Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 21 novembre 2007

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 14 heures 24.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Madame la Greffière. Veuillez

  7   nous citer l'affaire, s'il vous plaît.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges.

  9   Il s'agit de l'affaire IT-05-88-T, le Procureur contre Popovic et consorts.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

 11   Tous les accusés sont présents. Les membres des équipes de la Défense et je

 12   constate l'absence de Me Stojic. M. Meek, où est-

 13   il ? Me Meek.

 14   M. MEEK : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Où est Me Ostojic ?

 16   M. MEEK : [interprétation] Monsieur le Président, Me Ostojic est à Chicago

 17   et il devrait être de retour lundi. Il s'agit de questions personnelles.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Merci.

 19   Je vous dis du côté de l'Accusation, M. McCloskey et

 20   M. Nicholls.

 21   Le témoin est à la barre. Bonjour à vous. 

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Juge.

 23   LE TÉMOIN: MILE JANJIC [Reprise]

 24   [Le témoin répond par l'interprète]

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons reprendre votre déposition.

 26   Vous déposez toujours et vous êtes toujours tenu par la déclaration

 27   solennelle que vous avez faite hier.

 28   Maître Fauveau, c'est à vous.

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  1   Mme FAUVEAU : Merci, Monsieur le Président.

  2   Contre-interrogatoire par Mme Fauveau : [Suite]

  3   Q.  Monsieur, dans l'affaire Blagojevic, lorsque vous avez témoigné en 2004

  4   - c'était à la page 9 845 - lorsque vous parliez du transport des hommes le

  5   12 juillet 1995 -- qui a eu lieu le 12 juillet 1995, vous avez dit que vous

  6   ne connaissiez pas le nombre exact de personnes dans les bus, mais qu'il y

  7   avait plus de personnes -- de 50 personnes par bus.

  8   Est-ce que vous vous souvenez que c'était votre témoignage ?

  9   R.  [aucune interprétation]

 10   Q.  Hier, à la page 22 du compte rendu, vous avez dit que : "Il y avait 70

 11   personnes et non pas 50." Je comprends bien que ce sont 70 est plus que 50,

 12   mais c'est quand même un chiffre assez précis. Pourquoi vous n'avez pas

 13   mentionné ce nombre de 70 personnes dans l'affaire Blagojevic ?

 14   R.  Bien. J'ai essayé de les aider et d'expliquer puisque j'étais là, et je

 15   suis sûr que j'étais là.

 16   Q.  -- [imperceptible] cependant, je constate quand même que dans l'affaire

 17   Blagojevic vous avez dit -- vous avez mentionné que ce chiffre de 50

 18   personnes et qu'il y avait plus de 50 personnes, et comme vous dites

 19   aujourd'hui, ça peut être aussi 51 personnes. Je me demande comment ça se

 20   fait qu'aujourd'hui donc trois ans après votre premier témoignage, vous

 21   pouvez être plus précis qu'il y a trois ans.

 22   M. McCLOSKEY : [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez raison. Même hier, il a

 24   affirmé que c'était entre 50 et 70. Donc, nous l'avons abordé.

 25   Mme FAUVEAU : Monsieur le Président, je suis d'accord qu'hier, il a dit ça,

 26   mais dans l'affaire Blagojevic, il ne l'a jamais mentionné ce nombre de 70,

 27   donc, ma question en effet c'est : comment aujourd'hui ce nombre de 70

 28   personnes est apparu ? Mais je n'insiste pas et je n'ai pas d'autres

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  1   questions.   

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Fauveau.

  3   Maître Stojanovic.

  4   M. STOJANOVIC : [interprétation] Bonjour, Juge.

  5   Contre-interrogatoire par M. Stojanovic : 

  6   Q.  [aucune interprétation]

  7   R.  Bonjour.

  8   Q.  Miodrag Stojanovic, avec mes collègues, je représente Ljubomir

  9   Borovcanin. Je voudrais parcourir plusieurs documents pour éclaircir des

 10   questions. Si j'ai bien compris, sur la base de ce que vous avez dit hier,

 11   toute la journée du 12 et le 13 juillet, vous étiez à Potocari où vous

 12   enregistriez le nombre de population évacuée; c'est bien cela ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Vous êtes allé réaliser cette tâche puisque Momir Nikolic vous a

 15   demandé de vous présenter au colonel Jankovic qui a donc émis cet ordre

 16   précis; c'est bien cela ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  A partir de là, lorsque vous vous êtes présenté au colonel Jankovic, et

 19   que vous en avez parlé dans l'affaire Blagojevic aux pages 9 766 et 9 767,

 20   vous vous êtes compris comme étant placé sous les ordres du colonel

 21   Jankovic en réalisant cette tâche qui vous a été confiée ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Au cours de ces deux journées, à savoir les 12 et 13, à Potocari, avez-

 24   vous vu le colonel Jankovic avec le major ou le capitaine Momir Nikolic ?

 25   R.  Je ne m'en souviens pas.

 26   Q.  Pouvez-vous me dire de manière plus précise quelles étaient selon vous

 27   les tâches qui étaient réalisées par le colonel Jankovic à Potocari les 12

 28   et 13 ? Quelle était selon vous sa mission ?

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  1   R.  Je l'ai expliqué en détail très précis. Je ne pense pas qu'il faille

  2   que je répète ce que j'ai dit. Je vous ai dit, que je l'ai vu dire. Je vous

  3   ai fait part de mes impressions. Je vous ai dit ce qu'il a fait pendant

  4   combien de temps, et je le confirme.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Janjic et Monsieur 

  6   Stojanovic, veuillez autoriser une brève pause entre les questions et les

  7   réponses puisqu'il y avait donc un certain chevauchement, et je voudrais

  8   éviter autant que faire ce peut.

  9   M. STOJANOVIC : [interprétation] Je vous remercie.

 10   Q.  Bien. Tachons d'en tenir compte tous les deux, puisque nous parlons la

 11   même langue.

 12   M. STOJANOVIC : [interprétation] Je vous propose d'examiner la pièce

 13   4D00016 de la Défense, pièce de la Défense. Nous avons déjà eu la

 14   possibilité de regarder ce document. Il s'agit de l'accord de plaidoyer

 15   également les faits de Momir Nikolic. Nous devons voir le point 5 de sa

 16   déclaration qui est donc à la page 2 des versions anglaises et B/C/S. Je

 17   propose que l'on se concentre sur cette partie-là de la déclaration.

 18   Avant que cela n'apparaît à l'écran, je vous ramène à ce que vous nous avez

 19   dit concernant la position du colonel Jankovic. Je vous propose de tirer au

 20   clair les dilemmes qui peuvent subsister. Voyons le point -- la pièce 5 à

 21   l'écran. Je vous remercie.

 22   Q.  Monsieur, je vous demanderais de regarder le premier paragraphe où

 23   Momir Nikolic affirme la chose suivante en parlant du 12 juillet de la

 24   réunion à Fontana. Il s'agit de la troisième réunion. Il affirme ce qui

 25   suit : "Après la troisième réunion," vous le voyez devant vous ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Point 5, paragraphe 1 --

 28   R.  Le premier paragraphe ne commence pas par cette phrase.

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  1   Q.  Il s'agit de la deuxième phrase. Vous le voyez à présent ?

  2   R.  [aucune interprétation]

  3   Q.  "Après la troisième réunion, le colonel Jankovic est sorti de l'hôtel

  4   Fontana et m'a demandé de coordonner le transport de toutes les épouses et

  5   de tous les enfants ainsi que de séparer les Musulmans qui étaient sein de

  6   corps."

  7   Vous voyez cela ?

  8   R.  [aucune interprétation]

  9   Q.  Compte tenu de ce que vous voyez avec, compte tenu de ce que vous

 10   voyez, est-ce que [imperceptible] est-ce que vous êtes d'accord avec moi

 11   pour dire, qu'à l'époque, Jankovic était à la fois de par son rang et en

 12   vertu de son grade, était le supérieur de Momir Nikolic ?

 13   R.  Je ne veux pas en parler. Je n'ai pas eu connaissance de la rencontre,

 14   et de ces observations qui auraient été faites. Je ne voudrais pas me

 15   prononcer là-dessus ou me livrer à des supputations.

 16   Q.  Vous affirmez, nous ne souhaitons pas ou vous prononcer là-dessus. Je

 17   considère qu'il s'agit là de votre position puisque vous n'en savez rien

 18   donc vous ne souhaitez pas émettre de commentaire là-dessus ?

 19   R.  Il s'agirait de pure conjecture de ma part, je n'en ai aucune

 20   connaissance.

 21   Q.  Merci. Ai-je raison de dire que le colonel Jankovic vous a confié cette

 22   tâche précise car il souhaitait connaître le nombre de population évacuée

 23   en comptant le nombre de personnes qui quittaient Potocari ?

 24   R.  Il m'a effectivement confié une tâche précise, que j'ai acceptée, que

 25   j'ai réalisée. Quant à savoir quel était son objectif initial ou ultime, je

 26   n'en sais rien. Je ne peux pas vous le dire.

 27   M. STOJANOVIC : [interprétation] Pourrait-on voir le même document, mais à

 28   la page suivante et le paragraphe suivant du point 6 de l'accord de

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  1   plaidoyer par Momir Nikolic, donc, ça c'est la page 3.

  2   Voyons, regardons donc la dernière phrase du premier paragraphe où

  3   Momir Nikolic affirme ce qui suit : il dresse la liste des unités qui se

  4   trouvaient à Potocari ce jour-là. Il poursuit en disant en action

  5   coordonnée avec ces unités. Il a à la fois coordonné et assuré le suivi des

  6   transports des femmes et des enfants à Kladanj et de séparer les hommes

  7   musulmans en âge de porter des armes. Vous voyez cela dans cette --

  8   R.  [aucune interprétation]

  9   Q.  Dans votre déposition dans l'affaire Blagojevic, à la page 9 781,

 10   lignes 10 à 21, vous avez affirmé avoir vu Momir Nikolic, le 12 juillet à

 11   Potocari; vous vous en souvenez ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Y a-t-il une seule raison pour laquelle vous ne pouvez pas croire Momir

 14   Nikolic et sa déclaration qui le concerne lui.

 15   R.  Il y a mille raisons pour lesquelles je ne devrais pas le croire. Je ne

 16   vois pas comment je pourrai me prononcer là-dessus.

 17   Q.  Je suis donc assez content de votre réponse et je ne vous demande pas

 18   de vous prononcer sur des questions à propos desquelles vous ne pouvez pas

 19   émettre de commentaire. Donc, si vous regardez la ligne précédente, il est

 20   indiqué là que cette action coordonnée et ce suivi a été réalisé par Momir

 21   Nikolic s'agissant des unités dont il avait dressé la liste, et parmi

 22   celles-ci on trouve la police militaire de la Brigade de Bratunac. Vous le

 23   voyez ?

 24   R.  Oui, la police militaire de la Brigade de Bratunac et la police civile

 25   avec des bergers allemands. C'est à cela que vous faites allusion ?

 26   Q.  Oui. Sur la base de vos connaissances et sur la base de ce que vous

 27   avez vu, la police militaire de la brigade de Bratunac a-t-elle participé

 28   aux activités au cours de ces deux journées pour ce qui est de séparer les

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  1   hommes musulmans en âge de porter des armes à Potocari ?

  2   R.  J'étais présent pendant les deux journées et je puis affirmer en toute

  3   responsabilité que la police militaire n'a pas participé en aucune façon à

  4   assurer la séparation des hommes musulmans en âge de porter des armes, des

  5   femmes, comme vous le dites. Donc, il est vrai que la police militaire

  6   était présente là pendant ces deux jours et qu'elle avait effectivement sa

  7   mission ou ses missions.

  8   Q.  Dans l'hypothèse où vous aviez des missions pouvez-vous préciser de

  9   quelle mission spécifique il s'agit sur base de ce que vous avez vu et ce

 10   que vous savez ?

 11   R.  S'agissant de ces missions précises, je commence par moi- même et je

 12   vais me référer à mes collègues, je suis comme je l'ai dit

 13   un membre de la police militaire et ce sont là mes attributions. J'ai

 14   expliqué dans le détail que pour la première heure et demie ou deux heures,

 15   le temps importe -- la durée importe peu, le comptage, c'est-à-dire la

 16   tâche que j'ai accomplie était également réalisée par d'autres collègues.

 17   Après cela, j'ai expliqué qu'à partir de cette même localité, mes

 18   collègues policiers étaient assis dans une voiture et se sont rendus dans

 19   un lieu qui m'était inconnu. C'était également une mission à mes yeux. J'ai

 20   également indiqué que le lendemain, le 13, ils étaient chargés d'escorter

 21   des bus à Bratunac et je pense avoir évoqué suffisamment de missions. Ce

 22   sont les missions dont j'ai connaissance et que j'ai moi-même observées.

 23   Q.  Si je vous disais que grâce au Procureur, nous sommes en présence de

 24   nombreuses déclarations par les membres de la police militaire de la

 25   Brigade de Bratunac. Je n'en citerai que quelques-unes : Rankic Petko,

 26   Bucalina Desimir, Francic Zlatko, qui affirment que, le 12 juillet, ils

 27   avaient reçu un ordre de Momir Nikolic à réaliser ce qui suit : à partir de

 28   Zuti Most, le pont jaune où ils assuraient cette sécurité, le pont, de se

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  1   rendre à Potocari et d'aider leurs collègues de la police militaire et

  2   ainsi que les membres du Bataillon néerlandais afin de s'assurer que la

  3   population musulmane puisse embarquer à bord des bus sans tarder. Ces

  4   déclarations seraient-elles de nature à rafraîchir votre mémoire quant à

  5   leur participation dans ces missions et la réalisation de ces obligations

  6   confiées par Momir Nikolic ?

  7   R.  Je vous dirais la chose suivante : je ne peux pas me prononcer sur la

  8   déclaration des policiers auxquels vous faites allusion, vous ne faites que

  9   répéter ce que j'ai dit, à savoir que la police militaire aidaient à

 10   escorter les bus à Bratunac, je l'ai dit il y a quelques secondes, c'est

 11   ainsi que j'ai compris vos propos et qu'à un moment donné, un nombre plus

 12   important de la police militaire, pas simplement moi-même, se livraient au

 13   comptage de la population qui embarquait à bord des bus. Je n'ai pas le

 14   souvenir d'avoir vu les personnes dont vous parlez.

 15   Q.  Nous avons entendu mais la question n'était pas de se prononcer sur sa

 16   déclaration. Ma question est de savoir si, selon vous, ce serait une

 17   confirmation de ce dont vous avez souvenir et si cela pourrait rafraîchir

 18   votre mémoire, avez-vous vu que des membres de la police militaire ont fait

 19   embarquer la population musulmane sans tarder à bord des bus en aidant

 20   ainsi les membres du Bataillon néerlandais à accomplir la même tâche, oui

 21   ou non ?

 22   R.  Monsieur, les personnes auxquelles vous faites référence n'étaient pas

 23   membres de la police militaire. Sur papier, oui, mais elles ne faisaient

 24   jamais partie de la police militaire dont j'étais moi-même, et croyez-moi,

 25   lorsque j'étais là, ils n'y étaient pas ce jour-là, leur position était à

 26   Zuti Most. Ils s'y sont peut-être rendus par curiosité mais je ne les ai

 27   pas vus.

 28   Q.  Donc, vous souhaitez nous dire, dites-nous par nom, connaissez-vous les

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  1   trois personnes ?

  2   R.  Zlatko Francic, professeur ou l'enseignant, Jovic [phon]  devrait être

  3   également parmi eux, mais les personnes, qui apparaissaient sur la liste en

  4   tant que membres de la police militaire, ne sont jamais rentrées à

  5   l'intérieur du bâtiment de la police militaire. Je ne les ai pas vus. Ils

  6   étaient clairement basés à Zuti Most lorsque les soldats de la FORPRONU

  7   sont passés. Je ne les connaissais trop mais ils étaient à Zuti Most

  8   lorsque -- au point de contrôle de la FORPRONU.

  9   Q.  Est-ce que Momir Nikolic était en mesure de donner des ordres à ces

 10   personnes pour se rendre à Potocari et aider le Bataillon néerlandais pour

 11   ce qui est de faciliter le départ de la population musulmane sans tarder et

 12   les aider à embarquer à bord des bus. Momir Nikolic pourrait-il émettre un

 13   tel ordre ?

 14   R.  Je n'ai aucune information concernant cet ordre, mais je ne l'ai jamais

 15   vu et je ne peux pas vous aider pour ce qui est de dire s'il était en

 16   mesure d'émettre un tel ordre ou pas. Je ne le sais pas.

 17   Q.  Savez-vous ou connaissez-vous un soldat qui appartenait au peloton de

 18   la police militaire de la Brigade de Bratunac qui répondait au nom de Nenad

 19   Djokic ?

 20   R.  Je le connais et je crois que j'ai cité son nom dans ma déclaration.

 21   Oui, j'ai -- si c'est ce nom, je le connais bien.

 22   Q.  Les 12 et 13 juillet, l'avez-vous vu à Potocari ?

 23   R.  J'ai passé une nuit  -- une des nuits avec lui à l'hôtel Fontana. Je me

 24   souviens bien de lui. Mais je ne peux pas vous dire si je l'ai vu à

 25   Potocari ou non. Je ne m'en souviens pas aujourd'hui.

 26   Q.  Si je devais vous redire et répéter que dans cette salle d'audience

 27   nous avons entendu la déposition d'un témoin protégé et le 6 novembre 2006,

 28   à la page 3 608 du compte rendu, le frère de cette personne a été pris à

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  1   part à Potocari et cette séparation a été effectuée par Nenad Djokic. Voici

  2   ma question : est-ce qu'une déposition de ce genre vous permettrait de vous

  3   rafraîchir la

  4   mémoire ? Est-ce que Nenad Djokic, en tant que membre de la police

  5   militaire, a participé à la séparation des hommes musulmans ?

  6   R.  Pour ce qui est Nenad Djokic, je vous ai déjà répondu. J'étais avec lui

  7   pendant toute la soirée et nous étions devant l'hôtel Fontana et la nuit du

  8   12 au 13, c'est tout ce que je puis vous dire à propos de Nenad Djokic. A

  9   savoir si, oui ou non, il a fait une telle chose ou une autre, je ne peux

 10   pas vous le dire, ni me livrer à des conjectures là-dessus.

 11   Q.  Vous conviendrez avec moi que vous ne pouvez tout simplement pas

 12   écarter cette possibilité, à savoir que ce témoin a dit la vérité parce que

 13   vous, vous ne l'avez pas vu ?

 14   R.  Pardonnez-moi mais je ne m'aventurais pas à faire des commentaires eus

 15   égard à ce témoin. Je ne peux pas écarter cette idée, mais je ne peux pas

 16   non plus confirmer cela.

 17   Q.  Vous avez cité le nom de Milan Gvozdenovic, vous en souvenez-vous ?

 18   R.  Oui.

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait préciser le nom pour

 20   que les choses soient claires ? Est-ce qu'on pourrait orthographier le nom,

 21   s'il vous plaît ? C'est un nom difficile.

 22   M. STOJANOVIC : [interprétation] Nous allons essayer d'aller plus

 23   lentement, Gvozdenovic, Milan, G-v-o-z-d-e-n-o-v-i-c. Merci.

 24   Je vais répéter ma question pour les besoins du compte rendu d'audience.

 25   Q.  Gvozdenovic, est-ce que vous conviendrez avec moi que Milan Gvozdenovic

 26   était un membre du peloton de la police militaire de la Brigade de Bratunac

 27   et que le 12 et 13 juillet il était à Potocari ?

 28   R.  C'était un membre du peloton de la police militaire, j'en  conviens.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il y avait une deuxième partie qui se

  2   rapportait à cette question, à savoir si vous l'avez vu, s'il était à

  3   Potocari, et si vous l'avez vu à Potocari. Monsieur Janjic, l'avez-vous vu

  4   à Potocari, les 12 et 13 ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai peut-être pas donné une réponse

  6   complète. Moi j'ai compris cette question comme étant si oui ou non il

  7   était là les 12 et 13. Je sais qu'il était là, les 12 et 13, mais je ne

  8   sais pas s'il était là toute la journée ces deux jours-là, mais il était

  9   là, oui.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Maître Stojanovic, c'est à vous.

