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1 Le lundi 25 septembre 2006
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame la Greffière, veuillez citer
7 l'affaire.
8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Madame et Messieurs les Juges.
9 Affaire IT-05-08-T, le Procureur contre Popovic et consorts.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame. Bonjour à vous.
11 Comme d'habitude, je m'adresse aux accusés, s'ils ont un problème au niveau
12 de l'interprétation qu'ils me le signalent. Pas d'absence significative, me
13 semble-t-il, du côté de la Défense. Au banc du Procureur, nous avons M.
14 McCloskey et M. Nicholls. Je pense que nous pouvons commencer.
15 LE TÉMOIN: PIETER BOERING [Reprise]
16 [Le témoin répond par l'interprète]
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Colonel.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'espère que vous avez passé un bon
20 week-end.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons faire l'impossible pour que
23 se termine votre déposition dans les meilleurs délais.
24 Vous n'avez pas l'air très convaincu.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] On verra.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.
27 Qui poursuit ? Vous allez suivre le même ordre qu'auparavant ?
28 M. MEEK : [interprétation] Oui, pour ce témoin-ci, oui.
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.
2 M. MEEK : [interprétation] Merci.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Me Meek défend avec
4 Me Ostojic les intérêts du colonel Beara.
5 Contre-interrogatoire par M. Meek :
6 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur. Comment allez-vous ?
7 R. Merci.
8 Q. Vous avez passé un bon week-end ?
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Inutile de répéter les questions déjà
10 posées.
11 M. MEEK : [interprétation] Oui, mais c'est une aussi bonne question que je
12 veux la répéter, Monsieur le Président.
13 Est-ce que je peux demander l'aide de Madame l'Huissière aux fins
14 d'identification. Je ne vais pas donner la cote, mais il s'agit ici d'une
15 copie des notes manuscrites dont s'est servi le témoin pendant son
16 interrogatoire principal. Je vais demander à ce que la première page soit
17 placée sur le rétroprojecteur.
18 Q. Colonel Beara, excusez-moi. Excusez-moi, Colonel Boering, excusez-moi.
19 J'ai placé sur le rétroprojecteur une copie de ce qui me semble être une
20 note manuscrite de vos notes; c'est exact ?
21 R. Oui.
22 Q. C'est la toute première page de ces notes, n'est-ce pas ?
23 R. Exact.
24 Q. Est-ce que vous avez produit ces notes le 14 septembre 2006 ?
25 R. Non. Oui, il y en a quelques-unes qui ont été préparées pendant que
26 j'attendais dans la salle d'attente. Effectivement, j'ai écrit certaines de
27 ces notes pour accélérer la procédure, effectivement. Ce sont simplement
28 des notes, vous avez demandé une copie, vous pouvez l'avez, mais,
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1 franchement, je ne m'en suis pas servi comme d'un document vraiment très
2 important. C'était plutôt pour accélérer la procédure - aller plus vite.
3 Q. Je vois la date du 14 septembre en haut ou dans la partie supérieure
4 gauche.
5 R. Oui, je vois que c'est écrit.
6 Q. Est-ce que c'est cette date-là que vous avez écrit ces notes, vous vous
7 en souvenez, Monsieur ?
8 R. C'est bien possible la note que j'ai aujourd'hui ou la page c'est avec
9 le 25 septembre, effectivement, avec le : "Deuxième défenseur, ou la
10 deuxième équipe de la Défense, M. Meek."
11 Q. Ce ne sont pas les notes que vous avez pour la déposition ou la journée
12 d'aujourd'hui qui m'intéresse. J'y serai intéressé plus tard. Ce qui
13 m'intéresse pour le moment, c'est ce que vous avez sur le rétroprojecteur;
14 vous voyez ?
15 R. Oui.
16 Q. Ces notes ont été prises au moment de votre séance de récolement avec
17 M. McCloskey du bureau du Procureur, n'est-ce pas ?
18 R. C'est en partie correct, en partie ce ne l'est pas.
19 Q. Merci. Prenons tout de suite le numéro 6 et je ne sais pas c'est sur
20 cette page-ci. Je ne vois que les points 1 à 4, en tout cas, sur le
21 rétroprojecteur. Oui, le voici. Apparemment, c'est votre écriture, et il
22 est écrit, "Beara", n'est-ce pas ?
23 R. Exact.
24 Q. Puis à côté, je vois ce que vous écrivez en anglais, c'est bien le mot,
25 meeting, qui est souligné deux fois ?
26 R. Oui, c'est exact.
27 Q. Puis à droite, je crois qu'on voit mars ou avril avec un cercle qui a
28 été tracé autour de ces deux mots mars ou avril.
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1 R. Oui, mars, avril.
2 Q. Puis c'est entouré d'un cercle, n'est-ce pas ?
3 R. Oui.
4 Q. En dessous vous avez mai/juin, n'est-ce pas ?
5 R. Oui, c'est exact.
6 Q. Tout à fait à droite de cela vous avez McCloskey souligné, n'est-ce pas
7 ?
8 R. Cela je ne parviens pas à le lire, vous savez.
9 Q. Vous ne parvenez pas à relire votre écriture ?
10 R. Non, franchement pour le moment je ne parviens pas à lire ce que j'ai
11 écrit. Je vais regarder l'original.
12 Q. Oui. Merci.
13 R. Oui, je ne parviens pas à relire pour le moment.
14 Q. On dirait qu'il y a un M et C minuscule et puis
15 C-l-o-s-k-y [comme interprété].
16 R. Franchement, je ne parviens pas à déchiffrer.
17 Q. Pourquoi est-ce que vous avez entouré d'un cercle ces deux mois mars et
18 avril ?
19 R. Je sais simplement qu'il y a eu fin mars début avril une réunion. C'est
20 une façon simplement peut-être pas très ordonnée d'écrire quelque chose. Je
21 suppose que cela s'est fait pendant la pause là où j'attendais dans la
22 salle d'attente. D'une façon de préparer -- de me souvenir de ce qui s'est
23 précisément passé.
24 Q. Tout à fait à droite, vous avez ce qui ressemble peut-être à une
25 parenthèse. Est-ce que vous parvenez à lire votre écriture, là ?
26 R. Non.
27 Q. Est-ce que cela dit personnel militaire ?
28 R. Non.
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1 Q. C'est en anglais, n'est-ce pas ?
2 R. Ce n'est pas un jeu -- si -- vous savez j'ai simplement très vite
3 couché quelque chose sur papier. Peut-être pour ordonner mes propres
4 pensées. Je ne sais plus.
5 Q. Est-ce que votre séance de récolement a eu lieu le 14 septembre avec M.
6 McCloskey du bureau du Procureur, Colonel Boering ?
7 R. Je ne me souviens plus des dates précises mais je sais bien que c'était
8 il y a une semaine ou deux, c'était un jeudi, et je pense qu'effectivement
9 vendredi j'étais ici. Donc, on peut faire le calcul, en partant de la date
10 d'aujourd'hui. C'est bien possible que c'était cette date-là.
11 Q. Ce n'est pas vraiment la date qui m'intéresse, mais je vous demande si
12 c'est Peter McCloskey qui a fait cette séance de récolement avec vous le
13 premier jour ?
14 R. Non, ce n'était pas avec lui. J'ai simplement dit bonjour a M.
15 McCloskey et puis je crois qu'on m'a transféré.
16 Q. Lorsque vous lui avez dit bonjour très rapidement ou lorsque vous avez
17 été transféré à quelqu'un, est-ce qu'on vous a dit que McCloskey voulait
18 que vous mentionniez M. Ljubisa Beara au cours de votre déposition ?
19 R. Pas du tout, pas du tout. On m'a simplement présenté rapidement,
20 simplement -- il m'a simplement dit bonjour et il était content que je sois
21 là et il m'a transféré. C'est tout ce dont je me souviens. Je souviens de
22 rien d'autre.
23 M. MEEK : [interprétation] Mme l'Huissière, est-ce que vous pourriez
24 déplacer ce feuillet et nous montrer la page numéro 9 ?
25 Q. Simple question : est-ce que vous parvenir à relire votre écriture ici
26 au regard du 9 ?
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant. Il me semble que c'est
28 important. Ligne 22 page précédente, page 5, Me Meek avait posé une
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1 question qui devrait être ceci : "Vous mentionnez Beara," n'est-ce pas, pas
2 "maurz." C'est bien cela, n'est-ce pas ? Ou "maurz" parce que "maurz" cela
3 ne veut rien dire, c'est bien Beara.
4 M. MEEK : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Là, c'est une modification
6 importante à apporter.
7 M. MEEK : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, vous avez raison.
8 Merci de l'avoir signalé.
9 Q. Revenons à ce numéro 9 que vous avez entouré d'un cercle dans cette
10 page des notes utilisées au cours de votre interrogatoire principal.
11 R. Oui, je vois.
12 Q. Très rapidement, on pourrait dire ceci, ceci concerne cette page --
13 concerne le 15 septembre; est-ce exact ? C'est un peu plus loin, Colonel
14 Boering.
15 R. Je ne vois pas du tout la date du 15 septembre. Non plus dans
16 l'original que j'aie. Je ne vois rien de ce genre.
17 Q. Vous avez tout à fait raison. Oui, c'est la quatrième page. Je ne m'en
18 occupe pas pour le moment.
19 Est-ce que vous parvenez à vous relire au point 9, entouré d'un cercle ?
20 R. Oui. Oui, je vois : "Trois réunions à Fontana, 11 et 12. 11/12", et à
21 côté, il y a --
22 Q. Merci.
23 R. -- et à côté, j'ai écrit : "Read through."
24 Q. Merci.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'aimerais vous poser une question, mon
26 Colonel ? Ces notes vous les avez préparées pour vous-même aux fins de
27 votre audition ici d'accélérer les choses. Pourquoi les avoir préparées en
28 anglais et pas dans votre propre langue ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Parfois, j'écris en anglais, parfois, en
2 néerlandais. Je travaille à ministère, je travaille aussi avec le général
3 néerlandais. Il nous arrive de parler en anglais et cela se mélange; à un
4 moment, c'est du néerlandais, un autre, c'est de l'anglais. On n'est pas
5 très précis.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.
7 M. MEEK : [interprétation]
8 Q. Prenons la toute dernière page de ses notes que nous avons photocopiées
9 hier. Je vous le dis tout de suite, on voit 15 septembre, s-e-p-t, 0900,
10 Julien; vous voyez ?
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Peut-on mettre ceci sur le
12 rétroprojecteur, Mme l'Huissière ?
13 M. MEEK : [interprétation]
14 Q. Colonel Boering, je suppose que vous avez rencontré Julien du bureau du
15 Procureur, le 15 septembre, pour la poursuite de votre séance de récolement
16 en vue de interrogatoire principal ici, n'est-ce pas ?
17 R. C'est bien possible, oui, c'est ce que je suppose.
18 Q. Mais, écoutez, je vous demandais de regarder à droite, de regarder
19 l'avocat qui vous a interrogé. Est-ce que vous vous souvenez de l'avoir
20 rencontré le 15 septembre, ou à un autre moment avant de venir déposer
21 ici ?
22 R. Bien sûr, oui bien sûr.
23 Q. Fort bien. Alors, pourquoi me dire que c'est tout à fait possible ?
24 R. Mais je reviens au 14, au 15. Je dois regarder dans mon agenda si vous
25 voulez savoir exactement ce qu'il en était, il faut que je vérifie. Je dois
26 revoir les journées de jeudi et vendredi.
27 Q. On va peut-être le faire dans un instant. Mais revenons à la première
28 page, regardez comme cela en diagonale. Je vous fais valoir ceci, et c'est
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1 exactement l'exquise de l'interrogatoire principal qui était le votre,
2 n'est-ce pas ?
3 R. Oui, il y a une certaine structure. Oui, il y a plusieurs
4 --
5 Q. Est-ce que ceci ne vous a pas été suggéré par le bureau du Procureur,
6 les gens qui vous ont préparé, qui ont fait une séance de récolement pour
7 vous préparer à votre déposition ici, dans ce prétoire, devant cette
8 Chambre ?
9 R. Oui, c'est de cette façon que les sujets devaient être évoqués.
10 Q. Dites-moi, s'il vous plaît, qui parmi le personnel du bureau du
11 Procureur vous a dit qu'il vous fallait parler du colonel Beara dans le
12 cadre de votre déposition ?
13 R. Personne, personne ne me l'a dit.
14 Q. D'accord, merci. Nous n'avons plus besoin du rétroprojecteur pour le
15 moment.
16 Colonel Boering, au cours de l'interrogatoire principal, vous avez
17 parlé de la structure du DutchBat III, vous vous souvenez de cette partie-
18 là de votre déposition ?
19 R. Oui.
20 Q. Est-ce que vous pourriez nous donner une vue d'ensemble de cette
21 structure du DutchBat III à commencer par le sommet de la hiérarchie qui
22 était le chef, le commandant en chef ?
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que je peux intervenir un
24 instant ? Est-ce qu'il y a un document qui montre la totalité de la
25 structure, ceci pourrait nous aider à examiner ce point, cela pourrait
26 simplifier les choses si un tel document existe.
27 M. MEEK : [interprétation] Je ne pense pas que cela existe. Il a parlé de
28 Karremans ou Franken.
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, mais dans l'intervalle si on avait
2 ce genre de document on pourrait mieux suivre.
3 M. NICHOLLS : [interprétation] Non, je ne pense pas qu'on en ait un comme
4 cela sous la main, on a pas ce genre de diagramme.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien. Continuez, Maître Meek.
6 M. MEEK : [interprétation]
7 Q. Colonel Boering, le lieutenant-colonel Karremans, est-ce qu'il était le
8 numéro 1, le chef principal ? Je ne sais pas si vous vous en souvenez.
9 R. Mais, bien sûr.
10 Q. Est-ce qu'il avait un adjoint, un chef en second ?
11 R. Oui. Sur place c'était le commandant Franken.
12 Q. Bien. Puis, nous descendons la hiérarchie. Dites-nous : qui était en
13 dessous de Franken ?
14 R. Oui, cela je peux vous le dire.
15 Q. Merci bien. Faites-le.
16 R. Mais qu'est-ce que vous voulez savoir de lui ?
17 Q. Je voulais simplement avoir les noms et la hiérarchie.
18 R. Il y avait un commandant des opérations, le commandant Frahagen [phon],
19 puis, il y avait capitaine -- le capitaine Weaver [phon] pour la Section 2.
20 Puis, section du personnel, c'était le capitaine Foreman. Puis, il y avait
21 un commandant --
22 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas bien compris comment --
23 LE TÉMOIN : [interprétation] -- le capitaine Hrun [phon], il est à
24 Srebrenica. De la base, il y avait, pour Potocari, le capitaine Matajson
25 [phon], il y avait aussi le commandant van Beeren [phon], qui était de la
26 base pour l'état-major. Voilà quelques noms.
27 Q. Vous vous étiez l'officier chargé de la liaison ?
28 R. S5/Officier de liaison, Section 5.
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1 Q. En votre supérieur immédiat, qui était-ce ?
2 R. C'était le colonel Karremans -- ou lieutenant-colonel Karremans.
3 Q. Donc, vous faisiez rapport c'était directement à Karremans, directement
4 à lui et pas en passant par son adjoint, Franken; c'est bien ce que vous
5 dites ?
6 R. Parfois cela passait par le commandant Franken, parfois, c'était
7 directement par Karremans en fonction de ce que celui-ci avait comme
8 occupation ou pas. S'il était occupé cela dépendait, cela dépendait,
9 effectivement. Le commandant Franken, il était aussi chef de la logistique.
10 La première partie de mes activités consistait à effectivement voir des
11 demandes de la population musulmane à propos de la logistique de l'hôpital,
12 des écoles. Donc, effectivement, à ce moment-là, cela c'était la
13 prérogative du commandant Franken et, avant de demander des choses ou faire
14 rapport à Karremans, je demandais à Franken pour savoir si on pouvait faire
15 cela ou pas.
16 Q. Est-ce que vous aviez des réunions quotidiennes au cours de cette
17 période qui va de janvier 1995 à juillet 1995 ? Quand je dis réunions
18 quotidiennes je veux parler de réunions quotidiennes avec le DutchBat.
19 R. Oui, en tout cas on commençait le matin vers 7 heures et demi, réunion
20 du personnel. Je pense que vers 3 heures ou 3 heures et demi d'après-midi
21 on passait en revue les événements de la journée avec un cercle restreint
22 et souvent Karremans ou Franken était présent, moi-même et peut-être deux
23 ou trois autres personnes.
24 Q. Est-ce que vous, vous -- est-ce que vous ou d'autres, vous avez établi
25 des rapports écrits quotidiens après la réunion de l'après-midi, de 15
26 heures ou de 15 heures et demie ?
27 R. Moi-même, je faisais des rapports hebdomadaires au niveau supérieur à
28 tout cela et pour ce qui est de Club des 5, de ces réunions que nous avions
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1 c'était plutôt des rapports oraux. Le bataillon quant à lui faisait un
2 rapport de situation vers la hiérarchie supérieure et quelquefois il y
3 avait un paragraphe dans ce rapport qui parlait de la liaison. Bien sûr, on
4 me demandait d'écrire quelque chose de remplir ce paragraphe ou alors de
5 vérifier si ce qui était écrit est exact.
6 Q. Quel était l'officier qui avait pour mission de tenir à jour ce petit
7 registre où vous consignez les choses qui se passaient quotidiennement,
8 Monsieur ?
9 R. Il n'y avait personne responsable de garder les choses qui étaient
10 écrites, il y avait quelqu'un qui souvent m'accompagnait c'était le
11 sergent-major Rave et il notait parfois certaines choses pour lui-même.
12 Lors des réunions lorsque nous étions ensembles, souvent avec un porte-
13 parole, il prenait des notes. Après la réunion, nous vérifions ces notes,
14 on les passait en revue.
15 Q. Vous ne les avez pas détruites ces notes ? Est-ce que vous avez
16 conservé ce petit carnet ?
17 R. Lorsque je suis retourné à Kladanj, je n'avais pas grand-chose avec
18 moi. J'avais un T-shirt, un short, un pistolet, mais pas mes effets. Mes
19 effets m'ont été renvoyés par la suite et certaines choses faisaient
20 défaut, me manquaient. En tous les cas, je n'ai plus de notes concernant
21 cette période.
22 Q. Si vous le savez, Colonel Bearing, qu'est-ce qui est arrivé à toutes
23 les séquences quotidiennes qui ont été envoyés à Tuzla et ailleurs par le
24 Bataillon néerlandais, le DutchBat ?
25 R. Je ne sais pas.
26 Q. Colonel Bearing, vous avez parlé lors de votre interrogatoire principal
27 de deux réunions avec M. Beara, n'est-ce pas ? Vous vous rappelez cela
28 aujourd'hui ? C'était la semaine dernière, mais est-ce que vous vous en
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1 souvenez aujourd'hui ?
