Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 26 janvier 2009

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 00.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bonjour à tous que vous soyez dans la

  6   salle d'audience ou à l'extérieur. Mme la Greffière, pouvez-vous citer

  7   l'affaire.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Nous

  9   sommes dans l'affaire du Procureur contre Perisic IT-04-81-T.

 10   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup. Pouvons-nous avoir les

 11   présentations pour la journée.

 12   M. THOMAS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour à

 13   tous. Mark Harmon, Barney Thomas, Rafael La Cruz et Carmela Javier pour

 14   l'Accusation.

 15   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pour la Défense.

 16   M. GUY-SMITH : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour à

 17   tous. Nous avons Milos Androvic, Tina Drolec, Chad Mair, Daniela Tasic et

 18   Gregor Guy-Smith pour la Défense.

 19   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur Guy-Smith.

 20   Pouvons-nous commencer par une audience à huis clos partiel pour commencer.

 21   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

 22   [Audience à huis clos partiel]

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 18   [Audience publique]

 19   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] La Chambre vous remercie beaucoup.

 20   Monsieur Thomas.

 21   M. THOMAS : [interprétation] L'Accusation souhaite citer à la barre le Dr

 22   Charles Kirudja.

 23   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

 24   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 25   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bonjour, Monsieur Kirudja.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

 27   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pouvez-vous prêter serment.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

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  1   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  2   LE TÉMOIN : CHARLES KIRUDJA [Assermenté]

  3   [Le témoin répond par l'interprète]

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Prenez place.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous allez bien ce matin,

  7   Monsieur Kirudja ? Tout va bien pour vous ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, autant que faire se peut. Merci beaucoup.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Thomas.

 10   Interrogatoire principal par M. Thomas : 

 11   Q.  [interprétation] Pouvez-vous pour commencer nous donner votre nom et

 12   votre date de naissance ?

 13   R.  Je m'appelle Charles Kirudja. Je suis né au Kenya le 20 avril 1946.

 14   Q.  Quelle est votre profession actuelle ?

 15   R.  Je suis retraité des Nations Unies.

 16   Q.  Pouvez-vous nous dire très rapidement quel était votre passé au moment

 17   avant d'avoir été impliqué dans l'ancienne Yougoslavie ?

 18   R.  Avant d'être désigné pour Belgrade en avril 1992, j'avais travaillé

 19   sous plusieurs titres et capacités aux Nations Unies, j'avais commencé en

 20   effet pour les Nations Unies en 1977.

 21   Les fonctions que j'avais assumées comprenaient, entre autres, sept années

 22   qui furent consacrées à travailler sur le terrain, la coopération

 23   internationale et des activités d'influence de par le monde entier et pour

 24   le département des Nations Unies; un département qui s'y consacrait. Nous

 25   étions chargés de suivre les conséquences politiques, économiques et

 26   sociales des décisions.

 27   Par la suite j'ai été transféré de ces départements-là au département des

 28   finances pour lequel j'ai continué à travailler jusqu'en 1984, environ. Par

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  1   la suite --

  2   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je pensais que vous aviez passé sept

  3   ans dans le département dans lequel vous aviez commencé en 1977.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, de 1977 à 1984, c'est ce que je viens de

  5   dire.

  6   Non, en 1984, je vais vous expliquer ce que j'ai fait en 1984. A ce

  7   moment-là, j'ai commencé à travailler auprès du contrôleur financier et

  8   quatre années plus tard, on m'a envoyé dans un département qui avait été

  9   créé en 1988, suite au retrait de l'ancienne Union soviétique de

 10   l'Afghanistan. Les Nations Unies avaient été chargées de s'occuper de la

 11   crise humanitaire qui sévissait en Afghanistan. La personne responsable de

 12   l'effort qui devait être déployé était feu le prince Sadruddin Aga Khan.

 13   Celui-ci était en effet responsable de l'organisation de tous ces efforts,

 14   il était basé à Genève. J'ai été désigné administrateur d'un fonds dans

 15   lequel la communauté internationale avait versé toutes les contributions

 16   humanitaires et les liquidités pour pouvoir appuyer ses efforts.

 17   J'étais basé à Genève et me déplaçais en Afghanistan, en Union

 18   soviétique, en Iran et au Pakistan parce que les efforts que nous devions

 19   faire couvraient tous ces territoires.

 20   C'est en 1989 que je suis reparti aux Nations Unies. C'est à partir

 21   de ce moment-là que travaillant pour les finances, je me suis plutôt occupé

 22   des activités de maintien de la paix plutôt que des affaires générales de

 23   finances au Nations Unies.

 24   C'est en 1992 que j'ai été dépêché à Belgrade.

 25   M. THOMAS : [interprétation]

 26   Q.  Avant de nous parler de votre détachement dans l'ancienne Yougoslavie,

 27   pouvez-vous nous dire quelle est votre formation et quels sont vos titres

 28   universitaires ?

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  1   R.  En 1972, j'ai obtenu un bac en commerce à l'Université de Nairobi avec

  2   comme spécialisation le monde des affaires, la recherche opérationnelle et

  3   la gestion des sciences. Par la suite, grâce à une bourse du ministère des

  4   Affaires étrangères canadien, je me suis retrouvé au Canada, c'était en

  5   1972, à l'Université de York. J'ai pu sur place suivre une formation de

  6   master en gestion des affaires, un "MBA". Par la suite, j'ai été envoyé à

  7   l'Université de l'Ontario occidental où j'ai fait un doctorat, cette fois

  8   en gestion. C'est un doctorat que j'ai fait à partir de 1977. C'est à

  9   l'issue de ce doctorat que les Nations Unies m'ont engagé alors que j'étais

 10   encore au Canada, en Ontario.

 11   Q.  Pour passer maintenant à la période que vous avez passée aux Balkans,

 12   quel a été votre premier poste ?

 13   R.  Je suis arrivé à Belgrade, c'est là qu'était le siège de la mission. On

 14   m'a envoyé en mission de reconnaissance sur le terrain, en autobus, vers

 15   Osijek, ensuite jusqu'à Erdut, où se situait le secteur est. Ensuite

 16   d'Erdut, on m'a invité à me rendre à Daruvar, il y avait le secteur

 17   occidental, et c'est à ce moment-là que j'ai reçu une télécopie m'informant

 18   du fait que j'étais censé me rendre dans le secteur nord, à Topusko, et que

 19   j'y assumerais les fonctions de responsable des affaires civiles.

 20   Q.  Avant de continuer, Docteur, nous venons de citer plusieurs zones que

 21   j'aimerais bien pouvoir visualiser.

 22   M. THOMAS : [interprétation] Puis-je inviter à ce que l'on affiche une

 23   carte à l'écran en référence 09234. C'est le numéro 1 dans le jeu de

 24   documents.

 25   Q.  Monsieur le Témoin, est-ce que cette carte présente un des territoires

 26   de l'ancienne Yougoslavie ?

 27   R.  Oui, je reconnais cette carte.

 28   M. THOMAS : [interprétation] Peut-on verser cette carte comme élément de

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  1   preuve et lui donner une cote, une carte en blanc.

  2   M. LE JUGE MOLOTO : [aucune interprétation]

  3   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Une carte blanche versée au dossier

  4   sous référence P469.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

  6   M. THOMAS : [interprétation]

  7   Q.  Avant de poursuivre, puis-je vous demander de me situer sur cette carte

  8   les secteurs dont vous venez de nous parler; vous avez parlé du secteur

  9   nord, secteur est, secteur ouest. Pouvez-vous nous expliquer ce que sont

 10   ces secteurs, non pas au niveau géographique, mais pourquoi portaient-ils

 11   cette dénomination ?

 12   R.  La mission que le Conseil de sécurité avait autorisée dans cette région

 13   de l'ancienne Yougoslavie se fondait sur un accord qui par la suite a porté

 14   le nom du plan Vance. Il s'agissait d'un accord qui avait été conclu entre

 15   Belgrade et Zagreb. C'était ce qui constituait le fondement de cette

 16   mission de sécurité.

 17   Or, ce plan avait déterminé les zones de conflit dans ce qui était à

 18   l'époque l'ancienne République de Yougoslavie, qui aujourd'hui s'appelle la

 19   Croatie et ces zones, telles que désignées dans ce plan Vance,

 20   constituaient en quelque sorte des municipalités appelées opstina et qui

 21   s'étendaient sur toute la Croatie. Et pour des raisons administratives,

 22   lorsque les Nations Unies avaient commencé à déterminer dans un premier

 23   temps le secteur est, et puis le secteur ouest et le secteur nord, qui

 24   étaient respectivement dans les zones est, ouest et nord de Slavonie, qui

 25   avaient chaque fois plusieurs municipalités opstina; puis il y avait aussi

 26   le secteur sud qui lui, rassemblait ce qui restait d'opstina non attribués.

 27   C'est ce qui par la suite fut dénommé la zone de Krajina.

 28   Q.  Je vais demander à l'Huissier de vous donner un feutre électronique.

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  1   Puis-je vous demander ces zones et de les identifier à l'écran ?

  2   R.  Vous savez, mes yeux sont vieux et c'est une carte très concentrée,

  3   très petite. Les caractères sont très petits, il me sera difficile. Par

  4   contre, si vous pouviez me représenter une carte agrandie où je pourrais

  5   voir le nom de ces opstina, il me serait peut-être possible de délimiter

  6   les zones que vous me demandez de délimiter.

  7   Q.  Est-ce que vous pensez que cela vous aiderait si nous pouvions agrandir

  8   cette carte telle que présentée à l'écran ?

  9   R.  Oui, ce serait fort utile. Peut-on encore agrandir ? Je n'arrive

 10   toujours pas à lire les noms.

 11   M. THOMAS : [interprétation] Pourrions-nous peut-être afficher le document

 12   65 ter 09246, numéro 7 du jeu de documents qui vous a été remis.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je commence à voir les limites du secteur

 14   nord. Monsieur le Président, si vous regardez le même écran que celui que

 15   je regarde à l'instant, peut-être voyez-vous le tracé de mon feutre, il y a

 16   une prolongation de l'opstina que l'on dénomme Kostanica vers l'ouest.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je ne vois pas ce trait à l'écran.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui mais moi je ne sais pas ce que vous

 19   regardez. Toutes mes excuses, Monsieur le Président.

 20   L'opstina de Kostanica appartenait au secteur nord, part de l'ouest, on

 21   prend Petrinja qui était aussi dans le secteur nord, et puis on descend et

 22   on arrive à l'opstina qui était aussi dans le secteur nord, seuil de Dvor

 23   na Uni. Et puis vers l'ouest, nous avions également Glina qui appartenait

 24   également au secteur nord. Et puis de Glina on remonte, mais on part vers

 25   la gauche et on a à ce moment-là l'opstina de Vrgin Most. Peut-être pouvez-

 26   vous lire cela sur la carte. Et alors on continue vers l'ouest. Peut-on

 27   descendre la vue. Là, le long de la frontière sud-ouest, on arrive à Slunj

 28   qui est aussi dans le secteur nord et de toutes ces opstina qui

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  1   constituaient le secteur nord. Ensuite Vojnic et puis encore vers le sud,

  2   la frontière du secteur nord, qui pouvait terminer autour de Korenica. Ça

  3   c'est grosso modo ce qui constituait le secteur nord.

  4   Il y a au nord de cette frontière des rivières que l'on peut identifier au

  5   nord et à l'ouest. Normalement il y en a une à l'ouest également. J'ai

  6   oublié le nom, je crois que c'était Korana. Voilà grosso modo les limites

  7   de ce secteur nord, et c'était la zone où nous étions donc situés. Sachant

  8   que mon bureau se trouvait à Topusko.

  9   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Témoin. Pouvons-nous

 10   reprendre la carte blanche que j'avais présentée comme élément de preuve,

 11   en versant celle-ci comme élément de preuve également.

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [aucune interprétation]

 13   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Celle-ci portera la cote 470.

 14   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

 15   M. THOMAS : [interprétation]

 16   Q.  Quelle était votre position, Monsieur le Témoin, quand vous avez été

 17   détaché pour la première fois au secteur nord ?

 18   R.  A l'époque, je portais le nom de responsable en chef des affaires

 19   civile. Par la suite, ce titre a été amendé et j'ai été dénommé le

 20   coordonnateur des affaires civiles.

 21   Q.  Combien de temps avez-vous conservé cette position ?

 22   R.  Je pense de 1992 à 1994.

 23   Q.  Et pendant toute cette période, quelle a été votre zone de

 24   responsabilité, le secteur nord ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Et vous étiez physiquement détaché sur place dans le secteur nord

 27   pendant toute cette période ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Quels étaient vos fonctions et votre devoir ?

  2   R.  Mes fonctions consistaient à garantir que les conditions décrites dans

  3   le Plan Vance, comme étant confirmées par le Conseil de sécurité, comme

  4   étant la mission principale et sa fonction principale, que ce qui était

  5   écrit dans le Plan Vance soit mis en œuvre intégralement et entièrement.

  6   Aussi, avec le commandant militaire j'étais responsable de la mise en

  7   application de ce mandat, mandat militaire, dans la mesure où dans les

  8   prescriptions reprises dans ce plan, il était prévu une démobilisation

  9   entière, et un démantèlement complet du matériel militaire mais aussi du

 10   personnel militaire. Afin de s'assurer également que tout le personnel

 11   militaire se retrouve sans activité, en quelque sorte, la seule exception

 12   telle que prévue au Plan Vance était les forces de police, puisque la seule

 13   autorité qui devait subsister dans ce secteur c'était les civils qui

 14   devaient gérer l'opstina avec le maire, et la police. La police devait en

 15   effet être réintégrée et refléter les communautés qui occupaient le terrain

 16   avant, et les forces de police ne pouvaient porter que des armes légères,

 17   telles que prescrites à l'époque.

 18   Ensuite, normalement toutes les armes devaient être gardées sous scellées

 19   dans un local à double clé en quelque sorte, et c'était aux Nations Unies

 20   de contrôler ces armes conjointement, avec l'autorité locale. D'après le

 21   mandat, il était prévu que nous serions responsables de la mise en place du

 22   retour des populations déplacées de ces régions, dans des conditions de

 23   sécurité. Et c'est dans ce sens-là que dans notre mission nous avions

 24   également un contingent de police des Nations Unies avec lequel nous

 25   travaillions afin de garantir que les conditions d'un retour de ces

 26   populations déplacées sur le terrain soient satisfaisantes.

 27   Et nous avons également dû faire appel à une aide humanitaire

 28   destinée à tous ceux qui avaient été frappés pendant la guerre et après la

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  1   guerre. Voilà dans les grandes lignes quelles étaient les responsabilités

  2   du coordonnateur des affaires civiles sachant que les autres

  3   responsabilités incombaient au commandant militaire puisque celui-ci était

  4   responsable de la mise en œuvre du volet militaire de cette mission.

  5   Q.  Par conséquent, d'après les responsabilités qui étaient les vôtres,

  6   est-ce que vous deviez traiter directement avec les dirigeants militaires

  7   des forces en question ?

  8   R.  Oui. En réalité, il s'agissait surtout d'une entreprise à caractère

  9   militaire parce que lorsque nous sommes arrivés dans le secteur, les

 10   combattants et les personnes qui se battaient se trouvaient encore dans les

 11   tranchées. Ils s'étaient cachés, il y avait encore des personnes qui

 12   étaient armées qui se trouvaient le long des lignes de confrontation. La

 13   plupart des habitations avaient été détruites, et les personnes s'étaient

 14   déjà enfuies de la région. Donc la seule chose ou la seule activité sur

 15   place était une activité à caractère militaire.

 16   Donc notre devoir consistait à faire appel aux deux camps de part et

 17   d'autre de la ligne de confrontation de Sisak, Karlovac, Ogulin à Rijeka,

 18   et nous devions aller identifier les commandants militaires du côté serbe

 19   et du côté croate. Et au fil du temps au mois de mars environ, il y avait

 20   la frontière avec la Bosnie qui délimitait le secteur nord. Donc pendant

 21   toute cette période jusqu'au mois de juin, juillet, notre rôle était un

 22   rôle à caractère tout à fait militaire dans ce secteur nord, ainsi que mon

 23   rôle personnel parce qu'il fallait réaliser notre objectif, à savoir faire

 24   en sorte que les parties soient démobilisées.

 25   Q.  Vous avez parlé des deux signataires au plan Vance Owen. Vous avez

 26   indiqué qu'il s'agissait de Zagreb et Belgrade. Quelles étaient ces forces

 27   militaires qui étaient engagées dans ce conflit ?

 28   R.  Vous vous souviendrez certainement qu'à l'origine il y avait un seul et

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  1   même pays qui s'appelait la Yougoslavie, et lorsque ce conflit a évolué à

  2   la manière dont il a évolué, à ce moment-là le plan Vance Owen s'est avéré

  3   nécessaire, et il y a eu une armée qui s'appelait la JNA.

  4   La JNA était une armée nationale. La JNA s'est déployée dans les

  5   régions qui sont devenues des zones protégées des Nations Unies, le secteur

  6   nord et le secteur sud, et on formait un seul et même commandement, et ce

  7   commandement militaire était basé à Bihac. Et ce commandement militaire

  8   était le 10e Corps, me semble-t-il. Et le 10e Corps était basé à Bihac,

  9   c'est là que se trouvait le commandement, et à ce moment-là, Spiro Nikolic.

 10   Donc nos premiers engagements, lorsque nous étions sur le terrain, nous

 11   étions en contact avec lui lorsqu'il s'agissait d'établir quelle était la

 12   structure de commandement, et comment l'armée était déployée dans le

 13   secteur nord.

 14   Nous avons appris que le 10e Corps avait divisé le secteur nord en

 15   deux commandements régionaux, un commandement était connu sous le nom de

 16   Banja, et à ce moment-là ceci se trouvait à Petrinja, et il y avait le

 17   commandement qui s'appelait Kordun et qui était basé à l'époque de notre

 18   arrivée quelque part près de Topusko, dans la zone boisée près de Topusko,

 19   c'est là qu'il y avait leur commandement, et un petit peu à Vojnic, mais

 20   c'était surtout connu sous le nom de Kordun.

 21   Et une partie du secteur nord également était gérée par le

 22   commandement de Lika, ce qui comprenait tout Slunj et Plaski, une autre

 23   municipalité que j'ai citée un peu plus tôt. Donc il fallait, c'était

 24   important pour nous de savoir qui commandait ce secteur, et ensuite à cause

 25   du fait que le Conseil de sécurité avait établi le mandat de la FORPRONU à

 26   l'époque, le secteur nord je veux dire, il y avait le long de la ligne de

 27   confrontation du côté croate, il y avait également l'armée. Donc il nous

 28   fallait savoir qui commandait du côté croate. C'est ce que nous avons fait

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  1   de Sisak jusqu'à Karlovac, ensuite jusqu'à ce que j'ai appelé le côté

  2   d'Ogulin jusqu'à Rijeka, il y avait un commandement militaire. Donc nous

  3   avons reconnu tous ces commandements.

  4   Du côté croate, ils étaient beaucoup plus organisés puisqu'ils

  5   étaient signataires avec Belgrade, et ils avaient été reconnus comme pays

  6   indépendant. Donc ils étaient beaucoup plus organisés lorsque nous sommes

  7   arrivés, et étaient disposés à être en contact avec la FORPRONU. Ils

  8   avaient donc un commandant à Karlovac, mais à l'époque l'ensemble de

  9   l'organisation avait été placé sous un seul et même dirigeant civil avec

 10   lequel nous avons eu des échanges et qui entrait en présence du commandant

 11   militaire dans la pièce de toutes nos réunions, c'était le premier ministre

 12   Ramljak.

 13   Q.  Donc pour revenir au commandement de la JNA pendant quelques instants,

 14   est-ce que vous avez croisé le colonel Cedomir Bulat ?

 15   R.  Oui. Cedomir était commandant de l'aile du 10e Corps dans le secteur

 16   nord.

 17   Q.  Est-ce qu'il s'est trouvé là pendant toute la durée de votre séjour

 18   dans le secteur nord ?

