Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 29 janvier 2009

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 07.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes, à

  6   l'intérieur et à l'extérieur de cette salle d'audience.

  7   Madame la Greffière, veuillez appeler l'affaire, je vous prie.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, il

  9   s'agit de l'affaire IT-04-81-T, le Procureur contre Momcilo Perisic.

 10   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie, Madame.

 11   Je demanderais aux parties de se présenter s'il vous plaît, en commençant

 12   par le Procureur.

 13   M. THOMAS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, je m'appelle -

 14   - d'abord j'aimerais m'excuser pour ce léger retard de ce matin, notre

 15   témoin est dans une pièce qui n'est pas tout près de cette salle

 16   d'audience.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien.

 18   M. THOMAS : [interprétation] Je m'appelle Mark Harmon, Barney Thomas, nous

 19   avons Bronagh McKenna, Salvatore Cannata et Carmela Javier pour

 20   l'Accusation.

 21   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie. Et pour la Défense.

 22   M. LUKIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,

 23   Monsieur les Juges. De notre côté l'accusé sera représenté par Me Milos

 24   Androvic, Daniela Tasic, M. Guy-Smith et Novak Lukic.

 25   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Juste avant de commencer,

 26   je souhaiterais rendre une décision orale qui a été rendue il y a quelques

 27   jours concernant le témoignage du témoin, juste pour dire brièvement que,

 28   apparemment au cours de la déposition du témoin, trois questions -- ou à

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  1   trois reprises la Défense a soulevé une objection quant aux questions

  2   posées par l'Accusation. Et pour le compte rendu d'audience, je voudrais

  3   simplement dire qu'après avoir relu le compte rendu d'audience, la Chambre

  4   de première instance ne donnera pas droit à ces objections.

  5   Je vous remercie. Est-ce que l'on peut faire entrer le témoin dans le

  6   prétoire, s'il vous plaît.

  7   M. THOMAS : [interprétation] Oui, certainement. L'Accusation appelle le

  8   commandant Overgard, s'il vous plaît.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [aucune interprétation]

 10   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, en fait, je pensais à

 11   quelque chose. Je n'avais pas moi-même cité le témoin -- je ne l'ai pas vu,

 12   pardon, ce matin. Mais on m'apprend qu'on l'a trouvé, il a été repéré.

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien, si vous le dites, je vous crois

 14   sur parole.

 15   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, permettez-moi de sortir

 16   pour quelques instants -- voilà, il est ici. Il vient d'entrer.

 17   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 18   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bonjour, Monsieur.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Veuillez, je vous prie, faire votre

 21   déclaration solennelle.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 23   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 24   LE TÉMOIN : THORBJORN OVERGARD [Assermenté]

 25   [Le témoin répond par l'interprète]

 26   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup. Vous pouvez vous

 27   asseoir. Monsieur Thomas, je vous écoute. C'est à vous.

 28   M. THOMAS : [interprétation] Je vous remercie.

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  1   Interrogatoire principal par M. Thomas : 

  2   Q.  [interprétation] Commandant, veuillez, je vous prie, nous décliner

  3   votre identité et nous donner votre date de naissance.

  4   R.  Je m'appelle Thorbjorn Overgard, je suis un commandant dans l'armée

  5   norvégienne.

  6   Q.  Quelle est votre date de naissance ?

  7   R.  Je suis né le 13 octobre [comme interprété] 1958.

  8   Q.  Monsieur, est-ce que vous avez déposé concernant certaines questions

  9   portant sur Sarajevo dans l'affaire Dragomir Milosevic ?

 10   R.  Oui.

 11   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les

 12   Juges, je demanderais que l'on affiche la pièce 65 ter 09386 à l'écran. Et

 13   Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges, j'aurais dû le

 14   mentionner auparavant, le commandant Overgard est un témoin 92 ter.

 15   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 16   M. THOMAS : [interprétation]

 17   Q.  Monsieur, vous verrez au début de la page que votre témoignage porte la

 18   date du 18 janvier 2007.

 19   M. THOMAS : [interprétation] Pourrait-on passer à la page, s'il vous plaît,

 20   Madame la Greffière. Veuillez afficher la page qui suit. Bien. Pourrait-on

 21   voir la partie du bas. Très bien. Pourriez-vous afficher la page qui suit,

 22   s'il vous plaît, aussi.

 23   Q.  Commandant, est-ce que vous reconnaissez ceci comme étant le transcript

 24   de votre témoignage qui a été donné dans l'affaire Dragomir Milosevic en

 25   date du 18 janvier 2007 ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Est-ce que vous avez eu l'occasion de revoir ce compte rendu

 28   d'audience, de le relire hier ?

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  1   R.  Oui, tout à fait, je l'ai relu hier.

  2   Q.  Et est-ce qu'il est véridique ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Et si l'on vous posait les mêmes questions aujourd'hui, est-ce que vous

  5   répondriez de la même façon ?

  6   R.  Oui.

  7   M. THOMAS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président,

  8   Madame, Monsieur les Juges. Je demanderais que cette pièce soit versée au

  9   dossier en tant que pièce de l'Accusation.

 10   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] A partir de quelle page, à partir de

 11   cette page-ci ?

 12   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, l'ensemble de la pièce

 13   est une version expurgée du compte rendu d'audience de cette journée en

 14   question. Les pages elles-mêmes figurent dans le 92 bis et les parties

 15   pertinentes ont été expurgées. Voilà, ce sont des parties expurgées et le

 16   reste est le témoignage pertinent du commandant Overgard.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Pourrait-on avoir une cote.

 18   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Oui, il s'agira de la cote P479.

 19   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 20   M. THOMAS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 21   Je vous remercie, Madame la Greffière.

 22   Q.  Commandant, est-ce que vous avez également témoigné le lendemain, le 18

 23   [comme interprété] janvier ?

 24   R.  Oui.

 25   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais que l'on

 26   affiche la pièce 65 ter 09387, s'il vous plaît.

 27   Q.  Commandant, de nouveau nous apercevons la date du vendredi 18 [comme

 28   interprété] janvier en haut de la page.

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  1   M. THOMAS : [interprétation] Pourrait-on passer à la page suivante, s'il

  2   vous plaît, Monsieur le Président.

  3   Q.  Est-ce que vous voyez au début de cette page qu'il s'agit du début de

  4   votre contre-interrogatoire ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  De nouveau, Commandant, j'aimerais vous demander si vous avez eu

  7   l'occasion de relire ce transcript portant sur votre témoignage hier ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Est-ce qu'il est véridique ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Et si l'on vous posait les mêmes questions aujourd'hui, est-ce que vous

 12   répondriez de la même façon ?

 13   R.  Oui.

 14   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Pourrait-on

 15   verser au dossier ce compte rendu d'audience expurgé, s'il vous plaît.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien. Le document est versé au

 17   dossier. Pourrait-on avoir une cote.

 18   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Certainement, Monsieur le Président,

 19   cette pièce portera la cote P480.

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 21   M. THOMAS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président,

 22   Madame, Monsieur les Juges. Et merci, Madame la Greffière.

 23   Q.  Maintenant, est-ce que vous avez également, Commandant, donné une autre

 24   déclaration aux enquêteurs du bureau du Procureur au mois d'avril 1996, en

 25   plus de ce témoignage ?

 26   R.  Oui, à plusieurs reprises en fait.

 27   Q.  Très bien.

 28   M. THOMAS : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait, s'il vous plaît,

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  1   afficher la pièce 65 ter 0588 [comme interprété].

  2   Q.  Mon Commandant, est-ce que vous reconnaissez cette pièce comme étant la

  3   déclaration que vous avez donnée aux représentants du bureau du Procureur

  4   en 1996 ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  J'aimerais vous demander, encore une fois, si vous avez eu l'occasion

  7   de relire cette déclaration hier ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Est-ce qu'elle est juste et correcte et véridique ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  De nouveau, si l'on vous posait les mêmes questions que l'on vous avait

 12   posées à ce moment-là, est-ce que vous donneriez les mêmes réponses ?

 13   R.  Oui.

 14   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je demanderais

 15   que cette pièce soit versée au dossier en tant que pièce de l'Accusation.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien, elle est versée au dossier.

 17   Vous lui aviez accordé quelle cote 65 ter ?

 18   M. THOMAS : [interprétation] Oui, c'était la pièce 09388.

 19   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Fort bien. Est-ce que l'on pourrait

 20   avoir une cote pour cette pièce, s'il vous plaît.

 21   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P781 [comme

 22   interprété].

 23   M. THOMAS : [interprétation] Merci beaucoup.

 24   Q.  Mon Commandant, lorsque vous vous êtes préparé pour venir témoigner

 25   dans l'affaire Dragomir Milosevic, est-ce que vous avez donné quelques

 26   informations aux enquêteurs du bureau du Procureur, certaines informations

 27   quelque peu limitées ?

 28   R.  Oui.

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  1   M. THOMAS : [interprétation] Alors j'aimerais, Monsieur le Président, que

  2   l'on affiche la pièce 65 ter 09389 à l'écran, s'il vous plaît.

  3   Q.  Mon Commandant, reconnaissez-vous cette pièce comme étant un document

  4   portant sur les commentaires que vous avez donnés avant votre témoignage

  5   dans l'affaire de Milosevic ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Est-ce que vous avez eu de nouveau, je vais vous poser la question,

  8   l'occasion de revoir ou relire ce document ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Est-ce que vous l'avez trouvé véridique ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Si l'on vous posait les mêmes questions aujourd'hui, est-ce que vous

 13   nous donneriez les mêmes réponses ?

 14   R.  Oui.

 15   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais que

 16   cette pièce soit versée au dossier.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Fort bien. Quelle en sera la cote.

 18   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la cote P482.

 19   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, avec votre aval, j'ai

 20   un résumé très court du témoignage et des commentaires faits par le témoin.

 21   Avec votre permission, j'aimerais en donner lecture pour le compte rendu

 22   d'audience.

 23   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Faites.

 24   M. THOMAS : [interprétation] Merci.

 25   Le commandant Overgard a été transféré à Sarajevo en tant qu'un observateur

 26   militaire des Nations Unies, UNMO, pendant la période entre la fin du mois

 27   d'octobre 1994 jusqu'au mois de mai 1995. Après avoir été déployé pendant

 28   dix jours environ dans la région qui était tenue par les forces de la VRS,

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  1   il a été transféré à Hrasnica qui se trouvait sur le territoire tenu par

  2   l'ABiH. Il y est resté jusqu'au 1er mai 1995.

  3   Au cours de cette période à Hrasnica, le commandant Overgard et son équipe

  4   ont enquêté sur un très grand nombre d'incidents concernant les tireurs

  5   embusqués et pilonnages. Pendant cette période, il y avait des blessés

  6   presque tous les jours, la plupart d'entre eux étaient des civils. Le plus

  7   grand nombre de pertes a eu lieu aux mois de novembre et décembre 1994 et

  8   en avril 1995.

  9   De toutes les enquêtes qui avaient été prises concernant ces pilonnages et

 10   les tireurs embusqués par le commandant Overgard et son équipe au cours des

 11   six mois à Hrasnica, ils ont identifié la VRS sur le territoire comme étant

 12   la source des tirs. La plupart des incidents de pilonnage enquêtés par le

 13   commandant Overgard impliquaient les victimes civiles. Tous les incidents

 14   concernant les tireurs embusqués enquêtés par le commandant Overgard

 15   impliquaient des victimes civiles.

 16   La VRS tenait des positions de mortier entre Ilidza et Blazuj et dans la

 17   région de la caserne de Lukavica. C'était de ces deux positions que le

 18   centre de Hrasnica était pilonné. Hrasnica était un centre résidentiel avec

 19   aucune installation de type militaire.

