglo-saxon, comme moi, enfin une femme blanche, mais ce n'est pas
10 valable dans un autre cadre culturel. Cela ne tient pas compte de
11 l'incidence d'autres cultures et donc ce n'est pas applicable en dehors
12 des Etats-Unis.
13 M. Verde (interprétation).– Rorschach n’est pas teinté
14 d'éléments culturels car il se fonde sur la perception, la manière dont
15 les gens voient les choses, voient les taches d'encre.
16 M. Jan (interprétation) - Votre perception est conditionnée
17 également par votre passé culturel.
18 M. Verde (interprétation). - Oui, mais pas de la même manière,
19 pas comme le monde est. Par exemple, du point de vue de l'intelligence, on
20 a différents tests à notre disposition. Le plus célèbre, c'est le WAIS
21 pour mesurer le degré d'intelligence. Ce test permet de mesurer
22 l'intelligence d'un adulte mais là aussi il y a une influence culturelle
23 importante, puisqu'il s'agit surtout de tests verbaux. Il y a une partie
24 non verbale, mais cela ne représente que la moitié du test.
25 Il y a d'autres types de tests qui sont plus détachés des
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1 éléments culturels. Si je me rappelle bien, il y a un système qui
2 s'appelle "de matrice progressive 38 et 45", c'est un autre type de test,
3 qui se fonde davantage sur d'autres éléments que la phraséologie. Cela se
4 fonde davantage sur des images, et on y voit notamment des drapeaux
5 présentés de façon logique et puis il y a un drapeau qui manque et il faut
6 choisir la réponse appropriée parmi huit à dix drapeaux qui vous sont
7 présentés dans la partie inférieure de la feuille.
8 Mme McMurrey (interprétation). - Hier, on a écouté des
9 témoignages sur la simulation. J'aimerais savoir ce que c'est. Et
10 j'aimerais savoir comment les tests que vous avez réalisés permettent de
11 filtrer ces cas de simulation.
12 M. Verde (interprétation). - Il y a deux types de simulation :
13 il y a d'abord la manière dont une personne peut se présenter, la
14 simulation peut consister en essayant de se présenter comme quelqu'un
15 d'autre, pour manipuler, par exemple.
16 Puis un autre type de simulation qui n'est pas aussi
17 consciente : là, il s'agit davantage d'une tendance à l'affabulation. On
18 joue un rôle. Dans un cas, on essaie de façon consciente de se présenter
19 différemment dans un but précis, pour arriver à un résultat précis ;
20 l'autre cas, ce n'est pas vraiment de la simulation, c'est une tendance à
21 porter un masque.
22 Mme McMurrey (interprétation). - L'un est intentionnel et
23 l'autre non ?
24 M. Verde (interprétation). - Oui, la simulation au sens le plus
25 étroit est différente du rôle que l'on joue.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Et les tests que vous avez
2 appliqués avaient pour but de définir la personnalité réelle ?
3 M. Verde (interprétation). - Oui. Comme il s'agit d'une
4 projection, le patient en fait regarde la table, ne sait pas exactement ce
5 qu'il est en train de regarder. Il se peut que quelqu'un ait dit au
6 patient : "Demain on va te faire passer les tests de Rorschach, tu
7 regardes les taches, et tu diras ce que tu vois." C'est possible mais, en
8 général, on se rend compte des cas où le patient s'est préparé. La
9 simulation au sens le plus étroit du terme est très difficile ici.
10 Dans le deuxième type, deuxième interprétation, on assume un
11 rôle, on joue un rôle, et là je crois qu'on peut le voir. On peut détecter
12 les caractéristiques de la personnalité, surtout dans la manière dont les
13 couleurs provoquent une réaction chez le patient. On a des couleurs
14 dramatisantes, des couleurs fausses et on peut très bien détecter les
15 traits de personnalité.
16 Mme McMurrey (interprétation). - Lorsque vous avez réalisé tous
17 ces tests, dites-moi comment vous les appliquez ensuite à vos conclusions
18 médico-légales.
19 M. Verde (interprétation). - Eh bien, ces test sont très utiles
20 à la psychologie médico-légale ou à la psychiatrie médico-légale, car le
21 patient ne peut pas mentir. Dans la situation médico-légale, il arrive que
22 le patient essaie de ne pas dire la vérité. Mais grâce à ces tests, on
23 arrive à éviter, à contourner le problème car le patient ne sait pas
24 quelle devrait être la bonne réponse.
25 Dans Rorschach et dans les autres tests TAT, les réponses sont
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1 décodées par le psychologue d'après le système officiel de décodage de ce
2 genre de tests. On arrive ainsi à une évaluation dépourvue de toute
3 simulation.
4 Mme McMurrey (interprétation). - Vous avez préparé un rapport
5 après avoir fait passer tous ces tests à M. Landzo ?
6 M. Verde (interprétation). - Oui.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Ce rapport, vous l'avez sous
8 les yeux ? Avant toute chose, j'aimerais vous demander de décrire pour la
9 Cour l'utilisation des codes TAT, ainsi que des codes Rorschach. Pourriez-
10 vous nous expliquer cela ? Comment avez-vous réalisé ces tests et comment
11 traduire tout cela ?
12 M. Verde (interprétation). - Lorsque j'ai fait passer les tests,
13 j'ai montré les tableaux au patient, et le patient, comme vous pouvez le
14 voir, à la page... je prends le texte anglais, page 1, vous avez le texte
15 n° 1. C'est l'histoire qui ressort du premier tableau TAT ; à droite, vous
16 avez le code Français 1. C'est un test repris de la Sorbonne.
17 Mme McMurrey (interprétation). - Vous avez là des commentaires
18 en anglais. J'ai ça sous les yeux. On voit que le "J" correspond à un "W"
19 en anglais et cela veut dire "entier".
20 M. Verde (interprétation). - Oui. Si vous prenez le test
21 Rorschach, par exemple, les pages ne sont pas numérotées mais il y a là
22 trois colonnes. Si vous prenez chaque page, vous voyez qu'à gauche il y a
23 la réponse du patient. Par exemple, le tableau n° 2 : là vous voyez
24 deux choses, je ne sais pas, deux animaux, je dirais deux lapins.
25 Ensuite, vous avez la question. Non, vous avez la recherche,
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1 pardon, puisqu'après on regarde de nouveau le tableau avec le patient. On
2 lui demande : "Mais est-ce que vous avez vu cela ? Comment l'avez-vous
3 vu ? Pourquoi l'avez-vous vu ? Montrez-moi ces fameux lapins.", etc., pour
4 pouvoir mieux comprendre le pourquoi, le comment de ce qu'il a vu.
5 Mme McMurrey (interprétation). - Pour que ce soit plus clair, il
6 y a d'abord la réponse aveugle du patient, ensuite, nous avons une réponse
7 plus précise quand on lui demande pourquoi.
8 M. Verde (interprétation). – Oui, parfois vous avez entre
9 crochets les mots du patient, dans la deuxième colonne. La première
10 réaction c'est la colonne numéro un et il a dit : "Oon dirait une personne
11 prête à s'enfuir. C'est une image réfléchie, c’est le reflet de la même
12 chose, je crois que c'est une personne. » C'est ce qu'il a répondu.
13 Ensuite il a expliqué qu’il était sur le point de s'enfuir vers la droite.
14 Mme McMurrey (interprétation). - Vous avez dit que chaque fois
15 qu'il y avait mouvement c'était une indication d'intelligence ?
16 M. Verde (interprétation). – C’est l’intratension, c'est-à-dire
17 que cela se réfère à la classification de Young de la personnalité. Il y a
18 les intravertis, les extravertis et on dit qu'un signe d'intelligence,
19 d'affectivité ou de profondeur de l'esprit, de la personnalité. Par
20 exemple, dans ce cas précis, il a dit qu'il voyait une personne bloquée,
21 prête à se sauver, mais bloquée.
22 Mme McMurrey (interprétation). – Non, il ne se sauve pas.
23 M. Verde (interprétation). - Il essaie de se sauver mais il
24 s'arrête, il exerce un certain contrôle. C'est la manière dont il essaie
25 de contrôler les choses, il essaie de contrôler la situation.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - C'est l'interprétation que vous
2 donnez, mais c'est une interprétation assez normalisée.
3 M. Verde (interprétation). – Oui, c'est tout à fait normalisé.
4 Mme McMurrey (interprétation). - J'aimerais passer à vos
5 conclusions. Lorsqu'on repense à ces tests TAT, pourriez-vous nous
6 expliquer, sans rentrer dans les détails, quelles sont vos conclusions et
7 comment vous êtes arrivé à ces conclusions sur ces tests TAT ?
8 M. Verde (interprétation). – Deux modules opératoires ici pour
9 ce test. De toute manière, il y a deux niveaux dans la personnalité, deux
10 types de comportement. Tout d'abord, deux niveaux je dis bien. Premier
11 niveau, la surface et puis un niveau plus profond, plus sincère, c'est le
12 niveau le plus profond.
13 Apparemment, le patient fonctionne assez bien, il est
14 intelligent, il est malin, il est brillant, il est… Comment dire ? Il
15 arrive à contrôler la situation par son intelligence. Avec les tests
16 Rorschach, on peut mesurer l'intelligence également. Il est intelligent.
17 Son intelligence est limitée par un conflit émotif intérieur, un
18 énorme conflit, d'ailleurs. Apparemment, il donne l'impression de bien
19 fonctionner d'un point de vue intellectuel, ce qui confirme d'ailleurs
20 l'analyse de l'autre médecin, le Dr Rooda de Man. Son intelligence est
21 supérieure à la moyenne, il fonctionne donc.
22 Mais pour les tests TAT, il y a des signes de narcissisme.
23 L’histoire est bloquée et tout s'exprime en termes assez narcissistes. Il
24 n'y a pas de rapports entre les gens, on se contente de décrire la manière
25 dont la personne ressent les choses, exprime sa passion, ce qu'elle
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1 ressent du point de vue corporel également, s’il fait chaud, s'il fait
2 froid, l'atmosphère... Tout cela est codé par ce chercheur français. Ce
3 sont des signes de narcissisme.
4 Mme McMurrey (interprétation). – En parlant de narcissisme, vous
5 appliquez ce genre de conclusion également au critère du DSM/4 ou pas ?
6 M. Verde (interprétation). – Non, non, le narcissisme uniquement
7 d'un point de vue psychodynamique, attention. Cela signifie donc que la
8 préoccupation essentielle du patient c'est lui-même, c’est tout ce qui
9 l'intéresse. Il ne s'occupe que de lui-même. Il utilise les autres comme
10 de simples instruments, comme des outils, pour en tirer un certain
11 avantage pour lui-même. Il ne considère pas les autres comme des gens dont
12 il faut s'occuper.
13 Mme McMurrey (interprétation). - Il n'a pas d’empathie ?
14 M. Verde (interprétation). – Non, il n'a pas d’empathie, il n'a
15 jamais fait preuve d’empathie. Je l'ai ressenti pendant l'examen, jamais
16 aucune empathie, il était sympa en surface mais jamais d’empathie.
17 Donc, ce niveau, ici, fonctionne bien.
18 Là, c'est le niveau de la préoccupation pour les autres.
19 J'essaie de m'exprimer en termes non scientifiques, sans avoir
20 recours aux mots techniques, donc là, c'est le narcissisme.
21 Mme McMurrey (interprétation). - J'ai demandé au Dr Verde de
22 nous exprimer tout cela en termes très simples parce que je n'y connais
23 rien non plus en psychologie.
24 M. Verde (interprétation). – Ici, il est narcissique.
25 Une autre caractéristique importante des tests DAT, c'est que
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1 l'on a là certaines réactions face aux vêtements, à la peau, à
2 l'extérieur, l'extérieur. Cela signifie que le patient donnait
3 l'impression de porter des vêtements pour avoir une certaine apparence
4 sans être réellement. Le sens de l'identité, en effet, vient du niveau
5 inférieur qui remonte à l'enfance.
6 Cela vient des racines de la personnalité et il n'a pas ce genre
7 d'identité. Il essaie de donner une impression, et il essaie de coller à
8 l'autre personne pour...
9 Mme McMurrey (interprétation). - Pour acquérir une identité ?
10 M. Verde (interprétation). - Oui, c'est cela. Je l'ai vu, par
11 exemple, comment dire ? Je l'ai vu en version avocat, je dirais... Ce
12 genre de personnalité était étudiée par les psychiatres et les
13 psychanalystes et c'est ce qu'appelait Donell : les "winnicon", "la fausse
14 image de soi" ou "le faux soi". Le soi authentique est un soi qui a une
15 surface mais qui est connecté au niveau inférieur. Le faux soi, en
16 revanche, est quelque chose de superficiel.
17 Mme McMurrey (interprétation). - Lorsque vous parlez du niveau
18 intérieur, est-ce que vous avez constaté que c'était vide ? Qu'avez-vous
19 trouvé au niveau inférieur ?
20 Non, non, je suis en train de vous faire perdre le fil de vos
21 idées, continuez.
22 M. Turkovic (interprétation). - Oui, je continue. Le résultat
23 des tests Rorschach... parce que les tests TAT sont plus proches de la
24 conscience, cela nous permet de pénétrer dans la personnalité mais moins
25 profondément que les tests Rorschach. Les tests Rorschach ont montré qu'il
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1 y avait beaucoup de réponses en miroir, comme on dit, c'est-à-dire
2 narcissisme. Vous connaissez l'histoire de Narcisse, bien sûr.
3 A ce niveau, on trouve surtout enfin... c'est étrange. Au niveau
4 Roschach, il peut fonctionner, il peut même montrer ses émotions. Par
5 exemple, face aux couleurs, mais au niveau inférieur, il n'est pas capable
6 de le faire. Il y a une réaction très particulière à la septième image de
7 Rorschach, c'est l'image maternelle. Là, il voyait une femme avec quelque
8 chose autour du cou.
9 Autour du cou, c'est la réaction typique de l'asthme, il s'est
10 vu lui-même dans le test Rorschach. L'asthme, cette maladie dont il a
11 souffert dans son enfance, l'a affecté. Cela l'a beaucoup affecté dans son
12 enfance, il a eu des relations très difficiles avec sa mère. Alors là, il
13 parlait d'un enfant, et lorsque la personnalité est bien structurée, le
14 niveau de l'enfance et le niveau de l'adulte sont en contact, excellents,
15 et l'enfant peut collaborer avec l'adulte à l'intérieur de la
16 personnalité. L'enfant a les émotions et l'adulte les contrôle.
17 Mais nous avons une ligne qui divise la surface et le fond est
18 là, ce n'est pas aussi bien contrôlé. A ce niveau-là, nous avons l'enfant,
19 un enfant malade, faible, souffrant d'asthme, probablement ayant des
20 problèmes avec sa mère. L'image de la mère, on en parle beaucoup dans les
21 tests TAT. Il y a des images TAT qui montrent une vieille femme, cela peut
22 bien être la mère et le patient parle de la mère de façon très idéalisée.
23 Et nous, les psychologues, nous disons que quand on parle bien d'une
24 personne, quand on l'idéalise, eh bien cela veut dire qu'il y a un
25 problème.
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1 En effet, toute relation peut présenter un problème. La façon de
2 gérer ce problème, de gérer ce conflit est quelque chose d'important.
3 Lorsqu'une personne dit : "Un conflit il n'y en a pas. Ma mère est la
4 meilleure des mères", eh bien cela veut dire qu'il y a un problème. Il y a
5 sur-idéalisation de la mère. Ce qui veut dire que l'intéressé a beaucoup
6 de difficultés avec la sienne, il éprouve des difficultés à parler de ses
7 difficultés.
8 Et nous disons que, plus nous avançons profondément, plus nous
9 devons interpréter ces données. C'est ce que nous appelons en psychologie
10 des mécanismes de défense. L'idéalisation en fait partie.
11 L'idéalisation d'une part, et la scission, la scission en deux
12 champs : le champ entre ce qui est bon et le champ de ce qui est mauvais.
13 Et lorsqu'on rencontre une difficulté au cours de l'enfance, le
14 patient peut devenir fort agressif. Voilà l'autre observation sur laquelle
15 débouche ce test. L'intéressé craint son agressivité, ceci le rend anxieux
16 et il ne parvient pas très bien à contrôler ce sentiment.
17 Mme McMurrey (interprétation). - Ce sont mes dernières
18 questions. Nous allons voir dans quelle mesure ces conclusions
19 s'appliquent aux questions que nous nous posons, nous y arrivons.
20 M. Jan (interprétation). - Une remarque avant que vous
21 poursuiviez. Les résultats des tests de projection ne vont-ils pas varier
22 avec le passage du temps ? Car on obtient plus de résultats, ne vont-ils
23 pas varier ?
24 M. Verde (interprétation). - Oui, chez la même personne
25 sûrement.
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1 M. Jan (interprétation). - En 1992, les résultats seront
2 différents de ceux de 1997 ?
3 M. Verde (interprétation). - C'est une hypothèse, le niveau de
4 contrôle des émotions par le patient, s'il était..., si son état était
5 médiocre en 1992, le contrôle était moins fort. Et il est clair qu'il
6 contrôlait moins bien la situation, ce qui ouvrait davantage la porte à
7 l'agressivité.
8 M. Jan (interprétation). - Et en particulier quand on est
9 confronté à des expériences dramatiques ?
10 M. Verde (interprétation). - Les expériences dramatiques peuvent
11 aggraver la situation et inversement, les expériences favorables peuvent
12 améliorer la qualité de la performance. J'ai par exemple rencontré la
13 psychothérapeute du patient, nous l'avons vu dix minutes au mois de juin.
14 Elle nous a signalé que sa performance était bien meilleure que peu de
15 temps auparavant.
16 Mme McMurrey (interprétation). - Je voudrais préciser une
17 chose : les états que vous décrivez sur base de vos tests n'ont pas
18 purement et simplement apparu en 1992. Ce sont des faits qui remontent à
19 l'enfance.
20 M. Verde (interprétation). - En effet, il s'agit de
21 caractéristiques d'une personnalité. La personnalité se développe depuis
22 la naissance et est influencée par des facteurs génétiques également. La
23 recherche a par exemple démontré que certains facteurs génétiques peuvent
24 influencer le développement de la personnalité, mais l'influence
25 prépondérante est liée à l'environnement émotionnel de l'enfant. Winnicot
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1 a parlé de la "good enough mother", de "la mère suffisamment bonne".
2 Mme McMurrey (interprétation). - Je suis inquiète, car mes
3 enfants sont au Texas.
4 M. Verde (interprétation). - Si vous vous en faites pour vos
5 enfants, c'est très bien, car la capacité de se préoccuper et d'aimer sont
6 des choses fort importantes. L'enfant sent que sa mère pense à lui et
7 Winnicot se réfère à la façon dont la mère prend son enfant dans les bras.
8 Mme McMurrey (interprétation). – Docteur Verde, je vais essayer
9 de résumer les conclusions de vos tests, ou pouvez-vous résumer les
10 conclusions de vos tests ? Quelles observations avez-vous pu faire ?
11 M. Verde (interprétation). - J'ai découvert un état d'esprit que
12 l'on pourrait qualifier d'état limite au sens de Kerberg, pas un trouble
13 limite au sens du DSM/4, la personnalité fonctionne d'une manière
14 extrêmement complexe et d'une façon peu appropriée.
15 Il s'agit donc bien d'un trouble mental. Les problèmes du
16 patient sont multiples. On parle d'organisation limite de la personnalité.
