Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 3 juillet 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Le témoin vient à la barre]

  4   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 14 heures 29.

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bonjour à tous dans le prétoire.

  7   Monsieur le Greffier, veuillez citer l'affaire.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour à tous. Il s'agit de l'affaire

  9   IT-04-81-T, l'Accusation contre Momcilo Perisic. Je vous

 10   remercie.

 11   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie. Pourrions-nous avoir

 12   les présentations maintenant ?

 13   M. SAXON : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Dan Saxon et

 14   Inger de Ru pour l'Accusation.

 15   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Qu'en est-il de la Défense

 16   ?

 17   M. LUKIC : [interprétation] Bonjour à tous. Bonjour, Messieurs les Juges.

 18   Pour la Défense Perisic, Tina Drolec, Milos Androvic, Daniela Tasic, Gregor

 19   Guy-Smith et Novak Lukic.

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie. Pour le compte

 21   rendu, je tiens à dire que nous allons siéger en application de l'article

 22   15 bis parce que le Juge Picard ne se sent pas bien.

 23   Bonjour, Monsieur Nikolic.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 25   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je tiens à vous avertir que vous êtes

 26   encore tenu par la déclaration que vous avez faite au début de votre

 27   déposition selon laquelle vous allez dire la vérité, toute la vérité et

 28   rien que la vérité. Ce serment est encore en vigueur, bien sûr.

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  1   Maître Lukic, c'est à vous.

  2   LE TÉMOIN : MOMIR NIKOLIC [Reprise]

  3   [Le témoin répond par l'interprète]

  4   M. LUKIC : [interprétation] Je vous remercie.

  5   Avant de commencer, j'aimerais dire qu'il y a une erreur dans le compte

  6   rendu d'hier, c'est peut-être une vraie réussite en fait, on a réussi à ne

  7   faire qu'une erreur au vu de la vitesse à laquelle nous avons travaillé

  8   hier. Mais M. Saxon m'a dit qu'il s'agissait d'une erreur. Page 7 890,

  9   ligne 8, je montrais au témoin un passage d'un document. Sur la pièce, la

 10   traduction est correcte, mais alors que j'étais en train de lire ce passage

 11   au témoin où il est fait mention de Deronjic, il est écrit maintenant sur

 12   la ligne 8 au compte rendu, enfin je veux dire toute la phrase qui commence

 13   à la ligne 7 :

 14   "Deronjic était inquiet car il trouvait que les prisonniers dans la ville

 15   créaient un risque pour matière de sécurité et il voulait que les meurtres

 16   des prisonniers se fassent à Bratunac." En fait, il faudrait écrire : "Il

 17   ne voulait pas que les meurtres des prisonniers se fassent à Bratunac."

 18   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Mais il y avait un mot

 19   quand même après, que nous n'avons pas très bien entendu. Un nom ?

 20   M. LUKIC : [interprétation] "Deronjic était inquiet car les prisonniers en

 21   ville, d'après lui, créent un risque de sécurité et il ne voulait pas que

 22   les prisonniers soient exécutés à Bratunac." Là, la phrase est correcte,

 23   maintenant.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien.

 25   Contre-interrogatoire par M. Lukic : [Suite] 

 26   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Nikolic.

 27   R.  Bonjour.

 28   Q.  Nous allons essayer d'être brefs, mais nous devons quand même ralentir.

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  1   Vous parlez beaucoup trop vite et cela se retrouve d'ailleurs au compte

  2   rendu. Nous avons rendu la tâche extrêmement difficile à la fois pour les

  3   interprètes et pour la sténotypiste. Nous allons essayer de ralentir.

  4   Vous avez obtenu des informations le 11 juillet indiquant que parmi les

  5   civils qui étaient arrivés à Potocari, il y avait environ 1 000 à 2 000

  6   hommes en âge de porter les armes. Je crois que votre déclaration le

  7   reflète.

  8   R.  En effet.

  9   Q.  Mais vos propres évaluations des faits, c'est qu'il y avait moins de

 10   monde ou que le chiffre qu'on vous a donné dans ce rapport n'était pas

 11   correct, c'est bien cela?

 12   R.  C'était les premières informations que nous avons obtenues et ces

 13   rapports n'étaient que des évaluations, rien de plus. On ne peut pas dire

 14   que ces premières estimations étaient extrêmement fiables, c'est vrai, mais

 15   c'est quand même la nature même d'une estimation d'être assez vague.

 16   Personne n'était sur les lieux pour pouvoir compter les hommes. Mais bon,

 17   la première estimation nous a donné ce chiffre.

 18   Q.  Très bien. Vous avez écrit un rapport à ce propos, si je me souviens

 19   bien. D'ailleurs, vous avez ensuite envoyé ce rapport à quelqu'un, n'est-ce

 20   pas ?

 21   R.  Oui. D'ailleurs, j'ai fait la même chose pour d'autres renseignements

 22   que j'avais obtenus à l'époque, puisque je faisais des rapports journaliers

 23   que j'envoyais par écrit au service chargé de la sécurité et du

 24   renseignement du Corps de la Drina.

 25   Q.  Bien. Cela faisait partie de votre travail en tant qu'officier du

 26   renseignement, n'est-ce pas, au sein de la brigade ? Vous deviez faire ces

 27   rapports quotidiens ?

