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2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Madame la Greffière. Veuillez
7 appeler l'affaire, je vous prie.
8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,
9 Mesdames et Monsieur les Juges. Il s'agit de
10 l'affaire IT-05-88-T, le Procureur contre Vujadin Popovic et consorts.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame.
12 Pour le compte rendu d'audience, je note la présence des accusés. Du côté
13 de l'Accusation, je vois que nous n'avons que M. McCloskey. Pour ce qui est
14 des équipes de la Défense, je note l'absence de M. Nikolic, je ne vois pas
15 plutôt Me Lazarevic. Me Nikolic et Me Krgovic sont absents aujourd'hui.
16 Bonjour, Colonel Landry.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous souhaite la bienvenue au
19 Tribunal pénal international. Vous allez sous peu déposer en tant que
20 témoin expert. Vous avez été convoqué par l'équipe de la Défense de M.
21 Nikolic, de l'accusé Nikolic. Mais avant de commencer votre témoignage, nos
22 Règlements exigent de vous de prononcer une déclaration solennelle vous
23 engageant de dire dans le cadre de votre témoignage la vérité. Le texte de
24 cette déclaration solennelle vous sera donné. Je ne sais pas si c'est en
25 français ou en anglais. Je vous demanderais de le lire à haute voix, ceci
26 constituera votre engagement solennel envers nous.
27 LE TÉMOIN : Je déclare solennellement que je dirai la vérité, toute la
28 vérité et rien que la vérité.
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1 LE TÉMOIN: RÉMI LANDRY [Assermenté]
2 [Le témoin répond par l'interprète]
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Alors, mettez-vous bien à
4 l'aise.
5 Il y a quelques jours, on a décidé qu'étant donné du sujet de votre
6 déposition, que votre témoignage sera entendu à huis clos partiel. La
7 raison pour ceci est la suivante : c'est que sinon nous allons très souvent
8 devoir passer d'une audience à huis clos partiel à une audience publique,
9 ça fera un effet yo-yo, donc ce ne serait pas très aisé. Donc les parties
10 se sont mises d'accord sur ce point, et les parties ont décidé que votre
11 témoignage sera entendu entièrement à huis clos partiel.
12 D'abord, des questions vous seront posées par Me Bourgon, ensuite d'autres
13 conseils pourront vous poser d'autres questions dans le cadre du contre-
14 interrogatoire.
15 Devrait-on demeurer en audience publique pour la première partie. Puis vous
16 me direz, Maître Bourgon, à quel moment vous souhaiterez passer à huis clos
17 partiel. Je parle du huis clos partiel, parce que sinon si on était à un
18 huis clos complet, total, il faudrait baisser les stores, et cetera, et ce
19 serait beaucoup plus -- c'est un vrai sentiment de fermeture. On ne verrait
20 pas derrière les fenêtres.
21 Oui, Maître Bourgon.
22 M. BOURGON : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour,
23 Madame, Messieurs les Juges. Bonjour, collègues.
24 Interrogatoire principal par M. Bourgon :
25 Q. Bonjour, Colonel.
26 R. Bonjour, Maître Bourgon.
27 M. BOURGON : [interprétation] Monsieur le Président, ce témoignage sera
28 fait en français. Je vais poser des questions en français. Le témoin
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1 répondra en français également.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, pas de problème. C'est
3 toujours, bien sûr, un plaisir ainsi que pour le Juge Prost de suivre le
4 témoignage en français.
5 M. BOURGON :
6 Q. Alors, Mon Colonel, la première question est très simple. Devons-nous
7 utiliser Monsieur, Professeur, ou colonel ?
8 R. Monsieur, mais faites comme vous voulez.
9 Q. Pour les fins des notes sténographiques, veuillez noter votre nom au
10 complet.
11 R. Rémi Landry.
12 Q. Quel âge avez-vous ?
13 R. Cinquante-sept ans.
14 Q. Et votre date de naissance.
15 R. 57 ans, le 1er avril 1951.
16 Q. Mon Colonel, avant de débuter --
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Bourgon, il faudrait ralentir un
18 peu le débit, s'il vous plaît, pour expliquer aussi au témoin qu'il y a une
19 interprétation donc qui est la raison pour laquelle je vous ai demandé de
20 ralentir. Veuillez expliquer au témoin pourquoi.
