Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 18 septembre 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 14 heures 22.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Madame la Greffière, veuillez

  7   appeler l'affaire, s'il vous plaît.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,

  9   Mesdames, Messieurs les Juges. Il s'agit de l'affaire

 10   IT-05-88-T, le Procureur contre Vujadin Popovic et consorts.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame. Je note que les accusés

 12   sont présents. Du côté de la Défense, je note l'absence de Mes Bourgon,

 13   Lazarevic, Ostojic, Krgovic et Haynes.

 14   Alors que du côté de l'Accusation, je note la présence de M. McCloskey, M.

 15   Thayer. Le témoin est également présent dans la salle d'audience. Alors

 16   nous pouvons commencer.Bonjour, Maître Nikolic, et bonjour, Monsieur

 17   Nikolic.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 19   LE TÉMOIN: MILISAV NIKOLIC [Reprise]

 20   [Le témoin répond par l'interprète]

 21   Mme NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour,

 22   Madame, Messieurs les Juges.

 23   Interrogatoire principal par Mme Nikolic : [Suite]

 24   Q.  [interprétation] Vous souvenez-vous --

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nikolic, il vous faut soit vous

 26   rapprocher du micro ou parler dans un autre micro. Les interprètes ont du

 27   mal à vous entendre. Merci.

 28   Mme NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je tenterai de

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  1   parler dans le micro.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je demande aux interprètes si c'est

  3   mieux.

  4   L'INTERPRÈTE : Les interprètes répondent que oui.

  5   Mme NIKOLIC : [interprétation] Merci, je m'excuse auprès des interprètes.

  6   Q.  En 1992 lorsque la guerre a éclaté en Bosnie, que s'est-il passé avec

  7   la famille de Drago Nikolic ?

  8   R.  Drago se trouvait à Sarajevo avec sa famille. A ce moment-là, lorsque

  9   la guerre a éclaté, il était dans la caserne. Il était déjà mobilisé. Son

 10   épouse se trouvait à l'hôpital militaire. Il avait réussi à transférer les

 11   enfants à Pale.

 12   Q.  Vous souvenez-vous de ce qui est arrivé avec les filles de votre frère

 13   en 1992 après qu'il les ait transférées à Pale ?

 14   R.  Je me souviens que Drago m'a appelé le 6 avril 1992, tôt le matin, pour

 15   me dire qu'il les avait transférées à Pale, et il m'a dit de venir les

 16   chercher et de les amener chez moi à la maison. J'ai demandé au voisin avec

 17   lequel j'étais parti en direction de Pale de m'accompagner.

 18   Entre-temps, Drago avait appelé notre frère aîné Dragan d'aller chercher

 19   les enfants à Pale. Dragan était allé chercher les enfants, il les a amenés

 20   à Kravica et c'est là que je les ai accueillis, je me suis occupé d'eux. Et

 21   je les ai amenés chez moi à Novi Sad.

 22   Q.  Quel âge avaient les filles à ce moment-là ?

 23   R.  Dragana était âgée de 13 ans et Vida avait 11 ans.

 24   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire si Dragana et Vida étaient restées à

 25   Novi Sad pendant un certain temps chez vous avec votre famille ?

 26   R.  Elles sont restées jusqu'à la fin du mois de juillet de cette année.

 27   Car après mon retour de Pale, je les ai inscrites à l'école de Novi Sad;

 28   elles ont terminé l'année scolaire en question à Novi Sad.

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  1   Q.  Et c'était en 1992 ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Au cours du séjour des enfants de Drago dans votre famille, de quelle

  4   façon est-ce que Vida et Dragana ont vécu le fait d'être séparées de leurs

  5   parents ?

  6   R.  C'était très difficile pour elles. La cadette, Vida, pleurait sans

  7   cesse et chaque fois qu'elle rentrait de l'école, elle me demandait

  8   toujours : Oncle, est-ce que papa a appelé ? Elles étaient très tristes,

  9   leurs parents leur manquaient terriblement. Elles étaient inquiètes, car

 10   elles ne savaient pas ce qui allait leur arriver.

 11   Q.  Est-ce que vous et votre épouse, vous vous occupiez d'elles du meilleur

 12   de votre capacité ?

 13   R.  Nous avons tout fait pour combler ce manque de parents. Nous ne les

 14   avions pas séparées de nos enfants, par exemple. Nous les traitions comme

 15   nos enfants. En d'autres mots, nous leur permettions d'aller aux excursions

 16   avec d'autres élèves de l'école pour qu'il n'y ait pas de différences entre

 17   elles et les autres élèves.

 18   Q.  Entre le mois d'avril et le mois de juin 1992, lorsque Drago et son

 19   épouse sont venus chercher les enfants, est-ce que vous aviez des nouvelles

 20   d'eux au cours de ces quelques mois ?

 21   R.  Nous n'avions rien entendu jusqu'à la mi-juin au sujet de Drago, la

 22   première fois que nous l'avons vu, c'est lorsqu'il est venu à Novi Sad,

 23   alors que son épouse était venue avant lui, vers la mi-mai. Et comme je

 24   vous l'ai dit, Drago est arrivé vers la mi-juin.

 25   Q.  Après son départ de Sarajevo, est-ce que vous savez où votre frère

 26   Drago a été affecté ?

 27   R.  Après Sarajevo, il a passé quelques jours chez moi, et ensuite il a été

 28   muté à Sekovici.

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  1   Q.  Est-ce que vous savez à quel moment Drago Nikolic a rejoint les rangs

  2   de la Brigade de Zvornik ?

  3   R.  Oui. C'était en janvier 1993.

  4   Q.  Pour ce qui est de la famille, j'aimerais vous demander quel rapport

  5   avaient Drago et votre épouse Ruza ? Comment s'entendaient-ils ?

  6   R.  Drago et mon épouse s'entendaient très bien. Ils se respectaient

  7   mutuellement. Drago avait beaucoup de respect pour mon épouse, il lui avait

  8   confié ses enfants alors que les circonstances étaient difficiles.  Et il

  9   la respectait énormément et était reconnaissant du fait qu'elle se soit

 10   occupée de ses enfants.

 11   Q.  Avant le départ de votre frère à l'école militaire, en tant que jeune

 12   homme, quel genre de personne était-ce ?

 13   R.  C'était une personne joviale, de bonne humeur, les personnes l'aimaient

 14   beaucoup dans son entourage, et le voisinage l'aimait bien aussi.

 15   Q.  Après son retour de l'école militaire, est-ce qu'il avait changé ?

 16   R.  Oui, il était devenu plus sérieux, il était devenu plus introverti. Ce

 17   n'était pas comme avant, il n'était plus la même personne, il avait changé.

 18   Q.  Est-ce que vous saviez ce qui avait causé ce changement ?

 19   R.  Très souvent, il disait qu'il lui était très difficile d'être séparé de

 20   la famille pendant les quatre ans, parce qu'il devait aller dans cette

 21   école où il passait toutes ses journées. Il ne venait à la maison que

 22   pendant quelques jours, et les vacances d'été étaient beaucoup plus courtes

 23   que pour ce qui est des écoles civiles.

 24   Q.  J'aimerais vous demander quelque chose, on va changer de sujet. Pendant

 25   la guerre entre 1992 et 1994, est-ce que vous êtes allé en Bosnie ?

 26   R.  Nous avions trois frères là-bas et nos parents y étaient également,

 27   donc j'y allais très souvent.

 28   Q.  En juillet 1995, est-ce que vous étiez en Bosnie ?

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  1   R.  En juillet de 1995, je suis parti au début du mois de juillet, je suis

  2   allé rendre visite à mon frère et à mes parents, j'avais quelque chose à

  3   faire là-bas. Je suis rentré le 9 juillet, et à ce moment-là les activités

  4   de combat avaient déjà commencé autour de Srebrenica, et puisque j'étais

  5   accompagné de mon épouse et de mes enfants, à la suggestion de mon frère

  6   Dragan, je suis retourné à Novi Sad.

  7   Q.  Est-ce que vous aviez vu Drago avant de rentrer à la maison ce week-

  8   end-là ?

  9   R.  Oui. J'étais allé le voir à la caserne, j'ai passé un peu de temps là-

 10   bas.

 11   Q.  Lorsque vous entriez dans la caserne pour voir votre frère, quelle

 12   était la procédure que vous deviez suivre pour ce qui est de la caserne de

 13   la Brigade de Zvornik ?

 14   R.  Il y avait à l'entrée des policiers, des officiers qui vérifiaient ma

 15   carte d'identité, et il arrivait que l'un deux m'escorte au bureau de

 16   Drago, mais il leur arrivait également de l'appeler, il descendait à ce

 17   moment-là et nous montions ensemble dans son bureau.

 18   Q.  Etant donné que vous aviez été informé que les activités de combat

 19   avaient commencé après votre retour à Novi Sad, aviez-vous essayé de voir

 20   ce qui était arrivé avec votre frère, qui était à la Brigade de Zvornik, et

 21   vos autres frères ?

 22   R.  Oui. J'appelais très souvent, je me renseignais sur Drago, mais j'étais

 23   plus inquiet pour Bora, puisque quelques jours après, je crois que c'était

 24   en date du 14 juillet, j'ai entendu du père de la femme de Bora dire que

 25   Bora ce jour-là était sur le terrain à Ordc pour faire un ratissage de

 26   terrain.

 27   Q.  Est-ce que vous vous souvenez d'un événement qui a marqué votre famille

 28   au mois de juillet 1995 ?

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  1   R.  Oui. Mon cousin Dusan Nikolic a été tué.

  2   Q.  De quelle façon avez-vous appris le décès de Dusan

  3   Nikolic ?

  4   R.  J'avais appelé Drago pour lui demander s'il savait où Boro se trouvait.

  5   Lorsqu'il n'a pas répondu, j'ai appelé à la maison parce que je l'avais

  6   d'abord appelé au bureau, je pensais qu'il était peut-être parti déjeuner à

  7   la maison. Il a répondu depuis la maison et il m'a dit qu'il ne savait pas

  8   où Boro se trouvait, mais qu'il allait m'informer lorsqu'il serait retour à

  9   la caserne.

 10   Q.  Vous a-t-il appelé effectivement ?

 11   R.  Oui, il m'a appelé dans l'après-midi. Sur un ton très ému, il m'a

 12   informé que Dusko avait été tué. Je lui ai demandé s'il savait où Boro se

 13   trouvait, il m'a répondu par la négative.

 14   Q.  Est-ce que vous savez c'était en quelle date ?

 15   R.  C'était le 16 juillet, c'est à ce moment-là que Dusko a été tué.

 16   Q.  En juillet 1995, êtes-vous allé à Zvornik après cette nouvelle ?

 17   R.  Lorsque Drago m'a informé de ce fait, dans la demi-heure qui a suivi,

 18   accompagné de mon voisin je suis parti en direction de Zvornik puisque je

 19   n'avais pas mon propre véhicule. Lorsque je suis arrivé à Zvornik, j'ai

 20   trouvé mon frère Borislav sur le pont à Karakaj. Après cela, je suis rentré

 21   chez lui, à la maison avec lui. Ensuite, nous sommes allés à l'appartement

 22   de la sœur de Dusko. Elle s'appelle Mara Milosevic. La famille s'était

 23   réunie là-bas dans son appartement. Je voulais [comme interprété] leur

 24   faire mes condoléances. C'est là que j'ai trouvé Drago. Il y avait d'autres

 25   membres de la famille également. Ils essayaient d'organiser les funérailles

 26   qui allaient suivre le lendemain. Drago a voulu organiser les funérailles.

 27   Q.  Est-ce que vous avez assisté à l'enterrement de Dusan Nikolic ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Quand est-ce que c'était, ces funérailles ?

  2   R.  Les gens sont partis vers midi de Zvornik et je crois que les

  3   funérailles mêmes avaient lieu à 15 heures.

  4   Q.  Vous nous avez parlé des liens étroits que vous aviez avec Drago et vos

  5   frères. Est-ce que Drago vous a parlé de son service dans l'armée, de son

  6   travail qu'il avait à Sarajevo et plus tard à Zvornik et Sekovici ?

  7   R.  Quelques fois, j'ai essayé de parler là-dessus avec lui, surtout quand

  8   j'étais plus jeune, pourtant il a toujours refusé d'en parler. Il me disait

  9   que c'était un secret militaire pour moi.

 10   Q.  Connaissiez-vous quelques-uns des collègues de Drago parmi les

 11   officiers avec qu'il était à Sarajevo pendant qu'il était au service à

 12   Sarajevo ? Quelles étaient ses relations avec ces collègues, ces officiers

 13   ?

 14   R.  A Sarajevo je connaissais beaucoup de personnes, j'allais à Sarajevo

 15   plusieurs fois. Je connais Milidrag, Lizdek, Matic. La plupart d'entre eux,

 16   je les connais de vue. Avec toutes ces personnes, il avait de bonnes

 17   relations pour autant que je sache. Ils venaient avec lui chez nous à

 18   Kravica dans notre maison familiale. Lorsque son enfant est décédé, toutes

 19   ces personnes venaient à l'enterrement parmi lesquelles il y avait des

 20   personnes que je ne connaissais pas.

 21   Q.  Pouvez-vous nous répéter les noms, vous avez dit Matic et après je

 22   pense Milidrag ?

 23   R.  Marinko, Milidrag, oui.

 24   Q.  Savez-vous quelles étaient les relations de Drago avec ses collègues

 25   dans la brigade plus tard ?

 26   R.  A Zvornik, je connaissais moins ses collègues. Je voyais quelques-unes

 27   de ces personnes de temps en temps. Mais Boro me disait qu'il avait de

 28   bonnes relations avec ses collègues de Zvornik.

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  1   Q.  Est-ce qu'il avait des problèmes avec certains de ces collègues ?

  2   R.  Après qu'il était parti à la retraite, à une occasion il a dit

  3   qu'Obrenovic l'a appelé - je ne sais pas quel grade avait Obrenovic à

  4   l'époque - et Obrenovic a insisté à ce qu'ils se rencontrent. Lorsqu'ils se

  5   sont rencontrés, il a dit à Drago que lui-même et les autres - je ne sais

  6   pas à qui il pensait - qu'ils allaient avoir des problèmes.

