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1 (Jeudi 15 novembre 2001.)
2 (L'audience est ouverte à 9 heures 34.)
3 (Audience publique.)
4 (Questions relatives à la procédure.)
5 M. le Président (interprétation): Auriez-vous l'amabilité, s'il vous
6 plaît, Madame la Greffière, de citer l'affaire?
7 Mme Chen (interprétation): Il s'agit de l'affaire n°IT-98-34-T, le
8 Procureur contre Mladen Naletilic et Vinko Martinovic.
9 M. le Président (interprétation): Avant de commencer, éventuellement il y
10 a une des parties qui souhaiterait nous dire quelque chose? Monsieur
11 Stringer, je vous en prie.
12 M. Stringer (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président, Mesdames les
13 Juges. J'ai été informé que la Chambre d'instance a approuvé les mesures
14 de protection pour le témoin suivant. Par conséquent, il va déposer à huis
15 clos partiel ou plutôt huis clos. Par la suite également, je pense qu'il a
16 été également permis que la Chambre a décidé également que le témoin parle
17 justement de l'événement dont il a été question hier.
18 M. le Président (interprétation): Oui, je peux vous l'affirmer: hier
19 après-midi, nous avons pris cette décision et vous allez probablement
20 recevoir très bientôt cette décision sous forme écrite.
21 M. Stringer (interprétation): Ensuite, j'ai une autre question qui
22 concerne l'ordre d'apparition des témoins. Il y a des nombreuses raisons
23 pour laquelle nous tenons à vous mettre au courant de ce qui est notre
24 préoccupation.
25 Notre témoin suivant aura le pseudonyme "Témoin MM". Et nous demandons
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1 donc à la Chambre d'instance que l'interrogatoire principal commence tout
2 de suite.
3 Ensuite, il y a un deuxième témoin qui va témoigner dans le cadre d'une
4 audience publique et qui s'appelle Jeremy Bowen. Pour nous, il est
5 extrêmement important qu'il puisse témoigner au cours de la journée et
6 partir ce soir. Par conséquent, ce que nous demandons à la Chambre que le
7 témoin MM d'abord dépose dans le cadre de l'interrogatoire principal,
8 ensuite, M. Jeremy Bowen. Et ce n'est que par la suite que nous pouvons
9 reprendre le contre-interrogatoire du témoin MM. C'est de cette manière-là
10 que nous allons donc permettre à M. Jeremy Bowen de terminer sa déposition
11 aujourd'hui, de retourner en Angleterre dès ce soir. J'ai demandé à mes
12 confrères de la défense de bien vouloir nous accorder cela et je pense
13 qu'il n'y a aucune objection.
14 M. le Président (interprétation): Mais il faut également que la défense
15 nous le confirme.
16 M. Meek (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président, Mesdames les
17 Juges, c'est exact. Nous n'avons aucune objection que de poursuivre
18 suivant cet ordre.
19 M. le Président (interprétation): Maître Seric, je vous en prie.
20 M. Seric (interprétation): Monsieur le Président, bonjour, Mesdames les
21 Juges, bonjour.
22 Nous sommes d'accord. Nous avons effectivement dit que nous sommes
23 d'accord avec M. Stringer en ce qui concerne la manière dont on va
24 procéder avec les témoins qui sont devant eux, qui vont déposer.
25 En ce qui concerne le huis clos également, nous avons dit que nous n'avons
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1 rien contre. Mais, en ce qui me concerne, j'ai dit que déjà au Procureur
2 que j'avais touché à toutes les questions qui vont être soulevées dans le
3 cadre de l'interrogatoire principal au moment où je vais contre-interroger
4 le témoin MM.
5 M. le Président (interprétation): Maître Meek, je vous en prie.
6 M. Meek (interprétation): Très brièvement, Monsieur le Président, Mesdames
7 les Juges.
8 Moi aussi, je viens donc de lire ces décisions et je vois qu'en vertu de
9 l'Article 93 la Chambre peut donc citer le témoin qui est en mesure
10 d'établir une ligne de conduite délibérée. Par conséquent, je pense que la
11 Chambre d'instance n'est certainement pas au courant que c'est le seul
12 témoin qui va déposer sur les déclarations qui n'ont pas été données
13 préalablement et sur un incident qui est isolé et qui, en effet, ne
14 représente pas une ligne de conduite délibérée. C'est la raison pour
15 laquelle au moment où le Procureur va commencer à poser les questions
16 concernant donc un abus sexuel dans le cadre de l'expulsion du témoin,
17 nous allons certainement soulever l'objection parce que nous considérons
18 que c'est un incident qui est isolé et ne correspond pas à l'Article 93.
19 M. le Président (interprétation): Avant de passer au témoin suivant, je
20 tiens à appeler l'attention des deux parties à l'Article 96.
21 Par conséquent, nous sommes d'avis que s'il n'y a pas de contestation en
22 ce qui concerne l'incident, si les deux parties ne contestent pas
23 l'incident concret, nous espérons que même au cours de l'interrogatoire
24 principal et au encore moins au cours du contre-interrogatoire, vous
25 n'allez pas vous attarder trop, vous allez être trop concis, parce que
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1 quand il s'agit de l'abus sexuel, il ne figure pas parmi les chefs
2 d'accusation. Il s'agit tout simplement d'une forme de pression qui a été
3 exercée sur les victimes et sur le témoin en question. C'est la raison
4 pour laquelle je tiens à ce que les deux parties en tiennent compte.
5 Monsieur Stringer, je vous en prie: est-ce que vous êtes prêt pour le
6 témoin suivant?
7 M. Stringer (interprétation): Oui, Monsieur le Président. C'est un témoin
8 qui va déposer à huis clos. C'est la raison pour laquelle je vais demander
9 à l'huissier de baisser les stores.
10 (Intervention de l'huissier.)
11
12 Monsieur le Président, est-ce que je peux profiter de ce peu de temps dont
13 nous disposons?
14 Pour ce qui concerne le régime juridique dont je suis issu, je pense que,
15 si la Chambre d'instance décide que la défense a le droit de soulever
16 l'objection sur l'intégralité de la déposition et si le Procureur ne s'y
17 oppose pas, alors nous maintenons l'objection pour l'ensemble de la
18 déposition. Je n'ai pas vu que c'est la pratique ici dans ce Tribunal,
19 mais je pense que ceci permettra au témoin d'être concise dans la partie
20 de sa déposition. Par conséquent, si la Chambre peut tout de suite
21 accorder à la défense une objection sur l'intégralité de la déposition et
22 de ne pas se lever tout le temps, alors nous le faisons.
23 M. le Président (interprétation): Maître Seric?
24 M. Seric (interprétation): Oui, j'approuve parfaitement ce que vient de
25 dire M. Stringer. Dans notre système juridique également, quand il s'agit
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1 du code pénal et de la procédure pénale, il y a cet instrument de
2 l'objection en continu, permanent. C'est la raison pour laquelle nous
3 n'avons pas à nous lever quand il s'agirait des actes qui ont été produits
4 au cours de viol, au cours de cet acte et dans le cadre de
5 l'interrogatoire principal. Et c'est de cette manière-là que nous
6 permettons que le témoin dépose en entier ce qu'il a à déposer, à
7 témoigner ici et ne pas l'exposer à véritablement une situation pénible.
8 M. le Président (interprétation): Merci, Maître Seric.
9 Maître Krsnik, je vous en prie.
10 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président, Mesdames les Juges, je
11 ne vais pas me répéter en ce qui concerne mon système juridique. Même si
12 vous êtes incriminé pour l'acte commis et le crime de guerre, on ne peut
13 pas interroger un témoin pour les chefs qui ne font pas l'objet de l'Acte
14 d'accusation. Par conséquent, il y a cette ligne de conduite qui doit être
15 cohérente et délibérée. Et c'est sur cela que votre attention a été
16 attirée par Me Meek.
17 Par conséquent, je vais avoir cette objection en permanence qu'on est en
18 train d'interroger le témoin sur le point qui ne figure pas dans l'Acte
19 d'accusation. Il s'agit de la victime, nous allons en tenir compte. Par
20 conséquent, nous allons vraiment faire attention. Par moments, on fait des
21 erreurs, on commet des erreurs; nous sommes des hommes, des êtres humains
22 constitués de chair et d'os. C'est la raison pour laquelle on commet des
23 erreurs. Je pense que nous avons tous fait le droit international et nous
24 savons qu'il n'y a pas du tout de tels cas où il est possible de sortir du
25 cadre de l'Acte d'accusation. Sinon l'Acte d'accusation n'a aucune valeur
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1 probante.
2 Monsieur Stringer a justement attiré l'attention sur l'Article 96. Il est
3 vrai qu'il y a une continuité de la violence. Nous, nous n'avons pas eu de
4 témoins, nous n'aurons pas de témoin –la Chambre ne le sait peut-être pas–
5 qui allait déposer de cette manière-là même si, éventuellement, il
6 s'agissait d'un témoin qui aurait eu à passer des épreuves similaires.
7 Par conséquent, je pense que ceci ne devrait pas être permis et c'est la
8 raison pour laquelle moi, j'ai soulevé l'objection. C'est une objection
9 permanente et qui est du fond. De toute façon, nous allons attirer
10 l'attention de la Chambre en permanence sur ce fait-là.
11 M. le Président (interprétation): Nous sommes d'avis que votre objection a
12 été consignée dans le compte rendu et nous allons la considérer, nous
13 allons la prendre en considération.
14 En ce qui concerne le Procureur, je pense qu'ils auront à l'esprit le fait
15 qu'effectivement, le viol ne figure pas parmi les chefs qui font l'objet
16 de l'Acte d'accusation. Ce que nous souhaitons, c'est d'apprendre toutes
17 les preuves concernant un transfert de force, donc expulsion, toute autre
18 forme de pression sur les victimes et autres tortures auxquelles ont été
19 exposés des hommes et des femmes.
20 M. Stringer (interprétation): Merci. Il s'agit donc d'un incident qui est
21 pertinent et qui se réfère au paragraphe 7, dans le cadre duquel justement
22 on parle de la participation de l'armée croate; ensuite, les paragraphes
23 14 et 17 qui concernent le supérieur hiérarchique. Il traite également du
24 paragraphe 26, Chef 1; ensuite, le paragraphe 54, Chef 18 et se réfère à
25 l'expulsion.
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1 M. le Président (interprétation): Merci. Par conséquent, vous n'allez pas
2 traiter les détails concernant l'incident avec le viol.
3 M. Stringer (interprétation): Monsieur le Président, je vais poser la
4 question au témoin sur ce qui s'est passé au moment où les soldats sont
5 entrés dans son appartement. Evidemment avec la permission de la Chambre
6 d'instance, je vais lui demander ce qui s'est passé. Bien sûr, je ne peux
7 qu'abonder dans votre sens quand vous dites que l'Acte d'accusation ne
8 traite pas le point viol. C'est la raison pour laquelle nous n'allons
9 évidemment pas établir des éléments de crimes qui auraient dû être
10 établis; dans le cas concret, nous n'allons pas le faire.
11 M. le Président (interprétation): Merci.
12 (Audience à huis clos) (Le témoin MM est introduit dans le prétoire.)
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6 (expurgée)
7 (Audience publique à 11 heures 52.)
8 M. le Président (interprétation): Nous sommes revenus en audience
9 publique.
10 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président et Mesdames les Juges,
11 avant par conséquent de dire ce que nous pensons au sujet de cette
12 proposition, j'aimerais savoir également quels sont les chefs de l'Acte
13 d'accusation qui sont concernés, au sujet de quels chefs d'accusation ce
14 témoin va déposer étant donné qu'il s'agit donc d'un film qui a été
15 enregistré, filmé sur ce qui s'est passé dans la partie est de Mostar. Je
16 ne sais pas, au cours d'un mois, une année, etc., par conséquent, je ne
17 sais pas ce que cela a à voir avec mon client. C'est ce que j'aimerais
18 savoir d'abord de la part du Bureau du Procureur.
19 M. le Président (interprétation): Monsieur Stringer, je vous en prie. Est-
20 ce que vous pouvez nous informer, s'il vous plaît, à ce sujet-là de quoi
21 il s'agit?
22 M. Stringer (interprétation): Oui, Monsieur le Président. C'est un film
23 qui a été mis à la disposition, il y a un an, des deux conseils de la
24 défense. Nous leur avons proposé de nous dire quelle était leur attitude
25 en ce qui concerne cette cassette vidéo, pour savoir s'ils allaient avoir
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1 des objections ou non. S'il est indispensable de citer le témoin pour
2 témoigner au sujet de cette cassette, par conséquent, mon éminent confrère
3 connaît très bien cette cassette. Moi, je peux bien évidemment dire quels
4 sont les chefs de l'Acte d'accusation qui sont pertinents.
5 C'est un témoin qui ne va pas témoigner directement sur les accusés, il ne
6 connaît même pas les accusés. Mais nous sommes d'avis, au Bureau du
7 Procureur, que la cassette vidéo, outre le témoignage… et puis le
8 témoignage va déposer -comme je l'ai dit- sur un certain nombre de chefs
9 d'accusation qui sont dans l'intérêt de cette Chambre, peut être très
10 utile. Parce que c'est comme ça que vous allez pouvoir vous créer une idée
11 de la situation dans la partie Est à Mostar en août et septembre 1993.
12 C'est donc l'époque où la cassette avait été enregistrée. J'ai
13 l'impression que la Chambre d'instance va juger du poids et de la valeur
14 probante de cette cassette et de chaque partie également de voir le
15 contexte, le déroulement des événements.
16 Mais, Monsieur le Président, nous considérons que c'est une pièce à
17 conviction extrêmement importante parce que vous allez voir les images de
18 la partie Est, vous allez voir également comment on a procédé aux
19 expulsions de force, ce qui s'est déroulé au cours de la nuit. Ceci est
20 visible sur la cassette vidéo.
21 C'est peut-être la seule cassette vidéo dont nous disposons et qui traite
22 des crimes de guerre au cours du déroulement de ces crimes de guerre.
23 C'est la raison pour laquelle nous vous proposons de diffuser cette
24 cassette vidéo au cours de 42 minutes.
25 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik, je vous en prie?
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1 M. Krsnik (interprétation): Mais je voulais tout simplement que le
2 Procureur dise aussi bien à la Chambre qu'à nous-mêmes à l'appui de quels
3 chefs d'accusation nous allons maintenant visionner la cassette vidéo. Je
4 n'ai jamais dit que je n'ai pas eu la cassette, ce n'est pas contestable.
5 Moi, bien évidemment, je ne peux pas avancer des propositions en ce qui
6 concerne les témoins qui vont être cités par le Bureau du Procureur. De
7 toute façon, je ne comprends même pas la tactique. D'ailleurs je ne veux
8 même rentrer dans la stratégie et la tactique du Bureau du Procureur, mais
9 la stratégie du Bureau du Procureur probablement est de montrer le plus
10 possible d'images en ce qui concerne ou ne concerne pas l'Acte
11 d'accusation, par conséquent, crée et brosse un tableau, crée des images.
12 Mais moi, je demande à quoi ça se réfère? Quels sont les chefs qui sont
13 traités et qui sont concernés par ce film? De toute façon, cela n'a rien à
14 voir avec mon client. C'est ce que j'ai déjà dit.
15 M. le Président (interprétation): Mais si je comprends bien, il s'agit
16 d'une cassette vidéo, c'est un film qui va donc nous brosser le tableau
17 sur le contexte général et la situation qui régnait à cette époque-là.
18 Mais ce que nous aimerions demander au Bureau du Procureur, c'est de nous
19 dire s'il y a des chefs d'accusation qui sont très concrets, qui se
20 rapportent tout ce film?
21 M. Stringer (interprétation): Oui, le film et le témoignage traitent les
22 paragraphes 10 et 11 de l'Acte d'accusation qui parlent de la campagne, de
23 la violence dans la partie Est; ensuite, qui parlent du pilonnage, ainsi
24 que des activités des tireurs isolés. Ensuite, le témoignage se réfère au
25 paragraphe 10 également, se réfère au Chef 18, "expulsion de force",
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1 paragraphe 54 dans le cadre donc du Chef 18.