21 M. BOURGON :
22 Q. Avant de commencer, je me dois de profiter de l'occasion pour vous
23 rappeler que puisque nous parlons la même langue et que dans ces
24 circonstances il est primordial que vous attendiez la fin de toute question
25 que je pourrai vous poser avant d'y répondre. Est-ce que vous comprenez
26 bien cela ?
27 R. Je comprends très bien.
28 Q. Je voudrais aussi vous rappeler qu'il est important de ne pas parler
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1 trop vite afin de permette pleinement aux interprètes de transmettre
2 fidèlement vos propos en anglais ainsi qu'en B/C/S. Est-ce que vous
3 comprenez bien cela ?
4 R. Je comprends très bien.
5 Q. Alors tout d'abord, je vois que vous avez emporté avec vous ce matin
6 une multitude de documents. De quoi s'agit-il au juste ?
7 R. Dans un premier temps, j'ai mon rapport que vous je vous ai fait
8 parvenir. (expurgé)
9 (expurgé)
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il faudrait expurger immédiatement.
11 Je crois que -- en fait, Maître Bourgon, il faudrait dire au témoin qu'il
12 ne faut pas mentionner des noms en audience publique. Donc il faudrait lui
13 demander de ne pas mentionner de noms jusqu'à ce que nous soyons à huis
14 clos partiel, sinon, je vais demander le huis clos partiel immédiatement.
15 M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
16 Q. [en français] Cela vous a été expliqué par les Juges qui président ce
17 matin. Jusqu'à ce que nous soyons en session à huis clos partiel, je vous
18 demanderais de ne pas prononcer aucun nom lié à votre témoignage.
19 R. Je vais faire mon possible.
20 Q. Vous dites avoir emporté votre rapport. Avez-vous votre rapport, copie
21 de votre rapport, en anglais et en français ?
22 R. J'ai effectivement une copie du rapport français et anglais avec moi.
23 Q. Avez-vous d'autres documents que ceux que vous venez de mentionner, à
24 savoir copie de votre rapport ainsi que les documents que nous vous avons
25 remis pour faire votre travail ?
26 R. J'ai avec moi des aide-mémoire pour me permettre de pouvoir répondre et
27 trouver les documents ainsi que des annotations que j'ai faites dans mon
28 rapport pour m'aider lors de mon audience.
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1 Q. Comme j'ai eu l'occasion de vous l'expliquer, tout ce que vous avez
2 avec vous en tant que notes a été remis déjà au Procureur. Dans quelle
3 langue votre rapport a-t-il été rédigé ?
4 R. En français.
5 Q. Avez-vous eu l'occasion de vérifier la copie anglaise ou la traduction
6 anglaise de votre rapport ?
7 R. Oui, j'ai eu l'occasion de la lire très rapidement.
8 Q. Quel est le résultat de cette vérification ?
9 R. La première vérification est que le rapport semble bien représenter mon
10 rapport en français. Mais par contre, je dois tout de même indiquer que le
11 rapport anglais est suivi de ma signature électronique, puis je veux tout
12 simplement m'assurer que les gens réalisent que ce n'est pas moi qui ai
13 traduit ce rapport-là. Autre chose, j'ai noté des petites différences, et
14 puis surtout le fait que certains termes ont été traduits de façon plus ou
15 moins appropriée du rapport français à la version anglaise.
16 Q. Merci, Mon Colonel.
17 A ce stade-ci, j'aimerais vous remettre une pièce qui portera le numéro
18 3D504, et je vous demanderais de bien vouloir dire de quoi il s'agit.
19 M. BOURGON : [interprétation] Monsieur le Président, c'est une liste qui a
20 été téléchargée sur le prétoire électronique hier, mais le document n'est
21 pas encore disponible sur le prétoire électronique. Je vais donc demander à
22 Mme l'Huissier de remettre une copie papier au témoin. Toutes les personnes
23 présentes dans ce prétoire ont reçu une copie de cette pièce que j'entends
24 montrer au témoin.
25 Q. [en français] Mon Colonel, je vous demanderais de placer la pièce qui
26 vient de vous être remise sur le ELMO à côté de vous, de façon à ce que
27 tout le monde puisse la voir dans la salle d'audience. De quoi s'agit-il au
28 juste ?
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1 R. Il s'agit tout simplement de ma version des erreurs de traduction que
2 j'ai trouvées en feuilletant très rapidement, comme je vous mentionnais, la
3 traduction anglaise qui m'a été présentée lors de mon arrivée.
