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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-96-21-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Mercredi 29 Juillet 1998
4 LE PROCUREUR
5 c/
6 ZEJNIL DELALIC, HAZIM DELIC, ZDRAVKO MUCIC et ESAD LANDZO
7 L'audience est ouverte à 10 heures 10.
8 M. le Président (interprétation). - Bonjour Messieurs, Mesdames.
9 Est-ce qu'on peut avoir les présentations, s'il vous plaît ?
10 Mme McHenry (interprétation). - Bonjour, Messieurs les Juges,
11 Madame le Juge. Je m'appelle Teresa McHenry, je représente l’accusation
12 avec mes collègues MM Turone et Cowles.
13 M. le Président (interprétation). - Pour la défense ?
14 Mme Residovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le
15 Président. Je m’appelle Edina Residovic, je défends M. Delalic et j'ai
16 avec moi mon collègue Eugène OSullivan, professeur du Canada.
17 M. Olujic (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président.
18 Zeljko Olujic, avocat de Croatie, je défends M. Dravko Mucic et j'ai à mes
19 côtés Tomislav Kosmanovic, avocat des Etats-Unis d’Amérique.
20 M. Karabdic (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président,
21 je suis Salih Karabdic, avocat de Sarajevo. Je défends M. Hazim Delic
22 avec, à mes cotés, M. Thomas Moran, avocat de Houston, Texas.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Bonjour MM les Juges. Je
24 m'appelle Cynthia McMurrey et je représente, avec Nancy Boler et
25 Calvin Sanders, M Landzo. Madame Boler ne sera pas présente aujourd'hui,
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1 elle a des affaires à l'extérieur.
2 M. le Président (interprétation). - Madame McMurrey, votre
3 client est prêt à subir le contre-interrogatoire ?
4 C'est madame Mme Residovic qui va mener ce contre-
5 interrogatoire ? Comment est-ce que vous avez organisé ce contre-
6 interrogatoire ?
7 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, je me
8 suis déjà prononcée comme quoi la défense de M. Delalic n'a pas de
9 questions à poser à ce témoin. Pour ce qui est de la défense, le contre-
10 interrogatoire devra se procéder d'après l'acte d'accusation. C'est la
11 parole à la défense de M. Mucic et de M. Delic.
12 M. le Président (interprétation). - Merci beaucoup.
13 Vous pouvez commencer le contre-interrogatoire.
14 Mme la Greffière (interprétation). - Je vous rappelle que vous
15 êtes toujours sous serment.
16 M. Olujic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
17 Bonjour Monsieur Landzo. Nous allons parler aujourd'hui au sujet de
18 quelques affaires. Je crois qu'il n'est guère besoin que je me présente,
19 vous me connaissez bien. Je suis là pour défendre M. Mucic. Nous parlons
20 une langue que nous comprenons l'un et l'autre et je crois qu'il en sera
21 de la sorte pour notre conversation d'aujourd'hui.
22 M. Landzo (interprétation). - Lorsque vous avez fait la
23 description de votre état de santé physique et mentale depuis votre
24 enfance, avez-vous voulu dire que du point de vue physique, vous avez été
25 moins fort que vos camarades de votre génération ?
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1 M. Landzo (interprétation). - Oui c'est cela.
2 M. Olujic (interprétation). - Monsieur Landzo, avez-vous eu peur
3 de vos
4 camarades de même génération ?
5 M. Landzo (interprétation). - Ça dépend de qui.
6 M. Olujic (interprétation). - Par exemple, avez-vous peut-être
7 permis que d'autres vous frappent à l'école, lorsque vous étiez à
8 l'école ?
9 M. Landzo (interprétation). – Non, je n'ai jamais eu de problème
10 du genre durant tous le temps de ma scolarité.
11 M. Moran (interprétation). - On ne voit pas le compte rendu sur
12 l'écran. Je ne sais si j'appuie sur le mauvais bouton, mais je n'arrive
13 pas à l'allumer.
14 Voilà. Quand j'éteins, ça ne s'éteint pas. Alors le bouton qui
15 contrôle le compte rendu ne fonctionne pas.
16 M. le Président (interprétation). - S'il vous plaît, contactez
17 le technicien pour qu'il remédie à ce problème.
18 (Intervention technique.)
19 M. Moran (interprétation). - Monsieur le Juge, apparemment on ne
20 peut pas le réparer tout de suite. Il va falloir s'en passer.
21 M. le Président (interprétation). - Peut-être que vous pourrez
22 vous déplacer un tout petit peu.
23 M. Moran (interprétation). - Apparemment, le problème c'est que
24 le commutateur même est en panne, il va falloir un peu de temps pour le
25 réparer, donc il va falloir que nous nous en passions.
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1 M. le Président (interprétation). - Merci beaucoup, nous allons
2 continuer. Vous pouvez continuer.
3 M. Olujic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président, mais
4 tant qu'on n'a pas réparé le transcript, M. Moran. peut peut-être prendre
5 le siège de mon confrère ici, et suivre le transcript là.
6 M. Moran (interprétation). - Merci.
7 (L'interprète signale qu'il n'a pas entendu ce qu'il a voulu
8 dire.)
9 M. Olujic (interprétation). - Excusez-nous pour une seconde,
10 encore des petits détails techniques à mettre au point.
11 Merci, Monsieur le Président, de nous avoir accordé le temps de
12 mettre au point ces petits détails techniques de sorte que M. Karabdic et
13 moi nous puissions poursuivre.
14 M. Landzo (interprétation). - Au cours de l'interrogatoire
15 initial, vous avez dit que vous avez renvoyé votre premier conseil, qui
16 est mon confrère, M. Brackovic. Voulez-vous dire par-là qu'il vous a mal
17 défendu ?
18 M. Landzo (interprétation). - Il n'a pas vraiment fait le mieux
19 du monde, mais ce n'était pas vraiment trop mal non plus. Peut-être qu'il
20 n'a pas satisfait ce à quoi je m'attendais.
21 M. Olujic (interprétation). - Plus tard, Monsieur Landzo, vous
22 avez renvoyé votre autre conseil, notre confrère Ackerman. Pensez-vous
23 qu'il vous a lésé lui aussi, c'est-à-dire par une défense non appropriée ?
24 M. Landzo (interprétation). - Je lui avais demandé certaines
25 choses, je voulais faire mon aveu, etc. Lui ne voulait pas accepter, or je
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1 pensais que, ne serait-ce que pour une partie de toute cette affaire, il
2 devait écouter ce que je souhaitais avoir moi, étant donné que le procès
3 traînait pour des raisons qui me sont inconnues. Tout simplement, il ne
4 voulait pas venir me voir fréquemment pour que je lui dise les faits.
5 Peut-être qu'il n'était pas prêt à connaître tous les faits. Probablement
6 en tant qu'avocat qu'il était, bon, je ne sais pas.
7 M. Olujic (interprétation). - Si je dis qu'il vous a mal
8 défendu, je serais dans mon droit ?
9 M. Landzo (interprétation). - Cela serait aussi ma conclusion
10 générale.
11 M. Olujic (interprétation). - Merci. Monsieur Landzo, en vous
12 mettant sur la sellette du témoin, vous avez dit entre autres choses, que
13 vous le faites du fait qu'il n'y a pas eu
14 d'autres témoins.
15 M. Landzo (interprétation). - Voulez-vous reprendre cette
16 question, s'il vous plaît ?
17 M. Olujic (interprétation). - Lorsque vous vous êtes mis sur le
18 banc des témoins, vous avez dit que vous avez décidé de témoigner vous-
19 mêmes parce que d'autres témoins n'avaient pas répondu à cette incitation.
20 Est-ce vrai ?
21 M. Landzo (interprétation). - Non, c'est depuis longtemps que
22 j'avais prévu et planifié de témoigner, mais je m'attendais à avoir les
23 témoins qui étaient gardes comme moi à Celebici pour venir et dire la
24 vérité. Mais si quelque chose ou quelqu'un les a empêchés dans cela, j'ai
25 été donc obligé, d'ailleurs je souhaitais venir ici pour témoigner, pour
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1 dire comment les choses se sont faites et produites.
2 M. Olujic (interprétation). - Monsieur Landzo, c'est quoi
3 quelque chose ou quelqu'un qui les a empêchés de venir ? S'agit-il d'un
4 complot contre vous ?
5 M. Landzo (interprétation). - Je ne peux que vous dire mon avis,
6 je ne suis sûr de rien.
7 M. Olujic (interprétation). - Mais, si je vous dis qu'il s'agit
8 d'un complot contre vous, étant donné que les témoins ne sont pas venus ou
9 qu'ils ont été empêchés par un événement ou par quelqu'un, s'agit-il de
10 dire que c'est un complot contre vous ?
11 M. Landzo (interprétation). - Je ne peux que vous dire mon
12 opinion si vous le souhaitez.
13 M. Olujic (interprétation). - Pouvez-vous répondre ?
14 M. Landzo (interprétation). - Les témoins qui devaient venir
15 témoigner ici sont tous les témoins de faits qui étaient à la prison de
16 Celebici, qui savaient qui était le directeur, qui savaient ce qui s'était
17 passé et à mon avis, probablement, cela ne chantait pas très bien à
18 quelques uns des accusés. C'est un avis, avis à moi. Je ne me propose pas
19 d'entrer dans le détail
20 pour étendre ce récit. Je crois que le mieux serait de m'arrêter là.
21 M. Olujic (interprétation). - Mais, il s'agit quand même d'un
22 complot ?
23 M. Landzo (interprétation). - Il me le semble ainsi.
24 M. Olujic (interprétation). - Merci.
25 Monsieur Landzo, en présentant la description de vos maladies,
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1 asthme, bronchite, etc., vous avez dit que vous étiez un malade. Vous
2 sentez-vous souvent malade ?
3 M. Landzo (interprétation). - Cela dépend. De temps en temps.
4 Tout dépend de l'altération du temps aussi, du changement de temps ou
5 peut-être lorsque je suis exposé à des activités physiques. Mais
6 uniquement au cours de la nuit, lorsque je dois me coucher, je dois par
7 exemple avoir un chevet un peu plus élevé pour que je puisse évidemment
8 avec la tête ayant une inclinaison plus importante pour pouvoir
9 m'endormir. Et puis, je me sers aussi de petites pompes à aspirer.
10 M. Olujic (interprétation). - Vous-même, vous permettez qu'on
11 vous donne des ordres ?
12 M. Landzo (interprétation). - Pas maintenant.
13 M. Olujic (interprétation). - Quand vous dites : "pas
14 maintenant", à quel moment, est-ce que vous avez permis qu'on vous donne
15 des ordres ?
16 M. Landzo (interprétation). - Il y a peut-être deux ans de cela.
17 Enfin, il ne s'agit pas d'ordres vraiment, mais lorsqu'on me disait ce
18 qu'il fallait faire. Jusqu'au moment où je n'avais pas senti que ma
19 personnalité a été suffisamment forte pour pouvoir encourir tout, pour
20 pouvoir tout organiser, pour ne pas avoir quelqu'un qui devrait travailler
21 pour moi.
22 M. Olujic (interprétation). - Pensez-vous pour vous-même et de
23 vous-même que vous êtes injuste et que vous luttez pour la justice ?
24 M. Landzo (interprétation). - Je ne suis qu'un homme commun sur
25 cette planète. J'ai été un simple soldat, considérant qu'il était de son
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1 devoir de se mettre à la défense de cet
2 Etat qui était le nôtre. Et si je suis injuste, ce n'est pas à moi de le
3 dire.
4 M. Olujic (interprétation). - Je suis content de votre réponse
5 et je vous remercie.
6 Dites-nous, Monsieur Landzo, vous nous avez dit que vous avez
7 été surnommé Zenga. A quel moment avez-vous été surnommé pour la première
8 fois Zenga ?
9 M. Landzo (interprétation). - C'était début 1992, février... Je
10 n'en suis pas sûr, mais c'est une période où j'étais de retour de
11 Herzégovine et j'étais avec Zipeta*. C'est lui, en plaisantant, comme ça,
12 en faisant des blagues sur mon compte, qui m'a surnommé ainsi.
13 M. Olujic (interprétation). - Donc vous étiez en Croatie ?
14 M. Landzo (interprétation). - C'est une supposition qui est la
15 mienne. Etait-ce en Herzégovine Occidentale ou...
16 M. Olujic (interprétation). - Là, on parlera là-dessus encore.
17 Savez-vous d’où vient l'abréviation Zenga ? C'est quoi ?
18 M. Landzo (interprétation). - Oui, je le sais.
19 M. Olujic (interprétation). - D’où ?
20 M. Landzo (interprétation). - Il s'agit d'ailleurs du SBOR de la
21 Garde Nationale, c'est une formation légale qui s'opposait à l'ancienne
22 JNA.
23 M. Olujic (interprétation). - Savez-vous quand le SBOR de Garde
24 Nationale a été formé ?
25 M. Landzo (interprétation). - Je ne le sais pas. Je sais qu'il
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1 existait, mais je ne sais pas quand il était formé.
2 M. Olujic (interprétation). - Si je vous disais que le SBOR de
3 Garde Nationale, au moment où vous avez été surnommé Zenga, n'existait
4 pas, c'est-à-dire, ou pour mieux dire, que le SBOR a été formé suivant la
5 décision du commandement suprême de Croatie en été 1992, seriez-vous
6 d'accord avec moi ?
7 M. Landzo (interprétation). - Je ne le sais pas. Je sais
8 seulement que j'ai été
9 surnommé ainsi et je sais, mais quand, je ne sais pas. Je sais aussi qu'il
10 y a eu beaucoup de Musulmans même qui étaient du MUP, donc de la police
11 qui était surnommés ainsi. Mais, vous savez que pour ce qui est de la
12 formation, il s'agit de parler d'une longue procédure surtout en temps de
13 guerre.
14 M. Olujic (interprétation). - Dans tous les cas, le SBOR de
15 Garde Nationale n’existait pas au moment où vous avez été surnommé, mais
16 enfin, passons.
17 Lors de l'interrogatoire principal, lorsque vous avez été
18 interrogé par mon confrère, vous avez dit que les représentants, les
19 membres du HOS ont combattu près de Zadar. Est-ce vrai ?
20 M. Landzo (interprétation). - C'est une conjecture qui est la
21 mienne, c'est-à-dire qu'ils se trouvaient en direction de Knin. Si cela
22 est vrai ou pas, je ne le sais pas. C'était un avis, une conjecture de ma
23 part. Je n'ai jamais été vraiment un militaire qui savait lire les cartes
24 ou qui savait interpréter leurs positionnements ou leurs mouvements. Je ne
25 sais pas ce qui était exact.
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1 M. Olujic (interprétation). - Savez-vous de quelles unités il
2 s'agirait ?
3 M. Landzo (interprétation). - Que voulez vous dire par là ?
4 Quelles unités ?
5 M. Olujic (interprétation). - Je veux dire quelles étaient les
6 appellations de ces unités.
7 M. Landzo (interprétation). - Je ne comprends pas votre
8 question, voulez vous élucider votre question ?
9 M. Olujic (interprétation). - Lorsque vous dites près de Knin ou
10 de Zadar, les membres du HOS ont combattu, savez-vous quelles étaient les
11 appellations de leurs unités ?
12 M. Landzo (interprétation). - Comment voulez-vous que je le
13 sache, Me Olujic ?
14 M. Olujic (interprétation). - Mais je suis fort content de vous
15 voir ne pas savoir.
16 M. Landzo (interprétation). - Je sais que c'était tout
17 simplement des forces de la
18 défense croate, etc. Mais, quelles étaient les appellations et les noms
19 des unités ? Je n'en sais rien. Chaque unité était sensée avoir une
20 appellation.
21 M. Olujic (interprétation). - Vous dites vous-mêmes que vous ne
22 faites que supposer, donc vous n'êtes pas certain.
23 M. Landzo (interprétation). - Je sais où j'étais moi et je sais
24 qui ils étaient. Des gens en uniforme noir. Ils avaient un insigne avec
25 les lettres HOS et ils portaient un drapeau ayant l'insigne U.
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1 M. Olujic (interprétation). - Connaissez-vous certains des
2 officiers parmi les officiers qui commandaient ces unités ?
3 M. Landzo (interprétation). - Non.
4 M. Olujic (interprétation). - Monsieur Landzo, vous avez dit que
5 vous étiez dans un camp en République de Croatie. Vous l'avez déclaré lors
6 de l'interrogatoire principal. S'agissait-il d'un camp où devaient
7 s'entraîner les militaires, ou réservé à des détenus ?
8 M. Landzo (interprétation). - Vous avez mal compris. Je n'ai pas
9 dit que ceci se trouvait en Croatie. Je sais où j’étais, à savoir les
10 maisons ressemblaient à ces maisons de Herzégovine occidentale ou de
11 Dalmatie. Mais, était-ce en Croatie ou en Bosnie-Herzégovine°? Je n'avais
12 pas de carte sur moi. Je ne savais même pas où se trouvait et quelle était
13 la ville chef-lieu importante tout près. Par conséquent, d'après mes
14 suppositions, ceci pouvait se trouver en Bosnie-Herzégovine ou en Croatie,
15 mais je ne suis pas certain.
16 M. Olujic (interprétation). - Mais vous l’avez identifié
17 uniquement suivant ces maisons en pierre ?
18 M. Landzo (interprétation). - Oui, c'est cela. Parce qu'il n'y a
19 pas de maison du genre de ces matériaux-là en Bosnie-Herzégovine. Cela est
20 valable plutôt pour cette partie de Herzégovine et pour une partie de la
21 Croatie, à savoir pour la Dalmatie où des maisons sont construites en de
22 tels matériaux et dans ce style là.
23 M. Olujic (interprétation). - Et si je devais vous citer
24 maintenant cinq régions qui sont typiques pour ces maisons en pierre,
25 pouvez-vous vous mettre d'accord avec moi pour dire que dans chacune de
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1 ces régions, ceci aurait pu se produire soit en Bosnie-Herzégovine soit en
2 République de Croatie ?
3 M. Landzo (interprétation). - Pouvez-vous les citer, ces
4 différentes régions ?
5 M. Olujic (interprétation). - Ceci aurait pu se passer en
6 Herzégovine occidentale, dans la Lika, à Imotski, à Knin, en Istrie,
7 partout il y a des maisons en pierre et pour ce qui est de la
8 configuration du terrain, tout semble pareil ou similaire.
9 M. Landzo (interprétation). - Vous avez raison, mais vous devez
10 savoir également que, à Knin, on ne pouvait pas évidemment y aller. Pour
11 ce qui est de la Dalmatie, c'est vague.
12 On peut parler de Rijeka aussi. Mais, pour ce qui est des
13 autorités légales mises en place, je ne pouvais pas me rendre en
14 Herzégovine orientale ou occidentale. On connaissait très bien que depuis
15 Konjic on a emprunté une route jaune en macadam, par conséquent on ne
16 pouvait pas évidemment aller en Dalmatie ou en Istrie, etc.
17 M. Olujic (interprétation). - En tout cas, vous ignorez un chef-
18 lieu qui serait près de ce camp ou une localité quelconque ?
19 M. Landzo (interprétation). – Il me semble que j'ai entendu dire
20 que non loin de ce village, à une dizaine de kilomètres, il y avait une
21 route, cette fois-ci départementale, qui menait vers Split, mais je ne
22 sais pas où elle se situait. Est-ce en partie en Croatie ou en
23 Herzégovine ? D'après la configuration du terrain, enfin c'est une
24 supposition à faire...
25 M. Olujic (interprétation). – Avez-vous… Sortiez-vous de ce
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1 camp ?
2 M. Landzo (interprétation). – Oui. Enfin... C'était un village.
3 M. Olujic (interprétation). - Avez-vous pu rencontrer des
4 citadins ?
5 M. Landzo (interprétation). – Vous voulez dire les habitants de
6 ce village ?
7 M. Olujic (interprétation). - Oui.
8 M. Landzo (interprétation). – Non. De temps en temps.
9 M. Olujic (interprétation). - Pouvez-vous nous citer des noms de
10 ces citadins avec qui vous avez pu avoir des contacts ?
11 M. Landzo (interprétation). – Je crois que l’homme chez qui nous
12 avons couché la première nuit, il avait pour prénom Jure, autant que je
13 m'en souvienne. Pour ce qui est de son épouse, elle s'appelait, elle se
14 prénommait Mara ou Maria. Je n'en suis pas sûr non plus. Et puis, plus
15 tard, lorsqu'on avait eu des moments perdus comme ça, on avait pris le pli
16 de venir chez lui, s'asseoir quelque temps.
17 M. Olujic (interprétation). - Pendant combien de temps étiez-
18 vous dans ce camp ?
19 M. Landzo (interprétation). – Je ne saurais vous le dire avec
20 exactitude, une vingtaine de jours, vingt-cinq jours, à peu près.
21 M. Olujic (interprétation). – Dites-nous, encore aujourd'hui à
22 Konjic on vous connaît sous le prénom de Zenga. Avez-vous montré quelque
23 opposition pour ce qui est de ce surnom ?
24 M. Landzo (interprétation). – Même si je devais m'y opposer, il
25 n'y aurait eu aucun changement. Je ne peux pas fermer la bouche à qui que
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1 ce soit si jamais on veut me surnommer n'importe comment.
2 M. Olujic (interprétation). – Dites-nous, s'il vous plaît, vous
3 disiez que vous étiez pendant vingt-cinq jours dans ce camp et que vous
4 sortiez également de ce camp. Comment se fait-il que vous n'ayez jamais su
5 où vous vous trouviez alors que vous étiez dans ce camp ? Vous parlez de
6 Jure, vous parlez également de son épouse, alors que du point de vue
7 géographique, vous ne saviez même pas approximativement où vous trouviez.
8 M. Landzo (interprétation). – Je peux décrire à peu près dans
9 quelle région géographique, en parlant, ce village se situait. C'est après
10 que vous pouvez conclure si je le savais ou pas.
11 M. Olujic (interprétation). – Mais, Monsieur Landzo, nous nous
12 sommes mis d'accord comme quoi je pouvais vous citer cinq régions
13 similaires ou pareilles d'après la configuration du terrain ou du reste.
14 Je vous demande simplement de me répondre comment se fait-il que...
15 M. le Président (interprétation). - Vous avez déjà suffisamment
16 insisté sur cela. Passez à une autre question, s'il vous plaît.
17 M. Olujic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
18 Monsieur Landzo, pendant que vous étiez dans ce camp, comment
19 s'appelait le commandant direct qui était le vôtre ?
20 M. Landzo (interprétation). – Je peux toujours vous citer les
21 noms, comme ça au hasard, et dont je ne suis pas certain. D'aucuns
22 n'avaient que des surnoms. Par conséquent, je peux vous dire que pour ce
23 qui est des surnoms avec exactitude.
24 M. Olujic (interprétation). – Donc si je vous dis que vous ne
25 pouvez pas dire avec exactitude le nom de votre commandant direct, je
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1 serais dans mon droit, n'est-ce pas ? Vous ne pouvez pas citer son nom et
2 son prénom ?
3 M. Landzo (interprétation). – Il me semble que vous interprétez
4 mal. C'est-à-dire, ce n'était pas si bien organisé que cela. On te
5 réveille très tôt le matin et on te dit "Va te préparer", et puis après on
6 va s'entraîner au tir ou ailleurs. Ce n'était pas toujours un commandant,
7 une personne toujours la même. Une fois, il y avait un homme. Une autre
8 fois, c'était un autre homme. Si je devais les voir, maintenant, je vous
9 dirais : "Oui, tel et tel c'est celui-là". J'en connais aussi des surnoms.
10 Mais pour ce qui est du commandant, je ne connais pas les noms.
11 M. Olujic (interprétation). - Je suis satisfait, je vous
12 remercie.
13 Dites-nous, Monsieur Landzo, comment s'appelait le commandant
14 qui était supérieur au commandant ?
15 M. Landzo (interprétation). – Si vous voulez me lancer
16 maintenant dans des hypothèses, je peux le faire.
17 M. Olujic (interprétation). – Non, non, non. Dites-nous
18 uniquement ce que vous savez.
19 M. Landzo (interprétation). – Je n'en suis pas certain.
20 M. Olujic (interprétation). - Quels étaient les grades portés
21 par le commandant ?
22 M. Landzo (interprétation). – On l'appelait capitaine, mais je
23 n'ai jamais vu de grade, de galons sur son uniforme. Ce n'était pas une
24 formation militaire régulière pour que vous puissiez voir les grades comme
25 c'était le cas avec la JNA.
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1 M. Olujic (interprétation). - Etes-vous sûr qu'on l'appelait
2 "Capitaine", qu'on lui adressait la parole par "Capitaine" ?
3 M. Landzo (interprétation). - Oui. C'est cela. C'est Jure qui
4 nous a dit, lorsqu'une fois il nous a emmené chez le capitaine.
5 Etait-ce une expression, une façon de s'adresser à l'homme où
6 est-ce que l'autre avait ce grade ? Je n'en sais rien.
7 M. Olujic (interprétation). - Si je devais dire maintenant qu'il
8 est impossible dans le SBOR de Garde nationale qu'on s'adresse à qui que
9 ce soit par capitaine étant donné le terme de capitaine a été biffé de la
10 terminologie militaire, serais-je dans mon droit ?
11 M. Landzo (interprétation). - Je crois que vous mélanger deux
12 affaires. Je n'ai pas dit que j'ai été membre du SBOR de Garde nationale.
13 Je n'en ai pas parlé.
14 J'ai dit simplement que j'étais dans un village où était
15 stationnée une unité du HOS et je n'ai pas parlé pour ma part de ce SBOR
16 de Garde nationale.
17 M. Olujic (interprétation). - Si je vous disais maintenant que
18 parmi les membres du HOS, il est impossible d'adresser la parole à
19 quelqu'un en l'abordant, en lui disant "capitaine", serais-je dans mon
20 droit encore ?
21 M. Landzo (interprétation). - Plus tard, au cours de l'année
22 1992, au cours de la guerre en Bosnie-Herzégovine, je sais que ce terme a
23 changé et qu'il y avait une terminologie croate nouvelle, mais moi je vous
24 dis maintenant ce que l'homme en question m'avait dit au moment où il nous
25 emmenait. Je ne dis pas que cela devait être la vérité.
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1 C'est ainsi qu'il nous a dit. Il a dit : "On va voir maintenant
2 le capitaine".
3 M. Olujic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire avec
4 exactitude la date de votre venue au camp ?
5 M. Landzo (interprétation). - Je ne peux pas vous le dire.
6 M. Olujic (interprétation). - Pouvez-vous situer le mois ?
7 M. Landzo (interprétation). - A peu près, si vous voulez bien,
8 si vous insistez.
9 M. Olujic (interprétation). - Non, tout simplement si vous vous
10 souvenez ?
11 M. Landzo (interprétation). - Je n'en suis pas certain. C'est
12 d'après le temps atmosphérique qui régnait que je pourrais peut-être
13 conclure, c'est tout.
14 M. Olujic (interprétation). - Quels sont vos compagnons d'armes
15 ou soldats qui étaient à vos côtés et dont vous vous souvenez pendant ce
16 séjour de vingt-cinq jours. Pouvez-vous citer ces noms et ces prénoms ?
17 M. Landzo (interprétation). - Je peux peut-être dire pour deux
18 ou trois personnes.
19 Je sais qu'il y avait un groupe pour qui il m'a été dit qu'il
20 venait de Bosnie Centrale. L'un d'eux se prénommait Osman, il était
21 musulman. Un autre se prénommait Dragan. Et puis Goran.
22 Voilà les prénoms dont je me souviens.
23 M. Olujic (interprétation). - Pouvez-vous vous rappeler quelques
24 noms de famille ?
25 M. Landzo (interprétation). - Vraiment pas parce que nous, on ne
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1 connaissait par surnom.
2 Je ne peux même pas me rappeler les noms de famille de quelques
3 camarades avec qui j'ai passé plus de quinze ans, sans parler maintenant
4 évidemment de ces surnoms et de ces noms de famille avec des gens avec qui
5 j'ai passé vingt-cinq jours.
6 M. Olujic (interprétation). - Comment donnait-on des ordres ?
7 M. Landzo (interprétation). - Je vous le dis bien, ce n'était
8 pas une armée organisée pour qu'on puisse vraiment savoir qui fait quoi.
9 Simplement, on vous sort devant le bâtiment pour nous dire tout
10 simplement, nous donner un certain temps pour préparer les armes et nous
11 dire : "Tu n'as qu'à te mettre là-bas derrière ce bâtiment" et puis on
12 pose une bouteille ou un morceau de papier qui serait peut-être la cible,
13 et c'est là qu'on s'exerçait en tir. Tout simplement, ce n'était pas une
14 armée organisée. Ce n'était pas un camp militaire organisé.
15 Si jamais quelqu'un tombe dessus, comme c'était mon cas,
16 évidemment, on le gardait pour faire l'exercice et l'entraînement
17 militaire. Il n'y avait pas de clôture en fils ou en barbelés, il n'y
18 avait pas de gardes, il n'y avait rien du genre.
19 M. Olujic (interprétation). - Vous avez dit, lors de
20 l'interrogatoire principal, que l'on coupait la tête à des gens dans ce
21 camp-là. Est-ce vrai ?
22 M. Landzo (interprétation). - Oui, c'est cela.
23 M. Olujic (interprétation). - Dites-nous les noms et les prénoms
24 de ceux qui l'ont perpétré.
25 M. Landzo (interprétation). - Je ne saurais vous le dire. Si
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1 vous voulez peut-être un surnom. Un surnom.
2 M. Olujic (interprétation). - Oui, je peux être content, oui de
3 cela aussi. Connaissez-vous les noms et les prénoms de ceux qui ont été
4 tués ?
5 M. Landzo (interprétation). - Je ne le sais pas. On aurait pu
6 nous dire que c'étaient des Croates ou des Musulmans. On nous a dit que
7 c'étaient des Serbes. Il n'était pas écrit sur son front pour que je
8 puisse dire comment ils étaient.
9 M. Olujic (interprétation). - Monsieur Landzo, en quelle qualité
10 étiez-vous lorsque vous êtes venu à Celebici ? En qualité de soldat, donc
11 de militaire, ou de gardien ?
12 M. Landzo (interprétation). - On m'a dit que j'allais être
13 gardien dans une caserne où devaient être stationnées, positionnées les
14 jeunes recrues en vue de leur entraînement et exercice. On ne m'a jamais
15 dit que je devais être le gardien évidemment, et surtout on m'a dit que je
16 devais l'être de façon intérimaire.
17 M. Olujic (interprétation). - Donc je dirai à juste titre que
18 vous n'étiez pas venu en qualité de soldat ?
19 M. Landzo (interprétation). - Tous étaient des soldats, mais ce
20 n'est que lorsqu'une fois venu sur le lieu que tu pourrais être affecté,
21 une fois venu à Celebici, j'ai été donc nommé gardien. On aurait pu me
22 nommer directeur aussi. J'étais venu donc en soldat et j'ai été donc
23 assigné, il m'a été assigné la qualité de gardien.
24 M. Olujic (interprétation). – Mais, vous avez déjà eu une
25 expérience militaire acquise jusque là ?
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1 M. Landzo (interprétation). - Oui, je savais bien manipuler les
2 armes.
3 M. Olujic (interprétation). Est-il vrai que M. Zdravko Mucic
4 n'avait aucune expérience militaire ?