2 Mme Clark (interprétation): Maître Krsnik et Maître Seric, je comprends
3 certes votre attitude mais, d'un autre côté, je comprends également
4 l'attitude du Bureau du Procureur.
5 Est-ce que, d'après vous, quand il s'agit donc des transferts de force ou
6 d'une attitude inhumaine vis-à-vis de la population musulmane de la partie
7 de l'Est de Mostar sont niés par vous-même et contestés, est-ce que vous
8 considérez qu'à partir du moment où vos clients ne l'ont pas fait, vous
9 les contestez?
10 Mais vous vous y prenez d'une façon assez étrange. Vous avez presque
11 l'intention et la volonté de nous dire que ce sont des événements qui
12 n'ont jamais eu lieu.
13 Est-ce que vous contestez, est-ce que vous niez le contenu de ce film?
14 Est-ce que vous considérez que ce n'est pas exact? Est-ce que c'est ça que
15 vous mettez en question? Ou bien vous dites: "Il n'y a pas de doute, tout
16 ceci s'est produit mais ça n'a rien à voir avec nos clients"?
17 Parce que nous allons nous consulter entre Juges et puis nous allons voir
18 où vous voulez en arriver. Est-ce que vous voulez tout simplement dire que
19 ça n'a rien à voir avec votre client ou bien vous contestez les
20 événements?
21 M. Krsnik (interprétation): Merci, Madame la Juge et merci de votre aide.
22 C'est ça que je voulais éclaircir.
23 Mme Clark (interprétation): Excusez-moi, vous pourriez peut-être vous
24 entretenir avec votre confrère et ensuite vous allez nous dire ce que vous
25 en pensez.
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1 (Les conseils de la défense se consultent sur le banc.)
2 (Les Juges se consultent.)
3 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Krsnik, je vous écoute.
4 M. Krsnik (interprétation): Je vous remercie de m'avoir accordé la parole.
5 Je crois qu'il y aurait un certain malentendu entre mes collègues, moi-
6 même et mon coconseil. Je voudrais simplement clarifier un point et, en
7 réalité, Me Meek m'a montré sur le compte rendu d'audience les paroles
8 prononcées par M. Stringer. En réalité, ce que je voulais dire, c'est
9 qu'il est vrai que j'ai bien visionné cette vidéo et je peux vous dire
10 qu'il n'y a absolument aucun lien avec mon client.
11 Mais à votre question, Madame la Juge, je vais vous donner mon point de
12 vue et mon collègue vous donnera son point de vue un peu plus tard. Mais,
13 bien sûr, nous partons du principe de l'innocence et donc de la
14 présomption de l'innocence: il est certain que mon client n'avait
15 absolument…, nous prétendons que mon client n'avait absolument aucune
16 connaissance des événements.
17 C'est tout ce que nous désirions dire: nous nions toute participation de
18 mon client dans les événements. Et aujourd'hui, je dois vous dire que nous
19 entendons pour la première fois certains propos prononcés par les témoins;
20 si ces propos sont vraiment véridiques, nous sommes étonnés. Mais lorsque
21 vous verrez la vidéo, vous allez comprendre un peu mieux de quoi il
22 s'agit, car il s'agit d'une partie de la ville, une petite partie de la
23 ville qui est couverte par cette vidéo. Il y a des tireurs embusqués qu'on
24 voit, des images qu'on voit: qui sont ces gens qu'on chasse, qu'on
25 pourchasse, sont-ils vraiment chassés? On ne le sait pas.
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1 Je voulais parler d'une image, selon moi ainsi que mon collègue Meek, qui
2 n'a absolument rien à voir avec mon client.
3 (Maître Krsnik s'entretient avec son client.)
4 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Seric?
5 M. Seric (interprétation): Monsieur le Président, malheureusement, je me
6 vois impliqué dans cette situation. Mon point de vue n'a pas été exposé
7 lors du visionnement de cette vidéo. Je dois vous dire que je n'ai rien
8 contre le visionnement de cette vidéo; je le dis maintenant.
9 Quant à la position de la défense dans cette affaire, lors de la
10 comparution de mon client devant cette Chambre, nous maintenons que mon
11 client n'est pas coupable.
12 M. le Président (interprétation): Bien. Merci. Il est certain que la
13 présomption de l'innocence s'applique à vos clients avant que cette
14 Chambre n'en décide autrement si c'est le cas, et nous sommes tout à fait
15 d'accord avec vous. Vos interventions, des conseils de la défense, sont
16 bien enregistrées. Vous ne vous opposez pas au visionnement de cette vidéo
17 et donc, avant de procéder au visionnement de cette vidéo, nous ne savons
18 pas de quoi il s'agit exactement.
19 Nous allons entendre le prochain témoin d'abord, donc nous allons
20 visionner cette vidéo et nous allons rendre notre décision par la suite.
21 M. Scott (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je vais
22 maintenant citer à la barre M. Jeremy Bowen.
23 Monsieur le Président, je ne sais pas quelle est votre intention
24 concernant la pause déjeuner. Nous avons commencé un peu plus tôt; si nous
25 continuons jusqu'à 13 heures comme il est normalement prévu, nous allons
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1 certainement pouvoir passer et en terminer avec les commentaires,
2 l'introduction. Et nous pourrions également voir et terminer le
3 visionnement de la cassette avant 13 heures.
4 (Le témoin, M. Jeremy Bowen, est introduit dans le prétoire.)
5 M. le Président (interprétation): Très bien. Nous allons donc poursuivre
6 jusqu'à 13 heures.
7 M. Stringer (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
8 M. le Président (interprétation): Bonjour, Témoin.
9 M. Bowen (interprétation): Bonjour.
10 M. le Président (interprétation): Pourriez-vous, s'il vous plait, faire
11 votre déclaration solennelle?
12 M. Bowen (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la
13 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
14 M. le Président (interprétation): Merci, vous pouvez vous asseoir.
15 Monsieur Stringer?
16 (Interrogatoire principal du témoin, M. Jeremy Bowen, par M. Stringer.)
17 M. Stringer (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
18 Bonjour, Monsieur le Témoin.
19 M. Bowen (interprétation): Bonjour.
20 Question: Pourriez-vous décliner votre identité pour le compte rendu
21 d'audience?
22 Réponse: Je m'appelle Jeremy Bowen. Cela s'épelle B-O-W-E-N.
23 Question: Où travaillez-vous, Monsieur Bowen?
24 Réponse: Je travaille pour la BBC.
25 Est-ce que je pourrais baisser un peu le volume de mes écouteurs, s'il
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1 vous plaît? C'est très fort, Monsieur l'huissier. Très bien. Merci.
2 Je travaille pour la BBC et je suis journaliste.
3 Question: Que représente vos tâches pour l'instant?
4 Réponse: Je présente les informations du matin sur la chaîne BBC1. Je suis
5 donc journaliste et reporter.
6 Question: Monsieur, j'aimerais vous demander qu'étant donné qu'il y a un
7 service d'interprétation qui interprète nos propos, il faudrait peut-être
8 ménager des pauses entre les questions et les réponses. Etant donné que
9 nous parlons la même langue, il faudrait donc essayer de parler plus
10 lentement et de ménager des pauses entre les questions et les réponses.
11 Réponse: Je comprends.
12 M. Stringer (interprétation): Monsieur Bowen, pourriez-vous simplement
13 nous donner un peu une idée de votre expérience au sein de la BBC?
14 M. Bowen (interprétation): J'ai rejoint les rangs de la BBC en 1984 quand
15 j'ai terminé mes études universitaires. J'étais d'abord stagiaire au sein
16 de leur programme. J'ai donc travaillé là pendant quelques années en 1987,
17 j'ai obtenu mon premier poste à l'étranger pour la BBC.
18 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Meek?
19 M. Meek (interprétation): Monsieur le Président, nous pouvons passer
20 directement au visionnement de la cassette, nous n'avons pas besoin de
21 passer sur tout ce passage introducteur car nous acceptons le fait que ce
22 témoin est un journaliste de la BBC.
23 M. le Président (interprétation): Oui.
24 Qu'est-ce que vous avez à dire, Monsieur Stringer?
25 M. Stringer (interprétation): Je crois que le témoin devrait pouvoir avoir
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1 l'occasion de nous expliquer, en quelques mots, quelle est sa formation
2 pour qu'il puisse nous expliquer ce qu'il a fait en ex-Yougoslavie.
3 M. le Président (interprétation): Nous allons parler de l'ex-Yougoslavie
4 sous peu, mais essayez vraiment de réduire l'introduction et de la rendre
5 très concise et sommaire.
6 M. Stringer (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
7 Monsieur Bowen, vous avez dit que vous avez commencé à travailler pour la
8 BBC en 1984, que vous avez fait partie d'un programme pour les jeunes
9 débutants, si vous voulez. J'aimerais vous demander: est-ce que vous avez
10 couvert des reportages concernant les conflits armés à travers le monde?
11 M. Bowen (interprétation): Oui, je peux me décrire comme étant un
12 correspondant de guerre. Je suis journaliste qui couvre plusieurs conflits
13 armés: j'ai couvert le Salvador, j'ai couvert l'Afghanistan, j'ai couvert
14 la révolution roumaine, j'ai été à Bagdad pendant la Guerre du Golfe.
15 Lorsque Bagdad a été attaquée par les forces alliées.
16 J'ai commencé à couvrir les guerres de l'ex-Yougoslavie également en 1991.
17 Lorsque la guerre a éclaté avec les Croates, j'étais en Slovénie, à
18 Vukovar. J'étais à Vukovar, j'ai passé plusieurs mois à Vukovar lors du
19 pilonnage de cette ville. J'ai donc couvert la ville cette guerre
20 énormément au cours de l'été 1992, 1993. J'ai commencé à couvrir la guerre
21 en Bosnie en juillet 1992 à Sarajevo et j'ai passé une grande partie de
22 cet été à Sarajevo, alors que la dernière partie de cette année, depuis le
23 mois de septembre et plus tard, j'ai couvert la situation en Bosnie
24 centrale: Lasva Vallée, Kiseljak, Travnik, Busovac, Vitez et ces endroits-
25 là.
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1 J'étais à Sarajevo encore une fois, de nouveau au cours de l'hiver en 1993
2 jusqu'au mois d'août de cette année lorsque, à ce moment-là, j'ai entendu
3 parler de la situation à Mostar.
4 Question: Et par la suite, est-ce que vous avez été impliqué dans le
5 tournage d'un documentaire sur la ville de Mostar?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît… Nous allons présenter
8 cette cassette vidéo mais pourriez-vous nous dire de quelle façon est-ce
9 que cela a débuté et qui avait eu l'idée, comment cela s'est déroulé?
10 Réponse: Au mois d'août 1993, je me trouvais à Sarajevo, je couvrais la
11 situation qui se trouvait dans cette ville. J'ai participé à un briefing
12 qui avait été donné par Peter Kessler qui était le porte-parole de l'UNHCR
13 de la Croix-Rouge, de l'UNHCR. Et la situation était très difficile dans
14 la partie est de Mostar. Il y avait environ 20.000 Musulmans qui ont été
15 assiégés. Il avait dit qu'il y avait un passage que l'armée bosnienne
16 utilise pour procurer des armes, donc je croyais que cela serait une
17 histoire assez importante, il fallait couvrir cela.
18 J'avais obtenu la permission de me rendre sur place et de tourner, donc je
19 me suis rendu à pieds avec l'armée de Bosnie à Jablanica. J'ai passé par
20 les montagnes et je me suis rendu là, au mois d'août de cette année,
21 pendant une semaine ou dix jours. Lorsque je suis revenu à Londres, j'ai
22 produit…, un collègue de la BBC a dit qu'il voulait faire un documentaire
23 sur la Bosnie et il a demandé ce qu'il devait faire et je lui ai dit: "Eh
24 bien, écoute, je viens de passer un séjour à Mostar et je peux dire qu'une
25 situation absolument terrible y prévaut. Il faudrait nous rendre sur place
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1 pour y tourner un documentaire.". Donc nous sommes allés sur place et nous
2 nous sommes rendus là pour filmer au mois de septembre 1993.
3 Question: Combien de temps est-ce que vous êtes resté à Mostar en
4 septembre?
5 Réponse: Approximativement trois semaines.
6 Question: Et ensuite pour les mois qui ont suivi le documentaire? Le
7 documentaire a été produit les mois suivants?
8 Réponse: Oui, je crois que le film a été terminé en 1993 en novembre. Il a
9 été présenté à la BBC et également sur le BBC "Night Line" aux Etats-Unis
10 et je crois que dans les pays où l'on présente la BBC, cette vidéo a été
11 présentée.
12 Question: Pourriez-vous nous montrer les images qui apparaissent sur la
13 vidéo dans le documentaire. A quel moment est-ce que ces images ont été
14 tournées?
15 Réponse: Ces images ont été tournées principalement au mois de septembre
16 1993, et au début du mois d'octobre. En réalité, nous étions encore là au
17 début du mois d'octobre. Une partie de ces séquences a été filmée au mois
18 d'août lorsque nous avons voyagé à cet endroit-là au mois d'août, mais la
19 principale partie a été filmée pendant les trois semaines du mois de
20 septembre, pendant trois semaines en septembre et octobre 1993 alors que
21 nous nous trouvions en ville.
22 M. Stringer (interprétation): Monsieur le Président, je propose de
23 visionner la vidéo. Il s'agit de la pièce 586 et elle nous sera présentée
24 par la cabine technique, par la régie technique.
25 Il faudrait peut-être également éteindre les lumières.
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1 M. le Président (interprétation): Oui, très bien. Poursuivons.
2 (Diffusion de la cassette vidéo, et son interprétation.)
3 "République de Croatie 385.
4 La propagande croate résonne derrière la ligne de front à Mostar, le champ
5 de bataille le plus dur de la guerre de Bosnie-Herzégovine. Depuis le mois
6 de mai, avec la complicité et le soutien du gouvernement croate, les
7 Croates de Bosnie assiègent quelque 60.000 personnes dans la partie Est de
8 Mostar. Pour l'immense majorité, ce sont des Musulmans qui ripostent avec
9 énergie.
10 Il n'y a pas d'endroit sûr à Mostar Est. On peut être tués ou mutilés
11 n'importe quand, à n'importe quel coin de rue. A moins de l'avoir vu soi-
12 même, il est difficile de réaliser le peu de temps qu'il faut pour
13 détruire une vie.
14 Franjo Pavlovic est né croate. Il a fait l'erreur de sortir un jour de
15 chez lui. Puisque sa femme est Musulmane, les Croates l'ont expulsé au
16 mois d'août. Il avait une chance de survivre. Il a peut-être pu arriver à
17 l'hôpital à temps. Rien dans sa vie avant la guerre n'avait préparé Mme
18 Pavlovic à cela. Elle a 53 ans. Après leur mariage, elle a travaillé comme
19 comptable dans une compagnie. Mais les dernières traces de cette fille ont
20 disparu lorsque la guerre a éclaté.
21 Les rues étaient désertes et pas seulement à cause du pilonnage. Pendant
22 la journée, il y a un couvre-feu de 6 heures pour protéger la population,
23 l'hôpital n'était qu'à quelques minutes de là. Rien n'est loin à Mostar
24 Est.
25 Le médecin n'a pas eu à examiner longtemps, M. Pavlovic était mort. Il
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1 avait été tué par un éclat d'obus dans la poitrine. Pour sa femme, le
2 médecin a accompli les gestes usuels.
3 "Vous ne l'avez pas encore examiné?" dit-elle. "S'il vous plaît, faites un
4 effort!"
5 Depuis l'explosion, il ne s'était écoulé que dix minutes. L'hôpital était
6 prêt à accueillir les victimes suivantes.
7 "Ce matin, on a essayé de réparer le mur. Il avait été détruit par un
8 mortier. Il est sorti pour voir quelle heure il était et pour chercher de
9 l'eau pour que je puisse faire la lessive. C'est à ce moment-là, que ça
10 s'est passé."
