Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 3098

  1   Le mardi 3 février 2009

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 14 heures 16.

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous.

  7   Je vous prie d'annoncer le numéro de l'affaire, Madame la Greffière.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous. Bonjour,

  9   Monsieur le Président. Il s'agit de l'affaire IT-04-81-T, le Procureur

 10   contre Momcilo Perisic.

 11   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup. J'aimerais que

 12   l'Accusation se présente tout d'abord.

 13   M. SAXON : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Dan Saxon avec

 14   Mme Carmela Javier, Salvatore Cannata et M. Barney Thomas. Nous

 15   représentons l'Accusation.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 17   Et pour la Défense.

 18   M. GUY-SMITH : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous. Tina Drolec,

 19   Daniela Tasic, Milos Androvic, Novak Lukic, et moi, je suis Gregory Guy-

 20   Smith. Nous défendons les intérêts de M. Perisic.

 21   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur Guy-Smith.

 22   Bonjour à vous aussi, Monsieur Poje.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je souhaite vous rappeler que vous

 25   êtes toujours tenu d'observer la déclaration solennelle faite au début de

 26   votre déposition selon laquelle vous direz toute la vérité, toute la vérité

 27   et rien que la vérité.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Je comprends.

Page 3099

  1   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

  2   Maître Guy-Smith, vous avez la parole.

  3   M. GUY-SMITH : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  4   LE TÉMOIN: JOZEF POJE [Reprise]

  5   [Le témoin répond par l'interprète]

  6   Contre-interrogatoire par M. Guy-Smith : [Suite]

  7   Q.  [interprétation] Avant de déposer ici hier, avez-vous eu l'occasion de

  8   parler avec le Procureur au sujet de votre déposition ?

  9   R.  C'était samedi que j'ai rencontré le Procureur pour la dernière fois.

 10   Q.  Lorsque vous vous êtes rencontrés samedi dernier, est-ce que vous avez

 11   eu l'occasion d'examiner ensemble votre rapport ainsi que votre déposition

 12   faite dans l'affaire Martic ?

 13   R.  Oui. Lors de cette séance de récolement, nous avons examiné ensemble le

 14   rapport que j'ai présenté dans l'affaire Martic.

 15   Q.  Est-ce que vous avez abordé la question avec le Procureur, à savoir si

 16   d'autres documents vous seraient utiles s'agissant de certaines conclusions

 17   que vous avez tirées ?

 18   R.  Non. Lors de cette séance de récolement, nous avons abordé

 19   exclusivement les documents que je connaissais d'avant, et il s'agissait

 20   effectivement de documents que nous avons mentionnés ici hier. Donc je n'ai

 21   pas eu accès à d'autres documents auxquels je pouvais me référer pour me

 22   préparer pour cette déposition ici.

 23   Q.  S'agissant des informations que vous avez reçues au préalable, à

 24   l'époque où vous vous rédigiez votre rapport, avez-vous eu l'occasion de

 25   voir les conclusions tirées par M. Rade Raseta, qui était chef de la

 26   sécurité au sein de l'état-major principal du SVK ?

 27   R.  Non. Je n'ai vu aucun document où M. Raseta était mentionné.

 28   Q.  A l'époque où vous rédigiez votre rapport, saviez-vous qu'il y avait

Page 3100

  1   une commission qui cherchait à établir les faits au sujet de la chute et

  2   des causes de la chute de la Slavonie occidentale ?

  3   R.  J'en ai entendu parler, mais je n'ai pas abordé ces problématiques

  4   davantage.

  5   Q.  S'agissant de l'objectif qui était le vôtre dans le cadre de ce

  6   rapport, vous avez parlé de deux choses, en fait, hier. Il s'agit de la

  7   page 3 074, lignes 14 à 20. On vous a posé la question suivante :

  8   "Pourriez-vous expliquer aux Juges quelle était la méthodologie que

  9   vous avez utilisée pour préparer le rapport dans l'affaire

 10   Martic ?"

 11   Et votre réponse était la suivante :

 12   "S'agissant de la question principale de ce rapport, à savoir qui a

 13   pris la décision d'utiliser les lance-roquettes multiples Orkan, je me suis

 14   référé aux ouvrages mentionnées au préalable."

 15   Ma question est la suivante : aujourd'hui, la question principale du

 16   rapport que vous avez préparé pour l'affaire Martic était de savoir qui

 17   avait pris la décision d'utiliser les lance-roquettes multiples Orkan ?

 18   R.  Quand j'ai étudié les documents, compte tenu des documents que j'avais

 19   à ma disposition, je peux dire que ce qui émane de ces documents est la

 20   chose suivante : pendant toute cette période-là, Arkan --

 21   Q.  Excusez-moi, excusez-moi. Ce n'est pas la question que je vous ai

 22   posée. Ma question est très simple et directe. Est-ce que la question

 23   principale de ce rapport était de savoir qui avait pris la décision

 24   d'employer les lance-roquettes multiples Orkan ? Est-ce que vous êtes en

 25   train de nous dire ici aujourd'hui que cette question était la question

 26   principale soulevée dans votre rapport ?

 27   R.  La question principale était de savoir quelles étaient les conséquences

 28   du pilonnage de Zagreb. Et la deuxième question était de savoir à quelle

Page 3101

  1   force appartenait Orkan. Ça, c'étaient les deux questions principales

  2   auxquelles je devais apporter la réponse.

  3   Q.  D'accord. S'agissant de ce que vous venez de dire, lorsqu'on vous a

  4   posé la question de savoir quel était l'objectif de votre rapport dans

  5   l'affaire Martic - et j'attire l'attention des Juges et de l'Accusation à

  6   la page 5 206 - vous avez dit la chose suivante. Il s'agit des lignes 6 à

  7   18 :

  8   "J'aimerais tout d'abord dire la chose suivante. J'aimerais dire aux Juges

  9   la chose suivante. L'objet de mon rapport d'expert n'était pas de traiter

 10   de l'action militaire qui a eu lieu depuis le mois de février lorsque la

 11   directive avait été rédigé jusqu'au mois de mai. L'objectif de mon rapport

 12   était le suivant : sur la base de l'information que j'avais à ma

 13   disposition, je devais calculer quelle était l'organisation, quel était le

 14   schéma de dispersion pendant le pilonnage de Zagreb. Donc je n'ai pas eu à

 15   traiter des questions telles que tactiques, opérations ou le déploiement

 16   des unités des deux côtés. Ce n'était pas la mission qui m'était confiée.

 17   J'ai étudié tous les documents, bien sûr. J'ai tous les documents à ma

 18   disposition, mais sur la base des informations dont je disposais, je devais

 19   calculer le schéma de dispersion pendant le pilonnage pendant le 2 et le 3

 20   mai 1995, et de déterminer quel était le schéma de dispersion, ou voir

 21   quelle était la zone couverte par cette opération militaire."

 22   Monsieur, est-ce que ce sont vos propos de l'époque ?

 23   R.  Oui, c'est ce que j'ai dit à l'époque.

 24   Q.  Merci. S'agissant du rapport que vous avez présenté et dont on a parlé

 25   ici - il s'agit du chapitre 6, point 1 - qui est intitulé, si je ne m'abuse

 26   :

 27   "Qui a ordonné l'utilisation du VBR Orkan M-87."

 28   Ce titre, est-ce le titre de ce chapitre ?

Page 3102

  1   R.  Oui. "Qui est-ce qui a ordonné l'utilisation du VBR Orkan M87."

  2   Q.  Les sujets que nous avons abordés hier - et cette Chambre a acceptés en

  3   tant que faits admis que M. Martic avait ordonné l'utilisation de l'Orkan

  4   M-87 - est-ce que cette information vous serait utile pour tirer les

  5   conclusions que vous avez tirées dans votre rapport ?

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Excusez-moi.

  7   M. CANNATA : [interprétation] J'aimerais que l'on précise le témoin

  8   comprend bien ce qu'on veut dire lorsqu'on dit les faits admis. C'est ce à

  9   quoi mon confrère se réfère à la ligne 20. Il faut d'abord voir si le

 10   témoin comprend tout à fait ce qu'on veut dire par là.

 11   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous voulez le vérifier ?

 12   M. CANNATA : [interprétation] J'aimerais que cette notion soit vérifiée

 13   pour voir si le témoin comprend bien de quoi il s'agit.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je comprends.

 15   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] De quoi s'agit-il ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Grâce aux médias, j'ai eu accès à cela. Je ne

 17   pourrais pas vous montrer un document pertinent où l'on fait état du fait

 18   que c'était effectivement M. Martic qui avait ordonné le pilonnage de

 19   Zagreb. Donc je n'ai pas eu de tels documents officiels à ma disposition.

 20   En préparant mon rapport, on ne le savait pas encore à l'époque.

 21   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Non, je ne suis pas tout à fait

 22   satisfait. J'aimerais que vous m'expliquiez comment vous comprenez le terme

 23   de "faits qui font l'objet d'un accord," "les faits adjugés." J'ai compris

 24   ce que vous voulez dire au sujet du jugement, mais comment vous comprenez

 25   le concept de faits qui font l'objet d'un accord ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Franchement, je ne sais pas.

 27   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 28   Maître Guy-Smith.

Page 3103

  1   M. GUY-SMITH : [interprétation]

  2   Q.  Je vais reformuler. Vous nous avez dit que vous étiez au courant et que

  3   vous connaissiez le jugement rendu dans l'affaire Martic, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui, j'ai eu l'occasion de lire là-dessus dans le journal, sur

  5   l'internet et d'en entendre parler à la télévision, mais je ne connais pas

  6   les détails.

  7   M. GUY-SMITH : [interprétation]

  8   Q.  Si je vous comprends bien, vous avez été contacté après que le jugement

  9   dans l'affaire Martic a été rendu pour vous demander de déposer en

 10   l'espèce, n'est-ce pas ?

 11   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Monsieur Cannata.

 12   M. CANNATA : [interprétation] Est-ce que le témoin sait à quelle date le

 13   jugement a été rendu ?

 14   M. GUY-SMITH : [interprétation] Cette date n'est pas pertinente pour la

 15   question que je viens de poser. Ma question est de savoir si on l'a

 16   contacté après que le jugement dans l'affaire Martic avait été rendu, mais

 17   je vais reformuler la question.

 18   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, s'il vous plaît.

 19   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 20   Q.  Après avoir lu le jugement dans l'affaire Martic, est-ce que

 21   l'Accusation vous a contacté pour déposer en l'espèce; et je veux dire

 22   déposer ici, ce que vous avez fait hier, ce que vous êtes en train de faire

 23   aujourd'hui, dans cette affaire ?

 24   R.  Hier, j'ai dit que le bureau du Procureur m'avait contacté il y a

 25   environ une vingtaine de jours.

 26   Q.  D'accord. Hier, je vous ai demandé si vous aviez des informations selon

 27   lesquelles Martic avait ordonné l'utilisation des roquettes Orkan M-87.

 28   Est-ce que vous vous en souvenez ?

Page 3104

  1   R.  Oui, je m'en souviens.

  2   Q.  Vous nous avez dit qu'en grande partie, cela ne faisait pas partie des

  3   informations dont vous disposiez à l'époque où vous rédigiez votre rapport,

  4   n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Ma question est la suivante : si vous aviez eu cette information et eu

  7   à l'esprit le chapitre 6.1, à savoir qui a ordonné l'utilisation du VBR

  8   Orkan M-87, ce qui fait partie de votre rapport, est-ce que cette

  9   information vous aurait été utile pour tirer la conclusion pour savoir qui

 10   avait ordonné l'utilisation de l'Orkan

 11   M-87 ?

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Cannata.

 13   M. CANNATA : [interprétation] C'est une question qui a déjà été posée hier.

 14   Elle a déjà été posée hier. Le témoin y a déjà répondu.

 15   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pourriez-vous nous donner la

 16   référence, Monsieur Cannata.

 17   M. CANNATA : [interprétation] Oui, juste un instant, s'il vous plaît, pour

 18   que je retrouve la référence dans le compte rendu d'audience. Page 3 093,

 19   il s'agit des lignes 20 à 25.

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Guy-Smith.

 21   M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, je suis justement en train de le lire.

 22   Mais cela concerne un autre sujet. La question était de savoir si cela

 23   allait changer votre analyse, et ma question maintenant est différente. Je

 24   lui ai posé la question de savoir si cette information lui aurait été

 25   utile.

 26   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Quelle était la question posée hier ?

 27   M. GUY-SMITH : [interprétation] "S'agissant de la question de commandement

 28   et de contrôle, avez-vous reçu des informations selon lesquelles Milan

Page 3105

  1   Martic, en tant que président de la Republika Srpska Krajina et en tant que

  2   commandant suprême du SVK, aurait ordonné le pilonnage de Zagreb, est-ce

  3   que cette information aurait changé votre analyse au sujet de la question

  4   de commandement et de contrôle ?"

  5   Alors que ma question que je pose aujourd'hui concerne le chapitre 6.1

  6   intitulé : "Qui a ordonné l'utilisation du VBR Orkan

  7   M-87 ?" Est-ce que l'information sur laquelle Milan Martic aurait ordonné

  8   l'utilisation de cet outil, est-ce que cela lui aurait été utile au sujet

  9   de son analyse présentée dans ce chapitre, à savoir qui l'avait ordonné.

 10   Donc ce n'est pas une question qui concerne le commandement et le contrôle,

 11   mais la question de savoir qui l'avait ordonné.