5 M. Landzo (interprétation). - D'où pourrais-je le savoir ? Il a
6 vraiment fait l'ancienne JNA ? Je ne le sais pas. Compte tenu de l'âge
7 qu'il avait, je peux le supposer mais est-ce qu'il a fait autres choses ?
8 Je l'ignore.
9 M. Olujic (interprétation). - Mais il est vrai qu'il ne faisait
10 pas partie de la Défense territoriale ni du MUP ni du HVO, ni des forces
11 de réserve ?
12 M. Landry - Je l'ignore. Je n'ai vu aucun insigne sur son
13 uniforme.
14 M. Olujic (interprétation). - C'est précisément ce que je
15 souhaitais vous demander. Est-ce qu’il avait un grade militaire ?
16 M. Landzo (interprétation). - Non. Visible sur l'uniforme, non.
17 M. Olujic (interprétation). - Est-ce qu’on voyait des grades
18 militaires ?
19 M. Landzo (interprétation). - Oui.
20 M. Olujic (interprétation). - Mais il n'en avait pas ?
21 M. Landzo (interprétation). - Non.
22 M. Olujic (interprétation). - Merci. Monsieur Landzo, vous avez
23 parlé du fait que vous obéissiez à ce qu'exigeaient vos fonctions et qu'à
24 votre arrivée à Celebici, on vous a dit que vous n'aviez pas à réfléchir,
25 mais que vous n'aviez qu'à exécuter.
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1 M. Landzo (interprétation). - Oui.
2 M. Olujic (interprétation). - Monsieur Landzo, est-ce que vous
3 pouvez nous citer une règle ou une loi qui régissait vos fonctions ?
4 M. Landzo (interprétation). - J'aimerais que les choses soient
5 claires, nous n'avions pas de règles écrites. Il s'agissait de paroles, et
6 nous devions nous y tenir.
7 M. Olujic (interprétation). - Donc il n'y avait pas de règles
8 écrites pour vos fonctions ?
9 M. Landzo (interprétation). - Je n'en ai pas vu, personne ne me
10 les a montrées.
11 M. Olujic (interprétation). - Est-ce qu'à Celebici il y avait
12 des militaires d'autres parties de la Bosnie-Herzégovine ?
13 M. Landzo (interprétation). - Oui, il y en avait. Il y avait
14 deux ou trois personnes de Modrica, Bosnie du nord. Il y avait des
15 réfugiés de Herzégovine orientale, il y en a plusieurs qui ont été
16 gardiens par la suite, il y en avait deux ou trois également de Gacico,
17 Herzégovine orientale également, mais il s'agissait d'une période plus
18 courte.
19 Par la suite, j'ai entendu qu'ils y sont restés un peu plus
20 longtemps.
21 M. Olujic (interprétation). - Monsieur Landzo, à Celebici, vous
22 aviez également une infirmerie, c'est exact ?
23 M. Landzo (interprétation). - Oui.
24 M. Olujic (interprétation). - Etant donné ce dont vous
25 souffriez, est-ce que vous alliez consulter l'infirmerie, est-ce que vous
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1 alliez vous faire examiner à l'infirmerie ?
2 M. Landzo (interprétation). - Qu'entendez-vous par maladie, par
3 problème fréquent ?
4 M. Olujic (interprétation). - Je veux dire par-là que vous
5 souffrez de toute une série de maladies.
6 M. Landzo (interprétation). - Je ne souffre que de l'asthme.
7 C'est la seule maladie dont j'ai souffert toute ma vie et que je continue
8 d'avoir, et je devais recevoir une piqûre directement dans mes veines qui
9 allaient jusqu'au coeur. Les médecins de Celebici ne pouvaient le faire.
10 J'ai demandé de l'aide à l'hôpital de Konjic.
11 M. Olujic (interprétation). - Donc j'ai raison de dire que vous
12 n'avez pas demandé au médecin de l'infirmerie de Celebici de vous
13 prodiguer des soins ?
14 M. Landzo (interprétation). - A plusieurs reprises, j'ai pris
15 des comprimés pour dormir. Enfin, il m'a donné des comprimés en me disant
16 que c'était pour mieux dormir. Est-ce que c'était le cas où pas ? Je me
17 sentais en tout cas plus détendu. Et vous savez qu'après votre tour de
18 garde, il est très difficile de s'endormir. Et surtout si on avait trois
19 ou quatre services pendant la journée.
20 M. Olujic (interprétation). – Monsieur Landzo, en réponse à
21 l'interrogatoire principal, vous avez dit que, suite à des ordres, vous
22 avez fait en sorte que des détenus soient battus, mais que cela ne soit
23 pas visible, qu'on ne les frappe pas à la tête. Est-ce que c'est exact ?
24 M. Landzo (interprétation). – Oui. Si l'ordre était donné de
25 tuer quelqu'un, il fallait le faire en passant cette personne à tabac. Il
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1 ne fallait pas qu'il y ait de blessures à la tête. En fait, on n'avait pas
2 le droit de tuer quelqu'un en tirant d'une arme à feu. Il fallait le
3 passer à
4 tabac. Ne me demandez pas pourquoi. Je ne faisais que faire ce qu'on
5 m'avait dit.
6 M. Olujic (interprétation). – Pouvez-vous nous dire qui vous a
7 donné l'ordre de passer à tabac les détenus de telle sorte que cela ne
8 soit pas visible ?
9 M. Landzo (interprétation). – Est-ce que c'est Mucic ou Delic ?
10 Je n'en suis pas sûr. Peut-être que cela serait Delic. Je n'en suis pas
11 sûr, mais je suis sûr que c'était quelqu'un des dirigeants du camp.
12 M. Olujic (interprétation). – Monsieur Landzo, est-ce que vous
13 savez selon quels principes du service, les gardiens ont le droit de
14 battre les détenus ?
15 M. Landzo (interprétation). – Je l'ignore. Je n'ai pas fait mon
16 service dans l'ex-JNA pour connaître ces principes. Je me suis conformé
17 aux règles qu'on m'a indiquées. Est-ce que ces règles étaient exactes ou
18 non, à l'époque ? Je ne pouvais me prononcer là-dessus ni dire quoi que ce
19 soit.
20 M. Olujic (interprétation). - Est-ce que vous affirmez qu'à
21 Celebici il existait des règles sur le passage à tabac et sur le service
22 qui étaient celles de la JNA ?
23 M. Landzo (interprétation). – Je ne sais pas quelles règles
24 étaient en vigueur. Peut-être que c'étaient celles de l'ex-JNA ? Peut-être
25 que c'était certains principes personnels ? Peut-être que c'est quelqu'un
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1 qui avait inventé ces règles. Moi-même et les autres gardiens, nous nous
2 conformions à ces règles et nous devions le faire. Mais d'où elles
3 venaient ? Est-ce qu'elles venaient d'avant la guerre ou est-ce qu'elles
4 sont nées pendant la guerre, je l'ignore. Je sais que c'est ce que l'on
5 nous a dit. Quelqu'un avait peut-être inventé ces règles.
6 M. Olujic (interprétation). - Est-ce que vous savez quels sont
7 les gardiens qui ont battu les détenus ?
8 M. Landzo (interprétation). – Il y avait certaines personnes du
9 nom de famille Ljuvic peut-être, mais je ne peux vous donner leur prénom.
10 Pour ce qui est des autres gardiens qui venaient de Konjic, qui sont venus
11 avec moi, je peux vous le dire.
12 M. Olujic (interprétation). - S'ils devaient dire qu'il n'y
13 avait pas d'ordre dans ce sens, de battre les gens de sorte à ce que cela
14 ne soit pas visible, est-ce qu’ils auraient raison de le dire ?
15 M. Landzo (interprétation). – Non. Je pense qu'ils devraient
16 venir. Je les ai invités à se présenter, mais ils n'ont pas voulu le
17 faire.
18 M. Olujic (interprétation). – Monsieur Landzo, vous nous dites
19 que lorsque vous receviez de tels ordres, on vous donnait de tels ordres
20 oralement si j'ai bien compris, qu'ils n'existaient pas par écrit. C'est
21 exact ?
22 M. Landzo (interprétation). – Tous les ordres que j'ai reçus
23 personnellement m'étaient donnés, oralement et dans une majorité de cas,
24 si un meurtre devait être commis, on écrivait le nom de cette personne sur
25 un petit morceau de papier, on me le remettait entre les mains, mais je
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1 n'ai jamais eu d'ordre par écrit. On me disait les choses de manière très
2 inhumaine. Vous savez, lorsqu'on dit : "Je veux voir telle et telle
3 personne franchir le portail, demain matin, les pieds par l'avant.", il ne
4 s'agit pas de quelque chose qui serait normal pour...
5 M. Olujic (interprétation). - Lorsque vous receviez de tels
6 ordres, est-ce qu'un autre gardien était présent ?
7 M. Landzo (interprétation). – Je ne m'en souviens plus, mais
8 c'est possible. Je n'étais pas le seul à assurer la garde. Il y avait
9 d'autres gardiens, également. Mais, si j'étais convoqué au bureau, alors
10 j'étais seul, parce que quiconque ne pouvait pas entrer au bureau. On ne
11 pouvait y entrer que si on était convoqué.
12 M. Olujic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez m'énumérer
13 les prénoms et les noms de tels gardiens ?
14 M. Landzo (interprétation). – Je peux vous parler de gardiens,
15 mais pour vous dire pour chaque action, chaque ordre qu'on m'a donné, qui
16 était présent, je ne sais pas. Je sais qu'il y avait toujours certains
17 gardiens qui étaient de garde et qui étaient soit dans la cuisine, soit
18 aux
19 alentours.
20 M. Olujic (interprétation). - Vous nous avez dit que vous avez
21 passé à tabac des personnes et entraîné leur mort. Est-ce que vous pensez
22 que c'était justifié et légitime de votre part ?
23 M. Landzo (interprétation). – Si vous me demandez mon opinion
24 actuelle, je peux vous répondre. Maintenant, je sais et je comprends que
25 ce n'était pas correct et ils étaient détenus, c'était suffisant. Mais, à
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1 l'époque, j'estimais et je faisais en sorte de le faire, j'estimais que je
2 devais faire ce qui m'avait été ordonné et pour vous dire la vérité, je
3 n'avais pas le droit de beaucoup réfléchir. On m'a dit au départ qu'on
4 n'avait pas à réfléchir, mais qu'on n'avait qu'à exécuter. Donc, personne
5 d'entre nous n'essayait de réfléchir. Si plus tard, j'allais voir la
6 personne qui m'avait donné l'ordre et que j'allais le voir : "Ecoutez, je
7 pense que ce n'est pas très justifié." eh bien, je n'avais pas le droit de
8 le faire, je devais faire ce qu'on me disait. Ma position actuelle, c'est
9 que c'était complètement erroné et que c'était suffisant que ces personnes
10 aient été détenues, qu'on aurait pas dû faire ce qu'on a fait.
11 M. Olujic (interprétation). - En réponse à l'interrogatoire
12 principal, on vous a posé des questions sur les points 11 et 12 de l'acte
13 d'accusation, il s'agit de M. Susic qui a été placé dans le hangar n° 9.
14 Vous avez dit qu'à deux reprises, vous l'avez frappé à l'entrée du hangar
15 n° 9. Est-ce que c'est exact ?
16 M. Landzo (interprétation). - Du tunnel n° 9, oui, je l'ai
17 frappé à deux reprises et d'autres l'ont également frappé plus que moi.
18 Moi, je n'étais pas dans une position qui me permettait de le frapper de
19 manière à le blesser. Moi, je me trouvais au-dessus, mais je l'ai frappé
20 deux fois, c'est exact.
21 M. Olujic (interprétation). - Mais, au cours de l'interrogatoire
22 principal, vous n'avez pas dit que vous aviez reçu des ordres de le
23 battre. Est-ce que c'est exact ?
24 M. Landzo (interprétation). - Si j'avais reçu des ordres de le
25 passer à tabac,
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1 certainement que je l'aurais plus frappé. C'était plutôt une façon de le
2 pousser, si vous voulez. Les autres ont commencé à le battre et moi on m'a
3 ordonné de l'amener au hangar et non pas de le battre.
4 D'une certaine façon, j'essayais d'accélérer son entrée dans le
5 hangar et si on m'avait donné l'ordre de le battre, certainement que les
6 choses se seraient déroulées autrement.
7 Donc je n'ai fait que faire ce que l'on m'avait dit.
8 M. Olujic (interprétation). - Je ne vous ai pas posé cette
9 question Monsieur Landzo. Je vous ai dits qu'en réponse à l'interrogatoire
10 principal, vous avez dit que l'ordre était d'amener M. Susci au hangar
11 n° 9 et par la suite, en réponse à l'interrogatoire principal, vous avez
12 dit qu'à deux reprises, vous l'avez frappé à l'entrée du hangar n° 9.
13 Mais, lorsque vous avez donné cette réponse en réponse à
14 l'interrogatoire principal, vous n'avez pas mentionné d'ordre de le passer
15 à tabac et j'aimerais simplement que vous me disiez oui ou non.
16 M. Landzo (interprétation). - Non, je n'ai pas reçu d'ordre et
17 personne ne m'a demandé si j'avais reçu cet ordre. Je ne sais pas si vous
18 pouvez comprendre. Il ne s'agissait pas de coups pour entraîner des
19 blessures. Je ne pouvais pas l'approcher, car il y avait trois ou quatre
20 gardiens qui l'entouraient. C'était un espace très étroit et je devais le
21 pousser pour qu'il y entre. Et je ne pouvais l'atteindre avec mon bras.
22 M. Olujic (interprétation). - Pour ce qui est des points 24 à 26
23 de l'acte d'accusation, la torture de M. Miljevic, en réponse à
24 l'interrogatoire principal hier, vous avez dit que vous l'avez frappé au
25 moins une fois parce qu'il avait pris de la nourriture à d'autres détenus.
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1 Et ici, en réponse à l'interrogatoire principal, vous n'avez pas
2 mentionné avoir reçu l'ordre de le battre.
3 M. Landzo (interprétation). - C'était une claque. Ce n'était pas
4 le fait de le battre.
5 Comment expliquer à une personne âgée qui commence à pleurer devant vous
6 et qui, la nuit précédente a reçu un coup à la tête, alors que l'autre qui
7 le lui a pris se trouve là, comment expliquer qu'il avait raison de le
8 faire ?
9 Je lui ai donné une gifle pour que la personne âgée voie que la
10 loi était la même pour tous, qu'il voit qu'il ne pouvait pas prendre ce
11 qu'il voulait, mais je ne l'ai pas frappé. Je lui ai donné une gifle.
12 M. Olujic (interprétation). - Est-ce que vous estimez qu'une
13 gifle n'est pas une façon de battre quelqu'un ?
14 M. Landzo (interprétation). - Une gifle, je ne pense pas,
15 c'était plutôt pour satisfaire cette personne âgée, ce vieillard qui
16 souhaitait que justice soit faite. Si peut-être j'étais allé le dire à
17 quelqu'un, M. Miljevic n'aurait peut-être pas été ici pour témoigner et
18 peut-être que si cette petite gifle n'avait pas été donnée, les suites
19 auraient été encore pires. Je voulais que ce vieillard soit apaisé, je
20 voulais que la paix règne dans le hangar. Peut-être que cela aurait été
21 plus facile pour moi d'aller dire au directeur, au commandant que
22 M. Miljevic avait pris de la nourriture à quelqu'un. Peut-être que
23 Miljevic n'aurait même pas pu venir ici déposer.
24 M. Olujic (interprétation). - Est-ce que vous l'avez rapporté à
25 quelqu'un ?
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1 M. Landzo (interprétation). - Moi, personnellement, non, car je
2 pensais que cela serait terminé.
3 M. Olujic (interprétation). - Monsieur Landzo, est-ce que vous
4 pourriez me dire comment à Celebici commençait et finissait votre journée
5 de travail ? Quand commenciez-vous à travailler et quand terminiez-vous ?
6 M. Landzo (interprétation). - Tout dépend du service de la
7 relève que j'assurais. Par exemple, parfois, je pouvais travailler de
8 4 heures du matin à 8 heures. Parfois, je travaillais de 8 heures à midi,
9 parfois de 6 heures à 10 heures. Je ne peux vous le dire avec
10 exactitude.
11 M. Olujic (interprétation). - Hier, en réponse à
12 l'interrogatoire principal, pour les chefs d'accusation 36 et 37 sur
13 M. Neldeljko Draganic, vous avez dit qu'il était battu, qu'il ne pouvait
14 pas se relever, qu'un gardien vous a dit de le relever, qu'il ne pouvait
15 pas se lever. Vous avez dit par la suite que vous l'aviez frappé et que
16 vous n'aviez pas reçu l'ordre de le faire. Est-ce que c'est exact ?
17 M. Landzo (interprétation). - Je n'ai pas dit qu'il était
18 attaché. J'ai dit qu'il avait une corde sur la main gauche, je crois. Je
19 n'ai pas vu qu'il était attaché. Il avait une corde attachée autour de sa
20 main gauche et je me suis approché de lui, je lui ai donné deux ou trois
21 coups de pied pour qu'il se relève. Etant donné qu'il ne s’est pas relevé
22 tout de suite, je l’ai aidé à le faire. C'est exact que je n'avais pas
23 reçu d'ordre de le faire, mais ce n'était pas des coups, c'était plutôt
24 pour faire en sorte qu'il se relève.
25 M. Olujic (interprétation). - Par la suite, en réponse à
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1 l'interrogatoire principal, vous avez dit que les personnes qui venaient
2 rendre visite aux détenus ne pouvaient les voir près de la barrière, car
3 cela n'était pas autorisé, mais vous avez donné l'autorisation à
4 M. Milevic de voir sa mère qui se trouvait là-bas. Est-ce que c'est
5 exact ?
6 M. Landzo (interprétation). - Est-ce que j'ai dit hier que moi-
7 même personnellement j'avais donné cette autorisation ?
8 M. Olujic (interprétation). - Oui.
9 M. Landzo (interprétation). - Je me trouvais sur la colline, sur
10 mon poste de garde, lorsque cette vieille femme est arrivée près la
11 barrière. Elle a parlé avec Osman Dedic qui m'a parlé, qui m'a demandé ce
12 qu'il fallait faire. Cette femme pleurait, elle ne savait pas s'il était
13 vivant ou mort, elle ne l'avait pas vu depuis qu'il avait été arrêté et
14 elle a dit : "Essayez d'imaginer si vous étiez à sa place et que votre
15 mère venait comme moi". Nous avons... Enfin, ce n'est pas moi mais tous
16 les deux, nous avons discuté et nous étions d'avis que nous pouvions
17 le laisser aller à la porte quelques secondes pour qu'elle voie qu'il
18 était vivant, qu'il était là, que rien ne s'était passé. Osman Dedic est
19 resté sur la route qui allait du bâtiment de commandement là-bas et il
20 surveillait pour que personne ne voie car cela n'était pas autorisé. Il
21 n'y avait pas d'ordre.
22 Nous n'étions pas des esclaves, nous avions des sentiments,
23 surtout lorsqu'une femme vient et commence à pleurer.
24 M. Olujic (interprétation). - Vous avez dit que vous ne faisiez
25 qu'exécuter des ordres. Vous avez même dit que vous n'aviez pas à
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1 réfléchir mais à travailler.
2 M. Landzo (interprétation). - C'est exact. Peut-être que je suis
3 coupable de l’avoir fait.
4 M. Olujic (interprétation). - Est-ce que nous pouvons dire que
5 vous vous êtes écarté des ordres pendant votre séjour à Celebici ?
6 M. Landzo (interprétation). - Il y avait des petites choses pour
7 lesquelles il ne fallait pas demander d'autorisation. Si quelqu'un
8 demandait s'il pouvait aller aux toilettes, je ne devais pas chaque fois
9 descendre et aller demander. Si quelqu'un voulait aller aux toilettes, je
10 ne devais pas forcément toujours demander au directeur ou au commandant
11 s'il pouvait le faire. Je pouvais prendre là décision tout seul. Je n'ai
12 pas laissé Miljanic aller jusqu'à la barrière, mais je l'ai laissé aller
13 jusqu'au portail pour que sa mère voie qu'il était vivant.
14 Il y avait toujours ces petites exceptions chez moi et chez les
15 autres gardiens. C'est la même chose dans toute votre vie, on ne peut pas
16 être parfait. On a tous des sentiments. Moi, j'ai essayé d'être un
17 militaire parfait mais moi aussi j'ai un coeur, j'ai des sentiments et
18 dans une certaine situation, ces sentiments ressortent.
19 M. Olujic (interprétation). - Est-ce que vous étiez fier de tout
20 ce que vous avez fait à Celebici à cette époque ?
21 M. Landzo (interprétation). - Fier ?
22 M. Olujic (interprétation). - Oui.
23 M. Landzo (interprétation). - Je pensais que c'était là mon
24 devoir car j'avais reçu des ordres que je devais exécuter. Est-ce que
25 j'étais fier ? Non. Je n'étais pas fier de porter cet uniforme et ce fusil
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1 car je savais que quiconque avait un fusil devait tuer. Je me sentais plus
2 en sécurité, je sentais que ma famille était plus en sécurité, je pouvais
3 les défendre, mais je ne me sentais pas fier.
4 M. Olujic (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur Landzo.
5 Je vous remercie Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges. Je
6 n'ai pas d'autres questions.
7 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.
8 Je crois que nous avons besoin de quelques minutes pour nous
9 installer.
10 Mme McMurrey (interprétation). - J'aimerais signaler une erreur
11 dans la transcription, je pense que la réponse de M. Landzo lorsqu'on lui
12 a demandé s'il était fier de porter un uniforme, il a dit qu'il était fier
13 et le transcript dit qu'il ne l'était pas. J'espère qu'on pourra corriger
14 cela.
15 M. le Président (interprétation). - Merci.
16 M. Moran (interprétation). - Je pense que nous sommes organisés
17 à présent. Bonjour, Monsieur Landzo.
18 M. Landzo (interprétation). - Bonjour.
19 M. Moran (interprétation). - J'ai parlé de témoins énormément de
20 fois, donc je vous demanderai d'écouter ma question et de répondre à la
21 question que je vous ai posée. Est-ce que vous êtes d'accord ?
22 M. Landzo (interprétation). - Oui.
23 M. Moran (interprétation). - En réalité, vous avez entendu
24 toutes les dépositions ici, n'est-ce pas ? Peut-être que vous avez manqué
25 un certain nombre de jours, mais essentiellement vous avez entendu toutes
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1 les dépositions dans ce procès, n'est-ce pas ?
2 M. Landzo (interprétation). – J'ai été présent, j'ai entendu,
3 parfois j'étais concentré, d'autres fois je ne l'étais pas, donc je n'ai
4 pu mémoriser tout ce qui a été dit.
5 M. Moran (interprétation). - Est-ce que vous avez le compte
6 rendu sur l'ordinateur portable que vous avez ici, dans le prétoire ?
7 M. Landzo (interprétation). – Oui, mais je ne peux l'utiliser
8 comme vous.
9 M. Moran (interprétation). – Mais vous avez accès à tous les
10 transcripts ? C'est la question que j'essaie de vous poser.
11 M. Landzo (interprétation). – Oui.
12 M. Moran (interprétation). - Bien. Vous ne m'aimez pas
13 énormément, n'est-ce pas ?
14 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur le Président, j'ai une
15 objection.
16 M. Moran (interprétation). - Je pense que je peux rendre cette
17 question pertinente.
18 M. le Président (interprétation). - N'essayez pas de poser vos
19 questions sur une note personnelle.
20 M. Moran (interprétation). - Bien. Il y a quelques semaines de
21 cela, nous étions en haut, un certain nombre de témoins ont déposé et vous
22 m'avez menacé, n'est-ce pas, par l'intermédiaire de votre avocat, sur le
23 contre-interrogatoire. Est-ce qu’il s'agissait d'une menace visant à
24 dénigrer mon client ou est-ce que c'était une menace de violence
25 physique ?
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1 Mme McMurrey (interprétation). – J'ai une objection. S'il parle
2 de menace, j'aimerais savoir quelles sont ces accusations. Je n'ai pas
3 connaissance de menaces faites par le truchement de l'avocat à l'intention
4 de Me Moran.
5 M. Moran (interprétation). - Nous nous trouvions devant les
6 ascenseurs à l'heure du déjeuner un jour...
7 Mme McMurrey (interprétation). - J'ai une objection. J'ignore de
8 quoi il est en train de parler.
9 M. le Président (interprétation). – Maître Moran, est-ce que
10 vous pourriez entrer au coeur du problème, je vous prie ?
11 M. Moran (interprétation). - Vous avez assisté à la déposition
12 du Dr Gripon hier, n'est-ce pas ?
13 M. Landzo (interprétation). – Oui.
14 M. Moran (interprétation). - Et vous avez entendu sa déposition.
15 C'était certainement très dur pour vous de l'entendre.
16 M. Landzo (interprétation). – Oui, je l'ai entendue. Mais cela
17 ne m'a pas posé de difficulté. Il fait son travail, vous faites votre
18 travail et moi je dis ce que je pense nécessaire.
19 M. Moran (interprétation). - Vous avez entendu le Dr Gripon,
20 vous avez entendu sa déposition. Il a dit que des personnes avec un
21 trouble de la personnalité antisociale comme vous-même...
22 Mme McMurrey (interprétation). - J'ai une objection, Monsieur le
23 Président. Il harcèle le témoin lorsqu'il dit "Des gens comme vous". Est-
24 ce qu’il a une question sur le comportement antisocial, est-ce qu’il
25 pourrait formuler sa question sans essayer d'intimider le témoin comme il
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1 est en train de le faire ?
2 M. le Président (interprétation). – Veuillez poursuivre.
3 M. Moran (interprétation). - Vous avez entendu le Dr Gripon dire
4 que vous aviez un trouble de la personnalité antisociale et que les
5 personnes atteintes mentent pour atteindre leur objectif. Vous avez
6 entendu cela. Souvent, n'est-ce pas ?
7 M. Landzo (interprétation). – Bien souvent.
8 M. le Président (interprétation). – Pas toujours.
9 M. Moran (interprétation). – C'est exact.
10 M. Jan (interprétation). – (Hors micro.)
11 M. Moran (interprétation). - Que ces personnes-là mentent
12 souvent pour atteindre leur but. Vous avez entendu cela, n'est-ce pas ?
13 M. Landzo (interprétation). – Oui, je l'ai entendu. Mais pour
14 répondre à cette question, je suis venu ici pour dire la vérité, mais si
15 cette vérité ne correspond pas bien à votre client ou à quelqu'un d'autre,
16 cela ne veut pas dire directement que je mens.
17 M. Moran (interprétation). - D'accord, c'est pour cela que nous
18 sommes ici, c'est pour arriver à la vérité. Parlons, quand même de la
19 vérité. Hier, lors de l'interrogatoire principal, vous avez déposé vis-à-
20 vis d'un appartement, un appartement vide où vous avez emménagé, puis vous
21 avez changé les serrures et puis les propriétaires étaient là et vous êtes
22 entré et vous avez tiré dans le plafond. Est-ce que vous vous souvenez de
23 ce témoignage ?
24 M. Landzo (interprétation). – Oui.
25 M. Moran (interprétation). - Est-ce qu'il s'agit là du même
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1 incident dont vous avez parlé avec le Dr Lagazzi la première fois que vous
2 lui avez parlé quand vous lui avez dit que vous avez jeté une grenade dans
3 un appartement où se trouvaient quelques femmes, ou est-ce qu'il s'agit là
4 d'un autre incident ?
5 M. Landzo (interprétation). – Je n'ai jamais dit à personne que
6 j'ai largué une grenade à main à qui que ce soit et si je l'avais fait, je
7 crois qu'il n'aurait pas survécu. Je ne sais pas ce que le Dr Lagazzi a
8 compris. J'ai dit, à lui-même et à tous les autres docteurs, que j'avais
9 tiré trois ou quatre balles dans le plafond. C'était une petite pièce,
10 Monsieur, et s'il y avait une grenade à main que j'aurais projetée,
11 d'abord je n'y aurais pas survécu moi non plus, pour ne pas parler des
12 autres. Je ne suis pas si idiot que cela pour dire des choses de ce genre.
13 Je sais très bien ce qui s'est passé et je sais ce que j'ai dit.
14 M. Moran (interprétation). – Alors si le Dr Lagazzi, dans son
15 rapport du 20 novembre 1996 qui a été présenté comme pièce à
16 conviction D61/4, dit que vous avez dit qu'on lui avait promis une maison
17 dans laquelle il devait emménager, quand il est arrivé ivre devant la
18 porte, il y avait trouvé quatre filles qui, si elles sont habitées, il
19 s'était mis en colère et il y a jeté une grenade, il a tiré la
20 mitrailleuse, légèrement blessant les trois filles qui sont parties dans
21 une autre partie de l'appartement... S'il dit que vous avez dit cela, il
22 serait erroné, n'est-ce pas ?
23 M. Landzo (interprétation). – Non, je crois que vous devez poser
24 la question à la personne qui a fait la traduction. Pas au Dr Lagazzi ou à
25 moi-même. Je sais ce que j'ai dit, probablement et certainement le
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1 Dr Lagazzi c'est ce qu'il a compris.
2 Par conséquent, la question posée était plutôt à la personne qui
3 a fait la traduction, car je suppose que le Dr Lagazzi a inscrit dans son
4 rapport ce qui lui a été traduit, or, moi, je sais ce que je lui ai dit.
5 Il faut donc demander à la personne qui a fait la traduction ce qu'elle
6 avait pu dire au docteur.
7 Je ne sais pas dire si le Dr Lagazzi est dans son droit ou pas.
8 Je sais ce que j'ai dit moi-même et j'y reste, et c'est ainsi d'ailleurs
9 que l'affaire s'est produite.
10 M. le Président (interprétation). - Je crois qu'il a déjà
11 répondu à la question.
12 M. Moran (interprétation). - Est-ce qu'il s'agit là du même
13 incident, c'est-à-dire l'incident dont vous avez parlé hier, le même
14 incident où il y avait un jeune homme dans un appartement occupé par un
15 jeune homme ?
16 C'est de cela dont vous parlez, n'est-ce pas ?
17 M. Landzo (interprétation). - Oui, c'est cela.
18 M. Moran (interprétation). - Vous avez dit hier qu'il y avait eu
19 deux incidents de violence après votre départ de Celebici, dont cet
20 incident de l'appartement, et vous avez dit qu'il y en avait eu un autre
21 avec votre frère. Après, il y a eu la pause, ce qui fait qu'il n'y a pas
22 eu de suivi à cette question.
23 Maintenant, je vais vous demander : l'incident avec votre frère,
24 est-ce qu’il s'agit là de l'incident où vous êtes entré dans le bar pour
25 prendre quelques verres et, lorsque la note est arrivée, plutôt que de
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1 payer, vous avez tiré dans le plafond ? Est-ce qu’il s'agit là de l'autre
2 incident où il y a eu de la violence ?
3 M. Landzo (interprétation). - Je n'ai jamais dit que j'ai tiré
4 parce qu'il y avait la douloureuse qui est arrivée. Je n'ai jamais dit
5 cela. J'ai dit tout simplement qu'il y avait eu un incident avec mon
6 frère.