4 Q. Merci. Nous n'avons plus besoin de cette pièce.
5 Compte tenu de cette observation et de la liste des erreurs que vous avez
6 préparée, croyez-vous que nous pouvons utiliser la traduction de votre
7 rapport en anglais au cours de votre témoignage et par la suite ?
8 R. Je n'ai pas de problème à ce que l'on utilise. Par contre, je dois tout
9 de même réaffirmer qu'en cas de doute sur le sens des mots utilisés, la
10 version française doit primer.
11 Q. Alors, nous allons maintenant commencer avec votre témoignage qui sera
12 divisé en dix parties. Et la première traite de votre parcours et de votre
13 curriculum vitae. Je vous demanderais de bien vouloir prendre votre rapport
14 à l'annexe A.
15 M. BOURGON : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche sur le prétoire
16 électronique la pièce 3D410, page 1, s'il vous plaît.
17 R. Oui, je l'ai.
18 Q. De quoi s'agit-il?
19 R. Il s'agit de mon CV.
20 Q. En date de quand ?
21 R. En date -- excusez. En date d'avril 2008.
22 Q. Y a-t-il des changements que vous souhaitez apporter à votre C.V. afin
23 qu'il soit à jour en date d'aujourd'hui ?
24 R. Peut-être de spécifier que je n'ai toujours pas soutenu ma thèse de
25 doctorat et que si tout va bien, je devrais obtenir mon doctorat d'ici à
26 Noël.
27 Q. Y a-t-il d'autres changements ?
28 R. Le seul autre changement que je vois peut-être utile c'est de
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1 mentionner que j'ai reçu une charge de cours de l'Université McGill qui
2 devrait débuter en janvier 2009, le cours étant le Canada et les affaires
3 étrangères.
4 Q. A ce stade-ci, Mon Colonel, j'aimerais revenir sur certaines rubriques
5 de votre curriculum vitae. Et je vous demanderais de bien vouloir confirmer
6 les quelques faits suivants : vous vous êtes enrôlé dans les forces armées
7 canadiennes en 1968 ?
8 R. Oui.
9 Q. Vous les avez servies pendant 34 ans ?
10 R. C'est bien ça.
11 Q. Vous avez pris votre retraite en 2002 ?
12 R. Oui.
13 Q. Au moment de votre retraite, vous aviez le grade de lieutenant-colonel
14 ?
15 R. Oui.
16 Q. Quel est le sujet de votre doctorat que vous prévoyez obtenir ou
17 soutenir d'ici le mois de décembre ?
18 R. Turbulence et changements institutionnels au sein de la société
19 internationale, une perspective historique.
20 Q. Lorsque vous étiez au sein des forces armées canadiennes, quelle était
21 votre occupation ou votre classification en tant qu'officier ?
22 R. Officier d'infanterie mécanisée, parachutiste.
23 Q. Et vous êtes diplômé du Collège militaire royal de
24 St-Jean ?
25 R. Oui.
26 Q. Combien d'années avez-vous passées au collège militaire de St-Jean ?
27 R. Cinq ans, de 1968 -- excusez, 1967 à 1973.
28 Q. Avez-vous obtenu un diplôme de cette institution ?
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1 R. Oui, j'ai reçu un diplôme du premier cycle universitaire en
2 administration des affaires.
3 Q. En quelle année ?
4 R. 1973.
5 Q. Je vois que, de 1973 à 1975, vous avez occupé le poste de commandant de
6 peloton d'infanterie mécanisée au sein du Royal 22e Régiment.
7 R. Oui, c'est bien ça.
8 Q. Et de 1975 à 1977, vous avez occupé le poste de commandant de peloton
9 de reconnaissance avec le 1er Commando, au sein du Régiment aéroporté du
10 Canada.
11 R. C'est bien ça. Lors de la même période aussi, j'ai agi d'officier de
12 renseignements du 1er Commando.
13 Q. Je vois que vous avez été également officier des renseignements au sein
14 du 1er Commando. Avez-vous suivi une formation particulière avant d'occuper
15 la fonction d'officier des renseignements ?
16 R. Oui. J'ai suivi un cours de renseignements avancé d'une durée d'environ
17 trois mois, cours qui est donné aux officiers subalternes et aux majors.