11 A chaque fois, les médecins souffrent un peu plus. Ils disent essayer de
12 ne rien montrer.
13 Ils étaient mariés depuis 32 ans.
14 La Neretva coupe Mostar en deux. Ces bâtiments démolis se situent sur la
15 rive Est, le fief des forces du Gouvernement de Bosnie contrôlées par les
16 Musulmans. Mais ils ont également un point d'ancrage sur les rives ouest
17 contrôlées principalement par les Croates. Pour y accéder, il faut
18 franchir le vieux pont construit dans les années 1500. Il a été touché
19 plusieurs fois mais il tient toujours ou presque.
20 Sur la colline, les Croates savent que si le pont tombe, ils auront
21 anéanti le moral de leurs adversaires. Il s'agirait d'une victoire
22 stratégique également car c'est là que passe la route qui mène à la ligne
23 de front. Un camarade local, Miralem Smelgojedj, a suivi les efforts des
24 Croates pour le détruire. Il a filmé ces images. Depuis, il est mort tué
25 par un mortier, il y a environ un mois.
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1 Ils ramenaient des corps depuis le front le jour où nous avons traversé
2 pour la première fois. Ces brancardiers travaillent pour un réseau de
3 défense civile bien organisé, auquel doivent participer les hommes qui ne
4 sont pas dans l'armée. Du fait de son isolement, Mostar Est est devenu
5 l'enclave du gouvernement bosniaque la mieux gérée, la plus fortement
6 mobilisée. C'était indispensable car ses habitants n'ont presque rien. Il
7 leur restait à espérer que les couvertures les cacheraient des tireurs
8 embusqués. On ne peut pas aller très vite quand on porte un brancard.
9 D'habitude, ils ne se donnent pas la peine de ramener les morts jusqu'ici.
10 Mais cet homme était en vie au début du trajet et ils voulaient essayer de
11 l'emmener à l'hôpital. Quand il est mort, il n'a pas paru utile de faire
12 demi-tour. Les soldats nous ont dit que la meilleure façon de traverser
13 était de courir. C'était la manière la moins dangereuse de franchir la
14 Neretva. Avant, tous les guides touristiques recommandaient d'y flâner.
15 Un autre pont est encore debout mais il est encore plus proche des
16 positions croates.
17 -Un homme: La ligne de front croate est à 50 mètres."
18 Le moral des soldats est étonnamment bon, bien qu'ils soient moins bien
19 armés que les Croates. Ils utilisent des éclats de miroir pour regarder
20 leurs ennemis à la façon des soldats d'une autre génération qui se
21 servaient de périscope dans leurs tranchées. La guerre a sa routine:
22 monter la garde, attendre souvent sous les tirs.
23 Là, c'est une grenade tirée par une roquette qui a touché l'étage
24 supérieur. Une autre grenade a explosé dans l'immeuble d'en face. Comme
25 d'habitude, l'armée bosniaque manque d'armes, alors on en fabrique. On a
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1 baptisé ceci "le petit tonnerre". On nous dit que l'explosif provient de
2 bombes croates qui n'ont pas explosé.
3 -Question: A quoi ressemble la vie d'un soldat à Mostar?
4 -Réponse d'un soldat: Nous sommes tous soldats maintenant ici et c'est une
5 vie ordinaire.
6 -Question: Cela m'a l'air d'être une vie très difficile.
7 -Réponse d'un soldat: Oui, c'est une vie très dure.
8 A priori, à l'exception des haut-parleurs diffusant la propagande croate,
9 il n'y a pas de grande différence entre cet endroit et n'importe quelle
10 autre ligne de front urbaine en Bosnie-Herzégovine. Même les cadavres en
11 putréfaction dans le "no man's land" sont au rendez-vous. Mais la vie
12 diffère, diffère quelque peu, car ici les soldats du Gouvernement de
13 Bosnie apprennent; ils sont convaincus qu'ils sont maintenant supérieurs à
14 leur ennemi croate du côté de leurs lignes. Toutes les souffrances qu'ils
15 ont endurées depuis le début de la guerre leur ont fait comprendre un fait
16 essentiel: pour survivre, ils ne doivent compter que sur eux-mêmes,
17 personne ne viendra à leur secours.
18 La population est assiégée par des ennemis. Il y a longtemps qu'elle a
19 cessé de rêver d'une intervention militaire internationale mais ils
20 pensent pouvoir gagner cette guerre parce qu'ils n'ont nulle part où
21 aller, parce que leurs souffrances les ont raffermis et parce qu'ils se
22 pensent confrontés à une alternative simple: se battre ou mourir.
23 Pour se déplacer à Mostar, la règle n°1 est de se tenir à l'abri des
24 tireurs croates sur le Hum, la colline qui domine la ville. La deuxième
25 règle est de ne pas ralentir car les Croates de Hum font mouche si leurs
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1 camarades, cachés derrière les sacs de sable et au bas de la rue, ne les
2 devancent pas. Les soldats bosniaques, ici, savent tout cela, et beaucoup
3 plus encore, soit qu'ils n'ont pas survécu aussi longtemps.
4 Le commandant de cette unité, Nrman Brkan, 31 ans, était vétérinaire avant
5 la guerre. Il était spécialisé dans les reproductions animales.
6 Maintenant, comme ses camarades, il a appris à tuer.
7 Ils se plaignent: cette bombe artisanale était trop lourde à lancer, ils
8 préfèrent les modèles de taille réduite.
9 Un homme parle: "Je n'aime pas tirer sur les gens, mais je suis obligé de
10 le faire. Je suis obligé à cause des ennemis de l'autre côté. Je vis ici.
11 Je vis ici avec mon père, ma mère, mon grand-père, ma grand-mère. Ils sont
12 morts ici. Je vis ici. Je me bats pour ma maison, pour mes parents, pour
13 mes camarades, pour mon peuple, pour mon pays."
14 -Question: Pourriez-vous à accepter un accord de paix qui ferait de Mostar
15 une ville divisée? Comme Berlin, par exemple.
16 -Réponse: Comme Berlin?
17 -Question: Oui, comme Berlin avant la chute du mur. Voudriez-vous que
18 Mostar devienne une ville comme Berlin?
19 -Réponse: Non, non, non. Non.
20 -Question: Et si vous perdez, où irez-vous?
21 -Réponse: Je ne le sais pas. Non, je ne le sais pas."
22 Des réfugiés ont commencé à arriver dans le "no man's land". Oh! Encore un
23 homme, un vieil homme et une vieille femme. On leur a dit de se déplacer,
24 de se dépêcher, de se mettre à couvert. Souvent, les Croates commencent à
25 tirer après avoir contraint les Musulmans à quitter Mostar Ouest en
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1 franchissant cette partie de la ligne de front.
2 Fatima et Salim Matic venaient d'être chassés de chez eux par des Croates
3 armés. Monsieur Matic qui a 72 ans, a réussi à enfiler trois chemises et à
4 se saisir de deux parapluies avant de partir. Sa femme âgée de 70 ans,
5 était encore en chemise de nuit. Leur voisine de 84 ans, Mme Alma Humo est
6 arrivée quelques minutes plus tard. "Ne vous asseyez pas là," lui a-t-on
7 dit, "ils pourraient vous tuer". Même si cela importait encore à Mme Humo,
8 elle n'avait plus la force de se déplacer toute seule.
9 Chaque jour, les soldats voient arriver ainsi les plus faibles, les plus
10 âgés. Ils ont entendu tant de récits de brutalité, d'actes inhumains et
11 d'expropriation qu'ils peuvent à peine supporter d'en écouter davantage.
12 "-Réponse: C'est ma maison. C'est ma propre maison. Et les Croates m'ont
13 tellement frappé fort que mes joues me font encore mal. Les soldats
14 affirment qu'ils sont d'abord bosniaques et ensuite musulmans, mais toutes
15 ces souffrances renforcent leur identité musulmane.
16 "Les Croates nous haïssent à cause de notre religion", dit-elle. Mais pour
17 le soldat, il ne s'agit pas de religion: il s'agit de contrôle du pouvoir,
18 il s'agit de protéger leur peuple, les gens comme les femmes et les
19 enfants expulsés de Mostar Ouest.
20 Cette famille a eu de la chance: les Croates voulaient seulement leur
21 faire peur. Ça, c'est la guerre, ça seulement, c'est la guerre. Seulement
22 des armes, simplement des armes.
23 -Question: Pas les droits de l'homme?
24 -Réponse: Non, non. Vous en voyez, vous, des droits de l'homme? Des droits
25 de l'homme? Des cadavres: tuer les gens, se battre contre les femmes et
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1 les enfants. C'est vos droits de l'homme, ça?
2 200.000 personnes, des Musulmans sont morts. Quand est-ce que cela va
3 arrêter? Où est la justice? Quand va-t-elle venir? Celui qui meurt, meurt.
4 Celui qui vit, vit.
5 L'enseignement que les soldats tirent du nettoyage ethnique, c'est que si
6 l'on veut vivre, il faut se battre.
7 On a conduit les réfugiés au cœur de l'enclave, où aucun civil ne
8 contredisait la conclusion tirée par les soldats. Mostar Est s'est
9 organisée pour une guerre longue. Ce sont les dirigeants militaires de
10 Mostar qui en sont responsables.
11 A la présidence: Esad Humo, qui était architecte avant la guerre. Comme
12 tous les commandants de Mostar Est, il s'est découvert un talent pour le
13 combat, le commandement et la survie. Personne dans la pièce n'a dit
14 vouloir un Etat musulman, mais personne n'a nié combattre pour les droits
15 des Musulmans.
16 Il y a deux ans, j'étais normal, si l'on peut dire ainsi, un citoyen
17 normal qui travaillait, vous voyez, qui étudiait. J'avais un emploi, une
18 femme, des enfants, un frère, une maison. Maintenant, tout a changé.
19 -Question: Dites-moi, pourquoi vous battez-vous ici?
20 -Réponse: Pourquoi on se bat? D'abord, pour avoir un endroit où vivre,
21 pour survivre. Voilà pourquoi on se bat. C'est la première chose. Ensuite,
22 s'il y a autre chose, je ne sais pas. C'est tout.
23 -Question: Et qu'est-ce qui vient ensuite: un Etat musulman?
24 -Réponse: Hum, un Etat musulman, je ne suis pas sûr parce que je ne me
25 bats pas pour un Etat musulman, je me bats pour un Etat. Disons comme
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1 l'Angleterre ou la France. Je veux dire un Etat pour des gens qui peuvent
2 vivre ensemble, sans faire aucune différence.
3 Question: Est-ce que l'expérience de ces deux dernières années a-t-elle
4 une influence sur la manière dont vous vous battez?
5 Réponse: Nous apprenons à tuer, oui. Et pas seulement nous, les soldats;
6 tout le monde apprend à survivre, parce qu'ici, c'est la loi de la jungle:
7 si on ne veut pas être tué, il faut tuer. C'est la loi de la jungle, la
8 loi classique de la jungle. Tout le monde sait ça.
9 -Jeremy Bowen: La loi de la jungle dans des conditions de vie
10 inacceptables pour des animaux. "Tout ce qui nous reste" disent ces
11 femmes, "c'est la tristesse et la douleur". L'une d'elles nous a confié
12 une lettre à ramener dans un monde dont elle pense qu'il les a
13 abandonnées. Les civils savent que leur seul espoir est de se prendre en
14 main, de tenir jusqu'à la fin de la tuerie, de survivre à l'hiver. Mais
15 comment éviter la pneumonie, la bronchite et pire encore quand on habite
16 une maison dont le toit a été détruit par les obus?
17 Ces gens sont des réfugiés; ils vivent dans des ruines, comme des milliers
18 d'autres à Mostar Est.
19 Elle ne peut pas marcher. Elle gît sur un lit trempé dans des vêtements
20 nauséabonds.
21 -Réponse: "Que puis-je faire? Soit je meurs, soit je continue à vivre
22 comme ça.
23 -Question: Pensez-vous que votre armée va venir à votre secours et gagner
24 cette guerre pour vous?
25 -Réponse: Oui.
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1 -Question: Pourquoi est-ce nécessaire? Ne vaut-il pas mieux négocier?
2 -Réponse: Je crois que c'est nécessaire, parce que ça ne sert à rien,
3 absolument à rien de parler avec eux parce qu'eux, ils ne veulent pas
4 vivre avec nous.
5 -Question: Mais pour vous libérer, il faudra l'armée bosniaque. Ce ne sera
6 pas grâce au monde extérieur et aux négociations: ce sera grâce à vos
7 soldats?
8 -Réponse: Oui, parce que, je vais vous dire, nous, nous ne faisons
9 vraiment confiance à personne parce que tout le monde parle de nous, parle
10 de notre situation difficile, de la vie difficile qui est la nôtre, mais
11 personne ne fait rien.
12 -Jeremy Bowen: La plupart des habitants ne sortent que lorsqu'il le faut,
13 une fois par jour, pour aller à la distribution de soupe. Chaque récipient
14 doit durer 24 heures à une famille. Il n'y a pas grand-chose, mais tout le
15 monde reçoit à peu près la même quantité. Le marché noir qui a corrompu
16 Sarajevo n'existe pas à Mostar Est. Comme il n'y a pratiquement pas d'aide
17 qui arrive jusqu'à la ville, il n'y a pratiquement rien à vendre ou à
18 acheter; tout est rationné. Les civils font ce qu'on leur dit de faire:
19 ils n'ont pas de choix.
20 L'organisation commence sur la ligne de front. On a mis sur pied des
21 postes de premiers secours avancés.
22 Nuzreta Brcic, qui était géologue avant, est responsable de celui-ci. Elle
23 le dirige depuis chez elle. Elle soignait une de ses voisines quand une
24 autre explosion a retenti. C'était très proche, plus près encore qu'elle
25 ne l'imaginait.
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1 Deux hommes descendaient la rue en marchant. Le quartier est très peuplé.
2 Il n'est qu'à quelques centaines de mètres des positions croates. Elle a
3 giflé l'homme le plus gravement blessé pour prévenir un état de choc. Les
4 passants ont couru à son aide. Quelqu'un a crié: "Qu'on amène de l'eau!".
5 L'homme de droite est mort. Ils ont réussi à sauver l'autre.
6 Peu après, une autre urgence. Une femme était étendue sur la rive. Elle
7 faisait la lessive pour sa famille. Elle était déjà morte, tuée par un
8 tireur embusqué croate.
9 S'ils survivent assez longtemps, les blessés sont emmenés ici, à
10 l'hôpital. C'est une autre cible de prédilection des Croates. On descend
11 les brancards dans la cave de l'immeuble, qui était auparavant un
12 laboratoire de santé publique. Le docteur de l'hôpital, Dragan Milevic,
13 l'a organisé à partir de rien, juste avant le début de la guerre, contre
14 l'armée des Croates de Bosnie, le HVO. L'infirmerie moderne de Mostar, où
15 il travaillait jadis, est du côté croate. Ici, c'est un charnier, mais
16 c'est tout ce qu'ils ont.
17 Le couloir sent le sang. Il est rien moins que stérile. Il n'y a pas assez
18 de place pour les blessés. Mostar Est n'est pas grande. Souvent, ils
19 soignent des gens qu'ils connaissaient, parfois ils soignent des gens
20 qu'ils aiment.
21 "-Réponse d'une femme: J'ai couru dans le hall et j'ai vu…, j'ai vu mon
22 père gisant sur le sol, sur un brancard. J'ai regardé son visage; il avait
23 un œil ouvert et l'autre fermé. Et il lui manquait cette partie du visage.
24 Et je voyais ses dents. Et à ce moment, j'ai pensé: "Ce n'est pas grave,
25 c'est seulement le visage; ça pourra s'arranger, il aura une cicatrice. Et
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1 après? Pas besoin qu'il soit beau".
