Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Lundi 8 avril 2002.)

2 (L'accusé, M. Vinko Martinovic, est dans le prétoire.)

3 (L'accusé, M. Mladen Naletilic, n'est pas dans le prétoire.)

4 (Audience publique.)

5 (L'audience est ouverte à 9 heures 06.)

6 (Questions relatives à la procédure.)

7 M. le Président (interprétation): Veuillez citer l'affaire, je vous prie

8 Madame la Greffière d'audience.

9 Mme Thompson (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président, il s'agit

10 de l'affaire IT-98-34-T, le Procureur contre Mladen Naletilic et Vinko

11 Martinovic.

12 M. le Président (interprétation): Nous avons remarqué que M. Naletilic

13 était absent. Maître Krsnik, à vous.

14 M. Krsnik (interprétation): Oui Monsieur le Président, en effet, M.

15 Naletilic est allé se soumettre à une visite médicale. J'imagine que cela

16 a été décidé par les autorités de l'unité de détention. Je regrette

17 beaucoup d'avoir appris la chose aujourd'hui seulement parce qu'il n'avait

18 pas voulu me dire pour son état de santé; il ne voulait pas me dévoiler

19 l'état de santé véritable qui est le sien et je viens d'apprendre qu'il ne

20 pouvait pratiquement plus marcher les marches, les escaliers, les couloirs

21 montants, il a beaucoup de mal à marcher. Son cœur se porte très mal.

22 Nous aurons les résultats de ses analyses, mais il ne voulait pas vous en

23 parler parce qu'il ne voulait pas interrompre la cadence du fonctionnement

24 que nous avions adoptée. Je crains fort toutefois que tout ceci risque,

25 malheureusement, de se terminer très mal pour mon client parce que, s'il

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1 n'a plus la force de monter, nous savons dans quel état tout de suite se

2 trouve son cœur.

3 Il a déjà quatre points qui devraient faire l'objet d'opération et

4 d'installation, de mise en place de "by-pass" et cela n'est pas encore

5 fait. Il souffre d'emphysème des poumons qui sont, quant à eux, dans un

6 état catastrophique.

7 Mais Monsieur le Président et Mesdames les Juges, c'est ce que je voulais

8 vous dire auparavant déjà, mais il ne m'a pas autorisé de le faire et je

9 ne peux pas aller à l'encontre de mon client. A cette cadence, je crois

10 qu'il ne vous dira jamais lui-même comment il se sent et comment il se

11 porte. Il a bien entendu signé un papier disant qu'il nous autorisait à

12 continuer en son absence, mais je voudrais juste vous informer de l'état

13 de santé actuel de mon client et je vous remercie de votre attention.

14 M. le Président (interprétation): Nous espérons bien entendu tous que

15 votre client se remettra très vite, mais nous comprenons également qu'il

16 avait renoncé à son droit pour le moment d'être présent dans la salle

17 d'audience.

18 Est-ce que nous allons faire entrer le témoin? Monsieur Scott combien de

19 temps vous faut-il ce matin?

20 (Le témoin, M. Slobodan Praljak, est introduit dans le prétoire.)

21 M. Scott (interprétation): Merci, Monsieur le Président, Mesdames les

22 Juges. Je voulais dire à la Chambre qu'une fois de plus pendant le week-

23 end, j'ai réduit le nombre de questions que j'avais voulu poser et le

24 nombre de pièces à conviction que j'allais présenter. Pour ce qui est de

25 mes objectifs, je crois pouvoir terminer mon contre-interrogatoire d'ici

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1 la première pause.

2 M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

3 Bonjour Monsieur le Témoin.

4 M. Praljak (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président.

5 M. le Président (interprétation): Je vous prie de continuer Monsieur

6 Scott.

7 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Slobodan Praljak, M. Scott.)

8 M. Scott (interprétation): Merci. Bonjour Monsieur Praljak.

9 M. Praljak (interprétation): Bonjour Monsieur Scott.

10 Question: Etant donné que nous venons de commencer ce matin après un week-

11 end, j'ai quelques questions de procédure que je voudrais soulever. Etant

12 donné que vous avez commencé à témoigner depuis mardi dernier, je voudrais

13 savoir si vous avez parlé à qui que ce soit de votre témoignage, à qui que

14 ce soit?

15 Réponse: Exception faite des coups de fils que j'ai reçus de la part des

16 membres de la famille et des propos que j'ai échangés concernant mon état

17 d'esprit, je tiens à vous dire que je n'ai parlé avec personne concernant

18 ce témoignage, ni avec des journalistes ni avec qui que ce soit d'autre.

19 Question: Je ne voudrais pas offenser qui que ce soit, mais cela englobe

20 également les conseils de la défense de… l'équipe de la défense. N'est-ce

21 pas?

22 Réponse: Non Monsieur.

23 Question: Et avez-vous examiné une documentation quelconque depuis le

24 début de votre témoignage à ce jour?

25 Réponse: J'ai apporté avec moi ici un livre qui a été publié de la manière

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1 la plus publique qui soit, qui parle de l'époque de la guerre et il y a

2 des dates dont j'aimerais me rappeler parce que vous savez ces dates se

3 perdent, c'est-à-dire qu'on finit par les oublier.

4 Question: Je voudrais que vous nous disiez pour le compte rendu d'audience

5 quel est le titre du livre en question?

6 Réponse: "La Guerre en Croatie et Bosnie-Herzégovine 1991-1995".

7 Question: Et quel en est l'auteur?

8 Réponse: Il n'y a pas d'auteur. Ce sont des textes de journaux qui ont été

9 compilés dans cet espèce de recueil.

10 Question: Je vous remercie Monsieur. S'agissant de la période où vous

11 aviez été actif au niveau de diverses fonctions exercées en Bosnie-

12 Herzégovine pendant 1992 et 1993, étiez-vous au courant du concept de ce

13 qu'on appelait la "Banovina croate" ou le "banat croate"?

14 Réponse: Le banat croate a été institué avant la Deuxième Guerre mondiale

15 en sa qualité d'entité territoriale de l'ex-Yougoslavie. Mais j'entends

16 par ex-Yougoslavie, la Yougoslavie qui existait avant la Deuxième Guerre

17 mondiale, et étant donné mon éducation et instruction en matière

18 d'histoire, j'étais forcément au courant du concept dont vous parlez.

19 Question: Je voudrais que M. l'huissier montre au témoin très brièvement

20 la pièce à conviction P899.

21 (Intervention de l'huissier.)

22 Cela ne se trouve pas dans votre recueil de pièces, je vous donnerai la

23 mienne.

24 Je voudrais que vous vous penchiez, Monsieur, sur cette pièce à conviction

25 P899 et que vous disiez à la Chambre si cette carte décrit ou englobe la

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1 zone qui avait été appelée le "banat croate"?

2 Réponse: Quoi que je ne sois pas un expert en matière d'histoire, je crois

3 que le plan tel qu'établit ici pourrait fort bien correspondre à la

4 réalité de l'époque.

5 Question: Bien. Et juste pour ce qui est du point de référence, je

6 voudrais vous poser une question au sujet de cette carte et savoir si cela

7 va au nord, par exemple jusqu'à Travnik, et si vous vous penchez sur la

8 carte, vous pouvez voir qu'il y a un bout de territoire où ce territoire

9 va au nord jusqu'à Travnik, est-ce que vous le voyez?

10 Réponse: Oui, je le vois.

11 Question: Merci. Maintenant dites-nous Monsieur, pendant la guerre, c'est-

12 à-dire pendant ces combats qui ont eu lieu en Bosnie-Herzégovine, je

13 voudrais savoir si du côté des Croates de Bosnie il avait été question, et

14 peut-être même en République de Croatie, concernant certaines aspirations

15 ou visées qui chercheraient à rétablir ce banat croate, n'est-ce pas?

16 Réponse: Dans ce banat croate, il n'y a pas d'Istrie qui faisait partie de

17 l'Italie, il n'y a pas d'îles: Cres, Rab, Losinj, et il n'y a pas toute la

18 région de Baranja. Par conséquent, personne en Croatie ne saurait être

19 satisfait de cette carte-là, car cela signifierait abandonner à l'Italie

20 toute l'Istrie et une partie des îles à la Serbie, à savoir -se reprend-

21 il- le territoire de Baranja.

22 Et je crois qu'en Croatie personne n'avait sérieusement envisagé, ces

23 personnes n'avaient sérieusement discuté de cette chose-là parce qu'une

24 telle répartition des territoires ne saurait être l'aboutissement des

25 interventions politiques ou militaires. Mais, aux cours de bon nombre de

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1 négociations, parce que négociations il y a eu sur bon nombre de choses,

2 il a été question du banat, de la banovina mais pas en sa qualité de

3 projet éventuel.

4 Question: Fort bien Monsieur. Je voudrais que nous tirions quelques

5 éléments au clair. Je ne voulais pas suggérer que certaines zones, zones

6 que vous avez mentionnées comme, par exemple, Cres et l'Istrie, enfin je

7 n'ai pas dit que cela ne serait pas revenu à la Croatie.

8 Je voudrais que vous montriez sur la carte, à l'attention de la Chambre,

9 et je voudrais que ce soit placé sur le rétroprojecteur pour que nous

10 sachions de quoi il est question. Je voudrais que vous nous montriez cet

11 élément-là, partie que vous avez mentionnée comme étant la partie qui

12 appartenait à l'Italie et qui, réellement, appartient aujourd'hui à la

13 Croatie. Est-ce que vous pouvez le montrer aux Juges de la Chambre?

14 Réponse: Ceci est le territoire de la République de Croatie, de nos jours.

15 Mais, avec ces îles-ci, toute l'Istrie avait été en propriété de l'Italie

16 auparavant.

17 Question: Merci.

18 Réponse: Et cette partie-ci n'appartenait pas à la Croatie.

19 Question: Fort bien Monsieur. Exception faite de ces régions-là, je

20 voudrais attirer votre attention sur certains segments, segments qui

21 s'étirent jusqu'à Mostar et je voudrais que vous retrouviez Mostar, puis

22 que vous remontiez sur la carte en direction de Travnik. Une fois de plus

23 cela avait été considéré comme appartenant au banat croate.

24 Réponse: Non, cela n'a pas été considéré comme appartenant au banat

25 croate, car dans la répartition des territoires de l'époque qui avait duré

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1 fort peu de temps, pour ce qui est d'un accord entre un homme politique

2 serbe, Cvetkovic, et un homme politique croate, Macek, qui faisait partie

3 de ce territoire, mais pas à l'Etat croate en tant que tel.

4 Question: Fort bien. Je ne dis pas que cela avait fait partie d'un Etat.

5 Nous en avons déjà parlé avec un autre témoin pour ce qui est de la

6 terminologie utilisée. Toutefois cette carte, comme vous l'avez dit, il y

7 a quelques instants, nous montre un territoire qui avait porté, qui avait

8 pour dénomination Banovina croate ou banat croate?

9 Réponse: Oui, du point de vue historique, cela avait été appelé Banovina

10 Hrvatska, avant la Seconde Guerre mondiale, pendant une brève période de

11 temps.

12 Question: Est-ce que vous vous souvenez qu'à un moment donné dans une

13 interview accordée à la BBC, vous aviez déclaré que plus tôt, dans le

14 courant de la guerre, vous aviez demandé que les objectifs militaires

15 soient clairement définis au moment où les conflits ont éclaté à Prozor, à

16 Vakuf ou à Travnik, et vous aviez déclaré que vous étiez militairement

17 suffisamment forts pour pouvoir vous emparer des territoires ou pour en

18 faire une Banovina croate, et vous n'aviez pas autorisé à le faire; vous

19 n'aviez pas été autorisé à attaquer les premiers.

20 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président, étant donné que M. le

21 Procureur est en train de citer à plusieurs reprises certains propos, je

22 voudrais qu'il nous donne quelle est cette interview de la BBC et qu'il

23 nous montre les ordres et les documents. Et je tiens à dire qu'il y a des

24 documents qui n'ont pas été correctement présentés à la défense et à la

25 Chambre, de même qu'au témoin. J'en parlerai lorsque mon tour sera venu.

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1 Mais, pour le moment, s'agissant de citations, je voudrais que l'on dise

2 au témoin de quel reportage ou de quelle émission il s'agissait parce

3 qu'il s'est écoulé 11 ans depuis, et je crois que cela ne sert à rien de

4 parler de citations au témoin sans lui présenter les documents afférents.

5 M. Scott (interprétation): Monsieur le Président, compte tenu de ce qui

6 vient d'être exposé, je demanderai à la cabine technique de nous montrer

7 le segment qui porte la cote P903. Il s'agit d'une petite séquence, et

8 nous avons une transcription. Je crois que cette transcription devrait

9 être distribuée. Est-ce que vous l'avez obtenue, Monsieur le Président?

10 Je demanderai à la cabine technique d'attendre un peu parce que je

11 voudrais vérifier pour voir si la transcription de ce qui figure à

12 l'enregistrement vidéo a été distribuée.

13 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président, je ne sais vraiment pas

14 si cela est une chose convenable que de présenter à la défense un élément,

15 une pièce à conviction une seconde avant sa présentation à la Chambre.

16 M. le Président (interprétation): Je crois que le Procureur distribue le

17 document et que vous allez obtenir une copie de celui-ci.

18 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président, peut-être ne nous

19 sommes nous pas bien compris. Je voulais dire que, pour ce qui est de cet

20 enregistrement vidéo et de la transcription de l'enregistrement, est-il

21 conforme à la pratique usuelle que de montrer cela à la défense une

22 seconde avant la présentation? C'est tout ce que je voulais dire.

23 M. le Président (interprétation): Eh bien, Maître Krsnik, je crois que

24 nous avons déjà adopté une décision l'autre jour disant, décision disant

25 que, en plus de l'enregistrement vidéo, il convenait de fournir une

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1 transcription le matin, à savoir avant le contre-interrogatoire. Je ne

2 vois pas en quoi cette façon de faire serait inappropriée de la part de

3 l'accusation pour ce qui est de son contre-interrogatoire.

4 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président, si je me souviens bien

5 de vos dires, je crois que vous aviez dit que cela devait être fourni

6 avant le début du contre-interrogatoire, et le contre-interrogatoire dure

7 déjà depuis trois jours. On est au troisième jour du contre-interrogatoire

8 et je crois que cela aurait dû être montré à la défense avant que le

9 témoin ne vienne faire sa déclaration solennelle. Et je voulais juste dire

10 qu'il y a peut-être un abus des us et coutumes ici, parce que cela arrive

11 à 9 heures et demie, et je voulais dire qu'il aurait été juste et

12 équitable que de montrer l'enregistrement vidéo et le texte avant la

13 présentation de ces éléments de preuve à la Chambre. C'est tout ce que je

14 voulais dire.

15 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik, en principe, je suis tout

16 à fait d'accord avec vous pour dire que tous les documents devaient être

17 communiqués à l'autre partie et à la Chambre avant le contre-

18 interrogatoire. C'est un principe. Mais il y a des situations où nous

19 voyons survenir des éléments inattendus lors du contre-interrogatoire

20 parce que personne ne saurait d'avance déterminer ou prévoir le cours du

21 contre-interrogatoire, pas plus que la façon dont le témoin répondra aux

22 questions. Donc il doit y avoir des exceptions et, à titre d'exception,

23 nous avons autorisé cette pratique au cours des contre-interrogatoires.

24 Vous pouvez continuer, Monsieur Scott ?

25 M. Scott (interprétation): Merci Monsieur le Président, j'espère que tout

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1 est prêt pour ce qui est de la présentation de cet enregistrement.

2 (Diffusion d'une cassette vidéo.)

3 "Au moment des conflits de Travnik et de Vakuf, nous étions déjà

4 suffisamment puissants pour nous emparer d'un territoire qui pourrait être

5 celui de la Banovina ou des frontières que l'on pouvait imaginer, mais

6 nous n'avions pas l'autorisation de frapper les premiers."

7 Est-ce que vous vous souvenez d'avoir dit cela?

8 M. le Président (interprétation): Monsieur Scott, je n'ai pas retrouvé la

9 transcription de cette partie du texte dans ce que vous avez enregistré.

10 M. Scott (interprétation): Je m'excuse, Monsieur le Président, il s'agit

11 du transcript qui porte la cote P309A et cela se trouve dans la deuxième

12 partie... la troisième partie du texte, et on parle de Tudjman, de Susak;

13 et quelques lignes plus bas, vous allez voir le mot de "Travnik" puis le

14 mot de "Banovina".

15 M. le Président (interprétation): Merci. Oui, Maître Krsnik.

16 M. Krsnik (interprétation): Je voudrais maintenant que l'on montre

17 l'enregistrement vidéo tout entier et je voudrais que nous voyions tout le

18 contexte et non pas une partie de l'enregistrement vidéo qui constitue un

19 segment arraché à la totalité. Je voudrais que nous montrions cet

20 enregistrement vidéo dans son intégralité pour que la Chambre se fasse une

21 idée du contexte.

22 M. le Président (interprétation): Monsieur le Témoin, vous vouliez peut-

23 être dire quelque chose?

24 M. Praljak (interprétation): Je suis tout à fait disposé à témoigner de

25 l'authenticité de l'enregistrement et de la clarté de mes propos parce que

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1 ces propos prouvent justement que la Croatie n'avait pas d'objectifs de

2 guerre, qu'elle n'avait pas voulu de guerre. Parce qu'on dit: si tant est

3 que nous étions suffisamment puissants, nous pouvions lancer des attaques

4 et disposer de certains territoire, mais la Croatie et le conseil croate

5 de la défense n'avaient pas souhaité cette guerre, n'avait pas entamé la

6 guerre.

7 Et l'enregistrement vidéo montrera que j'avais déjà déclaré à l'interview

8 de la BBC, concernant la décomposition de la Yougoslavie, des choses, et

9 je maintiens mes propos: ces propos sont exacts, sont justes et abondent

10 dans le sens des thèses que j'ai avancées.

11 M. le Président (interprétation): Monsieur Scott, je crois que la demande

12 de Me Krsnik est une demande légitime. Je crois que vous devriez

13 communiquer à l'équipe de la défense tant l'enregistrement vidéo que la

14 transcription de cet enregistrement. Et vous pouvez poser des questions

15 concernant les enregistrements en question. Je voudrais savoir s'il est

16 toujours nécessaire ou juger nécessaire d'établir l'authenticité de

17 l'enregistrement, et dans ce cas-là, je pense qu'il serait utile de voir

18 l'enregistrement depuis le début.

19 M. Scott (interprétation): Merci, Monsieur le Président, nous allons

20 communiquer cette interview à la défense. Maintenant pour ce qui est de

21 l'authenticité de la cassette, je crois que le témoin vient de dire qu'il

22 s'agit là d'un document qui est tout à fait authentique. Et la question se

23 trouve être résolue.

24 J'aurai peut-être encore une question à poser s'agissant des

25 transcriptions, et vous venez de nous dire, Monsieur le Témoin: "On ne

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1 nous a permis d'attaquer les premiers" ou "il ne nous a pas été donné

2 d'attaquer les premiers." Dites-nous maintenant qui devait vous donner

3 l'autorisation d'attaquer en premier?

4 M. Praljak (interprétation): La décision relative à l'attaque, au fait

5 d'attaquer les premiers ou pas avait été adoptée par la direction

6 politique de la communauté croate de Herceg-Bosna. Et quand bien même

7 cette rédaction politique aurait adopté cette décision, je pense pouvoir

8 affirmer de façon tout à fait fiable, partant des informations dont je

9 dispose, que la direction croate à l'époque aurait alors cessé d'aider la

10 population croate et la population musulmane en Bosnie-Herzégovine, dans

11 ce cas-là, il s'entend.

12 Question: Monsieur, avant que de continuer plus loin, je voudrais clore le

13 sujet. Quand vous parlez de la direction politique de la communauté croate

14 de Herceg-Bosna, est-ce que vous pourriez nous communiquer des noms, des

15 noms à l'intention de la Chambre, s'agissant d'individus que vous estimez

16 avoir fait partie de cette direction politique.

17 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik.

18 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président, à chaque fois que nous

19 mentionnons des noms, je voudrais que nous passions à huis clos partiel.

20 Je voudrais parler maintenant de certains événements qui sont en train de

21 revêtir des dimensions très sérieuses. Nous allons devoir interrompre ce

22 contre-interrogatoire pour ce qui est des événements en Croatie et en

23 Bosnie-Herzégovine. Et à chaque fois que l'on parlera de noms, je

24 demanderai à la Chambre de passer automatiquement à huis clos partiel.

25 Merci.

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1 M. le Président (interprétation): Bien. Votre requête est tout à fait

2 légitime, mais j'hésite un peu pour ce qui est de me prononcer à ce sujet

3 parce qu'il s'agit de questions relevant de choses qui étaient notoirement

4 connues pour ce qui est de la direction politique de l'époque.