  7   Q.  Est-ce que Drago vous a dit pourquoi il lui avait dit

  8   cela ?

  9   R.  Il m'a dit qu'Obrenovic le soupçonnait d'être membre d'un complot

 10   contre lui. Rien de plus, il m'a dit seulement cela. Il a soupçonné Drago

 11   d'être impliqué dans un complot contre lui avec les autres. C'est tout ce

 12   qu'il m'a dit.

 13   Q.  Quand, pour la première fois, avez-vous entendu qu'un acte d'accusation

 14   ait été établi contre votre frère devant le Tribunal international ?

 15   R.  En automne 2002.

 16   Q.  Où Drago vivait-il, à l'époque, avec sa famille ?

 17   R.  Dans sa maison à Banja Koviljaca.

 18   Q.  L'avez-vous contacté après avoir appris qu'un acte d'accusation avait

 19   été établi contre lui et est-ce que son mode de vie avait changé ?

 20   R.  Oui, je l'ai contacté -- je le fréquentais souvent et il venait à Novi

 21   Sad pour travailler. Après quoi, il revenait chez lui et il venait encore à

 22   Novi Sad et revenait chez lui, et ainsi de suite. J'ai essayé de lui

 23   trouver du travail.

 24   Q.  Savez-vous que la famille restreinte de Drago avait des désagréments

 25   après que l'acte d'accusation avait été établi ?

 26   R.  Je sais que son épouse et sa fille cadette ont été convoquées au poste

 27   de police à Zvornik.

 28   Q.  Est-ce qu'on vous a jamais convoqué au poste de police, est-ce que

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  1   quelqu'un vous a contacté pour poser des questions sur Drago ou est-ce que

  2   les membres de votre famille ont été convoqués ?

  3   R.  Non. Personne ne m'a contacté ni m'a demandé de faire cela. J'ai

  4   continué à rendre visite à mes parents. En Bosnie, au poste-frontière, on

  5   m'a demandé mes papiers d'identité et c'était tout.

  6   Mme NIKOLIC : [interprétation] Je dois revenir à une erreur qui s'est

  7   glissée au compte rendu, Monsieur le Président, il s'agit de la page 8,

  8   ligne 21. Mon collègue m'a attiré l'attention sur cette erreur. A la fin de

  9   la ligne 21, à la place du mot "nous," le témoin a dit lui, il l'a dit à

 10   Drago. Mais je peux poser la même question à nouveau.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que c'est assez clair.

 12   Continuez, Maître Nikolic.

 13   Mme NIKOLIC : [interprétation]

 14   Q.  Avez-vous jamais parlé à votre frère concernant l'acte d'accusation

 15   établi à son encontre et concernant les événements qui font l'objet de cet

 16   acte d'accusation ?

 17   R.  Je lui ai parlé de l'acte d'accusation souvent. C'était très dur pour

 18   lui. Il m'a dit que ce qui figurait dans l'acte d'accusation n'était pas

 19   vrai.

 20   Q.  Depuis le mois d'octobre 2002 jusqu'au mois de mars 2005, avez-vous

 21   jamais parlé avec Drago concernant sa reddition au Tribunal international à

 22   La Haye après octobre 2002, après que l'acte d'accusation ait été établi à

 23   son encontre ?

 24   R.  Je lui ai parlé à plusieurs reprises.

 25   Q.  Qu'est-ce qu'il vous a dit à cette occasion-là ?

 26   R.  Dans le pays tout entier, il y avait une campagne généralement répandue

 27   dans toutes les médias, à la télé, la campagne dont l'objectif était

 28   d'éviter à ce qu'ils se rendent et ils disaient que les autres officiers

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  1   qui avaient les grades plus élevés que lui ne se sont pas encore rendus. Il

  2   était inquiet pour sa famille. Son épouse est très malade. Ses enfants, à

  3   ce moment-là, n'avaient pas de postes à durée indéterminée, il n'était pas

  4   prêt à se rendre.

  5   Q.  Quel était votre conseil à lui par rapport à cela ?

  6   R.  Je lui ai dis que c'était sa décision et seulement sa décision à lui,

  7   mais j'ai dit également que je le soutiendrais et je serais de son côté.

  8   Q.  Est-ce que Drago a décidé de se rendre au Tribunal international à La

  9   Haye à un moment donné ? Qu'est-ce que vous en savez ?

 10   R.  Il m'a appelé au mois de mars 2005, au début du mois de mars, pour

 11   qu'il parle avec moi. Le 12 mars, il est venu me voir, il m'a dit qu'il

 12   avait décidé de se rendre, qu'il ne pouvait plus supporter cette pression

 13   exercée sur lui et sur sa famille et que les autres ont commencé à se

 14   rendre aussi. Il m'a demandé d'entrer en contact avec quelqu'un du

 15   gouvernement de la Serbie au sujet de sa reddition.

 16   Q.  Est-ce que vous l'avez aidé à se rendre ?

 17   R.  Le 12, j'ai pris contact avec les personnes du gouvernement et on s'est

 18   mis d'accord pour que nous venions le 14, que nous soyons reçus au

 19   gouvernement le 14. Avec mon épouse et avec Drago, je suis parti à

 20   Belgrade. On s'est garé près du bâtiment du gouvernement de la Serbie. Je

 21   suis allé à la réception pour me présenter, des personnes sont descendues

 22   et Drago est parti avec eux au gouvernement pour négocier sa reddition.

 23   Après quelque temps, ils sont descendus et ils ont dit que Drago

 24   devait partir à La Haye le 17.

 25   Q.  Le 17 mars ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Monsieur Nikolic, vous nous avez parlé de votre famille, vous avez

 28   parlé de relations entre vos frères et vous-même et les relations dans la

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  1   famille de Drago. Pouvez-vous me dire, pendant toutes ces années pour ce

  2   qui est de ses amis, est-ce que Drago a jamais fait preuve d'intolérance

  3   religieuse et nationale dans le cadre de sa famille et dans les relations

  4   avec ses amis ?

  5   R.  Non, jamais. Il n'a pas fait preuve d'intolérance religieuse, ethnique

  6   ou nationale. Il était d'orientation yougoslave. Il fréquentait les gens

  7   qui appartenaient à tous les groupes religieux et ethniques. Je peux vous

  8   parler, à titre d'exemple, de la relation qu'il entretenait avec mon

  9   épouse, qui est catholique, ainsi qu'avec ses parents à elle. Il les

 10   fréquentait souvent lorsqu'il était chez moi. Il les appelait pour leur

 11   souhaiter de bonnes fêtes religieuses, à mon épouse également, et même

 12   aujourd'hui il demande des nouvelles du père de mon épouse.

 13   Q.  A la fin, Monsieur Nikolic, j'aimerais que vous répondiez à une

 14   dernière question. Selon vous, quel est le caractère ou la personnalité de

 15   votre frère et quelles sont ses relations avec les gens dans la communauté

 16   où vous grandissiez ensemble ?

 17   R.  Mon frère Drago était toujours un homme qui travaillait beaucoup, qui

 18   était très assidu, qui était aimé de sa famille et de sa communauté. Il

 19   voulait aider tout le monde et les gens respectaient cela. Et lorsque la

 20   Chambre de première instance a permis à mon frère de venir pour célébrer

 21   une messe après 40 jours du décès de notre père, un grand nombre de

 22   personnes, un grand nombre de voisins, d'amis, de membres de notre famille

 23   étaient venus pour célébrer cette messe, pour présenter leurs condoléances

 24   à toute la famille, et surtout à Drago, après la mort de son père, de notre

 25   père, et pour montrer dans quelle mesure ils le respectaient.

 26   Q.  Merci, Monsieur Nikolic.

 27   Mme NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, je n'ai plus

 28   de questions à poser à ce témoin.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Nikolic. Maître

  2   Zivanovic, c'est à vous.

  3   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je n'ai pas de questions pour ce témoin.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nikolic.

  5   M. NIKOLIC : [interprétation] Non plus.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Maître Gosnell.

  7   M. GOSNELL : [interprétation] Je n'ai pas de questions.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Fauveau.

  9   Mme FAUVEAU : [interprétation] Pas de questions.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Josse.

 11   M. JOSSE : [interprétation] Pas de questions.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Sarapa.

 13   M. SARAPA : [interprétation] Non.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Thayer, vous avez la parole.

 15   M. THAYER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour à tout

 16   le monde.

 17   Contre-interrogatoire par M. Thayer : 

 18   Q.  [interprétation] Je m'appelle Nelson Thayer. Je vais vous poser des

 19   questions au nom du bureau du Procureur.

 20   R.  Bonjour.

 21   Q.  Vous avez dit hier et vous avez répété aujourd'hui que vous n'aviez pas

 22   été mobilisé dans la VRS pendant la guerre. Pouvez-vous dire aux Juges de

 23   quelle façon vous avez exercé votre service militaire pendant la guerre ?

 24   R.  Aucunement. Je partais en Bosnie en tant que civil. Je suis citoyen de

 25   la Serbie. Je vivais en Serbie et je partais en Bosnie uniquement pour

 26   rendre visite à certaines personnes.

 27   Q.  Pendant la guerre, avez-vous servi dans l'ancienne République de

 28   Yougoslavie, à l'époque la République fédérative de Yougoslavie ?

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  1   R.  Non. A l'époque, je n'ai pas servi dans l'armée de la République

  2   fédérative de Yougoslavie non plus.

  3   Q.  Aviez-vous une obligation de travail ou y avait-il une autre raison

  4   pourquoi pendant cette période-là vous n'avez pas servi dans l'armée ?

  5   R.  Je travaillais normalement à Novi Sad où je vivais. Il ne s'agissait

  6   pas d'une obligation de travail, c'était mon emploi. Et en 1983 et 1984,

  7   j'ai fait mon service militaire obligatoire.

  8   Q.  Votre frère aîné, Dragan, comment faisait-il son service militaire

  9   pendant la guerre ?

 10   R.  Mon frère Dragan a été mobilisé au début de la guerre.

 11   Q.  Dans quelle unité servait-il ?

 12   R.  Dragan a été mobilisé aux effectifs de réserve de la police avant la

 13   guerre. Et pendant la guerre, il était dans l'unité à Kravica où il est

 14   resté jusqu'au mois de mars 1993, où on lui a amputé une jambe, après quoi

 15   il a été démobilisé.

 16   Q.  Si je fais bien le calcul, votre frère Dragan est votre frère aîné,

 17   après lui il y a votre frères Drago, ensuite votre frère Borislav, qui est

 18   votre frère cadet, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Je pense qu'hier vous avez dit que Borislav a eu un diplôme de la

 21   faculté des mines. Est-ce qu'il était étudiant de l'académie militaire ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  Est-ce qu'il a eu une formation pour servir dans la police ou dans un

 24   autre organe des forces publiques ?

 25   R.  Mon frère Borislav a fait son service national militaire en 1984 et

 26   1985, et je ne me souviens pas dans quelle arme il était dans l'armée. Je

 27   sais qu'il a fait son service militaire à Nis.

 28   Q.  Est-ce qu'on peut dire qu'avant la guerre en Bosnie, il n'a pas suivi

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  1   une formation particulière pour servir dans la police ou dans un autre

  2   organe des forces publiques ?

  3   R.  Je ne sais pas quelle formation il a eue dans l'armée, mais je pense

  4   que hors l'armée il n'a eu aucune formation.

  5   Q.  Est-ce que votre frère Drago a jamais aidé votre frère cadet Borislav

  6   ou est-ce qu'il a utilisé ses relations pour l'aider, pour que Borislav

  7   devienne membre de la Compagnie de la police militaire de Zvornik et de ne

  8   pas rester un simple soldat ou une recrue sur la ligne de front ?

  9   R.  Je ne sais pas s'il l'a aidé à faire cela, je sais qu'avec Drago

 10   j'avais souvent des disputes, parce que je lui disais qu'il devait faire

 11   tout pour que Boro ne parte pas au front où il y avait des combats

 12   violents.

 13   Q.  Savez-vous quand votre frère Drago a essayé ou a réussi à aider

 14   Borislav à ne pas aller sur le front ?

 15   R.  Dans ma réponse précédente, j'ai dit que Boro partait sur le front où

 16   il y avait des combats, et moi j'ai dit à Drago qu'il devait faire tout

 17   pour qu'il ne parte pas.

 18   Q.  Est-ce que votre frère Drago a jamais essayé d'intervenir de quelque

 19   façon que ce soit pour que Borislav ne soit pas sur les lignes de front

 20   pendant la guerre ?

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Nikolic ?

 22   Mme NIKOLIC : [interprétation] Je pense que le témoin a déjà répondu à

 23   cette question à deux reprises.

 24   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je ne pense pas que le

 25   témoin ait répondu à cette question. Il a dit qu'il y avait des désaccords

 26   entre eux mais j'ai voulu savoir s'il avait essayé de le faire et s'il

 27   avait réussi à le faire.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous pouvez donner votre réponse.

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, il n'a jamais aidé, ou je ne suis pas au

  2   courant de cela.

  3   M. THAYER : [interprétation]

  4   Q.  Monsieur, vous savez en tout cas qu'en juillet 1995 des centaines et

  5   des centaines de Musulmans, d'hommes musulmans et de garçons de Srebrenica

  6   avaient été détenus à l'école à Orahovac, et qu'à la proximité de l'école

  7   où ils ont été exécutés, n'est-ce pas ?

  8   R.  Je n'en sais rien.

  9   Q.  Est-ce que vous témoignez que jamais vous n'avez entendu dire que cela

 10   est arrivé ?

 11   R.  Non, je ne déclare pas cela. Dans les médias il y avait divers articles

 12   et il y avait également des reportages à la télé. Mais moi,

 13   personnellement, je n'en sais rien.

 14   Q.  Monsieur, nous possédons des informations qui proviennent des membres

 15   de la Brigade de Zvornik, à savoir de la compagnie de la police militaire,

 16   selon lesquelles vos frères Drago et Borislav étaient tous les deux à

 17   l'école à Orahovac ce jour-là, à savoir où l'exécution a eu lieu ?

