Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 22 juillet 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour. Madame la Greffière

  6   d'audience, pouvez-vous appeler l'affaire.

  7   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de l'affaire IT-05-88-T, le

  8   Procureur contre Vujadin Popovic et consorts.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Nous avons l'audience

 10   aujourd'hui conformément à l'article 15 bis. Le Juge Stole n'est pas avec

 11   nous, mais il reviendra bientôt.

 12   Je vois que tous les accusés sont ici. Pour ce qui est des équipes de

 13   la Défense, je vois que Me Bourgon est absent.

 14   Pour ce qui est de l'Accusation, M. McCloskey est là, M. Thayer et M.

 15   Mitchell.

 16   Y a-t-il des propos préliminaires dont vous voudriez vous entretenir

 17   avant que nous fassions entrer le témoin ? M. Thayer, en effet ? Très bien.

 18   Nous allons nous occuper un petit peu des problèmes des documents que nous

 19   avons présentés au témoin hier.

 20   Maître Nikolic, tout d'abord. Mais je vois que M. Thayer est debout.

 21   Monsieur Thayer, peut-être ?

 22   M. THAYER : [interprétation] Oui, bonjour.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour.

 24   M. THAYER : [interprétation] Je voulais juste vous dire que nous

 25   n'avions aucune objection au versement au dossier des documents présentés

 26   par la Défense.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Je n'ai besoin que de

 28   la confirmation des équipes de la Défense pour verser les documents au

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  1   dossier, les documents qui sont énumérés sur cette feuille de papier,

  2   Maître Nikolic.

  3   M. NIKOLIC : [interprétation] Nous maintenons cette liste et c'est la

  4   liste que nous avons communiquée à l'Accusation et à la Chambre de première

  5   instance. C'est une liste définitive.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Y a-t-il des objections de

  7   la part d'autres équipes de la Défense ? Non. Maître Zivanovic ?

  8   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Nous

  9   voudrions verser 1D 1310 [comme interprété]. Il s'agit d'une séquence vidéo

 10   qui a été présentée hier au témoin.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez des objections, Monsieur

 12   Thayer ?

 13   M. THAYER : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce qu'il y a des objections de la

 15   part des autres équipes de la Défense ? Non, ce n'est pas le cas, donc le

 16   document est versé au dossier. Très bien. Faisons entrer le témoin suivant,

 17   Monsieur Thayer.

 18   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons une pièce à

 19   conviction. C'est P03523, le rapport du MUP dactylographié et signé par M.

 20   Kijac, et ce document a été utilisé avec ce témoin.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avez-vous notifié les parties là-dessus

 22   ?

 23   M. THAYER : [interprétation] Nous n'avons pas pensé à ce que cela soit

 24   nécessaire, une liste avec un seul document.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avez-vous des objections, Maître

 26   Nikolic ?

 27   M. NIKOLIC : [interprétation] Non, nous n'avons pas d'objection pour ce qui

 28   est de ce document, Monsieur le Président.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce qu'il y a d'autres objections ?

  2   Non. Donc ce document est versé au dossier.

  3   Faites entrer le témoin suivant, s'il vous plaît.

  4   Les documents qui ont été versés au dossier ont été versés au dossier

  5   sous la condition suivante : s'il n'y a pas de traduction de ces documents,

  6   ces documents tiendront des numéros aux fins d'identification en attendant

  7   à ce que la traduction soit faite. J'ai voulu souligner cela. Merci.

  8   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur Grulovic.

 10   LE TÉMOIN : [aucune interprétation] 

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bienvenue à ce Tribunal international.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez été cité à la barre en tant

 14   que témoin de la Défense par l'équipe de la Défense de l'accusé Beara.

 15   Avant de commencer à déposer, il est nécessaire que vous prononciez la

 16   déclaration solennelle pour dire la vérité. Cette déclaration solennelle

 17   figure sur le document qui vous sera remis. Je vous prie de lire cette

 18   déclaration solennelle à voix haute.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 20   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 21   LE TÉMOIN: BRANIMIR GRULOVIC [Assermenté]

 22   [Le témoin répond par l'interprète]

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur Grulovic. Veuillez vous

 24   asseoir.

 25   Me Ostojic va vous poser des questions, après quoi d'autres avocats vont

 26   vous poser des questions lors du contre-interrogatoire.

 27   M. OSTOJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 28   Interrogatoire principal par M. Ostojic : 

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  1   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Grulovic. Comme vous le savez, je

  2   m'appelle John Ostojic et je suis avocat de l'accusé Ljubisa Beara.

  3   R.  [aucune interprétation]

  4   Q.  Aux fins du compte rendu, pouvez-vous décliner votre identité, s'il

  5   vous plaît.

  6   R.  Je m'appelle Branimir Grulovic, mais je suis connu sous le nom, Bata

  7   Grulovic. C'est mes amis qui m'appellent comme cela. Est-ce qu'il faut que

  8   je dise autre chose ? Je suis né à Belgrade le 31 mars 1951, où j'ai fini

  9   l'école élémentaire et l'école secondaire. J'ai fini l'académie des arts

 10   scéniques à Zagreb, après quoi j'ai suivi les études spécialisées pour être

 11   journaliste de télévision, et après j'ai eu le diplôme de troisième cycle

 12   dans le même domaine, c'est-à-dire dans le domaine de la télévision et de

 13   la vidéo. Je suis marié et j'ai trois enfants.

 14   Q.  Merci, Monsieur Grulovic. Je vais vous poser des questions auxquelles

 15   vous allez répondre, mais je vous remercie de nous avoir donné votre

 16   parcours professionnel. Aux fins du compte rendu, je vois qu'à la page 3,

 17   ligne 22, il y a toujours le nom du témoin d'hier, mais je suis sûr que

 18   cela sera corrigé.

 19   Monsieur Grulovic, pouvez-vous nous dire un peu plus sur votre carrière,

 20   puisque vous avez dit que vous étiez journaliste et que vous travailliez en

 21   tant que journaliste à la télévision. Pouvez-vous nous dire un peu plus

 22   pour ce qui est de votre parcours professionnel jusqu'à l'année 1995 et

 23   pendant la guerre ? Dites-nous ce que vous faisiez.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suppose que vous êtes intéressé à

 25   une période particulière. Vous pouvez donc poser des questions directrices.

 26   M. OSTOJIC : [interprétation] Merci.

 27   Q.  Monsieur Grulovic, permettez-moi de reformuler ma question. Pouvez-vous

 28   vous concentrer à une période particulière de votre parcours professionnel,

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  1   et nous dire ce que vous faisiez entre 1991 et 1995, et où vous étiez

  2   employé ?

  3   R.  De 1991 à 1995, j'étais employé à Visnevac [phon], à Reuters

  4   télévision, et de 1992 à 1997, j'étais chef du bureau de Reuters pour les

  5   Balkans de télévision Reuters. Si nous parlons des Balkans, il ne s'agit

  6   pas des Balkans dans le sens géopolitique.

  7   Q.  Je vais clarifier cela plus tard, Monsieur Grulovic. Il ne faut pas

  8   anticiper les choses. Concentrons-nous à la période allant de 1992 à 1997.

  9   Vous dites que vous étiez chef de Reuters pour les Balkans. Mais n'étiez-

 10   vous pas le chef du bureau de Reuters pour les Balkans pour cette section

 11   pendant la période 1992 à 1997 ? Est-ce vrai ?

 12   R.  De 1992 à 1997, j'étais chef du bureau de Reuters pour les Balkans, et

 13   ce bureau se trouvait à Belgrade.

 14   Q.  Ça veut dire quoi être chef du bureau de Reuters pour les Balkans ?

 15   Quelles étaient vos responsabilités et vos tâches ?

 16   R.  Il est facile de supposer quelles étaient mes responsabilités. J'étais

 17   responsable pour tous les programmes de télévision Reuters en Croatie, dans

 18   la Krajina croate, en Bosnie-Herzégovine, à savoir dans la Republika

 19   Srpska, en Serbie, au Monténégro, en Macédoine, en Albanie, en Roumanie, en

 20   Bulgarie et aussi en Hongrie. Toutes les informations journalières

 21   relevaient de ma compétence. J'ai organisé des équipes de télévision. Je me

 22   rendais sur le terrain en personne pour suivre les événements et pour

 23   informer le public des événements survenus, ainsi que d'envoyer les

 24   informations à Londres.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Grulovic -- Maître Ostojic,

 26   pouvez-vous expliquer au témoin comment les choses fonctionnent ici et

 27   quels sont les problèmes qui pourraient survenir si vous vous chevauchez ?

 28   M. OSTOJIC : [interprétation] Je vais le faire.

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  1   Q.  Monsieur Grulovic, puisque je travaille ici depuis plusieurs années, on

  2   m'a à plusieurs reprises averti que je parlais trop vite. Donc, s'il vous

  3   plaît, ne soyez pas nerveux et détendez-vous en répondant à mes questions

  4   parce qu'il y a des interprètes qui interprètent ce que vous dites en

  5   anglais, en français et en B/C/S. Soyez patient en répondant à mes

  6   questions. Attendez que le curseur s'arrête sur l'écran pour répondre à ma

  7   question. Faites attention à ce qui se passe sur l'écran. Permettez-moi de

  8   poser mes questions. C'est ainsi qu'on pourrait avoir plus d'information.

  9   R.  Oui, c'est acceptable pour moi. Je m'excuse d'avoir parlé trop vite.

 10   Q.  Merci. Je suis sûr que les Juges comprennent cela. Merci, Monsieur le

 11   Président.

 12   Avant dans votre témoignage, vous avez dit lorsque vous avez défini la

 13   région des Balkans qu'il ne s'agissait pas de la région dans le sens

 14   géopolitique de ce terme. Je m'excuse de vous avoir interrompu au moment où

 15   vous avez commencé à parler de cela. Lorsque vous étiez chef du bureau de

 16   Reuters pour les Balkans, nous avons parlé de vos responsabilités en tant

 17   que chef de ce bureau. Pouvez-vous nous décrire ce territoire ou cette

 18   région dont vous étiez responsable en tant que chef de ce bureau pour les

 19   Balkans ?

 20   R.  La région que j'ai couverte englobe les territoires en Croatie qui

 21   étaient contrôlés par les Serbes, la Bosnie-Herzégovine également, c'est-à-

 22   dire les parties de la Bosnie-Herzégovine contrôlées par les Serbes,

 23   ensuite la Serbie, le Monténégro, l'Albanie en tant qu'état, la Macédoine,

 24   la Roumanie, la Bulgarie et la Hongrie. C'était le territoire que j'ai

 25   couvert, et j'ai suivi les événements arrivant sur ces territoires.

 26   Q.  J'ai une question similaire. Quels sont les territoires que vous n'avez

 27   pas couverts sur les Balkans, qui traditionnellement sont sur les Balkans ?

 28   R.  Conformément à la décision de notre bureau central à Londres, je n'ai

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  1   pas couvert les parties de la Bosnie-Herzégovine qui étaient contrôlées par

  2   les forces bosniennes, et en Croatie les parties qui faisaient partie de

  3   l'Etat croate et qui n'étaient pas contrôlées par les Serbes.

  4   Q.  Cela veut dire que, par exemple, vous n'avez pas couvert Sarajevo,

  5   n'est-ce pas ?

  6   R.  Non. Je n'ai pas couvert Sarajevo et les événements survenus à

  7   Sarajevo, mais à deux reprises pendant la guerre j'ai eu l'occasion de me

  8   trouver à Sarajevo.

  9   Q.  Avec l'autorisation de la Chambre, j'aimerais vous montrer 2D 547. Il

 10   s'agit de la liste des correspondants étrangers sur le territoire de

 11   l'ancienne Yougoslavie. Il s'agit d'un document assez long, et j'aimerais

 12   attirer votre attention sur la page 14 de ce document. Cela devrait se

 13   trouver dans le système du prétoire électronique sous le numéro 2D 547.

 14   Monsieur Grulovic, dites-moi quand cette page du document sera affichée sur

 15   l'écran.

 16   R.  Je la vois affichée sur l'écran.

 17   Q.  Merci. Il ne s'agit pas de la première page du document. C'est la page

 18   numéro 14, c'est acceptable. J'aimerais qu'on fasse défiler le document

 19   vers le haut pour qu'on puisse voir l'intitulé "télévision Reuters". Voyez-

 20   vous cela ? Monsieur Grulovic, m'entendez-vous ?

 21   R.  [aucune interprétation]

 22   Q.  Voyez-vous la liste et l'intitulé "télévision Reuters" ? Voyez-vous

 23   votre nom sur cette liste ?

 24   R.  Oui, au numéro 1 sur la liste.

 25   Q.  Pouvez-vous nous dire qui sont les autres personnes dont les noms

 26   figurent sur la liste ? En dessous de votre nom, est-ce qu'il s'agit des

 27   assistants, des caméramans, d'autres journalistes ? Qui sont ces personnes

 28   ?

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  1   R.  Je procéderai par ordre ordinal. Le numéro 2, Dragomir Dragas.

  2   Q.  Dites-moi en général qui était ces personnes ?

  3   R.  Il s'agissait des producteurs, des caméraman. C'est Gerald Williams

  4   Moser. Il y a une erreur. C'est Gerald Williams Poser au numéro 5. Donc, il

  5   manque Williams, c'est son nom de famille aussi.

  6   Q.  Merci. J'ai besoin de plus d'informations pour comprendre en quoi

  7   consistait votre travail. Ce matin, vous avez dit que vous envoyiez des

  8   rapports à Londres, n'est-ce pas, au bureau de Londres ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Cela était le cas pendant toute la période allant de 1992 à 1997

 11   pendant que vous étiez chef du bureau de Reuters, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Pouvez-vous nous dire quelles étaient vos activités quotidiennes en

 14   tant que chef de ce bureau ? Qu'est-ce que vous faisiez ? Est-ce que vous

 15   cherchiez la bonne histoire ? Qu'est-ce que vous faisiez pendant cette

 16   période-là ?

 17   R.  C'est une question très intéressante. Les activités quotidiennes

 18   consistaient à savoir ce qui se passait sur le terrain, consistaient à

 19   analyser les informations provenant du terrain. Ensuite, il fallait réagir

 20   professionnellement, couvrir un événement ou pas, ce qui voulait dire qu'il

 21   fallait envoyer une équipe sur le site en question. Très souvent, je me

 22   rendais en personne avec mes équipes. Je peux même dire que c'était assez

 23   souvent, ce qui n'était pas habituel pour ce qui est des chefs des équipes.

 24   Q.  Pendant que vous étiez chef du bureau de cette télévision Reuters pour

 25   les Balkans, aviez-vous l'occasion de rencontrer des personnalités

 26   politiques et militaires qui ont pris part à la guerre en Bosnie-

 27   Herzégovine ?

 28   R.  Oui, c'était assez souvent que je rencontrais certaines personnalités

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  1   militaires et politiques.

  2   Q.  Je sais que ça a été diffusé ce matin, avez-vous eu l'occasion de

  3   rencontrer le Dr Radovan Karadzic ?

  4   R.  Oui, bien sûr.

  5   Q.  Pouvez-vous nous dire, Monsieur, si entre 1992 et 1997, et même avant

  6   cette période pendant que vous étiez journaliste, et avant la période

  7   pendant laquelle vous étiez chef du bureau, étiez-vous en mesure d'évaluer

  8   ou de voir quelles étaient les relations entre les nationalistes serbes et

  9   les anciens officiers de la JNA, quelles étaient les relations, les

 10   interactions entre eux ?

 11   R.  J'ai pu avoir une impression là-dessus avec le temps; mais j'ai pu dire

 12   brièvement qu'il n'y avait pas beaucoup de confiance entre les hommes

 13   politiques et les hommes militaires. Pourquoi j'ai eu cette impression,

 14   pourquoi je suis arrivé à cette conclusion ? C'est parce que très souvent

 15   j'ai pu entendre que certains hommes politiques appelaient les officiers de

 16   la JNA des "communistes", mais en utilisant un terme péjoratif, "Komunjara"

 17   [phon], ce qui est un terme péjoratif pour indiquer les anciens membres de

 18   la JNA puisque nous tous nous grandissions dans le système socialiste, ce

 19   qui n'inspirait pas beaucoup de confiance aux hommes politiques par rapport

 20   aux officiers.

 21   Q.  Pouvez-vous me dire, parce que vous avez dit que vous avez rencontré le

 22   Dr Karadzic, pouvez-vous me dire si vous avez eu la possibilité de

 23   rencontrer M. Ljubisa Beara ?

 24   R.  Oui, à plusieurs occasions.

 25   Q.  Nous allons en parler un peu plus en détail plus tard. Avez-vous jamais

 26   appris que M. Beara était ancien officier de la JNA ?

 27   R.  Je le savais. Je n'ai pas appris cela, je le savais parce que j'ai

 28   servi dans la JNA. A l'époque je ne le connaissais pas, mais je savais

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  1   qu'il était membre de la JNA.

  2   Q.  Maintenant, après avoir passé une certaine période de temps sur les

  3   Balkans, par exemple, dans d'autres parties de la Bosnie, avez-vous eu

  4   l'occasion de préparer des reportages par rapport à certains officiers qui

  5   avaient la même idéologie que le Dr Karadzic ?

  6   R.  Pour ce qui est des reportages de ce type, non, mais souvent j'ai eu

  7   l'occasion de parler avec eux et j'ai compris que certains de ces officiers

  8   - il ne faut pas que vous me demandiez leurs noms; je ne peux pas m'en

  9   souvenir, je ne veux pas les retenir d'ailleurs, donc ils étaient partisans

 10   de l'idéologie de M. Karadzic, mais cette politique représentait une

 11   politique qui adoptait un nationalisme assez dur, et parmi les officiers

 12   que je connaissais y compris le colonel Beara, je peux vous dire que ces

 13   gens ont été éduqués dans un esprit de tolérance et de fraternité et

 14   d'unité, et à l'époque, ils ont prononcé la déclaration solennelle en

 15   quelque sorte pour dire qu'ils défendraient cette fraternité et cette

 16   unité.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce qu'on peut savoir quelle est la

 19   période de temps à laquelle se rapportent ces questions ?

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

 21   M. OSTOJIC : [interprétation] 

 22   Q.  Monsieur Grulovic, en répondant à ma question qui était assez longue,

 23   vous avez dit que vous ne vous souveniez pas des noms, mais vous souvenez-

 24   vous des promotions de certains officiers et des moments où certains

 25   officiers ont été démis de leurs fonctions, il s'agit de Vasiljevic ou

 26   Grujic. Vous vous souvenez de cela ?

 27   Pouvez-vous nous dire quand cela est arrivé ? Vous pouvez parler des

 28   périodes allant avant ou après 1992, 1994, de n'importe quelle période dont

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  1   vous êtes capable de vous souvenir. Pouvez-vous nous donner des noms des

  2   officiers qui ont été démis de leurs fonctions et des officiers qui ont été

  3   promus parce qu'ils étaient partisans de l'idéologie de M. Karadzic ? 

  4   R.  Merci de m'avoir rappelé cela. J'ai été présent au commandement du 2e

  5   Corps de la Krajina où certains officiers ont été démis de leurs fonctions.

  6   Le 2e Corps de la Krajina a englobé la Bosnie occidentale, c'est à ce

  7   moment-là où le général Grujic, si je me souviens bien, je pense qu'il

  8   s'appelait Grujic, il a été démis de ses fonctions et il a été remplacé par

  9   un autre officier. Et de plus dans le même corps, le chef de l'état-major a

 10   été démis de ses fonctions, il s'agissait du général Mica Vlaisavljevic, si

 11   je me souviens bien de son nom, il a été remplacé par un autre officier

 12   également. Nous parlons du général Vlaisavljevic, j'ai eu l'occasion de

 13   parler plus longtemps avec lui, je pense qu'il a été démis de ses fonctions

 14   à cause du malentendu dont on a parlé il y a quelques instants.