5 M. Krsnik (interprétation): Je voudrais qu'on passe à huis clos partiel et

6 je vous expliquerai les raisons pour lesquelles je demande ce huis clos

7 partiel.

8 M. le Président (interprétation): Eh bien, nous allons passer à huis clos

9 partiel. Nous sommes déjà à huis clos partiel, Maître Krsnik.

10 (Audience à huis clos partiel à 9 heures 32.)

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1 (Audience publique à 9 heures 42.)

2 M. Scott (interprétation): Je vais essayer de parler lentement, essayer de

3 nouveau ce matin de parler lentement.

4 Est-ce correct que vous étiez commandant des forces du HVO, de forces

5 croates de la République croate dans les batailles et conflits à Gornji en

6 janvier et février 1993?

7 M. Krsnik (interprétation): Très brièvement, une fois encore, Mesdames et

8 Messieurs, je dois protester car je pense que ceci va au-delà de l'Acte

9 d'accusation. Ce challenge de la crédibilité… nous avons fait un contre-

10 interrogatoire, nous n'avons pas eu le droit… je pense que ceci est trop

11 vaste pour ce qu'on appelle la crédibilité, la crédibilité… c'est trop

12 vaste comme parapluie pour masquer cette crédibilité.

13 M. Scott (interprétation): J'ai des questions en ce qui concerne le nombre

14 de questions qui en rapport avec ce… Monsieur le Président, j'ai un nombre

15 de questions limité pour ce qui est du Bataillon des détenus ou des

16 condamnés.

17 Je voudrais parler maintenant de la façon dont "Tuta" s'était intégré dans

18 ce qui concerne le HVO, le Bataillon des condamnés et tout ce qui est

19 relié à cela.

20 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik.

21 M. Krsnik (interprétation): Il ne peut pas être interrogé concernant

22 Gornji Vakuf et le Bataillon des condamnés parce que cela n'a pas été

23 mentionné comme faisant partie de Gornji Vakuf. Il n'a pas été question de

24 janvier 1991 dans l'Acte d'accusation et s'agissant de janvier, février

25 1993, cela ne figure pas non plus dans l'Acte d'accusation.

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1 Maintenant, si on parle de structures militaires, je crois que la question

2 peut être posée; tout ce qui concerne le Bataillon des condamnés peut être

3 posé. Mais on ne peut pas poser de questions, on ne peut pas poser de

4 questions concernant des segments ou des secteurs qui ne font pas partie

5 de l'Acte d'accusation. Peut-être n'a-t-il pas eu le temps d'élargir son

6 Acte d'accusation?

7 M. le Président (interprétation): Eh bien Maître Krsnik, je crois que

8 cette question a quelque chose à voir avec la structure militaire du HVO,

9 et nous allons en effet voir dans quel segment le Bataillon des condamnés

10 s'adapte ou s'intègre dans ce segment.

11 Je vais demander au Bureau du Procureur de limiter ses questions aux

12 structures militaires de l'aspect en question. Monsieur Scott, je vous

13 prie de continuer.

14 M. Scott (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

15 Monsieur, je suis en train de poser les fondements de questions

16 spécifiques ou de questions concrètes que je voulais vous poser, mais je

17 voudrais que vous dissiez d'abord à la Chambre une chose: vous étiez, vous

18 conduisiez les forces armées des Croates de Bosnie pendant les batailles

19 de Gornji Vakuf en janvier et février 1993, n'est-ce pas ?

20 M. Praljak (interprétation): En effet, en 1993, il y a eu des combats

21 autour de Gornji Vakuf et ce, pour des raisons que je vous ai mentionnées.

22 Question: Non, non, Monsieur, attendez. La question que je voulais vous

23 poser -et je viens de vous le faire savoir-, j'ai déjà fait savoir à la

24 Chambre que j'avais l'intention de finir dans le courant de la matinée.

25 Donc ma question était celle de savoir si vous étiez à la tête des forces

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1 armées des Croates de Bosnie, n'est-ce pas?

2 Réponse: Des Croates de Bosnie s'agissant de l'incident de Gornji Vakuf en

3 janvier 1993, et ce n'est qu'à ce moment-là, et cela ne concernait que ces

4 forces limitées, donc cette période de temps limitée et l'action concrète

5 en question.

6 Question: Fort bien. Je ne sais pas quels sont les paramètres englobés par

7 la réponse, Monsieur, mais à l'intention de M. le Président, je tiens à

8 dire que je me propose de vous montrer la pièce à conviction P902. Il

9 s'agit du transcript de l'interview que vous avez accordée à la BCC, et je

10 voudrais que l'équipe technique nous fasse visionner l'enregistrement

11 vidéo qui est englobé par la cote P902A.

12 (Intervention de l'huissier.)

13 (Diffusion d'un enregistrement vidéo.)

14 "Il y avait des islamistes musulmans pour qui Allah, le coran étaient le

15 début et la fin du monde; et tous les autres étaient des gens, des

16 infidèles. On voyait l'influence des Turcs, les Janissaires, les

17 conquêtes, et on avait recommencé à entendre les gens dire que cela

18 appartenait à Vakuf et à cette population-là.

19 En d'autres termes, nous ne pouvions plus tolérer la chose et c'est moi

20 qui ai conduit cette attaque contre Vakuf. Nous avons pris suffisamment de

21 territoires, du point de vue militaire nous les avons complètement battus,

22 battus à plate couture. Il fallait entrer dans Vakuf et il y avait là-bas

23 beaucoup de réfugiés, il y avait beaucoup de femmes et d'enfants, et on

24 m'a interdit la prise de Vakuf car...

25 Question: Bien. Pour que les choses soient bien claires, il me semble que

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1 vous avez dirigé l'attaque de janvier 1993, comme vous l'avez déclaré sur

2 la BBC, à la fin de cette interview: c'est vous qui avez mené l'attaque?

3 M. Praljak (interprétation): Monsieur, j'ai mené l'attaque… j'ai mené

4 l'attaque jusqu'à la ligne de front lorsque les Musulmans ont enfoncé les

5 lignes derrière celles des forces du HVO, environ à 50 mètres de la ville…

6 les lignes étaient à environ 50 kilomètres de la ville en territoire

7 serbe. Au bout d'un mois de négociations, et en coopération avec la

8 communauté internationale, pour tenter de repousser cette ligne derrière

9 nous, nous avons attaqué la ligne, comme cela a été mentionné dans cette

10 émission de la BBC, en consultation, après avoir consulté M. Boban.

11 Monsieur, me permettez-vous de répondre? Votre Honneur, puis-je compléter

12 ma réponse?

13 M. Scott (interprétation): Je crois qu'effectivement la réponse est

14 claire. Il était effectivement, il dirigeait les forces du HVO. Nous

15 pouvons naturellement poursuivre sur ce sujet, mais compte tenu le nombre

16 d'objections que j'ai entendu ce matin jusqu'ici, je pense que je ne peux

17 pas considérer que j'en ai terminé.

18 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik?

19 M. Krsnik (interprétation): Je n'ai rien contre la procédure proposée par

20 le Bureau du Procureur, ce contre-examen dure depuis 3 jours maintenant et

21 le Procureur attend des réponses, mais je voudrais vous demander, Monsieur

22 le Président, de permettre au témoin d'expliciter la réponse, la question

23 à la réponse qui lui a été posée par le Bureau du Procureur.

24 Je pense que c'est une demande tout à fait légitime, sinon nous avons

25 toujours des bribes de réponse, alors que le but du contre-interrogatoire

Page 9650

1 à ma connaissance est d'informer pleinement ce Tribunal et de fournir des

2 réponses précises et claires.

3 M. le Président (interprétation): Le Procureur vous a posé une question

4 précise, il vous a demandé si vous aviez dirigé l'attaque. Je crois que la

5 première partie de votre phrase constitue déjà une réponse à cette

6 question. Si vous souhaitez donner davantage de précisions, je vous

7 prierai de le faire de façon extrêmement concise.

8 M. Praljak (interprétation): Monsieur le Président, pour être le plus

9 succinct possible, je dois dire que ce n'est pas l'attaque contre Vakuf

10 qui a été mentionnée dans l'émission de la BBC. Dans le but d'éviter de

11 nombreuses victimes et blessés, il est très clair en effet qu'à l'époque

12 déjà le HVO, sous mon commandant, avec la section que je dirigeais, a

13 refusé d'attaquer la ville.

14 Pour se comporter de façon civilisée, nous avons refusé d'attaquer la

15 ville, nous avons uniquement porté une attaque contre la ligne de front

16 dans un sens strictement militaire. Concernant les lignes derrière nous,

17 les tranchées qui avaient été creusées précisément dans le but de nous

18 attaquer, eh bien, à ce moment-là nous n'étions pas orientés, tournés vers

19 l'ennemi commun qui se situait à une quinzaine de kilomètres de la ville,

20 qui était éloignée de 15 kilomètres.

21 Je suis très fier d'avoir dirigé cette unité, et après consultation avec

22 M. Boban, décision qui avait été prise de ne pas attaquer la ville.

23 M. Scott (interprétation): Bien. Je voudrais vous dire que le Bureau du

24 Procureur n'accepte pas la réponse qui a été fournie. La qualification des

25 événements qui vient d'être faite, nous ne pourrons l'accepter, mais nous

Page 9651

1 ne pouvons pas nous attarder davantage sur la question. Il est vrai que le

2 Bataillon des condamnés a été impliqué dans l'action menée contre Gornji

3 Vakuf et a été l'une des deux unités du HVO coordonnée pendant ces

4 actions, est-ce que cela est correct?

5 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik?

6 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président, permettez-moi peut-être

7 de me rafraîchir ma mémoire, je ne suis pas sûr de bien comprendre où nous

8 en sommes. Il me semble que nous disons une chose, le Procureur continue

9 de son côté dans une autre direction. J'aimerais bien reprendre les

10 choses.

11 On a parlé du Bataillon des condamnés en disant qu'il avait participé à

12 l'attaque contre Gornji Vakuf, si cela intéresse le Procureur, si le

13 Procureur s'intéresse à la structure militaire de ce Bataillon des

14 condamnés, eh bien, qu'il nous pose la question précisément et qu'il

15 demande d'abord pourquoi Gornji Vakuf?

16 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik pratiquement vous a posé

17 des objections à toutes les questions posées, certaines objections sont

18 tout à fait légitimes, d'autres à mon sens sont inutiles.

19 Il faut bien comprendre que votre témoin est un homme tout à fait

20 compétent et qu'il sait de quoi il parle. Il pourrait parfaitement

21 répondre à ces questions et fournir les informations demandées par lui-

22 même.

23 Monsieur Scott, comme nous vous l'avons dit, il y a quelques minutes, ce

24 qui nous intéresse c'est la structure militaire, c'est la seule chose qui

25 nous intéresse. Et nous aimerions savoir en particulier comment le

Page 9652

1 Bataillon des condamnées s'inscrit dans cette structure militaire. Si vous

2 souhaiter donc poursuivre dans ce sens, vous pouvez le faire.

3 M. Scott (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président, je

4 voudrais qu'il soit dit au procès verbal que jusqu'ici Me Krsnik a eu un

5 temps de parole supérieur au mien. Je voudrais que cela figure très

6 clairement dans le procès verbal, dans le compte rendu d'audience.

7 Alors je voudrais vous demander de bien vouloir marquer vouloir regarder

8 la pièce marquée 221.1.

9 (Intervention de l'huissier.)

10 Encore une fois, si la version anglaise pouvait être mise à disposition

11 pour faciliter les délibérations de ce tribunal. Je vous demanderais de

12 regarder ce document qui est un rapport d'un commandant adjoint, Ivan

13 Kraljevic, qui est un document daté du 18 janvier 1993. Je vous demande en

14 particulier de regarder la fin de ce document. Vous y lirez les mots dans

15 la version anglaise.

16 Ce texte dit la chose suivante: il a été notifié que deux membres du

17 Bataillon des détenus ont été tués dans le village de Bricia (phon)...

18 excusez-moi pour la prononciation. Aujourd'hui, donc, est-ce que cela

19 rafraîchit votre mémoire, à savoir que des Bataillons des condamnés a bel

20 et bien pris part aux actions qui se sont déroulées à Gornji Vakuf en

21 janvier 1993?

22 M. le Président (interprétation): Maître Seric?

23 M. Seric (interprétation): Monsieur le Président, très souvent je

24 m'efforce d'éviter de formuler des objections, mais ce que je voudrais

25 demander au Procureur quelles sont les raisons pour lesquelles il pose

Page 9653

1 cette question. Cette question en effet n'a rien à voir avec la

2 description de la structure militaire. Je ne vois pas... Je crois que ce

3 document et cette question sont sans objet.

4 M. le Président (interprétation): Eh bien, Maître Seric, je pense que le

5 Bureau du Procureur essaie d'établir que le Bataillon des détenus a bel et

6 bien pris part aux actions dont nous parlons, et cela sur la base des

7 témoignages qui datent de l'époque. Je parle du Bataillon qui était sous

8 le commandement de votre témoin.

9 Le témoin peut-il répondre à la question, s'il vous plaît?

10 M. Praljak (interprétation): Monsieur Scott, pouvez-vous me préciser

11 exactement le sens de votre question dans ce contexte?

12 M. Scott (interprétation): Je vous l'ai déjà dit plusieurs fois, mais je

13 vais vous répéter ma question. Monsieur, vous rappelez-vous, vous

14 souvenez-vous, est-il vrai que le Bataillon des détenus figurait parmi les

15 forces du HVO dont vous aviez le commandement dans les actions menées dans

16 les environs de Gornji Vakuf, et ce, en janvier 1993 ?

17 M. Praljak (interprétation): Je ne peux répondre précisément à cette

18 question, mais il est tout à fait certain qu'une unité de Siroki Brijeg

19 était présente. A l'époque, cette unité, et cela figure, cela est

20 mentionné également dans l'émission de la BBC. Lors de mon interview, j'ai

21 dit en effet que j'avais quelques difficultés parce que les Musulmans et

22 l'adversaire n'avaient pas autant de pièces d'artillerie que nous-mêmes,

23 et qu'une guerre de cette nature n'était pas une bonne guerre, n'était pas

24 une guerre juste, d'après mon propre code éthique.

25 Monsieur "Cikota" était présent, il était là avec... Monsieur "Cikota"

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1 était là avec un petit groupe de personnes, un groupe plus restreint,

2 absolument rien de la taille d'un Bataillon. Il s'agissait environ d'un

3 groupe de 15 à 20 personnes au maximum sous le commandement de Mario

4 Hrkac, également appelé "Cikota", connu également sous le nom de "Cikota".

5 Question: Et donc ils agissaient, ils sont intervenus dans… ils faisaient

6 partie des forces du HVO? Correct?

7 Réponse: Ils étaient sous mes ordres.

8 Question: Très bien. Je voudrais, pour essayer d'avancer, en regardant à

9 nouveau le document que nous avons regardé vendredi, je pensais… Il y a

10 une partie, une section de ce document, une liasse a été omise très

11 certainement par ma faute, et je voudrais donc demander à l'huissier de

12 bien vouloir, avec votre permission, communiquer la pièce 230.1. Vous

13 pouvez avoir ma version anglaise; c'est le seul exemplaire dont je dispose

14 moi-même.

15 (Intervention de l'huissier.).

16 Monsieur le Président, sans vouloir l'affirmer totalement, peut-être que

17 ce document portait la cote 235.1. Je ne suis pas sûr que cela a été

18 réglé; peut-être a-t-il porté une autre cote. Aujourd'hui, la cote de

19 cette pièce est P230.1.

20 Il s'agit d'un rapport, d'un document émanant de Milivoj Petkovic, votre

21 supérieur militaire dans le cadre, à cet effet. Pouvez-vous confirmer la

22 réception de cet ordre?

23 Réponse: Oui M. Petkovic était à l'époque mon supérieur.

24 Question: Vous pouvez le confirmez, Milivoj Petkovic?

25 Si l'on regarde l'alinéa n°3, vous souvenez-vous que vous-même ou

Page 9655

1 quelqu'un d'autre a demandé au colonel Siljeg de faire rapport

2 immédiatement à Brada dans les meilleurs délais et d'envoyer un rapport

3 sur la situation à Gornji Vakuf directement.

4 Réponse: D'après ce document, il émane… c'est un document qui émane de

5 Genève; des négociations de paix se déroulaient à l'époque. Monsieur

6 Petkovic... le colonel Siljeg, pardon, participait à ces négociations et

7 non pas moi.

8 Question: Vous n'avez donc pas de raison de contester, Monsieur, que la

9 référence à M. Siljeg devra faire rapport à "brada" qui veut dire barbe si

10 je me trompe. C'était, en fait, une référence à vous-même, n'est-ce pas?

11 Réponse: Eh bien, je ne vois pas pourquoi je ne dirai pas effectivement

12 qu'à un certain moment de ma vie on a pu me surnommer "brada". Il est vrai

13 que cette référence était une référence à moi-même.

14 Question: Je voudrais maintenant avancer si vous le voulez bien. Au mois

15 d'avril, début avril 1993, il s'agit sans doute du 2 avril 1993, vous avez

16 participé à une réunion dans le centre de la Bosnie avec Valentin Coric,

17 Dario Kordic et d'autres, pour faire le point de la situation au sein du

18 HVO?

19 Réponse: Je ne m'en souviens pas, Monsieur le Procureur.

20 Question: Alors est-ce que vous voulez bien communiquer au témoin la pièce

21 P272.1.

22 (Intervention de l'huissier.)

23 Alors, Monsieur le Président, pour le procès verbal, je voudrais qu'il

24 soit bien noté qu'il s'agit là du procès verbal d'une réunion qui s'est

25 déroulée le 2 avril 1993 dans le centre de la Bosnie, la zone d'opération,

Page 9656

1 et je vous donnerai évidemment l'occasion de regarder quelles sont, de

2 voir quelles sont les références des déclarations qui vous sont

3 attribuées.

4 Je voudrais attirer votre attention sur l'introduction, je veux parler de

5 la partie de la page qui commence… avec un paragraphe qui commence par

6 "général Praljak". Il est dit que:

7 "Le général Praljak a ouvert la réunion en informant les personnes

8 présentes de l'arrivée de 5 à 6 officiers détachés d'Herzégovine. Il a

9 fait rapport de l'ossature d'un plan et dit que les forces de l'ONU

10 resteraient présentes pendant trois mois encore. Je parlais de l'UNPROFOR.

11 Cette déclaration établissait immuabilité de la frontière, immuabilité des

12 frontières de la République de Croatie. Il n'était plus question de les

13 changer." (Fin de citation.)

14 Lorsqu'il est écrit "le plan", est-ce qu'il s'agit d'un plan qui était

15 donc négocié dans le cadre des négociations de paix de Genève?

16 M. Praljak (interprétation): Avec tout le respect que je vous dois,

17 Monsieur Scott, vous pouvez me croire, il me faudrait beaucoup plus de

18 temps 10 ans après. J'aurais besoin de beaucoup de temps pour

19 véritablement me souvenir de toutes les réunions; il y a eu des centaines,

20 des milliers de réunions que nous avons tenues à l'époque et je ne

21 voudrais pas rester sans réponse envers vous-mêmes ou envers ce Tribunal.

22 Cela dit, j'ai besoin d'être sûr de ma réponse avant de pouvoir apporter

23 une réponse à une question de cette nature. Je n'arrive même pas

24 d'ailleurs à retrouver le texte que vous venez de me citer, où cela est

25 mentionné.

Page 9657

1 M. Scott (interprétation): Eh bien, je vais essayer de vous aider

2 Monsieur.

3 Dans la première page du document BCS qui est un document manuscrit; après

4 vous voyez, dans la moitié inférieure de la page vous verrez ce qu'on

5 appelle un astérix. Est-ce que vous voyez l'astérix avec une référence à

6 un renvoi à votre nom, une mention de votre nom, Praljak?

7 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Krsnik?

8 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président, je pense que nous

9 devrions peut-être donner quelques minutes, une dizaine de minutes au

10 témoin pour qu'il puisse prendre connaissance de ce document. C'est un

11 document qui comporte 5 ou 10 pages, toutes manuscrites.

12 M. Praljak (interprétation): Monsieur Scott, il est extrêmement difficile

13 pour moi de lire ce document. Je vous présente toutes mes excuses.

14 M. Scott (interprétation): Si effectivement nous voulons prévoir une pause

15 plus tôt afin que le témoin puisse prendre connaissance de ce document, je

16 n'y suis pas opposé.

17 (Les juges se concertent sur le siège.)

18 le Président (interprétation): Monsieur Scott, y a-t-il d'autres documents

19 que vous souhaitez porter à la communication de l'accusé? Parce qu'à ce

20 moment-là, il pourrait être utile de les communiquer tout de suite à

21 l'accusé. Ce serait préférable de le faire après la pause, il pourrait

22 profiter de la pause précisément.

