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1 Le mercredi 27 août 2008
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame la Greffière d'audience, je vous
7 demanderais de bien vouloir citer l'affaire.
8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,
9 Messieurs les Juges. IT-05-88-T, le Procureur contre Vujadin Popovic et
10 consorts.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour à tous. Merci. Je vois que les
12 prévenus sont présents dans le prétoire. L'Accusation, M. McCloskey et M.
13 Vanderpuye. Du côté de la Défense, je note l'absence de Mme Tapuskovic, M.
14 Bourgon et M. Haynes.
15 Dobar dan gospodine, Professeur.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'espère que vous allez pouvoir mener à
18 terme votre déposition dans les plus brefs délais.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'espère moi aussi.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez été très coopératif, vous
21 nous avez beaucoup aidé. Et je ne pensais pas que votre déposition allait
22 être aussi longue que ça. Je suis désolé qu'elle l'ait été, mais cela
23 signifie que part et d'autre on a estimé que votre déposition revêtait la
24 plus haute importance.
25 Monsieur Vanderpuye, je vous en prie.
26 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour,
27 Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges. Bonjour, éminents
28 collègues.
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1 LE TÉMOIN: SLOBODAN REMETIC [Reprise]
2 [Le témoin répond par l'interprète]
3
4 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Remetic. Je vais essayer -- je me
5 corrige, je vais m'efforcer de respecter le mandat qui m'a été imposé par
6 la Chambre, quoi qu'il en soit je tâcherai d'être le moins long possible et
7 de faire avancer les choses.
8 Hier, nous avons parlé de certains termes qui sont spécifiques pour parler
9 de la côte dalmate dont le terme "sjor;" est-ce exact ?
10 R. Oui.
11 Q. Le terme "sjor" est lié ou c'est une dérivation du terme "signor";
12 c'est exact ?
13 R. Signor. Oui, effectivement. Langue romane, un terme roman, signor.
14 Q. Et dans le contexte de vos observations des propos qu'il a tenus en
15 avril de cette année, l'utilisation de ce terme correspond au dialecte que
16 vous l'aviez entendu utiliser lorsque vous avez eu un entretien avec lui ?
17 R. Oui.
18 Q. Et ce dialecte comprend d'autres romanismes; est-ce exact ?
19 R. Je ne vois pas tout à fait à quel terme vous faites référence. Ça n'est
20 pas que dans cakavien, mais aussi dans tous les parlers des autres régions
21 littorales et même dans l'arrière-pays du Monténégro on utilise énormément
22 de termes qui sont des romanismes. La zone du mont Durmitor, d'où est
23 originaire Vuk Karadzic, est une région où on parle beaucoup en utilisant
24 des romanismes. Durmitor lui-même est un terme qui est dérivé du latin.
25 Q. Je fais simplement référence au dialecte que vous avez observé, M.
26 Beara, c'est tout. Est-ce qu'il y a d'autres termes d'origine romane ou
27 latine, des romanismes, donc le terme "sjor" dans ce dialecte-là ?
28 R. Oui.
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1 "Skape" connaissez-vous ce terme de "skape" ?
2 R. Je connais le terme "skape." Vous trouverez l'usage de ce terme autour
3 du mont Durmitor également. Il s'agit en fait de failles dans les rocs et
4 rochers.
5 Q. Et ce terme correspond au dialecte que parlait M. Beara lorsque vous
6 l'avez entendu s'exprimer en avril de cette année ?
7 R. Je dois dire que je ne suis pas sûr. Je ne peux pas répondre de façon
8 détaillée, mais je n'exclus pas cette possibilité. Tout comme il serait
9 possible d'entendre le terme "skape" en dehors de la région cakavienne. On
10 peut entendre ce terme dans la région stokavienne également. Ce n'est pas
11 un terme spécifique à une région ou une autre. Il est très répandu ce terme
12 tout comme le terme "burazer" d'ailleurs.
13 Q. Donc il n'y a rien de spécifique linguistiquement parlant à ce terme, à
14 votre avis. Est-ce là la réponse que vous m'apportez de manière à ce que
15 nous puissions poursuivre ? S'il vous plaît, répondez.
16 R. Non. En fait, la moitié des mots sont empruntés à d'autres langues. Le
17 terme "so ba" vient du hongrois. Carapa du turc. La moitié des vêtements
18 que je porte n'ont pas d'origine, ne sont pas désignés par des termes
19 d'origine slave. Permettez-moi de vous rappeler quelque chose, parce que
20 c'est mon devoir et je demanderais de faire preuve de patience avec moi.
21 Mais puisque nous insistons à ce point sur des cas particuliers et
22 individuels, il faut savoir que cette région a connu une histoire très
23 tumultueuse. Nombreuses sont les civilisations qui ont existé dans cette
24 zone géographique, différentes administrations qui ont laissé des traces et
25 des séquelles. La région dans laquelle M. Beara et moi-même avons passé
26 notre jeunesse, c'est-à-dire la Bosnie-Herzégovine, avait fait partie
27 pendant 40 ans de l'empire austro-hongrois. Les gens ont rejoint les rangs
28 de l'armée et le commandement était en allemand. Et là, je vous parle de ma
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1 propre expérience. Vous savez, les gens illettrés souhaitaient vivement
2 utiliser en Bosnie différents termes, ils le souhaitaient par le passé et
3 ils continuent de le souhaiter, d'utiliser des termes qu'ils ont appris de
4 leurs commandants.
5 Q. Désolé de vous interrompre. Ma question, à vrai dire, est très limitée,
6 très spécifique. Ce que je souhaiterais savoir, Monsieur, c'est si le terme
7 "skape" porte une importance d'un point de vue linguistique, selon vous.
8 Veuillez répondre par oui ou par non.
9 R. Ce terme a une importance linguistique, c'est un romanisme apparaissant
10 dans notre dialecte. Mais il ne désigne ni une région géographique, ni un
11 territoire dialectal. Il est très répandu.
12 Q. Hier, nous avons parlé un peu - à vrai dire, nous avons beaucoup parlé
13 de la langue, du dialecte, des caractéristiques identifiables qui sont
14 muables [phon]. Nous avons parlé du passage d'un code à l'autre, c'est-à-
15 dire du passage d'un dialecte à l'autre. Nous avons également évoqué le
16 passage d'un dialecte à l'autre pour une personne qui est bidialectale
17 [phon], donc nous avons dit qu'une personne pouvait parler un dialecte à un
18 moment donné et un autre à l'autre.
19 R. Oui.
20 Q. Vous nous avez dit, souvenez-vous, page 14, que M. Beara traduisait
21 sans aucun problème les différences détaillées et les constructions
22 différentes de textes qui lui sont attribués dans son modèle linguistique.
23 Cela figure en page 14 de votre rapport; est-ce exact ?
24 R. Oui.
25 Q. Connaissez-vous quelque étude que ce soit qui a trait à ce fait de
26 passer d'un dialecte à l'autre, c'est-à-dire de façon
27 audible ?
28 R. Bien, ce n'est un secret pour personne que ces questions ont fait
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1 l'objet de nombreuses études dialectologiques [phon]. Je ne suis pas
2 particulièrement intéressé à cette question-là. Moi, ce qui m'intéressait
3 particulièrement c'était l'influence d'autres dialectes sur les dialectes
4 voisins, c'était là ma spécialité. Et à cet égard, la Bosnie est une zone
5 particulièrement riche dans la mesure où l'on compte en Bosnie trois
6 religions, et l'appartenance à telle ou telle religion se reflète d'une
7 manière générale dans le dialecte que l'on parle.
8 Le 3 mars de cette année, j'ai prononcé un discours en université sur le
9 sujet des dialectes serbes de Bosnie à la lueur des interférences
10 dialectales. J'évoquais les questions linguistiques et sociolinguistiques à
11 cet égard. J'ai brossé un portrait très général de cette question, et ce,
12 afin d'identifier dans quelle mesure les Bosniens et les Croates ont
13 influencé par leurs dialectes celui parlé par les Serbes.
14 Q. Très bien. Mais ce que je souhaiterais savoir c'est si vous connaissez
15 l'étude qui avait été menée en Suède de façon très spécifique et qui avait
16 trait particulièrement à un article : "Passage d'un dialecte à l'autre afin
17 de se dissimuler." Sjostrom Eriksson Zetterholm Sullivan étant l'auteur, le
18 texte a été publié en 2006. Elle faisait partie du centre des langues et
19 littérature de l'université là-bas. En fait, ce que l'on dit là c'est qu'un
20 dialecte peut être imité ou on peu passer d'un dialecte à l'autre, "les
21 experts médico-légaux qui utilisent les dialectes considèrent que c'est une
22 caractéristique primaire dans le cadre des analyses et ensuite l'on peut
23 moins utiliser ce dialecte et ceci peut induire l'auditeur en erreur."
24 Connaissez-vous un tel concept ? Est-ce que c'est quelque chose dont vous
25 avez déjà tenu compte lors de votre entretien en avril de cette année avec
26 M. Beara ?
27 R. Si je ne m'abuse, cela signifie que quelqu'un déciderait délibérément
28 de passer d'un dialecte à l'autre. C'est à cela que vous faites référence ?
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1 C'est-à-dire que quelqu'un pourrait délibérément et en connaissance de
2 cause passer d'un dialecte à l'autre afin de dissimuler son identité ? Si
3 c'est ce que vous essayez de dire, alors je vous répondrai que cela ne
4 correspond pas à mon domaine d'expertise et, par conséquent, je ne vois pas
5 pourquoi on ferait cela. Je ne suis pas expert de ce type de questions.
6 Vous pouvez parler de déguisement ou de dissimulation, lorsque vous avez
7 utilisé le terme "dissimuler," j'imagine que ce que l'on entend par là
8 c'est un acte délibéré ou le fait de faire quelque chose en connaissance de
9 chose. Or moi, je ne vois pas l'intérêt de faire cela, je ne vois pas
10 pourquoi un individu ou M.Beara se comporterait de telle manière.
11 Q. Très bien. Bien, je vous demanderais quelles sont les circonstances --
12 poser quelques questions à propos des circonstances dans lesquelles vous
13 avez examiné M. Beara. Lorsque vous vous êtes rendu au quartier
14 pénitentiaire pour rendre visite à M. Beara, comme vous l'avez dit dans
15 votre déposition, c'était sur rendez-vous, il vous attendait; c'est exact ?
16 R. Oui, cet entretien avait été organisé.
17 Q. Il savait que votre objectif était de procéder à un examen de son
18 parler ?
19 R. J'ai dit que j'avais exprimé le souhait de le rencontrer, de m'exprimer
20 -- de m'entretenir, pardon, avec lui et de voir quelle était la façon dont
21 il parlait à l'heure actuelle. Il va de soi que si un linguiste vient lui
22 rendre visite --
23 Q. Monsieur, il savait que vous veniez lui rendre visite précisément pour
24 procéder à un examen de sa façon de parler; c'est exact, n'est-ce pas ?
25 R. Bien, j'imagine que oui.
26 Q. Il est exact également qu'il savait que vous étiez là afin de procéder
27 à un examen de sa façon de parler dans le contexte de ces écoutes
28 téléphoniques spécifiques; c'est bien exact, n'est-ce pas ?
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1 R. Ça je n'en sais rien. Tout ce que je sais c'est que j'ai constaté qu'il
2 continuait de parler de la façon dont il parlait au début de la guerre et
3 qu'il parlait toujours de la façon qui avait été identifiée par les autres
4 combattants de l'armée de Republika Srpska qui pensaient qu'il était
5 Croate. Et j'ai dit à plusieurs reprises que le Beara d'avant la guerre
6 parle cakavien, ikavien, croatien -- croate - pardon - cakavien, ikavien,
7 et qu'il continue de le parler, et c'est ce que dont je me suis aperçu dans
8 le transcript. Et, c'est le problème qui s'est posé.
9 L'INTERPRÈTE : Non pas ékavien mais ijkavien.
10 M. VANDERPUYE : [interprétation]
11 Q. Ce que j'essaie de savoir c'est si au moment de votre entretien, vous
12 avez eu l'occasion de constater si M. Beara avait eu accès aux écoutes
13 téléphoniques avec lesquelles vous procédiez à des comparaisons de son
14 dialecte ?
15 R. Ça, je n'en sais rien. Non, non, je n'en sais rien.
16 Q. Est-ce que vous avez posé la question, vous lui avez demandé s'il avait
17 eu accès aux informations sur la base desquelles vous alliez procéder à
18 cette comparaison de sa façon de parler.
19 R. Non.
20 Q. Est-ce que vous lui avez déjà posé la question à lui spécifiquement
21 s'il avait déjà eu l'occasion de voir ces écoutes téléphoniques avec
22 lesquelles vous alliez faire cette comparaison ?
23 R. Non.
24 Q. Très bien. Vous n'avez jamais demandé à M. Beara si son conseil lui
25 avait fourni les écoutes téléphoniques avec lesquelles vous alliez comparer
26 sa façon de parler ?
27 R. Non, je ne me souviens pas de lui avoir posé la question.
28 Q. Dans votre déposition ici au prétoire, il vous est impossible de dire
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1 si M. Beara connaissait ou ne connaissait pas les écoutes téléphoniques qui
2 faisaient l'objet de votre analyse et de votre comparaison; c'est bien cela
3 ?
4 R. Ce que vous me demandez, c'est si je savais moi si lui savait. Je vous
5 réponds, je n'en sais rien. Je n'en sais rien, s'il le savait ou pas.
6 Q. Monsieur Remetic, est-ce qu'il ne serait pas bon et pertinent de savoir
7 tout de même de savoir si M. Beara a eu connaissance de ces écoutes
8 téléphoniques ou pas, puisque vous faites justement une comparaison de ce
9 qu'il est en train de vous dire avec ce qui figure dans ces écoutes
10 téléphoniques. Donc c'est quand même important comme donnée, non ?
11 R. Monsieur, à mon sens, l'élément important ici c'était essentiellement
12 de pouvoir m'asseoir aux côtés de M. Beara et de l'entendre parler avec
13 d'autres personnes. Ensuite, il était important pour moi de pouvoir
14 m'entretenir avec lui de certains domaines et sujets spécifiques, et
15 ensuite on m'a assuré que je pouvais procéder de la sorte sur la base d'un
16 certain nombre d'exemples dont je disposais sur papier suite à la
17 transcription de ces écoutes téléphoniques. Je lui ai posé des questions
18 auxquelles il a répondu et voilà comment parlent les Serbes, voilà comment
19 parlent les Monténégrins, et en tant que linguiste c'est la voie que j'ai
20 choisie de suivre. Je n'aurais pas fait les choses différemment si je
21 devais le refaire aujourd'hui.
22 Q. Lorsque vous avez eu l'occasion de vous entretenir avec
23 M. Beara, vous avez observé sa façon de parler dans le contexte des
24 discussions qu'il a eues avec ses avocats, n'est-ce pas ?
25 R. Oui.
26 Q. Donc vous avez observé sa façon de parler le 7 avril, dans le cadre de
27 ses entretiens avec M. Meek et M. Ostojic en présence de Mlle Dzambazovic,
28 n'est-ce pas ?
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1 R. Oui.
2 Q. Vous avez examiné sa façon de parler également dans le contexte de ces
3 entretiens avec Mlle Dzambazovic et M. Ostojic le lendemain, n'est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. Vous avez posé des questions directement à M. Beara afin de voir s'il
6 était à même d'opérer des distinctions pertinentes dans le contexte de
7 votre examen de ces écoutes téléphoniques; est-ce exact ?
8 R. Oui.
9 Q. Dans le contexte des informations qu'il vous a fournies, vous avez
10 procédé à une comparaison de ces écoutes téléphoniques avec la façon dont
11 il s'exprimait au cours de cette période de sept à huit heures
12 d'observation; est-ce exact ?
13 R. Monsieur --
14 Q. Veuillez répondre, s'il vous plaît.
15 R. Oui, oui, oui, oui.
16 Q. Vous avez indiqué dans votre témoignage que dans le cadre d'une analyse
17 linguistique, poser des questions directes ne correspond pas au canon de
18 votre profession ?
19 R. Oui, mais lorsque vous examinez une personne illettrée qui s'exprime
20 dans un dialecte donné, les choses sont assez différentes. En fait, j'ai
21 fait une distinction très nette parce que dans ce cas-ci j'en avais eu la
22 possibilité puisque j'avais trait à une personne qui faisait preuve d'un
23 esprit de coopération. J'avais face à moi un interlocuteur très
24 intelligent, et sachez qu'il y avait très peu de questions de ce type qui
25 ont été posées. Parce que sur la base de ce que j'ai entendu le premier
26 jour, j'ai pu me faire une idée relativement claire de la façon dont M.
27 Beara parle à l'heure actuelle. Quant à ma conclusion sur les
28 transcriptions des écoutes, j'y suis parvenue non pas simplement dans le
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1 contexte du dialecte qu'il parle maintenant, parce que comme je l'ai dit à
2 maintes reprises avant aujourd'hui, on ne peut pas mettre cela de côté à
3 l'avance. Il faut regarder l'ensemble de la langue croate littéraire qu'il
4 utilise outre le dialecte lui-même.
5 Q. La raison pour laquelle un linguiste ne pose pas de questions directes
6 sur le dialecte au sujet de son examen, c'est parce qu'il peut influencer
7 le résultat; est-ce exact ?
8 R. Vous avez tout à fait raison. Vous avez parfaitement raison.
9 Q. Cela n'a strictement rien à voir avec le fait d'être éduqué ou
10 illettré, n'est-ce pas, Monsieur Remetic ?
11 R. Ecoutez, s'il vous plaît, jusqu'au mois d'avril de cette année, j'ai
12 procédé à un examen du dialecte uniquement sur base d'enregistrements de
13 locuteurs nés dans une région donnée et qui étaient soit parfaitement
14 illettrés soit très peu éduqués. Or, cette méthode qui consiste à poser des
15 questions directes, je ne l'ai jamais appliquée qu'après m'être fait une
16 idée assez précise du modèle linguistique utilisé à l'heure actuelle par M.
17 Beara.
18 Q. Très bien. Dès lors qu'il s'agissait pour vous de déterminer ce modèle
19 linguistique employé par M. Beara, vous n'avez pas tenu compte de ce qui
20 éventuellement le motivait à faire preuve de moins de coopération que ce
21 qu'on pourrait le souhaiter ?
22 M. OSTOJIC : [interprétation] Désolé de vous interrompre, mais je formule
23 une objection. Je crois que nous avons entendu suffisamment d'éléments sur
24 cela. Si l'Accusation a des éléments qui lui permettent de prouver que M.
25 Beara change de dialecte ou modifie son dialecte, il faut que l'Accusation
26 les présente. Il s'agit ici exclusivement ici de conjectures. Je sais que
27 c'est utilisé régulièrement en contre-interrogatoire, mais il n'y a aucun
28 moyen de preuve qui permet d'assurer que M. Beara a modifié sa façon de
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1 parler. S'il dispose de ces éléments, il faudrait qu'il présente soit ses
2 éléments de preuve, soit un linguiste qui puisse justement étayer cette
3 hypothèse.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que vous faites une lecture
5 erronée de la question de M. Vanderpuye. C'est une question très simple. Il
6 faudrait savoir si M. le professeur a tenu compte ou pas des motivations de
7 la part de M. Beara et a tenu compte de l'éventualité de voir M. Beara
8 veiller à dissimuler quelque chose.
9 Veuillez répondre à la question.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'avais aucune raison de penser cela parce
11 que je me suis aperçu, et je dois dire que j'en suis resté stupéfait à
12 telle enseigne, enfin j'étais stupéfait de voir qu'il parlait exactement de
13 la même façon maintenant qu'avant la guerre lorsqu'il parlait l'ijkavien
14 cakavien de Split, comme on me l'avait dit avant la guerre. Il faut dire
15 que j'en suis resté stupéfait. Quoi qu'il en soit, Messieurs, M. Beara est
16 ici et toute autre approche dans cette analyse aurait été possible. Nous
17 avons le sujet, le locuteur, et mes résultats peuvent faire l'objet de
18 vérifications croisées, on peut vérifier s'il continue de parler de la
19 façon dont il parlait avant comme je l'ai dit moi-même. Je pense que cela
20 devrait vous être beaucoup plus facile que ça ne le serait pour moi.
21 M. VANDERPUYE : [interprétation]
22 Q. Monsieur Remetic, l'explication de ce que vous venez de dire devrait
23 pouvoir supposer que vous avez déjà une idée préconçue pour savoir comment
24 Beara parlait avant de lui parler, parce que vous dites qu'il y a là un
25 modèle linguistique dont il se servait qui était le sien avant la guerre
26 pour pouvoir analyser. Ensuite, sa façon de parler en temps de guerre pour
27 procéder à des comparaisons avec ce que vous avez pu percevoir vous-même
28 après la guerre. Voilà, c'était la fin même, l'objectif de vos recherches,
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1 comment il a parlé avant la guerre. C'était le sujet des conversations
2 interceptées, n'est-ce pas, Monsieur le Professeur ?
3 R. Oui, j'avais en vue trois choses --
4 Q. Je vous en prie, nous savions très bien ce que vous proposiez comme
5 objectif. Répondez à ma question.
6 R. Je savais comment se présentait la façon dont parlait Beara. J'avais
7 reçu l'information comme quoi il était Croate de Split, c'est là où il
8 était en poste. J'ai pu savoir quel était le modèle de parler splitois,
9 quelles étaient les normes linguistiques de la région dans laquelle il
10 vivait. J'étais un petit peu tout de même surpris de ne pas pouvoir penser
11 avant à la possibilité de rencontrer ce modèle de parler lorsque je l'ai
12 rencontré dans sa cellule en détention. Et là, j'ai été étonné, Monsieur.
