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1 Le jeudi 24 juillet 2008
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour à tous. Bonjour, Madame la
7 Greffière. Pourriez-vous, s'il vous plaît, citer l'affaire.
8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour à tous. Il s'agit de l'affaire
9 IT-05-88-T, l'Accusation contre Vujadin Popovic et consorts.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Je tiens à dire pour le
11 compte rendu que tous les accusés sont ici. Pour l'Accusation, nous avons
12 M. McCloskey et M. Vanderpuye. Côté Défense, je remarque l'absence de Me
13 Nikolic pour la Défense Beara, de Mme Nikolic, de M. Josse, sinon, tout le
14 monde est là. Le témoin est déjà ici dans le prétoire.
15 Bonjour Docteur. Comment êtes-vous ?
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous vous êtes bien reposé après
18 l'épreuve d'hier ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Poursuivons et avec un peu
21 de chance nous en terminerons aujourd'hui.
22 Maître Ostojic, vous avez la parole.
23 M. OSTOJIC : [aucune interprétation]
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non. Le Juge Kwon me rappelle que
25 nous allons siéger en application de l'article 15 bis du Règlement. M. le
26 Juge Stole sera avec nous bientôt, mais pour l'instant, il est occupé à
27 d'autres affaires [inaudible] au Tribunal.
28 M. OSTOJIC : [interprétation] Je tiens à vous présenter ma collègue
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1 des Etats-Unis, Leah Erickson qui nous aide, elle était déjà là hier.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je crois qu'hier elle a essayé
3 désespérément d'entrer dans le prétoire, elle avait beaucoup de mal.
4 M. OSTOJIC : [interprétation] En effet. Je vous remercie de l'avoir aidée à
5 pouvoir rentrer dans ce prétoire.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ostojic, poursuivons.
7 LE TÉMOIN: DEBRA KOMAR [Reprise]
8 [Le témoin répond par l'interprète]
9 Interrogatoire principal par M. Ostojic : [Suite]
10 Q. [interprétation] Hier, nous parlions de ces taux de prélèvement et de
11 ces taux d'appariement "matching rates and collection rates" en anglais.
12 J'aimerais savoir que vous nous disiez exactement ce qui est un
13 appariement, selon l'ICPM ?
14 R. Ce n'est pas tout à fait la même chose que le taux d'appariement. Voilà
15 ce que c'est : c'est savoir dans quelle mesure on a identifié une
16 identification d'une personne. "Match" donc l'appariement, c'est une
17 comparaison, de correspondance. Cela suggère qu'il y a deux objets, un
18 connu et un inconnu, et qu'on essaie de les apparier. On compare, en fait,
19 des caractéristiques pour savoir si ces deux objets sont identiques ou non.
20 Pour ce qui est des études d'ADN, quand il y a appariement, on a un
21 échantillon trouvé sur site, on a un échantillon pris sur un accusé, on
22 compare les deux et on arrive à un taux d'appariement certain. En revanche,
23 pour l'ICMP quand elle fait une identification par ADN, c'est différent;
24 ici, elle fait une probabilité statistique.
25 Q. Désolé, vous allez un peu vite. Donc l'ICMP à une définition
26 d'appariement, n'est-ce pas, dans le cadre de son SOP, de sa procédure
27 standard ?
28 R. Il y a plusieurs SOP, plusieurs protocoles standard qui établissent
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1 comment obtenir un appariement. Donc c'est un processus qui se fait par
2 étape.
3 Q. Bien. Nous allons regarder la pièce P3224, qui est justement le SOP,
4 qui est justement la définition et le SOP, enfin, la procédure standard qui
5 parle de cela. Il s'agit de la pièce P3224, et c'est la procédure standard
6 pour les calculs statistiques d'une identification d'empreinte génétique en
7 utilisant un échantillon ADN. Alors, reprenons maintenant. Pouvez-vous nous
8 dire, s'il vous plaît, comment l'ICMP crée un appariement entre un
9 échantillon d'ADN et un individu ?
10 R. Il y a deux profils qui sont générés. Tout d'abord, le premier c'est le
11 profil du parent qui sert de référence et on va comparer cela avec le
12 profil ADN qui a été créé à partir des restes humains, os, par exemple, qui
13 sont exhumés, qui ont été exhumés, qui sont analysés. Mais ce n'est pas le
14 même appariement que la comparaison de deux identiques, ce n'est pas la
15 même chose. Ici, l'ICMP va employer plusieurs parents, dans différentes
16 branches de parentèle et va donner ainsi une espèce de déclaration
17 statistique ou de fiche statistique qui va établir que le profil ADN de
18 l'inconnu qui est étudié correspond plus ou moins à la parentèle qui donne
19 l'échantillon de départ.
20 Q. Dites-moi, combien de personnes faut-il en parentèle pour créer
21 justement cet appariement quand on suit la procédure du ICMP ?
22 R. En fait, on parle ici, on parle de l'ADN autosome. En fait, ça vient de
23 vos deux parents et pour vous ça vous donne votre profil. Dans un monde
24 idéal, on aurait un triangle, il faut avoir les trois angles pour faire
25 l'identification. Mais étant donné qu'il y a un taux de mortalité assez
26 élevé dans ces circonstances, ils doivent sortir de ce triangle, donc père,
27 mère, enfant, et utiliser la parentèle plus éloignée pour essayer d'avoir
28 plus de paramètres. Selon le protocole, on cherche trois parents. Les trois
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1 parents donnent une base d'identification et donne un échantillon de
2 parentèle qui va permettre de servir de référence à laquelle on va comparer
3 l'individu inconnu.
4 Q. Très bien. Mais dans la réponse précédente, page 3, lignes 13 à 14,
5 vous dites quand on compare ces échantillons avec d'autres profils -- non,
6 je me trompe, c'était les lignes 16 et 17. Vous dites en utilisant une
7 parentèle, différentes branches de parenté pour donner cette espèce de
8 profil statistique. Alors quand on parle justement de ces relations de
9 parenté, dites-nous exactement à quel type de parentèle on utilisait pour
10 en avoir trois, pour avoir ces fameux trois angles sur le triangle ? Alors
11 il y a les épouses. Pourtant une épouse, non, parce que ça ne sert pas à
12 grand-chose, puisqu'il n'y a pas de relation biologique avec l'individu
13 bien qu'il soit inclus dans la liste des donneurs potentiels employée par
14 l'ICMP. Le mieux -- enfin, quand on a l'épouse, il faut aussi avoir, si
15 possible, un enfant biologique de cette personne. Donc on a le décédé que
16 l'on ne connaît pas, l'épouse. Mais pour avoir l'épouse et pour qu'elle
17 serve à quelque chose, il faut aussi qu'il y ait l'enfant biologique qui
18 est, en fait, le produit biologique du père et de la mère.
19 Q. Mais vous dites biologique, un demi-frère, frère, ça marche aussi ?
20 R. Une sœur. Regardez pages 14 et 16 du SOP de [inaudible] protocole, ça
21 vous donne une liste des donneurs potentiels. Il y en a d'autres, parfois
22 on a les demi-frères, ils comprennent aussi les époux, épouses, les
23 cousins, grands-parents. Toute personne ayant une relation biologique au
24 disparu en plus des conjoints peuvent contribuer et peuvent être utilisés.
25 Q. D'après vous, peut-on utiliser ce type de parentèle, donc époux, demi-
26 frère, cousin, pour générer un appariement correct ?
27 R. Le mieux, en fait, c'est d'avoir le vrai triangle avec les parents et
28 l'enfant. C'est là [inaudible] le plus sûr. Plus la relation est lointaine,
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1 plus c'est difficile, puisqu'à chaque génération, il y a recombinaison des
2 gènes et de l'empreinte génétique, donc on perd un petit peu la
3 spécificité. Donc avoir un parent ou deux parents, c'est bien mieux que
4 d'avoir des grands-parents ou des cousins ou des demi-frères ou surtout un
5 conjoint. Un conjoint sans enfant biologique avec le disparu ne sert
6 absolument à rien.
7 Q. Très bien. Mais vous avez étudié un peu les procédures standard de
8 l'ICMP, est-ce qu'ils exigent que l'on utilise le conjoint pour
9 l'identification ou est-ce qu'ils demandent aussi que l'on utilise au moins
10 un enfant, donc un enfant biologique du
11 couple ?
12 R. Je ne l'ai pas vu par écrit, parce que ce n'est pas écrit puisque n'est
13 pas écrit. Mais --
14 Q. Très bien. Revenons à certains articles. Je sais que vous avez passé du
15 temps et vous avez travaillé avec l'ICMP pendant un certain moment, donc
16 vous connaissez bien leurs protocoles, vous les avez revus, vous avez
17 étudié. Donc dans le monde universitaire, vous savez qu'il y a des employés
18 et des chercheurs de l'ICMP qui ont écrit pas mal de documents à propos de
19 ce qu'ils avaient fait ?
20 R. Oui, je sais qu'il y a trois articles qui ont été écrits par ces
21 [inaudible], j'en connais trois.
22 Q. Très bien. Nous allons les étudier, les regarder. Tout d'abord le
23 2D538, et je crois que vous en parlez d'ailleurs au point 1.4 de votre
24 rapport. Je vais poursuivre. On regarde un des articles, donc ce fameux
25 2D538. Je les ai lus, puisque vous les avez cités dans votre rapport.
26 Pouvez-vous nous dire quel est le point de vue des anciens employés de
27 l'ICMP pour ce qui est des pratiques employées dans le cadre de cette
28 commission ?
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1 R. Le message principal qui sort de ces trois articles c'est que l'ADN,
2 uniquement, ne devrait pas être utilisé pour identifier qui que ce soit, ça
3 ne suffit pas. Tous les trois font remarquer que la communauté médico-
4 légale doit absolument doit absolument arrêter l'idée que tout le monde a
5 que l'ADN est une façon d'identifier les gens qui marche à 100 %.
6 Q. Très bien. Comment utiliser l'ADN dans ce cas-là pour identifier ?
7 R. Pour établir l'identité de quelqu'un, il faut que l'on ait une
8 identification ou un identifiant unique. Il faut quelque chose qui
9 distingue vraiment cette personne de toute autre personne. Ça ne veut pas
10 dire que tout est apparié ou que rien n'est apparié, c'est parce que ça ne
11 suffit pas. Pour établir l'identité de quelqu'un, il faut l'établir en
12 excluant toute possibilité que ça ait pu être qui que ce soit d'autre.
13 Q. Très bien. Mais lorsque cela comprend le processus anthropologique, il
14 faut le prendre en compte ?
15 R. Oui, absolument. Plusieurs de ces articles, surtout le troisième
16 article, décrivent des cas spécifiques où, par ADN, on a dit qu'il y avait
17 appariement, mais quand on a vérifié les restes, on s'est rendu que c'était
18 plusieurs individus, en fait, ou que l'échantillon qui avait été utilisé
19 n'était pas vraiment suffisant. Et en faisant d'autres études ADN, on s'est
20 rendu compte que cela ne correspondait pas au reste des morceaux de corps
21 trouvés. Donc il faut se souvenir quand même qu'on a souvent des corps qui
22 sont parfaitement enchevêtrés dans les housses mortuaires. Pour ce qui est
23 du processus de rapatriement, les gens veulent trouver un corps, veulent
24 qu'on leur rende un corps, mais on a une obligation morale de leur rendre
25 le corps de leur disparu et uniquement de celui-là. Donc dans ces
26 documents, surtout le troisième document, le troisième article, il y a des
27 exemples où cela ne s'est pas fait dans le cadre justement des études
28 faites par l'ICMP.
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1 Q. Très bien. Donc c'est cet article de Yazedjian et consorts de 2005, il
2 s'agit de la pièce 2D540. Il parle de l'importance d'utiliser des méthodes
3 anthropologiques traditionnelles en complément de l'identification par ADN
4 et il cite justement quatre exemples où il y a eu erreur suite à des
5 analyses qui ne sont faites que par empreinte génétique.
6 R. Oui, ils montrent ces quatre exemples pour illustrer que parfois, quand
7 on ne compte que sur l'empreinte génétique, on peut avoir des problèmes
8 d'identification et on peut avoir des erreurs.
9 Q. Mais ces anciens employés de l'ICMP semblent dire qu'il faudrait
10 absolument que l'ICMP utilise plus le processus anthropologique, celui dont
11 vous parliez précédemment, dans le cadre de ces identifications ?
12 R. Le but de ces articles - ça, ce sont, en fait, des résumés d'articles
13 qui ont été présentés dans des conférences scientifiques et principalement
14 les conférences américaines des experts médico-légal. C'est le fait que
15 pendant trois ans ces employés de l'ICMP voulaient absolument faire en
16 sorte que la communauté scientifique, les profanes, tout le monde, arrêtent
17 de penser que l'ADN était la solution idéale, la solution parfaite. Il faut
18 absolument étudier les restes, tous les autres restes, il faut étudier la
19 pathologie aussi, et il faut aussi utiliser la cause de mort. Cela doit se
20 faire aussi dans lors de l'identification, dans la phase d'identification,
21 parce qu'il y a ce problème d'enchevêtrement des corps, le fait qu'on a
22 plusieurs individus qui ont été reconstitués comme pour faire, soi-disant,
23 une seule personne, mais en fait ce sont plusieurs morceaux de personnes
24 qui sont dans la même housse.
25 Q. Très bien. Donc ce professeur Yazedjian nous parle des erreurs
26 d'identification avec un corps -- enfin, ici cet exemple, n'est-ce pas, il
27 y a un corps partiel uniquement et on a essayé d'estimer l'âge, entre 45 et
28 50 ans [comme interprété], ensuite on s'est rendu compte que cette personne
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1 n'avait que 23 ans en examinant son fémur. Comment est-ce qu'on en arrive à
2 cette erreur et quel est le lien entre ces erreurs et le calcul du MNI ?
3 R. Quand il y a enchevêtrement des corps et quand on n'a pas toujours une
4 reconstitution qui est faite, reconstitution parfaite du corps, on en
5 arrive à une situation où on ne peut collecter des échantillons d'ADN que
6 de différents éléments bien précis. Dans ces articles, on sait que quand on
7 a enchevêtrement, quand on sait qu'il y a enchevêtrement, si on ne prend
8 l'ADN que du haut du bras et de la jambe, l'ADN est [inaudible] par ADN. On
9 sait ensuite que ce bras et cette jambe appartenaient bien à une même
10 personne, mais tout le reste du corps qui se trouve dans la housse n'ont
11 pas du tout été établis ou été identifiés comme étant de la même personne.
12 On ne parle pas ici d'un corps avec des tissus, on parle de différents
13 éléments. Même Richard Wright et d'autres qui sont dans le terrain
14 admettent qu'il s'agit de plusieurs personnes, en effet. Et à moins que
15 l'on ait tout cela, on arrive à rendre aux familles uniquement des os dans
16 une housse mortuaire, et la seule chose que la famille peut savoir c'est
17 que les os où on a prélevé l'échantillon d'ADN qui a été apparié sont bien
18 les os du disparu, mais ça ne veut pas dire que le corps entier est le
19 corps du disparu.
20 Q. Très bien. Maintenant, question qui a à voir avec votre paragraphe
21 1.2. Vous avez analysé et étudié le tableur Excel intitulé "Données de
22 l'ICMP sur les personnes identifiées et sur les appariements ADN portant
23 sur Srebrenica 1995" ?
24 Vous l'avez lu, n'est-ce pas ?
25 R. Oui.
26 Q. A votre avis, il s'agit bien du dernier rapport de Dean Manning, ça a à
27 voir avec cette collection. Vous parlez de Dean Manning dans son rapport du
28 30 novembre 2007 ?
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1 R. Non. Je vais clarifier une chose d'abord. Le premier rapport Manning a
2 eu lieu en juin 2007. Sa source pour obtenir les MNI sont les rapports de
3 l'ICMP. Moi, je ne sais pas quelles sont les sources de toutes ces données.
4 Le premier rapport qui a été émis par l'ICMP a été émis en 2006 - et j'ai
5 le rapport méthodologique uniquement - il n'y a pas de chiffres qui sont
6 cités dans ce rapport. Les seules données brutes de base de données ou
7 sources de chiffres ne sont pas publiées que le 8 octobre 2007, plusieurs
8 mois après le rapport de Dean Manning. Donc ces informations qu'utilise
9 Dean Manning dans son premier rapport de juin 2007 ne sont pas les données
10 de l'ICMP. Moi, je n'ai pas vu cette information, donc je ne sais pas du
11 tout d'où il tient ces données. Il ne les cite pas. On ne peut pas s'y
12 référer nous-mêmes. Il semble qu'il présente des preuves scientifiques,
13 mais sans nous fournir ses sources.
14 Quand les bases de données sont disponibles, c'est-à-dire à partir du
15 8 octobre 2007, il semble, et si on y ajoute en plus le rapport Parsons de
16 novembre 2007, il semblerait bien que le deuxième rapport de Manning en
17 novembre, là, en revanche, prend en compte les données.
18 Q. Merci d'avoir clarifier cela.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur Vanderpuye.
20 M. VANDERPUYE : [interprétation] Si vous me permettez, Monsieur le
21 Président, dans le rapport de M. Manning, il n'y a pas d'autres rapports
22 auxquels il aurait fait référence dans son résumé de juin 2007. Il a fait
23 référence aux informations de cette Commission internationale des personnes
24 disparues, et déjà hier j'ai dit au compte rendu qu'il a parlé des
25 informations brutes et je suis sûr que mon collègue est conscient de cela.
26 Donc il ne s'agit pas de savoir s'il y a un autre rapport indépendamment de
27 tout ce qui a été décrit dans le rapport de M. Manning.
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Maître Ostojic.
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1 M. OSTOJIC : [interprétation] Je pense que le Dr Komar peut clarifier cela,
2 mais je pense qu'après la discussion d'hier, nous nous sommes mis d'accord
3 pour dire qu'il n'y a pas de rapport officieux qu'il aurait examiné, nous
4 ne sommes pas certains si ce rapport existe, mais il me semble que
5 maintenant par rapport à son rapport à lui, on peut conclure qu'il se
6 serait appuyé sur un rapport dont nous ne disposons pas. Il a peut-être
7 utilisé des informations brutes et on devrait donner la possibilité au Dr
8 Komar de répondre à cela, parce qu'il se serait appuyé sur un rapport que
9 nous n'avons jamais vu.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne dis pas qu'il y a un rapport. Je dis
11 qu'il aurait utilisé une source d'information que nous ne pouvons pas
12 analyser. D'après ce que l'Accusation a lu pour ce qui est de son
13 témoignage, il a dit qu'il avait analysé des sources de certaines
14 informations. Il est arrivé à une conclusion, il l'a écrite dans son
15 rapport. C'est la première fois qu'on parle d'une source en tant que source
16 pour l'analyse de l'ADN, pour arriver au MNI sans dire d'où venaient ces
17 informations, de quelle source scientifique, s'il y a un tableur ou une
18 base de données de juin 2007 provenant de cette Commission internationale
19 des personnes disparues. Nous n'avons pas eu cela. Nous n'avons pas eu la
20 possibilité de l'examiner.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Vanderpuye.
22 M. VANDERPUYE : [interprétation] Monsieur le Président, je vais répéter ce
23 que j'ai déjà dit au compte rendu à la page 19 003, il a été clairement
24 fait référence à ce que M. Manning a dit par rapport à la source à laquelle
25 il s'est appuyé. C'est la pièce 3002. C'est une page d'un CD ROM dont le
26 numéro ERN est D002146. Ce sont les informations qui ont été communiquées à
27 la Défense et ce sont les informations qui ont été communiquées à ce témoin
28 expert.
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que vous pouvez vous occuper
2 de cela lors du contre-interrogatoire.
3 Maître Ostojic, continuez. Je pense qu'il ne faut pas que vous vous
4 occupiez de cela.
5 M. OSTOJIC : [interprétation]
6 Q. Docteur, nous allons maintenant passer aux informations brutes. Pour en
7 parler - parce que ce sont des informations sous pli scellé, il ne faut que
8 cela soit diffusé publiquement - est-ce qu'on peut d'abord afficher P3002.
9 Pouvez-vous nous aider pour identifier ce document pour être sûr qu'il
10 s'agit du bon document. C'est un document assez long, je crois. Cela
11 pourrait prendre un certain temps pour l'examiner.
12 En attendant à ce que le document soit affiché, permettez-moi de
13 continuer à poser des questions et je suis sûr que l'on arrivera à faire
14 tout cela. Docteur Komar, vous avez eu la possibilité d'examiner ces
15 données brutes de l'ICMP et de les identifier ?
16 R. Oui, j'ai identifié l'une des ces sources et c'est du mois d'octobre
17 2007.