7 Pour ce qui est de la situation dans l'auberge où j'ai dû tirer
8 à cause évidemment de la facture qu'on nous amenait, non. Je ne se suis
9 pas sûr que c'est ce que j'ai dit.
10 M. Moran (interprétation). - Alors pourquoi vous tiriez dans le
11 restaurant s'il ne s'agissait pas de la note ? Comme ça ?
12 M. Landzo (interprétation). - Pouvez-vous me donner lecture du
13 transcript du moment juste où je l'ai dit pour me rafraîchir la mémoire ?
14 Peut-être que je l'ai dit, mais je ne m'en souviens pas.
15 M. Moran (interprétation). - D'accord. Est-ce que vous vous
16 souvenez avoir dit au Dr Gripon, vous parliez d'un incident, vous êtes
17 entré dans un bar avec d'autres soldats après votre départ de Celebici,
18 quand vous avez bu et lorsque vous êtes parti, vous avez tiré dans le
19 plafond. Est-ce que vous vous souvenez avoir dit cela au Dr Gripon ?
20 M. Landzo (interprétation). - Il se peut que je l'aie dit, mais
21 je vous prie de me donner lecture du texte. Peut-être que je pourrai m'en
22 souvenir.
23 Je sais qu'à plusieurs reprises j'ai parlé avec M. Gripon au
24 sujet de tant de choses, au sujet de tout ce qui s'était passé dont je ne
25 peux plus me souvenir maintenant avec exactitude.
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1 M. le Président (interprétation). - L'incident n'a pas été
2 identifié par le témoin.
3 M. Moran (interprétation). - Est-ce que cet incident a eu lieu ?
4 M. Landzo (interprétation). - Oui, probablement, mais je ne suis
5 pas sûr. Je sais qu'il y a eu cet incident dans cet appartement, et puis
6 l'incident avec mon frère. Probablement que cela s'est produit, mais je ne
7 m'en souviens pas.
8 Pouvez-vous, pour ce qui est de l'incident auquel vous pensez.
9 M. Moran (interprétation). - Alors l'incident avec votre frère,
10 de quoi est-ce qu'il s'agissait ? Je vous demandais s'il s'agissait là de
11 l'incident avec votre frère.
12 M. Landzo (interprétation). - Non, ce n'est pas cela.
13 M. Moran (interprétation). - Il s'agissait de quel incident ?
14 L'incident avec votre frère, l'incident violent. Décrivez-le s'il vous
15 plaît.
16 M. Landzo (interprétation). - J'avais trouvé un appartement pour
17 moi. J'ai accepté mon frère et encore trois ou quatre amis qui étaient
18 avec moi dans la police militaire pour partager l'appartement, mais étant
19 donné que tout ce qui est comme objets et meubles, tout cela a été vendu,
20 après quoi le MUP, la police, était venu pour donner l'ordre d'évacuer cet
21 appartement. Après quoi, je passe dans l'appartement de mon père et une
22 fois après avoir terminé le tour de service, comme j'étais fatigué, et
23 même pendant que j'étais dans l'appartement dont je parlais, mon frère
24 était capable d'emmener toute une bande qui faisait beaucoup de vacarme,
25 agrémenté de musique, ce qui ne me permettait pas évidemment de me reposer
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1 la nuit. Une fois passé dans l'appartement de mon père, il continuait
2 d'agir de la sorte.
3 Un jour, une nuit plutôt, lorsque, de retour de mon service, je
4 voulais me coucher pour me reposer, lui avec sa bande, évidemment, étant
5 venus, et lorsque je lui ai demandé évidemment de quitter l'appartement
6 avec sa bande, il m'a poussé et moi, en réaction directe un peu impulsive,
7 sans intention aucune, tout simplement j'ai tiré quelques balles dans
8 cette pièce-là.
9 M. Moran (interprétation). - Donc il s'agit là d'un deuxième
10 incident dans un appartement. Qui vous a donné l'ordre de tirer la
11 deuxième fois ?
12 M. Landzo (interprétation). - Personne.
13 M. Moran (interprétation). - Qui vous a donné l'ordre de tirer
14 la première fois ?
15 M. Landzo (interprétation). - Personne. Je me sentais du genre à
16 voir ma vie en danger et j'ai dû réagir, mais je vous parle évidemment de
17 ce qui s'était passé pendant que j'étais dans la police militaire.
18 J'aimerais bien vous voir vous-même lorsque vous êtes dans une
19 pièce où vous avez trois jeunes gens en uniforme armés. Bien sûr que je me
20 sentais menacé et j'avais tiré tout simplement par avertissement. Il n'y
21 avait aucune mauvaise intention de ma part de les blesser, sinon je ne
22 tirerais pas dans le plafond en l'air.
23 M. Moran (interprétation). - Donc il s'agit là des deux
24 incidents violents, les seuls après votre départ de Celebici, n'est-ce
25 pas ?
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1 M. Landzo (interprétation). - Après avoir quitté Celebici ?
2 M. Moran (interprétation). - Oui.
3 M. Landzo (interprétation). - Oui, autant que je puisse m'en
4 souvenir.
5 M. Moran (interprétation). - Et l'incident dont vous avez parlé
6 avec le Dr Lagazzi où vous et vos co-soldats se sont enivrés, vous avez
7 fait pendouiller une dame à partir d'un grand bâtiment parce qu'elle ne
8 voulait pas aller avec vous. Est-ce que pour vous ce serait un acte de
9 violence ?
10 M. Landzo (interprétation). - Vous voulez dire que je la tenais
11 moi, cette dame ? Je sais que cela s'était produit, j'étais présent, mais
12 ce n'est pas moi qui l'ai tenue par les pieds, par les jambes. Non, non,
13 non. Je sais que j'ai été dans ce groupe-là, mais je ne l'ai pas tenue.
14 M. Moran (interprétation). - D'accord. Peut-être qu'il y a eu un
15 problème d'interprétation.
16 Evidemment, je ne parle pas assez le BCS, mais quand on dit
17 "you" en anglais, "vous" cela peut être une personne ou deux personnes. Si
18 on a traduit le mot "vous" au singulier, c'était une erreur parce que
19 quand j'ai dit "vous", je voulais dire "vous" comme groupe, au pluriel.
20 D'accord ? Alors, je n'ai pas dit "vous", vous-même, mais quand j'ai dit
21 "vous", je voulais dire vous et vos associés.
22 M. Jan (interprétation). - Quand vous dites co-combattants,
23 qu'est-ce que vous voulez dire ?
24 M. Moran (interprétation). - J'ai dit co-combattants parce que
25 c'est le mot qu'à utilisé le Dr Lagazzi dans son rapport à la page 17 de
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1 la pièce à conviction D61/4.
2 Pour vous, ce ne serait pas un incident violent ?
3 M. Landzo (interprétation). - Oui. Violent, mais je n'y ai pas
4 participé. Voyez-vous, pour que vous puissiez comprendre ces situations,
5 si vous le voulez, je dois d'abord expliquer de quels gens il s'agissait
6 et dans quel état ils étaient. C'est ainsi que vous pouvez comprendre
7 l'ensemble de la situation. Nous, on peut causer comme ça, mais il est
8 difficile pour quelqu'un qui vient d'un système de vie normal de
9 comprendre l'état et la situation qui régnaient in situ à cette époque-là.
10 M. Moran (interprétation). - D'accord.
11 M. Landzo (interprétation). - Parce qu'à cette époque-là, une
12 petite pierre qu'on pourrait retrouver sur la route avait plus de valeur
13 que la vie d'un homme, à cette époque-là.
14 M. Moran (interprétation). - Qui vous avait donné l'ordre de
15 commettre cet incident, c'est-à-dire de suspendre cette femme par les
16 pieds ?
17 M. Jan (interprétation). - Il a dit qu'il ne l'a pas fait lui-
18 même.
19 M. Moran (interprétation). - Et pour l'incident où il s'agit
20 d'une fille qui est venue vous chercher en disant si vous vouliez bien
21 tuer son père, elle s'est promise elle-même et sa soeur, c'est-à-dire
22 qu'elle a promis qu'elle allait se donner à vous si vous tuiez son père
23 qui était violent, et quand vous l'avez trouvé, vous n'avez fait que le
24 blesser, est-ce que, pour vous, cela constituerait un acte de violence ?
25 M. le Président (interprétation). - Est-ce qu'il se souvient de
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1 l'incident ?
2 M. Moran (interprétation). - D'abord commençons par vous
3 demander si vous vous souvenez de cet incident.
4 M. Landzo (interprétation). - Oui, je sais qu'il y avait deux
5 filles, deux jeunes filles et leur mère qui me l'a demandé, mais lorsqu'on
6 a tiré sur cette personne, il y avait dix personnes qui ont tiré, mais pas
7 moi. La question est de savoir maintenant la balle de qui l'a frappé.
8 L'ordre donné à cette époque-là, parce qu'il s'est agi de ce trajet de la
9 gare de chemin de fer vers Donje Selo où il y avait les Serbes et les
10 autres qui étaient réfugiés, or l'ordre a été donné que personne ne devait
11 se mouvoir sur ce trajet-là et que c'étaient des tirs d'avertissement qui
12 devaient être tirés.
13 M. Moran (interprétation). - Alors lorsque le Dr Lagazzi dit
14 dans son rapport, dans la dernière partie de la phrase où il écrit :
15 "Alors il l'a trouvé dans un état d'ivresse, mais n'a fait que le
16 blesser", cela veut dire qu'on a mal... qu'il s'agit-là d'une autre
17 mauvaise traduction. Est-ce exact ?
18 M. Landzo (interprétation). - Je ne sais pas si c'est une erreur
19 commise dans la traduction. Je dis ce que je pense, mais pour ce qui est
20 de l'opinion que vous me demandez, l'affaire du Dr Lagazzi, je sais à quel
21 moment cet homme a été blessé et je lui ai rendu visite à l'hôpital. Il
22 n'y a pas que moi uniquement qui avais tiré. Mais c'était un ordre donné.
23 Personne n'avait le droit d'emprunter cette route-là, que ce soit Serbes
24 ou Musulmans, parce que ce jour-là, il y avait beaucoup de blessés étant
25 donné la situation. Il est vrai que sur la ligne, il y avait des gens en
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1 ébriété.
2 M. Moran (interprétation). - Donc cet incident rentrait
3 justement dans le cadre du devoir ?
4 M. Landzo (interprétation). - Pour que vous puissiez comprendre,
5 vous devez poser la question à ces jeunes filles. Ce que je leur avais dit
6 à cette époque-là, je leur avais dit que je n'avais pas voulu le faire. Si
7 j'avais voulu le faire, j'aurais pu le faire en ville même. Je n'avais
8 jamais eu l'intention de tirer directement sur lui. Nous n'avons eu qu'à
9 exécuter l'ordre, à savoir arrêter la circulation des gens. Et il y a eu
10 pas mal de gens qui ont été blessés à cette époque-là, tant pour ce qui
11 est des gens qui passaient par là que parmi les membres du HVO qui ont
12 tiré dessus.
13 M. Moran (interprétation). - Alors, Monsieur Landzo, cet
14 incident faisait partie ou rentrait dans le cadre de vos obligations
15 militaires. Est-ce que c'est bien ce que vous avez dit ?
16 M. Landzo (interprétation). - Oui, j'étais sur la ligne de
17 front.
18 M. Moran (interprétation). - D'accord. Est-ce que vous vous
19 souvenez d'un incident, Monsieur, où vous avez trouvé quelques co-
20 combattants, et vous avez trouvé un Serbe qui avait reçu comme cadeau des
21 cigarettes d'un boucher, et ils se disputaient entre eux pour savoir qui
22 pourrait avoir ces cigarettes ? Est-ce que vous vous souvenez de cet
23 incident ?
24 M. Landzo (interprétation). - Et où cela s'était produit ?
25 Mme McMurrey (interprétation). - Je soulève une objection. Il
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1 induit en erreur le témoin. Il parle d'un incident qui a eu lieu à
2 Celebici, et il parle des violences qui ont eu lieu après Celebici. Je
3 voudrais qu'on établisse ici un cadre temporel.
4 M. Moran (interprétation). - Je vais vous dire ce que dit le
5 Dr Lagazzi. Cela se trouve à la page 18 de la pièce à conviction D61/4. Je
6 vais vous lire la phrase et, si vous voulez, je peux vous la faire
7 montrer. Le Dr Lagazzi dit :"A titre d'exemple, il a décrit un épisode où
8 il a participé. Quelques-uns de ces combattants avaient trouvé un Serbe
9 qui avait reçu un paquet de cigarettes comme cadeau d'un boucher riche.
10 Ils se sont disputés entre eux, en le battant, afin de savoir qui allait
11 avoir ces cigarettes".
12 Esad a essayé d'apaiser ses collègues en divisant les cigarettes
13 et il est parti. Par la suite, il est revenu. Il a commencé à tabasser cet
14 homme sans qu'il y ait de raison mais il n'a ni blessé gravement ni tué".
15 Alors recommençons, est-ce que c'était avant ou après Celebici
16 ou est-ce que vous ne vous souvenez pas du tout de cet incident ?
17 M. Landzo (interprétation). - Que j'avais distribué des
18 cigarettes à mes collègues ? Je ne l'ai jamais fait parce que d'abord je
19 ne fumais pas et je ne peux pas vraiment me souvenir d'un épisode du
20 genre.
21 M. Moran (interprétation). - D'accord. Alors ou il y a oui-dire
22 ou il y a un problème au niveau du rapport du Dr Lagazzi.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Je soulève une objection. Il
24 fait dire au témoin ce qu'il veut dire que le témoin dise.
25 M. Moran (interprétation). - Je crois qu'il s'agit ici du
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1 contre-interrogatoire et j’ai le droit de poser des questions
2 tendancieuses.
3 M. Jan (interprétation). - Madame McMurrey dit qu'il s'agit
4 effectivement de questions tendancieuses.
5 M. le Président (interprétation). - Nous allons maintenant
6 prendre une pause.
7 (Suspendue à 11 h 30, l'audience est reprise à 12 h 05.)
8 Mme la Greffière (interprétation). - Je vous rappelle, Monsieur,
9 que vous êtes toujours sous serment.
10 M. Landzo (interprétation). - Oui.
11 M. le Président (interprétation). - Allez-y.
12 M. Moran (interprétation). - Je vous remercie.
13 Monsieur Landzo, pendant la pause que nous venons d'avoir et
14 pendant les pauses d'hier, est-ce que vous avez discuté de votre
15 témoignage avec quiconque ?
16 M. Landzo (interprétation). - J'en ai parlé avec mon avocat.
17 M. Moran (interprétation). - Ma question était la suivante :
18 est-ce que vous avez discuté de votre témoignage avec quiconque ?
19 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce qu'il s'agit d'une
20 question portant sur la violation du lien confidentiel entre le Conseil et
21 son client ?
22 M. le Président (interprétation). - Il pose une question
23 simple : est-ce qu’il a discuté avec quelconque ?
24 Mme McMurrey (interprétation). - S'il en a parlé avec son
25 avocat, il s'agit d'une information confidentielle et il a le droit de le
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1 faire.
2 M. le Président (interprétation). - Je crois que cela sera
3 compréhensible, veuillez laisser M. Moran poser sa question.
4 M. Moran (interprétation). - Ma question est : est-ce que vous
5 avez discuté de votre témoignage avec quiconque, oui ou non ?
6 M. Landzo (interprétation). - Oui, avec mon avocat.
7 M. Moran (interprétation). - Très bien merci. A présent vous
8 avez répondu à ma question. Je poursuis et je passe à un autre point.
9 Monsieur Landzo, j'aimerais vous rappeler la déposition de
10 M. Gripon portant sur les buts, les objectifs. Quel est votre but, ici, en
11 déposant, en témoignant ?
12 M. Landzo (interprétation). - C'est de revenir à un état où je
13 me considère comme un être humain. A vous dire la vérité, je suis venu ici
14 pour dire la vérité car je veux devenir, être un homme. Et si vous parlez
15 du but de sortir de prison, je n'y tiens pas absolument. Je souhaite être
16 puni pour ce que j'ai fait, mais pas pour ce que je n'ai pas fait. Je n'ai
17 pas peur de la sentence.
18 M. Moran (interprétation). - En fait, vous vous attendez à être
19 emprisonné en Europe occidentale ou aux Etats-Unis, surtout aux Etats-
20 Unis ?
21 Mme McMurrey (interprétation). - J'ai une objection. Cela est
22 tout à fait non pertinent à ce stade de la procédure.
23 M. Moran (interprétation). - Je crois que cela a trait à l'état
24 d'esprit de l'accusé.
25 M. le Président (interprétation). - Posez-lui votre question.
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1 M. Moran (interprétation). - Vous souhaitez purger une peine en
2 Europe occidentale ou aux Etats-Unis, surtout aux Etats-Unis. Est-ce que
3 c'est exact ?
4 M. Landzo (interprétation). - J’envisage la possibilité, si déjà
5 je dois purger une peine et aller en prison, j'essaie de voir les
6 possibilités pour m'instruire. J'aimerais donc qu'il s'agisse d'un pays où
7 on me permette que ma période, passée en détention, pourra m'apprendre
8 quelque chose qui me sera utile pour l'avenir, pour que j'aie quelque
9 chose à la sortie de prison. Qu'il s'agisse de l'Europe occidentale ou des
10 Etats-Unis d'Amérique, cela n'a que peu d'importance s'il s'agit d'un pays
11 qui m'offre cette possibilité, si une telle possibilité existe. Je
12 souhaite tout ce qu'il y a de meilleur pour moi, pour l'avenir. Je ne veux
13 pas me retrouver comme avant, sans rien.
14 M. Moran (interprétation). - Et après votre sentence, quelle
15 qu'elle soit, vous pensez continuer à résider aux Etats-Unis. C'est
16 exact ?
17 M. Landzo (interprétation). - Je n'ai jamais dit une telle
18 chose. J'ai réfléchi au fait que j'aimerais y vivre car c'est un grand
19 pays qui offre de nombreuses possibilités, les personnes ne me connaissent
20 pas, je pourrais recommencer une nouvelle vie. Les Etats-Unis, le Canada,
21 ces pays-là sont éloignés de l'Europe et surtout de la Bosnie. Je ne
22 souhaite pas revenir au passé, et si c'est là une faute, alors j'en suis
23 coupable.
24 M. Moran (interprétation). - Cette idée de déménager aux Etats-
25 Unis et de devenir un citoyen américain vous est venue de vous-même...
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1 M. le Président (interprétation). - De quoi s'agit-il ?
2 M. Moran (interprétation). - J'aimerais poser une question et
3 mettre un point d'interrogation à la fin de cette phrase.
4 M. le Président (interprétation). - Très bien.
5 M. Moran (interprétation). - Est-ce que cette idée de vous
6 installer aux Etats-Unis vous est venue de vous-même ?
7 M. Jan (interprétation). - (Hors micro.)
8 M. Moran (interprétation). - Ou au Canada. Est-ce que cette idée
9 vous est venue de vous-même ?
10 M. Landzo (interprétation). - J'ai parlé avec mon avocat des
11 possibilités. J'ai examiné les possibilités aux Etats-Unis quant au fait
12 de purger la peine ainsi qu'au Canada, en Suède. J'ai donc réfléchi à la
13 chose et je me suis dit que les Etats-Unis d'Amérique étaient peut-être
14 préférables car les possibilités de recommencer une nouvelle vie étaient
15 plus importantes. Cela ne signifie pas que je le souhaite.
16 M. le Président (interprétation). - Est-ce qu'il serait adapté,
17 il serait peut-être bon d'être dans un nouvel environnement, une nouvelle
18 société ?
19 M. Moran (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.
20 M. Moran (interprétation). - Ce matin, Monsieur Landzo, vous
21 avez parlé de Me Brackovic et, selon mes notes, la défense qu'il vous a
22 offerte n'était ni la meilleure ni la pire possible et vous avez dit qu'il
23 n'a pas répondu à votre attente, à votre requête. Est-ce qu’il s'agissait
24 du fait de vous verser de l'argent ?
25 Mme McMurrey (interprétation). - J'ai une objection. Cela n'est
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1 pas pertinent.
2 M. Moran (interprétation). - Compte tenu de certaines
3 déclarations qui ont été faites hier et de cette déclaration ce matin, je
4 crois que dans cette mesure, il a peut-être renoncé au privilège
5 client/avocat. Et hier, je crois me souvenir avoir fait une intervention
6 lorsqu'il a accusé Me Brackovic. Je lui ai dit que peut-être il était allé
7 trop loin vis-à-vis de la confidentialité et des privilèges avec
8 Me Brackovic.
9 M. le Président (interprétation). - Je crois qu'il a déposé de
10 manière relativement claire sur ces rapports avec Me Brackovic et la
11 raison pour laquelle il l'a renvoyé. C'était clair.
12 M. Moran (interprétation). - Mais la question que je voulais
13 poser était la suivante : est-ce qu’il s'agissait du fait que Me Brackovic
14 n'a pas donné suite à une requête de sa part ? Il en a parlé ce matin au
15 départ.
16 M. Landzo (interprétation). - Il y avait deux raisons à cela,
17 pas une. Si vous vous souvenez bien de ma déclaration, j'ai invoqué deux
18 raisons et non pas une raison.
19 M. Moran (interprétation). - Oui, l'une des raisons de votre
20 déposition d'hier est la suivante : vous avez constaté que Me Brackovic
21 avait des difficultés avec Me McMurrey. Il s'agit des lignes 18 à 23 de la
22 page 15110 du transcript.
23 Par ailleurs, vous avez dit qu'il ne vous verserait pas
24 d'argent, car cela était contraire à l'éthique.
25 Ce matin, vous avez dit qu'il n'était ni le meilleur défenseur
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1 ni le pire défenseur et qu'il n'avait pas donné suite à une de vos
2 requêtes. Ce que je vous demande, c'est quelle est cette requête à
3 laquelle il n'a pas donné suite. Est-ce qu’il s'agit du fait qu'il a
4 refusé de vous verser de l'argent ? C'est une question relativement
5 simple.
6 M. Landzo (interprétation). - Ce n'est pas là la seule raison.
7 Je vous énumérerai d'autres raisons.
8 Dès le départ, je lui ai demandé de pouvoir dire la vérité et il
9 m'a dit : "Non, ce n'est pas dans l'intérêt du pays que la vérité éclate",
10 si vous voulez savoir. Et moi, je ne voulais pas me taire, car je ne
11 voulais pas...
12 Mme McMurrey (interprétation). - J'ai une objection, Monsieur le
13 Président. Maître Moran va peut-être parler du fait que la confidentialité
14 entre Me Brackovic et M. Landzo n'a pas été respectée.
15 M. le Président (interprétation). - Est-ce que cela ressort de
16 sa déposition d'hier ?
17 M. Moran (interprétation). - La citation exacte de la page 15110
18 est la suivante...
19 M. le Président (interprétation). - Cela fait-il partie de votre
20 déposition hier ? Vous étiez là hier et lorsqu'il a déposé vous l'avez
21 entendu.
22 M. Moran (interprétation). - Aux pages 15116 et 15117, à partir
23 de la ligne 17, le compte rendu montre que je suis intervenu et que je
24 vous ai demandé de m'excuser car, à une date ultérieure, nous allions
25 peut-être voir que cet accusé a dérogé à la confidentialité avec son
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1 conseil, Me Brackovic, et peut-être que Me Brackovic sera cité comme
2 témoin et je pense qu'il faudrait informer l'accusé qu'il est allé un peu
3 loin dans l'optique de la confidentialité.
4 A ce moment-là, le Président est intervenu. Il a dit : "Oui,
5 c'est exact, je pense que Me Brackovic n'est pas représenté ici et les
6 accusations contre lui doivent pouvoir être défendues par lui. Il doit
7 pouvoir défendre ses intérêts". Je pense que cela n'est une surprise pour
8 personne aujourd'hui.
9 M. le Président (interprétation). - Je crois que le conseil
10 était présent lorsque cette accusation a été proférée et je pense qu'elle
11 aurait dû avoir réfuté cette accusation ?
12 M. Moran (interprétation). - Dans la juridiction que je connais,
13 Monsieur le Président, ce privilège et ce caractère confidentiel sont
14 vrais dans la mesure où le client accuse son avocat de mauvaise conduite.
15 M. le Président (interprétation). - En fait, vous ne parlez pas
16 de...
17 M. Moran (interprétation). - Ce privilège appartient à M. Landzo
18 et non pas à ses avocats. Essayons une fois de plus, Monsieur Landzo.
19 La question était la suivante. Ce matin, vous avez dit qu'il
20 n'avait pas satisfait votre demande et la question que je vous ai posée
21 était la suivante : est-ce qu'il s'agissait là du fait qu'il a refusé de
22 vous verser de l'argent ? Et cette question, je vous demande d'y répondre
23 par oui ou par non.
24 M. le Président (interprétation). - Je pense qu'il a dit qu'il
25 n'y avait pas seulement cette raison, il y en avait d'autres. Il a essayé
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1 d'énumérer les griefs qu'il avait vis-à-vis de son conseil et il a
2 commencé à le faire. Je pense qu'il pourrait être en mesure d'énumérer les
3 autres raisons.
4 M. Moran (interprétation). - Quelles sont les autres raisons.
5 M. Jan (interprétation). - (Hors micro.).
6 M. Moran (interprétation). - Il s'agit-là des deux demandes.
7 M. Landzo (interprétation). - J'aimerais apporter un
8 éclaircissement. Apparemment quelque chose n'est pas clair ici. Oui, pour
9 ce qui est d'une aide financière, je n'étais pas dans une position assez
10 forte pour le renvoyer pour une raison, mais M. Delic m'a donné des
11 conseils et il m'a parlé du fait que son avocat aidait sa famille et, bien
12 sûr, je m'attendais à recevoir une aide financière de la part de cet
13 avocat. Il venait me rendre visite, il me disait qu'il était allé au
14 casino la veille et qu'il avait dépensé tant d'argent. Ma famille n'avait
15 pas de quoi manger, et il était normal que j'attende une aide financière
16 de sa part. Je ne lui ai pas donné des ordres, mais je lui ai posé une
17 question.
18 Je n'étais pas suffisamment fort pour le faire tant qu'une autre
19 personne, tous les jours, à l'occasion de nos promenades ne me donne des
20 conseils sur ce que je devais faire.
21 M. Moran (interprétation). - Parlons de cette aide financière.
22 Vous venez de soulever le problème, parlons-en. Cette aide financière est
23 une aide fournie par le parti du SDA. Est-ce exact ?
24 M. Landzo (interprétation). - Autant que je sache, oui.
25 M. Moran (interprétation). - Et en fait, cette aide financière a
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1 été également versée à votre famille, 200 marks allemands par mois, par le
2 SDA, pour venir en aide à votre famille jusqu'au mois de janvier de cette
3 année.
4 M. Landzo (interprétation). - Non, pas régulièrement. Vous devez
5 me poser la question : pourquoi il me donnait cet argent ? Il ne me
6 donnait pas cet argent parce qu'il m'aimait.
7 M. Moran (interprétation). - Est-ce que le SDA vous a demandé de
8 faire quelque chose ? Est-ce qu'une lettre d'Izetbegovic vous a demandé de
9 faire telle ou telle chose ?
10 M. Landzo (interprétation). - Pas directement, par le truchement
11 de mon avocat. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de n'avoir aucun
12 avocat de l'ex-Yougoslavie, car selon moi, il s'agit d'autres facteurs
13 dont je ne souhaite pas parler, car je n'ai pas de preuves. Il s'agit
14 d'autres éléments que je ne souhaite pas aborder ici.
15 M. Moran (interprétation). - Très bien.
16 M. Landzo (interprétation). - Pas tous, bien sûr, mais certains.
17 M. Moran (interprétation). - Bien. Vous ne devez pas en parler
18 si vous ne le souhaitez pas, je respecte cette décision.
19 Parlons maintenant de votre déposition hier. Tout d'abord,
20 j'aimerais revenir sur l'épisode où vous vous êtes coupé la main. Est-ce
21 que vous vous en souvenez ? Est-ce que vous vous souvenez avoir déposé là-
22 dessus ?
23 M. Landzo (interprétation). - Oui.
24 M. Moran (interprétation). - Et vous vous souvenez bien sûr de
25 cet incident, car vous avez déposé dessus ?
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1 M. Landzo (interprétation). - Oui, je m'en souviens. Peut-être
2 pas dans tous les détails, mais je m'en souviens.
3 M. Moran (interprétation). - Oui, très bien. Et vous avez saisi
4 ce couteau, de colère, parce que vous accusiez votre père du fait que vous
5 ne pouviez fréquenter l'école artistique, n'est-ce pas ?
6 M. Landzo (interprétation). - Non. Ce n'est pas exact. Non. A ce
7 moment-là, il n'était absolument pas question de cette école d'arts
8 plastiques. Au moment où il y a eu un malentendu.
9 M. Moran (interprétation). - Très bien.
10 Vous l'avez attrapé. Est-ce qu'à ce moment-là vous étiez en
11 colère ? Est-ce qu'on peut le dire raisonnablement ?
12 M. Landzo (interprétation). - Tout adolescent traverse une
13 période de puberté, et tout le dérange si ce n'est pas la manière dont il
14 voit les choses. C'est normal. Enfin, ce n'est pas normal de réagir de
15 cette manière-là, mais c'était une époque de développement de ma personne
16 et pour des petits détails, je me mettais en colère, même si par la suite
17 j'ai compris que rien ne justifiait d'agir de la sorte à ce moment-là.
18 M. Moran (interprétation). - Est-ce qu'hier vous vous souvenez
19 avoir dit... Enfin, pas hier, mais le jour d'avant, est-ce que vous vous
20 souvenez avoir parlé de cet incident et avoir dit que vous ne saviez pas
21 pourquoi vous aviez commencé à vous disputer avec votre père. "C'était
22 en 1991, lorsque je ne pouvais aller à l'école artistique, et étant donné
23 que j'étais dans l'impossibilité de suivre les cours dans cette école,
24 j'ai rejeté la responsabilité de tout cela sur mon père, et à ce moment-
25 là, nous nous sommes disputés et je me suis énervé, j'ai attrapé quelque
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1 chose que j'ai trouvé dans le placard, un couteau. Je ne sais pas pourquoi
2 j'ai attrapé ce couteau. J'ai frappé ce placard et je me suis coupé le
3 quatrième et le cinquième doigts".
4 Est-ce que vous vous en souvenez ? Je devrais peut-être vous
5 montrer le transcript ?
6 M. Landzo (interprétation). - Je n'ai pas frappé plusieurs fois
7 mais une fois. Je rejetais la faute sur mon père sans raison. Mais la
8 raison pour moi était, tout, après le moment où je n'ai pas pu m'inscrire
9 à cette école d'arts plastiques. Pour tout ce qui se passait à l'époque,
10 s'il ne m'autorisait pas quelque chose à l'école, je l'en tenais toujours
11 pour responsable, et lorsque nous commencions à nous expliquer, je lui
12 reprochais toujours cela. Le sujet de notre dispute à ce moment-là n'était
13 pas l'école d'arts plastiques. Je le tenais pour coupable de tout à
14 l'époque.
15 Car, je pensais qu'il ne pouvait me donner de bonnes conditions.
16 M. Moran (interprétation). - Lorsque vous avez parlé de l'école
17 d'arts plastiques, vous vous êtes concentré là-dessus, mais il y avait
18 d'autres raisons qui faisaient que vous en vouliez à votre père. Est-ce
19 que c'est ce que vous avez dit ?
