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1 Le vendredi 13 mai 2005
2 [Conférence de mise en état]
3 [Audience publique]
4 [L'accusé est absent]
5 --- L'audience est ouverte à 15 heures 33.
6 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Veuillez citer l'affaire, Madame la
7 Greffière d'audience.
8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Juge. Il s'agit de
9 l'affaire IT-03-70-PT, le Procureur contre Vladimir Lazarevic.
10 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous sommes ici pour tenir une
11 conférence de mise en état conformément à l'Article 65 bis. La présentation
12 des parties s'il vous plaît.
13 M. HANNIS : [interprétation] Merci beaucoup. Je m'appelle Thomas Hannis,
14 assisté Christina Moeller, et notre commis aux audiences, Susan Grogan.
15 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je vous remercie.
16 La Défense s'il vous plaît.
17 M. BAKRAC : [interprétation] Je m'appelle Mihajlo Bakrac. Bonjour, Monsieur
18 le Juge et Monsieur Petrovic. M. Milan Petrovic m'assiste, avocat,
19 également.
20 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci, Monsieur Bakrac.
21 Je suppose que M. Lazarevic n'a pas l'intention de venir assister à cette
22 audience et nous pouvons poursuivre cette audience, c'est exact ?
23 M. BAKRAC : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Juge.
24 Je ne pense pas qu'il arrivera à temps pour cette conférence de mise en
25 état.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Hannis, cette affaire est
2 maintenant une affaire qui implique trois accusés, accusés devant ce
3 Tribunal. Vous avez déposé une requête pour qu'il y ait jonction d'instance
4 dans cette affaire avec celle de M. Milutinovic et consort. Veuillez me
5 rappeler s'il vous plaît si le délai eu égard à tous les accusés est un
6 délai qui a expiré. J'entends par là réponse à fournir à votre requête.
7 M. HANNIS : [interprétation] Monsieur le Juge, il y avait une certaine
8 incertitude de mon côté car deux accusés M. Pavkovic et M. Lukic n'ont pas
9 comparu devant ce Tribunal avant la date à laquelle il fallait déposer une
10 requête. Si la date commence à courir à partir de la comparution initiale,
11 je ne sais pas quelle procédure serait appliquée ici à vrai dire. Il est
12 vrai que le délai a expiré mais je ne m'opposerai pas à ce que les deux
13 accusés, arrivés par la suite, aient une prorogation de ce délai.
14 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Pour ce qui est de cet accusé en
15 question, il n'y a évidemment pas de réponse.
16 M. HANNIS : [interprétation] Oui, pour ce qui est de cet accusé en
17 question, Monsieur le Juge, je crois que M. Bakrac avait déposé une requête
18 aux fins de proroger les délais, ce qui n'a pas été accordé par cette
19 Chambre.
20 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais sans pourtant que cela porte
21 préjudice à tout autre requête qui s'appuierait sur réponse faite à ce
22 moment, et bien sûr, nous n'avons pas eu cette réponse.
23 Par conséquent, il semble réaliste à ce stade de la procédure
24 d'envisager une jonction d'instance dans cette affaire sans pour autant que
25 cela porte préjudice à la décision qui sera rendue ultérieurement. Mais
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1 d'après ce que j'ai compris, et je crois qu'à d'autres occasions vous avez
2 présenté vos arguments, je crois que l'Accusation a indiqué qu'elle
3 souhaitait que le procès commence à la fin de cette année. J'ai bien
4 compris le point de vue de l'Accusation ?
5 M. HANNIS : [interprétation] Je crois que je ne suis pas tout à fait
6 certain. Lorsque nous avons d'abord abordé la question, lorsqu'il
7 s'agissait des accusés -- dans l'affaire Milutinovic, étaient encore en
8 détention. Nous souhaitions en ce moment-là commencer le procès avant la
9 fin de l'année car ceux qui étaient en détention depuis tellement
10 longtemps, nous avons estimé qu'en tout équité à leur égard, il était
11 préférable de commencer le procès assez tôt, et non pas trop tarder.
12 Maintenant que ces personnes ont été remises en liberté, je crois que nous
13 sommes disposés à démarrer le procès plus tard.