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] L'objection est rejetée.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Si j'avais su que Milan Martic avait ordonné

 14   l'utilisation de l'Orkan, je l'aurais consigné dans mon rapport, mais étant

 15   donné qu'à l'époque je ne disposais pas de telles informations, je ne fais

 16   que me reporter aux documents que j'avais à ma disposition tels que

 17   directives, ordres relatifs au système de rapport, puis ordres relatifs à

 18   l'augmentation d'aptitude au combat, et il était explicitement dit que

 19   c'était le commandant de l'état-major principal ou le colonel Dilas qui

 20   pouvait ordonner l'utilisation de l'Orkan. Voilà ce que j'ai effectivement

 21   consigné dans mon rapport.

 22   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je comprends votre réponse et je comprends

 23   pourquoi vous avez fait ce que vous avez fait. Merci d'avoir répondu

 24   honnêtement à mes questions. Je n'ai plus questions.

 25   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 26   Monsieur Cannata, est-ce que vous avez des questions supplémentaires ?

 27   M. CANNATA : [interprétation] Oui, juste un instant, s'il vous plaît.

 28   Nouvel interrogatoire par M. Cannata :

Page 3106

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27   

28  

Page 3107

  1   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur.

  2   R.  Bonjour.

  3   Q.  J'ai une question pour vous, Monsieur.

  4   Supposant que le pilonnage visait les cibles militaires, est-ce que les

  5   roquettes Orkan étaient appropriées pour viser ces cibles dans une zone

  6   peuplée telle que Zagreb ?

  7   R.  Compte tenu des erreurs flagrantes commises dans la préparation des

  8   éléments initiaux, et compte tenu de la dispersion, je pense qu'il n'était

  9   pas approprié d'utiliser Orkan pour viser les cibles militaires à Zagreb.

 10   J'ai calculé quelle était la zone de dispersion d'Orkan, dans une zone de

 11   40 ou 45 kilomètres, donc sur une zone de 1 278 fois

 12   1 384 mètres, donc cela concerne environ 1.3 kilomètres carrés. Cela

 13   voulait dire qu'une partie de ces roquettes allait toucher les cibles qui

 14   ne sont pas des cibles militaires. Elles allaient tomber sur la ville elle-

 15   même et, je pense, je répète, que ces roquettes n'étaient pas l'arme

 16   appropriée pour viser les cibles dans la ville.

 17   M. CANNATA : [interprétation] Merci beaucoup. Je n'ai plus de questions. Je

 18   demande le versement au dossier le rapport de M. Poje. C'est le document

 19   4892 de la liste 65 ter. Merci.

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Maître Guy-Smith.

 21   M. GUY-SMITH : [interprétation] La Défense n'a pas d'objection au sujet de

 22   l'introduction du rapport de M. Poje, et outre les questions de

 23   commandement et de contrôle et la question de savoir qui l'avait ordonné,

 24   ce qui est mentionné dans le chapitre 6.1, donc qui avait ordonné

 25   l'utilisation du VBR Orkan M-87, tout simplement parce que le témoin nous a

 26   dit que s'il avait eu des informations pertinentes, il les aurait incluses

 27   dans son rapport, et cela représentait la base de certaines conclusions qui

 28   sont relativement importantes pour la question de commandement et contrôle,

Page 3108

  1   et également au sujet de l'ordre donné pour employer de telles requêtes.

  2   Nous avons à l'esprit la décision prise par la Chambre de première

  3   instance à ce sujet, à savoir quel est le poids qui sera accordé à cela. Si

  4   la Chambre souhaite verser au dossier le rapport dans son intégralité, pour

  5   ne pas le diviser en plusieurs parties, nous encourageons la Chambre à

  6   traiter de la sorte les conclusions qui sont présentées.

  7   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais je ne comprends pas pourquoi vous

  8   présentez cet argument maintenant. Je verse au dossier le rapport. Ce sera

  9   quelle cote ?

 10   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P497.

 11   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci. Y a-t-il des questions ? Non.

 12   Merci, Monsieur Poje. Ainsi se termine votre déposition. Merci d'être venu

 13   déposer au Tribunal. Vous pouvez partir maintenant, et je vous souhaite un

 14   bon retour chez vous. Vous pouvez disposer.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 16   [Le témoin se retire]

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Monsieur Cannata.

 18   M. CANNATA : [interprétation] C'est M. Thomas qui va interroger le prochain

 19   témoin, et si vous me permettez de partir.

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, vous pouvez disposer.

 21   M. CANNATA : [interprétation] Merci.

 22   M. THOMAS : [interprétation] L'Accusation cite à la barre

 23   M. Turkovic.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 25   M. THOMAS : [interprétation] J'aimerais également attirer votre attention,

 26   Monsieur le Président, au fait que M. Turkovic est cité en vertu de

 27   l'article 92 ter.

 28   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

Page 3109

  1   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  2   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bonjour.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Veuillez prêter serment.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

  6   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  7   LE TÉMOIN: VEKAZ TURKOVIC [Assermenté]

  8   [Le témoin répond par l'interprète]

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 11   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Asseyez-vous.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Y a-t-il, Monsieur Thomas, une

 14   déclaration de M. Turkovic ?

 15   M. THOMAS : [interprétation] Il y a deux transcripts de ses dépositions

 16   préalables dans l'affaire Dragomir Milosevic. On y fait parfois référence à

 17   d'autres déclarations, mais ceci ne fait pas partie des pièces versées dans

 18   le cadre de l'article 92 ter. Il y a d'autres points de clarification sur

 19   lesquels il faudra peut-être faire un point.

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, je voulais juste savoir si on

 21   avait tout ça. Merci. Je vous en prie, Monsieur Thomas, vous avez la

 22   parole.

 23   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 24   Interrogatoire principal par M. Thomas : 

 25   Q.  [interprétation] Monsieur Turkovic, pourriez-vous avoir la gentillesse

 26   de nous décliner votre identité et de nous indiquer votre date et lieu de

 27   naissance ?

 28   R.  Je m'appelle Vekaz Turkovic. Je suis né le 24 novembre 1972 à Sarajevo.

Page 3110

  1   Q.  Quelle est votre profession actuelle ?

  2   R.  Je suis programmeur informaticien.

  3   Q.  Pendant la guerre en Bosnie, avez-vous été agent technique de la police

  4   scientifique avec les services de Sécurité de Sarajevo, le CSB ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Lorsque vous travailliez à la police scientifique dans ce cadre-là,

  7   avez-vous fait déposition dans l'affaire Dragomir

  8   Milosevic ?

  9   R.  Oui.

 10   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les

 11   Juges, je demande à ce que l'on présente la pièce 65 ter numéro 09398 à

 12   l'écran.

 13   Q.  Monsieur Turkovic, vous voyez en haut du document qu'il est daté du 25

 14   avril 2007.

 15   R.  Oui.

 16    Q.  Merci.

 17   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur l'Huissier, passons à la page

 18   suivante, si vous le voulez bien.

 19   Q.  Reconnaissez-vous que c'est le début de votre déposition dans l'affaire

 20   Dragomir Milosevic ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Avez-vous eu l'occasion hier de relire ce compte rendu de votre

 23   déposition du 25 avril 2007 ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Ce compte rendu d'audience est-il fidèle ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Si l'on reposait les mêmes questions aujourd'hui, est-ce que vous

 28   apporteriez les mêmes réponses ?

Page 3111

  1   R.  Oui.

  2   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais verser

  3   cette pièce au dossier sous l'Accusation.

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Elle est acceptée. Cote, s'il vous

  5   plaît, Madame la Greffière.

  6   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P498.

  7   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

  8   M. THOMAS : [interprétation] Merci. Pourrions-nous voir la pièce 65 ter

  9   09399, s'il vous plaît. Merci.

 10   Q.  Monsieur Turkovic, comme vous pouvez le voir, c'est daté du 28 avril

 11   2007.

 12   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur l'Huissier, est-ce qu'on pourrait

 13   peut-être voir la page suivante.

 14   Q.  Je vous repose la question, Monsieur : est-ce bien la suite de votre

 15   déposition datée du 28 avril 2007 ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Avez-vous pu hier relire ce compte rendu ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Est-il fidèle ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Si l'on vous posait les mêmes questions ce jour, y apporteriez-vous les

 22   mêmes réponses ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Merci.

 25   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaite verser

 26   cette pièce au dossier.

 27   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Elle est admise. Attribuons-lui une

 28   cote.

Page 3112

  1   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, ce sera la pièce

  2   P499.

  3   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

  4   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Il y a trois

  5   pièces associées qui pourraient être versées en même temps. La première,

  6   c'est la pièce 65 ter 01405, à laquelle il est fait référence sous la cote

  7   P00603 dans l'affaire de Dragomir Milosevic. Monsieur le Président, voulez-

  8   vous les deux autres pièces avant, ou est-ce que vous voulez qu'on lui

  9   attribue une cote ?

 10   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, mais vous n'avez pas demandé

 11   l'attribution de cote.

 12   M. THOMAS : [interprétation] Oui, mais il y a trois pièces auxquelles il

 13   est fait référence dans les compte rendus --

 14   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, mais je n'ai rien à l'écran.

 15   M. THOMAS : [interprétation] Oui, c'est la pièce 65 ter 04015 [comme

 16   interprété].

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien. Attendons qu'elle apparaisse.

 18   M. THOMAS : [interprétation]

 19   Q.  Monsieur Turkovic, reconnaissez-vous ce document comme étant le rapport

 20   officiel relatif à l'incident auquel vous faites référence dans la

 21   déposition que nous venons d'examiner avec vous, le bombardement du 1er

 22   juillet 1995 ?

 23   M. THOMAS : [interprétation] Peut-être qu'il nous faudrait voir la page

 24   suivante en B/C/S, d'ailleurs.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je reconnais ce document.

 26   M. THOMAS : [interprétation] Très bien. C'est la pièce, Monsieur le

 27   Président, référencée P00603 dans le compte rendu auquel nous avons fait

 28   référence, est-ce que je pourrais verser cette pièce au dossier.

Page 3113

  1   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] La 65 ter 01405 est admise.

  2   Attribuons-lui une cote.

  3   Mme LA GREFFIERE : [interprétation] Ce sera la pièce P500.

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

  5   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  6   Merci, Madame la Greffière. Je souhaiterais voir la pièce suivante, 65 ter

  7   03307.

  8   Q.  Monsieur Turkovic, reconnaissez-vous que c'est ici le rapport de la

  9   police scientifique relatif aux mêmes incidents ?

 10   R.  Oui.

 11   M. THOMAS : [interprétation] C'est la pièce à laquelle il est fait

 12   référence sous la cote 00604 dans le compte rendu de l'affaire Dragomir

 13   Milosevic. Je souhaite également que cette pièce soit versée.

 14   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Elle est admise. Attribuons-lui une

 15   cote.

 16   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P501.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 18   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je souhaiterais

 19   voir maintenant la pièce 65 ter 01383. Toutes mes excuses, 01383B à

 20   l'écran, s'il vous plaît. Est-ce qu'on pourrait passer à la page suivante à

 21   l'écran, s'il vous plaît.

 22   Q.  Monsieur Turkovic, reconnaissez-vous ces documents comme étant les

 23   photographies que vous avez prises vous-même relativement à cet incident ?

 24   R.  Oui.

 25   M. THOMAS : [interprétation] Ces photos sont mentionnées sous la référence

 26   P00605 dans le compte rendu de la déposition de Dragomir Milosevic. La page

 27   4 a déjà été versée au dossier comme pièce de l'Accusation, et je

 28   souhaiterais verser les pièces 1, 2, 3 et 5 au dossier.

Page 3114

  1   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Elles le sont. Attribuons-leur une

  2   cote.

  3   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P502.

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci. Monsieur Thomas, vous avez la

  5   parole.

  6   M. THOMAS : [interprétation] J'ai un résumé rapide du témoignage et des

  7   dépositions qui ont été versées, si vous me le permettez, je souhaiterais

  8   le lire.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui.

 10   M. THOMAS : [interprétation] Merci.

 11   "M. Turkovic travaillait au CSB, au service de police scientifique de

 12   Sarajevo pendant la guerre. Il était en particulier responsable des zones

 13   de Hrasnica, Butmir, Sokolici, Kolonija et la route Igman. M. Turkovic

 14   avait pour mission d'examiner les lieux de crime et de rassembler les

 15   pièces. A peu près 80 % des incidents qu'il a examinés faisaient référence

 16   à des pilonnages ou à des incidents de tireurs embusqués. M. Turkovic a

 17  examiné la situation après le bombardement aérien à Hrasnica, le 1er juillet

 18   1995. C'est à ça que l'on fait référence ici sous la cote incident A8.

 19   Treize personnes ont été tuées, deux d'entre elles sérieusement. M.

 20   Turkovic a identifié les faits comme étant un bombardement aérien organisé

 21   depuis les positions tenues par la VRS sur le territoire d'Ilidza."

 22   Si vous me le permettez, je voudrais évoquer, Monsieur le Président, les

 23   éléments relatifs au 92 ter.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous en prie, Monsieur Thomas.

 25   M. THOMAS : [interprétation] Merci.

 26   Q.  Monsieur Turkovic, si vous le voulez, je voudrais comprendre un peu

 27   mieux votre parcours pour comprendre comment vous étiez enquêteur de la

 28   police scientifique. Est-ce que vous pourriez nous dire si vous habitiez à

Page 3115

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 3116

  1   Sarajevo en 1992 lorsque la guerre a éclaté ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Après le début de la guerre, avez-vous rejoint les rangs de la police

  4   militaire ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Lorsque vous étiez dans la police militaire, avez-vous été formé ou

  7   avez-vous acquis une expertise d'enquêteur particulière ?