20 M. Landzo (interprétation). – Je crois que vous ne m'avez pas
21 bien compris. Pour tout, quel que soit... Enfin, à partir du moment où mon
22 père n'était pas en mesure de me payer la scolarité dans cette école, tout
23 ce qui s'est produit, tout ce qui était lié à l'école, à mon avenir, pour
24 tout cela, je rejetais la faute pour mon père, sans raison. J'estimais
25 qu'il était coupable de ne pas m'avoir donné la possibilité de faire cela.
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1 Ce n'était pas forcément l'école d'arts plastiques qui était en cause.
2 C'était peut-être l'école à Konjic, mais toujours j'estimais qu'il en
3 était coupable.
4 M. Moran (interprétation). - Bien, très bien. Mais à quel moment
5 a eu lieu cet incident où vous vous êtes coupé la main ? Est-ce que vous
6 vous souvenez du mois, de l'année ? C'était en 1991, cela vous le savez,
7 mais quel mois était-ce ?
8 M. Landzo (interprétation). – Je crois que c'était le mois
9 de février, si mes souvenirs sont bons.
10 M. Moran (interprétation). - Et vous avez subi une intervention
11 chirurgicale suite à cela, n'est-ce pas ?
12 M. Landzo (interprétation). – Le lendemain. Le lendemain, après
13 la blessure.
14 M. Moran (interprétation). - Est-ce qu'on vous a mis la main
15 dans le plâtre ?
16 M. Landzo (interprétation). – Oui, après l'intervention, je
17 crois que j'ai porté un plâtre pendant un mois environ.
18 M. Moran (interprétation). - Et après qu'on vous a enlevé le
19 plâtre, est-ce qu'on vous a mis des fils sur la main, sur le bras ? Est-ce
20 que vous vous souvenez de cette déposition ? On vous a fait passer un fil
21 le long du quatrième et du cinquième doigt. Quand cela s’est-il passé ?
22 M. Landzo (interprétation). – Il l'a fait immédiatement après
23 l'opération. A l'intérieur de la peau, il a fait passer un fil et il a mis
24 un élastique, ce qui faisait que je pouvais faire des exercices, mais le
25 problème, c'est qu'il y avait un espace entre le plâtre et la main et par
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1 conséquent, mes exercices n'avaient pas d'effet.
2 M. Moran (interprétation). - Et quand vous a-t-on enlevé tout
3 cela ? Est-ce que c'était le mois de mars 1991 ?
4 M. Landzo (interprétation). – Je ne sais pas exactement. Je sais
5 que cela a duré un mois ou deux. En tout cas, j'ai eu un plâtre pendant un
6 mois. A ce moment-là, on m'a enlevé le plâtre et j'ai terminé cette école,
7 même si j'ai beaucoup manqué l'école. Je ne pouvais pas écrire, je ne
8 pouvais faire aucun type d'exercices. Donc, à la fin de l'année, j'ai dû
9 repasser tout.
10 M. Moran (interprétation). - Bien. Est-ce que les fils, etc.,
11 est-ce que tout cela a été enlevé, au moment où on vous a enlevé le
12 plâtre ? Est-ce que c'est exact ?
13 M. Landzo (interprétation). – Oui.
14 M. Moran (interprétation). – Et à ce moment-là, étant donné que
15 vous ne pouviez plus aller à l'école vous avez dû repasser tous les
16 examens de l'école secondaire, à la fin de l'année scolaire. Est-ce que
17 c'est exact ? Est-ce que j'ai bien compris ce que vous avez dit ?
18 M. Landzo (interprétation). – Non, c'était vers la fin de ma
19 scolarité, vers la fin de l'école. Enfin, j'ai terminé l'école dans les
20 temps.
21 M. Moran (interprétation). - Quand terminez-vous l'école
22 secondaire à Konjic ? Aux Etats-Unis, c'est autour du 30 mai. Je sais, car
23 j'ai assisté pour mes filles. Est-ce que vous vous souvenez quel mois de
24 l'année cela se passait ?
25 M. Landzo (interprétation). – Je ne sais pas.
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1 M. Moran (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez si
2 c'était le mois d'avril, le mois de mai, le mois de juin, le mois
3 de juillet ?
4 M. Landzo (interprétation). – Si vous pouviez me montrer un
5 papier, un document, quelque chose, je pourrais vous le confirmer. Mais
6 comme cela, tout seul, je n'arrive pas à m'en souvenir. Je sais que
7 c'était en 1991, mais quel mois, je l'ignore.
8 M. Moran (interprétation). – Donc, vous n'en savez rien ?
9 M. Landzo (interprétation). – Non, je ne sais pas.
10 M. Moran (interprétation). - Parlons d'autre chose. Il s'agit
11 peut-être d'une erreur de traduction et s'il s'agit d'une erreur de
12 traduction, je pense que nous devons le signaler à tout le monde. Avant-
13 hier, nous avons parlé du fait de rejoindre les rangs de la Défense
14 territoriale, n'est-ce pas ?
15 M. Landzo (interprétation). – Oui.
16 M. Moran (interprétation). - Et page 15024 du transcript, lignes
17 24, 25, puis la ligne n° 1 de la page suivante, le transcript dit que
18 "Miro m'a dit de rejoindre les rangs de la Défense territoriale, la TO,
19 dont le quartier général se trouvait au ministère de l'intérieur.". Et à
20 ce moment-là, quelques pages plus loin, page 15026, lignes 9 à 13, vous
21 parlez du fait que Miro a insisté pour que vous restiez avec lui et ne
22 rejoigniez pas les rangs de l'armée. Il a dit vous étiez trop jeune, que
23 la guerre n'était pas pour vous, que la guerre n'était pas une chose
24 pertinente pour quiconque de raisonnable.
25 Alors laquelle de ces deux versions est exacte ?
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1 M. Landzo (interprétation). - Je vais vous expliquer de quoi il
2 s'agit.
3 M. Moran (interprétation). - Peut-être que vous pourriez
4 commencer par nous dire laquelle des deux versions est exacte et voir s'il
5 y a une erreur de traduction ?
6 M. le Président (interprétation). - Le Conseil n'essaie pas de
7 vous rejeter la faute pour ce que vous avez dit. Il s'agit simplement de
8 comparer deux versions.
9 M. Landzo (interprétation). - Les deux sont exactes, mais ce que
10 j'ai oublié, c'est d'expliquer la première version. Je peux vous
11 l'expliquer maintenant si vous me le permettez, peut-être que vous
12 comprendriez de manière plus claire.
13 M. Moran (interprétation). - Oui, très bien. Pourquoi
14 n'expliquez-vous pas d'abord la version n° 1 et passer ensuite à la
15 version n° 2.
16 M. le Président (interprétation). - Peut-être qu'il peut traiter
17 les deux ensemble ?
18 M. Landzo (interprétation). - Au début... Je ne me souviens plus
19 exactement de quelle période il s'agissait. Moi-même et Cipeta, nous avons
20 insisté auprès de Miro et nous lui demandions tous les jours de nous
21 envoyer dans la TO.
22 Il a refusé cela et moi, je lui posais la question dix fois par
23 jour. Il avait un fusil, un fusil automatique qu'il avait reçu du MUP et
24 il le tenait chez lui, dans sa pièce. Mais, nous ne pouvions pas porter
25 cela tout simplement, car nous n'étions pas membres de la TO. Etant donné
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1 que nous avons insisté auprès de lui, il avait un ami dans le MUP, non
2 dans la TO, qui était à la tête d'une unité, à l'époque et il m'a dit :
3 "Va t'inscrire auprès de lui".
4 J'y suis allé, j'ai trouvé cette personne et il m'a dit : "Mais
5 qu'est-ce que tu fais là morveux ?" et il m'a renvoyé chez moi. A ce
6 moment-là, quand je suis rentré, Miro rigolait. Il m'a demandé : "Alors,
7 on t'a accepté ?" et ma conclusion était qu'il souhaitait tout simplement
8 répondre à notre souhait. Peut-être qu'il avait appelé l'autre personne en
9 lui demandant de ne pas nous accepter, parce que dix ou quinze fois par
10 jour, nous lui demandions pourquoi nous ne pouvions pas rejoindre les
11 rangs.
12 M. Moran (interprétation). - Donc Miro plaisantait simplement
13 lorsqu'il vous a dit d'aller rejoindre les rangs de la TO la première
14 fois ?
15 M. Landzo (interprétation). - Il souhaitait répondre à notre
16 souhait, il souhaitait nous rendre service, mais les choses se sont
17 terminées de cette manière.
18 M. Moran (interprétation). - Très bien. Et Miro a oublié cela au
19 moment où il a déposé ?
20 M. Landzo (interprétation). - Personne ne lui a posé la
21 question, autant que je m'en souvienne. Si vous lui aviez posé la
22 question, je pense qu'il vous l'aurait dit sans aucun doute.
23 M. Moran (interprétation). - Je pense qu'il l'aurait fait.
24 Tant que nous sommes sur Miro, Miro a dit que vous déchargiez
25 des camions de 20 tonnes, que vous souleviez des postes de télévision et
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1 d'autres objets, et dans votre déposition, que je suis en train de
2 rechercher maintenant, si vous souhaitez que je la retrouve, je vais la
3 rechercher, mais autant que mes souvenirs sont bons, vous avez dit que
4 vous déplaciez des caisses, des cartons, il y avait parfois des camions
5 plus petits, si vous aviez besoin d'aide, quelqu'un serait engagé, on
6 engagerait d'autres personnes. Est-ce que vous vous souvenez avoir dit
7 quelque chose de cet ordre ?
8 M. Landzo (interprétation). - Oui, j'ai été embauché pour
9 décharger les camions. Et puis après, lors du déchargement, il y avait
10 plusieurs opérations. Le camion s'arrêtait devant la boutique, le magasin.
11 Une ou deux personnes qui étaient montées dessus pour nous passer les
12 caisses et les affaires. Les autres personnes qui étaient évidemment à
13 côté du camion devaient porter les affaires vers les entrepôts. Et puis
14 dans l'entrepôt même, d'autres personnes étaient embauchées pour bien
15 organiser l'entreposage. Et toujours lors du déchargement de poids lourds
16 plus grands, nous avons toujours eu recours à des gens que nous
17 connaissions bien et qui ont été payés d'ailleurs. Nous n'étions pas
18 seuls. Evidemment, s'il y avait peu de caisses ou peu de choses à
19 décharger, nous étions tout seuls.
20 M. Moran (interprétation). - Et Miro oubliait le fait qu'il
21 avait embauché tous ces gens quand vous déchargiez tous ces camions ou
22 peut-être que personne ne lui a jamais posé la question, n'est-ce pas ?
23 M. Landzo (interprétation). - Monsieur, je crois que c'est à lui
24 que vous deviez poser la question. Probablement, quelqu'un lui a posé la
25 question. Je vous dis comment les choses se sont passées. C'est à vous de
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1 poser les questions auprès de ce Monsieur pour vous en assurer. C'est lui
2 qui donnait de l'argent, c'est lui qui payait les personnes embauchées. Je
3 peux vous donner l'exemple de Esad Boubalo* qui a été abattu plus tard.
4 Lui venait à plusieurs reprises me donner un coup de main lors du
5 déchargement et c'est Miro qui payait ces gens-là. Ce n'est pas notre
6 affaire à nous pour ce qui est du paiement. C'est avec Miro que vous devez
7 vérifier.
8 M. Moran (interprétation). - D'accord. Je suppose que cela a été
9 très difficile de décharger ces camions avec les mains. Est-ce que c'était
10 difficile ? Difficile de décharger des objets comme des postes de
11 télévision dont a parlé Miro ?
12 M. Landzo (interprétation). - Je déchargeais tout ce que l'on me
13 demandait, mais le problème c'est que moi j'étais sur le camion. Je ne
14 portais pas ces objets, donc je prenais la caisse et je la mettais tout
15 simplement sur le bord du camion ou bien sur le fond même de la voiture.
16 Ensuite, je ne les portais certainement pas pour monter et grimper les
17 escaliers avec. C'est Cipeta qui venait nous aider à la fin et Miro devait
18 tout savoir.
19 M. Moran (interprétation). – Donc, vous ne faisiez que soulever
20 les objets du camion et puis les reposer par terre, n'est-ce pas ?
21 M. Landzo (interprétation). – Pour ce qui est de la largeur du
22 poids lourd, il n'y avait que peut-être un mètre à faire, un pas ou deux à
23 faire avec cet objet-là pour, évidemment, permettre à ce que l'autre s'en
24 charge. Pendant tout ce temps-là, j'étais à bord du camion parce que je ne
25 pouvais justement m'occuper du chargement et enfin de porter, surtout je
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1 ne pouvais surtout pas porter ces poids lourds.
2 M. Moran (interprétation). - Je suppose que c'était assez
3 difficile le fait que vous souffriez de l'asthme, de problèmes des mains,
4 le moment où vous avez transporté tout ce bois chez le père de Miro,
5 n'est-ce pas ?
6 M. Landzo (interprétation). – Pour ce qui est du bois, comment
7 dirais-je ? Il s'agit de déchets. Ce sont des déchets d'une entreprise,
8 d'une firme. Je ne sais pas comment expliquer. Ce sont les déchets lors du
9 sciage de troncs d'arbres. Ces déchets étant donc déchargés devant les
10 caves des gens et on pouvait le faire, c'était très facile, avec une main.
11 Parce que le père de cette jeune fille d'ailleurs, pardon, le père de Miro
12 a utilisé pour chauffer.
13 M. Moran (interprétation). - Quand je pense à votre santé, je me
14 souviens qu'il y avait un médecin irlandais qui a dit que vous étiez
15 allergique à la poussière. Non, je reformule. Que vous aviez des allergies
16 vis-à-vis de la poussière... N'est-ce pas ?
17 M. Landzo (interprétation). – Oui. A la poussière, plumage et
18 tout cela.
19 M. Moran (interprétation). - ...Qui provoque chez vous une
20 réaction asthmatique, n'est-ce pas, des crises d'asthme ?
21 M. Landzo (interprétation). – Oui, j'ai eu des problèmes de
22 respiration. Enfin, la respiration était devenue difficile. Ce n'est pas
23 une crise où je ne devais plus pouvoir bouger. Tout simplement, la
24 respiration devenue difficile pendant un jour ou deux et si évidemment on
25 ne coupe pas l'attaque, alors là on s'enlise dans une phase plus grave.
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1 M. Moran (interprétation). - D'accord. Je passe à un autre
2 sujet, Monsieur. Vous avez témoigné, si je me souviens bien, en disant que
3 lorsque vous avez été pour la première fois au camp de Celebici, il y
4 avait un poste de garde, dans ce que vous appeliez... Il y avait une
5 espèce de trou creusé dans la terre qui se trouvait devant le hangar n° 6,
6 mais qui ne se trouve pas sur la maquette. Est-ce que vous vous souvenez
7 de cette déposition ?
8 M. Landzo (interprétation). – Oui.
9 M. Moran (interprétation). - Et vous aviez aussi une
10 mitrailleuse. C'était pour protéger le devant du hangar n° 6 et empêcher
11 que les gens entrent illégalement dans le camp pour faire du mal aux
12 détenus. N'est-ce pas que vous avez dit cela ?
13 Je cherche cela, je pense que c'est ce que vous avez dit.
14 M. Landzo (interprétation). – Ce n'est pas une mitraillette à
15 moi. C'était une mitraillette qui se trouvait là, que je posais sur table
16 et lorsque venait mon tour de garde, je devais la prendre. C'était tout.
17 Ce n'était pas une mitraillette qui m'appartenait.
18 M. Moran (interprétation). - Je comprends bien qu'elle était là
19 au poste de garde.
20 M. Landzo (interprétation). – Au début, il y avait deux gardes
21 qui étaient là, assis là, pour que plus tard, l'autre devait être muté
22 pour être posté auprès d'une butte.
23 M. Moran (interprétation). - Et l'une des raisons pour laquelle
24 cela... pour laquelle on vous a changé de place, c'est que vous avez dit
25 que ce que vous avez appelé un fossé, que moi j'appelle un gourbi, était
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1 rempli d'eau. C'est cela ? Et que vous cherchiez un autre endroit.
2 M. Landzo (interprétation). – Ce n'était pas la raison. La
3 raison était que tout simplement un des gardes était muté pour être
4 positionné sur une butte, pour avoir une meilleure position de voir, par
5 conséquent d'organiser le contrôle, avoir un oeil sûr, toujours. Et ce
6 n'est pas parce que j'ai été dans un terrain où il y avait des mares où…
7 M. Moran (interprétation). - D'accord. Alors quand votre avocat
8 vous a demandé à la page 15034 du transcript, lignes 15 et 16, vous avez
9 dit que c'était votre idée de creuser ce trou. Et puis à la ligne 17, la
10 réponse commence par dire : "Oui, quand on m'a donné l'ordre d'occuper ce
11 poste de garde, j'étais toujours assis dans le champ et si une voiture
12 passait ou des soldats ivres qui passaient ont tiré sur moi... voilà
13 pourquoi j'ai demandé à M. Delic de faire quelque chose".
14 Est-ce que j'ai mal compris, c'est-à-dire que ce n'était pas
15 votre idée de construire le poste de garde au sommet de la colline ?
16 M. Landzo (interprétation). – Mon idée était de creuser cette
17 tranchée et ce n'était pas une idée à moi de dire que c'est là que devait
18 être positionné un garde. Il n'y avait pas que moi. Il y avait d'autres
19 gardes qui devaient s'asseoir sur ce pré. Or souvent, il arrivait que
20 quelqu'un tire depuis le village au cours de la nuit évidemment, et on
21 pouvait donc atteindre la personne qui se trouvait sur la butte.
22 Par conséquent, j'étais venu à l'idée -et je l'ai demandé à
23 M. Delic- de faire creuser une espèce de tranchée, de créer un abri. Et
24 alors, lui, il a répondu que je pouvais toujours le faire moyennant
25 évidemment l'aide de cinq ou six personnes du hangar.
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1 M. Moran (interprétation). - D'accord. Alors ils ont creusé un
2 trou, ils y ont mis une espèce de toit pour que vous puissiez dormir.
3 N'est-ce pas que c'était couvert ?
4 M. Landzo (interprétation). – Oui, c'est cela.
5 M. Moran (interprétation). - Veuillez montrer aux Juges sur la
6 maquette où cela se trouve, pour que nous comprenions de quoi il s'agit.
7 (Le témoin montre.)
8 Merci. Merci bien, Monsieur.
9 Et vous y avez dormi ?
10 En raison de vos problèmes de santé, vous avez installé un lit
11 dans cette casemate ?
12 M. Landzo (interprétation). - Non, ce n'est pas que vraiment
13 c'était un lit. On l'a plutôt improvisé. C'était un lit de fortune, et la
14 raison pour laquelle je venais me coucher là, même mon tour de rôle passé,
15 c'est que tout simplement on ne pouvait pas trouver un lit libre. Il y en
16 avait parmi les gardes qui étaient obligés de sommeiller même à table dans
17 la cuisine. Et ce lit de fortune n'a pas été utilisé par moi uniquement,
18 mais par d'autres gardes et ce n'est pas que je l'ai utilisé tous les
19 jours, si jamais j'ai pu réussir.
20 M. Moran (interprétation). - D'accord. Alors si le compte rendu
21 dit, à la page 10535, à partir de la ligne 6, où vous parlez de l'endroit,
22 vous dites que vous ne trouviez pas de lit, que parfois il faisait trop
23 chaud, parfois il faisait trop froid et à partir de la ligne 18 vous
24 dites :"Souvent, en raison de mes problèmes de santé, je ne pouvais pas
25 changer de température constamment et voilà pourquoi j'ai installé tout
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1 cela, et quand je dis cela, je voulais dire la casemate. Et puis je
2 pouvais y dormir, je pouvais être de garde. Il s'agissait d'un trou
3 composé de deux parties. Le garde regardait alors que moi je dormais".
4 Puis il y avait ensuite d'autres raisons, à part votre santé,
5 c'est-à-dire les différences de température, le fait que vous y avez
6 installé un lit dans la casemate, n'est-ce pas ?
7 M. Landzo (interprétation). - Quand je parle évidemment de chaud
8 ou de froid, je vous parle plutôt de bâtiment administratif et du
9 bâtiment D. Dans le bâtiment D, je devais me coucher dans le corridor
10 même, où il a fait très froid, et évidemment, le bâtiment D, il a fait
11 chaud, et avec les chaleurs d'été il a fait très très chaud. C'est
12 pourquoi je devais me chercher un meilleur endroit. C'est pourquoi j'ai
13 décidé...pas décidé, mais j'ai essayé de joindre les deux éléments, c'est-
14 à-dire qu'il y avait là un lit qui était utilisé par d'autres gardes
15 aussi. Ce n'est pas pour moi que je l'ai fait. Enfin, il ne s'agit pas
16 seulement de cette casemate-là ou de ce lit-là, mais dans plusieurs cas
17 d'ailleurs, je l'ai utilisé moi-même pour coucher.
18 M. Moran (interprétation). - D'accord. Peut-être que vous pouvez
19 m'aider à comprendre quelque chose. Dans toutes les casemates que j'ai
20 visitées, on avait une fortification sur le terrain et un endroit où il y
21 a beaucoup de poussière, c'est sale. Au fond, il s'agit d'un trou creusé
22 dans la terre. Si vous êtes allergique à la poussière, n'est-ce pas que
23 cela aurait une incidence négative sur votre asthme, si vous y dormiez ?
24 M. Landzo (interprétation). - Si vous avez bien suivi
25 l'ordonnance des médecins, j'étais allergique à la poussière d'un
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1 appartement. Là où j'étais, il y avait les planches par terre. Il n'y
2 avait pas eu d'ailleurs beaucoup d'espace pour se mouvoir. Il y a eu de la
3 poussière, je ne peux pas dire le contraire, il y a eu de la poussière
4 devant le hangar et partout. Ici même, où nous sommes actuellement, il y a
5 de la poussière.
6 M. Moran (interprétation). - C'est-à-dire qu'il n'y a que
7 certaines poussières qui provoquent une allergie chez vous ?
8 M. Landzo (interprétation). - D'après les tests, il en est
9 ainsi. Probablement que je suis allergique à toutes poussières, mais
10 autant que je me souvienne, il s'agit de poussières que l'on retrouve dans
11 un appartement et tout ce qui est plumage etc, et changement de temps
12 surtout. Même ici, incarcéré, j'ai des problèmes. Après avoir par exemple
13 balayé ma chambre, je suis obligé d'utiliser ma petite pompe contre
14 l'asthme.
15 M. Moran (interprétation). - D'accord, très bien.
16 Je passe à un autre sujet. Ah non ! une question avant de
17 quitter le sujet de la casemate.
18 Dans la casemate au sommet de la colline, ce que vous venez
19 d'indiquer-là, il y avait une mitrailleuse, n'est-ce pas ?
20 M. Landzo (interprétation). - Oui, plus tard. Cette mitrailleuse
21 a été retrouvée à Bradina, qui était transportée à la prison, bien
22 nettoyée et mise en ordre. On l'a positionnée au poste de garde pour qu'il
23 y ait là une mitrailleuse. Il y avait une mitrailleuse si je m'en souviens
24 bien, à la porte d'entrée, et puis cette autre.
25 M. Moran (interprétation). - Et la mitrailleuse, ne parlons pas
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1 de celle qui se trouvait à l'entrée... il y avait cette mitrailleuse avec
2 des munitions, n'est-ce pas ? C'est-à-dire, elle était armée ?
3 M. Landzo (interprétation). - Bien sûr, il y avait des
4 munitions.
5 M. Moran (interprétation). - D'accord. Il y avait aussi une
6 autre mitrailleuse qui se trouvait dans le fossé, qui se trouve devant le
7 hangar n 6 et la surface était toujours remplie d'eau. Est-ce qu’il
8 s'agit des même mitraillettes ?
9 M. Landzo (interprétation). - Non. Il y en avait deux, mais dans
10 cette tranchée, il n'y avait pas toujours eu de l'eau, mais uniquement
11 lorsqu'il pleuvait.
12 M. Moran (interprétation). - Très bien. Moi je parlais
13 maintenant du gourbi où il y avait de l'eau, celui qui est directement
14 devant le hangar n° 6. C’était une mitrailleuse avec des munitions et
15 l'autre au sommet de la colline, il y avait aussi des munitions avec une
16 capacité de couvrir toute la partie devant le hangar n° 6.
17 M. Landzo (interprétation). - Oui. Cette mitrailleuse qui
18 donnait sur la porte d'entrée devait contrôler, surveiller l'entrée du
19 hangar. L'autre devait surveiller la prison. D'abord nous avons eu les
20 fusils M 48, ayant cinq balles dans la cartouche, dans le magasin. Plus
21 tard, nous avons eu des fusils semi-automatiques avec soixante balles.
22 C’est ainsi qu'on ne devait pas pouvoir évidemment empêcher toute personne
23 qui voulait entrer. Et puis après, on a eu des mitrailleuses. Voilà la fin
24 de ces mitrailleuses.
25 Et ce n'était pas évidemment une décision émise par moi quant au
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1 positionnement des mitrailleuses.
2 M. Moran (interprétation). - Non, je comprends. Vous n'étiez
3 qu'un garde et ce n'était pas vous qui preniez de telles décisions. Je
4 comprends cela. Personne ne vous reproche quoi que ce soit pour cela. Mais
5 je voulais tout simplement savoir s’il y avait deux mitrailleuses qui
6 couvraient toute la partie avant du hangar n° 6 et c’était le cas.
7 M. Landzo (interprétation). - Non, non, non. Une mitrailleuse
8 devait contrôler l’entrée du hangar, l'autre devait surveiller la partie
9 en dehors de la prison, c'est-à-dire en direction du village, si jamais
10 des gens pouvaient s'évertuer à attaquer. Donc celui-là qui se trouvait
11 sur la butte, et bien celui-là ne pouvait pas contrôler, moyennant sa
12 mitrailleuse, évidemment l’entrée.
13 M. Moran (interprétation). - D'accord. Et vous aviez peur que
14 les prisonniers ne provoquent une émeute et cela vous faisait peur parce
15 qu'il n'y avait que deux fusils M 48 avec une dizaine de coups de
16 munitions. Voilà pourquoi vous pensiez que les Serbes pourraient peut-être
17 vous écraser ?
18 M. Landzo (interprétation). - C’est ainsi qu'il nous a été dit
19 lorsque nous étions là que nous devions toujours être sur le qui-vive,
20 prudents, lorsque nous sommes en communication avec les détenus etc.. Et
21 bien sûr qu'on a eu peur parce qu'une fois venu, je ne savais pas ce qui
22 s'était passé là, je ne connaissais pas tous ces gens-là. Tout ce qu’on
23 disait d’eux, je n'en avais aucune image... enfin, que c'était des gens
24 dangereux ou pas, bien sûr que j'en avais peur. Que pourrais-je faire
25 lorsque j'ai un fusil à cinq balles dans le magasin contre deux cent
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1 cinquante personnes détenues ?
2 M. Moran (interprétation). - Je suppose que c'était difficile
3 de faire actionner ce fusil avec votre main. Est-ce que vous y
4 réussissiez ?
5 M. Landzo (interprétation). - Vous dites vous-même que vous avez
6 fait le service militaire. Vous savez très bien que vous pouvez, moyennant
7 deux doigts seuls... deux doigts, actionner évidemment votre fusil.
8 M. Moran (interprétation). - Enfin, avec les fusils que je
9 connaissais, ce n'était pas des fusils de ce type là. J'ai très peu
10 d'expérience avec ce type de fusil.
11 M. Landzo (interprétation). - C'est une carabine, comme une
12 carabine de chasse. Si vous savez ce que c’est, ce qu’est une carabine de
13 chasse, c'est de ce fusil-là qu'il s'agit.
14 M. Moran (interprétation). - Je suis d'accord. Il y a même une
15 photo d'un de ces fusils, si vous voulez le regarder.
16 Je voudrais passer à un autre sujet. Sans entrer dans des
17 détails, je ne vais pas vous poser des questions détaillées et si votre
18 avocat souhaite le faire par la suite, il n'y a pas de problème. Mais
19 d'une façon générale, en 1992 et 1994, vous avez fait des déclarations aux
20 autorités bosniaques concernant un crime dont vous avez été accusé, n'est-
21 ce pas ?
22 M. Landzo (interprétation). - Vous pensez peut-être que j'ai été
23 accusé du meurtre de Bubalo ?
24 M. Moran (interprétation). - Je pense à l'affaire Bubalo, mais
25 sans détail. Vous avez fait des déclarations à ce sujet et ces
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1 déclarations ont été faites aux autorités bosniaques ?
2 M. Landzo (interprétation). - En 1992, ce n'était pas officiel,
3 alors qu’en 1994 c'était officiel.
4 M. Moran (interprétation). - Et les déclarations n'étaient pas
5 vraies, n'est-ce pas ?
6 M. Landzo (interprétation). - Je ne saurais vous le dire
7 maintenant tant que je ne les aurais vues. Il y a eu des déclarations que
8 j'ai faites à ce moment-là et qui n'étaient pas vraies. Mais si vous
9 pouvez me les soumettre maintenant, je peux vous dire ce qui est vrai et
10 ce qui est faux dans ces déclarations.
11 M. Moran (interprétation). - D'accord. Voilà ce que je vous
12 demandais, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas... que ces déclarations
13 n'étaient pas tout à fait vraies au moment où vous les avez faites. Est-ce
14 exact, Monsieur ?
15 M. Landzo (interprétation). - Oui. Pendant que j'ai été
16 incarcéré au village de Pasovici, il y a eu des dépositions que j'ai
17 signées sans pouvoir voir ce qui était écrit dessus parce que si on vous
18 sort à minuit de cette cave où nous étions enfermés et on vous donne des
19 claques etc., et bien vous signez. Il y a eu des dépositions de ce genre.
20 Mais il y a eu des dépositions où je savais très bien de quoi il
21 s'agissait et ce que j'avais dit.
22 M. Moran (interprétation). - Pour ce qui concerne les
23 déclarations où vous saviez ce que vous disiez, lors de ces déclarations,
24 vous n'avez pas dit la vérité, n'est-ce pas ?
25 M. Landzo (interprétation). - Si vous pouvez me les soumettre
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1 maintenant, je pourrai vous répondre. Sinon, je dirai tout simplement
2 qu'il y a eu des choses que j'ai dites qui étaient vraies et d'autres qui
3 n'étaient pas vraies. Si vous pouvez soumettre à mes yeux ces dépositions
4 maintenant, je pourrai vous parler plus en détail là-dessus.
5 M. Moran (interprétation). - Au fond, je ne pose pas de question
6 concernant les détails. Je voulais tout simplement savoir s'il s’agit de
7 la véracité. Vous savez que le 18 juillet 1996, vous avez été interrogé
8 par un monsieur qui s'appelle M. Dehus, avec Mme McHenry, devant votre
9 conseil et c'était à l'unité de détention.
10 M. Landzo (interprétation). - Oui, c'est cela.
11 M. Moran (interprétation). - Et vous parlez de déclarations que
12 vous aviez faites en 1994 devant un Juge d'instruction.