17 Mme McMurrey (interprétation). – Pouvez-vous, à l'issue de ces
18 tests, désigner des troubles, ou cette étape-là, cette phase-là est-elle
19 réservée aux psychiatres ?
20 M. Verde (interprétation). – Pouvez-vous répéter ?
21 Mme McMurrey (interprétation). – Si vous constatez un état
22 limite, une fragilité..
23 M. Verde (interprétation). – Oui, une personnalité fragile.
24 Mme McMurrey (interprétation). – Pouvez-vous après ces essais
25 cliniques désigner des maladies ?
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1 M. Verde (interprétation). – Là, non, cela relève de la
2 compétence du psychiatre. Moi, je me suis intéressé à l'organisation de la
3 personnalité, je ne l'ai pas indiqué dans mon rapport. Dans mon rapport,
4 j'ai fait une personnalité complexe qui semble apparemment être adaptée,
5 mais qui présente un niveau relativement élevé de troubles. C'est le
6 résultat du TAT et du Rorschach, personnalité qui fonctionne au niveau de
7 l'intelligence plutôt que des émotions présentes du narcissisme et a
8 tendance à dépendre d'objets aimés intensivement, archaïques et idéalisés.
9 Ceci se fonde sur une situation originale de privations liées à une
10 relation insatisfaisante avec la figure des attaches primaires avec la
11 mère.
12 Mme McMurrey (interprétation). - Et ces conclusions mettent en
13 évidence un problème et l'expriment de façon générale.
14 M. Verde (interprétation). - Un grand problème.
15 Mme McMurrey (interprétation). - J'aimerais que ce rapport soit
16 versé au dossier en tant qu'élément de preuve, ainsi que les explications
17 terminologiques qui ont été fournies.
18 M. le Président (interprétation) - Vous pouvez le faire verser
19 au dossier.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Je vous remercie. Est-ce qu'on
21 peut donner le nom ?
22 Mme le Greffier (interprétation). - D51/4.
23 Mme McMurrey (interprétation). – Et vous donnerez les
24 explications relatives à l'interprétation ?
25 M. Verde (interprétation). – Oui, car il y a eu certains
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1 problèmes techniques de traduction.
2 Mme McMurrey (interprétation). - Et ce rapport est précis.
3 Je demande que cet élément soit versé au dossier.
4 M. le Président (interprétation) - L'accusation a reçu un
5 exemplaire.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Oui. Je n'en étais pas
7 certaine.
8 Je voulais vous demander comment la figure de l'autorité
9 influence le comportement de M. Landzo.
10 M. Verde (interprétation). - La principale figure de l'autorité
11 est le père, dans le développement de la personnalité. Peut-être a-t-il eu
12 des difficultés avec son père, mais avec sa mère également et nous disons
13 que lorsque les choses vont bien avec les deux parents, le développement
14 de la personnalité est satisfaisant.
15 Lorsque les choses vont mal avec une des deux figures, l'autre
16 figure doit être plus forte et doit être prête à se préoccuper de
17 l'enfant. Je pense, c'est mon avis mais je ne l'ai pas écrit dans le
18 rapport, qu'il y a eu beaucoup de problèmes, tant avec le père qu'avec la
19 mère. En effet, vous ne présentez pas de troubles de la personnalité aussi
20 graves si un des deux parents aime l'enfant et s'en occupe.
21 Mme McMurrey (interprétation). - Vous parlez d'un trouble
22 important. Dans quelle mesure affecte-t-il son comportement face à
23 d'autres figures qui symbolisent l'autorité ?
24 M. Verde (interprétation). - Vous savez que nous avons tendance
25 à revivre la même situation avec des personnes qui jouent un rôle
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1 important dans notre vie, peut-être un déplacement de la mère ou du père
2 en vue d'obtenir auprès de cette personne ce qui lui a manqué, en termes
3 de relations ou en termes de ce qu'il se souvient de ses expériences en
4 tant qu'enfant.
5 Notre vie est une tentative continue d'obtenir ce dont nous
6 avons été privés. Lorsqu'il trouve un objet parental, lorsqu'il en
7 rencontre un, c'est-à-dire l'image d'un père ou d'une mère ou d'une
8 personne dont il peut dépendre, il va se comporter d'une manière conforme.
9 Nous avons par exemple l'avocat, qui peut avoir une certaine relation avec
10 lui.
11 Mme McMurrey (interprétation). - En vous fondant sur vos
12 évaluations cliniques, étant donné la thèse que M. Landzo a souffert de
13 troubles de la personnalité, souffrait-il d'un trouble mental en 1992 ?
14 M. Verde (interprétation). - Oui.
15 Mme McMurrey (interprétation). - S'il souffrait d'un trouble
16 mental en 1992, est-ce que cela a influencé sa capacité ou son incapacité
17 à contrôler son comportement en tant que gardien à Celebici ?
18 M. Verde (interprétation). - Le comportement, oui, et aussi
19 quant aux décisions qui le concernaient. Permettez-moi d'utiliser une
20 métaphore, la métaphore du champ visuel : si une personne a une
21 personnalité bien développée, c'est comme si elle avait un large champ
22 visuel. Elle peut voir des objets, des images, tant à gauche qu’à droite
23 et même presque derrière elle. Mais si une personnalité s'est mal
24 développée, c'est comme si le champ visuel était beaucoup plus étroit.
25 Mme McMurrey (interprétation). – Comme avec des œillères ?
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1 M. Verde (interprétation). – Non, pas des œillères, mais si par
2 exemple vous avez un champ de vision de 200 degrés, si votre personnalité
3 est troublée, il sera peut-être limité à 60 degrés, ce qui se traduit par
4 ce comportement caractérisé par de la conformité.
5 Mme McMurrey (interprétation). - Etant donné ce trouble mental,
6 pensez-vous que sa responsabilité mentale était atténuée à Celebici ?
7 M. Verde (interprétation). - Oui.
8 Mme McMurrey (interprétation). - J'en resterai là pour le
9 témoin, Votre Honneur.
10 M. le Président (interprétation). - Nous allons suspendre nos
11 travaux maintenant et nous retrouver à midi. Nous passerons au contre-
12 interrogatoire.
13 (L’audience, suspendue à 11 h 30, est reprise à 12 h 00.)
14 Mme le Greffier (interprétation). - Je vous rappelle que vous
15 êtes toujours sous serment, Monsieur.
16 M. le Président (interprétation). - La défense peut poursuivre
17 le contre-interrogatoire.
18 Mme Residovic (interprétation). - La défense n'a pas de
19 questions pour le témoin.
20 M. Olujic (interprétation). - La défense de M. Mucic non plus
21 n'a pas de questions.
22 M. Moran (interprétation). - Votre Honneur, puis-je procéder ?
23 M. le Président (interprétation). - Oui.
24 M. Moran (interprétation). - Je vous remercie, Votre Honneur. Si
25 je vous pose une question et que vous ne la comprenez pas, surtout
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1 interrompez-moi.
2 M. Verde (interprétation). - J'ai le transcript sur l'écran, ce
3 qui m’aide.
4 M. Moran (interprétation). - Je m'appelle Maître Moran et je
5 représente un des accusés, M. Delic. J’ai quelques questions à vous poser.
6 M. Verde (interprétation). - Oui.
7 M. Moran (interprétation). - Je vais me fonder sur votre
8 interrogatoire. Je ne vais pas entrer dans les détails des tests
9 psychologiques qui ont été exposés, et pourquoi ? Parce que je n'y
10 comprends rien. Mais j'ai quelques brèves questions.
11 La première question est liée au rapport du Dr Roorda. Vous
12 connaissez ce rapport ?
13 M. Verde (interprétation). - Oui.
14 M. Moran (interprétation). - A la page 8 de ce rapport, elle
15 évoque les activités motrices, sur ce que l'on appelle le test
16 "Peg Board".
17 M. le Président (interprétation). - Deuxième alinéa ?
18 M. Moran (interprétation). - Oui, au deuxième alinéa, en haut de
19 la version anglaise, je vous montre.
20 M. Verde (interprétation). - Oui, le rapport Roorda.
21 M. Moran (interprétation). - Alors, que représente ce
22 pictogramme perdu ?
23 M. Verde (interprétation). - Ce n'est pas mon rapport.
24 M. Moran (interprétation). – Oui, mais pouvez-vous exposer de
25 quoi il s'agit et que mesure-t-on à l’aide de ce test ?
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1 M. Verde (interprétation). - Je ne trouve pas.
2 M. Moran (interprétation). - Le deuxième alinéa à partir du
3 haut, celui à côté de l'étoile.
4 M. Verde (interprétation). – Peg Board, je ne connais pas.
5 M. Moran (interprétation). - C'est une bonne réponse.
6 M. Verde (interprétation). - C'est sans doute un test destiné à
7 mesurer l'activité, la capacité motrice. C’est un test qui relève de la
8 neurophysiologie, qui sert par exemple à évaluer un handicap moteur sur,
9 par exemple, d'anciens combattants revenus du Vietnam.
10 M. Moran (interprétation). - Par exemple, dans différents
11 rapports du Dr Lagazzi…
12 M. Verde (interprétation). - Oui.
13 M. Moran (interprétation). - Il est rappelé que M. Landzo a
14 souffert de maux de tête en tant qu'enfant.
15 M. Verde (interprétation). - Oui.
16 M. Moran (interprétation). - Et un neuropsychologiste peut-il
17 s'intéresser à cela ?
18 M. Verde (interprétation). - Nous parlons de capacités motrices
19 et ce Purdue Peg Board sert à évaluer ce type de handicap.
20 M. Moran (interprétation). - En fait, un dommage cérébral
21 organique peut-il être provoqué par des chocs sur la tête, est-ce que cela
22 peut provoquer un comportement anormal ?
23 M. Verde (interprétation). - Oui, c'est possible.
24 M. Moran (interprétation). - Des actes violents ?
25 M. Verde (interprétation). - Oui.
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1 M. Moran (interprétation). - Vous n'effectuez pas ce genre de
2 tests ?
3 M. Verde (interprétation). - Non.
4 M. Moran (interprétation). - Ceci nécessite une formation post
5 doctorat ?
6 M. Verde (interprétation). – Non, ce sont d'autres batteries de
7 tests. Ce sont des tests dont le champ est moins étendu que les miens. Je
8 vais essayer de vous expliquer que je peux voir la présence d'un dommage
9 cérébral sur la base des résultats du Rorschach. Assez facilement, même si
10 ces dommages ne sont pas multiples, même si les signes de dommage cérébral
11 sont minimes, ils peuvent être mis en évidence grâce au Rorschach.
12 M. Moran (interprétation). - Votre anglais est nettement
13 meilleur que mon italien, je vous l'assure. Le Juge Jan sourit car je dis
14 en général que l'anglais du témoin est meilleur que mon bosniaque !
15 Des neuropsychologues m'ont expliqué que ces dommages cérébraux
16 peuvent expliquer des comportements violents. C'est ce qu’on dit souvent
17 quand on entend des témoignages dans des affaires de meurtre. On dit
18 qu’une personne n'est pas responsable de ce qu'elle a fait du fait de
19 dommages cérébraux dont elle souffre.
20 M. Verde (interprétation). - Des psychologues et des psychiatres
21 peuvent procéder à une évaluation extensive de la personnalité. On peut
22 mettre en évidence de tels dommages. Si vous me demandez si j’ai fait une
23 telle observation chez M. Landzo, je vous répondrai par la négative, je
24 n'ai pas vu de tels signes.
25 M. Moran (interprétation). - C'est bien. Deuxième question,
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1 toujours à propos du rapport du Dr Roorda, dans votre témoignage vous avez
2 dit que vous n'aviez pas pu effectuer les tests de projection car
3 M. Landzo n'était pas intéressé.
4 M. Verde (interprétation). - Oui.
5 M. Moran (interprétation). - Avez-vous examiné le rapport du
6 Dr Lagazzi daté du 15 mai, pardon du 15 novembre 1996, dans la version
7 anglaise, à la page 26 ?
8 M. Verde (interprétation). - Je n'ai pas le rapport devant moi.
9 M. Moran (interprétation). - Il explique que la personne
10 concernée éprouve des difficultés de concentration. La possibilité de
11 concentration est objectivement limitée sans caractéristique pathologique
12 claire. Dans le deuxième alinéa, le Dr Lagazzi ajoute : "Sa logique semble
13 raisonnable au cours des trois premières rencontres et pratiquement nulle
14 au cours de la suivante."
15 M. Verde (interprétation). - Oui.
16 M. Moran (interprétation). - Connaissez-vous le rapport du
17 Dr Lagazzi, qui date d’il y a quelques semaines à peine ?
18 M. Verde (interprétation). - Oui.
19 M. Moran (interprétation). - Un rapport daté du 3 juillet.
20 M. Verde (interprétation). - Oui.
21 M. Moran (interprétation). - Connaissez-vous la partie du
22 rapport... je vais la chercher pour vous.
23 M. Verde (interprétation). - C'est une bonne idée !
24 M. Moran (interprétation). - Le Dr Lagazi dit, je cite :
25 "Monsieur Landzo reconnaît qu'il a simulé des troubles d'orientation et de
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1 conscience qui ne sont pas liés à l'état clinique ou à l'arrêté clinique
2 du cas."
3 M. Verde (interprétation). - Oui.
4 Mme McMurrey (interprétation). - Je m'oppose à ce genre de
5 question. Le Dr Lagazzi va témoigner demain. Je crois qu'il est mieux
6 placé pour parler de son rapport. Le Dr Verde l'a rapidement lu et il n'a
7 pas de lien entre ce rapport et les résultats qu'il a obtenus. Je crois
8 qu'il vaut mieux poser ces questions au Dr Lagazzi.
9 M. le Président (interprétation). - Je partage votre avis. Mais
10 simplement demandez s'il a lu ce rapport et peut poser des questions. Je
11 ne sais pas en quoi c'est pertinent, s'il est également un spécialiste,
12 s'il peut contribuer à verser des éléments de preuve. Il y a des domaines
13 dans lesquels ils ont coopéré, alors je ne vois pas en quoi ce n'est pas
14 pertinent.
15 Mme McMurrey (interprétation). - Il n'a pas... Il a simplement
16 lu ces rapports.
17 M. le Président (interprétation). - Il a dit qu'il les a lus.
18 M. Moran (interprétation). - Puis-je procéder ?
19 M. le Président (interprétation). - Oui.
20 M. Moran (interprétation). - Vous avez travaillé avec le
21 Dr Lagazzi depuis quelques années ?
22 M. Verde (interprétation). - Oui.
23 M. Moran (interprétation). - Je pense que vous avez travaillé
24 avec lui depuis une quinzaine d'années dans des domaines d'expertise
25 médico-légale ?
Page 13730
1 M. Verde (interprétation). - Oui.
2 M. Moran (interprétation). - Vous le connaissez bien, vous le
3 connaissez très bien ?
4 M. Verde (interprétation). - Oui.
5 M. Moran (interprétation). - Depuis quinze ans ?
6 M. Verde (interprétation). - Oui.
7 M. Moran (interprétation). - C'est un bon psychiatre ?
8 M. Verde (interprétation). - Oui.
9 M. Moran (interprétation). - Il ne va pas se laisser tromper
10 par...
11 M. Verde (interprétation). - Non, il a beaucoup d'expérience
12 clinique et d'expérience de la médecine légale.
13 M. Moran (interprétation). - Et si en novembre 1996 le
14 Dr Lagazzi fait un rapport et explique que les facultés logiques étaient
15 quasiment réduites à zéro au cours de la dernière rencontre et qu'en
16 juillet 98, il dit : "Le patient a reconnu...", je cherche les mots
17 précis, "qu'il simulait."
18 M. le Président (interprétation). - Demandez à Lagazzi
19 d'expliquer cette déclaration.
20 M. Moran (interprétation). - Je vais demander au témoin s'il
21 arrive souvent que le Dr Lagazzi se laisse tromper par quelqu'un comme
22 M. Landzo.
23 M. le Président (interprétation). - Posez-lui la question.
24 M. Verde (interprétation). - Ce n'est pas mon avis.
25 M. Moran (interprétation). - La simulation ?
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1 M. Verde (interprétation). - Oui.
2 M. Moran (interprétation). - Vos tests sélectifs permettent
3 d'exclure la simulation mais certaines personnes ont réussi à tromper des
4 professionnels de la santé ?
5 M. Verde (interprétation). - Oui, mais je ne pense pas que cela
6 soit le cas cette fois-ci. La qualité des tests de projection rend cette
7 hypothèse impossible à accepter.
8 M. Moran (interprétation). - Même si le patient admet cette
9 tentative de simulation et d'orientation ?
10 M. Verde (interprétation). - Oui. J'ai parlé à Mme McMurrey de
11 deux types de simulateur : on a d'une part le simulateur qui essaie
12 délibérément de convaincre et de persuader son interlocuteur ; c'est une
13 chose qui est impossible quand on pratique ce genre de tests.
14 M. Moran (interprétation). - Sûrement, et le DSM-IV, vous
15 connaissez bien le DSM-IV ?
16 M. Verde (interprétation). - Oui.
17 M. Moran (interprétation). - Le DSM-IV met en garde à l'égard
18 des simulations.
19 Mme McMurrey (interprétation). - L'expert ne s'est pas fondé sur
20 le DSM-IV.
21 M. le Président (interprétation). - Ecoutez sa réponse. On lui
22 demande s'il connaît le DSM-IV, il a répondu par l'affirmative.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Ce n'est pas pertinent car il
24 n'a pas utilisé le DSM-IV4.
25 M. le Président (interprétation). - Laissez-le répondre, ne
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1 répondez pas à sa place.
2 M. Verde (interprétation). - Le DSM-IV explique que, dans
3 certaines situations, il existe un danger de simulation. Dans chaque
4 manuel de psychiatrie, cela est indiqué. J'ai ici Kaplan et Sadock sous la
5 main et dans le chapitre sur la médecine médico-légale, on fait la même
6 remarque. C'est bien la raison pour laquelle nous effectuons ces tests.
7 C'est le domaine dans lequel les tests psychologiques sont les plus
8 répandus dans le monde entier. Ce genre de tests rend la tâche du
9 simulateur extrêmement difficile, donc du simulateur qui, délibérément,
10 essaie de convaincre un interlocuteur de croire quelque chose de faux à
11 propos de sa personnalité.
12 M. Moran (interprétation). - Le DSM-IV met en garde à propos
13 d'un cas particulier de simulation, à savoir dans le contexte d'une
14 situation médico-légale.
15 M. Verde (interprétation). - Oui.
16 M. Moran (interprétation). - De quel type de situation s'agit-
17 il ?
18 M. Verde (interprétation). - Le cas où il faut procéder sur une
19 personne comme dans le cas qui nous réunit.
20 M. Moran (interprétation). - Si, par exemple, un de mes clients,
21 imaginons qu'il ait voulu échapper à la peine de mort, est-ce qu'il aurait
22 pu essayer de simuler une maladie mentale ?
23 M. Verde (interprétation). - Cela dépend.
24 Mme McMurrey (interprétation). - C'est une question qui n'est
25 pas pertinente. Il est clair que l'expert ne connaît pas ces situations
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1 typiquement américaines.
2 M. le Président (interprétation). - Vous intervenez chaque fois,
3 laissez-le répondre !