 15   Q.  Essayons d'aider un petit peu le Procureur pour être sûr qu'il sait

 16   exactement de quoi on parle. Pouvez-vous nous dire si c'était avant 1995 ou

 17   après, par exemple ?

 18   R.  C'était avant 1995. Disons que ça a dû se passer vers la fin de 1994,

 19   en hiver 1994 ou au tout début de l'année 1995. Je ne peux pas être

 20   extrêmement précis, en tout cas c'était pendant l'hiver, soit début de

 21   l'hiver, soit fin de l'hiver.

 22   Q.  Très bien, Monsieur Grulovic. Je pense que c'est assez précis. Vous

 23   avez parlé du 2e Corps de la Krajina, pourriez-vous nous dire exactement où

 24   cela se trouve ? Vous avez dit que c'était en Bosnie occidentale, mais

 25   pourriez-vous être un peu plus précis et nous donner peut-être le nom de

 26   certaines villes qui se trouvent dans cette région ?

 27   R.  Je ne connais pas très bien la zone de responsabilité du 2e Corps, mais

 28   pour ce qui est des villes qui se trouvent sur place, c'est Drvar, Grahovo,

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  1   Petrovac. Ce sont-là les municipalités les plus importantes de cette région

  2   où se trouvait ce corps. Le commandement du 2e Corps de la Krajina se

  3   trouvait sur le mont Ostrelj, entre Petrovac et Drvar.

  4   Q.  Oui, je ne vous demande pas de devenir un expert militaire, je vous

  5   demande juste de citer certaines villes, et Drvar et Petrovac cela me va

  6   très bien.

  7   Maintenant, de 1992 à 1995, pouvez-vous nous dire si sur le front

  8   occidental en Bosnie, il se passait quoi que ce soit, s'il y avait des

  9   activités qui vous auraient intéressé, vous en tant que journaliste TV ?

 10   R.  Oui, bien sûr, il y avait énormément d'activités, il se passait

 11   des choses, en 1994 c'était quand même plus intéressant pour la presse

 12   parce que c'est la première fois que l'on a vraiment couvert cette zone

 13   quand les forces bosniennes ont lancé leur offensive de Bihac vers

 14   Petrovac, et à ce moment-là, quand cette offensive a été lancée par M.

 15   Karadzic qui était président de la Republika Srpska à l'époque, du coup il

 16   a proclamé aussi l'état de guerre sur le territoire de la Republika Srpska,

 17   ce qui est intéressant pour les médias, parce qu'enfin c'était la première

 18   fois qu'on proclamait officiellement un état de guerre.

 19   Q.  Vous avez fait ce reportage vous-même ?

 20   R.  Oui. Oui, j'étais là, et j'imagine que toutes les personnes qui sont

 21   dans ce prétoire ont vu M. Karadzic arborant un uniforme pour la première

 22   fois. C'est moi qui a filmé ça. J'ai interviewé M. Karadzic d'ailleurs à

 23   l'époque. C'est une image notoire, connue dans le monde entier.

 24   Q.  Je ne vous avais pas encore demandé ce que vous aviez réalisé jusqu'à

 25   maintenant, mais si j'ai bien compris, en tant que journaliste, soit on

 26   sort un scoop, si je puis dire, qui serait important, ou alors on rate un

 27   scoop et on se -- et donc, c'est quand même des choses importantes, n'est-

 28   ce pas, pour un journaliste ?

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  1   R.  Oui, bien sûr. On était toujours en concurrence les uns avec les

  2   autres. Donc quand on fait un scoop comme ça, c'est une réussite

  3   professionnelle. J'ai l'air peut-être un petit peu arrogant, mais pas du

  4   tout. Je voulais juste attirer l'attention de la Chambre sur le fait que ce

  5   clip dont je parle montre que j'étais bel et bien sur place. J'étais là à

  6   l'époque.

  7   Q.  Personne ne remet en doute votre présence, mais je vous en remercie de

  8   toute façon.

  9   Maintenant, avant de passer à d'autres choses plus précises, il y avait

 10   beaucoup de journalistes sur place. Nous en avons entendu certains. Il y en

 11   aura peut-être d'autres. Pourriez-vous un petit peu nous dire s'il était

 12   facile aux journalistes de se rendre en Bosnie pour suivre un petit peu les

 13   événements de la guerre ? Etait-il facile d'aller au front ? Avait-on

 14   besoin d'une autorisation ? Si oui, qui la donnait ? Pourriez-vous nous

 15   répondre à ce sujet ?

 16   R.  Le centre de presse internationale était logé à Pale, c'était ce centre

 17   qui avait le droit unique et exclusif de donner les laissez-passer. C'était

 18   Mme Sonja Karadzic qui dirigeait ce centre de presse.

 19   Q.  [aucune interprétation]

 20   R.  Il s'agit de la fille de M. Karadzic, Mme Sonja Karadzic.

 21   Q.  Merci. Maintenant, à votre connaissance, pouvez-vous nous dire quel

 22   rôle jouaient les militaires pour autoriser les journalistes à se rendre en

 23   Bosnie pour couvrir ce qui s'y passait entre 1992 à 1995 ?

 24   R.  Si on voulait entrer en Republika Srpska, on n'avait pas besoin de

 25   s'adresser aux militaires. Ils n'avaient pas le droit de donner des

 26   laissez-passer. C'était le centre de presse internationale dont j'ai parlé

 27   qui le faisait, et il fallait suivre la procédure suivante : on demandait

 28   par écrit, on attendait une réponse, et ensuite on avait une autorisation

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  1   écrite pour avoir à obtenir un accès. C'est uniquement quand on avait ce

  2   laissez-passer écrit que l'on pouvait se rendre en Republika Srpska et que

  3   l'on pouvait s'y déplacer.

  4   Q.  Pour 1995 et juillet 1995, maintenant, est-ce que vous vous  souvenez

  5   d'où vous étiez à l'époque en Bosnie-Herzégovine, puisque vous étiez chargé

  6   de couvrir les événements de guerre à cette époque-là ? Où vous trouviez-

  7   vous ?

  8   R.  Je peux vous dire exactement où je me trouvais. A ce moment-là, j'étais

  9   dans la zone de responsabilité du 2e Corps de la Krajina à Petrovac et

 10   Drvar, au poste de commandement du 2e Corps de Krajina sur le mont Ozren.

 11   Q.  On le sait -- nous savons de notoriété publique et aussi parce que

 12   c'est signalé dans certains actes d'accusation de ce Tribunal qu'il y

 13   aurait une offensive de printemps en cours à l'époque; c'est bien cela ?

 14   R.  Oui. Je ne me souviens pas très bien du nom de cette offensive. Je

 15   crois qu'il s'appelait plutôt offensive été, plutôt qu'offensive hiver. Je

 16   suis arrivé, en effet, dans cette zone de responsabilité, mais la situation

 17   là était un peu différente que de ce qui se passait en le reste de la

 18   Republika Srpska. Mme Karadzic m'avait interdit de me rendre en Republika

 19   Srpska pour ses propres raisons. Elle avait ses propres idées. Elle m'a non

 20   seulement arrêté et empêché moi-même, mais elle a empêché toute l'équipe de

 21   l'agence Reuters, en fait, de se rendre en Republika Srpska.

 22   Q.  Nous allons y venir, mais si on regarde le déroulement  chronologique,

 23   si l'on commence à penser à ce qui s'est passé à Srebrenica, avec la chute

 24   de Srebrenica, sans parler de dates, parce que je pense que l'Accusation ne

 25   serait pas vraiment d'accord avec nous au niveau des dates, mais disons que

 26   Srebrenica serait tombée le 11 juillet 1995, en tant que journaliste de

 27   guerre, avez-vous souvenir de cette date, non, la date de la chute de

 28   Srebrenica ?

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  1   R.  Oui, oui. Je réponds, oui, je m'en souviens.

  2   Q.  Oui, on va essayer de ne pas compliquer les choses. Je vous remercie de

  3   votre réponse simple.

  4   Quand vous avez appris la chute de Srebrenica en juillet 1995, pourriez-

  5   vous nous dire où vous vous trouviez ?

  6   R.  Je ne me souviens pas comment s'appelait cet endroit, mais c'était dans

  7   la zone de responsabilité du 2e Corps de la Krajina, au poste de

  8   commandement avancé. Cela dit, je ne me souviens plus du tout de la

  9   localité où se trouvait ce poste de commandement avancé. Je ne m'en

 10   rappelle absolument plus.

 11   Q.  Pas de problème. Cela nous suffit de savoir que vous étiez dans la zone

 12   de responsabilité du 2e Corps de la Krajina, puisqu'on sait que c'est dans

 13   la Bosnie occidentale. Vous avez appris la chute de Srebrenica par des

 14   concurrents, si je puis dire. Est-ce que cela vous a gêné, le fait de ne

 15   pas être là, de ne pas avoir ce scoop ?

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est une question directrice.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En effet. Reformulez.

 18   M. OSTOJIC : [interprétation] Très bien.

 19   Q.  Pouvez-vous nous dire comment vous vous sentiez et ce que vous avez

 20   pensé quand Srebrenica est tombée et que vous vous trouviez dans la zone de

 21   responsabilité du 2e Corps de la Krajina ?

 22   R.  Mais il faut que je sois un petit peu compliqué dans ma réponse. Je me

 23   souviens de cette date, parce qu'à peu près à ce moment-là je devais

 24   prendre mes vacances. Je sais qu'on était en juillet, parce que normalement

 25   je devais bientôt partir en vacances. Dès que je serais rentré à Belgrade,

 26   j'étais censé partir en congé, prendre mes congés annuels.

 27   La chute de Srebrenica aurait très bien pu m'empêcher finalement de partir

 28   en vacances. J'ai appris la chute de Srebrenica à la radio. J'avais

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  1   toujours un petit poste de radio avec moi pour pouvoir écouter les

  2   nouvelles, me tenir au courant de ce qui se passait. Vous savez, il n'y

  3   avait pas les mêmes moyens de communication à l'époque que maintenant, et

  4   cette petite radio, souvent c'était mon seul lien avec le reste du monde

  5   pour savoir ce qui se passait. Pour des raisons professionnelles, je

  6   voulais entendre confirmation de cette chute, mais je voulais l'entendre de

  7   sources qui se rapprochent de l'armée de la Republika Srpska. J'avais des

  8   contacts, je connaissais le colonel Beara, je le connaissais précédemment,

  9   et donc c'est lui que j'ai contacté pour qu'il me confirme cette nouvelle

 10   de la chute de Srebrenica.

 11   Q.  Bien, Monsieur Grulovic, nous allons rentrer dans les détails à propos

 12   de tout ceci un peu plus tard.

 13   J'aimerais que l'on parle de choses pratiques. Vous êtes un

 14   correspondant de guerre, vous êtes sur le front occidental, et de l'autre

 15   côté de la Drina se trouve l'enclave de Srebrenica, et là il se passe

 16   vraiment des choses. Il y a vraiment un scoop qui s'y passe. Est-ce que

 17   vous vous êtes rendu directement depuis la zone du 2e Corps de la Krajina à

 18   Srebrenica avec votre équipe pour couvrir ce scoop, si je puis dire ?

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître McCloskey.

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation] Objection. C'est tout à fait directif.

 21   M. OSTOJIC : [interprétation] Non. Je lui ai posé la question. Je peux la

 22   poser autrement, si vous voulez.

 23   Q.  Où vous êtes-vous rendu depuis la zone de responsabilité du 2e Corps de

 24   la Krajina lorsque vous avez appris la chute de Srebrenica ?

 25   R.  Je suis parti à Belgrade. Je me suis dirigé immédiatement sur Belgrade.

 26   Je dois m'expliquer.

 27   Q.  Je vais vous poser des questions pour qu'on n'ait plus d'objections.

 28   R.  Très bien. Je réponds à la première question, je suis parti à Belgrade.

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  1   Q.  Très bien. Merci d'être patient et de suivre la procédure. Pourquoi

  2   n'êtes-vous pas rendu à Srebrenica ? Pourquoi êtes-vous allé à Belgrade ?

  3   R.  C'est simple, le centre de presse internationale ne m'a jamais autorisé

  4   à me rendre en Bosnie occidentale pour me trouver dans la zone du 2e Corps

  5   de la Krajina. Donc si j'y allais, j'aurais pu être arrêté.

  6   Q.  Très bien. Passons par étape avant de parler de votre discussion avec

  7   M. Beara. Vous avez quitté la zone du 2e Corps de la Krajina pour vous

  8   rendre à Belgrade, mais dans quel but, pour essayer de pouvoir repénétrer

  9   en Bosnie ?

 10   R.  Je dois vous expliquer comment j'étais arrivé dans la zone de

 11   responsabilité du 2e Corps de la Krajina au départ.

 12   Q.  Très bien. Comment êtes-vous arrivé ? Comment avez-vous atterri dans

 13   cette région de la zone de responsabilité du 2e Corps de la Krajina ?

 14   R.  A l'époque, il m'était déjà interdit de rentrer sur le territoire de la

 15   Republika Srpska, et c'était ce centre de presse internationale qui m'avait

 16   interdit de m'y rendre. J'ai absolument insisté pour avoir un permis, je

 17   les relançais sans cesse, mais ils refusaient de me donner mon laissez-

 18   passer. J'ai même appris à un moment que j'étais, si je puis dire, sur une

 19   liste noire. Mon nom était signalé à tous les postes-frontières et j'étais

 20   sur la liste noire. J'avais interdiction formelle de rentrer sur le

 21   territoire de la Republika Srpska.

 22   Q.  Très bien. Mais qui a mis en œuvre et qui a imposé surtout cette

 23   interdiction très stricte, et c'était une interdiction qui ne pesait que

 24   sur vous ou qui pesait sur cette agence Reuters ?

 25   R.  C'était ce centre de presse internationale qui avait donné cette

 26   interdiction, surtout Mme Sonja Karadzic qui a dirigé ce centre, et ce

 27   n'était pas une interdiction qui ne pesait que sur moi  mais sur toutes les

 28   équipes, malheureusement, toutes les équipes de l'agence Reuters qui

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  1   étaient basées et travaillaient depuis Belgrade. Pour ce qui est des

  2   équipes, enfin des membres des équipes de Reuters locales qui travaillaient

  3   depuis Pale, leur liberté de mouvement était aussi extrêmement restreinte

  4   suite à cet ordre donné par le centre de presse internationale, c'est-à-

  5   dire par Mlle Karadzic.

  6   Q.  Très bien. Vous étiez quand même journaliste de télévision en ex-

  7   Bosnie, mais vous n'aviez pas les autorisations adéquates de Mme Sonja

  8   Karadzic à l'époque, et c'est pour ça que vous êtes rentré à Belgrade quand

  9   Srebrenica est tombée; c'est cela ?

 10   R.  Oui, tout à fait.

 11   Q.  Mais je pense que vous avez quand même des membres locaux, des

 12   correspondants locaux qui vous aident, n'est-ce pas ? Vous avez sans doute

 13   des correspondants à l'ouest du pays, à l'est du pays ?

 14   R.  Oui, bien sûr. J'avais une équipe de correspondants à Pale, il y en

 15   avait d'autres à Banja Luka et dans d'autres villes. J'avais aussi une

 16   équipe qui était déployée dans la zone de responsabilité du 2e Corps de

 17   Krajina.

 18   Q.  Vous étiez quand même chef d'agence. Vous êtes journaliste depuis

 19   longtemps et vous avez développé tous ces contacts, bien sûr, et ainsi vous

 20   saviez exactement à quel correspondant faire appel quand il se passait

 21   quelque chose, quand il y avait un scoop quelque part, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui, bien sûr. Il faut avoir un réseau. On ne peut pas fonctionner dans

 23   ce métier sans un réseau.

 24   Q.  Très bien. Mais lorsque vous étiez à Belgrade, après la chute de

 25   Srebrenica, qu'avez-vous fait, si tant est que vous ayez fait quoi que ce

 26   soit ? Vous avez finalement pris vos congés ou vous avez essayé de vous

 27   rendre à Srebrenica ?

 28   R.  Oui, j'ai essayé de me rendre à Srebrenica, évidemment, mais je savais

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  1   qu'il m'était totalement impossible d'obtenir un laissez-passer de la part

  2   du centre de presse internationale. On m'a claqué la porte au nez, si je

  3   puis dire. C'était assez violent. J'ai personnellement parlé à Mlle

  4   Karadzic au téléphone. Elle était extrêmement mal élevée. Elle a employé

  5   des termes qui n'étaient pas très polis, si je puis dire. Je devais

  6   m'entretenir avec cette personne qui était quand même la chef de ce service

  7   -- m'a beaucoup gêné. Du coup, j'ai envoyé une lettre au chef d'état-major

  8   de l'armée de la Republika Srpska et à M. Krajisnik, président de la

  9   Republika Srpska pour qu'ils m'autorisent à faire mon métier, et donc

 10   qu'ils me donnent un laissez-passer.

 11   Q.  Mme Sonja Karadzic vous a interdit l'accès à la Bosnie parce que vous

 12   étiez un journaliste objectif, ou est-ce que c'est parce que vous aviez

 13   tendance à faire des reportages qui étaient en faveur des Serbes, ou est-ce

 14   que vous saviez pourquoi il y avait restriction ?

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] La dernière question n'est pas tout à fait

 17   normale quand même. Pourquoi est-ce qu'elle vous a interdit ceci ou cela --

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

 19   M. OSTOJIC : [interprétation] Je vais essayer quand même de reformuler ma

 20   question, mais j'essaie quand même d'avancer.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, reformulez tout simplement.

 22   M. OSTOJIC : [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense qu'il sait exactement quelle

 24   réponse vous attendez.

 25   M. OSTOJIC : [interprétation] Très bien.

 26   Q.  Monsieur Grulovic, avez-vous appris à un moment, avez-vous une idée à

 27   un moment ou à un autre pourquoi Sonja Karadzic avait interdit à Reuters et

 28   surtout à vous-même de faire des reportages sur ce qui se passait entre

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  1   1992 et 1995 ?

  2   R.  Oui. Sonja me l'a dit d'ailleurs au cours de cette conversation

  3   téléphonique. C'était soi-disant parce que j'étais très proche de l'armée

  4   de la Republika Srpska. Elle a aussi donné d'autres raisons qui ici ne sont

  5   pas pertinentes.

  6   Q.  Très bien. Pourriez-vous nous dire si les militaires ou l'armée vous

  7   restreignaient dans vos reportages ? Est-ce qu'ils vous conseillaient sur

  8   différents sujets qu'il fallait couvrir, et d'autres qu'ils préféreraient

  9   ne pas voir couverts, et cetera ?

 10   R.  Non. J'avais carte blanche, je n'ai jamais eu aucune contrainte de la

 11   part des membres de l'armée de la Republika Srpska. Je n'ai jamais été

 12   soumis à ce genre de choses, ni moi personnellement ni aucun membre de mon

 13   équipe.

 14   Q.  Je vais poser une question générale et ensuite nous passerons à des

 15   points de détails.

 16   Au cours de cette période, mais surtout en 1994 et en 1995, avez-vous

 17   été critiqué à un moment ou un autre par des Serbes pour avoir fait des

 18   reportages qui ne mettaient pas les Serbes suffisamment en valeur ou parce

 19   que vous auriez relayé trop d'information ?