 20   Le pilonnage de Butmir venait d'Ilidza et l'usine Famos. L'on tirait

 21   régulièrement sur les civils en employant la route et c'était les forces de

 22   la VRS qui tiraient sur des civils. Il y avait également un très grand

 23   nombre de tireurs embusqués qui tiraient sur le pont alors que les civils

 24   passaient par là.

 25   Le commandant Overgard estime que pendant cette période à Hrasnica, il y

 26   avait environ de 30 à 40 civils qui ont été tués à la suite de ces

 27   incidents de tirs embusqués et de pilonnage.

 28   Ceci met fin à la lecture de mon résumé. Il y a quelques questions qui

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  1   découlent des documents 92 ter qui ont déjà été donnés.

  2   J'aimerais demander au commandant Overgard de nous montrer quelques

  3   endroits sur la carte; et j'aimerais lui demander de préciser certains

  4   commentaires qu'il a faits concernant les bombardements aériens.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien, merci. Vous pouvez

  6   poursuivre.

  7   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Madame,

  8   Messieurs les Juges. Monsieur le Président, pourrait-on demander

  9   l'affichage de la pièce P439. J'aimerais que l'on affiche également la

 10   carte numéro 8 qui se trouve dans le classeur de la Chambre.

 11   Q.  Commandant, dans votre témoignage et dans votre déclaration, vous

 12   mentionnez plusieurs endroits à Sarajevo, endroits où vous étiez cantonné

 13   et des endroits où les civils faisaient l'objet de tirs par les forces de

 14   la VRS, qui étaient ciblés donc par la VRS. J'aimerais vous demander de

 15   bien vouloir nous identifier certains de ces endroits dont vous parlez dans

 16   vos déclarations préalables et dans votre déposition.

 17   Alors ce que vous voyez ici c'est la carte de Sarajevo. Ce que nous

 18   pourrions faire avec les moyens technologiques dont nous disposons, nous

 19   pouvons faire un zoom.

 20   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, voilà, je demanderais

 21   que l'on fasse un zoom et que l'on montre la partie du bas, et j'aimerais

 22   que l'on se déplace un peu vers la gauche. Voilà, un petit peu plus. Très

 23   bien, merci.

 24   Q.  Commandant, dites-nous d'abord si vous reconnaissez ce que nous

 25   apercevons sur la carte ?

 26   R.  Oui, tout à fait, c'est l'aéroport et au sud, nous pouvons apercevoir

 27   le secteur de Hrasnica.

 28   Q.  Très bien. Vous avez mentionné l'aéroport et vous en parlez dans votre

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  1   déclaration également. En fait, j'aimerais demander à Mme l'Huissière de

  2   bien vouloir donner au commandant le stylet électronique afin qu'il puisse

  3   apporter des annotations à l'écran. Pourriez-vous, je vous prie, tracer une

  4   ligne le long de la piste de l'aéroport ?

  5   R.  [Le témoin s'exécute]

  6   Q.  Pourriez-vous, je vous prie, indiquer la piste avec la lettre A.

  7   R.  [Le témoin s'exécute]

  8   Q.  Est-ce que vous pourriez faire un A un peu plus clair.

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   Q.  Merci. Dites-nous d'abord, vous nous avez mentionné que lorsque vous

 11   êtes arrivé initialement à Sarajevo on vous a déployé dans un secteur qui

 12   appartenait à la VRS à un endroit qui s'appelle Sierra Whiskey 1 ?

 13   R.  Oui, tout à fait.

 14   Q.  Pourriez-vous nous indiquer où cet endroit, Sierra Whiskey 1 se

 15   trouvait ?

 16   R.  Si je ne m'abuse, c'était ici. Donc l'équipe avait une position à cet

 17   endroit-ci.

 18   Q.  Très bien. Pourriez-vous indiquer cet endroit avec les lettres SW1.

 19   R.  [Le témoin s'exécute]

 20   Q.  Très bien. Lors de votre témoignage, vous dites que vous y avez passé

 21   quelques jours, environ une dizaine de jours, avant d'être déplacé à un

 22   deuxième endroit qui est l'endroit Sierra Sierra 2 ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Pourriez-vous, je vous prie, nous indiquer sur la carte cet endroit que

 25   vous indiquez comme étant Sierra Sierra 2 ?

 26   R.  Voilà, il y a la rivière qui coule par ici, donc c'était ici.

 27   Q.  Le hameau que nous apercevons à l'endroit où vous avez indiqué SS 2,

 28   est-ce que c'est Hrasnica, donc Sierra Sierra 2 ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Donc Hrasnica se trouvait sur le territoire tenu par l'ABiH ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Le secteur que vous avez indiqué comme étant Sierra Whiskey 1 se

  5   trouvait dans un secteur qui était tenu par la VRS, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui, tout à fait.

  7   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais que

  8   cette carte soit versée au dossier en tant que pièce de l'Accusation.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien, la carte est versée au

 10   dossier. Madame la Greffière, pourriez-vous lui attribuer une cote.

 11   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il s'agira

 12   de la cote P440 [sic].

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

 14   M. THOMAS : [interprétation] Je vous remercie, Madame la Greffière.

 15   Excusez-moi, est-ce qu'il s'agit de la pièce 440 ou 483 ?

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce la pièce 440 ou 483.

 17   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Je suis vraiment désolée, Monsieur le

 18   Président, Madame, Messieurs les Juges. Il s'agit de la pièce 438 [comme

 19   interprété].

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

 21   M. THOMAS : [interprétation] J'aimerais de nouveau revenir sur la carte, et

 22   cette fois-ci on demanderait que l'on présente une version vierge. Voilà.

 23   Elle porte la cote P439.

 24   Q.  Mon Commandant, vous avez mentionné une zone ou un secteur où des

 25   civils avaient fait l'objet de tirs par les troupes de la VRS. Ils

 26   faisaient l'objet de tirs embusqués et de pilonnage. Alors, d'abord

 27   j'aimerais vous demander de nous indiquer la route Igman. Pourriez-vous

 28   tracer une ligne, s'il vous plaît, le long de cette route, la route Igman ?

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  1   R.  Oui, voilà, c'est ici.

  2   Q.  Y a-t-il un secteur le long de cette route qui était plus susceptible

  3   de recevoir des tirs embusqués ou d'être pilonné ?

  4   R.  Oui, juste ici avant ce virage et le long de la route. Il y avait un

  5   contact visuel de la zone et un pilonnage très nourri se faisait sur ce

  6   secteur, et il y avait un très grand nombre de tirs embusqués également qui

  7   étaient dirigés en direction de cette zone.

  8   Q.  Fort bien. Pourriez-vous indiquer cet endroit avec les lettres IR ?

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   Q.  Et est-ce que c'est bien cette route, la route bleue dont vous parlez

 11   dans votre témoignage, "la route du convoi" ou "la route bleue" ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Vous décrivez également, en plus de parler de Hrasnica qui faisait

 14   l'objet de tirs embusqués et de pilonnage, vous parlez également d'une

 15   zone, d'un secteur qui s'appelle Butmir. Est-ce que vous voyez Butmir sur

 16   la carte ?

 17   R.  Oui, tout à fait, c'est ici à peu près, donc ce secteur-ci.

 18   Q.  Fort bien. Pourriez-vous indiquer cette zone avec un B, s'il vous plaît

 19   ?

 20   R.  [Le témoin s'exécute]

 21   Q.  Vous parlez du pont, vous parlez de civils qui faisaient l'objet de

 22   tirs alors qu'ils se trouvaient sur le pont et qu'ils essayaient de rentrer

 23   dans Sarajevo. Est-ce que l'on voit le pont sur cette carte ?

 24   R.  Je crois que le pont est ici.

 25   Q.  Merci.

 26   R.  [Le témoin s'exécute]

 27   Q.  Vous avez également parlé d'un secteur qui faisait l'objet de tirs, qui

 28   était ciblé et qui s'appelait Sokolovic.

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  1   Est-ce que vous le voyez sur la carte ?

  2   R.  Oui, je crois que c'est plutôt à droite, sur la droite, ce Sokolovic.

  3   Mais je ne suis plus sûr, je ne suis plus tellement certain de l'endroit où

  4   se trouve Sokolovic.

  5   Q.  Quand vous dites "à droite," mais à droite, à droite de quoi ?

  6   R.  A droite, du côté droit de l'aéroport.

  7   Q.  Pouvez-vous entourer Hrasnica pour nous et mettez un H, s'il vous

  8   plaît, la lettre H.

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   M. THOMAS : [interprétation] Est-ce que nous pourrions verser ceci au

 11   dossier comme pièce de l'Accusation ?

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien. Numéro ?

 13   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P484.

 14   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 15   M. THOMAS : [interprétation] Merci. Et est-ce qu'on pourrait également

 16   avoir une version non annotée de la carte, la P439.

 17   Q.  Mon Commandant, je voudrais vous demander où étaient les positions de

 18   la VRS dont vous avez parlé dans votre déclaration. Vous avez parlé de la

 19   source de beaucoup de tirs comme étant à Ilidza. Pourriez-vous nous

 20   indiquer Ilidza sur la carte ?

 21   R.  [Le témoin s'exécute]

 22   Q.  Je vous remercie. Vous avez décrit également un endroit qui s'appelle

 23   Blazuj. Est-ce que ça figure sur la carte ?

 24   R.  Oui, Blazuj se trouve ici sur la carte, et c'est là que se trouvait

 25   l'équipe.

 26   Q.  Vous aviez également dit que des tirs embusqués venaient de l'usine

 27   Famos ?

 28   R.  Oui, ça se trouve dans cet endroit-ci.

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  1   Q.  Est-ce que l'usine Famos, ce sont tous ces bâtiments foncés, là.

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Vous avez également parlé de tirs provenant des casernes de Lukavica.

  4   Est-ce qu'on peut les voir sur la carte ou faut-il déplacer la carte ?

  5   R.  Ça se trouve quelque part dans ce coin-ci, je ne sais plus précisément

  6   où.

  7   Q.  Il faudra marquer ces endroits de sorte que l'on puisse s'y référer.

  8   Pouvez-vous marquer LB à côté de cette ligne que vous venez de tracer ?

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   Q.  Et marquer un F à côté de l'usine Famos.

 11   R.  [Le témoin s'exécute]

 12   Q.  Et un I pour Ilidza.

 13   R.  [Le témoin s'exécute]

 14   Q.  Et un B pour Blazuj.

 15   R.  [Le témoin s'exécute]

 16   M. THOMAS : [interprétation] Est-ce que ceci peut-être versé au dossier.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Elle est acceptée.

 18   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P485.

 19   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

 20   M. THOMAS : [interprétation]

 21   Q.  Et enfin, Commandant, au cours de votre déposition dans l'affaire

 22   Dragomir Milosevic, vous avez parlé de bombes aériennes modifiées, avec des

 23   roquettes comme moyen de propulsion utilisées par la VRS. Je voudrais que

 24   vous nous indiquiez quelles sont les forces, ou à partir de quelles forces

 25   VRS ces engins étaient utilisés ?

 26   R.  J'ai connu ce genre de bombes au cours de la période que j'ai passé à

 27   Hrasnica, et ça venait à peu près d'une distance de 300 mètres de l'endroit

 28   où nous logions à Hrasnica.

Page 2958

  1   Q.  Merci, voilà. C'est tout ce que j'ai à vous demander pour le moment.

  2   Peut-être que mon éminent confrère de la Défense aura des questions à vous

  3   poser.

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Maître Thomas.

  5   Je me tourne maintenant vers Me Lukic, je pense.

  6   Contre-interrogatoire par M. Lukic : 

  7   Q.  [interprétation] Bonjour, Commandant Overgard. Je m'appelle Me Novak

  8   Lukic, je suis conseil de la Défense pour M. Perisic. Au nom donc de son

  9   équipe de la Défense, je vais vous poser un certain nombre de questions.