4 M. Verde (interprétation). - Peut-être !
5 M. Jan (interprétation). - Est-ce que votre client a réussi ?
6 M. Moran (interprétation). - Non, il a été condamné à mort, il
7 attend son exécution mais bon, il y a quatre cadavres dans le chemin et
8 une attaque à main armée mais peut-être y aura-t-il un nouveau procès ?
9 M. Jan (interprétation). - Au point international, on a le droit
10 de trouver les moyens ou de rechercher les moyens pour se défendre.
11 Excusez-moi de vous avoir interrompu.
12 M. Moran (interprétation). - De rien.
13 Pour un diagnostic particulier décrit au DSM-IV, celui de
14 troubles de la personnalité antisociale, on met tout spécialement les
15 intervenants en garde contre le danger de simulation, car la personne
16 présentant ces troubles ont tendance à être de bons menteurs.
17 M. Verde (interprétation). - Effectivement.
18 M. Moran (interprétation). - Et certaines de ces personnes sont
19 des personnes en fait très sociables.
20 M. Verde (interprétation). - Pardon ?
21 M. Moran (interprétation). - Ce sont des personnes agréables
22 dont on apprécie la compagnie.
23 M. Verde (interprétation). - Oui, enfin, cela dépend des cas.
24 Vous savez, ce trouble de la personnalité tel que décrit dans le DSM-IV
25 peut être réparti en divers diagnostics. On peut avoir divers diagnostics
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1 qui portent sur la même personne, des diagnostics très différents. Je me
2 rappelle que, dans un cas précis, soixante personnes avaient été
3 diagnostiquées comme étant atteintes de troubles de la personnalité, et
4 puis, ces personnes avaient fait l'objet d'un autre diagnostic qui avait
5 abouti à une conclusion différente.
6 M. Moran (interprétation). - Donc, il ne serait pas bizarre
7 d'avoir, dans un cas de troubles de la personnalité de ce type, trois ou
8 quatre diagnostics qui reposent sur un même axe. Il y a d'abord un premier
9 diagnostic qui est établi, puis d'autres suivent.
10 M. Verde (interprétation). - Peut-être. Moi, je n'établis pas ce
11 type de diagnostic, moi je m'occupe de diagnostics psychologiques, donc je
12 ne connais pas bien ce type de raisonnement.
13 M. Moran (interprétation). - En fait, vous, vous deviez procéder
14 à des tests psychologiques ?
15 M. Verde (interprétation). - Oui.
16 M. Moran (interprétation). - Pour aider le Pr Lagazzi à établir
17 son diagnostic, est-ce que je présente bien la situation, c'était bien
18 votre mission ?
19 M. Verde (interprétation). - Oui, j'ai fait mon travail, ensuite
20 j'ai fait part de mes conclusions au conseil de la défense de M. Landzo et
21 ensuite Madame l'a communiqué au Pr Lagazzi, oui.
22 M. Moran (interprétation). - Donc en fait, vous deviez fournir
23 des résultats pour le Pr Lagazzi ?
24 M. Verde (interprétation). - Non, je l'ai déjà dit. Je n'ai pas
25 discuté de cette affaire avec le Pr Lagazzi. Nous avons échangé quelques
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1 phrases tout au plus. Notre entretien a duré dix minutes et nous avons
2 parlé de M. Landzo.
3 M. Moran (interprétation). - Avant votre déposition ?
4 M. Verde (interprétation). - Oui, avant.
5 M. Moran (interprétation). - Est-ce que ... (correction de
6 l'interprète) Non pas avant la déposition mais avant les tests ?
7 M. Verde (interprétation). - Oui.
8 M. Moran (interprétation). - Et vous lui avez parlé après
9 l'établissement de votre rapport ?
10 M. Verde (interprétation). - Oui.
11 M. Moran (interprétation). - Merci, Monsieur le Président, j'en
12 ai terminé de ce témoin.
13 M. le Président (interprétation). - Maître McHenry, vous avez la
14 parole.
15 M. Cowles (interprétation). - Monsieur le Président, puis-je
16 commencer ?
17 M. le Président (interprétation). - Je vous en prie, Maître.
18 M. Cowles (interprétation). - Bonjour, Professeur.
19 M. Verde (interprétation). - Bonjour.
20 M. Cowles (interprétation). - Je m'appelle Jim Cowles et je
21 travaille pour le Bureau du Procureur.
22 M. Verde (interprétation). - Je comprends.
23 M. Cowles (interprétation). - Docteur Verde, n'est-il pas exact
24 que nombre de criminels souffrent de troubles de la personnalité ?
25 M. Verde (interprétation). - Oui, tout à fait, c'est vrai.
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1 M. Jan (interprétation). - Mais des personnes qui ne sont pas
2 des criminels souffrent aussi des troubles de la personnalité ?
3 M. Verde (interprétation). - Bien sûr. Vous savez, les personnes
4 qui souffrent de troubles de la personnalité sont plus susceptibles d'agir
5 d'une certaine façon que d'autres personnes. Je parle notamment des
6 personnes qui tombent dans la deuxième catégorie du DSM-IV. Je parle des
7 "cas limites" comme on les appelle. Les cas asociaux, les cas
8 narcissiques, toutes ces personnes sont plus susceptibles d'agir de telle
9 ou telle façon, sont plus susceptibles de souffrir d'explosion de
10 violence, de colère, elles sont plus susceptibles de passer aux actes,
11 comme on le dit en psychologie.
12 M. Cowles (interprétation). - Et c'est ce que vous avez établi
13 chez M. Landzo ?
14 M. Verde (interprétation). - Non, pas du tout. Au contraire,
15 j'ai trouvé chez lui une certaine capacité à se contrôler lui-même, une
16 capacité à contrôler également la situation environnante mais, dans
17 certains domaines, il ne sait pas faire face à la réalité. J'entends par
18 là qu'il n'arrive pas bien à évaluer la situation dans laquelle il se
19 trouve, il n’arrive pas bien à saisir la réalité. Un exemple, son
20 comportement vis-à-vis des gardiens dans le quartier pénitentiaire des
21 Nations Unies : pendant que nous passions les tests, pendant qu'il passait
22 les tests, il se comportait comme s'il était leur chef. Il disait :
23 "Faites ceci, ne faites pas cela, etc.", et là, très nettement, il ne
24 saisissait pas bien quelle était la réalité dans ce domaine très
25 particulier qui est le domaine de l'exercice de l'autorité.
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1 En termes psychologiques, on dit que c'est là l'utilisation d'un
2 mécanisme de défense. Il y a un mécanisme d'identification avec
3 l’agresseur, c'est un exemple.
4 M. Cowles (interprétation). - Cela correspond à ce que vous avez
5 dit : chez M. Landzo il y a une capacité d'utiliser les personnes, de les
6 exploiter.
7 M. Verde (interprétation). – Oui, c'était un exemple.
8 M. Cowles (interprétation). - A la fin de votre interrogatoire
9 principal, dans le cadre des questions posées par Me McMurrey, vous avez
10 émis un certain nombre d'avis relatifs à l'état mental de M. Landzo
11 en 1992.
12 M. Verde (interprétation). - Oui.
13 M. Cowles (interprétation). - Cela n'apparaît nulle part dans
14 votre rapport.
15 M. Verde (interprétation). - En effet, parce que mon rapport
16 fait référence seulement à son état psychologique actuel.
17 M. Cowles (interprétation). - Il me semble que vous avez déclaré
18 que comme vous n’étiez pas docteur en médecine, vous n'étiez pas un
19 médecin mais plutôt un psychologue.
20 M. Verde (interprétation). - Oui.
21 M. Cowles (interprétation). - Et vous communiquez des résultats
22 à un psychiatre pour que celui-ci établisse un diagnostic médical ?
23 M. Verde (interprétation). - Oui.
24 M. Cowles (interprétation). - Vous n'essayez pas de faire un
25 diagnostic médical de l'état de M. Landzo en 1992 ?
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1 M. Verde (interprétation). - C'est une question délicate. Voyez-
2 vous, je suis membre de la Chambre des psychologues de ma ville et nous
3 sommes habilités à procéder à certains types de diagnostic psychologique.
4 Un conflit nous oppose aux médecins généralistes ; parfois nous faisons
5 certains diagnostics médicaux.
6 M. Cowles (interprétation). - En réponse à la dernière question
7 de Me McMurrey, vous avez précisé clairement que votre avis relatif à
8 l'état mental de M. Landzo en 1992 n'était que pure spéculation.
9 Mme McMurrey (interprétation). – Objection, ce n'est pas ce qui
10 apparaît dans le compte rendu. Jamais le témoin n'a utilisé le terme
11 "spéculation". D’où l'accusation sort-elle ce terme ?
12 M. Cowles (interprétation). - Je regarde le compte rendu et je
13 crois me souvenir que le témoin a bien utilisé le terme "spéculation"
14 quand il se référait à l'état mental de M. Landzo en 1992. Je peux vous
15 renvoyer à une ligne très précise et à une page du compte rendu.
16 M. le Président (interprétation). - Le témoin est ici dans le
17 prétoire, il peut se prononcer lui-même sur la question.
18 M. Verde (interprétation). - En me fondant sur ce que j'ai pu
19 observer, je peux, en termes scientifiques, essayer de donner une
20 explication de l'état dans lequel il se trouvait il y a six ans, par
21 exemple. J'ai répondu à Me McMurrey en disant que son état était un état
22 structurel relativement stable, ce n'est pas un état transitoire. Pour
23 établir exactement quelle est sa personnalité, il faut revenir en arrière
24 sur toute l'histoire de M. Landzo, en commençant par son enfance.
25 M. Cowles (interprétation). - Vous voulez dire que sa
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1 personnalité n'a pas changé depuis son enfance ?
2 M. Verde (interprétation). - Cela n'a pas tellement changé parce
3 qu'une division s'est opérée dans sa personnalité, les structures
4 fondamentales de sa personnalité n'ont pas suivi de modifications.
5 M. Cowles (interprétation). - Vous avez utilisé le terme
6 "spéculation". Est-ce qu'en fait vous ne faites pas que spéculer quand
7 vous parlez de son état mental en 1992 ?
8 M. Verde (interprétation). - Si par "spéculer" on entend le fait
9 de déduire certaines choses de ce que l'on a vu, comme je n'étais pas là,
10 oui, je me livre à un exercice de spéculation mais je peux quand même
11 donner des conclusions scientifiques.
12 M. Cowles (interprétation). - En fait, vous ne savez rien des
13 faits qui sont au coeur de cette affaire, n’est-ce pas ?
14 M. Verde (interprétation). – Non.
15 M. Cowles (interprétation). - Vous ne savez pas ce que l'on
16 accuse M. Landzo d'avoir fait en 1992 ?
17 M. Verde (interprétation). - Je sais qu'il est accusé d'avoir
18 commis certains crimes, certains meurtres, j'en ai entendu parler, je n'ai
19 pas d'autres détails sur cette affaire.
20 M. Cowles (interprétation). - Vous ne savez rien de la façon
21 dont il aurait commis ces crimes ?
22 M. Verde (interprétation). - Non.
23 M. Cowles (interprétation). - Lors de vos entretiens avec
24 M. Landzo, vous n'avez pas parlé des chefs d'accusation retenus contre
25 lui, des choses de ce genre ?
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1 M. Verde (interprétation). - En aucun cas.
2 M. Cowles (interprétation). – Merci, Monsieur le Président, je
3 n'ai plus de questions.
4 M. le Président (interprétation) – Merci beaucoup. Des questions
5 supplémentaires ?
6 Mais avant que vous ne commenciez, Maître McMurrey, j'ai
7 quelques questions à poser moi-même au témoin.
8 Monsieur le Professeur, l'une de vos conclusions est que
9 M. Landzo souffre de certains troubles mentaux.
10 M. Verde (interprétation). - Oui.
11 M. le Président (interprétation) - Quelles sont les
12 manifestations qui vous permettent d'affirmer cela ?
13 M. Verde (interprétation). - Pour ce qui est du comportement ?
14 M. le Président (interprétation) - Oui.
15 M. Verde (interprétation). - Eh bien par exemple, le fait qu'il
16 est tout à fait susceptible de réagir, de passer à l'acte. Par exemple, il
17 peut essayer de.. comment dire, nous parlons d'identification,
18 l'identification cela signifie qu'à l'intérieur de vous-même vous portez
19 l'image de votre père et vous voulez vous-même devenir cette image, vous
20 n'en êtes pas vraiment capable, mais vous souhaiteriez être dans les
21 chaussures de quelqu'un d'autre.
22 C'est comme un comédien, si vous voulez, comme un acteur, je ne
23 sais pas si vous me comprenez bien. On aimerait prendre le rôle de
24 quelqu'un d'autre. Je ne connais pas le terme anglais, mais c'est comme
25 mimer quelque chose.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Métamorphose ?
2 M. Verde (interprétation). – Non, pas la métamorphose. C'est
3 comme un caméléon si vous voulez, la couleur change en fonction de
4 l'environnement.
5 M. le Président (interprétation) - Un caméléon, oui
6 effectivement.
7 Et vous vous fondez sur ce type d'observation pour déclarer
8 qu'il souffrait de certains troubles mentaux ?
9 M. Verde (interprétation). – Non, non, je me suis appuyé d'abord
10 sur le résultat des tests et j'ai observé cette capacité à se mettre dans
11 les chaussures de quelqu'un d'autre, à prendre le rôle de quelqu'un
12 d'autre.
13 C'est un esprit extrêmement complexe, un esprit divisé, et c'est
14 ce qui apparaît au vu de mes tests, tests qui permettent, je le répète,
15 d'appliquer certains paramètres très précis aux réponses apportées par le
16 patient. Ce test, je le répète, est reconnu au plan international, reconnu
17 comme étant un outil psychologique de la toute première importance. Je
18 crois d'ailleurs que le test Rorschach est un des tests de projection
19 psychologique les plus connus. Tout le monde connaît la tache d'encre du
20 test Rorschach.
21 M. le Président (interprétation) - Comment établissez-vous un
22 lien entre tous ces éléments et son comportement au cours de la période
23 pendant laquelle il était garde ?
24 M. Verde (interprétation). - Peut-être essayait-il d'être un
25 garde parfait, afin d'être louangé, de recevoir les compliments de son
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1 chef direct. Je n'ai pas précisé aujourd'hui qu'il souffre profondément
2 d'un manque de confiance en soi. Et pour créer ce sentiment de confiance
3 en soi, il dépend complètement de l'opinion qu'une autre personne peut
4 avoir de lui. Si je n'ai pas d'amour-propre, si je n'ai pas de confiance
5 en moi, j'ai besoin de votre confiance, de votre appréciation, si je ne
6 veux pas tomber dans la dépression.
7 Si vous n'avez pas de confiance en vous, si vous n'avez pas
8 d'amour propre et si vous n'avez pas la reconnaissance d'autrui, vous vous
9 sentez déprimé, vous vous sentez vide, vous vous sentez abandonné, toutes
10 ces conclusions, je les tire des tests que j'ai fait passer à M. Landzo.
11 M. le Président (interprétation) - Je vous remercie.
12 Maître McMurrey, vous avez la parole.
13 Mme McMurrey (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
14 J'en reviens au rapport du Pr Lagazzi, celui à propos duquel
15 M. Moran vous a posé des questions.
16 M. Verde (interprétation). - Oui.
17 Mme McMurrey (interprétation). - Vous n'avez fait que
18 l'effleurer. Si vous vous en souvenez, dans ce rapport, le Pr Lagazzi dit-
19 il que M. Landzo semble ne pas répondre à certains stimuli ?
20 M. Verde (interprétation). – Oui, même le Pr Roorda dit cela.
21 Mme McMurrey (interprétation). - Le Pr Lagazzi, en
22 novembre 1996, déclare : "Je crois qu'il est en train de me manipuler". A
23 cette époque-là, il était capable de détecter cette tendance chez
24 M. Landzo.
25 M. Verde (interprétation). - Oui.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - C'est la raison pour laquelle
2 il n'a pas poursuivi ce type d'évaluation à l'époque, n'est-ce pas ?
3 Pardon, je retire cette question, vous n'êtes pas obligé d'y répondre.
4 Monsieur Cowles vous a parlé du fait que beaucoup de criminels souffraient
5 de troubles de la personnalité.
6 M. Verde (interprétation). – Oui.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Mais ici, on ne parle pas
8 seulement de troubles de la personnalité, on parle d'un trouble aigu, d'un
9 trouble qui a perturbé la vie de M. Landzo depuis sa toute petite enfance.
10 M. Verde (interprétation). - Oui.
11 Mme McMurrey (interprétation). - Je crois que vous recherchiez
12 ce mot qui signifie que ce trouble en fait a eu une influence sur tous les
13 aspects de la vie de M. Landzo.
14 M. Verde (interprétation). - Oui.
15 Mme McMurrey (interprétation). - Depuis 1992 ?
16 M. Verde (interprétation). – Non, depuis sa toute première
17 enfance il souffrait d'asthme, par exemple, c'est une souffrance extrême
18 surtout quand on souffre de crises aiguës d'asthme. Je crois que c'est le
19 cas. Madame Roorda de Man parle de ces crises.
20 M. le Président (interprétation). - Est-ce que vous dites
21 vraiment, Professeur, que l'asthme est un facteur qui contribue à
22 l'apparition de tel ou tel comportement, ou de tel ou tel trouble ?
23 M. Verde (interprétation). - Peut-être que cet asthme… enfin, je
24 ne sais pas, c'est considéré comme un trouble psychosomatique, l'asthme,
25 vous savez, cette incapacité à respirer normalement est liée au lien que
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1 l'on entretient avec sa mère. La psychiatrie infantile s'est beaucoup
2 consacrée à ces maladies psychosomatiques. Et c'est peut-être ces rapports
3 difficiles avec la mère qui ont provoqué ces crises d'asthme et cette
4 pathologie.
5 M. le Président (interprétation). - L'accusé est-il toujours
6 asthmatique ?
7 M. Verde (interprétation). - Je ne sais pas.
8 Mme McMurrey (interprétation). - Un médecin néerlandais viendra
9 cet après-midi pour en parler.
10 M. le Président (interprétation). – Moi, je connais beaucoup de
11 personnes tout à fait normales qui sont asthmatiques.
12 M. Verde (interprétation). – Oui, oui. Si vous êtes asthmatique
13 cela ne veut pas dire que vous êtes délinquant, ce n'est pas cela l'idée.
14 Mme McMurrey (interprétation). – Permettez-moi d'apporter un
15 éclaircissement. Le témoin ne dit pas que toutes les personnes souffrant
16 d'asthme souffrent de troubles de la personnalité. Expliquez-vous,
17 Docteur, s'il vous plaît.
18 M. Verde (interprétation). - Bien sûr, l'asthme n'a rien à voir
19 avec le trouble de la personnalité. C'est une maladie qui cause une
20 souffrance extrême et le trouble de la personnalité peut apparaître, que
21 l'on souffre d'asthme ou pas.
22 Mme McMurrey (interprétation). - On peut souffrir d'asthme sans
23 être atteint de troubles de la personnalité.
24 M. Verde (interprétation). - Oui.
25 Mme McMurrey (interprétation). - Dans ce cas précis, l'asthme
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1 était un facteur aggravant, n’est-ce pas ?
2 M. Verde (interprétation). - Oui.
3 Mme McMurrey (interprétation). – Parce qu’au départ la personne
4 souffrait déjà d'un trouble de la personnalité ?