18 Q. Avez-vous analysé cela ?
19 R. Oui.
20 Q. Dites-nous si vous-même vous avez fait quelque chose, je ne pensais pas
21 à la "reconstruction" de toutes les données, mais avez-vous analysé ces
22 données ?
23 R. Dans tous les tableurs Excel, les données ne sont pas modifiées, mais
24 on peut les réajuster pour ce qui est de la mise en page.
25 Q. Est-ce que vous avez étudié ce document ?
26 R. Oui.
27 Q. Lorsque vous avez utilisé d'autres commandes pour réorganiser ces
28 données, avez-vous inclus une copie du rapport pour que nous puissions
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1 comprendre votre explication et votre analyse de ces données brutes de
2 l'ICMP. Monsieur le Président, c'est notre pièce à conviction, 2D543. Vous
3 nous avez donné ce tableur.
4 R. C'est ce que vous appelez un tableur expurgé ?
5 Q. Il s'agit du tableur que vous avez réajusté pour votre analyse ?
6 R. Oui.
7 M. OSTOJIC : [interprétation] J'ai l'original que le Dr Komar nous a fourni
8 et je me suis mal exprimé. Je dispose des données brutes de l'ICMP ici. Je
9 pense que le Dr Komar, dans son rapport, après avoir réorganisé ces données
10 pour pouvoir les analyser, pour que ça soit plus clair, a fait son propre
11 tableur. J'aimerais que cela soit remis à la Chambre et à l'Accusation pour
12 pouvoir être comparé, et que cela soit versé sous pli scellé en tant que
13 P3002.Q. Pour que tout soit clair, il s'agit de données brutes, et quelle
14 méthodologie avez-vous utilisée pour mieux analyser cela ?
15 R. Dans toutes les colonnes dans le tableur Excel, il y a des variables
16 différentes, par exemple, dans la colonne A c'est le nom de la personne, le
17 nom du père de la personne disparue pour laquelle il a été dit que cette
18 personne a été identifiée. Les recherches que j'ai faites dans le cadre de
19 l'application Excel m'ont permis de classifier ces données par certains
20 paramètres, j'ai isolé un certain nombre d'individus dans une catégorie
21 spécifique pour illustrer mon analyse.
22 Q. Est-ce que la première phase de votre processus était d'enlever tous
23 les doublons en utilisant plusieurs échantillons du même individu ?
24 R. Il ne s'agit pas de ce processus, mais on ne peut pas le voir dans le
25 tableur ces exemples ou ces individus n'avaient pas disparu, mais tout
26 simplement ça a été réorganisé d'une manière différente.
27 Q. En quoi consistait cet appariement ?
28 R. C'est le premier pas pour ce qui est du processus d'identification, on
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1 peut considérer cela comme un appariement potentiel. Il y a des
2 circonstances dans lesquelles on en a encore qui peuvent être
3 potentiellement identifiés et peut-être appartiennent à une personne
4 identifiée et on peut confirmer scientifiquement s'il s'agit de cette
5 personne ou pas.
6 Q. Avez-vous fait cela dans cette analyse ?
7 R. Non, pas dans ce document. Cette base de données n'est que le résultat
8 de tout ce processus.
9 Q. Qu'est-ce que vous avez trouvé après avoir réorganisé ces données dans
10 le document pour pouvoir les analyser ?
11 R. Dans la liste d'individus, il y a un grand nombre d'individus pour
12 lesquels les appariements potentiels avec les personnes disparues sont
13 entre deux ou quatre personnes.
14 Q. Pouvez-vous nous dire l'importance de cela pour mieux comprendre ce
15 processus ?
16 R. Lorsque nous commençons à nouveau à parler du profil d'ADN, nous avons
17 un profil qui est comparé avec beaucoup de bases de données qui contiennent
18 toutes les informations en s'appuyant sur la référence obtenue des membres
19 de familles, c'est-à-dire les échantillons d'ADN de ses parents. Quinze
20 éléments des génotypes qui représentent toute la structure d'ADN sont
21 comparés avec les génotypes de ces individus. Alors que les appariements
22 sont établis, enfin, les similarités sont établies pas à pas, on peut voir
23 s'il y a une probabilité statistique à ce que cet échantillon d'empreinte
24 génétique de l'os d'une personne soit apparié avec un échantillon de l'ADN
25 des parents.
26 Q. Lorsque vous avez utilisé ces deux ou quatre appariements éventuels,
27 avez-vous eu la possibilité de déterminer certaines différences entre des
28 individus ?
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1 R. Sur la base de cette base de données et les données qui sont là dedans,
2 je ne sais pas si je peux montrer cela à la Chambre, parce que je peux voir
3 cela sur l'écran de mon ordinateur sous colonne personne disparue, et les
4 personnes identifiées, il ne s'agit pas d'une personne mais d'une série de
5 deux ou quatre personnes. Cela devient pertinent pour ce qui est du MNI, ce
6 qui a été mentionné dans les rapports de Manning et dans la lettre de
7 Parsons, parce qu'ils étaient pour la détermination des profils d'ADN
8 unique. Ils affirment qu'il y a plusieurs profils d'ADN ou d'empreintes
9 génétiques des os qui ne peuvent pas être appariés avec des personnes
10 spécifiques. Ils disent que parce que ce profil génotype existe, mais pas
11 encore apparié, dans le deuxième rapport, il est question de 758 individus,
12 et cela devrait être inclus dans le MNI, parfois le nombre de 758 à
13 augmenter par rapport aux personnes qui sont en lien avec Srebrenica.
14 Pourquoi cette information est pertinente si on compare ces bases de
15 données avec leurs propres résultats, lorsque des profils d'ADN extraits
16 des os, selon eux, ce profil unique d'ADN correspond à deux ou quatre
17 personnes. Donc il est impossible de dire que quelque chose soit unique si
18 cela est apparié potentiellement avec quatre personnes.
19 Le nombre de 758 personnes, ils disent que ce nombre n'est pas inclus. Mais
20 sur la base de ces nombres, nous sommes arrivés à la conclusion à ce que ce
21 profil d'ADN unique, comme ils ont dit, ne peut pas être unique parce que
22 cela est apparié avec deux ou quatre personnes. Et 758 profils d'empreintes
23 génétiques qui ne peuvent pas être appariés avec des personnes identifiées
24 ce n'est pas un argument valide, une conclusion valide.
25 Q. Merci. Docteur, maintenant nous avons ces données dans le système de
26 prétoire électronique, les données que vous avez organisées pour votre
27 analyse et c'est le document 2D543. Maintenant nous allons parler de
28 l'analyse définitive pour ce qui est de ces 758 échantillons d'ADN uniques,
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1 vous voyez cette page du document sur l'écran. Pouvez-vous nous dire
2 comment vous avez fait cela pour ce qui est de ces éventuels appariements ?
3 Est-ce que dans cette base de données, il y a des appariements potentiels
4 avec les individus qui ont été positivement identifiés, je pense que vous
5 pourriez me dire de quel nombre il s'agit.
6 Nous allons en parler, parce que dans cette base de données il y a 473
7 appariements potentiels, se sont les individus qui ont été positivement
8 identifiés. Ai-je raison de dire cela ?
9 R. Sans avoir le rapport particulier pour voir comment l'ICMP a interprété
10 les bases de données, nous ne pouvons qu'examiner les données brutes ce
11 que, je suppose, M. Manning a fait. Les personnes disparues sont les
12 individus qui ont été identifiés dans une colonne et qui ont été appariés.
13 Donc je suppose, je ne sais pas si c'est une bonne supposition d'après
14 toutes ces données, il semble que ces personnes aient été identifiées, ce
15 sont les personnes énumérées dans la liste des personnes d'identifiées. Il
16 y a des individus également dont les noms figurent sur cette liste qui
17 auraient pu être appariés avec plusieurs personnes étant reconnues comme
18 une personne.
19 Q. Il y avait 473 appariements potentiels ?
20 R. Oui.
21 Q. Je comprends cela. Il faut qu'on distingue cela du nombre de 758 donné
22 par M. Dean Manning ?
23 R. J'ai bien compris, il s'agit de deux groupes de personnes séparés et
24 les bases de données de l'ICMP incluent 816 "profils biologiques uniques."
25 Je ne suis pas certain d'où vient ce nombre de 753. M. Manning a utilisé le
26 même nombre dans son rapport du mois de novembre, donc il s'appuyait sur
27 ces bases de données brutes de l'ICMP où il est dit qu'il y en avait 816.
28 Je ne sais pas selon quel critère il est arrivé au nombre de 753, mais en
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1 tout cas, je parle de cela. Les 400 personnes qui sont énumérées sur cette
2 liste ne sont pas du tout pertinentes pour ce qui est de ce nombre de
3 personnes non identifiées dont le profil est unique.
4 Q. Docteur, avez-vous une opinion en vous basant sur un certain degré de
5 certitude scientifique que l'ICMP pense que l'appariement avec deux ou
6 quatre individus peut être appelé une "identification positive" ?
7 R. Ce ne serait pas une procédure standard, acceptable. Parce que
8 j'aimerais savoir quelle était la démarche suivante de l'ICMP pour essayer
9 de résoudre cela ? Pour être honnête envers les membres de cette
10 commission, il n'y a pas de rapport qui dit expressément quelles étaient
11 ces données brutes utilisées pour résoudre ces identifications.
12 Q. Pouvez-vous nous dire quel est le numéro de la page à être affichée ?
13 R. Il ne s'agit pas d'une page. Il s'agit d'une base de données. Je l'ai
14 sur l'écran de mon ordinateur, je ne sais pas si on peut afficher cela dans
15 votre système.
16 Q. Je pense que tout est connecté.
17 R. Comment on peut faire cela ?
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame l'Huissière pourrait peut-être
19 l'aider.
20 M. OSTOJIC : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président. Je pense
21 que c'est important.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Maître Ostojic vous avez raison.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Maintenant, je regarde cela, mais je ne peux
24 pas voir cela --
25 M. OSTOJIC : [interprétation]
26 Q. Nous avons maintenant le document à l'écran.
27 R. Oui, oui je le vois, effectivement.
28 Q. [aucune interprétation]
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1 R. [aucune interprétation]
2 Q. Essayez de nous expliquer ce qu'il en est, comment ça fonctionne, pour
3 que nous puissions mieux comprendre.
4 R. La colonne A, c'est la colonne personne portée disparue identifiée.
5 Vous avez une liste avec d'abord le nom de famille, le prénom du père,
6 ensuite le prénom de la personne concernée.
7 Q. [aucune interprétation]
8 R. Ça c'est la première colonne. Les 16 premiers, on ne peut y toucher, ça
9 c'est le logiciel qui veut ceci. Mais ensuite, on passe au numéro 5 556, et
10 autre. Et là on peut passer en revue ces différents individus. Et là vous
11 voyez qu'il y a toujours le nom de famille, le nom et prénom du père et le
12 prénom de l'intéressé. Mais là on voit qu'il y a plusieurs options. Qu'est-
13 ce que ça veut dire ? Ça veut dire que l'empreinte génétique qu'on a
14 extraite de ce prélevé correspond, du point de vue statistique, ou présente
15 une compatibilité possible avec une, deux, voire trois personnes, voire
16 même quatre. C'est ce que j'essaie de montrer avec cette base de données
17 qui va jusqu'à 7 000 personnes. En fait, on s'est contenté d'arriver à
18 obtenir des compatibilités pour des groupes familiaux. On n'a pas de
19 compatibilité individuelle qui a été établie.
20 Q. Donc il y a 473 cas où l'identification, l'appariement concerne
21 plusieurs individus. En tout, ça représente combien de personnes au minimum
22 ?
23 R. Impossible de le dire. Parce que quand vous avez une empreinte
24 génétique, elle correspond à un os, mais cette empreinte, ensuite, elle ne
25 correspond pas à une seule personne dans le groupe où il faut établir les
26 correspondances mais à plusieurs. Et si on se rapporte ici au concept du
27 nombre minimum d'individus, cela va à l'encontre de la thèse selon laquelle
28 il faudrait choisir uniquement l'analyse ADN. Utiliser les empreintes
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1 génétiques individuelles et éparses pour arriver à un nombre minimum
2 d'individus, cela ne marche pas. Cela montre que les empreintes génétiques
3 recueillies dans ces cas-là ne sont pas des empreintes génétiques uniques
4 et s'appliquant à un seul individu.
5 Q. Vous nous avez dit que c'est quelque chose qu'on ne peut pas faire, que
6 c'est inacceptable. Mais est-ce que c'est quelque chose qui peut induire
7 l'erreur dans l'analyse ?
8 R. [aucune interprétation]
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Vanderpuye.
10 M. VANDERPUYE : [interprétation] De quoi parle-t-il exactement, Me Ostojic
11 ? Qu'est-ce qui pourrait nous induire en erreur ?
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ostojic, oui. Il convient de
13 préciser cela.
14 M. OSTOJIC : [interprétation]
15 Q. Pour un profane, les choses ne sont pas simples. Et moi, je vous ai
16 demandé si ça pouvait induire en erreur que de la part de l'ICMP de
17 considérer qu'une correspondance établie pour deux à quatre personnes
18 pouvait constituer une identification définitive. Vous avez dit que c'était
19 inacceptable. Je vous demande si ça peut également induire en erreur.
20 R. Je ne sais pas ce qu'ils veulent dire également par individus. Mais
21 tout ce que je dis c'est que l'interprétation de leurs données brutes, de
22 ces données, elle n'a pas été faite par l'ICMP mais par Dean Manning. Il
23 est possible que si l'on ne connaisse pas suffisamment le concept des
24 empreintes génétiques, de l'identification génétique, on pense qu'il
25 s'agisse d'une base permettant d'arriver au nombre total d'individus. En
26 revanche, si on s'y connaît un petit peu, on se rend compte que ces
27 personnes, ces appariements multiples ne peuvent être utilisés pour
28 déterminer le nombre de personnes effectivement concernées. En fait, c'est
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1 Dean Manning, lui, qui utilise ces données génétiques pour arriver au
2 nombre minimum d'individus, ce n'est pas l'ICMP. Je ne dis pas que l'ICMP
3 nous dit qu'il s'agit là de personnes identifiées, mais c'est ce que semble
4 indiquer l'intitulé de la base de données. Il faudrait cependant s'adresser
5 à l'ICMP pour savoir si c'est effectivement le cas.
6 Q. Examinons un petit peu le rapport de Dean Manning en date du 27 octobre
7 2007, pièce 2D993, page 0648657 [comme interprété]. Vous avez parlé, à
8 cette occasion, à l'occasion de l'étude de ce rapport, de 758 empreintes
9 génétiques qui n'ont pas fait l'objet d'une correspondance ou d'un
10 appariement. Corrigez-moi si je me trompe.
11 R. [aucune interprétation]
12 Q. [aucune interprétation]
13 R. [aucune interprétation]
14 Q. Le numéro ERN de la page qui m'intéresse c'est le suivant : 06148657.
15 R. Oui. Le document s'affiche à l'écran. J'aimerais qu'on nous présente ce
16 qui figure après l'intertitre suivant : "Toutes les victimes de Srebrenica
17 identifiées grâce à l'analyse génétique par l'ICMP." Ensuite, on voit le
18 total de 5 021. Et à la troisième ligne, nous voyons, je cite : "De
19 surcroît, les dossiers de l'ICMP montrent qu'il existe 758 empreintes
20 génétiques uniques qui émanent de Srebrenica et qui n'ont pas fait l'objet
21 d'un appariement avec une personne portée disparue, mais lui, il inclut ce
22 chiffre dans le nombre minimum de personnes identifiées."
23 Q. Vous voulez parler de Dean Manning ?
24 R. Oui.
25 Q. Quelle est l'importance de cela ?
26 R. Ça n'est pas acceptable du point de vue scientifique. Il s'agit
27 d'empreintes génétiques qui ont été obtenues à partir d'ossements, ça c'est
28 incontestable, c'est effectivement l'exercice qu'ils ont fait. Mais l'ICMP
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1 reconnaît qu'on n'a pas réussi à faire correspondre ces empreintes
2 génétiques avec des personnes portées disparues. Le problème c'est que si
3 on se base uniquement sur les empreintes génétiques, la notion de caractère
4 unique de ladite empreinte prend l'eau. Et cette probabilité statistique
5 qui est utilisée par l'ICMP dépend essentiellement, est tributaire de la
6 validité de la base de données en question, si bien qu'on dépend de la
7 qualité de la base de données qui peut être compromise.
8 Par exemple, mettons qu'on est 8 000 personnes représentées, si je
9 puis dire, par des membres de leurs familles qui ont fourni des
10 échantillons génétiques, la seule base de comparaison c'est ces 8 000
11 personnes. Et même pour la liste en question, on se rend compte que si on
12 utilise uniquement ce groupe comme base de données, comme point de départ,
13 en fait, vous pouvez avoir une empreinte génétique qui correspond à
14 plusieurs personnes. Et si on passe de 8 000 membres de la parenté à 20
15 000, à ce moment-là on peut obtenir des exemples où les empreintes
16 génétiques, qui, initialement, correspondaient à une seule personne
17 correspondent maintenant à plusieurs personnes. Les 15 allèles qu'ils ont
18 examinés ne peuvent pas être considérés comme une véritable empreinte
19 génétique au sens où nous l'entendons généralement et ne correspondent pas
20 à une seule personne. Il s'agit d'une analyse uniquement de 15 allèles. En
21 fait, ils ont utilisé des analyses statistiques pour voir quelles étaient
22 les probabilités pour que l'analyse de ces 15 allèle corresponde aux
23 échantillons fournis par 8 000 ou 7 000 personnes qui étaient membres de la
24 famille des personnes disparues, voilà. Et les personnes qui travaillent
25 pour l'ICMP, qui ont travaillé par le passé ou continuerons à le faire,
26 l'on toujours reconnu.
27 Q. Merci. J'aimerais maintenant que nous examinions la procédure
28 opératoire standard en vigueur à l'ICMP, la pièce 3191. Pendant que ce
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1 document s'affiche grâce au système du prétoire électronique, une question.
2 Vous avez parlé de "DNA view." Qu'est-ce que ça veut dire ?
3 R. Il s'agit d'un logiciel. Il s'agit d'un logiciel qui s'appelle "DNA
4 view," qui est utilisé pour calculer -- non, non, je vais vous expliquer
5 ceci d'une autre manière. Une fois qu'on a établi le profil génétique,
6 l'ordinateur compare ces profils avec les échantillons qui ont été prélevés
7 sur les membres de la famille afin de procéder à une analyse de
8 compatibilité et d'arriver à un appariement.
9 Q. Pièce 3191, 15 octobre 2002, c'est la date que l'on voit en haut à
10 droite. De quoi s'agit-il, s'il vous plaît, ici ?
11 R. Vous me parlez de cette procédure opératoire standard ?
12 Q. Oui.
13 R. C'est une procédure opératoire standard. En fait, qu'est-ce que ça veut
14 dire ? Ça veut dire de la part de l'ICMP que dans le cadre de
15 l'identification en question, identification génétique, nous allons suivre
16 tel et tel protocole, telle et telle démarche. Il s'agit de la part de
17 l'ICMP d'une justification de l'utilisation de ce programme, de ce logiciel
18 appelé "DNA view," qui calcule la probabilité de voir un profil génétique
19 donné correspondre à des personnes ou à des individus.
20 Q. J'aimerais que nous examinions la cinquième page de ce document sur un
21 total de 11, numéro ERN 0637646 [comme interprété]. Il y a un passage qui
22 m'intéresse ici qui concerne la "Probabilité antérieure." De quoi s'agit-il
23 ?
24 R. Pour arriver à une probabilité concernant l'identification d'un
25 individu, celui qui procède à l'analyse doit établir un certain nombre de
26 paramètres que le logiciel va respecter. Donc il faut expliquer si vous
27 voulez à l'ordinateur ce que l'on veut faire et comment on veut procéder au
28 calcul en question. La probabilité de base ou antérieure c'est un postulat.
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1 On détermine les probabilités pour qu'un individu appartienne à une
2 population définie. C'est une probabilité qui est donnée, probabilité que
3 l'individu concerné figure parmi ces 8 000 personnes. Il ne s'agit pas
4 d'une probabilité quant à l'identification précise de la personne
5 concernée, mais quant à son appartenance à ce groupe que l'on a identifié.
6 Q. Dans le cadre de votre analyse des travaux de l'ICMP, dans le cadre de
7 votre analyse et de votre connaissance de ce qui se fait généralement dans
8 ce domaine, savez-vous s'il existe une procédure opératoire standard
9 supplémentaire à ce sujet ?
10 R. Oui, je sais qu'il y a un protocole qui a été modifié qui date de 2006
11 ou 2007.
12 Q. 3 août 2006, en réalité, c'est la date exacte. Pièce P3224, j'aimerais
13 que nous y jetions un coup d'œil. Nous avons la première page ici qui
14 s'affiche, la page de garde. Vous pouvez constater, je pense, vous pourrez
15 trouver une page où l'on voit que ce document date d'août 2006.