2 Puis j'ai regardé plus bas. Et j'ai enlevé la couverture et j'ai pu voir
3 un énorme trou ici. Il ne saignait pas. C'était tout simplement un trou
4 rouge. J'ai essayé de toucher les éclats d'obus. On y est habitué quand on
5 travaille à l'hôpital. On touche, on touche pour déterminer si les éclats
6 d'obus sont entrés profondément et j'ai commencé à le faire. Et mes mains
7 se sont tachées du sang de mon père."
8 "-Docteur Dragan: Nous sommes confrontés à des problèmes immenses, mais
9 nous comprenons que nous devons les régler nous-mêmes. Chaque fois que je
10 parle avec la Croix-Rouge ou les Médecins sans frontière ou une autre
11 organisation internationale, on nous dit: "Nous voudrions bien vous aider,
12 mais notre action est entravée par les forces croates du HVO qui assiègent
13 la ville." Ils font toujours référence au HVO, ils l'utilisent comme une
14 excuse à leur propre insuffisance.
15 En résultat, voilà Emir Demic qui regarde mourir son frère Armel, 12 ans.
16 Il est constamment auprès de lui. Armel est dans le coma depuis qu'il a
17 été touché à la tête par un éclat d'obus. Parfois, il semble aller un peu
18 mieux; on dirait même qu'il va se rétablir. Mais, tout comme les promesses
19 d'une évacuation médicale, ce n'est qu'une illusion cruelle.
20 Il n'y a pas de chance ici et les médecins disent que chaque moment
21 compte.
22 -Question: Est-ce qu'on a dit qu'il pourrait être évacué?
23 -Réponse: Des promesses ont été faites, mais ce ne sont que des promesses
24 en l'air. Beaucoup de patients sont morts parce que nous n'avons pas les
25 installations nécessaires pour les soigner convenablement. Dans ces
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1 conditions-ci, je ne crois pas que ce gamin ait la moindre chance.
2 Ça ne s'arrête jamais. Médina, 11 ans, vient d'être blessée à la tête. Un
3 obus est tombé sur l'appartement de sa famille. L'hôpital n'avait pas de
4 lit pour elle, alors on l'a laissée sur un brancard. Son père ne pensait
5 pas à ses propres blessures provoquées par un éclat d'obus et pourtant
6 assez graves. Il n'avait qu'une chose en tête, sa fille. On la préparait
7 pour l'opérer.
8 Il y a sept mois, la salle d'opération, c'était une réserve inoccupée. A
9 l'hôpital, il y a un chirurgien du cerveau qui a refusé d'être filmé par
10 sa femme et son enfant qui sont de l'autre côté. Mais le seul outil de
11 diagnostic, c'est des dispositions liées à un vieil appareil de radio. Le
12 Dr Milavic, directeur de l'hôpital, est également anesthésiste. Il a
13 endormi Médina et a commencé à travailler. Pourtant l'hôpital de campagne
14 est coincé quelque part en Croatie. Personne ne semble en mesure de le
15 faire venir à Mostar.
16 -On n'a pas pu. Mais on a essayé, mais on n'a pas pu retirer l'éclat
17 d'obus du cerveau de Médina. La seule chance, c'était de l'évacuer vers un
18 véritable hôpital, loin de la guerre.
19 Une explosion s'était produite, un obus a atterri devant l'hôpital. Un
20 médecin qui se tenait en haut des escaliers menant à la cave a été blessé.
21 C'est un endroit dangereux, mais ils y vont pour échapper à l'atmosphère
22 fétide qui règne en bas.
23 "Ecartez-vous", dit le Dr Milavic. Il était sorti en courant de la salle
24 d'opération pour examiner son confrère. On a aidé à descendre la femme
25 légèrement blessée d'un employé de l'hôpital. Le médecin blessé avait
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1 peur, car, dans cet hôpital, les mauvaises blessures aux jambes finissent
2 par des amputations. Le Dr Milavic a essayé de rassurer. Les médecins sont
3 sur le point de craquer. Il n'est pas inhabituel pour chacun d'eux de
4 réaliser dix grosses opérations par jour. A quelques mètres de là,
5 l'opération de Médina était en cours. On avait le temps de tout essayer
6 pour elle. Aucun autre blessé n'était arrivé.
7 La situation ne s'améliorait pas la nuit non plus: 500 Musulmans venaient
8 d'être dévalisés et chassés de Mostar Ouest par les Croates. Pour se
9 mettre en lieu plus ou moins sûr, ils ont dû traverser la Neretva sur un
10 pont fait de cordes et de planches. Les soldats bosniaques leur ont
11 indiqué par où il fallait passer. Les Croates tiraient sur eux qu'ils
12 venaient de transformer en réfugiés.
13 Quelques heures seulement auparavant, avant que les bandes croates ne
14 viennent les chercher et ne les forcent à traverser la ligne de front, ils
15 se pensaient en sécurité. Ils s'étaient installés pour la nuit.
16 Les mitrailleuses croates n'ont cessé de tirer. Et les réfugiés ont
17 continué à arriver. Ils essayaient de tuer des femmes et des hommes âgés,
18 des mères et leurs enfants.
19 Elle avait si peur qu'elle pouvait à peine marcher, mais elle essayait de
20 calmer ses deux fils.
21 Chaque nouvelle famille doit être nourrie et logée.
22 Nous sommes face à un crime de guerre dont l'objectif est froidement
23 calculé: augmenter la pression qui pèse sur les autorités militaires de
24 Mostar Est. La brutalité des expulsions fait passer avec force le message.
25 Avec les extrémistes croates, un compromis n'est ni possible ni
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1 souhaitable. Les réfugiés, quant à eux, ont passé leur première nuit à
2 Mostar Est, dans un théâtre détruit par les bombes. En une nuit, ils ont
3 tout perdu: leur maison et leurs biens. Ils ont parlé de persécutions, de
4 viols et d'assassinats.
5 -On nous a conduits jusqu'à un petit bois. On a extrait mes fils de la
6 voiture, on les a emmenés dans le bois, on m'a dit qu'on leur avait
7 tranché la gorge. Je vis uniquement parce qu'il le faut; seulement parce
8 que je le dois. Qu'est-ce que c'est, cette vie? Qu'est-ce que j'y connais
9 à la politique? Je n'y ai jamais pensé. Ce soir, les soldats croates m'ont
10 dit de me taire, de rien dire. Et c'est ce que j'ai fait, je n'ai jamais
11 rien fait à personne.
12 Le lendemain matin, un cadavre gisait à l'endroit où les réfugiés avaient
13 traversé. C'était une femme vêtue d'un tricot rose. Son sac à provisions
14 s'était répandu autour d'elle. L'ONU examine les documents cachés par un
15 des réfugiés dans ces chaussures. Il a refusé de nous laisser voir son
16 visage. Il a expliqué qu'il s'agissait de listes des Musulmans morts,
17 qu'il a été forcé d'enterrer. Certains d'entre eux étaient des civils,
18 d'autres des soldats. En tout, il y avait 274 noms.
19 Une femme a raconté que dix hommes l'avaient violée et dévalisée avant son
20 expulsion.
21 -Ma mère m'a murmuré: "Ils vont nous tuer." Je lui ai simplement dit:
22 "N'aie pas peur." Mais très doucement, pour qu'ils ne puissent pas
23 m'entendre. J'ai pensé qu'ils allaient nous abattre, qu'ils me violeraient
24 et qu'ils me tueraient ensuite. Par chance, ils ne m'ont pas tuée. Enfin,
25 par chance, parce que je n'ai pas été tuée, mais le viol! Parfois, mon
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1 cerveau s'arrête de fonctionner. Je n'arrive pas à penser correctement. Je
2 me bats toute seule, c'est difficile.
3 Les bâtiments pourront être reconstruits, mais chaque viol, chaque meurtre
4 et la destruction de leur vie changent ces hommes et ces femmes.
5 Goran Stosic a été notre guide sur une partie particulièrement déplaisante
6 de la ligne de front. Il était accroupi parce que les Croates tiraient
7 depuis leurs positions de l'autre côté du mur. Pour survivre et pour
8 gagner, ils font des choses qu'ils n'auraient même pas pu imaginer, il n'y
9 a pas si longtemps. Goran est devenu un combattant accompli. Avant la
10 guerre, il essayait de devenir avocat. Il nous a parlé d'un pays où les
11 Musulmans, les Serbes et les Croates pourraient revivre ensemble. "Après
12 tout", a-t-il indiqué, "il y avait encore des Serbes et des Croates dans
13 l'armée bosniaque."
14 Nous avons avancé lentement le long de la rive, à l'abri des regards des
15 tireurs embusqués, mais ils pouvaient nous voir quand nous sommes remontés
16 vers les tranchées. Peu importe que quelques Serbes et quelques Croates
17 fassent partie de l'armée bosniaque, ce n'est pas le cas de la plupart des
18 autres. Toute chance de réconciliation a disparu. Il y a longtemps, dans
19 les tranchées comme celle-ci, il faudra au moins attendre une génération
20 avant de retrouver ce qui a existé ici, autrefois.
21 Hodza, le commandant de Goran, nous a montré à l'aide d'un miroir où se
22 trouvait un tireur embusqué croate. Hodzic n'a même pas essayé de
23 dissimuler la manière dont l'armée bosniaque traite ses prisonniers.
24 Un prisonnier de guerre croate est apparu dans tranchée que nous venions
25 de traverser. Les prisonniers creusent des tranchées et alignent des sacs
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1 de sable sur les positions de la ligne les plus dangereuses. Quand ils ne
2 travaillent pas, ils sont détenus dans une cave à l'atmosphère poisseuse
3 et mal ventilée.
4 Nous avons pu les filmer, mais nous n'avons pas eu le droit de parler à
5 aucun d'entre eux. Un des prisonniers était gravement blessé. Il souffrait
6 beaucoup. Nombreux sont les prisonniers à avoir été blessés. Le garde nous
7 a expliqué avec une certaine délectation que leurs blessures étaient dues
8 à des tirs croates sur la ligne de front. Les prisonniers étaient maigres,
9 mais ne semblaient pas plus mal nourri que n'importe quels civils de
10 Mostar Est. Le garde nous a indiqué qu'ils mangeaient de la même
11 nourriture. Ceux qui les détiennent savent que le travail des prisonniers
12 est sur la ligne de front. Ici, ils exhumaient des corps constitue une
13 violation de la Convention de Genève, mais ici il préfère voir les
14 prisonniers plutôt que de …. (inaudible) le travail. Il n'y a pas de
15 milieu ici pas de voie médiane. Les Bosniaques quant à eux, ils savent
16 parfaitement de quel côté ils préfèrent se trouver. Ils ont déterré ces
17 corps pour les échanger contre des prisonniers.
18 Mostar est la ville la plus dévastée de toute l'ex-Yougoslavie, la
19 situation y est pire qu'à Sarajevo ou Vukovar. C'est une bataille très
20 dure et elle va durer encore longtemps. Hodzic commande l'armée bosniaque
21 à Kantece (phonétique), l'ancien quartier commerçant. C'est dans ces
22 cours, ces sous-sols et ces allées que se déroulent les combats les plus
23 durs de Mostar. A Santici, l'armée bosniaque met à l'épreuve sa nouvelle
24 résistance. Les soldats ont réalisé que dans le combat en zone urbaine on
25 meurt si on se retient, si on hésite à tuer. Cela veut dire, pas de pitié
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1 et pas d'indulgence.
2 Hodzic nous a expliqué que les Croates faisaient aussi travailler les
3 prisonniers de l'armée bosniaque sur la ligne de front; les obligeant
4 parfois à construire des positions à quelques mètres seulement des leurs.
5 Hodzic raconte qu'ils ont reconnu parmi ces prisonniers des amis, des
6 cousins et même des frères, les sacs de sable indiquent les lignes du HVO
7 croate. Mais les ordres sont clairs: il faut attaquer. Même si des
8 prisonniers sont tout près de nous, l'ennemi était tout près. Nous avons
9 avancé nos positions, seul un mur de 20 à 30 centimètres d'épaisseur nous
10 séparait de deux soldats du HVO. Ils se servaient de nos prisonniers
11 qu'ils obligeaient à travailler sous la menace du fusil. J'ai dû jeter
12 deux grenades à main au milieu d'eux. Loin des combats les plus durs,
13 l'armée bosniaque contrôle également les villages excentrés au nord et au
14 sud.
15 Le commandant régional, le général Arif Pasalic, nous a emmenés pour les
16 visiter. C'était un militaire de carrière il était officier dans la JNA,
17 l'ancienne armée yougoslave. Il y a eu quelques obus tirés par des
18 Croates, mais la journée a été calme, les positions bosniaques étaient
19 sûres. Même Mostar, à 8 kilomètres de là, était assez tranquille.
20 Pourtant, le général n'était pas un homme heureux. Il aurait eu des
21 raisons de l'être: après 30 heures de combat acharné, ses hommes avaient
22 réussi à traverser une banlieue contrôlée par les Croates pour atteindre
23 le sommet de Hum, la montagne qui domine Mostar. Il s'agissait sans doute
24 de leur plus importante victoire depuis le début de la guerre. Cette
25 montagne est une importance clef qu'on attaque ou qu'on défende. Pour
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1 conquérir Mostar, il faut prendre le contrôle de cette montagne. Et pour
2 défendre Mostar, il faut garder le contrôle de cette montagne parce que
3 celle-ci domine la ville et toute la vallée.
4 Mais l'ordre est venu de Sarajevo, il leur fallait battre en retraite. Le
5 gouvernement voulait donner un signal positif pour parler de paix. Le
6 général s'est exécuté à contre-cœur, mais il a refusé d'aller à Sarajevo
7 pour des consultations relatives aux négociations, un processus qui ne lui
8 inspirait ni confiance ni intérêt.
9 Ceux de Sarajevo contrôlent les chevaux de charge qui ravitaillent Mostar
10 Est en munitions, donc c'est encore eux qui décident. Mais, par
11 précaution, les commandants de Mostar, hommes d'esprit indépendant
12 achètent également des armes aux Serbes.
13 La route qui passe par les hautes montagnes serait beaucoup problématique
14 pendant l'hiver; notre convoi a attendu la tombée de la nuit avant de se
15 lancer dans la partie la plus difficile du voyage. A pieds tout d'abord,
16 par une ouverture dans la ligne du front croate.
17 Dans la banlieue de Mostar, il transfère les munitions dans des véhicules
18 puis dévalent à toute allure une route que se disputent les belligérants.
19 L'armée bosniaque contrôle la partie goudronnée de la route, mais les
20 Croates ont installé des projecteurs le long de la route. Leur position se
21 situait à quelques centaines de mètres de là. Nous pouvons toujours
22 espérer, si nous allons assez vite, que ceux qui nous manient les
23 projecteurs sur nous ne pourront pas nous repérer. Nous n'avons pas eu de
24 chance. Ces quelques minutes ont été très tendues.
25 Chaque véhicule ne transporte qu'une petite quantité de munitions au cas
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1 où il est touché et où le chargement est perdu. Il existe un autre
2 itinéraire pour entrer dans Mostar: la route principale utilisée par les
3 convois de l'ONU si les Croates leur permettent. Les camions de vivres
4 sont si rares que leur arrivée fait toujours sensation. Cette fois, ils
5 ont apporté un chargement de farine. Les soldats, puis l'hôpital,
6 s'emparent de la plus grosse part de la cargaison. Les civils n'arrivent
7 que très loin, en troisième position. Il n'y a pas assez de vivres, tout
8 le monde s'attend à un hiver placé sous le signe de la faim et du danger.
9 Le convoi a également emmené une équipe médicale de l'ONU à l'hôpital. Ils
10 sont venus identifier les malades dont l'état est suffisamment grave pour
11 justifier une évacuation à l'étranger. Le Dr Milavic les a conduits auprès
12 de deux enfants blessés à la tête.
13 -Ici, c'est lui?
14 Emir Demic était encore au chevet de son frère. Il attendait ce moment
15 désespérément. Il avait passé l'essentiel des deux dernières semaines avec
16 Armel, toujours plongé dans un profond coma. Médina était allongée à
17 quelques mètres de là.
18 -Je voudrais emmener mon enfant loin de cette folie. C'est l'enfer ici. Si
19 seulement elle pouvait se réveiller.