 10   Tout d'abord, je voudrais vous poser quelques questions sur votre service

 11   et le type de travail que vous avez effectué lorsque vous étiez à Sarajevo.

 12   Si je suis bien, vous faisiez partie de l'équipe UNMO à Sarajevo chargée

 13   d'enquêter et de définir les sites, les sites où sont tombés des missiles,

 14   y compris les armes d'infanterie, et les bombes aériennes modifiées. C'est

 15   bien cela ?

 16   R.  Oui, c'est bien ça. Mais également les tirs de mortiers d'artillerie.

 17   Les missiles, ou missiles guidés, mais il y a aussi les bombes aériennes

 18   modifiées.

 19   Q.  Auparavant vous aviez fait une formation de trois semaines en Finlande

 20   pour vous préparer à ces activités, c'est bien cela ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Au cours de ce cours de formation, vous avez donc entendu parler de

 23   l'analyse ou des problèmes que vous étiez censé pratiquer ensuite. Cela

 24   incluait également les effets ou les conséquences de l'impact de ces

 25   projectiles. C'est bien cela ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Mais avant cette formation, au cours de votre service militaire, vous

 28   n'aviez jamais participé à une enquête judiciaire, si je peux m'exprimer

Page 2959

  1   ainsi ?

  2   R.  En effet.

  3   Q.  Lorsque vous êtes arrivé en ex-Yougoslavie, vous avez passé quelques

  4   jours à Zagreb pour commencer, et là aussi vous avez suivi un cours de

  5   formation de six jours, ce cours n'avait rien à voir avec ce domaine

  6   particulier d'enquêtes, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Vous souvenez-vous du type d'instruments dont vous disposiez lorsque

  9   vous arriviez à un site afin d'enquêter ?

 10   R.  Nous disposions d'une boussole pour déterminer la direction à partir de

 11   laquelle nous pensions que la pièce d'artillerie ou le mortier provenait.

 12   Donc on essaie de calculer l'angle, selon la taille également du cratère,

 13   et puis à partir de certains calculs nous pouvions déterminer l'origine du

 14   tir.

 15   Q.  Je suis tout à fait béotien en la matière, et je voudrais vous demander

 16   s'il y a des instruments particuliers que l'on peut utiliser pour calculer

 17   l'angle à partir duquel un projectile ou un obus provient ?

 18   R.  Il n'y a pas vraiment quelque chose qui peut vous donner une position

 19   tout à fait précise, mais on peut calculer la direction à partir de

 20   l'angle, et l'on peut aussi en déduire une distance approximative de tir.

 21   Q.  Pouvez-vous nous indiquer comment vous pouvez calculer la distance du

 22   tir de l'obus ?

 23   R.  Je ne peux pas vraiment vous calculer la distance précise. On peut

 24   simplement dans mes rapports indiquer la direction du tir, mais nous ne

 25   sommes pas en mesure vraiment de calculer la distance de manière précise.

 26   Q.  Est-ce qu'il y avait quelqu'un qui faisait partie dans votre équipe,

 27   qui était un expert et pouvait, lui, calculer la distance et non pas

 28   simplement la direction ?

Page 2960

  1   R.  Non.

  2   Q.  Lorsque vous définissiez la direction qui était celle que vous estimiez

  3   indiquait la provenance du tir, c'était en termes généraux. Vous n'avez

  4   jamais défini ça de manière tout à fait précise; c'est bien cela ?

  5   R.  Oui, tout à fait, tout à fait. Si vous n'êtes pas en mesure d'avoir

  6   entendu le bruit de l'explosion, mais c'était très rare que nous ayons pu

  7   l'entendre, parce que dans ce cas-là il n'est plus facile de déterminer la

  8   direction.

  9   Q.  Pour que je vous comprenne un petit peu mieux, pourriez-vous nous

 10   expliquer ce qui était le plus rare, c'était assez rare de voir d'où on

 11   tirait le projectile; c'est ça que vous nous dites ?

 12   R.  C'était assez rare que nous entendions le bang, ce qui permettait plus

 13   facilement d'identifier l'explosion de la pièce d'artillerie. Mais ça s'est

 14   produit quand même, parfois nous étions très proches de la ligne de conflit

 15   près d'Ilidza, et nous pouvions entendre depuis les collines qui se

 16   trouvaient derrière les casernes d'Ilidza, nous pouvions entendre que ça

 17   provenait de là. Cela arrivait dans notre zone de responsabilité.

 18   Q.  Vous vous êtes trouvé assez fréquemment sur place pour ces enquêtes

 19   avec des représentants des autorités locales, essentiellement la police, je

 20   parle ici des autorités de la République de Bosnie-Herzégovine; c'est bien

 21   cela ?

 22   R.  Nous avions également la possibilité de travailler avec elle, mais nous

 23   faisions notre propre enquête, eux menaient leur propre enquête, il n'y

 24   avait pas véritablement de coopération; ils recevaient nos conclusions et

 25   nous avions également deux représentants de l'UNMO avec lesquels nous

 26   faisions l'enquête pour éviter tout malentendu.

 27   Q.  Ma question n'était pas de savoir si vous travailliez ensemble, mais

 28   d'abord si vous vous trouviez sur le site ensemble, est-ce que vous pouviez

Page 2961

  1   également observer comment ils menaient leur enquête, je voulais juste

  2   savoir si vous étiez là en même temps ? C'est ce que je voulais savoir.

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Est-ce que les membres de cette équipe chargés d'enquête disposaient

  5   d'instruments dont vous ne disposiez pas pour mener leurs propres enquêtes

  6   ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Est-ce qu'ils se sont plaints auprès de vous, de votre manque de

  9   compétence ?

 10   R.  Non, jamais.

 11   Q.  Vous vouliez également leur proposer votre soutien en tant qu'expert

 12   parce que vous estimiez qu'ils n'étaient pas aussi bien formés que vous;

 13   c'est bien cela ?

 14   R.  Non, nous ne leur avons pas proposé d'aide. Nous leur avons fourni les

 15   résultats de nos enquêtes.

 16   Q.  Mais vous pensiez que parmi eux, il y avait également des gens qui

 17   étaient des policiers, mais qui n'étaient pas des policiers de métier, mais

 18   plutôt des gens qui avaient suivi une rapide formation pour devenir

 19   policiers ?

 20   R.  Oui, c'est vrai. C'est ce dont nous nous sommes rendu compte.

 21   Q.  Acceptez-vous les propos suivants : la méthode la plus fiable pour

 22   mener une enquête, indépendamment de la cause de l'accident, est de laisser

 23   tout en l'état jusqu'à ce que le site en question puisse être examiné à

 24   fond ?

 25   R.  Vous savez, mais on ne peut pas vraiment causer beaucoup de dégâts à un

 26   cratère causé par une pièce d'artillerie. Vous faites les observations

 27   nécessaires. Vous pouvez trouver également la queue du projectile dans le

 28   cratère, et c'est à peu près tout.

Page 2962

  1   Q.  Est-ce que l'analyse des cratères constitue la seule méthode permettant

  2   de déterminer la provenance d'un projectile ?

  3   R.  Oui, en matière d'artillerie et de mortier, effectivement, c'est la

  4   seule façon de procéder.

  5   Q.  Est-ce que lorsqu'on essaie d'identifier la direction du tir, est-ce

  6   qu'il faut prendre en ligne de compte le fait qu'un projectile a atterri

  7   sur une surface dure, un mur ou d'autres objets ?

  8   R.  Oui. Si c'est un mur, par exemple, on voit le trou causé dans le mur,

  9   mais nous n'avons pas beaucoup d'éléments pour déterminer l'origine du tir.

 10   C'est dans le sol alors, si c'est du sol mou ou du sol dur, ça n'a pas

 11   tellement d'importance. C'est une question du moment de la détonation qui

 12   est déterminante.

 13   Q.  Si je vous comprends bien, la direction ne peut être déterminée que si

 14   le cratère est dans le sol indépendamment du type de surface; c'est ça ?

 15   R.  Oui. En fait, si ça touche, par exemple, un toit, ça risque de ne pas

 16   détonner; et selon l'angle de pénétration, cela peut toucher du mobilier à

 17   l'intérieur et ça, ça permet aussi de déterminer une direction, s'il y a eu

 18   détonation. C'est difficile de savoir ce qu'il en est si on n'est pas

 19   vraiment dans le cas de figure où ça touche le sol.

 20   Q.  Vous avez également bénéficié d'informations de témoins oculaires qui

 21   vous ont indiqué d'où ils estimaient que les projectiles provenaient ?

 22   R.  Oui, nous avons pris également des déclarations de témoins.

 23   Quelquefois, enfin je ne sais plus les nombres précis, oui effectivement,

 24   il y a eu quelques occasions où des témoins nous ont dit d'où les tirs

 25   avaient été tirés. Surtout dans un cas de tireurs isolés ou embusqués, nous

 26   devions interroger des témoins parce que nous ne savions dans quelle

 27   position se trouvait la victime avant d'être abattue et on ne savait donc

 28   pas estimer la provenance du tir.

Page 2963

  1   Q.  Est-ce que vous vous souvenez, puisqu'on parle d'incidents de tirs

  2   embusqués sur lesquels vous avez enquêté, est-ce que vous vous souvenez

  3   quand vous arriviez sur place, y avait-il des dépouilles sur place ou bien

  4   vous ne pouviez examiner les dépouilles qu'à la morgue ?

  5   R.  Nous avons connu les deux cas de figure. Quelquefois, nous arrivions

  6   suffisamment tôt pour voir les corps avant qu'ils aient été enlevés et

  7   transportés à la morgue, mais nous ne pouvions pas les inspecter avant

  8   qu'ils n'arrivent à la morgue.

  9   Q.  Je suppose que les déclarations de témoins ont été interprétées pour

 10   vous par les interprètes locaux ?

 11   R.  Oui, en effet, nous avions des interprètes locaux dans nos équipes qui

 12   nous suivaient partout.

 13   Q.  Pendant que vous étiez sur ce champ de bataille de Sarajevo, est-ce

 14   qu'il vous est arrivé de vous trouver sur place à un moment où l'incident

 15   s'est produit, est-ce que vous avez été vous-même sur place ?

 16   R.  Non, pas que je m'en souvienne.

 17   Q.  Donc, lorsque vous arriviez sur place, des témoins se présentaient à

 18   vous, vous preniez leurs déclarations; c'est bien cela ?

 19   R.  Oui. Nous demandions si quelqu'un avait vu ce qui s'était produit, et

 20   des témoins se présentaient.

 21   M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que nous pourrions remontrer la même

 22   carte et l'afficher à l'écran. C'est la P439, c'est la carte non annotée.

 23   Surtout un agrandissement de la zone de Hrasnica, s'il vous plaît.

 24   Si on peut agrandir encore un petit peu. Voilà, c'est bon.

 25   Q.  Est-ce que vous pourriez indiquer quel est le bâtiment où se trouvait

 26   votre base à Hrasnica, vous voulez que ça soit agrandi davantage ?

 27   R.  Non, je crois que ça va aller. Nous étions quelque part ici. Oui, là-

 28   bas, quelque part.

Page 2964

  1   Q.  Est-ce que vous pourriez marquer le chiffre 1 juste à côté ?

  2   R.  [Le témoin s'exécute]

  3   Q.  Nous savons également que le poste de commandement de la 4e Brigade

  4   motorisée de la BH se trouvait à Hrasnica. Pourriez-vous nous dire où ça se

  5   trouvait ?

  6   R.  Ils avaient leur QG dans un bâtiment assez important, je crois qu'il se

  7   trouvait là.

  8   Q.  Est-ce que vous pourriez marquer le chiffre 2 à côté de ce cercle.

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   Q.  Vous savez également qu'il y avait un autre poste de commandement sur

 11   place d'une unité de l'armée de BH d'un niveau plus bas qui se trouvait

 12   également à Hrasnica. Pourriez-vous nous indiquer cet endroit ?