 28   R.  Enfin, en principe, je devais surtout envoyer des rapports quotidiens à

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  1   propos des combats, je ne le faisais pas forcément tous les jours, je le

  2   faisais quand il y avait quelque chose qu'il était nécessaire de relater.

  3   S'il y avait des modifications par rapport au rapport précédent, je faisais

  4   le rapport quotidien. S'il ne s'était rien passé, je ne faisais pas de

  5   rapport quotidien.

  6   Je vais être très clair, les jours où je n'envoyais pas de rapport

  7   quotidien, il y avait quand même le rapport quotidien régulier portant sur

  8   les combats de la brigade qui contenait un paragraphe dans lequel

  9   j'indiquais qu'il n'y avait pas eu d'évolution par rapport à la situation

 10   mentionnée dans le rapport précédent.

 11   Q.  Bien.

 12   M. LUKIC : [interprétation] Nous allons donc regarder la pièce P2515 qui

 13   est la déclaration que vous avez rédigée en Finlande, dans votre centre de

 14   détention.

 15   L'INTERPRÈTE : Il s'agit de la pièce P2512.

 16   M. LUKIC : [interprétation]

 17   Q.  Je voudrais que nous parlions du rôle que vous avez joué dans

 18   l'opération. Vous dites que vous avez assisté et que vous avez aidé à

 19   l'opération mais que vous n'étiez pas impliqué. C'est ainsi que vous l'avez

 20   écrit, je crois.

 21   R.  Je ne me souviens absolument pas avoir écrit que j'étais impliqué dans

 22   l'opération, que j'y avais participé. Nous pouvons regarder la déclaration

 23   exacte pour voir ce qui est écrit, mais je suis sûr que je n'ai jamais

 24   écrit ni avoir dit participer ni jouer un rôle actif dans l'opération.

 25   Q.  Très bien. Il vaut mieux que nous regardions tout simplement le

 26   document.

 27   M. LUKIC : [interprétation] Document P2513, page 4 du B/C/S et page 2 de

 28   l'anglais.

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  1   Q.  Monsieur Nikolic, je vais vous lire la ligne 2. Vous dites et je cite :

  2   "J'ai aidé dans le cadre de l'opération, j'ai apporté mon aide dans le

  3   cadre de l'opération" --

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pouvez-vous nous dire quelle est la

  5   page et quel est le paragraphe dont vous donnez

  6   lecture ?

  7   M. SAXON : [aucune interprétation]

  8   M. LUKIC : [interprétation] Ecoutez, il me semble que c'est -- Enfin, il me

  9   semble que nous avons un document différent qui est à l'écran. Nous avons

 10   ici la déclaration écrite. Le P2513. Page 2. Pourrions-nous l'avoir à

 11   l'écran. Il s'agit de la page 2, quelque part dans la page 2, vers le

 12   milieu.

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ecoutez, Monsieur Saxon, vous avez dit

 14   que vous pourriez nous aider. Pourriez-vous nous aider ?

 15   M. SAXON : [interprétation] Tout à fait. Si vous regardez le paragraphe qui

 16   est au milieu de la page et qui commence par le mot "analyse", ensuite à la

 17   troisième ligne vous trouverez la phrase qui intéresse Me Lukic.

 18   M. LUKIC : [interprétation] Je vous remercie. En effet, c'est cela.

 19   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Monsieur Saxon.

 20   Maître Lukic, c'est à vous.

 21   M. LUKIC : [interprétation]

 22   Q.  Donc je donne lecture :

 23   "J'ai prêté mon aide à cette opération, mais je n'ai pas participé à son

 24   organisation et je n'ai pas aidé non plus à sa coordination et je n'ai

 25   absolument pas coordonné l'opération. Il y a des documents qui montrent de

 26   façon non équivoque quels officiers ont organisé les transports et qui a

 27   coordonné et commandé l'opération en entier." C'est bien ce que vous avez

 28   écrit ?

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  1   En tout cas, c'est ce que vous avez écrit.

  2   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous dites dans le document qui a été

  3   lu, il est écrit "…et je n'étais impliqué en aucune manière." Alors que

  4   voulez-vous dire au témoin ?

  5   M. LUKIC : [interprétation] Ecoutez, en B/C/S il est écrit, et je cite :

  6   "Je n'ai pas participé à l'organisation." Vous avez raison en effet,

  7   Monsieur le Président.

  8   Q.  Il est écrit que vous n'avez pas participé à l'organisation, mais

  9   j'avais dit que vous n'aviez pas participé à l'opération. C'est différent,

 10   bien sûr. En tout cas, dans ce que vous avez écrit, vous avez essayé d'être

 11   très précis quant au rôle que vous avez joué dans le cadre de cette

 12   opération; n'est-ce pas ?