13 Si j'avais dit, comme hier, qu'il y a 30 ans je me suis occupé de
14 l'affaire, je ne suis pas venu prouver quoi que ce soit, mais tout
15 simplement me rendre compte du fait de la façon qui était la sienne de
16 parler aujourd'hui, tout simplement.
17 Q. Lorsque vous avez rencontré M. Beara -- ou plutôt, permettez-moi de
18 reformuler ma question. L'analyse comparative qui était la vôtre ne se
19 trouve fondée que sur l'étude faite par vous des conversations interceptées
20 face à ce que cela, évidemment, peut donner maintenant à regarder sa façon
21 de parler aujourd'hui, n'est-ce pas ?
22 R. Oui, oui. La majeure partie de mes travaux ont été effectués avant de
23 rencontrer M. Beara. En date du 9, j'étais de retour et en date du 18,
24 j'avais déjà fait parvenir mon rapport par écrit sur lequel rapport j'ai dû
25 travailler pendant des mois. Cela est logique. On peut toujours vérifier le
26 tout, tout ce que je viens de dire, et cela va de soi.
27 Q. Fort bien. Donc vous n'avez pas pris en considération un quelconque
28 parler autre qui aurait été celui de M. Beara avant la période de 2008 ?
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1 R. Je crois l'avoir déjà dit et à plusieurs reprises. Je m'attendais,
2 quant à moi, à entendre quelque chose qui aurait trait à sa façon de parler
3 du temps de sa jeunesse, de son enfance. Et je n'ai rien trouvé de
4 distinctif, de particulier qui serait de façon à nous marquer en tant
5 qu'auditeurs. J'ai exclu les parlers des pays septentrionaux et occidentaux
6 aujourd'hui lorsqu'il parle ékavien ou ijkavien. Il parle croate tout
7 comme, par exemple, quelqu'un qui m'a piloté hier qui est croate. Il m'a
8 dit, nous y allons, "lijevo", en ijkavien, tout comme dirait par exemple
9 Beara qui, lui, en s'adressant à la même personne dit, tu as l'air un peu
10 pâlotte aujourd'hui, "blijeda".
11 Q. Fort bien, je comprends cela. Mais ce que je voulais vous poser comme
12 question ne consiste pas en une question simple. Vous avez clairement dit
13 que vous n'avez pas étudié une autre façon de parler qui aurait du être
14 attribuée à M. Beara avant l'année 2008, n'est-ce pas ?
15 R. Monsieur, qui lui attribue quoi ? Il n'y a pas de façon de parler qu'on
16 lui avait attribuée, personne ne lui attribuerait rien. On m'a dit tout
17 simplement que lui, d'après eux, parlait le croate. Je me suis dit qu'il
18 était croate, quelqu'un qui parle le dialecte de Split, le splitois,
19 cakavien de Split. Voilà, quelle autre façon de parler ?
20 Q. Je vais vous donner un exemple. Vous a-t-on soumis un article qui a été
21 publié dans le magasine Svedok le 29 octobre 2002 ? Vous a-t-on fait voir
22 cet article où on peut lire certaines déclarations attribuées à M. Beara ?
23 Vous l'a-t-on fait, par le conseil de M. Beara ou quelqu'un d'autre ?
24 R. Non, non, non.
25 Q. Avez-vous demandé une information quelconque qui serait de nature à
26 corroborer une des déclarations ou peut-être la façon de parler, un
27 spécimen je dirais de la façon de parler de M. Beara ? Ceci a-t-il été fait
28 par le conseil de Beara ou quelqu'un d'autre ?
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1 R. Non, non, non. Tout simplement, j'avais demandé qu'on me présente des
2 bandes magnétiques, des enregistrements audio, et on m'avait répondu que ça
3 n'existait pas parce que -- moi, je l'avais demandé parce qu'on m'avait
4 demandé d'en faire une analyse.
5 Q. Bien. M. Ostojic a traité une série de conversations interceptées que
6 vous avez analysées. Je voulais attirer votre attention sur certaines de
7 ces conversations interceptées. Je voudrais qu'on se penche sur la pièce à
8 conviction au titre de 65 ter, la pièce à conviction 3627. Je voudrais
9 qu'on l'affiche moyennant le prétoire électronique. Maintenant, je voudrais
10 qu'on se penche sur la page dont les derniers numéros ERN se lisent 153,
11 7153. Très bien. Portez-vous, s'il vous plaît, sur la quatrième ligne à
12 partir du bas de page dans le texte. Excusez-moi, non. Non, plutôt au début
13 de la page, en haut. Les propos qui, supposément, sont ceux de M. Beara.
14 Vous me suivez dans le texte ?
15 R. A quel texte faites-vous référence ? Il y a plusieurs phrases ici que
16 nous pouvons lire où on parle de Beara. De quelle phrase il s'agit ? Dites-
17 moi comment commence la phrase à laquelle vous faites référence ?
18 Q. Peut-on voir les deux premières lignes où on commence par "Znas sta;"
19 est-ce que vous me suivez dans le texte ?
20 R. [aucune interprétation]
21 Q. Ce qui m'intéresse c'est lorsqu'on dit que lui il est un peu raide, de
22 quel dialecte il s'agit ?
23 R. Ceci peut être l'œuvre de deux dialectes, le passage de l'Ekavien et à
24 Ijekavien, "prijek" peut être "prek" [phon], il y a le J qui disparaît dans
25 "brijeg" "bregovi," "colline" en traduction, comme "lijevobi" [phon]
26 devient "ljevo," "à gauche," "prek" peut être Ijekavien, est devenu une
27 dérivation de "prijek." Il ne s'agit pas en effet d'une forme qui nous
28 paraitrait de faire une identification avec certitude. Ce n'est pas quelque
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1 chose qui aurait été marqué par quoi que ce soit dans ce sens-là, dans le
2 sens de l'identification.
3 Q. Est-ce que cela cadre et correspond avec ou au dialecte utilisé par M.
4 Beara lorsqu'il vous a parlé en cette année-ci ?
5 R. Non, ce n'est pas le dialecte ijekavien mais cela peut être une
6 variante croate de l'actuelle langue croate, à savoir "prek" --"prijek" qui
7 a donné "prek," avec la chute d'un J. Ceci évidemment ne tient pas du
8 dialecte utilisé -- emprunté par lui, mais cela peut l'être lorsque nous
9 disons que lui emprunte la langue littéraire qui est la sienne.
10 Q. Bien. Maintenant passons deux lignes plus bas; est-ce que vous voyez
11 qu'il s'agit là de certaines paroles qui auraient été proférées par M.
12 Beara supposément ?
13 R. [aucune interprétation]
14 Q. Il me semble que d'après l'enregistrement audio on aurait pu entendre
15 "kretencina bre," "espèce de crétin." Est-ce que cela cadre avec ce que
16 vous avez dit tout à l'heure au sujet de Beara avec le "bre" ?
17 R. Non. Pour ce qui est de "bre," c'est tout simplement un nom dont on se
18 sert généralement sur des vastes terrains de Serbie. Il s'agit d'un mot qui
19 sert à appuyer quelque chose; cela était un peu de [imperceptible] propre à
20 des officiers chefs qui venaient de différentes régions. Ce n'est pas
21 quelque chose qui serait caractéristique vraiment pour les terrains du
22 littorale italien, chakavien, et cetera. Ceci correspondrait plutôt aux
23 pays de l'est.
24 Q. Bien. Oui, il vient de ce pays-là mais il a passé pas mal de temps dans
25 -- il vient de l'est en fait, mais il a passé pas mal de temps à vivre dans
26 les pays occidentaux, ce qui s a prouvé lorsque vous l'avez rencontré,
27 n'est-ce pas ?
28 R. [aucune interprétation]
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1 Q. Alors, maintenant, que l'on passe à la conversation interceptée 3607.
2 Avant de le faire, essayons de revenir un petit peu à ce que nous avons vu
3 à l'écran tout à l'heure, vous avez pu établir vous-même que sur cette
4 bande magnétique c'est bien la voix de
5 M. Beara qui était enregistrée, n'est-ce pas ?
6 R. Je pense bien qu'il s'agit de Beara.
7 Q. Fort bien. Passons maintenant à la pièce à conviction 3607, s'il vous
8 plaît. Passons à la page dont la fin du numéro ERN se lit 7108. Très bien.
9 Je crois que tout est arrangé de sorte que
10 M. Remetic puisse le voir à l'écran. En bas de page, vers le bas de la
11 page.
12 R. [aucune interprétation]
13 Q. Vous voyez une question "Gdje," G-d-j-e point d'interrogation, ceci
14 étant attribué à M. Beara; est-ce que vous y êtes, vous me suivez dans le
15 texte, "Gdje," ou en traduction.
16 R. Je ne suis pas tout à fait certain à avoir pu l'entendre dire lui
17 prononcer "gdje." Cet enregistrement pour moi était un peu flux, un peu,
18 peu audible. Enfin, je sais que la norme linguistique le commande ainsi,
19 mais c'est ce que j'ai dit que dans la pratique -- dans la vie pratique en
20 communication libre et tout à fait spontanée en Bosnie on utilisait plutôt
21 "Je."
22 C'est ainsi qu'on parle en Bosnie. Moi-même dans mes communications avec
23 mes cousins et mes collègues de Bosnie, Bosniaks, et linguiste de Sarajevo
24 en conversation tout à fait informelle certainement pas lorsque je donne
25 des conférences -- pupitre, en plus lorsque je prépare une communication
26 par écrit.
27 Q. Fort bien. A la page 16 de votre rapport, vous dites qu'aujourd'hui M.
28 Beara lui emploie le terme "gdi," pour "où," n'est-ce pas ?
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1 R. Oui. Lui aujourd'hui s'il doit emprunter sa langue littéraire il ne
2 dirait pas "di." Je vous ai dit qu'aujourd'hui il n'y a pas vraiment de
3 dialecte à proprement parlé pur ou original, même pas dans des villages, le
4 Cakavien et l'Ijekavien [comme interprété] sont utilisés de sorte à pouvoir
5 et ne pouvoir pas répondre toujours aux normes qui sont considérées comme
6 évidemment linguistiques et définies comme telles.
7 Q. Monsieur Remetic, si ceci n'a pas été défini -- normalisé du point de
8 vue linguistique, alors là, ceci ne devrait avoir aucune signification
9 linguistique pour permettre à aboutir à une identification surtout par
10 exemple de tel ou tel individu particulièrement dans ce cas-là.
11 R. Voyez-vous -- attendez, je ne sais pas à quoi vous faites référence
12 maintenant ? S'agit-il de cette forme-là, ou s'agit-il de parler du corps
13 plus tel que je l'ai considéré comme étant objet de mon analyse pris dans
14 son ensemble ?
15 Q. Ce à quoi je fais référence, ce dont je suis en train de parler c'est
16 bien la section 11, paragraphe (a) de votre rapport où vous dites en de
17 termes concrets que actuellement la façon de parler de M. Beara semble
18 contraire et contraste avec les autres termes et les faits, à savoir "gde,"
19 lorsqu'il dit "gde," et maintenant vous êtes en train de dire que M. Beara
20 cette fois-ci présente une façon de parler linguistique particulière alors
21 que maintenant vous nous dites quelque chose de tout à fait le contraire.
22 R. Je n'ai pas dit que ceci était contraire. Je m'en tiens à ce que j'ai
23 dit lorsque je voulais établir la façon de parler qui est celle de Beara,
24 sur la base de cette expérience que j'ai eue auprès et avec lui, auprès de
25 lui avec lui pendant huit heurs de notre conversation.
26 Q. Fort bien. Mais pour ce qui est de la conversation interceptée 3607,
27 vous avez eu la possibilité de l'entendre, n'est-ce pas ? S'agit-il d'abord
28 de la voix de M. Beara ?
Page 24716
1 R. J'ai l'impression que oui.
2 Q. Fort bien. Penchons-nous sur la pièce à conviction 3626, c'est-à-dire
3 la conversation interceptée 3626. Peut-on l'afficher ? Très bien. Dans
4 l'exemple de cette conversation interceptée, je vous prie de vous pencher
5 sur la troisième ligne à commencer par le bas de la page -- ou quatrième,
6 plutôt, où vous pouvez lire "los muchachos." Est-ce que vous y êtes ? Vous
7 me suivez ?
8 R. [aucune interprétation]
9 Q. L'avant-dernière ligne, à l'avant-dernière ligne. Ce que vous avez sous
10 vos yeux, vous pouvez voir, lui dit "gde," g-d-e ?
11 R. Oui.
12 Q. Bien. Je voudrais que l'on passe à la page suivante maintenant. Bien.
13 Est-ce que vous pouvez lire la phrase qui commence par "kako nisi" ?
14 R. [aucune interprétation]
15 Q. Toujours dans le -- dans la même phrase, lui utilise le mot "gde" ?
16 R. Oui.
17 Q. Donc cette bande magnétique vous l'avez entendue, n'est-ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Et je crois que, sur cette bande magnétique, il s'agit de
20 l'enregistrement de la voix de M. Beara, n'est-ce pas ?
21 R. Je crois que oui. Oui, je le pense bien.
22 Q. Fort bien. Maintenant, allons voir la pièce à conviction qui présente
23 la conversation interceptée en date du 13 juillet 1995 à 10 heures 09
24 minutes. Au titre de l'article 65 ter, il s'agit de la conversation
25 interceptée 1130. Je crois que nous ne l'avons pas dans le prétoire
26 électronique, mais nous n'avons pas besoin d'ailleurs. Mais je vous pose la
27 question suivante : dans cette -- le cadre de cette conversation
28 interceptée, prétendument, on aurait pu enregistrer les termes de "sjor
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1 Lucic," chose attribuée à M. Beara.
2 R. Monsieur, il s'agit de la première conversation interceptée, n'est-ce
3 pas, où figure sjor Lucic, n'est-ce pas ?
4 Q. Oui, cela est exact. Et déjà avez-vous dit que le terme de "sjor"
5 présente un terme dalmate typique, n'est-ce pas ?
6 R. Oui, je lai dit.
7 Q. Mais dans votre rapport, avez-vous conclu que le dialecte ne révèle pas
8 nécessairement l'origine de celui qui l'emprunte, ce dialecte ? Et la
9 raison en est, d'après vous, ainsi vous le dites dans votre rapport, que
10 ceci n'apparaît pas dans les autres conversations interceptées qui ont été
11 entendues par vous.
12 R. Oui, il s'agit justement de cette hirondelle-là, l'hirondelle qui
13 devrait nous inciter à rechercher la volée, alors il n'y avait pas de
14 volée.
15 Q. Bien. Vous avez dit également, pour traiter de cette conversation
16 interceptée dans le cadre de l'analyse faites par vous de la conversation
17 interceptée, comment se présentait l'analyse du terme "gde," page 16 de
18 votre rapport. "Gde," G-d-e.
19 R. Oui.
20 Q. S'agit-il là de dire que vous avez pu fonder sur cela le fait de voir
21 M. Beara exclu pour être considéré comme participant à cette conversation,
22 ainsi a-t-on dit dans votre analyse ?
23 R. Monsieur, il ne s'agit pas d'une base. Si vous avez suivi et lu mon
24 rapport avec attention, vous avez dû constater que j'avais dit, moi, que la
25 langue n'a pas été marquée, que dans chaque texte, il y a des éléments des
26 deux variantes, occidentale et orientale, de la langue qui nous est commune
27 -- qui a été commune, mais qu'il y a, évidemment, lieu de signaler que la
28 variante occidentale a -- est prévalente. Je vous en prie, je me souviens
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1 l'avoir dit qu'il y a davantage de formes ijekaviennes et il n'y avait
2 qu'un seul "gde." "Sjor" a été marqué, mais pour n'être qu'une seule
3 confirmation du fait. Il n'y avait plus de répétition. "Sjor," dans le
4 parler quotidien, partage le sort et le statut du terme de "burazer."
5 "Burazer," lui, il existait. Moi j'ai pu faire des conclusions de ce type-
6 là sur la base des rapports qui existent entre les caractéristiques des
7 deux variantes, occidentale et orientale. Dans la conversation de tout à
8 l'heure, nous avons pu voir le terme de "los muchachos" et de "dogadja,"
9 j'aurais pu l'attribuer au nom de Beara si cela se trouvait dans le cadre
10 du corpus et non pas à cause de "los muchachos," mais à cause de "dogadja."
11 Et lorsque vous prenez en considération "los muchachos" et "dogadja," alors
12 là, vous êtes plutôt enclin à porter un jugement de ce genre-là. Aucune
13 transcription de ces conversations interceptées ne se trouve pas marquée de
14 points de vue variants. Tant qu'il y a de possibilités de ne pas considérer
15 exclusivement que telle ou telle transcription serait propre à la variante
16 occidentale ou autre pour parler, évidemment, du dialecte chakavien,
17 pratiquement, il n'y existe pas, à moins de parler du terme de "sjor."
18 Q. Fort bien. Mais -- mais vous l'avez le mot "sjor" dans l'une de ces
19 conversations. En dépit du fait que, dans l'une de ces conversations
20 interceptées, le terme de "sjor" existe, vous avez pu conclure que vous
21 n'aviez pas suffisamment d'informations pour pouvoir dire avec certitude
22 que ceci devait être attribué par -- à
23 M. Beara. En d'autres termes, vous n'aviez pas suffisamment d'informations
24 sur lesquelles vous devriez vous fonder que ce n'était pas M. Beara non
25 plus ?
26 R. Je n'en avais pas, d'ailleurs, de telles informations à cette époque-là
27 et je n'en ai pas non plus aujourd'hui.
28 Q. Fort bien. Penchons-nous maintenant sur la conversation interceptée en
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1 date du 15 juillet. On commencerait par la conversation qui commence à 009
2 [comme interprété] heures, il s'agit de la pièce à conviction 1178 au titre
3 de l'article 65 ter, n'est-ce pas ? Très bien, voici la conversation
4 interceptée mentionnée par vous dans votre rapport d'expert à la page 18.
5 Dans ce rapport, vous avez pu conclure qu'il n'était pas possible
6 d'accepter sans réserve le point de vue selon lequel le tout devait être
7 attribué à M. Beara qui lui ne s'était pas explicitement présenté, ne
8 s'était pas identifié comme tel, même lorsque le -- le terme qui était le
9 vôtre n'apparaît pas, parce que le terme "Ljubo" peut désigner un
10 quelconque d'une trentaine de noms qui figuraient.
11 Alors cela vous amène à dire vous que le terme de "burazer" qui lui
12 suit pas mal de texte semble faire entrer dans le jeu Ljubo Beara. Mais
13 vous avez dit que le terme du point de vue linguistique ne présentait pas
14 d'importance parce que le terme était employé par tous.
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, Monsieur Vanderpuye.
16 M. OSTOJIC : [interprétation] Monsieur le Président, il m'a été dit que --
17 à la page 19, il m'a été dit que tout simplement dans le rapport, on parle
18 d'un autre [imperceptible].
19 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
20 M. VANDERPUYE : [interprétation] Mais je ne peux pas le retrouver.
21 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
22 M. VANDERPUYE : [aucune interprétation]
23 M. OSTOJIC : [interprétation] Je crois que ceci n'a pas été bien signalé
24 tout à l'heure pour parler de la transcription du compte rendu d'audience.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, bien sûr, compte rendu d'audience.
26 M. VANDERPUYE : [aucune interprétation]
27 L'INTERPRÈTE : [aucune interprétation]
28 M. VANDERPUYE : [aucune interprétation]
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1 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
2 M. VANDERPUYE : [interprétation]
3 Q. Excusez-moi. Maintenant que vous dites qu'il n'est pas possible
4 d'accepter sans réserve aucune, que définitivement ceci devait être
5 attribué à M. Beara; cela veut dire que vous ne pouvez pas l'exclure non
6 plus sur la base de ce que vous avez pu constater dans la conversation
7 interceptée, n'est-ce pas ?
8 R. Oui. Il n'y a pas sur la base de quoi se fonder maintenant pour
9 attribuer cela à Beara, linguistiquement parlant. Mais il y a quelque chose
10 d'illogique. Cela semble sortir du champ d'étude qui est le nôtre,
11 linguistique, mais une certaine logique nous commande de dire comme quoi
12 comment se fait-il qu'un officier chef de la base logistique ne savait pas
13 où se trouvait le central 385. Et puis je vous en prie, cette transcription
14 note l'heure, 0954, et puis une minute plus tard il a été dit qu'à titre
15 d'essai, cette conversation, prétendue conversation interceptée ne devait
16 durer que deux minutes et demie.
17 Et lorsque vous dites tout à l'heure que ceci ne tient pas d'un fait
18 linguistique, mais tout est linguistique. Et, tout est du fait
19 linguistique, tout tient d'un fait linguistique. Lorsque je dis, "a" ou
20 "b," et cetera. Mais il y a un lien, il y a là lieu évidemment d'observer
21 une certaine hiérarchie de ces faits linguistiques.
22 Q. C'est ce que j'entends par le mot "important" lorsque je vous ai posé
23 la question. Mais permettez-moi de vous poser la question suivante, vous a-
24 t-on jamais donné des informations selon lesquelles l'interlocuteur,
25 quelqu'un qui a préparé cette conversation a fait une déclaration,
26 admettant qu'il a pris part à cette conversation qui a eu lieu avec M.