 19   R.  Oui, c'était le commandant qui a servi le plus longtemps dans l'armée à

 20   partir du moment où je suis arrivé jusqu'au moment où le secteur a été

 21   repris par les forces croates. Et donc c'est celui qui est resté le plus

 22   longtemps à ce poste.

 23   Q.  Une fois que vous aviez identifié les personnes qui devaient être vos

 24   interlocuteurs au sein des différentes structures de commandant au sein des

 25   armées, est-ce qu'à ce moment-là vous avez demandé à chaque camp d'être en

 26   contact avec vous selon ce qui vous avait été demandé de faire ?

 27   R.  Ecoutez, nous avons essayé, parce que les conditions étaient très

 28   difficiles, et je pense que nous avons réalisé peut-être pas tout, mais en

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  1   tout cas beaucoup.

  2   Q.  Et la JNA est restée combien de temps dans le secteur nord ?

  3   R.  Spiro Nikovic a eu pour tâche de démobiliser l'ensemble de ce

  4   commandement. Et il nous a demandé à nous, à partir du moment où nous

  5   sommes arrivés, moi je suis arrivé là au mois d'avril, jusqu'à une certaine

  6   date du mois de mai, je ne me souviens pas de la date exacte, lorsque nous

  7   étions parvenus à un accord, du côté croate et du côté serbe, à savoir que

  8   les parties belligérantes allaient retirer leurs forces à une distance

  9   prédéfinie de la ligne de confrontation.

 10   Et les Serbes, à l'intérieur des zones protégées des Nations Unies, avaient

 11   reçu un ordre à caractère général à cet effet; tout commandant qui n'était

 12   pas né et n'était pas originaire de cette région, et qui servait au sein de

 13   la JNA, devait être rappelé de son commandement, et quitter ce que l'on

 14   avait commencé à appeler les forces de la Défense territoriale, commandées

 15   plus ou moins de la même façon, c'est-à-dire selon la même organisation,

 16   mais qui était sous le contrôle des personnes qui étaient natives ou

 17   originaires de cette région, y compris Cedo Bulat, qui était originaire de

 18   cette région. Je ne sais pas s'il y était né. mais je connaissais sa maison

 19   et sa famille, je savais où cela se trouvait. Mais pour ce qui est du

 20   commandement de Banja, le général qui était là à l'époque, il devait partir

 21   parce qu'il venait du Monténégro. Et il a été remplacé par plusieurs

 22   commandants, le colonel Tabak [phon] a été le plus long à occuper ce poste

 23   à Banja. Il y a eu toute une série de commandants qui l'ont remplacé par la

 24   suite. Et cette situation-là, je veux parler de Spiro Nikovic, ceci a mis

 25   un terme à sa position à cet endroit-là parce que c'était un Monténégrin,

 26   il n'a pas pu terminer les négociations à propos de la démobilisation,

 27   négociations qui avaient eues lieu avec nous. Il nous a appelés un soir

 28   lorsque nous nous sommes rencontrés dans son bureau à Bihac, et il nous a

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  1   annoncé de façon assez soudaine qu'on l'avait rappelé, et qu'il devait

  2   passer le commandement à quelqu'un d'autre.

  3   Q.  Hormis vos tractations avec les autorités militaires pour mener à bien

  4   votre mandat, vous a-t-on demandé de rencontrer les autorités politiques du

  5   secteur nord ?

  6   R.  Oui. Nous avons dû le faire, c'était nécessaire parce que nous avions

  7   cette exigence du plan Vance-Owen, à savoir le territoire qui revenait aux

  8   autorités civiles, à savoir les maires et la police. Donc je devais me

  9   rendre dans chaque capitale de chaque municipalité et savoir qui était

 10   responsable, non seulement au niveau de la police mais au niveau militaire.

 11   Q.  Dans vos échanges avec l'armée ou les autorités politiques, est-ce

 12   qu'il vous est arrivé d'entendre parler de cette idée affichée de Grande-

 13   Serbie ?

 14   R.  Rappelez-vous que la situation à l'époque était telle qu'il y avait

 15   encore des hostilités entre les différentes communautés, et donc la

 16   première question qu'il faut se poser c'est si leur cause est juste ou non

 17   lorsqu'ils se battent. Lorsqu'on leur pose la question : Pourquoi vous

 18   battez-vous entre vous ? On entendait sans cesse la même chose. On ne peut

 19   plus vivre ensemble et chacun doit aller de son côté. Et si vous posez la

 20   question : Qui sommes-nous dans un pays, qui avant cela, était un pays

 21   parfaitement homogène, on comprend très bien quel que soit notre

 22   interlocuteur, que ce soient les Serbes ou les Croates. Et que si vous

 23   allez vers le sud et que vous arrivez à la frontière avec la Bosnie, là où

 24   il y a les Musulmans, cela dépendait de votre interlocuteur. Tout un chacun

 25   disait : Nous les Croates, nous les Serbes, nous les Musulmans nous ne

 26   souhaitons -- on entendait ce genre de discours que plus tard lorsqu'on a

 27   commencé à dire qu'on ne pouvait plus vivre ensemble. Cela venait surtout

 28   du côté croate et également du côté serbe.

Page 2806

  1   Q.  Les autorités militaires, les autorités politiques ?

  2   R.  En général, ils ne faisaient que très peu de discours, ils n'avaient

  3   pas l'habitude d'en faire. C'était surtout les autorités civiles qui nous

  4   fournissaient des explications.

  5   Q.  Les autorités politiques avec lesquelles vous aviez des échanges, est-

  6   ce que ces autorités politiques étaient toutes basées dans le secteur nord

  7   ?

  8   R.  Non, il est vrai qu'à Bihac, il y avait le plus clair de l'armée, il y

  9   avait en Bosnie, Bosanski, Krupa, Velika Kladusa, Bihac; c'étaient surtout

 10   ces gens-là avec lesquels nous étions en contact.

 11   Q.  La façon dont les autorités politiques avaient énoncé cette idée de

 12   Grande-Serbie ?

 13   M. GUY-SMITH : [interprétation] Là je soulève une objection parce que vous

 14   qualifiez la déposition de ce témoin.

 15   M. THOMAS : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, je peux

 16   reformuler ma question parce que ceci paraphrase ce que le docteur dit

 17   aujourd'hui, je conçois que ceci puisse poser problème.

 18   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui. D'après ce que le docteur a dit :

 19   Il a dit nous, les Croates; nous, les Serbes et beaucoup plus tard; nous,

 20   les Musulmans.

 21   M. THOMAS : [interprétation] Bien, Monsieur.

 22   Q.  Monsieur, vous avez -- je parle simplement des Serbes maintenant, vous

 23   avez parlé de la façon dont eux parlaient de leur incapacité à vivre en

 24   cohabitation, en quelque sorte, avec les autres groupes ethniques dans le

 25   secteur nord. Etait-ce un thème récurrent pendant la durée de votre séjour

 26   dans le secteur nord, en tout cas du côté serbe ?

 27   R.  Oui, et je souhaite préciser. Lorsque je veux parler du côté militaire,

 28   on ne disait pas cela. Cela ne signifiait pas pour autant que ceci n'était

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  1   pas exprimé d'une manière différente. C'était exprimé d'une manière

  2   différente. Par exemple, si je demandais à l'armée pourquoi les hommes se

  3   battaient, dans une de mes déclarations écrites, j'ai fait le récit de

  4   Spiro Nikovic lorsqu'il nous a expliqué pourquoi il se battait, pourquoi il

  5   a cessé, où il s'est arrêté.

  6   J'ai évoqué le secteur nord, j'ai dit que ceci s'arrête au niveau des

  7   opstina de Vrgin Most et Petrinja. C'est là que s'arrêtaient les lignes de

  8   confrontation au niveau des rivières, Mreznica, Kupa, et Korana du côté

  9   ouest en descendant en direction de Slunj. Il a dit : J'aurais pu prendre

 10   Zagreb, j'aurais pu prendre Karlovac; mais nous n'avons pas dû le faire

 11   parce que ces villes-là étaient majoritairement des villes croates, donc

 12   pourquoi en prendre le contrôle ? Donc nous avions besoin d'une région

 13   naturelle qui était majoritairement serbe, et cela se trouvait dans ces

 14   municipalités-là.

 15   Il expliquait pourquoi lorsqu'on demandait du côté croate pourquoi se

 16   battaient-ils, il répondait : La plupart de ces régions, à 80 % sont

 17   peuplées par les Serbes, donc nous devons prendre le contrôle

 18   majoritairement peuplé par des Serbes. Donc ce n'était pas très différent,

 19   le concept restait sensiblement le même lorsque les civils disaient qu'ils

 20   ne pouvaient plus vivre ensemble.

 21   Q.  En ce qui était votre rôle dans le secteur nord, vous a-t-on jamais

 22   demandé de contacter les autorités de la RSFY ?

 23   R.  Non pas lorsque j'étais dans le secteur nord. Plus tard on m'a demandé

 24   d'entrer en contact avec les autorités RFY lorsque j'ai été détaché à

 25   Belgrade.

 26   Q.  Vous avez évoqué les soldats qui sont restés, les soldats de la JNA qui

 27   sont restés, ceux qui sont nés sur le territoire en question et qui ont

 28   constitué les forces de Défense territoriale, pour défendre quoi ?

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  1   R.  Ils savaient fort bien que le plan Vance-Owen ne faisait aucune

  2   distinction lorsque ce plan précisait qu'il fallait que les armes soient

  3   déposées dans des dépôts ou zones de stockage contrôlés et surveillés par

  4   les Nations Unies, et entreposées donc.

  5   Néanmoins, il a expliqué, Spiro Nikovic, lorsque nous étions en train de

  6   négocier, il a indiqué qu'il y avait encore un risque, un risque pour notre

  7   peuple si nous nous retirions du territoire. La Défense territoriale, à ce

  8   moment-là, n'aura pas suffisamment d'armes pour se défendre, et ces armes-

  9   là comprenaient les armes lourdes comme des pièces d'artillerie, des

 10   véhicules blindés, des chars, tout sauf une force de frappe aérienne. Les

 11   armes qui permettaient de se battre sur un territoire, ces armes-là

 12   devaient être retirées.

 13   Je me souviens, le général Spiro a été très honnête lors de ses échanges

 14   avec nous et nous fournissait une explication pour ce qu'il faisait. A un

 15   moment, il nous a dit : Rappelez-vous, puisque nous ne savions pas ce qui

 16   était en train de se dérouler semaine après semaine, au mois de mai, il

 17   nous a indiqué qu'une nouvelle réalité venait de voir le jour en ex-

 18   Yougoslavie. Autrement dit, l'ex-Yougoslavie va être démantelée et va être

 19   divisée en six républiques. Il a commencé à citer ces six républiques. Les

 20   voici : la Serbie et le Monténégro, une Yougoslavie tronquée, et c'est ce

 21   qui leur restait, la Croatie, la Slovénie, la Macédoine, la Republika

 22   Srpska et la République serbe de Krajina, la RSK. Donc ce qu'il appelait la

 23   Yougoslavie restante, ce sont ces nouvelles républiques à l'exception de la

 24   Republika Srpska et de la RSK ce qui, d'après lui, devaient constituer deux

 25   républiques indépendantes. Et ceci explique pourquoi il avait insisté pour

 26   qu'on laisse certaines armes pour que son peuple puisse se défendre.

 27   Q.  Lorsque la JNA s'est effectivement retirée, est-ce que la JNA a laissé

 28   les armes sur place ?

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  1   R.  Oui, tout à fait, ces armes sont restées sur place. Nous les avons

  2   rassemblées et nous les avons entreposées dans des dépôts.

  3   Q.  A quel moment avez-vous quitté le secteur nord ?

  4   R.  A la fin de l'année 1994.

  5   Q.  Et où vous êtes-vous rendu à ce moment-là ?

  6   R.  J'ai été nommé chef d'état-major pour la partie civile de ma mission à

  7   Zagreb.

  8   Q.  Combien de temps êtes-vous resté à ce poste ?

  9   R.  Un court laps de temps. Parce qu'après cela, on m'a demandé de faire

 10   partie de la délégation composée des représentants du secteur général à

 11   Belgrade.

 12   Q.  Vous avez accepté ce poste ?

 13   R.  Tout à fait.

 14   Q.  Quand avez-vous rempli ce poste ?

 15   R.  Bien, j'ai oublié beaucoup de choses à propos de cette période-là.

 16   Q.  Et si je vous parle du mois d'août 1994, est-ce que cela vous paraît

 17   juste ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Tout d'abord, M. Akashi était le représentant spécial -- c'est le

 20   premier représentant ?

 21   R.  Non, il était le second. Le premier était Stoltenberg.

 22   Q.  En tant que délégué, vous deviez rendre des comptes à qui ?

 23   R.  A lui.

 24   Q.  Akashi ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Quelles étaient vos responsabilités, qu'est-ce que vous étiez censé

 27   faire en tant que délégué du représentant spécial à Belgrade ?

 28   R.  Il y a beaucoup de choses qui ont changé en août 1994 au niveau des

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  1   zones protégées des Nations Unies. Les signataires et les personnes

  2   derrière toutes ces évolutions étaient toujours les autorités de Belgrade

  3   et de Zagreb.

  4   La tournure qu'ont pris les événements dans les différents secteurs faisait

  5   encore l'objet de négociations en quelque sorte, si vous voulez. Il y avait

  6   un groupe de contact à différents pays qui faisait partie de ce groupe, qui

  7   aidait les parties ainsi que les Nations Unies. Il y avait un forum élargi

  8   à Genève, la Conférence internationale sur l'ex-Yougoslavie, qui suivait ce

  9   qui se passait dans les différents secteurs ainsi que la zone plus élargie

 10   de la Bosnie-Herzégovine. Le secrétaire général des Nations Unies

 11   participait à tout cela et le représentant spécial auprès du secrétaire

 12   général devait demander aux autorités de Belgrade et de Zagreb de

 13   participer. A Belgrade, cela relevait de ma responsabilité. Je devais

 14   organiser, être là et entrer en contact avec les autorités en son nom.

 15   Il y avait également une résolution portant sur l'interdiction de

 16   survoler la Yougoslavie, qui est la Résolution du Conseil de sécurité 761,

 17   qui nous obligeait à surveiller ceci et faire en sorte que ceci soit

 18   appliqué, et vérifier ceci auprès des autorités.

 19   Et pour finir, il y avait la question de la péninsule de Prevlaka, qui est

 20   tombée aux mains de ce qui était connu sous le nom de la République de

 21   Monténégro, c'est ce qui restait de la Yougoslavie. Mon rôle, ma

 22   responsabilité, à ce moment-là, consistait à demander aux dirigeants, à la

 23   fois à Belgrade, à l'époque, le président Milosevic, et le président du

 24   Monténégro, à l'époque, le président Bulatovic.

 25   Q.  Monsieur, vous avez évoqué plusieurs groupes ou organisations que je

 26   vais peut-être vous demander d'expliquer davantage. Le premier est le

 27   groupe de contact et le plan du groupe de contact. Pourriez-vous nous

 28   décrire ces derniers brièvement, s'il vous plaît ?

Page 2812

  1   R.  Il se passait beaucoup de choses à ce moment-là dans les secteurs, mais

  2   à l'époque que nous abordons maintenant, le mois d'août 1994, une idée

  3   avait fait son chemin, et l'idée était que Belgrade et Zagreb souhaitaient

  4   avancer à petits pas pour essayer de trouver une solution au conflit dans

  5   certaines parties de la Croatie où il y avait encore des combats, et pour

  6   que les autorités de ces secteurs aient quelque chose comme une semi-

  7   autonomie au sein de la Croatie. Donc il s'agissait de négocier cela et

  8   d'arriver à ce résultat, il s'agissait de négocier une autonomie pour les

  9   Serbes qui vivaient dans ces régions-là. Le groupe de contact, qui était

 10   composé des pays les plus influents comme, par exemple, l'Allemagne que

 11   j'ai déjà cité. Je cite l'Allemagne parce qu'il a dirigé le Groupe de

 12   contact. Il y avait l'ambassadeur d'Allemagne, il y avait les Etats-Unis,

 13   il y avait la Russie. Et j'ai oublié quels étaient tous les autres partis

 14   qui faisaient partie de ce Groupe de contact, ils étaient au nombre de six.

 15   Et c'est ce vers quoi tendait le Groupe de contact, et il souhaitait le

 16   négocier ce résultat-là, à savoir l'autonomie.

 17   Q.  Et au plan géographique, quelle était la marge de manœuvre du Groupe de

 18   contact ?

 19   R.  Puisque ceci n'est jamais arrivé, mais ils avaient pour rôle -- bon,

 20   ceci a été négocié, débattu, cette notion, ce concept. La question

 21   d'autonomie, étant donné que ceci n'est jamais arrivé, il est difficile de

 22   vous répondre concrètement. Quelles que soient les solutions proposées, de

 23   toute façon la partie adverse s'y opposait. Donc ceci n'est pas arrivé. Et

 24   ce qui est arrivé, c'est qu'il n'y a pas eu d'autonomie. Et lorsque

 25   l'autonomie et les discussions sur la question de l'autonomie, lorsque

 26   celles-ci ont échoué, à ce moment-là la Croatie, comme vous le savez, a

 27   décidé de prendre le contrôle de ces secteurs.

 28   Q.  Et donc si la JNA s'était retirée de la Croatie laissant ainsi la

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  1   défense ou les forces de la Défense territoriale serbe sur place dans ces

  2   régions contestées, alors pourquoi fallait-il contacter les autorités de la

  3   RFY par le biais de ce Groupe de contact ?

  4   R.  Les Serbes qui avaient pris le contrôle des secteurs nord, sud, est, et

  5   ouest, n'ont en réalité pas suivi le plan Vance-Owen. Ils ont commencé des

  6   activités visant à réaliser leurs objectifs qui étaient de s'emparer de la

  7   RSKA, de la République de la Krajina serbe. C'est un territoire qui

  8   appartenait à la Croatie et qui avait toujours appartenu à la Croatie, et

  9   ce dernier voulait obtenir le control de cette région, de ce secteur.

 10   Afin que nous puissions faire face aux événements qui se sont

 11   déroulés dans cette région, dans ce secteur, nous devions faire face à ce

 12   que disait la Croatie, à savoir qu'ils ont insisté pour dire que c'était

 13   leur territoire et nous ne pouvions pas donner l'aval à la République de la

 14   RSK, à savoir qu'il s'agissait d'une semi-autonomie ou de leur donner une

 15   autonomie complète. Alors à ce moment-là nous devions prendre -- enfin nous

 16   devions nous engager.

 17   Et les Serbes qui avaient commencé à contrôler l'intérieur de ces

 18   secteurs, la question était celle de savoir si ces derniers le faisaient

 19   tout seul sans que personne ne leur vienne en aide puisque ceci avait

 20   commencé à être une Yougoslavie intégrée; donc ils étaient placés sous le

 21   contrôle de Belgrade, à plusieurs niveaux en passant par les soldats. Ces

 22   soldats qui d'abord appartenaient à la JNA et qui ensuite avaient changé de

 23   noms et avaient obtenu le soutien de tout type, y compris l'argent. Enfin,

 24   la question était de savoir si l'argent s'arrêtait avec Belgrade ou pas.

 25   Il y avait aussi les lignes de communication. Lorsqu'ils avaient leur

 26   communication, lorsqu'ils communiquaient, d'où originaient [phon] ces

 27   lignes de communication. Ensuite l'argent, d'où provenait-il ? Donc il y

 28   avait un cordon ombilical avec Belgrade. Tout ce qui se passait dans ces

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  1   secteurs, donc pour tous les événements qui se sont déroulés sur les

  2   secteurs en question, Belgrade avait joué toujours un rôle principal.

  3   Q.  Et lorsque vous vous étiez adressé à Belgrade pour ces questions, est-

  4   ce qu'ils étaient prêts à répondre ?