18 Q. Entre 1979 et 1982, vous étiez commandant adjoint, puis commandant
19 d'une compagnie d'infanterie mécanisée; est-ce exact ?
20 R. Oui. C'est bien ça.
21 Q. Entre 1982 et 1986, vous avez servi au sein du 1er Bataillon du Royal
22 22e Régiment à Lahr, en Allemagne, et vous occupiez alors le poste de
23 capitaine adjudant, c'est-à-dire adjoint exécutif du commandant; est-ce
24 exact ?
25 R. Oui.
26 Q. Au cours de cette période, avez-vous occupé une autre fonction ?
27 R. Oui. J'ai agi de commandant de la compagnie d'armes d'appui du 1er
28 Bataillon du Royal 22e Régiment.
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1 Q. Et que fait le commandant de la compagnie d'armes d'appui au sein d'un
2 bataillon d'infanterie ?
3 R. Le commandant d'armes d'appui est responsable de l'entraînement et de
4 la coordination opérationnelle de peloton de reconnaissance, de peloton de
5 mortiers, peloton d'antichars et peloton de pionniers.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avant votre objection, on va demander
7 au témoin de répéter ça.
8 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je suis vraiment désolé. Je ne comprends
9 pas l'anglais [comme interprété], mais j'ai l'impression que nous n'avons
10 pas la traduction complète. Je remarque également que le CV parle du fait
11 d'avoir été "l'officier du personnel" de cette unité alors que la
12 description que nous avons de ceci ne semble pas être la description d'un
13 poste de commandant. Je veux simplement m'assurer si la traduction est
14 bonne. Est-ce qu'il était officier chargé du personnel ou bien est-ce que
15 c'était autre chose ? Nous n'avons pas la réponse entière.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Me Bourgon va s'occuper de ceci.
17 M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Le CV de M.
18 Landry dit "officier du personnel." Oui, c'est la réponse. C'est pourquoi
19 je lui ai posé ces questions afin qu'il puisse me répéter pourquoi la
20 position réelle qu'il a mentionnée était la position d'adjudant. Adjudant
21 est une position très précise à l'intérieur de tout bataillon et c'est
22 comme un assistant exécutif au commandant. C'est ce que je crois que le
23 témoin nous a expliqué, mais la traduction n'a peut-être pas été faite
24 correctement.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Alors précisons ceci avec le
26 témoin.
27 Colonel Landry, vous avez suivi ce que Me Bourgon a dit. Me Bourgon a
28 également servi dans l'armée canadienne, donc vous parlez la même langue et
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1 vous vous comprenez, bien sûr.
2 LE TÉMOIN : [hors micro]
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que ceci vous satisfait, Maître
4 McCloskey ?
5 M. McCLOSKEY : [interprétation] Mais il n'était pas commandant; c'est ça ?
6 C'est ce que je voulais savoir.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Voilà, non, il n'était pas commandant.
8 Très bien. Alors poursuivez, je vous prie.
9 M. BOURGON :
10 Q. [en français] -- 1987, je vois que vous avez été sélectionné pour
11 suivre un cours de 12 mois au collège d'état-major et de commandement des
12 forces canadiennes à Toronto. Ma question est la suivante : à qui s'adresse
13 ce cours et quel est son objectif ?
14 R. Ce cours s'adresse à des majors qui sont sur le point d'être promus au
15 grade de lieutenant-colonel. C'est un cours qui permet aux majors
16 éventuellement d'apprendre le métier de commandant de bataillon, commandant
17 de régiment, c'est un cours aussi qui permet à ces mêmes officiers-là de
18 pouvoir évoluer comme officiers d'états-majors seniors au sein de quartiers
19 généraux de brigades, de formation supérieure et surtout au sein de
20 quartiers généraux interarmés.
21 M. BOURGON : Pour les fins des notes sténographiques, j'aimerais simplement
22 corriger. A la page 10, ligne 12, il est écrit en anglais que c'est un
23 cours pour les commandants qui sont sur le point d'être promus au grade de
24 lieutenant-colonel.
25 Q. Qu'est-ce que vous avez dit au sujet -- à ce sujet ?
26 R. C'est un cours pour les majors. Mais je dois peut-être mentionner que
27 le terme "major" n'existe pas. Dans la formule française, c'est le terme
28 "commandant." C'est peut-être pour ça qu'il y a eu une erreur dans la
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1 traduction.