27 Beara ?
28 R. Non, je ne le savais pas.
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1 Q. Est-ce que vous saviez que le général Zivanovic a mentionné, le même
2 Zivanovic qui est mentionné dans cette conversation interceptée a fait une
3 déclaration en juillet 2001, lors d'un entretien et qu'il a dit qu'il se
4 souvenait très clairement de cette conversation ou est-ce que vous saviez
5 qu'il avait fait également une conversation en octobre 2001, dans laquelle
6 il dit qu'il ne voulait pas avoir des problèmes à cause d'une conversation
7 un peu nébuleuse qu'il a eue avec Beara concernant cette écoute
8 électronique ?
9 R. Non. Zivanovic, je le trouve intéressant car l'opérateur dit qu'il se
10 souvient de lui car il dit il avalait les voyelles. Je conclus donc que son
11 dialecte diffère de celui de Beara; c'est-à-dire il emploie une réduction
12 de voyelles et c'est ainsi que je peux me souvenir de Zivanovic à cause de
13 cette caractéristique-là.
14 Q. Donc vous attachez une importance importante à cette écoute
15 électronique et que c'est à cause de l'extension 385; est-ce que vous
16 savez à quoi correspondait ce poste 385 ?
17 R. Non.
18 Q. Est-ce que vous savez pourquoi M. Beara demande de parler au
19 standardiste ?
20 R. Monsieur, j'ai fait mon service militaire entre 1971 et 1972 et je n'ai
21 absolument rien à voir avec l'armée. Je ne sais pas du tout comment
22 fonctionnent les choses de l'armée. Je n'ai aucune information, enfin je ne
23 connais pas bien le fonctionnement des questions, le fonctionnement interne
24 de l'armée, donc je ne peux rien vous dire. Je parle la vérité et je ne dis
25 que la vérité, je dis la vérité -- pure vérité, que la vérité. Donc c'est
26 ce que je vous affirme.
27 Q. Et, dans la conversation interceptée est-ce que vous pouvez voir que le
28 général Zivanovic dit général dit qu'il n'est pas en mesure de répondre à
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1 M. Beara ou de l'aide d'une façon quelconque. Il dit je ne peux plus faire
2 cela et ensuite il dit, Zlatar 385, c'est eux qu'il faut appeler. Vous
3 souvenez-vous de cela ? Vous reconnaissez que ceci a été dit dans le
4 transcript ?
5 R. Nous sortons du domaine de la linguistique, je ne peux qu'émettre des
6 conjectures, mais je me trouve vers la fin de ma carrière scientifique, je
7 ne veux certainement pas me livrer à des conjectures. Où se trouve Zlatar,
8 où se trouve Badem, je l'ignore. Ce qui est important pour moi, c'est que
9 Badem a été simplement modifié, c'est ça qui m'intéresse. Ce qui
10 m'intéresse également c'est de voir si les transcripts correspondent au
11 texte manuscrit et si tout ceci correspond également à la façon dont M.
12 Beara parle maintenant et ce qui m'intéresse ce sont les variantes. Je ne
13 suis pas compétent pour répondre aux questions que vous me posez, alors la
14 compétence nécessaire.
15 Q. Je vous pose ceci car vous avez un certain nombre d'observations
16 factuelles qui semblent être dans votre rapport et ces observations sortent
17 du champ du domaine de la linguistique pure. Alors j'aimerais appeler votre
18 attention sur quelque chose que vous avez dit et je ne suis pas l'ordre
19 maintenant, donc je m'en excuse concernant l'écoute téléphonique du 14
20 juillet 1995. Vous faites une évaluation factuelle de la conversation à la
21 page 18 de votre rapport. Vous dites, ici, l'opérateur s'est trompé entre
22 les interlocuteurs et les mélanges. Et, vous basez ceci sur le fait qu'il y
23 a un certain nombre de conversations enfin de monologues qui précèdent
24 l'écoute électronique et vous pouvez le voir sur le prétoire électronique.
25 Il s'agit de la pièce 1164A en anglais, et 1164B en B/C/S.
26 L'INTERPRÈTE : J'espère que c'est mieux dit M. Vanderpuye, à la suite du
27 commentaire des interprètes disant qu'il était trop loin du micro.
28 M. VANDERPUYE : [aucune interprétation]
Page 24723
1 Q. Alors vous voyez la lettre "J," il dit bonjour. Voyez-vous cela ? Il
2 dit : "Ko je major."
3 R. -- "Allô, Badem. Donne-moi -- passe-moi Beara," et puis : "Qui
4 cherches-tu ?" Est-ce que c'est cela ? "Allô, qui est le commandant ? J'ai
5 besoin de Beara, je suis l'officier de service, je suis le major Jakic
6 [phon] -- le commandant Lukic." Est-ce que c'est cela -- c'est ce passage-
7 là ?
8 Q. Oui. Alors dites-nous quelles sont vos observations concernant le fait
9 que l'opérateur s'est trompé ou se -- enfin, se trompe lorsqu'elle
10 mentionne les interlocuteurs ?
11 R. On dit ici : "Attend un instant, un instant, vieux."
12 Q. Est-ce que vous reconnaissez dans ce rapport comme étant -- ce que vous
13 avez indiqué dans votre rapport comme étant le fait que l'opérateur a
14 confondu les interlocuteurs, qu'ils la méprisent donc ?
15 R. "Attend un instant, un instant, vieux…" au point B -- en fait, à côté
16 de la lettre B, vers le milieu. Et à la toute fin, les opérateurs disent
17 qu'ils ont procédé à cette écoute électronique par erreur, donc ils
18 acceptent avoir fait une erreur quand à la procédure. Et dans ce texte, les
19 mots qui sont attribués à M. Beara, voyez-vous ici on dit qu'il est
20 inaudible, et c'est si peu. Pourquoi maintenant 155, où est-ce que c'est ?
21 Encore une fois, il y a une question; comment ne saurait-il pas où est-ce
22 que cela se trouve s'il prend part à quelque chose ?
23 Q. Très bien. Alors vous avez évalué ceci en tant que linguistique, n'est-
24 ce pas ? C'est ce que vous dites, Monsieur le Professeur ?
25 R. Oui, ce n'est quelque chose que j'ai mentionné en passant comme ça, car
26 le texte lié à Beara, il n'y a rien, en fait. Je n'ai pas suffisamment de
27 données pour faire une analyse, il n'y a même pas une demie phrase qui
28 pourrait faire l'objet de mon analyse -- qui pourrait m'aider lors de mon
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1 analyse.
2 Q. [aucune interprétation]
3 R. Parce que -- car l'opérateur dit ne pas avoir entendu l'interlocuteur,
4 donc il y a des points de suspension, il y a des points.
5 Q. Très bien. Merci, Monsieur Remetic. Je souhaiterais maintenant appeler
6 votre attention sur la pièce 65 ter 1179, il s'agit d'une écoute
7 électronique du 15 juillet 1995 à 9 heures 57. Vous souvenez-vous de cette
8 écoute électronique, Monsieur, ou aimeriez-vous que je demande que l'on
9 affiche à l'écran ?
10 R. Monsieur, je n'ai pas besoin de voir les conversations à l'écran. Il
11 s'agit d'une ou de trois conversations. Après une longue analyse
12 minutieuse, j'ai conclu qu'il s'agissait d'une conversation qui a été
13 harmonisée ultérieurement, peaufinée. J'ai élaboré ce point en détail, il
14 s'agit d'un problème, si vous voulez, car il y a une incohérence pour ce
15 qui est de la chronologie du début, 57, 10 heures, donc, à 9 heures 55, 9
16 heures 57 et 10 heures.
17 Q. Donc je comprends. Donc vous ne savez pas que ces écoutes entendues à 9
18 heures 55, 9 heures 57 et 10 heures respectivement ont été captées par
19 trois opérateurs différents -- ou intercepteurs différents ? Est-ce que
20 vous le saviez ou vous ne le saviez pas ?
21 R. Il se peut très bien qu'il s'agisse de trois opérateurs différents et
22 j'en ai d'ailleurs fait état dans mon rapport et j'ai essayé de trouver des
23 justifications pour les [imperceptible] en ce
24 -- s'agissant de la chronologie. Soit que les horloges ou les montres
25 n'étaient pas à la même heure, soit qu'ils ne se sont pas branchés au même
26 moment, c'est peut-être possible car ils travaillaient dans des conditions
27 très difficiles, et d'ailleurs, c'est ce qu'ils disent dans leurs propres
28 déclarations. Et, troisièmement, il y a également peut-être la possibilité
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1 qui est la suivante, c'est-à-dire de ne pas entendre en continu tout, donc
2 il y a peut-être des vides -- des trous. Donc j'accepte toute cette
3 logique, tout ceci, toutes ces possibilités sont possibles -- sont
4 logiques. Mais là où il y a des correspondances -- où ça concorde, là c'est
5 des différences -- il y a des différences énormes. L'identification des
6 interlocuteurs est particulièrement différente.
7 Je voudrais vous rappeler de la -- je devrais appeler votre attention sur
8 quelque chose qu'on a déjà mentionné dans la première version. A 9 heures
9 55, M. Beara se présente de façon très claire en donnant son nom et son
10 prénom, donc Ljubo Beara. Dans la deuxième version, il se présente
11 supposément comme étant le colonel Beara, car -- "Est-ce que le général
12 Krtic [phon] est là, lui ?" dit-il. Alors que dans la troisième version, il
13 ne se présente même pas lui-même. Alors voilà les trois incohérences très
14 importantes. Et ensuite, la teneur -- les -- la langue employée est
15 différente aussi, vous avez eu l'occasion d'examiner le tableau et de voir,
16 les trois conversations sont différentes linguistiquement parlant. Si des
17 trois côtés on entend la même chose, comment alors peut-on prendre les
18 notes -- d'où viennent ces différences ? Et ces différences sont
19 fondamentalement importantes pour cette partie-là de mon travail, car
20 j'avais peu de données, peu d'informations avec lesquelles je devais
21 travailler, et ces différences sont -- sont fondamentales et énormes pour
22 ce travail très complexe que j'avais à faire.
23 Q. Monsieur Remetic, vous êtes en train de parler de questions factuelles
24 différentes de l'analyse linguistique que l'on vous a demandé de faire,
25 n'est-ce pas ?
26 R. Pour ce qui est de mon travail, il m'était -- il est important de
27 savoir s'ils se présentent ou pas. D'ailleurs, je l'ai déjà mis dans mon
28 préambule, dans mon rapport. J'ai tenu compte de ce fait, Monsieur.
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1 L'analyse a été faite, vous avez des tableaux sous les yeux, vous pouvez
2 comparer -- vous pouvez voir ce que j'ai comparé, d'ailleurs.
3 Q. Mais est-ce que vous avez tenu compte de ceci, par exemple, le fait que
4 M. Beara, sur la bande audio que vous avez entendue, s'est présenté de
5 façon très claire de façon à ce que vous puissiez identifier sa voix
6 indépendamment de son nom et indépendamment du fait qu'il ait mentionné son
7 nom, et c'est ce qui figure à la bande audio 3603. Vous en avez parlé dans
8 le cadre de l'interrogatoire principal ou vous avez eu l'occasion
9 d'entendre cette bande audio pendant que vous étiez -- alors que vous étiez
10 interrogé par Me Ostojic, vous avez parlé. Est-ce que vous avez tenu compte
11 de ce
12 fait ?
13 R. Excusez-moi, mais je n'ai pas compris votre question. Pourriez-vous la
14 répéter, s'il vous plaît ?
15 Q. S'agissant de la -- l'écoute électronique qui porte la cote -- enfin,
16 qui s'est déroulée à 0954 -- à 9 heures 55, on attribue quelque chose à M.
17 Beara, apparemment. Et il dit "Ljubo Beara" -- il aurait dit "Ljubo Beara."
18 Dans la conversation interceptée 3603, on attribue à Ljubo Beara d'avoir
19 dit le "Ljubo Beara," lorsqu'il s'est présenté dans cette écoute-là.
20 R. Monsieur, je parle de ce qui figure au transcript.
21 Je n'ai pas entendu.
22 Q. Moi aussi.
23 R. Je parle de ce qui figure au transcript. Je n'ai pas entendu.
24 Q. Moi aussi, je vous parle de la même chose. Donc je vous demande en tant
25 que linguiste --
26 R. Non, mais c'est ce qu'ils ont aux transcripts.
27 Q. Oui, mais justement je vous demande si vous en tant que linguiste vous
28 avez essayé de conclure s'il était ou de déterminer s'il était possible que
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1 l'écoute implique M. Beara, et vous avez dit que vous aviez tenu compte du
2 fait qu'il s'était présenté sur ou dans une autre écoute électronique en se
3 présentant avec son prénom et son nom. Vous n'aviez pas eu de bande audio
4 pour celle-là, mais j'aimerais si vous avez tenu compte de cette
5 possibilité.
6 R. Bien sûr, mais comment se fait-il que, dans une même -- on peut
7 retrouver trois variantes dans une même conversation ? Si c'est la même
8 conversation, voilà le problème. Il peut bien dire : "Voilà Beara, voilà
9 Ljubo, voilà le colonel Beara." Oui, bien sûr, que tout est possible, il
10 peut tout dire, mais ici on a une conversation -- une seule et unique
11 conversation -- trois opérateurs l'ont enregistré et chacun d'eux a noté ce
12 qu'il entendait de façon différente. Linguistiquement parlant, je trouve ça
13 inhabituelle, c'est un peu inusité. S'il s'agit d'une seule conversation,
14 les trois opérateurs doivent soit mettre des points pour dire zéro et il
15 n'a rien entendu -- ou ils n'ont rien entendu. Mais, si on peut entendre la
16 conversation, si elle était audible, comment se fait-il que trois
17 opérateurs puissent entendre trois choses différentes ? Si vous pouvez
18 m'expliquer ce phénomène, je vous en serai bien gré.
19 Q. Je suis bien content que vous ayez posé cette question, j'aimerais
20 savoir si vous avez demandé d'avoir le témoignage de ces opérateurs ? Est-
21 ce que vous avez demandé à M. Ostojic d'avoir les déclarations de ces
22 opérateurs ?
23 R. Je n'ai pas demandé d'obtenir le témoignage ou les déclarations de ces
24 opérateurs. Je ne sais même pas si c'est possible, si j'ai le droit de
25 faire cela, je ne l'ai pas demandé.
26 Q. Oui, vous nous avez dit que vous vouliez savoir pourquoi ? Est-ce que
27 c'est le cas, et vous me dites maintenant que vous n'avez jamais demandé de
28 voir et que dit ces opérateurs, quels les témoignages, de voir quelle est
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1 leur explication de ces différences ?
2 R. Excusez-moi, est-ce que vous parlez de déclarations, ou est-ce que vous
3 parlez de témoignages d'opérateurs ? Hier vous m'avez corrigé. Il y a deux
4 choses différentes. Moi, j'ai lu les déclarations (expurgé),
5 (expurgé). J'ai lu les déclarations. Je vous le répète, il
6 s'agit de déclarations.
7 M. VANDERPUYE : [interprétation] Pourrait-on passer à huis clos partiel,
8 s'il vous plaît, Monsieur le Président ?
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Passons à huis clos partiel, s'il vous
10 plaît.
11 [Audience à huis clos partiel]
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 [Audience publique]
21 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
22 Q. Lorsque vous avez procédé à l'analyse de ces conversations
23 particulières, les trois, les écoutes de 9 heures 55, 9 heures 57, et 10
24 heures, il y a quand même plusieurs informations qui se regroupent. En
25 fait, dans une conversation, vous voyez que l'on fait référence à une
26 personne qui s'appelle Furtula; dans l'autre conversation, on fait
27 référence à une personne du nom de Burtula avec un B, ensuite dans la
28 troisième, on fait référence à une personne s'appelant Furtula de nouveau
Page 24729
1 avec un F, n'est-ce pas ? Voyez-vous que l'on fait référence à un Nasic
2 dans l'une des conversations, Nastic dans la deuxième conversation ?
3 R. Oui. Oui, je le vois.
4 Q. Donc il y a un certain degré de concordance pour ce qui est trois
5 textes. Même en tant que profane vous pouvez le voir, n'est-ce pas ?
6 R. Oui. Deux hommes qui entendent certaines choses de façon différente, ce
7 que je peux conclure.
8 Q. J'aimerais vous renvoyer à la conversation du 1er août à 22 heures 45,
9 et j'aimerais également parler de la conversation qui a eu lieu également
10 le 21 août, à 23 heures 08. Ce sont deux conversations qui se trouvent dans
11 la pièce P1380 et 1381. Pour ce qui est de ces deux conversations
12 interceptées, selon votre tableau M. Beara n'a pas donné son identité, le
13 dialecte ne peut pas nous dire d'où provient l'interlocuteur, ou le
14 locuteur plutôt, et ainsi de suite, vous avez dit signe négatif dans toutes
15 les colonnes. Et maintenant s'agissant du 1er août à 22 heures 45, c'est
16 dans cette écoute-là que le terme "skape" est utilisé où il apparaît,
17 n'est-ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Et selon vous, ce terme n'a aucune importance linguistique, n'est-ce
20 pas ?
21 R. Monsieur, je ne sais pas si on n'arrive pas à se comprendre. Chaque
22 fait revêt une importance linguistique. J'ai sur mon bureau à l'hôtel une
23 œuvre qui parle de "skape," j'ai dit que dans la -- s'agissant de
24 toponymie, s'agissant du domaine de [imperceptible] qu'il s'agit de terme
25 topographique; le mot "skape" n'est pas marqué, n'est pas défini, c'est un
26 terme qui est employé sur un très grand territoire. Mais ici "skape" est
27 utilisé dans plusieurs variantes ékaviennes où il n'y a pas de "skape," on
28 fait un mélange. S'agissant de l'écoute du 1er août, j'ai indiqué tout comme
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1 je l'ai indiqué, tout comme [imperceptible], il s'agit de mélange de termes
2 qu'il est difficilement possible de lier ensemble. Si l'on parle de langue
3 standard et de dialecte également il est difficile d'établir un lien entre
4 ces --
5 Q. [aucune interprétation]
6 R. -- mais nous n'avons pas de texte manuscrit, malheureusement.
7 Q. D'accord. Cette écoute-là porte sur des prisonniers capturés en Serbie
8 c'est donc la conversation interceptée qui porte la cote 65 ter 1380, à 22
9 heures 45, la conversation également interceptée qui se trouve indiquée par
10 la pièce 65 ter 1381 parle des mêmes questions. L'écoute électronique du 2
11 août à 13 heures a été enregistrée et on l'a écoutée dans cette affaire en
12 l'espèce.
13 R. C'est quelque chose que j'ai appris pendant le week-end.
14 Q. Et, est-ce que vous savez que cette écoute-là fait référence à M. Beara
15 comme étant la personne ayant appelé une personne qui s'identifie comme
16 étant Popovic sur la bande audio ?
17 R. Excusez-moi. De quelle écoute parlez-vous, de quelle bande audio ? Je
18 suis vraiment désolé, vous parlez du 1er août, désolé, excusez-moi.
19 Q. Non, je parle du 2 août à 13 heures. C'est une écoute électronique qui
20 a été enregistrée sur bande audio et qu'on a pu entendre dans cette affaire
21 en l'espèce. Cette écoute électronique --
22 R. Non, je n'ai pas entendu.
23 Q. Vous ne savez pas qu'on l'a écouté ici.
24 R. Non, je ne le savais pas, Monsieur, cette écoute-là n'a presque rien à
25 voir avec M. Beara pour ce qui me concerne. Le 2 août à 13 heures est une
26 conversation qui n'est pas pertinente pour mon analyse. On mentionne Beara,
27 mais je n'entends pas Beara -- ou plutôt, je n'ai pas ses propos. Je n'ai -
28 - il ne parle pas dans la conversation de 13 heures.
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1 Q. Très bien. Mais en fait ce dont je vous parle lorsque je parle de
2 pertinence --
3 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je pense pouvoir conclure dans les cinq
4 prochaines minutes, peut-être dix minutes, si la Chambre le permet.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Eux --
6 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je sais bien que nous avons un temps
7 limité.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, non absolument. On peut
9 effectivement faire preuve d'un peu de souplesse à l'égard de
10 M. Ostojic et lui conférer un petit peu de temps supplémentaire, vous, vous
11 offrez un peu de temps supplémentaire.
12 Ceci étant dit, le moment est venu de faire la pause. Je crois que le mieux
13 ce serait de faire maintenant. Donc nous allons faire une pause maintenant
14 et ensuite, s'il doit y avoir questions supplémentaires, je crois qu'il
15 serait bon de donner au témoin un petit répit, 25 minutes.
16 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
17 --- L'audience est suspendue à 10 heures 31.
18 --- L'audience est reprise à 11 heures 00.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye.
20 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
21 Q. Monsieur Remetic, je n'ai plus que deux ou trois questions, et ensuite
22 nous en aurons fini.
23 S'agissant de ce à quoi vous avez fait référence tout à l'heure, 65 ter
24 1395, écoute téléphonique du 2 août à 13 heures. Vous connaissez la
25 position de l'Accusation, à savoir que cette écoute téléphonique a trait,
26 est liée aux deux écoutes téléphoniques précédentes de la veille. Dans la
27 mesure où elles ont trait à
28 M. Beara, le premier à bord a trait à des questions qui ont trait elles-
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1 mêmes à des prisonniers en Serbie.
2 Est-ce que vous affirmez, Monsieur, que cette conversation datant du 2 août
3 à 13 heures n'a strictement aucune pertinence pour vous compte tenu du fait
4 qu'elle est enregistrée sur cassette audio et qu'elle fait référence à M.