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Juste un instant, s'il vous plaît. Est-

 19   ce que vous parlez anglais ? Est-ce que vous comprenez l'anglais, Monsieur

 20   Nikolic ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pas du tout ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Pas du tout.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vais vous demander d'enlever vos

 25   écouteurs pendant quelques instants.

 26   Mme NIKOLIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, et Messieurs

 27   les Juges. Je peux simplement parler anglais, je ne peux pas parler en

 28   serbe pour m'adresser à vous, n'est-ce pas ? Je vais faire de mon mieux.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.

  2   Mme NIKOLIC : [interprétation] A mon avis, ce témoin a déjà dit très

  3   clairement qu'il n'avait été mobilisé, qu'il n'était pas ressortissant

  4   citoyen de Bosnie-Herzégovine, et qu'il n'a pas participé à la guerre en

  5   Bosnie, qu'il ne vit pas non plus en Bosnie, et il a déjà dit aussi qu'il

  6   ne sait rien de ces événements. Tout ce dont il a entendu parler, c'est par

  7   les médias. Je pense que cette question est déplacée. La question est tout

  8   à fait déplacée.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous vous avons comprise, Madame. Vous

 10   voulez répondre, Monsieur Thayer ?

 11   M. THAYER : [interprétation] Oui, en quelques mots à peine. Ce témoin nous

 12   l'a dit, il a discuté de l'acte d'accusation avec M. Nikolic, qu'il a

 13   contacté après l'attaque de l'enclave, il a un souvenir très précis de

 14   certaines dates qui se situent vers le milieu du mois de juillet 1995. Je

 15   crois que j'ai parfaitement le droit de sonder ces questions et ces

 16   questions précises qui portent sur le fait de savoir ce qui s'est passé à

 17   Orahovac, je voudrais mettre à l'épreuve les souvenirs qu'a ce témoin ainsi

 18   que sa crédibilité.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ce sera tout. En anglais, Maître

 20   Nikolic ?

 21   Mme NIKOLIC : [interprétation] Pendant l'interrogatoire principal, je n'ai

 22   pas parlé d'Orahovac pendant les questions que j'ai posées. Et je n'ai

 23   jamais parlé de l'acte d'accusation ni des chefs d'acte d'accusation

 24   concernant ce lieu pendant l'interrogatoire principal.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

 26   [La Chambre de première instance se concerte]

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous concluons que votre objection

 28   n'est pas retenue, Maître Nikolic, en effet, le fait de ne pas s'être

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  1   retrouvé dans la guerre, de ne pas avoir fait partie des effectifs de la

  2   VRS, de ne pas avoir des connaissances de première main de ce qui s'était

  3   passé à Orahovac avant d'en entendre parler par les médias, ça n'a rien à

  4   voir avec les autres informations que recherche l'Accusation.

  5   Monsieur Nikolic, vous pouvez chausser vos écouteurs.

  6   Vous aviez commencé à répondre, mais je pense que vous n'aviez pas

  7   terminé. Reprenons la page 16, lignes 20 à 23, Monsieur Thayer.

  8   M. THAYER : [interprétation] Oui, je pense que nous nous apprêtions à

  9   reprendre cette question.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 11   M. THAYER : [interprétation] Effectivement, je reprends le fil de notre

 12   départ à cet endroit précis.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien.

 14   M. THAYER : [interprétation] Selon les informations que nous avons reçues

 15   de deux membres la police militaire de la compagnie de Zvornik, Goran

 16   Bogdanovic et Cedo Jovic, nous sommes que le jour des exécutions à

 17   Orahovac, votre frère - plus exactement le chauffeur de votre frère Drago -

 18   est arrivé à l'école alors que les prisonniers avaient déjà été placés à

 19   l'intérieur de la salle des sports. On a appelé votre frère cadet Borislav

 20   qui a été amené en voiture. M. Bogdanovic en avait un souvenir très précis.

 21   Quant à M. Jovic, voici ce qu'il a dit à ce propos. Il a dit que ce signal

 22   était suffisant pour savoir qu'avant même qu'il se passe quelque chose, il

 23   fallait nous permettre - et même si ça signifiait qu'il fallait prendre des

 24   risques en raison d'une responsabilité éventuelle plus tard - qu'il

 25   faudrait effectivement s'enfuir de cet endroit. Et d'après cette

 26   déclaration qu'ils nous ont faite, ils ont effectivement pris la fuite. Ils

 27   se sont enfuis de cet endroit.

 28   Vous avez dit que comme vous étiez frères, vous vous entraidiez, quand vous

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  1   grandissiez, pendant toute votre vie. Est-ce que Drago ou Borislav vous

  2   auraient dit que Drago avait envoyé son chauffeur à l'école d'Orahovac pour

  3   que Borislav soit amené, sorti cet endroit ?

  4   R.  Non.

  5   Q.  Est-ce que votre frère Drago vous a jamais dit qu'il s'était trouvé à

  6   l'école le 13 ou le 14 juillet ?

  7   R.  Monsieur, je l'ai déjà dit que ce soit en temps de paix comme en temps

  8   de guerre, jamais il ne m'a fait part de ce genre de chose. Il ne m'en a

  9   jamais parlé de ce genre de chose et je n'ai aucune réponse à donner à

 10   votre question.

 11   Q.  Si j'ai bien compris, lorsque vous lui avez demandé quelles étaient ses

 12   fonctions, ses activités, il a répondu que c'était un secret militaire.

 13   Mais ici je parle de quelque chose qui est indéniablement quelque chose

 14   dont on a beaucoup parlé, un massacre qui a fait couler beaucoup d'encre.

 15   Vous nous avez dit que vous avez discuté de l'acte d'accusation avec votre

 16   frère et qu'il vous avait dit que les choses qui s'y trouvaient dans cet

 17   acte d'accusation n'étaient pas vraies. Je vais donc vous poser quelques

 18   questions concernant certains de ces événements pour voir si vous avez

 19   abordé ces sujets précis avec lui.

 20   Est-ce qu'il lui est arrivé de vous dire qu'il était en colère après ce qui

 21   s'était passé à Orahovac ?

 22   R.  Je n'ai jamais lu l'acte d'accusation. Je n'ai jamais discuté des

 23   détails de l'acte d'accusation avec lui. Il n'a jamais mentionné aucun de

 24   ces détails.

 25   Q.  Est-ce qu'il vous est arrivé d'entendre ce récit, le récit d'un jeune

 26   Musulman qui avait été blessé pendant les exécutions de masse à Orahovac,

 27   qui avait été amené à l'hôpital de Zvornik ? Je suis sûr que votre frère a

 28   dû vous dire toute sa colère après cela ?

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Essayez de ne pas formuler vos

  2   questions de cette façon-ci. Parce que la première partie de votre question

  3   aurait suffi.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais les médias, la presse, la télévision ont

  5   raconté toutes sortes d'histoires. Je ne me souviens pas de cela à propos

  6   de ce garçon. En tout cas, Drago ne m'en a pas parlé Ça fait des années

  7   qu'on écrit ce genre de choses. Il se peut que j'aie bien lu quelque chose

  8   de ce genre à un moment donné, mais je n'en sais rien.

  9   M. THAYER : [interprétation]

 10   Q.  Le Drago Nikolic que vous connaissez, quand il est en famille avec

 11   vous, quand il s'est comporté comme un fils de la famille, est-ce que vous

 12   acceptez l'idée qu'il avait peut-être un comportement différent lorsqu'il

 13   était soldat pendant la guerre et qu'il devait accomplir son devoir de

 14   soldat ?

 15   R.  Je ne comprends pas vraiment votre question. Je sais que mon frère est

 16   un homme juste, honnête --

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Passez à votre question suivante. Le

 18   témoin n'était pas avec son frère quand celui-là travaillait que ce soit

 19   pendant la guerre ou après.

 20   M. THAYER : [interprétation]

 21   Q.  Ma dernière question sera celle-ci : est-ce qu'à un moment donné, que

 22   ce soit pendant la guerre ou en tout cas sûrement après la guerre, est-ce

 23   que votre frère aurait exprimé une tristesse, des regrets, de la compassion

 24   pour les milliers d'hommes et de garçons de Srebrenica qui ont été exécutés

 25   dans sa zone de responsabilité ?

 26   R.  Je vous l'ai dit, nous n'avons jamais discuté de ce genre de choses. Je

 27   ne saurais vous dire s'il a manifesté ce genre de sentiment puisqu'on n'en

 28   a jamais parlé.

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  1   M. THAYER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur. Je n'ai plus

  2   d'autres questions à vous poser.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez des questions

  4   supplémentaires, Maître Nikolic.

  5   Mme NIKOLIC : [interprétation] Non. Merci, Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est ainsi que se termine votre

  7   déposition, Monsieur Nikolic. Le Service des Victimes et des Témoins va

  8   vous aider à entrer chez vous. Je tiens à vous remercier au nom de la

  9   Chambre de première instance d'être venu déposer et je vous souhaite un bon

 10   retour chez vous.

 11   [Le témoin se retire]

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nikolic, vous avez utilisé

 13   quelques pièces, n'est-ce pas ?

 14   Mme NIKOLIC : [interprétation] Oui. Je pense que la liste des documents a

 15   été distribuée, elle contient deux documents.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Elle suscite des objections de votre

 17   part ?

 18   M. THAYER : [interprétation] Non. Merci.

 19   M. McCLOSKEY : [aucune interprétation]

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suppose qu'il n'y aura pas

 21   d'objection de la part des autres équipes de la Défense. Donc  les

 22   documents seront versés. Vous-même vous n'avez pas de document, n'est-ce

 23   pas, Monsieur Thayer ?

 24   M. THAYER : [interprétation] Non.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien. Bien, passons au témoin

 26   suivant.

 27   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Madame.

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suis Président de la Chambre et je

  3   tiens à vous souhaiter la bienvenue ici. Je sais que ce n'est pas une

  4   occasion agréable que celle-ci, mais l'équipe de la Défense de votre père

  5   vous a appelée à la barre en vue d'une déposition, et il convient, avant le

  6   début de cette déposition, que vous prononciez une déclaration solennelle

  7   pour dire qu'au cours de cette déposition, vous allez dire toute la vérité.

  8   Vous avez à vos côtés Mme l'Huissière qui vous remet le texte de cette

  9   déclaration solennelle. Je vous demande de la prononcer, ce sera ainsi le

 10   serment que vous faites devant nous.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 12   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 13   LE TÉMOIN: VIDA VASIC [Assermentée]

 14   [Le témoin répond par l'interprète]

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame. Veuillez vous asseoir.

 16   Mettez-vous à l'aise.

 17   Maître Nikolic, vous avez la parole.

 18   Mme NIKOLIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 19   Interrogatoire principal par Mme Nikolic : 

 20   Q.  [interprétation] Bonjour, Madame Vasic.

 21   R.  Bonjour.

 22   Q.  Nous allons bientôt nous présenter, mais je vous rappelle qu'il faut

 23   que vous parliez suffisamment fort pour que les interprètes vous entendent.

 24   Il faut aussi que nous fassions une pause entre questions et réponses pour

 25   qu'il n'y ait pas de chevauchement et pour que tout soit bien consigné au

 26   compte rendu d'audience.

 27   R.  D'accord.

 28   Q.  Je suis Maître Nikolic, et je défends les intérêts de votre père, Drago

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  1   Nikolic.

  2   Pourriez-vous nous donner votre prénom, votre nom de famille ainsi que

  3   votre nom de jeune fille.

  4   R.  Je m'appelle Vida Vasic, née Nikolic.

  5   Q.  Quel est votre lieu et quelle est votre date de naissance ?

  6   R.  Je suis née le 3 octobre 1980, à Sarajevo.

  7   Q.  Vous êtes la fille de Drago Nikolic, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui, Drago Nikolic est mon père.

  9   Q.  Quel est votre métier actuellement ?

 10   R.  Je suis vendeuse.

 11   Q.  Est-ce que vous avez un diplôme, quel fut votre parcours scolaire ?

 12   R.  Je suis diplômée de l'école moyenne inférieure en tant que technicienne

 13   en économie, comme nous le disons chez nous, dans le domaine de l'économie.

 14   Q.  Vous souvenez-vous avoir fourni une déclaration le 23 avril 2008 à

 15   l'équipe de la Défense de M. Drago Nikolic ?

 16   R.  Oui, je m'en souviens.

 17   Q.  Est-ce que vous avez eu l'occasion de relire cette déclaration au cours

 18   des quelques jours qui ont précédé votre déposition d'aujourd'hui ?

 19   R.  Oui, je l'ai relue.

 20   Mme NIKOLIC : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, en

 21   application de l'article 92 ter du Règlement, j'aimerais donner lecture du

 22   résumé de la déclaration dudit témoin.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y.

 24   Mme NIKOLIC : [interprétation] Le témoin habite à Mali Zvornik, en Serbie.

 25   Son père est Drago Nikolic. Elle a une sœur qui s'appelle Dragana, et ils

 26   avaient un frère cadet, Dragisa, qui est mort en 1990 suite à une maladie

 27   grave qui l'a touché quand il avait 8 ans.

 28   Le témoin se souvient qu'après le début de la guerre à Sarajevo en avril

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  1   1992, Drago Nikolic les avaient emmenées, elle et sa sœur, à Pale où ils

  2   ont passé trois jours. Ensuite, le frère de Drago Nikolic est arrivé et les

  3   a emmenées à Novi Sad, chez leur oncle Milisav Nikolic. Drago Nikolic et

  4   Milena Nikolic sont restés, eux, à Sarajevo.

  5   Le témoin et sa sœur ont passé deux ou trois mois à Novi Sad où elles ont

  6   terminé l'année scolaire. Leur mère, Milena, les a rejointes un mois plus

  7   tard. Elles ont revu Drago Nikolic pour la première fois en juin 1992.

  8   Au cours de l'été de 1992, ils se sont installés à Sekovici, puis sont

  9   allés s'installer à Zvornik où ils ont passé le reste de la guerre. En

 10   juillet 1995, ils habitaient à Zvornik. Le témoin se souvient du 16 juillet

 11   1995, journée au cours de laquelle leur oncle Dusan Nikolic a été tué. Le

 12   témoin se souvient de ce jour-là, car en plus de son oncle qui avait été

 13   tué ce jour-là, il se fait que c'était aussi l'anniversaire de sa mère

 14   Milena ce jour-là. Et la famille essayait toujours de fêter les

 15   anniversaires ensemble.