5 M. Verde (interprétation). - C'est bien probable.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Nous en revenons à cette idée
7 selon laquelle nombre de criminels souffrent de troubles de la
8 personnalité. Vous avez examiné M. Landzo et les conclusions que vous en
9 avez tirées ne se fondent pas sur l'idée selon laquelle nombre de
10 criminels souffrent de ce type de troubles. Vous n'essayez pas de tirer de
11 conclusions juridiques ou pénales de cet examen ?
12 M. Verde (interprétation). - Absolument pas.
13 Mme McMurrey (interprétation). - Ce terme employé à plusieurs
14 reprises par Maître Cowles, ce terme de "spéculation", spéculation quant à
15 l'état de M. Landzo en 1992. Est-ce qu’en fait, vous ne vouliez pas tant
16 parler de spéculation que de projection en arrière, de retour en arrière ?
17 M. Verde (interprétation). – Oui, parce que je n'ai pas mené
18 d'entretien psychologique avec M. Landzo, j'ai parlé quelques minutes avec
19 lui avant que nous ne commencions les tests. Et je ne lui ai pas demandé
20 comment il se sentait en 1992. Alors qu'il me semble que les autres
21 psychiatres, les autres experts l'ont fait. Moi, je m'en suis uniquement
22 tenu à ces tests.
23 Donc, je ne lui ai pas demandé quoi que ce soit et je n'ai pas
24 observé qu'il souffrait d'amnésie de quoi que ce soit.
25 Mme McMurrey (interprétation). - Je n'ai pas bien compris votre
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1 dernier mot.
2 M. Verde (interprétation). - L'anamnèse.
3 Mme McMurrey (interprétation). – C’est l'amnésie dont vous
4 parlez ?
5 M. Verde (interprétation). – Non, non absolument pas, c'est
6 quand vous demandez à un patient de vous dire comment il se sentait
7 auparavant, quel type de maladie, de quel type de maladie il souffrait, de
8 se souvenir par exemple de son enfance, de son accouchement même : est-ce
9 que l'accouchement s'est bien passé, est-ce que tout était normal ? Il
10 faut que le patient se souvienne de ses maladies, c'est cela l'anamnèse.
11 Mme McMurrey (interprétation). - C'est le psychiatre qui mène à
12 bien cet examen ?
13 M. Verde (interprétation). – Oui, le médecin.
14 Mme McMurrey (interprétation). - Pas le psychologue ?
15 M. Verde (interprétation). – Eventuellement, le psychologue peut
16 se livrer à ce type d'examen. Par exemple, Mme Roorda a posé cette
17 question, mais j'avais cette mission extrêmement spécifique. Je devais
18 faire passer certains tests à M. Landzo, donc moi je ne me suis pas livré
19 à ce type d'examen.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Les avis que vous avez émis
21 précédemment pour ce qui est des troubles mentaux de M. Landzo se fondent
22 uniquement sur les résultats de tests reconnus au plan international ?
23 M. Verde (interprétation). - Absolument.
24 Mme McMurrey (interprétation). - Nous nous sommes retrouvés ce
25 matin à 8 heures, n’est-ce pas ?
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1 M. Verde (interprétation). - Oui.
2 Mme McMurrey (interprétation). – Et nous nous sommes mis
3 d'accord sur la teneur de notre entretien aujourd'hui ?
4 M. Cowles (interprétation). – Objection, nous sortons
5 complètement du cadre du contre-interrogatoire.
6 M. le Président (interprétation). - Maître, vous n'allez pas
7 poser des questions supplémentaires ?
8 Mme McMurrey (interprétation). – Enfin, tout de même, j'ai droit
9 à ce droit de réplique ?
10 M. le Président (interprétation). - Il faut que vous vous
11 reposiez sur le contre-interrogatoire.
12 Mme McMurrey (interprétation). – Le contre-interrogatoire de
13 qui ? Le contre-interrogatoire de Me Cowles ?
14 M. le Président (interprétation). – Et qu'est-ce qui a été dit
15 dans ce contre-interrogatoire ?
16 Mme McMurrey (interprétation). – Maître Cowles a essayé de dire
17 que le témoin ne s'était pas fondé sur des tests cliniques psychologiques.
18 Moi, j'essaie de dire…
19 M. le Président (interprétation). - … Mais le témoin a répondu à
20 la question. Il a dit qu'il avait interprété certaines choses à partir des
21 conclusions auxquelles il était arrivé.
22 Mme McMurrey (interprétation). - Il a commencé son contre-
23 interrogatoire.
24 (Interruption du Président.)
25 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur Cowles a commencé son
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1 contre-interrogatoire…
2 M. le Président (interprétation). - … Vous sortez du cadre du
3 contre-interrogatoire.
4 Mme McMurrey (interprétation). - Encore une question
5 Monsieur le Président, si vous me le permettez. Professeur, je vous ai
6 demandé d'établir un certain nombre de conclusions relatives à la capacité
7 mentale de M. Landzo en 1992. Jamais je ne vous ai demandé de vous
8 prononcer sur la responsabilité mentale, n'est-ce pas ? C'est là une
9 question juridique.
10 M. Verde (interprétation). - En effet.
11 Mme McMurrey (interprétation). - Merci beaucoup, Professeur.
12 M. le Président (interprétation). - Merci beaucoup, Monsieur.
13 Merci de votre aide.
14 M. Verde (interprétation). - Merci.
15 M. Moran (interprétation). - Je n'ai pas reçu mon exemplaire.
16 M. le Président (interprétation). – Merci. Votre témoin suivant,
17 je vous prie.
18 Mme McMurrey (interprétation). - La défense appelle
19 Elmir Hadzajlic.
20 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
21 Mme McMurrey (interprétation). - Il était prévu que ce témoin se
22 présente après le déjeuner mais il était prévu en tout cas sur la liste
23 des témoins.
24 Je ne sais pas s'il est déjà là, il faudra vérifier. Je pense
25 qu'il avait prévu de venir à 14 heures 30.
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1 Mme le Greffier (interprétation). - Le témoin n'est pas là.
2 Mme McMurrey (interprétation). - Si vous le permettez, nous
3 pourrions commencer avec ce témoin après le déjeuner ?
4 M. le Président (interprétation). - Vous l'attendez après le
5 déjeuner ?
6 Mme McMurrey (interprétation). - Il est à l'hôtel Bel Air et je
7 peux le faire venir.
8 M. le Président (interprétation). - Nous allons passer à la
9 pause déjeuner, nous nous retrouverons à 14 heures 30.
10 (L’audience,suspendue à 12 h 45, est reprise à 14 h 30.)
11 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
12 M. le Président (interprétation). - Vous pouvez procéder
13 Madame McMurrey, si vous êtes prête.
14 Mme le Greffier (interprétation). - Je vous demande de prêter
15 serment.
16 M. Hadzajlic (interprétation). - Je déclare solennellement que
17 je dirai la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
18 M. le Président (interprétation). - Veuillez vous asseoir.
19 Mme McMurrey (interprétation). - Veuillez vous présenter à la
20 Cour. Quel est votre nom ?
21 M. Hadzajlic (interprétation). - Je m'appelle Elmir Hadzajlic,
22 je suis de Konjic.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Avez-vous du mal à garder ces
24 écouteurs, parce que vous êtes tout à fait chauve. Est-ce que cela ne
25 tient pas bien sur votre tête ?
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Cela va mieux ? Nous nous
2 sommes rencontrés hier, je pense, n'est-ce pas ? Avec Me McHenry ? Vous
3 n'avez jamais témoigné devant un Tribunal, c'est la première fois, n'est-
4 ce pas ?
5 M. Hadzajlic (interprétation). - Non.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Vous êtes nerveux, cela vous
7 rend nerveux d'être ici ?
8 M. Hadzajlic (interprétation). - Un petit peu, c'est normal.
9 Mme McMurrey (interprétation). - Pourriez-vous vous rapprocher
10 du micro pour qu'on vous entende mieux ? Voilà, très bien.
11 M. Hadzajlic (interprétation). - Oui, d'accord. Est-ce que ça
12 va ?
13 Mme McMurrey (interprétation). - C'est parfait. Les interprètes
14 aimeraient vous entendre encore un peu mieux.
15 M. Hadzajlic (interprétation). - Est-ce que c'est bien comme
16 cela ?
17 Mme McMurrey (interprétation). - Vous êtes interprété, je vais
18 donc vous poser des questions, vous allez écouter l'interprétation
19 simultanée et puis vous répondrez.
20 M. Hadzajlic (interprétation). - Oui.
21 Mme McMurrey (interprétation). - Nous nous sommes rencontrés
22 pour la première fois à Konjic.
23 M. Hadzajlic (interprétation). - Oui.
24 Mme McMurrey (interprétation). - Pouvez-vous parler de vos
25 occupations à Konjic ?
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1 M. Hadzajlic (interprétation). - J'ai des sociétés. Je travaille
2 sur un marché privé, j'ai le commerce et puis l'hôtellerie également. J'ai
3 quelques restaurants, quelques installations qui m'appartiennent.
4 Mme McMurrey (interprétation). - Quand vous parlez de
5 restaurants, on peut dire carrément le meilleur restaurant de la ville,
6 non ?
7 M. Hadzajlic (interprétation). - Vous y étiez, vous connaissez.
8 Mme McMurrey (interprétation). - Oui, c'est pour cela que je le
9 dis ! Vous étiez également dans les affaires avant que la guerre ne
10 commence à Konjic, n'est-ce pas ?
11 M. Hadzajlic (interprétation). - C'est vrai.
12 Mme McMurrey (interprétation). - Lorsque la guerre a commencé,
13 après le début de la guerre, vous avez quitté Konjic et vous êtes devenu
14 réfugié, c'est bien cela ?
15 M. Hadzajlic (interprétation). - C'est vrai.
16 Mme McMurrey (interprétation). - Quand vous êtes parti, vous
17 aviez un énorme stock d'aliments et vous les avez donnés à la Défense, à
18 l'armée ?
19 M. Hadzajlic (interprétation). - La majorité de mes stocks, je
20 les ai donnés pour défendre le village.
21 Mme McMurrey (interprétation). - Comment saviez-vous... non,
22 plutôt, connaissiez-vous Landzo à l'époque ?
23 M. Hadzajlic (interprétation). - Je le connaissais, mais je dois
24 dire que je l'ai reconnu à peine, difficilement ici dans la salle
25 d'audience.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Quelles sont les différences
2 entre son aspect actuel et l'aspect qu'il avait en 1991 et 1992, quand
3 vous le connaissiez ?
4 M. Hadzajlic (interprétation). - Au moment où je l'ai connu,
5 c'était un jeune, un adolescent et maintenant je vois que c'est un adulte.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Vous dites que vous le
7 connaissiez en 91/92. Comment avez-vous fait la connaissance
8 d'Esad Landzo ?
9 M. Hadzajlic (interprétation). - Il est venu chez moi, dans ma
10 société, avec son collègue qui a travaillé auparavant également chez moi,
11 Stipac, que nous appelions Tipo. J'avais besoin de quelqu'un pour m'aider.
12 Un camion transportait les marchandises, il l'a emmené avec lui et il a
13 commencé à travailler dans ma société.
14 Mme McMurrey (interprétation). - Quand vous dites qu'il a
15 travaillé pour vous, il a travaillé pour vous dans le domaine des
16 aliments, transport d'aliments, il recevait de l'argent de poche, c'est
17 cela ?
18 M. Hadzajlic (interprétation). - On peut dire qu'il a travaillé
19 un peu sous contrat. A cette époque-là c'était une situation assez
20 particulière. Souvent, c'est sous forme de marchandises qu'on payait les
21 employés, un petit peu également en argent. En ce qui me concerne, tout ce
22 qu'il m'avait demandé, je lui avais donné ; il a demandé très peu de
23 choses.
24 Mme McMurrey (interprétation). - Quand vous dites qu'il
25 travaillait pour vous, est-ce qu'il est venu travailler pour vous comme
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1 garde de vos entrepôts, comme aide ?
2 Mme McHenry (interprétation). - Objection.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Quelles étaient les tâches que
4 vous lui aviez confiées ?
5 M. Hadzajlic (interprétation). - Il faisait tout, les
6 livraisons, il transportait les marchandises et il a servi également de
7 garde de sécurité.
8 Mme McMurrey (interprétation). – Pourriez-vous nous décrire le
9 genre de travailleur qu'était Esad Landzo ?
10 M. Hadzajlic (interprétation). - C'était un très bon
11 travailleur, il était appliqué au travail, honnête, il obéissait aux
12 ordres.
13 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce que vous diriez que si
14 vous aviez l'occasion de recruter vingt personnes comme Esad Landzo, vous
15 le feriez ?
16 M. Hadzajlic (interprétation). - Il n'y en a pas beaucoup qui
17 sont comme lui, mais s’il y en avait, je les aurais pris.
18 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce qu'il était l'employé
19 modèle pour vous ?
20 Mme McHenry (interprétation). - Question tendancieuse.
21 M. le Président (interprétation). - On a déjà répondu.
22 Mme McMurrey (interprétation). - Je pourrais reposer pas mal de
23 questions de ce genre, mais je ne le ferai pas.
24 Comment décririez-vous Esad Landzo à l'époque où il travaillait
25 pour vous et quel âge avait-il ?
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1 M. Hadzajlic (interprétation). - Il avait 17 ans, 18 ans, je ne
2 peux pas répondre exactement.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Merci. Quand a-t-il commencé à
4 travailler pour vous, à peu près ?
5 M. Hadzajlic (interprétation). - C'était mi-91. C'est la
6 première moitié de 1991, je rectifie.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Il a travaillé pour vous
8 jusqu'à quand ?
9 M. Hadzajlic (interprétation). - A mon avis, je pense que
10 c'était le 1er juin 92, jusqu'au 1er juin 92, je ne peux pas véritablement
11 m'en souvenir de manière tout à fait exacte.
12 Mme McMurrey (interprétation). - Vous n'êtes pas sûr de ces
13 dates, c'est cela que vous voulez dire ?
14 M. Hadzajlic (interprétation). - Je ne suis pas sûr.
15 Mme McMurrey (interprétation). - J'aimerais vous demander si
16 Esad Landzo vous prenait comme exemple. J'ai besoin de ces preuves, que je
17 voudrais vous fournir, Votre Honneur.
18 M. Jan (interprétation) - C'est normal de prendre son employeur
19 comme modèle.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Non, ce n'est pas inhabituel,
21 mais je voudrais approfondir cette question. Je pense qu'il aurait fait
22 n'importe quoi pour vous plaire, n’est-ce pas ? On peut dire cela comme
23 cela ?
24 Mme McHenry (interprétation). – Objection. Question
25 tendancieuse.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce qu'il aurait fait
2 pratiquement n'importe quoi pour vous plaire ?
3 Mme McHenry (interprétation). – Objection. Question
4 tendancieuse.
5 M. le Président (interprétation). - Vous voulez dire qu'il était
6 simplement son employé, c'est tout ?
7 Mme McMurrey (interprétation). – Non, il était plus qu'un
8 employé. N'était-il pas plus qu'un employé pour vous ?
9 M. Hadzajlic (interprétation). - Oui.
10 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce que vous l'avez utilisé
11 également comme domestique dans votre maison ?
12 M. Hadzajlic (interprétation). - Oui.
13 Mme McMurrey (interprétation). - Quelles étaient les tâches
14 qu'il faisait pour vous ?
15 M. Hadzajlic (interprétation). - Il nettoyait, il faisait plein
16 d'autres choses, il mettait le feu par exemple parce qu'on avait une
17 branchette, on faisait souvent les barques. Il gardait également ma
18 maison, il avait pratiquement à sa disposition tout chez moi.
19 Mme McMurrey (interprétation). - Vous aviez vraiment confiance
20 en lui alors ?
21 M. Hadzajlic (interprétation). - Mais j'avais une confiance
22 totale en lui.
23 Mme McMurrey (interprétation). – Avait-il les clefs de votre
24 logement et de votre magasin ?
25 M. Hadzajlic (interprétation). - Il a même dormi dans ma
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1 boutique.
2 Mme McMurrey (interprétation). - En fait, j'aimerais vous
3 demander de raconter à la Cour quelle est l'expérience que vous avez eue
4 avec… lors de l'anniversaire de votre petite amie. Comment s’est-il
5 comporté ?
6 M. Hadzajlic (interprétation). - C'était le 26 mai 92. Ma petite
7 amie à l'époque, actuellement ma femme, avait son anniversaire. Nous
8 étions chez elle pour célébrer son anniversaire. On n'a pas eu de vin,
9 donc nous avons demandé à Landzo de se rendre chez moi pour nous apporter
10 les deux caisses de vin. Dès que j'ai terminé ma conversation avec lui, le
11 pilonnage a commencé sur la ville. Autour de la maison de ma femme, il y
12 avait une quarantaine, une trentaine, quarantaine d'obus qui sont tombés,
13 une très grande destruction.
14 Comme conséquence, nous nous sommes retirés vers les caves et
15 pendant que les obus tombaient, il y avait quelqu'un qui a frappé à la
16 porte. Personne n'osait sortir. Personnellement, je me suis aventuré pour
17 aller ouvrir la porte et j'ai vu Landzo qui nous apportait les deux
18 caisses de vin.
19 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce que vous pourriez
20 expliquer à la Cour ce qui s'est passé lorsque vous vous êtes rendu sur le
21 front pour défendre Konjic contre les Serbes ?
22 M. Hadzajlic (interprétation). - La situation était telle que
23 nous avons été obligés de faire appel à tous ceux qui pouvaient porter les
24 armes. Par conséquent, ils se sont regroupés autour d'une ligne qui
25 n'était pas véritablement la ligne de front mais qui était un petit peu en
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1 arrière et ils se sont rendus chez moi, dans mon restaurant. Tipetic et
2 Slavko portaient des uniformes. Nous avons eu également une mitrailleuse.
3 Cependant, j'ai pu remarquer que Slavko, un peu plus fort par rapport à
4 Esad, avait quelque peu peur, ce qui était normal également.
5 J'ai pris l'uniforme de Zipo, j’ai pris également la
6 mitrailleuse de Slavko et je les ai laissés dans le café, dans la salle du
7 café et je suis allé vers la ligne de front.
8 Nous étions une cinquantaine de bénévoles, nous avons été
9 informés que des forces de Chetniks en grand nombre venaient vers nous
10 pour faire l'agression sur la ville. Nous avons attendu pendant une heure
11 sur cette ligne de front. On attendait de nous rendre sur la première
12 ligne de front, on attendait les ordres. Entre temps, Tipeca et
13 Esad Landzo se sont rendus dans notre groupe. Ils ne portaient pas les
14 armes, mais ils voulaient aller ensemble avec moi sur la première ligne du
15 front.
16 Mme McMurrey (interprétation). - Ils sont donc venus, ils se
17 sont présentés sur le front, désarmés, pour vous suivre, c'est bien cela ?
18 M. Hadzajlic (interprétation). - Oui.
19 Mme McMurrey (interprétation). - Vous considérez M. Landzo comme
20 quelqu'un de très courageux ?
21 M. Hadzajlic (interprétation). - Je considère qu'il est très
22 courageux.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur Landzo ne vous a
24 jamais parlé de ces problèmes de santé ?
25 M. Hadzajlic (interprétation). - Il ne m'en a pas parlé. Je ne
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1 m'en souviens pas. Il avait quelques problèmes au niveau de la main, c'est
2 le doigt mais on ne le voyait pas, on l'apercevait à peine.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Il a toujours fait tout ce que
4 vous lui demandiez, y compris le chargement et déchargement des camions,
5 n'est-ce pas ?