2 R. Oui, je m'en souviens et c'est également dans les notes que j'ai prises
3 et que vous avez citées.
4 Q. La semaine dernière vous avez dit dans votre déposition que votre
5 mémoire était bien meilleure en 1995 qu'elle ne l'est aujourd'hui; est-ce
6 exact ? C'est bien cela ?
7 R. Si nous parlons des choses qui se sont passées à l'époque, parmi les
8 nombreuses choses que je pouvais me rappeler à ce moment-là, oui je m'en
9 souviens maintenant, je me rappelle très bien ce qui s'est passé hier à ce
10 moment-là.
11 Q. Est-ce que vous vous rappelez avoir dit dans votre déposition sous
12 serment la semaine dernière que les souvenirs s'effacent et que vous aviez
13 de meilleurs souvenirs, une meilleure mémoire de ce qui s'était passé en
14 1995 à partir du mois de janvier jusqu'au 12 juillet que ce n'était le cas
15 la semaine dernière, par exemple ?
16 R. Je ne sais pas si cette question est formulée de façon correcte mais à
17 la relire ici, elle me semble très illogique.
18 Q. Je vais la reformuler. Croyez-vous que votre mémoire concernant les
19 événements que le bureau du Procureur vous a fait venir ici pour décrire
20 dans votre déposition, que ces souvenirs sont meilleurs aujourd'hui qu'ils
21 ne l'étaient en 1995, peu de temps après que les événements ne se sont
22 produits et qu'ils étaient encore très proches dans votre mémoire ?
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Meek, ceci prend trop longtemps
24 et je suggérerais qu'au lieu de procéder en tournant autour du pot d'une
25 certaine manière. Si vous avez une source par rapport à laquelle vous
26 souhaitez confronter le témoin alors allons droit au but. Faites exactement
27 ce qu'a fait M. Nicholls lorsqu'il a entendu le témoin lors de son
28 interrogatoire principal et ensuite posez la question au témoin pour savoir
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1 s'il pense que ses souvenirs antérieurs ou ses souvenirs plus proches de
2 cette date sont plus fiables. Oui, Monsieur Nicholls.
3 M. NICHOLLS : [interprétation] Juste pour le compte rendu, je pense qu'à la
4 page 12, ligne 9 le témoin était d'accord avec la proposition, avec cette
5 proposition en tout état de cause.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, mais il a également contesté la
7 façon dont la question a été posée, donc, il a été d'accord, je suis
8 d'accord avec vous, mais s'il y a --
9 M. MEEK : [interprétation] C'est très bien, Monsieur le Président, je
10 pensais qu'il avait donné son accord, donc, je vais poursuivre.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez de l'avant parce que pour le
12 moment nous tournons en rond.
13 M. MEEK : [interprétation] Je voudrais que l'on montre au témoin, la pièce
14 2D00004. Ainsi dament pour le compte rendu, pendant que le témoin regarde
15 ceci, voilà ce qu'il a dit dans sa déposition, le 28 septembre -- dans sa
16 déposition du 28 septembre 1995 -- sa déclaration de témoin pas sa
17 déposition qu'il a faite au bureau du procureur. La personne qui
18 l'interrogeait était Erma Oosterman.
19 Q. Alors, à titre préliminaire, Colonel Bearing, vous avez pu relire et
20 revoir toutes vos déclarations écrites avant de venir ici faire votre
21 témoignage, n'est-ce pas ?
22 R. On me les a données, toutes, pour pouvoir les lire -- pour pouvoir les
23 relire mais je ne les ai pas toutes relues considérant le volume -- vue le
24 volume du document. J'ai feuilleté assez rapidement.
25 Q. Bien, en ce qui concerne la pièce 2D00004, elle ne comporte que huit
26 pages ou neuf pages, est-ce que vous l'avez lue, c'est votre toute première
27 déclaration au bureau du Procureur ?
28 R. Oui, je l'ai lue. Je l'ai même numérisée.
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1 Q. Voulez-vous s'il vous plaît, enfin je serais heureux de vous donner une
2 copie papier de façon à ce que nous n'ayons pas besoin d'aller page par
3 page. Pourriez-vous, s'il vous plaît, montrer où dans votre première
4 déclaration au bureau du Procureur, le 28 septembre 1995, il y a environ
5 trois mois et demi après les événements, pendant que vous vous souveniez
6 encore, où M. Beara est mentionné par vous ne serait-ce qu'une fois ?
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois qu'il faut que le témoin
8 dispose d'un exemplaire de cette déclaration.
9 M. NICHOLLS : [interprétation] J'ai des exemplaires complets et sans
10 annotations si vous en avez de besoin.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous souhaitez jeter un coup
12 d'œil à l'exemplaire que Me Meek a ?
13 M. NICHOLLS : [interprétation] Non, Monsieur le Président.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Si je me rappelle ce premier interrogatoire,
16 je crois, je pense que c'était Mme Oosterman. On avait essentiellement --
17 on s'était concentré sur la question des viols et des violences aux femmes.
18 C'était ce sur quoi portait essentiellement l'interrogatoire. Ce n'était
19 pas en fait un interrogatoire en profondeur, mais il était,
20 essentiellement, centré sur les infractions que j'ai vues. Cela, c'est ce
21 qui est dans ma mémoire. Peut-être que je devrais le lire pour le ramener
22 en mémoire mais l'examen rappelle toujours le but de cet interrogatoire.
23 M. MEEK : [interprétation]
24 Q. Très bien, Colonel. Donc, regardons un instant ceci à la page 2 de
25 votre déclaration, déclaration de témoin qui en fait est véritablement la
26 page 1, là où vous commencez. Donc, passez rapidement. Vous parlez des
27 personnes avec qui vous avez eu des contacts, et avec qui vous avez
28 conservé un contact, l'armée musulmane et l'armée serbe; est-ce exact ?
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1 R. C'est exact.
2 Q. Vous parlez de Nikolic, de Suvanovic [phon], Sarkic, Vukovic; c'est
3 exact ?
4 R. C'est bien ce qui est écrit là.
5 Q. Je suis déjà à la deuxième page, je n'ai rien vu concernant des viols,
6 et vous ?
7 R. Je me souviens que ceci était le but de l'enquête. Peut-être que j'ai
8 entendu cela lors de l'introduction à cette entretien, c'était il y a
9 longtemps.
10 Q. Peut-être que vous pensez que c'était le cadre d'une déclaration autre,
11 différente, n'est-ce pas ?
12 R. Non, je ne pense pas.
13 Q. Bien, alors, passons à la page suivante. Alors, vous commencez à parler
14 du contact que vous avez avec les soldats musulmans, n'est-ce pas ? Naser
15 Oric, Ramic, Ekrem, Zulfo; vous voyez cela ?
16 R. Oui.
17 Q. Vous parlez un peu du maire de Srebrenica, du maire adjoint de
18 Srebrenica, je regarde maintenant la page 4.
19 R. Oui, c'est exact.
20 Q. Maintenant, je regarde à la page 5, vous parlez des réunions à l'hôtel
21 Fontana, c'est cela ? Même à la page 6 vous parlez encore des réunions.
22 C'est exact, n'est-ce pas ?
23 R. Oui.
24 Q. Page 7, toujours au sujet des réunions, n'est-ce pas, il est question
25 de -- du fait que vous êtes retourné en voiture à Bratunac et --
26 l'évacuation de volontaires. C'est de cela qu'il est question, n'est-ce pas
27 ?
28 R. Oui.
Page 2099
1 Q. A la page 8 et à la fin de votre déclaration page 9, on parle du fait
2 que vous êtes parti avec la colonne et lorsque vous avez quitté dans le
3 voisinage de Kladanj. Vous voyez cela à la dernière page ?
4 R. Oui.
5 Q. Bien. Alors, d'après ce que je vois on vous a posé beaucoup de
6 questions concernant différentes personnes et soldats de l'armée à ABiH et
7 de l'armée des Serbes de Bosnie, n'est-ce pas ? Cette qui vous a interrogé
8 elle vous a posé ces questions ?
9 R. Je vois ce que j'ai dit à l'époque et ce qui étaient les questions, je
10 peux voir, oui, ce que c'était.
11 Q. Vous êtes d'accord avec moi que votre mémoire des événements et des
12 personnalités et tous les protagonistes en cours de cette période était
13 beaucoup plus frais dans votre mémoire en septembre 1995 qu'il ne l'était
14 en 1998 ou 2000 lorsque vous avez déposé dans l'affaire Krstic ou même la
15 semaine dernière; est-ce que ceci ne serait pas exact ?
16 R. Oui en 1995, les choses sont plus proches de votre mémoire qu'en 1998
17 ou en 2000. Peut-être qu'ils avaient posé des questions plus approfondies à
18 ce moment-là.
19 Q. Je vous remercie. Là encore, juste pour le compte rendu, vous n'avez
20 jamais mentionné le nom de M. Beara dans votre premier briefing au bureau
21 du Procureur le 28 septembre 1995, n'est-ce pas colonel ?
22 R. Je ne vois pas cela dans ce texte, non.
23 Q. Je vous remercie. Maintenant, vous avez fait plusieurs déclarations et
24 des briefings différents aux militaires néerlandais et au gouvernement
25 néerlandais, n'est-ce pas ?
26 R. Oui.
27 Q. Est-ce que vous avez jugé approprié de les relire avant de venir ici
28 faire votre déposition ?
Page 2100
1 R. Avant de venir ici, j'ai demandé au bureau du Procureur de me
2 rafraîchir la mémoire et j'ai pu relire ou revoir un certain nombre de
3 choses ici, mais, également, le rapport NIOD, le rapport étant donc -- il
4 s'agit de l'Institut néerlandais de documentation sur les questions de
5 guerre.
6 Q. Je vous remercie, Colonel, de cette réponse. Nulle part dans les
7 briefings que vous avez faits pour le gouvernement néerlandais vous ne
8 mentionnez M. Beara, n'est-ce pas ?
9 R. Vraiment, je ne sais pas.
10 Q. Bon, je ne vais pas consacrer davantage de temps à cet aspect, mais je
11 vais vous dire, Colonel -- je vais vous donner des exemples de chacune de
12 ces déclarations que j'ai ici. Vous pourrez les lire de la suspension de
13 séance, et si je me trompe vous pourriez me le dire. Est-ce que vous seriez
14 d'accord pour cela ?
15 M. NICHOLLS : [interprétation] Non, je lève une objection à cela.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais nous ne vous avons pas autorisé à
17 parler, Monsieur Nicholls.
18 M. NICHOLLS : [interprétation] Je m'excuse.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Colonel, quelle est votre proposition à
20 l'égard de la proposition que Me Meek vient de vous faire.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Je me demande s'il a toutes les déclarations
22 que j'ai faites au ministère de la Défense ou au gouvernement des Pays-Bas.
23 Mais s'il est prêt à me les remettre, je suis prêt à voir si c'est complet.
24 Je ne sais pas si elles sont complètes parce que j'ai fait tant de
25 déclaration y compris à huis clos.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, est-ce que ceci répond à votre
27 question ?
28 M. MEEK : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je suis prêt à lui
Page 2101
1 remettre tout ce que j'ai à ma disposition. Dans tous les cas, pour ce qui
2 est des déclarations qu'il faites au gouvernement des Pays-Bas, j'ai ce qui
3 m'a été donné par le bureau du Procureur, je ne sais pas si j'ai tout. Nous
4 nous sommes toujours demandé si nous avions toutes les déclarations
5 concernant cette affaire, enfin c'est cela que je vais faire.
6 Q. Colonel --
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pendant combien de temps avez-vous
8 besoin -- de combien de temps avez-vous besoin pour la suspension ?
9 M. MEEK : [interprétation] A peu près la même durée, Monsieur le Président.
10 Ce sont de brèves déclarations, elles n'ont qu'une page ou deux celles que
11 j'ai.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Alors, il va nous dire si --
13 M. MEEK : [interprétation] Pas maintenant. Nous n'avons pas besoin de
14 suspendre la séance maintenant.
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, bien sûr, poursuivez, Maître Meek.
16 M. MEEK : [interprétation]
17 Q. Maintenant, Colonel Boering, pourriez-vous dire, s'il vous plaît, quand
18 est la première fois que vous aviez mentionné M. Beara dans l'une de vos
19 déclarations ?
20 R. Non, je ne me rappelle pas.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls. Quelle était
22 votre objection à la question ?
23 M. NICHOLLS : [interprétation] Aucune, j'étais simplement de pense au lieu
24 de donner au témoin une tâche à faire pendant la suspension de séance, on
25 pourrait juste mettre ces déclarations, les présenter ici et les membres de
26 la Chambre pourraient voir de leurs propres yeux si c'est mentionné ou pas.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais nous avons quand même besoin de
28 savoir si le tableau est complet, s'il y a bien l'ensemble de ces
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1 déclarations aux autorités néerlandaises ou pas. En fin de compte, nous
2 pouvons les lire -- ou on va à la question.
3 M. MEEK : [interprétation]
4 Q. Colonel Boering, je voudrais vous dire que la première fois que vous
5 avez mentionné mon client, M. Beara, c'est lorsque vous avez demandé au
6 bureau du Procureur de vous rafraîchir la mémoire. Vous avez dit ceci sous
7 serment, page 16 ligne 19, vous avez dit : "J'ai demandé au Procureur de me
8 rafraîchir de mémoire," et je vous dis que ceci a eu lieu du côté du 6 ou
9 10 février 1998 avec quelqu'un du bureau du Procureur qui vous a rafraîchi
10 la mémoire en vous disant que vous aviez eu certaines réunions avec Ljubisa
11 Beara, que vous aviez même eu deux réunions.
12 M. NICHOLLS : [interprétation] Quelle est la base de cette questions ? Je
13 serais intéressé à le savoir.
14 M. MEEK : [interprétation] La base de cette question, Monsieur le
15 Président, c'est sa déclaration sous serment qui a demandé au Procureur de
16 lui rafraîchir la mémoire, et je vais lui montrer cette déclaration de
17 février 1998 où pour la première fois mentionné
18 M. Beara.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je ne pense pas que sa déclaration
20 précédente ait été faite dans le contexte. Je ne crois pas que cette
21 déclaration à laquelle vous vous référez ici, page 16, ait été faite dans
22 le contexte de la déclaration de 1998.
23 M. MEEK : [interprétation] Bien. Je vais lui poser la question.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous êtes en train de lier les deux
25 choses comme si la déclaration de 1998 avait été préparée -- avait été
26 mélangée par l'enquêteur et finalement digérer par le témoin.
27 M. MEEK : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
28 Q. Je voudrais vous demander, Colonel Beoring --
Page 2103
1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant. Je vois que
2 M. Nicholls demande la parole.
3 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui. Bien. C'est exactement ce qui était mon
4 objection, Monsieur le Président. En ce qui concerne la page 16, ligne 19,
5 le témoin dit très clairement en ce qui concerne cette période dont il
6 parle. Il a dit qu'avant de venir ici, c'est-à-dire maintenant pas en 1998,
7 il y a --
8 M. MEEK : [interprétation] très bien, Monsieur le Président, je vais juste
9 poser la question au témoin.
10 Q. En 1998, vous êtes venu, vous avez fait une déclaration à Richard
11 Butler, qui travaillait pour le bureau du Procureur à l'époque, vous
12 rappelez-vous de M. Butler ?
13 R. Non, mais il faudrait que je vois son visage. Je me rappelle avoir été
14 ici à ce moment-là.
15 Q. Est-ce que vous avez des souvenirs précis du fait que vous avez passé
16 quatre à cinq jours ou plus longtemps pour donner des réponses à des
17 questions du bureau du Procureur, plus particulièrement, Richard Butler, et
18 un autre nom, Asif Syed, oui ou non ?
19 R. Je ne me rappelle pas précisément que cela avait été avec cet homme
20 mais j'étais ici.
21 Q. Bien. Est-ce que vous vous rappelez, enfin, ce n'est pas important pour
22 moi de savoir si vous vous rappelez de cette personne précisément, mais
23 est-ce que vous vous rappelez, Monsieur le Témoin, que c'était les
24 personnes du bureau du Procureur qui vous ont interrogé, une personne de ce
25 Tribunal qui pour la première fois vous ont mentionné le nom de M. Beara ?
26 Vous ne leur avez pas mentionné c'est eux qui vous l'ont mentionné à vous,
27 vous rappelez-vous de cela ?
28 R. Non, je ne m'en souviens pas.
Page 2104
1 Q. Bien. D'accord. Cela aurait pu être le cas. Cela pouvait être le cas ou
2 peut-être bien que oui peut-être bien que non. Je poursuis. Vous avez eu
3 des réunions hebdomadaires avec le représentant du --
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant. Parce que vous dites que :
5 "Pourrait dire oui, pourrait dire non." Ce n'est pas une façon exacte ou
6 précise de présenter sa réponse. Votre question était très précise. En
7 d'autres termes, c'était de savoir s'il avait été incité par le bureau du
8 Procureur par l'enquêteur à faire une réponse et sa réponse maintenant est
9 qu'il ne se souvient pas que tel ait été le cas. Ce qui fondamentalement
10 veut dire non à votre question. Cela ne pouvait pas être oui ou non.
11 M. MEEK : [interprétation] Bien, Monsieur le Président, de la façon dont
12 j'ai entendu la réponse et dont je l'ai interprétée -- dont je la lis
13 maintenant à l'écran c'est : "Je ne me souviens pas." Lorsque j'entends :
14 "Je ne me souviens pas," cela veut dire, bien, je ne me souviens pas. Cela
15 aurait pu être oui. Cela aurait pu être le cas ou cela aurait pu ne pas
16 être le cas. Voilà comment je l'ai compris. Excusez-moi.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Colonel, soyons bien au clair à ce
18 sujet. Me Meek vous a posé une question très simple. Sa question était très
19 simple. Il vous a demandé -- il vous a donné à penser -- suggérer que les
20 enquêteurs du bureau du Procureur du Tribunal c'étaient eux qui pour la
21 première fois ont mentionné -- vous ont mentionné le nom de M. Beara.
22 Ensuite, il est devenu très précis il a demandé et vous avez dit ce n'est
23 pas vous qui en avez parlé le premier. C'est eux qui vous l'ont mentionné.
24 Vous rappelez-vous cela, Monsieur le Témoin. Votre réponse a été, Non, je
25 ne me rappelle pas cela. Alors que vouliez-vous dire par votre réponse ? En
26 d'autres termes, cela aurait pu être le cas ou ce n'était certainement pas
27 le cas que le nom de Beara ait été pour la première fois mentionnée devant
28 vous par le Procureur ou pour l'enquêteur, excusez-moi.