13 Et M. Dehuz vous a demandé, à la page 5 : "Est-ce que vous avez
14 signé les déclarations ?" Et vous avez répondu : "Oui". Monsieur Dehuz a
15 dit : "Alors, est-ce que lors de l'interrogatoire vous avez dit la
16 vérité ?", vous avez répondu : "Non" et lui a répondu en disant : "Donc
17 vous n'avez pas dit la vérité ?" et vous avez dit : "Non".
18 Est-ce que vous vous souvenez de cela ?
19 M. Landzo (interprétation). - Pouvez-vous me montrer tout cela ?
20 Je ne me souviens pas de cette partie d'interview. Je sais qu'ils m'ont
21 interrogé, que j'ai parlé avec, ils m'ont posé des questions, mais je ne
22 me souviens pas exactement de ce que j'ai dit en réponse. Je sais que ce
23 monsieur m'a posé des questions, mais je ne sais pas ce que j'ai pu
24 répondre.
25 M. Moran (interprétation). - Est-ce qu'on pourrait lui fournir
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1 une copie de cette déclaration ?
2 Mme McHenry (interprétation). - Il s'agit de la pièce 102.
3 M. Moran (interprétation). - 102 ?
4 M. le Président (interprétation). - Je peux vous dire que cela
5 se trouve à la page 5 de la version anglaise. Je ne peux pas vous dire
6 quelle serait la page dans la version serbo-croate.
7 M. Landzo (interprétation). - Oui, je l'ai trouvée.
8 M. Moran (interprétation). - Cela ne vous cause pas de
9 difficultés ? Vous dites que c'est une transcription correcte de la
10 cassette vidéo de la discussion que vous avez eue avec M. Dehuz et
11 Mme McHenry ?
12 M. Landzo (interprétation). - Je crois que cela est exact. Vous
13 savez que j'ai dit que si mes dépositions ne sont pas toujours vraies,
14 mais pour une bonne part, elles étaient vraies.
15 M. Moran (interprétation). - Et les raisons que vous avez
16 données pour expliquer pourquoi vous n'aviez pas dit la vérité, c'est
17 parce que votre avocat, lors de la procédure en Bosnie, dont je ne me
18 souviens plus du nom, comment s'appelait-il d'ailleurs ?
19 M. Landzo (interprétation). - Monsieur Brackovic.
20 M. Moran (interprétation). - Non, dans la procédure bosniaque,
21 vous aviez indiqué un autre nom quelque part dans votre déclaration,
22 quelqu'un d'autre qui vous défendait. C'est ce que vous avez dit dans
23 votre déclaration au bureau du Procureur.
24 M. Landzo (interprétation). - Ah oui, c'est Esad Vejzagic.
25 M. Moran (interprétation). - Et la raison pour laquelle vous
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1 avancez pour ne pas dire la vérité, c'est que lui vous avait recommandé de
2 ne pas dire la vérité. Est-ce exact ? Il avait recommandé que vous
3 n'évoquiez pas cette personne et quand on regarde ce texte, on voit...
4 M. Landzo (interprétation). - Je pense qu'il me l'a dit parce
5 qu'au même moment il était le défenseur de M. Pirkic Mitko, ce que je ne
6 savais pas. Il m'a surtout conseillé de ne pas mentionner le nom devant le
7 prétoire. Et c'est ce que j'ai fait d'ailleurs parce que j'ai eu peur de
8 ce Mitko Pirkik, parce que vous aussi, si vous le connaissiez, vous auriez
9 peur également de lui.
10 Seconde chose : il m'a promis que si je ne faisais pas mention
11 de son nom, je sortirais de la prison, c'est-à-dire qu'il m'aiderait à ce
12 que je ne sois pas évidemment condamné parce que j'étais un soldat qui
13 devait exécuter les ordres. A ce moment-là, il était le commandant de la
14 brigade de Konjic. Alors vous comprenez maintenant.
15 M. Moran (interprétation). - Voilà, d'accord. Donc c'était votre
16 avocat qui vous a dit de faire toutes ces déclarations fausses ?
17 M. Landzo (interprétation). - Il m'a conseillé de ne pas
18 mentionner le nom de Prikic Mitko.
19 Or, pour répondre, puisque vous y êtes déjà, si j'ai fait cette
20 déposition, parce que j'ai changé trois ou quatre dépositions devant le
21 prétoire à cette époque et si vous les lisez bien, vous verrez bien que
22 chaque fois je tâche de ne pas mentionner le nom de Delic Hazim. Il y
23 avait donc plusieurs personnes qui étaient intervenues pour que je change
24 de déposition à cette époque-là. A une lecture plus attentive vous le
25 comprendrez. Même devant le Procureur, dans la déposition, j'avais voulu
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1 faire tomber toute la culpabilité sur le dos des Croates et pas des
2 Musulmans. Je crois que vous comprenez maintenant.
3 M. Moran (interprétation). - Alors est-ce que vous vous souvenez
4 avoir dit dans vos déclarations au bureau du Procureur -pour vous aider,
5 cela se trouve à la page 50, plus où moins au milieu de la page-, quand
6 vous parlez de signer plutôt la déclaration, Mme McHenry vous pose des
7 questions et elle dit : "Pourquoi est-ce que vous avez signé ces
8 déclarations ?"
9 Je reprends : "Pourquoi est-ce que vous avez dû signer ces
10 déclarations en 1994 ?" et vous avez répondu : "Tout cela est passé par le
11 truchement du commandant qui me défendait, qui défendait le commandant de
12 la brigade, qui avait des comptes à régler". Et après, vous avez enchaîné
13 et vous avez dit que M. Dehuz vous a dit ce qu'il fallait mettre dans
14 votre déclaration. Votre réponse était : "Non, c'est mon avocat qui me l'a
15 dit".
16 Est-ce que vous vous souvenez d'avoir dit cela ?
17 M. Landzo (interprétation). - Monsieur, cette déposition que
18 j'ai faite auprès du Procureur n'est pas exacte dans sa totalité.
19 M. Moran (interprétation). - Vous parlez maintenant de quel
20 Procureur ? Le Procureur en Bosnie ou Mme McHenry ?
21 M. Landzo (interprétation). - Cette déposition faite devant le
22 Procureur, de même que d'autres, pas toutes, mais il y en a eu d'autres
23 qui ne sont pas toutes exactes. Or, au cours de la journée, vous entendrez
24 dire pour quelles raisons elles ne sont pas exactes et d'ailleurs, vous
25 entendrez dire ce qui est exact et ce qui ne l'est pas.
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1 M. le Président (interprétation). - Je crois que c'est le moment
2 de faire notre pause. Nous reprendrons à 14 h 30.
3 Suspendue à 13 h 00, l'audience est reprise à 14 h 35.
4 Mme le Greffier (interprétation). - Je vous rappelle, Monsieur,
5 que vous êtes toujours sous serment.
6 M. le Président (interprétation). - Veuillez poursuivre,
7 Maître Moran.
8 M. Moran (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
9 Monsieur Landzo, pendant la pause déjeuner, est-ce que vous avez
10 discuté de votre témoignage avec quiconque ?
11 M. Landzo (interprétation). - Avec mon avocat, j'en ai parlé.
12 M. Moran (interprétation). - Très bien. Il n'y a pas de mal à
13 cela. Je voulais simplement savoir.
14 Monsieur Landzo, je vais passer à une question entièrement
15 différente et je vous poserai des questions sur des remarques que vous
16 avez faites à la fin de votre réponse à l'interrogatoire principal. Vous
17 avez parlé de conditions au centre de détention. Vous avez parlé au
18 Président quant au fait que vous étiez isolé. Est-ce que vous vous
19 souvenez de ces remarques ?
20 M. Landzo (interprétation). - Oui.
21 M. Moran (interprétation). - Bien. Cela ne représente rien de
22 nouveau, ou plutôt, je me reprends, lorsque vous êtes arrivé pour la
23 première fois à La Haye, au cours de l'été 1996, on vous a également gardé
24 séparé des autres détenus, n'est-ce pas ?
25 M. Landzo (interprétation). - Oui, mais pas seulement moi. Tout
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1 le monde était en isolement. Tout le monde allait se promener seul. Tout
2 le monde avait un temps de loisir seul. C'était la même chose pour tous et
3 pas simplement pour moi.
4 Pour ce qui est de ma situation, j'ai parlé avec le directeur du
5 centre de détention qui m'a signalé un avis du Greffe, selon lequel, au
6 cours des deux semaines à venir, j'allais être mis en isolement en raison
7 de mon témoignage qui faisait craindre pour des atteintes à ma personne de
8 la part de M. Mucic, M. Delic. C'est les renseignements que j'ai reçus,
9 vous pouvez vérifier.
10 M. Moran (interprétation). - Très bien. Est-ce que c'était en
11 1996 ?
12 M. Landzo (interprétation). - Non, c'était il y a quelques
13 jours, au moment où j'ai commencé à déposer.
14 M. Moran (interprétation). - Oui, très bien. Très bien,
15 Monsieur. J'aimerais revenir sur la période où vous êtes arrivé à La Haye
16 en 1996. Pendant un certain moment, après cette date, à la demande du
17 Bureau du Procureur, dans le cadre des règles de détention, le Greffe a
18 ordonné pour vous-même, et pour les autres accusés, de ne pouvoir vous
19 retrouver, vous-même et ces trois autres personnes derrière moi. Est-ce
20 que c'est exact, Monsieur ?
21 M. Landzo (interprétation). - Oui, c'était une requête de la
22 part du Greffe, du Procureur pardon.
23 M. Moran (interprétation). - Et cela s'est produit pendant
24 plusieurs mois. Après cela, vous avez été isolé, vous n'avez pas pu
25 rencontrer d'autres Musulmans ?
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1 M. Landzo (interprétation). - A moi-même, après plusieurs mois,
2 on m'a autorisé à voir M. Delic.
3 M. Moran (interprétation). - Après ces quelques mois, nous
4 parlons quoi, du mois d'octobre/novembre 1996, le Juge Karibi-Whyte a
5 signé cette ordonnance ?
6 M. Landzo (interprétation). - Je ne sais pas exactement quand
7 c'était. Il faudrait que je voie le papier. J'ai ce papier chez moi en
8 détention.
9 M. Moran (interprétation). - Très bien. Mais vous-même avez été
10 conservé écarté de M. Landzo, veuillez m'excuser, on vous a gardé à
11 l'écart de MM. Delalic, Mucic et Delic au-delà du 18 juillet 1996 de
12 manière nette, n'est-ce pas ?
13 M. Landzo (interprétation). - Je ne sais pas pendant combien de
14 temps je n'ai pas eu de contacts, mais je sais qu'à une certaine période,
15 je n'ai pu que voir M. Delic, alors que je n'avais pas de contacts avec
16 les deux autres accusés.
17 M. Moran (interprétation). - Très bien, très bien. J'aimerais
18 revenir maintenant à d'autres points que nous avons abordés.
19 En 1994, vous avez fait une déclaration au Procureur en Bosnie.
20 Vous avez dit qu'en partie il s'agissait de la vérité. En partie. Vous
21 vous en souvenez ? Nous en avons parlé avant la pause déjeuner.
22 M. Landzo (interprétation). - Oui, je sais que j'ai fait cette
23 déclaration.
24 M. Moran (interprétation). - Et il s'agit de celles pour
25 lesquelles vous avez dit qu'elles étaient vraies en partie et non pour une
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1 autre partie.
2 M. Landzo (interprétation). - Il ne s'agissait pas de
3 déclarations entièrement vraies. Ici, je peux dire la vérité.
4 Je crois que nous tous, nous sommes venus ici pour que la vérité
5 soit établie, alors si la vérité vous intéresse, je pourrai vous en dire
6 plus.
7 M. Moran (interprétation). - Ce que j'essaie de vous dire,
8 Monsieur...
9 Mme McMurrey (interprétation). - J'ai une objection. On ne
10 laisse pas l'accusé terminer sa déclaration. Il a dit qu'il voulait dire
11 la vérité. Maître Moran lui a coupé la parole.
12 M. le Président (interprétation). - Je crois que vous devez
13 laisser l'interrogatoire se poursuivre car il vise à établir la vérité je
14 pense.
15 M. Moran (interprétation). - Oui. J'aimerais que vous confirmiez
16 que ces déclaration ne représentaient pas toute la vérité. En fait, c'est
17 ce que vous avez dit à Mme McHenry et à M. Dehuz le 18 juillet 1996.
18 M. Landry - A plusieurs reprises, j'ai fait dès déclaration
19 en 1992 et en 1994, j'ai fait plusieurs déclarations. Pour une, il s'agit
20 de la vérité. Il s'agit du fait que M. Delic m'a ordonné de tuer cette
21 personne. Je sais que c'est exact, j'en suis sûr. Il y a d'autres aspects
22 qui, par un concours de circonstances à cette période, ont été faits à
23 l'avantage des personnes qui souhaitaient que j'agisse de la sorte.
24 M. Moran (interprétation). - En réalité, ce que vous avez dit à
25 Mme McHenry et à M. Dehuz, n'était pas que Hazim vous a dit de mentir,
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1 mais votre avocat vous l'a dit, qui vous représentait en Bosnie,
2 M. Brackovic. C'est exact ?
3 M. Landzo (interprétation). - Oui, mais nous devrions revenir au
4 contexte de tout cela. Pour que la Cour, le Président comprennent bien,
5 ainsi que vous-même et les autres que cela intéresse, pour que cela soit
6 bien clair, pour qu'on comprenne bien ce qui s'est passé et comment cela
7 s'est passé autour des déclaration que j'ai faites. Je pense qu'il serait
8 nécessaire que j'apporte quelques explications. Cela serait nettement plus
9 clair et nous ferait économiser du temps.
10 M. Moran (interprétation). - Bien. Lorsque vous avez fait ces
11 déclaration en 1994 en Bosnie, les déclarations dont vous avez dit
12 qu'elles ne constituaient pas toute la vérité, est-ce que vous vous
13 attendiez à ce que les représentants officiels de Bosnie-Herzégovine se
14 fondent sur la vérité de ces déclaration, ou est-ce que vous vous
15 attendiez à ce qu'ils sachent que les déclarations que vous aviez faites
16 sous serment ne constituaient pas la vérité ?
17 M. Landzo (interprétation). - Maintenant, lorsque j'ai déposé,
18 Mme Sena Usjunovic* m'a demandé : "Landzo, qui t'a demandé de modifier ces
19 déclarations ?", car à l'époque je niais. Elle m'a demandé si c'était
20 Hazim Delic. Elle m'a dit :"Tu ne le mentionnes jamais dans les
21 déclarations, tu essaies de les protéger". Donc même le juge
22 d'instruction,après le changement de ma déclaration, savait de quoi il
23 s'agissait et moi je n'avais pas l'intention de leur mentir. Je n'ai même
24 pas demandé plusieurs fois à y aller moi-même tout seul. Monsieur Delic
25 disait qu'il fallait que je fasse une déclaration. Un gardien venait me
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1 chercher et il me disait que je devais me rendre au Tribunal.
2 M. Moran (interprétation). - Très bien. Et vous vous attendiez à
3 ce que les représentants officiels du gouvernement de Bosnie-Herzégovine
4 se fondent sur la vérité de ces déclarations, n'est-ce pas ? Est-ce que
5 vous comprenez cette question ?
6 M. Landzo (interprétation). - Je ne m'y attendais pas car ils
7 ont suffisamment d'intelligence pour voir de quoi il s'agissait.
8 M. Moran (interprétation). - Bien. Alors ils savaient que cette
9 déclaration que vous aviez prononcé sous serment...
10 M. Landzo (interprétation). - Elle n'était pas faite sous
11 serment. Il s'agissait d'une instruction et généralement,lorsqu'il y a une
12 procédure d'enquête, on peut mentir pour se protéger. C'est une habitude
13 répandue chez nous, en Bosnie-Herzégovine et en ex-Yougoslavie. De cette
14 manière, cette déclaration n'était pas sous serment.
15 M. Moran (interprétation). - Donc cela ne posait pas de problème
16 de mentir à ce moment-là ?
17 Passons à autre chose.
18 M. Landzo (interprétation). - Non, on ne peut justifier le
19 mensonge, mais j'ai déclaré comme on me l'avait conseillé, comme d'autres
20 me l'avaient conseillé.
21 M. Landzo (interprétation). - Votre avocat vous l'avait dit ?
22 M. Landzo (interprétation). - Mon avocat, M. Delic et
23 M. Mitko Pirkic, trois personnes.
24 M. Moran (interprétation). - Et vous avez dit il y a quelques
25 phrases de cela -je lis le transcript- que vous avez menti au juge
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1 d'instruction. Bien. Passons à autre chose maintenant. En juillet 1996, en
2 prison, vous avez fait une déclaration à Mme McHenry et à M. Dehuz. En
3 fait, la version anglaise se trouve devant vous. Je crois comprendre que
4 votre position est maintenant de dire que cette déclaration ne constitue
5 pas la vérité.
6 M. Landzo (interprétation). - Elle ne constitue pas toute la
7 vérité, mais vous pouvez lire toute cette déclaration. Je dis que M. Delic
8 n'était pas le responsable, le directeur, qu'il n'était qu'un gardien.
9 Cela n'est pas exact. Il y a également d'autres faits inexacts. Je suis
10 ici pour donner tous les éclaircissements nécessaires pour la Chambre,
11 pour les avocats de la défense et pour les représentants de l'accusation.
12 M. Moran (interprétation). - Je prendrai un exemple,
13 Cepo Gotovac.
14 Monsieur Dehuz et Mme McHenry vous ont demandé si vous étiez
15 responsable de son meurtre, si vous l'avez tué. Vous avez nié cela, n'est-
16 ce pas ?
17 M. Landzo (interprétation). - Oui, tout et pas seulement cela.
18 M. Moran (interprétation). - Je viens de prendre cela comme un
19 exemple.
20 M. Landzo (interprétation). - Vous pouvez voir pour les autres
21 chefs d'accusation que j'ai tout nié.
22 M. Moran (interprétation). - Très bien. C'était pour deux
23 raisons. Vous avez déposé... Page 15 108 du transcript commençant à la
24 ligne 7, vous avez parlé de la manière dont on vous a amené à Sarajevo,
25 juste avant votre arrivée à La Haye, on vous a amené devant un juge de la
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1 Cour suprême de la République de Bosnie-Herzégovine et il vous a fait une
2 déclaration et vous avez interprété de cette manière cette déclaration,
3 cela commence à la ligne 18 : "Ceux qui avouent, on leur pardonne à
4 moitié. Ceux qui n'avouent rien, eh bien on leur pardonnera tout", ce qui
5 signifie qu'il ne faut rien avouer. Est-ce que c'est bien cela ? Est-ce
6 que vous avez entendu cela comme un conseil émanant d'un représentant de
7 la justice de Bosnie-Herzégovine ? Est-ce que vous pensiez qu'il fallait
8 ne pas dire la vérité ou qu'il ne fallait rien dire du tout ?
9 M. Landzo (interprétation). - J'ai écouté les conseils de mon
10 conseil de l'époque. Ce juge de la Cour suprême de Sarajevo m'a dit un
11 certain nombre de choses dont je me suis souvenues. Il me l’a dit dans une
12 conversation et je pense qu'il voulait dire quelque chose par là. Lorsque
13 j'ai fait ma déclaration, je ne me suis pas conformé à ce conseil de
14 Sarajevo.
15 M. Moran (interprétation). - Vous n'avez donc pas suivi ce
16 conseil d'un juge pour mentir. Est-ce que vous pensiez qu'il s'agissait de
17 ne rien dire ? Est-ce que vous...
18 M. Landzo (interprétation). - Je n'ai pas dit que le juge
19 m'avait dit de mentir. Je n'ai fait que rapporter ses paroles. On peut en
20 tirer la conclusion tout seul. J'ai suivi les conseils de mon avocat de
21 l'époque et j'ai tout nié.
22 M. Moran (interprétation). - Ce que le Juge a dit n'a pas
23 interféré avec votre décision de ne pas dire la vérité à Mme McHenry. et
24 de M. Dehuz.
25 M. Jan (interprétation). - (Hors micro).
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1 M. Moran (interprétation). - J'essayais de voir, de faire en
2 sorte de montrer qu'aucun représentant de la justice d'aucun pays ne l’ait
3 incité à dire la non-vérité.
4 M. Landzo (interprétation). - Je peux essayer de vous donner des
5 éclaircissements, je sais ce que cette personne m'a dit à moi-même et à
6 M. Delic. Je sais de quoi il avait l'air. Mais je ne connais pas son nom.
7 Est-ce que c'était un conseil ou est-ce que c'était tout simplement une
8 phrase qu'il a prononcée ? Je l’ignore, mais je sais ce qu'il m’a dit et
9 moi-même j'en ai tiré une certaine conclusion.
10 M. Moran (interprétation). - Et votre conclusion était,
11 Monsieur ?
12 M. Landzo (interprétation). - De ne pas reconnaître ou avouer
13 quoi que ce soit.
14 M. Moran (interprétation). - Cela aurait été plus facile si vous
15 l'aviez dit précédemment. Bien. Donc vous avez fait une déclaration au
16 mois de juillet...
17 Mme McMurrey (interprétation). - J'ai une objection aux
18 commentaires annexes de Me Moran. Ils n'ont pas lieu d'être à ce stade.
19 Cela aurait été nettement plus facile si vous l'aviez déjà dit
20 précédemment, cela constitue une intimidation vis-à-vis du témoin.
21 M. Moran (interprétation). - Je n'essaie pas de vous intimider
22 et si vous avez l'impression que je le fais, veuillez me le signaler.
23 M. Landzo (interprétation). - Vous faites votre travail, je me
24 conforme à mon devoir, sans reproches.
25 M. Moran (interprétation). - Oui, très bien.
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1 M. Landzo (interprétation). - Je l'espère.
2 M. Moran (interprétation). - Après cette déclaration que vous
3 avez faite le 18 juillet 1996 au Bureau du Procureur, une requête a été
4 déposée et, en raison de cela, des psychologues et des psychiatres se sont
5 entretenus avec vous vis-à-vis de votre capacité a être jugé. Est-ce que
6 vous vous en souvenez ?
7 M. Landzo (interprétation). - Oui.
8 M. Moran (interprétation). - dans ces déclarations aux
9 psychiatres, vous avez dit un certain nombre de choses qui n'étaient pas
10 vraies. Est-ce exact ?
11 M. Landzo (interprétation). - Oui. Ecoutez, lorsque je dis qu'il
12 s'agit de quelque chose qui n'était pas la vérité, cela était lié à deux
13 facteurs : mon état à l'époque et mon impossibilité de me souvenir de
14 tout. Je me suis constitué une image dans ma tête et j'estimais que
15 c'était la vérité et il faut revenir à mon avocat de l'époque qui avait
16 pour tactique de me défendre de cette manière. Il faudrait lui demander
17 pourquoi il avait pris une décision dans ce sens.
18 M. Moran (interprétation). - Oui, nous le ferons. Mais la
19 défense à l'époque voulait montrer que vous n'étiez pas sain d'esprit à
20 l'époque des crimes et que donc vous ne pouviez être tenu pénalement
21 responsable.
22 Mme McMurrey (interprétation). - J'ai une objection. Il demande
23 à l'accusé de se prononcer sur une conclusion juridique. Il ne peut pas le
24 savoir, il sait que le statut parle d'absence de capacité mentale, de
25 capacité mentale diminuée. Je ne sais pas s'il sait ce qu'il faut entendre
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1 par non sain d'esprit.
2 M. Moran (interprétation). - Je pense qu'il sait ce qui
3 constituait sa défense et en fait, il dit : "Il faut revenir à mon
4 défenseur à l'époque qui a choisi une certaine tactique". Je pense que
5 j'ai le droit de savoir quelle était cette tactique et quelle était sa
6 défense.
7 M. le Président (interprétation). - Oui, oui.
8 M. Moran (interprétation). - A l'époque, la défense était que
9 vous n'étiez pas pénalement responsable en raison de votre état mental.
10 Est-ce exact ?
11 M. Landzo (interprétation). - C'est à lui qu'il faudrait poser
12 la question.
13 M. Moran (interprétation). - Oui, très bien.
14 M. Landzo (interprétation). - Je ne faisais que faire ce qu'on
15 m'avait dit.
16 M. Moran (interprétation). - Donc vous avez simulé une
17 incapacité à vous souvenir de certaines choses, n'est-ce pas ?
18 M. Landzo (interprétation). - Ecoutez, comme je vous l'ai déjà
19 dit, je n'ai pas simulé dans une certaine intention. C'était un état dans
20 lequel j'étais à l'époque. Je pensais que tout ce que je savais était la
21 vérité, mais maintenant, je peux le dire avec certitude, bien de ces
22 choses n'étaient pas la vérité, mais pour moi, à l'époque, c'était la
23 vérité. J'y croyais et je le disais à qui voulait l'entendre.
24 M. Moran (interprétation). - Il y a quelques semaines de cela,
25 Monsieur, autour du 3 juillet, vous vous êtes entretenu avec le
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1 Dr Lagazzi. Est-ce que vous vous en souvenez ?
2 M. Landzo (interprétation). - Oui.
3 M. Moran (interprétation). - Il a écrit un rapport. Il s'agit de
4 la pièce D 63/4.
5 Dans ce rapport, le Dr Lagazzi a écrit, je ne vais pas vous en
6 donner lecture, vous pouvez le lire vous-même, le Dr Lagazzi a dit à la
7 page 8 : "A certaines reprises, (comme il le reconnaît maintenant) il a
8 simulé des troubles de conscience et d'orientation qui n'étaient pas
9 compatibles avec les réalités cliniques de l'affaire".
10 Bien. Est-ce que le Dr Lagazzi a inventé cela tout simplement ou
11 est-ce qu'il se fondait sur quelque chose pour dire que vous avez simulé ?
12 Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi le Dr Lagazzi a dit cela
13 dans ce rapport, si vous n'avez pas simulé cette absence d'orientation ?
14 M. Landzo (interprétation). - J'imagine que je sais de quoi vous
15 parlez. Je pense qu'il m'a dit quel jour on était, quelle était la saison
16 de l'année. Vous ne devez pas oublier que je n'étais pas sorti depuis un
17 mois. Pour moi, le temps était celui que je voyais par la fenêtre. Je
18 n'avais pas de montre, je n'avais pas de calendrier pour lui répondre.
19 S'il en a tiré la conclusion d'une simulation de ma part, c'est
20 son devoir en tant que professionnel qui l'a poussé à tirer cette
21 conclusion. Moi, à l'époque, je ne faisais que dire ce qui me semblait
22 être la vérité.
23 Si l'on a tiré une conclusion visant... Enfin, une conclusion de
24 simulation, il peut vous en dire davantage, pas moi.
25 M. Moran (interprétation). - Page 3 du rapport, si vous vous en
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1 souvenez, une erreur de traduction y figure.
2 M. Landzo (interprétation). - Je n'ai pas parlé de traduction.
3 J'ai dit ce que moi j'avais dit. Je ne sais pas comment lui l'a compris.
4 M. Moran (interprétation). - Oui, bien. Mais, lorsque nous
5 étions là-haut, dans un autre couloir, j'ai parlé avec le Dr Lagazzi, tout
6 comme je parle avec vous maintenant. Je lui ai posé une question sur une
7 partie de son rapport, la page 3, et il a dit qu'il y avait une erreur de
8 traduction.
9 L'erreur de traduction est dans la phrase qui dit que "Il"
10 c'est-à-dire vous, "insistait sur le fait qu'il n'était pas fou" et voilà
11 quelle est l'erreur de traduction et que le rapport dit qu'il n'a, à aucun
12 moment, simulé une désorientation spatiale et temporaire. Si mes souvenirs
13 sont bons, le Dr Lagazzi a dit que vous l'aviez reconnu.
14 La phrase suivante dit que "il", c'est-à-dire vous, "affirme que
15 ce n'est que par la suite qu'il a compris qu'une telle attitude était
16 inutile et contre productive et par conséquent, il a émis des critiques
17 vis-à-vis de son Conseil précédent qui lui a suggéré des décisions
18 erronées".
19 Mme McMurrey (interprétation). - J'ai une objection. Moi-même,
20 je ne comprends pas la question. Je pense qu'il y avait trois questions en
21 même temps. Je pense qu'il s'agit d'une question composée et qu'il
22 faudrait peut-être la subdiviser. Est-ce que vous pourriez simplifier,
23 s'il vous plaît ?
24 M. le Président (interprétation). - Est-ce que le témoin
25 comprend la question ? Si telle n'est pas le cas, il faudra la répéter.
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1 M. Landzo (interprétation). - En partie.
2 M. Moran (interprétation). - Ce que je vous demandais c'est :
3 est-ce que vous vous souvenez de l'erreur de traduction mentionnée par le
4 Dr Lagazzi dans le paragraphe que je viens de vous citer ? Est-ce que vous
5 vous souvenez qu'il en ait parlé ?
6 M. Landzo (interprétation). - Je ne sais pas exactement. Je
7 pense qu'il en a été question dans son dernier rapport.
8 M. Moran (interprétation). - Bien. S'il a dit que vous avez
9 simulé, il aurait tort, il se serait trompé ? Est-ce que c'est là ce que
10 vous croyez, monsieur Landzo ?
11 M. Landzo (interprétation). – Je ne peux pas vous dire ce qu'il
12 pensait. Je vous parle de ce que j'ai dit moi.
13 M. Moran (interprétation). - Très bien.
14 M. Landzo (interprétation). – Peut-être que c'est cela, mais je
15 sais, je ne peux me souvenir de tout, mais je sais qu'à M. Lagazzi au
16 cours de son dernier entretien je lui ai tout dit. Je lui ai dit pourquoi
17 il y a eu incohérence de certaines déclarations. Je ne me souviens pas de
18 tout, mais si le docteur l'a écrit, je l'ai probablement dit. Simplement,
19 je ne m’en souviens pas.
20 M. Moran (interprétation). - Monsieur Landzo, il n'y n'avait que
21 trois personnes qui ont assisté à cette réunion. Une personne était un
22 interprète. Il y avait également le Dr Lagazzi et vous-même et tout ce que
23 je fais, c'est me reposer sur ce que dit le Dr Lagazzi.
24 Mme McMurrey (interprétation). – Je vous prie m'excuser,
25 objection ! Il y avait deux interprètes. Il y avait quatre personnes au
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1 total.
2 M. le Président (interprétation). - Oui, vous avez entièrement
3 raison de le signaler.
4 M. Moran (interprétation). – Monsieur Landzo, il y avait deux
5 interprètes, vous-même et le Dr Lagazzi. Donc, nous pouvons nous reposer
6 sur ce que vous avez à nous dire et sur ce que le Dr Lagazzi dit.
7 M. Landzo (interprétation). – Vous pouvez en tirer des
8 conclusions. Je ne dis pas que j'ai raison sur tout. Je vous parle de ce
9 dont je me souviens ici. Le Dr Lagazzi a dit dans son rapport ce dont il
10 se souvient. Peut-être que j'ai dit quelque chose dont je ne me souviens
11 pas. Peut-être que lui a écrit quelque chose qu'il ait mal compris. Je ne
12 sais pas. Il faudrait pouvoir poser la question à ce monsieur ainsi qu'aux
13 deux interprètes, étant donné qu'il y avait deux interprètes. Il y avait
14 un interprète serbo-croate-hollandais et un interprète hollandais-italien.