  8   R.  Oui. J'ai été formé comme technicien des scènes de crime, pendant une

  9   formation qui a duré six mois et qui, si je ne m'abuse, est arrivée à son

 10   terme en 1993.

 11   Q.  Pouvez-vous nous dire en quelques mots en quoi consistait cette

 12   formation ?

 13   R.  Cette formation avait pour objectif de former les techniciens en scènes

 14   de crime pour leur permettre de rassembler, sécuriser et transporter les

 15   preuves ou les éléments récupérés sur ces scènes de crime de quelque nature

 16   qu'elles soient.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je ne suis pas sûr d'avoir bien

 18   compris cette réponse -- lecture -- excusez-moi, je crois que j'ai compris.

 19   M. THOMAS : [interprétation]

 20   Q.  A quel moment avez-vous rejoint les rangs de la police civile du CSB ?

 21   R.  Je ne me souviens pas la date à laquelle c'est arrivé. Je peux vous

 22   expliquer pourquoi c'est arrivé, comment c'est arrivé, mais je ne me

 23   souviens pas exactement quand c'était.

 24   Q.  Lorsque vous étiez enquêteur de ce bombardement aérien à Hrasnica, est-

 25   ce que vous aviez déjà commencé à travailler pour le CSB ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Pourriez-vous nous dire à peu près depuis combien de temps vous étiez

 28   avec le CSB quand vous avez commencé à enquêter sur cet incident ?

Page 3117

  1   R.  Je crois que cela faisait déjà un mois ou deux que je travaillais au

  2   CSB, mais je ne saurais le dire avec certitude.

  3   Q.  Quelle méthodologie mettiez-vous en œuvre lorsque vous souhaitiez

  4   enquêter sur le lieu d'un pilonnage comme celui qui avait eu lieu le

  5   premier juillet 1995.

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que ça fait toujours partie du

  7   contexte ?

  8   M. THOMAS : [interprétation] Oui c'est toujours du contexte, mais on se

  9  rapproche effectivement des incidents du 1er juillet, Monsieur le Président.

 10  Il a présenté un rapport à propos du 1er juillet. Je souhaiterais qu'il nous

 11   dise ce qu'il a fait pour pouvoir remplir ce rapport.

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Et ce n'était pas couvert dans la

 13   déposition Milosevic ?

 14   M. THOMAS : [interprétation] Non, puisque c'était dans la déposition

 15   préliminaire qui a été directement versée au dossier.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Allez-y.

 17   M. THOMAS : [interprétation] Je vous en prie.

 18   Q.  Monsieur le Témoin, allez-y.

 19   R.  C'est à moi de répondre ? Lorsqu'il y avait un pilonnage, ce que nous

 20   faisions généralement, c'est que nous allions enquêter sur le cratère lui-

 21   même. La plupart du temps nous examinions les cratères, les zones d'impact,

 22   nous cherchions à voir le type d'arme utilisé. Il y avait en général deux

 23   types d'obus qui tombaient sur Sarajevo. Il y en avait certains qui

 24   étaient, si vous me le permettez, rotatifs. En fait, selon l'arme qui était

 25   utilisée pour tirer ces armes, soit elles tournaient sur elles-mêmes,

 26   ensuite atterrissaient et produisaient un cratère en rose. En tout cas,

 27   c'est comme ça qu'on les appelait. Puis il y avait un deuxième type d'obus

 28   qui n'était pas rotatif, qui ne tournait pas sur lui-même, et qui, lui,

Page 3118

  1   avait des ailettes de stabilisation pour stabiliser le vol. Excusez-moi

  2   d'avoir été si long.

  3   Voilà en gros les deux types d'obus qui ont été utilisés et qui ont

  4   été tirés sur Sarajevo. Donc c'était par là qu'on commençait, chercher à

  5   identifier l'obus. Ensuite, et selon le positionnement du cratère et son

  6   centre, son cœur, la rose, rosace d'explosion nous permettait avec les

  7   éclats d'obus, et cetera, d'identifier exactement l'origine, la direction

  8   d'origine de cet obus.

  9   Q.  Vous avez parlé d'une rose. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu

 10   plus sur ce que c'est ?

 11   R.  Un cratère a généralement l'apparence d'une rose. C'est un peu

 12   difficile à croire, c'est un peu paradoxal, mais c'est bien comme cela. Il

 13   y avait le centre, le cœur du cratère, et autour du cratère sur la zone

 14   d'impact, tout simplement parce que justement les obus arrivaient non pas

 15   verticalement mais avec une certaine inclinaison, il y avait généralement

 16   des dégâts produits justement par les éclats d'obus, et cela ressemblait à

 17   une fleur, c'est bien pour ça qu'on l'appelait entre nous une rose. Est-ce

 18   que vous voulez que je vous en dise un peu plus ?

 19   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je voudrais vérifier. Les bombes qui

 20   ne tournent pas sur elles-mêmes et qui ont des ailettes de stabilisation,

 21   est-ce qu'elles font aussi une rose ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, une rose. Tout simplement parce qu'au

 23   point d'impact il y a une certaine inclinaison et les éclats d'obus

 24   atterrissent à l'arrière du cratère. La forme du cratère est différente.

 25   Dans ce cas-là, on a un cratère en V, et le V est opposé à la direction

 26   d'impact. Les obus rotatifs produisent des roses plus petites tout

 27   simplement parce qu'elles tournent sur elles-mêmes justement.

 28   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

Page 3119

  1   M. THOMAS : [interprétation]

  2   Q.  Est-ce que c'est cette méthodologie que vous avez adoptée lorsque vous

  3   êtes allé enquêter sur le tir d'obus du 1er juillet 1995 à Hrasnica ?

  4   R.  Etant donné mon expérience et notre méthodologie, effectivement, c'est

  5   ce que nous avons fait, mais en l'occurrence, il n'y avait pas de cratère,

  6   en tout cas pas là où ça a explosé, donc nous avons dû adopter une méthode

  7   légèrement différente.

  8   Q.  Pourriez-vous nous dire en quoi c'était différent ?

  9   R.  On a fait fort peu de chose de façon différente, la seule différence

 10   c'est que justement il n'y avait pas de cratère. On a trouvé des moteurs de

 11   roquettes qui étaient dissimulés sous le sol. Nous avons cherché à trouver

 12   la bombe, l'explosif, mais il n'y avait pas de cratère, et il nous semblait

 13   que l'explosif n'avait pas explosé. Il nous semblait qu'il y avait un

 14   élément explosif qui avait atterri dans la cour et l'autre sur la maison.

 15   Nous avons cherché à creuser pour essayer de retrouver cet explosif. Nous

 16   n'en avons pas trouvé, alors même que nous avions creusé assez profond.

 17   Ensuite il nous semblait que la bombe atterrie n'a pas explosé, a rebondi

 18   et a tapé dans la maison où elle a explosé.

 19   Q.  Vous avez dans votre rapport réussi à identifier une source du tir, le

 20   lieu du tir. Comment l'avez-vous fait, comment et

 21   pourquoi ?

 22   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Guy-Smith, je vous en prie.

 23   Monsieur Guy-Smith, oui ? Objection ? Non. Personne ne vous entend.

 24   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je laisse.

 25   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Monsieur Thomas, allez-y.

 26   M. THOMAS : [interprétation]

 27   Q.  Monsieur Turkovic, reprenez.

 28   R.  Etant donné les deux rebonds que nous pensions avoir identifiés, il

Page 3120

  1   nous a été possible de retrouver la trajectoire de cet explosif, et cela

  2   nous a permis d'identifier à peu près d'où il avait été tiré et où il a

  3   explosé.

  4   M. THOMAS : [interprétation] Pourrions-nous, s'il vous plaît, voir à

  5   l'écran la pièce P500.

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

  7   M. THOMAS : [interprétation] Je souhaiterais voir les pages 3 tant en

  8   anglais qu'en B/C/S, à l'avant-dernier paragraphe en anglais, c'est ce qui

  9   nous intéresse, et le dernier paragraphe en B/C/S. Merci.

 10   Q.  Monsieur Turkovic, dans le rapport qui est affiché à l'écran, on

 11   trouve à la troisième ligne en partant du haut de ce paragraphe dans la

 12   version anglaise la conclusion selon laquelle "le projectile avait été tiré

 13   depuis les positions des agresseurs dans le nord, autour d'Ilidza."

 14   Je veux vous poser la question suivante : qui détenait cette position

 15   ? Qui étaient les agresseurs dans ce contexte ?

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Où êtes-vous, je ne vois pas ce que

 17   c'est ?

 18   M. THOMAS : [interprétation] Toutes mes excuses, Monsieur le Président,

 19   c'est le deuxième paragraphe en partant de la fin, le deuxième paragraphe

 20   en partant du bas de la page en anglais. Le paragraphe qui commence :

 21   "Après être arrivé sur site…"

 22   M. THOMAS : [interprétation]

 23   Q.  Monsieur Turkovic, vous voyez bien qu'ici la conclusion en était que

 24   l'obus a été tiré depuis la zone détenue par les agresseurs au nord, autour

 25   d'Ilidza. Ma question est : qui détenait ces zones ? Au nom de qui ces

 26   zones étaient-elles ? Qui étaient les agresseurs ?

 27   R.  Cette zone était contrôlée par l'"armija" Republika Srpska, en tout cas

 28   c'est comme ça qu'on appelait ce groupe à l'époque.

Page 3121

  1   Q.  Merci.

  2   R.  Je vous en prie.

  3   Q.  Dans le compte rendu et dans certains documents qui ont été versés,

  4   vous faites référence à un certain nombre de localités, de lieux

  5   particuliers. Pour que la Chambre comprenne bien ce qui s'y passe, je veux

  6   vous demander, Monsieur le Témoin, d'examiner une carte et de nous indiquer

  7   exactement les lieux auxquels il est fait référence.

  8   M. THOMAS : [interprétation] Si vous me le permettez, je souhaiterais voir

  9   à l'écran la pièce P439. C'est la carte numéro 8 dans le classeur

 10   d'audience.

 11   Q.  Monsieur Turkovic, c'est peut-être un peu difficile, mais est-ce que

 12   vous reconnaissez que c'est bien une carte de Sarajevo ?

 13   R.  Oui, oui.

 14   M. THOMAS : [interprétation] Je souhaiterais que l'on agrandisse le quart

 15   inférieur gauche, si vous le voulez bien, puis un peu plus bas, si vous

 16   voulez bien. Voilà. Très bien.

 17   Q.  Nous avons parlé de Hrasnica. Est-ce que vous voyez Hrasnica sur cette

 18   carte, Monsieur le Témoin ?

 19   R.  Oui. Oui, c'est à peu près là.

 20   M. THOMAS : [interprétation] Je vais demander à l'huissier de vous donner

 21   le stylet électronique pour que vous puissiez indiquer ces deux lieux sur

 22   la carte.

 23   Q.  Pourriez-vous entourer cette zone et marquer cela du chiffre 1, s'il

 24   vous plaît.

 25   R.  [Le témoin s'exécute]

 26   Q.  Vous nous avez parlé d'Ilidza comme étant l'origine du tir. Est-ce que

 27   vous pouvez indiquer où se trouve Ilidza, s'il vous plaît.

 28   R.  [Le témoin s'exécute]

Page 3122

  1   Q.  Et y apposer le chiffre 2, s'il vous plaît.

  2   R.  [Le témoin s'exécute]

  3   M. THOMAS : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, j'aimerais que

  4   cette pièce soit versée au dossier.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Avant de procéder à cela, je voudrais

  6   connaître la cible. Pourrait-il nous montrer la cible qui a été touchée.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est le numéro 1.

  8   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le numéro 1 est la cible ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 10   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup. Cette carte peut être

 11   versée au dossier. Peut-on lui attribuer une cote.

 12   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P503.

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] 439 ou 503 ?

 14   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] 503.

 15   M. THOMAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Merci, Madame la Greffière.

 17   Pourrait-on revoir à nouveau la pièce P439.

 18   Q.  Vous avez parlé d'autres domaines de responsabilité dans le compte

 19   rendu d'audience, et je veux en faire état pour compléter cette carte, s'il

 20   vous plaît. Est-ce qu'on voit Butmir ? Vous avez parlé de Butmir. Est-ce

 21   qu'on peut voir Butmir sur la carte ?

 22   R.  Oui, à peu près.

 23   Q.  Pouvez-vous nous marquer cet endroit, s'il vous plaît.

 24   R.  [Le témoin s'exécute]

 25   Q.  Merci. Encore une fois, apposez le chiffre 1 à côté de cette marque.

 26   R.  [Le témoin s'exécute]

 27   Q.  La deuxième zone qui était dans votre zone de responsabilité, Sokolvici

 28   Kolonija. Est-ce qu'on voit cet endroit-là sur la carte ?

Page 3123

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Pourriez-vous marquer cette zone, s'il vous plaît.

  3   R.  [Le témoin s'exécute]

  4   Q.  Merci, et il y a le chiffre 2. Bien. Enfin, la rue Igman. S'il vous

  5   plaît, pouvez-vous indiquer par une ligne la rue Igman, là où se trouvait

  6   cette rue dans votre zone de responsabilité ?