Page 2105
1 LE TÉMOIN : [interprétation] Le nom du colonel Beara n'est certainement pas
2 le premier nom qui ait été mentionné par le Procureur. Il se peut que dans
3 un ancien rapport du Bataillon néerlandais y ait pu avoir des questions
4 posées que ce soit dans les archives. J'ai peut-être dit quelque chose de
5 façon interne au Bataillon néerlandais après les premières réunions avec le
6 colonel Beara.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bon. Assurez-vous qu'il ne s'agit pas
8 là d'un problème d'interprétation. Quand je lis votre réponse ici au compte
9 rendu, le nom du colonel Beara n'a certainement pas été le premier
10 mentionné par le Procureur -- qui m'a été mentionné. Cela veut dire que le
11 Procureur à ce moment-là aurait mentionné une liste de noms sur laquelle le
12 nom de Beara n'était pas le premier mais fondamentalement cela vaudrait
13 quand même dire encore que des noms ont été donnés par l'enquêteur et non
14 pas par vous-même. Est-ce que c'est cela que vous voulez dire ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai mentionné le nom. C'est cela que je veux
16 dire.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il y a eu un problème d'interprétation,
18 Maître Meek, comme je le supposais.
19 M. MEEK : [interprétation] Bien, Monsieur le Président, je ne veux pas être
20 en désaccord avec vous, mais je ne pense pas que cela ait été le cas.
21 Q. Le bureau du Procureur a mentionné des noms devant vous lors de
22 l'interrogatoire en 1998, n'est-ce pas, Colonel ?
23 R. Oui, c'était il y a près de huit ans. Bien sûr, j'ai mentionné des noms
24 de personnes que j'avais vues.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'avais espéré que je n'aurais pas
26 besoin de commencer la semaine comme cela -- que la semaine ne commencerait
27 pas comme cela mais il me semble que j'espérais à tort. La question n'était
28 pas de savoir si vous avez mentionné ou commencé à mentionner des noms à
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1 l'enquêteur mais s'il est vrai que les enquêteurs aient commencé à vous
2 citer des noms. Procédons d'une façon différente. Procédons autrement. Au
3 cours de cet interrogatoire de 1998, avez-vous mentionné des noms à
4 l'enquêteur ? Est-ce que vous citez des noms que l'enquêteur lui-même ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] -- ne vous avez mentionné avant cela ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
8 M. MEEK : [interprétation] Il n'a pas entendu interprétation en
9 néerlandais.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce qu'il s'est également -- est-ce
11 qu'il est également arrivé au cours de cet interrogatoire de 1998 que
12 l'enquêteur ou les enquêteurs vous aient cité aussi des noms que vous-même
13 n'aviez pas cités jusqu'alors pour eux ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne me souviens pas.
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est là que cela se termine en ce qui
16 me concerne parce que la question suivante aurait été de savoir si le nom
17 de Beara figurait parmi ces noms.
18 M. MEEK : [interprétation] D'accord. Je vous remercie, Monsieur le
19 Président. Je pense qu'en fait c'est extrêmement peu clair, mais nous
20 allons aller de l'avant. D'accord.
21 Q. Maintenant, Colonel, est-ce que vous seriez d'accord avec moi que la
22 première fois que vous avez mentionné le nom de Beara c'était
23 approximativement trois ans après l'événement, en 1998 ?
24 R. Vraiment je ne m'en souviens pas.
25 Q. Je vous remercie. Je suppose puisque vous avez déjà déposé plusieurs
26 fois dans d'autres affaires devant ce Tribunal que vous avez aussi demandé
27 au Procureur pour ces affaires de vous rafraîchir la mémoire concernant les
28 événements, n'est-ce pas, comme vous l'avez fait pour la présente affaire ?
Page 2107
1 R. Je ne sais vraiment pas où vous voulez en venir avec ces questions.
2 Elles semblent se répéter.
3 Q. Colonel Bearing, nous parlons pour le moment de l'an 2000 avant que
4 vous ne déposiez dans l'affaire Krstic. Vous rappelez avoir déposé dans
5 l'affaire Krstic ?
6 R. Oui, je m'en souviens.
7 Q. Etes-vous bien d'accord avec moi et la Chambre de première instance
8 peut en -- des cirscontats judiciaires d'après ses propres dossiers et le
9 compte rendu que vous n'avez jamais mentionné le nom de M. Beara dans
10 l'ensemble de votre déposition en l'espèce, vous rappelez-vous cela ?
11 R. Non, je ne m'en souviens pas.
12 Q. Bien, je vous en remercie. En 2003, vous avez déposé dans les affaires
13 Blagojevic et Jokic, vous rappelez-vous cela ?
14 R. Oui.
15 Q. Colonel Bearing, rappelez-vous si au cours de votre interrogatoire
16 principal, c'est-à-dire aux questions que vous avez répondues, questions du
17 Procureur qu'il vous a posées, vous n'avez jamais mentionné le nom de M.
18 Beara ?
19 R. Je ne peux vraiment pas m'en souvenir.
20 Q. Bien, la Chambre de première instance peut encore dresser un constat
21 judiciaire que ce qui a été dit lors du contre-interrogatoire en l'espèce.
22 Vous souvenez-vous d'avoir mentionné à quelque moment que ce soit M. Beara
23 à l'occasion de vos témoignages précédents --témoignages que vous avez
24 effectués avant celui-ci. Est-ce que c'est bien ce que vous êtes en train
25 de nous dire ?
26 R. En ce moment-ci, je n'arrive vraiment pas à m'en souvenir.
27 Q. Merci. Vous souvenez-vous du fait qu'au printemps 1995, un hélicoptère
28 ce soit écrasé non loin de là où vous aviez été posté ?
Page 2108
1 R. En effet. Un hélicoptère s'est écrasé en effet.
2 Q. Pour les besoins de compte rendu d'audience pouvez-vous souvenir à peu
3 près du mois où est survenu cette chute d'hélicoptère ?
4 R. Peut-être en mars.
5 Q. Bien. Pouvez-vous nous dire qui était à bord de l'hélicoptère qui s'est
6 écrasé ?
7 R. Bien, je suppose que ceci avait quelque chose à voir -- il y avait un
8 soupçon selon lequel c'était des Musulmans -- que les Musulmans de l'ABiH y
9 étaient pour quelque chose. Les gens qui y ont été tués, ont été enterrés
10 dans l'enclave. On a été plutôt très discret à ce sujet. Concernant aussi
11 les personnes impliquées dans l'enterrement. Oui, en effet, il y a là un
12 lien.
13 Q. Pouvez-vous me dire si vous-mêmes ou le Bataillon néerlandais avait
14 déterminé si l'ABiH avait fait transporter des armes ou des munitions à
15 bord de l'hélicoptère qui s'est écrasé ?
16 R. Je ne me souviens pas du fait qu'il y ait eu des preuves. Il y a eu des
17 soupçons.
18 Q. Combien de temps s'est-il écoulé à peu près entre l'événement et le
19 moment où vous vous êtes trouvés à l'hôtel Fontana pour une réunion avec le
20 commandant Nikolic et les autres officiers du DutchBat et le moment où M.
21 Beara était présent ? Pouvez-vous nous dire s'il c'était passé plusieurs
22 semaines ou un mois ou quoi ?
23 R. Bien, de là à savoir s'il y a un lien entre les deux, non pas vraiment.
24 J'imagine qu'il s'est passé quelques semaines entre les deux.
25 Q. Merci. C'est toutes les semaines que vous avez eu des réunions avec les
26 représentants de l'ABiH ainsi qu'avec les représentants de l'armée serbe,
27 n'est-ce pas ? Cela s'est passé à l'hôtel Fontana ?
28 R. Ce que je veux dire c'est que les réunions avec l'ABiH -- les
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1 représentants de l'ABiH se sont passées à Srebrenica alors qu'avec les
2 représentants serbes on s'est rencontrés à Fontana. On s'est rencontré une
3 fois à toutes les deux semaines avec les représentants de l'armée serbe au
4 Pont jaune ainsi qu'à l'hôtel Fontana. Cela se faisait une fois à tous les
5 deux mois.
6 Q. Est-ce que vous vous souvenez de la réunion de la rencontre avec M.
7 Beara à l'hôtel Fontana où il y avait en plus le commandant Rave et Piet
8 Hein et encore une personne ?
9 R. Oui, je me souviens de cela. Je me souviens de cette réunion.
10 Q. Combien de représentants y a-t-il eu du Bataillon néerlandais ou des
11 Nations Unies en plus de sergent-chef Rave et de M. Piet Hein ?
12 R. Il se peut qu'il y ait eu une quatrième personne, mais je n'arrive pas
13 en m'en souvenir de façon précise. Si Piet Hein était présent là-bas, cela
14 a dû avoir quelque chose à voir avec son commerce à Fontana parce que les
15 boissons et la nourriture étaient achetées à Fontana pour le Bataillon
16 néerlandais. Il y avait probablement le chauffeur avec lui pour que l'on
17 puisse charger la nourriture et les boissons. Nous avons payé pour cela ?
18 Q. Vous souvenez-vous du fait -- enfin de la présence de deux Africains ou
19 qu'il s'agisse de soldats du Bataillon néerlandais ou des Nations Unies,
20 peu importe, mais qui étaient présents à vos côtés à ce jour-là ?
21 R. Bien, je ne m'en souviens pas. Une fois ou deux fois, il s'est trouvé
22 présent un observateur militaire de la Mission d'observation des Nations
23 Unies en provenance de Srebrenica, mais je ne m'en souviens pas.
24 Q. Je vais essayer de vous rafraîchir la mémoire. Vous souvenez-vous du
25 fait que cette réunion a eu lieu à l'heure du déjeuner et que vous avez eu
26 à manger, à boire, que vous avez mangé de l'agneau, du poisson, vous en
27 souvenez-vous ?
28 R. Je ne me souviens pas du fait que ce soit passé à cette réunion ou à
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1 une autre mais ce dont je me souviens c'est que lorsque nous allions
2 prendre -- embarquer des marchandises, en général on se faisait servir à
3 manger -- à déjeuner.
4 Q. Vous souvenez du fait que lorsque vous vous êtes -- que vous avez
5 rencontré le colonel Beara à l'hôtel Fontana, il y a eu le déjeuner,
6 c'était à l'heure du déjeuner ?
7 R. Oui.
8 Q. Vous souvenez de la présence d'une femme là-bas ?
9 R. Je ne m'en souviens pas.
10 Q. Vous souvenez-vous de la présence de deux soldats noirs qui étaient à
11 une autre table et commandant Beara leur a dit : "Venez donc vous joindre à
12 nous," et une table a été rajoutée afin que ces soldats noirs puissent se
13 joindre à vous; vous en souvenez-vous ?
14 R. Non, je ne m'en souviens pas.
15 Q. Bien, vous vous souviendrez probablement du fait que
16 M. Beara était très intéressé par la détermination des personnes présentes
17 à bord de cet hélicoptère qui s'est écrasé, vous en souvenez-vous de
18 cela ou pas ?
19 R. C'est ce qui a fait l'objet de la conversation avec lui.
20 Q. Avant que d'aller de l'avant, je vous demanderais si après cette
21 réunion à l'hôtel Fontana où vous avez déjeuné, où vous avez eu à boire et
22 ainsi de suite, plus jamais il ne vous a été donné l'occasion de rencontrer
23 M. Beara et de procéder à des échanges d'arguments avec lui; correct?
24 R. Si mes souvenirs sont bons, cela était la deuxième rencontre avec le
25 colonel Beara, et à par la suite je ne l'ai plus du tout revu.
26 Q. Bien. Peu de temps après cette rencontre que vous dites avoir été la
27 seconde de vos rencontres, vous souvenez-vous d'un village appelé Vlasic,
28 qui avait été mis à feu par les soldats de l'ABiH pendant la nuit ? Le
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1 village s'appelant V-l-a-s-i-c-h, Vlasich.
2 R. A ce moment-ci, je ne me souviens pas personnellement de ce village de
3 Vlasich.
4 Q. Permettez-moi de rafraîchir votre mémoire. Il s'est agi d'un incident
5 où sept Serbes ont été tués. Il s'agissait de sept bûcherons qui ont été
6 tués et leurs maisons ont été brûlées. Cela été l'œuvre des soldats de
7 Bosnie --- de l'ABiH qui étaient sortis de l'enclave; vous en souvenez-
8 vous ?
9 R. Non, je ne m'en souviens pas.
10 Q. Mais vous allez vous souvenir, bien sûr, Colonel Boering, du fait que
11 les soldats de l'ABiH avaient souvent coutume de s'attaquer à des villages
12 serbes à l'extérieur de l'enclave et qu'ils le faisaient généralement la
13 nuit; exact ou pas ?
14 R. Oui, cela arrivait régulièrement. Je ne l'ai pas vu en personne mais
15 cela m'a été souvent rapporté.
16 Q. Du moins dans votre rapport écrit, présenté en 1998, donc, trois ans
17 après les événements, vous avez bien indiqué que M. Beara était très
18 intéressé par le fait de savoir où se trouverait, ou pouvait se trouver
19 Naser Oric; cela est bien vrai, Monsieur ?
20 R. Oui, cela est tout à fait exact.
21 Q. On ne vous a pas demandé --
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Juste un moment. Je voudrais que les
23 choses soient --
24 Monsieur Nicholls.
25 M. NICHOLLS : [interprétation] Je veux que les choses soient claires pour
26 le compte rendu d'audience. Vous avez interrogé le témoin au sujet du
27 rapport présenté en 1998, n'est-ce pas ? C'est la déposition pour le
28 Tribunal Pénal International ?
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1 M. MEEK : [interprétation] Oui, oui. C'est de cela que je parle.
2 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie tous les deux.
4 M. MEEK : [interprétation]
5 Q. Alors, Monsieur Beara vous a demandé, vous a posé des questions au
6 sujet de la Naser Oric, il vous a demandé s'il a été à bord de
7 l'hélicoptère, il vous a demandé quelles étaient ses fonctions au sein de
8 l'ABiH; vous souvenez-vous de cela, Colonel ?
9 R. Oui, cela je m'en souviens.
10 Q. Vous souvenez-vous du fait que M. Beara vous a indiqué qu'il n'était
11 pas acceptable de voir les membres de l'ABiH en continuité quitter
12 l'enclave pour s'attaquer la nuit à des villages de Serbes pour tuer des
13 civils serbes, violer des femmes et qu'il faudrait leur parler de façon à
14 faire en sorte que ces attaques soient interrompues ?
15 R. Je me souviens de quelque chose de ce genre, il me semble que le
16 colonel Beara a parlé dans ce sens-là.
17 Q. Vous souvenez-vous du fait que M. Beara vous a informé, vous colonel
18 Boering du fait que la population serbe a proximité de ces lieux, faisait
19 pression sur la VRS pour leur faire savoir qu'il était absolument
20 nécessaire de faire cesser ces attaques nocturnes. Vous en souvenez-vous de
21 cela ?
22 R. Non, je ne m'en souviens pas.
23 Q. Vous avez déjà témoigné pour dire que vous en avez eu connaissance.
24 Alors vous devez comprendre que l'armée de la Republika Srpska était
25 exposée à de grandes pressions pour faire cesser ces attaques et ces
26 tueries ainsi que les pillages ? En était-il ainsi ou pas ?
27 R. Oui.
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant je vous prie. Il faut que
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1 nous tirions ceci au clair, notamment suite à la toute dernière question.
2 Page 27, ligne 13 à 17, on vous a posé la question suivante -- M. Meek vous
3 a posé la question suivante : vous vous souvenez, n'est-ce pas, Colonel
4 Boering, du fait que les soldats de l'ABiH avaient fréquemment lancé des
5 attaques contre des villages serbes à l'extérieur de l'enclave pendant la
6 nuit. Vous avez répondu, au compte rendu, vous avez dit que cela s'est
7 passé souvent, que vous ne l'avez pas vu en personne, mais qu'on vous avez
8 rapporté cela souvent. Alors, pouvez-vous nous expliquer qui vous a
9 rapporté et à quelle fréquence vous avez reçu des rapports à ce sens ?
10 Merci.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Les informations, qui nous ont été rapportées
12 concernant ce type d'événements, nous provenaient en général de la part de
13 la VRS, de la part du commandant Nikolic. Ce n'est pas l'ABiH qui nous le
14 communiquait, donc, c'était des informations communiquées unilatéralement
15 que nous n'avons pas pu vérifier parce que nous n'avons pas eu la liberté
16 d'entreprendre des actions à l'extérieur de l'enclave.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, mais à quelle fréquence avez-vous
18 obtenu des rapports en ce sens ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Nous pourrions dire que s'il y avait une
20 réunion avec le commandant Momir Nikolic, une fois toutes les deux ou trois
21 semaines, cela avait constitué l'un des sujets habituels évoqué par ces
22 soins. Parfois, il précisait à quels endroits cela s'était produit et il
23 avait également précisé la nature des événements.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.
25 M. MEEK : [interprétation]
26 Q. Colonel Boering, je vais enchaîner sur cet élément pour dire qu'il n'y
27 avait rien d'anormal vous concernant pour ce qui était d'obtenir ce type de
28 rapport de la part du commandant Nikolic plutôt que de l'obtenir de la part
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1 du contact que vous avez eu avec l'ABiH, ils ne sont certainement pas venu
2 se vanter d'avoir mis à feu un village serbe et d'avoir tué sept personnes,
3 n'est-ce pas ?
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que point n'est nécessaire de
5 l'évoquer. Cela me semble évident, Monsieur Meek. La finalité de la
6 question était celle de se procurer des informations de la part du témoin
7 pour savoir si le Bataillon néerlandais avait été à même d'enquêter à ce
8 sujet et de s'informer auprès de sources indépendantes ?
9 M. MEEK : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.
10 Q. Colonel Boering, je voudrais vous poser une question brève. Le but de
11 vos missions consistait à démilitariser cette enclave, n'est-ce pas ?
12 R. Oui, c'est exact.
13 Q. Vous serez d'accord pour moi pour dire que si vous aviez fait votre
14 travail, l'ABiH n'aurait pas été à même de procéder à ces incursions
15 nocturnes. Vrai ou faux ?
16 R. Nous n'avions pas obtenu un mandat pour fouiller les maisons.
17 Q. Bien, mais avez-vous connaissance d'un -- du nom d'un soldat du
18 DutchBat s'appelant -- répondant -- du nom d'un soldat du DutchBat, à
19 savoir celui d'Eelco Koster ?