2 Q. Merci, Mon Colonel.
3 Entre 1987 et 1989, vous avez été chef instructeur à l'école d'infanterie
4 des forces canadiennes; est-ce exact ?
5 R. Oui.
6 Q. Votre CV fait état, entre autres, d'une participation à un déploiement
7 opérationnel lors des troubles internes dans la ville d'Oka en 1989.
8 Pourriez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?
9 R. Suite à la -- à une crise dans une réserve autochtone mohawk dans la
10 grande région de Montréal, ces derniers ont barré les routes nationales,
11 ont pris possession d'un pont donnant accès à la ville de Montréal, ont
12 préparé ce pont pour être démoli. Suite à des actions policières qui se
13 sont avérées négatives, le gouvernement provincial de la province du Québec
14 a demandé l'intervention de l'armée pour permettre de résorber la crise.
15 Mon implication à ce moment était comme commandant adjoint du bataillon qui
16 était responsable de la ville d'Oka afin de permettre de normaliser la
17 situation.
18 Q. Et je vous -- et vous avez été promu lieutenant-colonel en 1991; est-ce
19 exact ?
20 M. LE JUGE AGIUS : Un moment, s'il vous plaît.
21 [interprétation] Oui.
22 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je crois qu'il voulait dire commandant
23 adjoint -- donc c'est important, je ne sais pas si c'est exact.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Bourgon, c'est cela, n'est-
25 ce pas ? C'est --
26 Merci.
27 M. BOURGON :
28 Q. [en français] -- transcript à la page 11, ligne 12, que vous étiez
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1 alors "deputy major." Quel poste occupiez-vous alors ?
2 R. J'étais le commandant adjoint, "deputy commander," du 1er Bataillon du
3 Royal 22e Régiment.
4 Q. En 1993, vous avez servi en tant qu'officier d'état-major supérieur au
5 quartier général de l'armée de terre; est-ce exact ?
6 R. Oui, c'est bien ça.
7 Q. Et en 1993, vous étiez membre de la Mission d'observation de la
8 Communauté européenne en Bosnie-Herzégovine où vous avez, entre autres, été
9 chef de mission adjoint du centre régional de Zenica; est-ce exact ?
10 R. Oui, c'est bien ça.
11 Q. Combien de temps a duré cette mission ?
12 R. Six mois.
13 Q. Au cours de cette mission, avez-vous eu l'occasion d'observer le
14 fonctionnement des forces militaires qui s'opposaient ?
15 R. Effectivement. J'étais en mesure de pouvoir observer principalement les
16 forces de l'armée BiH ainsi que les forces de l'armée HVO et HV dans des
17 moments très difficiles et très violents.
18 Q. Avez-vous eu l'occasion d'observer le fonctionnement de l'armée serbe
19 de Bosnie ?
20 R. De façon indirecte, suite aux actions que l'armée BiH prenait pour
21 contrer les avances ou préparer des opérations offensives contre l'armée
22 serbe. Et lors de mes fréquents contacts avec les officiers d'état-major de
23 la FORPRONU, j'étais à même de bien me familiariser avec la nature des
24 opérations que le côté serbe entreprenait à cette époque.
25 Q. Vous avez mentionné la "FORPRONU." Qu'est-ce que c'est ?
26 R. C'était la mission supposément de paix pour l'ensemble de la Bosnie-
27 Herzégovine.
28 Q. Votre mission en Bosnie-Herzégovine vous a-t-elle permis de tirer des
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1 conclusions s'agissant du fonctionnement des forces qui s'opposaient ?
2 R. Une de mes premières constatations fut de réaliser que les trois armées
3 en présence utilisaient la même doctrine de l'ancienne armée yougoslave,
4 entre autres. J'étais en mesure aussi de me familiariser avec la géographie
5 de la Bosnie-Herzégovine ayant régulièrement voyagé entre la ville de
6 Mostar et la ville de Tuzla. J'ai aussi -- je suis familier avec la façon
7 de fonctionner du 3e Corps bosniaque. Et j'ai été à même, à quelques
8 occasions, de superviser ou du moins d'entrer en contact avec les autorités
9 du 2e Corps, je connaissais bien leurs positions dans la grande région de
10 Tuzla.
11 Q. Sentez-vous, Mon Colonel, que vous connaissez suffisamment l'armée
12 serbe de Bosnie pour vous prononcer sur les questions qui vous ont été
13 posées dans votre rapport ?