5 Beara, et compte tenu du fait qu'elle fait référence à son association avec
6 les individus en question en Serbie, s'agissant de la possibilité ou pas
7 d'identifier M. Beara en tant qu'éventuel participant aux deux
8 conversations précédentes ?
9 R. D'un point de vue qui est celui de linguiste et que je suis, et étant
10 donné à cette perspective qui est la mienne, sous forme de cette
11 affectation qui était la mienne, cette conversation est tout à fait sans
12 fondement et pertinence lorsqu'on entend les propos sortis prétendument de
13 la bouche de M. Beara. En effet, pour traiter de ces propos dans le cadre
14 de la conversation interceptée, il n'en est rien, pas un seul mot. Moi, ce
15 qu'on m'avait demandé c'était tout simplement de me prononcer pour dire que
16 sur la base de l'analyse linguistique dans le cadre des 18 conversations
17 interceptées, on pouvait attribuer tout cela au nom de M. Beara. Dans ce
18 cas de figure, il n'en est rien, M. Beara n'en parle pas. Pour ce qui est
19 de vous autres, de votre perspective à vous, de votre position, les choses
20 ont eu différemment, cela va au-delà de ma capacité, au-delà de mes
21 compétences et de mon intérêt. Je me souviens de ce qu'a dit le bureau du
22 Procureur au sujet de ce qui a été dit ce sont évidemment d'autres qui ont
23 fait ceci ou cela. Il ne s'agit pas évidemment de Ljubo et c'est ainsi que
24 j'avais compris la tâche qui m'a été assignée.
25 Q. Très bien. S'agissant de votre analyse des écoutes téléphoniques
26 attribuées à M. Beara par l'Accusation, il est vrai, n'est-ce pas, comme
27 vous l'indiquez dans votre rapport, que l'absence d'enregistrement audio
28 sur cassette de ces conversations rend la tâche pratiquement impossible à
Page 24733
1 vous ou à quelque qu'expert que ce soit de faire quelle autre affirmation
2 que pure conjecture ou hypothèse ? Page 16 de votre rapport, Monsieur, cela
3 est vrai, n'est-ce pas ?
4 R. Oui, il y a des cas où nous n'avons pas suffisamment d'éléments à notre
5 disposition pour pouvoir porter un jugement solide. L'absence
6 d'enregistrement constitue justement un handicap. Par exemple pour ce qui
7 est de la conversation interceptée en date du 2 août, ce que j'ai pu
8 entendre sous forme audio et pour laquelle interception le bureau du
9 Procureur n'était pas sûre à qui ceci devait être attribuée, si cela
10 pouvait peut-être attribué à M. Beara, l'absence évidemment
11 d'enregistrement audio représente une lacune importance et disons un
12 handicap à bien des égards.
13 Q. Monsieur Remetic, je vous demanderais de faire preuve d'un tout petit
14 peu de patience, je vais essayer de trouver où se trouve le texte en
15 question. En page 16 de votre rapport vous dites et je vous cite : "Un
16 texte écrit peut être attribué à M. Beara, mais tout cela dépend de la
17 réponse qu'on apportera à la question suivante. Et dans tout cela, il faut
18 tenir compte du fait que ce témoin expert ne s'est pas vu remettre les
19 enregistrements audio des conversations supposées qui font partie de mon
20 analyse, de cette analyse, excusez-moi, ce qui l'empêche pratiquement tout
21 comme n'importe quel autre expert d'aller au-delà de toute affirmation qui
22 soit autre chose qu'une conjecture et qui permet d'identifier Ljubisa Beara
23 comme étant un participant aux conversations qui lui sont attribuées."
24 Ça figure dans votre rapport et vous ne le niez pas, n'est-ce pas ?
25 R. C'est comme ça, oui. Je ne le nie pas.
26 Q. Merci, Monsieur Remetic. Je n'ai pas d'autres questions.
27 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Madame,
28 Messieurs les Juges.
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur Vanderpuye.
2 Maître Ostojic, je vous en prie, si vous avez des questions
3 supplémentaires.
4 M. OSTOJIC : [interprétation] Oui, j'ai des questions supplémentaires.
5 Nouvel interrogatoire par M. Ostojic :
6 Q. [interprétation] Monsieur Remetic, je souhaiterais reprendre là où
7 s'est arrêté mon éminent confrère. Lorsque vous avez analysé les documents
8 qui ont été mis à votre disposition par le bureau du Procureur, est-ce que
9 vous avez quelle qu'idée quant aux critères sur lesquels ils se sont fondés
10 pour déterminer quel Ljubo est attribuable à quelle personne, est-ce qu'ils
11 vous ont fourni cette information ? Le savez-vous ?
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye.
13 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je crois qu'il s'agit de conjecture. C'est
14 une spéculation. Il est impossible de poser -- on ne peut pas poser la
15 question au témoin de savoir comment l'Accusation n'est arrivée ou sur quel
16 critère elle s'est fondée.
17 M. OSTOJIC : [interprétation] Non, je ne lui demande pas de se livrer à des
18 conjectures. Je lui demande simplement s'il a procédé à une analyse ou s'il
19 a des informations lui permettant de savoir comment eux, ils sont arrivés à
20 l'analyse qu'ils ont fournie, qu'elle soit spéculative ou pas.
21 M. VANDERPUYE : [interprétation] Si c'est le cas, elle n'est pas pertinente
22 non plus cette question. Elle n'a pas lieu d'être parce qu'elle n'est tout
23 simplement pas pertinente.
24 M. OSTOJIC : [interprétation] Je ne suis pas du tout d'accord. Je crois
25 qu'elle est tout à fait pertinente cette question puisque c'est sur eux que
26 repose la charge de la preuve.
27 [La Chambre de première instance se concerte]
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] -- ça nous parait être une question qui
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1 a lieu d'être. Ceci étant dit, je vous demanderais de bien vouloir,
2 Monsieur le Témoin, répondre simplement à la question de savoir si vous le
3 savez ou si vous ne le savez pas. C'est ainsi que je comprends la question
4 qui vous a été posée, c'est ainsi qu'elle peut vous être posée, Monsieur le
5 Témoin.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] La seule chose que je peux dire c'est que je
7 peux croire que le bureau du Procureur procède de ce qui a été prétendu par
8 l'opérateur -- par les opérateurs qui, dans telle ou telle transcription,
9 sont enfin assignés pour identifier les locuteurs -- les participants à la
10 conversation, en mentionnant leurs noms. Alors que dans certains
11 transcriptions, en cours de la conversation interceptée, ils se font
12 identifier directement, nommément, ou ils se font identifier les uns par
13 les autres respectivement. Là où ceci n'a pas été mentionné ou un tel
14 procédé n'a pas été emprunté, à mes yeux qui suit un homme si peu versé
15 dans des activités de l'art militaire, je ne vois pas comment les locuteurs
16 -- les participants à la conversation pouvaient être identifiés, comment on
17 pouvait les mettre dans tel ou tel contexte dans le contexte des événements
18 et comment on a pu les considérer comme étant participants, évidemment, à
19 ces conversations et au reste.
20 M. OSTOJIC : [interprétation]
21 Q. Très bien. Merci, Monsieur Remetic. A vrai dire, la question que je
22 vous pose elle a trait à la question de savoir si l'un ou l'autre des
23 locuteurs essayait de compromettre son identité. Lorsque l'on voyait
24 "Ljubo," est-ce que vous avez eu l'occasion de voir des documents ou quoi
25 que ce soit qui vous permette de comprendre comment l'Accusation en est
26 arrivée à cette analyse selon laquelle on devait attribuer cette
27 conversation à Ljubo ? Est-ce que vous disposiez de quelque information de
28 ce genre ? Disons d'un point de vue -- par exemple, des informations qui
Page 24736
1 vous auraient été remises par leur linguiste.
2 R. Ecoutez, je n'en suis pas certain pour pouvoir répondre.
3 Q. Je passe à la question suivante alors. Combien d'écoutes téléphoniques
4 sur les 18 que vous avez examinées contenaient plusieurs entretiens
5 supposés captés par plusieurs opérateurs, exception faite de celle que nous
6 avons vue pour le 15 juillet à
7 9 heures 55, 9 heures 57 et 10 heures ? Si nous excluons ces trois
8 conversations supposées -- ou cette conversation saisie par trois individus
9 différents, y a-t-il eu d'autres écoutes téléphoniques de conversations que
10 vous avez eu l'occasion de voir ou d'examiner et qui ont été captées par un
11 ou plusieurs opérateurs -- par plus d'un seul opérateur ?
12 R. Pour ce qui est de la conversation en date du 15, il s'agit de trois
13 opérateurs qui l'ont enregistrée et transcrite. On ne peut pas expliquer le
14 phénomène autrement. Il y a d'autres cas où il existait deux variantes, une
15 variante qui a dû être raturée et l'autre qui est tout à fait valide.
16 Celle-là qui a été invalidée, c'est-à-dire raturée, a dû être retapée. Si
17 ma mémoire est bonne, et je m'en souviens bien, une première conversation
18 interceptée pratiquement présente deux variantes, en effet, deux débuts du
19 texte transcrit qui présentent des différences.
20 Q. Aux fins du compte rendu, Monsieur le Président, vous parlez de
21 l'écoute du 13 juillet 1995 à 10 heures 09, la pièce 65 ter 1130 dont la
22 première partie --
23 R. [aucune interprétation]
24 Q. -- avait été biffée et l'on avait une deuxième partie. Y a-t-il
25 d'autres versions manuscrites ? Je ne parle pas des versions
26 dactylographiées. Nous savons que, parfois, on tape à la machine quelque
27 chose dont on disposait par -- en version manuscrite et vous en avez parlé,
28 merci beaucoup. Mais ce que je vous pose comme question c'est la suivante :
Page 24737
1 est-ce que, sur les 18 écoutes téléphoniques que vous avez eu l'occasion
2 d'examiner, il y en a eu pour lesquelles il y avait plus d'un seul
3 opérateur qui l'avait captée, exception faite du 15 juillet à 9 heures 55,
4 9 heures 57 et 10 heures ?
5 R. Il m'est difficile à vous répondre à cette question de façon précise
6 par oui ou par non. Mais à consulter le cahier que j'ai sous mes yeux --
7 entre mes mains, il y a plusieurs versions, par exemple, une version a été
8 raturée, l'autre qui a été dactylographiée -- retapée. Moi, j'ai prêté
9 attention à la version raturée et l'autre retapée, mais j'ai également
10 consulté le manuscrit qui a servi de base à ce qui devrait être retapé.
11 J'ai peut-être prêté moins attention à ces textes qui ont été mis de côté.
12 Evidemment, en date du 15 juillet, il s'agissait de l'une des questions
13 majeures qu'il fallait trancher. S'agissait-il d'une seule variante d'une
14 conversation ou de trois ?
15 Q. Merci. Je propose que nous passions à la suite, maintenant. Merci.
16 Monsieur le Professeur, je vous propose de passer à la suite et j'aimerais
17 savoir si, lorsque vous avez examiné ces écoutes téléphoniques, vous avez
18 pu être juste et objectif. Et je propose que nous examinions l'annexe 1 de
19 la pièce 2D551 qui figure dans le rapport, et je souhaiterais la voir
20 apparaître à l'écran également si cela est possible.
21 Monsieur Remetic - et j'espère que la Chambre vous y autorisera - examinez,
22 s'il vous plaît, votre tableau. Vous devriez l'avoir sous les yeux dans vos
23 notes. Et je vous demanderais peut-être de bien vouloir examiner le tableau
24 qui est une synthèse des résultats de l'analyse linguistique à laquelle
25 vous vous êtes livré. Et je vous propose d'examiner certains des éléments.
26 R. [aucune interprétation]
27 Q. Lorsque vous avez fait apparaître le signe zéro dans la colonne en
28 question, cela signifie que vous n'êtes pas certain ou que vous disposez de
Page 24738
1 trop peu d'informations; c'est exact ?
2 R. Cela veut dire qu'on n'a pas sur la base de quoi procéder à une analyse
3 sérieuse et porter évidemment des jugements valides.
4 Q. Je propose que nous examinions la conversation du 23 juillet à 8 heures
5 05. Je sais que vous avez été appelé à déposer ici pour faire part de votre
6 avis objectif, mais l'Accusation elle-même, pour cette écoute téléphonique,
7 a concédé -- a reconnu qu'il ne s'agissait pas de M. Beara et a reconnu
8 qu'il s'agissait d'un autre Ljubo, Ljubo Bojanovic. Comment se fait-il que
9 vous ne fassiez pas apparaître un signe moins dans cette colonne ? Pourquoi
10 est-ce que vous persistez à mettre un signe insuffisant ? Est-ce que vous
11 avez examiné le corps du texte linguistique que vous aviez à votre
12 disposition ? Et vous n'avez pas adopté les -- la thèse de l'Accusation,
13 vous avez mis vous-même votre propre signe ?
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Vanderpuye.
15 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je crois que c'est une question
16 directrice, c'est manifeste. Je demanderais à mon collègue de la retirer.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Attendez, Monsieur le Professeur, deux
18 secondes.
19 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur le Professeur, deux secondes.
21 Attendez, attendez. Attendez.
22 Soit vous reformulez votre question, Maître Ostojic, soit vous basé à une
23 autre question.
24 M. OSTOJIC : [interprétation] Je vais la reformuler.
25 Q. Le 23 juillet 1995, vous savez quelle est la thèse de l'Accusation
26 s'agissant de cette écoute téléphonique, n'est-ce pas, à savoir que le
27 Ljubo qui figure dans cette écoute téléphonique c'est Ljubo Bojanovic. A 8
28 heures 05, pourquoi, vous avez fait apparaître le signe zéro dans les
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1 quatre colonnes correspondant aux quatre catégories figurant dans votre
2 tableau de synthèse annexe 1 de votre rapport, Monsieur ?
3 R. Monsieur Ostojic, ce tableau synthétique, si ma mémoire est bonne,
4 témoigne du fait que ce travail était achevé avant que je prenne la
5 connaissance d'une analyse faite par le bureau du Procureur. D'ailleurs ne
6 l'ai-je pas dit à plusieurs reprises au cours de ces deux ou trois jours je
7 dirais que je m'étais déjà acquitté de la majeure partie de mes travaux
8 avant de procéder à une conversation avec M. Beara. Peut-être. Pensais-je
9 qu'il aurait été mieux de rencontrer préalablement Beara, peut-être au mois
10 de novembre, probablement mon rapport aurait-il été moins long parce que,
11 quant à moi, j'aurais cherché moins de points d'appuis moyennant desquels
12 j'essayais -- je tentais de le lier lui à telle ou telle conversation, à
13 cette conversation en l'occurrence. L'analyse faite par moi témoigne
14 justement de l'effort fait par moi parce que d'ordinaire, je dis il n'y a
15 pas sur la base de quoi établir un rapport entre le nom de M. Beara et avec
16 la transcription en question. De toute évidence, j'ai pu consulter
17 ultérieurement seulement le jugement du bureau du Procureur, leur point de
18 vue, et cetera, je l'ai reçu beaucoup trop tard.
19 Q. Merci. Monsieur, hier mon éminent collègue vous posait des questions à
20 propos des termes "burazer" et "buraz" en page 40, ligne 20 du compte rendu
21 d'audience d'hier, il indique -- il fait référence à une partie de votre
22 rapport en page 17, et j'ai formulé une objection qui a été rejetée. Mais
23 je souhaiterais que l'on revienne à la page 17 de votre rapport. En fait il
24 s'agit de la première écoute téléphonique, il s'agit en fait de la section
25 11. Mais c'est probablement une faute de frappe, en fait c'est dans le
26 texte de votre description de l'écoute téléphonique du 14 [comme
27 interprété] juillet 1995, à 10 heures 09.
28 Vous décrivez les termes "gospon" "burazer" et "sjor" dans ce paragraphe,
Page 24740
1 et je souhaiterais peut-être que vous concentriez votre attention sur le
2 paragraphe qui précède, vous discutez des termes en question sur lesquels
3 mon collègue souhaitait vous faire dire que c'était occidental, oriental,
4 le dalmate, croate, ou chakavien. Pourriez-vous reporter votre attention
5 sur le paragraphe qui précède dans votre rapport ? Où vous discutez du
6 terme "burazer."
7 R. Oui, je vois. "Sjor" a été marqué au fait. Il s'agit d'une
8 particularité propre au pays du littoral. Or, "burazer" en tant que terme
9 couvre un terrain beaucoup plus vaste -- une région beaucoup plus vaste, et
10 quotidiennement, nous pouvons l'entendre en regardant la télé, et cetera.
11 Ensuite, moi, dans ma communication, conversation avec mon frère, bien, je
12 lui adresse la parole : "Comment vas-tu 'burazer' ?" Je vous ai déjà dit
13 que mon secrétaire, le secrétaire de l'Académie des sciences, m'a dit plus
14 de cent fois au cours de notre coopération : "Et bien, mon 'burazer,' ceci
15 se présente comme-ci mais pas comme ça." Donc le terme de "burazer" se fait
16 plus fréquent. Or, la forme abrégée de "burazer" c'est "buraz." Il s'agit
17 toujours, disais-je, d'un emprunt à la langue turque. Le terme de "buraz"
18 plus abrégé, plus court, se trouve plutôt en Bosnie. Il ne s'agit pas
19 vraiment d'une pierre de touche qui nous permettrait de chose pareille, par
20 conséquent, ceci n'est pas une pierre angulaire pour une construction
21 quelconque. Il s'agit tout simplement d'un fait lexical.
22 Q. Très bien. Merci. Monsieur le Président, pourriez-vous nous apporter
23 votre concours et nous dire quelle est la différence entre une variante et
24 un dialecte ?
25 R. Pour parler de variante nous traitons de la langue littéraire serbo-
26 croate, la langue serbo-croate littéraire est présentée deux variantes dès
27 le début même, en de termes pratiques on parlait de la variante occidentale
28 ou orientale pour parler donc de la pratique zagréboise [phon] et de Zagreb
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1 ou de Belgrade, pour parler évidemment de la norme littéraire de la langue
2 ékavienne, et ijekavienne. Or, pour ce qui est de parler dans la réalité,
3 cette variante est ijekavienne. Les dames, qui sont si aimables et
4 courtoises à mon égard ici, l'emprunte quand elles disent "lijevo," je peux
5 tout de suite conclure où elles ont fait leurs écoles, où elles ont fait
6 leurs études, où elles ont étudié la langue serbo-croate. Ensuite les
7 variantes présentes le plus de différences au niveau lexical. Les Croates,
8 quant à eux, traduisaient la terminologie qui nous vient de l'étranger en
9 règle générale, les Serbes ne l'ont pas fait. Nous, on mange une "nisla"
10 [phon] alors à Zagreb, c'est "odrezek" [phon]. Nous, on joue au football; à
11 Zagreb on fait du "nogomet" [phon], et cetera, en traduction. Évidemment,
12 il s'agit de la langue littéraire où il y a des variantes, alors les
13 dialectes, nous avons trois parlers différents. Ensuite les sous divisions
14 par patois, et autres significations afin de parler.
15 Q. Lorsque vous dites "knjizevni," mon éminent collègue du bureau du
16 Procureur, en page 41, lignes 10 à 14 du compte rendu d'audience, il
17 décrivait son modèle -- sa façon de parler. Il disait : "Moi, je suis
18 anglophone, et j'utilise le terme "man" assez souvent lorsque je parle."
19 Or, nous n'avons pas entendu utiliser le terme même une seule fois
20 aujourd'hui. Je crois que, lorsque nous parlons "knjizevni," c'est-à-dire
21 de façon formelle, nous parlons différemment de la façon dont nous nous
22 exprimons lorsque nous avons les conversations à bâton rompu, n'est-ce pas
23 ?
24 R. La langue littéraire avec ses normes constitue une nécessité d'ordre
25 sociale. Pour qu'une communauté sociale puisse fonctionner, puisse établir
26 et mettre en application d'importantes décisions, cette communauté se voit
27 obliger de se faire doter d'une langue littéraire codifiée. Pour ce qui est
28 de la normalisation d'établissement de norme littéraire et linguistique,
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1 d'après la terminologie que je voudrais faire passer à mes étudiants à
2 travers les conférences que je leur donne, l'établissement de norme semble
3 être une espèce de violation en face de la langue du point de vue
4 fonctionnel. La langue littéraire est censée avoir des normes prescrites
5 dans un emploi formel. Les décisions d'ordre judiciaire doivent évidemment
6 être expliquées sous forme d'une langue littéraire formelle établie sous
7 forme de normes dans chacun des Etats. Or, on n'ignore pas qu'il ait une
8 autre réalité exprimée sous forme de parlers, et cela est un phénomène
9 évidemment quotidien. Il s'agit, évidemment, d'un parler -- d'une façon de
10 parler qui emploie des sous normes, je dirais, des normes tout à fait
11 subsidiaires et accessoires. La langue littéraire, elle, lorsqu'elle se
12 trouve cette fois-ci altérée par des éléments qui viennent du domaine du
13 parler local, du patois, fait que les décisions judiciaires prises à
14 Belgrade, Novi Sad et à Nis, quant à elles, doivent emprunter le même
15 langage, la même langue, lorsque décision judiciaire est prise, tapée et
16 délivrée -- ordonnée. Or, pour parler de ces trois villes différentes,
17 Belgrade, Novi Sad ou Nis, les Juges, quant à eux, sont censés parler leurs
18 langues respectivement qui, elles, considèrent aux sous normes propres au
19 milieu qui sont les leurs. A la base, il s'agit d'une langue formelle, mais
20 présentant certains alliages, je dirais, certains traits d'ordre local. En
21 principe, cela se présente dans le monde entier comme cela.