 13   R.  J'étais dans la zone de la ligne de confrontation, il y avait

 14   effectivement là-bas une compagnie.

 15   Q.  Est-ce que vous pourriez marquer ça par le chiffre 3.

 16   R.  [Le témoin s'exécute]

 17  

 18   Q.  Savez-vous que le poste de commandement de la 155e Brigade motorisée de

 19   la BH se trouvait à Butmir, qui n'était pas très loin ?

 20   R.  Oui, je sais qu'ils se trouvaient quelque part, quant à moi, je ne m'y

 21   suis jamais rendu.

 22   Q.  Ces endroits que vous avez indiqués représentent des QG qui étaient

 23   dans des locaux civils, si je ne me trompe ?

 24   R.  Oui, en effet.

 25   Q.  Etant donné que vous rencontriez le commandant de la 4e Brigade

 26   motorisée, savez-vous combien d'hommes il y avait ou vous en souvenez-vous

 27   ?

 28   R.  Non, je ne m'en souviens pas.

Page 2965

  1   Q.  Si je vous disais qu'il y avait entre 3 000 et 3 500 hommes, est-ce que

  2   ceci permet de vous rafraîchir la mémoire ?

  3   R.  Non, parce que je n'ai jamais vu autant de soldats à Hrasnica.

  4   Q.  Je vous remercie.

  5   M. LUKIC : [interprétation] Je vais vous demander que cette carte soit

  6   versée au dossier.

  7   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, elle est versée au dossier. Est-

  8   ce qu'elle peut recevoir une cote.

  9   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la D33.

 10   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 11   M. LUKIC : [interprétation]

 12   Q.  Au cours de votre travail, avez-vous eu des contacts avec le QG du

 13   Corps de Sarajevo, avec des hommes du commandement de ce corps ?

 14   R.  Non, je ne m'en souviens pas.

 15   Q.  Il y a quelques instants, suite à la question de mon éminent collègue

 16   Me Thomas, vous aviez indiqué la route arrivant au mont Igman. Est-ce que

 17   vous savez si cette route était protégée par des unités de la BH ?

 18   R.  Il y avait quelques positions dans cette région-là, enfin je vous ai

 19   marqué le quartier numéro 3, c'est là qu'il y avait des positions. Il y

 20   avait des tirs tirés contre Ilidza. C'était leur position. Je me suis rendu

 21   moi-même plusieurs fois à Igman, il n'y avait pas de positions protégeant

 22   cette route. C'est plus tard, en 1995, que la brigade française a pris une

 23   position dans cette partie inférieure de la route.

 24   Q.  Est-ce que vous conviendrez avec moi que le mont Igman était placé sur

 25   le contrôle de l'ABiH au cours du conflit?

 26   R.  Oui, en effet.

 27   Q.  Convenez-vous également avec moi que la route d'Igman est une ligne qui

 28   reliait Sarajevo vers les autres parties du territoire qui étaient placées

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  1   sur le contrôle de l'ABiH ?

  2   R.  Oui, c'est sans doute le cas, c'est une route qui servait au

  3   ravitaillement, qui arrivait à Hrasnica. Ils arrivaient comme à arriver

  4   jusqu'à Sarajevo.

  5   Q.  Tout ce qui provenait d'Igman passait par Hrasnica en route vers

  6   Sarajevo, et c'était donc une route placée sous le contrôle de l'ABiH ?

  7   R.  Oui, je pense que c'est le cas.

  8   Q.  Vous savez également que toute l'assistance militaire, tout

  9   l'équipement militaire, le personnel arrivaient par cette route également à

 10   Sarajevo pour répondre aux besoins de l'ABiH ?

 11   R.  Pour l'équipement, oui, mais les personnels, je pense, ils arrivaient à

 12   pied par la montagne, je pense.

 13   Q.  Puis ils passaient par Hrasnica, n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui.

 15   M. LUKIC : [interprétation] Pourrions-nous, s'il vous plaît, garder cette

 16   carte à l'écran. Plutôt en avoir un autre exemplaire, car j'aimerais

 17   demander au témoin de l'annoter et de nous montrer encore autre chose, s'il

 18   s'en souvient.

 19   Q.  A un moment donné, vous avez vu un tunnel creusé près de l'aéroport de

 20   Butmir. Vous l'avez vu de vos propres yeux. Pourriez-vous nous l'indiquer

 21   sur la carte, s'il vous plaît, l'endroit où vous avez vu creuser ce tunnel

 22   ?

 23   R.  Je peux vous situer l'endroit de manière approximative, ce serait à peu

 24   près par ici. Mais je ne connais plus la position exacte.

 25   Q.  Veuillez mettre le chiffre 1 à côté de ce cercle.

 26   R.  [Le témoin s'exécute]

 27   Q.  Lorsque vous avez pensé que l'on creusait quelque chose à cet endroit,

 28   les autorités locales vous ont dit qu'ils creusaient quelque chose afin

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  1   d'assurer l'approvisionnement en eau, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui, c'est une explication qui a été donnée; mais cela ne pouvait pas

  3   correspondre à la vérité, donc nous avons attendu de voir ce qui s'y

  4   passait lors de nos inspections. Mais on ne nous a jamais autorisés à y

  5   aller.

  6   Q.  Ils ne vous ont pas autorisés à vous y rendre ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Quand je dis "ils" --

  9   R.  Il y avait des gens pour la plupart en civil qui y travaillaient, mais

 10   ils ne souhaitaient pas que nous nous y arrêtions.

 11   Q.  Lorsque je dis "ils," j'entends par là les autorités de la Fédération

 12   de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Plus tard vous avez entendu dire qu'un tunnel avait été creusé sous

 15   l'aéroport et que cette voie avait été empruntée pour emmener du matériel

 16   et des gens dans le secteur contrôlée par l'ABiH, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Puisque nous avons encore la carte sous les yeux, pour ne pas être

 19   obligés d'y revenir plus tard, voyez-vous Kovaci sur cette carte ? Veuillez

 20   nous montrer où se trouve Kovaci et apposer le chiffre 2, souhaiteriez-vous

 21   que nous fassions un gros plan ?

 22   R.  [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Cela risque d'être effacé.

 24   M. LUKIC : [interprétation] Oui, en effet. Je demanderais un gros plan sur

 25   cette carte si la carte peut être versée au dossier.

 26   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, la carte sera versée au dossier.

 27   Une cote, s'il vous plaît.

 28   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La carte annotée sera la pièce D35, et

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 12  Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la

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  1   aux fins du compte rendu, j'aimerais relever que j'avais dit précédemment

  2   que le document précédent porterait la cote D35.

  3   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je ne suis pas sûr de bien vous

  4   comprendre.

  5   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La cote attribuée au document précédent

  6   présenté par Me Lukic s'était vue attribuer la cote D33 alors qu'en fait,

  7   il s'agit du D34. La carte actuelle se verra dès lors attribuer la cote

  8   D35.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

 10   M. LUKIC : [interprétation] J'aimerais maintenant que nous puissions voir

 11   la même carte, mais pourrions-nous l'agrandir quelque peu, en tout cas le

 12   secteur de Hrasnica. Sur la gauche, j'aimerais que nous étudiions cette

 13   partie-là de la carte.

 14   Q.  J'aimerais encore que nous puissions indiquer deux autres endroits,

 15   Kovaci ou plutôt l'endroit où vous avez vu les mortiers de l'ABiH,

 16   j'aimerais vous poser quelques questions à ce sujet. Pourriez-vous nous

 17   montrer où cela se trouvait, où se trouvaient ces quatre mortiers ?

 18   R.  Il y avait quelques maisons à proximité, donc cela doit se trouver par

 19   ici. Le stylet n'a pas l'air de fonctionner…

 20   Q.  Je pense que cela suffit tout de même.

 21   R.  Par ici, en tout cas.

 22   Q.  Veuillez apposer la lettre M à côté de ce cercle.

 23   R.  [Le témoin s'exécute]

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] S'agit-il de l'endroit qui s'appelle

 25   Kovaci ?

 26   M. LUKIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 27   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais pourquoi M alors ?

 28   M. LUKIC : [interprétation] J'aimerais poser une question au témoin. En

Page 2970

  1   fait, nous avions abordé un autre sujet, mais j'ai une question pour vous.

  2   Q.  A un moment donné lors d'une de vos tournées, vous avez vu quatre

  3   mortiers de l'ABiH à cet endroit, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui. Après que nous ayons soulevé la question en discutant avec la

  5   brigade, ces mortiers ont été déplacés.

  6   Q.  Merci. Puisque nous avons encore la carte sous les yeux, j'aimerais

  7   vous poser une question concernant un autre incident. L'endroit où vous

  8   avez vu une jeune fille de 17 ans qui a essuyé des tirs d'un tireur

  9   embusqué à Sokolovic, pourriez-vous nous indiquer cet endroit sur la carte

 10   ?

 11   R.  Je crois le voir le long de cette route, notamment par ici, je crois.

 12   Q.  Pourriez-vous mettre la lettre S à côté ?

 13   R.  [Le témoin s'exécute]

 14   Q.  Je vais vous poser quelques questions concernant cet incident. Vous

 15   avez vu cette jeune femme qui se promenait le long de la route. Vous étiez

 16   dans votre véhicule, vous passiez à côté, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Une heure plus tard environ, un inspecteur de la police de l'ABiH vous

 19   a demandé de vous rendre à la morgue, et c'est là où vous avez reconnu

 20   cette même fille que vous aviez vue précédemment le long de la route. Vous

 21   avez reconnu son cadavre, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Vous n'avez pas vu le moment où elle a été touchée, n'est-ce pas, ce

 24   n'est que par la suite que vous avez vu son cadavre à la morgue ?

 25   R.  En effet.

 26   Q.  Des conclusions ont été tirées sur la base de l'autopsie effectuée par

 27   la suite. La blessure de sortie était si grande que l'on en a tiré la

 28   conclusion qu'une balle de 12,7 millimètres avait été utilisée, ce qui

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  1   était assez inhabituel pour un tir embusqué, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui, en effet. Mais il y avait eu de nombreux tirs dans ce secteur ce

  3   jour-là, des tirs assez soutenus.

  4   Q.  Les tirs que vous avez entendus ce jour-là à cet endroit, est-ce qu'ils

  5   venaient de part et d'autre, pour ainsi dire, de différents endroits ? Ou

  6   avez-vous simplement entendu dire qu'il y avait eu des tirs ? Avez-vous

  7   personnellement entendu les tirs ?

  8   R.  J'ai entendu les tirs. J'ai entendu dire qu'il s'agissait d'une arme

  9   plus lourde qu'une mitrailleuse ordinaire, donc quelque chose qui devait

 10   être de l'ordre de 17,7 [comme interprété], 14,6, quelque chose de cet

 11   ordre-là; et les tirs venaient de l'est par rapport à l'aéroport.

 12   Q.  Lorsque vous parcouriez les alentours d'Igman, vous avez vu ces mêmes

 13   armes utilisées par l'ABiH, n'est-ce pas ?

 14   R.  J'ai vu un fusil à lunette de 12,7 millimètres plus tard cet hiver-là,

 15   oui.

 16   Q.  Encore une question se rapportant à cet incident. En ce qui concerne

 17   l'endroit d'où la balle avait été tirée, la balle qui a frappé cette fille,

 18   vous avez tiré vos conclusions sur la base de ses blessures ainsi que la

 19   direction dans laquelle elle se déplaçait lorsque vous l'avez vue, n'est-ce

 20   pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Quoi qu'il en soit, vous ne savez pas si en fait elle avait changé de

 23   direction ou si elle avait rebroussé chemin, vous ne pouvez pas tirer de

 24   conclusion à ce sujet, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, en effet. L'on ne peut que partir du principe qu'elle se rendait

 26   quelque part, elle n'était pas simplement en train de se promener étant

 27   donné que les tirs pleuvaient dans le secteur.