14 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je ne vais pas chipoter à propos d'un
15 mois, et je crois qu'une gestion appropriée de cette affaire, si elle est
16 associée à l'affaire Milutinovic, de dire que les accusés ou l'accusé en
17 question ici, ainsi que les autres, que les trois accusés soient entendus
18 ensemble lors des conférences de mise en état par la suite. Mais également,
19 il serait important pour nous d'avoir une date éventuelle de début de
20 procès, sinon, l'administration judiciaire devient quelque chose de très
21 difficile à contrôler et pendant le décor. Aujourd'hui, je pense qu'un
22 procès, c'est en tous cas ma position aujourd'hui, un procès commencera en
23 début de l'année prochaine.
24 Ce qui permettra de donner des indications à ceux qui doivent
25 préparer les calendriers, et préparer toutes les procédures relatives à la
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1 phase préalable au procès. Il me semble tout à fait raisonnable dans ce
2 cas, de rendre la même ordonnance que celle que j'ai rendue dans le cas de
3 l'affaire Lukic sur la déclaration, en tous cas en ce qui concerne la
4 déclaration, la communication de déclaration. Si vous pouvez communiquer
5 les déclarations dans cette affaire-là, à la date du 30 juin, je pense que
6 vous pouvez également communiquer des déclarations de cet accusé à la date
7 du 30 juin.
8 M. HANNIS : [interprétation] Bien sûr, Monsieur le Juge.
9 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Evidemment, ceci est sous réserve de
10 l'approbation de M. Bakrac qui serait disposé à les recevoir à une date qui
11 est quelque peu avancé. J'ai besoin de lui donner l'occasion de nous faire
12 part de ces observations sur ce point.
13 Monsieur Bakrac, eu égard à cet ordonnance qui a été rendu dans le
14 cas de l'affaire de Lukic et la communication conformément à l'Article
15 66(A) (ii), que ceci soit communiqué à la date du 30 juin, avez-vous un
16 commentaire à faire à cet égard ?
17 M. BAKRAC : [interprétation] Non, Monsieur le Juge. Je suis tout à fait
18 d'accord avec ce délai. Ce que je puis dire, c'est que j'ai reçu les
19 déclarations du bureau du Procureur le 31 avril. A savoir que ce sont des
20 déclarations de témoins qui n'ont pas été revues et corrigées. Pour ce que
21 vous avez dit après, je suis tout à fait d'accord avec le délai que vous
22 venez de suggérer.
23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] J'ai une note qui émane du bureau du
24 Procureur, Monsieur Hannis, et qui porte sur la communication des pièces
25 conformément à l'Article 68, et que cette communication sera effectuée en
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1 date du 31 août et se fera par étape. Il me semble que ce délai est un
2 délai assez long. Avez-vous des difficultés particulières ?
3 M. HANNIS : [interprétation] Nous avons surtout des difficultés d'ordre
4 logistique d'après ce que vient de me dire notre commis aux audiences. Dans
5 un monde parfait, nous aurions eu six ou sept séries de documents relatifs
6 à l'Article 68 dans l'ordre d'arrivée de différents accusés, mais ce n'est
7 pas ainsi que les choses se sont passées. Il fallait repartir à zéro et
8 préparer à nouveau toute cette série de documents. C'est la raison pour
9 laquelle nous avons demandé à avoir cette date, c'est la raison pour
10 laquelle nous avons décidé de procéder par étape parce qu'il y a énormément
11 de documents.
12 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je ne pense pas que c'est le fait de
13 procéder par étape qui pose problème, c'est la date ultime qui pose
14 problème. Je souhaite entendre M. Bakrac sur ce point.
15 Maître Bakrac, avez-vous des commentaires à faire à cet égard, à savoir que
16 l'Accusation a jusqu'au 30 août pour terminer la communication de toutes
17 les pièces à décharge ou des pièces constituant éventuellement des éléments
18 à décharge ?
19 M. BAKRAC : [interprétation] Monsieur le Juge, cela ne fait aucun doute que
20 le bureau du Procureur doit faire face à un certain nombre de difficultés
21 techniques qui les empêche de nous communiquer ces éléments à une date
22 antérieure. Dans ce cas, je suis tout à fait disposé à accepter que la
23 communication des pièces conformément à l'Article 68 se fasse dans ces
24 délais-là.
25 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je suis tout à fait disposé à faire
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1 droit à cette requête compte tenu également de l'intervalle de temps qui
2 s'écoulera avant le début du procès. Je pense devoir être très clair ici.
3 Mon attitude par rapport à la question de la communication des pièces, il
4 s'agit là de quelque chose qui relève plus particulièrement de l'Article
5 68, le Procureur a l'obligation d'identifier les documents pertinents. Il
6 ne s'agit pas simplement de lancer à la Défense la clé de cet entrepôt dans
7 lequel se trouve tous les documents ou même tous les documents qui se
8 trouvent dans cet entrepôt et de les laisser se débrouiller avec cela.