 16   Le témoin se souvient que ce jour-là Drago Nikolic est revenu à la maison

 17   pour déjeuner avec la famille puisque c'était l'anniversaire de la mère du

 18   témoin. Le témoin ne sait plus exactement quand il est arrivé, mais d'après

 19   les souvenirs qu'elle a de cette journée-là, elle pense que Drago est resté

 20   à la maison jusque vers le milieu de l'après-midi.

 21   Le 16 juillet 1995, alors qu'ils étaient à la maison, on leur a appris que

 22   Dusan Nikolic avait été tué. Toute la famille était ébranlée car Drago et

 23   Dusan Nikolic étaient très proches. Le témoin se souvient que Mara

 24   Milosevic, la sœur de Dusan Nikolic, a appelé dans l'après-midi. Elle a

 25   demandé à parler à Drago Nikolic. Elle a appelé, parce qu'elle voulait

 26   savoir ce qui s'était passé avec Dusan, mais Drago Nikolic avait déjà

 27   quitté la maison à ce moment-là. Le témoin savait déjà que Dusan Nikolic

 28   avait été tué à ce moment-là mais ni elle ni sa mère n'ont voulu le dire à

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  1   sa tante Mara.

  2   Le témoin se souvient que son père avait joué un rôle très important au

  3   niveau des funérailles et qu'il était parti le lendemain du jour où Dusan

  4   avait été tué.

  5   Voilà, j'ai terminé la lecture du résumé, mais j'ai une question.

  6   Mme LE JUGE PROST : [interprétation] Excusez-moi, Maître Nikolic, mais

  7   regardez page 24, ligne 22. On a ici, en anglais, quelque chose qui dit que

  8   c'était l'anniversaire de sa mère à lui, ce déjeuner qui avait été

  9   organisé, que c'était pour fêter cet anniversaire. Alors que, dans le

 10   résumé, on dirait que c'est la mère du témoin. Pourriez-vous éclaircir ce

 11   point.

 12   Mme NIKOLIC : [interprétation] Effectivement, je vais répéter ma question.

 13   Q.  Est-ce que c'était bien l'anniversaire de votre mère, Madame le Témoin

 14   ?

 15   R.  Oui, c'était l'anniversaire de ma mère à moi.

 16   Q.  Je vous remercie. Je viens de lire le résumé de votre déclaration, est-

 17   ce qu'il est le reflet fidèle et exact de la déclaration que vous avez

 18   fournie à l'équipe de la Défense ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Les faits que vous mentionnez dans votre déclaration sont-ils exacts,

 21   fidèles à la vérité ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Est-ce que si les mêmes questions vous étaient reposées aujourd'hui,

 24   vous donneriez dans vos réponses les mêmes faits que ceux qui se retrouvent

 25   ici dans votre déclaration ?

 26   R.  Oui.

 27   Mme NIKOLIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame et Messieurs

 28   les Juges, je demande maintenant le versement de la déclaration préalable

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  1   de Vida Vasic.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Nous parlerons du versement des

  3   documents plus tard. Je suppose qu'il n'y aura pas d'objection de la part

  4   de l'Accusation ?

  5   M. THAYER : [interprétation] Non.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suppose donc -- plus exactement,

  7   vous pouvez partir de l'idée que cette déclaration est désormais versée au

  8   dossier.

  9   Mme NIKOLIC : [interprétation] C'était la pièce 3D474. Je n'ai que quelques

 10   questions supplémentaires, mais il reste quelques minutes à peine avant la

 11   pause. Le moment se prête peut-être bien à la pause maintenant.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien. Nous allons faire une pause

 13   de 25 minutes.

 14   --- L'audience est suspendue à 15 heures 42.

 15   --- L'audience est reprise à 16 heures 14.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous écoute, Maître Nikolic.

 17   Mme NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 18   Q.  Madame Vasic ou Vida, vous avez passé un certain temps dans la famille

 19   de votre oncle et de votre tante, vous y êtes restée environ deux mois.

 20   Est-ce que vous vous souvenez combien de temps êtes-vous restée à Novi Sad

 21   en 1992, c'est-à-dire est-ce que vous vous souvenez à quel moment vos

 22   parents vous ont-ils rejointe à Novi Sad en 1992 ?

 23   R.  Oui, je me souviens. D'abord, c'est ma mère Milena qui est venue et

 24   deux mois plus tard mon père nous a rejoints.

 25   Q.  Est-ce que, s'agissant de vos parents, vous aviez des nouvelles d'eux

 26   pendant cette période ?

 27   R.  Non. Je n'avais aucune nouvelle de mes parents puisqu'ils étaient

 28   restés à Sarajevo.

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  1   Q.  Comment vous sentiez-vous pendant cette période d'être séparée de votre

  2   famille ? Est-ce que cela vous a affectée ?

  3   R.  C'était très difficile puisque ma sœur et moi-même nous étions très

  4   proches de nos parents. A ce moment-là, j'allais à l'école même l'année

  5   scolaire avait été reconnue, mais à chaque jour j'allais à l'école quand

  6   même. Chaque jour quand je rentrais de l'école, je demandais à mon oncle

  7   Milisav de me dire s'il avait des nouvelles de mes parents et si mes

  8   parents avaient réussi à sortir de Sarajevo.

  9   Q.  Comment pourriez-vous nous décrire, Madame Vasic, les relations dans

 10   votre famille ? Je parle de votre père.

 11   R.  Je suis très fière que Drago Nikolic soit mon père. Je suis très fière

 12   de tout l'amour et de tout l'appui qu'il m'a donnés. C'était un merveilleux

 13   père. Il n'a jamais haussé la voix dans la maison. Il ne nous a jamais

 14   grondées ni moi ni ma sœur. Nous réussissions à régler tous les problèmes

 15   en discutant. Nous parlions entre nous très souvent. Il passait tout son

 16   temps libre avec nous. Il s'occupait de nous, de notre scolarité, même si

 17   ma sœur et moi, Dragana, nous avions de très bonnes notes. Chaque fois

 18   qu'il était nécessaire, il nous aidait concernant les devoirs, il nous a

 19   toujours aidées à faire nos devoirs et il nous a toujours écoutées. Il

 20   assistait régulièrement aux réunions de parents. Il s'occupait réellement

 21   de notre scolarité, de notre éducation, il passait tout son temps libre

 22   avec nous. Il nous faisait faire des promenades.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nikolic.

 24   Mme NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 25   Q.  Madame Vasic, si vous souhaitez prendre une pause, nous pouvons nous

 26   arrêter maintenant.

 27   Mme NIKOLIC : [interprétation] De toute façon, Monsieur le Président, je

 28   n'aurai plus de questions pour ce témoin.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord, oui. Merci beaucoup. Je crois

  2   qu'il n'est pas nécessaire de demander à d'autres conseils de la Défense

  3   s'ils ont des questions à poser, j'imagine que personne n'en a, peut-être

  4   Me McCloskey seulement.

  5   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je n'ai pas

  6   de questions pour Mme Vasic.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous n'en avons pas non plus,

  8   permettez-moi de consulter mes collègues. Alors, Madame Vasic, cela met fin

  9   à votre témoignage. Au nom du Tribunal, je souhaiterais vous remercier

 10   d'être venue jusqu'ici pour déposer dans cette affaire. Au nom de toutes

 11   les personnes présentes dans ce prétoire, je souhaiterais vous souhaiter

 12   bon voyage et bon retour à la maison.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 14   [Le témoin se retire]

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc il n'y a pas de pièces non plus à

 16   présenter, j'imagine ?

 17    Maître Nikolic.

 18   Mme NIKOLIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] A l'exception de la déclaration --

 20   Mme NIKOLIC : [interprétation] Oui, si j'ai bien compris, cette déclaration

 21   avait été versée au dossier et acceptée en tant que pièce. O

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, tout à fait. Le témoin suivant est

 23   M. Milosevic si je ne m'abuse, n'est-ce pas ? Dragan Milosevic ?

 24   Mme NIKOLIC : [interprétation] Oui, tout à fait, Monsieur le Président.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il s'agit également d'un témoin 92 ter,

 26   n'est-ce pas ?

 27   Mme NIKOLIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 28   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur Milosevic.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bienvenue au Tribunal pénal

  4   international pour l'ex-Yougoslavie. Vous êtes sur le point de déposer dans

  5   l'affaire dont le nom de l'accusé est Drago Nikolic. Avant que vous ne

  6   déposiez, nous allons vous demander de prononcer une déclaration

  7   solennelle. Le texte de cette déclaration vous sera remis par Madame

  8   l'Huissier.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 10   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 11   LE TÉMOIN: DRAGAN MILOSEVIC [Assermenté]

 12   [Le témoin répond par l'interprète]

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nikolic, je vous écoute, c'est à

 14   vous.

 15   Mme NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Interrogatoire principal par Mme Nikolic : 

 17   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Milosevic.

 18   R.  Bonjour.

 19   Q.  Nous nous sommes déjà rencontrés ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Pour le compte rendu d'audience, pourriez-vous, je vous prie, donner

 22   votre nom et votre prénom.

 23   R.  Je m'appelle Dragan Milosevic.

 24   Q.  Où êtes-vous né et quand ?

 25   R.  Je suis né le 10 décembre 1951 dans le village de Jalovik, municipalité

 26   de --

 27   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas saisi le nom.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] -- en Serbie.

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  1   Mme NIKOLIC : [interprétation]

  2   Q.  Qu'est-ce que vous avez fait comme études ?

  3   R.  J'ai fait des études à l'école pour enseignants de Sabac et je

  4   travaille en ce moment comme enseignant à l'école élémentaire de Sabac.

  5   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire si, pendant la guerre en 1992 et

  6   1993, vous avez été mobilisé dans des unités dans la Republika Srpska ?

  7   R.  Oui, j'ai été mobilisé. J'ai été mobilisé pendant environ cinq mois. Au

  8   début, j'ai été mobilisé du 12 mai au 3 août 1992. A deux reprises, j'ai

  9   été mobilisé en 1995, du 27 mars au 29 avril et du 15 juillet jusqu'à la

 10   fin du mois d'août, pour être plus précis, le 30 août 1995.

 11   Q.  Merci. J'aimerais vous poser une question pour le compte rendu

 12   d'audience : quelle est votre profession ?

 13   R.  Je suis enseignant et je travaille à l'école élémentaire comme

 14   enseignant, l'école élémentaire de Sveti Sava à Zvornik.

 15   Q.  A quel moment avez-vous été démobilisé ?

 16   R.  J'ai été démobilisé le 30 août 1995.

 17   Q.  Vous souvenez-vous d'avoir donné une déclaration à l'équipe de la

 18   Défense de Drago Nikolic le 23 avril 2008 ?

 19   R.  Oui, je me souviens d'avoir donné une déclaration.

 20   Q.  Avez-vous eu l'occasion de lire votre déclaration avant de la signer et

 21   est-ce que vous avez eu l'occasion de les relire avant de venir ici ?

 22   R.  Oui. Dans les deux cas, oui.

 23   Mme NIKOLIC : [interprétation] Conformément à l'article 92 ter, je

 24   souhaiterais donner lecture d'un résumé de cette déclaration.

 25   Le témoin vit à Zvornik, il est enseignant de l'école élémentaire à

 26   Zvornik. La femme du témoin s'appelle Mara Milosevic, c'est la sœur du feu

 27   Dusan Nikolic qui a été tué et qui est le cousin de Drago Nikolic. Le

 28   témoin faisait une obligation de travail pendant la guerre en tant

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  1   qu'enseignant à école élémentaire de Sveti Save à Zvornik.

  2   Il a été mobilisé au sein du bataillon de réserve de la Brigade de

  3   Zvornik et il se souvient que, dans la nuit entre le 15 et le 16 juillet

  4   1995, il se trouvait dans la caserne Standard. Le 16 juillet 1995, tôt dans

  5   l'après-midi, le témoin se trouvait sur le cimetière de Zvornik, car il

  6   assistait aux funérailles d'un soldat tué. C'est là qu'il a appris de Drago

  7   Gajic que Dusan Nikolic avait été tué.

  8   Le témoin se souvient qu'entre 15 heures et 16 heures, il s'est rendu au

  9   commandement de Standard, il y a trouvé Drago Nikolic qui était très ému et

 10   ébranlé. Dusan et Drago avaient été inséparables depuis leur enfance et

 11   jusqu'à la mort de Dusan. Le témoin, accompagné de Drago Nikolic et Mico

 12   Petkovic, allait informer l'épouse Mara lui relatant cet événement

 13   tragique. Le 16 juillet 1995 dans l'après-midi, et ce, jusqu'au 17 juillet

 14   1995 jusqu'à tard dans la soirée, Drago Nikolic était avec eux, il a

 15   organisé les funérailles du feu Dusan Nikolic qui a été  enterré au

 16   cimetière de Kravica le 17 juillet 1995.

 17   Q.  Ceci met fin à la lecture du résumé recueilli conformément à l'article

 18   92 ter. Je voudrais vous demander, Monsieur, si ce que je viens de lire

 19   reflète votre déclaration, celle que vous avez donné préalablement ?

 20   R.  Oui, tout à fait, dans son ensemble.

 21   Q.  Les faits dont je viens de faire état dans cette déclaration, sont-ils

 22   véridiques, vrais et précis ?

 23   R.  Oui, tout à fait. Tout ce que vous avez évoqué est la vérité.

 24   Q.  Est-ce que si vous deviez être interrogé sur ces faits vous auriez dit

 25   la même chose que ce qui figure dans cette déclaration ?

 26   R.  Oui, tout à fait.

 27   Mme NIKOLIC : [interprétation] Je demanderais, Monsieur le Président, que

 28   la pièce 3D475 de ce témoin soit versée au dossier.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections ? Aucune

  2   objection. Maître Nikolic, cette pièce est versée au dossier. Veuillez

  3   poursuivre.