 11   M. STOJANOVIC : [interprétation]

 12   Q.  Donc, conviendrez-vous avec moi que lorsque vous l'avez vu, il a

 13   consigné les noms de personnes qui vivaient à Potocari ?

 14   R.  Je ne sais pas s'il a accompli cette tâche-là. Il ne m'a aidé pendant

 15   la première heure et demie, s'il faisait partie de ce groupe-là parce que

 16   j'ai dit que tous ne faisaient pas cela, mais je suis sûr qu'il était là.

 17   Q.  Est-ce qu'à aucun moment, il a consigné sur le registre le nom des

 18   personnes qui vivaient à Potocari, comme vous ?

 19   R.  Il était là mais je ne m'en souviens pas. Nous ne parlons que d'une

 20   heure et demie ou de deux heures le 12. A ce moment-là, il y avait d'autres

 21   membres de la police qui se livraient à de telles activités.

 22   Q.  Qui dans ce système avait le droit de lui donner un ordre pour qu'il

 23   remplisse certaines missions ou certaine tâches à

 24   Potocari ?

 25   R.  Je ne peux pas vous parler de cela dans ma déposition, le système de

 26   commandement, je ne peux pas en parler parce qu'hier, on a évoqué le fait

 27   qu'il n'était peut-être pas normal lorsqu'on a parlé de la chaîne de

 28   commandement que Momir Nikolic, bon ça aurait pu être le commandant du

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  1   peloton, Momir Nikolic, ou l'adjoint aurait pu donner un ordre à nous les

  2   membres de la police militaire et je ne peux pas vous dire, vous en parlez

  3   davantage.

  4   Q.  Sous les yeux, j'ai le compte rendu ou j'ai votre déclaration que -- la

  5   déclaration que vous avez faite le 5 février 2007 au procureur général, au

  6   procureur de la République de Bosnie-Herzégovine. A la page 18 en B/C/S,

  7   vous avez dit : "J'ai oublié de dire que, pendant Milan Gvozdenovic a

  8   participé au dénombrement des gens, au comptage des gens pendant toute

  9   cette période. Il a remis une liste de ces personnes qui avaient été

 10   dénombrées. Je me souviens, il était là."

 11   Est-ce que -- cette partie de votre déclaration, qui a été donnée au fait

 12   le 5 février, est-ce que ceci vous permet de vous rappeler si, oui ou non,

 13   les membres de la Brigade de Bratunac s'étaient livrés à certaines

 14   activités à Potocari, à savoir le comptage des habitants de Potocari ?

 15   R.  J'ai compris votre question différemment. Moi je parlais du

 16   dénombrement. Moi je comptais les personnes. Cela ne signifie pas pour

 17   autant que lui, il comptait, et pendant que moi je comptais, je me souviens

 18   que Milan Gvozdenovic était là, et j'ai ensuite dit que je l'avais contacté

 19   et que nous avions des tâches en commun, mais ce que vous dites là a dû

 20   être dit par la suite.

 21   Q.  Savez-vous que, conformément à une décision qui a été rendue par cette

 22   Cour -- ce Tribunal, le colonel Blagojevic a été déclaré coupable parce que

 23   des membres de la Brigade de la Police militaire de Bratunac ont séparé les

 24   hommes ? Avez-vous lu cela -- avez-vous lu cette décision ?

 25   R.  Non, écoutez, je n'ai pas lu cela, et je n'ai pas connaissance de

 26   l'acte d'accusation.

 27   Q.  Je ne vais pas vous poser d'autres questions sur ce sujet. Est-ce que,

 28   ce jour-là, le 12 juillet, vous avez vu d'autres membres de la Brigade de

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  1   Bratunac à Potocari, et pour être plus concret, des membres du 2e et 3e

  2   Bataillons de cette brigade ?

  3   R.  J'ai fait des déclarations détaillées sur le sujet. Je crois que vous

  4   disposez de tout ceci, et j'en ai parlé avec force et détail. Je ne

  5   souhaite pas user de votre temps.

  6   Q.  Ceci correspond à une réponse : "Affirmative, je les ai vus, le 12

  7   juillet, je les ai décrits à la façon dont je l'ai décrit un peu plus tôt,"

  8   dans le texte susmentionné ?

  9   R.  Oui, si vous ajoutez ce commentaire-là, j'ai décrit tout ceci plus en

 10   détail dans ma déclaration.

 11   M. STOJANOVIC : [interprétation] Regardons la pièce maintenant P00220.

 12   C'est un document que vous avez vu hier. Il s'agit ici du journal ou du

 13   registre de la police militaire de la Brigade de Bratunac, et qui est daté

 14   du 12 et 13 juillet. La version en B/C/S se trouve à la page 16, et le

 15   numéro est le numéro 00363925; page 16 en anglais.

 16   Q.  En attendant l'affichage à l'écran, je souhaite vous rappeler que c'est

 17   le document que vous avez vu hier et vous avez été interrogé par le conseil

 18   de la Défense de M. Nikolic.

 19   Ceci se trouve à la page 13 en anglais. Je crois que c'est, en réalité, à

 20   la page 13, et non 16, comme l'indique le compte rendu. Est-ce que vous

 21   l'avez sous les yeux maintenant ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Vous avez parlé de tout ceci hier et si je me souviens bien, vous avez

 24   dit que certaines des informations contenues dans ce document ne sont pas

 25   exactes, à savoir que vous personnellement, les 12 et 13 juillet, vous

 26   n'étiez pas sur le pont; c'est exact ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Vous avez également dit que vous pensiez que ce journal avait été écrit

Page 18022

  1   par la suite, après les événements; vous en souvenez-vous ?

  2   R.  J'ai donné mon avis. J'ai dit que la date est peut-être erronée, mais

  3   c'est un avis personnel.

  4   Q.  Donc, vous pensez que ceci a été rédigé par la suite, après l'événement

  5   ?

  6   R.  Je pense que la teneur de ce journal n'est pas exacte et je vous ai dit

  7   pourquoi je pensais cela. Je maintiens ma position.

  8   Q.  Ensuite, est-ce que vous pensez toujours que ceci a été rédigé après

  9   les faits, comme vous l'avez dit hier ?

 10   R.  Je l'ai dit et je le répète aujourd'hui : soit la date est erronée,

 11   soit les éléments contenus dans ce document sont erronés, je peux vous

 12   l'expliquer. Mais quoi qu'il en soit il y a des erreurs dans ce document,

 13   je ne peux pas vous dire davantage de chose sur la question parce que je ne

 14   suis pas au courant.

 15   Q.  Voici la question que je souhaite vous poser : d'après vous, pouvez-

 16   vous nous dire si on lit ici : "La police a assuré la sécurité des gens du

 17   HCR," comment ceci a-t-il pu arriver ?

 18   R.  J'ai déjà répondu à la question hier, je peux répéter --

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ecoutez, je crois que le témoin a été

 20   très clair hier. Il a écarté, de façon très catégorique, toute intervention

 21   ou protection du HCR, donc, inutile de lui reposer la question parce que

 22   cette idée a déjà été écartée.

 23   M. STOJANOVIC : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, si vous me le

 24   permettez, je dispose, en fait, de la déposition du témoin qui porte sur ce

 25   sujet sous les yeux, et je souhaite savoir si c'est un avis personnel ou si

 26   c'est quelque chose qu'il sait car c'est un membre de la police militaire

 27   et je souhaite savoir qui se trouvait à quel endroit du moment précis.

 28   Q.  D'après vous, vous savez que les choses ne se sont pas passées ainsi ?

Page 18023

  1   R.  Si vous lisez ma déclaration, ceci vous apparaîtra très clairement : je

  2   n'ai aucune connaissance à propos du HCR. Je ne peux me livrer à aucune

  3   conjecture, eu égard à cette organisation. 

  4   Q.  Merci. Je ne vais jamais vous demander de vous livrer à des

  5   supputations, simplement de nous dire quelque chose qui peut nous être

  6   utile. La police a participé au transfert de la population musulmane et les

  7   a remis entre les mains des combattants serbes de Bratunac. C'est ce que

  8   vous avez dit hier, et je réitère ma question. Vous ne savez toujours rien

  9   à ce sujet, vous ne savez pas ce qui s'est passé ? C'est toujours votre

 10   réponse ?

 11   R.  Je ne pense pas avoir bien compris votre question. Pardonnez-moi.

 12   Q.  Je vais simplifier les choses. D'après ce qu'on lit dans ce document,

 13   est-ce que, dans votre réponse, vous dites : ceci n'est pas arrivé ou je ne

 14   sais pas si cela est arrivé ?

 15   R.  Vous voulez dire le fait que la population musulmane ait été remise --

 16   la population musulmane de Srebrenica et Zuti Most a été remise entre les

 17   mains des combattants serbes à Bratunac ? Ceci n'est pas très clair. Je ne

 18   sais pas ce que cela signifie. Ceci n'est pas clair : "Aux combattants

 19   serbes de Bratunac." Donc, littéralement, si cela signifie qu'il y a des

 20   combattants serbes et qu'on leur remet un certain nombre de personnes,

 21   enfin, ceci n'est pas clair à mes yeux.

 22   Q.  Puisque ceci n'est pas clair à vos yeux, je vais cesser de vous poser

 23   des questions là-dessus. Vous en avez parlé hier. Je veux poursuivre mon

 24   contre-interrogatoire.

 25   M. STOJANOVIC : [interprétation] Regardons maintenant la pièce P01549.

 26   Q.  En attendant l'affichage de ce document à l'écran, je dois vous dire

 27   qu'il s'agit d'une vue aérienne de la zone industrielle de Potocari, qui a

 28   été prise le 12 juillet 1995, à 14 heures. Donc, avant de voir cette

Page 18024

  1   photographie, je souhaite vous poser cette question : le 12 juillet 1994,

  2   vers 14 heures, vous avez pris un verre à Potocari; c'est exact ? Est-ce

  3   que l'heure est exacte ?

  4   R.  Oui.

  5   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je souhaite préciser que cette photographie

  6   a été prise vers 14 heures, c'est ce qui signifie en fait ici le petit

  7   signe qui précède les chiffres 14 heures.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur McCloskey.

  9   M. STOJANOVIC : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, on me dit

 10   qu'à la page 16, ligne 23 du compte rendu, une partie des propos du témoin

 11   n'ont pas été consignés correctement. Ce qu'on peut lire ici : "Vers 14

 12   heures vous avez pris un verre." Ceci n'était pas ma question. Je lui ai

 13   demandé : "S'il était là, à ce moment-là ?" Est-ce que je peux demander à

 14   Mme l'Huissière de remettre au témoin le stylet, s'il vous plaît, de façon

 15   à ce que nous puissions regarder certains éléments de détail ensemble.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Cette histoire de verre, comment se

 17   fait-il qu'on soit parlé de verre -- de prendre un verre ? Comment ceci a-

 18   t-il été consigné dans le compte rendu ?

 19   M. STOJANOVIC : [interprétation] Ecoutez, si vous me posez la question à

 20   moi, peut-être que j'ai pris une gorgée d'eau, à ce moment-là. C'est peut-

 21   être l'explication.

 22   L'INTERPRÈTE : précise qu'en B/C/S, il y a qu'une différence de lettre

 23   entre les deux termes.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est une langue étrange que le B/C/S.

 25   Bien, Maître Stojanovic, quelle est votre question suivante ? Nous avons

 26   une photographie maintenant qui est affichée et

 27   M. McCloskey nous a indiqué qu'on voit ici la zone industrielle de

 28   Potocari, vers 14 heures. Donc, quelle est votre question, Maître

Page 18025

  1   Stojanovic ?

  2   M. STOJANOVIC : [interprétation] Merci.

  3   Q.  Monsieur, est-ce que vous êtes -- vous arrivez à vous repérer

  4   maintenant sur cette photographie ?

  5   R.  Je ne souhaite pas vous décevoir, mais honnêtement ceci n'est pas clair

  6   à mes yeux.

  7   Q.  Essayons de faire ceci ensemble et voir si nous arrivons à quelque

  8   chose. Est-ce que vous voyez cette ligne blanche, au milieu qui correspond

  9   à la route qui traverse cette zone industrielle de Potocari ? A la fin de

 10   cette ligne, veuillez inscrire la lettre B, s'il vous plaît ?

 11   R.  Où ?

 12   Q.  A droite. Pourriez-vous inscrire la lettre B à droite -- complètement à

 13   droite, en bas à droite ? Veuillez inscrire la lettre B à cet endroit-là,

 14   s'il vous plaît.

 15   R.  A côté du chiffre 01 en rouge ?

 16   Q.  Oui. Ce serait la direction de Bratunac.

 17   R.  [Le témoin s'exécute]

 18   Q.  En haut à l'autre extrémité, veuillez inscrire la lettre S pour

 19   Srebrenica ?

 20   R.  [Le témoin s'exécute]

 21   Q.  Est-ce que ceci vous permet de mieux vous orienter ? Est-ce que vous

 22   voyez les inscriptions ? Est-ce que vous voyez l'endroit où il y a des gens

 23   ? Est-ce que ceci vous permet de mieux vous repérer sur cette photographie

 24   ?

 25   R.  Pardonnez-moi, mais je ne vois rien de ce que vous venez, de ce dont

 26   vous venez de nous parler. Peut-être que vous pouvez m'aider.

 27   Q.  Dans la partie centrale de la photographie, est-ce que vous voyez une

 28   trace noire ? Au-dessus de cette trace noire est inscrit le terme "people,"

Page 18026

  1   "gens," donc, la trace noire qui traverse en quelque sorte cette ligne

  2   blanche ? Est-ce que vous voyez cela ? Cela se trouve vraiment au centre de

  3   la photographie ?

  4   R.  Vous avez utilisé le terme anglais "people," et je ne parle pas

  5   anglais.

  6   Q.  Voyez-vous la trace noire qui traverse la ligne blanche ? Cela se

  7   trouve au centre de la photographie.

  8   R.  Est-ce que je peux y mettre un point pour voir si nous parlons de la

  9   même chose.

 10   [Le témoin s'exécute]

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Simplifions là au-dessus de l'endroit

 12   que vous venez de marquer d'un point. Il y a une case, et dans cette case,

 13   il y a un terme en anglais qui comporte six lettres, p-e-o-p-l-e. C'est là

 14   que -- cet endroit-là que vous indique Me Stojanovic ? N'est-ce pas, Maître

 15   Stojanovic ?

 16   M. STOJANOVIC : [interprétation] Oui, merci.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Partons de là, donc, quelle est votre

 18   question ?

 19   M. STOJANOVIC : [interprétation] Avec votre permission pour pouvoir aider

 20   le témoin et nous aider, nous également, je crois qu'il serait utile

 21   d'indiquer un autre endroit.

 22   Q.  En bas à gauche, on peut voir un bâtiment. Devant ce bâtiment, il y a

 23   des autobus. C'est un endroit qui est un peu plus grand, plus important.

 24   C'est une gare routière en fait à Potocari ou en endroit où on faisait des

 25   réparations.

 26   Est-ce que vous pouvez vous situer sur cette photographie maintenant

 27   ?

 28   R.  Pardonnez-moi mais je ne peux pas vous dire avec certitude que tout

Page 18027

  1   ceci est très clair à mes yeux. Ce serait plus simple pour moi de dessiner

  2   cela moi-même la position des bâtiments et de tout autre élément. Je peux

  3   le dessiner de la façon dont je me suis déplacé ce jour-là en termes de

  4   mètres.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vais essayer de vous aider tous

  6   deux. Donc, si vous divisez la photographie en quatre carrés, la partie qui

  7   se trouve au dernier carré en bas à gauche, vous -- on peut voir ici deux

  8   flèches qui dirigés vers le haut, et en fait, elles sont grisés ou un petit

  9   peu vieux -- couleur vieux rose. A côté de ces deux flèches, on voit un

 10   rectangle qui est dessiné en blanc, et il y a un terme anglais ici dans

 11   cette case blanche. On peut lire "trucks;" je vais vous l'épeler, t-r-u-c-

 12   k-s. Ceci est un indicateur.

 13   Me Stojanovic souhaite que vous vous concentriez là-dessus. Bien. Est-ce

 14   que vous souhaitez demander au témoin de se concentrer sur un autre endroit

 15   de cette photographie ? Je vais le faire pour vous, si vous le voulez,

 16   Maître Stojanovic.

 17   M. STOJANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Merci,

 18   Madame, Messieurs les Juges. Je vais voir si nous pouvons utiliser cela.

 19   L'INTERPRÈTE : -- précision -- ce n'est pas l'indicateur mais un indice.

 20   M. STOJANOVIC : [interprétation]

 21   Q.  Donc, maintenant, il y a ici des points de repère que nous avons vus.

 22   Est-ce que vous pourriez indiquer par la lettre X l'endroit où vous étiez

 23   vous-même, et dessiner à l'aide d'un cercle l'endroit où vous vous

 24   trouviez, l'endroit environ où vous vous trouviez ?

 25   R.  Pardonnez-moi mais ceci n'est pas clair du tout à mes yeux. La

 26   photographie n'est pas du tout claire. Je n'ai jamais pu me repérer sur une

 27   carte. Je peux essayer mais j'ai besoin de l'aide de quelqu'un.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il y a une autre photographie qui

Page 18028

  1   montre cette région mais sous une forme agrandie, dont on voit très bien

  2   l'enceinte du Bataillon néerlandais des Nations Unies, c'est une zone plus

  3   importante. On voit les usines adjacentes. On voit quelques maisons à

  4   proximité. Donc, si nous utilisons cette carte-là et si, à ce moment-là,

  5   nous agrandissons et nous réduisons selon nos besoins, ceci permettra au

  6   témoin de mieux s'orienter sur la photographie. J'en conviens ceci peut

  7   prêter à confusion.

  8   M. STOJANOVIC : [interprétation]

  9   Q.  Très bien. Essayons de fonctionner de la sorte. Si je ne me trompe pas,

 10   il s'agit d'une photographie de la série reçue de la part de M. Ruez,

 11   P02103, P0 -- c'est la photographie 6 ou 7, je ne m'en souviens pas bien.

 12   En effet, ce serait peut-être utile car je pense qu'on verra mieux la zone.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il s'agit de la photo numéro 6, n'est-

 14   ce pas ?

 15   M. STOJANOVIC : [interprétation] Dans ce cas-là, je pense que nous n'aurons

 16   pu besoin de cette photographie.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est à vous qui devez déclarer quelle

 18   photo vous voulez vous servir. Ce n'est pas à moi de vous le dire. Je ne

 19   peux pas vous imposer quoi que ce soit. Mais je pense qu'il serait plus

 20   utile de montrer cette photographie-là que celle que nous avons à l'écran à

 21   l'heure actuelle.

 22   M. STOJANOVIC : [interprétation] Tout à fait. Montrons-lui la photographie

 23   numéro 6.

 24   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avez-vous besoin de sauvegarder cette

 26   photographie ? Je ne pense pas. Ça n'a pas servi à grand-chose.

 27   M. STOJANOVIC : [interprétation] Non, pas du tout. Nous n'avons pas besoin

 28   de cette photo. Nous n'allons pas continuer les questions dans cette

Page 18029

  1   direction étant donné que le témoin a beaucoup de mal à s'orienter sur une

  2   carte.

  3   Très bien. Pourrions-nous, s'il vous plaît, voir la photographie

  4   numéro 7. Nous l'avons déjà employé dans le cadre de l'interrogatoire d'un

  5   autre témoin et je pense que c'est une photographie qui pourra aider le

  6   témoin à s'y retrouver.

  7   Q.  Donc, à l'écran, vous allez voir une nouvelle photographie qui est

  8   prise sous un autre angle, donc, je pense que cela pourra vous aider. Est-

  9   ce que vous arrivez à mieux vous repérer sur cette photographie et à mieux

 10   de nous expliquer quels ont été vos déplacements, le 12 juillet ?