 28   Q.  J'aimerais maintenant vous poser quelques questions concernant les

Page 2972

  1   pilonnages.

  2   De qui avez-vous reçu les renseignements qui vous incitaient à vous rendre

  3   à un endroit particulier pour mener une enquête concernant un incident

  4   particulier de pilonnage ?

  5   R.  Nous recevions des renseignements de la part de la police civile, ou

  6   lorsque l'on entendant une déflagration, nous nous rendions sur le site de

  7   notre propre initiative.

  8   Q.  J'ai lu dans votre déclaration que le plus souvent, vous vous rendiez

  9   sur les lieux accompagné d'un juge d'instruction. Etait-ce la norme ?

 10   Etiez-vous toujours accompagné par un juge d'instruction ?

 11   R.  Il est arrivé parfois qu'il nous accompagne, notamment dans les jours

 12   qui ont suivi l'explosion de la bombe. Puisqu'elle était présente sur

 13   place, elle nous a accompagnés lors de nos enquêtes concernant cet

 14   incident.

 15   Q.  Maintenant, j'aurais une question générale concernant ces incidents que

 16   vous avez examinés. De manière générale, à compter du moment où vous aviez

 17   connaissance d'un incident qui s'était produit, combien de temps s'écoulait

 18   jusqu'à ce que vous arriviez sur le site de l'incident ? Pouvez-vous nous

 19   donner une idée approximative du temps qui s'est écoulé ?

 20   R.  Tout dépendait de savoir si le pilonnage était encore en cours ou s'il

 21   s'était agi d'une seule explosion. S'il s'agissait d'une seule explosion,

 22   nous pouvions nous y rendre en l'espace de dix minutes. Si le pilonnage

 23   était toujours en cours, il fallait attendre que le pilonnage cesse. Il y a

 24   eu bon nombre d'incidents ou d'explosions que nous n'avons jamais vus de

 25   nos propres yeux puisque nous ne pouvions pas nous rendre sur place.

 26   Q.  Encore une question simplement, puis je crois que j'en aurai terminé

 27   avec cette série de questions.

 28   Alors que vous vous occupiez d'enquêtes sur place, jamais aucun

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  1   représentant des autorités serbes de Bosnie n'y a participé ni représentant

  2   des autorités serbes de Bosnie, ni représentant de l'armée de la Republika

  3   Srpska, ni juge d'instruction, ni la police, n'est-ce pas ?

  4   R.  En tout cas, pas dans le secteur de Hrasnica puisque j'étais dans cette

  5   équipe à Hrasnica.

  6   M. LUKIC : [interprétation] Je crois que le moment serait opportun pour

  7   faire une pause maintenant, Madame et Messieurs les Juges. J'aimerais vous

  8   demander le versement au dossier de la carte qui n'a pas encore été versée.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] La carte est admise au dossier. Une

 10   cote, s'il vous plaît.

 11   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce D36.

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup. Nous nous retrouverons

 13   ainsi à 11 heures moins le quart.

 14   --- L'audience est suspendue à 10 heures 16.

 15   --- L'audience est reprise à 10 heures 46.

 16   M. LUKIC : [interprétation]

 17   Q.  Monsieur Overgard, lorsque vous souhaitiez parcourir la ligne de front,

 18   pour ainsi dire, vous deviez en demander l'autorisation aux autorités

 19   militaires et ils devaient vous faciliter ainsi l'accès à ces zones

 20   dangereuses, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui, c'est ce qu'ils souhaitaient bien que nous ayons également mené

 22   des enquêtes près de la ligne de front de notre propre initiative.

 23   Q.  Il y a également des cas dans lesquels on vous a dit que vous ne

 24   devriez pas vous y rendre et donc vous n'y êtes pas allé, n'est-ce pas ?

 25   R.  En effet.

 26   Q.  Dites-moi, lorsque vous avez parcouru la ligne de front, je vais

 27   l'appeler ainsi, est-ce que vous vous êtes rapproché de la ligne de

 28   séparation ou la ligne de front de l'ABiH ?

Page 2974

  1   R.  Oui, à plusieurs reprises.

  2   Q.  Pendant votre séjour à Sarajevo et à Hrasnica, avez-vous remarqué que

  3   la ligne s'est déplacée d'une manière ou d'une autre ?

  4   R.  Non.

  5   Q.  A l'avantage de l'une ou de l'autre partie ?

  6   R.  Non.

  7   Q.  Nous pouvons donc en conclure que cette ligne de séparation était

  8   stable, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Je vais maintenant vous poser quelques questions supplémentaires, mais

 11   concernant un sujet tout à fait différent. Vous avez dit qu'une fois, vous

 12   avez mené une enquête sur le site concernant une bombe aérienne. Je ne vais

 13   pas vous poser des questions concernant la procédure impliquée. J'aimerais

 14   en savoir plus sur vos relations avec les autorités bosniaques à cette

 15   occasion. Vous pouvez me répondre simplement par oui ou par non.

 16   Ce jour-là, vous avez entendu une déflagration pendant la matinée alors que

 17   vous vous trouviez à votre garnison, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Vous avez tenté de contacter la police locale, vous vous êtes même

 20   rendu au poste de police, mais vous n'y avez trouvé personne, n'est-ce pas

 21   ?

 22   R.  C'est exact.

 23   Q.  Tout de suite après, vous vous êtes rendu sur le site, et parmi les

 24   débris, vous avez vu des jambes et des pieds qui étaient ceux d'un homme

 25   qui arborait un uniforme de camouflage et des bottes, et vous avez vu ses

 26   empreintes également, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Après que vous ayez découvert cela, le commandant de la 4e Brigade

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  1   motorisée est arrivé sur place et vous a demandé de quitter les lieux,

  2   n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Ainsi vous êtes retourné dans vos quartiers, vous y êtes resté jusqu'en

  5   fin d'après-midi; et l'ABiH a posté trois soldats à l'entrée de l'immeuble

  6   où vous vous trouviez et ne vous ont plus laissé quitter l'immeuble, n'est-

  7   ce pas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Pendant ce temps, deux membres du bataillon français sont venus pour se

 10   renseigner sur ce qui se passait, et ils n'ont pas non plus été autorisés à

 11   quitter votre base ?

 12   R.  [aucune interprétation]

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Lukic, puis-je vous interrompre

 14   un instant. J'ai remarqué que vous posiez des questions concernant la

 15   partie expurgée de la déclaration qui a été versée au dossier. Vous le

 16   faites de façon délibérée et intentionnelle. Est-ce que vous souhaitez donc

 17   nous soumettre la partie expurgée, est-ce que vous voulez ainsi que nous

 18   prenions connaissance de la version non expurgée ? Nous en avons un

 19   exemplaire et cette partie expurgée a également été présentée par

 20   l'Accusation.

 21   M. LUKIC : [interprétation] En effet, Monsieur le Président. Toutes ces

 22   questions se rapportent à son témoignage et sa déposition. J'ai également

 23   téléchargé dans le prétoire électronique les passages non expurgés. Ainsi

 24   si le témoin conteste quoi que ce soit, je vous montrerai une page précise

 25   du compte rendu. Je voulais simplement passer en revue toute cette

 26   procédure sans entrer dans tous les détails concernant cet incident, mais

 27   le compte rendu même a été rendu public ainsi que tout son témoignage. Je

 28   peux vous donner les numéros de page concernant les questions que je pose

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  1   au témoin.

  2   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je n'ai pas d'objection à la manière

  3   dont vous procédez. Simplement, je vous pose la question de savoir si vous

  4   allez demander le versement ou non de la version non expurgée de la

  5   déclaration.

  6   M. LUKIC : [interprétation] Non. J'aimerais simplement élucider certains

  7   points par le biais des réponses du témoin. Je ne souhaite pas inclure

  8   parmi les éléments de preuve la déclaration même ou des passages du compte

  9   rendu. Cela dit, si certaines contradictions apparaissent dans ses

 10   réponses, je lui soumettrai certains passages de son témoignage antérieur.

 11   Je lui soumettrai un passage bien précis du compte rendu, une page précise

 12   du compte rendu ou de sa déclaration.

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Vous pouvez poursuivre,

 14   Maître Lukic.

 15   M. LUKIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Q.  Revenons-en à la chronologie. En fin d'après-midi, l'on vous a autorisé

 17   à retourner sur les lieux parce que votre officier de liaison avait

 18   contacté les autorités de la Bosnie-Herzégovine et, aux alentours de 19

 19   heures, vous êtes retourné sur les lieux ?

 20   R.  Je ne me souviens pas de l'heure exacte, mais en effet, plus tard dans

 21   la soirée ou dans l'après-midi.

 22   Q.  A ce moment-là, sur le site vous n'avez plus trouvé de traces de ces

 23   jambes et de ces pieds d'une personne qui arborait un uniforme de

 24   camouflage et des bottes, donc ce que vous aviez vu plus tôt, n'est-ce pas

 25   ?

 26   R.  En effet.

 27   Q.  Lorsque vous êtes allé sur ce site à deux reprises ce jour-là, donc

 28   après avoir été au poste de police d'abord, et ensuite la deuxième fois

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  1   plus tard dans l'après-midi, sur le site vous n'avez trouvé aucun fragment

  2   qui aurait pu vous permettre de reconstruire la manière dont les choses

  3   s'étaient produites ?

  4   R.  Nous avons trouvé certains fragments, mais nous ne savions pas de quoi

  5   il s'agissait. Je crois que c'est ainsi que les choses se sont passées.

  6   Q.  Le lendemain dans la matinée, encore une fois, les autorités bosniaques

  7   ne vous ont pas autorisé à aller sur le site et vous êtes resté dans vos

  8   quartiers jusqu'à midi environ, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Puis lorsque vous êtes arrivé sur le site, les autorités qui menaient

 11   l'enquête du côté de la BH vous ont montré certains fragments, certains

 12   morceaux de tissu de vêtements qu'ils utilisaient afin de reconstituer

 13   l'incident, n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Ensuite, avec l'inspecteur, vous êtes allé à la morgue, l'on vous a

 16   montré le cadavre d'une femme dont on vous a dit qu'elle avait été une

 17   victime de l'incident, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Une autre question que je n'ai pas trouvée dans le compte rendu,

 20   l'inspecteur qui vous a emmené à la morgue ou encore d'autres représentants

 21   des autorités de la BH avec qui vous avez été en contact ces jours-là, leur

 22   avez-vous dit que vous aviez vu des traces de pied revêtus de bottes que

 23   vous aviez observés ce jour-là ?

 24   R.  Je crois que oui parce qu'on m'a expliqué qu'il s'agissait d'un soldat

 25   qui était grièvement blessé et toujours en vie, et qu'il était la seule

 26   victime de cette bombe.

 27   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous avez dit qu'il était grièvement

 28   blessé ou non ?

Page 2978

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Il n'était pas grièvement blessé. Il avait à

  2   peine été touché.

  3   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

  4   M. LUKIC : [interprétation]

  5   Q.  Est-ce que ce récit vous a paru convaincant puisque vous aviez vu vous-

  6   même le site ?

  7   R.  Je ne souhaiterais pas formuler d'hypothèse à ce sujet puisqu'il ne s'y

  8   trouvait plus et je n'ai pas pu obtenir d'autres renseignements à ce sujet.

  9   Evidemment, il se peut qu'il soit en vie et en bonne santé, mais je n'ai

 10   aucun élément de preuve pour savoir ce qu'il en est, donc nous n'en avons

 11   plus parlé.

 12   Q.  J'aimerais encore vous demander exactement ce que vous avez vu parmi

 13   les débris. Vous avez vu ces jambes, ces pieds d'un homme en uniforme de

 14   camouflage portant des bottes, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui, j'ai vu les jambes sous un tas de pierres qui étaient donc celles

 16   de la maison et du mur qui s'était écroulé.