6 M. Hadzajlic (interprétation). – Oui, c'est exact.
7 Mme McMurrey (interprétation). – Pourriez-vous nous expliquer
8 pourquoi il ne vous a pas parlé de ses problèmes physiques ?
9 Mme McHenry (interprétation). – Objection.
10 Mme McMurrey (interprétation). - Il peut très bien s'être formé
11 une idée sur Landzo, c'est pourquoi il n'a pas parlé de ces problèmes.
12 Mme McHenry (interprétation). - Et pourquoi lui demander son
13 opinion sur ce qu’a fait ou n’a pas fait M. Landzo ? Objection.
14 Mme McMurrey (interprétation). - Je pense qu'on a le droit de
15 poser ce genre de questions, j'aimerais connaître son opinion.
16 M. le Président (interprétation). - Vous voulez savoir pourquoi
17 M. Landzo ne lui a pas parlé de son handicap ? Pourquoi pensez-vous que
18 M. Landzo ne vous a pas parlé de son handicap ?
19 M. Hadzajlic (interprétation). - Je pense qu'il avait peur que,
20 dans ce cas-là, j'allais le renvoyer ou que tout simplement, j'allais lui
21 demander de ne plus faire les opérations auxquelles il a été habitué. Par
22 exemple, quand les marchandises venaient, il fallait charger. C'étaient
23 25 tonnes qu'il fallait décharger ou charger, etc.
24 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce que vous pensez qu'il...
25 Mme McHenry (interprétation). - Objection. Elle pose la question
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1 de façon tendancieuse.
2 M. le Président (interprétation). - Continuez.
3 Mme McMurrey (interprétation). - En juin 92, vous avez essayé de
4 persuader M. Landzo de rester chez vous, n'est-ce pas ?
5 M. Hadzajlic (interprétation). - Oui.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Mais il est parti ?
7 M. Hadzajlic (interprétation). - Oui, mais je voulais le
8 convaincre de rester chez moi. C'était un enfant et je pensais que pour
9 lui c'était mieux pour ne pas se faire tuer. Car je suis un peu plus âgé
10 quand même, et je pouvais m'en occuper.
11 Mme McMurrey (interprétation). - Encore une question : vous avez
12 un surnom que tout le monde connaît, n'est-ce pas ?
13 M. Hadzajlic (interprétation). - Je m'appelle Elmir Miro.
14 Mme McMurrey (interprétation). - Merci, Miro. Je passe aux... je
15 vous passe aux...(inaudible)
16 M. Hadzajlic (interprétation). - Merci.
17 (non indiqué par l'interprète) - (inaudible)contre examen ?
18 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, je n'ai
19 pas de questions.
20 M. Olujic (interprétation). - Monsieur le Président, nous
21 n'avons pas de questions.
22 M. Moran (interprétation). - J'ai deux questions, si vous le
23 permettez.
24 M. le Président (interprétation). - Vous pouvez poser toutes les
25 questions que vous voulez.
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1 M. Moran (interprétation). - Vous avez dit que M. Landzo a
2 travaillé de façon continue pour vous depuis le premier semestre de 91
3 jusqu'au 1er juin 92, c'est bien ce que vous avez dit ?
4 M. Hadzajlic (interprétation). - Oui.
5 M. Moran (interprétation). - Plus d'autres questions.
6 Mme McHenry (interprétation). - Bonjour.
7 M. Hadzajlic (interprétation). - Bonjour, Madame.
8 Mme McHenry (interprétation). - Lorsque Landzo a travaillé pour
9 vous depuis le premier semestre 91 jusqu'à mi 92, combien de jours
10 travaillait-il pour vous ? Tous les jours ? Une fois par semaine ? Une
11 fois par mois ?
12 Pouvez-vous nous donner une idée du nombre de jours pour
13 lesquels il a travaillé pour vous ?
14 M. Hadzajlic (interprétation). - Il a travaillé tous les jours.
15 Mme McHenry (interprétation). - C'était votre employé. Vous ne
16 vous rappelez jamais qu'il soit parti pendant trois semaines en suivant,
17 par exemple ?
18 M. Hadzajlic (interprétation). - Non, je ne m'en souviens pas.
19 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur Landzo travaillait avec
20 un de ses amis. Ils étaient deux à travailler pour vous, non ? Ils
21 travaillaient tous les deux ?
22 M. Hadzajlic (interprétation). - Oui. Stipetic Zdravko prénommé
23 Tipa.
24 Mme McHenry (interprétation). - Vous avez dit que M. Landzo
25 transportait des caisses de vin pour vous et il chargeait également des
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1 téléviseurs, des boîtes d'aliments pour vous. C'est bien ce que vous avez
2 dit ?
3 M. Hadzajlic (interprétation). - Il a fait comme je l'ai dit :
4 tout, depuis le déchargement, chargement, il a nettoyé les locaux, il a
5 été le garde, tout.
6 Mme McHenry (interprétation). - Parmi ses tâches notamment, il
7 devait décharger des téléviseurs, c'est bien cela ?
8 M. Hadzajlic (interprétation). - Mais il y avait de tout : il y
9 avait des téléviseurs, il y avait également des appareils électroménagers.
10 M. le Président (interprétation). - (non indiqué par
11 l'interprète)Mais (inaudible) par ce genre de questions ? Pourquoi
12 insister tellement sur ces téléviseurs ? Il chargeait et déchargeait, peu
13 importe ce qu'il déchargeait.
14 Mme McHenry (interprétation). - Je voulais définir sa capacité
15 physique. Vous nous avez déjà parlé du fait que vous n'aviez pas noté la
16 moindre invalidité lorsqu'il travaillait. Vous n'avez pas constaté qu'il
17 avait des problèmes pour respirer non plus ?
18 M. Hadzajlic (interprétation). - Je n'avais pas remarqué qu'il
19 avait des problèmes avec sa main pendant qu'il travaillait, mais je savais
20 qu'il n'avait pas la main qui pouvait tenir correctement. Il le cachait,
21 je dois le dire.
22 Mme McHenry (interprétation). - Mais pour ce qui est de la
23 respiration, vous n'avez jamais remarqué qu'il avait des problèmes ?
24 M. Hadzajlic (interprétation). - Mais je ne le suivais pas de
25 très près au moment où il déchargeait. Ce n'est pas moi qui le
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1 surveillais.
2 Mme McHenry (interprétation). - Mais dans la mesure où vous avez
3 pu l'observer quand il travaillait pour vous, vous n'avez jamais constaté
4 qu'il avait des problèmes pour respirer ?
5 M. le Président (interprétation). - Combien de fois allez-vous
6 reposer la même question ? Il a répondu à mon avis.
7 Mme McHenry (interprétation). - Vous aviez confiance en
8 M. Landzo. C'est vrai que vous n'avez jamais constaté qu'il avait le
9 moindre trouble mental ?
10 M. Hadzajlic (interprétation). - Je ne l'ai pas remarqué.
11 Mme McHenry (interprétation). - Peut-on dire que, lorsque la
12 guerre a commencé, M. Landzo n'a pas écouté votre conseil et il a fait
13 uniquement ce qu'il avait envie de faire, c'est-à-dire joindre l'armée ?
14 C'est exact ?
15 M. Hadzajlic (interprétation). - S'il avait écouté mes conseils,
16 il serait resté avec moi à cette époque-là.
17 Mme McHenry (interprétation). - Merci.
18 M. le Président (interprétation). - Vous n'avez plus d'autres
19 questions ?
20 Mme McMurrey (interprétation). - Une question, si vous le
21 permettez.
22 Vous ne vous rappelez plus exactement la date à laquelle
23 M. Landzo a commencé à travailler pour vous. C'est ce que vous avez dit ?
24 M. le Président (interprétation). - Vous répétez tout le temps
25 la même question. Il l'a dit.
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1 M. Hadzajlic (interprétation). - Mais ce n'est pas sûr, je ne
2 suis pas sûr des dates. C'est véritablement... je ne peux pas vous donner
3 une réponse exacte en ce qui concerne les dates. Je ne me souviens pas des
4 dates, le moment où il a commencé à travailler, quel était le jour
5 exactement où il est parti, cela je ne peux pas vraiment vous le garantir.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Merci beaucoup Miro, merci
7 d'être venu. Plus d'autres questions.
8 M. le Président (interprétation). - Merci beaucoup pour ce
9 témoignage qui s'est avéré extrêmement utile. Merci.
10 M. Hadzajlic (interprétation). - Merci à vous tous.
11 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
12 M. le Président (interprétation). - Peut-on faire entrer le
13 témoin suivant ?
14 Mme McMurrey (interprétation). - Oui, avec votre permission, les
15 deux témoins suivants sont les deux témoins qui sont des médecins
16 néerlandais. Et nous avons un nouvel avocat qui va nous aider, si vous le
17 permettez, il va nous aider pour interroger ces témoins. Pourrez-vous
18 autoriser Me Calvin Sanders à aider Me Boler à poser des questions aux
19 deux prochains témoins ? Merci.
20 Mme McHenry (interprétation). - Je voudrais vous demander
21 d'excuser mon absence. Monsieur Cowles sera là pour les deux prochains
22 témoins.
23 M. le Président (interprétation). - D'accord.
24 Qui fait entrer le témoin ?
25 (Le témoin est introduit dans la salle d’audience)
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1 Mme Boler (interprétation). - Le prochain témoin sera le
2 Dr Lammers.
3 M. le Président (interprétation). - Le témoin va-t-il prêter
4 serment en langue anglaise ?
5 Mme Boler (interprétation). - (hors micro)
6 Nous avons fait le nécessaire pour que l'interprète néerlandais
7 soit présent, mais le témoin m'a signalé qu'il témoignera en anglais.
8 Quelle est votre préférence ?
9 M. Haeseker (interprétation). - En anglais.
10 M. le Président (interprétation). - Voulez-vous introduire le
11 nouveau conseil ?
12 Mme Boler (interprétation). - Maître Sanders est avocat à New-
13 York depuis quatorze ans et il y a à peu près une semaine, nous avons
14 rencontré M. Sanders. Nous recherchions un assistant juridique, il se
15 trouvait à La Haye, il suivait un cours de droit pénal. Il a pu nous
16 rejoindre et nous nous en réjouissons.
17 M. le Président (interprétation). - Je vous souhaite la
18 bienvenue, votre présence sera très utile, je l'espère.
19 M. Sanders (interprétation). - Merci beaucoup.
20 M. le Président (interprétation). - Voulez-vous prêter serment.
21 M. Haeseker (interprétation). - Je déclare solennellement dire
22 la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
23 M. le Président (interprétation). - Merci.
24 Mme Boler (interprétation). - (hors micro...)
25 Avant de commencer, je voudrais demander à l'huissier de
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1 remettre un exemplaire du rapport au témoin. J'ai des exemplaires pour les
2 différentes parties concernées.
3 Mme le Greffier (interprétation). - Document D54/4
4 Mme Boler (interprétation). - Bon après-midi, Docteur Haeseker,
5 merci d'être venu.
6 M. Haeseker (interprétation). - Bon après-midi.
7 Mme Boler (interprétation). - Pourriez-vous vous présenter ?
8 M. Haeseker (interprétation). - Je m'appelle Barent Haeseker.
9 Mme Boler (interprétation). - Que faites-vous ?
10 M. Haeseker (interprétation). - Je travaille pour l'hôpital de
11 Leyenburg et je m'occupe d'enfants malades et de chirurgie plastique.
12 Mme Boler (interprétation). - Vous vous occupez de chirurgie
13 plastique chez les enfants à raison de combien de votre temps ?
14 M. Haeseker (interprétation). - 40 %.
15 Mme Boler (interprétation). - Quels travaux effectuez-vous en
16 tant que chirurgien spécialiste de médecine plastique ?
17 M. Haeseker (interprétation). - Nous nous intéressons aux
18 lésions des mains, aux brûlures et aux maladies de la main, comme les
19 maladies rhumatoïdes, etc.
20 Mme Boler (interprétation). - Quelle formation avez-vous
21 suivie ? Pouvez-vous expliquer à la Cour quelle a été votre formation ?
22 M. Haeseker (interprétation). - Je suis né à Amerongen dans le
23 centre des Pays-Bas. J'ai été élevé à Harlem, près d’Amsterdam. Je suis
24 allé à l'école secondaire puis à la faculté de médecine à Amsterdam
25 jusqu'en 1970, puis j'ai travaillé pendant trois ou quatre ans au Malawi,
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1 puis je suis revenu.
2 J'ai suivi une formation générale, en médecine générale et en
3 médecine plastique, d'abord à Delft puis au Pays de Galles, à Chepstow
4 puis j'ai suivi une formation en chirurgie plastique pendant trois ans à
5 Rotterdam.
6 Mme Boler (interprétation). - Pendant combien de temps avez-vous
7 pratiqué à Leyenburg ?
8 M. Haeseker (interprétation). - Depuis 1982.
9 Mme Boler (interprétation). - Je voudrais revenir quelques mois
10 en arrière. Vous ai-je contacté pour vous demander si vous étiez disposé à
11 intervenir en tant que témoin ?
12 M. Haeseker (interprétation). - Affirmatif.
13 Mme Boler (interprétation). - Vous êtes-vous rendu au centre de
14 détention des Nations Unies, avez-vous rencontré M. Landzo ?
15 M. Haeseker (interprétation). - Oui.
16 Mme Boler (interprétation). - Avez-vous établi un rapport
17 concernant vos observations à la suite de cette rencontre ?
18 M. Haeseker (interprétation). - Oui, j'ai établi un bref
19 rapport.
20 Mme Boler (interprétation). - En néerlandais ?
21 M. Haeseker (interprétation). - Oui.
22 Mme Boler (interprétation). - Nous l’avons fait traduire, est-ce
23 que la traduction est fidèle ?
24 M. Haeseker (interprétation). - Il y a quelques coquilles,
25 quelques fautes de frappe, mais elles sont peu nombreuses.
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1 Mme Boler (interprétation). - Y a-t-il des éléments qui changent
2 de façon substantielle le sens de votre rapport ?
3 M. Haeseker (interprétation). - Non.
4 Mme Boler (interprétation). - Vous aurez l'occasion d'y revenir.
5 Votre Honneur, j'aimerais verser le rapport au dossier des éléments de
6 preuve.
7 M. le Président (interprétation). - Est-ce que l'accusation en a
8 pris connaissance ?
9 M. Cowles (interprétation). - S'il s'agit du rapport d'une page,
10 nous l’avons.
11 M. le Président (interprétation). - Et les corrections ?
12 M. Haeseker (interprétation). - J'ai vu quelques fautes de
13 frappe, comme "treatment", ce n’était pas exactement ce que j'ai voulu
14 dire. J'ai ici l'original en langue néerlandaise mais d'une façon
15 générale, la traduction me semble bonne.
16 Mme Boler (interprétation). - Nous allons passer en revue les
17 éléments du rapport.
18 M. le Président (interprétation). - Ce que nous souhaitons
19 recevoir c'est la version correcte, corrigée par l'expert et non pas le
20 rapport qui comporte des erreurs.
21 Mme Boler (interprétation). - Nous avons parlé de ce rapport
22 aujourd'hui. Nous dirons la même chose qu'avec le Dr Verde, il pourra
23 peut-être indiquer les modifications à la main.
24 M. le Président (interprétation). - Nous allons voir de quelles
25 corrections il s'agit. Nous corrigerons le rapport et ensuite il sera
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1 versé au dossier.
2 Mme Boler (interprétation). - Il sera remis après avoir été
3 corrigé, d'accord.
4 M. Haeseker (interprétation). - Il fallait lire "contractors" au
5 lieu de "contractions" en anglais dans ce rapport.
6 Mme Boler (interprétation). - Nous allons passer ce rapport en
7 revue et vous aurez l'occasion de proposer des corrections. La
8 modification à laquelle vous faites allusion est qu’il faut lire
9 "contractions" au lieu de "contractors" ?
10 M. Haeseker (interprétation). - Oui.
11 Mme Boler (interprétation). - Vous avez établi ce rapport après
12 avoir rencontré M. Landzo au centre de détention des Nations Unies ?
13 M. Haeseker (interprétation). - C'est exact.
14 Mme Boler (interprétation). - Dans le rapport, vous expliquez
15 comment l'accident s'est produit, comment il a été blessé à la main.
16 Pouvez-vous expliquer ?
17 M. Haeseker (interprétation). - Il m'a raconté qu'il s'étuait
18 querellé avec son père, qu'il avait un couteau en main et qu'il a
19 poignardé le mur. Il s'est blessé aux deuxième, troisième, quatrième et
20 cinquième doigts de la main droite. Aux deuxième et troisième doigts, les
21 lésions étaient superficielles, au quatrième doigt les tendons étaient
22 touchés et au cinquième doigt, probablement également le nerf du côté
23 radial. Les quatrième et cinquième doigts ont été traités en Yougoslavie.
24 Mme Boler (interprétation). - S'agit-il d'une méthode selon
25 Kleinert ?
Page 13769
1 M. Haeseker (interprétation). - Il s'agit de faire passer un
2 bandage à travers l'ongle, de le fixer au poignet après avoir traité le
3 doigt.
4 Mme Boler (interprétation). - Que pensez-vous de ce traitement ?
5 M. Haeseker (interprétation). - C'est un traitement spécialisé.
6 Les chirurgiens plastiques doivent souvent réaliser ce genre de
7 traitement. Il est clair qu'on peut essayer de soigner les tendons, mais
8 si le post-traitement n'est pas bon, le résultat peut être mauvais.
9 Mme Boler (interprétation). - Que pensez-vous du post
10 traitement ?
11 M. Haeseker (interprétation). - Je pense que le post-traitement
12 n'a pas été très bon du fait des circonstances de l'époque.
13 Mme Boler (interprétation). - Si vous l'aviez traité dès le
14 début, en quoi les résultats auraient-ils pu être différents ?
15 M. Haeseker (interprétation). - On n'est jamais certain. Je n'ai
16 pas vu la blessure alors je me fonde sur des hypothèses, mais il s'agit
17 d'une lésion très claire des quatrième et cinquième doigts. Le pronostic
18 pour le quatrième doigt est légèrement bon. Le cinquième doigt est un
19 doigt qui pose plus de problèmes, car il est plus petit. Là, les résultats
20 auraient été moins bons mais le quatrième doigt aurait dû redevenir
21 fonctionnel.
22 Mme Boler (interprétation). - Et vous avez aussi envisagé des
23 problèmes de traitements futurs ? Pouvez-vous en parler à la Cour ?
24 M. Haeseker (interprétation). - En fait, le cinquième doigt
25 présente une douleur du fait d'un neurone.
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1 Mme Boler (interprétation). - De quoi s'agit-il ?
2 M. Haeseker (interprétation). - Il s'agit d'une petite tumeur
3 qui, au toucher, peut provoquer de la douleur. Généralement, c'est dû à
4 une lésion du nerf. Alors je ne sais pas si le nerf a été réparé en
5 Yougoslavie car pour cela, il faut un microscope.
6 Mme Boler (interprétation). - Avez-vous touché, avez-vous senti
7 ce neurone ?
8 M. Haeseker (interprétation). - Oui, il est palpable.
9 Mme Boler (interprétation). – Y a-t-il présence de neurone dans
10 le quatrième ou le cinquième doigt ou dans les deux ?
11 M. Haeseker (interprétation). - Au cinquième doigt, on a
12 constaté une douleur à la pression.