23 M. Scott (interprétation): Permettez-moi de vérifier, Monsieur le

24 Président, s'il reste des documents de fond.

25 Monsieur le Président, parmi les documents qu'il me reste à communiquer,

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1 je ne crois pas qu'aucun autre document mérite un examen approfondi en

2 dehors de celui que je viens de communiquer au témoin.

3 M. le Président (interprétation): Bien nous allons donc reprendre à 10

4 heures 40.

5 (Le témoin, M. Slobodan Praljak, est reconduit hors du prétoire.)

6 (L'audience, suspendue à 10 heures 08, est reprise à 10 heures 45.)

7 (Le témoin, M. Slobodan Praljak, est réintroduit dans le prétoire.)

8 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Scott?

9 (Suite du contre-interrogatoire du témoin, M. Slobodan Praljak, M. Scott.)

10 M. Scott (interprétation): Monsieur Praljak, avez-vous eu le temps de

11 regarder ce document?

12 M. Praljak (interprétation): Oui je l'ai lu, je l'ai regardé.

13 Question: Maintenant que vous avez pu regarder ce document, pouvez-vous

14 confirmer que la Chambre -bien sûr je ne pense pas que vous ayez une

15 mémoire photographique de cette réunion d'il y a quelques années-, pouvez-

16 vous confirmer à la Chambre que vous vous souvenez avoir fait partie de

17 cette réunion en avril 1993?

18 Réponse: Oui. C'est possible, j'étais peut-être à cette réunion au mois

19 d'avril 1993.

20 Question: Avant la pause, il y avait une référence, j'ai lu ce qu'il y

21 avait dans le document et il y avait une référence à la signature du plan.

22 Est-ce que vous faisiez référence au plan qui était le résultat de

23 certaines discussions de paix qui s'étaient tenues à Genève à peu près à

24 cette époque?

25 Réponse: Oui. Ceci a un rapport avec la mise en œuvre du plan de Vance-

Page 9659

1 Owen qui avait été signé à Genève. A part certains mots que je n'ai pas

2 compris, il y a certaines objections sociologiques que j'ai. Je suis

3 d'accord avec tout le reste. Ceci se rapporte au plan signé par la

4 communauté internationale et les parties prenantes.

5 J'ai un commentaire à faire, je pense que sur la première page, il est

6 question d'une déclaration sur l'immuabilité des frontières. Je ne pense

7 pas que ceci ait un rapport avec la République de la Croatie. Ceci a un

8 rapport avec la République de la Bosnie-Herzégovine.

9 Je pense que la personne qui a écrit ce rapport, l'a mal écrit: la

10 République de Croatie en vertu de sa reconnaissance par la commission

11 avait des frontières immuables.

12 Question: Je ne vais pas vous contredire parce que je ne lis pas le serbo-

13 croate, mais en bas de la page c'est écrit clairement le "RH", et non

14 "RDH". Est-ce que ceci n'est pas une abréviation pour la République de la

15 Croatie?

16 Réponse: Oui. Cette abréviation, oui, des lettres oui, mais il n'y a eu

17 aucune déclaration, il n'a pas pu y avoir une déclaration en avril 1993 au

18 sujet de l'immuabilité des frontières de la République de la Bosnie-

19 Herzégovine. Je pense donc que c'est une erreur, car ce n'est pas logique:

20 cette déclaration accordée pour les frontières frontières de la Bosnie-

21 Herzégovine et le texte s'y réfère plus tard.

22 Question: Je vais vous demander de poursuivre avec la page suivante,

23 trouver ce qui a un rapport… pour référence la phrase qui commence avec

24 les mots: "Nous accorderons aux Serbes des concessions vastes pour

25 organiser l'état. Et si je suis correct, il ne restera plus rien de

Page 9660

1 l'état."

2 Lorsque vous faites référence à ceci, est-ce que vous parlez de ce qui est

3 à l'époque la République de Bosnie-Herzégovine? Cet état qui, une fois

4 divisé, serait un état très très petit, est-ce correct?

5 Réponse: J'ai simplement dit que, selon le plan Vance-Owen, les pouvoirs

6 centraux de Bosnie-Herzégovine seraient laissés avec ce qui avait été

7 signé; donc ceci, je pensais, n'équivalait pas à grand-chose. Ceci a un

8 rapport avec un plan signé au niveau international.

9 Question: Monsieur Praljak, pouvez-vous m'aider à suivre les portions du

10 document auxquelles nous nous référons.

11 (Intervention de l'huissier.)

12 Au début, en haut de la deuxième page, nous faisons référence à cette

13 partie.

14 Donc en vue de la réponse que vous nous avez donnée, vous avez dit à cette

15 époque, et maintenant aujourd'hui aussi, que la communauté de Bosnie-

16 Herzégovine… Herceg-Bosna restera; que la communauté croate d'Herceg-Bosna

17 restera et qu'elle aura son assemblée propre et que le gouvernement régira

18 le pays, est-ce correct?

19 Réponse: Le mot "assemblé" est mentionné, je n'arrive pas à le trouver. Le

20 gouvernement est mentionné, mais le parlement, la date n'est mentionnée

21 nulle part.

22 Question: Bon. Puisque je ne parle pas votre langue, je ne peux pas vous

23 contredire. Dans la position dans laquelle vous vous trouviez à cette

24 époque, le gouvernement central à Sarajevo se retrouverait sans rien, est-

25 ce correct?

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1 Réponse: C'est correct, Monsieur Scott. D'après ce document et le plan

2 international, ils auraient ce que leur avait donné le plan international.

3 Et c'est correct aussi que dans ce plan international le gouvernement

4 central, car on avait donné aux Serbes de nombreuses concessions, que le

5 gouvernement central ne serait pas aussi puissant qu'il l'est au niveau

6 politique.

7 Le mot "rien" était le mot utilisé lors de cette réunion, mais ceci

8 n'explique pas ce que veut dire "rien". Il n'y a aucune mise en oeuvre du

9 plan international, il émerge clairement du texte que nous sommes heureux

10 que ce plan a été adopté et que nous sommes aussi heureux que ceci met fin

11 à la guerre. Mais il est très clair de dire que nous voulions qu'il soit

12 mis en oeuvre.

13 Question: Je vais essayer de terminer ce contre-interrogatoire.

14 Nous allons, si vous pouviez poursuivre avec le document à la page 93, sur

15 le rétroprojecteur, s'il vous plaît. En haut de cette page, Monsieur

16 Praljak, pourriez-vous trouver dans votre langue, les termes suivants:

17 "Des pourparlers avec l'armée à Sarajevo, les personnes du gouvernement

18 HVO de nos provinces, qui ne se soumettent pas à ceci, peuvent quitter nos

19 territoires."

20 Est-ce que vous vous souvenez qu'à cette époque, vers le 1er avril 1993,

21 Mate Boban a publié un ultimatum et il a été dit qu'en date du 15 avril

22 1993 le HVO prendrait tout en ses propres mains?

23 Réponse: Jamais, Monsieur Scott, il n'a été prononcé d'ultimatum de cette

24 nature. Cette partie-là, la partie où il est question de resubordination

25 des unités de l'armée de la Bosnie-Herzégovine au sein des provinces qui,

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1 au terme du plan Vance Owen, se trouvaient être à prédominance croate, en

2 même temps sans aucun doute possible, donc de façon tout à fait claire,

3 parle de la resubordination du conseil croate de défense au commandement

4 de l'armée de la Bosnie-Herzégovine, et ce dans les provinces qui se

5 trouvaient disposer d'une prédominance musulmane.

6 Question: Monsieur, je vais vous suggérer quelque chose, car il me faut

7 bien accélérer les choses. Il y avait eu une telle demande et s'agissant

8 de la réunion dont nous avons parlé il y a quelques minutes, cela

9 concordait avec ce que M. Boban avait dit, n'est-ce pas?

10 Réponse: Je ne comprends pas votre question, Monsieur Scott. Qu'est-ce qui

11 aurait été exact? Et Monsieur Scott, je ne tiens à vous dire une chose: je

12 ne veux pas accélérer les choses ou faire accélérer les choses si cela se

13 fait au détriment de la vérité. Je regrette.

14 Question: Bien, je crois que je vous avais déjà posé la question et à

15 plusieurs reprises, je ne vais pas m'attarder. Je vais demander à Monsieur

16 l'huissier de passer à la page suivante -je crois qu'il s'agit du dernier

17 quart de la page-, et je voudrais maintenant que vous retrouviez, Monsieur

18 le Témoin, les mots que je me propose de vous citer.

19 Monsieur l'huissier, descendez, je vous prie, un peu la page pour que nous

20 puissions également voir un bout de partie supérieure. Encore un peu.

21 Voilà.

22 (Intervention de l'huissier.).

23 Maintenant je vous demande de retrouver les mots qui disent, qui parlent

24 de ce qui se passerait si d'autres municipalités, pour ce qui est d'autres

25 municipalités, notre politique nous avait aidés à prendre tout ce que nous

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1 pouvions prendre; et les négociations, eh bien, il fallait bien signer

2 quelque chose.

3 Est-ce que vous voyez cela? Et, la fin de ce passage ou du paragraphe dit

4 qu'il y a homogénéisation de notre communauté et mise en place de notre

5 propre Etat. Cela est clair comme la lumière du jour. Est-ce que vous

6 voyez cela?" (Fin de citation.)

7 De quoi me parlez-vous?

8 M. Praljak (interprétation): Je parle de faits, Monsieur Scott.

9 L'homogénéisation n'est pas un fait qui est dû à M. Slobodan Praljak et au

10 conseil croate de la défense. Cette homogénéisation découle d'un segment,

11 à savoir d'un plan d'expulsion de la population musulmane et croate par

12 les Serbes. Ensuite cela est partie intégrante des départs des Croates du

13 territoire ou des territoires contrôlés par l'armée de Bosnie-Herzégovine.

14 C'est une chose qui a, hélas, continué de nos jours encore, notamment en

15 Republika Srpska, en Bosnie-Herzégovine, où, de fait, il n'y a plus...

16 M. Scott (interprétation): Je vais vous interrompre, Monsieur. Je vais

17 vous interrompre. Non Monsieur, à moins d'obtenir des instructions autres

18 de la part de la Chambre, je me propose de passer à une autre question et

19 votre conseil de la défense sera libre de vous poser des questions

20 supplémentaires à ce sujet, s'il le veut.

21 Vous avez dit tout à l'heure que cela se basait sur des faits et qu'il

22 n'est pas du tout question d'un projet. Je vous cite, vous avez parlé de

23 projet. Tout à l'heure, nous retrouverons une autre déclaration de votre

24 part dont je vous donnerai lecture.

25 Je demanderai maintenant que l'on soulève un peu la page sur le

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1 rétroprojecteur. Parlant territoire: "Nous allons le prendre et tous les

2 territoires où il y a des Croates. Quel besoin de territoires avons-nous

3 s'il n'y a pas de Croates, et nous avons besoin de territoires pour

4 occuper les frontières de ce que nous occupons ou de ce que nous

5 habitons." (Fin de citation).

6 M. Seric (interprétation): L'image que veut nous donner le Procureur en

7 faisant des interprétations, en posant ces questions, n'avait pas été en

8 noir et blanc à l'époque et ne l'est pas de nos jours non plus. Et il est

9 difficile de répondre à ce type de questions par un oui ou par un non. Par

10 conséquent, cette question-ci et les questions précédentes sont des

11 questions plutôt capricieuses ou à piège. Parce que si le témoin dit

12 "oui", ce serait confirmation de toute une série de déclarations que le

13 Procureur a l'intention de produire.

14 Maintenant, je voudrais que le Procureur pose, s'agissant de certains

15 éléments, une question concrète si tant est qu'il veut une réponse

16 concrète.

17 M. Scott (interprétation): Monsieur le Président?

18 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Scott?

19 M. Scott (interprétation): S'agissant de questions suggestives, ces

20 questions incluent une supposition disant que la réponse devrait être la

21 suivante. Donc ce que nous pensons c'est que, contrairement à ce que le

22 témoin a dit il y a quelques minutes, la partie du document qui se trouve

23 devant lui -et je crois qu'il n'y a rien d'erroné en cela-, il s'agit de

24 ses propres mots à lui, qui parle de projet de prendre un maximum, de

25 s'emparer d'un maximum de territoires pour la Croatie; et je crois que la

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1 question est équitablement posée.

2 M. le Président (interprétation): Entendons le témoin. Je comprends qu'il

3 s'agisse là, Monsieur le Témoin, d'une question qui vous est difficile.

4 Vous êtes libre de nous apporter des explications à ce sujet en votre

5 qualité de témoin.

6 M. Praljak (interprétation): Non, ce n'est pas une question qui est

7 difficile pour moi, Monsieur le Président. Les Croates à l'époque -et le

8 texte ici le dit- se réduisaient à 11% de la population de Bosnie-

9 Herzégovine à l'époque. Et, dans ce texte, il est question de la situation

10 difficile dans laquelle nous, Croates de Bosnie-Herzégovine, nous nous

11 étions trouvés.

12 Il est aussi question uniquement du plan de Vance Owen et, dans ce cadre-

13 là, il est question des territoires qui nous revenaient au terme de ce

14 plan. Il n'y avait pas, il ne pouvait y avoir, et nous n'étions pas

15 puissants dans la mesure de pouvoir le faire, et même quand militairement

16 nous pouvions le faire, cela a été précisé dans l'émission de la BBC que

17 nous avons entendue, nous n'avions pas le désir d'aller plus bas et

18 conquérir d'autres territoires.

19 M. Scott (interprétation): Monsieur, si cela est exact, pourquoi, en date

20 du 15 et du 16 avril 1993, le long de la vallée de la Lasva, une série

21 d'offensives du HVO a été lancée pour mettre en œuvre l'interprétation du

22 HVO ou l'interprétation que le HVO avait faite du plan Vence Owen?

23 Réponse: Monsieur, vous devriez me montrer l'endroit, la période de

24 laquelle vous parlez. Je crois que vous interprétez les choses de la façon

25 opposée à celle qui avait prévalu sur le terrain.

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1 Question: Monsieur, je vais vous fournir des exemples très concrets.

2 L'attaque du HVO sur Ahmici a donné des centaines, s'est soldée par une

3 centaine de morts parmi les civils en avril 1993 -et je crois que cette

4 situation a fait l'objet deux Actes d'accusation ici, dans ce Tribunal-,

5 puis le jour d'après à Sovici. C'est ce que je vous affirme pour répondre

6 à la question que vous venez de soulever. Si cela avait été convenu et si

7 cela figurait dans le plan Vance-Owen, pourquoi alors le HVO avait-il

8 lancé ces attaques-là?

9 Réponse: J'ai déjà déclaré qu'à l'époque où certaines choses étaient

10 survenues, je ne me trouvais pas sur le territoire, mais je puis vous

11 donner mon opinion puisque vous me posez la question, Monsieur Scott.

12 En ma qualité de Croate et de membre du HVO, j'ai honte de ce qui est

13 arrivé à Ahmici. Pour ce qui est de la situation de Sovici, je n'en suis

14 pas au courant, du moins pas dans son ensemble, et je crois que le

15 Tribunal ici présent finira par déterminer la vérité à la fin du procès.

16 J'étais en train de parler quant à moi des intentions relatives à la fin

17 de la guerre, et je suis complètement certain que, de tout temps de la

18 guerre, notre intention avait été de faire cesser les conflits et ce,

19 moyennant des centaines de réunions, moyennant toutes les activités sur le

20 terrain. Hélas, je dois dire que nous ne sommes pas à blâmer si nous

21 n'avons pas réussi. Et le plan Vance-Owen a échoué également parce que M.

22 Alija Izetbegovic a fini par retirer sa signature de ce plan, comme tant

23 de fois auparavant et par la suite aussi bien.

24 Question: Monsieur, Monsieur, vous pouvez finir votre phrase, cette

25 signature retirée ou pas?

Page 9667

1 Réponse: S'agissant de toutes les négociations internes qui avaient trait

2 à l'aménagement de la Bosnie-Herzégovine, négociations auxquelles avaient

3 pris part les volets militaires et politiques du conseil croate de la

4 défense tout aussi bien que la direction de la République de Croatie, je

5 tiens à dire que je ne suis au courant d'aucun plan de la communauté

6 internationale que nous n'aurions pas respecté. Quand je dis "nous",

7 j'entends là le HVO, mais je puis aussi bien ajouter République de

8 Croatie, tous ces...

9 Question: Monsieur, Monsieur, je crois que nous devons avancer. Nous

10 devons aller au-delà et je ne peux pas poser de questions additionnelles,

11 parce que je n'ai pas suffisamment de temps à ma disposition. Je voudrais

12 attirer votre attention sur la région de Mostar et je tiens à préciser que

13 vous vous trouviez dans cette région de Mostar pendant les combats qui se

14 sont tenus là-bas en date du 9-10 mai 1993?

15 Réponse: Non, ce n'est pas exact.

16 Question: Où vous trouviez-vous à l'époque?

17 Réponse: Probablement en Croatie, Monsieur.

18 Question: Je vais demander à M. l'huissier de nous montrer la pièce à

19 conviction 380.1.

20 (Intervention de l'huissier.)

21 Je voudrais que vous vous penchiez sur le document en question pour que

22 les choses soient tout à fait claires et je tiens à dire qu'il y a deux

23 documents attachés à ce document ainsi que deux traductions.

24 Réponse: Je voudrais avoir le temps de les lire.

25 Question: Oui. J'essaie de vous aider seulement pour qu'il n'y ait pas de

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1 confusion. Vous allez voir deux versions en manuscrit et une version

2 anglaise de ces documents.

3 Monsieur l'huissier pourrait peut-être placer la version, la première page

4 de la version anglaise sur le rétroprojecteur.

5 (Intervention de l'huissier.)

6 (Le témoin lit les documents.)

7 Monsieur, n'est-ce pas ce que vous avez envoyé en réponse à la demande

8 présentée par M. Siljeg. Et on dit pour le moment: "Nous ne sommes pas en

9 mesure de vous envoyer des renforts en personnel pour ce qui est de la

10 situation autour de Mostar", et la phrase se poursuit. Vous vous trouviez

11 à Mostar à l'époque, n'est-ce pas?

12 Réponse: Monsieur Scott, ceci n'est pas ma signature à moi. Ce n'est pas

13 mon écriture à moi non plus. Ce n'est pas mon style d'ailleurs. Et ce

14 n'est pas la façon de procéder, une façon de procéder qui serait la

15 mienne. Ceci est un faux, Monsieur Scott.

16 Question: Mais avant que d'accepter cela en tant que tel, je voudrais que

17 vous vous penchiez sur le deuxième des documents manuscrits, et comme nous

18 avons la version anglaise je demanderai à M. l'huissier de placer la

19 version anglaise sur le rétroprojecteur. Ce document ressemble à un ordre

20 émanant de Mostar et daté du 10 mai 1993 en direction de la zone

21 opérationnelle à l'intention du colonel Siljeg.

22 (Intervention de l'huissier.)

23 Oui, Monsieur.

24 M. Praljak (interprétation): Mais pourquoi signerais-je deux ordres

25 identiques? Une fois en qualité de général de division Slobodan Praljak et

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1 la deuxième fois par mon surnom "Brada". Et ce sont des faux, Monsieur, ce

2 n'est pas mon écriture.

3 M. Scott (interprétation): Je n'affirme pas...

4 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik.

5 M. Krsnik (interprétation): Je tiens à vous aider: ce sont des documents

6 qui ont été rédigés à la main.

7 M. le Président (interprétation): Non non. Nous pouvons juger de la

8 qualité des documents. Ce que nous voulons entendre c'est ce que le témoin

9 répondra au Procureur.

10 M. Scott (interprétation): Monsieur, je n'affirme pas nécessairement que

11 vous avez écrit cela de votre propre main. Ce que je veux dire c'est qu'il

12 n'aurait pas été inhabituel de voir des officiers supérieurs dans une

13 organisation, de donner des ordres, et que l'on prépare des ordres en

14 leurs noms. Je ne veux donc pas dire que tout document émanant de votre

15 part était rédigé par vous-même, je crois que vous aviez quelqu'un pour

16 vous aider à ce sujet.

17 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik.

18 M. Krsnik (interprétation): Il n'y a aucun cachet et aucune référence pour

19 ce qui est des archives, de la cote d'archivage, et j'imagine que cela

20 provient des archives de Zagreb. C'est un document au sujet duquel nous

21 n'avons aucune information.

22 M. le Président (interprétation): Monsieur Scott, pouvez-vous nous fournir

23 une information à ce sujet?

24 M. Scott (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je crois que cela

25 provient en effet des archives de Zagreb, mais je ne peux pas vous

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1 l'affirmer, je ne peux pas l'affirmer de mémoire, mais je le ferai

2 ultérieurement.