  5   R.  Très clairement, tout comme Zagreb, ils avaient leur propre politique

  6   sur ce qu'ils voulaient obtenir. Et donc ils ont commencé à digresser d'une

  7   certaine façon des objectifs principaux et de laisser les soldats de la RSK

  8   là.

  9   Et Milosevic à l'époque avait conclu un accord, à savoir que tout ce

 10   qui devait se passer dans ces régions devait être réglé par des

 11   négociations pacifiques, et non pas par des moyens militaires.

 12   Mais les événements bien sûr n'étaient pas toujours -- il n'était pas

 13   toujours possible de les contrôler par les deux côtés. La réalité était la

 14   suivante : lorsqu'il y avait des événements qui se passaient autour de Pale

 15   concernant la Republika Srpska -- enfin les deux réalités avaient beaucoup

 16   de points communs et avaient des politiques diverses mais aussi communes.

 17   Et en fin de compte, ils ont réalisé une déviation d'une certaine façon

 18   puisque le processus de négociations n'a jamais porté de fruit, même si les

 19   gens de Belgrade voulaient que ces négociations portent fruit.

 20   Q.  Monsieur, juste avant de passer à autre chose, je crois que nous nous

 21   sommes écartés quelque peu de ce dont nous parlions il y a quelques

 22   instants. J'aimerais que vous nous parliez de la ICFY, la Conférence

 23   internationale pour l'ex-Yougoslavie. Pourriez-vous nous parler de ceci,

 24   pourriez-vous nous expliquer -- d'abord je ne sais pas, je ne sais pas si

 25   j'ai le sigle, si j'ai bien prononcé, si j'ai le bon sigle. Et

 26   deuxièmement, qui étaient les membres de ce groupe et quels étaient leurs

 27   objectifs ?

 28   R.  Très brièvement, c'était une antenne. D'une part, ils étaient co-

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  1   dirigés par les Nations Unies d'une certaine façon et par l'Union

  2   européenne d'autre part. Les co-présidents qui se trouvaient à la tête de

  3   cette organisation, c'était Lord Owen qui était chargé de représenter

  4   l'Union européenne, et Stoltenberg qui représentait les Nations Unies. Et

  5   il y avait également une reconnaissance, à savoir qu'il y avait bien sûr

  6   des questions qui impliquaient l'ensemble de l'ex-Yougoslavie, et qui

  7   n'étaient pas localisées; par exemple dans les secteurs en Bosnie, dans

  8   certains secteurs en Bosnie ou juste en Croatie, et en Serbie. Il y avait

  9   donc des questions qui étaient beaucoup plus larges. Le forum, il visait à

 10   essayer de couvrir d'une façon permanente toutes les solutions qui étaient

 11   recherchées en Bosnie-Herzégovine, et en Croatie.

 12   Et c'est ainsi que sur le terrain ils ont participé à des activités

 13   avec nous, ils étaient engagés sur le terrain avec nous, et j'ai rencontré

 14   sur le terrain Lord Owen qui était venu à plusieurs reprises sur le terrain

 15   afin de s'informer de ce qui se passait sur le terrain. Et Cyrus Vance lui-

 16   même est venu aussi, mais il représentait le Groupe de contact et était la

 17   personne qui était à l'origine de ce plan Vance-Owen, c'était le concepteur

 18   de ce plan et il faisait partie de ce groupe à l'origine.

 19   Mais il représentait aussi une implication au sens plus élargi de son

 20   propre pays concernant ce processus, et ceci bien sûr le plaçait au cœur

 21   des événements concernant la ICFY. Donc le groupe qui faisait partie du

 22   ICFY appuyait les négociations qui provenaient du terrain en tant que

 23   valides, plus particulièrement le résultat du Groupe de contact avec lequel

 24   nous nous étions entretenus. A un certain moment donné, on nous a dit que

 25   nous allions -- nous étions très près d'obtenir un accord sur l'autonomie

 26   et les Serbes qui étaient dirigés par Martic à l'époque, donc entre eux et

 27   entre le gouvernement croate.

 28   Et la plupart de ces négociations n'étaient même pas en ex-Yougoslavie, ne

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  1   se déroulaient pas sur le territoire de l'ex-Yougoslavie. Nous demandions

  2   des délégations, des représentants qui représentaient les Serbes et les

  3   Croates et nous nous rencontrions à Genève où un très grand nombre de

  4   rencontres ont eu lieu avec ces groupes, et c'est à Genève que se trouvait

  5   le quartier général du ICFY et à Viennes aussi à certains moments. Donc

  6   c'était le processus général concernant des solutions que nous essayions de

  7   trouver, des solutions qui se trouvaient sur le terrain et qui se faisaient

  8   sentir un peu partout en ex-Yougoslavie.

  9   Q.  De façon générale au cours de votre mandat à Belgrade, quels sont les

 10   représentants des autorités de la RFY avec lesquels vous aviez des contacts

 11   ?

 12   R.  La plupart du temps j'avais des contacts avec les autorités de la RFY

 13   concernant les questions portant sur les secteurs, et c'était le président

 14   Milosevic. A l'époque il était président de Serbie, mais c'était le joueur

 15   principal, la personne principale. Vous savez, il y avait un autre

 16   président, comme vous le savez, pour l'ex-Yougoslavie qui tenait

 17   conjointement la république du Monténégro et la Serbie. Donc Milosevic

 18   était encore le président de Serbie lorsque j'avais des contacts avec lui.

 19   Q.  Monsieur, j'aimerais vous arrêter quelques instants. Pourriez-vous nous

 20   expliquer cette dynamique, pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre

 21   de quelle façon est-ce que ceci fonctionnait. Donc il y avait le président

 22   de la RFY d'une part et le président de Serbie. Pourriez-vous nous

 23   expliquer pourquoi Milosevic était joueur principal ?

 24   R.  Les médias n'ont jamais très bien compris bien sûr ceci, mais la

 25   communauté internationale avait très bien compris, c'est que toute personne

 26   impliquée au niveau des pays, il venait à Belgrade et rencontrait non pas

 27   Lilic; je ne me souviens même plus de son nom, je ne l'ai jamais rencontré

 28   puisque je ne me souviens pas réellement de son nom mais c'était le

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  1   président de Serbie. Enfin, nous, nous rencontrions le président de Serbie.

  2   Il y avait également un premier ministre de Yougoslavie, ça je me souviens

  3   de cela parce que son député était Simic, nous l'avions rencontré.

  4   Toutefois, la situation était contrôlée de facto, je ne parle pas d'un

  5   contrôle de jure; mais l'autorité de facto était faite par le président de

  6   Serbie. C'est lui qui avait donc le contrôle de facto, et c'était le

  7   président Milosevic.

  8   Q.  Est-ce que la situation était la même avant votre arrivée à Belgrade au

  9   mois d'août 1994 ?

 10   R.  Oui, même avant mon arrivée.

 11   Q.  Est-ce que c'était ainsi lorsque vous avez quitté Belgrade ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Vous souvenez-vous à quelle date vous êtes parti de Belgrade ?

 14   R.  Oui, en juin 1995.

 15   Q.  A combien de reprises diriez-vous avoir rencontré Milosevic ?

 16   R.  Je n'ai jamais vraiment compté, mais je l'ai rencontré à plusieurs

 17   reprises, beaucoup de fois, et il n'y avait pas de réunions très courtes,

 18   les réunions étaient toujours très longues, elles duraient environ quatre à

 19   six heures.

 20   Q.  Vous avez parlé de ce concept de la Grande-Serbie qui venait de prendre

 21   jour dans le secteur nord --

 22   M. GUY-SMITH : [interprétation] Objection. Encore une fois ceci représente

 23   de façon erronée le témoignage du témoin.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Monsieur Thomas.

 25   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais trouver le

 26   passage précis dans le compte rendu d'audience afin de pouvoir citer ses

 27   propos correctement. Donc l'on pourrait peut-être prendre une pause

 28   maintenant afin que je puisse retrouver ce passage.

Page 2818

  1   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Prenons une pause

  2   maintenant et nous retournerons à 11 heures moins quart.

  3   --- L'audience est suspendue à 10 heures 14.

  4   --- L'audience est reprise à 10 heures 46.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Monsieur Thomas, je vous écoute.

  6   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  7   Q.  Monsieur, vous avez mentionné que pendant votre séjour à Belgrade, vous

  8   aviez compris qu'il était apparent que Milosevic voulait négocier -- enfin

  9   il était plutôt pour une négociation pacifique que l'emploi de la force.

 10   Dites-moi à quel moment est-ce que cette préférence de la part de Milosevic

 11   est devenue apparente ?

 12   M. GUY-SMITH : [interprétation] Est-ce que vous parlez de sa propre

 13   connaissance sur le sujet ou parlez-vous de quelque chose d'autre ?

 14   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais il ne fait que poser une question

 15   et le témoin nous dira s'il a une connaissance personnelle de ceci ou non.

 16   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je comprends, mais la façon dont la

 17   question est posée, il semblerait qu'on pose une question qui fera en sorte

 18   que le témoin ne puisse pas nous répondre précisément parce qu'on parle des

 19   préférences de Milosevic. A ce moment-là, je crois que le témoin ne peut

 20   pas réellement comprendre ou nous donner son opinion.

 21   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais la question se lit comme suit : A

 22   quel moment c'est devenu évident que, donc c'est un concept qui existait

 23   peut-être bien avant que cela ne devienne évident. Mais la question est de

 24   savoir à quel moment est-ce que le témoin a eu connaissance, c'est à quel

 25   moment que la position de Milosevic est devenue évidente.

 26   M. THOMAS : [interprétation]

 27   Q.  Docteur, à quel moment est-ce que c'est devenu évident, à quel moment

 28   est-ce que c'était devenu évident que M. Milosevic avait des préférences ou

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  1   voulait ou prônait une solution pacifique ?

  2   R.  M. Milosevic lui-même me l'a dit. Je ne sais pas si vous me demandez

  3   s'il l'avait dit avant. Je ne pourrais pas vous dire à quel moment il l'a

  4   dit, mais c'est quelque chose qu'il a dit, c'est quelque chose que j'ai

  5   étendu. Et il l'a dit à plusieurs reprises, dans plusieurs situations où la

  6   question s'était posée. Il y avait, par exemple, une question qui s'était

  7   posée lorsque la première action militaire avait été prise par les

  8   autorités croates visant à reprendre la Slavonie occidentale. Une réunion a

  9   été convoquée par M. Akashi justement à cause de cet événement, pour

 10   discuter de ce qui s'était passé.

 11   Il y avait eu un incident où nous nous étions rencontrés. A un moment

 12   donné, nous l'avons rencontré. Il y a eu un incident, c'est lorsqu'un avion

 13   de l'OTAN a été abattu. Il y avait certains avions qui avaient été pilotés

 14   par certains représentants de la RSK. Donc au cours de cet événement, il y

 15   a eu une violence. La violence s'était engendrée à cause de cette question

 16   de cet avion abattu qui avait été fait par les autorités de la Slavonie

 17   occidentale.

 18   Je ne dis pas que son opinion ne se limitait qu'à ces incidents-là,

 19   mais Milosevic, chaque fois qu'il parlait, prenait la parole, lorsqu'il

 20   s'adressait aux délégations des Nations Unies, il disait toujours qu'il

 21   préférait, il prônait une solution de négociation. Et il l'a répété à

 22   plusieurs reprises de façon très passionnée, si je puis dire : Si vous nous

 23   aviez laissés dans la même pièce, moi-même et le président Tudjman, nous

 24   pourrions certainement arriver à une solution de négociation.

 25   Mais je comprends qu'il y a des forces de chacune des parties qui

 26   s'opposent à ce qu'une solution de négociation, une solution de ce type

 27   pacifique ait lieu, et il avait parlé des forces de la RSK en Bosnie et en

 28   Bosnie-Herzégovine. Il disait qu'il y avait certaines parties qui

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  1   souhaitaient une solution militaire. Mais il disait aussi, de façon un peu

  2   hésitante, que ceci n'allait pas porter de fruit. Il disait, regardez par

  3   exemple les personnes qui soutiennent ce type de guerre, tout comme les

  4   membres du parlement qui étaient alignés avec Seselj. Il a perdu sa

  5   position il n'y a pas très longtemps pour faire avancer cette solution de

  6   guerre.

  7   Donc c'est quelque chose qu'il avait réitéré à plusieurs reprises, et

  8   ceci n'est pas un secret. Maintenant, à quel moment l'a-t-il dit, à quel

  9   moment a-t-il exprimé ses opinions, Monsieur le Président, je ne pourrais

 10   pas vous le dire parce que ces événements ont eu lieu il y a très

 11   longtemps, et je ne pourrais pas vous donner une date exacte, un moment

 12   exact pour ses propos.

 13   Q.  Monsieur, lors de votre déposition, vous avez parlé d'une zone de non-

 14   survol pour ce qui est de la RFY, et je crois que vous avez fait allusion à

 15   la Résolution du Conseil de sécurité 781. Pourriez-vous nous expliquer, que

 16   veut dire cette zone "no-fly," pas de vols ?

 17   R.  C'était une résolution qui était beaucoup plus ancienne, et elle était

 18   venue presque au même temps que la résolution qui permettait la mission,

 19   lorsque la mission a débuté. Au même moment, lorsque le Conseil de sécurité

 20   avait autorisé pour que cette mission ait lieu, pour contenir les

 21   événements qui s'étaient déroulés sur l'ensemble du territoire de l'ex-

 22   Yougoslavie, je dois dire également qu'à ce moment-là ils voulaient

 23   s'assurer que le siège du pouvoir yougoslave qui se trouvait être à

 24   Belgrade ne projetait pas, d'une certaine façon, son avantage outre

 25   l'endroit où il se trouvait. Donc il n'avait pas le droit de survoler les

 26   autres zones, les autres parties de la Yougoslavie, car ils avaient un

 27   avantage très clair.

 28   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, pourrait-on montrer la

Page 2821

  1   pièce 65 ter 02190 à l'écran, je vous prie.

  2   Q.  Monsieur Kirudja, vous pouvez voir à l'écran qu'il s'agit d'une

  3   résolution du Conseil de sécurité 781 qui avait été adoptée le 9 octobre

  4   1992 par le Conseil de sécurité.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vois du côté B/C/S il s'agit de la

  6   Résolution 780 du 6 octobre 1992. Donc ce n'est pas du tout la même chose.

  7   Ah bon, oui, à droite, nous l'avons. Très bien, nous l'avons à l'écran.

  8   M. THOMAS : [interprétation] Le passage qui m'intéresse et sur lequel je

  9   voudrais attirer votre attention se trouve à la page 2 des deux versions.

 10   Les paragraphes 1 et 2, s'il vous plaît.

 11   Q.  Docteur, voyez-vous, maintenant les paragraphes 1 et 2, que l'on parle

 12   de cette question de survol. Vous voyez cela ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Est-ce que ceci correspond à votre description de l'interdiction de

 15   survol ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  D'abord, lorsqu'on parle de cette interdiction, elle porte sur tous les

 18   vols militaires sur l'espace se trouvant au-dessus du territoire de Bosnie-

 19   Herzégovine, n'est-ce pas ? Mais ce qui m'intéresse particulièrement, c'est

 20   ce qui se trouve au paragraphe 2. On voit que :

 21   "Les forces de la protection peuvent vérifier ce qui se passe, y compris

 22   l'endroit et les avions sur le territoire de l'ex-Yougoslavie."

 23   Est-ce qu'effectivement les Nations Unies ont pu placer les observateurs

 24   qui aient pu observer le tout ?

 25   R.  Oui, nous avions un contingent des observateurs des Nations Unies, et

 26   ils étaient placés dans la tour de contrôle de l'aéroport de Surcin.

 27   Q.  Où se trouve l'aéroport de Surcin ?

 28   R.  A Belgrade.

Page 2822

  1   Q.  Quelle était la fonction principale de ces observateurs des Nations

  2   Unies ?

  3   R.  Je ne suis jamais allé à l'intérieur de cette tour de contrôle, mais

  4   ils m'informaient de ce qu'ils faisaient. Donc ils observaient ce qui se

  5   passait et s'il y avait des violations à cette interdiction de survol, à la

  6   résolution, d'après leur propre interprétation.  

  7   Q.  Est-ce que vous savez qu'observaient-ils, que pouvaient-ils observer

  8   exactement ou que cherchaient-ils ?

  9   R.  A moins d'avoir un événement comme un événement que j'ai décrit dans un

 10   de mes rapports, de façon routinière, je ne pourrais pas vous dire ce

 11   qu'ils cherchaient exactement, ce qu'ils observaient. Mais si jamais il y

 12   avait eu un événement précis, tout comme celui que j'ai mentionné dans mon

 13   rapport, je savais ce qu'ils cherchaient. A ce moment-là, ils cherchaient

 14   les bobines du radar pour confirmer si ce qui était allégué a eu

 15   effectivement lieu ou pas.

 16   Q.  Permettez-moi de vous poser la question d'une autre façon.

 17   M. GUY-SMITH : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Thomas. Je suis

 18   vraiment navré d'interrompre, mais je voudrais vous demander d'avoir la

 19   gentillesse suivante. M. Perisic a du mal à lire le passage que vous

 20   mentionnez, le passage qui fait l'objet de votre question. Est-ce que vous

 21   pourriez, je vous prie, lire à haute voix ce que mon client n'arrive pas à

 22   lire, le passage en question ?

 23   Je suis vraiment désolé.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Alors voilà, nous pourrions le faire

 25   par le biais des Juges de la Chambre.

 26   M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, tout à fait -- merci.

 27   M. THOMAS : [interprétation] Je peux en donner lecture au compte rendu

 28   d'audience.

Page 2823

  1   Q.  Alors voilà le paragraphe pertinent est le suivant; ce sont les

  2   paragraphes 1 et 2 en langue anglaise, page 2.

  3   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je présume que ce que dit M. Guy-Smith

  4   est la chose suivante : c'est que les paragraphes en B/C/S ne portent pas

  5   de numéros, ne sont pas numérotés. C'est donc la raison pour laquelle M.

  6   Perisic a du mal à lire ou à retrouver le passage en question. Donc le fait

  7   de lire les passages en anglais ne va pas nécessairement lui venir en aide,

  8   l'aider. Est-ce que vous pourriez peut-être nous dire par quels mots

  9   commencent ces paragraphes ou quels sont les paragraphes pertinents.

 10   M. THOMAS : [interprétation] Il semblerait que, Monsieur le Président,

 11   c'est le début du cinquième paragraphe qui correspond aux deux paragraphes

 12   en anglais; c'est ce qui se trouve justement à l'écran en ce moment. Mais

 13   je vais demander l'aide des personnes parlant le B/C/S.

 14   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie. Maître Lukic.

 15   M. LUKIC : [interprétation] Les paragraphes en B/C/S ne sont pas numérotés

 16   tout comme le sont les paragraphes en anglais. Je crois que le général

 17   pourra suivre maintenant, il serait peut-être utile de faire ce que

 18   monsieur -- il serait utile de mentionner qu'il s'agit du quatrième et

 19   cinquième paragraphe en B/C/S. Je crois que M. Thomas a bien identifié le

 20   paragraphe en B/C/S et je crois que le général pourra suivre maintenant.

 21   M. THOMAS : [interprétation] Très bien, merci.

 22   Q.  Les observateurs indépendants des Nations Unies, étaient-ils cantonnés

 23   à l'aéroport de Surcin ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Est-ce que leur fonction était de s'assurer que cette interdiction de

 26   survol est bien respectée ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Est-ce que leur mission consistait à rendre compte de ce qui se passait

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  1   et de vous dire si quelqu'un violait cette interdiction de survol ?

  2   R.  Leur mission principale était de faire rapport de leurs observations

  3   sur des canaux bien définis ou par la chaîne hiérarchique bien définie,

  4   c'est-à-dire de s'adresser à leurs supérieurs et ensuite au chef militaire

  5   des observateurs, et ensuite, ainsi en suivant la chaîne hiérarchique.