16 R. Est-ce qu'on peut faire défiler le document vers le bas, s'il vous
17 plaît. Je crois, mais sans en être sûr pour autant, que la date se trouve à
18 la toute dernière page.
19 Q. Mais sur la première page, je crois, que cela figure également.
20 R. Je n'ai vu qu'une partie de cette page.
21 Q. En bas, je crois. En bas, en fait, de la page de garde. Voilà, ça y
22 est. Ça y est, c'est à la toute première page, en fait, la page de garde.
23 Je remercie l'huissier. Nous avons donc ici une procédure opératoire
24 standard qui vient de l'ICMP. La date c'est le
25 3 août 2006, n'est-ce pas ?
26 R. Oui.
27 Q. Est-ce que c'est la procédure opératoire standard dont vous venez de
28 nous parler ?
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1 R. Oui. Il s'agit de la version modifiée de la procédure que nous avons
2 examinée précédemment.
3 Q. J'aimerais que nous examinions la page 6 sur un total de 16 de ce
4 document. C'est le numéro ERN 06248603, et ce qui m'intéresse c'est ce
5 qu'on trouve au grand VI. Au deuxième paragraphe nous voyons de nouveau une
6 rubrique qui s'intitule "Probabilité de base ou antérieure." A quoi ceci
7 fait-il référence ? A quoi ce paragraphe de cette procédure opératoire
8 standard fait-il référence, et en particulier, la deuxième phrase soulignée
9 ?
10 R. Ici on a mis en évidence les calculs, les calculs, enfin, la base des
11 calculs, et la base des calculs de ces probabilités on l'a fait passer de 8
12 000 à 7 000.
13 Q. Donc entre 2002 et 2006, on voit une diminution de 1 000 ?
14 R. Oui, ils ont modifié le dénominateur concernant ce calcul de
15 probabilité.
16 Q. Qu'est-ce que ça fait si on modifie ces dénominateurs ? Quelle est
17 l'importance que cela a ?
18 R. Bien, ça modifie le résultat, bien entendu, puisqu'on va devoir
19 modifier en conséquence les paramètres communiqués à l'ordinateur. Ici, on
20 voit qu'initialement ils partaient d'une population de 8 000, maintenant
21 ils partent d'une population de
22 7 000, c'est ce qu'ils reconnaissent ici.
23 Q. M. Parsons, dans son rapport d'une page, utilise ce pourcentage, n'est-
24 ce pas, et vous vous y opposez ?
25 R. Je n'ai pas très bien compris.
26 Q. Mais qu'en est-il exactement ?
27 R. Bien, ce chiffre à quoi il correspond. C'est le chiffre qui correspond
28 au nombre total, au nombre total de personnes dont on considère qu'elles
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1 sont portées disparues, 8 000, 7 000, en tout cas peut importe, c'est ce
2 qu'on donne, c'est la donnée que l'on fournit au logiciel pour procéder au
3 calcul.
4 Et on voit qu'au sein de l'ICMP en 2006, il y a eu un changement de
5 position. On s'est dit que finalement le nombre de
6 8 000 ne correspondait peut-être pas au nombre total sur le terrain. Donc
7 on a fait passer ce chiffre de 8 000 victimes potentielles à
8 7 000, si bien qu'on voit que l'ICMP - et je le répète - pense qu'à
9 Srebrenica il y a probablement eu 7 000 victimes.
10 Q. Examinons le rapport de M. Parsons, P3005. Nous l'avons déjà vu hier.
11 Je souhaiterais qu'il s'affiche à l'écran. Donc Parsons utilise ce chiffre
12 de 8 000. Quelle est la signification de cette décision de sa part alors
13 qu'on a vu que le changement qui s'est produit au sein de l'ICMP en
14 examinant la procédure opératoire standard modifiée entre 2002 et 2006 -
15 attendez, s'il vous plaît, que le document s'affiche à l'écran. C'est un
16 document qui est sous pli scellé. Merci. C'est à l'écran maintenant.
17 Veuillez poursuivre, s'il vous plaît.
18 R. Le dénominateur que l'on se donne comme étant la probabilité antérieure
19 va déterminer le résultat statistique. Donc en 2002, l'ICMP avait déclaré
20 que ce dénominateur serait 8 000, ça veut dire qu'ils considéraient qu'il y
21 aura très certainement 8 000 portés disparus.
22 Q. C'est une hypothèse ?
23 R. C'est une hypothèse qu'on doit faire de toute façon pour établir ce
24 paramètre puisqu'il faut ce paramètre. Ce chiffre doit être donné par les
25 analystes et qui procèdent à l'étude statistique.
26 Q. Mais soyons clairs, ce n'est pas une hypothèse que vous faites, c'est
27 une hypothèse qui a été faite par l'ICMP, n'est-ce pas, ce 8 000 ?
28 R. Oui, tout à fait. C'est la détermination la plus proche du nombre de
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1 victimes faite par l'ICMP afin d'obtenir ensuite, une fois qu'on aura fait
2 tourner le logiciel, avoir des résultats à peu près corrects.
3 En 2006, l'ICMP a modifié ce chiffre et l'a descendu à 7 000. Ça veut dire
4 qu'ils pensent que le chiffre au total sera très certainement 7 000 et ils
5 commencent à faire des calculs statistiques sur l'identité en utilisant ce
6 dénominateur de 7 000 et pas de 8 000. Mais c'est tout à fait courant,
7 c'est normal de faire cela. Quant à savoir s'ils ont réétudié les
8 identifications faites et c'est ainsi qu'ils ont recalculé leur
9 dénominateur, je ne sais pas s'ils l'ont fait ou pas. En tout cas, c'est
10 une bonne pratique, mais je ne sais pas s'ils l'ont fait.
11 En 2007, Parsons déclare qu'il veut revenir à ce dénominateur de 8 100,
12 avoir cette probabilité à priori à 8 100 à nouveau.
13 Q. Savez-vous comment il est arrivé à chiffre et pourquoi il est remonté à
14 8 100 ?
15 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
16 M. VANDERPUYE : [interprétation] Non. La lettre parle d'elle-même de toute
17 façon, il ne suggère pas qu'il modifie quoi que ce soit. Ensuite, on
18 demande au témoin de se mettre à la place du Dr Parsons et d'expliquer
19 pourquoi il a fait ça. La lettre aurait dû être présentée au moins au Dr
20 Parsons.
21 M. OSTOJIC : [interprétation] Non, je ne demande absolument pas à notre
22 témoin de faire des hypothèses. Je lui demande si, lorsqu'elle a lu la
23 lettre du Dr Parsons, elle sait pourquoi il a décidé de remontrer le
24 chiffre à 8 100. Je ne lui demande pas du tout de faire des hypothèses et
25 il y a visiblement une modification dans leur protocole. Mais moi, je lui
26 demande son opinion à propos de la lettre qui lui a été fournie.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye, allez-y.
28 M. VANDERPUYE : [interprétation] Dans la lettre, il est écrit, "L'ICMP ne
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1 déclare pas que le degré d'incertitude peut être estimé empiriquement avec
2 précision." Voilà, c'est quand même évident, alors demander au témoin
3 d'interpréter cette phrase, c'est de l'hypothèse uniquement, c'est lui
4 demander de se livrer à des conjectures.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, ça suffit. Nous allons
6 maintenant délibérer.
7 [La Chambre de première instance se concerte]
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ecoutez, cette question est
9 parfaitement autorisée du moment que le témoin a bien compris qu'on ne lui
10 demande pas de se livrer à des conjectures. Elle peut répondre à la
11 question.
12 M. OSTOJIC : [interprétation]
13 Q. Allez-y.
14 R. Pourriez-vous, s'il vous plaît, reformuler la question. Je ne m'en
15 souviens plus très bien.
16 Q. Oui, je vais reformuler ma question et je suis sûr qu'ici je n'aurai
17 pas d'objection.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ne lisez pas le transcript, ça ne va
19 pas vraiment vous aider de toute façon. Essayez de vous souvenir de la
20 question que vous avez posée.
21 M. OSTOJIC : [interprétation] Très bien.
22 Q. Dans les éléments que vous avez étudiés, Dr Komar, avez-vous trouvé
23 quoi que ce soit qui vous permettrait d'étayer la thèse de M. Parsons
24 lorsqu'il a modifié ce chiffre de référence, cette probabilité a priori
25 pour la remonter à 8 100, comme il l'a fait dans le cadre de sa lettre du
26 30 novembre 2007 ?
27 R. Oui.
28 Q. Très bien. Où ?
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1 R. On en a parlé hier lorsqu'on parlait du taux d'appariement, du taux de
2 représentation et du taux de prélèvement. Donc "matching rate",
3 "representation rate" et "collection rate" en anglais. Il dit qu'il
4 n'essaie pas d'obtenir un chiffre, mais ce 8 100 a à voir avec la façon
5 dont il calcule la probabilité. Selon lui, voilà ce qu'il dit : "Etant
6 donné que le taux d'appariement est de 95.7 % et plus ou moins une
7 tolérance de .54 %, et que le nombre total de disparus" -- non, je remonte
8 un peu, mais c'est un petit peu petit.
9 Est-ce qu'on pourrait agrandir un petit peu l'anglais parce que je n'arrive
10 pas du tout à le lire. Au troisième paragraphe, voici ce qui est écrit,
11 "Une extrapolation suggérerait que nous avons collecté des échantillons de
12 référence pour 95,7 % des disparus. Or, cela n'est pas une hypothèse
13 correcte." Il fait correspondre le taux d'appariement au taux de
14 prélèvement, le "matching rate" au "collection rate", et à mon avis ce
15 n'est pas correct.
16 Q. Pourquoi ?
17 R. "Matching rate" ou taux d'appariement c'est la suite d'une observation
18 qui dit si on a 100 ballons rouges, par exemple, dans un échantillon et 97
19 ballons rouges dans un autre échantillon, la correspondance est de 97 % des
20 cas. Ça, c'est le taux d'appariement. Le taux de prélèvement, "collection
21 rate" en anglais, c'est différent. Si vous avez une population, quelle que
22 soit la population, imaginons ici que l'on parle de nombre de victimes
23 présumées à Srebrenica, le "matching rate" n'a rien à voir avec le
24 "collection rate." Le prélèvement c'est le nombre de membres de la famille
25 liés à ces victimes présumées dont on a pu prélever les échantillons, donc
26 ce n'est pas 97 %. 97 % c'est le nombre d'ossements que l'on a et qui sont
27 appariés à la base de données qui ont été établies à partir de la
28 parentèle, donc ce n'est pas la "collection rate", le taux de prélèvement.
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1 Le taux de prélèvement c'est le nombre de membres de la famille sur
2 lesquels on a pu procéder à des prélèvements. Cela n'a rien à voir avec le
3 nombre d'appariements qui ont été faits ensuite à partir des ossements.
4 Q. Bien, j'essaie de comprendre. La méthode utilisée par le Dr Parsons est
5 un peu biaisée. Je ne veux pas dire cela parce que je ne connais pas cette
6 personne suffisamment, mais ce n'est pas correct ou cela laisse à désirer,
7 plutôt ? En tout cas, ce n'est pas correct ?
8 R. Il est extrêmement clair. Il dit quand même que c'est hypothèse, il
9 emploie ce mot "hypothèse" plusieurs fois. Il fait une hypothèse ici. Il
10 n'est pas en train d'argumenter sur des faits, il argumente sur une
11 hypothèse. Il dit comment en arriver à ce chiffre de probabilité a priori ?
12 Il dit que si on a un taux d'appariement de 97,5 %, qu'on prend les
13 ossements et qu'on les compare avec les membres de la famille, dans ce cas-
14 là il fait l'hypothèse que l'on obtient un taux de prélèvement, un
15 "collection rate" de 97 % aussi. Mais à mon avis, c'est là qu'est l'erreur
16 et c'est pour ça que la conclusion est invalidée. Mais vous savez, il
17 suffit de demander l'avis à deux experts et vous aurez deux opinions bien
18 différentes.
19 Q. Dans votre étude de tout cela, y compris les procédures standard de
20 2002 et de 2007 [comme interprété] de l'ICMP ainsi que cette lettre du Dr
21 Parsons de 2007 dont vous nous avez déjà parlé, c'est là que vous avez
22 trouvé certains points sur lesquels vous divergez, y a-t-il d'autres points
23 sur lesquels vous divergez ?
24 R. Veuillez répéter, c'est trop compliqué.
25 Q. Oui. Nous examinons cette lettre du Dr Parsons du 30 novembre 2007, et
26 j'aimerais savoir si dans le cadre de ces calculs statistiques vous avez
27 trouvé d'autres points sur lesquels vous n'êtes pas d'accord, mis à part ce
28 qui est écrit ici dans cette lettre de 2007 ?
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1 R. Non, comme ça, je ne vois pas vraiment.
2 Q. Dans ce cas-là, j'aimerais attirer votre attention sur votre rapport,
3 mais j'aimerais d'abord vous demander ce qui se passe si ce dénominateur de
4 7 000 n'est pas correct pour ce qui est des résultats de l'ICMP ?
5 R. Ce n'est pas que 7 000 soit incorrect. Mais quand on modifie le
6 dénominateur, comme on modifie la probabilité a priori au départ, on
7 arrive, bien sûr, à un résultat différent et à une évaluation statistique
8 différente des possibilités. Parce qu'il y a des critères essentiels qui
9 doivent être satisfaits pour avoir une identification. Il faut que ce soit
10 au plus de 99.8, parfois 99.5 %. Quand on modifie cette probabilité a
11 priori on modifie le résultat, on modifie le résultat statistique. Donc le
12 dénominateur est très important, parce que cela va déterminer qui va être
13 identifié positivement et qui ne va pas l'être.
14 Q. Très bien. Vous avez vu les protocoles, les protocoles standard de
15 2002, les protocoles standard de 2006, mais depuis 2006, avez-vous vu
16 d'autres documents qui peut-être modifient encore cette fameuse probabilité
17 à priori dont nous parlons ?
18 R. Je veux une minute pour trouver la référence, parce que je ne l'ai pas,
19 comme ça, en tête. S'il y a un nouveau protocole après ce deuxième qui a
20 été établi, celui-là je ne le connais absolument pas.
21 Q. Moi non plus, je ne sais pas qu'il existe, mais je voulais juste être
22 exhaustif, mais vous n'avez pas vu de document de ce
23 type ?
24 R. Non, je n'ai aucune connaissance d'un document de ce type.
25 Q. Très bien. Maintenant, quand on regarde les conclusions de Manning et
26 les conclusions de l'ICMP, avez-vous une opinion basée sur un degré de
27 certitude quant à la nécessité qu'il faille absolument que tout ce système
28 soit vérifié par la communauté scientifique ?
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1 R. Oui, absolument, c'est important puisque quand on travaille dans le
2 domaine des sciences, tout travail que l'on fait doit être absolument
3 étudié et révisé par vos collègues. On ne peut pas publier quoi que ce soit
4 sans cette fameuse, "Prior view," le fait que tout soit étudié par la
5 communauté scientifique, on ne peut pas avoir de bourse non plus sans cela.
6 On s'est rendu compte aussi que dans le cadre de notre travail, des
7 enquêtes sur les crimes de masse, il faut absolument que le processus
8 employé pour calculer les chiffres soit révisé et étudié par la communauté
9 scientifique. L'ennui, bien sûr, c'est qu'on a toujours des données assez
10 confidentielles et très confidentielles, des données qui ne doivent
11 absolument pas être publiées. Mais bien sûr, il faut qu'il y ait
12 transparence, puisqu'il faudrait que les autres membres de la communauté
13 scientifique puissent évaluer la façon de procéder pour avoir la certitude
14 que le processus employé pour trouver les chiffres est correct. C'est pour
15 ça que l'on a cette fameuse évaluation collégiale par les pairs, donc les
16 autres regardent vos rapports, vos conclusions pour en arriver ensuite à un
17 accord de toute la communauté scientifique selon lequel les travaux
18 effectués et la méthodologie employée ainsi que l'analyse et les
19 conclusions sont correctes.
20 Q. Pouvez-vous donner un exemple ?
21 R. Je travaillais en Bosnie en 1999, 2000, 2001, et de ce fait lorsque
22 nous avons créé nos protocoles pour l'Irak, nous avons inclu, bien sûr,
23 cette évaluation collégiale par les pairs en ce qui concerne les rapports
24 d'autopsie, les conclusions, et cetera, et JPAC, le système américain du
25 processus d'identification inclut aussi cette évaluation collégiale dans
26 son protocole.
27 Q. Qu'en est-il du problème de la catastrophe du World Trade Center ? Là
28 aussi, il y a eu évaluation collégiale ?
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1 R. Oui, absolument. Elle est un peu différente, mais le processus
2 d'identification qui a eu lieu dans le cadre du 11 septembre a été
3 extrêmement transparent et tous les membres de la communauté scientifique
4 savaient exactement ce qui a été fait et les protocoles qui ont été
5 employés.
6 Q. Avez-vous été impliqué dans cette étude ?
7 R. Oui, j'étais à New York 38 heures après l'attaque.
8 Q. Qu'avez-vous fait là-bas ?
9 R. J'étais volontaire, je voulais aider tout simplement à retrouver et
10 apporter mon assistance.
11 Q. Très bien. Revenons-en à votre rapport, le point 1.1, n'est-ce pas, où
12 vous parliez des conclusions du Dr Parsons. Vous parlez des profils qu'il a
13 faits, et cetera, et cetera. Pourriez-vous nous expliquer ce que vous dites
14 au milieu du paragraphe 1.1 ?
15 R. Je parle de la différence entre le "matching rate" et le "collection
16 rate", le taux d'appariement et le taux de prélèvement. Selon lui, le
17 "matching rate", le taux d'appariement se sert d'hypothèses pour calculer
18 le nombre total de personnes disparues, moi, je pense que c'est ce qu'il a
19 fait, et c'est ce que je ferais, moi. Plutôt que d'utiliser cela dit le
20 taux d'appariement, le "matching rate", je pense que l'autre façon de
21 calculer ce chiffre serait de trouver le nombre de profils ADN sur le
22 nombre total. Plutôt que de dire, on a réussi à apparié 95.7 % des os à la
23 population de base, selon moi, je trouve qu'on devrait trouver le
24 pourcentage de profils ADN par rapport au nombre de personnes.
25 Q. Votre système à vous est-il raisonnable ?
26 R. Si vous parlez, par exemple, du World Trade Center, c'est ainsi qu'on a
27 procédé au calcul dans le cas de New York.
28 Q. Très bien. C'est accepté par la communauté scientifique, bien sûr ?
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1 R. Oui, en tout cas il y a un précédent.
2 Q. Très bien. Avec votre calcul, vous arrivez à un taux de 67.9 % ?
3 R. Non, ça c'est le nombre de profils par rapport au nombre d'individus
4 portés disparus.
5 Q. Vous parlez de cinq hypothèses dans ce paragraphe 1. Pourriez-vous nous
6 parler de vos cinq hypothèses pour que nous comprenions bien ce que vous
7 vouliez dire ?
8 R. La deuxième hypothèse dans sa lettre c'est que "Parfois on n'arrive pas
9 à faire un appariement ADN par rapport à un os parce qu'il n'y a pas
10 d'échantillon de référence dans la base de données." Donc il dit que si
11 l'ICMP n'arrive pas à trouver un appariement ce n'est pas parce qu'on
12 n'arrive pas à obtenir l'ADN de l'os, ce n'est pas parce que l'individu
13 n'est pas représenté lorsqu'il était exhumé. Tout ce qu'il dit c'est qu'il
14 n'y a pas d'appariement, parce qu'un membre de famille survivant n'a pas
15 donné d'échantillon d'ADN. Mais moi, je dis qu'il y a une autre raison
16 quand même qui devrait être présente, c'est qu'il y a d'autres raisons très
17 certaines pour lesquelles on n'arrive pas à faire cet appariement ADN.
18 Q. Vous dites à la fin, "L'hypothèse qu'il n'y a pas de profil de
19 référence existant présuppose que chaque échantillon unique a produit un
20 ADN viable, correct, acceptable, ce qui n'est absolument pas sûr étant les
21 conditions dans lesquelles les restes ont été trouvés et les autres
22 facteurs qui ont un impact sur l'ADN." Que voulez-vous dire exactement là ?