13 Mme Boler (interprétation). - Et vous avez aussi parlé
14 d'amputation ?
15 M. Haeseker (interprétation). - Si vous voulez obtenir une
16 meilleure fonction de la main dans le quatrième doigt, on peut toujours
17 intervenir, faire une opération secondaire du tendon. Pour le cinquième
18 doigt, le pronostic est médiocre. On peut l'amputer, c'est bien sûr très
19 draconien, on peut faire une amputation partielle, on peut aussi faire une
20 artrodèse, c'est-à-dire rendre le doigt fixe.
21 Mme Boler (interprétation). - Quel est l'avantage d'une
22 amputation ?
23 M. Haeseker (interprétation). - Si ce doigt est gênant, on peut
24 l'enlever. On peut l'amputer, mais c'est généralement très radical, mais
25 c'est une possibilité.
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1 Mme Boler (interprétation). - Si vous me suivez, dans votre
2 rapport, vous avez un grand "D" et un grand "R". Quel est le sens de ce
3 grand "D" ?
4 M. Haeseker (interprétation). - Le grand "D", c'est diagnostic
5 et l'autre lettre c'est traitement. Le traitement, c'est lésion du tendon.
6 Mme Boler (interprétation). - Est-ce qu'il y a autre chose que
7 vous avez expliqué ?
8 M. Haeseker (interprétation). - Non, il y a deux tendons dans
9 chaque doigt, sauf le pouce, donc le superficiel et le profond. On a deux
10 tendons qui ont tous deux été tranchés. Voilà le diagnostic. Ils avaient
11 été tranchés à l'époque. Il y avait sans doute eu aussi des traitements
12 vasculaires au niveau d'une artère, et au niveau des nerfs des quatrième
13 et cinquième phalanges.
14 On a recousu les doigts, nous ne sommes pas sûrs qu'il y a eu un
15 post-traitement, en tout cas pas un post-traitement efficace. Il y a
16 lésion nerveuse, je ne sais pas s'il y a eu un traitement de la lésion
17 nerveuse.
18 Mme Boler (interprétation). - Non traité, c'est correct ?
19 M. Haeseker (interprétation). - Il y a quelques fautes de frappe
20 comme "superlisialiste" au lieu de "superficialiste".
21 Mme Boler (interprétation). - Vous n'êtes pas certain du
22 traitement dont il a bénéficié ?
23 M. Haeseker (interprétation). - Non, je n'en suis pas sûr.
24 Mme Boler (interprétation). - "Contracters" c'est faux, aux
25 quatrième et cinquième lignes, il faut lire "contractions".
Page 13772
1 M. Haeseker (interprétation). - Oui.
2 Mme Boler (interprétation). - Que faut-il entendre par "PPD" ?
3 M. Haeseker (interprétation). - "Paum Palm Distance" entre la
4 paume et la palme du doigt. Normalement en flexion, vous obtenez un PPD
5 égal à zéro, si la valeur est inférieure, il y a un problème, la flexion
6 n'est pas complète et si on a un PPD de 2,4 et de 5 sur un demi, donc sa
7 main reste ouverte.
8 Mme Boler (interprétation). - Deux PPD assez bons.
9 M. Haeseker (interprétation). - C'est une discrimination à deux
10 points. On peut faire une discrimination entre deux points : si on met une
11 aiguille sur un doigt, vous sentez qu'il y a une pointe, si on met deux
12 pointes à proximité l’une de l'autre, vous ne pouvez plus distinguer
13 l'endroit. Entre les deux, on appelle cette distance une distance
14 critique. S'il y a lésion nerveuse, on ne peut pas faire une
15 discrimination très claire. Ici, le résultat restait assez favorable. Le
16 résultat n'était pas extraordinairement bon, mais pas très mauvais non
17 plus.
18 Mme Boler (interprétation). - L'intolérance au froid ?
19 M. Haeseker (interprétation). - L'intolérance au froid signifie
20 qu'il y a eu lésion de l'artère ou du nerf. Vous pouvez réagir au froid en
21 mettant de la glace sur le doigt. Le doigt présente une douleur, c'est ce
22 qu'on appelle l'intolérance au froid.
23 Mme Boler (interprétation). - Et la pression locale, et le score
24 de douleur ?
25 M. Haeseker (interprétation). - Pression locale, cela veut dire
Page 13773
1 que, lorsque vous mettez votre doigt sur le cinquième doigt du côté
2 radial, c'est-à-dire du côté du pouce, une douleur locale apparaît du fait
3 de la lésion du nerf. Dans la direction de la cicatrice, on a deux
4 cicatrices, une ici et une là. Le tissu cicatriciel est toujours solide.
5 Et comme le nerf se trouve tout juste en dessous, la douleur augmente
6 lorsqu'on applique une pression dessus.
7 Mme Boler (interprétation). - Vous avez pu le faire en
8 appliquant une telle pression ?
9 M. Haeseker (interprétation). - Oui, une pression locale, il y a
10 une réaction de douleur.
11 Mme Boler (interprétation). - Quelle sorte de réaction ?
12 M. Haeseker (interprétation). - Il m'a dit : "Cela fait mal".
13 Mme Boler (interprétation). - Dernière déclaration : mesures
14 comparées, s'agit-il de mesures de résistance, "I" et "R" ? Qu'est-ce
15 qu'il peut être capable de faire quand il est venu vous voir ?
16 M. Haeseker (interprétation). - C'était un pense-bête pour moi,
17 pour m'aider à bien relire. Il faut lire "L" et "R", "Left and Right". On
18 peut mesurer la pression entre premier et le deuxième doigt et ainsi que
19 la force du poing entre la gauche et la droite, et on peut faire des
20 comparaisons, mais toujours une différence quand vous avez des gauchers et
21 des droitiers. Mais c'est surtout pour ces deux doigts-ci et pour le poing
22 que ces valeurs sont importantes.
23 Mme Boler (interprétation). - Vous avez un équipement à
24 l'hôpital qui vous permet d'effectuer ces tests. Ces tests, vous n'avez
25 pas pu les effectuer au centre de détention ?
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1 M. Haeseker (interprétation). - C'est exact.
2 Mme Boler (interprétation). - Je voudrais demander à la Cour de
3 bien vouloir accepter que ce rapport soit versé au dossier.
4 M. le Président (interprétation). - Vous n'avez pas indiqué les
5 corrections. Vous ne lui avez pas demandé pourquoi il a examiné l'accusé ?
6 Vous n'aviez pas de raison de l'envoyer chez ce médecin ?
7 Mme Boler (interprétation). - Quand je vous ai appelé,
8 j'aimerais que vous le disiez en tant que témoin, vous avez été faire un
9 examen et qu'elle était l'objet de cette consultation ? Pourquoi faisiez-
10 vous cet examen ?
11 M. Haeseker (interprétation). - Vous m'avez demandé s'il était
12 capable de tenir un bâton et de commettre des actes de violence.
13 Mme Boler (interprétation). - Est-ce que moyennant cette
14 qualification, le rapport peut être versé au dossier ? "Contracters"
15 devient "contraction" et "superciality" devient "superficiality".
16 Moyennant ces corrections, je souhaiterais que ce rapport soit versé au
17 dossier.
18 M. le Président (interprétation). - C'est le rapport que vous
19 avez établi après avoir examiné l'accusé ?
20 M. Haeseker (interprétation). - C'est mon rapport, je l’ai écrit
21 pour moi. Ceci est la traduction.
22 M. Jan (interprétation) - Il y a une autre faute de frappe dans
23 le rapport. "Eventually" doit être lu autrement.
24 Mme Boler (interprétation). - J'ai demandé quel genre de test
25 pouvait être effectué à l'hôpital ?
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1 M. Jan (interprétation) – Relisez cette phrase.
2 M. Haeseker (interprétation). - J'ai établi ce rapport pour moi,
3 pour mon propre souvenir. On est venu à l'hôpital pour la fonction
4 pulmonaire. J'en ai profité pour faire effectuer ces mesures de résistance
5 de la main.
6 M. le Président (interprétation). - C'est un rappel ?
7 M. Haeseker (interprétation). - On peut oublier cet élément.
8 M. le Président (interprétation). - Il a dit qu'il a examiné le
9 patient.
10 Mme Boler (interprétation). - Je voudrais poser quelques
11 questions plus spécifiques. Si une personne souffrant d'une telle blessure
12 tenait un bâton et tapait sur une personne, est-ce que cela lui ferait
13 mal ?
14 M. Haeseker (interprétation). - Je pense que oui.
15 Mme Boler (interprétation). - Et s'il tenait un bâton avec ces
16 trois doigts-ci, est-ce que la pression sur les deux autres doigts ferait
17 mal ?
18 M. Haeseker (interprétation). - Je ne crois pas qu'on peut tenir
19 un bâton ainsi. On tient un bâton avec les cinq doigts, mais il peut tenir
20 ce bâton mais je crois que cela lui ferait mal.
21 M. le Président (interprétation). - Quelqu'un présentant une
22 telle lésion pourrait-elle facilement tenir un bâton et taper quelqu'un ?
23 M. Haeseker (interprétation). - Je pense qu'avec cette lésion,
24 vous pouvez tenir un bâton mais il est extrêmement difficile de renoncer à
25 la préhension ? Vous avez trois doigts qui vous permettent de tenir ce
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1 bâton mais avec cinq doigts, la préhension ne serait pas stable. Avec
2 l'autre main, ce serait sans doute plus facile, mais c'est sa main droite.
3 Je crois qu'il peut tenir un bâton.
4 Mme Residovic (interprétation). – Nous n’avons pas de questions
5 à poser.
6 M. Olujic (interprétation). – Nous n’avons pas non plus de
7 questions à poser.
8 M. Karabdic (interprétation). - La défense de M. Mucic n'a pas
9 de questions à poser.
10 M. le Président (interprétation). – L’accusation a-t-elle des
11 questions ?
12 (hors micro.)
13 Mme Residovic (interprétation). - Etant donné que mon micro ne
14 fonctionne pas, je souhaitais dire tout simplement que nous n'avons pas de
15 questions à poser.
16 M. le Président (interprétation). - Monsieur Cowles, vous
17 pouvez procéder au contre-interrogatoire du témoin.
18 M. Cowles (interprétation). – Je représente l’accusation.
19 Bonjour, Monsieur. Avez-vous vu des dossiers médicaux de M. Landzo ?
20 M. Haeseker (interprétation). - Oui.
21 M. Cowles (interprétation). - Y compris concernant ses lésions
22 de la main ?
23 M. Haeseker (interprétation). - Oui.
24 M. Cowles (interprétation). - Vous avez examiné la main de
25 M. Landzo. Vous avez expliqué à Mme Boler que le quatrième doigt est
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1 fonctionnel.
2 M. Haeseker (interprétation). – Non, il n'est pas totalement
3 fonctionnel. J'ai expliqué qu'il y a un PPD de deux centimètres, donc ce
4 doigt ne peut pas être, ne peut pas toucher la paume de la main.
5 M. Cowles (interprétation). - Il ne peut pas toucher la paume de
6 la main ?
7 M. Haeseker (interprétation). - C'est exact.
8 M. Cowles (interprétation). - Avez-vous effectué des essais sur
9 la possibilité de Landzo à utiliser ses doigts ?
10 M. Haeseker (interprétation). - Je l'ai vu à Scheveningen et lui
11 ai demandé de me montrer ses fonctions digitales. C’est ce que j’ai noté.
12 M. Cowles (interprétation). - Vous ne connaissez pas les faits
13 que l'on reproche à M. Landzo ?
14 M. Haeseker (interprétation). - Non.
15 M. Cowles (interprétation). - Vous ne l'avez jamais vu tenir par
16 exemple une batte de base-ball ?
17 M. Haeseker (interprétation). - Non.
18 M. Cowles (interprétation). - Vous ne l'avez jamais vu tenir une
19 arme à point ?
20 M. Haeseker (interprétation). - Non.
21 M. Cowles (interprétation). - Vous ne l'avez jamais vu tenir un
22 objet lourd ?
23 M. Haeseker (interprétation). - Il tenait un ventilateur, il
24 faisait très chaud à l'époque.
25 M. Cowles (interprétation). - Vous savez qu'il a servi dans
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1 l'armée ?
2 M. Haeseker (interprétation). - Vous savez qu'il n'a jamais été
3 exempté de service pour des raisons médicales ?
4 M. Haeseker (interprétation). - Je n'en suis pas informé.
5 Mme Boler (interprétation). - Il vous a serré la main.
6 M. Haeseker (interprétation). - Oui, il m'a serré la main.
7 M. le Président (interprétation). – (hors micro)
8 Mme Boler (interprétation). – Oui, je souhaite le droit de
9 réplique.
10 Docteur, il tenait un petit ventilateur, quelle était la taille
11 de ce ventilateur ?
12 M. Haeseker (interprétation). - C'est un grand ventilateur sur
13 roulettes.
14 Mme Boler (interprétation). - Il le poussait de la main droite
15 ou de la main gauche ?
16 M. Haeseker (interprétation). - Je ne sais plus.
17 Mme Boler (interprétation). - Je n'ai plus d'autres questions.
18 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie, Docteur,
19 ce fut très utile.
20 (Le témoin quitte la salle d'audience.)
21 M. le Président (interprétation). - Le témoin suivant.
22 Mme Boler (interprétation). - Le nom du témoin est M. Lammers.
23 (Le témoin est introduit dans la salle d’audience.)
24 M. Lammers (interprétation). - Je déclare solennellement dire la
25 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
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1 Mme Boler (interprétation). - Je demande à l'huissier de prendre
2 une copie du rapport et le CV de M. Lammers.
3 Mme le Greffier (interprétation). – Le CV porte la cote D55/4 et
4 le rapport D56/4.
5 Mme Boler (interprétation). - Bon après-midi, Docteur Lammers.
6 M. Lammers (interprétation). - Bon après-midi.
7 Mme Boler (interprétation). – Pouvez-vous rappeler votre nom ?
8 M. Lammers (interprétation). - Je m'appelle Ernst Lammers.
9 Mme Boler (interprétation). - Où êtes-vous occupé ?
10 M. Lammers (interprétation). - Je suis occupé à l'hôpital
11 Leyenburg de La Haye depuis deux ans.
12 Mme Boler (interprétation). - Quelle fonction exercez-vous là ?
13 M. Lammers (interprétation). – Pneumologue, médecin de
14 l'hôpital.
15 Mme Boler (interprétation). - Quels genres de problèmes
16 pulmonaires traitez-vous ?
17 M. Lammers (interprétation). - Je traite l'ensemble des
18 problèmes pulmonaires.
19 Mme Boler (interprétation). – Pouvez-vous exposer, cancer du
20 poumon…
21 M. Lammers (interprétation). - Ce sont les principales maladies.
22 Mme Boler (interprétation). - Combien de votre temps consacrez-
23 vous à l'asthme et aux problèmes de respiration ?
24 M. Lammers (interprétation). - De 60 % à 70 % de mon temps.
25 Mme Boler (interprétation). - Quelques informations à propos de
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1 votre formation. Vous pouvez vous adresser à la Cour à ce propos.
2 M. Lammers (interprétation). - En fait, je suis devenu médecin
3 en 1990. J'ai étudié à Nijmegen pendant sept années. J'ai travaillé en
4 tant que médecin à Almelo où je m'occupais de médecine interne.
5 Après deux ans, en 92, j'ai terminé mes études qui avaient pris
6 quatre ans à Enschede, voilà, je suis donc médecin depuis huit ou neuf
7 ans.
8 Mme Boler (interprétation). - En lisant votre CV, j'ai vu que
9 vous avez une expérience universitaire. Pouvez-vous en parler ?
10 M. Lammers (interprétation). - Je pense que vous visez les cours
11 que j'ai dispensés notamment en France, à Marseille. Il s'agit d'un
12 endroit où on peut procéder à des explorations pulmonaires grâce à une
13 technique particulière qui permet aussi bien de faire les traitements que
14 d'établir des diagnostics.
15 Mme Boler (interprétation). - A la page 4, il est question de
16 brochoalvélo… etc.
17 M. Lammers (interprétation). - On met de l'eau dans le poumon,
18 on introduit de l'eau dans le poumon et on examine les fluides, les
19 liquides qui sont obtenus après cela. Ainsi on peut se former une opinion
20 à propos de la maladie pulmonaire et de l'état de cette maladie.
21 Mme Boler (interprétation). - 60 % à 70 % de votre activité
22 concernent l'asthme et les problèmes pulmonaires ?
23 M. Lammers (interprétation). - C'est exact.
24 Mme Boler (interprétation). - Comme... Pouvez-vous m'expliquer
25 ce qu'est l'asthme ?
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1 M. Lammers (interprétation). - Il s'agit d'une maladie qui est
2 caractérisée par le fait que les poumons réagissent à, par exemple, l'air
3 froid, l'exercice. Les voies aériennes vont présenter des signes de
4 constriction. Et on rencontre des problèmes d'obstruction au moment de
5 l'expiration. Et le patient va avoir des difficultés à respirer.
6 L'asthme peut être aussi provoqué par des médicaments comme, par
7 exemple, l'aspirine. L'asthme est aussi associé à l'exercice physique. Les
8 voies aériennes vont... Les voies respiratoires vont présenter des signes
9 de constriction et le traitement de l'asthme consiste à ouvrir les voies
10 respiratoires.
11 Mme Boler (interprétation). - L'asthme se produit-il dès la
12 naissance, pendant l'enfance ou à n'importe quel moment ?
13 M. Lammers (interprétation). - L'asthme peut être provoqué à
14 n'importe quel moment. La plupart des patients toutefois souffrent de
15 l'asthme dès leur naissance. Et beaucoup de personnes présentent des
16 signes d'allergie dès la naissance. Ces personnes peuvent plus tard faire
17 de l'asthme, par exemple à l'âge de 40 ans. Généralement, alors, c'est dû
18 au tabagisme.
19 Mme Boler (interprétation). - Si on se présente à vous en
20 situation d'urgence, à quoi ressemble une réaction asthmatique ? Quels
21 symptômes ces personnes présentent-elles ?
22 M. Lammers (interprétation). - Si une personne se présente aux
23 urgences avec..., ou en souffrant d'une attaque d'asthme, on observe une
24 énorme constriction des voies respiratoires. On a énormément de
25 difficultés à expirer, l'air reste donc dans les poumons ; ceci entraîne
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1 une perte d'oxygène dans le sang, les gens prennent une couleur bleue et
2 cela est visible au niveau de la langue, au niveau des ongles et parfois
3 même sur la peau.
4 Ces patients ont des problèmes de rythme cardiaque : le rythme
5 cardiaque s'élève très fortement pour atteindre 200 pulsations par minute.
6 Les patients ont un problème de manque d'oxygène, mais aussi de dioxyde de
7 carbone qui va, au cours de l'attaque d'asthme, éventuellement entraîner
8 des phénomènes d'inconscience. Et il faut parfois envoyer le patient au
9 service de réanimation.
10 Mme Boler (interprétation). - Quand vous traitez des
11 asthmatiques aux Pays-Bas, y a-t-il des patients qui doivent prendre des
12 médicaments de façon permanente ?
13 M. Lammers (interprétation). - Oui. En fait, nous faisons une
14 distinction entre différentes catégories d'asthme. On a des asthmes
15 modérés et des asthmes graves.