3 (En s'adressant au témoin) Il y a, Monsieur, une troisième version qui a

4 l'apparence d'un texte tapé à la machine, et comme vous l'avez confirmé

5 vous-même cela porte un sceau. En dernière page, d'ailleurs, la copie est

6 mauvaise.

7 Est-ce que vous voyez ce qui y figure en version tapée à la machine? Est-

8 ce que c'est là une communication par colis?

9 M. Praljak (interprétation): Monsieur Scott, il s'agit d'une copie très

10 mauvaise où l'on ne voit presque rien. Mais je répète que s'agissant de

11 mes documents, je les signais. Et les signatures ne doivent pas être

12 falsifiées ni en temps de paix et encore moins en temps de guerre à moins

13 que l'on ne veuille aboutir à des fins qui sont tout à fait spécifiques.

14 Et ce que je détiens entre mes mains est un faux en bonne et due forme.

15 Question: Fort bien. Monsieur, je vais vous poser une dernière question à

16 ce sujet: est-ce que vous vous souvenez du document en tant que tel? Est-

17 ce que vous vous souvenez avoir donné un ordre ou avoir fait une

18 transmission en date du 10 mai 1993, à l'occasion de quoi vous aviez

19 communiqué avec le colonel Siljeg en relation avec l'armée de Bosnie-

20 Herzégovine, en disant qu'il fallait leur envoyer un ultimatum et en

21 disant que s'ils n'acceptaient pas: "Allez-y à l'artillerie et aplatissez

22 tout ce qui se trouve devant vous!"? Est-ce que vous vous souvenez de cet

23 ordre?

24 Réponse: Non, Monsieur, ce n'est pas du tout mon style. Et compte tenu de

25 la correction que je voudrais avoir à l'égard de ce Tribunal, je tiens à

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1 dire que pendant la guerre, lorsque la situation est difficile, lorsque

2 l'on est en train de perdre certains territoires, lorsque vous vous

3 trouvez sur la défensive, il peut vous arriver de prononcer des propos qui

4 hors de la situation ou hors du contexte pourraient sembler comme étant

5 des propos inhabituels. Mais de toute façon, ces documents n'émanent pas

6 de moi.

7 Question: Vous avez répondu à la Chambre que vous accordiez la possibilité

8 qu'à l'époque vous auriez pu dire qu'il fallait aplanir ou aplatir tout ce

9 qui se trouvait devant vous?

10 Réponse: Je n'ai pas dit cela, Monsieur Scott, j'ai dit seulement qu'en

11 temps de guerre, en temps de toute guerre quelle qu'elle soit, et dans

12 cette guerre-là aussi, il arrivait que verbalement lorsque les temps

13 étaient durs on ait pu prononcer de tels propos pour que l'on sache que

14 cette guerre était pénible. Mais pour la cinquième fois, je dirai que ce

15 n'est pas mon style, ce n'est pas ma façon de procéder, ce n'est pas mon

16 écriture et ces documents-là sont des faux.

17 Question: Bien. S'agissant des mots utilisés, des termes utilisés, par

18 exemple les propos disant "Tuez tous les civils d'Ahmici", est-ce que ce

19 sont des propos que l'on pourrait prononcer en temps de guerre, n'est-ce

20 pas?

21 Réponse: Je refuse de répondre à ce type de questions Monsieur Scott.

22 Question: Je vais vous poser une autre question Monsieur. Dans les

23 échanges qui ont eu lieu dans l'est de la ville de Mostar en mi-juillet

24 1993 et par la suite en août, en votre qualité de supérieur ou d'officier

25 supérieur du HVO, de très haut officier du HVO, dites-nous, dites à la

Page 9672

1 Chambre quelles sont les mesures que vous aviez prises à l'époque pour

2 éviter que des tirs ne soient dirigés vers des installations civiles?

3 M. Praljak (interprétation): Mon opinion, Monsieur Scott, peut être… avait

4 été claire. A Travnik, à Gornji Vakuf où j'ai fait interrompre une action

5 en cours, et ce, en dépit du fait qu'en temps de guerre les soldats ne

6 sont pas autorisés à ouvrir le feu à partir de bâtiments où il y a

7 également des civils parce que cela est contraire au droit de guerre; et

8 même dans des situations analogues, partout où j'étais et de toutes les

9 façons possibles, je me suis efforcé de faire en sorte qu'il n'y ait pas

10 de victime parmi les civils, et ce, même au moment où l'adversaire avait

11 fait des lignes ou mis en place des lignes de défense à des sites où il y

12 avait également des civils.

13 M. Scott (interprétation): Monsieur...

14 M. le Président (interprétation): Monsieur le Témoin, le Procureur vous a

15 posé une question tout à fait concrète. Le cite est la ville de Mostar,

16 l'est de la ville de Mostar, et la période est la deuxième moitié du mois

17 de juillet 1993 allant jusqu'au mois d'août. Il s'agit donc d'une période

18 précise et d'un site précis. Pouvez-vous répondre à la question dans les

19 cadres qui sont cités?

20 M. Praljak (interprétation): Je n'ai jamais donné d'ordre de ce type. Je

21 n'ai jamais approuvé d'ordre de ce type. Et s'agissant d'une bonne partie

22 de la période où j'avais été commandant du HVO, je l'ai passée sur les

23 lignes de front, vers Rama et Gornji Vakuf, en me disant que l'offensive

24 musulmane Neretva 93 qui avait pour viser de déboucher sur la mer allait

25 en effet avoir le plus d'intensité à cet endroit-là précis.

Page 9673

1 M. Scott (interprétation): Monsieur, serait-il exact de dire que vous

2 n'avez répondu ni à ma question ni à la question posée par le Président de

3 la Chambre s'agissant de la partie est de Mostar. Quels sont les ordres ou

4 les démarches que vous aviez entrepris pour assurer au maximum le fait de

5 ne pas exposer à des tirs des installations civiles dans la partie est de

6 Mostar?

7 M. Praljak (interprétation): Ni de façon orale ni par écrit, je n'ai donné

8 d'ordres de ce genre et j'ai encore moins eu d'informations quant à la

9 possibilité que telle chose ait pu être faite.

10 Question: Mais ce n'est pas la réponse à la question que je vous ai posée.

11 Je n'ai pas demandé si c'était permis ou si c'était admissible, je vous ai

12 demandé quelles sont les mesures, les démarches que vous aviez prises.

13 Quelle est l'action affirmative que vous aviez entreprise en votre qualité

14 d'officier supérieur du HVO, pour que des installations civiles ne fassent

15 pas l'objet de tirs du HVO, de la part du HVO? J'affirme, Monsieur, que

16 vos responsabilités concernant le droit de guerre ou la coutume du droit

17 de guerre ont été prises par vos soins pour ce qui est d'éviter ce type de

18 chose.

19 Réponse: Un commandant prend des mesures en donnant des ordres. Il n'est

20 pas de démarche, Monsieur Scott, pour ce qui est de ce que vous pensez y

21 avoir. Un commandant est là pour donner des ordres. Un commandant envoie

22 ou plutôt donne des instructions à ses officiers sur ce qu'il leur est

23 permis de faire ou sur ce qu'il ne le leur est pas permis de faire. Et je

24 ne sais pas quelles étaient les démarches que j'avais pu entreprendre en

25 sus de cela.

Page 9674

1 Question: Mais, Monsieur, avez-vous à quelque moment que ce soit

2 sanctionné ou puni de façon disciplinaire, retiré ou renvoyé un officier

3 subordonné parce qu'il avait ouvert le feu en direction des civils dans la

4 partie est de Mostar? Est-ce qu'à un moment quelconque vous avez entrepris

5 des mesures disciplinaires à l'égard d'un officier du HVO pour avoir tiré

6 en direction de la partie est de Mostar?

7 Réponse: Mais Monsieur Scott, moi, je vous affirme que nous n'avons pas

8 ouvert le feu en direction des civils; nous n'avons pas tiré sur des

9 civils. Tout comme les bombes en provenance de la partie est de Mostar en

10 direction de la partie ouest de Mostar n'étaient probablement pas

11 destinées à des civils non plus.

12 La ligne de front se trouvait en ville, l'artillerie se trouvait en ville,

13 les mortiers se trouvaient à l'intérieur d'immeubles. Il nous arrivait que

14 des soldats à nous ouvrent le feu en direction de la Forpronu et les

15 soldats de la Forpronu sont morts également. Cela se terminait par des

16 excuses à l'intention de la Forpronu, l'on enterrait les soldats et l'on

17 s'efforçait de faire en sorte que cela n'arrive plus. Mais il y a eu des

18 dizaines de cas de cette nature.

19 Question: Monsieur, vous souvenez-vous d'une situation où l'artillerie du

20 HVO avait ouvert le feu en direction des civils musulmans qui s'étaient

21 réunis ou rassemblés autour d'une citerne d'eau, et l'artillerie avait

22 tiré en direction des civils qui s'étaient ramassés et rassemblés pour

23 avoir de l'eau? Vous souvenez-vous de ces situations-là?

24 Réponse: Non, Monsieur Scott, je ne me souviens pas de situations

25 analogues et des situations analogues n'auraient jamais pu se produire, et

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1 que je sache que cela ait pu se produire.

2 Question: Monsieur le Témoin, je vais vous poser une question ou plutôt je

3 vais vous montrer une pièce à conviction P584.1. Je parle de la page 4 du

4 document. Je demanderai à Monsieur l'huissier de placer cette page sur le

5 rétroprojecteur.

6 (Intervention de l'huissier.)

7 Au bas de la page... Monsieur le Président, je précise à votre intention

8 qu'il s'agit de la dernière ou l'avant-dernière des pièces à conviction

9 que je me propose de montrer.

10 Est-ce que vous vous souvenez, Monsieur le Témoin, que vous avez dit à

11 l'officier de liaison britannique ou plutôt à l'officier de liaison du

12 Bataillon britannique pendant la dernière semaine du mois d'août 1993, et

13 là je vous demande de vous référer au bas de la page, n'avez-vous donc pas

14 dit à cet officier britannique… on dit dans cet entretien, Monsieur

15 Praljak a dit: "qu'il se serait emparé de Mostar si la Forpronu n'avait

16 pas livré d'aide humanitaire aux Musulmans". N'avez-vous pas déclaré cela?

17 Réponse: Non Monsieur. S'agissant de l'aide humanitaire en direction de

18 Mostar, comme vous avez eu l'occasion de vous en rendre compte par vous-

19 même, contrairement au souhait de la population qui avait été chassée de

20 là-bas, eh bien, cette aide humanitaire avait été mise en œuvre par le

21 général Praljak.

22 Question: Monsieur, j'apprécie ce fait si la situation est analogue à ce

23 que nous avons pu voir, et nous vous avons vu sur un blindé de transport

24 de troupes -vous étiez arrivé et vous étiez monté sur ce blindé de

25 transport de troupes-, et je ne mets pas en question votre courage

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1 personnel à ce moment-là, mais j'imagine que c'est la conséquence directe

2 de la pression politique exercée par Zagreb parce que l'on avait protesté

3 pour ce qui était des blocages de l'aide humanitaire; et lorsque Zagreb

4 vous a donné l'ordre de laisser passer l'aide humanitaire, vous avez

5 entrepris ces mesures, n'est-ce pas?

6 Réponse: Monsieur, j'ai entrepris ces mesures-là sur ma propre initiative.

7 Je n'avais pas à l'époque de pouvoir pour ce qui était d'expulser ou de

8 chasser les gens. Mon rôle se réduisait à assurer la sécurité des convois

9 et à placer, à mettre en sécurité les soldats de l'ONU. Et les convois que

10 j'ai laissé passer étaient des dizaines.

11 Question: Vous avez dit, Monsieur, que, s'agissant de l'officier du

12 Bataillon britannique, durant la dernière semaine du mois d'août 1993,

13 vous avez dit que vous auriez pu prendre possession de Mostar, vous

14 emparer de Mostar s'il n'y avait pas les Nations Unies pour donner de

15 l'aide aux Musulmans. Est-ce que c'est bien ce que vous avez dit?

16 M. Praljak (interprétation): Non Monsieur Scott, c'est sûrement une

17 interprétation erronée. Je n'ai jamais prononcé une chose pareille et je

18 n'ai notamment pas établi de corrélation entre les convois humanitaires et

19 la situation militaire, et je ne pense pas que les convois de ce point de

20 vue-là aient pu aider ou ne pas aider si l'on avait voulu faire quelque

21 chose de ce genre.

22 Je tiens à répéter de toutes mes forces: quand cela était nécessaire,

23 c'est sur ma responsabilité à moi et sur ma propre initiative que j'ai

24 laissé passer des convois humanitaires.

25 M. Scott (interprétation): Avant que de quitter ce thème ou le sujet

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1 relatif à Mostar, je voudrais vous présenter une dernière pièce à

2 conviction et poser une dernière question à ce sujet concernant votre

3 présence à Mostar pendant le mois de mai, et je tiens à vous faire savoir

4 qu'un témoin, un témoin qui a témoigné ici en public. Laissez-moi juste

5 consulter Monsieur Stringer à ce sujet, un instant.

6 (M. Scott consulte son collègue.)

7 Je voulais juste confirmer que je n'allais pas prononcer à tort le nom

8 d'un témoin protégé. Le témoin, Falk Simang, vous avait vu avec "Tuta" le

9 matin où ont commencé les attaques à Mostar au mois de mai 1993.

10 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik.

11 M. Krsnik (interprétation): Je dirai qu'il y a encore une mauvaise

12 interprétation, à savoir un piège. Monsieur Falk Simang n'a pas dit. Il a

13 confondu Rastani et Mostar, et à ma question de savoir quelle était la

14 taille de M. Praljak, il a dit qu'il avait la même taille que moi-même. Je

15 voudrais que quand on pose les questions, les questions soient

16 interprétées de façon correcte. Heureusement pour mon client, j'ai une

17 bonne mémoire.

18 M. le Président (interprétation): Monsieur Scott, est-ce que c'est une

19 bonne caractérisation pour ce qui est du témoignage de ce témoin?

20 M. Scott (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je me réfère aux

21 pages 3817 et 3820 du compte rendu d'audience, où le témoin a dit à la

22 question de savoir s'ils avaient vu le général Praljak à Mostar à

23 l'époque, il a répondu: "Oui, ce matin lorsque nous avions pris nos rubans

24 pour nous identifier mutuellement -et nous changeons ces rubans tous les

25 matins-, nous les ramassions dans un restaurant à Mostar, et là-bas il y

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1 avait le général "Tuta" et le général Praljka avec deux autres personnes."

2 C'est la question que j'avais posée au témoin.

3 M. le Président (interprétation): Vous pouvez continuer Monsieur Scott.

4 M. Scott (interprétation): Eh bien, Monsieur, je vous dis la chose tout

5 simplement parce que j'estime que vous devriez avoir l'opportunité de

6 répondre aux propos tenus par un témoin qui avait affirmé qu'à l'époque du

7 début de l'attaque vous vous trouviez à Mostar, n'est-ce pas vrai?

8 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik.

9 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président, il ne s'agit pas du 9

10 ou du 10 mai. On sait fort bien de quelle période M. Falk était en train

11 de parler. Je ne veux pas que l'on monte des pièges de ce genre. Je veux

12 que l'on donne exactement la date, c'est-à-dire le jour et le mois. Comme

13 je l'ai dit moi-même, on ne peut pas prendre partiellement des bribes de

14 propos mais il faut que l'on précise exactement la date.

15 M. Scott (interprétation): Bien. Je vais par souci d'équité vous donner

16 l'occasion de répondre à cette proposition, mais je voudrais conclure cet

17 examen et poursuivre.

18 M. le Président (interprétation): Oui, mais tout d'abord, pouvez-vous me

19 dire à quelle date se situait ce document?

20 M. Scott (interprétation): Au début, c'est ce qu'a dit M. Simang, au début

21 de l'attaque contre Mostar. C'est ce qu'il a dit lors de son témoignage et

22 cela figure dans la transcription, dans la section à laquelle je vous ai

23 renvoyé.

24 M. le Président (interprétation): Quelle attaque? Si l'on pose la question

25 différemment.

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1 Maître Krsnik?

2 M. Seric (interprétation): Deux dates sont proposées: celle du 9 mai et

3 celle du 17 juin. Il y a également d'autres dates.

4 M. le Président (interprétation): Témoin, vous pouvez répondre à la

5 question posée par le Procureur.

6 M. Praljak (interprétation): Je n'étais pas à Mostar à l'époque, je veux

7 parler du mois de mai; je n'étais pas à Mostar en mai. J'y étais lorsque

8 nous nous défendions au moment de notre défense à Rastani. Voilà ma

9 réponse.

10 M. Scott (interprétation): Monsieur le Président, ce sera ici ma dernière

11 série de questions avec une pièce. Vous rappelez-vous un moment, mi-juin

12 1993 approximativement, un moment où vous avez rencontré personnellement

13 l'accusé, l'inculpé Mladen Naletilic "Tuta"? Vous souvenez-vous de cet

14 entretien; cette rencontre personnelle à propos d'un incident qui s'était

15 produit avec des hommes de "Tuta" dans le quartier Prozor, les hommes de

16 "Tuta" ayant saccagé, s'étant introduits dans des maisons de Musulmans?

17 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président, autre interprétation

18 erronée. Qui a jamais mentionné des gens, des hommes de "Tuta" et qui a

19 parlé de Prozor?

20 Question: Peut-être souhaiterez-vous voir la pièce que je demande à

21 l'huissier de bien vouloir distribuer maintenant: 469.1.

22 (Intervention de l'huissier.)

23 Peut-être pourrais-je reprendre? Je vous demande de bien vouloir replacer

24 l'exemplaire en anglais sur le rétroprojecteur.

25 (Intervention de l'huissier.)

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1 M. Praljak (interprétation): Monsieur Scott, c'est illisible. Ce texte est

2 absolument illisible. Monsieur le Président, ce document est illisible.

3 M. Scott (interprétation): Désolé, Monsieur le Président, je ne voudrais

4 absolument pas entrer dans une querelle avec le témoin. Néanmoins, je suis

5 d'accord. Nous aurions souhaité un document de meilleure qualité. Je puis

6 vous montrer la version en BCS. Peut-être pourrais-je vous montrer ma

7 propre version, la montrer à cette Cour. Mon propre texte est de meilleure

8 qualité.

9 (Intervention de l'huissier.)

10 Monsieur le Président, je reconnais que cela pourrait être difficile pour

11 quelqu'un qui ne connaît pas la langue, mais je pense que, pour quelqu'un

12 qui parle le BCS, ce document est très aisément lisible.

13 M. le Président (interprétation): Monsieur Scott, nous allons poursuivre

14 l'examen de ce document, mais n'oubliez pas qu'il est extrêmement

15 difficile, il est de piètre qualité, sa lecture est difficile.

16 M. Scott (interprétation): Je vous remercie Monsieur le Président. Je

17 prends note de votre commentaire. Il s'agit d'un rapport de la police du

18 HVO, police militaire du HVO à Prozor, vous vous en souviendrez, rapport

19 sur des attentats, des actes pratiqués contre l'ordre public et l'ordre,

20 mettant en cause des hommes de "Tuta" à Rama dans la municipalité de

21 Prozor. Ces actes se sont produits les 17 et 18 juin. Vous vous en

22 souviendrez certainement, de ces incidents, Monsieur, car n'avez-vous pas

23 eu personnellement une altercation avec M. Naletilic en relation avec ces

24 incidents?

25 M. Praljak (interprétation): Monsieur Scott, croyez-moi, ce document peut

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1 être lu, mais il m'est difficile d'en prendre connaissance rapidement.

2 Est-ce que vous pourriez m'accorder quelque temps, me permettre de le

3 parcourir avant de vous répondre pour être certain de ma réponse? Je vous

4 demande d'être compréhensif, de comprendre mon désir de ne pas répondre de

5 façon erronée. J'ai besoin de lire ce document à tête reposée sachant

6 qu'il est de très mauvaise qualité.

7 M. le Président (interprétation): Vous avez deux minutes pour prendre

8 connaissance de ce document.

9 (Le témoin lit le document.)

10 M. Scott (interprétation): Ce que je voudrais ajouter pendant que le

11 témoin prend connaissance de ce document, c'est une précision dans un

12 document plus épais, relié, qui a été remis à cette Cour au début de ce

13 contre-interrogatoire. Cette pièce figurait déjà dans le document, dans le

14 classeur des pièces.

15 M. le Président (interprétation): Merci Monsieur Scott.

16 M. Scott (interprétation): Madame Flemming vient de me dire qu'il s'agit

17 du sixième document en partant de la fin du classeur.

18 (Le témoin parcourt le document.)