20 Mais l'état de Médina se détériorait. Elle est morte un peu plus tard.
21 L'enterrement a eu lieu après la tombée de la nuit à cause des tireurs
22 embusqués. Médina n'a pas été évacuée à temps parce que, des deux côtés,
23 on utilise l'évacuation médicale comme une arme de guerre. Ils n'étaient
24 pas prêts à conclure un marché pour elle, pour Armel qui était encore
25 vivant au moment de notre départ, et pour qui que ce soit d'autre.
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1 Aujourd'hui, à Mostar, tout ce qui compte, c'est le combat. Ils ont
2 compris le sens cruel de cette guerre dans laquelle les compromis ne
3 valaient rien et où seuls les plus forts survivent.
4 -Et si le président Izetbegovic sapait vos efforts en signant un bout de
5 papier où il serait écrit: "Nous décrétons un cessez-le-feu à l'endroit où
6 nous sommes maintenant et nous arrêtons de nous battre", l'accepteriez-
7 vous?
8 -Il ne le fera pas. Il ne le fera pas. Donc c'est inutile d'en parler. Pas
9 question. Il n'y a pas… Il est impossible que lui ou quiconque dise: "Tout
10 est fini. Votre ville est divisée ou vous devez quitter votre ville."
11 -Beaucoup de vos hommes ont été tués ici. Votre propre frère a été tué au
12 combat. Combien de temps encore pourrez-vous supporter ces pertes? Combien
13 de temps encore pourrez-vous voir vos hommes se faire tuer, parce qu'ils
14 ne vont pas tous durer éternellement, n'est-ce pas?
15 -Vous voyez, je crois que c'est… Désolé, mais pour moi, c'est une mauvaise
16 question et je ne vois qu'une bonne réponse à cette mauvaise question. La
17 bonne réponse, c'est que nous allons gagner. C'est ça, la réponse. La
18 question n'est pas de savoir "combien de temps?". Je ne sais pas combien
19 de temps, encore 10 ans, encore 20 ans, je ne sais pas. Je ne comprends
20 pas ce que vous me demandez, mais vous devez essayer de me comprendre
21 quand je vous dis que nous nous battrons jusqu'au bout.
22 Ces jeunes hommes serbes, croates et musulmans, tous soldats de l'armée
23 bosniaque, chantent la mort de Mostar. Cette ville où des amitiés telles
24 que celles qui les liaient, étaient possibles. Ils espèrent que leurs
25 enfants pourront être amis. A condition qu'ils vivent assez longtemps pour
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1 devenir pères.
2 (Fin de la diffusion de la cassette vidéo.)
3 M. le Président (interprétation): Allez-y, Monsieur Stringer.
4 M. Stringer (interprétation): Monsieur le Président, nous pourrions peut-
5 être faire une suspension d'audience pour ce déjeuner. J'ai quelques
6 questions au sujet du visionnement de cette cassette vidéo.
7 M. le Président (interprétation): Comme vous voulez, allez-y. Mais nous
8 suspendons l'audience maintenant jusqu'à 14 heures 30.
9 (L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 31.)
10 M. le Président (interprétation): Je vous en prie, Monsieur Stringer.
11 M. Stringer (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président, et merci.
12 Monsieur Bowen, il y a quelques secondes, on m'a demandé de ménager des
13 pauses et de ne pas parler rapidement, comme nous l'avons fait tout au
14 début. C'est indispensable parce que nous parlons la même langue.
15 Eh bien, maintenant, nous avons donc vu le film documentaire que vous avez
16 fait. Moi, j'aimerais vous poser quelques questions au début du film.
17 Tout au début, vous dites que Mostar, à cette époque-là, était le théâtre
18 de guerres extrêmement violentes en Bosnie-Herzégovine, les plus violentes
19 à cette époque-là. Est-ce que c'est comme ça que vous l'avez dit?
20 Est-ce que vous pouvez nous dire comment le conflit à Mostar différait des
21 conflits que vous aviez vus dans d'autres parties de Bosnie-Herzégovine et
22 d'autres parties de l'ex-Yougoslavie?
23 M. Bowen (interprétation): Moi, je pense qu'il y avait eu une différence
24 par rapport à ce qui se passait à cette époque-là.
25 Excusez-moi, est-ce que je peux baisser le volume parce que j'entends très
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1 fort?
2 (L'huissier s'exécute.)
3 Entendu. Merci.
4 Par conséquent, il y avait l'intensité de ce qui se passait. Ceci d'abord
5 concernait une zone géographique limitée; ce qui a augmenté également le
6 volume et l'intensité des combats. Moi, j'avais l'impression par ailleurs
7 également que, du point de vue de la qualité également, il y avait une
8 différence, du point de vue de la substance même: ce qui se passait à
9 Mostar par rapport à Sarajevo. D'abord, Mostar a été coupée, il n'y avait
10 pas de marché noir, il n'y avait pas de gens par exemple qui
11 s'enrichissaient grâce à la guerre, ce qui était le cas à Sarajevo. Il
12 s'agissait d'une population qui était mobilisée, qui était pratiquement
13 toute… dans la guerre. Enfin, ce n'était vraiment pas la même chose en ex-
14 Yougoslavie: il n'y avait pas ce sentiment intense, il n'y avait pas de
15 tels événements.
16 Ne me comprenez pas mal: il y avait partout des événements qui étaient
17 terribles. Mais à Mostar, à un moment donné, ce degré d'intensité était
18 beaucoup plus grand. Moi, j'étais à Vukovar quand les Serbes ont pilonné
19 la ville, en 1991. C'était très grave. Il y avait le niveau de destruction
20 également que j'ai pu observer à Mostar et ça peut être comparé également
21 avec ce qui s'est passé à Vukovar.
22 Question: Et au début de ce film documentaire que nous avons visionné ici,
23 dans le prétoire, que nous avons vu, je ne me souviens pas exactement des
24 paroles que vous avez prononcées, mais je pense que vous avez dit que le
25 HVO a été aidé et supporté par l'armée croate. Est-ce que vous pouvez nous
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1 l'expliquer ?
2 Réponse: Moi, je peux vous l'expliquer, et ceci...
3 Excusez-moi, mais c'est trop fort, c'est trop fort vraiment.
4 (L'huissier s'exécute.)
5 Donc je peux expliquer ça: il y a plusieurs niveaux. Premièrement, j'ai pu
6 voir également que l'armée croate a pris part, y compris le gouvernement,
7 jusqu'à un certain nombre de cas à Zagreb. J'ai vu également les cartes
8 d'identité des prisonniers: c'étaient des prisonniers croates et c'étaient
9 les cartes d'identité qui étaient les mêmes que pour ceux qui étaient
10 membres de l'armée croate. Et puis, j'ai vu également un certain nombre de
11 cartes d'identité que nous avons trouvées sur les cadavres; par ailleurs,
12 également.
13 En 1992, je me souviens, en septembre ou octobre 1992, j'ai parlé avec
14 Dario Kordic, à Busovaca. C'était un Croate qui avait de très bonnes
15 relations et c'est lui qui m'avait également dit qu'il avait des relations
16 à Zagreb. Par la suite, il y a eu d'autres journalistes également qui ont
17 pu vraiment établir ce lien entre ce qui se passait là-bas et la Croatie.
18 Par ailleurs, il y avait les uniformes également d'un certain nombre de
19 membres du HVO, qui étaient pratiquement les mêmes que pour ceux qui
20 étaient à l'armée de Croatie. C'étaient les mêmes insignes, ou plutôt
21 similaires. Enfin, le même style. Et moi, j'ai parlé avec les gens à
22 Zagreb; de manière officieuse, ils me l'ont confirmé. Par conséquent, il y
23 avait un lien qui était très fort et très étroit entre donc le
24 Gouvernement de Zagreb et les frères, si je puis dire, ethniques
25 d'Herzégovine.
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1 Question: Nous avons vu un certain nombre de personnes qui traversaient un
2 pont, un pont suspendu pour aller vers la partie Est de Mostar. Est-ce que
3 vous vous souvenez de la date quand vous avez filmé ce passager des gens?
4 Réponse: Oui, je pense que c'était en septembre, le 29 septembre 1993.
5 C'est du côté est que nous avons filmé. On nous a dit qu'il y avait
6 quelque chose qui se passait sur le pont; nous sommes sortis, nous sommes
7 descendus vers la rivière et effectivement, j'ai vérifié la date.
8 Question: Et après, nous avons vu également un certain nombre de personnes
9 avec lesquelles vous avez parlé: ceux qui sont rentrés dans la partie est
10 de Mostar, de l'autre côté. Est-ce que vous vous souvenez à quel endroit
11 vous avez parlé avec ces gens-là?
12 Réponse: Il y a des interviews, effectivement, auxquels j'ai procédé. Et
13 ceci s'est passé dans la salle de cinéma ou du théâtre qui a été pilonné.
14 C'était le centre de l'enclave du côté est de Mostar.
15 D'abord, les gens ont traversé la rivière; ensuite, ils ont été escortés
16 par les soldats. Ils ont passé cette nuit-là dans cette salle, c'était un
17 centre d'accueil en quelque sorte qu'on a utilisé pour rassembler les gens
18 pour les installer dans ces salles avant qu'ils traversent la rivière et
19 qu'ils passent de l'autre côté. Enfin, du côté est.
20 Question: Est-ce que vous avez vu d'un autre côté également les gens
21 traverser donc de la partie ouest de Mostar vers l'autre partie à
22 plusieurs autres occasions, dans d'autres périodes?
23 Réponse: Oui, tout à fait. J'ai pu m'entretenir avec les gens qui ont
24 traversé la rivière, c'était le groupe le plus important. Mais il y avait
25 également dans le film documentaire, il y avait une scène que j'avais
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1 filmée, il y avait également des soldats avec lesquels nous avons discuté,
2 mais ça ce ne se passait pas le même jour. Ça s'est passé du côté ouest,
3 parce que nous avons traversé le vieux pont et il y avait des gens qui
4 traversaient également le vieux pont à partir de cet endroit-là. Et moi,
5 je me souviens qu'en août quand je me suis rendu dans cette ville, il y
6 avait un certain nombre de Musulmans qui sont arrivés à Mostar des
7 alentours de Mostar. Je pense qu'ils sont arrivés du sud de l'enclave et
8 ils y ont également relaté à peu près la même chose.
9 Question: Et est-ce que vous avez vu des hommes musulmans qui étaient en
10 âge de combattre et qui venaient de la partie ouest de Mostar?
11 Réponse: Non, je n'ai pas vu les hommes en âge de combattre mais, en
12 général, il s'agissait des hommes assez âgés qui dépassaient même 70 ans
13 ou je dirai, disons, 68, 69 ans, etc. Mais je n'ai pas vu de jeunes qui
14 étaient en adolescence. Les plus âgés n'avaient que 12 ans, donc des
15 garçons n'avaient pas au-delà de 12 ans.
16 Question: Il y avait également quelques séquences qui ont été faites sur
17 la ligne de front dans la partie ouest de Mostar. Est-ce que qui que ce
18 soit des soldats qui étaient membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine
19 s'est entretenu avec vous? Est-ce qu'ils vous ont dit que le HVO a été
20 utilisé, que le HVO utilisait des prisonniers musulmans pour des tâches
21 différentes?
22 Réponse: Oui, effectivement. J'ai entendu parler de ça. Il y avait
23 plusieurs sources. On m'avait dit également par exemple qu'on avait
24 utilisé les prisonniers musulmans comme boucliers humains, et notamment
25 lors des attaques et des opérations de combat.
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1 En général, ils les précédaient, ils précédaient les soldats ou bien ils
2 creusaient des tranchées. Et, entre autres, on m'a raconté par exemple que
3 des prisonniers musulmans devaient marcher devant un char et ensuite on
4 les envoyait également comme un groupe qui précédait et, notamment, on les
5 gardait aux endroits qu'on appelait "no man's land".
6 Donc avant les opérations, ce que je vous dis: c'est que j'ai appris par
7 des gens différents et de sources différentes.
8 Question: Et pourriez-vous nous dire quelque chose au sujet du pilonnage.
9 Nous avons vu qu'il y avait des obus qui tombaient, nous avons vu
10 également l'explosion également qui s'est produite dans la partie est de
11 Mostar. Est-ce que vous pouvez nous dire à quelle fréquence
12 éventuellement, à quel intervalle il y avait de pilonnage? Est-ce qu'il y
13 avait des lignes de front? Est-ce qu'il y avait un certain nombre de
14 secteurs qui ont été exposés de manière beaucoup plus intense au
15 pilonnage?
16 Réponse: A deux reprises, quand j'étais sur place le pilonnage était
17 quelque chose qui était quotidien, ça faisait partie de la vie quotidienne
18 donc le pilonnage pratiquement ne s'arrêtait pas. Ça pouvait arriver à
19 n'importe quel moment. Il y avait véritablement une attitude qu'on
20 pouvait…, ou plutôt on ne pouvait pas dire à quel moment on allait
21 pilonner ou non. Il n'y avait pas une stratégie véritable, mais il y avait
22 tout le temps cette chance, cette possibilité qu'un obus tombe. Il
23 s'agissait notamment des mortiers, des lance-roquettes et à n'importe quel
24 moment vous avez risqué d'être en présence d'un pilonnage, d'un obus qui
25 tombe, etc.
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1 En grande majorité, ceux qui avaient été blessés, c'est comme ça qu'ils
2 avaient été blessés. Ils partaient par exemple pour aller au bureau, pour
3 travailler où que ce soit et, tout à coup, il y avait un obus qui tombait.
4 Donc c'est pour vous dire qu'il n'y avait pas une stratégie, une tactique,
5 on ne pouvait pas véritablement savoir jusqu'à quel point on pouvait
6 s'attendre ou non au pilonnage.
7 Il y avait par exemple une période pendant quelques heures où les obus ne
8 tombaient pas et puis, tout d'un coup, le pilonnage devenait de plus en
9 plus virulent, violent, intense, etc.
10 Question: En ce qui concerne les tireurs isolés, auriez-vous l'amabilité
11 de nous dire comment ils ont opéré et quel était l'impact sur la
12 population dans la partie est de Mostar?
13 Réponse: Il y avait en permanence cette possibilité que vous soyez touché
14 par une balle qui provenait d'un tireur isolé. Il y avait bien évidemment
15 des abris, des abris souterrains, mais il y avait un certain nombre de
16 carrefours ou de terrains ou véritablement ont été trop exposés. Il y
17 avait toujours cette possibilité que vous soyez donc touché par une balle
18 où, par exemple, il y avait la route principale. Je pense qu'elle
19 s'appelait "Titova Ulica" qui est entre l'hôpital et le quartier général.
20 C'était environ 500 yards et je me souviens que, dans ce cas-là, si jamais
21 vous avez eu à traverser cette route, vous risquiez d'être touché par une
22 balle parce qu'il y avait des tireurs isolés de tous les côtés.
23 Mais il y avait une autre route, par exemple pour éviter cette route
24 principale, allait par-derrière. Mais de temps à autre si jamais pour une
25 raison ou une autre, par exemple, vous vouliez courir et que vous
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1 traversiez la rue en courant, à ce moment-là vous auriez pu être touché.
2 Par conséquent, ce n'est pas uniquement ce que j'ai vu, mais c'est qu'il y
3 avait cette terreur, cette panique, cette appréhension, cette angoisse de
4 courir tout le temps, tout le temps le risque. Et tous ceux qui
5 circulaient à Mostar, ils avaient le même sentiment d'angoisse et de peur.
6 Question: Monsieur Bowen, c'est ma dernière question.
7 Au cours de ces deux jours que vous avez passé dans la partie est de
8 Mostar, en filmant, est-ce que les autorités bosniennes vous ont indiqué
9 quels étaient les endroits où il fallait filmer, où il ne fallait pas?
10 Est-ce qu'il y avait des contraintes de ce point de vue?
11 Réponse: Non, on ne m'a absolument pas déterminé aucune limite. Les
12 autorités bosniennes m'ont laissé librement agir, ni militaires ni civils.