  6   Q.  Est-ce que les autorités de l'ancienne République de Yougoslavie

  7   étaient conscientes du besoin de confier cette mission à l'ONU ?

  8   R.  Ils l'ont fait de manière décidée mais sans effort parce que conscients

  9   qu'il y avait des sanctions dans ces résolutions, dans ce qui restait de la

 10   Yougoslavie. Ils étaient assez favorables d'ailleurs, à cela.

 11   Q.  Sur ce sujet-là justement, est-ce que le respect de la Résolution 781

 12   était quelque chose de pertinent ou autre chose, à savoir à partir du

 13   moment où il fallait savoir si les sanctions devaient être levées ou pas ?

 14   R.  Je ne me souviens plus de l'ordre des choses par la suite, après les

 15   sanctions dans le cadre de cette résolution. Il faudra peut-être vérifier,

 16   il faut voir ce qui s'est passé depuis 1992. Je ne sais donc pas si cette

 17   résolution a eu une influence ou pas.

 18   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] J'ai une question de précision. Quand

 19   vous parlez de sanctions à l'encontre du reste et de la Yougoslavie, que

 20   voulez-vous dire ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, quand il y a eu

 22   l'effondrement dans l'ancienne Yougoslavie et que la Slovénie a été de son

 23   côté, puis la Croatie a essayé d'aller de son côté, puis la Bosnie-

 24   Herzégovine avait voté la sécession, à ce moment-là les autorités ont voulu

 25   conserver le terme "Yougoslavie" pour couvrir ce qui était connu comme

 26   Monténégro et Serbie de l'ancienne Yougoslavie, mais ils n'ont pas parlé de

 27   la "nouvelle" Yougoslavie pour autant.

 28   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que c'est ce que l'on appelait

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 13  pagination anglaise et la pagination française.

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  1   sous l'acronyme de RFY, donc l'ancienne Yougoslavie ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, et c'est comme ça que c'est reconnu par

  3   les Nations Unies.

  4   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Pouvons-nous

  5   poursuivre, et je voudrais verser cette pièce, la Résolution du Conseil des

  6   Nations Unies comme élément de preuve.

  7   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] C'est accepté. Pouvez-vous donner une

  8   cote.

  9   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Merci. Ce sera la pièce P471.

 10   M. THOMAS : [interprétation] Juste pour revenir sur un commentaire que vous

 11   avez déjà fait sur un des éléments de cette résolution, pouvons-nous, s'il

 12   vous plaît, afficher à l'écran la pièce P00202, s'il vous plaît.

 13   Q.  Vous pouvez voir que nous avons ici la Résolution 757 du 10 mai

 14   1992.

 15   M. THOMAS : [interprétation] Pouvons-nous afficher la page 3 dans chacune

 16   de ces deux versions.

 17   Q.  Le paragraphe numéro 4, nous avons là une série de sanctions auxquelles

 18   il est fait référence. Ces mêmes sanctions se poursuivent sur l'autre page,

 19   et dites-moi si vous voulez que nous continuions. Est-ce que c'est ce à

 20   quoi vous faites référence quand vous parlez des sanctions reprises dans la

 21   résolution ?

 22   R.  Oui, oui.

 23   Q.  Une fois que cette résolution sur les sanctions a été imposée, est-ce

 24   que la levée des sanctions ou la réduction des sanctions était quelque

 25   chose qui occupait l'esprit des autorités de l'ancienne république

 26   yougoslave ?

 27   M. GUY-SMITH : [interprétation] Objection. C'est de la spéculation.

 28   M. THOMAS : [interprétation]

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  1   Q.  C'était ce que vous pensez ?

  2   R.  [aucune interprétation]

  3   M. LE JUGE MOLOTO : [aucune interprétation]

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Une raison était que dans l'exécution de

  5   cette résolution sur l'interdiction de survol, on m'avait demandé au titre

  6   de représentant des Nations Unies désigné  sur place, ils nous disaient :

  7   Nous essayons d'agir au mieux que faire se peut dans le cadre de cette

  8   résolution sur les sanctions. Mais ce moteur a besoin de pièces détachées,

  9   par exemple, et nous ne pouvons pas y arriver si nous sommes liés par ces

 10   sanctions. Donc c'était vraiment essentiel pour eux.

 11   M. THOMAS : [interprétation]

 12   Q.  Vous faites référence aux autorités qui vous disaient avoir besoin de

 13   pièces détachées pour des machines. De quelles machines s'agit-il ?

 14   R.  Justement par rapport à l'incident auquel je fais référence, les

 15   observateurs se rendaient dans les salles où il y avait les radars; je ne

 16   connais pas exactement quelles étaient les machines qui étaient en panne et

 17   ne fonctionnaient pas, mais je demandais pourquoi cet équipement ne

 18   fonctionne pas et ils me répondaient : Problème de pièces de rechange.

 19   Q.  Donc on revient là automatiquement à cette interdiction de survol

 20   surveillée par les Nations Unies ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Est-ce qu'en février 1995 vous avez pris conscience de la violation

 23   d'espace aérien qui était supposé être interdit de survol ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Avant de continuer sur ce thème-là, en plus de la résolution sur

 26   l'interdiction de survol, y avait-il d'autres problèmes qui se posaient sur

 27   la frontière entre l'ancienne République yougoslave et la Republika Srpska

 28   à l'époque ?

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  1   R.  Nous, les Nations Unies, nous ne connaissions pas la Republika Srpska.

  2   Il y avait une frontière avec la Bosnie-Herzégovine et c'était une

  3   frontière reconnue entre la Serbie et la Bosnie-Herzégovine. C'est une

  4   frontière qui était définie de manière très claire par la rivière Drina.

  5   Q.  Est-ce qu'à l'époque de ces éventuelles violations, est-ce que la

  6   frontière, début 1995, entre l'ancienne République yougoslave de la Bosnie-

  7   Herzégovine était ouverte ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  Qui l'avait fermée ?

 10   R.  Les autorités à Belgrade.

 11   Q.  Quand ces frontières avaient-elles été fermées ?

 12   R.  Je ne me souviens pas exactement de la date précise, malheureusement.

 13   Q.  Pourquoi avaient-elle été fermée ?

 14   R.  J'ai appris -- mais vous verrez pourquoi je n'aime pas trop répondre.

 15   C'est que dans le cadre de ce mandat, les autorités dans l'ancienne

 16   République yougoslave s'étaient assurées que les Nations Unies ne seraient

 17   pas impliquées, mais l'Union européenne et les autorités de la République

 18   de l'ancienne Yougoslavie.

 19   Alors les raisons officielles que j'ai rencontrées, je ne peux que

 20   donner que cela, mais je peux surtout vous expliquer ce que j'ai compris de

 21   ce qui se passait. C'était en fait Milosevic qui, quand il rencontrait la

 22   communauté internationale, nous compris, était confronté au fait qu'il y

 23   avait à la fois du matériel et du personnel qui se déplaçait et qui était

 24   impliqué dans le conflit dans l'ancienne Yougoslavie et que ce matériel et

 25   ce personnel traversaient la frontière et que ce n'était pas acceptable. Et

 26   comme nous l'interpellions là-dessus très souvent, et qu'il n'agissait pas,

 27   nous lui avons dit : Nous allons fermer la frontière sauf pour les

 28   livraisons d'aide humanitaire.

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  1   Et c'est à ce moment-là qu'il a accepté que ceux qui seraient chargés

  2   de la surveillance seraient délégués par l'Union européenne, il a donc mis

  3   sur pied toute cette organisation pour la surveillance de la frontière,

  4   aidé, accompagné par un ancien observateur militaire, le général Pellnas de

  5   Suède et qui était un Européen.

  6   Q.  Savez-vous jusqu'à quand la frontière est restée fermée ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Sur la base de vos observations et de vos rencontres à Belgrade à

  9   l'époque, est-ce que vous avez constaté si c'était efficace, pas efficace,

 10   est-ce que du fait de la fermeture de la frontière, les choses ont

 11   matériellement changé ?

 12   R.  La réponse la plus simple c'est que, vous savez, ce n'était pas à moi

 13   qu'incombait la responsabilité d'évaluer si oui ou non c'était efficace.

 14   Q.  Les observateurs qui étaient censés surveiller la fermeture de la

 15   frontière étaient envoyés par qui ?

 16   R.  A ma connaissance, l'Union européenne.

 17   Q.  Je voudrais en venir à ces vols d'hélicoptère, et toute cette question

 18   qui s'est passée en février 1995, début février.

 19   Avant qu'on aborde les documents eux-mêmes, est-ce que vous pourriez

 20   expliquer à la Chambre ce qui s'est passé ?

 21   R.  De manière très générale, et avec votre accord, Monsieur le Président,

 22   j'aimerais qu'on puisse afficher le rapport, qui est un rapport de trois

 23   pages afin que je puisse me rafraîchir les idées. Il s'agit d'un rapport

 24   que j'ai moi-même rédigé à M. Akashi, et en fait, à la différence d'autres

 25   rapports, c'est un texte codé, codé en ce sens qu'il y avait beaucoup de

 26   questions excessivement sensibles, et donc je n'ai pu rédiger un rapport

 27   courant de routine comme nous le faisions d'habitude.

 28   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, pourrait-on afficher la

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  1   pièce 65 ter 0203 [comme interprété] à l'écran, s'il vous plaît.

  2   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pardon, 02 ?

  3   M. THOMAS : [interprétation] La pièce 03283 à l'écran.

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

  5   M. THOMAS : [interprétation]

  6   Q.  Monsieur le Témoin, est-ce que c'est pour vous le rapport que vous avez

  7   rédigé pour M. Akashi sur cette question ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Mais avant de rentrer dans les différents aspects de ce rapport,

 10   qu'est-ce qui a donné naissance à ce rapport ou quelle était la première

 11   information qui vous est parvenue; vous en souvenez-vous ?

 12   R.  C'était une mission des Nations Unies particulièrement complexe avec

 13   une chaîne hiérarchique qui impliquait tout le monde, les civils, la

 14   police, les observateurs militaires.

 15   Les rapports militaires, ceux qui sont sur le terrain, sont des rapports

 16   sur la situation au quotidien, qui sont ensuite adressés à toute la

 17   hiérarchie, et donc nous recevons tous ces rapports au quotidien.

 18   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pouvez-vous préciser ce que vous

 19   entendez par rapport de situation, abrégé en anglais "sitreps" ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce sont des rapports sur la situation délivrés

 21   au quotidien. Et avant ce genre de rapports, on reçoit un rapport

 22   instantané qui nous provient des forces des Nations Unies d'un contingent

 23   néerlandais, un contingent d'hélicoptères qui a traversé la frontière vers

 24   leur base. Quand nous avons le rapport sur la situation militaire, c'est le

 25   genre de fait qui est établi sans en établir les faits ou les raisons.

 26   C'est comme ça qu'on arrive à ce dont il s'agit. Tout d'un coup à Belgrade,

 27   les Nations Unies se disent, mais que se passe t-il ?

 28   M. THOMAS : [interprétation]

Page 2831

  1   Q.  Que se passait-il, en parallèle, aux observateurs militaires des

  2   Nations Unies qui étaient à l'aéroport et qui étaient censés surveiller la

  3   zone d'interdiction de survol en Bosnie-Herzégovine ?

  4   R.  Ils nous ont dit : Voilà, ce jour-là, on ne nous a pas autorisés à nous

  5   rendre sur place. En général, chaque jour, nous avons le droit de nous

  6   rendre sur place pour observer. Or, ce jour-là, on nous en a interdit

  7   l'accès.

  8   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] L'accès de quoi ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] L'accès de l'aéroport, de la tour de contrôle

 10   de l'aéroport.

 11   M. THOMAS : [interprétation] J'aimerais avoir accès à la page 9 dans la

 12   version anglaise, et 11 dans la version en B/C/S, s'il vous plaît.

 13   Q.  Reconnaissez-vous qu'il s'agit ici d'une annexe à votre propre rapport

 14   portant sur les limites de mouvement, qui interdit  l'accès à la salle des

 15   radars ?

 16   R.  C'était séparé du rapport, c'est une hypothèse. Ce n'est pas une annexe

 17   que j'ai moi-même rédigée. Donc je ne peux pas en reconnaître le fait que

 18   ce soit une annexe à moins que ce ne soit physiquement attaché à mon propre

 19   rapport.

 20   Q.  Pouvez-vous lire ce document et nous dire si cela correspond à ce que

 21   vous vous souveniez avoir été la situation à l'époque ?

 22   R.  J'ai lu ce que nous avons sur la page de garde, et cela correspond à ce

 23   que j'essayais de dire précédemment, et pour les observateurs des Nations

 24   Unies il y avait le colonel Goodmanson [phon], qui me fait état de cet

 25   incident dont il rencontre. C'est vrai que c'était inhabituel dans la

 26   mesure où, du côté des autorités, l'attitude était peu amiable. Or, il y

 27   avait toujours eu jusque-là une relation de coopération, empreinte

 28   d'amitié, amicale, en tout cas, et tout d'un coup ce climat s'écartait de

Page 2832

  1   ce que nous avions connu à l'ordinaire. C'est vrai que nous avions toujours

  2   pu nous rendre sur place pour observer ce que nous avions observé. Ce que

  3   nous avons d'ailleurs pu voir dans un rapport qui vous a été présenté

  4   précisément dans l'un de ces paragraphes, et je pense que c'est aussi, je

  5   crois, l'illustration du fait que nous avions à faire face à un incident,

  6   donc prenons-en bonne note.

  7   M. THOMAS : [interprétation] Je comprends. Cette page porte sur

  8   l'obstruction qui fût fait en date du 2 février. Je voudrais maintenant

  9   passer à la page précédente, Monsieur le Président, en version anglaise, et

 10   ces deux pages précédentes dans la version B/C/S.

 11   Q.  Monsieur le Témoin, nous avons là une annexe ou même un rapport ?

 12   R.  [aucune interprétation]

 13   Q.  Peut-être y aura-t-il des termes pour lesquels nous allons devoir

 14   donner des précisions supplémentaires. Si l'on prend le titre, "Résumé du,"

 15   et l'acronyme en anglais c'est "ROM." C'est la restriction des mouvements,

 16   en fait, donc c'est une abréviation pour dire restriction de mouvement;

 17   c'est bien ça ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Recherche sur l'ATC ?

 20   R.  Où trouvez-vous cela ?

 21   Q.  Est-ce que vous savez ce que ATC veut dire ?

 22   R.  [aucune interprétation]

 23   Q.  Quand on voit le personnel qui travaille pour le contrôle du trafic

 24   aérien --

 25   R.  [aucune interprétation]

 26   Q.  Prenez les 9 et 10 février 1995 : "Protestation verbale à notre SLO air

 27   FRY."

 28   R.  C'est un officier de liaison supérieur, SLO.

Page 2833

  1   Q.  Ensuite, on a "DSMO." Que veut dire cet acronyme ?

  2   R.  Observateur militaire adjoint.

  3   Q.  Deuxième ligne, avant la fin, on a : "LO off."

  4   R.  C'est un officier de liaison.

  5   Q.  Reconnaissez-vous que ce document est ce qu'il prétend être, à savoir

  6   un état sous les restrictions de mouvement ?

  7   R.  Oui, cela est repris dans ce qu'on appelle d'habitude un rapport de

  8   situation et qui est fait au quotidien.

  9   Q.  Merci.

 10   M. THOMAS : [interprétation] Prenons la première page de ce document, avec

 11   votre accord, Monsieur le Président.

 12   Q.  Paragraphe 1 qui présente que furent les mesures que vous avez prises

 13   pour réagir à l'encontre de ces violations, n'est-ce pas, et les autorités

 14   avec qui vous vous êtes entretenu. Alors ici aussi on a plusieurs

 15   abréviations et acronymes pour lesquels nous allons faire appel à votre

 16   aide. Pour commencer, en troisième ligne, juste après le colonel Vuksic,

 17   nous avons : "Responsable à JA."

 18   R.  Armée yougoslave, pour JA.

 19   Q.  Est-ce que c'était une abréviation que vous utilisiez de manière

 20   récurrente et cohérente dans vos rapports ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Avant l'avant-dernière ligne dans ce paragraphe : "Le SRFC," en

 23   anglais, "à Belgrade."

 24   R.  C'est le représentant supérieur du commandement des forces, l'armée qui

 25   était dans mon propre bureau à l'époque et qui faisait partie de la

 26   FORPRONU.

 27   Q.  Au deuxième paragraphe, vous avez résumé la réaction des autorités de

 28   l'ancienne République yougoslave au fait que la frontière fut traversée. Ce

Page 2834

  1   que je voudrais maintenant aborder se retrouve au paragraphe 3 de la page

  2   suivante pour chacune des deux versions.

  3   Ici, vous formulez deux demandes aux alinéas (a) et (b) que vous adressez

  4   aux autorités de l'ancienne République yougoslave. Première demande est

  5   éloquente puisque l'on demande simplement que tout serait affiché sur les

  6   écrans radar, et que l'accès soit garanti ?

  7   R.  [aucune interprétation]

  8   Q.  Pouvez-vous aider la Chambre en expliquant pourquoi vous avez précisé

  9   cette deuxième demande dans le paragraphe (b), puisque vous avez demandé

 10   que les enregistrements des observations radar soient conservées et

 11   reprennent les registres des vols, donc demandé les registres de vols

 12   pertinents pour la période du 1 au 4 février que ceci soit transmis à la

 13   FORPRONU. Pourquoi ?

 14   R.  C'était une question qui avait interpellé le Conseil de sécurité. C'est

 15   ce que vous voyez dans le paragraphe précédent. Vous savez là que c'est

 16   déjà une question dont le Conseil de sécurité s'occupait.

 17   Sur instruction, je m'étais rendu auprès de M. Cicanovic pour le rencontrer

 18   et aborder cette question et pour lui faire savoir ce que nous avons dans

 19   le paragraphe (a) ici.

 20   Q.  Oui.

 21   R.  Ce qui n'est pas repris ici c'est qu'il devait y avoir une enquête

 22   militaire afin de confirmer ces accusations ou allégations sur l'aéroport.

 23   Dans le cadre de cette enquête, il fallait vérifier si ces aéronefs, ces

 24   avions qui volaient dans une zone d'interdiction de vol et lorsqu'il y

 25   avait un radar, est-ce que ceci était saisi sur les radars ou non ? S'ils

 26   ne l'étaient pas, pourquoi. Ce qui était essentiel pour cette enquête

 27   c'était les enregistrements qui, eux, étaient conservés par les autorités

 28   dans l'ancienne République Yougoslave.

Page 2835

  1   Q.  Oui. Merci, Monsieur le Témoin. Comme vous le faites remarquer au

  2   paragraphe 3, vous confirmez que les informations que vous aviez à l'époque

  3   ne permettaient pas de conclure de manière positive ou négative si des

  4   hélicoptères avaient traversé la frontière ou si on pouvait les attribuer à

  5   l'une ou l'autre des parties belligérantes ?

  6   R.  En effet.

  7   Q.  Est-ce qu'à ce moment-là vous aviez quelque raison que ce soit

  8   d'imaginer qu'il y ait changement du rapport ?

  9   R.  Ce n'était pas mon habitude de remettre en question ce qu'un

 10   observateur militaire allait me dire quand il faisait état de ce qu'il

 11   avait constaté sur le terrain tel jour à tel endroit. Pour moi c'était une

 12   chose que je ne pouvais contester.

 13   Q.  Oui, merci.

 14   M. THOMAS : [interprétation] Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de

 15   verser le document dans son entièreté comme pièce à conviction.

 16   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je propose que le document soit versé dans

 17   son entièreté, parce que nous allons peut-être revenir dessus et

 18   interpeller sur les autres morceaux du document. Ainsi, je propose que ceci

 19   soit versé dans son intégralité.

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Il y a combien de pages dans ce

 21   document ?

 22   M. THOMAS : [interprétation] Au total, je pense qu'il y en a entre 10 et

 23   12.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Que voulez-vous répondre à votre

 25   collègue ?