  7   R.  Je suis désolé, mais la route Igman monte le mont Igman, mais la partie

  8   la plus intéressante de la route se trouve à côté de Hrasnica, et c'est là

  9   que je vais mettre mon indication.

 10   Q.  Merci.

 11   R.  [Le témoin s'exécute]

 12   Q.  Pouvez-vous y apposer le chiffre 3.

 13   R.  [Le témoin s'exécute]

 14   Q.  Pouvez-vous expliquer maintenant aux Juges pourquoi - et je pense que

 15   vous avez utilisé le terme important ou intéressant.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le mot était "intéressant."

 17   M. THOMAS : [interprétation] Intéressant. Merci, Monsieur le Président.

 18   Q.  Pourquoi c'était la partie la plus intéressante de cette route ?

 19   R.  Parce que c'est là où se produisaient la plupart des incidents, car

 20   elle subsidiait des tirs directs de l'armée de la Republika Srpska des deux

 21   côtés, donc la plupart des incidents s'y produisaient. Les convois

 22   humanitaires étaient touchés et d'autres incidents de ce type. De l'autre

 23   côté, il n'y a pas eu d'incident -- en fait, il y a eu un incendie, il me

 24   semble. C'est pour cela que j'ai parlé de cette partie-là, dans la partie

 25   basse de la colline qui était la plus intéressante.

 26   Q.  Merci.

 27   M. THOMAS : [interprétation] Pourrait-on verser cette pièce au dossier,

 28   s'il vous plaît, pour l'Accusation.

Page 3124

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 3125

  1   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce sera fait. Attribuez-lui une cote,

  2   s'il vous plaît.

  3   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P504.

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

  5   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur l'Huissier, nous n'avons plus besoin

  6   de vous pour l'instant.

  7   Q.  Enfin, Monsieur Turkovic, est-ce qu'il s'agissait là du premier

  8   incident impliquant une bombe larguée par avion dans lequel vous avez été

  9   impliqué ?

 10   R.  Ce n'était pas le seul incident. Et savoir si c'était exactement le

 11   premier, je ne me souviens pas très précisément. En tout cas, ce n'était

 12   pas le seul incident de ce type.

 13   Q.  Combien de bombes larguées par voie aérienne y a-t-il eu pour

 14   lesquelles vous étiez-vous impliqué ou dont vous aviez connaissance dans la

 15   partie de Sarajevo tenue par l'ABiH ?

 16   R.  Vous voulez dire combien d'incidents ont été portés à ma connaissance

 17   ou dans combien de ces incidents j'ai été directement impliqué.

 18   Q.  Soit par l'implication directe ou autrement, de combien de tels

 19   incidents avez-vous connaissance ?

 20   R.  Je crois environ sept ou huit en tout, environ.

 21   Q.  D'après vous, quelles étaient les forces qui ont utilisé ces bombes

 22   aériennes ?

 23   R.  L'armée de la Republika Srpska.

 24   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur Turkovic, merci. C'étaient des

 25   questions que j'avais à vous poser pour l'instant. Mes collègues de la

 26   Défense vont vous poser également des questions. Vous pouvez rester à votre

 27   place.

 28   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Monsieur Thomas.

Page 3126

  1   Monsieur Guy-Smith.

  2   Contre-interrogatoire par M. Guy-Smith : 

  3   Q.  [interprétation] Quand vous avez été formé à la police militaire afin

  4   de devenir un technicien des scènes de crime, vous avez étudié la

  5   photographie, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui, cela faisait partie de notre formation.

  7   Q.  Et les examens de ces scènes de crime ?

  8   R.  Oui.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Nous ne vous entendons pas.

 10   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 11   Q.  L'étude des empreintes digitales ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Vous avez appris à faire des croquis des scènes et comment trouver et

 14   sauvegarder les moyens de preuve qu'on pouvait y trouver ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Et vous avez fait un certain nombre d'études de balistique et d'armes à

 17   feu, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Vous avez également étudié comment il fallait traiter les échantillons

 20   sanguins, les traces de sang, et cetera ?

 21   R.  Oui, c'est exact.

 22   Q.  Concernant les études en matière de balistique, combien de temps avez-

 23   vous étudié la balistique pendant cette formation qui a duré six mois, lors

 24   de laquelle vous avez couvert tous les différents sujets que nous venons

 25   d'évoquer ?

 26   R.  Nous avons étudié la balistique comme matière à part et nous avons

 27   étudié en particulier les traces mécaniques globalement. Je ne sais pas

 28   pendant combien de temps, parce que nous avons passé pas mal de temps là-

Page 3127

  1   dessus.

  2   Q.  Comment définiriez-vous l'étude de la balistique ? Qu'est-ce qu'on

  3   étudie en balistique précisément ?

  4   R.  Je voudrais d'abord élucider quelque chose. Le CSB à l'époque --

  5   Q.  C'est une question très simple. Comment définir la balistique, l'étude

  6   de la balistique ? C'est quelque chose que vous nous dites avoir étudié.

  7   Comment la définissez-vous ?

  8   R.  Comme je l'ai dit, la balistique était une partie du cours qui portait

  9   sur les traces mécaniques en général, et s'agissait d'acquérir des

 10   connaissances de base balistiques qui n'étaient pas vraiment très étendues

 11   étant donné le temps que nous avions à notre disposition. Nous n'avions pas

 12   énormément de connaissances sur la balistique, mais ce que nous faisions

 13   c'est de rassembler les traces et les analyser.

 14   Q.  Concernant les armes à feu, parce que vous nous avez dit que vous avez

 15   étudié quelque peu les armes à feu --

 16   R.  Oui.

 17   Q.  -- en balistique et en armes à feu, et dans le domaine des armes à feu,

 18   qu'avez-vous étudié ?

 19   R.  La première chose qui me vient à l'esprit est la pénétration d'une

 20   balle à travers une matière, par exemple, le verre. A travers le verre, on

 21   apprenait à déterminer la direction dont provenait la balle. Mais l'analyse

 22   définitive était faite par le MUP, pas le CSB. Nous ne faisions que donner

 23   une première opinion, et ce sont les experts du MUP qui donnaient leur

 24   analyse définitive et leur opinion.

 25   Q.  Je suis désolé. Peut-être nous ne nous sommes pas compris, mais j'avais

 26   cru comprendre que les sujets, les matières que vous avez étudiés, c'était

 27   pendant que vous étiez à la police militaire ?

 28   R.  Oui, mais la formation était donnée par le MUP, la police civile,

Page 3128

  1   destinée à nous, la police militaire - nous étions cinq - et par la suite

  2   nous avons été transférés à la police civile.

  3   Q.  Pour l'instant, je parle de votre temps auprès de la police militaire.

  4   Nous allons revenir plus tard au temps passé à la police civile. Mais

  5   concernant cette première époque, que la formation dont nous venons de

  6   parler, que c'est cette formation que vous avez reçue pendant que vous

  7   étiez dans la police militaire, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui. Cette formation était donnée, faite, organisée par la police

  9   civile, et en tant que police militaire, nous étions leurs hôtes, en

 10   quelque sorte.

 11   Q.  S'agissant de vos affectations, une fois que vous avez été formé en

 12   photographie, et examen de scènes de crime, empreintes digitales, croquis

 13   des scènes de crime, ou comment retrouver les moyens, et un certain nombre

 14   d'éléments concernant la balistique et les armes à feu et les traces de

 15   sang, vous êtes revenu en active auprès de la police militaire. Vous étiez

 16   officier d'active de la police militaire, n'est-ce pas ?

 17   R.  Alors que j'étais en formation, oui.

 18   Q.  Et vous êtes devenu enquêteur et vous étiez responsable de mener des

 19   enquêtes en matière de marché noir, les crimes concernant les biens

 20   immobiliers, même les trafics de drogue ? Vous devez parler dans le micro -

 21   -

 22   R.  J'attendais l'interprète.

 23   Q.  Bien.

 24   R.  Oui, le crime en général.

 25   Q.  Je viens de voir que vous m'avez répondu en anglais. Vous comprenez

 26   l'anglais assez bien, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  En fait, vous n'étiez pas simplement interprète pour une compagnie

Page 3129

  1   américaine, mais vous étiez également interprète pour les Nations Unies

  2   pendant la guerre à Sarajevo, ou peut-être après la guerre à Sarajevo ?

  3   R.  Après la guerre.

  4   Q.  Est-ce que vous avez fait de l'interprétation simultanée ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Concernant le marché noir, et vous avez dit que vous avez mené des

  7   enquêtes dans ce domaine, est-ce que vous pouvez dire aux Juges de la

  8   Chambre quels types de matière étaient l'objet d'enquêtes que vous meniez

  9   dans le domaine des marchés noirs, alors que vous faisiez partie de la

 10   police militaire ?

 11   R.  On les appelait des crimes. Cela peut vous sembler paradoxal, mais

 12   c'est ainsi qu'on les appelait. Par exemple, les gens étaient arrêtés,

 13   parce qu'ils faisaient des échanges à la FORPRONU même si seul un œuf ou un

 14   peu de chocolat faisait l'objet de l'échange. C'était ce type de cas assez

 15   mineur ou parfois avec des implications plus graves.

 16   M. GUY-SMITH : [interprétation] Peut-être après la pause on pourrait en

 17   parler de ces crimes de plus grande envergure. 

 18   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Nous allons faire une pause et revenir

 19   ici à 16 heures.

 20   --- L'audience est suspendue à 15 heures 29.

 21   --- L'audience est reprise à 16 heures 00.

 22   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 23   Allez-y, Maître Guy-Smith.

 24   M. GUY-SMITH : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 25   Q.  S'agissant des crimes portant sur le marché noir qui étaient d'une plus

 26   grande envergure ou qui étaient faits sur une plus grande échelle, est-ce

 27   que vous avez eu l'occasion d'être impliqué dans une quelconque enquête

 28   portant sur des crimes de marché noir dans lesquels étaient en question des

Page 3130

  1   munitions ou des fusils ?

  2   R.  Pas pour autant que je me souvienne.

  3   Q.  Et en ce qui concerne du combustible, éventuellement ?

  4   R.  Sans doute qu'il y a eu des cas où du combustible a été échangé avec la

  5   FORPRONU, mais pour vous dire la vérité, je ne m'en souviens pas. En tout

  6   cas cela, se produisait souvent.

  7   Q.  Vous voulez dire qu'il y avait beaucoup de ces cas d'échange avec la

  8   FORPRONU de combustible ?

  9   R.  Oui, combustible. Pas simplement avec la FORPRONU mais également

 10   beaucoup de vols de carburant et généralement dans tout ce domaine, ce

 11   domaine de l'échange de carburant.

 12   Q.  Quand vous parlez des vols de carburant, vous parlez de vols faits par

 13   des soldats, des membres de l'armée qui volaient du carburant à l'armée, ou

 14   vous parlez d'autre chose ? Parce qu'il m'a semblé que vous aviez dit que

 15   votre domaine de compétence était militaire, s'occuper des militaires.

 16   R.  Oui, mais très souvent les auteurs étaient effectivement des soldats et

 17   dans beaucoup de ces affaires il ressortait qu'ils faisaient partie de

 18   notre juridiction.

 19   Q.  S'agissant de la question du marché noir en matière de munitions, avez-

 20   vous été impliqué dans des enquêtes qui portaient sur un marché noir de

 21   munitions et l'ABiH ?

 22   R.  Je crois que vous m'avez déjà posé cette question et ma réponse est

 23   non, je ne m'en souviens pas en tout cas.

 24   Q.  Très bien. Est-ce que cela pourrait rafraîchir votre mémoire si je vous

 25   disais que vous avez quitté la police militaire en décembre 1993 pour

 26   rejoindre  la police civile ? Est-ce que cela cadre avec vos souvenirs ?

 27   R.  Oui, mais cela ne rafraîchit pas ma mémoire en matière de commerce de

 28   munitions. 

Page 3131

  1   Q.  Oui. Je suis passé déjà à autre chose.

  2   Lorsque vous avez quitté la police militaire et que vous avez rejoint les

  3   rangs de la police civile, j'ai cru comprendre que pendant environ un an

  4   vous avez été un policier de rue ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Et cela nous mène à environ décembre en 1994, et c'est là que vous avez

  7   rejoint le CSB, le centre de sécurité ou de sûreté publique.

  8   R.  Oui, c'est vrai.

  9   Q.  Et c'est le même CSB duquel vous avez reçu une formation alors que vous

 10   étiez dans la police militaire, n'est-ce pas ?

 11   R.  Le ministère fédéral organisait la formation, mais cela se passait dans

 12   la même institution. En d'autres termes, le CSB aujourd'hui est cantonal et

 13   le ministère fédéral était celui qui était à l'origine de la formation.

 14   Q.  Et votre fonction lorsque vous avez rejoint le CSB était  policier

 15   scientifique, à savoir la même fonction pour laquelle vous aviez été formé

 16   pendant cette période de formation qui a duré six mois ?

 17   R.  C'est très précisément ce pourquoi j'ai été formé, effectivement.

 18   Q.  S'agissant maintenant de la question de retrouver et sauvegarder des

 19   moyens de preuve trouvés sur les scènes de crimes, qu'est-ce qu'on vous a

 20   appris à cet égard ?

 21   R.  La protection des traces, leur transport et, bien entendu, comment

 22   recueillir et étudier ces traces sur les lieux, rien de plus spécifique.