 17   Q.  Et lorsque vous avez vu cela, le commandant de la brigade vous a

 18   demandé de quitter les lieux, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui, il est arrivé alors que je découvrais cela. Il est arrivé au même

 20   moment et il nous a demandé de rentrer chez nous.

 21   Q.  Pour être parfaitement clair, lorsque vous en avez parlé par la suite

 22   avec les autorités locales, elles vous ont dit qu'il y avait bien eu un

 23   soldat de l'ABiH sur place qui avait été légèrement blessé ?

 24   R.  Oui. Il y avait en tout cas quelqu'un, un individu. Ils n'ont pas

 25   mentionné précisément qu'il s'agissait d'un soldat. Mais tout ce que j'ai

 26   vu c'était ces jambes, et un pantalon de camouflage et des bottes

 27   militaires.

 28   Q.  A la page 32 [comme interprété], ligne 23, vous avez mentionné le mot

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  1   "soldat," et vous aviez dit tout à l'heure que le soldat n'avait pas été

  2   grièvement blessé. Vous nous avez donc dit qu'il s'agissait d'un soldat qui

  3   n'était pas grièvement blessé ?

  4   R.  Oui, effectivement. On peut supposer qu'il s'agissait d'un soldat

  5   puisqu'il portait un pantalon de camouflage et des bottes militaires, donc

  6   je pensais qu'il s'agissait certainement d'une personne, qui n'était pas

  7   très grièvement blessée.

  8   Q.  Est-ce que vous avez rédigé un rapport portant sur cet incident à votre

  9   supérieur, s'agissant du fait qu'il était arrivé un incident et que vous ne

 10   pouviez pas être sur les lieux, et je parle de l'incident en question. Donc

 11   est-ce que vous avez rédigé un rapport bien précis sur cet incident ?

 12   R.  Je crois que c'était mentionné effectivement dans mon rapport, puisque

 13   nous étions détenus dans notre maison.

 14   M. LUKIC : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président, Madame,

 15   Messieurs les Juges. J'en ai terminé avec mon contre-interrogatoire de ce

 16   témoin. Je vous remercie.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup, Maître Lukic.

 18   Monsieur Thomas, des questions supplémentaires ?

 19   M. THOMAS : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur le Président.

 20   Nouvel interrogatoire par M. Thomas :

 21   M. THOMAS : [interprétation] Pourrait-on, je vous prie, afficher la pièce

 22   D34, Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges.

 23   Q.  [interprétation] Fort bien. Commandant, vous reconnaîtrez cette carte

 24   comme étant celle que vous avez annotée dans le cadre de votre déposition

 25   de ce matin. S'agissant du cercle que vous avez identifié à l'aide du

 26   chiffre 2, c'était un endroit que vous avez identifié comme étant le QG de

 27   la 4e Brigade motorisée de l'ABiH.

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  J'aimerais maintenant vous demander quelques questions concernant

  2   l'endroit de ce quartier général, et je voudrais que l'on parle des

  3   activités de pilonnage.

  4   Au cours de la période pendant laquelle vous étiez sur place, est-ce

  5   que le bâtiment qui était occupé par la 4e Brigade motorisée a fait l'objet

  6   de pilonnage par les forces de la VRS ?

  7   R.  Nous n'avons jamais enquêté sur ceci.

  8   Q.  Est-ce qu'il y avait un schéma particulier concernant le pilonnage

  9   autour de ce bâtiment ?

 10   R.  Le pilonnage était tout autour de Hrasnica. Nos enquêtes ont découvert

 11   qu'il y avait donc pilonnage sur tous ces secteurs. Il n'y avait pas un

 12   endroit précis. Mais de toute façon il n'y avait pas de soldat dans ces

 13   secteurs, de toute façon.

 14   Q.  Et si le QG militaire avait fait l'objet de pilonnage, s'ils avaient

 15   ciblé donc le QG militaire, est-ce que vous vous seriez attendu à un autre

 16   schéma, un autre type de pilonnage ?

 17   R.  Je crois que le pilonnage aurait été plus près de la cible du bâtiment.

 18   Q.  Et le QG de la 4e Brigade motorisée se trouvait au centre du hameau ?

 19   R.  Oui, il y avait un très grand bloc, donc un quadrilatère, et dans la

 20   cave il y avait des civils. En fait, c'était une très grande maison où les

 21   civils se cachaient dans la cave.

 22   Q.  Et c'était tout près du QG, il y avait une concentration de civils ?

 23   R.  Oui, il y avait une concentration de civils autour de ce secteur.

 24   Q.  Et dans d'autres zones de Hrasnica où les obus sont tombés, y avait-il

 25   des installations militaires ?

 26   R.  Non, pas à ma connaissance.

 27   Q.  On vous a posé un certain nombre de questions concernant une jeune

 28   femme de 17 ans qui avait été tuée par un tireur embusqué. Ceci ne figure

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  1   pas dans votre déclaration que vous avez faite auprès de ce Tribunal et qui

  2   fait partie de l'ensemble des pièces présentées en vertu de l'article 92

  3   ter.

  4   D'abord, j'aimerais vous demander, pourriez-vous expliquer aux Juges

  5   de la Chambre que s'est-il passé concernant cet incident ?

  6   R.  Oui, tout à fait. Je crois que nous étions allés au QG au centre de

  7   Sarajevo; moi-même j'étais accompagné d'un autre observateur des Nations

  8   Unies, et lorsque nous nous rendions au QG, alors que nous passions à côté

  9   de l'endroit où ils étaient en train de faire un tunnel, nous avons vu

 10   cette femme qui marchait entre les maisons, cette jeune femme qui marchait

 11   le long des murs en fait. Comment je pourrais dire ? Non elle marchait sur

 12   la route. Il n'y avait pas de maisons en réalité, et c'est à ce moment-là

 13   que nous l'avons vue. Mais ensuite, quand elle s'est approchée des maisons

 14   qui se trouvaient au bout de la route, et lorsque nous nous sommes trouvés

 15   à cet endroit-là, donc de l'autre côté de la route, au bout de la route il

 16   y avait des tirs nourris de mitraillettes légères, par mitraillettes

 17   légères.

 18   Lorsque nous sommes arrivés à l'endroit où nous allions, c'était au poste

 19   de police, après un certain temps ils nous ont contactés parce qu'il

 20   fallait s'occuper d'une génératrice et d'une voiture, alors moi je suis

 21   allé avec le policier à la morgue.

 22   Q.  Le pilonnage que vous nous décrivez, est-ce que l'on tirait sur les

 23   lignes de confrontation ? De quel type de tirs il s'agissait ?

 24   R.  D'abord il y avait les tirs. Ensuite lorsque nous avons élevé des

 25   protestations par le biais de notre officier de liaison au QG, ils nous ont

 26   dit qu'ils tiraient sur les personnes afin qu'ils puissent leur permettre

 27   de creuser le tunnel pour faire, pour chasser les personnes autour.

 28   Q.  Et qui tirait ?

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  1   R.  C'était le côté serbe.

  2   Q.  Vous avez parlé de la balle qui a tué cette jeune femme.

  3   D'abord, s'agissait-il d'un civil ou d'un militaire ?

  4   R.  Non, c'était une personne civile.

  5   Q.  Et est-ce que c'était tout à fait clair si l'on voyait cette jeune

  6   femme, il était tout à fait clair qu'elle était civile ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Vous dites qu'elle a été tuée d'une ronde de 12,7 millimètres, et mon

  9   éminent confrère vous a demandé si vous aviez jamais vu une telle arme

 10   entre les mains de l'armée de l'ABiH. J'aimerais vous demander à mon tour

 11   si les forces de la VRS disposaient également de ce type d'armes ?

 12   R.  Non, pas à ma connaissance.

 13   Je n'ai jamais vu de telles armes entre leurs mains. Mais il est tout

 14   à fait certain qu'ils avaient également des armes beaucoup plus lourdes,

 15   car nous avons trouvé des fragments le long de la route, des fragments de

 16   balles de 30 millimètres et 20 millimètres.

 17   Q.  Lorsque vous dites que cette femme a été tuée, cette jeune fille, cette

 18   personne a été tuée par l'armée des Serbes de Bosnie, d'où provenaient les

 19   tirs ?

 20   R.  Les tirs provenaient de la colline du côté ouest de la piste

 21   d'atterrissage.

 22   Q.  Donc du côté ouest ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Pardon ?

 25   R.  Oui, c'étaient les casernes de Lukavica et autour de la caserne de

 26   Lukavica, si je me souviens bien. A l'est, bien sûr, de la piste

 27   d'atterrissage.

 28   M. LUKIC : [interprétation] Pourrait-on afficher une carte. De nouveau, il

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  1   s'agit de la carte D35, et on peut parler de cet incident en nous servant

  2   de cette carte.

  3   Q.  Je crois que cette carte porte sur cet incident. Est-ce que vous vous

  4   souvenez que vous aviez tracé ce cercle pour indiquer le tunnel ?

  5   R.  Oui, tout à fait.

  6   Q.  Pourriez-vous nous indiquer sur cette carte l'endroit où vous pensiez

  7   que les tirs provenaient ?

  8   R.  Il faudrait que ça soit -- c'était certainement quelque part ici, les

  9   tirs provenaient de cette zone-ci.

 10   Q.  Et qui tenait ce territoire ?

 11   R.  C'était le territoire serbe.

 12   Q.  Pourriez-vous -- est-ce que c'étaient les forces de la VRS ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Pourriez-vous inscrire "VRS" ?

 15   R.  [Le témoin s'exécute]

 16   M. THOMAS : [interprétation] Très bien. Merci, Monsieur le Président.

 17   Pourrait-on verser au dossier cette pièce.

 18   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] La pièce D35 est versée au dossier en

 19   tant que pièce D35. Pourrait-on y attribuer une cote.

 20   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la cote P486.

 21   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 22   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. J'aimerais

 23   consulter mes collègues pour quelques instants.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien.

 25   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 26   M. THOMAS : [interprétation]

 27   Q.  Est-ce que vous vous souvenez d'avoir vu une arme de 12,7 millimètres

 28   en possession de l'armée -- sur la position de l'ABiH. Où est-ce que vous

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  1   les avez vues ?

  2   R.  Je crois que c'était sur le mont Igman. On venait de passer un groupe

  3   de soldats.

  4   Q.  Est-ce que tous ces soldats étaient armés de cette arme ?

  5   R.  Non, il n'y avait qu'une seule arme. C'est un brand new, tout à fait

  6   nouveau, et il s'agissait de cette arme de fusil à lunette de 12,7

  7   millimètres.

  8   Q.  De leur position, est-ce qu'ils avaient une ligne de mire pour voir

  9   l'endroit où cette jeune fille a été tuée, pouvaient-ils voir d'autres

 10   endroits tenus par l'ABiH à Sarajevo ?

 11   R.  Ils devaient être assez loin, car depuis cette position-là sur le mont

 12   Igman, ils ne pouvaient pas très bien voir -- je n'ai qu'aperçu cette arme

 13   entre leurs mains.

 14   Q.  Est-ce que vous seriez en mesure d'indiquer sur cette carte l'endroit

 15   où vous avez vu cette personne en possession de cette arme ?

 16   R.  Je ne suis pas tout à fait certain, je ne suis plus sûr. Mais c'était

 17   sur la route du convoi, de toute façon.

 18   Q.  La route que l'on voit dans la partie inférieure gauche de la carte ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Maintenant, parlons du tunnel. Le tunnel avait-il une importance

 21   stratégique pour les personnes de l'ABiH ?

 22   R.  Il serait beaucoup plus facile, bien sûr, de s'approvisionner en

 23   équipement et en nourriture à l'aide de ce tunnel dans Sarajevo.