 26   M. THOMAS : [interprétation] L'Accusation n'a pas besoin des autres pages.

 27   Nous n'avons besoin que de ces pages auxquelles nous venons de faire

 28   référence. Cela ne me pose pas de problème à verser le document dans son

Page 2836

  1   entièreté. Je pensais simplement que ce serait plus simple lors du contre-

  2   interrogatoire.

  3   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Ce document est versé au

  4   dossier comme pièce à évidence. Pouvons-nous lui donner une cote.

  5   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Merci. La cote attribuée est P472.

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

  7   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Merci, Madame la

  8   Greffière. Pouvez-vous afficher la pièce 65 ter 03282 à l'écran, s'il vous

  9   plaît. Pardonnez-moi, Madame, Messieurs les Juges, ce n'est pas le bon

 10   document. C'est le numéro 65 ter qui nous intéresse qui est le 03281. Non,

 11   c'est encore une erreur. Pardonnez-moi. Problème technique. 03280. Encore

 12   toutes mes excuses.

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ça y est ?

 14   M. THOMAS : [interprétation] Oui. Merci beaucoup, Monsieur le Président.

 15   Merci, Monsieur l'Huissier.

 16   Q.  Monsieur, vous reconnaîtrez ce document, il s'agit d'un télégramme

 17   encodé que vous avez envoyé à M. Akashi le 16 février, n'est-ce pas, sur

 18   cette même question ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Vous avez commencé par déclarer au premier paragraphe que les

 21   observateurs militaires des Nations Unies peuvent à nouveau analyser les

 22   écrans radar.

 23   R.  Pardonnez-moi, mais Monsieur, j'ai un petit peu du mal avec ma vue.

 24   Pourriez-vous agrandir ceci, s'il vous plaît.

 25   Q.  Oui.

 26   R.  Les enregistrements sont disponibles pour être analysés ?

 27   Q.  Oui.

 28   R.  Pourquoi avez-vous fait ce commentaire ? Vous avez dit que vous n'étiez

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  1   pas très sûr ou vous étiez prêt à parier que les cassettes ne

  2   contiendraient rien qui pourraient mettre en cause les autorités de la RFY

  3   ?

  4   R.  Tout d'abord, ceci précède plusieurs réunions que j'ai eues avec les

  5   autorités de la RFY, et je vous ai montré un peu plus tôt quelque chose. Je

  6   vous ai également montré ce que j'ai dit et ceci n'est pas arrivé.

  7   Q.  Oui.

  8   R.  Je savais que s'ils nous donnaient la cassette, c'est que rien ne

  9   pourrait les mettre en cause. Je ne connais aucun gouvernement qui remet

 10   des enregistrements qui peuvent les mettre en cause.

 11   Q.  Oui.

 12   R.  Je parle de façon générale, bien sûr. Ils étaient tout à fait disposés

 13   à me remettre les cassettes dans la mesure où nous ne ferions pas cela, et,

 14   donc je crois qu'en tout cas c'est ce que j'avais parié, c'est que cela

 15   m'aurait beaucoup étonné que les cassettes auraient indiqué le contraire.

 16   Q.  Si c'était le cas, pourquoi avez-vous fait ce commentaire, le

 17   commentaire suivant que nous trouvons au paragraphe numéro 2 ?

 18   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] De quel commentaire s'agit-il, quel

 19   commentaire, Monsieur Thomas ?

 20   M. THOMAS : [interprétation]

 21   Q.  Pardonnez-moi, Madame, Messieurs les Juges :

 22   "Les sources sans doute confidentielles laissent planer peu de doute sur ce

 23   qui est arrivé à ces vols; ils venaient de la JNA."

 24   R.  Je vais essayer de conforter ce que vous dites, ce que nos soldats

 25   disaient. Les personnes qui étaient dans la région, effectivement, ont dit

 26   ce qui est arrivé. Non, ceci n'a pas été enregistré sur cassette. Par

 27   conséquent, pour ce qui est du reste, on peut se poser la question de

 28   savoir pourquoi ceci n'a pas été enregistré sur les cassettes.

Page 2838

  1   M. THOMAS : [interprétation] Je souhaite passer à la page suivante, s'il

  2   vous plaît. Dans chaque différente version linguistique.

  3   Q.  Monsieur, les deux premiers paragraphes, s'il vous plaît.

  4   Docteur, au niveau des deux premiers paragraphes sur cette page, si vous en

  5   avez besoin, veuillez prendre le temps nécessaire pour les lire.

  6   R.  Pardonnez-moi, j'ai encore du mal avec mes yeux vieillissants. J'ai du

  7   mal à voir ces caractères qui sont assez petits.

  8   Oui, je m'en souviens.

  9   Q.  Dans ces paragraphes, vous donnez votre interprétation de ces

 10   événements et pourquoi ils se sont produits. Veuillez nous expliquer cela

 11   pour autant que cela nécessite des explications supplémentaires.

 12   R.  Je ne pense pas que ce paragraphe requiert des explications

 13   supplémentaires. Je crois qu'ils sont suffisamment clairs. J'écrivais à mon

 14   supérieur hiérarchique. Je ne pouvais pas faire en sorte qu'il se livre

 15   lui-même à un jeu de devinettes.

 16   Q.  Au niveau du troisième paragraphe sur cette même page, le deuxième

 17   paragraphe qui se trouve en haut de la page 3 de la version en B/C/S,

 18   Madame, Messieurs les Juges, vous avez corroboré le plus amplement votre

 19   interprétation ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Etait-ce la première fois que vous aviez décelé cette tension entre

 22   l'armée et les dirigeants politiques de Belgrade à propos du processus de

 23   paix ?

 24   R.  Je ne peux pas dire que c'était la première fois, en partie en raison

 25   du caractère même de toutes ces questions, puisque les autorités civiles et

 26   l'armée étaient entremêlées. Les événements étaient troublants, la plupart

 27   des choses étaient troublantes. Les honnêtes gens pouvaient avoir leurs

 28   points de vue et chacun a des intérêts différents. C'est le caractère même

Page 2839

  1   des tensions.

  2   Q.  Vous aviez plus tôt évoqué le fait que Milosevic était en faveur d'une

  3   résolution, et d'autres groupes s'intéressaient davantage à la guerre.

  4   Parlons maintenant en des termes généraux. Est-ce que cette tension a

  5   toujours existé, d'après vous ?

  6   R.  Non. Dans un ordre chronologique, les événements changent, les acteurs

  7   changent, les intérêts changent, à l'exception d'un acteur, à l'époque

  8   Milosevic, qui n'a jamais changé, mais je ne pense pas que ses idées et ses

  9   positions étaient statiques non plus.

 10   Q.  [aucune interprétation]

 11   M. THOMAS : [interprétation] Est-ce que nous pouvons demander le versement

 12   au dossier de cette pièce, s'il vous plaît, comme pièce de l'Accusation.

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce document est admis au dossier. Est-

 14   ce qu'on peut avoir un numéro de cote, s'il vous plaît.

 15   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce document aura la cote P473. Merci.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

 17   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Messieurs, Madame les Juges. Avant

 18   d'afficher à l'écran le document suivant, je veux m'assurer de ne point

 19   faire d'erreur. Il s'agit du document sur la liste 65 ter comportant le

 20   numéro 03281, s'il vous plaît.

 21   Q.  Monsieur, jusqu'à maintenant nous avons abordé d'éventuelles violations

 22   qui se seraient déroulées au début du mois de février 1995, mais vous

 23   constaterez ici un autre rapport qui évoque la question de survol des

 24   frontières et qui est daté ici du mois de "juillet" 1995.

 25   Voyez-vous cela, Monsieur ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Tout d'abord, au niveau du deuxième paragraphe de votre rapport, vous

 28   établissez un lien entre ceci et l'évacuation médicale d'urgence dans la

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  1   zone de combat sur le mont Vlasic. Est-ce que vous pouvez nous dire où se

  2   trouve le mont Vlasic, s'il vous plaît ?

  3   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je crois que mon confrère s'est trompé

  4   lorsqu'il a pris la parole. Je crois que le document n'est pas daté du mois

  5   de juillet 1995, mais du mois de mars.

  6   M. THOMAS : [interprétation] Effectivement. Je n'avais pas l'intention de

  7   parler du mois de juillet, Madame, Messieurs les Juges. Il s'agit du 1er

  8   mars 1995.

  9   Q.  Mais vous constaterez que vous avez évoqué les combats sur le mont

 10   Vlasic à Travnik. Est-ce que vous pouvez nous dire où cela se trouve ?

 11   R.  Ceci est complètement en dehors de ma zone opérationnelle. Le rapport

 12   l'a indiqué. Personnellement, je connais mal cette région par rapport à

 13   l'endroit où je me trouvais moi-même.

 14   Q.  J'entends bien.

 15   R.  Bien.

 16   Q.  Et ceci se situait sur quel territoire ?

 17   R.  Ceci se trouvait en Bosnie-Herzégovine.

 18   M. THOMAS : [interprétation] Passons maintenant à la page suivante, s'il

 19   vous plaît. Dans les deux versions, s'il vous plaît.

 20   Q.  Il y a trois paragraphes qui m'intéressent ici, les paragraphes 2, 3 et

 21   4 dans les deux versions. Pouvez-vous nous confirmer que ce que vous avez

 22   inclus dans ces paragraphes sont des éléments d'information qui ont été mis

 23   à votre disposition à propos de la participation des forces de la JA ?

 24   R.  Oui, je me souviens de ce paragraphe et je me souviens également de

 25   l'autre paragraphe que vous avez cité.

 26   M. THOMAS : [interprétation] Merci. Je souhaite demander le versement au

 27   dossier de cette pièce comme pièce de l'Accusation, s'il vous plaît.

 28   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ceci est admis. Est-ce qu'on peut

Page 2841

  1   avoir un numéro de cote, s'il vous plaît.

  2   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Cette pièce aura la cote P474.

  3   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

  4   M. THOMAS : [interprétation] Est-ce que nous pouvons avoir le numéro 65 ter

  5   03282, s'il vous plaît. Merci.

  6   R.  Monsieur, voyez-vous ceci à nouveau, est-ce que c'est encore un câble

  7   chiffré qui vient de vous et qui a été envoyé à M. Akashi, qui est daté du

  8   31 mars 1995 ?

  9   R.  Oui, effectivement.

 10   Q.  Vous constaterez d'après le deuxième paragraphe, que ceci traite encore

 11   une fois de plus amples éventuelles violations de survol des zones

 12   frontalières par des hélicoptères, à ce moment-là la fin du mois de mars ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Et dans ces deux paragraphes, nous constatons au niveau du premier et

 15   du deuxième paragraphe dans votre rapport, vous établissez un lien entre

 16   ces activités, les activités militaires et le paragraphe 1, à savoir :

 17   "La participation de l'armée yougoslave du côté de la Bosnie dans des zones

 18   de combat névralgiques."

 19   R.  [aucune interprétation]

 20   Q.  Je vous demande de bien vouloir vous reportez au troisième paragraphe,

 21   s'il vous plaît. Et là, vous êtes plus précis puisque vous abordez plus

 22   particulièrement la participation de la Brigade du 63e Commando de

 23   Parachutistes de la JA.

 24   R.  C'est exact.

 25   Q.  Après cela, vous décrivez les raisons pour lesquelles ils participent,

 26   parce que l'armée, à cause des cibles stratégiques de l'ABiH, de l'armée de

 27   la Bosnie-Herzégovine ?

 28   R.  Oui.

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  1   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Madame et Messieurs les Juges, est-ce

  2   que je peux demander le versement au dossier de cette pièce, s'il vous

  3   plaît. C'est une pièce de l'Accusation également, s'il vous plaît.

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce document est admis. Est-ce qu'on

  5   peut avoir un numéro de cote, s'il vous plaît.

  6   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce document aura la cote P475, Madame

  7   et Messieurs les Juges.

  8   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

  9   M. THOMAS : [interprétation]

 10   Q.  Nous allons maintenant confirmer que ces éventuels survols de zones

 11   frontalières ont fait l'objet d'enquêtes pour voir si ceci pouvait être

 12   corroboré par des éléments recueillis dans les cassettes d'enregistrement.

 13   R.  Ecoutez, Monsieur, le seul incident qui a fait l'objet d'enquêtes

 14   sérieuses plutôt que faire l'objet de rapports était l'incident concernant

 15   le survol par les hélicoptères; ceci est devenu une question abordée par le

 16   Conseil de sécurité des Nations Unies.

 17   Q.  J'entends bien.

 18   R.  Il s'agissait d'une de ces centaines d'incidents à propos duquel nous

 19   faisions un rapport mais une enquête n'était ouverte que s'il y avait des

 20   raisons sérieuses de le faire.

 21   Q.  Est-ce que vous pouvez nous confirmer ceci par rapport à l'enquête qui

 22   a été ouverte, à partir du mois de février portant sur des vols et que ceci

 23   impliquait le Conseil de sécurité, est-ce que vous pouvez confirmer que

 24   cette enquête n'a pas été conclue ?

 25   R.  D'après ce que j'ai compris, oui. Ceci a été fait par le général

 26   Pellnas. Autrement dit, le groupe qui surveillait la frontière. Celui que

 27   nous avons abordé un peu plus tôt. C'était ce groupe-là à qui on a remis ce

 28   mandat, autrement dit c'était à eux d'ouvrir cette enquête officiellement.

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  1   J'en ai parlé avec le général Pellnas, mais je ne peux pas le prouver. Je

  2   ne peux pas prouver que ceci est arrivé, hormis le fait qu'il y avait des

  3   gens qui ont vu ces vols et qui ont affirmé que ceci est arrivé.

  4   Q.  Est-ce que ces deux éléments sont compatibles, ceux qui ont vu ces vols

  5   et ce rapport non concluant ?

  6   R.  Ils ont rapporté avoir vu ces vols. S'ils disent qu'ils les ont vus,

  7   vous n'avez d'autres outils que vos yeux comme élément de preuve pour

  8   affirmer ce qui s'est passé. Si ces preuves physiques sont absentes et

  9   qu'au niveau de l'observation des vols et des carnets de vol il n'y a rien,

 10   et si les motivations pour ce faire sont contestées également, à ce moment-

 11   là la seule conclusion à laquelle on peut parvenir c'est que ceci n'est pas

 12   conclu de façon claire et nette.

 13   Q.  Monsieur, n'avez-vous jamais rencontré le général Perisic ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Etiez-vous au courant de rencontre entre le général Perisic et le

 16   général Mladic ?

 17   R.  Il y a un incident que j'évoque dans un de mes rapports écrits, et

 18   c'est un incident qui est survenu au moment où j'ai visité Glina, cela a dû

 19   se produire, je crois, dans le courant du mois d'octobre, quelque chose

 20   comme ça.

 21   Q.  Où se trouve Glina ?

 22   R.  Glina se trouve dans l'ancien secteur nord où j'avais ma base, c'est là

 23   où je suis resté le plus longtemps et je connaissais bien les hommes sur le

 24   terrain. Je connaissais également bien les personnes avec lesquelles

 25   j'interagissais.

 26   Q.  Et le mois d'octobre de quelle année, s'il vous plaît ?

 27   R.  Je crois que cela devait être en -- à moins que je me trompe, 1994 ou

 28   1995, je crois que c'est très flou pour moi.

Page 2845

  1   M. GUY-SMITH : [interprétation] Pardonnez-moi, je crois que vous laissez

  2   entendre au témoin qu'il s'agit du mois d'octobre.

  3   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Si vous regardez à la page 52, ligne

  4   12. La réponse du témoin est là.

  5   M. GUY-SMITH : [interprétation] Pardonnez-moi. Vous avez soufflé quelque

  6   chose au témoin, pardonnez-moi.

  7   M. THOMAS : [interprétation]

  8   Q.  Monsieur, où étiez-vous en poste au moment où vous avez entendu cela --

  9   R.  J'avais été muté à Belgrade.

 10   Q.  D'accord.

 11   R.  Et je revenais sur le secteur pour des affaires que j'avais à y

 12   traiter.

 13   Q.  Oui.

 14   R.  Et ces autorités-là, les personnes que j'avais l'habitude de

 15   rencontrer, ils me connaissaient bien et j'étais à Belgrade au poste que je

 16   vous ai décrit. Donc à ce moment-là, ils ont saisi l'occasion pour me dire

 17   : Voilà ce qui est arrivé ici; et tout ceci avait été rapporté par la

 18   presse locale, le fait que les deux camps ne pouvaient pas s'entendre mais

 19   qu'ils recherchaient la paix et ils ne recherchaient pas la paix, et ils ne

 20   parlaient que de cela. Ceci avait trait directement à leur vie, ils ne

 21   savaient pas si les ennuis allaient recommencer. Donc ils ont saisi

 22   l'occasion pour dire que même si le général Perisic était là avec Mladic

 23   pour essayer de trouver une solution à cette situation difficile, voilà ce

 24   qui est arrivé. C'était ça l'incident.

 25   Q.  Hormis le fait d'avoir eu cette réunion, est-ce qu'il y a eu d'autres

 26   réunions entre Mladic et Perisic ?

 27   R.  Non, non.

 28   Q.  Etiez-vous au courant des rapports qui existaient entre Milosevic et

Page 2846

  1   Mladic ?

  2   R.  Je n'ai jamais rencontré Mladic. Mais j'ai rencontré à plusieurs

  3   reprises, comme le montre ma déposition, Milosevic. Il y avait certaines

  4   questions sur lesquelles il fallait parler, et de temps en temps il disait

  5   quelque chose à propos des parties en présence, et pour lui, il fallait que

  6   Milosevic dise quelque chose.

  7   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur, je souhaite revenir un petit

  8   peu en arrière. Lorsque vous dites ces personnes qui vont dit que Perisic

  9   était venu trouver une solution aux problèmes avec Mladic, est-ce qu'ils

 10   vous ont dit si oui ou non ces deux hommes ont assisté aux réunions ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Savez-vous si oui ou non ces personnes

 13   ont assisté aux réunions ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je suis sûr qu'ils n'étaient pas là, mais

 15   ils ont dit qu'ils étaient au courant.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce qu'ils vous ont dit comment ils

 17   ont été informés de l'objet de cette réunion ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Parce que ceci avait trait à leur vie, en

 19   fait, le processus de paix les intéressait de près. Et les négociations et

 20   le Groupe de contact les intéressaient.

 21   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais ils ne savaient pas ce sur quoi

 22   les conversations entre Perisic et Mladic ont porté ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Ils ont dit que c'était parce qu'il y

 24   avait un profond différend entre eux, et certains souhaitaient soutenir

 25   Milosevic, certains ne souhaitaient pas le soutenir. Vous savez, des hommes

 26   politiques.

 27   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce que j'essaie de savoir de vous si

 28   oui ou non ils avaient une connaissance personnelle de ceci, ou est-ce

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  1   qu'ils se livraient simplement à des conjectures pour déterminer l'objet de

  2   la visite ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, ils n'ont pas dit eux-mêmes qu'ils

  4   étaient là.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est clair, cela ne fait pas l'ombre d'un

  7   doute.

  8   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Et ils vous ont dit quel était l'objet

  9   de la discussion parce que c'est quelque chose dont tout le monde parlait

 10   dans la région.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Ceci avait trait à leur vie.

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Donc ils se lançaient dans un jeu de

 13   devinettes ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Ils devinaient quel était le sujet. Le

 15   sujet était quelque chose qui les concernait de près. Est-ce que nous

 16   devons soutenir ce camp-ci ou l'autre ?

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Qui ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce qu'il fallait soutenir Milosevic ?

 19   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Attendez un instant, s'il vous plaît.

 20   Lorsque vous dites c'est quelque chose auquel ils ont participé, est-ce que

 21   vous voulez parler de Mladic et de Perisic, ou ce que disaient les gens en

 22   général ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Les gens en général.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Et ces personnes qui vous ont parlé de

 25   cela, ils n'ont pas assisté à la réunion entre Perisic et Mladic.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 27   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ils ne peuvent pas rapporter

 28   exactement ce qui a été abordé lors de cette réunion ?