23 R. Voilà. Parlons du World Trade Center, normalement on considère qu'il y
24 a environ 3 000 personnes qui ont été portées disparues. C'est la même
25 qu'ici à Srebrenica. On a environ ici 3 000 personnes qui sont portées
26 disparues. Il n'y en a que 57 % qui ont été identifiées et qui sont prises
27 en compte, donc ça fait environ
28 50 %, même plus. Même chose ici pour Srebrenica. On n'a qu'une portion
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1 correctement rectifiée des gens qui sont censés être disparus. Moi, je
2 préférerais utiliser les 7 772 qui ont été portés disparus comme pour le
3 World Trade Center. Il y a des membres de famille qui se sont présentés et
4 qui ont dit qu'ils avaient un membre de la famille disparu, et là on en
5 arrive à ce chiffre de 7 772.
6 Maintenant, à dire que l'identification est de 95.7 %, ce n'est pas
7 réaliste, parce que ça voudrait dire que les éléments que l'on étudie à la
8 base sont tellement bien conservés qu'on arrive à en obtenir un ADN
9 parfait, si je puis dire, qui permet de faire l'identification. Et ce n'est
10 pas le cas. Il vaut mieux regarder les résultats que l'on obtient et dire,
11 voici les personnes que l'on peut identifier, quel que soit le chiffre.
12 Donc on arriverait à deux chiffres : un, le nombre de personnes déclarées
13 disparues par leurs familles, et le nombre de personnes qui sont
14 véritablement identifiées; ça ne veut pas dire que l'ICMP n'arrive pas à
15 faire son travail ni quoi que ce soit. C'est parfaitement normal que ce
16 chiffre ne soit pas identique. Arriver à 99 % [comme interprété] de taux
17 d'identification, ce n'est pas réaliste dans ce cas, on s'y attend même pas
18 de toute façon dans la communauté scientifique. Essayer de se donner ainsi
19 un objectif aussi irréaliste est impossible à atteindre, est plutôt contre-
20 productif qu'autre chose. Il vaudrait mieux juste trouver autant de cas --
21 en trouvant autant que possible, en identifiant autant que possible,
22 ensuite prendre ces chiffres tels qu'ils sont plutôt que se donner un
23 chiffre extrêmement -- un objectif extrêmement élevé, c'est-à-dire
24 d'arriver à identifier toutes les personnes portées disparues, c'est
25 complètement irréaliste.
26 Q. Merci. Nous avons quelques minutes maintenant avant la pause, mais
27 j'aimerais en revenir à ce problème d'évaluation collégiale par les pairs
28 dont nous avons parlé. Vous avez lu un petit peu tous ces documents et
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1 d'après vous, pour ce qui est des rapports de Manning et de Parsons et de
2 leur conclusion, y a-t-il eu une évaluation collégiale ?
3 R. Dans la plupart des standards -- dans les SOP et de l'ICMP il y a
4 plusieurs signatures, ce qui est normal, parce que c'est la façon de
5 procéder, c'est ainsi qu'un SOP doit être rédigé. Mais dans tous les
6 rapports que j'ai lus - parce que quand on a une évaluation collégiale,
7 ceux qui évaluent, bien sûr, ajoutent leur signature. Bien sûr, sans dire
8 qu'ils ont écrit le rapport, mais juste pour montrer qu'ils ont évalué le
9 travail. Or, je n'ai pas vu cela pour ces deux rapports, mais je ne sais
10 pas si ces documents sont des originaux, peut-être qu'il y en a d'autres où
11 il y a ces signatures. Mais dans les SOP, en tout cas, il est écrit nulle
12 part qu'il faut envoyer les conclusions et toute la procédure pour qu'elle
13 soit vérifiée par les pairs et évaluée par les autres. A mon avis, enfin
14 moi, en tout cas, je n'ai vu aucune preuve montrant que cette évaluation
15 collégiale aurait eu lieu.
16 Q. Très bien. Maintenant après la pause, nous parlerons d'une dernière
17 chose. Mais j'aimerais savoir si vous connaissez le terme "fact shopping" ?
18 Qu'est-ce que cela veut dire ? Recherchez des faits ou --
19 R. C'est un euphémisme utilisé dans la communauté scientifique médico-
20 légale. On va aller à la pêche aux faits, quoi, aller à la pêche aux faits.
21 Cela veut dire que dans ce cas-là, en fait, on ne prend compte que les
22 faits qui vont dans le sens de votre démonstration et on laisse de côté
23 tous ceux qui risqueraient d'aller à l'encontre de cela.
24 Q. Très bien. Mais vous avez été à Srebrenica, sur le terrain, vous
25 connaissez tous ces collègues qui ont été impliqués dans des exhumations,
26 et j'aimerais savoir si, à votre avis, le bureau du Procureur à un moment
27 ou à un autre a été impliqué dans le processus d'exhumation. J'aimerais
28 juste savoir si les anthropologues et la communauté scientifique ont été
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1 parfaitement libres de faire ce qu'ils voulaient pour tirer leurs propres
2 conclusions ou s'ils étaient plus ou moins pilotés, si je puis dire ?
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye.
4 M. VANDERPUYE : [interprétation] Non, c'est parfaitement directif. Donc je
5 soulève une objection et de plus ce n'est pas du tout clair. C'est vague,
6 c'est très flou, on ne sait pas de qui on parle. Donc lorsque mon éminent
7 confrère parle de ce qui est autorisé, ce qui n'est pas autorisé, il est
8 parfaitement vague, il ne donne aucun nom.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Nous allons délibérer.
10 [La Chambre de première instance se concerte]
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Docteur Komar, avez-vous compris la
12 question posée par Me Ostojic ou voulez-vous plutôt que cela soit clarifié
13 ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] J'aimerais qu'on me reformule cette question.
15 M. OSTOJIC : [aucune interprétation]
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il va le faire. En principe, nous
17 sommes d'accord à ce que cela soit posé, cette question, et vous pouvez y
18 répondre. Le témoin est tout à fait en mesure d'y répondre, et après quoi
19 vous pouvez poser d'autres questions lors du contre-interrogatoire,
20 Monsieur Vanderpuye. Et vous, Maître Ostojic, pouvez-vous reformuler votre
21 question d'une façon intelligente et je ne dis pas que cela n'était pas le
22 cas avant.
23 M. OSTOJIC : [interprétation] Bien sûr, Monsieur le Président.
24 Q. Docteur, sur la base de votre expérience et discussions avez vos
25 collègues en lisant des articles qui ont été publiés par rapport aux
26 exhumations menées à Srebrenica, est-ce que sur la base de tout cela vous
27 avez pu conclure que les scientifiques qui ont été impliqués, ont été
28 dirigés vers certaines choses pour en tirer certaines conclusions
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1 contrairement aux conclusions qui auraient pu être atteintes par rapport
2 aux faits ?
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye.
4 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Encore une
5 fois, objection par rapport au sujet dont il est question ici. Le témoin
6 n'a pas parlé de cela, ce n'était pas sur le résumé 65 ter, et n'a pas
7 parlé de cela dans son rapport, nous n'avons pas non plus à être notifiés
8 de ce sujet par mon éminent collègue, Me Ostojic.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Ostojic.
10 M. OSTOJIC : [interprétation] Il faut que je parcours cela avec le témoin,
11 parce qu'elle témoigne sur les faits. Donc elle est médecin qui était sur
12 place, elle peut nous parler de ses impressions et de son opinion par
13 rapport à cela si elle s'est forgée une opinion là-dessus. Je ne sais pas
14 pourquoi l'Accusation -- il est difficile à l'Accusation d'accepter cela,
15 de comprendre cela. Elle a utilisé une sorte d'euphémisme utilisé dans le
16 milieu scientifique, c'est la pêche aux faits ou une approche sélective des
17 faits. Cela veut dire que la fin approuve tous les moyens utilisés.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] J'aimerais vous demander quand j'ai utilisé ce
19 terme ici dans le prétoire.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, Me Ostojic l'a utilisé, pas vous,
21 et il a demandé si vous compreniez cela, ce terme, cette expression.
22 [La Chambre de première instance se concerte]
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Docteur, nous avons dû en discuter. Et
24 nous sommes arrivés à une conclusion qu'il s'agit d'un sujet ou d'une
25 question qui va au-delà de votre domaine en tant qu'expert, et en tant
26 qu'expert vous êtes venue ici pour nous parler de votre opinion en tant
27 qu'expert. Supposons que vous soyez d'accord avec nous à ce sujet.
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Je serais tout à fait heureuse de pouvoir ne
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1 pas reprendre à cette question.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'était justement ce que nous allions
3 vous demander, mais nous allons voir cela après la pause. Merci.
4 Monsieur Vanderpuye, est-ce que vous voulez --
5 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je n'ai rien à ajouter, Monsieur le
6 Président.
7 --- L'audience est suspendue à 10 heures 33.
8 --- L'audience est reprise à 11 heures 00.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Ostojic, de combien de
10 temps avez-vous encore besoin ? Jusqu'ici, vous avez utilisé trois heures
11 et 15 minutes, ou presque 20 minutes.
12 M. OSTOJIC : [interprétation] A peu près 15 à 30 minutes. J'ai encore un
13 sujet à aborder.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y.
15 M. OSTOJIC : [interprétation] Merci.
16 Q. Bonjour, Docteur, et merci. J'aimerais aborder un autre sujet. C'est
17 classification des groupes sociaux. Connaissez-vous ce concept ?
18 R. Oui.
19 Q. [aucune interprétation]
20 R. Si l'identification d'une personne veut dire qu'il faut retrouver le
21 nom de la personne décédée, identité sociale ou appartenance à un groupe
22 social et caractéristiques de ce groupe social sert de base pour définir
23 une population. Dans le sens anthropologique, il peut y être question d'un
24 groupe culturel, national ou religieux.
25 Q. Sur la base de l'examen des documents et sur la base d'autres
26 expériences, avez-vous pu examiner ces documents par rapport à l'identité
27 du groupe social ?
28 R. Oui. A plusieurs reprises cela est apparu dans les rapports que j'ai
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1 parcourus.
2 Q. Pour ce qui est de votre rapport, je pense que cela se trouve au
3 paragraphe 5, et vous avez fait la chose suivante : vous avez examiné des
4 documents scientifiques et des documents pour ce qui est des enquêtes et
5 qui figurent dans le rapport de Manning pour voir comment cela était
6 appliqué et comment les opinions ont été formulées. Regardons le rapport du
7 Dr Wright du 12 mai 1999, et c'est la pièce qu'on a examinée hier portant
8 le numéro P666. Pour qu'on ne perde pas beaucoup de temps, j'aimerais
9 attirer votre attention sur la page 00848216. Il s'agit d'un résumé de ces
10 conclusions. Je pense qu'il y a un endroit où il est fait référence à
11 l'appartenance au groupe de Musulmans.
12 R. Oui.
13 Q. Pouvez-vous nous expliquer ce que cela veut dire, l'identité d'un
14 groupe social ou appartenance à un groupe social ?
15 R. Lorsqu'il s'agit des accusations de génocide, et si j'ai bien compris,
16 même si je ne suis pas juriste, je pense que cela exclut cette notion
17 d'identité du groupe social. Cela influait cela, que les victimes devaient
18 faire partie d'un groupe protégé.
19 Q. Sur la base de ces documents que vous avez étudiés, est-ce qu'une
20 analyse a été faite par rapport aux exhumations et à la façon dont ces
21 exhumations ont été menées ?
22 R. Il y a plusieurs commentaires pour ce qui est de l'appartenance des
23 victimes à un groupe déterminé.
24 Q. Regardons la page suivante du rapport de Dr Wright. C'est 00848217, où
25 il dit que les corps ne seraient pas étudiés par rapport aux objets
26 associés à ces corps.
27 R. On peut voir que dans cette déclaration il a été dit que ce n'est pas
28 la fin primordiale des exhumations d'étudier, de se pencher sur les corps
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1 et les objets associés à ces corps.
2 Q. [aucune interprétation]
3 R. Oui, à un certain degré.
4 Q. Maintenant, en analysant le rapport de Baraybar du 8 décembre 1999,
5 c'est P560, c'est la page numéro 00911867, il a résumé le sujet concernant
6 l'identité du groupe social.
7 R. Je vais répondre comment j'ai compris votre question. Il a une approche
8 différente, ou plus prudente à ce sujet, selon moi. Il a remarqué qu'il y
9 avait des objets de nature religieuse qui sont présents, mais il n'est pas
10 arrivé à la conclusion d'appartenance à un groupe religieux par rapport à
11 ces objets retrouvés.
12 Q. Par rapport à quelle autre approche c'est différent ?
13 R. De Dr Wright.
14 Q. Est-ce qu'il y a une signification dans tout cela à l'approche de
15 Baraybar qui est différente par rapport au Dr Wright ?
16 R. Oui.
17 Q. Quelle est cette différence et signification de ces différences ?
18 R. Ce que M. Baraybar a fait est qu'il a tout simplement décrit ce qu'il a
19 été retrouvé. Ils ont suivi le même SOP ou protocole sur le terrain et
20 reconnu que, vu les circonstances, il y avait des contraintes dans le
21 temps, et il a été nécessaire d'examiner un peu plus en détail tout ce qu'a
22 été retrouvé. C'est pour cela que M. Baraybar dans son rapport a dit que
23 certains objets étaient présents, mais il n'a pas interprété leur
24 signification, alors que M. Wright, dans son rapport, il a attribué une
25 signification à ces objets. Il a interprété la signification de ces objets
26 ou de leur nature. Il les a catégorisés.
27 Q. En analysant ces documents, avez-vous retrouvé des efforts pour
28 identifier ce groupe social ?
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1 R. Pouvez-vous reformuler cela ?
2 Q. Oui, je vais essayer. Lorsque vous vous êtes penchée sur les documents
3 par rapport à la présentation des moyens de preuve dans cette affaire,
4 avez-vous pu conclure que ces moyens de preuve scientifiques ont pu étayer
5 le fait qu'ils auraient retrouvé l'identité du groupe social auquel
6 appartenaient les corps exhumés ?
7 R. Selon moi, cela n'a pas été assez suffisamment corroboré pour arriver à
8 cette conclusion définitive.
9 Q. Regardons maintenant la déclaration du témoin Manning du 24 novembre
10 [comme interprété]. Pour que cela soit clair aux fins du compte rendu, je
11 pense qu'hier on a dit qu'il s'agit de la pièce à conviction 1D357, mais
12 dans le prétoire électronique c'est P551. Il faut que j'indique cela pour
13 que nous puissions le retrouver plus tard. Merci. Donc c'est P551.
14 Maintenant, il faut retrouver la page X0169261.
15 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il ne s'agit pas du bon numéro.
16 M. OSTOJIC : [interprétation] Quel numéro n'est pas le bon numéro ?
17 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] P551.
18 M. OSTOJIC : [interprétation] Pourriez-vous nous aider et nous dire quel
19 est le bon numéro ? Il s'agit du document identifié par avant en tant que
20 1D357. Je précise qu'il s'agit de la déclaration de Dean Manning, du témoin
21 Dean Manning.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Vanderpuye.
23 M. VANDERPUYE : [interprétation] Il faut savoir qu'il s'agit de la pièce
24 P3551.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.
26 M. OSTOJIC : [interprétation] Merci beaucoup.
27 M. VANDERPUYE : [interprétation] 24 novembre.
28 M. OSTOJIC : [interprétation]
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1 Q. 24 novembre 2003. Pièce P3551. Madame le Témoin, j'aimerais vous
2 demander de vous reporter à la page 23 du rapport qui porte le numéro ERN
3 X0169261, paragraphe 83, un croquis, et 84. Est-ce que quand vous avez
4 examiné les documents pour vous préparer à déposer ici, vous avez lu cette
5 déposition ?
6 R. Oui.
7 Q. Qu'est-ce que vous pourriez nous dire au sujet du paragraphe 84, et au
8 sujet de ce qui figure précédemment de cet intertitre : "Elément indiquant
9 une affiliation religieuse" ?
10 R. Oui, ici il donne son opinion sur l'appartenance religieuse des
11 personnes concernées.
12 Q. Est-ce que vous avez une opinion scientifique sur ce fait, à partir des
13 éléments qu'il donne, qu'il indique, pour asseoir cette affirmation ?
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye.
15 M. VANDERPUYE : [interprétation] C'est une question qui invite le témoin à
16 se lancer dans des conjectures, puisque rien n'indique que M. Manning se
17 soit appuyé uniquement sur ces éléments-là.
18 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
19 M. OSTOJIC : [interprétation] Je peux procéder par ordre, point par point.
20 Je ne suis pas d'accord avec M. Vanderpuye, mais je peux procéder par le
21 menu.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y.
23 M. OSTOJIC : [interprétation]
24 Q. D'après le Procureur, il ne s'agit pas des seuls éléments sur lesquels
25 M. Manning se soit appuyé. Est-ce qu'en examinant les pièces en rapport
26 avec l'espèce, vous avez pu trouver d'autres éléments identifiés
27 expressément par Dean Manning en dehors de ce qui est mentionné ici de
28 manière très succincte ?
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1 R. Je ne peux pas vous dire quels sont les éléments qu'il a pu consulter,
2 mais je peux vous dire ce que j'ai vu. J'ai vu certains passages du rapport
3 Baraybar, du rapport Wright, ainsi que d'autres passages qui correspondent
4 à ce sujet-là expressément. Mais je ne sais pas ce que M. Manning, lui, a
5 vu concrètement.
6 Q. Mais est-ce que dans ses rapports, dépositions et autres, il explique
7 sur quelle base il est arrivé à ces conclusions ? Sur la base de l'examen
8 de quoi ?
9 R. Non, il faudrait, pour répondre à cette question, que je puisse passer
10 en revue la totalité des éléments qu'il a lui-même passée en revue.
11 Q. Bien. S'agissant de l'appartenance religieuse des Musulmans, est-ce que
12 M. Manning a suivi la méthodologie définie par M. Baraybar ?
13 R. La méthodologie, pardon ?
14 Q. Les exemples donnés par M. Baraybar, la manière dont il identifie
15 l'identité sociale de ce groupe, est-ce que Manning adopte une approche qui
16 correspond à celle que nous avons vue dans le document P560 ?
17 R. Je ne sais pas si M. Baraybar avance une méthodologie. Il est très
18 prudent dans la description de ce qu'il voit, il n'entreprend pas de donner
19 une interprétation. Or, ici, nous avons plutôt une conclusion qui arrive à
20 la fin d'une analyse.
21 Q. Est-ce que vous avez une opinion au sujet de cette conclusion de
22 l'analyse menée par Dean Manning ? Est-ce que vous avez une opinion sur son
23 caractère acceptable ou non ?
24 R. Etant donné le caractère extrêmement important de l'appartenance
25 religieuse en ce qui a trait au génocide en particulier, moi, globalement,
26 je ne pense pas qu'il y ait des éléments qui prouvent de manière
27 incontestable que cette question était abordée de manière véritablement
28 scientifique. Parce qu'on y fait référence de manière tellement succincte
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1 comme en passant, que vu l'importance de la question, j'ai l'impression que
2 l'on n'y a pas accordé suffisamment d'attention du point de vue
3 scientifique, d'autant plus qu'il existe des méthodes permettant de
4 déterminer l'appartenance religieuse d'une personne décédée.
5 Q. Quelles sont ces méthodes ?
6 R. Il en existe plusieurs. En fait, on cherche les caractéristiques qui
7 déterminent l'appartenance à une population. Admettons ici que l'on essaie
8 de définir qui est qualifié de musulman. Un Musulman c'est quelqu'un qui
9 est de confession musulmane. Il y a plusieurs méthodes qui existent
10 permettant de reconnaître que tel ou tel individu appartient à cette
11 population. Et ça recouvre ce à quoi il est fait vaguement allusion ici,
12 c'est-à-dire l'analyse des objets culturels correspondant, des objets,
13 comme par exemple, les effets vestimentaires, les papiers d'identité, les
14 bijoux, et cetera. Analyser tous les objets trouvés permet d'arriver peut-
15 être à une conclusion quant à l'appartenance religieuse d'un individu
16 concerné.
17 Deuxième voie qui s'offre à nous : identification formelle de
18 l'individu du moment qu'on ait suffisamment d'informations de ce qu'il
19 était de son vivant pour savoir si, véritablement, il existe des éléments
20 permettant de savoir que la personne concernée allait à l'église. Ça peut
21 également être constitué par des informations fournies par la famille au
22 sujet de l'appartenance religieuse de l'individu du temps de son vivant.
23 Q. Ce sont là les méthodes acceptables qui ont déjà été utilisées pour
24 déterminer l'identité sociale d'un groupe donné ?
25 R. Oui, ce sont des méthodes qui sont utilisées couramment.
26 Q. Dans l'examen des documents qui vous ont été présentés, est-ce que vous
27 avez constaté cela, parce qu'il me semble que vous dites que la chose est
28 mentionnée en passant de manière très succincte, mais sans qu'on adopte les
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1 approches que vous venez de définir.