 20   R.  Ecoutez, j'ai publié un grand nombre d'articles qui à l'époque étaient

 21   déclarés anti-Serbes. Mon excuse, c'est que je connaissais la mentalité de

 22   toutes ces personnes, puisque j'en fais partie. Mais ils n'étaient jamais

 23   en colère, ils n'étaient jamais furieux quand ce type d'histoires sortait,

 24   s'ils considéraient que c'était la vérité qui était relayée. Mais ils

 25   réagissaient quand ils pensaient que la vérité avait été plus ou moins

 26   déformée ou manipulée. Moi, je connaissais vraiment la mentalité de mes

 27   compatriotes, des membres de mon groupe ethnique. Connaissant leur

 28   mentalité, je publiais les choses telles que je les voyais, et parfois il

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  1   est vrai que j'étais critiqué en utilisant des jurons, puisque c'est ainsi

  2   que l'on s'exprime dans mon pays, mais ensuite ils disaient : Finalement

  3   tout ce que vous avez publié est vrai. Et ça suffisait.

  4   Q.  Très bien. Maintenant, passons à M. Beara. Vous nous avez dit ce matin

  5   que vous le connaissiez. Pouvez-vous nous dire depuis combien de temps vous

  6   le connaissez ?

  7   R.  J'ai rencontré M. Beara par accident, au tout début de la guerre en

  8   Bosnie-Herzégovine. Au cours de la guerre, je l'ai vu à  plusieurs

  9   reprises. Je l'ai surtout vu loin des zones de combat.

 10   Q.  Je ne sais pas si vous avez terminé votre réponse. Avez-vous autre

 11   chose à dire ?

 12   R.  Non. Non, je pense que je ne peux pas rajouter quoi que ce soit là-

 13   dessus.

 14   Q.  Vous avez aussi dit avoir vu M. Beara lorsque vous avez appris la chute

 15   de Srebrenica. Vous vous en souvenez ?

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Objection, ce n'est pas ce qu'il a dit, et

 17   en plus c'est directif.

 18   M. OSTOJIC : [interprétation] Je vais reformuler ma question.

 19   Q.  Vous souvenez-vous, Monsieur le Témoin, avoir vu M. Beara juste avant

 20   la chute de Srebrenica ?

 21   R.  Oui. Je l'ai déjà dit d'ailleurs. Au début de ma déposition je l'ai

 22   dit. Je l'ai vu dans la zone de responsabilité du 2e Corps de la Krajina.

 23   Q.  On va y revenir. Moi, je savais bien que vous l'aviez déjà dit. Mais

 24   vous l'avez vu en tête-à-tête ?

 25   R.  Oui, bien sûr. Comment d'autre ? Comment peut-on voir quelqu'un

 26   autrement ?

 27   Q.  Très bien. Lui avez-vous parlé ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Pourriez-vous nous relater cette conversation si autant est que vous

  2   vous en souvenez ?

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] Objection.

  4   Pourrions-nous avoir une date ? Parce que quand même, avant la chute de

  5   Srebrenica, ça peut être 1994, 1993. J'aimerais avoir quelques précisions

  6   sur la période.

  7   M. OSTOJIC : [interprétation] Je sais qu'il sait exactement quelle est la

  8   date, puisqu'il a mes notes de récolement. Mais il ne peut pas quand même

  9   avoir le beurre et l'argent du beurre. S'il ne me permet pas de poser des

 10   questions un peu directives, dans ce cas-là je dois devenir précis.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ecoutez, ne faites pas une montagne

 12   d'une taupinière.

 13   M. OSTOJIC : [interprétation] Oui, je peux lui poser la question

 14   directement et il va me le dire. Mais -- 

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Ecoutez, il y a quand même ce problème de

 17   notes de récolement. Il n'y a pas beaucoup d'information dans cette note de

 18   récolement. Donc on a besoin d'informations supplémentaires et de détails.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ecoutez, je vous ai dit de ne pas en

 20   faire une montagne. Alors demandez au témoin quand cela s'est passé.

 21   M. OSTOJIC : [interprétation]

 22   Q.  Nous sommes tous d'accord pour dire que Srebrenica est tombée le 11

 23   juillet 1995. Vous souvenez-vous avoir vu M. Beara aux environs de cette

 24   date lorsque vous avez appris la chute de Srebrenica ?

 25   R.  Oui, je peux le confirmer. J'ai déjà répondu à la question d'ailleurs.

 26   Quand Srebrenica est tombée, à ce moment-là, j'ai vu M. Beara et je m'en

 27   suis entretenu avec lui.

 28   Q.  Dites tout simplement où vous étiez lorsque vous avez vu M. Beara,

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  1   lorsque vous lui avez parlé à l'époque où Srebrenica est tombée ?

  2   R.  J'ai déjà répondu mais je vais répéter. Je me trouvais dans le secteur

  3   de responsabilité du 2e Corps de la Krajina, c'est-à-dire en Bosnie

  4   occidentale.

  5   Q.  Pourriez-vous nous dire ce qui s'est dit dans cette conversation

  6   précise dont nous parlons, le jour de la chute de Srebrenica lorsque vous

  7   avez vu M. Beara face à face et vous avez eu cette conversation ? Pourriez-

  8   vous nous dire d'après vos souvenirs ce qui s'est dit, ce qui a été dit par

  9   vous et par M. Beara ?

 10   R.  Je pense que je peux le faire. C'était environ au moment où j'ai appris

 11   la chute de Srebrenica. Naturellement, j'ai essayé immédiatement d'avoir

 12   une confirmation de cette nouvelle, et j'ai utilisé le fait que je

 13   connaissais le colonel Beara, et je lui ai demandé s'il pouvait confirmer

 14   ou au contraire démentir cela, ou s'il pouvait donner quelques

 15   renseignements supplémentaires, et sa réponse a été très brève. Il a dit :

 16   Moi-même, je ne sais rien de cela.

 17   Q.  Qu'est-ce que vous avez fait après cela, si vous avez fait quelque

 18   chose ?

 19   R.  J'ai essayé d'appeler à mon domicile à Belgrade au téléphone. J'ai eu

 20   des difficultés et j'ai décidé de retourner à Belgrade dès que possible et

 21   de lancer une procédure visant à obtenir l'autorisation de me rendre dans

 22   cette partie de la ligne de front.

 23   Q.  Comme vous nous l'avez dit, vous avez donc quitté le 2e Corps de la

 24   Krajina pour aller à Belgrade. Comment est-ce que vous êtes parti, par car,

 25   par bus, par voiture, par hélicoptère ? Quel moyen de transport avez-vous

 26   utilisé pour aller depuis le 2e Corps de la Krajina jusqu'à Belgrade ?

 27   R.  Pour répondre à cette question, il faudrait d'abord que je vous dise

 28   comment j'ai réussi à rentrer dans le secteur du 2e Corps de la Krajina,

Page 23777

  1   puisqu'il m'était interdit d'entrer dans la Republika Srpska. Cette

  2   interdiction a été mise en place par Mme Karadzic, le bureau international

  3   à Pale, en d'autres termes, et comme il y avait des choses intéressantes

  4   qui se passaient du point de vue des médias, je parle de l'offensive d'été,

  5   j'essayais d'avoir l'aide de l'armée de la Republika Srpska, et l'armée de

  6   la Republika Srpska a envoyé une jeep militaire avec deux policiers

  7   militaires à Belgrade, et ils m'ont introduit en me faisant passer

  8   secrètement à la frontière littéralement, et ils m'ont emmené dans le

  9   secteur de responsabilité

 10   du 2e Corps de la Krajina.

 11   Et j'y ai passé un certain temps avec leur bénédiction. Je dois dire

 12   aussi que j'ai pu bénéficier d'un certain degré de protection. Et je suis

 13   retourné à Belgrade de la même manière encore, une Jeep militaire, deux

 14   policiers militaires qui là encore m'ont permis de passer subrepticement la

 15   frontière et ils m'ont ramené à Belgrade.

 16   Il n'est pas difficile de supposer ou de deviner que ceci était

 17   organisé par l'armée avec la bénédiction de tous ces officiers qui

 18   pouvaient être responsables d'une telle opération. Pour commencer, je veux

 19   parler du service de sécurité ou de sûreté.

 20   Q.  Bien. Avez-vous jamais obtenu l'autorisation de vous rendre à l'enclave

 21   de Srebrenica ou dans ce secteur pour pouvoir assurer la couverture de

 22   nouvelles sur ce qui se passait à l'époque en juin 1995, bien sûr après la

 23   chute du 11 juillet 1995, et c'est la période à laquelle je vous pose des

 24   questions ?

 25   R.  Personnellement je n'ai pas obtenu l'autorisation, mais plusieurs jours

 26   après, je ne peux pas me rappeler la date, mais c'était peut-être à la fin

 27   de juillet ou au début d'août. L'équipe de Reuters de Pale a reçu

 28   l'autorisation de se rendre dans le secteur de Srebrenica, et je me

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  1   rappelle très bien que ce n'était pas ce à quoi nous nous attendions du

  2   point de vue professionnel, et ceci conduit à conclure qu'ils n'ont pas

  3   obtenu la permission d'aller et venir librement à la différence d'autres

  4   équipes qui se trouvaient là.

  5   Q.  Retournons à la question de cette réunion où à l'époque vous avez vu M.

  6   Beara à la date de la chute de Srebrenica. Je vous pose la question

  7   suivante : avant juillet 1995, est-ce que vous avez eu l'occasion, comme

  8   vous nous l'avez dit, de rencontrer M. Beara ? Est-ce que vous avez jamais

  9   eu l'occasion de l'aider pour passer un coup de téléphone ou utiliser les

 10   téléphones satellites de Reuters ?

 11   R.  Oui. Là encore c'était dans le secteur de responsabilité du 2e Corps de

 12   la Krajina où je me trouvais avec mon équipe. Nous étions pleinement

 13   équipés, nous avions des téléphones fonctionnant par satellite.

 14   Q.  D'après vos souvenirs, pourriez-vous nous dire si oui ou non M. Beara

 15   vous a demandé de pouvoir utiliser le téléphone satellite de Reuters pour

 16   une raison quelconque ?

 17   R.  M. Beara n'a pas demandé cela, mais je lui ai proposé de lui donner

 18   cette possibilité pour appeler sa famille, parce que je savais que lui-même

 19   et bien d'autres dont les familles se trouvaient au loin ne les avaient pas

 20   vus depuis longtemps, et il était impossible d'établir un contact si on

 21   n'avait pas un téléphone satellite. Le colonel Beara a appelé sa mère. A ce

 22   moment-là, elle vivait à Split en Croatie. J'étais présent pendant cette

 23   conversation téléphonique, et ce qui m'a vraiment impressionné, j'ai été

 24   touché et j'ai été ému, c'est le fait que M. Beara a appelé sa mère "Nona". 

 25   Ce qui est un mot typique du dialecte dalmate, et il a posé des questions

 26   concernant sa santé, de sa situation du point de vue sûreté la concernant

 27   aussi, sachant que les Croates savaient bien où il se trouvait, et

 28   néanmoins sa mère se trouvait là à Split. J'ai aussi eu l'impression, bien

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  1   que nous n'ayons pas parlé après cette conversation, j'ai eu l'impression

  2   que le colonel Beara était très sûr que personne ne ferait de mal à sa

  3   mère, ce qui était très surprenant pour moi parce que je savais tout

  4   concernant les relations entre les Serbes et les Croates.

  5   Cette conversation entre le colonel Beara et sa mère a duré peu de

  6   temps, mais du point de vue émotion et des messages d'émotions qui ont été

  7   échangés, je pense que ça a eu beaucoup d'importance à la fois pour le

  8   colonel Beara et pour sa mère.

  9   Q.  Je vous remercie de nous avoir dit cela.

 10   Est-ce que vous vous rappelez d'autres exemples dans lesquels M.

 11   Beara, soit que vous l'ayez autorisé soit que vous l'ayez invité, a utilisé

 12   le téléphone satellite de Reuters quelques temps après cette conversation

 13   téléphonique avec sa mère à Split, mais avant la chute de Srebrenica, au

 14   cours de cette période de façon à ce que nous ne prenions pas un cadre trop

 15   vaste, est-ce que vous vous rappelez s'il a utilisé ce téléphone à un autre

 16   moment, en votre présence, bien entendu ?

 17   R.  Je me rappelle bien les choses, mais ce n'était pas le colonel Beara

 18   qui a utilisé le téléphone, il était présent à ce moment-là lorsque j'ai

 19   proposé à un jeune officier de l'armée de la Republika Srpska de se servir

 20   de ce téléphone.

 21   Q.  Pourriez-vous nous aider à retrouver plus précisément la date, est-ce

 22   que savez quand c'était et peut-être pas nécessairement le jour même, mais

 23   si vous pouviez nous donner une idée du mois ou de l'année d'après vos

 24   souvenirs.

 25   R.  Ce sont des événements frappants, et il est beaucoup plus facile de

 26   s'en souvenir. C'était au cours du printemps et de l'été 1995.

 27   Q.  Cet officier ou cette personne, ce jeune officier que vous avez

 28   autorisé en présence de M. Beara à utiliser le téléphone satellite, vous

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  1   rappelez-vous quelle était son origine ethnique ?

  2   R.  Oui, bien sûr. C'était un Musulman de Bosnie.

  3   Q.  Est-ce que vous pouvez vous rappeler quel était son nom ou son surnom ?

  4   R.  Je ne peux pas me rappeler son nom, mais son surnom était Kikan.

  5   Q.  Peut-être pourrais-je vous aider sur ce point. Non, allez-y.

  6   R.  Kikan est probablement un surnom basé sur son nom de famille qui était

  7   peut-être Kikanovic, mais je ne peux pas me rappeler son prénom vraiment.

  8   Q.  Dans l'un des documents que l'Accusation nous a fournis, de temps à

  9   autre, je lis, enfin si on peut me permettre de poser une question un peu

 10   directrice sur cet aspect pour voir si je peux rafraîchir la mémoire du

 11   témoin. Nous avons dans certains documents, il s'agit de la pièce 2D 546,

 12   un nom qui figure à la page 24 d'un homme appelé Eldar Kikanovic. Est-ce

 13   que ceci vous rappelle quelque chose ?

 14   R.  Eldar. C'est un nom curieux. On penserait que je m'en souviendrais,

 15   mais non. Mais son nom de famille était Kikanovic et c'était un Musulman de

 16   Bosnie. Il est tout à fait possible que son prénom ait été Eldar.

 17   Q.  Bien. Est-ce que vous pourriez nous dire, d'après vos souvenirs, en ce

 18   qui concerne cet appel téléphonique que ce jeune officier appelé Kikan a

 19   fait, vous rappelez-vous qui il a appelé et ce qui s'est dit pendant cette

 20   conversation ?

 21   R.  Oui. Comme je l'ai dit, il est beaucoup plus facile de se rappeler ces

 22   événements qui ont une charge émotionnelle que d'autres peut-être. En notre

 23   présence, Kikan a appelé ses parents qui vivaient à Tuzla à l'époque. Je me

 24   rappelle que sa mère a pris le téléphone, c'est elle qui a répondu, et sa

 25   mère n'arrivait pas à croire qu'elle parlait vraiment à son fils parce

 26   qu'elle avait reçu des renseignements selon lesquels il avait été tué. Il a

 27   essayé de la convaincre que c'était bien lui, son fils. Sa mère n'a pas

 28   voulu lui parler, de façon persistante, puis elle a passé le téléphone à

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  1   son père, et alors il a dit à son père et lui a donné divers détails de son

  2   enfance pour le convaincre que c'était bien lui. Au bout d'un moment, je ne

  3   me souviens pas de combien de temps cela a pris, le père, pour finir, était

  4   convaincu qu'il parlait bien à son fils. C'était évidemment très, très,

  5   très émouvant. Tous ceux qui étaient présents, nous tous, nous étions très

  6   émus, et j'ai remarqué que le colonel Beara pleurait. Nous tous qui étions

  7   là dans cette pièce, nous étions tous très émus.

  8   Q.  Bien. Je vous remercie pour cela. Je voudrais que nous parlions

  9   maintenant un peu plus de M. Beara. Vous nous avez dit, vous nous avez

 10   parlé des moments lorsque vous lui avez rendu visite, vous l'avez

 11   rencontré, les observations que vous avez faites. Pourriez-vous nous dire

 12   si vous avez ou non formulé une sorte d'appréciation, d'évaluation du type

 13   de personne qu'était M. Beara ? Est-ce que vous avez été en mesure de faire

 14   cela ou de comprendre d'après les réunions ou les occasions dans lesquelles

 15   vous l'avez rencontré ? Pouvez-vous nous décrire quel genre de personne il

 16   était.

 17   R.  Mon impression du colonel Beara se fonde, dans une certaine mesure, sur

 18   les sports. Pour commencer, je trouvais facile de me rappeler son nom parce

 19   que son nom de famille est le même que celui de Vladimir Beara, qui était

 20   un célèbre gardien de but, qui était mon idole au point de vue sportif.

 21   Lors de notre première réunion, en fait, c'est de cela que nous avons

 22   parlé, c'était de savoir s'ils étaient parents, et j'aurais été très

 23   heureux de pouvoir dire que j'avais rencontré un parent de mon idole

 24   sportive.

 25   L'autre chose qui m'a beaucoup impressionné c'était son dialecte dalmate.

 26   Il était toujours très agréable à entendre, tout au moins en ce qui me

 27   concerne. Deuxièmement, sa voix, ou type de basse ou de baryton, était

 28   quelque chose qui faisait également impression, qui m'a laissé une

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  1   impression. La voix, un regard pénétrant, et la solide poignée de main, au-

  2   delà de cela. En lui parlant, je me suis rendu compte qu'il y avait une

  3   sorte de bonté ou gentillesse qui était là aussi, et j'ai pu voir, me

  4   rendre compte de cela dans les conversations informelles que nous avons

  5   eues lorsque nous avons parlé de nos enfants, mes enfants, ses enfants, ma

  6   famille, sa famille, les plans ou projets que nous faisions, ce que nous

  7   voulions, quels étaient nos vœux en tant qu'hommes, en tant que parents, en

  8   tant que pères.

  9   Donc l'impression que j'ai eue du colonel Beara, c'était -- je ne vais pas

 10   bouger de cela. Je ne vais pas en changer, mais c'est une personne qui est

 11   bonne.

 12   Q.  Je vous remercie pour cela. Maintenant, Monsieur Grulovic, je voulais

 13   juste vous poser un peu plus de questions concernant vos renseignements de

 14   base. Après 1997, lorsque vous avez cessé d'être le chef pour Reuters dans

 15   les Balkans, qu'est-ce que vous avez fait, si vous avez fait quelque chose

 16   ? Est-ce que vous avez travaillé pour d'autres organisations, d'autres

 17   organes ?

 18   R.  Pendant un an et demi, j'ai travaillé pour le téléphone autrichien à

 19   l'époque, et à ce moment-là j'ai travaillé également pour la télévision

 20   autrichienne. J'étais en contact fréquent avec l'ambassadeur. Au début, il

 21   y avait ces contacts officiels, et par la suite nous avons également eu des

 22   contacts privés. Lorsque M. Petric a été nommé comme haut représentant pour

 23   la Bosnie-Herzégovine, j'ai été invité pour venir comme conseiller pour les

 24   médias, et j'ai accepté son offre, et j'y étais en 2000 et 2001.

 25   Q.  Après cela, est-ce que vous avez eu un emploi rémunéré ?

 26   R.  Je souhaitais continuer. Pendant un an après le changement de régime à

 27   Belgrade, j'ai été désigné comme directeur général de la chaîne de

 28   télévision de la ville à Belgrade, TVB, et au bout d'un an j'ai décidé de

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  1   ne plus être employé à la télévision de façon active et professionnelle. Je

  2   suis passé à des questions théoriques. J'ai obtenu mon diplôme de maîtrise,

  3   et maintenant j'enseigne des études relatives aux médias à Banja Luka et je

  4   vais aussi dans un domaine -- j'ai une carrière de ce genre.