22 Q. Merci. Merci beaucoup, Monsieur le Professeur. Je vous propose de
23 reporter votre attention sur ce tableau. Vous avez analysé quatre écoutes
24 téléphoniques du 13 juillet; nous avons évoqué celle de 10 heures 09 où
25 l'on dit que la personne qui parle est censée être Beara et on dit "à
26 l'appareil" ou "govorim" n'apparaît pas. Mais pour ce qui est de cet
27 entretien du 13, je vais essayer de résumer les choses de la façon suivante
28 : nous savons, et le bureau du Procureur, a la même thèse que nous, ne
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1 prétend pas qu'il s'agit de M. Beara. C'est un autre fait qui, pour une
2 raison qui n'a aucune importance pour vous, essaie de s'inscrire dans le
3 contexte de notre affaire. Mais ça n'a aucune espèce d'importance, en tout
4 cas pas pour vous et pour l'expertise que vous ferez.
5 Ensuite, nous avons la conversation de 19 heures 19, le 13 juillet. Là, le
6 bureau du Procureur adopte la thèse suivante : il ne s'agit pas de Ljubisa
7 Beara. Donc ça n'a rien à voir avec Ljubisa Beara même si le terme
8 "Ljubisa" apparaît et il est identifié à trois reprises.
9 Ensuite, nous avons l'entretien pour lequel le bureau du Procureur, me
10 semble-t-il, indique qu'il n'en est pas certain de l'identité de ce
11 Ljubisa, donc est-ce que vous -- et vous ne pouvez pas nous dire s'il
12 s'agit de Ljubisa ou pas. Donc, en fait, pour l'entretien du 13, il n'y a
13 qu'un entretien pour lequel le bureau du Procureur indique qu'il s'agit
14 bien de M. Beara.
15 Mais ce qui m'intéresse essentiellement c'est la conversation suivante,
16 celle du 14 juillet, celle qui a été mise sur écoute à 21 heures 02. Et je
17 souhaiterais vous montrer quelque chose dont je n'avais pas un exemplaire
18 précédemment. Il s'agit en fait de l'écoute téléphonique proprement parlé
19 lorsque l'opérateur entendait et captait cette conversation, il nous a
20 aidés en identifiant certaines marques, certains changements qu'il a
21 apportés à sa version manuscrite -- à ses notes écrites à la maison sur
22 base de la conversation supposée en question. Donc, Monsieur Remetic, je
23 vous demanderais de reprendre les pièces PIC 40 et PIC 41, les diviser sur
24 deux pages, mais ce qui nous intéressera essentiellement, c'est la PIC 41.
25 Mais afin que tout cela soit parfaitement complet, je sais que l'Accusation
26 ne vous l'a pas montrée encore, mais j'ai quelques questions à vous poser
27 sur cette écoute téléphonique.
28 Vous n'avez eu l'occasion d'en parler dans votre déposition, vous voyez les
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1 changements qui ont été soulignés ou encerclés.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Vanderpuye.
3 M. VANDERPUYE : [interprétation] Non, objection, Monsieur. Il est vrai que
4 j'ai procédé à un contre-interrogatoire du témoin s'agissant de cette
5 écoute téléphonique-là, mais, en fait, la question que je lui avais posée
6 était la suivante : "Pourriez-vous, Monsieur, identifier les erreurs que
7 vous avez faites apparaître dans votre rapport ?" Je ne lui ai rien demandé
8 d'autre. Par conséquent, j'estime que la question va bien au-delà de notre
9 contre-interrogatoire s'agissant de cette écoute téléphonique.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Le témoin comprend-il l'anglais ?
11 J'imagine que oui.
12 M. OSTOJIC : [aucune interprétation]
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je préfèrerais que nous discutions de
14 cela en l'absence du témoin. Je vais consulter mes collègues, quoi qu'il en
15 soit.
16 [La Chambre de première instance se concerte]
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il est vrai que cela relève peut-être
18 de la catégorie de questions supplémentaires, mais en même temps, le témoin
19 ne peut pas ajouter grand-chose, nous l'estimons, à ce qui a déjà été dit.
20 Donc je propose, Maître Ostojic, à passer à la question suivante.
21 M. OSTOJIC : [interprétation] Très bien, Monsieur le Président.
22 Q. Monsieur, je vous demanderais d'examiner l'écoute téléphonique du 14 et
23 nous allons revenir au tableau de synthèse, si vous le voulez bien. Il
24 s'agit de l'annexe 1. Plusieurs marquages pour les trois écoutes du 13
25 [comme interprété] et puis une autre.
26 Vous -- pour les deux écoutes téléphoniques du 15 juillet, 9 heures
27 55 et 9 heures 57, vous avez indiqué un plus dans la colonne "le
28 participant s'est révélé être Beara" ?
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1 R. Oui.
2 Q. [aucune interprétation]
3 R. A en juger d'après les suppositions faites par les opérateurs, eh bien,
4 alors là, il s'est présenté lui-même.
5 Q. Vous ne m'affirmez pas -- vous n'essayez pas de savoir si l'opérateur
6 était honnête, erroné, sincère ? Vous avez simplement estimé qu'il disait
7 la vérité et c'est la raison pour laquelle, pour le 9 heures 55 et le 9
8 heures 57, vous faites apparaître un plus ?
9 R. Pour ma part --
10 M. VANDERPUYE : [interprétation] Objection à cette question, c'est une
11 question directrice. Je demanderais à mon éminent confrère de bien vouloir
12 la reformuler.
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, nous étions en train de
14 faire autre chose du côté de la Chambre.
15 Oui, effectivement, c'est une question directrice. Donc -- Maître Ostojic,
16 absolument.
17 M. OSTOJIC : [interprétation] Très bien.
18 Q. Monsieur, pourriez-vous nous dire comment vous en êtes arrivé à la
19 conclusion qui vous a permis de faire apparaître dans cette première
20 catégorie un signe plus pour l'écoute téléphonique de 9 heures 55 et 9
21 heures 57 du 50 -- du 15 juillet 1995, s'il vous plaît ?
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Voyons ce que M. Vanderpuye a à dire à
23 ce sujet.
24 M. VANDERPUYE : [interprétation] Monsieur le Président, cette question a
25 déjà été posée en interrogatoire principal et je ne vois pas pourquoi il y
26 a lieu de reposer à question aux questions supplémentaires.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Alors arrivons-en au terme de cet
28 échange, Maître Ostojic, et conclure.
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1 M. OSTOJIC : [interprétation] Peut-il répondre à la question ?
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, bien entendu. Non, en fait, vous
3 allez poser la question suivante comme l'a proposé
4 M. Vanderpuye. Cette question a déjà trouvé une réponse.
5 M. OSTOJIC : [interprétation] Oui, mais s'il pouvait dire quelle est la
6 page, parce que j'ai essayé de le faire hier mais nous n'avons pas couvert
7 le 15, avec tout le respect je dois à mes collègues. Mais s'il pouvait nous
8 dire où est la page, où il estime avoir couvert cela. Il dit qu'il a
9 couvert dans son contre-interrogatoire; ceci étant dit, il me semble que
10 dans mes questions supplémentaires, j'ai tout droit, mais, bien entendu,
11 vous avez preuve énormément de patience, Messieurs les Juges -- Messiers,
12 Madame les Juges, mais si vous souhaitez que je passe à une autre date ou à
13 une autre écoute téléphonique, je le ferai volontiers. Mais j'aimerais
14 savoir s'ils ont cité cela hier ou avant-hier, qu'il nous dise au moins à
15 quelle page cela apparaît -- page du compte rendu.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Vanderpuye.
17 [La Chambre de première instance se concerte]
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye.
19 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pourriez-vous donner à Me Ostojic, le
21 numéro de la page. Je crois que c'est ce que Me Ostojic entend peut-être,
22 poser d'autres questions sur ce même sujet, ou est-ce que je me trompe,
23 Maître Ostojic ?
24 M. OSTOJIC : [interprétation] Non, je ne pense pas. Mais je passerais au
25 16. Ils peuvent faire lecture du compte rendu, et s'il pouvait apporter la
26 réponse à la question que j'ai posée, je leur serais reconnaissant.
27 Q. Je passe donc au 16 juillet à 11 heures 11 et mon collègue peut
28 m'interrompre dès qu'il aura trouvé la page du compte rendu. Mais à 11
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1 heures 11, 16 juillet, nous en avons parlé parce que l'on parle du terme
2 "triage" et de votre définition. Et l'écoute téléphonique qui suit quelques
3 heures plus tard avec les collègues Jelena et Djurdjic. Mais à 11 heures
4 11, vous avez également fait figurer un signe plus dans la colonne.
5 La question que je vous pose, Monsieur, s'agissant de cette écoute-là, la
6 seule identité que vous avez pu identifier précisément dans ce contexte est
7 que l'opérateur indique qu'il s'agit de Ljubo Beara en haut, une personne
8 demande à parler à Beara et quelqu'un répond avec un C, "Ljubo;" est-ce
9 exact ?
10 R. Oui.
11 Q. Le bureau du Procureur puisque c'est sur eux que repose la charge de la
12 preuve, je leur demanderais d'examiner les dépositions, est-ce qu'ils vous
13 ont donné la déposition des autres participants à cette conversation, tel
14 que ce M. Cerovic, par exemple, ou Turkula; est-ce qu'ils vous ont fourni
15 ces textes de manière à ce que vous puissiez voir qui participait à cette
16 conversation ?
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Vanderpuye.
18 M. VANDERPUYE : [interprétation] Monsieur le Président, je ne trouve aucune
19 base solide pour une telle question. Je crois que mon confrère sait très
20 bien que cette question n'a pas du tout lieu d'être et comme le sait très
21 bien mon collègue. Comme le sait très bien mon collègue, nous lui avons
22 fourni les informations qui ont directement trait à ces écoutes
23 téléphoniques. Et on peut passer à huis clos si c'est nécessaire.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, je ne crois pas que ce sera
25 nécessaire. La question peut être subdivisée en sous questions, et la
26 première sous question n'est pas acceptable. En revanche, la deuxième sous
27 question peut être posée. Je vous demanderais simplement de la reformuler
28 en demandant au témoin ce que le bureau du Procureur a mis à sa
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1 disposition.
2 M. OSTOJIC : [interprétation]
3 Q. Monsieur Remetic, avez-vous entendu le Président de la Chambre.
4 Pourriez-vous nous dire ce que le bureau du Procureur a mis à votre
5 disposition s'agissant de cette conversation ? Est-ce que l'on vous a
6 fourni une déclaration, une déposition quelle que ce
7 soit ?
8 R. Je n'ai reçu aucun document là-dessus, aucune déclaration. Il me semble
9 qu'aujourd'hui lors du contre-interrogatoire je suis un peu fatigué, voyez-
10 vous. Je suis seul face à vous qui au fait êtes plus nombreux. Alors là, on
11 m'a demandé aujourd'hui si j'avais connaissance du fait qu'il y a eu une
12 conversation avec Cerovic. Dans une prétendue conversation, le colonel
13 Cerovic était en train d'identifier M. Beara. Il s'agit évidemment de cette
14 conversation à 11 heures 11. Et, moi, sur la base de cela, j'ai mis un
15 signe plus.
16 Mais pour parler de la date du 15 juillet, j'ai fait en sorte que la
17 nomenclature se fondait sur les données présumées et offertes par les
18 opérateurs. S'ils sont dans leur droit ou pas, je n'en sais pas. Mais c'est
19 sur la base de cela que j'ai pu opérer. Pour ce qui est de la fiabilité de
20 ces données, je les ai mises en doute pour parler de la date du 15, il
21 s'agissait d'une peau de léopard. Il s'agissait d'un montage mais j'ai mis
22 le signe plus parce que, moi, j'ai dit le colonel Beara et Ljubo Beara, et
23 je vous en prie, c'est tout.
24 Q. Merci, et toutes mes excuses. Je sais que tout cela est en train
25 de durer plus longtemps que prévu, mais j'ai juste deux ou trois petites
26 questions supplémentaires à vous poser. Je souhaiterais revenir à la
27 question qui vous a été posée par mon éminent collègue, hier ou
28 aujourd'hui, qui parlait d'une section de votre rapport en page 14 où vous
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1 parlez de "maîtrise infaillible." Il me semble que je comprends ce qu'ils
2 essaient de faire passer, mais examinez la question au milieu du paragraphe
3 à peu près. Je crois que j'ai formulé une objection, on s'entend. Je
4 souhaiterais replacer ça dans un meilleur contexte. Si vous examinez la
5 phrase qui précède cela, parce que je crois que c'est cela qui est
6 pertinent pour replacer dans le contexte -- les choses dans leur contexte.
7 En page 14 vous dites : "La situation à l'heure actuelle montre que M.
8 Beara n'a en aucun cas oublié le dialecte cakavien parlé à Split et, par
9 ailleurs, il est au courant des distinctions entre parenthèses de la
10 distinction entre les dialectes ékavien avec un e; ikavien avec un i; et
11 ijekavien, ij; monténégrin et serbe et leur prononciation." Et ensuite,
12 vous dites que selon vous ils maîtrisent de façon infaillible ces trois
13 versions.
14 Pourriez-vous nous dire ce que vous entendez par là, ce que vous
15 essayez de nous dire qu'il pouvait passer de l'un à l'autre et qu'il savait
16 qu'on l'écoutait dans ces entretiens téléphoniques dont ils indiquent qui
17 lui sont attribuables ? Qu'est-ce que vous entendez exactement lorsque vous
18 dites qu'il est à même de procéder à une distinction entre ces trois
19 dialectes ?
20 R. Je vous en prie. Ici, il s'agit de deux questions qui viennent d'être
21 posées. D'abord, essayons de voir la question concernant sa maîtrise de
22 distinction. Vous avez, par exemple, un polyglotte qui lui parle cinq
23 langues différentes, lui emprunte une langue, il se sert admirablement
24 bien. Mais lui sait comment la même chose dont il parle se dit dans
25 d'autres langues. Or, cette personne-là emprunte le parler de Split -- le
26 patois un peu de Split mais il est conscient du fait que les mêmes termes,
27 les mêmes mots auraient telle ou telle signification et forme dans sa
28 Sarajevo natale. Il sait comment ceci devrait être dit en Serbie ou vivait
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1 sa famille, où il avait vécu pendant un certain temps. Il avait des
2 collègues de Serbie, des officiers, ses homologues. Par conséquent, lui
3 maîtrise admirablement bien les distinctions, à considérer. Je ne l'ai
4 jamais entendu parler, d'une façon tout à fait courante -- fluante,
5 Ekavien, Ijekavien mais il est conscient des différences à faire -- des
6 distinctions à faire.
7 La seconde partie de votre question était : savait-il -- était-il
8 censé savoir qu'il était suivi par quelqu'un et qui l'avait enregistré --
9 intercepté ? Bien sûr, il n'aurait dit s'il ne le savait, mais maintenant
10 il ne s'agit plus d'une analyse linguistique à faire. Si lui était
11 conscient du fait qu'il devait être enregistré par quelqu'un, il aurait
12 évité de dire ou de parler tout court. Mais dans ces conversations
13 interceptées, j'ai dû prendre en considération un autre élément. De plus,
14 la locution de plusieurs locuteurs devait-elle être adaptée à l'homologue
15 avec lequel il est en train de parler, et qui se trouve à l'autre bout du
16 fil. Or, c'est là que j'ai pu constater que, par exemple, en date du 1er
17 août, lorsque dans la présumée location de Beara c'est l'Ekavien qui
18 prévalait, alors que son interlocuteur présentait davantage d'Ijekavien.
19 Or, quelque chose qui me semble être important également. Lorsque vous me
20 posez la question de savoir pourquoi je n'ai pas fait valoir, je n'ai pas
21 fait des références non plus à des jugements portés par le bureau du
22 Procureur. Ecoutez, vous n'avez qu'à prendre mon brouillon, j'ai dit -- au
23 crayon graphique, le bureau du Procureur a dit qu'il s'agit de commandant à
24 Ljubo Bojanovic de la brigade. Peut-être que je l'ai rajouté au crayon
25 graphique ces jours-ci une fois que j'avais déjà remis le texte en date du
26 18 avril.
27 Q. Merci. Il me reste plus que quelques questions, voire une seule même.
28 Lorsque vous vous êtes efforcé de voir dans quelle mesure le dialecte ou
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1 les conversations qui ont été captées et qui étaient censées être celles de
2 M. Beara étaient attribuables ou pas à
3 M. Beara, nous avons examiné les écoutes téléphoniques à proprement parlés.
4 Nous vous avons montré même si cela n'a été divulgué que le mois dernier,
5 que l'Accusation a eu des conversations au mois d'octobre 2004 avec M.
6 Beara, donc cela remonte il y a quatre ans. Vous, vous avez procédé à un
7 entretien avec lui et vous avez examiné son dialecte après les événements.
8 Mais nous vous avons également montré la cassette audio et les
9 transcriptions de la conversation de M. Beara avait eue juste avant juillet
10 1995 et juste après août 1995. Vous a-t-il été possible de déceler quelque
11 tentative que ce soit par M. Beara visant à dissimuler, masquer sa façon de
12 parler ou son dialecte ?
13 R. Non, non, je n'ai pas remarqué cela.
14 Q. Vous nous avez dit au début de votre déposition lundi qu'en fait il y a
15 trois choses qu'une personne ne peut jamais cacher. Je crois que vous nous
16 avez dit l'atout, l'amour et le dialecte.
17 R. Oui, c'est ce que j'ai dit. Oui.
18 Q. Oui, je m'en souviens. Je m'en souviens. Avez-vous été à même de
19 trouver quelques éléments que ce soit dans les conversations que vous avez
20 examinées vous permettant de déduire que quelqu'un cherchait à cacher, à
21 dissimuler son dialecte ? Pour les deux autres éléments, je ne vais pas
22 vous poser de question.
23 R. Voulez-vous reprendre votre question ? Je semble être un petit peu
24 fatigué.
25 Q. C'est la dernière question -- j'espère vraiment que ce sera la
26 dernière. Vous avez examiné des documents et est-ce que vous y avez trouvé
27 quelque trace que ce soit d'une volonté par M. Beara de dissimuler ou
28 cacher son dialecte ?
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1 R. Est-ce que vous faites référence aux transcriptions de 18 conversations
2 que j'ai analysées, ou ce que j'ai pu voir au cours du week-end ? Est-ce
3 que vous faites référence à l'ensemble --
4 Q. [aucune interprétation]
5 R. Je n'ai nulle part trouvé de preuve à bon escient et consciencieusement
6 lui tentait de dissimuler quoi que ce soit. Pour ce qui est de la
7 transcription de l'une des conversations interceptées que j'ai pu entendre
8 ici, par exemple, il s'agit de deux formes un petit peu en corrélation,
9 accouplées en quelque sorte, "sta se dogadja," je crois que ces
10 transcriptions que j'ai ici sous mes yeux maintenant m'avaient permis
11 d'attribuer cela à Beara comme je l'ai fait d'ailleurs dans le cas du 1er
12 août. Si vous me le permettez à la fin, je voudrais pouvoir dire quelque
13 chose au sujet de certains termes, de certains mots qui sont des
14 particularités et qui nous ont d'ailleurs pris beaucoup de temps, la
15 "practice" le démontre, l'expérience qui est la mienne dans ma vie
16 familiale à moi. Lorsque je travaille sur le terrain, souvent les gens qui
17 sont peu éduqués et les intellectuels d'élite, après avoir fait leur
18 service militaire, sont prêts à maintenir certaines formes et certains mots
19 dont ils se serviront toute leur vie durant, même du temps du règne Austro-
20 hongrois lorsque des gens se trouvaient sous les drapeaux en Autriche-
21 Hongrie et lorsque le tout se faisait en langue allemande, ce qui leur a
22 resté c'est le terme de "zuruck." Mais on leur dirait "lever," "steh auf,"
23 des gens qui sont peu éduqués, et bien, le garderont ce terme-là leur vie
24 durant.
25 Je ne suis pas prêt à oublier le cas où, par exemple, après la Seconde
26 Guerre mondiale, les Etats-Unis d'Amérique fournissaient de l'aide,
27 l'assistance aux habitants d'Europe, l'Europe étant en destruction,
28 décombre, sur tant d'habitant, on procurait de l'assistance. Alors, là, à
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1 cette époque-là, les cigognes se pouvaient se voir au-dessus de tous les
2 toits de toutes les maisons, alors là, telle ou telle "custom" et cetera,
3 on faisait pas mal d'enfants, et "fertig," disait-on en allemand. On
4 demandait, par exemple, quand "fertig," devait aller à l'école croyant que
5 c'était un prénom.
6 Mon père -- mon propre père nous disait demi-tour, voilà un ordre qui lui a
7 été souvent donné lorsqu'il était sous les drapeaux. Donc de tels détails
8 retenus du temps de leur service militaire demeurent à l'esprit des gens,
9 et je crois que nous en avons parlé tellement ces deux ou trois jours et je
10 crois que cela nous a fait perdre pas mal de temps.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je le crois aussi effectivement. En
12 sommes-nous arrivés à la fin de vos questions supplémentaires ?
13 M. OSTOJIC : [aucune interprétation]
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci beaucoup.