2 R. Moi, ce que j'ai trouvé dans les documents qui m'ont été présentés
3 c'est deux choses. Il y a M. Baraybar, qui est très prudent, qui décrit ce
4 qu'il trouve sur le terrain. La deuxième chose c'est Richard Wright,
5 Richard Wright qui fait une évaluation, il classe les victimes dans
6 différentes catégories. Il explique pourquoi que l'analyse de ces objets
7 culturels n'est pas réalisée sur le terrain, que ce n'est pas l'objectif de
8 l'analyse. Donc on peut dire qu'ici l'approche a été véritablement
9 superficielle.
10 Je ne sais pas s'il existe d'autres rapports réalisés au moment des
11 autopsies qui évaluent ces objets culturels. Je ne les ai pas vus ces
12 rapports qui éventuellement pourraient avoir trait à la classification au
13 sein d'une population donnée.
14 Q. Vous dites que l'on n'a pas suivi le protocole d'analyse reconnu sur le
15 terrain pour déterminer l'analyse de ces objets culturels.
16 R. Ça on le trouve dans le premier rapport de Wright au sujet de la
17 procédure standard. Il explique qu'on ne peut pas mener ce type d'analyse
18 sur le terrain parce que les vêtements sont souillés, on n'a pas le temps,
19 et cetera, et que ça va se faire plus tard, au labo ou dans la salle
20 d'autopsie.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur le Procureur.
22 M. VANDERPUYE : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, et
23 merci de me donner la parole. Je voudrais simplement savoir si Me Ostojic
24 conteste le fait que ces victimes appartenaient à un groupe donné. Est-ce
25 qu'il le conteste ? Sinon, je ne vois pas très bien à quoi servent ces
26 questions.
27 M. OSTOJIC : [interprétation] Nous n'avons pas la charge de la preuve, nous
28 ne l'avons en aucune manière. Et là, c'est quelque chose qu'il appartient à
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1 l'Accusation de prouver. Me poser cette question et exiger de moi une
2 réponse, ce n'est pas légitime. Je pourrais, certes, répondre en déposant
3 moi-même au sujet d'un certain nombre d'éléments en présentant mes
4 arguments, mais je ne pense pas que cela soit justifié. Donc ce sont eux
5 qui ont la charge de la preuve, pas moi, avec tout le respect que je vous
6 dois.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.
8 [La Chambre de première instance se concerte]
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pour l'instant, nous n'allons pas nous
10 prononcer, nous nous prononcerons plus tard suivant ce que nous allons
11 entendre. Donc nous allons demander à notre témoin expert de répondre à la
12 question si elle le peut, si elle le souhaite. Après, nous verrons.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce qu'on peut me répéter la question.
14 M. OSTOJIC : [interprétation] Souhaitez-vous que je répète la question ?
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, je ne m'adressais pas à vous,
16 Maître Ostojic. Je parlais au témoin.
17 Mais oui, effectivement, si vous voulez répéter la question, allez-y. Ne
18 vous gênez pas.
19 M. OSTOJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
20 Q. Je crois que vous aviez commencé à répondre, Madame. Cet élément, nous
21 l'avons identifié et je suis sûr qu'au cours du contre-interrogatoire on
22 nous présentera cet élément s'il existe. Mais je voudrais savoir si, dans
23 le cadre de l'analyse de ce point précis, vous avez pu vous rendre compte
24 que cette analyse, l'appartenance à un groupe social défini, elle a été
25 menée à bien comme il se doit ?
26 R. Moi je ne pense pas qu'elle ait été abordée de manière satisfaisante.
27 Q. Nous avons également parlé ici du rapport Wright du 12 mai 1999 où il
28 présente un protocole sur ce que vous avez évoqué, et nous avons également
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1 le rapport de Baraybar du 8 décembre 1999, nous avons la déclaration de M.
2 Manning du 24 novembre 2003, et cetera. Est-ce que dans ces documents il y
3 a quoi que ce soit qui soit présenté de manière explicite, spécifique, en
4 rapport avec ce que nous évoquons en ce moment ?
5 R. Non, je n'ai rien vu d'autre concernant, par exemple, une analyse qui
6 aurait été réalisée au moment de l'autopsie, aucun commentaire au sujet de
7 ce type d'exercice. Je n'ai rien vu d'autre.
8 Q. Madame le Témoin, je vous ai rencontré récemment, ça fait deux jours
9 que vous déposez, n'est-ce pas que s'ils pouvaient vous présenter ces
10 pièces, vous seriez prête à les examiner et à fournir votre opinion à ce
11 sujet, n'est-ce pas ?
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, passons à autre chose, s'il vous
13 plaît. Ne répondez pas, Madame le Témoin.
14 M. OSTOJIC : [interprétation] D'accord.
15 Q. Pour ce qui est des exhumations que vous avez réalisées - j'en arrive à
16 la fin de mon interrogatoire principal - je vous ai montré un document qui
17 se trouve sur notre liste de pièces, 1D374. C'est un document qui vient des
18 Nations Unies en date du 17 juillet 1995. J'explique aux Juges de quoi il
19 retourne ainsi qu'à l'Accusation. Je ne suis pas en train de revenir à
20 cette question de la sélection des faits suivant, qu'ils conviennent plus
21 ou moins à la thèse qu'on essaie de défendre. Non, ce n'est pas du tout
22 cela. Vous savez, cette histoire de trouver que la fin justifie les moyens
23 et que tous les moyens sont bons pour arriver à la conclusion que l'on
24 souhaite. Donc avec cette petite mise en garde, je voudrais que l'on
25 examine la deuxième page de ce document, 1D374. J'attends qu'il soit
26 affiché à l'écran.
27 Je crois que vous l'avez vu avant de déposer, n'est-ce pas ?
28 R. Est-ce qu'on pourrait montrer la première page ? Vous m'avez montré ce
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1 document il y a quelques jours.
2 Q. Je vais vous demander de vous reporter à la deuxième page de ce
3 document, premier paragraphe avant le paragraphe 2, il y a ici un
4 paragraphe en retrait juste avant le paragraphe 2. J'aimerais vous poser
5 une question à ce sujet, mais je vois que le Procureur souhaite intervenir.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Vanderpuye.
7 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci. Ici je reviens à l'objection que
8 j'ai formulée précédemment. Ceci n'a rien à voir avec le rapport préparé
9 par l'expert. On n'en a pas parlé précédemment, personne ne nous a prévenus
10 qu'on allait discuter de cela, et c'est vraiment un problème. D'autre part,
11 on ne nous a pas remis les notes de récolement concernant ce fait, nous
12 n'avons pas eu l'occasion d'évaluer ce document.
13 M. OSTOJIC : [interprétation] Si, ce document se trouve sur ma liste, je
14 n'ai pas besoin de ce document pour poser ma question, je ne suis pas
15 d'accord.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Alors là, c'est encore plus grave.
17 Parce que si vous ne vous servez pas du document, à ce moment-là,
18 l'argumentation de M. Vanderpuye gagne en force, puisque vous ne lui avez
19 pas parlé de cette question, ou ça ne figure pas dans les notes de
20 récolement.
21 M. OSTOJIC : [interprétation] Nous avons remis le rapport du Dr Komar, bien
22 entendu.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Passons au point suivant, parce que
24 ceci ne fait pas partie du domaine de compétence du témoin.
25 M. OSTOJIC : [interprétation]
26 Q. Madame le Témoin, quand vous avez procédé aux exhumations, est-ce que
27 vous avez pu vous rendre compte si les corps avaient subi des traumatismes
28 venant d'éclats d'obus ?
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1 R. Je ne travaille pas sur le terrain dans ce domaine-là. C'est au moment
2 de l'autopsie que je procéderais à cet examen, et je l'ai fait déjà au
3 cours de l'autopsie.
4 Q. Vous l'avez fait déjà ?
5 R. Au cours d'une autopsie ?
6 Q. Oui.
7 R. Oui.
8 Q. Vous l'avez fait dans le cadre de vos activités en rapport avec les
9 sites de Srebrenica ?
10 R. D'abord, on exhume les corps, ensuite une autopsie est réalisée à la
11 morgue. Moi, j'étais à la morgue et je n'étais pas sur le terrain en
12 particulier. Je parle de Srebrenica, parce qu'à Srebrenica j'ai travaillé
13 sur le terrain, directement sous les fosses. Mais je ne suis pas sûre
14 qu'ensuite j'ai travaillé également sur les corps pendant les autopsies. Je
15 ne peux pas dire si tel ou tel reste humain que j'ai examiné ultérieurement
16 au travers de rapports, était en rapport directement avec Srebrenica.
17 Q. S'agissant de l'identité du groupe social, dans votre rapport vous avez
18 fourni une bibliographie à ce sujet, pièce 2D544, de quoi s'agit-il ? Ceci
19 permet d'identifier l'identité d'un groupe, ça se trouve dans votre
20 bibliographie.
21 R. Lorsque je suis arrivée ici au Tribunal, on m'a demandé quelles étaient
22 les méthodes adoptées couramment, si dans le cas présent elles n'avaient
23 pas été appliquées comme il le se doit. Alors, nous avons ici une
24 bibliographie qui n'est pas du tout exhaustive. Ce sont les éléments que me
25 sont venus à l'esprit que j'avais à ma position et voilà des ouvrages qui
26 nous permettent d'aborder la question d'identification d'un groupe donné.
27 Q. Je vais essayer d'aborder la chose dans une perspective juridique, mais
28 comme vous êtes scientifique, je pense que vous comprendrez bien. Ici, vous
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1 avez donné une bibliographie dans laquelle vous avez identifié des méthodes
2 acceptables pour déterminer l'identité sociale d'un groupe, ce n'est pas
3 une liste exhaustive, mais c'est une méthodologie qui est couramment
4 acceptée dans la communauté scientifique ?
5 R. Oui, ce sont des méthodes qui ont fait leur preuve par le passé.
6 Maintenant, c'est au Tribunal de savoir quel poids et quelle validité à
7 accorder à ces méthodes.
8 Q. Merci beaucoup.
9 M. OSTOJIC : [interprétation] Permettez-moi d'ajouter quelque chose qui a
10 un caractère personnel. Je suis désolé d'avoir à le faire, mais je dois
11 partir à 12 heures 30 parce que mon avion m'attend pour rejoindre Chicago.
12 Toutes mes excuses à Mme Komar, parce que je ne serai pas là ensuite, après
13 midi trente. Me Nikolic pourra aborder ou répondre à toutes questions qui
14 pourraient être soulevées pendant le contre-interrogatoire.
15 Merci beaucoup, Madame le Témoin.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. C'est à Me Nikolic de prendre le
17 relais. Il devra être là, bien sûr.
18 M. OSTOJIC : [interprétation] Je serai rentré lundi. Enfin, je pense que
19 cela suffira.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Monsieur Zivanovic, avez-
21 vous des questions de contre-interrogatoire ?
22 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Bourgon, qu'en est-il de votre
24 équipe ?
25 M. BOURGON : [interprétation] Non, pas de questions pour ce témoin.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Lazarevic, avez-vous des
27 questions ?
28 M. LAZAREVIC : [interprétation] Pas de questions.
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Fauveau ?
2 Mme FAUVEAU : Non. Merci, Monsieur le Président.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame. Monsieur Krgovic, vous
4 avez des questions ?
5 M. KRGOVIC : [interprétation] Pas de questions.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Haynes ?
7 M. HAYNES : [interprétation] Deux ou trois.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y.
9 Contre-interrogatoire par M. Haynes :
10 Q. [interprétation] Bonjour, Dr Komar. J'aimerais d'abord vous remercier
11 pour votre déposition qui a été extrêmement intéressante, très bien et très
12 concise. Mais j'aimerais reprendre deux ou trois choses portant sur
13 certains des éléments que vous avez discutés avec M. Ostojic.
14 Tout d'abord, la question du calcul de ce fameux MNI, nombre minimum
15 d'individus. Vous avez dit hier que vous avez vu l'utilisation de ce terme
16 pour la première fois dans le rapport de M. Wright en 1999 ?
17 R. Je ne suis pas sûre de la date, mais la première fois que j'ai entendu
18 parler de ce MNI c'était dans le rapport de M. Wright, c'est là qu'il
19 parlait en fait du calcul scientifique de ce MNI.
20 Q. Oui. Très bien. Ensuite, vous avez expliqué en détail les différents
21 calculs, les différentes méthodes de calcul employées par M. Baraybar pour
22 arriver à ce MNI. Vous vous en souvenez ?
23 R. Oui.
24 Q. J'aimerais ajouter une troisième variante qui existerait et, pour ce
25 faire, pouvons-nous, s'il vous plaît, avoir à l'écran la pièce P00622, et
26 les pages intéressant le témoin sont les pages 75 à 76, et pour ce qui est
27 de la version B/C/S, il s'agira des pages 76 à 77.
28 Donc il s'agit du rapport du Dr Hagland, je pense que vous l'avez aussi
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1 étudié, n'est-ce pas, Hagland ?
2 R. Oui, je ne sais pas si j'ai lu celui-ci, en tout cas j'ai lu un grand
3 nombre des rapports de M. Hagland.
4 Q. Donc vous l'avez sous les yeux, n'est-ce pas, page 62 ? Est-elle
5 suffisamment agrandie à l'écran pour pouvoir la lire ?
6 R. Oui.
7 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, en prendre connaissance, et veuillez
8 lire les paragraphes qui se trouvent au chapitre 1, donc "Détermination du
9 nombre minimum d'individus et des parties de corps manquantes." Ensuite
10 lorsque vous aurez fini de lire cette première page, je demanderais à
11 l'huissière de passer à la deuxième page. Prenons la page suivante.
12 R. [aucune interprétation]
13 Q. Est-ce lisible ?
14 R. Oui. Pouvons-nous maintenant voir le bas du document. Merci. Est-ce que
15 cela va au-delà ou est-ce qu'on passe à autre chose après ?
16 Q. Je pense que ça va au-delà. Donc le témoin a déjà préparé la page
17 suivante.
18 R. Dois-je poursuivre ou pensez-vous que ce chapitre soit terminé ?
19 Q. Non, cela suffit, je pense. Si vous avez besoin d'en lire plus, je vous
20 demanderais tout d'abord -- j'aimerais savoir si vous avez déjà vu ce
21 document ou si vous l'avez déjà lu ?
22 R. Non.
23 Q. Saviez-vous qu'avant que M. Baraybar supervise les exhumations portant
24 sur l'enquête de Srebrenica, c'était M. Hagland qui avait procédé à la
25 supervision dans certains nombres d'exhumations ?
26 R. Oui, je le savais.
27 Q. Voici ma question : vous avez fait une méthode pour calculer le MNI,
28 n'est-ce pas, M. Hagland décrit cette méthode ?
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1 R. Oui.
2 Q. Mais c'est une méthode assez différente que celle employée par M.
3 Baraybar ?
4 R. Oui.
5 Q. Donc lorsque l'on regarde les calculs de MNI effectués par
6 l'Accusation, elle ne doit pas prendre en compte uniquement les méthodes de
7 Baraybar et la méthode Wright, mais il faut aussi prendre la méthode
8 Hagland, il y en a trois en fait ?
9 R. Il y en a une quatrième aussi avec l'analyse de l'ADN.
10 Q. Très bien. En effet, merci. Maintenant, je vais me lancer un peu à
11 l'aventure et je vais vous demander de regarder la page 82 de ce document,
12 et qui correspond à la page 83 en B/C/S. Je donne uniquement à la greffière
13 les numéros qui correspondent à la version électronique, mais donc
14 pourriez-vous, s'il vous plaît, lire, prendre connaissance du paragraphe
15 appelé "Remerciements," paragraphe 8, "Remerciements."
16 R. C'est bon.
17 Q. Et surtout l'avant-dernière phrase, donc, "Détermination finale de la
18 cause et des circonstances de la mort ainsi que la rédaction des rapports
19 d'autopsie ont été faits sous la direction de Peter McCloskey," le
20 substitut du Procureur du TPIY. Donc on vous avait parlé de cette fameuse
21 approche sélective des faits précédemment, n'est-ce pas, et du fait que
22 certains auraient été pilotés en ce qui concerne le travail qui a été fait
23 sur le terrain. Donc à votre avis est-ce que ce qui est écrit ici pourrait
24 le prouver, l'étayer ?
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye.
26 M. VANDERPUYE : [interprétation] J'objecte absolument, puisqu'ici dans ce
27 document il y a absolument rien qui permet de faire cette hypothèse.
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Monsieur Hayes, pouvez-vous nous
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1 répéter votre question aux mots exacts qui sont écrits dans ce paragraphe
2 que vous avez lu ?
3 M. HAYNES : [interprétation] Très bien.
4 Q. A votre avis, dans votre expérience, les rapports ont-ils été rédigés
5 pour ce qui est de leur version finale sous la supervision ou sur la
6 direction du bureau du Procureur du TPIY ?
7 R. Les rapports des enquêteurs, en fait, ces rapports ont été faits à la
8 base avec les rapports des enquêteurs, avec les rapports des membres du
9 TPIY, et personnellement je n'ai jamais vu de rapports qui aient été
10 modifiés par un membre juridique de l'équipe du TPIY, mais ils ont été
11 révisés souvent par les enquêteurs.
12 Q. Très bien. Ce document comprend-il les rapports d'autopsie, est-ce que
13 cela comprendrait les rapports d'autopsie ?
14 R. Rapports d'autopsie, en ce qui me concerne je n'ai jamais travaillé --
15 aucun de mes rapports d'autopsie n'a jamais été rédigé par un membre du
16 TPIY.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ne soyons pas naïfs, on ne travaille
18 pas dans le vide. Savez-vous si un de vos collègues aurait -- avez-vous
19 entendu dire qu'un de vos collègues se serait laissé influencer par le
20 Procureur ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Ecoutez-moi, oui, c'est plutôt des ragots, des
22 ouï-dire.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] On n'a pas besoin de ragots en tout
24 cas, on a besoin de ce que vous savez, ce que vous pouvez y répondre.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je l'ai vu faire, en fait.
26 M. HAYNES : [interprétation] Très bien. Je n'ai plus de questions.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. C'est donc à vous, Monsieur
28 Vanderpuye.
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1 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vous remercie.
2 Contre-interrogatoire par M. Vanderpuye :
3 Q. [interprétation] Bonjour, Madame Komar. Je suis Kweku Vanderpuye. Je
4 vais vous poser des questions au nom de l'Accusation. J'espère que je vais
5 être bref, mais je ne peux rien garantir. Si j'ai dit quoi que ce soit qui
6 ne vous paraît pas clair, faites-le-moi savoir et j'essayerai de reformuler
7 ma question de façon à ce qu'elle soit compréhensible par tous. Je vous
8 demande aussi de parler lentement pour que les interprètes puissent suivre
9 nos propos et qu'ils soient aussi compris par les membres anglophones.
10 Donc vous êtes une anthropologue médico-légale qui a beaucoup d'expérience,
11 n'est-ce pas ?
12 R. Oui, je suis assez expérimentée, je suis assez chevronnée.
13 Q. Si j'ai bien compris, la contribution des anthropologues médico-légaux
14 comme vous en ce qui concerne l'identification des victimes dans le cadre
15 d'enquêtes de crimes de masse, vous êtes là, en fait, pour aider à
16 retrouver les restes humains, n'est-ce pas ?
17 R. Oui, en effet.
18 Q. Et vous êtes aussi là pour examiner les caractéristiques biologiques
19 qui permettent d'identifier une personne ?
20 R. Oui.
21 Q. [aucune interprétation]
22 R. [aucune interprétation]
23 Q. Donc vous regardez l'âge à la mort ?
24 R. Oui.
25 Q. Et le sexe ?
26 R. Oui.
27 Q. La taille ?
28 R. Oui.
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1 Q. Et toutes sortes d'informations ostéobiologiques qui ont à voir avec
2 l'identification ?
3 R. Oui.
4 Q. Et vous êtes aussi là pour étudier les traumatismes infligés aux os,
5 n'est-ce pas ?
6 R. Oui.
7 Q. Vous êtes aussi là pour identifier s'il y a ou non trauma, trauma qui a
8 été infligé ?
9 R. [aucune interprétation]
10 Q. Et vous êtes là aussi pour faire la différence entre les blessures
11 infligées avant ou après la mort, n'est-ce pas ?
12 R. Oui.
13 Q. Et vous êtes aussi là aussi pour essayer de trouver les victimes, donc
14 vous êtes là aussi pour reconstituer les corps, n'est-ce pas ?
15 R. Oui, enfin c'est deux idées un peu différentes, mais c'est vrai que je
16 fais les deux.
17 Q. [aucune interprétation]
18 R. [aucune interprétation]
19 Q. Donc la contribution d'expert de votre type dépend aussi du but du
20 processus, à savoir si c'est d'identifier un individu entier ou si c'est
21 pour identifier qu'un individu bien précis est représenté au sein d'une
22 population donnée, n'est-ce pas ?