  5   Q.  Au début de votre interrogatoire principal, nous avons parlé un petit

  6   peu des questions de dynamique, si vous le voulez, ou des pronationalistes

  7   civils et de leurs relations et de leurs sentiments à l'égard des officiers

  8   de l'ancienne JNA. Est-ce que vous avez vous-même pu apprécier si oui ou

  9   non c'était uniquement au niveau, disons, de la présidence ou à un niveau

 10   plus élevé, ou est-ce que vous-même, vous avez pu évaluer si c'était vrai à

 11   d'autres niveaux tels que le niveau local ?

 12   R.  Je voudrais dire que c'était une époque folle, et je pense que c'était

 13   vraiment le cas. Bien sûr, au niveau local, parmi les gens il y avait ceux

 14   qui étaient pour et ceux qui étaient contre. Mais si nous parlons de ces

 15   niveaux les moins élevés, en particulier les gens ordinaires, ils n'étaient

 16   pas préoccupés de questions politiques. Ce qui les préoccupait, c'était

 17   comment survivre, comment gagner leur vie, comment conserver ce qui pouvait

 18   être conservé. C'est pour ça que je pense que ceci partait d'un centre et

 19   était ensuite diffusé par de la propagande, des activités de propagande,

 20   que certaines personnes croyaient à cette propagande, mais que la plupart

 21   des gens ordinaires n'y croyaient pas.

 22   Q.  Vous-même, en tant que journaliste de nouvelles de télévision, je

 23   comprends qu'à l'évidence vous aviez pris des risques, ainsi que pour votre

 24   personnel, de façon à permettre au reste du monde de voir des choses telles

 25   qu'elles évoluaient dans un certain domaine. Est-ce que vous pouvez me dire

 26   si vous avez jamais été menacé ou si vous avez eu des difficultés à une

 27   époque où vous couvriez soit la guerre, soit --- enfin, essayons d'être

 28   aussi précis que possible sur la période.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je suis sûr que ce monsieur a eu plusieurs

  3   occasions lorsqu'il a couvert cette guerre, mais je ne vois pas comment

  4   ceci serait pertinent pour notre affaire.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Quelle est la pertinence ?

  6   M. OSTOJIC : [interprétation] Voici, il y a un cas, en fait, où j'avais

  7   compris en rencontrant le témoin que M. Beara a été présent au cours d'un

  8   incident dans lequel il avait eu l'impression qu'il était menacé, et je

  9   voulais qu'il nous le dise. C'est certainement pertinent, je pense --

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais indépendamment de la présence

 11   alléguée de Beara, comment est-ce que ceci pouvait être pertinent ?

 12   M. OSTOJIC : [interprétation] Je pense que ceci définit également comment

 13   M. Beara avait des contacts avec ce témoin, mais je peux poursuivre si la

 14   Chambre estime que ceci n'est pas aussi important que cela me paraît.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey, oui.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est la première fois que j'entends parler

 17   de la présence de Beara.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Maintenant, ça peut donner une certaine

 20   pertinence à cela, mais est-ce qu'il pourrait me montrer dans ces notes de

 21   récolement ou autre chose --

 22   M. OSTOJIC : [interprétation] Je n'ai pas compris ce qui vient d'être dit à

 23   ce sujet.

 24   [La Chambre de première instance se concerte]

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous êtes en train

 26   d'alléguer que Beara, votre client, a fait quelque chose à cette occasion ?

 27   M. OSTOJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vais rendre les

 28   choses plus facile pour l'Accusation. Je retire la question --

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.

  2   M. OSTOJIC : [interprétation] -- et je poursuis.

  3   Q.  Monsieur Grulovic, je vous remercie beaucoup pour le temps que vous

  4   nous avez consacré ici, et d'autres conseils vont avoir la possibilité de

  5   vous poser des questions, comme ce sera le cas pour l'Accusation et peut-

  6   être que -- en fait, je voudrais vous remercier beaucoup.

  7   M. OSTOJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je n'ai pas

  8   d'autres questions à poser au témoin.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Je pense que nous allons

 10   maintenant suspendre la séance, et nous pouvons demander également --

 11   Maître Zivanovic, est-ce que vous avez un contre-interrogatoire pour ce

 12   témoin ?

 13   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Nikolic ?

 15   Mme NIKOLIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Lazarevic ?

 17   M. LAZAREVIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Fauveau.

 19   Mme FAUVEAU : [hors micro]

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Sarapa ?

 21   M. SARAPA: [interprétation] Moins d'une demi-heure.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Haynes, je ne sais pas si vous

 23   avez des questions ?

 24   M. HAYNES : [interprétation] Je n'en ai pas.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il y a une erreur dans la

 26   transcription. A la ligne 11, je suis censé avoir dit Me Sarapa. Je n'ai

 27   jamais mentionné Me Sarapa. J'ai demandé M. Krgovic, et nous n'avons pas là

 28   Me Krgovic. Là, nous avons Me Sarapa. Ceci doit être corrigé. La première

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  1   partie de la réponse fait défaut également. Il a dit qu'il avait quelques

  2   questions.

  3   Bien. Nous allons maintenant suspendre la séance pour 25 minutes.

  4   --- L'audience est suspendue à 10 heures 25.

  5   --- L'audience est reprise à 10 heures 58.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Krgovic, vous avez la parole.

  7   M. KRGOVIC : [interprétation] Bonjour.

  8   Contre-interrogatoire par M. Krgovic : 

  9   Q.  [interprétation] Monsieur Grulovic, je m'appelle Dragan Krgovic. Au nom

 10   de la Défense du général Gvero, je vais vous poser des questions concernant

 11   votre témoignage aujourd'hui.

 12   R.  Bonjour.

 13   Q.  Puisque nous parlons la même langue, la langue serbe, je vous prie,

 14   avant de répondre, de faire une brève pause pour que les interprètes

 15   puissent interpréter mes questions, et pour qu'il n'y ait pas de

 16   chevauchement.

 17   Monsieur Grulovic, si j'ai bien compris votre témoignage, vous avez dit que

 18   vers la fin du mois de juillet 1995 et au début du mois d'août 1995, vous

 19   n'étiez pas sur le territoire de la Republika Srpska; est-ce vrai ?

 20   R.  La deuxième moitié du mois de juillet et le mois d'août, oui.

 21   Q.  Vous avez expliqué à mon collègue Ostojic que c'était parce que vous

 22   n'aviez pas reçu d'autorisation du Sonja Karadzic et du centre de presse

 23   internationale d'entrer sur le territoire de la Republika Srpska ?

 24   R.  Oui. J'y étais là-bas de façon illégale, pour ce qui est du centre de

 25   presse.

 26   Q.  Je vais vous montrer un document, Monsieur Grulovic, que j'ai retrouvé.

 27   C'est P3540. Monsieur Grulovic, je vais vous expliquer de quoi il s'agit.

 28   Il s'agit d'une transcription d'une conversation téléphonique interceptée

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  1   par le service de Sécurité de l'ABiH, et datée du 5 août 1995. Dans cette

  2   conversation téléphonique interceptée, il faut apporter certaines

  3   corrections, telles que les noms de famille de certaines personnes.

  4   Regardez la première page de la transcription, s'il vous plaît, et lisez ce

  5   qui y figure.

  6   R.  Est-ce qu'on peut agrandir le texte qui est sur l'écran ?

  7   Q.  J'ai une copie papier que j'ai préparée pour vous, et je prie Mme

  8   l'Huissière de vous remettre cette copie papier.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, allez-y.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. Maintenant je le vois sur l'écran.

 11   M. KRGOVIC : [interprétation]

 12   Q.  Monsieur Grulovic, c'est une conversation entre le colonel de l'état-

 13   major, un certain Stevanovic, mais je pense qu'il s'agit d'une erreur pour

 14   ce qui est de son nom de famille, et d'une certaine Sonja concernant votre

 15   demande pour qu'on vous permette d'être présent sur le territoire de la

 16   Republika Srpska et de faire des reportages.

 17   C'est le paragraphe qui commence par les mots, "Pouvez-vous m'aider

 18   pour ce qui est d'une chose." C'est vers le milieu du texte.

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Au deuxième paragraphe, "Reuters, vous savez, Bata Grulovic." Il est

 21   bloqué à Belgrade. Pouvons-nous lui donner --

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est la page suivante en anglais.

 23   M. KRGOVIC : [interprétation] Oui, je m'excuse, Monsieur le Président.

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il s'agit d'une longue conversation. Avant

 25   de poser des questions, il faut lui donner la possibilité de lire cela.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je ne sais pas quelle sera la question.

 27   M. KRGOVIC : [interprétation] J'ai voulu dire que dans cette conversation

 28   il s'agit de ses tentatives d'entrer sur le territoire et de ses demandes

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  1   envoyées aux autorités compétentes. Cela confirme qu'il a demandé d'entrer

  2   sur le territoire de la Republika Srpska. Cela correspond à ce qu'il peut

  3   nous dire en s'appuyant sur ses souvenirs.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Monsieur Grulovic, prenez votre

  5   temps pour lire le document avant de répondre aux questions. Vous avez une

  6   copie papier de la transcription de la conversation téléphonique

  7   interceptée.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai déjà lu la transcription, Monsieur le

  9   Président.

 10   M. KRGOVIC : [interprétation]

 11   Q.  Avez-vous lu la deuxième page du document ?

 12   R.  Non.

 13   Q.  J'attire votre attention sur le paragraphe vers le milieu du texte qui

 14   commence par "Ecoutez, il faut que je transmette votre message."

 15   C'est à la page 3.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il serait peut-être mieux que le témoin

 17   lise le document tout entier avant de répondre aux questions pour qu'il n'y

 18   ait pas de malentendus.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, c'est ce que j'ai proposé au

 20   témoin, mais je pense qu'il a compris qu'il devait lire seulement la

 21   première page et non pas le document entier.

 22   M. KRGOVIC : [interprétation]

 23   Q.  Regardez la troisième page aussi, Monsieur Grulovic, la première partie

 24   du texte à la troisième page.

 25   L'avez-vous lu ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Monsieur le Témoin, dans cette conversation téléphonique on peut voir

 28   tout le contrôle sur les médias à ce moment-là avec le centre de presse

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  1   internationale à la tête duquel se trouvait Sonja Karadzic. Etes-vous

  2   d'accord avec moi pour dire cela ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Tout journaliste qui a voulu venir en Republika Srpska pour faire des

  5   reportages et pour envoyer des reportages de la Republika Srpska devait

  6   avoir cette autorisation, et aucun autre organe ne pouvait lui donner cette

  7   autorisation ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Cela s'appliquait à tous les journalistes, non seulement à vous-même ?

 10   R.  Le principe qui s'appliquait sur cet aspect de notre travail, j'ai déjà

 11   expliqué, il fallait demander l'autorisation au centre de presse

 12   internationale et il avait le droit de donner ce type d'autorisation.

 13   Q.  Regardez la page 3 de cette transcription. C'est la dernière page dans

 14   la version en anglais, où il est dit que : "Tous, ainsi que les Etats

 15   étrangers, doivent passer par nous, par le gouvernement aussi et le

 16   commandant suprême." Le centre de presse a eu l'autorisation du

 17   gouvernement et du commandant suprême Radovan Karadzic de s'occuper de ces

 18   autorisations ?

 19   R.  Je suppose que c'était ainsi, mais je ne connaissais pas ce type

 20   d'organisation. Je ne m'y intéressais pas en particulier, et seulement les

 21   gens naïfs pourraient croire que la situation était différente, parce que

 22   la fille du Dr Karadzic était à la tête de ce centre de presse

 23   internationale.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il faut que vous vous arrêtiez tous les

 25   deux. Il faut que vous ralentissiez votre débit. Nous suivons

 26   l'interprétation en anglais, nous pouvons percevoir le stress dans la voix

 27   des interprètes. Merci.

 28   M. KRGOVIC : [interprétation] Je vais faire de mon mieux.

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  1   Q.  Monsieur Grulovic, regardez la première page de ce document et

  2   l'opinion qui est exprimée quant à vous. Sonja, du centre de presse est

  3   Sonja Karadzic qui parle de vous, et elle dit, "Croyez-moi, ils n'ont pas

  4   d'intentions honnêtes." Ça s'applique à vous. Est-ce que c'était l'opinion

  5   de Sonja Karadzic qu'elle a exprimée dans cette conversation interceptée et

  6   qui vous concernait ?

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je vais retirer cette objection.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Grulovic, pouvez-vous répondre

 10   à cette question ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux dire que j'avais des conflits avec

 12   Mlle Karadzic pour ce qui est de mon professionnalisme, mon intégrité, mais

 13   j'ai cessé d'entrer en querelle avec elle parce que j'ai compris que cela

 14   était en vain, à savoir je lui ai laissé libre cours pour ce qui est de ses

 15   opinions me concernant. Ce qui m'importait était de savoir que j'étais

 16   professionnel et qu'il s'agissait de mon intégrité professionnelle.

 17   M. KRGOVIC : [interprétation]

 18   Q.  Dans la première moitié du mois de juillet 1996, qui a travaillé pour

 19  la télévision Reuters pour ce qui est de la zone du 1er et du 2e Corps de la

 20   Krajina ? Qui faisait des reportages ?

 21   R.  Déjà en 1994, j'ai engagé deux personnes qui travaillaient au bureau de

 22   presse du 2e Corps de la Krajina. Ces deux personnes s'appellent Milorad

 23   Zoric et Slavisa Sabljic. Je leur ai donné des caméras et d'autres

 24   équipements, un véhicule aussi. J'ai pu le faire avec l'autorisation des

 25   autorités militaires.

 26   Q.  Ils faisaient des reportages pour vous en juillet et en août 1995 ?

 27   R.  A partir de novembre 1994 jusqu'à la fin de la guerre.

 28   Q.  Quelle était la qualité de leur travail, et en étiez-vous content ?

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  1   R.  M. Slavisa Sabljic était un journaliste expérimenté. Il faut dire qu'il

  2   a le plus longtemps travaillé dans la presse et à la radio. C'est ainsi

  3   qu'il ne lui était pas difficile de commencer à travailler à la télévision

  4   en bénéficiant de quelques conseils dans ce sens-là.

  5   M. Zoric a travaillé dans le domaine de défectologie [phon], et il

  6   connaissait très bien les arts, la peinture, donc il connaissait le

  7   fonctionnement d'une caméra. Il a très bien et très vite compris le

  8   fonctionnement de l'équipement technique qui était à sa disposition, et

  9   j'étais très content de voir qu'ils travaillaient bien.

 10   Q.  Dans quelle mesure les reportages étaient-ils professionnels et

 11   objectifs ?

 12   R.  J'aimerais persuader la Chambre de première instance qu'ils ne seraient

 13   pas restés longtemps s'ils n'avaient pas travaillé de façon professionnelle

 14   et s'ils n'avaient pas fourni de reportages objectifs.

 15   Q.  Merci.

 16   M. KRGOVIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions, Monsieur le

 17   Président.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur Krgovic. Monsieur

 19   McCloskey.

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 21   Contre-interrogatoire par M. McCloskey : 

 22   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur. Bonjour à tout le monde dans le

 23   prétoire. Je m'appelle Peter McCloskey. Je représente le bureau du

 24   Procureur. Je vais vous poser quelques questions, pas trop de questions, ou

 25   au moins, j'espère, pas trop de questions.

 26   Restons sur cette conversation interceptée. J'espère que vous avez pu la

 27   lire, parce que j'aimerais que vous examiniez la transcription très

 28   attentivement pour savoir de quoi il s'agit ici.

Page 23794

  1   D'abord, connaissiez-vous le lieutenant-colonel Stevanovic, avez-vous

  2   entendu parler de cette personne dans la VRS ?

  3   R.  Je n'ai pas entendu dire ce nom de famille.

  4   Q.  La position de l'Accusation est que cette conversation interceptée

  5   entre Sonja Karadzic, la personne qui travaillait au centre de presse

  6   internationale, et quelqu'un de l'état-major général de la VRS, ils ont

  7   parlé à quelqu'un qui s'appelait lieutenant-colonel Stevanovic de l'état-

  8   major général. Dans la ligne 12, il semble que les personnes qui ont

  9   intercepté ces conversations ont permuté des lettres, et qu'en fait, Sonja

 10   Karadzic a dit la chose suivante : "Pouvez-vous m'aider avec une chose."

 11   Donc elle appelle l'état-major général de la VRS, et elle dit : "Vous

 12   pouvez m'aider avec une chose. J'espère que cela sera fait. Je vais essayer

 13   de vous demander de faire quelque chose pour faire quelque chose ensemble.

 14   Voilà de quoi il s'agit. Reuters, vous savez, Bata Grulovic est bloqué à

 15   Belgrade. Pouvons-nous lui délivrer quelque chose, vous savez, une sorte

 16   d'autorisation pour qu'il puisse passer, et il y a cinq ou six jours,

 17   j'étais là-haut avec Talic, et je ne veux pas passer par lui, mais plutôt

 18   par vous."

 19   Donc elle ne veut pas passer par cette personne indiquée. Elle veut passer

 20   par cette personne de l'état-major général. Il s'agit d'une âme femelle, ou

 21   de femme. Je ne sais pas comment vous interpréter cela. Si quelqu'un dit

 22   qu'il s'agit d'une "âme de femme", je suppose qu'il s'agit d'une personne

 23   de sexe féminin. Donc il s'agit de l'intuition féminine.

 24   Elle continue en se fiant à son "intuition de femme," en disant que vous

 25   êtes bloqué à Belgrade, et elle a demandé à ce qu'une autorisation lui soit

 26   délivrée --

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Permettez-lui de poser sa question,

 28   après quoi vous allez avoir la possibilité de parler.

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  1   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  2   Q.  Après, il y a X, et j'avance qu'il s'agit du lieutenant-colonel de

  3   l'état-major général, et "Vous savez qu'il y a un ordre strict du président

  4   du pays pour ce qui est des autorisations délivrées uniquement par le

  5   centre de presse internationale." Ensuite, la personne pour laquelle nous

  6   pensons qu'il s'agit de Sonja, dit : "L'opinion collective est qu'il faut

  7   lui délivrer cela. Ensuite, ils se sont plaints." Ensuite X, qui est le

  8   lieutenant-colonel de l'état-major général, dit : "Permets-moi de vous

  9   poser une question. Qu'est-ce que vous savez de Reuters et de Bata

 10   Grulovic, de ces personnes, de son personnel et de leurs politiques de

 11   rédaction ?" Ensuite Sonja dit : "Nous avons l'impression que leurs

 12   intentions sont honnêtes." Ensuite le colonel de l'état-major général dit :

 13   "Croyez-moi. Ils n'ont pas d'intentions honnêtes."

 14   Il y a beaucoup de choses qui sont dites sur vous, sur votre ego et autres

 15   choses. De ce point de vue, vous seriez arrivé à une conclusion qui n'était

 16   pas juste pour ce qui est de Sonja Karadzic et que c'était en fait l'état-

 17   major général de la VRS qui contrôlait tout cela et pour ce qui est des

 18   autorisations qui ne nous ont pas permis d'entrer sur le terrain de la RS.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous voulez toujours soulever une

 20   objection ? D'abord, Maître Josse.

 21   M. JOSSE : [interprétation] Oui. Cette question n'est pas une question

 22   posée de façon appropriée --

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ostojic.