9 J'espère que le temps qu'ils auront sera du temps qui leur permettront de
10 filtrer ces éléments et de comprendre quels sont les documents qui
11 constituent une connaissance particulière et qui sont particulièrement
12 importants pour l'Accusation, à savoir, documents qui pourraient porter sur
13 l'innocence ou les circonstances atténuantes de culpabilité de l'accusé ou
14 avoir une incidence sur la crédibilité des moyens de preuve présentés par
15 l'Accusation. Peut-être que ceci permettrait de diminuer d'autant le
16 travail en question. Je ne sais vraiment pas ce qu'il en est, mais je
17 considère qu'il s'agit là de mon devoir à ce moment, où cet article est
18 invoqué, de mener à bien vos recherches concernant tous ces documents et de
19 vous permettre d'identifier parmi ces documents ceux qui correspondent
20 exactement à l'Article 68(i).
21 M. HANNIS : [interprétation] Je comprends bien ce que vous dites, et je
22 suis tout à fait d'accord avec vous. J'ai été, en quelque sorte, limité par
23 cette affaire et la manière dont cette affaire s'est déroulée. Moi-même, il
24 est vrai que je travaille à cette affaire plutôt tardivement. La
25 communication des pièces conformément à l'Article 68 a été faite, et les
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1 originaux numéro 3 ont été fournis. S'il s'agit de remettre des documents
2 conformes à l'Article 68, documents réduits à ce nouvel accusé et reposer
3 les questions, je comprends fort bien ce que vous êtes en train de dire.
4 Une fois que nous aurons entre les mains le mémoire préalable au procès
5 rédigé par la Défense et savoir ce que la Défense souhaite faire, à ce
6 moment-là, nous pourrons plus précisément identifier les documents qui sont
7 visés par l'Article 68.
8 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Une autre possibilité s'offre à vous,
9 Monsieur Hannis. Il s'agit peut-être de limiter le temps que vous aurez
10 pour communiquer tout ceci après le 31 août. C'est quelque chose qui me
11 préoccupe. Si vous remettez une pléthore de documents sans pour autant
12 fournir des éléments d'information à la Défense, cela ne serait pas
13 surprenant qu'ils auront, eux, besoin de beaucoup de temps pour consulter
14 tout cela. Je vous donne, par conséquent, jusqu'à la date du 31 août. Je
15 pense que vous allez essayer de réduire pour beaucoup cette quantité de
16 documents et écarter ce qui est peu pertinent ou peu important en la
17 matière.
18 M. HANNIS : [interprétation] Nous allons essayer de nous conformer à vos
19 instructions, Monsieur le Juge.
20 [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]
21 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Hannis, pour ce qui est de la
22 communication des documents d'experts, c'est quelque chose qui a été
23 soulevé et mentionné dans cette note. Est-ce que les experts dans ce cas
24 sont différents des experts cités dans l'affaire Milutinovic ?
25 M. HANNIS : [interprétation] Non, Monsieur le Juge.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Par conséquent, certaines difficultés
2 verront le jour lorsqu'il s'agira d'entendre les experts dans l'affaire
3 Milutinovic un peu plus tard, mais cela ne pose pas de problèmes
4 aujourd'hui pour ce qui est de la majorité des experts, en tout cas, pour
5 ce qui est de la communication de ces rapports.
6 M. HANNIS : [interprétation] Bien sûr.
7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Donc, pourquoi faut-il attendre le 31
8 août ?
9 M. HANNIS : [interprétation] Je vais me retourner vers ma commis aux
10 audiences.
11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien.
12 [Le conseil de l'Accusation se concerte]
13 M. HANNIS : [interprétation] Monsieur le Juge, nous pourrions avancer la
14 date jusqu'à la fin du mois de juillet, avant les vacances judiciaires. Le
15 seul problème qui se pose, c'est de pouvoir répondre à toutes les autres
16 exigences. Nous avons également la question qui concerne celle de l'expert
17 militaire qui n'a pas encore été évoquée.