Page 2848

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact.

  2   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

  3   M. THOMAS : [interprétation]

  4   Q.  Monsieur, nous allons revenir à la question de Milosevic et du général

  5   Mladic. Vous avez parlé des rencontres avec M. Milosevic, et je souhaite

  6   savoir de vous si d'après ces derniers vous êtes en mesure de nous dire

  7   s'il y avait un quelconque rapport entre M. Milosevic et le général Mladic

  8   ?

  9   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je crois que la question est vague. La

 10   façon dont la question est posée est vague. Quelle est la relation, pour

 11   autant qu'il y ait relation, qui soit une relation de type politique,

 12   sociale, psychologique, je pense que la question devrait être plus ciblée

 13   pour que le témoin puisse répondre.

 14   M. THOMAS : [interprétation] Je peux être plus précis, Monsieur le

 15   Président.

 16   Q.  Parlons tout d'abord des rapports politiques, êtes-vous en mesure de

 17   nous dire d'après ce que vous savez et d'après les rencontres avec

 18   Milosevic et d'autres personnes, pouvez-vous nous en parler d'après les

 19   responsabilités qui étaient les vôtres ?

 20   R.  Ce que je puis dire en tout cas, c'est qu'il ne faisait un commentaire

 21   que lorsque --

 22   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Qui est "il" ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Milosevic. Il faisait un commentaire lorsqu'il

 24   y avait une  question qui posait problème. Lorsqu'il y avait des combats,

 25   il essayait de les faire cesser; par exemple lorsque l'OTAN tirait sur des

 26   avions. Les différents acteurs en présence au cours des négociations, il

 27   disait qu'il souhaitait dire quelque chose, qu'il souhaitait donner son

 28   avis. Il souhaitait que son avis soit connu. Une des raisons pour

Page 2849

  1   lesquelles nous voyions Milosevic parler ouvertement, parce que nous

  2   pensions qu'il avait une influence sur les autres acteurs ou sur un

  3   événement en particulier qui faisait l'objet de discussions.

  4   Il disait telle et telle chose : Voilà ce qu'il fait et cetera, je

  5   vais m'entretenir avec tel ou tel et voir si nous pouvons trouver une

  6   solution au problème. Ensuite il va parler de quelque chose en l'approuvant

  7   ou en le désapprouvant. Je ne l'ai jamais entendu parler de quelque chose -

  8   - être en désaccord sur quelque chose avec Mladic. Quelquefois cela

  9   sortait, mais très peu sortait. Donc il y aurait une petite différence,

 10   mais ce serait différent par opposition avec Karadzic parce que leurs

 11   différends étaient publics et leurs opinions étaient diffusées. C'est tout

 12   ce que je puis dire.

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Donc puisqu'il y avait cette

 14   différence, et sur cette note, est-ce que vous pensez que le moment est

 15   venu ?

 16   M. THOMAS : [interprétation] Oui, s'il vous plaît.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Nous allons faire une pause et revenir

 18   à midi et demi. L'audience est levée.

 19   --- L'audience est suspendue à 12 heures 01.

 20   --- L'audience est reprise à 12 heures 31.

 21   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous écoute, Monsieur Thomas.

 22   M. THOMAS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président,

 23   Madame, Monsieur Les Juges.

 24   Q.  Monsieur, juste avant la pause, vous parliez de M. Milosevic, et vous

 25   nous disiez de ce qu'il vous avait dit concernant ces rapports

 26   professionnels avec le général Mladic. J'aimerais savoir s'il vous a dit

 27   quel était son rapport personnel avec le général Mladic ?

 28   R.  Bien avant que M. Milosevic ne me parle de ses rapports personnels, il

Page 2850

  1   était très -- au vue de la situation je ne pouvais vraiment pas parler de

  2   ce qu'il aurait pu penser. Je ne pourrais pas vous parler de ce qu'il

  3   considérait du sujet.

  4   Q.  J'aimerais vous demander, Monsieur, si vous pourriez nous parler

  5   pendant que vous étiez à Belgrade, si vous pourriez nous dire si les

  6   dirigeants politiques de la RFY et les dirigeants militaires étaient

  7   informés de la situation politique, de la situation militaire à l'intérieur

  8   de la RFY et à l'extérieur de la RFY ?

  9   R.  D'après moi, j'avais l'impression qu'ils étaient très bien informés,

 10   plus particulièrement pour ce qui se passait sur le terrain concernant

 11   toutes les questions entourant les événements dont nous parlons. J'ai eu

 12   une forte impression qu'ils étaient particulièrement bien informés.

 13   Q.  Est-ce que ceci vaut également pour les dirigeants militaires ainsi que

 14   pour les dirigeants politiques ?

 15   R.  Oui. S'il s'agissait de questions politiques et si c'était très

 16   important pour un événement politique, à ce moment-là ils savaient très

 17   bien, ils avaient tous les détails. S'il y avait également une approche

 18   militaire, au sujet de questions militaires, ils savaient très, très bien

 19   ce qui se passait également.

 20   Q.  Vous avez parlé de plusieurs questions, et ces questions étaient très

 21   précises et il n'était peut-être pas nécessaire de les placer dans un

 22   contexte très élargi ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Pourriez-vous nous expliquer de quelle façon est-ce que ces derniers

 25   pouvaient savoir ou quelle était leur information concernant des questions

 26   au plus large sens pour ce qui est du territoire ?

 27   R.  Permettez-moi de vous donner un exemple, l'exemple suivant. Pendant que

 28   nous étions là-bas, moi j'étais un délégué, j'étais un représentant spécial

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  1   du secrétaire général, il y avait un très grand nombre de visiteurs de très

  2   haut niveau, de délégations venant de divers pays, également des

  3   représentants, représentant divers forums et la conférence pour l'ex-

  4   Yougoslavie. Et l'adresse où les gens allaient voir, c'est toujours le

  5   bureau de M. Milosevic en tant que président de la Serbie qui était situé à

  6   Belgrade.

  7   Et on parlait toujours -- enfin les sujets abordés étaient toujours

  8   des sujets très, très larges concernant le résultat envisagé par la Bosnie-

  9   Herzégovine et le statut des zones en Croatie et d'autres zones connues en

 10   tant que UNPA. Son contact était toujours, allait toujours du bas vers le

 11   haut. Et quand j'ai terminé mon mandat, des représentants des Nations Unies

 12   avaient été pris comme otages à l'intérieur de Sarajevo et autour de

 13   Sarajevo. Et il était impliqué, il avait pris part au processus visant à

 14   libérer toutes ces personnes appartenant à diverses nations. Et au même

 15   moment, il négociait avec les représentants américains. Je crois qu'il

 16   s'agissait de Robert Fraser, concernant ce qui allait se passer. Donc il

 17   était toujours impliqué du dernier, enfin du bas allant jusqu'en haut, donc

 18   en partant par la plus petite question jusqu'à une des questions au sens

 19   très élargi concernant les questions internationales.

 20   Q.  Je vous remercie, beaucoup. Je n'ai plus d'autres questions pour vous,

 21   et je crois que mes éminents confrères de la Défense auront certainement

 22   des questions à vous poser.

 23   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Monsieur Thomas.

 25   Monsieur Guy-Smith.

 26   M. GUY-SMITH : [interprétation] Permettez-moi quelques instants pour

 27   m'organiser.

 28   Contre-interrogatoire par M. Guy-Smith : 

Page 2852

  1   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur.

  2   R.  Bonjour, Monsieur.

  3   Q.  Comment allez-vous ?

  4   R.  Très bien, merci.

  5   Q.  Bien, j'en suis fort heureux.

  6   Très souvent, je ne parle pas très fort et les interprètes me le disent.

  7   Est-ce que quelqu'un pourrait me dire si on m'entend oui ou non ?

  8   Je vous remercie.

  9   Ces événements qui se sont déroulés, ils se sont déroulés il y a quelques

 10   années de cela, et je suis tout à fait certain que la situation dans

 11   laquelle vous vous trouviez n'était pas seulement une situation

 12   remarquable, mais également mémorable; et pour ce qui est de ce que vous

 13   dites concernant certains détails, vous dites que vous ne pouvez pas vous

 14   rappeler de tous les détails très précis, n'est-ce pas ?

 15   R.  En fait je parlais plus précisément des détails tels les questions

 16   temporelles, des détails tels les dates spécifiques reliées à des

 17   événements bien précis.

 18   Q.  Oui, je vous comprends.

 19   Vous avez fait une déclaration, je crois que cette déclaration vous l'avez

 20   faite au bureau du Procureur en septembre 1999, il y a environ dix ans.

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Quelques mois de plus ou de moins ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Serait-il juste de dire que lorsque vous avez fait cette déclaration,

 25   vos souvenirs concernant certains détails, pas seulement concernant les

 26   événements, mais aussi les dates étaient meilleures que maintenant, vos

 27   souvenirs étaient plus frais ?

 28   R.  Oui.

Page 2853

  1   Q.  Vous êtes arrivé dans le secteur au mois d'avril, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Est-ce qu'il s'agissait du mois d'avril 1992 ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Avant que vous ne vous présentiez dans le secteur, vous vous étiez

  6   renseigné du meilleur de vos capacités concernant la situation sur le

  7   terrain, n'est-ce pas ?

  8   R.  Monsieur le Président, cette déclaration-là, il m'est bien difficile de

  9   la replacer. Lorsqu'on vous assigne une mission des Nations Unies, vous

 10   n'êtes pas censé de faire autre chose qu'une orientation à l'intérieur des

 11   Nations Unies, à savoir quelle est la mission. Deux ou trois ans

 12   auparavant, j'avais pris part aux événements en Afghanistan, dans un

 13   contexte bien différent, mais on ne me demande pas de faire une étude. On

 14   ne me demande pas non plus de savoir autre chose outre ce que les termes

 15   officiels de référence sont lorsqu'on parle de la mission. C'est dans ce

 16   sens-là que je me suis renseigné et que je me suis informé de la situation.

 17   Q.  Lorsque vous nous dites, comme vous venez de nous le dire à l'instant,

 18   qu'il n'est pas nécessaire de connaître plus que les termes de référence

 19   concernant la mission, est-ce que vous pourriez expliquer aux Juges de la

 20   Chambre ce que vous voulez dire par cela ? Vous parlez de "termes officiels

 21   de référence," qu'est-ce que vous voulez dire ?

 22   R.  C'est-à-dire de mettre en œuvre les résolutions, de mettre en œuvre la

 23   mission. Puisqu'il s'agit d'un document international, il s'agit d'un

 24   document très complet puisque les résolutions représentent les documents de

 25   base qui ont été à l'origine des raisons pour lesquelles le Conseil de

 26   sécurité a été impliqué, des résultats attendus. En fait, c'était assez

 27   complexe, je dois le dire.

 28   Q.  Pour ce qui est de la recherche que vous aviez faite ou de vous façon

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  1   de vous renseigner de la situation avant d'arriver à Belgrade au mois

  2   d'avril, j'imagine que vous aviez fait ce travail, vous aviez fait des

  3   recherches. Vous aviez trouvé ces points de référence pour ce qui est de la

  4   mission ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Dans ce sens-là, vous nous avez dit dans ce prétoire, que vous aviez

  7   compris qu'il s'agissait du plan Vance-Owen, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Vous aviez également compris quels étaient les paramètres du plan

 10   Vance-Owen, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Et vous aviez également compris quelles étaient vos tâches bien

 13   précises, quelles étaient vos tâches et obligations pour ce qui est

 14   d'essayer de mettre en œuvre le plan du meilleur de votre pouvoir ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Et le plan Vance envisageait une composante militaire et civile, n'est-

 17   ce pas ?

 18   R.  Oui, ces composantes faisaient partie du plan, effectivement.

 19   Q.  J'imagine que vous n'êtes pas un militaire, et en tant que faisant

 20   partie de votre mission, j'imagine que vous deviez effectuer une liaison

 21   avec les composantes militaires qui étaient impliquées dans le plan Vance-

 22   Owen ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Ces derniers avaient trouvé leur expression par le biais des

 25   organisations telles le FORPRONU et les observateurs indépendants des

 26   Nations Unies, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Et lorsque vous êtes arrivé à Belgrade, puisque vous saviez que vous

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  1   deviez établir une liaison avec ces groupes précis, est-ce que vous vous

  2   étiez informé, à savoir quelles étaient les difficultés militaires qui

  3   prévalaient sur le terrain avant votre arrivée ?

  4   R.  Si vous parlez de l'éducation que j'ai faite pour ce qui est d'autre

  5   matériel, qui ne faisait pas partie de ma mission --

  6   Q.  Non, non, mais vous m'avez dit que ce n'est pas ce que vous avez fait,

  7   alors je ne parle pas de cela.

  8   R.  D'accord, très bien.

  9   Q.  Lorsque vous êtes arrivé à Belgrade, on vous a immédiatement déployé

 10   dans un certain secteur, en fait, bien sûr, quelques jours après votre

 11   arrivée ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Et lorsque vous vous êtes présenté sur ce secteur, est-ce que vous

 14   aviez appris à ce moment-là, après votre déploiement, aviez-vous saisi que

 15   votre mandat concernant la mise en œuvre du plan Vance-Owen se déroulerait

 16   sans problème, ou plutôt, est-ce que vous saviez qu'il y aurait des

 17   difficultés, qu'il y avait immédiatement des problèmes qui s'étaient

 18   présentés puisque vous aviez vu que les parties parlaient du plan de façon

 19   diverse, la mission n'allait pas être facile ? Vous avez compris ceci ?

 20   R.  Oui, tout à fait. Et c'était tout à fait clair à partir du premier

 21   jour. Nous devions passer à Osijek, c'était un théâtre des opérations avec

 22   des chars qui se tiraient dessus des deux côtés. Il était tout à fait clair

 23   qu'il s'agissait d'une zone dans laquelle il y avait une guerre. 

 24   Q.  Oui, je comprends, mais il y avait également une préoccupation

 25   immédiate et directe que vous aviez parce que vous aviez compris qu'il

 26   existait cette notion, à savoir qu'il fallait démobiliser les troupes ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  La démobilisation des troupes, indépendamment du fait que c'était

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  1   quelque chose qui était important en soi, ce n'était pas nécessairement en

  2   lien avec le point de vue partagé par les parties ? Vous aviez identifié

  3   ces municipalités comme des opstina, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui. En partie, oui. Mais il fallait également essayer de comprendre ce

  5   que chacune de ces parties pensait que nous étions venus faire, c'est-à-

  6   dire quelle était leur compréhension de nous. On nous a montré, de façon

  7   très graphique, lorsque nous sommes arrivés sur la ligne de confrontation

  8   au secteur nord, où une partie pensait que nous allions les remplacer en

  9   fait dans les tranchées.

 10   Q.  Lorsque vous pensiez que l'une des parties pensait que vous alliez les

 11   remplacer dans leurs positions --

 12   R.  Oui, sur la ligne de front. Ils pensaient qu'on était venus les

 13   remplacer dans les tranchées.

 14   Q.  De quelle partie d'agit-il ?

 15   R.  C'étaient les Serbes.

 16   Q.  Et l'autre partie belligérante, le côté croate, quelle était leur

 17   position concernant votre mandat, quelle était leur compréhension de votre

 18   mandat ?

 19   R.  Eux aussi pensaient que nous étions venus pour les chasser de leurs

 20   tranchées.

 21   Q.  Donc dès votre arrivée, il y avait un malentendu énorme quant à vos

 22   objectifs, n'est-ce pas, je crois que vous deviez clarifier ceci

 23   immédiatement ?

 24   R.  Oui, tout à fait. Nous étions contraints à le faire. D'abord, nous

 25   l'avons fait en leur disant que : Non, nous ne sommes pas venus pour faire

 26   ceci, et d'autre part, nous leur disions : Vous devez vous retrancher.

 27   Q.  Au cours de ces journées immédiatement après votre arrivée, est-ce

 28   qu'il y avait des observations concernant quelles zones, quels endroits,

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  1   encore une fois, je parle d'opstina, est-ce qu'il y avait des discussions,

  2   à savoir quelles sont les opstina qui tomberaient sous le contrôle de qui ?

  3   En fait, ce que j'aimerais savoir, pourriez-vous expliquer aux Juges de la

  4   Chambre quel était le problème, la zone rose ?

  5   R.  Tout à fait. Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges.

  6   Voilà, c'était une combinaison de ce que l'éminent conseil essayait de

  7   dire, c'est-à-dire qu'il fallait préciser non pas seulement quel était

  8   notre mandat, mais il fallait également préciser quelles étaient les

  9   frontières et quelles étaient les frontières juridiques de ce mandat. Ce

 10   n'était pas, comme la plupart des choses, quelque chose qui avait été fait

 11   par des comités ou des assemblées. Ce n'était pas étanche. Ce que le plan

 12   Vance-Owen disait, c'était la chose suivante : Votre mandat couvrira ces

 13   opstina suivantes. Et ensuite, ces opstina ou municipalités étaient

 14   énumérées dans une annexe à l'accord, qui était annexée à l'accord pour ce

 15   qui est des opstina se trouvant entre Belgrade et Zagreb.

 16   Ces opstina, sur les cartes qui existaient d'avant à la guerre

 17   avaient des frontières civiques, donc il existait des frontières civiques

 18   de ces mêmes opstina ou municipalités. Pour ce qui est du côté croate, ils

 19   avaient repoussé ces frontières civiques de ces opstina se rapprochant le

 20   plus de leur côté. Donc le mandat des Nations Unies devait s'arrêter là,

 21   nous n'avions pas de juridiction au-delà de ces frontières, indépendamment

 22   de la situation se déroulant sur le terrain.

 23   Du point de vue des Serbes, ce n'était pas ainsi. L'interprétation

 24   était la suivante : nous avions mené cette guerre et nous avions fait une

 25   ligne de confrontation très claire. Nous étions arrivés à une ligne de

 26   confrontation très claire où nos troupes étaient déployées. Ils avaient

 27   tracé une carte dessinant, démontrant, délimitant ces lignes de

 28   confrontation, et sur ces cartes-là, il y avait des frontières des opstina,

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  1   ils passaient donc à travers.

  2   Lorsqu'on place ces deux cartes ensemble, lorsqu'on les superpose, on

  3   trouve une zone que l'on appelle la zone rose parce que selon la couleur,

  4   la couleur de la carte, c'était rose. La façon dont les cartes militaires

  5   sont faites, c'était en rose. Cette partie était en rose, on l'appelait la

  6   zone rose. Ceci est devenu un problème, c'étaient les opstina qui ne se

  7   trouvaient pas, qui n'étaient pas énumérées par le plan Vance Owen et

  8   c'étaient les opstina que les Serbes avaient mis là parce qu'ils avaient

  9   fait cette guerre et ils étaient arrivés jusqu'à ces frontières et c'était

 10   en fait des rivières qui délimitaient d'une certaine façon ces frontières

 11   naturelles.

 12   Ensuite une discussion s'est engendrée, à savoir qu'est-ce qu'il

 13   fallait faire pour les zones où il y avait différentes opinions, la

 14   question a été présentée au Conseil de sécurité, ceci est devenu la

 15   Résolution 762, je crois.

 16   Q.  Je vous remercie de cette réponse. J'aimerais maintenant vous donner

 17   lecture de votre déclaration, le passage de votre déclaration, et vous

 18   demander s'il ne s'agit pas d'un résumé très clair et concis de ce que vous

 19   avez dit aujourd'hui au Conseil à la page 10, je cite :

 20   "Le plan Vance-Owen a placé les frontières des UNPAS, c'étaient les zones

 21   protégées des Nations Unies le long des lignes de confrontation telles que

 22   compris par M. Cyrus Vance, plusieurs mois avant l'arrivée de la FORPRONU

 23   au mois d'avril de 1992. Le plan Vance-Owen, c'était un plan ambigu, à

 24   savoir si les frontières des zones des UNPAS correspondaient aux frontières

 25   civiques des opstina, déjà mentionné, et c'est ce que nos interlocuteurs

 26   croates avaient compris ou simplement comme ceci, si les 'frontières', si

 27   les observateurs UNPA avaient délimité ces lignes avant l'arrivée de la

 28   FORPRONU, c'était ce que les Serbes ont compris. Donc les lignes sont

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  1   devenues, ces zones sont devenues des 'zones roses'." Vous nous avez

  2   expliqué pourquoi et ceci est devenu l'objet du Conseil de sécurité. Ils

  3   ont modifié le plan original Vance-Owen.