 24   M. OSTOJIC : [interprétation] Il n'interprète pas bien ce qui est écrit

 25   dans la transcription. Il n'y a pas de base suffisante pour que

 26   l'Accusation dise qu'il y a eu une erreur pour ce qui est des personnes qui

 27   parlent. Il s'agit des hypothèses seulement, et j'espère qu'il y a d'autres

 28   moyens de preuve par rapport à cela.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pour ce qui est de la conclusion qu'on peut

  3   tirer de cette conversation interceptée, c'est que ceux qui critiquaient

  4   cette personne, c'était Sonja et le centre de presse internationale qui

  5   l'ont critiquée, et j'essaie de voir s'il peut nous dire quelque chose par

  6   rapport à cela. Je pense que M. Krgovic devrait dire quelque chose en sa

  7   défense.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Arrêtez-vous. Maître Ostojic.

  9   M. OSTOJIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous n'avons pas

 10   identifié ce document. Le témoin a témoigné de la conversation qu'il a eue

 11   avec Sonja Karadzic et quelles impressions étaient les siennes pour ce qui

 12   est de Sonja Karadzic. Ce témoin a eu des contacts personnels avec Sonja

 13   Karadzic --

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Permettez-moi de consulter mes

 16   collègues.

 17   M. OSTOJIC : [aucune interprétation]

 18   [La Chambre de première instance se concerte]

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Commençons comme cela pour le futur. Me

 20   Krgovic a déjà contre-interrogé ce témoin. Appliquez la procédure. Je pense

 21   que c'est une question juste qui s'applique de la conclusion précédente du

 22   témoin qui émane du contenu de cette conversation interceptée que le témoin

 23   a lue. Nous autorisons à ce que la question soit posée. Le témoin peut y

 24   répondre.

 25   Avez-vous compris cette question, Monsieur Grulovic ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Alors pourriez-vous nous

 28   dire si votre réponse précédente était exacte ou pas, ou aviez-vous une

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  1   mauvaise impression pour ce qui est de Mme Sonja Karadzic ? Est-ce que

  2   c'était elle qui a empêché votre entrée sur le territoire ou l'armée ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Si vous permettez, Monsieur le Président, et

  4   je m'excuserais auprès des dames dans ce prétoire, M. le Procureur ne

  5   connaît pas Mlle Karadzic. S'il la connaissait, il saurait qu'elle n'a pas

  6   d'âme du tout, surtout pas d'âme d'une femme.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mlle Karadzic n'est pas ici pour

  8   pouvoir se défendre. Donc votre rhétorique doit être apaisée ou modérée.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne veux pas modérer mes propos, et je suis

 10   prêt à répondre à tout ce que j'ai dit sur Sonja Karadzic. Sonja Karadzic a

 11   été la personne qui m'a empêché d'agir en tant que professionnel sur le

 12   territoire de la Republika Srpska, et je confirme que j'ai eu une

 13   coopération exceptionnelle avec l'armée de la Republika Srpska, à savoir

 14   avec la plupart des officiers les plus haut placés de l'armée de la

 15   Republika Srpska.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc nous avons eu votre réponse.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 18   Q.  Passons à un autre document. C'est le document 65 ter qui porte le

 19   numéro 3538. Monsieur le Témoin, vous lisez l'anglais, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Très bien.

 22   R.  Je préférerais avoir le document en serbe.

 23   Q.  Très bien. Il devrait y avoir une traduction du document. Vous avez

 24   déposé que vous écriviez vos articles de façon véridique, et que parfois

 25   cela ne plaisait pas aux Serbes qui se plaignaient du contenu de ces

 26   articles de presse, qu'ils n'ont jamais dit que vous écriviez de façon

 27   véridique, que vous écriviez la vérité dans ces articles. Il y a un article

 28   de Reuters daté du 11 janvier 1996. Pouvez-vous le lire, s'il vous plaît.

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  1   Il s'agit des Serbes qui fuient Sarajevo et qui s'installent dans les

  2   ruines dans un village dans la Bosnie au nord-est, que l'artillerie serbe a

  3   détruit en 1993. C'est dans la première ligne.

  4   J'aimerais attirer votre attention sur -- je pense qu'il s'agit du sixième

  5   paragraphe, et il semble que vous ayez écrit dans cela : "Konjevic Polje

  6   est une ville des revenants à partir du moment où les Serbes de Bosnie ont

  7   été chassés. Il y a quelques points de contrôle sur la route entre Belgrade

  8   et Sarajevo. Le village se trouve le long de la vallée de la Drina, qui

  9   représente la frontière entre la Bosnie et la Yougoslavie. L'armée serbe de

 10   Bosnie a nettoyé tous les Musulmans dans la région partant de la Bosnie

 11   orientale pendant les combats."

 12   "Konjevic Polje se trouve à quelques kilomètres du nord de Srebrenica, et

 13   il y a à peu près 4 000 prisonniers musulmans non-armés, prisonniers de

 14   guerre, qui auraient été massacrés par la BSA après la chute de la ville en

 15   juillet. Les fugitifs musulmans ont été tués dans les forêts entourant

 16   Konjevic Polje."

 17   Est-ce que vous maintenez toujours qu'il s'agit de votre article ?

 18   R.  Non, ce n'est pas mon article. Si vous connaissiez la technique de

 19   journalisme de presse, vous sauriez qu'il s'agit d'un texte qui a été

 20   publié dans la presse, et non pas à la télévision. Cela veut dire que je ne

 21   suis pas auteur de ce texte.

 22   Q.  Il est dit que c'est un document de Brata Grulovic. Vous connaissez un

 23   autre Brata Grulovic ?

 24   R.  Non, ça c'est juste une information passée au -- émise, très marginale,

 25   et doit apporter n'importe quel nom. Je vous assure que ce n'est pas moi

 26   qui ai écrit cela. J'en suis sûr. Mon avis d'ailleurs, c'est un faux. Vous

 27   avez tous les textes qui existent dans les archives de Reuters. Vous pouvez

 28   peut-être vous entretenir avec eux, et je suis sûr que vous arriverez à

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  1   trouver le texte original. Je mets aussi des doutes parce que le 11 janvier

  2   1996, je n'étais pas à Konjevic Polje.

  3   Q.  Cette information, aurait-elle pu être émise par l'agence Reuters avec

  4   votre nom, uniquement parce que vous étiez le chef de l'agence sur place ?

  5   R.  Monsieur le Procureur, je ne m'occupais pas de presses écrites. Je

  6   m'occupais de presses télévisées. Il s'agit ici d'un texte pour la presse,

  7   parce que pour un rapport pour la télévision, il faut avoir la date, la

  8   source, plusieurs éléments, tout ce qui est utile pour la diffusion télé.

  9   Q.  Très bien. Mais quand même, pour ce qui est du fond de ce texte, êtes-

 10   vous d'accord avec le fond, la teneur de ce texte, ou non ?

 11   R.  Je ne veux pas discuter d'un article qu'à mon avis je n'ai jamais

 12   écrit. Un texte pour la presse écrite en 1996 sur Konjevic Polje, ce n'est

 13   pas moi qui l'ai écrit.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Voulez-vous intervenir, Monsieur

 15   Ostojic ?

 16   M. OSTOJIC : [interprétation] Oui. Si ces questions se poursuivent toujours

 17   dans le même objectif, j'aimerais quand même qu'on arrive à un point

 18   juridique à un moment ou à un autre.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Quelle est votre question suivante ?

 20   M. McCLOSKEY : [aucune interprétation]

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Parce qu'il a quand même répondu à la

 22   question.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il a dit qu'il ne voulait pas répondre à la

 24   question.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il a dit qu'il ne voulait pas discuter

 26   de cet article parce qu'il n'en est pas l'auteur.

 27   M. McCLOSKEY : [aucune interprétation]

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un moment.

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  1   [La Chambre de première instance se concerte]

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Poursuivez, Monsieur McCloskey.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien.

  4   Q.  Je vous demande de vous occuper uniquement de la teneur de ce document.

  5   Laissons de côté la source et le fait que votre nom soit dessus. Il est

  6   écrit que l'armée des Serbes de Bosnie a chassé la population musulmane. Il

  7   y a un commentaire à ce propos, êtes-vous d'accord avec cette conclusion

  8   oui ou non ?

  9   R.  Je ne peux pas être d'accord avec quoi que ce soit puisque ce n'est pas

 10   moi qui l'ai écrit. Si je dois faire des commentaires sur ce qu'a écrit une

 11   personne anonyme, je considère que ce n'est pas approprié du tout. Donnez-

 12   moi quand même un texte avec un auteur qui a été publié, et là je le

 13   commenterai. Si on m'impute ces propos, or je vous dis que je n'ai jamais

 14   écrit ça, je ne peux pas commenter ces propos.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ecoutez, nous avons été patients

 16   puisque nous avons respecté votre position du fait que cet article vous

 17   était imputé par erreur. Vous avez dénié toute paternité de cet article,

 18   mais maintenant on n'est pas en train de vous dire que cet article vous est

 19   attribué. Disons que comme dans un cas d'école, que cet article n'est pas

 20   en effet de votre main, mais on vous demande juste de le regarder, et on

 21   vous demande juste si vous êtes d'accord avec ce qui est écrit dans ce

 22   texte, oui ou non. Et votre réponse doit être basée sur ce que vous savez

 23   vous-même des événements sans prendre en compte la personne qui aurait

 24   écrit cet article, vous n'avez pas à prendre cela en compte.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je n'étais pas à Srebrenica au cours des

 26   événements qui ont eu lieu là-bas. La seule chose que je peux accepter

 27   c'est que tout village incendié, abandonné où plus personne ne vit, que ce

 28   soit des personnes de n'importe quelle appartenance ethnique, ce genre de

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  1   village ressemble à un village fantôme. Je suis d'accord avec ça. 

  2   Ensuite, je ne sais pas combien il y avait de gens à Konjevic Polje

  3   avant la guerre, je n'en ai aucune idée. Je ne connais pas du tout la

  4   composition ethnique de la population de Konjevic Polje, donc je ne peux

  5   pas dire, je ne sais absolument pas si 4 000 personnes ont été chassées de

  6   cet endroit, je n'en sais rien. Mais tous ceux qui ont été chassés, qu'ils

  7   étaient chassés par l'un ou l'autre camp, de toute façon ça je suis

  8   d'accord pour dire que l'expulsion est un acte abominable.

  9   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 10   Q.  Très bien. Je vais maintenant vous présenter un autre article. Le

 11   numéro 3539 de la liste 65 ter. J'espère qu'il s'affichera dans votre

 12   propre langue. C'est un article qui date du 18 novembre 1996, je ne vais

 13   pas l'appeler un article, je vais dire que c'est un document imprimé par

 14   ordinateur. Ça vient de "Reuters" et l'auteur serait "Branimir Grulovic".

 15   C'est un document qui date du 18 novembre 1996 et qui porte sur les

 16   généraux serbes de Bosnie qui ont été démis de leurs fonctions. Je pense

 17   que vous connaissez bien le sujet a à voir avec Mme Plavsic et d'autres de

 18   cette année-là.

 19   Si vous pouviez, s'il vous plaît, étudier ce document qui n'est pas

 20   un article de presse, mais qui est juste l'impression papier d'un document

 21   de Reuters, c'est dit à l'en-tête Reuters quand même. Est-ce que vous vous

 22   souvenez avoir publié cette information ou l'avoir rendu publique ?

 23   R.  Oui, je m'en souviens. J'étais présent à la réunion de Banja

 24   Luka.

 25   Q.  C'est bien vous qui avez écrit cet article ou alors c'est un de

 26   vos associés qui l'aurait écrit et votre nom n'est là que parce que vous

 27   étiez chef d'agence ?

 28   R.  Non, ce sont les légendes que l'on met, avec les images il faut

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  1   avoir un texte aussi. C'est sans doute ces légendes ici, mais je pense que

  2   ça n'a jamais été imprimé tel quel dans les médias imprimés.

  3   Q.  Oui, c'est un service de câble quand même, un service de dépêche.

  4   C'est une agence de presse, Reuters, qui envoie des dépêches à tous les

  5   journaux du monde entier, à tous les médias du monde entier, ensuite ils

  6   choisissent parmi ces dépêches celles qu'ils vont diffuser ou qu'ils vont

  7   publier. C'est comme ça que ça marche ?

  8   R.  Oui, c'est comme ça que ça marche.

  9   Q.  Très bien. Contrairement au document précédent, en ce qui concerne ce

 10   document-ci, vous êtes d'accord pour dire que c'est bien vous qui êtes

 11   l'auteur de cette dépêche Reuters qui a été envoyée ?

 12   R.  Oui, je le pense.

 13   Q.  Vous n'en êtes pas sûr ?

 14   R.  J'ai envoyé des informations à propos de ces événements mais je ne sais

 15   pas si c'était sous cette forme-là ou sous une autre forme, enfin ce n'est

 16   pas le problème de toute façon. Mais en ce qui concerne ce document-ci, je

 17   n'ai pas d'objection à faire des commentaires à son propos contrairement à

 18   ce qui s'est passé avec le document précédent.

 19   Q.  Très bien. Deuxième ligne, vous dites, "les officiers supérieurs, mis à

 20   part Mladic et son associé le plus proche, le général Milan Gvero."

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Krgovic.

 22   M. KRGOVIC : [interprétation] Je soulève une objection en ce qui concerne

 23   ces questions. Tout d'abord, ce n'est pas pertinent en terme d'année,

 24   puisque 1996 ce n'est pas une année qui est concernée par l'acte

 25   d'accusation, et je ne vois pas très bien à quoi sert ce contre-

 26   interrogatoire, et je ne vois pas ce que mon confrère veut prouver.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey, répondez.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous considérons que les articles de

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  1   Reuters, ou qu'on les appelle articles ou documents ou je ne sais pas quoi,

  2   nous considérons qu'ils sont extrêmement pertinents parce qu'ici, il

  3   désavoue plusieurs choses. Vous savez qu'il y a eu une discussion par ce

  4   témoin des officiers de la JNA et de la relation entre les politiciens et

  5   les nationalistes, et vous avez un général ici de la JNA, le général Gvero

  6   qui parle des politiciens, et je réponds ici à ce que Me Ostojic a soulevé

  7   lors de son interrogatoire. Je pense que c'est utile pour vous.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Dans ce cas-là, allez-y.

  9   Posez la question. Déjà nous allons voir si votre question est pertinente.

 10   Si votre question ne nous paraît pas pertinente, nous nous arrêterons, donc

 11   commencez Monsieur McCloskey. Nous verrons si nous vous laisserons aller

 12   jusqu'au bout.

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 14   Q.  Quand vous avez parlé de politiciens nationalistes, Monsieur le Témoin,

 15   est-ce que Mme Plavsic fait partie de cette catégorie ?

 16   R.  Oui. Il n'y a pas que Reuters, les autres médias ont aussi caractérisé

 17   Mme Plavsic comme étant un peu plus partisan de la ligne dure.

 18   Q.  Très bien. Vous remarquez ici que Milan Gvero est le bras droit de

 19   Mladic. Alors comment est-ce que vous êtes arrivé à cette conclusion, que

 20   ce Gvero serait le bras droit de Mladic ?

 21   R.  Le général Milan Gvero, comme les autres généraux de l'état-major

 22   principal, étaient tous des associés très proches et des collaborateurs

 23   très proches du chef d'état-major. Ils avaient chacun, bien sûr, leurs

 24   compétences différentes, mais Milan Gvero était membre de l'état-major

 25   principal et de ce fait, bien sûr, il était le bras droit du chef d'état-

 26   major. C'est comme ça que ça marche, dans l'armée.

 27   Q.  Oui, il est écrit quand même que c'est son bras droit. Il n'y en a

 28   qu'un bras droit. Il ne peut pas y en avoir plusieurs. A nouveau, vous ne

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  1   maintenez pas ce qui est dit dans cet article, parce qu'il est quand même

  2   dit que Gvero est le bras droit de Mladic ?

  3   R.  C'est difficile de prendre position à partir de ce qui est écrit, mais

  4   le général Gvero, comme tous les autres généraux qui faisaient partie de

  5   l'état-major principal, étaient tous des associés extrêmement proches de

  6   Mladic, mais ils avaient chacun leurs compétences. Pour ce qui est de Milan

  7   Gvero, quant à savoir s'il était vraiment le bras droit, l'associé le plus

  8   proche de Mladic, en se basant sur ce qui est écrit là, je ne maintiens pas

  9   vraiment ce qui est écrit là, je préfère prendre un peu de distance par

 10   rapport à ce qui est écrit là.

 11   Q.  Vous êtes en train de prendre un peu de distance maintenant alors que

 12   vous êtes en train de témoigner. Pourquoi est-ce que vous ne maintenez pas

 13   ce qui est écrit ?

 14   R.  A cause de votre remarque. Vous voulez me faire dire qu'il serait son

 15   bras droit, son associé le plus proche. Moi je n'en sais rien, après tout.

 16   Quand j'ai rédigé cet article, j'imagine que c'est comme ça que ça m'a été

 17   présenté, et c'est ce que j'ai relayé.

 18   Q.  Vous pensez que les choses ont changé depuis que vous avez écrit cet

 19   article ? Vous avez peut-être eu connaissance de nouvelles informations, ou

 20   est-ce que c'est parce que vous êtes en train de témoigner et que vous

 21   n'avez pas envie de témoigner de façon hostile envers vos compatriotes ou

 22   vos amis, "fellows" en anglais ?

 23   M. OSTOJIC : [interprétation] Non, je trouve que cette question n'est pas

 24   du tout appropriée, sa formulation n'est pas correcte. M. McCloskey ne peut

 25   pas dire que ces gens sont ses camarades, ses "fellows", ses compatriotes.

 26   Non, il n'en sait rien. M. Grulovic n'était pas militaire à l'époque, donc

 27   je considère que c'est une caractérisation négative.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey. Allez-y. Mais

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  1   je pense que la question est bien claire pourtant.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'avais cru comprendre qu'il avait dit

  3   qu'il avait fait partie de la JNA à un moment ou à un autre.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En effet, on nous suggère maintenant

  5   que le témoin n'est pas objectif, je crois qu'il peut répondre à cela.

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  7   Q.  Ecoutez, c'est une bonne question. Répondez à ma question. Qu'est-ce

  8   que vous en pensez ?

  9   R.  Non, je ne suis pas subjectif du tout. Je n'ai pas de problèmes mentaux

 10   ou affectifs. Je peux témoigner contre qui que ce soit, en termes soit

 11   positifs, soit négatifs, et je vous le répète, Monsieur le Procureur. Toute

 12   personne qui était assise très proche du chef d'une entité militaire est

 13   étroitement associée, puisqu'ils font partie de la même entité. Nous, on ne

 14   pouvait pas participer aux réunions, c'est normal d'ailleurs, donc on ne

 15   pouvait pas vraiment savoir qui était le bras droit ou les bras droits du

 16   général Mladic, on ne pouvait pas savoir si les gens qui travaillaient avec

 17   lui étaient un de ses collaborateurs les plus proches ou proches, et

 18   cetera, et cetera, parce qu'on n'était pas là. Mais selon la façon dont les

 19   choses nous ont été présentées, on pourrait en tirer cette conclusion,

 20   c'est tout. Et rien n'a changé dans l'intervalle. Mais si on me mettait

 21   dans la même situation aujourd'hui, j'imagine que ma phrase aurait été un

 22   peu différente, je serais plus précis pour que ça se lise mieux et pour

 23   qu'il n'y ait pas d'ambiguïté. Alors que là, comme il y a une ambiguïté,

 24   cela nous permet d'en débattre à loisir.

 25   Q.  Avez-vous eu l'occasion d'interviewer le général Gvero à un moment ou à

 26   un autre, soit pendant soit après la guerre ?

 27   R.  Oui, mais je tiens à dire qu'il ne s'agissait pas d'interviews. Il

 28   s'agissait uniquement de déclarations faites pour la presse, donc de

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  1   communiqués de presse, en se basant sur ces communiqués de presse, vous

  2   savez comment ça marche. On a les communiqués de presse, et sur la base du

  3   communiqué de presse, vous pouvez éventuellement à un moment ou à un autre

  4   poser une question marginale, mais ce n'est pas une vraie interview, ce

  5   n'est pas une interview en bonne et due forme.