18 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je crois que nous pouvons, à ce
19 moment-là, séparer ou le traiter à part, ainsi que l'expert en droit
20 constitutionnel peut être traité à part si vous avez besoin de l'entendre
21 dans cette affaire, en tout cas, l'objet qui nous concerne aujourd'hui. A
22 ce moment-là, nous pourrions rendre une ordonnance par écrit, et je
23 pourrais vous donner ma position en ce qui concerne l'autre affaire. Mais
24 il me semble qu'il n'y a aucune raison pour retarder la communication des
25 autres rapports d'expert au-delà de la date qui est celle fixée pour les
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1 déclarations de témoin, à savoir, le 30 juin. En quoi ceci est-il difficile
2 pour vous ?
3 M. HANNIS : [interprétation] C'est simplement que nous avons une charge de
4 travail assez lourde, et cela ne fait qu'alourdir cette charge de travail
5 pour l'ensemble du personnel.
6 M. HANNIS : [interprétation] Merci.
7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] A l'exception des rapports de l'expert
8 militaire et de l'expert en droit constitutionnel donc.
9 Maître Bakrac, pour ce qui est de cette obligation de communiquer en toute
10 équité et rapidement ces documents, je souhaite encourager la Défense à
11 communiquer ces témoignages d'experts au début de la procédure. Je
12 comprends fort bien quelles sont les limites de mes pouvoirs telles
13 qu'elles sont inscrites dans le Règlement de procédure et de preuve, mais
14 il est vrai que ce qui a tendance à retarder le commencement d'un procès,
15 c'est la communication tardive des pièces. J'espère que la Défense fournira
16 ces rapports d'experts, et que nous n'aurons pas besoin ou que l'Accusation
17 n'aura pas besoin de mener d'autres enquêtes là-dessus. Je souhaite attirer
18 votre attention là-dessus. Si vous recevez tous ces documents tôt, en
19 particulier les rapports d'experts, j'espère que vous en tiendrez informée
20 l'Accusation, vous identifierez tous les éléments qui vous intéressent,
21 vous identifierez vos experts le plus tôt possible et vous communiquerez
22 les rapports dès que possible dans des délais raisonnables. Puis-je
23 m'attendre à cela de votre part ?
24 M. BAKRAC : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge, nous ferons de notre
25 mieux pour fournir tout ceci le plus rapidement possible. Je souhaite dire
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1 que tous les documents seront communiqués dans les délais que vous avez
2 proposés. La Défense doit évidemment examiner et étudier tous ces documents
3 pour pouvoir préparer nos témoins et nos moyens de preuve. Nous ferons de
4 notre mieux pour nous en tenir à des délais le plus court possible, et de
5 terminer tout ceci le plus rapidement possible.
6 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nul doute que
7 l'Article 92 bis et l'Article 89(F) seront très importants dans le cas
8 présent. Je crois qu'il est prématuré d'en parler au jour d'aujourd'hui,
9 dans les détails, en tout cas. Il y aura sans nul doute une autre
10 Conférence de mise en état qui se tiendra avant les vacances judiciaires.
11 Je crois qu'il serait approprié, à ce moment-là, d'avoir un débat sur les
12 déclarations qui sont visées par ces deux articles. Je voulais simplement
13 parler de l'Article 89(F). Au sein de ce Tribunal, nous utilisons de plus
14 en plus cet article aux fins de permettre à un témoin de témoigner viva
15 voce. Pour ce qui est de l'interrogatoire principal, prendre en compte une
16 déclaration par écrit permet d'accélérer d'autant la procédure. La personne
17 qui interroge le témoin peut, à ce moment-là, se concentrer sur les points
18 importants, et fournir des éléments de preuve supplémentaires, permettre
19 ainsi au contre-interrogatoire pour autant que ce soit pertinent d'être
20 fait. J'encourage l'utilisation de ceci eu égard aux témoins qui seront, de
21 toute évidence, contre-interrogés. Bien sûr, je vous encouragerais
22 fortement à appliquer l'Article 92 bis dans le cas où le contre-
23 interrogatoire ne s'avérera pas nécessaire. Bien évidemment, cela ne
24 signifie pas qu'il ne faut pas contre-interroger les témoins visés à
25 l'Article 92 bis, mais je pense qu'il s'agit d'une distinction importante
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1 qu'il faut garder à l'esprit.
2 Dans la même veine, les faits admis en vertu d'un jugement antérieur et les
3 faits admis doivent être pris en compte. Dans cette affaire-ci, ceux-ci
4 seront peut-être moins importants, mais dans d'autres affaires devant le
5 Tribunal. Il est important de faire référence aux faits admis en vertu de
6 jugement antérieur. La question qui se pose est véritablement celle des
7 faits admis, des points d'accord. Encore une fois, il est trop tôt pour
8 avoir un débat sur la question. Encore une fois, je souhaite que ma
9 position soit bien claire et mon attitude également par rapport à ces
10 questions-là. Il me semble que le système ici est conçu pour permettre à
11 l'accusé d'interroger le témoin, et il incombera à l'Accusation
12 d'identifier les domaines à propos desquels il sera possible de trouver un
13 accord et de remettre à la Défense une liste de ces éventuels points
14 d'accord.