 13   R.  Ecoutez, Maître Lukic, j'aimerais tout d'abord dire quelque chose en

 14   tant que témoin. La question que vous m'avez posée il y un petit moment

 15   n'est pas du tout la même chose que la question que vous m'avez lue. Je

 16   voulais juste faire une nouvelle déclaration pour clarifier exactement quel

 17   a été mon rôle dans le cadre de cette opération. Je n'ai jamais dit et je

 18   ne dis absolument pas que je n'ai jamais participé à l'opération, car j'y

 19   ai participé. Je ne pouvais pas tout mettre dans ma déclaration, et bien

 20   sûr, je ne pouvais pas tout expliquer. Mais j'ai fait de mon mieux quand

 21   même pour bien expliquer ce que j'avais fait en détail, en tout cas en ce

 22   qui concerne l'implication que j'aurais pu avoir dans cette opération.

 23   J'ai dit ici avec énormément de précision que je n'ai pas participé à

 24   l'organisation, que je n'ai pas participé à la coordination de cette

 25   opération, qu'en aucun cas je ne l'ai coordonnée.

 26   En jargon militaire, à mon avis, tous ces mots dont on parle ici, ce sont

 27   des éléments des paramètres qui ont trait au commandement. Or moi, je n'ai

 28   absolument rien commandé. Je n'étais pas le commandant, c'est mon

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  1   commandant qui a participé à tout cela. C'est lui qui aurait pu organiser,

  2   qui aurait pu coordonner ou assister aux efforts de coordination, qui

  3   aurait pu donner des ordres pour nommer d'autres officiers, et cetera. Moi,

  4   je n'ai jamais été nommé pour effectuer des tâches de coordination. Je n'ai

  5   jamais reçu d'ordre de ce type à aucun moment, mais je confirme que j'ai

  6   bel et bien participé à l'opération et que j'ai prêté main-forte à

  7   l'opération qui a eu lieu à Potocari. J'en ai déjà longuement parlé lors de

  8   témoignages, mais je veux bien répondre à nouveau.

  9   Q.  Très bien. A un moment où à un autre, avez-vous transmis un ordre

 10   portant sur cette opération, ordre qui aurait émané d'une personne et que

 11   vous auriez transmis à une autre personne ?

 12   R.  Ecoutez, ce n'est pas forcément une question hypothétique mais il y a

 13   beaucoup d'ordres qui ont été donnés, d'ordres de ce type. Comme je l'ai

 14   dit hier, j'ai transmis les ordres de Beara à Drago Nikolic. En jargon

 15   militaire, transmettre un ordre, cela ne tombe pas dans aucune de ces

 16   catégories dont on a parlé jusqu'à présent.

 17   Q.  Mais je ne veux pas rentrer dans les détails, je ne veux pas qu'on

 18   rentre dans les détails techniques, parce que je ne suis pas compétent et

 19   ce n'est pas du tout à vous, en tant que témoin, de le faire non plus. Nous

 20   sommes ici pour parler des faits.

 21   J'aimerais juste savoir si à un moment où à un autre vous avez

 22   transmis des instructions à quiconque de façon personnelle ?

 23   R.  Des instructions, en tout cas dans le sens habituel du terme, non. Je

 24   ne me rappelle pas avoir transmis la moindre instruction à qui que ce soit,

 25   en tout cas pas d'après ce qui pour moi est une instruction, enfin d'après

 26   mon interprétation du mot instruction.

 27   Q.  Dans votre déclaration écrite, vous dites qu'il y a des documents qui

 28   montrent qui avait coordonné l'opération. Entre autres dans le document que

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  1   vous avez signé, vous faites référence au rapport expert de M. Butler. Vous

  2   le citez presque littéralement. Vous vous en souvenez ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Quand avez-vous lu le rapport de ce M. Butler ? Pouvez-vous nous dire

  5   par rapport à votre culpabilité, c'était avant ou après ?

  6   R.  Je ne me souviens pas très bien du moment où j'ai reçu ce rapport. Je

  7   ne m'en rappelle plus.

  8   Q.  Très bien.

  9   Revenons-en à votre témoignage dans l'affaire Blagojevic. C'était sur

 10   le même sujet. Il s'agit du document 1D03-2578, page 30.

 11   R.  Puis-je avoir la parole, s'il vous plaît, Messieurs les Juges ?

 12   J'aimerais dire quelque chose.

 13   Q.  Je préfèrerais quand même procéder à mon contre-interrogatoire en

 14   posant les questions. Enfin, si cela n'a pas grand-chose à voir avec le

 15   contre-interrogatoire, je peux vous laisser le faire.

 16   R.  Monsieur le Président, non, j'aimerais juste clarifier une chose. Dans

 17   ma déclaration, j'ai présenté un grand nombre de documents différents. Vous

 18   ne citez toujours qu'un seul document. Mais si vous regardez les

 19   déclarations que j'ai faites, vous verrez une liste de personnes, noms et

 20   prénoms, personnes qui contrôlaient l'opération et qui commandaient

 21   l'opération, et qui prenaient les décisions, donc qui ont nommé, par

 22   exemple, les personnes qui devaient s'occuper de la séparation des gens, du

 23   transport des personnes à Potocari, et cetera. J'ai énuméré toutes ces

 24   choses parce qu'à mon avis on ne peut en tirer qu'une seule conclusion,

 25   conclusion qui est ma propre théorie, qui est que je n'ai jamais participé

 26   à aucun des éléments qui font partie du contrôle et du commandement, aucun

 27   de ces trois éléments. C'est pour cela que je voulais le dire avant de

 28   poursuivre mon témoignage.