13 C'étaient les gens qui avaient le pouvoir en ville à cette époque-là.
14 C'est nous, évidemment nous qui nous sommes limités, en quelque sorte, et
15 ceci, en tenant compte du danger, des risques à courir.
16 On avait évalué si l'on risquait éventuellement trop pour se rendre à tel
17 et tel endroit. On a également demandé un guide si l'on voulait aller
18 jusqu'à la ligne de front parce qu'on n'aurait évidemment pas souhaité
19 risquer trop.
20 Mais en ce qui concerne la population civile, on n'avait absolument aucun
21 problème. Je pouvais circuler librement, entrer chez les gens, discuter
22 avec les gens, approcher n'importe qui. On n'avait vraiment pas
23 d'accompagnateur, on n'avait personne. On avait bien sûr un guide, un
24 accompagnateur parce que c'est nous qui l'avions demandé pour nous
25 conduire jusqu'à la ligne de front. Mais ça, c'est autre chose.
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1 Mais pendant que nous étions sur la ligne de front, on ne nous a jamais
2 dit: "Il ne faut pas filmer ça, il faut filmer ça." Etc. On pouvait faire
3 absolument ce qu'on voulait. Ils ne nous ont jamais, jamais dit qu'il y
4 avait des restrictions au niveau de la parole ou de la manière dont nous
5 avons filmé.
6 M. Stringer (interprétation): Merci.
7 Monsieur le Président, je n'ai plus de question.
8 M. le Président (interprétation): Maître Seric, je vous en prie.
9 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Jeremy Bowen, par Me Seric.)
10 M. Seric (interprétation): Bonjour, Monsieur Bowen.
11 Moi je m'appelle Branko Seric, le conseil de la défense d'un des accusés:
12 l'accusé Vinko Martinovic.
13 Tout au début, j'aimerais vous poser la question suivante: comment êtes-
14 vous arrivé à la partie est de Mostar?
15 M. Bowen (interprétation): La première fois que je suis venu en visite, au
16 mois d'août, j'ai appris par des sources des Nations Unies, du HCR, qu'il
17 y avait des forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Et je suis allé
18 d'abord à Sarajevo, de Sarajevo à Jablanica; c'est là-bas que j'ai pris
19 contact avec les représentants de l'armée de Bosnie. Je pense que c'était
20 dans un hôtel qui s'appelait "Bosna" que j'ai rencontré la première fois
21 les membres de l'armée; ensuite, ils m'ont dit qu'il fallait marcher et
22 traverser la montagne. C'était une route par laquelle on envoyait des
23 vivres et on approvisionnait l'armée. Ils nous ont dit qu'ils pouvaient
24 nous prendre mais on marchait à pied, ou bien il y avait des convois
25 d'ânes. Il y avait un certain Humo qui était notre accompagnateur. C'était
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1 donc pour le mois d'août. C'est comme ça que nous avons traversé les
2 montagnes et que nous nous sommes rendus sur place.
3 Et la deuxième fois, en septembre, il y avait deux fonctionnaires
4 britanniques: l'un travaillait pour le HCR et l'autre, c'était Martin
5 Garo, qui nous a beaucoup aidés d'ailleurs. Ce sont eux qui nous ont pris
6 dans leurs propres voitures et, pour nous rendre à cet endroit-là, nous
7 avons également dû traverser l'aéroport. Et puis nous avons pris cette
8 voiture pour nous y rendre.
9 M. le Président (interprétation): Monsieur le Témoin, excusez-moi, mais il
10 faudrait peut-être ne pas parler trop rapidement, sinon les interprètes ne
11 peuvent pas vous suivre.
12 M. Bowen (interprétation): Excusez-moi.
13 M. Seric (interprétation): Est-ce qu'on peut baisser le bras du
14 rétroprojecteur? Comme ça, je vais pouvoir regarder droit dans les yeux le
15 témoin.
16 Est-ce que vous pouvez, s'il vous plaît, poursuivre? Comment cela s'est-il
17 passé la deuxième fois, quand vous vous êtes parti pour vous rendre dans
18 la partie est de Mostar?
19 Réponse: Eh bien, quand nous sommes rentrés dans la partie est, au mois de
20 septembre, personne ne nous attendait. Et il y avait une situation qui
21 n'était pas facile du tout. Enfin, les communications téléphoniques
22 étaient en panne et, si je ne m'abuse, personne n'avait de téléphone par
23 satellite; cela n'était pas très répandu à cette époque-là.
24 Par conséquent, quand nous nous sommes rendus sur place, au mois de
25 septembre, nous sommes allés directement au centre-ville et nous sommes
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1 donc venus à bord de Land Rover. Et nous avons essayé donc de contacter
2 les gens que je connaissais déjà au mois d'août. Nous sommes allés d'abord
3 au QG militaire et c'est là où j'ai trouvé la personne répondant au nom de
4 Humo. Celui d'ailleurs qui figure sur le film.
5 J'ai dit que nous sommes arrivés, ensuite nous sommes allés à l'hôpital.
6 C'est là où j'ai vu également un médecin qui d'ailleurs figure également
7 sur le film. Je lui ai dit que nous sommes arrivés, je lui ai dit ce que
8 nous avions l'intention de faire. Nous avons trouvé un endroit où nous
9 pouvions séjourner: c'était à la station de radio. C'est là que nous avons
10 commencé à nous occuper de ce qui nous intéressait.
11 Question: Et vous avez dit tout à l'heure que vous avez vu que les membres
12 de l'armée de Bosnie-Herzégovine étaient consacrés pratiquement à la
13 guerre, qu'ils s'occupaient des opérations de combat. Et puis, vous avez
14 dit que Humo vous a dit que Alija Izetbegovic peut également signer la
15 paix, mais que cela ne le concernait pas et que cela ne lui disait rien.
16 Est-ce qu'on peut expliquer son comportement par le fait qu'il s'est
17 consacré à la guerre et que c'était sa préoccupation principale?
18 Réponse: Je pense qu'il a dit "Non, que ça lui disait rien qu'Alija
19 Izetbegovic signe un accord de paix". Il a dit que "même si Izetbegovic
20 acceptait de partager la ville, lui, il ne l'accepterait pas". Moi, j'ai
21 compris que Humo et les autres considéraient qu'ils n'avaient pas un autre
22 choix. Et la plupart, c'étaient les civils auparavant. Donc ils étaient
23 contre la partition de la ville.
24 Ils se sont trouvés sur place, comme beaucoup d'autres d'ailleurs, en ex-
25 Yougoslavie. Ils étaient membres d'une armée ou de l'autre; ils devaient
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1 combattre.
2 Et pour ce qui concerne Mostar, c'était une enclave. Il y avait beaucoup
3 de civils, il y avait beaucoup de combattants également. Ils ont participé
4 dans un combat pour la vie ou pour la mort. Pour eux, c'est comme ça.
5 Question: Merci de vos réponses, mais je pense que nous pouvons
6 également...
7 Moi, j'aimerais plutôt vous demander de me réponses très brèves.
8 Je pense que vous avez dit qu'il y avait un certain nombre de Croates
9 prisonniers, à un moment donné. Est-ce que vous vous souvenez où c'était?
10 Est-ce que c'était l'école élémentaire, quatrième école élémentaire qui se
11 trouve dans la proximité du centre médical ou plutôt de l'hôpital que nous
12 avons pu voir sur le film?
13 Réponse: Je ne sais pas vraiment si c'était l'école, mais ce que je peux
14 vous dire, c'est comment j'ai eu l'idée de filmer. Nous avons appris
15 qu'ils gardaient les détenus, les prisonniers. Nous avons posé la question
16 si on peut les voir et puis ils ont accepté. Ce sont eux qui nous ont
17 emmenés jusqu'à ce bâtiment-là, moi, je n'avais pas l'impression que
18 c'était une école. Je me dois de vous le dire. Nous étions dans le
19 souterrain, c'était une cave, c'était une cave d'une maison qui était un
20 bâtiment qui était utilisé pour des bureaux, mais je n'ai pas l'impression
21 que c'était à côté ou dans la proximité de l'hôpital. Bien. Evidemment,
22 tout ceci n'est pas une très grande zone.
23 Mais je pense comme je l'ai dit dans le film, dans cette enclave il n'y
24 avait pas de très grande distance. Tout a été pratiquement à côté à
25 quelques minutes à pieds, de marche à pieds.
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1 Question: Nous avons entendu également dans le film que vous ne pouviez
2 pas approcher les prisonniers et discuter avec les prisonniers. Est-ce
3 qu'on vous a interdit ou on a interdit aux détenus, aux prisonniers de
4 parler avec vous?
5 Réponse: Je pense qu'on leur avait interdit de parler avec nous. Moi, j'ai
6 essayé de parler avec ces prisonniers. Effectivement, je pense que ce sont
7 eux qui n'avaient pas le droit de parler avec nous. Parce que moi, j'ai
8 essayé de parler avec un prisonnier, il a baissé les yeux, il a regardé
9 dans le sol, mais je ne me souviens pas si on nous a dit qu'il ne fallait
10 qu'on les approche et qu'on parle avec eux ce n'est pas impossible.
11 Question: Et pendant que vous avez filmé ces prisonniers croates, est-ce
12 que vous savez à quel moment ça s'est passé? Quand est-ce que vous les
13 avez filmés?
14 Réponse: Pour ce qui concerne les détenus croates, qui ont été filmés dans
15 cette pièce, dans le souterrain, dans la cave, ont été filmés lors de mon
16 deuxième voyage. Parce qu'il y avait des détenus croates également, je ne
17 sais pas si vous vous souvenez, ils exhumaient les corps. C'était au mois
18 d'août lors de ma première visite. Et puis il y avait également une autre
19 séquence avec des Croates, des détenus croates sur la ligne de front et
20 c'était au mois de septembre.
21 Question: Mais nous voyons Dr Dragan Milavic également au cours du film.
22 Est-ce que vous avez appris qu'il prenait 350 grammes de sang sur chaque
23 prisonnier sans que les prisonniers leur donnent l'autorisation? Donc
24 chaque prisonnier croate était obligé de donner du sang.
25 Réponse: C'est la première fois que je l'apprends.
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1 Question: Vous avez mentionné, je ne sais plus maintenant si c'était vous
2 en personne ou si c'était un commentaire de l'animateur, qu'il y avait des
3 Croates qui étaient membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Est-ce que
4 vous avez fait connaissance des Croates qui étaient du côté est de Mostar?
5 Réponse: Oui, j'ai fait connaissance des Croates à l'est de Mostar, ou un
6 seul Croate.
7 Question: Mais est-ce que c'était Slobodan Maric éventuellement?
8 Réponse: Je ne me souviens pas véritablement de ce nom.
9 Question: Mais il s'agit de quelqu'un pour lequel il y a un Acte
10 d'accusation qui a été dressé par ce Tribunal et il s'est enfui. Il n'est
11 pas actuellement à Mostar, mais je ne sais pas si vous êtes au courant de
12 cela?
13 Réponse: Non, non, vraiment pas. Je ne sais pas.
14 Question: Etant donné que vous vous êtes rendu là-bas pour préparer votre
15 film, chercher le terrain et les hommes, etc., avez-vous eu connaissance
16 du fait qu'à cette époque-là dans Mostar est il y avait que 7 Croates,
17 alors que du côté de Mostar ouest il y avait 9.000 Musulmans?
18 Réponse: D'après les recherches faites par moi, j'ai pu rencontrer pas mal
19 de gens là-bas qui, tous, disaient qu'il y avait soit des Croates
20 ethniquement purs de nationalité, soit issus de famille mixte ethniquement
21 parlant. En tout cas, il y avait plus de 7 Croates. Pour moi, ceci devait
22 être une grande surprise pour le dire ainsi parce que j'en ai entendu dire
23 qu'il y en avait plus, soit des Croates ethniquement pur, soit des Croates
24 nés de famille mixte.
25 Question: Est-ce que vous avez pu tourner également dans des hôpitaux de
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1 Mostar ouest où se trouvaient femmes, enfants et vieillards mourants
2 également?
3 Réponse: Non, pas pendant ce voyage-là pour tourner ce film-là parce que
4 nous avons fait Mostar est. Mais au cours des reportages faits
5 préalablement, j'ai pu tourner un petit peu partout. Or, ce reportage ne
6 concernait qu'un endroit concret. Voilà la raison pour laquelle je ne m'y
7 suis pas rendu.
8 Question: Et dernière question: lorsque vous étiez un peu partout à Mostar
9 est, est-ce que vous vous êtes rendu compte du fait que les Musulmans, eux
10 aussi, ils avaient leurs tireurs embusqués qui mettaient en joue pas mal
11 de gens et pas mal de cibles de l'autre côté de la rivière?
12 Réponse: Je n'ai pas pu voir de tireurs embusqués étant donné que je ne me
13 suis pas rendu dans les terrains où ceux-ci se trouvaient pour ouvrir le
14 feu, mais une suggestion pareille faite par vous n'est pas surprenante. Je
15 serais surpris d'entendre qu'il n'y en avait pas. Probablement, il devait
16 y en avoir et probablement, on tirait de part et d'autres.
17 M. Seric (interprétation): Merci, Monsieur.
18 Monsieur le Président, nous n'avons plus de questions.
19 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik, à vous de procéder.
20 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Jeremy Bowen, par Me Krsnik.)
21 M. Krsnik (interprétation): Merci Monsieur le Président.
22 Bonjour, Monsieur le Témoin. Permettez-moi de me présenter: je suis
23 l'avocat Kresimir Krsnik et je représente la défense de l'un des accusés
24 ici. Je serai très bref. J'ai quelques questions à vous poser et
25 auxquelles questions, à titre d'objectivité, je dirai si vous êtes
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1 évidemment en connaissance de fait, vous pouvez répondre devant cette
2 Chambre d'instance. Vous êtes un reporter de guerre fort expérimenté
3 suivant tous les principes; évidemment du métier de la profession qui sont
4 les vôtres, et moyennant lesquels principes vous vous dirigez ainsi,
5 n'est-ce pas?
6 M. Bowen (interprétation): Oui.
7 Question: On se mettra d'accord aussi pour dire que les images de guerre,
8 des spectacles de guerre et de souffrances ne vous sont pas étrangers non
9 plus pour parler de temps et de champ de bataille et d'endroits à partir
10 desquels vous avait dû rapporter?
11 Réponse: Non, pas étranger.
12 Question: Pouvez-vous me dire, s'il vous plaît, que vous comprenez ou pas
13 que des Musulmans se trouvaient également sur le territoire, et qu'ils
14 exécutaient leur contrôle, en Bosnie-Herzégovine? Par exemple, de
15 Jablanica à Mostar. Est-ce que vous avez pu peut-être en rapporter? Par
16 exemple, rapporter sur ce qui se passait sur le trajet tel que je viens de
17 présenter Jablanica, Mostar, etc., et Konjic bien sûr, c'est-à-dire le
18 trajet que vous avez fait vous-même?
19 Réponse: Pour parler évidemment de la région dans laquelle je me suis
20 rendu, pour parler très concrètement, pour aller de Jablanica à Sarajevo,
21 j'ai entendu parler de Konjic. Mais je ne me suis pas arrêté pour faire
22 des enquêtes de journaliste que je suis, pour savoir ce qui s'est passé,
23 chemin faisant.
24 Mais je dirai pour rapporter sur tout ce qui se faisait en ex-Yougoslavie
25 depuis 1991 à 1999, jusqu'au Kosovo, donc j'ai toujours été intéressé au
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1 destin subi par tous les civils, par toutes les populations civiles.
2 Voilà, en fait, le mobile de mes reportages et de mon intérêt à moi.
3 C'est-à-dire, j'ai été intéressé à tous les groupes différents, tous les
4 groupes ethniques différents.