15 Je ne suis pas avec un accord qui ne porterait que sur les questions
16 soulevées par l'acte d'accusation, plus particulièrement sur les questions
17 qui relèvent de la période de l'acte d'accusation en question. En réalité,
18 il est même souvent très difficile de reconnaître quelle est cette période
19 citée dans l'acte d'accusation. Par conséquent, il devrait être impossible
20 d'inclure un accord sur les faits et les faits matériels qui semblent être
21 périphériques pour autant que l'on puisse reconnaître qu'ils ont une
22 certaine pertinence, et qu'il s'agit là de points sur lesquels il est
23 possible de tomber d'accord. Lorsque nous arriverons à ce stade, encore une
24 fois, nous aurons une autre Conférence de mise en état. J'espère, en tout
25 cas, que l'Accusation pourra prendre les devants en la matière.
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1 Monsieur Hannis, une dernière observation dont je souhaite vous faire part.
2 Je sais que vous envisagez certaines mesures eu égard à l'acte d'accusation
3 lorsque vous allez préparer, comme je vous l'ai demandé, une autre version
4 de l'acte d'accusation qui envisagerait la jonction d'instances de ces deux
5 affaires. La question se posera lors d'une Conférence de mise en état
6 ultérieure, mais a une incidence sur cette affaire-ci, je crois, puisque je
7 suis actuellement confronté à la question de la contestation de l'acte
8 d'accusation dans la présente affaire. Qu'avez-vous l'intention de faire eu
9 égard à l'acte d'accusation, et quel type de réponse allez-vous fournir à
10 la requête que je vous ai soumise ?
11 M. HANNIS : [interprétation] Monsieur le Président, ce que j'envisage,
12 c'est de réexaminer tous les éléments de preuve de l'acte d'accusation
13 actuel, prendre en compte les différentes questions qui sont issues de
14 l'affaire Milosevic et d'autres questions concernant le Kosovo. Je pensais
15 à la possibilité d'avoir un procès où il y aurait six ou sept accusés
16 plutôt que les trois simplement. Je sais que cela posera peut-être quelques
17 questions d'ordre logistique et de voir comment nous pourrons peut-être
18 rationaliser tout cela. Peut-être qu'il s'agira d'exclure certains
19 événements ou de limiter un certain nombre d'incidents à la lumière de
20 nouveaux éléments de preuve. Je ne sais pas, peut-être que nous devrions
21 avoir six ou sept incidents plutôt que de citer tous les incidents, par
22 exemple. Je ne suis pas en mesure, aujourd'hui, de vous dire cela, si c'est
23 effectivement la voie que nous allons emprunter. C'est, en tout cas, ce que
24 nous envisageons pour l'instant.
25 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] C'est une des meilleures choses que
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1 j'ai entendues depuis fort longtemps. Ceci étant dit, je n'oublie pas le
2 calendrier auquel vous pensez.
3 M. HANNIS : [interprétation] J'en suis conscient, Monsieur le Président, et
4 j'essaie de vous persuader de m'octroyer ce temps supplémentaire, parce que
5 si ce temps est bien utilisé par notre bureau, et nous verrons ce que nous
6 sommes à même de faire, je pense que cela nous permettra de gagner du temps
7 en fin d'affaire.
8 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Donc, ces modifications ou ces mesures
9 de rationalisation n'ont rien à voir avec la contestation qui a été
10 soulevée par M. Lazarevic, cela a trait à votre examen des éléments de
11 preuve dans cette affaire.
12 M. HANNIS : [interprétation] Oui.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Est-ce que les deux actes d'accusation
14 sont exactement identiques ?
15 M. HANNIS : [interprétation] Oui, ils le sont.
16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Dans ce cas d'espèce, -peut-être que
17 ce sera pertinent pour l'autre.
18 De toute façon, que vous nous fournissiez votre version surlignée en
19 rouge ou non, il me semble que cela est différent d'une jonction
20 d'instances. Cc'est une question différente de la jonction d'instances. La
21 Chambre de première instance devra étudier cela de façon séparée, et je ne
22 pense pas que nous devions forcément attendre que l'autre soit terminé. Je
23 souhaiterais gérer cela et faire en sorte que la Chambre de première
24 instance puisse régler cette question aussi rapidement que possible.