15 Et vous savez d'ailleurs que quand il y a interprétation, on n'interprète
16 pas chaque mot. Ces deux interprètes adaptent, il s'agit de deux langues
17 différentes et les prononciations ne sont pas les mêmes.
18 M. Moran (interprétation). - Oui, très bien, donc peut-être que
19 c'était un problème d'interprétation et peut-être que le Dr Lagazzi a mal
20 compris. Bien. Passons maintenant à autre chose.
21 M. Landzo (interprétation). – Peut-être que moi-même j'ai dit
22 quelque chose dont je ne me souviens pas.
23 M. Moran (interprétation). – Très bien. Bien, monsieur Landzo.
24 Il s'agissait de la troisième fois ou de la troisième période où le
25 Dr Lagazzi s'est entretenu avec vous. Les deux premières fois ont eu lieu
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1 en 1996, début 1997 ou peut-être fin 1996 début 1997.
2 M. Landzo (interprétation). – Oui.
3 M. Moran (interprétation). - Et lorsque vous avez parlé au
4 Dr Lagazzi, à l'occasion de ces premiers entretiens, vous lui avez dit un
5 certain nombre de choses qui n'étaient pas vraies, n'est-ce pas ? Et je
6 vais vous donner un exemple.
7 M. Landzo (interprétation). – Oui.
8 M. Moran (interprétation). - Vous lui avez dit par exemple que
9 vous mélangiez les comprimés et l'alcool. Et cela n'était pas vrai, n'est-
10 ce pas ?
11 M. le Président (interprétation). - Je pense qu'il l'a déjà dit.
12 M. Jan (interprétation). – (Hors micro.)
13 M. Moran (interprétation). – Oui, mais j'aimerais lui poser un
14 certain nombre de question-là dessus. Et ma question essentiellement est
15 la suivante, et vous avez menti là-dessus, car votre avocat...
16 Mme McMurrey (interprétation). – Objection !
17 M. Jan (interprétation). – (Hors micro.)
18 Mme McMurrey (interprétation). - Tout d'abord en 1997, dans ce
19 Tribunal, on m'a dit de ne pas dire aux témoins qu'ils étaient des
20 menteurs et j'ai une objection vis-à-vis du fait que Me Moran dit que le
21 témoin est un menteur.
22 M. Moran (interprétation). - La raison du fait que vous n'avez
23 pas dit la vérité est que votre avocat vous l'avait dit.
24 M. Landzo (interprétation). – Je vous l’ai déjà dit à maintes
25 reprises.
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1 M. Jan (interprétation). – (Hors micro.)
2 M. Moran (interprétation). - Et cela visait, je pense, à vous
3 défendre. D'autres déclarations ont été faites, à peu près à la même
4 période, qui n'étaient pas exactes, des déclarations faites au Dr Lagazzi.
5 Il y a eu une déclaration sur... Enfin, qu'avez-vous dit d'autre qui
6 n'était pas vrai au Dr Lagazzi ?
7 M. Landzo (interprétation). – Donnez-moi la déclaration, le
8 rapport plutôt, et je vous répondrai.
9 M. Moran (interprétation). - Nous pouvons le faire ? Ou nous
10 pouvons poursuivre ?
11 M. le Président (interprétation). - Si vous n'avez pas d'autres
12 questions, nous pouvons passer à un autre point.
13 M. Moran (interprétation). - Monsieur Landzo, seriez-vous
14 surpris si je vous disais qu'hier soir, après que vous avez dérogé au
15 privilège client-avocat avec Me Brackovic...
16 Mme McMurrey (interprétation). - Objection, Monsieur le
17 Président. Est-ce que la Cour a décidé qu'il y a dérogation à ce
18 privilège ?
19 M. le Président (interprétation). - Qui élève une objection ? Il
20 ne s'agit pas d'un privilège entre vous-même et lui.
21 Mme McMurrey (interprétation). - Il s'agit du privilège entre
22 mon client et son ancien avocat.
23 M. le Président (interprétation). - Il a volontairement décidé
24 de déroger à ce privilège.
25 M. Moran (interprétation). - Est-ce que vous me posez une
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1 question ?
2 M. le Président (interprétation). - Non. Pourquoi faites-vous
3 cette objection ?
4 Il s'agit de ce qui s'est produit entre le témoin et l'avocat et
5 cela a trait au privilège.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce qu'il y a eu une
7 décision de dérogation à ce privilège ? Est-ce qu’il est clair que cela a
8 été le cas ou non ?
9 M. le Président (interprétation). - Si un témoin procède de
10 manière volontaire, s'il existait ce privilège et bien, il n'aurait rien
11 dit du tout.
12 Mme McMurrey (interprétation). - Mais je pense que peut-être
13 qu'il ne connaît même pas cet aspect et je dois soulever une objection.
14 M. le Président (interprétation). - Vous étiez présente, il en a
15 parlé longuement.
16 Mme McMurrey (interprétation). - J'aimerais simplement m'assurer
17 du fait qu'il y a eu dérogation ou non.
18 M. le Président (interprétation). - Vous y étiez et vous auriez
19 pu intervenir à ce moment-là. C'était votre responsabilité de faire en
20 sorte qu'il ne le fasse pas, mais vous n'avez rien fait.
21 Mme McMurrey (interprétation). - Je pense que nous en avons déjà
22 parlé, il y a deux jours. J'aimerais tout simplement que les choses soient
23 claires.
24 M. le Président (interprétation). - Il l'a dit, vous étiez
25 présente.
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1 M. Moran (interprétation). - Monsieur le Président, j'ai une
2 autre question.
3 Est-ce que, Monsieur, vous seriez surpris si je vous disais que
4 lorsque M Karabdic parlait à M. Brackovic, on a demandé à Me Brackovic ce
5 qu'il pensait de ce camp de la mort croate dont vous avez parlé ?
6 Mme McMurrey (interprétation). - Il s'agit d'un ouï-dire,
7 objection ! Il parle de Me Karabdic, d'une conversation qu'il a eue avec
8 Me Brackovic. Si c'était Me Moran, très bien, mais nous n'avons aucune
9 partie présente ici.
10 M. le Président (interprétation). - Oui, vous avez raison. Il
11 faut parler de questions qui sont directement pertinentes.
12 M. Moran (interprétation). - Vous avez prononcé de fausses
13 déclarations, donc en 1996 et 1997, aux psychiatres ?
14 M. Jan (interprétation). - (Hors micro.)
15 M. Moran (interprétation). - Et maintenant, vous nous dites la
16 vérité ici, n'est-ce pas ?
17 M. Landzo (interprétation). - Oui, et si vous êtes surpris, je
18 ne vois pas où est le problème, car je suis conscient de ma responsabilité
19 ici si je devais mentir.
20 M. Moran (interprétation). - Très bien. Donc nous devrions vous
21 croire maintenant, même si ces autres déclarations n'étaient pas exactes.
22 Merci, Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres questions.
23 M. Landzo (interprétation). - Je ne demande à personne de me
24 croire, mais tout simplement d'écouter ce que j'ai à dire, d'écouter mon
25 récit.
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1 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. Est-ce
2 qu’il y a des questions de la part de l'accusation ?
3 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur le Président, une
4 question d'intendance.
5 Avec l'assistance de l'huissier, hier, Mme McMurrey a présenté
6 une lettre de M. Landzo adressée au Bureau du Procureur. Je suis en
7 possession maintenant des réponses de M. Landzo à son Conseil et, pour que
8 tout soit complet, je demande que ces documents soient versés au dossier.
9 M. Jan (interprétation). - Vous n'avez pas fait la demande
10 auprès de lui. Il faut le donner au Conseil de la défense.
11 Mme McHenry (interprétation). - Il y avait les deux. Vous pouvez
12 voir que M. Landzo a reçu une réponse, ainsi que le Conseil.
13 M. Jan (interprétation). - Si c'est ce qu'il dit parce que c'est
14 ce qu'il a dit, qu'il doit voir la mort.
15 Mme McHenry (interprétation). - C'est la lettre et je ne vais
16 pas entrer dans les détails.
17 M. le Président (interprétation). - C'est le cycle complet ?
18 Mme McMurrey (interprétation). - Je voudrais que le dossier
19 indique clairement que nous n'avons rien insinué quant à une faute
20 professionnelle.
21 M. Jan (interprétation). - Il n'y a pas d'insinuations ?
22 Mme McHenry (interprétation). - Pour ce qui concerne la deuxième
23 question, avec l'assistance de l'huissier, il y a une question qui a été
24 abordée en session à huis clos partiel. Une partie de cela a été expurgée.
25 A un certain moment, l'accusation va dire qu'il ne convient pas d'expurger
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1 cette partie. J'ai déjà donné une partie de ces documents au Conseil, une
2 partie des documents sur lesquels nous avons compté pour prouver la
3 pertinence et pour que vous les ayez, on les donne.
4 M. Jan (interprétation). - Cet incident ne fait pas partie de
5 l'acte d'accusation.
6 Mme McHenry (interprétation). - C'est correct.
7 M. Jan (interprétation). - Et les éléments de preuve, quant à
8 cela, pourraient porter préjudice à l'accusé.
9 Mme McHenry (interprétation). - Nous n'avons pas soulevé
10 d'objection à l'époque parce que nous n'avons pas eu toute possibilité de
11 revoir le dossier. Je ne compte pas avancer cet argument à l'heure
12 actuelle mais, par la suite, une fois que Messieurs et Madame les Juges
13 auront étudié, ce qui est déjà dans le dossier, je vais avancer l'argument
14 que cette question, pour des raisons aux fins limitées, est pertinente.
15 Donc ce que je vous donne maintenant, c'est des parties de ce
16 texte sur lequel je vais me reposer.
17 M. le Président (interprétation). - Pourquoi ne pas le faire le
18 moment venu ?
19 Mme McHenry (interprétation). - D'accord.
20 M. le Président (interprétation). - Après, on pourra décider si
21 oui ou non, il convient de le verser au dossier.
22 M. Jan (interprétation). - Dans cet incident, celui qui a été
23 tué a aussi été détenu dans le camp de Celebici. Je crois que des éléments
24 de preuve à cet égard ont été présentés, et cela ne figure pas dans l'acte
25 d'accusation.
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1 Mme McHenry (interprétation). - La question dont je parle n'a
2 pas trait à la question de Bubalo.
3 M. Jan (interprétation). - Je pensais qu'il s'agissait de cela.
4 Mme McHenry (interprétation). - Non, ce n'est pas le cas.
5 Bonjour Monsieur.
6 M. Landzo (interprétation). - Bonjour.
7 Mme McHenry (interprétation). - Je sais que vous ne savez pas la
8 date exacte où vous avez commencé à travailler à Celebici, mais n'est-ce
9 pas que vous direz que c'était à peu près sept ou dix jours après la chute
10 de Bradina ? Est-ce exact ?
11 M. Landzo (interprétation). - Je pense que c'était bien vers la
12 mi-juin, la première moitié du mois de juin, quelque chose de ce genre.
13 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce exact que, lorsque vous
14 étiez à Celebici, M. Mucic a donné l'ordre que les fusils des gardes
15 soient toujours armés pour qu'on puisse tirer à tout moment ?
16 M. Landzo (interprétation). - Oui, cela est vrai et M. Delic
17 insistait.
18 Mme McHenry (interprétation). - Vous avez déjà dit que M. Mucic
19 était le responsable du camp. Qui était le responsable du camp lorsque
20 M. Mucic n'était pas là ?
21 M. Landzo (interprétation). - Monsieur Delic. S'ils n'étaient
22 pas ensemble, alors c'était le commandant chargé des gardes qui était le
23 principal. Seljo Mustafic, il s'appelait.
24 Mme McHenry (interprétation). – Est-ce que vous étiez doté de
25 plus d'autorité que les autres gardes ou est-ce qu'il s'agissait d'une
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1 autre autorité ou est-ce que c'était la même autorité dont étaient dotés
2 les autres gardes ?
3 M. Landzo (interprétation). - La même autorité que les autres
4 gardes. Il n'y avait aucune différence entre moi et les autres. Je faisais
5 ce qu'on me disait de faire, mais il y avait des ordres évidemment à
6 exécuter. Aucune différence.
7 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que n'importe quel garde
8 était autorisé à faire sortir du hangar un prisonnier ou est-ce qu'il
9 s'agissait seulement de certains gardes ?
10 M. Landzo (interprétation). - Chaque garde qui était à son tour
11 de garde près de la butte, près du hangar n °6, parce que je n'étais pas
12 là tout le temps. Il y avait des tours de service. Celui qui était à ce
13 moment-là, pendant son tour de garde, il faisait l'appel.
14 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce exact que lorsque vous
15 n'étiez pas de service, vous n'étiez pas autorisé à faire sortir un
16 prisonnier du hangar ?
17 M. Landzo (interprétation). – Oui, j'aurais pu le faire si
18 j'avais reçu l'ordre du commandant ou du commandant adjoint.
19 Mme McHenry (interprétation). - Vous avez dit quelque chose hier
20 ou lundi : il s'agissait d'un couteau qu'on avait donné à une équipe de
21 télévision arabe. Est-ce que vous pouvez me parler un peu de ce couteau et
22 me parler un peu des circonstances dans lesquelles il a été donné à
23 l'équipe de télévision ?
24 M. Landzo (interprétation). - Ce couteau a été retrouvé. Il a
25 été juste au ceinturon de cette personne qui a été tuée et qui aurait
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1 abattu certains Musulmans lors de la seconde guerre mondiale. C'est sur
2 lui qu'on a trouvé ce couteau, et j'avais demandé tout simplement à Delic
3 si je pouvais avoir ce couteau.
4 Je l'ai gardé en souvenir, en trophée, parce que c'était un
5 poignard de la seconde guerre mondiale, et lors de la venue in situ d'une
6 équipe de la télévision arabe ou autre, je ne sais pas, M. Delic m'a pris
7 ce couteau pour le remettre à cette équipe. C'était un petit poignard, pas
8 très grand.
9 Mme McHenry (interprétation). - 'Est-ce que les équipes de
10 télévision ont visité le camp de Celebici à plus d'une seule reprise ?
11 M. Landzo (interprétation). - Autant que je sache, à une reprise
12 seulement.
13 Mme McHenry (interprétation). - Et est-ce que c'était à ce
14 moment que des journalistes arabes sont arrivés ?
15 M. Landzo (interprétation). - Il se peut, mais je ne sais pas.
16 En tout cas j'ai vu les hommes, là-bas, de cette équipe, mais je n'ai pas
17 été présent pendant l'interview pour savoir et conclure qui était quoi.
18 Mme McHenry (interprétation). - Vous avez dit qu'au moins
19 quelques personnes ont été libérées de Celebici pendant votre séjour. Est-
20 ce que vous savez si deux détenus, qui s'appellent Vojislav et
21 Vladimir Senecovic, ont été libérés lors de votre séjour ?
22 M. Landzo (interprétation). - Je ne connais pas leur nom. Je
23 sais qu'il y avait deux frères et que Redo Balic était venu à la prison
24 pour les chercher et un voisin de Redo pour prétendument faire un échange
25 de ces deux personnes contre deux autres personnes.
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1 Je me rappelle qu'il y a eu un pneu crevé de leur automobile et
2 on devait réparer évidemment derrière le bâtiment. C'est à ce moment-là
3 que j'ai vu ces deux frères. Il s'agissait de deux personnes de taille
4 assez haute.
5 Mme McHenry (interprétation). - Et c'était sous l'autorité de
6 qui que ces personnes ont été libérées ? Est-ce que vous le savez ? Est-ce
7 qu’il y a eu des documents à cet égard ?
8 M. Landzo (interprétation). - Non, non.
9 Mme McHenry (interprétation). - Madame McMurrey vous a parlé des
10 chefs d'accusation 46 et 47 de l'acte d'accusation.
11 Il s'agit des conditions inhumaines. Elle vous a posé des
12 questions. Alors les détenus venaient avec la nourriture du bâtiment de
13 l'administration à la zone tout de suite devant le hangar n° 6. Est-ce
14 exact ?
15 M. Landzo (interprétation). - Oui.
16 Deux détenus partaient du hangar, accompagnés par le gardien,
17 jusqu'au bâtiment de commandement pour, évidemment, reprendre les vivres,
18 les aliments, et puis pour revenir vers le hangar pour distribuer aux
19 détenus qui sortaient en groupe pour manger.
20 Mme McHenry (interprétation). - Et les détenus sortaient par
21 groupe de cinq, n'est-ce pas ?
22 M. Landzo (interprétation). - Je ne sais pas exactement. Il peut
23 y avoir de cinq à dix personnes par groupe. C'est ce chiffre-là que je
24 pourrais indiquer. Mais je sais qu'ils avaient leur gamelle en main et
25 qu'en s'accroupissant comme ça, agenouillés, tout simplement ils
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1 mangeaient. D’autres s’asseyaient.
2 Mme McHenry (interprétation). - Et ils ne disposaient que de
3 quelques minutes pour manger, c'est à dire chaque groupe, n'est-ce pas ?
4 M. Landzo (interprétation). - Le temps n'était pas limité, mais
5 ce qu'on leur avait distribué, enfin ce qui était d'ailleurs leur ration,
6 ils pouvaient le manger mais le temps n'était pas limité dans le temps
7 pour être pressés. Ils avaient le droit enfin de manger ce qui leur était
8 distribué en une minute ou cinq minutes.
9 Mme McHenry (interprétation). - Vous avez dit lors de votre
10 témoignage de cette semaine que les prisonniers recevaient la même
11 quantité de nourriture que les gardes. Vous serez d'accord avec moi que
12 lors de votre déclaration préalable au bureau du Procureur, vous avez dit
13 qu'il se pouvait que les prisonniers reçoivent moins de nourriture. Est-ce
14 que vous vous en souvenez et si oui, pourquoi est-ce que vous avez changé
15 d'avis ?
16 M. Jan (interprétation). - Lisez-nous la phrase entière.
17 Mme McHenry (interprétation). - La question que j'ai posée, pour
18 ce qui concerne la nourriture qu’on donnait aux détenus, et vous avez
19 répondu : " Nous avons reçu la même nourriture, elle était distribuée aux
20 gardes comme aux prisonniers. La nourriture était la même, peut-être en
21 moindre quantité parce qu'ils étaient si nombreux. Nous l'avons reçue et
22 c'était distribué".
23 Est-ce que vous vous souvenez d'avoir répondu cela ?
24 M. Landzo (interprétation). - Pour ce qui est de ce rapport
25 entre la nourriture que nous avons reçue nous-mêmes et ce que recevaient
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1 les détenus, et bien ce rapport présentait quand même des différences.
2 Nous étions de 25 à 30 gardes et nous recevions peut-être une
3 gamelle, une gamelle et demie alors ceux qui étaient 250 à 300 évidemment
4 devaient partager à deux ou trois. Voilà la différence.
5 Pour ce qui est du goût, de la qualité de la nourriture, c'était
6 la même chose, mais peut-être qu'il y a une différence pour ce qui est de
7 la quantité de la nourriture qu'ils recevaient et ce que nous recevions
8 mais nous n'avons pas pu en décider.
9 Mme McHenry (interprétation). - Il se peut que les quantités
10 étaient différentes pour chaque prisonnier. Est-ce exact ?
11 M. Landzo (interprétation). - Cela est possible. Oui, c'est
12 possible parce que je ne sais pas. Lorsque je les ai vus manger, on leur
13 offrait justement juste une louche de nourriture.
14 Mme McHenry (interprétation). - Pour parler du tunnel, une
15 quarantaine de personnes ont été gardées dans le tunnel n° 9, n'est-ce
16 pas ?
17 M. Landzo (interprétation). - Oui, c'est possible.
18 Mme McHenry (interprétation). - Il y avait un seau qu'on
19 utilisait pour satisfaire ses besoins lorsque les détenus ne pouvaient pas
20 sortir pour aller aux toilettes à l'extérieur. C'était à l'intérieur du
21 tunnel, n'est-ce pas ?
22 M. Landzo (interprétation). - J'ai mal connu la situation du
23 tunnel n° 9 parce que, rarement, très rarement, j'ai pu passer par-là. En
24 tant que garde, j'ai plutôt connu la situation du hangar n° 6 et la porte
25 d'entrée parce que c'était les deux postes auxquels j'étais assigné plus
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1 souvent qu'ailleurs.
2 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que je peux demander que
3 l'on montre la pièce à conviction de la défense n° 9/4.
4 M. Landzo (interprétation). – Oui, c'est cela.
5 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que cela vous rafraîchit
6 la mémoire pour savoir si oui ou non, il y avait ce seau utilisé pour
7 satisfaire les besoins des détenus ?
8 M. Landzo (interprétation). – J'ai fait le dessin évidemment, la
9 figure de cela, après avoir entendu les dépositions et entendu le
10 Procureur. Je n'ai pas vu vraiment ce seau. J'ai vu cela tout simplement
11 dans le texte du Procureur, et c'est ainsi que j'ai pu en faire un dessin.
12 C'est ainsi qu'a été fait cette figure. Je n'ai pas vu ce seau-là. Peut-
13 être qu'il était là.
14 Mme McHenry (interprétation). – Alors, les prisonniers qui ont
15 gardé dans le tunnel n° 9 étaient considérés comme étant les dirigeants
16 des Serbes locaux, n'est-ce pas ?
17 M. Landzo (interprétation). – Oui, c'était des organisateurs
18 rebelles et de rebellions et ils étaient très dangereux.
19 Mme McHenry (interprétation). – Me McMurrey vous avait lu des
20 extraits des chefs d'accusation 46 et 47 où il s'agissait des conditions
21 inhumaines, mais elle n'a pas lu la partie où il s'agit de l'ambiance de
22 terreur créée par les meurtres des détenus.
23 Donc, vous êtes d'accord que vous avez participé à la création
24 de cette ambiance de terreur qui régnait dans ce camp ?
25 M. Landzo (interprétation). – Je n'ai fait qu'exécuter les
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1 ordres. Je n'ai pas pu prendre de décision comme quoi tel ou tel devait
2 être passé à tabac. Et il n'y a pas que moi. Il y avait d'autres gardes
3 qui ont perpétré les mêmes actions auxquelles je n'ai pas assisté ; Si on
4 veut évidemment s’y tenir, on peut dire que tous ceux qui ont été à
5 Celebici ont participé à créer de telles conditions.
6 Mme McHenry (interprétation). - Alors vous dites qu'il n'y avait
7 pas que vous à participer à la création d'une ambiance de terreur, mais
8 vous étiez l'un parmi d'autres.
9 M. Landzo (interprétation). – Je pense oui.
10 Mme McHenry (interprétation). - Alors vous serez d'accord aussi
11 avec moi quand je dis qu'en 1992, il y a eu beaucoup de rapports dans la
12 ville de Konjic concernant les mauvais traitements à Celebici.
13 M. Landzo (interprétation). – De rapports ?
14 Mme McHenry (interprétation). - C'est-à-dire des bruits qui
15 couraient, des gens qui parlaient du mauvais traitement infligé aux gens à
16 Celebici.
17 M. Landzo (interprétation). – Je n'en ai pas entendu. Il se peut
18 évidemment qu'il y ait eu des rumeurs. Mais, rarement je me suis rendu de
19 Celebici à Konjic. Cela est possible. Celebici, évidemment, est une
20 localité non loin de Konjic et il se peut qu'il y ait évidemment des
21 affaires qui ont été dissimulées de sorte qu'on ne connaissait pas. Et
22 puis, peut-être des gardes qui rentraient chez eux ont peut-être pu
23 émettre de telles rumeurs.
24 Mme McHenry (interprétation). - Peut-être que je pourrais vous
25 rafraîchir la mémoire. Est-ce que vous vous souvenez que, lors d'une
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1 déclaration préalable au bureau du Procureur, vous avez évoqué les
2 rapports sur les mauvais traitements et ceci à plusieurs parties ? Je vous
3 en lis un extrait :
4 "Je pense que vous avez déjà dit qu'il y avait beaucoup de
5 bruits qui couraient concernant les mauvais traitements des prisonniers.
6 Est-ce exact ?
7 Réponse : Oui.
8 Question : Est-ce que vous pouvez nous parler de ces bruits et
9 est-ce qu'ils étaient généralisés ?
10 Réponse : Ce n'était pas exactement une question de
11 généralisation. Mais plutôt que cela avait comme origine les gens qui
12 venaient dans le camp pour battre les prisonniers et puis pour répandre
13 des rumeurs selon lesquelles nous faisions cela.
14 Question : Et comment est-ce que vous avez entendu parler de ces
15 récits ?
16 Réponse : On m'a parlé de ces récits lorsque je suis rentré chez
17 moi et ma mère m'a demandé ce que nous faisions.
18 Question : Pendant que vous étiez toujours au camp ?
19 Réponse : Oui. Oui, ma mère m'a demandé comme quoi quelqu'un m'a
20 rencontré en ville pour me demander : qu'est-ce que vous faites là-bas
21 etc."
22 M. Landzo (interprétation). – Mais, de quelles sources ma mère
23 pouvait tenir ces rumeurs ? Je n'en sais rien. Est-ce que vous venez de
24 dire, évidemment tout à l'heure en citant ce texte est tout à fait
25 inexact. Je dirais plutôt que les gardes qui ont pris part à de telles
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1 perpétrations ont pu évidemment en parler en ville, mais c'est tout ce que
2 l'on a appris beaucoup plus tard.
3 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, je voudrais évoquer
4 quelques événements précis. Je ne vais pas parler en détail des meurtres
5 et de la torture que vous vous souvenez avoir infligés et dont vous avez
6 déjà témoigné puisque ce n'est pas contesté. Je voudrais vous poser
7 quelques questions et j'ai des questions concernant certains événements
8 que vous avez oubliés.
9 En premier lieu, hier vous avez dit... Lundi, quand vous avez
10 parlé du meurtre que vous avez commis de M. Scepo Gotovac, est-ce que vous
11 avez utilisé des instruments ou est-ce que vous l'avez battu et donné tant
12 de coups de pied qu'il en est mort ?
13 M. Landzo (interprétation). - Je crois que l'un d'entre eux
14 avait une matraque de policier de couleur noire. D'autres n'avaient que
15 des armes personnelles qu'ils devaient porter toujours sur eux. Mais
16 lorsque le passage à tabac a commencé, il faisait nuit. Vous savez que
17 l'homme était par terre. Nous, nous étions debout autour de lui. Il était
18 difficile de voir qui le battait avec quoi et qui le frappait avec quoi.
19 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez,
20 avant le dernier passage à tabac, est-ce que M. Scepo Gotovac avait déjà
21 été battu, à votre connaissance, pendant qu'il était à Celebici ? Si vous
22 ne vous souvenez pas, vous pouvez me le dire.
23 M. Landzo (interprétation). - Je sais qu'il était venu à la
24 prison déjà tabassé.
25 Mme McHenry (interprétation). - A la question que je vous
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1 pose...
2 M. Landzo (interprétation). - Je ne me souviens pas. Cela était
3 possible, mais je ne m'en souviens pas.
4 Mme McHenry (interprétation). - Alors, pour ce qui concerne le
5 dernier passage à tabac, est-ce que vous vous souvenez de tous les autres
6 qui participaient ou qui étaient présents lors de ce passage à tabac, en
7 dehors des détenus je veux dire ?
8 M. Landzo (interprétation). - Je sais que nous étions quatre ou
9 cinq, mais je ne me souviens pas des noms.
10 Mme McHenry (interprétation). - Parlons un instant d'un meurtre
11 où vous n'avez pas reçu des ordres et dont vous avez parlé en détail déjà
12 en disant que, avant le meurtre, vous avez été voir des meurtres dans une
13 zone près de Repovci et que vous avez entendu dire que des Serbes de
14 Bradina l'avaient fait. Et un moment plus tard, vous avez entendu dire
15 qu'il ne s'agissait pas de Serbes qui avaient tué ces gens à Repovci. Est-
16 ce exact ?
17 M. Landzo (interprétation). - C'est ce qu'on dit maintenant.
18 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce exact que lors de votre
19 retour au camp de Celebici de Repovci, vous avez essayé de capturer une
20 femme serbe afin de la tuer, mais qu'elle a réussi à s'évader ?
21 M. Landzo (interprétation). - Je ne peux pas m'en souvenir.
22 Mme McHenry (interprétation). - Vous avez dit que, lors de votre
23 retour à Celebici, vous et d'autres personnes, avez commencé à battre deux
24 détenus jusqu'à ce que M. Delic y ait mis fin. Comment s'appelaient les
25 détenus, si vous vous en souvenez ?
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1 M. Landzo (interprétation). - Je sais que c'étaient des gens qui
2 distribuaient de la nourriture régulièrement et j'en ai vu un sur la
3 cassette vidéo présentée ici.
4 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez de
5 leurs noms ?
6 M. Landzo (interprétation). - Non.
7 Mme McHenry (interprétation). - Ensuite; vous avez dit que vous
8 étiez toujours en colère, donc vous vous êtes rendu au hangar n° 6 et vous
9 avez dit à tous les Serbes de Bradina de se mettre debout. Et vous serez
10 d'accord avec moi pour dire que vous vouliez faire du mal à quelqu'un et
11 vous vouliez que cette personne soit un Serbe de Bradina, n'est-ce pas ?
12 M. Landzo (interprétation). - Comment ? Que voulez-vous dire par
13 là ? Que je voulais le tuer ? J'étais en colère à cause de ce que j'ai vu
14 et de ce que j'ai entendu et c'était une réaction à moi. Je n'étais pas
15 venu avec une intention de tuer quelqu'un.
16 Mme McHenry (interprétation). - Mais vous serez d'accord avec
17 moi quand je dis que vous vouliez faire du mal à quelqu'un et que vous
18 vouliez que cette personne soit un Serbe de Bradina afin de décharger
19 votre colère. Ce serait quelque chose de juste, si je disais cela, n'est-
20 ce pas ?
21 M. Landzo (interprétation). - On pourrait peut-être le dire
22 ainsi.
23 Mme McHenry (interprétation). - Cette personne que vous avez
24 tuée, elle s'appelait Bosko Samoukovic, n'est-ce pas ?
25 M. Landzo (interprétation). - Oui, j'ai été la cause de sa mort,
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1 mais ce n'était pas que je devais avoir l'intention de le tuer. Oui.
2 Mme McHenry (interprétation). - Et de quoi est-ce que vous vous
3 êtes servi pour le battre ?
4 M. Landzo (interprétation). - (...Pas de traduction.)
5 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous avez utilisé la
6 main droite ou la main gauche lorsque vous l'avez battu ?
7 M. Landzo (interprétation). - J'ai utilisé la main gauche. Il
8 n'y a pas que lui, mais il y en avait deux ou trois qui étaient avant lui.
9 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que j'ai compris que vous
10 avez dit que vous ne vous souvenez pas exactement comment M Samukovic a
11 réussi à arriver à l'infirmerie ?
12 M. Landzo (interprétation). - Je le sais et je l'ai déjà dit.
13 J'avais désigné deux ou trois détenus et, de concert avec, nous avons
14 emporté Samukovic vers l'infirmerie. Il était capable de marcher, mais
15 nous l'avons plutôt porté.
16 Mme McHenry (interprétation). -C'est-à-dire qu'on le portait, on
17 ne l'a pas conduit dans un véhicule ? C'est cela ? Vous êtes sûr ?