  6   Q.  Quand est-ce que vous avez pu poser des questions au général Gvero ? A

  7   quel moment avez-vous eu l'occasion de le faire ?

  8   R.  Je ne m'en souviens pas. Je sais qu'on s'est rencontré officiellement

  9   plusieurs fois, et là on pouvait lui parler. Il a fait sa déclaration au

 10   titre de commandant du 2e Corps de la Krajina. Là, on a eu une déclaration

 11   qui n'a pas été donnée uniquement à moi, mais à d'autres. Ce n'était pas un

 12   communiqué exclusif, mais c'était dans une conférence de presse près de

 13   Gorazde, au printemps 1994, je crois. Je l'ai rencontré à plusieurs autres

 14   reprises, mais je ne m'en souviens pas extrêmement bien. Je ne me souviens

 15   même plus de la raison de notre rencontre.

 16   Q.  Mais vous avez quand même dû prendre des notes quand vous avez eu

 17   l'occasion de le rencontrer, tous les journalistes ont un petit carnet pour

 18   prendre des notes.

 19   R.  Mon petit carnet, il fait 12 kilos, c'est une caméra malheureusement.

 20   Q.  Vous n'avez jamais pris de notes écrites lorsque vous avez eu

 21   l'occasion de poser des questions au général Gvero ? Vous n'aviez pas de

 22   carnet pour noter quoi que ce soit ?

 23   R.  J'avais déjà une caméra de 12 kilos sur l'épaule, alors on ne peut pas

 24   prendre de notes quand on a une caméra à l'épaule. On ne peut pas faire les

 25   deux, soit on filme, soit on prend des notes, donc ma réponse, c'est non.

 26   Q.  On voit quand même des informations qui ont été envoyées par dépêches.

 27   Etes-vous en train de nous dire que ces informations devaient être

 28   extraites des bandes vidéo que vous aviez filmées lorsque vous rencontriez

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  1   différentes personnes ?

  2   R.  Oui, mais ce n'était pas nos professionnels qui travaillaient dans des

  3   agences qui faisaient cela parce qu'il y a quand même des limites au temps

  4   et à l'espace. Il faut être le plus efficace possible. C'était des éléments

  5   qui ne faisaient jamais plus de dix à 15 minutes, donc c'est facile de

  6   regarder, d'écouter un petit film de dix à 15 minutes, car avec un camera

  7   on enregistre à la fois l'image et le son, et ensuite on écoute.

  8   Q.  Vous pouvez peut-être m'expliquer quelque chose. Je n'ai jamais vu de

  9   séquences vidéo venant de Bosnie qui ne faisaient que dix à 15 minutes.

 10   Tout ce que j'ai vu de la BBC ou d'autres médias faisait des heures. De

 11   toute façon, vous avez très certainement les bandes vidéo de tous les

 12   contacts que vous avez eus lorsque vous étiez dans la zone de

 13   responsabilité du 2e Corps de la Krajina à peu près au moment où Srebrenica

 14   est tombée.

 15   R.  Ecoutez, je n'étais pas diffuseur, je travaillais dans une agence. Les

 16   nouvelles d'agences sont toujours courtes, ça fait une minute, deux minutes

 17   et demie, trois minutes au maximum. C'est la différence entre les agences

 18   de nouvelles et les diffuseurs. Les diffuseurs emploient les services des

 19   agences de presse; c'est leur utilité d'ailleurs, c'est à ça qu'elles

 20   servent. Tout ce qui a été filmé, où que ce soit pendant la guerre en

 21   Bosnie-Herzégovine appartient à Reuters télévision, et dans leurs archives

 22   ces bandes existent. Je suis sûr que vous pouvez leur demander à avoir

 23   accès à ces bandes. Vous pourrez ensuite écouter et voir ce qui a été dit,

 24   s'ils vous le permettent, bien sûr.

 25   Q.  Filmiez-vous dans cette zone où vous vous trouviez ? Le 11 juillet,

 26   vous nous avez dit que vous étiez au poste de commandement avancé de la

 27   zone. C'est là que vous avez dit que vous étiez le 11 juillet quand

 28   Srebrenica est tombée. Et vous, vous étiez en train de filmer, c'est ça ?

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  1   R.  Non, je ne filmais pas, mais je faisais des petits reportages

  2   d'actualité.

  3   Q.  Mais votre caméra était allumée évidemment, puisque vous nous dites que

  4   vous faisiez ces articles d'actualité en les filmant. Vous nous avez dit

  5   que vous n'aviez pas de carnet de notes, que vous filmiez, alors vous

  6   filmiez tout cela ?

  7   R.  Je crois qu'il faut que je vous explique comment marche une agence de

  8   presse et comment opèrent les équipes de caméramans lorsqu'ils veulent

  9   recueillir des informations, cela dit, je ne me suis pas là pour ça. Mais

 10   les reportages d'actualité télévisuels durent d'une minute et demie à trois

 11   minutes au plus. Ils peuvent être montés, certes, ou non. S'ils ne sont pas

 12   montés on les appelle -- ils ont un nom, ce sont des rush. Quand on allait

 13   sur le terrain, on essayait de filmer le moins possible parce qu'on est

 14   toujours à la course en train d'essayer de battre nos concurrents et d'être

 15   plus rapides qu'eux, et on ne voulait pas passer trop de temps et perdre

 16   trop de temps à essayer de monter et de réviser ce qui avait été filmé. Si

 17   ça vous intéresse, si vous voulez voir ce que j'ai filmé et ce que j'ai

 18   fait à cet époque-là, ou ce que mes collègues ont fait à cet époque-là,

 19   allez contacter Reuters télévision, et vous leur demanderez leurs

 20   documents, et vous verrez tout ça de vos propres yeux, une fois que vous

 21   aurez ces documents.

 22   Q.  Ma question était très simple. Je vous demande si vous étiez en train

 23   de filmer le jour où Srebrenica est tombée, le jour où vous vous souvenez

 24   bien avoir rencontré le colonel Beara.

 25   R.  Je ne me souviens absolument pas si le 11 juillet 1995 j'avais ma

 26   caméra, si elle était allumée. Ça, je ne m'en souviens pas, et si j'ai

 27   enregistré quoi que ce soit, si j'ai filmé quoi que ce soit. Je le pense,

 28   mais j'émets certaines réserves. Le jour où on a entendu que Srebrenica

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  1   était tombée, ma préoccupation principale était de quitter la zone, d'aller

  2   ailleurs pour pouvoir me reconcentrer sur un autre endroit qui à ce moment-

  3   là est devenu un endroit où il y avait un scoop, où il se passait quelque

  4   chose.

  5   Q.  Combien de temps étiez-vous à cet endroit avant que vous ne rentriez à

  6   Belgrade le 11 juillet ?

  7   R.  Si je me souviens correctement, je crois que j'y étais de l'aube

  8   jusqu'à la fin de l'après-midi. Le jour était tombé, je crois bien. C'est à

  9   ce moment-là que j'ai quitté l'endroit exact où je me trouvais, mais

 10   j'étais toujours dans la zone de responsabilité du 2e Corps de la Krajina.

 11   Q.  Combien de temps vous êtes-vous trouvé dans la zone de responsabilité

 12   du 2e Corps de la Krajina avant de quitter le 11 pour vous rendre à

 13   Belgrade ?

 14   R.  Je n'ai pas dit que j'étais parti pour Belgrade le 11, ou si ? Le

 15   lendemain, ou peut-être que je suis même resté deux jours, je ne peux pas

 16   vraiment vous le dire. J'attendais d'avoir un moyen de transport pour aller

 17   à Belgrade pour m'organiser. Ça prenait du temps.

 18   Q.  Essayons d'éclaircir ce point. Combien de jours après que vous ayez

 19   entendu à la radio que Srebrenica était tombée êtes-vous allé à Belgrade ?

 20   R.  Un jour ou deux, peut-être.

 21   Q.  Donc vous ne vous rappelez pas ?

 22   R.  Je ne peux pas vous le dire avec certitude. Je peux seulement vous dire

 23   que ça a pris une journée entière. Ça a pris près de 12 heures d'aller de

 24   cet endroit jusqu'à Belgrade, compte tenu des conditions qui régnaient à

 25   l'époque. C'est la seule chose que je puisse vous dire.

 26   Q.  Donc vous ne pouvez pas être sûr d'avoir vu le colonel Beara non plus,

 27   ça aurait pu être un autre officier de la VRS ?

 28   M. OSTOJIC : [interprétation] Je voudrais objecter à la forme de cette

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  1   question. Il n'y a pas de base à cela, pas de fondement. Je ne sais pas

  2   comment il peut faire ce lien. Je pense que c'est inapproprié.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] Mais ceci est un contre-interrogatoire

  4   concernant l'alibi d'un témoin.

  5   M. OSTOJIC : [interprétation] Je voudrais dire pour le compte rendu --

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bon, écoutez. Ralentissons et restons

  7   calmes.

  8   M. OSTOJIC : [interprétation] Je n'ai pas dit quoi que ce soit. Je pense

  9   que les commentaires sont faits de la partie adverse. Si nous regardons les

 10   éléments de preuve, on voit bien que l'Accusation a posé une question

 11   directrice.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que nous pouvons faire ceci en

 13   dehors de la présence du témoin, s'il vous plaît ?

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est la raison pour laquelle j'ai

 15   demandé que l'on ralentisse, parce que je pense que vous avez présenté un

 16   argument suffisamment clair et je pense qu'il n'y a pas besoin d'entendre

 17   autre chose. Bon, nous allons décider.

 18   [La Chambre de première instance se concerte]

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] La question dont il s'agit -- allez-y,

 20   Monsieur Grulovic. Répondez.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Si j'ai bien compris la question. Est-ce que

 22   vous pourriez, s'il vous plaît, répéter la question ?

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] On vous dit que peut-être vous feriez

 24   erreur lorsque vous avez dit que vous aviez parlé à Beara; vous auriez pu

 25   voir un autre officier de la VRS.

 26   Si je n'ai pas moi-même posé la question correctement au témoin, Monsieur

 27   McCloskey, veuillez, s'il vous plaît, me corriger.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Ça ira comme ça, Monsieur le Président.

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, j'affirme que j'ai vu le colonel Beara,

  2   et il y a une anecdote qui se rattache à cela, à cette rencontre avec lui.

  3   Si vous le voulez, je peux vous en parler en ce qui concerne cet événement

  4   particulier.

  5   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  6   Q.  Est-ce que vous en avez parlez avec Me Ostojic ?

  7   R.  De quoi ?

  8   Q.  De l'anecdote.

  9   R.  En fait, ce n'est pas une anecdote. C'est quelque chose de très

 10   dangereux, c'est quelque chose qui m'a presque coûté la vie, donc vraiment,

 11   je n'appellerais pas cela une anecdote.

 12   Q.  Peut-être que c'est un problème d'interprétation. Votre réponse était

 13   qu'il s'agissait d'une anecdote qui pourrait aider à expliquer ce qui se

 14   passait. Je vous ai demandé si vous aviez parlé de cette anecdote à Me

 15   Ostojic.

 16   R.  C'est une mauvaise interprétation ou traduction. Je n'ai jamais dit

 17   anecdote, et non, je n'en ai pas parlé à Me Ostojic. Il ne m'a pas posé la

 18   question. Il n'était pas à même de me le demander parce qu'il ne savait

 19   rien à ce sujet. Je ne lui ai jamais dit, mais je peux maintenant vous en

 20   parlez si vous le voulez.

 21   Q.  Bien, écoutons. Allez-y.

 22   R.  Je vais essayer d'être très concis. Ce jour-là, il y a eu une réunion à

 23   laquelle assistaient le colonel Beara, le général Gvero, et si ma mémoire

 24   me sert bien, il y avait le général Milovanovic, ainsi que d'autres

 25   personnes dont je ne sais pas les noms. Moi-même et un autre de mes

 26   collègues, nous nous trouvions devant ce bâtiment où la réunion avait lieu,

 27   et vers la fin de la réunion, des hommes en uniforme se sont approchés de

 28   moi et de mon collègue et ils nous ont menacés. Ils nous ont dit que nous

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  1   serions tués parce que nous nous trouvions là sans permission, nous

  2   n'étions pas autorisés à nous trouver là et que nous étions en train de

  3   transmettre au monde entier des histoires qui ne leur plaisaient pas.

  4   J'ai appelé le général Gvero parce que j'étais terrifié. Le général Gvero

  5   était juste en train de se rendre à sa voiture, et le colonel Beara s'est

  6   retourné à ce moment-là, s'est approché de ces deux hommes de façon très

  7   autoritaire. Il les a empêchés, ces deux-là, de nous faire du mal, à moi-

  8   même et mon collègue. Ainsi, je ne voulais pas entrer dans les détails du

  9   danger de cette situation, mais c'est pour ça que je me rappelle si bien

 10   avoir vu à la fois le général Gvero et le colonel Beara à cette occasion.

 11   Q.  Quel genre de voiture Gvero avait ?

 12   R.  Un véhicule normal, de passager, mais je ne me rappelle pas de quelle

 13   marque.

 14   Q.  Quand avez-vous pour la première fois commencé à rappeler ces

 15   événements, les événements dont vous venez de parler, la voiture, Gvero,

 16   Beara, cette situation dangereuse dans laquelle vous vous êtes trouvé il y

 17   a près de 13 ans ? Quand est-ce que pour la première fois vous avez

 18   commencé à vous rappeler ces événements, peut-être que vous avez écrit

 19   quelque chose à ce sujet, comme un journaliste aurait pu le faire.

 20   R.  Je vais commencer par ce dernier point. Je n'ai jamais écrit quoi que

 21   ce soit concernant cet incident, et si votre vie est mise en danger, ce

 22   n'est pas quelque chose qui prendrait du temps à rappeler. C'est quelque

 23   chose qui reste gravé profondément dans votre mémoire pour le restant de

 24   vos jours.

 25   Q.  Donc c'est juste maintenant, 13 ans après les faits, que vous vous

 26   souvenez que Gvero se trouvait avec vous, là ?

 27   R.  Oui, et je répète pour la dernière fois ou la énième fois, oui, oui,

 28   oui, oui.

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  1   Q.  Bien. Passons à un autre sujet. Vous avez parlé du colonel Beara, que

  2   vous aviez un point de vue favorable, qu'il avait été très aimable avec sa

  3   mère. Est-ce que vous seriez déçu si vous appreniez qu'il avait employé des

  4   termes péjoratifs à l'égard de Musulmans dans des documents militaires

  5   officiels ?

  6   R.  Pour commencer, je n'en sais rien. Je ne suis au courant de rien à ce

  7   sujet.

  8   Q.  La question est simple. Si vous appreniez qu'il avait à plusieurs

  9   reprises parlé de Musulmans comme étant des "balija" dans des documents

 10   militaires officiels, est-ce que vous seriez déçu qu'il s'abaisse jusqu'à

 11   ce niveau ?

 12   R.  Pour commencer, le mot "balija" était utilisé de façon très générale

 13   très souvent. Je ne sais pas vraiment ce qu'est le sens de cela, et je

 14   suppose que peut-être un Musulman de Bosnie pourrait trouver cela

 15   péjoratif. Mais il en va de même pour le mot "Chetnik", quand ce mot est

 16   utilisé pour dire des Serbes d'une façon négative et péjorative, et ce mot

 17   continue d'être utilisé. Finalement, il s'agit de termes employés

 18   localement, je ne sais pas. Par exemple, c'est comme si je vous disais que

 19   nous appelons les gens de Krusevac, qui est une ville de Serbie, si on les

 20   appelait "carapani", c'est quelque chose qui se perd, on n'arrive pas à

 21   traduire et vous n'arriverez pas à le comprendre. Si vous deviez

 22   m'expliquer ce terme de "balija", et me dire ce que ça veut dire, peut-être

 23   que je serais en mesure de répondre à votre question pour savoir si je

 24   devrais être déçu ou non. Mais comme je ne le sais pas, il est très

 25   difficile pour moi de vous répondre et de vous dire si je serais déçu ou

 26   non.

 27   Q.  Donc vous ne savez pas ce que veut dire "balija" ?

 28   R.  Non.

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  1   Q.  Vous ne savez pas comment le mot "balija" est utilisé de façon commune

  2   en langue serbo-croate ?

  3   R.  Je sais que ce terme est employé, mais je ne sais pas son sens, sa

  4   signification. Je sais qu'il s'applique à des membres de la nation de

  5   Bosnie, mais je ne connais pas sa signification.

  6   Q.  Mais alors, quel type de terme est-ce ? Est-ce un terme favorable,

  7   péjoratif ? Est-ce que c'est un terme neutre ?

  8   R.  Il faudrait que j'examine l'étymologie du mot. Je ne suis pas un expert

  9   linguistique. Je suppose que l'origine doit se trouver en langue turque. Je

 10   répète, je ne sais pas. Je ne sais pas si c'est bon ou mauvais, mais là

 11   d'où je viens, diverses expressions sont utilisées. Si on devait traduire

 12   nos noms de famille, vous pourriez comprendre à quel point ils peuvent être

 13   grossiers. Je pourrais même vous donner des exemples de cela, donc vraiment

 14   je ne peux rien vous dire sur le terme de "balija". Ceci dit, je sais qu'il

 15   est utilisé.

 16   Q.  Bien. Regardons un document, le document 3510 de la liste 65 ter. Vous

 17   allez le voir apparaître devant vous. Il s'agit d'un document qui est daté

 18   du 10 avril 1995, de l'état-major principal de la VRS, et je voudrais faire

 19   remarquer aux membres de la Chambre qu'il y a eu un document analogue

 20   présenté à la Chambre daté du 29 avril, à savoir le document 3497, de la

 21   liste 65 ter qui portait le nom de Vujadin Popovic. Celui-ci a été émis

 22   sous le nom de colonel Ljubisa Beara et il est daté de quelques jours

 23   précédant le 10 avril. Il est envoyé au département de la sécurité du 1er

 24   Corps de la Krajina, au 2e Corps de la Krajina et à tous les corps d'armée,

 25   fondamentalement ainsi qu'aux organes de sécurité des diverses autres

 26   unités. Ça commence par -- et on peut regarder le bas du document. Vous

 27   voyez que ça vient du chef, le colonel Ljubisa Beara. Mais le mot "colonel"

 28   n'est pas là parce qu'il a utilisé le terme "balija." Pour que les choses

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  1   soient bien claires, je voudrais simplement vous demander ceci :

  2   Les organes de sécurité de la Drina ont des renseignements selon lesquels

  3   un certain balija, Omerovic Saban, est du village qui se trouve dans

  4   l'enclave de Srebrenica, et ça se poursuit. Je ne vais pas en donner

  5   lecture intégralement, mais il y a cinq utilisations de ce mot "balija." Il

  6   est utilisé cinq fois. J'ai reçu une note de Me Ostojic selon laquelle vous

  7   parleriez d'une disposition mentale qui n'était pas défavorable à l'égard

  8   de groupes ethniques, plus particulièrement les Musulmans. Or si ce

  9   document est authentique, dans ce cas-là le colonel Beara utilise cinq

 10   fois, pour se référer aux Musulmans, ce terme de "balija." Est-ce que vous

 11   pouvez vraiment attester dans votre déposition qu'il ne fait pas preuve de

 12   discrimination ?

 13   R.  Si ceci est un fac-similé du document original, de celui que j'ai

 14   devant moi, je ne peux pas voir la signature du colonel Beara, et je

 15   voudrais relever encore une fois que je ne sais pas ce que le mot "balija"

 16   veut dire. Pouvez-vous, s'il vous plaît, me l'expliquer, et à ce moment-là

 17   je serais en mesure de vous répondre, une fois que j'aurais appris ce que

 18   ça veut dire ?