16 Les personnes qui souffrent de forme grave d'asthme doivent
17 prendre à tout moment des médicaments. Dans le cas d'asthme léger, on
18 doit, on peut se contenter de prendre des médicaments une ou deux fois par
19 semaine. Mais en tant que médecin à l'hôpital, je vois surtout des
20 patients qui prennent des médicaments à peu près chaque jour.
21 M. le Président (interprétation). - Pouvons-nous s'il vous
22 plaît, passer au cas de M. Landzo en particulier, et à son état physique ?
23 Mme Boler (interprétation). - Oui, Monsieur le Président,
24 absolument. Je voulais simplement obtenir des informations générales sur
25 le traitement réservé aux personnes qui souffrent d'asthme.
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1 M. le Président (interprétation). - Oui, mais attachons-nous
2 maintenant aux détails. Ce n'est pas pour cela que vous l'avez fait venir
3 ici, je pense.
4 Mme Boler (interprétation). - Je lui poserai des questions
5 relatives au cas de M. Landzo, bien évidemment, mais je voulais donner un
6 contexte général.
7 M. le Président (interprétation). - Mais ce n'est pas pour ce
8 type d'information qu'il est venu ici.
9 Mme Boler (interprétation). - Absolument, mais il me semblait
10 être... pouvoir poser des questions d'ordre plus général, mais puisque
11 vous insistez, Monsieur le Président, je vais passer à un autre sujet.
12 Monsieur, lorsque je vous ai demandé pour la première fois de
13 venir déposer devant cette Chambre, je vous ai demandé notamment de vous
14 rendre au quartier pénitentiaire et d'y rencontrer M. Esad Landzo, n'est-
15 ce pas exact ?
16 M. Lammers (interprétation). - C'est exact.
17 Mme Boler (interprétation). - Vous l'avez fait le 2 juin 1998 et
18 le 6, n'est-ce pas ?
19 M. Lammers (interprétation). - C'est exact.
20 Mme Boler (interprétation). - Suite à la visite que vous avez
21 rendue à M. Landzo et à l'examen que vous lui avez fait passer, vous avez
22 établi un rapport, vous me l'avez communiqué. On trouve dans ce rapport
23 les conclusions découlant de cette visite.
24 M. Lammers (interprétation). - C'est exact.
25 Mme Boler (interprétation). - Vous m'avez envoyé ce rapport via
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1 courrier électronique, donc il n'y a pas eu de traduction de ce rapport du
2 néerlandais vers l'anglais ?
3 M. Lammers (interprétation). - C'est exact.
4 Mme Boler (interprétation). - Ceci a été imprimé par mon
5 ordinateur. Pouvez-vous nous confirmer qu'il s'agit-là de votre rapport,
6 que vous avez vous-même établi ?
7 M. Lammers (interprétation). - C'est bien ce rapport.
8 M. le Président (interprétation). - Vous n'avez pas de
9 traduction de ce rapport ?
10 Mme Boler (interprétation). - Il n'était pas nécessaire de le
11 faire traduire, Monsieur le Président, parce que ce témoin a rédigé le
12 rapport en anglais. Le témoin a rédigé le rapport en anglais.
13 M. le Président (interprétation). - En anglais ? Il m'avait
14 semblé vous entendre dire qu'il avait été établi en néerlandais.
15 Mme Boler (interprétation). - C'est un glissement de la langue.
16 Je voulais simplement dire qu'il n'était pas nécessaire de le traduire du
17 néerlandais vers l'anglais puisqu’à l'origine le document est en anglais.
18 C'est un peu confus. Monsieur, le rapport original est bien celui que j'ai
19 entre les mains ?
20 M. Lammers (interprétation). - Absolument.
21 Mme Boler (interprétation). - Monsieur le Président, je voudrais
22 demander le versement au dossier de ce rapport s’il vous plaît.
23 M. le Président (interprétation). - Faites passer le rapport au
24 témoin tout d’abord.
25 Mme Boler (interprétation). – Monsieur l’huissier, s’il vous
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1 plaît, pouvez-vous m’aider à faire passer ce document au témoin ?
2 M. le Président (interprétation). - Il faut que le témoin
3 examine ce rapport et ensuite, s'il l'authentifie, vous pourrez demander
4 le versement.
5 Mme Boler (interprétation). - Il me semblait lui avoir demandé
6 s'il s'agissait bien du bon rapport.
7 M. le Président (interprétation). - Il dispose de ce rapport ?
8 Mme Boler (interprétation). – Oui, l'huissier lui a remis.
9 M. Lammers (interprétation). – Je dispose de ce rapport.
10 M. le Président (interprétation). - C'est le rapport que vous
11 avez envoyé à Me Boler ?
12 M. Lammers (interprétation). – Absolument Monsieur le Président.
13 M. le Président (interprétation). - Dans ce cas, le rapport est
14 admis au dossier.
15 Mme Boler (interprétation). – Je vais consacrer quelques minutes
16 aux conclusions qui apparaissent dans votre rapport, conclusions qui
17 reflètent la teneur de l'entretien que vous avez eu avec M. Landzo.
18 Venons-en au paragraphe intitulé "Informations médicales".
19 M. Lammers (interprétation). - Oui.
20 Mme Boler (interprétation). - La majorité des informations qui
21 se trouvent dans ce rapport sont en fait le reflet de ce que vous a dit
22 M. Landzo.
23 M. Lammers (interprétation). - C'est exact.
24 Mme Boler (interprétation). - Je vous ai également montré un
25 bref rapport que j'avais obtenu d'un hôpital de Konjic, n'est-ce pas ?
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1 M. Lammers (interprétation). - Tout à fait.
2 Mme Boler (interprétation). - Vous avez déclaré que le patient
3 souffrait de bronchite chronique depuis l'âge de 3 mois. Vous avez dit
4 beaucoup de choses tout à l'heure sur l'asthme et sur les personnes qui en
5 souffraient.
6 Je vais maintenant vous poser des questions relatives à la
7 bronchite. Je voudrais que vous nous disiez comment distinguer les
8 bronchites de l'asthme.
9 M. Lammers (interprétation). - La bronchite chronique ressemble
10 beaucoup à l'asthme. Comme dans le cas de l'asthme, les voies
11 respiratoires ne sont pas seulement contractées la plupart du temps, mais
12 de plus, les voies respiratoires elles-mêmes sont constamment sujettes à
13 une infection. Il y a des bactéries, des virus qui se développent dans les
14 voies respiratoires et les voies respiratoires s'épaississent. Les parois
15 des voies respiratoires s'épaississent et c'est la raison pour laquelle
16 les voies respiratoires, lorsqu'on souffre de bronchite, sont beaucoup
17 plus sensibles et je le répète, elles sont très contractées.
18 La seule différence réelle entre la bronchite et l'asthme c’est
19 que dans le cas de l’asthme, il n'y a pas d'infection chronique des voies
20 respiratoires. Les voies respiratoires sont simplement contractées alors
21 que dans le cas de la bronchite, il y a à la fois infection et
22 contraction.
23 Mme Boler (interprétation). - Est-ce que parfois les profanes
24 utilisent sans les distinguer les termes "bronchite" et "asthme" ?
25 M. Lammers (interprétation). - Pardon ?
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1 Mme Boler (interprétation). - Est-ce que les profanes, les
2 personnes qui ne s'y connaissent pas très bien, utilisent indifféremment
3 les termes de "bronchite" et d'"asthme" ? Y a-t-il parfois confusion,
4 alors qu'en fait ils veulent parler d'asthme ou de bronchite, ils se
5 trompent parfois ?
6 M. Lammers (interprétation). – Oui, c'est exact, parfois on
7 utilise les deux termes de façon erronée.
8 Mme Boler (interprétation). - Alors que pour un médecin il y a
9 une différence très nette entre les deux pathologies.
10 Mme Boler (interprétation). - Oui.
11 Mme Boler (interprétation). – Mais ces deux pathologies
12 appartiennent à la même famille d'infection ?
13 M. Lammers (interprétation). - Absolument.
14 Mme Boler (interprétation). - Nous allons maintenant parler de
15 ce que vous dites des allergies relatives à la poussière par opposition
16 aux allergies relatives à d'autres facteurs ; c'est ce qui apparaît dans
17 une partie de votre rapport. Pouvez-vous nous expliquer en détail ?
18 M. Lammers (interprétation). – Oui, nous avons fait subir au
19 patient un test sanguin pour voir si le patient est allergique. On utilise
20 notamment des plumeaux, avec des plumes, et on regarde si le patient
21 réagit à d'autres facteurs également.
22 Les personnes allergiques peuvent ressentir beaucoup de troubles
23 si elles sont en contact avec certaines substances, certains facteurs et
24 ces facteurs, ces allergies peuvent provoquer une contraction des voies
25 respiratoires également.
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1 Mme Boler (interprétation). - Est-ce que pour le cas de
2 M. Landzo le test sanguin a révélé qu'il aurait pu être allergique à
3 quelque substance en 1996 ?
4 M. Lammers (interprétation). – Oui, voyez-vous, dans un test
5 sanguin il est possible de voir si une personne est allergique ou pas.
6 Moi-même, je n'ai pas vu les résultats du test sanguin mais c'est ce que
7 m’a dit M. Landzo, qu'effectivement le test avait révélé un certain nombre
8 de choses.
9 On fait subir ce genre de test aux personnes qui souffrent
10 d'asthme et de bronchite. On fait toujours passer ce type de test aux
11 malades qui souffrent de ces pathologies.
12 Mme Boler (interprétation). - Vous avez d'autre part déclaré
13 qu'il y avait des antécédents familiaux dans la famille. La mère de
14 M. Landzo souffre d'asthme, elle aussi. Il est courant, n'est-ce pas, que
15 l'asthme soit transmis de génération en génération ?
16 M. Lammers (interprétation). – Effectivement.
17 Mme Boler (interprétation). - Dans ce même paragraphe de votre
18 rapport, vous indiquez qu'au cours des dix dernières années M. Landzo
19 s'est moins plaint de crises d'asthme ou de bronchite chronique. Est-ce
20 qu'il vous a dit à combien de reprises il avait été atteint de ce type de
21 pathologie lorsqu'il était jeune ?
22 M. Lammers (interprétation). - Il m'en a parlé. Il m'a dit qu'il
23 était très sujet à ce type de crise lorsqu'il était jeune.
24 Mme Boler (interprétation). - Est-ce que vous vous rappelez
25 exactement de quoi il vous a parlé, de quoi il souffrait quand il était
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1 jeune ?
2 M. Lammers (interprétation). - Il m'a parlé des traitements
3 qu'il avait suivis mais nous ne les connaissons pas ici, aux Pays-Bas.
4 Mme Boler (interprétation). - Est-ce que vous dites qu'il a été
5 traité par des soins avec lesquels vous n'êtes pas très familier ?
6 M. Lammers (interprétation). - C'est exact.
7 Mme Boler (interprétation). - Vous n'utiliseriez pas ces soins
8 ici ?
9 M. Lammers (interprétation). – Non, jamais.
10 Mme Boler (interprétation). – Quel type de traitement
11 utiliseriez-vous ici ?
12 M. Lammers (interprétation). - Nous utilisons différents types
13 de médicaments qui nous permettent de dilater les voies respiratoires, qui
14 nous permettent de faire en sorte qu'elles se contractent moins souvent.
15 L'autre traitement auquel nous avons recours, notamment en cas
16 de constriction chronique des voies respiratoires, c'est un médicament qui
17 peut lutter contre l'infection chronique des voies respiratoires.
18 L'hypersensibilité des voies respiratoires disparaît dans le cadre de ce
19 traitement et le malade voit disparaître les problèmes qui entraînaient la
20 constriction des voies respiratoires, notamment en cas d'exercice ou
21 d'allergie.
22 Mme Boler (interprétation). – Ensuite, dans votre rapport, vous
23 précisez que M. Landzo vous a dit que parfois il se rendait à l'hôpital
24 deux fois par jour. Deux fois par jour, c'est bien cela ?
25 M. Lammers (interprétation). - C'est ce qu'il m'a dit.
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1 Mme Boler (interprétation). – Est-ce qu'il vous a dit pendant
2 combien de temps ces visites fréquentes s'étaient poursuivies ?
3 M. Lammers (interprétation). - Ce n'est pas paru très clairement
4 dans ses propos. Il était difficile de comprendre exactement quels soins
5 lui avaient été administrés à l'hôpital. Il y a beaucoup de médicaments
6 qui peuvent être administrés dans le cas de crise d'asthme. Ces
7 médicaments ne fonctionnent que pendant quelques heures d'affilée.
8 Si vous avez des problèmes graves, vous serez parfois obligé
9 quelques heures après la première prise de médicaments de renouveler cette
10 prise.
11 Mme Boler (interprétation). - Vous avez parlé dans votre rapport
12 d'injection. Est-ce que c'est un traitement par injection ?
13 M. Lammers (interprétation). - Seuls certains malades sont
14 traités par injection. C'est seulement dans les cas où les patients ne
15 peuvent pas absorber les médicaments par les voix respiratoires. Dans ces
16 cas-là, nous procédons par injection.
17 Mme Boler (interprétation). - Qu'entendez-vous exactement par le
18 fait que le patient ne peut pas avaler les médicaments ?
19 M. Lammers (interprétation). - Eh bien oui, il ne peut pas les
20 avaler parce que cela implique une inspiration.
21 Mme Boler (interprétation). - Vous avez parlé de traitements
22 intraveineux, et cela c'est notamment dans le cadre d'injection. Est-ce
23 qu’en fait vous parlez simplement d'une piqûre ou bien, est-ce qu'au
24 contraire, il y a un goutte-à-goutte qui est installé sur le bras du
25 patient ?
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1 M. Lammers (interprétation). - Il y a d'abord une injection avec
2 une aiguille, ce n'est pas un goutte-à-goutte qui reste pendant plusieurs
3 heures.
4 Mme Boler (interprétation). - Très bien, vous avez également
5 parlé de quelque chose que vous appliquez sur la poitrine du patient, de
6 quoi s'agit-il exactement ?
7 M. Lammers (interprétation). - C'est quelque chose dont il m'a
8 parlé, moi je n'ai jamais exactement compris de quoi il s'agissait.
9 Apparemment, c'était un traitement contre l'asthme.
10 Mme Boler (interprétation). - Que vous a-t-il dit exactement
11 quand au traitement qui lui avait été réservé ?
12 M. Lammers (interprétation). - Il a dit que c'était un
13 traitement qui lui permettait de lutter contre ses difficultés
14 respiratoires. Il était constamment essoufflé. Moi, je ne vois pas très
15 bien comment ce traitement pouvait fonctionner, je ne sais pas très bien .
16 Mme Boler (interprétation). - Est-ce qu'il vous a expliqué qui
17 lui avait recommandé d'utiliser ce traitement ?
18 M. Lammers (interprétation). - Sa famille, sa mère, je crois.
19 Mme Boler (interprétation). - Donc, ce n'était pas quelque chose
20 qui était administré à l'hôpital, c'était un remède de grand-mère, n'est-
21 ce pas ?
22 M. Lammers (interprétation). - Absolument.
23 Mme Boler (interprétation). - Vous avez dit qu'il était souvent
24 essouflé, notamment la nuit. S'il avait reçu un traitement correct, est-ce
25 que ces essoufflements auraient pu être évités ?
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1 M. Lammers (interprétation). - Le fait d'être essoufflé la nuit,
2 indique quel est le degré de gravité de vos crises d'asthme. Si vous avez
3 des problèmes pour respirer pendant la nuit, cela veut dire que vous
4 souffrez de crises d'asthme aigu. Depuis trois ou quatre ans nous
5 disposons de traitements qui nous permettent de lutter contre ces crises
6 d'essoufflement.
7 Mme Boler (interprétation). - Est-ce que je vous ai bien
8 compris ? Ces nouveaux médicaments ne sont apparus sur le marché qu'il y a
9 trois ou quatre ans, ou vouliez-vous dire quelque chose de différent ?
10 Faut-il trois ou quatre ans pour mener ce traitement à bien ?
11 M. Lammers (interprétation). - Non, je ne vais pas dire que ce
12 traitement n'est disponible que depuis trois ou quatre ans, simplement cet
13 essoufflement indique bien quel est le degré de gravité des crises
14 d'asthme. Dans ces cas de crises aigus, nous administrons ces médicaments
15 en sus du traitement normalement suivi. Ensuite, si les personnes
16 continuent à souffrir d'essoufflement le traitement est poursuivi.
17 Mme Boler (interprétation). - Il vous a parlé des problèmes dont
18 il souffrait quand il était jeune, est-ce qu'il vous a parlé des problèmes
19 qu'il avait rencontrés pendant la guerre du fait de son asthme ?
20 M. Lammers (interprétation). - Oui il m'en a parlé.
21 Mme Boler (interprétation). - Dans votre rapport, je m'aperçois
22 que vous indiquez qu'il ne pouvait pas marcher normalement parce qu'il
23 était justement essoufflé. Pouvez-vous nous préciser un peu les choses,
24 qu'entendez-vous par là exactement ?
25 M. Lammers (interprétation). - J'ai dit que dans les cas
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1 d'asthme aigu, il était très difficile de marcher et de faire de
2 l'exercice, et le simple fait de marcher peut entraîner un essoufflement
3 ou une crise d'asthme. Si vous vous essoufflez en marchant, cela veut dire
4 que vous avez une crise aiguë d'asthme, si au contraire votre asthme n'est
5 pas très développé, si vous souffrez de crises d'asthme de moindre
6 importance, le fait de marcher ne vous conduira pas à un essoufflement.
7 Donc, ce qu'il a pu me dire sur le fait de s'essouffler en
8 marchant, m'indique bien quel était son état.
9 Mme Boler (interprétation). - Vous avez également parlé de la
10 ventilation, de quoi s'agit-il ?
11 M. Lammers (interprétation). - Ce système de ventilation permet
12 de dilater les voies respiratoires. Ce médicament, la Vintyline,
13 fonctionne pendant trois ou quatre heures. Ce médicament nous l'utilisons
14 au Pays-Bas. C'est un médicament apparu il y a dix ou quinze ans, mais
15 c'est un médicament qui entraîne beaucoup d'effets secondaires. Parce que
16 ce médicament a un effet, non seulement sur les poumons, mais sur d'autres
17 organes du corps et, je le répète, les effets secondaires sont assez
18 considérables.
19 Le médicament dilate vos voies respiratoires sur une période de
20 trois ou quatre heures puis le médicament cesse d'agir. Ce n'est pas
21 vraiment un traitement contre l'asthme, c'est en fait un recours
22 temporaire contre l'asthme. C'est comme quand on prend une aspirine quand
23 on a mal à la tête. On traite la douleur, pas la maladie en elle-même.
24 Mme Boler (interprétation). - Vous avez parlé également de ces
25 injections intraveineuses...
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1 M. le Président (interprétation). - Se quoi parlons-nous,
2 Maître ? Ce médecin a examiné l'accuser. Et d'après ce que l'accusé lui a
3 dit, il apparaît que l'asthme était quelque chose dont il souffrait.
4 Alors, pourquoi tous ces détails ?
5 Mme Boler (interprétation). - Je voulais savoir quel traitement
6 avait été reçu par M. Landzo pendant la guerre. Je voulais savoir ce qu'il
7 avait pu dire aux docteurs quand aux problèmes respiratoires qu'il avait
8 rencontrés à l'époque. Je voulais juste établir un peu l'histoire de la
9 maladie de M. Landzo.
10 M. le Président (interprétation). - Eh bien avançons un peu,
11 s'il vous plaît.