14 R. Je crois que je, compte tenu de mon expérience en Bosnie, que j'ai été
15 à même, compte tenu du travail qu'on me demandait de faire, de bien
16 analyser la doctrine militaire des armées en présence. Compte tenu de mes
17 antécédents militaires, compte tenu de mes expériences subséquentes suite à
18 mes interventions ici à ce Tribunal et à mes études actuelles, je crois que
19 je suis en mesure de pouvoir faire le travail qu'on m'a demandé qui
20 consiste, entre autres, de regarder les aspects de commandement, de
21 leadership et les aspects de professionnalisme militaire.
22 Q. Si je fais une pause, c'est simplement pour permettre aux interprètes
23 de pouvoir suivre le rythme du témoignage.
24 Mon Colonel, sans dire de qui ou sur quelle période votre rapport est
25 fondé, quel est le sujet principal soulevé par votre rapport ?
26 R. Vous m'avez demandé d'étudier un certain témoignage.
27 Q. Je vais préciser ma question. De quelle matière est-il question
28 principalement dans votre rapport ?
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1 R. Les opérations -- la conduite des opérations autour de la région de
2 Zvornik à l'intérieur des périodes du 13 au 15 juillet 1995.
3 Q. Nous aurons l'occasion d'y revenir. En 1997, vous avez été muté à
4 l'Académie internationale de la paix à New York. De quoi s'agit-il ?
5 R. L'Académie internationale de la paix, "International Peace Academy,"
6 est avant tout un "think-tank" au service des Nations Unies en ce qui
7 concerne les missions de paix et d'opérations qui sont initiées par les
8 Nations Unies.
9 Q. A la page 14 qui apparaît devant vous, ligne 6, il est inscrit la
10 période couverte par votre rapport est du 13 au 15 juillet. Avez-vous
11 mentionné ces dates-là ?
12 R. Oui.
13 Q. Je vois que vous avez reçu plusieurs décorations dans votre CV dont
14 celle de l'officier de l'ordre du mérite militaire. De quoi s'agit-il ?
15 R. C'est une distinction que les forces armées canadiennes, à travers son
16 gouverneur général, remettent à certains militaires de façon à souligner la
17 qualité de leur professionnalisme au cours de leurs carrières.
18 Q. Pour revenir sur ma dernière question, avez-vous étudié la journée du
19 12 juillet, Mon Colonel ?
20 R. Un oubli de ma part. Effectivement j'ai étudié la journée du 12, du 13,
21 du 14 et du 15 juillet. Mon erreur.
22 Q. A la page 3 de votre CV, je vois que vous avez suivi plusieurs cours
23 pendant votre carrière. Quel était l'objectif de ces cours ?
24 R. En grande partie, de façon à me permettre en tant qu'officier de bien
25 comprendre la profession des armes, et surtout me permettre de pouvoir
26 opérer dans toutes les fonctions et tâches que l'on retrouve au sein d'un
27 bataillon d'infanterie mécanisé et au sein d'une unité de parachutistes à
28 tous les grades.
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1 Q. Depuis votre retraite en 2002, je vois que vous avez opté pour une
2 route plus académique. Parlez-nous de votre maîtrise obtenue en 1997.
3 R. Suite à mon séjour en Bosnie en '93, les forces armées canadiennes
4 m'ont offert un programme d'études supérieures de deuxième cycle, un
5 programme que j'ai initié, et puis j'ai obtenu une maîtrise en sciences
6 politiques, mon sujet étant "Les origines du conflit bosniaque".
7 Q. Et aujourd'hui, Mon Colonel, vous êtes, entre autres, consultant en
8 sécurité et analyste militaire auprès de divers médias écrits et
9 électroniques ainsi que de d'autres organismes; est-ce exact ?
10 R. C'est bien ça.
11 Q. Enfin, sur la base de votre expérience, je vois que vous avez été
12 appelé à témoigner à deux reprises devant ce Tribunal. Dans quelles
13 affaires avez-vous témoigné ?
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.
15 M. McCLOSKEY : [interprétation] Objection pour question directrice. Parce
16 qu'il n'est pas clair de savoir s'il a été appelé à témoigner en tant que
17 témoin expert ou en quelque autre qualité. Donc si on pouvait préciser en
18 quelle qualité il a été appelé à témoigner.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Bourgon. Je crois que
20 vous pouvez gérer ce problème.