 11   R.  Oui, j'essaie de m'y retrouver.-

 12   Q.  Mais si je vous disais qu'en bas, la route va vers Srebrenica, et en

 13   haut de la photographie, près de la base des Nations Unies, la route part

 14   vers Bratunac et Zuti Most. Cela vous aide ?

 15   R.  Ah oui, tout à fait.

 16   Q.  Très bien. Dans ce cas-là, prenez le stylet, s'il vous plaît, et dites-

 17   nous où vous vous trouviez le 12 juillet ?

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pourrons-nous nous assurer qu'il arrive

 20   vraiment à s'orienter sur la carte, car parfois il y a des gens qui ont

 21   beaucoup de mal à s'orienter sur les cartes.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Ce sera très simple. Pouvez-

 23   vous nous montrer, s'il vous plaît, sur la carte, Monsieur Janjic, où se

 24   trouve la base des Nations Unies qui hébergeait le Bataillon néerlandais,

 25   donc, le montrer à l'aide d'une flèche ?

 26   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Maintenant, passez en haut à

 28   gauche -- à droite, tout à fait en haut à droite, vous voyez qu'il y a une

Page 18030

  1   route qui va sortir du cadre. Pouvez-vous nous dire où va cette route; va-

  2   t-elle à Srebrenica ou va-t-elle à Bratunac ?

  3   M. STOJANOVIC : [interprétation]

  4   Q.  Pourriez-vous, s'il vous plaît, mettre un B sur la route qui sort du

  5   cadre et qui --

  6   R.  Si vous me dites la route, qui va vers Bratunac -- en direction de

  7   Bratunac, est en haut à droite, tant mieux, mais moi, je ne reconnais rien.

  8   Q.  Ce n'est pas à moi de vous le dire. Nous ne pouvons travailler et nous

  9   servir d'une carte que si vous arrivez à vous repérer correctement sur

 10   cette carte. Pouvez-vous, s'il vous plaît, marquer l'endroit où se trouve

 11   la route ?

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Écoutez, Monsieur Janjic, imaginez que

 13   vous êtes dans une voiture. Vous allez de Bratunac à Srebrenica, vous

 14   arrivez -- vous êtes sur cette route et vous allez vers Srebrenica. Pensez-

 15   vous que la base des Nations Unies qui hébergeait le Bataillon néerlandais

 16   se trouverait à votre droite ou à votre gauche, si vous alliez vers

 17   Srebrenica ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] De Bratunac, c'est à gauche que l'on trouve la

 19   grande usine, et dans une de ces grandes usines, il y avait la base des

 20   Nations Unies, et ensuite, un peu plus loin, il y a une autre usine qui est

 21   toujours sur la gauche. Alors, je ne sais plus très bien si c'était une

 22   usine qui faisait du ciment ou quoique ce soit, enfin, il y avait deux

 23   usines qui se suivaient et qui se trouvaient sur la gauche de la route

 24   quand on va de Bratunac à Srebrenica.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Donc, ce que vous avez dit -

 26   - imaginons que ce que vous avez dit est correct. La route que l'on voit à

 27   peine ici en haut du cadre à droite et qui part, qui sort du cadre, pouvez-

 28   vous nous dire dans quelle direction elle va ?

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je l'ai dit, hein, j'ai indiqué --

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, mais cette route elle vous mène à

  3   Srebrenica ou à Bratunac ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Ah, je comprends. Là où j'ai mis un X, c'est

  5   la route qui part vers Bratunac, donc, ce dernier X que j'ai mis tout en

  6   haut à droite c'est la direction Bratunac.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Dans ce cas-là, pouvez-vous, s'il vous

  8   plaît, maintenant mettre un B à la place de ce X pour nous montrer la

  9   direction de Bratunac ?

 10   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute] 

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ce qui fait donc que la route que l'on

 12   voit et qui sort du cadre en bas à gauche va dans une autre direction, elle

 13   va à Srebrenica, n'est-ce pas ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, si vous voulez je peux même mettre un S.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Veuillez mettre un S.

 16   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci d'être aussi coopératif.

 18   Maître Stojanovic, maintenant, je crois que vous avez vous aussi pu vous

 19   repérer sur cette photographie. Donc, pourriez-vous, s'il vous plaît, me

 20   rendre ce service, demander à votre témoin où il se trouvait le 12 et puis

 21   le 13 ? On va commencer par le 12 peut-être, mais c'est votre témoin donc

 22   allez-y.

 23   M. STOJANOVIC : [interprétation] Tout à fait, tout à fait. J'imagine qu'il

 24   se déplaçait, c'est ce qu'il nous a dit dans sa déclaration, qu'il s'est

 25   toujours trouvé sur un site et qu'ensuite, il a dû se déplacer de quelques

 26   -- sur une courte distance.

 27   Q.  Mais, s'il vous plaît, donc, Monsieur le Témoin, pourriez-vous nous

 28   indiquer exactement où vous vous êtes trouvé, le

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  1   12 juillet ?

  2   R.  Oui, je vais vous le montrer -- le marquer sur la carte, mais je sais

  3   d'où je venais, ça je peux en parler. Mais je ne sais pas exactement -- je

  4   ne peux pas reconnaître exactement tous les endroits où je me suis trouvé,

  5   le 12 juillet.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] On vous comprend bien, on vous comprend

  7   bien. Mais utilisez des flèches pour nous indiquer quels ont été vos

  8   déplacements le 12 juillet.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] La plupart du temps, j'étais au carrefour, là,

 10   il y a une usine. Je peux mettre une petite marque sur l'usine.

 11   M. STOJANOVIC : [interprétation]

 12   Q.  S'il vous plaît, faites. 

 13   R.  Donc, ici, il y a un carrefour. J'étais -- je me trouvais à ce

 14   carrefour, là où il y a l'usine. Puis il y a un grand cercle blanc qui se

 15   trouve sur cette photographie. Moi, je me trouvais à peu près par là.

 16   [Le témoin s'exécute].

 17   La plupart du temps, je fais des allers et retours entre les endroits

 18   que j'ai marqués.

 19   Q.  Très bien. Mettez, s'il vous plaît, la date du 12/7/95 ainsi que vous

 20   initiales.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pour le compte rendu, je tiens juste à

 22   dire que le témoin nous a annoté la carte ou la photographie entre 35 et 40

 23   minutes si on utilise la base des Nations Unies comme étant un cercle pour

 24   se repérer.

 25   M. STOJANOVIC : [interprétation]

 26   Q.  Pouvez-vous, s'il vous plait, nous  mettre la date du 12/07/95 ainsi

 27   que la date d'aujourd'hui, et signez la carte.

 28   R.  Mais je peux mettre le 12 et le 13 juillet parce que ça se trouvait les

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  1   deux jours.

  2   Q.  Oui, 12 et 13, 1995, juste au-dessus de ces petits points que vous avez

  3   marqués.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'aimerais être bien sûr avant que l'on

  5   sauvegarde quoi que ce soit. Ce que vous avez marqué sur la carte c'est la

  6   position que vous avez occupée le 12 et le 13 ou uniquement le 12 ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, j'étais là les deux jours, le 12 et le

  8   13, là où j'ai mis les points. J'étais à un de ces emplacements, mais c'est

  9   vrai que je suis un petit peu parti vers Bratunac aussi à un moment, je

 10   remarque ça sur la carte. Mais je -- quelque part, rien de plus.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Concentrez-vous sur l'un des

 12   coins de la carte et nous allons noter la date du jour, donc le 21 novembre

 13   2007. Consignez votre signature aussi sur cette carte.

 14   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

 15   [interprétation] Si j'ai bien compris, je suis censé aussi marquer

 16   au-dessus de ces points les dates du 12 et du 13 juillet; c'est bien ça ?

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Mais c'est simple, vous n'avez

 18   qu'à mettre 12 et 13 Juli, ça suffira.

 19   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

 20   M. STOJANOVIC : [interprétation]

 21   Q.  Bien. Pourriez-vous maintenant marquer d'un cercle l'endroit où vous

 22   avez vu l'essentiel des soldats du Bataillon néerlandais le 12 et le 13,

 23   puisqu'il se trouvait sur cette route ?

 24   R.  Je ne peux pas faire ça. La plupart des soldats ? Qu'est-ce que ça veut

 25   dire ? Je ne sais pas combien ils étaient. Je ne comprends pas votre

 26   question.

 27   Q.  Je vais essayer d'être précis. Pourriez-vous nous marquer l'endroit où

 28   vous avez vu les membres du Bataillon néerlandais ?

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey. 

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] Peut-être pourrait-il utiliser le bleu ce

  3   serait plus simple ?

  4   M. STOJANOVIC : [interprétation] Oui, tout à fait, ce serait très bien.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai vu les membres de la FORPRONU les deux

  6   jours. Ils se déplaçaient le long de la route -- enfin là où je les voyais.

  7   Ils allaient jusqu'à la rampe imaginaire. Ils avaient de l'eau, ils

  8   portaient des gens sur des brancards, donc, ils étaient là, je les ai vus

  9   pendant les deux jours.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Alors, dans ce cas-là, veuillez, s'il

 11   vous plaît, annotez la carte pour montrer où ils se trouvaient.

 12   M. STOJANOVIC : [interprétation]

 13   Q.  [aucune interprétation] 

 14   R.  [Le témoin s'exécute]

 15   Cette fameuse rampe -- donc, j'ai marqué uniquement tout ce que je

 16   pouvais voir, et je pense que c'est ça, une rampe imaginaire se trouvait à

 17   peu près ici, mais on ne la voit pas très clairement sur cette photo.

 18   Q.  Très bien. Conviendrez-vous avez moi que les membres de la police

 19   civile dont vous avez parlé ces jours-là se trouvaient dans la zone que

 20   vous avez marquée de traits bleus, là où vous avez dit qu'il y avait la

 21   rampe imaginaire ?

 22   R.  Non, je n'ai pas dit qu'il s'agissait de membres de la police civile.

 23   Q.  Vous avez parlé de police spéciale, n'est-ce pas, donc, ces membres de

 24   la police spéciale se trouvaient, bien sûr, les petits traits que vous avez

 25   marqués comme étant l'endroit où se trouvait la fameuse rampe imaginaire ?

 26   R.  Pour ce qui est de la police spéciale, j'ai donné le nom d'un de ses

 27   membres, et j'ai parlé des activités auxquelles se livraient les membres de

 28   cette police spéciale depuis la rampe jusqu'à l'endroit où je me trouvais

Page 18035

  1   ou je me déplaçais. 

  2   Q.  Maintenant, cet officier dont vous avez mentionné le nom se trouvait-il

  3   près de la rampe tel que vous l'avez marquée sur la photographie ?

  4   R.  Je l'ai vu là, et c'est d'ailleurs là que je l'ai salué.

  5   Q.  Merci. Pourriez-vous maintenant nous dire si les hommes en âge de

  6   porter des armes qui avaient été séparés du reste de la foule ont été

  7   emmenés dans la même maison le 12 et le 13, d'après ce que vous avez vu

  8   bien sûr ?

  9   R.  Je vous ai expliqué en détail. Le premier jour, je n'ai pas parlé de la

 10   maison. Il s'agissait d'une cour. J'imagine que certains d'entre eux ont

 11   aussi été dans la maison, ils n'étaient pas uniquement dans la cour à

 12   l'extérieur. Je me suis dit que le long d'une carte -- maintenant que j'ai

 13   une carte, je peux vous dire -- une photo qui montre cette route, je peux

 14   vous dire exactement où ça se trouvait. C'est là où il y a -- j'ai écrit le

 15   12, le 13, et le 07, c'est là le long de ces prés qu'ils se trouvaient. Je

 16   pense que je pourrais tout à fait repérer ce bâtiment sur la photographie.

 17   Q.  Oui, allez-y, ce serait très bien. J'allais justement vous demander de

 18   le faire, mais puisque vous avez été plus rapide que moi, faites-le, s'il

 19   vous plaît.

 20   R.  Quand on regarde sur la droite et qu'on vient de Bratunac, près de ce

 21   croisement, là où j'ai noté justement un 12 et un 13, il y a un petit

 22   chemin qui part à droite, juste à côté du 12, et tout près il y a un

 23   portail, qui est le portail d'entrée de ce bâtiment.

 24   Q.  Très bien. J'aimerais savoir si c'est là que le rassemblement a eu lieu

 25   à la fois le 12 et le 13 ?

 26   R.  Oui. C'était là. Mais pour ce qui est du 13, je veux en dire un peu

 27   plus.

 28   Q.  Très bien. Nous allons en avoir fini avec cette photographie. Elle

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  1   comporte une date et une signature. Je vous remercie.

  2   M. STOJANOVIC : [interprétation] Je remercie, Madame l'Huissière. Je pense

  3   que nous pouvons maintenant sauvegarder la photographie. Je vous remercie.

  4   Q.  Pendant ces deux jours-là, le 12 et le 13, avez-vous entendu des

  5   commentaires proférés par les membres de la police par des militaires sur

  6   lesquels il y avait des criminels de guerre, il y avait une liste de

  7   criminels de guerre que le commandement de la

  8   1ère Brigade de Bratunac connaissait et qu'il y a allait avoir une enquête

  9   pour savoir si des personnes de cette liste se trouvaient dans les gens qui

 10   étaient rassemblés à Potocari ?

 11   R.  Il y a eu des rumeurs à ce propos, mais je n'ai jamais entendu qui que

 12   ce soit donner un ordre allant exactement dans ce sens. Cela dit, il y

 13   avait beaucoup de rumeurs qui circulaient à ce propos.

 14   Q.  Dans ce cas, nous allons maintenant regarder la pièce 4D0015, à la

 15   première page version B/C/S et anglaise, le document doit être maintenant à

 16   l'écran. J'ai une question à vous poser. "C'est une liste de criminels de

 17  guerre connus du commandement de la 1ère Brigade d'Infanterie légère qui ont

 18   commis des crimes de guerre dans différentes municipalités," dont les noms

 19   sont écrits sur ce document. Vous nous dites qu'il y avait des rumeurs à ce

 20   propos, donc, j'aimerais savoir si vous avez entendu parler de cette liste

 21   et si la liste a été employée dans le cadre de l'enquête en cours.

 22   R.  Je n'ai jamais entendu parler de l'existence de cette liste, c'est

 23   d'ailleurs la première fois que j'entends dire qu'il y avait une enquête en

 24   cours. Tout ça est extrêmement nouveau.

 25   Q.  Vous savez absolument rien à ce propos ?

 26   R.  Je sais absolument rien.

 27   Q.  Vous nous avez parlé d'autocars qui partaient de Potocari pour aller à

 28   Bratunac. Vous nous avez parlé d'un certain nombre d'autocars, alors sont-

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  1   ils arrivés tous ensemble ou sont-ils arrivés par vagues successives ? Est-

  2   ce que les gens étaient embarqués à bord de bus par vagues successives ?

  3   R.  Ça fait au moins trois fois que j'ai répondu à cette question hier. Je

  4   peux continuer, je peux répondre à nouveau.

  5   Q.  Très bien. Je vais être plus spécifique, plus précis. Vous avez parlé

  6   du 12, vous avez de parler de ce qui s'était passé de 10 heures à 15

  7   heures, vous avez parlé de ce qui s'était passé dans la soirée. Maintenant

  8   je vais vous parler du 13. Vous avez aussi donné des chiffres. Voici ma

  9   question : le 13, ces bus, ces autocars sont-ils arrivés ensemble ou sont

 10   arrivés en vagues successibles ?

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je n'ai pas très bien compris ce que le

 13   conseil a voulu dire lorsqu'il a dit 10 à 15 heures.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que tout ceci a été clair

 15   hier, il s'agissait des mêmes chiffres, il me semble, n'est-ce pas ? Hier

 16   lorsqu'on a parlé de ces chiffres, 10 à 15. C'est bien ce que vous voulez

 17   dire ? Vous parlez de 10 à 15, et non pas de milliers, n'est-ce pas ?

 18   M. STOJANOVIC : [interprétation] Oui, c'est mon problème. J'ai dit 10 à 15.

 19   Je crois qu'il y a un problème de compte rendu, puisque le témoin et moi

 20   nous nous sommes parfaitement compris. C'était 10 à 15 et non pas dix à 1

 21   500. Donc non pas 10 heures à 15 heures.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Donc, maintenant, c'est

 23   clair, vous pouvez répondre à la question, Monsieur Janjic.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Le deuxième jour, vous voulez savoir s'ils

 25   partaient par vagues successives; c'est cela ? Pas comme le premier jour,

 26   10 à 15. Ça j'en ai parlé hier. Au cours de la journée, avec les autres

 27   véhicules, avec les camions, avec les femmes, c'est là que les hommes et

 28   les femmes ont été séparés, pour être clair.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, vous n'êtes vraiment pas clair là.

  2   Maître Stojanovic, pourriez-vous, s'il vous plaît, répéter la question

  3   parce que là ce n'est vraiment pas clair ou alors peut-être décomposer

  4   votre question en plusieurs volets afin que l'on comprenne exactement les

  5   réponses du témoin ?

  6   M. STOJANOVIC : [interprétation] Je vais m'y employer.

  7   Q.  Conviendriez-vous avec moi que le deuxième jour, le 13 juillet, le

  8   transport des hommes en âge de porter des armes ne s'est pas fait d'un

  9   coup, mais à plusieurs reprises tout au long du 13 juillet 1995 ?

 10   R.  Je suis d'accord avec vous.

 11   Q.  Deuxièmement, lorsque vous êtes arrivé le 13 juillet pour poursuivre

 12   votre mission, pourriez-vous nous dire quelle heure il était lorsque vous

 13   avez repris votre poste ?

 14   R.  C'était le matin, plus tôt que le premier jour d'ailleurs. J'arrivais

 15   du Fontana, je ne peux pas vous dire exactement quelle heure il était mais

 16   c'était plus tôt que le premier jour. Sans doute avant 10 heures du matin,

 17   enfin c'est un peu une supputation. Je n'en suis pas certain. C'était le

 18   matin et ce qui est certain c'est que c'était plus tôt que l'heure à

 19   laquelle j'étais arrivé le 12.

 20   Q.  Je vous pose cette question pour essayer de bien comprendre, parce que

 21   je sais très bien ce que vous faisiez. Mais se pourrait-il que certains

 22   autocars soient déjà partis avant que vous ne preniez votre poste le 13,

 23   avant que vous commenciez à compter ?

 24   R.  En y allant je n'ai pas vu d'autocar. Alors, s'il y en a qui sont

 25   partis avant, ils sont partis pendant la nuit, ils seraient partis pendant

 26   la nuit, mais je n'en sais rien. Je ne les ai pas vus donc je ne peux pas

 27   vous dire s'il y a eu des autocars qui sont partis avant que je n'arrive,

 28   je crois le colonel Jankovic, qui lui est arrivé le lendemain un jour après

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  1   moi, qui savait ce qui s'était passé, qui était organisé, et cetera, enfin

  2   je ne sais pas grand-chose moi-même.

  3   Q.  Très bien. Je n'ai plus de questions à poser.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Stojanovic, merci.

  5   Il n'y a plus de contre-interrogatoires prévus. 

  6   Monsieur McCloskey, avez-vous des questions à poser ?

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation] Non.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

  9   Monsieur Janjic, nous n'avons plus de questions à vous poser, donc voilà

 10   vous en avez terminé, et vous pouvez rentrer chez vous. Nos équipes vont

 11   vous aider. Au nom de la Chambre de première instance, je tiens à vous

 12   remercier, mes collègues, le Juge Kwon, le Juge Prost, et le Juge Stole, je

 13   tiens à vous remercier d'être venu ici jusqu'à La Haye pour déposer, et je

 14   vous souhaite un bon retour chez vous.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons maintenant faire la pause,

 17   et nous traiterons des pièces à verser au dossier, après la pause, cela

 18   vous va, Monsieur McCloskey ?

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Tout à fait.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons faire une pause de 25

 21   minutes.