 19   Q.  Je vais vous dire et donner un exemple de la façon dont je l'ai entendu

 20   la plupart du temps lorsque j'entends déposer des Musulmans ou de leurs

 21   déclarations. C'est d'habitude employé par des soldats alors que des

 22   Musulmans se trouvent dans le secteur. Ils disent souvent des choses comme

 23   "nique ta mère balija." Certainement vous avez entendu cette expression ?

 24   R.  Ce que vous avez dit dans notre langue, dans notre façon de parler,

 25   notre jargon, c'est comme : Salut, bonjour. C'est comme ça qu'on se salue.

 26   On dit : Salut, comment vas-tu, où es-tu, puis ensuite [imperceptible] ta

 27   mère. Vraiment, je ne peux pas comprendre votre question, mais je dirais

 28   encore une fois que si ceci est bien un fac-similé du document d'origine,

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  1   il n'y a pas de signature de Beara. Je ne vois pas de signature de Beara,

  2   donc, s'il vous plaît, cessez de présenter ces documents devant mon nez. Je

  3   voudrais demander à la Chambre de première instance si peut-être on

  4   pourrait avoir une suspension d'audience.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Dans ces conditions nous allons

  6   suspendre l'audience pendant 25 minutes. Je vous remercie.

  7   --- L'audience est suspendue à 12 heures 17.

  8   --- L'audience est reprise à 12 heures 46.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Monsieur Grulovic, vous allez

 10   bien maintenant ? Est-ce que nous pouvons reprendre et continuer ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Monsieur McCloskey.

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 14   Q.  Monsieur Grulovic, je pense que nous allons ne plus parler de ces

 15   termes et nous allons passer à autre chose. Je voudrais demander que l'on

 16   présente, s'il vous plaît, le numéro 480 de la liste 65 ter à l'écran. Mais

 17   je voudrais quand même vous demander quelque chose pour un autre terme

 18   employé localement, du point de vue ethnique. Qu'est-ce que veut dire

 19   "Siptar" ? Ça vise quoi ? Il n'est pas à l'écran.

 20   R.  Je ne sais pas ce que "Siptar" a à voir avec la Bosnie, mais je peux

 21   vous dire que "Siptar", en serbe, vient de l'albanais "soperia" [phon] ou

 22   "sopar" [phon]. Je ne sais pas si je le prononce correctement, mais ça veut

 23   dire "Albanais".

 24   Q.  Est-ce que c'est un terme péjoratif pour les Albanais,  désigner un

 25   Albanais ?

 26   R.  Récemment ça a pris un sens péjoratif, mais à l'origine ça ne l'était

 27   pas péjoratif du tout. Je peux dire ça en connaissance de cause parce que

 28   j'ai passé beaucoup de temps au Kosovo, à la fois pour des raisons

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  1   professionnelles et pour des raisons personnelles.

  2   Q.  Est-ce que vous connaissez un journaliste de Belgrade du nom de

  3   Stradoja Simic, une publication qui s'appelle Svedok, je crois.

  4   R.  Non. Je ne lis pas ce journal. A mon avis, c'est un tabloïde et je ne

  5   l'ai jamais eu entre les mains, même.

  6   Q.  Bien. J'aimerais qu'on nous présente la page 2 en B/C/S. Nous avons

  7   entendu dire de M. Simic que le colonel Beara avait accordé une interview

  8   et qu'ils avaient fait une interview ensemble et que ça avait été publié

  9   dans ce journal, et M. Simic a dit que ce qu'il avait publié était exact --

 10   excusez-moi, je n'ai pas un bon exemplaire en B/C/S. Très petit. Je vais

 11   voir si je peux en obtenir une agrandie. On l'a un peu agrandi maintenant

 12   pour vous afin que vous puissiez le voir. Je n'ai pas vraiment besoin que

 13   vous lisiez l'ensemble de l'article, mais peut-être qu'on pourrait

 14   présenter au témoin la première partie de l'article.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je souhaite lui poser une question qui se

 16   trouve à la page 3 de ce qui était la page 8 pour le B/C/S. Non, excusez-

 17   moi, je reprends. Page 3 en B/C/S et page 7 en anglais. Mais est-ce que

 18   l'on pourrait faire défiler l'article vers le bas de façon à ce qu'il

 19   puisse avoir déjà une idée pour ce qui est de ces questions-réponses.

 20   Q.  Vous nous direz lorsque vous aurez fini de lire.

 21   R.  Oui, j'ai lu la première page où il y a cette grande photo. Non,

 22   excusez-moi -- je n'ai pas l'ensemble, là. Je n'ai pas le tout.

 23   Q.  Ça va ? Alors on peut aller à la page suivante, maintenant. M.

 24   McCLOSKEY : [interprétation] Là encore, la partie suivante afin que le

 25   témoin puisse lire l'ensemble, s'il vous plaît -- puisse lire le tout.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Bien. O.K. Page suivante, s'il vous plaît.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 28   Q.  En fait, je vais commencer par la page 2 en B/C/S. C'est là que ce

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  1   terme de "Siptar" est utilisé lors d'une réponse. Il s'agit de la page 5

  2   pour l'anglais. C'est la personne qui pose la question : "Donc vous ne vous

  3   sentez pas coupable ?" Peut-être qu'on pourrait l'agrandir. Excusez, donc

  4   ça commence par cette question, "Alors vous ne vous sentez pas coupable ?"

  5   et d'après cet article Ljubisa Beara répond, "Je n'ai pas vu encore l'acte

  6   d'accusation."

  7   L'INTERPRÈTE : Est-ce qu'on pourrait déplacer un tout petit peu l'image

  8   pour les interprètes, s'il vous plaît ?

  9   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 10   Q.  "Je suis coupable, je suppose, juste parce que je suis un Serbe d'après

 11   La Haye et ceux qui financent le Tribunal, il n'y a que les Serbes qui

 12   aient commis des crimes. Les Croates, les Musulmans et les hordes de

 13   mercenaires de tout le reste du monde ne le sont pas. Non seulement nous

 14   sommes les agresseurs, mais nous sommes à l'origine de cette guerre civile.

 15   Pourquoi est-ce qu'ils ne disent pas la vérité ? A savoir que la Croatie a

 16   organisé une armée illégale et que les Slovènes ont organisé un soulèvement

 17   armé, que la Ligue patriotique en Bosnie-Herzégovine a secrètement organisé

 18   les Bérets verts et que les Siptar à Kosmet ont constitué l'OBK sous les

 19   yeux du monde entier. Personne ne veut dire que la Yougoslavie a été

 20   détruite par Clinton et les pacificateurs. Pour eux, nous sommes du menu

 21   fretin, ils peuvent faire ce qu'ils veulent. Qui a armé les Croates ? Les

 22   Allemands et le Vatican, même les oiseaux dans les arbres savent cela. Tout

 23   le monde le sait, mais ils sont en train de jouer à des petits jeux, ils

 24   n'ont qu'un seul objectif c'est de faire des Serbes des parias, de les

 25   mettre dans un ghetto." 

 26   Cette réponse suggère que tous les autres groupes ethniques, enfin je

 27   voudrais vous demander essentiellement ceci en ce qui concerne cette idée

 28   que les Serbes sont en train d'être stigmatisés, que les Serbes sont dans

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  1   un ghetto, qu'ils sont victimes de tout ce qui se passe. De votre point de

  2   vue, de quel type de propagande s'agit-il, à moins que vous ne pensiez pas

  3   qu'il s'agit de propagande ?

  4   R.  Mon opinion personnelle de la propagande dans cet article, et là je ne

  5   vois pas pourquoi c'est pertinent, parce que quand j'ai déjà dit que je ne

  6   savais pas que vous poseriez cette question je considère Svedok comme ce

  7   type de journal qui a construit sa crédibilité et son créneau sur le marché

  8   de ce qui était du sensationnel, ce qui est contraire au professionnalisme.

  9   Bien sûr, en tant que citoyen j'ai mon point de vue politique, mes idées

 10   politiques et mes opinions sur ce qui s'est passé, mais je crois qu'il y

 11   avait de la propagande de tous les côtés. Ça faisait une bonne partie du

 12   travail et que les gens commençaient à se surveiller les uns les autres.

 13   Sans rapport avec ce texte, si vous me le permettez, je peux vous donner un

 14   exemple de ce dont je veux parler. C'est sans rapport avec ce texte.

 15   Q.  Je pense que nous sommes probablement d'accord avec vous que la

 16   propagande a joué un grand rôle dans tout ceci, mais je ne pense que nous

 17   ayons besoin d'entrer là-dedans, Monsieur le Témoin. En fait, je vous

 18   remercie du temps que vous nous avez consacré. Je n'ai pas d'autres

 19   questions à poser.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, est-ce qu'il y a des questions

 21   supplémentaires ? Un instant. Maître Ostojic.

 22   M. OSTOJIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Maître Krgovic. 

 24   M. KRGOVIC : [interprétation] Je voudrais demander la permission de la

 25   Chambre de poser des questions supplémentaires à ce témoin parce que

 26   l'Accusation a consacré une bonne partie du contre-interrogatoire à mon

 27   client, M. Gvero. Je ne le mentionne pas du tout et je ne pouvais pas

 28   supposer que l'Accusation allait poser des questions concernant mon client,

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  1   et ceci a à voir avec les questions qui ont été posées lors du contre-

  2   interrogatoire par l'Accusation. Je voudrais lui poser des questions

  3   concernant ces rencontres avec le général Gvero et sur la façon dont le

  4   témoin a vu quel était le rôle de cette personne, et comment ils ont parlé

  5   et de quoi ils ont parlé lors de ces réunions. Le général Gvero et le

  6   témoin, c'est ça que je veux dire.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'objecterais aux questions qui auraient

  9   trait au rôle du général Gvero. L'article concernant le rôle du général

 10   Gvero était sur notre liste et ils auraient pu poser des questions à ce

 11   sujet, et ils ont posé des questions à ce sujet sur d'autres points.

 12   Toutefois, la partie dans laquelle Gvero apparaît avec Beara, c'est quelque

 13   chose de nouveau pour tout le monde, et donc là je n'objecte pas s'il

 14   souhaite poser des questions à ce sujet parce que ceci est nouveau, mais

 15   pour le reste ce n'est pas nouveau. Ces documents, ces questions ont toutes

 16   été là pour ceux qui prennent le risque de les évoquer. Ils ont décidé de

 17   ne pas prendre ce risque.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous savez également quelle est notre

 19   position lorsqu'il s'agit de contre-interrogatoires et pas de questions

 20   supplémentaires. Donc un instant, s'il vous plaît.

 21   [La Chambre de première instance se concerte] 

 22   LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Encore une fois, il ne

 23   faut pas interpréter ça comme étant un précédent dans le futur, nous vous

 24   permettons de poser des questions au témoin, des questions qui sont en

 25   relation avec le dernier point mentionné par M. McCloskey, pour ce qui est

 26   de la réunion avec Gvero et Beara, et rien d'autre.

 27   Nouvel interrogatoire par M. Krgovic : 

 28   Q.  [interprétation] Vous avez mentionné qu'en juillet 1995, dans la zone

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  1   du 2e Corps de la Krajina, vous avez rencontré le général Gvero entre

  2   autres personnes. Vous avez dit cela au Procureur, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Lorsque vous avez parlé au général Gvero, quelle était la préoccupation

  5   du général Gvero, par rapport à quelle partie du front et sur quoi portait

  6   votre conversation ?

  7   R.  Je m'excuse si je n'ai pas été bien clair lorsque j'ai répondu à cette

  8   question du Procureur. J'ai dit que je me trouvais devant le bâtiment où la

  9   réunion a eu lieu. J'ai dit que je n'ai fait que saluer le général Gvero

 10   qui se dirigeait vers son véhicule quand deux personnes ont essayé de

 11   menacer ma sécurité, je me souviens d'avoir dit qu'à ce moment-là que le

 12   colonel Beara était apparu et avait réagi, M. le Général également a montré

 13   une réaction lorsque j'ai crié au secours. A cette occasion-là, nous

 14   n'avons pas du tout parlé des événements survenus en BH, à savoir dans la

 15   Republika Srpska, c'est-à-dire dans la zone du 2e Corps de la Krajina.

 16   Permettez-moi d'utiliser ce mot, lorsque le cirque s'est terminé, Gvero

 17   était parti en hâte, et moi je n'avais pas du tout l'intention de lui

 18   demander où il partait.

 19   Q.  Merci, Monsieur Grulovic.

 20   M. KRGOVIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions pour ce témoin,

 21   Monsieur le Président.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Grulovic, cela nous mène à la

 23   fin de votre déposition. Il n'y a plus de questions pour vous, et notre

 24   personnel vous assistera pour que vous puissiez revenir chez vous. Au nom

 25   du Tribunal, j'aimerais vous remercier d'être venu ici, et je vous souhaite

 26   un bon retour chez vous.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 28   [Le témoin se retire]

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ostojic, y a-t-il des documents

  2   à verser au dossier ?

  3   M. OSTOJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Le seul

  4   document qu'on ait utilisé est 2D547, je ne sais pas s'il est nécessaire de

  5   le verser au dossier, mais si la Chambre insiste, nous pouvons proposer le

  6   versement au dossier de ce document. C'est 2D547.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est à vous de décider de cela.

  8   M. OSTOJIC : [interprétation] Alors nous allons proposer ce document au

  9   versement au dossier.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections ?

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suppose qu'il ne s'agit que d'une

 13   seule page qui est proposée au versement au dossier, ou bien le document

 14   tout entier ?

 15   M. OSTOJIC : [interprétation] La première page seulement, je pense que

 16   c'était la page 14, et ça suffit.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections de la part

 18   d'autres équipes de la Défense ?

 19   Maître Krgovic, vous n'avez pas de documents pour ce qui est du versement

 20   au dossier ?

 21   M. KRGOVIC : [interprétation] Non.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey ?

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. 65 ter, c'est

 24   3510, 3538, 3539 et 3540.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Des objections à soulever ?

 26   M. HAYNES : [interprétation] Je pense que le document 3540 n'a pas été

 27   utilisé.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous pouvons vérifier.

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  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il s'agit d'une transcription de

  2   conversation interceptée, n'est-ce pas ?

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, c'est la transcription de la

  4   conversation interceptée avec Sonja.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Krgovic ?

  6   M. KRGOVIC : [interprétation] Non, pas d'objections au versement au dossier

  7   de ces documents.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avez-vous vérifié ce point, Monsieur

  9   Haynes ?

 10   M. HAYNES : [interprétation] J'accepte cela. Ce n'était pas sur la liste

 11   jusqu'à ce que cela n'ait été mentionné il y a quelques instants --

 12   M. JOSSE : [interprétation] Nous avons donné le mauvais numéro avant.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Des objections ?

 14   M. OSTOJIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Le document est versé au dossier. Est-

 16   ce qu'on peut faire entrer le témoin suivant.

 17   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur Jevdevic.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suis président de la Chambre de

 21   première instance dans cette affaire, et je vous souhaite bienvenue à ce

 22   Tribunal. Vous avez été convoqué en tant que témoin de l'équipe de la

 23   Défense de Ljubisa Beara, mais avant de commencer à déposer, vous devez

 24   prononcer la déclaration solennelle. Le texte de la déclaration solennelle

 25   vous sera remis maintenant. Lisez-la à voix haute, s'il vous plaît.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 27   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Je vous remercie. Vous

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  1   pouvez vous asseoir confortablement. Qui va poser des questions -- Me

  2   Nikolic, de l'équipe de la Défense de M. Beara. Après quoi, d'autres

  3   avocats vont vous poser des questions. Nous ne pourrons pas en finir avec

  4   votre déposition aujourd'hui, mais nous espérons pouvoir en finir avec

  5   votre déposition demain. Maître Nikolic, vous avez la parole.

  6   LE TÉMOIN: MARINKO JEVDEVIC [Assermenté]

  7   [Le témoin répond par l'interprète]

  8   Interrogatoire principal par M. Nikolic : 

  9   Q.  [interprétation] Comme vous le savez, je suis avocat dans l'équipe de

 10   la Défense de Ljubisa Beara. Avant de commencer à vous poser des questions,

 11   j'ai quelques conseils utiles à vous donner et que vous devriez observer

 12   pour ce que tout se passe comme il faut. Comme nous parlons la même langue,

 13   la langue serbe, il faut qu'on ménage tous les deux une courte pause entre

 14   les questions et les réponses pour que les interprètes puissent faire leurs

 15   travaux correctement. Nous pouvons commencer ?

 16   R.  Oui.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il n'est pas seulement le témoin de

 18   l'équipe de la Défense de Beara, mais aussi de l'équipe de la Défense de M.

 19   Miletic, c'est aux fins du compte rendu. Continuez, Maître Nikolic.

 20   M. NIKOLIC : [interprétation] Merci.

 21   Q.  Déclinez votre identité, s'il vous plaît, le lieu et la date de

 22   naissance.

 23   R.  Je m'appelle Jevdevic Marinko, fils de Nedjel. Je suis né à Rogatica en

 24   1968, où j'ai fini l'école secondaire.

 25   Q.  Quel diplôme avez-vous ?

 26   R.  J'ai le diplôme de l'école secondaire dans le domaine de la

 27   circulation.

 28   Q.  Quel est votre parcours professionnel après avoir obtenu ce diplôme de

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  1   l'école secondaire ?

  2   R.  Je me suis présenté au concours de l'armée de Yougoslavie pour devenir

  3   militaire professionnel ou contractuel.

  4   Q.  Quand c'était ? Quand êtes-vous devenu soldat de métier de la JNA ?

  5   R.  C'était vers la fin de 1991, mais j'ai commencé à travailler seulement

  6   le 15 mars 1992, en tant que membre du Corps d'Uzice.

  7   Q.  Vous avez dit que vous étiez soldat de métier. Quel type de tâches

  8   étaient les vôtres ?

  9   R.  Lors de mon service militaire, j'ai suivi la formation pour devenir

 10   soldat travaillant dans le domaine de l'antiterrorisme. Je me suis présenté

 11   au concours pour devenir soldat de métier à Belgrade avec cette spécialité,

 12   et j'ai été affecté au commandement du Corps d'Uzice.

 13   Q.  Jusqu'à quand êtes-vous resté dans la JNA, plus précisément au Corps

 14   d'Uzice ?

 15   R.  Je suis resté au Corps d'Uzice jusqu'au 29 mai 1992.

 16   Q.  Et après cette date-là ?

 17   R.  Après cette date-là, je suis devenu membre de l'armée de la Republika

 18   Srpska. J'ai dû me présenter au commandement à Han Pijesak où il y avait

 19   une caserne.

 20   Q.  A quelle unité avez-vous été affecté ?

 21   R.  J'ai été affecté au régiment de protection, à Similjajka [phon]. J'ai

 22   été affecté à la compagnie de police militaire pour la lutte antiterroriste

 23   en tant que "komandir" d'une section.

 24   Q.  Qui était votre supérieur hiérarchique direct à l'époque ?

 25   R.  Mon supérieur hiérarchique direct c'était Zoran Malinic, commandant du

 26   bataillon, parce que cette compagnie faisait partie du bataillon de la

 27   police militaire.

 28   Q.  Qui était le commandant du régiment de protection à l'époque ?

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  1   R.  Le commandant du régiment de protection était le général  Milomir

  2   Savcic, il était en congé de maladie à l'époque parce qu'il a été blessé.

  3   Q.  Dites-moi où se trouvait le siège de cette unité de la police militaire

  4   ou sur quelle partie du territoire cette unité a été cantonnée ?