23 R. Oui.
24 L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent à ce que l'on ralentisse.
25 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
26 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vais essayer de ralentir.
27 Q. Donc c'est un processus demandant de retrouver tous les restes d'un
28 squelette ou des restes d'un individu qui a été identifié lors d'un crime
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1 de masse et pour qu'on puisse rendre ses restes à sa famille, n'est-ce pas
2 ?
3 R. Oui.
4 Q. Et donc vous êtes là pour évaluer les informations ostéobiologiques
5 pour être certain que si vous rendez des restes à une famille, vous rendez
6 les restes du bon individu; c'est bien
7 cela ?
8 R. Oui, entre autres.
9 Q. Et c'est un effort humanitaire, n'est-ce pas, ça fait partie de
10 l'effort humanitaire que vous faites dans le cadre de votre travail pour
11 essayer d'identifier et de rendre à la famille les restes d'une personne
12 disparue ?
13 R. Oui.
14 Q. Donc, savoir si une personne est juste représentée dans un réservoir de
15 restes qui ont été trouvés, n'est-ce pas, l'anthropologie médico-légale qui
16 doit contribuer pour cela ?
17 R. Oui, absolument.
18 Q. Donc vous êtes là pour établir, pour reconstituer les corps dans la
19 mesure du possible ?
20 R. Oui, c'est une portion de mon travail.
21 Q. Donc dans une situation, par exemple, de celle des tours jumelles du 11
22 septembre, il y a, bien sûr, des restes qui sont extrêmement fragmentés.
23 Donc dans ce cas-là il est peut être possible, mais très difficile quand
24 même, d'évaluer des informations ostéobiologiques pour établir la personne,
25 dans le but d'établir l'identité personnelle du reste humain trouvé ?
26 R. Au début, vous m'avez dit si le fait que le corps soit très fragmenté
27 il est plus difficile de l'identifier; c'est bien cela ?
28 Q. Oui, en effet, c'est ce que je vous ai demandé.
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1 R. Dans ce cas-là, en effet.
2 Q. Vous reconnaissez quand même que la technologie des empreintes
3 génétiques est assez évoluée, n'est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. Elle est assez employée aussi à la fois dans les procédures civiles et
6 criminelles ?
7 R. Oui.
8 Q. Et c'est utilisé pour identifier les personnes, n'est-ce pas, surtout
9 aussi lorsqu'il y a un grand nombre de victimes lors d'une catastrophe
10 naturelle, par exemple, lors d'un acte terroriste, lors d'un conflit, d'une
11 guerre ?
12 R. Oui.
13 Q. Et cette analyse génétique est utilisée parce que l'ADN est unique,
14 chaque individu a son propre ADN, n'est-ce pas ?
15 R. Oui, mis à part les jumeaux homozygotes.
16 Q. Oui, en effet.
17 R. Oui, en effet, l'ADN complet d'une personne est unique si elle n'a pas
18 de jumeau identique.
19 Q. Donc dans le cadre d'un grand nombre de victimes, l'analyse par des
20 empreintes génétiques et ADN, ces empreintes génétiques peuvent aider à
21 l'évaluation médicale et juridique ?
22 R. Oui.
23 Q. Et ça peut être aussi être utilisé pour associer des fragments de corps
24 ?
25 R. Oui.
26 Q. Et cela peut aussi aider à identifier des victimes bien précises ?
27 R. Oui, cela peut aider à former une opinion quant à savoir qui est la
28 personne en question.
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1 Q. Mais vous aviez un échantillon préexistant de l'ADN d'une personne, je
2 sais pas, sur des cheveux, sur un peigne et quelque chose d'autre, on
3 trouve un échantillon d'une personne dans le site où il y a eu un grand
4 nombre de victimes, on peut établir l'identification d'une personne en
5 appariant ces deux échantillons ?
6 R. Oui, ça veut dire quand on compare la même chose, absolument. S'il y a
7 un appariement, si c'est le même ADN, on peut trouver.
8 Q. Donc vous acceptez que dans le cas d'un grand nombre de victimes,
9 l'analyse d'ADN peut établir qu'une personne est bel et bien morte, qu'une
10 personne -- enfin, ou la partie en tout cas de cette personne est
11 représentée dans les fragments qui ont été retrouvés à un endroit ?
12 R. Je dirais là - est-ce qu'on parle encore d'apparier un profil ADN
13 identique à un profil ADN identique ?
14 Q. Oui, on parle de cela.
15 R. Dans ce cas-là, c'est bon.
16 Q. Ensuite, pour ce qui est de l'analyse de la parenté, là où on compare
17 les échantillons de sang de la parenté à l'échantillon trouvé dans la
18 fosse, par exemple, est-ce que vous êtes d'accord pour dire que l'analyse
19 par ADN peut établir, A, que la personne que l'on trouve à cet emplacement
20 est bien la personne dont l'ADN a été collecté et qu'ils peuvent être
21 appariés à l'ADN prélevé sur la famille ?
22 R. Ça ne me va pas, ce terme "apparier" ou "match." Moi, je dirais qu'il y
23 a une probabilité statistique qui forme la base d'une opinion et qui permet
24 de dire si c'est possible ou pas possible.
25 Q. Oui. Maintenant, connaissez-vous les seuils statistiques qui permettent
26 d'établir qu'il y a un appariement par parenté ?
27 R. Oui, c'est établi par le protocole ou le SOP qui a été rédigé par
28 l'organisation en charge de l'enquête.
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1 Q. Mais pour ce qui est de l'ICMP, par exemple, vous avez pris
2 connaissance de leur SOP, savez-vous quel est le seuil statistique qu'ils
3 ont employé pour ce qui est de l'établissement d'un appariement par parenté
4 ?
5 R. Oui, ça se trouve dans le SOP de cette commission.
6 Q. Bien. Savez-vous que le seuil de certitude statistique sur la base
7 duquel on peut dire qu'il y a une paire et qui est suivi par la commission
8 est de 99,95 %?
9 R. Pour des appariements qui sont certains et pas potentiels.
10 Q. Et savez-vous que pour ce qui est des appariements probables, on
11 demande un seuil de certitude de 99 %?
12 R. Oui.
13 Q. Et du lors du interrogatoire principal, vous avez parlé de la
14 signification de ce qu'on appelle "probabilité a priori" ?
15 R. Oui.
16 Q. C'est le numéro qui est utilisé pour calculer la fiabilité d'une paire
17 qui est potentielle ou d'un appariement potentiel ?
18 R. Oui.
19 Q. Est-ce qu'on peut afficher le document 3479 conformément à l'article 65
20 ter, c'est sous pli scellé et il ne faut pas que cela soit diffusé.
21 J'aimerais vous montrer un exemple et c'est dans le prétoire électronique.
22 C'est l'exemple d'un rapport portant sur des appariements effectués par la
23 Commission internationale des personnes disparues. La partie où il est
24 indiqué "donateur," c'est-à-dire époux, fils, fille, mère, c'est dans cette
25 colonne-là. Et si nous regardons un peu plus loin à la même page, nous
26 pouvons voir "résultats des appariements." Sous ce titre pour ce qui est de
27 cet exemple, vous pouvez voir ici que les résultats de l'analyse d'ADN
28 obtenus de l'échantillon d'os sont 29,55 [comme interprété] fois plus
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1 probable que cet échantillon a été prélevé de l'os d'un parent par rapport
2 aux échantillons de sang - c'est comme cela que cela est décrit dans ce
3 rapport - plutôt qu'un prélèvement d'un corps dans la population prise en
4 générale. La probabilité dans le rapport est 99,999976 % par rapport à 1/7
5 000.
6 D'accord, qu'est-ce que cela veut dire, 29,5e9 ?
7 R. C'est la proportion de probabilité.
8 Q. Et ce que cela exprime à titre de nombres…
9 R. Il s'agit de la probabilité qui dit que cet échantillon a été prélevé
10 dans une population générale dans une autre source. C'est qu'il y a la
11 probabilité que cette personne a des liens de filiation avec cet individu
12 plutôt qu'avec un échantillon prélevé dans la population en général.
13 Q. 25,e9 [comme interprété], qu'est-ce que cela veut dire ? C'est un
14 billion, un trillion ?
15 R. Cela veut dire 29,5 trillions.
16 Q. Est-ce que cela veut dire que cet échantillon d'os est 29,5 trillions
17 fois plus probable par rapport au lien d'affiliation avec l'individu dont
18 on a l'échantillon de sang que par rapport au fait que cet individu
19 appartiendrait à une population générale ?
20 R. Ce qui a été défini par l'ICMP.
21 Q. Ça veut dire que ce taux de probabilité est assez élevé ?
22 R. Ce n'est qu'une probabilité. Ce n'est pas un taux de certitude.
23 Q. Mais c'est assez élevé. Donc nous avons la probabilité dans la
24 proportion 1 à 7 000. Comment cela peut avoir une incidence à ce nombre de
25 29,5 trillion ?
26 R. Cela n'a aucune incidence sur ce nombre par rapport à 99,99999 [comme
27 interprété].
28 Q. Et si cela était 1 à 6 000, est-ce que ces derniers chiffres
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1 changeraient ?
2 R. [aucune interprétation]
3 Q. Quels chiffres ?
4 R. Après la virgule.
5 Q. 77 [comme interprété] pourrait changer ?
6 R. Oui, probablement.
7 Q. Comment cela influencerait la déclaration de probabilité dans le
8 rapport ?
9 R. A quoi pensez-vous ?
10 Q. A ce 29,5 trillions.
11 R. A la proportion de probabilité ?
12 Q. Oui.
13 R. Je ne comprends pas votre question.
14 Q. [aucune interprétation]
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que cela influencerait de façon
16 significative cela ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Vu le numéro donné du nombre, non.
18 M. VANDERPUYE : [interprétation]
19 Q. C'est la probabilité, et la proportion de probabilité est différente
20 par rapport au niveau de certitude.
21 R. Vous pensez au seuil de certitude ? Je ne sais pas s'il s'agit d'un
22 appariement potentiel ou probable. Je ne sais pas si c'est dans leur
23 protocole.
24 Q. Supposons qu'il ne s'agit pas d'un appariement potentiel ou éventuel,
25 le seuil de probabilité serait 99,95 %.
26 R. Je ne suis pas certaine par rapport à la confusion entre ces deux
27 notions, probabilité et certitude. Si c'est quelque chose qui est dans leur
28 protocole, alors c'est juste.
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1 Q. Je vous ai peut-être pas bien compris, mais il semble que vous ayez dit
2 que pour ce qui est d'ADN unique, profil d'ADN ou empreinte génétique
3 unique, il y a la possibilité à ce que ce profil ADN unique désigné par la
4 Commission des personnes disparues n'est pas unique.
5 R. Oui, c'est possible.
6 Q. Et comment exprimez-vous cette proportion ?
7 R. Je ne suis pas qualifiée pour faire cela.
8 Q. Et par rapport au nombre de 816 profils d'ADN uniques.
9 R. Cela se base sur les bases de données que j'ai reçues de cette
10 commission en octobre - je pense que c'était le 8 octobre 2007 - c'est leur
11 liste. Ils l'ont appelée la liste de profils biologiques uniques.
12 Q. Pour ce qui est de cette appellation qui est la leur de cette liste de
13 profils biologiques uniques, ai-je raison pour dire que ce ne sont pas les
14 profils uniques ?
15 R. C'est possible, parce que ce qui détermine cet élément unique dans ce
16 cas particulier est l'appariement de ces profils uniques avec des
17 échantillons de référence.
18 Q. Donc si vous avez une situation suivante, par exemple, vous avez des
19 frères et des sœurs, et vous essayez de déterminer si les échantillons
20 d'ADN de ces frères et sœurs existent dans un réservoir, vous essayez de
21 procéder à une analyse de cela ?
22 R. Si j'ai bien compris votre question, oui.
23 Q. Et vous pouvez déterminer que chacun de ces -- et chacune de ces frères
24 et sœurs a un lien d'affiliation avec le donneur. Donc, ça serait cet
25 échantillon de référence de famille.
26 R. Seulement si les deux sont retrouvés.
27 Q. Donc, les deux.
28 R. Oui.
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1 Q. Pouvez-vous établir de la même façon si un individu a un lien
2 d'affiliation aujourd'hui avec des parents ou une famille ou avec l'un de
3 ces frères et sœurs ?
4 R. Vous parlez de ce test de lien de filiation ou de lien de paternité et
5 réversible ?
6 Q. Je parle de l'analyse de lien de filiation de parent A avec frère B.
7 R. Oui.
8 Q. Vous pouvez faire cela ?
9 R. Dans des circonstances appropriées, oui.
10 Q. Lorsque vous faites cela, ces appariements complets de lien de
11 filiation entre frère et sœur, est-ce qu'il est possible d'avoir la
12 situation dans laquelle on ne peut pas déterminer quel profil génétique
13 correspond à quel frère ou sœur ?
14 R. Absolument, oui.
15 Q. Mais malgré cela vous pouvez déterminer que ces deux profils
16 correspondent au parent A, et vous pouvez supposer que ce sont deux profils
17 séparés ?
18 R. Oui.
19 Q. Et si vous avez un profil génétique, vous pouvez établir que ce profil
20 correspond au parent A, n'est-ce pas ?
21 R. Oui. Cela serait un type de déclaration de probabilité disant que ce
22 lien de filiation existe.
23 Q. Dans de tels rapports ?
24 R. Oui.
25 Q. Mais il n'est pas possible de savoir si vous avez deux profils ou un
26 profil d'un individu correspond au profil de frère A ou de frère B ?
27 R. Même en présence de deux profils, vous ne pouvez pas établir une
28 différence uniquement en se basant sur l'analyse ADN.
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1 Q. C'est vrai.
2 R. Oui.
3 Q. Est-ce qu'il est possible d'apparier des empreintes génétiques et en
4 même temps ne pas savoir, dans un groupe limité d'individus, à qui
5 appartient ce profil génétique, empreinte génétique ?
6 R. Je n'utiliserais pas le terme "appariement" dans de telles
7 circonstances.
8 Q. Mais il est possible qu'il y ait un profil d'ADN où vous savez que
9 cette personne ait un lien d'affiliation avec une famille particulière avec
10 un donneur d'échantillon de sang, mais vous ne savez pas à qui appartient
11 ce profil d'ADN dans ce groupe limité d'individus ?
12 R. Pouvez-vous reformuler votre question, s'il vous plaît.
13 Q. Je vais le faire.
14 Je vais donner un exemple, mon exemple. Par exemple, mon profil génétique
15 est retrouvé en localité, et ma mère et mon frère ont déclaré que j'avais
16 disparu, donc il est possible de savoir ce que ce profil d'ADN est le
17 profil qui correspond aux enfants de ma mère, mais il n'est pas
18 nécessairement possible de savoir que cela correspond à moi-même ou à mon
19 frère, n'est-ce pas ?
20 R. Techniquement, c'est possible.
21 Q. Dans ce cas-là, lorsque vous savez le profil d'ADN d'un individu, cela
22 pourra correspondre à un individu, mais vous ne savez pas à qui, à quel
23 individu ?
24 R. Cela pourra correspondre à plusieurs individus dans le contexte qui est
25 le vôtre. L'exemple de vous-même et de votre frère, le fait que cet
26 échantillon d'empreinte génétique existe ne veut pas dire quel est le
27 nombre de personnes à qui cela correspond.
28 Q. Très bien. Supposons que le rapport est exact, que seulement un ou deux
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1 pourront être dans ces fosses, est-ce que cela peut vous aider pour
2 déterminer cela ?
3 R. Ça dépend des échantillons de référence pour les comparer.
4 Q. Supposons qu'il s'agit d'un exemple, d'un échantillon qui est comparé
5 avec des échantillons de deux parents ?
6 R. Ce n'est pas ce que je dis. Il ne s'agit pas de savoir avec quel
7 élément de référence vous comparez cela. Vous ne comparez pas l'enfant à la
8 famille pour arriver à cette déclaration. Vous devez faire un autre pas,
9 pas suivant pour comparer le degré de filiation avec la source extérieure.
10 Si vous faites cela à une petite échelle, vous pouvez peut-être --
11 compariez-vous cela avec d'autres individus qui ont des liens de filiation
12 avec les gens de Srebrenica. Si cela est fait à une grande échelle, vous
13 pouvez utiliser, ce que nous appelons population générale, à savoir pour
14 apparier cela avec les individus pour lesquels vous pouvez supposer qu'ils
15 ne sont pas des Balkans ou qui n'ont pas de liens de filiation avec les
16 personnes des Balkans. Mais vous pouvez également prendre la population
17 générale pour les comparer avec la base de données des Etats-Unis.
18 Q. Très bien. C'est quelque chose que vous avez dans vos conclusions, que
19 ce ne sont pas des méthodes appropriées lorsqu'on compare l'échantillon
20 donné avec la population générale, si cela s'est basé sur les échantillons
21 de cette population, pour ce qui est des analyses d'ADN, est-ce qu'il y a,
22 dans ce sens-là, des méthodes qui ne sont pas appropriées pour être
23 appliquées à ce processus ?
24 R. Non.
25 Q. Lorsque ce processus est utilisé pour avoir des bases de données d'ADN,
26 est-ce que ces informations d'ADN seraient comparées avec toutes les
27 catégories de la population ?
28 R. Dans certaines circonstances, oui.
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1 Q. Si vous avez un échantillon d'ADN qui est prélevé pour établir
2 certaines catégories ou classifications dans le cadre de différents groupes
3 de gens, de certaines races provenant d'une certaine région, n'est-ce pas ?
4 R. Oui, cela arrive parfois, et il s'agit d'un aspect différent de cette
5 analyse.
6 Q. Donc vous comparez cela avec un groupe de 423 individus pour pouvoir
7 établir quelle est la fréquence des caractéristiques particulières dans le
8 cadre de ce groupe ou de la population pour comparer l'ADN ?
9 R. [aucune interprétation]
10 Q. [aucune interprétation]
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye, il faut que vous
12 ralentissiez votre débit pour ce qui est du compte rendu et de
13 l'interprétation.
14 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
15 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci.
16 Q. Il n'y a pas de méthode, pour ainsi dire, inappropriée pour faire cet
17 appariement s'appuyant sur un échantillon d'une
18 population ?
19 R. Si j'ai bien compris ce que vous venez de dire, ma réponse serait oui.
20 Q. C'est oui dans quel sens ?
21 R. Non, il n'y a rien d'erroné par rapport à ce processus.
22 Q. Je n'ai pas accès à cette base de données que vous avez. J'aimerais
23 qu'on affiche cela dans le prétoire électronique.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ostojic.
25 M. OSTOJIC : [interprétation] Je m'excuse d'avoir interrompu, mais nous
26 avons envoyé cela au bureau du Procureur il y a quelques jours, dans une
27 des pièces jointes, donc ils devraient avoir cela.
28 M. VANDERPUYE : [interprétation] Oui.
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1 M. OSTOJIC : [aucune interprétation]
2 M. VANDERPUYE : [interprétation] J'affirme que je l'ai. Je l'ai obtenu,
3 mais j'aimerais utiliser cela ici.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.
5 M. VANDERPUYE : [interprétation]
6 Q. Vous nous avez dit que vous aviez retrouvé certains exemples par
7 rapport auxquels un profil d'ADN a été attribué à plus d'une personne.
8 R. Oui.
9 Q. Pouvez-vous nous dire où est-ce que c'est dans ce document sur l'écran
10 ?
11 R. Je suis en train de vous le montrer avec mon curseur, et je fais
12 également défiler le reste des données, donc ça correspond à un grand
13 nombre d'individus.
14 Q. Il me semble que les noms concernés justifient --
15 M. VANDERPUYE : [interprétation] Peut-être un passage à huis clos partiel
16 pour des raisons de confidentialité.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, passons pour quelques instants à
18 huis clos partiel.
19 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
20 [Audience à huis clos partiel]
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5 [Audience publique]
6 M. HAYNES : [interprétation] Est-ce qu'il faut que je recommence dès le
7 début ?
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, ce n'est pas nécessaire.
9 M. HAYNES : [interprétation] Pour ce qui est des équipes de la Défense,
10 indéniablement, depuis le 31 janvier, nous n'avons cessé de demander la
11 communication d'informations ayant permis d'établir l'identité des corps
12 exhumés. Et je précise d'autre part, parce qu'on m'a demandé de le faire,
13 je précise que conformément aux Règlements du Tribunal, ces pièces auraient
14 de toute manière dû nous être communiquées sans que nous ayons à les
15 demander. Mais quoi qu'il en soit, cette demande a été faite de manière
16 répétée depuis janvier, or ceci n'a donné lieu à aucune réaction jusqu'à
17 une réunion qui a eu lieu la semaine dernière, ensuite des demandes
18 précises ont été à nouveau formulées par courriel qui ont fait l'objet d'un
19 refus de la part de l'Accusation le 5 juillet.