5 Question: Oui, précisément. Etant donné que vous avez été intéressé à tout
6 cela, et que vous n'avez pas eu de problème pour travailler, vous n'avez
7 jamais entendu parler de cette quatrième école élémentaire qui se trouvait
8 non loin de vous et qui était en un camp fort important où étaient
9 regroupés les Croates de la région de Mostar. Et à l'encontre des gens qui
10 ont dirigé ce camp, a été dressé un Acte d'accusation. Et d'après les
11 enquêtes du Procureur, il a été dit que plus de 30 détenus ont trouvé la
12 mort dans ce camp là-bas. Or, ce camp-là n'était qu'à une minute de marche
13 de l'hôpital dans lequel vous avez tourné votre reportage?
14 Réponse: Je vous en prie: où est la question?
15 Question: Lorsque vous aviez du temps libre, vous avez pu peut-être en
16 entendre parler ou est-ce que vous l'avez vu ou entendu dire? Dites tout
17 simplement: oui ou non? Si vous n'avez pas entendu, tant pis.
18 M. Bowen (interprétation): Pendant que j'étais là-bas, je n'ai jamais
19 entendu parler de cette 4e école élémentaire. Or, pour ma part, je savais
20 qu'il y avait des Croates parmi les prisonniers de guerre. Et, dans la
21 mesure du possible, nous avons fait des reportages également sur ces gens-
22 là. Voilà le pourquoi de la présence de mon film. Mais pour ce qui est de
23 l'Acte d'accusation, je n'en sais rien.
24 M. Krsnik (interprétation): Pour parler évidemment des gens que vous avez
25 pu filmer dans votre reportage, c'étaient des soldats, mais est-ce que
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1 vous avez pu peut-être entendre parler de civils, parce que quand je vous
2 pose la question au sujet de la 4e école élémentaire il s'agissait d'un
3 camp où des civils étaient détenus?
4 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Stringer.
5 M. Stringer (interprétation): Excusez-moi de vous interrompre mais je
6 voudrais attirer l'attention du conseil de la défense sur le fait qu'il ne
7 faut pas faire entrer des faits dans le compte rendu qui ne sont pas
8 encore un élément de preuve. Par exemple, parler maintenant d'une
9 quatrième école élémentaire et en créer une espèce d'allégation qui
10 devrait être un témoignage de qui que ce soit. Autant que je sache, nous
11 n'avons toujours pas parlé ici de la 4e école élémentaire.
12 Et ceci n'a pas été présenté de sorte à ce que le témoin en sache quoi que
13 ce soit. Et avec tout le respect que j'ai pour vous, j'aimerais bien que
14 l'on finisse ainsi avec ce contre-interrogatoire.
15 M. le Président (interprétation): En effet, dans ce film-là nous avons pu
16 voir des prisonniers de guerre croates et nous avons entendu dire,
17 clairement et à haute voix, le témoin qui dit qu'il ne sait rien sur la
18 soi-disant la 4e école élémentaire.
19 Maître Krsnik, vous pouvez toujours poser des questions sur ces
20 prisonniers de guerre, mais vous ne devriez pas guider ce témoin vers des
21 endroits et vers des thèmes particuliers. Vous pouvez procéder.
22 M. Krsnik (interprétation): Bien sûr, Monsieur le Président. Mon
23 intention, c'était tout simplement d'aller vers des faits et endroits tout
24 à fait reconnaissants, faciles à reconnaître pour savoir s'il en a eu des
25 connaissances ou pas. Si évidemment, tel n'est pas le cas, allons de
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1 l'avant. Je n'avais vraiment aucune autre intention.
2 Tout simplement, je voulais savoir ce qu'il avait pu faire pendant ses
3 heures libres et son temps libre. Monsieur le Témoin, est-ce que vous avez
4 eu connaissance du fait que la ville de Mostar a été pilonnée et cela avec
5 intensité par les Serbes au cours de l'agression perpétrée par ces
6 derniers?
7 Est-ce que vous avez su le nombre d'édifices ou de maisons qui ont été
8 détruits rien qu'au cours de cette agression, de ce pilonnage?
9 M. Bowen (interprétation): Je sais qu'avant cela il y avait des actions de
10 combat là-bas.
11 Mes références en ce qui concerne l'intensité du pilonnage sont plutôt
12 bornées à ce que j'ai pu voir là-bas. Et pendant que j'y étais moi, et ce
13 que l'on peut voir dans le film, il y avait un pilonnage fort intense qui
14 venait de l'autre côté, du côté croate.
15 Question: Merci. Je crois que j'ai une dernière question à vous poser.
16 Vous avez vous-même traversé le vieux pont comme nous avons pu le voir
17 dans votre film. Vous vous êtes rendu sur l'autre rive, la rive ouest.
18 Est-ce que vous avez une connaissance sur la profondeur dans laquelle se
19 trouvaient les positions de l'Armija de Bosnie-Herzégovine, à commencer
20 par la rivière de Neretva et jusqu'à la ligne de démarcation?
21 Réponse: Je ne peux pas me préciser évidemment en mètres, mais je crois
22 que la ligne de démarcation se trouvait sur la route, sur la rue plutôt
23 que l'on intitulait comme "Bulevar".
24 Ce n'était pas à une si grande distance, mais dans de telles
25 circonstances, se mouvoir même dans de telles circonstances c'était
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1 difficile. J'ai pu le savoir parce qu'on me l'a montré sur une carte, mais
2 on s'y est rendu également.
3 Question: Pour essayer d'abréger ce contre-interrogatoire, je voudrais
4 vous demander si vous vous souvenez d'une longue rangée de maisons et de
5 bâtiments d'habitation donnant sur la Neretva qui représente une espèce de
6 bouclier en direction de la rivière Neretva? Si vous voulez bien, je peux
7 vous présenter une carte géographique pour faciliter un petit peu votre
8 travail.
9 Je vous pose toutes ces questions parce que nous ne vous considérons pas
10 comme un témoin de type classique. C'est plutôt vers une conversation pure
11 et simple que nous nous sommes dirigés maintenant. Voyez-vous pourquoi je
12 vous pose cette question?
13 Quand j'ai vu cette pauvre et si piteuse vieille personne qui se trouve à
14 côté d'un bâtiment non loin du pont, ce que vous avez pu remarquer vous-
15 même parce que vous vous êtes rendu là-bas, tous se trouvaient sous
16 l'action des tireurs embusqués; alors je voulais savoir si vous avez pu
17 vous rendre compte de la situation étant donné que vous avez traversé
18 cette route-là? Vous l'avez fait, le trajet.
19 Donc ma question sur les bâtiments… Ou essayons de parler plutôt de cette
20 personne-là pour abréger encore davantage: est-ce que vous l'avez su vous-
21 même que cette personne a été abattue par une balle de tireurs embusqués
22 ou l'avez-vous entendu dire par quelqu'un?
23 M. Bowen (interprétation): Cette personne-là a été tuée par une balle. Ce
24 n'était pas un éclat d'obus. Mais pour parler de maisons, d'habitations et
25 du reste, je ne m'en souviens pas.
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1 Pour parler de l'endroit où cette femme se trouvait, je dirai plutôt que
2 c'était une espèce de terrain assez découvert. Il n'y avait pas trop
3 d'édifices autour pour parler de l'endroit où la personne a été atteinte
4 par une balle. Je ne m'en souviens pas très bien d'ailleurs.
5 M. Krsnik (interprétation): On voit dans votre film que de l'autre côté se
6 trouve l'hôtel Ruza (rose en traduction.)
7 Il s'agit d'un bâtiment qui a été incendié mais cet hôtel Ruza était tenu
8 par l'Armija de la Bosnie-Herzégovine. On voit donc le vieux pont et, à
9 travers le vieux pont, on peut voir l'hôtel Ruza.
10 M. le Président (interprétation): Monsieur Stringer, allez-y.
11 M. Stringer (interprétation): Monsieur le Président, le conseil de la
12 défense ne pose pas de questions à ce témoin. Il est en train de converser
13 avec lui, en présentant ses arguments à lui sur la base de ce qu'il a pu
14 voir dans le film. Je crois qu'il devrait plutôt poser des questions.
15 M. le Président (interprétation): Oui.
16 Maître Krsnik, quelle est votre question?
17 M. Krsnik (interprétation): D'où pouvait-elle venir cette balle qui a tué
18 la personne en question, d'après vous. Est-ce que vous vous en souvenez?
19 M. Bowen (interprétation): Si vous vous souvenez de l'instantané où vous
20 voyez cette femme-là et puis vous avez pu voir aussi l'hôtel et l'endroit
21 même où elle a été atteinte; il ne s'agit pas de dire que l'endroit se
22 trouvait en face de l'hôtel, premièrement.
23 Deuxièmement, je suppose que si c'était un civil, je dirai que ces gens-là
24 ne voulaient pas tirer sur leurs propres concitoyens. Ce n'est certes pas
25 par une balle d'un tireur embusqué musulman que cette femme a été
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1 atteinte. On pourrait bien sûr faire de l'expertise en balistique. Mais
2 d'après une matrice et un poncif qui sont les miens de journaliste, à en
3 juger à peu près, je dirai plutôt que cette balle venait depuis la
4 direction de la ville.
5 Question: Merci, Monsieur le Témoin. C'est ce que j'ai voulu vous entendre
6 dire. Dans votre film, même quelqu'un a dit, a avoué avoir projeté une
7 grenade sur ses propres concitoyens, tout simplement parce que c'était en
8 pleine guerre et c'est un fait. Je vous en prie….
9 Une seconde, s'il vous plaît, Monsieur le Président, ma collègue vient de
10 me signaler qu'elle aurait une suggestion à me donner. Je vous prie de
11 m'excuser.
12 (Les conseils de la défense se consultent sur le banc.)
13 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Témoin, nous avons pu entendre le
14 point de vue de M. Humo. Est-ce que vous avez pu parler avec M. Pasalic?
15 M. Bowen (interprétation): Oui, à plusieurs reprises.
16 Question: Vous a-t-il dit, lui, pourquoi il combattait et quel était
17 l'Etat pour lequel il combattait?
18 Réponse: Je me demande s'il l'a dit ou pas. Attendez une seconde que
19 j'essaie de m'en souvenir.
20 Oui, avec Pasalic j'avais plutôt parlé de quelques questions militaires
21 d'ordre stratégique, etc. Je ne me souviens jamais de l'avoir entendu
22 parler de tel ou tel Etat pour lequel il combattait pendant la durée de la
23 guerre.
24 Question: Sur la base des expériences qui étaient les vôtres, grâce à ces
25 différentes randonnées que vous y avez faites, est-ce que, quant à vous,
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1 un général pouvait se voir refuser un ordre venant d'un haut lieu du
2 commandement supérieur? Il s'agit notamment de l'ordre du commandement de
3 Sarajevo. Est-ce que vous croyez qu'un général pourrait refuser l'ordre de
4 Sarajevo?
5 Monsieur le Président, il s'agit cette fois-ci de cette séquence qui
6 traite de la montagne de Hum. Et puis, définitivement, le témoin est là
7 pour nous en donner des explications.
8 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik, vous demandez un jugement
9 maintenant à ce témoin, son avis à lui mais vous ne lui demandez pas de
10 faits.
11 M. Krsnik (interprétation): Vous avez raison, Monsieur le Président. Je
12 retire cette question.
13 Et ma dernière question: lorsque vous étiez à Mostar Est, est-ce qu'il y a
14 eu lieu de parler de tractations ou d'acquisitions quelconques auprès des
15 Serbes, de chars ou de munitions, etc.? Est-ce que vous avez pu vous en
16 rendre compte lorsque vous étiez dans cette région pour parler ainsi de
17 ces pièces d'artillerie lourde, etc.?
18 M. Bowen (interprétation): Je n'ai pas vu de troupes serbes du tout. Mais
19 j'ai entendu dire de différents gens que de tels achats avaient lieu et
20 que de telles tractations avaient lieu. Pour parler évidemment de pièces
21 d'artillerie lourde, je n'en ai jamais en entendu parler. Je n'ai pu voir
22 que des armes d'infanterie, des kalachnikovs, des lance-roquettes
23 portatifs.
24 Tout simplement, vous ne m'avez pas permis de vous dire quelque chose au
25 sujet de cette présomption qui était la vôtre, pour parler de la balle et
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1 de la direction d'où cette balle pouvait venir. Je ne vous ai pas répondu.
2 Est-ce que je peux répondre?
3 M. le Président (interprétation): Oui. Allez-y.
4 M. Bowen (interprétation): Je voulais dire simplement que lorsqu'on
5 rapporte sur la guerre, il est tout à fait naturel de pas être un peu
6 partout. Lorsque, par exemple, il s'agit de telle ou telle balle, on ne
7 peut pas être là-bas où telle ou telle balle a été tirée. Par conséquent,
8 faire des assertions quelconques seraient erronées. Vous ne pouvez en
9 faire que d'en faire une déduction. Déduction de ce qui s'était passé.
10 Parce qu'il y a tant de probabilités à prendre en considération. Parce que
11 tout simplement vous allez ça et là et dans des périodes de temps
12 différentes. Voilà la raison pour laquelle nous avons pu aboutir à la
13 conclusion telle qu'elle a été la nôtre.
14 M. Krsnik (interprétation): C'était tout ce que j'avais à vous poser comme
15 questions. Merci de votre patience, mais merci de la réponse.
16 M. le Président (interprétation): Merci, Monsieur, d'être venu pour nous
17 aider par votre déposition. Y a-t-il d'autres questions pour ce témoin?
18 Monsieur Stringer? Un interrogatoire en supplément?
19 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Jeremy Bowen, par
20 M. Stringer.)
21 M. Stringer (interprétation): Oui, Monsieur le Président, juste quelques
22 questions.
23 Monsieur Bowen, vous nous avez dit avoir rapporté en 1991 sur les conflits
24 de Vukovar, il me semble.
25 Dites-nous, s'il vous plaît, pour que nous sachions tous: où se trouve
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1 Vukovar?
2 M. Bowen (interprétation): En Croatie. Vukovar se trouve en Croatie.
3 Question: Qui ont été les victimes des crimes perpétrés à Vukovar lorsque
4 vous y étiez en 1991?
5 Réponse: Des Croates.
6 Question: En avez-vous rapporté en tant que journaliste de la BBC?
7 Réponse: Oui, et cela sur un fond assez large. Pour rapporter, j'ai parlé
8 des Croates en 1991, non seulement pour parler de Vukovar mais pour parler
9 de Osijek également.
10 Question: Et dernière question, pourquoi n'avez-vous pas fait un
11 documentaire sur ce qui s'était passé à Mostar Ouest?
12 Réponse: Je n'ai pas eu le temps de le faire parce que… J'aurais aimé le
13 faire mais on n'a pas pu le faire.
14 Je voulais en faire autant, on s'était adressé à des autorités croates de
15 Bosnie, mais tel ne fut pas le cas. Telle était notre bonne volonté mais
16 nous n'avons pas pu réaliser cet objectif parce que nous n'avons pas eu la
17 liberté de circuler et de faire tout notre travail en liberté.
18 M. Stringer (interprétation): Je vous remercie.
19 Je n'ai plus de questions, Monsieur le Président.
20 M. le Président (interprétation): Y a-t-il d'autres questions?
21 (Questions de Mme la Juge Clark au témoin, M. Jeremy Bowen.)
22 Mme Clark (interprétation): Monsieur Bowen, ceci devait être vraiment
23 difficile et terrifiant pour vous de faire ce film et de regarder tout ce
24 que vous avez vu pendant toutes ces longues années.
25 Une question que j'ai à poser pour parler de géographie, quelque chose qui
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1 ne me paraît pas très clair. Mostar Est semble être une enclave assiégée
2 et sous le feu des grenades et bombes, nuit et jour. Quelle était la
3 situation dans Mostar Est? Est-ce qu'il y avait des Croates là-bas ou est-
4 ce que c'était plutôt le lieu de parler de territoires serbes plus à
5 l'est, en allant plus à l'est?
6 M. Bowen (interprétation): Oui, quand on y va plus à l'est, il y avait des
7 Serbes, mais ma compréhension de la situation est la suivante: cette
8 enclave a été complètement encerclée, assiégée par les Croates de Bosnie.