  5   R.  A Similjajka, sous des tentes à proximité de l'état-major général.

  6   Q.  Vous y restiez tout le temps, ou est-ce que la base se déplaçait ?

  7   R.  Le bataillon de police militaire se déplaçait, a changé de cantonnement

  8   en août 1993. On nous a redéployé sur Nova Kasaba. Tout le bataillon a été

  9   redéployé sur Nova Kasaba.

 10   Q.  Veuillez rapidement nous expliquer quelles étaient les fonctions de la

 11   police militaire. En tant qu'officier de la police militaire, pourriez-vous

 12   nous dire quelles étaient vos fonctions, qu'étiez-vous censé faire ?

 13   R.  Il fallait établir la paix et l'ordre dans les rangs militaires. Nous

 14   assurions aussi la sécurité de bâtiments et de certaines personnes, la

 15   sécurité du poste de commandement, on patrouillait. On était aussi là pour

 16   prévenir les incursions de certains groupes qui essayaient de pénétrer dans

 17   notre territoire, nous participions aussi à certaines actions de combat.

 18   Q.  Est-ce que vous assuriez la sécurité de l'état-major principal et de sa

 19   base, de son QG ?

 20   R.  Oui. Certaines compagnies de bataillons assuraient la sécurité de

 21   l'état-major principal.

 22   Q.  Monsieur Jevdevic, je vais vous montrer un document. Le document 3D233.

 23   Nous avons aussi une traduction officieuse en anglais et je demanderais à

 24   l'huissière de donner cette traduction officieuse aux Juges de la Chambre

 25   et à l'Accusation. Mais je me suis trompé de numéro, il s'agit du document

 26   2D529.

 27   Pourriez-vous, s'il vous plaît, lire ce document, en prendre connaissance

 28   et après avoir terminé tout cela, faites-moi signe. Je pense qu'il faudrait

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  1   agrandir le document, il est extrêmement difficile de le lire.

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Nous pouvons poursuivre. Dites-moi qui a émis ce document et de quoi il

  4   s'agit ?

  5   R.  Il s'agit d'un document qui vient de l'état-major de l'armée de la

  6   Republika Srpska, service chargé du Renseignement et de la Sécurité.

  7   Q.  Quelle est la date ?

  8   R.  La date est le 19 février 1993.

  9   Q.  De quoi parle l'état-major ici ? Quelle est l'information qu'il

 10   dissémine et quelles sont les tâches données et à qui ?

 11   R.  C'est une information qui est destinée à l'intention de tous les corps

 12   et qui porte sur des problèmes d'unités paramilitaires qui doivent être

 13   placées sous notre contrôle. C'est ce que nous avons fait d'ailleurs au

 14   cours de l'année 1993. Ça faisait partie de notre mission, éviter les

 15   formations paramilitaires, arrêter les paramilitaires et ensuite les

 16   obliger à rejoindre les rangs de la Republika Srpska.

 17   Q.  Très bien. Dans ce document, on parle de la prévention de

 18   paramilitaires et dites-nous exactement, s'il vous plaît, qui vous a donné

 19   des ordres à ce propos ?

 20   R.  J'ai participé à une mission qui portait sur cette activité où on

 21   voulait éviter les formations militaires dans la zone de responsabilité du

 22   Corps de la Drina. C'est le commandant Malinic qui m'a donné cette mission.

 23   Je devais aller avec mes troupes à bord d'un véhicule blindé de transport,

 24   aller vers Bratunac où il y avait un groupe qui semait le trouble, qui

 25   créait des problèmes à la brigade. Parmi eux, il y avait des soldats qui

 26   n'étaient pas vraiment des soldats de métier mais qui étaient membres d'une

 27   organisation paramilitaire et qui appartenaient à une autre organisation.

 28   Q.  Lorsque vous parlez de paramilitaires, pouvez-vous me donner une

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  1   précision de quoi vous voulez parler ?

  2   R.  Les paramilitaires, c'est un peu une unité qui n'est contrôlée par

  3   personne qui n'est pas dans la chaîne hiérarchique, dans la chaîne de

  4   commandement et de contrôle et qui ne fait pas partie des effectifs de

  5   l'armée de la Republika Srpska, qui opère de façon autonome et

  6   indépendante.

  7   Q.  Oui, c'était à Bratunac. Pourriez-vous nous dire de quelle année il

  8   s'agit et quelles étaient les unités paramilitaires concernées en l'espèce

  9   ?

 10   R.  C'était au printemps 1992, là je ne peux pas vous donner la date

 11   exacte. C'est à ce moment-là qu'on nous a donné notre ordre de mission.

 12   Lorsqu'on est arrivé à Bratunac, c'est le commandant Malinic qui nous a

 13   donné l'ordre de mission. Il avait déjà des renseignements à propos de

 14   l'existence de certaines unités ou certaines parties d'unités, voire de

 15   certains individus qui se trouvaient sur place et qui devaient être

 16   arrêtés. On avait émis un mandat d'arrêt, on avait un mandat de

 17   perquisition pour aller dans leur maison, pour confisquer leurs biens

 18   personnels, et cetera.

 19   Q. On va y venir. Lorsqu'on vous a donné cet ordre de mission, j'imagine

 20   que vous saviez exactement où trouvaient ces paramilitaires. Ils avaient

 21   déjà été repérés, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui, tout à fait.

 23   Q.  Si vous vous en souvenez, dites-moi, s'il vous plaît, de quels groupes

 24   il s'agissait en l'espèce, et comment vous saviez qu'il s'agissait de

 25   formations paramilitaires ?

 26   R.  On nous a donné les noms de trois personnes; Bosko Crveni, Bosko le

 27   Rouge. C'était son surnom, Rouge. Je ne connais pas son nom de famille.

 28   Ensuite, Bato Kocar, et le troisième s'appelait un Kokara. C'était un

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  1   dénommé Kokara. Je ne sais absolument pas quel était son nom de famille, et

  2   Kokara, c'était très certainement un surnom. En ce qui concerne Bosko

  3   Crveni, nous savions à l'époque qu'il se trouvait du côté d'Erdut, et qu'il

  4   ne venait que rarement à Bratunac, ne se rendait que rarement à Bratunac.

  5   Q.  C'est où Erdut exactement ?

  6   R.  C'est en Slavonie quelque part. Je ne sais pas exactement où ça se

  7   trouve.

  8   Q.  C'est en Bosnie-Herzégovine ou dans un autre république ?

  9   R.  C'est dans une autre république.

 10   Q.  Ces individus dont vous venez de nous parler, faisaient-ils partie de

 11   l'armée de la Republika Srpska, ou étaient-ils des électrons libres, si je

 12   puis dire, qui travaillaient peut-être avec d'autres groupes ?

 13   R.  Oui, ils opéraient de façon autonome. C'est pour ça d'ailleurs qu'on

 14   nous a envoyés dans la région.

 15   Q.  J'aimerais maintenant que vous décriviez comment vous avez exécuté

 16   votre mission. Qu'avez-vous fait exactement ?

 17   R.  Vers la fin de l'après-midi, début de la soirée, on nous a dit d'aller

 18   fouiller les maisons où s'habitaient ces gens. Nous sommes séparés en trois

 19   groupes et nous avons travaillé en collaboration avec la police militaire

 20   de la Brigade de Bratunac. Personnellement, je suis allé fouiller la maison

 21   de famille de Kokara. On a fouillé la maison et on y a trouvé un grand

 22   nombre de munitions, des armes, des équipements militaires, et on a

 23   confisqué tout cela suite à l'ordre de mission qui nous avait été donné. Il

 24   fallait que l'on fouille les lieux et que l'on confisque tous les objets

 25   trouvés. Nous avions aussi un mandat d'arrêt, mais on ne l'a pas trouvé

 26   chez lui.

 27   Q.  Très bien. Comment est-ce que la police militaire de la Brigade de

 28   Bratunac vous a-t-elle aidé ?

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  1   R.  Ils nous ont accompagnés. Ils ont rédigé les rapports, ils ont fait une

  2   liste d'abord de la procédure qui avait été employée, puis aussi de tous

  3   les objets confisqués, ce qui signifie que tout objet confisqué était

  4   enregistré par leur soin. On a exécuté la mission de façon tout à fait

  5   appropriée en notant tout ce que nous avions fait.

  6   Q.  Très bien. Vous avez fouillé les maisons de famille de ces trois

  7   personnes cette même soirée ?

  8   R.  Oui. Mais nous sommes divisés en trois groupes et les trois groupes

  9   opéraient simultanément, et je faisais partie d'un des groupes.

 10   Q.  Y a-t-il eu des incidents ce soir-là ?

 11   R.  Non, il n'y a pas eu d'incident, aucun incident. Rien ne s'est passé ce

 12   soir-là.

 13   Q.  Que s'est-il passé plus tard ? Y a-t-il eu des problèmes ? Pouvez-vous

 14   nous dire comment ces personnes à qui on avait confisqué les armes ont

 15   réagi ?

 16   R.  Le lendemain -- non, enfin on était cantonné dans l'usine de céramiques

 17   de Bratunac avant d'être envoyés dans cette mission. Le lendemain, un

 18   groupe est arrivé mais il n'y avait pas Bosko Crveni parmi eux. Ce groupe

 19   est arrivé avec leurs collègues, leurs collègues qui avaient les mêmes

 20   idées qu'eux. Ils sont arrivés dans le parking juste devant cette usine où

 21   nous étions cantonnés.

 22   Q.  Est-ce que vous dites qu'il y en a deux sur les trois qui sont arrivés

 23   avec un groupe plus important de collègues et qui avaient les mêmes

 24   intentions et qui se sont arrivés devant le quartier général temporaire de

 25   la police militaire de Bratunac ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Que s'est-il passé ? Qu'est-ce qui se passait ? Comment se fait-il

 28   qu'ils soient arrivés là ?

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  1   R.  Ils sont arrivés là armés, et ils ont encerclé l'ensemble de l'aire de

  2   stationnement. Ils ont même assuré la sûreté physique du véhicule de

  3   transports blindés qui nous appartenait. Ils ont également cerclé cela, et

  4   ils voulaient parler à quelqu'un. Ils voulaient savoir qui nous avait

  5   envoyé, sous quelle autorité nous avions fait ce que nous avions fait. Je

  6   connaissais --

  7   L'INTERPRÈTE : [inaudible]

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] -- personnellement.

  9   M. NIKOLIC : [interprétation] 

 10   Q.  Qu'est-ce qu'ils voulaient de vous ?

 11   R.  Ils voulaient parler à nos supérieurs pour savoir qui nous avait confié

 12   cette tâche.

 13   Q.  Comment cette situation s'est-elle résolue ?

 14   R.  J'ai parlé essentiellement avec Kocar, qui était membre de la Brigade

 15   de Bratunac, je crois. Mais à ce moment précis, il n'était pas dans les

 16   meilleurs termes avec le reste de la Brigade. Fondamentalement, j'ai essayé

 17   de calmer le jeu. Je lui ai dit que j'informerais quelqu'un, et que très

 18   rapidement quelqu'un viendrait leur parler. Comme nous nous connaissions

 19   déjà depuis un certain temps, nous n'avons pas employé la force. Nous avons

 20   pu régler la question de façon paisible, et c'est à ce moment-là que j'ai

 21   informé le commandant Malidjic [phon], qui était parti pour Nova Kasaba, où

 22   se trouvait notre commandement. Le commandant Malinic a répondu qu'il nous

 23   rejoindrait très rapidement.

 24   Q.  Est-ce que le commandant Malinic est arrivé rapidement, et quelle a été

 25   votre opinion sur tout cela qu'en ce qui concerne les personnes qui sont

 26   arrivées avec les armes et qui, à tout point de vue, se sont rebellées

 27   contre une unité telle que la vôtre ?

 28   R.  Je voulais empêcher tout conflit et je voulais que le véhicule blindé

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  1   puisse quitter les lieux. J'ai parlé avec eux, et au bout d'un certain

  2   temps, environ une demi-heure, le colonel Beara a voulu me parler par des

  3   matériels de transmission. Il m'a demandé où était Malinic.

  4   Q.  Merci. Pourriez-vous, s'il vous plaît, expliquer pourquoi le colonel

  5   Beara voulait vous parler au moment où vous avez informé votre supérieur ?

  6   R.  Le colonel Beara est probablement allé voir Malinic, et il allait

  7   probablement en direction de la route Nova Kasaba-Bratunac. Il est probable

  8   qu'il a vu Malinic, et il est probable qu'il savait que j'avais informé

  9   Malinic et cet incident, de ce qui se passait, et ils cherchaient quelqu'un

 10   à qui parler concernant leurs problèmes.

 11   Q.  Avez-vous considéré comme logique que quelqu'un de l'organe de sécurité

 12   veuille vous parler ? Est-ce que c'était votre tâche commune, à vous et à

 13   eux ?

 14   R.  C'était tout à fait logique pour moi. C'était logique que c'était une

 15   tâche commune, parce que nous dépendions également de l'administration

 16   chargée du renseignement de la sécurité, donc il était tout à fait logique

 17   que le colonel Beara envoie le commandant Malinic pour régler cette

 18   question et fasse effectuer cette tâche.

 19   Q.  Vous êtes parvenu à quel accord avec le colonel Beara en ce qui

 20   concerne la façon de résoudre l'ensemble de l'incident ?

 21   R.  Il m'a parlé très brièvement par le matériel de transmission. Il m'a

 22   dit : Ecoute, qu'est-ce qui se passe là-bas ? Il y a quelques gars qui sont

 23   là. Quelqu'un devrait leur parler. Il m'a donné brièvement comme

 24   instruction, pour me dire, envoie-les à un café. Je crois que le nom était

 25   Cezar ou un nom comme ça que je ne me rappelle pas vraiment. J'arriverais

 26   là-bas moi-même, mais ne leur dit pas qui vient, qui va venir. Notre

 27   conversation a pris fin avec ces mots.

 28   Donc je suis allé les trouver et j'ai parlé à Kocar et ses gars. Je leur ai

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  1   dit que quelqu'un allait venir leur parler, et c'est ce qu'ils ont fait.

  2   Q.  Dans votre réponse vous avez dit que le colonel Beara vous a dit : Mon

  3   fils, qu'est-ce qui se passe là-bas ? Cette façon de s'adresser à vous,

  4   est-ce que ça veut dire que vous vous connaissiez déjà ?

  5   R.  Nous nous étions rencontrés quelquefois, parce que nous appartenions

  6   tous les deux à l'état-major principal et on se déplaçait dans le même

  7   secteur, donc on se connaissait, ou tout au moins, moi je connaissais déjà

  8   le colonel Beara.

  9   Q.  Très bien. Qui est allé à ce café pour parler aux deux gars ou peu

 10   importe combien ils étaient. Est-ce que les escortes sont allées là-bas

 11   aussi ?

 12   R.  Bien, oui. Environ sept ou huit d'entre eux sont allés à ce café et ils

 13   attendaient que quelqu'un arrive. Je leur ai dit de rester là, s'asseoir,

 14   et d'attendre un moment parce que quelqu'un allait être là dans peu de

 15   temps pour leur parler.

 16   Q.  Bien. Une fois qu'ils sont arrivés à cet endroit-là, est-ce que vous

 17   avez accompagné le colonel Beara ? Pourriez-vous décrire la conversation ?

 18   R.  Oui, le colonel Beara est arrivé peu après. Je suis monté dans un

 19   véhicule avec lui, et nous sommes allés à cet endroit où ils se trouvaient.

 20   Nous sommes entrés dans le café et tous se trouvaient là, assis autour

 21   d'une table.

 22   Q.  Finalement, est-ce que le problème est devenu clair ? Qu'est-ce qu'ils

 23   vous ont demandé, à vous-même et au colonel Beara ? Qu'est-ce qu'ils

 24   voulaient ?

 25   R.  Ils voulaient une explication concernant notre participation et notre

 26   présence là et la façon dont nous avions fait cela. Ils parlaient également

 27   d'autre chose, mais je ne me suis pas attardé pendant longtemps, donc je ne

 28   peux pas vraiment me rappeler toute la conversation si bien que ça. Tout ce

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  1   que je sais c'est qu'ils ont été surpris quand ils ont vu que c'était lui

  2   qui arrivait. A ce moment-là, j'ai reçu un appel de Malinic par le matériel

  3   de transmission, et j'ai été là-bas chercher Malinic. J'ai dû aller le

  4   chercher.

  5   Q.  Pourquoi est-ce que vous pensez qu'ils ont été surpris lorsqu'ils ont

  6   vu le colonel Beara arriver ?

  7   R.  Il est probable qu'ils connaissaient le colonel Beara. Ils savaient

  8   qu'il faisait partie de l'administration chargée du renseignement et de la

  9   sécurité. Ils ne s'attendaient pas à le voir, probablement.

 10   Q.  Vous avez quitté cette pièce et vous êtes allé trouver Malinic, votre

 11   officier supérieur. Est-ce que vous savez comment cette conversation a pris

 12   fin et comment l'ensemble du problème où il y avait ce groupe de

 13   paramilitaires, comment est-ce que cela a été résolu, ce problème ?

 14   R.  Je suis sorti du café pour aller chercher le commandant Malinic, et je

 15   l'ai ramené dans cette pièce où le colonel Beara parlait à ces hommes.

 16   Malinic était présent pendant cette conversation, mais peu de temps après,

 17   environ une heure, il m'a appelé et m'a dit que moi et mes soldats devrions

 18   partir de Bratunac, quitté Bratunac pour retourner à notre unité d'origine,

 19   à Kasaba, en fait. Il a simplement dit : Ta mission est remplie. Tout ce

 20   qui s'est passé ensuite, cela a été fait par la police militaire de

 21   Bratunac, de la Brigade de Bratunac.

 22   Q.  Vous avez dit que vous avez confisqué cet énorme tas d'armes et que

 23   vous les aviez emportées. Est-ce qu'elles sont restées aux mains de la

 24   police militaire ou est-ce qu'elles ont jamais été rendues à ces personnes

 25   ?

 26   R.  Elles restaient entre les mains de la police militaire de la Brigade de

 27   Bratunac, toutes les armes et tout le matériel, et ils en ont dressé un

 28   inventaire.

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  1   Q.  Après cela, y a-t-il eu d'autres problèmes concernant ces personnes

  2   pour ce qui est de ce qu'elles ont fait, ou le fait qu'elles n'ont pas obéi

  3   aux ordres, et qu'elles ne sont pas mises sous le commandement des unités

  4   régulières de l'armée de la Republika Srpska ?

  5   R.  Après avoir parlé au commandant Malinic lors de son retour à Nova

  6   Kasaba, il a dit qu'ils s'étaient placés sous le commandement de l'armée de

  7   la Republika Srpska et que le problème était, pour la plus grande partie,

  8   résolu.

  9   Q.  Bien.

 10   M. NIKOLIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai maintenant fini

 11   de traiter d'un aspect, de sorte que peut-être que nous pourrions nous

 12   arrêter maintenant, et je pourrais entamer un nouveau sujet demain ?

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, c'est très bien en ce qui nous

 14   concerne. Demain, nous siégeons à 9 heures du matin, donc je lève la

 15   séance. Dans l'intervalle -- un instant, un instant. Un instant.

 16   Monsieur Jevdevic, notre règlement exige que puisque vous n'avez pas

 17   terminé votre déposition aujourd'hui, que vous avez à continuer demain, que

 18   d'ici à demain vous ne communiquiez avec personne sur les questions faisant

 19   l'objet de votre déposition. Vous ne devez permettre à personne de vous

 20   parler de cela, et vous ne devez, vous-même, vous mettre en rapport avec

 21   personne pour discuter des questions sur lesquelles vous faites vos

 22   dépositions. Est-ce que c'est bien clair ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 25   --- L'audience est levée à 13 heures 42 et reprendra le mercredi 23 juillet

 26   2008, à 9 heures 00.

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