19 M. Praljak (interprétation): J'ai pris connaissance du document.

20 Question: Est-ce que vous vous rappelez de cet incident, Monsieur, de

21 cette série d'incidents?

22 Réponse: Non. Monsieur Scott, je me souviens que par la suite j'ai été

23 informé de ces incidents, mais, pour être franc, j'avoue que j'ignore

24 quelle était la raison de ces incidents et quel a été le rapport de la

25 police militaire à l'issue de ces incidents. Donc dans ce contexte, je ne

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1 suis pas en mesure de vous fournir de réponse, réponse que je pourrais

2 défendre.

3 Question: Si je puis demander à M. l'huissier de bien vouloir aider le

4 témoin à retrouver un paragraphe dans cette pièce, troisième page du

5 rapport, semble-t-il page n°2, en haut, version BCS. Première feuille.

6 (Intervention de l'huissier.)

7 Page 1 et page 2. Ensuite par rapprochement, si vous regardez un petit peu

8 plus bas sur la page, vous allez trouver un couple de paragraphes qui est

9 légèrement en retrait, deux paragraphes en particulier vers le bas de la

10 page, et vous y verrez, il est écrit par la suite: "Après l'intervention

11 de M. Praljak et M. Siljeg, la situation s'est apaisée. D'après certaines

12 informations, il y a eu des actes négatifs dans cette Brigade de Rama, des

13 actes commis par les hommes de "Tuta", et malheureusement tout ceci… mais

14 tout ceci heureusement n'a pas eu de conséquence."

15 Est-ce que cela vous permet de vous rafraîchir la mémoire, ou alors

16 s'agit-il d'une erreur ou est-ce que le rapport n'était pas exact?

17 Réponse: Monsieur Scott, j'ai participé, de très nombreuses fois j'ai

18 participé à des situations dans lesquelles j'étais amené à apaiser des

19 conflits ou des incidents. Donc je ne suis absolument pas en mesure de

20 vous répondre avec une certitude de 100% dans le cas qui nous occupe. Il

21 s'agit d'un rapport de la police militaire, police militaire qui n'est pas

22 subordonnée à l'autorité du commandement général de l'état-major, sauf en

23 termes d'opérations.

24 Donc je crois qu'il faudrait contacter la police militaire, la police

25 militaire a joué un rôle, avait un rôle indépendant de l'état-major sauf

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1 dans le cas où cette police officiait à proximité des lignes de front ou

2 lorsque ces forces de police recevaient des ordres de titre de nature

3 opérationnelle.

4 Question: Très bien. Monsieur, je ne vais pas poser d'autres questions sur

5 ce document lui-même compte tenu de ce que vous venez de dire, mais je

6 voudrais néanmoins vous redemander la chose suivante: vous rappelez-vous

7 une altercation personnelle entre vous et M. Naletilic dans le contexte de

8 ces incidents particuliers?

9 Réponse: Non, Monsieur, si j'avais eu une altercation avec lui, je m'en

10 souviendrais certainement. Et je ne vois pas comment j'aurais pu calmer

11 les choses, si j'avais une altercation personnelle avec M. Naletilic. Si

12 j'avais eu une altercation avec lui, je crois que je n'aurais pas été en

13 mesure, le mieux placé pour calmer, apaiser les choses.

14 Question: Dernière question. Est-ce que vous-même ou un autre, un de vos

15 subordonnés a pris une mesure quelconque au sein du HVO? Est-ce que des

16 mesures disciplinaires ont été décidées au sein de la structure du

17 commandement du HVO contre M. Naletilic ou son unité pour les incidents,

18 pour les affrontements avec la police militaire?

19 Réponse: Monsieur Mladen Naletilic n'était pas intégré dans la structure

20 du HVO ni dans l'état-major. Monsieur Petkovic et moi-même par la suite,

21 même avec des raisons de le faire, n'étions pas en mesure de prendre des

22 dispositions particulières contre M. Naletilic.

23 Question: Pourtant vous avez dit à plusieurs reprises, vous nous avez dit

24 à plusieurs reprises au cours de ces derniers jours que ce Bataillon des

25 détenus était placé, était intégré dans le HVO. Est-ce que vous modifiez

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1 votre réponse?

2 Réponse: Non, Monsieur, mais ce Bataillon des détenus sous la forme que

3 j'en connaissais, à l'exception de la première affaire que j'ai

4 mentionnée, que j'ai mentionnée, à Orlovac avait à sa tête MM. Mario Hrkac

5 et Andabak. C'est quelque chose que j'ai dit à plusieurs reprises.

6 Egalement, M. Mladen Naletilic ne faisait pas partie de la structure

7 militaire et il n'exerçait pas de fonctions de commandement, il n'était

8 pas commandant de cette unité dans son volet militaire.

9 Question: Très bien. Afin que les choses soient bien claires, vous n'êtes

10 pas, vous ne contredisez ce que vous avez dit précédemment, vous n'avez

11 pas modifié votre réponse. Est-ce que vous pouvez confirmer à nouveau que

12 ce Bataillon des détenus faisait partie du HVO militaire?

13 M. Praljak (interprétation): Correct. En ce qui concerne, par rapport à la

14 structure du HVO telle que vous me l'avez montrée, ce Bataillon

15 effectivement relevait de cette structure militaire.

16 M. Scott (interprétation): Je vous remercie Monsieur Praljak, je vous

17 remercie de votre patience.

18 M. le Président (interprétation): Merci Monsieur Scott.

19 Maître Krsnik?

20 M. Krsnik (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Je pense qu'il

21 nous faut préciser un certain nombre de points, mais cela ne devrait pas

22 prendre trop de temps.

23 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Slobodan Praljak,

24 par Me Krsnik.)

25 M. Krsnik (interprétation): Toutes mes excuses. Monsieur Praljak,

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1 j'aimerais en revenir à la pièce, je voudrais en revenir à la lettre,

2 revenir au procès-verbal et au P en particulier, la réunion qui s'est

3 tenue dans le centre de la Bosnie.

4 A propos de ce document, je m'interroge. Je me demande d'où il vient, à

5 qui il appartient. Je viens d'en prendre connaissance, je le transmettrai

6 dans quelques minutes. J'ai là avec moi donc un document qui disant que le

7 journal de Tihomir Blaskic est l'origine du document; et je ne sais

8 vraiment pas d'où cela est tiré, comment est apparu ce document qui fait

9 état d'une réunion dans le centre de la Bosnie. Il s'agit de la pièce

10 P272.1. Je veux donc parler du journal, d'un rapport qui parlait de M.

11 Tihomir Blaskic.

12 Est-ce que nous pouvons en déduire, est-ce que vous vous rappelez de cette

13 réunion? Est-ce que cette réunion a été organisée par la suite, que les

14 choses ont été modifiées par la suite?

15 M. Praljak (interprétation): Je ne pense pas que ce procès-verbal, ce

16 compte rendu ait été élaboré en ma présence.

17 Question: Mais vous l'avez signé, ou est-ce que les participants ont signé

18 le document pour l'authentifier comme cela est la règle?

19 Réponse: Non, moi, nous n'avons et je n'ai pas le souvenir d'avoir signé

20 quoi que ce soit. Naturellement toutes sortes d'erreurs sont possibles. Le

21 texte n'a donc pas été authentifié.

22 Question: Le texte n'a pas été authentifié. Est-ce que vous vous souvenez

23 de vos mots tels qu'ils sont rapportés en page 4 du texte version croate?

24 Deuxième passage: "Il y aura de l'extrémisme mais de façon réaliste, pour

25 parler de façon réaliste, ils n'iront pas loin". Je n'arrive pas à lire

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1 cela. Est-ce que vous vous souvenez, est-ce que vous vous rappelez quelque

2 chose à propos de ces mots? Vous souvenez-vous les avoir prononcés?

3 Réponse: Oui. Il ne fait aucun doute qu'il y avait des extrémistes durant

4 ce conflit, et je pense, je puis dire en toute logique que cet extrémisme

5 continue d'exister. Mais nous pensons qu'après le plan Vance-Owen, et

6 compte tenu de ce qui s'est passé après, nous continuons de penser

7 également que les extrémistes ne peuvent par l'emporter sur les autres

8 courants, les autres forces qui n'étaient pas extrémistes et qui voulaient

9 la fin de ce conflit dans des conditions correctes et justes avec une

10 République de Bosnie-Herzégovine organisée, structurée avec justice.

11 Question: Pensez-vous que, quel était à votre avis l'objectif de Kos? Est-

12 ce que vous savez ce que veut dire Kos?

13 Réponse: Oui, je sais ce qu'est Kos. Le Kos, c'est le service de contre-

14 renseignement de l'armée de la République yougoslave, et je sais avec

15 certitude que ce service a tenté, s'est efforcé de provoquer un conflit

16 armé entre les Croates et les Musulmans, afin de pouvoir se laver les

17 mains de leurs propres agressions en Bosnie-Herzégovine. Et,

18 malheureusement ils ont en partie réussi dans leur entreprise.

19 M. Krsnik (interprétation): Merci Monsieur Praljak, question suivante. Je

20 demande à l'huissier de bien vouloir m'aider: pièce 271, P27.1.

21 Ma question est la suivante: est-ce que le Procureur a posé des questions

22 à propos de Mate Boban, d'une réunion du 2 avril 1993? L'ultimatum lancé

23 par Mate Boban à l'armée BH, est-ce que vous en savez quelque chose? Est-

24 ce que nous attendons le document?

25 M. Praljak (interprétation): Attendons-nous le document ou puis-je

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1 commencer ma réponse?

2 M. le Président (interprétation): Vous pouvez commencer.

3 M. Praljak (interprétation): Il n'y a pas eu d'ultimatum.

4 M. Krsnik (interprétation): 2P.PP.

5 Réponse: A Genève, il a été convenu, cela a été accordé parce qu'il

6 fallait prévenir une escalade du conflit entre Croates et Musulmans et

7 cela était conforme au droit militaire, à savoir que les unités devaient

8 être rattachées les unes aux autres, sans, indépendamment de leur numéro

9 et de leur structure, leurs affaires personnelles, afin d'éviter tout

10 trouble, désordre et éventuellement méfiance entre les deux forces armées.

11 Et, c'est exactement, c'était exactement l'objectif. C'est à quoi répond

12 chaque mesure des Nations Unies dans le cadre de ce dispositif, même les

13 forces russes au Kosovo ont été réintégrées, ont été rattachées, placées

14 sous l'autorité du commandement commun, tout en conservant leur complète

15 autonomie. Et, cet ordre dit autre chose, à savoir l'établissement d'un

16 état-major conjoint, le moment de ce rattachement qui reflétera le rapport

17 des forces entre le HVO et l'armée BH sur le front, mais toujours avec

18 l'objectif de stopper la guerre et d'empêcher des conflits nouveaux. Ce

19 document est absolument clair et il reflète tout à fait notre, les désirs

20 de… ce que je vous ai exposé.

21 Question: Est-ce que vous avez connaissance de cette déclaration commune,

22 est-ce que vous avez connaissance de cette déclaration commune d'Alija

23 Izetbegovic et de Mate Boban du 2 avril 1993?

24 Réponse: Je suis tout à fait familiarisé avec cette déclaration, j'ai

25 participé à l'élaboration du texte.

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1 Question: Je vous prie de me pardonner, je viens d'être mis en garde,

2 prévenu plutôt, Monsieur le Président, je voulais parler du document

3 PP271.

4 M. Praljak (interprétation): Est-ce que cette déclaration a été

5 interprétée comme un ultimatum? Malheureusement, oui.

6 M. Krsnik (interprétation): Monsieur Praljak? Pouvez-vous nous parler de

7 la pièce P274?

8 M. Scott (interprétation): Monsieur le Président, je ne voudrais pas

9 revenir en arrière compte tenu de la durée de cet interrogatoire, mais ce

10 que je voudrais qu'il soit proposé c'est que les moyens de preuve dans

11 cette affaire, eh bien, c'est que cela n'a jamais été signé par M.

12 Izetbegovic et on peut difficilement parler d'une déclaration conjointe,

13 cela ne me paraît pas une classification précise de la pièce en question,

14 du document en question.

15 M. le Président (interprétation): Bien. Maître Krsnik, est-ce que nous

16 allons nous interrompre ici? Pendant la pause, nous vous demanderons de

17 bien vouloir réorganiser l'ordre de vos documents et de vos pièces afin

18 que vous puissiez les remettre au Greffe.

19 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président, cela demandera très peu

20 de temps. Je suis tout à fait organisé, j'ai tous les documents ici avec

21 moi et je les remettrai. Je propose de reprendre le contre-examen,

22 l'examen après la pause, en particulier à la lumière de ce que le

23 Procureur vient de nous dire, lorsqu'il dit en particulier que M.

24 Izetbegovic n'a jamais signé ce document. Malheureusement, il n'a pas fait

25 sa déclaration par écrit mais vous verrez la pièce, une pièce du Procureur

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1 qui dit exactement le contraire. Je vous remercie.

2 Désolé, je croyais que nous allions avoir une pause et que nous pourrions

3 reprendre l'examen ensuite. Naturellement cela ne dépend pas de moi.

4 M. le Président (interprétation): Très bien. Nous allons avoir, nous

5 allons faire une pause maintenant. 12 heures 30, reprise des

6 délibérations.

7 (L'audience, suspendue à 12 heures, est reprise à 12 heures 30.)

8 (Pas d'interprétation.)

9 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Krsnik.

10 M. Krsnik (interprétation): (Pas de traduction.)

11 Mme Diarra: Monsieur le Président, moi, je n'ai pas de traduction.

12 Interprète: Nous nous excusons.

13 M. Krsnik (interprétation): Je vais reprendre, je m'excuse.

14 Certains sont allés fumer une cigarette, certains sont allés prendre un

15 peu d'air sur le balcon et nous avons été arrêtés par les gens de la

16 sécurité parce qu'on nous a dit que nous n'avions pas le droit d'aller là-

17 bas. Et nous voulions tirer la chose au clair et savoir si nous étions des

18 citoyens de deuxième ordre, mais je ne sais à qui nous adresser si ce

19 n'est à vous et nous nous sentons vraiment très mal à l'aise avec cette

20 situation. Et je crois que mes collègues seront d'accord avec moi pour

21 vous communiquer la chose.

22 M. le Président (interprétation): Eh bien, Maître Krsnik, je crois qu'il

23 ne devrait pas y avoir de problème pour ce qui est de l'accès à la

24 terrasse que vous devriez avoir, à moins que vous n'ayez votre robe de

25 magistrat. Mais je vais me renseigner d'ailleurs pour voir auprès du

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1 Greffe quelles sont les dispositions en vigueur.

2 Maître Krsnik, je crois que vous pourriez continuer avec le témoin.

3 M. Krsnik (interprétation): Je vous remercie. Je vais demander maintenant

4 à, Monsieur l'huissier, de montrer au témoin la pièce à conviction P295.

5 (Intervention de l'huissier.)

6 Monsieur l'huissier, il s'agit de la page 6 que je vous demanderai de

7 placer sur le rétroprojecteur.

8 Avant de vous poser la question, Monsieur Praljak, je voudrais vous

9 demander quelle est la date qui figure sur le document de la déclaration

10 conjointe si tant est que vous vous en souvenez? J'imagine que vous devez

11 encore avoir le document sous les yeux.

12 Enfin, de toute manière je crois que le document nous montre que cela

13 était le PP271, nous montre que c'est un document qui est signé en date du

14 2 avril 1993. Nous n'avons pas le même document en langue croate, aussi

15 vais-je moi-même essayer de fournir une interprétation. On y dit que: "La

16 délégation danoise de la mission européenne d'observation a fait un

17 rapport et dit que la déclaration datée du 2 avril 1993 est signée à

18 Mostar par Alija Izetbegovic et Mate Boban." (Fin de citation.)

19 Est-ce que cela vous dit quelque chose?

20 M. Praljak (interprétation): Je sais pour sûr qu'une déclaration de ce

21 type avait été signée par MM. Mate Boban et Alija Izetbegovic.

22 Question: Veuillez maintenant, Monsieur l'huissier, nous fournir le

23 document PP272.

24 (Intervention de l'huissier.)

25 Voyez-vous, Monsieur Praljak, si vous prenez lecture du document. Je ne

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1 sais pas si vous l'avez déjà vu. Il s'agit d'un document du 2 juillet 1997

2 où M. Alija Izetbegovic dit… mais je crois que vous pouvez vous-même lire

3 de quoi il s'agit.

4 J'entends ici le point 1. Et le point 1 dit que "la déclaration

5 Izetbegovic/Boban n'a pas été signée par moi-même et je n'ai pas été en

6 cette date-là à Mostar. Je ne me souviens pas qu'une telle déclaration ait

7 été proposée par quelque partie que ce soit et cela ne figure pas dans la

8 documentation dont je dispose."

9 Il s'agit d'Alija Izetbegovic qui a fait cette déclaration en l'adressant

10 au Juge Claude Jorda le 22 juillet 1997?

11 Réponse: J'ai pris part à la définition des thèses fondamentales de cette

12 déposition à Zagreb, tant avec M. Boban qu'avec M. Alija Izetbegovic. Il

13 s'agissait là d'une concertation conjointe où au point 4, il avait été

14 prévu la mise en place d'un commandement conjoint où on avait même prévu

15 ma personne également.

16 Question: Avez-vous fait partie de ce commandement?

17 Réponse: J'avais été prévu comme je viens de vous le dire et les

18 consentements nécessaires avaient été obtenus, mais étant donné le

19 changement de position adoptée par le côté musulman, la partie musulmane,

20 l'accord en question n'est jamais entré en vigueur.

21 Question: Merci. Monsieur Praljak, on vous a posé des questions au sujet

22 de soi-disant incidents à Tomislav Grad, ou on… plutôt à Livno. Je suis en

23 train de me référer à ce que vous avez dit dans votre témoignage en

24 répondant à mes propres questions.

25 Je voudrais que vous montriez, ou plutôt que vous illustriez à l'intention

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1 de la Chambre, par des exemples, les façons dont vous-même ou quelqu'un

2 d'autre à votre place aviez essayé de faire régner la discipline afin que

3 le HVO soit organisé d'une façon ou d'une autre. Avez-vous quelques autres

4 exemples à nous fournir à ce sujet?

5 Réponse: Maître Krsnik, je crois que j'avais parlé de, non pas de Livno,

6 mais de Travnik et Capljina.

7 Question: Mais avez-vous d'autres exemples encore?

8 Réponse: Des exemples de ce type, il y en a vraiment beaucoup. Croyez-moi

9 bien que, pendant des jours et des jours, à l'intention de cette Chambre,

10 du Procureur et de vous-mêmes, je pourrais en parler. Mais il s'agit là de

11 récits qui ne sauraient être résumés ou réduits au peu de temps que nous

12 avons ici à notre disposition.

13 Question: Mais est-ce que votre vie même a quelque fois été mise en péril

14 pour ce qui est du rôle que vous aviez dû jouer? Je ne me réfère pas

15 seulement au HVO, enfin je me réfère plutôt aux structures du HVO.

16 Réponse: Ecoutez, à bon nombre de reprises, il y avait eu des conflits

17 entre les membres du HVO ou au sein du HVO parce que, au niveau des

18 conflits entre le HVO et les forces musulmanes, je crois que j'ai fait

19 cesser des conflits à Mostar pour ce qui était de traverser d'une rive à

20 l'autre, et je crois que bon nombre de jeunes gens avaient confiance en

21 moi.

22 Toutefois, et c'est regrettable, pour bon nombre de raisons, la guerre

23 allait de l'avant, et plus cela allait, plus nous étions impuissants pour

24 faire quoi que ce soit et il nous a bien fallu défendre ce qui était à

25 nous.

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1 Question: Monsieur Praljak, il est peut-être resté en suspens une question

2 qu'il faudrait tirer au clair. Je vous avais demandé s'il y avait eu des

3 grades quelconques au sein du HVO pendant les années 1992 et 1993? Vous

4 souvenez-vous de la réponse que vous aviez apportée? On avait parlé de

5 grades au niveau de l'armée.

6 Réponse: Quoiqu'on se soit adressé à nous en parlant de grade -général

7 Praljak, colonel ceci, général cela-, il n'y avait pas eu de grades au

8 sens propre du terme au HVO et je crois que le HVO n'avait pas eu de grade

9 jusqu'en 1994. Ce qui fait qu'il y avait des fonctions de commandant. On

10 désignait les uns ou les autres par commandant.

11 Question: Veuillez expliquer, je vous prie?

12 Réponse: Il y a deux fonctions de commandement. Une fonction de commandant

13 d'unité, par exemple: commandant de compagnie, commandant de Bataillon,

14 commandant de brigade.