20 R. Oui.
21 Q. Il y a eu deux phrases dans sa déposition auprès du bureau du Procureur
22 datée du 25 et 26 septembre 1995. Je vais le présenter aux Juges en
23 versions anglais parce que je n'ai pas la version B/C/S. Il s'agit de la
24 pièce à conviction D2 -- ou plutôt 2D00010.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.
26 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui. Monsieur le Président, il me semble que
27 vous avez rendu une décision pour ce qui est des dépositions présentées par
28 d'autres témoins sans pour autant que celles-ci soient présentées au témoin
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1 qui témoigne.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que c'est un témoin qui est
3 prévu ici ? Est-ce que M. Koster est un des témoins prévus ici ou pas ?
4 Parce que, d'après M. Meek, il s'agit d'une déposition que s'est intéressé
5 ou aurait fait à l'extérieur de ce Tribunal. Il ne s'agissait pas d'un
6 témoignage.
7 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, en effet.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Cela fait une grande différence.
9 M. MEEK : [interprétation] Je me réfère à la page 6 de la version anglais,
10 paragraphe 3.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Juste un moment. Je crois que j'ai un
12 petit problème parce que je n'arrive pas à le retrouver. Est-ce que vous
13 pourriez remettre ou avez-vous déjà remis ce document pour que ce soit mis
14 dans le système d'affichage électronique ?
15 M. MEEK : [interprétation] Je crois que cela fait déjà partie du système
16 d'affichage électronique. Peut-être pourrions-nous mettre une copie papier
17 sur le rétroprojecteur ? Cela nous prendra un instant.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Alors, entre-temps, je viens
19 d'être informé, Monsieur Meek, que le document ne faisait pas partie des
20 documents présents dans l'affichage électronique.
21 M. MEEK : [interprétation] Je vais vérifier avec Mme Mulder, Monsieur le
22 Président. Je crois que cela a déjà été fourni. Mais pour le besoin du
23 compte rendu d'audience, je précise que nous voulons montrer la première
24 page parce qu'on voit le soldat Koster en train de faire une déposition, le
25 25, 26 septembre 1995, ensuite, je vous demande de passer à la page 6.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Juste un instant, je vous prie.
27 Contrairement aux informations qui m'ont été communiquées ceci figure bel
28 et bien dans le système d'affichage électronique. C'est bien ici au 2D.
Page 2116
1 C'est bien la référence, Monsieur le Juge Kwon ?
2 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. 2D00010. J'ai même ici une
3 traduction.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien. Nous l'avons retrouvée. Cela
5 existe. Nous avons retrouvé également la traduction correspondante. Merci,
6 Monsieur le Juge Kwon.
7 M. MEEK : [interprétation]
8 Q. Mon Colonel, je vous prie, de vous pencher sur ce paragraphe 3, et
9 j'aimerais que vous en preniez lecture et il y ait dit : "Jusqu'à la mi-
10 juin, c'est à trois ou quatre reprises qu'avec mon unité je me suis dirigé
11 depuis notre base vers Srebrenica."
12 M. MEEK : [interprétation] C'est la page 6 que nous aurions besoin de voir
13 sur le système d'affichage électronique.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Page 6, je vous prie.
15 M. MEEK : [interprétation] J'aimerais que l'on nous agrandisse le
16 paragraphe 3. Voilà. C'est bien.
17 Q. Monsieur le Colonel, veuillez vous pencher sur ce troisième paragraphe.
18 Ce n'est pas un paragraphe bien long.
19 R. Oui, je viens de le lire.
20 Q. Alors, seriez-vous d'accord avec votre collègue,
21 M. Koster, qui dit : "Qu'en sortant de l'enclave, il a été frappé de voir
22 qu'il y avait plus de combattants musulmans qu'avant et qu'à l'époque, il a
23 été impossible de répondre aux exigences de la politique qui requerra une
24 démilitarisation de la zone, parce qu'il avait tant de combattants
25 musulmans armés qui déambulaient que nous soldats des Nations Unies étions
26 incapables de désarmer tous ces gens-là."
27 Seriez-vous d'accord avec ces dires, Monsieur ?
28 R. Je ne l'ai pas vu personnellement de la façon dont il le décrit. C'est
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1 sa déposition à lui. A un moment donné il a effectivement devenu très
2 difficile plus difficile désarmé l'ABiH. Cela constituait un problème pour
3 le Bataillon néerlandais tout entier. Cela je le sais, mais je ne suis pas
4 au courant de l'incident rapporté ici.
5 Q. Merci. Alors, une fois de plus, selon les dires de votre collègue
6 Koster, cela s'est produit mi-juin donc un mois avant la chute de
7 l'enclave. Il y avait tant de combattants musulmans armés qu'il n'était pas
8 en mesure de les désarmer. Seriez-vous d'accord avec lui pour dire que
9 Koster s'est déplacé aux alentours bien plus que vous ?
10 R. Bien, cela je ne le sais pas.
11 Q. Vous ne contestez pas le fait que le Bataillon néerlandais n'a pas été
12 capable de désarmer les Musulmans au mois de juin ?
13 R. Bien, je pense que c'est à compter de la mi-juin le Bataillon
14 néerlandais a fermé l'œil parce que si les combattants musulmans
15 déambulaient autour armer de Kalachnikovs --
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Juste un moment. Eclaircissement. Ligne
17 12. Vous dites : "Je pense qu'à compter de la mi-juin, ils ont fermé
18 l'œil." Qui a fermé les yeux ? A qui vous référez-vous là ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien. Le Bataillon néerlandais, lui-même.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.
21 M. MEEK : [interprétation]
22 Q. J'aimerais que nous parlions brièvement de cette première entrevue que
23 vous avez eue avec M. Beara. Vous nous avez dit que vous avez eu cette
24 première réunion avec M. Beara. Quand avez-vous dit que cela s'est produit,
25 Colonel ?
26 R. Bien, je crois qu'il faudra retourner à mes notes. Je crois que c'était
27 vers le mois de mars, fin mars début avril.
28 Q. Qui a demandé cette réunion ?
Page 2118
1 R. D'après mes souvenirs, c'est une personne qui faisait partie de l'armée
2 de Republika Srpska, de la VRS.
3 Q. Alors, vous nous dites qu'une personne venant de la VRS en personne
4 serait venue vous voir pour demander une réunion.
5 R. Non. Pour ce genre de chose nous avions Petar, un interprète de
6 Bratunac, et c'est lui qui nous contactait par portable.
7 Q. Mais quand je suis en train de relire votre réponse, je crois
8 comprendre que le dénommé Petar, un interprète, vous aurait contacté par
9 téléphone portable. Alors, Colonel, pouvez-vous me direction si vous vous
10 souvenez, de façon concrète, qui est-ce qui vous a contacté au sujet de la
11 prétendue réunion que vous avez rapporté à la Chambre pour dire que vous
12 avez rencontré M. Beara ? J'aimerais que vous nous indiquiez comment cela
13 s'est fait ? Est-ce que cela s'est fait par personne interposée ou est-ce
14 que cela s'est par téléphone portable ou par fax ? Veuillez me l'indiquer.
15 R. Je crois que cela s'est passé par le truchement de Petar. Il devait y
16 avoir une sorte de liaison au talkie-walkie. Nous n'avions pas de
17 communication par télécopie à l'époque et il nous parvenait des fois des
18 messages en provenance du Pont jaune disant qu'il fallait aller au Pont
19 Papa pour rapporter qu'on y avait vu quelque chose. Mais je ne me souviens
20 pas du tout de la façon comment cette réunion avait été demandée. Je n'en
21 suis pas tout à fait certain.
22 Q. Merci. Alors c'était ma seule question. Vous ne vous souvenez pas de la
23 façon dont cette réunion s'est produite et je vous prie de me répondre je
24 ne le sais pas tout simplement. Qui vous a infirmé vous-même de la
25 nécessité d'aller au poste de contrôle Jovo ?
26 R. Bien, je n'en suis plus du tout certain…
27 Q. Merci.
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Meek, il --
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1 M. MEEK : [interprétation] Oui, j'en ai encore pour dix minutes, mais peut-
2 être le moment se prêterait-il à faire une pause. Je vais présenter des
3 déclarations du débriefing après la pause.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.
5 Nous allons maintenant faire une pause de 25 minutes.
6 --- L'audience est suspendue à 10 heures 29.
7 --- L'audience est reprise à 11 heures 01.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Poursuivez, Maître Meek.
9 M. MEEK : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
10 Q. Colonel, je vais essayer de parcourir ceci très rapidement ou pendant
11 la pause vous ont été remises quatre copies différentes de documents qui
12 viennent du débriefing de Srebrenica établis par l'armée royale
13 néerlandaise ?
14 R. Oui, j'ai reçu quatre documents de votre part et si vous regardez avec
15 cela vous verrez qu'il y a une question à propos d'une de ces déclarations
16 qui vient d'un soldat Boering, mais pas de moi. Mais je connais les trois
17 autres documents.
18 Q. Dans aucune de ces séances de débriefing, vous n'avez jamais mentionné
19 le colonel Beara, n'est-ce pas ?
20 R. Ceci tient à l'objectif recherché par cette enquête, enquête brève
21 établie par la police militaire et qui portait sur le rôle joué par le
22 DutchBat et d'éventuelles infractions que nous aurions observées.
23 Q. Colonel, c'est peut-être une histoire d'une affaire de traduction, je
24 ne veux pas ici manquer de courtoisie, je ne vous ai pas demandé à quoi
25 servaient ces séances de débriefing mais je vous ai demandé simplement et
26 c'était simple comme question si on a jamais mentionné le colonel Beara ?
27 R. Je vous ai donné une explication pour expliquer pourquoi il n'a pas été
28 mentionné.
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1 Q. Revenons à la page 11, ligne 7. Vous avez déclaré que le bataillon
2 établissait un rapport de situation au quotidien adressé à ses supérieurs
3 et que, quelquefois, il y avait un paragraphe à propos. Est-il dit dans le
4 compte rendu de CIMIC ? C'est mal écrit dans le compte rendu d'audience,
5 cela devrait être C-I-M-I-C, n'est-ce pas ?
6 R. C'est vrai, CIMIC c'était, en fait -- c'était à propos du rôle mais ce
7 n'était pas très clair, c'est à propos de l'appui à la population locale.
8 CIMIC, cela veut dire civil militaire contacts. Donc, c'est une espèce
9 d'explication du fait qu'on avait été contact militaire avec les civils,
10 avec la population civile pour pouvoir réaliser certains projets.
11 Q. Merci. Je reviens à cette première réunion que vous seriez au poste de
12 contrôle Jovo, vous avez déjà dit que vous n'aviez pas de souvenirs
13 indépendants de la façon dont vous avez été conviés à cette réunion. Voici
14 ce que je vous demande : Combien y avait-il de soldats de la VRS qui vous
15 ont rencontré dans ce no-man's land car auparavant vous avez déclaré que
16 vous aviez été brièvement enlevé.
17 R. Peut-être étaient-ils quatre, deux à quatre.
18 Q. Comment êtes-vous arrivé à l'entrée de ce "no-man's land". Donc, vous
19 avez dit que vous deviez le traverser pour arriver au poste de contrôle
20 Jovo.
21 R. J'y suis allé en Mercedes militaire et disons au poste d'observation
22 Papa-OP, donc, c'est là que je suis descendu et après j'ai continué à pied.
23 Q. Est-ce que vous étiez seul, colonel ?
24 R. Non, j'avais un collègue avec moi.
25 Q. Comment s'appelle t-il ce collègue ?
26 R. Melchers.
27 Q. Mais vous n'avez pas véritablement détenu ou retenu par ces soldats,
28 n'est-ce pas ?
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1 R. Mais nous avons été emmené sous la menace d'un fusil.
2 Q. Ces soldats, où vous ont-ils emmené, Colonel ?
3 R. Au Pont jaune.
4 Q. Donc, cela c'est le poste de contrôle Jovo, n'est-ce pas ?
5 R. Oui.
6 Q. Est-ce qu'il constituait une sorte d'escorte, c'est là le sens de votre
7 déposition ?
8 R. Oui, une escorte armée.
9 Q. Est-ce que vous pensez que c'était pour votre protection --
10 M. NICHOLLS : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Laisse-le terminer parce que je pense
12 qu'il y a une façon très simple de régler ceci.
13 M. MEEK : [interprétation]
14 Q. Est-ce qu'on vous a désarmé, Colonel, ou est-ce que vous avez été
15 autorisé à conserver votre arme pendant toute cette action.
16 R. On ne m'a jamais désarmé. Pendant toutes ces périodes vous gardiez
17 votre arme de point, votre pistolet et vous ne l'utilisez pas.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ceci explique au fond comment il faut
19 comprendre ce que vous dites lorsque vous dites que vous avez été enlevé.
20 M. MEEK : [interprétation]
21 Q. Au cours de l'interrogatoire principal vous avez été très vague pour ce
22 qui est de ce qui est ressorti de cette réunion et du sujet qui aurait été
23 le sujet de votre conversation avec le colonel Beara. Est-ce que vous
24 pourriez nous apporter des précisions ?
25 R. Je pense que le sujet ou l'objet de cette réunion c'était d'obtenir des
26 informations de la VRS à propos de positions qu'occupaient peut-être l'ABiH
27 dans l'enclave et la conversation portait manifestement sur cela.
28 Q. Est-ce que vous vous souvenez avoir parlé à cet individu dont vous
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1 affirmez que c'était le colonel Beara ?
2 R. Oui. Il y avait aussi un interprète, donc, il était possible de parler
3 avec lui.
4 Q. Est-ce que vous vous souvenez du nom de cet interprète ?
5 R. Oui. C'était Petar.
6 Q. Bien. Quel était le sujet précis de cette conversation que dites-vous
7 vous avez eue avec M. Beara à ce poste de contrôle Jovo?
8 R. Je crois que je l'ai déjà dit dans ma réponse précédente.
9 Q. Dans votre réponse précédente vous avez indiqué ceci : "Je pense que
10 l'objectif de la réunion c'était d'obtenir des informations de la VRS à
11 propos de positions éventuelles qu'avait l'ABiH dans l'enclave." Je demande
12 ceci : vous ne savez pas vraiment, n'est-ce pas, vous pensez, c'est ce que
13 vous dites ? Puis je vous demande d'être plus précis, si vous ne vous en
14 souvenez pas vous-même aujourd'hui dites-le-moi et je passerais à autre
15 chose.
16 R. C'étaient des questions posées directement par le colonel Beara à
17 propos de ce que je savais les effectifs de l'ABiH dans l'enclave.
18 Q. Est-ce qu'on pourrait dire que voilà il vous a posé cette question et
19 c'est là-dessus que la réunion s'est terminée ?
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avant que vous ne répondiez à cette
21 question, cela vaudrait dire que la réponse qu'il a donnée aux lignes 22 à
22 24, c'est exactement le contraire de ce qu'il aurait dit. Je pense qu'aussi
23 là c'est un problème d'interprétation, parce que si vous lisez ces trois
24 lignes au fond cela revient à dire que l'objectif de la réunion - la
25 réunion c'est lui qui la demande et non pas la VRS ou Beara. Or, l'objectif
26 c'était d'obtenir des informations à propos de positions éventuelles de
27 l'ABiH de les obtenir de la VRS. Je pense que ceci ne rend pas bien ce qu'a
28 dit le témoin ou déclaré le témoin.
Page 2123
1 M. MEEK : [interprétation]
2 Q. Vous avez effectivement répondu que c'est la VRS qui demandait des
3 informations quoi qu'il en soit je vais vous demander ceci : aujourd'hui,
4 est-ce que vous vous souvenez de personnes de l'ABiH dans l'enclave à
5 propos duquel M. Beara vous aurait posé une question dans cette réunion qui
6 aurait eu lieu avec lui et vous ?
7 R. Il n'était intéressé par Naser Oric.
8 Q. Est-ce que vous vous souvenez s'il vous a posé une question à propos de
9 ce commandant de l'ABiH Zulfo ?
10 R. Oui, je pense que cela a été le cas.
11 Q. Comment êtes-vous rentré à votre base ? Est-ce que vous aviez une lampe
12 électronique ? Est-ce que les soldats de la VRS vous ont remmené à votre
13 véhicule de marque Mercedes Benz ? Est-ce que vous vous en souvenez ?
14 R. Non, je ne m'en souviens plus. Oui, je suis bien rentré à la base.
15 Q. Merci. Cette réunion elle a duré combien de temps ? Est-ce que vous
16 vous en souvenez ?
17 R. Un quart d'heures je dirais peut-être, 15 à 30 minutes, même pas plus
18 longtemps.
19 Q. Bien. Auparavant dans le cadre de votre déposition eu égard à des
20 rapports, je pense que vous avez dit que vous aviez un journal personnel.
21 Je vous ai bien compris ?
22 R. Oui, j'ai bien pris des notes de diverses réunions, mais je n'ai pas
23 tenu de journal en tant que tel.
24 Q. Est-ce que vous avez conservé ces notes ?
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Nicholls.
26 M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Quelle est votre objection ?
28 M. NICHOLLS : [interprétation] Question déjà posée à laquelle on a déjà
Page 2124
1 répondu.
2 M. MEEK : [interprétation]
3 Q. Je vais vous poser une autre question. Où sont ces notes aujourd'hui,
4 mon Colonel ?
5 R. Je n'ai pas de note chez moi. J'ai un certain nombre de déclarations,
6 la plupart ne sont pas à la maison. J'ai simplement jeté la plupart ou ce
7 n'est pas revenu de l'enclave chez moi.
8 Q. Merci. Je pense que votre dernière réponse suscite une autre question.
9 Vous dites que : "J'en ai jeté la plupart ou qu'elles ne sont pas
10 arrivées." Est-ce que cela veut dire que vous avez certaines de ces notes
11 mais pas toutes ces notes, pas la plupart d'entre elles ?
12 R. Je n'ai pas de note.
13 Q. Très rapidement, ce matin vous avez déclaré qu'on vous avait appris que
14 des soldats de l'ABiH quittaient la base pendant la nuit et faisaient des
15 incursions - des raides dans les villages serbes avoisinants. Voici ma
16 question : est-ce que les Nations Unies n'avait pas d'autres soldats en
17 dehors de l'enclave et est-ce qu'il vous est arrivé de vous enquérir auprès
18 de tels soldats pour vérifier que ce genre de chose se passait bien ?
19 R. Je n'ai pas été concerné par ce genre de chose. Je n'ai ai pas
20 participé.
21 Q. Qui est-ce qui aurait participé au sein du Bataillon néerlandais à ce
22 genre de chose ?
23 R. Peut-être le colonel Karremans en personne.
24 Q. Puisqu'on parle du colonel Karremans, je pense que vous et le colonel
25 Karremans vous êtes allé ensemble à l'hôtel Fontana le
26 11 juillet, et vous êtes revenu ensemble après cette première réunion; est-
27 ce exact ?