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  1   M. LUKIC : [interprétation] Très bien, mais tous ça est au compte rendu. Je

  2   voulais vous le dire. Très bien. Mais les Juges le prendront en compte. Il

  3   s'agit de toute façon d'une pièce du bureau du Procureur.

  4   Passons maintenant, s'il vous plaît, à votre document du 22 septembre 2003,

  5   page 30. Il ne s'agit non pas d'un document; il s'agit du compte rendu de

  6   votre témoignage dans l'affaire Blagojevic. Il s'agit du compte rendu.

  7   C'est à la page 1 684. C'est le document officiel.

  8   Q.  Je vais commencer à lire à partir de la ligne 15. Vous répondez à des

  9   questions posées par M. McCloskey. Il vous pose des questions à propos de

 10   la conversation que vous avez eue avec le colonel Jankovic et des missions

 11   qui vous ont été données. Ligne 15 :

 12   "Question : Et que vous a-t-il dit ? Qu'est-ce que le colonel

 13   Jankovic vous a dit ?

 14   "Réponse : Le colonel Jankovic m'a dit quelle serait ma prochaine mission.

 15   Il m'a dit que le 12, je devais aller travailler à Potocari pour coordonner

 16   les activités en cours à Potocari même, qu'il fallait que je donne des

 17   consignes et que je devais coordonner l'évacuation de la population civile,

 18   donc des hommes et des femmes, et que je devais coordonner les travaux

 19   portant sur la séparation des hommes et sur leur transfèrement temporaire

 20   ainsi que sur leur détention."

 21   Ensuite, M. McCloskey reprend en ligne 21.

 22   "Question : Vous vous êtes entretenu avec le colonel Jankovic à propos de

 23   l'exécution des hommes musulmans une fois qu'ils seraient séparés ?"

 24   Votre réponse de votre part :

 25   "Réponse : Non, Monsieur McCloskey. Je n'ai pas parlé avec le colonel

 26   Jankovic de cette opération, donc du meurtre de tous ces hommes."

 27   Fin de la lecture de la déposition dans l'affaire Blagojevic. On va laisser

 28   de côté la coordination, qui, d'après vous, est un terme militaire. Vous

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  1   nous avez donné votre position à propos de ce que vous deviez faire. Le

  2   colonel Jankovic vous a-t-il donné des instructions portant sur la

  3   séparation des hommes d'avec les autres personnes présentes à Potocari ?

  4   R.  Je peux clarifier ce que j'ai déjà dit dans cette déposition. C'était

  5   référence évidemment à ces hommes qui étaient en âge de porter des armes,

  6   et bien sûr il fallait aussi trier les hommes qui étaient susceptibles

  7   d'avoir commis des crimes de guerre. En jargon militaire, on appelle ça un

  8   triage. Il n'y avait pas que moi qui devais le faire. Tous les soldats qui

  9   se trouvaient à Potocari devaient procéder à ce triage.

 10   Mais qu'est-ce donc ce triage ? Il s'agit d'une procédure où l'on

 11   trie les gens pour savoir lesquels sont soupçonnés d'avoir commis des

 12   crimes de guerre. Ce n'est pas une séparation. On n'appelle pas ça comme

 13   ça. En ce qui concerne les instructions, je n'ai donné aucune instruction à

 14   qui que ce soit à propos de ce qu'ils devaient faire. Il y avait de toute

 15   façon des agents de la sécurité qui se trouvaient là, de la sécurité

 16   d'Etat, et il y avait toutes sortes de personnes qui avaient des

 17   informations sur des suspects éventuels. Donc ce n'est pas du tout à moi de

 18   faire quoi que ce soit. Je n'avais aucun grade me permettant et aucune

 19   autorité me permettant de donner des consignes ou des instructions à

 20   Potocari.

 21   Dans la déclaration suivante que j'ai faite, j'ai essayé de clarifier

 22   les choses et j'ai été très précis lorsque j'ai rédigé ma déclaration

 23   suivante. Parce que la première fois lorsque j'ai déposé, je ne faisais pas

 24   du tout attention à tout cela, à tous ces problèmes de vocabulaire. Même

 25   après, d'ailleurs, je ne me rendais pas très bien compte qu'il y avait des

 26   problèmes en matière de sémantique dans ma déclaration, parce que mes

 27   conseils et moi-même, on est parfaitement convaincus que c'était de

 28   notoriété générale, que c'était de notoriété publique que je n'étais tout

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  1   simplement pas un commandant possédant le grade nécessaire ou l'autorité

  2   nécessaire pour quoi que ce soit, pour m'occuper de coordination militaire.

  3   Je l'ai dit dès le départ dans ma déclaration, je ne savais pas du tout ce

  4   que c'était la coordination militaire et quels étaient les éléments qui

  5   participent de cette coordination militaire. Ce sont tous les termes que

  6   j'ai employés dans le cas de ma déposition. Je les ai utilisés en sus en

  7   sachant ce que j'avais fait.