  4   Mme NIKOLIC : [interprétation] Merci beaucoup.

  5   Q.  Monsieur Milosevic, dites-moi, depuis quand connaissez-vous Drago

  6   Nikolic ?

  7   R.  Depuis que j'ai commencé mon travail à l'école élémentaire Petar Kocic

  8   à Kravica, enfin, depuis 1975 [comme interprété]. J'habitais tout près de

  9   la maison natale de Drago Nikolic, je le connais en tant qu'élève depuis

 10   1983 [comme interprété].

 11   Q.  A quel moment est-ce que vous êtes devenus plus proches ?

 12   R.  Lorsqu'en 1977 je me suis marié avec sa cousine Mara Nikolic, c'est là

 13   que nous sommes devenus plus proches. Nous nous fréquentions encore plus

 14   lorsqu'il a déménagé à Zvornik en --

 15   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas saisi la date.

 16   Mme NIKOLIC : [interprétation]

 17   Q.  Pour le compte rendu d'audience à la page 32, ligne 18, pourriez-vous,

 18   je vous prie, répéter les années ? Donnez-nous l'année où vous avez

 19   rencontré pour la première fois Drago Nikolic lorsque vous avez été engagé

 20   à Kravica.

 21   R.  C'était en 1973.

 22   Q.  Non, pas 1993, n'est-ce pas ?

 23   R.  Non. En 1973, excusez-moi.

 24   Q.  Etant donné que Drago Nikolic et sa famille vous les connaissez,

 25   d'après les réponses que vous nous avez données, depuis près de 30 ans,

 26   pourriez-vous nous décrire de quel type d'homme s'agit-il ? Que pouvez-vous

 27   nous dire sur lui, sa personne ?

 28   R.  Je le connais depuis l'âge de 16 ans. Je pourrais vous dire énormément

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  1   de choses sur lui, mais je peux vous dire qu'en tant que membre de leur

  2   famille élargie, il s'agit d'un homme qui était particulièrement bien

  3   respecté. En tant que jeune homme, en tant qu'élève et dans sa famille.

  4   C'est une personne qui est qui est aimée. Il a toujours été prêt à venir en

  5   aide à tous les membres de sa famille étroite et sa famille élargie.

  6   Malheureusement, il a vécu une tragédie dans la famille qui l'a

  7   beaucoup marqué et il a perdu son fils. Après cela, ses cheveux sont

  8   devenus complètement gris, ce qui était très marqué. En 1993, depuis qu'il

  9   a commencé à fréquenter ma famille, nous nous voyions encore plus souvent

 10   et nous étions voisins.

 11   Q.  Merci, Monsieur Milosevic.

 12   Mme NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Madame,

 13   Messieurs les Juges. Je n'ai plus d'autres questions pour ce témoin.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il d'autres membres des équipes

 15   de la Défense qui souhaiteraient poser des questions à ce témoin ? Non.

 16   Monsieur McCloskey.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, j'aurais quelques questions.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je vous écoute.

 19   Contre-interrogatoire par M. McCloskey : 

 20   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur. Je m'appelle Peter McCloskey et je

 21   représente l'Accusation dans cette affaire. Je suis substitut du Procureur

 22   en l'espèce.

 23   Pourriez-vous me dire, s'il vous plaît, où vous habitiez au mois de

 24   juillet 1995, où résidiez-vous ?

 25   R.  En juillet 1995, j'habitais à Zvornik dans la rue Brace Jugovica B7,

 26   troisième étage, appartement numéro 15, et c'est là que j'habite à ce jour.

 27   Q.  Aviez-vous des parents, des membres de votre famille qui vivaient dans

 28   la région de Kravica en juillet 1995 ?

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  1   R.  En juillet 1995, à Kravica, j'avais les frères de ma femme ils y

  2   habitaient ainsi que ses oncles. C'est tout.

  3   Q.  Fort bien. Je souhaiterais préciser quelque chose. Dans votre

  4   déclaration, vous dites qu'en date du 16 juillet, vous montiez une garde

  5   d'honneur au cimetière de Zvornik pour un soldat qui avait été tué, Rajko

  6   Smiljanic. Est-ce que vous pourriez confirmer ces dates pour cette

  7   déclaration ?

  8   R.  Je me souviens très bien de ces dates. J'avais été mobilisé tard dans

  9   l'après-midi. Il y avait une intempérie à Zvornik. Puisque j'étais membre

 10   de ce bataillon, j'avais été choisi pour me trouver à la tête de cortège

 11   funèbre à Karakaj. A l'époque, il y avait deux enterrements. Je me souviens

 12   bien de Rajko Smiljanic, c'est le fils d'un gérant de magasin à Zvornik.

 13   Puisque j'ai travaillé à cet endroit, dans cette ville, pendant plusieurs

 14   années, je me souviens très bien de cet événement.

 15   Q.  Vous êtes tout à fait sûr que cette cérémonie a eu lieu le 16 juillet ?

 16   R.  Oui, tout à fait. J'en suis absolument certain.

 17   Q.  Dans votre déclaration, on peut lire que, tout de suite après

 18   l'enterrement, entre 16 heures et 17 heures, vous dites que vous êtes allé

 19   au commandement, au bâtiment Standard, et c'est là que vous avez rencontré

 20   Drago Nikolic. Lorsque vous dites ceci dans votre rapport, est-ce que c'est

 21   immédiatement après les funérailles ou bien est-ce que c'est quelque temps

 22   plus tard ? Etait-ce immédiatement après l'enterrement que vous êtes allé

 23   dans la caserne Standard et pourquoi y êtes-vous allé, de toute façon ?

 24   Pourquoi êtes-vous allé à la caserne de Standard ?

 25   R.  Après avoir tiré quelques coups de feu d'honneur pour le feu soldat

 26   Smiljanic, Rajko, nous parlions avec son père et nous attendions l'arrivée

 27   d'un autre cortège funèbre. Je ne me souviens pas du nom de l'autre

 28   personne. Mais entre-temps, un soldat est venu m'informer de quelque chose,

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  1   c'était un soldat qui était au commandement de Zvornik, il m'a donné cette

  2   nouvelle tragique que j'avais perdu Dusan Nikolic, mon parrain. On m'a

  3   permis de partir et on m'a dit d'informer les personnes nécessaires au

  4   bâtiment Standard pour que la famille de ce dernier puisse savoir de quoi

  5   il en est.

  6   Q.  Si j'ai bien compris, on vous a permis d'aller au bâtiment Standard

  7   pour donner la mauvaise nouvelle à Drago Nikolic ?

  8   R.  Non. On m'a dit d'aller au Standard. Là-bas, au Standard, j'y ai trouvé

  9   Drago Nikolic qui avait déjà entendu la nouvelle. Avec lui et Milos

 10   Petkovic, Mica Petkovic de son surnom, nous sommes allés à Zvornik pour

 11   informer ma femme, sa sœur et pour aller informer son épouse, Mila.

 12   Q.  Est-ce que vous saviez depuis combien de temps Drago Nikolic savait que

 13   cette tragédie avait eu lieu avant que vous ne le voyiez ?

 14   R.  Je ne le sais pas. Je ne savais pas si Drago avait appris cette triste

 15   nouvelle beaucoup de temps avant moi ou peu de temps avant que je ne lui

 16   dise. Nous savions, à l'armée, qu'il y avait eu des conflits à Baljkovica

 17   et qu'il y avait des personnes tuées, mais je ne savais pas qui c'était. Je

 18   ne peux pas vous dire non plus à quel moment Drago a appris cette triste

 19   nouvelle.

 20   Q.  Quelle heure était-il lorsque vous avez vu Drago à la caserne de

 21   Standard ?

 22   R.  Il m'est bien difficile de vous donner une heure précise, mais c'était

 23   entre 15 heures et 16 heures, je ne sais pas si c'était peut-être une demi-

 24   heure avant cela ou une demi-heure après. Je ne le sais pas, 13 ans se sont

 25   écoulés depuis, mais c'était dans l'après-midi, peu après 16 heures sans

 26   doute.

 27   Q.  Dans quelle partie de la caserne Standard l'avez-vous vu ?

 28   R.  A l'entrée. Comment vous expliquez ? Lorsque je suis parti du

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  1   cimetière, étant donné que le cimetière est assez près de là, Mica Petkovic

  2   et Drago m'attendaient, et je suis parti avec eux peu de temps après.

  3   C'était à la réception. Comment vous l'expliquer ?

  4   Q.  A l'extérieur du bâtiment ou à l'intérieur du bâtiment?

  5   R.  A l'extérieur du bâtiment.

  6   Q.  Vous souvenez-vous si Drago Nikolic portait son uniforme ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Il était en uniforme ?

  9   R.  Oui, il était en uniforme. 

 10   Q.  Où habitait Drago Nikolic à l'époque ?

 11   R.  Je crois qu'à l'époque Drago habitait à Zvornik. J'ignore l'adresse

 12   exacte. Mais je crois que c'était les bâtiments qui portaient le nom Z14 ou

 13   15. Je ne sais plus exactement le nom de ce bâtiment, mais c'était à

 14   Zvornik.

 15   Q.  Pour vous donner une idée, la circulation régulière en allant de la

 16   caserne Standard jusqu'au bâtiment résidentiel, combien de temps est-ce que

 17   ceci pouvait prendre ?

 18   R.  Vous voulez dire à pied, en voiture ?

 19   Q.  Parlons du transport en voiture.

 20   R.  Environ cinq minutes, pas plus.

 21   Q.  D'accord. C'est assez précis. Est-ce que vous savez s'il y avait un

 22   téléphone dans la maison de Drago Nikolic à l'époque ?

 23   R.  Je crois que oui.

 24   Q.  Est-ce que Drago Nikolic il lui arrivait d'avoir sur lui un Motorola,

 25   l'avez-vous jamais vu en possesion d'un Motorola ?

 26   R.  Non, je n'ai pas remarqué s'il avait un Motorola ou pas. Je ne le sais

 27   pas.

 28   Q.  D'accord. Merci. Et cest le lendemain, le 17, que vous êtes allé à

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  1   Kravica pour les funérailles ?

  2   R.  Oui. Pour vous dire, dans la soirée du 15, la famille s'était

  3   rassemblée dans mon appartement, puisque Dusan a vécu pendant longtemps

  4   avec nous et par la suite il a eu un appartement de l'autre côté de la

  5   ville à Zvornik. Dans l'après-midi, Dusan avait été emmené depuis la morgue

  6   dans son appartement qui se trouvait au-dessus d'une pharmacie. Les

  7   funérailles ont eu lieu dans l'après-midi le 16 à Kravica. Je sais que le

  8   cortège funèbre est parti dans l'après-midi, il fallait aller non pas en

  9   passant par Konjevic Polje, mais il a fallu prendre une route en passant

 10   par Zelinje, Polonje [phon] pour aller à Bratunac et ensuite à Kravica, qui

 11   était la ville natale de feu Dusan.

 12   Q.  Je voudrais préciser quelques dates avec vous --

 13   R.  Je m'excuse. Le 16, dans la soirée du 16. Le 15, j'ai été mobilisé. Le

 14   16, j'ai appris que Dusan était décédé. Le 16, la famille s'est réunie, et

 15   le 17, il y avait les funérailles à Kravica. Je vous remercie de m'avoir

 16   corrigé. J'ai confondu les dates.

 17   Q.  Quand êtes-vous parti de Zvornik pour assister aux funérailles le 17 ?

 18   R.  Le cortège funèbre est parti de Zvornik de façon organisée, c'était

 19   vers midi, peut-être 11 heures 45 ou midi. Je sais qu'à midi le cortège

 20   partait déjà par le biais de Drinjaca, Zelinje et Polom à Bratunac, et

 21   après au cimetière du village au-dessus de Kravica où Dusan a été enterré.

 22   Q.  La route que vous avez empruntée, est-ce qu'il s'agissait d'une route

 23   en terre battue ou en gravier près de la Drina pour aller à Bratunac et

 24   éviter la route principale qui passait par Konjevic Polje ?

 25   R.  De Zeljine à Bratunac, il s'agissait d'une route en gravier et on ne

 26   passait pas par Konjevic Polje.

 27   Q.  Quand à peu près êtes-vous revenu des funérailles de Kravica ?

 28   R.  Puisque j'étais membre du R Bataillon, je suis revenu tard dans la

Page 25948

  1   soirée à Zvornik. Le lendemain matin, tôt, je me suis présenté dans mon

  2   unité, donc le 17. Dans la soirée du 17, j'étais à Zvornik. Mon épouse et

  3   une partie de sa famille étaient restés à Bratunac, parce que l'un des

  4   frères de feu Dusan avait un café à Bratunac où la cérémonie religieuse

  5   s'était tenue après l'enterrement de Dusan.

  6   Q.  Le 17, quand les funérailles à Kravica ont-elles pris fin, ainsi que

  7   les cérémonies liées aux funérailles ?

  8   R.  La messe des morts a été célébrée dans l'église à Bratunac, après quoi

  9   le cortège s'est dirigé vers Kravica et loin au village natal de Dusan au-

 10   dessus de Kravica je sais que cela s'est déroulé vers la fin de l'après-

 11   midi. Je ne me souviens pas de l'heure exacte des funérailles. Mais on a

 12   emprunté cette route en gravier de Zvornik et le déplacement a duré pas mal

 13   de temps, mais je ne me souviens pas de l'heure exacte de notre arrivée au

 14   cimetière.

 15   Q.  Vous êtes revenu à Zvornik tard après les funérailles ?

 16   R.  Non. Comme je l'ai déjà dit, je suis revenu à Zvornik tard dans la

 17   soirée pour pouvoir revenir dans mon unité le lendemain.

 18   Q.  Lorsque vous étiez dans le R Bataillon, qui était le commandant de

 19   votre brigade ?

 20   R.  Le commandant de la brigade était Vinko Pandurevic.

 21   Q.  Vous avez peut-être entendu qu'il y avait des centaines et des

 22   centaines d'hommes musulmans armés qui quittaient l'enclave de Srebrenica

 23   et qui ont eu une confrontation avec la Brigade de Zvornik à Baljkovica.

 24   Vous souvenez-vous s'il y avait des sentiments rancuniers entre les

 25   soldats, comme vous, par exemple, et vos commandants, parce qu'ils ont

 26   permis que cette colonne d'hommes musulmans passe par la région de Zvornik

 27   ?