 23   Q.  Très bien. Maintenant je vais passer à autre chose.

 24   M. GUY-SMITH : [interprétation] Pourrait-on afficher la pièce P503 à

 25   l'écran, s'il vous plaît.

 26   Q.  Si on regarde la zone où vous avez apposé un cercle et le chiffre 1, il

 27   me semble qu'il s'agit de la zone de Hrasnica?

 28   R.  Oui

Page 3132

  1   Q.  Pourriez-vous nous indiquer à son propos quelle est la distance,

  2   disons, la distance que recouvre la zone que vous avez marquée ?

  3   R.  Vous voulez dire la circonférence du cercle que j'ai dessiné ou la

  4   distance entre le point 2 et ailleurs ?

  5   Q.  Je veux dire la distance qui est contenue à l'intérieur du cercle que

  6   vous avez marqué avec le chiffre 1. En fait, j'aurais dû peut-être

  7   m'exprimer en parlant de diamètres plutôt que de distance.

  8   R.  Bien. Il me semble qu'il s'agirait d'environ 1 kilomètre, peut-être un

  9   peu moins, mais je ne suis pas tout à fait certain.

 10   Q.  Il va falloir que nous enlevions cette pièce de l'écran parce que

 11   chaque pièce a sa spécialité, si on peut dire.

 12   M. GUY-SMITH : [interprétation] Pourrait-on afficher la carte P439. Et

 13   j'aimerais qu'on puisse faire un agrandissement sur la zone en question. Je

 14   voudrais un agrandissement du coin gauche inférieur, là où le témoin avait

 15   identifié la zone de Hrasnica, puis l'agrandir encore un petit peu plus,

 16   s'il vous plaît. En fait, je veux l'aide de l'huissier.

 17   Q.  Est-ce que vous avez à l'esprit la zone que vous avez encerclée ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Bien.

 20   R.  Est-ce que je pourrais voir la partie inférieure, s'il vous plaît.

 21   Q.  Dans cette zone, si on regarde, il semblerait qu'il y ait pas mal de

 22   marques noires, et à peu près au milieu de l'écran il y a des marques qui

 23   sont assez grandes, qui sont noires aussi. Vous me suivez ?

 24   R.  Je ne vois pas de quoi vous parler.

 25   Q.  Si vous vous placez tout en haut de la carte, puis vous partez de

 26   l'endroit choisi et allez au quatrième carré, où il y est marqué Butmir, et

 27   que vous descendez de quatre carrés là où vous voyez des marques noires

 28   plus bas et un peu à droite. Voilà. C'est là.

Page 3133

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28   

Page 3134

  1   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je demanderais à l'huissier de bien vouloir

  2   enlever les précédentes marques apposées par le témoin. Merci beaucoup.

  3   Q.  S'agissant de la zone que vous venez d'encercler, est-ce que vous

  4   pouvez nous dire de quel bâtiment il s'agit à l'époque où vous meniez votre

  5   enquête au mois de juillet 1995 ?

  6   R.  Je ne le sais pas. Il semble que c'était des usines, mais je ne suis

  7   pas sûr.

  8   Q.  Quand vous parlez d'usines mais que vous n'en êtes pas sûr, est-ce que

  9   vous vous souvenez si c'était des usines qui étaient en fonctionnement ?

 10   R.  Il me semble que non, mais je ne suis pas sûr. Il semble que c'est à

 11   peu près là où se trouvait la ligne de défense, mais je n'en suis pas

 12   certain.

 13   Q.  Quand vous parlez de la ligne de défense, est-ce que vous parlez de la

 14   ligne de défense entre les deux armées, l'ABiH et la VRS ?

 15   R.  Oui, mais je voudrais soulever le fait que je n'en suis pas certain,

 16   mais il me semble que c'était dans cette zone.

 17   Q.  Et lorsque vous regardez cette carte, cette zone en général, à peu près

 18   où se trouvait cette ligne de défense ? Je comprends bien que vous n'en

 19   êtes pas certain, mais si vous pouvez nous donner une idée grossière de sa

 20   localisation ?

 21   R.  Tout ce que je peux dire c'est que cela se trouve à peu près dans la

 22   zone de ces usines, mais je ne peux pas donner davantage de détails.

 23   Q.  Peut-être ce qui pourrait nous aider, c'est qu'on enlève le cercle que

 24   vous venez de faire et qu'à nouveau vous apposiez un cercle qui recouvre

 25   globalement là où vous pensez que se trouvait la ligne de défense. Cela va

 26   recouvrir à la fois la question des usines et en même temps la question de

 27   la ligne de défense.

 28   R.  Je ne suis pas en mesure de vous indiquer où se trouvait la ligne de

Page 3135

  1   défense. Je pense qu'on parlait des usines lorsqu'on en parlait, quand on

  2   parlait de là où se trouvait, la ligne de défense, les gens ont parlé de

  3   ces usines, mais je ne peux pas vous donner des détails plus précis.

  4   Q.  Très bien. A ce moment-là, mettez un cercle autour des usines et

  5   apposez-y un "F" pour "factories" en anglais, "usines."

  6   Toujours avec cette même carte, est-ce que vous savez si oui ou non dans la

  7   zone que vous avez marquée avec un S, s'il y a dans cette zone des

  8   bâtiments où se trouvait l'ABiH, était cantonnée l'ABiH ?

  9   R.  Je l'ignore.

 10   Q.  Merci. Passons maintenant à un carré à gauche, entre autres, là-bas,

 11   là-bas se trouve une zone qui est marquée avec une  une ovale. Est-ce que

 12   vous savez s'il y avait là-bas des bâtiments où était positionnée l'ABiH ?

 13   R.  Je pense qu'il s'agit de bâtiments résidentiels.

 14   Q.  Donc votre réponse c'est que vous ne le savez pas, en fait, s'il y

 15   avait des bâtiments dans cette zone où étaient stationnés les membres de

 16   l'ABiH ?

 17   R.  Je l'ignore.

 18   Q.  D'accord.

 19   Q.  Ayez l'amabilité, s'il vous plaît, de me dire la chose suivante : tout

 20   à l'heure, vous avez parlé de la route d'Igman. Est-ce que vous voyez cette

 21   route sur la carte et, s'il vous plaît, je vous prie de tracer un cercle

 22   autour.

 23   R.  [Le témoin s'exécute]

 24   Q.  Et je vous prie d'apposer "IG" à côté pour Igman "road."

 25   R.  [Le témoin s'exécute]

 26   Q.  Merci. S'agissant de cette zone que vous venez d'annoter, savez-vous

 27   s'il y avait des positions militaires de l'ABiH dans cette zone le long de

 28   la route d'Igman ?

Page 3136

  1   R.  Je suis passé par là à plusieurs reprises et je pense qu'il n'y avait

  2   pas de positions importantes là-bas ni de bâtiments ni quoi que ce soit qui

  3   appartenait à l'armée.

  4   Q.  Vous avez employé le terme "d'important." Comment vous définissez ce

  5   terme ?

  6   R.  Je pensais tout simplement dans le contexte de votre question, en tant

  7   que quelque chose de pertinent. C'est ainsi que je l'entends. Donc peut-

  8   être ai-je vu un soldat, mais je n'ai jamais vu de bâtiment ni de quoi que

  9   ce soit de la sorte. Je voyais beaucoup plus souvent les membres de la

 10   FORPRONU que des membres de l'ABiH.

 11   Q.  Merci.

 12   M. GUY-SMITH : [interprétation] J'aimerais demander le versement au dossier

 13   de ce document.

 14   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce D37.

 15   M. GUY-SMITH : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche maintenant une

 16   fois encore la pièce P439, il s'agit de la carte, mais sans les annotations

 17   cette fois-ci, et j'aimerais que l'on montre la zone un peu plus générale

 18   pour qu'on voie un peu mieux Sarajevo, et maintenant qu'on agrandisse un

 19   petit peu. Voilà. Merci.

 20   Q.  Lorsque vous étiez membre de la police militaire, pourriez-vous apposer

 21   la lettre X sur cette carte pour nous indiquer où se trouvait le quartier

 22   général de votre police militaire.

 23   R.  Pourriez-vous un petit peu agrandir la zone que je vais vous montrer

 24   maintenant pour être plus précis. Cela me faciliterait la tâche.

 25   Q.  Oui, bien sûr. Votre cercle disparaîtrait maintenant, il faudra le

 26   refaire, parce que chaque fois qu'on fait un agrandissement, mais je veux

 27   bien le faire.

 28   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je vous prie de nous faire un

Page 3137

  1   agrandissement, s'il vous plaît.

  2   Q.  Ça va maintenant où vous voulez que l'on agrandisse.

  3   R.  Je ne sais pas dans quelle mesure vous voulez que je sois précis en

  4   apposant la lettre x.

  5   Q.  J'aimerais que l'on soit précis. Je pense que c'est important pour la

  6   Chambre de première instance.

  7   R.  Dans ce cas-là, j'aimerais que vous fassiez un agrandissement de cette

  8   zone-là.

  9   Q.  Oui, bien sûr. Ça va maintenant ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Je vous prie d'apposer la lettre X à côté de l'endroit où se trouvait

 12   le QG de la police militaire.

 13   R.  Juste un instant, s'il vous plaît.

 14   Q.  Bien sûr. Prenez votre temps.

 15   R.  Si j'arrive bien à discerner les ponts, je pense que c'était ici.

 16   Q.  J'aimerais que vous apposiez à côté de la lettre X, "MP," pour

 17   "military police," police militaire.

 18   R.  [Le témoin s'exécute]

 19   Q.  Pourriez-vous maintenant, eu égard à la carte telle qu'elle est

 20   maintenant -- non, mais avant de vous poser cette question j'aimerais vous

 21   dire la chose suivante : en tant que membre de la police militaire, est-ce

 22   que la ville de Sarajevo était votre zone de responsabilité ?

 23   R.  En théorie oui, mais dans la pratique non.

 24   Q.  S'agissant de votre zone de responsabilité, pratiquement parlant, étant

 25   donné que vous étiez membre de la police militaire, est-ce que vous saviez,

 26   entre autres, où se trouvaient les unités de votre armée qui étaient

 27   positionnées à Sarajevo ?

 28   R.  Non, pas particulièrement en tant que membre de la police militaire.

Page 3138

  1   Vous savez, c'était "common knowledge," pour ainsi dire. Tout le monde dans

  2   la ville le savait.

  3   Q.  D'accord. Mais dans une certaine mesure, cela vous a facilité le

  4   travail, n'est-ce pas ?

  5   Examinant la carte que vous avez sous les yeux, pourriez-vous nous dire,

  6   sur cette carte que vous avez sous les yeux, où se trouvaient les membres

  7   de votre armée ? Où étaient les unités de votre armée ?

  8   R.  Je pourrais tracer des lignes approximatives, mais je ne pourrais pas

  9   vous indiquer où étaient les casernes et les installations militaires.

 10   Peut-être que je pourrais me rappeler un ou deux, mais surtout dans cette

 11   zone-là je ne sais pas. Peut-être que je pourrais vous dire davantage si

 12   l'on montrait la partie plutôt occidentale, mais c'est tout.

 13   Q.  Mais s'agissant de la zone que vous voyez, pourriez-vous tracer des

 14   lignes approximatives pour nous indiquer où étaient les unités de votre

 15   armée ?

 16   R.  Je pense que ça serait cette ligne-là vers le sud, mais c'est

 17   approximatif.

 18   Q.  D'accord. Je vous prie d'apposer à côté "ABiH".

 19   R.  [Le témoin s'exécute]

 20   Q.  Allant vers le nord par rapport au QG de la police militaire, est-ce

 21   qu'il y avait des unités de l'ABiH qui se trouvaient dans cette zone-là ?

 22   R.  De toutes les zones de la ville, c'est la zone que je connais le moins.

 23   Je pourrais essayer de tracer une ligne, mais je connais très mal ces

 24   zones-là.

 25   Q.  D'accord. Dois-je conclure que vous n'êtes pas vraiment prêt à tracer

 26   une ligne pour indiquer où se trouvaient les unités qui étaient au nord de

 27   votre QG ?

 28   R.  Oui.

Page 3139

  1   Q.  D'accord.

  2   S'agissant des unités qui étaient au nord par rapport à votre QG,

  3   sans entrer dans les détails, est-ce que vous saviez à l'époque où se

  4   trouvaient les unités de l'ABiH dans cette zone ?

  5   R.  Lorsque vous parlez de "cette zone-là," soyez un peu plus précis. Vers

  6   le nord, oui, mais à quelle distance ?

  7   Q.  Je parle du nord, et je ne vois que de la zone que vous pouvez voir

  8   dans la carte que vous avez sous les yeux. Donc rien de plus que ce que

  9   vous pouvez voir sur cette carte.

 10   R.  S'agissant des installations appartenant à l'armée, je ne sais pas,

 11   vraiment pas. Je n'y suis jamais allé. Je sais plus ou moins où les unités

 12   se trouvaient, mais s'agissant des installations, je l'ignore vraiment.

 13   Q.  Lorsque vous dites que "plus ou moins" vous pourriez indiquer "où se

 14   situerait cette ligne," est-ce que vous pourriez tracer cette ligne

 15   maintenant sur cette carte ?

 16   R.  S'agissant du nord, cette ligne était plus éloignée par rapport au

 17   centre. C'était plus ou moins comme ça, comme je l'ai tracée.

 18   Q.  D'accord. Pour les besoins du compte rendu d'audience, je dois dire que

 19   vous avez poursuivi à tracer la ligne que vous aviez apposée au préalable.