  8   Mais j'aimerais rajouter quelque chose. Ce que j'ai fait à Potocari

  9   ne rentre pas dans ces éléments du contrôle et du commandement, absolument

 10   pas. Aucun de ces trois éléments. Ce n'est pas de la coordination. Je ne

 11   nie pas le fait que j'ai aidé, que j'ai prêté main-forte. J'aidais certains

 12   officiers, c'est vrai, mais je n'ai jamais fait qu'aider, prêter main-

 13   forte, rien de plus. Depuis lors, j'ai appris ce qu'est la coordination

 14   exactement dans le jardon militaire et quels sont les éléments du contrôle

 15   et du commandement. Il faut maintenant que je sois pressé, parce que j'ai

 16   compris maintenant l'importance de ce mot. Mais je tiens à dire que ce que

 17   j'ai fait ne rentre absolument pas dans cet élément participant de contrôle

 18   et du commandement. Cela dit, je ne nie absolument que j'ai aidé, prêté

 19   main-forte à l'opération. Je sais très bien ce que j'ai fait, d'ailleurs.

 20   Q.  Très bien. Vous nous avez donné une explication extrêmement précise de

 21   ce que vous nous avez déjà dit. Laissons de côté tous ces mots techniques,

 22   contrôle, commandement, coordination, coordination technique. Ce sont des

 23   termes techniques. Mais ici vous n'êtes pas venu témoigner en tant

 24   qu'expert. Vous ne venez témoigner qu'en tant que témoin des faits. Avez-

 25   vous donné des instructions à qui que ce soit ? Voilà, c'est tout ce que je

 26   veux savoir.

 27   R.  Excusez-moi, il n'y avait qu'une seule unité où j'étais en position de

 28   faire cela, et d'ailleurs je l'ai fait. C'était mon unité de la Brigade de

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  1   Bratunac, l'unité de police militaire. Ils travaillaient avec eux.

  2   Je leur ai donné des instructions, à cette unité de police militaire,

  3   si ça vous va en tant que définition. Là, je leur ai donné des

  4   instructions. Je pourrais dire ce que j'ai fait aussi, par ailleurs, et

  5   c'est à vous de voir s'il s'agit bel et bien d'instructions ou pas. Il y

  6   avait des problèmes entre le 2e Bataillon d'infanterie de ma brigade et les

  7   membres du DutchBat à propos du désarmement des gens, savoir comment leur

  8   enlever leurs armes, et cetera. Alors si d'après vous ce sont des

  9   instructions que j'ai données, oui, dans ce cas-là, j'ai donné des

 10   instructions, puisque j'ai donné des instructions à cette unité.

 11   Q.  Très bien. Vous avez donné des instructions à votre propre unité, mais

 12   rien de plus ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Ensuite, huit pages plus loin dans le même compte rendu, 1 691, qui est

 15   toujours le compte rendu officiel et révisé du procès Blagojevic. Je vais

 16   vous donner lecture de ce que vous avez dit à la ligne 1.

 17   "Réponse : Ensuite, j'ai donné des instructions aux unités qui

 18   séparaient les hommes des autres. Je leur ai donné des instructions. Il

 19   fallait séparer tous les hommes en âge de porter des armes à Potocari, et

 20   je leur ai montré la maison où il fallait détenir de façon temporaire ces

 21   hommes. Ensuite, j'ai dit que ces hommes seraient emmenés dans d'autres

 22   bâtiments où ils seraient détenus de façon temporaire."

 23   Ensuite, ligne 9.

 24   "Question : Quelles étaient les unités qui ont pris part à la

 25   séparation physique des hommes de leurs familles ?

 26   "Réponse : Le 12, les unités qui ont participé à tout cela étaient à

 27   la fois des unités de la police ainsi que des unités cynophiles. Les unités

 28   de la police du Corps de la Drina ont aussi participé. Certains éléments du

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  1   10e Détachement de Sabotage ont aussi participé, et les soldats du 65e

  2   Régiment de protection, ainsi que certains éléments de la police de Brigade

  3   de Bratunac."

  4   Donc oui, en effet, la 2e Unité de Sabotage et le 65e Régiment de

  5   protection, eux, étaient directement subordonnés à l'état-major général de

  6   la VRS.

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Très bien. Vous avez quand même donné des instructions, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui, on dirait.

 10   Q.  Très bien. Maintenant poursuivez.

 11   R.  A Potocari, quand l'opération a commencé et la procédure de séparation

 12   des hommes de leurs familles a commencé, évidemment, j'étais là. Je ne peux

 13   pas le nier. J'en ai parlé, d'ailleurs. Il y a eu des gens qui étaient

 14   impliqués dans ce processus de séparation. Je vous ai dit quelles étaient

 15   les unités qui ont participé. Ils m'ont demandé à qui appartenaient les

 16   maisons. J'ai dit que c'étaient des maisons musulmanes et qu'ils pourraient

 17   être hébergés là de façon temporaire. Est-ce que c'est des instructions ?

 18   Moi, je ne peux pas nier le fait que j'ai employé ce mot au cours de ma

 19   déposition, mais maintenant je vous dis ce qui s'est vraiment passé. Si,

 20   d'après vous, c'est des instructions, oui, dans ce cas-là j'ai donné des

 21   instructions à Potocari. Mais de façon technique, en ce qui concerne le

 22   jargon militaire, je n'étais pas en mesure de donner des instructions et je

 23   n'avais pas l'autorité de le faire, d'ailleurs. Mais j'ai en effet prêté

 24   main-forte.