 24   Q.  Pourquoi avaient-ils besoin de creuser un tunnel pour s'approprier de

 25   ces denrées ?

 26   R.  Je ne sais pas, je ne suis pas tout à fait certain. Mais je crois que

 27   c'était beaucoup plus facile, c'était plus sûr de toute façon de passer

 28   sous terre et de s'approprier ce dont ils avaient besoin.

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  1   Q.  Est-ce qu'il y avait d'autres endroits plus conventionnels pour entrer

  2   dans Sarajevo ?

  3   R.  Je ne sais pas, mais je crois que la meilleure façon de faire entrer

  4   les denrées, c'était de passer par la route de convoi qui passe par

  5   Hrasnica, et ensuite par là, elle mène à Sarajevo.

  6   Q.  Enfin, Commandant, en dernier lieu j'aimerais que l'on parle de

  7   mortiers qui étaient placés sur Kovaci.

  8   M. THOMAS : [interprétation] Pour ceci, j'aimerais que l'on consulte la

  9   carte qui porte la cote D36, s'il vous plaît.

 10   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire, s'il vous plaît, si vous vous

 11   souvenez de ces annotations que vous avez apportées sur cette carte un peu

 12   plus tôt ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  J'aimerais d'abord dire quelque chose pour me corriger moi-même. En

 15   fait, je crois que le cercle que vous avez tracé et que vous avez indiqué à

 16   l'aide d'un S c'est à l'endroit où cette jeune fille de 17 ans avait été

 17   tuée, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Ce qui m'intéresse en ce moment c'est l'endroit que vous avez tracé à

 20   l'aide d'un cercle que vous avez identifié avec la lettre M qui identifiait

 21   les mortiers.

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Et vous avez décrit quatre mortiers dans votre déclaration de 81

 24   millimètres ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Et vous avez dit que dès que vous avez découvert leurs positions, ils

 27   ont été déplacés ?

 28   R.  [aucune interprétation]

Page 2987

  1   Q.  Est-ce que vous savez à quel moment ils l'avaient découvert ?

  2   Q.  C'était le lendemain après notre découverte de ces derniers; ils les

  3   ont déplacés en montant la route du convoi. Encore une fois, ils avaient

  4   été déplacés pendant la nuit.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce n'était pas vous qui deviez les

  6   déplacer.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, nous avions formulé une plainte et les

  8   forces de la BiH les ont enlevés.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] C'est parce qu'à la ligne 7 au

 10   paragraphe 44 du compte rendu d'audience, on pouvait lire que c'était vous

 11   qui étiez chargé de les déplacer.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, nous avions porté plainte, nous avions

 13   élevé des objections quant à leur présence.

 14   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 15   M. THOMAS : [interprétation]

 16   Q.  [aucune interprétation]

 17   R.  [aucune interprétation]

 18   Q.  Après que vous ayez demandé que les mortiers soient déplacés, est-ce

 19   qu'il y avait des signes vous permettant de croire qu'ils étaient encore

 20   sur place et qu'on s'en servait encore ?

 21   R.  Non, absolument pas, nous sommes passés derrière à plusieurs reprises,

 22   mais nous ne les avons jamais revus.

 23   Q.  Très bien, merci. J'en ai terminé avec mes questions supplémentaires.

 24   Le Juge Président et les Juges de la Chambre vous poseront peut-être des

 25   questions.

 26   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Thomas.

 27   Je vous remercie, Monsieur Overgard, ceci met fin à votre déposition

 28   d'aujourd'hui. Je vous remercie énormément de vous être déplacé jusqu'au

Page 2988

  1   Tribunal et d'être venu déposer. Alors vous pouvez maintenant disposer,

  2   nous vous souhaitons un bon voyage, bon retour à la maison.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

  4   [Le témoin se retire]

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Thomas.

  6   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. C'est au tour de

  7   M. Cannata, c'est lui qui interrogera le témoin suivant. J'espère que vous

  8   me permettrez de m'absenter, car j'ai quelque chose de prévu.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien.

 10   Monsieur Cannata, je vous écoute.

 11   M. CANNATA : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Avec votre

 12   permission, j'aimerais allumer cet ordinateur.

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien.

 14   M. CANNATA : [interprétation] Merci beaucoup.

 15   Monsieur le Président, l'Accusation appelle le Dr Youssef Hajir.

 16   M. CANNATA : [interprétation] Il semblerait que nous avons du mal à faire

 17   venir les témoins aujourd'hui, les emmener dans la salle d'audience, les

 18   escorter vers la salle d'audience. Je suis désolé.

 19   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bonjour, Monsieur.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 22   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Veuillez, je vous prie, prononcer

 23   votre déclaration solennelle.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien, merci.

 25   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Alors, faites.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 27   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 28   LE TÉMOIN : YOUSSEF HAJIR [Assermenté]

Page 2989

  1   [Le témoin répond par l'interprète]

  2   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez vous

  3   asseoir, je vous prie.

  4   M. CANNATA : [interprétation] Puis-je commencer, Monsieur le Président ?

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Certainement, Monsieur Cannata.

  6   M. CANNATA : [interprétation] Merci beaucoup. Je souhaiterais vous

  7   rappeler, Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges, que le Dr

  8   Hajir est un témoin 92 ter.

  9   Interrogatoire principal par M. Cannata : 

 10   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

 11   R.  Bonjour, Monsieur.

 12   Q.  Pourriez-vous décliner votre identité pour le compte rendu d'audience.

 13   R.  Je m'appelle Youssef Hajir, et je suis médecin.

 14   Q.  Monsieur, pourriez-vous relater aux Juges de la Chambre quelle était

 15   votre profession entre le mois de mai 1992 jusqu'à la fin de la guerre,

 16   jusqu'à la fin de l'année 1995 ? Merci.

 17   R.  Au début de la guerre, j'habitais à Vrace, et comme au début de la

 18   guerre je ne pouvais pas me rendre au travail car les barricades étaient

 19   érigées au carrefour de Vrace, pour les personnes qui connaissent Sarajevo,

 20   il m'était impossible de me rendre jusqu'à mon lieu de travail au centre

 21   hospitalier, et je vois que effectivement --

 22   Q.  Excusez-moi, je dois vous interrompre quelques instants. Je voudrais

 23   vous demander de simplement répondre aux questions que je vous pose.

 24   Alors la question que je vous pose en ce moment était de savoir quelle

 25   était votre occupation entre le mois de mai 1992 jusqu'à la fin de la

 26   guerre qui a eu lieu en 1995 ?

 27   R.  J'avais ouvert un hôpital à Dobrinja. Je travaillais en tant que

 28   directeur. Je suis chirurgien de profession, donc au cours de cette

Page 2990

  1   période, je dirigeais l'hôpital et je faisais aussi les interventions

  2   chirurgicales.

  3   M. CANNATA : [interprétation] Merci beaucoup, je voudrais que l'on affiche

  4   la pièce 65 ter 9396, s'il vous plaît.

  5   Q.  [aucune interprétation]

  6   R.  [aucune interprétation]

  7   Q.  [aucune interprétation]

  8   R.  [aucune interprétation]

  9   Q.  [aucune interprétation]

 10   R.  [aucune interprétation]

 11   M. CANNATA : [interprétation] Pourrait-on passer à la page 2, s'il vous

 12   plaît, de ce même document.

 13   R.  Merci.

 14   Q.  Confirmez-vous que les documents qui figurent à la page 2 et à la page

 15   3 de cette déclaration sont des copies de certificats et de dossiers

 16   médicaux émis par l'hôpital de Dobrinja ?

 17   R.  J'ai passé en revue les documents, et j'ai conclu que sur la base de la

 18   forme des documents, et au regard des signatures que j'ai vues des médecins

 19   qui étaient mes collaborateurs, et à la suite de l'examen des documents que

 20   moi-même j'ai signés, selon le formulaire, selon la façon dont tout est

 21   décrit, les mots employés, et les signatures, je dirais que tous ces

 22   documents correspondent aux documents de l'hôpital de Dobrinja.

 23   Q.  Je vous remercie. Est-ce que vous confirmez que la déclaration que vous

 24   avez signée le 17 juin 2008 est véridique et que vous l'avez donnée du

 25   meilleur de votre connaissance ?

 26   R.  Si ma mémoire est bonne, oui.

 27   Q.  Est-ce que ces déclarations reflètent de façon exacte vos propos et si

 28   l'on vous demandait aujourd'hui les mêmes questions, est-ce que vous

Page 2991

  1   répondriez de la même façon ?

  2   R.  Absolument.

  3   M. CANNATA : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les

  4   Juges, j'aimerais demander que cette pièce soit versée au dossier. Il

  5   s'agit de dossiers médicaux et de la déclaration.  J'ai un document 65 ter

  6   pour chacun des documents.

  7   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Alors j'admets le versement

  8   au dossier de la pièce 65 ter 09396 d'abord.

  9   M. CANNATA : [interprétation] Merci.

 10   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Quelle en sera la cote, Madame la

 11   Greffière.

 12   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P487.

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

 14   M. CANNATA : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les

 15   Juges, la pièce suivante porte la cote 65 ter 3030. C'est un document assez

 16   volumineux. Il n'y a que quelques pages qui nous intéressent de ce

 17   document. Elles seront versées au dossier sous pli scellé, si vous le

 18   permettez. Les pages sont les suivantes : les pages 12, 13, 14, 16 à 29 du

 19   document original en B/C/S. Et les pages correspondantes en anglais sont

 20   les suivantes : la page 17, la page 18, la page 19, et les pages 21 à 34 de

 21   la traduction en langue anglaise. Tout ceci sous pli scellé, bien sûr,

 22   merci.

 23   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le 65 ter 3030 et les pages telles que

 24   citées dans la version B/C/S sont versées au dossier. Veuillez lui donner

 25   une cote et sous pli scellé.

 26   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P488, sous pli

 27   scellé.

 28   M. CANNATA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

Page 2992

  1   Q.  Monsieur le Témoin, nous allons passer à votre déposition dans

  2   l'affaire Galic. Vous rappelez-vous avoir déposé devant ce Tribunal dans

  3   l'affaire le Procureur contre Galic le 17 janvier 2002 ?

  4   R.  Oui, je m'en souviens.

  5   Q.  Avez-vous eu l'occasion de réexaminer le compte rendu d'audience de

  6   votre déposition avant de comparaître devant le Tribunal aujourd'hui ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Est-ce que ce compte rendu reflète les réponses que vous donneriez aux

  9   mêmes questions si on vous les posait aujourd'hui devant la Chambre ?

 10   R.  Absolument.

 11   M. CANNATA : [interprétation] Je voudrais demander de verser au dossier la

 12   pièce 65 ter 9997 [comme interprété], qui est le compte rendu d'audience et

 13   la déposition du Dr Hajir dans l'affaire Galic.

 14   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais où est ce compte rendu ? Nous ne

 15   le voyons pas à l'écran.

 16   M. CANNATA : [interprétation] Oui, pardon. Est-ce que l'on peut projeter à

 17   l'écran la pièce 65 ter 9397. Comme vous pouvez le voir, il s'agit d'une

 18   copie expurgée du compte rendu d'audience.

 19   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. La pièce 65 ter 9397 est

 20   versée au dossier.

 21   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P489.

 22   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 23   M. CANNATA : [interprétation] Avec votre permission, je vais lire un petit

 24   résumé de M. Hajir lors de cette déposition.

 25   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui.

 26   M. CANNATA : [interprétation] Dr Hajir, Youssef Hajir, était le directeur

 27   de l'hôpital Dobrinja depuis sa création en 1992 et tout au long de la

 28   guerre. Vous avez indiqué que certains dossiers médicaux et certificats

Page 2993

  1   émanant de l'hôpital de Dobrinja concernant des morts civiles suite à des

  2   incidents de pilonnage du 18 juin 1995, il s'agit d'une annexe A7 dans

  3   l'affaire Perisic. Voilà pour ce qui est de ce petit résumé et pour ce qui

  4   est de mon interrogatoire principal.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Maître Cannata.