28 R. Oui, j'étais présent avec lui à la réunion. Je ne sais plus si nous
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1 sommes allés ensemble en voiture.
2 Q. Pour que le compte rendu d'audience soit clair, Monsieur, jamais vous
3 n'avez rencontré ni vu M. Beara en juillet 1995, n'est-ce pas ?
4 R. Je ne l'ai pas rencontré consciemment disons, je ne m'en souviens pas.
5 Q. Vous ne l'avez jamais vu à l'hôtel Fontana au cours de ces réunions
6 auxquelles Mladic était présent, n'est-ce pas ?
7 R. Je ne m'en souviens pas. Je ne me souviens pas l'avoir vu.
8 Q. Vous ne l'avez jamais vu où que ce soit à Bratunac, n'est-ce pas ?
9 R. Est-ce qu'on parle de juillet maintenant ?
10 Q. Oui, Monsieur.
11 R. Non. Je ne me souviens pas l'avoir vu.
12 Q. Vous ne l'avez nulle part à Srebrenica, n'est-ce pas ? En juillet 1995.
13 R. Non, je ne l'ai pas vu.
14 Q. Vous ne l'avez jamais vu M. Beara où que ce soit à Potocari, en juillet
15 1995, n'est-ce pas ?
16 L'INTERPRÈTE : L'interprète dit que M. Nicholls demande la parole.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne l'ai vu nulle part en juillet 1995. Vous
18 pouvez continuer ce genre de questions si vous voulez.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Cela veut dire que dans le fond ou
20 quelque soit les questions que vous lui poserez la réponse sera la même
21 c'est : "Qu'il ne l'a vu nulle part en juillet."
22 M. MEEK : [interprétation] Non, je voulais simplement préciser avec ce
23 témoin qu'il n'avait plus jamais vu M. Beara à l'hôtel Fontana. Ce n'est
24 qu'un --
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Nicholls.
26 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, c'était mon objection. Je ne l'ai
27 jamais vu en juillet 1995 donc le conseil aurait pu mentionner beaucoup
28 d'autres choses, la réponse serait la même.
Page 2126
1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, oui, c'est --
2 M. MEEK : [interprétation]
3 Q. Me Ostojic me demande de poser cette question. Je suis sûr que cela va
4 susciter des objections. Vous n'avez jamais vu M. Beara lorsque vous avez
5 vu une colonne de réfugiés partir le 12, n'est-ce pas ? Lorsque vous avez
6 emmené cette colonne de réfugiés le 12 juillet ?
7 R. Non, je ne l'ai pas vu, je ne me souviens pas.
8 Q. Dernière question, chaque fois que vous avez déposé vous avez dit que
9 vos souvenirs s'estompaient. Que évidemment ce n'était pas aussi bon --
10 c'était moins bon qu'en 1995 -- c'était moins bon en 1998 qu'en 1995 alors
11 expliquez-moi ceci, expliquez ceci à la Chambre. Votre souvenir semble
12 meilleur maintenant lorsqu'il s'agit de M. Beara et pire pour ce qui est de
13 tout autre chose.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Objection ?
15 M. NICHOLLS : [interprétation] Objection. C'est déformé tout à fait les
16 dires du témoin. Il n'a jamais dit qu'il se souvenait moins bien de M.
17 Beara en 1998 qu'en 1995. Deuxième objection, elle est de nature à
18 déstabiliser le témoin. Comment expliquez-vous que votre mémoire soit
19 mémoire aujourd'hui, a-t-il demandé.
20 [La Chambre de première instance se concerte]
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Colonel, nous avons parfaitement
22 confiance en votre capacité de répondre à cette question, répondez-y s'il
23 vous plaît, comme vous l'entendez. On laisse entendre et je vais répéter la
24 question qui a été posée, on laisse entendre qu'en dépit du fait que vous
25 avez dit qu'au fil du temps vos souvenirs s'estompent et que vous n'avez
26 plus un aussi bon souvenir que ce n'était le cas en 1995. Je ne sais pas si
27 vous voulez commenter ceci ? Mais pourriez-vous expliquer à la Chambre de
28 première instance comment il se fait, d'après Me Meek, que vos souvenirs
Page 2127
1 s'améliorent lorsque vous parlez de questions se rapportant à M. Beara
2 alors que vos souvenirs diminuent lorsqu'il s'agit de questions qui
3 concernent tout autre individu et tout autre situation.
4 Il y a ici deux volets à cette question. Je suis sûr que vous serez à même
5 de répondre à cette question. Si vous avez besoin de l'aide de la Chambre,
6 la Chambre vous l'apportera.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Au cours des différentes enquêtes
8 préliminaires menées par le bureau du Procureur et lorsqu'il y a eu recueil
9 de ma déposition en tant que témoin de la part du Tribunal ou par d'autres
10 instances, on m'a souvent interrogé sur ces incidents et sur la façon dont
11 je les ai vus. Lorsque vous regardez la toute première déclaration qui a
12 été faite, rapidement, et que j'ai lu pendant l'interruption d'audience.
13 C'était une enquête judiciaire très brève dans laquelle beaucoup de
14 personnes n'ont même pas été mentionnées. Plus tard, plusieurs enquêtes ont
15 été diligentées et ceci assez rapidement. Certaines étaient approfondies,
16 il y en a eu plusieurs de ce genre et elles s'intéressaient de façon plus
17 approfondie sur certains événements. On a établi des liens. Cela tient bien
18 entendu au fait qu'on a essayé de déterminer mieux le rôle joué par
19 certaines personnes dans cette enquête de Srebrenica. Effectivement, on
20 présente des photos, on parle d'événements et des questions plus
21 approfondies sont posées. Ma conviction personnelle c'est que ceci s'est
22 bien passé avec le colonel Beara. Je l'ai rencontré. Pour moi, c'est clair
23 que j'ai toujours eu cette connaissance mais lorsqu'on a posé la question,
24 lorsqu'on est allé plus en profondeur dans cette question cela s'est passé
25 plus tard. Je peux dire personnellement que je n'ai pas été forcé de dire
26 que ce ne se serait pas passé comme cela s'est passé.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je ne pense pas que vous avez répondu à
28 la question. Je vais vous aider. Nous allons essayer de veiller à ce que ce
Page 2128
1 contre-interrogatoire se termine ici à moins que Me Meek n'ait d'autres
2 questions. On laisse entendre, on vous soumet cette idée, on dit que vous
3 vous souvenez beaucoup mieux du Colonel Beara que de quiconque d'autre.
4 Est-ce que vous acceptez cette hypothèse ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, je ne trouve pas.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] On laisse également entendre qu'alors
7 que vous oubliez des choses à propos de plusieurs événements que vous avez
8 oublié beaucoup de choses à propos de certains individus, vous n'avez rien
9 oublié à propos de M. Beara, du colonel Beara. Est-ce que vous acceptez
10 cette idée ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Qu'est-ce que vous voulez dire "oui" ?
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je me souviens que je l'ai rencontré deux
14 fois. Ces incidents ont été décrits.
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il y a peut-être eu un problème
16 d'interprétation. L'idée qui vous est soumise c'est que vous vous souvenez
17 de plus de choses à propos de M. Beara qu'à propos de quoi que ce soit
18 d'autres, que ce soit des gens ou des circonstances. Vous avez tendance à
19 oublier ou à avoir oublié. C'est ce qu'on soumet comme idée, est-ce que
20 vous acceptez cette idée ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Non, non. Cette idée n'est pas
22 acceptable.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien. Veuillez poursuivre, peut-
24 être conclure, Maître Meek.
25 M. MEEK : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
26 Q. Colonel Bearing, je vois une réponse que vous avez donnée. Vous
27 mentionnez les documents que vous avez examinés pendant la pause,
28 l'interruption d'audience; est-ce exact ?
Page 2129
1 R. Oui.
2 Q. Ces documents que vous avez examinés pendant la pause, ils ont été
3 fournis avant 1998 mais après juillet 1995, n'est-ce pas ?
4 R. Ce sont des déclarations de septembre, d'octobre 1995.
5 Q. Merci. En septembre 1995, vous avez fourni une déclaration au bureau du
6 Procureur. Nous en avons parlé ce matin. Vous n'avez pas pris cette
7 déclaration avec vous, dans la salle d'attente où vous attendez pendant les
8 pauses, n'est-ce pas ?
9 R. Non, on me l'a prise.
10 Q. Merci. Vous l'avez examinée ce matin et j'ai donné le nom de quatre ou
11 cinq contacts que vous aviez dans l'ABiH et dans l'armée de VRS, n'est-ce
12 pas ?
13 R. Exact.
14 Q. Aucun de ces contacts, aucune de ces personnes importantes ou que vous
15 pensiez importantes n'était M. Beara, n'est-ce pas ?
16 R. --
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ne répondez pas, Témoin. La question a
18 déjà été souvent posée. On y a répondu de façon très claire.
19 Question suivante, Maître Meek. Veuillez à ne pas répéter ce que vous avez
20 déjà posé comme question.
21 M. MEEK : [interprétation]
22 Q. En interrogatoire principal, vous avez dit qu'à cette soi-disant
23 première réunion où vous aviez été victime d'une embuscade, un enlèvement,
24 que vous aviez été pris en otage. Est-ce que vous avez fait un rapport là-
25 dessus à qui que ce soit ?
26 R. Oui. J'ai rendu compte à M. Karremans.
27 Q. Donc, peut-être le colonel Karremans aurait des souvenirs à lui ou un
28 rapport sur la question, c'est cela ce que vous dites dans la déposition ?
Page 2130
1 R. Si vous le savez, mais il faut la lui demander.
2 Q. Je vous remercie. Dans votre réponse à la question du Président Agius
3 tout à l'heure, vous avez dit : "Je l'ai rencontré." Vous vouliez dire le
4 colonel Beara et : "Ceci reste gravé dans ma mémoire, c'est très clair pour
5 moi personnellement." Puis, vous avez dit que c'était : "C'est juste à ce
6 moment-là," et on a posé la question, on a développé un peu par la suite;
7 vous rappelez-vous cela exactement ?
8 R. Oui.
9 Q. La question que je vous pose, Colonel, c'est cette partie de votre
10 réponse à trait au moment où l'enquête -- les enquêteurs du bureau du
11 Procureur vous ont posé des questions concernant M. Beara
12 -- concernant M. Beara et c'est à ce moment-là que vous vous êtes tout
13 rappelé; n'est-ce pas vrai, n'est-ce pas cela ?
14 [La Chambre de première instance se concerte]
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, quelle serait votre objection,
16 Monsieur Nicholls ?
17 M. NICHOLLS : [interprétation] Juste dire que cette -- on a déjà examiné
18 cet aspect, on lui a posé des questions, on posé des questions et Me Meek
19 n'a pas de base pour présente ceci comme étant un fait.
20 [La Chambre de première instance se concerte]
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Nous sommes d'un avis partagé sur
22 la question mais je vais répéter la question pour le témoin. Je vais vous
23 demander d'y répondre et cela sera la dernière fois qu'on abordera cet
24 aspect.
25 La question qui vous a été posée, Colonel, par Me Meek est la
26 suivante : Se référant à une déposition antérieure que vous avez faite, il
27 a dit cette partie de votre réponse à trait au moment où les enquêteurs du
28 bureau du Procureur vous ont parlé des questions -- vous ont posé des
Page 2131
1 questions concernant M. Beara et ont dit le -- au sujet de M. Beara, et
2 c'est à ce moment-là que vous vous êtes tout rappelé, n'est-ce pas le cas,
3 n'est-ce pas vrai ? Quelle est votre réponse ?
4 En d'autres termes, on est en train de vous dire qu'on suggérait que votre
5 mémoire concernant M. Beara, lors de ces réunions avec lui, la mémoire vous
6 est revenu lorsqu'on vous a posé des questions précises concernant M.
7 Beara. Mais ce à quoi vous devez répondre à cette question, bien sûr, il
8 faudrait d'abord répondre à cette question.
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Il n'a pas été mentionné après que le
10 bureau du Procureur l'ait mentionné en premier.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, mais c'est précisément la raison
12 pour laquelle il faut qu'on s'arrête sur cet aspect. Bon, le témoin a déjà
13 répondu à cette question plusieurs fois et quelque soit la forme de la
14 question est posée, on dit très clairement pour vous, Maître Meek, que le
15 fait d'avoir mentionné M. Beara, c'est lui qui a eu -- c'est lui qui en a
16 parlé le premier, c'est lui qui est à l'origine de cela et non pas le
17 bureau du Procureur. Il a répondu à cette question plusieurs fois, je
18 crois, et vous avez essayé à nouveau --
19 M. MEEK : [interprétation] Bien. Donc, je vais poser une autre question --
20 une seule autre question.
21 Q. Ceci n'était pas juste -- ceci n'était que jusqu'en 1998, trois ans
22 après l'incident; c'est exact ?
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est une question que vous avez déjà
24 posée, et a déjà été répondue. Vous n'avez pas besoin d'y répondre,
25 Colonel.
26 M. MEEK : [interprétation] Pas d'autres question, Monsieur le Président.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Maître Meek.
28 Maintenant, quel est le problème, Monsieur Nicholls ?
Page 2132
1 M. NICHOLLS : [interprétation] Le problème c'est je me demande si pourrions
2 avoir une estimation de combien de temps reste. Nous avons encore un témoin
3 disponible aujourd'hui et je pense que nous n'allons peut-être pas pouvoir
4 arriver à le joindre.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais peut-être je ne vois pas pourquoi
6 nous devrions avoir un autre témoin aujourd'hui lorsque j'ai dit clairement
7 la dernière fois que sur la base des estimations que j'avais. Le colonel
8 déposerait pendant toute la journée aujourd'hui, probablement qu'il nous
9 faudrait toute la journée de demain, la plus grande partie, en fait, je
10 l'ai dit vendredi.
11 Oui, Maître Nikolic, vous représentez Drago Nikolic ici pour faire un --
12 pour procéder au contre-interrogatoire. Vous avez estimé qu'il vous fallait
13 15 minutes.
14 Mme NIKOLIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
15 Contre-interrogatoire par Mme Nikolic :
16 Q. [interprétation] Bonjour, Colonel.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Lazarevic, j'ai remarqué que
18 vous avez une autre personne dans votre équipe qui n'a pas été annoncée. De
19 qui s'agit-il ?
20 M. LAZAREVIC : [interprétation] Oui, je vous prie de m'excuser, Monsieur le
21 Président. J'avais dû annoncer que nous avons M. Dragomir Djukic qui est
22 présent aujourd'hui. C'est notre commis à l'affaire. Ceci à la place de M.
23 Tatjana Cmeric, qui sera absent au cours de cette semaine et c'est la
24 raison pour laquelle il ne porte pas de robe parce qu'il n'est pas juriste
25 et c'est la raison pour laquelle il ne porte pas de robe.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Je vous remercie de ce
27 renseignement.
28 Maître Nikolic.
Page 2133
1 Mme NIKOLIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
2 Q. Colonel Boering, pendant votre interrogatoire principal et lors du
3 contre-interrogatoire, on vous a montré un document et je souhaiterais que
4 l'on montre au témoin le document 0531 de la ligne 65 ter. C'est un rapport
5 envoyé par télécopie que votre commandement Karremans a envoyé le 12
6 juillet aux commandants de la brigade de Zagreb, Sarajevo, Tuzla et La
7 Haye, dans laquelle il rend compte de la réunion avec Mladic 17 juillet.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Juste un instant, mon écran, mon
9 ordinateur ne marche pas bien et j'ai donc perdu tout le texte. Donc
10 poursuivez, allez-y je le retrouverais.
11 Mme NIKOLIC : [interprétation] Je vous remercie.
12 Q. Au point 6 dont vous avez parlé avec M. Nicholls sous les rubriques A
13 et B vous avez donné votre avis concernant les événements et je vais vous
14 en lire la partie, notamment ce que votre commandant a écrit au point C :
15 "Pour trouver de représentants, qui sont convenables, parmi les civils
16 parce que les autorités officielles pour des raisons évidentes, certaines
17 raisons n'étaient pas dispositions."
18 Au point D : "Pour représenter -- trouver des représentants parmi les
19 autorités militaire parce qu'ils essayent de combattre pour obtenir un
20 couloir dans le secteur de Tuzla et ne se montreront pas là encore pour des
21 raisons purement personnelles. Je ne peux pas forcer des soldats à ABiH à
22 remettre leurs armes."
23 A votre avis, est-ce que ceci est exact ?
24 R. Oui.
25 Mme NIKOLIC : [interprétation]
26 Q. Je vous remercie. J'ai parcouru toutes vos déclarations et
27 dépositions. La déclaration au début en raison de l'intervention du
28 Président de la Chambre, seriez-vous d'accord que lorsque vous avez
Page 2134
1 mentionné le nom de Nikolic que vous avez tout le temps voulu parler de
2 Momir Nikolic officier de liaison avec le Bataillon néerlandais de la
3 Brigade de Bratunac ?
4 R. Oui, c'est exact.
5 Q. Vous l'avez rencontré une semaine sur deux pratiquement. Vous aviez un
6 certain nombre de contacts. Vous avez échangé des renseignements; est-ce
7 que vous aviez confiance dans le commandant Nikolic ?
8 R. Je peux faire remarquer un événement, oui un événement, pour indiquer
9 jusqu'où la confiance peut aller. A un moment donné, j'étais -- je devais
10 aller au Pont jaune et un certain nombre de soldats de la VRS m'ont vu
11 arriver et j'ai envoyé un message -- on m'a donné un message et il a fallu
12 que je prenne un peu de temps l'examiner. On m'a dit d'attendre un moment
13 et on m'a dit de partir dans les deux minutes; sinon, ils devraient me
14 tirer dessus. J'ai eu l'impression très claire que cela allait avoir lieu.
15 J'ai supposé que c'était un homme [comme interprété] -- Nikolic.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Deux choses, au numéro 1, ligne 5, page
17 50, j'ai entendu distinctement le témoin dire qu'il avait émis un message :
18 "Un certains nombres de soldats de la VRS m'ont vu arriver et j'ai émis un
19 message, émis un message." Est-ce que c'est vous qui êtes à l'origine du
20 message ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. A l'origine le compte rendu j'ai
23 vu ceci qui apparaissait puis cela a disparu et l'autre chose c'est en ce
24 qui concerne les trois dernières lignes, je ne les comprends pas tout au
25 moins c'est confus. Cela dit : "J'ai émis un message, j'ai donné un
26 message," puis : "J'ai reçu un message et il a fallu que je prenne un peu
27 de temps pour l'examiner et on m'a dit de partir dans une ou deux minutes
28 sinon ils devraient me tirer dessus. J'avais une impression distincte que
Page 2135
1 cela allait avoir lieu. J'ai supposé que c'était un homme, un homme M.