15 Oui, Monsieur Vanderpuye.
16 M. VANDERPUYE : [interprétation] Monsieur le Président, je sais que vous
17 étiez sur le point de délibérer le témoin, mais il y a une question qui a
18 trait à sa déposition et sur laquelle je souhaiterais revenir en présence
19 de la Chambre mais en l'absence du témoin, puisque cela a trait
20 éventuellement aux questions qui seront posées en questions supplémentaires
21 par la suite.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur le Professeur, nous en sommes
23 arrivés nous l'espérons en tout cas à la fin et au terme de votre
24 déposition. Au nom de la Chambre du Tribunal, nous vous adressons nos
25 sincères remerciements, merci d'avoir fait preuve d'autant de patience à
26 l'égard des deux conseils qui vous ont interrogé, merci pour votre
27 déposition dans cette affaire. Au nom de toutes les personnes présentes, je
28 vous souhaite également un bon retour chez vous, Monsieur. Mme l'Huissière
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1 va vous escorter, mais je vous demanderais de bien vouloir rester dans les
2 parages pendant un petit quart d'heure parce qu'il se peut que nous soyons
3 amenés à vous rappeler, le cas échéant.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup. Merci de la confiance que vous
5 m'accordez. Merci de l'attention et du respect que vous m'avez accordé au
6 cours de ces deux ou trois jours.
7 [Le témoin se retire]
8 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame la Greffière, je ne sais pas
10 quelles seront les questions qui seront posées.
11 L'INTERPRÈTE : Le micro du Président vient d'être éteint par la Juge Prost.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Vanderpuye, je vous
13 écoute.
14 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
15 Au cours des questions supplémentaires, le témoin a déclaré à la page 48,
16 si je ne m'abuse, il semblerait que ce soit consigné au compte rendu
17 d'audience à la ligne 6 -- entre les lignes 6 à 10, dans tous les cas, le
18 témoin a dit en réponse à une question posée par Me Ostojic : "La deuxième
19 partie de la question était de savoir s'il a fait quelque chose de façon
20 délibérée ou s'il le savait" -- ou plutôt : "Est-ce qu'il savait ou s'il
21 savait qu'on l'écoutait, il n'aurait pas pris part à une conversation. Il
22 s'agit d'une analyse linguistique. Bien sûr, si quelqu'un sait qu'il est
23 enregistré la personne essaie éviter toute conversation."
24 Alors, ce que j'ai donné à Me Ostojic hier c'était un document que
25 nous avions reçu hier, d'ailleurs, aussi. Le document qui porte la cote
26 3628 c'est un document qui figure sur ma liste de pièces, je ne l'ai pas
27 montré au dossier, mais il s'agit d'un document qui est rédigé par M. Beara
28 et qui porte sur -- ou plutôt, excusez-moi, je vous ai donné le mauvais
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1 numéro 65 ter. Toujours est-il que le document est un document qui est
2 rédigé par M. Beara, il date -- il porte la date du 1er septembre 1995 et il
3 parle des capacités des forces opposées à intercepter des communications de
4 la VRS. Et, de plus, il -- il a -- il parle des conversations interceptées,
5 il donne des exemples pour des personnes qui parlent de façon ouverte sur
6 les lignes sachant ceci. Mais à la lumière de ce qu'a dit le témoin
7 concernant la connaissance de M. Beara, à savoir qu'il savait qu'on était
8 en train de l'écouter, je crois qu'il aurait été approprié de demander à ce
9 témoin si, effectivement, s'il aurait conclu la même chose à la suite de
10 l'examen des conversations interceptées, s'il le savait. De toute façon,
11 c'est une question discrétionnaire puisqu'il a déjà terminé son -- sa
12 déposition, mais je ne sais pas s'il serait bon, donc je m'en laisse à vous
13 de poser cette question.
14 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
15 M. OSTOJIC : [interprétation] Je n'ai jamais reçu ce document en date du 1er
16 septembre 1995. Hier, on m'a remis un document du 13 août 1995, donc je ne
17 sais pas si ce sont des documents qui portent sur la même chose. J'ai ici
18 le document qui m'a été fourni hier et j'aimerais savoir si -- d'où
19 l'Accusation détient cette information, d'où ont-ils reçu ce document. Donc
20 je -- je voudrais avoir un peu plus d'informations concernant le tout.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye.
22 M. VANDERPUYE : [aucune interprétation]
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'abord, il y a un désaccord de toute
24 façon, il semblerait que ce document -- enfin, il y a un désaccord sur le
25 point de savoir si le document a été communiqué à Me Ostojic ou pas.
26 M. OSTOJIC : [interprétation] Et on m'a également informé du fait que,
27 lorsque M. Vanderpuye fait allusion au compte rendu d'audience, lorsque le
28 témoin dit qu'il s'agit d'une analyse linguistique, on m'apprend qu'il, en
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1 fait, dit le contraire. Nous pourrions certainement le vérifier. Je ne sais
2 plus, mais je crois que M. Vanderpuye a dit: "Ce n'est pas une analyse
3 linguistique."
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois justement que c'est ce qu'il a
5 dit, que ce n'est pas une analyse linguistique.
6 M. VANDERPUYE : [interprétation] Mais, en réalité, je vais retirer cette
7 observation, de toute façon, Monsieur le Président, car il y a des
8 questions concernant la communication du document à Me Ostojic pour être
9 tout à fait justes, nous pourrons peut-être traiter de cette question
10 ultérieurement.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Donc, entre-temps, nous
12 pouvons de façon définitive dire au témoin qu'il peut partir.
13 M. VANDERPUYE : [aucune interprétation]
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Alors documents, pièces ?
15 M. OSTOJIC : [interprétation] Nous avons remis la liste des documents à la
16 Chambre de première instance et nous n'avons rien à ajouter de plus.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye, y a-t-il des
18 objections quant aux pièces ? Il y a trois, quatre, cinq, neuf documents,
19 il y a neuf documents qui seront versés au dossier. Y a-t-il des objections
20 ?
21 M. VANDERPUYE : [interprétation] Pas d'objections, Monsieur le Président.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections provenant
23 d'autres équipes de la Défense ? Non ? Très bien. Alors à ce moment-là, ces
24 pièces seront versées au dossier. Et vous avez également des documents que
25 vous aimeriez verser au dossier, Monsieur Vanderpuye ?
26 M. VANDERPUYE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Je vois ici, sur notre
28 liste, que vous allez demander le versement de neuf documents au dossier,
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1 n'est-ce pas ?
2 M. VANDERPUYE : [interprétation] 65 ter 3603 et 3601 -- 3603 et 3603 A --
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En fait, vous n'êtes pas obligé de les
4 énumérer.
5 M. VANDERPUYE : [aucune interprétation]
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous avons votre liste.
7 M. VANDERPUYE : [aucune interprétation]
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous proférez des
9 objections, Maître Ostojic ?
10 M. OSTOJIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Donc ces documents seront
12 également versés au dossier. Nous pouvons maintenant, finalement, appeler
13 notre prochain témoin qui est Mme Svetlana Gavrilovic.
14 Pour le compte rendu d'audience, j'ai remarqué qu'entre-temps, M. Mitchell
15 s'est joint à l'équipe de l'Accusation et il est présent dans cette salle
16 d'audience.
17 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Madame. Bon après-midi, pour
19 être plus précis, puisque nous sommes quelques minutes après midi. Donc je
20 vous souhaite la bienvenue au Tribunal pénal international pour l'ex-
21 Yougoslavie. Me Ostojic, qui est un -- qui est le conseil principal de la
22 Défense défendant les intérêts de M. Beara vous a demandé -- vous a appelée
23 pour déposer en tant que témoin de la Défense.
24 Et avant de commencer votre témoignage, le Règlement exige de vous que vous
25 prononciez une déclaration solennelle selon laquelle vous vous engagerez de
26 dire la vérité. Alors Mme l'Huissière vient de vous remettre le texte, je
27 vous demanderais de le lire à haute voix et il s'agira de votre engagement
28 envers nous.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. Je déclare solennellement que je dirai
2 la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
3 LE TÉMOIN: SVETLANA GAVRILOVIC [Assermentée]
4 [Le témoin répond par l'interprète]
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame. Veuillez vous asseoir.
6 On essayera de terminer votre déposition aujourd'hui et donc nous espérons
7 que vous ne serez pas tenue à rester plus longtemps. Et au nom des Juges de
8 la Chambre et de toutes les personnes présentes, je souhaite vous présenter
9 nos excuses car nous vous avons gardée -- enfin, vous avez attendu assez
10 longtemps, mais le témoignage du témoin précédent a duré un peu plus
11 longtemps que -- que l'on ne s'attendait.
12 Et donc le premier témoin qui -- le premier conseil qui procèdera à
13 votre interrogatoire c'est -- est Me Ostojic.
14 M. OSTOJIC : [interprétation] Monsieur le Président, avec votre permission,
15 c'est Me Nikolic qui procèdera à l'interrogatoire principal de ce témoin.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Veuillez vous présenter, je
17 vous prie. Le témoin vous connaît peut-être déjà, mais je vous demanderais
18 de vous présenter de façon officielle.
19 M. NIKOLIC : [interprétation] Très bien. Merci beaucoup, Monsieur le
20 Président, Madame, Messieurs les Juges.
21 Interrogatoire principal par M. Nikolic :
22 Q. [interprétation] Bonjour, Madame Gavrilovic.
23 R. Bonjour.
24 Q. Nous avons déjà fait connaissance, mais je souhaiterais me présenter de
25 façon officielle. Je vais alors, à ce moment-là, vous indiquer de quelle
26 façon nous allons procéder.
27 Je suis Predrag Nikolic. Je représente les intérêts de Ljubisa Beara, je
28 suis l'un des conseils de la Défense de Ljubisa Beara. Et avant de vous
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1 demander de vous présenter, je dois vous dire que notre conversation --
2 notre entretien -- cet entretien -- cet interrogatoire est interprété, donc
3 je voudrais vous demander de ménager des pauses entre les -- mes questions
4 et vos réponses afin de permettre aux interprètes de bien pouvoir
5 interpréter tous nos propos.
6 R. Très bien. Merci.
7 Q. Alors veuillez vous présenter, s'il vous plaît.
8 R. Je m'appelle Svetlana Gavrilovic. Je suis née à Belgrade et j'habite
9 Belgrade. Je ne sais pas si vous avez besoin d'autres éléments
10 d'information ?
11 Q. En fait, normalement, nous vous demandons de nous donner votre parcours
12 professionnel.
13 R. J'ai fait des études à l'école primaire, ensuite j'ai fait un
14 baccalauréat au lycée, et ensuite j'ai étudié dans le domaine où j'ai
15 obtenu une licence universitaire -- ou un diplôme universitaire dans la
16 section qui se charge des enfants handicapés avec des troubles mentaux. Et
17 plus tard, j'ai changé, en fait, de champ d'intérêt et je suis dans le
18 domaine de la cosmétique.
19 Q. Très bien. Merci. Alors, dans le cadre de votre travail, avez-vous eu à
20 vous occupez de questions professionnelles ?
21 R. Oui, pendant un an et par la suite mon mari a fait un contrat avec une
22 firme qui travaillait à Baghdad en Iraq. Donc il est parti et puisque de
23 toute façon je ne connaissais pas la langue arabe, il m'aurait été
24 difficile de travailler dans mon domaine. J'ai décidé de change de champ
25 d'intérêt et je suis -- j'ai commencé à faire quelque chose que je pouvais
26 faire partout dans le monde, et donc je me suis ou j'ai changé de
27 profession et j'ai été devenue cosméticienne, et c'est ce que j'ai continué
28 de faire à mon retour d'Iraq.
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1 Q. Madame Gavrilovic, quelle était la période pendant laquelle vous étiez
2 en Iraq ?
3 R. Nous étions en Iraq depuis 1978, 75 à 80 -- entre 1975 et 1980.
4 Q. Et lorsque vous êtes rentrée d'Iraq, où habitez-vous ?
5 R. Nous vivions à Belgrade et nous vivons encore à Belgrade et j'ai
6 continué de m'occuper de la cosmétique puisque j'aimais bien ce travail et
7 je n'ai pas voulu changer de domaine.
8 Q. Vous connaissez Ljubisa Beara, n'est-ce pas, et sa
9 famille ?
10 R. Oui, je les connais. J'ai fait leur connaissance vers la fin de 1992.
11 Q. Dites-moi, s'il vous plaît : dans quelle circonstance vous êtes-vous
12 rencontrés ?
13 R. J'ai une amie qui est originaire de Belgrade, elle était amie de la
14 famille Beara. Puisque leur fils cadet avait certains problèmes de peau, il
15 était un adolescent avec quelques problèmes d'acné, il m'a demandé si je
16 pouvais voir et m'occuper de l'état de la peau de leur fils. C'est ainsi
17 que je les ai rencontrés, donc par la suite j'ai d'abord rencontré le fils
18 cadet, et ensuite ses parents, donc M. et Mme Beara.
19 Q. Est-ce que c'est une fréquentation qui plus tard est devenue une amitié
20 ?
21 R. Oui. D'abord nous étions simplement des connaissances et plus tard,
22 nous sommes devenus amis puisque mon mari a eu -- a découvert qu'il avait
23 énormément de points communs avec M. Beara. Mon mari faisait des avions que
24 l'on fait fonctionner avec des télécommandes -- une télécommande; M. Beara
25 faisait également des modèles réduits, et c'était des bateaux qu'il faisait
26 fonctionner par télécommande. Alors ils avaient vraiment des points -- ce
27 point-là en commun, et c'étaient des gens très instruits de toute façon, M.
28 Beara et sa femme. La première fois, lorsque je suis allée leur rendre
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1 visite, j'ai vu une énorme bibliothèque remplie de livres. Puisque j'aime
2 beaucoup lire, je demandais s'ils pouvaient me prêter des livres pour que
3 je les lise, et il m'a dit : oui, certainement. J'ai choisi certains livres
4 qui m'intéressaient. Ensuite, M. Beara m'a dit qu'ils avaient une boîte, en
5 fait, et dans la boîte il y avait des cartes, et il a dit : "Voilà,
6 maintenant je vais noter quels livres tu as pris, et je vais mettre une
7 date et je vais te demander de signer." Et, j'étais un petit peu insultée
8 plus qu'offusquée, je me suis dit : "Quoi, tu ne me fais pas confiance." Il
9 m'a dit : "Non, non, je vous fais confiance mais c'est comme ça que je
10 procède lorsque je prête des livres." C'est ainsi que quand j'ai rendu mes
11 livres j'ai été toujours très contente puisque je me suis rendue compte que
12 c'était toujours une personne à qui je pouvais parler de toute sorte de
13 choses.
14 Q. Très bien. Donc c'est un point en commun effectivement pour une belle
15 amitié. Où habitent M. Beara et son épouse ?
16 R. A Belgrade dans la rue Kosovska.
17 Q. Vous avez également mentionné leur fils cadet, n'est-ce
18 pas ?
19 R. Oui, il s'appelle Branco; c'était mon client, si vous voulez.
20 Q. Et, comment s'appelle l'épouse de M. Ljubisa ?
21 R. Elle s'appelle Nada.
22 Q. Dites-moi, s'il vous plaît : outre ces points communs concernant les
23 modèles réduits, l'éducation, et cetera, y avait-il d'autres points communs
24 qui faisaient en sorte que vous vous rendiez visite et qui ont fait de vous
25 des amis ?
26 R. Oui, c'était également leurs enfants. C'est très intéressant de dire
27 cela car leur fils aîné, le fils Beara qui est un professeur de langue
28 anglaise et son épouse qui enseigne la langue serbe au lycée, des gens très
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1 sympathiques. Nous faisions toujours des blagues avec eux, nous avions
2 toujours des sujets de conversation intéressante. Nada savait très bien
3 nous accueillir, elle préparait des amuse-gueules délicieux.
4 Q. Vous nous avez dit il y a quelques instants que vous nous avez fait
5 leur connaissance fin 1992 ?
6 R. Oui, soit vers la fin de 1992 ou au début de 93.
7 Q. Donc, effectivement, vous êtes devenus amis à partir de cette période-
8 là ?
9 R. Oui.
10 Q. Est-ce que vous saviez qu'à l'époque, la guerre avait déjà été éclatée
11 en Bosnie-Herzégovine ?
12 R. Oui.
13 M. McCLOSKEY : [interprétation] Objection, Monsieur le Président.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.
15 M. McCLOSKEY : [interprétation] Question directrice. Il faudrait éviter
16 toute question directrice pour ce qui est des dates et des noms de lieux.
17 C'est tout à fait inacceptable.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, tout à fait, car, en réalité, le
19 témoignage de ce témoin ne peut pas nous servir si vous lui posez des
20 questions si directrices que ça. Vous ne pouvez pas lui demander que s'es-
21 il passé tel ou tel jour, en donnant des dates.
22 M. NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, de ce
23 commentaire. Je croyais que tout le monde savait qu'en Yougoslavie ce qui
24 s'était passé.
25 M. McCLOSKEY : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Ce qui
26 est connu de tout le monde, ce qui n'est pas connu de tout le monde. Je
27 crois que le conseil maintenant fait ceci de façon expresse, il le fait
28 sciemment. Il ne faut pas encourager ce genre de comportement.
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bon, alors essayons de nous en tenir à
2 la pratique. Si vous voulez discuter de certaines questions avec Me
3 Ostojic, vous allez pouvoir, je vous accorde quelques minutes; sinon, je
4 vous prie de vous en tenir à la pratique.
5 M. NIKOLIC : [interprétation] Excusez-moi. Merci, Monsieur le Président. Je
6 vais continuer mon interrogatoire principal.
7 Q. Alors, Madame, au cours de cette période ou plutôt après avoir fait la
8 connaissance de la famille Beara, quelle était la fréquence de vos
9 rencontres ?
10 R. Je ne pourrais pas vous le dire précisément, soit c'étaient des fêtes
11 dont nous nous habituons lorsqu'il y avait des fêtes, qu'il s'agisse
12 d'anniversaire d'enfants ou d'anniversaire d'adultes, il y avait également
13 des [imperceptible] ou des fêtes de famille. Pour la plupart, c'était à ces
14 moments-là.
15 Q. Vous avez évoqué des anniversaires, est-ce que ceci veut dire que vous
16 connaissiez la date des anniversaires ou de l'anniversaire de Ljubisa
17 Beara, par exemple ?
18 R. Je savais qu'il était né le 14 juillet car, moi-même, je suis née en
19 juillet, et très souvent, nous disions que pour blaguer que nous avions le
20 même signe astral et que nous sommes tous les deux des cancers. Nous avons
21 une carapace et nous sommes des personnes très solides. Et c'est ainsi que
22 je sais qu'il est né en juillet.
23 Q. Quel était votre signe à vous ? Quel était le signe de Ljubisa Beara et
24 quel est votre signe à vous ?
25 R. Cancer.
26 Q. Je pose cette question car le compte rendu d'audience ne faisait pas
27 état de ce signe astrologique.
28 Alors dites-moi : pour l'anniversaire de M. Beara, est-ce que vous lui
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1 rendiez visite chaque année ou pas ?
2 R. Cela dépendait s'il était là et si nous étions invités.
3 Q. Quand est-ce que vous avez fêté son anniversaire la dernière fois ?
4 R. La dernière fois que nous avons fêté son anniversaire ensemble, c'était
5 le 14 juillet 1995.
6 Q. Comment se fait-il que vous vous rappeliez si bien qu'il s'agissait de
7 l'année 1995 ?
8 R. Je me souviens très bien puisque c'était également autour de cette date
9 que nous célébrions les 25 années de mariage, mon mari et moi, et dans mon
10 pays à moi, on appelle ça -- c'était nos noces d'argent. Et pour notre --
11 pour nos noces d'argent, nous voulions prendre l'Orient Express pour fêter
12 donc cet anniversaire, mais au printemps, lorsque le temps est plus --
13 lorsque le climat est plus clément. Et lorsque nous nous sommes renseignés
14 pour voir quel était le prix, nous avons conclu que c'était beaucoup trop
15 cher et nous n'avions pas suffisamment d'argent.
16 Et ensuite, le 14 juillet, M. Beara nous a invités de venir le rencontrer.
17 Et dans la soirée, nous avions parlé de nos noces d'argent et nous avions
18 évoqué ce voyage que l'on voulait faire à bord de l'Orient Express, voyage
19 que nous n'avions -- auquel nous avions dû renoncer.
20 Q. Pourriez-vous, je vous prie, ralentir le débit ? Et puisque nous
21 parlons déjà de l'anniversaire en question, vous aviez mentionné quelles
22 étaient les personnes qui vous avaient invités ?
23 R. Oui, c'était Toma Bozinovic et Mira, c'est eux qui nous avaient
24 invités.
25 Q. Où est-ce que vous vous êtes rencontrés ?
26 R. A Belgrade, dans la rue Sumatovacka et c'était chez Toma et Mira, dans
27 leur maison.
28 Q. Et qui étaient présents ?
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1 R. Il y avait, bien sûr, les hôtes, Toma et Mira, il y avait également mon
2 mari et moi-même. Ljubisa Beara et son épouse, Nada, étaient présents
3 aussi, et le Dr Djordje est venu apporter des médicaments. C'était le
4 médecin personnel de la mère de Toma. Il est resté cinq à dix minutes, il a
5 pris un verre, et ensuite, il devait aller rendre visite à un autre
6 patient, donc, lui aussi, il était là, mais que de passage.
7 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, me dire quelle était l'heure à laquelle
8 vous êtes allés leur rendre visite ?