12 Mme Boler (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.
13 Monsieur, Landzo vous a-t-il dit s'il fumait ou non ?
14 M. Lammers (interprétation). - Il m'a dit qu'il ne fumait pas.
15 Mme Boler (interprétation). - Brièvement, pourriez-vous s'il
16 vous plaît nous décrire les problèmes dont M. Landzo a souffert au cours
17 de sa détention du fait de son asthme ?
18 M. Lammers (interprétation). - Eh bien, il m'a parlé de tout
19 cela. Et il m'a dit qu'il était correctement traité.
20 Mme Boler (interprétation). - Très bien. A la page suivante de
21 votre rapport, il y a un certain nombre de choses que je ne comprends pas.
22 Excusez-moi, je vais vous demander de nous les expliquer.
23 M. Lammers (interprétation). - Bien sûr. J'ai apporté avec moi
24 divers instruments de mesure. Je les ai amenés avec moi au quartier
25 pénitentiaire.
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1 C'est un instrument qui permet de mesurer le degré de
2 contraction des voies respiratoires. En mesurant ce degré de contraction,
3 nous pouvons déterminer si nous sommes en présence d'une maladie
4 pulmonaire obstructive et c'est le cas pour la bronchite chronique et pour
5 l'asthme.
6 Il y a un certain nombre de chiffres qui apparaissent dans ce
7 rapport, comme vous pouvez le voir. Et vous avez également des numéros de
8 référence. Sur la base de ces chiffres, j'établis six mesures différentes
9 au cours des deux visites que j'ai rendues à M. Landzo. Donc sur la base
10 de tous ces chiffres, nous pouvons déterminer qu'il y a maladie pulmonaire
11 obstructive et le diagnostic, c'est l'asthme. Et ce diagnostic je l'ai
12 établi également sur la base de l'histoire médicale de M. Landzo.
13 Mme Boler (interprétation). - En conclusion de votre rapport,
14 vous déclarez que le fonctionnement pulmonaire de M. Landzo indique qu'il
15 souffre d'obstruction chronique de ses voies respiratoires. C'est l'asthme
16 donc, ou est-ce que c'est la bronchite ou autre chose ?
17 M. Lammers (interprétation). - Cela pourrait être également un
18 emphysème. Un emphysème, cela ressemble à la bronchite chronique et à
19 l'asthme. Si vous souffrez d'asthme léger, vous obtenez dans le cadre de
20 ces mesures des résultats tout à fait satisfaisants notamment si, dans le
21 cadre de l'examen médical, vous effectuez certains exercices : si vous
22 souffrez d'asthme léger, les résultats sont bons mais, dans le cas
23 inverse, il peut y avoir maladie des poumons obstructive.
24 On ne parle de maladie obstructive chronique à proprement parler
25 que si les chiffres obtenus par ces tests sont constamment inférieurs aux
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1 valeurs de référence. Dans ce cas, on parle effectivement d'obstruction
2 chronique.
3 Mme Boler (interprétation). - Vous avez rendu deux visites à
4 M. Landzo. Mais au vu des résultats des tests respiratoires, au vu de ce
5 que vous avez pu lire dans les dossiers médicaux de M. Landzo, au vu te de
6 tous les documents qui étaient à votre disposition, est-ce que vous
7 affirmez que, en outre de l'obstruction chronique, M. Landzo souffre d'une
8 maladie respiratoire ?
9 M. Lammers (interprétation). - Absolument.
10 Mme Boler (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je
11 n'ai plus de questions pour ce témoin.
12 M. le Président (interprétation). - Nous allons suspendre nos
13 travaux et nous reprendrons à 16 heures 30. Nous reprendrons avec les
14 contre-interrogatoires.
15 (L'audience, suspendue à 16 h, est reprise à 16 h 35.)
16 Mme le Greffier (interprétation). - Je vous rappelle que vous
17 êtes toujours sous serment.
18 M. le Président (interprétation). - Contre-interrogatoire.
19 (Inaudible, pas d'interprétation)
20 M. Moran (interprétation). - Je m'appelle Tom Moran et je
21 représente M. Delic. J'aimerais vous poser quelques questions. Je ne
22 remets pas en question votre diagnostic, j'aimerais comprendre exactement
23 de quoi il s'agit. J'aimerais que l'on montre au témoin la preuve D6/3.
24 Docteur, avez-vous vu cela ?
25 M. Lammers (interprétation). - Oui c'est une batte de base-ball.
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1 M. Moran (interprétation). - Etant donné l'examen que vous avez
2 réalisé sur M. Landzo et votre diagnostic, à votre avis en 92, étant donné
3 sa condition physique de l'époque, aurait-il été capable de frapper un
4 être humain, deux cents fois en une demi-heure ? Ou est-ce qu'il aurait
5 automatiquement une crise d'asthme ?
6 M. Lammers (interprétation). - Je suis incapable de vous dire
7 que ce n'est pas possible sans crise d'asthme. Le diagnostic que j'ai posé
8 précise que c'est presque toujours le cas lorsqu'il y a un exercice qui
9 dépasse uniquement la simple promenade, lorsqu'on ne prend pas de
10 médicaments. Il est probable, il est très probable qu'il soit à court
11 d'haleine, et que s'il prolonge l'exercice, la crise serait de plus en
12 plus grave. Alors taper quelqu'un avec une batte de ce genre...
13 M. Moran (interprétation). - Taper quelqu'un ça va provoquer une
14 crise ?
15 M. Lammers (interprétation). - Sans entraînement, c'est un
16 exercice qui, en effet, peut provoquer des problèmes de respiration. Il se
17 retrouverait à court d'haleine.
18 M. Moran (interprétation). - Docteur, étant donné le diagnostic
19 que vous avez posé de sa situation physique en 92/93, pouvait-il combattre
20 dans l'infanterie, en combats rapprochés, à votre avis, en toute
21 probabilité ?
22 M. Lammers (interprétation). - Si vous souffrez de l'asthme à ce
23 point là, et si vous ne prenez pas de médicaments, il n'est pas possible
24 de faire tous les exercices exigés d'un soldat normal. Ce n'est pas
25 possible.
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1 M. Moran (interprétation). - Il est donc improbable qu'il puisse
2 fonctionner normalement comme soldat d'infanterie.
3 M. Lammers (interprétation). - Improbable.
4 M. Moran (interprétation). - Et décharger un camion
5 de 20 tonnes, charger des vidéos, téléviseurs, etc. ?
6 M. Lammers (interprétation). - Qu'entendez-vous par là ?
7 M. Moran (interprétation). - Est-ce que qu'il était capable de
8 le faire d'après vous ?
9 M. Lammers (interprétation). - Cela dépend du délai qu'il aura
10 pour réaliser ce travail.
11 M. Moran (interprétation). - Bon d'accord, d'accord, je n'ai pas
12 d'informations précises, je ne vais pas approfondir.
13 Je change de sujet complètement pour passer à une autre série de
14 questions. Vous êtes médecin, les médecins ont des spécialités très
15 différentes, vous n'êtes pas psychiatre, bien évidemment ?
16 M. Lammers (interprétation). - C'est exact.
17 M. Moran (interprétation). - Vous n'êtes pas non plus
18 psychologue ?
19 M. le Président (interprétation). - Oui, vous savez, vous aviez
20 déjà écouté son témoignage, vous aviez déjà une réponse à ces questions.
21 M. Moran (interprétation). - Etes-vous d'accord pour dire que
22 l'asthme est un trouble psychosomatique, et que le fait d'être à court
23 d'haleine est lié au rapport que vous avez eu avec votre mère ?
24 M. Lammers (interprétation). - Ce n'est pas correct. L'asthme
25 est une maladie qui a un fond physique, on peut le prouver. Si une
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1 personne souffre d'asthme, si l'on a des problèmes psychologiques, cela
2 peut aggraver la crise d'asthme. C'est ce que nous avons constaté,
3 notamment dans des situations de stress ou des problèmes de relations, des
4 problèmes au boulot, quels que soient les problèmes. Normalement, cela va
5 aggraver la crise d'asthme.
6 M. Moran (interprétation). - Mais ce n'est pas la cause de
7 l'asthme ?
8 M. Lammers (interprétation). - Jamais !
9 M. Moran (interprétation). - Le stress, non, la crise d'asthme
10 provient en même temps que le stress ?
11 M. Lammers (interprétation). - Le stress peut provoquer une
12 crise d'asthme lorsque l'on souffre déjà d'asthme.
13 M. Moran (interprétation). - Ce que je veux dire, c'est que les
14 deux en général se présentent en même temps, donc la crise d'asthme et le
15 stress.
16 M. Lammers (interprétation). - C'est possible.
17 M. Moran (interprétation). - Ce n'est pas parce que ma mère ne
18 m'aimait pas que je vais souffrir d'asthme.
19 M. Lammers (interprétation). - Pas du tout.
20 M. Moran (interprétation). - Merci. J'en ai terminé avec le
21 témoin.
22 M. le Président (interprétation). - Je donne la parole au
23 Procureur.
24 M. Cowles (interprétation). - Je m'appelle James Cowles, je
25 représente le Procureur. Docteur Lammers, est-il vrai que vous ne
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1 connaissez pas les allégations imputées à M. Landzo au cours de
2 l'année 92 ?
3 M. Lammers (interprétation). - Non.
4 M. Cowles (interprétation). - Vous ne pouvez pas dire en toute
5 certitude médicale que si M. Landzo a frappé quelqu'un avec cette batte un
6 certain nombre de fois, il aurait pu ne pas… il aurait pu avoir une crise
7 d'asthme ou pas ?
8 M. Lammers (interprétation). - Je ne peux rien en dire, non.
9 M. Cowles (interprétation). - Dans votre rapport, vous nous
10 dites que, d'après M. Landzo, il a eu une crise d'asthme à raison de dix
11 crises par an ?
12 M. Lammers (interprétation). - C'est exact.
13 M. Cowles (interprétation). - Donc c'est un peu moins d'une fois
14 par mois.
15 M. Lammers (interprétation). - C'est exact.
16 M. Cowles (interprétation). - Ce n'est pas un cas d'asthme
17 chronique ?
18 M. Lammers (interprétation). - On peut souffrir d'asthme
19 chronique et la crise n'est qu'une aggravation de cet asthme, ce que vous
20 appellerez alors la crise réelle. Pour quelqu'un d'autre, la situation
21 peut être différente. Cela dépend du patient. Une crise c'est un cas où on
22 a du mal à respirer et à ce moment-là, vous essaierez de voir un médecin
23 pour essayer de voir quelle est l'ampleur de l'asthme à ce moment-là.
24 Donc si l'on parle de dix crises par an, pour quelqu'un d'autre
25 cela voudra peut-être dire quarante crises par an. Cela dépend de
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1 l'impression que l'on a d'être à court d'air.
2 M. Cowles (interprétation). - Ce n'est pas ce qu'il vous a
3 raconté ?
4 M. Lammers (interprétation). - Il m'a dit, il m'a parlé du
5 nombre de fois où il avait eu l'impression d'avoir une crise d'asthme. Il
6 m'a dit que c'étaient des crises graves dans ce cas-là.
7 Quand ce n'était pas aussi grave, il se rendait à l'hôpital et
8 il recevait des médicaments. Il y avait des moments où il se sentait
9 beaucoup plus mal que d'autres.
10 M. Cowles (interprétation). - Mais il ne vous a jamais dit qu'il
11 avait été exempté de tâches militaires en raison de son asthme ?
12 M. Lammers (interprétation). - Il a dit qu'il avait eu des
13 problèmes avec ses activités à l'armée. Il a eu du mal à faire son
14 travail.
15 M. Cowles (interprétation). - Il n'a jamais été exempté de
16 service militaire en raison de l'asthme ? D'après vos informations ?
17 M. Lammers (interprétation). - D'après mes informations, parfois
18 on l’a excusé de certaines activités, en raison du fait qu'il était à
19 court d'haleine.
20 M. Cowles (interprétation). - Comme quoi par exemple ?
21 M. Lammers (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne sais pas de
22 quelles activités il s'agissait mais l'une de ces activités était d'aller
23 au front. Il devait marcher avec son bagage sur le dos et cela posait
24 problème parce qu'il n'avait pas assez de souffle en raison de l’asthme.
25 Il a été exempté.
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1 M. Cowles (interprétation). - Mais il n'a jamais été vraiment
2 exempté du service militaire ?
3 M. Lammers (interprétation). - Pas que je sache.
4 M. Cowles (interprétation). - Il a continué à aller au front, à
5 travailler comme soldat et comme policier militaire d'ailleurs ?
6 M. Lammers (interprétation). - C'est possible.
7 M. Cowles (interprétation). - Dans vos conclusions, Docteur,
8 vous dites : "Je ne peux pas dire à quel moment il peut faire certaines
9 activités ou il ne peut pas les faire."
10 M. Lammers (interprétation). - C'est exact.
11 M. Cowles (interprétation). – Pouvez-vous développer un peu cet
12 argument ? Est-ce que vous pouvez dire quelles activités il était capable
13 de faire à certains moments ?
14 M. Lammers (interprétation). - La raison pour laquelle j'ai
15 rédigé cette phrase, c’est parce que si l'on souffre d'asthme en hiver par
16 exemple, c'est une période difficile pour les asthmatiques. L'hiver, le
17 fait de faire des exercices, c'est beaucoup plus pénible qu'en été, par
18 exemple. Tout dépend de l'importance de l'asthme, l'activité physique
19 dépendra de la situation de l'asthmatique. Il est difficile de dire à quel
20 moment il peut faire quels exercices.
21 M. Cowles (interprétation). - Ou toute activité physique ?
22 M. Lammers (interprétation). - Oui, parfois il est incapable
23 d'avoir la moindre activité physique.
24 M. Cowles (interprétation). - Mais il pourra probablement avoir
25 plus d'activités physiques en été qu'en hiver sans crise d'asthme ?
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1 M. Lammers (interprétation). - Parfois c'est possible, parce que
2 si vous souffrez d'un asthme très grave, cela peut être le cas. Si vous
3 souffrez d'asthme chronique, que cela soit l'été ou l'hiver, enfin, il y
4 aura des différences, mais on ne peut pas dire quand même qu'en été vous
5 ne serez jamais à court d'haleine si vous faites des exercices.
6 M. Cowles (interprétation). - Dans votre rapport sur M. Landzo,
7 vous dites qu'en hiver il y a une grosse différence par temps chaud et par
8 temps froid.
9 M. Lammers (interprétation). - Oui. C'est typique d'ailleurs des
10 asthmatiques.
11 M. Cowles (interprétation). - Plus de difficultés par temps
12 froid, c'est bien cela, lorsque vous vous adonnez à l'activité physique ?
13 M. Lammers (interprétation). – Oui, très probablement.
14 M. Moran (interprétation). - Et il y aura plus de crises en cas
15 d'exercice intense ?
16 M. Lammers (interprétation). - Oui.
17 M. Cowles (interprétation). – Merci, j'en ai terminé.
18 M. le Président (interprétation) - Vous nous dites qu'en 92
19 et 93 il avait eu des problèmes, de gros problèmes respiratoires ?
20 M. Lammers (interprétation). - C'est exact.
21 M. le Président (interprétation) - M. Landzo vous a dit combien
22 de crises d'asthme il avait eues au cours de cette période ?
23 M. Lammers (interprétation). - Plusieurs crises, au cours de
24 cette période. Je ne sais pas combien, je ne sais pas cela par coeur.
25 Mais, je voulais vous dire qu'il était important de savoir ce qu'est une
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1 crise d'asthme. Pour une personne, une crise d'asthme sera certaines
2 sensations alors qu'une autre personne dira : "Je me sens à court
3 d'haleine et je ne me sens pas très bien".
4 Cela dépend de ce que l'on entend par crise d'asthme. Cela
5 dépend de l'expérience que l'on a du fait d'être à court d'haleine. Comme
6 je vous l'ai dit, s'il parle de crise d'asthme, cela doit être une crise
7 très grave. C'est le cas où il a dû se rendre à l'hôpital pour obtenir des
8 médicaments, c'était une crise vraiment très grave.
9 M. le Président (interprétation) - Mais s'il reste à
10 l'extérieur, à l'air libre, pas à l'abri, est-ce qu’il est probable qu'il
11 aura une crise plus fréquemment ?
12 M. Lammers (interprétation). - C'est possible car à l'extérieur,
13 il sera influencé par la température, par l'humidité de l'air, par le
14 climat, par la poussière, par les allergies diverses qui vont provoquer
15 une crise d'asthme. Donc à l'extérieur, les crises seront plus fréquentes
16 qu'à l'intérieur.
17 M. le Président (interprétation) - Merci beaucoup.
18 M. Jan (interprétation). - Est-ce qu’il vous a dit qu'il n'avait
19 pas pris de médicaments depuis son enfance contre l'asthme ?
20 M. Lammers (interprétation). - Il n'avait pas de médicaments. On
21 lui avait donné des médicaments à l'hôpital alors qu'il avait une crise,
22 c'est tout, mais il n'utilisait aucun médicament de lui-même, donc pas
23 d'auto-médication.
24 M. le Président (interprétation) - Merci beaucoup, Docteur,
25 c'est tout pour le moment. Vous pouvez vous retirer.
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1 (le témoin quitte la salle d'audience)
2 Avez-vous encore des témoins ?
3 Mme Boler (interprétation). - (Hors micro)
4 Le témoin suivant est le Dr Marco Lagazzi qui sera accompagné
5 d'un interprète italien.
6 L'interprète est prévu pour demain matin et nous avons encore
7 quatre Bosniaques qui doivent venir ce soir.
8 M. le Président (interprétation) - Vous m'aviez dit que
9 l'interprète serait présent aujourd'hui et demain. Non ? Ce n'est pas ce
10 que vous m'avez dit ?
11 Mme Boler (interprétation). – Non, c'est Mme Mc Murrey qui nous
12 a dit cela.
13 M. le Président (interprétation) - On a dit que l'interprète
14 italien serait disponible aujourd'hui pour traduire le témoin.
15 Mme Boler (interprétation). – Lorsque l'on nous a dit qu'ils
16 n'étaient pas capables dans le bâtiment de trouver un interprète italien
17 pour mercredi, nous avons fait venir un interprète italien d'Amsterdam,
18 c'est la personne qui avait traduit le CV et le rapport du médecin
19 italien. Nous avions espéré qu'elle serait en mesure de nous trouver des
20 interprètes.
21 Elle a trouvé deux interprètes, mais on m'a dit qu'il en fallait
22 trois, je n'ai pas très bien compris pourquoi, mais c'est comme cela. Nous
23 n'avons donc pas pu trouver le troisième interprète, même si l'on a passé
24 une grande partie de l'après-midi d'hier à le chercher.
25 Les témoins, les témoignages se sont succédés plus rapidement
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1 que prévu aujourd'hui, donc je pensais qu'on aurait écouté davantage de
2 témoins avant de commencer avec le médecin italien. Ce n'est pas ainsi que
3 cela a progressé. Je présente mes excuses à la Cour.
4 M. Jan (interprétation). - Les Bosniaques arrivent ce soir.
5 Mme Boler (interprétation). - Ils seront prêts demain et le
6 Dr Lagazzi également. Ce sera le premier témoin demain matin avec
7 l'interprète italien.
8 M. le Président (interprétation). - Nous n'avons plus de
9 témoins ? Alors nous nous retrouvons demain matin, à 10 heures.
10 L'audience est levée à 16 heures 55.
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