2 Nikolic". C'est cette dernière partie : "J'ai supposé que c'était un homme,
3 un M. Nikolic." Je voudrais que vous expliquiez ceci parce que tel que cela
4 figure au compte rendu ce n'est pas suffisamment clair. Merci, Colonel.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai essayé de vous décrire la situation. Vous
6 savez s'il faisait remarquer quelque chose, s'il disait quelque chose, s'il
7 faisait quelque chose on pouvait supposer que c'est cela qu'il avait
8 l'intention de faire ou de dire.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bon, je crois, dans ce cas-là, qu'il
10 faut qu'on remonte à la question du message. Vous dites que l'on vous a
11 donné un message; est-ce exact ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, une lettre je crois.
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que c'était une lettre signée ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Qui avait signé cette lettre ? La
16 signature de qui ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois que c'était le colonel Karremans.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il s'agit d'une lettre que vous portiez
19 sur vous et que vous avez remis aux soldats de la VRS ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Les soldats de la VRS vous ont-ils
22 communiqué un message, quelque chose d'écrit ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Ils m'ont donné le message selon lequel ceci
24 avait été reçu ce message et nous n'allons pas vous contacter.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ce message qu'ils vous ont donné mais
26 pas celui que vous leur avez donné mais celui qu'ils vous ont donné, était-
27 ce un message écrit ? Dans l'affirmative, était-il signé et par qui ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. C'est la deuxième hypothèse. Je ne me
Page 2136
1 rappelle pas.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il me semble que vous blâmez pour tout
3 ce qui s'est passé à cette occasion que vous blâmez Momir Nikolic. Pourquoi
4 faites-vous cela ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. La question était de savoir si j'avais
6 confiance dans le commandant Nikolic. Ma réponse a été oui, j'ai confiance
7 ne lui, il fait ce qu'il dit. On ne peut pas dire que l'on ne puisse pas
8 lui faire confiance. Cela n'était qu'un exemple. J'ai supposé qu'on pouvait
9 vraiment lui faire confiance à tel point qu'il faut que je fasse attention,
10 qu'il faut que je m'en aille.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En d'autres termes, vous êtes en train
12 de nous dire que si le message que vous avez reçu en retour était :
13 "Repartez parce que sans cela nous allons vous tirer dessus." Vous avez
14 pensez qu'il tiendrait parole, y compris Momir Nikolic, et
15 qu'effectivement, si vous essayez de ne pas repartir, effectivement, on
16 vous tirerait dessus. C'est bien cela que vous vouliez dire ou nous faire
17 comprendre ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. J'étais menacé.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, je crois que c'est suffisamment
20 clair.
21 Mme NIKOLIC : [interprétation] Je n'ai pas d'autre questions à poser,
22 Monsieur le Président.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Je vous remercie,
24 Me Nikolic.
25 Me Lazarevic ?
26 Oui ? Contre-interrogatoire par Me Stojanovic. Vous allez maintenant
27 avoir des questions de contre-interrogatoire pour le compte de M.
28 Borovcanin
Page 2137
1 M. STOJANOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame et
2 Messieurs les Juges.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Maître Stojanovic, combien de
4 temps pensez-vous qu'il va vous falloir pour votre contre-interrogatoire de
5 ce témoin ?
6 M. STOJANOVIC : [aucune interprétation]
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je n'entends pas l'interprétation.
8 M. STOJANOVIC : [interprétation] Nous pensons que nous allons pouvoir faire
9 notre contre-interrogatoire environ en une heure, cela va nous prendre une
10 heure comme nous l'avons prévu.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, allez-y.
12 M. STOJANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
13 Contre-interrogatoire par M. Stojanovic :
14 Q. [interprétation] Colonel sur la base de votre déposition jusqu'à
15 présent, je comprends que depuis le mois de janvier 1995 jusqu'au moment où
16 vous avez quitté l'enclave vous y étiez en qualité d'officier de liaison;
17 est-ce exact ?
18 R. [aucune interprétation]
19 L'INTERPRÈTE : On n'a pas entendu la réponse du témoin.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] On n'a pas entendu la réponse du
21 témoin.
22 M. STOJANOVIC : [interprétation] Pendant cette période --
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] N'ayant pas entendu la réponse du
24 témoin, je veux vraiment l'entendre parce que -- bon, il a répondu
25 plusieurs fois. Passons à d'autre chose de plus fondamentale de votre
26 contre-interrogatoire, Maître Stojanivic, s'il vous plaît.
27 M. STOJANOVIC : [interprétation]
28 Q. Au cours de cette période, vous avez rencontré des représentants de la
Page 2138
1 VRS et des représentants des autorités civiles et militaires dans l'enclave
2 de Srebrenica, n'est-ce pas ?
3 R. C'est exact.
4 Q. Vous avez eu un certain nombre de contacts avec Ramiz Becirevic qui
5 représentait l'armée BiH et Momir Nikolic qui représentait l'armée de la
6 Republika Srpska, n'est-ce pas ?
7 R. Momir Nikolic représentait au début la Brigade de Bratunac et parce que
8 nous pouvions régulièrement envoyer des messages à d'autres brigades par
9 son truchement.
10 Q. Je comprends aussi que vous avez rencontré Nesib Mandzic à plusieurs
11 reprises avant de lui proposer comme représentant des réfugiés de Potocari,
12 et que ceci a eu lieu lors de votre réunion avec le général Mladic, n'est-
13 ce pas ?
14 R. Oui.
15 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous dire -- nous expliquer ce qui
16 figure dans un extrait vidéo aux fins d'identification. Le numéro est, ERN
17 V0004458 ? C'est la pièce B01557 et cet un extrait, une séquence vidéo qui
18 commence au point 7.42, sept minutes 42 jusqu'à 9 minutes et 10 secondes.
19 Pourrait-on s'il vous plaît voir cette séquence vidéo ?
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Juste un moment, juste un moment. On ne
21 l'avait pas toujours.
22 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il semble que nous ayons un problème
24 technique. Je demande au technicien de nous aider, je présente mes excuses.
25 Me Stojanovic ne peut pas nous aider, mais --
26 Monsieur Nicholls, oui.
27 M. NICHOLLS : [interprétation] Pour pourrions-nous nous-mêmes faire défiler
28 le conseil veut venir voir et s'assurer que nous sommes bien sûr la même
Page 2139
1 page de cette séquence, si nous pouvons la présenter nous même. Je crois
2 que nous avons bien compris les numéros dont il s'agit.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pouvons-nous procéder ainsi, Maître
4 Stojanovic.
5 M. STOJANOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, je vous
6 remercie.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bon. Alors, si j'ai bien compris ce que
8 dit Me Stojanovic, il veut nous montrer la séquence qui va de 7:42 à 9:10,
9 et donc cela fait un peu moins de deux minutes de séquence vidéo.
10 M. STOJANOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je crois que
11 nous allons pouvoir le faire.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Votre micro, Monsieur Stojanovic.
13 M. STOJANOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je crois que
14 nous allons surmonter la difficulté et nous allons demander à Mlle Janet de
15 nous venir en aide.
16 Q. Mon Colonel, il s'agit ici d'événements --
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Voyons-le d'abord, et après vous allez
18 expliquer.
19 [Diffusion de cassette vidéo]
20 M. STOJANOVIC : [interprétation] Non non, arrêtez-vous là.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Alors, posez votre question et
22 expliquez au témoin ce dont il s'agit.
23 M. STOJANOVIC : [interprétation]
24 Q. Mon Colonel, est-ce que vous pouvez reconnaître l'homme que l'on voit
25 ici sur cet extrait vidéo ?
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que vous parlez de cet homme
27 qui porte un blaser bleu clair qui a la main levée.
28 M. STOJANOVIC : [interprétation] Oui, justement c'est de celui-là dont je
Page 2140
1 parle, Monsieur le Président.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'arrive pas à le reconnaître. C'est la
3 première fois que je vois cet enregistrement.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous sommes en train de visionner le
5 0748.5.
6 Allez-y.
7 M. STOJANOVIC : [interprétation] Je demanderais à Mlle Janet de continuer
8 et à un moment autre je lui redemanderais de stopper.
9 [Diffusion de cassette vidéo]
10 L'INTERPRÈTE : L'interprète précise que c'est inaudible.
11 C'est tout un brouhaha de voix.
12 M. STOJANOVIC : [interprétation] Arrêtez- vous là je vous prie.
13 Q. Alors, Monsieur mon Colonel, j'aimerais vous demander si vous
14 reconnaissez l'homme qui se trouve en plein milieu de cette vue en uniforme
15 militaire avec une moustache et il se peut même, une barbe ?
16 R. Oui, c'est Ramiz Becirovic, si je ne m'abuse.
17 Q. Essayons de vous demander de l'aide. La première personne dont j'avais
18 parlé pouvait-il être Nesib Mandzic ou pas ?
19 R. Je ne le reconnais pas sur cette image.
20 M. STOJANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, pourriez-vous s'il
21 vous plaît m'accorder un instant. Je voudrais dire à la Chambre de première
22 instance que nous avons arrêté l'extrait vidéo à 1:39 et que le témoin a
23 reconnu Ramiz Becirovic sur cet arrêt sur l'image.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] 8:39.9.
25 M. STOJANOVIC : [interprétation]
26 Q. Je crois que vous avez plusieurs fois rencontré M. Mandzic et pourriez-
27 vous nous dire s'il vous plaît ce dont vous avez parlé pendant ces
28 réunions. Quels étaient les sujets de vos conversations ?
Page 2141
1 R. C'était exclusivement consacré à des questions qui avaient trait à
2 l'école. Nous parlions des réunions avant le choix de représentants de la
3 population. Jusqu'à là mes rapports avec lui étaient seulement lorsque j'ai
4 visité son école et nous n'avons pas parlé de quoi cela soit d'autre.
5 Q. Pourquoi avez-vous personnellement pensé que M. Mandzic serait un bon
6 représentant, et pourquoi avez-vous présenté son nom lors de cette réunion
7 à l'hôtel ?
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous avons besoin de savoir avant cela
9 si c'est bien lui qui a présenté le nom de M. Mandzic ou si s'était M.
10 Karremans, ou était-ce lui, ou est-ce que c'était lui et M. Karremans
11 ensemble ?
12 M. STOJANOVIC : [interprétation] Très bien, Monsieur le Président.
13 Q. Colonel, est-ce que c'est vous qui avez proposé M. Mandzic comme
14 représentant à la réunion à l'hôtel Fontana ?
15 R. Oui, c'était moi.
16 Q. La question que je vous pose maintenant a trait à ce que je vous
17 demandais il y a un instant. Pourquoi avez-vous décidé de faire cela ?
18 R. Autant que je puisse m'en souvenir je suis revenu en voiture de
19 Srebrenica à Potocari le sergent-major Rave et moi-même, avons ouvert des
20 barrières afin que les réfugiés puissent avoir un peu de place et je crois
21 que, du coin de l'œil, j'ai remarqué Nesib Mandzic. C'est comme c'est resté
22 gravé dans ma mémoire et c'est comme j'ai pensé. Oui, nous avons besoin de
23 quelqu'un. J'ai vu quelqu'un, pouvons-nous le retrouver ? C'était ainsi
24 dans ma mémoire à peu près.
25 Q. Vous souvenez-vous du fait que M. Nesib Mandzic ait eu des engagements
26 politiques ?
27 R. Je ne l'ai pas remarqué ni du point de vue de son comportement, ni du
28 point de vue des entretiens que j'ai pu avoir avec lui.
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1 Q. Savez-vous nous dire si à l'époque, avril, mai, juin 1995, il y a eu
2 des confrontations politiques au sein de l'enclave de Srebrenica ?
3 R. Oui. Cela je le sais, certainement, parce qu'il y en a eu.
4 Q. Y a-t-il eu un parti au pouvoir et une opposition ?
5 R. Il y a eu une opposition et il y a eu un conflit en cours entre
6 l'opposition et les hommes au pouvoir. Cela je suis au courant.
7 Q. Qu'entendez-vous par "hommes au pouvoir" ? Pouvez-vous nous expliquer ?
8 R. Je ne me souviens d'aucun nom concret. Ce que j'ai pourtant à l'esprit
9 c'est l'une des personnes faisant partie de l'opposition a créée un parti
10 d'opposition et a demandé la protection du Bataillon néerlandais parce
11 qu'il se sentait menacé. Je me souviens d'en avoir parlé avec le sergent
12 chef Rave et nous ne lui avons pas fourni une protection de la sorte parce
13 que nous avons estimé que c'était une question intérieure à l'enclave et je
14 me souviens que l'un des membres de l'opposition a fini par être gravement
15 blessé. Alors que les dirigeants de l'enclave nous avaient demandé à
16 l'occasion de nos réunions hebdomadaires de ne pas essayer d'établir des
17 contacts sans demander leur participation -- sans qu'ils soient impliqués.
18 C'est ce dont je me souviens.
19 Q. Qui avez-vous pensé avoir été ces hommes au pouvoir au sein de
20 l'enclave, ces détenteurs du pouvoir ?
21 R. Bien, ces détenteurs du pouvoir au sein de l'enclave c'était Zulfo à
22 l'ouest, c'était Sanvic Tusanovic [phon] aux arrières, et dans le reste du
23 secteur c'était Naser Oric avec son groupe et c'était lui qui se trouvait à
24 la tête de ce groupe.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Partant de ce que nous venons
26 d'entendre et nous étions en train de parler d'avril, mai et juin 1995.
27 J'ai cru comprendre que Naser Oric était parti à Tuzla en avril. Alors, on
28 est en train de parler d'avril, mai, et juin. Qu'en est-il donc du reste du
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1 mois d'avril, mai, et juin 1995, parce qu'il n'était pas là-bas ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Alors, il n'y était pas et nous avons eu
3 affaire à la personne que vous avez vue au milieu de l'image de tout à
4 l'heure mais c'était quelqu'un qui était certainement en contact avec Naser
5 Oric. Ma question était de dire qu'il devait forcément recevoir des
6 instructions de sa part. On n'a pas à être présent pour s'occuper de ce qui
7 se passait.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Stojanovic, vous pouvez
9 continuer.
10 M. STOJANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
11 Q. Colonel, nous avons longuement entendu parler du dénommé Momir Nikolic.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Madame le Juge, je vous remercie.
13 Monsieur Nicholls, vous vouliez dire quelque chose.
14 M. NICHOLLS : [interprétation] Je crois qu'il y a une erreur au compte
15 rendu d'audience et je veux m'en assurer. Ici il ait dit qu'on n'a pas à
16 être -- à s'occuper des choses si l'on est présent. Je crois que c'est
17 l'inverse qu'on voulait dire.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Il y a certaines légères
19 difficultés d'interprétation depuis ce matin. Je suis d'accord avec vous.
20 Veuillez continuer, Maître Stojanovic.
21 M. STOJANOVIC : [interprétation]
22 Q. Colonel, pouvez-vous me dire quelles étaient les fonctions occupées par
23 Momir Nikolic au sein de la Brigade de Bratunac à l'époque si tant est que
24 vous le savez ?
25 R. C'était l'homme de liaison avec nous. Son rôle exact au sein de la
26 brigade n'était pas clair et je crois qu'il a préféré le laisser ainsi.
27 Q. Avait-il un grade militaire ?
28 R. Oui. Nous nous adressions à lui en l'appelant commandant Nikolic. C'est
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1 ainsi qu'on nous l'avait présenté.
2 Q. Il portait ce grade ou pas ?
3 R. Non. En général, les officiers de la VRS ne les portaient pas.
4 Q. M. Nikolic vous a-t-il à quelque moment que ce soit dit que son grade
5 était celui d'un commandant ?
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous êtes en train de
7 contester le grade de M. Nikolic, Maître Stojanovic ?
8 M. STOJANOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Peut-être
9 serait-il une bonne occasion pour moi d'essayer de prouver qu'il n'avait
10 pas eu ce grade ? Ce que j'essaie de faire c'est d'obtenir une information
11 à ce sujet de la part de ce témoin.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Continuez, donc, parce que cela
13 pourrait être la seule raison pour laquelle je me suis demandé pourquoi ces
14 questions-là étaient posées.
15 Colonel, la question qu'on vous pose est celle de savoir si M. Nikolic vous
16 a, à moment donné ou pas, dit qu'il avait un grade de commandant.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense me souvenir qu'il n'avait pas
18 souhaité qu'on s'adresse à lui en mentionnant son grade ou sa fonction, je
19 crois qu'il y a même eu un incident parce que quelqu'un s'était adressé à
20 lui en disant que c'était le commandant de la Brigade de Bratunac, et lui
21 est devenu si furieux qu'il a refusé d'avoir à faire à nous pendant un
22 certain temps. Il s'était donc manifestement efforcé de ne pas faire
23 mentionner son grade ou ses fonctions.
24 M. STOJANOVIC : [interprétation]
25 Q. Mais qui est-ce qui vous l'a présenté en disant que c'était le
26 commandant Nikolic ?
27 R. Je crois que c'est le général Zivanovic qui me l'a présenté début
28 janvier. C'est ainsi que l'on présentait mes prédécesseurs du Bataillon
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1 néerlandais numéro 2, c'est eux qui m'ont précédé à mes fonctions et eux
2 m'ont confié une liste des personnes qui les avaient contacté avec les noms
3 et les grades, les intéressés. Sur la liste, il était désigné comme étant
4 le colonel -- comme le commandant Nikolic.
5 Q. Merci. Alors, à l'occasion de l'interrogatoire principal vous avez
6 parlé d'une personne qui aurait eu le grade de colonel, le colonel
7 Jankovic. Pouvez-vous nous dire quel a été son rôle au juste dans ses
8 entretiens à l'hôtel Fontana et comment avez-vous perçu vous-même ce rôle ?
9 R. Son rôle a tout d'abord consisté à fournir à Mladic une assistance
10 directe. C'est pourquoi à l'une des réunions il était assis juste à côté de
11 Mladic et il le consultait à l'occasion. Au début de la toute première
12 rencontre, il a évité la porte parole de Mladic auprès de Karremans, il
13 viellait à ce que les messages soient véhiculés de façon correcte. Plus
14 tard, vous voyez au niveau de la vidéo que c'est Petar qui se charge de ce
15 rôle. S'agissant de la troisième vidéo, je crois bien que le colonel
16 Jankovic se trouve derrière, de l'autre côté de l'endroit où se trouvait le
17 général Mladic, et qu'il est en train de prendre des notes. Ultérieurement,
18 je n'ai pas été impliqué. Le colonel Jankovic était censé terminer les
19 choses sur le terrain au nom du général Mladic, mais j'ai appris, par des
20 sources indirectes, qu'il avait servi d'une sorte d'élément de liaison
21 entre le général Mladic et le Bataillon néerlandais.