 22   [Le témoin se retire]

 23   --- L'audience est suspendue à 15 heures 45

 24   --- L'audience est reprise à 16 heures 14.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Venons-en aux pièces.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien. Nous avons donc la pièce 2963 de

 27   la liste 65 ter, c'est-à-dire le témoignage de ce témoin dans l'affaire

 28   Blagojevic. Il a aussi identifié deux clichés qui viennent d'une série de

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  1   photographies qui a été marquée pour identification MFI, et jusqu'à présent

  2   ça n'a pas encore été versé au dossier. Tomasz Blaszczyk va déposer à

  3   propos de toute cette série de photographies, donc, pour l'instant nous

  4   pouvons attendre M. Blaszczyk et sa déposition à propos de cette série de

  5   photographies, ensuite nous verserons cette série de photographies au

  6   dossier. 

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais pour ce qui est en ce moment, le

  8   témoin a annoté des photographies, il les a signées, il faudrait au moins

  9   leur donner une cote quelconque.

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation] Tout à fait, oui, comme c'est annoté il

 11   faut absolument les verser.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Donc, que ce soit admis ou

 13   marqué pour identification, nous verrons.

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, je n'ai aucune objection à propos de

 15   quoi que ce soit qu'il a annoté parce que c'est indépendamment du jeu de

 16   photographies.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, mais il a quand même annoté ces

 18   photographies pour M. Stojanovic, donc, il faudrait quand même que l'on

 19   verse au dossier les deux photographies annotées pour M. Stojanovic.

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien, mais je n'ai aucune objection à

 21   soulever à ce propos.

 22   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mis à part cette pièce 2963 de la liste

 24   65 ter, y a-t-il autre chose ?

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, j'attire votre attention sur la

 26   référence qu'a faite M. Stojanovic à l'exposé des faits qui accompagnait

 27   l'accord de plaidoyer de Momir Nikolic qui est versé au dossier. Donc, M.

 28   Stojanovic a remis en question certains des faits qui avaient été affirmés

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  1   par M. Nikolic dans cet exposé des faits, et il l'a fait avec ce témoin.

  2   Donc, au titre de l'article 94 du Règlement, j'aimerais quand même

  3   que l'on verse au dossier l'accord de plaidoyer coupable de

  4   M. Nikolic en date du 6 et 7 mai 2003 et le document montrant que le

  5   Tribunal ait accepté ce plaidoyer en -- j'aimerais donc que ceci soit --

  6   fasse l'objet d'un constat judiciaire pour ce qui est des faits de

  7   notoriété publique permettant de récuser les preuves qui ont été présentées

  8   au travers de ce témoin. Donc c'est assez complexe, cela dit, mais je pense

  9   qu'il faudrait que je présente tout ceci par écran, ce serait plus simple.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections ?

 11   Visiblement non. N'allez pas trop vite.

 12   Madame Fauveau.

 13   Mme FAUVEAU : Monsieur le Président, si le fait que le constat judiciaire

 14   soit pris seulement du fait que Momir Nikolic a fait le "plea agreement"

 15   qu'il a plaidé coupable, je ne m'y oppose pas. En revanche, concernant la

 16   véracité des faits qui sont indiqués aussi bien dans la déclaration des

 17   faits que dans son "plea agreement," je m'oppose fermement que ce soit

 18   admis comme un fait notoire.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey, qu'avez-vous à

 20   répondre ?

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est à la Cour de toute façon de donner le

 22   pouvoir qu'elle considère donner à cette pièce. Pour ce qui est de la

 23   véracité, c'est à vous de voir. C'est quand même aux Juges de la Chambre de

 24   savoir s'ils veulent donner un poids quelconque à ce document. Je ne le

 25   verse pas en tant que parole d'évangile, bien sûr, mais alors cela a à voir

 26   avec la crédibilité de cet exposé des faits qui ont été remis en question

 27   par M. Stojanovic. Donc je tiens à rappeler quand même que c'est Me

 28   Stojanovic au départ qui a présenté cet exposé des faits, ce n'est pas

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  1   quelque chose selon lequel tout d'un coup centrait l'Accusation.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, il n'a pas versé le document en

  3   entier -- il n'a versé qu'une partie de ce document à travers de ce témoin.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Mais si j'avais bien compris tout le

  5   document était déjà au dossier grâce au commandant Boering et c'était

  6   l'équipe Borovcanin d'ailleurs qui avait présenté cette pièce, c'est à ça

  7   qu'il fait référence d'ailleurs. Je crois qu'il attaque le commandant

  8   Boering, il l'a attaqué en tout cas par le travers de ce témoin-ci et il me

  9   paraît donc maintenant -- il m'a paru maintenant de pouvoir récuser ce qui

 10   avait été admis au travers des témoins précédents, c'est-à-dire l'exposé

 11   des faits de Momir Nikolic et son accord de plaidoyer.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vais vérifier ce qui a été versé par

 13   le biais du témoin Boering.

 14   [La Chambre de première instance se concerte]

 15   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, très bien. Il me semble que

 17   les choses sont simples. Si vous voulez que la Chambre de première instance

 18   fasse un constat judiciaire à propos des noms de preuve documentaire venant

 19   de l'affaire Momir Nikolic en application de l'article 94, nous suggérons

 20   que vous le fassiez par écrit, ce sera plus simple. Donc, écrivez une

 21   requête ad hoc et ainsi tout le monde pourra la lire et savoir exactement

 22   de quoi il en est. Vous présentez vos arguments dans votre requête.

 23   Maintenant, pour ce qui est de l'emploi de passages de ce document qui ont

 24   été employés aujourd'hui par Me Stojanovic, nous n'avons qu'à entendre ce

 25   que va nous dire M. Stojanovic à ce propos et voir ce qu'il a en tête. Mais

 26   continuons avec votre liste, la liste de l'Accusation. Donc, le témoignage

 27   précédent dans l'affaire Blagojevic, autre chose ?

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Non, rien d'autre.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Maintenant, les équipes de

  2   la Défense. Qui souhaite verser quoique ce soit au

  3   dossier ?

  4   Madame Fauveau.

  5   Mme FAUVEAU : Monsieur le Président, seulement le document P113 qui

  6   est le rapport du colonel Jankovic, en date du 13 juillet 1995.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections ?

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Non.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Des objections de la part des autres

 10   équipes de la Défense ? Non, très bien. C'est admis.

 11   Monsieur McCloskey, vos documents aussi étaient admis, bien sûr.

 12   Y a-t-il d'autres équipes de la Défense qui souhaitent verser quoique ce

 13   soit au travers du témoin que nous venons d'entendre ?

 14   Monsieur Stojanovic.

 15   M. STOJANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous voudrions que

 16   les photographies -- que le diagramme annoté soit versé au dossier. 4D --

 17   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas saisi la cote.

 18   M. STOJANOVIC : [interprétation] Bien sûr, nous répondrons à la requête

 19   déposée par l'Accusation par écrit à propos du constat judiciaire qui

 20   devrait être dressé à propos des faits qui vont peut-être être versés au

 21   dossier. Donc, il s'agit de la pièce 4DIC 191.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, très bien. Mais il y a quand

 23   même deux choses bien différentes. M. McCloskey cherche à verser des choses

 24   mais ce n'est pas exactement ce que vous, vous voulez verser, c'est autre

 25   chose. Enfin, ce n'est pas très clair mais je ne vais pas rentrer dans les

 26   détails là-dessus. Si vous voulez le verser, vous voulez verser des

 27   passages, verser des passages sinon nous arrêterons là, nous passerons au

 28   témoin suivant.

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  1   M. STOJANOVIC : [interprétation] Dans ce cas-là, nous n'allons pas le

  2   verser. Nous savons que cette déclaration, cet exposé des faits se trouve

  3   déjà verser au dossier 4D0016, sous la cote 4D0016.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Y a-t-il des objections à

  5   propos des autres documents qui nous ont été mentionnés par Me Stojanovic,

  6   les photographies annotées ?

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation] Absolument pas.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. C'est donc versé au dossier.

  9   Y a-t-il d'autres documents à verser ? Monsieur Meek ?

 10   M. MEEK : [interprétation] Non.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Nous avons un témoin ?

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous avons un témoin.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je voudrais juste que vous nous

 14   confirmiez qu'il n'y a pas de mesures de protection ?

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] Non, en effet, il n'y aura pas de mesures de

 16   protection, mais je pense qu'il faudrait que vous avertissiez le témoin

 17   lorsqu'il entrera dans le prétoire.

 18   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur Jovic.

 20   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous souhaite la bienvenue dans ce

 22   prétoire.

 23   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous allez commencer à témoigner. Je

 25   pense que nous ne terminerons pas avec vous aujourd'hui, mais nous ferons

 26   de notre mieux et nous verrons à terminer avec votre déposition demain.

 27   Avant de commencer, il y a une procédure solennelle que nous devons suivre.

 28   Vous allez devoir vous engager -- donner notre parole que vous allez dire

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  1   toute la vérité, et pour cela, vous devez donc donner lecture de la

  2   déclaration solennelle qui vous est montrée par Mme l'Huissière. Je vous

  3   demanderais de la lire à haute voix.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

  5   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  6   LE TÉMOIN: DRAGAN JOVIC [Assermenté]

  7   [Le témoin répond par l'interprète]

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie. Installez-vous.

  9   Mettez-vous à l'aise. Soyez le bienvenu.

 10   Je vais donc brièvement expliquer --

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] -- plusieurs questions vous seront

 13   posées par M. Nicholls au bureau du Procureur, et ensuite, par les

 14   différentes équipes de la Défense qui se trouvent à votre droite.

 15   Au cours des questions qui vous seront posées, il se peut - je ne dis

 16   pas que cela arriva - mais il se peut que des questions vous soient posées

 17   qui, si vous répondez en toute véracité, pourraient vous exposer par la

 18   suite à des poursuites au pénal. Comme la plupart des pays, nous avons donc

 19   une disposition dans notre loi qui protège le témoin d'une auto

 20   incrimination et donc si une telle question vous est posée et si vous

 21   pensez quand répondant en toute vérité vous risquez de vous exposer à des

 22   poursuites pénales, nous pouvons donc -- vous pouvez demander aux quatre

 23   Juges ici de vous dispenser -- d'envisager de vous dispenser de répondre à

 24   telle question. Je vous ai dit que vous avez un droit mais ce n'est pas un

 25   droit absolu, c'est un droit limité.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En ce sens que nous pouvons soit

 28   accéder à votre demande ou nous pouvons marquer notre plein désaccord avec

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  1   vous et vous obligez à répondre à de telles questions, dans ce cas, si nous

  2   vous obligeons à répondre à de telles questions, vous bénéficiez d'un droit

  3   supplémentaire, à savoir que si votre réponse est la vérité, tout ce que

  4   vous direz comme élément de réponse ne peut être utilisé dans toute

  5   poursuite qui pourrait être menée à votre encontre. C'est une garantie

  6   prévue en vertu de notre droit -- de notre Règlement. Suis-je clair ? Avez-

  7   vous bien compris ce que je viens d'expliquer ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Cela donc ouvre la voie au

 10   début de votre déposition.

 11   Monsieur Nicholls.

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 13   Interrogatoire principal par M. Nicholls : 

 14   Q.  [interprétation] Bonjour.

 15   R.  Bonjour.

 16   Q.  Pouvez-vous décliner toute votre identité, donc, votre nom, à la

 17   Chambre ?

 18   R.  Dragan Jovic, né le 26 juillet 1959 à Zvornik, Rocevici.

 19   Q.  Vous vous décrirez en tant que Bosno-serbe; est-ce exact ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Pourriez-vous nous dire quelle est votre fonction

 22   actuelle ?

 23   R.  Je suis un homme d'affaire privé en transporteur.

 24   Q.  Ah, oui, vous êtes né -- ah, oui, à Rocevic. Où habitez-vous ?

 25   R.  J'habite à Rocevic, et je suis inscrit à la municipalité d'Osmace, et

 26   ce, depuis sept ou huit ans car j'ai bénéficié davantage fiscaux

 27   précédemment. J'habite à Rocevic.

 28   Q.  Bien. Je voudrais maintenant vous poser quelques questions concernant

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  1   1995. En juillet 1995, pouvez-vous nous dire quels étaient votre rang et

  2   votre grade et votre fonction au VRS ?

  3   R.  Je ne détenais aucun rang. J'étais le chauffeur pour le commandant du

  4   2e Bataillon.

  5   L'INTERPRÈTE : Le témoin pourrait-il répéter le nom, s'il vous plaît ?

  6   M. NICHOLLS : [interprétation]

  7   Q.  Quel était le nom du commandant, s'il vous plaît ?

  8   R.  Sreco Acimovic.

  9   Q.  Pendant combien de temps avez-vous été son chauffeur, le chauffeur

 10   d'Acimovic ? Quand avez-vous commencé à être son

 11   chauffeur ?

 12   R.  A partir de mars 1993. Je ne me souviens plus exactement de la date.

 13   Q.  Bien. Où habitiez-vous en juillet 1995 ? Où se trouvait votre domicile

 14   lorsque vous n'étiez pas en poste ?

 15   R.  A la maison de Rocevic.

 16   Q.  Votre domicile de Rocevic, à quelle distance se trouve-t-il de l'école

 17   de Rocevic ?

 18   R.  Environ 200 mètres, oui, je dirais environ 200 mètres.

 19   Q.  Vous vous souvenez qu'à la première fois que je vous ai rencontré

 20   c'était le 30 juin 2007, et ce jour-là, vous avez donné un entretien

 21   enregistré au bureau du Procureur ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Lorsque vous êtes arrivé ici à La Haye, avez-vous eu la possibilité de

 24   relire la transcription de votre entretien avec l'aide d'un interprète ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Avez-vous apporté des modifications ou des changements à votre

 27   entretien ou confirmez-vous la déclaration que vous nous avez donnée ?

 28   R.  En ce qui concerne ma déclaration, je la confirme.

Page 18049

  1   Q.  Bien. Sur cette dernière question, avant de m'avoir rencontré le 30

  2   juin, avez-vous donné un entretien aux enquêteurs pour la Défense dans

  3   cette affaire ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Je voudrais maintenant vous poser d'autres questions concernant juillet

  6   1995, plus particulièrement la région de Rocevic. Pendant cette période, et

  7   dans les jours qui ont suivi la chute de Srebrenica ou la campagne de

  8   Srebrenica, avez-vous eu connaissance de prisonniers musulmans détenus dans

  9   la région de Rocevic ?

 10   R.  J'en avais entendu parler la veille de l'exécution.

 11   Q.  O.K. Dites-moi, ce que vous avez entendu concernant les prisonniers de

 12   Rocevic. Où étaient-ils détenus ?

 13   R.  Je me trouvais devant le QG où j'étais en permanence, soit à l'arrière

 14   du bâtiment ou devant celui-ci, lorsqu'un jeune homme est arrivé qui était

 15   un soldat, un membre, de notre bataillon, qui avait rendu visite à

 16   quelqu'un je crois à Rocevic. Il est passé devant l'accueil et a déclaré

 17   que des prisonniers musulmans avaient été amenés à la salle de Rocevic.

 18   Q.  Il s'agit donc de la salle d'accueil de l'école de Rocevic, la salle

 19   donc le gymnase ?

 20   R.  Oui, oui.

 21   Q.  Bien. Qu'a-t-il dit d'autres concernant ce qui se passait à l'école où

 22   les prisonniers étaient détenus ?

 23   R.  J'ai entendu qu'il y avait des morts parmi eux et que Joco Stojanovic -

 24   je ne sais plus qui l'a appelé ou qui lui a donné des ordres - est venu les

 25   emmener par tracteur, ce qu'il a fait et je n'en sais rien à propos de ça.

 26   Q.  Merci. Pour être clair, je dois parfois poser des questions

 27   subsidiaires même si vous répondez bien. Ces morts s'agissaient-ils de

 28   Serbes ou de Musulmans qui étaient emmenés par tracteur ?

Page 18050

  1   R.  Bien, c'était sans doute des Musulmans.

  2   Q.  Avez-vous eu -- appris qu'il y avait eu des Serbes, des Serbes civils

  3   qui avaient été soit blessés pendant cette période autour de l'école ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Pouvez-vous nous décrire cela, s'il vous plaît ?

  6   R.  J'ai appris que -- j'ai entendu que le soir, au cours de la tuerie des

  7   Musulmans où, je ne sais pas à quel moment, la femme de Petko Tanaskovic a

  8   été blessée, qui se trouvait à 200 mètres de l'école. Elle a été blessée au

  9   bras.

 10   Q.  Bien. Merci. Question donc sur cette dernière question, avez-vous

 11   appris combien de Musulmans avaient été tués à l'école à Rocevic ?

 12   R.  Non. Je ne vous ai pas compris. Je ne sais pas si c'était la veille au

 13   soir suivant les exécutions ou le jour de l'exécution ou quoi, la veille

 14   des exécutions ?

 15   Q.  Je vais essayer de préciser les choses, être plus clair. Lorsque vous

 16   avez appris le jour où l'épouse de Petko Tanaskovic a été blessée, avez-

 17   vous entendu combien de Musulmans avaient été tués ce jour-là ? Autrement,

 18   autre façon de dire cela, combien de Musulmans emmenés à bord du tracteur ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  Bien d'accord.

 21   R.  Non, non.

 22   Q.  Ce jour-là, lorsque vous avez appris cette information, vous êtes-vous

 23   personnellement rendu à l'école de Rocevic le jour où vous avez entendu

 24   parler de ça ?

 25   R.  Non.

 26   Q.  Bien.

 27   R.  [aucune interprétation]

 28   Q.  Le lendemain vous êtes-vous rendu quelque part en partant du QG du 2e

Page 18051

  1   Bataillon ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Oui. D'accord. Où vous êtes-vous rendu le lendemain ?

  4   R.  Nous, nous sommes réveillés le matin. Nous avons pris notre petit

  5   déjeuner. J'étais devant le QG, mon commandement, je crois, effectivement

  6   j'étais devant le bâtiment où se trouvait le QG, je ne me souviens plus

  7   exactement. Sreco Acimovic m'a appelé en me demandant de le conduire. Je

  8   lui ai demandé où. Il m'a dit : "Tu dois prendre la direction de Kozluk."

  9   Q.  Bien. Dites-nous où vous vous êtes rendu avec Acimovic ?

 10   R.  Lorsque nous sommes arrivés, nous avons poursuivi notre trajet à

 11   Rocevic et nous sommes arrêtés devant l'école.

 12   Q.  A peu près quelle heure était-il lorsque vous êtes arrivé à l'école de

 13   Rocevic ce jour-là ?

 14   R.  Bien, il devait être entre 10 heures et 11 heures. Je ne me souviens

 15   pas. Je ne portais pas de montre, je ne portais jamais de montre. Bien.

 16   C'était un "général conundrum." Qui nous a demandé -- qui a donné

 17   instruction à Acimovic de nous rendre à Rocevic ? Je sais simplement qu'il

 18   nous a demandé d'aller à l'école à Rocevic.

 19   Q.  Bon. Ce n'est pas un point important mais dans votre entretien vous

 20   avez dit entre 10 et 11, est-ce que ça vous aide à vous rappeler ? Qu'est-

 21   ce qui serait le plus proche de la vérité, 10 à 11 ou 11 à midi lorsque

 22   vous êtes arrivé ?

 23   R.  Bien, à peu près à cette heure-là. Oui, c'est tout à fait possible, 11

 24   heures, midi. Je ne peux pas l'affirmer avec précision.

 25   Q.  Je vous demanderais de décrire, dans vos propres mots, au prétoire ce

 26   que vous avez vu à l'école lorsque vous êtes arrivé avec Acimovic ? Que se

 27   passait-il sur place ? Qu'avez-vous vu ?

 28   R.  Lorsque nous sommes arrivés et lorsque nous sommes entrés dans la cour

Page 18052

  1   de l'école, à gauche il y avait un blindé de la FORPRONU. J'ai garé mon

  2   véhicule -- ma voiture à côté du blindé entre les deux bâtiments où il y

  3   avait de l'ombre et ensuite nous sommes entrés directement dans l'école.