18 M. Landzo (interprétation). - Si mes souvenirs sont bons, deux
19 détenus le portaient. Vous savez comment on croise les bras pour en faire
20 une espèce de brancard, et on le portait. Il était assis.
21 Mme McHenry (interprétation). - Qu'est-ce qui est arrivé après
22 avoir tué M. Samoukovic ? C'est-à-dire, est-ce qu'il y a un rapport que
23 vous avez rédigé ? Est-ce que quelqu'un vous a posé des questions ?
24 M. Landzo (interprétation). - Pendant qu'il était dans
25 l'infirmerie, j'étais à la porte même, pendant qu'il était examiné par les
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1 médecins. Hazim Delic était venu à l'infirmerie pour savoir ce qu'il était
2 advenu. Il y avait encore d'autres gardes qui s'étaient rassemblés là, et
3 il a commencé à m'engueuler. Une heure plus tard, il m'a fait venir dans
4 son bureau pour me dire qu'il devait gueuler contre moi devant tout ce
5 monde-là et puis, excusez-moi, qu'il lui nique la mère, t'as bien fait de
6 l'achever.
7 Mme McHenry (interprétation). - Pour parler d'une autre mort à
8 Celebici, M. Slavko Susic, est-ce que la seule fois que vous avez vu
9 M. Susic à Celebici, est-ce que c'était lorsque vous l'ameniez au
10 tunnel n° 9, et vous l'avez frappé plusieurs fois. Est-ce qu’il y a eu un
11 autre moment à Celebici où vous l'avez vu ?
12 M. Landzo (interprétation). - Non. Comment puis-je me souvenir ?
13 Peut-être que j'étais en dehors du tour de service pendant qu'il sortait
14 pour les petits besoins. Près du tunnel, il y avait toujours un garde. Le
15 matin, il y avait deux ou trois gardes qui étaient libres pour aider
16 l'homme qui était en poste à ce que l'on organise la sortie des détenus
17 pour leurs petits besoins ou pour se laver. Peut-être que j'étais là à ce
18 moment-là, mais je ne m'en souviens plus.
19 Mme McHenry (interprétation). - Cette occasion dont vous vous
20 souvenez, vous avez dit que d'autres personnes, d'autres gardes le
21 frappaient avec des bâtons, avec une batte de base-ball. Est-ce que vous
22 parlez de quel type de batte ou de quel type de bâton il s'agissait,
23 c'est-à-dire ce que les autres utilisaient ?
24 M. Landzo (interprétation). - Il a été frappé, pour ce qui est
25 de l'un de ces gardes, avec une matraque, pour d'autres avec leurs mains
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1 parce que c'était une espèce de corridor, la place vraiment étant limitée
2 pour qu'on puisse utiliser d'autres objets.
3 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous vous rappelez de
4 tout le monde présent, de tous ceux qui ont participé à ce passage à tabac
5 de M. Susic ?
6 M. Landzo (interprétation). - Il y avait un gardien surnommé
7 Focar. Celui-là était particulièrement costaud, c'est ainsi que je m'en
8 souviens.
9 Mme McHenry (interprétation). - Pardon, est-ce que vous dites
10 maintenant que vous ne vous souvenez pas qui étaient les autres personnes
11 ou est-ce que vous dites qu'à l'époque vous ne saviez pas qui ils
12 étaient ?
13 M. Landzo (interprétation). - Maintenant je ne peux pas m'en
14 souvenir. Certainement je connaissais ces gens-là qui étaient les
15 gardiens, mais maintenant je ne peux pas me rappeler leurs noms.
16 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez ?
17 Est-ce que c'était pendant le jour ou est-ce que c'était la nuit ?
18 M. Landzo (interprétation). - Je pense bien que c'était vers les
19 5 ou 6 heures de l'après-midi, au moment où il a été emmené et détenu. Je
20 crois que c'était à peu près vers ces heures-là.
21 Mme McHenry (interprétation). - N'est-ce pas que vous serez
22 d'accord que votre main et votre asthme, ni l'un ni l'autre ne vous
23 empêchaient de tuer M. Samoukovic ou M. Gotovac ?
24 M. Landzo (interprétation). - Vous parlez de Susic ?
25 Mme McHenry (interprétation). - Je m'excuse, c'est vrai j'ai
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1 passé à une autre question. Je suppose que vous serez d'accord...
2 Je passe à une autre question.
3 Je voudrais maintenant parler de M. Simo Jovanovic. Vous dites
4 que vous l'avez fait sortir du hangar et avez aidé à le faire revenir au
5 hangar, mais que vous ne l'avez pas battu vous-même. Est-ce exact ? Est-ce
6 que c'est ce que vous avez dit ?
7 M. Landzo (interprétation). - Oui, c'est cela.
8 Mme McHenry (interprétation). - Alors qui l'a battu vraiment ?
9 M. Landzo (interprétation). - Je sais qu'il s'est agi de
10 gardiens qui étaient venus du village Idbar. J'en connaissais bien un, qui
11 portait une espèce de marteau pour préparer la viande, pour faire des
12 escalopes. Alors il s'est vanté le lendemain comme quoi, moyennant ce
13 marteau, il lui assénait des coups sur la tête et ailleurs, partout.
14 Mme McHenry (interprétation). - Lorsque ces gens sont arrivés,
15 c'est-à-dire les autres gardes, qu'ils ont demandé à Simo Jovanovic que
16 c'était vous qui deviez le faire sortir, pourquoi est-ce que les autres
17 gardes ne l'ont pas fait sortir eux-mêmes ? Pourquoi est-ce qu'on avait
18 besoin de vous pour l'appeler, le faire sortir plutôt du hangar ?
19 M. Landzo (interprétation). - Parce qu'il ne pouvait pas être en
20 contact avec le garde. Il n'était pas cette fois-ci de service. C'était
21 mon obligation à moi d'être en contact, de communiquer avec les détenus en
22 tant que garde sur mon poste de garde.
23 Mme McHenry (interprétation). - Je pensais que vous veniez de
24 dire que si quelqu'un avait reçu un ordre du commandant ou du commandant-
25 adjoint, le garde était autorisé à faire sortir quelqu'un du hangar de son
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1 propre gré, même s'il n'était pas de service ?
2 M. Landzo (interprétation). - Celui-là devait recevoir l'ordre
3 et demander à la personne qui était sur son poste de garde, de communiquer
4 et de faire sortir la personne en question, donc si je n'étais pas à mon
5 tour de service, je n'aurais pas pu le faire, évidemment. J'aurais dû
6 m'adresser d'abord au gardien. Donc ce n'était pas le cas, je n'aurais pas
7 pu faire l'appel et le faire sortir si je n'étais pas de garde.
8 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez
9 avoir déposé autrement, il y a très peu de temps, concernant cette même
10 question ?
11 M. Landzo (interprétation). – Il se peut que j'aie donné une
12 mauvaise explication, mais c'est ainsi que cela fonctionnait.
13 Mme McHenry (interprétation). - Lorsque ces personnes sont
14 arrivées pour demander M. Jovanovic, vous pensiez évidemment qu'ils
15 allaient le battre ?
16 M. Landzo (interprétation). – On le supposait. Mais je ne
17 pouvais certainement pas les en empêcher.
18 Mme McHenry (interprétation). - Vous entendiez le passage à
19 tabac de la position que vous occupiez. Est-ce exact ?
20 M. Landzo (interprétation). – Oui.
21 Mme McHenry (interprétation). - Et vous avez dit que ce passage
22 à tabac a duré une vingtaine de minutes et que vous entendiez le passage à
23 tabac et également les cris. Est-ce que vous entendiez M. Jovanovic qui
24 suppliait qu'on le laisse en vie ?
25 M. Landzo (interprétation). – C’est possible. J'ai entendu des
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1 voix. Mais je ne peux pas me souvenir de tout ce qui a été dit à cette
2 occasion-là. J'ai entendu des voix, mais j'ai entendu surtout des jurons.
3 Mme McHenry (interprétation). - Passons à autre chose, Monsieur.
4 Monsieur Nedeljko Draganic, combien de fois est-ce qu'on a battu ce
5 monsieur, si vous vous en souvenez ?
6 M. Landzo (interprétation). – Vous voulez dire battu par
7 d'autres gardiens ?
8 Mme McHenry (interprétation). – Excusez-moi, combien de fois
9 est-ce qu'il a été battu à Celebici ?
10 M. Landzo (interprétation). – J'ai été présent à une occasion.
11 Peut-être à d'autres occasions j'ai pu assister aussi pendant qu'il était
12 battu mais, pour le reste, je ne sais pas. Je ne pouvais pas savoir tout
13 au sujet de tout ce qui s'était passé. Je pouvais savoir lorsque c'était
14 mon tour de service ou lorsqu'on m'a donné l'ordre de faire ceci ou cela,
15 mais quels étaient les ordres donnés à d'autres gardiens ? Je n'en sais
16 rien.
17 Mme McHenry (interprétation). - Vous avez dit que vous vous
18 souvenez avoir frappé une fois M. Spaco Jumanovic et qu'à une autre
19 occasion, vous lui avez brûlé les jambes pour qu'il ne puisse plus
20 marcher. Est-ce que vous vous souvenez aussi lui avoir brûlé la main avec
21 un couteau réchauffé, comme vous l'avez fait avec M. Kuljanin ?
22 M. Landzo (interprétation). – Je ne peux pas m'en souvenir
23 vraiment.
24 Mme McMurrey (interprétation). - Il n'a jamais dit qu'il avait
25 brûlé M. Kuljanin avec un couteau.
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1 Mme McHenry (interprétation). - Je crois qu'il a dit… C'est
2 exact, vous avez dit que vous aviez brûlé M. Kuljanin avec un couteau ?
3 Mme McMurrey (interprétation). - Je m'excuse, je me suis
4 trompée, je retire ma question.
5 M. Landzo (interprétation). – C'était un objet en fer. Si
6 c'était un couteau ou pas, je n'en sais rien, mais en tout cas c'était un
7 objet en fer.
8 Mme McHenry (interprétation). - Et vous ne vous souvenez pas si
9 vous avez, de façon analogue, brûlé M. Miljevic ?
10 M. Landzo (interprétation). – Si je l'avais fait, je m'en
11 souviendrais certainement, comme je me souviens d'ailleurs de ce dernier
12 incident que vous mentionnez, mais il a été capable de marcher après.
13 Mme McHenry (interprétation). - Pour ce qui concerne
14 Mirko Babic, vous avez dit que vous ne saviez pas qui il était, mais vous
15 serez d'accord avec moi quand je dis qu'en 1996, lorsque vous avez fait
16 votre déclaration devant le bureau du Procureur, vous étiez tout à fait
17 certain de qui il s'agissait, n'est-ce pas ?
18 M. Landzo (interprétation). – Est-ce que vous êtes en capacité
19 de me donner lecture de ce que j'avais déposé ?
20 Mme McHenry (interprétation). – Oui, Monsieur. Je vais en lire
21 des extraits. Je commence à la page 80, des extraits du compte rendu ayant
22 trait à la connaissance que vous auriez eue de lui. Je ne vais pas tout
23 lire. On vous a demandé : "Est-ce que vous savez quelque chose sur le
24 traitement de Mirko Babic ?" et vous avez répondu : "Je sais que lorsqu'on
25 l'a fait venir, il a été battu". On vous a demandé : "Est-ce que vous
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1 savez de qui il s'agit ?", et vous avez répondu "Oui". Par la suite, on
2 vous a demandé : "Quel âge avait-il ?", Mirko Babic. Et vous avez
3 répondu : "Entre quarante et cinquante ans. C'était un homme d'un certain
4 âge". Après, on vous a demandé si vous le connaissiez avant et vous avez
5 répondu "Non", et puis on vous a demandé précisément : "Comment vous vous
6 souvenez de cette personne ?", et vous avez dit : "Je le sais que
7 lorsqu'on avait pris ses détails personnels, il y avait une moustache".
8 C'est seulement une fois après avoir entendu le nom, vous vous en
9 souvenez ? Et vous avez dit que : "Quand il sortait le matin, je savais
10 qui il était".
11 Est-ce que cela vous rafraîchit la mémoire concernant le fait
12 qu'en 1996, vous saviez qui il était, M. Mirko Babic ?
13 M. Landzo (interprétation). – Il se peut que j'aie fait une
14 confusion et que j'aie confondu pensant à une autre personne, parce qu'à
15 cette époque je ne savais vraiment pas qui était Mirko Babic tant qu'il
16 n'est pas venu ici pour déposer. C'est à cette occasion-là que je l'ai vu
17 la première fois et c'est ainsi que j'ai pu me rappeler la personne en
18 question et si j'ai fait la confusion, c'est peut-être que j'ai confondu
19 et que j'ai parlé de quelqu'un d'autre. En réalité, je ne suis plus
20 certain. Je vois bien maintenant que j'ai dit quelque chose du genre, mais
21 peut-être que j'ai fait une confusion et peut-être que je l'ai pris pour
22 un autre, de telles personnes qui étaient emmenées chez nous, à Celebici.
23 Mme McHenry (interprétation). - Parlons un tout petit peu des
24 femmes du camp. N'est-ce pas exact que vous croyiez que les femmes au camp
25 étaient toutes des civiles ?
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1 M. Landzo (interprétation). – Vous pensez que j'ai cru moi-même,
2 personnellement ?
3 Mme McHenry (interprétation). - Oui, c'est cela.
4 M. Landzo (interprétation). – Mais oui, c'est bien cela. Je ne
5 pouvais pas croire que les femmes de cet âge-là, plutôt vieilles,
6 pouvaient être membres de formations militaires. J'ai pu voir des femmes
7 plus jeunes, beaucoup plus jeunes, faisant partie d'unités militaires,
8 mais pour cela je ne suis pas sûr.
9 Mme McHenry (interprétation). - Vous croyez que la raison pour
10 laquelle Mme Cecez se trouvait au camp, c'était parce que son époux était
11 censé être dirigeant des Serbes, n'est-ce pas ?
12 M. Landzo (interprétation). – C'est ce que l’on disait.
13 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous savez quelque
14 chose du traitement de Mme Cecez ou de Mme Antic alors qu'elles étaient au
15 camp ?
16 M. Landzo (interprétation). - Je n'ai entendu que des rumeurs.
17 Mme McHenry (interprétation). - Et en réalité, est-ce qu'on
18 disait au camp que ces femmes avaient été violées lorsqu'elles étaient à
19 Celebici ?
20 M. Landzo (interprétation). - Ce n'est pas à cette occasion-là
21 que je l'ai entendu. C'est après 1994 ou 1996 que j'ai entendu de la part
22 de M. Delic ce qui s'était passé avec ces femmes-là, mais à cette époque-
23 là dire que quelqu'un en a parlé à la prison, non. Moi, personnellement,
24 je n'ai pas entendu.
25 Mme McHenry (interprétation). - Et qu'est-ce que M. Delic vous a
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1 dit à propos du traitement de Mme Cecez et de Mme Antic ?
2 M. Landzo (interprétation). - Il a dit qu'elles étaient violées.
3 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que M. Delic vous a dit
4 quelque chose sur la personne qui les a violées ?
5 M. Landzo (interprétation). - Lui-même et il s'en est vanté
6 pendant qu'on était à Zenica, à la prison, il en a relaté des épisodes à
7 pas mal de détenus parce qu'il était considéré comme, évidemment, une
8 personne qui a couché avec six cents femmes.
9 Mme McHenry (interprétation). - J'ai maintenant une question
10 concernant une personne qui a été victime de sévices sexuels dont le nom
11 n'a pas été mentionné. Je demande que nous passions à huis clos partiel.
12 (L'audience se poursuit à huis clos partiel)
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7 L'audience se poursuit en audience publique
8 M. le Président (interprétation). - Vous pouvez continuer.
9
10 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, vous avez dit qu'après le
11 passage à tabac... Non, après avoir vu les gens tués à Repovci, on vous a
12 donné ordre d'interroger les frères Dordic et c'est ce que vous avez fait.
13 Qui vous avait dit que vous deviez interroger les frères Dordic ?
14 M. Landzo (interprétation). - Monsieur Mucic.dans le bâtiment
15 administratif avec
16 Menic. Cela a eu lieu donc après. Et d'ailleurs, personne ne les a
17 interrogés après, non plus qu'on a eu d'ailleurs de conversation après cet
18 incident de Repovci pendant qu'ils étaient à Celebici.
19 M. le Président (interprétation). - Je pense que ce serait un
20 bon moment pour faire la pause.
21 L'audience est suspendue à 16 heures.
22 L'audience est reprise à 16 heures 35.
23 Mme le Greffier (interprétation). - Je vous rappelle, Monsieur,
24 que vous êtes toujours sous serment.
25 M. Landzo (interprétation). - Oui.
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1 M. le Président (interprétation). - Vous pouvez poursuivre,
2 Maître McHenry.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Merci. Monsieur. En 1992, vous
4 saviez que M. Mucic était le bras droit de M. Delalic, n'est-ce pas ?
5 M. Landzo (interprétation). - Je ne le savais pas. Je pense que
6 je vous l'ai dit, mais je ne le savais pas avec certitude. Je l'avais
7 entendu dire de Mitko Pirkic. Il m'a parlé, m'a dit des choses contre
8 Pavo, mais je ne le sais pas. Je ne le savais pas avec certitude.
9 Mme McHenry (interprétation). - Bien. Un avis écrit a été publié
10 à Celebici de la part de M. Zejnil Delalic sur les personnes qui avaient
11 le pouvoir d'entrer dans le camp de Celebici, n'est-ce pas ?
12 M. Landzo (interprétation). - Je sais qu'oralement un ordre de
13 M. Mucic avait été donné.
14 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, est-ce que vous vous
15 souvenez en 1996, après la publication de l'acte d'accusation, mais avant
16 votre arrestation, avoir donné une interview à un journal de Bosnie ?
17 M. Landzo (interprétation). - Oui, je m'en souviens.
18 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, dans cet interview,
19 vous avez dit que si M. Delalic apprenait qu'un garde avait fait subir de
20 mauvais traitements à des prisonniers, il aurait fait envoyer ce gardien
21 sur la ligne de front. Il existait un ordre écrit de M. Delalic affiché
22 dans le camp sur les personnes qui avaient la capacité d'entrer dans le
23 camp. Est-ce que vous vous souvenez avoir dit cela lorsque vous avez donné
24 cette interview en 1996 ?
25 M. Landzo (interprétation). - Je n'ai jamais dit cela. J'ai
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1 donné des explications à
2 l'occasion de ma déclaration au bureau du Procureur sur les circonstances
3 qui entouraient cette interview et je peux répéter cela si vous le
4 souhaitez.
5 Mme McHenry (interprétation). - Très bien. Donc vous avez donné
6 des explications dans votre entretien au bureau du Procureur. Vous avez
7 dit que vous avez donné une interview, qu'ils avaient fait un compte rendu
8 exact de ce que vous aviez dit, à part ce qui concernait M. Delalic. Est-
9 ce que c'est encore dans ce sens que vous déposez Monsieur, à savoir que
10 tout le reste était exact, que tout était correctement rapporté dans ce
11 que vous avez dit aux journalistes et que c'est uniquement la partie qui
12 portait sur M. Delalic que vous n'avez pas dite aux journalistes ?
13 Mme McMurrey (interprétation). - J'aimerais demander qu'on
14 montre une copie de ce document pour rafraîchir la mémoire de l'accusé. Je
15 pense que personne d'autre ne l'a vu.
16 Mme McHenry (interprétation). - Il s'agissait d'une pièce, et
17 étant donné que le témoin semble s'en souvenir sans problème, je pense que
18 ce n'est pas nécessaire. Si vous le souhaitez, je pourrais le faire.
19 M. le Président (interprétation). - Je pense que cela n'est pas
20 nécessaire. Il faut peut-être lui expliquer sur quoi porte cette
21 situation.
22 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, lorsque vous avez
23 donné cet entretien au bureau du Procureur, vous avez dit que vous aviez
24 donné cette interview et que tout dans l'article représentait de manière
25 précise ce que vous avez dit à l'exception de la partie qui portait sur
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1 M. Delalic. Est-ce que c'est exact ?
2 M. le Président (interprétation). - Peut-être que vous pourriez
3 lui montrer cette pièce.
4 M. Landzo (interprétation). - Je sais qu'on m'a posé des
5 questions sur les structures de la prison, comment elle fonctionnait,
6 comment se faisaient les gardes. Et à un moment donné, on m'a posé des
7 questions sur Zejnil Delalic, mais je n'ai rien pu leur dire sur
8 cette personne, par conséquent ils ont renoncé à ces questions. Ils m'ont
9 posé des questions essentiellement sur les événements à Celebici, mais à
10 l'époque, je n'ai rien dit sur Zejnil Delalic. J'ai été surpris lorsque
11 vous m'avez montré cet article de journal car je ne l'avais jamais vu
12 avant que vous ne me
13 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, vous en avez parlé
14 dans votre entretien avec le bureau du Procureur et je pense donc qu'il
15 n'est pas nécessaire de consacrer du temps à le parcourir et j'aimerais
16 passer à une autre question.
17 Des témoins de l’accusation ont déposé dans le prétoire et vous,
18 ainsi que d'autres accusés, avez proféré des menaces à l'intention de ces
19 témoins, n'est-ce pas ?
20 M. Landzo (interprétation). - Non. Moi-même et M. Mucic, nous
21 avons parlé de cela, mais je n'ai menacé personne. Je pense que j'ai fait
22 un commentaire qui disait qu'après avoir entendu tout ce qui avait été
23 dit, j'aurais aimé avoir commis cela et que je me sentirais moins coupable
24 si j'avais fait tout ce qui avait été dit, ça serait plus facile que
25 d'avoir entendu tout cela. Des choses qui s'étaient produites et des
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1 choses qui ne s'étaient pas produites, autant que mes souvenirs soient
2 bons. Mais quelqu'un a interprété cela d'une autre manière et en fin de
3 compte, il s'est avéré que c'était le cas.
4 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que lorsque le témoin J a
5 témoigné, vous n'avez pas élevé la voix et dit que vous souhaitiez le
6 piétiner plutôt mille fois qu'une ?
7 M. Landzo (interprétation). - Non, non.
8 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, est-ce que vous êtes
9 au courant de certains actes impropres de la part d'accusés dans cette
10 affaire pour suggérer au témoin leur déposition ?
11 M. Landzo (interprétation). - Vous me demandez si j'en ai
12 connaissance ?
13 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous avez
14 connaissance de tentatives impropres de cette sorte ?
15 M. Landzo (interprétation). - J'ai fait certains commentaires
16 moi-même. Je ne sais pas ce qu’ont fait les autres. J'ai analysé tous les
17 témoins de l'accusation, de la défense et j'ai transmis ces commentaires à
18 mon avocat. C’étaient mes commentaires.
19 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, est-ce qu’on peut dire
20 que vous ne pouvez vous souvenir de toutes les fois où vous avez battu,
21 fait subir de mauvais traitements ou torturé des détenus de Celebici ?
22 M. Landzo (interprétation). - Je ne sais pas si j'ai frappé
23 quelqu'un une fois, deux fois ou cinq fois, mais lorsqu'il s'agit de
24 passage à tabac sérieux ou de meurtre, je pense que je pourrais m'en
25 souvenir. Mais je ne peux pas me souvenir si j'ai donné un coup de pied à
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1 quelqu'un une fois ou deux fois. Cela, je ne peux pas m'en souvenir. Mais
2 pour des faits plus importants, je m'en souviendrais certainement. Peut-
3 être pas dès le début, mais en tout cas après tout ce qui a été dit ici,
4 devant la Chambre, je crois que je pourrais m'en souvenir.
5 Mme McHenry (interprétation). - Parlons maintenant de certains
6 incidents plus importants potentiellement. Est-ce que vous vous souvenez
7 de toutes les fois où vous avez infligé des brûlures à des personnes, soit
8 en mettant le feu à ces personnes, en mettant le feu à leurs vêtements, en
9 mettant des mèches allumées sur ces personnes. Est-ce que vous vous
10 rappelez ces cas ?
11 M. Landzo (interprétation). - Je sais ce qui s'est passé pour
12 Miljanic et pour Kuljanin. Je crois que c’était Momir Kuljanin ou c’est
13 moi qui l’ai fait, mais pour le reste, je ne sais pas.
14 Mme McHenry (interprétation). - Et M. Djordjic, vous avez déjà
15 parlé de ces brûlures.
16 M. Landzo (interprétation). - Oui.
17 Mme McHenry (interprétation). - Ma question, Monsieur, est la
18 suivante : est-ce que vous vous souvenez d'autres occasions où vous auriez
19 infligé des brûlures à des
20 personnes ?
21 M. Landzo (interprétation). - Non, je ne m'en souviens pas, mais
22 je m'en souviendrais probablement si cela s'était produit car, à vous dire
23 la vérité, même ces trois cas-là, lorsque je suis arrivé ici en 1996, je
24 ne pouvais m'en souvenir de manière précise. Mais avec certitude, je peux
25 vous dire que j'ai participé à ces événements. Pour ce qui est du reste,
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1 je ne sais pas vraiment.
2 Mme McHenry (interprétation). - Bien. Quelle sorte d'instrument,
3 à part des matraques de police, des bâtons, des mèches pour mettre le feu
4 à des personnes, quels autres instruments avez-vous utilisé et ont utilisé
5 les autres personnes à Celebici qui ont fait subir de mauvais traitements
6 aux détenus ?
7 M. Landzo (interprétation). - Essentiellement, je donnais des
8 coups de pied, car je ne pouvais pas frapper les gens avec mes mains. Je
9 ne pouvais tenir fermement un instrument dans ma main, mais d’autres
10 utilisaient des battes de base-ball ou ils utilisaient des parties de
11 chaise.
12 Mme McHenry (interprétation). - Qu'en est-il des masques à gaz ?
13 M. Landzo (interprétation). - Je sais qu'il y en avait à
14 l'entrepôt.
15 Mme McHenry (interprétation). - Vous êtes d'accord avec moi pour
16 dire que des masques à gaz ont été utilisés parfois contre des détenus,
17 n'est-ce pas ?
18 M. Landzo (interprétation). - Oui, c'est possible. Je ne sais
19 pas. Mais si vous me demandez ce que je sais, je n'en ai pas connaissance
20 car, je vous le répète, je n'étais pas le seul gardien. Vous pouvez
21 vérifier la chose avec tous les gardiens qui y ont travaillé. Je sais que
22 moi-même je ne l'ai pas fait et je ne pouvais même pas avoir accès à ces
23 masques, car ils étaient dans l'entrepôt, dans le bâtiment D et ils
24 étaient sous clef.
25 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, est-ce que votre
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1 déposition est la suivante : vous n'avez jamais entendu parler de
2 l'utilisation de masque à gaz contre des détenus
3 pendant votre séjour à Celebici ?
4 M. Landzo (interprétation). - C’est possible. Peut-être qu'à
5 l'époque j'en ai entendu parler, mais maintenant je ne peux m'en souvenir.
6 Vous savez, il y avait énormément de choses qui se passaient pendant la
7 journée, cela allait très vite. Pendant la nuit, bien des choses pouvaient
8 se produire et le lendemain pendant la journée, j'apprenais peut-être ces
9 événements mais je n'y attachais pas grande importance et après un certain
10 temps, peut-être que je les oubliais surtout si je n'étais pas sur place
11 au moment où cela s'est produit. J'ai vécu bien des choses de 1992 à 1998,
12 alors...
13 Mme McHenry (interprétation). - Essayons de voir si cela
14 rafraîchit votre mémoire, Monsieur. Il s'agit de la pièce à conviction de
15 l'accusation 263. Il s'agit de votre déclaration sur les frères Dordic. On
16 vous l'a montrée il y a quelques minutes. Vous avez dit que vous avez mis
17 un masque à gaz sur leur tête et lorsqu'ils n'avaient plus d'air, que vous
18 aviez enlevé le masque et vous aviez continué à les interroger.
19 Est-ce que c'est votre déposition de dire que vous avez parlé de
20 ces masques à gaz à ce moment-là, même si vous ne saviez pas qu'ils
21 étaient utilisés par vous ou par d'autres personnes à ce moment-là à
22 Celebici ?
23 M. Landzo (interprétation). - Peut-être que j'ai dit cela, mais
24 je ne peux m'en souvenir. Je sais qu'il y a eu des masques à gaz à
25 Celebici, qu'on les a employés, qu'ils se trouvaient à l'entrepôt, mais
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1 est-ce que quelqu'un les utilisait, je ne sais pas. Je suis sûr que moi,
2 je ne les ai pas utilisés. Et cette déclaration, et encore une autre, ont
3 été rédigées contre M. Mucic et Ivica Buric qui n'était pas en
4 Bosnie-Herzégovine à l'époque et on cherchait à rejeter toute la
5 culpabilité sur les Croates. Je vous ai déjà dit que bien des déclarations
6 n'étaient pas exactes.
7 Pendant toute cette période où j'ai fait ces déclarations, je me
8 trouvais en prison, à la prison de Musala lorsque j'ai fait ces
9 déclarations.
10 Mme McHenry (interprétation). - J'aimerais vous poser une
11 question. Est-ce que vous vous souvenez avoir participé à des fausses
12 exécutions ou vous faisiez croire à un détenu que vous alliez l'abattre,
13 même si en fin de compte, vous ne l'avez pas abattu. Est-ce que vous avez
14 le souvenir de vous-même ou d'autres personnes qui auraient participé à de
15 telles fausses exécutions ?
16 M. Moran (interprétation). - Veuillez m'excuser, nous avons un
17 problème au transcript. Il s'agit de la ligne 19.
18 Le témoin a parlé Evica Buric.
19 M. Landzo (interprétation). - Une fois, je n'étais pas de garde,
20 je n'étais pas de service, et trois personnes, sur ordre de M. Delic, nous
21 sommes allés vers le hangar n° 6. Il a fait sortir une personne du hangar.
22 Je pense que son nom de famille était Kuljanin. Je crois que c'était son
23 nom de famille. Il l'a fait sortir et il lui a ordonné de se mettre debout
24 devant cette petite colline où il y avait un petit canal pour l'écoulement
25 de l'eau et nous autres, deux, trois personnes, il nous a demandés de nous
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1 aligner et de faire comme si nous allions l'exécuter. M. Delic nous
2 donnait des ordres, nous expliquait comment pointer nos fusils, mais nous
3 n'avons pas tiré.
4 Je connais ce cas-là auquel j'étais présent.
5 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que des prisonniers n'ont
6 jamais été placés dans des trous ?
7 M. Landzo (interprétation). - Oui.
8 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire
9 ce que vous savez de ces cas-là, Monsieur Landzo ?
10 M. Landzo (interprétation). - Je me souviens d'un cas où des
11 prisonniers du tunnel n° 9 ont été emmenés vers un trou et les gardiens
12 ont accompagné, escorté ces détenus du tunnel n° 9 jusqu'à ce trou. Nous
13 les avons accompagnés. Ils marchaient d'un côté, nous de
14 l'autre. Je n'en suis pas sûr, mais je pense que M. Mucic était présent ce
15 jour-là. Je suis sûr que M. Delic en tout cas y était.
16 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez si
17 l'on a fait boire de l'urine à des prisonniers ?
18 M. Landzo (interprétation). - Je ne sais pas.
19 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez de
20 cigarettes qu'on éteignait sur les mains des détenus ?