9 R. C'était dans la soirée. Je sais que j'avais travaillé ce jour-là alors
10 que mon mari, lorsque nous avons été invités, il y est allé vers 20 heures.
11 Et j'avais un cas un peu plus compliqué alors j'ai dû terminer mon travail
12 et je suis -- je m'y suis rendue vers 21 heures.
13 Q. Pourriez-vous nous dire, si vous vous rappelez, compte tenu des détails
14 dont vous nous parlez, est-ce que vous avez parlé également de vos noces
15 d'argent ?
16 R. Oui. Nous avons -- nous avions évoqué les noces d'argent et l'Orient
17 Express, nous leur avons dit qu'on voulait faire ce voyage, mais que nous
18 n'avions pas assez d'argent. Et Toma a fait une blague, il a dit : "Voilà,
19 vous avez dans le nouveau Belgrade un restaurant qui ressemble à un
20 compartiment de l'Orient Express," et il a dit : "Voilà, vous pouvez y
21 aller et puis vous imaginerez que vous êtes à bord de l'Orient Express."
22 Q. Madame Gavrilovic, est-ce que vous saviez que Ljubisa était sur le --
23 était au front ?
24 R. Oui, je le savais, mais je ne sais pas dans quelle -- en quelle
25 capacité, quelle -- ce qu'il faisait là-bas. Je ne l'avais jamais demandé
26 et je ne voulais pas le savoir non plus.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, arrêtez, je vous prie.
28 Oui, Maître McCloskey.
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1 M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est déjà consigné au compte rendu --
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est une erreur directrice typique
3 qu'il vous faudrait éviter, Maître Nikolic.
4 M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais demander
5 que l'on s'entretienne hors la présence du témoin.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Gavrilovic, est-ce que vous
7 parlez anglais ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne parle pas très -- je ne parle pas très,
9 très bien l'anglais -- je ne le parle pas suffisamment bien.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En fait, nous prendrons une pause
11 maintenant. Vous pouvez quitter le prétoire et nous allons reprendre nos
12 travaux dans 25 minutes, en fait. Madame l'Huissière, pourriez-vous, je
13 vous prie, escorter le témoin hors du prétoire.
14 [Le témoin quitte la barre]
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je vous écoute, Monsieur
16 McCloskey.
17 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je voulais simplement vous dire ce que j'ai
18 concernant ce témoin et pour ce qui est du résumé, que ce témoin connaît la
19 famille Beara par le biais d'amis communs. Son feu mari Djordje était issu
20 d'une famille diplomatique et était allé à l'école en France, et donc ils
21 s'amusaient tous les deux pour dire que le jour de l'anniversaire de M.
22 Beara était le jour de la Bastille. Le mari du témoin a reçu l'appel d'un
23 ami, M. Cekic, alors que j'entends maintenant qu'il s'agit de Mira
24 Bojanovic, les invitant à passer la soirée dans la soirée du 14, car Beara
25 était en ville. Il était absolument de la Republika Srpska, il était venu
26 en ville pour fêter son anniversaire. Elle se souvient de cet anniversaire
27 car il s'agissait de son 25e anniversaire de mariage et elle avait planifié
28 un voyage à bord de l'Orient Express avec son mari, mais que -- mais ce
Page 24767
1 voyage n'a pas eu lieu car -- et c'était -- cela faisait l'objet d'une
2 discussion lors de la fête.
3 Donc c'est tout, je n'ai plus rien d'autre. Il y a plusieurs informations
4 ici qui ont trait à toutes sortes de faits. Ici, on fait allusion à un
5 alibi et je n'ai pas tout ceci. Je demanderais que ce témoin témoigne
6 ultérieurement et que l'on me donne un résumé de ce dont -- sur quoi
7 portera le témoignage de ce témoin afin d'avoir ce résumé. Je suis vraiment
8 navré de le demander à cette étape-ci de la procédure, mais je ne sais pas
9 de quelle autre façon procéder.
10 Nous voyons -- nous entendons le témoin nous dire qu'elle est en mesure
11 d'établir un lien entre cet anniversaire avec le fait que M. Beara et elle
12 sont nés sous les mêmes signes. Mais, en réalité, je n'ai pas tous les
13 éléments -- en fait, on ne nous a pas informés de cela, il est certain que
14 la Défense sait très bien de -- sur quoi portera le témoignage de ce
15 témoin. Ils sont mieux préparés. Mais nous ne -- nous estimons que nous ne
16 sommes pas suffisamment préparés pour contre-interroger ce témoin. Donc
17 c'est tout ce que je vous demanderais, de reporter le contre-
18 interrogatoire.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ostojic ou Maître Nikolic, je ne
20 sais pas laquelle des deux personnes souhaiterait prendre la parole.
21 M. OSTOJIC : [interprétation] Je suis vraiment désolé de ceci. Mais au
22 cours de la pause, nous avons passé presque toute la pause avec
23 l'Accusation et je sais que je -- je leur ai parlé des questions des -- des
24 préoccupations qu'ils avaient. Ils nous ont écrit aussi et nous les avons
25 rencontrés concernant les autres témoins, nous leur avons donné des
26 informations détaillées telles que nous les connaissions. Il y a des
27 éléments que nous n'avions pas et nous -- j'étais sur le terrain.
28 Pour ce témoin-ci, ils nous ont jamais demandé de savoir s'ils
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1 avaient suffisamment d'informations quant au témoignage de ce témoin. Nous
2 pensions - tout comme nous le faisons avec tous les autres témoins - que
3 lorsque nous leur donnons un résumé, qu'ils allaient nous appeler pour
4 avoir d'autres éléments. Mais ils ne l'ont pas fait, donc nous ne leur
5 avons pas fourni d'autres éléments. Donc je crois qu'il est -- il est
6 inadéquat --
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais vous ne répondez pas à la question
8 posée par M. McCloskey. M. McCloskey demande -- ou fait référence aux -- à
9 certains extraits du témoignage de faits qui sont présentés maintenant et
10 qui sont le résultat de questions directes et claires qui lui sont posées.
11 M. OSTOJIC : [interprétation] Le seul commentaire que je peux faire
12 concernant ceci est que je ne sais pas quand est-ce que le témoin est né,
13 je ne sais pas quelle date est son anniversaire. Je sais -- je sais en
14 quelle date je suis né, je sais quand est-ce que M. Beara est né, mais je -
15 - on ne peut pas donner de dates de naissance pour tous les témoins qui
16 viendront déposer. Je ne -- je n'avais pas connaissance de ce témoin, Mira
17 Cekic, qui est un témoin. Je n'avais pas non plus connaissance du fait --
18 je ne sais pas qui est Mme Mira Bojanovic. C'est peut-être le nom de son
19 feu mari. Je ne sais pas si c'est un autre -- si c'est un autre nom, si
20 c'est en fait son nom de jeune fille. Je ne le sais pas. Comme je vous dis,
21 je vais demander au témoin de qui il s'agit exactement lorsqu'on parle de
22 Mira Bojanovic.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître McCloskey.
24 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je ne vais pas énumérer toutes les fois
25 auxquelles nous vous avons demandé de nous donner des éléments pour --
26 concernant un alibi. J'ai également un courriel ici de Dzambazovic du 25
27 août -- Mme Dzambazovic, disant qu'il y a eu une session de "proofing,"
28 aucun élément supplémentaire n'est obtenu. Donc j'aimerais pouvoir avoir un
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1 résumé raisonnable, résumé clair de ce qui sera présenté par le biais d'un
2 témoin. Je sais très bien que Me Ostojic était très bien préparé pour le
3 témoin précédent. Donc ils sont sûrement bien préparés également pour ce
4 témoin-ci. Je veux avoir plus d'informations --
5 M. OSTOJIC : [interprétation] Nous allons certainement leur donner tous les
6 éléments d'information dont nous disposons, et ce, au cours de la pause,
7 bien sûr, nous pourrons nous asseoir ensemble, et je vais tout pouvoir lui
8 dire. Je ne comprends pas pourquoi
9 M. McCloskey parle constamment de l'alibi. Nous avons une autre opinion.
10 Nous avons une autre approche. Il aurait pu soulever cette question par le
11 biais d'une requête ou autre chose. Il le dit maintenant en fait l'endroit
12 où se trouvait M. Beara est pertinent mais je ne considère pas ce que ceci
13 est un alibi.
14 Je sais que Me McCloskey semble penser qu'il s'agit d'un alibi, mais
15 je connais -- je sais que d'autres accusés, qu'ils se trouvent en
16 détention, qui se trouvent au quartier pénitentiaire et qui n'ont été
17 emmenés là que dernièrement, tout le monde savait où ils étaient. Par
18 exemple, ce n'est pas un alibi si quelqu'un savait que la personne était à
19 Pale. Nous avons une autre opinion, à savoir si l'acte d'accusation parle
20 de la troisième variante d'une entreprise criminelle commune. Je ne sais
21 pas pourquoi M. McCloskey en parle.
22 Ce n'est pas une surprise non plus et je crois qu'il ne peut pas
23 établir l'endroit où se trouvaient leurs témoins non plus. Nous avons
24 essayé -- nous nous efforçons d'établir des zones là où il y a des éléments
25 qui restent en suspend. Nous avons emmené des témoins comme le Pr Remetic,
26 le Pr Wagenaar, des témoins pour lesquels ils ont connaissance depuis des
27 mois. Je ne crois pas que ceci devrait être fait de cette façon-ci.
28 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
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1 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je crois que vous comprenez quelle est
2 notre position sur la question d'alibi. Nous n'avons pas insisté là-dessus
3 depuis les ordres et le manque de substance concernant un alibi juridique.
4 Lorsque je parle d'alibi je veux simplement rappeler la Chambre et le
5 conseil : nous avons demandé d'obtenir des informations concernant les
6 allées et venues de M. Beara pendant les périodes pertinentes, et tout ce
7 que j'ai obtenu c'est ceci, quelques lignes, et nous avons maintenant une
8 contradiction matérielle, à savoir où il se trouvait ou pas, et le conseil,
9 Me Ostojic, mon éminent confrère, ne nous donne pas plus d'information.
10 C'est le premier des témoins d'une série de témoins portant sur
11 l'alibi. Et vous verrez que les [imperceptible] nous avaient dit qu'il se
12 trouvait ailleurs le 11 juillet. Donc c'est une continuation de cette même
13 façon de traiter les choses. J'aimerais avoir un meilleur résumé, et je
14 demande que ce témoin soit écarté pour l'instant avant d'obtenir plus
15 d'éléments concernant ce sujet. Ils le savent très bien de quoi il s'agit.
16 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
17 [La Chambre de première instance se concerte]
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que tout est clair dans nos
19 esprits. Nous sommes unanimes. Tout d'abord, sachez qu'il faut que nous
20 utilisions les 25 prochaines minutes pour nous entretenir avec Me Nikolic,
21 Me Ostojic, et M. McCloskey, et ce, afin de mettre les points sur les I et
22 de régler les questions en suspens afin de voir très exactement à quoi
23 aurait trait le reste de la déposition. Nous continuerons d'entendre le
24 témoin, et ensuite selon qu'il y a accord entre vous ou pas et selon
25 l'issue de la déposition, si poursuivre votre contre-interrogatoire pose
26 problème, nous tiendrons compte de votre requête et réagirons à l'avenant.
27 [La Chambre de première instance se concerte]
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons faire une pause de 25
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1 minutes. Nous nous retrouverons donc -- ah, Monsieur McCloskey.
2 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je renonce à ma requête. Vous savez, j'ai
3 eu tellement d'entretiens de ce genre et très franchement je ne vois pas
4 comment un tel entretien pourrait avoir quelque issue productive que ce
5 soit. Je ne peux pas trouver d'interprète là maintenant à l'heure du
6 déjeuner, et à brûle pour point. Ça va tout simplement avoir un impact très
7 négatif sur ma possibilité de mener un contre-interrogatoire descendant. Je
8 sais bien que vous essayez de veiller à ce que les choses s'arrangent mais
9 je retire ma requête.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Nous allons faire une pause,
11 et nous nous retrouverons à 13 heures.
12 --- L'audience est suspendue à 12 heures 36.
13 --- L'audience est reprise à 13 heures 05.
14 [Le témoin vient à la barre]
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nikolic, je vous demanderais de
16 bien vouloir vous limiter à des questions ayant trait au fond tel que
17 présenté dans votre résumé.
18 M. NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous en prie, poursuivez.
20 M. NIKOLIC : [interprétation]
21 Q. Madame Gavrilovic, vous avez indiqué dans votre réponse précédente Mira
22 et Toma Bozinovic ?
23 R. C'est exact.
24 Q. Depuis combien de temps connaissez-vous ces personnes ?
25 R. Le père de Mira et ma mère sont nés au même endroit. Je connais Mira,
26 par conséquent, depuis l'époque où nous étions adolescentes. Lorsqu'elle a
27 épousé Toma, j'ai fait sa connaissance à lui, donc cela fait pas mal de
28 temps que je les connais.
Page 24772
1 Q. Je conclus de votre réponse qu'ils sont mari et femme ?
2 R. Oui.
3 Q. Quel était le nom de jeune fille de Mira ?
4 R. Cekic c'était son nom de jeune fille.
5 Q. Quel est le métier de Mira ?
6 R. Elle a fait ses études secondaires au PTT, et puis ensuite elle a été
7 employée par les télécoms Serbie.
8 Q. Quelle était la profession de son mari ? Le savez-vous ?
9 R. Il était dans la distribution de fleurs à Belgrade ainsi que dans
10 d'autres villes un peu partout en Serbie. Je sais que Nada, la femme de
11 Ljubisa, puisqu'elle est horticultrice, ou en tout cas, ingénieur en
12 horticulture, travaillait, elle, pour un distributeur de leurs basé à
13 Split, et je sais qu'ils avaient eu l'occasion de travailler ensemble dans
14 ce business, et c'est ainsi qu'ils ont fait connaissance l'un de l'autre.
15 Q. Revenons, si vous voulez bien, à la fête, à la soirée que vous aviez
16 évoquée tout à l'heure. Pourriez-vous nous rappeler qui était présent ?
17 R. Les hôtes, Toma et Mira, étaient présents, Nada et Ljubisa, mon mari et
18 moi-même, et j'ai dit que un médecin est passé quelques instants. Djordje,
19 il était cardiologue, il est venu apporter quelques médicaments pour la
20 mère de Toma.
21 Q. Quel était le métier de votre mari ?
22 R. Mon mari a fait les études secondaires à Paris, en France, parce qu'à
23 l'époque, il se trouve que son père était représentant du bureau du
24 tourisme, fédération de Tourisme yougoslave. Il a fait donc une étude --
25 des études en économie après ses études secondaires, et ce, à Belgrade, il
26 a ensuite été employé par le bureau de représentation d'une société
27 américaine Caterpillar pour ne pas la nommer, et il a été envoyé pour
28 travailler en Iraq en tant que tel.
Page 24773
1 Q. Madame, désolé de vous poser cette question, mais votre mari vit-il
2 toujours ?
3 R. Non, il est décédé en 2001 d'un cancer du poumon.
4 Q. Qu'en est-il de Toma Bozinovic ?
5 R. Il est décédé lui également.
6 Q. Savez-vous quand il est décédé ?
7 R. Toma Bozinovic, un an à peu près après mon mari.
8 Q. Madame, vous souvenez-vous des sujets évoqués au cours des
9 conversations qui ont eu lieu entre les individus qui étaient présents à
10 cette soirée ?
11 R. Je vous ai dit que ce dont je me souviens c'est cette histoire d'Orient
12 Express, ce voyage que nous n'avions malheureusement pas pu faire. Je vous
13 ai dit les petites plaisanteries que nous avons racontées à ce sujet. Et
14 puis, oui, effectivement, Ljubisa, c'était son anniversaire ce soir-là.
15 Donc il était habillé de façon très élégante. Ça je m'en souviens, je l'ai
16 remarqué. Il portait une chemise bleu clair, il portait un blazer d'été
17 bleu marin avec des boutons dorés, double rangée de boutons et sont croisés
18 donc 1.34. Et je lui ai dit : "Mon Dieu, mais qu'est-ce que tu es bel
19 homme," et j'ai dit à Nada : "Mais comment est-ce que tu es parvenue à te
20 garder pour toi un aussi bel homme pendant de si nombreuses années ?" Et
21 puis nous avons plaisanté à ce sujet-là également.
22 Q. Combien de temps avez-vous passé à cette fête d'anniversaire ?
23 R. Nous sommes restés jusqu'à minuit à peu près ou juste après minuit.
24 Disons trois heures, à peu près.
25 Q. Est-ce que vous avez continué à avoir des contacts avec la famille
26 Beara par la suite ?
27 R. Oui, oui, nous les avons revus à plusieurs occasions ou lorsque nous
28 marchions dans la rue et que nous passions près de leur maison, nous
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1 sonnions à leur porte, nous allions prendre un café s'ils étaient là, Nada
2 toute seule ou bien s'ils étaient là tous les deux avec le deux -- ou leurs
3 enfants, parfois, étaient avec eux. Parce que leur fils et leur belle-fille
4 ne vivaient pas à Belgrade. Lorsqu'ils venaient leur rendre visite, nous
5 allions les voir également.
6 Q. Après la mort de votre époux, avez-vous gardé le contact avec eux ?
7 R. Oui, j'ai gardé le contact. Depuis -- enfin, dans la mesure était
8 excellent bricoleur, je n'avais jamais besoin de demander à quelqu'un de
9 venir faire les réparations nécessaires chez moi, à la maison. Et après son
10 décès, et je savais que Ljubisa était excellent en bricolage aussi, il
11 était capable de faire un tas de choses de ses dix doigts, et donc je
12 demandais à Ljubisa ou je demandais à Nada si Ljubisa pouvait venir
13 réparer, je ne sais pas, mon fer à repasser ou autre chose.
14 Q. Madame, désolé de devoir revenir aux événements tragiques liés à votre
15 époux, mais est-ce que tous vos amis étaient présents à l'enterrement de
16 votre mari ?
17 R. Oui. Le 5 août 2001.
18 Q. M. Beara était-il présent également ?
19 R. Oui, il était présent.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, voilà. M. McCloskey avait
21 manifestement tout à fait raison, parce que manifestement vous connaissiez
22 déjà ces informations parce que, sinon, vous n'auriez pas posé cette
23 question. Or, cela ne figure pas dans le résumé que vous avez remis à la
24 partie adverse.
25 M. NIKOLIC : [interprétation] Monsieur le Président, afin de résoudre ceci,
26 je vais mettre fin à cette question au témoin.
27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je vous demanderais effectivement
28 de bien vouloir conclure.
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1 M. NIKOLIC : [interprétation]
2 Q. Merci, Madame Gavrilovic. J'en ai fini de mes questions.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que cela signifie que je suis libre de
4 quitter le prétoire ?
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, pas encore.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Zivanovic, avez-vous des
8 questions à poser au témoin ?
9 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non, je n'ai pas de questions.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Nikolic.
11 Mme NIKOLIC : [interprétation] Non, je n'ai pas de questions.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Lazarevic ?
13 M. LAZAREVIC : [interprétation] Non, je n'ai rien à -- pas de questions à
14 poser.
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Fauveau.
16 Mme FAUVEAU : -- Monsieur le Président.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Krkvic [comme interprété].
18 M. KRGOVIC : [interprétation] Non, je n'ai pas de questions.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Sarapa.
20 M. SARAPA : [interprétation] Pas de questions.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.
22 M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
23 Contre-interrogatoire par M. McCloskey :
24 Q. [interprétation] Bonjour, Madame Gavrilovic.
25 R. Bonjour.
26 Q. Je me présente, je suis Peter McCloskey, je travaille pour le bureau du
27 Procureur. Pourriez-vous nous dire, Madame, s'il vous plaît, à quel moment
28 vous avez commencé à fouiller dans votre mémoire et à penser à cette fête
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1 d'anniversaire ?
2 R. M. Stanic m'a contactée à Belgrade, il s'est présenté comme étant
3 avocat de la Défense -- l'équipe de Défense de M. Beara. Et il m'a demandé
4 si je m'en souvenais -- il m'a demandé si je me souvenais de cette date du
5 14 juillet, il m'a demandé si je pourrais lui en parler, si je serais prête
6 à venir déposer à ce propos. Et c'est depuis cette époque-là que j'y ai --
7 j'y pense, et ça c'était il y a deux mois à peu près.
8 Q. Très bien. Il y a donc deux mois à peu près, M. Stanic vous a posé des
9 questions très précisément sur la date du 14 juillet ?
10 R. Il m'a demandé si je me rappelais la date du 14 juillet 1995 pour
11 savoir où j'étais, ce que je faisais, et cetera. Et lorsque je me le suis
12 rappelé, justement il y avait ces noces d'or, il y avait l'anniversaire de
13 Ljubisa. Et c'est ainsi, dans ces circonstances-là, que j'ai passé la
14 soirée avec eux, c'est-à-dire avec Ljubisa.
15 Q. Vous lui avez dit cela en réponse à la question que le conseil vous a
16 posée sur la date du 14 juillet ?
17 R. Oui, c'est cela.
18 Q. Par conséquent, environ 13 années par la suite, quelqu'un vous pose des
19 questions sur une date précise et, sans parler à qui que ce soit, vous êtes
20 en mesure de vous rappeler tout cela et cette fête-là d'anniversaire ?
21 Pourquoi ?
22 R. A cause, justement, de ces noces d'argent et c'est-à-dire de cet
23 anniversaire -- date d'anniversaire de notre mariage, de l'Orient Express,
24 parce qu'on a tellement rigolé là-dessus parce qu'il n'y avait pas la
25 possibilité de partir en ce voyage.