9 Or, à l'est de cette enclave, les lignes étaient plutôt moins strictes. On
10 pouvait évidemment avoir des liaisons soit avec des Serbes ou peut-être
11 suivant la route menant à Jablanica.
12 En effet, il s'est agi d'un siège. On ne pouvait pas sortir dehors. Seuls
13 des soldats savaient trouver un passage à travers les lignes de combat, en
14 allant vers le nord et vers le nord-est, autant que j'ai pu comprendre.
15 C'est cette direction-là, cet axe-là que j'avais emprunté.
16 Question: Je voulais tout simplement savoir quelle était l'attitude à
17 l'égard des Serbes, de la population serbe de Mostar Est. Est-ce que vous
18 savez comment la situation se présentait durant cette période critique?
19 Réponse: Je crois que l'attitude officielle de la partie serbe était
20 plutôt que ceux-ci étaient satisfaits de voir Musulmans et Croates se
21 combattre les uns les autres. Cela leur correspondait bien, leur convenait
22 pour une raison ou pour une autre, et pour ces raisons ils n'ont pas été
23 amenés à intervenir. A moins évidemment d'ajouter un peu d'huile sur le
24 feu.
25 Question: Est-ce qu'il y a eu de l'aide humanitaire venant dans Mostar
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1 Est?
2 Réponse: Les seuls convois d'aide étaient ceux de l'ONU. C'étaient les
3 forces du contingent espagnol, de la Forpronu qui se trouvaient dans la
4 ville. En août, lorsque je m'y suis rendu la première fois, un premier
5 convoi de l'aide humanitaire du HCR y était venu; après cela, l'accès
6 était limité. Mais en tout cas, tous ces convois d'aide humanitaire
7 étaient organisés par l'ONU. Il n'y avait pas d'autres convois d'aide.
8 Mme Clark (interprétation): Est-ce que vous avez eu des preuves selon
9 lesquelles on essayait d'empêcher la circulation des convois d'aide
10 humanitaire pour aider Mostar Est? Est-ce que cela était l'œuvre des
11 autorités? Si vous l'avez vu, dites-le nous.
12 M. Bowen (interprétation): La seule preuve que j'en ai, c'est grâce à une
13 conversation avec Jerrie Hulme. C'est lui qui y était au nom de l'UNHCR et
14 qui était venu dans Mostar Est. Je ne lui ai pas demandé de me parler
15 évidemment de tous ses pourparlers, mais il m'a dit qu'ils avaient eu
16 beaucoup de difficultés et à-coups dans ces pourparlers. Et il a précisé
17 qu'il voulait voir des convois d'aide humanitaire beaucoup plus réguliers,
18 mais qu'il n'était pas en mesure de le faire parce qu'il a fallu toujours
19 négocier pour que des convois d'aide humanitaire puissent vraiment être
20 livrés lorsqu'ils viennent de la côte croate. Parce qu'il a toujours fallu
21 évidemment passer depuis Medjugorje, laquelle région était sous la
22 direction des Croates.
23 Il m'a parlé de toute la complexité et des difficultés de cette
24 négociation, mais, comme je vous l'ai dit, je n'ai pas vraiment eu
25 l'occasion de parler plus en détail pour savoir qui a fait quoi.
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1 M. le Président (interprétation): Est-ce qu'il y a d'autres questions en
2 contre-interrogatoire supplémentaire?
3 (Contre-interrogatoire supplémentaire du témoin, M. Jeremy Bowen, par Me
4 Krsnik.)
5 M. Krsnik (interprétation): Oui, Monsieur le Président. C'est au sujet de
6 quelques noms géographiques que j'aimerais aboutir à quelques
7 éclaircissements, avec l'aide de ce témoin, si vous êtes d'accord.
8 C'est dans ce sens-là que je demande à la Greffière d'audience de montrer
9 à ce témoin la pièce à conviction P2. Je crois que cet élément de preuve
10 me semble être le plus propice pour traiter de quelques termes
11 géographiques.
12 M. le Président (interprétation): Etes-vous sûr d'avoir sous vos yeux la
13 bonne carte?
14 M. Krsnik (interprétation): Oui, oui, oui, celle-ci où l'on peut voir
15 Stalac, mais j'en ai une autre évidemment dans mes classeurs.
16 Monsieur le Témoin, il serait peut-être utile également que vous preniez
17 d'abord cette carte devant vous pour que ce soit plus clair pour vous et
18 puis, on va communiquer plus facilement; on va la placer sur le
19 rétroprojecteur.
20 Est-ce que vous voyez maintenant les différentes parties de Mostar? Vous
21 voyez également cette ligne orange qui mène vers Jablanica, ensuite
22 Konjic-Prozor: ça, c'est une route qu'il faut suivre sur la carte. Est-ce
23 que vous l'avez trouvée?
24 M. Bowen (interprétation): Oui, tout à fait, tout à fait. Je vois.
25 Question: Eh bien, en ce qui concerne votre chemin que vous avez suivi de
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1 Sarajevo, vous vous êtes d'abord rendu à Konjic, ensuite à Jablanica. Je
2 pense que j'ai raison, n'est-ce pas, Monsieur?
3 Réponse: Jablanica et ensuite Konjic, n'est-ce pas. Je ne pense pas que
4 nous sommes allés à Konjic. Quand nous sommes partis de Sarajevo à
5 Jablanica, nous, nous avons suivi la route principale et je ne me souviens
6 plus exactement du nom de l'endroit où nous sommes arrivés, parce que la
7 route a été coupée. Et ensuite, il fallait dépasser un lac, si je ne
8 m'abuse. Nous sommes allés jusqu'à un bois également qui longeait cette
9 route; c'était une route qui tournait énormément. Ensuite, nous avons
10 traversé un pont ferroviaire. Moi, je pense que ce pont a été utilisé
11 également par les véhicules, car l'armée de Bosnie-Herzégovine avait le
12 contrôle de l'ensemble de cette route. Et ce n'était donc pas difficile de
13 la suivre.
14 Nous sommes arrivés quelque part à proximité de Konjic, mais je ne me
15 souviens plus très exactement si c'était avant ou après Konjic, où nous
16 avons fait un détour et ensuite, nous sommes arrivés jusqu'à Jablanica,
17 alors que ce chemin que nous avons pris à pied, c'était au niveau de
18 Glogosnica.
19 Question: Si je vous ai bien compris, au mois de septembre 1993, cette
20 municipalité de Jablanica qui comprend Konjic et cette route qui mène de
21 Jablanica jusqu'à Mostar n'étaient pas sous le contrôle de l'armée?
22 Réponse: Non, parce que nous avons passé 20 heures depuis Sarajevo jusqu'à
23 Mostar. Et je suis sûr également que la seule route, c'était donc cette
24 route qui mène par les chaînes montagneuses. Donc, Glogosnica jusqu'à
25 Mostar.
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1 M. Krsnik (interprétation): Par conséquent, d'après vos souvenirs:
2 d'abord, je vois cette route et ensuite, à l'ouest du côté de Jablanica
3 jusqu'à Mostar, donc à droite, à l'ouest si vous voulez sur le plan
4 géographique, vous voyez que la route suit la rivière de la Neretva.
5 Ensuite, il y a ce lac dont vous parlez parce qu'il y avait une centrale
6 hydraulique.
7 M. le Président (interprétation): Monsieur Stringer, je vous en prie?
8 M. Stringer (interprétation): Objection au sujet de ces questions qui
9 viennent d'être posées par Me Krsnik, qui n'ont rien à voir avec ce qu'a
10 demandé la Juge Clark.
11 M. le Président (interprétation): Mais c'est vrai. Est-ce que vous mettez
12 en doute le fait que ce témoin a été sur ces lieux? Quelle est la
13 pertinence de votre question?
14 M. Krsnik (interprétation): Je voulais tout simplement vous situer sur le
15 plan géographique, mais nous parlons du mois de septembre 1993 et Mostar
16 est n'était pas véritablement une enclave et cette époque-là et que
17 personne ne pouvait sortir. Mais je voulais tout simplement tirer au clair
18 pour la Chambre, parce que, sur le plan géographique et en regardant cette
19 carte, on peut bien constater que ce n'était pas une véritable enclave et
20 qu'on pouvait sortir de Mostar. Mais si vous, vous pensez qu'il ne faut
21 pas que je pose des questions, j'ai terminé. Merci.
22 Mme Clark (interprétation): Maître Krsnik, mais moi, je suis surprise et
23 stupéfaite de ce que vous venez de dire. C'est un journaliste qui a passé
24 6 semaines à Mostar. Il a déposé pendant assez longtemps et nous avons vu
25 également son film. Il a donc parlé de l'enclave de Mostar. Il a dit qu'il
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1 n'y avait pas une liberté de circulation dans la partie est de Mostar. Et
2 maintenant, vous dites que ce n'était pas une enclave. C'est comme ça,
3 tout au moins, que les traducteurs m'ont traduit.
4 M. Krsnik (interprétation): Non, mais j'ai parlé de la route Vrapcici-
5 Potoci qu'on pouvait suivre la partie droite de la rivière Neretva et que
6 c'était donc le long de la rive droite qu'on pouvait s'échapper, parce que
7 c'était la zone qui a été sous le contrôle de l'armée. Je voulais
8 justement que le témoin nous le témoigne.
9 Mme Clark (interprétation): A ce moment-là, vous auriez dû poser ce type
10 de question à M. Bowen lors de votre contre-interrogatoire, parce qu'il a
11 été dans la position de contester ce que vous avez dit, car maintenant ce
12 n'est pas le moment, parce que vous venez de lui poser une question qui
13 n'a pas été soulevée ni dans l'interrogatoire principal ni par les Juges.
14 Par conséquent, il faut poser la question au moment où ça doit se faire.
15 M. Krsnik (interprétation): Excusez-moi. Est-ce que, si vous pouvez
16 maintenant voir donc Mostar, ensuite il y a un tout petit village qui se
17 dénomme Vrapcici le long de cette ligne orange. Ensuite, il y a un autre
18 village, Potoci. C'est à droite par rapport à la Neretva. Vous voyez que
19 la rivière coule parallèlement avec la route. Est-ce qu'en août vous avez
20 pris cette route pour rentrer à Mostar? Je ne sais pas si je peux poser la
21 question de cette manière-là.
22 M. Bowen (interprétation): Je ne me souviens pas du nom de ces villages.
23 Comme je l'ai dit déjà, pendant que j'ai tourné le film, nous sommes allés
24 au bord de cette enclave et du côté nord. Mais moi, je n'ai pas mon
25 calepin avec moi. C'est la raison pour laquelle je ne peux pas vous dire
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1 quel était le nom de ce village. Mais je me souviens qu'en août, en 1993,
2 je suis arrivé jusqu'à cet endroit-là avec les membres de l'armée, quand
3 j'ai marché à pieds. Et c'était à côté de Jablanica et je me souviens
4 qu'on a traversé Glogosnica, c'est quelques kilomètres au nord. Mais
5 c'était un chemin où il y avait des tirs croisés. On tirait en permanence.
6 Et je me souviens que j'ai emprunté cette route aussi bien en août et
7 quand j'ai été escorté par les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine et
8 la deuxième fois au mois de septembre, quand j'étais dans le véhicule de
9 BBC. Egalement, il y avait exactement les tirs croisés qu'on avait
10 essuyés.
11 M. Krsnik (interprétation): Merci.
12 M. le Président (interprétation): Merci, Monsieur le Témoin d'être venu
13 déposer ici, devant cette Chambre et devant le Tribunal. Nous vous
14 souhaitons un bon retour chez vous. C'est l'huissier qui va vous
15 accompagner.
16 (Le témoin, M. Jeremy Bowen, est reconduit hors du prétoire.)
17 (Questions relatives à la procédure.)
18 M. le Président (interprétation): Eh bien, Monsieur Stringer, vous avez
19 quelques pièces à conviction que vous voulez verser au dossier?
20 M. Stringer (interprétation): Nous proposons la cassette vidéo. C'est la
21 pièce à conviction 586. Ensuite, nous avons des comptes rendus également
22 de cette cassette vidéo, aussi bien version anglaise que version
23 française, que nous avons mis à la disposition des interprètes. Par
24 conséquent, nous pouvons donner également la version en français au Juge
25 Diarra.
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1 M. le Président (interprétation): Est-ce qu'il y a une objection du côté
2 de la défense?
3 M. Seric (interprétation): Non, Monsieur le Président.
4 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik?
5 M. Krsnik (interprétation): Non, Monsieur le Président, pas d'objection.
6 M. le Président (interprétation): Merci. Par conséquent, nous allons
7 verser au dossier la cassette vidéo comme une pièce à conviction.
8 M. Stringer (interprétation): On m'a informé qu'il faudrait également que
9 les comptes rendus obtiennent la cote. Il s'agirait, par conséquent, de
10 587, les transcriptions en version anglaise et version française que nous
11 souhaitons verser au dossier.
12 M. le Président (interprétation): Je pense que ce sont les cassettes qui
13 vont être annexées, les transcriptions qui vont être rattachées à la
14 cassette vidéo et, à mon avis, il faudrait peut-être numéroter
15 différemment. Par exemple, barre oblique. Donc la pièce à conviction, la
16 cassette vidéo, la pièce à conviction 586 et puis /1 ou /2.
17 M. Stringer (interprétation): Monsieur le Président, je pense que la
18 cassette vidéo est la pièce à conviction 586, alors que je pense que le
19 compte rendu a obtenu déjà la cote 587. Je ne suis pas sûr si j'ai raison.
20 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik, est-ce que vous avez une
21 objection ou non?
22 M. Krsnik (interprétation): Non, mais on attend également la version en
23 BCS et la traduction BCS.
24 M. le Président (interprétation): Cette Chambre d'instance a déjà pris la
25 décision en ce qui concerne la traduction en BCS. Nous sommes d'avis que,
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1 pour ce qui est des comptes rendus de cette cassette vidéo, peuvent être
2 considérés comme des comptes rendus qui normalement devraient être
3 traduits en BCS. Donc, ça correspond à notre décision.
4 M. Stringer (interprétation): Mais nous avons été informés que ceux-ci
5 seraient traduits en BCS.
6 M. le Président (interprétation): Mais est-ce que vous avez également la
7 cote?
8 M. Stringer (interprétation): Moi, je pense que le mieux, c'est de
9 rajouter à la pièce à conviction 587 également le compte rendu en BCS.
10 Donc, tout sera sous la cote 587. Toutes les trois versions: anglaise,
11 française et BCS.
12 M. le Président (interprétation): Donc nous acceptons ces pièces comme les
13 pièces conviction.
14 Maître Meek, je vous en prie.
15 M. Meek (interprétation): Mais, Monsieur le Président, en ce qui concerne
16 la décision qui a été prise par cette Chambre et concernant les
17 traductions des pièces à conviction, moi, ce que je tiens à dire, c'est
18 que nous n'avons pas reçu le compte rendu en BCS avant que cette cassette
19 vidéo soit visionnée. C'est la raison pour laquelle on aurait apprécié si
20 le Procureur pouvait se charger de nous remettre la traduction avant qu'on
21 visionne la cassette.
22 Maintenant, nous allons évidemment remettre cette traduction plus tard,
23 mais M. Bowen sera déjà à Londres.
24 M. le Président (interprétation): Mais je pense que la traduction est déjà
25 là. Je pense que la traduction a déjà été faite et le Procureur fera
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1 justement l'effort pour que vous puissiez disposer de la traduction avant
2 que la cassette soit visionnée.
3 M. Stringer (interprétation): Mais moi, je pense que cette traduction se
4 trouve déjà dans les 17 classeurs qui ont été communiqués à la défense.
5 M. le Président (interprétation): Est-ce que nous allons maintenant
6 contre-interroger le témoin suivant?
7 M. Stringer (interprétation): Oui, c'est le témoin qui va être contre-
8 interrogé à huis clos.
9 M. le Président (interprétation): Donc nous passons à huis clos.
10 (Huis clos à 15 heures 42.)
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13 Pages 5837 à 5843 expurgées – audience à huis clos.
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25 (L'audience est suspendue à 16 heures.)