21 M. Landzo (interprétation). - Moi, je n'ai pas fait de telles
22 choses et je n'en ai pas eu connaissance. Moi-même, je n'ai jamais fumé
23 donc...
24 Mme McHenry (interprétation). - Vous avez dit qu'on vous a donné
25 l'ordre de torturer et même de tuer des prisonniers et que parfois
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1 d'autres gardiens avaient reçu des ordres dans le même sens.
2 Est-ce que vous savez si tous les autres gardiens ont reçu
3 l'ordre de faire subir de mauvais traitements aux prisonniers ou est-ce
4 que c'était uniquement certains gardiens ?
5 M. Landzo (interprétation). - Je ne sais pas. Pendant que
6 j'étais au poste de garde près du hangar n° 6, j'ai eu la possibilité
7 d'entendre des cris, des gémissements près du tunnel n° 9 et j'ai supposé
8 que quelqu'un d'autre y participait. Je me trouvais à cet endroit-là et je
9 pensais qu'il se passait quelque chose, donc j'en ai déduit que les autres
10 avaient également reçu des ordres.
11 Parfois, j'arrivais pour prendre la relève le matin et voir
12 quelqu'un qui avait été passé à tabac. Donc cela s'était produit avant que
13 je ne prenne mon service. Est-ce que cette personne-là avait un ordre ou
14 pas ? Je ne sais pas, mais je suppose que oui.
15 Mme McHenry (interprétation). - Seriez-vous d'accord avec moi,
16 Monsieur, pour dire que certains gardiens, pas une majorité d'entre eux,
17 mais certains, n'ont pas fait subir de mauvais traitements aux
18 prisonniers ?
19 M. Landzo (interprétation). - Je ne peux pas me souvenir de tels
20 cas pendant la période où je m'y trouvais. Est-ce qu’il y en a eu par la
21 suite ? Je ne sais pas. J'y ai passé environ un mois et demi. Après,
22 d'autres gardiens sont arrivés, de nouveaux gardiens sont arrivés, j'en ai
23 entendu parler en ville. Est-ce que par la suite cela s'est passé ? Je ne
24 sais pas.
25 Je peux vous dire qu'il y a eu une personne parmi les gardiens
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1 qui s'appelait Sejo Mustafic, qui s'occupait de la réception des vivres.
2 Peut-être que c'était la seule personne qui ne faisait pas de la sorte
3 dans la prison. Mais pour tous les autres, dans une plus grande mesure ou
4 dans une mesure moindre, ils le faisaient. A une reprise, il y a eu quinze
5 gardiens qui ont battu un détenu.
6 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que c'était suite à des
7 ordres ?
8 M. Landzo (interprétation). - Oui, parce que M. Delic était
9 présent également. A ce moment-là, lors du passage à tabac de ce détenu,
10 il s'est blessé à la jambe. Il avait d'ailleurs une blessure avant déjà.
11 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous étiez présent à
12 ce moment-là ?
13 M. Landzo (interprétation). - Oui.
14 Mme McHenry (interprétation). - Et qui était le détenu, si vous
15 vous en souvenez ?
16 M. Landzo (interprétation). - Zeljko Cecez surnommé Spanaz.
17 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que Samir Hondo,
18 Senif Pajic ou Senad Omerka , est-ce vous savez s'ils étaient de garde au
19 moment où vous étiez à Celebici ?
20 M. Landzo (interprétation). - Samir Hondo y était pendant que
21 j'étais à Celebici. Omerka, je ne sais pas, je ne me souviens pas s'il y
22 était au moment où moi-même j'y étais. Je l'ai vu par la suite sur la
23 cassette vidéo. Il était réfugié et il habitait dans une partie de
24 Celebici qui se trouvait à proximité du camp, mais je ne sais pas s'il y
25 était précisément au moment où moi-même je m'y trouvais.
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1 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous avez vu
2 Samir Hondo faire subir de mauvais traitements aux détenus ?
3 M. Landzo (interprétation). - Moi personnellement, non.
4 Mme McHenry (interprétation). - Autant que vous sachiez, rien de
5 mal n'est jamais arrivé à Sejo Mustafic ou à Samir Hondo au camp de
6 Celebici ?
7 M. Landzo (interprétation). - Que voulez-vous dire par quelque
8 chose de mal ? Ils n'étaient pas détenus ?
9 Mme McHenry (interprétation). - Oui, mais même s'ils n'ont pas
10 fait subir de mauvais traitements aux détenus, ils n'ont jamais été passés
11 à tabac ou tués eux-mêmes, n'est-ce pas ?
12 M. Landzo (interprétation). - Je dis que je ne sais pas s'ils
13 battaient quelqu'un. Peut-être qu'ils battaient des détenus sans que je le
14 vois, car parfois je rentrais chez moi un jour ou deux. Je ne les ai pas
15 vu faire cela personnellement, mais est-ce qu'ils le faisaient ou non ? Je
16 ne sais pas.
17 Mme McHenry (interprétation). - J'aimerais essayer d'arriver à
18 ce que je veux dire d'une autre manière peut-être. Est-ce qu’on vous a
19 jamais menacé pendant que vous étiez à Celebici de la chose suivante.
20 Pardon, est-ce qu’on vous a jamais menacé ?
21 M. Landzo (interprétation). - Oui, à propos d'Esad Bubalo, on
22 m'a dit que si je ne le faisais pas on allait me tuer mais qu'en tout état
23 de cause, Bubalo allait trouver la mort.
24 Mme McHenry (interprétation). - Et pour ce qui est de M. Bubalo,
25 il ne s'agissait pas d'un détenu serbe du camp, n'est-ce pas ?
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1 M. Landzo (interprétation). - Il faisait partie de l'armée de
2 Bosnie-Herzégovine.
3 Mme McHenry (interprétation). - Très bien.
4 Est-ce que vous savez si quoi que ce soit de physique est arrivé
5 à Samir Hondo ou Sehid Mustafic pendant la période où ils ont travaillé à
6 Celebici ?
7 M. Landzo (interprétation). - Pour autant que je sache, je pense
8 qu'à aucune reprise, il n'est arrivée quelque chose au gardien même si je
9 peux vous citer l'exemple de cet Albanais qu'on appelait Sok. On l'a
10 arrêté et on l'a attaché avec des menottes au radiateur et il y a passé
11 toute la nuit parce qu'il est parti retrouver sa petite amie alors qu'il
12 n'en avait pas l'autorisation au village. M. Delic m'a donné l'ordre de
13 l'arrêter, de le désarmer. Je pense qu'à cette époque-là, il l'a
14 d'ailleurs menacé de l'enfermer dans le tunnel n °9 et qu'il n'en ressorte
15 plus jamais.
16 Mme McHenry (interprétation). - Cette personne avait quitté le
17 camp sans autorisation. Il n'a pas été puni parce qu'il avait maltraité
18 des détenus, n'est-ce pas ?
19 M. Landzo (interprétation). - Oui, c'est ça, il avait quitté le
20 camp sans autorisation.
21 Mme McHenry (interprétation). - Le Docteur Grippon a dit, hier,
22 qu'en 1992, vous connaissiez la différence entre le bien et le mal. Est-ce
23 que c'est exact ? Est-ce que vous connaissiez la différence entre le bien
24 et le mal en 1992 ?
25 M. Landzo (interprétation). - C’est probable mais je n'avais pas
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1 d'influence là-dessus. Qui me demandait si quelque chose était bien ou
2 non ? Si on m'avait posé la question, il n'y aurait pas eu tout cela ; l
3 n'y aurait pas eu la guerre en Bosnie ; il n'y aurait pas eu les
4 événements de Celebici.
5 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, étant donné que vous
6 connaissiez la différence entre le bien et le mal, est-ce que vous avez
7 essayé de rapporter à quelqu'un en dehors du camp, de la TO, de l'armée de
8 Bosnie ou aux journaux ou autres, est-ce que vous avez essayé de dire à
9 quiconque ce qui se passait dans le camp de Celebici ?
10 M. Landzo (interprétation). – Non, je n'ai pas essayé de le
11 faire. Je pense d'ailleurs que personne ne m'aurait écouté. Car le chef du
12 MUP venait, il était responsable du respect de l'ordre en ville. Il a
13 participé à des passages à tabac de détenus. Alors, à qui aurais-je pus me
14 plaindre ?
15 Peut-être que si je m'étais plaint à quelqu'un, je n'aurais pas
16 survécu très longtemps. C'était ma supposition et j'en avais peur. Je
17 pensais que c'était le mieux de garder le silence.
18 Mme McHenry (interprétation). - Lorsque vous avez quitté
19 Celebici, rien de mal ne vous est arrivé suite à votre départ du camp,
20 n'est-ce pas ?
21 Vous n'avez… On n'a pas porté atteinte à votre santé physique,
22 n'est-ce pas, après votre départ du camp ?
23 M. Landzo (interprétation). – Peut-être que ma chance a été de
24 rejoindre la police militaire. En 1993, un attentat a été perpétré à mon
25 encontre. Quelqu'un m'a attaqué à propos de l'affaire Bubalo.
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1 Mme McHenry (interprétation). – Monsieur, on peut
2 raisonnablement dire qu'en 1992, alors que me vous vous trouviez à
3 Celebici, vous aimiez faire subir de mauvais traitements aux gens et vous
4 aimiez les tuer, n'est-ce pas ?
5 M. Landzo (interprétation). – Non. Je pense qu'on ne peut pas
6 dire les choses de cette manière. Je voyais cela comme des ordres que je
7 devais exécuter. Vous savez, c'est quelque chose que de prendre du
8 plaisir, et c'est quelque chose que de considérer quelque chose comme un
9 devoir.
10 Si je prenais du plaisir à cela, alors pourquoi est-ce que le
11 lendemain, je m'asseyais pour discuter avec certains détenus ? Pourquoi
12 est-ce que j'aurais laissé Space Miljevic voir sa mère, si je prenais du
13 plaisir à le passer à tabac ?
14 Je pouvais discuter avec des détenus, m'entretenir avec eux,
15 mais si je recevais un ordre, je devait l'exécuter.
16 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, vous seriez d'accord
17 pour dire que vous avez dit au Dr Gripon que vous avez fait subir des
18 mauvais traitements aux détenus pour deux raisons : premièrement, on vous
19 avait donné l'ordre de le faire et deuxièmement, vous vous ennuyez et vous
20 étiez frustré. Vous êtes d'accord pour dire que vous avez déclaré cela au
21 Dr Gripon, n'est-ce pas ?
22 M. Landzo (interprétation). – Est-ce que vous pouvez me dire
23 quand cet entretien a eu lieu ?
24 Mme McHenry (interprétation). – Monsieur, vous étiez présent
25 hier et le Dr Gripon a dit que vous lui aviez dit avoir fait subir de
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1 mauvais traitements aux détenus pour deux raisons.
2 Premièrement, on vous avait donné l'ordre de le faire et
3 deuxièmement, vous vous ennuyiez et vous étiez frustré. Il a dit par
4 ailleurs, que vous lui aviez dit que cela ne vous posait aucune difficulté
5 et que vous y preniez plaisir. Est-ce que c'est exact, Monsieur Landzo ?
6 M. Landzo (interprétation). – Si me vous me le permettez,
7 j'aimerais vous expliquer quelque chose.
8 Mme McHenry (interprétation). – Monsieur, pouvez-vous me dire,
9 tout d'abord, si vous l'avez dit au Dr Gripon ?
10 M. Landzo (interprétation). – C'est possible que je l'ai dit.
11 Mais, s'il s'agit de nos premiers entretiens, je pense que je dois vous
12 donner une explication.
13 Si vous examinez le rapport du Dr Lagazzi et d'autres médecins,
14 vous trouverez des déclarations analogues. C'était la période où je suis
15 arrivé ici, j'étais dans une situation très difficile.
16 Parfois, je me levai le matin et j'entendais des obus tomber
17 dehors, j'entendais des tirs. Après mon arrivée ici, je pensais que la
18 guerre se poursuivait et bien des choses que j'ai déclarées au médecin à
19 l'époque, n'était pas exactes. Mais, à l'époque, je pensais que c'était la
20 vérité et je pensais que je devais le dire.
21 Et je voulais tout simplement, enfin... On ne peut pas récupérer
22 de certaines choses.
23 Mme McHenry (interprétation). - Donc, monsieur, ce que vous
24 essayez de dire, c'est que lorsque vous avez parlé au Dr Gripon en 1997 ou
25 1998, vous pensiez que vous
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1 preniez du plaisir à maltraiter les prisonniers, mais maintenant vous vous
2 rendez compte que vous ne preniez pas de plaisir à le faire. Est-ce qu'on
3 peut le dire ?
4 M. Landzo (interprétation). – S'il vous plaît, est-ce que vous
5 pouvez reprendre la question ?
6 Mme McHenry (interprétation). - Si j'ai bien compris votre
7 explication, monsieur, c'est que lorsque vous avez parlé au Dr Gripon en
8 1997, vous pensiez que vous aviez pris plaisir à faire subir de mauvais
9 traitements aux prisonniers, mais, maintenant, vous vous souvenez que vous
10 n'y avez pas pris plaisir. Est-ce qu'on peut dire cela ?
11 M. Landzo (interprétation). – C'est ce que je lui ai dit à cette
12 époque-là.
13 Mme McHenry (interprétation). - Je viens de vous poser une
14 question monsieur. Vous m'avez dit qu’à l’époque, ce que vous lui avez
15 déclaré représentait la vérité pour vous. Vous êtes donc d'accord avec
16 moi, pour dire qu'en 1997, vous pensiez que vous preniez du plaisir à
17 maltraiter des prisonniers.
18 M. Landzo (interprétation). – C'est peut-être ainsi que je me
19 suis exprimé lors de cette conversation. Je l'ai dis, je ne peux pas dire
20 que je ne l'ai pas dit. Mais ce que je voulais entendre par-là, je ne peux
21 pas vous l'expliquer à présent.
22 Mme McHenry (interprétation). - Alors vous serez d'accord avec
23 moi, pour dire que c'était vous le garde qui était le plus souvent choisi
24 pour infliger des mauvais traitements aux prisonniers. Quand M. Mucic ou
25 M. Delic voulait quelqu'un qui le fasse, en général, c'était vous le
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1 premier choix, n'est-ce pas ?
2 M. Landzo (interprétation). - C'est à eux surtout que vous devez
3 poser la question : pour quelle raison il prenait une telle décision. Je
4 me le demande moi-même pendant tout ce temps que je suis là et j'aimerais
5 bien savoir la réponse à cette question : pourquoi moi ?
6 Mme McHenry (interprétation). - Ne croyez-vous pas que c'était
7 vous parce qu'on savait que vous y trouviez votre plaisir et que vous le
8 faisiez sans aucune difficulté ?
9 M. Landzo (interprétation). - Non. La raison était qu'il savait
10 très bien que s'il m'avait dit de faire ceci ou cela, que j'allais
11 l'exécuter, non pas parce que j'y prenais du plaisir.
12 Mme McHenry (interprétation). - Merci. Messieurs et Madame les
13 Juges, je n'ai plus de questions.
14 M. le Président (interprétation). - Est-ce qu'il y a des
15 questions supplémentaires ?
16 Mme McMurrey (interprétation). - Si la Chambre le permet...
17 M. le Président (interprétation). - Continuez.
18 Mme McMurrey (interprétation). - Madame McHenry vient de vous
19 poser des questions concernant le temps de votre départ de Celebici. Elle
20 a dit qu'il n'y avait pas de menaces qui pesaient sur vous, que votre vie
21 n'était pas en danger. Est-ce qu’il est venu un moment, tout de suite
22 après votre départ de Celebici, où M. Sejo Mustafic est venu chez vous ?
23 M. Landzo (interprétation). - Je crois que le même jour, après-
24 midi, il était venu pour me demander de revenir au camp, en me disant que
25 Pavo Mucic avait tout arrangé pour qu'on me délivre un passeport pour que
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1 j'aille avec lui en Autriche et que si, au cours de la journée, je ne
2 venais pas, que tout ceci allait tomber à l'eau et c’est ainsi qu'ici à
3 La Haye, dans une conversation avec M. Delic, ce dernier m'a dit que lui
4 et Mucic avaient un plan comme quoi ils voulaient me tuer et de quelle
5 façon ils avaient tout préparé. Si c'est vrai ou pas, je ne sais pas.
6 C'est ce que j'ai entendu dire par M. Delic.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Je vous remercie.
8 Maître McHenry vous a posé une question sur les détenus qui ont
9 été mis dans des trous à Celebici. Est-ce qu'on vous a mis aussi dans un
10 trou à Celebici ?
11 Mme McHenry (interprétation). - Objection quant à la pertinence.
12 M. le Président (interprétation). - Vous pouvez poser la
13 question, Madame.
14 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce qu'on vous a aussi mis
15 dans un trou à Celebici ?
16 M. Landzo (interprétation). - Pas à Celebici, mais à Pasovici.
17 A Celebici, j'ai été confiné dans le bâtiment C derrière
18 l'infirmerie et même au cours de l'hiver, et les détenus étaient là au
19 cours de l'été.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Et est-ce qu'on vous a mis dans
21 ce trou afin de vous persuader de changer de déclaration ?
22 Mme McHenry (interprétation). - Objection. Je pense que cela
23 n'entre pas dans le cadre du contre-interrogatoire.
24 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur le Président, M. Moran
25 a parlé pendant des heures du changement, des modifications apportées aux
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1 déclarations. Je crois que cela entre quand même dans le cadre du
2 contre-interrogatoire.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce qu'on vous a mis dans un
4 des trous pour que vous changiez de déclarations.
5 M. Landzo (interprétation). - Nous étions ensemble,
6 M. Delic, Osman et Ivica. Je crois que, tous les deux jours, on venait me
7 chercher après minuit où on m'emmenait au deuxième étage de cette école où
8 se trouvait un bureau, où je devais faire des déclarations et où j'ai
9 surtout signé certaines déclarations.
10 J'ai même été battu à cette occasion-là et plus tard, M. Delic a
11 demandé à ses inspecteurs qui l'ont fait, pour quelles raisons ils ont
12 procédé ainsi.
13 Mme McMurrey (interprétation). - Avec l'aide de l'huissier... Je
14 m'excuse. Il s'agit de la pièce à conviction de l'accusation 103. Si vous
15 voulez bien me donner ce classeur pour que je puisse prendre un document.
16 M. Landzo (interprétation). - Si je peux continuer pour
17 enchaîner. On a menacé M. Delic et moi-même si nous n'avions pas parlé
18 contre M. Delalic comme quoi nous pourrions être emmenés quelque part sans
19 jamais être revus par nos familles. D'ailleurs, tout ce qui a été dit,
20 enfin je n'ai jamais rapporté probablement à lui aussi on a dit la même
21 chose et j'ai fait une
22 tentative de suicide, j'ai essayé de sauter du haut du deuxième étage,
23 mais il y avait quelqu'un de ceux qui m'ont enquêté qui m'ont fait un
24 croche-pied et c'est ainsi que je suis tombé par terre pour recevoir
25 quelques coups de pied.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Je voudrais vous montrer ce
2 qu'on...
3 On a donné la cote 103. Est-ce qu’il s'agit d'une déclaration
4 d'un co-accusé dans cette affaire ?
5 M. Moran (interprétation). – Objection, pour des noms de non-
6 pertinence.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Si vous permettez que je parle,
8 il a dit que M. Landzo avait changé de déclaration dans cette affaire
9 Bubalo. Il a posé des questions pendant des heures à ce sujet, et tout ce
10 que je dis, je ne l'entends pas dans le contenu même de la déclaration,
11 mais je voudrais que M. Landzo reconnaisse l'avocat qui le représentait, à
12 cette époque (inaudible) dont le nom figure (inaudible) et c'est le seul
13 nom que je lui demande d'identifier, parce que c'était aussi son avocat.
14 M. le Président (interprétation). - Vous pouvez continuer, mais
15 je ne vois pas la pertinence.
16 M. Moran (interprétation). - Je maintiens mon objection quant à
17 la pertinence parce qu'il a dit tout simplement que dans le document il
18 était indiqué que ce Monsieur représentait le commandant du quatrième
19 corps. C'est tout.
20 M. le Président (interprétation). - Pas de problème. Je pense...
21 Mme McMurrey (interprétation). - Si vous voulez bien regarder,
22 M. Landzo, cette déclaration et me dire… Vous voyez si c'est la signature
23 d'un avocat, écrite ici.
24 M. Landzo (interprétation). – C’est signé, Vasejic Esad c'est-
25 à-dire signée par le même avocat qui a pris ma défense. Alors
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1 qu'officiellement, je n'en avais pas eu connaissance.
2 Mme McMurrey (interprétation). - Merci beaucoup. Je n'ai plus
3 besoin de cette pièce.
4 Je voudrais demander également, avec l'aide de l'huissier, de
5 mettre sur le rétroprojecteur ou plutôt devant M. Landzo, la pièce 80/4.
6 (Le document est remis à M. Landzo)
7 A la fin du D 80/4, il se trouve quelques déclarations que vous
8 avez fournies à un Tribunal à Konjic. Est-ce que vous les avez trouver ?
9 M. Landzo (interprétation). – Oui, il y a là des déclarations.
10 Mme McMurrey (interprétation). - Et voilà, il s'agit des
11 déclarations dont Me Moran a posé beaucoup de questions, où il a dit que
12 vous aviez menti. N'est-ce pas qu'il a dit cela, vous aviez menti ?
13 M. Landzo (interprétation). – Oui, Monsieur m'a posé une
14 question là-dessus, si j'ai menti.
15 Mme McMurrey (interprétation). - Je voudrais que vous regardiez
16 la première déclaration et indiquiez à la Chambre la date de cette
17 déclaration.
18 Mme McHenry (interprétation). - Je pense que la Chambre est
19 capable de lire les documents. Je ne sais pas à quoi cela sert de demander
20 à l'accusé de lire les documents.
21 Mme McMurrey (interprétation). - Je ne lui demande pas de lire
22 le document. Je lui demande de le regarder. Est-ce que vous avez la
23 possibilité de le voir ?
24 M. Landzo (interprétation). – Oui, c'est une déclaration du
25 29 janvier 1994.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Et le 29 janvier 1994, est-ce
2 que tout ce que vous avez dit sur Hazim Delic dans cette déclaration… Est-
3 ce que tout ce qui figure dans cette déclaration est vrai ?
4 M. Moran (interprétation). - Objection.
5 Je lui ai demandé tout simplement de dire que dans ses
6 déclarations il y avait des choses qui n'étaient pas vraies. Si on veut
7 réentendre toute l'affaire Bubalo, je veux bien le faire aussi.
8 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur le Président, M. Moran
9 a passé à peu près cinq heures aujourd'hui pour nous dire que ce qui y
10 figure n'était pas vrai. Je lui pose quelques questions pour lui demander
11 si c'est vrai ou pas. Je ne lui demande pas de lire toute la déclaration.
12 M. Moran (interprétation). - Je voudrais que la Chambre décide
13 et comme il s'agit maintenant d'un nouveau domaine, peut-être que j'aurais
14 d'autres questions à poser dans le contre-interrogatoire.
15 M. le Président (interprétation). - Est-ce que oui ou non ces
16 déclarations font partie de cette procédure ?
17 M. Moran (interprétation). - Ce n'est pas parce qu'il s'agit de
18 la vérité, qu'on a présenté ces documents, mais tout simplement, comme
19 base d'une partie de l'opinion exprimée par le Dr Gripon. Si vous regarder
20 le compte rendu. Vous allez voir, que je lui ai demandé s'il a fait des
21 déclarations en 1994 et si oui, est-ce que ces déclarations étaient vraies
22 ou non ? Je n'ai jamais discuter le contenu de cela.
23 M. le Président (interprétation). - Je ne pense pas que le
24 Conseil de la défense cherche à lire le contenu. Tout ce qu'elle dit,
25 c'est de lui demander de dire ce que lui a dit pour trouver si oui ou non
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1 c'était vrai. Cela n'a rien à voir avec l'autre cas.
2 Mme McMurrey (interprétation). - Je voudrais que la Chambre en
3 soit consciente et que cela fait partie de la pièce à conviction de
4 l'accusation 102 et 103. Monsieur Landzo, je vous demande de regarder la
5 deuxième déclaration, la déclaration que vous avez faite devant le
6 tribunal et quelle date est-ce que nous y voyons ?
7 M. Landzo (interprétation). - Le 23 février 1994.
8 Mme McMurrey (interprétation). - Et dans cette déclaration, est-
9 ce que tout ce que vous avez dit concernant Hazim Delic, est-ce que tout
10 est vrai également ?
11 M. Moran (interprétation). - Même objection.
12 M. Landzo (interprétation). - Oui.
13 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce que vous pouvez
14 maintenant passer à la déclaration suivante que vous avez faite ?
15 M. Landzo (interprétation). - Le 1er avril 1994.
16 Mme McMurrey (interprétation). - Et est-ce que tout ce qui
17 concerne Hazim Delic dans cette déclaration, est cohérent avec tout ce que
18 vous aviez dit dans les deux autres ?
19 M. Landzo (interprétation). - Oui, c'est cela. C'est-à-dire
20 qu'il m'a transmis l'ordre.
21 Mme McMurrey (interprétation). - Je n'ai plus de question dans
22 ce domaine.
23 Je ne sais pas si c'est M. Moran ou si c'était lors du contre-
24 interrogatoire de l'accusation, mais quelqu'un vous a posé une question
25 pour savoir s'il existait à Konjic un complot destiné à empêcher l'arrivée
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1 de vos témoins. Est-ce que vous pouvez dire ce qui est arrivé à votre
2 famille en janvier 1998 lorsque l'argent que vous receviez du parti SDS a
3 cessé d'arriver ?
4 M. Landzo (interprétation). - C'est ma femme qui a réclamé une
5 explication et la personne qui, d'ailleurs, distribuait cet argent a
6 répondu à ma mère que cet argent lui irait uniquement lorsque M. Karabdic
7 aura une conversation avec moi.
8 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur Landzo, est-ce que
9 l'intégralité de la défense de Hazim Delic est fondée sur des mensonges
10 attribués à tout le monde, vous et ainsi que d'accusation ?
11 M. Moran (interprétation). - Objection.
12 M. le Président (interprétation). - Il n'est pas permis de poser
13 de telles questions.
14 Mme McMurrey (interprétation). - Je n'ai plus de question.
15 M. Moran (interprétation). - J'ai quelques nouvelles questions
16 à poser.
17 M. le Président (interprétation). - Je n'ai rien vu de nouveau.
18 Rien de nouveau qui
19 mériterait un nouvel examen. Tout doit découler du contre-interrogatoire.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Nous avons quelques documents
21 qu'on aimerait verser au dossier. Je ne sais pas si ces documents ont déjà
22 été versés. Il s'agit des examens médicaux des témoins de l'accusation qui
23 ont comparu devant cette Chambre et nous étions tous d'accord qu'on allait
24 les revoir. Je demande qu'ils soient versés au dossier.
25 Mme McHenry (interprétation). - Nous sommes d'accord. Ils ont
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1 déjà été versés au dossier comme document parce que les Juges avaient
2 demandé des examens médicaux. Mais s'il s'agit vraiment de pièces
3 officielles, je ne sais pas et sinon, l'accusation que tout examen médical
4 d'un témoin de l'accusation soit versée au dossier.
5 M. le Président (interprétation). - Tous les examens médicaux
6 doivent être soumis à la Chambre.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Je ne savais pas si ces
8 documents avaient été versés au dossier.
9 M. le Président (interprétation). - Je pense que oui.
10 Mme McMurrey (interprétation). - Si je comprends bien, ...
11 M. le Président (interprétation). - Allez-y.
12 Mme McHenry (interprétation). - Si je comprends bien, le
13 Tribunal les a reçus et ils ont déjà reçu une cote, mais pas comme pièce à
14 conviction. Pour plus de facilité, pour que les choses soient claires, il
15 vaudrait mieux qu'on leur attribue une cote séparée. Mais je m'incline
16 devant la décision de la Chambre qui va décider, à condition que tout le
17 monde comprenne qu'il s'agit ici de pièces à conviction.
18 M. le Président (interprétation). - Je ne me souviens pas très
19 très bien maintenant. Il s'agit des examens médicaux, lesquels ?
20 Mme McMurrey (interprétation). - Seulement les pièces qui ont
21 été présentées lorsque le témoin a déposé. On a demandé qu'il y ait un
22 examen neutre, impartial plutôt et il
23 s'agit de ce document.
24 Je ne savais pas si, oui ou non, ce document avez déjà été versé
25 au dossier ou si je devais les verser ou demander qu'il soit versé au
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1 dossier.
2 Je voulais aussi demander que, pour chacun des témoins de
3 l'accusation qui a témoigné, il y avait des photographies prises de leurs
4 blessures et je pense qu'on devrait verser ces photographies au dossier
5 aussi.
6 Il y avait beaucoup de photographies.
7 M. Jan (interprétation). - On n'a pas besoin de ces
8 photographies. Votre client lui-même l'a avoué.
9 Mme McMurrey (interprétation). - Je pense que Mirko Babic
10 aussi... Enfin, la photographie de Mirko Babic a déjà été versée au
11 dossier.
12 M. le Président (interprétation). - Je me souviens d'un examen
13 médical.
14 Mme McMurrey (interprétation). - Nous avons aussi une photo et
15 un examen médical de Branko Gotovac.
16 M. le Président (interprétation). - Si vous l'avez, très bien.
17 M. Jan (interprétation). - (Hors micro.)
18 Mme McMurrey (interprétation). - Moi aussi, je ne veux pas
19 regarder de nouveau cette photo. En tout cas, nous sommes mercredi, n'est-
20 ce pas ?... J'ai un peu perdu le compte. Nous sommes maintenant mercredi
21 après-midi et nous n'avons plus de questions à poser.
22 Mme McHenry (interprétation). - Pour ce qui concerne les photos,
23 j'avais compris que ces photos avaient déjà été versées au dossier. Si le
24 conseil de la défense cherche à faire verser d'autres photos, j'aimerais
25 qu'on les voie.
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1 M. le Président (interprétation). - Tout ce que nous avons vu a
2 été versé au dossier. Il n'y a rien de nouveau.
3 M. Jan (interprétation). - Est-ce qu'il y a d'autres témoins ?
4 M. Cowles (interprétation). - Monsieur le Président, le micro du
5 Juge Jan n'est pas branché, nous n'avons pas eu de traduction pour ce qui
6 est de cette dernière phrase.
7 M. Jan (interprétation). - Je m'excuse. J'ai dit que le conseil
8 de la défense n'a plus de questions et je demande si le Procureur a
9 d'autres témoins parce qu'on avait dit qu'il y aurait maintenant des
10 témoins de la réplique.
11 M. Cowles (interprétation). - Le témoin est à l'hôtel Promenade.
12 Il attend que je lui téléphone. Il n'est pas présent ici.
13 M. Jan (interprétation). - Est-ce qu'il sera ici à 10 heures
14 demain matin ?
15 M. le Président (interprétation). - Bon, nous n'avons presque
16 plus de temps.
17 M. Cowles (interprétation). - Donc nous serons prêts pour demain
18 matin.
19 M. le Président (interprétation). - Alors nous allons maintenant
20 lever la séance et nous reprendrons demain à 10 heures.
21 L'audience est levée à 17 h 25.
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