15 Maintenant, pour ce qui est des lignes de la défense, il y avait un

16 commandant de la zone opérationnelle, et au sein de la zone opérationnelle

17 un commandant chargé d'un territoire déterminé ou d'une ligne de

18 démarcation déterminée qui avait été la sienne. Ce qui fait que les unités

19 à ce moment-là, se trouvant pendant une quinzaine de jours -donc la durée

20 d'une relève- à tel endroit, ces unités se trouvaient placées sous les

21 ordres d'un commandant de ce type.

22 Question: Mais dites-nous comment ces gens devenaient commandant, si vous

23 le savez? Comment quelqu'un pouvait-il venir commandant au sein du HVO à

24 l'époque?

25 Réponse: On devenait commandant le plus souvent de par le courage que l'on

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1 avait manifesté. Donc, si quelqu'un était courageux, si quelqu'un faisait

2 preuve d'esprit d'initiative, si quelqu'un faisait preuve d'une volonté

3 très forte, ces gens-là avaient de l'avancement au prorata du nombre

4 d'aptitudes dont ils faisaient preuve.

5 Et, dans les situations où la survie de la population était en question,

6 les connaissances militaires qu'on pouvait acquérir au niveau des

7 académies devaient être compensées par le fait qu'il fallait forcément

8 savoir, et il fallait donc apprendre vite, maîtriser très vite des

9 aptitudes ou des connaissances militaires.

10 Question: Mais qui est-ce qui choisissait les commandants, est-ce que les

11 soldats, reconnaissant des qualités de courage et d'autorité chez

12 quelqu'un -et je signale ici qu'au niveau de l'autorité, en anglais, c'est

13 "authority"; moi j'entends autorité, non pas sous un sens autoritaire mais

14 sous une signification d'autorité morale-, est-ce que, donc, l'on

15 choisissait quelqu'un en fonction de ces caractéristiques-là, et, le cas

16 échéant, pourriez-vous nous dire comment à Mostar en 1992, on en était

17 venu à monter sur pied des unités? Et je voudrais que vous nous

18 expliquiez, que vous expliquiez à l'intention de la Chambre et que vous

19 nous brossiez un tableau du comment se passaient les choses?

20 Réponse: Eh bien, quand je suis arrivé à Mostar en avril 1992, il y avait

21 9 bataillons du HVO qui s'étaient constitués exclusivement en fonction des

22 quartiers ou des cités de banlieue, donc il s'agissait d'un certain nombre

23 de rues de la cité ou du quartier. Et c'est ainsi que s'étaient

24 constituées également les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

25 A l'époque de Sunja, qui était une ligne de front en Croatie que j'avais

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1 occupée à l'époque en ma qualité de volontaire, il y en avait 7, il y

2 avait 7 volontaires qui étaient revenus avec moi, et tous les 7 ont été

3 mis à la disposition par mes soins de la partie… à la disposition de la

4 partie musulmane afin qu'ils apprennent, afin que les Musulmans apprennent

5 plus rapidement ainsi comment on devait s'organiser militairement parlant,

6 parce que je savais que la guerre allait finir par arriver en Bosnie et je

7 savais que cette guerre allait venir du côté des Serbes.

8 Question: Comment ont-ils été armés? Quand vous parlez d'amis, du

9 voisinage, de la rue, comment? Je ne voudrais pas vous poser de questions

10 suggestives.

11 Réponse: Non, vous ne me guidez pas, mais dans le voisinage, dans la rue,

12 dans le quartier, on choisissait le plus courageux du groupe.

13 Question: Oui, moi je comprends mais je voudrais que vous expliquiez cela

14 à l'intention de la Chambre.

15 Réponse: Pour ce qui est des armes, les armes arrivaient de toutes sortes

16 de façon.

17 Question: Mais est-ce que vous savez nous dire si les gens achetaient eux-

18 mêmes, passaient des armes en contrebande, se les procuraient de façon

19 clandestine tant en Bosnie qu'à l'extérieur de la Bosnie en Europe? Est-ce

20 que les gens qui avaient travaillé en Europe avaient apporté également des

21 armes? Je voudrais que vous nous disiez quelque chose à ce sujet parce

22 que...

23 Réponse: Nous pouvons répondre à la question de façon posée. On passait en

24 contrebande des armes clandestinement en dépit de l'embargo qui avait été

25 mis en place, et quoique respectant la communauté internationale, on avait

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1 estimé à l'époque qu'il avait été injuste de prononcer une mesure

2 d'embargo à l'intention d'un peuple qui était attaqué, sans pour autant

3 empêcher l'agresseur de procéder à cette agression contre un peuple qui

4 n'avait pas d'arme. Il fallait donc soit stopper l'agresseur soit armer la

5 partie agressée.

6 Etant donné que les Croates et les Musulmans avaient des milliers de

7 personnes qui avaient résidé en Allemagne, en Suède, aux Pays-Bas, en

8 France, donc partout, littéralement partout, les gens aidaient

9 pécuniairement et ont effectivement passé clandestinement des armes dans

10 leur voiture en traversant la frontière. On se procurait donc des armes en

11 provenance de toute personne qui avait des armes et qui voulait les

12 vendre.

13 D'après ce que j'en sais, l'embargo a ensuite connu un relâchement; ce qui

14 fait qu'il nous a été donné de nous procurer des armes auprès de certains

15 pays. Et on nous laissait passer, on fermait un œil parce que l'on avait

16 fini par estimer qu'il n'était pas juste de laisser des peuples, une

17 population se faire abattre sans avoir les armes nécessaires pour se

18 défendre.

19 Question: Vous avez omis de me répondre, Monsieur Praljak, concernant le

20 choix ou l'élection des commandants: est-ce que ces commandants étaient

21 choisis parmi les gens qui combattaient ou est-ce qu'ils étaient nommés là

22 par quelqu'un d'autre?

23 M. Praljak (interprétation): Si, je vous répondais que c'est parmi les

24 gens de l'unité que l'on choisissait les gens les plus costauds et les

25 plus courageux, je crois donc avoir répondu en disant qu'on ne les nommait

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1 pas d'ailleurs, on ne les envoyait pas d'ailleurs.

2 M. Krsnik (interprétation): Bien. Je vais continuer. Monsieur le

3 Président, Mesdames les Juges, je voudrais apporter quelques éléments

4 d'explication. En effet, il y a un an nous avons reçu 17 classeurs de

5 pièces, y compris dans ce cadre un ordre, à savoir une pièce à conviction

6 qui est une pièce à conviction de la défense, la pièce 564.1.

7 Il s'agit donc, Monsieur le Président, Mesdames les Juges, d'un ordre du

8 20 août 1993 et qui provient de Citluk. On dit en fin de page, fin du

9 document, donc je cite, et il n'y a pas de signature, il n'y a pas de

10 sceau, et lors du contre-interrogatoire on a ajouté une sixième page au

11 document.

12 Quoiqu'on nous a bien dit qu'il n'y avait plus rien dans le document, on a

13 ajouté une sixième page où il y a… Pardon une page 2, on a ajouté une page

14 2 et on a ajouté cette page 2 en dépit du fait qu'il nous ait été dit

15 qu'il n'y avait plus de page. Et où on dit que c'est M. Praljak qui a

16 signé et cela n'a rien à voir avec ce qu'on nous a donné il y a un an.

17 Vous allez voir dans la version anglaise -que vous nous avez fait

18 parvenir- que ce document 563, où il est précisé "end of document" donc en

19 traduction "fin du document".

20 Il s'agit de la pièce à conviction 563 comme je l'ai dit et il n'y a pas

21 de sceau et pas de signature. Et après, au cours du contre-interrogatoire

22 il y a une pièce à conviction P564, qui fait son apparition au sujet de

23 laquelle le Procureur dit que cela fait partie du même ordre quoi que nous

24 ayant dit un an auparavant qu'il n'y avait plus de page en sus du

25 document.

Page 9698

1 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Scott, pouvez-vous nous

2 donner quelques informations à ce sujet?

3 M. Scott (interprétation): Non, Monsieur le Président, je ne peux vous

4 fournir de réponse dans une sorte de vacuum. Je pourrais peut-être en

5 débattre dans l'absence du témoin, nous pouvons peut-être examiner la

6 chose par la suite.

7 M. le Président (interprétation): Peut-être pourrions-nous revenir à cette

8 question au moment de l'admission ou du versement des documents.

9 M. Krsnik (interprétation): Je voudrais demander à l'huissier de nous

10 prêter main forte. Nous avons besoin de cette pièce à conviction 564.1.

11 Pourriez-vous la fournir, je vous prie?

12 Je précise 564.1, cela fait partie du classeur intitulé "Praljak".

13 Mme Clark (interprétation): La seule raison pour laquelle j'ai posé cette

14 question, c'est qu'il y avait deux documents 563 et 564. Il y a deux

15 documents.

16 M. Krsnik (interprétation): J'essaie d'expliquer. Je n'ai peut-être pas

17 été suffisamment clair. Nous avons reçu il y a un an le document 563, et

18 ce que nous avons dernièrement reçu c'est le 564.1.

19 (Hors micro.)

20 (Intervention de l'huissier.)

21 Monsieur Praljak, je vous demande de lire une fois de plus attentivement

22 le document en question.

23 (Le témoin lit le document.)

24 Monsieur Praljak, penchez-vous maintenant sur cette page 2, paragraphe 6

25 ou 7. Est-ce que c'est une chose qui faisait partie habituellement de tout

Page 9699

1 ordre émis, si tant est que cela est de votre connaissance?

2 M. Praljak (interprétation): Non, non, cela ne figurait pas dans tout

3 ordre forcément.

4 Question: Bien. Dites-nous maintenant, je vous prie, d'abord si c'est

5 votre signature que l'on voit?

6 (Intervention de l'huissier.)

7 Réponse: Ceci n'est pas ma signature.

8 Question: Est-ce que quiconque avait le droit de signer en votre nom?

9 L'autoriseriez-vous de le faire?

10 Réponse: En temps de guerre, personne ne devait pouvoir placer ma

11 signature sous un ordre sous quelque forme que ce soit parce que la guerre

12 est une situation ou une affaire si pénible, si complexe et si porteuse de

13 responsabilité que personne ne pouvait être autorisé à le faire: chacun

14 devait répondre de ces ordres.

15 Question: Dites-nous, je vous prie, est-ce que vous aviez un adjudant

16 quelconque?

17 M. Praljak (interprétation): Non. Non, il n'y avait pas de notion de ce

18 type au HVO, dans l'armée croate non plus d'ailleurs.

19 M. Krsnik (interprétation): Merci beaucoup Monsieur Praljak. Et un dernier

20 ordre que je voudrais vous montrer: c'est le document P558.2.

21 Pendant que nous attendons, je vais peut-être pouvoir vous poser la

22 première des questions que je voulais poser. Est-ce que le premier ordre

23 dont avait parlé le Procureur, relatif à l'attaque contre Stolac, est-ce

24 que c'était un ordre qui visait à relever l'aptitude au combat d'une

25 manière générale ou est-ce qu'il s'agissait là d'un ordre affairant à

Page 9700

1 l'attaque qui devait être lancée contre Stolac? Je crois qu'il s'agit de

2 l'ordre émis le 3 août.

3 Monsieur l'huissier, peut-être pourrions-nous gagner du temps. Prenez mon

4 exemplaire à moi, vous allez y trouver une version anglaise et l'autre.

5 (Intervention de l'huissier.)

6 M. le Président (interprétation): Monsieur Krsnik, ce que je voulais dire

7 par réorganisation de vos documents: c'est très difficile de retrouver ces

8 documents dans les fichiers. Peut-être que vous pourriez utiliser la

9 pause, si vous voulez utiliser ces documents, et vous pourriez préparer,

10 être mieux préparé si le Greffier vous donnait une liste de ces documents

11 avant de commencer.

12 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président, nous avons reçu ces

13 documents aujourd'hui, vendredi, c'est-à-dire nous avons reçu ces

14 documents concernant M. Praljak, nous les avons reçus il y a quelques

15 jours. Je suis désolé, je suivais simplement les questions posées par

16 l'accusation.

17 Pouvez-vous me dire si c'est un ordre régulier qui est fait en temps de

18 guerre, c'est-à-dire de mettre les troupes en état de combat, en

19 préparatifs de combat?

20 M. Praljak (interprétation): Dans n'importe quelle guerre ou armée, ce

21 type d'ordre est donné presque tous les jours, et c'est rare que lorsque

22 les informations étaient reçues concernant une activité possible qui

23 serait lancée la nuit, de ne pas préparer un ordre basé sur les

24 informations qui nous sont données des services secrets.

25 Question: Pouvez-vous être plus spécifique: quand l'ordre a-t-il été

Page 9701

1 envoyé et quelle était la date?

2 Réponse: L'ordre a été envoyé par le commandement central du HVO en

3 juillet 28, 1993, et les zones d'opération étaient les Brigades

4 d'opération du sud-est de la Bosnie-Herzégovine, les Brigades d'opération

5 du sud-est de Bosnie-Herzégovine. Mis à part ceci, je n'ai pas signé cet

6 ordre. Mais en termes militaires, c'est un ordre logique et c'est tout à

7 fait selon les normes.

8 Question: Quelle était la longueur de la ligne de front, lorsque vous y

9 êtes arrivé et lorsque vous avez pris le commandement?

10 Réponse: A cette époque, la ligne du front s'étendait sur environ 2.000

11 kilomètres. Avec l'armée serbe et les Musulmans qui habitaient dans toutes

12 les enclaves, si nous mettons toutes ces lignes de front ensemble, elles

13 s'étendaient sur plus de 2.000 kilomètres.

14 M. Krsnik (interprétation): Dans sa question, l'accusation a parlé de

15 l'unité HVO en Bosnie-Herzégovine et qu'elle avait attaqué Mostar. Est-ce

16 vrai ou avez-vous une réponse contraire si ce n'est pas vrai?

17 M. Praljak (interprétation): Le nombre de Croates et d'unités HVO en

18 Bosnie centrale, en Bosnie-Herzégovine centrale, était tel qu'en

19 comparaison avec un nombre d'unités musulmanes, dans le bassin de Tuzla,

20 dans le bassin de Zenica et dans d'autres villes, était tel qu'il est

21 simplement, logiquement, impossible d'assumer que quelqu'un pourrait être

22 assez bête pour attaquer un ennemi qui a dix fois plus d'unités ou de

23 nombre de combattants, même si ceci faisait partie d'une décision

24 politique comme on l'a souvent dit ici.

25 Toutes les brigades du HVO qui se trouvaient à Sarajevo, à Stup, à Tuzla,

Page 9702

1 Losinj et Zenica avaient à cette époque été démantelées par l'armée du

2 BiH, avec des morts, plus ou moins de morts.

3 Mais je dois encore une réponse, à vous et à M. Scott, sur les noms des

4 morts lors de cet incident que nous avons vu sur la vidéo que vous nous

5 avez montrée à...

6 M. le Président (interprétation): Monsieur le Témoin, le conseil de la

7 défense vous a posé une question spécifique, c'est-à-dire l'attaque de

8 l'unité HVO sur Mostar.

9 Pouvez-vous répondre à cette question en ce qui concerne ceci, cet

10 événement particulier? Vous avez besoin de répondre à cette question. Est-

11 ce que le HVO a attaqué ou est-ce qu'il n'a pas attaqué? C'est une

12 question très précise.

13 M. Krsnik (interprétation): Monsieur le Président, je ne sais pas quelle

14 était la traduction, car je ne peux pas suivre la traduction. Mais la

15 question était: est-ce que c'est vrai que le HVO a commencé les attaques à

16 la suite de ce qu'a dit l'accusation en Bosnie centrale et pas à Mostar?

17 Je ne me suis pas limité à Mostar. Je ne sais pas comment ceci a été

18 traduit, mais le témoin peut bien sûr répondre à votre question.

19 M. Praljak (interprétation): Non, nous avons été attaqués, le HVO a été

20 attaqué. Les enclaves qui s'y trouvaient se rapetissaient, elles étaient

21 de plus en plus attaquées et touchées. Et, après de très sérieux combats,

22 ils ont réussi à survivre. Pas toutes, pas Vares ni Vojno ni d'autres.

23 M. Krsnik (interprétation): Konjic, Jablanica, la vallée Neretva: qui a

24 attaqué et savez-vous ce qui s'est passé là-bas et savez-vous s'il s'est

25 passé des crimes dans les enclaves croates?

Page 9703

1 M. Scott (interprétation): Deux objections, avec respect et après mon

2 contre-interrogatoire très long, je ne pense pas que le but de

3 "redirection" n'est pas de couvrir les mêmes sujets. Et deuxièmement, une

4 réponse: en ce qui concerne tu quoque, nous faisons objection

5 M. le Président (interprétation): Monsieur Krsnik, le but de cet

6 interrogatoire n'est pas de vous donner une autre chance de rediriger

7 votre interrogatoire. Je pense que votre question devrait se concentrer

8 sur les challenges ou une réfutation le contre-interrogatoire qui a été

9 proposé par l'accusation.

10 Deuxièmement Monsieur Krsnik, nous ne sommes pas intéressés par qui a

11 attaqué pendant ce conflit. Nous comprenons que des choses terribles se

12 sont passées pendant cette guerre, mais ce n'est pas le sujet de ce

13 procès.

14 M. Krsnik (interprétation): Vous savez, Monsieur le Président, il est dit

15 que, pendant l'attaque du 16 avril, le HVO a attaqué et l'accusation, en

16 contre-interrogatoire, a essayé de confirmer cette allégation. Et je

17 voulais simplement confirmer si ceci était vrai ou pas, et, lorsque le

18 Procureur a posé une question au sujet des crimes qui n'a rien à voir avec

19 cet Acte d'accusation, ma question était la suivante au témoin: si la

20 soumission de la défense, que le HVO n'avait pas attaqué… que la BiH avait

21 attaqué tous les territoires qui étaient habités par l'armée croate, et je

22 ne sais pas qui il défendait sous la guise (phon) de l'accusation, mais je

23 poursuis les soumissions qui ont été faites lors du contre-interrogatoire

24 par l'accusation aujourd'hui.

25 Je parle vite, mais lorsque j'ai parlé de l'armée croate, ce dont je

Page 9704

1 voulais parler c'était du HVO. Je m'en excuse. Je ne peux pas me

2 concentrer tout le temps et parfois je ne parle pas du HVO lorsque je

3 devrais en parler. Lorsque je dis "croate", je m'excuse encore Monsieur le

4 Président, lorsque je dis "l'armée croate", j'aimerais signaler le fait

5 qu'à partir de maintenant je me réfère au HVO.

6 M. le Président (interprétation): Maître Krsnik, vous parlez beaucoup de

7 qui a attaqué qui. Nous savons qu'il se passait des choses terribles, mais

8 pouvons-nous passer au-delà de cette question?

9 M. Krsnik (interprétation): Bien sûr, nous n'allons pas nous concentrer

10 sur cette question, mais il me semble que ni l'opinion publique n'a été

11 impliquée lors de ce procès (phon). Donc nous allons poursuivre avec autre

12 chose.

13 Donc une dernière question, Monsieur Praljak: la situation à Mostar,

14 lorsque vous vous y trouviez. Le Procureur vous a posé des questions en ce

15 qui concerne les bombardements que l'on dit avoir été faits, les

16 pilonnages. Est-ce que Mostar a été pilonnée très fréquemment et est-ce

17 que les cibles ont été choisies de l'est à l'ouest, ou est-ce que

18 c'étaient des pilonnages, des bombardements, est-ce que c'étaient des

19 combats typiquement urbains?

20 M. Praljak (interprétation): C'étaient des combats typiquement urbains. La

21 ligne de front se trouve à l'intérieur de la ville, et je soumets, je

22 pense que les deux côtés tiraient de manière égale l'un contre l'autre, et

23 je pense que notre côté ne voulait jamais cibler, ne voulait pas cibler

24 les civils, mais il va sans dire que ceci a pu se passer. Je pense aussi

25 que sur le côté droit de la Neretva, dans la partie de la ville sous

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1 autorité HVO, il y avait environ 8.000 Musulmans à cette époque.

2 Question: Une dernière question: est-ce que ce pilonnage a été fréquent et

3 quelle était la fréquence de ce pilonnage de la BiH à Mostar de l'ouest,

4 et où sont tombés ces bombes, ces obus?

5 Réponse: Je ne peux pas facilement répondre à cette question. J'ai passé

6 beaucoup de temps à Rama et Gornji Vakuf, c'était fréquent, des pilonnages

7 fréquents. La ville a été pilonnée assez fréquemment.

8 M. Krsnik (interprétation): Merci, Monsieur Praljak, merci de votre

9 patience et merci d'être venu ici. Voici donc la fin de mon

10 interrogatoire.

11 (Questions supplémentaires au témoin, M. Slobodan Praljak, par Me Seric.)

12 M. Seric (interprétation): Merci, Monsieur le Président, je vais poser

13 trois questions.