26 Q. Je comprends. Chacun devrait pouvoir se rappeler l'anniversaire -- de
27 la date d'anniversaire de son mariage, 25 années de son mariage, et cetera.
28 Aussi, on pourrait se rappeler de plans importants en cette lumière-là,
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1 mais certainement. Mais je ne vois pas très bien que -- comment, avec de --
2 une telle mémoire, vous pouvez revenir en arrière -- 13 années en arrière,
3 pour vous rappeler de la conversation que vous avez eue au sujet de
4 l'Orient Express et à ce sujet-là. Et vous l'avez fait sans problème ?
5 R. Oui, oui, sans parler évidemment de l'affaire de l'Orient Express,
6 peut-être que je l'ai dit d'une façon tout à fait spontanée, j'ai -- je
7 m'étais tournée vers Ljubisa pour lui dire : "Que tu es beau," et ensuite
8 je me suis tournée vers Nada aussi pour lui demander de m'excuser pour
9 cela, je m'en souviens, bien sûr.
10 Q. Comment se présentaient enfin les cheveux de M. Beara ?
11 R. Il -- il avait plutôt les cheveux gris -- enfin, sel et poivre plutôt
12 que bruns.
13 Q. Cheveux gris ou sel et poivre ou comment ?
14 R. Oui, plutôt cheveux gris -- gris un peu foncé.
15 Q. Et combien long était sa -- enfin, ses cheveux ?
16 R. Plutôt court. Plutôt court. Il n'avait pas de cheveux longs. Il n'était
17 pas quelqu'un qui n'avait pas de cheveux non plus.
18 Q. Est-ce que vous voyez ici pour dire -- je sais que le temps passe pour
19 chacun, les gens vieillissent; pouvez-vous nous montrer quelqu'un dont les
20 cheveux seraient de la même longueur que les cheveux de M. Beara à cette
21 époque-là ?
22 R. Voilà, ce monsieur là, à ma gauche.
23 Q. Ce monsieur-là qui vous sourit maintenant, c'est à lui que vous pensez
24 -- c'est lui que vous pensiez tout à l'heure -- pointiez tout à l'heure ?
25 R. Oui, oui.
26 Q. Il s'agit de M. Krkvic -- disait tout à l'heure.
27 R. Oui.
28 Q. Est-ce que 13 années par la suite vous pouvez vous rappeler la couleur
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1 de, par exemple, de la chemine de quelqu'un ?
2 R. Oui. Oui. J'ai une très bonne mémoire.
3 Q. Comment saviez-vous que c'était justement en date du 14 juillet qu'il
4 avait son anniversaire ? Si j'entends bien, signe astrologique celui de
5 cancer, court du 22 juin au 22 juillet, mais vous vous êtes rappelée tout
6 de suite la date exacte, ponctuelle ?
7 R. Oui.
8 Q. Est-ce que quelqu'un vous en a parlé, ou c'est vous qui vous en êtes
9 souvenue en premier ?
10 R. Je l'ai dit parce que le 14 juillet c'est la date de la chute de la
11 Bastille. Mon mari a fait ses écoles secondaires en France, souvent il
12 avait le -- de parler de cela pour nous parler comment se présentait la
13 fête de cette date en France, et toutes les fois le 14 juillet, enfin je
14 lui en parlais comme ça pour rigoler avec lui un petit peu, voilà c'est le
15 14 juillet date qui marquait une fête, date importante de la jeunesse, de
16 ton adolescence. Voilà pourquoi je m'en suis souvenu très rapidement.
17 Q. Je ne sais pas comment se présente le cas de Serbie, makis la chute de
18 la Bastille est une date importante, et qui est une date solennelle et
19 fêtée. Mais au sujet d en mesure. Beara, comment avez-vous fait en sorte
20 que vous vous en souveniez, 13 années plus tard, je disais ?
21 R. Oui, pour établir un lien je l'avais fait avant parce que je vous ai
22 dit, que depuis que j'étais mariée à mon mari toutes les fois, enfin je
23 bavardais avec lui pour rigoler avec lui pour lui dire, bien, voilà c'est
24 cette date 14 juillet qu'il y avait la chute de la Bastille, et que c'était
25 également le jour d'anniversaire de la naissance de Ljubisa.
26 Q. A quel autre ou à d'autres fêtes d'anniversaire vous étiez avec M.
27 Beara ?
28 R. Peut-être c'était la toute dernière fête d'anniversaire. Peut-être
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1 avant cela je m'y étais rendue également.
2 Q. Parlez nous un petit peu de cette fête précédente.
3 R. C'était dans leur maison, dans leur appartement. Leurs enfants étaient
4 venus. Nous étions assis pour nous entretenir de choses et d'autres. On
5 parlait de choses et d'autres, mais d'ordinaire on parlait de ce qu'on --
6 de nos lectures respectueusement, mon mari et moi, modaliste qu'ils
7 étaient, ils parlaient de modèle à lui ou ils pouvaient comment et
8 acquérir, et cetera. Voilà sur quoi on planchait -- tournait nos
9 conversations.
10 Q. En quelle année était-ce ?
11 R. C'était peut-être en 1993.
12 Q. Vous ne les avez pas ?
13 R. Si, on a fait connaissance en 1992, par conséquent, c'était fin 1992,
14 et en 1993, c'était la première année de nos connaissances.
15 Q. Par conséquent, vous n'êtes pas sûre pour parler de cette fête
16 d'anniversaire. Quelle date cette fête avait-elle lieu, la fête précédente
17 ?
18 R. Probablement en date du 14, parce que c'est ça, c'était ça sa date
19 anniversaire.
20 Q. Vous ne savez pas quelle date très exactement ?
21 R. Quand il s'agit de son anniversaire il s'agit du 14 juillet.
22 Q. Madame, vous avez dit probablement le 14 juillet. Maintenant vous êtes
23 certaine pour dire que c'était en date du 14 juillet ?
24 R. J'ai dit que pour son anniversaire à lui il s'agissait bien du 14
25 juillet. En 1993 pour célébrer sa date d'anniversaire était le 14 juillet
26 et très exactement, je ne peux pas vous dire mais c'est approximativement
27 vers ce jour-là qu'on s'était rencontré pour prendre un verre.
28 Q. De même en est-il pour parler de l'année 1995 ? Vous vous rappelez
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1 parce que vous -- cela parce que vous vous êtes réunis pour son
2 anniversaire, mais vous ne savez pas en quelle date très exactement ?
3 R. Je me souviens très bien qu'en 1995 parce que c'était la date du 14
4 juillet, et la raison en était notre fête d'anniversaire, fête d'argent, et
5 voilà, qu'on voulait se présenter l'un à l'autre s'offrir en cadeau ce
6 voyage en Orient express, voilà la raison pour laquelle je me souviens que
7 c'était en date du 14 juillet 1995.
8 Q. Et en quelle date c'était votre date d'anniversaire importante ?
9 R. Cette date de l'anniversaire de notre mariage c'était le 4 janvier,
10 mais ce soir-là le 14 juillet nous discutions justement de notre 25ième
11 anniversaire de mariage, c'est-à-dire nous avons parlé de ce voyage en
12 Orient express par ce train-là.
13 Q. Le fait que c'était en janvier que se situait votre date d'anniversaire
14 de votre mariage cela vous fait évidemment attribuer tout cela à la date
15 précisément le 14 juillet pour en parler ?
16 R. Oui, lorsque j'ai pu remarquer que Ljubisa avait une prestance du point
17 de vue de ses habits, on s'est mis à parler des circonstances dans
18 lesquelles on s'était mariés, quant à Ljubisa et Nada, puis après on
19 s'était mis à parler de notre mariage à nous, et c'est comme ça que nous
20 avons pu conclure tous les deux que c'était l'année où nous devions fêter
21 nos noces d'argent, mais pas en janvier, mais un plus tard lorsque le temps
22 devait se faire plus beau. Et c'est comme ça qu'on avait entamé ce sujet-
23 là, sujet de notre conversation.
24 Q. Et en quoi consistaient vos conversations au cours de l'année 1992 et
25 1993, lors de la fête précédente ?
26 R. C'était en 1993.
27 Q. [aucune interprétation]
28 R. Je ne saurais vous dire de quoi on parlait très précisément. C'était
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1 des sujets d'ordre général. On rigolait un petit peu, on racontait des
2 histoires, pour dire voilà que le temps passait, que la vie s'en allait, et
3 on parlait de notre âge respectivement, et cetera, de choses et d'autres.
4 Q. Et quant à M. Beara qu'avait-il sur lui, quels habits lors de cette
5 première fête d'anniversaire ?
6 R. Étant donné que ceci se passait dans leur appartement à eux, il avait
7 un tee-shirt, parce qu'il faisait assez chaud. Nous étions sur leur balcon,
8 terrasse, il avait des "blue jeans" et un tee-shirt.
9 Q. Un tee-shirt à manches courtes, ou en manches longues ?
10 R. Manches longues.
11 Q. De quelle couleur ?
12 R. Blanc -- couleur blanche, il y avait une inscription. Je ne sais pas ce
13 que c'était comme logo, mais, en tout cas, je ne m'en souviens pas -- mais,
14 en tout cas, je sais que c'était une couleur blanche -- de couleur blanche.
15 Q. Et comment se présentait le tee-shirt en V ou comment --
16 R. Je crois que c'était tout près, pas en V, tout près de --
17 Q. Qu'avait-il comme chaussures ?
18 R. Il avait des pantoufles.
19 Q. De quelle couleur ?
20 R. Sombre.
21 Q. Peu importe si c'était son anniversaire le 14 juillet, quels étaient
22 enfin ses souliers ?
23 R. Souliers plutôt sombres, noirs.
24 Q. Et quand Ljubisa Beara était venu une première fois après la mort de
25 votre mari pour faire des réparations ?
26 R. Je ne saurais vous le dire avec précision quand, quelle date, mais
27 était-ce peut-être trois ou quatre mois par la suite. Je ne saurais vous le
28 préciser.
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1 Q. Et qu'est-ce qu'il a dû faire ?
2 R. Il a dû réparer mon fer à repasser.
3 Q. Et que portait-il sur lui, à cette époque-là, ce jour-là ?
4 R. Un pardessus bleu marin qu'il avait enlevé. Il a eu un chandail, une
5 chemise.
6 Q. Lors de la fête de cet anniversaire en 1995, quel jour de la semaine
7 était-ce ?
8 R. Je ne m'en souviens pas. Je ne me souviens pas.
9 Q. Vous travailliez le dimanche à cette époque-là, vous travaillez le
10 dimanche en juillet ?
11 R. Oui, parce que mon salon de beauté se trouve dans ma maison même, dans
12 mon appartement. Lorsqu'il y avait des cas où il a fallu évidemment soigner
13 quelqu'un, ordonner, enfin prescrire telle ou telle thérapie, ceci devait
14 être le cas, évidemment. Par conséquent, je travaillais aussi le dimanche.
15 Q. Et, est-ce que vous aviez travaillé le dimanche qui précédait ou qui se
16 trouvait après l'anniversaire ou soit le dimanche avant, pendant ou après
17 l'anniversaire ?
18 R. Le jour de l'anniversaire, je travaillais. Mais comme je vous dis je ne
19 sais pas si c'était un dimanche ou de quelle journée il s'agissait
20 exactement. Maintenant, pour savoir si j'ai travaillé le dimanche suivant
21 ou le dimanche précédent, oui, j'ai travaillé les deux dimanches.
22 Q. Et, samedi, est-ce que vous travaillez aussi le samedi ?
23 R. Oui, si une thérapie l'oblige, je le fais. Par exemple, il y avait des
24 traitements de dix jours et il faut faire ce genre de traitement pendant
25 dix jours consécutifs.
26 Q. On m'apprend que le 14 juillet 1995 tombait un vendredi, c'était un
27 vendredi.
28 R. Je ne le savais pas.
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1 Q. Vous ne savez pas.
2 R. Non, je ne me souviens plus que c'était vraiment un vendredi.
3 Q. Vous nous avez dit que ce jour-là vous aviez un client qui est resté
4 longtemps dans votre salon; est-ce que vous pouvez nous dire si le samedi
5 après l'anniversaire vous êtes retournée travailler ?
6 R. Oui. C'était une thérapie qui devait se terminer justement samedi. Une
7 thérapie que je devais faire de samedi à samedi, donc pendant sept jours
8 consécutifs. C'était une thérapie où il fallait donner des antibiotiques et
9 faire d'autres traitements pour que le traitement fonctionne.
10 Q. Et, Monsieur Beara, est-ce que vous savez où il était avant que vous ne
11 le voyiez à cet anniversaire, cette fête d'anniversaire ?
12 R. Je ne sais pas où il était. Je sais lorsque Mira et Toma nous ont
13 invités, ils nous ont dit qu'ils seraient chez eux. Ils ont dit de venir à
14 la maison, je sais où il était ce jour-là, mais je ne sais pas où il était
15 la veille.
16 Q. Que vous a dit M. Stanic concernant cela ?
17 R. Non, M. Stanic m'a simplement demandé d'essayer de me rappeler du 14
18 juillet 1995. Il m'a demandé d'essayer de me rappeler ce que j'ai fait ce
19 jour-là, en date du 14 juillet 1995; et je lui ai dit ce que je faisais ce
20 jour-là et que, dans la soirée, nous étions allés chez Mira et Toma parce
21 que Nada Ljubisa serait chez eux car c'est son anniversaire, et donc de
22 venir fêter cet anniversaire chez eux.
23 Q. Et combien de temps avez-vous passé avec M. Stanic il y a quelques mois
24 ?
25 R. Nous sommes restés peut-être une demi-heure ou 35 ou 45 minutes
26 ensemble, rien de plus. Il m'avait d'abord appelé au téléphone, il m'a
27 demandé s'il pouvait venir me voir car il devait s'entretenir avec moi. Il
28 est venu chez moi, il m'a posé ces questions, je lui ai dit ce qui en
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1 était, voilà.
2 Q. Et, quand est-ce que vous vous êtes entretenu avec un autre conseil de
3 l'équipe de M. Beara, à quel autre moment ?
4 R. Encore une fois, M. Stanic m'a appelé et m'a demandé si j'accepterais
5 de le dire ouvertement dans un tribunal, de parler de ce que j'ai fait ce
6 jour-là. Et je lui dis que oui, il n'y a pas de problème.
7 Q. Et c'était quand, quand est-ce qu'il vous a contactée ?
8 R. La deuxième fois, quand il m'a téléphoné pour me demander si
9 j'accepterais de venir témoigner.
10 Q. Oui.
11 R. C'était il y a environ un mois.
12 Q. Après lui avoir parlé une première fois il y a quelques mois, en fait,
13 pourriez-vous nous donner quand est-ce que c'était, cet entretien a eu lieu
14 quand, à quel moment ?
15 R. Je ne peux pas vous donner de date. Je ne me souviens pas de la date.
16 Je ne connais pas la date exacte, je l'ignore.
17 Q. Et, quand est-ce que c'était ? Quel était le mois de l'année ?
18 R. C'était peut-être en avril, oui, voilà. Je me suis entretenue avec M.
19 Stanic soit au mois de mars ou au mois d'avril.
20 Q. Quel jour de la semaine était-ce ?
21 R. Je l'ignore. Je l'ignore réellement. Je n'estimais pas que c'était
22 quelque chose qu'il fallait graver dans ma mémoire.
23 Q. Je sais qu'en répondant à cette question, vous m'avez regardé, vous
24 avez souri comme en voulant dire comment voulez-vous que je me souvienne de
25 cette date-là, n'est-ce pas ?
26 R. Oui, je ne me souviens pas de cette date-là.
27 Q. Est-ce que M. Stanic vous a dit sur quoi allait porter votre
28 déposition, et de quoi il en est, s'agissant de l'affaire de M. Beara, les
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1 charges qui pèsent contre lui ?
2 R. Non, en fait, il m'a demandé concrètement si je me souvenais de ce que
3 je faisais, qu'est-ce que j'ai fait le 14 juillet. Il m'a demandé ce que je
4 faisais ce jour-là, ce que j'ai fait dans la soirée du 14 juillet 1995. Je
5 lui ai dit la même chose que je lui ai dit ici et c'est tout. Nous n'avons
6 pas parlé de M. Beara, il ne m'a rien mentionné concernant M. Beara. M.
7 Stanic m'a simplement demandé de voir si je me souvenais de la date du 14
8 juillet 1995. Et, il m'a dit qu'il fait partie de la Défense de Ljubisa
9 Beara, bien sûr, que c'est ainsi qu'il s'est présenté, et il m'a demandé de
10 lui parler du 14 juillet. Je lui ai répondu. Ensuite, il m'a dit :
11 "D'accord, alors est-ce que vous seriez d'accord pour venir déposer devant
12 un juge, si c'était nécessaire ?" Et, j'ai dit que oui, il n'y avait pas de
13 problème.
14 Q. Et, qu'est-ce que vous pensez -- qu'est-ce que vous aviez pensé
15 lorsqu'il s'est présenté à vous comme étant l'un des conseils de la Défense
16 -- l'un des membres de l'équipe de la Défense de M. Beara ?
17 R. Non, mais je ne savais pas. J'ai présumé que c'était une date qui est
18 importante pour la Défense de Ljubisa Beara, pour sa Défense.
19 Q. Défense de quoi ?
20 R. Je ne sais pas. Je savais que Ljubisa Beara était ici à La Haye, c'est
21 quelque chose que je savais, mais je pensais que c'était une date
22 importante pour ce qui est des accusations alléguées contre lui. Mais
23 j'ignore d'ailleurs maintenant de quoi il est accusé exactement.
24 Q. Génocide, meurtre ? Cela ne vous dit rien ?
25 R. Oui, je le sais. Je l'ai lu dans les médias et entendu par les médias
26 également, mais je ne sais pas si Beara a vraiment pris part à cela, je
27 l'ignore. Nous n'avions -- nous n'en avons jamais parlé non plus. Chaque
28 fois que nous nous sommes rencontrés, avant, pendant et après, nous n'avons
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1 jamais parlé de ces sujets ou tout du moins devant nous, devant les femmes
2 qui étaient présentes, il n'a jamais été question de ce type de sujet.
3 Q. Donc le 14 juillet 1995 et ce supposé -- cette supposée fête qui a eu
4 lieu, on n'a jamais parlé de Srebrenica même si on parlait de Srebrenica
5 partout à la radio et l'on -- tous les journaux en parlaient ?
6 R. Non. Et si justement l'un des hommes essayait de poser une telle
7 question, il disait : "Non, nous sommes ici pour mon anniversaire. Nous
8 n'allons pas parler de cela, ne me posez pas de questions à ce sujet, s'il
9 vous plaît." Alors nous n'avons jamais discuté de quoi que ce soit de ce
10 type-là.
11 Q. Et qui a entamé ce sujet ?
12 R. Mon mari. Il lui arrivait des fois de poser ce type de questions, mais
13 Ljubisa Beara n'a jamais voulu en parler ou, tout du moins, pas pendant que
14 j'étais présente. Je ne sais pas si les hommes, quand ils se retrouvaient
15 seuls entre eux, parlaient de ce -- de ce type de choses. Mais devant nous,
16 les femmes, Ljubisa ne permettait pas que ce genre de sujet soit abordé en
17 notre présence.
18 Q. Et alors, lorsque vous étiez entre femmes ou lorsque les hommes étaient
19 entre eux pendant la soirée en question, pendant la fête, est-ce que vous
20 pouvez nous dire de quoi il était question, donc, entre vous, les femmes,
21 et entre les hommes, s'agissant de Srebrenica ?
22 R. Non. Ce jour-là, personne n'a parlé de Srebrenica, il n'y a pas eu de
23 sujet abordé à ce -- sur ce thème. On n'a pas du tout mentionné Srebrenica.
24 On n'a pas du tout parlé de la guerre, de toute façon.
25 Q. Et, le fait de devoir retourner sur le terrain à la guerre ?
26 R. Vous me demandez pour la soirée -- pour la soirée en question -- pour
27 cette soirée-là ?
28 Q. Oui, je vous parle du 14 juillet 1995.
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1 R. Non. Pendant la soirée -- pendant la fête, nous n'avons jamais parlé de
2 cela.
3 Q. Donc, il y a quelques mois, soit au mois de mars ou au mois d'avril, M.
4 Stanic vous appelle et vous demande de vous voir pour lui parler de ce
5 sujet qui est important. Vous savez que M. Beara est à La Haye, vous savez
6 qu'il y a une accusation qui pèse contre lui relativement au génocide et
7 aux meurtres, mais vous ne pouvez pas nous dire quand est-ce que M. Stanic
8 vous a contactée ? Vous ne pouvez même pas nous dire à quel -- de quel mois
9 de l'année il s'agissait ?
10 R. Non, absolument pas. Non.
11 M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai presque
12 terminé. Mais avec votre permission, j'aimerais consulter mes notes et voir
13 si j'ai d'autres questions.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En fait, j'attendais pour voir si vous
15 avez terminé, mais donc je vous comprends très bien.
16 Alors, Madame, vous allez devoir revenir demain matin et ce ne sera pas
17 très long. Nous n'avons pas terminé votre audition, alors vous allez devoir
18 revenir demain et Mme l'Huissière vous escortera hors du prétoire.
19 Nous allons reprendre nos travaux à 9 heures demain matin. Merci.
20 [Le témoin quitte la barre]
21 --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le jeudi 28 août 2008,
22 à 9 heures 00.
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