20 Je sais bien que ce qui nous incite à demander ces pièces va faire un
21 débat. Mais quoi qu'il en soit, je me demande si véritablement il convient
22 d'interroger le témoin au sujet de ces pièces parce qu'elle ne les a pas
23 vues, même si elle aurait voulu le faire. Je me demande donc si ce type de
24 question est utile et pertinent, j'aimerais qu'elle s'interrompe et c'est
25 indéniable que les pièces demandées me soient communiquées.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.
27 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je souhaiterais répondre au sujet des
28 demandes concernant le témoin Popovic au sujet des phérogrammes, des
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1 électrophérogrammes. Vous vous souviendrez s'agissant de ce témoin, que
2 vous lui avez posé des questions, Monsieur le Président, et qu'il est
3 apparu que M., je l'appellerai M. Electrophérogrammes, je suis désolé, son
4 nom m'échappe, en tout cas, M. Electrophérogrammes n'a jamais demandé ces
5 électrophérogrammes au conseil qui l'avait convoqué, et ce conseil ne l'a
6 pas fait non plus à notre endroit. Je crois que c'est une décision
7 stratégique de leur part. Ils l'ont fait délibérément de la même manière
8 qu'avec leur expert en matière d'exhumation qui aurait voulu avoir accès à
9 d'autres documents, mais qui n'a pas pu nous fournir son opinion parce
10 qu'on ne lui avait pas fourni tous les rapports médico-légaux, or on ne
11 nous a jamais demandé ces rapports médico-légaux, même chose pour les
12 électrophérogrammes, M. Electrophérogrammes nous dit, "Non, je ne peux pas
13 me prononcer parce que je ne dispose pas de tous les rapports." Il faut
14 savoir que depuis lors, la Défense nous a demandé un nombre considérable de
15 documents. Nous avons étudié ces demandes mais nous refusons d'y répondre
16 positivement parce que ceci est fait de mauvaise foi. Il s'agit d'un nombre
17 considérable de documents sur lesquels les témoins se sont déjà prononcés.
18 Inutile de revenir en arrière. Ils agissent en toute mauvaise foi, c'est
19 stratégique.
20 Ça n'a rien à voir avec ce témoin-ci. Le témoin que nous entendons
21 actuellement a demandé, c'est manifeste, -- enfin non, je vais laisser M.
22 Kweku en parler. M. Vanderpuye en parlait, mais je parlais justement de
23 Popovic. Pour ce qui est du témoin actuel, nous allons essayer de
24 déterminer si elle s'est tournée vers l'ICMP ou si les avocats se sont
25 tournés vers l'ICMP. D'autre part, si la Chambre le décide, si nous lui
26 demandions, elle pourrait demander la soumission de ces documents par le
27 biais d'une ordonnance de production. Bien entendu, ceci est essentiel pour
28 ce témoin. Elle est en train de se prononcer, de critiquer ses anciens
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1 collègues dans une affaire qui est extrêmement importante. Elle a beaucoup
2 de questions. Elle voudrait trouver une réponse à cette question. Moi, je
3 veux bien lui fournir ces documents si sa demande est raisonnable, mais
4 cette demande ne nous est pas parvenue et nous savons de la part de l'ICMP
5 que jamais on leur a demandé d'avoir accès à leurs dossiers. Ceci est
6 essentiel, cette question est essentielle, comme vous pouvez le voir quand,
7 en réponse à la dernière question de Vanderpuye, elle a essayé pour la
8 première fois d'éluder la question en disant qu'elle ne pouvait pas
9 répondre puisqu'elle n'avait pas eu accès à tous les documents nécessaires.
10 C'est un domaine très important, un sujet important à aborder pendant le
11 contre-interrogatoire. Mais je m'arrête, parce que c'est le contre-
12 interrogatoire de M. Vanderpuye, mais dire que ce genre de question n'est
13 pas approprié pendant le contre-interrogatoire, ce n'est pas vrai.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye, une question avant
15 de poursuivre. D'abord, est-ce que vous en avez terminé de cette série de
16 questions, s'agissant, d'autre part, que Me Ostojic n'est plus avec nous ?
17 M. VANDERPUYE : [interprétation] Excusez-moi, mais je n'ai pas eu
18 l'occasion de voir où je m'étais arrêté avant la pause. Mais il me semble
19 que j'en ai pratiquement terminé de l'examen de ce sujet, mais je n'en suis
20 pas tout à fait sûr, parce que je ne me souviens pas exactement où je me
21 suis interrompu.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons vous donner un peu plus de
23 temps en donnant la parole à Me Tapuskovic. Dans l'intervalle, veuillez
24 procéder à la vérification en question.
25 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Tapuskovic.
27 Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je souhaite
28 simplement préciser un certain nombre de choses dans le cadre de la
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1 discussion portant sur la communication des pièces par l'Accusation. Pour
2 ce qui est des électrophérogrammes, cette question s'est posée uniquement
3 au moment de la déposition de M. Parsons. Mais il ressort de la déposition
4 de M. Stojkovic et de Mme Komar que ces électrophérogrammes ne sont pas
5 suffisants pour déterminer la procédure d'identification adoptée. Donc
6 avant la déposition de Parsons et de Stojkovic, nous avons demandé à
7 l'Accusation de fournir les dossiers d'identification de tous les corps
8 exhumés. Les trois équipes de la Défense voulaient avoir accès à tous ces
9 documents concernant l'identité des personnes exhumées. L'équipe Popovic,
10 l'équipe Nikolic et l'équipe Beara ont déposé, avant la présentation des
11 moyens à décharge, en temps utile et avant la déposition de M. Parsons, ont
12 déposé des écritures dans ce sens, une demande formulée de manière tout à
13 fait correcte le 23 janvier.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey, essayez de ne
15 pas être trop long.
16 M. McCLOSKEY : [interprétation] Jusqu'à présent, la Défense ne s'est pas
17 beaucoup préoccupée des questions de communication des pièces. Nous avons
18 fait de notre mieux pour fournir tout ce que nous avions, et quand il y
19 avait des problèmes, ils entraient en contact avec nous systématiquement.
20 La question qui vient d'être évoquée par ma consoeur n'a jamais été
21 évoquée. Je ne comprends pas. Ils avaient besoin de plus de documents, ils
22 les ont obtenus. La seule fois où nous avons répondu par la négative à leur
23 demande, c'est lors de l'histoire des électrophérogrammes, parce que nous
24 pensions que c'était quelque chose de beaucoup trop compliqué, que de toute
25 façon c'était beaucoup trop tard, qu'il se manifestait beaucoup trop tard
26 et que c'était une demande sans fondement. Mais dès qu'il y avait un
27 problème qui se posait, la Défense se manifestait. Me Bourgon, Me
28 Zivanovic, l'ont fait, et on le sait parfaitement. Mais jamais au sujet de
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1 ce point précis, nous n'avons reçu de demandes ou de protestations. Donc je
2 ne comprends pas très bien où l'on va. On est en train d'essayer de nous
3 mener sur des chemins de traverse.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.
5 Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. Une seule
6 intervention de ma part. Quelques phrases seulement.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y.
8 Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Après le témoignage de l'expert Stojkovic
9 le 30 juin 2008, nous avons rencontré M. Stojkovic, M. Vanderpuye, M.
10 McCloskey pour savoir ce qui devait nous être communiqué. M. McCloskey,
11 normalement, devrait savoir exactement de quoi je suis en train de parler.
12 Après la déposition de ce témoin, nous avons eu une réunion relative à la
13 communication des pièces. Tout ceci a fait ensuite l'objet d'une
14 confirmation dans un courriel. Dans ce courriel, on trouve la liste des
15 documents demandés par la Défense.
16 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je peux préciser la chose. Effectivement,
17 c'est vrai. Ça, c'est après la déposition du témoin dit des
18 électrophérogrammes.
19 [La Chambre de première instance se concerte]
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.
21 M. McCLOSKEY : [interprétation] Celui dont j'ai dit que c'était M.
22 Electrophérogrammes, c'est M. Stojkovic, bien entendu. Je souhaitais le
23 préciser pour le compte rendu d'audience et je m'excuse de ce trou de
24 mémoire.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Monsieur Vanderpuye, est-ce que
26 vous en aviez terminé de vos questions sur ce point ?
27 M. VANDERPUYE : [interprétation] Oui, effectivement. J'ai passé en revue
28 les questions que j'ai posées jusqu'à présent. Je ne vois aucune raison qui
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1 m'inciterait à continuer à explorer ce sujet.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Nous allons donc maintenant
3 aborder d'autres sujets. On va d'abord faire entrer le témoin.
4 M. HAYNES : [interprétation] Je voulais simplement dire qu'on aurait pu
5 arriver au même résultat sans faire intervenir la Chambre de première
6 instance. C'est ce que j'avais demandé à M. Vanderpuye à 12 heures 30.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Merci, mais il préférait être tout
8 à fait sûr.
9 M. HAYNES : [interprétation] Je le comprends.
10 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye, c'est à
12 vous.
13 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
14 Q. [interprétation] Bonjour, Madame le Témoin. J'aimerais que nous
15 précisions un certain nombre d'éléments, si c'était possible, s'agissant
16 des données que vous nous avez présentées avec votre ordinateur. Je vous ai
17 renvoyé à une partie de cette base de données concernant le numéro
18 d'identification de protocole. Est-il exact que ce numéro d'identification
19 correspond à un appariement, c'est-à-dire une correspondance qui est
20 établie pour l'ADN d'un individu donné ? Est-ce qu'on arrivait à établir
21 une correspondance ?
22 R. Il vaudrait mieux dire par souci de précision que ça correspond à un
23 profil ADN extrait d'un ossement, à moins que je n'aie pas compris votre
24 question. Mais si vous êtes en train de me dire, est-ce que le profil ADN
25 correspond à un individu, oui, certes, dans l'absolu, mais là, en fait, ce
26 dont on parle c'est d'un profil ADN qui est extrait de ce qu'on a examiné
27 de l'échantillon examiné ou prélevé.
28 Q. Mais ça vient quand même d'une personne donnée. Ça ne peut pas venir de
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1 deux personnes en même temps. Ce n'est pas pareil, c'est distinct ?
2 R. Oui.
3 Q. Bien. Vous nous avez parlé du rapport de Dean Manning. Vous en avez
4 parlé à plusieurs reprises pendant votre interrogatoire principal. Vous
5 avez, en particulier, évoqué la manière dont il présente, dont il
6 interprète un certain nombre d'éléments relatifs à l'affiliation des
7 victimes à un groupe donné, puisqu'il a identifié ce groupe comme étant le
8 groupe des Musulmans ?
9 R. Cela, je l'ai lu essentiellement dans sa déclaration de témoin.
10 Q. Est-ce que vous êtes en train d'avancer, Madame, que l'identification
11 de ce groupe, ce groupe dont M. Manning nous dit que ce sont des Musulmans,
12 est-ce que vous êtes en train de nous dire qu'il est arrivé à cette
13 conclusion uniquement à partir d'un collier de prière et d'un Coran ?
14 R. Si je m'appuie uniquement sur ce qui est mentionné dans son rapport,
15 c'est difficile à dire. Il mentionne un certain nombre d'objets précis qui
16 correspondent pour ce groupe, cette culture. Je ne sais pas s'il y a
17 d'autres sources d'information parce qu'il ne les mentionne pas.
18 Q. Vous parlez d'une culture matérielle. Est-ce que vous voulez parler
19 d'éléments qui peuvent permettre de déterminer l'appartenance d'un individu
20 à un groupe ethnique ou à un groupe religieux ?
21 R. Je ne suis pas sûre de bien avoir compris votre question. Pouvez-vous
22 la reformuler, s'il vous plaît ?
23 Q. Oui. Quand vous parlez d'éléments de culture, en quoi faites-vous
24 allusion ?
25 R. Lorsqu'on a défini un groupe, groupe ethnique, par exemple, ou groupe
26 national ou groupe religieux, une fois qu'on a défini la culture, on a
27 ensuite toute une série d'éléments, matériels culturels qui sont associés à
28 ce groupe. Donc si on définit déjà -- et les caractéristiques de ce groupe
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1 se reflétaient dans ces éléments culturels, cela veut dire que, par
2 exemple, vos vêtements, vos objets usuels peuvent refléter votre identité
3 dans une certaine mesure.
4 Q. Mais par exemple, un nom ? Un nom, est-ce que le nom peut refléter
5 l'ethnicité ou l'appartenance ethnique ?
6 R. Oui, parfois cela se peut.
7 Q. Vous avez lu le rapport du 12 mai 1999 de Richard Wright ?
8 R. Oui.
9 Q. Pourrais-je avoir à l'écran, s'il vous plaît, la pièce 65 ter 666.
10 Passons, s'il vous plaît, à la page ERN qui se termine par 240, c'est-à-
11 dire la page 27 de ce document pour ce qui est de l'anglais, et 29 pour ce
12 qui est du B/C/S. Page 4, s'il vous plaît, de la -- non, je voudrais la
13 page 28 en anglais maintenant, qui est l'ERN suivant. Ce qui m'intéresse,
14 c'est le bas de cette page qui correspond aussi à la page 30 dans la
15 version B/C/S.
16 Dernier paragraphe de cette page 27, c'est la page que vous avez à l'écran,
17 ici on parle de certaines informations qui peuvent -- certains éléments qui
18 peuvent donner à croire que les personnes dans ces fosses sont de
19 confession musulmane. Donc il y a les noms musulmans qui ont été mis sur
20 des documents, et vous avez aussi une liste avec documents, tabac, petites
21 boîtes, et cetera. Vous avez lu la liste, n'est-ce pas ?
22 R. Oui.
23 Q. Passons à la page suivante maintenant, la 29, qui est très certainement
24 la 31 en B/C/S. Ici on voit les choses suivantes : extraits du Coran,
25 extraits du Coran, chapelets, sourates ou prières musulmanes sur papier.
26 Vous le voyez, n'est-ce pas ?
27 R. Oui, je vois qu'il y a trois références au Coran dont l'une est suivie
28 d'un point d'interrogation, ensuite il y a une référence à un chapelet et
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1 une référence à des prières musulmanes écrites sur un document.
2 Q. Très bien. Cela, quand même, laisse à penser qu'il s'agit de Musulmans
3 qui étaient enterrés dans ces fosses, n'est-ce pas ?
4 R. Non, je ne suis pas d'accord avec vous.
5 Q. Très bien. Passons maintenant à la pièce 65 ter 652 [comme interprété].
6 Passons maintenant, s'il vous plaît, à la page 34 de ce document version
7 anglaise, page 40 de la version B/C/S. Si nous pouvions agrandir les
8 documents afin de pouvoir les lire. Merci.
9 Ce rapport d'autopsie de restes humains du site de Cancari, en date d'août,
10 septembre 1998, porte aussi sur les objets qui ont été récupérés. Vous le
11 voyez ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous voyez les noms aussi tels qu'ils sont écrits ?
14 R. Oui.
15 Q. Savez-vous si ces noms ont un lien avec la profession musulmane ?
16 R. Non, ça je ne suis pas d'accord. C'est un des points sur lesquels je ne
17 suis pas d'accord.
18 Q. [aucune interprétation]
19 R. J'ai récemment fait une étude là-dessus quant à savoir s'il y a une
20 spécificité pour ce qui est des noms dans ces pays-là, entre un nom serbe,
21 un nom musulman, et cetera. C'est une étude qui est terminée depuis que
22 j'ai travaillé dans l'affaire. Mais je ne suis pas d'accord pour dire qu'un
23 certain a une consonance musulmane. Je ne suis pas d'accord.
24 Q. Très bien. D'après vous, on ne peut pas déclarer qu'une personne est
25 d'une certaine constitution en se basant sur un document où il y a des noms
26 comme Husein ou Serif, et cetera ?
27 R. Non. Parfois, on peut utiliser les noms ou surtout les prénoms pour
28 déterminer tout cela. Mais ce que je remets en question, c'est les
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1 références utilisées par cette enquête pour étayer ceci.
2 Q. Très bien. On ne va pas regarder tous ces rapports, mais vous les avez
3 tous étudiés, n'est-ce pas ?
4 R. Quels rapports ?
5 Q. Les rapports d'autopsie.
6 R. J'ai étudié les rapports que l'on trouve en annexe.
7 Q. Très bien. Je vais décrire celui-ci. Il s'agit d'un rapport d'autopsie
8 des restes humains trouvés dans la fosse de Cancari. C'est un rapport
9 rédigé par le Dr Lawrence. L'avez-vous aussi étudié ?
10 R. S'il est dans ma liste, oui, je l'ai lu.
11 Q. Pourrais-je avoir maintenant le document 641 de la liste 65 ter à
12 l'écran. Page 44 de la version en anglais et page identique dans la version
13 en B/C/S. Ici aussi nous avons une liste d'objets qui se trouve sous le
14 chapitre "Identification provisoire par documents" et on a toutes sortes de
15 noms; Ibrahim, Moradif, Bramo, Mujo, Salko, Saban, Semsudin. Est-ce que
16 d'après vous ces noms ont une consonance musulmane ? Non, vous allez me
17 donner la même réponse ?
18 R. Je n'ai pas les mêmes compétences pour faire cela que d'autres
19 personnes. Moi, ce que je remettrais en question, c'est la chose suivante :
20 j'aimerais savoir quel est le protocole qui a été employé pour établir
21 ceci.
22 Q. Parce que vous êtes scientifique; c'est cela ?
23 R. Oui.
24 Q. Il y en a d'autres, je ne vais pas les afficher tous. Il y a un rapport
25 d'autopsie que l'on retrouve d'ailleurs en annexe dans votre rapport qui
26 vient, c'est le site numéro 5 de la route de Hogici [phon], rédigé par le
27 Dr Lawrence, pièce 645 de la liste 65 ter. Là encore, il y a une liste de
28 noms qui proviennent de cartes d'identité récupérées dans les fosses :
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1 Halija, Suliman, Husef, Avdija, Meho; il y a aussi des informations qui
2 nous disent qu'il y avait dans la fosse plusieurs chapelets, des colliers
3 de prière, on en a trouvé au moins trois, des lunettes, et cetera. Vous
4 avez vu tout cela, n'est-ce pas ?
5 R. Oui. Puis-je savoir quel était le protocole qui a été employé pour
6 identifier le type de chapelets et la signification du chapelet. Comprenez-
7 moi bien, je sais très bien de qui on parle ici, qui sont ces personnes.
8 Mais je tiens à dire qu'il y a des façons d'évaluer tout ceci
9 scientifiquement et indépendamment. Or, à mon avis, cela n'a pas été fait.
10 J'aimerais savoir aussi quelle est la référence utilisée lorsqu'ils ont
11 interprété ces symboles de confession musulmane par rapport aux autres
12 groupes qui existaient dans cette zone. Les gens qui ont étudié toutes ces
13 preuves, tous ces moyens de preuve, étaient-ils capables, avaient-ils les
14 connaissances nécessaires pour pouvoir reconnaître exactement les symboles
15 religieux qu'on a trouvés ou les objets culturels que l'on a trouvés. C'est
16 facile de faire une liste d'objets et de dire que tout cela représente
17 quelque chose. Mais ce n'est pas la même chose que de dire voici tous les
18 objets et maintenant essayons d'évaluer à quelle série ils peuvent
19 appartenir.
20 Q. D'après vous, les objets ont été sélectionnés, on n'a pas tout montré
21 dans ces listes ?
22 R. Oui.
23 Q. Pourquoi dites-vous cela ?
24 R. Pour ce qui est des rapports d'exhumation, Wright et Baraybar ont plus
25 ou moins sélectionné des faits. Par exemple, quand il y avait des journaux,
26 ils n'ont pas énuméré tous les journaux qui ont été trouvés, uniquement les
27 journaux hollandais; pour ce qui est des paquets de cigarettes retrouvés,
28 ils n'ont pas montré tous les paquets de cigarettes, mais ils ont choisi
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1 d'en énumérer uniquement certains. Il aurait fallu qu'ils montrent tous les
2 objets qui ont été trouvés. Et à moins qu'on ne fasse cela, pour évaluer
3 indépendamment et pour que l'on puisse ensuite peser correctement cet objet
4 pour savoir dans quelle série il peut tomber, je pense que les moyens de
5 preuve n'ont pas été évalués de façon correcte.
6 Q. Très bien. Avez-vous peut-être examiné le témoignage de témoins qui ont
7 survécu aux exécutions?
8 R. Non, je n'ai pas eu d'autres informations que des informations
9 scientifiques.
10 Q. Très bien. Mais pourtant c'est quand même utile, n'est-ce pas, il y a
11 des choses utiles pour identifier des individus. Il est important de
12 prendre en compte les noms des personnes, les objets récupérés dans les
13 fosses ?