 28   R.  Je n'ai pas remarqué cela dans mon unité. Il n'y avait pas de telles

Page 25949

  1   choses dans mon unité.

  2   Q.  Avez-vous entendu parler des membres de votre unité qui devaient aller

  3   à la maison de la culture à Pilica pour charger des centaines de cadavres

  4   musulmans à bord de camions, les amener à la ferme à Branjevo, les

  5   décharger pour qu'ils soient enterrés ?

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Nikolic.

  7   Mme NIKOLIC : [interprétation] Cela dépasse le cadre de

  8   l'interrogatoire principal de ce témoin.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, mais selon les dispositions des

 10   Règlements, il est possible de poser de telles questions. Répondez à cette

 11   question.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 13   Q.  Monsieur, je vais vous proposer, pour que vous y réfléchissiez, que

 14   cela s'est passé le 17 juillet 1995 et que vous avez pu entendre parler de

 15   cela une fois revenu des funérailles.

 16   R.  Je vous dis la vérité et rien que la vérité. Les membres de mon

 17   bataillon, R Bataillon, où j'ai été mobilisé le 15, n'étaient pas du tout

 18   engagés à Pilica. J'assume cela. Lorsque le 16 j'étais là-bas, cette partie

 19   de mon unité se trouvait sur une portion de la route menant à Tuzla pour la

 20   sécuriser. Personne de cette unité dans laquelle j'étais engagé n'avait été

 21   impliqué dans des événements auxquels vous avez fait référence et à cette

 22   localité à laquelle vous avez fait référence.

 23   Q.  Est-ce qu'une autre unité du R Bataillon aurait été impliquée dans ces

 24   événements ?

 25   R.  Pour ce qui est des exécutions, je les ai apprises plus tard. Même

 26   aujourd'hui je ne sais pas qui a fait cela, les membres de quelles unités,

 27   et si c'était les membres du bataillon.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci. Je n'ai plus de questions.

Page 25950

  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur McCloskey.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce qu'il y a des questions

  3   supplémentaires, Maître Nikolic ?

  4   Mme NIKOLIC : [interprétation] Non. Merci.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Les Juges non plus n'ont pas de

  6   questions à poser. Monsieur Milosevic, cela veut dire que votre témoignage

  7   a pris fin. Au nom de la Chambre, je voudrais vous remercier d'être venu

  8   pour déposer dans cette affaire. Je vous souhaite bon retour chez vous.

  9   Notre personnel vous aidera à revenir chez vous.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 11   [Le témoin se retire]

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nikolic, mis à part la

 13   déclaration 92 ter, je suppose qu'il n'y a pas d'autre document.

 14   Mme NIKOLIC : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur le Président.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] L'Accusation n'a pas utilisé de

 16   documents. Donc nous pouvons faire entrer le témoin suivant. Si j'ai bien

 17   compris, Maître Nikolic, hier au moment où vous avez décidé, ou avant-hier,

 18   vous avez décidé de retirer (expurgé), et j'ai commencé à penser

 19   à la possibilité d'utiliser ce temps -- il faut expurger cela.

 20   [La Chambre de première instance se concerte]

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Le greffe m'a informé qu'avec beaucoup

 22   de diligence vous aviez réussi à trouver deux témoins supplémentaires pour

 23   combler cette lacune. Est-ce exact ou pas ? Je suppose que le témoin

 24   suivant sera Mara Milosevic; est-ce exact ?

 25   Mme NIKOLIC : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président. Pour

 26   cette semaine, nous avons encore Mara Milosevic et Dusica Sikimic. Cela

 27   fera en tout les dix témoins que nous avions prévus pour cette semaine-ci.

 28   Désolée, si nous avons quelque temps de plus que prévu, mais étant donné ce

Page 25951

  1   qui est survenu avec ce monsieur, dont je ne veux pas donner le nom ici,

  2   nous avons fait l'impossible. Mais nous n'avons pas pu faire mieux pour ce

  3   qui est des témoins qui auraient pu venir cette semaine.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais nous ne vous critiquons

  5   aucunement, Madame. Vous avez fait de votre mieux. Nous allons maintenant

  6   entendre Mara Milosevic. Au contraire, je vous félicite de la façon très

  7   efficace dont vous avez jusqu'à présent mené la présentation de vos

  8   témoins.

  9   Mme NIKOLIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 10   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Madame Milosevic. Vous êtes la

 12   bienvenue ici en ce Tribunal. Vous avez été citée comme témoin de la

 13   Défense par l'équipe chargée de la défense de M. Drago Nikolic. Avant que

 14   vous ne commenciez votre déposition, le Règlement exige que vous fassiez

 15   une déclaration solennelle selon laquelle vous allez dire toute la vérité

 16   et rien que la vérité. Voici le texte qui vous est remis par Mme

 17   l'Huissière. Donnez lecture à haute voix de ce texte. Ce sera votre serment

 18   devant nous. Il faut que vous en fassiez lecture à haute voix pour que nous

 19   vous entendions.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 21   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 22   LE TÉMOIN: MARA MILOSEVIC [Assermentée]

 23   [Le témoin répond par l'interprète]

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci beaucoup, Madame. Veuillez vous

 25   asseoir. Mettez-vous à l'aise. Me Nikolic va vous poser quelques questions,

 26   et je suppose qu'après ce sera M. McCloskey qui vous posera des questions

 27   au nom de l'Accusation.

 28   Maître Nikolic, vous avez la parole.

Page 25952

  1   Mme NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  2   Interrogatoire principal par Mme Nikolic : 

  3   Q.  [interprétation] Bonjour, Madame.

  4   R.  Bonjour.

  5   Q.  Vous vous sentez bien ?

  6   R.  Oui, ça va.

  7   Q.  Nous nous sommes déjà rencontrées. Je vais malgré tout vous demander de

  8   décliner votre identité pour le dossier.

  9   R.  Je m'appelle Mara Milosevic. Je suis née en 1950 à Kravica,

 10   municipalité de Bratunac.

 11   Q.  Quel est votre métier actuellement ?

 12   R.  Je suis à la retraite.

 13   Q.  Est-ce que il y a un lien de parenté entre vous et M. Drago Nikolic ?

 14   R.  Oui, un lien très proche.

 15   Q.  Vous souvenez-vous avoir fourni une déclaration à l'équipe chargée de

 16   la défense de M. Drago Nikolic le 23 avril 2008 ?

 17   R.  Oui, je m'en souviens.

 18   Q.  Avez-vous eu l'occasion de lire cette déclaration au moment où vous

 19   l'avez signée et aussi avant que vous ne commenciez votre déposition ici au

 20   moment du récolement ?

 21   R.  Oui.

 22   Mme NIKOLIC : [interprétation] Conformément à la procédure visée à

 23   l'article 92 ter, je vais faire le résumé de la déclaration de Mme

 24   Milosevic.

 25   Ce témoin vit à Zvornik. Feu Dusan Nikolic est son frère et Drago Nikolic

 26   est son cousin.

 27   Le témoin se souvient des événements survenus les 16 et 17 juillet. C'est

 28   le 16 juillet que son frère Dusan Nikolic, policier militaire de la Brigade

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  1   de Zvornik, a été tué. Le témoin se souvient que le 16 juillet 1995, des

  2   rumeurs circulaient à Zvornik faisant état d'affrontements très sérieux à

  3   Baljkovica et que beaucoup de soldats avaient été tués. Dusica, la femme de

  4   Dusan Nikolic, étaient en train de boire le café ensemble lorsque Dusica a

  5   dit qu'il y avait aussi des pertes dans les rangs de la police militaire à

  6   Baljkovica.

  7   Le témoin se souvient avoir appelé Drago Nikolic chez lui et que

  8   c'est sa femme, Milena, qui a répondu à l'appareil et lui a dit que Drago

  9   venait juste de partir et qu'il fallait qu'elle l'appelle au commandement.

 10   Le témoin se souvient qu'elle n'a pas appelé tout de suite Drago. Elle

 11   avait peur et, avec Slobodanka Gajic, elle est allée à la direction de

 12   l'hôpital de Zvornik en début d'après-midi.

 13   Ce témoin n'a pas voulu entrer à l'hôpital, elle est restée au

 14   carrefour. C'est Slobodanka qui est allée voir pour savoir ce qui s'était

 15   passé. Quand elle est revenue, Slobodanka a dit au témoin d'appeler Drago

 16   Nikolic pour savoir ce qui s'était passé. Le témoin a trouvé ceci bizarre,

 17   pourquoi est-ce que Slobodanka insistait pour que, elle, elle appelle Drago

 18   Nikolic. Elle s'est souvenue à ce moment-là que Slobodanka lui a dit plus

 19   tard que certaines personnes qui se trouvaient devant l'hôpital lui avaient

 20   dit qu'elles avaient vu Drago Nikolic et qu'il était en sanglots parce

 21   qu'un de ses proches avait été tué.

 22   Après être rentrée de l'hôpital, le témoin a téléphoné au commandement de

 23   la Brigade de Zvornik et a demandé à Drago Nikolic de lui donner des

 24   nouvelles de son frère Dusan. Drago lui a dit qu'il ne savait pas ce qu'il

 25   se passait et qu'il allait la rappeler sous peu. Un certain temps s'est

 26   écoulé et Drago n'a pas téléphoné, mais tout d'un coup, il s'est présenté

 27   chez elle avec son mari, Dragan Milosevic, et d'autres. C'est à ce moment-

 28   là que ces personnes lui ont dit que son frère Dusan avait été tué.

Page 25954

  1   Ces personnes étaient accompagnées d'une infirmière qui apportait les

  2   premiers secours à ce témoin. A partir de ce moment-là, Drago Nikolic n'a

  3   jamais quitté sa famille. Il a organisé les funérailles et le transport du

  4   corps de Dusan dans l'appartement qui avait été celui de Dusica et de Dusan

  5   le 17 juillet 1995, dans le cours de la matinée. Les funérailles de Dusan

  6   ont eu lieu à Kravica dans l'après-midi du 17 juillet. Ce cortège qui

  7   suivait le cercueil de Dusan a quitté Zvornik vers midi et est passé par

  8   des routes secondaires puisqu'il était dangereux de traverser Konjevic

  9   Polje.

 10   Le témoin se souvient que Drago restait tout le temps avec eux et

 11   qu'il les a beaucoup aidés à organiser les funérailles et qu'il les a

 12   vraiment aidés puisqu'il a tout organisé. Le témoin dit également que la

 13   mort de Dusan était vraiment un choc énorme pour Drago, car ils étaient

 14   inséparables depuis la petite enfance. Dusan et Drago étaient nés la même

 15   année en 1957, ils ont fréquenté l'école ensemble, ils sortaient ensemble à

 16   Sarajevo, à Zvornik.

 17   Q.  Madame Milosevic, le résumé que je viens de vous lire est-il le reflet

 18   fidèle de la déclaration que vous avez faite à l'équipe de la Défense de M.

 19   Drago Nikolic ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Les faits contenus dans votre déclaration sont-ils exacts et fidèles à

 22   la vérité ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Si vous deviez répondre à des questions portant sur les événements que

 25   vous relatez dans votre déclaration préalable, est-ce que vos réponses

 26   seraient les mêmes aujourd'hui ? Est-ce que vous diriez la même chose aux

 27   Juges ?

 28   R.  Oui.

Page 25955

  1   Mme NIKOLIC : [interprétation] Je demande maintenant le versement au

  2   dossier de la déclaration préalable fournie par le témoin Mara Milosevic,

  3   la cote de ce document étant 3D476.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections, Monsieur

  5   McCloskey ?

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Non.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien. Cette déclaration est versée

  8   au dossier. Poursuivre, Maître Nikolic.

  9   Mme NIKOLIC : [interprétation] Je vous remercie.

 10   Q.  Je n'aurai que quelques questions supplémentaires à vous poser, Madame,

 11   et je voudrais aussi vous montrer un document qui porte la cote 3D462.

 12   Peut-on l'afficher au prétoire électronique ?

 13   Vous avez devant un écran, Madame Milosevic, sur lequel vous allez bientôt

 14   voir un document, c'est un document que vous avez remis à nos enquêteurs.

 15   Vous le voyez ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Que représente ce document ?

 18   R.  C'est l'avis de décès de mon frère.

 19   Q.  On y voit la date de sa mort, le moment où se sont déroulées les

 20   funérailles ?

 21   R.  Oui. C'est de cette façon-là que nous avons informé nos amis et toute

 22   notre famille du fait qu'il était mort et quand on l'enterrait.

 23   Q.  Merci. Je n'aurai plus besoin du document.

 24   Madame Milosevic, est-ce que vous avez jamais appris qui a vu pour la

 25   dernière fois en vie feu votre frère en juillet 1995 ?

 26   R.  Après les funérailles, j'ai appris que c'était quelqu'un de Bratunac

 27   qui l'avait vu devant le bâtiment Standard, qu'il était en train de rentrer

 28   chez lui après qu'on l'a rappelé. Je ne connais pas le nom de cet homme de

Page 25956

  1   Bratunac. Il a parlé à mes frères et il a dit qu'il avait vu mon frère le

  2   15 juillet, c'était un samedi, il a dit qu'il l'avait vu en dehors de la

  3   caserne Standard.

  4   Q.  Vous dites dans votre déclaration que vous avez téléphoné chez M. Drago

  5   Nikolic le 16 juillet. A qui précisément avez-vous parlé ?

  6   R.  J'ai téléphoné chez lui et j'ai parlé à sa femme, Milena.

  7   Q.  Qu'est-ce qu'elle vous a dit ?

  8   R.  Elle m'a dit que Drago était venu chez lui, mais qu'il était reparti

  9   peut-être une heure plus tôt pour aller au commandement. Je lui ai demandé

 10   qu'elle me donne le numéro de téléphone de façon à ce que je puisse appeler

 11   Drago, elle m'a donné ce numéro de téléphone. C'est tout ce qu'on s'est

 12   dit.