  6   Maître Lukic.

  7   Contre-interrogatoire par M. Lukic : 

  8   Q.  [interprétation] Bonjour, Docteur Hajir.

  9   R.  Bonjour.

 10   Q.  Je m'appelle Novak Lukic, au nom de l'équipe de la Défense du général

 11   Perisic, nous avons quelques questions à vous poser concernant des

 12   éclaircissements par rapport à ce qui a été versé au dossier concernant

 13   votre déposition.

 14   R.  Très bien.

 15   Q.  Nous parlons tous les deux la même langue, donc il y a interprétation,

 16   donc au moment où je vous pose la question, marquez une pause de sorte que

 17   les interprètes aient le temps de vous rattraper, sans quoi nous allons

 18   avoir des problèmes avec le compte rendu d'audience.

 19   Si je vous comprends bien, Dr Hajir, cet hôpital de Dobrinja où vous

 20   travailliez n'existait pas avant la guerre ?

 21   R.  [aucune interprétation]

 22   Q.  Est-ce qu'il s'agissait d'un hôpital militaire ?

 23   R.  C'est comme ça que les gens l'appelaient au début, mais ils l'ont

 24   appelé aussi selon mon nom, c'était l'hôpital du Dr Hajir. Puis lorsqu'il a

 25   été officialisé et reconnu par le ministère de la Santé, c'est devenu

 26   l'hôpital général de Dobrinja. Mais effectivement au début -- bien je dois

 27   encore vous expliquer une chose, il y a une différence à faire.

 28   Q.  Quand est-ce que c'est devenu l'hôpital général ?

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  1   R.  En 1993. A un moment donné dont je ne me souviens plus.

  2   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je voudrais effectivement que vous

  3   respectiez vous-même vos instructions. Vous parlez la même langue, marquez

  4   les pauses, et parlez un petit peu plus lentement, s'il vous plaît. Les

  5   interprètes parlent à une vitesse affolante pour essayer de vous suivre.

  6   Je vous en prie, continuez.

  7   M. LUKIC : [interprétation] Je dois m'excuser auprès des interprètes et

  8   ainsi qu'au nom du docteur.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 10   M. LUKIC : [interprétation]

 11   Q.  L'hôpital était à Dobrinja. A la rue Omladinska ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Dans cette même rue, il y avait le poste de commandement de la Brigade

 14   de Dobrinjska de la BH, n'est-ce pas ?

 15   R.  Non, ce n'est pas vraiment au même endroit. Il y a tout de même 150

 16   mètres à peu près entre l'hôpital et le QG.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Docteur, je vous prie de vraiment

 18   marquer une pause pour donner l'occasion aux interprètes d'interpréter la

 19   question avant que vous n'entamiez votre réponse.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis tout à fait désolé.

 21   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien.

 22   Continuez, s'il vous plaît, Maître Lukic.

 23   M. LUKIC : [interprétation]

 24   Q.  Et vos confrères à l'hôpital, est-ce que certains faisaient partie de

 25   la BH, je parle de la période de la guerre, est-ce que certains de vos

 26   confrères avaient le statut de membres de l'armée de la BH ?

 27   R.  Oui, pas mal d'entre eux, d'ailleurs. Je pense sur les quelque 150

 28   personnes qui travaillaient à l'hôpital, il y avait quelque 30 à 40

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  1   personnes qui sont devenues membres de l'armée. Au début, à la création de

  2   l'hôpital, mais après ils se sont joints à l'armée, oui, mais leur rôle n'a

  3   pas vraiment changé.

  4   Q.  Est-ce que vous aviez vous-même un statut de membre de l'armée de la BH

  5   ?

  6   R.  Oui, bien sûr. Vous savez très bien comment les choses se passaient.

  7   Lorsque l'armée de la BH a été créée, ils m'ont appelé parce que je suis

  8   citoyen de la Bosnie-Herzégovine, donc j'étais censé être mobilisé; mais

  9   j'étais déjà à l'armée. J'étais le directeur de l'hôpital. Vous savez,

 10   j'étais déjà militaire, mais sans rang, sans quoi que ce soit de ce genre.

 11   Q.  Zlatko Kravic était un de vos confrères, un sergent ?

 12   R.  Oui. Le Dr Kravic était le directeur adjoint, ensuite il a été le chef

 13   de l'ordre des médecins.

 14   Q.  C'est ce que je voulais vous demander. Il faisait partie de la 5e

 15   Brigade motorisée de Dobrinjska ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Docteur, savez-vous combien de membres cette 5e Brigade motorisée avait

 18   ?

 19   R.  Non, je ne sais pas, mais ce que je pourrais vous dire ne serait pas

 20   correct. Donc je ne sais pas.

 21   Q.  Quelquefois des soldats armés arrivaient dans les bâtiments de

 22   l'hôpital, y entraient ?

 23   R.  Voilà ce que je peux vous dire, il y a une chose qui est certaine. Au

 24   début, oui. Mais, j'ai rencontré un commandant, et je lui ai dit qu'il

 25   fallait qu'il donne un ordre tendant à laisser toutes armes à l'entrée et

 26   puis entrer dans l'hôpital. En ce qui concerne l'organisation de l'hôpital,

 27   je pense que pour l'essentiel les gens ont obéi à ces instructions.

 28   Q.  Est-ce que vous conviendrez avec moi que l'hôpital depuis sa création,

Page 2997

  1   c'est-à-dire depuis l'été 1992; c'est bien cela ? Ou peut-être je me

  2   trompe.

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Il y avait beaucoup d'aide provenant de bailleurs de fonds, de l'aide

  5   humanitaire, l'hôpital fonctionnait bien ?

  6   R.  Oui, tout à fait.

  7   Q.  Est-il vrai qu'à partir de 1993 il y avait pas mal de ravitaillement en

  8   médicaments, enfin toutes choses indispensables au bon fonctionnement d'un

  9   hôpital ?

 10   R.  L'approvisionnement s'est amélioré, oui, tout à fait. Nous commencions

 11   à zéro. J'ai fait mes premières opérations militaires avec du matériel de

 12   dentiste, puis ensuite à la fin il y avait sept hangars remplis de

 13   matériel. C'est surtout le Bataillon français qui a été très généreux en

 14   aide humanitaire.

 15   Q.  Soyons plus précis, quand vous dites à la fin que vous avez remis

 16   l'hôpital, c'était quand ?

 17   R.  C'était quand l'hôpital --

 18   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Attendez, s'il vous plaît. Attendez.

 19   Merci. N'oubliez pas de faire les pauses nécessaires.

 20   M. LUKIC : [interprétation]

 21   Q.  Quand avez-vous remis l'hôpital, et n'oubliez pas de faire de pause.

 22   R.  Je ne me souviens pas de la date. C'est pas que je ne veux pas vous le

 23   dire; tout à fait franchement, je ne me souviens pas. Quelque part vers la

 24   fin 1998, début 1999.

 25   Q.  Vous souvenez-vous qu'au cours de la guerre vous ayez reçu de l'aide

 26   médicale de la République fédérale de Yougoslavie ?

 27   R.  Je ne me souviens pas. Je vous prie de m'excuser, mais vraiment je ne

 28   me souviens pas.

Page 2998

  1   Q.  Oui, peut-être --

  2   R.  Peut-être bien.

  3   Q.  J'ai des informations indiquant que vous aviez du matériel fabriqué par

  4   une firme Hemofarm de Vrsac. Vous savez où ça se trouve ?

  5   R.  Vous savez, quand on a commencé, nous n'avions rien du tout. Nous

  6   avions des patients en situation très grave, qui perdaient beaucoup de

  7   sang. Nous étions à Dobrinja. Et nous avons trouvé trois grands hangars à

  8   Dobrinja, nous avons trouvé des produits pour dialyse. Hemofarm avait un

  9   hangar à Dobrinja, et nous avons utilisé tout ce matériel médical.

 10   Q.  Vous disposiez d'un laboratoire à l'hôpital ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Vous avez une salle pour les plâtres ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Vous avez également une section pour les transferts de sang ?

 15   R.  Oui, mais ça c'est intervenu plus tard. Nous avons dû former les gens,

 16   le personnel pour tout ce qui était l'hématologie.

 17   Q.  Mes informations m'indiquent que ça existait déjà en mai 1994 et plus

 18   tard; est-ce que je me trompe ?

 19   R.  Non, pas vraiment.

 20   Q.  Vous disposiez également d'un département pour la stérilisation ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  De la part de certaines organisations d'aide islamiques, vous avez reçu

 23   un véhicule Ford qui était utilisé comme ambulance ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  L'arrivée de personnes blessées et de patients qui entraient à

 26   l'hôpital, en 1994, 1995, est-ce que ce flux diminuait par rapport à la

 27   période antérieure, est-ce que vous pourriez nous donner quelques

 28   indications ?

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  1   R.  Oui, peut-être légèrement. Par rapport à 1993, 1993 était vraiment

  2   l'année la plus difficile. Puis ensuite, oui peut-être qu'il y a eu une

  3   diminution légère.

  4   Q.  Lorsque les gens étaient admis à l'hôpital, est-ce que vous avez fait

  5   la distinction entre différentes personnes ? Est-ce que vous essayiez de

  6   savoir s'il s'agissait de civils ou de militaires ?

  7   R.  Non, non, absolument pas, et vraiment pas. Notre objectif était - moi

  8   j'étais là, j'étais là avec les gens - notre objectif était de sauver un

  9   maximum de vies possible, une fois que les gens rentraient à l'hôpital.

 10   Puis plus tard, nous avons essayé de créer des dossiers, mais moi je n'en

 11   étais pas satisfait. Moi je suis perfectionniste, je veux vraiment que les

 12   choses soient faites correctement; donc personnellement ça ne me

 13   satisfaisait pas. J'ai pu améliorer quelque peu les choses, pas toujours

 14   autant que je l'aurais voulu, mais je suis un chirurgien, j'ai formé toutes

 15   ces personnes. J'ai beaucoup travaillé dans la logistique également, je

 16   demandais des médicaments véritablement utiles pour nos patients. Nous ne

 17   faisions pas de différence entre les personnes quant à savoir s'il

 18   s'agissait de civils ou de militaires, ou selon leurs croyances

 19   religieuses. Peut-être que d'autres ont gardé des traces écrites de tout

 20   cela, mais moi pas, en tout cas.

 21   M. LUKIC : [interprétation]

 22   Q.  Je vous remercie beaucoup, Madame, Monsieur les Juges. J'ai terminé mon

 23   interrogatoire. Je vous remercie, Monsieur le Témoin, je n'ai plus de

 24   questions à vous poser.

 25   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie, Maître Lukic.

 26   Maître Cannata.

 27   M. CANNATA : [interprétation] Nous n'avons pas d'autres questions à poser.

 28   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Et auprès des Juges.

Page 3000

  1   Docteur, je vous remercie d'avoir pris le temps de venir déposer devant la

  2   Chambre. Ceci marque le terme de votre déposition. Nous vous souhaitons bon

  3   retour chez vous. Et nous vous remercions.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie également.

  5   [Le témoin se retire]

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Cannata.

  7   M. CANNATA : [interprétation] L'Accusation n'a plus d'autres témoins pour

  8   aujourd'hui.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je crois que ceci conclut à ce moment-

 10   là notre audience de la journée. L'audience est suspendue jusqu'à lundi

 11   prochain.Donc nous reprendrons le 2 février à 14 heures 15 dans le prétoire

 12   numéro II. L'audience est levée.

 13   --- L'audience est levée à 11 heures 49 et reprendra le lundi 2 février

 14   2009, à 14 heures 15.

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