21 M. BOURGON : [interprétation] Monsieur le Président, c'est la question que
22 j'allais poser au témoin. Donc je ne vois pas le point de soulever une
23 objection, mais je remercie néanmoins mon collègue.
24 Q. Mon Colonel.
25 R. Pardon, j'ai pas compris la question.
26 Q. Selon votre CV, vous avez témoigné devant ce Tribunal dans deux
27 affaires. Lesquelles ?
28 R. Le premier, c'est le cas du colonel Blasic, et par la suite celui du
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1 cas de M. Kordic en tant que témoin de fait.
2 Q. Qui vous a convoqué en tant que témoin dans ces deux affaires ?
3 R. Le Procureur de la Cour.
4 Q. Mon Colonel. Avez-vous eu l'occasion de travailler avec moi dans
5 d'autres dossiers devant ce Tribunal ?
6 R. Oui. Oui. J'ai eu l'occasion de travailler avec vous il y a quelque
7 temps sur le cas du général Ender Hadzihasanovic.
8 Q. Et qu'est-ce qu'on vous avait demandé de faire à ce moment-là ?
9 R. On m'avait principalement demandé de vous conseiller sur le témoignage
10 du témoin expert du Procureur, en l'occurrence le général Reinhold, ancien
11 commandant des forces alliées en Europe et de pouvoir vous conseiller sur
12 les aspects militaires des autres témoins qui ont pris part à ce procès
13 pour la période que j'étais à vos côtés.
14 Q. Dans l'accomplissement de ces fonctions, avez-vous eu l'occasion
15 d'étudier davantage l'ancienne doctrine de l'armée nationale yougoslave ?
16 R. Effectivement, de façon à pouvoir mieux vous conseiller, j'ai dû à ces
17 époques-là étudier de façon beaucoup plus méticuleuse les aspects
18 doctrinaires de l'armée yougoslave.
19 Q. Enfin, parmi vos charges de cours à l'université, je vois que vous avez
20 enseigné le cours d'éthique militaire et leadership. Quand et de quoi
21 s'agit-il ?
22 R. Ce sont les cours de développement professionnel pour les officiers
23 subalternes, et puis à ce moment-là, on m'avait demandé d'enseigner au
24 Collège militaire royal de Kingston, surtout la section francophone de la
25 région de Montréal. Et ça s'est fait entre 2001, et si ma mémoire est
26 bonne, 2004.
27 M. BOURGON : [interprétation] Monsieur le Président, si nous pouvons passer
28 à huis clos partiel pour la suite de ce témoignage.
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Nous allons passer à huis clos
2 partiel.
3 Nous sommes à huis clos partiel.
4 [Audience à huis clos partiel]
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5 [Audience publique]
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous reprenons l'audience après la
7 pause et nous allons repasser en audience à huis clos partiel comme pour
8 les raisons que nous avons déjà expliquées. Nous pouvons maintenant
9 repasser en audience à huis clos partiel.
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11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous sommes désormais à huis clos
12 partiel.
13 [Audience à huis clos partiel]
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27 [Audience publique]
28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Hier, avant l'interruption de la
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1 séance, j'ai entendu Me Josse dire qu'il n'avait pas d'autres réserves à
2 émettre concernant la requête dans l'affaire Miletic du 18 septembre
3 demandant l'autorisation d'ajouter des documents à la liste des pièces à
4 conviction 65 ter. Je vais reposer la question.
5 L'Accusation n'a pas d'objection, visiblement.
6 Est-ce que qui que ce soit d'autre a des objections ?
7 Bien. Puisque je ne vois pas d'objections, on fera droit à cette requête.
8 Alors, Maître McCloskey, nous ne sommes pas en train de vous demander de
9 nous donner votre position maintenant ou d'émettre des dates, mais il y a
10 trois nouvelles requêtes Borovcanin sur lesquelles nous aimerions que vous
11 portiez votre attention le plus vite. Gardons à l'esprit que la Défense
12 Borovcanin devrait commencer le 6 octobre. Alors prenez votre temps, mais
13 dès que vous êtes en mesure de nous le dire, faites-nous savoir quelle est
14 votre réponse à cet égard.
15 M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Nous avons
16 discuté de cela avec le conseil.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.
18 --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le
19 vendredi 26 septembre 2008, à 9 heures 00.
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