  4   L'école n'était pas fermée à clé. Sreco a demandé à ce que la porte d'un

  5   bureau soit ouverte où se trouvait une ligne téléphonique.

  6   Je ne peux pas vous dire si le secrétariat de l'école s'y trouvait ou

  7   je ne suis peut-être -- enfin je suis peut-être allé trouver la secrétaire

  8   pour obtenir les clés et qu'elle nous ouvre la porte au bureau où se

  9   trouvaient les téléphones. C'est tout.

 10   Q.  Bien. Quel était le nom de la secrétaire de l'école dont vous parlez ?

 11   Ou de son nom, quel était son nom ?

 12   R.  Oui, je m'en souviens. Il s'agit de Boro Lakic.

 13   Q.  Le blindé, de quelle couleur était-il, de quel -- il provenait de

 14   quelle unité, de quelle organisation ? Vous en

 15   souvenez ?

 16   R.  Je sais simplement que le blindé était blanc, mais je ne sais pas à

 17   quelle armée appartenait ce blindé.

 18   Q.  Avez-vous vu des soldats VRS ou des polices -- policiers militaires ou

 19   tout autre personnel militaire autour de l'école lorsque vous êtes arrivé

 20   avec M. Acimovic ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Pouvez-vous décrire -- combien de ces soldats ou personnel militaire

 23   vous avez vu ?

 24   R.  Bien, devant le gymnase, il se trouvait jusqu'à une dizaine mais

 25   certains d'entre eux étaient devant le gymnase et derrière l'école, peut-

 26   être une quinzaine ou une vingtaine. Je n'en suis pas sûr. Enfin, ce

 27   n'était pas important pour moi. Je ne les ai pas comptés, personne ne m'a

 28   demandé d'enregistrer combien ils étaient.

Page 18053

  1   Q.  Bon. Je sais bien sûr qu'à l'époque vous ne pensiez pas qu'il allait

  2   falloir vous souvenir de ces -- du chiffre exact, mais ils appartenaient à

  3   quelle unité ces hommes qui se trouvaient autour de l'école et devant le

  4   gymnase ?

  5   R.  On disait qu'ils appartenaient à la Brigade de Bratunac. Je ne les

  6   connaissais pas. Ce qui veut dire qu'ils ne faisaient pas partie de notre

  7   brigade, mais les gens disaient qu'ils appartenaient à  la Brigade de

  8   Bratunac.

  9   Q.  Bien. Qui a dit qu'ils appartenaient à la Brigade de Bratunac ? Quels

 10   gens ?

 11   R.  C'était peut-être Sreco ou quelqu'un qui a dit qu'ils appartenaient à

 12   la Brigade de Bratunac.

 13   Q.  S'agissait-il de la police militaire ou de soldats ordinaires ?

 14   R.  Il s'agissait bien de la police militaire.

 15   Q.  Bien. Que s'est-il passé une fois que vous avez obtenu les clés pour --

 16   de Boro Lakic ? Que s'est-il passé ensuite ?

 17    R.   Sreco Acimovic est entré dans le bureau et je n'ai vu personne, je

 18   n'ai vu aucun soldat, aucun officier, personne. Je suis resté dans le hall

 19   à une vingtaine de mètres du bureau dans le foyer. 

 20   Q.  Est-ce que vous êtes entré dans le bureau ?

 21   R.  Non.

 22   Q.  Combien de temps êtes-vous resté dans le hall ou vous êtes-vous rendu

 23   ailleurs après -- au bout d'un certain temps ?

 24   R.  Oui, j'y suis resté pendant quelque temps. Pendant ce temps, Sreco est

 25   sorti et je lui ai demandé puisque la campagne a duré pendant un certain

 26   nombre de jours. J'étais sale et comme ma maison était à proximité, j'ai

 27   demandé l'autorisation de rentrer chez moi pour me changer, faire un brin

 28   de toilette rapidement.

Page 18054

  1   Q.  Non, avant.

  2   R.  Ça m'a pris environ 45 minutes à une heure, mon absence donc.

  3   Q.  Bien, merci. Avant de rentrer chez vous, avez-vous vu des prisonniers,

  4   vous personnellement ? Avez-vous vu des prisonniers dans l'école ou à

  5   l'intérieur du gymnase ?

  6   R.  Oui, lorsque je suis parti pour rentrer chez moi, j'avais du mal à

  7   croire que cela se passait ici dans notre village. Je suis allé dans le

  8   gymnase et j'ai jeté un coup d'œil, un quart peut-être en fait un tiers

  9   était rempli de soldats et de gymnase -- assis par terre dans le gymnase.

 10   Q.  Je vais maintenant vous demander : quelle certitude avez-vous que ce

 11   gymnase était un tiers rempli ? Pouvez-vous y réfléchir ?

 12   R.  Mais à première vue, ça m'avait -- cela semblait, oui.

 13   Q.  Donc --

 14   R.  Un quart, grosso modo, était vide.

 15   Q.  Bien. Donc, si un quart du gymnase était vide, donc le gymnase était à

 16   trois quarts rempli, c'est bien ça ?

 17   R.  Oui, oui. Je ne me suis peut-être pas très bien exprimé.

 18   Q.  Merci. Lorsque vous êtes entré chez vous, vous êtes rentré seul ou

 19   étiez-vous accompagné de quelqu'un ?

 20   R.  Non, je suis rentré seul.

 21   Q.  Qu'avez-vous fait après lorsque vous avez quitté votre maison où êtes-

 22   vous allé ensuite ?

 23   R.  Après avoir pris un bain et m'être changé, je suis rentré à l'école et

 24   je me suis retrouvé devant l'école comme on avait convenu avec Sreco.

 25   Lorsque je suis arrivé devant l'école, j'ai vu une Jeep militaire de

 26   couleur jaune, enfin, bon, sur la route -- pas sur le terrain de sport,

 27   mais sur la route. Ensuite, j'ai vu Sreco avec un homme, ils étaient en

 28   train de discuter. Ils se sont rendus à la voiture et se sont assis dans la

Page 18055

  1   voiture.

  2   Q.  À quelle distance étiez-vous lorsque vous avez vu Sreco Acimovic qui

  3   s'entretenait avec cet autre homme ?

  4   R.  A une trentaine de mètres environ, là où se trouvait mon véhicule, et

  5   ils étaient debout devant les buts du terrain de foot et j'étais debout à

  6   côté du bâtiment. Donc, nous étions séparés d'une trentaine de mètres.

  7   Q.  Avez-vous -- pourriez-vous entendre ce qu'ils disaient, Sreco et cet

  8   autre homme ?

  9   R.  Non.

 10   Q.  Au mieux que vous pouvez décrire à quoi ressemblait l'homme qui était

 11   en conversation avec Sreco Acimovic à une trentaine de mètres ? Comment

 12   était-il ?

 13   R.  Il était -- c'est un homme bien bâti comme Sreco. Je ne sais pas s'il

 14   était plus grand ou plus petit. Il portait un uniforme militaire sans

 15   écussons, sans armes et il n'appartenait pas à la Brigade de Zvornik. Je

 16   l'aurais reconnu s'il faisait partie de la Brigade de Zvornik.

 17   Q.  Est-ce que vous vous souvenez d'autre chose concernant l'aspect de cet

 18   homme ?

 19   R.  Non, il était bien rasé avec un visage rond, avec -- un homme

 20   corpulent, on dirait. Comme je l'ai dit à propos de votre collègue, lorsque

 21   vous me -- lorsque nous étions en entretien à Kozluk, en fait, non, je ne

 22   me souviens plus qui l'avait dit.

 23   Q.  Là, vous vous référez à mon collègue, Tomasz Blaszczyk, lorsque vous

 24   disiez qu'il était à peu près de la même taille; c'est bien cela ?

 25   R.  Oui, c'est ça. Non, je ne me souviens plus qui l'a dit, c'était peut-

 26   être vous ou moi.

 27   Q.  Bien, on pourra y revenir plus tard, s'il le faut. Que s'est-il passé

 28   ensuite après que vous ayez vu M. Acimovic qui discutait avec cet homme ?

Page 18056

  1   R.  Pas grand-chose. Lorsque l'homme est parti dans sa Jeep, Acimovic m'a

  2   appelé et m'a dit que je devais aller voir Draskovic dont le frère avait

  3   été tué au début de la guerre, et Kula ou Liplje, trois ou quatre d'entre

  4   eux ont trouvé la mort et leurs corps n'ont jamais été retrouvés. Donc, il

  5   m'a envoyé voir cet homme, lui demander s'il souhaiterait venir et

  6   exécuter. Mais lorsqu'il a parlé de l'exécution, la fusillade, enfin dans

  7   la mesure du possible, je m'y suis opposé. Je lui ai dit : "Mais, Sreco,

  8   est-ce que c'est normal, que faites-vous ?" Il a répondu : "Et bien, nous

  9   devons le faire, c'est un ordre. Cet ordre doit être exécuté." C'est tout.

 10   Ensuite, il m'a envoyé vers Draskovic. Je suis allé trouver Draskovic chez

 11   lui. Sa maison étant à un kilomètre et demi ou deux et je lui ai dit que

 12   Sreco m'avait demandé de lui proposer de venir exécuter les gens de

 13   Srebrenica. Sreco pensait peut-être que Draskovic avait perdu un frère et

 14   qu'il souhaiterait peut-être se venger, mais Draskovic ne voulait pas.

 15   Q.  Bien. Sreco Acimovic vous a-t-il dit ce dont il parlait avec cet homme

 16   avec qui vous l'avez vu en conversation, ce dont ils parlaient de quoi ils

 17   parlaient ?

 18   R.  Non.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez posé plus d'une question.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pouvez-vous la scinder en deux, s'il

 22   vous plaît ?

 23   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, vous avez raison, Monsieur le

 24   Président.

 25   Q.  Donc, c'est la même question, mais je vais la scinder en deux. Sreco

 26   Acimovic vous a-t-il dit ce dont il parlait avec cet homme avec qui vous

 27   l'avez vu ?

 28   R.  Non.

Page 18057

  1   Q.  Vous a-t-il dit, pendant combien de temps, il était avec cet homme

  2   pendant que vous étiez chez lui ?

  3   R.  Je ne sais pas. Je me suis absenté pendant c'était une cinquantaine de

  4   minutes jusqu'à une heure, je ne m'en souviens plus exactement. Quant à

  5   savoir s'ils se trouvaient dans l'école avant, je ne sais pas, mais lorsque

  6   je suis revenu, je les ai vus debout devant le but sur le terrain de

  7   football. L'homme portait un uniforme, bien rasé. Je n'ai pas vu qu'il

  8   portait d'arme. Il ne portait pas d'insigne indiquant son rang.

  9   Q.  Lorsque vous êtes revenu de la maison de Draskovic, venant après qu'on

 10   vous a envoyé chercher cet homme pour l'aider à exécuter les prisonniers et

 11   qu'il a refusé, que s'est-il passé ensuite ?

 12   R.  Rien. Je crois que le camion -- le Mercedes du bataillon, conduit par

 13   Veljko Ivanovic, était déjà là, et attendait, la décision a été prise.

 14   Sreco n'aurait certainement pas pris cette décision tout seul s'il n'avait

 15   pas reçu d'instruction ou l'ordre. Mais il est mieux placé pour savoir d'où

 16   provenait cet ordre. Il a dit qu'il fallait que l'on se rende à Kozluk,

 17   c'est là où se déroulerait l'exécution.

 18   Avant la guerre, il a également transporté du gravier de cet endroit.

 19   C'était une carrière de gravier -- de carrière. Il y avait donc un homme

 20   âgé qui ne savait pas où ça se trouvait, ce Veljko Ivanovic. Puisque

 21   j'étais entrepreneur avant la guerre, je savais exactement où était ce lieu

 22   et c'est pour ça que je m'y suis rendu avec Veljko à bord de son camion.

 23   Q.  Bien. Je vais maintenant vous poser des questions à propos de ce que

 24   vous venez de dire. Avez-vous reçu l'ordre d'aller avec Veljko dans le

 25   camion ou lui montrer cet endroit à Kozluk ou c'est vous-même qui avez

 26   conçu le projet ?

 27   R.  Non, non, pas tout seul. J'ai reçu l'ordre de m'y rendre puisque Veljko

 28   ne connaissait pas l'endroit, et j'avais transporté des graviers de cet

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  1   endroit, donc, on m'a envoyé avec lui pour lui montrer où se trouvait

  2   l'endroit.

  3   Q.  Pouvez-vous décrire au Tribunal comment les prisonniers ont été

  4   transportés de l'école à Kozluk ? Pouvez-vous nous décrire, s'il vous plaît

  5   ?

  6   R.  Ils se trouvaient dans des camions, à l'arrière des camions, et la

  7   police militaire, ils étaient deux ou trois, pour les accompagner, trois ou

  8   quatre au grand maximum, et c'est comme ça qu'ils ont été transportés.

  9   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire, tout d'abord, cette Mercedes, ce

 10   camion, c'était une camionnette ? Pourriez-vous nous la décrire, s'il vous

 11   plaît ? La Mercedes du bataillon.

 12   R.  Excusez-moi, c'était une Mercedes plus petite, qui avait une bâche, et

 13   pouvait transporter quelque chose comme cinq à sept tonnes, je ne suis très

 14   bien.

 15   Q.  Si vous vous en souvenez, combien de prisonniers ont été mis à bord de

 16   cette camionnette Mercedes lors du premier voyage ?

 17   R.  Je ne sais pas. Je n'étais pas moi-même à l'arrière et je n'ai pas

 18   compté, donc, je ne sais pas.

 19   Q.  Pourriez-vous nous décrire, de votre mieux, où vous vous êtes rendu à

 20   Kozluk et lorsque vous vous êtes allé avec Veljko Ivanovic et son camion et

 21   les prisonniers ? Où le camion s'est-il arrêté ?

 22   R.  Rocevic-Kozluk, ça fait six kilomètres, et là où il y a la carrière ou

 23   le gravier se trouve à quelque trois kilomètres environ de Kozluk, et la

 24   route est très mauvaise. J'étais moi-même surpris parce que je me souviens

 25   de cette route, mais cinq ans plus tard, cette route était difficile à

 26   reconnaître. Il y avait -- c'était recouvert de végétation, on est allé

 27   aussi loin que possible, et Veljko a ensuite fait marche arrière, et on les

 28   a déchargé, et on les a emmené, mais je n'ai pas vu ce qui s'est passé

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  1   après cela. Je pense qu'on leur a tiré dessus à cet endroit-là. Mais je

  2   n'ai pas été le témoin de cela. J'ai accompagné Veljko pour lui montrer le

  3   chemin. Là, il y a des fosses contenant des graviers et du sable qui

  4   avaient été creusées.

  5   Q.  Qui a déchargé les prisonniers du camion, lorsqu'ils sont arrivés à cet

  6   endroit à Kozluk ?

  7   R.  La police militaire.

  8   Q.  C'est la police militaire qui a accompagné le camion depuis l'école de

  9   Rocevic, ou est-ce qu'il y avait des membres de la police militaire qui

 10   attendaient sur place ?

 11   R.  Personne n'attendait sur place. C'était la police militaire qui était

 12   avant à Rocevic.

 13   Q.  Ensuite, vous et Veljko Ivanovic, qu'avez-vous fait une fois que l'on

 14   est fait descendre les prisonniers du camion ? Que s'est-il passé après

 15   cela ?

 16   R.  Nous sommes retournés à Rocevic.

 17   Q.  Que s'est-il passé ensuite ? Qu'est-ce que vous avez fait lorsque vous

 18   êtes rentré à Rocevic ?

 19   R.  Lorsque je suis rentré à Rocevic, Sreco Acimovic -- on pourrait dire

 20   qu'il m'a sommé d'aller chercher le camion qui se trouvait à Mico

 21   Stanojevic, le camion qui était à Mico Stanojevic, son camion avait été

 22   réquisitionné par l'armée, et j'y suis allé. Je suis allé chez Mico

 23   Stanojevic qui se trouvait à un kilomètre et demi, pour lui en informer de

 24   l'ordre qui avait été donné par Sreco. Donc, je suis arrivé chez lui, j'ai

 25   demandé à parler à Mico Stanojevic. Sa femme est sortie, ainsi que sa mère.

 26   Je leur ai dit que Sreco m'avait envoyé de la part de Mico. Je ne sais pas

 27   s'il y avait eu une conversation téléphonique entre eux, mais il m'avait

 28   envoyé chercher le camion.

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  1   Sa mère est sortie et a dit : "Non, tu peux pas m'emmener." Sa femme a

  2   également dit que je ne pouvais pas partir avec le camion. Le camion

  3   appartenait aux membres de la famille de Mico, et devait servir à

  4   transporter des soldats. Ce type-là habite près de Padine, et Sreco a

  5   ensuite dit : "Nous irons ensemble." Nous y sommes allés à bord de ma

  6   voiture. Encore une fois, la mère de Mico et sa femme sont sorties, et

  7   encore une fois, ils m'ont dit qu'ils n'allaient pas nous laisser la

  8   voiture, et Sreco -- le camion, et Sreco a usé de son autorité parce que

  9   c'était un commandant de bataillon, et c'était un homme à qui on devait le

 10   respect. Il n'a pas eu recours à la force mais il nous a remis les clés du

 11   camion.

 12   Moi, j'avais un camion avant la guerre, et donc, je l'avais venu en 1991,

 13   donc, je savais conduire un camion. Donc, j'ai pris le camion et Sreco est

 14   retourné à Rocevic à bord de ma voiture. Sreco -- et j'ai poursuivi comme

 15   me l'avait demandé Sreco et sur son ordre j'ai continué à emmener les

 16   soldats à Kozluk, et j'ai fait cela deux ou trois fois. C'était une

 17   camionnette qui était un peu plus petite et qui pouvait contenir dix

 18   prisonniers environ à la fois et les soldats assuraient la sécurité des

 19   civiles et les prisonniers, c'étaient des Musulmans.

 20   Q.  Bien. Je souhaite revenir sur ce point, mais tout d'abord le premier

 21   voyage que vous avez fait avec Veljko lorsque les prisonniers sont montés à

 22   bord des camions, emmenés à Kozluk, et ensuite, emmenés le long de cette

 23   route accidentée difficile, et ensuite, on les a fait descendre et combien

 24   de temps a duré en tout ce voyage aller-retour ? Combien de temps ceci a-t-

 25   il duré du début à la fin ?

 26   R.  Pas moins d'une heure à peu près.

 27   Parce que de Kozluk, il y a trois kilomètres jusqu'à l'endroit où il y

 28   avait le gravier sur une route, qui n'avait pas été entretenue depuis cinq

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  1   ans, et la route était mauvaise. Donc, c'était même difficile de marcher

  2   sur cette route-là et c'était encore plus difficile, évidemment, de

  3   conduire un camion.

  4   Q.  Lorsque vous êtes revenu - simplement pour que tout ceci soit bien

  5   clair - lorsque vous avez -- lorsque vous vous êtes procuré un deuxième

  6   camion, et ce camion devait servir à quoi lorsque vous et Sreco vous avez

  7   pu convaincre Mico Stanojevic, la mère de Mico Stanojevic, et sa femme de

  8   vous remettre le camion, ceci devait servir à quoi ?

  9   R.  Ceci a été utilisé de la même façon que le camion de Veljko.

 10   Q.  Donc, il servait à transporter les prisonniers jusqu'à Kozluk ?

 11   R.  Oui, oui.

 12   Q.  Vous avez fait combien de voyages en tout à peu près, voyages au cours

 13   desquels vous avez emmené les prisonniers, et vous avez utilisé le camion

 14   de Stanojevic ? Combien de voyages avez-vous faits ?

 15   R.  Bien, comme je l'ai dit, il y a quelques instants, deux à trois

 16   voyages. Je ne sais pas exactement. Donc, deux fois au moins -- deux

 17   voyages au moins, peut-être trois.

 18   Q.  Si vous le savez, combien de voyages a fait Veljko Ivanovic avec ce

 19   camion, son camion la Mercedes ?