14 M. le Président (interprétation): Monsieur Seric, si vous n'avez pas fait

15 un interrogatoire direct, vous n'avez pas le droit de faire un contre-

16 interrogatoire… de ré-interroger ce témoin.

17 M. Seric (interprétation): C'est le début. Pour nous, ce témoin est un

18 témoin commun et Me Krsnik a pris les mots de notre bouche.

19 M. le Président (interprétation): Donc dans ces circonstances je vais vous

20 donner le droit de faire votre interrogatoire. Donc vous pouvez

21 poursuivre.

22 M. Seric (interprétation): Monsieur, on vous avait posé des questions

23 relatives à votre grade dans l'armée croate, le conseil croate de la

24 défense. Une fois que votre service actif a pris fin, avez-vous conservé

25 votre grade en dépit de cette cessation de fonction, et est-ce qu'on

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1 s'adresse à vous en vous disant "Général"?

2 M. Praljak (interprétation): A la fin de la guerre, j'ai pris ma retraite.

3 On peut dire dans le public en parlant de moi "général en retraite", et

4 c'est le seul terme que l'on peut utiliser à mon sujet. Les autres termes

5 utilisés ou l'usage de l'uniforme, l'usage des qualificatifs sont, quant à

6 eux, réglementés par le règlement de l'armée croate au ministère de la

7 Défense de la République de Croatie.

8 Question: Pouvez-vous nous dire s'il y a, dans la stratégie et les

9 tactiques de guerre, des actions de guerre légitimement conduites dans des

10 conditions urbaines?

11 M. Praljak (interprétation): Oui. Il existe des actions militaires qui

12 sont légitimes ou légitimement déployées dans des conditions urbaines. En

13 effet, on estime que, dans des conditions urbaines, les civils qui

14 habitent dans des villes où des combats ont eu lieu dans les rues, sont

15 des civils qui se trouvent dans une zone de combat. Et de ce fait, ces

16 civils sont considérés comme étant responsable du destin qui sera le leur.

17 Par exemple, lorsque le général McArthur a, pendant la Deuxième Guerre

18 mondiale, frappé Manille, il avait déclaré que la ville était une ville

19 ouverte; l'armée avait fait reddition. Et c'est alors que les civils se

20 trouvent protégés par le droit de la guerre. Si les civils se trouvent

21 dans la même région, c'est-à-dire dans les mêmes immeubles ou dans des

22 immeubles à proximité des lieux de combats, il est pratiquement impossible

23 de dissocier les activités de combat des victimes qui pourraient survenir

24 au niveau de la population civile.

25 M. Seric (interprétation): Merci beaucoup. Je n'ai plus de questions à

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1 vous poser.

2 (Questions au témoin, M. Slobodan Praljak, par Mme la Juge Clark.)

3 Mme Clark (interprétation): J'aurais effectivement quelques questions à

4 vous poser, Général Praljak.

5 Si l'on revient au premier jour de l'indépendance de la République croate,

6 vous nous avez parlé de vos études universitaires, vous nous avez parlé

7 également de vos fonctions, dans un service de la télévision croate qui

8 réalisait des documentaires, si je vous ai bien compris. Ensuite vous nous

9 avez expliqué qu'à l'instar de Croates, de tous Croates, tout membre de la

10 société croate ayant des tendances à droite, eh bien, vous avez voulu vous

11 précipiter à courir à la défense de la mère-patrie. Je refais un bref

12 rappel simplement des informations que vous nous avez fournies.

13 Vous nous avez expliqué également que bien que sans formation militaire

14 vous aviez beaucoup lu, vous aviez énormément lu et que vous aviez fini

15 par occuper des fonctions assez élevées dans l'armée croate. Alors à ce

16 stade, l'armée croate était-elle constituée d'un noyau de personnes

17 habituées à exercer des responsabilités élevées, mais sans formation

18 militaire? Mais n'y avait-il pas également un noyau de soldats ayant suivi

19 une formation militaire a proprement parlé et donc venu de la JNA?

20 M. Praljak (interprétation): Je n'étais pas réalisateur pour la

21 télévision, je travaillais pour le théâtre, j'ai réalisé certains

22 documentaires. Il faut replacer les choses dans leur contexte historique.

23 En 1991, la plupart des personnes sur le terrain étaient des volontaires;

24 en 1991, la plupart étaient des volontaires qui n'avaient reçu aucune

25 formation antérieure, formation de niveau officier. Mais, lorsque le

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1 Président Tudjman ayant fait appel à eux, eh bien, de nombreux Croates,

2 des officiers en fait de l'armée de la République de Yougoslavie ont alors

3 quitté l'armée yougoslave; c'était le cas par exemple du général Agotic,

4 du général Stipetic. Et ces hauts officiers, donc, ont assumé toute la

5 responsabilité de la réorganisation de l'armée, ils ont rempli des tâches

6 plutôt administratives de réorganisation plutôt qu'ils se soient occupés

7 de l'organisation de lignes de défense sur le terrain. Ils étaient dans

8 les états-majors, au siège, à l'état-major plutôt.

9 Personnellement j'étais en civil, j'étais simple soldat et je voudrais le

10 répéter à nouveau même si cela prend du temps. J'insiste pour le répéter à

11 nouveau, je l'ai fait parce que j'ai rejoint les rangs combattants parce

12 que je voulais vivre libre. Et je le répète à nouveau encore, s'il fallait

13 voir la guerre se répéter pour pouvoir être un homme libre, eh bien, je

14 n'aurais pas de dilemme et je pense que cela s'applique également au

15 peuple croate.

16 Question: Monsieur Praljak, je voudrais parler des difficultés causées par

17 l'agression serbe et de la République croate elle-même. Nous ne parlons

18 pas de la Bosnie-Herzégovine à ce stade.

19 Je voudrais vous demander: lorsque vous étiez simple soldat, qui vous a

20 permis d'accéder si rapidement au rang de général alors que vous étiez

21 simple soldat au départ?

22 Réponse: Je l'ai déjà dit. Je me suis rendu dans la région de Sisak, et

23 après trois mois environ, en compagnie de M. Medjumorec, réalisateur très

24 connu, ainsi que Sven Lasta qui un acteur très connu également, nous avons

25 répandu une invitation au Président Tudjman. Et il a effectivement

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1 accepté, il nous a demandé d'accepter cette élévation -si l'on peut dire-,

2 cette ascension.

3 Personnellement j'ai dit que je ne souhaitais pas être promu, devenir

4 officier, j'ai dit que je m'en tiendrai plutôt au titre de commandant,

5 mais le Président à cette époque nous a expliqué que l'armée devait se

6 doter de cadres hiérarchiques, il fallait qu'elle se restructure, que cela

7 se faisait chaque jour et il a beaucoup assisté pour que nous acceptions

8 ces responsabilités. Nous n'avions donc plus de raison de refuser cette

9 offre. Et j'ai ainsi assumé mes premières responsabilités d'officier.

10 J'assume également mes responsabilités actuelles.

11 Question: Effectivement une promotion extrêmement spectaculaire et tout à

12 fait inhabituelle. J'aimerais vous demander maintenant pourquoi vous avez

13 parlé de cette période de trois mois, une période courte, vous avez appris

14 l'état de soldats pendant cette période et je voudrais savoir si pendant

15 cette période, vous avez appris, vous avez acquis des notions concernant

16 les Conventions de Genève, le droit de la guerre. Est-ce que c'est quelque

17 chose que vous connaissiez par vos propres lectures compte tenu de votre

18 éducation?

19 Réponse: Je connaissais déjà tout cela. Je connaissais déjà tout cela et

20 je n'ai jamais dérogé à ces textes à Sunja, et même par la suite je n'ai

21 jamais permis que près de moi ou dans une région placée sous ma

22 responsabilité se produise un événement qui puisse représenter une

23 violation ou une infraction à toutes les règles du droit de la guerre.

24 Question: Vous nous avez également expliqué il y a quelques jours -et

25 j'aurais pu d'ailleurs vous poser quelques questions à ce moment-là-, vous

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1 nous avez expliqué comment pendant le début de la guerre, avec les

2 meilleures intentions de commandant, d'officier supérieur comme vous-même,

3 soucieux de prévenir les atrocités, dans la mesure où vous manquiez de

4 structure de police ou de discipline au sein de troupes nouvellement

5 formées, il n'avait pas été possible en 1992 -je pense que vous parlez

6 d'un incident en 1992 qui s'est passé à Mostar lorsque vous avez pris le

7 contrôle d'une installation serbe-, eh bien, vous avez expliqué que dans

8 le contexte ce n'était pas possible de prévenir toutes les atrocités.

9 Ce que je voulais vous demander, Monsieur Praljak: est-ce que l'armée a

10 fait des progrès entre 1992 et 1993? Est-ce qu'elle a pu bénéficier d'une

11 meilleure formation et devenir une armée plus disciplinée, plus consciente

12 de la nature des choses, des règles à respecter?

13 Réponse: En Croatie, la situation est devenue beaucoup plus facile; une

14 partie de l'Etat pouvait fonctionner en tant que tel. En Bosnie-

15 Herzégovine, puisque vous avez changé de sujet, en revanche la situation

16 était beaucoup plus difficile compte tenu des 2.000 kilomètres; nous

17 avions des lignes de front qui s'étendaient sur 2.000 kilomètres.

18 Normalement, il nous aurait fallu 2 millions d'hommes, 2 millions de

19 soldats pour défendre cette ligne de front en temps de guerre. Or la

20 population était de 400.000 habitants.

21 Et concernant la structuration, l'organisation de l'armée du HVO, nous

22 avons réussi effectivement entre avril et l'automne 1992, pendant cette

23 période, nous avons fait des progrès en termes de structure, en termes de

24 discipline et sur bien d'autres plans également. Nous avions encore

25 l'espoir, l'espoir très fort que la guerre se terminerait rapidement. Des

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1 forces internationales étaient arrivées, et la population de ces régions,

2 en particulier les Croates, était convaincue, croyait très vigoureusement

3 que la paix leur serait apportée grâce à l'occident.

4 Lorsque je parle de l'occident, je veux parler de l'intervention politique

5 et militaire de l'occident. Malheureusement vers la fin de l'année 1992,

6 comme je l'ai déjà dit, l'approche musulmane de l'organisation politique

7 de la Bosnie-Herzégovine a été modifiée, et le plan Vance-Owen n'a pu être

8 réalisé et nous avons commencé à connaître des problèmes.

9 Question: Ce que je voudrais vous demander réellement, ce que je cherche à

10 savoir, c'est si, vers le milieu de l'année 1993, je voudrais vous poser

11 la question de savoir si le HVO connaissait les notions de discipline

12 militaire et de respect des règles du droit de la guerre?

13 Réponse: Oui, les troupes connaissaient les ordres, connaissaient les

14 applications du gouvernement, du gouvernement HVO, et de ce point de vue

15 les choses sont parfaitement claires. Mais en 1993, étant donné le grand

16 effort de guerre en cours, la situation s'est gravement détériorée par

17 rapport à 1992.

18 Question: Monsieur Praljak, est-ce que vous êtes en train de nous dire

19 qu'après que le conflit est devenu un conflit entre Croates et Musulmans,

20 la discipline a disparu et la situation a été telle que l'on a pu oublier

21 les règles du droit de la guerre à cette époque, dans ce contexte?

22 Réponse: Oui, oui, Madame la Juge. Un nombre très important de victimes a

23 été enregistré pour une population relativement réduite, relativement

24 limitée entre les expulsés, les victimes. La situation était extrêmement

25 chaotique, était un véritable chaos. Je ne dis pas que l'on peut justifier

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1 le crime par d'autres crimes, mais il est clair que le crime produit,

2 génère le crime et qu'il est extrêmement difficile d'enrayer ce processus,

3 à moins de disposer d'une solution globale au problème. Mais

4 malheureusement ce n'était pas le cas, ce n'était pas le cas jusqu'à

5 Srebrenica et Dayton.

6 Question: Je voudrais changer de sujet Monsieur Praljak, si vous le

7 permettez, et aborder un autre aspect du HVO.

8 Est-ce que je vous ai bien compris lorsque vous avez dit qu'il s'agit

9 d'une organisation qui avait une aile militaire et une aile politique? En

10 d'autres termes, vous étiez le chef d'état-major de l'aile militaire, mais

11 vous étiez néanmoins subordonné à l'aile politique, c'est bien ce que vous

12 avez dit?

13 Réponse: Oui, tout à fait. Oui, Madame la Juge. Il y avait effectivement

14 le premier… la première autorité c'était le ministre de la Défense; M.

15 Mate Boban était subordonné, rendait compte directement au ministre de la

16 Défense.

17 Question: Saviez-vous que M. Mate Boban allait rendre compte du

18 déroulement des événements à Zagreb au Président Tudjman? Est-ce que vous

19 le saviez, Monsieur Praljak?

20 Réponse: J'étais au courant et je le savais. Je savais que M. Boban, mais

21 moi-même également avec tous les autres officiers musulmans, en compagnie

22 avec M. Boban, M. Izetbegovic, croyez-moi nous avons eu des douzaines de

23 réunions au cours desquelles nous réfléchissions à la même chose depuis le

24 début: comment arrêter, comment mettre un terme à cette solution.

25 Malheureusement tout dépendait d'une solution politique qui n'était pas

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1 présente et qui n'était pas proposée. Les parties en présence

2 conservaient, restaient attachées à leur position. Les Serbes également

3 voulaient leur part dans tout cela, et c'est ainsi que tout cela

4 continuait.

5 Question: Monsieur, je voudrais que vous compreniez bien ma question. Je

6 voulais parler précisément de M. Mate Boban, lui-même, et d'autres membres

7 du gouvernement HVO, c'est-à-dire l'aile politique rendait compte très

8 régulièrement à M. Tudjman du déroulement et du progrès de la guerre. Je

9 ne parle pas des négociations, je ne parle pas des négociations, je parle

10 du cours des événements militaires. Est-ce que vous êtes au courant de cet

11 état de chose?

12 Réponse: Non. Non, Madame la Juge, nous n'avons pas envoyé de rapports sur

13 le déroulement et la progression de la guerre parce qu'après tout c'était

14 dans la presse, c'était à la une des journaux. Il n'y avait aucun secret

15 militaire en l'occurrence. Ni les Musulmans ni les Croates de Bosnie ne

16 pouvaient faire quoi que ce soit sans aller en République de Croatie.

17 Que ce soit pour des armes, du pain, de la farine, il n'y avait rien, il

18 n'y avait plus rien et on s'est demandé ce qu'il fallait faire, comment se

19 procurait tout cela. Nous savons que dans une situation de guerre tout est

20 possible, mais il n'y a pas eu des rapports militaires, je ne crois pas.

21 Question: J'aurai beaucoup de questions à poser sur un autre aspect, mais

22 avant cela je voudrais revenir sur une question qui vous a été posée par

23 M. Scott. Votre réponse m'a intéressée. On vous a posé des questions sur

24 les dirigeants du KB en différentes instances, en différentes occasions.

25 Vous avez dit notamment qu'après un événement particulier où vous

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1 partagiez le commandement avec M. Naletilic, qu'à votre connaissance M.

2 Andabak était à la tête du Bataillon du fameux KB, du fameux Bataillon des

3 détenus.

4 Monsieur Scott est revenu par la suite et est resté sur le fait que

5 c'était M. Naletilic qui dirigeait le Bataillon en question, cela figure

6 dans l'Acte d'accusation. Vous avez dit et j'ai pris note de votre réponse

7 qu'à votre connaissance, à votre connaissance telle que vous, d'après ce

8 que vous saviez de la forme de ce Bataillon, le commandant en chef était

9 Andabak. Vous ne saviez pas que M. Naletilic était le commandant de ce

10 groupe dans son aile militaire.

11 Eh bien, je dirais que vous semblez penser que ce Bataillon des détenus

12 comportait un segment militaire et un segment politique également, en tout

13 cas c'est ainsi que j'ai interprété votre réponse. Est-ce que vous

14 pourriez réagir à ce que je viens de vous dire?

15 Réponse: Je peux répondre en toute confiance, Madame la Juge. Ce Bataillon

16 n'avait strictement aucune influence politique, aucune voix au chapitre

17 sur le plan politique. Monsieur Andabak, Mario Hrkac "Cikota", j'ai

18 assisté, j'étais près présent à ses funérailles, car il s'agit d'un soldat

19 absolument remarquable, a exercé également… c'est un commandant

20 extrêmement compétent. Monsieur "Tuta" n'assumait que ce type de fonction,

21 M. "Tuta", lorsque je l'ai évoqué devant lui, a effectivement dit qu'il

22 méritait le respect.

23 Question: La raison pour laquelle M. Scott vous pose cette question et la

24 raison pour laquelle j'y reviens à mon tour, c'est que nous disposons

25 d'une masse de documents montrant que le commandant du KB était M.

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1 Naletilic. Or vous nous dites qu'à votre connaissance, ce que vous savez

2 de ce Bataillon, c'est M. Andabak qui dirigeait ce Bataillon?

3 Réponse: Madame, eh bien, vous savez, vous connaissez sans doute la

4 déclaration de Churchill concernant la fréquence des mensonges en temps de

5 guerre, vous savez que cette guerre s'est accompagnée de très nombreux

6 mensonges sur les événements, sur les personnes. Tout le monde voulait

7 devenir plus grand, plus important, plus puissant. Je dis ce qui me paraît

8 être la vérité et je m'en tiens à cette vérité.

9 Question: Monsieur Praljak, je voudrais vous interroger sur le système de

10 signature des ordres. Il me semble que vous nous avez dit que vous n'avez

11 jamais passé deux nuits dans le même lit pendant la période où vous étiez

12 chef de l'armée en Bosnie-Herzégovine. Est-ce que cela veut dire que vous

13 n'aviez pas de quartier général?

14 Réponse: Nous avions un quartier général pendant cette période, Madame la

15 Juge. Pendant que j'étais commandant, ce quartier général se trouvait à

16 Citluk en Herzégovine près de Medjugorje, mais à cette époque également

17 l'offensive musulmane très intensive était sur le point de commencer. Plus

18 important encore, il était très important pour moi d'être sur le terrain.

19 Les unités se trouvaient confrontées à une situation très difficile; les

20 troupes étaient épuisées et le commandement n'avait rien à voir avec ce

21 que l'on peut trouver dans les armées étrangères.

22 Monsieur Tole est resté un certain temps près de Mostar à Citluk, M.

23 Petkovic, lui-même, se rendait dans les enclaves dans le centre de la

24 Bosnie, et moi-même je suis allé près de Rama et Gornji Vakuf et j'ai

25 passé beaucoup de temps sur le front. J'ai passé plus de temps auprès des

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1 soldats que dans des bureaux ou dans un bon lit.

2 Et c'est un problème qui se pose dans le contexte de nations lorsque nous

3 parlons de commandement militaire, de Bataillon, eh bien, cela n'est pas

4 du tout ce que l'on peut comprendre, il faut bien savoir que rien de ce

5 qui existe dans une armée normale n'existait sur le terrain en Bosnie-

6 Herzégovine. Je devais être sur le front tous les jours, je devais courir

7 d'une position à l'autre pour remonter le moral des troupes. Et nous avons

8 fini par réussir à stopper ce mouvement très très vigoureux, cette

9 offensive très vigoureuse de l'armée de Bosnie-Herzégovine dirigée par

10 leurs responsables, leurs dirigeants.

11 Question: Donc vous avez passé la plupart de votre temps autour de Rama et

12 de Gornji Vakuf. Alors, lorsque vous deviez émettre un ordre, qu'est-ce

13 que vous faisiez? Vous aviez bien un secrétariat, quelqu'un pour taper

14 votre ordre? Comment était diffusé cet ordre également, comment

15 l'existence même de cet ordre était portée à la connaissance de vos

16 soldats?

17 Réponse: Tous les trois, tous les trois, Tole, Petkovic et moi-même, tous

18 les trois avions une totale autonomie de commandement. Je ne sais pas quel

19 commandement ou quel ordre général j'aurais pu signer à cette époque. Ce

20 n'était pas concevable tous les jours. C'étaient des combats très durs et

21 généralement les ordres portent sur des morceaux de territoire très

22 limités, très circonscrits. Souvent l'ordre va se référer à une petite

23 unité, à une petite section, une section de la ligne de front.

24 Je ne vois pas, je ne crois pas que nous pouvions, dans ces conditions,

25 signer un ordre général parce que la situation variait énormément d'une

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1 zone, d'une section à l'autre. Tout ce que nous avions en commun, c'est de

2 savoir que nous nous défendions. Un ordre de cette nature n'aurait eu

3 aucune utilité.

4 Question: Vous avez nié la validité d'un certain nombre d'ordres, vous

5 avez même dit que certains étaient des faux. Ce que je voudrais vous

6 demander, c'est une partie importante de vos explications que vous

7 fournissez à mon intention, à cette Cour: si vous étiez à Gornji Vakuf ou

8 dans une autre ville proche de la ligne de front, et si vous aviez besoin

9 d'émettre un ordre, comment feriez-vous imprimer cet ordre par écrit, et

10 comment cet ordre serait-il diffusé?