  4   R.  [aucune interprétation]

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Suis-je le seul qui entend les bruits

  6   dans mes écouteurs, comme si quelqu'un faisait du bruit.

  7   M. GUY-SMITH : [interprétation] J'entends ces mêmes bruits moi aussi, de

  8   temps en temps, mais j'avais décidé de ne pas m'en faire. Je ne sais pas si

  9   c'était moi.

 10   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais ces bruits empirent.

 11   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je vais voir si c'est la source du bruit.

 12   Est-ce que vous l'entendez ?

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, c'est cela. 

 14   M. GUY-SMITH : [interprétation] Nous sommes désolés, c'est ma faute à moi.

 15   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] C'est beaucoup mieux.

 16   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 17   Q.  S'agissant des zones roses et s'agissant de la modification du plan

 18   Vance-Owen concernant justement ces signes, ces zones roses, c'est en fait

 19   l'une des premières choses qui vous préoccupait lorsque vous êtes arrivé

 20   sur le secteur nord ?

 21   R.  Oui, entre autres. Il y avait d'autres priorités, bien sûr.

 22   Q.  Lorsque vous êtes d'abord arrivé initialement dans la région, la

 23   situation politique était la suivante, et je parle du mois d'avril 1992 : A

 24   ce moment-là, la RFY, la République fédérale de Yougoslavie devait être

 25   reconnue par quelqu'un, soit de façon internationale ou à l'interne, être

 26   reconnue comme étant un Etat, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  La Croatie, lorsque vous êtes arrivé, la Croatie était en processus de

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  1   reconnaissance, n'est-ce pas, est-ce qu'ils avaient été reconnus, n'est-ce

  2   pas ?

  3   R.  Oui, ils ont été reconnus par la suite.

  4   Q.  Très bien. Et la Bosnie-Herzégovine n'existait pas encore, n'est-ce pas

  5   ? Ce n'était pas encore clair, elle n'était pas encore définie ?

  6   R.  Je ne peux pas être tout à fait exact, mais je crois qu'ils ont reçu

  7   leur reconnaissance au mois de mars 1992.

  8   Q.  Très bien.

  9   R.  Une Bosnie, la Bosnie qui était une Bosnie très pacifique avait

 10   commencé à se mobiliser pour mener cette guerre et le résultat était un

 11   accord. Ce qui est arrivé, c'est un désaccord quant à la déclaration de

 12   l'indépendance de la Bosnie.

 13   Q.  D'accord.

 14   R.   Alors pourriez-vous me placer dans le cadre temporel. Ça aussi,

 15   c'est de vous que je m'attends à ce que vous me donniez le cadre temporel

 16   puisqu'il fallait reconnaître aussi la Bosnie.

 17   Q.  La Republika Srpska, au mois d'avril, n'avait pas encore été

 18   créée ?

 19   R.  Je n'avais même pas entendu parler de ce terme, à ce moment-là.

 20   Q.  Et la Krajina de la Republika Srpska de nouveau, est-ce un

 21   concept qui existait déjà, est-ce que cet Etat avait déjà été créé,

 22   nonobstant le fait qu'elle n'avait pas encore reçu de reconnaissance

 23   internationale ?

 24   R.  La première fois que j'ai entendu ce terme, c'était au mois de

 25   mai.

 26   Q.  Fort bien. Lorsque vous vous êtes présenté sur place, vous étiez -- et

 27   lorsque je parle de vous, je parle de la mission des Nations Unies, vous

 28   dépendiez de la JNA ?

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  1   R.  Oui, tout à fait, complètement, particulièrement pendant les premières

  2   semaines.

  3   Q.  Ceci correspondait, n'est-ce pas, selon vous, avec la position qui

  4   avait été prise par Milosevic pour ce qui est de l'entrée au plan Vance-

  5   Owen, à savoir s'il y avait un besoin pour que la mission des Nations Unies

  6   soit sur place et, bien sûr, il fallait un soutien logistique ?

  7   R.  Non. La raison c'était que nous n'avions pas réussi à organiser notre

  8   appui logistique. Nous ne nous attendions pas à ce que la JNA nous

  9   fournisse la logistique, mais ils l'ont fait. Ils l'ont fait de façon

 10   volontaire et nous apprécions cela. C'était bien vu puisqu'il aurait été

 11   pire s'ils nous avaient combattus. On n'aurait pas pu entrer.

 12   Q.  Justement, mais vous nous dites que la JNA avait fourni justement ces

 13   supports logistiques parce que si elle ne l'avait pas fait, la mission

 14   n'aurait pas fonctionné ?

 15   R.  Oui, c'est exact.

 16   Q.  Et c'était en avril 1992 ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Il était devenu très apparent, et je passe maintenant à la fin du mois

 19   d'avril, que les choses allaient changer de façon dramatique, n'est-ce pas,

 20   et en disant ceci, je veux dire, entre autres, la RFY avait vu le jour, je

 21   ne vous demande pas de nous faire un commentaire juridique, mais pour ce

 22   qui est des questions juridiques, on vous avait informé, n'est-ce pas, que

 23   les autorités à Belgrade avaient compris qu'il y avait maintenant une

 24   nouvelle nation, un nouvel Etat qui avait été créé, et qu'il y avait

 25   certains endroits où l'armée, plus précisément la JNA, ne pouvait plus se

 26   trouver ? Et je crois que le général Nikovic en avait parlé avec vous ?

 27   R.  Oui, tout à fait.

 28   Q.  Et justement c'est ceci qui a fait l'objet d'une discussion que vous

Page 2863

  1   aviez eue avec lui lorsque vous essayiez de trouver une solution, à savoir

  2   de quelle façon est-ce que la JNA allait se retirer de la région, du

  3   secteur ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  A votre connaissance, et avant l'effondrement de l'ancienne

  6   Yougoslavie, est-ce qu'il y avait pour chacune des républiques des unités

  7   de Défense territoriale ?

  8   R.  Non, pas à ma connaissance. C'était un commandement uniforme, le 10e

  9   Bataillon.

 10   Q.  A votre connaissance, avant l'effondrement de l'ancienne Yougoslavie,

 11   savez-vous s'il y avait une différence entre l'armée, la JNA, et les

 12   personnes qui étaient impliquées dans ces unités de Défense territoriale ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  Quand vous discutiez avec le général Nikovic, et pour que les choses

 15   soient bien claires, c'était le commandant pour toute la région, n'est-ce

 16   pas ? Donc quand vous discutiez avec lui de la nouvelle réalité politique -

 17   avec lui, je parle ici du général Nikovic et je reprends certaines des

 18   formulations que j'ai retrouvées dans votre déclaration parce que je pense

 19   que c'est très précis - il vous disait que cela n'était pas dans ses

 20   responsabilités, disait-il, de s'occuper avec la Croatie et la Bosnie-

 21   Herzégovine, et que dans la région il y avait des problèmes pratiques, des

 22   zones qui posaient problème et qui devaient trouver solution ?

 23   R.  Ce sont exactement les termes qu'il avait utilisés.

 24   Q.  Est-ce que vous l'avez aidé pour évaluer certains de ces problèmes

 25   pratiques ou est-ce qu'il a discuté avec vous par exemple les plans

 26   d'évacuation, est-ce que vous aviez pu comprendre ou compris ce que pensait

 27   la JNA par rapport à l'évacuation de la région ?

 28   R.  Ecoutez, Monsieur, nous n'étions pas là pour nous occuper de ces

Page 2864

  1   choses-là. Nous étions là pour voir comment la chose, la démobilisation

  2   allait se dérouler telle qu'instruite ou ordonnée par le Conseil de

  3   sécurité, et à quel rythme, avec quelle rapidité.

  4   Q.  A ce moment-là, il y avait quand même un problème entre ceux qui

  5   étaient nés dans la zone, et ceux qui ne l'étaient pas et ceux qui devaient

  6   partir; la question qui se posait était, entre autres, les avoirs de la JNA

  7   et cela pesait très lourd ?

  8   R.  En effet.

  9   Q.  Est-ce que vous avez pu vous entretenir avec lui pour voir ce qui à vos

 10   yeux, dans votre capacité de représentation, était la démarche la plus

 11   adéquate ?

 12   R.  Non, nous n'avions pas à en décider, parce que d'après le mandat qui

 13   était le nôtre pour cette mission, il nous appartenait de veiller à ce que

 14   les armes soient démobilisées et entreposées dans des zones désignées mises

 15   sous clé, deux clés, à savoir une qui était conservée par la mission et une

 16   conservée par les autorités locales. Et nous savions donc où les armes

 17   devaient être entreposées.

 18   Q.  Alors, est-ce que les choses étaient claires pour vous à la lumière de

 19   vos entretiens avec le général Nikovic, et là je reprends encore une fois

 20   ce que vous avez vous-même déclaré afin de m'en assurer de sa précision et

 21   son authenticité : "Nous avions une situation militaire et administrative

 22   propre et claire, ou en tout cas c'est ce que nous devions laisser

 23   derrière."

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Et il vous a donné par le détail le déploiement qui avait été fait de

 26   la JNA en différents groupes; et il a insisté sur le retrait de la JNA avec

 27   le contrôle militaire qui avait été transmis à la FORPRONU. Et à l'époque,

 28   on peut dire que le général de la JNA était assez surpris de voir comment

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  1   les choses se déroulaient ?

  2   R.  Exact.

  3   Q.  Et puisqu'il était représentant de la JNA il était assez ouvert et

  4   heureux de voir que le mandat des Nations Unies avait été mis en

  5   application et respecté de manière juste et complète ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Et il aurait déclaré que l'accord des FORPRONU s'appliquerait à la

  8   Serbie Krajina. Comment avez-vous compris cela ?

  9   R.  Il devait faire une proposition qui consistait à s'assurer que la

 10   situation resterait claire et propre, comme vous venez de le dire, en

 11   utilisant des filières différentes. Nos filières passaient par les Nations

 12   Unies alors que les siennes passaient par Belgrade. Donc une fois que les

 13   choses étaient d'accord sur le terrain, une fois qu'on était d'accord, ce

 14   serait appliqué.

 15   Q.  Il y a une dizaine d'années, vous aviez déclaré que l'une des parties

 16   avait une perception légèrement différente. Vous avez dit, il s'est avéré

 17   que les Serbes locaux sur place avaient un objectif différent.

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Reprenons justement cet objectif différent. Vous avez appris

 20   qu'ils avaient l'intention de consolider leur main mise sur un territoire

 21   contesté en Croatie.

 22   R. Oui. 

 23   Q.  Alors quand vous avez appris cela, est-ce que cela fait référence

 24   à vos yeux aux zones protégées des Nations Unies ou cela va au-delà de ces

 25   zones protégées des Nations Unies, des zones roses ?

 26   R.  A mes yeux, c'est ce que eux-mêmes considéraient un peu plus que ce

 27   qu'ils avaient baptisé eux-mêmes la Republika Srpska Krajina, et donc dans

 28   tous les secteurs : Slavonie du sud, et Slavonie occidentale, et les zones

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  1   roses.

  2   Q.  Peut-être n'ai-je pas vraiment bien perçu votre témoignage plus tôt ce

  3   matin, et si c'est le cas corrigez-moi; sinon, de toute façon, aidez-moi.

  4   J'ai été amené à comprendre qu'à vos yeux ce qui s'était passé c'est que

  5   les forces de Défense territoriale avaient été mises sur pied par la JNA,

  6   et quand celle-ci s'est retirée pour vous c'est -- bon, c'était des forces

  7   de Défense territoriale sur site je dirais ? Est-ce que cela correspond à

  8   ce que vous avez dit ?

  9   R.  Je ne pense pas.

 10   Q.  Dites-moi alors si la chose suivante est plus précise par rapport à

 11   votre estimation de la situation. Les Serbes locaux ont identifié une

 12   défaillance dans le plan Vance, en ce sens que les forces de police étaient

 13   un groupe qui ne devait pas être démobilisé parmi tous les groupes armés ?

 14   R.  C'est exactement ce que j'ai dit.

 15   Q.  Donc ce qui s'est passé c'est que les Serbes ont commencé à mettre sur

 16   pied leurs "forces de Défense territoriale (les TDF)" et directement en

 17   fait de manière presque concomitante avec le retrait de la JNA ?

 18   R.  C'est correct. Ce n'est pas la JNA qui les a mises sur pied.

 19   Q.  Donc le plan Vance-Owen comprenait une ambiguïté. Pour savoir qu'il y

 20   avait une ambiguïté par rapport à cette zone rose - on en a déjà parlé -

 21   une autre ambiguïté, c'est la définition d'une force de police ?

 22   R.  Maître, je ne suis pas sûr que l'on puisse dire qu'une ambiguïté et une

 23   défaillance soient deux mêmes choses.

 24   Q.  [aucune interprétation]

 25   R.  En fait, cette défaillance qu'ils ont identifiée est une carence

 26   profonde en fait.

 27   Q.  Alors, c'est encore plus fort ?

 28   R.  [aucune interprétation]

Page 2867

  1   Q.  Bon alors, nous allons reprendre ça, puisqu'on discute du plan Vance.

  2   Il y avait deux problèmes structurels inhérents à ce plan qui permettaient

  3   d'induire en erreur le lecteur ou celui qui devait prendre ce plan pour

  4   voir comment arriver à l'objectif que celui-ci délimitait ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Il y avait les problèmes qui découlaient de ces difficultés

  7   structurelles. Est-ce que dans votre capacité vous avez ressenti une

  8   résistance dans le chef de Belgrade qui viserait à vous empêcher de

  9   continuer à mettre en œuvre ce plan Vance ?

 10   Ne vous êtes-vous jamais retrouvé dans une situation où vous avez

 11   reçu des informations de Milosevic qui vous disait en levant les bras au

 12   ciel : Ecoutez, ce plan Vance ne marche pas, ça ne marchera pas, on

 13   retourne, on reprend l'ébauche à zéro ?

 14   R.  Non, pas dans ce sens-là.

 15   Q.  Quand vous êtes arrivé là pour la première fois - je parle ici du

 16   secteur nord - vous avez eu des contacts avec un monsieur qui s'appelle

 17   Lazarevic, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Je vois une expression sur votre visage, à votre sourire, que cette

 20   personne n'était pas du tout satisfaisante --

 21   R.  Oui.

 22   Q.  A tout égard d'ailleurs ?

 23   R.  Oui, c'était pénible.

 24   Q.  Ce n'était pas quelqu'un sur qui vous pouviez compter, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, mais ça m'a pris un petit temps avant de percevoir cela.

 26   Q.  Maintenant que vous êtes ici aujourd'hui, est-ce que vous vous souvenez

 27   quand la JNA s'est finalement retirée de la région, de la zone ?

 28   R.  Nous avons continué jusqu'à un point nommé. On s'est dit à ce moment-là

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  1   qu'on était satisfait de la démobilisation acquise. Les armes avaient été

  2   rendues. Nous avions des entrepôts désignés. Et ceux qui restaient de la

  3   JNA, qui étaient nés sur place, portaient à ce moment-là des uniformes

  4   civils, des vêtements civils, et la police, par contre, portait un uniforme

  5   bleu. Pendant tout un temps on s'est dit, pour une fois, on arrive à

  6   quelque chose.

  7   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Quel uniforme civil ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Un uniforme bleu plutôt qu'une tunique

  9   militaire.

 10   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous venez de dire :

 11   "Nous avions des entrepôts désignés, et ceux qui restaient de la JNA sur

 12   place étaient en uniforme civil, alors que la force police était en bleu."

 13   LE TÉMOIN : Oui.

 14   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous cite.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] En effet.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Quelle est la différence entre ces

 17   deux uniformes ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je veux dire en vêtements civils, comme

 19   vous et moi, pas en uniforme justement.

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [aucune interprétation]

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] En costume, en vêtements tout à fait normaux.

 22   M. LE JUGE MOLOTO : [aucune interprétation]

 23   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 24   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 25   Q.  Maintenant, je souhaite préciser quelque chose sur une question assez

 26   brièvement, à savoir lorsque vous vous entreteniez avec le général Nikovic

 27   à propos d'une nouvelle réalité politique, il vous a dit qu'il y aurait six

 28   pays qui seraient crées à partir de l'ex-Yougoslavie, et il a cité comme

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  1   suit : la Slovénie, la Croatie, la nouvelle République fédérale de

  2   Yougoslavie, la Serbie et le Monténégro, étaient compris dedans - c'était

  3   une parenthèse que j'avais ouverte - la Krajina serbe, la Macédoine et la

  4   Bosnie-Herzégovine; c'est exact ?

  5   R.  C'est exact.

  6   Q.  Bien. Je souhaite maintenant avancer, si vous le voulez bien, et passer

  7   à cette question que j'appellerais, en utilisant un terme général, les

  8   hélicoptères et les cassettes enregistrées. En fait, il y a différentes

  9   parties qui composent cet élément-là. Mais je vais procéder par ordre et

 10   essayer d'aborder une composante après l'autre.

 11   A l'origine, l'idée était de dire qu'à l'aéroport de Surcin il y

 12   aurait des observateurs des Nations Unies, des observateurs militaires des

 13   Nations Unies qui seraient présents, qui seraient là dans la pièce pour

 14   décider si oui ou non tout se passait bien ou si en réalité il y avait des

 15   violations. Et dans le cas où il y aurait des violations, ce qui était

 16   important, l'importance c'était double, peut-être même davantage, mais en

 17   tout cas, la violation était quelque chose d'important dont il fallait

 18   faire un rapport immédiatement à cause des préoccupations qui avaient vu le

 19   jour lors de la résolution des Nations Unies sur le non-survol de certaines

 20   régions.

 21   A l'époque également, il y avait une autre question qui était de

 22   savoir si oui ou non des sanctions qui avaient été imposées par le passé,

 23   si ces sanctions devaient perdurer, si ces sanctions devaient être

 24   diminuées ou être augmentées, parce que les sanctions, en réalité, étaient

 25   véritablement une pièce maîtresse de ces négociations, parce que vous, les

 26   Nations Unies, vous en disposiez, il s'agissait pour vous d'essayer de

 27   réglementer ceci en étant assez avisé. J'utilise en fait ce terme-là parce

 28   que c'était la folie à l'époque.

Page 2870

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Alors, --

  3   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Puis-je interrompre parce qu'il y a

  4   quelqu'un qui bouge dans le prétoire, qui utilise une souris, à part la

  5   sténotypiste.

  6   M. GUY-SMITH : [interprétation] En fait, j'étais en train de faire une

  7   blague.

  8   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je ne sais pas si je suis le seul,

  9   mais il y a ce bruit de fond que j'entends.

 10   M. THOMAS : [interprétation] Il est vrai que je le faisais, mais les

 11   microphones étaient éteints ici. Bien, si c'est le cas, dans ce cas, nous

 12   n'allons pas utiliser notre clavier.

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] J'apprécierais cela. Il semblerait que

 14   mon micro soit particulièrement sensible aujourd'hui.

 15   M. GUY-SMITH : [interprétation] J'ai le même problème que vous.

 16   Q.  Alors, une des conséquences normales des sanctions qui avaient été

 17   imposées, c'était que certains éléments qui devaient servir à faire

 18   fonctionner les radars n'étaient pas disponibles dans la salle des radars ?

 19   R.  Cette allégation a été faite, et j'utilise bien le terme "allégation."

 20   Q.  Une allégation a été faite dans ce sens, et une allégation a été faite

 21   dans la mesure où une autre allégation a été faite, ça veut dire que dans

 22   la salle des machines il fallait cannibaliser certaines parties de

 23   l'équipement pour le faire fonctionner ?