 20   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je demande le versement au dossier.

 21   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le document est versé au

 22   dossier. Ce sera quelle cote ?

 23   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ça sera la cote D38.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 25   M. GUY-SMITH : [interprétation] J'aimerais qu'on affiche une fois encore la

 26   pièce P439 à l'écran.

 27   Q.  J'ai encore une question finale, une dernière question au sujet des

 28   zones que vous aviez indiquées. Il s'agit des zones approximatives où se

Page 3140

  1   trouvaient les unités de l'ABiH. Dites-nous, est-ce que cela a changé après

  2   votre départ, après que vous avez quitté les rangs de la police militaire

  3   en 1993 ? Est-ce que cette zone était ainsi en 1994 et 1995, lorsque vous

  4   avez travaillé au sein de la police civile ?

  5   R.  Est-ce que vous parlez des lignes ?

  6   Q.  Oui.

  7   R.  Oui. Dans ce cas-là, approximativement, c'était identique.

  8   Q.  Est-ce qu'il y a d'autres zones sur cette carte où vous savez qu'il y

  9   avait des unités de l'ABiH qui étaient déployées ou positionnées ? Je ne

 10   sais pas si vous souhaitez qu'on fasse un agrandissement sur une partie de

 11   la carte maintenant, donc je la garde telle qu'elle est pour l'instant.

 12   R.  Bien sûr, l'armée était partout où étaient les lignes. Mais je ne sais

 13   pas dans quelle mesure je peux être précis et tracer des lignes précises,

 14   mais il y avait plusieurs installations à l'intérieur de ces lignes, pas à

 15   proximité des lignes, mais plutôt vers le centre de la ville. Mais pour le

 16   plupart, il y en avait, oui, il y avait des unités qui étaient à proximité

 17   des lignes, pour autant que j'arrive à m'en souvenir.

 18   Q.  D'accord. Est-ce que vous souhaitez qu'on garde la carte telle qu'elle

 19   est maintenant, ou vous souhaitez qu'on fasse un agrandissement de

 20   certaines zones ? Comme vous voulez.

 21   R.  Pourrait-on faire un petit agrandissement pour ne voir que la zone qui

 22   nous intéresse, de ne faire entrer des choses qui ne sont pas importantes.

 23   Q.  D'accord. Souhaitez-vous qu'on fasse un agrandissement encore ?

 24   R.  Non, c'est parfait maintenant.

 25   Q.  Je vous prie de faire la même chose comme précédemment. S'agissant

 26   d'autres zones où étaient déployées les unités de l'ABiH, je vous prie de

 27   nous l'indiquer pour autant que vous vous en souveniez.

 28   R.  Je ne peux pas être davantage précis. Voilà. Ça serait plus ou moins

Page 3141

  1   comme ça.

  2   Q.  La ligne qui figure dans la partie supérieure, pourriez-vous apposer

  3   "ABiH 2" à côté en haut.

  4   R.  Je vois qu'il y a une partie là qui n'est pas très précise. Il faut que

  5   cette ligne ici aille davantage vers l'occident. Si je peux, j'aimerais le

  6   préciser.

  7   Q.  Vous parlez de la ligne que vous venez de tracer ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Oui, alors faites-le.

 10   R.  Maintenant, je suis un peu plus précis.

 11   Q.  J'aimerais que vous apposiez le chiffre "2" à côté, puis pour la ligne

 12   inférieure, je vous prie d'apposer "ABiH 3."

 13   R.  [Le témoin s'exécute]

 14   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce

 15   document en tant que pièce à décharge.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, ça sera quelle cote ?

 17   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ça sera D39.

 18   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 19   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 20   Q.  Nous passons maintenant à un autre sujet.

 21   Le rapport présenté en l'espèce, dites-nous, est-ce que vous l'avez

 22   signé ?

 23   R.  Oui. Lorsque nous parlons de rapport de la police judiciaire, oui. Nous

 24   avons parlé de deux rapports. Le constat de recension du lieu, c'est moi

 25   qui l'ai signé.

 26   M. GUY-SMITH : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche maintenant à

 27   l'écran la pièce P500. Non, en fait, j'aimerais que l'on affiche la pièce

 28   P501.

Page 3142

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 3143

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, effectivement c'est le rapport.

  2   M. GUY-SMITH : [interprétation]

  3   Q.  S'agissant de ce rapport, vous avez indiqué - et cela figure au

  4   paragraphe 4 de la version en anglais, c'est le premier paragraphe - vous

  5   avez dit :

  6   "La roquette a d'abord touché le mur de la maison d'Alija Kustura…"

  7   ensuite vous indiquez le numéro de la maison. "Ensuite, ça a rebondi dans

  8   la cours de la maison et a explosé dans la rue Bunicki Potok."

  9   R.  Oui.

 10   Q.  S'agissant de la trajectoire de ce projectile, avez-vous pu déterminer

 11   quel était l'angle de déflexion après que le projectile a touché la

 12   première maison ? Parce que vous avez dit qu'il y a eu un effet de

 13   ricochet.

 14   R.  Bien maintenant, vous me posez une question difficile. Je ne peux pas

 15   le dire. Je ne peux même pas être approximatif.

 16   Q.  Etant donné qu'il y a eu l'effet de ricochet -- si j'ai bien compris,

 17   cela s'est passé deux fois. Cela veut dire qu'il y a eu un certain angle de

 18   déflexion la première fois, ensuite quand le projectile a touché la

 19   deuxième fois, il y a eu une fois encore l'effet de ricochet et --

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Excusez-moi, où est-ce qu'il est

 21   indiqué que cela s'est produit deux fois ?

 22   M. GUY-SMITH : [interprétation] Dans sa déclaration, page 46 ligne 22 --

 23   non excusez-moi, page 22, ligne 25.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Quelle page ?

 25   M. GUY-SMITH : [interprétation] Page 22, ligne 25. En répondant à la

 26   question posée par M. Thomas à la page 22, ligne 18 :

 27   "Dans votre rapport, vous avez pu identifier la provenance de tir.

 28   Sur la base de quoi vous avez pu identifier la provenance de

Page 3144

  1   tir ?

  2   "Réponse : Sur la base de deux ricochets. Nous avons supposé qu'il y a eu

  3   deux ricochets, donc sur la base de ça, nous avons pu établir la

  4   trajectoire."

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous avez dit que c'était page 22,

  6   ligne ?

  7   M. GUY-SMITH : [interprétation] La question à la page 22, lignes 18 et 19,

  8   et la réponse commence à la page 22, ligne 25.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 10   M. GUY-SMITH : [interprétation] Et cela se poursuit à la page 23, lignes 1

 11   à 3.

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Maître Guy-Smith.

 13   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je vous en prie, Monsieur le Président.

 14   Q.  S'agissant du ricochet, vous avez pu déterminer que le projectile a

 15   rebondi, mais vous n'avez pas pu déterminer quel était l'angle de

 16   déviation, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Lorsque vous avez suivi la formation dans le cadre de votre formation

 19   en tant que membre de la police militaire chargé des enquêtes criminelles,

 20   avez-vous suivi des cours ou appris quoi que ce soit au sujet de l'angle de

 21   déviation ou de ricochet s'agissant de la balistique en général et des

 22   roquettes, plus précisément ?

 23   R.  Je ne m'en souviens pas. Peut-être que oui, peut-être que non.

 24   Q.  Avez-vous suivi une formation, dans le cadre de votre travail, qui

 25   relève de la physique du ricochet, de l'angle de déviation et de la

 26   trajectoire ?

 27   R.  Si vous me permettez, nous avons supposé que le projectile a rebondi

 28   et, vous savez, la provenance de tir, on peut la déterminer sans entrer

Page 3145

  1   dans les détails d'expertise mais à l'œil nu. Mais ici, il ne s'agit pas

  2   d'une conclusion qui a été très technique ou spécifique.

  3   Q.  D'accord. Et votre conclusion est tirée sur la base de vos

  4   connaissances au sujet de la position où se trouvait l'agresseur, n'est-ce

  5   pas, comme vous l'avez dit, et c'était un élément qui a été très important

  6   pour vous lorsque vous avez tiré cette conclusion ?

  7   R.  Je vous prie de répéter votre question.

  8   Q.  Oui, bien sûr. S'agissant de votre conclusion, cette conclusion se

  9   fonde sur vos connaissances au sujet des positions de l'agresseur tel que

 10   vous l'avez appelé, et cet élément a été très important lorsque vous avez

 11   tiré cette conclusion présentée ici, n'est-ce pas ?

 12   R.  La direction de la bombe ou du projectile, comme vous voulez l'appeler,

 13   la direction approximative était plutôt évidente et ne dépendait pas des

 14   positions détenues par l'agresseur. Mais s'agissant des conclusions, vous

 15   savez, un tel projectile ne pouvait que provenir des positions détenues par

 16   l'agresseur, parce qu'à Sarajevo on savait quelles étaient les armes dont

 17   disposait l'ABiH, et une telle arme serait certainement aperçue dans la

 18   ville. Donc nous avons pu déterminer d'où venait le projectile et de quel

 19   côté, mais on ne pouvait pas déterminer exactement l'endroit d'où le

 20   projectile avait été lancé.

 21   Q.  Lorsque vous avez suivi des cours relatifs à la balistique, avez-vous

 22   appris ce que les gens savaient ou pensaient savoir afin de pouvoir tirer

 23   des conclusions au sujet des lieux de crime ?

 24   R.  Permettez-moi de relire votre question, ou si vous voulez, pourriez-

 25   vous la répéter ?

 26   Q.  Comme vous voulez.

 27   R.  Permettez-moi de relire votre question. Bien sûr que non.

 28   Q.  Très bien. Un dernier point que je voulais évoquer avec vous est le

Page 3146

  1   suivant. Attendez, je vais introduire mon sujet si vous le permettez. Vous

  2   me semblez être quelqu'un qui a une assez une bonne mémoire; est-ce que

  3   c'est exact ?

  4   R.  Je ne sais pas, surtout quand on parle d'événements qui ont eu lieu il

  5   y a une quinzaine d'années.

  6   Q.  Très bien. Diriez-vous que vos souvenirs étaient meilleurs il y a 15

  7   ans de cela qu'aujourd'hui ?

  8   R.  Vous voulez dire mes souvenirs par rapport à cet

  9   événement ?

 10   Q.  Oui.

 11   R.  Evidemment, mes souvenirs auraient été plus précis à l'époque.

 12   Q.  Bien. En ce qui concerne cette correction apportée à votre déclaration

 13   dans votre déposition à propos de la possibilité d'avoir vu cette bombe

 14   aérienne, je crois comprendre que votre déclaration a été faite en 1997,

 15   n'est-ce pas ?

 16   R.  Que j'avais vu la bombe ? Il me semble que ma déclaration a été faite

 17   bien plus tard, lorsque je suis arrivé ici en 2000.

 18   Q.  Et si je vous rappelais que votre première déclaration a été faite le

 19   10 mars 1997, et à l'époque vous aviez été interrogé par Stephen R. Upton

 20   et l'interprète était Umihana Prguda ?

 21   R.  Je ne suis pas absolument certain des noms, mais je me souviens avoir

 22   fait une déclaration à l'époque.

 23   Q.  Ensuite vous avez fait une deuxième déclaration en 2006, le 25 avril

 24   2006 d'ailleurs.

 25   R.  Je croyais que c'était 2007, mais oui, peut-être 2006.

 26   Q.  Oui, mais ce que j'essaie de savoir, c'est si vous avez eu l'occasion

 27   de relire votre déclaration après l'avoir faite et depuis lors, depuis 1997

 28   ?

Page 3147

  1   R.  Oui, sans doute, mais je ne m'en souviens pas.

  2   Q.  Oui, mais saviez-vous comment, si jamais il devait y en avoir, apporter

  3   des corrections à ces déclarations, que vous auriez pu ressentir le besoin

  4   de le faire ?

  5   R.  J'imagine que c'est la procédure ordinaire, mais je ne suis pas

  6   absolument certain.

  7   Q.  Si vous nous dites que c'est la "procédure applicable habituellement,"

  8   ça veut donc dire que vous avez l'habitude de comment on procède pour

  9   obtenir des déclarations de témoin, en tout cas quand on travaille au

 10   bureau du Procureur ?

 11   R.  En termes généraux pour les dépositions, oui.

 12   Q.  Juste afin de clarifier un point, est-ce que vous avez parfois, lorsque

 13   vous travailliez comme interprète aux Nations Unies, accompagné des agents

 14   du bureau du Procureur pour des dépositions ?

 15   R.  Non. Je travaillais généralement avec la police internationale.

 16   Q.  Quelle était l'organisation ?

 17   R.  C'était l'IP, l'IPTF, en fait, qui relevait des Nations Unies.

 18   Q.  Combien de temps avez-vous passé à faire cela ?

 19   R.  Il me semble que c'était trois ans et demi, mais je ne suis pas

 20   absolument certain de ça.

 21   Q.  Bien. Je crois que ça montre bien pourquoi vous savez comment on

 22   interroge les uns et les autres et comment on obtient des dépositions des

 23   témoins potentiels.

 24   Ce qui me ramène à votre déposition, il est probable que vous ayez eu le

 25   temps de relire votre déclaration ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Et si vous aviez identifié une erreur grossière, vous auriez

 28   certainement demandé à ce qu'on la modifie, à ce qu'on la rectifie, n'est-

Page 3148

  1   ce pas ?