14 R. Oui. Parfois, on peut employer les noms ou les objets trouvés, par
15 exemple, au Rwanda, je tiens à vous dire que les noms ne veulent rien dire.
16 Par exemple, les groupes sont tellement proches les uns des autres que les
17 noms ne différencient rien. Moi, j'ai fait une étude sur les noms croates,
18 serbes et musulmans et on n'a pu être sûr qu'à 81 % que la personne
19 appartient à une catégorie bien précise.
20 Q. Ça n'a pas de signification statistique; c'est cela ?
21 R. Non, ce n'est pas ce que je veux dire, mais ce n'est pas une conclusion
22 scientifique, c'est tout. Et cela étaye justement ma conclusion ici.
23 Q. Vous dites que factuellement, les conclusions sont peut-être correctes,
24 mais en tout cas, elles ne sont pas étayées scientifiquement; c'est bien
25 cela ?
26 R. Oui.
27 Q. C'est parce que vous avez des informations sur l'identité du groupe à
28 Srebrenica en se basant sur votre expérience, n'est-ce pas ?
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1 R. Non. J'ai étudié cette question très précisément et spécifiquement.
2 Q. Pour le compte rendu maintenant, pour ce qui est des autres rapports
3 dont je vous ai parlé, ils contiennent ce type d'information, il faut que
4 je dise qu'il s'agit des pièces 65 ter 644 et 643. Je pense que ceci doit
5 être consigné au compte rendu d'audience.
6 Lorsqu'il s'agit des données sur lesquelles s'est appuyé Dean Manning pour
7 rédiger ses rapport, est-ce que vous dites qu'il ne nous est pas clair de
8 quelles données il s'agissait pour ce qui est des documents de la
9 Commission internationale des personnes disparues ?
10 R. Je n'ai pas vu et je ne peux pas identifier ces données sur la base
11 desquelles on est arrivé aux identifications et au MNI pour ce qui est de
12 son rapport avant juin 2007. Il a cherché à analyser les documents qui
13 n'étaient pas disponibles aux autres.
14 Q. Pour ce qui est des données que vous avez analysées et qui provenaient
15 de cette commission, il s'agissait du tableur de données que vous avez
16 présenté aujourd'hui à la Défense, n'est-ce pas ?
17 R. Oui.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez suffisamment de temps parce
19 que le témoin suivant est reparti à l'hôtel, donc ralentissez un petit peu,
20 s'il vous plaît.
21 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
22 Q. Vous avez reçu ces données de la Défense, n'est-ce pas, pour faire
23 votre analyse ?
24 R. Oui, l'équipe de la Défense est la seule source d'information sur
25 laquelle je me suis appuyée.
26 Q. Avez-vous posé des questions à Me Meek ou Me Ostojic pour savoir quelle
27 est la nature de ces informations qui vous ont été présentées ?
28 R. Oui.
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1 Q. Par rapport à votre question concernant la source d'information que M.
2 Manning a utilisée dans le résumé du 8 juin, avez-vous demandé à Me Ostojic
3 ou à Me Meek ou quelqu'un d'autre de l'équipe de la Défense quelle est la
4 source de ces informations, c'est-à-dire de cette référence concernant la
5 Commission internationale des personnes disparues ?
6 R. Oui.
7 Q. Qu'est-ce qu'ils vous ont dit ?
8 R. On m'a donné des copies des rapports, des copies du témoignage de M.
9 Manning. J'ai demandé des informations complémentaires d'un certain nombre
10 de sources, j'ai demandé s'il y avait des informations publiées par la
11 Commission internationale des personnes disparues publiées avant le mois de
12 juin 2007 et qui auraient pu dire d'où provenaient ces nombres. Si j'ai
13 bien compris, la Commission internationale des personnes disparues continue
14 à effectuer des analyses et ces nombres changent constamment et il est
15 difficile de voir quelles informations ont été utilisées par des analystes
16 précédents, parce qu'ils disaient qu'il y a certains éléments qui diffèrent
17 par rapport aux éléments utilisés par d'autres analystes dans une autre
18 période de temps. Si les données d'octobre 2007 sont les données qu'on m'a
19 données et sur la base desquelles j'ai dû effectuer cette analyse, je ne
20 sais pas comment il est possible de comparer cela ou de mettre cela en
21 relation avec les informations qui étaient disponibles à M. Manning
22 lorsqu'il a fait son rapport en juin 2007. J'aimerais dire, c'est peut-être
23 une question scientifique, que jamais nous ne disposons des mêmes pièces
24 pour les évaluer et pour voir si nous pouvons arriver au même nombre que
25 quelqu'un d'autre donné en juin 2007.
26 Q. Vous avez eu la possibilité de parcourir son témoignage ?
27 R. Oui.
28 Q. Vous savez que lors de son témoignage il a parlé de la nature des
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1 informations qu'il a utilisées ?
2 R. J'ai bien compris en lisant son témoignage, il ne s'est pas appuyé sur
3 la déclaration de la Commission internationale des personnes disparues,
4 mais il a analysé lui-même des données brutes. C'est comme cela que j'ai
5 compris ce qu'il a dit dans son témoignage.
6 Q. Bien. A la page 19- et ce sont les lignes 1 à 6, c'est la page 19 003
7 de son témoignage du 11 décembre 2007 - M. Manning a dit que les
8 informations sur lesquelles il s'est appuyé étaient des informations dans
9 les tableurs Excel que cette commission lui a fournis. Ce sont les données
10 sur lesquelles il s'appuyait. Avez-vous reçu ces données figurant dans les
11 tableurs Excel que cette commission lui a fournis ? Ce sont les données sur
12 lesquelles il s'est appuyé. Avez-vous reçu ces données figurant dans des
13 tableurs d'Excel de la commission internationale ?
14 R. Ce que j'ai reçu ce sont les données qui se trouvent en haut, du 8
15 octobre 2007.
16 Q. Lorsqu'il s'agit de l'évaluation de M. Manning par rapport à ces
17 données dont il disposait, avez-vous des remarques à faire ?
18 R. Oui.
19 Q. L'une de vos remarques était que vous n'êtes pas certaine pour ce qui
20 est de la façon à laquelle il est arrivé à ces nombres ?
21 R. Oui.
22 Q. Mais sur la base de son rapport, on peut en conclure la chose suivante
23 : il s'est d'abord penché sur les données, les analysait pour pouvoir les
24 interpréter dans la lumière de ce que représente les fosses dans le sens
25 accepté par ce Tribunal international ?
26 R. Je pense qu'il a dit cela, oui.
27 Q. Ces données se trouvent à la fin de son rapport du mois de novembre.
28 R. Vous avez fait référence à quoi exactement ?
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1 Q. Juste un instant, s'il vous plaît. Soyez patiente jusqu'à ce que je ne
2 retrouve le document.
3 Il s'agit du document 3551 65 ter. Est-ce qu'on peut afficher le document
4 dans le prétoire électronique. Est-ce qu'on peut afficher la fin du
5 document. Je m'excuse, c'est 2993, c'est le document du 27 novembre 2003
6 [comme interprété]. Vous avez eu la possibilité d'examiner ce rapport ?
7 R. Oui.
8 Q. Bien. Maintenant, par rapport à l'examen de ce rapport que vous avez
9 fait, étiez-vous en mesure de voir les informations sur lesquelles M.
10 Manning s'est appuyé quant aux données de la Commission internationale des
11 personnes disparues ?
12 R. Je n'ai pu que supposer qu'il s'agissait de la base de données que j'ai
13 vue après datée du 8 octobre 2007. Ce rapport a été rédigé après la date de
14 publication de ces données. Le rapport du mois de juin a été évidemment
15 rédigé avant la publication de ces données.
16 Q. Après avoir examiné son témoignage, est-ce qu'on vous a donné les
17 copies des pièces à conviction qu'il a utilisées lors de son témoignage ?
18 R. Non.
19 Q. Avez-vous demandé à ce qu'on vous les donne ?
20 R. Oui.
21 Q. Quelle a été la réponse à votre demande ?
22 R. Je n'ai pas reçu d'information à ce sujet.
23 Q. Très bien.
24 R. Je crois que c'était sous pli scellé. La plupart des documents émanant
25 de la Commission internationale pour les personnes disparues étaient sous
26 pli scellé.
27 Q. Mais ce n'était pas ce qu'on vous a dit.
28 R. Oui.
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1 Q. C'était la raison pour laquelle vous n'avez pas pu constater quelles
2 étaient les informations dont M. Manning a parlé dans son témoignage, quand
3 on les compare avec les informations que vous avez reçues aujourd'hui ?
4 R. Oui.
5 Q. Puisque vous n'avez pas vu cela, il n'y avait pas de raison de croire
6 qu'il aurait examiné quelque chose que vous n'avez pas, n'est-ce pas ?
7 R. Je ne peux pas répondre à cette question.
8 Q. Mais vous ne savez pas ?
9 R. Je ne sais pas. Je sais que pour ce qui est du rapport de juin, ça se
10 fonde sur les choses que je n'ai pas vues. Pour ce qui est du rapport du
11 mois de novembre, ce sont peut-être les mêmes bases de données qu'on m'a
12 données.
13 Q. Dans le rapport de juin, il y avait des documents sur lesquels il
14 s'appuyait et que vous n'avez pas vus ?
15 R. Pour les nombres, ce sont tous des nombres concernant le MNI ou
16 l'identification ADN.
17 Q. [aucune interprétation]
18 R. [aucune interprétation]
19 Q. Avez-vous eu l'occasion de parcourir son témoignage ?
20 R. Oui, ce qu'on m'a donné et ce qui se trouve en annexe de mon rapport.
21 Q. Dans l'annexe, vous parlez de son témoignage du 10 et du 11 décembre
22 2007 ?
23 R. Oui.
24 Q. Il s'agit de cette partie de son témoignage. Vous avez eu la
25 possibilité d'examiner cela et vous étiez au courant du fait qu'il était en
26 contact avec la Commission internationale pour les personnes disparues,
27 plus particulièrement par rapport à leur base de données ADN.
28 R. Je ne conteste pas qu'il ait reçu les informations de cette commission.
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1 Si j'ai bien compris les règles appliquées pour ce qui est des moyens de
2 preuve, c'est que nous deux, nous devrions avoir la même possibilité pour
3 les voir.
4 Q. [aucune interprétation]
5 R. Pour voir si nous aurions pu avoir les mêmes nombres.
6 Q. Est-ce ce que la Défense vous a dit ?
7 R. Non, j'ai demandé les documents originaux pour pouvoir analyser ce que
8 lui avait analysé de la même façon pour voir si j'aurais pu arriver au même
9 nombre, mais je ne pouvais pas le faire parce qu'on ne m'a pas donné de
10 documents originaux.
11 Q. Si on vous avait donné les mêmes documents, est-ce que vous auriez pu
12 avoir le même résultat ?
13 R. Le même ?
14 Q. Les mêmes documents pour les parcourir ?
15 R. Comment les nombres de mi-octobre 2007 pourraient être à ma disposition
16 en juin ?
17 Q. Parce que c'est ce qui est contenu dans son témoignage en décembre.
18 R. En haut des rapports, il est indiqué que les individus ont été comptés
19 jusqu'au 8 octobre 2007, donc il n'y avait pas d'individus à ajouter entre
20 juin et octobre.
21 Q. Même si cela avait été le cas, les informations parcourues par lui en
22 juin auraient été contenues dans les informations que vous avez parcourues
23 et qui étaient contenues dans les informations d'octobre.
24 R. Je pense que lorsqu'il s'agit de nombres qui changent, nous ne
25 regardons pas les mêmes informations.
26 Q. Vous pensez au résultat qui n'est pas le même ?
27 R. Oui.
28 Q. Mais vous regardez les mêmes informations ?
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ralentissez tous les deux, s'il vous
2 plaît. Monsieur Vanderpuye, vous n'avez qu'une seule minute si vous voulez
3 en finir avec ce témoin aujourd'hui.
4 M. VANDERPUYE : [interprétation] Oui.
5 Q. Lorsqu'il s'agit de la lettre du Dr Parsons, vous avez dit qu'il
6 y avait des suppositions qui se présentaient là-bas ?
7 R. Oui.
8 Q. Les suppositions pour lesquelles il a dit qu'il s'agit de suppositions
9 clairement dans la lettre, n'est-ce pas ?
10 R. Oui
11 Q. La lettre ne représente pas un rapport dans le sens scientifique ?
12 R. C'était un document écrit dans lequel il a présenté ses idées.
13 Q. Mais ces suppositions étaient claires ?
14 R. Oui.
15 Q. Il a aussi dit que ce qu'il a présenté ne justifie pas les conclusions
16 explicites, c'est-à-dire il dit qu'il n'était pas en mesure de constater
17 avec un certain degré d'exactitude certains nombres qui y sont ?
18 R. Oui, c'est ce qu'il a dit dans la lettre.
19 Q. Vous acceptez, avec les suppositions qui sont données, que ce qu'il a
20 déclaré est vrai ?
21 R. Si vous acceptez ces suppositions qu'il a présentées.
22 Q. Mais vous dites que vous ne les acceptez pas ?
23 R. Oui, c'est vrai.
24 Q. Par rapport à l'établissement de ces suppositions, est-ce qu'il est
25 juste de dire que le Dr Parsons a une certaine expertise et il savait
26 quelles étaient les procédures appliquées par la commission ainsi que cette
27 commission a été en mesure de mener ces analyses d'ADN ?
28 R. Oui, pour ce qui est de cette organisation.
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1 Q. Est-ce qu'on peut dire que vous n'êtes pas qualifiée ici en tant
2 qu'expert pour les analyses d'ADN ?
3 R. Oui.
4 Q. Vous ne vous estimez pas en tant qu'expert d'analyse de l'ADN, vous ne
5 savez pas quels sont les taux pour retrouver certains génotypes dans des
6 squelettes humains ?
7 R. Je connais cela, oui.
8 Q. Savez-vous que le Dr Parsons a publié des articles là-dessus ?
9 R. Non.
10 Q. Savez-vous qu'il y avait des articles dans ce domaine ?
11 R. Ça, oui.
12 Q. L'avez-vous lu ?
13 R. Oui.
14 Q. Vous n'avancez pas que le Dr Parsons, par rapport à ses suppositions
15 dans la lettre, que vous seriez dans une position meilleure que lui pour
16 les présenter ?
17 R. Je dis si on s'occupe des suppositions, vous pouvez avoir des
18 suppositions différentes. Il ne serait pas exact de supposer que ses
19 suppositions sont plus exactes que les miennes.
20 Q. Mais il n'a pas dit que ses suppositions sont exactes, n'est-ce pas ?
21 R. Il a qualifié cette déclaration, oui.
22 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je n'ai plus de questions.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nikolic, avez-vous des questions
24 supplémentaires ?
25 Mme NIKOLIC : [interprétation] Non, mais j'aimerais profiter de cette
26 occasion pour dire une autre chose. Il s'agit de notre témoin Spiro --
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Permettez qu'on en finisse avec le
28 témoin d'abord.
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1 Monsieur le Juge Kwon, avez-vous une question à poser ?
2 Bien. Non, pas de questions. Nous en avons terminé de votre déposition,
3 Madame le Témoin. Vous pouvez retourner à vos occupations. Au nom de la
4 Chambre de première instance, je vous présente nos remerciements. Merci
5 d'être venue nous aider à comprendre toutes ces questions et je vous
6 souhaite un bon retour chez vous, quelle que soit votre destination.
7 [Le témoin se retire]
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nikolic.
9 Mme NIKOLIC : [interprétation] Le problème auquel nous sommes confrontés
10 concerne le témoin Spiro Pereula. Il a eu des difficultés à obtenir un
11 passeport, si bien qu'il est arrivé ici à La Haye hier soir, très tard.
12 Nous sommes parvenus à organiser une séance de récolement aujourd'hui. Nous
13 avons très peu de temps pour nous préparer à l'entendre demain et nous
14 avons peu de temps pour fournir son rapport à l'Accusation. C'est pourquoi
15 nous souhaiterions demander de déplacer sa déposition à lundi, d'autant
16 plus que le témoin qui viendra après, le témoin Kerkez, est un témoin sur
17 lequel nous devons travailler demain. On va avoir besoin de beaucoup de
18 temps demain pour nous préparer à l'audition du témoin Kerkez.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.
20 M. McCLOSKEY : [interprétation] Moi, j'avais cru comprendre que c'était M.
21 Kerkez qui était le témoin suivant.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, moi aussi j'avais compris cela. Je
23 me trompe peut-être, mais selon moi, c'est Kerkez qui est le suivant sur la
24 liste.
25 M. McCLOSKEY : [interprétation] Ceci met en évidence un problème
26 considérable que nous rencontrons. Nous avons reçu les pièces concernant M.
27 Kerkez il y a environ une heure, nous avons reçu les notes de récolement le
28 concernant ce matin. Nous travaillons autant que possible avec Me Ostojic
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1 et son équipe, mais malgré tous nos efforts, nous n'obtenons pas les
2 informations requises. Vous vous souviendrez, Monsieur le Président, par
3 exemple, de ce témoin, le témoin Grulovic. On nous a fait savoir qu'il
4 allait fournir un alibi à M. Beara, mais c'est au moment où il est venu
5 déposer que nous l'avons appris. Ça a été vaguement mentionné dans les
6 notes de récolement que nous avons reçues un ou deux jours précédemment,
7 mais rien dans son résumé 65 ter.
8 En ce qui concerne M. Kerkez, j'ai reçu des notes de récolement extrêmement
9 succinctes, un résumé très succinct aussi. Là-dedans, rien qui ne soit
10 contesté par les parties. Donc j'ai un peu du mal à imaginer qu'on fasse
11 venir un colonel de l'état-major de la VRS et qu'il vienne nous parler de
12 questions qui ne font pas débat. Maintenant, on a du retard avec le témoin
13 suivant. J'essaie de parler à l'équipe de la Défense, mais j'ai besoin que
14 vous rendiez une ordonnance, Monsieur le Président, pour qu'ils organisent
15 leurs témoins, pour qu'ils nous fournissent les informations dont nous
16 avons besoin et auxquelles nous avons droit. Nous ne savons plus que faire
17 et ça compromet notre travail. Je n'ai pas pu obtenir des informations
18 publiques pourtant du dernier témoin, de Grulovic, parce que je n'en ai été
19 informé que le jour de sa déposition. Sinon, j'aurais les informations
20 Reuters. Vous auriez pu vous rendre compte de la valeur de cet alibi, mais
21 moi, je n'ai pas pu le faire. Je pense qu'il faut que vous délivriez une
22 ordonnance à l'intention de cette équipe, parce que ça affecte également
23 les équipes de la Défense. Je sais que c'est une option que vous ne voyez
24 pas d'un bon œil, mais je vous le demande parce que vraiment j'en perds mon
25 latin. Tout ceci, ça se passe sous nos yeux, en direct, "live", et ça nous
26 affecte tous.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ecoutez, la nuit porte conseil, on va
28 voir ce qu'il en est demain. Maître Nikolic, écoutez, la raison d'être d'un
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1 co-conseil c'est qu'il puisse remplacer son conseil principal si celui-ci
2 n'est pas disponible, et ceci, afin d'éviter toute interruption des débats.
3 Donc sous réserve de l'issue de nos discussions entre Juges après
4 cette audience, on appelle à vous, en tant que co-conseil, parce que
5 d'après ce que j'ai compris, il ne s'agit pas de témoins extrêmement
6 complexes. Je pense que nous pouvons les entendre conformément à ce qui a
7 été indiqué par la Chambre de première instance à votre intention, et
8 j'espère que ces instructions seront respectées. Mais avant de lever
9 l'audience, je vous demande une petite minute.
10 [La Chambre de première instance se concerte]
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Maître Nikolic, si j'ai
12 bien compris, le témoin Pereula, vous n'avez pas encore eu l'occasion de
13 l'interroger, de le récoler. Pour ce qui est de M. Kerkez, la séance de
14 récolement a eu lieu ?
15 M. NIKOLIC : [interprétation] Oui, oui. Kerkez est prêt et récolé. Pas de
16 problème de ce côté. Là, il y a peut-être eu un malentendu. Spiro Pereula
17 devait déposer après Kerkez. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé un
18 peu plus de temps. C'est vrai, mon confrère de l'Accusation a raison, nous
19 avons déposé son rapport de manière un peu tardive, mais il conviendra,
20 vous conviendrez également avec moi qu'hier il y a eu des problèmes avec le
21 système téléphonique. Ce qui explique en partie cette communication
22 tardive. Merci de votre compréhension.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Demain matin, nous entendrons le
24 témoin Kerkez dès 9 heures. Dans l'intervalle, nous allons décider de la
25 démarche à suivre.
26 --- L'audience est levée à 13 heures 56 et reprendra le vendredi 25 juillet
27 2008, à 9 heures 00.
28