 25   Q.  J'aimerais maintenant que nous étudiions un autre passage.

 26   M. LUKIC : [interprétation] Pourrions-nous avoir la pièce 1D03-3231. Dans

 27   le prétoire électronique, il s'agit de la page 45, page officielle du

 28   compte rendu d'audience, 22 359.

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  1   Q.  Monsieur Nikolic, est-ce que vous vous souvenez que les Juges vous ont

  2   également posé des questions, et le Juge Vassylenko vous a posé la question

  3   suivante :

  4   "Question : Quel était votre rôle dans cette opération en tant

  5   coordinateur ?

  6   "Réponse : Mon rôle, Monsieur le Juge, dans cette opération, était le

  7   suivant : les unités à qui on a confié des missions dans cette unité

  8   étaient des unités auxquelles j'étais censé prêter main-forte. J'étais

  9   censé établir certains contacts et un ordre dans la région. J'étais censé

 10   résoudre les problèmes lorsque des problèmes survenaient, et s'ils

 11   survenaient, et j'étais censé me concentrer sur le problème principal, à

 12   savoir l'évacuation de la population, les femmes et les enfants, dès que

 13   possible en direction du territoire libre placé sous le contrôle musulman.

 14   Et qu'une partie des hommes devait être séparée temporairement, choisie ou

 15   triée et transportée aux installations de Bratunac dont j'ai déjà parlé

 16   préalablement."

 17   Est-ce que vous maintenez ce que vous aviez dit à l'époque ? Est-ce

 18   que c'est effectivement ce que vous aviez fait ? Etait-ce votre tâche ?

 19   R.  Je me souviens très bien de cette question qui avait été posée par M.

 20   le Juge Vassylenko, et je crois lui avoir donné cette explication. J'ai par

 21   la suite aussi donné d'autres explications, à savoir ce que je faisais,

 22   quelles étaient mes tâches exactes, ainsi de suite, à savoir de prêter

 23   main-forte à Dusko Jevic. C'était ce que tout le monde faisait à Potocari,

 24   y compris moi-même. Nous essayions, nous tentions de mener à bien la

 25   mission qui nous avait été confiée et d'exécuter les ordres que les

 26   commandants avaient donnés dans le cadre de cette opération à Bratunac.

 27   Nous tentions de faire ceci dans la mesure du possible, afin que la

 28   population qui était à Potocari soit évacuée de la zone le plus tôt

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  1   possible.

  2   En partie, l'une de mes missions était, d'après mes fonctions, était

  3   de faire ceci. Mais si vous voulez, je peux vous dire ce que je faisais de

  4   plus. Voilà. Cela faisait partie d'une des parties de mes tâches, mais

  5   j'avais d'autres tâches.

  6   Q.  Voilà, mais en fait, j'aimerais savoir si vous vous souvenez d'avoir

  7   transmis des instructions soit à un membre de votre famille ou à qui que ce

  8   soit ? Est-ce que vous avez transmis cette instruction que vous aviez reçue

  9   de Jankovic, à savoir qu'il fallait séparer les hommes ?

 10   R.  Je ne me souviens pas avoir dit directement à quelqu'un qu'il fallait

 11   que les hommes soient séparés. Je crois que ceci avait commencé après le

 12   premier convoi, mais je ne me souviens pas d'avoir donné de telles

 13   instructions. Non, je ne sais pas. Si vous voulez me rappeler de quelque

 14   chose, peut-être, mais je ne me souviens vraiment pas.

 15   Q.  Très bien. Non. Passons maintenant à autre chose. Je vais essayer de

 16   résumer votre témoignage. Dans la partie qui m'intéresse, c'est la partie

 17   d'ailleurs qui intéresse la Défense, j'aimerais que vous me disiez si vous

 18   êtes d'accord avec mes conclusions et avec ma question.

 19   Dans le cadre des négociations sur le plaidoyer, vous avez essayé d'établir

 20   une meilleure position, une position plus avantageuse pour vous, en tentant

 21   de leur donner une non-vérité comme si c'était un fait réel, n'est-ce pas ?

 22   R.  Continuez, continuez. Je vous écoute. Non, je ne suis absolument pas

 23   d'accord avec vous. Je ne suis absolument pas d'accord avec cette

 24   constatation que vous faites.

 25   Q.  Est-ce que vous avez offert au Procureur un fait faux pour essayer de

 26   conclure l'accord de plaidoyer ?

 27   R.  Non, absolument pas.

 28   Q.  Est-ce que vous avez, lors de votre déposition dans l'affaire

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  1   Blagojevic, et nous avons lu certaines parties de votre témoignage dans

  2   cette affaire, est-ce que vous avez témoigné de façon fausse ? Est-ce que

  3   vous avez fait un faux témoignage quant à votre rôle et votre participation

  4   dans l'opération Srebrenica ?