 13   Q.  Est-ce que vous avez téléphoné ?

 14   R.  Je n'ai pas téléphone à Drago tout de suite, parce que mon frère

 15   m'avait dit de ne pas téléphoner pour des choses qui n'étaient pas

 16   importantes. Il avait dit cela quand il était encore en vie. On s'est

 17   demandé ce qu'il fallait faire et, finalement, j'ai décidé d'aller à

 18   l'hôpital avec mon amie Slobodanka Gajic simplement pour vérifier ce qui se

 19   passait. Quand on s'est trouvées à proximité de l'hôpital, il y avait

 20   beaucoup de monde à l'extérieur de l'hôpital, il y avait beaucoup de femmes

 21   en pleurs. Je n'ai tout simplement pas osé m'approcher, j'avais peur de

 22   recevoir de mauvaises nouvelles à propos de mon frère, c'est pour ça que

 23   c'est Slobodanka qui est allée. A son retour, elle m'a dit qu'il fallait

 24   téléphoner à Drago. Je suis allée chez ma belle-sœur, j'ai téléphoné à

 25   Drago, c'est lui qui a répondu et il m'a dit qu'il me fallait attendre et

 26   qu'il allait me rappeler une demi-heure plus tard à peu près quand il en

 27   saurait davantage à propos de mon frère. Mais Drago n'a jamais rappelé.

 28   Entre 15 heures et 16 heures, mon mari, qui avait été mobilisé lui

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  1   aussi, m'a dit de revenir à la maison, parce qu'il n'avait pas la clé et il

  2   voulait se doucher. Je suis rentré chez nous et il attendait dans

  3   l'appartement de mes voisins. Il y avait Petkovic, il y avait plusieurs

  4   personnes, il y avait un proche ami de mon frère et ils avaient emmené une

  5   infirmière qui devait s'occuper de moi si j'en avais besoin.

  6   Q.  Merci, Madame Milosevic. Je ne veux pas ici vous émouvoir, tout ceci a

  7   déjà été dit dans votre déclaration préalable.

  8   Est-ce qu'on peut passer à huis clos partiel très peu de temps, le

  9   temps de poser quelques questions au témoin.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, nous allons passer à huis clos

 11   partiel.

 12   [Audience à huis clos partiel]

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 16  (expurgé)

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 26  (expurgé)

 27  (expurgé)

 28  (expurgé)

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  1   (expurgé)

  2   [Audience publique]

  3   Mme NIKOLIC : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur le Président. Je ne

  4   m'attendais pas à ce que le témoin réponde aussi longuement, mais je peux

  5   vous dire que j'ai maintenant terminé mon interrogatoire principal. Je vous

  6   remercie, Madame Milosevic.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Nikolic. Je suppose que

  8   les autres équipes de la Défense n'ont pas de questions à poser à ce

  9   témoin. C'est bien le cas. Ce qui veut dire que vous avez la parole,

 10   Monsieur McCloskey.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je n'ai qu'une question à poser à ce

 12   témoin, Monsieur le Président.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y.

 14   Contre-interrogatoire par M. McCloskey : 

 15   Q.  [interprétation] Bonjour, Madame Milosevic. Je m'appelle Peter

 16   McCloskey, je représente le bureau du Procureur. Tout le monde vous

 17   remercie d'être venue déposer ici. Je n'ai qu'une question à vous poser,

 18   rassurez-vous.

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Me Nikolic vous a posé une question à propos d'un coup de fil que vous

 21   avez passé à la maison de M. Drago Nikolic au moment où vous avez parlé à

 22   sa femme. Est-ce que vous pourriez nous dire vers quelle heure il était

 23   quand vous avez téléphoné chez lui ? Donnez l'idée la plus précise

 24   possible.

 25   R.  Ça devait être sur l'heure du midi, entre 1 heure et 2 heures de

 26   l'après-midi. Je ne me rappelle pas du moment précis.

 27   Q.  Je vous remercie, Madame, c'est tout ce que je voulais savoir.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur McCloskey. Je suppose

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  1   qu'il n'y aura pas de questions supplémentaires, Maître Nikolic ?

  2   Mme NIKOLIC : [interprétation] Non. Merci, Monsieur le Président.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Milosevic, vous avez terminé

  4   votre déposition. Vous n'avez plus à répondre à aucune question. Je tiens à

  5   vous remercier vivement d'être venue déposer à La Haye, je vous remercie au

  6   nom des Juges de la Chambre. Rassure-vous, vous aurez toute l'aide dont

  7   vous avez besoin pour rentrer chez vous grâce à l'aide de notre personnel,

  8   et nous vous souhaitons un bon retour chez vous.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

 10   [Le témoin se retire]

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suppose qu'il n'y a que la

 12   déclaration préalable et la notice chronologique que vous voulez verser au

 13   dossier ?

 14   Mme NIKOLIC : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président. Il y

 15   avait ce document montré au témoin qui porte la cote 3D462. Je pense que la

 16   liste a déjà été versée, en tout cas présenté.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien. Pas

 18   d'objection ?

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Non.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ces documents sont versés. Nous allons

 21   avoir notre dernier témoin.

 22   Mme NIKOLIC : [interprétation] Ce témoin devrait déjà être ici, je voulais

 23   simplement vérifier. Est-ce qu'il est déjà là ? Si c'est le cas, nous

 24   pourrons poursuivre, sinon, on pourrait faire une pause maintenant et

 25   terminer l'audition de ce témoin aujourd'hui.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Le témoin est ici ?

 27   Mme NIKOLIC : [aucune interprétation]

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Comme vous voulez, Maître Nikolic. Si

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  1   vous voulez faire la pause maintenant, pas de problème. Pour nous, ça ne

  2   fait aucune différence. A vous de décider.

  3   Mme NIKOLIC : [interprétation] Je pense qu'il est peut-être préférable de

  4   faire une pause maintenant.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons faire une pause de 25

  6   minutes, après quoi nous reprendrons nos travaux.

  7   --- L'audience est suspendue à 17 heures 16.

  8   --- L'audience est reprise à 17 heures 44.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que nous sommes prêts à faire

 10   entrer le prochain témoin ?

 11   Mme NIKOLIC : [interprétation] Oui. Merci.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous formule la recommandation que

 13   j'avais déjà faite, si quelque chose a déjà été dit dans la déclaration 92

 14   ter, inutile de reposer des questions là-dessus.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais c'est un témoin qui va déposer de

 16   façon complète.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je vois, vous avez raison.

 18   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 19   Mme NIKOLIC : [interprétation] Effectivement, tous ces témoins étaient

 20   visés par l'article 92 bis, mais pas ce témoin-ci.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, oui, pas 92 bis mais ter, mais

 22   c'est la même chose, effectivement.

 23   Bonjour, Madame.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bienvenue dans notre Tribunal. Vous

 26   êtes citée par l'équipe chargée de la Défense de

 27   M. Nikolic. Le Règlement demande de votre part que vous fassiez une

 28   déclaration solennelle disant que vous allez dire la vérité. Et le texte

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  1   qui vous est remis à l'instant même, c'est la déclaration solennelle que

  2   vous faites devant nous.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

  4   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  5   LE TÉMOIN: DUSICA SIKIMIC [Assermentée]

  6   [Le témoin répond par l'interprète]

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Veuillez vous asseoir, Madame.

  8   Mettez-vous à l'aise. Me Nikolic va vous poser quelques questions, Madame,

  9   après quoi vous serez contre-interrogée par l'Accusation et peut-être par

 10   d'autres équipes de la Défense.

 11   Interrogatoire principal par Mme Nikolic : 

 12   Q.  [interprétation] Bonjour, Madame Sikimic.

 13   R.  Bonjour.

 14   Q.  Nous nous sommes déjà rencontrées, cependant je vais vous demander de

 15   décliner votre identité pour les Juges.

 16   R.  Je m'appelle Dusica Sikimic.

 17   Q.  Quel est votre lieu, quelle est votre date de naissance ?

 18   R.  Je suis née le 12 mai 1963 à Sarajevo.

 19   Q.  Vous êtes mariée, vous avez des enfants ?

 20   R.  Oui, je suis mariée et j'ai deux enfants d'un premier mariage.

 21   Q.  Qu'est-ce que vous faites aujourd'hui dans la vie, quelle est votre

 22   formation, votre emploi ?

 23   R.  J'ai terminé l'école secondaire et je suis employée de la poste pour le

 24   moment.

 25   Q.  Est-ce que vous avez un lien de parenté avec Drago

 26   Nikolic ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Est-ce qu'à un moment donné, vous avez fait partie de sa famille ?

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  1   R.  Oui. J'avais épousé Dusan Nikolic, qui était un parent de Drago

  2   Nikolic.

  3   Q.  Où habitiez-vous lorsque la guerre a éclaté en Bosnie-Herzégovine ?

  4   R.  J'habitais à Sarajevo. J'y suis restée jusqu'en mars 1992. C'est alors

  5   que nous sommes partis à Sabac, en août, et en septembre 1993, nous sommes

  6   allés nous installer à Zvornik.

  7   Q.  Lorsque la guerre a éclaté, est-ce que M. Dusan Nikolic, qui était

  8   votre mari, aujourd'hui décédé, il a été mobilisé, il a été versé dans

  9   quelle unité ?

 10   R.  En 1992, il a été mobilisé dans la Brigade de Bratunac, mais il a été

 11   muté en tant que membre de la police militaire dans la Brigade de Zvornik

 12   en 1993.

 13   Q.  Où est-ce que vous habitiez avec votre famille en juillet 1995 ?

 14   R.  A Zvornik, dans le centre-ville.

 15   Q.  Evoquons certains événements survenus en 1995, en juillet 1995, après

 16   la chute de Srebrenica. Est-ce que à ce moment-là, il y a quelque chose

 17   d'important qui est arrivé dans votre famille ?

 18   R.  Les événements qui se sont produits au cours de cette période ont eu un

 19   effet certain sur mes enfants, moi-même, et ils ont tout à fait changé ma

 20   vie. C'est à ce moment-là que mon mari, Dusan Nikolic, a été tué.

 21   Q.  Madame Sikimic, j'essaierai d'être le plus bref possible, je ne veux

 22   pas ici vous tourmenter, je vais uniquement vous poser quelques questions.

 23   Mais nous pourrons faire une pause si vous en ressentez le besoin.

 24   Quand avez-vous vu votre mari en vie pour la dernière fois ?

 25   R.  Le 12 juillet 1995. Il est venu ce jour-là. J'étais chez Mara. C'était

 26   la sœur de mon mari. Il est venu nous dire qu'il allait à Dzafin Kamen avec

 27   la police militaire et qu'il serait bientôt de retour.

 28   Q.  Est-ce qu'il y avait des problèmes à cause de la Brigade de Zvornik à

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  1   ce moment-là ?

  2   R.  oui, c'était à ce moment qu'il y avait cette colonne de soldats qui est

  3   passée pas loin de Zvornik et qui allait à Srebrenica.

  4   Q.  Est-ce que vous saviez où se trouvait votre mari à

  5   l'époque ?

  6   R.  Bien, c'est ce qu'il m'avait dit, il m'a dit qu'il y allait, mais je ne

  7   savais pas exactement où il était après cela.

  8   Q.  Est-ce qu'à un moment donné vous avez essayé d'apprendre où il se

  9   trouvait avec son unité ?

 10   R.  Oui. Le 15 juillet j'ai bien essayé de le savoir. J'étais au travail,

 11   c'était un samedi et j'avais une ligne directe, un numéro direct où je

 12   pouvais téléphoner à Drago Nikolic à la caserne standard. Je l'ai appelé et

 13   il m'a dit qu'il avait vu Dusan ce matin-là, et qu'il ne fallait pas que je

 14   m'en fasse.

 15   Q.  Que s'est-il passé le lendemain ?

 16   R.  Vers la matinée du 16 je suis allée au marché aux légumes, et j'ai

 17   entendu des gens qui parlaient de violents combats autour de Zvornik à

 18   Baljkovica et j'en ai été tout ébranlée. J'ai été voir la sœur de mon mari.

 19   On a pris un café et on était vraiment préoccupées. On ne savait pas où se

 20   trouvait Dusan.

 21   Q.  Avez-vous fini par apprendre ce qui s'était passé plus

 22   tard ?

 23   R.  Je suis rentrée chez moi, j'ai entendu mes voisins dire qu'il y avait

 24   des combats violents à Baljkovica et qu'il y avait pas mal de pertes, des

 25   blessés, et des morts, et j'étais vraiment très ébranlée, très émue.

 26   Q.  Est-ce que vous avez parlé à Mara Milosevic ce jour-là ?

 27   R.  Oui. On a pris le café ensemble et je lui ai dit ce que j'avais appris,

 28   et elle m'a dit qu'elle avait téléphoné à Drago Nikolic et qu'il lui avait

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  1   dit qu'il n'y avait pas de problème et qu'elle n'avait aucune raison de

  2   s'en faire.

  3   Q.  Vous étiez où à ce moment-là ?

  4   R.  Chez moi dans mon appartement. J'avais demandé à Mara de venir me voir

  5   et c'est ce qu'elle a fait.

  6   Q.  Est-ce qu'elle est venue seule, Mara ?

  7   R.  Non. Elle était avec Slobodanka Gajic et elles avaient été à l'hôpital

  8   en venant chez moi. Mara n'a pas osé y aller seule à l'hôpital, elle est

  9   restée au carrefour. C'est Slobodanka qui est allée à l'hôpital et c'est là

 10   qu'elle a appris que Dusan avait été tué. Mais elle ne voulait pas nous le

 11   dire sur le coup, elle ne voulait pas nous dire ce qu'elle avait entendu

 12   dire. Elle est venue nous voir et elle nous a dit qu'il fallait téléphoner

 13   à Drago Nikolic.

 14   Q.  Est-ce que quelqu'un a téléphoné à Drago Nikolic, et si oui, d'où a-t-

 15   on téléphoné ?

 16   R.  Quand elles sont arrivées chez moi, Mara a téléphoné à Drago qui lui a

 17   dit qu'il ne savait rien, et qu'il nous téléphonerait s'il apprenait

 18   quelque chose.

 19   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de ce qui s'est passé

 20   ensuite ?