 20   R.  Je ne sais pas. Il faudrait lui poser la question. (expurgé)

 21   (expurgé). Veljko était nerveux ce jour-là et je ne sais pas très bien

 22   comment il a pu conduire parce qu'il était malade, il était même malade

 23   avant la guerre mais surtout dans une situation comme celle-là.

 24   M. NICHOLLS : [interprétation] Est-ce que nous pouvons passer à huis clos

 25   partiel pendant quelques instants, s'il vous plaît ?

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Huis clos partiel, s'il vous plaît.

 27   [Audience à huis clos partiel]

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 13   [Audience publique]

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.

 15   Q.  D'après vos souvenirs, est-ce que d'autres camions ont été utilisés,

 16   hormis les deux que vous avez déjà évoqués, des camions que vous avez vus

 17   ce jour-là qui ont été utilisés pour assurer le transport des prisonniers

 18   de Rocevic à Kozluk, de l'école Rocevic à Kozluk ?

 19   R.  J'ai vu que Milivoje Lazarevic a conduit un chargement - si vous voulez

 20   bien me pardonnez l'expression - et je ne me souviens pas très bien, mais

 21   lorsqu'on a posé la question -- lorsque la Défense de Nikolic - je ne sais

 22   pas très bien, mais je ne sais pas très bien si je m'en souviens. Je ne

 23   sais pas si Djoko Nikolic était là. Honnêtement, je ne me souviens pas. Je

 24   ne me souviens pas si cet homme était là avec un camion ou non. Je ne sais

 25   pas. Je ne m'en souviens pas.

 26   Q.  Bien. Alors, combien de temps a duré toute cette

 27   opération ? Je vais l'appeler ainsi jusqu'à ce que tous les prisonniers

 28   aient été transportés à la sortie de l'école et emmenés sur le lieu de

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  1   l'exécution ?

  2   R.  Ceci a commencé tard parce qu'on sait que ceci n'allait pas commencer.

  3   Personne n'était pour. Moi, j'ai dit à Sreco tout de suite qu'il ne fallait

  4   pas faire cela, mais il a reçu un ordre, je ne sais pas de qui est venu

  5   l'ordre, lui doit le savoir, et ceci a duré de 2 heures à 3 heures jusqu'à

  6   -- moi j'y étais jusqu'à 6 heures ou 7 heures lorsque Mico a repris mon

  7   camion. Mais je ne sais pas exactement. Je ne suis pas sûr au niveau de

  8   l'heure mais à peu près.

  9   Q.  Après que Mico Stanojevic ait repris votre camion, a-t-il emmené des

 10   prisonniers de l'école à bord de son camion ?

 11   R.  Cela je ne le sais pas. Je n'ai pas vu cela.

 12   Il faudrait lui poser la question à lui.

 13   Q.  Donc, après que les derniers prisonniers aient été emmenés de l'école,

 14   qu'avez-vous fait après cela ?

 15   R.  Je ne suis pas resté jusqu'à la fin. Lorsque j'ai remis les clés,

 16   lorsque j'ai remis les clés de ma camionnette à Mico Stanojevic, Sreco m'a

 17   donné l'ordre d'emmener des sandwiches, des jus de fruit et de l'eau

 18   minérale à un autre endroit. Après cela, je suis rentré à la maison parce

 19   qu'il ne m'a pas dit de revenir sur les lieux. Donc, cela devait être vers

 20   5 ou 6 heures lorsque Sreco m'a dit que je pouvais partir. Après avoir

 21   déposé ces sandwiches et ces jus de fruit, cette eau minérale, je ne suis

 22   pas allé voir les soldats et je ne suis pas revenu à l'école. Je ne sais

 23   pas. Je ne sais pas combien de temps tout cela a duré. Je ne sais pas

 24   quelle heure il était.

 25   Q.  A quelle heure, en réalité, êtes-vous rentré chez vous ce soir-là ?

 26   R.  Vers 19 heures 30, 20 heures, peut-être. Je ne sais pas.

 27   M. NICHOLLS : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît, Monsieur le

 28   Président.

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  1   [Le conseil de l'Accusation se concerte] 

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic.

  3   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Pardonnez-moi, mais j'ai trouvé qu'il y

  4   avait une erreur de traduction. Le témoin a dit qu'il a apporté les

  5   sandwiches, l'eau minérale et les jus de fruit aux soldats.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous dites en somme qu'il a emmené

  7   cela, c'est ce qu'il a dit.

  8   M. ZIVANOVIC : [aucune interprétation]

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Dans ce cas-là, effectivement, cela ne

 10   correspond pas au compte rendu.

 11   Monsieur Jovic, qu'avez-vous fait avec les sandwiches, l'eau minérale et

 12   les jus de fruit ? Qu'est-ce que vous avez fait avec ces derniers ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsque j'ai remis les camions à Mico

 14   Stanojevic, j'ai -- je suis arrivé à l'école et j'ai vu Sreco, qui m'a

 15   demandé d'emmener les sandwiches et de les déposer et -- m'a demandé de

 16   m'arrêter dans un magasin à Kozluk pour que je puisse acheter de l'eau

 17   minérale et du jus de fruits. Ensuite, le bataillon s'en chargerait, et

 18   donc, je suis allé apporter tout ceci aux soldats et les premiers soldats

 19   que j'ai rencontrés, je leur ai remis tout ça.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Maître Zivanovic.

 21   Monsieur Nicholls, c'est à vous.

 22   M. NICHOLLS : [interprétation]

 23   Q.  Qui sont ces soldats auxquels vous apportez du jus de fruits, des

 24   sandwiches et de l'eau minérale ?

 25   R.  Lorsque je suis parti avec Veljko, il n'y avait que la police militaire

 26   qui se trouvait là, mais lorsque je suis arrivé avec le camion de Mico

 27   Stanojevic, il y avait un nombre plus important de soldats ainsi que de

 28   policiers militaires. Moi, je ne suis pas au courant d'un tel nombre

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  1   d'hommes, et ces hommes-là ne venaient pas du 2e Bataillon, je ne les

  2   connaissais pas. Je ne sais pas d'où ils venaient. Il y avait des soldats

  3   qui n'étaient pas des membres du

  4   2e Bataillon et qui venaient de Kozluk, qui étaient originaires de Kozluk,

  5   et on leur avait demandé d'intégrer des différents bataillons.

  6   Moi, j'étais un transporteur et c'était la première fois et maintenant dans

  7   les rues de Zvornik -- c'était la première fois j'allais à Branjevo et

  8   maintenant dans les rues de Zvornik, je vois des gens que je n'ai jamais

  9   vus auparavant, et cela fait longtemps que j'y vis. Je ne sais pas si ces

 10   gens-là étaient des membres du

 11   2e Bataillon ou non, je ne les connaissais pas en tout cas, ou peut-être

 12   que ces gens avaient été envoyés de l'extérieur, peut-être que ces gens

 13   venaient de cela ou venaient d'un autre bataillon ou d'une autre brigade,

 14   je ne sais pas.

 15   Q.  Lorsque vous dites avoir rencontré des gens, vous dites que lorsque

 16   vous rencontrez des gens à Zvornik, vous voulez parler de gens, vous voulez

 17   parler de qui ? Vous avez répondu en disant que quelques fois vous

 18   rencontrez des gens pour la première dans les rues de Zvornik. Vous ne

 19   savez pas à quelle unité ils appartenaient. Vous voulez parler de quelles

 20   personnes, puisque vous parlez du fait d'avoir rencontré des gens dans les

 21   rues de Zvornik ?

 22   R.  Non, non, ce que je veux dire c'est que à Kozluk, qui est un -- une

 23   localité musulmane, les musulmans qui y vivaient ont été déplacés. D'autres

 24   personnes se sont installées, des gens qui venaient de Tuzla, Zenica,

 25   Zivinice. La moitié de la Bosnie s'est retrouvée à Kozluk, et ces gens-là

 26   ont été ensuite détachés dans les différentes unités de la Brigade de

 27   Zvornik à l'extérieur de la Brigade de Zvornik, et encore aujourd'hui,

 28   lorsque je me déplace en ville, il y a des gens que je rencontre pour la

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  1   première fois. Je ne connais pas ces gens-là. Aujourd'hui, encore moins à

  2   cette époque, que nous sommes -- à propos de laquelle nous sommes en train

  3   de parler.

  4   Q.  Ces gens, est-ce qu'ils ces gens, qui étaient à Kozluk, lorsque

  5   certaines de ces personnes étaient là sur le lieu de l'exécution ?

  6   R.  Non, non. Je ne sais -- je ne sais pas. Je ne peux pas vraiment faire

  7   des spéculations là-dessus. Je n'ai vu personne que je connaissais.

  8   Q.  Donc, je vais vous poser une question parce que c'est vous qui avez

  9   soulevé cette question, dans votre déclaration, vous avez évoqué le fait

 10   que 15 ans après, encore maintenant, lorsque vous transportez des matériaux

 11   de construction dans votre camion et vous allez à Zenica et à d'autres

 12   endroits, certaines des personnes que vous rencontrez vous disent qu'ils

 13   étaient à Kozluk également. Pourriez-vous nous dire également -- exactement

 14   ce que vous entendez par là ? Est-ce que vous avez rencontré des gens qui

 15   se trouvaient à Kozluk, à ce moment-là ?

 16   R.  Non. Non, non. Non, c'était des gens qui habitaient à Kozluk à l'époque

 17   et qui avaient été détachés au sein de la Brigade de Zvornik. Moi je ne les

 18   ai pas vus, ce que j'ai voulu dire, c'est qu'ils occupaient les maisons des

 19   musulmans et qu'ils avaient été détachés dans les différentes unités de la

 20   brigade de Zvornik. Je ne sais pas quel est le pourcentage et quels sont

 21   les nombres de gens qui faisaient partie de l'autre bataillon. Je ne sais

 22   pas, parce qu'il y en avait davantage dans tout le bataillon. M. Pandurevic

 23   sait qu'un bataillon comporte quelque 500 à 600 hommes. Je ne sais pas.

 24   Q.  Bien. Est-ce que Sreco Acimovic était à l'école de Rocevic et est resté

 25   à l'école d'après ce que vous avez pu voir, est-ce qu'il est parti à un

 26   moment donné ?

 27   R.  C'était entre 17 heures et -- 5 et 6 heures, ça c'est certain. Il était

 28   là, à ce moment-là, entre 5 et 6 heures. Après cela, je ne lui ai pas

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  1   parlé. Je ne l'ai pas vu. Je suis rentré à la maison, je ne sais pas où il

  2   est allé. Ce n'est que le lendemain que je me suis rendu chez Malesic

  3   passer le commandement. Personne ne m'avait demandé ou ne m'avait -- non,

  4   ne m'avait demandé dans l'intervalle.

  5   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

  6   M. NICHOLLS : [interprétation]

  7   Q. Je vais vous poser cette question, mais vous avez peut-être répondu.

  8   Lorsque vous apportez les jus de fruits et l'eau minérale aux soldats, est-

  9   ce que vous leur apporter à l'école, les soldats qui se trouvaient à

 10   l'école, ou sur les lieux de l'exécution, à Kozluk.

 11   R.  Au lieu de -- sur le lieu de l'exécution -- sur le lieu de l'exécution,

 12   mais ils se trouvaient à l'extérieur de cet endroit, ils attendaient les

 13   autocars et ne pouvaient pas arrivés jusqu'à cet endroit-là, sur les lieux,

 14   la fosse - à proprement parler - parce qu'il y avait beaucoup de végétation

 15   qui avait poussé à cet endroit-là. Les premiers soldats que j'ai croisés,

 16   que j'ai vus, je me suis arrêté et j'ai pris les sandwiches, l'eau minérale

 17   et les jus de fruits, je les ai sortis du coffre de la camionnette, je leur

 18   ai remis et je suis parti. Après cela, je n'ai pas appelé Sreco et il ne

 19   m'a pas appelé non plus, je n'ai jamais porté de Motorola, je ne commandais

 20   ni escouade ni peloton, ni une compagnie. J'étais simplement au service de

 21   l'armée. Je ne pouvais prendre aucune décision, ni rien.

 22   M. NICHOLLS : [interprétation] Je n'ai plus de question à poser. Je vous

 23   remercie.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur Nicholls.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Qui va passer en premier ?

 27   Maître Bourgon.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons faire une pause dans une

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  1   vingtaine de minutes.

  2   M. BOURGON : [interprétation] Je peux commencer, Monsieur le Président.

  3   Contre-interrogatoire par M. Bourgon :

  4   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Jovic.

  5   R.  Bonjour.

  6   Q.  J'ai moins de questions que prévues à vous poser. En effet, bon nombre

  7   de questions que j'avais l'intention de vous poser ont déjà été posées par

  8   mon confrère, toujours est-il que je me propose de parcourir avec vous les

  9   évènements tels qu'ils se sont déroulés, afin que vous compreniez plus

 10   facilement chacune des questions que je souhaite vous poser; vous

 11   comprenez ?

 12   R.  Oui. Si je ne vous comprends pas, je vous le dirai.

 13   Q.  Je vous remercie. Puisque, commençant par le fait que vous étiez le

 14   chauffeur de Sreco Acimovic, pouvez-vous en effet que vous étiez membre du

 15   commandement du 2e Bataillon en juillet 1995 ?

 16   R.  Oui, le chauffeur du commandant du 2e Bataillon, c'est exact.

 17   Q.  Donc, l'endroit où vous résidiez à l'époque, c'était bien au QG du 2e

 18   Bataillon ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  En juillet 1995, lorsque vous étiez le chauffeur de Sreco Acimovic,

 21   vous conduisiez votre propre véhicule et il s'agissait d'un Mercedes; est-

 22   ce exact ?

 23   R.  Oui, et mon carburant aussi. Alors, mon véhicule et mon carburant, qui

 24   coûtait à l'époque 15 000 marks. Donc, 100 litres de carburant par mois

 25   coûtant 500 marks que j'ai moi-même achetés. Donc, j'ai vendu un nouveau

 26   camion en 1991, et là je n'ai pas pu épargner mon poste avant d'avoir

 27   accepté cela. Un des problèmes --

 28   Q.  Une des raisons pour lesquelles vous avez conclu cet accord c'est que

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  1   vous aviez un problème avec votre colonne vertébrale et votre jambe. Vous

  2   aviez de ostéoporose; je pense que c'est exact.

  3   R.  En 1993, à Viska Glavica, dans la direction de Zica, Kosa, Kovacvici -

  4   M. Pandurevic connaît bien la région - je conduisais un tracteur, avec un

  5   seau. Il pleuvait, il neigeait. Il y avait des Pinzgauers et des Lada Nivas

  6   avec des chaînes qui ne pouvaient même pas atteindre les lignes de front

  7   pour récupérer les blessés et les morts. Je l'ai conduit jusqu'au service

  8   de santé des armées. Il se trouvait que je conduisais un mort dans le bac,

  9   et deux soldats le tenaient, et puis, un obus de mortier musulman nous est

 10   tombé sur nous à deux mètres en blessant des soldats qui se trouvaient dans

 11   le bac. Vous savez donc quel type de terrain c'est. Ce n'est pas du tout

 12   praticable. Mais pour ce type de terrain, ça n'était pas praticable par ce

 13   véhicule.

 14   J'ai des problèmes avec ma colonne vertébrale. Jusqu'en 1992, 1993,

 15   il a fallu que je consomme 600 millilitres d'antidouleur le matin et le

 16   soir. En 1993, j'ai pu conduire un tracteur dans une des opérations, et il

 17   a fallu, effectivement, extraire du liquide de mon genou. Mais ce qu'il

 18   fallait c'étaient des injections plus coûteuses. Il fallait des

 19   infiltrations pour empêcher cela.

 20   Donc, mon oncle -- j'avais un oncle à Belgrade et je lui ai parlé. Il

 21   m'a dit : "Si tu peux obtenir une ordonnance, sans quoi bon, t'es obligé de

 22   venir à l'Unité orthopédique à Belgrade." Je me suis rendu auprès de

 23   l'oncle de mon épouse -- enfin, j'y suis allé. Je n'ai pas dû payer quoi

 24   que ce soit. Je suis allé voir le spécialiste orthopédique. Vous connaissez

 25   tous le chanteur, Lepa Brena, et le joueur de tennis, Bobo Zivojinovic, et

 26   j'étais traité par le médecin orthopédiste qui a soigné le joueur de

 27   tennis. J'avais -- on m'a mis un plâtre et on m'a donné des comprimés à

 28   Belgrade, et je devais aller voir le Dr Vucetic afin de prolonger mon congé

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  1   maladie. Il m'a dit que les comprimés n'allaient pas aider qui que ce soit

  2   souffrant de quoi que ce soit et ne m'aideraient pas non plus.

  3   Donc, j'ai dû rester alité pendant une vingtaine de jours, et à ce

  4   jour, mon genou ne me pose plus de problème, mais ma colonne vertébrale,

  5   elle, me pose problème. Je boîte du pied droit puisque les trois petits

  6   doigts de mon pied droit me posent problème, mais je ne peux pas me tenir

  7   debout dessus. Tous ces problèmes sont suite à la guerre.

  8   Q.  Fort heureusement, avec voiture et en payant pour ce carburant,

  9   vous avez pu rester au PC  du 2e Bataillon. Vous avez pu éviter donc de

 10   retourner dans les tranchées; c'est bien ça ?

 11   R.  Oui. J'étais  censé revenir puisque je devais me présenter devant

 12   une commission une fois le plâtre enlevé. Voilà, j'étais censé me présenter

 13   devant une commission; cependant, Sreco m'a rencontré lorsque je revenais

 14   d'une visite médicale. Il me connaissait d'avant. Il savait que j'étais un

 15   entrepreneur dans les transports routiers. Il savait que j'avais dû vendre

 16   mon camion en 1991 pour 20 000 marks et que j'avais économisé un peu

 17   d'argent. Donc, plutôt que d'aller ailleurs, tu devrais venir à notre

 18   commandement, et ainsi, avec ton Lada, tu peux être notre chauffeur du

 19   bataillon et tu peux t'occuper de ta santé. Tu peux éviter à être enrôlé à

 20   combattre les Musulmans.

 21   Q.  Merci d'avoir partagé cela avec nous. Alors, je pense que dans le

 22   2e Bataillon, vous dormiez dans une maison qui était à côté du

 23   commandement, mais vous ne dormiez pas dans le commandement; c'est bien ça

 24   ?

 25   R.  Oui. C'est ça, je dormais à l'arrière puisque Sreco était un

 26   homme remarquable, aucun des soldats ne pouvaient dormir au commandement.

 27   Seuls ceux qui étaient des agents administratifs dans le secteur de

 28   l'orientation morale et les gradés. Nous, les soldats du rang, nous étions

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  1   obligés de dormir derrière, dans des maisons dans de très mauvaises

  2   conditions, sans sanitaire ou quoi que ce soit. Nous mangions directement

  3   des casseroles à la cuisine, alors que Sreco, lui, avait son cuisinier qui

  4   lui apportait à manger comme s'il vivait à l'hôtel, et à d'autres aussi qui

  5   faisaient partie du commandement. Parce que c'étaient les hauts gradés.

  6   C'étaient des gens puissants à l'époque.

  7   Q.  Ces gens donc -- cet homme qui est passé -- qui est venu au

  8   commandement, le premier donc a partagé des informations concernant les

  9   prisonniers pris à l'école Rocevic, vous ne connaissez pas son nom ?

 10   R.  Il ne m'a pas fait part de son avis. C'est tout à fait par hasard que

 11   je me trouvais à l'entrée -- au portail. Devant le commandement, il y avait

 12   le portail, et c'est là où nous nous trouvions. Nous étions toujours prêts

 13   à être envoyés quelque part. A un moment donné, on m'a donné pour

 14   instruction de partir à Baljkovica, en tant qu'aide, en tant qu'assistant

 15   il y avait peut-être cinq pelotons du 2e Bataillon qui sont partis à

 16   Baljkovica. Le cousin de Sreco qui est également été envoyé à Baljkovica

 17   n'est jamais revenu. Cet homme-là était également -- était membre du

 18   2e Bataillon, je ne connais pas son nom mais je le connais de vue. Il est

 19   né à Malesic et il s'est marié à Rocevic et il passait par là à ce moment-

 20   là. Enfin, je ne sais pas qui l'a dit à Sreco au commandement, si c'est

 21   venu par voie télégraphique si c'était le coursier, je ne sais pas.