  5   R.  Il ne s'agit absolument pas d'une non-vérité ou d'une fausse

  6   déclaration ou d'un faux témoignage. Il s'agit simplement de la chose

  7   suivante, j'accepte et je suis d'accord pour dire qu'il y a certains termes

  8   qui avaient été employés qui ont contribué d'ailleurs à cette confusion, et

  9   j'ai essayé d'expliquer dans l'annexe à la déclaration pourquoi ces termes

 10   ont été utilisés. Maintenant, vous ne pouvez vraiment pas tirer la

 11   conclusion qu'il s'agit de faits importants, qu'il s'agit de témoignages

 12   importants car tout ce dont j'ai parlé dans le cadre de ma déposition est

 13   la vérité. J'étais témoin oculaire ou participant, si vous voulez.

 14   Vous pouvez dire tout ce que vous voulez, moi, je vous comprends très

 15   bien, je comprends votre position. Mais tout ce que je vous ai dit jusqu'à

 16   maintenant, tout ce que j'ai dit dans chaque affaire dans laquelle j'ai

 17   témoigné, tout s'est réellement déroulé comme je vous l'ai dit, Maître

 18   Lukic, tout ce dont j'ai parlé dans chaque affaire s'est réellement déroulé

 19   sur le territoire en question. Je n'ai absolument pas inventé des choses.

 20   J'ai simplement défini, en fait, je ne dis pas que j'ai tout dit de façon

 21   la meilleure que possible, mais tout ce que je peux vous dire, c'est tout

 22   ce que j'ai dit. Il y avait des Musulmans et les Musulmans avaient été

 23   séparés, non pas seulement des hommes en âge de porter les armes, mais tous

 24   les hommes avaient été séparés. Il y avait des gens qui avaient été

 25   temporairement détenus. Et les personnes qui avaient été temporairement

 26   détenues à cet endroit avaient été transférées à Zvornik. Une partie de ces

 27   personnes avait d'abord été tuée à Kravica et d'autres parties ont été

 28   fusillées à Zvornik. S'il n'y avait pas eu de morts, s'il n'y avait pas eu

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  1   de personnes tuées, vous auriez pu me poser toutes sortes de questions.

  2   Mais moi, j'essaie de vous dire du meilleur de mon souvenir ce qui

  3   s'est passé, et vous devez comprendre que 14 à 15 ans se sont écoulés. Il

  4   est vrai que moi j'aimerais essayer d'oublier le tout, mais je ne peux pas

  5   puisqu'on me rappelle tout le temps, on me demande de venir témoigner, et

  6   pour moi, chaque souvenir est douloureux et pénible.

  7   Q.  Très bien. D'accord, je vous ai laissé parler, mais je vous demande --

  8   en fait, je vous ai posé une question. Je m'excuse auprès des interprètes

  9   car votre réponse a réellement été très longue. Bien. Mais je vous ai

 10   laissé quand même expliquer. Est-ce que vous êtes ici pour dire la vérité,

 11   Monsieur ?

 12   R.  Oui, bien sûr, je vous l'ai déjà dit à maintes reprises.

 13   Q.  Vous étiez seul lorsque vous vous étiez entretenu avec Popovic le 12

 14   devant l'hôtel Fontana, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui, je l'ai déjà dit et j'ai parlé de toutes ces réunions, de toutes

 16   ces rencontres qui ont eu lieu, et ce que j'ai dit je le maintiens.

 17   Q.  Vous étiez également seul lorsque vous vous êtes entretenu avec Kosoric

 18   devant l'hôtel Fontana lorsqu'il vous a dit ce dont vous nous avez dit ?

 19   R.  Non, il n'est pas vrai que j'étais seul. Il y avait également Petar

 20   Uscumlic, et par la suite, il y avait d'autres officiers qui sont venus.

 21   Mais Petar Uscumlic était réellement là, effectivement, oui.

 22   Q.  Et lorsque Jankovic vous a adressé la parole, lorsqu'il vous a parlé,

 23   est-ce qu'il y avait quelqu'un ?

 24   R.  Il y avait un groupe d'officiers qui se trouvait devant l'hôtel Fontana

 25   après la réunion. La réunion était terminée, et pour ne pas exagérer, il y

 26   avait de dix à 15 officiers sur cette place devant l'hôtel Fontana.

 27   Q.  Et lorsque vous vous êtes entretenu avec Mladic le 13, à Konjevic

 28   Polje, vous étiez seuls, n'est-ce pas, tous les deux ?

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  1   R.  Et qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Un officier qui fait un

  2   rapport à quelqu'un ne fait pas un rapport conjointement avec une autre

  3   personne. Vous pensez qu'on peut être deux à faire un rapport ?

  4   Q.  [aucune interprétation]

  5   R.  [aucune interprétation]

  6   Q.  Non, excusez-moi. Moi, je n'ai fait que tirer des conclusions. Alors je

  7   ne vous dis absolument rien de plus. Je ne fais que tirer des conclusions

  8   d'après ce que vous avez dit. Je vous demande si j'ai bien compris ce que

  9   vous nous avez dit hier. Vous nous avez dit que le 13, lorsque vous vous

 10   êtes entretenu avec le général Mladic, vous m'avez dit que tous les deux

 11   vous étiez seuls dans cette conversation et que les agents de sécurité ou

 12   ses gardes du corps étaient plus loin.

 13   R.  Oui, il y avait des gardes du corps qui étaient plus loin, qui étaient

 14   autour de lui, mais j'ai dit également à quelle distance ses gardes du

 15   corps se trouvaient.