 21   R.  Après cela, Dragan a téléphoné à Mara et Mara est allée chez eux. Je

 22   suis restée où j'étais. J'étais vraiment tout en émoi parce que j'avais un

 23   pressentiment, je pensais que quelque chose s'était passé, rien de bon, et

 24   après je suis allée les retrouver. Je suis arrivée à l'appartement de Mara

 25   et quand je suis arrivée à la porte, elle était en pleurs et elle m'a

 26   demandé pourquoi j'étais venue ? "Drago Nikolic et Mico Petkovic étaient

 27   allés te voir," m'a-t-elle dit. Et je lui ai demandé pourquoi, qu'est-ce

 28   qui s'était passé et elle m'a dit alors que Dusan avait été tué.

Page 25966

  1   Q.  Est-ce que vous êtes rentrée chez vous à ce moment-là ?

  2   R.  Non. Je n'étais pas en état de le faire. Je suis restée chez Mara et

  3   nous avons tous passé la nuit chez elle.

  4   Q.  Est-ce que vous avez vu Drago Nikolic ce jour-là ?

  5   R.  Oui. Drago est venu avec mon beau-frère et mon beau-père. Ils avaient

  6   été à l'hôpital pour voir Dusan. Et nous, nous sommes restées chez Mara

  7   pour organiser les funérailles.

  8   Q.  Vous êtes restée combien de temps chez Mara ce soir-là ?

  9   R.  Tard dans la nuit, on a discuté de ce qu'il fallait faire pour

 10   organiser les funérailles, pour se répartir le travail, il était tard.

 11   Q.  Et c'était quelle date ?

 12   R.  C'était dans la nuit du 16 au 17 juillet.

 13   Q.  En 1995 ?

 14   R.  Oui, 1995.

 15   Q.  Qu'est-ce qui s'est passé le lendemain, pouvez-vous nous dire ?

 16   R.  Le lendemain matin je suis allée à l'appartement pour faire quelques

 17   préparatifs en vue de l'enterrement, vers dix heures ils ont emmené le

 18   corps de Dusan, conformément à nos traditions, où l'homme qui est mort doit

 19   partir au cimetière de chez lui. Il a été amené par la police militaire,

 20   Drago Nikolic était avec la police militaire. Il a participé à la

 21   préparation des funérailles, et il s'est occupé du cercueil et du costume

 22   qu'il fallait mettre à mon mari, au défunt.

 23   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de la date des funérailles à Kravica ?

 24   R.  Ça s'est fait fin de l'après-midi à Kravica. Nous sommes partis de

 25   Zvornik vers 11 heures, ou midi, peut-être. Mais nous avons pris des voies

 26   détournées, nous n'avons pas pris la route principale qui suit la Drina. Il

 27   a fallu beaucoup de temps pour arriver à Kravica où se faisait

 28   l'enterrement.

Page 25967

  1   Après l'enterrement, nous sommes rentrés à Bratunac et c'est là que

  2   la messe a été dite.

  3   Q.  Est-ce que Drago Nikolic était avec vous le jour de l'enterrement ?

  4   R.  Oui, il ne nous a jamais quittées.

  5   Q.  Est-ce qu'il était avec vous du matin au soir ce jour-là ?

  6   R.  Oui, tout à fait, du matin au soir il était avec nous.

  7   Q.  Est-ce que vous avez parlé avec Slobodanka Gajic, vous l'avez mentionné

  8   il y a un instant. Qu'est-ce qu'elle avait appris à Zvornik le 16 juillet

  9   1995 ?

 10   R.  Oui, après être rentrée à Zvornik, je lui ai demandé pourquoi elle ne

 11   nous l'avait pas dit à ce moment-là ? Elle a répondu qu'elle ne voulait

 12   tout simplement pas être la première à nous le dire. Elle avait entendu

 13   dire que Dusan avait été tué et que Drago Nikolic était là aussi, qu'il

 14   avait pris son anneau de mariage, qu'il avait pris son ceinturon, son

 15   uniforme, l'uniforme qu'il portait au moment où il a été tué. Et Mara

 16   Milosevic m'a donné cet anneau plus tard. Slobodanka m'a dit qu'il était

 17   bouleversé.

 18   Q.  Soyons plus précis, où est-ce que Slobodanka avait entendu dire cela ?

 19   R.  A l'hôpital.

 20   Q.  Est-ce que Drago à l'hôpital ?

 21   R.  Oui. Il était à l'intérieur de l'hôpital. On l'avait averti par

 22   téléphone. Il a été le premier à voir Dusan mort.

 23   Q.  Est-ce que vous avez plus tard demandé à Drago dans quelles

 24   circonstances il avait appris la mort de votre mari ?

 25   R.  Oui. On a parlé après l'enterrement. Il a dit qu'il était chez lui et

 26   qu'on lui a dit que Dusan avait été amené à l'hôpital. C'est à ce moment-là

 27   qu'il était allé à l'hôpital et c'est alors qu'il a vu Dusan.

 28   Q.  Et qui vous l'a dit ?

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  1   R.  Drago.

  2   Mme NIKOLIC : [interprétation] Peut-on voir la pièce 3D378. Nous demandons

  3   que le document soit affiché.

  4   Q.  J'en profite pour vous demander ceci, que représente ce document ?

  5   R.  C'est un certificat de décès de feu mon mari, Dusan Nikolic.

  6   Q.  Merci. Nous n'avons plus besoin de ce document. Est-ce que vous avez

  7   appris qui avait vu votre mari pour la dernière fois en vie ?

  8   R.  Oui, après les funérailles, un soldat est venu à Bratunac, il nous a

  9   dit qu'à la caserne Standard le 15 juillet 1995, il avait vu Dusan alors

 10   qu'il était en train de rentrer chez lui, et que Dusan lui avait donné des

 11   cigarettes.

 12   Q.  Quand avez-vous rencontré Drago Nikolic ?

 13   R.  Quand je me suis mariée en 1983, quand j'ai épousé Dusan, c'est après

 14   cela que je l'ai rencontré et que j'ai fait sa connaissance.

 15   Q.  Quels étaient les rapports entre Dusan, votre mari, Drago et les quatre

 16   frères de Drago ?

 17   R.  Ils s'entendaient bien. Drago et Dusan étaient nés de la même année,

 18   ils ont grandi ensemble, ils ont fait l'école primaire ensemble. Ils

 19   sortaient ensemble comme s'ils étaient des frères.

 20   Q.  Et quels étaient ses rapports avec les autres frères de Drago ?

 21   R.  Pareils.

 22   Mme NIKOLIC : [interprétation] J'ai terminé l'interrogatoire principal.

 23   Q.  Je n'ai pas d'autres questions à vous poser. Je vous remercie,

 24   Madame Sikimic.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Je suppose que les autres

 26   équipes de la Défense n'ont pas de questions à poser à ce témoin. C'est

 27   bien le cas.

 28   Monsieur McCloskey, vous avez la parole.

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  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je n'ai que quelques questions à poser à ce

  2   témoin.

  3   Contre-interrogatoire par M. McCloskey : 

  4   Q.  [interprétation] Bonjour, Madame Sikimic. Je m'appelle Peter McCloskey.

  5   Je représente le bureau du Procureur. Je n'ai que quelques questions à vous

  6   poser, si ceci ne vous dérange pas trop.

  7   Vous avez dit que vous aviez appelé Drago Nikolic alors qu'il se trouvait

  8   au Standard le 15 juillet, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Vous souvenez-vous de l'heure approximative ?

 11   R.  Oui. Je m'en souviens. C'était vers 10 heures puisque c'était un samedi

 12   et je travaillais au bureau de poste. La journée du samedi était une

 13   journée de travail, mais nous ne travaillions jusqu'à 13 heures. J'ai

 14   appelé Drago Nikolic vers 10 heures du matin au Standard.

 15   Q.  Vous avez également dit que le lendemain, le 16, vous avez aidé à

 16   organiser les funérailles dans la soirée avec des parents. Pourriez-vous

 17   nous dire qui s'est occupé d'organiser les funérailles dans la soirée ?

 18   R.  Nous étions dans l'appartement de Mara Milosevic. Jovan Nikolic était

 19   présent, Ilija Nikolic, les frères de feu Dusan Nikolic, Drago Nikolic

 20   étaient là également, Slobodan Nikolic aussi. Et il y avait également Mara

 21   Milosevic, c'est-à-dire la sœur de mon feu mari, donc c'était sa parenté,

 22   les membres de sa famille qui étaient présents.

 23   Q.  Merci beaucoup.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie. Il n'y a pas de

 25   questions supplémentaires. Bien. Je consulte mes collègues pour voir s'ils

 26   ont des questions. Non. Très bien.

 27   Madame, il n'y aura plus de questions à votre endroit. Nous vous remercions

 28   beaucoup d'être venue. Notre personnel vous donnera tout l'appui et l'aide

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  1   nécessaire pour vous aider à retourner chez vous. Nous vous remercions

  2   énormément de vous être déplacée jusqu'ici et d'avoir déposé. Nous vous

  3   souhaitons également un bon voyage et un bon retour à la maison.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

  5   [Le témoin se retire]

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il n'y a pas de documents ?

  7   Mme NIKOLIC : [interprétation] Un seul document. J'espère que la liste vous

  8   a été communiquée. Il s'agit du document 3D382 qui a été montré au témoin.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey, y a-t-il des

 10   objections ? Est-ce que c'est 382 ou 378 ?

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Aucune objection, Monsieur le Président. Il

 12   y a également une version anglaise de ce document -- ou en tout cas une

 13   version en B/C/S qui porte la date de 2006, mais si l'original dit 2006, il

 14   n'y a apparemment pas de problème de traduction.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Aucune objection. Bien. Le document est

 16   versé au dossier.

 17   Oui. Voulez-vous dire quelque chose ?

 18   Mme NIKOLIC : [interprétation] Oui, le numéro de la pièce est le 3D378.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Merci. Donc 378. Il y avait

 20   des requêtes pour lesquelles nous pouvions rendre une décision orale, mais

 21   je crois que nous devrions les laisser pour lundi -- il y a une requête que

 22   je pourrais retrouver ou repérer immédiatement, mais pour les autres non --

 23   donc je propose d'attendre à lundi pour ces décisions.

 24   Une requête également a été déposée par Me Fauveau en français, vous devez

 25   sans doute savoir de quoi il s'agit, même si la requête est en français.

 26   Aimeriez-vous présenter une réponse orale le plus tôt possible ?

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il n'a absolument aucun problème. Je me

 28   suis entretenu avec Me Fauveau. Il s'agit de plus de documents qui seraient

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  1   ajoutés sur la liste 65 ter, il n'y a pas de problème.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Josse.

  3   M. JOSSE : [interprétation] Nous aurions besoin d'un peu de temps pour

  4   examiner cette question.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Merci. Donc vous nous ferez

  6   part de vos observations lundi ?

  7   M. JOSSE : [interprétation] Nous aurions besoin d'un peu plus de

  8   temps, Monsieur le Président. Je ne crois pas -- en fait, je crois qu'il y

  9   a certains documents qui n'ont pas encore été traduits en anglais, peut-

 10   être que Me Fauveau pourrait nous dire de quoi il en est exactement.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Fauveau. Le micro est

 12   allumé ? Son micro est allumé. Merci.

 13   Mme FAUVEAU : Malheureusement ces documents ne sont pas traduits encore,

 14   nous ferons tout pour qu'ils soient traduits au moment où nous présenterons

 15   nos moyens de preuve. Une partie de ces documents, nous les avons reçus au

 16   mois de juillet et août, c'est assez normal que nous n'ayons pas pu les

 17   traduire encore. Je veux aussi dire que cette requête-là concerne la partie

 18   des documents que nous avons reçus en juillet et les recherches qu'on avait

 19   faites sur la base de cette communication des pièces. Nous n'avons pas

 20   inclus encore dans cette requête les pièces que nous avons reçues le 29

 21   août, nous le ferons tout de suite, immédiatement après la pause que vous

 22   nous avez accordée.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

 24   Oui, Maître Josse.

 25   M. JOSSE : [interprétation] Pour être tout à fait clair, je ne critique pas

 26   du tout ma consoeur, je ne la critique pas du fait que les documents ne

 27   sont pas traduits, je voulais simplement attirer votre attention sur ce

 28   fait, et je voulais vous expliquer les raisons pour lesquelles nous avons

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  1   besoin d'un peu plus de temps et pour lesquels nous ne pouvons pas être

  2   prêts lundi.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Certainement, il n'a absolument pas de

  4   problème, nous allons vous donner tout le temps nécessaire, Monsieur Josse.

  5   Il ne s'agissait pas d'une date butoir et la même chose s'applique à

  6   l'Accusation également.

  7   Oui, Maître Nikolic.

  8   Mme NIKOLIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai qu'une seule

  9   question à vous poser concernant la visioconférence qui a été prévue pour

 10   le 24 septembre à Belgrade. Les deux témoins qui se trouvent sur la liste

 11   des témoins pour ce jour-là habitent à Zvornik et dans les environs de

 12   Zvornik. Pour les fins de logistique et à cause du voyage, est-il possible

 13   de commencer les visioconférences à 10 heures au lieu de le faire à 9

 14   heures, qui est l'heure prévue pour le début de l'audience, normalement ?

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pouvons-nous faire quelque chose

 16   d'autre entre 9 heures et 10 heures ?

 17   Mme NIKOLIC : [interprétation] Pour l'instant, s'agissant de lundi et

 18   mardi, nous avons prévu trois témoins. Il est tout à fait possible que l'un

 19   de ces témoins pourrait déborder jusqu'à mercredi le 24. Si cela ne se

 20   produit pas, nous allons vous informer en temps et lieu, bien sûr.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien. D'accord. Alors nous allons

 22   traiter de ce problème lorsque le temps sera venu. Est-ce que vous aimeriez

 23   ajouter quelque chose d'autre ? Non. Bien.

 24   Alors la séance est levée. Nous reprendrons nos travaux lundi prochain.

 25   Nous avons la liste des témoins pour la semaine prochaine qui a été fournie

 26   par Me Nikolic, et je crois que nous sommes prêts pour la semaine

 27   prochaine. Entre-temps, demain, nous profiterons de la journée pour

 28   examiner les requêtes qui nous ont été présentées. Merci.

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  1   --- L'audience est levée à 18 heures 10 et reprendra le lundi 22 septembre

  2   2008, à 9 heures 00.

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