22 Q. Mais s'agissant de ces trois réunions-là a-t-il pris la parole sur
23 quelques points ?
24 R. Je ne m'en souviens pas. Son rôle a davantage été d'observe et de
25 prendre des notes.
26 Q. Je crois comprendre que c'est à partir de sources indirectes que vous
27 avez pu conclure qu'il était chargé de s'occuper des choses et de terminer
28 certaines choses à la place du général Mladic et au nom de celui-ci. Donc,
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1 vous seriez en train de nous dire que c'est lui qui aurait eu la mission de
2 réaliser les plans de Mladic, est-ce que -- et que c'était lui l'instance
3 exécutive. Serait-ce là une constatation juste ?
4 R. Je serais davantage porté à dire qu'il servait d'élément de liaison
5 avec le Bataillon néerlandais et qu'il était censé arranger les choses,
6 toute chose avec le Bataillon néerlandais. Donc, s'il s'agissait d'une
7 exécution limitée des plans du général Mladic essentiellement centrés sur
8 le Bataillon néerlandais. Mais ceci ne découle pas de mes observations
9 personnelles, c'est ce que j'ai ouï-dire de la bouche du tiers.
10 Q. Quand vous parlez de la réalisation des plans à Mladic, de quels plans
11 parlez-vous au juste ?
12 R. Je parle du transport des réfugiés.
13 Q. Quand avez-vous pour la première foi, entendu parler de cette procédure
14 de séparation des hommes aptes au combat du reste ?
15 R. Cela pourrait fort bien être à l'occasion de la première ou la deuxième
16 avec le général Mladic. Toujours est-il que j'avais déjà entendu parler de
17 cela lors de la troisième réunion.
18 Q. Je vous demanderais à présent, mon Colonel, de présenter à présent un
19 document.
20 M. STOJANOVIC : [interprétation] Je demanderais à Mme la Greffière de nous
21 montrer le 4D15 que nous nous sommes procurés dans la collection générale
22 des documents ID et c'est un ERN 4D000186 qui va jusqu'à 4D000189.
23 Malheureusement, Monsieur le Président, jusqu'à présent, nous ne nous
24 sommes pas encore procurés une traduction. Je me propose de donner lecture
25 de l'intitulé parce qu'en suite il n'y a que des noms, ce qui ne devrait
26 pas poser davantage de problèmes.
27 Q. Mon Colonel, dans le titre, il est dit : "Liste de criminels de guerre
28 connu par le commandement de la 1ère Brigade d'Infanterie légère de
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1 Bratunac, qui ont commis des crimes de guerre sur le territoire de
2 Bratunac, Srebrenica, Milici, Vlasenica et Skelani, et au sujet desquels il
3 y aurait des éléments d'information indiquant qu'ils se trouveraient à
4 Srebrenica."
5 Le document est ensuite partagé par groupe, à savoir il y a les
6 responsables et les organisateurs, les effectifs de commandement ainsi que
7 les exécutants. Au total, les hommes faisant partie de ces listes sont au
8 nombre de 387 et c'est daté du 12 juillet 1995.
9 Ma question relative à ce document est la suivante : avez-vous eu
10 connaissance à quelque point de vue que ce soit de ce document ?
11 R. Pour autant que je puisse m'en souvenir c'est la première fois que je
12 suis en train de voir cette liste.
13 Q. M. Momir Nikolic à un moment donné vous a-t-il dit quoi que ce soit au
14 sujet du présent document ?
15 R. Je ne m'en souviens pas. Ce dont je me souviens c'est qu'il a dit
16 qu'il y avait des criminels, mais pas qu'il y a eu une liste.
17 Q. Quand vous venez -- ce que vous venez de dire qu'il y aurait eu des
18 criminels, qu'est-ce que cela a-t-il pu sous-entendre ?
19 R. Parlant de criminels ce que j'ai à l'esprit c'est les gens qui d'après
20 M. Nikolic auraient été des criminels de guerre.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'aimerais que l'on tire ceci au clair
22 parce qu'on en a besoin de cette clarification. Au compte rendu d'audience
23 ce que nous avons de noter c'est que c'est les propos suivants : "Je me
24 rappelle qu'il y a eu des criminels." Ce que vous avez voulu dire et vous
25 allez me corriger si je me trompe c'est que quoi que vous n'ayez jamais vu
26 une liste de cette sorte.
27 M. Nikolic vous aurait mentionné l'existence de criminels de guerre; c'est
28 bien ce que vous avez voulu nous dire ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. C'est exact.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En d'autres termes, ce que vous n'avez
3 pas voulu nous dire c'est que vous avez eu personnellement connaissance de
4 l'existence de criminels de guerre parmi les Musulmans de Bosnie.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact. Il y a eu des rapports relatifs à
6 de possibles méfaits commis par les troupes de l'ABiH dans l'enclave et au
7 sujet de crimes de guerre qui auraient pu être commis.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien. Merci. Maintenant cela est
9 plus clair.
10 Maître Stojanovic.
11 M. STOJANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
12 Q. Colonel, partant de ce que vous avez dit et compte tenu de la
13 déposition que vous avez faite auprès du bureau du Procureur à la date du
14 10 février 1998, et à des fins d'identification, je précise qu'il s'agit de
15 la page 8, paragraphe 2, l'endroit où vous êtes en train de parler de la
16 réunion du 18 juillet 1995, et de l'évacuation de la population au moment
17 où vous faites état d'une réunion où Mladic aurait parlé d'une rencontre
18 avec le général Smith et le lieutenant-colonel Karremans n'était pas censé
19 se préoccuper de cela. Vous souvenez-vous de ce segment-là de votre
20 déposition ?
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, si on va lui poser des questions
22 sur cet événement je crois qu'il a besoin de se pencher sur cette
23 déposition. J'aimerais qu'on la lui fournisse et que nous nous penchions
24 dessus également.
25 M. STOJANOVIC : [interprétation] Je demanderais à Mme la Greffière de nous
26 aider. Il s'agit de la pièce à conviction de la Défense qui porte la cote
27 4D25, page 8, en version anglaise ce serait -- plutôt, en version anglaise
28 ce serait à la page 9, paragraphe numéro 2.
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1 Q. Mon Colonel, au moment où cela sera retrouvé vous verrez sur votre
2 moniteur la page 9, paragraphe 2 de cette déclaration.
3 R. Oui, mais ce n'est pas encore le cas. Maintenant, cela y est.
4 Q. Vous souvenez-vous de cela ?
5 R. Vous parlez du paragraphe où l'on parle en surligné "Mladic", et
6 cetera ?
7 Q. Oui, justement. La quatrième ligne c'est le début du passage dont je
8 veux parler.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ceci ne reflète pas ce que nous pouvons
10 lire au compte rendu d'audience. Une fois de plus, je précise page 63,
11 lignes 16, 17, et autres allant jusqu'à 21, parlant du compte rendu, le
12 témoin s'est vu dire la chose suivante : il a été fait référence de ce
13 paragraphe. On parle de la page 8, or on voit qu'il s'agit en réalité de la
14 page 9 et là vous parlez de la réunion du 12 juillet 1995 et de
15 l'évacuation de la population. Vous mentionnez également la réunion où
16 Mladic a pris la parole où il parle de la rencontre avec le général Smith
17 où vous déclarez - là, il manque quelque chose - il est dit ensuite que le
18 colonel Karremans n'a pas à s'inquiéter de cela. Alors, c'est justement à
19 l'opposé de ce qui est décrit dans la partie pertinente de la déposition
20 faite par le témoin parce qu'il y ait dit que d'abord Karremans a d'abord
21 fait une objection à l'égard de Mladic, mais que Mladic lui a ignoré
22 l'objection et ensuite il a dit qu'il avait rencontré le général Smith et
23 que Karremans n'avait pas à s'en préoccuper. Alors, vous pouvez y aller
24 avec votre question et j'ai repris tout cela pour que les choses soient
25 faites -- présentées de façon plus claire et non pas pour devancer en quoi
26 que ce soit la question que vous avez posée, Maître Stojanovic.
27 M. STOJANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
28 Q. Dites-nous, Monsieur le Témoin, Colonel, qui -- dites-nous, d'abord :
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1 qui est le général Smith ?
2 R. Le général Smith était le supérieur hiérarchique qui se trouvait à un
3 grade au-dessus de nous. Il n'était pas à Tuzla. Je crois qu'il se trouvait
4 à Sarajevo. Toujours est-il, il occupait un poste plus élevé. Peut-être se
5 trouvait-il même à Zagreb.
6 Q. Est-il exact de dire qu'à cette occasion-là, le général Mladic a
7 mentionné à l'égard du lieutenant-colonel Karremans une rencontre avec le
8 général Smith en disant que le lieutenant-colonel Karremans n'avait pas à
9 se préoccuper des questions qui étaient évoquées ?
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est exactement ce que dit la
11 déposition. Donc, votre question serait plutôt celle de demander s'il
12 confirmerait ici ce qui est dit au paragraphe et non pas l'élément que vous
13 formulez. Colonel, partant des connaissances qui sont les vôtres, êtes-vous
14 à même de confirmer la teneur du deuxième paragraphe de cette déposition,
15 page 9 ou pas ?
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Pour le moment le souvenir que j'ai et
17 bien est inexistant si ce n'est que j'ai fait une déclaration dans laquelle
18 c'est écrit, donc, je pars du principe que cela s'est passé comme cela,
19 c'était comme cela.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, mon Colonel.
21 M. STOJANOVIC : [interprétation] Est-ce que c'est un bon moment pour faire
22 la pause, Monsieur le Président ?
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Parfait. Merci, Maître Stojanovic.
24 Monsieur Nicholls, nous allons prendre une pause de 25 minutes, mais je
25 vois que vous voulez intervenir.
26 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui. Je n'avais pas compris que cela allait
27 être la pause. Je voulais que le compte rendu soit clair. La question
28 portait sur des questions soulevées mais la déclaration montre que ce
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1 n'était pas des questions au pluriel. Le colonel Karremans faisait
2 objection que les hommes soient séparés pour être interrogés et la réponse
3 du général Mladic c'était qu'il ne devait pas s'en faire. Donc, ce n'était
4 pas toute une série de questions qui était soulevée, mais une question bien
5 précise.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] On a simplement demandé au témoin de
7 consulter le deuxième paragraphe de la page 9. La question était ceci :
8 "Est-il exact de dire que, cette fois-là, le général Mladic a dit au
9 lieutenant-colonel Karremans qu'il avait rencontré le général Smith et que
10 le lieutenant-colonel Karremans ne devrait pas s'inquiéter des questions
11 soulevées, quelque soit les questions."
12 C'est la question qui est posée au témoin. Au paragraphe 2 c'est que nous
13 avons précisément. Mladic a esquissé le plan d'évacuation pour les
14 réfugiés, il y a eu objection de Karremans et Mladic a dit qu'il avait
15 rencontré le général Smith et que le colonel Karremans ne devait pas
16 s'occuper de cela.
17 Au fond, ce que pose Me Stojanovic concerne ces lignes et effectivement il
18 est répété qu'il était fait référence aux
19 lignes 4 et 5. Corrigez-moi, si je me trompe, Maître Stojanovic, mais je ne
20 pense pas me tromper. On ne parlait pas ici des questions au pluriels du
21 moins pour le moment, n'est-ce pas ?
22 M. STOJANOVIC : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Faisons une pause de 25 minutes.
24 --- L'audience est suspendue à 12 heures 32.
25 --- L'audience est reprise à 13 heures 00.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.
27 M. NICHOLLS : [interprétation] Je voulais simplement vous informer de ceci,
28 je m'excuse. Demain je ne pourrais pas être présent, ce qui veut dire que
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1 c'est M. McCloskey qui posera les questions supplémentaires s'il y en a. Je
2 suis désolé, mais c'est quelque chose qui prévu depuis longtemps et nous
3 nous -- au départ, on pensait que ce ne causait pas de problème pour le
4 témoin.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci de nous avoir prévenu.
6 Maître Stojanovic, veuillez poursuivre.
7 M. STOJANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
8 Q. Mon Colonel, après la troisième réunion à l'hôtel Fontana, le 12
9 juillet, vous êtes allé à Potocari. Suite à une brève réunion avec le
10 lieutenant-colonel Karremans et le commandant Franken, vous êtes reparti
11 une fois de plus à Bratunac, n'est-ce pas ?
12 R. Oui, c'est exact.
13 Q. Là, vous avez rencontré M. Momir Nikolic, n'est-ce pas ?
14 R. Oui.
15 Q. Il vous a dit de repartir à Potocari parce que l'évacuation était sur
16 le point de commencer; est-ce exact ?
17 R. Ou que cela avait déjà commencé.
18 Q. Cette réunion avec Momir Nikolic, est-ce qu'elle était spontanée ou
19 est-ce que vous avez demandé à revoir M. Momir Nikolic ?
20 R. C'était une réunion -- une rencontre spontanée. C'est moi qui suis allé
21 là-bas sans qu'il y ait eu le rendez-vous pris.
22 Q. Mais, à ce moment-là, M. Momir Nikolic savait que l'évacuation était
23 sur le point de commencer ou qu'elle avait commencé, n'est-ce pas ?
24 R. Oui.
25 Q. Est-ce que vous pourriez nous aider en nous disant comment vous vous
26 avez perçu le rôle joué par M. Momir Nikolic dans l'évacuation et de la
27 séparation des hommes en âge de combat du reste du groupe ?
28 R. Je ne l'ai pas vu présent à Potocari Momir Nikolic, et je ne l'ai pas
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1 vu non plus moment où les hommes ont été séparés. Donc, effectivement, je
2 ne l'ai pas vu participant.
3 M. STOJANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame et Messieurs
4 les Juges, la pièce 4D16 peut-elle être montrée au témoin. Il s'agit d'une
5 déclaration concernant les faits et la reconnaissance de responsabilité
6 fournie par M. Momir Nikolic, numéro ERN dans sa version anglais 4D000190,
7 jusqu'à 4D000198. C'est le point 5 qui m'intéresse dans cette déclaration
8 concernant les faits et le plaidoyer de culpabilité fait par M. Nikolic.
9 Point 5. C'est le plaidoyer de culpabilité de Momir Nikolic.
10 Ce point dit ceci : Après avoir parlé au lieutenant-colonel Popovic
11 et à Kosovic [comme interprété], le colonel Jankovic a quitté l'hôtel
12 Fontana et m'a dit de coordonner le transport de toutes les femmes et de
13 tous les enfants et la séparation des hommes musulmans en âge de porter les
14 armes.
15 Q. Vous voyez ce passage, mon Colonel ?
16 R. Oui.
17 Q. Nous ne sommes pas des militaires. Pourriez-vous nous dire ce qu'on
18 comprend dans votre doctrine militaire par le terme de "coordination." Je
19 parle de terminologie militaire et de ce que ce terme recouvre.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Zivanovic.
21 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Excusez-moi, mais je ne trouve pas le
22 texte, il n'apparaît pas sur mon écran.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je peux vous dire que moi sur un écran
24 j'ai le texte en anglais et le texte correspondant traduit en B/C/S. Il
25 faut que vous appuyiez sur la touche e-court. Si cela ne marche pas, dites-
26 le-moi.
27 Les autres personnes présentes dans le prétoire, ont-elle cet écran ? Oui,
28 je vois que Me Lazarevic dit que lui il a ce texte. Quelqu'un va peut-être
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1 aider Me Zivanovic et nous pourrons poursuivre.
2 M. LAZAREVIC : [interprétation] Peut-être que Me Zivanovic devrait utiliser
3 l'écran qu'il y a entre lui et Me Condon.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. C'est réglé. Poursuivons.
5 Excusez-moi, Maître Stojanovic, poursuivez.
6 Mais, Colonel, on vous demandait de nous expliquer la signification
7 militaire qu'il faut apporter au terme de "Coordination", je suppose, dans
8 le cadre d'une opération.
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Si on a la responsabilité de coordination cela
10 veut dire qu'on rassemble diverses parties, divers éléments et qu'on essaie
11 de tenir compte des intérêts de chacun, de les mettre en équilibre. Cela
12 peut effectivement être pour que les choses se passent aussi bien et aussi
13 rapidement que possible. Cela peut se passer lorsque, par exemple, on
14 reçoit de son supérieur une autorité de coordination, donc on agit au nom
15 d'un supérieur hiérarchique. C'est qu'on entend par coordinateur et comme
16 il le dit ici il était responsable du transport et de la séparation et
17 qu'il a reçu cette autorité du colonel Jankovic.
18 M. STOJANOVIC : [interprétation]
19 Q. Merci, Colonel. Encore une seule chose, est-ce que la coordination
20 implique également la possibilité d'avoir le commandement des unités qui
21 sont censées être coordonnées conformément aux instructions reçues ?
22 R. Je ne voudrais aller aussi loin, non.
23 M. STOJANOVIC : [interprétation] Je vais vous demander maintenant
24 d'examiner le point 6 de cette déclaration. Dernière phrase. Voici le texte
25 en anglais, à la page 3. Ici, Momir Nikolic poursuit, il parle des faits,
26 de son plaidoyer de culpabilité et il dit qu'en coordination avec ces
27 unités qu'il a mentionnées précisément qu'il a coordonné, qu'il a supervisé
28 le transport des femmes et des enfants à Kladanj ainsi que de la séparation
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1 et de la détention des Musulmans en âge de porter les armes.
2 Pensiez-vous toujours, Colonel, que dans ce terme "coordination", on
3 implique quelque chose qui peut être exécuté sans donner d'ordre ou sans
4 transmettre aucun ordre aux unités qui sont coordonnées ?
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.
6 M. NICHOLLS : [interprétation] Ce n'est pas exactement la réponse du
7 témoin.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je pensais à intervenir moi-même
9 parce qu'auparavant qu'a dit le témoin ? Il a dit qu'il ne voudrait pas
10 aller aussi loin, c'est-à-dire être d'accord avec vous parce que votre
11 question dit ceci : "Est-ce que cela implique également la possibilité
12 d'avoir le commandement des unités ?" Je pense que, dans sa réponse, il
13 pensait au commandement général et il dit qu'il n'y irait pas aussi loin
14 que cela. Pour moi, sa réponse ne voulait pas dire que cela exclurait la
15 moindre mesure de commandement. Vous pourrez peut-être demander au témoin
16 d'expliciter sa réponse précédente, mais c'est comme cela que je l'avais
17 compris.