 22   Q.  Enfin, vous vous souvenez lorsqu'on a envoyé cette information, enfin,

 23   vous l'avez dit dans votre déclaration que ceux qui gardaient les

 24   prisonniers, les soldats à l'école qui gardaient les prisonniers étaient

 25   ivres. Vous vous en souvenez ?

 26   R.  Oui, oui. 

 27   Q.  Lorsque cet homme est passé devant le commandement, je crois savoir que

 28   ça s'est passé le soir ou en fin de journée; c'est bien cela ?

Page 18073

  1   R.  Oui. C'était effectivement à la tombée de la nuit, juste avant la

  2   tombée de la nuit. Il devait sans doute se rendre au front juste avant la

  3   tombée de la nuit puisque sa maison était au premier

  4   -- la ligne de front à Malesic, et sa famille devait être à Rocevic. Il est

  5   donc passé leur rendre visite.

  6   Q.  Donc, cette nuit-là, la nuit où l'homme est passé voir le bataillon, là

  7   je suppose que vous avez passé la nuit dans la maison à côté du

  8   commandement; c'est bien ça ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Vous n'avez pas entendu ou vu de particulier, avez-vous souvenir de

 11   quelque chose de spécial qui se soit passé pendant la nuit ?

 12   R.  Non. Je me suis simplement endormi et on attend au commandement. On

 13   pouvait entendre les tirs de Baljkovica depuis les lignes de front, notre

 14   2e Bataillon, et M. Pandurevic connaissait ça mieux que moi. Il connaît

 15   bien le terrain. Je ne sais pas s'il entende également les tirs des canons.

 16   Q.  Si je regarde tout à l'heure vous avez indiqué que vous aviez garé

 17   votre voiture entre deux bâtiments derrière l'école, et donc, vous êtes

 18   entré immédiatement dans l'école à ce moment-là avec Sreco Acimovic; c'est

 19   bien cela ?

 20   R.  Non, c'est inexact. Pas derrière l'école mais devant l'école. Il y

 21   avait deux bâtiments résidentiels devant l'école et j'ai garé mon véhicule

 22   juste à côté du blindé à proximité des arbres puisqu'il fait assez doux,

 23   assez chaud, j'ai garé ma voiture à côté, dans l'ombre.

 24   Q.  Bon, après avoir garé la voiture, vous êtes entré directement dans

 25   l'école avec Sreco Acimovic ?

 26   R.  Oui, oui, oui.

 27   Q.  Vous n'avez rencontré personne devant l'école, un officier de haut rang

 28   avant d'entrer dans l'école ?

Page 18074

  1   R.  Non.

  2   Q.  Lorsque vous êtes entré dans l'école, Sreco Acimovic s'est rendu dans

  3   un de ces bureaux, et vous êtes resté dans le hall. Pour confirmer donc

  4   votre distance par rapport à Acimovic jusqu'au bureau était de l'ordre de

  5   20 mètres; c'est bien cela ?

  6   R.  Oui, tout à fait. C'est au moins ça. Le couloir de l'école est assez

  7   long. Je n'ai pas eu accès au commandement à Malesic. Encore moins ici,

  8   j'étais au moins 20 à 30 mètres du bureau.

  9   Q.  Vous dites n'avoir jamais été dans le bureau où se trouvait Sreco

 10   Acimovic. Mais pouvez-vous confirmer que vous n'avez entendu aucun échange

 11   de parole entre Sreco Acimovic et la personne avec qui il se trouvait dans

 12   ce bureau ?

 13   R.  Non. Je n'ai jamais entendu quoi que ce soit ni la conversation. Il

 14   avait un téléphone portable Motorola mais bon, ça ne m'intéressait pas,

 15   vous comprendrez, et donc, avec ce Motorola, sécurisé, ça ne permettait aux

 16   soldats de se rapprocher, c'était hors limite protégée.

 17   Q.  Donc, vous ne savez pas si quelqu'un se trouvait dans le bureau avec

 18   Acimovic, à l'époque; c'est bien ça ?

 19   R.  Non, je n'ai vu personne.

 20   Q.  Pendant que vous attendiez dans le hall, vous n'avez jamais vu personne

 21   entrer ou quitter le bureau, n'est-ce pas ?

 22   R.  Non, personne.

 23   Q.  Je suppose que vous-même n'avait jamais, n'avait pas participé à quelle

 24   que conversation que ce soit entre Sreco Acimovic et la personne avec qui

 25   il se trouvait à l'époque; c'est bien ça ?

 26   R.  Non.

 27   Q.  Savez-vous que Sreco Acimovic a déposé devant cette Chambre de première

 28   instance, ici en début d'année ?

Page 18075

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Où avez-vous appris que Sreco Acimovic avait déposé ?

  3   R.  Je l'ai appris par la télévision. J'ai entendu ses mots. J'ai entendu

  4   ses paroles, mais je suis arrivé trop tard puisque je travaille 10, 12

  5   parfois 15 heures par jour. Si vous voulez gagner votre vie, il faut

  6   travailler dur chez nous. Certains gagnent peut-être mieux leur vie en

  7   travaillant une demi-heure que moi en travaillant 15 heures.

  8   M. BOURGON : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que le moment

  9   est venu de faire la pause.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie donc. Revenons après

 11   la pause.

 12   --- L'audience est suspendue à 17 heures 45.

 13   --- L'audience est reprise à 18 heures 15.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y, Monsieur Bourgon.

 15   M. BOURGON : [interprétation] Merci.

 16   Q.  J'ai quelques questions à vous poser. Nous essaierons d'en terminer

 17   aujourd'hui pour que vous puissiez rentrer le plus vite possible.

 18   R.  Merci.

 19   Q.  Lors de la déposition de Sreco Acimovic, il a dit qu'il ne se souvenait

 20   pas que vous l'ayez conduit jusqu'à Rocevic; est-ce possible ?

 21   R.  Mais qui d'autres aurait pu le conduire étant donné que j'avais la

 22   seule voiture du bataillon.

 23   M. NICHOLLS : [interprétation] J'avais une objection à propos de la forme

 24   même, de la formulation de la question. Mais je la retire.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 26   M. BOURGON : [interprétation]

 27   Q.  Lorsque Sreco Acimovic a déposé, il a dit que vous étiez juste à côté

 28   de lui lorsque des pressions ont été exercées sur lui. Vous souvenez-vous

Page 18076

  1   donc que certaines pressions aient été exercées sur Sreco Acimovic ?

  2   R.  Non, pas en ma présence en tout cas. Je n'étais pas dans le bureau et

  3   je n'étais pas présent lorsque cet homme et la jeep sont arrivés. Je

  4   n'étais pas là quand ils étaient ensemble.

  5   Q.  Lorsque Sreco Acimovic a déposé, il a dit qu'il ne se souvenait

  6   absolument pas comment vous vous étiez retrouvés à l'école. Est-ce possible

  7   ?

  8   R.  Non, c'est complètement impossible. Dans cette pièce, je pense

  9   qu'environ 90 % des gens avaient des enfants. Je vous jure sur la vie de

 10   mes enfants -- et que je les retrouve morts en rentrant chez nous si ce

 11   n'est pas moi qui ai conduit Sreco là-bas. Je l'ai conduit. Il n'y avait

 12   pas d'autre véhicule au bataillon. C'était une vieille Lada Niva, et Sreco

 13   n'est allé nulle part dans cette voiture. C'était toujours moi qui

 14   conduisais la voiture et c'était mon propre carburant, c'est moi qui l'ai

 15   acheté à cinq marks le litre.

 16   Q.  Très bien. Lors de la déposition de Sreco Acimovic, il a dit que vous

 17   aviez entendu au passage sa conversation avec un autre officier et que vous

 18   avez dit : "Bien, nous avons des camions qui peuvent être employés pour

 19   conduire les prisonniers ailleurs." Est-ce que vous avez vraiment proposé à

 20   Acimovic de conduire les prisonniers ailleurs avec des camions ?

 21   R.  C'est complètement ridicule. Celui qui était chargé de réquisitionner

 22   les véhicules et celui qui pouvait ordonner un chauffeur de conduire un

 23   véhicule réquisitionné quelque part était bien connu. On savait bien qui

 24   c'était. Moi, j'étais homme de rang, j'étais le chauffeur du commandant.

 25   Vous croyez j'étais en position de donner des ordres à qui que ce soit ?

 26   Q.  Très bien. Merci. Au cours de sa déposition, et il s'agit de la page 12

 27   969 à la page 12 970, à propos de Djoko Nikolic, Sreco Acimovic a dit ce

 28   qui suit, et je cite : "Ce soldat, Dragan Jovic, qui était à côté et qui a

Page 18077

  1   entendu notre conversation, a dit, et je l'avais déjà noté, qu'il pensait

  2   qu'un de ces soldats, Djoko Nikolic,  était à la maison parce que sa femme

  3   était un entrepreneur." Avez-vous jamais suggéré à Sreco Acimovic que Djoko

  4   Nikolic pourrait être employé pour le transport des prisonniers ?

  5   R.  Oui, je l'ai dit une fois. J'ai passé cinq jours à Malesic au cours de

  6   la campagne de Srebrenica et la percée sur Srebrenica via Baljkovica et en

  7   territoire musulman autour de Tuzla. Je ne savais même pas où étaient ma

  8   femme et mes enfants. Je n'avais aucune idée de qui se trouvait où.

  9   Q.  Très bien. Lors de votre déclaration, lors de votre entretien, vous

 10   avez dit que lorsque vous attendiez dans le couloir, Sreco Acimovic avait

 11   passé énormément de temps dans ce bureau, alors que vous, vous étiez dans

 12   le couloir; c'est bien cela ?

 13   R.  Oui, ça c'est vrai.

 14   Q.  Dans votre entretien vous dites aussi que lorsque vous avez regardé

 15   dans le gymnase, vous aviez estimé qu'il y avait environ 100 à 150

 16   prisonniers. C'est bien votre estimation que vous avez faite ?

 17   R.  Oui. J'ai peut-être un peu surestimé ce chiffre, mais c'est une

 18   estimation approximative.

 19   Q.  Lorsque vous êtes rentré chez vous, vous nous avez dit lors de

 20   l'entretien que l'une des raisons pour laquelle vous avez pris un

 21   médicament c'est parce que vous aviez mal à la tête. Vous souvenez-vous

 22   avoir dit cela lors de votre entretien ?

 23   R.  Oui, je m'en souviens, mais je ne sais pas qui ce jour-là n'avait pas

 24   mal à la tête. Tout le monde avait mal à la tête.

 25   Q.  Après être revenu de chez vous, si vous vous en souvenez, pouvez-vous

 26   dire à peu près à quelle heure il aurait été lorsque vous êtes revenu de

 27   chez vous ?

 28   R.  Entre midi et 13 heures, 13 heures 30, à peu près.

Page 18078

  1   Q.  Précédemment, lorsque vous avez parlé de cet homme qui avait parlé avec

  2   Sreco Acimovic lorsque vous êtes rentré, vous avez dit que lui, cette fois-

  3   ci, il n'était pas resté longtemps. Vous souvenez-vous d'avoir dit cela ?

  4   R.  Oui, je m'en souviens. Je me suis absenté 40 à 60 minutes parce que je

  5   suis rentré chez moi pour prendre un bain, changer de vêtements et prendre

  6   un médicament parce que j'avais mal à la tête. Quand ce véhicule est

  7   arrivé, je n'étais pas encore revenu. Quant à savoir s'ils étaient dans

  8   l'école ou pas, ça je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est qu'ils

  9   étaient debout devant les buts du terrain de foot. Je suis passé devant eux

 10   à dix ou 15 mètres parce que j'allais vers ma voiture.

 11   M. BOURGON : [interprétation] Pourrions-nous, s'il vous plaît, avoir la

 12   pièce 3D100 sur l'écran.

 13   Q.  Je vais vous montrer un schéma, un dessin. Il va être affiché sur

 14   l'écran et j'aimerais que vous nous disiez si vous reconnaissez ce dessin.

 15   Merci.

 16   Reconnaissez-vous ce plan, ce dessin ?

 17   R.  Il faut mettre dans le bons sens. Voilà, il est dans le bon sens

 18   maintenant. Oui, je reconnais ce dessin.

 19   Q.  Qu'est-ce que cela représente ?

 20   R.  C'est l'école de Rocevic, avec les deux bâtiments résidentiels, le

 21   terrain de sport, le magasin qui se trouve de l'autre côté de la route et

 22   la route qui va vers ma maison.

 23   Q.  Avec l'aide de l'huissier, je vais vous demander d'annoter ce dessin

 24   qui est à l'écran. Je vous ai précisé comment marche le stylet électronique

 25   lorsque nous sommes rencontrés précédemment. Avec ce stylet, s'il vous

 26   plaît, pourriez-vous déjà marqué d'un cercle l'endroit où vous avez garé

 27   votre voiture ce jour-là ?

 28   R.  [Le témoin s'exécute]

Page 18079

  1   Q.  Pourriez-vous mettre un cercle autour de ce chiffre ?

  2   R.  [Le témoin s'exécute] C'est un peu grand mais ça ira.

  3   Q.  Maintenant pourriez-vous mettre un 2 à l'endroit où se trouvait le

  4   transporteur des Nations Unies, le véhicule de transport de troupes des

  5   Nations Unies ?

  6   R.  [Le témoin s'exécute] Un 2.

  7   Q.  Pourriez-vous mettre un 3 à l'endroit où il y a eu cette conversation

  8   entre l'homme inconnu et Sreco Acimovic ?

  9   R.  [Le témoin s'exécute] Numéro 3.

 10   Q.  Pourriez-vous mettre un numéro 4 où le 4X4 Campagnola se trouvait.

 11   R.  C'était sur la route. Sur la route du village.

 12   Q.  Un 5 maintenant où sur la porte que vous avez empruntée pour rentrer

 13   dans l'école la première fois, lorsque vous êtes arrivé à Rocevic ?

 14   R.  [Le témoin s'exécute]

 15   Q.  Pourriez-vous mettre une flèche et un numéro 6 qui nous indiqueraient

 16   la direction de votre maison.

 17   R.  [Le témoin s'exécute]

 18   Q.  Je vous remercie. Maintenant, en bas à droite, pourriez-vous mettre vos

 19   initiales DJ, ainsi que la date d'aujourd'hui, c'est-à-dire, le 21/11/2007.

 20   R.  Quel jour sommes-nous ?  Le 21 novembre, c'est bien cela ?

 21   Q.  Oui.

 22   R.  Je ne sais plus très bien où j'en suis.

 23   Q.  J'ai une dernière question. J'aimerais que l'on sauvegarde ce dessin

 24   annoté. A l'endroit où vous avez marqué un 1 pour indiquer là où vous avez

 25   garé votre voiture, enfin, où vous avez garé votre voiture exactement entre

 26   les deux véhicules, un peu plus haut sur le dessin ?

 27   R.  Oui, oui, c'est ça. C'est entre les deux bâtiments. Il y a bien assez

 28   de place pour mettre une voiture là.

Page 18080

  1   Q.  Très bien. Quand Sreco Acimovic est venu vous dire qu'il fallait tuer

  2   les prisonniers, pouvez-vous nous dire si cela s'est passé peu de temps

  3   après que l'homme inconnu soit parti ?

  4   R.  Juste après, et je crois que Sreco Acimovic n'a jamais fait quoi que ce

  5   soit de son propre chef. Il obéissait aux ordres. Il n'écoutait pas non

  6   plus ses subordonnés, ses soldats. Il respectait M. Pandurevic plus que son

  7   propre père.

  8   Q.  Ai-je raison de dire, puisque vous avez déjà dit que vous avez déclaré

  9   à Sreco Acimovic que ce qu'il voulait faire n'était pas bien. Pouvez-vous

 10   nous dire au moins ce que vous avez ressenti lorsqu'on vous a averti de cet

 11   ordre ?

 12   R.  Je ne peux pas le dire en une phrase. C'est un stress énorme quand on

 13   vous dit ces choses. Moi, je m'attendais à un échange parce qu'on ne

 14   parlait pas d'un ou deux hommes. Là on parlait de beaucoup de gens.

 15   J'essayais de lui dire d'une manière ou d'une autre. Il était sans doute un

 16   peu perdu, lui aussi. Mais ce qui est certain, c'est qu'il y avait un

 17   ordre.

 18   Il a dit : "C'est un ordre. Il faut qu'on l'exécute." Je ne sais

 19   absolument pas de qui il avait reçu cet ordre, parce que je n'ai jamais eu

 20   une Motorola. Je n'ai jamais eu accès à un téléphone, à un télégraphe. Je

 21   ne pouvais pas envoyer ni recevoir ce type de message. Je ne pouvais même

 22   pas dormir la veille là.

 23   Q.  Au cours de votre entretien, vous avez déclaré ce qui suit à propos de

 24   Sreco Acimovic. Vous avez dit : c'est un homme qui exécutait toujours les

 25   ordres qu'il avait reçus à 120 %, non pas à 100 %, mais au moins à 120 %.

 26   Cela correspond bien au Sreco Acimovic que vous connaissez ?

 27   R.  Oui, tout à fait, et je pense que M. Pandurevic peut corroborer tout

 28   cela. Chaque fois que nos forces étaient déployées, on sait où elles

Page 18081

  1   étaient déployées de Zvornik à Sarajevo jusqu'en Krajina, Sreco Acimovic

  2   envoyait toujours le nombre de soldats qu'on lui demandait, même plus

  3   parfois, mais jamais moins. Il était électricien automobile, mais dans

  4   l'armée il était commandant.

  5   Q.  A la page 12 de votre entretien, vous dites la chose suivante à propos

  6   d'Acimovic : "C'est un homme rude. Il ne coopère pas. Il n'est intéressé

  7   que par lui-même. Il pense qu'il est plus malin et il est impossible de lui

  8   parler. Quand on parle avec lui, on ne peut absolument pas contribuer

  9   d'aucune manière que ce soit. Il a sa propre opinion et rien ne peut le

 10   faire changer."

 11   Est-ce que cela correspond bien à ce que vous savez de ce Sreco

 12   Acimovic ?

 13   R.  Oui, exactement. Il ne pouvait s'entretenir qu'avec des gradés. Il ne

 14   parlait pas aux soldats. Impossible d'avoir une discussion avec des

 15   soldats. Les soldats étaient là pour exécuter ses ordres et rien de plus.

 16   Q.  Vous dites que vous êtes rentré chez vous et vous avez vu Veljko

 17   Ivanovic, et vous ne savez absolument pas qui lui a ordonné de se rendre à

 18   l'école, n'est-ce pas ?

 19   R.  Non. Veljko avait son propre commandant, à l'arrière, qui décidait où

 20   envoyer des véhicules et qui devait signer les ordres. (expurgé)

 21  (expurgé)

 22  (expurgé)

 23  (expurgé)

 24  (expurgé)

 25  (expurgé)

 26  (expurgé)

 27  (expurgé)

 28  (expurgé)

Page 18082

  1   R.  Oui, j'ai compris. Très bien.

  2   Q.  Maintenant, parlons de ce premier voyage à Kozluk. C'était Ivanovic qui

  3   conduisait, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Vous êtes allé avec lui uniquement parce que vous connaissiez le

  6   chemin, puisque vous étiez chauffeur routier auparavant avant la guerre ?

  7   R.  Oui, c'est pour ça. Sreco m'a donné l'ordre d'accompagner Veljko

  8   Ivanovic à bord du camion pour lui montrer le chemin, puisque c'était le

  9   premier voyage. Avant la guerre, Sreco aussi était chauffeur routier. Il a

 10   transporté du gravier dans un camion tout comme moi, alors il connaissait

 11   bien l'endroit.