 24   R.  Je crois avoir entendu quelque chose à cet effet, mais ceci est arrivé

 25   à un moment où c'était difficile pour moi, parce que pour cela vous n'êtes

 26   pas obligé de vous assurer que les observateurs militaires ne sont pas là.

 27   Q.  N'est-il pas exact qu'à l'origine il est arrivé que -- et j'essaie de

 28   voir si oui ou non, parce que c'est quelque chose dont vous parlez dans un

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  1   de vos rapports; une animosité a fait surface.

  2   R.  [aucune interprétation]

  3   Q.  Il y avait des tensions dans cette petite pièce sur ces questions un

  4   petit peu difficiles. Quelqu'un a mal agi. Ceci a eu une incidence sur le

  5   plan international, mais j'essaie de faire décrire ce qui s'est passé dans

  6   cette pièce.

  7   A l'origine, ce qui s'est passé c'est que le poste des militaires

  8   observateurs des Nations Unies a été repris par quelqu'un d'autre, et

  9   l'observateur n'était plus à son poste mais a dû regarder par-dessus les

 10   épaules de quelqu'un; c'est cela ?

 11   R.  Deux points de détail étant donné que je n'étais pas là moi-même

 12   physiquement pour pouvoir répondre à cette question.

 13   Q.  J'essaie de revenir un petit peu en arrière dans ce cas. Si nous

 14   pouvons faire la clarté sur ce point, P472.

 15   M. GUY-SMITH : [interprétation] P472 à l'écran, s'il vous plaît, et je

 16   souhaite me reporter à la page 8, me semble-t-il, 8 sur 10. Je souhaite

 17   aborder la première phrase, le 1er février 1995. Au niveau de la première

 18   entrée. Est-ce que vous pouvez l'agrandir pour le Dr, s'il vous plaît, de

 19   cette façon qu'il ne soit pas obligé de loucher.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je le vois.

 21   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 22   Q.  On peut lire :

 23   "Le superviseur a éteint l'écran utilisé par l'observateur militaire des

 24   Nations Unies sur un plan purement pratique."

 25   Hormis la politique qui s'appliquait à l'emploi des radars, sur un

 26   plan purement pratique, l'observateur militaire des Nations Unies avait la

 27   capacité d'observer, mais pas à la façon dont ceci avait été prévu à

 28   l'origine ?

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  1   R.  Est-ce que vous êtes sûr de cela ?

  2   Q.  En fait, c'est sur la base du rapport de situation, et je vous dis

  3   qu'il regardait ceci par-dessus l'épaule de quelqu'un d'autre ?

  4   R.  Moi, je vous réponds que si je suis devant, je peux peut-être jeter un

  5   coup d'œil. Si vous dites, si je peux jeter un coup d'œil, est-ce que vous

  6   en concluez que je suis en train d'observer ?

  7   Q.  Souhaite, oui, oui. J'entends bien. Nous allons revenir à cette même

  8   page et passer, si vous voulez bien, aux lignes 7 à 10 :

  9   "Les militaires observateurs des Nations Unies n'ont accès à aucun écran et

 10   doivent s'asseoir à côté de la table d'écriture près du superviseur."

 11    R.  On comprend bien qu'il y a quelqu'un qui surveille ceci, puisque c'est

 12   un bâtiment qui appartient au gouvernement.

 13   Q.  Donc pendant que le militaire observateur des Nations Unies se trouve à

 14   ce bureau pendant ce temps-là, à ce moment-là il ne serait pas en mesure

 15   d'observer ce qui s'y passe ni de regarder par-dessus l'épaule de quelqu'un

 16   ?

 17   R.  Oui, je dirais cela.

 18   Q.  Bien évidemment, il y a une différence en tout cas dans l'esprit de

 19   l'auteur, la façon dont ce rapport de situation a été rédigé de façon à ce

 20   que vous puissiez vous baser sur les éléments d'information fournis. Il y a

 21   une différence entre les deux, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Heureusement, que pour finir tout ceci a été résolu.

 24   R.  Bien.

 25   Q.  Ceci a été résolu puisqu'on a fait une analyse des cassettes. Est-ce

 26   que vous savez qu'ils ont pu se procurer les pièces détachées ?

 27   R.  Comme je vous l'ai dit plus tôt, après qu'on est trouvé une solution à

 28   tout ceci, la question des pièces détachées n'a plus été abordée puisque

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  1   les appareils fonctionnaient.

  2   Q.  Bien. Alors si tout ceci pourrait être attribué à la mauvaise humeur

  3   dans ce contexte de travail, et c'était assez malheureux que ceci survienne

  4   dans ce cadre international ?

  5   R.  Non, Monsieur.

  6   Q.  Pour ce qui est de l'analyse des cassettes, ces cassettes ont

  7   finalement été communiquées, si vous vous souvenez, et ceci a finalement

  8   révélé certains éléments qui avaient été entre les mains des autorités de

  9   la RFY à l'époque, par exemple, qu'il y avait eu des vols. Des vols, en

 10   fait, enfin des vols d'évacuation, à des fins humanitaires, à des fins

 11   médicales.

 12   R.  Je crois qu'il est préférable de vérifier au niveau des documents, et

 13   ce, de façon plus précise. D'après mon souvenir, il y avait quelque chose

 14   comme on appelait des traces. Des références à des traces ou certains

 15   éléments qu'ils avaient du mal à discerner. Ils ne savaient pas très bien

 16   ce que c'était. Mais lorsqu'il s'agit d'une évaluation de ce type, on dit

 17   qu'il y avait quelques vols. S'il s'agissait de vols qui ont été vus par

 18   des soldats ou de ce que vous avez évoqué un peu plus tôt, cela, on ne le

 19   sait pas. C'est ce dont je me souviens en tout cas, mais c'est important

 20   d'être précis là-dessus, et je sais que vous disposez de ce document

 21   quelque part.

 22   Q.  Nous allons y venir dans quelques instants.

 23   M. GUY-SMITH : [interprétation] Est-ce que nous pouvons avoir la page 6,

 24   s'il vous plaît -- de page 6 du rapport, s'il vous plaît. Merci.

 25   Q.  Ici, je souhaite faire état de l'observation que vous avez faite le 13

 26   février 1995.

 27   M. GUY-SMITH : [interprétation] Est-ce que nous pouvons avoir le paragraphe

 28   13, s'il vous plaît, à l'écran, au milieu, de façon à ce que les personnes

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  1   plus âgées ici présentes puissent mieux voir.

  2   Q.  "Il est clair, d'après ce qui est évoqué au-dessus, que l'autorité RFY

  3   n'avait pas fourni de nouveaux éléments d'information, de nouveaux

  4   arguments, à l'appui de ceux qui avaient tendance à appuyer la position de

  5   la SC."

  6   Qu'est-ce que cela signifie ?

  7   R.  Le Conseil de sécurité.

  8   Q.  Merci.

  9   "D'après eux, ils sont innocents jusqu'à ce qu'on puisse démontrer le

 10   contraire. Ils indiquent clairement qu'ils n'ont pas perdu le droit ne pas

 11   être obligés de venir témoigner contre eux-mêmes. Néanmoins, ils ont laissé

 12   une porte ouverte pour que ce différend puisse être résolu par la HIV

 13   [phon], puisqu'il y a des superviseurs qui n'ont pas été identifiés, qui

 14   ont demandé aux observateurs militaires des Nations Unies de s'écarter des

 15   écrans radars. Cette situation sera sans doute résolue dans un ou deux

 16   jours."

 17   Voici vos observations à l'époque. Pour ce qui est de ceux que vous évoquez

 18   qui appuyaient ceux qui avaient tendance à soutenir cette position-là au

 19   Conseil de sécurité, je suppose que vous faites état de certains membres du

 20   Conseil de sécurité qui à l'époque étaient en position, je veux dire la

 21   Fédération de Russie que vous avez évoquée à la page 3 de votre rapport, et

 22   que ceci était conforme et qu'ils soutenaient cette position, la position

 23   générale ici, à savoir qu'ils n'étaient pas obligés de venir témoigner

 24   contre eux-mêmes ?

 25   R.  Maître, vous avez raison de façon générale lorsque vous avancez cela,

 26   mais je souhaite que ce paragraphe soit mieux expliqué. Il ne s'agit pas

 27   véritablement de conjectures. Au paragraphe 13, M. Cicanovic, qui était à

 28   la tête du ministère des Affaires étrangères et qui s'est occupé de cette

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  1   question-là devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, il a indiqué

  2   clairement que nous adoptons la position suivante, qu'il n'y a pas eu de

  3   vols. Si quelqu'un avance le contraire, il doit en fournir la preuve. Donc

  4   il ne s'agit pas ici de conjectures, comme cela semble l'être.

  5   Q.  Bien. Vous venez d'employer un terme, le terme déterminer --- non, non.

  6   Vous venez de déterminer le terme "to surmise" en anglais, qui est de "se

  7   livrer à des conjectures." J'en suis bien heureux, car si je comprends

  8   bien, la séquence des événements toujours en reconnaissant le document que

  9   nous venons de voir qui a été émis le 13 février. Le 16 février, il s'agit

 10   du document dont vous êtes l'auteur, et vous nous en avez parlé brièvement

 11   déjà, il s'agit du document P473, nous allons l'aborder sous peu, mais le

 12   sujet est : "Vols d'hélicoptère, et peut-être un épilogue."

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Comme base pour ce que vous avez décrit, et je ne veux certainement pas

 15   dire autre chose que ceci, c'est que les vols d'hélicoptères, en réalité,

 16   étaient une indication d'une faille, si je peux m'expliquer ainsi, qui

 17   existait au sein de la stabilité politique et concernant la position

 18   adoptée par Milosevic ?

 19   R.  Nous pouvons parler de stratégie, pas de position.

 20   Q.  Très bien. Alors j'aimerais que le document soit affiché, s'il vous

 21   plaît.

 22   M. GUY-SMITH : [interprétation] Voilà, la page 2. Premier paragraphe.

 23   Q.  Vous dites :

 24   "Il est très étonnant que toutes les pièces de cette histoire, de façon un

 25   peu incrédule, je dois l'admettre, est que l'épisode était plutôt -- c'est

 26   parti d'une décision interne, à savoir qu'il y avait une pensée calculée de

 27   la part de Milosevic d'envoyer ce message-là. Ce message était de savoir

 28   qu'il fallait engager des efforts avec les médiateurs internationaux qui

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  1   essayaient de faire en sorte que Milosevic accepte cet accord en tant que

  2   tel, impliquant la reconnaissance de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine

  3   et de lever les sanctions."

  4   Maintenant, j'aimerais savoir si vous pourriez nous dire si ceci vous a

  5   aidé dans le processus de déduction qui était le vôtre ?

  6   R.  J'avais plusieurs sources. Je me suis basé sur plusieurs sources,

  7   Monsieur le Président, lorsque j'ai rédigé ce rapport. Maintenant, lorsque

  8   je regarde, lorsque j'examine le rapport, je dois me rappeler, plus

  9   particulièrement lorsqu'on parle du document que vous évoquez, en tant que

 10   document qui contraste avec le document que vous avez mentionné un peu plus

 11   tôt, le document qui a été rédigé à New York. Ce document-là a été rédigé

 12   pour me préparer pour venir témoigner devant ce Tribunal. Alors que ce

 13   document-là dont vous parlez maintenant n'était pas préparé pour un

 14   témoignage. Il ne s'agissait pas d'un document qui avait pour intention

 15   d'être examiné par d'autres personnes que par son destinataire de façon

 16   confidentielle.

 17   Nous avions plusieurs sources, et le contenu qui y figure était pour

 18   améliorer nos discussions et nos négociations avec les autorités de la RFY,

 19   de façon à ce que si nous savions ou pensions savoir quelles étaient les

 20   raisons qui les motivaient, qui les poussaient dans le cadre des

 21   négociations. Donc, les sources dont je parle portent sur l'ensemble des

 22   informations qui nous étaient disponibles, d'abord en partant des

 23   informations reçues par l'armée, il y avait aussi des sources civiles. Mais

 24   il y avait également des informations ou des sources qui étaient des

 25   sources privées, des sources civiles dans ce sens-là.

 26   Q.  Lorsque nous abordons ce sujet bien précis, vous dites ici, -- il faut

 27   baisser quelque peu cette page :

 28   "Il y a trois jours, mes sources m'ont informé …"

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  1   C'est ainsi que vous commencez ce paragraphe. Pourriez-vous nous dire,

  2   Monsieur, quelles étaient les sources ?

  3   R.  Non, pas maintenant.

  4   Q.  Lorsque vous dites cela, qu'est-ce que vous voulez dire ?

  5    R.  Quelle est la date de ce document, s'il vous plaît ?

  6   Q.  Ce document a été rédigé le 16 février 1995.

  7   R.  1995, il y a plusieurs années de cela.

  8   Q.  Oui, effectivement. Vous nous dites aujourd'hui que vous ne vous

  9   rappelez pas des sources ?

 10   R.  Non, pas dans le sens où je voulais les identifier, mais -- en fait

 11   non, je ne peux pas les identifier parce que je me livrerais à des

 12   conjectures et il faudrait laisser ceci vague, ce passage vague. Je ne

 13   voudrais certainement pas me livrer à des conjectures.

 14   Q.  Fort bien. Vous dites : "Il y a trois jours mes sources m'ont informé

 15   qu'il existait une lettre qui avait été signée par environ 80 généraux de

 16   la JNA et que ceci avait commencé à circuler."

 17   Est-ce que vous vous rappelez de cela ?

 18   R.  Je me souviens pour ce qui est de toutes mes sources, nous nous basions

 19   sur l'interprétation et la traduction. Donc normalement, c'est des

 20   informations que j'aurais. Si quelqu'un a transcrit une information et nous

 21   l'emmenait et pensait que nous en avions besoin à ce moment-là, c'était une

 22   source.

 23   Q.  Comme vous nous dites aujourd'hui, vous nous dites que vous ne vous

 24   rappelez pas d'avoir reçu plusieurs lettres ?

 25   R.  Non.

 26   Q.  Vous dites ici, plus loin, je cite :

 27   "Milosevic dit que s'il reconnaissait la Croatie et la BiH, il ne

 28   reconnaîtrait pas la RSK et la RS, ils obéiraient au conseil suprême et au

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  1   commandant et que leurs forces seraient conjointes pour ce qui est des

  2   Etats serbes."

  3   Maintenant, si on revient un peu plus tôt, et si nous parlons de 1995, est-

  4   ce que vous savez qui était le chef de l'état-major et qui se trouvait à la

  5   tête de l'armée yougoslave ? Je peux vous donner le nom si vous voulez.

  6   C'était M. Perisic, c'était notre client.

  7   R.  Oui, justement j'allais vous le dire, puisque je traitais avec le

  8   colonel Vuksic, ou quelque chose comme ça. C'était un officier, le colonel

  9   Vuksic qui était un officier de liaison.

 10   Q.  Lorsque vous avez fait référence au commandant, c'était bien le

 11   commandant auquel vous avez fait référence, n'est-ce pas ? La raison pour

 12   laquelle je vous pose cette question est parce que dans la déclaration que

 13   vous aviez rédigée il y a environ dix ans portant sur ce sujet, car vous

 14   nous avez dit que vous aviez rédigé ce document pour venir témoigner, les

 15   mots que vous employez sont les suivants :

 16   "…ils désobéissaient le conseil suprême de la Défense et le commandant de

 17   la JA."

 18   Donc vous avez défini très clairement, et "…se joindre aux forces

 19   militaires de la RSK et de la RS," n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  C'est à la page 59 de votre déclaration.

 22   Bien. Maintenant, cette information-là, cette information telle que je la

 23   comprends, était basée sur le fait que quelqu'un d'autre vous avait donné

 24   une idée de ce qui se passait ? Vous n'avez jamais vu un document qui

 25   établissait le fait qu'il y avait 80 généraux qui avaient envoyé ce

 26   document ou cette lettre, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui, c'est exact.

 28   Q.  Bien. Maintenant, lorsque vous avez réfléchi sur cette question, en

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  1   parlant de Milosevic -- ou appelons ceci le dilemme Milosevic, si je puis,

  2   qui était un dilemme, à l'époque, était basé directement ou fondé sur la

  3   question des hélicoptères. Ces deux questions étaient entremêlées d'une

  4   certaine façon. C'est ce que vous pensiez, n'est-ce pas, à l'époque ?

  5   Ou de toute façon, il semblerait que c'est ainsi que vous pensiez à

  6   l'époque. Il y a un hélicoptère un peu douteux. Vous en aviez parlé le 13

  7   février, vous en aviez fait rapport. Et le 16 février, vous parlez d'un des

  8   incidents survenus concernant des hélicoptères, et vous avez d'autres

  9   informations que vous incluez dans cette lettre. Donc à ce moment-là, il

 10   semblerait qu'un schisme est en train de se créer afin de pouvoir

 11   comprendre l'interne de ce qui se passait, pour pouvoir mener d'autres

 12   négociations ?

 13   R.  Oui. Mais j'aimerais reformuler ce que vous dites. C'est qu'en

 14   fait, c'est plus ou moins le dernier morceau du puzzle qui existait depuis

 15   très longtemps. Il y avait d'autres pièces du puzzle, mais cela faisait

 16   partie d'un collage de toutes ces pièces.

 17   Q.  Fort bien. Mais selon vous, quelle était l'importance de cette

 18   information-là, précisément celle-ci, d'un point de vue des négociations

 19   internationales qui avaient lieu ? A l'époque, c'était une information

 20   sensible, assez importante. A l'époque, c'était très délicat pour ce qui

 21   vous concerne, n'est-ce pas ? Il était bien délicat de savoir de quelle

 22   façon procéder, aborder, traiter cette information, ce sujet ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Est-ce que vous étiez préoccupé à savoir quelle était la meilleure

 25   façon à aider Milosevic, et bien sûr Perisic, puisque que vous en parlez, à

 26   arriver à la paix, puisque vous en parlez ?

 27   R.  Nulle part dans mon témoignage je n'ai parlé de ceci, puisque je

 28   n'arrivais pas aux conclusions générales. Je n'ai pas fait de conclusions

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  1   générales. Je ne dis pas où votre client est tombé, dans quelle partie.

  2   Rien de ce témoignage ne fait allusion à ceci, et je ne crois pas que j'ai

  3   jamais, à ce jour, dit à quel côté appartenait ou à quelle partie

  4   appartenait votre client.

  5   Q.  Nous avons peut-être besoin de précision. Dans votre déclaration, à la

  6   page 59, vous dites, - déclaration que vous avez préparée pour faire un

  7   témoignage - vous dites :

  8   "Effectivement, trois jours avant les vols mentionnés dans Srebrenica, 80

  9   généraux et colonels avaient publiquement averti Milosevic. Ils lui avaient

 10   dit que si vous alliez reconnaître la Croatie et la BiH - il ne

 11   reconnaîtrait plus la RSK et la RS - ils désobéiraient au conseil suprême

 12   de la Défense," et j'insiste pour dire "le commandant de la JA."

 13   R.  Exact.

 14   Q.  C'était le commandant, le général Perisic, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Ça c'est, bien sûr, si on part du principe que c'est bien la vérité ?

 17   R.  Exact.

 18   Q.  Et que votre information est précise ?

 19   R.  Oui, c'est exact.

 20   M. GUY-SMITH : [interprétation] Monsieur le Président, il nous reste encore

 21   une minute avant la fin de la séance d'aujourd'hui, mais je crois que le

 22   moment est opportun pour lever la séance. Est-ce que cela vous convient ?

 23   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous avez encore des

 24   questions à poser ou vous voulez aborder un autre sujet ?

 25   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je vais aborder un autre sujet.

 26   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Fort bien. Alors la séance sera levée.

 27   Nous reprendrons nos travaux demain matin à 9 heures dans la salle

 28   d'audience numéro II. La séance est levée.

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  1   --- L'audience est levée à 13 heures 44 et reprendra le mardi 27 janvier

  2   2009, à 9 heures 00.

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