18 Mon Colonel, la définition -- la compréhension que vous avez dans le terme
19 de "coordination", comme vous nous l'avez expliqué, est-ce qu'elle veut
20 dire que vous excluez totalement, complètement la possibilité de donner des
21 mesures de commandement les plus simples ou légères quelles soient dans des
22 activités de coordination ? Est-ce qu'elle exclut en d'autres termes qu'on
23 donne des ordres ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que c'est la réponse fournie
26 par le témoin, Maître Stojanovic, et c'est précisément comme cela que je
27 l'avais compris tout d'abord.
28 M. STOJANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Oui, c'est
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1 comme cela que j'avais compris les choses et je ne pense pas qu'il soit
2 nécessaire de nous appesantir là-dessus.
3 Q. Mon Colonel, poursuivons l'examen de cette journée du
4 12 juillet vers 13 heures 30, après que vous avez eu ce contact avec M.
5 Nikolic, vous êtes reparti à Potocari; vous vous en souvenez ?
6 R. Oui, oui, oui, c'est vrai.
7 Q. Il vous a fallu franchir le Pont jaune. Il vous a fallu passer par
8 votre poste d'observation; est-ce exact ?
9 R. Oui.
10 Q. Au poste d'observation est-ce que vous vous êtes arrêté ? Est-ce que
11 vous avez parlé à des soldats du Bataillon néerlandais ?
12 R. Je ne m'en souviens pas mais c'est bien possible. Cela c'est certain si
13 on voit des soldats soit on s'arrête et on demande ce qui se passe, comment
14 cela va ?
15 Q. C'est logique. Pourriez-vous nous aider en nous disant le nom que vous
16 donniez à ce poste d'observation ?
17 R. Oui. C'était l'OP-PaPa, le poste d'observation P.
18 Q. Vers 13 heures 30, le 12 juillet, il y avait des membres -- il y avait
19 encore des membres du Bataillon néerlandais à ce poste d'observation; est-
20 ce exact ?
21 R. Je ne sais plus. C'est possible.
22 Q. Merci. Lorsque vous êtes arrivé à Potocari vous avez vu un grand nombre
23 de réfugiés qui montaient dans des cars. Voici ce que j'aimerais vous
24 demander : le fait de monter dans ces cars est-ce que cela s'est passé à un
25 seul endroit, ou est-ce qu'il y a des gens qui sont montés dans plusieurs
26 cars ou camions en même temps d'après ce que vous avez pu voir ?
27 R. Il y a des gens qui sont montés en même temps dans plusieurs cars et
28 dans plusieurs camions.
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1 Q. Donc, cela veut dire qu'il n'y avait pas un seul endroit où les gens
2 montaient à bord de véhicules mais cela se faisait à plusieurs endroits,
3 cela couvrait toute une zone ?
4 R. Les cars étaient garés en file indienne, ils ne roulaient pas. On a
5 rempli ces cars, les véhicules. Bien sûr, que les gens sont montés dans les
6 autocars à plusieurs endroits.
7 Q. Est-ce que c'était juste en face de la base des Nations Unies ou est-ce
8 que c'était plutôt à gauche ou à droite de cette base quand on regarde vers
9 la route asphaltée ?
10 R. Je pense que les moyens de transport, ils étaient plutôt sur le côté
11 droit de la route à proximité de la base.
12 Q. Est-ce que vous avez vu dans ce groupe de réfugiés des membres de
13 l'ABiH, des combattants que vous auriez reconnus ?
14 R. Non, je n'en ai pas vus.
15 Q. Colonel, j'aimerais que vous commentiez un document.
16 M. STOJANOVIC : [interprétation] Je vais demander l'aide de Madame la
17 Greffière, il s'agit de la pièce 4D17 numéro ERN 4D000208 jusqu'à 4D000209.
18 Nous allons nous intéresser à la première page de ce rapport.
19 Malheureusement, nous n'avons toujours pas reçu la traduction, Monsieur le
20 Président, Madame et Messieurs les Juges, mais il y a qu'une seule phrase
21 que je vais lire et que je vais soumettre au témoin.
22 Q. Colonel, ce document émane de l'état-major principal de l'ABiH et porte
23 la date du 12 juillet 1995. Ceci se trouve dans le coin supérieur gauche du
24 document. Il a été envoyé à 13 heures 25 précisément à l'heure où vous
25 étiez censé vous trouvez à Potocari. Enver Hadzihasanovic, qui était le
26 chef de l'état-major principal, envoie ceci au président de la présidence
27 de la République de Bosnie-Herzégovine en passant par le commandement du 1er
28 Corps d'armée de l'ABiH et voici ce que ce document dit : "Hier soir, vers
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1 23 heures, nous avions de 15 000 à 20 000 réfugiés qui étaient situés dans
2 la zone de combat avec 300 combattants de l'ABiH dans le camp de Potocari."
3 Combien d'hommes en âge de combattre avez-vous vous cette fois-là à
4 Potocari ?
5 R. Je me suis déplacé deux ou trois fois parmi les groupes de réfugiés.
6 C'est difficile de faire une estimation. J'en ai vu plusieurs dizaines en
7 tout cas.
8 Q. Il y a quelques instants vous avez identifié le chef d'état-major de la
9 28e Division dont vous avez dit qu'il s'agissait de Ramiz Becirovic. Le 11
10 juillet, est-ce que vous l'avez vu, ce soir-là à Potocari ?
11 R. La dernière fois que je l'ai vu c'était à Srebrenica à la base de la
12 Compagnie Bravo où il avait demandé la sécurité pour sa femme, qu'elle soit
13 en lieu sûr. Après je ne l'ai plus revu.
14 Q. Suis-je en droit de conclure que ceci s'est passé le 10 juillet 1995 ?
15 R. Oui.
16 Q. Pourriez-vous nous aider, une division se compose de plusieurs
17 brigades, n'est-ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Une brigade se compose de plusieurs bataillons, n'est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q. Vous, vous étiez sur place en tant que Bataillon néerlandais, doté des
22 effectifs nécessaire ?
23 R. En fait, à la fin, on avait 60 % des effectifs requis.
24 Q. Je voudrais terminer cette série de questions, je souhaite donc vous
25 demander ceci. Le 12, vous vous êtes joint au premier convoi de réfugiés en
26 direction de Kladanj; est-ce exact ?
27 R. Oui, c'est exact.
28 Q. Qui se trouvait à la tête de ce convoi ?
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1 R. Je croyais l'avoir déjà dit plusieurs fois. Je crois que j'ai indiqué
2 plusieurs fois déjà ces personnes sur des photos.
3 Q. C'est vrai, mon Colonel, vous l'avez déjà fait. Mais, je voulais les
4 bases de ma question suivante. On parle maintenant de chiffres ou de force
5 numérique, où se trouvait votre véhicule dans cette colonne ?
6 R. Lorsqu'on s'est mis à rouler, j'ai essayé de récupérer la colonne et je
7 crois que j'ai été le deuxième ou le troisième véhicule. Derrière moi, en
8 tout cas, devant moi, il y avait un autocar -- derrière moi, il y avait un
9 car et devant une voiture de particulier avec une personne, peut-être qu'il
10 y avait aussi un véhicule militaire, mais je ne me souviens plus
11 exactement.
12 Q. Est-ce que vous avez demandé l'autorisation de votre supérieur
13 hiérarchique pour partir avec ce convoi ou est-ce que vous avez pris vous-
14 mêmes l'initiative de le faire ?
15 R. J'ai eu -- j'ai reçu pour mandat de le faire. On m'a donné l'ordre de
16 les accompagner.
17 Q. Qui, Monsieur le Colonel, qui vous a donné cette mission ?
18 R. Le commandant Franken.
19 Q. Est-ce qu'à ce moment-là, vous aviez vos armes personnelles sur vous ?
20 R. Oui. J'avais mon pistolet et 10 balles. Comme je l'ai dit déjà, c'est
21 plutôt une arme qu'on parte pour montrer son statut ce n'est pas une arme
22 de combat. …
23 Q. Lorsque vous dites qu'à un moment donné à Kladanj, vous avez été fait
24 prisonnier par des membres de l'ABiH, est-ce qu'on vous a pris votre
25 pistolet ?
26 R. Oui, c'est exact.
27 Q. Est-ce qu'on vous la pris immédiatement à Kladanj ou est-ce que cela a
28 été un peu plus tard lorsque vous avez quitté le secteur ?
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1 R. En fait, immédiatement avant d'arriver à Kladanj, nous avons rencontré,
2 je crois, la reconnaissance de l'ABiH au front et ils avaient des soupçons
3 sur ce qui se passait, ils nous ont arrêtés et ils ont pris nos armes et
4 nous ont emmenés -- ou plutôt, nous sommes allés avec eux jusqu'à leur
5 quartier général.
6 Q. Le lendemain, vous avez continué en direction de Split, n'est-ce pas ?
7 R. J'ai pris l'itinéraire qui passait par Tuzla. Pour finir, après
8 certains arrêts, je suis arrivé à Split. Il se peut que cela m'ait pris
9 encore deux ou trois jours.
10 Q. Alors, quand est-ce que vous avez reçu si vous avez reçu une
11 approbation vous permettant ou une autorisation vous permettant de ne pas
12 retourner à Srebrenica, mais de continuer à Split. Ou est-ce que vous
13 l'avez fait sur votre propre initiative ?
14 R. Non. Il y avait un colonel néerlandais à Tuzla, le colonel Branz
15 [phon]. Je lui ai parlé, nous avons discuté de questions avec lui et il
16 savait ce qui se passait. Certainement, je ne suis pas parti seul, cela
17 n'aurait pas marché, il fallait un moyen de transport, un hélicoptère ou
18 quelque chose. A un moment donné, j'ai pris un véhicule Caterpillar. On ne
19 pouvait pas faire cela tout seul.
20 Q. Merci. Je vais terminer, Monsieur Boering, mon Colonel, avec un dilemme
21 qui se pose à moi. A l'occasion de votre interrogatoire principal, le 22
22 septembre, page 17, lignes 14 à 17 du compte rendu d'audience, en répondant
23 à une question de notre confrère, M. Le Procureur, pour ce qui est du
24 nombre d'hommes et de femmes qu'on avait séparés pour emmener les hommes on
25 parle de Tisce et Luka. Donc, le 20 juillet -- le 12 juillet, lorsque vous
26 arrivé dans ce secteur, vous avez répondu que : "D'après vous, il y avait
27 eu dix à 15 hommes. Vous n'en avez pas vu davantage parce qu'il y avait une
28 grande masse de gens et vous n'avez pas eu une grande liberté de
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1 mouvements." Vous en souvenez-vous ?
2 R. Je ne me rappelle pas avoir dit s'il y avait une grande consternation,
3 mais je me rappelle avoir dit qu'il y avait dix à 15 hommes qui n'avaient
4 pas -- et que je n'avais pas ma propre liberté de mouvements.
5 Q. Merci, c'est justement ce que je voulais vous demander.
6 M. STOJANOVIC : [interprétation] Alors, aidez-nous, je vous prie, montrez-
7 nous une fois de plus la déposition faite par le colonel Boering en 1998,
8 le 10 février. C'est la pièce à conviction 4D25 version anglais page 11,
9 paragraphe 3. Il s'agirait de la
10 page 11, paragraphe 3 -- comme je l'ai dit, en version B/C/S, ce serait la
11 page 11, premier paragraphe.
12 Q. J'aimerais que vous vous penchiez, Monsieur -- mon Colonel, sur le
13 milieu de ce troisième paragraphe, et je me propose de donner lecture rien
14 que de cette phrase là : "A un moment donné, des soldats de la VRS ont mis
15 de côté deux ou trois Musulmans faisant partie du convoi, et ces derniers
16 ont d'abord dû attendre à côté du véhicule. Puis, ils ont été emmenés plus
17 loin en contre bas de la route. Je ne sais pas ce qu'il est advenu d'eux."
18 Mon Colonel, je vois ici des renseignements différents concernant le nombre
19 de personnes qui ont été dissociées, mis de côté par rapport -- enfin, mis
20 de côté du reste du convoi. Alors, ici, vous dites deux ou trois, qui est-
21 ce qui est juste ?
22 R. Je ne pense pas que l'un exclut l'autre.
23 Q. Je veux bien consentir à ce que vous ayez raison quand vous parlez de
24 dix ou 15, cela implique deux ou trois forcément. Mais j'aimerais savoir
25 s'il y en a eu deux ou trois ou dix ou 15.
26 R. La toute première déclaration, vous voyez un endroit que je dis que
27 ceci arrivait à deux ou trois. Il se peut qu'ils aient été -- qu'il y en
28 ait eu de séparés en d'autres endroits. Mais à mon avis -- enfin, j'en ai
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1 certainement vu davantage qui étaient séparés du groupe. Je vais terminer
2 pour la question suivante : Pourquoi ne l'avez-vous pas précisé au bureau
3 du Procureur lorsque vous avez fait votre déposition 98, et lorsque vous
4 l'avez dit vous-mêmes, vos souvenirs étaient bien meilleurs que maintenant
5 six ans plus tard -- huit ans plus tard.
6 R. Je ne me rappelle vraiment pas.
7 Q. Bien, je ne vais pas insister davantage.
8 M. STOJANOVIC : [interprétation] Essayez de m'aider à un endroit où la
9 situation est analogue. Cela risque d'être très important pour nous.
10 J'aimerais qu'on montre au témoin le même document, version anglaise page
11 10, paragraphe 4. C'est la même déposition, page 10, paragraphe 4, version
12 anglaise. En version B/C/S, il s'agirait de la page 9, avant-dernier
13 paragraphe.
14 Q. Comme cela est plutôt court, je me propose de vous en donner lecture,
15 mon Colonel. Vous y dites : "Lorsque nous sommes revenus de Bratunac à
16 Potocari, j'ai vu que Mladic se trouvait déjà là-bas et on avait déjà
17 entamé la séparation des hommes musulmans. Les hommes de la VRS ne se
18 trouvaient pas à l'intérieur du complexe mais ont essayé d'accéder. Les
19 hommes mis de côté ont été emmenés dans une maison inachevée. J'ai essayé
20 d'y aller, mais j'ai été empêché par des soldats de la VRS."
21 Dans le témoignage fourni lors de l'interrogatoire principal, vous
22 avez indiqué : "Que vous êtes entré dans ce bâtiment." Alors, aidez-nous.
23 Etes-vous ou pas entré dans ce bâtiment inachevé ou cette maison inachevée
24 comme vous l'avez appelé ?
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je dois vous arrêter là, Maître
26 Stojanovic. Cette question a déjà été -- je ne sais pas si vous étiez
27 présent, à ce moment-là, mais je pense que vous n'étiez pas. En réalité,
28 cette question a déjà été posée au témoin et il y a répondu de façon
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1 parfaitement claire. Donc, je pense qu'il n'est pas nécessaire de lui poser
2 à nouveau.
3 M. STOJANOVIC : [interprétation]
4 Q. Je vous pose cette question pour la raison suivante : ayant compris vos
5 explications concernant une question similaire posée par notre collègue de
6 la Défense de M. Popovic, j'aimerais savoir pourquoi n'avez-vous pas
7 mentionné le fait d'avoir vu des passeports à l'intérieur de cette maison.
8 R. Est-ce que cette question se poursuit ou est-ce qu'on n'était pas censé
9 parler de cette question ? Je ne suis plus très bien au clair maintenant.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Maître Stojanovic, vous êtes en
11 train d'essayer d'attaquer votre crédibilité et suggère vous n'aviez
12 aucunes raisons plausibles de pour lesquelles vous n'avez jamais mentionné
13 les passeports avant maintenant dans votre déclaration et à qui que ce
14 soit, c'est-à-dire c'est la raison pour laquelle j'autorise cette question,
15 mais Me Stojanovic tout autant oublie à l'évidence que nous sommes quatre
16 Juges titulaires, de profession ici et non pas un jury, donc, on ne
17 impressionne pas facilement.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Pourriez-vous, s'il vous plaît, répéter votre
19 question ?
20 M. STOJANOVIC : [interprétation]
21 Q. Ma question qui est ma question finale s'énonce comme
22 suit : Pourquoi une partie de votre témoignage portait sur le fait d'avoir
23 vu des passeports dans un coin de cette maison ? Pourquoi ne l'avez-vous
24 pas mentionné dans votre déposition faite auprès du bureau du Procureur en
25 1998 et on pourrait même dire en 1995 ?
26 R. Je ne sais pas.
27 M. STOJANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais demander
28 -- j'en finis, donc, je vais demander à
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1 Mme l'Huissière de placer sur le rétroprojecteur un document et je
2 demanderais, en même temps, au témoin qui nous a dit ici qu'il connaissait
3 en partie l'alphabet cyrillique de faire un effort et, à cet effet, j'ai
4 également des copies à l'intention des Juges, j'aimerais qu'il nous donne
5 lecture de l'un quelconque des toponymes, à savoir des noms de villes qui
6 sont indiqués. J'en finirais avec mes questions, Monsieur le Président. Je
7 précise qu'il s'agit de l'alphabet cyrillique et qu'il s'agit aussi de noms
8 de villes en Bosnie orientale.
9 Q. Mon Colonel, pouvez-vous nous dire, compte tenu de votre affirmation
10 relative à une connaissance limitée de l'alphabet cyrillique, êtes-vous à
11 même de donner lecture de l'un quelconque des toponymes qui sont indiqués
12 sur cette pièce ?
13 R. Je peux essayer avec celles du bas, Bracelija [phon] ou quelque chose
14 comme cela.
15 Q. Merci, mon Colonel. Pour les besoins du compte rendu d'audience je
16 précise qu'il y a ici les noms des villes qui se trouvent juste à côté des
17 sites d'événements, Sekovici, Bijelina et Vlasenica. Le troisième des
18 toponymes est celui du nom de la ville de Vlasenica, par laquelle la
19 colonne est passée et que M. le Colonel a mentionné tout à l'heure.
20 M. STOJANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Madame,
21 Messieurs les Juges, je n'ai plus de questions.
22 Q. Merci, mon Colonel.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie. Avant que nous ne
24 suspendions la séance, Maître Fauveau, quelle est votre prévision pour le
25 temps que vous aurez besoin demain ?
26 Mme FAUVEAU : Monsieur le Président, à peu près deux heures.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous aurez toujours besoin deux heures.
28 Bien.
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1 Maître Krgovic.
2 M. KRGOVIC : [interprétation] Une demi-heure, disons.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Haynes ou
4 M. Sarapa.
5 M. SARAPA : [interprétation] Deux heures.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez besoin de deux heures. Bien.
7 Nous sommes prévenus qu'on n'aura pas terminé demain. Je lève la
8 séance.
9 --- L'audience est levée à 13 heures 47 et reprendra le mardi 26 septembre
10 2006, à 14 heures 15.
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