 12   Q.  Bien. Lors de ce premier voyage, à l'arrière du camion, si j'ai bien

 13   compris votre déposition, il y avait des prisonniers ainsi que trois ou

 14   quatre membres de la police militaire; c'est bien cela ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Au cours de votre entretien, à la page 5, à propos de ces soldats, vous

 17   avez dit la chose suivante, et je vous cite : "Je ne les connaissais pas.

 18   Je ne connaissais pas ces soldats. Ils faisaient partie de la police

 19   militaire. Ils ont dit qu'ils faisaient partie de la Brigade de Bratunac,

 20   mais je ne les avais jamais vus et encore aujourd'hui je ne pourrais pas

 21   les reconnaître." Vous confirmez ce que vous avez dit ?

 22   R.  Oui, tout à fait.

 23   Q.  D'après vos souvenirs, ces trois ou quatre membres de la police

 24   militaire qui faisaient partie du premier voyage, ils faisaient partie du

 25   détachement de police militaire qui gardait les prisonniers à l'école,

 26   n'est-ce pas ? C'étaient les mêmes ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Lorsque vous êtes revenu à l'école -- retourné à l'école, vous avez dû

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  1   faire deux voyages pour d'abord obtenir le camion de Mico Stanojevic, parce

  2   que sa mère et son épouse n'avaient pas voulu vous donner les clés; c'est

  3   bien cela ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Vous êtes absolument certain que Sreco Acimovic vous a accompagné pour

  6   aller chercher le véhicule la deuxième fois ?

  7   R.  A 200 % certain, sûr et certain.

  8   Q.  Maintenant, parlons-nous de Djoko Nikolic. Aujourd'hui, vous nous avez

  9   dit que vous ne vous souvenez toujours pas s'il était présent, oui ou non ?

 10   R.  Non, je ne m'en souviens pas. Cet homme ne m'a jamais aidé, ne m'a

 11   jamais nui non plus, mais je ne m'en souviens pas. On n'en a jamais parlé

 12   de toute façon.

 13   Q.  Si Sreco Acimovic, lors de sa déposition, avait dit que c'est vous qui

 14   avez proposé le nom de Djoko Nikolic, cela ne correspond absolument pas à

 15   vos souvenirs, n'est-ce pas ?

 16   R.  Ça est carrément un mensonge. Comment aurais-je pu savoir où se

 17   trouvait ce Djoko Nikolic, à savoir s'il était chez lui ou

 18   pas ? J'avais ma voiture, enfin je m'en occupe de ma voiture. Sreco, il

 19   était là pour donner des ordres à moi et à ma voiture. Il donnait des

 20   ordres aussi en nous sommant d'aller sur la ligne de front et de revenir.

 21   Q.  J'ai une autre question. Lorsque vous étiez à l'école de Rocevic, au

 22   cours de ces voyages que vous avez faits à Kozluk, j'imagine que vous

 23   n'avez vu aucun autre membre appartenant au 2e Bataillon ?

 24   R.  Lorsque je suis arrivé à Rocevic avec Sreco, je n'ai vu personne. Par

 25   la suite, je n'aurais pas pu voir qui que ce soit parce que je conduisais

 26   un camion. Après, je n'aurais certainement pu voir personne devant l'école

 27   à part la police militaire. Pour ce qui est des exécutions, je suis allé

 28   avec Veljko, c'est vrai, lors du premier voyage, et lorsque je m'y suis

Page 18084

  1   rendu à nouveau avec le véhicule de Mico Stanojevic, il y avait des soldats

  2   que j'ai vus, c'est vrai, mais à part ça, je n'avais rien vu, je n'ai vu

  3   personne. 

  4   Q.  Ces soldats, vous n'en avez reconnu aucuns. Ils vous étaient inconnus;

  5   c'est exact ?

  6   R.  Je connais cinq policiers militaires au maximum qui venaient des

  7   environs, mais pas plus que ça. Je sais qui a été tué, je sais qui a été

  8   blessé à Baljkovica, mais la police militaire, à 99 %, était à Baljkovica.

  9   Q.  Vous venez de dire, pour reprendre vos termes --

 10   R.  La Brigade de Zvornik.

 11   Q.  Vous avez dit que vous connaissiez cinq policiers militaires au maximum

 12   qui venaient des environs de la Brigade de Zvornik, mais ces gens-là, vous

 13   ne les avez vus ni à Rocevic ni à Kozluk; c'est exact ?

 14   R.  Non. Non, pour moi ce n'était pas la police militaire. 

 15   Q.  Je suppose que vous savez qui est Drago Nikolic. Vous ne le connaissez

 16   peut-être pas personnellement, mais vous savez à quoi il ressemble, n'est-

 17   ce pas ?

 18   R.  Oui. Oui, je sais.

 19   Q.  Je suppose que vous n'avez jamais vu Drago Nikolic à l'école de Rocevic

 20   ou à Kozluk ou dans les environs ces jours-là; c'est exact ?

 21   R.  C'est exact.

 22   Q.  Le nom de Drago Nikolic n'a jamais été évoqué ni par Sreco Acimovic ni

 23   par quelqu'un d'autre au cours de cette période ou ce jour-là en 1995 ?

 24   R.  Je sais que je ne l'ai pas vu, et je ne peux pas vous donner des

 25   assurances eu égard à Sreco Acimovic, surtout compte tenu de ses

 26   déclarations.

 27   Q.  Je ne vous demande pas de parler de quelqu'un d'autre, mais son nom n'a

 28   pas été évoqué en votre présence ce jour-là ? C'est cela ma question.

Page 18085

  1   R.  Non. Non, personne.

  2   Q.  Je souhaite maintenant vous citer quelques noms et je souhaite que vous

  3   me confirmiez cela. Est-ce qu'il s'agit de membres qui sont membres du

  4   commandement du 2e Bataillon; Zdravko Ilic, est-ce un membre du

  5   commandement du 2e Bataillon ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Stevo Savic, également ?

  8   R.  Oui. C'est l'adjoint du commandant du bataillon.

  9   Q.  Mile Lazarevic est également quelqu'un qui fait partie du commandement

 10   du 2e Bataillon ?

 11   R.  Oui. Je ne sais pas exactement quel est son poste. C'est un employé de

 12   bureau.

 13   Q.  Zica ?

 14   R.  Zica ? Zico Pisic, le nom de son père était Stevo. Il commandait

 15   l'arrière, parce qu'il y avait deux hommes qui portaient ce nom-là. C'est

 16   la raison pour laquelle je dis que cet homme-ci est le fils de Stevo, et il

 17   commandait les arrières. Je me souviens de Vujo, qui s'occupait du moral

 18   des troupes.

 19   Q.  Bien.

 20   R.  Vujo Lazarevic, oui, oui. Zoran Jovic, un autre employé du bureau qui

 21   s'occupait de la solde des soldats. C'est tout ce dont je me souviens en

 22   tout cas.

 23   Q.  En gardant à l'esprit ces hommes qui faisaient du commandement, voici

 24   ma question : Ces journées-là du mois de juillet 1995 ou à tout autre

 25   moment depuis, vous n'avez jamais entendu parler d'un télégramme qui aurait

 26   été envoyé au commandement du 2e Bataillon demandant à Sreco Acimovic

 27   d'envoyer des volontaires du 2e Bataillon pour exécuter les prisonniers;

 28   est-ce exact ?

Page 18086

  1   R.  Non, je n'ai jamais entendu parler de cela. C'est quelque chose dont

  2   j'ai entendu parler à la télévision lorsqu'il y avait un procès, alors

  3   qu'on lui a demandé d'écarter un peloton d'exécution. Il a dit qu'il n'y

  4   avait pas de soldats disponibles. Par conséquent, ceci n'est absolument pas

  5   vrai. Je n'ai jamais entendu parler de cela. Je n'ai jamais entendu parler

  6   de ce télégramme. Je n'ai jamais rien vu de la sorte. Bon nombre de soldats

  7   du 2e Bataillon ont été déployés à cet endroit-là parce que les choses

  8   prenaient une mauvaise tournure. Les soldats le savaient. Les officiers le

  9   savaient. Des choses n'allaient pas comme cela était prévu.

 10   Q.  Vous-même, lorsque vous avez emmené ces gens jusqu'à Kozluk, vous

 11   n'avez jamais vu ni entendu d'exécutions qui avaient eu lieu à ce moment-là

 12   lorsque vous y étiez ?

 13   R.  Je ne comprends pas votre question.

 14   Q.  Lorsque vous étiez au volant de la voiture avec Ivanovic, lorsque vous

 15   utilisiez vous-même votre véhicule ?

 16    R.  Oui.

 17   Q.  Lorsque vous êtes rendu à Kozluk, vous n'avez jamais vu de vos propres

 18   yeux des exécutions ?

 19   R.  Non, c'est exact. Non, je n'en n'ai pas vues.

 20   Q.  Simplement une dernière question : dans votre entretien vous avez

 21   déclaré que c'est Acimovic qui avait choisi Kozluk pour être le lieu de

 22   l'exécution; c'est exact ?

 23   R.  Il a dit que les exécutions devaient avoir lieu à Kozluk, à savoir si

 24   c'est un ordre qu'on lui avait donné, ou si c'était sa propre décision le

 25   choix du lieu, je ne peux pas en parler parce que je pourrais me tromper.

 26   M. BOURGON : [interprétation] Si je peux avoir juste quelques instants pour

 27   pouvoir vérifier mes notes. Mais j'en ai terminé, Monsieur le Président.

 28   [Le conseil de la Défense se concerte]

Page 18087

  1   Q.  Merci beaucoup, Monsieur, je n'ai plus d'autres questions à vous poser.

  2   M. BOURGON : [interprétation] Pas d'autres questions.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Maître Bourgon.

  4   M. BOURGON : [interprétation] Merci.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic.

  6   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je n'ai pas de questions à poser à ce

  7   témoin.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Meek.

  9   M. MEEK : [interprétation] Non, je n'ai pas de questions.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Stojanovic, pas de questions.

 11   M. STOJANOVIC : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Fauveau.

 13   Mme FAUVEAU : Non, Monsieur le Président, nous n'avons pas de questions.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

 15   Maître Krgovic, non, pas de questions. 

 16   Maître Josse.

 17   M. JOSSE : [interprétation] Non, comme je vous l'ai précisé, pas de

 18   questions.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Haynes.

 20   M. HAYNES : [interprétation] Deux ou trois questions.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y. Laissez-nous deux minutes

 22   avant la fin de l'audience parce que M. McCloskey souhaite s'adresser à la

 23   Chambre.

 24   M. HAYNES : [interprétation] Merci.

 25   Contre-interrogatoire par M. Haynes : 

 26   Q.  [interprétation] Monsieur Jovic. Je souhaite commencer par vous poser

 27   une ou deux questions sur le jour qui a précédé le jour où vous êtes parti

 28   en voiture en direction de Kozluk. Est-ce que vous me comprenez ?

Page 18088

  1   R.  Oui.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Le monsieur qui vous pose des questions

  3   est l'avocat de la Défense qui représente les intérêts de M. Pandurevic.

  4   M. HAYNES : [interprétation]

  5   Q.  Vous nous avez dit que ce jour-là, c'était la première fois que vous

  6   aviez entendu parler de la présence de prisonniers à Rocevic; est-ce

  7   exact ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Au moment où vous avez entendu parler de cela, vous étiez près du

 10   commandement du 2e Bataillon à Malesici.

 11   Vous étiez prêt à proximité, où, au niveau du commandement; est-ce

 12   exact ?

 13   R.  Devant le bâtiment du commandement à l'endroit où il y avait les

 14   soldats, il y avait les gens de la logistique et ce n'était pas le point de

 15   contrôle mais c'était le portail, l'entrée. Lorsqu'on entrait dans le

 16   quartier général, à dix ou 20 mètres de là. Donc, j'étais devant ce

 17   quartier général, dans un jardin, si vous voulez.

 18   Q.  Merci. D'après ce que vous savez, la personne qui a apporté ce message

 19   l'a transmis aux personnes qui se trouvaient dans le bâtiment du

 20   commandement; c'est exact ?

 21   R.  Je ne sais pas qui a transmis ce message au commandement. Les hommes

 22   qui venaient de Rocevic ils ont dit à ceux qui étaient rassemblés là,

 23   l'homme qui était -- qui est arrivé. No0us écoutions les combats qui -- les

 24   combats se déroulaient nuit et jour. Nous étions assis et nous n'entendions

 25   jamais -- nous n'avions jamais de bonnes nouvelles. Nous écoutions les

 26   combats. Qui a transmis ceci à Sreco ? Si c'était un des hommes qui se

 27   trouvait au niveau du portage, je ne sais pas. 

 28   Q.  Mais quoi qu'il en soit, le lendemain, vous l'avez accompagné jusqu'à

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  1   Rocevic, n'est-ce pas ? Ceci est exact ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  D'après vous, et pendant ce voyage, vous avez compris qu'il était

  4   surpris d'entendre que des prisonniers étaient détenus à l'école de Rocevic

  5   ?

  6   R.  Bien, moi je ne le dirais pas comme ça. Je pense que c'était peut-être

  7   un télégramme ou un autre moyen de communication, il était déjà au courant

  8   de l'existence de ces prisonniers. Mais en tout cas, c'est mon avis. C'est

  9   lui qui serait le mieux à même d'être au courant et il aurait peut-être

 10   reçu l'information par écrit ou d'une autre manière. Il disposait de

 11   Motorolas. Tout ceci pouvait être échangé verbalement tout ceci, il

 12   disposait de tout cela au niveau du commandement. Bon, cela relevait de

 13   l'opérationnel.

 14   Q.  Mais lorsque vous êtes arrivé à l'école, la première chose qu'il a

 15   faite était de demander à Boro Lakic de lui ouvrir le bureau de façon à ce

 16   qu'il puisse -- avoir accès au téléphone; c'est exact ?

 17   R.  Oui, tout à fait.

 18   Q.  Est-ce que vous avez vu ce bureau qui a été ouvert par Boro Lakic ?

 19   R.  Je ne m'en souviens pas. Je sais qu'il y avait un homme qui était là et

 20   qui était responsable de l'école. C'est lui qui avait les clés et qui

 21   ouvrait les bureaux des professeurs parce qu'après tout il y avait les

 22   manuels scolaires. Il y avait les carnets des élèves. Il y avait de la

 23   fourniture et lui il s'occupait de tout cela. Il s'assurait que rien ne

 24   manquait. Je suis sûr que c'est Boro qui a ouvert la porte du bureau, étant

 25   donné qu'il y avait un téléphone dans le bureau.

 26   Sreco disposait d'un Motorola. Alors, je ne sais pas quelle est la distance

 27   d'utilisation d'un Motorola, moi, je ne le sais pas. D'autres savent cela,

 28   moi, je ne le sais pas. On peut faire ce qu'on veut néanmoins avec un

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  1   téléphone.

  2   Q.  Je crois que vous -- il est exact de dire que vous êtes resté dans

  3   l'école pendant une heure environ avant de rentrer à la maison pour prendre

  4   un comprimé ?

  5   R.  Oui, à peu près.

  6   Q.  Dans l'intervalle, Sreco Acimovic n'a pas donné d'ordres pour que les

  7   prisonniers soient tués ou quelque chose de la sorte ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  Lorsque vous êtes revenu, il y avait une Jeep qui était là ainsi qu'un

 10   homme que vous n'aviez jamais vu qui était en train de s'entretenir avec

 11   Sreco dans la cour de récréation; c'est exact ?

 12   R.  Oui, c'est exact.

 13   Q.  C'est après cette conversation-là que vous avez vu ou constaté que

 14   c'est la première fois qu'on parlait de prisonniers qui avaient été tués;

 15   c'est exact ?

 16   R.  De Sreco, oui.

 17   Q.  Après cela, on vous a envoyé dans la maison d'un homme appelé

 18   Draskovic; c'est exact ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Vous nous avez dit que vous étiez un officier sans grade. Aviez-vous eu

 21   l'autorité vous permettant de lui donner un ordre ?

 22   R.  Non, non, je ne pouvais donner d'ordre à personne.

 23   Q.  Mais Sreco Acimovic avait l'autorité pour se faire et lui donner un

 24   ordre, n'est-ce pas ? 

 25   R.  Je ne pense pas qu'il le pourrait par rapport à lui parce que Draskovic

 26   n'était pas un membre de l'armée. Après que son frère ait été tué, on l'a

 27   relevé de ses obligations militaires parce que je crois que, lorsque un des

 28   frères est tué, l'autre était en général placé à l'arrière ou, en tout cas,

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  1   relevait de ses obligations surtout si les gens sont pauvres. Je sais que

  2   le frère de Draskovic ainsi que les deux autres hommes qui étaient avec lui

  3   et qui ont été tués, leurs corps n'ont jamais été retrouvés, on ne les a

  4   jamais enterré. Aujourd'hui, ce sont les Musulmans qui vivent à cet

  5   endroit-là. Personne n'a fait l'effort de les retrouver -- de retrouver

  6   leurs corps et que leurs ossements soient enterrés.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Combien de questions --

  8   M. HAYNES : [interprétation] Ceci est ma dernière question.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y.

 10   M. HAYNES : [interprétation]

 11   Q.  Mais lorsqu'il a refusé de participer à l'exécution des prisonniers

 12   rien n'a été fait; est-ce exact ?

 13   R.  Sreco n'a pas dit : "Vous devez faire cela."

 14   Vous voulez parler de qui ?

 15   Q.  Draskovic.

 16   R.  Non, il n'a pas demandé ou sommé Draskovic. Il m'a envoyé pour demander

 17   à Draskovic s'il avait envie d'aller exécuter les Musulmans. Moi, j'en ai

 18   conclu que cette idée lui a entré dans la tête parce qu'il pensait que

 19   Draskovic voulait peut-être se venger de ses frères qui avaient été tués,

 20   et dont les corps n'ont jamais été retrouvés. Combien d'années se sont

 21   écoulées depuis. Il n'a pas donné l'ordre. Il m'a simplement envoyé.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] La question était de savoir quand

 23   Draskovic a refusé de prendre part à ces exécutions s'il a été puni ou si

 24   des mesures ont été prises contre lui ? Vous répondez par la négative;

 25   c'est cela ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non.

 27   M. HAYNES : [interprétation] Je n'ai plus d'autres questions.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Haynes.

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] C'était sur une base volontaire c'était pour

  2   lui permettre de venger son frère, c'est ainsi que j'ai compris les choses.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Nicholls, avez-vous des

  4   questions supplémentaires ?

  5   M. NICHOLLS : [interprétation] Non, Madame, Messieurs les Juges.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous n'avons pas d'autres questions à

  7   vous poser Monsieur Jovic, vous pouvez disposer. Je vous remercie d'être

  8   venu faire votre déposition, nous vous souhaitons un bon voyage de retour.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

 10   [Le témoin se retire]

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons procéder ou en tout

 12   cas traiter des pièces à conviction demain.

 13   Qui souhaite s'adresser aux Juges ou à la Chambre de première

 14   instance ? Monsieur Nicholls. Oui, Monsieur Nicholls.

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] En fait, cela concerne simplement le

 16   calendrier et ceci peut rester en audience publique je ne vais pas citer de

 17   nom. J'ai envoyé un message électronique à mes collègues qui vous a été

 18   transmis il y aura peut-être une modification demain. Je ne dispose pas de

 19   nouveaux éléments d'information sur le témoin qui est prévu. Je vais

 20   vérifier tout de suite après l'audience d'aujourd'hui. D'après les

 21   indications que j'ai reçues c'est que ce témoin est assez malade, donc nous

 22   proposons en fait de poursuivre le contre-interrogatoire de M. Blaszczyk

 23   qui avait été prévu pour vendredi. Autrement dit, d'intervertir les deux

 24   témoins et pour permettre à ce témoin qui est malade, le 109 de reprendre

 25   ses esprits.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Merci. Nous verrons comment

 27   les choses évolueront demain. Je vous souhaite une bonne soirée. Nous nous

 28   voyons demain à 14 heures 15.

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  1   --- L'audience est levée à 19 heures 02 et reprendra le jeudi 22

  2   novembre 2007, à 14 heures 15.

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