  2   R.  Je ne sais pas si je peux vous répondre par autre chose que par oui ou

  3   par non, si vous me le permettez, j'aimerais vous donner une réponse un peu

  4   plus développée.

  5   Q.  Est-ce que vous me répondre par oui ou par non, ensuite compléter peut-

  6   être ?

  7   R.  Oui, avec plaisir. Tout ce que je cherchais à dire, c'est que la

  8   dernière fois que j'étais ici pour déposer, je n'étais pas absolument

  9   certain d'avoir vu le projectile. C'est-à-dire que c'était déjà 12 ou 13

 10   ans après les événements, je n'étais absolument sûr d'avoir vu cela. Je me

 11   souviens néanmoins de l'incident. Je me souviens de mon ami, on était à

 12   côté de l'aéroport. Il était en faction à la police militaire, je ne sais

 13   plus où, et je me souviens qu'on avait suivi le parcours de ce projectile,

 14   mais je n'étais pas absolument certain de l'avoir vu précisément. C'est

 15   bien pour ça que j'avais modifié ma déclaration.

 16   Q.  Très bien. Lorsque vous nous dites la dernière fois que vous étiez ici,

 17   est-ce que vous faites référence à la dernière fois que vous avez déposé

 18   ici ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Mais en 2006, vous nous avez encore une fois dit clairement que vous

 21   avez vu le lancement de cette bombe aérienne. Vous en souvenez-vous ? Vous

 22   nous avez dit ça en 1997 et en 2006 ?

 23   R.  Je me souviens avoir dit que nous avions suivi le parcours de ce

 24   projectile, mais je n'ai pas dit et je ne crois pas avoir jamais dit que je

 25   l'avais vu être lancé. Mais en même temps, si c'était si important, si ce

 26   point est réellement essentiel, peut-être qu'on peut demander à mon ami qui

 27   était avec moi ce qu'il en était.

 28   Q.  J'essaie juste de comprendre ce dont vous vous souvenez, ce dont vous

Page 3149

  1   ne vous souvenez plus, et ce que vous avez dit par le passé, en 1997, vous

  2   aviez dit et vous essayiez à l'époque évidemment d'être aussi honnête et

  3   précis que possible, j'imagine ?

  4   R.  Mais bien sûr.

  5   Q.  Puis en 2006, vous avez déposé - et j'imagine que vous aviez continué

  6   et vous aviez décidé de continuer à être fidèle et honnête. C'est évident,

  7   n'est-ce pas ?

  8   R.  Effectivement, les deux fois je disais la vérité, c'est évident. Je

  9   n'ai jamais cherché à mentir dans un cas ou dans l'autre. Si je n'étais pas

 10   en mesure de me souvenir de certains événements en 2006, je ne pouvais pas

 11   prétendre me souvenir de tel ou tel événement. J'imagine que mes souvenirs

 12   des événements en 1997 étaient plus frais, plus vivaces qu'ultérieurement,

 13   je ne peux pas prétendre avoir vu quelque chose si je ne m'en souviens pas.

 14   C'est tout.

 15   Q.  Donc en 2006, je vais essayer de voir si ça vous rafraîchit la mémoire.

 16   Je cite :

 17   "Permettez-moi de dire qu'à la fin de juin 1995, j'étais en train de

 18   voyager avec un ami et j'allais de Dobrinja à Hrasnica, nous avons traversé

 19   le tunnel et à l'entrée du tunnel de Dobrinja, nous nous sommes arrêtés,

 20   nous avons vu quelque chose partir d'Ilidza, et un bruit sifflant atroce

 21   s'est fait entendre alors que quelque chose traversait le ciel."

 22   Ça, c'est la déclaration que vous avez faite et que vous aviez corrigée à

 23   terme; c'est bien cela ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Pouvez-vous nous dire aujourd'hui en faisant référence à vos souvenirs

 26   ce qui s'est vraiment passé ?

 27   R.  En ce qui concerne l'extrait que vous venez de lire, je peux vous dire

 28   les choses suivantes : premièrement, j'étais avec un ami qui était en

Page 3150

  1   faction à l'entrée du tunnel. Nous n'avons jamais traversé le tunnel non

  2   plus, ça je m'en souviens. Je me souviens également que nous avions sauté

  3   dans le fossé à côté de la maison, tout simplement parce que nous avons

  4   entendu le sifflement de ce projectile, et qui était effrayant, et c'est à

  5   peu près tout ce dont je me souviens aujourd'hui. J'imagine qu'en 1997 mes

  6   souvenirs étaient meilleurs et plus frais, ce n'était que quelques années

  7   après les événements, mes souvenirs étaient donc peut-être plus précis,

  8   mais je ne peux pas en dire plus aujourd'hui, je ne m'en souviens pas.

  9   Q.  Mais voici comment vous avez corrigé votre témoignage à l'occasion de

 10   votre déposition. Et je cite :

 11   "Nous avons suivi et pu entendre les sons, mais nous ne l'avons pas vu, et

 12   nous le suivions comme on pourrait suivre un avion sans le voir en direct."

 13   M. GUY-SMITH : [interprétation] Et pour la Chambre et pour le compte rendu

 14   d'audience, je vous rappelle que c'est page 5 177, lignes 21 à 23.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je le sais.

 16   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 17   Q.  En fait, vous étiez en train de dire qu'effectivement les informations

 18   que vous aviez données à deux reprises auparavant étaient inexactes. Vous

 19   n'étiez pas en train d'essayer de tromper qui que ce soit, mais c'était

 20   inexact, n'est-ce pas ?

 21   R.  Je ne suis pas en train de dire que c'était inexact. Je suis simplement

 22   aujourd'hui même en train de vous dire que je ne me souviens pas exactement

 23   de ces faits de même que je ne m'en souvenais pas la dernière fois que j'ai

 24   déposé en 2007, 2006. Il me semblait donc que ce serait un peu ambitieux

 25   que d'essayer de prétendre ces choses-là à l'époque parce que justement je

 26   ne m'en souvenais pas. Je n'arrivais pas à visualiser ce souvenir. C'est

 27   cela que je suis en train de dire. Je ne peux pas dire quelque chose dont

 28   je ne suis pas absolument certain. Peut-être qu'en 1997, lorsque j'ai été

Page 3151

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 3152

  1   auditionné pour la première fois, je l'ai dit parce que je pouvais le dire.

  2   C'est l'impression que j'ai aujourd'hui et c'est bien pour ça que je suis

  3   en train de changer aujourd'hui, parce que je ne peux vous dire que ce dont

  4   je suis absolument certain.

  5   Q.  Pourriez-vous nous dire aujourd'hui ce qui pourrait justifier ce

  6   changement dans vos souvenirs, passer de voir quelque chose à ne rien voir

  7   ?

  8   M. THOMAS : [interprétation] Monsieur le Président.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous en prie.

 10   M. THOMAS : [interprétation] La question a été posée plusieurs fois dans

 11   toutes sortes de formulations et la réponse a déjà été donnée à plusieurs

 12   reprises, avec tout le respect que je vous dois --

 13   M. GUY-SMITH : [interprétation] Non, j'ai bien compris. J'ai bien compris.

 14   C'est juste que la mémoire et les souvenirs, c'est quelque chose qui me

 15   fascine.

 16   Si vous voulez bien m'accorder quelques instants.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous en prie.

 18   [Le conseil de la Défense se concerte]

 19   M. GUY-SMITH : [interprétation] Merci.

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Merci, Maître.

 21   Monsieur Thomas, vous avez la parole.

 22   M. THOMAS : [interprétation] Pas de questions supplémentaires.

 23   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Merci. Chers collègues ?

 24   Questions de la Cour : 

 25   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] J'ai quelques questions à vous poser

 26   pour bien comprendre. Je crois que la pièce P500 - j'espère que c'est bien

 27   celle-là que je veux voir - pourra m'y aider. Si vous me le permettez, je

 28   voudrais qu'on descende un peu. Je voudrais voir le deuxième paragraphe.

Page 3153

  1   Monsieur Turkovic, je voudrais vérifier quelque chose. Vous nous avez dit à

  2   la page 22 aujourd'hui même, aux lignes 9 et 10, je croyais avoir compris

  3   que ces commentaires avaient trait à ce rapport, précisément. Est-ce que le

  4   témoin pourrait avoir accès à la page 22, ligne 10 ? Est-ce que vous voyez

  5   la page 22, Monsieur ?

  6   R.  Je ne vois pas trop le numéro de page. Je ne vois que le début du

  7   rapport.

  8   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous voyez, là. Est-ce que

  9   vous voyez le compte rendu d'audience ? Vous nous dites, à la ligne 10 --

 10   ou plus précisément, à la ligne 7 :

 11   "Honnêtement, je vous dirais qu'il n'y avait pas grand-chose de différent,

 12   sauf qu'il n'y avait de cratère."

 13   Si l'on regarde la réponse que vous avez donnée, est-ce que cette réponse

 14   correspond bien au rapport qui est à l'écran en ce moment ?

 15   R.  Ce rapport était un rapport rédigé par un autre enquêteur. Ce n'était

 16   pas mon rapport.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Qu'est-ce que vous voyez à l'écran ?

 18   Est-ce que vous voyez un rapport, ou est-ce que vous voyez le compte rendu

 19   de l'audience de ce jour ?

 20   R.  Je vois le rapport.

 21   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] C'est étrange. Moi, je suis sous le

 22   système de prétoire électronique et j'arrive à voir le compte rendu

 23   d'audience de ce jour. Très bien. Je reprends. Voyez-vous la page 22 du

 24   compte rendu de ce jour à l'écran, ici ?

 25   R.  Oui.

 26   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Voyez-vous la ligne 9, l'élément qui

 27   court à partir de la ligne 9 ?

 28   R.  Oui.

Page 3154

  1   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Lorsque vous avez donné cette réponse,

  2   est-ce que cette réponse correspond au rapport que vous voyez à l'écran sur

  3   l'autre écran ?

  4   R.  Oui, oui, c'est bien le même incident.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Au compte rendu d'audience, on voit

  6   que vous dites, à la ligne 10 : "…sauf qu'il n'y avait pas de cratère."

  7   R.  Oui, je me souviens d'avoir dit cela.

  8   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, mais au rapport, vous semblez

  9   nous indiquer qu'il y avait un cratère. Est-ce que vous le voyez dans le

 10   rapport ?

 11   R.  Je vois le rapport. C'est un rapport qui a été rédigé par un enquêteur.

 12   Premier point. Ce n'était pas par moi. Deuxièmement, je ne sais pas

 13   exactement à quoi on faisait référence en parlant d'un "cratère." Le

 14   cratère auquel on fait référence est peut-être le cratère après le deuxième

 15   rebond. Donc il y avait un cratère, d'une certaine façon. Deuxièmement, le

 16   lien où la bombe a fini sa course, c'est bien la maison, la maison où il y

 17   avait un impact, une explosion, et il me semblait bien qu'il n'y avait pas

 18   de cratère là.

 19   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Je crois que le rapport

 20   avec les deux ricochets, c'est le P501, pas le P500, les deux rebonds,

 21   j'entends. Est-ce que quelqu'un pourrait m'aider ? Mais cet incident dont

 22   nous parlons, est-ce qu'il y avait là aussi deux rebonds ? Les deux rebonds

 23   dont vous nous avez parlé traitent précisément de la pièce P501, je crois.

 24   C'est le rapport que mon éminent collègue a été rédigé lorsque vous lui

 25   avez répondu à cette question.

 26   R.  Oui, je comprends bien. Mais il y avait deux rapports : mon rapport en

 27   tant que rapport signé sur le lieu de l'incident, puis le rapport de

 28   l'enquêteur.

Page 3155

  1   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je comprends.

  2   R.  C'était le rapport, ici à l'écran, qui a été préparé par l'enquêteur

  3   qui a mené l'enquête sur les lieux de l'incident.

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais vous n'avez pas contribué à cette

  5   enquête sur la scène ?

  6   R.  Si, mais je n'ai pas participé à la rédaction de ce rapport. Moi, j'ai

  7   contribué au rapport du technicien en scène de crime, et pas du rapport

  8   d'enquête.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Donc ces deux rapports traitent du

 10   même incident, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Et vous déposez aujourd'hui qu'il n'y

 13   avait pas de cratère ? C'est ce que vous avez dit aujourd'hui.

 14   R.  Autant que je puisse m'en souvenir, oui, je crois qu'il n'y avait pas

 15   de cratère au point d'impact.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Merci. Passons au point

 17   suivant, si vous le voulez bien. Vous avez parlé de ces deux rebonds,

 18   justement. Je voudrais mieux comprendre comment vous avez cherché à établir

 19   la direction d'origine de cet obus, de ce projectile. Ma question est donc

 20   la suivante : lorsqu'il y a rebond, double en l'occurrence, comment est-ce

 21   que l'on peut définir la direction d'origine et le point de départ du

 22   projectile ?

 23   R.  En partant du point d'où cela rebondit, c'est comme ça que l'on

 24   calcule, nous partions au départ du principe selon lequel il aurait deux

 25   bombes. C'est bien comme ça que nous avons cherché à enquêter dès le

 26   départ. Mais comme nous n'avons pas trouvé deux, il nous semblait, c'est la

 27   conclusion à laquelle nous en sommes arrivés, que le projectile initial

 28   avait rebondi deux fois, ça nous semblait impossible ou presque, mais c'est

Page 3156

  1   bien la conclusion à laquelle on en est arrivés. Sur ces fondements-là,

  2   nous avons cherché à estimer l'origine, la direction d'origine de cette

  3   bombe aérienne, mais sans réponse précise ou sans précision exacte.