11 Réponse: J'aurais pu signer un ordre de cette nature, dans ce cas-là nous

12 aurions l'original et puis ensuite les moyens de la communication par

13 colis, pour diffuser cet ordre auprès d'autres dans le centre de la

14 Bosnie.

15 Question: Vous n'avez pas répondu à la question: est-ce que vous aviez un

16 secrétariat, est-ce que vous aviez un soldat dont la tâche précisément

17 était de s'occuper du document? Et est-ce que ce soldat vous accompagnait,

18 vous accompagnait à tout moment?

19 Réponse: Non, j'ai toujours trouvé, je trouvais toujours quelqu'un -

20 généralement une femme- capable de prendre en note et de dactylographier.

21 C'était tout ce dont j'avais besoin. Vous savez, il y avait des femmes

22 dans notre armée également, dans le service médical, aux cuisines, des

23 cantinières. Je pouvais donc faire appel à l'une d'entre elles, pour lui

24 dicter le message, et ensuite nous utilisions un système de communication

25 pour envoyer l'ordre dans les autres régions.

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1 Question: Permettez-moi deux minutes encore. Deux minutes.

2 (Les Juges se consultent sur le siège.)

3 Le point vers lequel j'essaie de tendre est le suivant: cette armée nous

4 fait penser à l'administration. Normalement, lorsqu'il y a une

5 administration, une bureaucratie, eh bien, on garde une copie de toutes

6 les décisions prises avec archivage de ces documents.

7 Alors, est-ce que vous avez introduit un système, mis en place un système,

8 ou est-ce que vous avez hérité d'un système au sein du HVO concernant la

9 conservation et l'archivage des documents, des rapports ou des ordres?

10 Réponse: Pendant les premiers temps, au début de la guerre en Croatie

11 comme en Bosnie-Herzégovine, pardon en Croatie bosniaque, au sein de

12 l'armée croate dans laquelle j'ai servi, et plus tard dans le HVO, en fait

13 tout dépendait, l'organisation dépendait de l'officier supérieur lui-même.

14 Au début, on faisait très peu de choses par papier. Très peu de choses

15 étaient notées et archivées. Par la suite, même le ministère de la Défense

16 de la République de Croatie a demandé que l'on fasse un effort. Je m'en

17 suis occupé, j'ai commencé à travailler au moyen d'un système de collecte

18 et d'archivage, et des personnes ont été nommées responsables de ces

19 tâches au quartier général. Ensuite, je ne sais pas car ces documents

20 étaient envoyés au ministère de la Défense ou je ne sais pas, dans une

21 section de ce document.

22 Question: Est-ce que vous avez connaissance, est-ce qu'il existait un

23 système dont vous saviez que tous les documents émanant de votre bureau

24 particulier ou de votre commandement seraient conservés, archivés et

25 envoyés au ministère de la Défense? Est-ce qu'il existait un tel système à

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1 votre connaissance?

2 Réponse: Non, Madame la Juge, croyez-moi, je n'ai jamais vraiment… je ne

3 me suis véritablement sérieusement attaqué à ce problème. Je ne le

4 considérais pas comme très important, je n'avais pas le temps ni l'énergie

5 ni les ressources nécessaires même pour me poser la question à l'époque

6 lorsque j'y repense.

7 Question: Si un ordre devait être envoyé dans une zone de conflits

8 éloignée de la vôtre, et d'autres témoins nous expliquaient comment la

9 situation était difficile sur le terrain. Les connexions, les

10 communications étaient extrêmement difficiles, plus le fait que la région

11 est extrêmement, le pays est montagneux.

12 Dans de telles conditions, si vous étiez commandant en chef, comment

13 pourriez-vous transmettre un ordre. Si vous êtes informé par téléphone

14 d'un événement qui est intervenu dans une autre localité et qui implique

15 de votre part une décision, une mesure, eh bien, dans ce contexte, comment

16 transmettriez-vous de telles instructions?

17 Réponse: De façon générale, je dirais que dans une telle situation,

18 j'aurais recours au téléphone, j'aurais une conversation et je

19 communiquerais mes instructions, l'ordre général par ce moyen, par

20 téléphone. De toute façon, généralement, ces instructions répondaient au

21 même but et avaient le même libellé, contenaient les mêmes mots puisqu'il

22 s'agissait de défendre. Vous savez, ensuite, le commandant de chaque

23 unité, après m'avoir parlé par téléphone, eh bien, donnerait à ses hommes

24 les instructions opérationnelles nécessaires: quelle unité, quelle

25 section, etc.

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1 Mais, je le répète encore une fois, Madame la Juge, 80% de ce qui nous est

2 arrivé, aussi bien de bon ou de mauvais, en fait, s'est produit en

3 l'absence de tout ordre ou instruction du commandement. Nous n'avions même

4 pas un embryon d'organisation d'Etat ou d'appareil d'Etat, comme on dit,

5 qui aurait permis l'application d'une décision et la prévention de toute

6 violation ou infraction.

7 C'est la raison pour laquelle un individu peut jouer à ce moment-là un

8 rôle très important. Le respect qu'il peut commander, sa détermination

9 également, sa volonté sont très importants dans ce contexte. Il est

10 difficile. Sans la volonté, il faut les germes d'une organisation, mais il

11 faut un début d'organisation, même si la volonté est présente.

12 Question: Désolée de continuer encore. J'aimerais savoir si vous avez déjà

13 reçu des rapports de la police militaire lorsque vous exerciez le

14 commandement supérieur à propos des préoccupations ou des inquiétudes

15 suscitées par les événements dans la région? Avez-vous reçu des rapports

16 de la police militaire tout court, d'ailleurs?

17 Réponse: Non, Madame, la police militaire ne présentait pas de rapport au

18 quartier général du conseil croate de la défense. Et, si vous me le

19 permettez, j'aimerais répondre de façon plus détaillée à cette question.

20 Lorsqu'au début, déjà, en Croatie encore, il était question de savoir si

21 la police militaire devait être placée sous le commandement de l'armée,

22 comme cela est d'ailleurs habituel dans les autres armées, il est survenu

23 un problème. A savoir que, dans une structure qui n'était pas encore mise

24 en place, il se pouvait que le commandant devienne un dictateur à part

25 entière, à savoir régner sur la police militaire, puis venir dresser des

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1 actes d'accusation et faire appliquer sa propre volonté comme bon lui

2 semblait.

3 Il en a découlé une position qui avait peut-être été plus démocratique et

4 peut-être moins bonne sur le plan organisationnel que d'avoir une police

5 militaire qui n'était pas tenue responsable à l'égard du quartier général

6 et du chef de l'armée, à moins d'être requise par une unité quelconque

7 pour aller sur le champ de bataille. Mais ces unités-là ne pouvaient pas

8 procéder à des modifications, aux changements, révocations du personnel ou

9 évoquer la responsabilité de qui que ce soit, ce qui fait que l'état-major

10 ou le chef de l'état-major n'avait pu avoir quoi que ce soit à dire

11 concernant cette unité.

12 Question: Vous n'avez pas tout à fait répondu à la question que je vous ai

13 posée. Cela avait été la question qui avait été posée par M. Scott,

14 s'agissant d'un incident particulier. Ce que je voulais savoir, c'est si

15 vous aviez reçu des rapports concernant les rapports de la police

16 militaire concernant ce qui se passait sur le terrain, notamment à Mostar?

17 M. Praljak (interprétation): J'avais pu demander que l'on me présente des

18 rapports, mais on ne m'envoyait pas de rapport à titre régulier et ils

19 n'étaient pas non plus tenus de le faire. Ce que je pouvais plutôt faire,

20 c'était passer un coup de fil, demander ce qui se passait, leur dire "mais

21 qu'est-ce que j'entends à ce sujet ou à tel autre sujet?" Donc, c'était

22 peut-être moins un devoir de leur part qu'un droit de la mienne de

23 demander.

24 Mme Clark (interprétation): Merci, Monsieur Praljak. Je crois que les

25 autres Juges ont des questions pour vous. Je crois que nous pouvons rester

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1 un peu plus longtemps.

2 (Questions au témoin, M. Slobodan Praljak, par Mme la Juge Diarra.)

3 Mme Diarra: Merci Monsieur le Président.

4 Monsieur Praljak, moi je souhaite obtenir des explications sur votre

5 situation militaire. En tant qu'officier régulier du HV, donc de l'armée

6 croate, pour vous, quitter vos fonctions et vous rendre en Bosnie au

7 secours des Croates de Bosnie -comme vous l'avez si bien dit, il vous

8 fallait une situation bien déterminée-, étiez-vous en disponibilité? Dans

9 quel cas, vos exploits sur ce front inconnu de votre armée ne compteraient

10 pas? Ou bien avez-vous bénéficié d'un détachement ou d'une mise à

11 disposition, dans quels cas votre armée d'origine suit vos exploits et les

12 escompte pour l'évaluation de vos mérites, et tout cela avec avantage

13 complet? Ou vous aviez une simple autorisation d'absence ou vous étiez en

14 désertion?

15 M. Praljak (interprétation): Madame la Juge, nous pouvons nous imaginer

16 l'existence d'une Yougoslavie sans des ressortissants ou sans qualité de

17 citoyens de Croatie ou de Bosnie-Herzégovine parce que ces Etats

18 n'existeraient pas.

19 Avec l'attaque lancée contre la Croatie dans cette armée croate, il a

20 combattu un grand nombre de personnes originaires de la Bosnie-Herzégovine

21 qui étaient tant Croates que Musulmans.

22 Avec l'attaque de l'armée serbe contre la Bosnie-Herzégovine, je crois que

23 c'était vers la fin du mois de mars, le chef d'état-major de l'époque,

24 s'agissant de l'armée croate, M. le général Tus avait rédigé une lettre

25 circulaire qui disait que tous ceux qui allaient devenir demain

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1 ressortissants de la Bosnie-Herzégovine -mais à l'époque on ne savait pas

2 de quelle entité ils étaient ressortissants- pouvaient partir de l'armée

3 croate et se battre sur le territoire de l'Etat non reconnu encore de

4 Bosnie-Herzégovine et que, pendant ce temps-là, il leur serait rendu

5 possible de faire en sorte que leur famille touche des rémunérations.

6 Il s'agissait donc de prendre soin des familles de ceux qui allaient se

7 battre parce que si l'on ne l'avait pas fait, nous aurions fait quelque

8 chose de très mauvais, parce qu'à l'époque nous ne savions pas encore que

9 ce qu'était la souveraineté de l'Etat.

10 Est-ce que la Croatie avec l'existence de la Bosnie-Herzégovine ou la

11 reconnaissance de la Bosnie-Herzégovine devait procéder à un renvoi des

12 gens de la Bosnie-Herzégovine, les priver de la citoyenneté croate et leur

13 dire de s'adresser à leur propre Etat? Donc cela avait été l'une des

14 raisons, entre les autres raisons que j'avais mentionnées, pour ce qui me

15 concernait quant à ce qui avait motivé ma décision d'aller me battre là-

16 bas.

17 Question: Merci. En avril 1992 à Siroki Brijeg, à Citluk, Ljubuski et

18 Capljina, vous étiez appelé commandant, enfin vous portiez des insignes de

19 commandant mais il arrivait que les gens vous appelaient "général". Je

20 voudrais savoir quel insigne portiez-vous? Insigne du HV ou du HVO?

21 Réponse: Je ne sais pas si je m'étais permis de le faire, mais cela aurait

22 pu se passer. Il se pouvait qu'à un certain moment donné, à un moment

23 donné j'ai pu porter des insignes du HV, mais j'ai toujours porté des

24 insignes du HVO sans grade de général, parce que j'avais toujours à ma

25 disposition deux uniformes. Le plus souvent je portais un uniforme sans

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1 insigne du tout, mais mon problème c'est que je suis assez grand, costaud,

2 et il m'était difficile de trouver un uniforme à ma taille.

3 Et je tiens à dire que je n'avais pas d'insigne de HV, quoiqu'il soit

4 possible que des insignes du HV aient pu rester sur l'uniforme que j'avais

5 réussi à passer sur moi, parce que je n'avais pas d'autres uniformes. Il

6 n'y avait pas de raison technique pour ce qui était de changer cela et de

7 faire autre chose.

8 On m'appelait général parce qu'aux yeux de ces gens-là, cela avait un peu

9 plus d'importance, les gens étaient peut-être plus rassurés et en temps de

10 guerre les gens sont peut-être rassurés de voir que quelqu'un prend soin

11 d'eux. Et quand il est possible de perdre la vie, cela peut ressembler à

12 une sorte de métaphysique de l'expérience humaine nécessairement présente.

13 Question: Cette réponse ne me satisfait pas, mais on va avancer. Vous avez

14 parlé de la libération de la colline de Mostar en mai 1992 avec M.

15 Naletilic.

16 Monsieur Naletilic est intervenu à la libération de la colline de Mostar à

17 quel titre? Et cette libération était par rapport à qui, à quelle force?

18 Réponse: A l'époque, sur les collines au-dessus de Mostar, il y avait le

19 Corps de la JNA qui était commandé par le général Bericic et des Chetniks.

20 Monsieur Naletilic, lui, comme je l'ai exactement décrit auparavant, j'ai

21 également décrit la façon dont il avait pris part à la chose: il était

22 debout à mes côtés et nous avons suivi ensemble le déroulement de l'action

23 qui a déjà été expliquée de façon précise le soir d'avant par les bons

24 soins de M. Andabak et je ne me souviens plus quelle autre personne.

25 Question: Debout à vos côtés: mais à quel titre puisqu'il m'a semblé avoir

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1 compris qu'il n'était pas membre du HVO? N'importe quel citoyen de passage

2 peut vous voir sur le front et allait s'asseoir à vos côtés et participer

3 à la libération d'une colline?

4 Réponse: Madame la Juge, je vous ai dit avec précision qu'il avait

5 bénéficié d'une autorité certaine et que, de ce point de vue-là, il ne

6 saurait être considéré comme étant un citoyen ordinaire. Je ne peux en

7 dire davantage. Il m'avait convié, nous nous étions entretenus, le

8 commandant m'avait expliqué la situation, il m'avait expliqué la façon et

9 les modalités de réalisation de l'action, et il m'avait dit qu'il allait

10 prendre part à cette action de la façon dont il nous l'avait expliqué.

11 Question: D'accord. Donc avec votre grande culture et votre connaissance

12 des lois de la guerre, qu'est-ce que vous avez pu faire pour protéger les

13 civils musulmans contre l'expulsion? Je pense précisément à l'exemple de

14 (expurgée) et je sais qu'à l'époque un grand

15 responsable croate qui a déposé ici sous protection a eu à alerter Mate

16 Boban. Est-ce que vous-même vous avez été au courant de ce fait et qu'est-

17 ce que vous avez pu faire pour sauver la situation?

18 Réponse: Madame la Juge, j'ai fait tout ce qu'un homme est en mesure de

19 faire. Le conseil croate de la défense qui faisait partie de l'aile

20 militaire de l'armée d'un peuple qui se défendait contre une énorme

21 agression, agression de la part des Chetniks d'abord, puis des Musulmans

22 ensuite: 99,99% de mes activités consistaient en la défense des lignes de

23 front, les lignes de la défense.

24 Et tout comme dans une société civile, lorsqu'il y a un meurtre à New York

25 ou à Amsterdam, et quand certaines choses se passent, il est une procédure

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1 de recherche du fautif, du coupable, puis de sanctionnement dudit

2 coupable. Et je ne pense pas que tout maire devrait être interrogé

3 quotidiennement sur ce qu'il aurait fait ou devait faire pour empêcher la

4 perpétration d'un crime qui aurait été commis par exemple la nuit passée

5 dans cette même ville.

6 Mme Diarra: Je vous remercie, j'arrête ici.

7 M. Praljak (interprétation): Je vous remercie également Madame la Juge.

8 M. le Président (interprétation): Avez-vous des questions concernant les

9 questions posées par les Juges? Oui, Maître Krsnik?

10 M. Krsnik (interprétation): Non, non, je n'ai pas de questions, je n'ai

11 pratiquement jamais de questions à poser après les questions des Juges.

12 J'aurais voulu que l'on rédige un peu ou plutôt que l'on expurge le nom

13 qui a été cité tout à l'heure parce que l'on pourrait identifier certains

14 témoins si ce nom restait là. C'est tout ce que je voulais dire. Rien

15 d'autre. Merci.

16 M. le Président (interprétation): Monsieur Scott, vous?

17 M. Scott (interprétation): Non, Monsieur le Président, pas de question.

18 M. le Président (interprétation): Je crois que ces noms seront expurgés du

19 compte rendu.

20 Monsieur le Témoin, nous vous remercions d'être venu à La Haye pour nous

21 aider, nous apprécions hautement l'effort que vous avez investi. Nous vous

22 avons gardé ici assez longtemps et nous tous vous souhaitons un bon voyage

23 retour vers votre ville d'origine. L'huissier vous raccompagnera.

24 M. Praljak (interprétation): Je vous remercie Monsieur le Président,

25 Mesdames les Juges, je remercie M. Scott et je remercie les conseils de la

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1 défense. J'espère ne pas vous avoir fatigués outre mesure. Une fois de

2 plus encore merci.

3 (Le témoin, M. Slobodan Praljak, est reconduit hors du prétoire.)

4 (Questions relatives à la procédure.)

5 M. le Président (interprétation): En ce moment-ci, je voudrais savoir s'il

6 y a des documents que Me Krsnik voudrait verser au dossier. Nous avons

7 plutôt reçu une liste des pièces à conviction de la défense pour versement

8 au travers du témoignage des témoins et ce, du 3 avril 2002. Y a-t-il des

9 documents que vous voudriez ajouter?

10 M. Krsnik (interprétation): Je pense que non, Monsieur le Président. Si

11 vous me permettez, je vérifierai encore, je pourrai vous le dire demain

12 matin, mais je pense d'ores et déja que non, exception faite des documents

13 que nous avons déjà versés.

14 M. le Président (interprétation): Merci. Monsieur Scott? Nous avons aussi

15 reçu vos pièces à conviction au travers du contre-interrogatoire.

16 M. Scott (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

17 M. le Président (interprétation): Je me demande si ce sont là tous les

18 documents que vous avez l'intention de faire verser au dossier? Tous les

19 documents que vous avez l'intention de faire verser au dossier?

20 M. Scott (interprétation): Monsieur le Président, Mesdames les Juges,

21 étant donné que nous avons dû cerner l'envergure de notre contre-

22 interrogatoire, nous avons entendu ce que M. Praljak avait à nous dire et

23 j'ai essayé de me limiter à la liste que nous avions utilisée, mais j'ai

24 remarqué que je n'ai pas ramené une partie des documents après la dernière

25 pause. Je pourrais donc maintenant fournir à la Chambre une liste

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1 partielle, mais je crains que dès mercredi il me faudra compléter. Et, si

2 mes souvenirs sont bons, je ne pense pas pouvoir m'en tenir à l'ordre

3 numérique.

4 M. le Président (interprétation): Eh bien, Monsieur Scott, je voudrais

5 vous suggérer de nous soumettre cette liste demain matin, vous aussi. Ce

6 qui fait que nous saurions quels sont les documents à verser et quels sont

7 les documents à ne pas verser.

8 M. Krsnik (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je vous remercie,

9 nous allons le faire.

10 M. le Président (interprétation): Je suis désolé de constater que nous ne

11 sommes pas en mesure de verser tous ces documents. Il faudrait que nous

12 gardions correctement à l'esprit la liste de tous ces documents. Et ce en

13 raison des problèmes de traduction. Je vais demander donc à la Greffière

14 de prêter attention à la chose et je crois que nous pourrions maintenant

15 avoir des listes de documents que les deux parties voudraient verser au

16 dossier.

17 Y a-t-il d'autres questions?

18 M. Krsnik (interprétation): Oui, je voudrais également demander cette

19 liste émanant du contre-interrogatoire, pour que nous puissions aussi être

20 au courant et procéder aux vérifications nécessaires?

21 M. le Président (interprétation): En effet.

22 M. Krsnik (interprétation): Parce que nous avons confié au service de

23 traduction des documents en octobre et novembre l'an dernier et ce n'est

24 pas au mois de mars que nous l'avons fait. Je tiens à apporter cette

25 précision, s'agissant des documents que nous avons envoyés pour traduction

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1 aux services appropriés.

2 M. le Président (interprétation): Nous avons déjà demandé à la Greffière

3 de se pencher sur le problème.

4 Ceci dit, je tiens à lever la séance maintenant et nous allons reprendre à

5 9 heures demain matin.

6 (L'audience est suspendue à 14 heures 12.)

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