 16   Q.  [aucune interprétation]

 17   R.  Mais nous nous n'étions pas seuls. Excusez-moi, mais nous n'étions pas

 18   seuls. Nous aurions été seuls si nous étions ici et à 500 mètres il y avait

 19   d'autres personnes --

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous interromps. Je dois vous

 21   interrompre. Lorsque vous avez une discussion privée, vous pouvez vous

 22   interrompre l'un l'autre, effectivement, mais lorsque vous êtes devant un

 23   tribunal et lorsque vous êtes dans une salle d'audience, vous voulez parler

 24   lentement afin que les interprètes puissent interpréter les propos et vous

 25   devez permettre l'un à l'autre de terminer vos phrases. Merci.

 26   M. LUKIC : [interprétation] Toutes mes excuses, Monsieur le Président.

 27   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Il n'y a pas de quoi.

 28   M. LUKIC : [interprétation]

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  1   Q.  Lorsque Popovic vous a transmis les informations relatives à

  2   l'assainissement ou à un enfouissement nouveau, vous étiez seul avec lui ?

  3   R.  J'ai dit qu'effectivement ce que j'ai dit, mais avant ceci, nous

  4   n'avions pas parlé de tout ceci. Maintenant, lié au général Mladic.

  5   Excusez-moi, mais le général Mladic, sur ce plateau, n'était pas seul. Moi

  6   non plus je n'étais pas seul. Il y avait des gardes du corps qui se

  7   trouvaient autour de lui. Hier, vous me demandiez s'ils pouvaient entendre

  8   notre conversation, ces gardes du corps, et moi j'ai dit que je ne le sais

  9   pas. Et maintenant, vous tirez une conclusion selon laquelle vous dites que

 10   nous étions seuls. Mais nous n'étions absolument pas seuls. Vous me

 11   demandez si les personnes avaient entendu quelque chose, mais je ne sais

 12   pas. Je peux simplement vous dire à quelle distance ils étaient de moi. Je

 13   ne peux que me livrer à des conjectures parce que je n'ai pas mesuré la

 14   distance. Mais nous n'étions pas seuls.

 15   Q.  Très bien. Merci. Mais ma question était de savoir, outre les gardes du

 16   corps de Mladic, y avait-il d'autres personnes, mais très bien, passons

 17   maintenant à autre chose.

 18   R.  Oui, oui. Il n'y a pas de quoi. Allez-y.

 19   Q.  Au début de votre témoignage, si vous vous souvenez, j'avais constaté

 20   que d'après moi, vous sortiriez de prison en l'an 2022, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Mais il se peut que vous ayez également la possibilité de sortir de

 23   prison en l'an 2015, après que vous ayez servi ou purgé les trois quarts de

 24   votre peine. Vous savez que c'est une possibilité ?

 25   R.  Oui, je suis au courant de cette possibilité comme tous les autres

 26   détenus également.

 27   Q.  Et vous savez sans doute que pour que votre peine soit moindre, le juge

 28   doit être convaincu d'une réhabilitation, que vous vous êtes bien comporté

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  1   et que vous avez coopéré également avec l'Accusation ?

  2   R.  Je ne sais pas quels sont les documents, je ne sais pas quelles sont

  3   les exigences, mais il est certain que lorsque le moment viendra, je vais

  4   faire une demande et je saurai comment la faire.

  5   Q.  Vous vous attendez à ce que le Procureur donne une opinion positive

  6   quant à votre coopération, n'est-ce pas ?

  7   R.  L'Accusation a déjà donné une opinion positive de ma coopération

  8   lorsqu'on m'a donné ma peine.

  9   Q.  Est-ce que vous vous attendez à ce que dans le futur, l'Accusation

 10   donne également une opinion positive de votre coopération ?

 11   R.  Je ne m'attends absolument à rien.

 12   Q.  Voilà. C'est votre réponse. Très bien.

 13   M. LUKIC : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président, j'en ai

 14   terminé avec mes questions.

 15   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Je vous remercie beaucoup,

 16   Maître Lukic.

 17     Monsieur Saxon.

 18   M. SAXON : [interprétation] Nous n'aurons pas de questions,  Monsieur le

 19   Président.

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci. Monsieur Nikolic, je vous

 21   remercie beaucoup d'être venu déposer devant nous dans cette affaire,

 22   devant le Tribunal pénal international. Vous pouvez maintenant disposer et

 23   je vous souhaite un bon retour à l'endroit où vous êtes en ce moment et qui

 24   est votre maison pour l'instant. Bon voyage chez vous, bon retour.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup.

 26   [Le témoin se retire]

 27   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Saxon.

 28   M. SAXON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. L'Accusation n'a

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  1   pas son prochain témoin. Toutefois, ce témoin sera prêt à venir déposer

  2   lundi, donc je demanderais que l'on reporte le tout à lundi.

  3   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien.

  4   Lundi c'est le 6 juillet. L'audience est levée jusqu'à lundi 6

  5   juillet, salle d'audience numéro II, 9 heures du matin.

  6   --- L'audience est levée à 15 heures 16 et reprendra le lundi 6 juillet

  7   2009, à 9 heures 00.

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