25 M. HANNIS : [interprétation] Nous avions en fait déposé une requête qui
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1 était en suspens au cas ou l'acte d'accusation aurait été différent. Mais
2 ceci étant dit, nous avons déposé notre réponse face à la contestation.
3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Votre réponse ne reconnaît pas qu'il y
4 a certaines faiblesses. Vous m'assurez que les deux sont tout à fait
5 identiques, je ne vois pas pourquoi il faudrait insister pour avoir cette
6 version surlignée en rouge. De toute façon, vous n'avez pas de plan
7 immédiat pour modifier cela compte tenu de la contestation. Il vous
8 appartient de gérer ces mesures de rationalisation, et j'aimerais réitérer
9 cela, et je le réitère justement, en pensant à l'affaire Milutinovic --
10 plus vous attendez pour faire des propositions, à moins qu'il ne s'agit
11 tout simplement de propositions de retrait ou de propositions de
12 modification de l'acte d'accusation, mais plus vous attendez, plus il vous
13 sera difficile de persuader la Chambre de première instance d'accepter. Par
14 ailleurs, je suppose que c'est enfoncer une porte ouverte que de dire que
15 si vous la modifiez, vous serez à même de mieux la gérer et la cibler.
16 M. HANNIS : [interprétation] Je comprends. Merci.
17 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Bakrac, voilà les questions que
18 nous devions aborder aujourd'hui. J'aimerais savoir s'il y a d'autres
19 éléments que vous souhaiteriez soulever.
20 M. BAKRAC : [interprétation] Non, Monsieur le Président.
21 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je vous remercie.
22 [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]
23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] J'envisage de convoquer la prochaine
24 Conférence de mise en état le 19 juillet. Il s'agit de la semaine qui
25 précédera les vacances judiciaires, et c'est un mardi. J'envisage de faire
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1 en sorte que tous les accusés qui sont mentionnés dans le même acte
2 d'accusation que M. Lazarevic de venir. Bien entendu, s'il y a une raison
3 pour modifier cette date, cela sera fait. Mais à moins que vous ne soyez
4 prévenus du contraire, ce sera la date de la prochaine Conférence de mise
5 en état pour cette affaire.
6 Avez-vous d'autres questions à soulever, Monsieur Hannis ?
7 M. HANNIS : [interprétation] Nous avons abordé la possibilité d'envisager
8 une date pour le procès, alors je ne sais pas si la Chambre de première
9 instance souhaite s'enquérir auprès du conseil de la Défense pour savoir
10 quel est leur point de vue à propos d'une date de procès. Il se peut qu'il
11 faille prendre cela en considération dans le cadre de la requête relative à
12 la jonction d'instances.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Bakrac, vous avez entendu
14 l'observation de M. Hannis. Compte tenu de ce que j'ai indiqué, à savoir
15 qu'il se pourrait qu'il y ait une affaire qui commencerait au début de
16 l'année prochaine, j'aimerais savoir si vous souhaitez intervenir en la
17 matière.
18 M. BAKRAC : [interprétation] Monsieur le Juge, l'affaire Lazarevic ne
19 concerne pas seulement l'accusé Lazarevic, comme vous le savez. Avant qu'il
20 n'y ait de jonction d'instances, je pense que nous devons prendre en
21 considération, à la fois Lukic et Pavkovic, qui sont arrivés au Tribunal
22 après M. Lazarevic, et nous devons tenir compte du fait qu'il leur faudra
23 un certain temps pour préparer leur défense, dans un premier temps.
24 Deuxièmement, il faut également savoir que la Défense ne sait toujours pas
25 combien de documents seront transmis par le bureau du Procureur, ce qui
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1 fait que nous ne sommes pas en mesure de vous dire du temps qu'il nous sera
2 nécessaire pour préparer ces documents. Je ne souhaiterais surtout pas me
3 livrer à des spéculations, mais en tant que conseil de la Défense pour
4 M. Lazarevic, je peux vous dire que l'équipe de la Défense déploiera des
5 efforts pour se préparer aussi rapidement que possible et pour pouvoir être
6 prête aussi rapidement que possible pour le procès. Merci.
7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Bakrac.
8 Je souhaiterais maintenant lever cette audience. Je vous remercie,
9 Messieurs, de votre aide.
10 --- La Conférence de mise en état est levée à 16 heures 10.
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