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, mais enfin, vous avez bien dû

  5   adopter une méthode particulière. Si moi, si j'y avais été, je me serais

  6   dit, bon, très bien, je vois que ça a rebondi. Ça doit venir de là. Mais

  7   vous, vous aviez appris quelque chose, vous deviez avoir utilisé une

  8   méthodologie, une approche technique, si j'ose dire. C'est ça que j'essaie

  9   de comprendre. Est-ce que vous avez utilisé une méthode particulière dans

 10   ce cadre-là, pour cet événement-là.

 11   R.  Permettez-moi de dire tout d'abord que c'est un incident unique. C'est

 12   la première fois qu'on a vu cette bombe aérienne rebondir. Une bombe qui

 13   fait plus de 100 kilos, normalement, nous n'avions pas d'expérience, pas de

 14   connaissances de ce type de situation.

 15   Deuxièmement, il y avait quatre à cinq policiers qui ont participé à cette

 16   enquête sur site. L'un d'entre eux était le chef des activités

 17   d'antisabotage, ensuite, un enquêteur, et alors même que nous avons examiné

 18   le lieu tous ensemble, nous en sommes arrivés à cette conclusion-là, la

 19   conclusion selon laquelle cela avait bien dû bien rebondir, mais qu'il n'y

 20   avait pas de preuve d'une explosion aux deux points d'impact initiaux. Nous

 21   n'avons vu que quelques dégâts sur une maison, ensuite nous avons vu les

 22   moteurs de roquettes qui s'étaient enfoncés, et nous n'avons pas trouvé la

 23   bombe elle-même. Donc c'est sur ces éléments-là que nous en sommes arrivés

 24   à la conclusion qu'elle avait rebondi.

 25   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait dire que vous,

 26   personnellement, n'aviez pas de méthodologie précise pour définir l'origine

 27   et la direction de ce projectile. Est-ce qu'on pourrait dire ça comme ça ?

 28   R.  Je vous présente toutes mes excuses, Monsieur le Président, mais ma

Page 3157

  1   réponse est non. C'est bien parce qu'il y avait deux rebonds c'est pour

  2   cela que nous en sommes arrivés à cette conclusion. Et ce sont ces deux

  3   marques que l'on pouvait utiliser pour essayer de retrouver l'origine de la

  4   bombe, donc je ne dirais pas que nous n'avions pas de connaissance ou de

  5   savoir scientifique pour le faire. Le fait est que je n'avais pas

  6   d'expertise particulière ou d'expérience de ces situations.

  7   LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais je comprends bien, vous nous

  8   dites que vos conclusions n'étaient pas fondées sur rien, mais c'est bien

  9   là ma question. Sur quoi était fondée votre analyse ? Vous pouvez nous dire

 10   évidement si c'est ça la réponse, que les autres enquêteurs, eux, ont pu

 11   arriver à cette conclusion-là, mais que vous, au moins, je pourrais le

 12   comprendre.

 13   R.  Permettez-moi de compléter ce qui a déjà été dit

 14   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous en prie.

 15   R.  Evaluer la direction d'origine de cette bombe est quelque chose que

 16   nous avons fait sur la base des deux points de rebond, justement en

 17   identifiant la trajectoire entre les deux points, qui nous indiquaient

 18   justement d'où ce projectile était parti initialement. C'est bien là mon

 19   avis, et c'était la conclusion à laquelle nous sommes tous arrivés

 20   ensemble, en tout cas tous ceux qui étaient présents.

 21   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ensuite, vous nous dites -- vous avez

 22   parlé d'un groupe, l'IPTF. A quoi cela correspond-t-il ?

 23   R.  "International Police Task Force," police internationale.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien. Et aujourd'hui même, à la page

 25   54, lignes 9 à 12, vous me dites :

 26   "Je ne sais pas. Peut-être qu'en 1997, lorsque j'ai dis ça pour la

 27   première fois, je m'en souvenais peut-être, mais je ne peux pas le dire

 28   absolument aujourd'hui. C'est mon impression à ce jour, c'est pour cela que

Page 3158

  1   je le dis et c'est pour ça que je suis en train de changer ces choses, je

  2   suis en train de vous dire ces choses-là." Très bien. Mais qu'elle est, en

  3   une question simple, votre avis, votre impression aujourd'hui même.

  4   R.  Vous voulez dire par rapport à cette bombe là ?

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Hm-hm.

  6   R.  Comme je viens de le dire, je me souviens du son du projectile. Je me

  7   souviens avoir sauté dans le fossé pour me protéger. Mon ami, lui, n'a pas

  8   bougé, soi-disant si je me souviens bien parce qu'il avait dit qu'il avait

  9   déjà entendu un son similaire et qu'il savait ce que c'était. Je me

 10   souviens ensuite être sorti du fossé et avoir suivi la trajectoire de cette

 11   bombe. Je ne peux pas m'en souvenir en détail. Mais je crois me souvenir

 12   que cette bombe-là n'a jamais explosé. D'ailleurs je me souviens

 13   parfaitement qu'on en avait trouvé à plusieurs reprises des bombes qui

 14   n'avaient pas explosé. Je me souviens d'une en particulier.

 15   [La Chambre de première instance se concerte]

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 17   M. LE JUGE DAVID : [interprétation] Je voudrais à mon tour vous poser une

 18   question concernant la réponse que vous avez donnée à la Défense, qui se

 19   trouve à la page 48, aux lignes 3 à 10, et à la ligne 10, vous avez dit :

 20   "Quand il s'agissait de cet obus en particulier, le résultat était

 21   assez clair. On pouvait déterminer assez clairement la direction de

 22   provenance de cet obus, pas la trajectoire exacte, mais la direction de

 23   provenance, oui."

 24   Ensuite dans d'autres parties de votre témoignage, vous avez dit que

 25   votre méthodologie n'est pas basée sur une connaissance approfondie de la

 26   balistique ou sur des points de trajectoire très précis ou complexes, mais

 27   plutôt de connaissances pratiques et que vous faites des déductions très

 28   simples à partir d'une situation factuelle pour en extraire certaines

Page 3159

  1   généralisations empiriques qui ne sont pas d'une logique complexe, mais qui

  2   vous aide à atteindre vos conclusions. Est-ce que c'est une interprétation

  3   de ma part qui est exacte ?

  4   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je suis désolé, Monsieur le Juge. Je

  5   déteste interrompre, mais je ne comprends pas très bien ce que vous êtes en

  6   train de dire maintenant, sauf que vous êtes en train de mener le témoin

  7   vers une réponse particulière, ce qui me pose un problème, d'après les

  8   moyens qui ont été présentés par ce témoin. Je déteste interrompre, mais je

  9   ne suis pas très clair quant au sens de votre question.

 10   M. LE JUGE DAVID : [interprétation] J'essaie de distinguer très simplement

 11   entre deux niveaux de connaissance pour bien comprendre la position du

 12   témoin. Il y a un niveau de généralisation théorique de nature complexe;

 13   l'autre, c'est les conclusions pratiques auxquelles aboutit quelqu'un qui a

 14   appris des systèmes élémentaires pour connaître la direction d'une

 15   trajectoire, et ce n'est pas une question directrice, mais en tant que Juge

 16   je peux poser toutes les questions que je veux si je souhaite clarifier la

 17   situation du témoin. Ce n'est pas à la Défense de diriger le Juge. Le Juge

 18   a le droit de poser des questions sans aucune limitation pour connaître la

 19   vérité et les connaissances du témoin. Je n'accepte pas ce que vous dites,

 20   à la Défense.

 21   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je crois que nous allons dans la même

 22   direction --

 23   M. LE JUGE DAVID : [interprétation] Je n'accepte pas ce que vous avez dit,

 24   et je vous demanderais de revenir sur vos mots, en particulier sur la

 25   question des questions directrices.

 26   M. GUY-SMITH : [interprétation] En fait, le témoin a témoigné sur la base

 27   des moyens qui ont été présentés, et il a indiqué [comme interprété] qu'il

 28   avait appris des systèmes élémentaires pour connaître les trajectoires,

Page 3160

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 3161

  1   pour aboutir à la direction de la trajectoire -- j'ai dit que je ne

  2   comprenais pas très bien au départ, parce qu'il me semblait que vous

  3   cherchiez à avoir une compréhension concise et claire de ce qu'a dit le

  4   témoin, c'est pour cela que j'avais des problèmes avec la question qui a

  5   été posée, car personnellement je n'avais aucunement l'intention de vous

  6   offenser, Monsieur le Juge, vraiment en aucun cas.

  7   M. LE JUGE DAVID : [interprétation] Nous sommes en désaccord. Moi, je

  8   voulais distinguer deux niveaux de connaissance, et il a toujours dit qu'il

  9   n'avait pas reçu une formation poussée, qu'il avait simplement reçu une

 10   instruction pour vérifier la direction d'un projectile d'après des

 11   déductions très simple basées sur le cratère et d'autres choses. Et c'est

 12   simplement ça que je voulais connaître et ma question était en aucun cas

 13   directive. Et je voulais tester les points que vous avez soulevés. Sachez,

 14   d'autre part, que les Juges n'ont absolument aucune limite quant aux

 15   questions qui peuvent être posées et apprenez également à ne pas

 16   m'interrompre avec des questions absurdes.

 17   M. GUY-SMITH : [interprétation] Sauf votre respect, en tout cas je n'avais

 18   aucunement l'intention de vous offenser, mais pour les besoins de la

 19   représentation de mon client et pour nous assurer que nous atteignons la

 20   question qui nous tient tous à cœur, à savoir la vérité, il y a des fois où

 21   il se peut que la Défense doive se lever, et je fais partie d'une tradition

 22   --

 23   M. LE JUGE DAVID : [interprétation] Je connais cette position [comme

 24   interprété].

 25   M. GUY-SMITH : [aucune interprétation]

 26   M. LE JUGE DAVID : [interprétation] -- et j'ai été professeur aux Etats-

 27   Unis.

 28   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je le sais bien. Je viens donc de cette

Page 3162

  1   tradition et je vous dis très sincèrement, je n'avais aucune intention de

  2   vous offenser. J'ai été un petit peu confondu par votre question et j'étais

  3   préoccupé, et je suis le conseil de la Défense du général Perisic. Mais moi

  4   aussi il se trouve que je suis intéressé par la vérité. C'est ma fonction

  5   parmi d'autres lors de cette procédure et il ne faut pas qu'il y ait de

  6   malentendus à ce propos.

  7   M. LE JUGE DAVID : [interprétation] Si, il y a eu un très grand malentendu

  8   de votre part. Moi, je voulais simplement connaître clairement, je voulais

  9   vérifier clairement ma compréhension de la situation.

 10   M. GUY-SMITH : [interprétation] Bien, dans la mesure où j'ai mal compris

 11   votre question, je vous remets mes sincères excuses.

 12   M. LE JUGE DAVID : [interprétation] J'accepte vos excuses.

 13   M. GUY-SMITH : [interprétation] Mais je vous ferai remarquer que jamais

 14   quand je me mets debout, je n'ai l'intention de faire preuve de manque de

 15   respect vis-à-vis d'un quelconque membre du collège des Juges. Cela fait 30

 16   ans que je pratique le droit et je n'ai jamais eu une telle intention. Mais

 17   à chaque fois que j'estimerai dans l'intérêt de mon client que je dois me

 18   lever, je le ferai.

 19   M. LE JUGE DAVID : [interprétation] Le Juge a agi purement et simplement

 20   dans le but d'un procès équitable afin de nous assurer que les Juges aient

 21   complètement compris la situation à chaque instant.

 22   M. GUY-SMITH : [interprétation] J'apprécie, Monsieur le Juge. Et dans la

 23   mesure où je vois que vous avez écrit, en bref, je voudrais m'excuser. Je

 24   n'avais aucunement l'intention de faire preuve de manque de respect.

 25   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Nous allons faire une pause et revenir

 26   ici à six heures moins quart.

 27   --- L'audience est suspendue à 17 heures 24.

 28   --- L'audience est reprise à 15 heures 48.

Page 3163

  1   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Y a-t-il des questions supplémentaires

  2   du fait des questions posées par les Juges, à commencer par l'Accusation.

  3   M. THOMAS : [interprétation] Non.

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] La Défense ?

  5   M. GUY-SMITH : [interprétation] Non.

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Turkovic, cela nous amène à

  7   la fin de votre déposition. Je vous remercie d'avoir pris le temps de venir

  8   déposer ici. Vous pouvez maintenant quitter la salle d'audience. Je vous

  9   souhaite un bon voyage de retour.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup.

 11   [Le témoin quitte le prétoire]

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Monsieur Saxon. Je vois que vous

 13   vous êtes mis debout.

 14   M. SAXON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. L'Accusation n'a

 15   pas un autre témoin prêt aujourd'hui et propose de commencer avec M. Bell

 16   demain.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur qui ?

 18   M. SAXON : [interprétation] M. Bell.

 19   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup. Dans ce cas-ci, nous

 20   allons suspendre, lever la séance et reprendre demain après-midi dans la

 21   salle d'audience numéro II [comme interprété]. Merci.

 22   --- L'audience est levée à 17 heures 50 et reprendra le mercredi 4 février

 23   2009, à 14 heures 15.

 24  

 25  

 26  

 27  

 28